Table des matières résumée Introduction PREMIÈRE. PARTIE - L’UNIVERS CENTRAL ET LES SUPERUNIVERS 1. Le Père Universel 2. La Nature de Dieu 3. Les Attributs de Dieu 4. Relations de Dieu avec l’Univers 5. Relation de Dieu avec l’Individu 6. Le Fils Eternel 7. Position du Fils Eternel par rapport à l’Univers 8. L’Esprit Infini 9. Position de l’Esprit Infini par rapport à l’Univers 10. La Trinité du Paradis 11. L’Ile Eternelle du Paradis 12. L’Univers des Univers 13. Les Sphères Sacrées du Paradis 14. L’Univers Central et Divin 15. Les Sept Superunivers 16. Les Sept Maîtres Esprits 17. Les Sept Groupes d’Esprits Suprêmes 18. Les Personnalités Suprêmes de la Trinité 19. Les Êtres Coordonnés d’Origine Trinitaire 20. Les Fils Paradisiaques de Dieu 21. Les Fils Créateurs Paradisiaques 22. Les Fils Trinitisés de Dieu 23. Les Messagers Solitaires 24. Personnalités Supérieures de l’Esprit Infini 25. Les Armées des Messagers de l’Espace 26. Les Esprits Tutélaires de l’Univers Central 27. Le Ministère des Supernaphins Primaires 28. Esprits Tutélaires des Superunivers 29. Les Directeurs de Pouvoir d’Univers 30. Personnalités du Grand Univers 31. Le Corps de la Finalité DEUXIÈME PARTIE - L’UNIVERS LOCAL 32. L’Evolution des Univers Locaux 33. Administration de l’Univers Local 34. L’Esprit-Mère de l’Univers Local 35. Les Fils de Dieu de l’Univers Local 36. Les Porteurs de Vie Un Fils Vorondadeks 37. Personnalités de l’Univers Local 38. Esprits Tutélaires de l’Univers Local 39. Les Armées Séraphiques 40. Les Fils Ascendants de Dieu 41. Aspects Physiques de l’Univers Local 42. Energie - Mental et Matière 43. Les Constellations 44. Les Artisans Célestes 45. L’Administration du Système Local 46. Le Siège du Système Local 47. Les Sept Mondes des Maisons 48. La Vie Morontielle 49. Les Mondes Habités 50. Les Princes Planétaires 51. Les Adams Planétaires 52. Époques Planétaires des Mortels 53. La Rébellion de Lucifer 54. Problèmes de la Rébellion de Lucifer 55. Les Sphères de Lumière et de Vie 56. Unité Universelle TROISIÈME PARTIE - L’HISTOIRE D’URANTIA 57. L’Origine d’Urantia 58. L’Etablissement de la Vie sur Urantia 59. L’Ere de la Vie Marine sur Urantia 60. Urantia pendant l’Ere de la Vie Terrestre Primitive 61. L’Ere des Mammifères sur Urantia 62. Les Races à l’Aurore de l’Homme Primitif 63. La Première Famille Humaine 64. Les Races Evolutionnaires de Couleur 65. Le Supercontrôle de l’Evolution 66. Le Prince Planétaire d’Urantia 67. La Rébellion Planétaire 68. L’Aurore de la Civilisation 69. Les Institutions Humaines Primitives 70. L’Evolution du Gouvernement Humain 71. Développement de l’État 72. Le Gouvernement sur une Planète Voisine 73. Le Jardin d’Eden Solonia 74. Adam et Eve Solonia 75. La Faute d’Adam et Eve Solonia 76. Le Second Jardin Solonia 77. Les Créatures Médianes 78. La Race Violette après les Jours d’Adam 79. L’Expansion Andite en Orient 80. L’Expansion Andite en Occident 81. Développement de la Civilisation Moderne 82. L’Evolution du Mariage 83. L’Institution du Mariage 84. Le Mariage et la Vie Familiale 85. Les Origines de l’Adoration 86. L’Evolution Primitive de la Religion 87. Les Cultes des Fantômes 88. Fétiches, Charmes et Magie 89. Péché, Sacrifice et Expiation 90. Le Chamanisme - Médecine Men et Prêtres 91. L’Evolution de la Prière 92. L’Evolution Ultérieure de la Religion 93. Machiventa Melchizédek 94. Les Enseignements de Melchizédek en Orient 95. Les Enseignements de Melchizédek dans le Levant 96. Yahweh - Le Dieu des Hébreux 97. L’Evolution du Concept de Dieu chez les Hébreux 98. Les Enseignements de Melchizédek en Occident 99. Les Problèmes Sociaux de la Religion 100. La Religion dans l’Expérience Humaine 101. La Nature Réelle de la Religion 102. Les Fondements de la Foi Religieuse 103. La Réalité de l’Expérience Religieuse 104. Croissance du Concept de Trinité 105. Déité et Réalité 106. Niveaux de Réalité de l’Univers 107. Origine et Nature des Ajusteurs de Pensée 108. Mission et Ministère des Ajusteurs de Pensée 109. Position des Ajusteurs par rapport aux Créatures de l’Univers 110. Position des Ajusteurs par rapport aux Mortels Individuels 111. L’Ajusteur et l’Ame 112. La Survie de la Personnalité 113. Les Gardiens Séraphiques de la Destinée 114. Le Gouvernement Planétaire des Séraphins 115. L’Être Suprême 116. Le Tout-Puissant Suprême 117. Dieu Le Suprême 118. Le Suprême et l’Ultime - Temps et Espace 119. Les Effusions du Christ Micaël QUATRIÈME PARTIE - LA VIE ET LES ENSEIGNEMENTS DE JÉSUS 120. L’Effusion de Micaël sur Urantia Mantutia Melchizédek 121. L’Époque de l’Effusion de Micaël 122. Naissance et petite Enfance de Jésus 123. La Prime Enfance de Jésus 124. La dernière partie de l’Enfance de Jésus 125. Jésus à Jérusalem 126. Les deux Années Cruciales 127. Les Années d’Adolescence 128. La Vie de Jeune Homme de Jésus 129. Suite de la Vie d’Adulte de Jésus 130. Sur le Chemin de Rome 131. Les Religions du Monde 132. Le Séjour à Rome 133. Le Retour de Rome 134. Les Années de Transition 135. Jean Le Baptiste 136. Le Baptême et les Quarante Jours 137. Séjour d’Attente en Galilée 138. La Formation des Messagers du Royaume 139. Les Douze Apôtres 140. L’Ordination des Douze 141. Le Commencement de l’Oeuvre Publique 142. La Pâque à Jérusalem 143. Traversée de la Samarie 144. Á Gilboa et dans la Décapole 145. Quatres Journées Mémorables á Capharnaüm 146. La Première Tournée de Prédication en Galilée 147. L’Intermède de la Visite à Jérusalem 148. La Formation d’Evangélistes à Bethsaïde 149. La Seconde Tournée de Prédication 150. La Troisième Tournée de Prédication 151. Séjour et Enseignement au Bord de la Mer 152. Les Prodromes de la Crise de Capharnaüm 153. La Crise à Capharnaüm 154. Derniers Jours à Capharnaüm 155. En Fuite à travers la Galilée du Nord 156. Le Séjour à Tyr et à Sidon 157. Á Césarée de Philippe 158. Le Mont de la Transfiguration 159. La Tournée en Décapole 160. Rodan d’Alexandrie 161. Suite des Discussions avec Rodan 162. Á la Fête des Tabernacles 163. L’Ordination des Soixante-Dix à Magadan 164. La Fête de la Dédicace 165. La Mission en Pérée Commence 166. Dernière Tournée en Pérée du Nord 167. La Visite à Philadelphie 168. La Résurrection de Lazare 169. Derniers Enseignements à Pella 170. Le Royaume des Cieux 171. Sur le Chemin de Jérusalem 172. L’Entrée à Jérusalem 173. Le Lundi à Jérusalem 174. Le Mardi Matin au Temple 175. Le Dernier Discours au Temple 176. Le Mardi Soir sur le Mont Olivet 177. Le Mercredi, Jour de Repos 178. Le Dernier Jour au Camp 179. Le Dernier Souper 180. Le Discours d’Adieu 181. Ultimes Exhortations et Avertissements 182. Á Gethsémani 183. Jésus Trahi et Arrêté 184. Devant le Tribunal du Sanhédrin 185. Le Jugement Devant Pilate 186. Peu avant la Crucifixion 187. La Crucifixion 188. L’Heure du Tombeau 189. La Résurrection 190. Les Apparitions Morontielles de Jésus 191. Apparitions aux Apôtres et autres Disciples Influents 192. Apparitions en Galilée 193. Apparitions Finales et Ascension 194. L’Effusion de l’Esprit de Vérité 195. Après la Pentecôte 196. La Foi de Jésus Introduction 0:0.1 Dans le mental des mortels d’Urantia – ce nom étant celui de votre monde – il existe une grande confusion quant à la signification des termes tels que Dieu, divinité et déité. Les êtres humains sont dans une confusion et une incertitude plus grandes encore lorsqu’il s’agit des relations entre les personnalités divines désignées par ces nombreuses appellations. À cause de cette pauvreté des concepts associée à tant de confusion dans l’idéation, j’ai été chargé de formuler cet exposé liminaire pour expliquer les significations qu’il faudrait attacher à certains symboles verbaux tels qu’ils peuvent être employés dans la suite des présents fascicules que le corps des révélateurs de vérité d’Orvonton a été autorisé à traduire dans la langue anglaise d’Urantia. 0:0.2 Dans notre effort pour étendre la conscience cosmique et rehausser la perception spirituelle, il est extrêmement difficile de présenter des concepts élargis et une vérité avancée alors que nous sommes limités par l’emploi d’un langage restreint du royaume. Cependant, notre mandat nous exhorte à faire tous nos efforts pour transmettre nos significations en utilisant les symboles verbaux de la langue anglaise. On nous a recommandé de n’introduire de nouveaux termes que si l’on ne pouvait trouver dans la terminologie anglaise aucune expression propre à illustrer ces nouveaux concepts, fût-ce partiellement ou même en en déformant plus ou moins le sens. 0:0.3 Dans l’espoir de faciliter la compréhension et d’éviter la confusion chez tout mortel qui lira attentivement ces fascicules, nous estimons sage d’exposer, dans ce préambule, un aperçu des sens qu’il faut attacher à de nombreux mots qui vont être employés pour désigner la Déité et certains concepts associés des choses, des significations et des valeurs de la réalité universelle. 0:0.4 Mais, pour formuler cette Introduction de définitions et de limitations de terminologie, il est nécessaire d’anticiper sur l’usage de ces termes dans les présentations subséquentes. Cette Introduction n’est donc pas un exposé complet par lui-même ; ce n’est qu’un guide de définitions destiné à aider les lecteurs des fascicules suivants traitant de la Déité et de l’univers des univers. Ces fascicules ont été formulés par une commission d’Orvonton envoyée sur Urantia à cet effet. 0:0.5 Votre monde, Urantia, est l’une des nombreuses planètes habitées similaires comprises dans l’univers local de Nébadon. Cet univers, avec d’autres créations similaires, forme le superunivers d’Orvonton dont la capitale est Uversa, d’où vient notre commission. Orvonton est l’un des sept superunivers évolutionnaires du temps et de l’espace qui entourent l’univers central de Havona, la création sans commencement ni fin de perfection divine. Au cœur de cet univers éternel et central, se trouve l’Ile du Paradis, immobile, centre géographique de l’infinité et demeure du Dieu éternel. 0:0.6 Nous appelons généralement grand univers, l’association des sept superunivers évoluants et de l’univers central et divin. Ce sont les créations présentement organisées et habitées. Elles font toutes partie du maitre univers, qui embrasse aussi les univers de l’espace extérieur inhabités mais en voie de mobilisation. I. Déité et divinité 0:1.1 L’univers des univers présente des phénomènes d’activités de déité à divers niveaux de réalités cosmiques, de significations mentales et de valeurs spirituelles, mais tous ces ministères – personnels ou autres – sont divinement coordonnés. 0:1.2 La Déité est personnalisable en tant que Dieu, elle est prépersonnelle et superpersonnelle selon des voies non entièrement compréhensibles à l’homme. La Déité est caractérisée par la qualité d’unité – actuelle ou potentielle – sur tous les niveaux supramatériels de réalité. Les créatures comprennent le mieux cette qualité unifiante en tant que divinité. 0:1.3 La Déité fonctionne sur les niveaux personnel, prépersonnel et superpersonnel. La Déité totale est fonctionnelle sur les sept niveaux suivants : 0:1.4 1. Statique – Déité contenue en soi et existant en soi. 0:1.5 2. Potentiel – Déité se voulant elle-même et ayant son but en soi. 0:1.6 3. Associatif – Déité personnalisée en soi et divinement fraternelle. 0:1.7 4. Créatif – Déité distributive d’elle-même et divinement révélée. 0:1.8 5. Évolutionnaire – Déité expansive par elle-même et identifiée à la créature. 0:1.9 6. Suprême – Déité expérientielle d’elle-même et unifiant la créature avec le Créateur. Déité fonctionnant sur le premier niveau d’identification avec les créatures en tant que supercontrôleurs de l’espace-temps du grand univers et parfois dénommée la Suprématie de la Déité. 0:1.10 7. Ultime – Déité se projetant d’elle-même et transcendant l’espace-temps. Déité omnipotente, omnisciente et omniprésente. Déité fonctionnant sur le deuxième niveau d’expression de divinité unifiante en tant que supercontrôleurs efficaces et soutiens absonites du maitre univers. Comparée au ministère des Déités auprès du grand univers, cette fonction absonite dans le maitre univers équivaut au supercontrôle et au supersoutien universels parfois dénommée l’Ultimité de la Déité. 0:1.11 Le niveau fini de réalité est caractérisé par la vie de créature et les limitations spatiotemporelles. Les réalités finies peuvent ne pas avoir de fin, mais elles ont toujours un commencement – elles sont créées. Le niveau de Déité de la Suprématie peut être conçu comme une fonction relative aux existences finies. 0:1.12 Le niveau absonite de réalité est caractérisé par les choses et les êtres sans commencement ni fin et par la transcendance du temps et de l’espace. Les absonitaires ne sont pas créés ; ils sont extériorisés – tout simplement : ils sont. Le niveau de Déité de l’Ultimité implique une fonction relative aux réalités absonites. Où que ce soit dans le maitre univers, quand le temps et l’espace sont transcendés, ce phénomène absonite est un acte de l’Ultimité de la Déité. 0:1.13 Le niveau absolu est sans commencement, sans fin, sans temps et sans espace. Par exemple : au Paradis, le temps et l’espace n’existent pas. Le statut espace-temps du Paradis est absolu. Ce niveau est celui de la Trinité atteint existentiellement par les Déités du Paradis, mais ce troisième niveau d’expression de Déité unifiante n’est pas expérientiellement pleinement unifié. Quels que soient le moment, le lieu et la manière dont fonctionne le niveau absolu de la Déité, les valeurs et les significations de l’absolu-Paradis sont manifestes. 0:1.14 La Déité peut être existentielle comme dans le Fils Éternel, expérientielle comme dans l’Être Suprême, associative comme en Dieu le Septuple, indivise comme dans la Trinité du Paradis. 0:1.15 La Déité est la source de tout ce qui est divin. La Déité est caractéristiquement et invariablement divine, mais tout ce qui est divin n’est pas nécessairement Déité, bien que devant être coordonné avec la Déité et tendre vers quelque phase d’unité avec la Déité – spirituelle, mentale ou personnelle. 0:1.16 La divinité est la qualité caractéristique, unificatrice et coordinatrice de la Déité. 0:1.17 La divinité est intelligible aux créatures en tant que vérité, beauté et bonté. Elle se traduit dans la personnalité en tant qu’amour, miséricorde et ministère. Elle est révélée sur les niveaux impersonnels en tant que justice, pouvoir et souveraineté. 0:1.18 La divinité peut être parfaite – complète – comme sur les niveaux existentiels et les niveaux des créateurs, niveaux de perfection paradisiaque ; elle peut être imparfaite, comme sur le niveau expérientiel et le niveau des créatures évolutionnaires de l’espace-temps ; elle peut aussi être relative, ni parfaite ni imparfaite, comme sur certains niveaux de relations existentielles-expérientielles de Havona. 0:1.19 Lorsque nous essayons de concevoir la perfection dans toutes les phases et formes de relativité, nous rencontrons sept types concevables : 0:1.20 1. Perfection absolue sous tous les aspects. 0:1.21 2. Perfection absolue dans certaines phases et perfection relative sous tous les autres aspects. 0:1.22 3. Des aspects absolus, relatifs et imparfaits en associations variées. 0:1.23 4. Perfection absolue sous certains rapports et imperfection sous tous les autres. 0:1.24 5. Perfection absolue dans aucune direction, perfection relative dans toutes les manifestations. 0:1.25 6. Perfection absolue dans aucune phase, perfection relative dans certaines, imparfaite dans les autres. 0:1.26 7. Perfection absolue dans aucun attribut, imperfection dans tous. II. Dieu 0:2.1 Les créatures mortelles évoluantes éprouvent un besoin irrésistible de symboliser leurs concepts finis de Dieu. La conscience du devoir moral de l’homme et son idéalisme spirituel représentent un niveau de valeurs – une réalité expérientielle – qu’il est difficile de symboliser. 0:2.2 La conscience cosmique implique la reconnaissance d’une Cause Première, la seule et unique réalité sans cause. Dieu, le Père Universel, fonctionne sur trois niveaux de Déité-personnalité, de valeur subinfinie et d’expression de divinité relative : 0:2.3 1. Prépersonnel – comme dans le ministère des fragments du Père, tels que les Ajusteurs de Pensée. 0:2.4 2. Personnel – comme dans l’expérience évolutionnaire des êtres créés et procréés. 0:2.5 3. Superpersonnel – comme dans l’existence extériorisée de certains êtres absonites et associés. 0:2.6 Dieu est un symbole verbal désignant toutes les personnalisations de la Déité. Il faut définir différemment ce terme pour chaque niveau personnel de fonction de la Déité et il faut encore le redéfinir plus explicitement à l’intérieur de chacun de ces niveaux. En effet, on peut employer le mot pour désigner les diverses personnalisations coordonnées et subordonnées de la Déité, par exemple les Fils Créateurs Paradisiaques – les pères des univers locaux. 0:2.7 On peut comprendre le mot Dieu tel que nous nous en servons : 0:2.8 Par désignation – comme Dieu le Père. 0:2.9 Par le contexte – comme lorsqu’il est employé dans la discussion d’un niveau particulier de déité ou d’une association de déité. Quand il y a doute sur l’interprétation exacte du mot Dieu, il serait bon de s’y référer comme désignant la personne du Père Universel. 0:2.10 Le mot Dieu dénote toujours la personnalité. Le mot Déité peut se référer ou non à des personnalités de divinité. 0:2.11 Dans les présents fascicules, le mot DIEU est employé avec les significations suivantes : 0:2.12 1. Dieu le Père – Créateur, Contrôleur et Soutien. Le Père Universel, la Première Personne de la Déité. 0:2.13 2. Dieu le Fils – Créateur Coordonné, Contrôleur d’Esprit et Administrateur Spirituel. Le Fils Éternel, la Deuxième Personne de la Déité. 0:2.14 3. Dieu l’Esprit – Acteur Conjoint, Intégrateur Universel, Dispensateur du Mental. L’Esprit Infini, la Troisième Personne de la Déité. 0:2.15 4. Dieu le Suprême – le Dieu du temps et de l’espace, s’actualisant ou évoluant. Déité personnelle réalisant, en association, l’accomplissement expérientiel de l’espace-temps : l’identité créature-Créateur. L’Être Suprême fait personnellement l’expérience d’accomplir l’unité de la Déité, en tant que Dieu évoluant et expérientiel des créatures évolutionnaires du temps et de l’espace. 0:2.16 5. Dieu le Septuple – Personnalité de Déité fonctionnant effectivement n’importe où dans le temps et l’espace. Les Déités personnelles du Paradis et leurs associés créateurs fonctionnant en deçà et au-delà des frontières de l’univers central et personnalisant le pouvoir, en tant qu’Être Suprême, sur le premier niveau de créature où se révèle, dans le temps et l’espace, la Déité unifiante. Ce niveau est le grand univers, la sphère où les personnalités du Paradis descendent dans l’espace-temps, en association réciproque avec les créatures évolutionnaires qui montent dans l’espace-temps. 0:2.17 6. Dieu l’Ultime – Le Dieu en cours d’extériorisation du supertemps et de l’espace transcendé. Le second niveau expérientiel où se manifeste la Déité unifiante. Dieu l’Ultime implique la réalisation acquise de la synthèse des valeurs superpersonnelles-absonites, des valeurs de l’espace-temps transcendé et des valeurs expérientielles qui ont été extériorisées ; ces valeurs étant coordonnées sur les niveaux créatifs finals de réalité de Déité. 0:2.18 7. Dieu l’Absolu – Le Dieu qui expérimente des valeurs superpersonnelles transcendées et des significations de la divinité transcendées, maintenant existentiel comme Absolu de Déité. C’est le troisième niveau d’expansion et d’expression de Déité unifiante. À ce niveau supercréateur, la Déité fait l’expérience de l’épuisement du potentiel personnalisable, rencontre la complétude de la divinité et voit s’épuiser la capacité de se révéler à des niveaux successifs et progressifs de personnalisations différentes. Maintenant, la Déité rencontre l’Absolu Non Qualifié, se heurte à lui et fait l’expérience de son identité avec lui. III. La Source-Centre Première 0:3.1 La réalité infinie et totale est existentielle en sept phases et sous l’aspect de sept Absolus coordonnés : 0:3.2 1. La Source-Centre Première. 0:3.3 2. La Source-Centre Deuxième. 0:3.4 3. La Source-Centre Troisième. 0:3.5 4. L’Ile du Paradis. 0:3.6 5. L’Absolu de Déité. 0:3.7 6. L’Absolu Universel. 0:3.8 7. L’Absolu Non Qualifié. 0:3.9 Dieu, en tant que Source-Centre Première, est primordial – de manière non qualifiée – par rapport à la réalité totale. La Source-Centre Première est infinie aussi bien qu’éternelle et n’est donc limitée ou conditionnée que par volition. 0:3.10 Dieu – le Père Universel – est la personnalité de la Source-Centre Première et, comme tel, il maintient des relations personnelles de contrôle infini sur toutes les sources-centres coordonnées et subordonnées. Un tel contrôle est personnel et infini en potentiel, bien qu’il puisse ne jamais fonctionner effectivement en raison de la perfection de la fonction des ces sources-centres et de ces personnalités coordonnées et subordonnées. 0:3.11 La Source-Centre Première est donc primordiale dans tous les domaines : déifiés ou non déifiés, personnels ou impersonnels, actuels ou potentiels, finis ou infinis. Nulle chose ou être, nulle relativité ou finalité n’existent, sauf en relation directe ou indirecte avec la primauté de la Source-Centre Première et sous sa dépendance. 0:3.12 La Source-Centre Première est reliée à l’univers comme suit : 0:3.13 1. Les forces de gravité des univers matériels convergent au centre de gravité du bas Paradis. C’est précisément pourquoi la position géographique de sa personne est éternellement fixée en relation absolue avec le centre d’énergie-force du plan inférieur ou matériel du Paradis. Mais la personnalité absolue de la Déité existe sur le plan supérieur ou spirituel du Paradis. 0:3.14 2. Les forces mentales convergent dans l’Esprit Infini ; le mental cosmique différentiel et divergent converge dans les Sept Maitres Esprits ; le mental du Suprême, se factualisant en tant qu’expérience de l’espace-temps converge dans Majeston. 0:3.15 3. Les forces d’esprit de l’univers convergent dans le Fils Éternel. 0:3.16 4. La capacité illimitée d’action de déité réside dans l’Absolu de Déité. 0:3.17 5. La capacité illimitée de réaction d’infinité existe dans l’Absolu Non Qualifié. 0:3.18 6. Les deux Absolus – Qualifié et Non Qualifié – sont coordonnés et unifiés par l’Absolu Universel et en lui. 0:3.19 7. La personnalité potentielle d’un être moral évolutionnaire ou de tout autre être moral est centrée dans la personnalité du Père Universel. 0:3.20 La réalité, telle qu’elle est comprise par les êtres finis, est partielle, relative et vague. Le maximum de réalité de la Déité pleinement compréhensible aux créatures évolutionnaires finies est contenu dans l’Être Suprême. Toutefois, il y a des réalités antécédentes et éternelles, des réalités superfinies, qui sont ancestrales par rapport à cette Déité Suprême des créatures évolutionnaires de l’espace-temps. En essayant de dépeindre l’origine et la nature de la réalité universelle, nous sommes obligés d’employer la technique de raisonnement de l’espace-temps pour atteindre le niveau du mental fini. C’est pourquoi il nous faut présenter beaucoup d’évènements simultanés de l’éternité comme étant des opérations séquentielles. 0:3.21 Une créature de l’espace-temps considérerait l’origine et la différentiation de la Réalité comme suit : l’éternel et infini JE SUIS accomplit la libération de la Déité des entraves de l’infinité non qualifiée, en exerçant son libre arbitre inhérent et éternel, et ce divorce d’avec l’infinité non qualifiée produisit la première tension de divinité absolue. Cette tension différentielle d’infinité est résolue par l’Absolu Universel qui fonctionne pour unifier et coordonner l’infinité dynamique de la Déité Totale et l’infinité statique de l’Absolu Non Qualifié. 0:3.22 Dans cette opération originelle, le JE SUIS théorique aboutit à la réalisation de la personnalité en devenant le Père Éternel du Fils Originel et devenant simultanément l’Éternelle Source de l’Ile du Paradis. Coexistants avec la différenciation du Fils d’avec le Père et en présence du Paradis, apparurent la personne de l’Esprit Infini et l’univers central de Havona. Avec l’apparition de la Déité personnelle coexistante, le Fils Éternel et l’Esprit Infini, le Père échappa, en tant que personnalité, à sa diffusion dans l’ensemble du potentiel de la Déité Totale, ce qui autrement aurait été inévitable. Dès lors, ce n’est plus qu’en association de Trinité avec ses deux égaux en Déité que le Père remplit tout le potentiel de la Déité. En même temps, la Déité expérientielle s’actualise de manière croissante sur les niveaux divins de Suprématie, d’Ultimité et d’Absoluité. 0:3.23 Le concept du JE SUIS est une concession philosophique que nous faisons au mental fini de l’homme lié au temps et enchainé à l’espace, à l’impossibilité pour la créature de comprendre les existences d’éternité, les réalités et les relations sans commencement ni fin. Pour la créature de l’espace-temps, il faut que toutes choses aient un commencement, à la seule exception de L’UNIQUE SANS CAUSE – la cause primordiale des causes. C’est pourquoi nous conceptualisons ce niveau de valeur philosophique comme le JE SUIS, en enseignant en même temps à toutes les créatures que le Fils Éternel et l’Esprit Infini sont coéternels avec le JE SUIS. En d’autres termes, il n’y a jamais eu d’époque où le JE SUIS n’était pas le Père du Fils et, avec ce dernier, le Père de l’Esprit. 0:3.24 L’Infini est employé pour dénoter la plénitude – la finalité – impliquée par la primauté de la Source-Centre Première. Le JE SUIS théorique est pour la créature une extension philosophique de « l’infinité de la volonté », mais l’Infini est un niveau de valeur actuel représentant l’intension d’éternité de la véritable infinité du libre arbitre absolu et sans entrave du Père Universel. Ce concept est parfois désigné par l’Infini-Père. 0:3.25 Une grande part de la confusion qu’éprouvent tous les ordres d’êtres supérieurs et inférieurs au cours de leurs efforts pour découvrir l’Infini-Père est inhérente à leurs possibilités limitées de compréhension. La primauté absolue du Père Universel n’est pas apparente sur les niveaux subinfinis. Il est donc probable que seuls le Fils Éternel et l’Esprit Infini connaissent véritablement le Père en tant qu’infinité ; pour toutes les autres personnalités, un tel concept représente l’exercice de la foi. IV. Réalité d’univers 0:4.1 La réalité s’actualise différentiellement sur divers niveaux de l’univers ; la réalité a son origine dans et par la volition infinie du Père Universel et elle est réalisable en trois phases primordiales sur de nombreux niveaux différents d’actualisation de l’univers : 0:4.2 1. La réalité non déifiée s’étend depuis les domaines d’énergie du non personnel jusqu’aux domaines de réalité des valeurs non personnalisables de l’existence universelle et même jusqu’en présence de l’Absolu Non Qualifié. 0:4.3 2. La réalité déifiée embrasse tous les potentiels de Déité infinie s’étendant à travers tous les domaines de la personnalité depuis le fini le plus bas jusqu’à l’infini le plus élevé. Elle inclut ainsi le domaine de tout ce qui est personnalisable et davantage allant jusqu’à la présence de l’Absolu de Déité. 0:4.4 3. La réalité interassociée. La réalité d’univers est présumée déifiée ou non déifiée, mais, pour les êtres subdéifiés, il existe un vaste domaine de réalité interassociée, potentiel et s’actualisant, qu’il est difficile d’identifier. Une grande partie de cette réalité coordonnée est englobée dans les royaumes de l’Absolu Universel. 0:4.5 Voici le concept primordial de la réalité originelle : le Père initie et maintient la Réalité. Les différentiels primordiaux de la réalité sont le déifié et le non déifié – l’Absolu de Déité et l’Absolu Non Qualifié. La relation primordiale est la tension entre les deux. Cette tension de divinité, initiée par le Père, est parfaitement résolue par l’Absolu Universel et éternisée en tant qu’Absolu Universel. 0:4.6 Vue de l’espace et du temps, la réalité est encore divisible comme suit : 0:4.7 1. Actuelle et potentielle. Réalités existant dans leur plénitude d’expression en contraste avec celles qui comportent une capacité de croissance non dévoilée. Le Fils Éternel est une actualité spirituelle absolue ; l’homme mortel est, dans une grande mesure, une potentialité spirituelle non réalisée. 0:4.8 2. Absolue et subabsolue. Les réalités absolues sont des existences d’éternité. Les réalités subabsolues sont projetées sur deux niveaux : Absonites – ces réalités sont relatives par rapport au temps et à l’éternité. Finies – ces réalités sont projetées dans l’espace et actualisées dans le temps. 0:4.9 3. Existentielle et expérientielle. La Déité Paradisiaque est existentielle, mais le Suprême et l’Ultime qui émergent sont expérientiels. 0:4.10 4. Personnelle et impersonnelle. L’expansion de la Déité, l’expression de la personnalité et l’évolution de l’univers sont conditionnées pour toujours par l’acte de libre-arbitre du Père qui a définitivement établi une séparation entre, d’une part les significations et les valeurs d’actualité et de potentialité concernant le mental, l’esprit et le personnel convergeant dans le Fils Éternel, et d’autre part les choses qui convergent dans l’Ile éternelle du Paradis et qui lui sont inhérentes. 0:4.11 Le Paradis est un terme qui inclut les Absolus focaux personnels et non personnels de toutes les phases de la réalité d’univers. Qualifié convenablement, le Paradis peut désigner toutes les formes de réalité, Déité, divinité, personnalité et énergie – spirituelle, mentale ou matérielle. Elles partagent toutes le Paradis comme lieu d’origine, de fonction et de destinée en ce qui concerne les valeurs, les significations et l’existence factuelle. 0:4.12 L’Ile du Paradis – Le Paradis, sans autre qualification, est l’Absolu du contrôle matériel-gravitationnel de la Source-Centre Première. Le Paradis est sans mouvement et il est la seule chose immobile dans l’univers des univers. L’Ile du Paradis a un emplacement dans l’univers mais pas de position dans l’espace. Cette Ile éternelle est la source effective des univers physiques – passés, présents et futurs. L’Ile nucléaire de Lumière est dérivée de la Déité, mais on ne saurait dire qu’elle est Déité. Les créations matérielles ne sont pas non plus une partie de la Déité, elles en sont une conséquence. 0:4.13 Le Paradis n’est pas un créateur. Il est un contrôleur unique de nombreuses activités d’univers. Il contrôle bien plus qu’il ne réagit. D’un bout à l’autre des univers matériels, le Paradis influence les réactions et la conduite de tous les êtres ayant à faire avec la force, l’énergie et le pouvoir, mais le Paradis est lui-même unique, exclusif et isolé dans les univers. Le Paradis ne représente rien et rien ne représente le Paradis. Il n’est ni une force ni une présence ; il est simplement le Paradis. V. Réalités de personnalité 0:5.1 La personnalité est un niveau de réalité déifiée. Elle part du niveau mortel et médian d’activation mentale supérieure d’adoration et de sagesse ; elle passe par le niveau morontiel et spirituel, et va jusqu’à atteindre le statut de finalité de la personnalité. Telle est l’ascension évolutionnaire de la personnalité des mortels et des créatures apparentées, mais l’univers comporte de nombreux autres ordres de personnalités. 0:5.2 La réalité est sujette à l’expansion universelle, la personnalité à une diversification infinie et toutes deux sont capables d’une coordination avec la Déité presque illimitée et d’une stabilité éternelle. Alors que le champ métamorphique de la réalité non personnelle est nettement limité, nous ne connaissons aucune limite à l’évolution progressive des réalités de personnalité. 0:5.3 Sur les niveaux expérientiels atteints, tous les ordres ou valeurs de personnalités sont associables et même cocréateurs. Même Dieu et l’homme peuvent coexister dans une personnalité unifiée comme il est démontré d’une manière si exquise dans le présent statut du Christ Micaël – Fils de l’Homme et Fils de Dieu. 0:5.4 Tous les ordres et phases subinfinis de personnalité sont accessibles à l’association et sont potentiellement cocréateurs. Le prépersonnel, le personnel et le superpersonnel sont tous liés ensemble par un potentiel mutuel d’aboutissement coordonné, d’accomplissement progressif et de capacité cocréatrice ; mais jamais l’impersonnel ne se transmue directement en personnel. La personnalité n’est jamais spontanée ; elle est le don du Père du Paradis. La personnalité est surimposée à l’énergie et n’est associée qu’à des systèmes d’énergie vivants ; l’identité peut être associée à des archétypes d’énergie non vivants. 0:5.5 Le Père Universel est le secret de la réalité de la personnalité, du don de la personnalité et de la destinée de la personnalité. Le Fils Éternel est la personnalité absolue, le secret de l’énergie spirituelle, des esprits morontiels et des esprits rendus parfaits. L’Acteur Conjoint est la personnalité du mental-esprit, la source de l’intelligence, de la raison et du mental universel. Mais l’Ile du Paradis est non personnelle et extraspirituelle, étant l’essence du corps universel, la source et le centre de la matière physique et le maitre archétype absolu de la réalité matérielle universelle. 0:5.6 Ces qualités de réalité universelle sont manifestes dans l’expérience humaine urantienne sur les niveaux suivants : 0:5.7 1. Le corps. L’organisme matériel ou physique de l’homme. Le mécanisme électrochimique vivant de nature et d’origine animales. 0:5.8 2. Le mental. Le mécanisme pensant, percevant et ressentant de l’organisme humain. Le total de l’expérience consciente et inconsciente. L’intelligence associée à la vie émotionnelle s’élevant au niveau de l’esprit par l’adoration et la sagesse. 0:5.9 3. L’esprit. L’esprit divin qui habite le mental de l’homme – l’Ajusteur de Pensée. Cet esprit immortel est prépersonnel – il n’est pas une personnalité, bien qu’il soit destiné à devenir une partie de la personnalité de la créature mortelle qui survivra. 0:5.10 4. L’âme. L’âme de l’homme est une acquisition expérientielle. À mesure qu’une créature mortelle choisit de « faire la volonté du Père qui est aux cieux », l’esprit qui l’habite devient le père d’une nouvelle réalité dans l’expérience humaine. Le mental mortel et matériel est la mère de cette même réalité émergente. La substance de cette nouvelle réalité n’est ni matérielle ni spirituelle – elle est morontielle. C’est l’âme émergente et immortelle destinée à survivre à la mort physique et à commencer l’ascension du Paradis. 0:5.11 La personnalité. La personnalité de l’homme mortel n’est ni corps, ni mental, ni esprit ; elle n’est pas non plus l’âme. La personnalité est la seule réalité invariante dans l’expérience constamment changeante d’une créature ; et elle unifie tous les autres facteurs associés de l’individualité. La personnalité est le don unique conféré par le Père Universel aux énergies vivantes et associées de la matière, du mental et de l’esprit, et qui survit avec la survivance de l’âme morontielle. 0:5.12 Morontia est un terme désignant un vaste niveau intermédiaire entre le matériel et le spirituel. Il peut désigner des réalités personnelles ou impersonnelles, des énergies vivantes ou non vivantes. La chaine du tissu morontiel est spirituelle, sa trame est matérielle. VI. Énergie et archétype 0:6.1 Nous appelons personnel tout ce qui réagit au circuit de personnalité du Père. Nous appelons esprit tout ce qui réagit au circuit d’esprit du Fils. Nous appelons mental, mental en tant qu’attribut de l’Esprit Infini, mental sous toutes ses phases, tout ce qui réagit au circuit mental de l’Acteur Conjoint. Nous appelons matière – énergie-matière dans tous ses états métamorphiques – tout ce qui répond au circuit de gravité matérielle centré dans le bas Paradis. 0:6.2 ÉNERGIE est employé comme un terme global appliqué aux domaines spirituel, mental et matériel. Le mot force est employé généralement de la même manière. L’emploi du mot pouvoir ne sert habituellement qu’à désigner le niveau électronique de la matière, la matière du grand univers qui réagit à la gravité linéaire. Pouvoir est également utilisé pour désigner la souveraineté. Nous ne pouvons nous conformer à vos définitions généralement acceptées pour la force, l’énergie et le pouvoir. Votre langage est si pauvre qu’il nous faut assigner à ces termes des significations multiples. 0:6.3 L’énergie physique est un terme dénotant toutes les phases et formes de mouvement, d’action et de potentiel des phénomènes. 0:6.4 En discutant les manifestations d’énergie physique, nous employons généralement les termes de force cosmique, énergie émergente et pouvoir d’univers. Ils sont souvent employés comme suit : 0:6.5 1. La force cosmique embrasse toutes les énergies dérivant de l’Absolu Non Qualifié mais ne réagissant pas encore à la gravité du Paradis. 0:6.6 2. L’énergie émergente embrasse les énergies réagissant à la gravité du Paradis, mais qui ne réagissent pas encore à la gravité locale ou linéaire. C’est le niveau préélectronique de l’énergie-matière. 0:6.7 3. Le pouvoir d’univers inclut toutes les formes d’énergie qui réagissent directement à la gravité linéaire tout en réagissant encore à la gravité du Paradis. C’est le niveau électronique de l’énergie-matière et de toutes ses évolutions subséquentes. 0:6.8 Le mental est un phénomène impliquant la présence et l’activité d’un ministère vivant ajouté à des systèmes d’énergie variés, et ceci est vrai à tous les niveaux d’intelligence. Dans la personnalité, le mental intervient toujours entre l’esprit et la matière. C’est pourquoi l’univers est illuminé par trois sortes de lumières : la lumière matérielle, la perspicacité intellectuelle et la luminosité d’esprit. 0:6.9 La lumière – la luminosité d’esprit – est un symbole verbal, une façon de parler, qui implique la manifestation de personnalité caractéristique des êtres spirituels de divers ordres. Cette émanation lumineuse n’a aucun rapport avec la perspicacité intellectuelle ni avec les manifestations de la lumière physique. 0:6.10 UN ARCHÉTYPE peut se trouver projeté sous un aspect matériel, spirituel ou mental, ou comme une combinaison de ces énergies. Il peut imprégner des personnalités, des identités, des entités ou la matière non vivante. Mais un archétype est un archétype et reste un archétype. Seules les copies en sont multipliées. 0:6.11 Un archétype peut configurer l’énergie, mais il ne la contrôle pas. La gravité est le seul contrôle de l’énergie-matière. Ni l’espace ni l’archétype ne réagissent à la gravité, mais il n’y a pas de relation entre l’espace et l’archétype. L’espace n’est ni un archétype, ni un archétype potentiel. L’archétype est une configuration de la réalité qui a déjà payé tout son dû à la gravité. La réalité d’un archétype consiste en ses énergies, son mental, son esprit ou ses composantes de matière. 0:6.12 En contraste avec l’aspect du total, l’archétype révèle l’aspect individuel de l’énergie et de la personnalité. Les formes de la personnalité ou de l’identité sont des archétypes résultant de l’énergie (physique, spirituelle ou mentale) mais ne sont pas inhérentes à cette énergie. Cette qualité d’énergie ou de personnalité, en vertu de laquelle l’archétype est amené à apparaitre, peut être attribuée à Dieu – à la Déité – à la dotation de force du Paradis, à la coexistence de la personnalité et du pouvoir. 0:6.13 Un archétype est un maitre modèle, dont il est fait des copies. Le Paradis Éternel est l’absolu des archétypes. Le Fils Éternel est l’archétype de la personnalité. Le Père Universel est la source ancestrale directe des deux. Mais le Paradis ne confère pas d’archétype et le Fils ne peut conférer la personnalité. VII. L’Être Suprême 0:7.1 Le mécanisme de Déité du maitre univers est double en ce qui concerne les relations d’éternité. Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu l’Esprit sont éternels – sont des êtres existentiels – tandis que Dieu le Suprême, Dieu l’Ultime et Dieu l’Absolu sont des personnalités de Déité en voie d’actualisation. Elles sont d’une époque postérieure à Havona dans les sphères de l’espace-temps et de l’espace-temps transcendé du maitre univers en expansion évolutionnaire. Ces personnalités de Déité qui s’actualisent sont des éternels futurs à partir du moment où, et dans la mesure où, elles personnalisent le pouvoir dans les univers croissants, par la technique de l’actualisation expérientielle des potentiels créatifs-associatifs des Déités éternelles du Paradis. 0:7.2 La Déité est donc duelle dans sa présence : 0:7.3 1. Existentielle – Des êtres d’existence éternelle, passée, présente et future. 0:7.4 2. Expérientielle – Des êtres s’actualisant dans le présent posthavonien, mais dont l’existence sera sans fin au cours de toute l’éternité future. 0:7.5 Le Père, le Fils et l’Esprit sont existentiels – existentiels en actualité (bien que tous les potentiels soient présumés expérientiels.) Le Suprême et l’Ultime sont entièrement expérientiels. L’Absolu de Déité est expérientiel en actualisation mais existentiel en potentialité. L’essence de la Déité est éternelle, mais seules les trois personnes originelles de la Déité sont éternelles et non-qualifiées. Toutes les autres personnalités de Déité ont une origine, mais leur destinée est éternelle. 0:7.6 Ayant accompli l’expression de Déité existentielle de lui-même dans le Fils et l’Esprit, le Père accomplit maintenant l’expression expérientielle sur des niveaux de déité jusqu’ici impersonnels et non révélés en tant que Dieu le Suprême, Dieu l’Ultime et Dieu l’Absolu. Mais ces Déités expérientielles ne sont pas entièrement existantes présentement ; elles sont en voie d’actualisation. 0:7.7 Dieu le Suprême à Havona est le reflet d’esprit personnel de la Déité trine du Paradis. Maintenant, cette relation associative de la Déité procède à une expansion extérieure créatrice en Dieu le Septuple et se synthétise dans le grand univers dans le pouvoir expérientiel du Tout-Puissant Suprême. La Déité du Paradis, existentielle en tant que trois personnes, évolue ainsi expérientiellement en deux phases de Suprématie, tandis que ces deux phases unifient personnalité et pouvoir en un seul Seigneur, l’Être Suprême. 0:7.8 Le Père Universel accomplit sa libération volontaire des liens de l’infinité et des chaines de l’éternité par la technique de la trinitisation, personnalisation triple de la Déité. Même à présent, l’Être Suprême évolue en tant qu’unification de personnalité subéternelle de la septuple manifestation de la Déité dans les segments d’espace-temps du grand univers. 0:7.9 L’Être Suprême n’est pas un créateur direct, sauf qu’il est le père de Majeston, mais il est le coordinateur-synthétiseur dans l’univers de toutes les activités Créateur-créature. L’Être Suprême, s’actualisant maintenant dans les univers évolutionnaires, est la Déité qui met en corrélation et synthétise la divinité de l’espace-temps, la Déité trine du Paradis en association expérientielle avec les Créateurs Suprêmes du temps et de l’espace. Lorsque cette Déité évolutionnaire se sera définitivement actualisée, elle constituera la fusion éternelle du fini et de l’infini – l’union perpétuelle et indissoluble du pouvoir expérientiel et de la personnalité d’esprit. 0:7.10 Sous l’impulsion directrice de l’Être Suprême évoluant, toute la réalité finie de l’espace-temps est engagée dans une mobilisation toujours ascendante et une unification en voie de perfectionnement (synthèse personnalité-pouvoir) de toutes les phases et valeurs de la réalité finie, en association avec des phases variées de la réalité du Paradis, dans le but de s’embarquer subséquemment dans la tentative d’atteindre les niveaux absonites d’aboutissement des supercréatures. VIII. Dieu le Septuple 0:8.1 Pour compenser le caractère fini du statut des créatures et pour pallier leurs limitations de concept, le Père Universel a établi pour les créatures évolutionnaires une septuple approche de la Déité : 0:8.2 1. Les Fils Créateurs du Paradis. 0:8.3 2. Les Anciens des Jours. 0:8.4 3. Les Sept Maitres Esprits. 0:8.5 4. L’Être Suprême. 0:8.6 5. Dieu l’Esprit. 0:8.7 6. Dieu le Fils. 0:8.8 7. Dieu le Père. 0:8.9 Cette personnalisation septuple de la Déité dans le temps et l’espace et pour les sept superunivers, rend l’homme mortel capable d’atteindre la présence de Dieu, qui est esprit. Cette Déité septuple qui, pour les créatures de l’espace-temps fini, personnalisera en son temps le pouvoir dans l’Être Suprême, est la Déité fonctionnelle des créatures mortelles évolutionnaires de la carrière d’ascension du Paradis. Une telle carrière de découverte expérientielle de réalisation de Dieu commence par la reconnaissance de la divinité du Fils Créateur de l’univers local, s’élève par la reconnaissance des Anciens des Jours du superunivers et de la personne de l’un des Sept Maitres Esprits, et va jusqu’à l’aboutissement de la découverte et de la reconnaissance de la divine personnalité du Père Universel au Paradis. 0:8.10 Le grand univers est le triple domaine de Déité de la Trinité de Suprématie, de Dieu le Septuple et de l’Être Suprême. Dieu le Suprême est potentiel dans la Trinité du Paradis de laquelle il tire sa personnalité et ses attributs d’esprit. Mais, maintenant, il s’actualise dans les Fils Créateurs, les Anciens des Jours et les Maitres Esprits, desquels il dérive son pouvoir de Tout-Puissant sur les superunivers du temps et de l’espace. Cette manifestation de pouvoir du Dieu immédiat des créatures évolutionnaires se développe de fait dans l’espace-temps, avec elles et de façon concomitante. Le Tout-Puissant Suprême évoluant au niveau de valeur des activités non personnelles et la personne spirituelle de Dieu le Suprême sont une seule réalité – l’Être Suprême. 0:8.11 Dans l’association de Déité de Dieu le Septuple, les Fils Créateurs fournissent le mécanisme par lequel le mortel devient immortel et le fini atteint l’embrassement de l’infini. L’Être Suprême fournit la technique pour la mobilisation de personnalité-pouvoir, la synthèse divine, de toutes ces multiples opérations, permettant ainsi au fini d’atteindre l’absonite et, par d’autres actualisations futures possibles, d’essayer d’atteindre l’Ultime. Les Fils Créateurs et leurs Divines Ministres associées participent à cette mobilisation suprême, mais les Anciens des Jours et les Sept Maitres Esprits sont probablement installés de manière éternelle comme administrateurs permanents dans le grand univers. 0:8.12 La fonction de Dieu le Septuple date de l’organisation des sept superunivers et va probablement s’étendre avec l’évolution future des créations de l’espace extérieur. L’organisation de ces futurs univers sur les niveaux d’espace primaire, secondaire, tertiaire et quaternaire d’évolution progressive marquera sans aucun doute l’inauguration de l’approche transcendante et absonite de la Déité. IX. Dieu l’Ultime 0:9.1 De même que l’Être Suprême se développe progressivement en partant de l’antécédente dotation de divinité inhérente au potentiel d’énergie et de personnalité du grand univers qu’il englobe, de même Dieu l’Ultime émerge des potentiels de divinité résidant dans les domaines de l’espace-temps transcendé du maitre univers. L’actualisation de la Déité Ultime marque l’unification absonite de la première Trinité expérientielle et indique l’expansion de Déité en voie d’unification sur le second niveau de l’autoréalisation créative. Ceci constitue l’équivalent en personnalité-pouvoir, de l’actualisation de la Déité expérientielle de l’univers concernant les réalités absonites paradisiaques sur les niveaux en voie d’extériorisation des valeurs de l’espace-temps transcendé. L’achèvement de ce développement expérientiel a pour but de procurer une destinée ultime de service à toutes les créatures de l’espace-temps qui ont atteint les niveaux absonites par l’achèvement de la réalisation de l’Être Suprême et par le ministère de Dieu le Septuple. 0:9.2 Dieu l’Ultime désigne la Déité personnelle fonctionnant sur les niveaux de divinité de l’absonite et sur les sphères du supertemps et de l’espace transcendé de l’univers. L’Ultime est une extériorisation supersuprême de la Déité. Le Suprême est l’unification de la Trinité comprise par les êtres finis. L’Ultime est l’unification de la Trinité du Paradis comprise par les êtres absonites. 0:9.3 Par le mécanisme de la Déité évolutionnaire, le Père Universel est de fait engagé dans l’acte stupéfiant et prodigieux de focalisation de personnalité et de mobilisation de pouvoir des valeurs de réalité divine du fini, de l’absonite et même de l’absolu, sur leurs niveaux de signification universelle respectifs. 0:9.4 Les trois premières Déités du Paradis de l’éternel passé – Le Père Universel, le Fils Éternel et l’Esprit Infini – doivent, dans l’éternel futur, recevoir un complément de personnalité par l’actualisation expérientielle des Déités évolutionnaires associées – Dieu le Suprême, Dieu l’Ultime et peut-être Dieu l’Absolu. 0:9.5 Dieu le Suprême et Dieu l’Ultime, se développant maintenant dans les univers expérientiels, ne sont pas existentiels – ils ne sont pas éternels dans le passé, seulement des éternels dans le futur, des éternels conditionnés par l’espace-temps et conditionnés transcendantalement. Ils sont des Déités de dotation suprême, ultime et peut-être suprême-ultime, mais ont connu des origines historiques dans l’univers. Ils n’auront jamais de fin, mais leur personnalité a eu un commencement. Ils sont vraiment des actualisations des potentiels éternels et infinis de la Déité, mais ne sont eux-mêmes ni éternels sans réserves, ni infinis. X. Dieu l’Absolu 0:10.1 L’éternelle réalité de l’Absolu de Déité possède de nombreuses caractéristiques qui ne peuvent être pleinement expliquées à un mental limité de l’espace-temps. Mais l’actualisation de Dieu l’Absolu serait la conséquence de l’unification de la seconde Trinité expérientielle, la Trinité Absolue. Cela constituerait la réalisation expérientielle de la divinité absolue, l’unification des significations absolues sur les niveaux absolus. Mais nous ne sommes pas certains que toutes les valeurs absolues soient englobées, car nous n’avons jamais été avisés que l’Absolu Qualifié soit l’équivalent de l’Infini. Les destinées superultimes sont impliquées dans les significations absolues et la spiritualité infinie, et, à défaut d’achèvement de ces deux réalités, nous ne pouvons établir de valeurs absolues. 0:10.2 Dieu l’Absolu est le but d’aboutissement et de réalisation de tous les êtres superabsonites. Mais le potentiel de pouvoir et de personnalité de l’Absolu de Déité transcende notre concept et nous hésitons à discuter de ces réalités qui sont si éloignées de l’actualisation expérientielle. XI. Les Trois Absolus 0:11.1 Lorsque la pensée conjuguée du Père Universel et du Fils Éternel, fonctionnant dans le Dieu d’Action, établit la création de l’univers central et divin, le Père suivit l’expression de sa pensée dans la parole de son Fils et dans l’acte de leur Exécutif Conjoint en différenciant sa présence à Havona des potentiels de l’infinité. Ces potentiels de l’infinité non révélés demeurent cachés dans l’espace chez l’Absolu Non Qualifié et divinement ensevelis dans l’Absolu de Déité, tandis que ces deux derniers deviennent un dans le fonctionnement de l’Absolu Universel, l’unité-infinité non révélée du Père du Paradis. 0:11.2 La puissance de la force cosmique et la puissance de la force d’esprit sont toutes deux en voie de réalisation-révélation progressive, à mesure que la réalité entière s’enrichit par croissance expérientielle et par la corrélation de l’expérientiel avec l’existentiel par l’Absolu Universel. En vertu de la présence équilibrante de l’Absolu Universel, la Source-Centre Première réalise une extension de pouvoir expérientiel, jouit de son identification avec ses créatures évolutionnaires et accomplit l’expansion de la Déité expérientielle sur les niveaux de Suprématie, d’Ultimité et d’Absoluité. 0:11.3 Lorsqu’il n’est pas possible de distinguer pleinement l’Absolu de Déité de l’Absolu Non Qualifié, on présume leur fonction combinée ou leur présence coordonnée et on l’appelle action de l’Absolu Universel. 0:11.4 1. L’Absolu de Déité semble être le tout puissant activateur, tandis que l’Absolu Non Qualifié parait être le mécanicien totalement efficace de l’univers des univers, et même des myriades et des myriades d’univers suprêmement unifiés et ultimement coordonnés, créés, en cours de création et encore à créer. 0:11.5 L’Absolu de Déité ne peut réagir de manière subabsolue à quelque situation que ce soit dans l’univers, ou du moins il ne le fait pas. En toutes circonstances, cet Absolu parait toujours répondre en termes impliquant le bien-être des choses et des êtres de toute la création, non seulement dans son état présent d’existence, mais aussi en vue des possibilités infinies de toute l’éternité future. 0:11.6 L’Absolu de Déité est ce potentiel qui a été séparé de la réalité totale et infinie par le libre choix du Père Universel et en qui toutes les activités de divinité – existentielles et expérientielles – ont lieu. Il est l’Absolu Qualifié par contraste avec l’Absolu Non Qualifié. Mais l’Absolu Universel est superadditif aux deux dans la sphère de tout le potentiel absolu. 0:11.7 2. L’Absolu Non Qualifié est non personnel, extradivin et non déifié. L’Absolu Non Qualifié est donc dépourvu de personnalité, de divinité et de toute prérogative de créateur. Ni fait ou vérité, ni expérience ou révélation, ni philosophie ou absonité ne peuvent pénétrer la nature et le caractère de cet Absolu sans qualification dans l’univers. 0:11.8 Précisons clairement que l’Absolu Non Qualifié est une réalité positive imprégnant le grand univers, qui apparemment, avec une égale présence spatiale, s’étend sur, dans et à l’extérieur des activités de force et des évolutions prématérielles des vertigineuses étendues d’espace situées au-delà des sept superunivers. L’Absolu Non Qualifié n’est pas un simple négativisme conçu par philosophie et basé sur des sophismes métaphysiques hypothétiques concernant l’universalité, la domination et la primauté de l’inconditionné et du non qualifié. L’Absolu Non Qualifié est un supercontrôle positif de l’univers dans l’infinité. Ce supercontrôle est illimité en force d’espace, mais il est nettement conditionné par la présence de la vie, du mental, de l’esprit et de la personnalité. De plus, il est conditionné par les réactions de volonté et les ordres avisés de la Trinité du Paradis. 0:11.9 Nous sommes convaincus que l’Absolu Non Qualifié n’est pas une influence indifférenciée imprégnant tout, comparable soit aux conceptions panthéistes de la métaphysique, soit à l’ancienne hypothèse scientifique de l’éther. L’Absolu Non Qualifié est illimité en force et conditionné par la Déité, mais nous ne percevons pas pleinement la relation de cet Absolu avec les réalités d’esprit des univers. 0:11.10 3. L’Absolu Universel, nous en déduisons logiquement qu’il était inévitable dans l’acte de libre arbitre absolu du Père Universel lorsqu’il a différencié les réalités de l’univers en valeurs déifiées et valeurs non déifiées – personnalisables et non personnalisables. L’Absolu Universel est le phénomène de Déité indiquant que la tension créée par l’acte de libre arbitre qui différencie ainsi la réalité de l’univers est résolue. Il fonctionne comme coordonnateur associatif du total général des potentialités existentielles. 0:11.11 La présence-tension de l’Absolu Universel signifie l’ajustement du différentiel entre la réalité de déité et la réalité non déifiée. Ce différentiel est inhérent à la séparation entre d’une part la dynamique du libre arbitre de la divinité et d’autre part la statique de l’infinité non qualifiée. 0:11.12 Il faut toujours se rappeler que l’infinité potentielle est absolue et inséparable de l’éternité. L’infinité actuelle dans le temps ne peut jamais rien être que partielle et doit donc être non absolue. L’infinité de personnalité actuelle ne peut non plus être absolue, sauf dans la Déité non qualifiée. Et c’est le différentiel de potentiel d’infinité entre l’Absolu Non Qualifié et l’Absolu de Déité qui rend éternel l’Absolu Universel. Cela rend cosmiquement possible d’avoir des univers matériels dans l’espace et spirituellement possible d’avoir des personnalités finies dans le temps. 0:11.13 Dans le cosmos, le fini ne peut coexister avec l’Infini que par suite de la présence associative de l’Absolu Universel qui équilibre si parfaitement les tensions entre le temps et l’éternité, le fini et l’infini, le potentiel de la réalité et l’actualité de la réalité, le Paradis et l’espace, l’homme et Dieu. Associativement, l’Absolu Universel constitue l’identification de la zone de réalité évolutionnaire progressive qui existe dans les univers de l’espace-temps et de l’espace-temps transcendé où se manifeste la Déité subinfinie. 0:11.14 L’Absolu Universel est le potentiel de la Déité statique-dynamique réalisable fonctionnellement sur les niveaux de temps-éternité sous forme de valeurs finies-absolues susceptibles d’une approche expérientielle-existentielle. Cet aspect incompréhensible de la Déité peut être statique, potentiel et associatif, mais il n’est expérientiellement ni créatif, ni évolutionnaire en ce qui concerne les personnalités intelligentes fonctionnant maintenant dans le maitre univers. 0:11.15 L’Absolu. Bien que les deux Absolus – qualifié et non qualifié – puissent paraitre fonctionner de manière si divergente lorsqu’ils sont observés par des créatures douées de mental, ils sont parfaitement et divinement unifiés dans et par l’Absolu Universel. En dernière analyse et en compréhension finale, les trois ne sont qu’un Absolu. Sur les niveaux subinfinis, ils sont fonctionnellement différenciés, mais, dans l’infinité, ils sont UN. 0:11.16 Nous n’employons jamais le terme « l’Absolu » comme une négation de quoi que ce soit, ni comme un déni de quelque chose. Nous ne considérons pas non plus l’Absolu Universel comme se déterminant lui-même, comme une sorte de Déité panthéiste et impersonnelle. En tout ce qui concerne la personnalité dans l’univers, l’Absolu est strictement limité par la Trinité et dominé par la Déité. XII. Les Trinités 0:12.1 La Trinité originelle et éternelle du Paradis est existentielle et elle était inévitable. Cette Trinité sans commencement était inhérente au fait que la volonté sans entraves du Père avait différencié le personnel du non-personnel. Elle fut factuelle lorsque sa volonté personnelle coordonna ces réalités duelles par le mental. Les Trinités postérieures à Havona sont expérientielles. Elles sont inhérentes à la création dans le maitre univers de deux niveaux subabsolus et évolutionnaires de manifestations de personnalité-pouvoir. 0:12.2 La Trinité du Paradis – l’éternelle union en Déité du Père Universel, du Fils Éternel et de l’Esprit Infini – est existentielle en actualité, mais tous les potentiels sont expérientiels. C’est pourquoi cette Trinité constitue la seule réalité de Déité embrassant l’infinité et c’est pourquoi se produisent les phénomènes universels de l’actualisation de Dieu le Suprême, Dieu l’Ultime et Dieu l’Absolu. 0:12.3 Les première et seconde Trinités expérientielles, les Trinités postérieures à Havona, ne peuvent être infinies, parce qu’elles embrassent des Déités dérivées, des Déités développées par l’actualisation expérientielle de réalités créées ou extériorisées par la Trinité existentielle du Paradis. L’infinité de divinité est constamment enrichie, sinon amplifiée, par le caractère fini et absonite de l’expérience de la créature et du Créateur. 0:12.4 Les Trinités sont des vérités de relations et des faits de manifestation coordonnée de la Déité. Les fonctions de la Trinité englobent les réalités de Déité, et les réalités de Déité cherchent toujours à se réaliser et à se manifester dans la personnalisation. Dieu le Suprême, Dieu l’Ultime et même Dieu l’Absolu sont donc des inévitabilités divines. Ces trois Déités expérientielles étaient potentielles dans la Trinité existentielle, la Trinité du Paradis. Mais leur émergence dans l’univers comme personnalités de pouvoir dépend, pour une part, de leur propre fonctionnement expérientiel dans les univers de pouvoir et de personnalité, et, pour une autre part, des accomplissements expérientiels des Créateurs et des Trinités postérieurs à Havona. 0:12.5 Les deux Trinités postérieures à Havona, les Trinités expérientielles de l’Ultime et de l’Absolu, ne sont pas encore pleinement manifestes. Elles sont en cours de réalisation dans l’univers. Ces associations de Déités peuvent être décrites comme suit : 0:12.6 1. La Trinité Ultime, évoluant présentement, sera finalement composée de l’Être Suprême, des Personnalités Créatrices Suprêmes et des Architectes absonites du Maitre Univers, ces uniques planificateurs d’univers qui ne sont ni des créateurs ni des créatures. Finalement et inévitablement, Dieu l’Ultime acquerra pouvoir et personnalité comme conséquence, au niveau de la Déité, de l’unification de cette Trinité Ultime expérientielle dans le cadre en expansion du maitre univers à peu près illimité. 0:12.7 2. La Trinité Absolue – la seconde Trinité expérientielle – présentement en cours d’actualisation, consistera en Dieu le Suprême, Dieu l’Ultime et le Consommateur non révélé de la Destinée de l’Univers. Cette Trinité fonctionne à la fois sur les deux niveaux personnels et superpersonnels, et même jusqu’aux frontières du non-personnel, et son unification dans l’universalité rendrait la Déité Absolue expérientielle. 0:12.8 La Trinité Ultime s’unifie expérientiellement en se parachevant, mais nous doutons vraiment qu’une telle unification, aussi complète, soit possible pour la Trinité Absolue. Toutefois, notre concept de la Trinité éternelle du Paradis nous remet constamment en mémoire que la trinitisation de la Déité peut accomplir ce qui autrement est irréalisable. Nous posons donc en postulat l’apparition en son temps du Suprême-Ultime et la possible factualisation-trinitisation de Dieu l’Absolu. 0:12.9 Les philosophes des univers postulent une Trinité des Trinités, une Trinité Infinie existentielle-expérientielle, mais ils sont incapables d’envisager sa personnalisation, qui équivaudrait peut-être à la personne du Père Universel au niveau conceptuel du JE SUIS. Mais, indépendamment de tout cela, la Trinité originelle du Paradis est potentiellement infinie, puisque le Père Universel est effectivement infini. Remerciements 0:12.11 Les exposés qui vont suivre dépeignent le caractère du Père Universel et la nature de ses associés du Paradis. Ils essayent en même temps de décrire le parfait univers central et les sept superunivers qui l’entourent. En les formulant, nous devons constamment rester guidés par les instructions des dirigeants du superunivers ; au cours de nos efforts pour révéler la vérité et coordonner les connaissances essentielles, ils nous commandent de donner la préférence aux concepts humains les plus élevés qui existent dans le domaine des sujets à présenter. Nous ne pouvons recourir à la révélation pure que si le concept à présenter n’a pas été exprimé antérieurement de manière adéquate par le mental humain. 0:12.12 Les révélations planétaires successives de la vérité divine englobent invariablement les concepts existants les plus élevés des valeurs spirituelles comme une partie de la coordination nouvelle et rehaussée des connaissances planétaires. En conséquence, pour présenter Dieu et ses associés dans l’univers, nous avons choisi pour base de ces fascicules plus de mille concepts humains représentant la connaissance planétaire la plus haute et la plus évoluée des valeurs spirituelles et des significations de l’univers. Lorsque ces concepts humains, collectés chez les mortels du passé et du présent qui connaissent Dieu, seront inadéquats pour dépeindre la vérité telle que nous avons reçu ordre de la révéler, nous les compléterons sans hésiter. À cet effet, nous puiserons dans nos propres connaissances supérieures de la réalité et de la divinité des Déités du Paradis et de l’univers transcendantal où elles résident. 0:12.13 Nous sommes pleinement conscients des difficultés de la tâche qui nous a été assignée. Nous reconnaissons qu’il est impossible de traduire complètement le langage des concepts de divinité et d’éternité dans les symboles linguistiques des concepts limités du mental des mortels. Mais nous savons qu’un fragment de Dieu habite dans le mental humain et que l’Esprit de Vérité séjourne avec l’âme humaine. De plus, nous savons que ces forces spirituelles conspirent pour rendre l’homme matériel apte à saisir la réalité des valeurs spirituelles et à comprendre la philosophie des significations de l’univers. Mais, avec plus de certitude encore, nous savons que ces esprits de la Présence Divine peuvent aider l’homme à s’approprier spirituellement toute la vérité contribuant à rehausser la réalité toujours progressante de l’expérience religieuse personnelle – la conscience de Dieu. 0:12.14 [Rédigé par un Conseiller Divin d’Orvonton, Chef du Corps des Personnalités Superuniverselles chargées de dépeindre sur Urantia la vérité concernant les Déités du Paradis et l’univers des univers.] Fascicule 1. Le Père Universel 1:0.1 Le Père Universel est le Dieu de toute la création, la Source-Centre Première de toutes les choses et de tous les êtres. Pensez d’abord à Dieu comme à un créateur, puis comme à un contrôleur, et enfin comme à un soutien infini. La vérité sur le Père Universel avait commencé à poindre sur l’humanité lorsque le prophète a dit : « Toi, Dieu, tu es seul, il n’y a personne en dehors de toi. Tu as créé les cieux et les cieux des cieux avec toutes leurs armées. Tu les préserves et tu les contrôles. C’est par les Fils de Dieu que les univers ont été faits. Le Créateur se couvre de lumière comme d’un vêtement et il étend les cieux comme un rideau. » C’est seulement le concept du Père Universel – un Dieu à la place de nombreux dieux – qui a permis à l’homme mortel de comprendre le Père en tant que créateur divin et contrôleur infini. 1:0.2 Les myriades de systèmes planétaires ont tous été faits pour être finalement habités par de nombreux types différents de créatures intelligentes, d’êtres qui peuvent connaitre Dieu, recevoir l’affection divine et aimer Dieu en retour. L’univers des univers est l’œuvre de Dieu et le lieu de résidence de ses diverses créatures. « Dieu a créé les cieux et formé la terre. Il a établi l’univers et n’a pas créé ce monde en vain, il l’a formé pour être habité. » 1:0.3 Tous les mondes éclairés reconnaissent et adorent le Père Universel, l’auteur éternel et le soutien infini de toute la création. Dans les innombrables univers, les créatures douées de volonté ont entrepris le long, long voyage vers le Paradis, la lutte fascinante de l’aventure éternelle pour atteindre Dieu le Père. Le but transcendant des enfants du temps est de trouver le Dieu éternel, de comprendre la nature divine, de reconnaitre le Père Universel. Les créatures qui connaissent Dieu n’ont qu’une ambition suprême, un seul désir brulant, c’est d’être semblable dans leur propre sphère à ce qu’il est dans sa perfection paradisiaque de personnalité et dans sa sphère universelle de juste suprématie. Du Père Universel qui habite l’éternité est issu le commandement suprême : « Soyez parfaits comme moi-même je suis parfait. » En amour et miséricorde, les messagers du Paradis ont transmis cette divine exhortation à travers les âges et les univers, même jusqu’à des créatures d’origine animale aussi humbles que les races humaines d’Urantia. 1:0.4 Cette magnifique et universelle injonction de s’efforcer d’atteindre la perfection de la divinité est le premier devoir et devrait être la plus haute ambition de toutes les créatures qui se débattent dans la création du Dieu de perfection. Cette possibilité d’atteindre la perfection divine est la destinée finale et certaine de tout l’éternel progrès spirituel de l’homme. 1:0.5 Les mortels d’Urantia ne peuvent guère espérer être parfaits au sens infini, mais il est entièrement possible à des êtres humains, débutant comme ils le font sur cette planète, d’atteindre le but céleste et divin que le Dieu infini a fixé pour les mortels ; et, lorsqu’ils auront accompli cette destinée, ils seront, en ce qui touche la réalisation du moi et l’accomplissement mental, tout aussi complets dans leur sphère de perfection divine que Dieu lui-même dans sa sphère d’infinité et d’éternité. Une telle perfection peut n’être pas universelle au sens matériel, ni sans limites en compréhension intellectuelle, ni finale en expérience spirituelle, mais elle est finale et complète sous tous les aspects finis concernant la divinité de la volonté, la perfection de motivation de la personnalité, et la conscience de Dieu. 1:0.6 Tel est le véritable sens du commandement divin : « Soyez parfaits comme moi-même je suis parfait », qui pousse toujours l’homme mortel en avant et l’appelle vers l’intérieur dans cette longue et fascinante lutte pour atteindre des niveaux de valeurs spirituelles de plus en plus élevés et les véritables significations de l’univers. Cette recherche sublime du Dieu des univers est l’aventure suprême des habitants de tous les mondes du temps et de l’espace. 1. Le nom du Père 1:1.1 De tous les noms sous lesquels Dieu le Père est connu de par les univers, ceux que l’on rencontre le plus souvent sont ceux qui le désignent comme la Première Source et le Centre de l’Univers. Le Premier Père est connu sous des noms variés dans des univers différents et dans des secteurs différents d’un même univers. Les noms que les créatures attribuent au Créateur dépendent beaucoup du concept que les créatures ont du Créateur. La Première Source et le Centre de l’Univers ne s’est jamais révélé par son nom, mais seulement par sa nature. Si nous croyons que nous sommes les enfants de ce Créateur, il est bien naturel que nous finissions par l’appeler Père. Mais c’est un nom de notre propre choix qui provient de la reconnaissance de notre relation personnelle avec la Source-Centre Première. 1:1.2 Le Père Universel n’impose jamais aucune forme de reconnaissance arbitraire, ni d’adoration formelle, ni de service servile aux créatures des univers douées d’intelligence et de volonté. Il faut que – d’eux-mêmes dans leur propre cœur – les habitants évolutionnaires des mondes du temps et de l’espace le reconnaissent, l’aiment et l’adorent volontairement. Le Créateur refuse d’exercer une contrainte sur le libre arbitre spirituel de ses créatures matérielles ou de le forcer à se soumettre. La consécration aimante de la volonté humaine à l’exécution de la volonté du Père est le don le plus précieux de l’homme à Dieu. En fait, une telle consécration de la volonté de la créature constitue le seul don réellement valable qu’il soit possible à l’homme de faire au Père du Paradis. En Dieu, l’homme vit, se meut et a son existence. Il n’y a rien que l’homme puisse donner à Dieu, excepté ce choix de se conformer à la volonté du Père, et les décisions ainsi prises par les créatures douées d’intelligence et de volonté dans les univers constituent la réalité de cette véritable adoration qui satisfait si pleinement la nature du Père Créateur, dominée par l’amour. 1:1.3 Une fois devenus vraiment conscients de Dieu, lorsque vous aurez réellement découvert le majestueux Créateur et commencé l’expérience de la réalisation de la présence interne du divin contrôleur, alors, selon vos lumières et en conformité avec la manière et la méthode par laquelle les divins Fils révèlent Dieu, vous trouverez un nom pour le Père Universel. Ce nom exprimera de façon adéquate votre concept de la Grande Source-Centre Première. Et c’est ainsi que, dans des mondes différents et des univers variés, le Créateur est connu sous de nombreuses appellations. Dans l’esprit des relations, elles ont toutes la même signification, mais, en mots et en symboles, chaque nom représente le degré et la profondeur avec lesquels Dieu est intronisé dans le cœur de ses créatures d’un royaume déterminé. 1:1.4 Près du centre de l’univers des univers, le Père Universel est généralement connu sous des noms qui peuvent être considérés comme signifiant Source Première. Plus loin au dehors, dans les univers de l’espace, les termes employés pour désigner le Père Universel signifient plus souvent le Centre Universel. Plus loin encore dans la création étoilée, par exemple dans le monde-siège de votre univers local, il est connu comme la Première Source Créatrice et le Centre Divin. Dans une constellation voisine, Dieu est appelé le Père des Univers, dans une autre le Soutien Infini, et vers l’est, le Divin Contrôleur. Il a aussi été appelé le Père des Lumières, le Don de la Vie et l’Unique Tout-Puissant. 1:1.5 Sur les mondes où un Fils du Paradis a vécu une vie d’effusion, Dieu est généralement connu par quelque nom indiquant une relation personnelle, une tendre affection et une dévotion paternelle. Au siège de votre constellation, on se réfère à Dieu comme Père Universel. Sur différentes planètes de votre système local de mondes habités, il est diversement connu comme le Père des Pères, le Père du Paradis, le Père de Havona et le Père Esprit. Ceux à qui Dieu a été révélé par les effusions des Fils du Paradis finissent par céder à l’appel sentimental de la touchante relation d’association entre créature et Créateur et appellent Dieu « notre Père ». 1:1.6 Sur une planète de créatures sexuées, dans un monde où les impulsions émotionnelles des parents sont inhérentes au cœur des êtres intelligents, le mot Père devient un nom très expressif et approprié pour le Dieu éternel. Sur votre planète Urantia, il est mieux connu et plus universellement reconnu sous le nom de Dieu. Le nom qu’on lui donne a peu d’importance. L’essentiel est de le connaitre et d’aspirer à être semblable à lui. Vos anciens prophètes l’ont appelé à juste titre « le Dieu éternel », et ont parlé de lui comme de celui qui « habite l’éternité ». 2. La réalité de Dieu 1:2.1 Dieu est la réalité primordiale dans le monde spirituel. Dieu est la source de la vérité dans les sphères mentales. Dieu couvre tout de son ombre d’un bout à l’autre des royaumes matériels. Pour toutes les intelligences créées, Dieu est une personnalité et, pour l’univers des univers, il est la Source-Centre Première de réalité éternelle. Dieu n’est semblable ni à un homme ni à une machine. Le Père Premier est esprit universel, vérité éternelle, réalité infinie et personnalité paternelle. 1:2.2 Le Dieu éternel est infiniment plus que la réalité idéalisée ou l’univers personnalisé. Dieu n’est pas simplement le désir suprême de l’homme, la recherche du mortel devenue réalité objective. Dieu n’est pas non plus un simple concept, le potentiel de pouvoir de la droiture. Le Père Universel n’est ni un synonyme de la nature, ni la loi naturelle personnifiée. Dieu est une réalité transcendante, et non simplement le concept humain traditionnel des valeurs suprêmes. Dieu n’est ni une focalisation psychologique de significations spirituelles, ni « l’œuvre la plus noble de l’homme ». Il se peut que Dieu soit l’un de ces concepts ou tous ces concepts dans le mental des hommes, mais il est plus que cela. Il est une personne salvatrice et un Père aimant pour tous ceux qui jouissent de la paix spirituelle sur terre et qui souhaitent ardemment faire l’expérience de la survie de la personnalité lors de la mort. 1:2.3 L’actualité de l’existence de Dieu est démontrée dans l’expérience humaine par la divine présence intérieure, le Moniteur d’esprit envoyé du Paradis pour vivre dans le mental mortel de l’homme, et pour l'aider à y développer l’âme immortelle destinée à survivre éternellement. La présence de cet Ajusteur divin dans le mental humain est révélée par trois phénomènes expérientiels : 1:2.4 1. La capacité intellectuelle de connaitre Dieu – la conscience de Dieu. 1:2.5 2. L’impulsion spirituelle à trouver Dieu – la recherche de Dieu. 1:2.6 3. Le désir intense qu’a la personnalité d’être semblable à Dieu – le désir sincère de faire la volonté de Dieu. 1:2.7 L’existence de Dieu ne pourra jamais être prouvée par des expériences scientifiques, ni par des déductions logiques de la raison pure. On ne peut réaliser ce qu’est Dieu que dans les domaines de l’expérience humaine. Toutefois, le vrai concept de la réalité de Dieu est raisonnable pour la logique, plausible pour la philosophie, essentiel pour la religion et indispensable pour tout espoir de survie de la personnalité. 1:2.8 Ceux qui connaissent Dieu ont expérimenté le fait de sa présence. Ces mortels connaissant Dieu possèdent, dans leur expérience personnelle, la seule preuve positive de l’existence du Dieu vivant qu’un être humain puisse offrir à un autre. L’existence de Dieu dépasse complètement toute possibilité de démonstration, si ce n’est par le contact entre la conscience de Dieu dans le mental humain et la présence de Dieu de l’Ajusteur de Pensée qui habite l’intellect mortel et qui est effusé sur l’homme à titre de don gratuit du Père Universel. 1:2.9 En théorie, vous pouvez penser à Dieu en tant que Créateur, et il est le créateur personnel du Paradis et de l’univers central de perfection. Mais les univers du temps et de l’espace sont tous créés et organisés par le corps paradisiaque des Fils Créateurs. Le Père Universel n’est pas le créateur personnel de l’univers local de Nébadon. L’univers dans lequel vous vivez est la création de son Fils Micaël. Bien que le Père ne crée pas personnellement les univers évolutionnaires, il les contrôle dans beaucoup de leurs relations universelles et dans certaines de leurs manifestations d’énergies physiques, mentales et spirituelles. Dieu le Père est le créateur personnel de l’univers du Paradis et, en association avec le Fils Éternel, le créateur de tous les autres Créateurs personnels d’univers. 1:2.10 En tant que contrôleur physique dans l’univers des univers matériel, la Source-Centre Première fonctionne dans les archétypes de l’Ile éternelle du Paradis, et, au moyen de ce centre de gravité absolu, le Dieu éternel exerce un supercontrôle cosmique du niveau physique, aussi bien dans l’univers central que d’un bout à l’autre de l’univers des univers. En tant que mental, Dieu fonctionne dans la Déité de l’Esprit Infini. En tant qu’esprit, Dieu est manifeste dans la personne du Fils Éternel et dans celle des divins enfants du Fils Éternel. Ces relations mutuelles de la Source-Centre Première avec les Personnes et les Absolus coordonnés du Paradis n’excluent nullement l’action personnelle directe du Père Universel dans toute la création et à tous les niveaux de celle-ci. Par la présence de son esprit fragmenté, le Père Créateur maintient un contact immédiat avec ses enfants-créatures et ses univers créés. 3. Dieu est un esprit universel 1:3.1 « Dieu est esprit. » Il est une présence spirituelle universelle. Le Père Universel est une réalité spirituelle infinie. Il est « le seul vrai Dieu souverain, éternel, immortel et invisible. » Bien que vous soyez « la progéniture de Dieu », il ne faut pas croire que le Père vous ressemble par la forme et le physique parce qu’on a dit que vous aviez été « créés à son image » – habités par des Moniteurs de Mystère dépêchés de la résidence centrale de sa présence éternelle. Les êtres d’esprit sont réels, bien qu’ils soient invisibles aux yeux humains et n’aient ni chair ni sang. 1:3.2 Un voyant des anciens temps a dit : « Voici, il marche auprès de moi, et je ne le vois pas. Il continue aussi son chemin, mais je ne le perçois pas. » Nous pouvons observer constamment les œuvres de Dieu, nous pouvons être hautement conscients des preuves matérielles de sa conduite majestueuse, mais il est rare que nous puissions contempler la manifestation visible de sa divinité, pas même pour apercevoir la présence de l’esprit qu’il a délégué pour habiter l’homme. 1:3.3 Si le Père Universel est invisible, ce n’est pas parce qu’il se cache des créatures inférieures ayant des handicaps matériels et des dons spirituels limités. La situation est plutôt la suivante : « Vous ne pouvez voir ma face, car aucun mortel ne peut me voir et vivre. » Nul homme matériel ne saurait contempler le Dieu esprit et préserver son existence de mortel. Il est impossible aux groupes inférieurs d’êtres spirituels et à tous les ordres de personnalités matérielles d’approcher la gloire et l’éclat spirituel de la présence de la personnalité divine. La luminosité spirituelle de la présence personnelle du Père est « une lumière que nul homme mortel ne peut approcher, que nulle créature matérielle n’a vu et ne peut voir ». Mais il n’est pas nécessaire de voir Dieu avec les yeux de la chair pour le discerner avec la vision-foi du mental spiritualisé. 1:3.4 Le Père Universel partage pleinement sa nature spirituelle avec son moi coexistant, le Fils Éternel du Paradis. De la même manière, le Père et le Fils partagent tous deux, pleinement et sans réserve, l’esprit universel et éternel avec leur coordonné de personnalité conjoint, l’Esprit Infini. En lui-même et de lui-même, l’esprit de Dieu est absolu, dans le Fils il est non qualifié, dans l’Esprit, il est universel et chez eux tous il est infini. 1:3.5 Dieu est un esprit universel. Dieu est la personne universelle. La réalité personnelle suprême de la création finie est esprit. La réalité ultime du cosmos personnel est esprit absonite. Seuls sont absolus les niveaux de l’infinité, et c’est seulement sur ces niveaux qu’il y a finalité d’unité entre matière, mental et esprit. 1:3.6 Dans les univers, Dieu le Père est potentiellement le supercontrôleur de la matière, du mental et de l’esprit. Dans l’immensité de sa création, Dieu ne traite directement avec les personnalités douées de volonté qu’au moyen de son vaste circuit de personnalité. Mais, on ne peut le contacter (en dehors du Paradis) que dans les présences de ses entités fragmentées, la volonté de Dieu au loin dans les univers. Cet esprit du Paradis, qui habite le mental des mortels du temps et y favorise l’évolution de l’âme immortelle de la créature survivante, a la même nature et la même divinité que le Père Universel. Mais le mental de ces créatures évolutionnaires a son origine dans les univers locaux et il doit atteindre la perfection divine en accomplissant les transformations expérientielles d’aboutissement spirituel. Celles-ci se produisent inévitablement lorsqu’une créature a choisi de faire la volonté du Père qui est aux cieux. 1:3.7 Dans l’expérience intérieure de l’homme, le mental est joint à la matière. Un tel mental lié à la matière ne peut survivre au décès du mortel. Pour embrasser la technique de la survie, il faut effectuer les ajustements de la volonté humaine et les transformations dans le mental mortel par lesquels un intellect conscient de Dieu se fait enseigner graduellement, et finalement conduire par l’esprit. De cette évolution du mental humain allant de l’association avec la matière à l’union avec l’esprit, il résulte une transmutation des phases potentiellement spirituelles du mental mortel en réalités morontielles de l’âme immortelle. Le mental humain soumis à la matière est destiné à devenir de plus en plus matériel et en conséquence à subir finalement l’extinction de la personnalité. Le mental qui s’est laissé dominer par l’esprit est destiné à devenir de plus en plus spirituel et à finalement atteindre l’unité ultime avec l’esprit divin qui survit et le guide, et de cette manière à atteindre la survie et l’éternité de l’existence de la personnalité. 1:3.8 Je suis issu de l’Éternel, et je suis maintes fois retourné en présence du Père Universel. Je connais l’actualité et la personnalité de la Source-Centre Première, le Père Éternel et Universel. Je sais que le grand Dieu, tout en étant absolu, éternel et infini, est également bon, divin et gracieux. Je connais la vérité des grandes affirmations : « Dieu est esprit » et « Dieu est amour », et ces deux attributs sont révélés à l’univers de la manière la plus complète dans le Fils Éternel. 4. Le mystère de Dieu 1:4.1 L’infinité de la perfection de Dieu est telle qu’elle fait de lui éternellement un mystère. Et le plus grand des mystères insondables de Dieu est le phénomène d’habitation divine dans le mental mortel. La manière dont le Père Universel séjourne chez les créatures du temps est le plus profond de tous les mystères de l’univers. La présence divine dans le mental de l’homme est le mystère des mystères. 1:4.2 Les corps physiques des mortels sont les « temples de Dieu ». Bien que les Souverains Fils Créateurs approchent les créatures de leurs mondes habités et « attirent tous les hommes à eux » ; bien qu’ils « se tiennent au seuil » de la conscience « et frappent » et se réjouissent d’entrer chez tous ceux qui acceptent « d’ouvrir les portes de leur cœur » ; bien qu’existe cette communion personnelle intime entre les Fils Créateurs et leurs créatures mortelles, il n’en est pas moins vrai que les mortels ont quelque chose de Dieu lui-même qui habite effectivement en eux ; leur corps en est le temple. 1:4.3 Quand vous en aurez fini ici-bas, quand vous aurez achevé votre parcours terrestre sous votre forme temporaire, quand vous aurez terminé votre voyage d’épreuve dans la chair, quand la poussière qui compose le tabernacle mortel sera « retournée à la terre d’où elle vient », alors, selon la révélation, « l’Esprit qui vous habite retournera à Dieu qui l’a donné ». Un fragment de Dieu, une partie intégrante de la divinité, séjourne en chaque être moral de cette planète. Ce fragment ne vous appartient pas encore par droit de possession, mais il est préparé intentionnellement pour ne faire qu’un avec vous si vous survivez à l’existence mortelle. 1:4.4 Nous sommes constamment confrontés à ce mystère de Dieu. Nous sommes stupéfaits devant le déroulement croissant du panorama sans fin de la vérité concernant sa bonté infinie, sa miséricorde inépuisable, sa sagesse incomparable et son caractère superbe. 1:4.5 Le mystère divin réside dans la différence inhérente qui existe entre le fini et l’infini, le temporel et l’éternel, la créature de l’espace-temps et le Créateur Universel, le matériel et le spirituel, l’imperfection de l’homme et la perfection de la Déité du Paradis. Le Dieu d’amour universel se manifeste infailliblement à chacune de ses créatures dans la pleine mesure de la capacité de cette créature de saisir spirituellement les qualités de vérité, de beauté et de bonté divines. 1:4.6 À tout être spirituel et à toute créature mortelle, dans chaque sphère et dans chaque monde de l’univers des univers, le Père Universel révèle tout ce qui peut être discerné ou compris de son moi gracieux et divin par ces êtres spirituels et ces créatures mortelles. Dieu ne fait pas acception de personnes, qu’elles soient spirituelles ou matérielles. La divine présence, dont tout enfant de l’univers jouit à un moment donné, n’est limitée que par la capacité de cette créature de recevoir et de discerner les actualités spirituelles du monde supramatériel. 1:4.7 En tant que réalité dans l’expérience spirituelle humaine, Dieu n’est pas un mystère. Mais, lorsqu’on essaye d’expliquer les réalités du monde de l’esprit au mental mortel d’ordre matériel, le mystère apparait : mystères si subtils et profonds que c’est seulement en les saisissant par la foi qu’un mortel connaissant Dieu peut réussir le miracle philosophique de la reconnaissance de l’Infini par le fini, et que les mortels évoluant sur les mondes matériels du temps et de l’espace peuvent discerner le Dieu éternel. 5. Personnalité du Père Universel 1:5.1 Ne permettez pas à la grandeur de Dieu, à son infinité, d’obscurcir ou d’éclipser sa personnalité. « Celui qui a dessiné l’oreille n’entendra-t-il pas ? Celui qui a formé l’œil ne verra-t-il pas ? » Le Père Universel est le summum de la personnalité divine. Il est l’origine et la destinée de la personnalité à travers toute la création. Dieu est à la fois infini et personnel, il est une personnalité infinie. Le Père est vraiment une personnalité, bien que l’infinité de sa personne le place pour toujours au-delà de la pleine compréhension des êtres matériels et finis. 1:5.2 Dieu est bien plus qu’une personnalité telle que le comprend le mental humain. Il dépasse même largement tout concept possible d’une superpersonnalité. Mais il est absolument futile de discuter ces concepts incompréhensibles de la personnalité divine avec le mental des créatures matérielles dont le concept le plus élevé de la réalité d’être consiste en l’idée et l’idéal de personnalité. Le plus haut concept possible du Créateur Universel par une créature matérielle est englobé dans les idéaux spirituels de l’idée exaltée de la personnalité divine. Donc, bien que vous puissiez savoir que Dieu doit être beaucoup plus que la conception humaine de la personnalité, vous savez bien aussi que le Père Universel ne peut pas être moins qu’une personnalité éternelle, infinie, véritable, bonne et belle. 1:5.3 Dieu ne se dissimule à aucune de ses créatures. Il est inapprochable par de si nombreux ordres d’êtres seulement parce qu’il « demeure dans une lumière que nulle créature matérielle ne peut approcher ». L’immensité et la grandeur de la personnalité divine dépassent la portée du mental imparfait des mortels évolutionnaires. Dieu « mesure les eaux dans le creux de sa main, et un univers avec l’empan de sa main. C’est lui qui est assis sur l’orbite de la terre, lui qui étend les cieux comme un rideau et les déploie comme un univers pour qu’on l’habite ». « Levez les yeux au ciel et voyez qui a créé toutes ces choses, qui fait sortir par nombre leurs mondes, et les appelle tous par leur nom. » C’est ainsi, en vérité, que les « choses invisibles de Dieu se comprennent partiellement par les choses qui sont faites ». Aujourd’hui et tels que vous êtes, il vous faut discerner l’Artisan invisible à travers sa création multiple et diverse, ainsi que par la révélation et le ministère de ses Fils et de leurs nombreux subordonnés. 1:5.4 Bien que les mortels matériels ne puissent voir la personne de Dieu, ils devraient se réjouir dans l’assurance qu’il est une personne. Acceptez par la foi la vérité dépeignant le Père Universel comme ayant tant aimé le monde qu’il a pourvu à l’éternelle progression spirituelle de ses humbles habitants. « Il trouve sa joie dans ses enfants. » Dieu n’est dépourvu d’aucun de ces attributs suprahumains et divins qui constituent une personnalité de Créateur parfaite, éternelle, aimante et infinie. 1:5.5 Dans les créations locales, (à l’exclusion du personnel des superunivers), Dieu n’a pas de manifestation personnelle ou résidentielle, sauf par les Fils Créateurs Paradisiaques, qui sont les pères des mondes habités et les souverains des univers locaux. Si un être créé avait une foi parfaite, il saurait assurément qu’en ayant vu un Fils Créateur il a vu le Père Universel. En cherchant le Père, il ne demanderait ni ne s’attendrait à voir autre chose que le Fils. Purement et simplement, l’homme mortel ne peut voir Dieu avant d’avoir achevé une transformation spirituelle complète et effectivement atteint le Paradis. 1:5.6 La nature des Fils Créateurs paradisiaques n’englobe pas tous les potentiels non qualifiés de l’absoluité universelle de la nature infinie de la Grande Source-Centre Première, mais le Père Universel est divinement présent de toutes les manières chez les Fils Créateurs. Le Père et ses Fils sont un. Ces Fils Paradisiaques de l’ordre des Micaëls sont des personnalités parfaites et sont même le modèle de toutes les personnalités d’un univers local, depuis la Radieuse Étoile du Matin jusqu’aux créatures humaines les plus humbles de l’évolution animale progressive. 1:5.7 Sans Dieu, et à défaut de sa personne grandiose et centrale, il n’y aurait aucune personnalité dans la totalité du vaste univers des univers. Dieu est personnalité. 1:5.8 Bien que Dieu soit un pouvoir éternel, une présence majestueuse, un idéal transcendant et un esprit glorieux, bien qu’il soit tout cela et infiniment plus, il est néanmoins éternellement et vraiment une parfaite personnalité de Créateur, une personne qui peut « connaitre et être connue », qui peut « aimer et être aimée », et qui peut nous témoigner de l’amitié ; en même temps, vous pouvez être connu comme l’ami de Dieu, ainsi que d’autres humains l’ont été. Il est un esprit réel et une réalité spirituelle. 1:5.9 Tandis que nous voyons le Père Universel révélé partout dans son univers, tandis que nous le discernons habitant ses myriades de créatures, tandis que nous le contemplons dans la personne de ses Fils Souverains, tandis que nous continuons de ressentir sa divine présence ici et là, proche et lointaine, ne mettons pas en doute et ne contestons pas la primauté de sa personnalité. Malgré l’immensité de toutes ces distributions, Dieu reste une vraie personne et maintient perpétuellement une liaison personnelle avec la multitude innombrable de ses créatures dispersées d’un bout à l’autre de l’univers des univers. 1:5.10 L’idée de la personnalité du Père Universel est un concept de Dieu agrandi et plus vrai, qui est parvenu à l’humanité principalement par révélation. La raison, la sagesse et l’expérience religieuse infèrent et impliquent toutes la personnalité de Dieu, mais ne la valident pas entièrement. Même l’Ajusteur de Pensée intérieur est prépersonnel. La vérité et la maturité d’une religion sont directement proportionnelles à son concept de la personnalité infinie de Dieu, et à son degré de compréhension de l’unité absolue de la Déité. L’idée d’une Déité personnelle mesure alors la maturité religieuse, après que la religion a formulé au préalable le concept de l’unité de Dieu. 1:5.11 La religion primitive avait de multiples dieux personnels, et ils étaient façonnés à l’image de l’homme. La révélation affirme la validité du concept de personnalité de Dieu, ce qui n’est qu’une simple possibilité dans le postulat scientifique d’une Cause Première et n’est suggérée que sous condition dans l’idée philosophique de l’Unité Universelle. C’est seulement par la voie de la personnalité qu’une personne peut commencer à comprendre l’unité de Dieu. Si l’on nie la personnalité de la Source-Centre Première, il ne reste qu’une alternative philosophique : matérialisme ou panthéisme. 1:5.12 En contemplant la Déité, il faut dépouiller le concept de personnalité de l’idée de corporéité. Ni chez l’homme ni chez Dieu, un corps matériel n’est indispensable pour une personnalité. L’erreur de la corporéité apparait dans les deux extrêmes de la philosophie humaine. Dans le matérialisme, l’homme cesse d’exister en tant que personnalité puisqu’il perd son corps à son décès. Dans le panthéisme, Dieu n’est pas une personne puisqu’il n’a pas de corps. Le type suprahumain de personnalité progressive fonctionne dans une union de mental et d’esprit. 1:5.13 La personnalité n’est pas simplement un attribut de Dieu. Elle représente plutôt la totalité de la nature infinie coordonnée et de la volonté divine unifiée, parfaitement exprimée en éternité et universalité. Au sens suprême, la personnalité est la révélation de Dieu à l’univers des univers. 1:5.14 Dieu, étant éternel, universel, absolu et infini, ne grandit pas en connaissance et n’augmente pas en sagesse. Dieu n’acquiert pas d’expérience comme l’homme fini pourrait le conjecturer ou le comprendre. Mais, dans les royaumes de sa propre personnalité éternelle, il goute vraiment ces expansions continues de réalisation de soi qui sont, dans une certaine mesure, comparables et analogues à l’acquisition d’une expérience nouvelle par les créatures finies des mondes évolutionnaires. 1:5.15 La perfection absolue du Dieu infini le conduirait à souffrir les affreuses limitations de la finalité non qualifiée de la perfection s’il n’y avait pas le fait que le Père Universel participe directement à la lutte de la personnalité de toutes les âmes imparfaites du vaste univers qui cherchent, avec l’aide divine, à faire l’ascension des mondes d’en haut spirituellement parfaits. Cette expérience progressive de chaque être spirituel et de chaque créature mortelle dans tout l’univers des univers fait partie de la conscience de Déité toujours croissante du Père concernant le cercle divin et sans fin de la réalisation perpétuelle de soi. 1:5.16 Il est littéralement vrai que « Dans toutes vos afflictions, il est affligé. » « Dans tous vos triomphes, il triomphe en vous et avec vous. » Son divin esprit prépersonnel est réellement une partie de vous. L’Ile du Paradis répond à toutes les métamorphoses physiques de l’univers des univers. Le Fils Éternel inclut toutes les impulsions d’esprit de toute la création. L’Acteur Conjoint englobe toutes les expressions mentales du cosmos en expansion. Le Père Universel réalise dans la plénitude de la conscience divine toute l’expérience individuelle gagnée au cours des luttes progressives soutenues par les forces mentales croissantes et les esprits ascendants de chaque entité, être et personnalité de l’ensemble de la création évolutionnaire du temps et de l’espace. Et tout ceci est littéralement vrai, car « en Lui nous vivons tous, nous nous mouvons et nous avons notre existence ». 6. Personnalité dans l’univers 1:6.1 La personnalité humaine est l’ombre-image projetée dans l’espace-temps par la personnalité du divin Créateur. Or, nulle actualité ne saurait être comprise convenablement par l’examen de son ombre. Il faudrait interpréter les ombres en fonction de la vraie substance. 1:6.2 Pour la science, Dieu est une cause, pour la philosophie, il est une idée et, pour la religion, il est une personne, précisément le Père céleste et aimant. Pour les savants, Dieu est une force primordiale ; pour les philosophes, une hypothèse d’unité ; pour les religionistes, une vivante expérience spirituelle. L’homme a un concept inadéquat de la personnalité du Père Universel, et ce concept ne peut être amélioré que par le progrès spirituel de l’homme dans l’univers. Il ne deviendra vraiment adéquat qu’au moment où les pèlerins du temps et de l’espace atteindront finalement au Paradis le divin embrassement du Dieu vivant. 1:6.3 N’oubliez jamais que les points de vue conçus par Dieu et par l’homme en ce qui concerne la personnalité sont aux antipodes l’un de l’autre. L’homme considère et comprend la personnalité en regardant du fini vers l’infini, alors que Dieu regarde de l’infini vers le fini. L’homme détient le type de personnalité le plus bas ; Dieu détient la plus élevée ; elle est même suprême, ultime et absolue. Il a donc fallu que les concepts améliorés de la personnalité divine attendent patiemment l’apparition d’idées meilleures sur la personnalité humaine, et en particulier une révélation supérieure de la personnalité à la fois divine et humaine dans la vie d’effusion sur Urantia de Micaël, le Fils Créateur. 1:6.4 L’esprit divin prépersonnel, qui habite le mental humain, apporte par sa seule présence la preuve valable de son existence réelle, mais le concept de personnalité divine ne peut être saisi que par la clairvoyance spirituelle résultant d’une expérience religieuse personnelle et authentique. Toute personne, humaine ou divine, est susceptible d’être connue et comprise indépendamment des réactions externes ou de la présence matérielle de cette personne. 1:6.5 Pour une amitié entre deux personnes, un certain degré d’affinité morale et d’harmonie spirituelle est essentiel. Une personnalité aimante ne peut guère se révéler à une personne dépourvue d’amour. Même, pour qu’un homme approche la connaissance d’une personnalité divine, il faut qu’il consacre totalement à cet effort tous les dons de personnalité dont il est nanti. Une dévotion partielle et sans enthousiasme sera inefficace. 1:6.6 Mieux un homme se comprend complètement lui-même, et apprécie les valeurs de personnalité de ses compagnons, plus il aura soif de connaitre la Personnalité Originelle, et plus ardemment cet homme connaissant Dieu s’efforcera de devenir semblable à la Personnalité Originelle. On peut discuter des opinions sur Dieu, mais l’expérience en lui et avec lui existe au-dessus et au-delà de toute controverse humaine et de la simple logique intellectuelle. L’homme qui connait Dieu décrit ses expériences spirituelles non pas pour convaincre les incroyants, mais pour l’édification et la satisfaction mutuelles des croyants. 1:6.7 Admettre que l’univers peut être connu et qu’il est intelligible, c’est admettre qu’il est construit par un mental et dirigé par une personnalité. Le mental de l’homme ne peut que percevoir les phénomènes mentaux dans un autre mental, qu’il soit humain ou suprahumain. Si la personnalité de l’homme peut faire l’expérience de l’univers, c’est qu’il y a un mental divin et une personnalité actuelle recélés quelque part dans cet univers. 1:6.8 Dieu est esprit – personnalité spirituelle. L’homme est également un esprit – personnalité spirituelle potentielle. Jésus de Nazareth atteignit la pleine réalisation de ce potentiel de la personnalité spirituelle dans l’expérience humaine. C’est pourquoi la vie où il a accompli la volonté du Père est devenue pour l’homme la révélation la plus complète et la plus idéale de la personnalité de Dieu. Bien que l’on ne puisse saisir la personnalité du Père Universel que dans une expérience religieuse effective, la vie terrestre de Jésus nous inspire par la démonstration parfaite d’une telle réalisation et d’une telle révélation de la personnalité de Dieu dans une expérience vraiment humaine. 7. Valeur spirituelle du concept de personnalité 1:7.1 Lorsque Jésus parlait du « Dieu vivant », il se référait à une Déité personnelle, le Père qui est aux cieux. Le concept de la personnalité de la Déité facilite la communion ; il favorise une adoration intelligente ; il développe une confiance réconfortante. Entre choses non personnelles il peut y avoir interaction, mais non communion. On ne peut jouir de la relation de communion entre père et fils, comme entre Dieu et l’homme, que si tous deux sont des personnes. Seules des personnalités peuvent communier l’une avec l’autre, bien que cette communion personnelle puisse être grandement facilitée par la présence d’une entité impersonnelle telle que l’est précisément l’Ajusteur de Pensée. 1:7.2 L’homme ne réalise pas son union avec Dieu comme une goutte d’eau pourrait trouver son unité avec l’océan. L’homme atteint l’union divine par une communion spirituelle réciproque et progressive, par des rapports de personnalité avec un Dieu personnel, par l’accession toujours croissante à la nature divine en se conformant de tout cœur et intelligemment à la volonté divine. Une relation aussi sublime ne peut exister qu’entre des personnalités. 1:7.3 Il est peut-être possible de concevoir la vérité séparée de la personnalité, et le concept de beauté peut exister sans personnalité, mais le concept de la bonté divine n’est compréhensible qu’en relation avec la personnalité. Seule une personne peut aimer et être aimée. Même la beauté et la vérité seraient détachées de l’espoir de survie si elles n’étaient les attributs d’un Dieu personnel, un Père aimant. 1:7.4 Nous ne saurions pleinement comprendre comment Dieu peut être primordial, invariant, tout-puissant et parfait, et en même temps entouré d’un univers toujours changeant et apparemment limité par des lois, un univers d’imperfections relatives en constante évolution. Mais nous pouvons connaitre cette vérité dans notre propre expérience personnelle, car nous conservons tous l’identité de notre personnalité et l’unité de notre volonté, malgré les changements constants à la fois en nous-mêmes et dans notre environnement. 1:7.5 Ni mathématiques, ni logique, ni philosophie ne peuvent saisir la réalité ultime de l’univers, seule peut y parvenir l’expérience personnelle se conformant progressivement à la volonté divine d’un Dieu personnel. Ni science, ni philosophie, ni théologie ne peuvent valider la personnalité de Dieu. Seule l’expérience personnelle des fils du Père céleste par la foi peut amener la réalisation actuelle et spirituelle de la personnalité de Dieu. 1:7.6 Les concepts supérieurs de personnalité dans l’univers impliquent : identité, conscience de soi, volonté propre et possibilité de se révéler. Et ces caractéristiques impliquent encore la fraternité avec des personnalités égales et différentes, comme il en existe dans les associations de personnalités des Déités du Paradis. L’unité absolue de ces associations est si parfaite que la divinité se reconnait à son indivisibilité, à son unité. « Le Seigneur Dieu est un. » L’indivisibilité de la personnalité n’empêche pas Dieu d’effuser son esprit pour qu’il vive dans le cœur des hommes mortels. L’indivisibilité de la personnalité d’un père humain ne l’empêche pas d’engendrer des fils et des filles mortels. 1:7.7 Ce concept d’indivisibilité en association avec celui d’unité implique la transcendance à la fois du temps et de l’espace par l’Ultimité de la Déité ; en conséquence, ni le temps ni l’espace ne peuvent être absolus ou infinis. La Source-Centre Première est cette infinité qui transcende sans réserve tout mental, toute matière et tout esprit. 1:7.8 Le fait de la Trinité du Paradis ne viole en aucune manière la vérité de l’unité divine. Les trois personnalités de la Déité du Paradis ne font qu’une dans toutes les réactions de la réalité universelle et dans toutes les relations avec les créatures. L’existence de ces trois personnes éternelles ne viole pas non plus la vérité de l’indivisibilité de la Déité. Je me rends pleinement compte que je n’ai à ma disposition aucun langage adéquat pour exposer clairement au mental mortel comment ces problèmes d’univers se présentent à nous. Mais ne vous découragez pas ; même pour les hautes personnalités appartenant à mon groupe d’êtres paradisiaques, la totalité de ces choses n’est pas entièrement claire. Rappelez-vous toujours que ces profondes vérités concernant la Déité se clarifieront de plus en plus à mesure que votre mental se spiritualisera au cours des époques successives de la longue ascension des mortels vers le Paradis. 1:7.9 [Présenté par un Conseiller Divin, membre d’un groupe de personnalités célestes désignées par les Anciens des Jours d’Uversa, siège du septième superunivers, pour superviser, dans la révélation qui va suivre, les portions concernant les affaires qui débordent les frontières de l’univers local de Nébadon. J’ai mission de parrainer ces fascicules décrivant la nature et les attributs de Dieu, parce que je représente la plus haute source d’information disponible à cet effet dans n’importe quel monde habité. J’ai servi comme Conseiller Divin dans chacun des sept superunivers et j’ai longtemps résidé au centre paradisiaque de toutes choses. J’ai maintes fois savouré le plaisir suprême de séjourner dans la présence personnelle immédiate du Père Universel. Je dépeins la réalité et la vérité de la nature du Père et de ses attributs avec une autorité indiscutable. Je sais de quoi je parle.] Fascicule 2. La nature de Dieu 2:0.1 Dans la mesure où le concept humain le plus élevé possible de Dieu est contenu dans l’idée et l’idéal humains d’une personnalité primordiale et infinie, il est permis et il pourrait être utile d’étudier certaines caractéristiques de la nature divine qui constituent le caractère de la Déité. Le meilleur moyen de comprendre la nature de Dieu est la révélation du Père telle que Micaël de Nébadon l’a développée dans ses multiples enseignements et sa magnifique vie humaine dans la chair. L’homme peut aussi mieux comprendre la nature divine s’il se considère comme un enfant de Dieu et s’il vénère le Créateur du Paradis comme un vrai Père spirituel. 2:0.2 On peut étudier la nature de Dieu dans une révélation d’idées suprêmes, on peut envisager le caractère divin comme un portrait d’idéaux célestes, mais, de toutes les révélations de la nature divine, on trouve la plus illuminante et la plus spirituellement édifiante en comprenant la vie religieuse de Jésus de Nazareth avant et après qu’il eut atteint la pleine conscience de sa divinité. Si l’on prend pour arrière-plan de la révélation de Dieu à l’homme la vie incarnée de Micaël, on peut essayer de formuler en symboles verbaux humains certaines idées et certains idéaux concernant la nature divine qui pourraient contribuer à éclairer davantage et à unifier le concept humain de la nature et du caractère de la personnalité du Père Universel. 2:0.3 Dans tous nos efforts pour amplifier et spiritualiser le concept humain de Dieu, nous sommes extraordinairement handicapés par la capacité limitée du mental humain. Nous souffrons également d’un sérieux handicap, dans l’exécution de notre mission, du fait des limitations du langage et de la pauvreté des matériaux utilisables pour donner des exemples ou des comparaisons. Cela nous gêne dans nos efforts pour dépeindre des valeurs divines et présenter des significations spirituelles au mental fini et mortel des hommes. Toutes nos tentatives pour amplifier le concept humain de Dieu seraient à peu près futiles si le mental humain n’était pas habité par l’Ajusteur effusé par le Père Universel et s’il n’était pas pénétré par l’Esprit de Vérité du Fils Créateur. Comptant donc sur la présence de ces esprits divins dans le cœur de l’homme pour m’aider à élargir le concept de Dieu, j’entreprends allègrement d’exécuter mon mandat d’essayer de dépeindre plus complètement la nature de Dieu au mental humain. 1. L’infinité de Dieu 2:1.1 « Touchant l’Infini, nous ne pouvons le découvrir. Les empreintes divines ne sont pas connues. » « L’entendement de Dieu est infini et sa grandeur est insondable. » La lumière aveuglante de la présence du Père est telle que, pour ses humbles créatures, il parait « habiter dans d’épaisses ténèbres ». Non seulement ses pensées et ses plans sont insondables, mais « il fait d’innombrables choses grandes et merveilleuses. » « Dieu est grand. Nous ne le comprenons pas et nous ne pouvons pas évaluer le nombre de ses années. » « Dieu habitera-t-il vraiment sur la terre ? Voici, le ciel (l’univers) et le ciel des cieux (l’univers des univers) ne peuvent le contenir. » « Combien ses jugements sont insondables et ses voies indécouvrables ! » 2:1.2 « Il n’y a qu’un seul Dieu, le Père Infini, qui est aussi un Créateur fidèle. » « Le divin Créateur est également le Dispensateur Universel, la source et la destinée des âmes. Il est l’Âme Suprême, le Mental Primordial et l’Esprit Illimité de toute création. » « Le grand Contrôleur ne fait pas d’erreurs. Il resplendit de majesté et de gloire. » « Le Dieu Créateur est entièrement dépourvu de crainte et d’inimitié. Il est immortel, éternel, existant par soi, divin et généreux. » « Combien pur et beau, combien profond et insondable est l’Ancêtre céleste de toutes choses ! » « L’Infini est très excellent du fait qu’il partage ce qu’il est avec les hommes. Il est le commencement et la fin, le Père de tout dessein bon et parfait. » « Avec Dieu, toutes choses sont possibles. L’éternel Créateur est la cause des causes. » 2:1.3 Bien que sa personnalité éternelle et universelle se manifeste par une infinité de prodiges, le Père est inconditionnellement conscient de sa propre infinité et de son éternité. De même, il connait pleinement sa perfection et son pouvoir. En dehors de ses divins coordonnés, il est le seul être dans l’univers qui s’évalue lui-même de façon parfaite, correcte et complète. 2:1.4 Le Père fait constamment et infailliblement face aux besoins résultant des variations qui sont exigées de lui à mesure que des changements s’effectuent de temps à autre dans diverses sections de son maitre univers. Le grand Dieu se connait et se comprend ; il est infiniment conscient de tous ses attributs primordiaux de perfection. Dieu n’est ni un accident cosmique ni un expérimentateur d’univers. Les Souverains des Univers peuvent s’engager dans des aventures ; les Pères des Constellations peuvent faire des expériences ; les chefs des systèmes de mondes peuvent s’entrainer ; mais le Père Universel voit la fin depuis le commencement ; son plan divin et son dessein éternel embrassent et comprennent effectivement toutes les expériences et aventures de tous ses subordonnés dans tous les mondes, systèmes et constellations de chaque univers de ses vastes domaines. 2:1.5 Aucune chose n’est nouvelle pour Dieu et nul évènement cosmique n’arrive par surprise ; Dieu habite le cercle de l’éternité. Ses jours n’ont ni commencement ni fin. Pour Dieu, il n’y a ni passé, ni présent, ni futur. La totalité du temps est présente à tout instant. Il est le grand et seul JE SUIS. 2:1.6 Le Père Universel est infini dans tous ses attributs, d’une manière absolue et inconditionnelle. Ce fait en lui-même et de lui-même le coupe automatiquement de toute communication personnelle directe avec des êtres matériels finis et d’autres intelligences inférieures créées. 2:1.7 Les contacts et les communications avec les multiples créatures nécessitent donc des dispositifs qui ont été classés en trois catégories. Premièrement, la personnalité des Fils Paradisiaques de Dieu, qui, bien que parfaits en divinité, participent souvent de la nature de la chair et du sang mêmes des races planétaires, devenant l’un de vous et un avec vous. C’est ainsi que Dieu devient pour ainsi dire homme, comme cela est arrivé dans l’effusion de Micaël, qui fut appelé alternativement Fils de Dieu et Fils de l’Homme. Et deuxièmement, il y a les personnalités de l’Esprit Infini, les divers ordres des armées séraphiques et d’autres intelligences célestes qui approchent les êtres matériels d’humble origine, leur apportent leur ministère et les servent de tant de manières. Et troisièmement, il y a les Moniteurs impersonnels de Mystère, les Ajusteurs de Pensée, le don effectif du grand Dieu lui-même, envoyés pour habiter des êtres tels que les humains d’Urantia, et cela sans avertissement ni explication. Depuis les altitudes de gloire, ils descendent en profusion intarissable pour honorer et habiter l’humble mental des mortels qui possèdent en fait ou en potentiel la capacité d’être conscient de Dieu. 2:1.8 De cette manière et de beaucoup d’autres, par des moyens qui vous sont inconnus et dépassent entièrement la compréhension finie, le Père du Paradis abaisse volontairement son infinité avec amour, la modifie, la dilue et l’atténue en vue de pouvoir se rapprocher du mental fini de ses enfants créés. Ainsi, par une série de répartitions de personnalités de moins en moins absolues, le Père infini peut jouir d’un contact étroit avec les diverses intelligences des nombreux royaumes de son vaste univers. 2:1.9 Tout ceci, il l’a fait, il le fait et il continuera indéfiniment à le faire, sans porter le moins du monde atteinte au fait et à la réalité de son infinité, de son éternité et de sa primauté. Et toutes ces choses sont absolument vraies malgré la difficulté qu’il y a à les comprendre, malgré le mystère qui les voile et malgré l’impossibilité pour des créatures semblables aux habitants d’Urantia de les saisir pleinement. 2:1.10 Du fait que le Père Premier est infini dans ses plans et éternel dans ses desseins, il y a impossibilité inhérente chez tout être fini de jamais saisir ou comprendre dans leur plénitude ces plans et desseins divins. L’homme mortel ne peut entrevoir les buts du Père que çà et là, de temps à autre, à mesure qu’ils sont révélés en rapport avec l’exécution du plan d’ascension des créatures sur ses niveaux successifs de progression dans l’univers. Bien que l’homme ne puisse comprendre dans sa totalité ce que signifie l’infinité, il est tout à fait certain que le Père infini comprend pleinement et enveloppe d’amour toute la nature finie de tous ses enfants dans tous les univers. 2:1.11 Le Père partage la divinité et l’éternité avec un grand nombre d’êtres supérieurs du Paradis, mais nous nous demandons s’il partage pleinement l’infinité et la primauté universelle qu’elle comporte, avec d’autres que ses associés coordonnés de la Trinité du Paradis. L’infinité de la personnalité doit nécessairement englober toute finitude de la personnalité ; d’où la vérité – une vérité littérale – de l’enseignement proclamant « qu’en Lui nous vivons, nous nous mouvons et nous avons notre existence ». Le fragment de pure Déité du Père Universel qui habite l’homme mortel est une partie de l’infinité de la Grande Source-Centre Première, le Père des Pères. 2. La perfection éternelle du Père 2:2.1 Même vos anciens prophètes comprenaient l’éternelle nature circulaire, sans commencement ni fin, du Père Universel. Dieu est littéralement et éternellement présent dans son univers des univers. Il habite le moment présent avec toute sa majesté absolue et son éternelle grandeur. « Le Père a la vie en lui-même et cette vie est la vie éternelle. » Tout au long de l’éternité des âges, ce fut le Père « qui donne la vie à tous ». Il y a perfection infinie dans l’intégrité divine. « Je suis le Seigneur, je ne change pas. » Notre connaissance de l’univers des univers révèle non seulement qu’il est le Père des lumières, mais aussi que, dans sa conduite des affaires interplanétaires, « il n’y a ni variation ni ombre de changement ». « Il proclame la fin depuis le commencement. » Il dit : « Mon dessein subsistera. J’accomplirai tout ce qui me plait » « selon le dessein éternel que j’ai établi dans mon Fils. » Ainsi, les plans et desseins de la Source-Centre Première sont comme elle-même éternels, parfaits et invariants pour toujours. 2:2.2 Il y a complétude finale et parfaite plénitude dans les commandements du Père. « Tout ce que Dieu fait subsistera toujours. Rien ne peut y être ajouté et rien ne peut en être retranché. » Le Père Universel ne revient pas sur ses desseins originels de sagesse et de perfection. Ses plans sont fermes, son intention est immuable, en même temps que ses actes sont divins et infaillibles. « Mille ans à sa vue sont comme le jour d’hier quand il est passé et comme une veille dans la nuit. » La perfection de la divinité et la grandeur de l’éternité sont pour toujours impossibles à saisir pleinement par le mental circonscrit des mortels. 2:2.3 Les réactions d’un Dieu immuable dans l’exécution de son dessein éternel peuvent paraitre varier selon le comportement changeant et le mental mouvant des intelligences qu’il a créées. Autrement dit, ces réactions peuvent varier en apparence et superficiellement. Mais, sous la surface et au-dessous de toute manifestation extérieure, le dessein invariant, le plan perpétuel de l’éternel Dieu, reste toujours présent. 2:2.4 À l’extérieur, dans les univers, il faut bien que la perfection soit un terme relatif, mais, dans l’univers central et spécialement au Paradis, la perfection est non diluée ; dans certaines phases, elle est même absolue. Les manifestations de la Trinité varient le spectacle de la perfection divine, mais sans atténuer cette perfection. 2:2.5 La perfection primordiale de Dieu ne consiste pas en une droiture présumée, mais plutôt en la perfection inhérente à la bonté de sa nature divine. Dieu est final, complet et parfait. Rien ne manque à la beauté et à la perfection de son caractère droit. Et tout l’agencement des existences vivantes sur les mondes de l’espace est centré sur le dessein divin d’élever toutes les créatures douées de volonté jusqu’à une haute destinée, l’expérience de partager la perfection paradisiaque du Père. Dieu n’est ni centré sur soi ni confiné en soi. Il ne cesse jamais de s’effuser sur toutes les créatures conscientes d’elles-mêmes dans le vaste univers des univers. 2:2.6 Dieu est éternellement et infiniment parfait. Il ne peut personnellement connaitre l’imperfection sous forme d’expérience propre, mais il partage la conscience de toute l’expérience d’imperfection chez toutes les créatures qui luttent dans les univers évolutionnaires de tous les Fils Créateurs du Paradis. Le contact personnel et libérateur du Dieu de perfection couvre de son ombre le cœur de tous ces mortels qui se sont élevés jusqu’au niveau universel de discernement moral, et met en circuit leur nature. De cette manière, aussi bien que par les contacts de sa présence divine, le Père Universel participe effectivement aux expériences que tous les êtres moraux de l’ensemble de l’univers font avec l’immaturité et l’imperfection au long de leur carrière évolutionnaire. 2:2.7 Les limitations humaines, le mal potentiel, ne font pas partie de la nature divine. Mais l’expérience mortelle avec le mal et toutes les relations humaines avec lui font certainement partie chez Dieu d’une réalisation de soi toujours plus étendue au travers des enfants du temps – les créatures douées de responsabilité morale qui ont été créées ou développées par chacun des Fils Créateurs sortant du Paradis. 3. Justice et droiture 2:3.1 Dieu est droit et par conséquent il est juste. « Le Seigneur est droit dans toutes ses voies. » « Je n’ai pas fait sans cause tout ce que j’ai fait, dit le Seigneur. » « Les jugements du Seigneur sont entièrement vrais et droits. » La justice du Père Universel ne peut être influencée par les actes et les accomplissements de ses créatures, « car il n’y a pas d’iniquité chez le Seigneur notre Dieu, ni acception de personnes, ni acceptation de cadeaux. » 2:3.2 Combien il est futile et puéril d’en appeler à un tel Dieu pour qu’il modifie ses décrets immuables en vue de nous éviter les justes conséquences opératoires de ses sages lois naturelles et de ses justes commandements spirituels ! « Ne vous y trompez pas. On ne se moque pas de Dieu, car ce qu’un homme sème, cela aussi il le récoltera. » Il est vrai que, même lorsque cette justice fait récolter la moisson des mauvaises actions, cette justice divine est toujours tempérée de miséricorde. La sagesse infinie est l’arbitre éternel qui détermine les proportions de justice et de miséricorde qui seront dispensées dans des circonstances données. La plus grande punition (qui est en réalité une conséquence inévitable) pour les infractions à la loi et une rébellion délibérée contre le gouvernement de Dieu est la perte d’existence en tant que sujet individuel de ce gouvernement. Le résultat final du péché délibéré est l’annihilation. En dernière analyse, les individus qui se sont identifiés au péché se sont détruits eux-mêmes en devenant tout à fait irréels pour avoir embrassé l’iniquité. Toutefois, la disparition effective de ces créatures est toujours retardée jusqu’à ce que l’ordre de justice établi et courant dans l’univers intéressé ait été pleinement observé. 2:3.3 La cessation d’existence est habituellement décrétée lors du jugement du royaume ou des royaumes, qui a lieu à une époque de dispensation. Sur un monde comme Urantia, elle a lieu à la fin d’une dispensation planétaire. À de tels moments, la cessation d’existence peut être décrétée par l’action coordonnée de tous les tribunaux de juridiction allant du conseil planétaire, en passant par les cours du Fils Créateur, jusqu’aux tribunaux de jugement des Anciens des Jours. Le commandement de dissolution part des cours supérieures du superunivers à la suite d’une confirmation ininterrompue de l’accusation provenant de la sphère de résidence du délinquant. Alors, quand la sentence d’extinction a été confirmée en haut lieu, l’exécution a lieu par un acte direct des juges qui résident au siège du superunivers et qui opèrent de là. 2:3.4 Lorsque cette sentence est définitivement confirmée, l’être identifié au péché devient instantanément comme s’il n’avait pas existé. Un tel sort ne comporte pas de résurrection, il est perpétuel et éternel. Les facteurs d’énergie vivante de l’identité se dissolvent, par les transformations du temps et les métamorphoses de l’espace, dans les potentiels cosmiques d’où ils avaient jadis émergé. Quant à la personnalité de l’être inique, elle se trouve privée d’un véhicule vital continu parce que cette créature n’a pas fait les choix ni pris les décisions finales qui lui auraient assuré la vie éternelle. Quand le mental associé s’est continuellement adonné au péché au point d’en arriver à une identification complète de soi avec l’iniquité, alors, après cessation de la vie et dissolution cosmique, cette personnalité isolée est absorbée dans la surâme de la création et devient une fraction de l’expérience évolutionnaire de l’Être Suprême. Jamais plus elle n’apparait comme une personnalité. Son identité devient comme si elle n’avait jamais été. S’il s’agit d’une personnalité habitée par un Ajusteur, les valeurs spirituelles expérientielles survivent dans la réalité de l’Ajusteur qui continue d’exister. 2:3.5 Lors de toute contestation dans l’univers entre des niveaux actuels de réalité, la personnalité du niveau supérieur finit par triompher de celle du niveau inférieur. Ce résultat inévitable des controverses d’univers est inhérent au fait que la divinité de qualité égale le degré de réalité ou d’actualité de toute créature douée de volonté. Le mal non dilué, l’erreur complète, le péché volontaire et l’iniquité sans mélange conduisent de manière inhérente et automatique au suicide. De telles attitudes d’irréalités cosmiques ne peuvent survivre dans l’univers qu’en raison d’une miséricordieuse tolérance provisoire, en attendant que les mécanismes des tribunaux universels de jugement en droiture aient opéré en fixant ce qui est juste et en découvrant ce qui est équitable. 2:3.6 La règle des Fils Créateurs dans les univers locaux consiste à créer et à spiritualiser. Ces Fils se consacrent à exécuter effectivement le plan paradisiaque d’ascension progressive des mortels, à réhabiliter les rebelles et les penseurs à idées fausses. Mais, lorsque tous ces efforts affectueux ont été finalement et définitivement rejetés, le décret final de dissolution est exécuté par des forces agissant sous la juridiction des Anciens des Jours. 4. La miséricorde divine 2:4.1 La miséricorde est simplement la justice tempérée par ce type de sagesse qui résulte de la perfection du savoir et de la complète reconnaissance des faiblesses naturelles des créatures finies et des handicaps dus à leur environnement. « Notre Dieu est plein de compassion, faisant grâce, longanime et prodigue de miséricorde. » C’est pourquoi « quiconque fera appel au Seigneur sera sauvé, » « car il pardonnera abondamment ». « La miséricorde du Seigneur va d’éternité en éternité. » Oui, « sa miséricorde subsiste à toujours ». « Je suis le Seigneur qui pratique la bienveillance affectueuse, le jugement et la droiture sur terre, car en ces choses je prends plaisir. » « Je n’afflige pas volontiers et ne chagrine pas les enfants des hommes », car je suis « le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation ». 2:4.2 Dieu est spontanément bienveillant, compatissant par nature et perpétuellement miséricordieux. Il n’est jamais nécessaire d’avoir recours à l’intervention d’une quelconque influence auprès du Père pour obtenir son affectueuse bienveillance. Le besoin des créatures est entièrement suffisant pour que le Père donne libre cours à sa tendre miséricorde et à sa grâce salvatrice. Puisque Dieu sait tout ce qui concerne ses enfants, il lui est facile de pardonner. Mieux l’homme comprend son prochain, plus il lui est facile de lui pardonner et même de l’aimer. 2:4.3 Seul le discernement d’une sagesse infinie permet à un Dieu de droiture de procurer en même temps la justice et la miséricorde dans n’importe quelle situation de l’univers. Le Père céleste n’est jamais déchiré par des conflits d’attitude envers ses enfants de l’univers. Dieu n’est jamais victime d’antagonismes dans sa manière de voir. L’omniscience de Dieu dirige infailliblement son libre arbitre dans le choix de sa conduite dans l’univers pour satisfaire parfaitement, simultanément et également les exigences de tous ses divins attributs et les qualités infinies de son éternelle nature. 2:4.4 La miséricorde est la progéniture naturelle et inévitable de la bonté et de l’amour. Il serait impossible à la bonne nature d’un Père aimant de refuser le sage ministère de miséricorde qu’il accorde à chaque membre de chaque groupe de ses enfants dans l’univers. L’éternelle justice et la divine miséricorde réunies constituent ce qu’on appellerait l’équité dans l’expérience humaine. 2:4.5 La miséricorde divine représente une technique d’équité pour ajuster les niveaux de perfection et d’imperfection de l’univers. La miséricorde est la justice de la Suprématie adaptée aux situations du fini en évolution, la droiture de l’éternité modifiée pour faire face aux intérêts supérieurs et au bien-être universel des enfants du temps. La miséricorde n’est pas une violation de la justice, mais plutôt une interprétation compréhensive des exigences de la justice suprême lorsqu’elle est appliquée en équité aux êtres spirituels subordonnés et aux créatures matérielles des univers évolutionnaires. La miséricorde est la justice de la Trinité du Paradis, appliquée avec sagesse et amour aux multiples intelligences des créations du temps et de l’espace, telle que cette justice est formulée par la sagesse divine et déterminée par le mental omniscient et le libre arbitre souverain du Père Universel et de tous ses Créateurs associés. 5. L’amour de Dieu 2:5.1 « Dieu est amour. » Son unique attitude personnelle à l’égard des affaires de l’univers est donc toujours une réaction d’affection divine. Le Père nous aime suffisamment pour nous conférer sa vie. « Il fait lever son soleil sur les méchants et les bons, et envoie sa pluie sur les justes et les injustes. » 2:5.2 Il est faux de croire que Dieu soit amené à aimer ses enfants à cause des sacrifices de ses Fils ou de l’intercession de ses créatures subordonnées, « car le Père lui-même vous aime ». C’est par suite de cette affection paternelle que Dieu envoie les merveilleux Ajusteurs habiter le mental des hommes. L’amour de Dieu est universel. « Quiconque le veut peut venir. » Il voudrait « voir tous les hommes sauvés en parvenant à la vérité ». « Il ne désire pas qu’aucun d’eux périsse. » 2:5.3 Les Créateurs sont les premiers à tenter de sauver l’homme des résultats désastreux de ses folles transgressions des lois divines. Par nature, l’amour de Dieu est une affection paternelle. Donc, parfois « il nous châtie pour notre propre profit, afin que nous puissions participer à sa sainteté ». Même au cours de vos cuisantes épreuves, rappelez-vous que « dans toutes nos afflictions, il est affligé avec nous. » 2:5.4 Dieu est divinement bienveillant pour les pécheurs. Lorsque des rebelles reviennent à la droiture, ils sont reçus avec miséricorde, « car notre Dieu pardonnera abondamment ». « Je suis celui qui efface votre transgression par égard pour moi-même et je ne me rappellerai pas vos péchés. » « Voyez quel genre d’amour le Père nous a accordé pour que nous soyons appelés les fils de Dieu. » 2:5.5 Après tout, la plus grande preuve de la bonté de Dieu et la raison suprême pour l’aimer est le don du Père qui habite en vous – l’Ajusteur qui attend si patiemment l’heure où lui et vous ne ferez qu’un pour l’éternité. Bien que vous ne puissiez trouver Dieu par une enquête, si vous voulez vous soumettre aux directives de l’esprit intérieur, vous serez infailliblement guidés pas à pas, vie après vie, à travers les univers et âges successifs, jusqu’à ce que vous finissiez par vous trouver en présence de la personnalité paradisiaque du Père Universel. 2:5.6 Combien vous êtes déraisonnables de ne pas adorer Dieu parce que les limitations de la nature humaine et les handicaps de votre création matérielle vous empêchent de le voir. Entre vous et Dieu, il y a une prodigieuse distance (d’espace physique) à franchir. Il existe également un grand abime de différences spirituelles qu’il faut combler. Mais, nonobstant tout ce qui vous sépare physiquement et spirituellement de la présence personnelle de Dieu au Paradis, arrêtez-vous et méditez le fait solennel que Dieu vit en vous. À sa propre manière, il a déjà jeté un pont sur l’abime. Il a envoyé quelque chose de lui, son esprit, pour vivre en vous et peiner avec vous pendant que vous poursuivez votre carrière éternelle dans l’univers. 2:5.7 Je trouve facile et agréable d’adorer quelqu’un de si grand qui se dévoue en même temps si affectueusement à un ministère exaltant envers ses humbles créatures. J’aime tout naturellement quelqu’un de si puissant pour créer et contrôler sa création, et qui, cependant, manifeste une bonté si parfaite et une telle fidélité dans la bienveillance affectueuse qui nous couvre constamment de son ombre. Je crois que j’aimerais Dieu tout autant s’il n’était pas si grand ni si puissant, pourvu qu’il soit aussi bon et aussi miséricordieux. Nous aimons tous le Père, plus pour sa nature que par égard pour ses stupéfiants attributs. 2:5.8 Lorsque j’observe les Fils Créateurs et leurs administrateurs subordonnés luttant si vaillamment contre les multiples difficultés du temps inhérentes à l’évolution des univers de l’espace, je découvre que je porte à ces chefs secondaires des univers une grande et profonde affection. Après tout, je crois que nous tous, y compris les mortels des royaumes, nous aimons le Père Universel et tous les autres êtres divins et humains parce que nous nous rendons compte que ces personnalités nous aiment vraiment. L’expérience d’aimer est dans une grande mesure une réponse directe à l’expérience d’être aimé. Sachant que Dieu m’aime, je devrais continuer à l’aimer suprêmement, même s’il était dépouillé de tous ses attributs de suprématie, d’ultimité et d’absoluité. 2:5.9 L’amour du Père nous suit maintenant et tout au long du cercle sans fin des âges éternels. Lorsque vous méditez sur la nature aimante de Dieu, il n’y a qu’une seule réaction de personnalité raisonnable et naturelle : vous aimerez votre Auteur de plus en plus. Vous rendrez à Dieu une affection analogue à celle qu’un enfant donne à un parent terrestre. En effet, de même qu’un père, un père réel, un vrai père, aime ses enfants, de même le Père Universel aime les fils et filles qu’il a créés et cherche perpétuellement leur bien-être. 2:5.10 Mais l’amour de Dieu est une affection parentale intelligente et prévoyante. L’amour divin fonctionne en association unifiée avec la sagesse divine et avec toutes les autres caractéristiques infinies de la nature parfaite du Père Universel. Dieu est amour, mais l’amour n’est pas Dieu. C’est dans l’attribution des Ajusteurs de Pensée qu’on observe la plus grande manifestation de l’amour divin pour les êtres mortels. Mais c’est dans la vie d’effusion de son Fils Micaël, dans la vie spirituelle idéale qu’il a vécue sur terre, que vous verrez la plus grande révélation de l’amour du Père. C’est l’Ajusteur intérieur qui individualise l’amour de Dieu pour chaque âme humaine. 2:5.11 Lorsque je dépeins l’affection divine du Père céleste pour ses enfants dans l’univers, je suis obligé d’employer le symbole verbal humain d’amour et, par moments, cela me fait presque souffrir. Ce terme implique sans doute le concept le plus élevé des hommes pour les relations humaines de respect et de dévotion, mais il désigne trop souvent une partie franchement ignoble des relations humaines. Il est absolument impropre de désigner ces relations sous le même vocable employé pour indiquer l’incomparable affection du Dieu vivant pour ses créatures de l’univers. Il est bien malheureux que je ne puisse me servir d’un terme exclusif et céleste qui communiquerait au mental de l’homme la véritable nature et la signification exquisément belle de l’affection divine du Père du Paradis. 2:5.12 Quand les hommes perdent de vue l’amour d’un Dieu personnel, le royaume de Dieu devient simplement le royaume du bien. Malgré l’unité infinie de la nature divine, l’amour est la caractéristique dominante de toutes les relations personnelles de Dieu avec ses créatures. 6. La bonté de Dieu 2:6.1 Nous pouvons voir la beauté divine dans l’univers physique, nous pouvons discerner la vérité éternelle dans le monde intellectuel, mais la bonté de Dieu ne se découvre que dans le monde spirituel de l’expérience religieuse personnelle. La religion, dans sa véritable essence, est une foi faite de confiance dans la bonté de Dieu. En philosophie, Dieu pourrait être grand et absolu, et même, d’une certaine manière, intelligent et personnel. Mais, en religion, il faut aussi que Dieu soit moral ; il doit être bon. L’homme pourrait craindre un grand Dieu, mais il n’a confiance qu’en un Dieu bon et il n’aime qu’un Dieu bon. Cette bonté de Dieu fait partie de la personnalité de Dieu et sa pleine révélation n’apparait que dans l’expérience religieuse personnelle des fils croyants de Dieu. 2:6.2 La religion implique que le monde supérieur de nature spirituelle a connaissance des besoins fondamentaux du monde humain et y répond. La religion évolutionnaire peut devenir éthique, mais seule la religion révélée devient vraiment et spirituellement morale. L’ancien concept que Dieu est une Déité dominée par une moralité royale fut rehaussé par Jésus jusqu’au niveau affectueusement touchant de la moralité familiale intime dans la relation parents-enfants. Il n’y en a pas de plus tendre ni de plus belle dans l’expérience des mortels. 2:6.3 « La richesse de la bonté de Dieu conduit l’homme égaré vers la repentance. » « Tout don utile, tout don parfait proviennent du Père des lumières. » « Dieu est bon, il est l’éternel refuge de l’âme des hommes. » « Le Seigneur Dieu est miséricordieux et gracieux. Il est longanime et il abonde en bonté et en vérité. » « Goutez et constatez que le Seigneur est bon ! Béni est l’homme qui se fie à lui. » « Le Seigneur est gracieux et plein de compassion. Il est le Dieu du salut. » « Il guérit les cœurs brisés et bande les plaies de l’âme. Il est le tout-puissant bienfaiteur de l’homme. » 2:6.4 Le concept de Dieu en tant que roi-juge a développé un standard moral élevé et créé un peuple respectueux de la loi en tant que groupe. Pourtant, le croyant individuel est resté dans une triste position d’insécurité en ce qui concerne son statut dans le temps et l’éternité. Les derniers prophètes hébreux proclamèrent que Dieu était un Père pour Israël. Jésus révéla Dieu comme le Père de chaque être humain. Le concept mortel tout entier de Dieu est éclairé de façon transcendante par la vie de Jésus. Le désintéressement est inhérent à l’amour des parents. Dieu n’aime pas comme un père, mais en tant que père. Il est le Père Paradisiaque de chaque personnalité de l’univers. 2:6.5 La droiture implique que Dieu est la source de la loi morale de l’univers. La vérité fait ressortir Dieu comme un révélateur, comme un maitre. Mais l’amour donne l’affection et la souhaite ardemment ; il recherche une communion compréhensive comme il en existe entre parents et enfants. Il se peut que la droiture soit la pensée divine, mais l’amour est l’attitude d’un père. Certains ont supposé à tort que la droiture de Dieu était inconciliable avec l’amour désintéressé du Père céleste. Cela présupposait l’absence d’unité dans la nature de la Déité et conduisait directement à élaborer la doctrine du rachat qui est un outrage philosophique à la fois à l’unité et au libre arbitre de Dieu. 2:6.6 Le Père céleste plein d’affection, dont l’esprit habite ses enfants sur terre, n’est pas une personnalité divisée – l’une de justice et l’autre de miséricorde. Il n’y a pas davantage besoin d’un médiateur pour obtenir la faveur ou le pardon du Père. La droiture divine n’est pas dominée par une stricte justice distributive. Dieu en tant que père transcende Dieu en tant que juge. 2:6.7 Dieu n’est jamais courroucé, vindicatif, ni irrité. Il est vrai que la sagesse réfrène souvent son amour alors que la justice conditionne le rejet de sa miséricorde. Son amour de la droiture se manifeste nécessairement par une détestation égale du péché. Le Père n’est pas une personnalité inconsistante. L’unité divine est parfaite. Dans la Trinité du Paradis, il y a une unité absolue, malgré les identités éternelles des coordonnés de Dieu. 2:6.8 Dieu aime les pécheurs et déteste le péché. Cette affirmation est vraie philosophiquement, mais Dieu est une personnalité transcendante et les personnes ne peuvent aimer et haïr que d’autres personnes. Le péché n’est pas une personne. Dieu aime le pécheur parce que le pécheur est une réalité de personnalité (potentiellement éternelle), mais Dieu ne dramatise pas personnellement le péché, car le péché n’est pas une réalité spirituelle ; il n’est pas personnel. C’est donc seulement la justice de Dieu qui prend connaissance de l’existence du péché. L’amour de Dieu sauve le pécheur. La loi de Dieu détruit le péché. Cette attitude de la nature divine changerait en apparence si le pécheur finissait par s’identifier totalement avec le péché comme ce même mental mortel peut également s’identifier totalement avec l’Ajusteur spirituel qui l’habite. Un mortel identifié au péché deviendrait complètement aspirituel dans sa nature, (donc personnellement irréel) et subirait l’extinction finale de son être. Dans un univers progressant en réalité et croissant en spiritualité, l’irréalité de la nature d’une créature et même son inachèvement ne peuvent subsister indéfiniment. 2:6.9 Face au monde de la personnalité, on découvre que Dieu est une personne aimante. Face au monde spirituel, il est un amour personnel ; dans l’expérience religieuse, il est les deux. L’amour identifie la volonté volitive de Dieu. La bonté de Dieu repose au fond du libre arbitre divin – la tendance universelle à aimer, à montrer de la miséricorde, à témoigner de la patience et à offrir le pardon. 7. Vérité et beauté divines 2:7.1 Toute connaissance finie et toute compréhension par des créatures sont relatives. Toute information, tous renseignements, même glanés à des sources élevées, ne sont que relativement complets, localement exacts et personnellement vrais. 2:7.2 Les faits physiques sont assez uniformes, mais la vérité est un facteur vivant et flexible dans la philosophie de l’univers. Les personnalités évoluantes ne sont que partiellement sages et relativement véridiques dans leurs communications. Elles ne peuvent avoir de certitudes que dans les limites de leur expérience personnelle. Telle chose qui peut sembler entièrement vraie en un lieu peut n’être que relativement vraie dans un autre segment de la création. 2:7.3 La vérité divine, la vérité finale, est uniforme et universelle, mais l’histoire des choses spirituelles, telle qu’elle est racontée par de nombreuses individualités provenant de sphères diverses, peut quelquefois varier dans les détails. Cela est dû à cette relativité dans la plénitude de leurs connaissances et de leur expérience personnelle, ainsi qu’à la longueur et à l’étendue de cette expérience. Alors que les lois et décrets, les pensées et attitudes de la Grande Source-Centre Première sont éternellement, infiniment et universellement vrais ; en même temps, leur application et leur adaptation à tout univers, système, monde et intelligence créée, s’accordent avec les plans et la technique des Fils Créateurs tels qu’ils opèrent dans leurs univers respectifs. Elles s’harmonisent également avec les plans locaux et procédés locaux de l’Esprit Infini et de toutes les autres personnalités célestes associées. 2:7.4 La fausse science du matérialisme condamnerait les mortels à devenir des proscrits dans l’univers. Une telle connaissance partielle est potentiellement mauvaise ; c’est une connaissance composée à la fois de bien et de mal. La vérité est belle parce qu’elle est à la fois complète et symétrique. Quand l’homme recherche la vérité, il poursuit ce qui est divinement réel. 2:7.5 Les philosophes commettent leur erreur la plus grave lorsqu’ils s’égarent dans les sophismes de l’abstraction, dans la pratique de centrer l’attention sur un aspect de la réalité, puis d’affirmer que cet aspect isolé constitue la vérité totale. Le philosophe sage recherchera toujours le projet constructif qui se trouve à l’arrière-plan et qui préexiste à tous les phénomènes de l’univers. La pensée du créateur précède invariablement l’action créative. 2:7.6 La conscience intellectuelle de soi permet de découvrir la beauté de la vérité et sa qualité spirituelle, non seulement par la cohérence philosophique de ses concepts, mais plus certainement et plus sûrement par la réponse infaillible de l’Esprit de Vérité toujours présent. Le bonheur résulte de la récognition de la vérité, parce qu’elle peut être mise en pratique ; elle peut être vécue. La déception et la tristesse accompagnent l’erreur parce qu’elle n’est pas une réalité et ne peut donc être réalisée en expérience. C’est par sa saveur spirituelle que l’on reconnait le mieux la vérité divine. 2:7.7 L’éternelle recherche est celle de l’unification, de la divine cohérence. Le vaste univers physique trouve sa cohésion dans l’Ile du Paradis. L’univers intellectuel s’unifie chez le Dieu du mental, l’Acteur Conjoint. L’univers spirituel est cohérent dans la personnalité du Fils Éternel. Mais les mortels isolés de l’espace et du temps ont leur cohérence en Dieu le Père par suite de la relation directe entre l’Ajusteur de Pensée intérieur et le Père Universel. L’Ajusteur de l’homme est un fragment de Dieu et recherche perpétuellement l’unification divine. Il est une partie cohérente et intégrante de la Déité Paradisiaque de la Source-Centre Première. 2:7.8 Discerner la beauté suprême, c’est découvrir et intégrer la réalité. Discerner la bonté divine dans la vérité éternelle, c’est la beauté ultime. Même le charme de l’art humain réside dans l’harmonie de son unité. 2:7.9 La grande erreur de la religion hébraïque fut de ne pas réussir à associer la bonté de Dieu avec les vérités factuelles de la science et la beauté attrayante de l’art. Tandis que la civilisation progressait, la religion poursuivait sa voie malavisée consistant à mettre un accent excessif sur la bonté de Dieu en excluant relativement la vérité et en négligeant la beauté. Alors, certains types d’hommes tendirent à se détourner de plus en plus du concept abstrait et dissocié de la bonté isolée. La religion moderne insiste trop sur une morale isolée qui ne réussit pas à retenir la dévotion et la loyauté de beaucoup d’hommes du vingtième siècle. Elle se réhabiliterait si, en plus de ses commandements moraux, elle donnait une considération égale aux vérités de la science, de la philosophie et de l’expérience spirituelle, aux beautés de la création physique, au charme de l’art intellectuel et à la grandeur de l’accomplissement d’authentiques caractères. 2:7.10 Le défi religieux de l’âge présent est lancé aux hommes et aux femmes spirituellement clairvoyants, prévoyants et tournés vers l’avenir, qui oseront construire une nouvelle et attrayante philosophie de vie émanant des concepts modernes de vérité cosmique, de beauté de l’univers et de bonté divine, amplifiés et intégrés avec charme. Une telle vision nouvelle et droite de la moralité attirera tout ce qui est bon dans le mental des hommes et jettera un défi à ce qu’il y a de meilleur dans leur âme. Vérité, beauté et bonté sont des réalités divines et, à mesure que l’homme monte la gamme de la vie spirituelle, ces qualités suprêmes de l’Éternel se coordonnent et s’unifient de plus en plus en Dieu, qui est amour. 2:7.11 Toute vérité – matérielle, philosophique ou spirituelle – est à la fois belle et bonne. Toute beauté réelle – art matériel ou symétrie spirituelle – est à la fois vraie et bonne. Toute bonté authentique – qu’il s’agisse de moralité personnelle, d’équité sociale ou de ministère divin – est également vraie et belle. Santé physique, santé mentale et bonheur sont des intégrations de vérité, de beauté et de bonté fondues dans l’expérience humaine. Ces niveaux de vie efficace s’atteignent en unifiant les systèmes d’énergie, les systèmes d’idées et les systèmes d’esprit. 2:7.12 La vérité est cohérente, la beauté est attrayante, la bonté est stabilisante. Et, quand ces trois valeurs de la réalité sont coordonnées dans l’expérience d’une personnalité, il en résulte une haute qualité d’amour, conditionnée par la sagesse et qualifiée par la loyauté. Le véritable but de toute éducation dans l’univers est de mieux coordonner les enfants isolés des mondes avec les plus grandes réalités de leur expérience croissante. La réalité est finie au niveau humain, elle est infinie et éternelle aux niveaux supérieurs et divins. 2:7.13 [Présenté par un Conseiller Divin agissant par autorité des Anciens des Jours sur Uversa.] Fascicule 3. Les attributs de Dieu 3:0.1 Dieu est partout présent. Le Père Universel gouverne le cercle de l’éternité. Mais, dans les univers locaux, il gouverne par les personnes de ses Fils Créateurs du Paradis, de même qu’il fait don de la vie par ces Fils. « Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est dans ses Fils. » Ces Fils de Dieu Créateurs sont l’expression personnelle de lui-même dans les secteurs du temps et pour les enfants des planètes qui tourbillonnent dans les univers évolutionnaires de l’espace. 3:0.2 Les Fils de Dieu hautement personnalisés peuvent être clairement discernés par les ordres inférieurs d’intelligences créées. Ils compensent ainsi l’invisibilité du Père qui est infini, donc moins facilement discernable. Les Fils Créateurs Paradisiaques du Père Universel sont une révélation d’un être qui autrement serait invisible à cause de l’absoluité et de l’infinité inhérentes au cercle de l’éternité et aux personnalités des Déités du Paradis. 3:0.3 La faculté de créer n’est guère un attribut de Dieu ; c’est plutôt l’ensemble de sa nature agissante. Et cette fonction universelle de création se manifeste éternellement telle qu’elle est conditionnée et contrôlée par tous les attributs coordonnés de la réalité infinie et divine de la Source-Centre Première. Nous mettons sincèrement en doute qu’une caractéristique quelconque de la nature divine puisse être considérée comme antérieure aux autres. Mais, si tel était le cas, c’est alors la nature créatrice de la Déité qui prendrait la préséance sur toutes les autres natures, activités et attributs. Et la faculté créatrice de la Déité culmine dans la vérité universelle de la Paternité de Dieu. 1. L’omniprésence de Dieu 3:1.1 L’aptitude du Père Universel à être simultanément présent partout constitue son omniprésence. Dieu seul peut se trouver au même instant en deux endroits ou en une multitude d’endroits. Dieu est simultanément présent « dans les cieux en haut et sur la terre en bas ». Le psalmiste s’écriait : « Où irais-je loin de ton esprit ? » « Où fuirais-je hors de ta présence ? » 3:1.2 « Je suis un Dieu à portée de la main, et aussi très lointain, dit le Seigneur. Est-ce que je ne remplis pas les cieux et la terre ? » Le Père Universel est constamment présent dans toutes les fractions et dans tous les cœurs de sa vaste création. Il est « la plénitude de celui qui remplit tout et en tous », et « opère tout en tous ». De plus, le concept de sa personnalité est tel que « le ciel (l’univers) et le ciel des cieux (l’univers des univers) ne peuvent le contenir ». Il est littéralement vrai que Dieu est tout et en tous, mais même cela n’est pas la totalité de Dieu. L’infini ne peut être définitivement révélé que dans l’infinité ; la cause ne peut jamais être pleinement comprise par l’analyse des effets ; le Dieu vivant est incommensurablement plus grand que le total de la création venue à l’existence du fait des actes créateurs de son libre arbitre sans entraves. Dieu est révélé dans tout le cosmos, mais le cosmos ne saurait jamais contenir ni englober l’infinité de Dieu dans son intégralité. 3:1.3 La présence du Père sillonne sans cesse le maitre univers. « Il sort du bout des cieux et circule jusqu’à leurs extrémités, et il n’y a rien de caché à sa lumière. » 3:1.4 Non seulement la créature existe en Dieu, mais Dieu vit aussi dans la créature. « Nous savons que nous demeurons en lui parce qu’il vit en nous ; il nous a donné son esprit. Ce don du Père du Paradis est le compagnon inséparable de l’homme. » « Il est le Dieu toujours présent et pénétrant tout. » « L’esprit du Père éternel est caché dans le mental de chaque enfant mortel. » « L’homme sort à la recherche d’un ami, alors que ce même ami vit dans son propre cœur. » « Le vrai Dieu n’est pas lointain, il fait partie de nous, son esprit parle de notre intérieur. » « Le Père vit dans l’enfant. Dieu est toujours avec nous. Il est l’esprit dirigeant de la destinée éternelle. » 3:1.5 On a dit à juste titre de la race humaine : « Vous êtes de Dieu, parce que quiconque demeure dans l’amour demeure en Dieu et Dieu en lui. » Mais aussi vous tourmentez le don intérieur de Dieu par vos écarts de conduite, car il faut bien que l’Ajusteur de Pensée subisse les conséquences des mauvaises pensées en même temps que le mental humain où il est emprisonné. 3:1.6 En réalité, l’omniprésence de Dieu fait partie de sa nature infinie. L’espace ne constitue pas un obstacle pour la Déité. La présence de Dieu, en perfection et sans limitations, n’est discernable qu’au Paradis et dans l’univers central. Il n’est ainsi pas présent d’une manière observable dans les créations qui entourent Havona, car Dieu a limité sa présence directe et effective en reconnaissance de la souveraineté et des prérogatives divines des chefs et créateurs coordonnés des univers du temps et de l’espace. Dans le concept de la présence divine, il faut donc laisser place à un large champ de modalités et de canaux de manifestation embrassant les circuits de présence du Fils Éternel, de l’Esprit Infini et de l’Ile du Paradis. Il n’est pas non plus toujours possible de distinguer entre la présence du Père Universel et les actes de ses éternels coordonnés et agents, tellement ceux-ci satisfont avec perfection aux exigences infinies de son dessein invariant. Mais il n’en est pas de même avec le circuit de personnalité et les Ajusteurs. Ici, Dieu agit uniquement, directement et exclusivement. 3:1.7 Le Contrôleur Universel est potentiellement présent dans les circuits de gravité de l’Ile du Paradis, dans toutes les parties de l’univers, en tous temps et au même degré, en conformité avec la masse, en réponse à la demande physique pour cette présence, et à cause de la nature inhérente à toute création qui fait que toutes choses adhèrent à lui et subsistent en lui. Similairement, la Source-Centre Première est potentiellement présente dans l’Absolu Non Qualifié, entrepôt des univers incréés de l’éternel futur. Dieu imprègne ainsi potentiellement les univers physiques du passé, du présent et de l’avenir. La création dite matérielle est cohérente, parce qu’il en est le fondement primordial. Ce potentiel non spirituel de Déité devient actuel çà et là sur tout le niveau des existences physiques par l’intrusion inexplicable de l’un de ses intermédiaires exclusifs dans le champ d’action de l’univers. 3:1.8 La présence mentale de Dieu est en corrélation avec le mental absolu de l’Acteur Conjoint, l’Esprit Infini. Mais, dans les créations finies, on la discerne mieux dans le fonctionnement omniprésent du mental cosmique des Maitres Esprits du Paradis. De même que la Source-Centre Première est potentiellement présente dans les circuits mentaux de l’Acteur Conjoint, de même elle est potentiellement présente dans les tensions de l’Absolu Universel. Mais le mental du genre humain est un don des Filles de l’Acteur Conjoint, les Divines Ministres des univers en évolution. 3:1.9 L’esprit omniprésent du Père Universel est coordonné avec la fonction de présence de l’esprit universel du Fils Éternel et le potentiel divin perpétuel de l’Absolu de Déité. Mais ni l’activité spirituelle du Fils Éternel et de ses Fils paradisiaques, ni les effusions de mental de l’Esprit Infini ne paraissent exclure l’action directe des Ajusteurs de Pensée, les fragments intérieurs de Dieu, dans le cœur des créatures, ses enfants. 3:1.10 En ce qui concerne la présence de Dieu sur une planète, dans un système, une constellation ou un univers, le degré de cette présence, dans l’une quelconque de ces unités de création, se mesure par le degré de la présence évoluante de l’Être Suprême. Ce degré est déterminé par la reconnaissance en masse de Dieu et la loyauté envers lui de la part de la vaste organisation de l’univers, allant jusqu’aux systèmes et aux planètes elles-mêmes. C’est donc parfois avec l’espoir de conserver et de sauvegarder ces phases de la précieuse présence de Dieu que, lorsque certaines planètes (voire des systèmes) ont plongé profondément dans les ténèbres spirituelles, elles sont, d’une certaine manière, mises en quarantaine, ou partiellement coupées des rapports avec les unités plus vastes de la création. Tout ceci, comme c’est le cas pour Urantia, est une réaction spirituellement défensive de la majorité des mondes. Ils cherchent autant que possible à se mettre à l’abri de l’isolement résultant des actes séparateurs commis par une minorité entêtée, méchante et rebelle. 3:1.11 Alors que le Père englobe dans ses circuits parentaux tous ses fils – toutes les personnalités – son influence sur eux est limitée parce que leur origine est éloignée des Deuxième et Troisième Personnes de la Déité ; elle s’accroit lorsque la réalisation de leur destinée se rapproche de tels niveaux. La présence ou l’absence, dans le mental d’une créature, d’un fragment du Père, tel qu’un Moniteur de Mystère, détermine la présence de Dieu en fait. Mais la présence efficace de Dieu est déterminée par le degré de coopération accordé à ces Ajusteurs intérieurs par le mental dans lequel ils séjournent. 3:1.12 Les fluctuations de la présence du Père ne sont pas dues à la variabilité de Dieu. Le Père ne se retire pas dans la solitude parce qu’il a été offensé. Son affection n’est pas aliénée du fait qu’une créature a mal agi. Ses enfants ont reçu le pouvoir de choisir en ce qui Le concerne. Ce sont donc ses enfants qui, dans l’exercice de ce choix, déterminent directement le degré et les limitations de l’influence divine du Père dans leur propre cœur et leur propre âme. Le Père s’est librement effusé lui-même sur nous sans limites et sans faveurs. Il ne fait pas acception de personnes, de planètes, de systèmes, ni d’univers. Dans les secteurs du temps, il ne confère d’honneur différentiel qu’aux personnalités paradisiaques de Dieu le Septuple, les créateurs coordonnés des univers finis. 2. Le pouvoir infini de Dieu 3:2.1 Tous les univers savent que « l’omnipotent Seigneur Dieu règne ». Les affaires de ce monde et des autres mondes sont divinement supervisées. « Il agit selon sa volonté dans l’armée des cieux et parmi les habitants de la terre. » Il est éternellement vrai qu’il n’y a « pas de pouvoir, sinon de Dieu ». 3:2.2 Dans les limites de ce qui cadre avec la nature divine, il est littéralement vrai « qu’avec Dieu toutes choses sont possibles ». Les processus évolutionnaires prolongés des peuples, des planètes et des univers sont parfaitement contrôlés par les créateurs et administrateurs des univers. Ils se déroulent selon le dessein éternel du Père Universel, suivent leur cours en ordre et en harmonie, et se conforment au plan infiniment sage de Dieu. Il n’y a qu’un seul législateur. Il soutient les mondes dans l’espace et fait circuler les univers au long de l’orbite sans fin du circuit éternel. 3:2.3 De tous les attributs de Dieu, c’est son omnipotence, spécialement telle qu’elle prédomine dans les univers matériels, qui est la mieux comprise. Vu comme un phénomène non spirituel, Dieu est énergie. Cette affirmation d’un fait physique est basée sur la vérité incompréhensible que la Source-Centre Première est la cause primordiale des phénomènes physiques universels de tout l’espace. Toute l’énergie physique et les autres manifestations matérielles dérivent de cette activité divine. La lumière, nous voulons dire la lumière sans chaleur, est une autre manifestation non spirituelle des Déités. Et il existe une autre forme d’énergie non spirituelle encore pratiquement inconnue sur Urantia, parce qu’elle n’y est pas encore reconnue. 3:2.4 Dieu contrôle tout pouvoir. Il a tracé « un chemin pour l’éclair ». Il a ordonné les circuits de toutes les énergies. Il a décrété l’heure et le mode de manifestation de toutes les formes d’énergie-matière. Et toutes ces choses sont maintenues pour toujours sous sa perpétuelle emprise – sous le contrôle gravitationnel centré dans le bas Paradis. La lumière et l’énergie du Dieu éternel tournent ainsi indéfiniment autour de son circuit majestueux formé par la procession sans fin, mais ordonnée, des nuées d’étoiles composant l’univers des univers. Toute la création circule éternellement autour de la Personnalité Paradisiaque, centre de toutes les choses et de tous les êtres. 3:2.5 L’omnipotence du Père se rattache à la prédominance omniprésente du niveau absolu où les trois énergies matérielle, mentale et spirituelle ne peuvent se distinguer à proximité de lui – la Source de toutes choses. Le mental des créatures n’étant ni la monota du Paradis, ni l’esprit du Paradis, ne répond pas directement au Père Universel. Dieu fait des ajustements avec le mental d’imperfection – avec les mortels d’Urantia, par l’intermédiaire des Ajusteurs de Pensée. 3:2.6 Le Père Universel n’est ni une force transitoire, ni un pouvoir changeant, ni une énergie fluctuante. Le pouvoir et la sagesse du Père sont parfaitement adéquats pour faire face à toutes les exigences de l’univers. Lorsque des circonstances critiques se présentent dans l’expérience humaine, il les a toutes prévues. Il ne réagit donc pas aux affaires de l’univers d’une manière détachée, mais plutôt en accord avec les prescriptions de la sagesse éternelle et en harmonie avec les commandements d’un jugement infini. En dépit des apparences, le pouvoir de Dieu ne fonctionne pas comme une force aveugle dans l’univers. 3:2.7 Il se produit des circonstances dans lesquelles il semble que des règles d’urgence aient été établies, des lois naturelles suspendues, des inadaptations reconnues et un effort fait pour rectifier la situation, mais tel n’est pas le cas. Ces concepts de Dieu ont pris naissance dans l’horizon limité de votre point de vue, dans le caractère fini de votre compréhension et dans la portée restreinte de votre vue d’ensemble. Une telle méconnaissance de Dieu est due à la profonde ignorance où vous vous trouvez de l’existence des lois supérieures du royaume, de la grandeur du caractère du Père, de l’infinité de ses attributs et du fait de son libre arbitre. 3:2.8 Les créatures planétaires habitées par un esprit de Dieu et dispersées çà et là dans les univers de l’espace sont si près d’être infinies en nombre et en ordres, leurs intellects sont si divers, leurs capacités mentales sont si limitées et parfois si grossières, leur vision est si restreinte et si localisée, qu’il est à peu près impossible de formuler des lois générales exprimant convenablement les attributs infinis du Père, et restant en même temps quelque peu compréhensibles pour ces intelligences créées. C’est pourquoi, pour vous les créatures, de nombreux actes du Créateur tout-puissant paraissent arbitraires, détachés, et assez souvent impitoyables et cruels. Mais je vous assure de nouveau que ce n’est pas vrai. Les actes de Dieu sont tous intentionnels, intelligents, sages et bienveillants ; ils prennent éternellement en considération le plus grand bien, non toujours d’un être, d’une race ou d’une planète individuels, ou même d’un univers individuel, mais ils tendent au bien-être et au meilleur bien de tous ceux qu’ils concernent, depuis les plus humbles jusqu’aux plus élevés. Dans les époques du temps, il arrive que le bien-être d’une fraction paraisse différer du bien-être de l’ensemble. Dans le cercle de l’éternité, ces apparentes différences n’existent pas. 3:2.9 Nous faisons tous partie de la famille de Dieu ; il faut donc que nous participions quelquefois à la discipline de famille. Beaucoup d’actes de Dieu qui nous troublent tant et nous déroutent résultent des décisions et des ordonnances finales de la sagesse totale permettant à l’Acteur Conjoint de suivre la ligne de conduite choisie par la volonté infaillible du mental infini et d’imposer les décisions de la personnalité parfaite dont la vue d’ensemble, la vision, la sollicitude embrassent le bien-être éternel le plus élevé de toute son immense création. 3:2.10 Votre point de vue isolé, fragmentaire, fini, grossier et grandement matérialiste, et les limitations inhérentes à la nature de votre être constituent un handicap qui vous empêche de voir, de comprendre ou de connaitre la sagesse et la bienveillance de beaucoup d’actes divins. Ceux-ci vous apparaissent remplis d’une cruauté écrasante et caractérisés par une indifférence totale pour le confort et le bien-être, pour le bonheur planétaire et la prospérité personnelle de vos contemporains. C’est à cause des bornes de la vision humaine, de votre intellect circonscrit et de votre compréhension finie que vous vous méprenez sur les mobiles de Dieu et que vous dénaturez ses desseins. Mais, sur les mondes en évolution, il arrive beaucoup de choses qui ne sont pas l’œuvre personnelle du Père Universel. 3:2.11 L’omnipotence divine est parfaitement coordonnée avec les autres attributs de la personnalité de Dieu. Le pouvoir de Dieu dans ses manifestations spirituelles d’univers n’est généralement limité que par trois conditions ou situations : 3:2.12 1. Par la nature de Dieu, spécialement par son amour infini, par la vérité, la beauté et la bonté. 3:2.13 2. Par la volonté de Dieu, par son ministère de miséricorde et par ses relations paternelles avec les personnalités de l’univers. 3:2.14 3. Par la loi de Dieu, par la droiture et la justice de l’éternelle Trinité du Paradis. 3:2.15 Dieu est illimité dans son pouvoir, divin dans sa nature, final dans sa volonté, infini dans ses attributs, éternel dans sa sagesse et absolu dans sa réalité. Mais toutes ces caractéristiques du Père Universel sont unifiées dans la Déité, et elles trouvent leur expression universelle dans la Trinité du Paradis et dans les divins Fils de la Trinité. Autrement, en dehors du Paradis et de l’univers central de Havona, tout ce qui concerne Dieu est limité par la présence évolutionnaire du Suprême, conditionné par la présence en cours d’extériorisation de l’Ultime et coordonné par les trois Absolus existentiels – l’Absolu de Déité, l’Absolu Universel et l’Absolu Non Qualifié. La présence de Dieu est ainsi limitée parce que telle est la volonté de Dieu. 3. La connaissance universelle de Dieu 3:3.1 « Dieu connait toutes choses. » Le mental divin est conscient de toutes les pensées de la création et familier avec elles. Sa connaissance des évènements est universelle et parfaite. Les entités divines émanant de lui sont une partie de lui ; celui qui « équilibre les nuages » est aussi « parfait en connaissance ». « Les yeux du Seigneur sont en tous lieux. » Votre grand maitre a dit des moineaux insignifiants : « Il n’en tombera pas un au sol sans que mon Père le sache. », et aussi : « Les cheveux mêmes de votre tête sont comptés. » « Il dénombre les étoiles ; il les appelle toutes par leur nom. » 3:3.2 Le Père Universel est la seule personnalité dans tout l’univers qui connaisse effectivement le nombre des étoiles et des planètes de l’espace. Dieu a constamment dans sa conscience tous les mondes de chaque univers. Il dit aussi : « J’ai certes vu l’affliction de mon peuple, j’ai entendu ses plaintes et je connais ses souffrances. » Car « le Seigneur contemple depuis les cieux, il voit tous les fils des hommes et il regarde du lieu de sa demeure tous les habitants de la terre ». Tout enfant de la création peut dire en vérité : « Il connait le chemin que je prends et, lorsqu’il m’aura éprouvé, j’en sortirai comme de l’or. » « Dieu connait nos levers et nos couchers, il comprend nos pensées de loin et toutes nos voies lui sont familières. » « Toutes choses sont nues et ouvertes aux yeux de celui à qui nous avons à faire. » Et tout être humain devrait être réellement consolé en comprenant qu’« il connait votre structure, il se souvient que vous êtes poussière ». Parlant du Dieu vivant, Jésus a dit : « Votre Père sait ce dont vous avez besoin avant même que vous le lui demandiez. » 3:3.3 Dieu possède un pouvoir illimité de connaitre toutes choses. Sa conscience est universelle. Son circuit personnel embrasse toutes les personnalités, et sa connaissance des créatures, même inférieures, est complétée indirectement par la série descendante des Fils divins, et directement par les Ajusteurs de Pensée intérieurs. En outre, l’Esprit Infini est constamment présent partout. 3:3.4 Nous ne savons pas avec une certitude complète si Dieu choisit ou non de connaitre d’avance les cas de péché. Mais, même si Dieu connaissait d’avance les actes de libre arbitre de ses enfants, sa prescience n’abrogerait nullement leur liberté. Une chose est certaine : Dieu n’est jamais pris au dépourvu. 3:3.5 L’omnipotence n’implique pas le pouvoir de faire ce qui est infaisable, des actes non divins. L’omniscience n’implique pas non plus la connaissance de ce qui est inconnaissable. Mais il n’est guère possible de faire comprendre ces affirmations au mental fini. La créature peut difficilement comprendre la portée et les limites de la volonté du Créateur. 4. Le caractère illimité de Dieu 3:4.1 Le fait que Dieu s’effuse successivement sur les univers à mesure qu’ils sont créés ne diminue en aucune manière le potentiel de pouvoir ni la réserve de sagesse qui continuent à résider et à reposer dans la personnalité centrale de la Déité. En potentiel de force, de sagesse et d’amour, le Père n’a jamais rien réduit de ce qu’il possédait. Jamais non plus il n’a été dépouillé d’un attribut quelconque de sa glorieuse personnalité pour s’être donné sans compter aux Fils du Paradis, à ses créations subordonnées et aux multiples créatures de celles-ci. 3:4.2 Chaque fois qu’un nouvel univers est créé, il faut un nouvel ajustement de la gravité ; mais, même si la création se poursuivait indéfiniment, éternellement, et même jusqu’à l’infinité, au point que la création matérielle existerait sans limitations, même alors, on constaterait que le pouvoir de contrôle et de coordination existant dans l’Ile du Paradis resterait suffisant et adéquat pour le contrôle, la maitrise et la coordination d’un tel univers infini. Après une telle effusion de force et de pouvoir illimités sur un univers illimité, l’Infini resterait encore surchargé du même degré de force et d’énergie ; l’Absolu Non Qualifié subsisterait encore sans diminution ; Dieu posséderait encore le même potentiel infini, exactement comme si force, énergie et pouvoir n’avaient jamais été répandus pour en doter univers après univers. 3:4.3 Il en est de même pour la sagesse. Le fait que le mental soit si largement distribué aux penseurs des royaumes n’appauvrit en aucune manière la source centrale de la sagesse divine. À mesure que les univers se multiplient et que le nombre d’êtres dans les royaumes s’accroit jusqu’aux limites de l’imaginable, le mental peut continuer à être attribué à ces êtres de rang supérieur ou d’humble condition. La personnalité centrale de Dieu n’en continuera pas moins à englober le même mental éternel, infini et parfaitement sage. 3:4.4 Le fait qu’il détache de lui-même des messagers spirituels pour habiter chez les hommes et les femmes de votre monde et des autres mondes ne diminue en rien sa capacité d’agir comme une personnalité spirituelle divine et toute-puissante. Il n’y a absolument aucune limite à la portée et au nombre des Moniteurs d’esprit que Dieu peut envoyer. Ce don de lui-même à ses créatures ouvre aux mortels ainsi divinement pourvus une possibilité future illimitée et quasi inconcevable d’existences successives et progressives. Et cette distribution prodigue de lui-même sous l’aspect de ces entités spirituelles tutélaires ne diminue en rien la sagesse ni la perfection de vérité et de connaissance qui reposent dans la personne du Père omniscient, omnipotent et infiniment sage. 3:4.5 Pour les mortels du temps, il y a un avenir, mais Dieu habite l’éternité. Bien que je vienne des environs de l’endroit même où demeure la Déité, je ne saurais prétendre parler avec une compréhension parfaite du caractère infini de beaucoup d’attributs divins. Seule l’infinité de mental peut pleinement comprendre l’infinité d’existence et l’éternité d’action. 3:4.6 Les hommes mortels n’ont absolument pas la possibilité de connaitre l’infinitude du Père céleste. Le mental fini ne saurait concevoir entièrement un fait absolu ou une vérité absolue de cet ordre. Mais les mêmes êtres humains finis peuvent effectivement ressentir – littéralement éprouver – le plein impact non affaibli de cet AMOUR infini du Père. On peut vraiment faire l’expérience d’un tel amour, mais, tandis que la qualité de cette expérience est illimitée, sa quantité est strictement limitée par la capacité humaine de réceptivité spirituelle et par la capacité associée d’aimer le Père en retour. 3:4.7 L’appréciation finie des qualités infinies transcende de loin les capacités limitées de logique des créatures, du fait que l’homme mortel est créé à l’image de Dieu et qu’un fragment de l’infinité vit en lui. Si donc l’homme veut s’approcher de Dieu aussi près et aussi affectueusement que possible, il doit le faire par l’amour, car Dieu est amour. La totalité de cette relation réciproque unique est une expérience actuelle de sociologie cosmique, la relation Créateur-créature – l’affection Père-enfant. 5. Le gouvernement suprême du Père 3:5.1 Dans ses contacts avec les créations postérieures à Havona, le Père Universel n’exerce pas son pouvoir infini et son autorité finale par transmission directe, mais plutôt par l’intermédiaire de ses Fils et des personnalités qui leur sont subordonnées. Et c’est de sa propre volonté que Dieu fait librement tout ceci. Si l’occasion se présentait et si le mental divin en faisait le choix, tout pouvoir délégué pourrait être exercé directement. Mais, en règle générale, une telle action n’a lieu que si la personnalité déléguée n’a pas réussi à satisfaire entièrement la confiance divine. À ces moments-là, en face d’une telle défaillance et dans la limite de la réserve du pouvoir et du potentiel divins, le Père agit de son propre chef, en accord avec les commandements qu’il a lui-même choisis. Il manifeste toujours dans ce choix une perfection infaillible et une sagesse infinie. 3:5.2 Le Père gouverne par ses Fils. En descendant l’échelle hiérarchique de l’organisation universelle, on trouve une chaine ininterrompue de souverains se terminant par les Princes Planétaires qui dirigent les destinées des planètes évolutionnaires dans les immenses domaines du Père. Les exclamations suivantes ne sont pas seulement poétiques : « La terre appartient au Seigneur dans toute sa plénitude. » « Il renverse les rois et il élève les rois. » « Les Très Hauts règnent dans les royaumes des hommes. » 3:5.3 Dans les affaires concernant le cœur des hommes, il se peut que le Père Universel ne soit pas toujours suivi ; mais, dans la conduite et la destinée d’une planète, c’est le plan divin qui prévaut ; le dessein éternel de sagesse et d’amour triomphe. 3:5.4 Jésus a dit : « Mon Père qui me les a donnés est plus grand que tous, et nul ne peut les arracher de la main de mon Père. » Tandis que vous jetez un coup d’œil sur les œuvres multiples de Dieu et contemplez la stupéfiante immensité de sa création à peu près illimitée, il se peut que vous hésitiez à concevoir sa primauté, mais vous ne devriez pas manquer d’accepter Dieu comme intronisé à perpétuité et en sécurité au centre paradisiaque de toutes choses et comme Père bienfaisant de tous les êtres intelligents. « Il n’y a qu’un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tout et en tous. » « Il existe avant toutes choses et toutes choses subsistent en lui. » 3:5.5 Les incertitudes de la vie et les vicissitudes de l’existence ne contredisent en aucune manière le concept de la souveraineté universelle de Dieu. Toute vie d’une créature évolutionnaire est assaillie par certaines inévitabilités, dont voici des exemples : 3:5.6 1. Le courage – la force de caractère – est-il désirable ? Alors, il faut que l’homme soit élevé dans un environnement qui l’oblige à s’attaquer à de dures épreuves et à réagir aux désappointements. 3:5.7 2. L’altruisme – le service du prochain – est-il désirable ? Alors, il faut que l’expérience de la vie fasse rencontrer des situations d’inégalité sociale. 3:5.8 3. L’espoir – la noblesse de la confiance – est-il désirable ? Alors, il faut que l’existence humaine soit sans cesse confrontée aux incertitudes renouvelées et aux insécurités. 3:5.9 4. La foi – l’affirmation suprême de la pensée humaine – est-elle désirable ? Alors, il faut que le mental de l’homme se retrouve dans cette situation embarrassante où il en sait toujours moins que ce qu’il peut croire. 3:5.10 5. L’amour de la vérité – avec l’acceptation de la suivre où qu’elle vous conduise – est-il désirable ? Alors, il faut que l’homme croisse dans un monde où l’erreur est présente et la fausseté toujours possible. 3:5.11 6. L’idéalisme – l’émergence du concept du divin – est-il désirable ? Alors, il faut que l’homme lutte dans un environnement de bonté et de beauté relatives, dans un cadre qui stimule la tendance irrépressible vers des choses meilleures. 3:5.12 7. La loyauté – la dévotion au devoir supérieur – est-elle désirable ? Alors, il faut que l’homme poursuive son chemin parmi les possibilités de trahison et de désertion. La valeur de la dévotion au devoir implique le danger qui résulterait d’une défaillance. 3:5.13 8. Le désintéressement – l’esprit d’oubli de soi – est-il désirable ? Alors, il faut que l’homme mortel vive face à face avec les clameurs incessantes d’un moi qui demande inéluctablement reconnaissance et honneur. L’homme ne pourrait choisir dynamiquement la vie divine s’il n’y avait pas une vie du moi à délaisser. L’homme ne pourrait jamais faire jouer la droiture pour son salut s’il n’y avait pas de mal potentiel pour exalter et différencier le bien par contraste. 3:5.14 9. Le plaisir – la satisfaction du bonheur – est-il désirable ? Alors, il faut que l’homme vive dans un monde où l’alternative de la douleur et la probabilité de la souffrance soient des possibilités d’expérience toujours présentes. 3:5.15 Dans tout l’univers, chaque unité est considérée comme une partie du tout. La survie de la fraction dépend de la coopération avec le plan et l’intention du tout, du désir sincère et du parfait consentement de faire la divine volonté du Père. S’il y avait un monde évolutionnaire sans erreur, sans possibilité d’un jugement malavisé, ce serait un monde sans intelligence libre. Dans l’univers de Havona, il y a un milliard de mondes parfaits avec leurs habitants parfaits, mais il faut que l’homme en évolution soit faillible s’il doit être libre. Il est impossible qu’une intelligence libre et inexpérimentée soit uniformément sage a priori. La possibilité de jugement erroné (le mal) ne devient péché que si la volonté humaine endosse consciemment et adopte sciemment un jugement immoral intentionnel. 3:5.16 La pleine appréciation de la vérité, de la beauté et de la bonté est inhérente à la perfection de l’univers divin. Les habitants des mondes de Havona n’ont pas besoin du potentiel des niveaux de valeur relative pour stimuler leur choix. Ces êtres parfaits sont capables d’identifier et de choisir le bien en l’absence de toute situation morale faisant contraste et forçant à penser. Mais c’est en vertu du fait de leur existence que tous ces êtres parfaits possèdent leur nature morale et leur statut spirituel. Ils n’ont gagné d’avancement par expérience qu’à l’intérieur des limites de leur statut inhérent, tandis que l’homme mortel gagne même son statut de candidat à l’ascension par sa propre foi et son propre espoir. Toutes les choses divines que le mental humain saisit et que l’âme humaine acquiert sont des aboutissements d’expérience. Ce sont des réalités d’expérience personnelle, donc des possessions uniques, contrairement à la bonté et à la droiture inhérentes aux personnalités infaillibles de Havona. 3:5.17 Les créatures de Havona sont naturellement braves, mais ne sont pas courageuses au sens humain. Elles sont nées aimables et pleines d’égards, mais ne sont guère altruistes à la manière humaine. Elles s’attendent à un avenir agréable, mais ne sont pas pleines d’espoir à la manière exquise des mortels confiants sur les sphères évolutionnaires incertaines. Elles ont foi dans la stabilité de l’univers, mais sont totalement étrangères à la foi salvatrice par laquelle un mortel s’élève du statut d’animal jusqu’aux portes du Paradis. Elles aiment la vérité, mais ne connaissent rien de sa qualité qui sauve les âmes. Elles sont idéalistes, mais sont nées ainsi ; elles ignorent totalement l’extase de devenir telles par des choix exaltants. Elles sont loyales, mais n’ont jamais fait l’expérience de la vive émotion que provoque une dévotion sincère et intelligente au devoir en face des tentations de faillir. Elles sont désintéressées, mais n’ont jamais atteint ce niveau d’expérience par la magnifique victoire sur un moi belligérant. Elles ont du plaisir, mais ne comprennent pas la douceur d’échapper par le plaisir au potentiel de la douleur. 6. La primauté du Père 3:6.1 Avec un désintéressement divin et une générosité consommée, le Père Universel renonce à l’autorité et délègue le pouvoir, mais il reste primordial. Sa main est posée sur le puissant levier des circonstances dans les royaumes universels. Il s’est réservé toutes les décisions finales et manie infailliblement le tout-puissant sceptre du veto de son dessein éternel avec une autorité indiscutable sur le bien-être et la destinée de la vaste création qui tourbillonne sur de perpétuelles orbites. 3:6.2 La souveraineté de Dieu est illimitée, elle est le fait fondamental de toute création. L’univers n’était pas inévitable. Il n’est ni un accident ni quelque chose qui existe en soi. L’univers est une œuvre de création et il est donc entièrement subordonné à la volonté du Créateur. La volonté de Dieu est la divine vérité, l’amour vivant. Les créations en voie de perfectionnement dans les univers évolutionnaires sont donc caractérisées par la bonté – proximité de la divinité – et par le mal potentiel – éloignement de la divinité. 3:6.3 Toutes les philosophies religieuses en arrivent tôt ou tard au concept d’une autorité universelle unifiée, d’un seul Dieu. Les causes d’univers ne peuvent être inférieures aux effets d’univers. Il faut que la source des courants de la vie universelle et du mental cosmique soit au-dessus des niveaux de leur manifestation. On ne peut expliquer logiquement le mental humain en termes des ordres d’existence inférieurs. On ne peut vraiment comprendre le mental humain qu’en reconnaissant la réalité d’ordres supérieurs de pensée et de volonté intentionnelle. On ne peut expliquer l’homme comme être moral sans reconnaitre la réalité du Père Universel. 3:6.4 Les philosophes mécanistes professent de rejeter l’idée d’une volonté universelle et souveraine tout en révérant profondément l’activité de cette même volonté souveraine dans l’élaboration des lois de l’univers. Quel hommage involontaire le mécaniste rend au Créateur des lois, lorsqu’il conçoit que de telles lois agissent et s’expliquent par elles-mêmes ! 3:6.5 C’est une grande bévue que d’humaniser Dieu, sauf dans le concept des Ajusteurs de Pensée intérieurs, mais même cela n’est pas aussi stupide que de mécaniser complètement l’idée de la Grande Source-Centre Première. 3:6.6 Est-ce que le Père du Paradis souffre ? Je ne le sais pas. Il est tout à fait certain que les Fils Créateurs peuvent souffrir, et souffrent parfois à l’instar des mortels. Le Fils Éternel et l’Esprit Infini souffrent dans un sens modifié. Je pense que le Père Universel souffre, mais je n’arrive pas à comprendre comment. C’est peut-être par l’intermédiaire du circuit de personnalité, ou de l’individualité des Ajusteurs de Pensée et des autres effusions de sa nature éternelle. Il a dit des races mortelles : « Dans toutes vos afflictions, je suis affligé ». Il fait indubitablement l’expérience d’une compréhension paternelle et sympathisante. Il se peut qu’il souffre vraiment, mais je ne comprends pas la nature de cette souffrance. 3:6.7 Le Souverain éternel et infini de l’univers des univers est pouvoir, forme, énergie, processus, archétype, principe, présence et réalité idéalisée. Mais il est plus que cela ; il est personnel ; il exerce une volonté souveraine, il éprouve la conscience de sa divinité, il exécute les ordres d’un mental créateur, il poursuit la satisfaction de réaliser un dessein éternel, et il manifeste l’amour et l’affection d’un Père pour ses enfants de l’univers. Et, pour mieux comprendre tous ces traits plus personnels du Père, il faut les observer tels qu’ils ont été révélés dans la vie d’effusion de Micaël, votre Fils Créateur, pendant qu’il était incarné sur Urantia. 3:6.8 Dieu le Père aime les hommes. Dieu le Fils sert les hommes. Dieu l’Esprit inspire les enfants de l’univers dans l’aventure toujours ascendante de trouver Dieu le Père par les voies ordonnées par Dieu les Fils, au moyen du ministère de la grâce de Dieu l’Esprit. 3:6.9 [Étant le Conseiller Divin désigné pour présenter la révélation du Père Universel, j’ai continué par le présent exposé des attributs de la Déité.] Fascicule 4. Relations de Dieu avec l’univers 4:0.1 Le Père Universel a un dessein éternel concernant les phénomènes matériels, intellectuels et spirituels de l’univers des univers, et il le met constamment à exécution. C’est de sa propre volonté libre et souveraine que Dieu a créé les univers, et l’a fait en accord avec son dessein éternel et infiniment sage. À l’exception des Déités du Paradis et de leurs associés les plus élevés, il est douteux que quelqu’un en sache vraiment beaucoup sur le dessein éternel de Dieu. Même les citoyens haut placés du Paradis ont des opinions très diverses sur la nature du dessein éternel des Déités. 4:0.2 Il est aisé d’inférer qu’en créant le parfait univers central de Havona, le but était purement de satisfaire la nature divine. Havona peut servir de création modèle pour tous les autres univers, et d’apprentissage final pour les pèlerins du temps sur leur chemin vers le Paradis. Toutefois, une telle création céleste doit exister primordialement pour le plaisir et la satisfaction des Créateurs parfaits et infinis. 4:0.3 Le plan stupéfiant pour perfectionner les mortels évolutionnaires, et après qu’ils ont atteint le Paradis et le Corps de la Finalité pour leur fournir une éducation supplémentaire en vue d’une œuvre future non révélée, semble être, à présent, ce qui intéresse le plus les sept superunivers et leurs nombreuses subdivisions. Mais ce plan d’ascension pour spiritualiser et éduquer les mortels du temps et de l’espace n’est nullement l’occupation exclusive des intelligences universelles. En vérité, il y a beaucoup d’autres activités fascinantes qui occupent le temps et mobilisent les énergies des armées célestes. 1. L’attitude du Père dans l’univers 4:1.1 Durant des âges, les habitants d’Urantia se sont mépris sur la providence de Dieu. Il y a un plan providentiel divin pour votre monde, mais ce n’est pas le ministère puéril, arbitraire et matériel que beaucoup de mortels ont conçu. La providence de Dieu consiste dans les activités combinées des êtres célestes et des esprits divins qui, en harmonie avec la loi cosmique, travaillent sans cesse pour l’honneur de Dieu et le progrès spirituel de ses enfants de l’univers. 4:1.2 Dans votre concept de la manière dont Dieu traite les hommes, ne pourriez-vous vous élever jusqu’au niveau où vous reconnaitrez que le progrès est le mot de passe de l’univers ? Durant de longs âges, la race humaine a lutté pour atteindre son présent statut. Pendant tous ces millénaires, la providence mettait en œuvre le plan d’évolution progressive. Les deux idées ne sont pas opposées dans la pratique, mais seulement dans les concepts erronés de l’homme. La providence divine ne se dresse jamais en opposition au véritable progrès humain temporel ou spirituel. La providence est toujours en conformité avec la nature parfaite et invariante du suprême Législateur. 4:1.3 « Dieu est fidèle » et « tous ses commandements sont justes ». « Sa fidélité est établie dans les cieux mêmes. » « Ô Seigneur, ta parole est fixée à toujours dans les cieux. Tu es fidèle envers toutes les générations. Tu as instauré la terre et elle demeure. » « Il est un Créateur fidèle. » 4:1.4 Il n’y a pas de limitations aux forces et aux personnalités dont le Père peut se servir pour faire observer son dessein et soutenir ses créatures. « Le Dieu éternel est notre refuge, et au-dessous il y a les bras éternels. » « Celui qui habite le lieu secret du Très Haut demeurera à l’ombre du Tout-puissant. » « Voici, jamais celui qui nous garde ne dormira ni ne sommeillera. » « Nous savons que toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu, » « car les yeux du Seigneur sont fixés sur les justes, et ses oreilles sont ouvertes à leurs prières. » 4:1.5 Dieu soutient « toutes choses par la parole de son pouvoir ». Et, quand de nouveaux mondes sont nés, il « envoie ses Fils, et ces mondes sont créés ». Non seulement Dieu les crée, mais il les « préserve tous ». Dieu soutient constamment toutes les choses matérielles et tous les êtres spirituels. Les univers sont éternellement stables. Il y a de la stabilité au milieu d’une apparence d’instabilité. Il y a un ordre et une sécurité sous-jacents au milieu des bouillonnements d’énergie et des cataclysmes physiques des royaumes étoilés. 4:1.6 Le Père Universel ne s’est pas retiré de la direction des univers. Il n’est pas une Déité inactive. Si Dieu se retirait comme soutien présent de toute la création, il se produirait immédiatement un effondrement universel. Dieu excepté, il n’y aurait plus rien qui mérite le nom de réalité. À l’instant présent comme dans les époques lointaines du passé et dans l’éternel futur, Dieu continue son rôle de soutien. L’envergure divine s’étend sur tout le cercle de l’éternité. L’univers n’est pas remonté comme une pendule pour marcher un certain temps et ensuite cesser de fonctionner. Toutes choses sont constamment renouvelées. Le Père rayonne sans cesse de l’énergie, de la lumière et de la vie. L’œuvre de Dieu est matérielle aussi bien que spirituelle. « Il étend le Nord sur l’espace vide et suspend la Terre au néant. » 4:1.7 Un être de mon ordre est capable de découvrir une harmonie ultime et de détecter une coordination profonde et de grande portée dans les affaires administratives courantes de l’univers. Beaucoup d’évènements que le mental humain considère comme décousus et fortuits apparaissent ordonnés et constructifs à ma compréhension, mais il se passe dans l’univers une quantité de choses que je ne comprends pas pleinement. J’ai longtemps étudié et suis plus ou moins familier avec les forces, énergies, activités mentales, morontias, esprits et personnalités reconnus dans les univers locaux et les superunivers. J’ai une compréhension générale du mode opératoire de ces agents et personnalités, et je connais très intimement les œuvres des intelligences spirituelles accréditées du grand univers. Nonobstant ma connaissance des phénomènes universels, je suis constamment confronté à des réactions cosmiques que je ne puis saisir pleinement. Je rencontre continuellement des concours apparemment fortuits d’interassociations de forces, d’énergies, d’intellects et d’esprits que je n’arrive pas à expliquer de façon satisfaisante. 4:1.8 Je suis entièrement compétent pour retracer et analyser le déroulement de tout phénomène résultant directement des activités du Père Universel, du Fils Éternel, de l’Esprit Infini et, dans une grande mesure, de l’Ile du Paradis. Ma perplexité apparait lorsque je rencontre ce qui est apparemment dû à l’activité de leurs mystérieux coordonnés, les trois Absolus de potentialité. Ces Absolus paraissent suppléer la matière, transcender le mental et se surajouter à l’esprit. Je suis constamment troublé et souvent perplexe du fait de mon inaptitude à comprendre ces transactions complexes que j’attribue à la présence et aux agissements de l’Absolu Non Qualifié, de l’Absolu de Déité et de l’Absolu Universel. 4:1.9 Ces Absolus doivent être les présences non pleinement révélées qui, répandues dans les univers, agissent sur les phénomènes de puissance d’espace et les fonctions d’autres superultimes, rendant ainsi impossible aux physiciens, aux philosophes et même aux personnes religieuses de prédire avec certitude comment les sources primordiales de force, de concept ou d’esprit réagiront aux demandes d’une situation de réalité complexe, impliquant des ajustements suprêmes et des valeurs ultimes. 4:1.10 Il y a également une unité organique dans les univers du temps et de l’espace qui parait sous-tendre toute la trame des évènements cosmiques. Cette présence vivante de l’Être Suprême en évolution, cette Immanence de l’Incomplet Projeté, se manifeste inexplicablement de temps à autre par ce qui apparait comme une coordination étonnamment fortuite entre des évènements universels apparemment sans rapports entre eux. Cela doit être la fonction de la Providence – le domaine de l’Être Suprême et de l’Acteur Conjoint. 4:1.11 J’ai tendance à croire que c’est ce vaste contrôle généralement méconnaissable de la coordination et de l’interassociation de toutes les phases et formes de l’activité de l’univers qui fait qu’un pêle-mêle aussi bigarré et apparemment aussi désespérément confus de phénomènes physiques, mentaux, moraux et spirituels se dénoue si infailliblement à la gloire de Dieu et pour le bien des hommes et des anges. 4:1.12 Mais, dans un sens plus large, les « accidents » apparents du cosmos font indubitablement partie de l’épopée finie de l’aventure de l’espace-temps de l’Infini manipulant éternellement les Absolus. 2. Dieu et la nature 4:2.1 Dans un sens limité, la nature est la constitution physique de Dieu. La conduite ou action de Dieu est conditionnée et provisoirement modifiée par les plans expérimentaux et les modèles évolutionnaires d’un univers local, d’une constellation, d’un système ou d’une planète. Dieu agit en accord avec une loi bien définie, invariante et immuable, dans toute la vaste étendue du maitre univers. Mais il modifie les modèles de son action pour contribuer à coordonner et à équilibrer la conduite de chaque univers, constellation, système, planète et personnalité, en accord avec les objectifs, buts et plans locaux des projets finis de développement évolutionnaire. 4:2.2 La nature, telle que les mortels la comprennent, présente donc la fondation sous-jacente et l’arrière-plan fondamental d’une Déité invariante et de ses lois immuables, avec des manifestations influencées par les circonstances locales. Celles-ci provoquent des modifications, des fluctuations et des bouleversements dus à la mise en œuvre de plans, de desseins, de modèles locaux et de conditions inaugurés et exécutés par les forces et les personnalités de l’univers local, de la constellation, du système et de la planète. Par exemple, les lois de Dieu telles qu’elles ont été ordonnées pour Nébadon sont modifiées par les plans établis par le Fils Créateur et l’Esprit Créatif de cet univers local. En outre, l’action de ces lois a été influencée par les erreurs, les défaillances et les insurrections de certains êtres résidant sur votre planète et appartenant au système planétaire de Satania dont vous faites partie. 4:2.3 La nature est la résultante espace-temps de deux facteurs cosmiques : premièrement, l’invariance, la perfection et la rectitude de la Déité du Paradis, et deuxièmement, les plans expérimentaux, les maladresses d’exécution, les erreurs insurrectionnelles, le développement incomplet et l’imperfection dans la sagesse des créatures extraparadisiaques, depuis la plus élevée jusqu’à la plus humble. La nature comporte donc une trame de perfection uniforme, immuable, majestueuse et merveilleuse venant du cercle de l’éternité. Mais, dans chaque univers, sur chaque planète et dans chaque vie individuelle, cette nature est modifiée, conditionnée et parfois déparée par les actes, les erreurs et les infidélités des créatures, des systèmes et des univers évolutionnaires. Il faut donc que la nature soit toujours d’humeur changeante et même capricieuse, bien que stable dans le fond, et variée selon les processus mis en œuvre dans un univers local. 4:2.4 La nature est la perfection du Paradis divisée par l’incomplétude, le mal et le péché des univers inachevés. Ce quotient exprime donc à la fois le parfait et le partiel, à la fois l’éternel et le temporel. L’évolution continue modifie la nature en accroissant le contenu de la perfection du Paradis et en réduisant le contenu du mal, de l’erreur et de l’inharmonie de la réalité relative. 4:2.5 Dieu n’est personnellement présent ni dans la nature ni dans aucune des forces de la nature, car le phénomène de la nature surimpose les imperfections de l’évolution progressive, et parfois les conséquences d’une rébellion insurrectionnelle, sur les fondements paradisiaques de la loi universelle de Dieu. Tel que cela apparait sur un monde comme Urantia, la nature ne peut jamais être l’expression adéquate, la vraie représentation, le portrait fidèle d’un Dieu infini et parfaitement sage. 4:2.6 Dans votre monde, la nature représente les lois de la perfection conditionnées par les plans évolutionnaires de l’univers local. Quelle parodie de rendre un culte à la nature, parce que, dans un certain sens limité, elle est imprégnée de Dieu ; parce qu’elle est une phase du pouvoir universel, donc divin ! La nature est aussi une manifestation des activités inachevées, incomplètes, imparfaites du développement, de la croissance et du progrès d’une expérience d’univers en évolution cosmique. 4:2.7 Les défauts apparents du monde naturel ne correspondent à aucun défaut du même ordre dans le caractère de Dieu. Ces imperfections observées représentent plutôt les temps d’arrêt inévitables dans le déroulement constant du spectacle où se dépeint l’infini. Ces interruptions défectueuses de la continuité parfaite sont précisément ce qui rend possible au mental fini des hommes matériels d’avoir un aperçu fugace de la réalité divine dans l’espace et le temps. Les manifestations matérielles de la divinité ne semblent défectueuses au mental évolutionnaire des hommes qu’en raison de leur persistance à regarder les phénomènes de la nature avec leurs yeux de chair, la vision humaine sans l’aide de la mota morontielle ou de la révélation, son substitut compensatoire sur les mondes du temps. 4:2.8 Et la nature est déparée, son magnifique visage est balafré, ses traits sont flétris par la rébellion, l’inconduite et les mauvaises pensées des myriades de créatures qui font partie de la nature, mais qui ont contribué à la défigurer dans le temps. Non, la nature n’est pas Dieu. La nature n’est pas un objet d’adoration. 3. Le caractère invariant de Dieu 4:3.1 Pendant bien trop longtemps, les hommes ont pensé à Dieu comme à quelqu’un de semblable à eux. Dieu n’est pas, n’a jamais été et ne sera jamais jaloux d’un homme ou d’un être quelconque de l’univers des univers. Sachant que le Fils Créateur avait l’intention de faire de l’homme la pièce maitresse de la création planétaire et de lui faire gouverner toute la terre, mais en voyant sa créature dominée par ses passions les plus basses, se prosternant devant des idoles de bois, de pierre ou d’or, et en constatant son ambition égoïste, ce spectacle sordide incite Dieu et ses Fils à être jaloux pour l’homme, mais jamais de l’homme. 4:3.2 Le Dieu éternel est incapable de colère et d’emportement dans le sens humain de ces émotions, et tel que les hommes comprennent ce genre de réactions. Ces sentiments sont vulgaires et méprisables, à peine dignes d’être appelés humains, et encore bien moins divins. De telles attitudes sont entièrement étrangères à la nature parfaite et au caractère plein de grâce du Père Universel. 4:3.3 Une partie, une très grande partie des difficultés éprouvées par les mortels d’Urantia pour comprendre Dieu provient des conséquences profondes de la rébellion de Lucifer et de la trahison de Caligastia. Sur les mondes non isolés par le péché, les races évolutionnaires peuvent se faire des idées bien meilleures du Père Universel. Elles souffrent moins de confusion, de déformation et de perversion dans leurs concepts. 4:3.4 Dieu ne se repent jamais de ce qu’il a fait, de ce qu’il fait maintenant, ni de ce qu’il fera dans l’avenir. Il est infiniment sage aussi bien que tout-puissant. La sagesse de l’homme nait et croit des épreuves et des erreurs de l’expérience humaine. La sagesse de Dieu réside dans la perfection non qualifiée de son infinie perspicacité universelle, et cette divine préconnaissance dirige effectivement le libre arbitre créateur. 4:3.5 Le Père Universel ne fait jamais rien qui cause ultérieurement du chagrin ou des regrets, mais il en va autrement pour les créatures douées de volonté qui ont été formées selon les plans de ses Personnalités Créatrices dans les univers extérieurs. Celles-ci font des choix malheureux qui provoquent parfois des émotions de divine tristesse chez leurs parents Créateurs. Mais, bien que le Père ne commette pas d’erreurs, n’éprouve pas de regrets et ne ressente pas de chagrins, il est un être doué d’une affection de père. Son cœur est certainement affligé lorsque ses enfants n’arrivent pas aux niveaux spirituels qu’ils pourraient atteindre avec l’assistance qui leur a été si libéralement fournie par les plans d’aboutissement spirituel et le mode d’ascension des mortels mis en œuvre dans les univers. 4:3.6 La bonté infinie du Père dépasse la compréhension du mental fini du temps. Pour exposer effectivement toutes les phases de bonté relative, il faut donc toujours fournir un contraste avec un mal (non un péché) servant de comparaison. La perspicacité imparfaite des mortels ne peut discerner la perfection de la bonté divine que parce que celle-ci se trouve associée en relation de contraste avec l’imperfection relative des relations du temps et de la matière dans les mouvements de l’espace. 4:3.7 Le caractère de Dieu est infiniment suprahumain. C’est pourquoi il faut qu’une telle nature divine soit personnalisée, comme dans les Fils divins, avant de pouvoir être comprise, même à l’aide de la foi, par le mental fini de l’homme. 4. La réalisation de Dieu 4:4.1 Dans tout l’univers des univers, Dieu est le seul être stationnaire, contenu en soi et invariant, n’ayant ni extérieur, ni au-delà, ni passé, ni futur. Dieu est énergie intentionnelle (esprit créateur) et volonté absolue, et ces qualités existent par elles-mêmes et sont universelles. 4:4.2 Puisque Dieu existe par lui-même, il est absolument indépendant. L’identité même de Dieu est hostile au changement. « Moi, le Seigneur, je ne change pas. » Dieu est immuable, mais ce n’est pas avant d’avoir atteint le statut du Paradis que vous commencerez quelque peu à comprendre comment Dieu passe de la simplicité à la complexité, de l’identité à la variation, du repos au mouvement, de l’infinité à la finitude, du divin à l’humain, et de l’unité à la dualité et à la triunité. Et Dieu peut modifier ainsi les manifestations de son absoluité parce que l’invariance divine n’implique pas l’immobilité. Dieu a de la volonté, il est volonté. 4:4.3 Dieu est l’être qui se détermine absolument par lui-même. Il n’y a pas de limites à ses réactions dans l’univers, sinon celles qu’il s’impose lui-même. Ses actes de libre arbitre ne sont conditionnés que par les qualités divines et les attributs parfaits qui sont les caractéristiques inhérentes à son éternelle nature. Le lien entre Dieu et l’univers est donc celui d’un être de bonté finale additionnée d’une libre volonté d’infinité créatrice. 4:4.4 L’Absolu-Père est le créateur de l’univers central et parfait, et le Père de tous les autres Créateurs. Dieu partage, avec les hommes et d’autres êtres, la personnalité, la bonté et de nombreuses autres caractéristiques, mais l’infinité de volonté n’appartient qu’à lui seul. Dieu n’est limité dans ses actes créateurs que par les sentiments de son éternelle nature et par les préceptes de sa sagesse infinie. Dieu ne choisit personnellement que ce qui est infiniment parfait, d’où la perfection céleste de l’univers central, et, bien que les Fils Créateurs partagent entièrement sa divinité et même certaines phases de son absoluité, ils ne sont pas tout à fait limités par la finalité de sagesse qui dirige l’infinité de volonté du Père. En conséquence, la libre volonté créatrice devient encore plus active, entièrement divine et à peu près ultime, sinon absolue, chez les Fils de l’ordre des Micaëls. Le Père est infini et éternel, mais, si l’on niait qu’il puisse se limiter lui-même volontairement, cela équivaudrait à nier le concept même d’absoluité de sa volonté. 4:4.5 L’absoluité de Dieu imprègne tous les sept niveaux de la réalité d’univers, et la totalité de cette nature absolue est soumise à la relation entre le Créateur et sa famille universelle de créatures. Il se peut que la précision caractérise la justice trinitaire dans l’univers des univers, mais, dans toutes ses vastes relations familiales avec les créatures du temps, le Dieu des univers est gouverné par le sentiment divin. En premier et en dernier lieu – éternellement – le Dieu infini est un Père. Parmi tous les titres possibles qui permettraient de le faire connaitre convenablement, j’ai reçu ordre de dépeindre le Dieu de toute création comme le Père Universel. 4:4.6 Chez Dieu le Père, les actes de libre arbitre ne sont ni gouvernés par son pouvoir ni guidés par le seul intellect. La divine personnalité se définit comme un esprit se manifestant aux univers en tant qu’amour. En conséquence, dans toutes ses relations personnelles avec les personnalités créées des univers, la Source-Centre Première est toujours et uniformément un Père aimant. Dieu est un Père au sens le plus élevé du terme. Il est éternellement motivé par l’idéalisme parfait de l’amour divin, et c’est dans le fait d’aimer et d’être aimé que cette tendre nature trouve sa plus forte expression et sa plus grande satisfaction. 4:4.7 Dans la science, Dieu est la Cause Première ; en religion, il est le Père universel et aimant ; en philosophie, il est l’unique être qui existe par soi-même, ne dépendant d’aucun être pour son existence, mais conférant salutairement l’existence réelle à toutes choses et à tous les autres êtres. La révélation est toutefois nécessaire pour montrer que la Cause Première de la science et l’unité existant en-soi de la philosophie sont le Dieu de la religion, plein de miséricorde et de bonté, et engagé à faire survivre éternellement ses enfants terrestres. 4:4.8 Nous recherchons avec insistance le concept de l’Infini, mais nous adorons l’idée-expérience de Dieu, notre capacité de saisir, en tout lieu et à tout moment, les facteurs de personnalité et de divinité de notre concept le plus élevé de la Déité. 4:4.9 La conscience d’avoir mené une vie victorieuse sur la terre nait de la foi d’une créature confrontée au terrible spectacle des limitations humaines, lorsqu’à chaque épisode récurrent de son existence et sans jamais faillir, elle ose proclamer ce défi : Même si je ne peux pas faire cette chose, quelqu’un vit en moi qui peut la faire et la fera, une fraction de l’Absolu-Père de l’univers des univers. C’est cela « la victoire qui triomphe du monde, votre foi elle-même. » 5. Idées erronées sur Dieu 4:5.1 La tradition religieuse est l’histoire imparfaitement conservée de l’expérience des hommes qui connaissaient Dieu dans les âges passés. Mais on ne saurait se fier à ces annales pour guider une vie religieuse ou pour disposer d’une source d’informations véridiques sur le Père Universel. Ces anciennes croyances ont été invariablement altérées, parce que les hommes primitifs étaient des bâtisseurs de mythes. 4:5.2 Sur Urantia, l’une des plus grandes sources de confusion au sujet de la nature de Dieu provient de ce que vos livres sacrés n’ont pas réussi à faire une distinction nette entre les personnalités de la Trinité du Paradis, ni entre la Déité du Paradis et les créateurs et administrateurs des univers locaux. Au cours des dispensations passées de compréhension partielle, vos prêtres et vos prophètes n’ont pas su établir de différences claires entre les Princes Planétaires, les Souverains des Systèmes, les Pères des Constellations, les Fils Créateurs, les Chefs des Superunivers, l’Être Suprême et le Père Universel. Bien des messages de personnalités subordonnées, telles que les Porteurs de Vie et divers ordres d’anges, ont été présentés dans vos écrits comme venant de Dieu lui-même. La pensée religieuse d’Urantia confond encore les personnalités associées à la Déité avec le Père Universel lui-même, de sorte que tous sont inclus sous une seule et même appellation. 4:5.3 Les habitants d’Urantia continuent à être influencés par des concepts primitifs de Dieu et à en souffrir. Les dieux qui se conduisent en énergumènes dans la tempête, qui secouent la terre dans leur colère et frappent les hommes dans leur courroux, qui infligent le jugement de leur mécontentement aux époques de famine et d’inondation – voilà les dieux des religions primitives. Ce ne sont pas les Dieux vivants qui gouvernent les univers. De tels concepts sont des reliques des temps où les hommes supposaient que l’univers était guidé et dominé par les caprices de ces dieux imaginaires. Mais l’homme mortel commence à réaliser qu’il vit sous un régime relatif de loi et d’ordre en ce qui concerne la politique administrative et la conduite des Créateurs Suprêmes et des Contrôleurs Suprêmes. 4:5.4 L’idée barbare d’apaiser un Dieu courroucé, de se rendre favorable un Seigneur offensé, de gagner les faveurs de la Déité par des sacrifices, des pénitences, et même en versant du sang, représente une religion totalement puérile et primitive, une philosophie indigne d’un âge éclairé par la science et la vérité. De telles croyances sont absolument répugnantes pour les êtres célestes et les chefs divins qui servent et règnent dans les univers. C’est un affront à Dieu de croire, de soutenir ou d’enseigner qu’il faut verser du sang innocent pour gagner ses faveurs ou détourner une colère divine fictive. 4:5.5 Les Hébreux croyaient que « sans versement de sang il ne pouvait y avoir de rémission des péchés. » Ils n’avaient pas pu se délivrer de la vieille idée païenne que seule la vue du sang pouvait apaiser les Dieux, bien que Moïse eût marqué un net progrès lorsqu’il interdit les sacrifices humains et les substituât par des sacrifices cérémoniels d’animaux, appropriés à la mentalité primitive de ses disciples, des Bédouins enfantins. 4:5.6 L’effusion d’un Fils du Paradis sur votre monde était inhérente à la clôture d’un âge planétaire. Elle était inévitable et ne résultait pas nécessairement du dessein de gagner les faveurs de Dieu. Il advint aussi que cette effusion fut l’acte final personnel d’un Fils Créateur dans la longue aventure pour gagner par expérience la souveraineté sur son univers. Les hommes ont enseigné que le cœur paternel de Dieu, dans toute sa froideur et sa dureté austères, était si peu touché par les malheurs et les chagrins de ses créatures que sa tendre miséricorde ne pouvait se manifester avant qu’il ait vu son Fils irréprochable saigner et mourir sur la croix du Calvaire ! Quelle parodie du caractère infini de Dieu ! 4:5.7 Mais les habitants d’Urantia doivent trouver le moyen de se délivrer de ces anciennes erreurs et de ces superstitions païennes concernant la nature du Père Universel. La révélation de la vérité sur Dieu est en cours. La race humaine est destinée à connaitre le Père Universel dans toute sa beauté de caractère et avec les attributs exquis si magnifiquement dépeints par le Fils Créateur qui a séjourné sur Urantia comme Fils de l’Homme et Fils de Dieu. 4:5.8 [Présenté par un Conseiller Divin d’Uversa.] Fascicule 5. Relations de Dieu avec l’individu 5:0.1 Si le mental fini de l’homme est incapable de comprendre comment un Dieu aussi grand et majestueux que le Père Universel peut descendre de sa demeure éternelle de perfection infinie pour fraterniser avec la créature humaine individuelle, il faut donc que l’intellect fini base son assurance de communion divine sur la vérité factuelle qu’un fragment réel du Dieu vivant réside dans l’intellect de tout mortel d’Urantia pourvu d’un mental normal et d’une conscience morale. Les Ajusteurs de Pensée intérieurs sont une fraction de la Déité éternelle du Père Paradisiaque. Lorsque l’âme humaine contemple cette présence de réalité spirituelle, l’homme n’a pas besoin d’aller au-delà de sa propre expérience intérieure pour trouver Dieu et s’efforcer de communier avec lui. 5:0.2 Dieu a distribué l’infinité de son éternelle nature dans toutes les réalités existentielles de ses six coordonnés absolus, mais, à tout moment, il peut établir un contact personnel avec toute partie, toute phase ou toute espèce de création par l’entremise de ses fragments prépersonnels. Le Dieu éternel s’est également réservé la prérogative de conférer la personnalité aux divins Créateurs et aux créatures vivantes de l’univers des univers. En outre, il s’est réservé la prérogative de maintenir, par le circuit de personnalité, un contact direct et paternel avec tous ces êtres personnels. 1. Le chemin vers Dieu 5:1.1 L’inaptitude des créatures finies à approcher le Père infini n’est pas inhérente à une attitude distante du Père, mais au caractère fini et aux limitations matérielles des êtres créés. L’immensité de la différence spirituelle entre la plus haute personnalité d’existence universelle et les groupes inférieurs d’intelligences créées est inconcevable. S’il était possible à ces intelligences d’ordre inférieur d’être transportées instantanément en présence du Père lui-même, elles ne sauraient pas qu’elles s’y trouvent. Elles seraient tout aussi oublieuses de la présence du Père Universel que dans leur présente situation. Il y a un long, long chemin devant les hommes mortels avant qu’ils ne puissent demander logiquement, et avec des chances de succès, un saufconduit pour être mis en présence du Père Universel au Paradis. Spirituellement, il faut qu’un homme ait été transféré de nombreuses fois avant de pouvoir atteindre un niveau qui lui donnera la vision spirituelle susceptible de lui faire voir même un seul des Sept Maitres Esprits. 5:1.2 Notre Père ne se cache pas, il ne vit pas dans une solitude arbitraire. Il a mobilisé les ressources de la sagesse divine dans un effort sans fin pour se révéler aux enfants de ses domaines universels. Il y a une grandeur infinie et une générosité inexprimable liées à la majesté de son amour qui cause en lui l’ardent désir de voir s’associer à lui toute créature capable de le comprendre, de l’aimer ou de l’approcher. Ce sont donc les limitations inhérentes à vous, inséparables de votre personnalité finie et de votre existence matérielle, qui déterminent l’heure, le lieu et les circonstances où vous pourrez atteindre le but du voyage de l’ascension des mortels et vous tenir en présence du Père au centre de toutes choses. 5:1.3 Bien que, pour vous approcher de la présence du Père au Paradis, il vous faille attendre d’avoir atteint les niveaux finis les plus élevés de progrès en esprit, vous devriez vous réjouir en reconnaissant la possibilité toujours présente de communier immédiatement avec l’esprit effusé du Père, qui est si intimement associé à votre âme intérieure et à votre moi en cours de spiritualisation. 5:1.4 Les mortels des royaumes du temps et de l’espace peuvent différer grandement en aptitudes innées et en dotation intellectuelle, ils peuvent bénéficier d’environnements exceptionnellement favorables pour s’élever socialement et progresser moralement, ou au contraire ils peuvent souffrir d’une absence à peu près complète d’aide humaine pour se cultiver et soi-disant progresser dans les arts de la civilisation ; mais les possibilités de progrès spirituel dans la carrière de l’ascension sont égales pour tous. On atteint des niveaux croissants de clairvoyance spirituelle et de signification cosmique tout à fait indépendamment des inégalités sociomorales dans les environnements matériels diversifiés des mondes évolutionnaires. 5:1.5 Quelles que soient les différences entre les mortels d’Urantia dans leurs chances et dotations intellectuelles, sociales, économiques, et même morales, n’oubliez pas que leur dotation spirituelle est uniforme et unique. Ils bénéficient tous de la même présence divine du don venu du Père, et ils ont tous le privilège égal de pouvoir rechercher une communion personnelle intime avec cet esprit intérieur d’origine divine. Ils peuvent tous également choisir d’accepter les directives spirituelles uniformes de ces Moniteurs de Mystère. 5:1.6 Si un mortel a des mobiles spirituels sincères et se consacre sans réserve à faire la volonté du Père, puisqu’il est spirituellement doté de façon si sûre et si efficace d’un Ajusteur divin intérieur, ne peuvent manquer de se matérialiser, dans l’expérience de cet individu, la conscience sublime de connaitre Dieu et l’assurance céleste de survivre pour trouver Dieu en faisant l’expérience progressive de devenir de plus en plus semblable à lui. 5:1.7 L’homme est spirituellement habité par un Ajusteur de Pensée qui survit. Si un tel mental humain est motivé sincèrement et spirituellement, si cette âme humaine désire connaître Dieu et devenir semblable à lui, si elle veut faire honnêtement la volonté du Père, alors nulle influence négative de frustration humaine, nul pouvoir positif d’interférence possible ne sauraient empêcher cette âme divinement motivée de s’élever en toute sécurité jusqu’aux portes du Paradis. 5:1.8 Le Père désire que toutes ses créatures soient en communion personnelle avec lui. Il a, au Paradis, une place pour recevoir tous ceux qui ont un statut de survie et une nature spirituelle rendant possible un tel accomplissement. C’est pourquoi il faut inscrire, une fois pour toutes dans votre philosophie, les affirmations suivantes : pour chacun de vous et pour nous tous, Dieu est approchable, le Père est accessible, la voie est ouverte. Les forces d’amour divin et les voies et moyens de l’administration divine sont tous imbriqués dans un effort pour aider, dans tous les univers, toute intelligence qui en est digne, à s’avancer jusqu’en présence du Père Universel au Paradis. 5:1.9 La présence et la personnalité de l’Infini ne perdent pas leur réalité du fait qu’il faut un temps considérable pour atteindre Dieu. Votre ascension fait partie du circuit des sept superunivers. Bien que vous en fassiez le tour un nombre incalculable de fois, vous pouvez vous attendre, en esprit et en statut, à circuler toujours vers l’intérieur. Vous pouvez compter que vous serez transférés de sphère en sphère depuis les circuits extérieurs en vous rapprochant toujours du centre intérieur. Ne doutez pas qu’un jour, vous vous trouverez devant la présence divine et centrale, et que vous le verrez (parlant au figuré) face à face. Il s’agit effectivement d’atteindre des niveaux spirituels actuels, et ces niveaux spirituels sont accessibles à tout être qui a été habité par un Moniteur de Mystère, et qui a ultérieurement effectué sa fusion éternelle avec cet Ajusteur de Pensée. 5:1.10 Le Père ne se cache pas spirituellement, mais tant de ses créatures se sont dissimulées dans les brouillards de leurs propres décisions obstinées. Pour le moment, elles se sont séparées de la communion de son esprit et de l’esprit de son Fils en choisissant leurs propres voies perverses et en se laissant entrainer par l’outrecuidance de leur mental intolérant et de leur nature sans spiritualité. 5:1.11 L’homme mortel peut s’approcher de Dieu tout en renonçant maintes et maintes fois à faire la volonté divine, et cela aussi longtemps qu’il conserve le pouvoir de choisir. Sa perte finale n’est pas décidée avant qu’il ait perdu le pouvoir de choisir la volonté du Père. Le Père ne ferme jamais son cœur aux besoins et aux pétitions de ses enfants. C’est seulement sa progéniture qui ferme son cœur pour toujours au pouvoir d’attraction du Père lorsqu’elle perd finalement et définitivement le désir de faire sa volonté divine – qui est de le connaitre et d’être semblable à lui. Parallèlement, la destinée éternelle de l’homme est assurée lorsque sa fusion avec l’Ajusteur proclame à l’univers que cet ascendeur a fait le choix final et irrévocable de vivre la volonté de Dieu. 5:1.12 Le grand Dieu établit un contact direct avec l’homme mortel en donnant de son moi infini, éternel et incompréhensible, une fraction qui vivra et habitera en lui. Dieu s’est lancé dans l’aventure éternelle avec l’homme. Si vous vous conformez aux directives des forces spirituelles en vous, et autour de vous, vous ne pouvez manquer d’atteindre la haute destinée qu’un Dieu aimant a instaurée comme but universel pour les créatures qui s’élèvent des mondes évolutionnaires de l’espace. 2. La présence de Dieu 5:2.1 La présence physique de l’Infini est la réalité de l’univers matériel. La présence mentale de la Déité doit se déterminer par la profondeur de l’expérience intellectuelle de l’individu et par le niveau évolutionnaire de la personnalité. Quant à la présence spirituelle de la Divinité, il faut absolument qu’elle soit différentielle dans l’univers. Elle est déterminée par la capacité spirituelle de réceptivité et par le degré auquel la volonté de la créature est consacrée à faire la volonté divine. 5:2.2 Dieu vit en chacun de ses fils nés d’esprit. Les Fils du Paradis ont toujours accès à la présence de Dieu, « la droite du Père », et toutes ses personnalités créées ont accès « au sein du Père ». Ceci se réfère au circuit de personnalité contacté à quelque moment que ce soit, en quelque lieu que ce soit et de quelque manière que ce soit, mais il peut aussi s’agir d’un contact conscient et personnel et d’une communion avec le Père Universel, soit à sa demeure centrale, soit à un autre endroit désigné, tel que l’une des sept sphères sacrées du Paradis. 5:2.3 Toutefois, on ne peut découvrir la présence divine nulle part dans la nature, ni même dans la vie des mortels connaissant Dieu, avec la même plénitude et la même certitude que dans la communion que vous tentez avec le Moniteur de Mystère intérieur, l’Ajusteur de Pensée du Paradis. Quelle erreur de rêver d’un Dieu lointain dans le ciel, alors que l’esprit du Père Universel vit dans votre propre mental ! 5:2.4 À cause de ce fragment de Dieu qui vous habite, et en vous harmonisant progressivement avec les directives spirituelles de l’Ajusteur, vous pouvez espérer découvrir plus complètement la présence et le pouvoir transformateur des autres influences spirituelles qui vous entourent et empiètent sur vous, sans fonctionner comme partie intégrante de vous. Le fait que vous ne soyez pas intellectuellement conscients d’un contact étroit et intime avec l’Ajusteur intérieur ne contredit aucunement une expérience aussi élevée. La preuve de la fraternité avec l’Ajusteur divin réside entièrement dans la nature et l’étendue des fruits de l’esprit que produit l’expérience de vie du croyant individuel. « Vous les connaitrez à leurs fruits. » 5:2.5 Pour le mental matériel pauvrement spiritualisé de l’homme mortel, il est extrêmement difficile de prendre par expérience une conscience notable des activités spirituelles d’entités divines telles que les Ajusteurs du Paradis. À mesure que l’âme, créée conjointement par le mental et l’Ajusteur, affirme progressivement son existence, il se développe une nouvelle phase de conscience d’âme capable de ressentir par expérience la présence des Moniteurs de Mystère et de reconnaitre leurs directives spirituelles et leurs autres activités supramatérielles. 5:2.6 L’expérience tout entière de la communion avec un Ajusteur implique un statut moral, une motivation mentale et une expérience spirituelle. La réalisation en soi d’un tel accomplissement est limitée principalement, bien que non exclusivement, au domaine de la conscience de l’âme. Mais les preuves en arrivent abondamment par les manifestations des fruits de l’esprit dans la vie de tous ceux qui prennent ainsi contact avec l’esprit intérieur. 3. La vraie adoration 5:3.1 Du point de vue universel, les Déités du Paradis sont comme une, mais, dans leurs relations spirituelles avec des êtres comme ceux qui habitent Urantia, elles sont aussi trois personnes distinctes et séparées. Il y a une différence entre les Divinités au point de vue des appels personnels, de la communion et des autres relations intimes. Au sens le plus élevé, nous adorons le Père Universel et lui seul. Il est vrai que nous pouvons adorer et que nous adorons effectivement le Père tel qu’il est manifesté dans ses Fils Créateurs, mais c’est le Père, directement ou indirectement, qui est adoré et à qui nous rendons un culte. 5:3.2 Les suppliques de toutes sortes appartiennent au royaume du Fils Éternel et à l’organisation spirituelle du Fils. Les prières, toutes les communications formelles et toutes les affaires, sauf le culte et l’adoration du Père Universel, sont du ressort d’un univers local. En général, elles ne dépassent pas les limites juridictionnelles d’un Fils Créateur. Mais l’adoration est certainement encircuitée et transmise à la personne du Créateur par le fonctionnement du circuit de personnalité du Père. Nous croyons en outre que cet enregistrement de l’hommage d’une créature habitée par un Ajusteur est facilité par la présence du Père en esprit. Il existe une immense quantité de preuves pour justifier cette croyance. Je sais que tous les ordres de fragment du Père ont le pouvoir d’enregistrer valablement dans la présence du Père Universel l’adoration de bonne foi de leurs sujets. Sans aucun doute, les Ajusteurs utilisent aussi des canaux prépersonnels directs de communication avec Dieu. Ils sont également capables d’utiliser les circuits de gravité spirituelle du Fils Éternel. 5:3.3 L’adoration se suffit à elle-même. La prière incorpore un élément d’intérêt pour soi ou pour une autre créature. Telle est la grande différence entre l’adoration et la prière. La vraie adoration ne comporte absolument aucune requête pour soi ni aucun autre élément d’intérêt personnel. Nous adorons Dieu simplement à cause de notre conception de ce qu’il est. L’adoration ne demande rien et n’espère rien pour l’adorateur. Nous n’adorons pas le Père parce que nous pouvons tirer quelque chose de cette vénération. Nous lui rendons cette dévotion et nous nous engageons dans cette adoration par une réaction naturelle et spontanée, en reconnaissant la personnalité incomparable du Père, et à cause de sa nature digne d’être aimée et de ses attributs adorables. 5:3.4 À l’instant même où un élément d’intérêt personnel s’introduit dans l’adoration, la dévotion passe de l’adoration à la prière, et il serait alors plus approprié de s’adresser à la personne du Fils Éternel ou du Fils Créateur. Mais, dans la pratique de l’expérience religieuse, il n’y a aucune raison pour ne pas adresser la prière à Dieu le Père comme partie d’une sincère adoration. 5:3.5 Lorsque vous vous occupez des affaires pratiques de votre vie quotidienne, vous êtes entre les mains des personnalités spirituelles ayant leur origine dans la Source-Centre Troisième ; vous coopérez avec les agents de l’Acteur Conjoint. Et c’est ainsi que vous adorez Dieu ; priez le Fils et communiez avec lui ; et vaquez aux détails du séjour terrestre en liaison avec les intelligences de l’Esprit Infini qui opèrent sur votre monde et dans tout votre univers. 5:3.6 Les Fils Créateurs ou Souverains qui président aux destinées des univers locaux tiennent lieu à la fois de Père Universel et de Fils Éternel du Paradis. Ces Fils des Univers reçoivent au nom du Père l’adoration du culte et prêtent l’oreille aux requêtes de leurs sujets suppliants d’un bout à l’autre de leurs créations respectives. Dans la pratique et à tous égards, un Fils Micaël est Dieu pour les enfants de son univers local. Il est la personnalisation du Père Universel et du Fils Éternel dans l’univers local. L’Esprit Infini maintient un contact personnel avec les enfants de ces royaumes par les Esprits des Univers, les associés administratifs et créatifs des Fils Créateurs du Paradis. 5:3.7 L’adoration sincère implique la mobilisation de tous les pouvoirs de la personnalité humaine sous la domination de l’âme évoluante, et leur soumission aux directives divines de l’Ajusteur de Pensée associé. Le mental, sujet aux limitations matérielles, ne peut jamais devenir hautement conscient du sens réel d’une véritable adoration. La réalisation par l’homme de la réalité de l’expérience de l’adoration est surtout déterminée par le niveau de développement de son âme immortelle en évolution. La croissance spirituelle de l’âme se produit tout à fait indépendamment de la conscience intellectuelle de soi. 5:3.8 L’expérience de l’adoration réside dans la tentative sublime de l’Ajusteur fiancé pour communiquer au Père divin les désirs inexprimables et les aspirations indicibles de l’âme humaine, créée conjointement par le mental humain qui cherche Dieu et l’Ajusteur immortel qui révèle Dieu. L’adoration est donc l’acte du mental matériel lorsqu’il approuve son moi se spiritualisant qui essaye, sous la direction de l’esprit associé, de communiquer avec Dieu en tant que fils du Père Universel par la foi. Le mental mortel consent à adorer ; l’âme immortelle souhaite ardemment l’adoration et en prend l’initiative ; la présence de l’Ajusteur divin dirige cette adoration pour le compte du mental mortel et de l’âme immortelle évoluante. En dernière analyse, la véritable adoration devient une expérience réalisée sur quatre niveaux cosmiques : intellectuel, morontiel, spirituel et personnel – la conscience du mental, de l’âme et de l’esprit, et leur unification dans la personnalité. 4. Dieu dans la religion 5:4.1 La moralité des religions évolutionnaires pousse les hommes en avant dans la recherche de Dieu par le pouvoir moteur de la peur. Les religions de révélation attirent les hommes vers la recherche d’un Dieu d’amour parce qu’ils éprouvent le désir ardent de devenir semblables à lui. Mais la religion n’est pas seulement un sentiment passif de « dépendance absolue » et de « certitude de survie » ; c’est une expérience vivante et dynamique pour atteindre la divinité fondée sur le service de l’humanité. 5:4.2 Le grand service immédiat de la vraie religion consiste à établir une unité permanente dans l’expérience humaine, une paix durable et une profonde assurance. Chez les hommes primitifs, le polythéisme lui-même est une unification relative du concept évoluant de la Déité ; le polythéisme est le monothéisme en genèse. Tôt ou tard, Dieu est destiné à être compris comme la réalité des valeurs, la substance des significations et la vie de la vérité. 5:4.3 Dieu n’est pas seulement celui qui détermine la destinée, il est la destination éternelle de l’homme. Toutes les activités humaines non religieuses cherchent à plier l’univers au service déformant du moi. Les individus vraiment religieux cherchent à identifier leur moi avec l’univers, et à dédier ensuite les activités de ce moi unifié au service de la famille universelle de leurs compagnons, humains et suprahumains. 5:4.4 Les domaines de la philosophie et de l’art s’interposent entre les activités religieuses et non religieuses du moi humain. Par l’art et la philosophie, les penseurs matérialistes sont attirés vers la contemplation des réalités spirituelles et des valeurs universelles de signification éternelle. 5:4.5 Toutes les religions enseignent l’adoration de la Déité et quelque doctrine de salut humain. La religion bouddhique promet de sauver des souffrances et de procurer une paix sans fin. La religion juive promet de sauver des difficultés et d’établir une prospérité basée sur la droiture. La religion grecque promettait de sauver de l’inharmonie et de la laideur par la réalisation de la beauté. Le christianisme promet de sauver du péché et d’assurer la sainteté. Le mahométisme promet de délivrer des rigoureux standards moraux du judaïsme et du christianisme. La religion de Jésus est le salut qui sauve du moi, elle délivre les créatures des maux de leur isolement dans le temps et dans l’éternité. 5:4.6 Les Hébreux basaient leur religion sur la bonté, les Grecs basaient la leur sur la beauté, et toutes deux recherchaient la vérité. Jésus révéla un Dieu d’amour, et l’amour englobe entièrement la vérité, la beauté et la bonté. 5:4.7 Les zoroastriens avaient une religion de morale, les Hindous une religion de métaphysique, les confucianistes une religion d’éthique. Jésus vécut une religion de service. Toutes ces religions ont de la valeur parce qu’elles sont des approches valables de celle de Jésus. La religion est destinée à devenir la réalité de l’unification spirituelle de tout ce qui est bon, beau et vrai dans l’expérience humaine. 5:4.8 La religion grecque avait un mot de passe : « Connais-toi toi-même ». Les Hébreux centraient leur enseignement sur « Connaissez votre Dieu ». Les chrétiens prêchent un évangile visant à « la connaissance du Seigneur Jésus-Christ ». Jésus proclama la bonne nouvelle « Connaissez Dieu et connaissez-vous vous-même comme fils de Dieu ». Ces concepts différents sur le but de la religion déterminent l’attitude d’un individu dans diverses situations de sa vie, et laissent prévoir la profondeur de son adoration et la nature de ses habitudes personnelles de prière. On peut déterminer le statut spirituel de toute religion par la nature de ses prières. 5:4.9 Le concept d’un Dieu semi-humain et jaloux est une transition inévitable entre le polythéisme et le sublime monothéisme. Le plus haut niveau d’une religion purement évolutionnaire est atteint dans un anthropomorphisme exalté. Le concept de l’anthropomorphisme a été élevé par le christianisme depuis l’idéal humain jusqu’au concept transcendant et divin de la personne du Christ glorifié. C’est l’anthropomorphisme le plus élevé que les hommes pourront jamais concevoir. 5:4.10 Le concept chrétien de Dieu tente de combiner trois enseignements séparés : 5:4.11 1. Le concept hébreu – Dieu comme défenseur des valeurs morales, un Dieu de droiture. 5:4.12 2. Le concept grec – Dieu comme unificateur, un Dieu de sagesse. 5:4.13 3. Le concept de Jésus – Dieu comme un ami vivant, un Père aimant, la divine présence. 5:4.14 Il est alors évident que la théologie composite chrétienne éprouve de grandes difficultés pour atteindre la cohérence. Ces difficultés sont encore aggravées du fait que les doctrines du christianisme primitif étaient généralement fondées sur l’expérience religieuse de trois personnes différentes, Philon d’Alexandrie, Jésus de Nazareth et Paul de Tarse. 5:4.15 Lorsque vous étudiez la vie religieuse de Jésus, considérez-le positivement. Ne pensez pas trop qu’il était exempt de péché, mais pensez plutôt à sa droiture et à son service aimant. Le concept hébreu du Père céleste faisait ressortir un amour passif. Jésus a relevé ce concept à un niveau actif plus élevé, celui de l’affection pour ses créatures d’un Dieu qui est le Père de tous les individus, même des malfaisants. 5. La conscience de Dieu 5:5.1 L’origine de la moralité se trouve dans la raison de la conscience de soi. La moralité est superanimale, mais entièrement évolutionnaire. L’évolution humaine embrasse dans son déroulement toutes les dotations qui ont précédé le don des Ajusteurs et l’effusion de l’Esprit de Vérité. Mais, en atteignant les niveaux de moralité, l’homme n’est pas délivré des luttes effectives de la vie de mortel ; le milieu physique où il vit comporte la lutte pour l’existence ; son entourage social nécessite des ajustements d’éthique ; les situations morales demandent qu’il fasse des choix dans les domaines les plus élevés de la raison, l’expérience spirituelle (la réalisation de Dieu) exige que l’homme le trouve et s’efforce sincèrement d’être semblable à lui. 5:5.2 La religion ne se base ni sur les faits de la science, ni sur les obligations de la société, ni sur les hypothèses de la philosophie, ni sur les devoirs que la moralité implique. La religion est un domaine indépendant de réaction des hommes aux situations de la vie, et elle apparait infailliblement à tous les stades de développement humain postérieurs à la morale. La religion peut imprégner les quatre niveaux de la réalisation des valeurs et de la joie de la fraternité universelle : le niveau physique ou matériel de la préservation de soi, le niveau social ou émotionnel de la fraternité, le niveau de la raison morale ou du devoir, et le niveau spirituel où l’on a conscience de la fraternité universelle par l’adoration divine. 5:5.3 Le savant qui recherche les faits conçoit Dieu comme la Cause Première, un Dieu de force. L’artiste qui exprime l’émotion voit Dieu comme un idéal de beauté, un dieu d’esthétique. Le philosophe raisonneur incline parfois à poser le principe d’un Dieu d’unité universelle, voire d’une Déité panthéiste. Le religioniste ayant la foi croit en un Dieu qui entretient la survie, au Père dans les cieux, au Dieu d’amour. 5:5.4 La conduite morale précède toujours la religion évolutionnaire, et elle fait même partie de la religion révélée, mais elle n’est jamais la totalité de l’expérience religieuse. Le service social résulte d’une manière morale de penser et religieuse de vivre. La moralité ne conduit pas biologiquement aux niveaux spirituels supérieurs de l’expérience religieuse. L’adoration de la beauté abstraite n’est pas l’adoration de Dieu. L’exaltation de la nature et le respect pour l’unité ne le sont pas davantage. 5:5.5 La religion évolutionnaire est la mère de la science, de l’art et de la philosophie qui ont élevé l’homme à un niveau où il est réceptif à la religion révélée, y compris le don des Ajusteurs et la venue de l’Esprit de Vérité. Le tableau évolutionnaire de l’existence humaine commence et finit avec la religion, mais avec des qualités fort différentes de religion, l’une évolutionnaire et biologique, l’autre révélatrice et périodique. Ainsi la religion, qui est normale et naturelle pour l’homme, est aussi facultative. L’homme n’est pas forcé d’être religieux contre son gré. 5:5.6 L’expérience religieuse étant essentiellement spirituelle ne peut jamais être pleinement comprise par le mental matériel, d’où la fonction de la théologie, qui est la psychologie de la religion. La doctrine essentielle de la réalisation humaine de Dieu crée un paradoxe dans l’entendement fini. Il est à peu près impossible à la logique humaine et à la raison finie d’harmoniser le concept de l’immanence divine, un Dieu intérieur faisant partie de chaque individu, avec l’idée de la transcendance de Dieu, la domination divine de l’univers des univers. Ces deux concepts essentiels de la Déité doivent être unifiés par la préhension, par la foi, du concept de la transcendance d’un Dieu personnel et par la réalisation de la présence intérieure d’un fragment de ce Dieu ; c’est ainsi que l’on peut justifier une adoration intelligente et valider l’espoir d’une survie personnelle. Les difficultés et les paradoxes de la religion sont inhérents au fait que les réalités de la religion dépassent complètement les capacités de compréhension intellectuelle des mortels. 5:5.7 L’homme mortel retire trois grandes satisfactions de son expérience religieuse, même au cours de son passage temporel sur terre : 5:5.8 1. Intellectuellement, il acquiert la satisfaction d’une conscience humaine mieux unifiée. 5:5.9 2. Philosophiquement, il prend plaisir à voir se justifier ses idéaux de valeurs morales. 5:5.10 3. Spirituellement, il prospère dans l’expérience de l’amitié divine et les satisfactions spirituelles de la véritable adoration. 5:5.11 La conscience de Dieu, telle que l’éprouvent les mortels évoluant des royaumes, doit consister en trois facteurs variables, trois niveaux différentiels de réalisation de la réalité. Il y a d’abord la conscience mentale – la compréhension de l’idée de Dieu. Vient ensuite la conscience de l’âme – la réalisation de l’idéal de Dieu. Enfin se met à poindre la conscience de l’esprit – la réalisation de la réalité spirituelle de Dieu. En unifiant ces facteurs de la réalisation divine, si incomplète qu’elle soit, la personnalité mortelle répand constamment sur tous les niveaux conscients une réalisation de la personnalité de Dieu. Chez les mortels qui ont atteint le Corps de la Finalité, tout cela conduira en son temps à la réalisation de la suprématie de Dieu, et pourrait ensuite aboutir à la réalisation de l’ultimité de Dieu, à une phase de la superconscience absonite du Père du Paradis. 5:5.12 L’expérience d’être conscient de Dieu reste la même de génération en génération. Mais, à chaque époque plus avancée des connaissances humaines, le concept philosophique et les définitions théologiques de Dieu doivent changer. La connaissance de Dieu ou conscience religieuse est une réalité universelle, mais, si valable (réelle) que soit l’expérience religieuse, il faut qu’elle accepte de se soumettre à une critique intelligente et à une interprétation philosophique raisonnable. Elle ne doit pas chercher à rester un élément isolé de la totalité de l’expérience humaine. 5:5.13 La survie éternelle de la personnalité dépend entièrement du choix du mental mortel, dont les décisions déterminent le potentiel de survie de l’âme immortelle. Lorsque le mental croit Dieu, que l’âme connait Dieu et qu’avec l’Ajusteur stimulant tous désirent Dieu, alors la survie est assurée. Ni limitations d’intellect, ni restrictions d’enseignement, ni privations de culture, ni appauvrissement du statut social, ni même un standard moral inférieur résultant d’une absence malheureuse d’avantages éducatifs, culturels et sociaux ne peuvent invalider la présence de l’esprit divin chez des individus ainsi dépourvus de chance et humainement handicapés, mais croyants. La présence intérieure du Moniteur de Mystère inaugure et rend possible le potentiel de croissance et de survie de l’âme immortelle. 5:5.14 L’aptitude des parents mortels à procréer n’est pas fondée sur leur statut éducatif, culturel, social ou économique. L’union des facteurs parentaux dans des conditions naturelles suffit entièrement pour assurer une progéniture. Un mental humain, discernant le bien et le mal, possédant la capacité d’adorer Dieu, en union avec un Ajusteur divin, représente pour un mortel tout ce qui est exigé pour déclencher et favoriser la production de son âme immortelle avec ses qualités de survie à condition qu’un tel individu doté d’esprit cherche Dieu, désire sincèrement d’être semblable à lui, et choisisse honnêtement de faire la volonté du Père qui est aux cieux. 6. Le Dieu de la personnalité 5:6.1 Le Père Universel est le Dieu des personnalités. Depuis les mortels et les créatures matérielles les plus humbles jouissant d’un statut de personnalité jusqu’aux plus hautes personnes ayant la dignité de créateur et un statut divin, le domaine de la personnalité universelle a son centre et sa circonférence dans le Père Universel. Dieu le Père est le distributeur et le conservateur de toute personnalité. Et le Père du Paradis est également la destinée de toutes les personnalités finies qui choisissent sincèrement de faire la volonté divine, qui aiment Dieu et désirent ardemment être semblables à lui. 5:6.2 La personnalité est l’un des mystères impénétrés des univers. Nous pouvons former des concepts adéquats des facteurs qui entrent dans la composition de divers ordres et niveaux de personnalités, mais nous ne comprenons pas entièrement la nature réelle de la personnalité elle-même. Nous percevons clairement les nombreux facteurs qui, une fois réunis, constituent le véhicule de la personnalité humaine, mais nous ne saisissons pas pleinement la nature et la signification de cette personnalité finie. 5:6.3 La personnalité est potentielle chez toutes les créatures dotées d’un mental, depuis le minimum de conscience de soi jusqu’au maximum de conscience de Dieu. Mais, à lui seul, le fait de posséder un mental n’est pas la personnalité, et l’esprit ou l’énergie physique non plus. La personnalité est cette qualité et cette valeur de réalité cosmique qui est conférée exclusivement par Dieu le Père à ces systèmes vivants où les énergies de la matière, du mental et de l’esprit sont associées et coordonnées. La personnalité n’est pas non plus un aboutissement progressif. La personnalité peut être matérielle ou spirituelle, mais elle existe ou n’existe pas. Ce qui est autre-que-personnel n’atteint jamais le niveau personnel, sauf par un acte direct du Père du Paradis. 5:6.4 L’attribution de la personnalité est la fonction exclusive du Père Universel, elle consiste en la personnalisation des systèmes énergétiques vivants auxquels il confère les attributs d’une conscience créative relative et le contrôle par libre arbitre de ces attributs. Nulle personnalité n’est séparée de Dieu le Père, et nulle n’existe sinon pour Dieu le Père. Les attributs fondamentaux de l’individualité humaine ainsi que l’Ajusteur absolu, noyau de la personnalité humaine, sont conférés par le Père Universel agissant dans son domaine exclusivement personnel de ministère cosmique. 5:6.5 Les Ajusteurs de statut prépersonnel habitent chez de nombreux types de créatures mortelles. Ils assurent à ces êtres la possibilité de survivre à la mort physique et de se personnaliser comme créatures morontielles ayant le potentiel pour les aboutissements ultimes de l’esprit. Car, lorsque le mental d’une créature dotée de personnalité est habité par un fragment de l’esprit du Dieu éternel, don prépersonnel du Père personnel, alors cette personnalité finie possède le potentiel du divin et de l’éternel, et aspire à une destinée parente de l’Ultime, tendant même vers une réalisation de l’Absolu. 5:6.6 La capacité d’atteindre la personnalité divine est inhérente à l’Ajusteur prépersonnel ; la capacité d’atteindre la personnalité humaine est potentielle dans la dotation en mental cosmique de l’être humain ; mais la personnalité expérientielle de l’homme mortel est observable comme réalité active et fonctionnelle seulement après que le véhicule matériel de sa vie a été touché par la divinité libératrice du Père Universel. Elle est alors lancée sur les mers de l’expérience comme une personnalité consciente d’elle-même et (relativement) capable de se déterminer elle-même et de se créer elle-même. Le moi matériel est vraiment personnel sans aucune restriction. 5:6.7 Le moi matériel possède une personnalité et une identité, une identité temporelle. L’Ajusteur, esprit prépersonnel, a aussi une identité, une identité éternelle. Cette personnalité matérielle et cette prépersonnalité spirituelle sont capables d’unir leurs attributs créateurs de manière à faire naitre l’identité survivante de l’âme immortelle. 5:6.8 Ayant ainsi pourvu à la croissance de l’âme immortelle et libéré le moi intérieur de l’homme des chaines qui le faisaient dépendre absolument des causes antérieures, le Père se tient à l’écart. Ainsi, l’homme a été libéré des chaines de la loi de cause à effet, au moins en ce qui concerne sa destinée éternelle, et l’âme, le moi immortel, a ce qu’il faut pour croitre ; il appartient maintenant à l’homme lui-même de vouloir ou d’inhiber la création de ce moi survivant et éternel qu’il a la possibilité de choisir. Nul autre être, nulle force, nul créateur ou agent dans le vaste univers des univers ne peuvent interférer à un degré quelconque dans la souveraineté absolue du libre arbitre humain opérant dans les domaines d’option concernant la destinée éternelle de la personnalité du mortel qui choisit. Quant à la survie éternelle, Dieu a décrété que la volonté matérielle et humaine était souveraine, et ce décret est absolu. 5:6.9 Le don de la personnalité à une créature lui confère une libération relative à la réaction servile aux causes antérieures, et les personnalités de tous ces êtres moraux, évolutionnaires, ou autres, sont centrées dans la personnalité du Père Universel. Elles sont toujours attirées vers sa présence au Paradis par la parenté d’existence qui constitue le vaste et universel cercle de famille et le circuit fraternel du Dieu éternel. Il y a une parenté de spontanéité divine dans toute personnalité. 5:6.10 Le circuit de personnalité de l’univers des univers est centré dans la personne du Père Universel, et le Père du Paradis est personnellement conscient de toutes les personnalités et en contact avec elles, sur tous les niveaux d’existence où l’on est conscient de soi. Et cette conscience de personnalité de toute la création existe indépendamment de la mission des Ajusteurs de Pensée. 5:6.11 De même que toute gravitation est mise en circuit dans l’Ile du Paradis, que tout mental est encircuité dans l’Acteur Conjoint et tout esprit dans le Fils Éternel, de même, toute personnalité est encircuitée dans la présence personnelle du Père Universel, et ce circuit transmet infailliblement l’adoration de toutes les personnalités à la Personnalité Originelle et Éternelle. 5:6.12 Quant aux personnalités non habitées par un Ajusteur, l’attribut de choix-liberté leur est également octroyé par le Père Universel. Ces personnes sont embrassées comme les autres dans le grand circuit d’amour divin, le circuit de personnalité du Père Universel. Dieu assure la souveraineté de choix à toutes les vraies personnalités. Nulle créature personnelle ne peut être contrainte à courir l’aventure éternelle. La porte de l’éternité ne s’ouvre qu’en réponse au libre choix du libre arbitre des fils du Dieu du libre arbitre. 5:6.13 Ceci représente mes efforts pour présenter la relation entre le Dieu vivant et les enfants du temps. Et, maintenant que tout a été dit et accompli, je ne peux rien faire de plus utile que de répéter que Dieu est votre Père dans l’univers, et que vous êtes tous ses enfants planétaires. 5:6.14 [Ce fascicule est le cinquième et dernier de la série relative au Père Universel présentée par un Conseiller Divin d’Uversa.] Fascicule 6. Le Fils Éternel 6:0.1 Le Fils Éternel est l’expression finale et parfaite du « premier » concept personnel et absolu du Père Universel. En conséquence, dans toutes les circonstances où le Père s’exprime d’une manière personnelle et absolue, il le fait par son Fils Éternel, qui a toujours été, est maintenant et sera toujours le Verbe divin et vivant. Ce Fils Éternel réside au centre de toutes choses, en association avec la présence personnelle du Père Universel et Éternel qu’il enveloppe directement. 6:0.2 C’est pour accéder aux canaux de pensée de l’intellect humain que nous parlons de la « première » pensée de Dieu et que nous faisons allusion à une impossible origine du Fils Éternel dans le temps. Ces déformations de langage représentent nos meilleurs efforts pour établir un compromis permettant le contact avec le mental des créatures mortelles liées au temps. Au sens séquentiel, le Père Universel n’aurait jamais pu avoir une première pensée, ni le Fils Éternel un commencement. Mais j’ai reçu l’ordre de dépeindre les réalités de l’éternité au mental mortel limité par le temps en me servant de ces symboles de pensée, et de désigner les relations d’éternité par ces concepts temporels de séquence. 6:0.3 Le Fils Éternel est la personnalisation spirituelle du concept universel et infini du Père du Paradis relatif à sa réalité divine, son esprit non qualifié et sa personnalité absolue. C’est ainsi que le Fils constitue la révélation divine de l’identité de créateur du Père Universel. La personnalité parfaite du Fils dévoile que le Père est effectivement la source éternelle et universelle de toutes les valeurs et significations de ce qui est spirituel, volitif, intentionnel et personnel. 6:0.4 Dans notre effort pour permettre au mental fini du temps de former un concept séquentiel des relations entre les êtres infinis et éternels de la Trinité du Paradis, nous prenons la licence d’utiliser des conceptions se référant au « premier concept personnel, universel et infini du Père ». Il m’est impossible de transmettre au mental humain une idée adéquate des relations éternelles entre Déités. C’est pourquoi j’emploie une terminologie qui donnera au mental fini quelque idée des relations de ces êtres éternels dans les époques subséquentes du temps. Nous croyons que le Fils est issu du Père. On nous enseigne que tous deux sont inconditionnellement éternels. Il apparait donc que nulle créature du temps ne pourra jamais comprendre pleinement ce mystère d’un Fils qui est dérivé du Père, et qui est cependant un éternel coordonné du Père lui-même. 1. Identité du Fils Éternel 6:1.1 Le Fils Éternel est le Fils originel et unique engendré par Dieu. Il est Dieu le Fils, la Deuxième Personne de la Déité et le créateur associé de toutes choses. De même que le Père est la Grande Source-Centre Première, le Fils est la Grande Source-Centre Deuxième. 6:1.2 Le Fils Éternel est le centre spirituel et l’administrateur divin du gouvernement spirituel de l’univers des univers. Le Père Universel est d’abord un créateur et ensuite un contrôleur. Le Fils Éternel est d’abord un cocréateur et ensuite un administrateur spirituel. « Dieu est esprit », et le Fils est une révélation personnelle de cet esprit. La Source-Centre Première est l’Absolu Volitif. La Source-Centre Deuxième est l’Absolu de Personnalité. 6:1.3 Le Père Universel n’agit jamais personnellement comme créateur, sauf en conjonction avec le Fils ou avec l’action coordonnée du Fils. Si l’auteur du Nouveau Testament s’était référé au Fils Éternel, il aurait exprimé la vérité lorsqu’il a dit : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu. Toutes choses ont été faites par lui, et rien de ce qui a été fait ne l’a été sans lui. » 6:1.4 Lorsqu’un Fils du Fils Éternel apparut sur Urantia, ceux qui fraternisèrent avec cet être divin sous forme humaine parlèrent de lui comme de « Celui qui était dès le commencement, que nous avons entendu, que nous avons vu de nos yeux, que nous avons regardé, que nos mains ont touché, le Verbe même de vie ». Et ce Fils d’effusion provenait du Père tout aussi véritablement que le Fils Originel. Il y fit allusion dans une de ses prières terrestres : « Et maintenant, Ô mon Père, glorifie-moi par toi-même de la gloire que j’avais auprès de toi avant que ce monde ne fût. » 6:1.5 Le Fils Éternel est connu sous des noms divers dans les différents univers. Dans l’univers central, on l’appelle la Source Coordonnée, le Cocréateur et l’Absolu Associé. Sur Uversa, siège de votre superunivers, nous désignons le Fils comme le Centre d’Esprit Coordonné et comme l’Éternel Administrateur d’Esprit. Sur Salvington, siège de votre univers local, le Fils est connu comme Source-Centre Éternelle Deuxième. Les Melchizédeks l’appellent le Fils des Fils. Sur votre monde, mais non dans votre système de sphères habitées, le Fils Originel a été confondu avec un Fils Créateur coordonné, Micaël de Nébadon, qui s’est effusé sur les races des mortels d’Urantia. 6:1.6 Bien que tout Fils du Paradis puisse à juste titre être appelé Fils de Dieu, nous avons l’habitude de réserver l’appellation de « Fils Éternel » au Fils Originel, Source-Centre Deuxième, cocréateur avec le Père Universel de l’univers central de pouvoir et de perfection, et cocréateur de tous les autres Fils divins issus des Déités infinies. 2. Nature du Fils Éternel 6:2.1 Le Fils Éternel est aussi invariant et infiniment digne de confiance que le Père Universel. Il est également tout aussi spirituel que le Père, tout aussi véritablement un esprit illimité. À vous qui êtes d’humble origine, le Fils peut sembler comme plus personnel que le Père Universel, car il y a un échelon de moins pour l’approcher. 6:2.2 Le Fils Éternel est le Verbe éternel de Dieu. Il est entièrement semblable au Père. En fait, le Fils Éternel est Dieu le Père manifesté personnellement à l’univers des univers. Et c’est ainsi en vérité qu’on a pu, que l’on peut et que l’on pourra toujours dire du Fils Éternel et de tous les Fils Créateurs coordonnés : « Celui qui a vu le Fils a vu le Père. » 6:2.3 En nature, le Fils est entièrement semblable au Père esprit. Lorsque nous adorons le Père Universel, nous adorons effectivement en même temps Dieu le Fils et Dieu l’Esprit. Dieu le Fils est tout aussi divinement réel et éternel en nature que Dieu le Père. 6:2.4 Non seulement le Fils possède toute la droiture infinie et transcendante du Père, mais il reflète aussi toute la sainteté de caractère du Père. Le Fils partage la perfection du Père et partage conjointement avec lui la responsabilité d’aider toutes les créatures d’imperfection dans leurs efforts spirituels pour atteindre la perfection divine. 6:2.5 Le Fils Éternel possède tout le caractère de divinité du Père et tous ses attributs de spiritualité. Le Fils est la plénitude de l’absoluité de Dieu, en personnalité et en esprit, et le Fils révèle ces qualités dans sa gestion personnelle du gouvernement spirituel de l’univers des univers. 6:2.6 Dieu est vraiment un esprit universel. Dieu est esprit, et cette nature d’esprit du Père est focalisée et personnalisée dans la Déité du Fils Éternel. Chez le Fils, toutes les qualités spirituelles paraissent grandement rehaussées par différenciation avec l’universalité de la Source-Centre Première. Et de même que le Père partage sa nature spirituelle avec le Fils, de même les deux partagent l’esprit divin tout aussi pleinement et sans réserve avec l’Acteur Conjoint, l’Esprit Infini. 6:2.7 Dans l’amour de la vérité et la création de la beauté, le Père et le Fils sont égaux, sauf que le Fils parait se consacrer davantage à réaliser la beauté exclusivement spirituelle des valeurs universelles. 6:2.8 En divine bonté, je ne discerne aucune différence entre le Père et le Fils. Le Père aime ses enfants dans l’univers comme un père. Le Fils Éternel regarde toutes les créatures à la fois comme un père et comme un frère. 3. Ministère de l’amour du Père 6:3.1 Le Fils partage la justice et la droiture de la Trinité, mais couvre ces traits de divinité par la personnalisation infinie de l’amour et de la miséricorde du Père. Le Fils est la révélation de l’amour divin aux univers. De même que Dieu est amour, le Fils est miséricorde. Le Fils ne saurait aimer plus que le Père, mais il peut témoigner un supplément de miséricorde aux créatures, car non seulement il est un créateur primordial comme le Père, mais il est aussi le Fils Éternel de ce même Père. Il partage ainsi l’expérience de filiation de tous les autres fils du Père Universel. 6:3.2 Le Fils Éternel est le grand ministre de la miséricorde pour toute la création. La miséricorde est l’essence du caractère spirituel du Fils. Lorsque les commandements du Fils Éternel sont émis sur les circuits d’esprit de la Source-Centre Deuxième, ils le sont au diapason des notes de miséricorde. 6:3.3 Pour comprendre l’amour du Fils Éternel, il faut d’abord percevoir sa source divine, le Père, qui est amour, et ensuite contempler le développement de cette affection infinie dans le vaste ministère de l’Esprit Infini et de sa multitude à peu près illimitée de personnalités tutélaires. 6:3.4 Le ministère du Fils Éternel est consacré à la révélation du Dieu d’amour à l’univers des univers. Ce Fils divin n’a pas entrepris la tâche avilissante d’essayer de persuader son gracieux Père d’aimer ses humbles créatures et de témoigner de la miséricorde aux malfaisants du temps. Quelle erreur d’envisager le Fils Éternel comme suppliant le Père Universel d’être miséricordieux envers ses humbles créatures des mondes matériels de l’espace ! De tels concepts de Dieu sont grotesques et grossiers. Il vaudrait mieux réaliser que tous les secours miséricordieux des Fils de Dieu révèlent directement le cœur du Père, plein d’amour universel et de compassion infinie. L’amour du Père est la source réelle et éternelle de la miséricorde du Fils. 6:3.5 Dieu est amour, le Fils est miséricorde. La miséricorde est l’amour appliqué, l’amour du Père en action dans la personne de son Fils Éternel. L’amour de ce Fils universel est également universel. À la manière dont l’amour est compris sur une planète sexuée, l’amour de Dieu se compare mieux à l’amour d’un père, tandis que l’amour du Fils Éternel ressemble davantage à l’affection d’une mère. De tels exemples sont vraiment élémentaires, mais je les emploie dans l’espoir de communiquer au mental humain l’idée qu’il y a une différence, non de contenu divin, mais de qualité et de technique d’expression entre l’amour du Père et l’amour du Fils. 4. Attributs du Fils Éternel 6:4.1 Le Fils Éternel motive le niveau d’esprit de la réalité cosmique. Le pouvoir spirituel du Fils est absolu par rapport à toutes les actualités de l’univers. Il exerce un contrôle parfait sur l’interassociation de toutes les énergies d’esprit indifférenciées et de toutes les activités d’esprit actualisées, grâce à son emprise absolue sur la gravité d’esprit. Tout esprit pur non fragmenté et tous les êtres et valeurs spirituels répondent au pouvoir d’attraction infini du Fils primordial du Paradis. Si l’éternel futur devait assister à l’apparition d’un univers illimité, la gravité d’esprit et le pouvoir d’esprit du Fils Originel se montreraient entièrement aptes à contrôler spirituellement et à administrer effectivement une telle création sans bornes. 6:4.2 Le Fils n’est omnipotent que dans le domaine spirituel. Dans l’éternelle économie de l’administration de l’univers, on ne rencontre jamais de gaspillage par répétition inutile de fonctions. Les Déités ne s’adonnent pas à une duplication superflue de leur ministère dans l’univers. 6:4.3 L’omniprésence du Fils Originel constitue l’unité spirituelle de l’univers des univers. La cohésion spirituelle de toute la création repose sur la présence active en tous lieux de l’esprit divin du Fils Éternel. Lorsque nous imaginons la présence spirituelle du Père, nous trouvons difficile de la différencier dans notre pensée d’avec la présence spirituelle du Fils Éternel. L’esprit du Père réside éternellement dans l’esprit du Fils. 6:4.4 Le Père doit être spirituellement omniprésent, mais cette omniprésence semble inséparable des activités d’esprit en tous lieux du Fils Éternel. Toutefois, nous croyons vraiment que, dans toutes les situations de nature spirituelle double comportant la présence du Père-Fils, l’esprit du Fils est coordonné avec celui du Père. 6:4.5 Dans son contact avec la personnalité, le Père agit par le circuit de personnalité. Dans son contact personnel et décelable avec la création spirituelle, il apparait dans les fragments de sa Déité totale, et ces fragments du Père ont une fonction solitaire, unique et exclusive chaque fois qu’ils apparaissent en un endroit quelconque des univers. Dans toutes ces situations, l’esprit du Fils est coordonné avec la fonction spirituelle de la présence fragmentée du Père Universel. 6:4.6 Spirituellement, le Fils Éternel est omniprésent. L’esprit du Fils Éternel est très certainement avec vous et autour de vous, mais non en vous et faisant partie de vous comme le Moniteur de Mystère. Ce fragment intérieur du Père ajuste le mental humain vers des attitudes progressivement divines, ainsi, ce mental qui s’élève répond de mieux en mieux au pouvoir spirituel d’attraction du tout-puissant circuit de gravité d’esprit de la Source-Centre Deuxième. 6:4.7 Le Fils Originel est universellement et spirituellement conscient de lui-même. En sagesse, le Fils est pleinement égal au Père. Dans les domaines de la connaissance, de l’omniscience, nous ne pouvons distinguer entre la Première et la Deuxième Source. Comme le Père, le Fils sait tout ; il n’est jamais surpris par aucun évènement de l’univers ; il comprend la fin dès le commencement. 6:4.8 Le Père et le Fils connaissent réellement le nombre et l’emplacement de tous les esprits et de tous les êtres spiritualisés dans l’univers des univers. Non seulement le Fils connait toutes choses en vertu de son propre esprit omniprésent, mais, à égalité avec le Père et l’Acteur Conjoint, il a pleinement connaissance de la vaste intelligence réflective de l’Être Suprême, laquelle est consciente en tous temps de tout ce qui se passe dans tous les mondes des sept superunivers. Et l’omniscience du Fils du Paradis est encore assurée par d’autres voies. 6:4.9 Le Fils Éternel, en tant que personnalité spirituelle aimante, miséricordieuse et tutélaire, est entièrement et infiniment égal au Père Universel. Quant à tous ses contacts personnels miséricordieux et affectueux avec les êtres ascendants des royaumes inférieurs, le Fils Éternel est tout aussi bon et prévenant, tout aussi patient et longanime que ses Fils du Paradis dans les univers locaux, ces Fils qui s’effusent si fréquemment sur les mondes évolutionnaires du temps. 6:4.10 Il est inutile de disserter plus longuement sur les attributs du Fils Éternel. Avec les exceptions signalées, il suffit d’étudier les attributs spirituels de Dieu le Père pour comprendre et évaluer correctement les attributs de Dieu le Fils. 5. Limitations du Fils Éternel 6:5.1 Le Fils Éternel n’agit pas personnellement dans les domaines physiques. Sur les niveaux d’aide mentale aux êtres créés, il n’agit que par l’Acteur Conjoint. Mais autrement, ces qualifications n’imposent aucune espèce de limite au Fils Éternel dans le plein et libre exercice de tous les attributs divins d’omniscience, d’omniprésence et d’omnipotence spirituelles. 6:5.2 Le Fils Éternel n’imprègne pas personnellement les potentiels d’esprit inhérents à l’infinité de l’Absolu de Déité. Mais, à mesure que ces potentiels deviennent actuels, ils sont saisis par la toute-puissante étreinte du circuit de gravité d’esprit du Fils. 6:5.3 La personnalité est le don exclusif du Père Universel. Le Fils Éternel dérive sa personnalité du Père, mais il ne confère pas la personnalité sans le Père. Le Fils donne origine à une vaste multitude d’esprits, mais ces dérivés ne sont pas des personnalités. Lorsque le Fils crée des personnalités, il le fait en conjonction avec le Père ou avec le Créateur Conjoint qui peut agir pour le Père dans ce genre de relations. Le Fils Éternel est ainsi un cocréateur de personnalités, mais il ne confère la personnalité à aucun être ; seul et de lui-même, il ne crée jamais d’êtres personnels. Toutefois, cette limitation d’action ne prive pas le Fils de l’aptitude à créer tous les types de réalité autres-que-personnels. 6:5.4 Le Fils Éternel est limité dans la transmission des prérogatives de créateur. En éternisant le Fils Originel, le Père lui a conféré le pouvoir et le privilège de se joindre subséquemment à lui dans l’acte divin de produire d’autres Fils possédant les attributs créateurs. Ils l’ont fait et le font encore. Mais, une fois que ces Fils coordonnés ont été produits, il semble que les prérogatives créatrices ne soient pas transmissibles plus loin. Le Fils Éternel ne transmet la faculté créatrice qu’à la première personnalisation directe. C’est pourquoi, lorsque le Père et le Fils s’unissent pour personnaliser un Fils Créateur, ils aboutissent dans leur dessein. Mais le Fils Créateur ainsi amené à l’existence n’est jamais apte à transmettre ou à déléguer les prérogatives créatrices aux divers ordres de Fils qu’il peut créer à son tour, bien que l’on voie apparaitre chez les Fils supérieurs des univers locaux un reflet très restreint des attributs créateurs d’un Fils Créateur. 6:5.5 Le Fils Éternel, en tant qu’être infini et exclusivement personnel, ne peut fragmenter sa nature. Il ne peut ni distribuer ni conférer des portions individualisées de son moi à d’autres personnes ou entités, comme le font le Père Universel et l’Esprit Infini. Mais le Fils peut s’effuser lui-même et il s’effuse effectivement comme un esprit illimité pour baigner toute la création, et attirer sans cesse vers lui toutes les personnalités d’esprit et toutes les réalités spirituelles. 6:5.6 Rappelez-vous toujours que le Fils est le portrait personnel du Père esprit pour toute la création. Le Fils est personnel et rien que personnel au sens de la Déité. Une telle personnalité divine et absolue ne saurait être désintégrée ou fragmentée. Dieu le Père et Dieu l’Esprit sont véritablement personnels, mais en plus ils sont aussi tout ce qui existe d’autre du fait d’être de telles personnalités de Déité. 6:5.7 Bien que le Fils Éternel ne puisse participer personnellement à l’octroi des Ajusteurs de Pensée, il siégeait en conseil avec le Père Universel dans l’éternel passé. Il approuva le plan et promit une coopération permanente lorsque le Père projeta d’attribuer des Ajusteurs de Pensée et proposa au Fils : « Faisons l’homme à notre propre image. » Et de même que le fragment d’esprit du Père habite en vous, de même la présence en esprit du Fils vous enveloppe, et tous les deux travaillent perpétuellement comme un à votre élévation spirituelle. 6. Le mental de l’esprit 6:6.1 Le Fils Éternel est esprit et possède un mental, mais non un mental et un esprit que le mental humain puisse comprendre. Un mortel perçoit le mental aux niveaux fini, cosmique, matériel et personnel. L’homme observe aussi des phénomènes mentaux chez les organismes vivants fonctionnant au niveau subpersonnel (animal), mais il lui est difficile de saisir la nature du mental lorsqu’il est associé à des êtres supramatériels et fait partie de personnalités exclusivement spirituelles. Toutefois, le mental exige des définitions différentes lorsqu’il se réfère au niveau spirituel d’existence et lorsqu’on l’emploie pour marquer des fonctions spirituelles d’intelligence. L’espèce de mental qui est directement allié à l’esprit ne se compare ni au mental qui coordonne l’esprit et la matière, ni à celui qui n’est allié qu’à la matière. 6:6.2 L’esprit est toujours conscient, doué d’un mental et pourvu de phases variées d’identité. Sans mental, sous une forme ou sous une autre, il n’y aurait pas de conscience spirituelle dans la fraternité des êtres d’esprit. L’équivalent du mental, l’aptitude à connaitre et à être connu, est naturel chez la Déité. La Déité peut être personnelle, prépersonnelle, superpersonnelle ou impersonnelle, mais n’est jamais dépourvue de mental, c’est-à-dire qu’elle est au moins douée d’aptitude à communiquer avec des êtres, des personnalités ou des entités similaires. 6:6.3 Le mental du Fils Éternel est semblable à celui du Père, mais dissemblable de tout autre mental dans l’univers, et, avec le mental du Père, il est l’ancêtre des diverses et vastes dotations mentales du Créateur Conjoint. Le mental du Père et du Fils est cet intellect ancestral par rapport au mental absolu de la Source-Centre Troisième, et le meilleur exemple que l’on en puisse donner est peut-être le prémental des Ajusteurs de Pensée. En effet, bien que ces fragments du Père soient entièrement extérieurs au circuit mental de l’Acteur Conjoint, ils ont une certaine forme de prémental ; ils connaissent comme ils sont connus ; ils jouissent de l’équivalent de la pensée humaine. 6:6.4 Le Fils Éternel est entièrement spirituel. L’homme est, à très peu de chose près, entièrement matériel. C’est pourquoi bien des choses concernant la personnalité spirituelle du Fils Éternel, ses sept sphères spirituelles qui entourent le Paradis, et la nature des créations impersonnelles du Fils du Paradis, devront attendre que vous ayez obtenu le statut spirituel qui suivra l’achèvement de votre ascension morontielle de l’univers local de Nébadon. C’est alors, tandis que vous traverserez le superunivers et continuerez votre chemin vers Havona, que beaucoup de ces mystères cachés dans l’esprit se clarifieront à mesure que vous commencerez à être dotés du « mental de l’esprit » – la clairvoyance spirituelle. 7. Personnalité du Fils Éternel 6:7.1 Le Fils Éternel est cette personnalité infinie subissant les entraves de la personnalité non qualifiée dont le Père s’est échappé par la technique de la trinitisation, grâce à laquelle il a toujours continué à s’effuser à profusion et sans fin sur son univers constamment croissant de Créateurs et de créatures. Le Fils est personnalité absolue ; Dieu est personnalité paternelle – la source de la personnalité, le dispensateur de personnalité, la cause de la personnalité. Tout être personnel tire sa personnalité du Père Universel, comme le Fils Originel tire éternellement la sienne du Père du Paradis. 6:7.2 La personnalité du Fils Paradisiaque est absolue et purement spirituelle, et cette personnalité absolue est aussi l’archétype divin et éternel, d’abord de l’octroi de personnalité du Père à l’Acteur Conjoint, et ensuite de l’octroi de la personnalité par le Père à ses myriades de créatures dans tout le vaste univers. 6:7.3 Le Fils Éternel est vraiment un ministre miséricordieux, un esprit divin, une puissance spirituelle et une personnalité réelle. Le Fils est la nature spirituelle et personnelle de Dieu manifestée aux univers – la somme et la substance de la Source-Centre Première dépouillée de tout ce qui est non personnel, extradivin, non spirituel et pur potentiel. Mais il est impossible de transmettre au mental humain une image verbale de la beauté et de la splendeur de la personnalité céleste du Fils Éternel. Tout ce qui tend à obscurcir la notion du Père Universel exerce une influence à peu près égale pour empêcher de reconnaitre conceptuellement le Fils Éternel. Il vous faut attendre votre arrivée au Paradis, alors vous comprendrez pourquoi j’ai été impuissant à dépeindre, d’une manière compréhensible au mental fini, le caractère de cette personnalité absolue. 8. Réalisation du Fils Éternel 6:8.1 En ce qui concerne l’identité, la nature et les autres attributs de personnalité, le Fils Éternel est le plein égal, le parfait complément, l’éternelle contrepartie du Père Universel. Au même sens que Dieu est le Père Universel, le Fils est la Mère Universelle. Et l’ensemble de nous tous, humbles ou élevés, constitue leur famille universelle. 6:8.2 Pour apprécier le caractère du Fils, vous devriez étudier la révélation du caractère divin du Père. Ils sont perpétuellement et inséparablement un. En tant que personnalités divines, ils ne peuvent pratiquement pas être distingués par les ordres d’intelligence inférieurs. Pour ceux qui tirent leur origine des actes créateurs des Déités elles-mêmes, la reconnaissance séparée du Père et du Fils est moins difficile. Les êtres natifs de l’univers central et du Paradis discernent le Père et le Fils non seulement comme une unité personnelle de contrôle universel, mais aussi comme deux personnalités séparées opérant dans des domaines définis de l’administration de l’univers. 6:8.3 En tant que personnes, vous pouvez concevoir le Père Universel et le Fils Éternel comme des individualités séparées, car en vérité ils le sont. Mais, dans l’administration des univers, ils sont tellement entremêlés et imbriqués qu’il n’est pas toujours possible de distinguer entre eux. Dans les affaires des univers, quand on rencontre le Père et le Fils dans des interassociations troublantes il n’est pas toujours profitable d’essayer d’isoler leurs opérations. Rappelez-vous simplement que Dieu est la pensée initiatrice et le Fils le verbe expressif. Dans chaque univers local, cette inséparabilité est personnalisée dans la divinité du Fils Créateur, qui représente à la fois le Père et le Fils pour les créatures de dix-millions de mondes habités. 6:8.4 Le Fils Éternel est infini, mais on peut l’approcher par les personnes de ses Fils du Paradis et par le patient ministère de l’Esprit Infini. Sans le service d’effusion des Fils du Paradis et le ministère aimant des créatures de l’Esprit Infini, les êtres d’origine matérielle n’auraient guère l’espoir d’atteindre le Fils Éternel. Et voici qui est également vrai : avec l’aide et la gouverne de ces agents célestes, les mortels conscients de Dieu atteindront certainement le Paradis et se tiendront un jour en la présence personnelle de ce majestueux Fils des Fils. 6:8.5 Bien que le Fils Éternel soit l’archétype auquel doivent aboutir les personnalités mortelles, il vous est plus facile de saisir la réalité du Père et de l’Esprit, parce que le Père est le dispensateur effectif de votre personnalité humaine et que l’Esprit Infini est la source absolue de votre mental mortel. Mais, à mesure que vous vous élèverez dans le sentier du progrès spirituel qui mène au Paradis, la personnalité du Fils Éternel deviendra de plus en plus réelle pour vous, et la réalité de son mental infiniment spirituel deviendra plus facile à discerner par votre mental progressivement en voie de spiritualisation. 6:8.6 Le concept du Fils Éternel ne pourra jamais briller avec éclat dans votre mental matériel ni dans le mental morontiel subséquent. Il faut attendre que vous vous spiritualisiez et que vous entrepreniez votre ascension d’esprit pour que la compréhension de la personnalité du Fils Éternel commence à devenir aussi vivante que votre concept de la personnalité du Fils Créateur originaire du Paradis qui, en personne et en tant que personne, s’est une fois incarné sur Urantia et y a vécu comme un homme parmi les hommes. 6:8.7 Tout au long de votre expérience dans l’univers local, il faut que le Fils Créateur, dont la personnalité est comprise par l’homme, compense votre inaptitude à saisir la pleine signification de l’Éternel Fils du Paradis qui est plus exclusivement spirituel, mais néanmoins personnel. Lorsque vous vous élèverez en passant par Orvonton et Havona, et que vous laisserez derrière vous l’image vivace et les profonds souvenirs du Fils Créateur de votre univers local, le dépassement de votre expérience matérielle et morontielle sera compensé par des concepts toujours plus élargis et une compréhension plus intense du Fils Éternel du Paradis, dont la réalité et la proximité augmenteront constamment à mesure que vous progresserez vers le Paradis. 6:8.8 Le Fils Éternel est une grandiose et glorieuse personnalité. Bien que le mental humain et matériel n’ait pas le pouvoir de saisir l’actualité de la personnalité d’un tel être infini, ne doutez pas, il est une personne. Je sais de quoi je parle. Je me suis tenu en la présence divine de ce Fils Éternel dans des occasions presque innombrables, et j’ai voyagé ensuite dans l’univers pour exécuter ses gracieux commandements. 6:8.9 [Rédigé par un Conseiller Divin chargé de formuler cet exposé dépeignant le Fils Éternel du Paradis.] Fascicule 7. Position du Fils Éternel par rapport à l’univers 7:0.1 Le Fils Originel se préoccupe toujours d’exécuter les aspects spirituels du dessein éternel du Père, tel qu’il se déroule progressivement dans les phénomènes des univers en évolution avec leurs multiples groupes d’êtres vivants. Nous ne comprenons pas pleinement ce plan éternel, mais il est hors de doute que le Fils du Paradis le comprend. 7:0.2 Le Fils est semblable au Père en ce sens qu’il effuse le maximum de lui-même sur ses Fils coordonnés et sur leurs Fils subordonnés. Et le Fils partage la nature distributive d’elle-même du Père, dans son effusion sans réserve sur l’Esprit Infini, leur exécutant conjoint. 7:0.3 En tant que soutien des réalités spirituelles, la Source-Centre Deuxième est le contrepoids éternel de l’Ile du Paradis qui soutient si magnifiquement toutes les choses matérielles. C’est ainsi que la Source-Centre Première est perpétuellement révélée, d’une part dans la beauté matérielle des archétypes exquis de l’Ile centrale, et d’autre part dans les valeurs spirituelles de la personnalité céleste du Fils Éternel. 7:0.4 Le Fils Éternel est le soutien effectif de la vaste création des réalités d’esprit et des êtres spirituels. Le monde de l’esprit est l’habitude, la conduite personnelle du Fils, et les réalités impersonnelles de nature spirituelle répondent toujours à la volonté et au dessein de la personnalité parfaite du Fils Absolu. 7:0.5 Toutefois, le Fils n’est pas personnellement responsable de la conduite de toutes les personnalités spirituelles. La volonté des créatures personnelles est relativement libre, et détermine en conséquence les actions de ces êtres volitifs. Le monde spirituel du libre arbitre ne représente donc pas toujours vraiment le caractère du Fils Éternel, de même que la nature sur Urantia ne révèle pas vraiment la perfection et l’invariance du Paradis et de la Déité. Quelles que soient les caractéristiques des actes de libre arbitre d’un homme ou d’un ange, l’emprise éternelle du Fils sur le contrôle de la gravité universelle de toutes les réalités spirituelles continue d’être absolue. 1. Le circuit de gravité d’esprit 7:1.1 Tout ce qui a été enseigné au sujet de l’immanence de Dieu, son omniprésence, son omnipotence et son omniscience, est également vrai du Fils dans les domaines spirituels. La pure et universelle gravité d’esprit de toute la création, ce circuit exclusivement spirituel, ramène directement à la personne de la Source-Centre Deuxième au Paradis. Le Fils Éternel préside au contrôle et aux opérations de cette emprise spirituelle toujours présente et infaillible sur toutes les vraies valeurs d’esprit. C’est ainsi que le Fils Éternel exerce une souveraineté spirituelle absolue. Il tient littéralement pour ainsi dire dans le creux de sa main toutes les réalités d’esprit et les valeurs spiritualisées. Le contrôle de la gravité spirituelle universelle est la souveraineté spirituelle universelle. 7:1.2 Ce contrôle gravitationnel des choses spirituelles s’exerce indépendamment du temps et de l’espace. C’est pourquoi l’énergie d’esprit n’est pas affaiblie par la transmission. La gravité d’esprit n’est jamais retardée par le temps ni diminuée par l’espace. Elle ne décroit pas proportionnellement au carré de la distance où elle est transmise. Les circuits de pouvoir spirituel pur ne sont pas freinés par la masse de la création matérielle. Cette transcendance du temps et de l’espace par les énergies d’esprit pur est inhérente à l’absoluité du Fils. Elle n’est pas due à l’intervention des forces d’antigravité de la Source-Centre Troisième. 7:1.3 Les réalités d’esprit réagissent au pouvoir d’attraction du centre de gravité spirituelle selon leur valeur qualitative, le degré actuel de leur nature d’esprit. La substance d’esprit (qualité) répond tout aussi bien à la gravité d’esprit que l’énergie organisée de la matière physique (quantité) répond à la gravité physique. Les valeurs spirituelles et les forces d’esprit sont réelles. Du point de vue de la personnalité, l’esprit est l’âme de la création. La matière en est le corps physique fugace. 7:1.4 Les réactions et fluctuations de la gravité d’esprit sont toujours conformes au contenu des valeurs spirituelles, au statut spirituel qualitatif d’un individu ou d’un monde. Ce pouvoir d’attraction répond instantanément aux valeurs inter et intraspirituelles de toute situation d’univers ou de condition planétaire. Chaque fois qu’une réalité spirituelle s’actualise dans les univers, ce changement nécessite un rajustement immédiat et instantané de la gravité d’esprit. Ce nouvel esprit fait effectivement partie de la Source-Centre Deuxième. Et tout aussi certainement, si un mortel devient un être spiritualisé, il atteindra le Fils Spirituel, centre et source de la gravité d’esprit. 7:1.5 Le pouvoir d’attraction spirituelle du Fils est inhérent à un moindre degré chez beaucoup d’ordres paradisiaques de filiation, car, à l’intérieur du circuit absolu de gravité d’esprit, il existe des systèmes locaux d’attraction spirituelle qui fonctionnent dans les unités secondaires de la création. Ces focalisations subabsolues de la gravité d’esprit font partie de la divinité des personnalités Créatrices du temps et de l’espace, et elles sont en corrélation avec le supercontrôle expérientiel émergeant de l’Être Suprême. 7:1.6 La gravité d’esprit et la réponse à son attraction opèrent non seulement dans l’univers comme un tout, mais aussi mêmes entre les individus et les groupes d’individus. Il y a une cohésion spirituelle entre les personnes spirituelles et spiritualisées de tout monde, de toute race, de toute nation ou de tout groupe de croyants. Il existe une attirance directe de nature d’esprit entre des personnes de mentalité spirituelle ayant les mêmes gouts et les mêmes désirs profonds. L’expression esprits apparentés n’est pas entièrement une figure de rhétorique. 7:1.7 À l’instar de la gravité matérielle du Paradis, la gravité spirituelle du Fils Éternel est absolue. Le péché et la rébellion peuvent interférer avec les opérations des circuits d’un univers local, mais rien ne peut suspendre la gravité d’esprit du Fils Éternel. La rébellion de Lucifer a produit de nombreux changements dans votre système de mondes habités et sur Urantia, mais nous n’observons pas que la mise en quarantaine spirituelle de votre planète qui en a résulté ait affecté le moins du monde la présence et la fonction soit de l’esprit omniprésent du Fils Éternel, soit du circuit de gravité d’esprit qui lui est associé. 7:1.8 Toutes les réactions du circuit de gravité d’esprit du grand univers sont prévisibles. Nous reconnaissons toutes les actions et réactions de l’esprit omniprésent du Fils Éternel et nous constatons que l’on peut s’y fier. En conformité avec des lois bien connues, nous pouvons mesurer la gravité spirituelle et nous le faisons, exactement comme les hommes essayent de calculer le fonctionnement de la gravité physique finie. L’esprit du Fils fait une réponse invariante à toutes choses, tous êtres, toutes personnes spirituels ; et cette réponse est toujours conforme au degré d’actualité (degré qualitatif de réalité) de toutes ces valeurs spirituelles. 7:1.9 Mais, à côté de cette fonction très sûre et prévisible de la présence spirituelle du Fils Éternel, on rencontre des phénomènes dont les réactions ne sont pas aussi prévisibles. Ces phénomènes dénotent probablement l’action coordonnée de l’Absolu de Déité dans les domaines où émergent des potentiels spirituels. Nous savons que la présence en esprit du Fils Éternel est l’influence d’une personnalité majestueuse et infinie, mais nous ne considérons guère comme personnelles les réactions associées aux accomplissements que nous attribuons à l’Absolu de Déité. 7:1.10 Du point de vue de la personnalité et considérés par des personnes, le Fils Éternel et l’Absolu de Déité paraissent être en rapport de la manière suivante : le Fils Éternel domine le royaume des valeurs spirituelles actuelles, tandis que l’Absolu de Déité parait imprégner le vaste domaine des valeurs d’esprit potentielles. Toute valeur actuelle de nature d’esprit trouve à se loger dans l’emprise de gravité du Fils Éternel ; mais, si elle est potentielle, elle trouve apparemment sa place dans la présence de l’Absolu de Déité. 7:1.11 L’esprit semble émerger des potentiels de l’Absolu de Déité. L’esprit évoluant trouve la corrélation dans les emprises expérientielles et incomplètes du Suprême et de l’Ultime. L’esprit trouve enfin sa destination finale dans l’emprise absolue de la gravité spirituelle du Fils Éternel. Tel parait être le cycle de l’esprit expérientiel, mais l’esprit existentiel est inhérent à l’infinité de la Source-Centre Deuxième. 2. L’administration du Fils Éternel 7:2.1 Au Paradis, la présence et l’activité personnelle du Fils Originel sont profondes et, au sens spirituel, absolues. Lorsque nous sortons du Paradis à travers Havona et que nous entrons dans les royaumes des sept superunivers, nous détectons de moins en moins l’activité personnelle du Fils Éternel. Dans les univers postérieurs à Havona, la présence du Fils Éternel est personnalisée dans les Fils du Paradis, conditionnée par les réalités expérientielles du Suprême et de l’Ultime, et coordonnée avec le potentiel d’esprit illimité de l’Absolu de Déité. 7:2.2 Dans l’univers central, l’activité personnelle du Fils Originel peut se discerner dans l’harmonie spirituelle exquise de la création éternelle. Havona est si merveilleusement parfait que le statut spirituel et les états d’énergie de cet univers modèle sont en équilibre parfait et perpétuel. 7:2.3 Le Fils n’est pas personnellement présent dans les superunivers et n’y réside pas ; dans ces créations, il maintient seulement une représentation superpersonnelle. Ces manifestations d’esprit du Fils ne sont pas personnelles. Elles ne s’insèrent pas dans le circuit de personnalité du Père Universel. Nous ne trouvons pas de meilleur terme pour les désigner que celui de superpersonnalités ; et ce sont des êtres finis qui ne sont ni absonites ni absolus. 7:2.4 L’administration du Fils Éternel dans les superunivers n’est pas discernable par les personnalités des créatures parce qu’elle est exclusivement spirituelle et superpersonnelle. Néanmoins, l’impulsion spirituelle de l’influence personnelle du Fils imprègne tout et se rencontre dans toutes les phases d’activité de tous les secteurs des domaines des Anciens des Jours. Toutefois, dans les univers locaux, nous remarquons que le Fils Éternel est personnellement présent dans la personne des Fils Paradisiaques. Ici, le Fils infini opère spirituellement et créativement dans les personnes du majestueux corps des Fils Créateurs coordonnés. 3. Position du Fils Éternel par rapport aux individus 7:3.1 Au cours de leur ascension dans l’univers local, les mortels du temps considèrent le Fils Créateur comme le représentant personnel du Fils Éternel. Mais, lorsqu’ils commencent à s’élever dans le régime d’éducation du superunivers, les pèlerins du temps détectent de plus en plus la céleste présence de l’esprit inspirant du Fils Éternel, et ils sont aptes à en tirer profit en s’ouvrant à ce ministère d’énergisation spirituelle. Dans Havona, les ascendeurs deviennent encore plus conscients de l’esprit du Fils Originel, qui pénètre tout et les englobe avec amour. L’esprit du Fils Éternel n’habite le mental ou l’âme des pèlerins du temps à aucun stade de toute leur ascension de mortels ; mais sa bienfaisance est toujours proche et toujours intéressée au bien-être et à la sécurité spirituelle des enfants du temps qui s’élèvent. 7:3.2 L’attraction de la gravité spirituelle du Fils Éternel constitue le secret inhérent à l’ascension au Paradis des âmes humaines qui survivent. Toutes les valeurs spirituelles authentiques et tous les individus de bonne foi spiritualisés sont retenus dans l’emprise infaillible de la gravité spirituelle du Fils Éternel. Par exemple, le mental mortel inaugure sa carrière comme un mécanisme matériel, puis il est finalement rassemblé dans le Corps de la Finalité comme une existence d’esprit rendue presque parfaite, devenant progressivement moins sujette à la gravité matérielle et en conséquence plus sensible, durant toute cette expérience, à la pressante attraction centripète de la gravité d’esprit. Le circuit de gravité d’esprit tire littéralement l’âme des hommes vers le Paradis. 7:3.3 Le circuit de gravité d’esprit est le chenal fondamental pour transmettre les prières sincères d’un cœur humain croyant du niveau de la conscience humaine jusqu’à la conscience effective de la Déité. La partie de vos pétitions qui représente une vraie valeur spirituelle sera saisie par le circuit universel de gravité d’esprit et arrivera immédiatement et simultanément à toutes les personnalités divines intéressées. Chacune d’elles s’occupera de ce qui concerne son département personnel. Dans votre expérience religieuse pratique, lorsque vous adressez vos suppliques, il est donc indifférent de visualiser le Fils Créateur de votre univers local ou le Fils Éternel au centre de toutes choses. 7:3.4 L’opération discriminatoire du circuit de gravité d’esprit pourrait être comparée aux fonctions des circuits neuraux du corps matériel humain. Les sensations voyagent vers l’intérieur sur les sentiers neuraux. Certaines sont retenues par les centres spinaux automatiques inférieurs qui réagissent. D’autres parviennent aux centres du cerveau inférieur, moins automatiques, mais éduqués par l’habitude. Enfin, les messages vitaux les plus importants court-circuitent ces centres subordonnés et sont immédiatement enregistrés dans les niveaux supérieurs de la conscience humaine. 7:3.5 Mais combien plus parfaite est la splendide technique du monde spirituel ! Si votre conscience donne naissance à quelque chose qui comporte une valeur spirituelle suprême, et dès que vous l’exprimez, nul pouvoir dans l’univers ne peut empêcher le message d’être projeté comme un éclair jusqu’à la Personnalité Spirituelle Absolue de toute création. 7:3.6 Au contraire, si vos suppliques sont purement matérielles et entièrement centrées sur vous-mêmes, il n’existe aucun plan permettant à ces prières indignes de s’insérer dans le circuit d’esprit du Fils Éternel. Le contenu de toute pétition non « dictée par l’esprit » ne peut trouver aucune place dans le circuit spirituel universel. Ces requêtes purement égoïstes et matérielles tombent mortes. Elles ne s’élèvent pas dans le circuit des vraies valeurs d’esprit. De telles paroles sont comme « des cuivres qui résonnent et à des cymbales qui retentissent. » 7:3.7 C’est la pensée motivante, le contenu spirituel, qui valide la supplique d’un mortel. Les paroles sont sans valeurs. 4. Les plans de perfection divine 7:4.1 Le Fils Éternel est en liaison perpétuelle avec le Père dans la poursuite réussie du plan divin de progrès : le plan universel pour la création, l’évolution, l’ascension et la perfection des créatures douées de volonté. Et, en matière de fidélité divine, le Fils est l’éternel égal du Père. 7:4.2 Le Père et le Fils ne font qu’un pour formuler et poursuivre ce gigantesque plan destiné à faire avancer les êtres matériels du temps vers la perfection de l’éternité. Ce projet destiné à élever spirituellement les âmes ascendantes de l’espace est une création conjointe du Père et du Fils, et, avec la coopération de l’Esprit Infini, ils s’occupent d’exécuter en association leur divin dessein. 7:4.3 Ce plan divin pour atteindre la perfection embrasse trois aventures universelles, trois entreprises uniques bien que merveilleusement reliées. 7:4.4 1. Le plan d’aboutissement progressif. C’est le plan du Père Universel pour l’ascension par évolution. Ce programme fut accepté sans réserve par le Fils Éternel lorsqu’il concourut à la proposition du Père, « Faisons les créatures mortelles à notre propre image ». Ce dispositif pour rehausser les créatures du temps implique que le Père attribue des Ajusteurs de Pensée et dote les créatures matérielles des prérogatives de la personnalité. 7:4.5 2. Le plan d’effusion. Le plan universel qui vient ensuite est la grande entreprise du Fils Éternel et de ses Fils coordonnés pour révéler le Père. C’est le projet du Fils Éternel qui consiste à effuser les Fils de Dieu sur les créations évolutionnaires pour personnaliser et factualiser, pour incarner et rendre réels aux créatures de tous les univers l’amour du Père et la miséricorde du Fils. Les Fils du Paradis exercent une action inhérente au plan d’effusion et comme dispositif de ce ministère d’amour en réhabilitant ce que la volonté dévoyée des créatures a mis en danger spirituel. À tout moment et en tout lieu où le fonctionnement du plan d’aboutissement est retardé, si d’aventure une rébellion vient gâcher ou compliquer l’entreprise, alors les dispositifs d’urgence du plan d’effusion entrent immédiatement en action. Les Fils du Paradis se tiennent engagés et prêts à opérer comme rétablisseurs, à se rendre dans les royaumes mêmes de la rébellion et à y restaurer le statut spirituel des sphères. C’est un tel service héroïque qu’un Fils Créateur coordonné a accompli sur Urantia en relation avec sa carrière d’effusion expérientielle pour acquérir la souveraineté. 7:4.6 3. Le plan du ministère de miséricorde. Lorsque le plan d’aboutissement et le plan d’effusion eurent été formulés et proclamés, l’Esprit Infini, seul et de lui-même, projeta et mit en œuvre la formidable entreprise universelle du ministère de miséricorde. Ce service est indispensable pour le fonctionnement effectif et pratique des deux plans d’aboutissement et d’effusion, et les personnalités de la Source-Centre Troisième participent toutes de l’esprit de ministère miséricordieux qui fait tellement partie de la nature de la Troisième Personne de la Déité. C’est non seulement dans la création, mais aussi dans l’administration, que l’Esprit Infini agit vraiment et littéralement comme exécutif conjoint du Père et du Fils. 7:4.7 Le Fils Éternel est le fidéicommissaire personnel, le divin gardien du plan universel du Père pour l’ascension des créatures. Après avoir promulgué le commandement universel « Soyez parfaits comme moi-même je suis parfait », le Père confia l’exécution de cette grandiose entreprise au Fils Éternel. Et le Fils Éternel partage la charge de ce développement céleste avec son divin coordonné, l’Esprit Infini. C’est ainsi que les Déités coopèrent effectivement au travail de création, de contrôle, d’évolution, de révélation et de ministère – et, si nécessaire, à la restauration et à la réhabilitation. 5. L’esprit d’effusion 7:5.1 Le Fils Éternel s’est joint sans réserve au Père Universel pour diffuser à toute la création cette injonction formidable : « Soyez parfaits comme votre Père à Havona est parfait. » Et, depuis lors, c’est toujours cette invite et ce commandement qui ont motivé tous les plans de survie et les projets d’effusion du Fils Éternel et de sa vaste famille de Fils coordonnés et associés. Et c’est dans ces effusions mêmes que les Fils de Dieu sont devenus, pour toutes les créatures d’évolution, « le chemin, la vérité et la vie ». 7:5.2 Le Fils Éternel ne peut établir de contact direct avec les êtres humains comme le Père le fait par le don des Ajusteurs de Pensée prépersonnels. Mais le Fils Éternel s’approche effectivement des personnalités créées par une série descendante graduée de filiations divines, jusqu’à ce qu’il soit à même de se tenir en présence des hommes, parfois comme homme lui-même. 7:5.3 La nature purement personnelle du Fils Éternel est inapte à se fragmenter. Le Fils Éternel exerce son ministère comme une influence spirituelle ou comme une personne, et jamais autrement. Le Fils trouve impossible de devenir une fraction de l’expérience d’une créature, à la manière dont l’Ajusteur du Père y participe, mais le Fils Éternel compense cette limitation par la technique de l’effusion. Ce que l’expérience des entités fragmentées signifie pour le Père Universel, les expériences d’incarnation des Fils du Paradis le signifient pour le Fils Éternel. 7:5.4 Le Fils Éternel ne vient pas vers les mortels comme la volonté divine, sous l’aspect des Ajusteurs de Pensée habitant le mental des hommes, mais le Fils Éternel est effectivement venu vers les mortels d’Urantia lorsque la personnalité divine de son Fils, Micaël de Nébadon, s’est incarnée dans la nature humaine de Jésus de Nazareth. Pour partager l’expérience des personnalités créées, les Fils Paradisiaques de Dieu doivent prendre la même nature qu’elles et incarner leurs divines personnalités en tant que créatures actuelles. L’incarnation, le secret de Sonarington, est la technique du Fils pour échapper aux liens de l’absolutisme de la personnalité, qui autrement l’enchainerait totalement. 7:5.5 Il y a longtemps, très longtemps, le Fils Éternel s’est effusé sur chacun des circuits de la création centrale pour éclairer et faire progresser tous les habitants et pèlerins de Havona, y compris les pèlerins ascendants du temps. Au cours de ces sept effusions, il n’a jamais opéré ni comme un ascendeur ni comme un Havonien. Il existait en tant que lui-même. Son expérience fut unique ; il ne la fit ni avec un humain, ni comme un humain ou un autre pèlerin, mais d’une certaine manière associative au sens superpersonnel. 7:5.6 Il ne passa pas non plus par le repos intérimaire entre le circuit intérieur de Havona et les rivages du Paradis. Il n’est pas possible à un être absolu comme lui de suspendre la conscience de la personnalité, car c’est en lui que toutes les lignes de gravité spirituelle sont centrées. Durant les temps de ces effusions, le domicile paradisiaque central de la luminosité spirituelle conserva son éclat, et l’emprise du Fils sur la gravité d’esprit universelle resta entière. 7:5.7 Les effusions du Fils Éternel dans Havona sont hors de la portée de l’imagination humaine ; elles furent transcendantales. À cette époque et ultérieurement, il accrut l’expérience de tout Havona, mais nous ne savons pas s’il ajouta quelque chose à l’aptitude expérientielle présumée de sa nature existentielle. Cela tomberait dans le mystère de l’effusion des Fils du Paradis. Quoi qu’il en soit, si le Fils Éternel a acquis quelque chose au cours de ces missions d’effusion, nous croyons qu’il l’a toujours conservé depuis lors, mais nous ne savons pas de quoi il s’agit. 7:5.8 Si difficile qu’il soit pour nous de comprendre les effusions de la Deuxième Personne de la Déité, nous comprenons l’effusion dans Havona d’un Fils du Fils Éternel qui a littéralement passé par les circuits de l’univers central et effectivement partagé les expériences qui constituent la préparation d’un ascendeur pour atteindre la Déité. Il s’agit du Micaël originel, le premier-né des Fils Créateurs. Il passa par les expériences de vie des pèlerins ascendeurs, de circuit en circuit, voyageant personnellement avec eux sur un palier de chaque cercle aux jours de Grandfanda, le premier mortel qui atteignit Havona. 7:5.9 Quelles que soient les autres révélations de ce Micaël originel, il a rendu réelle pour les créatures de Havona l’effusion transcendante du Fils-Mère Originel. Il l’a rendue si réelle que, désormais et pour toujours, chaque pèlerin du temps qui peine dans le parcours aventureux des circuits de Havona en est réjoui et encouragé par la certitude que le Fils Éternel de Dieu a sept fois abdiqué le pouvoir et la gloire du Paradis pour participer aux expériences des pèlerins de l’espace-temps sur les sept circuits d’aboutissement progressif de Havona. 7:5.10 Le Fils Éternel est l’exemple inspirant pour tous les Fils de Dieu dans leurs ministères d’effusion dans les univers du temps et de l’espace. Les Fils Créateurs coordonnés et les Fils Magistraux associés, ainsi que d’autres ordres de filiation non révélés, partagent tous ce merveilleux empressement à s’effuser sur les divers ordres de vie des créatures, et en tant que créatures. C’est pourquoi, en esprit, et à cause de leur parenté de nature et du fait de leur origine, il devient vrai que, par les effusions de chaque Fils de Dieu sur les mondes de l’espace, en elles et grâce à elles, le Fils Éternel s’est effusé lui-même sur les créatures volitives intelligentes des univers. 7:5.11 En esprit et en nature, sinon dans tous ses attributs, chaque Fils du Paradis est une reproduction divinement parfaite du Fils Originel. Il est littéralement vrai que quiconque a vu un Fils du Paradis a vu le Fils Éternel de Dieu. 6. Les Fils Paradisiaques de Dieu 7:6.1 L’absence de connaissance sur les multiples Fils de Dieu est une source de grande confusion sur Urantia. Cette ignorance persiste malgré des exposés comme le compte rendu d’un conclave de ces personnalités divines : « Quand les Fils de Dieu proclamaient la joie et que toutes les Étoiles du Matin chantaient ensemble. » Lors de chaque millénaire du temps standard d’un secteur, les divers ordres de Fils divins se réunissent pour leurs conclaves périodiques. 7:6.2 Le Fils Éternel est la source personnelle des adorables attributs de miséricorde et de service qui caractérisent si abondamment, dans toute la création, tous les ordres de Fils descendants de Dieu qui y fonctionnent. Le Fils Éternel transmet infailliblement toute la nature divine, sinon toute l’infinité de ses attributs, aux Fils du Paradis qui sortent de l’Ile éternelle pour révéler son caractère divin à l’univers des univers. 7:6.3 Le Fils Originel et Éternel est le descendant personnifié de la « première » pensée parachevée et infinie du Père Universel. Chaque fois que le Père Universel et le Fils Éternel projettent conjointement une pensée personnelle, nouvelle, originale, identique, unique et absolue, cette idée créatrice est parfaitement et définitivement personnalisée à l’instant même dans l’être et la personnalité d’un Fils Créateur nouveau et original. En nature d’esprit, sagesse divine et pouvoir créateur coordonné, ces Fils Créateurs sont potentiellement égaux à Dieu le Père et à Dieu le Fils. 7:6.4 Les Fils Créateurs s’en vont du Paradis dans les univers du temps et, avec la coopération des agents contrôleurs et créateurs de la Source-Centre Troisième, ils parachèvent l’organisation des univers locaux d’évolution progressive. Ces Fils ne sont ni attachés ni intéressés au contrôle central et universel de la matière, du mental et de l’esprit. Ils sont donc limités dans leurs actes créateurs par la préexistence, la priorité et la primauté de la Source-Centre Première et de ses Absolus coordonnés. Ces Fils ne sont aptes à administrer que ce qu’ils amènent à l’existence. L’administration absolue est inhérente à la priorité d’existence et inséparable de l’éternité de présence. Le Père reste primordial dans les univers. 7:6.5 Ce sont le Père et le Fils qui personnalisent les Fils Créateurs. D’une manière assez similaire, les Fils Magistraux sont personnalisés par le Fils et l’Esprit. Au cours des expériences d’incarnation en tant que créatures, ce sont eux qui méritent le droit de servir comme juges de la survie dans les créations de l’espace et du temps. 7:6.6 Le Père, le Fils et l’Esprit s’unissent aussi pour personnaliser les Fils Instructeurs de la Trinité, qui sont doués de talents variés et parcourent le grand univers comme instructeurs célestes de toutes les personnalités humaines et divines. Et il y a de nombreux autres ordres de filiations paradisiaques qui n’ont pas été portés à l’attention des mortels d’Urantia. 7:6.7 Entre le Fils-Mère Originel et ces multitudes de Fils du Paradis répandus partout dans la création, il y a un canal de communication direct et exclusif, canal dont la fonction est inhérente à la qualité de parenté spirituelle qui les unit par des liens d’association spirituelle presque absolue. Ce circuit interfilial est entièrement différent du circuit universel de gravité d’esprit qui converge aussi dans la personne de la Source-Centre Deuxième. Tous les Fils de Dieu issus des personnes des Déités du Paradis sont en communication directe et constante avec le Fils-Mère Éternel. Et cette communication est instantanée ; elle est indépendante du temps, bien que parfois conditionnée par l’espace. 7:6.8 Non seulement le Fils Éternel connait parfaitement à tout instant le statut, les pensées et les multiples activités de tous les ordres de filiation paradisiaque, mais il a aussi à chaque instant une connaissance parfaite de tout ce qui possède une valeur spirituelle dans le cœur de toutes les créatures de la création primaire centrale de l’éternité et des créations temporelles secondaires des Fils Créateurs coordonnés. 7. La révélation suprême du Père 7:7.1 Le Fils Éternel est une révélation complète, exclusive, universelle et finale de l’esprit et de la personnalité du Père Universel. Il faut que toute connaissance du Père et tout renseignement le concernant proviennent du Fils Éternel et de ses Fils du Paradis. Le Fils Éternel est de toute éternité et il est un avec le Père, entièrement et sans restriction spirituelle. En personnalité divine, ils sont coordonnés ; en nature spirituelle, ils sont égaux ; en divinité, ils sont identiques. 7:7.2 Il serait impossible que le caractère de Dieu fût amélioré intrinsèquement dans la personne du Fils, car le divin Père est infiniment parfait, mais dépouillée de tout ce qui n’est ni spirituel ni personnel, la révélation de ce caractère et de cette personnalité aux créatures est amplifiée. La Source-Centre Première est beaucoup plus qu’une personnalité, mais toutes les qualités d’esprit de la personnalité paternelle de la Source-Centre Première sont spirituellement présentes dans la personnalité absolue du Fils Éternel. 7:7.3 Le Fils primordial et ses Fils ont entrepris d’apporter à toute la création une révélation universelle de la nature spirituelle et personnelle du Père. Dans l’univers central, les superunivers, les univers locaux, ou sur les planètes habitées, c’est un Fils du Paradis qui révèle le Père Universel aux hommes et aux anges. Le Fils Éternel et ses Fils révèlent le chemin d’approche de la créature vers le Père Universel. Même nous, qui sommes de haute origine, nous comprenons beaucoup plus complètement le Père en étudiant la révélation de son caractère et de sa personnalité chez le Fils Éternel et les Fils du Fils Éternel. 7:7.4 Le Père ne descend vers vous en tant que personnalité que par les Fils divins du Fils Éternel ; et vous atteignez le Père par le même chemin vivant. Vous montez vers le Père en étant guidés par ce groupe de Fils divins. Et cela reste vrai, bien que votre personnalité soit elle-même un don direct du Père Universel. 7:7.5 Dans toutes ces activités étendues de la vaste administration spirituelle du Fils Éternel, n’oubliez pas que le Fils est vraiment et effectivement une personne tout comme le Père est une personne. En vérité, pour les êtres qui une fois ont été humains, il sera plus facile d’approcher le Fils Éternel que le Père Universel. En progressant comme pèlerins du temps à travers les circuits de Havona, vous serez qualifiés pour atteindre le Fils bien avant d’être aptes à discerner le Père. 7:7.6 Vous devriez mieux comprendre le caractère et la nature miséricordieuse du Fils Éternel de miséricorde en méditant la révélation de ces divins attributs qui a été faite en service expression de l’amour par votre propre Fils Créateur, jadis Fils de l’Homme sur la terre, maintenant souverain exalté de votre univers local – le Fils de l’Homme et le Fils de Dieu. 7:7.7 [Rédigé par un Conseiller Divin chargé de formuler cet exposé dépeignant le Fils Éternel du Paradis.] Fascicule 8. L’Esprit Infini 8:0.1 Dans l’éternel passé, lorsque la « première » pensée infinie et absolue du Père Universel trouve dans le Fils Éternel un verbe aussi parfait et adéquat pour son expression divine, il en résulte que le Dieu-Pensée et le Dieu-Verbe éprouvent tous deux le désir suprême d’avoir un agent universel et infini d’expression mutuelle et d’action conjuguée. 8:0.2 À l’aurore de l’éternité, le Père et le Fils deviennent tous deux infiniment instruits de leur mutuelle interdépendance, de leur unité éternelle et absolue. En conséquence, ils entrent dans un pacte infini et perpétuel d’association divine. Cet accord sans fin est conclu pour réaliser leurs concepts communs d’un bout à l’autre du cercle de l’éternité. Et, depuis cet évènement éternel, le Père et le Fils continuent toujours cette union divine. 8:0.3 Nous abordons maintenant de face l’origine dans l’éternité de l’Esprit Infini, la Troisième Personne de la Déité. À l’instant même où Dieu le Père et Dieu le Fils conçoivent conjointement une action identique et infinie – l’exécution d’un plan-pensée absolu – l’Esprit Infini, en possession de tous ses moyens, jaillit instantanément à l’existence. 8:0.4 En exposant ainsi l’ordre d’origine des Déités, je ne cherche qu’à vous permettre de penser à leurs relations. En réalité, elles existent toutes les trois depuis l’éternité ; elles sont existentielles. Leurs jours n’ont ni commencement ni fin. Elles sont coordonnées, suprêmes, ultimes, absolues et infinies. Elles sont, elles ont toujours été et elles seront toujours. Ce sont trois personnes distinctement individualisées, mais éternellement associées, Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu l’Esprit. 1. Le Dieu d’action 8:1.1 Dans l’éternité du passé, lorsque l’Esprit Infini est personnalisé, le divin cycle de personnalité devient parfait et complet. Le Dieu d’Action est existant, et la vaste scène de l’espace est prête pour le prodigieux drame de la création – l’aventure universelle – le divin panorama des âges éternels. 8:1.2 Le premier acte de l’Esprit Infini est d’inspecter et de reconnaitre ses divins parents, le Père-Père et le Fils-Mère. Lui, l’Esprit, les identifie tous deux sans réserve. Il est pleinement instruit de leurs personnalités séparées et de leurs attributs infinis, aussi bien que de leur nature conjuguée et de leur fonction unifiée. Ensuite et volontairement, avec une bonne volonté transcendante et une spontanéité inspirante, la Troisième Personne de la Déité, nonobstant son égalité avec les Première et Seconde Personnes, s’engage à être éternellement loyal envers Dieu le Père et reconnait qu’elle dépend perpétuellement de Dieu le Fils. 8:1.3 Le cycle de l’éternité est établi ; il est inhérent à la nature de cette opération, à la reconnaissance mutuelle de l’indépendance de personnalité de chacune des Déités et à l’union exécutive de toutes les trois. La Trinité du Paradis est existante. La scène de l’espace universel est prête pour le multiple panorama sans fin où le dessein du Père Universel se déroule de façon créatrice à travers la personnalité du Fils Éternel et par les actes du Dieu d’Action, l’agent exécutif des accomplissements de réalité de l’association créatrice Père-Fils. 8:1.4 Le Dieu d’Action entre en fonction, et les voutes inertes de l’espace s’animent. Un milliard de sphères parfaites jaillissent à l’existence. Avant cet instant hypothétique d’éternité, les énergies d’espace inhérentes au Paradis sont existantes et potentiellement opérationnelles, mais n’ont pas d’existence actuelle ; la gravité physique ne peut non plus être mesurée si ce n’est par la réaction des réalités matérielles à son incessante attraction. Il n’y a pas d’univers matériel à ce moment (présumé) éternellement lointain, mais, à l’instant même où un milliard de mondes se matérialisent, il y a, en évidence, une gravité suffisante et adéquate pour les maintenir dans l’éternelle emprise du Paradis. 8:1.5 Maintenant, la seconde forme d’énergie jaillit à travers la création des Dieux, et cet esprit effluent est aussitôt saisi par la gravité spirituelle du Fils Éternel. Ainsi l’univers, embrassé par une double gravité, est touché par l’énergie d’infinité et immergé dans l’esprit de divinité. Le terrain de vie est ainsi préparé pour la conscience du mental, rendue manifeste dans les circuits d’intelligence associés de l’Esprit Infini. 8:1.6 Le Père agit sur ces germes d’existence potentielle partout diffusés dans la création centrale des Dieux, et la personnalité des créatures apparait. Alors la présence des Déités du Paradis remplit tout l’espace organisé et commence effectivement à attirer tous les êtres et toutes les choses vers le Paradis. 8:1.7 L’Esprit Infini s’éternalise concurremment avec la naissance des mondes de Havona, cet univers central étant créé par lui, avec lui et en lui pour obéir aux concepts conjugués et aux volontés unies du Père et du Fils. La Troisième Personne se déifie par cet acte même de création conjointe et devient ainsi pour toujours le Créateur Conjoint. 8:1.8 Tels sont les grands et solennels moments d’expansion créatrice du Père et du Fils, par et dans l’action de leur associé conjoint et agent exclusif d’exécution, la Source-Centre Troisième. Il n’existe pas d’archives sur ces temps passionnants. Nous ne disposons que des maigres divulgations de l’Esprit Infini pour justifier ces puissantes opérations. Et il confirme simplement le fait que l’univers central avec tout ce qui lui appartient est devenu éternel en même temps que lui, l’Esprit Infini, atteignait la personnalité et l’existence consciente. 8:1.9 En bref, l’Esprit Infini témoigne que, puisqu’il est éternel, l’univers central l’est aussi. Tel est le point de départ traditionnel de l’histoire de l’univers des univers. On ne connait absolument rien et il n’existe pas d’archives concernant une quelconque affaire ou évènement antérieur à cette prodigieuse éruption d’énergie créatrice et de sagesse administrative qui a cristallisé l’immense univers existant et fonctionnant avec tant de charme au centre de toutes choses. Au-delà de cet évènement s’étendent les insondables opérations de l’éternité et les profondeurs de l’infinité – mystère absolu. 8:1.10 Nous dépeignons ainsi l’origine séquentielle de la Source-Centre Troisième comme une interprétation condescendante pour le mental des créatures mortelles lié par le temps et conditionné par l’espace. Il faut un point de départ au mental humain pour se représenter l’histoire de l’univers, et j’ai reçu la consigne de fournir cette technique pour s’approcher du concept historique d’éternité. Dans le mental matériel, la logique exige une Cause Première. Nous posons donc en postulat que le Père Universel est la Source Première et le Centre Absolu de toute création. En même temps, nous enseignons au mental de toutes les créatures que le Fils et l’Esprit sont coéternels avec le Père dans toutes les phases de l’histoire universelle et dans tous les domaines d’activité créatrice. Et nous le faisons sans négliger en aucun sens la réalité et l’éternité de l’Ile du Paradis et des Absolus Non Qualifié, Universel et de Déité. 8:1.11 C’est aller assez loin pour le mental matériel des enfants du temps que de concevoir le Père dans l’éternité. Nous savons que la meilleure manière pour un enfant de se relier à la réalité consiste d’abord à maitriser les relations de la situation parent-enfant, et ensuite à élargir ce concept pour embrasser la famille comme un tout. Par la suite, le mental croissant de l’enfant sera capable de s’adapter au concept des relations de famille, aux relations de la communauté, de la race et du monde, puis à celles de l’univers, du superunivers, et même de l’univers des univers. 2. La nature de l’Esprit Infini 8:2.1 Le Créateur Conjoint est de toute éternité, et il est un avec le Père Universel et le Fils Éternel, entièrement et sans réserve. L’Esprit Infini reflète à la perfection non seulement la nature du Père du Paradis, mais aussi la nature du Fils Originel. 8:2.2 La Source-Centre Troisième est connue sous de nombreux titres : l’Esprit Universel, le Guide Suprême, le Créateur Conjoint, le Divin Exécutif, le Mental Infini, l’Esprit des Esprits, l’Esprit-Mère du Paradis, l’Acteur Conjoint, le Coordonnateur Final, l’Esprit Omniprésent, l’Intelligence Absolue, l’Action Divine, et, sur Urantia, on la confond parfois avec le mental cosmique. 8:2.3 Il est tout à fait approprié d’appeler Esprit Infini la Troisième Personne de la Déité, car Dieu est esprit. Mais les créatures matérielles ont tendance à commettre l’erreur de considérer la matière comme une réalité fondamentale, et le mental ainsi que l’esprit comme des postulats prenant racine dans la matière. Elles comprendraient mieux la Source-Centre Troisième si elles l’appelaient la Réalité Infinie, l’Organisateur Universel ou le Coordonnateur des Personnalités. 8:2.4 En tant que révélation universelle de la divinité, l’Esprit Infini est insondable et complètement au-delà des bornes de la compréhension humaine. Pour pressentir le caractère absolu de l’Esprit, il vous suffit de contempler l’infinité du Père Universel et d’être plein de respect devant l’éternité du Fils Originel. 8:2.5 Il y a, en vérité, du mystère dans la personne de l’Esprit Infini, mais pas autant que dans le Père et le Fils. De tous les aspects de la nature du Père, c’est son infinité que l’Acteur Conjoint dévoile de la manière la plus frappante. Même si le maitre univers s’amplifiait jusqu’à l’infinité, la présence spirituelle, le contrôle énergétique et le potentiel mental de l’Acteur Conjoint seraient adéquats pour faire face aux exigences de cette création illimitée. 8:2.6 Bien qu’il partage de toutes les manières la perfection, la droiture et l’amour du Père Universel, l’Esprit Infini incline vers les attributs de miséricorde du Fils Éternel devenant ainsi le ministre de miséricorde des Déités du Paradis pour le grand univers. Partout et toujours – universellement et éternellement – l’Esprit est un ministre de miséricorde, car, de même que les Fils divins révèlent l’amour de Dieu, l’Esprit divin dépeint la miséricorde de Dieu. 8:2.7 L’Esprit ne saurait avoir plus de bonté que le Père, puisque toute bonté prend son origine dans le Père, mais c’est dans les actes de l’Esprit que nous pouvons le mieux comprendre cette bonté. La fidélité du Père et la constance du Fils sont rendues très réelles aux êtres d’esprit et aux créatures matérielles des sphères par le ministère d’amour et le service continuel des personnalités de l’Esprit Infini. 8:2.8 Le Créateur Conjoint hérite de toute la beauté de pensée et de tout le caractère de vérité du Père. Et ces traits sublimes de divinité sont coordonnés dans les niveaux quasi suprêmes du mental cosmique qui est subordonné à la sagesse éternelle et infinie du mental inconditionné et sans limite de la Source-Centre Troisième. 3. Position de l’Esprit par rapport au Père et au Fils 8:3.1 Le Fils Éternel est le verbe exprimant la « première » pensée absolue et infinie du Père Universel ; similairement, l’Acteur Conjoint est l’exécution parfaite du « premier » concept créateur complet ou plan pour une action conjuguée de l’association de personnalité Père-Fils, faite d’une union absolue pensée-verbe. La Source-Centre Troisième s’éternise concurremment avec la création centrale issue du fiat et, seule parmi les univers, cette création centrale jouit d’une existence éternelle. 8:3.2 Depuis la personnalisation de la Source Troisième, la Source Première ne participe plus personnellement à la création de l’univers. Le Père Universel délègue tout ce qui est possible à son Fils Éternel. Similairement, le Fils Éternel confère au Créateur Conjoint toute l’autorité et tout le pouvoir possibles. 8:3.3 Comme partenaires et par leurs personnalités coordonnées, le Fils Éternel et le Créateur Conjoint ont projeté et façonné tous les univers qui ont été amenés à l’existence après Havona. Dans toutes les créations subséquentes, l’Esprit entretient les mêmes relations avec le Fils que le Fils avec le Père dans la première création centrale. 8:3.4 Ce sont un Fils Créateur du Fils Éternel et un Esprit Créatif de l’Esprit Infini qui vous ont créés ainsi que votre univers ; et, pendant que le Père maintient fidèlement ce qu’ils ont organisé, il appartient à ce Fils de l’Univers et à cet Esprit de l’Univers d’entretenir et de soutenir leur œuvre ainsi que d’apporter leur ministère aux créatures qu’ils ont eux-mêmes façonnées. 8:3.5 L’Esprit Infini est l’agent effectif du Père tout-aimant et du Fils tout-miséricordieux pour exécuter leur projet conjoint d’attirer vers eux-mêmes toutes les âmes aimant la vérité dans tous les mondes du temps et de l’espace. Dès l’instant où le Fils Éternel accepta le plan de son Père pour permettre aux créatures des univers d’atteindre la perfection, dès que le projet d’ascension devint un plan Père-Fils, l’Esprit Infini devint instantanément l’administrateur conjoint du plan du Père et du Fils dans l’exécution de leur dessein éternel et unifié. En agissant ainsi, l’Esprit Infini vouait au Père et au Fils toutes les ressources de sa divine présence et des personnalités spirituelles. Il a tout dédié au prodigieux plan destiné à exalter toutes les créatures volitives survivantes jusqu’aux hauteurs divines de la perfection du Paradis. 8:3.6 L’Esprit Infini est une révélation complète, exclusive et universelle du Père Universel et de son Fils Éternel. Toute connaissance de l’association Père-Fils doit s’acquérir par l’Esprit Infini, représentant conjoint de la divine union pensée-verbe. 8:3.7 Le Fils Éternel est l’unique voie d’approche vers le Père Universel, et l’Esprit Infini est le seul moyen d’atteindre le Fils Éternel. C’est seulement grâce au patient ministère de l’Esprit que les êtres ascendants du temps sont capables de découvrir le Fils. 8:3.8 Au centre de toutes choses, l’Esprit Infini est la première Déité du Paradis atteinte par les pèlerins ascendants. La Troisième Personne enveloppe la Seconde et la Première, et c’est pourquoi il faut qu’elle soit toujours la première reconnue par les candidats désireux d’être présentés au Fils et au Père. 8:3.9 Et il y a beaucoup d’autres manières pour l’Esprit de représenter pareillement et de servir similairement le Père et le Fils. 4. L’Esprit de ministère divin 8:4.1 En parallèle avec l’univers physique où la gravité du Paradis maintient la cohésion de toutes choses, il y a l’univers spirituel où le verbe du Fils interprète la pensée de Dieu, et, lorsque ce verbe est « fait chair », il démontre l’amour miséricordieux de la nature conjuguée des Créateurs associés. Mais, dans toute cette création matérielle et spirituelle, et à travers elle, il y a une vaste scène où l’Esprit Infini et sa descendance d’esprits proclament la miséricorde, la patience et l’affection continuellement conjuguées des parents divins envers les enfants intelligents qu’ils ont projetés et façonnés en coopération. L’essence du caractère divin de l’Esprit est de servir perpétuellement le mental. Et toute la descendance spirituelle de l’Acteur Conjoint participe à ce désir d’offrir son ministère, à cette divine impulsion de servir. 8:4.2 Dieu est amour, le Fils est miséricorde, l’Esprit est ministère – le ministère d’amour divin et de miséricorde sans fin pour toute la création intelligente. L’Esprit est la personnification de l’amour du Père et de la miséricorde du Fils ; en lui, ils sont éternellement unis pour le service universel. L’Esprit est amour appliqué à la création des créatures, l’amour conjugué du Père et du Fils. 8:4.3 Sur Urantia, on connait l’Esprit Infini comme une influence omniprésente, une présence universelle, mais, dans Havona, vous le connaitrez comme une présence personnelle de ministère actuel. Ici, le ministère de l’Esprit du Paradis est le modèle exemplaire et inspirant pour chacun de ses Esprits coordonnés et pour toutes les personnalités subordonnées tutélaires des êtres créés sur les mondes du temps et de l’espace. Dans ce divin univers, l’Esprit Infini a pleinement participé aux sept apparitions transcendantales du Fils Éternel ; de même, il a participé avec l’originel Fils Micaël aux sept effusions sur les circuits de Havona, et il est devenu ainsi un ministre spirituel sympathisant et compréhensif pour chacun des pèlerins du temps qui traversent ces parfaits cercles supérieurs. 8:4.4 Lorsqu’un Fils-Créateur de Dieu accepte de devenir responsable d’un univers local en projet en tant que créateur, les personnalités de l’Esprit Infini s’engagent à être les ministres infatigables de ce Fils Micaël dès qu’il entreprendra sa mission d’aventure créatrice. C’est spécialement dans les personnes des Filles Créatrices, les Esprits-Mères des univers locaux, que nous trouvons l’Esprit Infini dévoué à la tâche de favoriser l’ascension des créatures matérielles à des niveaux de plus en plus élevés d’accomplissement spirituel. Et tout ce travail de ministère auprès des créatures s’effectue en harmonie parfaite avec les desseins des Fils Créateurs de ces univers locaux, et en association étroite avec leur personnalité. 8:4.5 De même que les Fils de Dieu sont occupés à la gigantesque tâche de révéler la personnalité d’amour du Père à un univers, de même l’Esprit Infini se consacre au ministère sans fin destiné à révéler l’amour conjugué du Père et du Fils au mental individuel de chacun des enfants de chaque univers. Dans ces créations locales, l’Esprit ne descend pas vers les races matérielles dans la similitude de la chair mortelle, comme le font certains Fils de Dieu, mais l’Esprit Infini et ses Esprits coordonnés s’abaissent eux-mêmes, ils subissent joyeusement une étonnante série d’atténuations de leur divinité, jusqu’à ce qu’ils apparaissent comme anges pour se tenir à vos côtés et vous guider à travers les humbles sentiers de l’existence terrestre. 8:4.6 Par cette série dégradée, l’Esprit Infini réussit effectivement en tant que personne à approcher de très près chaque être des sphères d’origine animale. Et l’Esprit fait tout cela sans invalider le moins du monde son existence de Troisième Personne de la Déité au centre de toutes choses. 8:4.7 Le Créateur Conjoint est vraiment et pour toujours la grande personnalité tutélaire, le ministre universel de la miséricorde. Pour comprendre le ministère de l’Esprit, réfléchissez à cette vérité qu’il est le portrait conjugué de l’amour sans fin du Père et de l’éternelle miséricorde du Fils. Toutefois, le ministère de l’Esprit n’est pas uniquement limité à la représentation du Fils Éternel et du Père Universel. L’Esprit Infini détient aussi le pouvoir de servir les créatures du royaume en son propre nom et de son propre chef ; la Troisième Personne est divine en dignité et effuse aussi le ministère universel de miséricorde pour son propre compte. 8:4.8 À mesure que l’homme en apprendra davantage sur le ministère aimant et infatigable exercé par les ordres inférieurs de la famille des créatures de cet Esprit Infini, il admirera et adorera d’autant plus la nature transcendante et le caractère incomparable de cette Action conjuguée du Père Universel et du Fils Éternel. En vérité, cet Esprit est « les yeux du Seigneur qui veillent toujours sur les justes » et « les oreilles divines qui sont toujours ouvertes à leurs prières ». 5. La présence de Dieu 8:5.1 L’attribut remarquable de l’Esprit Infini est l’omniprésence. D’un bout à l’autre de l’univers des univers, on constate partout la présence de cet esprit qui imprègne tout et qui ressemble tant à la présence d’un mental universel et divin. La Seconde et la Troisième Personne de la Déité sont toutes deux représentées sur tous les mondes par leurs esprits toujours présents. 8:5.2 Le Père est infini et n’est donc limité que par volition. Dans l’attribution des Ajusteurs et dans l’encircuitement de la personnalité, le Père agit seul, mais, dans le contact des forces d’esprit avec des êtres intelligents, il utilise les esprits et les personnalités du Fils Éternel et de l’Esprit Infini ; il est à volonté spirituellement présent à égalité avec le Fils ou avec l’Acteur Conjoint. Il est présent avec le Fils et dans l’Esprit. Très certainement, le Père est présent partout, et nous discernons sa présence par et dans toutes ces forces, influences et présences diverses, mais associées. 8:5.3 Dans vos écrits sacrés, il semble que le terme Esprit de Dieu soit employé indifféremment pour désigner à la fois l’Esprit Infini au Paradis et l’Esprit Créatif de votre univers local. Le Saint-Esprit est le circuit spirituel de cette Fille Créatrice de l’Esprit Paradisiaque Infini. Le Saint-Esprit est un circuit indigène dans chaque univers local et il est confiné au domaine spirituel de cette création, mais l’Esprit Infini est omniprésent. 8:5.4 Il y a de nombreuses influences spirituelles, mais elles ne font qu’un. Même le travail des Ajusteurs de Pensée, qui est indépendant de toutes les autres influences, coïncide invariablement avec le ministère d’esprit des influences conjuguées de l’Esprit Infini et de l’Esprit-Mère d’un univers local. Ces présences spirituelles, telles qu’elles agissent dans la vie des Urantiens, ne peuvent pas être dissociées. Elles opèrent dans votre mental et sur votre âme comme un seul esprit, malgré leurs origines diverses. Et, à mesure que vous acquérez l’expérience de ce ministère spirituel unifié, il devient pour vous l’influence du Suprême « qui est toujours apte à prévenir vos défaillances et à vous présenter irréprochables devant votre Père céleste ». 8:5.5 Rappelez-vous toujours que l’Esprit Infini est l’Acteur Conjoint. Le Père et le Fils opèrent tous deux en lui et par lui. Il est présent non seulement par lui-même, mais en tant que Père, que Fils et que Père-Fils. En reconnaissance de ce fait et pour beaucoup de raisons additionnelles, on se réfère souvent à la présence spirituelle de l’Esprit Infini comme à « l’esprit de Dieu ». 8:5.6 Il serait également logique de se référer à la liaison de tous les ministères spirituels comme à l’esprit de Dieu, car cette liaison est vraiment l’union des esprits de Dieu le Père, Dieu le Fils, Dieu l’Esprit et Dieu le Septuple – voire, l’esprit de Dieu le Suprême. 6. Personnalité de l’Esprit Infini 8:6.1 Ne permettez pas à l’effusion généralisée et à la vaste diffusion de la Source-Centre Troisième d’obscurcir ou de minimiser le fait de sa personnalité. L’Esprit Infini est une présence dans l’univers, une action éternelle, un pouvoir cosmique, une sainte influence et un mental universel ; il est tout cela et infiniment davantage, mais il est aussi une personnalité véritable et divine. 8:6.2 L’Esprit Infini est une personnalité complète et parfaite, le divin égal et le coordonné du Père Universel et du Fils Éternel. Le Créateur Conjoint est tout aussi réel et visible pour les intelligences supérieures des univers que le Père et le Fils. En vérité, il l’est davantage, car c’est l’Esprit que tous les ascendeurs doivent atteindre avant de pouvoir approcher le Père par le Fils. 8:6.3 L’Esprit Infini, la Troisième Personne de la Déité, possède tous les attributs que vous attachez à la personnalité. L’Esprit est doté d’un mental absolu : « L’Esprit sonde toutes choses, même les choses profondes de Dieu. » L’Esprit est doté non seulement de mental, mais aussi de volonté. Au sujet de l’effusion de ses dons, il a été écrit : « Mais le seul et même Esprit opère toutes ces choses, distribuant à chacun en particulier comme il lui plait. » 8:6.4 « L’amour de l’Esprit » est réel ainsi d’ailleurs que ses chagrins ; donc « n’attristez pas l’Esprit de Dieu ». Lorsque nous observons l’Esprit Infini soit comme une Déité du Paradis, soit comme l’Esprit Créatif d’un univers local, nous constatons que le Créateur Conjoint n’est pas seulement la Source-Centre Troisième, mais aussi une personne divine. Cette personnalité divine réagit également à l’univers comme une personne. L’Esprit vous dit : « Que celui qui a des oreilles écoute ce que dit l’Esprit. » « L’Esprit lui-même intercède pour vous. » L’Esprit exerce une influence directe et personnelle sur les êtres créés, « car tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont les Fils de Dieu ». 8:6.5 Bien que nous constations le phénomène de l’Esprit Infini exerçant son ministère dans les mondes lointains de l’univers des univers, bien que nous envisagions cette même Déité coordonnatrice comme agissant dans et par les innombrables légions des multiples êtres issus de la Source-Centre Troisième, bien que nous reconnaissions l’omniprésence de l’Esprit, nous continuons néanmoins d’affirmer que cette Source-Centre Troisième est une personne, le Créateur Conjoint de toutes les choses, de tous les êtres et de tous les univers. 8:6.6 Dans l’administration des univers, le Père, le Fils et l’Esprit sont parfaitement et éternellement interassociés. Bien que chacun d’eux soit engagé dans un ministère personnel auprès de toute la création, ils sont tous trois divinement et absolument solidaires dans le service de création et de contrôle qui les rend à jamais un. 8:6.7 Dans la personne de l’Esprit Infini, le Père et le Fils sont toujours mutuellement présents avec une perfection non qualifiée, car l’Esprit ressemble au Père et ressemble au Fils, mais ressemble aussi au Père et au Fils, puisque les deux ne font qu’un éternellement. 8:6.8 [Présenté sur Urantia par un Conseiller Divin d’Uversa chargé par les Anciens des Jours de dépeindre la nature et l’œuvre de l’Esprit Infini.] Fascicule 9. Position de l’Esprit Infini par rapport à l’univers 9:0.1 Lorsque le Père Universel et le Fils Éternel s’unirent en présence du Paradis pour se personnaliser, il se produisit une chose étrange. Rien dans cette situation d’éternité ne laissait prévoir que l’Acteur Conjoint se personnaliserait comme une spiritualité illimitée coordonnée avec un mental absolu et dotée de prérogatives uniques pour manipuler l’énergie. Sa venue à l’existence achève de libérer le Père des liens de la perfection centralisée et des chaines de l’absolutisme de la personnalité. Et cette libération est dévoilée dans le stupéfiant pouvoir du Créateur Conjoint de créer des êtres bien adaptés pour servir d’esprits tutélaires, même aux créatures matérielles des univers qui évolueront ultérieurement. 9:0.2 Le Père est infini en amour et en volition, en pensée et dessein spirituels ; il est le soutien universel. Le Fils est infini en sagesse et en vérité, en expression et interprétations spirituelles ; il est le révélateur universel. Le Paradis est infini en potentiel pour doter de force, et en capacité à dominer l’énergie ; il est le stabilisateur universel. L’Acteur Conjoint possède des prérogatives uniques de synthèse, une capacité infinie pour coordonner toutes les énergies existantes d’univers, tous les esprits actuels d’univers et tous les intellects réels d’univers ; la Source-Centre Troisième est l’unificateur universel des multiples énergies et des diverses créations qui sont apparues comme conséquences du plan divin et du dessein éternel du Père Universel. 9:0.3 L’Esprit Infini, le Créateur Conjoint, est un ministre divin et universel. L’Esprit dispense sans cesse la miséricorde du Fils et l’amour du Père, en harmonie même avec la justice stable, invariante et droite de la Trinité du Paradis. Son influence et ses personnalités sont toujours proches de vous ; elles vous connaissent réellement et vous comprennent vraiment. 9:0.4 Dans tous les univers, les agents de l’Acteur Conjoint manipulent sans arrêt les forces et les énergies de l’espace entier. Comme la Source-Centre Première, la Source-Centre Troisième réagit à la fois au spirituel et au matériel. L’Acteur Conjoint est la révélation de l’unité de Dieu en qui toutes choses subsistent – choses, significations et valeurs ; énergies, facultés mentales et esprits. 9:0.5 L’Esprit Infini imprègne tout l’espace ; il habite le cercle de l’éternité ; et l’Esprit, comme le Père et le Fils, est parfait et invariant – absolu. 1. Attributs de la Source-Centre Troisième 9:1.1 La Source-Centre Troisième est connue sous beaucoup de noms, tous désignant des relations et reconnaissant des fonctions. En tant que Dieu l’Esprit, il est la personnalité coordonnée et l’égal divin de Dieu le Fils et de Dieu le Père. En tant qu’Esprit Infini, il est une influence spirituelle omniprésente. En tant que Manipulateur Universel, il est l’ancêtre des créatures contrôlant le pouvoir, et l’activateur des forces cosmiques de l’espace. En tant qu’Acteur Conjoint, il est le coreprésentant et partenaire exécutif du Père-Fils. En tant que Mental Absolu, il est la source de la dotation en intellect d’un bout à l’autre des univers. En tant que Dieu d’Action, il est l’ancêtre apparent du mouvement, du changement et des relations. 9:1.2 Quelques-uns des attributs de la Source-Centre Troisième sont dérivés du Père, quelques autres du Fils, tandis que la présence active et personnelle d’autres encore n’est observée ni chez le Père ni chez le Fils. On ne peut guère expliquer ces derniers qu’en supposant que l’association Père-Fils qui éternise la Source-Centre Troisième fonctionne uniformément à l’unisson en reconnaissant le fait éternel de l’absoluité du Paradis. Le Créateur Conjoint incorpore dans leur plénitude les concepts conjugués et infinis des Première et Deuxième Personnes de la Déité. 9:1.3 Quand vous envisagez le Père comme un créateur originel et le Fils comme un administrateur spirituel, vous devriez penser à la Source-Centre Troisième comme à un coordonnateur universel, un ministre de coopération illimitée. L’Acteur Conjoint est le corrélateur de toute la réalité actuelle. Il est la Déité dépositaire de la pensée du Père et du verbe du Fils, et, lorsqu’il agit, il est éternellement attentif à l’absoluité matérielle de l’Ile centrale. La Trinité du Paradis a prescrit l’ordre universel de progrès, et la providence de Dieu est le domaine du Créateur Conjoint et de l’Être Suprême en évolution. Aucune réalité actuelle ou en voie d’actualisation ne peut éviter, en fin de compte, une relation avec la Source-Centre Troisième. 9:1.4 Le Père Universel préside aux royaumes de la préénergie, du préesprit et de la personnalité. Le Fils Éternel domine les sphères des activités spirituelles. La présence de l’Ile du Paradis unifie les domaines de l’énergie physique et du pouvoir matérialisant. L’Acteur Conjoint opère non seulement comme un esprit infini représentant le Fils, mais aussi comme un manipulateur universel des forces et des énergies du Paradis, amenant ainsi à l’existence le mental universel et absolu. L’Acteur Conjoint fonctionne dans tout le grand univers comme une personnalité positive et distincte, spécialement dans les sphères supérieures des valeurs spirituelles, des relations entre la matière et l’énergie, et des vraies significations mentales. Il fonctionne spécifiquement en tous les lieux et à tous les moments où l’énergie et l’esprit s’associent et interagissent. Il domine toutes les réactions avec le mental, il exerce un grand pouvoir dans le monde spirituel et il déploie une puissante influence sur l’énergie et la matière. En tous temps, la Source Troisième exprime la nature de la Source-Centre Première. 9:1.5 La Source-Centre Troisième partage d’une manière parfaite et sans réserve l’omniprésence de la Source-Centre Première, et elle est parfois appelée l’Esprit omniprésent. Le Dieu du mental partage d’une manière particulière et très personnelle l’omniscience du Père Universel et de son Fils Éternel. L’Esprit connait tout profondément et complètement. Le Créateur Conjoint manifeste certaines phases de l’omnipotence du Père Universel, mais n’est effectivement omnipotent que dans le domaine du mental. La Troisième Personne de la Déité est le centre intellectuel et l’administrateur universel des domaines du mental ; là il est absolu – sa souveraineté est sans réserves. 9:1.6 L’Acteur Conjoint semble trouver ses mobiles dans l’association Père-Fils, mais tous ses actes paraissent reconnaitre la relation Père-Paradis. Par moments et dans certaines fonctions, il parait compenser le développement incomplet des Déités expérientielles – Dieu le Suprême et Dieu l’Ultime. 9:1.7 Et en ceci réside un mystère infini : l’Infini révèle simultanément son infinité dans le Fils et sous la forme du Paradis, et jaillit alors à l’existence un être égal à Dieu en divinité, réflecteur de la nature spirituelle du Fils, et capable de rendre actif l’archétype du Paradis, un être provisoirement subordonné en souveraineté, mais par bien des côtés apparemment le plus doué de talents variés dans l’action. Et cette supériorité apparente dans l’action se découvre dans un attribut de la Source-Centre Troisième qui est supérieur même à la gravité physique – la manifestation universelle de l’Ile du Paradis. 9:1.8 En addition à ce supercontrôle de l’énergie et des choses physiques, l’Esprit Infini est magnifiquement doté des attributs de patience, de miséricorde et d’amour, qui se révèlent avec tant de grâce dans son ministère spirituel. L’Esprit est suprêmement compétent pour apporter l’amour et pour dominer la justice par la miséricorde. Dieu l’Esprit possède toute la bienveillance céleste et l’affection miséricordieuse du Fils Originel et Éternel. L’univers de votre origine se forge entre l’enclume de la justice et le marteau de la souffrance, mais ceux qui manient le marteau sont des enfants de miséricorde, la descendance spirituelle de l’Esprit Infini. 2. L’Esprit omniprésent 9:2.1 Dieu est esprit dans un triple sens : il est lui-même esprit ; chez son Fils, il apparait comme esprit sans restriction, et chez l’Acteur Conjoint comme un esprit allié au mental. En plus de ces réalités spirituelles, nous croyons discerner des niveaux de phénomènes d’esprit expérientiels – les esprits de l’Être Suprême, de la Déité Ultime et de l’Absolu de Déité. 9:2.2 L’Esprit Infini est tout autant un complément du Fils Éternel que le Fils est un complément du Père Universel. Le Fils Éternel est une personnalisation spiritualisée du Père ; l’Esprit Infini est une spiritualisation personnalisée du Fils Éternel et du Père Universel. 9:2.3 Il existe beaucoup de lignes de force spirituelle ouvertes et de sources de pouvoir supramatériel qui relient directement la population d’Urantia aux Déités du Paradis. Il y a la liaison directe des Ajusteurs de Pensée avec le Père Universel, l’influence générale de l’impulsion de la gravité spirituelle du Fils Éternel, et la présence spirituelle du Créateur Conjoint. Il y a une différence de fonction entre l’esprit du Fils et l’esprit de l’Esprit. Dans son ministère spirituel, la Troisième Personne peut opérer comme mental plus esprit, ou comme esprit seulement. 9:2.4 Outre ces présences paradisiaques, les Urantiens bénéficient des influences et des activités spirituelles de l’univers local et du superunivers, avec leur déploiement presque infini de personnalités aimantes qui toujours guident les êtres aux intentions sincères et au cœur honnête vers le haut et l’intérieur, vers les idéaux de divinité et le but de perfection suprême. 9:2.5 Nous connaissons la présence de l’esprit universel du Fils Éternel – nous pouvons infailliblement la reconnaitre. Quant à la présence de l’Esprit Infini, la Troisième Personne de la Déité, même l’homme mortel peut la connaitre, car les créatures matérielles peuvent effectivement faire l’expérience de l’effet bienfaisant de cette influence divine qui fonctionne comme effusion du Saint-Esprit de l’univers local sur les races de l’humanité. Dans une certaine mesure, les humains peuvent aussi devenir conscients de l’Ajusteur, la présence impersonnelle du Père Universel. Ces esprits divins qui travaillent à l’élévation des hommes et à leur spiritualisation agissent tous à l’unisson et en parfaite coopération. Ils ne font qu’un dans l’exécution spirituelle des plans pour élever les mortels et leur faire atteindre la perfection. 3. Le Manipulateur Universel 9:3.1 L’Ile du Paradis est la source et la substance de la gravité physique, et cela devrait suffire pour vous apprendre que la gravité est l’une des choses les plus réelles et éternellement fiables dans l’ensemble physique de l’univers des univers. La gravité ne peut être modifiée ou annulée que par les forces et énergies gérées conjointement par le Père et le Fils, et qu’ils ont confiées à la personne de la Source-Centre Troisième avec qui elles sont fonctionnellement associées. 9:3.2 L’Esprit Infini possède un pouvoir unique et stupéfiant, l’antigravité. Ce pouvoir n’est fonctionnellement présent (observable) ni chez le Père ni chez le Fils. L’aptitude inhérente à la Troisième Source de résister à l’attraction de la gravité matérielle se révèle dans les réactions personnelles de l’Acteur Conjoint à certaines phases de relations d’univers. Et cet attribut unique est transmissible à certaines hautes personnalités de l’Esprit Infini. 9:3.3 L’antigravité peut annuler la gravité dans un cadre local ; elle le fait par l’activité de la présence d’une force contraire équivalente. Elle n’opère que par rapport à la gravité matérielle et n’est pas une action du mental. Le phénomène d’un gyroscope résistant à la gravité est un bel exemple de l’effet de l’antigravité, mais sans valeur pour illustrer la cause de l’antigravité. 9:3.4 L’Acteur Conjoint exhibe encore d’autres pouvoirs capables de transcender la force et de neutraliser l’énergie. Ces pouvoirs opèrent en ralentissant l’énergie jusqu’à son point de matérialisation, et par d’autres techniques inconnues de vous. 9:3.5 Le Créateur Conjoint n’est ni l’énergie, ni la source de l’énergie, ni la destinée de l’énergie ; il est le manipulateur de l’énergie. Le Créateur Conjoint est action – mouvement, changement, modification, coordination, stabilisation et équilibre. Les énergies sujettes au contrôle direct ou indirect du Paradis répondent par nature aux actes de la Source-Centre Troisième et de ses multiples agents. 9:3.6 L’univers des univers est pénétré par les créatures de la Source-Centre Troisième chargées du contrôle du pouvoir : contrôleurs physiques, directeurs de pouvoir, centres de pouvoir, et autres représentants du Dieu d’Action qui ont affaire à la régulation et à la stabilisation des énergies physiques. Ces créatures uniques, aux fonctions physiques, possèdent toutes divers attributs de contrôle de pouvoir tels que l’antigravité, qu’elles utilisent dans leurs efforts pour établir l’équilibre physique de la matière et des énergies du grand univers. 9:3.7 Toutes ces activités matérielles du Dieu d’Action paraissent relier sa fonction à l’Ile du Paradis, et en vérité les agents de pouvoir tiennent compte de l’absoluité de l’Ile éternelle, et même dépendent d’elle. Mais l’Acteur Conjoint n’agit ni pour le Paradis, ni pour répondre au Paradis. Il agit personnellement pour le Père et le Fils. Le Paradis n’est pas une personne. Les agissements non personnels, impersonnels ou autres-que-personnels de la Source-Centre Troisième sont tous des actes volitifs de l’Acteur Conjoint lui-même ; ce ne sont ni des reflets, ni des dérivations, ni des répercussions de quiconque ou de quoi que ce soit. 9:3.8 Le Paradis est l’archétype de l’infinité ; le Dieu d’Action est l’animateur de cet archétype. Le Paradis est le point d’appui matériel de l’infinité ; les agents de la Source-Centre Troisième sont les leviers d’intelligence qui motivent le niveau matériel et infusent la spontanéité dans les mécanismes de la création physique. 4. Le Mental Absolu 9:4.1 La Source-Centre Troisième a une nature intellectuelle distincte de ses attributs physiques et spirituels. Il n’est guère possible de contacter cette nature, mais elle est associable – intellectuellement, sans l’être personnellement. On peut la distinguer des attributs physiques et du caractère spirituel de la Troisième Personne sur les niveaux de fonctionnement mental, mais, pour les personnalités qui cherchent à la discerner, cette nature ne fonctionne jamais indépendamment de toute manifestation physique ou spirituelle. 9:4.2 Le mental absolu est le mental de la Troisième Personne ; il est inséparable de la personnalité de Dieu l’Esprit. Chez les êtres en activité, le mental n’est pas séparé de l’énergie ou de l’esprit, ou des deux. Le mental n’est pas inhérent à l’énergie ; l’énergie est réceptive et réactive au mental. Le mental peut se surimposer à l’énergie, mais la conscience n’est pas inhérente au niveau purement matériel. Point n’est besoin d’ajouter le mental au pur esprit, car l’esprit est par nature conscient et capable d’identifier. L’esprit est toujours intelligent et dans un certain sens pourvu de mental. Il peut s’agir de tel ou tel mental, de prémental ou de supermental ou même de mental de l’esprit, mais la faculté en question équivaut à penser et à connaitre. La clairvoyance de l’esprit transcende, se surajoute et précède théoriquement la conscience du mental. 9:4.3 Le Créateur Conjoint n’est absolu que dans le domaine du mental, dans les royaumes de l’intelligence universelle. Le mental de la Source-Centre Troisième est infini ; il transcende complètement les circuits mentaux actifs et fonctionnels de l’univers des univers. La dotation mentale des sept superunivers est dérivée des Sept Maitres Esprits, les personnalités primaires du Créateur Conjoint. Ces Maitres Esprits distribuent le mental au grand univers sous la forme de mental cosmique, et votre univers local est pénétré par la variante nébadonienne du type de mental cosmique d’Orvonton. 9:4.4 Le mental infini ignore le temps, le mental ultime transcende le temps, le mental cosmique est conditionné par le temps. Il en est de même pour l’espace : le Mental Infini est indépendant de l’espace, mais, à mesure qu’il descend de l’infini vers les niveaux adjuvats du mental, il faut que l’intellect tienne de plus en plus compte du fait et des limitations de l’espace. 9:4.5 La force cosmique réagit au mental, de même que le mental cosmique réagit à l’esprit. L’esprit est le dessein divin et le mental de l’esprit est le dessein divin en action. L’énergie est chose, le mental est signification, l’esprit est valeur. Même dans le temps et l’espace, le mental établit entre l’énergie et l’esprit des relations relatives qui suggèrent une parenté mutuelle dans l’éternité. 9:4.6 Le mental transmue les valeurs de l’esprit en significations de l’intellect. La volition a le pouvoir de faire fructifier les significations du mental à la fois dans les domaines matériel et spirituel. L’ascension au Paradis implique une croissance relative et différentielle en esprit, en mental et en énergie. La personnalité est l’unificateur de ces composantes de l’individualité expérientielle. 5. Le ministère du mental 9:5.1 La Source-Centre Troisième est infinie en mental. Même si l’univers devait croitre jusqu’à l’infinité, le potentiel mental de l’Esprit resterait adéquat pour équiper un nombre illimité de créatures d’un mental pertinent et d’autres attributs préalables de l’intellect. 9:5.2 Dans le domaine du mental créé, la Troisième Personne, avec ses associés coordonnés et subordonnés, gouverne suprêmement. Les domaines du mental des créatures ont leur origine exclusive dans la Source-Centre Troisième ; c’est elle qui est le dispensateur du mental. Même les fragments du Père trouvent impossible d’habiter le mental des hommes avant que le chemin n’ait été convenablement préparé pour eux par l’action mentale et la fonction spirituelle de l’Esprit Infini. 9:5.3 Le mental possède la qualité unique de pouvoir être conféré à une aussi vaste diversité de vies. Par ses créateurs et ses créatures associés, la Source-Centre Troisième apporte son ministère à tout mental sur toute sphère. Elle apporte son ministère aux intellects humains et subhumains par les adjuvats de l’univers local et, par l’intermédiaire des contrôleurs physiques, elle apporte son ministère aux entités même les plus humbles et inaptes à l’expérience parmi les types d’êtres vivants les plus primitifs. Et l’orientation du mental est toujours un ministère de personnalités de mental-esprit ou de mental-énergie. 9:5.4 Puisque la Troisième Personne de la Déité est la source du mental, il est tout à fait naturel que les créatures évolutionnaires volitives trouvent plus facile de former des concepts compréhensibles de l’Esprit Infini que du Fils Éternel ou du Père Universel. La réalité du Créateur Conjoint se dévoile imparfaitement par l’existence même du mental humain. Le Créateur Conjoint est l’ancêtre du mental cosmique, et le mental de l’homme est un circuit individualisé, une portion impersonnelle de ce mental cosmique tel qu’il est effusé dans un univers local par une Fille Créative issue de la Source-Centre Troisième. 9:5.5 Parce que la Troisième Personne est la source du mental, il ne faut pas en conclure que tous les phénomènes mentaux sont divins. L’intellect humain prend racine dans l’origine matérielle des races animales. L’intelligence universelle n’est pas plus une vraie révélation de Dieu, qui est mental, que la nature physique n’est une vraie révélation de la beauté et de l’harmonie du Paradis. La perfection est dans la nature, mais la nature n’est pas parfaite. Le Créateur Conjoint est la source du mental, mais le mental n’est pas le Créateur Conjoint. 9:5.6 Sur Urantia, le mental est un compromis entre l’essence de la perfection de la pensée et la mentalité en évolution de votre nature humaine immature. Le plan conçu pour votre évolution intellectuelle est en vérité d’une perfection sublime, mais vous êtes fort éloignés de ce but divin pendant que vous fonctionnez dans les tabernacles de la chair. Le mental a vraiment une origine divine et sûrement une destinée divine, mais votre mental humain n’est pas encore de dignité divine. 9:5.7 Trop souvent, beaucoup trop souvent, vous gâchez votre mental par défaut de sincérité, et vous le flétrissez par manque de droiture ; vous le soumettez à la peur animale et vous le déformez par des anxiétés inutiles. Aussi, bien que la source du mental soit divine, le mental, tel que vous le connaissez sur votre monde ascensionnel, ne peut guère devenir l’objet d’une grande admiration, et encore bien moins un objet d’adoration ou de culte. La contemplation de l’intellect humain immature et inactif ne devrait conduire qu’à des réactions d’humilité. 6. Le circuit de gravité mentale 9:6.1 La Source-Centre Troisième, l’intelligence universelle, est personnellement consciente de tout mental, de tout intellect, dans toute la création, et elle maintient un contact personnel et parfait avec toutes les créatures physiques, morontielles et spirituelles dotées de mental dans les vastes univers. Toutes ces activités mentales sont saisies dans le circuit absolu de gravité mentale qui se focalise dans la Source-Centre Troisième et fait partie de la conscience personnelle de l’Esprit Infini. 9:6.2 De même que le Père attire toute personnalité à lui-même, et que le Fils attire toute réalité spirituelle, de même l’Acteur Conjoint exerce un pouvoir d’attraction sur tout mental. Il domine et contrôle sans réserve le circuit mental universel. Toutes les valeurs intellectuelles vraies et sincères, toutes les pensées divines et les idées parfaites sont infailliblement attirées dans ce circuit absolu du mental. 9:6.3 La gravité mentale peut opérer indépendamment des gravités matérielle et spirituelle, mais toujours et partout, lorsque les deux dernières empiètent l’une sur l’autre, la gravité mentale fonctionne. Lorsqu’elles sont associées toutes les trois, la gravité de personnalité peut embrasser la créature matérielle – physique ou morontielle, finie ou absonite. Mais, indépendamment de cela, la dotation de mental, même chez les êtres impersonnels, les qualifie pour penser et les dote de conscience malgré l’absence totale de personnalité. 9:6.4 L’individualité ayant dignité de personnalité, humaine ou divine, immortelle ou potentiellement immortelle, ne prend toutefois son origine ni dans l’esprit, ni dans le mental, ni dans la matière ; c’est le don du Père Universel. L’interaction de l’esprit, du mental et de la gravité matérielle n’est pas davantage une condition préalable pour l’apparition de la gravité de personnalité. Le circuit du Père peut embrasser un être mental-matériel insensible à la gravité d’esprit, ou il peut inclure un être mental-esprit insensible à la gravité matérielle. L’opération de la gravité de personnalité est toujours un acte volitif du Père Universel. 9:6.5 Alors que le mental est associé à l’énergie chez les êtres purement matériels et associé à l’esprit chez les personnalités purement spirituelles, d’innombrables ordres de personnalités, y compris les humains, possèdent un mental associé à la fois à l’énergie et à l’esprit. Les aspects spirituels du mental des créatures réagissent infailliblement à l’attraction de gravité d’esprit du Fils Éternel. Les caractéristiques matérielles répondent à l’impulsion gravitationnelle de l’univers matériel. 9:6.6 Lorsque le mental cosmique n’est associé ni avec l’énergie ni avec l’esprit, il n’est assujetti ni aux exigences gravitationnelles des circuits matériels ni à celles des circuits spirituels. Le mental pur ne subit que l’emprise gravitationnelle universelle de l’Acteur Conjoint. Le mental pur est proche parent du mental infini, et le mental infini (le coordonné théorique des absolus d’esprit et d’énergie) est apparemment une loi par lui-même. 9:6.7 Plus grande est la divergence entre l’esprit et l’énergie, mieux on peut observer la fonction du mental. Moins il y a de diversité entre l’énergie et l’esprit, moins la fonction du mental est observable. La fonction maximum du mental cosmique se trouve apparemment dans les univers temporels de l’espace. Le mental semble y fonctionner dans une zone intermédiaire entre l’énergie et l’esprit, mais ceci n’est pas vrai pour les niveaux supérieurs du mental. Au Paradis, l’énergie et l’esprit ne font essentiellement qu’un. 9:6.8 Le circuit de gravité mentale est fiable ; il émane de la Troisième Personne de la Déité au Paradis. Mais toute la fonction observable du mental n’est pas prévisible. Dans toute la création connue, il y a en parallèle avec ce circuit du mental une présence peu comprise dont la fonction est imprévisible. Nous croyons que cette impossibilité de prévoir doit être attribuée en partie à la fonction de l’Absolu Universel. Ce qu’est cette fonction, nous ne le savons pas ; ce qui l’active, nous ne pouvons que le conjecturer. Quant à ses relations avec les créatures, nous ne pouvons que spéculer. 9:6.9 Certaines phases de l’imprévisibilité du mental fini peuvent être dues à ce que l’Être Suprême est inachevé ; et il y a une vaste zone d’activités où l’Acteur Conjoint et l’Absolu Universel sont peut-être tangents. Beaucoup de choses concernant le mental sont inconnues, mais nous sommes sûrs de ceci : l’Esprit Infini est pour toutes les créatures l’expression parfaite du mental du Créateur, et l’Être Suprême est l’expression évoluante du mental de toutes les créatures envers leur Créateur. 7. La réflectivité de l’univers 9:7.1 L’Acteur Conjoint est capable de coordonner tous les niveaux d’actualité universelle, de manière à rendre possible la reconnaissance simultanée du mental, du matériel et du spirituel. C’est le phénomène de la réflectivité de l’univers, ce pouvoir exceptionnel et inexplicable de voir, d’entendre, de ressentir et de connaitre toutes choses à mesure qu’elles se passent dans tout un superunivers, puis de focaliser par réflectivité, en un point désiré quelconque, tous ces renseignements et toute cette connaissance. L’action de la réflectivité est démontrée à la perfection sur chacun des mondes-sièges des sept superunivers. Elle opère également d’un bout à l’autre des secteurs des superunivers, et à l’intérieur des frontières des univers locaux. La réflectivité se focalise en fin de compte sur le Paradis. 9:7.2 Le phénomène de la réflectivité, tel qu’on peut l’observer sur les mondes-sièges des superunivers dans les stupéfiants accomplissements des personnalités réflectives qui y stationnent, représente l’interassociation la plus complexe de toutes les phases d’existence observables dans l’ensemble de la création. On peut retracer l’origine des lignes d’esprit jusqu’au Fils, celle de l’énergie physique jusqu’au Paradis et celle du mental jusqu’à la Troisième Source ; mais, dans le phénomène extraordinaire de la réflectivité de l’univers, il y a une unification unique et exceptionnelle des trois. Elles sont associées ainsi pour permettre aux dirigeants de l’univers d’être informés instantanément de conditions lointaines, au moment même où elles se produisent. 9:7.3 Nous comprenons une bonne partie de la technique de la réflectivité, mais il y a beaucoup de ses phases qui vraiment nous déconcertent. Nous savons que l’Acteur Conjoint est le centre universel du circuit mental, qu’il est l’ancêtre du mental cosmique et que le mental cosmique opère sous la domination de la gravité mentale absolue de la Source-Centre Troisième. Nous savons en outre que les circuits du mental cosmique influent sur les niveaux intellectuels de toutes les existences connues. Ils contiennent les comptes rendus de l’espace universel, et tout aussi certainement ils se focalisent dans les Sept Maitres Esprits, puis convergent dans la Source-Centre Troisième. 9:7.4 Les relations entre le mental cosmique fini et le mental divin absolu semblent être en train d’évoluer dans le mental expérientiel du Suprême. On nous enseigne qu’à l’aurore des temps ce mental expérientiel fut attribué au Suprême par l’Esprit Infini. Nous conjecturons que certains traits du phénomène de réflectivité ne peuvent s’expliquer qu’en postulant l’activité du Mental Suprême. Si le Suprême n’est pas concerné par la réflectivité, nous sommes déroutés pour expliquer les transactions complexes et les opérations infaillibles de cette conscience du cosmos. 9:7.5 Il semble que la réflectivité soit l’omniscience limitée à l’expérience finie et puisse représenter l’émergence de la présence-conscience de l’Être Suprême. Si cette hypothèse est exacte, alors l’utilisation de la réflectivité sous l’une quelconque de ses phases équivaut à un contact partiel avec la conscience du Suprême. 8. Personnalités de l’Esprit Infini 9:8.1 L’Esprit Infini possède le plein pouvoir de transmettre beaucoup de ses pouvoirs et prérogatives à ses personnalités et agents coordonnés et subordonnés. 9:8.2 Le premier acte de création de Déité de l’Esprit Infini, opérant en dehors de la Trinité, mais sous quelque forme d’association non révélée avec le Père et le Fils, se personnalisa dans l’existence des sept Maitres Esprits du Paradis, les répartiteurs de l’Esprit Infini aux univers. 9:8.3 Il n’y a pas de représentant direct de la Source-Centre Troisième aux sièges des superunivers. Chacune de ces sept créations dépend de l’un des Maitres Esprits du Paradis, qui agit par les sept Esprits Réflectifs situés dans la capitale de ce superunivers. 9:8.4 L’acte subséquent de la création continue de l’Esprit Infini se révèle de temps en temps dans la production des Esprits Créatifs. Chaque fois que le Père Universel et le Fils Éternel deviennent parents d’un Fils Créateur, l’Esprit Infini devient l’ancêtre d’un Esprit Créatif d’univers local, qui devient l’étroit associé de ce Fils Créateur dans toutes les expériences subséquentes de l’univers. 9:8.5 De même qu’il est nécessaire de distinguer entre le Fils Éternel et les Fils Créateurs, de même il faut faire la différence entre l’Esprit Infini et les Esprits Créatifs, les coordonnés des Fils Créateurs dans les univers locaux. Un Esprit Créatif représente pour un univers local ce que l’Esprit Infini représente pour la création totale. 9:8.6 La Source-Centre Troisième est représentée dans le grand univers par un vaste déploiement d’esprits tutélaires, de messagers, d’éducateurs, de juges, d’aides et de conseillers, ainsi que par les superviseurs de certains circuits de nature physique, morontielle et spirituelle. Ces êtres ne sont pas tous des personnalités au sens strict du terme. La personnalité chez les créatures du type fini est caractérisée par : 9:8.7 1. La conscience subjective de soi. 9:8.8 2. La réaction objective au circuit de personnalité du Père. 9:8.9 Il y a des personnalités de créateur et des personnalités de créature, et, en plus de ces deux types fondamentaux, il y a des personnalités de la Source-Centre Troisième, des êtres qui sont personnels vis-à-vis de l’Esprit Infini, mais qui ne le sont pas sans réserve vis-à-vis des créatures. Ces personnalités de la Troisième Source ne font pas partie du circuit de personnalité du Père. Les personnalités de la Première Source et celles de la Troisième sont mutuellement contactables. Toute personnalité est contactable. 9:8.10 Le Père confère la personnalité de par sa libre volonté personnelle. Nous ne pouvons que conjecturer pourquoi il le fait, et nous ne savons pas comment il le fait. Nous ne savons pas non plus pourquoi la Troisième Source attribue des personnalités non issues du Père, mais l’Esprit Infini fait cela de son propre chef, en conjonction créatrice avec le Fils Éternel, et par de nombreuses voies inconnues de vous. L’Esprit Infini peut aussi agir pour le Père en conférant des personnalités du type Première Source. 9:8.11 Il y a de nombreux types de personnalités de la Troisième Source. L’Esprit Infini attribue la personnalité du type Troisième Source à bien des groupes qui ne sont pas inclus dans le circuit de personnalité du Père, comme certains directeurs de pouvoir. De même, l’Esprit Infini traite comme des personnalités de nombreux groupes d’êtres tels que les Esprits Créatifs, qui forment une classe par eux-mêmes dans leurs relations avec les créatures encircuitées du Père. 9:8.12 Les personnalités de la Troisième Source aussi bien que celles de la Première sont dotées de tout ce que les hommes associent avec le concept de personnalité, et de plus d’attributs encore. Elles ont un mental embrassant la mémoire, la raison, le jugement, l’imagination créatrice, les associations d’idées, la décision, le choix, et de nombreux pouvoirs intellectuels supplémentaires entièrement inconnus des mortels. À quelques exceptions près, les ordres de personnalités qui vous sont révélés possèdent une forme et une individualité distinctes ; ce sont des êtres réels. Une majorité d’entre eux est visible par tous les ordres d’esprits existants. 9:8.13 Même vous, vous parviendrez à voir vos associés spirituels des ordres inférieurs aussitôt que vous serez délivrés de la vision limitée de vos présents yeux matériels et que vous aurez été dotés d’une forme morontielle avec sa sensibilité accrue à la réalité des choses spirituelles. 9:8.14 La famille fonctionnelle de la Source-Centre Troisième, telle qu’elle est révélée dans ces exposés, se divise en trois grands groupes : 9:8.15 I. Les Esprits Suprêmes. Un groupe d’origine composite qui embrasse entre autres les ordres suivants : 9:8.16 1. Les Sept Maitres Esprits du Paradis. 9:8.17 2. Les Esprits Réflectifs des Superunivers. 9:8.18 3. Les Esprits Créatifs des Univers Locaux. 9:8.19 II. Les Directeurs de Pouvoir. Un groupe de créatures et d’agents de contrôle qui opère dans tout l’espace organisé. 9:8.20 III. Les Personnalités de l’Esprit Infini. Cette désignation n’implique pas nécessairement que ces êtres soient des personnalités de la Troisième Source, bien que certains d’entre eux soient uniques en tant que créatures volitives. On les groupe généralement en trois classifications majeures : 9:8.21 1. Les Personnalités Supérieures de l’Esprit Infini. 9:8.22 2. Les armées des Messagers de l’Espace. 9:8.23 3. Les Esprits Tutélaires du Temps. 9:8.24 Ces groupes servent au Paradis, dans l’univers central ou résidentiel et dans les superunivers ; ils englobent des ordres qui fonctionnent dans les univers locaux, même sur des constellations, des systèmes et des planètes. 9:8.25 Les personnalités spirituelles appartenant à la vaste famille de l’Esprit Divin et Infini sont dédiées pour toujours au service tutélaire de l’amour de Dieu et de la miséricorde du Fils auprès de toutes les créatures intelligentes des mondes évolutionnaires du temps et de l’espace. Ces êtres spirituels constituent l’échelle vivante par laquelle l’homme mortel s’élève du chaos jusqu’à la gloire. 9:8.26 [Révélé sur Urantia par un Conseiller Divin d’Uversa chargé par les Anciens des Jours de dépeindre la nature et l’œuvre de l’Esprit Infini.] Fascicule 10. La Trinité du Paradis 10:0.1 La Trinité Paradisiaque des Déités éternelles permet au Père d’échapper plus facilement à l’absolutisme de personnalité. La Trinité associe parfaitement l’expression illimitée de l’infinie volonté personnelle de Dieu avec l’absoluité de la Déité. Le Fils Éternel et les divers Fils d’origine divine, en commun avec l’Acteur Conjoint et ses enfants de l’univers, permettent effectivement au Père de se libérer des limitations qui autrement seraient inhérentes à la primauté, à la perfection, à l’invariance, à l’éternité, à l’universalité, à l’absoluité et à l’infinité. 10:0.2 La Trinité du Paradis assure efficacement la pleine expression et la parfaite révélation de la nature éternelle de la Déité. Les Fils Stationnaires de la Trinité fournissent de la même manière une révélation pleine et parfaite de la justice divine. La Trinité est l’unité de la Déité, et cette unité repose éternellement sur les fondations absolues de la divine unicité des trois personnalités originelles, coordonnées et coexistantes, Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu l’Esprit. 10:0.3 Partant de la situation présente sur le cercle de l’éternité, et regardant en arrière dans le passé sans fin, nous ne pouvons découvrir qu’une seule inévitabilité inéluctable dans les affaires de l’univers, et c’est la Trinité du Paradis. J’estime que la Trinité était inévitable. Lorsque je regarde le passé, le présent et l’avenir du temps, je considère que rien d’autre dans tout l’univers des univers n’était inévitable. Le présent maitre univers vu en rétrospective ou en prospective est impensable sans la Trinité. Avec la Trinité du Paradis, nous pouvons admettre des alternatives ou même de multiples manières de faire toutes choses, mais, sans la Trinité du Père, du Fils et de l’Esprit, nous sommes incapables de concevoir comment l’Infini aurait pu réussir une personnalisation triple et coordonnée en face de l’unicité absolue de la Déité. Nul autre concept de la création n’arrive à la hauteur du statut de la Trinité, où la complétude de l’absoluité inhérente à l’unité de la Déité est couplée avec la plénitude de libération volitive inhérente à la triple personnalisation de la Déité. 1. La Source-Centre Première distributive d’elle-même 10:1.1 Il semblerait que le Père ait inauguré dans l’éternité du passé une politique de profonde distribution de lui-même. Dans la nature généreuse, aimante et aimable du Père Universel, il y a quelque chose qui l’incite à ne réserver pour lui-même que l’exercice des pouvoirs et de l’autorité qu’il estime apparemment impossible de déléguer ou de conférer. 10:1.2 Le Père Universel s’est constamment dépouillé de toutes les parties de lui-même qu’il pouvait conférer à un autre Créateur ou à une créature. Il a délégué à ses Fils divins et à leurs intelligences associées tous les pouvoirs et toute l’autorité qui pouvaient être délégués. Il a effectivement transféré à ses Fils Souverains, dans leurs univers respectifs, toutes les prérogatives d’autorité administrative qui étaient transférables. Dans les affaires d’un univers local, il a rendu chaque Fils Créateur Souverain tout aussi parfait, compétent et revêtu d’autant d’autorité que le Fils Éternel l’est dans l’univers central et originel. En octroyant la possession d’une personnalité avec la dignité et la sainteté qu’elle comporte, il a distribué, effectivement conféré tout ce qu’il avait lui-même, tous ses attributs, toutes les choses dont il pouvait se dépouiller, de toutes les manières, dans tous les âges, dans tous les lieux, en faveur de toutes les personnes, et cela dans tous les univers, sauf dans celui de sa demeure centrale. 10:1.3 La personnalité divine n’est pas centrée sur elle-même ; la distribution d’elle-même et le partage de la personnalité caractérisent l’individualité du libre arbitre divin. Les créatures cherchent à s’associer avec d’autres créatures personnelles ; les Créateurs sont incités à partager la divinité avec les enfants de leur univers ; la personnalité de l’Infini se révèle en tant que Père Universel partageant la réalité d’être et l’égalité du moi avec deux personnalités coordonnées, le Fils Éternel et l’Acteur Conjoint. 10:1.4 Pour acquérir quelque connaissance de la personnalité du Père et de ses divins attributs, nous dépendrons toujours des révélations du Fils Éternel. En effet, lorsque l’acte conjoint de création fut accompli, lorsque la Troisième Personne de la Trinité jaillit à l’existence en tant que personnalité et exécuta les concepts conjugués de ses divins parents, le Père cessa d’exister en tant que personnalité non qualifiée. Lorsque l’Acteur Conjoint vint à l’existence et que se matérialisa le noyau central de la création, certains changements éternels eurent lieu. Dieu se donna comme personnalité absolue à son Fils Éternel. C’est ainsi que le Père confère la « personnalité de l’infinité » à son unique Fils engendré, tandis que les deux confèrent la « personnalité conjointe » de leur éternelle union à l’Esprit Infini. 10:1.5 Pour ces raisons, et pour d’autres qui dépassent la capacité conceptuelle du mental fini, il est extrêmement difficile aux créatures humaines de comprendre l’infinie personnalité paternelle de Dieu, sauf sous l’aspect où elle est universellement révélée chez le Fils Éternel et où, avec le Fils, elle est universellement active chez l’Esprit Infini. 10:1.6 Puisque les Fils Paradisiaques de Dieu visitent les mondes évolutionnaires, et parfois même y habitent dans la similitude de la chair mortelle, et puisque les effusions rendent possible aux mortels de connaitre effectivement quelque chose de la nature et du caractère de la personnalité divine, les créatures des sphères planétaires doivent donc se tourner vers les effusions de ces Fils du Paradis pour obtenir des informations fiables et dignes de confiance sur le Père, le Fils et l’Esprit. 2. Personnalisation de la Déité 10:2.1 Par la technique de trinitisation, le Père se dépouille de la personnalité d’esprit non qualifiée qui est le Fils, mais, ce faisant, il se constitue le Père de ce même Fils, et ainsi s’empare de la capacité illimitée à devenir le Père divin de toutes les créatures volitives intelligentes créées ultérieurement, ou extériorisées, ou appartenant à d’autres types personnalisés. En tant que personnalité absolue et non qualifiée, le Père ne peut agir que sous l’aspect du Fils et avec lui ; mais, en tant que Père personnel, il continue à conférer la personnalité sur la multitude diverse des différents niveaux de créatures volitives intelligentes, et il maintient pour toujours des relations personnelles d’association aimante avec cette vaste famille d’enfants de l’univers. 10:2.2 Après que le Père eut effusé sur la personnalité du Fils la plénitude de lui-même, et au moment où cet acte d’effusion de soi est complet et parfait, les partenaires éternels font appel à la nature et au pouvoir infinis qui existent ainsi dans l’Union Père-Fils et effusent conjointement ces qualités et attributs qui constituent encore un autre être semblable à eux-mêmes, et cette personnalité conjointe, l’Esprit Infini, complète la personnalisation existentielle de la Déité. 10:2.3 Le Fils est indispensable à la paternité de Dieu. L’Esprit est indispensable à la fraternité de la Deuxième et de la Troisième Personne. Il faut un minimum de trois personnes pour former un groupe social, mais c’est la moindre des raisons pour croire à l’inévitabilité de l’Acteur Conjoint. 10:2.4 La Source-Centre Première est l’infinie personnalité-père, la source illimitée de personnalité. Le Fils Éternel est l’absolu de personnalité non qualifié, cet être divin qui représente, au long de tous les temps et de toute l’éternité, la parfaite révélation de la nature personnelle de Dieu. L’Esprit Infini est la personnalité conjointe, l’unique conséquence personnelle de l’union perpétuelle du Père-Fils. 10:2.5 La personnalité de la Source-Centre Première est la personnalité de l’infinité moins la personnalité absolue du Fils Éternel. La personnalité de la Source-Centre Troisième est la conséquence surajoutée de l’union entre la personnalité-Père libérée et la personnalité-Fils absolue. 10:2.6 Le Père Universel, le Fils Éternel et l’Esprit Infini sont des personnes uniques ; aucune n’est une copie, chacune est originale, toutes les trois sont unies. 10:2.7 Seul le Fils Éternel éprouve la plénitude des divines relations de personnalité. Il a conscience à la fois de sa filiation avec le Père, de sa paternité envers l’Esprit, et de son égalité divine avec le Père-ancêtre et l’Esprit-associé. Le Père connait l’expérience d’avoir un Fils qui est son égal, mais le Père ne connait pas d’antécédents ancestraux. Le Fils Éternel a l’expérience de la filiation, la reconnaissance d’une personnalité ancestrale, et en même temps il a conscience d’être conjointement parent de l’Esprit Infini. Quant à l’Esprit Infini, il a conscience d’une double origine de sa personnalité, mais il n’est pas l’un des parents d’une personnalité de Déité coordonnée. Avec l’Esprit, le cycle existentiel de personnalisation de la Déité est accompli. Les personnalités primaires issues de la Source-Centre Troisième sont expérientielles, et au nombre de sept. 10:2.8 J’ai mon origine dans la Trinité du Paradis. Je connais la Trinité comme Déité unifiée. Je sais aussi que le Père, le Fils et l’Esprit existent et agissent selon leurs capacités personnelles définies. Je sais encore pertinemment que non seulement ils agissent personnellement et collectivement, mais qu’ils coordonnent aussi leurs accomplissements en divers groupements, de sorte qu’en fin de compte ils opèrent sous sept capacités différentes, seuls ou à plusieurs. Et, puisque ces sept associations épuisent les possibilités de ces conjugaisons divines, il est inévitable que les réalités de l’univers apparaissent en sept variantes de valeurs, de significations et de personnalités. 3. Les trois personnes de la Déité 10:3.1 Bien qu’il n’existe qu’une seule Déité, il y a trois personnalisations positives et divines de la Déité. En ce qui concerne les divins Ajusteurs dont l’homme a été doté, le Père a dit : « Faisons l’homme à notre image. » Cette référence à des actes et à des agissements d’une Déité plurale apparait à maintes et maintes reprises dans les écrits d’Urantia, démontrant clairement que l’on y reconnait l’existence et l’activité des trois Sources-Centres. 10:3.2 On nous enseigne que le Fils et l’Esprit entretiennent tous deux les mêmes relations d’égalité avec le Père dans l’association de la Trinité. Sans aucun doute, ils le font dans l’éternité et en tant que Déités, mais, dans le temps et comme personnalités, ils dévoilent certainement des relations de nature très variée. Lorsqu’on regarde les univers à partir du Paradis, ces relations paraissent très similaires, mais, lorsqu’on les observe à partir des domaines de l’espace, elles apparaissent tout à fait différentes. 10:3.3 Les Fils divins sont en vérité le « Verbe de Dieu », mais les enfants de l’Esprit sont vraiment les « Actes de Dieu ». Dieu parle par le Fils et, avec le Fils, agit par l’Esprit Infini, tandis que, dans toutes les activités de l’univers, le Fils et l’Esprit sont exquisément fraternels et travaillent comme deux frères égaux avec admiration et amour pour un Père commun honoré et divinement respecté. 10:3.4 Le Père, le Fils et l’Esprit sont certainement égaux en nature et coordonnés en existence, mais il y a des différences évidentes dans leurs accomplissements universels, et, lorsqu’une personne de la Déité agit seule, elle parait limitée dans son absoluité. 10:3.5 Avant de s’être volontairement dépouillé de la personnalité, des pouvoirs et des attributs qui constituent le Fils et l’Esprit, le Père Universel semble avoir été (du point de vue philosophique) une Déité non qualifiée, absolue et infinie. Mais cette Source-Centre Première théorique dépourvue d’un Fils ne pouvait en aucun sens du terme être considérée comme le Père Universel ; la paternité n’est pas réelle sans filiation. De plus, pour que le Père ait été absolu au sens total, il faudrait qu’il ait été seul à exister à un moment éternellement distant. Mais il n’a jamais eu une telle existence solitaire ; le Fils et l’Esprit sont tous deux coéternels avec le Père. La Source-Centre Première a toujours été et sera à jamais l’éternel Père du Fils Originel et, avec le Fils, l’ancêtre éternel de l’Esprit Infini. 10:3.6 Nous observons que le Père s’est dépouillé de toute manifestation directe d’absoluité, sauf de la paternité absolue et de la volition absolue. Nous ne savons pas si la volition est un attribut inaliénable du Père ; nous pouvons seulement remarquer qu’il ne s’est pas dépouillé de sa volition. Une telle infinité de volonté doit avoir été éternellement inhérente à la Source-Centre Première. 10:3.7 En conférant l’absoluité de personnalité au Fils Éternel, le Père Universel échappe aux entraves de l’absolutisme de personnalité, mais, en faisant cela, il prend une mesure qui lui enlève à jamais la possibilité d’agir seul en tant qu’absolu de personnalité. Et avec la personnalisation finale de la Déité coexistante – l’Acteur Conjoint – apparait l’interdépendance trinitaire critique des trois personnalités divines relative au fonctionnement total de la Déité dans l’absolu. 10:3.8 Dieu est l’Absolu-Père de toutes les personnalités dans l’univers des univers. Le Père est personnellement absolu en liberté d’agir, mais, dans les univers du temps et de l’espace créés, en voie de création et encore à créer, on ne peut discerner que le Père soit absolu comme Déité totale, sauf dans la Trinité du Paradis. 10:3.9 À l’extérieur de Havona, la Source-Centre Première opère comme suit dans les univers phénoménaux : 10:3.10 1. Comme créateur, par les Fils Créateurs, ses petits-fils. 10:3.11 2. Comme contrôleur, par le centre de gravité du Paradis. 10:3.12 3. Comme esprit, par le Fils Éternel. 10:3.13 4. Comme mental, par le Créateur Conjoint. 10:3.14 5. Comme Père, elle maintient un contact parental avec toutes les créatures par son circuit de personnalité. 10:3.15 6. Comme personne, elle agit directement dans toute la création par ses fragments exclusifs – chez les hommes par les Ajusteurs de Pensée. 10:3.16 7. Comme Déité totale, elle n’agit que dans la Trinité du Paradis. 10:3.17 Tous ces abandons et délégations de juridiction par le Père Universel sont entièrement volontaires et imposés à lui-même par lui-même. Le tout-puissant Père prend intentionnellement sur lui de limiter ainsi son autorité dans l’univers. 10:3.18 Le Fils Éternel parait agir comme un avec le Père dans tous les aspects spirituels, sauf dans l’effusion des fragments de Dieu et dans d’autres activités prépersonnelles. Le Fils n’est pas non plus étroitement associé aux activités intellectuelles des créatures matérielles ni aux activités énergétiques des univers matériels. En tant qu’absolu, le Fils opère comme une personne, et seulement dans le domaine de l’univers spirituel. 10:3.19 L’Esprit Infini est étonnamment universel et manifeste une incroyable variété de talents dans toutes ses opérations. Il travaille dans les sphères du mental, de la matière et de l’esprit. L’Acteur Conjoint représente l’association Père-Fils, mais opère aussi par lui-même. Il n’est directement intéressé ni par la gravité physique, ni par la gravité spirituelle, ni par le circuit de personnalité, mais il participe plus ou moins à toutes les autres activités de l’univers. Bien qu’il dépende apparemment de trois contrôles de gravité existentiels et absolus, l’Esprit Infini semble exercer trois supercontrôles. Il emploie cette triple dotation de bien des façons pour transcender, et apparemment pour neutraliser même les manifestations des forces et des énergies primaires, allant jusqu’aux confins superultimes de l’absoluité. Dans certaines situations, ces supercontrôles transcendent absolument même les manifestations primordiales de la réalité cosmique. 4. L’union trinitaire de la Déité 10:4.1 Parmi toutes les associations absolues, la Trinité du Paradis (la première triunité) est unique comme association exclusive de Déité personnelle. Dieu n’agit en tant que Dieu que par rapport à Dieu et à ceux qui peuvent connaitre Dieu ; mais, en tant que Déité absolue, il n’agit que dans la Trinité du Paradis et par rapport à la totalité de l’univers. 10:4.2 La Déité Éternelle est parfaitement unifiée ; néanmoins, il y a trois personnes de la Déité parfaitement individualisées. La Trinité du Paradis rend possible d’exprimer simultanément dans toute leur diversité les traits de caractère et les pouvoirs infinis de la Source-Centre Première ainsi que de ses éternels coordonnés, et d’exprimer aussi toute l’unité divine des fonctions universelles de la Déité indivise. 10:4.3 La Trinité est une association de personnes infinies fonctionnant impersonnellement, mais sans contrevenir à la personnalité. À titre de comparaison grossière, un père, un fils et un petit-fils pourraient former une entité corporative qui serait non personnelle, mais néanmoins sujette à leurs volontés personnelles. 10:4.4 La Trinité du Paradis est réelle. Elle existe comme union de Déité du Père, du Fils et de l’Esprit ; cependant, le Père, le Fils ou l’Esprit, ou deux quelconques d’entre eux, peuvent agir par rapport à cette même Trinité du Paradis. Le Père, le Fils et l’Esprit peuvent collaborer d’une manière non trinitaire, mais non comme trois Déités. En tant que personnes, ils peuvent collaborer comme ils le veulent, mais cela n’est pas la Trinité. 10:4.5 Rappelez-vous toujours que les actes de l’Esprit Infini sont la fonction de l’Acteur Conjoint. Le Père et le Fils opèrent tous deux en lui, par lui et comme lui. Mais il serait futile de tenter d’élucider le mystère de la Trinité : trois comme un et en un, et un comme deux et agissant pour deux. 10:4.6 La Trinité est reliée à l’ensemble des affaires de l’univers de telle manière qu’il faut compter avec elle lorsque nous tentons d’expliquer la totalité d’un évènement cosmique isolé ou d’une relation de personnalité. La Trinité fonctionne à tous les niveaux du cosmos, tandis que l’homme mortel est limité au niveau fini. Il faut donc que l’homme se satisfasse d’un concept fini de la Trinité en tant que Trinité. 10:4.7 En tant que mortels dans la chair, vous devriez envisager la Trinité selon vos lumières individuelles et en harmonie avec les réactions de votre mental et de votre âme. Vous ne pouvez savoir que très peu de choses sur l’absoluité de la Trinité, mais, au cours de votre ascension vers le Paradis, vous éprouverez bien des fois de l’étonnement devant les révélations successives et les découvertes inattendues de la suprématie et de l’ultimité, sinon de l’absoluité, de la Trinité. 5. Fonctions de la Trinité 10:5.1 Les Déités personnelles ont des attributs, mais il n’est guère logique de parler de la Trinité comme ayant des attributs. Il serait plus approprié de considérer cette association d’êtres divins comme ayant des fonctions, telles que l’administration de la justice, les attitudes de totalité, l’action coordonnée et le supercontrôle cosmique. Ces fonctions sont activement suprêmes, ultimes et (dans les limites de la Déité) absolues dans la mesure où elles concernent toutes les réalités vivantes de valeur de personnalité. 10:5.2 Les fonctions de la Trinité du Paradis ne sont pas simplement la somme des dons de divinité apparents du Père augmentée des attributs spécialisés qui sont uniques dans l’existence personnelle du Fils et de l’Esprit. Le résultat de l’association trinitaire des trois Déités du Paradis entraine l’évolution, l’extériorisation et la déitisation de nouveaux pouvoirs, de nouvelles significations, valeurs et capacités de révélation, d’action et d’administration universelles. Les associations vivantes, les familles humaines, les groupes sociaux ou la Trinité du Paradis ne s’accroissent pas par de simples additions arithmétiques. Le potentiel du groupe dépasse toujours de beaucoup la simple somme des attributs des individus qui le composent. 10:5.3 La Trinité maintient une attitude unique en tant que Trinité envers l’univers entier du passé, du présent et de l’avenir. Et les fonctions de la Trinité peuvent être examinées au mieux dans les attitudes de la Trinité envers l’univers. Ces attitudes sont simultanées et peuvent être multiples par rapport à n’importe quelle situation ou évènement isolé. 10:5.4 1. Attitude envers le Fini. Le maximum de limitation que la Trinité s’impose à elle-même est son attitude envers le fini. La Trinité n’est pas une personne, et l’Être Suprême n’est pas une personnalisation exclusive de la Trinité, mais le Suprême est l’approche maximale d’une focalisation personnalité-pouvoir de la Trinité que les créatures finies peuvent comprendre. C’est pourquoi l’on parle parfois de la Trinité par rapport au fini comme de la Trinité de Suprématie. 10:5.5 2. Attitude envers l’Absonite. La Trinité du Paradis prend en considération les niveaux d’existence qui sont plus que finis mais moins qu’absolus, et cette relation est parfois dénommée la Trinité de l’Ultimité. Ni l’Ultime, ni le Suprême ne représentent totalement la Trinité du Paradis, mais, dans un sens restrictif et pour leurs niveaux respectifs, chacun parait représenter la Trinité durant les époques prépersonnelles où se développe le pouvoir expérientiel. 10:5.6 3. L’Attitude Absolue de la Trinité du Paradis se rapporte à des existences absolues et culmine dans l’action de la Déité totale. 10:5.7 La Trinité Infinie implique l’action coordonnée de toutes les relations de triunité de la Source-Centre Première – non déifiées aussi bien que déifiées – et c’est pourquoi elle est très difficile à saisir pour des personnalités. En contemplant la Trinité comme infinie, ne négligez pas les sept triunités ; vous pourrez ainsi éviter certaines difficultés de compréhension et résoudre partiellement certains paradoxes. 10:5.8 Toutefois, je ne dispose pas d’un langage qui me permette de transmettre au mental humain limité la vérité complète et la signification éternelle de la Trinité du Paradis, ni la nature de l’interassociation perpétuelle des trois êtres infiniment parfaits. 6. Les Fils Stationnaires de la Trinité 10:6.1 Toute loi prend origine dans la Source-Centre Première ; elle est la loi. L’administration de la loi spirituelle est inhérente à la Source-Centre Deuxième. La révélation de la loi, la promulgation et l’interprétation des statuts divins, est la fonction de la Source-Centre Troisième. L’application de la loi, la justice, tombe dans le domaine de la Trinité du Paradis, et elle est mise à exécution par certains Fils de la Trinité. 10:6.2 La Justice est inhérente à la souveraineté universelle de la Trinité du Paradis, mais la bonté, la miséricorde et la vérité forment le ministère universel des personnalités divines dont l’union dans la Déité constitue la Trinité. La justice n’est pas l’attitude du Père, du Fils ou de l’Esprit. La justice est l’attitude trinitaire de ces personnalités d’amour, de miséricorde et de ministère. Aucune des Déités du Paradis n’assure à elle seule l’administration de la justice. La justice n’est jamais une attitude personnelle, elle est toujours une fonction plurale. 10:6.3 Le Témoignage, base de l’équité (justice en harmonie avec la miséricorde) est fourni par les personnalités de la Source-Centre Troisième, représentante conjointe du Père et du Fils auprès de tous les royaumes et auprès du mental des créatures intelligentes de toute la création. 10:6.4 Le Jugement, l’application finale de la justice conformément aux témoignages soumis par les personnalités de l’Esprit Infini, est l’œuvre des Fils Stationnaires de la Trinité ; ces êtres participent de la nature trinitaire de l’union du Père, du Fils et de l’Esprit. 10:6.5 Ce groupe des Fils Stationnaires de la Trinité englobe les personnalités suivantes : 10:6.6 1. Les Secrets de Suprématie Trinitisés. 10:6.7 2. Les Éternels des Jours. 10:6.8 3. Les Anciens des Jours. 10:6.9 4. Les Perfections des Jours. 10:6.10 5. Les Récents des Jours. 10:6.11 6. Les Unions des Jours. 10:6.12 7. Les Fidèles des Jours. 10:6.13 8. Les Perfecteurs de Sagesse. 10:6.14 9. Les Conseillers Divins. 10:6.15 10. Les Censeurs Universels. 10:6.16 Il se trouve que j’appartiens au dixième ordre de ce groupe, les Censeurs Universels ; nous sommes les enfants des trois Déités du Paradis fonctionnant en tant que Trinité. Ces ordres ne représentent pas l’attitude de la Trinité dans un sens universel ; ils ne représentent cette attitude collective de la Déité que dans les domaines du jugement exécutoire – la justice. Ils furent spécifiquement conçus par la Trinité pour le travail précis auquel ils sont affectés, et ils ne représentent la Trinité que dans les fonctions pour lesquelles ils ont été personnalisés. 10:6.17 Les Anciens des Jours et leurs associés issus de la Trinité rendent le juste jugement de l’équité suprême aux sept superunivers. Dans l’univers central, ces fonctions n’existent qu’en théorie ; l’équité y est évidente par elle-même dans la perfection, et la perfection de Havona exclut toute possibilité de disharmonie. 10:6.18 La justice est l’idée collective de la droiture ; la miséricorde en est l’expression personnelle. La miséricorde est l’attitude d’amour. L’opération de la loi est caractérisée par la précision ; le jugement divin est l’âme de l’équité se conformant toujours à la justice de la Trinité, satisfaisant toujours pleinement le divin amour de Dieu. Quand l’équité de la Trinité et l’amour miséricordieux du Père Universel sont complètement perçus et pleinement compris, ils coïncident. Toutefois, les hommes n’ont pas cette pleine compréhension de la justice divine. C’est ainsi que, dans la Trinité telle que les hommes la conçoivent, les personnalités du Père, du Fils et de l’Esprit s’ajustent pour coordonner le ministère d’amour et la loi dans les univers expérientiels du temps. 7. Le supercontrôle de la suprématie 10:7.1 La Première, la Deuxième et la Troisième Personne de la Déité sont égales entre elles et ne font qu’un. « Le Seigneur notre Dieu est un Dieu unique. » Il y a perfection de dessein et unité d’exécution chez la divine Trinité des Déités éternelles. Le Père, le Fils et l’Acteur Conjoint sont vraiment et divinement un. Il a été écrit en vérité : « Je suis le premier et je suis le dernier, et en dehors de moi il n’y a pas de Dieu. » 10:7.2 Telles que les choses apparaissent aux mortels sur le niveau fini, la Trinité du Paradis, comme l’Être Suprême, ne s’intéresse qu’au total – planète totale, univers total, superunivers total, grand univers total. Cette attitude de totalité existe parce que la Trinité est le total de la Déité, et pour bien d’autres raisons encore. 10:7.3 L’Être Suprême est quelque chose de moins et quelque chose d’autre que la Trinité fonctionnant dans les univers finis ; mais, dans certaines limites et durant la présente ère d’incomplète synthèse pouvoir-personnalisation, cette Déité évolutionnaire parait vraiment refléter le comportement de la Trinité de Suprématie. Le Père, le Fils et l’Esprit n’agissent pas personnellement avec l’Être Suprême, mais, durant le présent âge de l’univers, ils collaborent avec lui en tant que Trinité. Nous comprenons qu’ils entretiennent une relation similaire avec l’Ultime. Nous faisons souvent des hypothèses sur ce que seront les relations personnelles entre les Déités du Paradis et Dieu le Suprême quand ce dernier aura achevé son évolution, mais en réalité nous ne le savons pas. 10:7.4 Nous n’estimons pas possible de prévoir entièrement le supercontrôle de la Suprématie. De plus cette imprévisibilité parait caractérisée par un certain inachèvement dans le développement, qui est, sans nul doute, une marque distinctive de l’incomplétude du Suprême et de l’incomplétude de réaction finie envers la Trinité du Paradis. 10:7.5 Le mental humain peut imaginer immédiatement mille et une choses – évènements physiques catastrophiques, accidents épouvantables, désastres horribles, maladies douloureuses et plaies mondiales – et se demander si de telles calamités sont reliées aux manœuvres inconnues de ce fonctionnement probable de l’Être Suprême. Franchement, nous ne le savons pas ; nous n’en sommes pas réellement surs. Mais, à mesure que le temps s’écoule, nous observons que ces situations difficiles et plus ou moins mystérieuses se résolvent toujours pour le bien-être et le progrès des univers. Il se peut que les circonstances de l’existence et les vicissitudes inexplicables de la vie soient toutes tissées en un motif significatif de haute valeur par la fonction du Suprême et le supercontrôle de la Trinité. 10:7.6 En tant que fils de Dieu, vous pouvez discerner l’attitude personnelle d’amour de Dieu le Père dans tous ses actes. Mais vous ne pourrez pas toujours comprendre combien d’actes universels de la Trinité du Paradis contribuent au bien des mortels individuels sur les mondes évolutionnaires de l’espace. Au cours du progrès de l’éternité, les actes de la Trinité se révéleront comme tout à fait pleins de significations et d’égards, mais ils n’apparaissent pas toujours comme tels aux créatures du temps. 8. La Trinité au-delà du fini 10:8.1 Beaucoup de vérités et de faits concernant la Trinité du Paradis ne peuvent être compris, fût-ce partiellement, qu’en reconnaissant une fonction qui transcende le fini. 10:8.2 Il serait inopportun de discuter les fonctions de la Trinité de l’Ultimité, mais on peut révéler que Dieu l’Ultime est la manifestation de la Trinité telle que la comprennent les Transcendantaux. Nous avons tendance à croire que l’unification du maitre univers est l’acte d’extériorisation de l’Ultime, et qu’il reflète probablement certaines phases, mais pas toutes, du supercontrôle absonite de la Trinité du Paradis. L’Ultime est une manifestation qualifiée de la Trinité par rapport à l’absonite, mais seulement en ce sens que le Suprême représente ainsi partiellement la Trinité par rapport au fini. 10:8.3 Le Père Universel, le Fils Éternel et l’Esprit Infini sont, dans un certain sens, les personnalités constituantes de la Déité totale. Leur union dans la Trinité du Paradis et la fonction absolue de la Trinité équivalent à la fonction de la Déité totale. Et cette complétude de la Déité transcende à la fois le fini et l’absonite. 10:8.4 Alors que prises séparément aucune personne des Déités du Paradis ne remplit tout le potentiel de la Déité, collectivement elles le font toutes les trois. Trois personnes infinies paraissent constituer le nombre minimum d’êtres nécessaire pour animer le potentiel prépersonnel et existentiel de la Déité totale – l’Absolu de Déité. 10:8.5 Nous connaissons le Père Universel, le Fils Éternel et l’Esprit Infini comme des personnes, mais je ne connais pas personnellement l’Absolu de Déité. J’aime et j’adore Dieu le Père ; je respecte et j’honore l’Absolu de Déité. 10:8.6 J’ai séjourné une fois dans un univers où un certain groupe d’êtres enseignait que, dans l’éternité, les finalitaires deviendraient en fin de compte les enfants de l’Absolu de Déité. Mais je refuse d’accepter cette solution du mystère où l’avenir des finalitaires est enseveli. 10:8.7 Les Corps de la Finalité embrassent, entre autres, les mortels du temps et de l’espace qui ont atteint la perfection en tout ce qui concerne la volonté de Dieu. En tant que créatures et dans les limites de la capacité des créatures, ils connaissent pleinement et vraiment Dieu. Ayant ainsi trouvé Dieu comme Père de toutes les créatures, il faut qu’à un moment donné ces finalitaires commencent à rechercher le Père superfini. Mais cette quête implique qu’il faut saisir la nature absonite des attributs et du caractère ultimes du Père du Paradis. L’éternité dévoilera si un tel aboutissement est possible, mais nous sommes convaincus que, même si les finalitaires saisissent cet attribut ultime de la divinité, ils seront probablement incapables d’atteindre les niveaux superultimes de la Déité absolue. 10:8.8 Peut-être les finalitaires atteindront-ils partiellement l’Absolu de Déité, mais, même dans ce cas, il resterait encore dans l’éternité des éternités le problème de l’Absolu Universel qui continuera d’intriguer, de mystifier, de déconcerter et de défier les finalitaires dans leur ascension et leur progrès. En effet, nous percevons que les relations cosmiques de l’Absolu Universel deviendront de plus en plus insondables dans la proportion où les univers matériels et leur administration spirituelle continueront leur expansion. 10:8.9 Seule l’infinité peut révéler le Père-Infini. 10:8.10 [Parrainé par un Censeur Universel agissant par autorité des Anciens des Jours résidant sur Uversa.] Fascicule 11. L’ile éternelle du Paradis 11:0.1 Le Paradis est le centre éternel de l’univers des univers et le lieu où demeurent le Père Universel, le Fils Éternel et l’Esprit Infini, ainsi que leurs coordonnés et associés divins. Cette Ile centrale est le plus gigantesque corps organisé de réalité cosmique dans tout le maitre univers. Le Paradis est une sphère matérielle aussi bien qu’une demeure spirituelle. Toute la création intelligente du Père Universel est domiciliée sur des demeures matérielles ; il faut donc que leur centre de contrôle absolu soit également matériel, au sens propre du mot. Et il y a lieu de répéter de nouveau que les choses d’esprit et les êtres spirituels sont réels. 11:0.2 La beauté matérielle du Paradis consiste dans la magnificence de sa perfection physique ; la grandeur de l’Ile de Dieu ressort des accomplissements intellectuels et du développement mental splendides de ses habitants ; la gloire de l’Ile centrale se manifeste par la dotation infinie de la personnalité d’esprit divin – la lumière de vie. Mais les profondeurs de la beauté spirituelle et les merveilles de cet ensemble éblouissant dépassent complètement la compréhension du mental fini des créatures matérielles. La gloire et la splendeur spirituelle de la demeure divine sont inaccessibles à la compréhension des mortels. Et le Paradis existe de toute éternité ; il n’y a ni archives ni traditions concernant l’origine de cette Ile nucléaire de Lumière et de Vie. 1. La résidence divine 11:1.1 Le Paradis sert à beaucoup de fins dans l’administration des royaumes universels, mais, pour les êtres créés, il existe principalement comme lieu où demeure la Déité. La présence personnelle du Père Universel réside au centre même de la surface supérieure de cette demeure presque circulaire, mais non sphérique, des Déités. Cette présence au Paradis du Père Universel est directement entourée par la présence personnelle du Fils Éternel, tandis que tous deux sont revêtus par la gloire indicible de l’Esprit Infini. 11:1.2 Dieu habite, a habité et habitera perpétuellement cette même demeure centrale et éternelle. Nous l’avons toujours trouvé là et nous l’y trouverons toujours. Le Père Universel est cosmiquement focalisé, spirituellement personnalisé et géographiquement résidant en ce centre de l’univers des univers. 11:1.3 Nous connaissons tous la marche directe à suivre pour trouver le Père Universel. Vous êtes inaptes à comprendre grand-chose de la résidence divine parce qu’elle est très éloignée de vous et que l’espace intermédiaire est immense ; mais ceux qui peuvent comprendre la signification de ces énormes distances connaissent l’emplacement et la résidence de Dieu tout aussi certainement et littéralement que vous connaissez l’emplacement de New-York, Londres, Rome ou Singapour, villes géographiquement situées avec précision sur Urantia. Si vous étiez un navigateur intelligent, que vous possédiez un vaisseau muni de cartes et d’un compas, vous pourriez aisément trouver ces villes. De même, si vous aviez le temps et les moyens de passage, si vous étiez qualifiés spirituellement, et si vous aviez la gouverne nécessaire, vous pourriez être pilotés à travers des univers successifs et de circuit en circuit, voyageant toujours vers l’intérieur à travers les royaumes étoilés jusqu’à ce que vous vous trouviez enfin devant l’éclat central de la gloire spirituelle du Père Universel. Si vous êtes pourvus de tout le nécessaire pour le voyage, il est tout aussi possible de découvrir la présence personnelle de Dieu au centre de toutes choses que de trouver des villes lointaines sur votre propre planète. Le fait que vous n’ayez pas visité ces lieux ne contredit en aucune façon leur réalité ou leur existence effective. Le fait que si peu de créatures de l’univers aient trouvé Dieu au Paradis ne contredit ni la réalité de son existence ni la présence effective de sa personne spirituelle au centre de toutes choses. 11:1.4 On peut toujours trouver le Père à cet emplacement central. S’il en bougeait, cela précipiterait un pandémonium universel, car c’est à ce centre résidentiel que les lignes de gravité convergent en lui depuis les confins de la création. Que nous remontions à l’origine du circuit de personnalité à travers les univers ou que nous suivions les personnalités voyageant vers l’intérieur jusqu’au Père, que nous retracions les lignes de la gravité matérielle jusqu’au bas Paradis ou que nous suivions les marées cycliques de la force cosmique, que nous retracions les lignes de gravité spirituelle jusqu’au Fils Éternel ou que nous suivions la procession centripète des Fils Paradisiaques de Dieu, que nous retracions les circuits mentaux ou que nous suivions les billions et les billions d’êtres célestes issus de l’Esprit Infini – n’importe laquelle de ces observations ou leur ensemble nous ramène directement à la présence du Père, à sa demeure centrale. Là, Dieu est personnellement, littéralement et effectivement présent. Et, de son être infini, les fleuves débordant de vie, d’énergie et de personnalité s’écoulent vers tous les univers. 2. Nature de l’Ile Éternelle 11:2.1 Même depuis votre emplacement astronomique, depuis votre position spatiale dans les royaumes étoilés, vous commencez à apercevoir fugitivement l’immensité de l’univers matériel. Il devrait donc vous paraitre évident qu’un univers matériel aussi prodigieux doit avoir une capitale adéquate et digne de lui, un siège central proportionné à la noblesse et à l’infinitude du Chef universel de cette colossale création de royaumes matériels et d’êtres vivants. 11:2.2 Dans sa forme, le Paradis diffère des corps habités de l’espace : il n’est pas sphérique, il est nettement ellipsoïde, son diamètre nord-sud étant d’un sixième plus long que son diamètre est-ouest. L’Ile centrale est essentiellement plate, et la distance entre la surface supérieure et la surface inférieure est le dixième du diamètre est-ouest. 11:2.3 Ces différences de dimensions de l’Ile, jointes à son statut stationnaire et à une plus forte pression de radiation d’énergie-force à l’extrémité nord de l’Ile, permettent d’établir une direction absolue dans le maitre univers. 11:2.4 L’Ile centrale est divisée géographiquement en trois domaines d’activité : 11:2.5 1. Le haut Paradis. 11:2.6 2. Le Paradis périphérique. 11:2.7 3. Le bas Paradis. 11:2.8 Nous désignons par côté haut la surface du Paradis qui est occupée par des activités de personnalité, et la surface opposée par côté bas. La périphérie du Paradis sert à des activités qui ne sont ni strictement personnelles ni non personnelles. La Trinité semble dominer le plan personnel ou supérieur, et l’Absolu Non Qualifié le plan inférieur ou impersonnel. Nous ne pouvons guère concevoir l’Absolu Non Qualifié comme une personne, mais nous pensons vraiment à la présence spatiale fonctionnelle de cet Absolu comme étant focalisée sur le bas Paradis. 11:2.9 L’Ile éternelle est composée d’une seule forme de matérialisation – de systèmes stationnaires de réalité. Cette substance physique du Paradis est une organisation homogène de puissance d’espace qu’on ne trouve nulle part ailleurs dans le vaste univers des univers. Elle a reçu beaucoup de noms dans différents univers, et depuis longtemps les Melchizédeks de Nébadon l’ont dénommée absolutum. Cette matière source du Paradis n’est ni morte ni vivante ; elle est l’expression originelle non spirituelle de la Source-Centre Première ; elle est le Paradis, et le Paradis n’a pas de copie. 11:2.10 Il nous semble que la Source-Centre Première a concentré dans le Paradis tout le potentiel absolu de réalité cosmique comme partie de sa technique pour se libérer des limitations de l’infinité, comme un moyen de rendre possible la création subinfinie et même celle de l’espace-temps. Mais, de ce que l’univers des univers est limité dans l’espace-temps, il ne s’ensuit pas qu’il en soit de même pour le Paradis. Le Paradis existe sans le temps et n’a pas d’emplacement dans l’espace. 11:2.11 En gros, il semble que l’espace prenne son origine juste au-dessous du bas Paradis et le temps juste au-dessus du haut Paradis. Le temps tel que vous le comprenez n’est pas une caractéristique de l’existence du Paradis, bien que les citoyens de l’Ile centrale soient pleinement conscients de la séquence intemporelle des évènements. Le mouvement n’est pas inhérent au Paradis ; il est volitif. Mais le concept de distance, et même de distance absolue, y a une très grande signification, car on peut l’appliquer à des emplacements relatifs sur le Paradis. Le Paradis est non spatial, et en conséquence ses surfaces sont absolues. Elles rendent donc de nombreuses sortes de services qui dépassent les concepts du mental des mortels. 3. Le haut Paradis 11:3.1 Sur le haut Paradis, il y a trois sphères grandioses d’activité, la présence de la Déité, la Sphère Très Sainte et l’Aire Sainte. La vaste région qui entoure immédiatement la présence des Déités est mise à part en tant que Sphère Très Sainte et réservée pour les fonctions d’adoration, de trinitisation et d’aboutissement spirituel supérieur. Dans cette zone, il n’y a ni structures matérielles ni créations purement intellectuelles ; elles ne pourraient pas y exister. Il est inutile que je tente de dépeindre au mental humain la nature divine et la splendide magnificence de la Sphère Très Sainte du Paradis. Ce royaume est entièrement spirituel, et vous êtes presque entièrement matériels. Pour un être purement matériel, une réalité purement spirituelle est apparemment inexistante. 11:3.2 Bien qu’il n’y ait pas de matérialisations physiques dans l’aire du Très Saint, il y a d’abondants souvenirs de vos jours matériels dans les secteurs de l’Aire Sainte, et encore davantage dans les aires de réminiscence historique du Paradis périphérique. 11:3.3 L’Aire Sainte, la région environnante ou résidentielle, est divisée en sept zones concentriques. Le Paradis est parfois dénommé « la Maison du Père » parce que c’est sa résidence éternelle, et les sept zones sont souvent appelées « les demeures paradisiaques du Père ». La première, ou zone intérieure, est occupée par des Citoyens du Paradis et les natifs de Havona qui se trouvent en séjour au Paradis. La zone suivante, la deuxième, est la région de résidence des natifs des sept superunivers du temps et de l’espace. Une partie de cette seconde zone est subdivisée en sept divisions immenses formant le foyer paradisiaque des êtres spirituels et des créatures ascendantes qui proviennent des univers de progression évolutionnaire. Chacun de ces secteurs est exclusivement consacré au bien-être et à l’avancement des personnalités d’un seul superunivers, mais ces aménagements dépassent à peu près infiniment les besoins des sept superunivers actuels. 11:3.4 Chacun des sept secteurs du Paradis est subdivisé en unités résidentielles susceptibles d’abriter le siège d’un milliard de groupes actifs d’individus glorifiés. Mille de ces unités constituent une division. Cent-mille divisions égalent une congrégation. Dix-millions de congrégations constituent une assemblée. Un milliard d’assemblées forment une grande unité. Et cette série ascendante continue par la deuxième grande unité, la troisième, et ainsi de suite jusqu’à la septième grande unité ; et sept grandes unités forment les unités maitresses, et sept de ces unités maitresses constituent une unité supérieure, et ainsi par multiple de sept, l’expansion des unités ascendantes se poursuit par les unités supérieures, supersupérieures, célestes et supercélestes, jusqu’aux unités suprêmes. Mais même cela n’utilise pas tout l’espace disponible. Ce nombre stupéfiant de désignations résidentielles au Paradis, un nombre qui dépasse vos concepts, occupe considérablement moins de un pour cent de l’aire affectée à la Terre Sainte. Il y a encore beaucoup de place pour ceux qui cheminent vers l’intérieur, même pour ceux qui ne commenceront pas l’ascension du Paradis avant les époques de l’éternel futur. 4. Le Paradis périphérique 11:4.1 L’Ile centrale finit abruptement à sa périphérie, mais ses dimensions sont si énormes que son angle terminal est relativement indiscernable à l’intérieur d’une zone circonscrite quelconque. La surface périphérique du Paradis est occupée en partie par les champs d’atterrissage et de départ de divers groupes de personnalités d’esprit. Puisque les zones d’espace non pénétré bordent de tout près la périphérie, tous les transports de personnalités à destination du Paradis atterrissent dans ces régions. Le haut et le bas Paradis ne sont abordables ni par les supernaphins transporteurs, ni par les autres types de franchisseurs d’espace. 11:4.2 Les Sept Maitres Esprits ont leur siège personnel de pouvoir et d’autorité sur les sept sphères de l’Esprit qui circulent autour du Paradis dans l’espace situé entre les brillants globes du Fils et le circuit intérieur des mondes de Havona, mais ils maintiennent un siège-foyer de force sur la périphérie du Paradis. Là, les présences des Sept Directeurs Suprêmes de Pouvoir circulent lentement et marquent l’emplacement des sept stations d’où certaines énergies du Paradis sortent comme des éclairs vers les sept superunivers. 11:4.3 Ici, sur le Paradis périphérique, se trouvent les énormes aires d’expositions historiques et prophétiques affectées aux Fils Créateurs qui sont dédiées aux univers locaux du temps et de l’espace. Il y a exactement sept billions de ces emplacements historiques installés ou en réserve, mais l’ensemble de ces dispositifs réunis n’occupe guère que quatre pour cent de la portion de l’aire périphérique qui leur est affectée. Nous en inférons que ces vastes réserves appartiennent à des créations qui trouveront ultérieurement leur place au-delà des frontières des sept superunivers actuellement connus et habités. 11:4.4 La portion du Paradis qui a été assignée à l’usage des univers existants n’est utilisée que dans la proportion de un à quatre pour cent, alors que l’étendue affectée à ces activités est au moins un million de fois supérieure à celle qui leur serait effectivement nécessaire. Le Paradis est assez grand pour faire face aux activités d’une création à peu près infinie. 11:4.5 Mais toute tentative supplémentaire pour vous faire imaginer les gloires du Paradis serait futile. Il vous faut attendre et vous élever pendant votre attente, car en vérité « l’œil n’a pas vu, l’oreille n’a pas entendu et le mental des mortels n’a pas perçu les choses que le Père Universel a préparées pour ceux qui survivent à la vie de la chair sur les mondes du temps et de l’espace ». 5. Le bas Paradis 11:5.1 En ce qui concerne le bas Paradis, nous ne savons que ce qui est révélé ; les personnalités n’y séjournent pas. Il est totalement étranger aux affaires des intelligences d’esprit et l’Absolu de Déité n’y opère pas. Nous sommes informés que tous les circuits d’énergie physique et de force cosmique prennent leur origine sur le bas Paradis et qu’il est constitué comme suit : 11:5.2 1. Directement aux antipodes de la localisation de la Trinité, dans la portion centrale du bas Paradis, se trouve la Zone inconnue et non révélée de l’Infinité. 11:5.3 2. Cette zone est directement entourée par une aire non dénommée. 11:5.4 3. Occupant la bordure extérieure de la surface inférieure, se trouve une région ayant principalement à faire avec la puissance d’espace et l’énergie-force. Les activités de ce vaste centre elliptique de force ne sont assimilables à aucune des fonctions connues d’une triunité, mais la charge de force primordiale de l’espace parait être focalisée dans cette région. Ce centre consiste en trois zones elliptiques concentriques. La zone intérieure est le point focal des activités d’énergie-force du Paradis lui-même. La zone extérieure est peut-être identifiable avec les fonctions de l’Absolu Non Qualifié, mais nous sommes dans l’incertitude en ce qui concerne les fonctions spatiales de la zone médiane. 11:5.5 La zone intérieure de ce centre de force parait agir comme un gigantesque cœur dont les pulsations dirigent des courants jusqu’aux limites extrêmes de l’espace physique. Elle dirige et modifie les énergies-force, mais ne les actionne guère. La présence-pression de réalité de cette force primordiale est nettement plus grande à l’extrémité nord du centre du Paradis que dans les régions sud ; cette différence est uniformément enregistrée. La force mère de l’espace parait affluer par le sud et s’écouler par le nord sous l’action de quelque système circulatoire inconnu chargé de diffuser cette forme fondamentale d’énergie-force. De temps en temps, il y a aussi des différences notables de pression entre l’est et l’ouest. Les forces émanant de cette zone intérieure ne réagissent pas à la gravité physique observable, mais obéissent toujours à la gravité du Paradis. 11:5.6 La zone médiane du centre de force entoure immédiatement l’aire précédente. Cette zone médiane parait statique, à part sa dilatation et sa contraction au moyen de trois cycles d’activité. La plus faible de ces pulsations s’effectue en direction est-ouest et la suivante dans une direction nord-sud, tandis que la plus forte fluctuation s’effectue dans toutes les directions en une expansion et une contraction généralisées. La fonction de cette aire médiane n’a jamais été réellement identifiée, mais elle doit avoir un rôle dans les ajustements réciproques entre la zone intérieure et la zone extérieure du centre de force. Beaucoup croient que la zone médiane est le mécanisme de contrôle des espaces intermédiaires ou zones tranquilles qui séparent les niveaux d’espace successifs du maitre univers, mais il n’existe aucune preuve ni révélation à l’appui. Cette inférence dérive de la connaissance que cette aire médiane a certains rapports avec le fonctionnement du mécanisme de l’espace non pénétré du maitre univers. 11:5.7 La zone extérieure est la plus vaste et la plus active des trois ceintures elliptiques concentriques de potentiel d’espace non identifié. Cette aire est un lieu d’activités dont on n’a point d’idée, le point central d’un circuit d’émanations qui s’en vont dans toutes les directions de l’espace jusqu’aux limites extrêmes des sept superunivers, et qui continuent au-delà pour s’étendre sur les énormes et incompréhensibles domaines de l’espace extérieur. Cette présence spatiale est entièrement impersonnelle, bien que d’une manière inconnue elle paraisse répondre indirectement à la volonté et aux directives des Déités infinies lorsqu’elles agissent en tant que Trinité. On croit qu’il s’agit de la focalisation centrale, le centre paradisiaque, de la présence spatiale de l’Absolu Non Qualifié. 11:5.8 Toutes les formes de force et toutes les phases d’énergie paraissent encircuitées. Elles circulent partout dans les univers et reviennent par des routes précises. Quant aux émanations de la zone activée de l’Absolu Non Qualifié, elles paraissent arriver ou partir – jamais les deux à la fois. Les pulsations de cette zone extérieure s’effectuent selon de très longs cycles de proportions gigantesques. Pendant un peu plus d’un milliard d’années d’Urantia la force d’espace de ce centre est dirigée vers l’extérieur ; ensuite pendant une durée similaire, elle est dirigée vers l’intérieur ; et les manifestations de force d’espace de ce centre sont universelles ; elles s’étendent dans tout l’espace pénétrable. 11:5.9 Toute force physique, toute énergie et toute matière ne font qu’un. Toute énergie-force est issue originellement du bas Paradis et y retournera finalement après avoir complété son circuit d’espace. Mais toutes les énergies et toutes les organisations matérielles de l’univers des univers ne sont pas toutes venues du bas Paradis dans leur présent état phénoménal ; l’espace est la matrice de plusieurs formes de matière et de prématière. Bien que la zone extérieure du centre de force du Paradis soit la source d’énergies d’espace, ce n’est pas de là que l’espace tire son origine. L’espace n’est ni force, ni énergie, ni pouvoir. Les pulsations de cette zone n’expliquent pas non plus la respiration de l’espace, mais les phases d’entrée et de sortie de cette zone sont synchronisées avec les cycles d’expansion-contraction de l’espace qui durent deux milliards d’années. 6. La respiration de l’espace 11:6.1 Nous ne connaissons pas le mécanisme effectif de la respiration de l’espace ; nous observons simplement que tout l’espace est alternativement en contraction et en expansion. Cette respiration affecte à la fois l’expansion horizontale de l’espace pénétré et les extensions verticales de l’espace non pénétré qui existent dans les vastes réservoirs d’espace au-dessus et au-dessous du Paradis. Pour essayer d’imaginer la forme volumétrique de ces réservoirs d’espace, vous pourriez penser à un sablier. 11:6.2 Lorsque les univers de l’extension horizontale de l’espace pénétré se dilatent, les réservoirs de l’extension verticale de l’espace non pénétré se contractent, et vice versa. Il y a un confluent d’espace pénétré et non pénétré juste au-dessous du bas Paradis. Les deux types d’espace y coulent à travers les canaux régulateurs qui les transmuent, et où s’opèrent des modifications rendant pénétrable l’espace impénétrable, et réciproquement, dans les cycles de contraction et d’expansion du cosmos. 11:6.3 Espace « non pénétré » signifie espace non pénétré par ces forces, énergies, pouvoirs et présences dont on sait qu’ils existent dans l’espace pénétré. Nous ne savons pas si l’espace vertical (réservoir) est destiné à fonctionner toujours comme contrepoids de l’espace horizontal (univers) ; nous ne savons pas s’il y a une intention créatrice concernant l’espace non pénétré. En réalité, nous savons très peu de chose sur les réservoirs d’espace, simplement qu’ils existent et qu’ils paraissent contrebalancer les cycles d’expansion-contraction spatiaux de l’univers des univers. 11:6.4 Chaque phase des cycles de respiration d’espace dure un peu plus d’un milliard d’années d’Urantia. Pendant une phase, les univers sont en expansion ; pendant la suivante ils se contractent. L’espace pénétré approche maintenant du point médian de sa phase d’expansion, tandis que l’espace non pénétré approche du point médian de sa phase de contraction, et nous sommes informés que présentement les limites extrêmes des deux extensions d’espace sont, théoriquement, à peu près équidistantes du Paradis. Les réservoirs d’espace non pénétré s’étendent maintenant à la verticale au-dessus du haut Paradis et au-dessous du bas Paradis juste aussi loin que les espaces pénétrés de l’univers s’étendent horizontalement à l’extérieur du Paradis périphérique jusqu’au quatrième niveau d’espace extérieur, et même au-delà. 11:6.5 Pendant un milliard d’années d’Urantia, ces réservoirs d’espace se contractent tandis que le maitre univers et les activités énergétiques de tout l’espace horizontal sont en expansion. Il faut donc un peu plus de deux-milliards d’années d’Urantia pour compléter le cycle entier d’expansion-contraction. 7. Fonctions spatiales du Paradis 11:7.1 L’espace n’existe sur aucune des surfaces du Paradis. Si l’on « regardait » directement au zénith de la surface supérieure du Paradis, on ne « verrait » rien d’autre que de l’espace non pénétré arrivant ou partant ; en ce moment il arrive. L’espace ne touche pas le Paradis ; seules les zones d’espace médian tranquille arrivent au contact de l’Ile centrale. 11:7.2 Le Paradis est le noyau effectivement immobile des zones comparativement tranquilles qui existent entre l’espace pénétré et l’espace non pénétré. Géographiquement, ces zones semblent être une extension relative du Paradis, mais il s’y produit probablement quelques mouvements. Nous savons très peu de choses à leur sujet, mais nous observons que ces zones de mouvement spatial ralenti séparent l’espace pénétré et l’espace non pénétré. Des zones similaires ont existé entre les divers niveaux de l’espace pénétré, mais elles sont devenues moins tranquilles. 11:7.3 Le profil d’une section verticale de l’espace total ressemblerait un peu à une croix de Malte dont les bras horizontaux représenteraient l’espace pénétré (l’univers) et les bras verticaux l’espace non pénétré (le réservoir). Les aires entre les quatre bras les sépareraient un peu comme les zones d’espace médian séparent l’espace pénétré de l’espace non pénétré. Ces zones tranquilles d’espace médian deviennent de plus en plus vastes à mesure que leur distance du Paradis s’accroît ; finalement, elles entourent les bords de tout l’espace et enferment hermétiquement à la fois les réservoirs d’espace et la totalité de l’extension horizontale de l’espace pénétré. 11:7.4 L’espace n’est ni un état subabsolu à l’intérieur de l’Absolu Non Qualifié, ni la présence de cet Absolu, ni une fonction de l’Ultime. C’est un don du Paradis. Nous croyons que l’espace du grand univers et celui de toutes les régions extérieures sont effectivement pénétrés par la puissance d’espace ancestrale de l’Absolu Non Qualifié. Cet espace pénétré s’étend horizontalement vers l’extérieur, depuis la proximité du Paradis périphérique à travers le quatrième niveau d’espace extérieur et au-delà de la périphérie du maitre univers ; mais de combien au-delà, nous ne le savons pas. 11:7.5 Si vous imaginez un plan en forme de V, fini mais inconcevablement grand, situé à angle droit par rapport aux deux surfaces supérieure et inférieure du Paradis et dont la pointe serait presque tangentielle à la périphérie du Paradis, et qu’ensuite vous visualisiez ce plan en révolution elliptique autour du Paradis, alors cette révolution délimiterait grossièrement le volume de l’espace pénétré. 11:7.6 Il y a une limite supérieure et une limite inférieure à l’espace horizontal par rapport à n’importe quel emplacement dans les univers. Si l’on pouvait aller assez loin à angle droit du plan d’Orvonton, soit vers le haut soit vers le bas, on rencontrerait finalement la limite inférieure ou supérieure de l’espace pénétré. À l’intérieur des dimensions connues du maitre univers, ces limites s’écartent de plus en plus l’une de l’autre à mesure que la distance du Paradis s’accroit. L’espace épaissit, et il épaissit un peu plus vite que le plan de la création, c’est-à-dire que les univers. 11:7.7 Les zones relativement tranquilles entre les niveaux d’espace, comme celle qui sépare les sept superunivers du premier niveau d’espace extérieur, sont d’énormes régions elliptiques où les activités spatiales sont au repos. Ces zones séparent les vastes galaxies qui tournent à grande vitesse en procession ordonnée autour du Paradis. Vous pouvez visualiser le premier niveau d’espace extérieur, où d’innombrables univers sont maintenant en cours de formation, comme une vaste procession de galaxies tournant autour du Paradis, bornée en haut et en bas par les zones tranquilles d’espace médian, et bornée à l’intérieur et à l’extérieur par les zones d’espace relativement tranquilles. 11:7.8 Un niveau d’espace fonctionne donc comme une région elliptique de mouvement entourée de tous côtés par une immobilité relative. Ces relations entre mouvement et repos constituent un chemin d’espace courbe de moindre résistance au mouvement. Ce chemin est universellement suivi par la force cosmique et l’énergie émergente au cours de leur circulation sans fin autour de l’Ile du Paradis. 11:7.9 Ce zonage alterné du maitre univers, associé au flux alterné des galaxies dans le sens des aiguilles d’une montre et en sens inverse, est un facteur de stabilisation de la gravité physique destiné à empêcher que la pression de gravité ne s’accentue au point où elle produirait un effet de désagrégation et de dispersion. Ce dispositif exerce une influence antigravitationnelle et agit comme un frein sur des vitesses qui autrement seraient dangereuses. 8. La gravité du Paradis 11:8.1 L’attraction inéluctable de la gravité saisit effectivement tous les mondes de tous les univers de tout l’espace. La gravité est l’emprise toute-puissante de la présence physique du Paradis. La gravité est la corde omnipotente à laquelle sont accrochés les étoiles scintillantes, les soleils flamboyants et les sphères tourbillonnantes qui constituent la parure physique universelle du Dieu éternel, qui est tout, qui remplit toutes choses et en qui toutes choses subsistent. 11:8.2 Le centre et le point focal de la gravité matérielle absolue est l’Ile du Paradis, complétée par les corps de gravité obscurs qui encerclent Havona, et équilibrée par les réservoirs d’espace situés au-dessus et au-dessous. Toutes les émanations connues du bas Paradis répondent invariablement et infailliblement à l’attraction de la gravité centrale fonctionnant sur les circuits sans fin des niveaux elliptiques d’espace du maitre univers. Toutes les formes connues de réalité cosmique suivent la tendance des âges, épousent la courbure du cercle et s’insèrent dans le mouvement de la grande trajectoire elliptique. 11:8.3 L’espace ne répond pas à la gravité, mais il agit sur la gravité comme un équilibrant. Sans le coussin de l’espace, un effet explosif ébranlerait les corps spatiaux du voisinage. L’espace pénétré exerce aussi une influence d’antigravité sur la gravité physique ou linéaire ; l’espace peut effectivement neutraliser l’action de la gravité sans toutefois pouvoir la retarder. La gravité absolue est la gravité du Paradis. La gravité locale ou linéaire appartient au stade électrique de l’énergie ou de la matière. Elle opère à l’intérieur de l’univers central, des superunivers et des univers extérieurs en tous les lieux où une matérialisation appropriée a eu lieu. 11:8.4 Les nombreuses formes de force cosmique, d’énergie physique, de pouvoir d’univers et des diverses matérialisations font apparaitre trois stades généraux, bien que non parfaitement nets, de réaction à la gravité du Paradis : 11:8.5 1. Les stades de prégravité (Force). C’est le premier pas dans l’individualisation de la puissance d’espace en formes préénergétiques de force cosmique. Cet état est analogue au concept de la charge-force primordiale de l’espace que l’on appelle parfois énergie pure ou ségrégata. 11:8.6 2. Les stades de gravité (Énergie). Cette modification de la charge-force de l’espace est produite par l’action des organisateurs de force du Paradis. Elle signale l’apparition de systèmes d’énergie répondant à l’attraction de la gravité du Paradis. Cette énergie émergente est originellement neutre, mais, après de nouvelles métamorphoses, elle montre des qualités dites positive et négative ; nous appelons ces stades ultimata. 11:8.7 3. Les stades de postgravité (pouvoir d’univers). À ce stade, l’énergie-matière laisse voir qu’elle répond au contrôle de la gravité linéaire. Dans l’univers central, ces systèmes physiques sont des organisations triples appelées triata. Ce sont les systèmes de superpouvoir donnant naissance aux créations de l’espace et du temps. Les systèmes physiques des superunivers sont mobilisés par les Directeurs de Pouvoir d’Univers et leurs associés. Ces organisations matérielles ont une constitution double et s’appellent gravita. Les corps de gravité obscurs qui entourent Havona ne sont faits ni de triata ni de gravita ; leur pouvoir d’attraction dénote les deux formes de gravité physique, linéaire et absolue. 11:8.8 La puissance d’espace n’est sujette à l’interaction d’aucune forme de gravitation. Cette dotation primitive du Paradis n’est pas un niveau actuel de réalité, mais elle est ancestrale à toutes les réalités non spirituelles fonctionnelles relatives – à toutes les manifestations d’énergie-force et à l’organisation du pouvoir et de la matière. La puissance d’espace est un terme difficile à définir. Il ne désigne pas ce qui est ancestral à l’espace ; sa signification devrait évoquer l’idée des puissances et des potentiels qui existent dans l’espace. On peut concevoir approximativement qu’il inclut tous les potentiels et influences absolus qui émanent du Paradis et constituent la présence spatiale de l’Absolu Non Qualifié. 11:8.9 Le Paradis est la source absolue et l’éternel point focal de toute énergie-matière dans l’univers des univers. L’Absolu Non Qualifié révèle, régularise et entrepose ce qui a sa source et son origine dans le Paradis. La présence universelle de l’Absolu Non Qualifié parait équivaloir au concept que l’extension de la gravité est potentiellement infinie, qu’elle est une tension élastique de la présence du Paradis. Ce concept nous aide à saisir le fait que tout subit une attraction vers l’intérieur, vers le Paradis. Cet exemple est grossier, mais peut néanmoins être utile. Il explique aussi pourquoi la gravité agit toujours de façon préférentielle dans le plan perpendiculaire à la masse, phénomène dénotant que les dimensions du Paradis et des créations qui l’entourent sont différentielles. 9. Le caractère unique du Paradis 11:9.1 Le Paradis est unique en ce sens qu’il est le royaume d’origine primordiale et le but final de la destinée pour toutes les personnalités d’esprit. Bien qu’il soit vrai que les êtres d’esprit inférieurs des univers locaux ne sont pas tous immédiatement destinés au Paradis, cependant le Paradis reste toujours le but désiré de toutes les personnalités supramatérielles. 11:9.2 Le Paradis est le centre géographique de l’infinité. Il n’est pas une partie de la création universelle, ni même une véritable partie de l’éternel univers de Havona. Nous nous référons communément à l’Ile centrale comme appartenant à l’univers divin, mais en réalité ce n’est pas le cas. Le Paradis est une existence éternelle et exclusive. 11:9.3 Dans l’éternité du passé, lorsque le Père Universel donna une expression de personnalité infinie de son moi spirituel dans l’être du Fils Éternel, il révéla simultanément le potentiel d’infinité de son moi non personnel en tant que le Paradis. Le Paradis, non personnel et non spirituel, parait avoir été le corollaire inévitable de la volonté et de l’acte du Père rendant éternel le Fils Originel. C’est ainsi que le Père projeta la réalité en deux phases actuelles – le personnel et le non personnel, le spirituel et le non spirituel. La tension entre ces phases, en face de la volonté commune d’agir du Père et du Fils, donna existence à l’Acteur Conjoint et à l’univers central des mondes matériels et des êtres spirituels. 11:9.4 Lorsque la réalité est différenciée en personnel et non-personnel (Fils Éternel et Paradis), il n’est guère juste d’appeler « Déité » ce qui est non-personnel, à moins que ce non-personnel soit qualifié d’une certaine manière. L’énergie et les répercussions matérielles des actes de la Déité ne peuvent guère être appelées Déité. La Déité peut être la cause de beaucoup de choses qui ne sont pas la Déité, et le Paradis n’est pas une Déité : il n’est pas non plus conscient dans le sens où les mortels pourraient comprendre ce terme. 11:9.5 Le Paradis n’est ancestral à aucun être ou entité vivante ; il n’est pas un créateur. La personnalité et les relations mental-esprit sont transmissibles, mais les archétypes ne le sont pas. Les modèles ne sont jamais des reflets ; ce sont des copies – des reproductions. Le Paradis est l’absolu des archétypes. Havona est une exposition de ces potentiels en actualité. 11:9.6 La résidence de Dieu est centrale et éternelle, glorieuse et idéale. Sa demeure est l’archétype splendide de tous les mondes-sièges des univers ; et l’univers central de son habitation immédiate est l’archétype de tous les univers pour leurs idéaux, leur organisation et leur destinée ultime. 11:9.7 Le Paradis est le siège universel de toutes les activités concernant la personnalité, et la source-centre de toutes les manifestations de force d’espace et d’énergie. Tout ce qui a été, qui est maintenant ou qui sera, est venu, vient maintenant ou viendra plus tard de ce lieu central d’habitat des Dieux éternels. Le Paradis est le centre de toute la création, la source de toutes les énergies et le lieu d’origine primitif de toutes les personnalités. 11:9.8 Après tout, la chose la plus importante pour les mortels au sujet du Paradis éternel est le fait que cette parfaite demeure du Père Universel est la destinée réelle et lointaine des âmes immortelles des fils mortels et matériels de Dieu, les créatures ascendantes des mondes évolutionnaires du temps et de l’espace. Tout mortel connaissant Dieu et ayant épousé la carrière d’accomplissement de la volonté du Père s’est déjà engagé sur la longue, longue route du Paradis, route de recherche de la divinité et d’aboutissement à la perfection. Et, lorsqu’un tel être d’origine animale se tient devant les Dieux du Paradis après s’être élevé des sphères inférieures de l’espace comme un nombre incommensurable de ses pareils le fait maintenant, cet accomplissement représente la réalité d’une transformation spirituelle côtoyant les limites de la suprématie. 11:9.9 [Présenté par un Perfecteur de Sagesse chargé de cette fonction par les Anciens des Jours d’Uversa.] Fascicule 12. L’univers des univers 12:0.1 L’immensité de la vaste création du Père Universel dépasse complètement la portée de l’imagination finie. Le maitre univers est si colossal qu’il renverse les concepts d’êtres même de ma classe. Mais on peut enseigner beaucoup de choses au mental mortel sur le plan et l’arrangement des univers. Vous pouvez acquérir des notions sur leur organisation physique et leur merveilleuse administration. Vous pouvez apprendre beaucoup de choses sur les divers groupes d’êtres intelligents qui peuplent les sept superunivers du temps et l’univers central de l’éternité. 12:0.2 En principe, c’est-à-dire en potentiel éternel, nous concevons la création matérielle comme infinie parce que le Père Universel est effectivement infini, mais, à mesure que nous étudions et observons la création matérielle totale, nous savons qu’à tout moment donné elle est limitée, bien que pour votre mental fini elle soit comparativement illimitée, pratiquement sans bornes. 12:0.3 D’après l’étude des lois physiques et l’observation des royaumes étoilés, nous sommes convaincus que le Créateur infini n’a pas encore manifesté la finalité de son expression cosmique, c’est-à-dire qu’une grande partie du potentiel cosmique de l’Infini est encore contenue en lui-même et non révélée. Pour les êtres créés, le maitre univers peut sembler à peu près infini, mais il est loin d’être achevé ; la création matérielle comporte encore des limites physiques, et la révélation expérientielle du dessein éternel est encore en progression. 1. Niveaux d’espace du maitre univers 12:1.1 L’univers des univers n’est ni un plan infini, ni un cube illimité, ni un cercle sans frontières ; il a certainement des dimensions. Les lois de l’organisation physique et de l’administration prouvent d’une manière concluante que tout ce vaste agrégat d’énergie-force et de pouvoir-matière fonctionne ultimement comme une unité spatiale, comme un tout organisé et coordonné. Le comportement observable de la création matérielle constitue la preuve qu’il existe un univers physique avec des limites définies. La preuve décisive que l’univers est à la fois circulaire et délimité est apportée par le fait bien connu (pour nous) que toutes les formes d’énergie fondamentale tournent sur la trajectoire courbe des niveaux d’espace du maitre univers en obéissant à l’attraction incessante et absolue de la gravité du Paradis. 12:1.2 Les niveaux spatiaux successifs du maitre univers constituent les divisions majeures de l’espace pénétré – de la création totale, organisée et partiellement habitée, ou attendant d’être organisée et habitée. Si le maitre univers n’était pas une série de niveaux elliptiques d’espace offrant une moindre résistance au mouvement, alternant avec des zones de quiétude relative, nous concevons qu’il serait possible d’observer certaines énergies cosmiques filant à l’infini, en ligne droite dans l’espace vierge. Mais nous ne trouvons jamais de force, d’énergie ou de matière qui se comporte ainsi ; toujours elles tournent en avançant sur les trajectoires des grands circuits de l’espace. 12:1.3 Partant du Paradis vers l’extérieur à travers l’extension horizontale de l’espace pénétré, le maitre univers existe en six ellipses concentriques, les niveaux d’espace entourant l’Ile centrale : 12:1.4 1. L’Univers central – Havona. 12:1.5 2. Les sept superunivers. 12:1.6 3. Le premier niveau d’espace extérieur. 12:1.7 4. Le second niveau d’espace extérieur. 12:1.8 5. Le troisième niveau d’espace extérieur. 12:1.9 6. Le quatrième et dernier niveau d’espace extérieur. 12:1.10 Havona, l’univers central, n’est pas une création du temps ; c’est une existence éternelle. Cet univers sans commencement ni fin consiste en un milliard de sphères d’une perfection sublime, et il est entouré par les énormes corps de gravité obscurs. Au centre de Havona se trouve l’Ile du Paradis, stationnaire et absolument stabilisée, entourée de ses vingt-et-un satellites. En raison des énormes masses des corps de gravité obscurs qui circulent à la lisière de l’univers central, le contenu massique de cet univers central dépasse considérablement le total des masses connues de l’ensemble des sept secteurs du grand univers. 12:1.11 Le système Paradis-Havona, l’éternel univers encerclant l’Ile éternelle, constitue le noyau parfait et éternel du maitre univers. L’ensemble des sept superunivers et toutes les régions de l’espace extérieur tournent sur des orbites établies autour du gigantesque agrégat central des satellites du Paradis et des sphères de Havona. 12:1.12 Les sept superunivers ne sont pas des organisations physiques primaires ; nulle part leurs frontières ne divisent une famille nébulaire ou ne traversent un univers local, une unité créative primordiale. Chaque superunivers est simplement, dans un espace géographique, un amas comprenant approximativement un septième de la création posthavonienne organisée et partiellement habitée. Ils sont à peu près équivalents quant au nombre des univers locaux qu’ils contiennent et à l’espace qu’ils embrassent. Nébadon, votre univers local, est l’une des plus récentes créations d’Orvonton, le septième superunivers. 12:1.13 Le grand univers est la création présentement organisée et habitée. Il se compose des sept superunivers avec un potentiel évolutionnaire cumulé d’environ sept billions de planètes habitées, sans faire état des sphères éternelles de la création centrale. Mais cette estimation à titre d’essai ne fait pas entrer en ligne de compte les sphères architecturales administratives, et n’inclut pas non plus les groupes extérieurs d’univers inorganisés. L’arête présentement déchiquetée du grand univers, sa périphérie inégale et inachevée conjuguée avec l’état prodigieusement agité de tout le terrain astronomique, suggère à nos observateurs d’étoiles que même les sept superunivers ne sont toujours pas achevés. Lorsque nous partons de l’intérieur, en allant du centre divin vers l’extérieur dans n’importe quelle direction, nous finissons par arriver aux limites extérieures de la création organisée et habitée ; nous arrivons aux limites extérieures du grand univers. Et c’est près de cette frontière extérieure, dans un coin éloigné de cette magnifique création, que votre univers local poursuit son existence mouvementée. 12:1.14 Les niveaux d’espace extérieur. Au loin dans l’espace, à une distance énorme des sept superunivers habités, il se rassemble des circuits de force et des énergies en cours de matérialisation d’une incroyable et prodigieuse immensité. Entre les circuits d’énergie des sept superunivers et cette gigantesque ceinture extérieure de forces en activité, il y a une zone d’espace comparativement calme dont la largeur varie, mais représente en moyenne quatre-cent-mille années-lumière. Ces zones d’espace sont libres de poussière stellaire – de brouillard cosmique. Ceux de nous qui étudient ces phénomènes sont dans le doute au sujet du statut des forces d’espace existant dans cette zone de calme relatif entourant les sept superunivers. Mais, à environ un demi-million d’années-lumière au-delà de la périphérie du présent grand univers, nous observons les débuts d’une zone d’activité énergétique incroyable dont le volume et l’intensité croissent sur une distance de plus de vingt-cinq-millions d’années-lumière. Ces formidables roues de forces énergétiques sont situées dans le premier niveau d’espace extérieur, une ceinture continue d’activité cosmique entourant la totalité de la création connue, organisée et habitée. 12:1.15 Des activités encore plus grandes ont lieu au-delà de ces régions, car les physiciens d’Uversa ont détecté des signes avant-coureurs de manifestations de force à plus de cinquante-millions d’années-lumière au-delà de la région la plus extérieure des phénomènes du premier niveau d’espace extérieur. Ces activités présagent indubitablement l’organisation des créations matérielles du second niveau d’espace extérieur du maitre univers. 12:1.16 L’univers central est la création de l’éternité ; les sept superunivers sont la création du temps ; les quatre niveaux d’espace extérieur sont indubitablement destinés à élaborer l’extériorisation de l’ultimité de la création. Certains penseurs maintiennent que l’Infini ne pourra jamais atteindre sa pleine expression en deçà de l’infinité. Ils postulent donc une création additionnelle et non révélée au-delà du quatrième et extrême niveau de l’espace extérieur, la possibilité d’un univers d’infinité, toujours croissant et ne finissant jamais. En théorie, nous ne savons comment limiter l’infinité du Créateur ni l’infinité potentielle de la création, mais nous considérons le maitre univers, tel qu’il existe et qu’il est administré comme ayant des limitations, comme étant nettement délimité et borné à ses lisières extérieures par l’espace ouvert. 2. Les domaines de l’Absolu Non Qualifié 12:2.1 Lorsque les astronomes d’Urantia scrutent avec leurs télescopes de plus en plus puissants les étendues mystérieuses de l’espace extérieur et qu’ils y voient l’étonnante évolution d’univers physiques à peu près innombrables, ils devraient réaliser qu’ils aperçoivent la grandiose exécution des plans insondables des Architectes du Maitre Univers. Il est vrai que nous possédons des preuves suggérant l’influence de la présence de certaines personnalités paradisiaques çà et là dans les immenses manifestations d’énergie qui caractérisent actuellement ces régions extérieures ; toutefois, d’un point de vue plus large, les régions d’espace qui s’étendent au-delà des frontières extérieures des sept superunivers sont généralement reconnues comme constituant le domaine de l’Absolu Non Qualifié. 12:2.2 Bien que l’œil humain sans aide ne puisse voir que deux ou trois nébuleuses en dehors des frontières du superunivers d’Orvonton, vos télescopes vous révèlent littéralement des millions et des millions de ces univers physiques en cours de formation. La plupart des royaumes étoilés exposés aujourd’hui à la recherche visuelle de vos télescopes se trouvent dans Orvonton, mais, avec la technique photographique, vos plus puissants télescopes pénètrent bien au-delà des frontières du grand univers, dans les domaines de l’espace extérieur où d’innombrables univers sont en voie d’organisation. Et il y a encore d’autres millions d’univers hors de portée des instruments que vous possédez maintenant. 12:2.3 Dans un avenir peu éloigné, de nouveaux télescopes révéleront, aux regards émerveillés des astronomes d’Urantia, au moins 375 millions de nouvelles galaxies dans les lointaines étendues de l’espace extérieur. En même temps, ces télescopes plus puissants découvriront que beaucoup d’univers iles que l’on situait précédemment dans l’espace extérieur font en réalité partie du système galactique d’Orvonton. Les sept superunivers sont encore en train de croitre ; la périphérie de chacun subit une expansion graduelle ; de nouvelles nébuleuses sont constamment stabilisées et organisées ; et quelques-unes des nébuleuses que les astronomes d’Urantia considèrent comme extragalactiques se trouvent en réalité aux lisières d’Orvonton et poursuivent leur voyage avec nous. 12:2.4 Les habitants d’Uversa qui étudient les étoiles observent que le grand univers est entouré par les ancêtres d’une série d’amas d’étoiles et de planètes qui encerclent complètement la création actuellement habitée comme des anneaux concentriques d’univers extérieurs innombrables. Les physiciens d’Uversa calculent que l’énergie et la matière de ces régions extérieures inexplorées sont déjà bien des fois supérieures au total de la masse matérielle et des charges d’énergie contenues dans l’ensemble des sept superunivers. Nous sommes informés que la métamorphose de la force cosmique dans ces niveaux d’espace extérieur est une fonction des organisateurs de force du Paradis. Nous savons également que ces forces sont ancestrales aux énergies physiques qui animent présentement le grand univers. Les directeurs de pouvoir d’Orvonton n’ont toutefois rien à faire avec ces lointains royaumes, et les mouvements d’énergie interne ne sont pas non plus reliés de façon décelable aux circuits de pouvoir des créations organisées et habitées. 12:2.5 Nous savons très peu de chose sur ce que signifient ces formidables phénomènes de l’espace extérieur. Une plus grande création future est en cours de formation. Nous pouvons observer son immensité, discerner son étendue et avoir le sentiment de ses dimensions majestueuses, mais autrement nous n’en savons pas beaucoup plus sur ces royaumes que les astronomes d’Urantia. À notre connaissance, il n’existe, dans cette ceinture extérieure de nébuleuses, de soleils et de planètes, ni êtres matériels de l’ordre des humains, ni anges ou autres créatures d’esprit. Ce domaine distant est en dehors de la juridiction et de l’administration des gouvernements des superunivers. 12:2.6 Dans tout Orvonton, on croit qu’un nouveau type de création est en gestation, un ordre d’univers destiné à devenir la scène des activités futures du Corps de la Finalité qui s’assemble. Et, si nos hypothèses sont correctes, alors l’avenir illimité peut tenir en réserve pour vous tous les mêmes spectacles captivants que le passé illimité pour vos anciens et vos prédécesseurs. 3. La gravité universelle 12:3.1 Toutes les formes d’énergie-force – matérielles, mentales ou spirituelles – sont également sujettes aux emprises, aux présences universelles que nous appelons gravité. La personnalité répond aussi à la gravité – au circuit exclusif du Père ; mais, bien que ce circuit soit uniquement réservé au Père, il n’est pas exclu des autres circuits. Le Père Universel est infini et agit sur tous les quatre circuits de gravité absolue dans le maitre univers : 12:3.2 1. La gravité de personnalité du Père Universel. 12:3.3 2. La gravité d’esprit du Fils Éternel. 12:3.4 3. La gravité mentale de l’Acteur Conjoint. 12:3.5 4. La gravité cosmique de l’Ile du Paradis. 12:3.6 Ces quatre circuits ne sont pas reliés au centre de force du bas Paradis ; ce ne sont pas des circuits de force, ni d’énergie, ni de pouvoir. Ce sont des circuits absolus de présence, et à l’instar de Dieu ils sont indépendants du temps et de l’espace. 12:3.7 Sous ce rapport, il est intéressant de noter certaines observations faites sur Uversa durant de récents millénaires par le corps des chercheurs s’occupant de la gravité. Ce groupe expert de travailleurs est arrivé aux conclusions suivantes concernant les différents systèmes de gravité du maitre univers : 12:3.8 1. Gravité physique. Ayant estimé la capacité de gravité physique du grand univers et ayant formulé une estimation de son total, ils ont laborieusement effectué une comparaison de leur résultat avec le total estimé de la présence de gravité absolue opérant maintenant. Ces calculs indiquent que l’action totale de la gravité dans le grand univers ne représente qu’une très faible fraction de l’attraction de gravité du Paradis calculée sur la base de la réaction de gravité des unités physiques de la matière universelle. Ces investigateurs aboutissent à la conclusion étonnante que l’univers central et les sept superunivers qui l’entourent n’emploient présentement que cinq pour cent du fonctionnement actif de l’emprise de gravité absolue du Paradis. En d’autres termes : à l’heure actuelle, environ quatre-vingt-quinze pour cent de l’action active de gravité cosmique de l’Ile du Paradis, évaluée d’après cette théorie de totalité, est occupée à contrôler des systèmes matériels situés au-delà des frontières des univers présentement organisés. Ces calculs se réfèrent tous à la gravité absolue ; la gravité linéaire est un phénomène d’interaction calculable seulement en connaissant la gravité effective du Paradis. 12:3.9 2. Gravité spirituelle. Par la même technique d’estimation comparative et de calcul, ces chercheurs ont exploré la capacité présente de réaction à la gravité d’esprit. Avec la collaboration de Messagers Solitaires et d’autres personnalités d’esprit, ils sont parvenus à faire le total de la gravité d’esprit active de la Source-Centre Deuxième. Et il est fort instructif de noter qu’ils trouvent à peu près la même valeur pour la présence effective et fonctionnelle de la gravité d’esprit dans le grand univers que pour la valeur supposée qu’ils avaient admise pour le total de la gravité active d’esprit. En d’autres termes : à l’heure actuelle, pratiquement toute la gravité du Fils Éternel, calculée d’après cette théorie de la totalité, est observable en fonctionnement dans le grand univers. Si ces résultats sont dignes de confiance, nous pouvons en conclure que les univers évoluant dans l’espace extérieur sont à l’heure actuelle entièrement non spirituels. Et s’il en est ainsi, cela explique d’une façon satisfaisante pourquoi les êtres doués d’esprit possèdent si peu ou pas du tout de renseignements sur ces vastes manifestations d’énergie, à part la connaissance du fait de leur existence physique. 12:3.10 3. Gravité mentale. À l’aide des mêmes principes de calcul comparatif, ces experts ont attaqué le problème de la présence de la gravité mentale et de la réponse à celle-ci. Ils obtinrent l’unité mentale d’estimation en faisant la moyenne de trois types matériels et de trois types spirituels de mentalités, bien que le type mental rencontré chez les directeurs de pouvoir et leurs associés se soit révélé comme un facteur de trouble dans l’effort pour parvenir à une unité fondamentale permettant d’estimer la gravité mentale. Il n’y avait guère d’obstacles pour estimer la capacité fonctionnelle de gravité mentale de la Source-Centre Troisième à l’heure actuelle d’après cette théorie de la totalité. Bien que dans cet exemple les résultats ne soient pas aussi décisifs que pour les estimations de gravité physique et d’esprit, ils sont comparativement très instructifs et même curieux. Ces investigateurs en ont déduit qu’environ quatre-vingt-cinq pour cent de la réponse de gravité mentale à l’attraction intellectuelle de l’Acteur Conjoint prend son origine dans le grand univers tel qu’il existe. Cela suggère la possibilité que des activités mentales soient impliquées en relation avec les activités physiques observables en cours de progrès dans tous les royaumes de l’espace extérieur. Bien que cette estimation soit probablement loin d’être exacte, elle s’accorde en principe avec notre croyance que des organisateurs de force intelligents dirigent présentement l’évolution dans les niveaux d’espace extérieurs au-delà des limites présentes du grand univers. Quelle que soit la nature de cette intelligence hypothétique, elle ne parait pas sensible à la gravité d’esprit. 12:3.11 Toutes ces computations sont au mieux des estimations basées sur des lois présumées. Nous pensons qu’elles sont assez fiables. Même si quelques êtres spirituels se trouvaient dans l’espace extérieur, leur présence collective n’influencerait pas notablement les calculs impliquant des mesures aussi colossales. 12:3.12 La Gravité de personnalité n’est pas calculable. Nous en reconnaissons le circuit, mais nous ne pouvons mesurer aucune réalité qualitative ou quantitative qui y réponde. 4. Espace et mouvement 12:4.1 Toutes les unités d’énergie cosmique sont en rotation primaire, engagées dans l’exécution de leur mission tandis qu’elles tournent autour de l’orbite universelle. Les univers de l’espace ainsi que les systèmes et mondes qui les composent sont tous des sphères en rotation se déplaçant le long des circuits sans fin des niveaux d’espace du maitre univers. Il n’y a absolument rien de stationnaire dans le maitre univers excepté le centre même de Havona, l’éternelle Ile du Paradis, le centre de gravité. 12:4.2 L’Absolu Non Qualifié est fonctionnellement limité à l’espace, mais nous n’avons pas la même certitude sur la relation de cet Absolu avec le mouvement. Le mouvement lui est-il inhérent ? Nous ne le savons pas. Nous savons que le mouvement n’est pas inhérent à l’espace ; même les mouvements de l’espace ne sont pas innés. Mais nous ne sommes pas aussi certains des rapports du Non Qualifié avec le mouvement. Quelle personne ou quelle chose est réellement responsable des gigantesques activités transmutatrices d’énergie-force qui se déploient maintenant au-delà des frontières des présents sept superunivers ? Sur l’origine du mouvement, nous avons les opinions suivantes : 12:4.3 1. Nous croyons que l’Acteur Conjoint initie le mouvement dans l’espace. 12:4.4 2. Si c’est l’Acteur Conjoint qui produit les mouvements de l’espace, nous ne pouvons pas le prouver. 12:4.5 3. L’Absolu Universel ne donne pas naissance au mouvement initial, mais il égalise et contrôle toutes les tensions dues au mouvement. 12:4.6 Dans l’espace extérieur, les organisateurs de force sont apparemment responsables de la production des gigantesques roues d’univers qui sont présentement en cours d’évolution stellaire, mais leur aptitude à fonctionner ainsi doit avoir été rendue possible par quelque modification de la présence spatiale de l’Absolu Non Qualifié. 12:4.7 Du point de vue humain, l’espace est néant–négatif ; il n’existe que par rapport à quelque chose de positif et de non spatial. Toutefois, l’espace est réel. Il contient et conditionne le mouvement. Il se meut même. On peut classifier les mouvements d’espace à peu près comme suit : 12:4.8 1. Le mouvement primaire – la respiration de l’espace, le mouvement de l’espace lui-même. 12:4.9 2. Le mouvement secondaire – les rotations en sens alternés des niveaux d’espace successifs. 12:4.10 3. Les mouvements relatifs – relatifs en ce sens qu’ils ne sont pas évalués en prenant le Paradis comme point de base. Les mouvements primaire et secondaire sont absolus, ils sont le mouvement par rapport au Paradis immobile. 12:4.11 4. Le mouvement compensateur ou corrélatif destiné à coordonner tous les autres mouvements. 12:4.12 Tout en révélant beaucoup de mouvements relatifs et absolus dans l’espace, les rapports actuels de votre soleil et de ses planètes associées tendent à produire sur vos astronomes observateurs l’impression que vous êtes comparativement stationnaires dans l’espace, et que les amas et courants d’étoiles qui vous entourent sont lancés dans une fuite vers l’extérieur à des vitesses toujours croissantes à mesure que vos calculs atteignent des espaces plus éloignés. Mais tel n’est pas le cas. Vous omettez de reconnaitre que les créations physiques de tout l’espace pénétré sont présentement en expansion uniforme vers l’extérieur. Votre propre création locale (Nébadon) participe à ce mouvement d’expansion universelle vers l’extérieur. La totalité des sept superunivers participe aux cycles de deux-milliards d’années de respiration de l’espace, ainsi que les régions extérieures du maitre univers. 12:4.13 Lorsque les univers se dilatent et se contractent, les masses matérielles de l’espace pénétré se déplacent alternativement avec ou contre l’attraction de la gravité du Paradis. Le travail effectué en déplaçant la masse d’énergie matérielle de la création est du travail d’espace et non du travail d’énergie-pouvoir. 12:4.14 Bien que vos estimations spectroscopiques des vitesses astronomiques soient assez fiables lorsqu’elles s’appliquent aux royaumes stellaires appartenant à votre superunivers et aux superunivers associés, vos calculs ne sont pas du tout fiables lorsqu’ils se réfèrent aux domaines de l’espace extérieur. Les lignes du spectre s’écartent de la normale vers le violet pour une étoile qui s’approche et vers le rouge pour une étoile qui s’éloigne. De nombreuses influences s’interposent pour faire apparaitre que la vitesse de récession des univers extérieurs augmente à raison de plus de cent-soixante kilomètres par seconde pour chaque million d’années-lumière s’ajoutant à sa distance. Cette méthode de calcul subséquente au perfectionnement de télescopes plus puissants fera apparaitre ces systèmes stellaires lointains comme fuyant votre secteur de l’univers à la vitesse incroyable de plus de cinquante-mille kilomètres à la seconde. Mais cette vitesse apparente de récession n’est pas réelle ; elle résulte de nombreux facteurs erronés incluant des angles d’observation et d’autres distorsions de l’espace-temps. 12:4.15 Mais la plus importante de ces distorsions provient de ce que les vastes univers de l’espace extérieur situés dans les royaumes avoisinant les domaines des sept superunivers paraissent effectuer leur rotation en sens inverse de celle du grand univers. Autrement dit, ces myriades de nébuleuses ainsi que les soleils et sphères qui les accompagnent tournent présentement autour de la création centrale dans le sens des aiguilles d’une montre. Or les sept superunivers tournent en sens inverse autour du Paradis. Il semble que le second univers extérieur de galaxies, tout comme les sept superunivers, tourne en sens inverse des aiguilles d’une montre autour du Paradis. Les astronomes observateurs d’Uversa croient découvrir la preuve que des mouvements rotatifs s’effectuent dans une troisième ceinture d’espace immensément lointaine, et que ces mouvements commencent à manifester des tendances à s’orienter dans le sens des aiguilles d’une montre. 12:4.16 Il est probable que ces sens alternatifs des processions spatiales successives des univers ont certains rapports avec la technique de gravité universelle employée par l’Absolu Universel à l’intérieur du maitre univers, technique qui consiste à coordonner des forces et à égaliser des tensions spatiales. Le mouvement aussi bien que l’espace est un complément ou un équilibrant de la gravité. 5. Espace et temps 12:5.1 Comme l’espace, le temps est un don du Paradis, mais pas dans le même sens ; il est seulement donné indirectement. Le temps arrive en vertu du mouvement et parce que le mental est par inhérence conscient des séquences. Du point de vue pratique, le mouvement est essentiel pour le temps, mais il n’y a pas d’unité de temps universelle basée sur le mouvement, sauf dans la mesure où le jour standard du Paradis-Havona est reconnu arbitrairement comme tel. Le fait que la respiration de l’espace soit totale détruit sa valeur locale comme source de temps. 12:5.2 L’espace n’est pas infini, bien qu’il tienne son origine du Paradis ; il n’est pas absolu, car il est pénétré par l’Absolu Non Qualifié. Nous ne connaissons pas les limites absolues de l’espace, mais nous savons bien que l’absolu du temps est l’éternité. 12:5.3 Le temps et l’espace ne sont inséparables que dans les créations de l’espace-temps, les sept superunivers. L’espace non temporel (espace sans temps) existe théoriquement, mais le seul emplacement vraiment non temporel est l’aire du Paradis. Le temps non spatial (temps sans espace) existe dans le mental au niveau fonctionnel du Paradis. 12:5.4 Les zones relativement immobiles d’espace médian qui jouxtent le Paradis et séparent l’espace pénétré de l’espace non pénétré sont les zones de transition entre le temps et l’éternité. Il est donc nécessaire que les pèlerins du Paradis deviennent inconscients pendant ce transit lorsqu’il doit culminer dans la citoyenneté du Paradis. Les visiteurs conscients du temps peuvent aller au Paradis sans dormir ainsi, mais ils restent des créatures du temps. 12:5.5 Les relations au temps n’existent pas sans le mouvement dans l’espace, mais la conscience du temps n’en a pas besoin. Les séquences peuvent rendre conscient du temps, même en l’absence de mouvement. Le mental humain est moins lié au temps qu’à l’espace à cause de la nature inhérente du mental. Même pendant les jours de la vie terrestre dans la chair, bien que le mental humain soit rigidement lié à l’espace, l’imagination créatrice humaine est comparativement libre du temps. Mais le temps lui-même n’est pas génétiquement une qualité du mental. 12:5.6 Il y a trois niveaux différents de connaissance du temps : 12:5.7 1. Le temps perçu par le mental – la conscience de la séquence, du mouvement et le sens de durée. 12:5.8 2. Le temps perçu par l’esprit – la perception du mouvement vers Dieu et la conscience du mouvement ascensionnel vers des niveaux de divinité croissante. 12:5.9 3. La personnalité crée un sens unique du temps par sa pénétration de la Réalité, plus une conscience de la présence et une perception de la durée. 12:5.10 Les animaux non spirituels ne connaissent que le passé et vivent dans le présent. Les hommes habités par l’esprit ont des pouvoirs de prévision (clairvoyance) ; ils peuvent visualiser l’avenir. Seules les attitudes progressives et orientées en avant sont personnellement réelles. L’éthique statique et la moralité traditionnelle ne dépassent l’animalité que de très peu. Le stoïcisme n’est pas non plus une haute réalisation de soi. L’éthique et la morale deviennent vraiment humaines lorsqu’elles sont dynamiques et progressives, pleines de la réalité universelle. 12:5.11 La personnalité humaine n’est pas seulement un accompagnement des évènements dans le temps et l’espace ; la personnalité humaine peut aussi agir comme cause cosmique de ces évènements. 6. Supercontrôle universel 12:6.1 L’univers est non statique. La stabilité n’est pas le résultat de l’inertie, mais plutôt le produit d’énergies équilibrées, de coopérations mentales, de morontias coordonnées, de supercontrôle d’esprit et d’unification de personnalité. La stabilité est entièrement et toujours proportionnelle à la divinité. 12:6.2 Dans le contrôle physique du maitre univers, le Père Universel exerce sa priorité et sa primauté par l’entremise de l’Ile du Paradis. Dieu est absolu dans l’administration spirituelle du cosmos par la personne du Fils Éternel. Dans les domaines du mental, le Père et le Fils opèrent en coordination avec l’Acteur Conjoint. 12:6.3 La Source-Centre Troisième aide à maintenir l’équilibre et la coordination du système conjugué des énergies et des organisations physiques et spirituelles par le caractère absolu de son emprise sur le mental cosmique et par l’exercice de ses compléments inhérents de gravité universelle physique et spirituelle. Dans toutes les circonstances où une liaison s’établit entre le matériel et le spirituel, un tel phénomène mental est un acte de l’Esprit Infini. Seul le mental peut associer les forces et énergies physiques du niveau matériel avec les puissances et les êtres spirituels du niveau de l’esprit. 12:6.4 Chaque fois que vous contemplez des phénomènes universels, assurez-vous que vous prenez en considération l’interrelation des énergies physiques, intellectuelles et spirituelles. Faites bien la part des phénomènes inattendus accompagnant leur unification par la personnalité et celle des phénomènes imprévisibles résultant des actions et réactions de la Déité expérientielle et des Absolus. 12:6.5 L’univers n’est hautement prévisible que dans le sens quantitatif, ou de mesure de la gravité ; même les forces physiques primordiales ne répondent pas à la gravité linéaire, pas plus que n’y répondent les significations mentales supérieures et les vraies valeurs spirituelles des réalités ultimes de l’univers. Qualitativement, l’univers n’est pas hautement prévisible en ce qui concerne les nouvelles associations de forces, qu’elles soient physiques, mentales ou spirituelles ; toutefois, beaucoup de ces combinaisons d’énergies ou de forces deviennent partiellement prévisibles quand on les soumet à l’observation critique. Lorsque la matière, le mental et l’esprit sont unifiés par la personnalité d’une créature, nous sommes incapables de prédire complètement les décisions de cet être doué de libre arbitre. 12:6.6 Toutes les phases de force primordiale, d’esprit naissant et d’autres ultimités non personnelles paraissent réagir en obéissant à certaines lois relativement stables, mais inconnues. Ces phases sont caractérisées par une latitude d’accomplissement et une élasticité de réaction qui déconcertent fréquemment quand on les rencontre dans les phénomènes d’une situation circonscrite et isolée. Comment s’explique cette imprévisible liberté de réaction révélée par ces actualités d’univers émergentes ? Ces imprévisibilités inconnues et insondables – soit qu’elles se rattachent au comportement d’une unité primordiale de force, la réaction d’un niveau mental non identifié, soit qu’il s’agisse des phénomènes d’un vaste préunivers en formation dans les domaines de l’espace extérieur – révèlent probablement les activités de l’Ultime et les accomplissements de la présence des Absolus, qui antidatent les fonctions de tous les Créateurs d’univers. 12:6.7 Sans le savoir réellement, nous soupçonnons qu’une aussi étonnante variété d’aptitudes et une coordination aussi profonde signifient que les Absolus sont présents et agissent. Nous conjecturons qu’une telle diversité de réactions en face d’une causalité apparemment uniforme révèle la réaction des Absolus non seulement à la causalité de l’immédiat propre à la situation, mais aussi à toutes les autres causalités qui lui sont reliées dans le maitre univers tout entier. 12:6.8 Les individus ont leurs anges gardiens de la destinée. Les planètes, systèmes, constellations, univers et superunivers ont chacun leurs chefs respectifs qui travaillent pour le bien de leurs domaines. Havona et même le grand univers sont surveillés par ceux à qui ces hautes responsabilités ont été confiées. Mais qui assure et surveille les besoins fondamentaux du maitre univers dans son ensemble, depuis le Paradis jusqu’au quatrième et dernier niveau d’espace extérieur ? Existentiellement, c’est probablement à la Trinité du Paradis qu’il faut attribuer ces soins, mais, si l’on se place au point de vue expérientiel, on voit que l’apparition des univers posthavoniens dépend : 12:6.9 1. Des Absolus quant au potentiel. 12:6.10 2. De l’Ultime quant à la direction. 12:6.11 3. Du Suprême quant à la coordination évolutionnaire. 12:6.12 4. Des Architectes du Maitre Univers quant à l’administration antérieure à l’apparition de chefs spécifiques. 12:6.13 L’Absolu Non Qualifié pénètre tout l’espace. Nous ne discernons pas tout à fait clairement le statut exact de l’Absolu de Déité et de l’Absolu Universel, mais nous savons que ce dernier fonctionne dans toutes les circonstances où l’Absolu de Déité et l’Absolu Non Qualifié fonctionnent. L’Absolu de Déité est peut-être universellement présent, mais ne peut guère être présent dans l’espace. L’Ultime est présent dans l’espace, ou le sera ultérieurement, jusqu’aux bordures extérieures du quatrième niveau d’espace extérieur. Nous doutons que l’Ultime doive jamais être spatialement présent au-delà de la périphérie du maitre univers, mais, à l’intérieur de cette limite, l’Ultime est en voie d’intégrer progressivement l’organisation créatrice des potentiels des trois Absolus. 7. La partie et le tout 12:7.1 Il existe une loi inexorable et impersonnelle qui opère dans la totalité du temps et de l’espace, et sur toute réalité de quelque nature qu’elle soit ; cette loi équivaut à la fonction d’une providence cosmique. La miséricorde caractérise l’attitude d’amour de Dieu envers les individus ; l’impartialité motive l’attitude de Dieu vis-à-vis de l’ensemble. La volonté de Dieu ne prévaut pas nécessairement dans la partie – dans le cœur d’une personnalité donnée – mais sa volonté gouverne effectivement le tout, l’univers des univers. 12:7.2 Dans tous les rapports de Dieu avec tous ses êtres, il est vrai que ses lois ne sont pas arbitraires par inhérence. Pour vous, avec votre vision limitée et votre point de vue fini, les actes de Dieu doivent souvent paraitre dictatoriaux et arbitraires. Les lois de Dieu sont simplement les habitudes de Dieu, sa manière répétitive d’agir ; et il fait toujours bien toutes choses. Vous remarquez que Dieu fait la même chose, de la même manière, de nombreuses fois, simplement parce que c’est la meilleure manière de faire cette chose particulière dans des circonstances données. Or, la meilleure manière est la manière juste, et c’est pourquoi la sagesse infinie ordonne toujours que la chose soit faite de cette manière précise et parfaite. Il faudrait aussi vous rappeler que la nature n’est pas l’acte exclusif de la Déité ; d’autres influences sont présentes dans les phénomènes que l’homme appelle nature. 12:7.3 La nature divine répugne à subir une détérioration quelconque ou à jamais permettre qu’un acte purement personnel soit exécuté de façon négligée. Précisons toutefois que, si dans la divinité d’une situation, dans des circonstances extrêmes, et dans des cas où le cours de la sagesse suprême indiquerait qu’une conduite différente s’impose, si, par suite d’une raison quelconque, les exigences de la perfection ordonnaient de réagir par une autre méthode, par une méthode meilleure, le Dieu infiniment sage opérerait alors immédiatement de cette manière meilleure et plus appropriée. Ce serait l’expression d’une loi plus haute et non l’annulation d’une loi moins élevée. 12:7.4 Dieu n’est pas un esclave lié par l’habitude à la répétition chronique de ses propres actes volontaires. Il n’y a pas de conflit entre les lois de l’Infini. Elles sont toutes des perfections de la nature infaillible de Dieu, elles sont toutes des actes incontestés exprimant des décisions infaillibles. La loi est la réaction invariante d’un mental infini, parfait et divin. Les actes de Dieu sont tous volitifs, bien qu’apparemment identiques. En Dieu « il n’y a ni variation ni ombre de changement ». Mais tout ce qui peut être dit véridiquement du Père Universel ne peut pas être affirmé avec la même certitude de toutes ses intelligences subordonnées ou ses créatures évolutionnaires. 12:7.5 Parce que Dieu est invariant, vous pouvez donc vous fier à ce que, dans toutes les circonstances ordinaires, il fasse la même chose de manière identique et habituelle. Dieu est l’assurance de la stabilité pour toutes les choses et tous les êtres créés. Il est Dieu, donc il ne change pas. 12:7.6 Toute cette constance de conduite et cette uniformité d’action sont personnelles, conscientes et hautement volitives, car le grand Dieu n’est pas un esclave impuissant de sa propre perfection et de son infinité. Dieu n’est pas une force automatique agissant par elle-même ; il n’est pas un pouvoir servile lié par la loi. Dieu n’est ni une équation mathématique ni une formule chimique. Il est une personnalité primordiale et libre de sa volonté. Il est le Père Universel, un être surchargé de personnalité, et la source universelle de toute personnalité chez les créatures. 12:7.7 La volonté de Dieu ne prévaut pas uniformément dans le cœur des mortels matériels qui cherchent Dieu, mais, si l’on élargit le cadre du temps au-delà de l’instant présent pour englober l’ensemble de la première vie, alors on peut de mieux en mieux discerner la volonté de Dieu dans les fruits de l’esprit issus de la vie des enfants de Dieu guidés par l’esprit. Et ensuite, si l’on amplifie encore davantage la vie humaine pour inclure l’expérience morontielle, on observe que la volonté divine brille de plus en plus lumineusement dans les actes spiritualisants des créatures du temps qui ont commencé à gouter les divines délices procurées par les relations de la personnalité de l’homme avec la personnalité du Père Universel. 12:7.8 La Paternité de Dieu et la fraternité des hommes offrent le paradoxe de la partie et du tout au niveau de la personnalité. Dieu aime chaque individu comme un enfant distinct dans la famille céleste. Cependant, Dieu aime ainsi tous les individus ; il ne fait pas acception de personnes, et l’universalité de son amour fait naitre une relation d’ensemble, la fraternité universelle. 12:7.9 L’amour du Père individualise absolument chaque personnalité comme enfant unique du Père Universel, un enfant sans pareil dans l’infinité, une créature volitive irremplaçable dans toute l’éternité. L’amour du Père glorifie chaque enfant de Dieu, illuminant chaque membre de la famille céleste, faisant nettement ressortir la nature unique de chaque être personnel qui se détache des niveaux impersonnels situés en dehors du circuit fraternel du Père de tous. L’amour de Dieu dépeint d’une manière frappante la valeur transcendante de chaque créature douée de volonté, et révèle infailliblement la valeur élevée que le Père Universel attribue à chacun de ses enfants, depuis la plus haute personnalité créatrice de statut paradisiaque jusqu’à la personnalité la plus humble ayant dignité volitive parmi les tribus sauvages d’hommes à l’aurore de l’espèce humaine sur un monde évolutionnaire du temps et de l’espace. 12:7.10 Cet amour même de Dieu pour les individus fait naitre la famille divine de tous les individus, la fraternité universelle des enfants du Père du Paradis doués de libre arbitre. Dès lors que cette fraternité est universelle, elle est une relation de l’ensemble. Lorsque la fraternité est universelle, elle révèle non pas les relations de chacun mais les relations de tous. La fraternité est une réalité de totalité et révèle en conséquence des qualités du tout en opposition avec les qualités de la partie. 12:7.11 La fraternité constitue une relation de fait entre toutes les personnalités dans l’existence universelle. Nulle personne ne saurait échapper aux bénéfices ni aux sanctions qui peuvent survenir comme résultat de relations avec d’autres personnes. La partie profite ou souffre en proportion du tout. Le bon effort de chaque homme profite à tous les hommes ; l’erreur ou le mal commis par chaque homme accroit les tribulations de tous les hommes. Comme la partie se meut, ainsi se meut le tout. Comme le tout progresse, ainsi progresse la partie. Les vitesses relatives de la partie et du tout déterminent si la partie est retardée par l’inertie du tout ou portée en avant par la force vive de la fraternité cosmique. 12:7.12 C’est un mystère que Dieu soit un être hautement personnel et conscient de soi, disposant d’un quartier général résidentiel, et qu’il soit en même temps personnellement présent dans un si vaste univers et personnellement en contact avec un nombre d’êtres à peu près infini. Le fait que ce phénomène soit un mystère inintelligible aux hommes ne devrait pas le moins du monde diminuer votre foi. Ne laissez ni la grandeur de l’infinité, ni l’immensité de l’éternité, ni la splendeur et la gloire du caractère incomparable de Dieu vous épouvanter, vous faire chanceler ou vous décourager, car le Père n’est très éloigné d’aucun de vous ; il habite en vous, et c’est littéralement en lui que nous avons tous le mouvement, la vie effective et l’être véritable. 12:7.13 Bien que le Père du Paradis agisse par ses divins créateurs et ses enfants créés, il jouit aussi du contact intérieur le plus intime avec vous, un contact tellement sublime et si hautement personnel qu’il dépasse même ma compréhension. Il s’agit de cette mystérieuse communion d’un fragment du Père avec l’âme humaine et le mental mortel où il habite effectivement. Sachant ce que vous savez de ces dons de Dieu, vous savez donc que le Père est en contact intime non seulement avec ses associés divins, mais aussi avec ses enfants du temps, les mortels évolutionnaires. En vérité, le Père demeure au Paradis, mais sa présence divine habite aussi le mental des hommes. 12:7.14 Bien que l’esprit d’un Fils ait été répandu sur toute chair, bien qu’un Fils soit demeuré avec vous dans la similitude de la chair mortelle, bien que les séraphins vous gardent et vous guident personnellement, comment l’un de ces êtres divins du Second et du Troisième Centre pourrait-il jamais espérer vous approcher d’aussi près ou vous comprendre aussi pleinement que le Père, qui a donné une partie de lui-même pour être en vous, pour être votre moi réel et divin, et même éternel ? 8. Matière, mental et esprit 12:8.1 « Dieu est esprit », mais le Paradis ne l’est pas. L’univers matériel est toujours le cadre où ont lieu toutes les activités spirituelles. Les êtres d’esprit et les ascendeurs d’esprit vivent et travaillent sur des sphères physiques de réalité matérielle. 12:8.2 Le don de la force cosmique, le domaine de la gravité cosmique, est la fonction de l’Ile du Paradis. Toute énergie-force originelle provient du Paradis, et la matière destinée à former d’innombrables univers circule présentement dans le maitre univers sous forme d’une présence de supergravité qui constitue la charge-force de l’espace pénétré. 12:8.3 Quelles que soient ses transformations dans les espaces extérieurs, une fois que la force est sortie du Paradis, elle continue son voyage en restant soumise à l’attraction sans fin, toujours présente et infaillible de l’Ile éternelle, et tourne indéfiniment avec obéissance et par inhérence le long des perpétuels sentiers d’espace des univers. L’énergie physique est l’unique réalité qui soit fidèle et constante dans sa soumission à la loi universelle. C’est seulement dans les domaines de la volition de la créature qu’il y a eu déviation des sentiers divins et des plans originels. Le pouvoir et l’énergie sont les preuves universelles que l’Ile centrale du Paradis est stable, constante et éternelle. 12:8.4 Le don de l’esprit et la spiritualisation des personnalités, domaine de la gravité spirituelle, sont le royaume du Fils Éternel. Et cette gravité d’esprit du Fils, attirant toujours vers lui toutes les réalités spirituelles, est tout aussi réelle et absolue que la toute-puissante emprise matérielle de l’Ile du Paradis. Mais l’homme au mental matériel est naturellement plus habitué aux manifestations matérielles de nature physique qu’aux opérations tout aussi réelles et puissantes de nature spirituelle, que la clairvoyance spirituelle de l’âme est seule à discerner. 12:8.5 À mesure que le mental d’une personnalité de l’univers devient plus spirituel – plus semblable à Dieu – il répond moins à la gravité matérielle. La réalité mesurée par la réponse à la gravité physique est l’antithèse de la réalité déterminée par la qualité du contenu en esprit. L’action de la gravité physique détermine quantitativement l’énergie non spirituelle ; l’action de la gravité spirituelle mesure qualitativement l’énergie vivante de la divinité. 12:8.6 Ce qu’est le Paradis pour la création physique et ce qu’est le Fils Éternel pour l’univers spirituel, l’Acteur Conjoint l’est pour les domaines du mental – l’univers intelligent des êtres et des personnalités matériels, morontiels et spirituels. 12:8.7 L’Acteur Conjoint réagit à la fois aux réalités matérielles et spirituelles, et devient donc par inhérence le ministre universel pour tous les êtres intelligents, ceux-ci pouvant représenter une union des phases matérielle et spirituelle de la création. Le don de l’intelligence, le ministère apporté au matériel et au spirituel dans le phénomène du mental, est le domaine exclusif de l’Acteur Conjoint, qui devient ainsi le partenaire du mental spirituel, l’essence du mental morontiel et la substance du mental matériel des créatures évolutionnaires du temps. 12:8.8 Le mental est la technique par laquelle les réalités d’esprit deviennent des réalités d’expérience pour les personnalités créées. Et, en dernière analyse, les possibilités unificatrices du mental, même humain, l’aptitude à coordonner les choses, les idées et les valeurs, sont supramatérielles. 12:8.9 Bien qu’il soit à peine possible au mental mortel de comprendre les sept niveaux de réalité cosmique relative, l’intellect humain devrait pouvoir saisir en grande partie ce que signifient les trois niveaux fonctionnels de la réalité finie : 12:8.10 1. La matière. Énergie organisée sujette à la gravité linéaire, sauf quand elle est modifiée par le mouvement et conditionnée par le mental. 12:8.11 2. Le mental. Conscience organisée qui n’est pas entièrement soumise à la gravité matérielle et qui devient vraiment libre lorsqu’elle est modifiée par l’esprit. 12:8.12 3. L’esprit. La plus haute réalité personnelle. Le véritable esprit n’est pas sujet à la gravité physique, mais devient finalement l’influence motivante de tous les systèmes évoluants d’énergie qui possèdent la dignité de la personnalité. 12:8.13 Le but d’existence de toutes les personnalités est l’esprit ; les manifestations matérielles sont relatives, et le mental cosmique intervient entre ces opposés universels. Le don du mental et le ministère de l’esprit sont l’œuvre des personnes associées de la Déité, l’Esprit Infini et le Fils Éternel. La réalité de Déité totale n’est pas le mental, mais le mental-esprit – esprit-mental unifié par la personnalité. Néanmoins, les absolus de l’esprit et de la chose convergent tous deux en la personne du Père Universel. 12:8.14 Au Paradis, les trois énergies physique, mentale et spirituelle sont coordonnées. Dans le cosmos évolutionnaire, l’énergie-matière domine, sauf dans le cas de la personnalité où l’esprit lutte pour la maitrise grâce à la médiation du mental. L’esprit est la réalité fondamentale de l’expérience de personnalité de toutes les créatures, parce que Dieu est esprit. L’esprit est invariant et, en conséquence, dans toutes les relations de personnalité, il transcende à la fois le mental et la matière, qui sont des variables expérientielles d’aboutissement progressif. 12:8.15 Dans l’évolution cosmique, la matière devient une ombre philosophique projetée par le mental en présence de la luminosité d’esprit de l’illumination divine, mais cela n’invalide pas la réalité de l’énergie-matière. Le mental, la matière et l’esprit sont également réels, mais n’ont pas une valeur égale pour la personnalité cherchant à atteindre la divinité. La conscience de la divinité est une expérience spirituelle progressive. 12:8.16 Plus la personnalité spiritualisée brille (le Père dans l’univers, le fragment de personnalité d’esprit potentielle dans la créature individuelle), plus grande est l’ombre projetée par le mental intermédiaire sur son revêtement matériel. Dans le temps, le corps des hommes est tout aussi réel que leur mental ou leur esprit, mais, lors de la mort, le mental (l’identité) et l’esprit survivent, tandis que le corps ne survit pas. Une réalité cosmique peut ne pas exister dans l’expérience d’une personnalité. C’est pourquoi votre figure de rhétorique grecque – la matière est l’ombre de la substance d’esprit plus réelle – possède bien une signification philosophique. 9. Réalités personnelles 12:9.1 L’esprit est la réalité personnelle fondamentale dans les univers, et la personnalité est fondamentale pour toute expérience progressive avec la réalité spirituelle. Toutes les phases d’expérience de la personnalité sur tous les niveaux successifs de progression universelle fourmillent d’indices conduisant à la découverte de réalités personnelles attirantes. La véritable destinée des hommes consiste à créer des buts nouveaux et spirituels, puis à répondre aux attraits cosmiques de ces buts célestes de valeur non matérielle. 12:9.2 L’amour est le secret des associations profitables entre personnalités. Un seul contact ne suffit pas pour connaitre réellement une personne. On ne peut pas apprécier la musique par des déductions mathématiques, bien que la musique soit une forme de rythme mathématique. Le numéro affecté à un abonné au téléphone n’identifie en aucune manière la personnalité de cet abonné et ne donne aucune indication sur son caractère. 12:9.3 Les mathématiques, la science matérielle, sont indispensables pour discuter intelligemment des aspects matériels de l’univers, mais leur connaissance ne fait pas nécessairement partie d’une réalisation plus élevée de la vérité ou de l’appréciation personnelle des réalités spirituelles. Non seulement dans les royaumes de la vie, mais aussi dans le monde de l’énergie physique, la somme de deux ou plusieurs facteurs représente très souvent quelque chose de plus que la somme des conséquences prévisibles de cette combinaison, ou quelque chose de différent. La science entière des mathématiques, le domaine total de la philosophie, la physique et la chimie les plus avancées ne pouvaient ni prédire ni savoir que l’union de deux atomes gazeux d’hydrogène avec un atome gazeux d’oxygène produirait une substance nouvelle et qualitativement surajoutée – l’eau liquide. À elle seule, la constatation de ce phénomène physicochimique aurait dû empêcher le développement de la philosophie matérialiste et de la cosmologie mécanique. 12:9.4 L’analyse technique ne révèle pas ce qu’une personne ou une chose peuvent faire. Par exemple, on emploie efficacement l’eau pour éteindre le feu. Que l’eau éteigne le feu, c’est un fait d’expérience quotidienne, mais cette propriété de l’eau n’aurait jamais pu être révélée par analyse. L’analyse détermine que l’eau est composée d’hydrogène et d’oxygène ; une étude plus approfondie de ces éléments montre que l’oxygène est le support réel de la combustion et que l’hydrogène brule librement par lui-même. 12:9.5 Votre religion devient réelle parce qu’elle émerge de l’esclavage de la peur et de l’asservissement des superstitions. Votre philosophie lutte pour s’émanciper des dogmes et de la tradition. Votre science s’est engagée dans le combat millénaire entre la vérité et l’erreur en luttant pour délivrer l’homme des liens de l’abstraction, de l’esclavage des mathématiques et de l’aveuglement relatif du matérialisme mécaniste. 12:9.6 Les mortels ont un noyau d’esprit. Le mental est un système d’énergie personnelle existant autour d’un noyau d’esprit divin et fonctionnant dans un environnement matériel. Cette relation vivante entre le mental personnel et l’esprit constitue le potentiel universel de personnalité éternelle. Des difficultés réelles, des déceptions durables, des défaites sérieuses ou la mort inéluctable ne peuvent survenir que si des concepts égocentriques prétendent évincer complètement le pouvoir gouvernant du noyau spirituel central, ce qui disloque le plan cosmique d’identité de la personnalité. 12:9.7 [Présenté par un Perfecteur de Sagesse agissant par autorité des Anciens des Jours.] Fascicule 13. Les sphères sacrées du Paradis 13:0.1 Entre l’Ile centrale du Paradis et le plus central des circuits planétaires de Havona s’intercalent dans l’espace trois circuits mineurs de sphères spéciales. Le circuit intérieur est composé des sept sphères secrètes du Père Universel ; le deuxième groupe est formé par les sept mondes lumineux du Fils Éternel, et à l’extérieur il y a les sept immenses sphères de l’Esprit Infini, les mondes constituant le siège administratif des Sept Maitres Esprits. 13:0.2 Ces trois circuits de sept mondes du Père, du Fils et de l’Esprit sont des sphères de splendeur insurpassable et de gloire inimaginable. Même les matériaux de leur construction matérielle ou physique sont d’un ordre qui ne vous est pas révélé. Les matériaux de chaque circuit sont divers et chaque monde de chaque circuit est différent, à l’exception des sept mondes du Fils qui ont tous la même constitution physique. Ces vingt-et-un mondes sont tous d’énormes sphères et chaque groupe de sept est éternisé différemment. Autant que nous le sachions, ils ont toujours existé ; comme le Paradis, ils sont éternels. Il n’y a ni archives ni traditions sur leur origine. 13:0.3 Les sept sphères secrètes du Père Universel circulant autour du Paradis, à proximité étroite de l’Ile éternelle, reflètent puissamment la luminosité spirituelle de l’éclat central des Déités éternelles ; elles répandent cette lumière de gloire divine sur tout le Paradis et même sur les sept circuits de Havona. 13:0.4 C’est sur les sept mondes sacrés du Fils Éternel que les énergies impersonnelles de luminosité spirituelle paraissent prendre origine. Nul être personnel ne peut séjourner sur aucun de ces sept brillants royaumes. Ils illuminent de gloire spirituelle tout le Paradis et Havona, et dirigent de la pure luminosité d’esprit vers les sept superunivers. Ces brillantes sphères du deuxième circuit émettent également leur lumière (lumière sans chaleur) vers le Paradis et vers le milliard de mondes des sept circuits de l’univers central. 13:0.5 Les sept mondes de l’Esprit Infini sont occupés par les Sept Maitres Esprits qui président aux destinées des sept superunivers et transmettent l’illumination spirituelle de la Troisième Personne de la Déité à ces créations du temps et de l’espace. Havona tout entier, mais non l’Ile du Paradis, baigne dans ces influences spiritualisantes. 13:0.6 Bien que les mondes du Père soient des sphères de statut ultime pour tous ceux qui ont été dotés de personnalité par le Père, telle n’est pas leur fonction exclusive. Beaucoup d’êtres et d’entités autres-que-personnels séjournent sur ces mondes. Chaque monde du circuit du Père et du circuit de l’Esprit abrite un type distinct d’habitants permanents. Mais nous croyons que les mondes du Fils sont habités par des types uniformes d’êtres autres-que-personnels. Les fragments du Père font partie des natifs de Divinington ; les autres ordres de citoyenneté permanente ne vous sont pas révélés. 13:0.7 Les vingt-et-un satellites du Paradis servent à de nombreux desseins, qui ne sont pas révélés dans ces exposés, à la fois dans l’univers central et dans les superunivers. Vous êtes aptes à comprendre si peu de chose de la vie de ces sphères. Vous ne pouvez obtenir un aperçu valable, même sommaire, de leur nature et de leur fonction. Des milliers d’activités, qui ne vous sont pas révélées, s’y poursuivent. Ces vingt-et-une sphères englobent les potentiels de la fonction du maitre univers. Ces fascicules ne permettent que de faire entrevoir certaines activités circonscrites appartenant au présent âge du grand univers – ou plutôt de l’un des sept secteurs du grand univers. 1. Les sept mondes sacrés du Père 13:1.1 Le circuit des sphères de vie sacrée du Père contient les seuls secrets inhérents à la personnalité dans l’univers des univers. Ces satellites du Paradis, formant le circuit le plus central des trois, sont les seuls domaines interdits concernant la personnalité dans l’univers central. Le bas Paradis et les mondes du Fils sont également fermés aux personnalités, mais aucun de ces royaumes ne s’occupe directement de la personnalité. 13:1.2 Les mondes paradisiaques du Père sont dirigés par l’ordre le plus élevé des Fils Stationnaires de la Trinité, les Secrets de Suprématie Trinitisés. De ces mondes, il y a peu de choses que je puisse dire ; et de leurs multiples activités, moins encore que l’on m’autorise à dire. De telles informations ne concernent que les êtres qui y ont leurs activités et ceux qui en viennent. Bien que je sois un peu familiarisé avec six de ces mondes spéciaux, je n’ai jamais atterri sur Divinington. Ce monde m’est totalement interdit. 13:1.3 L’une des raisons pour lesquelles ces mondes sont secrets est que chacune de ces sphères sacrées bénéficie d’une représentation spécialisée ou manifestation des Déités composant la Trinité du Paradis. Il ne s’agit pas d’une personnalité, mais d’une présence unique de Divinité, que seuls peuvent apprécier et comprendre les groupes spéciaux d’intelligences résidant sur chaque sphère particulière ou susceptibles d’y être admis. Les Secrets de Suprématie Trinitisés sont les agents personnels de ces présences spécialisées et impersonnelles de Divinité. Et les Secrets de Suprématie sont des êtres hautement personnels, splendidement doués et magnifiquement adaptés à leur tâche exaltée et astreignante. 13:1.4 1. DIVININGTON. Dans un sens tout spécial, ce monde est le « sein du Père », la sphère de communion personnelle du Père Universel, et il y a là une manifestation spéciale de sa divinité. Divinington est le lieu de rencontre paradisiaque des Ajusteurs de Pensée, mais c’est aussi le foyer de nombreuses autres entités, personnalités et êtres divers tirant leur origine du Père Universel. Il existe en dehors du Fils Éternel beaucoup de personnalités issues directement d’actes du Père Universel agissant isolément. Seuls fraternisent et opèrent dans cette résidence les fragments du Père et les personnalités et autres êtres qui tirent directement et exclusivement leur origine du Père Universel. 13:1.5 Les secrets de Divinington comprennent le secret de l’effusion et de la mission des Ajusteurs de Pensée. Leur nature, leur origine et la technique de leur contact avec les humbles créatures des mondes évolutionnaires sont des secrets de cette sphère paradisiaque. Ces étonnantes opérations ne concernent pas personnellement les autres, et c’est pourquoi les Déités estiment opportun de ne pas nous laisser comprendre pleinement certains traits de ce grand et divin ministère. Dans la mesure où nous entrons en contact avec cette phase de l’activité divine, la pleine connaissance des opérations nous est accordée, mais, en ce qui concerne les détails intimes de cette grande effusion, nous ne sommes pas complètement informés. 13:1.6 Cette sphère contient aussi les secrets de la nature, du but et des activités de toutes les autres formes de fragments du Père, des Messagers de Gravité et d’une foule d’autres êtres qui ne vous sont pas révélés. Il est fort probable que, si les vérités qui me sont cachées au sujet de Divinington m’étaient révélées, elles ne feraient que me troubler et me handicaper dans mon travail actuel ; d’ailleurs, elles dépassent peut-être la capacité de conception des êtres de mon ordre. 13:1.7 2. SONARINGTON. Cette sphère est le « sein du Fils », le monde récepteur personnel du Fils Éternel. C’est le quartier général paradisiaque des Fils de Dieu ascendants et descendants à partir du moment où ils ont été pleinement accrédités et définitivement confirmés. Ce monde est le foyer paradisiaque pour tous les Fils du Fils Éternel et pour ceux de ses Fils associés et coordonnés. Il y a de nombreux ordres de filiation divine attachés à cette demeure céleste qui n’ont pas été révélés aux mortels, étant donné qu’ils ne sont pas concernés par les plans du programme d’ascension réglant la progression spirituelle humaine dans les univers et jusqu’au Paradis. 13:1.8 Les secrets de Sonarington incluent le secret de l’incarnation des Fils divins. Quand un Fils de Dieu devient Fils de l’Homme, quand il est littéralement né d’une femme comme ce fut le cas sur votre monde il y a dix-neuf-cents ans, il s’agit d’un mystère universel. Ce mystère se reproduit constamment dans tous les univers et c’est un secret de Sonarington concernant la filiation divine. Les Ajusteurs sont un mystère de Dieu le Père. L’incarnation des Fils divins est un mystère de Dieu le Fils. C’est un secret enfermé dans le septième secteur de Sonarington, un domaine où seuls peuvent pénétrer ceux qui ont personnellement passé par cette expérience unique. Seules ont été portées à votre attention les phases de l’incarnation concernant votre carrière ascensionnelle. Le mystère de l’incarnation de Fils du Paradis de types non révélés comporte de nombreuses autres phases. Ils effectuent des missions de service universel dont on ne vous a rien dit. Et Sonarington comporte encore d’autres mystères. 13:1.9 3. SPIRITINGTON. Ce monde est le « sein de l’Esprit », le foyer paradisiaque des êtres supérieurs qui représentent exclusivement l’Esprit Infini. Ici se réunissent les Sept Maitres Esprits et certains de leurs descendants venant de tous les univers. On rencontre aussi dans cette demeure céleste de nombreux ordres non révélés de personnalités d’esprit. Il s’agit d’êtres affectés aux multiples activités de l’univers non associées aux plans destinés à hausser les créatures mortelles du temps jusqu’aux niveaux d’éternité du Paradis. 13:1.10 Les secrets de Spiritington comprennent les mystères impénétrables de la réflectivité. Nous vous parlons du vaste et universel phénomène de la réflectivité, plus spécialement tel qu’il est actif sur les mondes-sièges des sept superunivers ; mais nous n’expliquons jamais complètement ce phénomène parce que nous ne le comprenons pas entièrement nous-mêmes. Nous en saisissons une partie, une très grande partie, mais de nombreux détails fondamentaux restent encore mystérieux pour nous. La réflectivité est un secret de Dieu l’Esprit. Vous avez été instruits des fonctions de la réflectivité en rapport avec le plan d’ascension de la survie des mortels, et les choses se passent bien ainsi. Mais la réflectivité est aussi un facteur indispensable au déroulement normal de beaucoup d’autres phases d’activités universelles. Ce don de l’Esprit Infini est également utilisé dans des canaux autres que ceux qui servent à recueillir des renseignements et à répandre des informations. Et Spiritington comporte encore d’autres secrets. 13:1.11 4. VICEGERINGTON. Cette planète est le « sein du Père et du Fils » et la sphère secrète de certains êtres non révélés issus d’actes du Père et du Fils. C’est aussi le foyer paradisiaque de beaucoup d’êtres glorifiés dont l’ascendance est complexe, ceux dont l’origine est compliquée à cause du nombre des techniques variées mises en œuvre dans les sept superunivers. Beaucoup de groupes d’êtres dont l’identité n’a pas été révélée aux mortels d’Urantia se réunissent sur ce monde. 13:1.12 Les secrets de Vicegerington englobent ceux de la trinitisation, et la trinitisation est le secret de l’autorité qui permet de représenter la Trinité, d’agir comme vice-gérants des Dieux. L’autorité pour représenter la Trinité n’est attachée qu’aux êtres révélés ou non révélés qui sont trinitisés, créés, extériorisés, ou éternisés par deux quelconques des personnes de la Trinité du Paradis ou par toutes les trois ensemble. Les personnalités amenées à l’existence par les actes trinitisants de certains types de créatures glorifiées ne représentent rien de plus que le potentiel du concept mobilisé dans cette trinitisation. Mais ces créatures peuvent s’élever sur le sentier d’embrassement de la Déité ouvert à toutes celles de leur espèce. 13:1.13 Les êtres non trinitisés ne comprennent pas entièrement la technique de trinitisation par deux ou trois Créateurs ou par certaines créatures. Vous ne comprendrez jamais totalement un tel phénomène, à moins que, dans le lointain avenir de votre carrière glorifiée, vous ne tentiez et ne réussissiez cette aventure. Autrement, ces secrets de Vicegerington vous seront à tout jamais inaccessibles. Mais, pour moi qui suis un être élevé issu de la Trinité, tous les secteurs de Vicegerington me sont ouverts. Je comprends pleinement le secret de mon origine et de ma destinée, et je le protège tout aussi pleinement et religieusement. 13:1.14 Il y a encore d’autres formes et phases de trinitisation sur lesquelles l’attention des peuples d’Urantia n’a pas été attirée ; et sous leur aspect personnel, ces expériences sont dument protégées dans le secteur secret de Vicegerington. 13:1.15 5. SOLITARINGTON. Ce monde est « le sein du Père et de l’Esprit ». Il est le lieu de rencontre d’une magnifique multitude d’êtres non révélés issus des actes conjoints du Père Universel et de l’Esprit Infini. Ces êtres participent des traits du Père en plus de leur héritage de l’Esprit. 13:1.16 Solitarington est aussi le foyer des Messagers Solitaires et d’autres personnalités des ordres superangéliques. Vous n’avez entendu parler que de très peu de ces êtres, car il existe un très grand nombre d’ordres non révélés sur Urantia. Le fait que les Messagers Solitaires ou leurs associés superangéliques soient domiciliés sur le cinquième monde n’implique pas nécessairement que le Père soit intervenu pour quelque chose dans leur création, mais, dans cet âge de l’univers, il a bien affaire à leurs fonctions. Au cours du présent âge de l’univers, la sphère en question est aussi celle du statut des Directeurs de Pouvoir d’Univers. 13:1.17 Il y a encore de nombreux autres ordres de personnalités d’esprit, d’êtres inconnus aux hommes mortels, qui considèrent Solitarington comme la sphère de leur foyer paradisiaque. Il faut se rappeler que toutes les divisions et tous les niveaux d’activités d’univers sont tout aussi pleinement pourvus de ministres spirituels que le royaume occupé à aider l’homme mortel dans son ascension vers sa destinée divine au Paradis. 13:1.18 Les secrets de Solitarington. En plus de certains secrets de trinitisation, ce monde détient le secret des relations personnelles entre l’Esprit Infini et certains descendants supérieurs de la Source-Centre Troisième. Solitarington recèle le mystère de l’association intime de nombreux ordres non révélés avec les esprits du Père, du Fils et de l’Esprit, avec le triple esprit de la Trinité et avec les esprits du Suprême, de l’Ultime et du Suprême-Ultime. 13:1.19 6. SÉRAPHINGTON. Cette sphère est le « sein du Fils et de l’Esprit » et c’est le monde qui sert de foyer à la foule immense d’êtres non révélés créés par le Fils et l’Esprit. C’est aussi la sphère de destinée de tous les ordres tutélaires des armées d’anges y compris les supernaphins, les seconaphins et les séraphins. Il y a aussi, dans l’univers central et les univers extérieurs, de nombreux ordres d’esprits splendides qui ne sont pas des « esprits tutélaires pour ceux qui hériteront du salut ». Tous ces ouvriers d’esprit, dans tous les domaines et niveaux d’activités universelles considèrent Séraphington comme leur foyer paradisiaque. 13:1.20 Les secrets de Séraphington comprennent un triple mystère et je ne peux faire mention que d’un seul d’entre eux, le mystère des transports séraphiques. Divers ordres de séraphins et d’êtres d’esprit alliés possèdent la faculté d’envelopper dans leurs formes d’esprit tous les ordres de personnalités non matérielles et de les transporter sur de longs trajets interplanétaires. Ceci est un secret enfermé dans les secteurs sacrés de Séraphington. Les séraphins transporteurs comprennent ce mystère, mais ne nous le communiquent pas. Peut-être ne le peuvent-ils pas. Les autres mystères de Séraphington concernent les expériences personnelles de certains types de serviteurs spirituels non encore révélés aux mortels. Nous évitons de discuter les secrets de ces êtres si proches, parce que vous pouvez presque comprendre ces ordres d’existence voisins et, si nous offrions nos connaissances même partielles de ces phénomènes, cela s’apparenterait à un abus de confiance. 13:1.21 7. ASCENDINGTON. Ce monde unique est le « sein du Père, du Fils et de l’Esprit », le lieu de rencontre des créatures ascendantes de l’espace, la sphère d’accueil des pèlerins du temps qui passent par l’univers de Havona sur leur chemin vers le Paradis. Ascendington est le foyer paradisiaque effectif des âmes ascendantes du temps et de l’espace jusqu’à ce qu’elles atteignent le statut du Paradis. Vous autres mortels, vous passerez la majeure partie de vos « vacances » de Havona sur Ascendington. Durant votre vie dans Havona, Ascendington jouera pour vous le même rôle que les directeurs de la rétrospection pendant votre ascension de l’univers local et du superunivers. Vous y serez occupés à des milliers d’activités qui dépassent la portée de l’imagination humaine. Et, comme à chacune des étapes précédentes de votre ascension vers Dieu, votre moi humain inaugurera ici de nouvelles relations avec votre moi divin. 13:1.22 Les secrets d’Ascendington comprennent le mystère de la construction graduelle et certaine, dans le mental matériel et mortel, d’une contrepartie spirituelle et potentiellement immortelle du caractère et de l’identité. Ce phénomène est un des plus troublants mystères des univers, à savoir l’évolution d’une âme immortelle dans le mental d’une créature mortelle et matérielle. 13:1.23 Vous ne comprendrez jamais complètement cette mystérieuse opération avant d’atteindre Ascendington, et c’est justement pour cela que tout Ascendington sera ouvert à vos regards émerveillés. Un septième d’Ascendington m’est interdit – précisément le secteur concernant le secret qui est (ou sera) l’expérience et la possession exclusives de votre type d’êtres. Cette expérience appartient à votre ordre humain d’existence. Mon ordre de personnalité n’est pas directement concerné par de telles opérations. En conséquence, c’est à moi que cette expérience est interdite et à vous qu’elle sera finalement révélée. Mais, même après qu’elle vous sera révélée, vous en garderez toujours le secret pour une certaine raison. Vous ne le révélerez ni à nous ni à aucun autre ordre d’êtres. Nous sommes au courant de la fusion éternelle d’un Ajusteur divin avec une âme immortelle d’origine humaine, mais les finalitaires ascendants connaissent cette expérience même comme une réalité absolue. 2. Relations avec les mondes du Père 13:2.1 Ces mondes-foyers des divers ordres d’êtres spirituels sont des sphères immenses et prodigieuses qui égalent le Paradis dans leur beauté incomparable et leur gloire splendide. Ce sont des mondes de rencontres, des sphères de réunion, qui servent d’adresses cosmiques permanentes. En tant que finalitaires, vous serez domiciliés au Paradis, mais c’est Ascendington qui sera en tous temps l’adresse de votre foyer, même lorsque vous commencerez à servir dans l’espace extérieur. Pendant toute l’éternité, vous considérerez Ascendington comme le foyer de vos souvenirs affectifs et de vos réminiscences. Lorsque vous deviendrez des êtres d’esprit du septième stade, il est possible que vous renonciez à votre statut de résidence au Paradis. 13:2.2 Si des univers extérieurs sont en cours de formation, s’ils doivent être habités par des créatures du temps dotées du potentiel d’ascension, alors nous en inférons que ces enfants de l’avenir seront aussi destinés à considérer Ascendington comme le monde de leur foyer paradisiaque. 13:2.3 Ascendington est la seule sphère sacrée qui sera ouverte sans réserve à votre inspection d’arrivants au Paradis. Vicegerington est la seule sphère sacrée qui soit totalement et inconditionnellement ouverte à mon examen. Bien que ses secrets concernent mon origine, je ne considère pas Vicegerington comme mon foyer en ce présent âge de l’univers. Les êtres issus de la Trinité et les êtres trinitisés ne sont pas les mêmes. 13:2.4 Les êtres issus de la Trinité ne partagent pas complètement les mondes du Père ; ils ont leur seul foyer sur l’Ile du Paradis, à proximité étroite de la Sphère Très Sainte. Ils apparaissent souvent sur Ascendington, le « sein du Père-Fils-Esprit », où ils fraternisent avec leurs frères venus des humbles mondes de l’espace. 13:2.5 Vous pourriez supposer que les Fils Créateurs, étant issus du Père-Fils, considèrent Vicegerington comme leur foyer, mais ce n’est pas le cas dans le présent âge de l’univers, dominé par la fonction de Dieu le Septuple. Et il y a beaucoup de problèmes similaires qui vous rendront perplexes, car vous êtes certains de rencontrer bien des difficultés en essayant de comprendre ces choses si proches du Paradis. Avec vos connaissances limitées, vous ne pouvez pas non plus résoudre ces questions par le raisonnement. Et, si vous connaissiez mieux les mondes du Père, vous rencontreriez simplement encore plus de difficultés jusqu’à ce que vous sachiez tout ce qui les concerne. On acquiert le statut de l’un de ces mondes secrets par service aussi bien que par nature d’origine, et les âges successifs de l’univers peuvent redistribuer certains de ces groupements de personnalités et le font effectivement. 13:2.6 Les mondes du circuit intérieur sont réellement des mondes de fraternité ou de statut plus que des sphères de résidence effective. Les mortels atteindront un certain statut sur chacun des mondes du Père sauf un. Par exemple, lorsque vous autres mortels atteignez Havona, vous recevez l’autorisation de vous rendre sur Ascendington où vous êtes fort bienvenus, mais vous n’avez pas la permission de visiter les six autres mondes sacrés. À la suite de votre passage par le régime du Paradis et après avoir été admis au Corps de la Finalité, vous recevez la permission d’aller à Sonarington, car vous êtes alors des Fils de Dieu aussi bien que des ascendeurs – et vous êtes même davantage. Mais il restera toujours un septième de Sonarington qui ne sera pas ouvert à votre inspection, le secteur contenant les secrets d’incarnation des Fils divins. Ces secrets ne seront jamais révélés aux fils ascendants de Dieu. 13:2.7 Finalement, vous aurez plein accès à Ascendington et accès relatif aux autres sphères du Père sauf Divinington. Mais même avec la permission d’atterrir sur cinq autres sphères secrètes après être devenu un finalitaire, vous ne serez pas autorisé à visiter tous les secteurs de ces mondes. Il ne vous sera pas non plus permis d’atterrir sur les rivages de Divinington, le « sein du Père ». Mais vous vous tiendrez certainement à maintes reprises à la « droite du Père ». Pendant toute l’éternité, il ne surviendra jamais de circonstances rendant nécessaire votre présence sur le monde des Ajusteurs de Pensée. 13:2.8 Ces mondes de rencontre de la vie spirituelle sont des territoires interdits dans la mesure suivante : on nous demande de ne pas chercher à pénétrer les phases de ces sphères qui sortent entièrement de nos domaines d’expérience. Vous pouvez devenir une créature parfaite, comme le Père Éternel est parfait en déité, mais vous ne devez pas connaitre tous les secrets d’expérience de tous les autres ordres de personnalités de l’univers. Lorsque le Créateur partage avec sa créature un secret expérientiel de personnalité, le Créateur préserve ce secret dans une confiance éternelle. 13:2.9 Tous ces secrets sont censés être connus par l’ensemble des Secrets de Suprématie Trinitisés. Ces êtres ne sont pleinement connus que par les groupes de leurs mondes spéciaux ; ils sont peu compris par les autres ordres. Après que vous aurez atteint le Paradis, vous connaitrez et vous aimerez ardemment les dix Secrets de Suprématie qui dirigent Ascendington. Sauf pour Divinington, vous arriverez aussi à comprendre partiellement les Secrets de Suprématie sur les autres mondes du Père, mais pas aussi parfaitement que sur Ascendington. 13:2.10 Comme leur nom le suggère, les Secrets de Suprématie Trinitisés sont reliés au Suprême. Ils le sont également à l’Ultime et au futur Suprême-Ultime. Ces Secrets de Suprématie sont les secrets du Suprême et aussi les secrets de l’Ultime et même les secrets du Suprême-Ultime. 3. Les mondes sacrés du Fils Éternel 13:3.1 Les sept sphères lumineuses du Fils Éternel sont les mondes des sept phases d’existence de pur esprit. Ces globes brillants sont la source de la triple lumière du Paradis et de Havona, et leur influence est limitée principalement, mais non entièrement, à l’univers central. 13:3.2 La personnalité est absente sur ces satellites du Paradis ; c’est pourquoi on ne peut exposer aux personnalités mortelles et matérielles que très peu de choses concernant ces demeures de pur esprit. On nous enseigne que ces mondes fourmillent de la vie autre-que-personnelle des êtres du Fils Éternel. Nous en inférons que ces entités sont regroupées en vue d’un ministère dans les nouveaux univers en projet dans l’espace extérieur. Les philosophes du Paradis soutiennent que chaque cycle du Paradis (environ deux-milliards d’années d’Urantia) voit se créer des réserves supplémentaires de ces ordres sur les mondes secrets du Fils Éternel. 13:3.3 Pour autant que je sache, nulle personnalité ne s’est jamais rendue sur aucune de ces sphères du Fils Éternel. Au cours de ma longue expérience à l’intérieur et à l’extérieur du Paradis, je n’ai jamais été chargé de visiter l’un de ces mondes. Même les personnalités cocréées par le Fils Éternel n’y vont pas. Nous en inférons que tous les types d’esprits impersonnels – quelle que soit leur origine – sont admis à ces demeures d’esprit. Comme je suis une personne et que j’ai une forme spirituelle, un tel monde me paraitrait certainement vide et désert, même s’il m’était permis de le visiter. Les hautes personnalités d’esprit ne s’adonnent pas à satisfaire des curiosités sans but, à des aventures tout à fait inutiles. Il se présente à tous moments trop d’aventures à la fois propres à exciter la curiosité et significatives pour que l’on puisse prendre à cœur ce genre de projets futiles ou illusoires. 4. Les mondes de l’Esprit Infini 13:4.1 Entre le circuit intérieur de Havona et les brillantes sphères du Fils Éternel circulent les sept globes de l’Esprit Infini, mondes habités par la descendance de l’Esprit Infini, par les fils trinitisés de personnalités créées glorifiées et par d’autres types d’êtres non révélés chargés d’administrer effectivement les nombreuses entreprises des divers royaumes d’activités universelles. 13:4.2 Les Sept Maitres Esprits sont les représentants suprêmes et ultimes de l’Esprit Infini. Ils maintiennent leurs points d’attache personnels, leurs foyers de pouvoir, sur la périphérie du Paradis, mais toutes les opérations concernant leur gérance et la direction du grand univers sont conduites sur et depuis ces sept sphères administratives spéciales de l’Esprit Infini. Les Sept Maitres Esprits sont en réalité le volant régulateur mental-esprit de l’univers des univers, un pouvoir centralisé embrassant tout, englobant tout et coordonnant tout. 13:4.3 À partir de ces sept sphères spéciales, les Maitres Esprits opèrent pour équilibrer et stabiliser les circuits de mental cosmique du grand univers. Ils ont également affaire avec les attitudes et présences spirituelles différentielles des Déités dans tout le grand univers. Les réactions physiques sont uniformes, invariantes et toujours instantanées et automatiques. Mais la présence spirituelle expérientielle s’adapte aux conditions sous-jacentes ou états de réceptivité spirituelle inhérents à chaque mental individuel des royaumes. 13:4.4 Au niveau physique, l’autorité, la présence et la fonction sont invariantes dans tous les univers petits ou grands. Au niveau de la présence spirituelle, il y a un facteur ou une réaction variable ; c’est l’écart fluctuant dans la manière dont les créatures douées de volonté la reconnaissent et la reçoivent. Alors que la présence spirituelle de la Déité existentielle et absolue n’est influencée en aucune manière par l’attitude loyale ou déloyale des êtres créés, il est en même temps vrai que la présence fonctionnelle de la Déité subabsolue et expérientielle est nettement et directement influencée par les décisions, les choix et les attitudes volontaires de ces créatures finies – par la fidélité et la dévotion de chaque être, planète, système, constellation ou univers. Mais cette présence spirituelle de la divinité n’est ni capricieuse ni arbitraire ; sa variance expérientielle est inhérente au libre arbitre dont les créatures personnelles sont dotées. 13:4.5 Ce qui détermine le différentiel de la présence spirituelle existe dans votre propre cœur et votre propre mental, et consiste dans votre propre manière de choisir, dans les décisions de votre mental et dans la détermination de votre propre volonté. Ce différentiel est inhérent aux réactions du libre arbitre d’êtres personnels intelligents, le Père Universel ayant décrété que ces êtres exerceraient cette liberté de choix. Et les Déités tiennent toujours fidèlement compte du flux et du reflux de leurs esprits pour faire face aux conditions et satisfaire aux exigences de ce différentiel dans le choix des créatures. Tantôt elles effusent davantage leur présence pour répondre à ceux qui la désirent sincèrement, tantôt elles se retirent de la scène lorsque leurs créatures prennent des décisions adverses en exerçant la liberté de choix qui leur a été divinement conférée. C’est ainsi que l’esprit de la divinité obéit humblement aux choix des créatures des royaumes. 13:4.6 Les résidences administratives des Sept Maitres Esprits sont en réalité les quartiers généraux paradisiaques des sept superunivers et des segments d’espace extérieur qui leur sont reliés. Chaque Maitre Esprit préside un superunivers et chacun de ces sept mondes est exclusivement attribué à un Maitre Esprit. Il n’y a littéralement aucune phase de l’administration subparadisiaque des sept superunivers à laquelle ne pourvoient ces mondes administratifs. Ils ne sont pas aussi exclusifs que les sphères du Père ou celles du Fils et, bien que le statut de résidence soit réservé aux natifs et à ceux qui y travaillent, ces sept planètes administratives sont toujours ouvertes à tous les êtres qui désirent les visiter et qui peuvent disposer des moyens de transport nécessaires. 13:4.7 Pour moi, ces mondes administratifs sont les points les plus intéressants et les plus mystérieux en dehors du Paradis. À aucun autre endroit du vaste univers, on ne peut observer des activités aussi variées, impliquant tant de sortes différentes d’êtres vivants et touchant à tant de niveaux divers à des occupations simultanément matérielles, intellectuelles et spirituelles. Pendant les périodes de liberté qui me sont accordées entre mes missions, si j’ai la chance d’être au Paradis ou à Havona, je me rends généralement sur l’un de ces mondes affairés des Sept Maitres Esprits pour que mon mental soit inspiré à la vue de ces spectacles d’initiative, de dévotion, de fidélité, de sagesse et d’efficacité. Nulle part ailleurs, je ne puis observer une aussi étonnante interassociation d’accomplissements de personnalités sur l’ensemble des sept niveaux de réalité d’univers. Et je suis toujours stimulé par les activités de ceux qui savent si bien comment faire leur travail et qui trouvent un plaisir si complet à l’accomplir. 13:4.8 [Présenté par un Perfecteur de Sagesse chargé de cette fonction par les Anciens des Jours d’Uversa.] Fascicule 14. L’univers central et divin 14:0.1 L’univers parfait et divin occupe le centre de toute la création ; il est l’éternel noyau autour duquel tournent les vastes créations du temps et de l’espace. Le Paradis est la gigantesque Ile nucléaire de stabilité absolue qui repose immobile au cœur même du magnifique univers éternel. Cette famille planétaire centrale s’appelle Havona et se trouve fort éloignée de l’univers local de Nébadon. Ses dimensions sont énormes et sa masse presque incroyable. Elle est formée d’un milliard de sphères d’une beauté inimaginable et d’une splendeur superbe, mais les vraies dimensions de cette vaste création dépassent réellement les bornes de la compréhension du mental humain. 14:0.2 C’est l’unique et le seul agrégat de mondes qui soit fixé, parfait et ancré. C’est un univers entièrement créé et parfait ; il ne s’est pas développé par évolution. C’est le noyau éternel de la perfection autour duquel tournoie l’interminable procession des univers qui constituent la prodigieuse expérience évolutionnaire, l’aventure audacieuse des Fils de Dieu Créateurs qui aspirent à reproduire dans le temps et dans l’espace l’univers modèle, l’idéal d’achèvement divin, de finalité suprême, de réalité ultime et de perfection éternelle. 1. Le système Paradis-Havona 14:1.1 Depuis la périphérie du Paradis et jusqu’aux frontières intérieures des sept superunivers se trouvent les sept conditions d’espace et de mouvement suivantes : 14:1.2 1. Les zones tranquilles d’espace médian qui touchent au Paradis. 14:1.3 2. La procession dans le sens des aiguilles d’une montre des trois circuits du Paradis et des sept circuits de Havona. 14:1.4 3. La zone d’espace semi-tranquille formant séparation entre les circuits de Havona et les corps de gravité obscurs de l’univers central. 14:1.5 4. La ceinture intérieure des corps de gravité obscurs qui se déplacent en sens inverse des aiguilles d’une montre. 14:1.6 5. La seconde zone d’espace, unique en son genre, qui divise les deux parcours des corps de gravité obscurs. 14:1.7 6. La ceinture extérieure des corps de gravité obscurs qui tournent autour du Paradis dans le sens des aiguilles d’une montre. 14:1.8 7. Une troisième zone d’espace – une zone semi-tranquille – formant séparation entre la ceinture extérieure des corps de gravité obscurs et les circuits intérieurs des sept superunivers. 14:1.9 Le milliard de mondes de Havona est disposé en sept circuits concentriques qui entourent immédiatement les trois circuits des satellites du Paradis. Il y a plus de trente-cinq-millions de ces mondes dans le circuit le plus proche du Paradis. Il y en a plus de deux-cent-quarante-cinq-millions dans le circuit le plus éloigné, et des quantités proportionnelles dans les circuits intermédiaires. Chaque circuit est différent, mais tous sont parfaitement équilibrés et délicatement organisés ; chacun d’eux est imprégné par une représentation spécialisée de l’Esprit Infini, l’un des sept Esprits des Circuits. En plus d’autres fonctions, cet Esprit impersonnel coordonne la conduite des affaires célestes dans chaque circuit. 14:1.10 Les circuits planétaires de Havona ne se superposent pas ; leurs mondes se suivent les uns les autres en procession linéaire ordonnée. L’univers central tournoie autour du Paradis dans un seul vaste plan formé de dix unités concentriques stabilisées – les trois circuits des sphères du Paradis et les sept circuits des mondes de Havona. Considérés physiquement, les circuits du Paradis et de Havona ne forment qu’un seul et même système. Nous les distinguons pour faire ressortir leur séparation fonctionnelle et administrative. 14:1.11 Au Paradis, on ne compte pas le temps ; la séquence des évènements successifs est inhérente au concept des natifs de l’Ile centrale. Mais le temps est lié aux circuits de Havona et aux nombreux êtres d’origine céleste ou terrestre qui y séjournent. Chaque monde de Havona a son propre temps local déterminé par son circuit. Tous les mondes d’un circuit donné ont une année de même longueur, puisqu’ils tournent uniformément autour du Paradis, et la longueur de cette année décroit depuis le circuit le plus extérieur jusqu’au plus intérieur. 14:1.12 Outre le temps des circuits de Havona, il y a le jour standard du Paradis-Havona, et d’autres unités de temps déterminées sur les sept satellites paradisiaques de l’Esprit Infini, et communiquées depuis là. Le jour standard du Paradis-Havona est basé sur la longueur de temps nécessaire pour que les planètes résidentielles du premier circuit ou circuit intérieur de Havona accomplissent une révolution autour de l’Ile du Paradis. Bien que leur vitesse soit énorme parce qu’elles sont situées entre les corps de gravité obscurs et le gigantesque Paradis, il faut presque mille ans à ces sphères pour compléter leur circuit. Vous avez lu la vérité sans le savoir lorsque vos yeux se sont posés sur la phrase « Mille ans sont comme un jour pour le Seigneur, et comme une veille dans la nuit ». Un jour du Paradis-Havona correspond juste à mille années du présent calendrier d’Urantia qui comporte des années bissextiles, moins sept minutes, trois secondes et un huitième de seconde. 14:1.13 Le jour du Paradis-Havona est la commune mesure du temps pour les sept superunivers, bien que chacun d’eux maintienne ses standards internes de temps. 14:1.14 Sur la périphérie de cet immense univers central, bien au-delà de la septième ceinture des mondes de Havona, circulent un nombre incroyable d’énormes corps de gravité obscurs. Ces innombrables masses obscures ne ressemblent en rien sous beaucoup d’aspects aux autres corps de l’espace ; elles en sont très différentes même par la forme. Ces corps de gravité obscurs ne réfléchissent pas la lumière et ne l’absorbent pas non plus ; ils ne réagissent pas à l’énergie physique de la lumière ; ils entourent et enveloppent Havona si complètement qu’ils le cachent à la vue des univers habités du temps et de l’espace – même de ceux qui sont proches. 14:1.15 La grande ceinture des corps de gravité obscurs est divisée en deux circuits elliptiques égaux par une intrusion unique d’espace. La ceinture extérieure tourne dans le sens des aiguilles d’une montre, et la ceinture intérieure en sens inverse. Ces directions alternées de mouvement, couplées avec la masse extraordinaire des corps obscurs, contrebalancent les lignes de gravité de Havona avec une telle efficacité qu’elles font de l’univers central une création physiquement équilibrée et parfaitement stabilisée. 14:1.16 La procession intérieure des corps de gravité obscurs s’effectue selon un dispositif tubulaire consistant en trois groupements circulaires. Une coupe transversale de ce circuit ferait ressortir trois cercles concentriques de densité à peu près égale. Le circuit extérieur des corps de gravité obscurs est disposé verticalement ; il est d’une hauteur dix-mille fois supérieure à celle du circuit intérieur. La hauteur du circuit extérieur est cinquante-mille fois celle de son épaisseur. 14:1.17 L’espace intermédiaire entre les deux circuits des corps de gravité est unique, en ce sens qu’on ne peut rien trouver de semblable dans tout l’univers des univers. Cette zone est caractérisée par d’énormes mouvements ondulatoires dans le sens vertical et elle est le siège de formidables activités énergétiques d’un ordre inconnu. 14:1.18 À notre avis, rien de semblable aux corps de gravité obscurs de l’univers central ne caractérisera l’évolution future des niveaux de l’espace extérieur. Nous considérons ces processions alternées de prodigieux corps équilibreurs de gravité comme uniques dans le maitre univers. 2. Constitution de Havona 14:2.1 Les êtres spirituels n’habitent pas un espace nébuleux, ils ne demeurent pas dans des mondes éthérés. Ils sont domiciliés sur de véritables sphères de nature matérielle, des mondes tout aussi réels que ceux où vivent les mortels. Les mondes de Havona sont réels et véritables, bien que leur véritable substance diffère de l’organisation matérielle des planètes des sept superunivers. 14:2.2 Les réalités physiques de Havona représentent un ordre d’organisation énergétique radicalement différent de tous ceux qui prévalent dans les univers évolutionnaires de l’espace. Les énergies de Havona sont triples, tandis que les unités superuniverselles d’énergie-matière contiennent une charge d’énergie double, bien que l’une des formes d’énergie existe sous les phases positive et négative. La création de l’univers central est triple (Trinité) ; la création d’un univers local (de manière directe) est double, étant due à un Fils Créateur et à un Esprit Créatif. 14:2.3 L’organisation des matériaux de Havona comporte exactement mille éléments chimiques de base, plus la fonction équilibrée des sept formes d’énergie havonienne. Chacune de ces énergies fondamentales manifeste sept phases d’excitation, de sorte que les natifs de Havona répondent à quarante-neuf stimulus de sensation différents. En d’autres termes, d’un point de vue purement physique, les natifs de l’univers central disposent de quarante-neuf formes spécialisées de sensation. Les sens morontiels sont au nombre de soixante-dix, et les réactions d’ordre spirituel supérieur varient chez différents types d’êtres entre soixante-dix et deux-cent-dix. 14:2.4 Aucun des êtres physiques de l’univers central ne serait visible pour les Urantiens. Nul stimulus physique de ces mondes lointains n’exciterait une réaction dans vos grossiers organes des sens. Si un mortel d’Urantia pouvait être transporté à Havona, il y serait sourd, aveugle et complètement dépourvu de toute autre réaction sensorielle ; il ne pourrait vivre que comme un être limité conscient de soi, mais privé de tout stimulus venant du milieu et de toute réaction correspondante. 14:2.5 Beaucoup de phénomènes physiques et de réactions spirituelles qui se produisent dans la création centrale sont inconnus sur des mondes tels qu’Urantia. L’organisation fondamentale d’une création triple ne ressemble en rien à la constitution double des univers créés du temps et de l’espace. 14:2.6 Toutes les lois naturelles y sont coordonnées sur une base qui diffère entièrement des systèmes à énergie duelle des créations évoluantes. L’univers central tout entier est organisé selon un triple système de contrôle parfait et symétrique. Dans tout l’ensemble du système Paradis-Havona, un équilibre parfait est maintenu entre toutes les réalités cosmiques et toutes les forces spirituelles. Le Paradis, avec son emprise absolue sur la création matérielle, règle et maintient parfaitement les énergies physiques de cet univers central. Le Fils Éternel soutient d’une manière absolument parfaite le statut spirituel de tous les êtres qui habitent Havona, en tant que partie de son emprise universelle d’esprit. Au Paradis, rien n’est expérimental ; le système Paradis-Havona est une unité de perfection créatrice. 14:2.7 La gravité spirituelle universelle du Fils Éternel est étonnamment active dans tout l’univers central. Toutes les valeurs d’esprit et les personnalités spirituelles sont constamment attirées à l’intérieur vers la résidence des Dieux. Cette impulsion vers Dieu est intense et inéluctable. L’ambition d’atteindre Dieu est plus marquée dans l’univers central, non parce que la gravité d’esprit y est plus forte que dans les univers extérieurs, mais parce que les êtres qui ont atteint Havona sont plus pleinement spiritualisés et par conséquent répondent davantage à l’action de l’attraction toujours présente de la gravité d’esprit universelle du Fils Éternel. 14:2.8 Similairement, l’Esprit Infini attire toutes les valeurs intellectuelles vers le Paradis. Dans tout l’univers central, la gravité mentale de l’Esprit Infini fonctionne en liaison avec la gravité d’esprit du Fils Éternel. Ensemble, les deux constituent l’incitation conjuguée des âmes ascendantes à trouver Dieu, atteindre la Déité, aboutir au Paradis et connaitre le Père. 14:2.9 Havona est un univers spirituellement parfait et physiquement stable. Le contrôle et la stabilité équilibrée de l’univers central semblent être parfaits. Tout ce qui est physique ou spirituel est parfaitement prévisible, mais les phénomènes mentaux et la volition des personnalités ne le sont pas. Nous inférons effectivement que le péché y est impossible, mais en cela nous nous appuyons sur le fait que les natifs de Havona doués de libre arbitre n’ont jamais été coupables de transgresser la volonté de la Déité. De toute éternité, ces êtres célestes ont été constamment loyaux envers les Éternels des Jours. Le péché n’est jamais apparu non plus chez aucune créature entrée comme pèlerin à Havona. Il n’y a jamais eu d’exemple d’inconduite chez aucune créature d’aucun groupe de personnalités créées ou admises dans l’univers central de Havona. Les méthodes et moyens de sélection dans les univers du temps sont si parfaits et divins qu’aucune erreur ne s’est jamais produite dans l’histoire de Havona ; nulle faute n’y a jamais été commise ; nulle âme ascendante n’a jamais été admise prématurément dans l’univers central. 3. Les mondes de Havona 14:3.1 Quant au gouvernement de l’univers central, il n’y en a pas. Havona est si exquisément parfait que nul système intellectuel de gouvernement n’y est nécessaire. Il n’y a ni tribunaux régulièrement constitués ni assemblées législatives. Havona n’a besoin que d’une direction administrative. C’est ici que l’on peut observer les idéaux élevés d’un véritable gouvernement autonome. 14:3.2 Il n’y a pas besoin de gouvernement chez ces intelligences parfaites ou presque parfaites. Les règlements leur sont inutiles, car ce sont des êtres nés parfaits mêlés avec des créatures évolutionnaires qui ont passé depuis longtemps par le crible des tribunaux suprêmes des superunivers. 14:3.3 L’administration de Havona n’est pas automatique, mais elle est merveilleusement parfaite et divinement efficace. Elle est principalement planétaire et confiée aux Éternels des Jours qui y résident, chaque sphère de Havona étant dirigée par une de ces personnalités d’origine trinitaire. Les Éternels des Jours ne sont pas des créateurs, mais ils sont de parfaits administrateurs. Ils enseignent avec une habileté suprême et dirigent leurs enfants planétaires avec une sagesse si parfaite qu’elle frise l’absoluité. 14:3.4 Le milliard de sphères de l’univers central constitue le monde éducatif des hautes personnalités natives du Paradis et de Havona, et sert en outre de terrain d’épreuve final pour les créatures ascendantes des mondes évolutionnaires du temps. Dans l’exécution du grand plan du Père Universel pour l’ascension des créatures, les pèlerins du temps sont déposés sur les mondes de réception du circuit extérieur, le septième, et, à la suite de l’intensification de leur entrainement et de l’élargissement de leur expérience, ils sont progressivement promus vers l’intérieur, planète par planète, cercle par cercle jusqu’à ce qu’ils atteignent finalement les Déités et parviennent à résider au Paradis. 14:3.5 Présentement, bien que les sphères des sept circuits soient maintenues dans toute leur gloire céleste, seulement un pour cent environ de toute la capacité planétaire est utilisé à promouvoir le plan universel du Père pour l’ascension des mortels. Environ le dixième d’un centième de la surface de ces énormes mondes est affecté à la vie et aux activités du Corps de la Finalité, composé d’êtres éternellement ancrés dans la lumière et la vie qui séjournent souvent sur les mondes de Havona et y exercent leur ministère. Ces êtres élevés ont leur résidence personnelle au Paradis. 14:3.6 La construction planétaire des sphères de Havona diffère entièrement de celle des mondes évolutionnaires et des systèmes de l’espace. Nulle part ailleurs dans le grand univers il ne convient d’utiliser des sphères aussi énormes comme mondes habités. C’est leur constitution physique triata, couplée avec l’effet équilibrant des immenses corps de gravité obscurs, qui rend possible d’égaliser aussi parfaitement les forces physiques et d’équilibrer si délicatement les diverses forces attractives de cette prodigieuse création. L’antigravité est également employée pour organiser les fonctions matérielles et les activités spirituelles de ces mondes colossaux. 14:3.7 L’architecture, l’éclairage et le chauffage, ainsi que l’embellissement biologique et artistique des sphères de Havona, dépassent de beaucoup l’imagination humaine dans ce qu’elle peut avoir de plus étendu. On ne peut vous donner beaucoup de détails sur Havona. Pour comprendre la beauté et la magnificence de cet univers, il faut le voir. Mais il y a de vrais lacs et de vraies rivières sur ces mondes parfaits. 14:3.8 Spirituellement, ces mondes sont idéalement disposés et bien appropriés à leur but d’héberger les nombreuses sortes d’êtres différents qui fonctionnent dans l’univers central. Un grand nombre d’activités ont lieu sur ces mondes magnifiques qui dépassent de loin la compréhension humaine. 4. Créatures de l’univers central 14:4.1 Sur les mondes de Havona, il y a sept formes fondamentales de choses et d’êtres vivants, et chacune de ces formes fondamentales existe sous trois phases distinctes. Chacune de ces trois phases est séparée en soixante-dix divisions majeures, et chaque division majeure est composée de mille divisions mineures avec d’autres subdivisions encore, et ainsi de suite. Ces groupes de vie fondamentaux peuvent être classés comme suit : 14:4.2 1. Matériel. 14:4.3 2. Morontiel. 14:4.4 3. Spirituel. 14:4.5 4. Absonite. 14:4.6 5. Ultime. 14:4.7 6. Coabsolu. 14:4.8 7. Absolu. 14:4.9 La décrépitude et la mort ne font pas partie du cycle de vie sur les mondes de Havona. Dans l’univers central, les créatures vivantes inférieures subissent la transmutation de la matérialisation. Elles changent bien de forme et de manifestation, mais ne se dissolvent pas par décrépitude et mort de leurs cellules. 14:4.10 Les natifs de Havona descendent tous de la Trinité du Paradis. Ils n’ont pas de créatures pour ancêtres, et eux-mêmes ne se reproduisent pas. Nous ne saurions dépeindre la création de ces citoyens de l’univers central qui n’ont jamais été créés. L’histoire entière de la création de Havona est une tentative pour rendre temporel et spatial un fait d’éternité qui n’a pas de relation avec le temps et l’espace tels que les hommes les conçoivent. Mais il faut que nous concédions à la philosophie humaine un point de départ, car même des personnalités situées très au-dessus du niveau humain ont besoin d’un concept de « commencement ». Néanmoins, le système Paradis-Havona est éternel. 14:4.11 Les natifs de Havona vivent sur le milliard de sphères de l’univers central au même sens que d’autres sortes de citoyens permanents habitent leurs sphères respectives de nativité. De même que l’ordre matériel de filiation entretient l’économie matérielle, intellectuelle et spirituelle d’un milliard de systèmes locaux dans un superunivers, de même, dans un sens plus étendu, les natifs de Havona vivent et travaillent sur le milliard de mondes de l’univers central. Peut-être pourriez-vous considérer ces Havoniens comme des créatures matérielles dans le sens où l’on pourrait étendre le mot « matériel » pour décrire les réalités physiques de l’univers divin. 14:4.12 Havona possède une vie indigène qui a une signification en elle-même et par elle-même. Les Havoniens offrent leur ministère de bien des manières aux descendeurs du Paradis et aux ascendeurs des superunivers, mais ils vivent aussi des vies qui sont uniques dans l’univers central et ont une signification relative tout à fait à part du Paradis ou des superunivers. 14:4.13 De même que l’adoration des fils par la foi sur les mondes évolutionnaires contribue à satisfaire l’amour du Père Universel, de même l’adoration exaltée des créatures de Havona satisfait à satiété les idéaux parfaits de beauté et de vérité divines. Tandis que les mortels s’efforcent de faire la volonté de Dieu, ces êtres de l’univers central vivent pour satisfaire les idéaux de la Trinité du Paradis. Dans leur nature même, ils sont la volonté de Dieu. Les hommes se réjouissent de la bonté de Dieu, les Havoniens exultent dans la divine beauté, et les deux bénéficient du secours libératoire de la vérité vivante. 14:4.14 Les Havoniens ont à la fois des destinées de leur choix pour le présent et non révélées pour leur avenir. Et il y a une progression spéciale pour les natifs de l’univers central, une progression qui n’implique ni leur ascension au Paradis, ni leur pénétration dans les superunivers. On peut essayer de suggérer comme suit cette progression vers un statut supérieur sur Havona : 14:4.15 1. Progrès expérientiel vers l’extérieur, du premier au septième circuit. 14:4.16 2. Progrès vers l’intérieur, du septième au premier circuit. 14:4.17 3. Progrès interne dans un circuit – progression sur les mondes intérieurs d’un circuit donné. 14:4.18 En plus des natifs de Havona, la population de l’univers central englobe de nombreuses classes d’êtres modèles pour divers groupes de l’univers – conseillers, directeurs et éducateurs de leurs semblables et pour leurs semblables dans toute la création. Tous les êtres dans tous les univers sont façonnés sur le modèle de quelque créature archétypale vivant sur l’un des mille-millions de mondes de Havona. Même les mortels du temps trouvent leur but et leurs idéaux d’existence de créature sur les circuits extérieurs de ces sphères modèles du ciel. 14:4.19 Puis il y a les êtres qui ont atteint le Père Universel, qui sont qualifiés pour aller et venir, et qui sont envoyés çà et là dans les univers pour des missions de service spécial. Et, sur chaque monde de Havona, l’on trouvera les candidats d’aboutissement, ceux qui ont physiquement atteint l’univers central, mais n’ont pas encore achevé le développement spirituel leur permettant de prétendre à la résidence au Paradis. 14:4.20 L’Esprit Infini est représenté sur les mondes de Havona par une foule de personnalités, des êtres de grâce et de gloire, qui règlent les détails des affaires intellectuelles et spirituelles complexes de l’univers central. Sur ces mondes de perfection divine, ils accomplissent le travail approprié à la conduite normale de cette vaste création. En outre, ils poursuivent les multiples tâches d’instruire, d’éduquer et d’aider le nombre immense de créatures ascendantes qui se sont élevées jusqu’à la gloire en partant des mondes enténébrés de l’espace. 14:4.21 De nombreux groupes d’êtres natifs du système Paradis-Havona ne sont en aucune manière associés directement avec le plan d’ascension permettant aux créatures d’atteindre la perfection ; c’est pourquoi ils ne figurent pas dans les classifications de personnalités présentées aux races mortelles. Nous ne mentionnerons ici que les groupes majeurs d’êtres suprahumains et les ordres directement intéressés à votre expérience de survie. 14:4.22 Havona foisonne de la vie sous toutes ses phases d’êtres intelligents qui cherchent là, dans leur effort pour atteindre des niveaux plus élevés de réalisation de la divinité, à s’élever des circuits inférieurs aux circuits supérieurs et qui cherchent une appréciation élargie des significations suprêmes, des valeurs ultimes et de la réalité absolue. 5. La vie dans Havona 14:5.1 Sur Urantia, vous passez par une épreuve courte et intense pendant votre vie initiale d’existence matérielle. Sur les mondes des maisons et en passant par votre système, votre constellation et votre univers local, vous franchissez les phases morontielles d’ascension. Sur les mondes éducatifs du superunivers, vous traversez les véritables stades de progression d’esprit et vous vous préparez au transit final vers Havona. Sur les sept circuits de Havona, vos aboutissements sont intellectuels, spirituels et expérientiels. Et, sur chacun des mondes de chacun de ces circuits, vous devez accomplir une tâche spécifique. 14:5.2 Sur les mondes divins de l’univers central, la vie est si riche et si pleine, si complète et si remplie, qu’elle transcende entièrement le concept humain de tout ce qu’un être créé pourrait jamais expérimenter. Les activités sociales et économiques de cette création éternelle ne ressemblent en rien aux occupations des créatures matérielles vivant sur des mondes évolutionnaires comme Urantia. Même la technique de pensée de Havona est différente des processus de pensée sur Urantia. 14:5.3 Les règlements en vigueur dans l’univers central lui sont appropriés et inhérents d’une manière naturelle ; les règles de conduite n’y sont pas arbitraires. Il ressort de toutes les obligations imposées dans Havona qu’elles sont motivées par la droiture et conformes à la justice. Et ces deux facteurs conjugués équivalent à ce que l’on appellerait l’équité sur Urantia. Quand vous arriverez dans Havona, vous aurez tout naturellement plaisir à faire les choses de la manière dont elles devraient être faites. 14:5.4 Lorsque des êtres intelligents atteignent pour la première fois l’univers central, ils sont reçus et domiciliés sur le monde-pilote du septième circuit de Havona. À mesure que les nouveaux arrivants progressent spirituellement, qu’ils parviennent à comprendre l’identité du Maitre Esprit de leur superunivers, ils sont transférés au sixième cercle. (C’est d’après ces dispositifs de l’univers central que les cercles de progrès dans le mental humain ont été nommés). Après être parvenus à une réalisation de la Suprématie, ce qui les prépare à l’aventure de la Déité, les ascendeurs sont emmenés au cinquième circuit, et, lorsqu’ils ont atteint l’Esprit Infini, ils sont transférés au quatrième. Après avoir atteint le Fils Éternel, ils sont dirigés sur le troisième et, quand ils ont reconnu le Père Universel, ils vont séjourner sur le deuxième circuit de mondes ; ils s’y familiarisent avec les multitudes du Paradis. L’arrivée sur le premier circuit de Havona signifie que les candidats du temps ont été admis au service du Paradis. Pendant un temps indéterminé, dépendant de la longueur et de la nature de leur ascension de créatures, ils s’attarderont sur ce circuit intérieur d’aboutissement spirituel progressif. C’est à partir de ce circuit intérieur que les pèlerins ascendants passent vers l’intérieur à la résidence du Paradis et sont admis au Corps de la Finalité. 14:5.5 Durant votre séjour dans Havona comme pèlerins de l’ascension, il vous sera permis de visiter librement les mondes du circuit auquel vous êtes affectés. Vous pourrez également retourner aux planètes des circuits que vous avez déjà traversés. Et tout cela est possible à ceux qui séjournent sur les cercles de Havona sans qu’ils aient besoin de se faire transporter par les supernaphins. Les pèlerins du temps peuvent s’équiper eux-mêmes pour traverser l’espace « conquis », mais il faut qu’ils aient recours à une technique imposée pour franchir l’espace qu’ils n’ont pas conquis ; un pèlerin ne peut ni quitter Havona ni s’avancer au-delà du circuit auquel il est affecté sans l’aide d’un supernaphin transporteur. 14:5.6 Il y a une originalité reposante dans cette vaste création centrale. À part l’organisation physique de la matière et la constitution de base des ordres fondamentaux d’êtres intelligents et autres choses vivantes, les mondes de Havona n’ont rien de commun entre eux. Chacune de ces planètes est une création originale, unique et exclusive ; chaque planète est une production incomparable, superbe et parfaite. Et cette diversité d’individualités s’étend à toutes les caractéristiques des aspects physiques, intellectuels et spirituels de l’existence planétaire. Chacune de ces sphères de perfection au nombre d’un milliard a été développée et embellie selon les plans de l’Éternel des Jours qui y réside. Et c’est précisément pourquoi il n’y en a pas deux pareilles. 14:5.7 Ce n’est pas avant d’avoir traversé le dernier des circuits de Havona et visité le dernier des mondes de Havona que le tonique de l’aventure et le stimulant de la curiosité disparaitront de vos carrières. Et alors l’impulsion, la poussée en avant de l’éternité, remplacera son avant-coureur, l’attrait de l’aventure du temps. 14:5.8 La monotonie est signe d’immaturité de l’imagination créatrice et de l’inactivité de la coordination de l’intellect avec les dons spirituels. Lorsqu’un mortel ascendant commence à explorer ces mondes célestes, il a déjà atteint la maturité émotionnelle, intellectuelle et sociale, sinon spirituelle. 14:5.9 Lorsque vous avancerez de circuit en circuit dans Havona, non seulement vous serez confrontés à des changements dont vous n’auriez pas rêvé, mais votre étonnement sera inexprimable, même à l’intérieur de chaque circuit, lorsque vous progresserez de planète en planète. Chacun de ces mille-millions de mondes d’étude est une véritable université de surprises. Ceux qui traversent ces circuits et parcourent ces mondes gigantesques éprouvent un étonnement continu et un émerveillement sans fin. La monotonie ne fait pas partie de la carrière de Havona. 14:5.10 L’amour de l’aventure, la curiosité et la peur de la monotonie – ces traits inhérents à la nature humaine évoluante – n’ont pas été mis là simplement pour vous agacer et vous ennuyer durant votre bref séjour sur terre, mais plutôt pour vous suggérer que la mort n’est que le commencement d’une carrière d’aventures sans fin, une vie perpétuelle d’anticipations, un éternel voyage de découvertes. 14:5.11 La curiosité – l’esprit d’investigation, le besoin de découvrir, l’impulsion de l’exploration – fait partie des dons innés et divins des créatures évolutionnaires de l’espace. Ces impulsions naturelles ne vous ont pas été données simplement pour être frustrées et refoulées. Il est vrai qu’il faut fréquemment restreindre ces impulsions ambitieuses durant votre courte vie terrestre et subir de nombreuses déceptions, mais elles sont destinées à être pleinement réalisées et glorieusement satisfaites au cours des longs âges à venir. 6. Le but de l’univers central 14:6.1 Havona aux sept circuits a des activités immensément étendues. En gros, on peut les décrire comme suit : 14:6.2 1. Activités havoniennes. 14:6.3 2. Activités paradisiaques. 14:6.4 3. Activités finies-ascendantes – évolutionnaires Suprêmes-Ultimes. 14:6.5 Beaucoup d’activités superfinies s’exercent dans l’univers havonien de l’âge présent, impliquant une incroyable diversité de phases absonites et autres des fonctions mentales et spirituelles. Il est possible que l’univers central serve beaucoup de desseins qui ne me sont pas révélés, car il fonctionne de bien des manières qui dépassent la compréhension du mental créé. Je m’efforcerai néanmoins de décrire comment cette parfaite création contribue à satisfaire sept ordres d’intelligences universelles et pourvoit à leurs besoins. 14:6.6 1. Le Père Universel – la Source-Centre Première. Dieu le Père tire une satisfaction parentale suprême de la perfection de la création centrale. Il jouit de l’expérience de plénitude d’amour sur des niveaux proches de l’égalité. Le parfait Créateur est divinement satisfait de l’adoration de la créature parfaite. 14:6.7 Havona fournit au Père la satisfaction suprême de l’accomplissement ; la perfection réalisée dans Havona compense le retard imposé par l’espace-temps à l’éternelle impulsion de l’expansion infinie. 14:6.8 Le Père se réjouit de ce que la beauté divine de Havona corresponde à la sienne. Le mental divin est satisfait de procurer un parfait modèle d’harmonie exquise à tous les univers évoluants. 14:6.9 Notre Père contemple l’univers central avec un plaisir parfait, parce que cette création révèle dignement la réalité spirituelle à toutes les personnalités de l’univers des univers. 14:6.10 Le Dieu des univers envisage favorablement Havona et le Paradis comme l’éternel noyau de pouvoir pour toutes les expansions ultérieures de l’univers dans le temps et l’espace. 14:6.11 Le Père éternel considère avec une satisfaction sans fin la création de Havona comme un but digne et attrayant pour les candidats ascendants du temps, ses petits-enfants mortels de l’espace aboutissant au foyer éternel de leur Père Créateur. Et Dieu prend plaisir à l’univers Paradis-Havona en tant que foyer éternel de la Déité et de la famille divine. 14:6.12 2. Le Fils Éternel – La Source-Centre Deuxième. Au Fils Éternel, la magnifique création centrale apporte la preuve éternelle que l’association de la famille divine – Père, Fils et Esprit – est efficace. C’est le fondement spirituel et matériel d’une confiance absolue dans le Père Universel. 14:6.13 Havona fournit au Fils Éternel une base presque illimitée pour la réalisation toujours croissante du pouvoir de l’esprit. L’univers central a procuré au Fils Éternel le cadre où il a pu démontrer, avec certitude et sécurité, l’esprit et la technique du ministère d’effusion pour instruire ses Fils du Paradis associés. 14:6.14 Havona est la réalité sur laquelle se fonde le contrôle de la gravité d’esprit de l’univers des univers par le Fils Éternel. Cet univers procure au Fils l’assouvissement de son désir parental, la reproduction spirituelle. 14:6.15 Les mondes de Havona et leurs parfaits habitants sont la démonstration initiale et éternellement finale que le Fils est le Verbe du Père. Ainsi, la conscience du Fils en tant que complément infini du Père est parfaitement satisfaite. 14:6.16 Et cet univers fournit l’occasion de réaliser une fraternité réciproque dans l’égalité entre le Père Universel et le Fils Éternel, ce qui constitue la preuve perpétuelle que chacun d’eux est une personnalité infinie. 14:6.17 3. L’Esprit Infini – La Source-Centre Troisième. L’univers de Havona apporte à l’Esprit Infini la preuve qu’il est l’Acteur Conjoint, le représentant infini de l’unité Père-Fils. Dans Havona, l’Esprit Infini tire sa satisfaction conjuguée d’opérer comme activité créatrice tout en jouissant de la satisfaction de la coexistence absolue avec cet accomplissement divin. 14:6.18 Dans Havona, l’Esprit Infini a trouvé un cadre où il peut démontrer son aptitude et son empressement à servir comme ministre potentiel de miséricorde. Dans cette parfaite création, l’Esprit a fait une répétition générale de l’aventure de son ministère sur les univers évolutionnaires. 14:6.19 Cette création parfaite a fourni à l’Esprit Infini l’occasion de participer à l’administration de l’univers avec ses deux parents divins – d’administrer un univers comme descendant Créateur-associé, se préparant ainsi à l’administration conjointe des univers locaux en tant qu’Esprits Créatifs associés aux Fils Créateurs. 14:6.20 Les mondes de Havona sont le laboratoire mental des créateurs du mental cosmique et les supports de tout mental de créature existant. Le mental est différent sur chaque monde de Havona et sert de modèle aux intellects de toutes les créatures spirituelles et matérielles. 14:6.21 Ces mondes parfaits sont les écoles supérieures de formation du mental pour tous les êtres destinés à la société du Paradis. Ils ont fourni à l’Esprit d’abondantes occasions de tester la technique de ministère mental sur des personnalités de confiance et de bon conseil. 14:6.22 Havona compense pour l’Esprit Infini son travail étendu et généreux dans les univers de l’espace. Havona est une retraite et un foyer parfaits pour l’infatigable Ministre du Mental du temps et de l’espace. 14:6.23 4. L’Être Suprême – l’unification évolutionnaire de la Déité expérientielle. La création de Havona est la preuve éternelle et parfaite de la réalité spirituelle de l’Être Suprême. Cette création parfaite révèle la nature spirituelle, parfaite et symétrique de Dieu le Suprême, avant que n’ait commencé la synthèse personnalité-pouvoir des reflets finis des Déités du Paradis dans les univers expérientiels du temps et de l’espace. 14:6.24 Dans Havona, les potentiels de pouvoir du Tout-Puissant sont unifiés avec la nature spirituelle du Suprême. Cette création centrale est l’exemplification de l’unité du Suprême dans l’éternel futur. 14:6.25 Havona est un modèle parfait du potentiel d’universalité du Suprême. Cet univers dépeint sous forme achevée la perfection future du Suprême et donne une idée du potentiel de l’Ultime. 14:6.26 Havona montre la finalité des valeurs d’esprit existant sous forme de créatures volitives vivantes douées d’un suprême et parfait contrôle d’elles-mêmes ; du mental existant comme un équivalent ultime de l’esprit ; de la réalité et de l’unité de l’intelligence ayant un potentiel illimité. 14:6.27 5. Les Fils Créateurs Coordonnés. Havona est le terrain d’entrainement éducatif où les Micaëls du Paradis sont préparés pour leurs aventures ultérieures dans la création des univers. Cet univers central divin et parfait est un modèle pour tous les Fils Créateurs. Ils s’efforcent de faire atteindre finalement à leur propre univers ces niveaux de perfection du Paradis et de Havona. 14:6.28 Un Fils Créateur emploie les créatures de Havona comme des possibilités de modèles de personnalité pour ses propres enfants mortels et ses êtres spirituels. Les Micaëls et les autres ordres de Fils du Paradis considèrent le Paradis et Havona comme la destinée divine des enfants du temps. 14:6.29 Les Fils Créateurs savent que cette création centrale est la source réelle de supercontrôle universel indispensable qui stabilise et unifie leurs univers locaux. Ils savent que c’est dans Havona que se trouve la présence personnelle de l’influence toujours présente du Suprême et de l’Ultime. 14:6.30 Havona et le Paradis sont la source de la puissance créatrice d’un Fils Micaël. C’est là qu’habitent les êtres qui coopèrent avec lui dans la création d’un univers. C’est du Paradis que viennent les Esprits-Mères d’Univers, les cocréatrices des univers locaux. 14:6.31 Les Fils du Paradis considèrent la création centrale comme la demeure de leurs divins parents – leur foyer. C’est l’endroit où ils se plaisent à retourner de temps en temps. 14:6.32 6. Les Filles Tutélaires Coordonnées. Les Esprits-Mères d’Univers, cocréatrices des univers locaux, reçoivent leur éducation prépersonnelle sur les mondes de Havona, en association étroite avec les Esprits des Circuits. Dans l’univers central, les Filles-Esprit des univers locaux ont été dument instruites des méthodes de coopération avec les Fils du Paradis, tout en restant constamment sujettes à la volonté du Père. 14:6.33 Sur les mondes de Havona, l’Esprit et les Filles de l’Esprit trouvent les modèles mentaux pour tous leurs groupes d’intelligences spirituelles et matérielles. Les créatures qu’un Esprit-Mère d’Univers parraine avec un Fils Créateur associé trouveront un jour leur destinée dans cet univers central. 14:6.34 La Mère Créative d’Univers se souvient du Paradis et de Havona comme du lieu de son origine et du foyer de l’Esprit-Mère Infini, la demeure de la présence de personnalité du Mental Infini. 14:6.35 C’est aussi de cet univers central qu’est venu l’octroi des prérogatives personnelles de créativité qu’une Divine Ministre de l’univers emploie en complément du travail d’un Fils créant des créatures vivantes douées de volonté. 14:6.36 Enfin, puisqu’il est improbable que ces Esprits-Fille de l’Esprit-Mère Infini retournent jamais à leur foyer au Paradis, ils tirent une grande satisfaction du phénomène universel de la réflectivité associé à l’Être Suprême dans Havona et personnalisé en Majeston au Paradis. 14:6.37 7. Les mortels évolutionnaires de la carrière ascendante. Havona est le foyer du modèle de personnalité de tous les types de mortels, et le foyer de toutes les personnalités suprahumaines associées aux mortels sans être natives des créations du temps. 14:6.38 Ces mondes fournissent les stimulus à toutes les impulsions humaines vers l’aboutissement aux vraies valeurs d’esprit sur les niveaux de réalité les plus élevés que l’on puisse concevoir. Havona est le but d’éducation préparadisiaque de tous les ascendeurs mortels. Les mortels y atteignent la Déité préparadisiaque – l’Être Suprême. Havona se dresse devant toutes les créatures volitives comme la porte permettant d’entrer au Paradis et d’atteindre Dieu. 14:6.39 Le Paradis est le foyer, et Havona l’atelier et le terrain de jeu des finalitaires. Et tout mortel connaissant Dieu désire ardemment être un finalitaire. 14:6.40 L’univers central n’est pas seulement la destinée fixée pour les hommes, mais c’est aussi le point de départ de la carrière éternelle des finalitaires quand ils seront ultérieurement lancés dans l’aventure non révélée et universelle d’explorer par expérience l’infinité du Père Universel. 14:6.41 Havona continuera indubitablement à fonctionner avec une signification absonite, même pendant les âges futurs de l’univers qui assisteront peut-être aux tentatives des pèlerins de l’espace pour trouver Dieu sur des niveaux superfinis. Havona est à même de servir d’univers éducatif à des êtres absonites. Ce sera probablement l’école terminale lorsque les sept superunivers fonctionneront comme école intermédiaire pour les diplômés des écoles primaires de l’espace extérieur. Nous penchons vers l’opinion que les potentiels de l’éternel Havona sont vraiment illimités, que l’univers central a l’éternelle capacité de servir d’univers éducatif expérientiel pour tous les types d’êtres créés passés, présents et futurs. 14:6.42 [Présenté par un Perfecteur de Sagesse chargé de cette fonction par les Anciens des Jours d’Uversa.] Fascicule 15. Les sept superunivers 15:0.1 En ce qui concerne le Père Universel – en tant que Père – les univers sont pratiquement inexistants ; il s’occupe des personnalités, il est le Père des personnalités. En ce qui concerne le Fils Éternel et l’Esprit Infini – en tant que partenaires créateurs – les univers sont localisés et individuels sous la souveraineté conjointe des Fils Créateurs et des Esprits Créatifs. En ce qui concerne la Trinité du Paradis, il n’existe en dehors de Havona que sept univers habités, les sept superunivers qui régissent le cercle du premier niveau d’espace post-havonien. Les Sept Maitres Esprits irradient leur influence à partir de l’Ile centrale, faisant ainsi de la vaste création une roue gigantesque dont le moyeu est l’éternelle Ile du Paradis, dont les sept rayons sont les radiations des Sept Maitres Esprits, et dont la jante est constituée par les régions extérieures du grand univers. 15:0.2 Le septuple plan de gouvernement et d’organisation des superunivers fut formulé très tôt dans la matérialisation de la création universelle. La première création posthavonienne fut divisée en sept segments colossaux, et les mondes-sièges des gouvernements de ces superunivers furent dessinés et construits. Le présent plan d’administration existe presque depuis l’éternité, et c’est à juste titre que les chefs de ces sept superunivers sont appelés les Anciens des Jours. 15:0.3 Je ne peux espérer vous dire que peu de choses sur le vaste ensemble de connaissances concernant les superunivers, mais, dans tous ces royaumes, une technique pour le contrôle intelligent des forces physiques et spirituelles est mise en œuvre ; les présences de la gravité universelle y fonctionnent avec un pouvoir majestueux et une harmonie parfaite. Il est important de se faire d’abord une idée adéquate de la constitution physique et de l’organisation matérielle des domaines superuniversels ; vous serez alors mieux préparés à saisir la portée de la merveilleuse organisation mise en place pour leur gouvernement spirituel et pour le progrès intellectuel des créatures volitives qui demeurent sur les myriades de planètes habitées réparties çà et là dans l’ensemble de ces sept superunivers. 1. Le niveau d’espace des superunivers 15:1.1 Dans le domaine limité des archives, des observations et des souvenirs des générations s’étendant sur un million ou un milliard de vos courtes années, et, à toutes fins utiles, on peut dire qu’Urantia et l’univers auquel elle appartient expérimentent actuellement l’aventure d’une longue plongée dans un nouvel espace inexploré. Mais, d’après les archives d’Uversa, en conformité avec des observations plus anciennes, en harmonie avec les expériences et les calculs plus poussés de notre ordre, et en raison des conclusions basées sur les données qui précèdent et sur d’autres encore, nous savons que les univers sont engagés dans un mouvement processionnel cyclique ordonné, bien compris, parfaitement contrôlé et d’une majestueuse grandeur, autour de la Grande Source-Centre Première et de son univers résidentiel. 15:1.2 Nous avons depuis longtemps découvert que les sept superunivers parcourent une grande ellipse, un gigantesque cercle aplati. Votre système solaire et les autres mondes du temps ne se précipitent pas à l’aveuglette, sans carte ni compas, dans un espace inexploré. L’univers local auquel votre système appartient suit une trajectoire précise et bien comprise, en sens inverse des aiguilles d’une montre, autour du vaste tourbillon qui entoure l’univers central. Ce chemin cosmique est soigneusement repéré, et il est tout aussi complètement connu par les observateurs d’étoiles du superunivers que les orbites des planètes de votre système solaire le sont par les astronomes d’Urantia. 15:1.3 Urantia est située dans un univers local et un superunivers non encore complètement organisés, et votre univers local se trouve à proximité immédiate de nombreuses créations physiques partiellement achevées. Vous appartenez à l’un des univers relativement récents. Mais aujourd’hui vous ne foncez pas tête baissée dans un espace inexploré et vous ne tournoyez pas aveuglément dans des régions inconnues. Vous suivez le parcours ordonné et prédéterminé du niveau d’espace des superunivers. Vous passez présentement à travers le même espace que votre système planétaire ou ses prédécesseurs ont franchi il y a des âges, et, un jour, dans le lointain futur, votre système ou ses successeurs traverseront de nouveau ce même espace dans lequel vous plongez aujourd’hui si rapidement. 15:1.4 Dans l’âge présent et selon la manière dont on comprend l’orientation sur Urantia, le superunivers numéro un tourne presque vers le nord ; il se trouve en direction est, et à peu près à l’opposé de la résidence paradisiaque des Grandes Sources-Centres et de l’univers central de Havona. Cette position ainsi que la symétrique à l’ouest, représente le point où les sphères du temps s’approchent le plus près de l’Ile éternelle. Le superunivers numéro deux se trouve dans le nord et se prépare à virer vers l’ouest, tandis que le numéro trois occupe le segment le plus septentrional du grand sentier de l’espace, ayant déjà amorcé la courbe qui le conduira à la plongée vers le sud. Le numéro quatre poursuit sa course sur une ligne comparativement droite vers le sud, ses régions avancées approchant maintenant de l’opposition avec les Grands Centres. Le numéro cinq a presque quitté sa position opposée au Centre des Centres et continue sur la trajectoire directement méridionale précédant immédiatement le tournant vers l’est. Le numéro six occupe la plus grande partie de la courbe méridionale, segment d’où votre superunivers est presque sorti. 15:1.5 Votre univers local de Nébadon appartient à Orvonton, le septième superunivers, qui tourne entre les superunivers numéros un et six et a pris depuis peu (à la manière dont nous calculons le temps) le tournant sud-est du niveau d’espace des superunivers. Aujourd’hui, le système solaire auquel appartient Urantia a passé depuis quelques milliards d’années la courbure sud, si bien que, présentement, vous avancez au-delà du tournant sud-est et vous vous déplacez rapidement sur la longue trajectoire comparativement rectiligne vers le nord. Pendant des âges innombrables, Orvonton suivra ce parcours allant presque droit vers le nord. 15:1.6 Urantia appartient à un système excentré proche des limites extérieures de votre univers local, et votre univers local est en train de traverser la périphérie d’Orvonton. Au-delà du vôtre, il y en a encore d’autres, mais vous êtes fort éloignés, dans l’espace, des systèmes physiques qui tournent sur la grande orbite à proximité relative de la Grande Source-Centre. 2. Organisation des superunivers 15:2.1 Seul le Père Universel connait l’emplacement et le nombre effectif des mondes habités dans l’espace ; il les appelle tous par leur nom et leur nombre. Je ne peux donner que le nombre approximatif des planètes habitées ou habitables, car certains univers locaux ont plus de mondes convenant à la vie intelligente que d’autres. D’autre part, tous les univers locaux prévus n’ont pas été organisés. C’est pourquoi je n’offre d’estimation que pour donner une idée de l’immensité de la création matérielle. 15:2.2 Il y a sept superunivers dans le grand univers, et ils sont constitués approximativement comme suit : 15:2.3 1. Le système. L’unité de base du supergouvernement est formée d’environ mille mondes habités ou habitables. Les soleils embrasés, les mondes froids, les planètes trop rapprochées des soleils chauds, et d’autres sphères ne convenant pas à l’habitation de créatures n’y sont pas compris. On appelle système cet ensemble de mille mondes aptes à entretenir la vie, mais, dans les systèmes jeunes, seul un nombre relativement restreint de ces mondes peut être habité. Chaque planète habitée est régie par un prince planétaire ; chaque système local possède une sphère architecturale pour siège central, et il est gouverné par un souverain systémique. 15:2.4 2. La constellation. Cent systèmes (environ cent-mille planètes habitables) forment une constellation. Chaque constellation a une sphère architecturale pour siège et elle est régie par trois Fils de l’ordre des Vorondadeks, les Très Hauts. À chaque constellation est aussi affecté comme observateur un Fidèle des Jours, ambassadeur de la Trinité du Paradis. 15:2.5 3. L’univers Local. Cent constellations (environ dix-millions de planètes habitables) constituent un univers local. Chaque univers local possède pour siège un magnifique monde architectural et il est régi par l’un des Fils Créateurs coordonnés de Dieu de l’ordre des Micaëls. Chaque univers est béni par la présence d’un Union des Jours, représentant la Trinité du Paradis. 15:2.6 4. Le secteur mineur. Cent univers locaux (environ un milliard de planètes habitables) constituent un secteur mineur du gouvernement du superunivers. Chaque secteur mineur possède un merveilleux monde-siège d’où ses dirigeants, les Récents des Jours, administrent les affaires de ce secteur mineur. Il y a trois Récents des Jours, Personnalités Suprêmes de la Trinité, au siège de chaque secteur mineur. 15:2.7 5. Le secteur majeur. Cent secteurs mineurs (environ cent-milliards de planètes habitables) forment un secteur majeur. Chaque secteur majeur est pourvu d’un siège grandiose et régi par trois Perfections des Jours, Personnalités Suprêmes de la Trinité. 15:2.8 6. Le superunivers. Dix secteurs majeurs (environ mille-milliards de planètes habitables) constituent un superunivers. Chaque superunivers est pourvu d’un monde-siège immense et glorieux, et régi par trois Anciens des Jours. 15:2.9 7. Le grand univers. Sept superunivers forment le grand univers présentement organisé, consistant en sept billions environ de mondes habitables, plus les sphères architecturales et le milliard de sphères habitées de Havona. Les superunivers sont régis et administrés indirectement et réflectivement depuis le Paradis par les Sept Maitres Esprits. Le milliard de mondes de Havona est directement administré par les Éternels des Jours, l’une de ces Personnalités Suprêmes de la Trinité présidant sur chacune de ces sphères parfaites. 15:2.10 En excluant les sphères du Paradis-Havona, le plan d’organisation de l’univers comporte les unités suivantes : 15:2.11 Superunivers 7 15:2.12 Secteurs majeurs 70 15:2.13 Secteurs mineurs 7 000 15:2.14 Univers locaux 700 000 15:2.15 Constellations 70 000 000 15:2.16 Systèmes locaux 7 000 000 000 15:2.17 Planètes habitables 7 000 000 000 000 15:2.18 Chacun des sept superunivers est constitué à peu près comme suit : 15:2.19 Un système comprend environ 1 000 mondes 15:2.20 Une constellation (100 systèmes) 100 000 mondes 15:2.21 Un univers (100 constellations) 10 000 000 de mondes 15:2.22 Un secteur mineur (100 univers) 1 000 000 000 de mondes 15:2.23 Un secteur majeur (100 secteurs mineurs) 100 000 000 000 de mondes 15:2.24 Un superunivers (10 secteurs majeurs) 1 000 000 000 000 de mondes 15:2.25 Toutes ces estimations sont au mieux des approximations, car de nouveaux systèmes apparaissent constamment tandis que d’autres organisations sortent temporairement de l’existence matérielle. 3. Le superunivers d’Orvonton 15:3.1 Pratiquement tous les royaumes étoilés visibles d’Urantia à l’œil nu appartiennent à la septième section du grand univers, le superunivers d’Orvonton. Le vaste système d’étoiles de la Voie Lactée représente le noyau central d’Orvonton et se trouve très au-delà des frontières de votre univers local. Ce grand agrégat de soleils, d’iles obscures de l’espace, d’étoiles doubles, d’amas globulaires, de nuages stellaires, de nébuleuses spirales ou autres, ainsi que de myriades de planètes individuelles, forme un groupement ovale allongé à profil de montre englobant environ un septième des univers évolutionnaires habités. 15:3.2 Depuis l’emplacement astronomique d’Urantia, en regardant la grande Voie Lactée à travers une section droite des systèmes rapprochés, on observe que les sphères d’Orvonton voyagent dans un vaste plan allongé dont la largeur est beaucoup plus grande que l’épaisseur et la longueur beaucoup plus grande que la largeur. 15:3.3 L’observation de ce qu’on appelle la Voie Lactée révèle que la densité stellaire d’Orvonton est comparativement plus forte quand on regarde le ciel dans un plan donné, tandis qu’elle diminue de chaque côté de ce plan ; le nombre d’étoiles et d’autres sphères décroit quand on s’écarte du plan principal de notre superunivers matériel. Lorsque l’angle d’observation est propice et que l’on regarde à travers le corps principal de cette région de densité maximum, on regarde en même temps vers l’univers résidentiel et le centre de toutes choses. 15:3.4 Parmi les dix secteurs majeurs d’Orvonton, huit ont été à peu près identifiés par les astronomes urantiens. Il est difficile de reconnaitre séparément les deux autres parce que vous êtes obligés de regarder ces phénomènes de l’intérieur. Si vous pouviez examiner le superunivers d’Orvonton depuis un emplacement très éloigné dans l’espace, vous reconnaitriez immédiatement les dix secteurs majeurs de la septième galaxie. 15:3.5 Le centre de rotation de votre secteur mineur est situé fort loin dans l’énorme et dense nuage stellaire du Sagittaire, autour duquel votre univers local et les créations qui lui sont associées se déplacent tous. Et de part et d’autre du vaste système subgalactique du Sagittaire, vous pouvez observer deux grands courants de nuages stellaires qui émergent sous forme de prodigieuses spirales stellaires. 15:3.6 Le noyau du système physique auquel appartiennent votre soleil et ses planètes associées est le centre de ce qui fut autrefois la nébuleuse d’Andronover. Cette ancienne nébuleuse spirale fut légèrement déformée par les dislocations de gravité liées aux évènements accompagnant la naissance de votre système solaire, et causées par une grande nébuleuse voisine qui s’approcha de près. Cette quasi-collision transforma Andronover en un agrégat quelque peu globulaire, sans détruire entièrement la double procession des soleils et de leurs groupements physiques associés. Votre système solaire occupe maintenant une position assez centrale dans l’un des bras de cette spirale déformée, à peu près à mi-chemin du centre et du bord extérieur du courant d’étoiles. 15:3.7 Le secteur du Sagittaire et tous les autres secteurs et divisions d’Orvonton tournent autour d’Uversa, et une partie de la confusion des observateurs d’étoiles d’Urantia vient des illusions d’optique et des déformations relatives produites par les multiples mouvements de révolution suivants : 15:3.8 1. La révolution d’Urantia autour de son soleil. 15:3.9 2. Le circuit de votre système solaire autour du noyau de l’ancienne nébuleuse d’Andronover. 15:3.10 3. La rotation de la famille stellaire d’Andronover et des amas associés autour du centre de rotation-gravité composite du nuage d’étoiles de Nébadon. 15:3.11 4. La trajectoire du nuage stellaire local de Nébadon et de ses créations associées autour du centre de leur secteur mineur, centre situé dans le Sagittaire. 15:3.12 5. La rotation des cent secteurs mineurs, y compris le Sagittaire, autour de leur secteur majeur. 15:3.13 6. Le tourbillon des dix secteurs majeurs, communément appelé trainées d’étoiles, autour d’Uversa, le monde-siège d’Orvonton. 15:3.14 7. Le mouvement d’Orvonton et des six superunivers associés autour du Paradis et de Havona, procession en sens inverse des aiguilles d’une montre du niveau d’espace des superunivers. 15:3.15 Ces multiples mouvements sont de divers ordres. Les sentiers spatiaux de votre planète et de votre système solaire sont génétiques, c’est-à-dire inhérents à leur origine. Le mouvement absolu d’Orvonton en sens inverse des aiguilles d’une montre est également génétique, inhérent aux plans architecturaux du maitre univers. Mais les mouvements intermédiaires sont d’origine composite, pour une partie ils dérivent de la segmentation constitutive de l’énergie-matière en superunivers, et pour une autre partie ils sont produits par l’action intelligente et intentionnelle des organisateurs de force du Paradis. 15:3.16 Les univers locaux sont plus près les uns des autres lorsqu’ils approchent de Havona ; les circuits sont plus nombreux et se superposent de plus en plus, couche sur couche. Mais, à plus grande distance du centre éternel, il y a de moins en moins de systèmes, de couches, de circuits et d’univers. 4. Les nébuleuses – ancêtres des univers 15:4.1 Bien que la création et l’organisation de l’univers restent perpétuellement sous le contrôle des Créateurs infinis et de leurs associés, tout le phénomène se poursuit selon une technique ordonnée et conformément aux lois de gravité de la force, de l’énergie et de la matière. Mais un élément mystérieux est associé à la charge-force universelle de l’espace. Nous comprenons très bien l’organisation des créations matérielles à partir du stade ultimatonique, mais nous ne comprenons pas pleinement l’engendrement cosmique des ultimatons. Nous sommes persuadés que ces forces ancestrales sont originaires du Paradis parce qu’elles tournent perpétuellement dans l’espace pénétré en suivant exactement le tracé de la gigantesque silhouette du Paradis. Bien qu’elle ne réponde pas à la gravité du Paradis, cette charge-force de l’espace, ancêtre de toute matérialisation, réagit toujours à la présence du bas Paradis ; elle est apparemment mise en circuit à l’intérieur et à l’extérieur du centre du Bas Paradis. 15:4.2 Les organisateurs de force du Paradis transmuent la puissance d’espace en force primordiale, et ils font évoluer ce potentiel prématériel en manifestations d’énergies primaire et secondaire de la réalité physique. Lorsque cette énergie atteint les niveaux où elle répond à la gravité, les directeurs de pouvoir et leurs associés du régime superuniversel entrent en scène et commencent leurs manipulations sans fin destinées à établir les multiples circuits de pouvoir et canaux d’énergie des univers de l’espace et du temps. C’est ainsi que la matière physique apparait dans l’espace, et alors le cadre est prêt pour inaugurer l’organisation de l’univers. 15:4.3 Cette segmentation de l’énergie est un phénomène qui n’a jamais pu être éclairci par les physiciens de Nébadon. Leur principale difficulté réside dans le fait que les organisateurs de force du Paradis sont relativement inaccessibles, car les vivants directeurs de pouvoir, bien qu’ils soient compétents pour s’occuper de l’énergie spatiale, n’ont pas la moindre conception de l’origine des énergies qu’ils manient avec tant d’intelligence et tant d’habileté. 15:4.4 Les organisateurs de force du Paradis sont à l’origine des nébuleuses. Ils sont capables de donner naissance autour de leur présence spatiale à de formidables cyclones de force qui, une fois engendrés, ne peuvent plus être arrêtés ni limités jusqu’à ce que ces forces imprégnant tout soient mobilisées pour faire apparaitre en fin de compte les unités ultimatoniques de la matière universelle. C’est ainsi que sont amenées à l’existence les nébuleuses spirales et autres, les roues mères des soleils d’origine directe et de leurs divers systèmes. Dans l’espace extérieur, on peut apercevoir dix formes différentes de nébuleuses, dix phases d’évolution universelle primaire, et ces vastes roues d’énergie ont eu la même origine que celle des sept superunivers. 15:4.5 Il y a de grandes différences dans la taille des nébuleuses ainsi que dans le nombre total et l’agrégat massique de leur descendance stellaire et planétaire. Une nébuleuse formatrice de soleils située juste au nord des frontières d’Orvonton, mais à l’intérieur du niveau spatial des superunivers, a déjà donné origine à environ quarante-mille soleils, et la roue mère continue à projeter des soleils dont la majorité a plusieurs fois la taille du vôtre. Quelques-unes des plus grandes nébuleuses de l’espace extérieur donnent origine à un nombre de soleils atteignant cent-millions. 15:4.6 Les nébuleuses ne sont directement en rapport avec aucune des unités administratives telles que les secteurs mineurs ou les univers locaux, bien que certains univers locaux aient été organisés avec les produits d’une seule nébuleuse. Chaque univers local embrasse exactement la cent-millième partie de la charge totale d’énergie d’un superunivers indépendamment des relations nébulaires, car l’énergie n’est pas organisée par nébuleuse – elle est répartie universellement. 15:4.7 Les nébuleuses spirales ne sont pas toutes occupées à engendrer des soleils. Quelques-unes ont conservé le contrôle de beaucoup de leurs descendants stellaires séparés, et leur apparence spirale résulte du fait que leurs soleils sortent du bras nébulaire en formation serrée, mais y retournent par des routes variées. Cela rend plus aisé de les observer en un point, mais plus malaisé de les voir quand ils sont largement éparpillés sur leurs diverses routes de retour, plus loin et en dehors du bras de la nébuleuse. Il n’y a pas beaucoup de nébuleuses formatrices de soleils qui soient présentement actives dans Orvonton, bien qu’Andromède, qui est en dehors du superunivers habité, soit très active. Cette nébuleuse très éloignée est visible à l’œil nu ; lorsque vous la regarderez, arrêtez-vous pour songer que la lumière qui vous parvient a quitté ces lointains soleils depuis près d’un million d’années. 15:4.8 La galaxie de la Voie Lactée est composée d’un vaste nombre de nébuleuses précédemment spirales et d’autres nébuleuses, dont beaucoup ont conservé leur configuration première. Mais, à la suite de catastrophes internes et d’attractions externes, beaucoup ont subi de tels remaniements et déformations que ces énormes agrégats apparaissent comme de gigantesques masses lumineuses de soleils flamboyants, tel le Nuage de Magellan. Le type globulaire d’amas d’étoiles prédomine au voisinage des limites extérieures d’Orvonton. 15:4.9 Il faut considérer les immenses nuages stellaires d’Orvonton comme des agrégats individuels de matière, comparables aux nébuleuses séparées que l’on peut observer dans les régions d’espace extérieures à la galaxie de la Voie Lactée. Toutefois, beaucoup des présumés nuages stellaires de l’espace ne sont formés que de matière gazeuse. Le potentiel d’énergie de ces nuages de gaz stellaires est incroyablement colossal ; et une partie en est reprise par les soleils voisins et renvoyée dans l’espace sous forme d’émanations solaires. 5. L’origine des corps spatiaux 15:5.1 La majeure partie de la masse contenue dans les soleils et les planètes d’un superunivers provient des roues nébulaires. Une portion très faible de la masse des superunivers est organisée par l’action directe des directeurs de pouvoir (comme dans la construction des sphères architecturales) ; toutefois, une quantité constamment variable de matière prend naissance dans l’espace ouvert. 15:5.2 En ce qui concerne leur origine, la majorité des soleils, planètes et autres sphères peuvent être classifiées dans l’un des dix groupes suivants : 15:5.3 1. Anneaux de contraction concentriques. Toutes les nébuleuses ne sont pas spirales. Beaucoup de nébuleuses immenses subissent une condensation sous forme d’anneaux multiples au lieu de se diviser en un système d’étoiles doubles, ou d’évoluer en spirale. Pendant de longues périodes, ces nébuleuses apparaissent comme d’énormes soleils centraux entourés par un grand nombre de nuages gigantesques ayant l’apparence de formations matérielles annulaires. 15:5.4 2. Les étoiles tourbillonnaires englobent les soleils éjectés hors des grandes roues mères de gaz à haute température. Elles ne sont pas éjectées selon des anneaux, mais selon des processions droitières et gauchères. Il y a aussi des étoiles tourbillonnaires issues de nébuleuses autres que spirales. 15:5.5 3. Planètes d’explosion gravitationnelle. Lorsqu’un soleil est né d’une nébuleuse spirale ou barrée, il est assez souvent projeté au dehors à une distance considérable. Un tel soleil est principalement gazeux, et ultérieurement, après s’être quelque peu refroidi et condensé, il peut lui arriver de passer près d’une énorme masse de matière, d’un soleil gigantesque ou d’une ile obscure de l’espace. La distance d’approche peut être insuffisante pour se traduire par une collision, mais néanmoins suffisante pour permettre à la force d’attraction gravitationnelle du plus grand corps de provoquer des convulsions maréales sur le plus petit, ce qui donne naissance à une série de soulèvements sous forme de marées qui ont lieu simultanément sur les deux faces opposées du soleil en convulsion. À leur apogée, ces éruptions explosives produisent une série d’agrégats de matière de diverses tailles qui peuvent être projetés au-delà de la zone de récupération par gravité du soleil en éruption. Ces agrégats se stabilisent alors sur leurs orbites propres autour de l’un des deux corps célestes impliqués dans l’épisode. Plus tard, les rassemblements de matière les plus importants s’agglutinent et attirent progressivement à elles les corps plus petits. C’est ainsi que beaucoup de planètes solides des systèmes secondaires sont amenées à l’existence. Votre système solaire a précisément une telle origine. 15:5.6 4. Filles planétaires centrifugées. À certains stades de leur développement et si leur vitesse de rotation s’accélère considérablement, certains soleils énormes commencent à rejeter de grandes quantités de matière qui peuvent ensuite être assemblées pour former de petits mondes continuant à tourner autour du soleil qui leur a donné naissance. 15:5.7 5. Sphères déficientes en gravité. Il y a une limite critique à la dimension des étoiles individuelles. Quand un soleil atteint cette limite, il est condamné à se scinder, à moins de ralentir sa vitesse de rotation. La fission solaire intervient, et une nouvelle étoile double de cette variété est née. Il peut se former ultérieurement de nombreuses petites planètes comme sous-produits de cette dislocation gigantesque. 15:5.8 6. Étoiles de contraction. Dans les petits systèmes, il arrive que la plus grosse planète extérieure attire à elle les mondes voisins, tandis que les planètes plus proches du soleil commencent leur plongée finale. Dans votre système solaire, cette phase finale signifierait que les quatre planètes intérieures seraient réclamées par le soleil, tandis que la planète majeure, Jupiter, serait grandement accrue par la captation des mondes restants. Une telle fin pour un système solaire aboutirait à la production de deux soleils adjacents mais inégaux, l’un des types de formation d’étoiles doubles. Ce genre de catastrophe est rare, sauf aux lisières des agrégats stellaires des superunivers. 15:5.9 7. Sphères cumulatives. À partir des immenses quantités de matière circulant dans l’espace, de petites planètes peuvent lentement se former. Elles croissent par des additions météoriques et des collisions mineures. Dans certains secteurs de l’espace, les conditions favorisent ces formes de naissance planétaire. Beaucoup de mondes habités ont eu cette origine. 15:5.10 Quelques-unes des iles denses et obscures proviennent directement d’un agrégat d’énergie transmuante dans l’espace. Un autre groupe de ces iles obscures est venu à l’existence par l’accumulation d’énormes quantités de matière froide, de simples fragments et météorites circulant dans l’espace. Ces agrégats de matière n’ont jamais été chauds et, à part leur densité, leur composition est très semblable à celle d’Urantia. 15:5.11 8. Soleils consumés. Quelques-unes des iles obscures de l’espace sont des soleils isolés consumés, ayant émis toute leur énergie spatiale disponible. Ces unités organisées de matière approchent de la condensation totale, d’une consolidation pratiquement complète. Il faut des âges et des âges à des masses aussi énormes de matière hautement condensée pour être rechargées dans les circuits de l’espace et préparées ainsi pour de nouveaux cycles de fonction dans l’univers, à la suite d’une collision ou de quelque autre évènement cosmique également revivifiant. 15:5.12 9. Sphères de collision. Dans les régions où les amas sont épais, les collisions ne sont pas rares. Ces rajustements astronomiques sont accompagnés d’immenses modifications d’énergie et transmutations de matière. Les collisions impliquant des soleils morts contribuent particulièrement à créer des fluctuations d’énergie très étendues. Les débris collisionnels constituent souvent les noyaux matériels pour la formation ultérieure de corps planétaires adaptés à l’habitat des mortels. 15:5.13 10. Les mondes architecturaux. Ce sont les mondes qui sont bâtis selon des plans et des spécifications en vue d’un but spécial. C’est le cas de Salvington, siège de votre univers local, et d’Uversa, siège du gouvernement de notre superunivers. 15:5.14 Il y a de nombreuses autres techniques pour élaborer des soleils et séparer des planètes, mais les processus cités laissent entrevoir les méthodes par lesquelles la grande majorité des systèmes stellaires et des familles planétaires est amenée à l’existence. Si nous voulions exposer toutes les techniques variées impliquées dans les métamorphoses stellaires et les évolutions planétaires, il nous faudrait décrire presque cent modes différents pour former des étoiles ou donner origine à des planètes. À mesure que vos astronomes scruteront les cieux, ils observeront des phénomènes indicatifs de tous ces modes d’évolution stellaire, mais ils découvriront rarement la preuve qu’il se forme de petits assemblages de matière non lumineux servant de planètes habitées, lesquelles sont les sphères les plus importantes des vastes créations matérielles. 6. Les sphères de l’espace 15:6.1 Indépendamment de leur origine, on peut classifier les diverses sphères de l’espace en divisions majeures comme suit : 15:6.2 1. Les soleils – les étoiles de l’espace. 15:6.3 2. Les iles obscures de l’espace. 15:6.4 3. Les corps spatiaux mineurs – comètes, météorites et planétoïdes. 15:6.5 4. Les planètes, y compris les mondes habités. 15:6.6 5. Les sphères architecturales – mondes bâtis sur commande. 15:6.7 À l’exception des sphères architecturales, tous les corps spatiaux ont une origine évolutionnaire, en ce sens qu’ils n’ont pas été amenés à l’existence par un fiat de la Déité, mais que les actes créateurs de Dieu se sont déroulés selon une technique d’espace-temps par l’opération de nombreuses intelligences de la Déité, créées et extériorisées. 15:6.8 Les soleils. Ce sont les étoiles de l’espace à tous leurs divers stades d’existence. Certains sont des systèmes spatiaux évoluant solitairement ; d’autres sont des étoiles doubles, des systèmes planétaires en voie de contraction ou de disparition. Les étoiles de l’espace existent sous au moins mille états ou stades différents. Vous avez l’habitude des soleils qui émettent de la lumière accompagnée de chaleur, mais il y en a aussi qui brillent sans chaleur. 15:6.9 Un soleil ordinaire émet de la lumière et de la chaleur pendant des billions et des billions d’années, ce qui illustre l’immense réserve d’énergie contenue dans chaque unité de matière. L’énergie actuelle mise en réserve dans ces particules invisibles de matière physique est à peu près inimaginable, et cette énergie devient presque entièrement disponible sous forme de lumière quand elle est soumise à l’énorme pression calorifique et aux activités énergétiques associées qui règnent à l’intérieur des soleils flamboyants. D’autres conditions encore permettent à ces soleils de transformer et d’émettre une grande partie de l’énergie spatiale qui arrive vers eux par les circuits d’espace établis. Beaucoup de phases d’énergie physique et toutes les formes de la matière sont attirées par les dynamos solaires et ultérieurement redistribuées par elles. De cette manière, les soleils servent d’accélérateurs locaux de la circulation de l’énergie en agissant comme stations automatiques de contrôle de puissance. 15:6.10 Le superunivers d’Orvonton est éclairé et chauffé par plus de dix billions de soleils flamboyants qui sont les étoiles observables de votre système astronomique. Plus de deux billions d’entre elles sont trop lointaines ou trop petites pour être jamais vues d’Urantia. Mais, dans le maitre univers, il y a autant de soleils que de verres d’eau dans les océans de votre monde. 15:6.11 Les iles obscures de l’espace. Ce sont les soleils morts et les autres grands agrégats de matière dépourvus de lumière et de chaleur. Les iles obscures ont parfois une masse énorme ; elles exercent une puissante influence sur l’équilibre de l’univers et la manipulation de l’énergie. La densité de certaines de ces masses immenses est à peu près incroyable. Et cette grande concentration de masse permet aux iles obscures de fonctionner comme de puissants régulateurs tenant sous contrôle efficace les grands systèmes voisins. Elles détiennent le pouvoir d’équilibrer la gravité dans beaucoup de constellations. Bien des systèmes physiques, qui autrement se précipiteraient sur des soleils proches où ils seraient détruits, sont maintenus en sécurité dans l’emprise gravitationnelle de ces obscures iles gardiennes. C’est à cause de cette fonction que nous pouvons les situer avec précision. Nous avons mesuré la force d’attraction des corps lumineux, et cela nous permet de calculer la dimension et l’emplacement exacts des iles obscures de l’espace, qui fonctionnent si efficacement pour maintenir fermement un système donné sur sa trajectoire. 15:6.12 Corps spatiaux mineurs. Les météores et autres petites particules de matière qui circulent et évoluent dans l’espace constituent un énorme agrégat d’énergie et de substance matérielle. 15:6.13 Beaucoup de comètes sont les rejetons sauvages et non stabilisés des roues mères solaires, et sont progressivement ramenées sous le contrôle du soleil central qui les gouverne. Les comètes ont également de nombreuses autres origines. La queue d’une comète s’oriente à l’opposé du corps ou du soleil qui l’attire, à cause de la réaction électrique de ses gaz extrêmement dilués et de la pression effective de la lumière et d’autres énergies venant du soleil. Ce phénomène constitue l’une des preuves positives de la réalité de la lumière et de ses énergies associées ; il démontre que la lumière a du poids. La lumière est une substance réelle, elle n’est pas simplement un mouvement ondulatoire d’un éther hypothétique. 15:6.14 Les planètes. Ce sont les grands agrégats de matière qui suivent une orbite autour d’un soleil ou d’un autre corps spatial. Leur taille s’échelonne entre les planétoïdes et les énormes sphères gazeuses, liquides ou solides. Les mondes froids construits par l’assemblage de matériaux flottants de l’espace, lorsqu’ils sont en rapports appropriés avec un soleil proche, forment les planètes idéales pour héberger des habitants intelligents. En règle générale, les soleils morts ne conviennent pas à la vie ; ils sont habituellement trop éloignés d’un soleil vivant et flamboyant, et en outre ils sont beaucoup trop massifs ; la gravité est énorme à leur surface. 15:6.15 Dans votre superunivers, il n’y a pas une planète froide sur quarante qui soit habitable par des êtres de votre ordre ; et bien entendu les soleils surchauffés et les mondes extérieurs frigides sont inaptes à héberger une vie supérieure. Dans votre système solaire, trois planètes seulement sont présentement appropriées pour héberger la vie. Par sa taille, sa densité et son emplacement, Urantia est sous beaucoup de rapports idéale pour l’habitat humain. 15:6.16 Les lois du comportement de l’énergie physique sont fondamentalement universelles, mais les influences locales jouent un grand rôle dans les conditions physiques qui prévalent sur des planètes individuelles et dans des systèmes locaux. Les innombrables mondes de l’espace sont caractérisés par une variété presque infinie de vie des créatures et d’autres manifestations vivantes. Toutefois, il y a certains points de similitude dans un groupe de mondes associés d’un système donné, et il existe aussi un modèle universel de vie intelligente. Il y a des relations physiques entre les systèmes planétaires qui appartiennent au même circuit physique et qui se suivent de près dans leur tournoiement interminable autour de l’orbite des univers. 7. Les sphères architecturales 15:7.1 Le gouvernement de chaque superunivers siège à proximité du centre des univers évolutionnaires de son segment d’espace. Il y occupe un monde fait sur commande et peuplé de personnalités accréditées. Ces mondes-sièges sont des sphères architecturales, des corps spatiaux construits spécifiquement pour leur but spécial. Bien qu’ils reçoivent de la lumière des soleils voisins, ils sont éclairés et chauffés indépendamment. Chacun dispose d’un soleil qui émet de la lumière froide, comme les satellites du Paradis, et chacun reçoit de la chaleur par la circulation de certains courants d’énergie près de la surface de leur sphère. Ces mondes-sièges appartiennent à l’un des principaux systèmes situés près du centre astronomique de leur superunivers respectif. 15:7.2 Le temps est standardisé au siège des superunivers. Le jour standard du superunivers d’Orvonton équivaut presque à trente jours d’Urantia, et l’année d’Orvonton à cent jours standard. Cette année d’Uversa est standard dans tout le septième superunivers, et sa durée est inférieure de vingt-deux minutes à trois-mille jours d’Urantia, soit environ huit et un cinquième de vos années. 15:7.3 Les mondes-sièges des sept superunivers participent de la nature et de la splendeur du Paradis, leur modèle central de perfection. En réalité, tous les mondes-sièges sont paradisiaques. Ce sont vraiment des demeures célestes dont la dimension matérielle, la beauté morontielle et la gloire spirituelle vont en croissant depuis Jérusem jusqu’à l’Ile centrale. Et tous les satellites de ces mondes-sièges sont aussi des sphères architecturales. 15:7.4 Les divers mondes-sièges sont pourvus de toutes les phases de création matérielle et spirituelle. Toutes sortes d’êtres matériels, morontiels et spirituels sont chez eux sur ces mondes, lieux de rencontre des univers. Lorsque les créatures mortelles font l’ascension de l’univers, passant du royaume matériel au royaume spirituel, elles ne perdent jamais l’appréciation de leurs anciens niveaux d’existence ni du plaisir qu’elles en ont tiré. 15:7.5 Jérusem, siège de votre système local de Satania, a ses sept mondes de culture transitionnelle dont chacun est entouré de sept satellites, parmi lesquels se trouvent les sept mondes des maisons de détention morontielle, la première résidence des hommes après la mort. À la manière dont le mot ciel a été employé sur Urantia, il a quelquefois désigné ces sept mondes des maisons, le premier monde des maisons étant appelé le premier ciel et ainsi de suite jusqu’au septième. 15:7.6 Édentia, siège de votre constellation de Norlatiadek, a soixante-dix satellites de culture et d’entrainement social. Les ascendeurs y séjournent après avoir passé par le régime de Jérusem, où la personnalité est mobilisée, unifiée et réalisée. 15:7.7 Salvington, capitale de Nébadon, votre univers local, est entourée de dix groupes universitaires de quarante-neuf sphères chacun. Les hommes y sont spiritualisés après avoir été rendus sociables sur leur constellation. 15:7.8 Uminor la troisième, siège d’Ensa, votre secteur mineur, est entourée par les sept sphères où l’on étudie la physique supérieure de la vie ascendante. 15:7.9 Umajor la cinquième, siège de Splandon, votre secteur majeur, est entourée par les soixante-dix sphères d’enseignement intellectuel supérieur des superunivers. 15:7.10 Uversa, siège d’Orvonton, votre superunivers, est immédiatement entourée par les sept universités supérieures de haute éducation spirituelle pour les créatures volitives ascendantes. Chacun de ces sept groupes de sphères merveilleuses consiste en soixante-dix mondes spécialisés contenant des milliers et des milliers d’institutions et d’organisations complètes consacrées à l’entrainement universel et à la culture d’esprit où les pèlerins du temps sont rééduqués et réexaminés pour préparer leur long voyage jusqu’à Havona. Les pèlerins du temps qui arrivent sont toujours reçus sur ces mondes associés, mais on fait toujours partir directement des rivages d’Uversa les diplômés qui sont dirigés sur Havona. 15:7.11 Uversa sert de siège spirituel et administratif à environ mille-milliards de mondes habités ou habitables. La gloire, la splendeur et la perfection de la capitale d’Orvonton surpassent toutes les merveilles des créations de l’espace-temps. 15:7.12 Si tous les univers locaux à l’état de projet et leurs parties composantes étaient mis en place, il y aurait un peu moins de cinq-cent-milliards de mondes architecturaux dans les sept superunivers. 8. Contrôle et régulation de l’énergie 15:8.1 Les sphères-sièges des superunivers sont construites de telle sorte qu’elles peuvent fonctionner comme régulateurs efficaces d’énergie-pouvoir pour leurs divers secteurs ; elles servent de points focaux pour diriger l’énergie vers les univers locaux qui dépendent d’elles. Elles exercent une puissante influence sur l’équilibre et le contrôle des énergies physiques qui circulent à travers l’espace organisé. 15:8.2 D’autres fonctions régulatrices sont exercées par les centres de pouvoir et les contrôleurs physiques des superunivers, qui sont des entités intelligentes vivantes et semi-vivantes constituées expressément à cet effet. Ces centres et contrôleurs de pouvoir sont difficiles à comprendre ; les ordres inférieurs de ces entités ne sont pas volitifs, ils ne possèdent pas de volonté, ils ne choisissent pas ; leurs fonctions sont très intelligentes, mais apparemment automatiques et inhérentes à leur organisation hautement spécialisée. Les centres de pouvoir et les contrôleurs physiques des superunivers se chargent de contrôler partiellement et de diriger les trente systèmes énergétiques que comprend le domaine de la gravita. Les circuits d’énergie physique administrés par les centres de pouvoir d’Uversa demandent un peu plus de neuf-cent-soixante-huit-millions d’années pour faire le tour du superunivers. 15:8.3 L’énergie évoluante a de la substance ; elle a du poids, bien que le poids soit toujours relatif et dépende de la vitesse de rotation, de la masse et de l’antigravité. La masse de la matière tend à ralentir la vitesse de l’énergie. Quant à la vitesse de l’énergie présente dans un système quelconque, elle représente la dotation initiale de vitesse, moins le ralentissement dû aux masses rencontrées sur son parcours, plus la fonction régulatrice des vivants contrôleurs d’énergie du superunivers et l’influence physique des corps célestes voisins très chauds ou fortement chargés. 15:8.4 Le plan universel pour maintenir l’équilibre entre la matière et l’énergie exige que les unités matérielles inférieures soient perpétuellement construites et détruites. Les Directeurs de Pouvoir d’Univers ont la faculté de condenser et de retenir, ou de dilater et de libérer, des quantités variables d’énergie. 15:8.5 Moyennant une durée suffisante des influences retardatrices, la gravité finirait par convertir toute l’énergie en matière si deux facteurs n’entraient pas en jeu : premièrement les influences antigravitationnelles des contrôleurs d’énergie, et deuxièmement le fait que la matière organisée tend à se désagréger dans certaines circonstances prévalant dans les étoiles très chaudes, et dans certaines conditions particulières rencontrées dans l’espace à proximité de corps froids de matière condensée fortement chargés. 15:8.6 Quand une masse s’accroit à l’excès et menace de déséquilibrer l’énergie, d’épuiser les circuits de pouvoir physique, les contrôleurs physiques interviennent, à moins que la tendance propre de la gravité à surmatérialiser l’énergie ne soit vaincue par suite d’une collision entre les géants morts de l’espace, ce qui dissipe complètement en un instant les accumulations dues à la gravité. Au cours de ces épisodes collisionnels, d’énormes masses de matière sont soudain transformées en énergie de la forme la plus rare, et la lutte pour l’équilibre universel reprend à nouveau. Finalement, les plus grands systèmes physiques se stabilisent, deviennent ancrés du point de vue physique et sont lancés dans les circuits équilibrés bien établis des superunivers. Après cet évènement, il ne survient plus de collisions ni d’autres catastrophes dévastatrices dans les systèmes ainsi établis. 15:8.7 Pendant les périodes où l’énergie est excédentaire, il se produit des perturbations de puissance et des fluctuations de température accompagnées de manifestations électriques. Pendant les périodes de déficience d’énergie, la matière manifeste des tendances accrues à s’agréger, à se condenser et à échapper à tout contrôle dans les circuits les plus délicatement équilibrés ; il en résulte des ajustements par marées ou par collisions qui rétablissent rapidement l’équilibre entre l’énergie circulante et la matière plus stabilisée physiquement. L’une des tâches des observateurs célestes d’étoiles consiste à prévoir et par ailleurs à comprendre le comportement probable des soleils flamboyants et des iles obscures de l’espace. 15:8.8 Nous sommes capables de reconnaitre la plupart des lois gouvernant l’équilibre de l’univers et de faire de nombreuses prédictions concernant sa stabilité. Nos prévisions sont valables dans la pratique, mais nous sommes toujours confrontés à certaines forces qui ne relèvent pas entièrement des lois que nous connaissons sur le contrôle de l’énergie et le comportement de la matière. Il devient de plus en plus difficile de prévoir les phénomènes physiques à mesure que l’on s’éloigne du Paradis dans les univers. Quand nous sortons des frontières où les Dirigeants du Paradis administrent personnellement, il nous devient de moins en moins possible de faire des calculs d’après les standards établis et l’expérience acquise à propos d’observations relevant exclusivement des phénomènes physiques des systèmes astronomiques proches. Même dans les royaumes des sept superunivers, nous vivons au milieu d’actions de force et de réactions d’énergie qui pénètrent tous nos domaines et s’étendent en équilibre unifié jusque dans toutes les régions de l’espace extérieur. 15:8.9 Plus nous nous éloignons, plus nous sommes certains de rencontrer ces phénomènes variables et imprévisibles qui caractérisent si infailliblement les insondables accomplissements de présence des Absolus et des Déités expérientielles. Et ces phénomènes doivent indiquer un certain supercontrôle universel de toutes choses. 15:8.10 Le superunivers d’Orvonton parait actuellement se décharger ; les univers extérieurs semblent accumuler de l’énergie en vue d’activités futures sans précédents ; l’univers central de Havona est éternellement stabilisé. La gravité et l’absence de chaleur (le froid) organisent la matière et la maintiennent agglutinée : la chaleur et l’antigravité désagrègent la matière et dissipent l’énergie. Les vivants directeurs de pouvoir et organisateurs de force sont le secret du contrôle spécial et de la direction intelligente des métamorphoses sans fin au cours desquelles les univers se font, se défont et se refont. Les nébuleuses peuvent se disperser, les soleils se consumer, les systèmes disparaitre et les planètes périr, mais les univers ne s’épuisent pas. 9. Les circuits des superunivers 15:9.1 Les circuits universels du Paradis pénètrent effectivement les royaumes des sept superunivers. Ces circuits de présence sont : la gravité de personnalité du Père Universel, la gravité spirituelle du Fils Éternel, la gravité mentale de l’Acteur Conjoint et la gravité matérielle de l’Ile éternelle. 15:9.2 En plus des circuits universels du Paradis et en plus des accomplissements de présence des Absolus et des Déités expérientielles, il n’y a, dans le niveau d’espace des superunivers, que deux divisions de circuit d’énergie ou séparation de pouvoirs : les circuits des superunivers et les circuits des univers locaux. 15:9.3 Les circuits des superunivers sont les suivants : 15:9.4 1. Le circuit d’intelligence unificatrice de l’un des Sept Maitres Esprits du Paradis. Ce circuit mental cosmique est limité à un seul superunivers. 15:9.5 2. Le circuit de service réflectif des sept Esprits Réflectifs dans chaque superunivers. 15:9.6 3. Les circuits secrets des Moniteurs de Mystère, interassociés d’une certaine manière par Divinington, puis dirigés vers le Père Universel sur le Paradis. 15:9.7 4. Le circuit de communion entre le Fils Éternel et ses Fils Paradisiaques. 15:9.8 5. La présence instantanée de l’Esprit Infini. 15:9.9 6. Les télédiffusions du Paradis, les communiqués spatiaux de Havona. 15:9.10 7. Les circuits d’énergie des centres de pouvoir et des contrôleurs physiques. 15:9.11 Les circuits des univers locaux sont les suivants : 15:9.12 1. L’esprit d’effusion des Fils du Paradis, le Consolateur des mondes d’effusion. L’Esprit de Vérité, l’esprit de Micaël sur Urantia. 15:9.13 2. Le circuit des Divines Ministres, les Esprits-Mères des univers locaux, le Saint-Esprit de votre monde. 15:9.14 3. Le circuit du ministère d’intelligence d’un univers local comprenant la présence des esprits-mentaux adjuvats avec leurs fonctions diversifiées. 15:9.15 Quand, dans un univers local, se développe une telle harmonie spirituelle que ses circuits individuels et conjugués deviennent indiscernables de ceux du superunivers, lorsqu’une telle identité de fonction et unité de ministère prévalent effectivement, alors l’univers local passe immédiatement dans les circuits établis de lumière et de vie ; il devient aussitôt qualifié pour faire partie de la confédération spirituelle de l’union rendue parfaite de la supercréation. Voici les conditions nécessaires pour être admis aux conseils des Anciens des Jours et devenir membre de la confédération superuniverselle : 15:9.16 1. Stabilité physique. Les étoiles et planètes d’un univers local doivent être en équilibre ; les périodes de métamorphoses stellaires instantanées doivent être passées. L’univers doit avancer sur une trajectoire nette ; il faut que son orbite soit fixée avec sécurité et d’une manière définitive. 15:9.17 2. Loyauté spirituelle. Le Souverain Fils de Dieu qui préside aux affaires d’un tel univers local doit y être universellement reconnu et servi avec loyauté. Il faut qu’un état de coopération harmonieuse ait pris naissance entre les planètes, les systèmes et les constellations individuels de tout l’univers local. 15:9.18 Votre univers local n’est même pas compté comme appartenant à l’ordre physiquement établi du superunivers, et encore bien moins comme membre attitré de la famille spirituelle reconnue du supergouvernement. Bien que Nébadon n’ait pas encore de représentation sur Uversa, nous qui faisons partie du gouvernement superuniversel, nous sommes envoyés de temps en temps en mission spéciale sur ses mondes, comme je suis venu directement d’Uversa sur Urantia. Nous prêtons toute l’assistance possible à vos dirigeants et à vos chefs pour résoudre leurs difficiles problèmes ; nous désirons voir votre univers qualifié pour être pleinement admis dans les créations associées de la famille superuniverselle. 10. Les dirigeants des superunivers 15:10.1 Les quartiers généraux des superunivers sont les sièges du haut gouvernement spirituel des domaines de l’espace-temps. La branche exécutive du supergouvernement prend origine dans les Conseils de la Trinité, et elle est dirigée en premier lieu par l’un des Sept Maitres Esprits de supervision suprême. Ces êtres sont installés à des postes d’autorité paradisiaque et administrent les superunivers par le truchement des Sept Administrateurs Suprêmes stationnés sur les sept mondes spéciaux de l’Esprit Infini, les satellites les plus extérieurs du Paradis. 15:10.2 Les quartiers généraux des superunivers sont les lieux où demeurent les Esprits Réflectifs et les Aides-Images Réflectifs. De leur position médiane, ces êtres merveilleux conduisent leurs immenses opérations de réflectivité, apportant ainsi leur aide à l’univers central situé au-dessus d’eux et aux univers locaux situés au-dessous. 15:10.3 Chaque superunivers est régi par trois Anciens des Jours, chefs exécutifs conjoints du supergouvernement. Dans sa branche exécutive, le personnel du gouvernement superuniversel est formé de sept groupes différents : 15:10.4 1. Les Anciens des Jours. 15:10.5 2. Les Perfecteurs de Sagesse. 15:10.6 3. Les Conseillers Divins. 15:10.7 4. Les Censeurs Universels. 15:10.8 5. Les Puissants Messagers. 15:10.9 6. Les Élevés en Autorité. 15:10.10 7. Les Dépourvus de Nom et de Nombre. 15:10.11 Les trois Anciens des Jours sont immédiatement assistés par un corps d’un milliard de Perfecteurs de Sagesse avec lesquels sont associés trois-milliards de Conseillers Divins. Un milliard de Censeurs Universels sont attachés à l’administration de chaque superunivers. Les membres de ces trois groupes sont des Personnalités Trinitaires Coordonnées prenant directement et divinement leur origine dans la Trinité du Paradis. 15:10.12 Les trois autres ordres, les Puissants Messagers, les Élevés en Autorité et les Dépourvus de Nom et de Nombre, sont des mortels ascendants glorifiés. Les membres du premier de ces ordres s’élevèrent par le régime ascendant et passèrent par Havona aux jours de Grandfanda. Ayant atteint le Paradis, ils furent enrôlés dans le Corps de la Finalité, embrassés par la Trinité du Paradis, et ensuite affectés au service céleste des Anciens des Jours. En tant que classes, ces trois ordres sont connus comme Fils d’Aboutissement Trinitisés ; leur origine est duelle, mais maintenant ils sont au service de la Trinité. C’est ainsi que la branche exécutive du gouvernement du superunivers fut élargie pour inclure les enfants glorifiés et devenus parfaits des mondes évolutionnaires. 15:10.13 Le conseil coordonné du superunivers est composé des sept groupes administratifs précédemment cités et des chefs de secteurs et autres inspecteurs régionaux suivants : 15:10.14 1. Les Perfections des Jours – les chefs des secteurs majeurs du superunivers. 15:10.15 2. Les Récents des Jours – les directeurs des secteurs mineurs du superunivers. 15:10.16 3. Les Unions des Jours – les conseillers paradisiaques des chefs d’univers locaux. 15:10.17 4. Les Fidèles des Jours – les consultants paradisiaques des Très Hauts chefs des gouvernements des constellations. 15:10.18 5. Les Fils Instructeurs de la Trinité qui peuvent se trouver en service au quartier général du superunivers. 15:10.19 6. Les Éternels des Jours qui se trouvent présents aux quartiers généraux des superunivers. 15:10.20 7. Les sept Aides-Images Réflectifs – les porte-parole des sept Esprits Réflectifs représentant par eux les Sept Maitres Esprits du Paradis. 15:10.21 Les Aides-Images Réflectifs opèrent aussi comme représentants de nombreux groupes d’êtres qui sont influents dans les gouvernements des superunivers, mais qui, pour diverses raisons, n’exercent pas à l’heure actuelle la pleine activité de leurs aptitudes individuelles. Ce groupe englobe : la manifestation de personnalité superuniverselle de l’Être Suprême en cours d’évolution, les Superviseurs Non Qualifiés du Suprême, les Vice-Gérants Qualifiés de l’Ultime, les agents de liaison non dénommés réflectifs de Majeston, et les esprits superpersonnels représentatifs du Fils Éternel. 15:10.22 À presque tout moment, il est possible de trouver, sur les mondes-sièges des superunivers, des représentants de tous les groupes d’êtres créés. Le travail tutélaire courant des superunivers est effectué par les puissants seconaphins et par d’autres membres de la vaste famille de l’Esprit Infini. Dans le travail de ces merveilleux centres d’administration, de contrôle, de ministère et de jugement exécutif des superunivers, les intelligences de toutes les sphères de vie universelle sont mêlées en un service effectif, une sage administration, un ministère aimant et un juste jugement. 15:10.23 Les superunivers n’entretiennent aucune sorte de représentation par ambassade ; ils sont complètement isolés les uns des autres. Ils ne connaissent leurs affaires mutuelles que par la chambre de compensation du Paradis maintenue par les Sept Maitres Esprits. Les chefs des superunivers travaillent dans les conseils de la sagesse divine pour le bien-être de leur propre superunivers, sans se préoccuper de ce qui peut se passer dans d’autres sections de la création universelle. Cet isolement des superunivers persistera jusqu’au moment où leur coordination sera achevée, en ce sens que la souveraineté de personnalité de l’Être Suprême évoluant par expérience sera plus complètement factualisée. 11. L’assemblée délibérative 15:11.1 C’est sur des mondes comme Uversa que les êtres représentant l’autocratie de la perfection et la démocratie de l’évolution se rencontrent face à face. La branche exécutive du supergouvernement est issue des royaumes de la perfection ; la branche législative sort de la floraison des univers évolutionnaires. 15:11.2 L’assemblée délibérative du superunivers est confinée au monde-siège. Ce conseil législatif ou consultatif consiste en sept chambres ; à chacune d’elles, tous les univers locaux admis au conseil du superunivers élisent un représentant indigène. Les conseils supérieurs des univers locaux choisissent ces représentants parmi les ascendeurs pèlerins diplômés d’Orvonton qui séjournent provisoirement sur Uversa et sont accrédités pour être transportés vers Havona. La durée moyenne de leur service est d’environ cent années du temps standard superuniversel. 15:11.3 Je n’ai jamais connu de désaccord entre les administrateurs d’Orvonton et l’assemblée d’Uversa. Jamais encore, dans l’histoire de notre superunivers, le corps délibératif n’a voté une recommandation que la division exécutive du supergouvernement ait même hésité à mettre en œuvre. La plus parfaite harmonie et le plus complet accord de travail n’ont cessé de prévaloir entre eux, ce qui témoigne que les êtres évolutionnaires peuvent réellement atteindre les hauteurs d’une sagesse devenue parfaite les qualifiant à fréquenter les personnalités d’origine parfaite et de nature divine. La présence des assemblées délibératives au siège des superunivers révèle la sagesse et laisse prévoir le triomphe ultime de tout le vaste concept évolutionnaire du Père Universel et de son Fils Éternel. 12. Les tribunaux suprêmes 15:12.1 Quand nous parlons des branches exécutive et délibérative du gouvernement d’Uversa, l’analogie avec certaines formes des gouvernements civils d’Urantia pourrait vous faire penser que nous avons une troisième division, la branche judiciaire, et nous l’avons en effet, mais elle n’a pas de fonctionnaires spéciaux. Nos cours sont constituées comme suit : selon la nature et la gravité du cas, elles sont présidées par un Ancien des Jours, un Perfecteur de Sagesse ou un Conseiller Divin. Les preuves en faveur ou en défaveur d’un individu, d’une planète, d’un système, d’une constellation ou d’un univers sont présentées et interprétées par les Censeurs. La défense des enfants du temps et des planètes évolutionnaires est assurée par les Puissants Messagers, observateurs officiels du gouvernement superuniversel auprès des univers et systèmes locaux. L’attitude du gouvernement supérieur est dépeinte par les Élevés en Autorité. Habituellement, le verdict est formulé par une commission plus ou moins nombreuse composée pour moitié de Dépourvus de Nom et de Nombre, et pour moitié d’un groupe de personnalités compréhensives choisies dans l’assemblée délibérative. 15:12.2 Les cours des Anciens des Jours sont les tribunaux de haute instance pour le jugement spirituel de tous les univers qui en dépendent. Les Fils Souverains des univers locaux sont suprêmes dans leur domaine propre. Sauf pour les cas impliquant l’anéantissement de créatures volitives, ils ne dépendent du supergouvernement que dans la mesure où ils lui soumettent volontairement des affaires pour avoir le conseil ou le jugement des Anciens des Jours. Les ordonnances de jugement sont émises dans les univers locaux, mais les sentences comportant l’annihilation de créatures douées de volonté sont toujours formulées au siège des superunivers et exécutées à partir de là. Les Fils des univers locaux peuvent décréter la survie de l’homme mortel, mais seuls les Anciens des Jours peuvent prononcer un jugement exécutoire sur les questions de vie et de mort éternelles. 15:12.3 Dans toutes les matières n’exigeant pas de comparution ou d’apport de preuves, les Anciens des Jours ou leurs associés rendent leurs décisions, et leurs ordonnances sont toujours unanimes. Nous avons affaire ici aux conseils de perfection. Il n’y a ni désaccord ni opinion minoritaire dans les décisions de ces tribunaux d’une excellence suprême. 15:12.4 À part quelques rares exceptions, les supergouvernements exercent leur juridiction sur toutes les choses et tous les êtres de leurs domaines respectifs. Les ordonnances et décisions des autorités superuniverselles sont sans appel, puisqu’elles représentent les opinions concordantes des Anciens des Jours et du Maitre Esprit qui, du Paradis, préside à la destinée du superunivers concerné. 13. Les gouvernements des secteurs 15:13.1 Un secteur majeur comprend à peu près le dixième d’un superunivers ; il consiste en cent secteurs mineurs, dix-mille univers locaux, et environ cent-milliards de mondes habitables. Ces secteurs majeurs sont administrés par trois Perfections des Jours, Personnalités Suprêmes de la Trinité. 15:13.2 Les tribunaux des Perfections des Jours sont constitués à peu de chose près comme ceux des Anciens des Jours, sauf qu’ils ne jugent pas spirituellement les royaumes. Le travail des gouvernements de secteurs majeurs concerne principalement le statut intellectuel d’une vaste création. En vue d’en rendre compte aux tribunaux des Anciens des Jours, les secteurs majeurs retiennent, jugent, répartissent et classifient toutes les affaires d’importance superuniverselle de nature courante et administrative lorsqu’elles ne concernent directement ni l’administration spirituelle des royaumes ni l’exécution des plans établis par les Dirigeants du Paradis pour l’ascension des mortels. Le personnel du gouvernement d’un secteur majeur ne diffère pas de celui du superunivers. 15:13.3 De même que les magnifiques satellites d’Uversa s’occupent de votre préparation spirituelle finale pour Havona, de même les soixante-dix satellites d’Umajor la cinquième sont consacrés à votre développement et à votre instruction intellectuels d’ordre superuniversel. De tout Orvonton se rassemblent ici les sages qui travaillent infatigablement à préparer les mortels du temps en vue de leur progression ultérieure vers la carrière de l’éternité. La majeure partie de l’instruction des mortels ascendants est donnée sur les soixante-dix mondes d’étude. 15:13.4 Les gouvernements des secteurs mineurs sont présidés par trois Récents des Jours. Leur administration s’occupe principalement du contrôle, de l’unification et de la stabilisation physiques des univers locaux du secteur, ainsi que de la coordination courante de leur administration. Chaque secteur mineur englobe jusqu’à cent univers locaux, dix-mille constellations et un million de systèmes, c’est-à-dire environ un milliard de mondes habitables. 15:13.5 Les mondes-sièges des secteurs mineurs sont le grand lieu de rencontre des Maitres Contrôleurs Physiques. Ces mondes-sièges sont entourés par les sept sphères d’instruction qui constituent les écoles préparatoires des superunivers et sont les centres d’apprentissage où l’on acquiert des connaissances physiques et administratives concernant l’univers des univers. 15:13.6 Les administrateurs des gouvernements des secteurs mineurs sont placés sous la juridiction immédiate des chefs du secteur majeur. Les Récents des Jours reçoivent tous les rapports d’observations et coordonnent toutes les recommandations qui parviennent au superunivers en provenance d’une part des Unions des Jours qui stationnent, comme observateurs de la Trinité et consultants, sur les sphères-sièges des univers locaux, et d’autre part des Fidèles des Jours qui sont similairement attachés aux conseils des Très Hauts sur les mondes-sièges des constellations. Tous ces rapports sont transmis aux Perfections des Jours sur les secteurs majeurs, pour être passés ensuite aux cours des Anciens des Jours. Ainsi, le régime de la Trinité s’étend depuis les constellations des univers locaux jusqu’au siège du superunivers. Il n’y a pas de représentants de la Trinité au siège des systèmes locaux. 14. Les buts des sept superunivers 15:14.1 L’évolution des sept superunivers fait apparaitre sept buts majeurs. Chaque but majeur d’évolution superuniverselle ne trouvera sa plénitude d’expression que dans l’un des sept superunivers, et c’est pourquoi chaque superunivers a une fonction spéciale et une nature unique. 15:14.2 Orvonton, le septième superunivers, celui auquel appartient votre univers local, est principalement connu pour son immense et prodigue effusion de ministère miséricordieux auprès des mortels des royaumes. Il est renommé pour la manière dont y prévaut une justice tempérée par la miséricorde et dont s’y exerce un pouvoir conditionné par la patience, tandis que des sacrifices de temps y sont généreusement effectués pour assurer la stabilisation de l’éternité. Orvonton est, dans l’univers, une démonstration d’amour et de miséricorde. 15:14.3 Il est toutefois fort difficile de décrire notre conception de la vraie nature du but évolutionnaire qui s’épanouit dans Orvonton, mais on peut la suggérer en disant que nous éprouvons, au sujet de cette supercréation, le sentiment suivant : les six buts spécifiques de l’évolution cosmique, telle qu’elle se manifeste dans les six supercréations associées, sont ici en voie d’interassociation en vue de dégager une signification-du-tout. C’est pourquoi nous avons quelquefois supposé qu’à partir d’Uversa et dans le lointain futur, la personnalisation évoluée et achevée de Dieu le Suprême gouvernera les sept superunivers devenus parfaits et le fera dans toute la majesté expérientielle du pouvoir souverain tout-puissant auquel il sera alors parvenu. 15:14.4 Orvonton est unique dans sa nature et individuel dans sa destinée, et il en est de même pour les six superunivers associés. Beaucoup de choses qui se passent dans Orvonton ne vous sont d’ailleurs pas révélées, et, parmi les caractéristiques non révélées de la vie d’Orvonton, il y en a de nombreuses qui devront trouver leur expression la plus complète dans quelque autre superunivers. Les sept buts de l’évolution superuniverselle agissent dans l’ensemble des sept superunivers, mais chaque supercréation ne donnera sa pleine expression qu’à l’un de ces buts. Pour pénétrer davantage ces buts superuniversels, il faudrait vous révéler bien des choses que vous ne saisissez pas, et, même alors, vous ne comprendriez que peu de chose. L’ensemble de cet exposé ne donne qu’un aperçu fugitif de l’immense création dont votre monde et votre système local font partie. 15:14.5 Votre monde s’appelle Urantia, et il porte le numéro 606 dans le groupe planétaire ou système de Satania, qui comprend présentement six-cent-dix-neuf mondes habités. Plus de deux-cents autres planètes de ce système évoluent favorablement pour devenir des mondes habités dans un avenir encore indéterminé. 15:14.6 Satania porte le numéro 24 dans la constellation de Norlatiadek et possède un monde-siège appelé Jérusem. Votre constellation, Norlatiadek, est composée de cent systèmes locaux ; elle possède un monde-siège appelé Édentia. Norlatiadek porte le numéro 70 dans l’univers local de Nébadon. L’univers local de Nébadon est composé de cent constellations, possède une capitale connue sous le nom de Salvington, et porte le numéro 84 dans le secteur mineur d’Ensa. 15:14.7 Le secteur mineur d’Ensa est composé de cent univers locaux, et possède une capitale appelée Uminor la troisième. Ce secteur mineur porte le numéro 3 dans le secteur majeur de Splandon. Splandon est composé de cent secteurs mineurs et possède une capitale appelée Umajor la cinquième. Il est le cinquième secteur majeur du superunivers d’Orvonton, septième segment du grand univers. Vous pouvez ainsi situer votre planète dans le plan d’organisation et d’administration de l’univers des univers. 15:14.8 Dans le grand univers, votre monde Urantia porte le numéro 5 342 482 337 666. C’est son numéro d’enregistrement sur Uversa et au Paradis, votre numéro dans le catalogue des mondes habités. Je connais son numéro d’enregistrement, en tant que sphère physique, mais ce nombre est si extraordinairement élevé qu’il perd toute signification pratique pour le mental humain. 15:14.9 Votre planète est un membre d’un cosmos immense. Vous appartenez à une famille à peu près infinie de mondes, mais votre sphère est administrée avec tout autant de précision et entretenue avec tout autant d’amour que si elle était le seul monde habité existant. 15:14.10 [Présenté par un Censeur Universel venant d’Uversa]. Fascicule 16. Les Sept Maitres Esprits 16:0.1 Les Sept Maitres Esprits du Paradis sont les personnalités primaires de l’Esprit Infini. Dans ce septuple acte créatif de dédoublement de soi, l’Esprit Infini a épuisé les possibilités mathématiques d’association inhérentes à l’existence factuelle des trois personnes de la Déité. S’il avait été possible de produire un plus grand nombre de Maitres Esprits, ils auraient été créés, mais il y a juste sept possibilités d’association, et seulement sept, qui soient inhérentes à trois Déités. Cela explique pourquoi le fonctionnement de l’univers est scindé en sept grandes divisions et pourquoi le nombre sept est une base fondamentale de son organisation et de son administration. 16:0.2 L’origine des Sept Maitres Esprits provient des sept similitudes suivantes dont ils tirent leurs caractéristiques individuelles : 16:0.3 1. Le Père Universel. 16:0.4 2. Le Fils Éternel. 16:0.5 3. L’Esprit Infini. 16:0.6 4. Le Père et le Fils. 16:0.7 5. Le Père et l’Esprit. 16:0.8 6. Le Fils et l’Esprit. 16:0.9 7. Le Père, le Fils et l’Esprit. 16:0.10 Nous savons très peu de chose sur l’action du Père et du Fils dans la création des Sept Maitres Esprits. Apparemment, ils ont été amenés à l’existence par les actes personnels de l’Esprit Infini, mais nous avons été clairement informés que le Père et le Fils avaient tous deux participé à leur origine. 16:0.11 En caractère et en nature d’esprit, ces Sept Esprits du Paradis sont identiques, mais, sous tous les autres aspects d’identité, ils sont fort dissemblables, et les résultats de leur activité dans les superunivers sont tels que les différences individuelles se discernent infailliblement. Tous les plans subséquents des sept segments du grand univers – et même des segments corrélatifs de l’espace extérieur – ont été conditionnés par la diversité autre-que-spirituelle de ces Sept Maitres Esprits de supervision suprême et ultime. 16:0.12 Les Maitres Esprits ont de nombreuses fonctions, mais leur domaine particulier à l’heure actuelle est la supervision centrale des sept superunivers. Chaque Maitre Esprit entretient un énorme siège focal de force qui circule lentement autour de la périphérie du Paradis en restant toujours à l’opposé du superunivers dont ce Maitre Esprit assure la surveillance directe. Ils se maintiennent ainsi au point focal du contrôle de pouvoir spécialisé de leur superunivers et de la distribution segmentaire d’énergie qui les concerne. Les lignes radiales qui marquent les frontières de chaque superunivers convergent effectivement au quartier général paradisiaque du Maitre Esprit qui le supervise. 1. Position par rapport à la Déité trine 16:1.1 Le Créateur Conjoint, l’Esprit Infini, est nécessaire pour compléter la personnalisation trine de la Déité indivise. Cette triple personnalisation de la Déité possède par inhérence la possibilité de s’exprimer individuellement et associativement de sept manières. C’est pourquoi le plan ultérieur pour créer des univers habités par des êtres intelligents et potentiellement spirituels, dument expressifs du Père, du Fils et de l’Esprit, rendait inéluctable la personnalisation des Sept Maitres Esprits. Nous avons été conduits à parler de la triple personnalisation de la Déité comme de l’inévitabilité absolue, et à considérer l’apparition des Sept Maitres Esprits comme l’inévitabilité subabsolue. 16:1.2 On ne saurait dire que les Sept Maitres Esprits soient l’expression de la Déité triple, mais ils sont le portrait éternel de la Déité septuple, les fonctions actives et associatives des trois personnes de la Déité d’existence éternelle. Par ces Sept Esprits, en eux et à travers eux, le Père Universel, le Fils Éternel ou l’Esprit Infini, ou toute association comprenant deux d’entre eux, sont à même d’opérer comme tels. Lorsque le Père, le Fils et l’Esprit agissent ensemble, ils peuvent opérer et opèrent en fait par le Maitre Esprit Numéro Sept, mais non en tant que Trinité. Séparément et collectivement, les Maitres Esprits représentent toutes les fonctions possibles de la Déité, simples et multiples, mais non collectives, non celles de la Trinité. Le Maitre Esprit Numéro Sept est personnellement non fonctionnel par rapport à la Trinité du Paradis, et c’est justement pourquoi il peut opérer personnellement pour l’Être Suprême. 16:1.3 Mais, quand les Sept Maitres Esprits quittent leur siège de pouvoir personnel et d’autorité superuniverselle pour s’assembler autour de l’Acteur Conjoint en la présence trine de la Déité du Paradis, aussitôt ils représentent collectivement le pouvoir, la sagesse et l’autorité fonctionnels de la Déité indivise – la Trinité – pour et dans les univers en évolution. Cette union paradisiaque de l’expression primordiale septuple de la Déité englobe effectivement, renferme littéralement, tous les attributs et attitudes des trois Déités éternelles en Suprématie et en Ultimité. À toutes fins pratiques, les Sept Maitres Esprits embrassent alors le domaine fonctionnel du Suprême-Ultime pour le maitre univers et dans le maitre univers. 16:1.4 Autant que nous puissions le discerner, ces Sept Esprits sont associés aux activités divines des trois personnes éternelles de la Déité. Nous ne découvrons aucune preuve qu’ils soient associés directement aux présences fonctionnelles des trois phases éternelles de l’Absolu. Lorsqu’ils sont associés, les Maitres Esprits représentent les Déités du Paradis dans ce que nous pouvons concevoir en gros comme le domaine fini de l’action. Il est possible que ce domaine embrasse beaucoup d’activités ultimes mais non absolues. 2. Position par rapport à l’Esprit Infini 16:2.1 De même que le Fils Éternel et Originel est révélé par les personnes en nombre toujours croissant des Fils divins, de même l’Esprit Infini et Divin est révélé par le canal des Sept Maitres Esprits et de leurs groupes d’esprits associés. Au centre des centres, l’Esprit Infini est approchable, mais ceux qui atteignent le Paradis ne sont pas tous immédiatement capables de discerner sa personnalité et sa présence différenciée. Par contre, tous ceux qui atteignent l’univers central peuvent communier, et en fait communient immédiatement, avec l’un des Sept Maitres Esprits, celui qui préside le superunivers d’origine du pèlerin spatial nouvellement arrivé. 16:2.2 Le Père du Paradis ne parle à l’univers des univers qu’à travers son Fils, tandis que lui et le Fils n’agissent conjointement qu’à travers l’Esprit Infini. En dehors du Paradis et de Havona, l’Esprit Infini ne parle que par la voix des Sept Maitres Esprits. 16:2.3 L’Esprit Infini exerce une influence de présence personnelle à l’intérieur des confins du système Paradis-Havona ; ailleurs, sa présence spirituelle personnelle se manifeste par et à travers l’un des Sept Maitres Esprits. C’est pourquoi, sur un monde ou chez un individu donnés, la présence spirituelle superuniverselle de la Source-Centre Troisième est conditionnée par la nature unique du Maitre Esprit qui supervise le segment intéressé de la création. Inversement, les lignes conjuguées de force spirituelle et d’intelligence passent intérieurement vers la Troisième Personne de la Déité par le canal des Sept Maitres Esprits. 16:2.4 Les Sept Maitres Esprits sont dotés collectivement des attributs suprêmes-ultimes de la Source-Centre Troisième. Bien que chacun d’eux individuellement participe de cette dotation, c’est seulement collectivement qu’ils manifestent les attributs d’omnipotence, d’omniscience et d’omniprésence. Aucun d’eux ne peut œuvrer ainsi universellement ; en tant qu’individu et dans l’exercice de ces pouvoirs de suprématie et d’ultimité, chacun d’eux est personnellement limité au superunivers qu’il supervise directement. 16:2.5 Tout ce qui vous a été dit au sujet de la divinité et de la personnalité de l’Acteur Conjoint s’applique également et complètement aux Sept Maitres Esprits, qui distribuent si efficacement l’Esprit Infini aux sept segments du grand univers selon leurs dotations divines et à la manière de leurs natures différentes et individuellement uniques. Il serait donc approprié d’appliquer à leur groupe collectif de sept tous les noms de l’Esprit Infini ou l’un quelconque d’entre eux. Collectivement, ils ne font qu’un avec le Créateur Conjoint sur tous les niveaux subabsolus. 3. Identité et diversité des Maitres Esprits 16:3.1 Les Sept Maitres Esprits sont des êtres indescriptibles, mais distinctement et nettement personnels. Ils ont des noms, mais nous préférons les présenter par leur numéro. En tant que personnalisations primaires de l’Esprit Infini, ils sont semblables, mais, en tant qu’expressions primaires des sept associations possibles de la Déité trine, ils sont essentiellement différents en nature, et cette diversité de nature détermine le différentiel de leur conduite superuniverselle. Ces Sept Maitres Esprits peuvent être décrits comme suit : 16:3.2 Le Maitre Esprit Numéro Un. D’une manière spéciale cet Esprit est la représentation directe du Père du Paradis. Il est une manifestation particulière et efficace du pouvoir, de l’amour et de la sagesse du Père Universel. Il est le proche associé et le conseiller céleste du chef des Moniteurs de Mystère, l’être qui préside sur Divinington le Collège des Ajusteurs Personnalisés. Dans toutes les associations des Sept Maitres Esprits, c’est toujours le Maitre Esprit Numéro Un qui parle pour le Père Universel. 16:3.3 Cet Esprit préside le premier superunivers et, bien qu’il manifeste infailliblement la nature divine d’une personnalisation primaire de l’Esprit Infini, il parait ressembler plus spécialement au Père Universel par son caractère. Il est toujours en liaison personnelle avec les sept Esprits Réflectifs du siège du premier superunivers. 16:3.4 Le Maitre Esprit Numéro Deux. Cet Esprit dépeint de manière adéquate la nature incomparable et le caractère charmant du Fils Éternel, le premier-né de toute la création. Il est toujours en association étroite avec tous les ordres de Fils de Dieu chaque fois qu’il arrive à ceux-ci de séjourner dans l’univers résidentiel en tant qu’individus ou en joyeux conclave. Dans toutes les assemblées des Sept Maitres Esprits, il parle toujours pour le Fils Éternel et en son nom. 16:3.5 Cet Esprit dirige les destinées du superunivers numéro deux et gouverne ce vaste domaine presque comme le ferait le Fils Éternel. Il est toujours en liaison avec les sept Esprits Réflectifs siégeant à la capitale du second superunivers. 16:3.6 Le Maitre Esprit Numéro Trois. Cette personnalité Esprit ressemble spécialement à l’Esprit Infini et dirige les mouvements et les travaux d’un grand nombre de hautes personnalités de l’Esprit Infini, il préside leurs assemblées et il est étroitement associé avec toutes les personnalités qui tirent exclusivement leur origine de la Source-Centre Troisième. Lorsque les Sept Maitres Esprits sont en conseil, c’est toujours le Maitre Esprit Numéro Trois qui parle pour l’Esprit Infini. 16:3.7 Cet Esprit est responsable du superunivers numéro trois et administre les affaires de ce segment presque comme le ferait l’Esprit Infini. Il est toujours en liaison avec les Esprits Réflectifs du siège du troisième superunivers. 16:3.8 Le Maitre Esprit Numéro Quatre. Participant des natures conjuguées du Père et du Fils, ce Maitre Esprit est l’influence déterminante en ce qui concerne la politique et la procédure Père-Fils dans les conseils des Sept Maitres Esprits. Cet Esprit est le chef qui dirige et conseille les êtres ascendants qui ont atteint l’Esprit Infini et sont ainsi devenus candidats qualifiés pour voir le Fils et le Père. Il stimule l’immense groupe des personnalités qui tirent leur origine du Père et du Fils. Lorsqu’il devient nécessaire de représenter le Père et le Fils dans l’association des Sept Maitres Esprits, c’est toujours le Maitre Esprit Numéro Quatre qui parle. 16:3.9 Cet Esprit stimule le quatrième segment du grand univers selon la manière particulière dont il associe les attributs du Père Universel et du Fils Éternel. Il est toujours en liaison personnelle avec les Esprits Réflectifs du siège du quatrième superunivers. 16:3.10 Le Maitre Esprit Numéro Cinq. Cette personnalité divine, qui marie avec tant de charme les caractères du Père Universel et de l’Esprit Infini, est le conseiller de l’immense groupe d’êtres connus comme directeurs de pouvoir, centres de pouvoir et contrôleurs physiques. Cet Esprit stimule aussi le développement de toutes les personnalités qui tirent leur origine du Père et de l’Acteur Conjoint. Dans les conseils des Sept Maitres Esprits, quand l’attitude Père-Esprit est en question, c’est toujours le Maitre Esprit Numéro Cinq qui parle. 16:3.11 Cet Esprit dirige le bien-être du cinquième superunivers d’une manière qui suggère l’action conjuguée du Père Universel et de l’Esprit Infini. Il est toujours en liaison avec les Esprits Réflectifs du siège du cinquième superunivers. 16:3.12 Le Maitre Esprit Numéro Six. Cet être divin semble dépeindre le caractère conjugué du Fils Éternel et de l’Esprit Infini. Chaque fois que les êtres créés conjointement par le Fils et l’Esprit se réunissent dans l’univers central, c’est ce Maitre Esprit qui est leur conseiller. Et, dans les conseils des Sept Maitres Esprits, chaque fois qu’il devient nécessaire de parler conjointement pour le Fils Éternel et l’Esprit Infini, c’est le Maitre Esprit Numéro Six qui répond. 16:3.13 Cet Esprit dirige les affaires du sixième superunivers presque comme le feraient le Fils Éternel et l’Esprit Infini. Il est toujours en liaison avec les Esprits Réflectifs du siège du sixième superunivers. 16:3.14 Le Maitre Esprit Numéro Sept. L’Esprit qui régit le septième superunivers est un portrait fidèle, seul de son genre, du Père Universel, du Fils Éternel et de l’Esprit Infini. Le Septième Esprit, le conseiller stimulant le développement de tous les êtres d’origine trine, est aussi le conseiller et le directeur de tous les pèlerins ascendants de Havona, ces êtres humbles qui ont atteint les cours de gloire par le ministère conjugué du Père, du Fils et de l’Esprit. 16:3.15 Le Septième Maitre Esprit n’est pas le représentant organique de la Trinité du Paradis, mais c’est un fait établi que sa nature personnelle et spirituelle est le portrait de l’Acteur Conjoint fait en proportions égales des trois personnes infinies dont l’union en Déité est la Trinité du Paradis, et dont la fonction en tant que telle est la source de la nature personnelle et spirituelle de Dieu le Suprême. En conséquence, le Septième Maitre Esprit manifeste une relation personnelle et organique avec la personne spirituelle évoluante du Suprême. C’est pourquoi, dans les conseils supérieurs des Maitres Esprits, lorsqu’il devient nécessaire de procéder à un scrutin au sujet de l’attitude conjuguée du Père, du Fils et de l’Esprit, ou de décrire l’attitude spirituelle de l’Être Suprême, c’est le Maitre Esprit Numéro Sept qui entre en fonction. Il devient ainsi par inhérence le chef qui préside le conseil paradisiaque des Sept Maitres Esprits. 16:3.16 Aucun des Sept Esprits ne représente organiquement la Trinité du Paradis, mais, quand ils s’unissent en Déité septuple, cette union au sens de déité – mais non au sens personnel – équivaut à un niveau fonctionnel associable aux fonctions de la Trinité. En ce sens « l’Esprit Septuple » peut s’associer fonctionnellement avec la Trinité du Paradis. C’est aussi dans ce sens que le Maitre Esprit Numéro Sept parle quelquefois pour confirmer des attitudes de la Trinité, ou plutôt agit comme porte-parole de l’attitude de l’union d’Esprit Septuple en ce qui concerne l’attitude de l’union de Déité triple, l’attitude de la Trinité du Paradis. 16:3.17 Les multiples fonctions du Septième Maitre Esprit commencent ainsi par un portrait conjuguant les natures personnelles du Père, du Fils et de l’Esprit, passent par une représentation de l’attitude personnelle de Dieu le Suprême, et vont jusqu’à révéler l’attitude de déité de la Trinité du Paradis. Et sous certains rapports cet Esprit présidant exprime similairement les attitudes de l’Ultime et du Suprême-Ultime. 16:3.18 C’est le Maitre Esprit Numéro Sept, avec ses aptitudes multiples, qui parraine personnellement les progrès des candidats ascendants des mondes du temps dans leurs tentatives pour comprendre la Déité indivise de Suprématie. Une telle compréhension implique que les candidats doivent saisir la souveraineté existentielle de la Trinité de Suprématie, coordonnée de telle manière avec un concept de la souveraineté expérientielle croissante de l’Être Suprême, qu’elle constitue la compréhension par la créature de l’unité de la Suprématie. La réalisation par la créature de ces trois facteurs équivaut à la compréhension havonienne de la réalité de la Trinité ; ce qui confère aux pèlerins du temps l’aptitude à pénétrer finalement la Trinité, à découvrir les trois personnes infinies de la Déité. 16:3.19 L’inaptitude des pèlerins de Havona à trouver complètement Dieu le Suprême est compensée par le Septième Maitre Esprit, dont la nature trine révèle d’une manière si particulière la personne spirituelle du Suprême. Durant le présent âge de l’univers où l’on ne peut pas contacter la personne du Suprême, le Maitre Esprit Numéro Sept fonctionne à la place du Dieu des créatures ascendantes en matière de relations personnelles. Il est celui des êtres spirituels supérieurs que tous les ascendants sont certains de reconnaitre et de comprendre quelque peu lorsqu’ils atteignent les centres de gloire. 16:3.20 Ce Maitre Esprit est toujours en liaison avec les Esprits Réflectifs d’Uversa, siège du septième superunivers, notre propre segment de la création. La manière dont il administre Orvonton révèle la merveilleuse harmonie de son mélange coordonné des natures divines du Père, du Fils et de l’Esprit. 4. Attributs et fonctions des Maitres Esprits 16:4.1 Les Sept Maitres Esprits sont la pleine représentation de l’Esprit Infini pour les univers évolutionnaires. Ils représentent la Source-Centre Troisième dans les relations d’énergie, de mental et d’esprit. Alors qu’ils opèrent comme chefs coordonnateurs du contrôle administratif universel de l’Acteur Conjoint, n’oubliez pas qu’ils ont leur origine dans les actes créateurs des Déités du Paradis. Il est littéralement vrai que ces Sept Esprits sont le pouvoir physique, le mental cosmique et la présence spirituelle personnalisés de la Déité trine, « les Sept Esprits de Dieu envoyés dans tout l’univers ». 16:4.2 Les Maitres Esprits sont uniques en ce sens qu’ils fonctionnent sur tous les niveaux universels de réalité, sauf sur le niveau absolu. Ils sont donc des superviseurs efficaces et parfaits de toutes les phases des affaires administratives sur tous les niveaux d’activités superuniverselles. Il est difficile pour le mental mortel de comprendre grand-chose au rôle des Maitres Esprits parce que leur travail est si hautement spécialisé et qu’en même temps, il embrasse tout ; si extraordinairement matériel et, en même temps, si délicatement spirituel. Ces créateurs aux dons variés du mental cosmique sont les ancêtres des Directeurs de Pouvoir d’Univers et sont eux-mêmes directeurs suprêmes de l’immense ensemble de la création des créatures spirituelles. 16:4.3 Les Sept Maitres Esprits sont les créateurs des Directeurs de Pouvoir d’Univers et de leurs associés ; ces entités sont indispensables pour organiser, contrôler et réguler les énergies physiques du grand univers. Et ces mêmes Maitres Esprits viennent très matériellement à l’aide des Fils Créateurs dans le travail de formation et d’organisation des univers locaux. 16:4.4 Nous sommes incapables de trouver un lien personnel quelconque entre le travail d’énergie cosmique des Maitres Esprits et les fonctions de force de l’Absolu Non Qualifié. Les manifestations d’énergie qui dépendent des Maitres Esprits sont toutes dirigées depuis la périphérie du Paradis ; elles ne semblent en aucune manière directement associées aux phénomènes de force identifiés avec la surface inférieure du Paradis. 16:4.5 Lorsque nous rencontrons les activités fonctionnelles des divers Superviseurs de Pouvoir Morontiel, nous sommes indubitablement en face de certaines activités non révélées des Maitres Esprits. En dehors de ces ancêtres des contrôleurs physiques en même temps que des ministres d’esprit qui donc aurait pu s’arranger pour combiner et associer les énergies matérielles et spirituelles de manière à produire une phase de réalité d’univers qui n’existait pas encore – la substance morontielle et le mental morontiel ? 16:4.6 Une grande partie de la réalité des mondes spirituels est d’ordre morontiel, une phase de réalité universelle totalement inconnue sur Urantia. Le but de l’existence des personnalités est spirituel, mais les créations morontielles s’interposent toujours pour combler l’abime entre les royaumes matériels d’origine mortelle et les sphères superuniverselles de statut spirituel en progression. C’est dans ce domaine que les Maitres Esprits apportent leur grande contribution au plan d’ascension des hommes vers le Paradis. 16:4.7 Les Sept Maitres Esprits ont des représentants personnels qui fonctionnent dans tout le grand univers, mais presque rien n’a été révélé à leur sujet parce que la grande majorité de ces êtres subordonnés ne s’occupe pas directement du plan ascendant de progression des mortels dans le sentier de la perfection paradisiaque. Une grande partie, une très grande partie de l’activité des Sept Maitres Esprits reste cachée à la compréhension humaine, parce qu’elle ne concerne directement en aucune manière votre problème d’ascension vers le Paradis. 16:4.8 Bien que nous ne puissions en offrir la preuve formelle, il est hautement probable que le Maitre Esprit d’Orvonton exerce une influence décisive dans les sphères d’activité suivantes : 16:4.9 1. Les procédés des Porteurs de Vie d’un univers local pour déclencher la vie. 16:4.10 2. Les activations données à la vie par les esprits-mentaux adjuvats effusés sur les mondes par l’Esprit Créatif d’un univers local. 16:4.11 3. Les fluctuations dans les manifestations d’énergie déployées par les unités de matière organisée répondant à la gravité linéaire. 16:4.12 4. Le comportement de l’énergie émergente lorsqu’elle est entièrement libérée de l’emprise de l’Absolu Non Qualifié, devenant donc sensible à l’influence directe de la gravité linéaire ainsi qu’aux manipulations des Directeurs de Pouvoir d’Univers et de leurs associés. 16:4.13 5. L’effusion de l’esprit tutélaire de l’Esprit Créatif d’un univers local connu sur Urantia comme le Saint-Esprit. 16:4.14 6. L’effusion ultérieure de l’esprit des Fils d’effusion, appelé sur Urantia le Consolateur ou l’Esprit de Vérité. 16:4.15 7. Le mécanisme de réflectivité des univers locaux et du superunivers. Il n’est guère possible d’expliquer raisonnablement ni de comprendre rationnellement bien des caractéristiques rattachées à ce phénomène extraordinaire sans postuler l’activité des Maitres Esprits en association avec l’Acteur Conjoint et l’Être Suprême. 16:4.16 Malgré notre insuccès pour comprendre complètement les travaux multiples des Sept Maitres Esprits, nous sommes persuadés que, dans le vaste champ des activités universelles, il y a deux domaines où ils n’ont absolument rien à faire, à savoir : l’effusion et le ministère des Ajusteurs de Pensée, et les fonctions inscrutables de l’Absolu Non Qualifié. 5. Position par rapport aux créatures 16:5.1 Chaque segment du grand univers, chaque univers et chacun des mondes individuels bénéficient des conseils et de la sagesse conjugués de tous les Sept Maitres Esprits, mais ne reçoivent l’empreinte personnelle que d’un seul d’entre eux. Et la nature personnelle de chaque Maitre Esprit imprègne entièrement son superunivers et le conditionne de manière unique. 16:5.2 Par cette influence personnelle des Sept Maitres Esprits, chaque créature de tous les ordres d’êtres intelligents en dehors du Paradis et de Havona porte nécessairement la marque caractéristique d’une individualité rappelant la nature ancestrale de l’un des Sept Maitres Esprits du Paradis. En ce qui concerne les sept superunivers, chaque créature originaire de l’un d’eux, homme ou ange, portera perpétuellement cette marque d’identité natale. 16:5.3 Les Sept Maitres Esprits n’envahissent pas de façon directe le mental matériel des créatures individuelles sur les mondes évolutionnaires de l’espace. Les mortels d’Urantia ne ressentent pas la présence personnelle de l’influence mental-esprit du Maitre Esprit d’Orvonton. Si ce Maitre Esprit réussit à établir un contact quelconque avec le mental mortel individuel au cours des âges évolutionnaires primitifs d’un monde habité, cela doit se passer par le ministère de l’Esprit Créatif de l’univers local, consort et associé du Fils de Dieu Créateur qui préside aux destinées de chaque création locale. Mais ce même Esprit-Mère Créatif est tout à fait semblable au Maitre Esprit d’Orvonton en nature et en caractère. 16:5.4 La marque physique d’un Maitre Esprit est une partie de l’origine matérielle des hommes. Ils vivent toute leur carrière morontielle sous l’influence continue de ce même Maitre Esprit. Il n’est donc guère étrange que la carrière d’esprit ultérieure d’un tel mortel ascendant n’efface jamais entièrement la marque caractéristique de ce même Esprit superviseur. L’empreinte d’un Maitre Esprit est fondamentale pour l’existence même de tous les stades d’ascension des mortels qui précèdent Havona. 16:5.5 Au cours de l’expérience de leur vie, les mortels évolutionnaires font montre de tendances de personnalité distinctives qui sont caractéristiques dans chaque superunivers et qui expriment directement la nature du Maitre Esprit dominant. Ces tendances ne s’effacent jamais entièrement, même après que ces ascendeurs ont subi la longue éducation et la discipline unificatrice rencontrées sur le milliard de sphères d’instruction de Havona. Même l’intense culture subséquente du Paradis ne suffit pas pour extirper les marques d’origine du superunivers. Pendant toute l’éternité, un mortel ascendant exhibera des traits rappelant l’Esprit qui présidait son superunivers natal. Même dans le Corps de la Finalité, lorsqu’on désire arriver à une relation de Trinité complète avec la création évolutionnaire ou dépeindre cette relation, on assemble toujours un groupe de sept finalitaires, un de chaque superunivers. 6. Le mental cosmique 16:6.1 Les Maitres Esprits sont la source septuple du mental cosmique, le potentiel intellectuel du grand univers. Ce mental cosmique est une manifestation subabsolue du mental de la Source-Centre Troisième, et sous certains aspects il est relié fonctionnellement au mental de l’Être Suprême évoluant. 16:6.2 Sur un monde comme Urantia, nous ne rencontrons pas l’influence directe des Sept Maitres Esprits dans les affaires des races humaines. Vous vivez sous l’influence immédiate de l’Esprit Créatif de Nébadon. Néanmoins, ces mêmes Maitres Esprits dominent les réactions fondamentales de tout mental des créatures, parce qu’ils sont la source actuelle des potentiels intellectuels et spirituels spécialisés dans les univers locaux pour fonctionner dans la vie des individus qui habitent les mondes évolutionnaires de l’espace et du temps. 16:6.3 Le fait du mental cosmique explique la parenté de divers types de mental humains et suprahumains. Non seulement les esprits apparentés sont attirés les uns vers les autres, mais un mental apparenté à un autre est aussi très fraternel et enclin à coopérer avec lui. On observe parfois qu’un mental humain suit un cours étonnamment semblable à celui d’un autre et qu’il s’accorde inexplicablement avec lui. 16:6.4 Il existe, dans toutes les associations de personnalité du mental cosmique, une qualité que l’on pourrait appeler la « sensibilité à la réalité ». C’est cette dotation cosmique universelle des créatures douées de volonté qui les empêche de succomber en victimes impuissantes aux affirmations a priori émises par la science, la philosophie et la religion. Cette sensibilité à la réalité du mental cosmique répond à certaines phases de la réalité exactement comme l’énergie-matière répond à la gravité. Il serait encore plus correct de dire que ces réalités supramatérielles réagissent ainsi au mental du cosmos. 16:6.5 Le mental cosmique réagit infailliblement (reconnait la réponse) sur trois niveaux de réalité d’univers. Ces réponses sont évidentes par elles-mêmes pour les personnes au raisonnement clair et au mental à la pensée profonde. Ces niveaux de réalité sont les suivants : 16:6.6 1. La causalité – le domaine de réalité des sens physiques, le royaume scientifique de l’uniformité logique, la différenciation entre le factuel et le non-factuel, les conclusions réflexives basées sur la réaction cosmique. C’est la forme mathématique de la discrimination cosmique. 16:6.7 2. Le devoir – le domaine de réalité de la morale en philosophie, le cadre de la raison, la reconnaissance de ce qui est relativement juste ou injuste. C’est la forme judiciaire de la discrimination cosmique. 16:6.8 3. L’adoration – le domaine spirituel de réalité de l’expérience religieuse, la réalisation personnelle de la communion divine, la reconnaissance des valeurs d’esprit, l’assurance de la survie éternelle, l’ascension depuis le statut de serviteurs de Dieu jusqu’à la joie et à la liberté des fils de Dieu. C’est la perspicacité la plus élevée du mental cosmique, la forme révérencielle et adoratrice de la discrimination cosmique. 16:6.9 Ces perspicacités scientifique, morale et spirituelle, ces réactions cosmiques sont innées dans le mental cosmique dont toutes les créatures volitives sont dotées. L’expérience de la vie ne manque jamais de développer ces trois intuitions cosmiques. Elles constituent la base de l’autoconscience de la pensée réflexive. Mais il est triste de noter que si peu de personnes sur Urantia prennent plaisir à cultiver ces qualités de pensée cosmique courageuses et indépendantes. 16:6.10 Dans les dotations du mental des univers locaux, ces trois perceptions intuitives du mental cosmique constituent les affirmations a priori qui rendent possible à l’homme d’agir en tant que personnalité rationnelle et consciente d’elle-même dans les domaines de la science, de la philosophie et de la religion. En d’autres termes, la reconnaissance de la réalité de ces trois manifestations de l’Infini s’effectue par une technique cosmique d’autorévélation. L’énergie-matière est reconnue par la logique mathématique des sens, la raison mentale connait intuitivement son devoir moral, et la foi-esprit (l’adoration) est la religion de la réalité de l’expérience spirituelle. Ces trois facteurs de base de la pensée réflexive peuvent soit être unifiés et coordonnés dans le développement de la personnalité, soit devenir disproportionnés et pratiquement incohérents dans leurs fonctions respectives. Mais, lorsqu’ils sont unifiés, ils produisent un caractère fort, consistant dans la corrélation d’une science factuelle, d’une philosophie morale et d’une expérience religieuse authentique. Et ce sont ces trois intuitions cosmiques qui donnent une validité objective, une réalité, à l’expérience de l’homme dans et avec les choses, les significations et les valeurs. 16:6.11 Le but de l’éducation est de développer et d’aiguiser ces dotations innées du mental humain ; le but de la civilisation, de les exprimer ; le but de l’expérience de la vie, de les réaliser ; le but de la religion, de les ennoblir ; et le but de la personnalité, de les unifier. 7. Morale, vertu et personnalité 16:7.1 L’intelligence seule ne peut expliquer la nature morale. La moralité, la vertu, est innée dans la personnalité humaine. L’intuition morale, le sens du devoir, est une composante de la dotation mentale humaine et elle est associée aux autres éléments inaliénables de la nature humaine : la curiosité scientifique et la clairvoyance spirituelle. La mentalité de l’homme transcende de loin celle de ses cousins animaux, mais ce sont sa nature morale et sa nature religieuse qui le distingue spécialement du monde animal. 16:7.2 La réponse sélective d’un animal est limitée au niveau moteur de son comportement. La perspicacité supposée des animaux supérieurs se situe à un niveau moteur et n’apparait habituellement qu’après l’expérience des essais moteurs et des erreurs motrices. L’homme est capable d’exercer sa perspicacité scientifique, morale et spirituelle avant d’explorer ou d’expérimenter quoi que ce soit. 16:7.3 Seule une personnalité peut savoir ce qu’elle fait avant de le faire. Seules les personnalités possèdent une perspicacité anticipant toute expérience. Une personnalité peut regarder avant de sauter et peut donc apprendre en regardant aussi bien qu’en sautant. Un animal non personnel n’apprend généralement qu’en sautant. 16:7.4 L’expérience acquise d’un animal le rend capable d’examiner les différentes manières d’atteindre un but et de choisir une méthode fondée sur l’expérience accumulée. Mais une personnalité peut aussi examiner le but lui-même et juger sa validité, sa valeur. À elle seule, l’intelligence peut distinguer les meilleurs moyens d’atteindre des fins encore indistinctes, mais un être moral possède une perspicacité qui lui permet de discriminer entre des fins aussi bien qu’entre des moyens. Et un être moral qui choisit la vertu n’en est pas moins intelligent. Il sait ce qu’il fait, pourquoi il le fait, où il va et comment il y parviendra. 16:7.5 Quand l’homme ne parvient pas à discriminer les buts de ses efforts de mortel, il vit au même niveau d’existence que les animaux. Il n’a pas réussi à se prévaloir des avantages supérieurs de la finesse matérielle, du discernement moral et de la clairvoyance spirituelle qui font partie intégrante de sa dotation en mental cosmique en tant qu’être personnel. 16:7.6 La vertu est droiture – la conformité avec le cosmos. Nommer des vertus, ce n’est pas les définir, mais les vivre, c’est les connaitre. La vertu n’est ni une simple connaissance ni encore la sagesse, mais plutôt la réalité d’une expérience progressive pour atteindre des niveaux ascendants d’accomplissement cosmique. Dans la vie au jour le jour de l’homme mortel, la vertu est réalisée en choisissant régulièrement le bien plutôt que le mal, et cette aptitude à choisir est la preuve que l’on possède une nature morale. 16:7.7 Le choix de l’homme entre le bien et le mal n’est pas influencé seulement par la finesse de sa nature morale, mais aussi par des facteurs tels que l’ignorance, l’immaturité et les illusions. Un sens des proportions entre également en jeu dans l’exercice de la vertu, car on peut perpétrer le mal en choisissant un but moindre au lieu d’un but plus grand, par suite de distorsion ou d’illusion. L’art de l’évaluation relative ou de la mesure comparative entre dans la pratique des vertus du domaine moral. 16:7.8 La nature morale de l’homme serait impuissante sans l’art de la mesure, la discrimination incorporée dans son aptitude à scruter les significations. De même le choix moral serait futile sans la clairvoyance cosmique qui donne conscience des valeurs spirituelles. Du point de vue de l’intelligence, l’homme s’élève au niveau d’un être moral parce qu’il est doté de personnalité. 16:7.9 On ne peut jamais faire progresser la moralité par la loi ou par la force. Elle est une affaire personnelle et de libre arbitre. Il faut qu’elle se propage par contagion entre personnes qui répandent une atmosphère de beauté morale, et personnes moins sensibles moralement, mais cependant désireuses dans une certaine mesure de faire la volonté du Père. 16:7.10 Les actes moraux sont les accomplissements humains caractérisés par l’intelligence la plus haute, dirigés par une discrimination sélective aussi bien dans le choix de fins supérieures que dans celui des moyens moraux pour les atteindre. Une telle conduite est vertueuse. La vertu suprême consiste donc à choisir de tout cœur de faire la volonté du Père qui est aux cieux. 8. La personnalité sur Urantia 16:8.1 Le Père Universel confère la personnalité à de nombreux ordres d’êtres qui ont leurs activités sur divers niveaux d’actualité de l’univers. Les êtres humains d’Urantia sont dotés d’une personnalité du type mortel-fini fonctionnant au niveau des fils ascendants de Dieu. 16:8.2 Bien que nous ne puissions guère entreprendre de définir la personnalité, nous pouvons tenter d’exposer la manière dont nous comprenons les facteurs connus qui vont constituer l’ensemble des énergies matérielles, mentales et spirituelles dont l’interassociation constitue le mécanisme dans lequel, sur lequel et avec lequel le Père Universel fait fonctionner la personnalité qu’il a conférée. 16:8.3 La personnalité est un don unique de nature originale dont l’existence est indépendante de l’octroi des Ajusteurs de Pensée et antérieure à cet octroi. Néanmoins, la présence de l’Ajusteur accroit effectivement la manifestation qualitative de la personnalité. Au moment où les Ajusteurs de Pensée émanent du Père, ils sont identiques en nature, mais la personnalité est variée, originale et exclusive, et la manifestation de la personnalité est en outre conditionnée et qualifiée par la nature et les qualités des énergies associées de nature matérielle, mentale et spirituelle qui constituent le véhicule organique pour la manifestation de la personnalité. 16:8.4 Les personnalités peuvent être semblables, mais ne sont jamais les mêmes. Des personnes appartenant à une série, un type un ordre ou un modèle donné peuvent se ressembler, et il y en a qui se ressemblent, mais elles ne sont jamais identiques. La personnalité est cette caractéristique de l’individu que nous connaissons et qui nous permettra de l’identifier dans un avenir indéterminé indépendamment de la nature et de l’étendue des changements qui se sont produits dans sa forme, son mental ou son statut d’esprit. La personnalité est cette part de l’individu qui nous permet de reconnaitre et d’identifier positivement cette personne comme celle que nous avons précédemment connue, même si elle a beaucoup changé par suite de modifications dans le véhicule d’expression et de manifestation de sa personnalité. 16:8.5 La personnalité de la créature se distingue par deux phénomènes spontanés et caractéristiques du comportement réactif d’un mortel : la conscience de soi et le libre arbitre relatif qui lui est associé. 16:8.6 La conscience de soi consiste à se rendre compte intellectuellement de l’actualité de la personnalité. Elle inclut l’aptitude à reconnaitre la réalité d’autres personnalités. Elle dénote que l’on est capable d’une expérience individualisée dans et avec les réalités cosmiques, ce qui équivaut à atteindre le statut d’identité dans les relations de personnalité de l’univers. La conscience de soi implique que l’on reconnait l’actualité du ministère du mental et que l’on réalise l’indépendance relative du libre arbitre créatif et déterminant. 16:8.7 Le libre arbitre relatif qui caractérise la conscience de soi de la personnalité humaine se trouve engagé dans les cas suivants : 16:8.8 1. Décision morale, la plus haute sagesse. 16:8.9 2. Choix spirituel, le discernement de la vérité. 16:8.10 3. Amour désintéressé, le service fraternel. 16:8.11 4. Coopération intentionnelle, la loyauté de groupe. 16:8.12 5. Perspicacité cosmique, la compréhension des significations universelles. 16:8.13 6. Consécration de la personnalité, la dévotion à faire de tout cœur la volonté du Père. 16:8.14 7. L’adoration, quand on poursuit sincèrement les valeurs divines et que l’on aime de tout son cœur le divin Donateur des Valeurs. 16:8.15 On peut considérer que la personnalité humaine du type d’Urantia fonctionne dans un mécanisme physique formé de la modification planétaire du type nébadonien d’organisme appartenant à l’ordre électrochimique d’activation de la vie et doté du modèle de reproduction parentale selon l’ordre de Nébadon de la série d’Orvonton du mental cosmique. L’effusion du don divin de la personnalité sur un tel mécanisme de mortel doté d’un mental lui confère la dignité de citoyen cosmique et permet à cette créature mortelle de réagir dorénavant à la récognition constitutive des trois réalités mentales fondamentales du cosmos : 16:8.16 1. La récognition mathématique ou logique de l’uniformité de la causalité physique. 16:8.17 2. La récognition raisonnée de l’obligation de se conduire moralement. 16:8.18 3. La compréhension, par la foi, de la communion avec la Déité, associée au service, expression de l’amour, de l’humanité. 16:8.19 La pleine fonction de cette dotation de personnalité est le commencement de la réalisation de la parenté avec la Déité. Une telle individualité habitée par un fragment prépersonnel de Dieu le Père est, en vérité et en fait, un fils spirituel de Dieu. Non seulement une telle créature révèle la capacité de recevoir le don de la présence divine, mais elle fait aussi ressortir une réaction sensible au circuit de gravité de personnalité du Père Paradisiaque de toutes les personnalités. 9. Réalité de la conscience humaine 16:9.1 La créature personnelle dotée de mental cosmique et habitée par un Ajusteur possède la faculté innée de reconnaitre et de réaliser la réalité de l’énergie, la réalité du mental et la réalité de l’esprit. La créature volitive est ainsi équipée pour distinguer le fait de Dieu, la loi de Dieu et l’amour de Dieu. À part ces trois éléments inaliénables de la conscience humaine, toute expérience humaine est vraiment subjective, excepté cette réalisation intuitive de validité attachée à l’unification de ces trois réactions de récognition cosmique de réalité d’univers. 16:9.2 Le mortel qui discerne Dieu est apte à ressentir la valeur de l’unification de ces trois qualités cosmiques dans l’évolution de l’âme survivante, évolution qui est l’entreprise suprême de l’homme dans le tabernacle physique où le mental moral collabore avec le divin esprit intérieur pour dualiser l’âme immortelle. Dès ses premiers débuts, l’âme est réelle ; elle a des qualités de survie cosmique. 16:9.3 Si l’homme mortel ne réussit pas à survivre à la mort naturelle, les valeurs spirituelles réelles de son expérience humaine survivent comme partie de l’expérience continue de l’Ajusteur de Pensée. Les valeurs de personnalité d’un tel non-survivant persistent comme facteur dans la personnalité de l’Être Suprême en voie d’actualisation. Ces qualités persistantes de la personnalité sont dépourvues d’identité, mais non de valeurs expérientielles accumulées durant la vie mortelle dans la chair. La survie de l’identité dépend de la survie de l’âme immortelle de statut morontiel et de valeur divine croissante. L’identité de la personnalité survit dans et par la survie de l’âme. 16:9.4 La conscience humaine du moi implique la récognition de la réalité d’autres moi que ce moi conscient et implique en plus qu’une telle conscience soit mutuelle ; que le moi soit connu aussi bien qu’il connait. Cela se voit de manière purement humaine dans la vie en société. Mais vous ne pouvez pas être aussi absolument certains de la réalité d’un compagnon que de la réalité de la présence de Dieu qui vit en vous. La conscience sociale n’est pas inaliénable comme la conscience de Dieu ; elle est un développement culturel et dépend de connaissances, de symboles et de la contribution des dotations constitutives de l’homme – la science, la moralité et la religion. Et ces dons cosmiques, socialisés, constituent la civilisation. 16:9.5 Les civilisations sont instables parce qu’elles ne sont pas cosmiques ; elles ne sont pas innées chez les individus des races. Il faut les sustenter par les contributions conjuguées des facteurs constitutifs de l’homme – la science, la moralité et la religion. Les civilisations surgissent et disparaissent, mais la science, la morale et la religion survivent toujours à l’effondrement. 16:9.6 Jésus ne se borna pas à révéler Dieu à l’homme, il effectua aussi une révélation nouvelle de l’homme à lui-même et aux autres hommes. Dans la vie de Jésus, on voit l’homme à son mieux. L’homme devient ainsi magnifiquement réel parce que Jésus incorporait beaucoup d’éléments divins dans sa vie, et que la réalisation (récognition) de Dieu est inaliénable et constitutive chez tous les hommes. 16:9.7 En dehors de l’instinct parental, le désintéressement n’est pas entièrement naturel : on n’aime pas et on ne sert pas socialement autrui d’une manière naturelle. Il faut l’illumination de la raison, la moralité et l’impulsion de la religion, la connaissance de Dieu, pour engendrer un ordre social généreux et altruiste. La conscience qu’a l’homme de sa propre personnalité, la conscience de soi, dépend aussi directement du fait même qu’il a spontanément conscience d’autrui, l’aptitude innée à saisir et à reconnaitre la réalité d’autres personnalités s’échelonnant de l’humain au divin. 16:9.8 Il faut que la conscience sociale désintéressée soit, au fond, une conscience religieuse, si elle se veut objective ; autrement, c’est une abstraction philosophique purement subjective, donc dépourvue d’amour. Seul un individu connaissant Dieu peut aimer une autre personne comme il s’aime lui-même. 16:9.9 La conscience de soi est en essence une conscience communautaire : Dieu et l’homme, Père et fils, Créateur et créature. Dans la conscience humaine de soi, quatre réalisations de réalités d’univers sont latentes et inhérentes : 16:9.10 1. La recherche de la connaissance, la logique scientifique. 16:9.11 2. La recherche des valeurs morales, le sens du devoir. 16:9.12 3. La recherche des valeurs spirituelles, l’expérience religieuse. 16:9.13 4. La recherche des valeurs de personnalité, l’aptitude à reconnaitre la réalité de Dieu en tant que personnalité et la réalisation simultanée de nos relations fraternelles avec les personnalités de nos semblables. 16:9.14 Vous devenez conscient de l’homme comme d’une créature frère, parce que vous êtes déjà conscient de Dieu comme votre Père Créateur. La paternité est la relation dont nous tirons par raisonnement la récognition de la fraternité. Et la paternité devient ou peut devenir une réalité d’univers pour toutes les créatures morales, parce que le Père a lui-même conféré la personnalité à tous ces êtres et les a encircuités dans l’emprise du circuit universel de personnalité. Nous adorons Dieu d’abord parce qu’il est, ensuite parce qu’il est en nous, enfin parce que nous sommes en lui. 16:9.15 Est-il donc étrange que le mental cosmique soit de façon inhérente consciemment conscient de sa propre source, le mental infini de l’Esprit Infini, et soit en même temps conscient de la réalité physique des vastes univers, de la réalité spirituelle du Fils Éternel et de la réalité de personnalité du Père Universel ? 16:9.16 [Parrainé par un Censeur Universel venant d’Uversa.] Fascicule 17. Les sept groupes d’Esprits Suprêmes 17:0.1 Les sept groupes d’Esprits Suprêmes sont les directeurs-coordonnateurs universels de l’administration des sept segments du grand univers. Bien qu’ils soient tous classés dans la famille fonctionnelle de l’Esprit Infini, les trois groupes suivants sont habituellement classifiés comme enfants de la Trinité du Paradis : 17:0.2 1. Les Sept Maitres Esprits. 17:0.3 2. Les Sept Agents Exécutifs Suprêmes. 17:0.4 3. Les Esprits Réflectifs. 17:0.5 Les quatre groupes restants sont amenés à l’existence par les actes créateurs de l’Esprit Infini ou de ses associés ayant statut de créateur : 17:0.6 4. Les Aides-Images Réflectifs. 17:0.7 5. Les Sept Esprits des Circuits. 17:0.8 6. Les Esprits Créatifs des univers locaux. 17:0.9 7. Les esprits-mentaux adjuvats. 17:0.10 Ces sept ordres sont connus sur Uversa comme les sept groupes d’Esprits Suprêmes. Leur domaine fonctionnel s’étend depuis la présence personnelle des Sept Maitres Esprits sur la périphérie de l’Ile éternelle, en passant par les sept satellites paradisiaques de l’Esprit, les circuits de Havona, les gouvernements des superunivers, ainsi que l’administration et la supervision des univers locaux, allant même jusqu’à l’humble service des adjuvats effusés dans les royaumes du mental évolutionnaire sur les mondes du temps et de l’espace. 17:0.11 Les Sept Maitres Esprits sont les directeurs coordonnateurs de ce vaste royaume administratif. En certaines affaires concernant la réglementation administrative du pouvoir physique organisé, de l’énergie mentale et du ministère d’esprit impersonnel, ils agissent personnellement et directement, et, dans d’autres matières, ils opèrent par leurs divers associés. Dans toutes les affaires relevant de l’exécutif – ordonnances, règlements, ajustements et décisions administratives – les Maitres Esprits agissent par les personnes des Sept Agents Exécutifs Suprêmes. Dans l’univers central, les Maitres Esprits peuvent opérer par les Sept Esprits des Circuits de Havona. Aux sièges des sept superunivers, ils se révèlent par le canal des Esprits Réflectifs et agissent par les personnes des Anciens des Jours, avec lesquelles ils sont en communication personnelle par les Aides-Images Réflectifs. 17:0.12 Les Sept Maitres Esprits n’ont pas de contact direct et personnel avec l’administration de l’univers à un niveau inférieur aux tribunaux des Anciens des Jours. Votre univers local, étant une partie de notre superunivers, est administré par le Maitre Esprit d’Orvonton, mais sa fonction par rapport aux êtres natifs de Nébadon est immédiatement remplie et mise en œuvre personnellement par l’Esprit-Mère Créatif résidant à Salvington, siège de votre univers local. 1. Les Sept Agents Exécutifs Suprêmes 17:1.1 Les sièges exécutifs des Sept Maitres Esprits occupent les sept satellites paradisiaques de l’Esprit Infini qui tournent autour de l’Ile centrale entre les brillantes sphères du Fils Éternel et le circuit intérieur de Havona. Ces sphères exécutives sont placées sous la direction des Agents Exécutifs Suprêmes, un groupe de sept qui ont été trinitisés par le Père, le Fils et l’Esprit selon les spécifications des Sept Maitres Esprits pour un type d’êtres susceptibles d’agir comme leurs représentants universels. 17:1.2 Les Maitres Esprits maintiennent, par ces Agents Exécutifs Suprêmes, le contact avec les diverses divisions des gouvernements de superunivers. Ce sont ces Agents Exécutifs qui déterminent, dans une large mesure, les tendances constitutives fondamentales des sept superunivers. Ils sont uniformément et divinement parfaits, mais ils possèdent aussi des personnalités diverses. Ils n’ont pas de chef permanent ; chaque fois qu’ils se réunissent, ils choisissent l’un d’entre eux pour présider leur conseil conjoint. Ils font périodiquement le voyage au Paradis pour siéger en conseil avec les Sept Maitres Esprits. 17:1.3 Les Sept Agents Exécutifs Suprêmes agissent comme coordonnateurs administratifs du grand univers. On pourrait les appeler le conseil des administrateurs-directeurs administratifs de la création postérieure à Havona. Ils ne s’occupent pas des affaires internes du Paradis et ils dirigent leurs sphères limitées d’activité havonienne par les Sept Esprits des Circuits. Autrement, il y a peu de limites à leur champ de supervision ; ils s’occupent de la direction des choses physiques, intellectuelles et spirituelles ; ils voient tout, entendent tout, sentent tout et même savent tout ce qui se passe dans les sept superunivers et dans Havona. 17:1.4 Ces Agents Exécutifs Suprêmes ne formulent aucune politique et ne modifient pas les procédures de l’univers ; ils s’occupent d’exécuter les plans de la divinité promulgués par les Sept Maitres Esprits. Ils n’interfèrent pas non plus avec l’autorité des Anciens des Jours dans les superunivers, ni avec la souveraineté des Fils Créateurs dans les univers locaux. Ils sont les exécutifs coordonnateurs dont la fonction est de mettre en œuvre les politiques conjuguées de tous les chefs dument accrédités du grand univers. 17:1.5 Chacun des exécutifs et les ressources de sa sphère sont consacrés à l’administration efficace d’un seul superunivers. L’Agent Exécutif Suprême Numéro Un opérant sur la sphère exécutive numéro un est entièrement occupé par les affaires du superunivers numéro un, et ainsi de suite jusqu’à l’Agent Exécutif Suprême Numéro Sept, qui travaille depuis le septième satellite paradisiaque de l’Esprit et consacre ses énergies à diriger le septième superunivers. Cette septième sphère s’appelle Orvonton, car les satellites paradisiaques de l’Esprit portent les mêmes noms que les superunivers correspondants ; en fait, les superunivers furent nommés d’après eux. 17:1.6 Sur la sphère exécutive du septième superunivers, le nombre de personnes occupées à la bonne marche des affaires d’Orvonton dépasse l’entendement humain et embrasse pratiquement tous les ordres d’intelligences célestes. Toutes les personnalités envoyées par les services des superunivers (sauf les Esprits Inspirés de la Trinité et les Ajusteurs de Pensée) passent par l’un des sept mondes exécutifs quand elles voyagent dans l’univers en partant du Paradis ou en y allant. C’est là qu’est tenu le registre central de toutes les personnalités créées par la Source-Centre Troisième et opérant dans les superunivers. Le système d’archives matérielles, morontielles et spirituelles d’un de ces mondes administratifs de l’Esprit Infini stupéfie même un être de mon ordre. 17:1.7 La majeure partie des subordonnés immédiats des Agents Exécutifs Suprêmes est composée d’une part des fils trinitisés par des personnalités du Paradis-Havona, et d’autre part de la descendance trinitisée des mortels glorifiés diplômés de l’éducation multimillénaire du plan d’ascension du temps et de l’espace. C’est le chef du Conseil Suprême du Corps Paradisiaque de la Finalité qui désigne ces fils trinitisés choisis pour servir auprès des Agents Exécutifs Suprêmes. 17:1.8 Chaque Agent Exécutif Suprême a deux cabinets consultatifs. Les enfants de l’Esprit Infini au siège de chaque superunivers choisissent dans leurs rangs des représentants pour servir pendant un millénaire dans le cabinet consultatif primaire de leur Agent Exécutif Suprême. Pour toutes les questions affectant les mortels ascendants du temps, il y a un cabinet secondaire formé de mortels ayant atteint le Paradis et de fils trinitisés par des mortels glorifiés ; ce corps est choisi par les êtres en cours de perfectionnement et d’ascension qui habitent passagèrement les sièges des sept superunivers. Tous les autres dirigeants des affaires sont nommés par les Agents Exécutifs Suprêmes. 17:1.9 De temps en temps, de grands conclaves ont lieu sur les satellites paradisiaques de l’Esprit. Des fils trinitisés affectés à ces mondes ainsi que les ascendeurs qui ont atteint le Paradis s’assemblent avec les personnalités spirituelles de la Source-Centre Troisième dans des réunions concernant les luttes et les triomphes de la carrière d’ascension. Ces rassemblements fraternels sont toujours présidés par les Agents Exécutifs Suprêmes. 17:1.10 Une fois par millénaire paradisiaque, les Sept Agents Exécutifs Suprêmes quittent leur siège d’autorité et vont au Paradis où ils tiennent leur conclave millénaire de salutation universelle et de bons souhaits aux multitudes intelligentes de la création. Cet évènement mémorable a lieu en présence immédiate de Majeston, le chef de tous les groupes d’esprits réflectifs. Et ils peuvent ainsi communiquer simultanément avec tous leurs associés dans le grand univers par le fonctionnement exceptionnel de la réflectivité universelle. 2. Majeston – le chef de la réflectivité 17:2.1 Les Esprits Réflectifs sont d’origine trinitaire divine. Ces personnalités exceptionnelles et quelque peu mystérieuses sont au nombre de cinquante. Ces personnalités extraordinaires furent créées par groupes de sept, chacun de ces épisodes créatifs résultant d’une liaison de la Trinité du Paradis avec l’un des Maitres Esprits. 17:2.2 Cette opération capitale intervenue à l’aurore des temps traduit l’effort initial des Personnalités Créatrices Suprêmes, représentées par les Maitres Esprits, pour opérer comme cocréateurs avec la Trinité du Paradis. Cette union du pouvoir créatif des Créateurs Suprêmes avec les potentiels créatifs de la Trinité est la source même de l’actualité de l’Être Suprême. C’est pourquoi, lorsque le cycle de la création réflective eut achevé sa course, lorsque chacun des Sept Maitres Esprits eut trouvé son synchronisme créatif parfait avec la Trinité du Paradis, et lorsque le quarante-neuvième Esprit Réflectif eut été personnalisé, une nouvelle et profonde réaction se produisit chez l’Absolu de Déité. Cette réaction attribua de nouvelles prérogatives de personnalité à l’Être Suprême et culmina dans la personnalisation de Majeston, chef de la réflectivité et centre paradisiaque du travail des quarante-neuf Esprits Réflectifs et de leurs associés dans l’univers des univers. 17:2.3 Majeston est une véritable personne, le centre personnel et infaillible des phénomènes de réflectivité dans les sept superunivers du temps et de l’espace. Il maintient un quartier général permanent au Paradis près du centre de toutes choses, au lieu de rencontre des Sept Maitres Esprits. Il s’occupe uniquement de la coordination et du maintien du service de réflectivité dans la vaste création ; il n’est pas autrement impliqué dans l’administration des affaires de l’univers. 17:2.4 Majeston n’est pas inclus dans notre répertoire des personnalités du Paradis parce qu’il est la seule personnalité divine existante créée par l’Être Suprême en liaison fonctionnelle avec l’Absolu de Déité. Il est une personne, mais il est exclusivement, et semble-t-il automatiquement, intéressé par cette unique phase de l’économie universelle. Ses fonctions ne le mettent présentement à aucun titre personnel en rapport avec d’autres ordres (non réflectifs) de personnalités de l’univers. 17:2.5 La création de Majeston a marqué le premier acte créatif suprême de l’Être Suprême. Cette action était volitive chez l’Être Suprême, mais la prodigieuse réaction de l’Absolu de Déité n’était pas connue d’avance. Depuis l’apparition de Havona dans l’éternité, l’univers n’avait jamais vu se factualiser, à une échelle aussi formidable, l’alignement d’un aussi gigantesque pouvoir et la coordination d’immenses activités d’esprit en fonction. La réponse de la Déité à la volonté créative de l’Être Suprême et de ses associés dépassa considérablement les intentions de leurs desseins et excéda de beaucoup les prévisions qu’ils concevaient. 17:2.6 Dans les âges futurs, le Suprême et l’Ultime pourraient atteindre des niveaux nouveaux de divinité et s’élever à de nouveaux domaines de fonctions de la personnalité. Nous restons saisis de crainte respectueuse devant les possibilités dont ces âges futurs pourraient être témoins dans les royaumes où se déitiseraient encore d’autres êtres inattendus et insoupçonnés qui posséderaient des pouvoirs inimaginables de coordination universelle accrue. Il semblerait qu’il n’y ait aucune limite au potentiel de réaction de l’Absolu de Déité à cette synthèse des relations entre la Déité expérientielle et la Trinité existentielle du Paradis. 3. Les Esprits Réflectifs 17:3.1 Les quarante-neuf Esprits Réflectifs sont d’origine trinitaire, mais chacun des sept épisodes créatifs accompagnant leur apparition a produit un type d’êtres dont la nature ressemble aux caractéristiques du Maitre Esprit coancestral. De la sorte, ils reflètent diversement la nature et le caractère des sept combinaisons associatives possibles des caractéristiques de divinité du Père Universel, du Fils Éternel et de l’Esprit Infini. Pour cette raison, il est nécessaire d’avoir sept de ces Esprits Réflectifs au siège de chaque superunivers. Il faut un représentant de chacun des sept types pour arriver à refléter parfaitement toutes les phases de toutes les manifestations possibles des trois Déités du Paradis, car ces phénomènes pourraient se produire dans une partie quelconque des sept superunivers. En conséquence, un membre de chaque type fut affecté à servir dans chacun des superunivers. Ces groupes de sept Esprits Réflectifs dissemblables maintiennent un quartier général dans les capitales des superunivers au foyer réflectif de chaque royaume, lequel ne coïncide pas avec le foyer de polarité spirituelle. 17:3.2 Les Esprits Réflectifs ont des noms, mais leurs appellations ne sont pas révélées sur les mondes de l’espace. Elles se rattachent à la nature et au caractère de ces êtres et font partie d’un des sept mystères universels des sphères secrètes du Paradis. 17:3.3 L’attribut de réflectivité, le phénomène des niveaux mentaux de l’Acteur Conjoint, de l’Être Suprême et des Maitres Esprits, est transmissible à tous les êtres occupés à mettre en œuvre ce vaste plan d’intelligence universelle. Et voici un grand mystère : ni les Maitres Esprits ni les Déités du Paradis, isolément ou collectivement, ne font montre des pouvoirs de réflectivité universelle coordonnée tels qu’ils se manifestent chez les quarante-neuf personnalités de liaison de Majeston, et cependant ils sont les créateurs de ces êtres merveilleusement dotés. L’hérédité divine fait quelquefois ressortir chez la créature certains attributs indiscernables chez le Créateur. 17:3.4 Les membres du service de la réflectivité, à l’exception de Majeston et des Esprits Réflectifs, sont tous des créatures de l’Esprit Infini et de ses associés et subordonnés immédiats. Les Esprits Réflectifs de chaque superunivers sont les créateurs de leurs Aides-Images Réflectifs, leurs voix personnelles dans les cours des Anciens des Jours. 17:3.5 Les Esprits Réflectifs ne sont pas simplement des agents qui transmettent ; ils sont également des personnalités qui retiennent. Leur descendance, les seconaphins, sont aussi des personnalités qui retiennent et enregistrent. Tout ce qui possède une vraie valeur spirituelle est enregistré en double exemplaire, et l’une des impressions est conservée dans l’équipement personnel d’un membre de l’un des nombreux ordres de personnalités secoraphiques appartenant à l’immense personnel des Esprits Réflectifs. 17:3.6 Les archives officielles des univers sont transmises aux échelons supérieurs sur l’initiative et par l’entremise des archivistes angéliques, mais les vraies archives spirituelles sont rassemblées par réflectivité et conservées dans le mental de personnalités qualifiées et appropriées appartenant à la famille de l’Esprit Infini. Ce sont les archives vivantes, contrastant avec les archives officielles et mortes de l’univers, et elles sont parfaitement conservées dans le mental vivant des personnalités enregistreuses de l’Esprit Infini. 17:3.7 L’organisation de la réflectivité est également le mécanisme de toute la création pour recueillir les nouvelles et diffuser les décrets. Elle opère continuellement contrairement au fonctionnement périodique des divers services de télédiffusion. 17:3.8 Tout évènement important qui se passe au siège d’un univers local est reflété spontanément sur la capitale de son superunivers. Et inversement, tout évènement significatif pour les univers locaux est reflété à partir du siège du superunivers vers les capitales des univers locaux. On pourrait croire que le service de réflectivité allant des univers du temps vers les superunivers est automatique ou opérant par lui-même, mais il n’en est rien. Ce service tout entier est très personnel et intelligent ; sa précision résulte d’une parfaite coopération de personnalités, et en conséquence on ne peut guère l’attribuer aux accomplissements impersonnels de présence des Absolus. 17:3.9 Bien que les Ajusteurs de Pensée ne participent pas au fonctionnement du système universel de réflectivité, nous avons toutes raisons de croire que tous les fragments du Père sont parfaitement au courant de ces opérations et sont capables de se prévaloir de leur contenu. 17:3.10 Durant le présent âge de l’univers, le service de réflectivité extraparadisiaque semble être limité dans l’espace à la périphérie des sept superunivers. Autrement, la fonction de ce service semble indépendante du temps et de l’espace ainsi que de tous les circuits universels subabsolus que nous connaissons. 17:3.11 Au siège de chaque superunivers, l’organisation réflective agit comme une unité séparée, mais, en certaines occasions spéciales, sous la direction de Majeston, les sept peuvent agir ensemble à l’unisson universel et le font effectivement. Tel est le cas lors d’un jubilé occasionné par l’ancrage d’un univers local tout entier dans la lumière et la vie et aux époques des salutations millénaires des Sept Agents Exécutifs Suprêmes. 4. Les Aides-Images Réflectifs 17:4.1 Les quarante-neuf Aides-Images Réflectifs furent créés par les Esprits Réflectifs, et il y a exactement sept Aides au siège de chaque superunivers. Le premier acte créatif des Esprits Réflectifs d’Uversa fut de produire leurs sept Aides-Images, chaque Esprit Réflectif créant son propre Aide. Dans certains attributs et caractéristiques, les Aides-Images sont de parfaites reproductions de leurs Esprits-Mères Réflectifs ; ils en sont des doubles virtuels, moins l’attribut de réflectivité. Ils sont de vraies images et fonctionnent constamment comme canaux de communication entre les Esprits Réflectifs et les autorités des superunivers. Les Aides-Images ne sont pas seulement des assistants ; ils sont des représentations effectives de leurs Esprits ancestraux respectifs ; ils sont des images, et sont fidèles à leur nom. 17:4.2 Les Esprits Réflectifs eux-mêmes sont de vraies personnalités, mais d’un ordre tel qu’ils sont incompréhensibles aux êtres matériels. Même sur la sphère-siège d’un superunivers, ces Esprits ont besoin de l’assistance de leurs Aides-Images pour tous leurs rapports personnels avec les Anciens des Jours et leurs associés. Dans les contacts entre les Aides-Images et les Anciens des Jours, il suffit parfois d’un Aide pour opérer acceptablement alors qu’en d’autres occasions il faut deux, trois, quatre Aides, ou même tous les sept, pour présenter intégralement et convenablement les communications dont la transmission leur est confiée. De même, les messages des Aides-Images sont diversement reçus par un ou deux Anciens des Jours, ou par tous les trois, selon les exigences du contenu de la communication. 17:4.3 Les Aides-Images servent indéfiniment aux côtés de leurs Esprits ancestraux, et ils ont à leur disposition une incroyable armée de seconaphins pour les assister. Les Aides-Images n’ont pas de fonctions directement liées aux mondes éducatifs des mortels ascendants. Ils sont étroitement associés au service de renseignements du plan universel pour la progression des mortels, mais vous n’entrerez pas personnellement en contact avec eux quand vous séjournerez dans les écoles d’Uversa, parce que ces êtres apparemment personnels sont dépourvus de volonté ; ils n’exercent pas le pouvoir de choix. Ils sont de vraies images reflétant entièrement la personnalité et le mental de leur Esprit ancestral individuel. En tant que classe, les mortels ascendants n’entrent pas en contact étroit avec la réflectivité. Il y aura toujours un être de nature réflective interposé entre vous et l’opération effective du service. 5. Les Sept Esprits des Circuits 17:5.1 Les Sept Esprits des Circuits de Havona sont la représentation impersonnelle conjointe de l’Esprit Infini et des Sept Maitres Esprits auprès des sept circuits de l’univers central. Ils sont les serviteurs des Maitres Esprits dont ils sont la descendance collective. Les Maitres Esprits apportent, dans les sept superunivers, une individualité administrative distincte et diversifiée. Par les Esprits uniformes des Circuits de Havona, ils peuvent fournir à l’univers central une supervision spirituelle unifiée, uniforme et coordonnée. 17:5.2 Chacun des Sept Esprits des Circuits est limité à imprégner un seul circuit de Havona. Ils ne s’occupent pas directement des régimes gouvernementaux des Éternels des Jours, chefs des mondes individuels de Havona, mais ils sont en liaison avec les Sept Agents Exécutifs Suprêmes et ils se synchronisent avec la présence de l’Être Suprême dans l’univers central. Leur travail est entièrement confiné à Havona. 17:5.3 C’est par leur descendance personnelle, les supernaphins tertiaires, que les Esprits des Circuits établissent le contact avec les personnes qui séjournent dans Havona. Bien que les Esprits des Circuits coexistent avec les Sept Maitres Esprits, leur fonction de créer des supernaphins tertiaires n’atteignit pas une importance majeure avant l’arrivée des premiers pèlerins du temps sur le circuit extérieur de Havona aux jours de Grandfanda. 17:5.4 En avançant de circuit en circuit dans Havona, vous serez renseignés sur les Esprits des Circuits, mais vous n’arriverez pas à vous mettre en communion personnelle avec eux, même si vous reconnaissez la présence impersonnelle de leur influence spirituelle et que vous y prenez personnellement plaisir. 17:5.5 La relation entre les Esprits des Circuits et les habitants natifs de Havona ressemble beaucoup à celle des Ajusteurs de Pensée avec les mortels habitant les mondes des univers évolutionnaires. À l’instar des Ajusteurs de Pensée, les Esprits des Circuits sont impersonnels et s’associent au mental parfait des êtres de Havona de la même manière que les esprits impersonnels du Père Universel habitent le mental fini de l’homme mortel. Mais les Esprits des Circuits ne deviennent jamais une fraction permanente des personnalités de Havona. 6. Les Esprits Créatifs des univers locaux 17:6.1 Au sujet de la nature et de la fonction des Esprits Créatifs des univers locaux, beaucoup d’indications relèvent plutôt de l’exposé de leur association avec les Fils Créateurs pour organiser et diriger les créations locales. Toutefois, de nombreux traits des expériences de ces êtres merveilleux, antérieures à l’univers local, trouvent ici leur place dans l’étude des sept groupes d’Esprits Suprêmes. 17:6.2 Nous sommes bien au courant de six phases de la carrière d’un Esprit-Mère d’univers local, et nous faisons beaucoup de spéculations sur la probabilité d’un septième stade d’activité. Ces divers stades d’existence sont les suivants : 17:6.3 1. Différentiation initiale au Paradis. Lorsqu’un Fils Créateur est personnalisé par l’action conjuguée du Père Universel et du Fils Éternel, il se produit simultanément chez la personne de l’Esprit Infini ce que nous appelons la « suprême réaction de complément ». Nous ne saisissons pas la nature de cette réaction, mais nous comprenons qu’elle désigne une modification spontanée des possibilités de personnalisation incluses dans le potentiel créatif du Créateur Conjoint. La naissance d’un Fils Créateur coordonné est le signal de la naissance, chez la personne de l’Esprit Infini, du potentiel du futur consort de l’univers local de ce Fils du Paradis. Nous n’avons pas connaissance de cette nouvelle identification prépersonnelle d’une entité, mais nous savons que ce fait trouve sa place dans le curriculum de ce Fils Créateur, enregistré au Paradis. 17:6.4 2. Éducation préliminaire dans l’art de créer. Durant la longue période d’éducation préliminaire d’un Fils Micaël concernant l’organisation et l’administration des univers, son futur consort subit de nouveaux développements d’entité et acquiert la conscience d’une destinée de groupe. Sans en être sûrs, nous soupçonnons que cette entité consciente de groupe prend connaissance de l’espace et commence l’éducation préliminaire nécessaire pour acquérir l’habileté spirituelle indispensable dans son futur travail de collaboration avec son Micaël complémentaire pour créer et administrer un univers. 17:6.5 3. Le stade de création physique. À l’époque où la mission de créer est confiée à un Fils Micaël par le Fils Éternel, le Maitre Esprit qui dirige le superunivers auquel le nouveau Fils Créateur est destiné donne expression à la « prière d’identification » en présence de l’Esprit Infini ; et, pour la première fois, l’entité de l’Esprit Créatif subséquent apparait comme différenciée de la personne de l’Esprit Infini. Cette entité se dirige droit vers la personne du Maitre Esprit qui a formulé la requête et disparait immédiatement de notre champ de connaissance ; elle est apparemment devenue une partie de la personne de ce Maitre Esprit. L’Esprit Créatif nouvellement identifié reste avec le Maitre Esprit jusqu’au moment du départ du Fils Créateur pour l’aventure de l’espace ; sur quoi, le Maitre Esprit confie le nouvel Esprit consort à la garde du Fils Créateur et spécifie en même temps à l’Esprit consort le devoir de fidélité éternelle et de loyauté sans fin. Alors survient un des épisodes les plus profondément émouvants qui puissent avoir lieu au Paradis. Le Père Universel parle pour reconnaitre l’union éternelle du Fils Créateur et de l’Esprit Créatif et pour confirmer certains pouvoirs conjoints d’administration conférés par le Maitre Esprit ayant la juridiction du superunivers. 17:6.6 Le Fils Créateur et l’Esprit Créatif unis par le Père partent alors pour leur aventure de création d’univers. Et ils travaillent ensemble sous cette forme d’association pendant toute la période longue et ardue d’organisation matérielle de leur univers. 17:6.7 4. L’ère de création de la vie. Lorsque le Fils Créateur a déclaré son intention de créer la vie, il s’ensuit au Paradis les « cérémonies de personnalisation » auxquelles participent les Sept Maitres Esprits, et dont le Maitre Esprit superviseur fait personnellement l’expérience. C’est une contribution de la Déité du Paradis à l’individualité de l’Esprit consort du Fils Créateur, et cette individualité se manifeste à l’univers par le phénomène de « l’éruption primaire » dans la personne de l’Esprit Infini. Simultanément à ce phénomène au Paradis, l’Esprit consort, jusqu’ici impersonnel, du Fils Créateur devient, à toutes fins utiles, une personne authentique. À partir de ce moment et pour toujours, cet Esprit-Mère de l’univers local sera considéré comme une personne et maintiendra des relations personnelles avec la foule des personnalités de la création de vie qui s’ensuit. 17:6.8 5. Les âges postérieurs à l’effusion. Un autre et grand changement se produit dans la carrière sans fin d’un Esprit Créatif lorsque le Fils Créateur revient au siège de son univers après avoir achevé sa septième effusion et acquis sa pleine souveraineté universelle. À cette occasion, et devant les administrateurs de l’univers rassemblés, le Fils Créateur triomphant élève l’Esprit-Mère de l’Univers à la cosouveraineté et reconnait l’Esprit consort comme son égal. 17:6.9 6. Les âges de lumière et de vie. Une fois que l’ère de lumière et de vie est établie, le cosouverain de l’univers local entre dans la sixième phase de la carrière des Esprits Créatifs. Mais il ne nous est pas permis de dépeindre la nature de cette grande expérience. Ces choses relèvent d’un stade futur de l’évolution de Nébadon. 17:6.10 7. La carrière non révélée. Nous connaissons les six phases précédentes de la carrière d’un Esprit-Mère d’univers local. Il est inévitable que nous demandions : y a-t-il une septième carrière ? Nous n’oublions pas qu’au moment où les finalitaires atteignent ce qui apparait comme la destinée finale de leur ascension de mortel, ils sont classés comme entrant dans la carrière des esprits du sixième stade. Nous conjecturons qu’une autre carrière encore non révélée de mission universelle attend les finalitaires. Il est bien naturel que nous considérions aussi les Esprits-Mères de l’Univers comme ayant devant eux une carrière non révélée qui constituera la septième phase de leur expérience personnelle dans le service de l’univers et la coopération fidèle avec l’ordre des Micaëls Créateurs. 7. Les esprits-mentaux adjuvats 17:7.1 Ces esprits adjuvats sont le septuple don mental d’un Esprit-Mère d’univers local aux êtres vivants créés conjointement par un Fils Créateur et cet Esprit Créatif. Ce don devient possible à l’heure où l’Esprit Créatif est élevé au statut des prérogatives de personnalité. Le récit de la nature et du fonctionnement des sept esprits-mentaux adjuvats appartient plus proprement à l’histoire de votre univers local de Nébadon. 8. Fonctions des Esprits Suprêmes 17:8.1 Les sept groupes d’Esprits Suprêmes constituent le noyau de la famille fonctionnelle de la Source-Centre Troisième prise à la fois en tant qu’Esprit Infini et en tant qu’Acteur Conjoint. Le domaine des Esprits Suprêmes s’étend depuis la présence de la Trinité au Paradis jusqu’au fonctionnement mental de l’ordre des mortels évolutionnaires sur les planètes de l’espace. Ces Esprits unifient ainsi les niveaux administratifs descendants et coordonnent les multiples fonctions de ce personnel. Qu’il s’agisse d’un groupe d’Esprits Réflectifs en liaison avec les Anciens des Jours, ou d’un Esprit Créatif agissant de concert avec un Fils Micaël, ou des Sept Maitres Esprits encircuités autour de la Trinité du Paradis, l’activité des Esprits Suprêmes se rencontre partout dans l’univers central, les superunivers et les univers locaux. Ils travaillent aussi bien avec les personnalités de la Trinité de l’ordre des « Jours » qu’avec les personnalités du Paradis de l’ordre des « Fils ». 17:8.2 Avec leur Esprit-Mère Infini, les groupes d’Esprits Suprêmes sont les créateurs immédiats de la vaste famille des créatures de la Source-Centre Troisième. Tous les ordres d’Esprits tutélaires sont issus de cette association. Les supernaphins primaires ont leur origine dans l’Esprit Infini ; les êtres secondaires de cet ordre sont créés par les Maitres Esprits, et les supernaphins tertiaires par les Sept Esprits des Circuits. Les Esprits Réflectifs agissant collectivement sont les parents côté maternel d’un ordre merveilleux des armées angéliques, les puissants seconaphins des services superuniversels. Un Esprit Créatif est la mère des ordres angéliques d’une création locale. Bien que les ministres séraphiques soient façonnés d’après les modèles de l’univers central, ils sont originaux dans chaque univers local. Tous ces créateurs d’esprits tutélaires ne sont assistés qu’indirectement par le foyer central de l’Esprit Infini, mère originelle et éternelle de tous les ministres angéliques. 17:8.3 Les sept groupes d’Esprits Suprêmes sont les coordonnateurs de la création habitée. L’association de leurs chefs dirigeants, les Sept Maitres Esprits, semble coordonner les vastes activités de Dieu le Septuple : 17:8.4 1. Collectivement, les Maitres Esprits sont presque équivalents au niveau de divinité de la Trinité des Déités du Paradis. 17:8.5 2. Individuellement, ils épuisent les possibilités d’associations primaires de la Déité trine. 17:8.6 3. Comme représentants diversifiés de l’Acteur Conjoint, ils sont les dépositaires de la souveraineté d’esprit-mental-pouvoir que l’Être Suprême n’exerce pas encore personnellement. 17:8.7 4. Par les Esprits Réflectifs, ils synchronisent les gouvernements superuniversels des Anciens des Jours avec Majeston, centre paradisiaque de la réflectivité universelle. 17:8.8 5. En prenant part à l’individualisation des Divines Ministres des univers locaux, les Maitres Esprits apportent leur contribution au dernier niveau de Dieu le Septuple, l’union des Fils Créateurs et des Esprits Créatifs des univers locaux. 17:8.9 L’unité fonctionnelle inhérente à l’Acteur Conjoint se révèle aux univers évolutionnaires par les Sept Maitres Esprits, ses personnalités primaires. Mais, dans les superunivers perfectionnés du futur, cette unité sera certainement inséparable de la souveraineté expérientielle du Suprême. 17:8.10 [Présenté par un Conseiller Divin d’Uversa.] Fascicule 18. Les Personnalités Suprêmes de la Trinité 18:0.1 Les Personnalités Suprêmes de la Trinité sont toutes créées pour un service spécifique. Elles sont destinées par la Trinité divine à accomplir certains devoirs spécifiques, et sont qualifiées pour servir avec perfection de technique et finalité de dévotion. Voici les sept ordres des Personnalités Suprêmes de la Trinité : 18:0.2 1. Les Secrets de Suprématie Trinitisés. 18:0.3 2. Les Éternels des Jours. 18:0.4 3. Les Anciens des Jours. 18:0.5 4. Les Perfections des Jours. 18:0.6 5. Les Récents des Jours. 18:0.7 6. Les Unions des Jours. 18:0.8 7. Les Fidèles des Jours. 18:0.9 Ces êtres doués de perfection administrative existent en nombre précis et définitif. Leur création est un évènement passé ; il ne s’en personnalise plus d’autres. 18:0.10 Dans tout le grand univers, ces Personnalités Suprêmes de la Trinité représentent la politique administrative de la Trinité du Paradis. Elles représentent la justice et sont le jugement exécutoire de la Trinité du Paradis. Elles forment une ligne interdépendante de perfection administrative s’étendant des sphères paradisiaques du Père jusqu’aux mondes-sièges des univers locaux et aux capitales des constellations qui les composent. 18:0.11 Tous les êtres d’origine trinitaire sont créés avec la perfection du Paradis dans tous leurs attributs divins. C’est seulement dans le domaine de l’expérience que l’écoulement du temps a ajouté à leur équipement pour le service cosmique. Il n’y a jamais aucun danger de défaillance ni risque de rébellion avec des êtres d’origine trinitaire. Ils sont d’essence divine, et l’on n’en a jamais connu qui se soient écartés du parfait et divin sentier de la conduite de la personnalité. 1. Les Secrets de Suprématie Trinitisés 18:1.1 Il y a sept mondes dans le circuit intérieur des satellites du Paradis, et chacun de ces mondes exaltés est présidé par un corps de dix Secrets de Suprématie Trinitisés. Ils ne sont pas des créateurs, mais des administrateurs suprêmes et ultimes. La conduite des affaires de ces sept sphères fraternelles est entièrement confiée à ce corps de soixante-dix directeurs suprêmes. Bien que ces sept sphères sacrées les plus proches du Paradis soient supervisées par des descendants de la Trinité, ce groupe de mondes est universellement connu comme le circuit personnel du Père Universel. 18:1.2 Les Secrets de Suprématie Trinitisés fonctionnent en groupes de dix comme directeurs conjoints et coordonnés de leurs sphères respectives, mais ils fonctionnent aussi individuellement dans des domaines de responsabilité particuliers. Le travail de chacun de ces mondes spéciaux est divisé en sept départements majeurs, et l’un des dix chefs coordonnés préside à chacune de ces divisions d’activités spécialisées. Les trois derniers agissent comme représentants personnels de la Déité trine auprès des sept autres, l’un d’eux représentant le Père, un autre le Fils et le troisième l’Esprit. 18:1.3 Bien qu’il y ait une nette ressemblance de classe qui rend typiques les Secrets de Suprématie Trinitisés, ils font aussi ressortir sept caractéristiques distinctes de groupe. Les dix directeurs suprêmes des affaires de Divinington reflètent le caractère et la nature personnels du Père Universel, et il en est de même pour chacune des sept sphères de ce circuit : chaque groupe de dix ressemble à la Déité ou à l’association des Déités qui caractérise son domaine. Les dix directeurs qui dirigent Ascendington reflètent les natures conjuguées du Père, du Fils et de l’Esprit. 18:1.4 Je ne peux révéler que peu de chose sur le travail de ces hautes personnalités sur les sept mondes sacrés du Père, car elles sont vraiment les Secrets de Suprématie. Il n’y a pas de secrets arbitraires concernant l’approche du Père Universel, du Fils Éternel ou de l’Esprit Infini. Les Déités sont un livre ouvert pour tous ceux qui atteignent la perfection divine, mais tous les Secrets de Suprématie ne peuvent jamais être pleinement atteints. Nous serons toujours incapables de pénétrer complètement les royaumes contenant les secrets de personnalité de l’association des Déités avec le septuple groupement des êtres créés. 18:1.5 Le travail de ces directeurs suprêmes concerne le contact intime et personnel des Déités avec ces sept groupements fondamentaux d’êtres de l’univers quand ils sont domiciliés sur ces sept mondes spéciaux ou pendant qu’ils opèrent dans le grand univers ; il convient donc que ces relations très personnelles et ces contacts extraordinaires soient gardés saintement secrets. Les Créateurs du Paradis respectent le caractère privé et sacré de la personnalité, même chez leurs humbles créatures. Et ceci est vrai à la fois pour les individus et les divers ordres distincts de personnalités. 18:1.6 Même pour des êtres ayant atteint de hauts niveaux universels, ces mondes secrets restent toujours une épreuve de loyauté. Il nous est donné de connaitre pleinement et personnellement les Dieux éternels, de connaitre à volonté leurs caractères de divinité et de perfection, mais il ne nous est pas accordé de pénétrer entièrement toutes les relations personnelles des Dirigeants du Paradis avec tous leurs êtres créés. 2. Les Éternels des Jours 18:2.1 Chacun des mille-millions de mondes de Havona est dirigé par une Personnalité Suprême de la Trinité. Ces dirigeants sont connus sous le nom d’Éternels des Jours, et il y en a exactement un milliard, un pour chacune des sphères de Havona. Ils sont issus de la Trinité du Paradis, mais, comme pour les Secrets de Suprématie, il n’y a pas d’annales sur leur origine. De toute éternité, ces deux groupes de pères infiniment sages ont gouverné leurs mondes exquis du système Paradis-Havona, et ils travaillent sans permutation ni réaffectation. 18:2.2 Les Éternels des Jours sont visibles pour toutes les créatures volitives qui séjournent dans leur domaine. Ils président les conclaves planétaires réguliers. Périodiquement et par rotation, ils visitent les mondes-sièges des sept superunivers. Ils sont les proches parents et les divins égaux des Anciens des Jours qui président aux destinées des sept supergouvernements. Lorsqu’un Éternel des Jours est absent de sa sphère, son monde est dirigé par un Fils Instructeur de la Trinité. 18:2.3 Sauf en ce qui concerne les ordres de vie établis, tels que les natifs de Havona et d’autres créatures vivantes de l’univers central, les Éternels des Jours résidants ont développé leur sphère respective en complète harmonie avec leurs propres idées et idéaux. Ils visitent mutuellement leurs planètes, mais ne copient pas et n’imitent pas ; ils sont toujours entièrement originaux. 18:2.4 L’architecture, les embellissements naturels, les structures morontielles et les créations spirituelles sont exclusifs et uniques sur chaque sphère. Chaque monde est un lieu de perpétuelle beauté et complètement différent de tout autre monde dans l’univers central. Chacun de vous passera un temps plus ou moins long sur chacune de ces sphères exceptionnelles et palpitantes d’intérêt au cours de sa route intérieure à travers Havona vers le Paradis. Sur votre monde, il est naturel de parler du Paradis comme situé vers le haut, mais il serait plus exact de mentionner le but divin de l’ascension comme situé vers l’intérieur. 3. Les Anciens des Jours 18:3.1 Quand les mortels du temps ont terminé avec succès leur stage d’entrainement sur les mondes éducatifs entourant le siège d’un univers local et sont élevés aux sphères d’enseignement de leur superunivers, leur développement spirituel a progressé au point qu’ils sont capables de reconnaitre les hauts dirigeants spirituels et les directeurs de ces royaumes supérieurs, y compris les Anciens des Jours, et de communiquer avec eux. 18:3.2 Les Anciens des Jours sont tous fondamentalement identiques ; ils font ressortir le caractère conjugué et la nature unifiée de la Trinité. Ils possèdent une individualité et leurs personnalités sont diverses, mais ils ne diffèrent pas les uns des autres comme les Sept Maitres Esprits. Ils assurent une administration uniforme aux sept superunivers qui par ailleurs sont différents et dont chacun est une création distincte, séparée et unique. Les Sept Maitres Esprits ont des natures et des attributs qui ne se ressemblent pas, mais les Anciens des Jours, les dirigeants personnels des superunivers, sont tous des descendants uniformes et superparfaits de la Trinité du Paradis. 18:3.3 Les Sept Maitres Esprits déterminent au ciel la nature de leurs superunivers respectifs, mais les Anciens des Jours dictent la loi dans l’administration de ces mêmes superunivers. Ils surimposent une uniformité administrative à une diversité créative et assurent l’harmonie de l’ensemble en face des différences de création sous-jacentes dans les sept groupements segmentaires du grand univers. 18:3.4 Les Anciens des Jours furent tous trinitisés en même temps. Ils représentent l’inauguration d’archives concernant les personnalités dans l’univers des univers, d’où leur nom – Anciens des Jours. Lorsque vous atteindrez le Paradis et consulterez les annales du commencement des choses, vous trouverez comme première mention, dans la section traitant des personnalités, le récit de la trinitisation de ces vingt-et-un Anciens des Jours. 18:3.5 Ces êtres élevés gouvernent toujours par groupes de trois. Dans beaucoup de phases d’activité, ils travaillent individuellement, dans d’autres ils peuvent opérer par deux, mais, dans les sphères supérieures de leur administration, il faut qu’ils agissent tous les trois conjointement. Ils ne quittent jamais personnellement leurs mondes résidentiels et n’ont pas à le faire, parce que ces mondes sont les points focaux superuniversels du vaste système de réflectivité. 18:3.6 Les demeures personnelles de chaque trio des Anciens des Jours sont situées au foyer de polarité spirituelle de la sphère de leur quartier général. Ces sphères sont divisées en soixante-dix secteurs administratifs et ont soixante-dix capitales divisionnaires dans lesquelles les Anciens des Jours résident de temps en temps. 18:3.7 En matière de pouvoir, de champ d’autorité et d’étendue de juridiction, les Anciens des Jours sont les plus forts et les plus puissants parmi tous les chefs immédiats des créations de l’espace-temps. Dans tout le vaste univers des univers, eux seuls sont investis des hauts pouvoirs de jugement exécutoire final concernant l’extinction éternelle de créatures douées de volonté. Et il faut que les Anciens des Jours participent tous les trois aux décrets sans appel du tribunal suprême d’un superunivers. 18:3.8 À part les Déités et leurs associés du Paradis, les Anciens des Jours sont les dirigeants les plus parfaits, les plus divinement dotés et ayant les plus grandes variétés d’aptitudes parmi tous ceux qui existent dans l’espace-temps. En apparence, ils sont les chefs suprêmes des superunivers, mais ils n’ont pas gagné par expérience ce droit de gouverner ; ils sont donc destinés à être remplacés un jour par l’Être Suprême, souverain expérientiel dont ils deviendront indubitablement les vice-gérants. 18:3.9 L’Être Suprême est en train de parvenir à la souveraineté des sept superunivers par son service expérientiel, exactement comme un Fils Créateur gagne par expérience la souveraineté de son univers local. Mais, durant le présent âge où l’évolution du Suprême est inachevée, les Anciens des Jours assurent le supercontrôle administratif coordonné et parfait des univers évolutionnaires du temps et de l’espace. Et tous les décrets et jugements des Anciens des Jours sont caractérisés par la sagesse dans l’originalité et l’initiative dans l’individualité. 4. Les Perfections des Jours 18:4.1 Il y a exactement deux-cent-dix Perfections des Jours et ils président les gouvernements des dix secteurs majeurs de chaque superunivers. Ils ont été trinitisés en vue de la mission spéciale d’assister les directeurs des superunivers et ils règnent comme vice-gérants immédiats et personnels des Anciens des Jours. 18:4.2 Trois Perfections des Jours sont affectés à la capitale de chaque secteur majeur, mais, contrairement aux Anciens des Jours, il n’est pas nécessaire qu’ils soient constamment présents tous les trois. L’un des membres du trio peut s’absenter de temps en temps pour s’entretenir personnellement avec les Anciens des Jours du bien-être de son royaume. 18:4.3 Ces dirigeants trins des secteurs majeurs sont spécialement parfaits dans la maitrise des détails administratifs, d’où leur nom – les Perfections des Jours. En indiquant les noms de ces êtres du monde spirituel, nous sommes confrontés au problème de les traduire dans votre langage, et il est très difficile de donner une traduction satisfaisante. Il nous déplait d’utiliser des désignations arbitraires qui seraient dépourvues de sens pour vous ; il nous est donc souvent malaisé de choisir un nom approprié qui soit clair pour vous et en même temps quelque peu représentatif de l’original. 18:4.4 Les Perfections des Jours ont un corps modérément important de Conseillers Divins, de Perfecteurs de Sagesse et de Censeurs Universels attaché à leurs gouvernements. Ils disposent d’un nombre encore plus important de Puissants Messagers, d’Élevés en Autorité et de Dépourvus de Nom et de Nombre. Mais une grande partie du travail courant des affaires d’un secteur majeur est effectuée par les Gardiens Célestes et les Assistants des Fils Élevés. Ces deux groupes proviennent de descendants trinitisés soit par des personnalités du Paradis-Havona, soit par des mortels finalitaires glorifiés. Certains membres de ces deux ordres d’êtres trinitisés par des créatures sont retrinitisés par les Déités du Paradis, puis dépêchés pour aider à l’administration des gouvernements superuniversels. 18:4.5 La plupart des Gardiens Célestes et des Assistants des Fils Élevés sont affectés au service des secteurs majeurs et mineurs, mais les Conservateurs Trinitisés (séraphins et médians embrassés par la Trinité) sont les agents des cours des trois divisions ; ils opèrent dans les tribunaux des Anciens des Jours, des Perfections des Jours et des Récents des Jours. Les Ambassadeurs Trinitisés (ascendeurs mortels embrassés par la Trinité et dont la nature était de fusionner avec le Fils ou l’Esprit) peuvent se rencontrer n’importe où dans un superunivers, mais la majorité se trouve dans le service des secteurs mineurs. 18:4.6 Avant l’époque où le plan gouvernemental des sept superunivers fut pleinement développé, presque tous les administrateurs des diverses divisions de ces gouvernements, sauf les Anciens des Jours, avaient fait un apprentissage de durée variable sous l’égide des Éternels des Jours sur les divers mondes du parfait univers de Havona. Les êtres trinitisés ultérieurement ont également passé par une période de formation sous l’autorité des Éternels des Jours avant d’être attachés au service des Anciens des Jours, des Perfections des Jours et des Récents des Jours. Ils sont tous des administrateurs entrainés, éprouvés et expérimentés. 18:4.7 Vous verrez assez tôt les Perfections des Jours lorsque vous atteindrez le quartier général de Splandon après votre séjour sur les mondes de votre secteur mineur, car ces dirigeants exaltés sont étroitement associés aux soixante-dix mondes d’un secteur majeur qui dispensent une instruction supérieure pour les créatures ascendantes du temps. Les Perfections des Jours en personne font prêter serment collectif aux diplômés ascendants des écoles des secteurs majeurs. 18:4.8 Le travail des pèlerins du temps sur les mondes entourant le siège d’un secteur majeur est principalement de nature intellectuelle, contrastant avec le caractère plus physique et matériel de l’instruction sur les sept sphères éducatives d’un secteur mineur et les entreprises spirituelles sur les quatre-cent-quatre-vingt-dix mondes universitaires d’un siège de superunivers. 18:4.9 Bien que vous ne soyez inscrits que sur le registre du secteur majeur de Splandon, qui englobe l’univers local de votre origine, il vous faudra passer par chacune des dix divisions majeures de notre superunivers. Vous verrez tous les trente Perfections des Jours d’Orvonton avant d’atteindre Uversa. 5. Les Récents des Jours 18:5.1 Les Récents des Jours sont les plus jeunes directeurs suprêmes des superunivers ; par groupes de trois, ils président aux affaires des secteurs mineurs. En nature, ils sont coordonnés avec les Perfections des Jours, mais, en autorité administrative, ils leur sont subordonnés. Il y a exactement vingt-et-un-mille de ces personnalités de la Trinité, personnellement glorieuses et divinement efficaces. Elles furent créées simultanément et firent ensemble leur éducation de Havona sous l’égide des Éternels des Jours. 18:5.2 Les Récents des Jours disposent d’un corps d’associés et d’assistants semblable à celui des Perfections des Jours. En outre, un nombre énorme d’êtres célestes des divers ordres subordonnés leur est affecté. Dans l’administration des secteurs mineurs, ils utilisent en grand nombre les mortels ascendants résidents, le personnel des diverses colonies de courtoisie et les groupes variés issus de l’Esprit Infini. 18:5.3 Les gouvernements des secteurs mineurs sont très largement, quoique non exclusivement, occupés par les grands problèmes physiques des superunivers. Les sphères des secteurs mineurs sont les quartiers généraux des Maitres Contrôleurs Physiques. Sur ces mondes, les ascendeurs poursuivent des études et des expériences concernant l’analyse des activités du troisième ordre des Centres Suprêmes de Pouvoir et des sept ordres de Maitres Contrôleurs Physiques. 18:5.4 Dès lors que le régime d’un secteur mineur fait une place aussi considérable à des problèmes physiques, ses trois Récents des Jours sont rarement ensemble sur la sphère capitale. La plupart du temps, l’un d’eux est parti conférer avec les Perfections des Jours du secteur majeur qui le supervise ou s’est absenté pour représenter les Anciens des Jours au Paradis dans les conclaves des êtres élevés d’origine trinitaire. Les Récents des Jours alternent avec les Perfections des Jours pour représenter les Anciens des Jours aux conseils suprêmes du Paradis. Entretemps, un autre Récent des Jours peut être parti en tournée d’inspection sur les mondes-sièges des univers locaux relevant de sa juridiction. Mais il reste toujours au moins un de ces dirigeants en fonction au quartier général d’un secteur mineur. 18:5.5 Vous connaitrez tous un jour les trois Récents des Jours responsables d’Ensa, votre secteur mineur, puisqu’il vous faudra passer entre leurs mains sur votre chemin intérieur vers les mondes éducatifs des secteurs majeurs. Au cours de votre ascension vers Uversa, vous ne passerez que par un seul groupe de sphères éducatives d’un secteur mineur. 6. Les Unions des Jours 18:6.1 Les personnalités de la Trinité appartenant à l’ordre des « Jours » n’agissent pas en capacité administrative au-dessous du niveau des gouvernements des superunivers. Dans les univers locaux en évolution, elles n’agissent que comme conseillers et consultants. Les Unions des Jours sont un groupe de personnalités de liaison accréditées par la Trinité du Paradis auprès des dirigeants d’origine duelle des univers locaux. Chaque univers local organisé et habité se voit affecter l’un de ces conseillers paradisiaques qui agit comme représentant de la Trinité et, sous certains rapports, comme agent du Père Universel auprès de la création locale. 18:6.2 Il y a sept-cent-mille de ces êtres en existence, bien qu’ils n’aient pas tous reçu de mission. Le corps de réserve des Unions des Jours fonctionne au Paradis comme Conseil Suprême des Ajustements Universels. 18:6.3 D’une manière spéciale, ces observateurs trinitaires coordonnent les activités administratives de toutes les branches du gouvernement universel depuis les gouvernements des univers locaux, en passant par ceux des secteurs, jusqu’à ceux des superunivers, d’où leur nom – les Unions des Jours. Ces derniers font un triple rapport à leurs supérieurs. Ils font un rapport sur des données pertinentes de nature physique et semi-intellectuelle aux Récents des Jours de leur secteur mineur ; ils font un rapport sur des évènements intellectuels et quasi spirituels aux Perfections des Jours de leur secteur majeur ; ils font un rapport sur des affaires spirituelles et semi-paradisiaques aux Anciens des Jours dans la capitale de leur superunivers. 18:6.4 Puisqu’ils sont des êtres d’origine trinitaire, tous les circuits du Paradis leur sont ouverts pour leurs intercommunications, et ainsi ils sont toujours en contact entre eux et avec toutes les personnalités requises jusqu’aux conseils suprêmes du Paradis. 18:6.5 Un Union des Jours n’a pas de relation organique avec le gouvernement de l’univers local auquel il est affecté. En dehors de sa mission d’observateur, il n’agit qu’à la demande des autorités locales. Il est d’office membre de tous les principaux conseils et de tous les conclaves importants de la création locale, mais ne participe pas à l’étude technique des problèmes administratifs. 18:6.6 Lorsqu’un univers local est ancré dans la lumière et la vie, ses êtres glorifiés s’associent librement avec l’Union des Jours. Celui-ci opère alors avec des fonctions accrues dans ce royaume de perfection évolutionnaire, mais il reste primordialement un ambassadeur de la Trinité et un conseiller du Paradis. 18:6.7 Un univers local est directement gouverné par un Fils divin d’origine de Déité duelle, mais celui-ci a constamment à ses côtés un frère du Paradis, une personnalité originaire de la Trinité. Au cas où un Fils Créateur serait temporairement absent du quartier général de son univers local, les dirigeants qui le remplacent sont largement guidés dans leurs décisions majeures par les conseils de leur Union des Jours. 7. Les Fidèles des Jours 18:7.1 Ces hautes personnalités originaires de la Trinité sont les consultants du Paradis auprès des chefs des cent constellations de chaque univers local. Il y a soixante-dix-millions de Fidèles des Jours et, comme les Unions des Jours, ils ne sont pas tous en service. Leur corps de réserve au Paradis est la commission consultative de l’éthique et de l’autarchie interuniverselles. Les Fidèles des Jours permutent dans leur service conformément aux ordonnances du conseil suprême de leur corps de réserve. 18:7.2 Tout ce qu’un Union des Jours est par rapport à un Fils Créateur d’univers local, les Fidèles des Jours le sont par rapport aux Fils Vorondadeks qui gouvernent les constellations de cette création locale. Ils sont suprêmement dévoués et divinement fidèles au bien-être des constellations locales où ils sont affectés, d’où leur nom – les Fidèles des Jours. Ils n’agissent que comme conseillers ; ils ne participent jamais aux activités administratives à moins d’y avoir été invités par les autorités de la constellation. Ils ne s’occupent pas non plus directement du ministère éducatif des pèlerins de l’ascension sur les sphères architecturales d’instruction qui entourent un siège de constellation. Toutes les entreprises de cet ordre sont supervisées par les Fils Vorondadeks. 18:7.3 Tous les Fidèles des Jours qui opèrent dans les constellations d’un univers local sont placés sous la juridiction des Unions des Jours et leur font directement leurs rapports. Ils n’ont pas un vaste système d’intercommunication, car en général ils se limitent volontairement à une association à l’intérieur des frontières d’un univers local. Tout Fidèle des Jours en mission dans Nébadon peut communiquer et communique en fait avec tous les membres de son ordre en service dans cet univers local. 18:7.4 Comme les Unions des Jours au siège d’un univers, les Fidèles des Jours maintiennent, sur les capitales des constellations, leur résidence personnelle séparée de celle des directeurs administratifs de ces royaumes. Leurs domiciles sont certainement modestes par comparaison avec les foyers des dirigeants Vorondadeks des constellations. 18:7.5 Les Fidèles des Jours sont le dernier maillon dans la longue chaine de consultation administrative qui s’étend depuis les sphères sacrées du Père Universel près du centre de toutes choses jusqu’aux divisions primaires des univers locaux. Le régime issu de la Trinité s’arrête aux constellations ; il n’y a plus de consultants du Paradis en résidence permanente dans les systèmes composants ni sur les mondes habités. Ces dernières unités administratives sont placées entièrement sous la juridiction d’êtres natifs des univers locaux. 18:7.6 [Présenté par un Conseiller Divin d’Uversa.] Fascicule 19. Les Êtres Coordonnés d’origine Trinitaire 19:0.1 Le groupe paradisiaque que l’on appelle les Êtres Coordonnés d’Origine Trinitaire comprend les Fils Instructeurs de la Trinité (qui sont aussi classés parmi les Fils Paradisiaques de Dieu), trois groupes de hauts administrateurs superuniversels, et la catégorie quelque peu impersonnelle des Esprits Inspirés de la Trinité. On peut même inclure à juste titre dans cette classification de personnalités trinitaires les natifs de Havona ainsi que de nombreux groupes d’êtres résidant au Paradis. Les êtres d’origine Trinitaire dont nous parlerons dans cet exposé sont les suivants : 19:0.2 1. Les Fils Instructeurs de la Trinité. 19:0.3 2. Les Perfecteurs de Sagesse. 19:0.4 3. Les Conseillers Divins. 19:0.5 4. Les Censeurs Universels. 19:0.6 5. Les Esprits Inspirés de la Trinité. 19:0.7 6. Les natifs de Havona. 19:0.8 7. Les Citoyens du Paradis. 19:0.9 À part les Fils Instructeurs de la Trinité, et peut-être les Esprits Inspirés de la Trinité, les personnalités de ces groupes sont en nombre défini. Leur création est un évènement passé et révolu. 1. Les Fils Instructeurs de la Trinité 19:1.1 Parmi tous les ordres élevés de personnalités célestes qui vous ont été révélés, seuls les Fils Instructeurs de la Trinité agissent avec une double capacité. Par leur origine de nature trinitaire, leurs fonctions sont à peu près entièrement consacrées aux services de filiation divine. Ils sont les êtres de liaison qui relient les deux bords du gouffre universel entre les personnalités trinitaires et les personnalités d’origine duelle. 19:1.2 Alors que les Fils Stationnaires de la Trinité sont numériquement au complet, le nombre des Fils Instructeurs s’accroit constamment. Je ne sais quel sera leur nombre final, mais je peux indiquer que, lors du dernier rapport périodique à Uversa, les archives paradisiaques mentionnaient qu’il y avait 21 001 624 821 de ces Fils en service. 19:1.3 Ces êtres forment le seul groupe des Fils de Dieu qui vous soit révélé et qui soit issu de la Trinité du Paradis. Ils parcourent l’univers central et les superunivers, et un nombre considérable d’entre eux est affecté à chaque univers local. Ils servent aussi les planètes individuelles comme le font les autres Fils Paradisiaques de Dieu. Puisque le plan du grand univers n’est pas pleinement manifesté, un grand nombre de Fils Instructeurs sont gardés en réserve au Paradis, et ils se portent volontaires pour des missions d’urgence et des services inhabituels dans toutes les divisions du grand univers, sur les mondes isolés de l’espace, dans les univers locaux et les superunivers, et sur les mondes de Havona. Ils opèrent également au Paradis, mais il vaut mieux reporter leur étude détaillée jusqu’au moment où nous aborderons la discussion sur les Fils Paradisiaques de Dieu. 19:1.4 On peut toutefois noter sous ce rapport que les Fils Instructeurs sont les personnalités coordinatrices suprêmes issues de la Trinité. Dans un univers des univers aussi vaste, il y a toujours grand danger de succomber à l’erreur d’avoir un point de vue restreint, au mal inhérent à une conception fragmentaire de la réalité et de la divinité. 19:1.5 Par exemple : le mental humain chercherait d’ordinaire à aborder la philosophie cosmique décrite dans ces révélations en procédant du simple et du fini au complexe et à l’infini, des origines humaines aux destinées divines. Mais ce chemin ne conduit pas à la sagesse spirituelle. C’est la voie la plus facile vers une certaine forme de connaissance génétique susceptible au mieux de dévoiler simplement l’origine des hommes ; elle ne révèle que peu ou rien sur leur destinée divine. 19:1.6 Même dans l’étude de l’évolution biologique des hommes sur Urantia, il y a de graves objections à aborder leur présent statut et leurs problèmes courants exclusivement par la voie historique. On ne peut saisir la vraie perspective de quelque problème de réalité – humain ou divin, terrestre ou cosmique – que par l’étude et la corrélation complètes et sans préjugés de trois phases de la réalité universelle : l’origine, l’histoire et la destinée. La bonne compréhension de ces trois réalités expérientielles fournit la base nécessaire à une sage estimation du statut présent. 19:1.7 Quand le mental humain entreprend de suivre la technique philosophique consistant à partir de l’inférieur pour s’approcher du supérieur, soit en biologie soit en théologie, il court toujours le danger de commettre quatre erreurs de raisonnement : 19:1.8 1. Il peut manquer totalement de percevoir le but évolutionnaire final et accompli de l’aboutissement personnel ou de la destinée cosmique. 19:1.9 2. Il peut commettre l’erreur philosophique suprême en simplifiant à l’excès la réalité cosmique évolutionnaire (expérientielle), ce qui conduit à déformer les faits, à pervertir la vérité et à concevoir faussement les destinées. 19:1.10 3. L’étude des causes est la lecture approfondie de l’histoire. Mais il ne suffit pas de savoir comment un être est devenu ce qu’il est pour comprendre intelligemment son présent statut et son vrai caractère. 19:1.11 4. L’histoire seule ne réussit pas à révéler convenablement le développement futur – la destinée. Les origines finies sont utiles, mais seules les causes divines révèlent les effets finals. Les fins éternelles ne se montrent pas dans les commencements temporels. On ne peut véritablement interpréter le présent qu’à la lumière de la corrélation du passé et du futur. 19:1.12 Pour les raisons ci-dessus et pour d’autres encore, nous employons donc la technique consistant à aborder l’homme et ses problèmes planétaires, en entreprenant le voyage dans l’espace-temps à partir de l’infinie, éternelle et divine Source-Centre Paradisiaque de toute réalité de personnalité et de toute existence cosmique. 2. Les Perfecteurs de Sagesse 19:2.1 Les Perfecteurs de Sagesse sont une création spécialisée de la Trinité du Paradis destinée à personnifier la sagesse de la divinité dans les superunivers. Il existe exactement sept-milliards de ces êtres, dont un milliard est affecté à chacun des sept superunivers. 19:2.2 En commun avec les Conseillers Divins et les Censeurs Universels, leurs coordonnés, les Perfecteurs de Sagesse ont passé par la sagesse du Paradis, la sagesse de Havona et la sagesse des sphères paradisiaques du Père, sauf Divinington. Après ces expériences, les Perfecteurs de Sagesse furent affectés en permanence au service des Anciens des Jours. Ils ne servent ni au Paradis ni sur les mondes des circuits Paradis-Havona ; ils sont entièrement occupés à l’administration des gouvernements des superunivers. 19:2.3 En tout lieu et à tout moment où un Perfecteur de Sagesse opère, la sagesse divine opère aussi. Il y a actualité de présence et perfection de manifestation dans la connaissance et la sagesse que comportent les actes de ces puissantes et majestueuses personnalités. Elles ne reflètent pas la sagesse de la Trinité du Paradis, elles sont cette sagesse. Elles sont les sources de sagesse pour tous les instructeurs dans l’application de la connaissance universelle ; elles sont les fontaines de prudence et les sources jaillissantes de jugement pour les institutions d’enseignement et de discernement dans tous les univers. 19:2.4 La sagesse a une origine double : elle dérive de la perfection de clairvoyance divine inhérente aux êtres parfaits, et de l’expérience personnelle acquise par les créatures évolutionnaires. Les Perfecteurs de Sagesse sont la sagesse divine, parfaite et paradisiaque de la clairvoyance de Déité. Quand leurs associés administratifs sur Uversa, les Puissants Messagers, les Dépourvus de Nom et de Nombre et les Élevés en Autorité, agissent ensemble, ils sont la sagesse de l’expérience de l’univers. Un être divin peut avoir la perfection de la connaissance divine, un mortel évolutionnaire peut atteindre à un moment donné la perfection de la connaissance ascendante, mais aucun de ces êtres n’épuise à lui seul le potentiel de toute la sagesse possible. En conséquence, lorsque la conduite des superunivers rend désirable d’atteindre le maximum de sagesse administrative, ces perfecteurs de la sagesse de clairvoyance divine sont toujours associés aux personnalités ascendantes qui sont parvenues aux hautes responsabilités d’autorité superuniverselle par les tribulations expérientielles du progrès évolutionnaire. 19:2.5 Les Perfecteurs de Sagesse auront toujours besoin de ce complément de sagesse expérientielle pour parfaire leur sagacité administrative. Mais l’hypothèse a été émise que les finalitaires du Paradis pourraient peut-être arriver à un niveau de sagesse élevé encore non atteint à ce jour, après avoir été admis à un moment donné au septième stade d’existence spirituelle. Si cette inférence est exacte, alors ces ascendeurs évolutionnaires perfectionnés deviendraient indubitablement les administrateurs d’univers les plus efficaces que l’on ait jamais connus dans toute la création. Je crois que telle est la haute destinée des finalitaires. 19:2.6 La variété d’aptitudes des Perfecteurs de Sagesse leur permet de prendre part pratiquement à tous les services célestes des créatures ascendantes. Mon ordre de personnalité, les Conseillers Divins, et ceux des Perfecteurs de Sagesse et des Censeurs Universels, constituent les ordres les plus élevés d’êtres qui puissent s’engager et s’engagent effectivement dans le travail consistant à révéler la vérité aux planètes et aux systèmes individuels, soit à leur stade primitif, soit à l’époque où ils sont ancrés dans la lumière et la vie. Nous prenons tous contact de temps en temps avec le service des mortels ascendants, depuis les planètes où la vie vient de commencer jusqu’aux univers locaux et au superunivers, et plus spécialement dans ce dernier. 3. Les Conseillers Divins 19:3.1 Ces êtres d’origine trinitaire sont le conseil de la Déité pour les royaumes des sept superunivers. Ils ne sont pas le reflet du divin conseil de la Trinité ; ils sont ce conseil. Il y a vingt-et-un-milliards de Conseillers en service, dont trois-milliards sont affectés à chaque superunivers. 19:3.2 Les Conseillers Divins sont les associés et les égaux des Censeurs Universels et des Perfecteurs de Sagesse à raison de un à sept Conseillers auprès de chaque Censeur ou Perfecteur. Les trois ordres participent au gouvernement des Anciens des Jours, y compris ses ramifications dans les secteurs majeurs et mineurs, les univers locaux, les constellations et les conseils des souverains des systèmes locaux. 19:3.3 Nous agissons en tant qu’individus, comme je le fais en rédigeant cet exposé, mais nous fonctionnons aussi comme un trio quand les circonstances le demandent. Lorsque nous assumons un rôle exécutif, sont toujours associés un Perfecteur de Sagesse, un Censeur Universel et un à sept Conseillers Divins. 19:3.4 Un Perfecteur de Sagesse, sept Conseillers Divins et un Censeur Universel constituent un tribunal de divinité trinitaire, le corps consultatif mobile le plus élevé des univers du temps et de l’espace. Un tel groupe de neuf est connu comme tribunal chargé soit d’établir les faits, soit de révéler la vérité et, lorsqu’il prend une décision sur un problème, c’est exactement comme si un Ancien des Jours s’était prononcé sur l’affaire, car, dans toutes les annales des superunivers, on n’a jamais vu un tel verdict cassé par les Anciens des Jours. 19:3.5 Lorsque les trois Anciens des Jours fonctionnent, la Trinité du Paradis fonctionne. Quand le tribunal des neuf arrive à une décision après avoir délibéré en commun, on peut dire que pratiquement les Anciens des Jours ont parlé. C’est ainsi que les Dirigeants du Paradis établissent un contact personnel, en matière d’administration et de règles de gouvernement, avec les mondes, les systèmes et les univers individuels. 19:3.6 Les Conseillers Divins sont la perfection du conseil divin de la Trinité du Paradis. Nous représentons, en fait nous sommes, le conseil de la perfection. Lorsque nous disposons en outre des conseils expérientiels de nos associés, les ascendeurs évolutionnaires devenus parfaits et embrassés par la Trinité, nos conclusions conjuguées sont non seulement complètes, mais elles ont atteint la plénitude. Quand notre conseil unifié a été admis, jugé, confirmé et promulgué par un Censeur Universel, il est fort probable qu’il avoisine le seuil de la totalité universelle. Ces verdicts se rapprochent d’aussi près que possible de l’attitude absolue de la Déité dans les limites temporelles et spatiales de la situation impliquée et du problème concerné. 19:3.7 Sept Conseillers Divins en liaison avec un trio évolutionnaire trinitisé – un Puissant Messager, un Élevé en Autorité et un Dépourvu de Nom et de Nombre – représentent la meilleure approximation superuniverselle pour fusionner le point de vue humain et l’attitude divine sur les niveaux quasi paradisiaques de significations spirituelles et de valeurs de réalité. Une approche aussi serrée des attitudes cosmiques unifiées des créatures et du Créateur n’est surpassée que chez les Fils d’effusion du Paradis, qui sont Dieu et homme dans toutes les phases d’expérience de personnalité. 4. Les Censeurs Universels 19:4.1 Il y a exactement huit-milliards de Censeurs Universels en existence. Ces êtres uniques sont le jugement de la Déité. Ils ne se bornent pas à refléter les décisions de la perfection ; ils sont le jugement de la Trinité du Paradis. Même les Anciens des Jours ne jugent pas autrement qu’en association avec les Censeurs Universels. 19:4.2 Un Censeur est affecté à chacun des mille-millions de mondes de l’univers central, étant attaché à l’administration planétaire de l’Éternel des Jours qui y réside. Ni les Perfecteurs de Sagesse ni les Conseillers Divins ne sont ainsi attachés en permanence aux administrations de Havona. Nous ne comprenons d’ailleurs pas tout à fait pourquoi des Censeurs Universels sont stationnés dans l’univers central. Leurs activités présentes ne justifient guère leur affectation à Havona. Nous soupçonnons donc qu’ils s’y trouvent pour anticiper sur les besoins d’un âge universel futur dans lequel la population de Havona pourrait partiellement changer. 19:4.3 Un milliard de Censeurs sont affectés à chacun des sept superunivers, et ils opèrent dans toutes leurs divisions à la fois à titre individuel et en association avec des Perfecteurs de Sagesse et des Conseillers Divins. Ainsi, les Censeurs agissent sur tous les niveaux du grand univers, depuis les mondes parfaits de Havona jusqu’aux conseils des Souverains de Systèmes, et ils font organiquement partie de tous les jugements dispensationnels des mondes évolutionnaires. 19:4.4 En tout lieu et à tout moment où un Censeur Universel est présent, le jugement de la Déité est aussi là. Et, puisque les Censeurs rendent toujours leurs verdicts en liaison avec des Perfecteurs de Sagesse et des Conseillers Divins, ces décisions embrassent la sagesse, le conseil et le jugement unifiés de la Trinité du Paradis. Dans ce trio juridique, le Perfecteur de Sagesse serait le « J’étais » et le Conseiller Divin le « Je serai », mais le Censeur Universel est toujours « Je suis ». 19:4.5 Ces Censeurs sont des personnalités totalisantes de l’univers. Lorsque mille témoins – ou un million – ont apporté leur témoignage, lorsque la voix de la sagesse a parlé et que le conseil de la divinité a enregistré, lorsque le témoignage de la perfection ascendante a été ajouté, alors le Censeur opère, et une totalisation infaillible et divine de tout ce qui s’est passé se trouve immédiatement révélée ; et cet exposé représente la conclusion divine, la somme et la substance d’une décision finale et parfaite. C’est pourquoi, lorsqu’un Censeur a parlé, personne d’autre n’est plus qualifié pour parler, car le Censeur a dépeint la vraie et évidente totalité de tout ce qui s’est passé. Quand il parle, c’est sans appel. 19:4.6 Je comprends intégralement les opérations mentales d’un Perfecteur de Sagesse, mais je ne saisis certainement pas en entier les processus mentaux du jugement d’un Censeur Universel. Il me semble que les Censeurs formulent de nouvelles significations et font naitre de nouvelles valeurs en associant les faits, les vérités et les constatations qui leur sont présentés au cours d’une enquête sur des affaires de l’univers. Il parait probable que les Censeurs Universels sont aptes à donner des interprétations originales en conjuguant la perspicacité parfaite du Créateur et l’expérience des créatures devenues parfaites. Cette association de la perfection du Paradis et de l’expérience de l’univers fait indubitablement ressortir une nouvelle valeur d’ultimité. 19:4.7 Mais ce n’est pas la fin de nos difficultés concernant le fonctionnement mental des Censeurs Universels. Après avoir dument tenu compte de tout ce que nous savons ou que nous supposons sur l’activité d’un Censeur dans une situation universelle donnée, nous découvrons que nous sommes encore incapables de prédire ses décisions et de prévoir ses verdicts. Nous déterminons avec beaucoup de précision le résultat probable d’une association entre l’attitude d’un Créateur et l’expérience d’une créature, mais ces conclusions ne sont pas toujours des prévisions exactes des déclarations du Censeur. Il parait probable que les Censeurs sont de quelque manière en liaison avec l’Absolu de Déité ; nous sommes incapables d’expliquer autrement un grand nombre de leurs décisions et ordonnances. 19:4.8 Les Perfecteurs de Sagesse, les Conseillers Divins, les Censeurs Universels, ainsi que les sept ordres de Personnalités Suprêmes de la Trinité constituent les dix groupes que l’on appelle parfois les Fils Stationnaires de la Trinité. Ensemble, ils forment le grand corps des administrateurs, dirigeants, agents exécutifs, consultants, conseillers et juges de la Trinité. Leur nombre dépasse légèrement trente-sept-milliards. Deux-milliards-soixante-dix sont stationnés dans l’univers central, et un peu plus de cinq-milliards dans chaque superunivers. 19:4.9 Il est fort difficile de dépeindre les limites des fonctions des Fils Stationnaires de la Trinité. Il serait inexact de dire que leurs actes se limitent au fini, car certaines affaires enregistrées dans les superunivers l’infirment. Ils agissent sur tous les niveaux administratifs ou judiciaires de l’univers où les conditions d’espace-temps l’exigent et qui se rapportent à l’évolution passée, présente et future du maitre univers. 5. Les Esprits Inspirés de la Trinité 19:5.1 Je ne pourrai presque rien vous dire des Esprits Inspirés de la Trinité parce qu’ils sont un des rares ordres entièrement secrets d’êtres existants. Sans aucun doute, le secret est dû à leur impossibilité de se révéler pleinement, même à ceux d’entre nous dont l’origine est si proche de la source de leur création. Ils viennent à l’existence par un acte de la Trinité du Paradis et peuvent être utilisés par une ou deux des Déités aussi bien que par les trois ensemble. Nous ne savons pas si le nombre de ces Esprits est complet et fixe ou s’il s’accroit constamment, mais nous avons tendance à croire qu’il n’est pas fixé. 19:5.2 Nous ne comprenons pleinement ni la nature ni la conduite des Esprits Inspirés. Ils appartiennent peut-être à la catégorie des esprits superpersonnels. Ils semblent opérer sur tous les circuits connus et paraissent agir à peu près indépendamment du temps et de l’espace. Mais nous ne connaissons pas grand-chose d’eux, sauf en essayant de déduire leur caractère d’après la nature de leurs activités dont nous observons avec certitude les résultats çà et là dans les univers. 19:5.3 Sous certaines conditions, ces Esprits Inspirés peuvent s’individualiser suffisamment pour être reconnaissables par des êtres d’origine trinitaire. Je les ai vus, mais il ne serait jamais possible aux êtres célestes des ordres inférieurs de reconnaitre l’un d’eux. Il se produit aussi de temps en temps, dans la conduite des univers en évolution, des circonstances dans lesquelles tout être d’origine trinitaire peut employer directement ces esprits pour mieux accomplir les tâches qui lui incombent. Nous savons donc qu’ils existent et que, sous certaines conditions, nous pouvons exiger de recevoir leur assistance, et parfois reconnaitre leur présence. Mais ils ne font pas partie de l’organisation manifeste et nettement révélée, chargée de diriger les univers de l’espace-temps avant que ces créations matérielles ne soient ancrées dans la lumière et la vie. Ces Esprits n’ont pas de place nettement discernable dans l’économie ou l’administration présentes des sept superunivers en évolution. Ils sont un secret de la Trinité du Paradis. 19:5.4 Les Melchizédeks de Nébadon enseignent que les Esprits Inspirés de la Trinité sont destinés, à une époque donnée de l’éternel futur, à remplacer les Messagers Solitaires dont les rangs s’éclaircissent lentement mais sûrement par suite de leur affectation comme associés à certains types de fils trinitisés. 19:5.5 Les Esprits Inspirés sont les Esprits solitaires de l’univers des univers. En tant qu’Esprits, ils ressemblent beaucoup aux Messagers Solitaires, sauf que ces derniers sont des personnalités distinctes. Nous acquérons une grande partie de notre connaissance des Esprits Inspirés par les Messagers Solitaires. Ceux-ci détectent la proximité des Esprits Inspirés en vertu d’une sensibilité inhérente à cette présence qui fonctionne aussi infailliblement qu’une aiguille aimantée pointe vers le pôle magnétique. Quand un Messager Solitaire se trouve à proximité d’un Esprit Inspiré de la Trinité, il est conscient d’un effet qualitatif dû à cette présence divine ; il enregistre aussi un effet quantitatif très net qui lui permet de connaitre effectivement la classification du ou des Esprits présents, ou leur nombre. 19:5.6 Je peux mentionner un autre fait intéressant. Lorsqu’un Messager Solitaire se trouve sur une planète dont les habitants ont reçu des Ajusteurs de Pensée comme sur Urantia, il éprouve une excitation qualitative dans sa sensibilité détectrice des présences d’esprits. Dans ce cas, il n’y a pas d’excitation quantitative, mais seulement une réaction qualitative. Lorsqu’un Messager Solitaire se trouve sur une planète où les Ajusteurs ne viennent pas, son contact avec les natifs ne produit pas cette réaction. Cela fait supposer que les Ajusteurs de Pensée sont reliés d’une certaine manière aux Esprits Inspirés de la Trinité du Paradis ou en contact avec eux. Ils sont peut-être associés avec eux dans certaines phases de leur travail, mais nous ne le savons pas vraiment. Ils ont tous deux leur origine près de la source et centre de toutes choses, mais ne sont pas des êtres du même ordre. Les Ajusteurs de Pensée sont issus du Père seul ; les Esprits Inspirés descendent de la Trinité du Paradis. 19:5.7 Les Esprits Inspirés ne paraissent pas faire partie du plan évolutionnaire des planètes ou des univers individuels, et cependant il semble qu’il y en ait à peu près partout. Au moment même où je formule ces exposés, la sensibilité personnelle à la présence de cet ordre d’Esprit de mon Messager Solitaire associé, a détecté, à moins de huit mètres de nous, à cet instant précis, un Esprit de l’ordre des Inspirés ayant une présence-pouvoir du troisième volume. La présence-pouvoir du troisième volume nous suggère comme probable la présence de trois Esprits Inspirés opérant en liaison. 19:5.8 Parmi plus de douze ordres d’êtres associés avec moi en ce moment, le Messager Solitaire est le seul conscient de la présence de ces mystérieuses entités de la Trinité. De plus, alors que nous sommes ainsi informés que ces divins Esprits sont proches, nous ignorons tous uniformément leur mission. Nous ne savons vraiment pas si ce sont simplement des observateurs qui s’intéressent à nos agissements ou si, d’une manière qui nous est inconnue, ils contribuent effectivement au succès de notre entreprise. 19:5.9 Nous savons que les Fils Instructeurs de la Trinité se consacrent à l’illumination consciente des créatures de l’univers. Je suis arrivé à la conclusion ferme que, par des techniques superconscientes, les Esprits Inspirés de la Trinité opèrent aussi comme instructeurs des royaumes. Je suis persuadé qu’une vaste somme de connaissances spirituelles essentielles, de vérités indispensables à un aboutissement spirituel élevé, ne peuvent pas être reçues consciemment. La conscience de soi compromettrait effectivement la certitude de leur réception. Si cette conception est juste, et tous les êtres de mon ordre la partagent, les Esprits Inspirés ont peut-être mission de vaincre cette difficulté, de combler cette lacune dans le programme universel d’illumination morale et d’élévation spirituelle. Nous pensons que ces deux types d’instructeurs issus de la Trinité effectuent une sorte de liaison dans leurs activités, mais en réalité nous ne le savons pas. 19:5.10 Sur les mondes éducatifs des superunivers et sur les circuits éternels de Havona, j’ai fraternisé avec les mortels qui se perfectionnent – les âmes ascendantes et spiritualisées des royaumes évolutionnaires – mais ils n’ont jamais été conscients des Esprits Inspirés que les Messagers Solitaires, grâce aux pouvoirs de détection qu’ils possèdent, signalent de temps en temps comme très proches de nous. J’ai parlé librement avec tous les ordres de Fils de Dieu, humbles et élevés, et ils n’ont pas non plus conscience des exhortations des Esprits Inspirés de la Trinité. Ils peuvent examiner, et ils examinent rétrospectivement leurs expériences et racontent des évènements qui sont difficiles à expliquer si l’on ne fait pas entrer en ligne de compte l’action de ces Esprits. Mais, à l’exception des Messagers Solitaires, et parfois d’êtres issus de la Trinité, nul membre de la famille céleste n’a jamais été conscient de la proximité des Esprits Inspirés. 19:5.11 Je ne crois pas que les Esprits Inspirés de la Trinité jouent à cache-cache avec moi. Ils essayent probablement tout aussi énergiquement de se faire connaitre de moi que moi de communiquer avec eux ; nos difficultés et nos limitations doivent être mutuelles et inhérentes à nos natures. Je suis convaincu qu’il n’y a pas de secrets arbitraires dans l’univers ; c’est pourquoi je ne cesserai jamais mes efforts pour résoudre le mystère d’isolement de ces Esprits qui appartiennent à mon ordre de création. 19:5.12 Vous autres mortels, qui faites juste vos premiers pas dans le voyage éternel, vous pouvez voir d’après tout cela qu’il vous faut faire un long chemin avant de progresser par « la vue » et par des certitudes « matérielles ». Pendant longtemps, vous emploierez la foi et vous dépendrez de la révélation si vous espérez avancer rapidement et sûrement. 6. Les natifs de Havona 19:6.1 Les natifs de Havona sont la création directe de la Trinité du Paradis, et leur nombre dépasse les conceptions de votre mental limité. Il n’est pas non plus possible aux Urantiens de concevoir les dons inhérents à ces créatures divinement parfaites de ces races de l’univers éternel issues de la Trinité. Vous ne pourrez jamais vraiment imaginer ces glorieuses créatures ; il vous faut attendre votre arrivée dans Havona, et vous pourrez alors les saluer comme compagnons d’esprit. 19:6.2 Pendant votre long séjour sur le milliard de mondes de culture havonienne, une amitié éternelle pour ces êtres splendides se développera en vous. Et combien profonde est cette amitié qui grandit entre les créatures personnelles les plus humbles des mondes de l’espace et ces êtres personnels élevés natifs des sphères parfaites de l’univers central ! Dans leur longue et affectueuse association avec les natifs de Havona, les ascendeurs font beaucoup de choses pour compenser l’état spirituel appauvri des stades primitifs de la progression humaine. En même temps, par leurs contacts avec les pèlerins ascendants, les Havoniens gagnent une expérience qui, dans une large mesure, triomphe du handicap expérientiel d’avoir toujours vécu une vie de perfection divine. Il en résulte un grand bien mutuel à la fois pour les mortels ascendants et pour les natifs de Havona. 19:6.3 Les natifs de Havona sont projetés en perfection divine comme toutes les autres personnalités issues de la Trinité ; comme pour celles-ci, l’écoulement du temps peut accroitre leurs réserves de dotation expérientielle. Mais, à la différence des Fils Stationnaires de la Trinité, les Havoniens peuvent évoluer en statut, ils peuvent avoir une destinée éternelle future non révélée. Il y a par exemple des Havoniens qui factualisent par le service leur capacité de fusionner avec un fragment du Père autre qu’un Ajusteur et se qualifient ainsi pour devenir membres du Corps des Mortels de la Finalité. Et il y a d’autres corps finalitaires dont l’accès est ouvert aux natifs de l’univers central. 19:6.4 L’évolution du statut des natifs de Havona a donné lieu à beaucoup de spéculations sur Uversa. D’une part ces natifs s’infiltrent constamment dans les divers Corps Paradisiaques de la Finalité, et d’autre part il n’est pas créé de natifs nouveaux. Le nombre de ceux qui restent dans Havona va donc toujours en diminuant. Les conséquences ultimes de ces opérations ne nous ont jamais été révélées, mais nous ne croyons pas que Havona soit jamais entièrement vidé de ses natifs. Nous avons soutenu la théorie que les Havoniens cesseront peut-être d’entrer dans les corps finalitaires à un moment donné du cours des âges où les niveaux d’espace extérieur seront successivement créés. Nous avons aussi entretenu l’idée que, dans ces âges universels futurs, l’univers central pourrait être peuplé par un groupe mixte de résidents, une citoyenneté ne comprenant qu’en partie les natifs originels de Havona. Nous ne savons pas quel ordre ou type de créatures pourrait être destiné à recevoir le statut résidentiel sur le futur Havona, mais nous avons pensé : 19:6.5 1. Aux univitatias, qui sont à présent les citoyens permanents des constellations des univers locaux. 19:6.6 2. À des types futurs de mortels qui pourraient naitre sur les sphères habitées des superunivers lors de la floraison des âges de lumière et de vie. 19:6.7 3. À l’aristocratie spirituelle arrivant des univers extérieurs successifs. 19:6.8 Nous savons que Havona du précédent âge de l’univers était quelque peu différent de Havona de l’âge présent. Il nous parait pour le moins raisonnable de supposer que nous assistons maintenant à de lentes modifications de l’univers central anticipant sur les âges à venir. Une chose est certaine : l’univers n’est pas statique ; Dieu seul est invariant. 7. Les Citoyens du Paradis 19:7.1 De nombreux groupes d’êtres splendides résident au Paradis ; ce sont les Citoyens du Paradis. Ils ne s’occupent pas directement du plan de perfectionnement des créatures volitives ascendantes, et c’est pourquoi ils ne sont pas entièrement révélés aux mortels d’Urantia. Il y a plus de trois-mille ordres de ces intelligences célestes. Leur dernier groupe a été personnalisé en même temps que la Trinité émettait l’ordre promulguant le plan créatif des sept superunivers du temps et de l’espace. 19:7.2 Les Citoyens du Paradis et les natifs de Havona sont quelquefois désignés par le nom collectif de personnalités du Paradis-Havona. 19:7.3 Ceci complète l’histoire des êtres qui sont amenés à l’existence par la Trinité du Paradis. Aucun d’eux ne s’est jamais dévoyé, et pourtant, au sens le plus élevé, ils sont tous dotés de libre arbitre. 19:7.4 Les êtres issus de la Trinité possèdent des prérogatives de transit qui les rendent indépendants des personnalités de transport telles que les séraphins. Nous possédons tous le pouvoir de nous déplacer librement et rapidement dans l’univers des univers. À l’exception des Esprits Inspirés de la Trinité, nous ne pouvons pas atteindre la vitesse presque incroyable des Messagers Solitaires, mais nous sommes capables d’utiliser la totalité des moyens de transport spatiaux, de sorte qu’en partant de son monde-siège, nous pouvons atteindre n’importe quel point d’un superunivers en moins d’une année du temps d’Urantia. Il m’a fallu 109 jours de votre temps pour venir d’Uversa sur Urantia. 19:7.5 Par les mêmes voies, nous avons la possibilité d’une intercommunication instantanée. Notre ordre entier de création se trouve en contact avec tous les individus compris dans chacune des divisions des enfants de la Trinité du Paradis, à la seule exception des Esprits Inspirés. 19:7.6 [Présenté par un Conseiller Divin d’Uversa.] Fascicule 20. Les Fils Paradisiaques de Dieu 20:0.1 Selon leurs fonctions dans le superunivers d’Orvonton, les Fils de Dieu sont classifiés sous trois rubriques générales : 20:0.2 1. Les Fils de Dieu descendants. 20:0.3 2. Les Fils de Dieu ascendants. 20:0.4 3. Les Fils de Dieu Trinitisés. 20:0.5 Les ordres descendants de filiation incluent les personnalités de création directe et divine. Les fils ascendants, tels que les créatures mortelles, atteignent ce statut en participant par expérience à la technique créatrice appelée évolution. Les Fils Trinitisés sont un groupe d’origine complexe comprenant tous les êtres embrassés par la Trinité du Paradis, même s’ils ne sont pas issus directement de la Trinité. 1. Les Fils de Dieu descendants 20:1.1 Tous les Fils de Dieu descendants sont d’origine élevée et divine. Ils sont consacrés au ministère descendant de service sur les mondes et systèmes de l’espace et du temps, pour y faciliter le progrès ascensionnel, vers le Paradis, des humbles créatures d’origine évolutionnaire – les fils de Dieu ascendants. Parmi les nombreux ordres de Fils descendants, nous en décrirons sept dans ces exposés. Les Fils qui sont issus des Déités sur l’Ile centrale de Lumière et de Vie sont appelés Fils Paradisiaques de Dieu ; ils embrassent les trois ordres suivants : 20:1.2 1. Fils Créateurs – les Micaëls. 20:1.3 2. Fils Magistraux – les Avonals. 20:1.4 3. Fils Instructeurs de la Trinité – les Daynals. 20:1.5 Les quatre autres ordres de filiation descendante sont connus comme Fils de Dieu des Univers Locaux. 20:1.6 4. Fils Melchizédeks. 20:1.7 5. Fils Vorondadeks. 20:1.8 6. Fils Lanonandeks. 20:1.9 7. Porteurs de Vie. 20:1.10 Les Melchizédeks sont la descendance conjointe du Fils Créateur, de l’Esprit Créatif et du Père Melchizédek d’un univers local. Les Vorondadeks et les Lanonandeks sont tous deux amenés à l’existence par un Fils Créateur et son Esprit Créatif associé. Les Vorondadeks sont mieux connus comme les Très Hauts, les Pères des Constellations, et les Lanonandeks comme Souverains de Systèmes et Princes Planétaires. L’ordre trin des Porteurs de Vie est amené à l’existence par un Fils Créateur et un Esprit Créatif associés à l’un des trois Anciens des Jours du superunivers de leur juridiction. Mais la nature et les activités de ces Fils de Dieu d’un univers local sont mieux décrites dans les fascicules traitant des affaires des créations locales. 20:1.11 Les Fils Paradisiaques de Dieu ont une origine triple. Les Fils primaires ou Créateurs sont amenés à l’existence par le Père Universel et le Fils Éternel. Les Fils secondaires ou Magistraux sont les enfants du Fils Éternel et de l’Esprit Infini. Les Fils Instructeurs de la Trinité sont les descendants du Père, du Fils et de l’Esprit. Du point de vue du service, de l’adoration et des suppliques, les Fils Paradisiaques ne font qu’un ; leur esprit est un et leur travail est identique en qualité et en complétude. 20:1.12 De même que les ordres Paradisiaques des Jours ont montré qu’ils étaient des administrateurs divins, de même les ordres des Fils du Paradis se sont révélés comme ministres divins – créateurs, serviteurs, dispensateurs, juges, instructeurs et révélateurs de vérité. Ils parcourent l’univers des univers depuis les rivages de l’Ile éternelle jusqu’aux mondes habités de l’espace et du temps, et accomplissent, dans l’univers central et les superunivers, de multiples services non mentionnés dans ces exposés. Ils sont diversement organisés selon la nature et le domaine de leur service, mais, dans un univers local, les Fils Magistraux et les Fils Instructeurs servent tous deux sous la direction du Fils Créateur qui préside sur le domaine en question. 20:1.13 Les Fils Créateurs paraissent posséder une dotation spirituelle dont le centre est leur personne, qu’ils contrôlent et qu’ils peuvent conférer, comme l’a fait votre propre Fils Créateur lorsqu’il a répandu son esprit sur toute chair mortelle d’Urantia. Chaque Fils Créateur est doué de ce pouvoir d’attraction spirituelle dans son propre royaume ; il a personnellement conscience de tous les actes et de toutes les émotions de chaque Fils descendant de Dieu qui sert dans son domaine. Il y a là une divine réverbération, une duplication dans les univers locaux du pouvoir absolu d’attraction spirituelle du Fils Éternel qui lui permet une expansion pour prendre et conserver le contact avec tous ses Fils du Paradis quel que soit l’endroit où ils se trouvent dans tout l’univers des univers. 20:1.14 Les Fils Créateurs Paradisiaques ne servent pas seulement comme Fils dans leur ministère descendant de service et d’effusion ; lorsqu’ils ont achevé leur carrière d’effusion, chacun d’eux agit comme un Père d’univers dans sa propre création. Pendant ce temps, les autres Fils de Dieu continuent leur service d’effusion et d’élévation spirituelle destiné à amener les planètes une à une à reconnaitre volontairement la loi d’amour du Père Universel. Le point culminant est atteint lorsque la créature se consacre à la volonté du Père du Paradis et que la planète est loyale envers la souveraineté du Fils Créateur sur son univers. 20:1.15 Chez un Fils Créateur à effusion septuple, le Créateur et la créature sont fondus pour toujours dans une association compréhensive, sympathique et miséricordieuse. L’ordre tout entier des Micaëls, les Fils Créateurs, est si exceptionnel que nous consacrerons le prochain fascicule de cette série à l’étude de leur nature et de leurs activités, tandis que le présent exposé concernera principalement les deux ordres restants de filiation paradisiaque : les Fils Magistraux et les Fils Instructeurs de la Trinité. 2. Les Fils Magistraux 20:2.1 Chaque fois qu’un concept d’existence, original et absolu, formulé par le Fils Éternel s’unit à un nouvel et divin idéal de service aimant conçu par l’Esprit Infini, un Fils de Dieu nouveau et original, un Fils Magistral du Paradis, est produit. Ces Fils constituent l’ordre des Avonals, par contraste avec l’ordre des Micaëls, les Fils Créateurs. Bien qu’ils ne soient pas créateurs au sens personnel, ils sont étroitement associés aux Micaëls dans tout leur travail. Les Avonals sont des ministres et des juges planétaires, les magistrats des royaumes de l’espace-temps – de toutes les races, pour tous les mondes et dans tous les univers. 20:2.2 Nous avons des raisons de croire que le nombre total des Fils Magistraux dans le grand univers est d’environ un milliard. C’est un ordre qui se gouverne lui-même ; il est dirigé au Paradis par son conseil suprême, qui est composé d’Avonals expérimentés choisis dans les services de tous les univers. Mais, lorsqu’ils sont affectés à un univers local et y sont commissionnés, ils servent sous la direction du Fils Créateur de ce domaine. 20:2.3 Les Avonals sont les Fils Paradisiaques de service et d’effusion pour les planètes individuelles des univers locaux. Du fait que chaque Fils Avonal possède une personnalité exclusive et qu’il n’y en a pas deux pareils, leur travail individuel est unique dans les royaumes où ils séjournent. Ils y sont souvent incarnés dans la similitude d’une chair mortelle, et parfois nés de mères terrestres sur les mondes évolutionnaires. 20:2.4 En plus de leur service sur les niveaux administratifs supérieurs, les Avonals ont une triple fonction sur les mondes habités : 20:2.5 1. Actions judiciaires. Ils agissent à la clôture des dispensations planétaires. Dans le temps, ils peuvent exécuter des dizaines – des centaines – de ces missions sur chaque monde individuel, et ils peuvent aller d’innombrables fois sur le même monde ou sur d’autres pour mettre fin à des dispensations et libérer les survivants endormis. 20:2.6 2. Missions magistrales. Une visitation planétaire de ce type a généralement lieu avant l’arrivée d’un Fils d’effusion. Dans cette mission, un Avonal apparait comme un adulte du royaume par une technique d’incarnation éludant la naissance humaine. Comme suite à cette première et habituelle visite magistrale, des Avonals peuvent servir à plusieurs reprises en capacité magistrale sur la même planète, aussi bien avant qu’après l’apparition du Fils d’effusion. Lors de ces missions magistrales additionnelles, un Avonal peut apparaitre ou non sous forme matérielle et visible, mais dans aucune d’elles il ne naitra sur le monde comme un bébé sans défense. 20:2.7 3. Missions d’effusion. Les Fils Avonals s’effusent tous au moins une fois sur quelque race mortelle sur quelque monde évolutionnaire. Les visites judiciaires sont nombreuses, les missions magistrales peuvent être plurales, mais sur chaque planète il n’apparait qu’un Fils d’effusion. Les Avonals d’effusion sont nés de femme à la manière dont Micaël de Nébadon s’est incarné sur Urantia. 20:2.8 Il n’y a pas de limite au nombre de fois où les Fils Avonals peuvent servir en mission magistrale ou en mission d’effusion. Mais, lorsqu’ils ont traversé sept fois cette expérience, il y a généralement une suspension en faveur de ceux qui ont moins pratiqué ce service. Ces Fils aux multiples expériences d’effusion sont alors affectés au conseil personnel supérieur d’un Fils Créateur et participent ainsi à l’administration des affaires de son univers local. 20:2.9 Dans tout leur travail pour et sur les mondes habités, les Fils Magistraux sont assistés par deux ordres de créatures des univers locaux, les Melchizédeks et les archanges, alors que, dans leurs missions d’effusion, ils sont aussi accompagnés par les Brillantes Étoiles du Soir également issues des créations locales. Dans tout effort planétaire, les Fils secondaires du Paradis, les Avonals, sont soutenus par le pouvoir et l’autorité tout entiers d’un Fils primaire du Paradis, le Fils Créateur de l’univers local où ils servent. À toutes fins utiles, leur travail sur les sphères habitées est tout aussi effectif et acceptable que l’aurait été le service d’un Fils Créateur sur ces mondes habités par des mortels. 3. Actions judiciaires 20:3.1 Les Avonals sont connus comme Fils Magistraux parce qu’ils sont les hauts magistrats des royaumes, les juges des dispensations successives des mondes du temps. Ils président à l’éveil des survivants endormis, jugent le royaume, amènent la fin d’une dispensation de justice en suspens, accomplissent les mandats d’un âge où la miséricorde est mise à l’épreuve, réaffectent les créatures spatiales de tutelle planétaire aux tâches de la nouvelle dispensation, et retournent au quartier général de leur univers local après avoir rempli leur mission. 20:3.2 Lorsque les Avonals jugent les destinées d’un âge, ils décrètent le sort des races évolutionnaires, mais, bien qu’ils puissent rendre des jugements annihilant l’identité de créatures personnelles, ils n’exécutent pas de telles sentences. Nul n’exécute les verdicts de cette nature sinon les autorités d’un superunivers. 20:3.3 L’arrivée d’un Avonal du Paradis sur un monde évolutionnaire, en vue de terminer une dispensation et d’inaugurer une ère nouvelle de progrès planétaire, n’est pas nécessairement une mission magistrale ou une mission d’effusion. Les missions magistrales sont quelquefois des incarnations, et les missions d’effusion le sont toujours, c’est-à-dire que, pour ces affectations, les Avonals servent sur une planète sous forme matérielle – physiquement. Leurs autres visites sont « techniques », et dans ce cas l’Avonal ne s’incarne pas pour le service planétaire. Si un Fils Magistral ne vient que comme juge d’une dispensation, il arrive sur une planète comme un être spirituel invisible aux créatures matérielles du royaume. Ces visites techniques se répètent maintes et maintes fois dans la longue histoire d’un monde habité. 20:3.4 Les Fils Avonals peuvent agir comme juges planétaires avant l’expérience magistrale et celle de l’effusion. Toutefois, dans l’une ou l’autre de ces missions, le Fils incarné jugera l’âge planétaire qui se termine. Un Fils Créateur en fait autant quand il s’incarne dans la similitude de la chair mortelle au cours d’une mission d’effusion. Lorsqu’un Fils du Paradis visite un monde évolutionnaire et devient semblable à l’un de ses habitants, sa présence termine une dispensation et constitue un jugement du royaume. 4. Missions magistrales 20:4.1 Avant l’apparition planétaire d’un Fils d’effusion, un monde habité reçoit habituellement la visite d’un Avonal du Paradis en mission magistrale. S’il s’agit d’une première visitation magistrale, l’Avonal est toujours incarné comme un être matériel. Il apparait sur la planète de son affectation comme un mâle des races de mortels en pleine possession de ses moyens, un être pleinement visible aux créatures mortelles de son époque et de sa génération, et en contact physique avec elles. Pendant toute son incarnation magistrale, le Fils Avonal demeure en liaison complète et ininterrompue avec les forces spirituelles locales et universelles. 20:4.2 Une planète peut recevoir beaucoup de visitations magistrales aussi bien avant qu’après l’apparition d’un Fils d’effusion. Elle peut être visitée bien des fois par le même Avonal ou par d’autres, agissant comme juges de dispensation, mais ces missions techniques de jugement ne sont ni d’effusion ni magistrales, et à ces moments-là les Avonals ne sont jamais incarnés. Même lorsqu’une planète est bénie par des missions magistrales répétées, les Avonals ne se soumettent pas toujours à l’incarnation mortelle ; et, lorsqu’ils servent dans la similitude de la chair mortelle, ils apparaissent toujours comme des êtres adultes du royaume ; ils ne sont pas nés de femme. 20:4.3 Lorsqu’ils sont incarnés dans leurs missions d’effusion ou magistrales, les Fils Paradisiaques ont des Ajusteurs expérimentés, et ces Ajusteurs sont différents pour chaque incarnation. Les Ajusteurs qui occupent le mental des Fils de Dieu incarnés ne peuvent jamais espérer acquérir la personnalité par fusion avec les êtres humains-divins qu’ils habitent, mais ils sont souvent personnalisés par un fiat du Père Universel. Ces Ajusteurs forment sur Divinington le conseil suprême de direction qui administre, identifie et envoie les Moniteurs de Mystère dans les royaumes habités. Ils reçoivent aussi et accréditent les Ajusteurs revenant au « sein du Père » après la dissolution mortelle de leur tabernacle terrestre. De cette manière, les fidèles Ajusteurs des juges du monde deviennent les chefs exaltés de leur espèce. 20:4.4 Urantia n’a encore jamais reçu un Fils Avonal en mission magistrale. Si votre planète avait suivi le plan général des mondes habités, elle aurait été bénie par une mission magistrale à un moment compris entre l’époque d’Adam et l’effusion du Christ Micaël. Mais la séquence régulière des Fils du Paradis sur votre planète a été complètement bouleversée par l’apparition de votre Fils Créateur dans son effusion terminale il y a dix-neuf-cents ans. 20:4.5 Urantia peut encore être visitée par un Avonal chargé de s’incarner en mission magistrale, mais, quant à l’apparition future de Fils du Paradis, pas même « les anges dans le ciel ne connaissent l’heure ou les modalités de telles visitations ». En effet, le monde d’effusion d’un Micaël devient le pupille individuel et personnel d’un Maitre Fils et, comme tel, il est entièrement soumis à ses plans et à ses ordonnances. Pour votre monde, l’affaire est encore compliquée par la promesse de retour de Micaël. Indépendamment des malentendus concernant le séjour sur Urantia de Micaël de Nébadon, une chose est certainement authentique – sa promesse de revenir sur votre monde. En vue de cette perspective, seul le temps peut révéler l’ordre futur dans lequel les Fils Paradisiaques de Dieu visiteront Urantia. 5. Effusion des Fils Paradisiaques de Dieu 20:5.1 Le Fils Éternel est le Verbe éternel de Dieu. Le Fils Éternel est l’expression parfaite de la « première » pensée absolue et infinie de son Père éternel. Quand un double personnel, ou extension divine, de ce Fils Originel part pour une mission d’effusion en incarnation humaine, il devient littéralement vrai que le divin « Verbe s’est fait chair » et que le Verbe habite ainsi parmi les humbles êtres d’origine animale. 20:5.2 Sur Urantia, la croyance est largement répandue que le but de l’effusion d’un Fils est d’influencer d’une certaine manière l’attitude du Père Universel. Mais vous devriez être assez éclairés pour savoir que ce n’est pas vrai. Les effusions des Fils Avonals et des Micaëls sont une des nécessités du processus expérientiel établi pour faire de ces Fils des magistrats et des chefs sûrs et compatissants pour les peuples et planètes du temps et de l’espace. La carrière d’effusion septuple est le but suprême de tous les Fils Créateurs Paradisiaques. Et tous les Fils Magistraux sont animés du même esprit de service qui caractérise si abondamment les Fils Créateurs primaires et le Fils Éternel du Paradis. 20:5.3 Il faut qu’un certain ordre de Fils du Paradis soit effusé sur chaque monde habité par des mortels pour rendre possible à des Ajusteurs de Pensée d’habiter le mental de tous les êtres humains normaux de cette sphère. En effet, les Ajusteurs de Pensée ne viennent pas chez tous les hommes de bonne foi avant que l’Esprit de Vérité ait été répandu sur toute chair. Et l’envoi de l’Esprit de Vérité dépend du retour à son quartier général d’un Fils du Paradis, qui a exécuté avec succès une mission d’effusion mortelle sur un monde en évolution. 20:5.4 Au cours de la longue histoire d’une planète habitée, de nombreux jugements dispensationnels auront lieu, et plus d’une mission magistrale peut intervenir, mais ordinairement c’est une fois seulement qu’un Fils d’effusion servira sur la sphère. La venue d’un seul Fils d’effusion suffit à chaque monde habité, pourvu qu’il y vive la pleine vie humaine depuis la naissance jusqu’à la mort. Tôt ou tard, indépendamment de son statut spirituel, chaque monde habité par des mortels est destiné à accueillir un Fils Magistral en mission d’effusion, excepté l’unique planète de chaque univers local où un Fils Créateur choisit de faire son effusion de mortel. 20:5.5 En comprenant mieux ce qui concerne les Fils d’effusion, on discerne pourquoi Urantia présente tant d’intérêt dans l’histoire de Nébadon. Votre petite et insignifiante planète intéresse l’univers local simplement parce qu’elle est le monde de la demeure humaine de Jésus de Nazareth. Elle fut la scène de l’effusion finale et triomphale de votre Fils Créateur, le cadre dans lequel Micaël gagna la souveraineté personnelle suprême sur l’univers de Nébadon. 20:5.6 Au siège de son univers local, et spécialement après avoir parachevé sa propre effusion de mortel, un Fils Créateur passe beaucoup de son temps à conseiller et à instruire le collège des Fils associés, les Fils Magistraux et autres. En amour et dévotion, avec une tendre miséricorde et une affectueuse considération, ces Fils Magistraux s’effusent eux-mêmes sur les mondes de l’espace. Et en aucune manière ces services planétaires ne sont inférieurs aux effusions en tant que mortels des Micaëls. Il est vrai que, pour royaume de son aventure finale dans l’expérience des créatures, votre Fils Créateur a choisi un monde affligé de malheurs inhabituels. Mais jamais une planète ne pourrait se trouver dans une condition telle que l’effusion d’un Fils Créateur lui serait indispensable pour la réhabiliter spirituellement. N’importe quel Fils du groupe d’effusion aurait également suffi, car, dans tout leur travail sur les mondes d’un univers local, les Fils Magistraux sont tout aussi divinement efficaces et infiniment sages que l’eût été leur frère du Paradis, le Fils Créateur. 20:5.7 Bien que la possibilité d’un désastre accompagne toujours ces Fils du Paradis dans leurs incarnations d’effusion, je n’ai pas encore vu de compte rendu d’un échec ou d’une faillite dans la mission d’effusion d’un Fils Magistral ou d’un Fils Créateur. Ils sont tous deux d’origine trop proche de la perfection absolue pour échouer. Ils prennent assurément le risque, ils deviennent réellement semblables aux créatures mortelles de chair et de sang, et acquièrent ainsi l’expérience unique de la créature, mais, dans les limites observables pour moi, ils réussissent toujours. Jamais ils ne manquent d’atteindre le but de leur mission d’effusion. Le récit de leurs effusions et de leurs services planétaires dans tout Nébadon forme le chapitre le plus noble et le plus fascinant de l’histoire de votre univers local. 6. Les carrières d’effusion en tant que mortels 20:6.1 La méthode par laquelle un Fils du Paradis se prépare à une incarnation de mortel en tant que Fils d’effusion, entre dans le sein de sa mère sur la planète d’effusion, est un mystère universel ; et tout effort pour découvrir l’opération de cette technique de Sonarington est voué à un échec certain. Que la connaissance sublime de la vie de mortel de Jésus de Nazareth pénètre vos âmes, mais ne gaspillez pas vos pensées en spéculations inutiles sur la manière dont cette mystérieuse incarnation de Micaël de Nébadon s’est effectuée. Réjouissons-nous tous dans la connaissance et l’assurance que de tels accomplissements sont possibles à la nature divine, et ne perdons pas notre temps en conjectures futiles sur la technique employée par la sagesse divine pour produire de tels phénomènes. 20:6.2 Dans une mission d’effusion en tant que mortel, un Fils du Paradis nait toujours de femme et grandit en tant qu’enfant mâle du royaume, comme Jésus le fit sur Urantia. Ces Fils de service suprême passent tous de l’enfance à la jeunesse puis à la virilité exactement comme un être humain. Sous tous les rapports, ils deviennent semblables aux mortels de la race dans laquelle ils sont nés. Ils font des requêtes au Père comme les enfants des royaumes dans lesquels ils servent. Du point de vue matériel, ces Fils humains-divins vivent des vies ordinaires à une exception près : ils n’engendrent pas de descendance sur le monde de leur séjour. C’est une restriction universelle imposée à tous les ordres de Fils d’effusion du Paradis. 20:6.3 De même que Jésus travailla sur votre monde comme fils de charpentier, d’autres Fils du Paradis travaillent en diverses capacités sur les planètes de leur effusion. Il est difficile d’imaginer une profession qui n’aurait pas été suivie par quelque Fils du Paradis au cours de son effusion sur l’une des planètes évolutionnaires du temps. 20:6.4 Lorsqu’un Fils d’effusion a maitrisé l’expérience de vivre la vie de mortel, lorsqu’il a réussi à s’accorder parfaitement avec son Ajusteur intérieur, il inaugure alors la partie de sa mission planétaire destinée à illuminer le mental et à inspirer l’âme de ses frères dans la chair. Comme instructeurs, ces Fils se consacrent exclusivement à illuminer spirituellement les races mortelles des mondes de leur séjour. 20:6.5 Bien que les carrières d’effusion, en tant que mortels, des Micaëls et des Avonals soient comparables sous bien des rapports, elles ne sont pas identiques en tout. Jamais un Fils Magistral ne proclame « Quiconque a vu le Fils a vu le Père », comme le fit votre Fils Créateur durant son incarnation sur Urantia. Mais un Avonal d’effusion déclare effectivement « Quiconque m’a vu a vu le Fils Éternel de Dieu. » Les Fils Magistraux ne sont pas les descendants immédiats du Père Universel et ne s’incarnent pas selon la volonté du Père. Ils s’effusent toujours comme Fils du Paradis soumis à la volonté du Fils Éternel du Paradis. 20:6.6 Lorsque les Fils d’effusion, Créateurs ou Magistraux, franchissent les portes de la mort, ils réapparaissent le troisième jour. Mais vous ne devriez pas entretenir l’idée qu’ils subissent toujours la fin tragique rencontrée par le Fils Créateur qui a séjourné sur votre monde il y a dix-neuf-cents ans. L’expérience extraordinaire et anormalement cruelle par laquelle a passé Jésus de Nazareth a valu à Urantia d’être appelée localement « le monde de la croix ». Il n’est pas nécessaire qu’un traitement aussi inhumain soit infligé à un Fils de Dieu, et la grande majorité des planètes leur a offert une réception plus respectueuse leur permettant de finir leur carrière mortelle, de terminer l’âge, de juger les survivants endormis et d’inaugurer une nouvelle dispensation sans leur infliger une mort violente. Il faut qu’un Fils d’effusion rencontre la mort, qu’il passe par toute l’expérience effective des mortels des royaumes, mais le plan divin n’exige nullement que cette mort soit violente ou anormale. 20:6.7 Quand les Fils d’effusion ne sont pas mis à mort par violence, ils abandonnent volontairement leur vie et franchissent les portes de la mort, non pas pour satisfaire les exigences d’une « sévère justice » ou d’une « divine colère », mais plutôt pour parachever l’effusion, pour « boire la coupe » de la carrière d’incarnation et d’expérience personnelle en tout ce qui constitue la vie d’une créature, telle qu’elle est vécue sur les planètes d’existence mortelle. L’effusion est une nécessité planétaire et universelle, et la mort physique n’est rien de plus qu’une partie nécessaire d’une mission d’effusion. 20:6.8 Quand son incarnation en tant que mortel a pris fin, l’Avonal qui a accompli cette prestation se rend au Paradis, est accepté par le Père Universel et retourne à l’univers local de son affectation, où il est reconnu par le Fils Créateur. Sur quoi, l’Avonal d’effusion et le Fils Créateur envoient leur Esprit de Vérité conjoint fonctionner dans le cœur des races mortelles habitant sur le monde de l’effusion. Dans les âges de présouveraineté d’un univers local, c’est l’esprit commun des deux Fils mis en œuvre par l’Esprit Créatif. Il diffère quelque peu de l’Esprit de Vérité qui caractérise les âges de l’univers local consécutifs à la septième effusion d’un Micaël. 20:6.9 Lorsqu’un Fils Créateur a parachevé son effusion finale, l’Esprit de Vérité, qui avait été envoyé précédemment dans tous les mondes de cet univers local où un Avonal s’était effusé, change de nature et devient plus littéralement l’esprit du souverain Micaël. Ce phénomène a lieu concurremment avec la libération de l’Esprit de Vérité destiné à servir sur la planète d’effusion mortelle du Micaël. Après quoi, chaque monde honoré d’une effusion magistrale recevra du septuple Fils Créateur, en association avec le Fils Magistral, le même Consolateur spirituel qu’il aurait reçu si le Souverain de l’univers local s’était personnellement incarné comme Fils d’effusion. 7. Les Fils Instructeurs de la Trinité 20:7.1 Ces Fils du Paradis hautement personnels et hautement spirituels sont amenés à l’existence par la Trinité du Paradis. Ils sont connus dans Havona comme l’ordre des Daynals. Dans Orvonton, on se réfère à eux comme Fils Instructeurs de la Trinité, ainsi nommés à cause de leur ascendance. Sur Salvington, on les appelle quelquefois les Fils Spirituels du Paradis. 20:7.2 Le nombre des Fils Instructeurs s’accroit constamment. Le dernier recensement universel télédiffusé donnait un nombre un peu supérieur à vingt-et-un-milliards pour ces Fils de la Trinité opérant dans l’univers central et les superunivers, sans compter les réserves du Paradis, qui comprennent plus d’un tiers des Fils Instructeurs de la Trinité existants. 20:7.3 L’ordre de filiation des Daynals n’est pas une partie organique des administrations locales ou superuniverselles. Ses membres ne sont ni des créateurs ou des rédempteurs, ni des juges ou des dirigeants. Ils s’occupent bien moins d’administration d’univers que d’illumination morale et de développement spirituel. Ils sont les éducateurs universels, et se consacrent à l’éveil spirituel et à la gouverne morale de tous les royaumes. Leur ministère est intimement lié à celui des personnalités de l’Esprit Infini et étroitement associé à l’ascension au Paradis des êtres créés. 20:7.4 Ces Fils de la Trinité participent des natures conjuguées des trois Déités du Paradis, mais, dans Havona, ils paraissent plutôt refléter la nature du Père Universel. Dans les superunivers, ils semblent dépeindre la nature du Fils Éternel, tandis que, dans les créations locales, ils paraissent manifester le caractère de l’Esprit Infini. Dans tous les univers, ils sont la personnification du service et la discrétion de la sagesse. 20:7.5 Contrairement à leurs frères Micaëls et Avonals du Paradis, les Fils Instructeurs de la Trinité ne reçoivent pas d’entrainement préliminaire dans l’univers central. Ils sont envoyés directement aux quartiers généraux des superunivers et, depuis là, commissionnés pour servir dans un univers local. Dans leur ministère auprès de ces royaumes évolutionnaires, ils utilisent l’influence spirituelle combinée d’un Fils Créateur et des Fils Magistraux associés, car les Daynals ne possèdent ni en eux-mêmes ni par eux-mêmes de pouvoir d’attraction spirituelle. 8. Ministère des Daynals dans un univers local 20:8.1 Les Fils Spirituels du Paradis sont des êtres uniques d’origine trinitaire et les seules créatures de la Trinité aussi complètement associées à la conduite des univers d’origine duelle. Ils sont affectueusement dévoués au ministère éducatif des créatures mortelles et des ordres inférieurs de créatures spirituelles. Ils commencent par travailler dans les systèmes locaux. Ensuite, selon leur expérience et leurs accomplissements, ils progressent vers l’intérieur, par leur service dans les constellations, jusqu’aux travaux les plus élevés de la création locale. Après certification, ils peuvent devenir ambassadeurs spirituels représentant les univers locaux où ils ont servi. 20:8.2 Je ne connais pas le nombre exact de Fils Instructeurs dans Nébadon ; il y en a de nombreux milliers. Beaucoup de chefs de départements dans les écoles des Melchizédeks appartiennent à cet ordre. L’ensemble des cadres de l’Université régulièrement constituée de Salvington englobe plus de cent-mille personnes y compris ces Fils. Un grand nombre d’entre eux stationnent sur les divers mondes éducatifs morontiels, mais ils ne sont pas entièrement occupés à l’avancement spirituel et intellectuel des créatures mortelles ; ils s’intéressent aussi à l’instruction des êtres séraphiques et à d’autres natifs des créations locales. Beaucoup de leurs assistants sortent des rangs des êtres trinitisés par des créatures. 20:8.3 Les Fils Instructeurs forment les facultés qui font passer tous les examens et organisent toutes les épreuves pour la qualification et la certification à toutes les phases subordonnées de service universel, depuis les fonctions des sentinelles d’avant-garde jusqu’à celles des observateurs d’étoiles. Ils font, au long des âges, un cours d’instruction allant depuis les programmes planétaires jusqu’au Collège supérieur de Sagesse situé sur Salvington. À tous ceux qui parachèvent ces aventures dans la sagesse et la vérité, mortels ascendants ou chérubins ambitieux, on accorde un témoignage de récognition pour leurs efforts et leurs accomplissements. 20:8.4 Dans tous les univers, tous les Fils de Dieu sont reconnaissants envers ces Fils Instructeurs de la Trinité, toujours fidèles et universellement efficaces. Ils sont les maitres exaltés de toutes les personnalités d’esprit, et même les instructeurs loyaux et éprouvés des Fils de Dieu eux-mêmes. Mais je ne peux guère vous enseigner les détails interminables des responsabilités et fonctions des Fils Instructeurs de la Trinité. Le vaste domaine d’activité de l’ordre filial des Daynals sera mieux compris sur Urantia lorsque vous aurez progressé en intelligence et que l’isolement spirituel de votre planète aura pris fin. 9. Service planétaire des Daynals 20:9.1 Lorsque la progression des évènements sur un monde évolutionnaire indique que le temps est mûr pour inaugurer un âge spirituel, les Fils Instructeurs de la Trinité s’offrent toujours comme volontaires pour ce service. Vous connaissez mal les Fils de cet ordre parce qu’Urantia n’a jamais passé par un âge spirituel, un millénaire d’illumination cosmique. Mais les Fils Instructeurs visitent dès maintenant votre monde en vue d’établir les plans concernant leurs projets de séjour sur votre sphère. Ils seront prêts à apparaitre sur Urantia lorsque ses habitants se seront suffisamment délivrés des entraves de l’animalité et des chaines du matérialisme. 20:9.2 Les Fils Instructeurs de la Trinité n’ont rien à faire avec la terminaison des dispensations planétaires. Ils ne jugent pas les morts et ne transfèrent pas les vivants, mais, dans chaque mission planétaire, ils sont accompagnés par un Fils Magistral qui accomplit ces tâches. Les Fils Instructeurs sont entièrement occupés par l’inauguration d’un âge spirituel, par l’aurore de l’ère des réalités spirituelles sur une planète évolutionnaire. Ils rendent manifestes les contreparties spirituelles de la connaissance matérielle et de la sagesse temporelle. 20:9.3 Les Fils Instructeurs restent habituellement sur leur planète de visitation pendant mille ans du temps planétaire. Un seul Fils Instructeur préside au règne du millénaire planétaire, et il est assisté par soixante-dix associés de son ordre. Les Daynals ne se matérialisent ni par incarnation ni autrement pour devenir visibles aux êtres mortels. C’est pourquoi le contact avec le monde de la visitation est maintenu au travers des activités des Brillantes Étoiles du Soir, personnalités de l’univers local associées aux Fils Instructeurs de la Trinité. 20:9.4 Les Daynals peuvent revenir bien des fois sur un monde habité ; à la suite de leur mission finale, la planète sera admise au statut établi d’une sphère de lumière et de vie, ce qui est le but évolutionnaire de tous les mondes habités par des mortels au cours du présent âge de l’univers. Le Corps des Mortels de la Finalité a beaucoup à faire avec les sphères ancrées dans la lumière et la vie, et ses activités planétaires sont en relation avec celles des Fils Instructeurs. En vérité, tout l’ordre de filiation Daynal est en rapport intime avec toutes les phases d’activité des finalitaires dans les créations évolutionnaires de l’espace et du temps. 20:9.5 Au cours des stades initiaux de l’ascension évolutionnaire, les Fils Instructeurs de la Trinité semblent si complètement identifiés avec le régime de la progression mortelle que nous sommes souvent conduits à spéculer sur la possibilité de leur association avec les finalitaires dans la carrière non révélée des univers futurs. Nous constatons que les administrateurs des superunivers sont en partie des personnalités d’origine trinitaire et en partie des créatures évolutionnaires ascendantes embrassées par la Trinité. Nous croyons fermement que les Fils Instructeurs et les finalitaires s’occupent maintenant d’acquérir l’expérience de l’association dans le temps, ce qui pourrait être l’entrainement préliminaire pour les préparer à une association étroite dans quelque destinée future non encore révélée. Sur Uversa, nous croyons qu’à l’époque où les superunivers seront définitivement ancrés dans la lumière et la vie, ces Fils Instructeurs du Paradis, qui auront été tellement familiarisés avec les problèmes des mondes évolutionnaires et associés si longtemps à la carrière des mortels évolutionnaires, seront probablement transférés vers une association éternelle avec le Corps Paradisiaque de la Finalité. 10. Ministère unifié des Fils du Paradis 20:10.1 Tous les Fils Paradisiaques de Dieu sont d’origine et de nature divines. Chaque Fils du Paradis travaille en faveur de chaque monde exactement comme si le Fils qui a accompli cette prestation était le premier et unique Fils de Dieu. 20:10.2 Les Fils du Paradis sont la présentation divine des natures agissantes des trois personnes de la Déité aux domaines du temps et de l’espace. Les Fils Créateurs, Magistraux et Instructeurs sont les dons des Déités éternelles aux enfants des hommes et à toutes les autres créatures de l’univers ayant un potentiel d’ascension. Ces Fils de Dieu sont les divins ministres qui se consacrent sans cesse à aider les créatures du temps à atteindre le but spirituel élevé de l’éternité. 20:10.3 Chez les Fils Créateurs, l’amour du Père Universel se mêle à la miséricorde du Fils Éternel et se révèle aux univers locaux dans le pouvoir créatif, le ministère aimant et la souveraineté compréhensive des Micaëls. Chez les Fils Magistraux, la miséricorde du Fils Éternel unie au ministère de l’Esprit Infini se révèle aux domaines évolutionnaires dans les carrières des Avonals de jugement, de service et d’effusion. Chez les Fils Instructeurs de la Trinité, l’amour, la miséricorde et le ministère des trois Déités du Paradis sont coordonnés sur les niveaux de valeurs les plus élevés de l’espace-temps et présentés aux univers comme la vérité vivante, la divine bonté et la vraie beauté spirituelle. 20:10.4 Dans les univers locaux, ces ordres de filiation collaborent pour révéler les Déités du Paradis aux créatures de l’espace. En tant que Père d’un univers local, un Fils Créateur dépeint le caractère infini du Père Universel. En tant que Fils d’effusion miséricordieux, les Avonals révèlent la nature incomparable du Fils Éternel de compassion infinie. En tant que véritables instructeurs des personnalités ascendantes, les Fils Daynals de la Trinité révèlent la personnalité éducatrice de l’Esprit Infini. Au cours de leur coopération divinement parfaite, les Micaëls, les Avonals et les Daynals contribuent à actualiser et à révéler la personnalité et la souveraineté de Dieu le Suprême dans et pour les univers de l’espace-temps. Dans l’harmonie de leurs activités trines, ces Fils Paradisiaques de Dieu opèrent toujours à l’avant-garde des personnalités de la Déité. Ils suivent l’expansion sans fin de la divinité de la Grande Source-Centre Première depuis l’Ile éternelle du Paradis jusque dans les profondeurs inconnues de l’espace. 20:10.5 [Présenté par un Perfecteur de Sagesse d’Uversa.] Fascicule 21. Les Fils Créateurs Paradisiaques 21:0.1 Les Fils Créateurs sont les bâtisseurs et les chefs des univers locaux du temps et de l’espace. Ces créateurs et souverains d’univers sont d’origine duelle, incorporant les caractéristiques de Dieu le Père et Dieu le Fils. Mais chaque Fils Créateur est différent de tous les autres ; chacun est unique dans sa nature aussi bien que dans sa personnalité ; chacun est le « Fils unique engendré » du parfait idéal de déité de son origine. 21:0.2 Dans le vaste travail destiné à organiser, faire évoluer et perfectionner un univers local, ces Fils élevés bénéficient toujours du soutien approbateur du Père Universel. Les rapports des Fils Créateurs avec leur Père du Paradis sont touchants et d’une excellence suprême. Il n’y a aucun doute que la profonde affection parentale des Déités pour leur progéniture divine soit la source vive de l’amour magnifique et à peu près divin que même les parents mortels témoignent à leurs enfants. 21:0.3 Ces Fils primaires du Paradis sont personnalisés comme Micaëls. Lorsqu’ils sortent du Paradis pour fonder leurs univers, on les appelle Micaëls Créateurs. Lorsqu’ils sont installés dans l’autorité suprême, on les appelle Maitres Micaëls. Quelquefois, nous nous référons au souverain de votre univers de Nébadon en l’appelant Christ Micaël. Les Fils Créateurs règnent toujours et éternellement selon « l’ordre de Micaël », nom du premier Fils de leur ordre et de leur nature. 21:0.4 Le Micaël originel ou premier-né n’a jamais subi l’incarnation comme être matériel, mais il a passé sept fois par l’expérience de l’ascension spirituelle des créatures sur les sept circuits de Havona en progressant depuis les sphères extérieures jusqu’au circuit le plus intérieur de la création centrale. L’ordre de Micaël connait le grand univers d’une extrémité à l’autre ; il n’y a pas d’expérience essentielle subie par un enfant quelconque du temps et de l’espace à laquelle les Micaëls n’aient pas pris part personnellement. En fait, ils ne participent pas seulement de la nature divine, mais aussi de votre nature, c’est-à-dire de toutes les natures depuis la plus élevée jusqu’à la plus humble. 21:0.5 Le Micaël originel est le chef présidant les Fils primaires du Paradis lorsqu’ils se réunissent pour une conférence au centre de toutes choses. Il n’y a pas longtemps, nous avons enregistré sur Uversa la télédiffusion universelle d’un conclave extraordinaire de cent-cinquante-mille Fils Créateurs réunis sur l’Ile éternelle en présence de leurs parents, et engagés dans des délibérations concernant les progrès de l’unification et de la stabilisation de l’univers des univers. Il s’agissait d’un groupe sélectionné de Micaëls Souverains, de Fils aux sept effusions. 1. Origine et nature des Fils Créateurs 21:1.1 Lorsque la plénitude de l’idéation spirituelle absolue chez le Fils Éternel rencontre la plénitude du concept absolu de personnalité chez le Père Universel, lorsque cette union créative est complètement et définitivement atteinte, lorsqu’une telle identité absolue d’esprit et une telle unité infinie de concept de personnalité se produisent, alors, à l’instant même, et sans que l’une des Déités infinies perde quoi que ce soit de sa personnalité ou de ses prérogatives, un nouveau Fils Créateur original en pleine possession de ses moyens jaillit à l’existence ; c’est le Fils unique engendré par le parfait idéal et la puissante idée dont l’union produit cette nouvelle personnalité créatrice douée de pouvoir et de perfection. 21:1.2 Chaque Fils Créateur est le seul descendant engendré et le seul engendrable par la parfaite union des concepts originaux du mental infini, éternel et parfait de chacun des Créateurs éternels de l’univers des univers. Il ne peut jamais exister un autre Fils pareil, parce que chaque Fils Créateur est l’expression et l’incorporation non qualifiée, achevée et définitive de la totalité de chaque phase, de chaque caractéristique, de chaque possibilité, de chaque réalité divine qui puisse jamais, dans toute l’éternité, être trouvée dans ces potentiels créatifs divins, en être exprimée ou dérivée ; ce sont ces potentiels créatifs divins qui se sont unis pour amener le Fils Micaël à l’existence. Chaque Fils Créateur est l’absolu des concepts de déité unifiés qui constituent son origine divine. 21:1.3 En principe, la nature divine de ces Fils Créateurs dérive également des attributs de chaque parent paradisiaque. Ils participent tous de la plénitude de la nature divine du Père Universel et des prérogatives créatrices du Fils Éternel, mais, quand nous observons l’exécution pratique des fonctions des Micaëls dans les univers, nous discernons des différences apparentes. Certains Fils Créateurs paraissent ressembler davantage à Dieu le Père, d’autres davantage à Dieu le Fils. Par exemple la tendance de l’administration dans l’univers de Nébadon suggère que son Fils Créateur et régnant a une nature et un caractère qui sont plus semblables à ceux du Fils-Mère Éternel. Il est bon d’ajouter que certains univers sont présidés par des Micaëls du Paradis qui paraissent ressembler autant à Dieu le Père qu’à Dieu le Fils. Ces observations n’impliquent aucune sorte de critique ; elles se bornent à enregistrer un fait. 21:1.4 Je ne connais pas le nombre exact de Fils Créateurs en existence, mais j’ai de bonnes raisons de croire qu’il y en a plus de sept-cent-mille. Or nous savons qu’il y a exactement sept-cent-mille Unions des Jours, et qu’il ne s’en crée pas de nouveaux. Nous observons également que les plans ordonnés du présent âge de l’univers semblent indiquer qu’un Union des Jours doit stationner dans chaque univers local à titre consultatif comme ambassadeur de la Trinité. De plus, nous notons que le nombre constamment croissant des Fils Créateurs dépasse déjà le nombre fixe des Unions des Jours. Mais, en ce qui concerne la destinée des Micaëls au-delà de sept-cent-mille, nous n’en avons jamais été informés. 2. Les Créateurs d’univers locaux 21:2.1 Les Fils Paradisiaques d’ordre primaire sont les planificateurs, les créateurs, constructeurs et administrateurs de leurs domaines respectifs, les univers locaux du temps et de l’espace, les unités créatives de base des sept superunivers évolutionnaires. Il est permis au Fils Créateur de choisir le site spatial de sa future activité cosmique, mais, avant même de pouvoir commencer l’organisation physique de son univers, il faut qu’il passe une longue période d’observation consacrée à étudier les efforts de ses frères plus âgés dans diverses créations situées dans le superunivers où il projette d’agir. Et, avant tout cela, il faudra que le Fils Micaël ait parachevé sa longue et unique expérience d’observation du Paradis et d’entrainement dans Havona. 21:2.2 Lorsqu’un Fils Créateur quitte le Paradis pour se lancer dans l’aventure de construire un univers, pour devenir le chef – pratiquement le Dieu – de l’univers local de sa propre organisation, alors, pour la première fois, il se trouve en contact intime avec la Source-Centre Troisième et dépendant d’elle sous beaucoup de rapports. Bien que l’Esprit Infini demeure avec le Père et le Fils au centre de toutes choses, il est destiné à opérer comme soutien actuel et effectif de chaque Fils Créateur. C’est pourquoi chaque Fils Créateur est accompagné d’une Fille Créative de l’Esprit Infini, cet être destiné à devenir la Divine Ministre, l’Esprit-Mère du nouvel univers local. 21:2.3 En cette occasion, le départ d’un Fils Micaël libère pour toujours ses prérogatives créatrices de leurs attaches avec les Sources-Centres du Paradis, sauf pour certaines limitations inhérentes à la préexistence de ces Sources-Centres et à certains pouvoirs et présences antécédents. Parmi les limitations aux prérogatives créatrices, par ailleurs toutes-puissantes, d’un Père d’univers local, nous citerons les suivantes : 21:2.4 1. L’énergie-matière est dominée par l’Esprit Infini. Avant de pouvoir créer de nouvelles formes grandes ou petites, avant de pouvoir tenter aucune nouvelle transformation d’énergie-matière, il faut qu’un Fils Créateur s’assure le consentement et la coopération active de l’Esprit Infini. 21:2.5 2. Les projets et les types de créatures sont contrôlés par le Fils Éternel. Avant qu’un Fils Créateur puisse s’engager dans la création d’un nouveau type d’être, d’un nouveau projet de créature, il faut qu’il s’assure le consentement du Fils-Mère Éternel et Originel. 21:2.6 3. La personnalité est conçue et conférée par le Père Universel. 21:2.7 Les types et archétypes de mental sont déterminés par les facteurs d’existence précédant la créature. Après que ceux-ci ont été associés pour constituer une créature (personnelle ou autre), vient le mental, don de la Source-Centre Troisième, la source universelle du ministère du mental pour tous les êtres au-dessous du niveau des Créateurs du Paradis. 21:2.8 Le contrôle des projets et des types d’esprit dépend du niveau de leur manifestation. En dernière analyse, les projets d’ordre spirituel sont contrôlés par la Trinité ou par les dons spirituels prétrinitaires des personnalités de la Trinité – Père, Fils et Esprit. 21:2.9 Quand un tel Fils parfait et divin a pris possession du site spatial de l’univers qu’il a choisi ; quand les problèmes initiaux de la matérialisation de l’univers et de son équilibre approximatif ont été résolus ; quand il a formé une union de travail efficace et coopérative avec la Fille complémentaire de l’Esprit Infini – alors, ce Fils d’Univers et cet Esprit d’Univers inaugurent leur liaison conçue pour donner origine aux innombrables multitudes de leurs enfants de l’univers local. En liaison avec cet évènement, la focalisation d’Esprit Créatif de l’Esprit Infini du Paradis change de nature et revêt les qualités personnelles de l’Esprit-Mère d’un univers local. 21:2.10 Bien que tous les Fils Créateurs soient divinement semblables à leurs parents du Paradis, aucun n’est exactement pareil à un autre ; chacun d’eux est unique, diversifié, exclusif et original dans sa nature aussi bien que dans sa personnalité. Et, puisqu’ils sont les architectes et les auteurs des plans de vie de leurs royaumes respectifs, cette diversité même assure que leurs domaines aussi seront différents dans toutes les formes et phases d’existence vivante dérivant des Micaëls, que ces phases y soient créées ou seulement développées ultérieurement. En conséquence, les ordres de créatures natives des univers locaux sont extrêmement variés. Il n’y a pas deux de ces univers qui soient administrés ou habités par des autochtones d’origine duelle identiques sous tous les rapports. À l’intérieur d’un superunivers, la moitié de leurs attributs inhérents sont tout à fait semblables, car ils dérivent des Esprits Créatifs qui sont uniformes ; l’autre moitié varie, car elle dérive des Fils Créateurs diversifiés. Mais les créatures uniquement issues de l’Esprit Créatif et les êtres importés natifs de l’univers central ou des superunivers ne présentent pas la même diversité caractéristique. 21:2.11 Lorsqu’un Fils Micaël est absent de son univers, son gouvernement est dirigé par le premier des êtres qui y sont nés, la Radieuse Étoile du Matin, le chef exécutif de l’univers local. Les avis et les conseils de l’Union des Jours sont sans prix à ces moments-là. Durant ces absences, un Fils Créateur peut investir l’Esprit-Mère associé du supercontrôle de sa présence spirituelle sur les mondes habités et dans le cœur de ses enfants mortels. L’Esprit-Mère d’un univers local reste toujours à son quartier général, d’où elle étend ses soins nourriciers et son ministère spirituel jusqu’aux parties les plus lointaines de ce domaine évolutionnaire. 21:2.12 La présence personnelle d’un Fils Créateur dans son univers local n’est pas nécessaire pour qu’une création matérielle établie poursuive sa marche régulière. Ces Fils peuvent aller au Paradis, et leurs univers continueront de tourner dans l’espace. Ils peuvent abandonner les rênes de leur pouvoir pour s’incarner comme enfants du temps ; leurs royaumes tournoieront encore autour de leurs centres respectifs. Nulle organisation matérielle n’est indépendante de l’emprise du circuit de gravité absolue du Paradis ni du supercontrôle cosmique inhérent à la présence dans l’espace de l’Absolu Non Qualifié. 3. Souveraineté dans l’univers local 21:3.1 Un Fils Créateur reçoit l’espace d’un univers par le consentement de la Trinité du Paradis et avec la confirmation du Maitre Esprit qui supervise le superunivers intéressé. Cette action vaut titre de possession physique, un bail cosmique. Mais l’élévation d’un Fils Micaël, depuis ce stade initial et volontairement limité de régence jusqu’à la suprématie expérientielle d’une souveraineté gagnée par lui-même, vient couronner ses propres expériences personnelles dans l’œuvre de création d’un univers et d’effusion incarnée. Jusqu’à ce qu’il ait abouti à une souveraineté gagnée par effusion, il règne comme vice-gérant du Père Universel. 21:3.2 Un Fils Créateur pourrait affirmer sa pleine souveraineté sur sa création personnelle à n’importe quel moment, mais il choisit sagement de n’en rien faire. Si, avant de passer par les effusions de créature, il assumait une souveraineté suprême non gagnée, les personnalités du Paradis résidant dans son univers local se retireraient. Mais ceci n’est jamais advenu dans aucune création du temps et de l’espace. 21:3.3 Le fait de pouvoir créer implique la plénitude de souveraineté, mais les Micaëls choisissent de la gagner par expérience, conservant ainsi la pleine coopération de toutes les personnalités du Paradis attachées à l’administration de l’univers local. Nous n’avons jamais entendu parler d’un Micaël qui ait agi autrement, mais ils le pourraient tous ; ils sont vraiment des Fils doués de libre arbitre. 21:3.4 La souveraineté d’un Fils Créateur dans un univers local passe par six et peut-être par sept stades de manifestation expérientielle, qui apparaissent dans l’ordre suivant : 21:3.5 1. La souveraineté initiale de vice-gérance – l’autorité provisoire solitaire exercée par un Fils Créateur avant l’acquisition de qualités personnelles par l’Esprit Créatif associé. 21:3.6 2. La souveraineté conjointe de vice-gérance – le règne conjugué du couple paradisiaque faisant suite à l’accomplissement de la personnalité de l’Esprit-Mère de l’Univers. 21:3.7 3. La souveraineté croissante de vice-gérance – l’autorité progressive d’un Fils Créateur pendant la période de ses sept effusions sous forme de créature. 21:3.8 4. La souveraineté suprême – l’autorité établie faisant suite à l’accomplissement de la septième effusion. Dans Nébadon, la souveraineté suprême date de l’accomplissement de l’effusion de Micaël sur Urantia. Elle existe donc depuis un peu plus de mille-neuf-cents années de votre temps planétaire. 21:3.9 5. La souveraineté suprême croissante – les relations évoluées provenant de ce que les domaines des créatures ont été ancrés en majorité dans la lumière et la vie. Ce stade appartient au futur non encore atteint de votre univers local. 21:3.10 6. La souveraineté trinitaire – exercée après que l’univers local tout entier a été ancré dans la lumière et la vie. 21:3.11 7. La souveraineté non révélée – les relations inconnues d’un âge futur de l’univers. 21:3.12 En acceptant la souveraineté initiale de vice-gérance d’un univers local en projet, un Micaël Créateur fait serment à la Trinité de ne pas assumer la souveraineté suprême avant que ses sept effusions de créature aient été parachevées et certifiées par les dirigeants de son superunivers. Mais, si un Fils Micaël ne pouvait pas à volonté affirmer cette souveraineté non gagnée, le serment de ne pas le faire n’aurait aucun sens. 21:3.13 Même au cours des âges antérieurs aux effusions, un Fils Créateur gouverne son domaine à peu près suprêmement lorsqu’il n’y a de dissentiment dans aucune de ses parties. Ses limitations seraient à peine manifestes si sa souveraineté n’était jamais mise au défi. La souveraineté exercée par un Fils Créateur pendant la préeffusion dans un univers sans rébellion n’est pas plus grande que dans un univers avec rébellion, mais, dans le premier cas, les limitations de souveraineté ne sont pas apparentes, tandis qu’elles le sont dans le deuxième cas. 21:3.14 Si jamais l’autorité ou l’administration d’un Fils Créateur sont contestées, attaquées ou compromises, ce Fils est éternellement engagé à soutenir, protéger, défendre et si nécessaire sauver sa création personnelle. De tels Fils ne peuvent être gênés ou tracassés que par des êtres créés par eux-mêmes ou par des êtres plus élevés qu’ils auront choisis. On pourrait en inférer que des « êtres plus élevés », dont l’origine se situe à des niveaux supérieurs à ceux d’un univers local, ont peu de chances de gêner un Fils Créateur, et c’est vrai ; mais ils pourraient le faire s’ils le voulaient. La vertu est volitive chez les personnalités ; la droiture n’est pas automatique chez les créatures douées de libre arbitre. 21:3.15 Avant d’avoir achevé sa carrière d’effusion, un Fils Créateur gouverne avec certaines limitations de souveraineté qu’il s’impose, mais, après la fin de son service d’effusion, il gouverne en vertu de son expérience effective dans la forme et la similitude de ses multiples créatures. Lorsqu’un Créateur a séjourné sept fois parmi ses créatures, lorsque sa carrière d’effusion est achevée, il est alors établi dans sa suprême autorité universelle, il est devenu un Maitre Fils, un chef souverain et suprême. 21:3.16 La technique pour obtenir la souveraineté suprême sur un univers local implique les sept étapes expérientielles suivantes : 21:3.17 1. Pénétrer par expérience sept niveaux d’existence de créature par la technique d’effusion incarnée dans la similitude même des créatures du niveau en question. 21:3.18 2. Se consacrer expérientiellement à chaque phase de la volonté septuple de la Déité du Paradis telle qu’elle est personnifiée chez les Sept Maitres Esprits. 21:3.19 3. Traverser chacune des sept expériences au niveau des créatures en même temps qu’exécuter l’une des sept consécrations à la volonté de la Déité du Paradis. 21:3.20 4. Sur chaque niveau de créature, dépeindre expérientiellement l’apogée de la vie des créatures à la Déité du Paradis et à toutes les intelligences de l’univers. 21:3.21 5. Sur chaque niveau de créature, révéler par expérience une phase de la volonté septuple de la Déité au niveau de l’effusion et à tout l’univers. 21:3.22 6. Unifier expérientiellement la septuple expérience de créature avec la septuple expérience de se consacrer à révéler la nature et la volonté de la Déité. 21:3.23 7. Établir des relations nouvelles et plus élevées avec l’Être Suprême. La répercussion de la totalité de cette expérience Créateur-créature augmente la réalité superuniverselle de Dieu le Suprême et la souveraineté sur l’espace-temps du Tout-Puissant Suprême ; elle factualise la souveraineté suprême d’un Micaël du Paradis sur son univers local. 21:3.24 En réglant la question de souveraineté dans un univers local, le Fils Créateur ne se borne pas à démontrer sa propre compétence pour gouverner ; il révèle aussi la nature des Déités du Paradis et dépeint leur attitude septuple. La compréhension finie et l’appréciation de la primauté du Père par les créatures sont en jeu dans l’aventure d’un Fils Créateur qui condescend à assumer la forme et les expériences de ses créatures. Ces Fils primaires du Paradis sont les vrais révélateurs de la nature aimante et de l’autorité bénéfique du Père, du même Père qui, en association avec le Fils et l’Esprit, est le chef universel de tout pouvoir, toute personnalité et tout gouvernement dans l’ensemble des royaumes de l’univers. 4. Les effusions des Micaëls 21:4.1 Les Fils Créateurs se classent en sept groupes selon le nombre de leurs effusions auprès des créatures de leurs royaumes. Ils vont de l’expérience initiale, en passant par cinq sphères additionnelles d’effusion progressive, jusqu’à ce qu’ils atteignent le septième et dernier épisode d’expérience de Créateur-créature. 21:4.2 Les effusions des Avonals se produisent toujours dans la similitude de la chair mortelle, mais les sept effusions d’un Fils Créateur impliquent son apparition sur sept niveaux d’existence créée et se rattachent à la révélation des sept expressions primaires de la volonté et de la nature de la Déité. Tous les Fils Créateurs sans exception font l’expérience de se donner sept fois à leurs enfants créés, avant d’assumer la juridiction stable et suprême sur l’univers qu’ils ont eux-mêmes créé. 21:4.3 Bien que ces sept effusions varient dans les différents secteurs et univers, elles comprennent toujours l’aventure d’effusion en tant que mortel. Dans l’effusion finale, un Fils Créateur apparait comme membre d’une des races supérieures d’une planète habitée, généralement dans le groupe racial qui comprend le plus grand legs héréditaire de sang adamique importé antérieurement pour élever le statut physique des populations d’origine animale. Une fois seulement dans sa carrière septuple de Fils d’effusion, un Micaël du Paradis nait de femme comme dans votre histoire du nouveau-né de Bethléem. Il ne vit et ne meurt qu’une fois comme membre du plus humble ordre de créatures évolutionnaires douées de volonté. 21:4.4 Après chacune de ses effusions, un Fils Créateur se rend à « la droite du Père » pour y obtenir que le Père accepte l’effusion et pour recevoir des instructions préparatoires à l’épisode suivant de service universel. À la suite de la septième et dernière effusion, un Fils Créateur reçoit du Père Universel l’autorité et la juridiction suprêmes sur son univers. 21:4.5 Il est de notoriété historique que le dernier Fils divin apparu sur votre planète était un Fils Créateur Paradisiaque qui avait parachevé six phases de sa carrière d’effusion. En conséquence, lorsqu’il se retira de l’étreinte de la conscience de la vie incarnée sur Urantia, il put affirmer en vérité comme il l’a dit : « Tout est accompli » – c’était littéralement fini. Sa mort sur Urantia paracheva sa carrière d’effusion ; c’était la dernière étape pour accomplir le serment sacré d’un Fils Créateur paradisiaque. Et, lorsque cette expérience a été acquise, de tels Fils sont des souverains suprêmes d’univers ; ils ne règnent plus comme vice-gérants du Père, mais de leur propre droit et en leur propre nom comme « Roi des Rois et Seigneur des Seigneurs ». Sous réserve de certaines exceptions citées, ces Fils aux effusions septuples disposent d’une suprématie inconditionnelle dans l’univers de leur résidence. En ce qui concerne son univers local, votre Maitre Fils triomphant et installé sur son trône reçut « tous pouvoirs dans le ciel et sur terre ». 21:4.6 Les Fils Créateurs ayant parachevé leur carrière d’effusion sont comptés comme faisant partie d’un ordre séparé, celui des Maitres Fils septuples. Dans leur personne, les Maitres Fils sont identiques aux Fils Créateurs, mais ils ont subi une expérience d’effusion si extraordinaire qu’on les considère habituellement comme faisant partie d’un ordre différent. Lorsqu’un Créateur daigne effectuer une effusion, un changement réel et permanent doit se produire. Il est vrai que le Fils d’effusion est encore et malgré tout un Créateur, mais il a ajouté à sa nature l’expérience des créatures ; celle-ci l’écarte définitivement du niveau divin d’un Fils Créateur et l’élève au plan expérientiel d’un Maitre Fils, d’un être qui a pleinement gagné le droit de gouverner un univers et d’administrer ses mondes. De tels êtres incorporent tout ce qu’il est possible de tirer d’un parentage divin et englobent tout ce que l’on peut dériver de l’expérience d’une créature rendue parfaite. Pourquoi l’homme se lamenterait-il sur la modestie de son origine et la nécessité de sa carrière évolutionnaire, alors que les Dieux eux-mêmes doivent passer par une expérience équivalente avant d’être considérés comme expérientiellement qualifiés et compétents pour gouverner définitivement et pleinement les domaines de leur univers ? 5. Position des Maitres Fils par rapport à l’univers 21:5.1 Le pouvoir d’un Maitre Micaël est illimité parce qu’il dérive d’une association éprouvée avec la Trinité du Paradis, et il est incontesté parce qu’il découle d’une expérience actuelle sous la forme même des créatures soumises à cette autorité. La nature de la souveraineté d’un Fils Créateur septuple est suprême pour les raisons suivantes : 21:5.2 1. Elle embrasse le point de vue septuple de la Déité du Paradis. 21:5.3 2. Elle incorpore une attitude septuple des créatures de l’espace-temps. 21:5.4 3. Elle synthétise parfaitement l’attitude du Paradis et le point de vue de la créature. 21:5.5 Cette souveraineté expérientielle inclut donc toute la divinité de Dieu le Septuple culminant en l’Être Suprême. Et la souveraineté personnelle d’un Fils septuple est semblable à la souveraineté future de l’Être Suprême, qui doit être parachevé un jour, car elle embrasse tout le contenu possible du pouvoir et de l’autorité que la Trinité du Paradis puisse manifester dans les limites de l’espace-temps intéressé. 21:5.6 Lorsqu’un Fils Micaël parachève sa souveraineté sur son univers local, il perd le pouvoir et l’occasion de créer des types entièrement nouveaux de créatures pendant le présent âge de l’univers. Mais le fait qu’un Maitre Fils perde son pouvoir de donner origine à des ordres d’existence entièrement nouveaux n’interfère nullement avec l’œuvre d’élaboration de la vie déjà établie et en cours de développement. Ce vaste programme d’évolution universelle se poursuit sans interruption ni restriction. L’acquisition de la souveraineté suprême par un Maitre Fils implique la responsabilité de se consacrer personnellement à soutenir et administrer ce qui a déjà été conçu et créé, et ce qui sera produit ultérieurement par ceux qui ont été ainsi conçus et créés. Avec le temps, il peut se développer une évolution presque sans fin d’êtres divers, mais, à partir de ce moment, il n’y aura plus de modèles ou de types entièrement nouveaux de créatures intelligentes tirant directement leur origine du Maitre Fils. Tel est le premier pas, le commencement d’une administration bien établie dans tout univers local. 21:5.7 L’élévation d’un Fils de septuple effusion à la souveraineté incontestée de son univers signifie le commencement de la fin de longs âges d’incertitude et de confusion relative. À la suite de cet évènement, tout ce qui n’a pas la possibilité d’être un jour spiritualisé sera finalement désagrégé, et tout ce qui n’a pas la possibilité d’être un jour coordonné avec la réalité cosmique sera finalement détruit. Quand les réserves de miséricorde interminable et de patience indicible auront été épuisées dans un effort pour gagner la fidélité et la dévotion des créatures volitives des royaumes, la justice et la droiture prévaudront. La justice finira par annihiler ce que la miséricorde n’a pas pu réhabiliter. 21:5.8 Les Maitres Micaëls sont suprêmes dans leur propre univers local une fois qu’ils y ont été installés comme chefs souverains. Les rares limitations à leur règne sont inhérentes à la préexistence cosmique de certaines forces et personnalités. Autrement, ces Maitres Fils sont suprêmes en autorité, en responsabilité et en pouvoir administratif dans leurs univers respectifs. Ils sont, en tant que Créateurs et Dieux, pratiquement suprêmes en toutes choses. Rien ne peut pénétrer au-delà de leur sagesse en ce qui concerne le fonctionnement d’un univers donné. 21:5.9 Après son élévation à la souveraineté établie d’un univers local, un Micaël du Paradis a le plein contrôle de tous les autres Fils de Dieu opérant dans son domaine, et il peut gouverner librement selon sa conception des besoins de ses royaumes. Un Maitre Fils peut varier à son gré l’ordre du jugement spirituel et de l’ajustement évolutionnaire des planètes habitées. Il établit et exécute les plans de son propre choix dans toutes les questions de besoins planétaires spéciaux, en particulier au sujet des mondes où il a séjourné comme créature, et encore plus en ce qui concerne le monde de son effusion terminale, la planète où il s’est incarné dans la similitude de la chair mortelle. 21:5.10 Les Maitres Fils paraissent être en parfaite communication avec leurs mondes d’effusion, non seulement avec ceux de leur séjour personnel, mais avec tous les mondes où un Fils Magistral s’est effusé. Ce contact est maintenu par leur propre présence spirituelle, l’Esprit de Vérité, qu’ils ont la faculté de « répandre sur toute chair ». Ces Maitres Fils maintiennent aussi une liaison ininterrompue avec le Fils-Mère Éternel au centre de toutes choses. Leur sympathie peut s’étendre depuis le Père Universel au ciel, jusqu’aux humbles races de la vie planétaire dans les royaumes du temps. 6. Destinée des Maitres Micaëls 21:6.1 Nul ne saurait prétendre analyser, avec une autorité finale, soit les natures soit les destinées des Souverains Maitres septuples des univers locaux ; néanmoins, nous spéculons tous beaucoup en ces matières. On nous enseigne et nous croyons que chaque Micaël du Paradis est l’absolu des concepts de déité duelle de son origine ; il incorpore ainsi des phases actuelles de l’infinité du Père Universel et du Fils Éternel. Les Micaëls doivent être partiels par rapport à l’infinité totale, mais ils sont probablement absolus par rapport à la fraction d’infinité qui se rapporte à leur origine. Toutefois, en observant leurs activités dans le présent âge de l’univers, nous ne détectons aucune action qui soit plus que finie ; toutes leurs capacités superfinies que nous conjecturons doivent être contenues en eux et non encore révélées. 21:6.2 Le parachèvement de la carrière d’effusion comme créature et l’élévation à la souveraineté suprême d’un univers doivent signifier la libération complète des capacités d’action finie d’un Micaël accompagnée de l’apparition d’une capacité de service plus que fini. En effet, nous notons à ce propos que ces Maitres Fils sont alors restreints dans leur production de nouveaux types de créatures, restriction indubitablement rendue nécessaire par la libération de leurs potentialités superfinies. 21:6.3 Il est hautement probable que ces pouvoirs créateurs latents resteront contenus en eux pendant tout le présent âge de l’univers. Mais, à un moment donné du lointain futur, dans les univers présentement en cours de mobilisation dans l’espace extérieur, nous croyons que la liaison entre un Maitre Fils septuple et un Esprit Créatif du septième stade pourra atteindre des niveaux absonites de service accompagnés de l’apparition de nouvelles choses, significations et valeurs sur des niveaux transcendantaux de signification universelle ultime. 21:6.4 De même que la Déité du Suprême est en voie d’actualisation grâce au service expérientiel, de même les Fils Créateurs sont en voie d’atteindre la réalisation personnelle des potentiels de divinité paradisiaque contenus dans leur insondable nature. Sur Urantia, le Christ Micaël a dit une fois : « Je suis le chemin, la vérité et la vie. » Et nous croyons que, dans l’éternité, les Micaëls sont littéralement destinés à être « le chemin, la vérité et la vie », frayant toujours, pour toutes les personnalités de l’univers, la voie qui va de la divinité suprême, par l’absonité ultime, jusqu’à la finalité de déité éternelle. 21:6.5 [Présenté par un Perfecteur de Sagesse d’Uversa.] Fascicule 22. Les Fils de Dieu Trinitisés 22:0.1 Trois groupes d’êtres sont appelés Fils de Dieu. En plus des ordres de filiation descendants et ascendants, il y a un troisième groupe connu sous le nom de Fils de Dieu Trinitisés. L’ordre trinitisé de filiation est subdivisé en trois divisions primaires selon les origines de ses nombreux types de personnalités révélées ou non révélées. Voici ces divisions primaires : 22:0.2 1. Fils trinitisés par la Déité. 22:0.3 2. Fils embrassés par la Trinité. 22:0.4 3. Fils trinitisés par des créatures. 22:0.5 Indépendamment de leur origine, tous les Fils de Dieu Trinitisés ont en commun l’expérience de la trinitisation, soit comme une partie de leur origine, soit comme une expérience d’embrassement par la Trinité atteinte ultérieurement. Les Fils trinitisés par la Déité ne sont pas révélés dans ces exposés. Notre présentation se limitera donc à dépeindre les deux groupes restants, et plus spécialement les fils de Dieu embrassés par la Trinité. 1. Les fils embrassés par la Trinité 22:1.1 Tous les fils embrassés par la Trinité ont une origine initiale simple ou duelle, mais, à la suite de leur embrassement par la Trinité, ils sont consacrés et affectés pour toujours au service de la Trinité. Ce corps, tel qu’il est révélé et organisé pour le service des superunivers, englobe sept ordres de personnalités : 22:1.2 1. Les Puissants Messagers. 22:1.3 2. Les Élevés en Autorité. 22:1.4 3. Les Dépourvus de Nom et de Nombre. 22:1.5 4. Les Conservateurs Trinitisés. 22:1.6 5. Les Ambassadeurs Trinitisés. 22:1.7 6. Les Gardiens Célestes. 22:1.8 7. Les Assistants des Fils Élevés. 22:1.9 Ces sept groupes de personnalités sont encore classés, selon leur origine, leur nature et leur fonction, en trois divisions majeures : les Fils d’Aboutissement Trinitisés, les Fils de Sélection Trinitisés et les Fils de Perfection Trinitisés. 22:1.10 Les Fils d’Aboutissement Trinitisés – les Puissants Messagers, les Élevés en Autorité et les Dépourvus de Nom et de Nombre – sont tous des mortels ascendants ayant fusionné avec leur Ajusteur et atteint le Paradis et le Corps de la Finalité. Mais ils ne sont pas des finalitaires ; lorsqu’ils ont été embrassés par la Trinité, leurs noms sont rayés de la liste d’appel des finalitaires. Les nouveaux fils de cet ordre passent par des cours de formation spéciale pendant des périodes relativement courtes sur les planètes-sièges des circuits de Havona, sous la direction des Éternels des Jours. Après cela, ils sont affectés au service des Anciens des Jours dans les sept superunivers. 22:1.11 Les Fils de Sélection Trinitisés englobent les Conservateurs Trinitisés et les Ambassadeurs Trinitisés. Ils sont recrutés parmi certains séraphins évolutionnaires et certaines créatures médianes transférées qui ont traversé Havona et atteint le Paradis, ainsi que parmi certains mortels ayant fusionné avec l’Esprit ou avec le Fils, et qui se sont également élevés jusqu’à l’Ile centrale de Lumière et de Vie. À la suite de leur embrassement par la Trinité du Paradis et après un bref entrainement dans Havona, les Fils de Sélection Trinitisés sont affectés aux tribunaux des Anciens des Jours. 22:1.12 Les Fils de Perfection Trinitisés. Les Gardiens Célestes et leurs coordonnés, les Assistants des Fils Élevés, comprennent un groupe unique de personnalités deux fois trinitisées. Ils sont les fils trinitisés par des créatures et issus de personnalités du Paradis-Havona ou de mortels ascendants devenus parfaits qui se sont longtemps distingués dans le Corps de la Finalité. Après avoir servi avec les Agents Exécutifs Suprêmes des Sept Maitres Esprits et sous les ordres des Fils Instructeurs de la Trinité, quelques-uns de ces fils trinitisés par des créatures sont retrinitisés (embrassés) par la Trinité du Paradis, puis commissionnés auprès des tribunaux des Anciens des Jours comme Gardiens Célestes et comme Assistants des Fils Élevés. Les Fils de Perfection Trinitisés sont affectés directement au service des superunivers sans autre entrainement. 22:1.13 Nos associés d’origine trinitaire – Perfecteurs de Sagesse, Conseillers Divins et Censeurs Universels – existent en nombre déterminé, mais le nombre des fils embrassés par la Trinité s’accroit constamment. Les sept ordres de fils embrassés par la Trinité sont commissionnés comme membres du gouvernement de l’un des sept superunivers, et le nombre d’entre eux en service dans chaque superunivers est exactement le même ; aucun d’eux n’a jamais manqué à ses devoirs. Les êtres embrassés par la Trinité ne se sont jamais égarés ; ils peuvent trébucher temporairement, mais il est sans exemple que l’un d’eux ait été condamné pour outrage aux gouvernements des superunivers. Les Fils d’Aboutissement et les Fils de Sélection n’ont jamais failli au service d’Orvonton, mais les Fils de Perfection Trinitisés ont parfois commis des erreurs de jugement et provoqué ainsi une confusion passagère. 22:1.14 Sous la direction des Anciens des Jours, les sept ordres fonctionnent presque comme des groupes autonomes. L’étendue de leurs services est très vaste ; les Fils de Perfection Trinitisés ne quittent pas le superunivers de leur affectation, mais leurs associés trinitisés parcourent le grand univers, voyageant entre les mondes évolutionnaires du temps et de l’espace et l’Ile éternelle du Paradis. Ils peuvent opérer dans n’importe quel superunivers, mais toujours à titre de membres du supergouvernement de leur affectation initiale. 22:1.15 Il semble que les fils embrassés par la Trinité aient été affectés d’une manière permanente au service des sept superunivers. Cette affectation est certaine pour la durée du présent âge de l’univers, mais nous n’avons jamais été informés qu’elle doive être éternelle. 2. Les Puissants Messagers 22:2.1 Les Puissants Messagers appartiennent au groupe ascendant des Fils Trinitisés. Ils forment une classe de mortels devenus parfaits, éprouvés comme réfractaires à la rébellion, ou dont la loyauté personnelle a été démontrée d’une manière équivalente ; ils ont tous passé par une épreuve déterminée de fidélité universelle. À un moment donné de leur ascension vers le Paradis, ils sont restés fermes et loyaux devant la déloyauté de leurs supérieurs, et quelques-uns ont agi activement et loyalement à la place de ces chefs infidèles. 22:2.2 Avec de tels dossiers personnels de fidélité et de dévotion, ces mortels ascendants traversent Havona avec le courant des pèlerins du temps, atteignent le Paradis, y reçoivent leurs grades, et sont rassemblés dans le Corps de la Finalité. Sur quoi, ils sont trinitisés dans l’embrassement secret de la Trinité du Paradis, et ensuite commissionnés pour être associés aux Anciens des Jours dans l’administration des gouvernements des sept superunivers. 22:2.3 Tout mortel ascendant qui a subi une expérience insurrectionnelle et agi loyalement en face de la rébellion est finalement destiné à devenir un Puissant Messager du service superuniversel. Et il en est de même pour toute créature ascendante qui empêche effectivement ces soulèvements de l’erreur, du mal ou du péché, car une action conçue pour prévenir la rébellion ou pour produire des types plus élevés de loyauté dans une crise universelle est considérée comme ayant encore plus de valeur que la simple loyauté en face d’une rébellion effective. 22:2.4 Les doyens des Puissants Messagers furent choisis parmi les mortels ascendants du temps et de l’espace qui faisaient partie du premier groupe des arrivants au Paradis, beaucoup d’entre eux ayant traversé Havona aux temps de Grandfanda. Mais la première trinitisation de Puissants Messagers ne fut pas effectuée avant que le groupe des candidats contînt des représentants de chacun des sept superunivers. Et le dernier groupe de cet ordre qui se soit qualifié au Paradis englobait des pèlerins ascendants de l’univers local de Nébadon. 22:2.5 Les Puissants Messagers sont embrassés par la Trinité du Paradis en classes de sept-cent-mille, dont cent-mille affectés à chaque superunivers. Il y a presque mille-milliards de Puissants Messagers commissionnés sur Uversa, et il y a tout lieu de croire que le nombre de ceux qui servent dans chacun des superunivers est exactement le même. 22:2.6 Je suis un Puissant Messager, et il peut intéresser les Urantiens de savoir que la compagne et associée de mon expérience humaine a également triomphé dans la grande épreuve. Bien que nous ayons été séparés de nombreuses fois et pour de longues périodes dans l’ascension intérieure vers Havona, qui dure des âges, nous avons été embrassés dans le même groupe de sept-cent-mille. Le temps de notre passage à travers Vicegerington s’est écoulé en association étroite et affectueuse. Nous avons été finalement commissionnés et affectés ensemble à Uversa d’Orvonton, et nous sommes fréquemment expédiés de compagnie pour exécuter des missions nécessitant le service de deux Messagers. 22:2.7 Les Puissants Messagers, au même titre que tous les fils embrassés par la Trinité, sont affectés à toutes les phases d’activités des superunivers. Ils maintiennent une liaison constante avec leurs quartiers généraux par le service de réflectivité superuniversel. Les Puissants Messagers servent dans tous les secteurs d’un superunivers. Ils exécutent fréquemment des missions auprès des univers locaux et même auprès des mondes individuels, comme je le fais dans la présente occasion. 22:2.8 Devant les tribunaux superuniversels, les Puissants Messagers agissent comme défenseurs aussi bien des individus que des planètes comparaissant en jugement ; ils assistent également les Perfections des Jours dans la direction des affaires des secteurs majeurs. En tant que groupe, leur principale fonction est celle d’observateurs superuniversels. Ils sont stationnés sur les divers mondes-sièges et sur les planètes individuelles importantes comme observateurs officiels des Anciens des Jours. Lorsqu’ils sont ainsi affectés, ils servent également de consultants aux autorités qui dirigent les affaires des sphères de leur séjour. Les Messagers prennent une part active à toutes les phases du plan ascendant de progression des mortels. Avec leurs associés d’origine mortelle, ils maintiennent les supergouvernements en contact étroit et personnel avec le statut et la progression des plans des Fils descendants de Dieu. 22:2.9 Les Puissants Messagers sont pleinement conscients de leur carrière ascendante tout entière, et c’est pourquoi ils sont des ministres si utiles et compatissants, des messagers aussi compréhensifs, pour servir sur n’importe quel monde de l’espace et auprès de n’importe quelle créature du temps. Aussitôt que vous serez délivrés de la chair, vous communiquerez librement et compréhensivement avec nous, car nous sommes issus de toutes les races sur tous les mondes évolutionnaires de l’espace, c’est-à-dire de toutes les races de mortels habités par des Ajusteurs de Pensée avec lesquels ils fusionnent ultérieurement. 3. Les Élevés en Autorité 22:3.1 Les Élevés en Autorité, le second groupe des Fils d’Aboutissement Trinitisés, sont tous des êtres d’origine mortelle fusionnés avec leur Ajusteur. Ils sont les mortels devenus parfaits qui ont manifesté des aptitudes administratives supérieures et montré un génie exécutif extraordinaire pendant toute leur longue carrière d’ascension. Ils sont la fleur des aptitudes gouvernementales dérivée des mortels survivants de l’espace. 22:3.2 Soixante-dix-mille de ces Élevés en Autorité sont trinitisés lors de chaque liaison de la Trinité. Bien que l’univers local de Nébadon soit une création relativement jeune, il a des représentants parmi une classe de cet ordre récemment trinitisée. Il y a présentement plus de dix-milliards de ces habiles administrateurs commissionnés dans Orvonton. Comme tous les ordres séparés d’êtres célestes, ils maintiennent leurs propres quartiers généraux sur Uversa, et, à l’instar des autres fils embrassés par la Trinité, leurs réserves sur Uversa agissent comme corps dirigeant central de leur ordre dans Orvonton. 22:3.3 Les Élevés en Autorité sont des administrateurs sans limitations. Ils sont les agents exécutifs partout présents et toujours efficaces des Anciens des Jours. Ils servent sur n’importe quelle sphère, sur tout monde habité et dans toute phase d’activité de l’un quelconque des sept superunivers. 22:3.4 Doués d’une magnifique sagesse administrative et d’une habileté exécutive exceptionnelle, ces êtres brillants se chargent de présenter la cause de la justice pour le compte des tribunaux superuniversels. Ils veillent à l’exécution de la justice et à la rectification des défauts d’adaptation dans les univers évolutionnaires. C’est pourquoi, si jamais vous deviez être cité pour des erreurs de jugement pendant votre ascension des mondes et des sphères de la progression cosmique de votre destinée, il y a peu de chances pour que vous souffriez d’une injustice. En effet, vos accusateurs auront jadis été des créatures ascendantes personnellement familiarisées avec chaque étape de la carrière que vous aurez traversée et que vous êtes en train de parcourir. 4. Les Dépourvus de Nom et de Nombre 22:4.1 Les Dépourvus de Nom et de Nombre constituent le troisième et dernier groupe des Fils d’Aboutissement Trinitisés. Ils sont les âmes ascendantes qui ont développé une aptitude à l’adoration dépassant en habileté celle de tous les fils et filles des races évolutionnaires des mondes du temps et de l’espace. Ils ont acquis un concept spirituel du dessein éternel du Père Universel d’une manière qui, par comparaison, transcende la compréhension des créatures évolutionnaires ayant un nom et un nombre ; c’est pourquoi on les appelle les Dépourvus de Nom et de Nombre. Une traduction plus stricte de leur appellation serait « Ceux qui ont transcendé le Nom et le Nombre ». 22:4.2 Cet ordre de fils est embrassé par la Trinité du Paradis en groupes de sept-mille. Les archives d’Uversa font mention de plus de cent-millions de ces fils en service dans Orvonton. 22:4.3 Dès lors que les Dépourvus de Nom et de Nombre sont les penseurs spirituels supérieurs des races survivantes, ils sont spécialement qualifiés pour juger et pour formuler des opinions lorsqu’il est désirable d’avoir un point de vue spirituel et que l’expérience de la carrière d’ascension est essentielle pour bien comprendre les questions incluses dans le problème à juger. Ils sont les jurés suprêmes d’Orvonton. Un système de jury mal administré est plus ou moins une parodie de justice sur certains mondes, mais, sur Uversa et dans les tribunaux qui en dépendent, nous employons comme juges-jurés les types les plus élevés de mentalités spirituelles évoluées. Le jugement est la fonction la plus élevée de tout gouvernement, et ceux qui ont la charge de rendre des verdicts devraient être choisis parmi les types les plus élevés et les plus nobles des individus les plus expérimentés et les plus compréhensifs. 22:4.4 La sélection des candidats pour les classes de trinitisation des Puissants Messagers, des Élevés en Autorité et des Dépourvus de Nom et de Nombre est naturelle et automatique. Les techniques sélectives du Paradis ne sont en aucun sens arbitraires. L’expérience personnelle et les valeurs spirituelles déterminent l’appartenance au personnel des Fils d’Aboutissement Trinitisés. Ces êtres sont égaux quant à l’autorité et uniformes quant au statut administratif, mais ils possèdent tous une individualité propre et des caractères différents ; ils ne sont pas des êtres standardisés. Ils sont tous caractéristiquement dissemblables selon les différentiels de leur carrière d’ascendeurs. 22:4.5 En plus de ces qualifications expérientielles, les Fils d’Aboutissement Trinitisés ont été trinitisés dans l’embrassement divin des Déités du Paradis. En conséquence, ils opèrent comme associés coordonnés des Fils Stationnaires de la Trinité, car l’embrassement de la Trinité semble avoir pour effet de précipiter hors du courant du futur beaucoup de potentiels non réalisés des créatures. Mais ceci n’est vrai que pour les choses concernant le présent âge de l’univers. 22:4.6 Ce groupe de fils est principalement, mais non entièrement, occupé aux services de la carrière ascendante des mortels de l’espace-temps. S’il arrive que le point de vue d’une créature mortelle soit mis en doute, la question est réglée par appel à une commission ascendante composée d’un Puissant Messager, d’un Élevé en Autorité et d’un Dépourvu de Nom et de Nombre. 22:4.7 Vous autres mortels qui lisez ce message, vous pouvez vous-mêmes monter au Paradis, atteindre l’embrassement de la Trinité et, dans des âges lointains du futur, être attachés au service des Anciens des Jours dans l’un des sept superunivers. Peut-être serez-vous un jour chargés d’élargir la révélation de la vérité pour quelque planète habitée en évolution comme je le fais présentement sur Urantia. 5. Les Conservateurs Trinitisés 22:5.1 Les Conservateurs Trinitisés sont des Fils de Sélection Trinitisés. Non seulement vos races et d’autres mortels dignes de survie traversent Havona, atteignent le Paradis et se trouvent parfois destinés au service superuniversel avec les Fils Stationnaires de la Trinité, mais vos fidèles gardiens séraphiques et vos non moins fidèles associés médians peuvent aussi devenir candidats à la même reconnaissance de la Trinité et à la même magnifique destinée de personnalité. 22:5.2 Les Conservateurs Trinitisés sont des séraphins ascendants et des créatures médianes transférées qui ont passé par Havona et atteint le Paradis et le Corps de la Finalité. Ensuite, ils ont été embrassés par la Trinité du Paradis et affectés au service des Anciens des Jours. 22:5.3 Cette recognition est accordée aux séraphins ascendants candidats à l’embrassement de la Trinité parce qu’ils ont vaillamment coopéré avec un mortel ascendant qui a atteint le Corps de la Finalité et a ensuite été trinitisé. Le gardien séraphique de ma carrière mortelle a tout traversé avec moi, il a été trinitisé plus tard, et maintenant il est attaché au gouvernement d’Uversa comme Conservateur Trinitisé. 22:5.4 Il en est de même pour les médians ; beaucoup d’entre eux sont transférés, réussissent à atteindre le Paradis, puis, avec les séraphins et pour les mêmes raisons, sont embrassés par la Trinité et commissionnés comme Conservateurs dans les superunivers. 22:5.5 Les Conservateurs Trinitisés sont embrassés par la Trinité du Paradis en groupes de soixante-dix-mille, et un septième de chaque groupe est affecté à un superunivers. Il y a maintenant au service d’Orvonton un peu plus de dix-millions de ces Conservateurs élevés et dignes de confiance. Ils servent sur Uversa et sur les sphères-sièges des secteurs majeurs et mineurs. Ils sont assistés dans leurs travaux par un corps de plusieurs milliards de seconaphins et autres personnalités superuniverselles compétentes. 22:5.6 Les Conservateurs Trinitisés commencent leur carrière comme conservateurs et la continuent comme tels dans les affaires des supergouvernements. En un sens, ils sont fonctionnaires de leurs gouvernements superuniversels, mais n’ont pas à s’occuper des individus comme le font les Gardiens Célestes. Les Conservateurs Trinitisés administrent des affaires de groupe et soutiennent des projets collectifs. Ils sont les conservateurs des archives, des plans et des institutions ; ils agissent comme fidéicommissaires d’entreprises, de groupes de personnalités, de projets ascendants, de plans morontiels, de projets d’univers et d’innombrables autres affaires. 6. Les Ambassadeurs Trinitisés 22:6.1 Les Ambassadeurs Trinitisés sont le second ordre des Fils de Sélection Trinitisés. Comme leurs associés les Conservateurs, ils sont recrutés parmi deux types de créatures ascendantes. Tous les mortels ascendants n’ont pas fusionné avec leur Ajusteur ou le Père. Certains sont fusionnés avec l’Esprit, certains sont fusionnés avec le Fils. Et certains de ces mortels fusionnés avec l’Esprit ou avec le Fils atteignent Havona et arrivent au Paradis. Des candidats sont choisis parmi ces ascendeurs du Paradis pour être embrassés par la Trinité et, de temps en temps, ils sont trinitisés par classes de sept-mille. Ils sont ensuite commissionnés dans les superunivers comme Ambassadeurs Trinitisés des Anciens des Jours. Il y en a presque un demi-milliard enregistrés sur Uversa. 22:6.2 Sur avis de leurs instructeurs de Havona, les Ambassadeurs Trinitisés sont choisis pour l’embrassement de la Trinité. Ils représentent les individus dont le mental est le plus élevé dans leurs groupes respectifs et sont donc les mieux qualifiés pour assister les dirigeants des superunivers en vue de comprendre et d’administrer les intérêts des mondes d’où proviennent les mortels fusionnés avec l’Esprit. Les Ambassadeurs fusionnés avec le Fils nous sont d’un grand secours pour traiter des problèmes touchant l’ordre des personnalités fusionnées avec le Fils. 22:6.3 Les Ambassadeurs Trinitisés sont les émissaires des Anciens des Jours pour tout dessein auprès de tous les mondes ou univers faisant partie du superunivers de leur affectation. Ils rendent des services importants et particuliers aux quartiers généraux des secteurs mineurs, et ils accomplissent les innombrables tâches diverses d’un superunivers. Ils forment le corps de secours ou de réserve des Fils Trinitisés des supergouvernements, et sont donc disponibles pour une grande variété de tâches. Ils s’engagent dans des milliers et des milliers d’entreprises concernant les affaires des superunivers, indescriptibles à un mental humain parce qu’il n’y a rien d’analogue à ces activités sur Urantia. 7. La technique de trinitisation 22:7.1 Je ne peux décrire pleinement au mental matériel l’expérience de l’acte créatif suprême qu’accomplissent des êtres spirituels parfaits et devenus parfaits – l’acte de trinitisation. Les techniques de trinitisation figurent parmi les secrets de Vicegerington et de Solitarington, et seuls peuvent les comprendre ceux qui ont passé par ces expériences uniques, et c’est à eux seuls qu’elles peuvent être révélées. Nul être n’a donc la possibilité de dépeindre avec succès au mental humain la nature et le but de cette opération extraordinaire. 22:7.2 À part les Déités, seules des personnalités du Paradis-Havona et certains membres de chacun des corps de finalitaires s’engagent dans la trinitisation. Dans des conditions spécialisées de perfection paradisiaque, ces êtres magnifiques peuvent se lancer dans l’aventure unique d’identité de concept, et ils réussissent souvent à produire un être nouveau, un fils trinitisé par des créatures. 22:7.3 Les créatures glorifiées qui s’engagent dans de telles aventures de trinitisation ne peuvent participer qu’à une seule expérience de ce genre, tandis que pour les Déités du Paradis il semble qu’il n’y ait aucune limite au déroulement continu de leurs épisodes de trinitisation. La Déité ne parait limitée que sous un seul rapport : il ne peut y avoir qu’un seul Esprit Originel et Infini, un seul exécutant infini de la volonté conjuguée du Père-Fils. 22:7.4 Les mortels ascendeurs finalitaires qui ont fusionné avec leur Ajusteur et atteint certains niveaux de culture paradisiaque et de développement spirituel comptent parmi ceux qui peuvent essayer de trinitiser une créature. Lorsque des compagnies de mortels finalitaires sont stationnés au Paradis, on leur accorde des vacances à l’occasion de chaque millénaire du temps de Havona. Les finalitaires peuvent choisir entre sept manières différentes de passer cette période dégagée d’obligations. L’une d’elles consiste à tenter avec un compagnon finalitaire ou une personnalité du Paradis-Havona de réaliser la trinitisation d’une créature. 22:7.5 Si deux mortels finalitaires se rendent devant les Architectes du Maitre Univers et démontrent qu’ils ont choisi indépendamment l’un de l’autre un concept identique pour une trinitisation, les Architectes peuvent à leur gré promulguer des ordres permettant à ces ascendeurs mortels glorifiés d’allonger leurs vacances et de se retirer pour un certain temps dans le secteur des Citoyens du Paradis réservé à la trinitisation. À la fin de la retraite accordée, si les finalitaires rendent compte qu’ils ont séparément et conjointement choisi de faire l’effort paradisiaque de spiritualiser, d’idéaliser et d’actualiser un concept sélectionné et original qui n’a pas encore été trinitisé, alors le Maitre Esprit Numéro Sept émet des ordres autorisant cette entreprise extraordinaire. 22:7.6 Ces aventures demandent parfois des périodes de temps incroyablement longues. Un âge semble s’écouler avant que les anciens mortels fidèles et décidés – et parfois les personnalités du Paradis-Havona – atteignent finalement leur but, réussissant à rendre effectivement existant le concept de vérité universelle qu’ils ont choisi. Ces couples dévoués ne rencontrent pas toujours le succès ; ils échouent souvent, et cela sans que l’on puisse découvrir d’erreur de leur part. Les candidats à la trinitisation qui échouent de la sorte sont admis dans un groupe de finalitaires désignés comme des êtres ayant fait l’effort suprême et subi la suprême déception. Quand les Déités du Paradis s’unissent pour trinitiser, elles réussissent toujours, mais il n’en est pas ainsi pour une paire homogène de créatures, la tentative d’union de deux membres du même ordre d’êtres. 22:7.7 Lorsqu’un être nouveau et original est trinitisé par les Dieux, ses divins parents restent inchangés quant à leur potentiel divin ; mais, lorsque des créatures exaltées accomplissent un tel épisode créatif, l’un des individus qui y participent et l’exécutent subit une modification exceptionnelle de personnalité. En un certain sens, les deux ancêtres d’un fils trinitisé par des créatures ne font plus qu’un spirituellement. Nous croyons que ce statut de biunification de certaines phases spirituelles de la personnalité prévaudra probablement jusqu’à l’époque où l’Être Suprême aura atteint sa pleine et entière manifestation de personnalité dans le grand univers. 22:7.8 Simultanément avec l’apparition d’un nouveau fils trinitisé par des créatures, l’union spirituelle fonctionnelle de ses deux ancêtres s’établit ; les deux parents trinitisants deviennent un sur le niveau fonctionnel ultime. Nulle créature dans l’univers ne peut expliquer totalement ce stupéfiant phénomène ; c’est une expérience quasi divine. Lorsque le Père et le Fils s’unirent pour éterniser l’Esprit Infini, et que leur dessein fut accompli, ils furent immédiatement comme ne faisant qu’un et le sont toujours restés depuis lors. Mais, bien que l’union trinitisante de deux créatures soit du même ordre que la portée infinie de l’union parfaite de Déité entre le Père Universel et le Fils Éternel, les répercussions d’une trinitisation par des créatures ne sont pas de nature éternelle ; elles prendront fin lorsque la factualisation des Déités expérientielles sera accomplie. 22:7.9 Bien que les parents de fils trinitisés par des créatures ne fassent qu’un pour leurs affectations dans l’univers, ils continuent à être comptés comme deux personnalités dans la composition et les listes d’appel du Corps de la Finalité et des Architectes du Maitre Univers. Au cours du présent âge de l’univers, tous les parents trinitiseurs unis sont inséparables quant à leurs affectations et leurs fonctions ; là où va l’un, l’autre y va ; ce que fait l’un, l’autre le fait. Si la biunification parentale a lieu entre un finalitaire (mortel ou autre) et une personnalité du Paradis-Havona, les êtres parentaux unis ne travaillent ni avec les citoyens du Paradis ou de Havona, ni avec les finalitaires. Ces couples mixtes se réunissent en un corps spécial composé d’êtres semblables. Et, dans toutes les unions de trinitiseurs, mixtes ou autres, les êtres parentaux sont conscients l’un de l’autre ; ils peuvent communiquer entre eux et accomplir des tâches dont aucun des deux n’aurait pu se charger antérieurement. 22:7.10 Les Sept Maitres Esprits ont autorité pour sanctionner l’union trinitisante de finalitaires et de personnalités du Paradis-Havona, et ces liaisons mixtes sont toujours couronnées de succès. Les magnifiques fils trinitisés par des créatures issus de ces liaisons représentent des concepts que ni les créatures éternelles du Paradis ni les créatures temporelles de l’espace ne peuvent comprendre ; ces fils deviennent donc les pupilles des Architectes du Maitre Univers. Ces fils de la destinée trinitisés incorporent des idées, des idéaux et une expérience qui appartiennent apparemment à un âge futur de l’univers, et n’ont donc de valeur pratique immédiate ni pour les administrations des superunivers ni pour celle de l’univers central. Ces fils uniques des enfants du temps et des citoyens de l’éternité sont tous tenus en réserve sur Vicegerington. Ils y étudient les concepts du temps et les réalités de l’éternité dans un secteur spécial de la sphère occupé par les collèges secrets du corps des Fils Créateurs. 22:7.11 L’Être Suprême est l’unification des trois phases suivantes de la réalité de Déité : Dieu le Suprême, unification spirituelle de certains aspects finis de la Trinité du Paradis ; le Tout-Puissant Suprême, unification du pouvoir des Créateurs du grand univers ; et le Mental Suprême, contribution individuelle de la Source-Centre Troisième et de ses coordonnés à la réalité de l’Être Suprême. Dans leurs aventures de trinitisation, les splendides créatures de l’univers central et du Paradis sont lancées dans une triple exploration de la Déité du Suprême, ce qui a pour résultat la production de trois ordres de fils trinitisés par des créatures : 22:7.12 1. Les fils trinitisés par les ascendeurs. Dans leurs efforts créatifs, les finalitaires essayent de trinitiser certaines réalités conceptuelles du Tout-Puissant Suprême qu’ils ont acquises par expérience au cours de leur ascension du Paradis à travers le temps et l’espace. 22:7.13 2. Les fils trinitisés par les citoyens du Paradis-Havona. Les efforts créatifs des Citoyens du Paradis et des Havoniens aboutissent à la trinitisation de certains aspects spirituels élevés de l’Être Suprême qu’ils ont acquis par expérience dans un arrière-plan supersuprême côtoyant l’Ultime et l’Éternel. 22:7.14 3. Les fils de la destinée trinitisés. Mais, lorsqu’un finalitaire et un citoyen du Paradis-Havona trinitisent ensemble une nouvelle créature, cet effort conjoint se répercute dans certaines phases du Mental Suprême-Ultime. Les fils ainsi trinitisés par des créatures sont des supercréatures ; ils représentent des actualités de la Déité Suprême-Ultime qui n’ont pas été atteintes autrement par expérience, et qui tombent donc automatiquement dans le domaine des Architectes du Maitre Univers, conservateurs des choses qui transcendent les limites créatives du présent âge de l’univers. Les fils de la destinée trinitisés incorporent certains aspects de la fonction non encore révélée du Suprême-Ultime dans le maitre univers. Nous ne connaissons pas grand-chose de ces enfants conjoints du temps et de l’éternité, mais nous en savons beaucoup plus que nous n’avons la permission d’en révéler. 8. Les fils trinitisés par des créatures 22:8.1 En plus des fils trinitisés par des créatures étudiés dans cet exposé, il y a de nombreux ordres non révélés d’autres êtres trinitisés par des créatures – la progéniture variée des multiples liaisons des sept corps de finalitaires et de personnalités du Paradis-Havona. Mais tous ces êtres trinitisés par des créatures, révélés ou non révélés, sont dotés de personnalité par le Père Universel. 22:8.2 Lorsque de nouveaux fils trinitisés par des ascendeurs et des personnalités du Paradis-Havona sont jeunes et inexpérimentés, on les envoie en général pendant de longues périodes sur les sept sphères paradisiaques de l’Esprit Infini, où ils servent sous la tutelle des Sept Agents Exécutifs Suprêmes. Subséquemment, ils peuvent être adoptés par les Fils Instructeurs de la Trinité pour recevoir un entrainement complémentaire dans les univers locaux. 22:8.3 Ces fils adoptés ayant leur origine dans des créatures élevées et glorifiées sont les apprentis, les aides étudiants des Fils Instructeurs ; quant à leur classification, ils sont souvent comptés temporairement avec ces Fils. Ils peuvent exécuter, et exécutent en fait, de nombreuses et nobles missions désintéressées pour le compte des royaumes de service qu’ils ont choisis. 22:8.4 Dans les univers locaux, les Fils Instructeurs peuvent désigner leurs pupilles trinitisés par des créatures pour être embrassés par la Trinité du Paradis. Émergeant de cet embrassement comme Fils de Perfection Trinitisés, ils entrent au service des Anciens des Jours dans les sept superunivers, ce qui est la destinée présentement connue de ce groupe unique d’êtres deux fois trinitisés. 22:8.5 Les fils trinitisés par des créatures ne sont pas tous embrassés par la Trinité ; beaucoup deviennent les associés et les ambassadeurs des Sept Maitres Esprits du Paradis, des Esprits Réflectifs des superunivers, et des Esprits-Mères des créations locales. D’autres peuvent accepter des affectations spéciales sur l’Ile éternelle, d’autres encore peuvent entrer dans des services spéciaux sur les mondes secrets du Père et sur les sphères paradisiaques de l’Esprit. Finalement, beaucoup sont admis au corps conjoint des Fils Trinitisés sur le circuit intérieur de Havona. 22:8.6 À l’exception des Fils de Perfection Trinitisés et de ceux qui se réunissent sur Vicegerington, la destinée suprême de tous les fils trinitisés par des créatures parait être l’entrée dans le Corps des Finalitaires Trinitisés, l’un des sept Corps de la Finalité au Paradis. 9. Les Gardiens Célestes 22:9.1 Les fils trinitisés par des créatures sont embrassés par la Trinité du Paradis en classes de sept-mille. Ces descendants trinitisés d’humains devenus parfaits et de personnalités du Paradis-Havona sont tous également embrassés par les Déités, mais ils sont affectés aux superunivers selon l’avis de leurs anciens maitres, les Fils Instructeurs de la Trinité. Ceux dont les services sont les meilleurs sont nommés Assistants des Fils Élevés ; ceux dont les performances sont moins remarquables sont nommés Gardiens Célestes. 22:9.2 Lorsque ces êtres uniques ont été embrassés par la Trinité, ils deviennent des adjoints précieux pour les gouvernements des superunivers. Ils sont compétents dans les affaires de la carrière ascendante, non par suite d’une ascension personnelle, mais parce qu’ils ont servi avec les Fils Instructeurs de la Trinité sur les mondes de l’espace. 22:9.3 Il y a presque un milliard de Gardiens Célestes commissionnés dans Orvonton. Ils sont principalement affectés aux administrations des Perfections des Jours aux sièges des secteurs majeurs, et ils sont efficacement aidés par un corps de mortels ascendants fusionnés avec le Fils. 22:9.4 Les Gardiens Célestes sont les officiers de justice des tribunaux des Anciens des Jours, agissant comme messagers des cours et porteurs des convocations et décisions des divers tribunaux des gouvernements superuniversels. Les Anciens des Jours les chargent des arrestations. Les Gardiens Célestes partent d’Uversa pour y ramener des êtres dont la présence est exigée devant les juges des superunivers. Ils exécutent les ordres de détention concernant toute personnalité du superunivers. Ils accompagnent aussi les mortels des univers locaux qui ont fusionné avec l’Esprit lorsque, pour une raison quelconque, leur présence est nécessaire sur Uversa. 22:9.5 Les Gardiens Célestes et leurs associés, les Assistants des Fils Élevés, n’ont jamais été habités par des Ajusteurs. Ils n’ont pas non plus fusionné avec le Fils ni avec l’Esprit. Toutefois, l’embrassement de la Trinité du Paradis compense le statut de non-fusion des Fils de Perfection Trinitisés. L’embrassement de la Trinité peut n’agir que sur l’idée personnifiée dans un fils trinitisé par des créatures, et laisser le fils embrassé inchangé par ailleurs, mais une telle limitation n’intervient que si elle est arrêtée d’avance. 22:9.6 Ces fils deux fois trinitisés sont des êtres merveilleux, mais ne sont pas doués d’aptitudes aussi variées et ne sont pas aussi dignes de confiance que leurs associés ascendants. Il leur manque la prodigieuse et profonde expérience personnelle que le reste des fils appartenant à ce groupe a acquise en s’élevant effectivement jusqu’à la gloire à partir des ténébreux domaines de l’espace. Nous autres de la carrière ascendante, nous les aimons et nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour compenser leurs déficiences, mais devant eux nous sommes toujours reconnaissants d’avoir une origine humble et d’être aptes à l’expérience. Leur bonne volonté pour reconnaître et admettre leurs déficiences dans les réalités expérimentales de l’ascension de l’univers est d’une beauté transcendante et parfois d’un pathétique fort émouvant. 22:9.7 Les Fils de Perfection Trinitisés sont limités par contraste avec les autres fils embrassés par la Trinité, parce que leur capacité d’expérience est inhibée dans l’espace-temps. Ils sont déficients en expérience, malgré leur long entrainement avec les Agents Exécutifs Suprêmes et les Fils Instructeurs, et, si ce n’était pas le cas, ils seraient saturés d’expérience, ce qui exclurait leur mise en réserve en vue d’acquérir de l’expérience dans un âge futur de l’univers. Il n’y a tout simplement rien dans l’existence universelle qui puisse prendre la place d’une expérience personnelle effective et ces fils trinitisés par des créatures sont tenus en réserve pour une fonction expérientielle dans quelque époque future de l’univers. 22:9.8 Sur les mondes des maisons, j’ai souvent vu ces dignes officiers des hauts tribunaux du superunivers regarder avec nostalgie et attrait les arrivants, même récents, des mondes évolutionnaires de l’espace. On ne pouvait s’empêcher de se rendre compte que ces possesseurs d’une trinitisation non expérientielle enviaient réellement leurs frères, soi-disant moins fortunés, qui gravissent le sentier universel par étapes d’expérience de bonne foi et de vie actuelle. Nonobstant leurs handicaps et limitations, ils forment un corps de travailleurs merveilleusement utiles et toujours de bonne volonté lorsqu’on en vient à exécuter les plans administratifs complexes des gouvernements des superunivers. 10. Les Assistants des Fils Élevés 22:10.1 Les Assistants des Fils Élevés sont le groupe supérieur retrinitisé des fils trinitisés des ascendeurs glorifiés du Corps des Mortels de la Finalité et de leurs associés éternels, les personnalités du Paradis-Havona. Ils sont affectés au service des superunivers et travaillent comme aides personnels auprès des fils élevés des gouvernements des Anciens des Jours. On pourrait à juste titre les appeler secrétaires privés. Ils agissent de temps en temps comme employés auprès de commissions spéciales ou d’autres groupes de fils élevés. Ils servent les Perfecteurs de Sagesse, les Conseillers Divins, les Censeurs Universels, les Puissants Messagers, les Élevés en Autorité et les Dépourvus de Nom et de Nombre. 22:10.2 Si, en analysant les Gardiens Célestes, j’ai paru attirer l’attention sur les limitations et handicaps de ces fils deux fois trinitisés, permettez-moi maintenant en toute équité de souligner leur point fort, l’attribut qui en fait pour nous des collaborateurs à peu près sans prix. Ces êtres doivent leur existence même au fait qu’ils sont la personnification d’un concept unique et suprême. Ils sont l’incorporation personnalisée de quelque idée divine, de quelque idéal universel, sous une forme où il n’a jamais auparavant été conçu, exprimé ou trinitisé. Et ils ont été ensuite embrassés par la Trinité ; ils expriment donc et incorporent effectivement la sagesse propre de la Trinité en ce qui concerne l’idéal-idée de leur existence personnelle. Dans la mesure où ce concept particulier peut être révélé aux univers, ces personnalités incorporent le total des choses qu’une intelligence de créature ou de Créateur puisse concevoir, exprimer ou illustrer par l’exemple ; elles sont cette idée personnifiée. 22:10.3 Ne voyez-vous pas que de telles concentrations vivantes d’un seul concept suprême de la réalité universelle rendent des services inouïs à ceux qui ont la charge d’administrer les superunivers ? 22:10.4 Il n’y a pas longtemps, j’avais reçu l’ordre de présider une commission de six personnalités – une de chaque genre de fils élevés – chargée d’étudier trois problèmes concernant un groupe de nouveaux univers dans les régions méridionales d’Orvonton. Je me rendis intensément compte de la valeur des Assistants des Fils Élevés lorsque je requis le chef de cet ordre sur Uversa de mettre temporairement des secrétaires de cette sorte à la disposition de ma commission. La première de nos idées était représentée par un Assistant des Fils Élevés sur Uversa, qui fut immédiatement attaché à notre groupe. Notre second problème était incorporé chez un Assistant des Fils Élevés affecté au superunivers numéro trois. Nous reçûmes beaucoup d’aide de cette source par l’intermédiaire de la chambre de compensation de l’univers central pour la coordination et la dissémination des connaissances essentielles, mais rien de comparable à l’assistance fournie par la présence actuelle d’une personnalité qui est un concept trinitisé en suprématie par des créatures, et en finalité par les Déités. Quant à notre troisième problème, les archives du Paradis révélèrent que l’idée correspondante n’avait jamais été trinitisée par des créatures. 22:10.5 Les Assistants des Fils Élevés sont des personnalisations uniques et originales de concepts immenses et d’idéaux prodigieux. Comme tels, ils sont aptes à communiquer de temps en temps à nos délibérations une illumination inexprimable. Quand j’opère dans un poste lointain des univers de l’espace, vous pouvez imaginer ce que cela représente comme assistance si j’ai la chance d’avoir, attaché à ma mission, un Assistant des Fils Élevés qui soit la plénitude du concept divin concernant le problème que l’on m’a envoyé aborder et résoudre ; et j’ai passé à maintes reprises par cette expérience-là. Avec ce plan, la seule difficulté provient de ce qu’aucun superunivers ne peut posséder une édition complète de ces idées trinitisées. Nous ne recevons qu’un septième de ces êtres, de sorte que c’est seulement environ une fois sur sept que nous bénéficions d’une association personnelle avec ces êtres, même lorsque les archives indiquent que l’idée a été trinitisée. 22:10.6 Nous pourrions utiliser avec grand profit sur Uversa un nombre beaucoup plus élevé de ces êtres. À cause de leur valeur pour l’administration des superunivers, nous encourageons de toutes les manières possibles les pèlerins du temps, et aussi les résidents du Paradis, à tenter des trinitisations après s’être mutuellement fourni ces réalités expérientielles qui sont essentielles à l’établissement de telles aventures créatives. 22:10.7 Nous avons présentement dans Orvonton un million et quart d’Assistants des Fils Élevés, et ils servent dans les secteurs majeurs et mineurs comme sur Uversa. Ils nous accompagnent très souvent au cours de nos missions dans des univers lointains. Les Assistants des Fils Élevés ne sont pas affectés en permanence à tel Fils, ou à telle commission. Ils circulent constamment, servant à l’endroit où l’idée ou l’idéal qu’ils sont peut favoriser au mieux les desseins éternels de la Trinité du Paradis dont ils sont devenus les fils. 22:10.8 Ils sont touchants d’affection, magnifiquement loyaux, délicieusement intelligents, suprêmement sages – au sujet d’une idée unique – et d’une humilité transcendantale. D’une part ils peuvent vous communiquer le savoir de l’univers concernant leur unique idée ou idéal, et d’autre part il est presque pathétique de les voir rechercher des connaissances et des renseignements sur une foule d’autres sujets, même auprès des mortels ascendants. 22:10.9 Tel est le récit de l’origine, de la nature et des fonctions d’une partie de ceux que l’on appelle les Fils de Dieu Trinitisés, plus spécialement de ceux qui ont passé par l’embrassement divin de la Trinité du Paradis et qui ont ensuite été affectés aux services des superunivers pour y apporter leur coopération sage et compréhensive aux administrateurs des Anciens des Jours dans leurs efforts infatigables pour faciliter le progrès intérieur des mortels ascendants du temps vers leur destination immédiate dans Havona et leur but paradisiaque éventuel. 22:10.10 [Exposé par un Puissant Messager du corps de la révélation d’Orvonton.] Fascicule 23. Les Messagers Solitaires 23:0.1 Les Messagers Solitaires forment la légion personnelle et universelle du Créateur Conjoint ; ils sont le premier et le plus ancien ordre des Personnalités Supérieures de l’Esprit Infini. Ils représentent l’action créatrice initiale de l’Esprit Infini agissant solitairement pour amener à l’existence des esprits personnels solitaires. Ni le Père ni le Fils n’ont participé directement à cette prodigieuse spiritualisation. 23:0.2 Ces messagers spirituels furent personnalisés en un seul épisode créatif, et leur nombre est stationnaire. Bien que l’un de ces êtres extraordinaires soit associé avec moi dans la présente mission, je ne sais pas combien il existe de personnalités de cet ordre dans l’univers des univers. J’apprends seulement de temps en temps combien il y en a d’inscrits dans nos registres comme opérant à ce moment-là dans la juridiction de notre superunivers. D’après le dernier rapport d’Uversa, j’observe qu’il y avait alors presque 7 690 billions de Messagers Solitaires opérant à l’intérieur des frontières d’Orvonton, et je conjecture que ce nombre est considérablement inférieur au septième de leur nombre total. 1. Nature et origine des Messagers Solitaires 23:1.1 C’est immédiatement après la création des Sept Esprits des Circuits de Havona que l’Esprit Infini amena à l’existence le vaste corps des Messagers Solitaires. Nulle partie de la création universelle ne préexiste aux Messagers Solitaires, sauf le Paradis et les circuits de Havona. Ils ont opéré dans le grand univers à peu près depuis l’éternité. Ils sont fondamentaux pour la technique divine de l’Esprit Infini cherchant à se révéler lui-même aux immenses créations du temps et de l’espace, et à prendre un contact personnel avec elles. 23:1.2 Bien que ces messagers existent depuis des temps proches de l’éternité, ils ont tous conscience d’un commencement d’individualité. Ils sont conscients du temps, car ils sont les premiers, de la création de l’Esprit Infini, à posséder cette conscience du temps. Ils sont les premiers-nés des créatures de l’Esprit Infini qui aient été personnalisés dans le temps et spiritualisés dans l’espace. 23:1.3 Ces esprits solitaires sortirent, de l’aurore du temps, comme êtres spirituels en pleine possession de leurs moyens et parfaitement dotés. Ils sont tous égaux ; il n’y a ni classes ni subdivisions fondées sur des variantes personnelles. Leur classification est entièrement basée sur le type de travail auquel ils sont affectés de temps à autre. 23:1.4 Les mortels débutent comme des êtres à peu près matériels sur les mondes de l’espace et s’élèvent intérieurement vers les Grands Centres. Ces esprits solitaires débutent au centre de toutes choses et aspirent profondément à des affectations dans les créations lointaines, allant jusqu’aux mondes individuels des univers locaux les plus extérieurs et même au-delà. 23:1.5 Bien qu’appelés Messagers Solitaires, ils ne souffrent pas de leur solitude, car ils aiment véritablement travailler seuls. Ils sont les seuls êtres de toute la création qui puissent jouir d’une existence solitaire et qui en jouissent vraiment, bien qu’ils se plaisent également à s’associer aux quelques très rares ordres d’intelligences universelles avec lesquels ils peuvent fraterniser. 23:1.6 Les Messagers Solitaires ne sont pas isolés dans leur service ; ils sont constamment en contact avec les richesses de l’intellect de toute la création, car ils sont capables de « se brancher » sur toutes les télédiffusions des royaumes de leur séjour. Ils peuvent également intercommuniquer avec les membres de leur propre groupe immédiat, les êtres faisant le même genre de travail qu’eux dans le même superunivers. Ils pourraient communiquer avec d’autres Messagers Solitaires, mais ils ont reçu du conseil des Sept Maitres Esprits l’ordre de n’en rien faire, et ils sont un groupe loyal ; ils ne désobéissent ni ne défaillent. Il n’y a pas d’exemple qu’un Messager Solitaire ait chu dans les ténèbres. 23:1.7 Les Messagers Solitaires, comme les Directeurs de Pouvoir d’Univers, figurent parmi les très rares types d’êtres qui opèrent dans tous les royaumes en étant exemptés du risque d’être arrêtés ou détenus par les tribunaux du temps et de l’espace. Ils ne pourraient être cités à comparaitre devant des personnes autres que les Sept Maitres Esprits, mais, dans toutes les annales du maitre univers, il n’a jamais été mentionné que ce conseil du Paradis ait été appelé à juger le cas d’un Messager Solitaire. 23:1.8 Ces messagers affectés solitairement sont un groupe d’êtres créés dignes de confiance, indépendants, doués d’aptitudes variées, profondément spirituels et largement compatissants, qui dérivent de la Source-Centre Troisième. Ils agissent par autorité de l’Esprit Infini résidant sur l’Ile centrale du Paradis, et tel qu’il est personnalisé sur les mondes-sièges des univers locaux. Ils participent constamment au circuit direct émanant de l’Esprit Infini, même lorsqu’ils opèrent dans les créations locales sous l’influence immédiate des Esprits-Mères des univers locaux. 23:1.9 Il y a une raison technique pour laquelle ces Messagers Solitaires doivent voyager et travailler seuls. Pendant de courtes périodes et lorsqu’ils sont à poste fixe, ils peuvent collaborer à un groupe, mais cette incorporation les coupe radicalement du soutien et de la direction de leur circuit du Paradis ; ils en sont alors entièrement isolés. Lorsqu’ils se trouvent en transit ou qu’ils opèrent dans les circuits de l’espace et les courants du temps, si l’un d’eux se trouve dans le voisinage immédiat d’un ou plusieurs autres Messagers Solitaires, leur contact avec les forces circulantes supérieures est aussitôt interrompu. Dans le langage de vos symboles, vous diriez qu’ils sont tous « court-circuités ». C’est pourquoi ils possèdent par inhérence un pouvoir avertisseur automatique, un signal d’alarme, qui agit infailliblement afin de les prévenir d’un risque de collision et de les maintenir à distance suffisante pour qu’il n’y ait pas d’interférence avec leur propre fonctionnement effectif. Ils possèdent aussi des pouvoirs inhérents et automatiques qui détectent et indiquent la proximité des Esprits Inspirés de la Trinité et des Ajusteurs de Pensée divins. 23:1.10 Ces Messagers Solitaires n’ont pas le pouvoir d’étendre ou de reproduire leur personnalité, mais il n’y a pratiquement aucun travail dans les univers auquel ils ne puissent participer en y apportant une contribution essentielle et secourable. Ils sont spécialement les grands économiseurs de temps pour les administrateurs des affaires de l’univers ; et ils nous assistent tous, depuis le plus élevé jusqu’au plus humble. 2. Affectations des Messagers Solitaires 23:2.1 Les Messagers Solitaires ne sont attachés en permanence ni à des individus ni à des groupes de personnalités célestes. Leurs missions leur sont toujours précisées, et pendant ce service ils travaillent sous la supervision immédiate de ceux qui dirigent les royaumes auxquels ils sont attachés. Entre eux, ils n’ont ni organisation ni gouvernement d’aucune sorte ; ils sont des Messagers Solitaires. 23:2.2 Les Messagers Solitaires sont affectés par l’Esprit Infini aux sept divisions de service suivantes : 23:2.3 1. Messagers de la Trinité du Paradis. 23:2.4 2. Messagers des circuits de Havona. 23:2.5 3. Messagers des superunivers. 23:2.6 4. Messagers des univers locaux. 23:2.7 5. Explorateurs en mission libre. 23:2.8 6. Ambassadeurs et émissaires en mission spéciale. 23:2.9 7. Révélateurs de la vérité. 23:2.10 Sous tous les rapports, ces messagers spirituels sont interchangeables entre un type de service et un autre ; de tels transferts ont constamment lieu. Il n’y a pas d’ordres séparés de Messagers Solitaires ; ils sont spirituellement semblables et en tous points égaux. Bien qu’ils soient généralement désignés par leur numéro, ils sont connus de l’Esprit Infini sous des noms personnels. Les autres êtres les connaissent par le nom ou le nombre désignant leur affectation courante. 23:2.11 1. Messagers de la Trinité du Paradis. Je n’ai pas la permission de révéler grand-chose sur le travail du groupe de messagers affectés à la Trinité. Ils sont les secrets serviteurs de confiance des Déités. Quand ils sont chargés de messages spéciaux impliquant la politique non révélée et la conduite future des Dieux, on ne connait pas de cas où ils aient divulgué un secret ou trahi la confiance placée dans leur ordre. Et tout cela est raconté ici non pour vanter leur perfection, mais plutôt pour faire ressortir que les Déités peuvent créer et créent des êtres parfaits. 23:2.12 La confusion et le tumulte sur Urantia ne signifient pas que les Chefs du Paradis manquent d’intérêt ou d’aptitude à diriger différemment les affaires. Les Créateurs possèdent les pleins pouvoirs pour faire d’Urantia un véritable paradis, mais un tel Éden ne contribuerait pas à développer les caractères vigoureux, nobles et expérimentés que les Dieux sont en train de forger avec tant de certitude sur votre monde, entre les enclumes de la nécessité et les marteaux de l’angoisse. Vos anxiétés et vos tristesses, vos épreuves et vos désappointements, font tout aussi bien partie du plan divin sur votre sphère que la perfection exquise et l’adaptation infinie de toutes choses à leur but suprême sur les mondes de l’univers central et parfait. 23:2.13 2. Messagers des circuits de Havona. Tout au cours de votre carrière ascendante, vous serez vaguement mais de plus en plus capables de détecter la présence des Messagers Solitaires ; toutefois, ce n’est pas avant d’avoir atteint Havona que vous les reconnaitrez immanquablement. Les premiers de ces messagers que vous verrez face à face seront ceux des circuits de Havona. 23:2.14 Les Messagers Solitaires jouissent de relations spéciales avec les natifs des mondes de Havona. Ces messagers, qui sont si handicapés fonctionnellement quand ils sont associés l’un avec l’autre, peuvent être en communion très étroite et personnelle avec les natifs de Havona, et ils le sont effectivement. Mais il est tout à fait impossible de communiquer au mental humain les satisfactions suprêmes qui résultent du contact entre le mental de ces êtres divinement parfaits et l’esprit de ces personnalités presque transcendantes. 23:2.15 3. Messagers des superunivers. Les Anciens des Jours, ces personnalités originaires de la Trinité qui président aux destinées des sept superunivers, ces trios de pouvoir divin et de sagesse administrative, sont abondamment pourvus de Messagers Solitaires. C’est seulement par cet ordre de messagers que les chefs trins d’un superunivers peuvent communiquer directement et personnellement avec les chefs d’un autre. Les Messagers Solitaires sont le seul type disponible d’intelligences spirituelles – à part peut-être les Esprits Inspirés de la Trinité – qui puisse être dépêché directement d’un siège de superunivers au siège d’un autre. Toutes les autres personnalités sont contraintes de passer par Havona et les mondes administratifs des Maitres Esprits pour faire de tels déplacements. 23:2.16 Il y a certaines espèces de renseignements qui ne peuvent être obtenus ni par les Messagers de Gravité, ni par réflectivité, ni par télédiffusion. Et, quand les Anciens des Jours veulent en toute certitude connaitre ces choses, ils doivent envoyer un Messager Solitaire à la source de connaissance. Longtemps avant que la vie fût présente sur Urantia, le Messager Solitaire présentement associé avec moi fut chargé d’une mission hors d’Uversa dans l’univers central – il fut absent des listes d’appel d’Orvonton pendant presque un million d’années, mais revint en temps voulu avec l’information désirée. 23:2.17 Il n’y a pas de limitation au service des Messagers Solitaires dans les superunivers. Ils peuvent opérer comme exécuteurs des hauts tribunaux ou rassembler des informations pour le bien du royaume. Parmi toutes les supercréations, c’est dans Orvonton qu’ils ont le plus de plaisir à servir, parce que c’est là que les besoins sont les plus pressants et que les occasions d’efforts héroïques sont grandement multipliées. C’est dans les royaumes les plus nécessiteux que nous jouissons tous de la satisfaction d’une activité plus complète. 23:2.18 4. Messagers des univers locaux. Dans les services d’un univers local, il n’y a pas de limites aux fonctions des Messagers Solitaires. Ils sont les fidèles révélateurs des motifs et des intentions de l’Esprit-Mère de l’univers local, bien qu’ils soient sous la pleine juridiction du Maitre Fils régnant. Et ceci est vrai pour tous les messagers opérant dans un univers local, soit qu’ils voyagent en partant directement du quartier général de l’univers, soit qu’ils agissent temporairement en liaison avec des Pères de Constellations, des Souverains de Systèmes ou des Princes Planétaires. Avant la concentration de tous les pouvoirs entre les mains d’un Fils Créateur à l’époque de son élévation comme chef souverain de son univers, les messagers des univers locaux opèrent sous la direction générale des Anciens des Jours et sont immédiatement responsables envers leur représentant résidant, l’Union des Jours. 23:2.19 5. Explorateurs en mission libre. Lorsque le corps de réserve des Messagers Solitaires a des recrues en surnombre, un appel pour des explorateurs volontaires est émis par l’un des Sept Directeurs Suprêmes de Pouvoir ; il ne manque jamais de volontaires, car les Messagers adorent être envoyés comme explorateurs libres et sans entraves pour éprouver la vive émotion de découvrir les embryons d’organisation de mondes et d’univers nouveaux. 23:2.20 Ils s’en vont examiner les indices fournis par les contemplateurs d’espace des royaumes. Les Déités du Paradis connaissent indubitablement l’existence de ces systèmes énergétiques spatiaux non encore découverts, mais ne divulguent jamais les informations de cet ordre. Si les Messagers Solitaires n’exploraient pas et ne repéraient pas ces centres énergétiques en voie d’organisation, ces phénomènes resteraient longtemps sans être remarqués, même par les intelligences des royaumes adjacents. En tant que classe, les Messagers Solitaires sont hautement sensibles à la gravité ; en conséquence, ils peuvent parfois détecter la présence probable de très petites planètes obscures, les mondes mêmes qui sont les mieux adaptés à l’expérimentation de la vie. 23:2.21 Ces messagers-explorateurs en mission libre patrouillent le maitre univers. Ils sont constamment partis en expéditions de recherches dans les régions inexplorées de tout l’espace extérieur. Une très grande partie des informations que nous possédons sur les affaires des royaumes de l’espace extérieur est due aux recherches des Messagers Solitaires, car ils travaillent et étudient souvent avec les astronomes célestes. 23:2.22 6. Ambassadeurs et émissaires en mission spéciale. Les univers locaux situés à l’intérieur d’un même superunivers ont l’habitude d’échanger des ambassadeurs choisis parmi les natifs de leurs ordres de filiation. Toutefois, pour éviter des retards, on demande fréquemment à des Messagers Solitaires de se rendre, en tant qu’ambassadeurs, d’une création locale à une autre pour représenter un royaume auprès d’un autre et l’interpréter. Par exemple, lorsqu’un nouveau royaume habité est découvert, il peut se trouver si éloigné dans l’espace qu’il faudra très longtemps pour qu’un ambassadeur enséraphiné puisse atteindre cet univers lointain. Un être enséraphiné n’a pas la possibilité de dépasser la vitesse de 899 370 kilomètres d’Urantia par seconde de votre temps. Des étoiles massives, des courants contraires et des détours, ainsi que des tangentes d’attraction, tendront tous à retarder cette vitesse, de sorte qu’au cours d’un long voyage sa moyenne s’établira aux environs de 885 000 kilomètres par seconde. 23:2.23 Lorsqu’il ressort qu’il faudra des centaines d’années à un ambassadeur natif pour atteindre un univers local très lointain, on demande souvent à un Messager Solitaire de s’y rendre immédiatement pour y agir comme ambassadeur par intérim. Les Messagers Solitaires peuvent partir sur préavis très bref, non pas indépendamment du temps et de l’espace comme le font les Messagers de Gravité, mais presque. Ils servent également en d’autres circonstances comme émissaires en mission spéciale. 23:2.24 7. Révélateurs de vérité. Les Messagers Solitaires considèrent la mission de révéler la vérité comme le plus haut devoir de leur ordre. Et ils opèrent de temps à autre en cette qualité, depuis les superunivers jusqu’aux planètes individuelles de l’espace. Ils sont fréquemment attachés à des commissions chargées d’élargir la révélation de la vérité aux mondes et aux systèmes. 3. Service des Messagers Solitaires dans le temps et l’espace 23:3.1 Les Messagers Solitaires sont le type le plus élevé de parfaites personnalités de confiance disponibles dans tous les royaumes pour transmettre rapidement des messages importants et urgents pour lesquels il serait contrindiqué d’utiliser le service de télédiffusion ou le mécanisme de réflectivité. Ils servent dans des missions d’une variété sans fin, tirant d’affaire les êtres matériels et spirituels des royaumes, spécialement lorsque l’élément temps est en jeu. Parmi tous les ordres affectés aux services des domaines superuniversels, ils sont les êtres personnalisés les plus élevés et les plus doués d’aptitudes variées qui sont aussi près de défier le temps et l’espace. 23:3.2 L’univers est bien pourvu d’esprits qui utilisent la gravité en vue de se déplacer ; ils peuvent aller n’importe où n’importe quand – instantanément – mais ils ne sont pas des personnes. Certains autres traverseurs de gravité sont des êtres personnels, par exemple les Messagers de Gravité et les Archivistes Transcendantaux, mais ils ne sont pas à la disposition des administrateurs des superunivers et des univers locaux. Les mondes fourmillent d’anges, d’hommes et d’autres êtres hautement personnels, mais ils sont handicapés par le temps et l’espace. La limite de vitesse pour la plupart des êtres non enséraphinés est de 299 790 kilomètres de votre monde par seconde de votre temps. Les créatures médianes et certaines autres peuvent atteindre et atteignent souvent une vitesse double – 599 580 kilomètres par seconde – tandis que les séraphins et d’autres peuvent traverser l’espace à une vitesse triple, environ 899 580 kilomètres par seconde. Toutefois, en dehors des Messagers Solitaires, il n’existe pas de personnalités portant des messages ou effectuant des transits à des vitesses intermédiaires entre les déplacements instantanés des traverseurs de gravité et les vitesses relativement lentes des séraphins. 23:3.3 C’est pourquoi les Messagers Solitaires sont généralement employés pour des messages et des services dans les situations où la personnalité est essentielle pour la réussite de la mission, et où l’on désire éviter les pertes de temps qui seraient occasionnées par l’envoi de tout autre type rapidement disponible de messagers personnels. Ils sont les seuls êtres nettement personnalisés qui puissent se synchroniser avec les courants universels conjugués du grand univers. Leur vitesse dans la traversée de l’espace est variable et dépend d’une grande diversité d’influences interférentes, mais les archives indiquent qu’en voyageant pour accomplir la présente mission, mon compagnon messager s’est déplacé à raison de 1 354 458 739 000 kilomètres par seconde de votre temps. 23:3.4 Je suis entièrement incapable d’expliquer à un mental de type matériel comment un esprit peut être une vraie personne, et en même temps traverser l’espace avec une vitesse aussi prodigieuse. Mais ces mêmes Messagers Solitaires viennent effectivement sur Urantia et en partent à ces vitesses incroyables. En vérité, s’il n’en était pas ainsi, toute l’économie de l’administration universelle serait largement privée de son élément personnel. 23:3.5 Les Messagers Solitaires sont aptes à servir de lignes de communication de secours dans toutes les régions lointaines de l’espace, les royaumes non inclus dans les circuits établis du grand univers. Il est avéré qu’un messager fonctionnant ainsi peut transmettre un message ou envoyer une impulsion à travers l’espace à un compagnon messager éloigné d’environ cent années-lumière, selon la manière dont les astronomes d’Urantia estiment les distances stellaires. 23:3.6 Parmi les myriades d’êtres qui coopèrent avec nous dans la conduite des affaires du superunivers, il n’y en a pas de plus importants que les Messagers Solitaires pour nous assister pratiquement et nous aider à gagner du temps. Dans les univers de l’espace, nous devons tenir compte des handicaps du temps ; d’où les grands services rendus par les Messagers Solitaires qui, grâce à leurs prérogatives personnelles de communication, sont quelque peu indépendants de l’espace et, à cause de leurs prodigieuses vitesses de transit, sont presque indépendants du temps. 23:3.7 Je suis bien embarrassé pour expliquer aux mortels d’Urantia comment les Messagers Solitaires peuvent n’avoir pas de forme et cependant posséder des personnalités réelles et définies. Bien qu’ils soient dépourvus de la forme qui s’associerait normalement à une personnalité, ils possèdent une présence, en tant qu’esprit, discernable par tous les types supérieurs d’êtres spirituels. Les Messagers Solitaires sont la seule classe d’êtres qui paraissent pourvus d’à peu près tous les avantages d’un esprit sans forme, couplés avec toutes les prérogatives d’une personnalité en pleine possession de ses moyens. Ils sont de vraies personnes et cependant dotés de presque tous les attributs de la manifestation d’un esprit impersonnel. 23:3.8 Dans les sept superunivers – généralement mais pas toujours – tout ce qui tend à rendre une créature plus libre des handicaps du temps et de l’espace réduit en proportion ses prérogatives de personnalité. Les Messagers Solitaires font exception à cette loi générale. Dans leurs activités, ils ne sont soumis à presque aucune restriction pour utiliser n’importe quelle voie d’expression spirituelle, de service divin, de ministère personnel et de communication cosmique. Si vous pouviez contempler ces êtres extraordinaires à la lumière de mon expérience dans l’administration de l’univers, vous comprendriez combien il serait difficile de coordonner les affaires superuniverselles sans leur coopération sous des formes variées. 23:3.9 Quel que soit l’agrandissement éventuel de l’univers, de nouveaux Messagers Solitaires ne seront probablement jamais créés. À mesure que l’univers croît, il faut que le travail d’administration amplifié soit de plus en plus assuré par d’autres types de ministres spirituels et par les êtres originaires de ces nouvelles créations, tels que les créatures des Fils Souverains et des Esprits-Mères des univers locaux. 4. Ministère spécial des Messagers Solitaires 23:4.1 Les Messagers Solitaires paraissent être des coordonnateurs de personnalités pour tous les types d’êtres spirituels. Leur ministère aide à apparenter toutes les personnalités du vaste monde spirituel. Ils contribuent beaucoup à développer, chez tous les êtres spirituels, une conscience d’identité de groupe. Chaque type d’être spirituel est servi par des groupes spéciaux de Messagers Solitaires qui développent l’aptitude de ces êtres à comprendre tous les autres types et ordres, et à fraterniser avec eux, si dissemblables qu’ils soient. 23:4.2 Les Messagers Solitaires font preuve d’une si étonnante aptitude à coordonner tous les ordres et types de personnalités finies – et même à prendre contact avec le régime absonite des supercontrôleurs du maitre univers – que certains d’entre nous font l’hypothèse suivante : la création de ces messagers par l’Esprit Infini doit être reliée de quelque manière à l’effusion du Mental Suprême-Ultime par l’Acteur Conjoint. 23:4.3 Lorsqu’un finalitaire et un Citoyen du Paradis coopèrent pour trinitiser un « enfant du temps et de l’éternité » – opération impliquant les potentiels mentaux non révélés du Suprême Ultime – et lorsque cette personnalité non classifiée est envoyée sur Vicegerington, un Messager Solitaire (répercussion de personnalité supposée de l’effusion d’un tel mental de déité) est toujours affecté comme compagnon gardien de ce fils trinitisé par des créatures. Ce messager accompagne le nouveau fils de la destinée au monde où il est affecté et ne quitte plus jamais Vicegerington. Lorsqu’il est ainsi attaché aux destinées d’un enfant du temps et de l’éternité, un Messager Solitaire est transféré pour toujours sous la seule supervision des Architectes du Maitre Univers. Nous ne savons pas ce que peut réserver l’avenir d’une telle association extraordinaire. Pendant des âges, ces associations de personnalités uniques ont continué à se rassembler sur Vicegerington, mais aucun de ces couples n’en est reparti. 23:4.4 Les Messagers Solitaires sont en nombre stationnaire, mais la trinitisation des fils de la destinée parait relever d’une technique illimitée. Puisque chaque fils de la destinée trinitisé se voit affecter un Messager Solitaire, il nous semble qu’à un moment donné, dans le lointain futur, la réserve des messagers va s’épuiser. Qui prendra la suite de leur travail dans le grand univers ? Leur service sera-t-il assuré par quelque développement nouveau parmi les Esprits Inspirés de la Trinité ? À une époque très éloignée, le grand univers sera-t-il administré de plus près par des êtres d’origine trinitaire, tandis que les créatures d’origine simple et duelle s’en iront dans les royaumes de l’espace extérieur ? Si les messagers retournent à leur ancien service, ces fils de la destinée les accompagneront-ils ? Les trinitisations entre des finalitaires et des citoyens du Paradis-Havona cesseront-elles lorsque la provision de Messagers Solitaires aura été absorbée pour fournir des compagnons-gardiens à ces fils de la destinée ? Tous nos Messagers Solitaires efficaces vont-ils être concentrés sur Vicegerington ? Ces personnalités spirituelles extraordinaires vont-elles être éternellement associées à ces fils trinitisés d’une destinée non révélée ? Quelle signification devons-nous attacher au fait que ces couples, qui se rassemblent sur Vicegerington, sont sous la direction exclusive des Architectes du Maitre Univers, ces puissants êtres de mystère ? Nous nous posons ces questions et beaucoup d’autres similaires, et nous interrogeons de nombreux autres ordres d’êtres célestes, mais nous ne connaissons pas les réponses. 23:4.5 Cette opération, ainsi que beaucoup d’évènements similaires dans l’administration de l’univers, indique à ne pas s’y méprendre que le personnel du grand univers, et même celui du Paradis et de Havona, est soumis à une réorganisation précise et certaine en coordination et en rapport avec les colossales évolutions d’énergie qui ont lieu présentement dans l’ensemble des royaumes de l’espace extérieur. 23:4.6 Nous inclinons à croire que l’éternel futur sera témoin de phénomènes d’évolution universelle qui transcenderont de loin tout ce que l’éternel passé a expérimenté. Et nous anticipons ces prodigieuses aventures, comme vous devriez le faire vous-mêmes, avec un vif plaisir et un espoir toujours croissant. 23:4.7 [Présenté par un Conseiller Divin d’Uversa.] Fascicule 24. Personnalités Supérieures de l’Esprit Infini 24:0.1 Sur Uversa, nous classons toutes les personnalités et entités du Créateur Conjoint en trois grandes divisions : les Personnalités Supérieures de l’Esprit Infini, les Armées de Messagers de l’Espace et les Esprits Tutélaires du Temps, ces êtres spirituels qui s’occupent d’enseigner et d’apporter leur ministère aux créatures volitives du plan ascendant de progression des mortels. 24:0.2 Les Personnalités Supérieures de l’Esprit Infini qui se trouvent mentionnées dans ces exposés opèrent dans tout le grand univers en sept divisions : 24:0.3 1. Les Messagers Solitaires. 24:0.4 2. Les Superviseurs des Circuits Universels. 24:0.5 3. Les Directeurs du Recensement. 24:0.6 4. Les Aides Personnels de l’Esprit Infini. 24:0.7 5. Les Inspecteurs Associés. 24:0.8 6. Les Sentinelles Affectées. 24:0.9 7. Les Guides de Diplômés. 24:0.10 Les Messagers Solitaires, les Superviseurs des Circuits, les Directeurs du Recensement et les Aides Personnels sont caractérisés par la possession d’immenses facultés d’antigravité. Les Messagers Solitaires n’ont pas de quartier général connu. Ils circulent dans l’univers des univers. Les Superviseurs des Circuits Universels et les Directeurs du Recensement maintiennent des quartiers généraux dans les capitales des Superunivers. Les Aides Personnels de l’Esprit Infini sont stationnés sur l’Ile centrale de Lumière. Les Inspecteurs Associés et les Sentinelles Affectées sont respectivement stationnés dans les capitales des univers locaux et dans celles des systèmes qui les composent. Les Guides de Diplômés résident dans l’univers de Havona et opèrent sur tout son milliard de mondes. La plupart de ces personnalités supérieures ont des postes dans les univers locaux, mais elles ne sont pas organiquement attachées à l’administration des royaumes évolutionnaires. 24:0.11 Parmi les sept classes composant ce groupe, seuls les Messagers Solitaires, et peut-être les Aides Personnels, parcourent l’univers des univers. En allant du Paradis vers l’extérieur, on rencontre des Messagers Solitaires depuis les circuits de Havona jusqu’aux capitales des superunivers et, à partir de là, dans les secteurs et les univers locaux avec leurs subdivisions, et même jusque sur les mondes habités. Bien que les Messagers Solitaires fassent partie des Personnalités Supérieures de l’Esprit Infini, leur origine, leur nature et leur service ont été analysés dans le fascicule précédent. 1. Les Superviseurs des Circuits Universels 24:1.1 Les vastes courants de puissance spatiale et les circuits d’énergie spirituelle peuvent donner l’impression d’opérer automatiquement ; ils peuvent paraitre fonctionner sans entraves, mais tel n’est pas le cas. Tous ces prodigieux systèmes d’énergie sont sous contrôle ; ils sont soumis à une supervision intelligente. Les Superviseurs des Circuits Universels s’occupent non pas des domaines de l’énergie purement physique ou matérielle – domaine des Directeurs de Pouvoir d’Univers – mais des circuits d’énergie relativement spirituelle et des circuits modifiés qui sont essentiels pour entretenir à la fois les êtres spirituels hautement développés et les types morontiels ou transitionnels de créatures intelligentes. Les superviseurs ne donnent pas origine à des circuits d’énergie et de superessence de divinité, mais en général, ils ont à faire avec tous les circuits spirituels supérieurs du temps et de l’éternité, et avec tous les circuits spirituels relatifs touchant à l’administration des parties composantes du grand univers. Ils dirigent et manipulent tous ces circuits d’énergie spirituelle en dehors de l’Ile du Paradis. 24:1.2 Les Superviseurs des Circuits Universels sont la création exclusive de l’Esprit Infini et agissent uniquement comme agents de l’Acteur Conjoint. Ils sont personnalisés pour le service dans les quatre ordres suivants : 24:1.3 1. Les superviseurs suprêmes des circuits. 24:1.4 2. Les superviseurs associés des circuits. 24:1.5 3. Les superviseurs secondaires des circuits. 24:1.6 4. Les superviseurs tertiaires des circuits. 24:1.7 Le nombre des superviseurs suprêmes de Havona et des superviseurs associés des sept superunivers est au complet. Nulle personne de ces ordres n’est plus créée. Les superviseurs suprêmes sont au nombre de sept et stationnés sur les mondes-pilotes des sept circuits de Havona. Les circuits des sept superunivers sont confiés aux soins d’un merveilleux groupe de sept superviseurs associés qui maintiennent des quartiers généraux sur les sept sphères paradisiaques de l’Esprit Infini, les mondes des Sept Agents Exécutifs Suprêmes. De là, ils supervisent et dirigent les circuits des superunivers de l’espace. 24:1.8 Sur ces sept sphères paradisiaques de l’Esprit, les sept superviseurs associés des circuits et le premier ordre des Centres Suprêmes de Pouvoir effectuent une liaison qui, sous la direction des Agents Exécutifs Suprêmes, se traduit par la coordination subparadisiaque de tous les circuits matériels et spirituels qui sont distribués aux sept superunivers. 24:1.9 Sur les mondes-sièges de chacun des superunivers, sont stationnés les superviseurs secondaires pour les univers locaux du temps et de l’espace. Les secteurs majeurs et mineurs sont des divisions administratives des supergouvernements, mais ne prennent pas part à cette supervision de l’énergie spirituelle. Je ne sais pas combien il y a de superviseurs secondaires des circuits dans le grand univers, mais sur Uversa il y en a 84 691. Des superviseurs secondaires sont constamment créés ; de temps en temps, ils apparaissent en groupes de soixante-dix sur les mondes des Agents Exécutifs Suprêmes. Nous en obtenons sur requête lorsque nous prenons des dispositions pour établir des circuits séparés d’énergie d’esprit et de pouvoir de liaison destinés aux univers nouveaux qui évoluent sous notre juridiction. 24:1.10 Un superviseur tertiaire des circuits opère sur le monde-siège de chaque univers local. À l’instar des superviseurs secondaires, cet ordre est en continuelle création. Ils sont créés en groupes de sept-cents et affectés aux univers locaux par les Anciens des Jours. 24:1.11 Les superviseurs des circuits sont créés pour leurs tâches spécifiques et servent éternellement dans les groupes auxquels ils ont été originellement affectés. Ils ne sont pas mutés dans leur service et, en conséquence, ils étudient pendant des âges les problèmes rencontrés dans les royaumes de leur affectation originelle. Par exemple, le superviseur de circuit tertiaire n° 572 842 a opéré sur Salvington depuis le début de la conception de votre univers local et il est membre de l’état-major personnel de Micaël de Nébadon. 24:1.12 Aussi bien dans les univers locaux que dans les univers supérieurs, les superviseurs des circuits dirigent tout ce qui concerne le choix des circuits à employer pour la transmission de tous les messages spirituels et le transit de toutes les personnalités. Dans leur travail de supervision des circuits, ces êtres efficaces utilisent tous les dispositifs, les forces et les personnalités de l’univers des univers. Ils emploient les « hautes personnalités non-révélées du contrôle des circuits » et ils sont expertement aidés par de nombreux états-majors composés de personnalités de l’Esprit Infini. Ce sont eux qui isoleraient un monde évolutionnaire si son Prince Planétaire se rebellait contre le Père Universel et son Fils vice-gérant. Ils sont capables d’exclure n’importe quel monde de certains circuits universels d’ordre spirituel supérieur, mais ils ne peuvent pas annuler les courants matériels des directeurs de pouvoir. 24:1.13 Les Superviseurs des Circuits Universels ont vis-à-vis des circuits d’esprit une relation quelque peu semblable à celle des Directeurs de Pouvoir d’Univers vis-à-vis des circuits matériels. Ces deux ordres sont complémentaires et assurent ensemble la surveillance de tous les circuits spirituels et matériels que des créatures peuvent contrôler et manipuler. 24:1.14 Les superviseurs des circuits exercent une certaine surveillance sur les circuits mentaux associés à l’esprit ; de même, les directeurs de pouvoir ont une certaine juridiction sur les phases du mental associées à l’énergie physique – le mental machinal. En général, les fonctions de chaque ordre sont accrues par leur liaison avec l’autre ordre, mais les circuits de mental pur ne sont pas sujets à la supervision d’aucun des deux. Les deux ordres ne sont pas non plus coordonnés ; dans leurs multiples travaux, les Superviseurs des Circuits Universels sont soumis aux Sept Directeurs Suprêmes de Pouvoir et à leurs subordonnés. 24:1.15 Bien qu’à l’intérieur de leurs ordres respectifs les superviseurs des circuits soient entièrement semblables, ils sont tous des individus distincts. Ce sont des êtres vraiment personnels, mais ils possèdent un type de personnalité autre-que-conféré-par-le-Père, type que l’on ne rencontre chez aucune autre espèce de créature dans toute l’existence universelle. 24:1.16 Vous les reconnaitrez et les connaitrez au cours de votre voyage intérieur en direction du Paradis, mais vous n’aurez pas de relations personnelles avec eux. Ils sont superviseurs de circuits et s’occupent strictement et efficacement de leur besogne. Ils traitent uniquement avec les personnalités et entités qui surveillent les activités concernant les circuits sujets à leur supervision. 2. Les Directeurs du Recensement 24:2.1 Bien que le mental cosmique de l’Intelligence Universelle connaisse la présence et le lieu de séjour de toutes les créatures pensantes, il existe dans l’univers des univers une méthode opératoire indépendante pour recenser toutes les créatures volitives. 24:2.2 Les Directeurs du Recensement sont une création spéciale et complète de l’Esprit Infini et leur nombre nous est inconnu. Ils sont créés avec la faculté de maintenir un synchronisme parfait avec la technique de réflectivité des superunivers et en même temps, ils sont personnellement sensibles et réceptifs à la volonté intelligente. Par une technique non entièrement comprise, ces directeurs sont immédiatement conscients de la naissance d’une volonté dans n’importe quelle partie du grand univers. Ils sont donc toujours compétents pour nous indiquer le nombre, la nature et l’emplacement de toutes les créatures volitives dans toutes les parties de la création centrale et des sept superunivers. Mais ils n’opèrent pas au Paradis. Là, il n’y a pas besoin d’eux. Au Paradis, la connaissance est inhérente ; les Déités connaissent toutes choses. 24:2.3 Sept Directeurs du Recensement opèrent dans Havona, un sur le monde-pilote de chacun des circuits havoniens. Excepté ces sept et les réserves de leur ordre sur les mondes paradisiaques de l’Esprit, tous les Directeurs du Recensement opèrent sous la juridiction des Anciens des Jours. 24:2.4 Un Directeur du Recensement préside au siège de chaque superunivers et, sous le commandement de ce directeur général, il y a des milliers et des milliers de directeurs, un dans la capitale de chaque univers local. Toutes les personnalités de cet ordre sont égales, sauf celles des mondes-pilotes de Havona et les sept chefs superuniversels. 24:2.5 Dans le septième superunivers, il y a cent-mille Directeurs du Recensement, et ce nombre est entièrement composé de ceux qui sont assignables aux univers locaux. Il ne comprend pas l’état-major personnel d’Usatia, le chef superuniversel des directeurs du recensement d’Orvonton. Comme les autres chefs superuniversels, Usatia n’est pas directement synchronisé avec l’enregistrement de la volonté intelligente. Il est exclusivement à l’unisson de ses subordonnés stationnés dans les univers d’Orvonton. Il agit donc comme une magnifique personnalité totalisatrice pour leurs rapports arrivant des capitales des créations locales. 24:2.6 De temps à autre, les archivistes officiels d’Uversa inscrivent dans leurs annales la situation du superunivers telle qu’elle ressort des enregistrements sur et dans la personnalité d’Usatia. Ces données du recensement sont propres au superunivers ; ces rapports ne sont transmis ni à Havona ni au Paradis. 24:2.7 Les Directeurs du Recensement s’occupent des êtres humains – et des autres créatures volitives – uniquement pour enregistrer le fait que la volonté fonctionne. Ils ne s’occupent pas de l’histoire de votre vie et de vos agissements ; en aucun sens ils ne sont des personnalités faisant des rapports. Le Directeur du Recensement de Nébadon, numéro 81 412 d’Orvonton, stationné présentement sur Salvington, est à cet instant même personnellement conscient de votre présence vivante ici sur Urantia ; il fournira aux archives la confirmation de votre mort au moment où vous cesserez de fonctionner comme créature douée de volonté. 24:2.8 Les Directeurs du Recensement enregistrent l’existence d’une nouvelle créature volitive dès qu’elle accomplit son premier acte de volonté ; ils indiquent la mort d’une créature volitive lorsque a lieu son dernier acte de volonté. L’émergence partielle de la volonté observée dans les réactions de certains animaux supérieurs ne rentre pas dans le domaine des Directeurs du Recensement. Ils ne tiennent compte de rien d’autre que des créatures volitives authentiques et ils ne sont sensibles à rien d’autre qu’à la fonction de volition. Quant à la manière exacte dont ils enregistrent le fonctionnement de la volonté, nous ne la connaissons pas. 24:2.9 Ces êtres ont toujours été et seront toujours des Directeurs du Recensement. Ils seraient relativement inutiles dans toute autre division du travail universel ; mais ils sont infaillibles dans leur fonction ; jamais ils ne font défaut ni ne falsifient. Et, malgré leurs merveilleux pouvoirs et leurs incroyables prérogatives, ils sont des personnes ; ils ont une présence spirituelle et une forme reconnaissables. 3. Les Aides Personnels de l’Esprit Infini 24:3.1 Nous n’avons aucune connaissance authentique de l’époque où les Aides Personnels ont été créés ni de la manière dont ils l’ont été. Leur nombre doit être légion, mais il ne figure pas dans les archives d’Uversa. Selon des déductions prudentes basées sur ce que nous savons de leur travail, je m’aventure à estimer que ce nombre atteint un chiffre élevé de billions. Nous sommes d’avis que l’Esprit Infini n’est pas limité par des considérations de nombre pour créer ces Aides Personnels. 24:3.2 Les Aides Personnels de l’Esprit Infini existent exclusivement pour assister la présence paradisiaque de la Troisième Personne de la Déité. Bien qu’attachés directement à l’Esprit Infini et résidant au Paradis, ils circulent ça et là comme des éclairs jusqu’aux extrémités de la création. Dans toute l’étendue des circuits du Créateur Conjoint, ces Aides Personnels peuvent apparaitre dans le but d’exécuter les ordres de l’Esprit Infini. Ils traversent l’espace de manière très semblable à celle des Messagers Solitaires, mais ils ne sont pas des personnes au sens où le sont les messagers. 24:3.3 Les Aides Personnels sont tous égaux et identiques ; ils ne font montre d’aucune différenciation d’individualité. Bien que l’Acteur Conjoint les regarde comme de vraies personnalités, il est difficile pour d’autres de les considérer comme de vraies personnes ; ils ne manifestent pas de présence spirituelle aux autres êtres spirituels. Les êtres originaires du Paradis sont toujours conscients de la proximité de ces Aides, mais nous ne reconnaissons pas la présence d’une personnalité. L’absence d’une telle forme de présence les rend indubitablement d’autant mieux utilisables par la Troisième Personne de la Déité. 24:3.4 Parmi tous les ordres révélés d’êtres spirituels prenant origine dans l’Esprit Infini, les Aides Personnels sont à peu près les seuls que vous ne rencontrerez pas au cours de votre ascension intérieure vers le Paradis. 4. Les Inspecteurs Associés 24:4.1 Les Sept Agents Exécutifs Suprêmes sur les sept sphères paradisiaques de l’Esprit Infini agissent collectivement comme conseil administratif des superdirecteurs des sept superunivers. Les Inspecteurs Associés incorporent sous forme personnelle l’autorité des Agents Exécutifs Suprêmes auprès des univers locaux du temps et de l’espace. Ces observateurs supérieurs des affaires des créations locales sont les descendants conjoints de l’Esprit Infini et des Sept Maitres Esprits du Paradis. À cette époque voisine de l’éternité, sept-cent-mille d’entre eux furent personnalisés et leur corps de réserve habite le Paradis. 24:4.2 Les Inspecteurs Associés travaillent sous la supervision directe des Sept Agents Exécutifs Suprêmes et sont leurs puissants représentants personnels auprès des univers locaux du temps et de l’espace. Un inspecteur est stationné sur la sphère-siège de chaque création locale et il est étroitement associé à l’Union des Jours qui y réside. 24:4.3 Les Inspecteurs Associés ne reçoivent de rapports et de recommandations que de leurs subordonnés, les Sentinelles Affectées stationnées sur les capitales des systèmes locaux de mondes habités. Eux-mêmes ne font de rapports qu’à leur supérieur immédiat, l’Agent Exécutif Suprême du superunivers intéressé. 5. Les Sentinelles Affectées 24:5.1 Les Sentinelles Affectées sont des personnalités coordonnatrices et des agents représentatifs de liaison des Sept Agents Exécutifs Suprêmes. Elles furent personnalisées au Paradis par l’Esprit Infini et furent créées pour les buts spécifiques de leur affectation. Leur nombre est stationnaire et il y en a exactement sept-milliards en existence. 24:5.2 De même qu’un Inspecteur Associé représente les Sept Agents Exécutifs Suprêmes auprès d’un univers local tout entier, de même dans chacun des dix-mille systèmes de cette création locale, il y a une Sentinelle Affectée agissant comme représentant direct du lointain et suprême conseil de supercontrôle pour les affaires de l’ensemble des sept superunivers. Les sentinelles de service dans les gouvernements des systèmes locaux d’Orvonton agissent sous l’autorité directe de l’Agent Exécutif Suprême Numéro Sept, le coordonnateur du septième superunivers. Mais, dans leur organisation administrative, toutes les sentinelles commissionnées dans un univers local sont subordonnées à l’Inspecteur Associé stationné au siège de cet univers. 24:5.3 À l’intérieur d’une création locale, les Sentinelles Affectées servent par roulement ; elles sont transférées de système en système. On les change habituellement de poste à chaque millénaire du temps de l’univers local. Elles figurent parmi les personnalités de rang le plus élevé stationnées sur la capitale d’un système, mais elles ne participent jamais aux délibérations concernant les affaires du système. Dans les systèmes locaux, elles servent de plein droit comme chefs des vingt-quatre administrateurs venant des mondes évolutionnaires, mais autrement les mortels ascendants ont peu de contacts avec elles. Les sentinelles sont à peu près exclusivement occupées à maintenir l’Inspecteur Associé de leur univers pleinement informé de toutes les questions concernant le bien-être et l’état des systèmes de leur affectation. 24:5.4 Les Sentinelles Affectées et les Inspecteurs Associés ne rendent pas compte aux Agents Exécutifs Suprêmes par le siège d’un superunivers. Ils ne sont responsables qu’envers l’Agent Exécutif Suprême du superunivers intéressé ; leurs activités sont distinctes de l’administration des Anciens des Jours. 24:5.5 Les Agents Exécutifs Suprêmes, les Inspecteurs Associés et les Sentinelles Affectées, ainsi que les omniaphins et une foule de personnalités non-révélées, constituent un système efficace, direct, centralisé, mais très vaste, de coordination consultative et administrative pour tout le grand univers des choses et des êtres. 6. Les Guides de Diplômés 24:6.1 Les Guides de Diplômés, en tant que groupe, prennent en charge et dirigent l’université de hautes études d’instruction technique et d’éducation spirituelle qui est si essentielle pour que les mortels atteignent le but des âges : Dieu, du repos et ensuite une éternité de service rendu parfait. Ces êtres hautement personnels tirent leur nom de la nature et du motif de leur travail. Ils se consacrent exclusivement à la tâche de guider les mortels diplômés des superunivers du temps dans le cours d’instruction et de formation de Havona, qui sert à préparer les pèlerins ascendants à l’admission au Paradis et au Corps de la Finalité. 24:6.2 Il ne m’est pas interdit d’entreprendre de vous raconter le travail de ces Guides de Diplômés, mais il est tellement ultraspirituel que je désespère de décrire convenablement au mental matériel un concept des multiples activités de ces guides. Sur les mondes des maisons, lorsque votre champ de vision sera plus étendu et que vous serez libérés des entraves des comparaisons matérielles, vous pourrez commencer à comprendre la signification des réalités que « l’œil ne saurait voir ni l’oreille entendre et qui n’ont jamais été conçues par le mental humain », et même les choses que « Dieu a préparées pour ceux qui aiment de telles vérités éternelles ». Vous ne serez pas toujours limités comme maintenant dans l’étendue de votre vision et dans votre compréhension spirituelle. 24:6.3 Les Guides de Diplômés s’occupent de piloter les pèlerins du temps à travers les sept circuits des mondes de Havona. Le guide qui vous accueillera à votre arrivée sur le monde récepteur du circuit extérieur de Havona restera avec vous pendant toute votre carrière sur les circuits célestes. Vous vous associerez avec d’innombrables personnalités durant votre séjour sur un milliard de mondes, mais votre Guide de Diplômés vous suivra jusqu’au bout de votre progression havonienne et sera témoin de votre entrée dans l’assoupissement final du temps, dans le sommeil du transit d’éternité vers le but du Paradis. Quand vous vous y réveillerez, vous serez salué par le Compagnon du Paradis chargé de vous accueillir et peut-être de rester avec vous jusqu’à ce que vous soyez initié comme membre du Corps des Mortels de la Finalité. 24:6.4 Les Guides de Diplômés sont en tel nombre que cela dépasse l’entendement humain, et il en surgit constamment. Leur origine a quelque chose de mystérieux. Ils n’ont pas existé de toute éternité ; ils apparaissent mystérieusement quand le besoin s’en fait sentir. Dans aucun des royaumes de l’univers central il n’est fait mention d’un Guide de Diplômés avant l’époque très lointaine où le premier pèlerin mortel de tous les temps atteignit la ceinture extérieure de la création centrale. À l’instant où il arriva sur le monde-pilote du circuit extérieur, il y fut accueilli amicalement par Malvorian, le premier des Guides de Diplômés, qui est maintenant chef de leur conseil suprême et directeur de leur vaste organisation pédagogique. 24:6.5 Dans les annales paradisiaques de Havona, à la section dénommée « Guides de Diplômés », on trouve l’inscription liminaire suivante : 24:6.6 « Et Malvorian, le premier de cet ordre, accueillit et instruisit le pèlerin découvreur de Havona et le conduisit depuis les circuits extérieurs d’expérience initiale, pas à pas et circuit par circuit, jusqu’à ce qu’il se tînt en présence de la Source et Destinée de toute personnalité, après quoi il traversa le seuil de l’éternité conduisant au Paradis ». 24:6.7 À cette époque fort lointaine, j’étais attaché au service des Anciens des Jours sur Uversa, et nous nous réjouîmes tous à l’assurance qu’en fin de compte des pèlerins de notre superunivers atteindraient Havona. Durant des âges, on nous avait enseigné que des créatures évolutionnaires de l’espace atteindraient le Paradis, et le plus grand frisson de joie de tous les temps parcourut les cours célestes lorsque le premier pèlerin arriva effectivement. 24:6.8 Le nom de ce pèlerin qui découvrit Havona est Grandfanda. Il venait de la planète 341 du système 84 dans la constellation 62 de l’univers local 1 131 situé dans le superunivers numéro 1. Son arrivée fut le signal d’établissement du service de télédiffusion de l’univers des univers. Jusque-là ne fonctionnaient que les télédiffusions des superunivers et des univers locaux, mais l’annonce de l’arrivée de Grandfanda aux portes de Havona marqua l’inauguration des « rapports spatiaux de gloire », ainsi nommés parce que la première émission universelle annonça l’arrivée à Havona du premier être évolutionnaire ayant pénétré le but de l’existence ascendante. 24:6.9 Les Guides de Diplômés ne quittent jamais les mondes de Havona ; ils sont consacrés au service des pèlerins diplômés du temps et de l’espace. Un jour, vous rencontrerez ces nobles êtres face à face, si vous ne rejetez pas le plan certain et parfaitement préparé pour assurer votre survie et votre ascension. 7. Origine des Guides de Diplômés 24:7.1 Bien que l’évolution ne soit pas la règle de l’univers central, nous croyons que les Guides de Diplômés sont les membres devenus parfaits ou les plus expérimentés d’un autre ordre de créatures de l’univers central, les Servites de Havona. Les Guides de Diplômés font preuve d’une sympathie tellement large et d’une telle capacité de comprendre les créatures ascendantes que nous sommes convaincus qu’ils ont acquis cette culture en servant effectivement dans les royaumes superuniversels comme Servites de Havona de ministère universel. Si ce point de vue n’est pas exact, alors comment pourrions-nous expliquer la disparition continuelle des servites les plus anciens et les plus expérimentés ? 24:7.2 Un servite va être longtemps absent de Havona avec une affectation dans un superunivers, après avoir été chargé précédemment de nombreuses missions semblables ; il va rentrer à son foyer, recevoir le privilège du « contact personnel » avec la Brillance Centrale du Paradis, être embrassé par les Personnes Lumineuses et disparaitre du champ de reconnaissance de ses compagnons spirituels pour ne jamais reparaitre parmi ses semblables. 24:7.3 Au retour d’un service superuniversel, un Servite de Havona peut bénéficier de nombreux embrassements divins et en émerger simplement comme servite exalté. Le fait de recevoir l’étreinte lumineuse ne signifie pas nécessairement que le servite doive être transformé en Guide de Diplômés, mais près du quart de ceux qui aboutissent à l’embrassement divin ne retournent jamais au service des royaumes. 24:7.4 On trouve dans les archives supérieures une succession d’inscriptions telles que celle-ci : 24:7.5 « Et le servite n° 842 842 682 846 782 de Havona, nommé Sudna, revint du service des superunivers, fut reçu au Paradis, connut le Père, entra dans l’embrassement divin et n’existe pas. » 24:7.6 Lorsqu’une telle inscription apparait dans les archives, la carrière du servite est close. Mais juste trois moments après (un peu moins de trois jours de votre temps) un Guide de Diplômés nouveau-né apparait « spontanément » sur le circuit extérieur de l’univers de Havona. Et le nombre des Guides de Diplômés, compte tenu d’une petite différence certainement due à ceux qui transitent, égale exactement le nombre des servites disparus. 24:7.7 Une raison supplémentaire permet de supposer que les Guides de Diplômés sont des Servites de Havona évolués ; c’est la tendance infaillible de ces guides et de leurs servites associés à former des attachements aussi extraordinaires. La manière dont ces ordres d’êtres présumés séparés se comprennent et sympathisent les uns avec les autres est totalement inexplicable. Il est réconfortant et inspirant d’être témoin de leur dévotion mutuelle. 24:7.8 Les Sept Maitres Esprits et les Sept Directeurs Suprêmes de Pouvoir associés sont respectivement les dépositaires personnels du potentiel de mental et du potentiel de pouvoir de l’Être Suprême, dont il ne se sert pas encore personnellement. Et, lorsque ces associés paradisiaques collaborent pour créer les Servites de Havona, ces derniers sont impliqués par inhérence dans certaines phases de Suprématie. Les Servites de Havona sont donc un reflet actuel dans le parfait univers central de certains potentiels évolutionnaires des domaines du temps et de l’espace, et tout cela est révélé lorsqu’un servite subit sa transformation et sa re-création. Nous croyons que cette transformation a lieu en réponse à la volonté de l’Esprit Infini, agissant indubitablement pour le compte du Suprême. Les Guides de Diplômés ne sont pas créés par l’Être Suprême, mais nous conjecturons tous que la Déité expérientielle est intéressée de quelque manière aux opérations qui amènent ces êtres à l’existence. 24:7.9 L’univers de Havona que traversent maintenant les mortels ascendants, diffère sous bien des rapports de l’univers central tel qu’il existait avant l’époque de Grandfanda. L’arrivée d’ascendeurs mortels sur les circuits de Havona a inauguré des changements radicaux dans l’organisation de la création centrale et divine. Ces changements furent sans aucun doute instaurés par l’Être Suprême – le Dieu des créatures évolutionnaires – en réponse à l’arrivée du premier de ses enfants expérientiels des sept superunivers. L’apparition des Guides de Diplômés ainsi que la création des supernaphins tertiaires dénotent ces accomplissements de Dieu le Suprême. 24:7.10 [Présenté par un Conseiller Divin d’Uversa.] Fascicule 25. Les Armées des Messagers de l’Espace 25:0.1 À un rang intermédiaire dans la famille de l’Esprit Infini se trouvent les Armées des Messagers de l’Espace. Ces êtres aux aptitudes variées opèrent comme agents de liaison entre les personnalités supérieures et les esprits tutélaires. Les armées des messagers comprennent les ordres suivants d’êtres célestes : 25:0.2 1. Les Servites de Havona. 25:0.3 2. Les Conciliateurs Universels. 25:0.4 3. Les Conseillers Techniques. 25:0.5 4. Les Conservateurs d’Archives au Paradis. 25:0.6 5. Les Archivistes Célestes. 25:0.7 6. Les Compagnons de la Morontia. 25:0.8 7. Les Compagnons du Paradis 25:0.9 Parmi les sept groupes énumérés, trois seulement – les servites, les conciliateurs et les Compagnons de la Morontia – ont été créés comme tels. Les quatre autres représentent des niveaux d’aboutissement des ordres angéliques. Conformément à leur nature inhérente et au statut atteint, les armées des messagers servent diversement dans l’univers des univers, mais restent toujours sous la direction de ceux qui gouvernent les domaines de leur affectation. 1. Les Servites de Havona 25:1.1 Bien que dénommées servites, ces « créatures médianes » de l’univers central ne sont des serviteurs dans aucune des acceptions serviles du mot. Dans le monde spirituel, il n’y a rien qui ressemble à un travail servile. Tout service est sacré et passionnant, et les êtres d’ordre supérieur ne dédaignent pas les ordres inférieurs d’existence. 25:1.2 Les Servites de Havona sont l’œuvre créative conjointe des Sept Maitres Esprits et de leurs associés, les Sept Directeurs Suprêmes de Pouvoir. Cette collaboration créative est celle qui se rapproche le plus d’un archétype pour la longue liste des reproductions duelles dans les univers évolutionnaires. Cette liste s’étend depuis la création d’une Radieuse Étoile du Matin par la liaison d’un Fils Créateur et d’un Esprit Créatif, jusqu’à la procréation sexuée sur des mondes comme Urantia. 25:1.3 Le nombre de servites est prodigieux, et il s’en crée sans cesse davantage. Ils apparaissent en groupes de mille au troisième moment qui suit la réunion des Maitres Esprits et des Directeurs Suprêmes de Pouvoir dans leur zone commune située dans le secteur le plus septentrional du Paradis. Chaque quatrième servite a un type plus physique que les autres ; autrement dit, parmi chaque millier, sept-cent-cinquante sont apparemment conformes au type spirituel, mais deux-cent-cinquante sont de nature semi-physique. Ces quatrièmes créatures sont quelque peu de l’ordre des êtres matériels (matériels au sens havonien), ressemblant davantage aux directeurs de pouvoir physique qu’aux Maitres Esprits. 25:1.4 Dans les relations de personnalité, le spirituel domine le matériel, même si cela ne parait pas être ainsi en ce moment sur Urantia. Dans la création de Servites de Havona, la loi de prédominance de l’esprit prévaut. La proportion établie fournit trois êtres spirituels pour un semi-physique. 25:1.5 Les servites nouvellement créés, ainsi que les Guides de Diplômés nouvellement apparus, passent tous par les cours d’entrainement que les guides vétérans dirigent continuellement sur chacun des sept circuits de Havona. Les servites sont ensuite affectés aux activités auxquelles ils sont le mieux adaptés, et, comme ils sont de deux types – spirituels et semi-physiques – il y a peu de limites à l’étendue du travail que ces êtres aux talents variés peuvent accomplir. Les groupes les plus élevés ou spirituels sont affectés sélectivement au service du Père, du Fils et de l’Esprit, ainsi qu’au travail des Sept Maitres Esprits. De temps en temps, ils sont envoyés en grand nombre pour servir sur les mondes d’étude qui entourent les sphères-sièges des sept superunivers, les mondes consacrés à l’instruction finale et à la culture spirituelle des âmes ascendantes du temps qui se préparent à progresser vers les circuits de Havona. Les servites spirituels ainsi que leurs compagnons plus matériels sont aussi désignés comme assistants et associés des Guides de Diplômés, pour instruire et aider les divers ordres de créatures ascendantes qui ont déjà atteint Havona et cherchent à atteindre le Paradis. 25:1.6 Les Servites de Havona et les Guides de Diplômés manifestent un attachement transcendant à leur travail et une affection touchante les uns pour les autres, une affection que, bien que spirituelle, vous ne pourriez comprendre que par comparaison avec le phénomène de l’amour humain. Quand les servites sont envoyés en mission au-delà des limites de l’univers central, comme cela arrive si souvent, leur séparation d’avec les guides présente un aspect pathétique divin, mais ils partent avec joie et non avec tristesse. La joie satisfaisante des devoirs élevés est l’émotion dominante des êtres spirituels. La tristesse ne peut exister en face de la conscience d’un devoir divin fidèlement accompli. Et, lorsque l’âme ascendante de l’homme se tiendra devant le Juge Suprême, la décision d’importance éternelle ne sera pas déterminée par des succès matériels ni par des réussites quantitatives. Le verdict qui se réverbère à travers les cours suprêmes proclame : « Bravo, bon et fidèle serviteur ; tu as été fidèle en quelques points essentiels ; tu seras établi chef de réalités d’univers. » 25:1.7 Dans le service des superunivers, les Servites de Havona sont toujours affectés au domaine présidé par le Maitre Esprit auquel ils ressemblent le plus par leurs prérogatives d’esprit spéciales et générales. Ils ne servent que sur les mondes éducatifs entourant les capitales des sept superunivers, et le dernier rapport d’Uversa indique que près de 138 milliards de servites exerçaient leur ministère sur ses 490 satellites. Ils se livrent à une variété sans fin d’activités en rapport avec le travail de ces mondes éducatifs y compris les superuniversités du superunivers d’Orvonton. Là, ils sont vos compagnons ; ils sont descendus du domaine de votre prochaine carrière pour vous étudier et vous insuffler la réalité et la certitude de votre diplôme final de sortie des univers du temps vers les royaumes de l’éternité. Au cours de ces contacts, les servites gagnent l’expérience préliminaire de ministère auprès des créatures ascendantes du temps, expérience si utile dans leur travail ultérieur sur les circuits de Havona comme associés des Guides de Diplômés ou – en tant que servites transférés – comme Guides de Diplômés eux-mêmes. 2. Les Conciliateurs Universels 25:2.1 Pour chaque Servite de Havona créé, sept Conciliateurs Universels sont amenés à l’existence, un dans chaque superunivers. Cet accomplissement créatif implique une technique superuniverselle précise de réaction réflective à des opérations qui ont lieu au Paradis. 25:2.2 Sur les mondes-sièges des sept superunivers fonctionnent les sept reflets des Sept Maitres Esprits. Il est difficile d’essayer de dépeindre au mental matériel la nature de ces Esprits Réflectifs. Ils sont de vraies personnalités et cependant chaque membre d’un groupe superuniversel n’est parfaitement réflectif que d’un seul des Sept Maitres Esprits. Et, chaque fois que les Maitres Esprits s’associent avec les directeurs de pouvoir en vue de créer un groupe de Servites Havoniens, il y a simultanément une focalisation sur l’un des Esprits Réflectifs dans chacun des groupes superuniversels ; aussitôt un nombre égal de Conciliateurs Universels, doués de la plénitude de leurs moyens, apparait sur les mondes-sièges des supercréations. Lors de la création des servites, si c’est le Maitre Esprit Numéro Sept qui prend l’initiative, seuls les Esprits Réflectifs du septième ordre engendreront des conciliateurs ; et concurremment avec la création de mille servites du type orvontonien, mille conciliateurs du septième ordre apparaitront sur chaque capitale superuniverselle. De ces épisodes qui reflètent la nature septuple des Maitres Esprits naissent les sept ordres créés de conciliateurs qui servent dans chaque superunivers. 25:2.3 Les conciliateurs de statut préparadisiaque ne servent pas de manière interchangeable dans plusieurs superunivers ; ils sont limités à leur segment de création natal. Chaque corps superuniversel embrasse un septième de chaque ordre créé ; il reste donc très longtemps sous l’influence d’un des Maitres Esprits à l’exclusion des autres, car, bien que les sept ordres soient réfléchis sur les capitales des superunivers, un seul d’entre eux est dominant dans chaque supercréation. 25:2.4 Chacune des sept supercréations est effectivement imprégnée par celui des Maitres Esprits qui préside à sa destinée. Chaque superunivers devient ainsi semblable à un gigantesque miroir reflétant la nature et le caractère du Maitre Esprit qui le supervise, et tout ceci se poursuit dans chaque univers local subsidiaire par la présence et la fonction des Esprits-Mères Créatifs. L’effet d’un tel environnement sur la croissance évolutionnaire est si profond que, dans leurs carrières postsuperuniverselles, les conciliateurs manifestent collectivement quarante-neuf points de vue ou perceptions expérientiels, chacun limité – donc incomplet – mais se compensant mutuellement et tendant ensemble à englober le cercle de la Suprématie. 25:2.5 Dans chaque superunivers et par un processus étrange et inné, les Conciliateurs Universels se retrouvent scindés en groupes de quatre et continuent à servir ainsi associés. Dans chaque groupe, trois sont des personnalités spirituelles et un, comme les quatrièmes créatures des servites, est un être semi-matériel. Ce quatuor forme une commission de conciliation composée comme suit : 25:2.6 1. Le juge-arbitre : Celui qui est désigné à l’unanimité par les trois autres comme étant le plus compétent et le mieux qualifié pour agir comme chef judiciaire du groupe. 25:2.7 2. L’avocat spirituel : Celui qui est nommé par le juge-arbitre pour présenter les dépositions et sauvegarder les droits de toutes les personnalités impliquées dans une affaire quelconque soumise au jugement de la commission conciliatrice. 25:2.8 3. L’exécuteur divin : Le conciliateur qualifié par sa nature inhérente pour prendre contact avec les êtres matériels des royaumes et pour exécuter les décisions de la commission. Les exécuteurs divins étant des quatrièmes créatures – des êtres quasi matériels – sont presque visibles, mais pas tout à fait, pour la vision limitée des races mortelles. 25:2.9 4. L’archiviste : Le membre restant de la commission devient automatiquement l’archiviste, le greffier du tribunal. Il s’assure que tous les dossiers sont convenablement préparés pour les archives du superunivers et pour les annales de l’univers local. Si la commission est de service sur un monde évolutionnaire, un troisième rapport est préparé avec l’aide de l’exécuteur pour les archives physiques du gouvernement systémique ayant juridiction. 25:2.10 Une commission en session fonctionne comme un groupe de trois, puisque l’avocat est détaché pendant le jugement et ne participe à la formulation du verdict qu’à la conclusion de l’audience. C’est pourquoi les commissions sont parfois appelées trios d’arbitres rapporteurs. 25:2.11 Les conciliateurs sont d’un grand prix pour maintenir l’harmonie dans le fonctionnement de l’univers des univers. Traversant l’espace à l’allure séraphique triple de la vitesse de la lumière, ils servent comme tribunaux itinérants des mondes, comme commissions consacrées au jugement rapide des difficultés mineures. À défaut de ces commissions mobiles et éminemment équitables, les tribunaux des sphères seraient irrémédiablement encombrés par les malentendus mineurs des royaumes. 25:2.12 Ces trios d’arbitres ne jugent pas les affaires d’importance éternelle. L’âme, la perspective éternelle d’une créature du temps, n’est jamais mise en danger de leur fait. Les conciliateurs ne traitent pas les questions dépassant l’existence temporelle et le bien-être cosmique des créatures du temps. Toutefois, lorsqu’une commission a une fois accepté de juger un problème, son verdict est définitif et toujours unanime. La décision du juge-arbitre est sans appel. 3. Le service de grande portée des Conciliateurs 25:3.1 Les conciliateurs maintiennent un quartier général collectif sur la capitale de leur superunivers, où se tient leur corps de réserve primaire. Leurs réserves secondaires sont stationnées sur les capitales des univers locaux. Les commissaires plus jeunes et moins expérimentés commencent leur service sur les mondes inférieurs, sur des mondes comme Urantia. Ils sont promus au jugement de problèmes plus importants après avoir acquis de la maturité dans leur expérience. 25:3.2 L’ordre des conciliateurs est entièrement digne de confiance ; aucun conciliateur ne s’est jamais égaré. Bien qu’ils ne soient pas infaillibles en sagesse et en jugement, leur fiabilité est hors de question et leur fidélité absolument sure. Ils prennent origine au siège d’un superunivers et finissent par y retourner, après avoir progressé par les niveaux de service universel ci-après : 25:3.3 1. Conciliateurs auprès des mondes. Lorsque les personnalités qui supervisent les mondes individuels deviennent tout à fait perplexes ou se trouvent effectivement dans une impasse au sujet de la procédure appropriée à suivre dans les circonstances existantes, et si l’affaire n’est pas assez importante pour être portée devant les tribunaux régulièrement constitués du royaume, alors, après avoir reçu une pétition de deux personnalités, une de chacune des parties en litige, une commission de conciliation commence à fonctionner séance tenante. 25:3.4 Lorsque les difficultés administratives et juridiques ont été remises aux mains des conciliateurs pour étude et jugement, ils jouissent d’une autorité suprême. Mais ils ne formuleront pas de décisions avant que toutes les dépositions aient été entendues, et il n’y a absolument aucune limite à leur droit d’appeler des témoins de n’importe où et de partout. Bien que leurs décisions ne soient pas susceptibles d’appel, les affaires tournent quelquefois de telle façon que la commission clôture son dossier à un point donné, donne la conclusion de ses opinions et transfère toute la question aux tribunaux supérieurs du royaume. 25:3.5 Les décisions des commissaires sont classées dans les annales planétaires et, si nécessaire, mises en application par l’exécuteur divin. Son pouvoir est très grand et le champ de ses activités sur un monde habité est fort vaste. Les exécuteurs divins sont passés maitres dans l’art de manipuler ce qui existe dans l’intérêt de ce qui devrait être. Parfois leur travail est accompli pour le bien-être apparent du royaume et parfois leurs actes sur les mondes du temps et de l’espace sont difficiles à expliquer. Bien qu’ils appliquent des décrets sans violer les lois naturelles ni les usages en vigueur dans le royaume, il arrive très souvent que les exécuteurs divins accomplissent des actes qui paraissent étranges et imposent les ordres des conciliateurs conformément aux lois supérieures de l’administration du système. 25:3.6 2. Conciliateurs auprès des sièges de systèmes. Après avoir servi sur les mondes évolutionnaires, ces commissions de quatre sont promues sur le monde-siège d’un système. Elles y trouvent beaucoup de travail et démontrent qu’elles sont les amies compréhensives des hommes, des anges et des autres êtres spirituels. Les trios d’arbitres ne s’intéressent pas tant aux différends entre personnes qu’aux démêlés de groupe et aux malentendus s’élevant entre divers ordres de créatures ; et sur le monde-siège d’un système vivent en effet des êtres matériels et des êtres spirituels, ainsi que des types conjugués tels que les Fils Matériels. 25:3.7 Dès le moment où les Créateurs amènent à l’existence des individus évoluants ayant le pouvoir de choisir, on quitte le travail harmonieux de la perfection divine. Il est certain que des malentendus vont s’élever et il faut prendre des dispositions pour ajuster équitablement ces honnêtes différences de points de vue. Nous devrions tous nous rappeler que les Créateurs infiniment sages et tout-puissants auraient pu faire les univers locaux tout aussi parfaits que Havona, l’univers central où nulle commission de conciliation n’a besoin de fonctionner. Mais, dans leur totale sagesse, les Créateurs n’ont pas opté dans ce sens. Alors qu’ils ont produit des univers où les controverses abondent et où les difficultés fourmillent, ils ont aussi fourni les mécanismes et les moyens pour accommoder tous ces différends et pour harmoniser toute cette apparente confusion. 25:3.8 3. Conciliateurs des constellations. Après leur service dans les systèmes, les conciliateurs sont promus au jugement des problèmes d’une constellation et se saisissent des difficultés mineures s’élevant entre ses cent systèmes de mondes habités. Parmi les problèmes qui se posent sur les mondes-sièges des constellations, il y en a peu qui tombent sous leur juridiction, mais les conciliateurs sont très occupés à se rendre de système en système pour y rassembler des témoignages et préparer des exposés préliminaires. Si la dispute est loyale, si les difficultés proviennent de différences d’opinions sincères et d’une honnête diversité de points de vue, on peut toujours obtenir qu’une commission de conciliation juge la valeur de la controverse, même si un très petit nombre de personnes est impliqué et si le malentendu parait insignifiant. 25:3.9 4. Conciliateurs des univers locaux. Dans le travail plus vaste d’un univers, les commissaires sont d’un grand secours à la fois aux Melchizédeks et aux Fils Magistraux ainsi qu’aux chefs des constellations et à la foule des personnalités qui s’occupent de coordonner et d’administrer les cent constellations. Les différents ordres de séraphins et autres résidents des sphères-sièges d’un univers local font également appel à l’aide et aux décisions des trios d’arbitres. 25:3.10 Il est à peu près impossible d’expliquer la nature des différends qui peuvent s’élever dans le détail des affaires d’un système, d’une constellation ou d’un univers. Des difficultés se produisent, mais elles ne ressemblent aucunement aux petites épreuves et peines de l’existence telle qu’elle est vécue sur les mondes évolutionnaires. 25:3.11 5. Conciliateurs auprès des secteurs mineurs du superunivers. Après les problèmes des univers locaux, les commissaires sont promus à l’étude des questions soulevées dans les secteurs mineurs de leur superunivers. Plus la commission s’élève vers l’intérieur en s’éloignant des planètes individuelles, moins l’exécuteur divin a de devoirs matériels. Il assume graduellement un nouveau rôle d’interprète de miséricorde-justice et en même temps – du fait qu’il est quasi matériel – il maintient l’ensemble de la commission en contact sympathisant avec les aspects matériels de ses investigations. 25:3.12 6. Conciliateurs auprès des secteurs majeurs du superunivers. Le caractère du travail des commissaires continue à se modifier à mesure qu’ils progressent. Il y a de moins en moins de malentendus à juger et de plus en plus de phénomènes mystérieux à expliquer et à interpréter. Pas à pas, les commissaires évoluent du stade d’arbitres de différends au stade d’explicateurs de mystères – de juges se transformant en éducateurs interprétateurs. Ils furent autrefois les arbitres de ceux qui, par ignorance, permettent aux difficultés et aux malentendus de s’élever ; mais maintenant ils deviennent les instructeurs de ceux qui sont suffisamment intelligents et tolérants pour éviter les conflits mentaux et les guerres d’opinions. Plus une créature a une éducation élevée, plus elle a de respect pour le savoir, l’expérience et l’opinion d’autrui. 25:3.13 7. Conciliateurs auprès du superunivers. Ici, les conciliateurs deviennent coordonnés – quatre arbitres-éducateurs se comprenant mutuellement et coopérant parfaitement. L’exécuteur divin perd son pouvoir distributif et devient la voix physique du trio spirituel. À ce stade, conseillers et éducateurs sont devenus experts, habitués à la plupart des difficultés et des problèmes actuels rencontrés dans la conduite des affaires superuniverselles. Ils deviennent ainsi de merveilleux conseillers et de sages instructeurs pour les pèlerins ascendants qui se trouvent en résidence sur les sphères éducatives entourant les mondes-sièges des superunivers. 25:3.14 Tous les conciliateurs servent sous la supervision générale des Anciens des Jours et sous les ordres immédiats des Aides-Images jusqu’au moment où ils sont élevés au Paradis. Pendant leur séjour au Paradis, ils rendent compte au Maitre Esprit qui préside le superunivers de leur origine. 25:3.15 Les registres des superunivers n’énumèrent pas les conciliateurs qui ont passé au-delà de leur juridiction, et de telles commissions sont largement réparties dans le grand univers. Le dernier rapport statistique sur Uversa donne pour les commissions opérant dans Orvonton un nombre approchant de dix-huit-billions – plus de soixante-dix-billions d’individus. Mais cela ne représente qu’une très petite fraction de la multitude de conciliateurs qui ont été créés dans Orvonton ; leur nombre est d’un ordre bien plus élevé et il équivaut au nombre total de Servites de Havona, compte tenu des transmutations en Guides de Diplômés. 25:3.16 De temps en temps, à mesure que le nombre de conciliateurs superuniversels s’accroit, ils sont transférés au conseil de perfection du Paradis d’où ils émergent ensuite comme corps coordonnateur développé par l’Esprit Infini pour l’univers des univers, un merveilleux groupe d’êtres dont le nombre et l’efficacité grandissent constamment. Par ascension expérientielle et par entrainement au Paradis, ils ont acquis une compréhension exceptionnelle de la réalité émergente de l’Être Suprême et ils parcourent l’univers des univers en mission spéciale. 25:3.17 Les membres d’une commission de conciliation ne sont jamais séparés. Un groupe de quatre sert éternellement ensemble, exactement comme il a été constitué à l’origine. Même dans leur service glorifié, ils poursuivent leurs opérations comme un quatuor d’expérience cosmique accumulée et de sagesse expérientielle devenue parfaite. Ils sont éternellement associés comme la personnification de la justice suprême du temps et de l’espace. 4. Les Conseillers Techniques 25:4.1 Ces penseurs juridiques et techniques du monde spirituel ne furent pas créés comme tels. Parmi les premiers supernaphins et omniaphins, un million des penseurs les plus ordonnés furent choisis par l’Esprit Infini comme noyau de ce vaste groupe aux talents variés. Depuis cette époque bien lointaine, une expérience effective dans l’application des lois de la perfection aux plans de la création évolutionnaire a toujours été exigée de tous ceux qui aspirent à devenir Conseillers Techniques. 25:4.2 Les Conseillers Techniques sont recrutés dans les rangs des ordres de personnalités suivants : 25:4.3 1. Les supernaphins. 25:4.4 2. Les seconaphins. 25:4.5 3. Les tertiaphins. 25:4.6 4. Les omniaphins. 25:4.7 5. Les séraphins. 25:4.8 6. Certains types de mortels ascendants. 25:4.9 7. Certains types de médians ascendants. 25:4.10 À l’heure actuelle, sans compter les mortels et les médians dont les rattachements sont tous provisoires, le nombre de Conseillers Techniques inscrits sur Uversa et opérant dans Orvonton dépasse légèrement soixante-et-un billions. 25:4.11 Les Conseillers Techniques travaillent souvent individuellement, mais sont organisés pour le service et maintiennent des quartiers généraux communs par groupes de sept sur les sphères d’affectation. Dans chaque groupe, il faut que cinq membres au moins aient le statut permanent, tandis que deux peuvent n’être associés que temporairement. Les mortels ascendants et les créatures médianes ascendantes servent dans ces commissions consultatives tout en poursuivant l’ascension vers le Paradis, mais ne participent pas aux cours de formation réguliers des Conseillers Techniques et ne deviennent jamais membres permanents de l’ordre. 25:4.12 Les mortels et les médians qui servent temporairement avec les conseillers sont choisis pour ce travail parce qu’ils sont experts dans le concept de la loi universelle et de la justice suprême. Pendant que vous voyagez vers le but paradisiaque en acquérant perpétuellement des connaissances additionnelles et une habileté supérieure, l’occasion vous est constamment fournie de transmettre à d’autres la sagesse et l’expérience que vous avez déjà accumulées. Pendant tout le trajet vers Havona, vous jouez le rôle d’un élève-maitre. Vous frayerez votre chemin à travers les niveaux progressifs de cette vaste université expérientielle en transmettant à ceux qui sont juste au-dessous de vous les connaissances nouvellement découvertes de votre carrière ascendante. Dans le régime universel, on ne vous compte pas comme ayant acquis du savoir et possédant des vérités avant que vous n’ayez prouvé votre aptitude et votre bonne volonté à communiquer à d’autres ce savoir et ces vérités. 25:4.13 Après un long entrainement et une expérience effective, tout esprit tutélaire au-dessus du statut de chérubin est autorisé à recevoir un emploi permanent de Conseiller Technique. Tous les candidats entrent volontairement dans cet ordre de service, mais, une fois qu’ils en ont assumé les responsabilités, ils ne peuvent pas les abandonner. Seuls les Anciens des Jours peuvent transférer ces conseillers à d’autres activités. 25:4.14 La formation des Conseillers Techniques, commencée dans les collèges Melchizédeks des univers locaux, se poursuit jusqu’aux cours des Anciens des Jours. Après cette formation superuniverselle, les conseillers se rendent dans les « écoles des sept cercles » situées sur les mondes-pilotes des circuits de Havona. Après les mondes-pilotes, ils sont reçus dans les « collèges de l’éthique de la loi et de la technique de Suprématie », l’école de formation du Paradis pour le perfectionnement des Conseillers Techniques. 25:4.15 Ces conseillers sont plus que des experts juridiques ; ils étudient et enseignent la loi appliquée, les lois de l’univers appliquées à la vie et à la destinée de tous ceux qui habitent les vastes domaines de l’immense création. À mesure que le temps passe, ils deviennent les vivantes bibliothèques juridiques du temps et de l’espace ; ils évitent des ennuis sans fin et des retards inutiles en instruisant les personnalités du temps quant aux formes et aux modes de procédure les plus acceptables pour les gouverneurs de l’éternité. Ils sont à même de conseiller les travailleurs de l’espace de manière à leur permettre d’agir en harmonie avec les exigences du Paradis. Ce sont les éducateurs de toutes les créatures en ce qui concerne la technique des Créateurs. 25:4.16 Il était impossible de créer une telle bibliothèque vivante de loi appliquée ; il faut que de tels êtres évoluent par expérience effective. Les Déités infinies sont existentielles, ce qui compense leur manque d’expérience ; elles savent tout avant d’expérimenter tout, mais ne transmettent pas à leurs créatures subordonnées ce savoir non expérientiel. 25:4.17 Les Conseillers Techniques se consacrent au travail consistant à empêcher les retards, à faciliter les progrès et à conseiller les accomplissements. Il y a toujours une façon de faire les choses qui est la meilleure et la plus juste ; il y a toujours la technique de la perfection, une méthode divine, et les conseillers savent comment nous diriger tous dans la découverte de ce meilleur chemin. 25:4.18 Ces êtres extrêmement sages et pratiques sont toujours étroitement associés au service et au travail des Censeurs Universels. Les Melchizédeks en ont un corps très capable. Les chefs des systèmes, des constellations, des univers et des secteurs de superunivers sont tous largement pourvus de ces penseurs de références techniques ou juridiques du monde spirituel. Les membres d’un groupe spécial agissent comme conseillers juridiques auprès des Porteurs de Vie, conseillant ces Fils au sujet de l’écart autorisé par rapport à l’ordre établi pour la propagation de la vie, et les instruisant en outre de leurs prérogatives et de leur latitude de fonction. Ils sont les conseillers de toutes les classes d’êtres en ce qui concerne les techniques et les usages appropriés à toutes les opérations du monde de l’esprit, mais ils ne traitent pas directement et personnellement avec les créatures matérielles des royaumes. 25:4.19 En dehors de leurs conseils au sujet des usages de la loi, les Conseillers Techniques se consacrent également à l’interprétation efficace de toutes les lois concernant les êtres créés – physiques, mentaux et spirituels. Ils sont à la disposition des Conciliateurs Universels et de toutes les autres personnes qui désirent connaitre la vérité de la loi, autrement dit savoir comment on peut compter sur la réaction de la Suprématie de la Déité dans une situation donnée comportant des facteurs d’un ordre établi, physique, mental et spirituel. Ils essayent même d’élucider la technique de l’Ultime. 25:4.20 Les Conseillers Techniques sont des êtres sélectionnés et éprouvés. Je n’ai jamais entendu dire que l’un d’eux ait dévié. Nous n’avons aucune trace sur Uversa d’un exemple où l’un d’eux aurait été condamné pour violation des lois divines qu’ils interprètent si efficacement et exposent si éloquemment. Il n’y a aucune limite connue au domaine de leur service et aucune non plus n’a été placée sur leur progrès. Ils continuent comme conseillers même jusqu’aux portes du Paradis. L’univers de la loi et de l’expérience leur est ouvert tout entier. 5. Les Conservateurs d’Archives au Paradis 25:5.1 Parmi les supernaphins tertiaires de Havona, certains des plus anciens chefs archivistes sont choisis comme Conservateurs d’Archives, comme gardiens des archives officielles de l’Ile de Lumière. Ces archives contrastent avec les archives vivantes enregistrées dans le mental des gardiens de la connaissance parfois appelés les « bibliothèques vivantes du Paradis ». 25:5.2 Les anges enregistreurs des planètes habitées sont la source de tous les dossiers individuels. Dans tous les univers, d’autres archivistes fonctionnent pour enregistrer aussi bien les archives officielles que les archives vivantes. Depuis Urantia jusqu’au Paradis, on rencontre les deux modalités : dans les univers locaux, il y a plus d’archives écrites et moins de vivantes ; au Paradis, il y en a plus de vivantes et moins d’officielles ; sur Uversa, les deux sortes sont disponibles à égalité. 25:5.3 Tout évènement significatif dans la création organisée et habitée est sujet à être enregistré. Alors que les évènements d’importance seulement locale ne sont enregistrés que localement, ceux qui ont une signification plus large sont traités en conséquence. Tout ce qui se passe sur les planètes, systèmes et constellations de Nébadon, et qui a une importance universelle, est transcrit sur Salvington ; et, à partir de ces capitales d’univers, les épisodes sont transmis à des archives supérieures dépendant des affaires des gouvernements des secteurs et des superunivers. Le Paradis possède aussi un résumé pertinent des données provenant des superunivers et de Havona, et ce récit historique et cumulatif de l’univers des univers est placé sous la garde de ces hauts supernaphins tertiaires. 25:5.4 Bien que certains de ces êtres aient été envoyés dans les superunivers pour servir comme Chefs des Archives dirigeant les activités des Archivistes Célestes, aucun n’a jamais été rayé de la liste d’appel permanente de leur ordre. 6. Les Archivistes Célestes 25:6.1 Ce sont les archivistes qui établissent tous les dossiers en double. Ils font un enregistrement spirituel original et une contrepartie semi-matérielle – que l’on pourrait appeler une copie au carbone. Ils peuvent le faire à cause de leur singulière aptitude à manipuler simultanément l’énergie spirituelle et l’énergie matérielle. Les Archivistes Célestes ne sont pas créés tels quels ; ce sont des séraphins ascendants des univers locaux. Ils sont reçus, classés et affectés à leurs sphères de travail par les conseils des Chefs des Archives sur les mondes-sièges des sept superunivers. C’est également là que sont situées les écoles de formation pour Archivistes Célestes. Celle d’Uversa est dirigée par les Perfecteurs de Sagesse et les Conseillers Divins. 25:6.2 À mesure que les archivistes progressent dans le service des univers, ils continuent leur système de double enregistrement, ce qui rend leurs enregistrements toujours disponibles pour toutes les catégories d’êtres, depuis ceux d’ordre matériel jusqu’aux hauts esprits de lumière. Dans votre expérience de transition, lorsque vous vous élèverez au-dessus de ce monde matériel, vous serez toujours en mesure de consulter les archives de l’histoire de votre sphère de statut et de connaitre ses traditions. 25:6.3 Les archivistes forment un corps éprouvé et confirmé. Je n’ai jamais été informé de la défection d’un Archiviste Céleste et jamais une falsification n’a été découverte dans leurs archives. Ils sont soumis à une double inspection ; leurs enregistrements sont minutieusement examinés par leurs collègues de haut rang sur Uversa et par les Puissants Messagers qui certifient l’exactitude des copies quasi physiques des enregistrements d’esprit originaux. 25:6.4 Tandis que les archivistes progressants stationnés sur les sphères d’enregistrement subordonnées des univers d’Orvonton se chiffrent par de nombreux billions, le nombre de ceux qui ont atteint ce statut sur Uversa ne s’élève pas tout à fait à huit-millions. Ces archivistes supérieurs ou diplômés sont les gardiens et transmetteurs superuniversels des archives temporelles et spatiales dont ils sont garants. Leur quartier général permanent se trouve dans les demeures circulaires entourant la zone des archives sur Uversa. Ils n’abandonnent jamais à d’autres la garde de ces archives. À titre individuel, ils peuvent s’absenter, mais jamais en grand nombre. 25:6.5 Tels les supernaphins qui sont devenus Conservateurs d’Archives, le corps des Archivistes Célestes a une affectation permanente. Une fois que des séraphins et des supernaphins sont enrôlés dans ces services, ils resteront respectivement Archivistes Célestes et Conservateurs d’Archives jusqu’au jour de l’administration nouvelle et modifiée de la pleine personnalisation de Dieu le Suprême. 25:6.6 Sur Uversa, ces Archivistes Célestes de haut rang peuvent montrer les archives de tout ce qui a eu une importance cosmique dans tout Orvonton depuis l’époque bien lointaine de l’arrivée des Anciens des Jours, tandis que, sur l’Ile éternelle, les Conservateurs d’Archives préservent les archives de ce royaume qui rendent témoignage des opérations du Paradis depuis l’époque de la personnification de l’Esprit Infini. 7. Les Compagnons de la Morontia 25:7.1 Ces enfants des Esprits-Mères des univers locaux sont les amis et les associés de tous ceux qui vivent la vie morontielle ascendante. Ils ne sont pas indispensables au travail réel des ascendeurs dans leur progression de créatures. Ils ne remplacent en aucune manière non plus le travail des gardiens séraphiques qui accompagnent souvent leurs associés mortels dans le voyage au Paradis. Les Compagnons de la Morontia sont simplement des hôtes gracieux pour ceux qui viennent de commencer la longue ascension vers l’intérieur. Ils sont aussi d’habiles organisateurs de loisirs et sont expertement aidés dans ce travail par les directeurs de la rétrospection. 25:7.2 Vous aurez des tâches sérieuses et de plus en plus difficiles à accomplir sur les mondes d’entrainement morontiels de Nébadon, mais on vous procurera toujours des périodes régulières de détente et de rétrospection. Pendant tout le voyage vers le Paradis, il y aura toujours du temps pour les jeux de l’esprit et le repos ; et, dans la carrière de lumière et de vie, il y a toujours du temps pour l’adoration et pour de nouveaux accomplissements. 25:7.3 Ces Compagnons de la Morontia sont des associés tellement amicaux qu’au moment où vous quitterez finalement la dernière phase d’expérience morontielle et où vous vous préparerez à vous lancer dans l’aventure d’esprit superuniverselle, vous regretterez sincèrement que ces créatures si sociables ne puissent vous accompagner, mais elles servent exclusivement dans les univers locaux. À tous les stades de la carrière ascendante, toutes les personnalités contactables seront amicales et sociables, mais ce n’est pas avant de rencontrer les Compagnons du Paradis que vous trouverez un autre groupe pareillement dévoué à l’amitié et à la camaraderie. 25:7.4 Le travail des Compagnons de la Morontia est plus complètement décrit dans les exposés traitant des affaires de votre univers local. 8. Les Compagnons du Paradis 25:8.1 Les Compagnons du Paradis sont un groupe composite recruté parmi les rangs des séraphins, des seconaphins, des supernaphins et des omniaphins. Bien que servant pendant un temps que vous considéreriez comme extraordinairement long, ils n’ont pas de statut permanent. Quand leur ministère a été rempli, ils retournent, en règle générale, mais pas invariablement, aux devoirs qu’ils accomplissaient avant d’être appelés au service du Paradis. 25:8.2 Des membres de l’armée des anges sont nommés pour ce service par les Esprits-Mères des univers locaux, par les Esprits Réflectifs du superunivers et par Majeston du Paradis. Ils sont convoqués à l’Ile centrale et commissionnés comme Compagnons du Paradis par l’un des Sept Maitres Esprits. À part le statut permanent sur le Paradis, ce service temporaire de camaraderie au Paradis est le plus grand honneur qui soit jamais conféré aux esprits tutélaires. 25:8.3 Ces anges sélectionnés se consacrent au service de la camaraderie et sont affectés comme associés à toutes les classes d’êtres qui se trouvent seuls au Paradis, principalement les mortels ascendants, mais aussi tous les autres qui sont seuls sur l’Ile centrale. Les Compagnons du Paradis n’ont rien de spécial à accomplir pour le compte de ceux avec lesquels ils fraternisent ; ils sont simplement des compagnons. À peu près tous les autres êtres que vous, les mortels, rencontrerez durant votre séjour au Paradis – sauf vos camarades pèlerins – auront quelque chose de précis à faire avec vous ou pour vous ; mais ces compagnons ont pour seule mission d’être auprès de vous et de communier avec vous comme associés de personnalité. Ils sont souvent assistés dans leur ministère par les gracieux et brillants Citoyens du Paradis. 25:8.4 Les mortels proviennent de races qui sont très sociables. Les créateurs savent bien qu’il « n’est pas bon pour l’homme d’être seul » et, en conséquence, ils prennent des dispositions pour lui procurer des compagnons, même au Paradis. 25:8.5 Si, en tant qu’ascendeur mortel, vous atteigniez le Paradis en compagnie du compagnon ou de l’être étroitement associé de votre carrière terrestre, ou si votre gardien séraphique de la destinée se trouvait arriver avec vous ou était en train de vous attendre, alors aucun compagnon permanent ne vous serait affecté. Mais, si vous arrivez seul, un compagnon vous souhaitera certainement la bienvenue lorsque vous vous réveillerez sur l’Ile de Lumière après le sommeil terminal du temps. Même si l’on sait que vous serez accompagné par quelque associé de votre ascension, des compagnons temporaires seront désignés pour vous accueillir sur les rivages éternels et pour vous escorter jusqu’à l’endroit préparé pour vous recevoir et recevoir vos associés. Vous pouvez être certain d’être chaudement accueilli lorsque vous ferez l’expérience de ressusciter dans l’éternité sur les rives éternelles du Paradis. 25:8.6 Les compagnons d’accueil sont désignés pendant les jours terminaux du séjour de l’ascendeur sur le dernier circuit de Havona et ils examinent soigneusement son dossier d’origine humaine et d’ascension mouvementée à travers les mondes de l’espace et les cercles de Havona. Lorsqu’ils saluent les mortels du temps, ils sont déjà bien informés de la carrière de ces pèlerins arrivant au Paradis et se montrent immédiatement des compagnons sympathiques et surprenants. 25:8.7 Durant votre séjour préfinalitaire au Paradis, si pour une raison quelconque vous deviez être temporairement séparé de votre associé – mortel ou séraphique – de la carrière ascendante, un Compagnon du Paradis serait immédiatement affecté pour vous conseiller et vous tenir compagnie. Une fois qu’il est affecté à un ascendeur résidant solitairement au Paradis, le compagnon reste avec cette personne ou bien jusqu’à ce qu’elle soit rejointe par ses associés ascendants, ou bien jusqu’à ce qu’elle soit dument enrôlée dans le Corps de la Finalité. 25:8.8 Les Compagnons du Paradis sont affectés dans l’ordre de leur liste d’attente, mais un ascendeur n’est jamais pris en charge par un compagnon dont la nature diffère de son type superuniversel. Si un mortel d’Urantia arrivait aujourd’hui au Paradis, on lui affecterait le premier compagnon en train d’attendre parmi ceux qui tirent leur origine d’Orvonton, ou autrement de la nature du Septième Maitre Esprit. C’est pourquoi les omniaphins ne servent pas auprès des créatures ascendantes des sept superunivers. 25:8.9 Les Compagnons du Paradis rendent beaucoup d’autres services. Si un ascendeur devait atteindre seul l’univers central et si, au cours de la traversée de Havona, il échouait dans l’une des phases de l’aventure de la Déité, il serait dument renvoyé dans les univers du temps et un appel serait aussitôt lancé aux réserves des Compagnons du Paradis. Un membre de l’ordre serait affecté à suivre le pèlerin refoulé, à l’accompagner, à le réconforter, à l’encourager et à rester avec lui jusqu’à ce qu’il revienne à l’univers central pour recommencer l’ascension du Paradis. 25:8.10 Si un pèlerin ascendant subissait une défaite dans l’aventure de la Déité pendant qu’il traverse Havona en compagnie d’un séraphin ascendant, ange gardien de sa carrière de mortel, cet ange choisirait d’accompagner son associé mortel. Ces séraphins sont toujours volontaires et ont la permission d’accompagner leurs camarades mortels de longue date retournant au service du temps et de l’espace. 25:8.11 Il n’en est pas de même pour deux ascendeurs mortels étroitement associés. Si l’un d’eux atteint Dieu tandis que l’autre échoue temporairement, l’individu qui a réussi choisit invariablement de retourner aux créations évolutionnaires avec la personnalité déçue, mais on ne le lui permet pas. Au lieu de cela, un appel est lancé aux réserves des Compagnons du Paradis et l’un des volontaires est choisi pour accompagner le pèlerin déçu. Un volontaire Citoyen du Paradis est alors associé au mortel qui a réussi. Ce dernier demeure sur l’Ile centrale en attendant que son associé infortuné revienne de Havona et entretemps il enseigne dans certaines écoles du Paradis en décrivant l’histoire aventureuse de l’ascension évolutionnaire. 25:8.12 [Parrainé par un Élevé en Autorité originaire d’Uversa.] Fascicule 26. Les esprits tutélaires de l’univers central 26:0.1 Les supernaphins sont les esprits tutélaires du Paradis et de l’univers central ; ils forment l’ordre le plus élevé du groupe le plus humble des enfants de l’Esprit Infini – les armées angéliques. On rencontre ces esprits tutélaires depuis l’Ile du Paradis jusqu’aux mondes de l’espace et du temps. Nulle partie majeure de la création habitée et organisée n’est dépourvue de leurs services. 1. Les esprits tutélaires 26:1.1 Les anges sont les esprits tutélaires associés des créatures volitives évolutionnaires et ascendantes de tout l’espace ; ils sont aussi les collègues et les associés actifs des armées supérieures de personnalités divines des sphères. Les anges de tous ordres sont des personnalités distinctes et hautement individualisées. Ils ont tous une grande aptitude pour apprécier le ministère des directeurs de la rétrospection. Au même titre que les Armées de Messagers de l’Espace, les esprits tutélaires bénéficient de périodes de repos et de changement. Ils possèdent une nature très sociable et une aptitude à s’associer qui transcende de loin celle des êtres humains. 26:1.2 Les esprits tutélaires du grand univers sont classifiés comme suit : 26:1.3 1. Les supernaphins. 26:1.4 2. Les seconaphins. 26:1.5 3. Les tertiaphins. 26:1.6 4. Les omniaphins. 26:1.7 5. Les séraphins. 26:1.8 6. Les chérubins et les sanobins. 26:1.9 7. Les créatures médianes. 26:1.10 Les membres individuels des ordres angéliques ne sont pas complètement stationnaires quant à leur statut personnel dans l’univers. Des anges de certains ordres peuvent devenir des Compagnons du Paradis pour un temps ; d’autres deviennent des Archivistes Célestes ; d’autres s’élèvent au rang de Conseillers Techniques. Certains chérubins peuvent aspirer au statut et à la destinée séraphiques, tandis que des séraphins évolutionnaires peuvent atteindre les niveaux spirituels des Fils ascendants de Dieu. 26:1.11 Les sept ordres d’esprits tutélaires, tels qu’ils sont révélés, ont été groupés pour leur présentation d’après leur fonction la plus importante par rapport aux créatures ascendantes : 26:1.12 1. Les esprits tutélaires de l’univers central. Les trois ordres de supernaphins servent dans le système Paradis-Havona. Les supernaphins primaires ou paradisiaques sont créés par l’Esprit Infini. Les ordres secondaire et tertiaire servant dans Havona sont respectivement la descendance des Maitres Esprits et des Esprits des Circuits. 26:1.13 2. Les esprits tutélaires des superunivers – seconaphins, tertiaphins et omniaphins. Les seconaphins, enfants des Esprits Réflectifs, servent diversement dans les sept superunivers. Les tertiaphins, ayant leur origine dans l’Esprit Infini, sont finalement consacrés au service de liaison des Fils Créateurs et des Anciens des Jours. Les omniaphins sont créés de concert par l’Esprit Infini et les Sept Agents Exécutifs Suprêmes, et sont les serviteurs exclusifs de ces derniers. L’analyse de ces trois ordres forme le sujet d’un exposé ultérieur de la présente série. 26:1.14 3. Les esprits tutélaires des univers locaux englobent les séraphins et leurs assistants les chérubins. C’est avec cette descendance d’un Esprit-Mère de l’Univers que les ascendeurs prennent un contact initial. Les créatures médianes sont natives des mondes habités et ne font pas réellement partie des ordres angéliques proprement dits, bien qu’elles soient souvent groupées fonctionnellement avec les esprits tutélaires. Leur histoire, avec un exposé concernant les séraphins et les chérubins, est présentée dans les fascicules traitant des affaires de votre univers local. 26:1.15 Tous les ordres des armées angéliques sont consacrés aux divers services universels ; d’une manière ou d’une autre, ils apportent leur ministère aux ordres supérieurs d’êtres célestes ; mais ce sont les supernaphins, les seconaphins et les séraphins qui sont employés en grand nombre à l’exécution du plan ascendant de perfection progressive pour les enfants du temps. Opérant dans l’univers central, les superunivers et les univers locaux, ils forment la chaine ininterrompue de ministres spirituels établie par l’Esprit Infini pour aider et guider tous ceux qui cherchent à atteindre le Père Universel par le Fils Éternel. 26:1.16 Les supernaphins ne sont limités en « polarité spirituelle » que dans une phase d’action, celle avec le Père Universel. Ils peuvent travailler seuls, sauf quand ils emploient directement les circuits exclusifs du Père. Quand ils sont branchés sur le pouvoir du ministère direct du Père, il faut que les supernaphins s’associent volontairement par paires pour pouvoir agir. Les seconaphins sont limités pareillement, et en outre ils doivent travailler par paires pour se synchroniser avec les circuits du Fils Éternel. Les séraphins peuvent travailler isolément comme personnalités distinctes et localisées, mais ils ne peuvent se mettre en circuit que s’ils sont polarisés en paires de liaison. Quand ces êtres spirituels sont associés par paires, on dit que l’un est complémentaire de l’autre. Les relations de complément peuvent être transitoires ; elles ne sont pas nécessairement de nature permanente. 26:1.17 Ces brillantes créatures de lumière sont soutenues directement par l’absorption d’énergie spirituelle des circuits primaires de l’univers. Les mortels d’Urantia doivent obtenir l’énergie-lumière par l’absorption de végétaux, mais les armées angéliques sont encircuitées ; elles ont « une nourriture que vous ne connaissez pas ». Elles participent aussi aux enseignements circulants des merveilleux Fils Instructeurs de la Trinité. Elles reçoivent la connaissance et absorbent la sagesse d’une manière qui ressemble beaucoup à leur technique pour assimiler les énergies vitales. 2. Les puissants supernaphins 26:2.1 Les supernaphins sont les habiles tuteurs de tous les types d’êtres qui séjournent au Paradis et dans l’univers central. Ces anges élevés sont créés en trois ordres majeurs : primaire, secondaire et tertiaire. 26:2.2 Les supernaphins primaires descendent exclusivement du Créateur Conjoint. Ils divisent leur ministère à peu près également entre certains groupes de Citoyens du Paradis et le corps toujours plus nombreux des pèlerins ascendants. Ces anges de l’Ile éternelle sont hautement efficaces pour promouvoir l’éducation essentielle de ces deux groupes d’habitants du Paradis. Ils contribuent grandement à la compréhension mutuelle de ces deux ordres uniques de créatures universelles – dont l’un est le type le plus élevé de créature volitive divine et parfaite, et l’autre le type le plus humble de créatures volitives de tout l’univers des univers, devenues parfaites par évolution. 26:2.3 Le travail des supernaphins primaires est si exceptionnel et remarquable qu’il sera étudié séparément dans le fascicule suivant. 26:2.4 Les supernaphins secondaires dirigent les affaires des êtres ascendants sur les sept circuits de Havona. Ils s’intéressent également à veiller à l’entrainement éducatif de nombreux ordres de Citoyens du Paradis qui séjournent pendant de longues périodes sur les circuits des mondes de la création centrale, mais il ne nous est pas permis d’analyser cette phase de leur service. 26:2.5 Il y a sept types de ces anges élevés ; chaque type prend son origine chez l’un des Maitres Esprits et sa nature se conforme à leur modèle. Collectivement, les Sept Maitres Esprits créent de nombreux groupes différents d’êtres et d’entités uniques, et les membres individuels de chaque ordre sont relativement uniformes en nature. Mais, lorsque ces mêmes Sept Esprits créent individuellement, les ordres résultants sont toujours de nature septuple ; les enfants de chaque Maitre Esprit participent de la nature de leur créateur et diffèrent donc des autres. Telle est l’origine des supernaphins secondaires et les anges de chacun des sept types créés fonctionnent dans tous les modes d’activité ouverts à leur ordre entier, principalement sur les sept circuits de l’univers central et divin. 26:2.6 Chacun des sept circuits planétaires de Havona est directement supervisé par l’un des Sept Esprits des Circuits, lesquels sont eux-mêmes la création collective – donc uniforme – des Sept Maitres Esprits. Bien que participant de la nature de la Source-Centre Troisième, ces sept Esprits subsidiaires de Havona ne faisaient pas partie de l’univers modèle originel. Ils entrèrent en fonction après la création originelle (éternelle), mais bien avant les temps de Grandfanda. Ils apparurent indubitablement comme une réponse créative des Maitres Esprits au dessein émergeant de l’Être Suprême et furent trouvés en activité lors de l’organisation du grand univers. L’Esprit Infini et tous ses associés créatifs, en tant que coordonnateurs universels, paraissent abondamment doués de l’aptitude à faire des réponses créatives appropriées aux développements simultanés chez les Déités expérientielles et dans les univers en évolution. 26:2.7 Les supernaphins tertiaires prennent leur origine chez les Sept Esprits des Circuits. Sur les cercles séparés de Havona, chacun de ces Esprits a reçu de l’Esprit Infini le pouvoir de créer un nombre suffisant de hauts ministres supéraphiques d’ordre tertiaire pour faire face aux besoins de l’univers central. Les Esprits des Circuits produisirent un nombre assez restreint de ces ministres angéliques avant l’arrivée des pèlerins du temps dans Havona. Quant aux Sept Maitres Esprits, ils ne commencèrent même pas à créer des supernaphins secondaires avant l’atterrissage de Grandfanda. Les supernaphins tertiaires étant les plus anciens, c’est leur ordre que nous allons examiner en premier lieu. 3. Les supernaphins tertiaires 26:3.1 Ces serviteurs des Sept Maitres Esprits sont les spécialistes angéliques des divers circuits de Havona et leur ministère s’étend à la fois aux pèlerins ascendants du temps et aux pèlerins descendants de l’éternité. Sur le milliard de mondes d’études de la parfaite création centrale, vos compagnons supéraphiques de tous ordres vous seront pleinement visibles. Au sens le plus élevé, vous y serez tous des êtres fraternels et compréhensifs ayant un contact et une sympathie mutuels. Vous reconnaitrez aussi pleinement les pèlerins descendants, les Citoyens du Paradis, et vous fraterniserez délicieusement avec eux ; ils traversent ces circuits depuis l’intérieur vers l’extérieur, entrant dans Havona par le monde-pilote du premier circuit et allant vers l’extérieur jusqu’au septième. 26:3.2 Les pèlerins ascendants des sept superunivers traversent Havona en sens inverse, entrant par le monde-pilote du septième circuit et se dirigeant vers l’intérieur. Il n’y a pas de limite de temps assignée au progrès des créatures ascendantes de monde en monde et de circuit en circuit, pas plus qu’il n’y a de durée déterminée imposée arbitrairement à la résidence sur les mondes morontiels. Mais, alors que des individus adéquatement développés peuvent être exemptés du séjour sur un ou plusieurs mondes éducatifs de l’univers local, nul pèlerin ne peut éviter de passer par chacun des sept circuits havoniens de spiritualisation progressive. 26:3.3 Le corps des supernaphins tertiaires qui est principalement affecté au service des pèlerins du temps est classifié comme suit : 26:3.4 1. Les surveillants d’harmonie. Il est évident qu’une sorte d’influence coordonnatrice est nécessaire, même dans le parfait univers de Havona, pour maintenir un système et assurer une harmonie dans tout le travail de préparation des pèlerins du temps pour leurs accomplissements ultérieurs au Paradis. Telle est la mission réelle des surveillants d’harmonie – veiller à ce que tout fonctionne sans heurts et avec célérité. Ils ont leur origine dans le premier circuit et servent dans tout Havona ; et leur présence sur les circuits signifie que rien ne peut se dérégler. Ces supernaphins ont de grandes aptitudes pour coordonner des activités fort variées impliquant des personnalités de divers ordres – et même de multiples niveaux – ce qui leur permet de donner leur assistance à tout moment et en tout endroit où elle est nécessaire. Ils contribuent énormément à la compréhension mutuelle entre les pèlerins du temps et les pèlerins de l’éternité. 26:3.5 2. Les chefs archivistes. Ces anges sont créés sur le deuxième circuit mais ils opèrent partout dans l’univers central. Ils enregistrent leurs archives en triplicata, une fois pour les dossiers littéraux de Havona, une fois pour les dossiers spirituels de leur ordre et une fois pour les archives officielles du Paradis. En outre, lorsqu’il y a des opérations importantes pour la connaissance de la vérité, ils les transmettent automatiquement aux bibliothèques vivantes du Paradis, les gardiens de la connaissance de l’ordre primaire des supernaphins. 26:3.6 3. Les diffuseurs. Les enfants de l’Esprit du troisième Circuit opèrent dans tout Havona, bien que leur station officielle soit située sur la planète numéro soixante-dix du circuit le plus extérieur. Ces maitres techniciens reçoivent et émettent les télédiffusions de la création centrale et sont les directeurs des rapports spatiaux de tous les phénomènes de Déité sur le Paradis. Ils peuvent se servir de tous les circuits fondamentaux de l’espace. 26:3.7 4. Les messagers prennent leur origine sur le circuit numéro quatre. Ils parcourent le système Paradis-Havona comme porteurs de tous les messages nécessitant une transmission personnelle. Ils servent leurs compagnons, les personnalités célestes, les pèlerins du Paradis et même les âmes ascendantes du temps. 26:3.8 5. Les coordonnateurs de renseignements. Ces supernaphins tertiaires, enfants de l’Esprit du cinquième Circuit, sont toujours les promoteurs avisés et sympathiques d’associations fraternelles entre les pèlerins ascendants et descendants. Ils apportent leur ministère à tous les habitants de Havona et spécialement aux ascendeurs, en les tenant régulièrement renseignés sur les affaires de l’univers des univers. Grâce à leurs contacts personnels avec les diffuseurs et les réflecteurs, ces « journaux vivants » de Havona sont instantanément au courant de toutes les informations qui passent sur le vaste circuit des nouvelles de l’univers central. Ils notent leurs renseignements par la méthode graphique de Havona, qui leur permet d’assimiler automatiquement, en une heure du temps d’Urantia, autant d’informations que votre plus rapide technique télégraphique pourrait en enregistrer en mille ans. 26:3.9 6. Les personnalités de transport. Ces êtres ont leur origine sur le circuit numéro six et opèrent habituellement à partir de la planète numéro 40 du circuit le plus extérieur. Ce sont eux qui emmènent les candidats déçus ayant provisoirement échoué dans l’aventure de la Déité. Ils restent prêts à servir tous les êtres qui doivent aller et venir pour le service de Havona et qui ne peuvent pas traverser l’espace par eux-mêmes. 26:3.10 7. Le corps de réserve. Les fluctuations du travail avec les ascendeurs, les pèlerins du Paradis et d’autres ordres d’êtres séjournant dans Havona rendent nécessaire de maintenir des réserves de supernaphins sur le monde-pilote du septième cercle d’où ils tirent leur origine. Ils ne sont pas créés pour une fonction spécifique et sont compétents pour servir dans les phases les moins astreignantes de n’importe laquelle des obligations de leurs associés supéraphiques d’ordre tertiaire. 4. Les supernaphins secondaires 26:4.1 Les supernaphins secondaires exercent leur ministère dans les sept circuits planétaires de l’univers central. Une partie d’entre eux se dévoue au service des pèlerins du temps et la moitié de l’ordre tout entier est affectée à l’éducation des pèlerins paradisiaques de l’éternité. Ces Citoyens du Paradis sont aussi accompagnés dans leur pèlerinage à travers les circuits de Havona par des volontaires du Corps de la Finalité des Mortels, cet arrangement est en vigueur depuis que le premier groupe de finalitaires s’est trouvé au complet. 26:4.2 Selon leur affectation périodique au ministère des pèlerins ascendants, les supernaphins secondaires travaillent dans les sept groupes suivants : 26:4.3 1. Les aides des pèlerins. 26:4.4 2. Les guides de suprématie. 26:4.5 3. Les guides de la Trinité. 26:4.6 4. Les découvreurs de Fils. 26:4.7 5. Les guides du Père. 26:4.8 6. Les conseillers et les consultants. 26:4.9 7. Les compléments de repos. 26:4.10 Chacun de ces groupes opératoires contient des anges de chacun des sept types créés et un pèlerin de l’espace est toujours enseigné par des supernaphins secondaires ayant leur origine chez le Maitre Esprit qui préside le superunivers d’où ce pèlerin est natif. Lorsque vous autres, mortels d’Urantia, atteindrez Havona, vous y serez certainement pilotés par des supernaphins dont les natures créées – comme votre nature évoluée – seront dérivées du Maitre Esprit d’Orvonton. Dès lors que vos tuteurs seront issus du Maitre Esprit de votre propre superunivers, ils seront spécialement qualifiés pour vous comprendre, vous encourager et vous assister dans tous vos efforts pour atteindre la perfection paradisiaque. 26:4.11 Les pèlerins du temps sont transportés au-delà des corps de gravité obscurs de Havona, jusqu’au circuit planétaire extérieur, par les personnalités transporteuses de l’ordre primaire des seconaphins opérant à partir des quartiers généraux des sept superunivers. En majorité, mais non en totalité, les séraphins du service des planètes et des univers locaux accrédités pour l’ascension vers le Paradis se séparent de leurs associés mortels avant leur long vol vers Havona. Ils commencent immédiatement un entrainement intensif et prolongé d’affectations célestes en vue d’arriver en tant que séraphins à la perfection d’existence et à la suprématie de service. Ils le font avec l’espoir de rejoindre les pèlerins du temps et de figurer ainsi parmi ceux qui suivent pour toujours le sort des mortels qui ont atteint le Père Universel et reçu des affectations dans le service non révélé du Corps de la Finalité. 26:4.12 Les pèlerins atterrissent sur la planète réceptrice de Havona, le monde-pilote du septième circuit, avec une seule qualité de perfection, la perfection d’intention. Le Père Universel a décrété : « Soyez parfaits comme moi-même je suis parfait. » Tel est le stupéfiant commandement-invitation télédiffusé aux enfants finis des mondes de l’espace. La promulgation de cette injonction a mis en branle toute la création dans l’effort coopératif des êtres célestes pour aider à faire aboutir l’accomplissement et la réalisation du prodigieux commandement de la Grande Source-Centre Première. 26:4.13 Lorsque, grâce au ministère de toutes les armées d’aides du plan universel de survie, vous êtes finalement déposé sur le monde récepteur de Havona, vous y arrivez avec une seule sorte de perfection – la perfection d’intention. Votre dessein a été complètement démontré, votre foi a été éprouvée. Vous êtes connu pour être résistant à la déception. Même un échec pour discerner le Père Universel ne peut ni ébranler la foi ni troubler sérieusement la confiance d’un mortel ascendant qui a passé par l’expérience que chacun doit traverser pour atteindre les sphères parfaites de Havona. À l’époque où vous arrivez dans Havona, votre sincérité est devenue sublime. La perfection d’intention et la divinité de désir, accompagnées de fermeté dans la foi, ont assuré votre entrée dans les demeures établies de l’éternité ; votre délivrance des incertitudes du temps est pleine et complète. Maintenant, il vous faut faire face aux problèmes de Havona et aux immensités du Paradis, pour la rencontre desquels vous avez été si longtemps à l’entrainement dans les époques expérientielles du temps et dans les écoles des mondes de l’espace. 26:4.14 La foi a gagné, pour les pèlerins ascendants, une perfection de dessein qui ouvre aux enfants du temps les portes de l’éternité. Maintenant, il faut que les aides des pèlerins entreprennent de développer la perfection d’intelligence et la technique de compréhension qui sont si indispensables à la perfection paradisiaque de la personnalité. 26:4.15 L’aptitude à comprendre est le passeport des mortels pour le Paradis. Le consentement à croire est la clef de Havona. L’acceptation de la filiation, la coopération avec l’Ajusteur intérieur, est le prix de la survie évolutionnaire. 5. Les aides des pèlerins 26:5.1 Le premier des sept groupes de supernaphins secondaires que l’on rencontre est celui des aides des pèlerins, ces êtres à compréhension rapide et à large sympathie qui reçoivent les ascendeurs de l’espace, après leurs nombreux voyages, dans les mondes stabilisés et l’économie établie de l’univers central. Simultanément, ces hauts ministres commencent leur travail pour les pèlerins paradisiaques de l’éternité, dont les premiers arrivèrent sur le monde-pilote du circuit intérieur de Havona en même temps que Grandfanda atterrissait sur le monde-pilote du circuit extérieur. Dans ces jours bien lointains, c’est sur le monde récepteur du circuit numéro quatre que les pèlerins du Paradis et les pèlerins du temps se rencontrèrent pour la première fois. 26:5.2 Ces aides des pèlerins, opérant sur le septième cercle des mondes de Havona, organisent leur travail pour les mortels ascendants en trois divisions majeures : premièrement la compréhension suprême de la Trinité du Paradis ; deuxièmement la compréhension spirituelle de l’association Père-Fils ; et troisièmement la reconnaissance intellectuelle de l’Esprit Infini. Chacune de ces phases d’instruction est divisée en sept branches de douze divisions mineures de soixante-dix groupes subsidiaires ; et chacun de ces soixante-dix groupements subsidiaires d’instruction est présenté en mille classifications. Un enseignement plus détaillé est fourni sur les cercles suivants, mais une esquisse de toutes les exigences du Paradis est enseignée par les aides des pèlerins. 26:5.3 Tel est donc le cours primaire ou élémentaire que rencontrent les pèlerins de l’espace, grands voyageurs à la foi éprouvée. Mais, longtemps avant d’arriver à Havona, ces enfants ascendants du temps ont appris à se délecter d’incertitudes, à se nourrir de désappointements, à s’enthousiasmer sur des défaites apparentes, à se fortifier en présence de difficultés, à faire preuve d’un courage indomptable en face de l’immensité et à exercer une foi invincible quand ils font face au défi de l’inexplicable. Il y a longtemps que le cri de guerre de ces pèlerins est devenu : « En liaison avec Dieu, rien – absolument rien – n’est impossible. » 26:5.4 Certaines conditions bien définies sont requises des pèlerins du temps sur chacun des cercles de Havona. Bien que chaque pèlerin continue sous la tutelle de supernaphins adaptés par nature à l’aide de ce type particulier de créatures ascendantes, le programme dont il faut acquérir la maitrise est relativement uniforme pour tous les ascendeurs qui atteignent l’univers central. Ce programme d’aboutissement est quantitatif, qualitatif et expérientiel – intellectuel, spirituel et suprême. 26:5.5 Le temps a peu d’importance sur les cercles de Havona. Il joue d’une manière limitée dans les possibilités d’avancement, mais l’aboutissement est le test final et suprême. Dès le moment où votre associé supéraphique estimera que vous êtes qualifié pour passer au cercle intérieur suivant, vous serez amené devant les douze adjuvats de l’Esprit du septième Circuit. Là, vous serez invité à passer les épreuves du cercle déterminées par le superunivers de votre origine et par le système de votre nativité. Le degré de divinité de ce cercle est atteint sur le monde-pilote ; il consiste à reconnaitre et à comprendre clairement le Maitre Esprit du superunivers du pèlerin ascendant. 26:5.6 Quand le travail du cercle extérieur de Havona est achevé et que le programme offert est maitrisé, les aides des pèlerins emmènent leurs sujets sur le monde-pilote du cercle suivant et les confient aux soins des guides de suprématie. Les aides des pèlerins restent toujours pendant un certain temps pour contribuer à rendre le transfert à la fois agréable et profitable. 6. Les guides de suprématie 26:6.1 Les ascendeurs de l’espace sont appelés « diplômés spirituels » lorsqu’ils passent du septième au sixième cercle et qu’ils sont placés sous la supervision immédiate des guides de suprématie. Il ne faudrait pas confondre ces guides avec les Guides de Diplômés – appartenant aux Personnalités Supérieures de l’Esprit Infini – qui, avec leurs associés servites, exercent leur ministère sur tous les circuits de Havona auprès des pèlerins tant ascendants que descendants. Les guides de suprématie n’opèrent que sur le sixième cercle de l’univers central. 26:6.2 C’est dans ce cercle que les ascendeurs parviennent à une nouvelle réalisation de la Divinité Suprême. Au cours de leur longue carrière dans les univers évolutionnaires, les pèlerins du temps ont expérimenté une conscience croissante de la réalité d’un supercontrôle tout-puissant des créations de l’espace-temps. Ici, sur ce sixième circuit de Havona, ils sont tout près de rencontrer la source d’unité d’espace-temps de l’univers central – la réalité spirituelle de Dieu le Suprême. 26:6.3 Je ne sais trop comment expliquer ce qui se passe sur ce cercle. Nulle présence personnalisée de la Suprématie n’y est perceptible pour les ascendeurs. À certains égards, de nouvelles relations avec le Septième Maitre Esprit compensent cette impossibilité de contacter l’Être Suprême. Mais, indépendamment de notre inaptitude à saisir la technique, chaque créature ascendante parait subir une croissance transformatrice, une nouvelle intégration de conscience, une nouvelle spiritualisation de dessein, une nouvelle sensibilité à la divinité, que l’on ne peut guère expliquer de manière satisfaisante sans présumer l’activité non révélée de l’Être Suprême. Pour ceux d’entre nous qui ont observé ces opérations mystérieuses, tout se passe comme si Dieu le Suprême répandait affectueusement sur ses enfants expérientiels des dons allant jusqu’à l’extrême limite de leurs capacités expérientielles, ces accroissements de compréhension intellectuelle, de clairvoyance spirituelle et d’extension de la personnalité dont ils auront tant besoin dans tous leurs efforts pour pénétrer le niveau de divinité de la Trinité de Suprématie, pour parvenir jusqu’aux Déités éternelles et existentielles du Paradis. 26:6.4 Lorsque les guides de suprématie estiment que leurs élèves sont mûrs pour avancer, ils les amènent devant la commission des soixante-dix, un groupe mixte servant d’examinateurs sur le monde-pilote du circuit numéro six. Après avoir satisfait cette commission quant à leur compréhension de l’Être Suprême et de la Trinité de Suprématie, les pèlerins reçoivent confirmation qu’ils peuvent être transférés au cinquième circuit. 7. Les guides de la Trinité 26:7.1 Les guides de la Trinité sont les ministres infatigables du cinquième cercle d’entrainement havonien pour les pèlerins en progression du temps et de l’espace. Les diplômés spirituels sont appelés ici « candidats à l’aventure de la Déité », car c’est sur ce cercle, sous la direction des guides de la Trinité, que les pèlerins reçoivent une instruction avancée sur la Trinité divine pour les préparer à essayer de reconnaitre la personnalité de l’Esprit Infini. C’est ici que les pèlerins ascendants découvrent la signification d’une véritable étude et d’un réel effort mental ; ils commencent à discerner l’effort spirituel encore-plus-astreignant et beaucoup-plus-ardu qui leur sera demandé pour satisfaire aux exigences du but élevé fixé pour le franchissement des mondes de ce circuit. 26:7.2 Les guides de la Trinité sont extrêmement fidèles et efficaces. Chaque pèlerin reçoit l’attention indivise d’un supernaphin secondaire appartenant à cet ordre, et jouit de son affection totale. Un pèlerin du temps ne trouverait jamais la première personne approchable de la Trinité du Paradis sans l’aide et l’assistance de ces guides et de la foule d’autres êtres spirituels occupés à instruire les ascendeurs sur la nature et la technique de l’aventure de la Déité qui approche. 26:7.3 Après avoir parachevé leurs cours d’entrainement sur ce circuit, les guides de la Trinité emmènent leurs élèves sur le monde-pilote de ce circuit et les présentent à l’une des nombreuses commissions trines qui fonctionnent pour examiner et diplômer les candidats à l’aventure de la Déité. Ces commissions sont composées d’un finalitaire, d’un directeur de conduite appartenant à l’ordre des supernaphins primaires et d’un Messager Solitaire de l’espace ou d’un Fils Trinitisé du Paradis. 26:7.4 Lorsqu’une âme ascendante part effectivement pour le Paradis, elle n’est accompagnée que par le trio de transit : l’associé supéraphique du cercle, le Guide de Diplômé et le toujours présent servite associé de ce dernier. Ces excursions au Paradis en partant des cercles de Havona sont des voyages d’essai ; les ascendeurs n’ont pas encore le statut du Paradis. Ils n’obtiennent pas le statut de résident au Paradis avant d’avoir passé par le temps de repos terminal consécutif à l’atteinte du Père Universel et à la traversée définitive des circuits de Havona. Ce n’est pas avant le divin repos qu’ils participent de « l’essence de divinité » et de « l’esprit de suprématie », et commencent alors véritablement à travailler dans le cercle de l’éternité et en présence de la Trinité. 26:7.5 Les compagnons formant le trio de transit de l’ascendeur n’ont pas mission de lui permettre de localiser la présence géographique de la luminosité spirituelle de la Trinité. Ils sont plutôt chargés de fournir toute l’assistance possible à un pèlerin dans sa difficile tâche de reconnaitre, discerner et comprendre suffisamment l’Esprit Infini pour effectuer la reconnaissance de sa personnalité. Au Paradis, tout pèlerin ascendant peut discerner la présence géographique ou localisée de la Trinité, et les pèlerins sont en grande majorité capables d’entrer en contact avec la réalité intellectuelle des Déités, spécialement de la Troisième Personne ; mais ils ne peuvent pas tous reconnaitre ni même comprendre partiellement la réalité de la présence spirituelle du Père et du Fils. Il est encore plus difficile d’avoir même un minimum de compréhension spirituelle du Père Universel. 26:7.6 Il est rare que l’on échoue dans la recherche de l’Esprit Infini. Quand leurs sujets ont réussi dans cette phase de l’aventure de la Déité, les guides de la Trinité se préparent à les transférer aux soins des découvreurs de Fils sur le quatrième cercle de Havona. 8. Les découvreurs de Fils 26:8.1 Le quatrième circuit de Havona est parfois appelé le « circuit des Fils ». Partant des mondes de ce circuit, les pèlerins ascendants vont au Paradis pour établir un contact compréhensif avec le Fils Éternel, tandis que sur les mondes de ce circuit les pèlerins descendants arrivent à une nouvelle compréhension de la nature et de la mission des Fils Créateurs du temps et de l’espace. Il y a dans ce circuit sept mondes sur lesquels le corps de réserve des Micaëls Paradisiaques maintient des écoles spéciales de service offrant un ministère mutuel aux pèlerins ascendants et descendants ; et c’est sur ces mondes des Fils Micaëls que les pèlerins du temps et les pèlerins de l’éternité parviennent, pour la première fois, à une véritable compréhension mutuelle. Sous beaucoup de rapports, les expériences de ce circuit sont les plus surprenantes de tout le séjour havonien. 26:8.2 Les découvreurs de Fils sont les ministres supéraphiques auprès des ascendeurs mortels du quatrième circuit. En plus du travail général de préparation de leurs candidats à la réalisation des relations du Fils Éternel avec la Trinité, il faut que ces découvreurs de Fils instruisent si totalement leurs sujets qu’ils réussissent pleinement : premièrement à comprendre spirituellement le Fils d’une manière adéquate ; deuxièmement à reconnaitre de façon satisfaisante la personnalité du Fils ; et troisièmement à différencier convenablement le Fils de la personnalité de l’Esprit Infini. 26:8.3 Après avoir atteint l’Esprit Infini, on n’est plus soumis à des examens. Les tests des cercles intérieurs sont les accomplissements des pèlerins candidats pendant qu’ils sont enveloppés dans l’embrassement des Déités. L’avancement est déterminé uniquement par la spiritualité de l’individu, et nul autre que les Dieux ne peut prétendre juger de cette qualification. En cas d’insuccès, nulle raison n’est jamais donnée, et les candidats eux-mêmes ainsi que leurs tuteurs ne sont jamais réprimandés ni critiqués. Au Paradis, une déception n’est jamais considérée comme une défaite, une remise à plus tard n’est jamais regardée comme une disgrâce et les échecs apparents du temps ne sont jamais confondus avec les délais significatifs de l’éternité. 26:8.4 Il y a peu de pèlerins qui subissent le retard d’un échec apparent dans l’aventure de la Déité. Presque tous atteignent l’Esprit Infini, bien qu’occasionnellement un pèlerin du superunivers numéro un ne réussisse pas à la première tentative. Les pèlerins qui atteignent l’Esprit manquent rarement de trouver le Fils. Ceux qui échouent dans la première aventure viennent presque tous des superunivers numéros trois et cinq. La grande majorité de ceux qui n’arrivent pas à trouver le Père du premier coup, après avoir trouvé l’Esprit et le Fils, viennent du superunivers numéro six, bien qu’il y ait un petit nombre d’insuccès semblables parmi les pèlerins des superunivers numéro deux et trois. Tout cela semble indiquer clairement qu’il y a une bonne et valable raison pour ces échecs apparents. En réalité, il s’agit simplement de délais inéluctables. 26:8.5 Les candidats ayant échoué dans l’aventure de la Déité sont placés sous la juridiction des chefs d’affectation, un groupe de supernaphins primaires, et sont renvoyés au travail des royaumes de l’espace pour une période d’au moins un millénaire. Ils ne retournent jamais au superunivers de leur nativité, mais toujours à la supercréation la plus propice pour leur rééducation préparatoire à la seconde aventure de la Déité. À la suite de ce service et de leur propre mouvement, ils reviennent au cercle extérieur de Havona, sont immédiatement escortés au cercle de leur carrière interrompue et recommencent aussitôt leurs préparatifs pour l’aventure de la Déité. Les supernaphins secondaires ne manquent jamais de piloter leurs sujets avec succès lors de la seconde tentative, et les mêmes ministres supéraphiques ainsi que d’autres guides assistent toujours ces candidats pendant la seconde aventure. 9. Les guides du Père 26:9.1 Quand l’âme du pèlerin atteint le troisième cercle de Havona, elle arrive sous la tutelle des guides du Père, les ministres supéraphiques les plus anciens, les plus habiles et les plus expérimentés. Sur les mondes de ce circuit, les guides du Père entretiennent des écoles de sagesse et des collèges de technique dans lesquels tous les êtres habitant l’univers central servent comme éducateurs. Rien n’est négligé qui puisse rendre service à une créature du temps dans cette aventure transcendante pour parvenir à l’éternité. 26:9.2 Le fait d’atteindre le Père Universel est le passeport pour l’éternité, malgré les circuits qui restent à traverser. Il s’agit donc d’une occasion mémorable sur le monde-pilote du cercle numéro trois lorsque le trio de transit annonce que la dernière aventure du temps est sur le point d’arriver et qu’une nouvelle créature de l’espace cherche à entrer au Paradis par les portes de l’éternité. 26:9.3 L’épreuve du temps est presque passée ; la course pour l’éternité est presque terminée. Les jours d’incertitude arrivent à leur fin : la tentation du doute disparait ; l’injonction d’être parfait a été suivie. Depuis le tréfonds de l’existence intelligente, la créature du temps et de personnalité matérielle a gravi les sphères évolutionnaires de l’espace. Elle a prouvé ainsi que le plan d’ascension était praticable et démontré pour toujours la justice et la droiture du commandement du Père Universel à ses humbles créatures des mondes : « Soyez parfaits comme moi-même je suis parfait. » 26:9.4 Pas à pas, vie après vie, monde après monde, la carrière ascendante a été maitrisée et le but de la Déité a été atteint. La survie est achevée en perfection et la perfection est complète dans la suprématie de la divinité. Le temps est perdu dans l’éternité ; l’espace est englouti dans une identité et une harmonie d’adoration avec le Père Universel. Les télédiffusions de Havona émettent de fulgurants rapports spatiaux de gloire, la bonne nouvelle qu’en toute vérité les créatures consciencieuses de nature animale et d’origine matérielle sont réellement et éternellement devenues, par l’ascension évolutionnaire, les fils rendus parfaits de Dieu. 10. Les conseillers et les consultants 26:10.1 Les conseillers et les consultants supéraphiques du deuxième cercle sont les instructeurs des enfants du temps en ce qui concerne la carrière de l’éternité. Le fait d’atteindre le Paradis entraine des responsabilités d’un ordre nouveau et plus élevé, et le séjour sur le second cercle fournit d’amples occasions de recevoir les conseils secourables de ces supernaphins dévoués. 26:10.2 Les pèlerins qui ne réussissent pas dans leur premier effort pour atteindre la Déité sont transférés directement du cercle de leur échec jusqu’au deuxième cercle, avant d’être renvoyés au service d’un superunivers. Les conseillers et les consultants servent donc aussi comme conseillers et consolateurs de ces pèlerins déçus. Ils viennent de rencontrer leur plus grande déception, qui ne diffère aucunement – sauf dans son amplitude – de la longue liste d’expériences analogues d’où ils se sont élevés comme sur une échelle depuis le chaos jusqu’à la gloire. Ce sont ceux qui ont bu la coupe de l’expérience jusqu’à la lie ; et j’ai observé qu’ils retournent temporairement au service des superunivers en tant que ministres aimants du type le plus élevé auprès des enfants du temps et des désappointés temporels. 26:10.3 Après un long séjour sur le circuit numéro deux, ces sujets de la déception sont examinés par les conseils de perfection siégeant sur le monde-pilote de ce cercle et reçoivent confirmation qu’ils ont passé l’épreuve de Havona ; et ceci leur vaut, (en ce qui concerne leur statut non spirituel), le même statut dans les univers du temps que s’ils avaient effectivement réussi dans l’aventure de la Déité. L’esprit de ces candidats était entièrement acceptable ; leur échec était inhérent à une certaine phase de la technique d’approche ou à une certaine partie de leur acquis expérientiel. 26:10.4 Ils sont alors emmenés par les conseillers du cercle devant les chefs d’affectations au Paradis et renvoyés au service du temps sur les mondes de l’espace ; et ils partent avec joie et contentement vers les tâches des jours d’autrefois et des anciens âges. Ils reviendront ultérieurement au cercle de leur plus grande déception et tenteront de nouveau l’aventure de la Déité. 26:10.5 Pour les pèlerins dont les efforts sont couronnés de succès sur le deuxième circuit, le stimulant de l’incertitude évolutionnaire est chose passée, mais l’aventure de l’affectation éternelle n’a pas encore commencé. Mais, alors que le séjour sur ce cercle est entièrement agréable et hautement profitable, on n’y ressent pas autant l’enthousiasme anticipateur des cercles précédents. Nombreux sont les pèlerins qui, à de tels moments, jettent un regard en arrière sur la longue, longue lutte avec une envie joyeuse, souhaitant réellement pouvoir retourner de quelque manière sur les mondes du temps et tout recommencer, de même que vous autres, mortels, en approchant d’un âge avancé, vous regardez parfois en arrière les luttes de votre jeunesse et les débuts de votre existence en souhaitant sincèrement pouvoir recommencer votre vie. 26:10.6 Mais la traversée du cercle le plus intérieur s’offre juste devant vous. Bientôt après, le dernier sommeil de transit prendra fin et la nouvelle carrière de l’aventure éternelle débutera. Les conseillers et les consultants du deuxième cercle commencent à préparer leurs sujets pour ce grand repos final, le sommeil inévitable qui intervient toujours entre les stades marquants de la carrière ascendante. 26:10.7 Lorsque les pèlerins ascendants qui ont atteint le Père Universel parachèvent l’expérience du second cercle, les Guides de Diplômés qui les assistent toujours donnent l’ordre qui les admet au cercle final. Ces guides pilotent personnellement leurs sujets jusqu’au cercle intérieur et, là, ils les placent sous la garde des compléments de repos, le dernier ordre des supernaphins secondaires affectés aux soins des pèlerins du temps sur les circuits des mondes de Havona. 11. Les compléments de repos 26:11.1 Une grande partie du temps des ascendeurs sur le dernier circuit est consacrée à continuer l’étude des problèmes imminents de la résidence au Paradis. Une foule composite d’êtres en majorité non révélés réside en permanence ou en transit sur cet anneau intérieur des mondes de Havona. L’enchevêtrement de ces multiples types fournit aux compléments de repos supéraphiques une ambiance riche de situations qu’ils utilisent efficacement pour pousser l’éducation des pèlerins ascendants, spécialement en ce qui concerne les problèmes d’ajustement aux nombreux groupes d’êtres qu’ils rencontreront bientôt au Paradis. 26:11.2 Parmi les habitants du circuit intérieur se trouvent les fils trinitisés par des créatures. Les supernaphins primaires et secondaires sont les gardiens généraux du corps conjoint de ces fils, y compris la descendance trinitisée des finalitaires mortels et la progéniture similaire des Citoyens du Paradis. Certains de ces fils sont embrassés par la Trinité et commissionnés dans les supergouvernements, d’autres ont des affectations variées, mais la grande majorité est rassemblée dans le corps conjoint des mondes parfaits du circuit intérieur de Havona. Là, sous la supervision des supernaphins, ils sont préparés pour un certain travail futur par un corps non dénommé de hauts Citoyens du Paradis qui, avant l’époque de Grandfanda, étaient les premiers assistants administratifs des Éternels des Jours. Il y a bien des motifs pour conjecturer que ces deux groupes uniques d’êtres trinitisés travailleront ensemble dans un lointain futur. L’un de ces motifs, et non le moindre, est leur destinée commune dans les réserves du Corps Paradisiaque des Finalitaires Trinitisés. 26:11.3 Sur ce dernier circuit intérieur, les pèlerins tant ascendants que descendants fraternisent les uns avec les autres et avec les fils trinitisés par des créatures. Comme leurs parents, ces fils tirent grand profit des interassociations, et il entre dans la mission spéciale des supernaphins de faciliter et d’assurer la confraternité des fils trinitisés des finalitaires mortels et des fils trinitisés des Citoyens du Paradis. Les compléments de repos supéraphiques ne s’intéressent pas tant à instruire ces fils qu’à promouvoir leur association compréhensive avec divers groupes. 26:11.4 Les mortels ont reçu du Paradis le commandement : « Soyez parfaits comme votre Père Paradisiaque est parfait. » Les supernaphins surveillants ne cessent jamais de proclamer à ces fils trinitisés du corps conjoint : « Soyez compréhensifs pour vos frères ascendants, à l’instar des Fils Créateurs Paradisiaques qui les connaissent et les aiment. » 26:11.5 La créature mortelle doit trouver Dieu. Le Fils Créateur ne s’arrête jamais avant d’avoir trouvé l’homme, la plus humble des créatures volitives. Il est hors de doute que les Fils Créateurs et leurs enfants mortels se préparent pour un service universel futur et inconnu. Les deux traversent la gamme de l’univers expérientiel et se trouvent ainsi instruits et éduqués pour leur mission éternelle. Dans tous les univers, on voit se produire cette fusion unique de l’humain et du divin, ce mélange de la créature et du Créateur. Les mortels irréfléchis ont considéré les manifestations de la miséricorde et de la tendresse divines comme indicatives d’un Dieu anthropomorphe, surtout lorsqu’elles se produisaient envers les faibles et en faveur des nécessiteux. Quelle erreur ! Il faudrait plutôt considérer de telles manifestations de miséricorde et de longanimité des êtres humains comme la preuve que l’homme mortel est habité par l’esprit du Dieu vivant et que la créature est en fin de compte mue par des motifs divins. 26:11.6 Vers la fin de leur séjour sur le premier cercle, les pèlerins ascendants rencontrent pour la première fois les instigateurs de repos de l’ordre primaire des supernaphins. Ce sont les anges du Paradis qui sortent pour saluer ceux qui se tiennent au seuil de l’éternité et pour compléter leur préparation au sommeil de transition de la dernière résurrection. Vous n’êtes pas véritablement un enfant du Paradis avant d’avoir traversé le cercle intérieur et avoir fait l’expérience de la résurrection de l’éternité après le sommeil terminal du temps. Les pèlerins ayant atteint la perfection commencent ce repos et s’endorment sur le premier cercle de Havona, mais se réveillent sur les rives du Paradis. Parmi tous ceux qui s’élèvent à l’Ile éternelle, seuls ceux qui arrivent ainsi sont les enfants de l’éternité ; les autres y vont comme visiteurs, comme invités sans statut résidentiel. 26:11.7 Et maintenant, à l’apogée de la carrière havonienne, au moment où vous autres, mortels, vous vous endormez sur le monde-pilote du circuit intérieur, vous n’allez pas vous reposer seuls comme vous faisiez sur les mondes de votre origine lorsque vous fermiez les yeux dans le sommeil naturel de la mort, ni comme en entrant dans la longue catalepsie de transit préparatoire à votre voyage vers Havona. Maintenant, tandis que vous vous préparez au repos d’aboutissement, votre associé de longue date du premier circuit vient se placer à vos côtés ; il est le majestueux complément de repos qui se prépare à entrer dans le repos en union avec vous ; c’est la garantie de Havona que votre transition est complète et que vous n’attendez plus que les touches finales de la perfection. 26:11.8 Votre première transition était en vérité la mort, la deuxième un sommeil idéal et, maintenant, la troisième métamorphose est le vrai repos, la détente des âges. 26:11.9 [Présenté par un Perfecteur de Sagesse venant d’Uversa.] Fascicule 27. Le ministère des supernaphins primaires 27:0.1 Les supernaphins primaires sont les serviteurs célestes des Déités sur l’Ile éternelle du Paradis. Il n’y a pas d’exemple qu’ils aient quitté les sentiers de lumière et de droiture. Leur liste d’appel est complète ; depuis l’éternité, aucun membre de cette magnifique armée n’a été perdu. Ces hauts supernaphins sont des êtres parfaits, suprêmes en perfection, mais ils ne sont pas absonites et pas non plus absolus. Étant de l’essence de la perfection, ces enfants de l’Esprit Infini travaillent d’une manière interchangeable et à volonté dans toutes les phases de leurs multiples devoirs. Ils n’opèrent pas sur une grande échelle en dehors du Paradis, bien qu’ils participent en fait aux diverses réunions millénaires et aux réunions de groupe de l’univers central. Ils s’en vont aussi en tant que messagers spéciaux des Déités, et ils progressent en grand nombre pour devenir des Conseillers Techniques. 27:0.2 Des supernaphins primaires sont aussi placés à la tête des armées séraphiques exerçant leur ministère sur des mondes isolés pour cause de rébellion. Lorsqu’un Fils du Paradis s’effuse sur un tel monde, complète sa mission, monte jusqu’au Père Universel, est accepté, et retourne comme libérateur accrédité de ce monde isolé, un supernaphin primaire est toujours désigné par les chefs d’affectation pour prendre le commandement des esprits tutélaires en fonction sur la sphère nouvellement ramenée dans la bonne voie. Les supernaphins de ce service spécial sont périodiquement permutés. Sur Urantia, l’actuel « chef des séraphins » est le second de cet ordre à occuper le poste depuis l’époque de l’effusion de Christ Micaël. 27:0.3 De toute éternité, les supernaphins primaires ont servi sur l’Ile de Lumière et se sont rendus sur les mondes de l’espace pour des missions de direction, mais ils n’ont travaillé sous leur classification actuelle que depuis l’arrivée au Paradis des pèlerins havoniens du temps. Ces anges élevés exercent maintenant principalement leur ministère dans les sept ordres de service suivants : 27:0.4 1. Les conducteurs d’adoration. 27:0.5 2. Les maitres de philosophie. 27:0.6 3. Les gardiens de la connaissance. 27:0.7 4. Les directeurs de conduite. 27:0.8 5. Les interprètes d’éthique. 27:0.9 6. Les chefs d’affectation. 27:0.10 7. Les instigateurs de repos. 27:0.11 Ce n’est pas avant d’avoir atteint effectivement la résidence du Paradis que les pèlerins ascendants arrivent sous l’influence directe de ces supernaphins, et ils passent par une période de formation pratique sous la direction de ces anges dans l’ordre inverse où ils ont été cités. Autrement dit, vous entrez dans votre carrière du Paradis sous la tutelle des instigateurs de repos puis, après des temps successifs avec les ordres intermédiaires, vous achevez cette période d’entrainement avec les conducteurs d’adoration. Après cela, vous êtes prêt à commencer la carrière sans fin d’un finalitaire. 1. Les instigateurs de repos Les instigateurs de repos sont les inspecteurs du Paradis qui partent de l’Ile centrale vers le circuit intérieur de Havona pour y collaborer avec leurs collègues, les compléments de repos de l’ordre secondaire des supernaphins. La chose essentielle pour jouir du Paradis est le repos, le divin repos, et ces instigateurs de repos sont les instructeurs finals qui préparent les pèlerins du temps à leur introduction dans l’éternité. Ils commencent leur travail sur le cercle final d’aboutissement de l’univers central et le continuent quand le pèlerin s’éveille du dernier sommeil de transition, l’assoupissement qui confirme le passage d’une créature de l’espace dans le royaume de l’éternité. 27:1.2 Le repos est de nature septuple. Il y a le repos du sommeil et du jeu chez les ordres de vie inférieurs, celui de la découverte chez les êtres supérieurs et celui de l’adoration chez les types les plus élevés de personnalités d’esprit. Il y a aussi le repos normal d’absorption d’énergie, la recharge des êtres avec de l’énergie physique ou spirituelle. Et ensuite le sommeil de transit, l’assoupissement inconscient quand on est enséraphiné pour le passage d’une sphère à une autre. Entièrement différent de tous les précédents est le sommeil profond de la métamorphose, le repos de transition entre un stade de l’être et un autre, entre une vie et une autre, entre un état d’existence et un autre, le sommeil qui accompagne toujours la transition à partir d’un statut actuel de l’univers, en contraste avec l’évolution par divers stades d’un même statut. 27:1.3 Mais le dernier sommeil métamorphique est quelque chose de plus que l’assoupissement des transitions précédentes qui ont marqué l’obtention des statuts successifs de la carrière ascendante. Par ce sommeil, les créatures du temps et de l’espace traversent les dernières frontières intérieures du temporel et du spatial pour atteindre le statut résidentiel dans les demeures sans espace ni temps du Paradis. Les instigateurs et les compléments de repos sont tout aussi essentiels pour cette métamorphose transcendante que les séraphins et les êtres associés pour permettre à la créature mortelle de survivre à la mort. 27:1.4 Vous entrez dans le repos sur le circuit final de Havona et vous êtes ressuscité pour l’éternité au Paradis. Et, tandis que vous vous y repersonnaliserez spirituellement, vous reconnaîtrez immédiatement l’instigateur de repos qui vous reçoit sur les rives éternelles comme étant le même supernaphin primaire qui produisit votre sommeil final sur le circuit intérieur de Havona ; vous vous rappellerez alors votre dernier grand effort de foi lorsque vous vous prépariez une fois de plus à confier la garde de votre identité aux mains du Père Universel. 27:1.5 Vous avez joui du dernier repos du temps ; vous avez fait l’expérience du dernier sommeil de transition ; maintenant, vous vous éveillez à la vie perpétuelle sur les rives de la demeure éternelle. « Et il n’y aura plus de sommeil. La présence de Dieu et de son Fils est devant vous et vous êtes éternellement ses serviteurs ; vous avez vu sa face, et son nom est votre esprit. Là, il n’y aura point de nuit ; et ils n’ont plus besoin de la lumière du soleil, car la Grande Source-Centre leur donne de la lumière ; ils vivront pour toujours. Et Dieu essuiera toutes les larmes de leurs yeux ; il n’y aura plus de mort, de tristesse, ni de pleurs et pas davantage de souffrances, car les choses antérieures ont disparu. » 2. Les chefs d’affectation 27:2.1 Il s’agit du groupe désigné de temps en temps par le chef des supernaphins, « l’ange modèle originel », pour présider l’organisation des trois ordres de ces anges – primaire, secondaire et tertiaire. En tant que groupe, les supernaphins se gouvernent et se réglementent eux-mêmes, sauf pour les fonctions de leur chef mutuel, le premier ange du Paradis, qui a toujours la préséance sur toutes ces personnalités spirituelles. 27:2.2 Les anges chargés des affectations ont beaucoup à faire avec les mortels glorifiés résidant au Paradis avant leur admission au Corps de la Finalité. L’étude et l’instruction ne sont pas les occupations exclusives des arrivants au Paradis ; le service joue aussi son rôle essentiel dans les expériences d’éducation préfinalitaires du Paradis. Et j’ai observé que, lorsque les mortels ascendants ont des périodes de loisirs, ils montrent une prédilection pour fraterniser avec le corps de réserve des chefs d’affectation supéraphiques. 27:2.3 Lorsque vous autres, ascendeurs mortels, atteignez le Paradis, vos relations sociales impliquent beaucoup plus qu’un contact avec une foule d’êtres élevés et divins, et avec une multitude familière de compagnons mortels glorifiés. Il faut aussi que vous fraternisiez avec plus de trois-mille ordres de Citoyens du Paradis, avec les divers groupes de Transcendantaux et avec de nombreux autres types d’habitants du Paradis, permanents et transitoires, qui n’ont pas été révélés sur Urantia. Après un contact prolongé avec ces puissantes intelligences du Paradis, il est fort reposant de se trouver en compagnie d’intelligences du type de mental angélique ; elles rappellent aux mortels du temps les séraphins avec lesquels ils ont eu des contacts si prolongés et si délassants. 3. Les interprètes d’éthique 27:3.1 Plus on s’élève dans l’échelle de la vie, plus l’éthique de l’univers doit retenir l’attention. La conscience éthique n’est autre que la récognition par un individu des droits inhérents à l’existence de tous les autres individus. Mais l’éthique spirituelle transcende de loin le concept mortel et même morontiel des relations de personne et de groupe. 27:3.2 L’éthique a été dument enseignée et convenablement apprise par les pèlerins du temps au cours de leur longue ascension vers les gloires du Paradis. À mesure que cette carrière d’ascension vers l’intérieur s’est développée en partant des mondes de nativité de l’espace, les ascendeurs ont continué d’ajouter groupe après groupe à leur cercle constamment élargi d’associés dans l’univers. À chaque rencontre d’un nouveau groupe de collègues s’ajoute un niveau supplémentaire d’éthique qu’il faut reconnaître et observer. Au moment où les mortels de l’ascension atteignent le Paradis, ils ont réellement besoin de quelqu’un pour leur donner des conseils secourables et amicaux concernant les interprétations éthiques. Ils n’ont pas besoin qu’on leur enseigne l’éthique, mais, quand ils se trouvent confrontés à la tâche extraordinaire de prendre contact avec tant de nouveautés, ils ont besoin qu’on leur interprète convenablement ce qu’ils ont si laborieusement appris. 27:3.3 Les interprètes d’éthique sont d’un secours inestimable pour les arrivants au Paradis ; ils les aident à s’ajuster à de nombreux groupes d’êtres majestueux pendant la période mouvementée s’étendant depuis leur accession au statut résidentiel jusqu’à leur admission officielle au Corps des Mortels Finalitaires. Les pèlerins ascendants ont déjà rencontré beaucoup de types de Citoyens du Paradis sur les sept circuits de Havona. Les mortels glorifiés ont également bénéficié d’un contact intime avec les fils trinitisés par des créatures du corps conjoint, sur le circuit intérieur de Havona où ces êtres reçoivent une grande partie de leur éducation. Sur les autres circuits, les pèlerins ascendants ont rencontré de nombreux résidents non révélés du système Paradis-Havona où ils poursuivent leur entrainement de groupe pour se préparer aux affectations non encore révélées du futur. 27:3.4 Toutes ces camaraderies célestes sont invariablement mutuelles. En tant que mortels ascendants, non seulement vous tirez profit de ces compagnons universels successifs et de ces nombreux ordres d’associés de plus en plus divins, mais vous communiquez aussi à chacun de ces êtres fraternels quelque chose de votre propre personnalité et de votre expérience, ce qui rend chacun d’eux à jamais différent et meilleur parce qu’il a été associé avec un mortel ascendant venant des mondes évolutionnaires du temps et de l’espace. 4. Les directeurs de conduite 27:4.1 Ayant déjà été pleinement instruits dans l’éthique des relations du Paradis – qui ne sont ni de vaines formalités ni des ordres relatifs à des castes artificielles, mais bien plutôt des convenances naturelles – les mortels ascendants trouvent utile de recevoir les conseils des directeurs de conduite supéraphiques ; ceux-ci enseignent aux nombreux membres de la société du Paradis les usages de la parfaite conduite des êtres élevés qui séjournent sur l’Ile centrale de Lumière et de Vie. 27:4.2 L’harmonie est la tonique de l’univers central et un ordre décelable prévaut au Paradis. Une conduite convenable est essentielle pour progresser par voie de connaissance, en passant par la philosophie, jusqu’aux hauteurs spirituelles de l’adoration spontanée. Il existe une technique divine pour s’approcher de la Divinité et, pour l’acquérir, le pèlerin doit attendre d’arriver au Paradis. L’esprit de cette technique a été communiqué aux pèlerins du temps sur les cercles de Havona, mais les touches finales de leur entrainement ne peuvent être appliquées avant qu’ils aient effectivement atteint l’Ile de Lumière. 27:4.3 Au Paradis, toute conduite est entièrement spontanée ; sous tous les rapports, elle est naturelle et libre. Mais il y a encore la manière appropriée et parfaite de faire les choses sur l’Ile éternelle, et les directeurs de conduite sont toujours aux côtés des « étrangers qui sont dans les portes » pour les instruire et guider leurs pas, de telle sorte qu’ils soient mis parfaitement à leur aise et qu’en même temps les pèlerins soient en mesure d’éviter la confusion et l’incertitude, qui autrement seraient inéluctables. C’est seulement par un tel dispositif qu’une confusion sans fin pouvait être évitée, et la confusion ne se manifeste jamais au Paradis. 27:4.4 Ces directeurs de conduite servent réellement de maitres et de guides glorifiés. Ils s’occupent principalement d’instruire les nouveaux résidents mortels en ce qui concerne le déploiement presque interminable de situations nouvelles et d’usages inhabituels. Malgré toute la longue préparation pour y séjourner et le long voyage pour y aller, le Paradis reste inexprimablement étrange et neuf par l’inattendu pour ceux qui en atteignent finalement le statut résidentiel. 5. Les gardiens de la connaissance Les gardiens supéraphiques de la connaissance sont les « épitres vivantes » supérieures connues et lues par tous ceux qui habitent le Paradis. Ils sont les annales divines de la vérité, les livres vivants de la vraie connaissance. Vous avez entendu parler d’archives dans le « livre de vie ». Les gardiens de la connaissance sont précisément de tels livres vivants, des archives de perfection imprimées sur les tablettes éternelles de la vie divine et de la sûreté suprême. Ils sont en réalité de vivantes bibliothèques automatiques. Les faits des univers sont inhérents à ces supernaphins primaires et sont effectivement enregistrés dans ces anges. Par ailleurs, il est impossible par inhérence qu’une contrevérité trouve à se loger dans le mental de ces parfaits et complets dépositaires de la vérité de l’éternité et de l’intelligence du temps. 27:5.2 Ces gardiens donnent des cours informels d’instruction pour les résidents de l’Ile éternelle, mais leur principale fonction est celle de référence et de vérification. Tout hôte du Paradis peut à volonté avoir à ses côtés le dépositaire vivant de la vérité et du fait particulier qu’il désire connaitre. À l’extrémité nord de l’Ile se trouvent les vivants découvreurs de connaissances qui désigneront le directeur du groupe détenant le renseignement recherché et aussitôt apparaitront les brillants êtres qui sont la chose même que vous désirez savoir. Vous n’avez plus besoin de chercher l’éclairement dans des pages grossoyées ; vous communiez maintenant face à face avec l’intelligence vivante. Vous obtenez ainsi la connaissance suprême des êtres vivants qui en sont les gardiens finals. 27:5.3 Quand vous localiserez le supernaphin qui est exactement ce que vous désirez vérifier, vous trouverez à votre disposition tous les faits connus de tous les univers, car ces gardiens de la connaissance sont les résumés vivants et finals du vaste réseau des anges enregistreurs, allant des séraphins et des seconaphins des univers locaux et des superunivers jusqu’au chef archiviste des supernaphins tertiaires dans Havona. Et cette accumulation vivante de connaissances est distincte des archives officielles du Paradis, qui sont le résumé cumulatif de l’histoire universelle. 27:5.4 La sagesse de la vérité prend origine dans la divinité de l’univers central, mais la connaissance, la connaissance par expérience, a surtout sa source dans les domaines du temps et de l’espace – d’où la nécessité d’entretenir les vastes organisations superuniverselles des séraphins et supernaphins enregistreurs parrainées par les Archivistes Célestes. 27:5.5 Ces supernaphins primaires, qui possèdent par inhérence la connaissance de l’univers, ont aussi la charge de son organisation et de sa classification. En se constituant eux-mêmes la vivante bibliothèque de références de l’univers des univers, ils ont classé la connaissance en sept grands ordres dont chacun comporte environ un million de subdivisions. La facilité avec laquelle les résidents du Paradis peuvent consulter cette vaste réserve de connaissance est uniquement due aux efforts volontaires et sages des gardiens de la connaissance. Ces gardiens sont également les éducateurs exaltés de l’univers central. Ils distribuent libéralement leurs trésors vivants à tous les êtres sur chacun des circuits de Havona, et ils sont utilisés largement, bien qu’indirectement, par les tribunaux des Anciens des Jours. Mais cette bibliothèque vivante, qui est à la disposition de l’univers central et des superunivers, n’est pas accessible aux créations locales. C’est seulement par voie indirecte et par réflectivité que les bénéfices de la connaissance paradisiaque peuvent être obtenus dans les univers locaux. 6. Les maitres de philosophie 27:6.1 Immédiatement après la satisfaction suprême de l’adoration se place la réjouissance de la philosophie. Si haut que l’on s’élève et si loin que l’on avance, il reste mille mystères qui exigent le recours à la philosophie lorsqu’on tente de les résoudre. 27:6.2 Les maitres philosophes du Paradis sont enchantés de guider le mental de ses habitants, natifs ou ascendants, dans la poursuite exaltante des tentatives de solution des problèmes universels. Ces maitres de philosophie supéraphiques sont les « sages du ciel », les êtres de sagesse qui emploient la vérité de la connaissance et les faits de l’expérience dans leurs efforts pour triompher de l’inconnu. Avec eux, la connaissance atteint la vérité et l’expérience s’élève à la sagesse. Au Paradis, les personnalités ascendantes de l’espace font l’expérience des hauteurs de l’existence : elles ont la connaissance ; elles connaissent la vérité ; elles peuvent philosopher – penser la vérité ; elles peuvent même chercher à faire le tour des concepts de l’Ultime et tenter de saisir les techniques des Absolus. 27:6.3 À l’extrémité méridionale du vaste domaine du Paradis, les maitres de philosophie donnent des cours approfondis dans les soixante-dix divisions fonctionnelles de la sagesse. Là, ils discourent sur les plans et desseins de l’Infinité, et ils cherchent à coordonner les expériences et à mettre en ordre les connaissances de tous ceux qui ont accès à leur sagesse. Ils ont développé une attitude hautement spécialisée envers différents problèmes de l’univers, mais leurs conclusions finales présentent toujours un accord uniforme. 27:6.4 Ces philosophes du Paradis emploient toutes les méthodes d’instruction possibles, y compris la technique graphique supérieure de Havona et certaines méthodes du Paradis pour communiquer des informations. Toutes ces techniques supérieures pour impartir la connaissance et transmettre des idées dépassent complètement les capacités de compréhension même du mental humain le plus hautement développé. Une heure d’instruction sur le Paradis équivaudrait à dix-mille ans des méthodes mnémotechniques d’Urantia. Vous ne pouvez pas saisir de telles techniques de communication et l’on ne trouve absolument rien de comparable dans l’expérience des mortels, rien à quoi elles puissent être comparées. 27:6.5 Les maitres de philosophie prennent un plaisir suprême à communiquer leur interprétation de l’univers des univers aux êtres qui se sont élevés des mondes de l’espace. Et, bien que la philosophie ne puisse jamais être aussi ferme dans ses conclusions que les faits de connaissance et les vérités d’expérience, cependant, lorsque vous aurez entendu les exposés de ces supernaphins primaires sur les problèmes non résolus de l’éternité et les accomplissements des Absolus, vous éprouverez une satisfaction certaine et durable concernant ces questions non maitrisées. 27:6.6 Ces recherches intellectuelles du Paradis ne sont pas télédiffusées ; la philosophie de la perfection est seulement à la disposition de ceux qui sont personnellement présents. Les créations qui l’entourent ne connaissent ces enseignements que par ceux qui ont passé par cette expérience et qui ont exporté ultérieurement cette sagesse dans les univers de l’espace. 7. Les conducteurs d’adoration 27:7.1 L’adoration est le privilège suprême et le premier devoir de toutes les intelligences créées. L’adoration est l’acte conscient et joyeux par lequel on reconnait et l’on admet la vérité et le fait que les Créateurs ont des relations intimes et personnelles avec leurs créatures. La qualité de l’adoration est déterminée par la profondeur de perception de la créature ; et, à mesure que la connaissance du caractère infini des Dieux progresse, l’acte d’adoration englobe tout d’une manière croissante, jusqu’à ce qu’il atteigne finalement la gloire de l’enchantement expérientiel le plus élevé et du plaisir le plus exquis que les êtres créés puissent connaitre. 27:7.2 Bien que l’Ile du Paradis contienne certains lieux réservés à l’adoration, elle est plutôt un vaste sanctuaire de service divin. L’adoration est la passion première et dominante de tous ceux qui s’élèvent jusqu’à ses rives bienheureuses – l’ébullition spontanée des êtres qui en ont assez appris sur Dieu pour atteindre sa présence. Cercle après cercle au cours du voyage vers l’intérieur à travers Havona, la passion de l’adoration va croissant jusqu’à ce qu’au Paradis il devienne nécessaire de diriger son expression sinon la contrôler par d’autres moyens. 27:7.3 Les élans d’adoration suprême et de louange spirituelle que l’on goute périodiquement, spontanément, en groupe ou de manière exceptionnelle au Paradis ont lieu sous la direction d’un corps spécial de supernaphins primaires. Sous la gouverne de ces conducteurs d’adoration, cet hommage réalise le but du plaisir suprême des créatures et atteint les hauteurs où l’expression sublime de soi et la satisfaction personnelle sont parfaites. Tous les supernaphins primaires désirent ardemment être des conducteurs d’adoration et tous les êtres ascendants se réjouiraient de rester toujours dans l’attitude d’adoration si les chefs d’affectation ne dispersaient pas périodiquement leurs groupements. Mais nul être ascendant n’est jamais sollicité de se faire affecter au service éternel avant d’avoir atteint pleine satisfaction dans l’adoration. 27:7.4 La tâche des conducteurs d’adoration consiste à enseigner l’adoration aux créatures ascendantes de telle manière qu’elles puissent gagner cette satisfaction d’expression de soi et en même temps prêter attention aux activités essentielles du régime du Paradis. Sans amélioration dans la technique de l’adoration, il faudrait des centaines d’années au mortel moyen qui atteint le Paradis pour exprimer pleinement et d’une manière satisfaisante ses émotions d’appréciation intelligente et de gratitude croissante. Les conducteurs d’adoration ouvrent des voies d’expression nouvelles et jusque-là inconnues, afin que les merveilleux enfants du sein de l’espace et du travail du temps soient rendus capables d’obtenir les pleines satisfactions de l’adoration en un bien moindre délai. 27:7.5 Tous les arts de tous les êtres de l’univers entier qui sont capables d’intensifier et d’exalter les aptitudes à l’expression de soi et de communiquer l’appréciation sont employés au maximum de leur efficacité dans l’adoration des Déités du Paradis. L’adoration est la plus grande joie de l’existence paradisiaque ; c’est le jeu reposant du Paradis. Ce que le jeu fait pour votre mental surmené sur terre, l’adoration le fera pour votre âme rendue parfaite au Paradis. Le mode d’adoration au Paradis dépasse complètement la compréhension mortelle, mais vous pouvez commencer à en apprécier l’esprit même ici-bas sur Urantia, car dès maintenant les esprits des Dieux vous habitent, planent au-dessus de vous et vous incitent à la véritable adoration. 27:7.6 Il y a au Paradis des moments et des emplacements fixés pour l’adoration, mais ils ne sont pas en mesure de recevoir le débordement toujours croissant des émotions spirituelles nées dans l’intelligence grandissante et la récognition de divinité en extension qui se développe chez les brillants êtres faisant expérientiellement l’ascension de l’Ile éternelle. Depuis l’époque de Grandfanda, les supernaphins n’ont jamais pu accommoder pleinement l’esprit d’adoration au Paradis. Il y a toujours un excès d’adoration, si l’on en juge par la préparation à l’adoration. Et cela vient de ce que les personnalités qui sont parfaites par inhérence ne peuvent jamais apprécier pleinement les prodigieuses réactions émotives spirituelles des êtres qui ont lentement et laborieusement frayé leur chemin ascendant vers la gloire du Paradis, en partant des profondes ténèbres spirituelles des mondes inférieurs du temps et de l’espace. Lorsque ces anges et ces mortels du temps atteignent la présence des Puissances du Paradis, l’expression des émotions accumulées au long des âges se manifeste ; c’est un spectacle qui stupéfie les anges du Paradis et qui provoque une joie suprême de satisfaction divine chez les Déités du Paradis. 27:7.7 Tout le Paradis est parfois englouti dans une marée dominante d’expression spirituelle et adoratrice. Il arrive souvent que les conducteurs d’adoration ne puissent contrôler ces phénomènes avant qu’apparaisse la triple fluctuation lumineuse de la demeure de la Déité. Ce signe dénote que le divin cœur des Dieux a été pleinement et complètement satisfait par l’adoration sincère des résidents du Paradis, des parfaits citoyens de gloire et des créatures ascendantes du temps. Quel triomphe technique ! Quelle fructification du plan et du dessein éternels des Dieux quand l’amour intelligent de l’enfant créé donne pleine satisfaction à l’amour infini du Père Créateur ! 27:7.8 Après avoir atteint la suprême satisfaction de la plénitude de l’adoration, vous êtes qualifié pour l’admission au Corps de la Finalité. La carrière ascendante est à peu près terminée et la célébration du septième jubilé se prépare. Le premier jubilé marquait l’accord du mortel avec son Ajusteur de Pensée lorsque le dessein de survivre fut scellé. Le deuxième fut l’éveil dans la vie morontielle, le troisième la fusion avec l’Ajusteur de Pensée, le quatrième l’éveil dans Havona, le cinquième célébra la découverte du Père Universel et le sixième jubilé fut l’occasion de l’éveil au Paradis après l’assoupissement final du transit du temps. Le septième jubilé marque l’entrée dans le corps des finalitaires mortels et le commencement du service de l’éternité. Lorsqu’un finalitaire atteindra le septième stade de réalisation de l’esprit, cela donnera probablement le signal du premier jubilé de l’éternité. 27:7.9 Ainsi se termine l’histoire des supernaphins du Paradis, l’ordre le plus élevé des esprits tutélaires, ces êtres qui, en tant que classe universelle, vous accompagnent toujours depuis le monde de votre origine jusqu’à ce que les conducteurs d’adoration vous fassent définitivement leurs adieux au moment de votre prestation du serment trinitaire de l’éternité et de votre incorporation dans le Corps des Mortels de la Finalité. 27:7.10 Le service perpétuel de la Trinité du Paradis est sur le point de commencer et le finalitaire fait maintenant face au défi de Dieu l’Ultime. 27:7.11 [Présenté par un Perfecteur de Sagesse venant d’Uversa.] Fascicule 28. Esprits tutélaires des superunivers 28:0.1 De même que les supernaphins sont l’armée angélique de l’univers central et les séraphins celle des univers locaux, les seconaphins sont les esprits tutélaires des superunivers. En degré de divinité et en potentiel de suprématie, ces enfants des Esprits Réflectifs ressemblent toutefois beaucoup plus aux supernaphins qu’aux séraphins. Ils ne servent pas seuls dans les supercréations, et les opérations prises en charge par leurs associés non révélés sont à la fois nombreuses et mystérieuses. 28:0.2 Tels qu’ils sont présentés dans ces exposés, les esprits tutélaires des superunivers comprennent les trois ordres suivants : 28:0.3 1. Les seconaphins. 28:0.4 2. Les tertiaphins. 28:0.5 3. Les omniaphins. 28:0.6 Les deux derniers ordres n’étant pas aussi directement intéressés au plan ascensionnel de progression des mortels, nous ne les analyserons que brièvement avant de faire une étude plus approfondie des seconaphins. Techniquement, ni les tertiaphins ni les omniaphins ne sont des esprits tutélaires des superunivers, bien qu’ils servent tous deux comme ministres spirituels dans ces domaines. 1. Les tertiaphins 28:1.1 Ces anges élevés sont inscrits aux sièges des superunivers et, malgré leur service dans les créations locales, ils sont techniquement des résidents de ces capitales superuniverselles, en ce sens qu’ils ne sont pas nés dans les univers locaux. Les tertiaphins sont des enfants de l’Esprit Infini et sont personnalisés au Paradis en groupes de mille. Ces êtres célestes d’une originalité divine et d’une variété de talents presque suprême sont le don de l’Esprit Infini aux Fils Créateurs de Dieu. 28:1.2 Lorsqu’un Fils Micaël est détaché du régime parental du Paradis et préparé à partir pour l’aventure universelle de l’espace, un groupe de mille de ces esprits compagnons nait de l’Esprit Infini. Et ces majestueux tertiaphins accompagnent ce Fils Créateur lorsqu’il s’engage dans l’aventure d’organiser un univers. 28:1.3 Durant toute la période initiale de construction d’un univers, ces mille tertiaphins forment le seul état-major personnel du Fils Créateur. Ils acquièrent une très grande expérience comme assistants du Fils pendant les âges mouvementés d’assemblage de l’univers et des autres manipulations astronomiques. Ils servent aux côtés du Fils Créateur jusqu’au jour de la personnalisation de la Radieuse Étoile du Matin, le premier-né d’un univers local. Sur quoi les démissions officielles des tertiaphins sont remises et acceptées. Lors de l’apparition de membres des ordres initiaux de vie angélique native, ils se retirent du service actif dans l’univers local et deviennent les agents de liaison entre le Fils Créateur auquel ils étaient précédemment attachés et les Anciens des Jours du superunivers intéressé. 2. Les omniaphins 28:2.1 Les omniaphins sont créés par l’Esprit Infini en liaison avec les Sept Agents Exécutifs Suprêmes, et ils sont les serviteurs et les messagers exclusifs de ces mêmes Agents Exécutifs Suprêmes. Les omniaphins ont des affectations dans le grand univers. Dans Orvonton, ils entretiennent un quartier général dans les régions septentrionales d’Uversa où ils résident à titre de colonie spéciale de courtoisie. Ils ne sont ni inscrits sur Uversa ni attachés à notre administration. Ils ne sont pas non plus directement intéressés au plan ascendant de progression des mortels. 28:2.2 Les omniaphins sont entièrement occupés à la surveillance des superunivers dans l’intérêt d’une coordination administrative du point de vue des Sept Agents Exécutifs Suprêmes. Notre colonie d’omniaphins sur Uversa ne reçoit d’ordres que de l’Agent Exécutif Suprême d’Orvonton et ne fait de rapports qu’à lui. Ce dernier réside sur la sphère administrative conjointe numéro sept dans l’anneau extérieur des satellites du Paradis. 3. Les seconaphins 28:3.1 Les armées secoraphiques sont issues des sept Esprits Réflectifs affectés au siège de chaque superunivers. Le Paradis a une technique précise de réaction associée à la création de ces anges par groupes de sept. Chaque septuor comporte un seconaphin primaire, trois secondaires et trois tertiaires ; ils se personnalisent toujours dans cette proportion exacte. Quand sept de ces seconaphins sont créés, l’un d’eux, le primaire, est attaché au service des Anciens des Jours. Les trois anges secondaires sont associés à trois groupes d’administrateurs originaires du Paradis et opérant dans les supergouvernements : les Conseillers Divins, les Perfecteurs de Sagesse et les Censeurs Universels. Les trois anges tertiaires sont attachés aux associés trinitisés ascendants des chefs de superunivers : les Puissants Messagers, les Élevés en Autorité et les Dépourvus de Nom et de Nombre. 28:3.2 Les seconaphins des superunivers sont les descendants des Esprits Réflectifs ; la réflectivité est donc inhérente à leur nature. Ils sont réflectivement sensibles à l’ensemble de toutes les phases de chaque créature originaire de la Source-Centre Troisième et des Fils Créateurs du Paradis, mais ils ne sont pas directement réflectifs des êtres ou entités, personnels ou autres, exclusivement originaires de la Source-Centre Première. Nous possédons de nombreuses preuves de l’actualité des circuits universels d’intelligence de l’Esprit Infini, mais, même si nous n’avions pas d’autres preuves, les performances réflectives des seconaphins seraient amplement suffisantes pour démontrer la réalité de la présence universelle du mental infini de l’Acteur Conjoint. 4. Les seconaphins primaires 28:4.1 Les seconaphins primaires, affectés aux Anciens des Jours, sont des miroirs vivants au service de ces chefs trins. Imaginez ce que signifie dans l’économie d’un superunivers la possibilité de se tourner pour ainsi dire vers un miroir vivant, d’y voir, et aussi d’entendre les réponses indubitables d’un autre être éloigné de mille ou de cent-mille années-lumière, et de faire cela instantanément et infailliblement. Des archives sont essentielles pour la conduite des univers, les télédiffusions rendent service, le travail des Messagers Solitaires ou autres est fort utile, mais, de leur position médiane entre les mondes habités et le Paradis – entre l’homme et Dieu – les Anciens des Jours peuvent instantanément regarder dans les deux sens, entendre dans les deux sens et connaitre les deux sens. 28:4.2 Cette aptitude – à voir et à entendre pour ainsi dire toutes choses – ne peut être réalisée parfaitement dans les superunivers que par les Anciens des Jours et seulement sur leurs mondes-sièges respectifs. Même là, ils rencontrent des limites : depuis Uversa, ce genre de communications est limité aux mondes et aux univers d’Orvonton, et, bien que la même technique réflective soit inopérante entre les superunivers, elle maintient chacun d’eux en contact étroit avec l’univers central et avec le Paradis. Les sept supergouvernements, bien qu’individuellement séparés, sont ainsi parfaitement réflectifs de l’autorité supérieure et parfaitement au courant des besoins inférieurs auxquels ils accordent une entière sympathie. 28:4.3 Par leur nature inhérente, les seconaphins primaires ont tendance à s’orienter vers sept types de services, et il sied que ceux de la première série de cet ordre soient doués de manière à interpréter par inhérence le mental de l’Esprit aux Anciens des Jours : 28:4.4 1. La Voix de l’Acteur Conjoint. Dans chaque superunivers, le premier seconaphin primaire et tous les septièmes de cet ordre créés subséquemment font preuve d’une haute qualité d’adaptation pour comprendre le mental de l’Esprit Infini et pour l’interpréter auprès des Anciens des Jours et de leurs associés dans les supergouvernements. Cela présente un grand intérêt pour les quartiers généraux des superunivers, car, contrairement à un univers local avec sa Divine Ministre, le siège d’un supergouvernement ne dispose pas d’une personnalisation spécialisée de l’Esprit Infini. Ces voix secoraphiques sont donc fort proches d’être les représentantes personnelles de la Source-Centre Troisième sur ces sphères capitales. Il est vrai que les sept Esprits Réflectifs sont là, mais ces mères des armées secoraphiques sont moins véritablement et moins automatiquement réflectives de l’Acteur Conjoint qu’elles le sont des sept Maitres Esprits. 28:4.5 2. La voix des Sept Maitres Esprits. Le deuxième seconaphin primaire et tous les deuxièmes des septuors créés ultérieurement ont tendance à dépeindre les natures et les réactions collectives des Sept Maitres Esprits. Bien que chaque Maitre Esprit soit déjà représenté dans la capitale d’un superunivers par l’un des sept Esprits Réflectifs affectés, cette représentation est individuelle et non collective. Collectivement, les Maitres Esprits ne sont présents que réflectivement ; c’est pourquoi ils accueillent avec plaisir les services de ces anges hautement personnels appartenant à la deuxième série des seconaphins primaires, et si compétents pour les représenter auprès des Anciens des Jours. 28:4.6 3. La Voix des Fils Créateurs. L’Esprit Infini doit avoir eu un rôle à remplir dans la création ou l’éducation des Fils Paradisiaques de l’ordre des Micaëls, car le troisième seconaphin primaire et tous les septièmes de la série créés postérieurement possèdent le don remarquable d’être réflectifs du mental de ces Fils Créateurs. Si les Anciens des Jours veulent connaitre – réellement connaitre – l’attitude de Micaël de Nébadon au sujet d’une affaire en cours d’étude, ils n’ont pas besoin de l’appeler sur les lignes de l’espace, mais seulement d’appeler le Chef des Voix de Nébadon, qui sur demande présentera le seconaphin d’enregistrement de Micaël ; et, là, les Anciens des Jours percevront aussitôt la voix du Maitre Fils de Nébadon. 28:4.7 Nul autre ordre de filiation n’est ainsi « réflectible », et nul autre ordre d’anges ne peut fonctionner de la sorte. Nous ne comprenons pas pleinement la manière exacte dont ceci s’accomplit, et je doute fort que les Fils Créateurs eux-mêmes le comprennent complètement. Mais nous savons avec certitude que cela fonctionne et nous savons aussi que cela fonctionne immanquablement d’une manière appropriée, car, dans toute l’histoire d’Uversa, les voix secoraphiques ne se sont jamais trompées dans leurs présentations. 28:4.8 Vous commencez à voir ici quelque peu la manière dont la divinité englobe l’espace du temps et maitrise le temps de l’espace. Vous obtenez ici l’un de vos premiers aperçus fugitifs sur la technique du cycle de l’éternité, qui diverge pour le moment en vue d’assister les enfants du temps dans leur tâche de maitriser les difficiles handicaps de l’espace. Et ces phénomènes s’ajoutent à la technique universelle établie des Esprits Réflectifs. 28:4.9 Bien qu’apparemment privés de la présence personnelle des Maitres Esprits placés au-dessus d’eux et des Fils Créateurs placés au-dessous, les Anciens des Jours ont à leur disposition des êtres vivants synchronisés avec les mécanismes cosmiques de perfection réflective et de précision ultime ; ils peuvent ainsi jouir de la présence réflective de tous ces êtres haut placés dont la présence personnelle leur est refusée. Grâce à ces moyens et à d’autres qui vous sont inconnus, Dieu est potentiellement présent aux quartiers généraux des superunivers. 28:4.10 Les Anciens des Jours connaissent parfaitement la volonté du Père par déduction, en pondérant le flash-vocal de l’Esprit venant d’en haut par les flash-vocaux des Micaëls venant d’en bas. Cela leur donne une certitude infaillible dans leurs estimations de la volonté du Père concernant les affaires administratives des univers locaux. Mais, pour déduire la volonté de l’un des Dieux à partir de la connaissance des deux autres, les Anciens des Jours doivent agir tous trois ensemble ; à deux seulement, ils ne pourraient aboutir à la réponse. Pour cette raison, et même s’il n’y en avait pas d’autres, les superunivers sont toujours présidés par trois Anciens des Jours, et non par un seul ni même par deux. 28:4.11 4. La Voix des Armées Angéliques. Le quatrième seconaphin primaire et tous les quatrièmes de la série créés ultérieurement se montrent des anges particulièrement sensibles aux sentiments de tous les ordres d’anges, y compris les supernaphins au-dessus d’eux et les séraphins au-dessous d’eux. L’attitude de tout ange commandant ou supervisant est donc instantanément disponible pour être examinée à n’importe quelle réunion des Anciens des Jours. Il ne s’écoule jamais un jour sur votre monde où le chef des séraphins d’Urantia ne soit pas rendu conscient du phénomène de transfert réflectif, du fait que l’on a recours à lui depuis Uversa pour quelque motif ; mais, à moins d’être informé à l’avance par un Messager Solitaire, il reste complètement ignorant de ce que l’on recherche et de la manière dont on le trouve. Les esprits tutélaires du temps fournissent constamment cette sorte de témoignage inconscient, donc certainement dépourvu de préventions, au sujet de l’interminable série de matières retenant l’attention et nécessitant le conseil des Anciens des Jours et de leurs associés. 28:4.12 5. Les Récepteurs des Télédiffusions. Il y a une classe spéciale de messages télédiffusés qui sont reçus uniquement par ces seconaphins primaires. Bien qu’ils ne soient pas les diffuseurs réguliers d’Uversa, ils travaillent en liaison avec les anges des voix réflectives en vue de synchroniser la vision réflective des Anciens des Jours avec certains messages actuels arrivant par les circuits établis de communication universelle. Les récepteurs de télédiffusions sont le cinquième seconaphin primaire et tous les septièmes créés ultérieurement. 28:4.13 6. Les Personnalités de Transport. Ce sont les seconaphins qui transportent les pèlerins du temps depuis les mondes-sièges des superunivers jusqu’au cercle extérieur de Havona. Ils forment le corps de transport des superunivers opérant vers l’intérieur jusqu’au Paradis et vers l’extérieur jusqu’aux mondes de leurs secteurs respectifs. Ce corps est composé du sixième seconaphin primaire et de tous les septièmes créés ultérieurement. 28:4.14 7. Le Corps de Réserve. Un très vaste groupe de seconaphins, les septièmes de la série, est tenu en réserve pour les missions non classées et pour les affectations d’urgence dans les royaumes. N’étant pas hautement spécialisés, ils peuvent assez bien se substituer fonctionnellement à leurs divers associés, mais ils n’entreprennent un travail aussi spécialisé qu’en cas d’urgence. Leurs tâches habituelles consistent dans l’accomplissement des devoirs généralisés d’un superunivers qui ne rentrent pas dans les attributions des anges ayant une affectation spécifique. 5. Les seconaphins secondaires 28:5.1 Les seconaphins de l’ordre secondaire ne sont pas moins réflectifs que leurs compagnons primaires. Dans le cas des seconaphins, la classification en primaire, secondaire et tertiaire n’indique pas une différence de statut ou de fonction ; elle dénote simplement des ordres de procédure. Les trois groupes font montre de qualités identiques dans leurs activités. 28:5.2 Les sept types réflectifs de seconaphins secondaires sont affectés comme suit au service des associés coordonnés d’origine trinitaire des Anciens des Jours : 28:5.3 Aux Perfecteurs de Sagesse – les Voix de la Sagesse, les Âmes de Philosophie et les Unions des Âmes. 28:5.4 Aux Conseillers Divins – les Cœurs du Conseil, les Joies de l’Existence et les Satisfactions du Service. 28:5.5 Aux Censeurs Universels – les Discerneurs d’Esprits. 28:5.6 Comme l’ordre primaire, ce groupe est créé par séries, autrement dit le premier-né était une Voix de la Sagesse, de même que le septième suivant ; et il en va de même avec les six autres types de ces anges réflectifs. 28:5.7 1. La Voix de la Sagesse. Certains de ces seconaphins sont en liaison perpétuelle avec les bibliothèques vivantes du Paradis, les gardiens de la connaissance faisant partie des supernaphins primaires. Dans leur service réflectif spécialisé, les Voix de la Sagesse sont des concentrations et des focalisations vivantes, constamment à jour, complètes et entièrement fiables, de la sagesse coordonnée de l’univers des univers. Vis-à-vis du volume à peu près infini des informations qui circulent sur les maitres circuits des superunivers, ces êtres superbes sont tellement réflectifs, sélectifs et sensibles qu’ils sont capables d’en extraire et d’en recevoir l’essence de la sagesse, et de transmettre sans erreur ces joyaux de travail mental à leurs supérieurs, les Perfecteurs de Sagesse. En outre, ils opèrent de telle sorte que non seulement les Perfecteurs de Sagesse entendent les expressions actuelles et originales de cette sagesse, mais qu’aussi ils voient réflectivement les êtres eux-mêmes, de haute ou d’humble origine, qui l’ont exprimée. 28:5.8 Il est écrit : « Si un homme manque de sagesse, qu’il demande ». Sur Uversa, quand il devient nécessaire d’en arriver aux décisions de sagesse dans les situations embarrassantes des affaires complexes du gouvernement du superunivers, quand il faut mettre en œuvre une sagesse tenant compte à la fois de la perfection et de la mise en pratique, alors les Perfecteurs de Sagesse convoquent une batterie de Voix de la Sagesse. Avec l’habileté consommée de leur ordre, les Perfecteurs accordent et orientent ces récepteurs vivants de la sagesse mentalisée et circulante de l’univers des univers, de telle manière qu’aussitôt il sort de ces voix secoraphiques un courant de sagesse divine venant des échelons supérieurs de l’univers et un flot de sagesse pratique des grands penseurs des univers inférieurs. 28:5.9 Si la confusion s’élève lorsqu’il faut harmoniser ces deux versions de la sagesse, on fait aussitôt appel aux Conseillers Divins qui choisissent séance tenante la combinaison appropriée de procédés. S’il existe un doute sur l’authenticité d’une chose venant des royaumes où la rébellion a sévi, on fait appel aux Censeurs qui, avec leurs Discerneurs d’Esprits, sont capables de déterminer immédiatement « quelle sorte d’esprit » a fait agir le consultant. C’est ainsi que la sagesse des âges et l’intellect du moment sont toujours présents chez les Anciens des Jours, comme un livre ouvert sous leur regard bienveillant. 28:5.10 Vous pouvez juste comprendre vaguement ce que tout cela signifie pour ceux qui sont responsables de la conduite des gouvernements superuniversels. L’immensité et la portée de ces opérations dépassent complètement les conceptions finies. Quand vous vous tiendrez, comme je l’ai fait à maintes reprises, dans les chambres spéciales de réception du temple de la sagesse sur Uversa, et que vous verrez tout cela opérer effectivement, vous serez incité à l’adoration par la perfection de la complexité et par la sûreté de fonctionnement des communications interplanétaires des univers. Vous rendrez hommage à la divine sagesse et à la bonté des Dieux qui font des plans et les exécutent avec une technique aussi merveilleuse. Et ces choses se passent effectivement comme je les ai décrites. 28:5.11 2. L’Âme de la Philosophie. Ces merveilleux éducateurs sont également attachés aux Perfecteurs de Sagesse et, lorsqu’ils n’ont pas reçu d’autres directives, ils restent en synchronisme focal avec les maitres de philosophie du Paradis. Imaginez que vous vous placez pour ainsi dire devant un miroir vivant, et qu’au lieu d’y apercevoir la similitude de votre moi fini et matériel, vous percevez une image réfléchie de la sagesse de la divinité et de la philosophie du Paradis. Et, s’il devient désirable « d’incarner » cette philosophie de la perfection, de la diluer de telle sorte qu’elle devienne pratiquement applicable et assimilable par les humbles peuples des mondes inférieurs, ces miroirs vivants n’ont qu’à tourner leur face vers le bas pour refléter les normes et les besoins d’un autre monde ou d’un autre univers. 28:5.12 C’est par ces techniques mêmes que les Perfecteurs de Sagesse adaptent leurs décisions et recommandations aux besoins réels et au statut actuel des peuples et des mondes pris en considération, et ils agissent toujours de concert avec les Conseillers Divins et les Censeurs Universels. Mais la plénitude sublime de ces opérations dépasse même mes facultés de compréhension. 28:5.13 3. L’Union des Âmes. L’état-major trin attaché aux Perfecteurs de Sagesse est complété par ces réflecteurs des idéaux et du statut des relations éthiques. Parmi tous les problèmes de l’univers nécessitant l’exercice d’une sagesse consommée appuyée sur l’expérience et l’adaptabilité, il n’y en a pas de plus importants que ceux qui surgissent des relations et des associations entre êtres intelligents. Que ce soit dans les associations humaines du commerce, dans les amitiés et les mariages, ou dans les liaisons des armées angéliques, il continue de s’élever de petites frictions, des malentendus mineurs trop mesquins pour attirer l’attention des conciliateurs, mais suffisamment irritants et troublants pour porter atteinte à la bonne marche de l’univers s’il leur était permis de se multiplier et de durer. C’est pourquoi les Perfecteurs de Sagesse offrent la sage expérience de leur ordre comme « onction de réconciliation » pour un superunivers tout entier. Dans tout ce travail, ces sages des superunivers sont expertement aidés par leurs associés réflectifs, les Unions des Âmes, qui rendent accessibles les informations courantes concernant le statut de l’univers et qui donnent en même temps l’idéal paradisiaque dépeignant le meilleur ajustement de ces troublants problèmes. Lorsqu’ils ne sont pas spécifiquement orientés ailleurs, ces seconaphins restent en liaison réflective avec les interprètes d’éthique du Paradis. 28:5.14 Tels sont les anges qui encouragent et facilitent le travail d’équipe de tout Orvonton. L’une des plus importantes leçons à apprendre pendant votre carrière mortelle est celle du travail en équipe. Ceux qui ont dominé cet art de travailler avec d’autres êtres peuplent les sphères de perfection. Il y a peu de tâches dans l’univers pour les serviteurs isolés. Plus vous vous élevez, plus vous devenez isolés lorsque vous êtes temporairement privés de la société de vos compagnons. 28:5.15 4. Le Cœur du Conseil. C’est le premier groupe des génies réflectifs placés sous la supervision des Conseillers Divins. Les seconaphins de ce type sont en possession des faits de l’espace, parce qu’ils sont sélectifs pour ce genre de données dans les circuits du temps. Ils sont spécialement réflectifs des coordonnateurs supéraphiques de renseignements, mais ils sont aussi sélectivement réflectifs du conseil de tous les êtres, aussi bien de rang élevé que de rang inférieur. Chaque fois que les Conseillers Divins sont appelés à donner un avis ou à prendre des décisions d’importance, ils réquisitionnent immédiatement un ensemble de Cœurs du Conseil. Tout de suite après, ils transmettent une ordonnance qui incorpore effectivement la sagesse et les avis coordonnés des penseurs les plus compétents de tout le superunivers, tous censurés et revus à la lumière du conseil des êtres au mental élevé de Havona et même du Paradis. 28:5.16 5. La Joie de l’Existence. Par nature, ces êtres sont réflectivement accordés vers le haut avec les surveillants séraphiques d’harmonie et vers le bas avec certains séraphins, mais il est difficile d’expliquer ce que font exactement les membres de ce groupe intéressant. Leurs activités principales sont dirigées vers l’encouragement aux réactions de joie parmi les divers ordres des armées angéliques et des humbles créatures volitives. Les Conseillers Divins, auxquels ils sont attachés, les utilisent rarement pour découvrir spécifiquement la joie. D’une manière plus générale, et en collaboration avec les directeurs de la rétrospection, ils opèrent comme centre de coordination des joies, cherchant à rehausser les réactions de plaisir des royaumes tout en essayant d’améliorer le gout de l’humour, de développer un superhumour parmi les mortels et les anges. Ils s’efforcent de démontrer qu’il y a une joie inhérente à l’existence des êtres doués de libre arbitre, indépendamment de toutes les influences extérieures, et ils ont raison, bien qu’ils rencontrent de grandes difficultés à inculquer cette vérité au mental des hommes primitifs. Les personnalités spirituelles supérieures et les anges répondent plus rapidement à ces efforts éducatifs. 28:5.17 6. La Satisfaction du Service. Ces anges sont hautement réflectifs de l’attitude des directeurs de conduite au Paradis et opèrent sensiblement comme les Joies de l’Existence. Ils s’efforcent de rehausser la valeur du service et d’augmenter les satisfactions que l’on en tire. Ils ont beaucoup contribué à mettre en valeur les récompenses différées inhérentes au service désintéressé, service en vue de l’expansion du royaume de la vérité. 28:5.18 Les Conseillers Divins, à qui cet ordre est attaché, en emploient les membres pour réfléchir, d’un monde sur un autre, les bénéfices à retirer du service spirituel. Et, en utilisant les performances des meilleurs pour inspirer et encourager les médiocres, ces seconaphins contribuent immensément à la qualité du service dévoué dans les superunivers. On fait un usage efficace de l’esprit fraternel de compétition en faisant circuler dans chacun des mondes les renseignements sur ce que les autres, particulièrement les meilleurs, accomplissent. Une rivalité réconfortante et salutaire s’en trouve encouragée, même parmi les armées séraphiques. 28:5.19 7. Le Discerneur d’Esprits. Il existe une liaison spéciale entre les conseillers et consultants du deuxième cercle de Havona, et ces anges réflectifs. Ils sont les seuls seconaphins attachés aux Censeurs Universels, mais sont probablement les plus exceptionnellement spécialisés parmi tous leurs compagnons. Sans tenir compte de la source ou du canal d’information, et si maigre que soit le témoignage apporté, une fois soumis à leur minutieux examen réflectif, ces discerneurs vont aussitôt nous renseigner sur le vrai motif, le dessein effectif et la véritable nature de son origine. Je m’émerveille devant le splendide travail de ces anges qui reflètent si infailliblement le caractère moral et spirituel actuel de tout individu sur lequel ils se concentrent. 28:5.20 Les Discerneurs d’Esprits assurent ces services complexes grâce à leur « clairvoyance spirituelle » inhérente, si j’ose employer cette expression pour tenter de transmettre au mental humain la pensée selon laquelle ces anges réflectifs fonctionnent ainsi intuitivement, naturellement et infailliblement. Lorsque les Censeurs Universels voient ces présentations, ils se trouvent face à face avec l’âme mise à nu de l’individu reflété ; et la certitude et la perfection mêmes du portrait descriptif expliquent en partie pourquoi les Censeurs peuvent toujours opérer si justement comme juges équitables. Les discerneurs accompagnent toujours les Censeurs dans toutes leurs missions hors d’Uversa ; et ils sont tout aussi efficaces au dehors, dans les univers, qu’à leur quartier général d’Uversa. 28:5.21 Je vous assure que toutes ces opérations du monde de l’esprit sont réelles, qu’elles ont lieu en accord avec des usages établis et en harmonie avec les lois immuables des domaines universels. Immédiatement après avoir reçu le souffle de vie, les êtres de tout ordre nouvellement créés sont instantanément reflétés au ciel ; un portrait vivant de la nature et du potentiel de la créature est transmis comme un éclair au siège du superunivers. C’est ainsi que, grâce aux discerneurs, les Censeurs sont pleinement informés de la « sorte d’esprit » exacte qui vient de naitre sur les mondes de l’espace. 28:5.22 Il en est ainsi des hommes mortels : l’Esprit-Mère de Salvington vous connait pleinement, car le Saint-Esprit sur votre monde « sonde toutes choses », et tout ce que l’Esprit divin connait de vous est immédiatement accessible dès que les discerneurs secoraphiques reflètent l’Esprit au sujet de ce que l’Esprit connait de vous. Il faut toutefois mentionner que la connaissance et les plans des fragments du Père ne sont pas reflétables. Les discerneurs peuvent refléter la présence des Ajusteurs et ils le font (et les Censeurs les déclarent divins), mais ne peuvent pas déchiffrer le contenu de la disposition mentale des Moniteurs de Mystère. 6. Les seconaphins tertiaires 28:6.1 De la même manière que leurs compagnons, ces anges sont créés par séries et en sept types réflectifs, mais ces types ne sont pas affectés individuellement aux services séparés des administrateurs des superunivers. Tous les seconaphins tertiaires sont affectés collectivement aux Fils d’Aboutissement Trinitisés, et ces fils ascendants les utilisent de manière interchangeable ; autrement dit, les Puissants Messagers peuvent utiliser n’importe lequel des types tertiaires, et ils le font comme leurs coordonnés, les Élevés en Autorité et les Dépourvus de Nom et de Nombre. Voici les sept types de seconaphins tertiaires : 28:6.2 1. La Signification d’Origine. Les Fils Trinitisés ascendants du gouvernement d’un superunivers ont la responsabilité de traiter toutes les questions issues de l’origine de tout individu, de toute race ou de tout monde ; or la signification d’origine est la question la plus importante pour tous nos plans d’avancement cosmique des créatures vivantes du royaume. Toutes les relations et l’application des lois éthiques proviennent des faits fondamentaux de l’origine. L’origine est la base de la réaction des Dieux envers les intéressés. L’Acteur Conjoint prend toujours « note de l’homme, de la manière dont il est né ». 28:6.3 Chez les êtres descendants supérieurs, l’origine est simplement un fait qu’il faut vérifier ; mais, chez les êtres ascendants, y compris les ordres inférieurs d’anges, la nature et les circonstances de leur origine ne sont pas toujours aussi claires, tout en ayant une importance aussi vitale à chaque tournant des affaires de l’univers – d’où l’utilité d’avoir à notre disposition une série de seconaphins réflectifs capables de dépeindre instantanément tout ce qui est demandé au sujet de la genèse d’un être quelconque, aussi bien dans l’univers central que dans le domaine entier d’un superunivers. 28:6.4 Les Significations d’Origine sont les généalogies de référence vivantes et toutes prêtes des immenses foules d’êtres – humains, angéliques et autres – qui habitent les sept superunivers. Ils sont toujours prêts à fournir à leurs supérieurs une estimation à jour, complète et digne de foi, des facteurs ancestraux et du statut courant actuel de tout individu sur n’importe quel monde de leur superunivers respectif. Leur computation des faits acquis est constamment à jour, à la minute près. 28:6.5 2. Le Mémoire de la Miséricorde. Ceux-là sont les archives vivantes, actuelles, totales et complètes de la miséricorde qui a été étendue aux individus et aux races par les tendres soins des intermédiaires de l’Esprit Infini dans leur mission d’adapter la justice de la droiture au statut des royaumes, tel qu’il est révélé par les descriptions des Significations d’Origine. Le Mémoire de la Miséricorde dévoile la dette morale des enfants de miséricorde – leur passif spirituel – à mettre en balance avec l’actif de leur réserve de salut fixée par les Fils de Dieu. En révélant la miséricorde préexistante du Père, les Fils de Dieu établissent le crédit nécessaire pour assurer la survie de tous. Ensuite, et conformément aux conclusions des Significations d’Origine, un crédit de miséricorde est ouvert pour la survie de chaque créature rationnelle, un crédit très généreux et d’une grâce suffisante pour assurer la survie de toute âme qui désire réellement la citoyenneté divine. 28:6.6 Le Mémoire de la Miséricorde est un vivant bilan, un exposé à jour de votre compte chez les forces surnaturelles des royaumes. Ces archives vivantes du ministère de miséricorde sont lues en témoignage devant les tribunaux d’Uversa lorsque le droit de chaque individu à la vie perpétuelle vient en jugement, lorsque « les trônes sont placés et que les Anciens des Jours prennent leur siège. Les télédiffusions d’Uversa sont émises et sortent de devant eux ; des milliers et des milliers d’êtres leur apportent leur ministère, et dix-mille fois dix-mille se tiennent devant eux, le tribunal siège et les livres sont ouverts. » Et les livres qui sont ouverts dans une occasion aussi importante sont les archives vivantes des seconaphins tertiaires des superunivers. Les annales officielles figurent au dossier pour corroborer si nécessaire le témoignage des Mémoires de la Miséricorde. 28:6.7 Le Mémoire de la Miséricorde doit montrer que le crédit d’épargne ouvert par les Fils de Dieu a été pleinement et fidèlement utilisé dans l’affectueux ministère des patientes personnalités de la Source-Centre Troisième. Mais, quand la miséricorde est tarie, quand le « mémoire » témoigne de son épuisement, alors la justice prévaut et la droiture décrète. Car la miséricorde n’est pas destinée à être imposée à ceux qui la méprisent ; la miséricorde n’est pas un don à fouler aux pieds par les rebelles persistants du temps. Néanmoins, bien que la miséricorde soit ainsi précieuse et tendrement dispensée, vos soldes créditeurs individuels dépassent toujours de beaucoup votre aptitude à en épuiser la réserve, si vous êtes sincères dans vos desseins et honnêtes dans votre cœur. 28:6.8 Les réflecteurs de miséricorde, avec leurs associés tertiaires, s’engagent dans de nombreux ministères superuniversels, y compris l’enseignement des créatures ascendantes. Parmi beaucoup d’autres choses, les Significations d’Origine enseignent aux ascendeurs comment appliquer l’éthique de l’esprit, et, à la suite de cette éducation, les Mémoires de la Miséricorde leur enseignent à être vraiment miséricordieux. Alors que les techniques de l’esprit du ministère de la miséricorde dépassent vos conceptions, vous devriez comprendre dès maintenant que la miséricorde est une qualité de croissance. Vous devriez réaliser qu’il y a une grande récompense sous forme de satisfaction personnelle à être d’abord juste, puis équitable, puis patient, puis bon. Ensuite, en vous appuyant sur cette base, vous pouvez, si vous le choisissez et si vous l’avez dans votre cœur, faire le pas suivant et montrer réellement de la miséricorde, mais vous ne pouvez pas manifester la miséricorde isolément et par elle-même. Il faut traverser les étapes indiquées, autrement il ne peut y avoir de miséricorde authentique. Il peut y avoir patronage, condescendance ou charité – et même pitié – mais pas miséricorde. La vraie miséricorde ne vient véritablement que pour couronner magnifiquement les accessoires précédents de la compréhension de groupe, l’appréciation mutuelle, la camaraderie fraternelle, la communion spirituelle et l’harmonie divine. 28:6.9 3. L’Importance du Temps. Le temps est l’unique dotation universelle commune à toutes les créatures volitives ; c’est « le talent » confié à tous les êtres intelligents. Vous avez tous du temps pour assurer votre survie. Le temps n’est gaspillé d’une manière fatale que s’il est perdu dans la négligence, lorsque vous ne l’utilisez pas de manière à rendre certaine la survie de votre âme. L’insuccès pour tirer avantage de votre temps dans la plus grande mesure possible n’entraine pas de sanctions fatales ; il ne fait que retarder le pèlerin du temps dans son voyage d’ascension. Si la survie est gagnée, toutes les autres pertes peuvent être rattrapées. 28:6.10 Dans l’attribution des charges, le conseil des Importances du Temps est sans prix. Le temps est un facteur vital pour tout ce qui est situé de ce côté-ci de Havona et du Paradis. Dans le jugement final devant les Anciens des Jours, le temps est un élément de preuve. Les Importances du Temps doivent toujours apporter leur témoignage pour démontrer que chaque personne mise en cause a eu tout le temps voulu pour prendre des décisions et aboutir à un choix. 28:6.11 Ces évaluateurs du temps sont aussi le secret de la prophétie. Ils dépeignent l’élément temps qui sera nécessaire pour parfaire une entreprise quelconque, et l’on peut tout autant se fier à eux qu’aux frandalanks et aux chronoldeks appartenant à d’autres ordres vivants. Les Dieux prévoient, donc ils savent d’avance. Mais les autorités ascendantes des univers du temps doivent consulter les Importances du Temps pour être à même de prédire les évènements futurs. 28:6.12 Vous rencontrerez ces êtres pour la première fois sur les mondes des maisons ; ils vous y enseigneront l’emploi avantageux de ce que vous appelez « temps », à la fois dans son usage positif, le travail, et dans son utilisation négative, le repos. Les deux manières d’employer le temps sont importantes. 28:6.13 4. La Solennité de la Confiance. La confiance est l’épreuve cruciale des créatures volitives. Le fait d’être digne de confiance est la vraie mesure de la maitrise de soi, du caractère. Ces seconaphins accomplissent un double dessein dans l’économie des superunivers. Ils dépeignent à toutes les créatures volitives le sens du caractère impératif, sacré et solennel de la confiance. En même temps, ils reflètent infailliblement aux autorités gouvernantes le degré exact de crédit dont est digne un candidat à la confiance. 28:6.14 Sur Urantia, vous essayez d’une manière grotesque de lire les caractères et d’estimer les aptitudes spécifiques, mais sur Uversa nous le faisons réellement à la perfection. Ces seconaphins pèsent la loyauté sur des balances vivantes appréciant infailliblement les caractères. Lorsqu’ils vous ont regardé, il nous suffit de les regarder pour connaitre les limitations de vos aptitudes à exercer des responsabilités, à mener à bien une charge de confiance et à accomplir des missions. Votre actif de loyauté figure clairement à côté de votre passif de défaillances ou de trahisons possibles. 28:6.15 Le plan de vos supérieurs consiste à vous faire avancer en accroissant vos charges de confiance dans la mesure où le développement de votre caractère est suffisant pour vous permettre d’endosser élégamment ces responsabilités additionnelles, car, si l’on surcharge un individu, on ne fait que courir à un échec et aller au-devant d’une déception. On peut éviter l’erreur de placer prématurément des responsabilités sur un homme ou sur un ange en utilisant le ministère de ces infaillibles estimateurs de la confiance que peuvent mériter des individus du temps et de l’espace. Ces seconaphins accompagnent toujours les Élevés en Autorité, et ces administrateurs ne font jamais d’affectations avant que leurs candidats aient été pesés dans les balances secoraphiques et déclarés « faisant le poids. » 28:6.16 5. La Sainteté du Service. Le privilège de servir suit immédiatement la découverte de la loyauté. Rien ne peut faire obstacle entre vous et l’occasion d’un service plus étendu sinon votre propre déloyauté, votre manque de capacité d’apprécier la solennité de la confiance. 28:6.17 Le service – le service intentionnel, non l’esclavage – produit la plus haute satisfaction et exprime la dignité la plus divine. Service – plus de service, service accru, service difficile, service aventureux, et enfin service divin et parfait – tel est le but du temps et la destination de l’espace. Mais les cycles de jeux du temps alterneront toujours avec les cycles de service du progrès, et après le service du temps suit le superservice de l’éternité. Pendant le jeu du temps, vous devriez envisager le travail de l’éternité, de même que pendant le service de l’éternité vous vous rappellerez le jeu du temps. 28:6.18 L’économie universelle est basée sur la consommation et la production. Dans toute la carrière éternelle, vous ne rencontrerez jamais ni monotonie d’inaction ni stagnation de la personnalité. Le progrès est rendu possible par le mouvement même, l’avancement est issu de la divine capacité d’agir et l’accomplissement nait de l’aventure imaginative. Mais, inhérente à cette capacité d’accomplir, il y a la responsabilité de l’éthique, la nécessité de reconnaitre que le monde et l’univers sont remplis d’une multitude de types d’êtres différents. L’ensemble de cette magnifique création, y compris vous-même, n’a pas été fait uniquement pour vous. L’univers n’est pas égocentrique. Les Dieux ont décrété « qu’il est plus béni de donner que de recevoir », et votre Maitre Fils a dit : « Que celui qui voudrait être le plus grand parmi vous soit le serviteur de tous. » 28:6.19 La nature réelle de tout service – rendu par un homme ou par un ange – est pleinement révélée sur le visage de ces indicateurs secoraphiques de service, les Saintetés du Service. L’analyse complète des motifs véritables et cachés est clairement montrée. Ces anges sont en vérité les lecteurs de mental, les sondeurs de cœur et les révélateurs d’âme de l’univers. Les mortels peuvent employer des mots pour dissimuler leurs pensées, mais ces hauts seconaphins mettent à nu les mobiles profonds du cœur des hommes et du mental des anges. 28:6.20 6 et 7. Le Secret de Grandeur et L’Âme de Bonté. Les pèlerins ascendants s’étant éveillés à l’importance du temps, le chemin est préparé pour la réalisation de la solennité de la confiance et pour apprécier la sainteté du service. Ce sont là les éléments moraux de la grandeur, mais il y a aussi des secrets de grandeur. Quand les tests spirituels de grandeur sont appliqués, les éléments moraux ne sont pas négligés, mais la mesure réelle de la grandeur planétaire, c’est la qualité de générosité révélée dans le travail désintéressé pour le bien-être des compagnons terrestres, en particulier des êtres dignes qui sont dans le besoin et la détresse. Et la manifestation de la grandeur sur un monde comme Urantia, c’est la démonstration du contrôle de soi. Le grand homme n’est pas celui qui « conquiert une ville » ou « renverse une nation », mais plutôt « celui qui subjugue sa propre langue ». 28:6.21 Grandeur est synonyme de divinité. Dieu est suprêmement grand et bon. Il n’y a tout simplement pas de divorce possible entre la grandeur et la bonté. Elles sont pour toujours réunies en Dieu. Cette vérité est illustrée d’une manière frappante et littérale par l’interdépendance réflective des Secrets de Grandeur et des Âmes de Bonté, car les uns ne peuvent opérer sans les autres. Pour refléter d’autres qualités de la divinité, les supernaphins des superunivers peuvent agir seuls, et ils le font, mais les estimations réflectives de la grandeur et de la bonté paraissent inséparables. En conséquence, sur tout monde ou dans tout univers, il faut que ces réflecteurs de grandeur et de bonté travaillent ensemble et montrent toujours un double compte rendu mutuel et interdépendant de tout être sur lequel ils se focalisent. On ne peut estimer la grandeur sans connaitre son contenu de bonté, et l’on ne saurait dépeindre la bonté sans montrer sa grandeur inhérente et divine. 28:6.22 L’estimation de la grandeur varie de sphère en sphère. Être grand, c’est être semblable à Dieu. Et, puisque la qualité de grandeur est entièrement déterminée par le contenu de bonté, il s’ensuit que, même dans votre présent état humain, si par grâce vous pouvez devenir bon, vous devenez grand par là même. Plus vous contemplez avec fermeté et plus vous poursuivez avec persévérance les concepts de divine bonté, plus vous êtes assuré de progresser en grandeur dans la vraie magnificence d’un caractère authentiquement qualifié pour la survie. 7. Le ministère des seconaphins 28:7.1 Les seconaphins ont leur origine et leurs quartiers généraux sur les capitales des superunivers, mais, avec leurs compagnons de liaison, ils se répandent depuis les rivages du Paradis jusqu’aux mondes évolutionnaires de l’espace. Ils servent comme assistants appréciés auprès des membres des assemblées délibératives des supergouvernements, et sont d’un grand secours pour les colonies de courtoisie d’Uversa ; les étudiants d’étoiles, les voyageurs des millénaires, les observateurs célestes et une foule d’autres êtres, y compris les ascendeurs en attente d’être transportés vers Havona. Les Anciens des Jours se complaisent à charger certains seconaphins primaires d’aider les créatures ascendantes domiciliées sur les quatre-cent-quatre-vingt-dix mondes d’études entourant Uversa, où de nombreux représentants des ordres secondaire et tertiaire servent également d’instructeurs. Ces satellites d’Uversa sont les écoles terminales des univers du temps où l’on donne les cours préparatoires à l’université havonienne avec ses sept circuits. 28:7.2 Parmi les trois ordres de seconaphins, c’est le groupe tertiaire, attaché aux autorités ascendantes, qui exerce le plus largement son ministère auprès des créatures ascendantes du temps. Vous les rencontrerez à l’occasion peu après votre départ d’Urantia, mais vous n’utiliserez pas franchement leurs services avant d’avoir atteint les mondes de séjour d’Orvonton. Vous vous plairez en leur compagnie lorsque vous aurez pleinement fait connaissance avec eux sur les mondes scolaires d’Uversa. 28:7.3 Ces seconaphins tertiaires sont les économiseurs de temps, les abrégeurs d’espace, les détecteurs d’erreurs, les fidèles instructeurs et les éternels poteaux indicateurs – signes vivants de sécurité divine – placés par miséricorde aux carrefours du temps pour guider les pas des pèlerins anxieux dans les moments de grande perplexité et d’incertitude spirituelle. Bien avant d’atteindre le seuil de la perfection, vous commencerez à avoir accès aux instruments de la divinité et à prendre contact avec les techniques de la Déité. Depuis le moment où vous arriverez sur le monde initial des maisons jusqu’à ce que vous fermiez les yeux dans le sommeil havonien préparatoire à votre transit vers le Paradis, vous aurez de plus en plus recours aux secours d’urgence de ces êtres merveilleux, qui reflètent si pleinement et si libéralement la connaissance sûre et la sagesse certaine des pèlerins sûrs et loyaux qui vous ont précédés dans le long voyage vers les portes de la perfection. 28:7.4 On nous refuse le privilège d’utiliser pleinement ces anges réflectifs sur Urantia. Ils visitent fréquemment votre monde en accompagnant des personnalités qui y sont affectées, mais ils ne peuvent y opérer librement. Urantia étant encore en quarantaine spirituelle partielle, quelques-uns des circuits essentiels à leur service n’y passent pas à présent. Quand votre monde sera rétabli de nouveau dans les circuits réflectifs en question, une grande partie du travail des communications interplanétaires et interuniverselles sera grandement simplifiée et accélérée. Les travailleurs célestes sur Urantia rencontrent beaucoup de difficultés par suite de cette amputation fonctionnelle de leurs associés réflectifs. Mais nous continuons joyeusement à conduire nos affaires avec les intermédiaires à notre disposition, bien que nous soyons localement privés de beaucoup de services de ces êtres merveilleux, miroirs vivants de l’espace et projecteurs de présence du temps. 28:7.5 [Parrainé par un Puissant Messager d’Uversa.] Fascicule 29. Les Directeurs de Pouvoir d’Univers 29:0.1 Parmi toutes les personnalités de l’univers intéressées à la régulation des affaires entre planètes et entre univers, ce sont les directeurs de pouvoir et leurs associés qui ont été les moins bien compris sur Urantia. Alors que vos races ont connu depuis longtemps l’existence d’anges et d’ordres similaires d’êtres célestes, vous n’avez reçu que peu de renseignements sur les contrôleurs et les régulateurs du domaine physique. Même aujourd’hui, j’ai la permission de ne dévoiler pleinement que le dernier des trois groupes ci-dessous d’êtres vivants s’occupant du contrôle de la force et de la régulation de l’énergie dans le maitre univers : 29:0.2 1. Les Maitres Organisateurs de Force d’Extériorisés Primaires. 29:0.3 2. Les Maitres Organisateurs de Force Transcendantaux Associés. 29:0.4 3. Les Directeurs de Pouvoir d’Univers. 29:0.5 Bien que j’estime impossible de dépeindre l’individualité des divers groupes de directeurs, de centres et de contrôleurs de pouvoir d’univers, j’espère arriver à expliquer quelque chose à propos du domaine de leurs activités. Ils forment un groupe unique d’êtres vivants s’occupant de la régulation intelligente de l’énergie dans tout le grand univers. En y incluant les directeurs suprêmes, ils embrassent les divisions majeures suivantes : 29:0.6 1. Les Sept Directeurs Suprêmes de Pouvoir. 29:0.7 2. Les Centres Suprêmes de Pouvoir. 29:0.8 3. Les Maitres Contrôleurs Physiques. 29:0.9 4. Les Superviseurs de Pouvoir Morontiel. 29:0.10 Les Directeurs de Pouvoir et les Centres Suprêmes ont existé depuis des temps proches de l’éternité. Autant que nous sachions, il n’a plus été créé d’êtres de ces ordres. Les Sept Directeurs Suprêmes furent personnalisés par les Sept Maitres Esprits et collaborèrent ensuite avec leurs parents pour créer plus de dix-milliards d’associés. Avant l’époque des directeurs de pouvoir, les circuits d’énergie de l’espace extérieurs à l’univers central se trouvaient sous la supervision intelligente des Maitres Organisateurs de Force du Paradis. 29:0.11 Avec votre connaissance des créatures matérielles, vous avez, au moins par contraste, une conception des êtres spirituels, mais il est très difficile pour le mental des mortels d’imaginer les directeurs de pouvoir. Dans le plan de progression ascendante vers des niveaux plus élevés d’existence, vous n’aurez rien à faire directement avec les directeurs suprêmes ni avec les centres de pouvoir. En quelques rares occasions, vous aurez à traiter avec les contrôleurs physiques. Quant aux superviseurs de pouvoir morontiel, vous travaillerez en toute liberté avec eux quand vous atteindrez les mondes des maisons. Ces Superviseurs de Pouvoir Morontiel opèrent si exclusivement dans le régime morontiel des créations locales, que nous estimons qu’il vaut mieux décrire leurs activités dans la section traitant de l’univers local. 1. Les Sept Directeurs Suprêmes de Pouvoir 29:1.1 Les Sept Directeurs Suprêmes de Pouvoir sont les régulateurs d’énergie physique du grand univers. Leur création par les Sept Maitres Esprits est le premier exemple enregistré d’une progéniture semi-matérielle issue d’une ascendance purement spirituelle. Lorsque les Sept Maitres Esprits créent individuellement, ils engendrent des personnalités hautement spirituelles de l’ordre des anges. Lorsqu’ils créent collectivement, ils produisent quelquefois ces types élevés d’êtres semi-matériels, mais même ces êtres quasi physiques seraient invisibles à la vision limitée des mortels d’Urantia. 29:1.2 Les Directeurs Suprêmes de Pouvoir sont au nombre de sept ; ils ont des apparences et des fonctions identiques. L’un d’eux ne saurait être distingué des autres, sauf par le Maitre Esprit avec lequel il est en association immédiate et auquel il est complètement subordonné quant à ses fonctions. Chacun des Maitres Esprits est ainsi en union éternelle avec l’un de leurs descendants collectifs. Le même directeur reste toujours associé au même Esprit, et leur coopération active se manifeste par une association d’un genre unique entre des énergies physiques et des énergies spirituelles, entre un être semi-physique et une personnalité spirituelle. 29:1.3 Les Sept Directeurs Suprêmes de Pouvoir sont stationnés sur le Paradis périphérique, où leur présence se meut lentement en indiquant l’emplacement où siègent les foyers de force des Maitres Esprits. Ces directeurs de pouvoir fonctionnent individuellement pour régler l’énergie-pouvoir dans les superunivers, mais collectivement dans l’administration de la création centrale. Ils opèrent depuis le Paradis, mais se maintiennent comme centres de pouvoir effectifs dans toutes les divisions du grand univers. 29:1.4 Ces êtres puissants sont les ancêtres physiques de la vaste foule des centres de pouvoir et, par leur intermédiaire, des contrôleurs physiques disséminés à travers tous les sept superunivers. Ces organismes subordonnés de contrôle physique sont essentiellement uniformes et identiques, sauf en ce qui concerne la syntonisation différentielle de chaque corps superuniversel. Pour changer de superunivers dans leur service, il leur suffirait de retourner au Paradis pour être réaccordés. L’administration de la création physique est fondamentalement uniforme. 2. Les Centres Suprêmes de Pouvoir 29:2.1 Individuellement, les Sept Directeurs Suprêmes de Pouvoir ne sont pas capables de se reproduire, mais, collectivement et en association avec les Sept Maitres Esprits, ils peuvent reproduire – créer – des êtres qui leur sont semblables, et ils le font effectivement. Telle est l’origine des Centres Suprêmes de Pouvoir du grand univers, qui opèrent en sept groupes comme suit : 29:2.2 1. Les Superviseurs Suprêmes de centre. 29:2.3 2. Les centres de Havona. 29:2.4 3. Les centres de superunivers. 29:2.5 4. Les centres d’univers local. 29:2.6 5. Les centres de constellation. 29:2.7 6. Les centres de système. 29:2.8 7. Les centres non classés. 29:2.9 Ces centres de pouvoir ainsi que les Directeurs Suprêmes de Pouvoir sont des êtres d’une grande liberté de volonté et d’action. Ils sont tous dotés d’une personnalité de la Troisième Source et font indiscutablement preuve d’une capacité volitive d’un ordre élevé. Ces centres directeurs du système de pouvoir de l’univers sont doués d’une intelligence exquise. Ils sont l’intellect du système de pouvoir du grand univers et le secret de la technique par contrôle mental de tout l’immense réseau des vastes fonctions exercées par les Maitres Contrôleurs Physiques et les Superviseurs de Pouvoir Morontiel. 29:2.10 1. Superviseurs Suprêmes de Centre. Ces Sept coordonnés et associés des Directeurs Suprêmes de Pouvoir sont les régulateurs des maitres circuits d’énergie du grand univers. Chaque superviseur des centres a son quartier général sur l’un des mondes spéciaux des Sept Agents Exécutifs Suprêmes et travaille en association étroite avec ces coordonnateurs des affaires générales de l’univers. 29:2.11 Les Directeurs Suprêmes de Pouvoir et les Superviseurs Suprêmes de Centre opèrent à la fois individuellement et collectivement en ce qui concerne tous les phénomènes cosmiques se produisant au-dessous des niveaux de « l’énergie de gravité ». Lorsque ces quatorze êtres agissent en liaison, ils sont, en ce qui concerne le pouvoir d’univers, ce que sont les Sept Agents Exécutifs Suprêmes pour les affaires générales de l’univers et les Sept Maitres Esprits pour le mental cosmique. 29:2.12 2. Centres de Havona. Avant la création des univers du temps et de l’espace, les centres de pouvoir n’étaient pas nécessaires dans Havona, mais, depuis ces jours fort lointains, un million d’entre eux ont toujours fonctionné dans la création centrale, chaque centre ayant la charge de superviser mille mondes de Havona. Dans cet univers divin, il y a un contrôle parfait de l’énergie, condition qui n’existe nulle part ailleurs. La perfection dans la régulation de l’énergie est le but ultime de tous les centres de pouvoir et des contrôleurs physiques de l’espace. 29:2.13 3. Centres de Superunivers. Occupant une surface énorme sur la sphère capitale de chacun des superunivers, il y a mille centres de pouvoir du troisième ordre. Trois courants d’énergie primaire, qui se subdivisent chacun en dix ségrégations, entrent dans ces centres de pouvoir, mais sept circuits de pouvoir spécialisés et bien dirigés, bien qu’imparfaitement contrôlés, sortent de leur siège d’action unifiée. Telle est l’organisation électronique du pouvoir d’univers. 29:2.14 Toute l’énergie est mise en circuit dans le cycle du Paradis, mais les Directeurs de Pouvoir d’Univers dirigent les énergies-forces du Bas Paradis telles qu’ils les trouvent après modification dans les fonctions spatiales de l’univers central et des superunivers. Ils convertissent ces énergies et les dirigent dans des canaux d’applications utiles et constructives. Il y a une différence entre l’énergie de Havona et les énergies des superunivers. La charge de pouvoir d’un superunivers consiste en trois phases d’énergie qui se subdivisent chacune en dix. Cette triple charge énergétique se répand dans tout l’espace du grand univers ; elle ressemble à un vaste océan mouvant d’énergie qui s’engouffre dans l’ensemble de chacune des supercréations et les baigne. 29:2.15 L’organisation électronique du pouvoir d’univers fonctionne sous sept phases et révèle une sensibilité variable à la gravité locale ou linéaire. Ce circuit septuple part des centres de pouvoir du superunivers et imprègne chaque supercréation. Ces courants spécialisés de temps et d’espace sont des mouvements d’énergie précis et localisés, lancés et dirigés pour des buts spécifiques, analogues au Gulf Stream qui opère comme un phénomène circonscrit au milieu de l’Océan Atlantique. 29:2.16 4. Centres d’Univers Local. Cent centres de pouvoir du quatrième ordre stationnent sur le monde-siège de chaque univers local. Ils opèrent de façon à abaisser et modifier encore d’autre façon les sept circuits de pouvoir émanant du siège de leur superunivers, afin de les rendre applicables aux services des constellations et des systèmes. Ces centres de pouvoir n’attachent qu’une importance passagère aux catastrophes astronomiques locales de l’espace. Ils sont occupés à la transmission ordonnée d’énergie effective aux constellations et aux systèmes subsidiaires. Ils sont d’un grand secours aux Fils Créateurs pendant les périodes finales d’organisation de l’univers et de mobilisation d’énergie. Ces centres sont capables de fournir des lignes intensifiées d’énergie, utiles pour les communications interplanétaires entre d’importants points habités. Ces couloirs ou lignes d’énergie, parfois appelés aussi sentiers d’énergie, sont des circuits d’énergie directs entre deux centres de pouvoir ou entre deux contrôleurs physiques. Ce sont des courants de pouvoir individualisés qui contrastent avec les libres mouvements de l’énergie indifférenciée dans l’espace libre. 29:2.17 5. Centres de Constellation. Dix de ces centres vivants de pouvoir sont stationnés dans chaque constellation et y opèrent comme projecteurs d’énergie vers les cent systèmes locaux tributaires. De ces êtres sortent les lignes de pouvoir destinées aux communications et aux transports, ainsi qu’à l’alimentation énergétique des créatures vivantes qui dépendent de certaines formes d’énergie physique pour se maintenir en vie. Mais ni les centres de pouvoir ni leurs contrôleurs physiques subordonnés ne sont autrement concernés par la vie en tant qu’organisation fonctionnelle. 29:2.18 6. Centres de Système. Un Centre Suprême de Pouvoir est affecté en permanence à chaque système local. Ces centres systémiques envoient les circuits de pouvoir aux mondes habités du temps et de l’espace. Ils coordonnent les activités des contrôleurs physiques subordonnés et agissent aussi pour assurer la distribution satisfaisante du pouvoir dans le système local. Les relais de circuits entre les planètes dépendent de la coordination parfaite de certaines énergies matérielles et de la régulation efficace du pouvoir physique. 29:2.19 7. Centres non classés. Ce sont les centres qui opèrent dans des situations locales spéciales, mais en dehors des planètes habitées. Les mondes individuels sont confiés aux soins des Maitres Contrôleurs Physiques et reçoivent les lignes de pouvoir encircuitées envoyées par les centres de pouvoir de leur système. Seules les sphères pourvues de relations énergétiques tout à fait extraordinaires ont des centres de pouvoir du septième ordre agissant comme balanciers universels ou gouverneurs d’énergie. Dans toutes leurs phases d’activité, ces centres de pouvoir sont entièrement équivalents à ceux qui opèrent sur les unités supérieures de contrôle, mais il n’y a pas même un corps spatial sur un million qui abrite une telle organisation vivante de pouvoir. 3. Le domaine des centres de pouvoir 29:3.1 Les Centres Suprêmes de Pouvoir répartis dans les superunivers, y compris leurs associés et subordonnés, sont au nombre de plus de dix-milliards. Et ils sont tous en synchronisme parfait et en liaison complète avec leurs ancêtres du Paradis, les Sept Directeurs Suprêmes de Pouvoir. Le contrôle de pouvoir du grand univers est ainsi confié à la garde et à la direction des Sept Maitres Esprits, créateurs des Sept Directeurs Suprêmes de Pouvoir. 29:3.2 Les Directeurs Suprêmes de Pouvoir et tous leurs associés, assistants et subordonnés sont à jamais à l’abri de toute crainte relative à une arrestation ou interférence par un tribunal quelconque de l’espace. Ils ne sont pas davantage soumis à la direction administrative du gouvernement superuniversel des Anciens des Jours, ni aux administrations de l’univers local des Fils Créateurs. 29:3.3 Ces centres et directeurs de pouvoir sont amenés à l’existence par les enfants de l’Esprit Infini. Ils ne sont pas en rapport avec l’administration des Fils de Dieu, bien qu’ils s’affilient avec les Fils Créateurs aux époques plus tardives d’organisation matérielle des univers. Cependant, les centres de pouvoir sont étroitement associés d’une certaine manière au supercontrôle cosmique de l’Être Suprême. 29:3.4 Les centres de pouvoir et les contrôleurs physiques ne subissent aucun entrainement. Ils sont tous créés parfaits, et la perfection dans l’action leur est inhérente. Ils ne changent jamais de fonction et servent toujours dans leur affectation originelle. Il n’y a pas d’évolution dans leurs rangs, et ceci est vrai pour les sept divisions des deux ordres. 29:3.5 N’ayant pas de passé ascendant à se remémorer, les centres de pouvoir et les contrôleurs physiques ne s’adonnent jamais à des jeux ; ils sont entièrement pratiques dans tous leurs actes et sont toujours de service. Il n’y a pas de dispositif dans le plan universel pour interrompre les lignes physiques d’énergie. Ces êtres ne peuvent jamais abandonner, même pendant une fraction de seconde, leur supervision directe des circuits d’énergie du temps et de l’espace. 29:3.6 Les directeurs, centres et contrôleurs de pouvoir n’ont rien à faire avec quoi que ce soit dans la création, sauf avec le pouvoir, l’énergie matérielle ou semi-physique. Ils ne l’émettent pas, mais ils le modifient, le manipulent et l’orientent. Ils n’ont rien à faire non plus avec la gravité physique, sauf pour résister à son pouvoir d’attraction. Leur relation avec la gravité est entièrement négative. 29:3.7 Les centres de pouvoir utilisent de vastes mécanismes et des coordinations d’ordre matériel en liaison avec les mécanismes vivants des diverses concentrations d’énergie séparées. Chaque centre de pouvoir individuel est composé exactement d’un million d’unités de contrôle fonctionnel et ces unités modificatrices d’énergie ne sont pas stationnaires comme les organes vitaux du corps physique de l’homme ; ces « organes vitaux » de régulation de pouvoir sont mobiles et vraiment kaléidoscopiques dans leurs possibilités d’association. 29:3.8 Je suis absolument incapable d’expliquer comment ces êtres vivants englobent la manipulation et la régulation des maitres circuits de l’énergie universelle. Si j’essayais de vous renseigner davantage sur la dimension et la fonction de ces centres de pouvoir gigantesques et à peu près parfaitement efficaces, cela ne ferait qu’ajouter à votre confusion et à votre consternation. Ils sont à la fois vivants et « personnels », mais se situent au-delà de votre compréhension. 29:3.9 En dehors de Havona, les Centres Suprêmes de Pouvoir n’opèrent que sur des sphères spécialement construites (architecturales) ou sur d’autres corps spatiaux constitués autrement d’une manière appropriée. Les mondes architecturaux sont bâtis de telle sorte que les centres de pouvoir vivants puissent agir comme commutateurs sélectifs pour orienter, modifier et concentrer les énergies de l’espace à mesure qu’elles se déversent sur ces sphères. Ils ne pourraient pas fonctionner de la sorte sur un soleil ou une planète évolutionnaires ordinaires. Certains groupes s’occupent également du chauffage et des autres nécessités matérielles de ces mondes-sièges spéciaux. Et, bien que cela dépasse la portée des connaissances d’Urantia, je puis dire que ces ordres de personnalités de pouvoir vivant ont beaucoup à faire avec la distribution de la lumière qui brille sans chaleur. Ils ne produisent pas ce phénomène, mais s’occupent de le disséminer et de l’orienter. 29:3.10 Les centres de pouvoir et leurs contrôleurs subordonnés sont affectés à la mise en œuvre de toutes les énergies physiques de l’espace organisé. Ils travaillent avec les trois courants fondamentaux de dix énergies chacun, représentant la charge d’énergie de l’espace organisé ; et l’espace organisé est leur domaine. Les Directeurs de Pouvoir d’Univers n’ont absolument rien à faire avec les prodigieuses activités de force qui ont actuellement lieu en dehors des présentes frontières des sept superunivers. 29:3.11 Les centres de pouvoir et les contrôleurs n’exercent un contrôle parfait que sur sept des dix formes d’énergie contenues dans chacun des courants universels de base. Les formes qui échappent totalement ou partiellement à leur contrôle représentent probablement les royaumes imprévisibles de manifestation d’énergie dominés par l’Absolu Non Qualifié. S’il est possible que les centres de pouvoir exercent une influence sur les forces primordiales de cet Absolu, nous ne sommes pas au courant de ces fonctions. Il existe toutefois de légers indices susceptibles de justifier l’opinion que certains contrôleurs physiques réagissent parfois automatiquement à certaines impulsions de l’Absolu Universel. 29:3.12 Ces mécanismes vivants de pouvoir ne sont pas consciemment reliés au supercontrôle énergétique du maitre univers de l’Absolu Non Qualifié, mais nous conjecturons que leur plan directeur du pouvoir, qui est presque parfait, est tout entier subordonné de quelque manière inconnue à cette présence de supergravité. Dans toute situation énergétique locale, les centres et les contrôleurs exercent une suprématie à peu près totale, mais sont toujours conscients de la présence superénergétique et de l’action indiscernable de l’Absolu Non Qualifié. 4. Les Maitres Contrôleurs Physiques 29:4.1 Ces êtres sont les subordonnés mobiles des Centres Suprêmes de Pouvoir. Les contrôleurs physiques possèdent de telles aptitudes à se métamorphoser individuellement qu’ils peuvent s’engager dans une diversité remarquable de transports autonomes ; ils sont capables de traverser l’espace local à des vitesses approchant celle des Messagers Solitaires. Toutefois, comme tous les autres traverseurs d’espace, il leur faut à la fois l’assistance de leurs compagnons et de certains autres types d’êtres pour vaincre l’action de la gravité et la résistance de l’inertie lorsqu’ils partent d’une sphère matérielle. 29:4.2 Les Maitres Contrôleurs Physiques servent dans tout le grand univers. Ils sont directement gouvernés du Paradis par les Sept Directeurs Suprêmes de Pouvoir jusqu’aux quartiers généraux des superunivers. À partir de ce niveau, ils sont dirigés et répartis par le Conseil d’Équilibre, les hauts commissaires de pouvoir détachés du personnel des Maitres Organisateurs de Force Associés par les Sept Maitres Esprits. Ces hauts commissaires sont habilités à interpréter les observations et les enregistrements des maitres frandalanks, ces instruments vivants qui indiquent la pression de pouvoir et la charge d’énergie d’un superunivers tout entier. 29:4.3 Alors que la présence des Déités du Paradis englobe le grand univers et balaye le cercle de l’éternité, l’influence de l’un des Sept Maitres Esprits est limitée à un seul superunivers. Il y a une nette ségrégation d’énergie et une séparation des circuits de pouvoir entre chacune des sept supercréations, d’où la nécessité des méthodes individuelles de contrôle qui doivent prévaloir et prévalent en effet. 29:4.4 Les Maitres Contrôleurs Physiques sont directement issus des Centres Suprêmes de Pouvoir et comptent parmi eux les ordres suivants : 29:4.5 1. Les directeurs de pouvoir adjoints. 29:4.6 2. Les contrôleurs machinaux. 29:4.7 3. Les transformateurs d’énergie. 29:4.8 4. Les transmetteurs d’énergie. 29:4.9 5. Les associateurs primaires. 29:4.10 6. Les dissociateurs secondaires. 29:4.11 7. Les frandalanks et les chronoldeks. 29:4.12 Tous les membres de ces ordres ne sont pas des personnes au sens où les personnes possèdent le pouvoir individuel de choisir. En particulier, les quatre derniers ordres paraissent entièrement automatiques et mécaniques dans leur réponse aux impulsions de leurs supérieurs et leurs réactions aux conditions d’énergie existantes. Mais, bien que cette réponse semble entièrement machinale, elle ne l’est pas ; ces êtres peuvent ressembler à des automates, mais ils révèlent tous la fonction différentielle de l’intelligence. 29:4.13 La personnalité ne coïncide pas nécessairement avec le mental. Le mental peut penser même lorsqu’il est dépourvu de tout pouvoir de choix, comme chez de nombreux animaux de type inférieur et chez certains de ces contrôleurs physiques subordonnés. Beaucoup de ces régulateurs les plus automatiques de pouvoir physique ne sont des personnes dans aucun sens du terme. Ils ne sont doués ni de volonté ni d’indépendance de décision, étant entièrement asservis à la perfection mécanique du plan des tâches qui leur incombent ; pourtant ils sont tous des êtres hautement intelligents. 29:4.14 Les contrôleurs physiques s’occupent principalement d’ajuster des énergies fondamentales non découvertes sur Urantia. Ces énergies inconnues sont essentielles pour le système interplanétaire de transports et pour certaines techniques de communication. Quand nous posons des lignes d’énergie en vue de transmettre des équivalents du son ou d’une vision élargie, ces formes non découvertes d’énergie sont utilisées par les contrôleurs physiques vivants et leurs associés. À l’occasion, ces mêmes énergies sont aussi employées par les créatures médianes dans leur travail courant. 29:4.15 1. Directeurs de pouvoir adjoints. Ces êtres merveilleusement efficaces ont la charge d’affecter et d’expédier les Maitres Contrôleurs Physiques de tous ordres selon les besoins toujours modifiés du statut énergétique, en constant changement, des royaumes. Les vastes réserves de contrôleurs physiques sont maintenues sur les mondes-sièges des secteurs mineurs et, à partir de ces points de concentration, ceux-ci sont périodiquement envoyés par les directeurs de pouvoir adjoints aux sièges des univers, des constellations et des systèmes, ainsi que sur les planètes individuelles. Lorsque les contrôleurs physiques sont ainsi affectés, ils sont provisoirement soumis aux ordres des exécuteurs divins des commissions de conciliation, mais autrement ils relèvent uniquement de leurs directeurs adjoints et des Centres Suprêmes de Pouvoir. 29:4.16 Trois-millions de directeurs de pouvoir adjoints sont affectés à chacun des secteurs mineurs d’Orvonton, ce qui représente pour notre superunivers une quote-part de trois-milliards de ces êtres doués d’une étonnante variété de talents. Leurs propres réserves sont maintenues sur ces mêmes mondes-sièges des secteurs mineurs, où elles servent à instruire tous ceux qui étudient les sciences des techniques de contrôle et de transmutation de l’énergie par l’intelligence. 29:4.17 Ces directeurs font alternativement des périodes de service administratif dans les secteurs mineurs et des périodes égales de service d’inspection dans les royaumes de l’espace. Il y a toujours au moins un inspecteur en activité présent dans chaque système local ; il y conserve son quartier général sur la sphère capitale. Les inspecteurs maintiennent l’ensemble de l’immense agrégat d’énergie vivante en synchronisme harmonieux. 29:4.18 2. Contrôleurs machinaux. Ce sont les assistants mobiles et aux talents extrêmement variés des directeurs de pouvoir adjoints. Des billions et des billions d’entre eux sont commissionnés dans Ensa, votre secteur mineur. On appelle ces êtres contrôleurs machinaux parce qu’ils sont si complètement dominés par leurs supérieurs et entièrement soumis à la volonté des directeurs de pouvoir adjoints. Toutefois, ils sont par eux-mêmes très intelligents et bien que leur travail soit de nature machinale et terre-à-terre, il est accompli habilement. 29:4.19 Parmi tous les Maitres Contrôleurs Physiques affectés aux mondes habités, les contrôleurs machinaux sont de loin les plus puissants. Ils possèdent le don vivant d’antigravité à un degré excédant celui de tous les autres êtres. Chaque contrôleur a une résistance à la gravité égalée seulement par des sphères énormes tournant à une vitesse prodigieuse. Dix de ces contrôleurs sont présentement stationnés sur Urantia, où l’une de leurs principales activités planétaires consiste à faciliter le départ des transports séraphiques. Dans cette fonction, les dix contrôleurs machinaux agissent tous à l’unisson, pendant qu’une série couplée de mille transmetteurs d’énergie fournit la force vive initiale pour le départ séraphique. 29:4.20 Les contrôleurs machinaux sont compétents pour orienter le flux de l’énergie et faciliter sa concentration dans les courants ou circuits spécialisés. Ces êtres puissants sont particulièrement concernés par la ségrégation, l’orientation et l’intensification des énergies physiques, ainsi que par l’égalisation des pressions des circuits interplanétaires. Ils sont experts dans la manipulation de vingt-et-une des trente énergies physiques de l’espace, qui constituent la charge de pouvoir d’un superunivers. Ils sont également capables de pratiquer en partie la gestion et le contrôle de six sur neuf des autres formes plus subtiles de l’énergie physique. En mettant ces contrôleurs en relations techniques appropriées les uns avec les autres et avec certains centres de pouvoir, les directeurs de pouvoir adjoints sont en mesure d’effectuer des changements incroyables dans les ajustements de pouvoir et les contrôles d’énergie. 29:4.21 Les Maitres Contrôleurs Physiques opèrent souvent en batteries de centaines, de milliers et même de millions, et, en variant leurs positions et leurs formations, ils peuvent contrôler l’énergie collectivement aussi bien qu’individuellement. Selon les nécessités variables, ils peuvent augmenter et accélérer le volume et le mouvement de l’énergie, ou, au contraire, retenir, condenser et retarder les courants d’énergie. Ils influencent les transformations d’énergie et de pouvoir un peu comme les agents dits catalytiques augmentent les réactions chimiques. Ils fonctionnent par aptitude inhérente et en coopération avec les Centres Suprêmes de Pouvoir. 29:4.22 3. Transformateurs d’énergie. Le nombre de ces êtres dans un superunivers est incroyable. Il y en a près d’un million dans le seul système de Satania et la quote-part usuelle est de cent par monde habité. 29:4.23 Les transformateurs d’énergie sont la création conjointe des Sept Directeurs Suprêmes de Pouvoir et des Sept Superviseurs Centraux. Ils figurent parmi les ordres plus personnels de contrôleurs physiques. Sauf quand un directeur de pouvoir adjoint est présent sur un monde habité, ce sont les transformateurs qui détiennent le commandement. Ils sont les inspecteurs planétaires de tous les transports séraphiques en partance. Les diverses classes de vie céleste ne peuvent utiliser les ordres moins personnels de contrôleurs physiques que par liaison avec les ordres plus personnels des directeurs adjoints et des transformateurs d’énergie. 29:4.24 Ces transformateurs sont de vivants commutateurs puissants et efficaces, ils peuvent prendre position pour ou contre un dispositif ou une orientation donnés de pouvoir. Ils sont également habiles dans leurs efforts pour isoler les planètes des puissants courants d’énergie qui passent entre de gigantesques voisins planétaires ou stellaires. Leurs attributs transmutateurs d’énergie les rendent particulièrement utiles dans la tâche importante de maintenir la balance universelle d’énergie ou équilibre de pouvoir. À certains moments, ils paraissent consommer ou accumuler de l’énergie ; à d’autres, ils semblent exsuder ou libérer de l’énergie. Les transformateurs sont capables d’accroitre ou de réduire le potentiel « d’accumulateurs » des énergies vivantes et mortes de leurs royaumes respectifs. Mais ils s’occupent seulement des énergies physiques et semi-matérielles. Ils n’agissent pas directement dans le domaine de la vie et ne changent pas non plus les formes des êtres vivants. 29:4.25 Sous certains rapports, les transformateurs d’énergie sont les créatures semi-matérielles vivantes les plus remarquables et les plus mystérieuses. De quelque manière inconnue, ils sont physiquement différenciés et, en variant les liaisons dans leurs relations, ils peuvent exercer une influence profonde sur l’énergie qui passe à travers leurs présences associées. Le statut des royaumes physiques parait subir une transformation sous leurs habiles manipulations. Ils peuvent changer et ils changent la forme physique des énergies de l’espace. Avec l’aide de leurs collègues contrôleurs, ils sont effectivement capables de modifier la forme et le potentiel de vingt-sept des trente énergies physiques de la charge de pouvoir du superunivers. Le fait que trois de ces énergies échappent à leur contrôle prouve qu’ils ne sont pas des agents de l’Absolu Non Qualifié. 29:4.26 Les quatre groupes restants de Maitres Contrôleurs Physiques sont à peine des personnes au sens d’une définition acceptable de ce mot. Ces transmetteurs, associateurs, dissociateurs et frandalanks sont entièrement automatiques dans leurs réactions et cependant, à tous égards, ils sont intelligents. Nous sommes grandement limités dans notre connaissance de ces entités merveilleuses parce que nous ne pouvons pas communiquer avec elles. Elles paraissent comprendre le langage du royaume, mais ne peuvent communiquer avec nous. Elles paraissent pleinement capables de recevoir nos messages, mais tout à fait impuissantes à y répondre. 29:4.27 4. Transmetteurs d’énergie. Les opérations de ces êtres sont principalement, mais non entièrement, intraplanétaires. Ils sont de merveilleux répartiteurs de l’énergie telle qu’elle est manifestée sur les mondes individuels. 29:4.28 Quand l’énergie doit être détournée vers un nouveau circuit, les transmetteurs se déploient en ligne le long du parcours désiré pour l’énergie et, par la vertu de leurs attributs extraordinaires d’attraction énergétique, ils peuvent réellement induire un flux accru d’énergie dans la direction désirée. Ce qu’ils font est tout aussi réel que l’orientation du flux de certaines formes d’énergie électrique par certains circuits métalliques. Ils sont des superconducteurs vivants pour plus de la moitié des trente formes d’énergie physique. 29:4.29 Les transmetteurs forment d’habiles liaisons qui sont efficaces pour renforcer les courants faiblissants d’énergie spécialisée passant de planète en planète et de station en station sur une planète individuelle. Ils peuvent détecter des courants beaucoup trop faibles pour être reconnus par tout autre type d’êtres vivants et ils peuvent en accroitre l’énergie de telle sorte que les messages accompagnateurs deviennent parfaitement intelligibles. Leurs services sont sans prix pour les receveurs de télédiffusions. 29:4.30 Les transmetteurs d’énergie peuvent réagir sur toutes les formes de perception communicables. Ils peuvent aussi bien rendre « visible » une scène éloignée que rendre « audible » un son lointain. Ils fournissent les lignes de communication d’urgence dans les systèmes locaux et sur les planètes individuelles. Pratiquement toutes les créatures sont forcées d’avoir recours à ces services pour communiquer en dehors des circuits régulièrement établis. 29:4.31 Ces êtres, ainsi que les transformateurs d’énergie sont indispensables pour maintenir l’existence mortelle sur les mondes dont l’atmosphère est appauvrie et ils forment une partie intégrante de la technique de vie sur les planètes habitées par des non-respirateurs. 29:4.32 5. Associateurs primaires. Ces entités intéressantes et inestimables sont de magistraux gardiens et conservateurs d’énergie. D’une manière semblable à une plante qui met en réserve de la lumière solaire, ces organismes vivants accumulent de l’énergie pendant les périodes de manifestation excédentaire. Ils travaillent sur une échelle gigantesque et convertissent les énergies de l’espace en un état physique inconnu sur Urantia. Ils sont également capables de pousser ces transformations jusqu’au point de produire quelques-unes des unités primitives de l’existence matérielle. Ces êtres agissent simplement par leur présence. Ils ne sont en aucune manière épuisés ou taris par cette fonction ; ils opèrent comme des catalyseurs vivants. 29:4.33 Pendant les périodes de manifestation déficitaire, ils ont le pouvoir de libérer ces énergies accumulées. Mais vos connaissances sur l’énergie et la matière ne sont pas assez avancées pour permettre d’expliquer la technique de cette phase de leur travail. Les associateurs opèrent toujours en conformité avec la loi universelle, maniant et manipulant les atomes, les électrons et les ultimatons comme vous manipulez les caractères d’imprimerie ajustables pour faire dire aux mêmes symboles alphabétiques des histoires profondément différentes. 29:4.34 Les associateurs sont le premier groupe vivant à apparaitre sur une sphère matérielle en voie d’organisation et ils peuvent opérer à des températures physiques que vous considéreriez comme absolument incompatibles avec l’existence d’êtres vivants. Ils représentent un ordre de vie qui dépasse complètement la portée de l’imagination humaine. Avec leurs collaborateurs, les dissociateurs, ils sont les créatures intelligentes les plus asservies. 29:4.35 6. Dissociateurs secondaires. Comparés aux associateurs primaires, ces êtres doués d’immenses facultés antigravitationnelles sont les ouvriers dont les fonctions sont inverses. Il n’y a aucun risque de voir s’épuiser les formes spéciales ou modifiées d’énergie physique sur les mondes locaux ou les systèmes locaux, car ces organisations vivantes sont douées de la faculté exceptionnelle de pouvoir dégager des quantités illimitées d’énergie. Les dissociateurs s’intéressent principalement à l’évolution d’une forme d’énergie à peine connue sur Urantia, provenant d’une forme de matière qui y est encore moins reconnue. Ils sont vraiment les alchimistes de l’espace et les magiciens du temps, mais, dans aucun de leurs miracles, ils ne transgressent les ordres de la Suprématie Cosmique. 29:4.36 7. Les frandalanks. Ces êtres sont la création conjointe des trois ordres de contrôleurs d’énergie : les organisateurs de force primaires et secondaires et les directeurs de pouvoir. Les frandalanks sont les plus nombreux de tous les Maitres Contrôleurs Physiques. Dans le seul système de Satania, leur nombre dépasse vos concepts numériques. Ils sont stationnés sur tous les mondes habités et toujours attachés aux ordres supérieurs de contrôleurs physiques. Ils opèrent de manière interchangeable dans l’univers central, les superunivers et les domaines de l’espace extérieur. 29:4.37 Les frandalanks sont créés en trente divisions, une pour chaque forme fondamentale de force d’univers et agissent exclusivement comme indicateurs vivants et automatiques de présences, de pressions et de vitesses. Ces baromètres vivants s’occupent uniquement d’enregistrer automatiquement et infailliblement le statut de toutes les formes d’énergie-force. Ils sont pour l’univers physique ce qu’est le vaste mécanisme de réflectivité pour l’univers mental. Les frandalanks qui enregistrent le temps en plus de la présence quantitative et qualitative de l’énergie sont appelés chronoldeks. 29:4.38 Je reconnais que les frandalanks sont intelligents, mais je ne saurais les classifier autrement que comme machines vivantes. La seule manière dont je puisse vous aider à comprendre ces mécanismes vivants est de les comparer à vos propres dispositifs mécaniques qui opèrent avec une précision et une exactitude presque semblables à l’intelligence. Si donc vous voulez concevoir ces êtres, faites appel à votre imagination jusqu’à reconnaitre que, dans le grand univers, nous avons effectivement des mécanismes (entités) intelligents et vivants qui peuvent accomplir des tâches plus complexes que vos machines et impliquant des computations plus prodigieuses, avec une délicatesse d’exactitude encore supérieure, allant jusqu’à l’ultimité de la précision. 5. Les Maitres Organisateurs de Force 29:5.1 Les organisateurs de force résident au Paradis, mais opèrent dans tout le maitre univers, plus spécialement dans les domaines de l’espace inorganisé. Ces êtres extraordinaires ne sont ni des créateurs ni des créatures et se classent en deux grandes divisions de service : 29:5.2 1. Les Maitres Organisateurs de Force Extériorisés Primaires. 29:5.3 2. Les Maitres Organisateurs de Force Transcendentaux Associés. 29:5.4 Ces deux puissants ordres de manipulateurs de la force primordiale travaillent exclusivement sous la supervision des Architectes du Maitre Univers. À l’époque actuelle, ils n’opèrent pas beaucoup à l’intérieur des frontières du grand univers. 29:5.5 Les Maitres Organisateurs de Force Primaires sont les manipulateurs des forces spatiales primordiales ou fondamentales de l’Absolu Non Qualifié ; ce sont des créateurs de nébuleuses. Ils sont les vivants instigateurs des cyclones énergétiques de l’espace et les premiers organisateurs et orienteurs de ces gigantesques manifestations. Ces organisateurs de force transmuent la force primordiale (préénergie non sensible à la gravité directe du Paradis) en énergie puissante ou primaire, ce qui la fait passer de l’emprise exclusive de l’Absolu Non Qualifié à l’emprise gravitationnelle de l’Ile du Paradis. Après cela, les organisateurs de force associés leur succèdent et continuent le processus de transmutation d’énergie depuis le stade primaire jusqu’au stade secondaire d’énergie-gravité. 29:5.6 Lorsque les plans pour la création d’un univers local sont achevés, ce qui est signalé par l’arrivée d’un Fils Créateur, les Maitres Organisateurs de Force Associés cèdent la place aux ordres des directeurs de pouvoir qui opèrent dans le superunivers dont cet univers local dépend astronomiquement. Mais, en l’absence de tels plans, les organisateurs de force associés continuent indéfiniment à s’occuper de ces créations matérielles, comme ils le font présentement dans l’espace extérieur. 29:5.7 Les Maitres Organisateurs de Force résistent à des températures et opèrent sous des conditions physiques qui seraient intolérables même pour les centres de pouvoir et les contrôleurs physiques d’Orvonton, dont les aptitudes sont pourtant si variées. Les seuls autres types d’êtres révélés capables d’opérer dans ces royaumes de l’espace extérieur sont les Messagers Solitaires et les Esprits Inspirés de la Trinité. 29:5.8 [Parrainé par un Censeur Universel agissant par autorité des Anciens des Jours d’Uversa.] Fascicule 30. Personnalités du grand univers 30:0.1 Les personnalités et les entités autres-que-personnelles qui opèrent présentement au Paradis et dans le grand univers constituent un nombre à peu près illimité d’êtres vivants. Même le nombre des ordres et des types majeurs dépasse l’imagination humaine, sans parler des innombrables sous-types et variétés. Il est toutefois désirable d’esquisser deux classifications fondamentales d’êtres vivants – une suggestion de la classification du Paradis et un abrégé du Registre des Personnalités d’Uversa. 30:0.2 Il est impossible de formuler des classifications détaillées, complètes et entièrement cohérentes des personnalités du grand univers, parce que leurs groupes ne sont pas tous révélés. Il faudrait de nombreux fascicules additionnels pour couvrir la révélation complète permettant de classifier systématiquement tous les groupes. Une telle expansion conceptuelle ne serait guère désirable, car elle priverait les penseurs mortels du prochain millénaire du stimulant fourni à la spéculation créative par la révélation partielle des concepts précédents. Il vaut mieux que les hommes ne reçoivent pas une révélation excessive ; cela étouffe l’imagination. 1. La classification paradisiaque des êtres vivants 30:1.1 Au Paradis, les êtres vivants sont classés conformément aux relations qui leur sont inhérentes et qu’elles ont atteintes avec les Déités du Paradis. Pendant les grandioses rassemblements de l’univers central et des superunivers, les personnes présentes sont souvent groupées conformément à leur origine : celles d’origine trine ou d’aboutissement trinitaire ; celles d’origine duelle ; et celles d’origine unique. Il est difficile d’expliquer au mental des mortels la classification paradisiaque des êtres vivants, mais nous sommes autorisés à présenter ce qui suit : 30:1.2 I. ÊTRES D’ORIGINE TRINE. Ils comprennent les êtres créés par les trois Déités du Paradis, soit comme telles, soit en tant que Trinité, ainsi que le Corps Trinitisé, cette désignation se référant à tous les groupes d’êtres trinitisés, révélés ou non révélés. 30:1.3 A. Les Esprits Suprêmes. 30:1.4 1. Les Sept Maitres Esprits. 30:1.5 2. Les Sept Agents Exécutifs Suprêmes. 30:1.6 3. Les sept ordres d’Esprits Réflectifs. 30:1.7 B. Les Fils Stationnaires de la Trinité. 30:1.8 1. Les Secrets de Suprématie Trinitisés. 30:1.9 2. Les Éternels des Jours. 30:1.10 3. Les Anciens des Jours. 30:1.11 4. Les Perfections des Jours. 30:1.12 5. Les Récents des Jours. 30:1.13 6. Les Unions des Jours. 30:1.14 7. Les Fidèles des Jours. 30:1.15 8. Les Perfecteurs de Sagesse. 30:1.16 9. Les Conseillers Divins. 30:1.17 10. Les Censeurs Universels. 30:1.18 C. Êtres d’origine trinitaire et êtres trinitisés. 30:1.19 1. Les Fils Instructeurs de la Trinité. 30:1.20 2. Les Esprits Inspirés de la Trinité. 30:1.21 3. Les natifs de Havona. 30:1.22 4. Les citoyens du Paradis 30:1.23 5. Les êtres non révélés d’origine trinitaire. 30:1.24 6. Les êtres non révélés trinitisés par la Déité. 30:1.25 7. Les Fils d’Aboutissement Trinitisés. 30:1.26 8. Les Fils de Sélection Trinitisés. 30:1.27 9. Les Fils de Perfection Trinitisés. 30:1.28 10. Les fils trinitisés par des créatures. 30:1.29 II. ÊTRES D’ORIGINE DUELLE. Ils comprennent ceux qui sont issus de deux quelconques des Déités du Paradis, ou qui ont été créés autrement par deux quelconques des êtres descendants directement ou indirectement des Déités du Paradis. 30:1.30 A. Les ordres descendants. 30:1.31 1. Les Fils Créateurs. 30:1.32 2. Les Fils Magistraux. 30:1.33 3. Les Radieuses Étoiles du Matin. 30:1.34 4. Les Pères Melchizédeks. 30:1.35 5. Les Melchizédeks. 30:1.36 6. Les Vorondadeks. 30:1.37 7. Les Lanonandeks. 30:1.38 8. Les Brillantes Étoiles du Soir. 30:1.39 9. Les archanges. 30:1.40 10. Les Porteurs de Vie. 30:1.41 11. Les aides non révélés des univers. 30:1.42 12. Les Fils de Dieu non révélés. 30:1.43 B. Les ordres stationnaires. 30:1.44 1. Les abandontaires. 30:1.45 2. Les susatias. 30:1.46 3. Les univitatias. 30:1.47 4. Les spirongas. 30:1.48 5. Les êtres non révélés d’origine duelle. 30:1.49 C. Les ordres ascendants. 30:1.50 1. Mortels ayant fusionné avec leur Ajusteur. 30:1.51 2. Mortels ayant fusionné avec le Fils. 30:1.52 3. Mortels ayant fusionné avec l’Esprit. 30:1.53 4. Médians transférés. 30:1.54 5. Ascendeurs non révélés. 30:1.55 III. ÊTRES D’ORIGINE UNIQUE. Ils comprennent ceux qui sont issus de l’une quelconque des Déités du Paradis ou qui ont été créés autrement par un être quelconque descendant directement ou indirectement des Déités du Paradis. 30:1.56 A. Les Esprits Suprêmes. 30:1.57 1. Les Messagers de Gravité. 30:1.58 2. Les Sept Esprits des Circuits de Havona. 30:1.59 3. Les adjuvats dodécuples des circuits de Havona. 30:1.60 4. Les Aides-Images Réflectifs. 30:1.61 5. Les Esprits-Mères des Univers. 30:1.62 6. Les septuples esprits-mentaux adjuvats. 30:1.63 7. Les êtres non révélés issus de la Déité. 30:1.64 B. Les ordres ascendants. 30:1.65 1. Les Ajusteurs Personnalisés. 30:1.66 2. Les Fils Matériels Ascendants. 30:1.67 3. Les séraphins évolutionnaires. 30:1.68 4. Les chérubins évolutionnaires. 30:1.69 5. Les ascendeurs non révélés. 30:1.70 C. La famille de l’Esprit Infini. 30:1.71 1. Les Messagers Solitaires. 30:1.72 2. Les Superviseurs des Circuits Universels 30:1.73 3. Les Directeurs du Recensement. 30:1.74 4. Les Aides Personnels de l’Esprit Infini. 30:1.75 5. Les Inspecteurs Associés. 30:1.76 6. Les Sentinelles Affectées. 30:1.77 7. Les Guides de Diplômés. 30:1.78 8. Les Servites de Havona. 30:1.79 9. Les Conciliateurs Universels. 30:1.80 10. Les Compagnons de la Morontia. 30:1.81 11. Les supernaphins. 30:1.82 12. Les seconaphins. 30:1.83 13. Les tertiaphins. 30:1.84 14. Les omniaphins. 30:1.85 15. Les séraphins. 30:1.86 16. Les chérubins et les sanobins. 30:1.87 17. Les êtres non révélés issus de l’Esprit. 30:1.88 18. Les Sept Directeurs Suprêmes de Pouvoir. 30:1.89 19. Les Centres Suprêmes de Pouvoir. 30:1.90 20. Les Maitres Contrôleurs Physiques. 30:1.91 21. Les Superviseurs de Pouvoir Morontiel. 30:1.92 IV. ÊTRES TRANSCENDANTAUX EXTÉRIORISÉS. On trouve au Paradis une immense foule d’êtres transcendantaux dont l’origine n’est d’ordinaire pas révélée aux univers du temps et de l’espace avant que ces univers ne soient ancrés dans la lumière et la vie. Ces Transcendantaux ne sont ni des créateurs ni des créatures ; ils sont les enfants extériorisés de la divinité, de l’ultimité et de l’éternité. Ces « extériorisés » ne sont ni finis ni infinis – ils sont absonites, et l’absonité n’est ni l’infinité ni l’absoluité. 30:1.93 Ces non-créateurs non créés sont toujours loyaux envers la Trinité du Paradis et obéissants à l’Ultime. Ils existent sur quatre niveaux ultimes d’activité de personnalité et sont fonctionnels sur les sept niveaux de l’absonité en douze grandes divisions consistant en mille groupes opératoires majeurs de sept classes chacun. Ces êtres extériorisés comprennent les ordres suivants : 30:1.94 1. Les Architectes du Maitre Univers. 30:1.95 2. Les Archivistes Transcendantaux. 30:1.96 3. Les autres Transcendantaux. 30:1.97 4. Les Maitres Organisateurs de Force Extériorisés Primaires. 30:1.98 5. Les Maitres Organisateurs de Force Transcendantaux Associés. 30:1.99 En tant que superpersonne, Dieu extériorise. En tant que personne, Dieu crée. En tant que prépersonne, Dieu se fragmente, et c’est un tel fragment de lui-même, l’Ajusteur, qui élabore l’âme esprit sur le mental matériel et mortel conformément au libre choix de la personnalité conférée à la créature mortelle par l’acte parental de Dieu en tant que Père. 30:1.100 V. ENTITÉS FRAGMENTÉES DE LA DÉITÉ. Cet ordre d’existence vivante, issu du Père Universel, a pour meilleur type représentatif les Ajusteurs de Pensée, bien que ces entités ne soient en aucune manière les seules fragmentations de la réalité prépersonnelle de la Source-Centre Première. Les fonctions des fragments autres que les Ajusteurs sont multiples et peu connues. La fusion avec un Ajusteur ou l’un de ces autres fragments fait de la créature un être fusionné avec le Père. 30:1.101 Bien que les fragmentations de l’esprit prémental de la Source-Centre Troisième ne soient guère comparables aux fragments du Père, il y a lieu d’en faire mention ici. De telles entités diffèrent très considérablement des Ajusteurs ; en tant que telles, elles ne résident pas sur Spiritington, ne traversent pas les circuits de gravité mentale et n’habitent pas les créatures humaines durant leur séjour dans la chair. Elles ne sont pas prépersonnelles au sens où les Ajusteurs le sont, mais de tels fragments d’esprit prémental sont effusés sur certains mortels survivants et la fusion avec eux en fait des mortels fusionnés avec l’Esprit, en contraste avec les mortels fusionnés avec leur Ajusteur. 30:1.102 L’esprit individualisé d’un Fils Créateur est encore plus difficile à décrire. L’union avec lui fait de la créature un mortel fusionné avec le Fils. Et il y a encore d’autres fragmentations de la Déité. 30:1.103 VI. ÊTRES SUPERPERSONNELS. Il y a une vaste multitude d’êtres autres-que-personnels qui sont d’origine divine et rendent de multiples services dans l’univers des univers. Certains de ces êtres résident sur les mondes paradisiaques du Fils ; d’autres, tels les représentants superpersonnels du Fils Éternel, se rencontrent ailleurs. La plupart d’entre eux ne sont pas mentionnés dans ces exposés et tenter d’en faire une description à des créatures personnelles seraient tout à fait futile. 30:1.104 VII. ORDRES NON CLASSIFIÉS ET NON RÉVÉLÉS. Au cours du présent âge de l’univers, il ne serait pas possible de ranger tous les êtres, personnels ou autres, dans des classifications relevant du présent âge de l’univers. D’ailleurs, toutes leurs catégories n’ont pas été révélées dans ces exposés ; de nombreux ordres ont donc été omis dans les listes citées. Considérez les suivants : 30:1.105 Le Consommateur de la Destinée de l’Univers. 30:1.106 Les Vice-Gérants Qualifiés de l’Ultime. 30:1.107 Les Superviseurs Non Qualifiés du Suprême. 30:1.108 Les Agents Créatifs Non Révélés des Anciens des Jours. 30:1.109 Majeston du Paradis. 30:1.110 Les Agents de Liaison Réflectifs Non Dénommés de Majeston. 30:1.111 Les Ordres Midsonites des univers locaux. 30:1.112 Il n’y a pas lieu d’attribuer une signification spéciale au regroupement de ces ordres, sinon qu’aucun d’eux n’apparait dans la classification du Paradis révélée dans ce livre. Ils sont le petit nombre des non classés. Quant au grand nombre des non révélés, il vous reste à l’apprendre plus tard. 30:1.113 Certains sont des esprits : entités d’esprit, présences d’esprit, esprits personnels, esprits prépersonnels, esprits superpersonnels, existences d’esprit, personnalités d’esprit – mais ni le langage ni l’intellect des mortels ne permettent de les décrire adéquatement. Nous pouvons toutefois indiquer qu’il n’existe pas de personnalités de « pur mental » ; nulle entité n’a de personnalité si elle n’en a pas été dotée par Dieu, qui est esprit. Toute entité mentale non associée à une énergie physique ou spirituelle n’est pas une personnalité. Mais, dans le même sens qu’il existe des personnalités d’esprit qui ont un mental, il existe des personnalités mentales qui ont un esprit. Majeston et ses associés sont d’assez bons exemples d’êtres dominés par le mental, mais il y a de meilleurs exemples de ce type de personnalité qui vous sont inconnus. Il y a même des ordres tout entiers et non révélés de ces personnalités mentales, mais l’esprit y est toujours associé. Certaines autres créatures non révélées sont ce que nous pourrions appeler des personnalités d’énergie mentale et physique. Ces types d’êtres ne répondent pas à la gravité d’esprit, mais sont néanmoins de vraies personnalités – ils sont compris dans le circuit du Père. 30:1.114 Les présents fascicules ne sauraient et ne pourraient commencer à épuiser l’histoire des créatures vivantes, des créateurs, des êtres extériorisés et des êtres existant-encore-autrement qui vivent, adorent et servent dans les univers pullulants du temps et dans l’univers central de l’éternité. Vous autres mortels êtes des personnes, et c’est pourquoi nous pouvons vous décrire des êtres personnalisés, mais comment pourrions-nous jamais vous expliquer un être absonitisé ? 2. Le registre des personnalités d’Uversa 30:2.1 La divine famille des êtres vivants est enregistrée sur Uversa en sept grandes divisions : 30:2.2 1. Les Déités du Paradis. 30:2.3 2. Les Esprits Suprêmes. 30:2.4 3. Les êtres issus de la Trinité. 30:2.5 4. Les Fils de Dieu. 30:2.6 5. Les personnalités de l’Esprit Infini. 30:2.7 6. Les Directeurs de Pouvoir d’Univers. 30:2.8 7. Le Corps de Citoyenneté Permanente. 30:2.9 Ces groupes de créatures volitives sont divisés en nombreuses classes et subdivisions mineures. En présentant cette classification des personnalités du grand univers, on a surtout cherché à énoncer les ordres d’êtres intelligents qui ont été révélés dans ces exposés et dont la plupart seront rencontrés par les mortels du temps au cours de leur expérience ascendante d’élévation progressive vers le Paradis. Les listes suivantes ne mentionnent pas de vastes ordres d’êtres de l’univers qui poursuivent leur travail en dehors du plan d’ascension des mortels. 30:2.10 I. LES DÉITÉS DU PARADIS 30:2.11 1. Le Père Universel. 30:2.12 2. Le Fils Éternel. 30:2.13 3. L’Esprit Infini. 30:2.14 II. LES ESPRITS SUPRÊMES 30:2.15 1. Les Sept Maitres Esprits. 30:2.16 2. Les Sept Agents Exécutifs Suprêmes. 30:2.17 3. Les Sept Groupes d’Esprits Réflectifs. 30:2.18 4. Les Aides-Images Réflectifs. 30:2.19 5. Les Sept Esprits des Circuits. 30:2.20 6. Les Esprits Créatifs des univers locaux. 30:2.21 7. Les esprits-mentaux adjuvats. 30:2.22 III. LES ÊTRES ISSUS DE LA TRINITÉ 30:2.23 1. Les Secrets de Suprématie Trinitisés. 30:2.24 2. Les Éternels des Jours. 30:2.25 3. Les Anciens des Jours. 30:2.26 4. Les Perfections des Jours. 30:2.27 5. Les Récents des Jours. 30:2.28 6. Les Unions des Jours. 30:2.29 7. Les Fidèles des Jours. 30:2.30 8. Les Fils Instructeurs de la Trinité. 30:2.31 9. Les Perfecteurs de Sagesse. 30:2.32 10. Les Conseillers Divins. 30:2.33 11. Les Censeurs Universels. 30:2.34 12. Les Esprits Inspirés de la Trinité. 30:2.35 13. Les natifs de Havona. 30:2.36 14. Les Citoyens du Paradis. 30:2.37 IV. LES FILS DE DIEU 30:2.38 A. Fils descendants. 30:2.39 1. Les Fils Créateurs – Les Micaëls. 30:2.40 2. Les Fils Magistraux – Les Avonals. 30:2.41 3. Les Fils Instructeurs de la Trinité – Les Daynals. 30:2.42 4. Les Fils Melchizédeks. 30:2.43 5. Les Fils Vorondadeks. 30:2.44 6. Les Fils Lanonandeks. 30:2.45 7. Les Fils Porteurs de Vie. 30:2.46 B. Fils ascendants. 30:2.47 1. Mortels fusionnés avec le Père. 30:2.48 2. Mortels fusionnés avec le Fils. 30:2.49 3. Mortels fusionnés avec l’Esprit. 30:2.50 4. Séraphins évolutionnaires. 30:2.51 5. Fils Matériels ascendants. 30:2.52 6. Médians transférés. 30:2.53 7. Ajusteurs Personnalisés. 30:2.54 C. Fils Trinitisés. 30:2.55 1. Les Puissants Messagers. 30:2.56 2. Les Élevés en Autorité. 30:2.57 3. Les Dépourvus de Nom et de Nombre. 30:2.58 4. Les Conservateurs Trinitisés. 30:2.59 5. Les Ambassadeurs Trinitisés. 30:2.60 6. Les Gardiens Célestes. 30:2.61 7. Les Assistants des Fils Élevés. 30:2.62 8. Les fils trinitisés par des ascendeurs. 30:2.63 9. Les fils trinitisés du Paradis-Havona. 30:2.64 10. Les fils de la destinée trinitisés. 30:2.65 V. LES PERSONNALITÉS DE L’ESPRIT INFINI 30:2.66 A. Personnalités Supérieures de l’Esprit Infini. 30:2.67 1. Les Messagers Solitaires. 30:2.68 2. Les Superviseurs des Circuits Universels 30:2.69 3. Les Directeurs du Recensement. 30:2.70 4. Les Aides Personnels de l’Esprit Infini. 30:2.71 5. Les Inspecteurs Associés. 30:2.72 6. Les Sentinelles Affectées. 30:2.73 7. Les Guides de Diplômés. 30:2.74 B. Les Armées des Messagers de l’Espace. 30:2.75 1. Les Servites de Havona. 30:2.76 2. Les Conciliateurs Universels. 30:2.77 3. Les Conseillers Techniques. 30:2.78 4. Les Conservateurs d’Archives au Paradis. 30:2.79 5. Les Archivistes Célestes. 30:2.80 6. Les Compagnons de la Morontia. 30:2.81 7. Les Compagnons du Paradis. 30:2.82 C. Les esprits tutélaires. 30:2.83 1. Les supernaphins. 30:2.84 2. Les seconaphins. 30:2.85 3. Les tertiaphins. 30:2.86 4. Les omniaphins. 30:2.87 5. Les séraphins. 30:2.88 6. Les chérubins et les sanobins. 30:2.89 7. Les médians. 30:2.90 VI. LES DIRECTEURS DE POUVOIR D’UNIVERS 30:2.91 A. Les Sept Directeurs Suprêmes de Pouvoir. 30:2.92 B. Les Centres Suprêmes de Pouvoir. 30:2.93 1. Les Superviseurs Suprêmes de Centres. 30:2.94 2. Les centres de Havona. 30:2.95 3. Les centres de superunivers. 30:2.96 4. Les centres d’univers local. 30:2.97 5. Les centres de constellation. 30:2.98 6. Les centres de système. 30:2.99 7. Les centres non classés. 30:2.100 C. Les Maitres Contrôleurs Physiques. 30:2.101 1. Les directeurs de pouvoir adjoints. 30:2.102 2. Les contrôleurs machinaux. 30:2.103 3. Les transformateurs d’énergie. 30:2.104 4. Les transmetteurs d’énergie. 30:2.105 5. Les associateurs primaires. 30:2.106 6. Les dissociateurs secondaires. 30:2.107 7. Les frandalanks et les chronoldeks. 30:2.108 D. Les Superviseurs de Pouvoir Morontiel. 30:2.109 1. Les régulateurs de circuit. 30:2.110 2. Les coordonnateurs de système. 30:2.111 3. Les conservateurs planétaires. 30:2.112 4. Les contrôleurs conjugués. 30:2.113 5. Les stabilisateurs de Liaison. 30:2.114 6. Les assortisseurs sélectifs. 30:2.115 7. Les archivistes associés. 30:2.116 VII. LES CORPS DE CITOYENNETÉ PERMANENTE 30:2.117 1. Les médians planétaires. 30:2.118 2. Les Fils Adamiques des systèmes. 30:2.119 3. Les univitatias des constellations. 30:2.120 4. Les susatias des univers locaux. 30:2.121 5. Les mortels des univers locaux fusionnés avec l’Esprit. 30:2.122 6. Les abandontaires des superunivers. 30:2.123 7. Les mortels des superunivers fusionnés avec le Fils. 30:2.124 8. Les natifs de Havona. 30:2.125 9. Les natifs des sphères paradisiaques de l’Esprit. 30:2.126 10. Les natifs des sphères paradisiaques du Père. 30:2.127 11. Les citoyens du Paradis créés. 30:2.128 12. Les citoyens mortels du Paradis fusionnés avec leur Ajusteur. 30:2.129 Telle est la classification fonctionnelle des personnalités des univers telles qu’elles sont enregistrées sur le monde-siège d’Uversa. 30:2.130 GROUPES DE PERSONNALITÉS COMPOSITES. Il y a sur Uversa les registres de nombreux autres groupes d’êtres intelligents, êtres qui sont également étroitement reliés à l’organisation et à l’administration du grand univers. Parmi ces ordres, voici trois groupes de personnalités composites : 30:2.131 A. Le Corps Paradisiaque de la Finalité. 30:2.132 1. Le Corps de Mortels Finalitaires. 30:2.133 2. Le Corps des Finalitaires du Paradis. 30:2.134 3. Le Corps des Finalitaires Trinitisés. 30:2.135 4. Le Corps des Finalitaires Trinitisés Conjoints. 30:2.136 5. Le Corps des Finalitaires de Havona. 30:2.137 6. Le Corps des Finalitaires Transcendantaux. 30:2.138 7. Le Corps des Fils Non Révélés de la Destinée. 30:2.139 Le Corps des Mortels de la Finalité est étudié à part dans le fascicule suivant, dernier de cette série. 30:2.140 B. Les Aides d’Univers. 30:2.141 1. Les Radieuses Étoiles du Matin. 30:2.142 2. Les Brillantes Étoiles du Soir. 30:2.143 3. Les archanges. 30:2.144 4. Les Très Hauts Assistants. 30:2.145 5. Les Hauts Commissaires. 30:2.146 6. Les Surveillants Célestes. 30:2.147 7. Les Éducateurs des Mondes des Maisons. 30:2.148 Sur tous les mondes-sièges des univers locaux et des superunivers, des dispositions sont prises en faveur des êtres engagés dans des missions spécifiques pour les Fils Créateurs, dirigeants des univers locaux. Nous accueillons ces Aides d’Univers sur Uversa, mais nous n’avons pas juridiction sur eux. Ces émissaires exécutent leur travail et poursuivent leurs observations sous l’autorité des Fils Créateurs. Leurs activités sont plus complètement décrites dans l’histoire de votre univers local. 30:2.149 C. Les sept colonies de courtoisie. 30:2.150 1. Les étudiants d’étoiles. 30:2.151 2. Les artisans célestes. 30:2.152 3. Les directeurs de la rétrospection. 30:2.153 4. Les instructeurs des écoles complémentaires. 30:2.154 5. Les divers corps de réserve. 30:2.155 6. Les visiteurs estudiantins. 30:2.156 7. Les pèlerins ascendants. 30:2.157 On rencontrera ces sept groupes d’êtres ainsi organisés et gouvernés sur tous les mondes-sièges, depuis les systèmes locaux jusqu’aux capitales des superunivers, et plus particulièrement dans ces dernières. Les capitales des sept superunivers sont les lieux de rencontre pour la presque totalité des classes et ordres d’êtres intelligents. À l’exception des nombreux groupes du Paradis-Havona, on peut y étudier et y observer les créatures volitives de toutes les phases d’existence. 3. Les colonies de courtoisie 30:3.1 Les sept colonies de courtoisie séjournent plus ou moins longtemps sur les sphères architecturales pendant qu’elles sont engagées dans la poursuite de leurs missions et l’exécution de leurs tâches spécialement assignées. On peut décrire leur travail comme suit : 30:3.2 1. Les étudiants d’étoiles, les astronomes célestes, choisissent de travailler sur des sphères comme Uversa parce que ces mondes spécialement construits sont exceptionnellement favorables à leurs observations et à leurs calculs. Uversa est avantageusement située pour le travail de cette colonie, non seulement à cause de son emplacement central, mais aussi parce qu’il n’y a pas de gigantesques soleils vivants ou morts suffisamment proches pour y troubler les courants d’énergie. Ces étudiants ne sont en aucune manière liés organiquement aux affaires du superunivers ; ils en sont seulement des hôtes. 30:3.3 La colonie astronomique d’Uversa contient des individus provenant de nombreux royaumes voisins, ainsi que de l’univers central et même de Norlatiadek. Tout être d’un monde quelconque dans tout système de n’importe quel univers peut devenir un étudiant d’étoiles, peut aspirer à se joindre à quelque corps d’astronomes célestes. Les seules conditions requises sont de continuer à vivre et de connaitre suffisamment les mondes de l’espace, spécialement quant à leurs lois physiques d’évolution et de contrôle. On ne demande pas aux étudiants d’étoiles de servir éternellement dans ce corps, mais nulle personne admise dans ce groupe ne peut s’en retirer avant un millénaire du temps d’Uversa. 30:3.4 La colonie des observateurs d’étoiles d’Uversa compte actuellement plus d’un million de membres. Ces astronomes vont et viennent, bien que certains restent là pendant des périodes relativement longues. Ils poursuivent leurs travaux avec l’aide d’une multitude d’instruments mécaniques et d’appareils physiques. Ils sont aussi grandement aidés par les Messagers Solitaires et par d’autres explorateurs d’esprits. Dans leur étude des étoiles et leur surveillance de l’espace, ces astronomes célestes font constamment appel aux vivants transformateurs et transmetteurs d’énergie aussi bien qu’aux personnalités réflectives. Ils étudient toutes les formes et phases des matériaux de l’espace et des manifestations d’énergie ; et la fonction des forces les intéresse tout autant que les phénomènes stellaires ; rien, dans tout l’espace, n’échappe à leur examen. 30:3.5 On trouve des colonies similaires d’astronomes sur les mondes-sièges des secteurs du superunivers, ainsi que sur les capitales architecturales des univers locaux et dans leurs subdivisions administratives. Sauf au Paradis, le savoir n’est pas inné ; la compréhension de l’univers physique dépend largement de l’observation et de la recherche. 30:3.6 2. Les artisans célestes servent dans les sept superunivers. Les mortels ascendants prennent leur contact initial avec ces groupes dans la carrière morontielle de l’univers local, à l’occasion de laquelle nous analyserons plus complètement ces artisans. 30:3.7 3. Les directeurs de la rétrospection sont les promoteurs de la détente et de l’humour – du retour aux souvenirs du passé. Ils rendent de grands services dans l’exécution pratique du plan ascendant de progression humaine, spécialement durant les phases initiales de transition morontielle et d’expériences spirituelles. Leur histoire relève de l’exposé de la carrière des mortels dans l’univers local. 30:3.8 4. Les instructeurs des écoles complémentaires. Dans la carrière ascendante, chaque monde résidentiel entretient, sur le monde qui lui est immédiatement inférieur, un important contingent d’éducateurs, une sorte d’école préparatoire pour les résidents qui progressent sur cette sphère. Il s’agit d’une phase du plan ascendant pour élever les pèlerins du temps. Ces écoles et leurs méthodes d’instruction et d’examen sont entièrement différentes de tout ce que vous essayez de mettre en œuvre sur Urantia. 30:3.9 Tout le plan ascendant de progression des mortels est caractérisé par la pratique de communiquer à d’autres êtres les expériences et vérités nouvelles aussitôt qu’elles sont acquises. Vous faites votre chemin dans la longue école d’aboutissement au Paradis en servant d’enseignants aux élèves qui vous suivent immédiatement sur l’échelle de la progression. 30:3.10 5. Les divers corps de réserve. De vastes réserves d’êtres qui ne sont pas sous notre supervision immédiate sont mobilisées sur Uversa comme colonie des corps de réserves. Il y a soixante-dix divisions primaires de cette colonie sur Uversa et l’on peut qualifier de libérale l’éducation qui vous permet de passer un temps avec ces personnalités extraordinaires. Des réserves générales similaires sont maintenues sur Salvington et sur d’autres capitales d’univers. Elles sont envoyées en service actif à la demande des directeurs de leurs groupes respectifs. 30:3.11 6. Les visiteurs estudiantins. Venant de tout l’univers, un flot constant de visiteurs célestes se déverse sur les divers mondes-sièges. En tant qu’individus et que classes, ces divers types d’êtres accourent en foule vers nous en observateurs, en élèves échangés et en aides d’étudiants. Il y a présentement sur Uversa plus d’un milliard de personnes dans cette colonie de courtoisie. Certains de ces visiteurs peuvent demeurer un jour, d’autres rester une année ; tout dépend de la nature de leur mission. Cette colonie comprend des représentants de presque toutes les classes d’êtres de l’univers, à l’exception des personnalités créatrices et des mortels morontiels. 30:3.12 Les mortels morontiels ne sont des visiteurs estudiantins que dans les limites de l’univers local de leur origine. Ils ne peuvent faire de visites à titre superuniversel qu’après avoir atteint le statut d’esprit. Plus de la moitié de notre colonie de visiteurs consiste en « passants », êtres en route pour d’autres destinations, mais qui font une pause pour visiter la capitale d’Orvonton. Il se peut que ces personnalités exécutent une tâche universelle assignée, ou qu’ils profitent d’une période de loisir où ils sont libres d’affectations. Le privilège des voyages et des observations intra-universels fait partie de la carrière de tous les êtres ascendants. Le désir humain de voyager et d’observer de nouveaux peuples et de nouveaux mondes sera pleinement satisfait au cours de la longue et aventureuse ascension vers le Paradis à travers l’univers local, le superunivers et l’univers central. 30:3.13 7. Les pèlerins ascendants. En même temps qu’ils sont affectés à divers services en rapport avec leur progression vers le Paradis, les pèlerins ascendants sont domiciliés comme colonie de courtoisie sur les divers mondes-sièges. Leurs groupes sont largement autonomes pendant qu’ils fonctionnent çà et là dans tout un superunivers. Ce sont des colonies en changement continuel embrassant tous les ordres de mortels évolutionnaires et leurs associés ascendants. 4. Les mortels ascendants 30:4.1 Les survivants mortels du temps et de l’espace sont appelés pèlerins ascendants lorsqu’ils sont accrédités pour l’ascension progressive vers le Paradis, mais ces créatures évolutionnaires occupent dans nos exposés une place si importante que nous désirons présenter ici un tableau synoptique des sept stades suivants de la carrière universelle ascendante : 30:4.2 1. Les mortels planétaires. 30:4.3 2. Les survivants endormis. 30:4.4 3. Les étudiants des mondes des maisons. 30:4.5 4. Les progresseurs morontiels. 30:4.6 5. Les pupilles du superunivers. 30:4.7 6. Les pèlerins de Havona. 30:4.8 7. Les arrivants au Paradis. 30:4.9 L’exposé suivant présente la carrière dans l’univers d’un mortel habité par un Ajusteur. Les mortels fusionnés avec le Fils ou l’Esprit partagent des portions de cette carrière, mais nous avons choisi de raconter cette histoire à la manière dont elle s’applique à des mortels fusionnés avec leur Ajusteur, car c’est la destinée à laquelle peuvent s’attendre toutes les races humaines d’Urantia. 30:4.10 1. Mortels planétaires. Les mortels sont tous des êtres évolutionnaires d’origine animale ayant un potentiel d’ascension. Dans leur origine, leur nature et leur destinée, ces divers groupes et types d’êtres humains ne sont pas entièrement différents des peuples d’Urantia. Les races humaines de chaque monde reçoivent les mêmes soins des Fils de Dieu et bénéficient de la présence des esprits tutélaires du temps. Après la mort naturelle, tous les types d’ascendeurs fraternisent comme une seule famille morontielle sur les mondes des maisons. 30:4.11 2. Survivants endormis. Tous les mortels ayant le statut de survie et étant sous la garde d’un gardien personnel de la destinée, franchissent le seuil de la mort naturelle et se personnalisent sur le monde des maisons à la troisième période. Les êtres accrédités qui, pour une raison quelconque, n’ont pas été capables d’atteindre ce niveau de maitrise de l’intelligence et de dotation de spiritualité qui leur donnerait droit à des anges gardiens personnels ne peuvent pas se rendre immédiatement et directement sur le monde des maisons de cette façon. Il faut que ces âmes survivantes reposent dans un sommeil inconscient jusqu’au jour du jugement d’une nouvelle époque, d’une nouvelle dispensation, de la venue d’un Fils de Dieu faisant l’appel nominal de l’âge et jugeant le royaume. C’est la pratique générale dans tout Nébadon. On a dit du Christ Micaël que lors de son ascension au ciel, qui mettait fin à son travail sur terre, « il conduisait une multitude de captifs ». Ces captifs étaient des survivants endormis depuis les jours d’Adam jusqu’au jour de la résurrection du Maitre sur Urantia. 30:4.12 L’écoulement du temps n’a aucune importance pour les mortels endormis ; ils sont totalement inconscients et oublieux de la durée de leur repos. Lors du réassemblage de leur personnalité à la fin d’un âge, ceux qui auront dormi cinq-mille ans ne réagiront pas différemment de ceux qui se seront reposés cinq jours. À part ce retard dans le temps, ces survivants passent par le régime de l’ascension exactement comme ceux qui évitent le sommeil plus ou moins long de la mort. 30:4.13 Ces classes dispensationnelles de pèlerins du monde sont utilisées pour des activités morontielles de groupe dans le travail des univers locaux. Il y a un grand avantage à la mobilisation de groupes aussi énormes ; ils sont ainsi maintenus réunis pendant de longues périodes de service effectif. 30:4.14 3. Étudiants des mondes des maisons. Tous les mortels survivants qui se réveillent sur les mondes des maisons appartiennent à cette classe. 30:4.15 Le corps physique de chair mortelle ne fait pas partie du réassemblage du survivant endormi ; le corps physique est retourné à la poussière. Le séraphin d’affectation parraine le nouveau corps, la forme morontielle, comme nouveau véhicule de vie pour l’âme immortelle et comme demeure de l’Ajusteur qui l’habite de nouveau. L’Ajusteur est le conservateur de la transcription spirituelle du mental du survivant endormi. Le séraphin affecté est le gardien de l’identité survivante – l’âme immortelle – dans l’état d’avancement où elle a évolué. Et, lorsque tous deux, l’Ajusteur et l’ange gardien, réunissent les éléments de personnalité qui leur ont été confiés, le nouvel individu constitue la résurrection de l’ancienne personnalité, la survie de l’identité morontielle évoluante de l’âme. Une telle réassociation d’une âme et d’un Ajusteur est à juste titre appelée résurrection ; c’est un réassemblage des facteurs de la personnalité, mais même ceci n’explique pas entièrement la réapparition de la personnalité survivante. Bien que vous ne deviez probablement jamais comprendre le fait d’une opération aussi inexplicable, vous en connaitrez un jour la vérité par expérience si vous ne rejetez pas le plan de survie humaine. 30:4.16 Le plan de la retenue initiale des mortels sur sept mondes d’éducation progressive est presque universel dans Orvonton. Dans chaque système local d’environ mille planètes habitées, il y a sept mondes des maisons, généralement satellites ou sous-satellites de la capitale du système. Ce sont les mondes où l’on reçoit la majorité des mortels ascendants. 30:4.17 Tous les mondes éducatifs de résidence des mortels sont parfois appelés « maisons » de l’univers, et c’est à ces sphères que Jésus faisait allusion lorsqu’il a dit : « Il y a de nombreuses maisons dans la demeure de mon Père. » À partir de là, à l’intérieur d’un groupe donné de sphères semblables aux mondes des maisons, les ascendeurs vont progresser individuellement d’une sphère à une autre et d’une phase de vie à une autre, mais c’est toujours en formation de classe qu’ils avanceront d’un stade d’étude de l’univers à un autre. 30:4.18 4. Progresseurs morontiels. Pendant qu’ils s’élèvent des mondes des maisons par les sphères du système, de la constellation et de l’univers local, les mortels sont classés comme progresseurs morontiels ; ils traversent les sphères de transition de l’ascension mortelle. Au cours de leur progression depuis les sphères inférieures jusqu’aux sphères supérieures des mondes morontiels, les mortels ascendants servent dans d’innombrables affectations en association avec leurs éducateurs et en compagnie de leurs frères ainés plus évolués. 30:4.19 La progression morontielle fait partie de l’élévation continue de l’intellect, de l’esprit et de la forme de personnalité. Les survivants sont encore des êtres de trois natures. Pendant toute l’expérience morontielle, ils sont pupilles de l’univers local. Le régime du superunivers fonctionne seulement lorsque la carrière d’esprit commence. 30:4.20 Les mortels acquièrent leur identité spirituelle réelle immédiatement avant de quitter le siège de l’univers local pour les mondes récepteurs des secteurs mineurs du superunivers. Le passage du stade morontiel final au statut d’esprit initial le plus bas n’est qu’une légère transition. Un tel avancement ne change pas le mental, la personnalité et le caractère ; la forme seule subit une modification. Mais la forme spirituelle est tout aussi réelle que le corps morontiel et elle est également discernable. 30:4.21 Avant de quitter leurs univers locaux d’origine pour les mondes récepteurs des superunivers, les mortels du temps reçoivent une confirmation en tant qu’esprit de la part du Fils Créateur et de l’Esprit-Mère de l’univers local. À partir de ce point, le statut du mortel ascendant est fixé pour toujours. Il n’y a pas d’exemple que des pupilles du superunivers aient quitté le droit chemin. Le standing angélique des séraphins ascendants est également accru au moment où ils quittent les univers locaux. 30:4.22 5. Pupilles superuniversels. Tous les ascendeurs arrivant sur les mondes éducatifs des superunivers deviennent les pupilles des Anciens des Jours. Ils ont franchi la vie morontielle de l’univers local et sont désormais des esprits accrédités. En tant que jeunes esprits, ils commencent l’ascension du système superuniversel d’éducation et de culture, qui débute sur les sphères réceptrices de leur secteur mineur, passe vers l’intérieur par les mondes d’études des dix secteurs majeurs et aboutit aux sphères culturelles supérieures du siège du superunivers. 30:4.23 Les esprits étudiants se classent en trois ordres selon qu’ils séjournent dans le secteur mineur, les secteurs majeurs, ou les mondes-sièges superuniversels de progression spirituelle. De même que les ascendeurs morontiels étudiaient et travaillaient sur les mondes de l’univers local, de même les ascendeurs spirituels continuent à se familiariser avec de nouveaux mondes par la pratique de transmettre à autrui ce qu’ils ont absorbé aux sources expérientielles de sagesse. Mais le fait d’aller à l’école comme être spirituel au cours de la carrière superuniverselle ne ressemble en rien à ce qui a pu pénétrer le domaine imaginatif du mental matériel des hommes. 30:4.24 Avant de quitter le superunivers pour Havona, les esprits ascendants reçoivent, en matière d’administration superuniverselle, une instruction aussi complète qu’au cours de leur expérience morontielle à propos de la supervision de l’univers local. Avant d’atteindre Havona, les mortels spirituels ont pour principal sujet d’étude, mais non pour occupation exclusive, la maitrise de l’administration de l’univers local et des superunivers. La raison de toute cette expérience n’apparait pas encore pleinement, mais il est hors de doute que cet entrainement soit sage et nécessaire en vue de leur future destinée possible comme membres du Corps de la Finalité. 30:4.25 Le régime superuniversel n’est pas le même pour tous les mortels ascendants. Ils reçoivent la même éducation générale, mais certains groupes et certaines classes passent par des cours spéciaux d’instruction et sont soumis à des modes spécifiques d’entrainement. 30:4.26 6. Pèlerins de Havona. Quand leur développement spirituel est complet et même s’il n’est pas surabondant, les mortels survivants se préparent pour le long vol vers Havona, havre des esprits évolutionnaires. Sur terre, vous étiez une créature de chair et de sang ; au cours de votre passage dans l’univers local, vous étiez un être morontiel ; dans le superunivers, vous étiez un esprit évoluant ; avec votre arrivée sur les mondes récepteurs de Havona, votre éducation spirituelle commence véritablement et sérieusement. Lorsque vous apparaitrez finalement au Paradis, ce sera en tant qu’esprit rendu parfait. 30:4.27 Le voyage entre le siège du superunivers et les sphères réceptrices de Havona s’effectue toujours isolément. Désormais l’instruction ne sera plus donnée par classes ni par groupes. Vous en avez fini avec l’entrainement technique et administratif des mondes évolutionnaires du temps et de l’espace. Maintenant commence votre éducation personnelle, votre entrainement spirituel individuel. Du début jusqu’à la fin, à travers tout Havona, l’instruction est personnelle et de nature triple : intellectuelle, spirituelle et expérientielle. 30:4.28 Le premier acte de votre carrière havonienne consistera à reconnaitre et à remercier votre seconaphin transporteur pour le long voyage effectué en sécurité. Ensuite vous serez présenté aux êtres qui prendront la responsabilité de vos activités initiales dans Havona. Puis vous irez inscrire votre arrivée et vous préparerez votre message de remerciement et d’adoration qui sera envoyé au Fils Créateur de votre univers local, le Père de votre univers qui a rendu possible votre carrière de filiation. Les formalités d’arrivée à Havona sont alors terminées et l’on vous accorde une longue période de loisirs pour observer librement. Cela vous donne l’occasion d’aller voir vos amis, vos compagnons et vos associés de la longue expérience de l’ascension. Vous pouvez aussi consulter les télédiffusions pour savoir lesquels de vos compagnons pèlerins sont partis pour Havona depuis votre départ d’Uversa. 30:4.29 Le fait de votre arrivée sur les mondes récepteurs de Havona sera dument transmis au quartier général de votre univers local et communiqué personnellement à votre gardien séraphique, où qu’il se trouve. 30:4.30 Les mortels ascendants ont été minutieusement instruits des affaires des mondes évolutionnaires de l’espace ; maintenant ils débutent dans leur long et profitable contact avec les sphères de perfection créées. Quelle préparation pour un travail futur que cette expérience combinée, unique et extraordinaire ! Mais je ne saurais vous raconter Havona ; il faut voir ces mondes pour en apprécier la gloire ou en saisir la grandeur. 30:4.31 7. Arrivants au Paradis. En atteignant le Paradis avec statut résidentiel, vous commencez le programme progressif de divinité et d’absonité. Votre résidence au Paradis signifie que vous avez trouvé Dieu et que vous allez être enrôlés dans le Corps des Mortels de la Finalité. Parmi toutes les créatures du grand univers, seuls les individus qui ont fusionné avec le Père sont enrôlés dans le Corps des Mortels de la Finalité. Seuls ils prêtent le serment des finalitaires. D’autres êtres parfaits du Paradis ou ayant atteint le Paradis peuvent faire temporairement partie de ce corps de la finalité, mais ils ne sont pas affectés pour l’éternité à la mission inconnue et non révélée de cette armée croissante de vétérans évolutionnaires et devenus parfaits du temps et de l’espace. 30:4.32 Les arrivants au Paradis se voient accorder une période de liberté, après quoi ils commencent leurs associations avec les sept groupes des supernaphins primaires. Quand ils ont terminé leur programme avec les conducteurs d’adoration, on les appelle diplômés du Paradis. Ensuite, en tant que finalitaires, ils sont affectés à des services d’observation et de coopération jusqu’aux confins de la vaste création. Pour l’instant il ne parait pas y avoir d’emploi spécifique ou déterminé pour les Finalitaires du Corps des Mortels, bien qu’ils servent dans de nombreux postes sur des mondes ancrés dans la lumière et la vie. 30:4.33 S’il ne devait pas y avoir de destinée future ou non révélée pour le Corps des Mortels de la Finalité, l’affectation présente de ces êtres ascendants serait déjà tout à fait adéquate et glorieuse. Leur présente destinée justifie entièrement le plan universel d’ascension évolutionnaire. Mais les âges futurs de l’évolution des sphères de l’espace extérieur élaboreront certainement davantage et illumineront plus complètement et divinement la sagesse et la bienveillance affectueuse des Dieux dans l’exécution de leur divin plan pour la survie humaine et l’ascension des mortels. 30:4.34 Cet exposé, joint à ce qui vous a été révélé et à ce que vous pouvez apprendre en liaison avec les directives concernant votre propre monde, présente une esquisse de la carrière d’un mortel ascendant. L’histoire varie considérablement dans les différents superunivers, mais le présent récit donne un aperçu du plan moyen de la progression des mortels, tel qu’il est mis en œuvre dans l’univers local de Nébadon et dans le septième segment du grand univers, le superunivers d’Orvonton. 30:4.35 [Parrainé par un Puissant Messager d’Uversa.] Fascicule 31. Le Corps de la Finalité 31:0.1 Le Corps des Finalitaires Mortels représente la destination présentement connue des mortels ascendants du temps fusionnés avec leur Ajusteur. Mais il existe d’autres groupes qui sont également affectés à ce corps. Le corps finalitaire primaire est composé comme suit : 31:0.2 1. Natifs de Havona. 31:0.3 2. Messagers de Gravité. 31:0.4 3. Mortels glorifiés. 31:0.5 4. Séraphins adoptés. 31:0.6 5. Fils Matériels glorifiés. 31:0.7 6. Créatures médianes glorifiées. 31:0.8 Ces six groupes d’êtres glorifiés composent ce corps unique à destinée éternelle. Nous pensons connaitre leur travail futur, mais nous n’en sommes pas certains. Le Corps de la Finalité des Mortels est en cours de mobilisation au Paradis. Ses membres apportent présentement un ministère considérable aux univers de l’espace et administrent les mondes ancrés dans la lumière et la vie. Toutefois, ils doivent avoir pour destination future les univers qui maintenant s’organisent dans l’espace extérieur. Du moins, c’est ce que l’on conjecture sur Uversa. 31:0.9 Le corps est organisé en accord avec les associations opérantes des mondes de l’espace et en harmonie avec l’expérience associative acquise durant toute la longue carrière ascensionnelle si mouvementée. Toutes les créatures ascendantes admises dans ce corps y sont reçues à égalité, mais cette égalité à un niveau élevé n’abroge pas l’individualité et ne détruit en aucune manière l’identité personnelle. En communiquant avec un finalitaire, nous pouvons immédiatement discerner s’il est un mortel ascendant, un natif de Havona, un séraphin adopté, un médian ou un Fils Matériel. 31:0.10 Durant le présent âge de l’univers, les finalitaires retournent dans les univers du temps pour y servir. Ils sont affectés à des travaux superuniversels successifs, mais jamais dans leur superunivers natal avant d’avoir servi dans chacune des six autres supercréations. Ils peuvent ainsi acquérir le concept septuple de l’Être Suprême. 31:0.11 Il y a en permanence une ou plusieurs compagnies de finalitaires mortels en service sur Urantia. Nul domaine de service universel ne leur est étranger. Ils sont en fonction dans tout l’univers, avec des périodes égales et alternées de devoirs assignés et de service libre. 31:0.12 Nous n’avons aucune idée de la nature de l’organisation future de ce groupe extraordinaire, mais les finalitaires sont à présent un groupe entièrement autonome. Ils choisissent eux-mêmes leurs chefs et directeurs permanents, périodiques et d’affectation. Nulle influence extérieure ne peut jamais être amenée à peser sur leurs politiques, et leur serment d’allégeance n’est prêté qu’à la Trinité du Paradis. 31:0.13 Les finalitaires maintiennent leurs propres quartiers généraux au Paradis, dans les superunivers, dans les univers locaux et sur toutes les capitales divisionnaires. Ils forment un ordre séparé de la création évolutionnaire. Nous ne les dirigeons ni ne les contrôlons directement ; cependant, ils sont absolument loyaux et toujours coopératifs avec tous nos plans. Ils sont en vérité l’accumulation des âmes éprouvées et sincères du temps et de l’espace – le sel évolutionnaire de l’univers – et ils sont pour toujours à l’abri du mal et inaccessibles au péché. 1. Les natifs de Havona 31:1.1 De nombreux natifs de Havona, qui servent comme instructeurs dans les écoles de l’univers central où l’on instruit les pèlerins, deviennent fort attachés aux mortels ascendants, et encore plus curieux du travail et du destin futurs du Corps de Mortels Finalitaires. Il existe au Paradis, au siège administratif du corps, un office d’inscription pour les volontaires de Havona, présidé par l’associé de Grandfanda. Aujourd’hui, vous trouveriez des millions et des millions de natifs de Havona sur sa liste d’attente. Ces êtres parfaits, de création directe et divine, sont d’un grand secours pour le Corps Mortel de la Finalité et rendront indubitablement des services encore plus importants dans le très lointain futur. Ils apportent le point de vue des êtres nés dans la perfection et la surabondance divine. Les finalitaires embrassent ainsi les deux phases de l’existence expérientielle – la parfaite et la rendue parfaite. 31:1.2 Il faut que les natifs de Havona atteignent certains développements expérientiels, en liaison avec des êtres évolutionnaires, développements qui créeront la capacité de recevoir le don d’un fragment de l’esprit du Père Universel. Le Corps de Mortels Finalitaires n’a pour membres permanents que les êtres fusionnés avec l’esprit de la Source-Centre Première ou qui, tels les Messagers de Gravité, incorporent de naissance cet esprit de Dieu le Père. 31:1.3 Les habitants de l’univers central sont reçus au corps dans la proportion d'un pour mille – un pour une compagnie de finalitaires. Le corps est organisé pour un service temporaire par compagnies de mille, les créatures ascendantes étant au nombre de 997 pour un natif de Havona et un Messager de Gravité. Les finalitaires sont ainsi mobilisés par compagnies, mais le serment de finalité est prêté individuellement. C’est un serment qui comporte des conséquences radicales et d’importance éternelle. Le natif de Havona prête le même serment et est attaché au corps pour toujours. 31:1.4 Les recrues de Havona suivent la compagnie de leur affectation ; là où va le groupe, elles vont aussi. Il faudrait que vous voyiez leur enthousiasme pour leur nouveau travail de finalitaires. L’espoir d’atteindre le Corps de la Finalité est l’une des superbes émotions de Havona ; la possibilité de devenir un finalitaire est l’une des aventures suprêmes de ces races parfaites. 31:1.5 Les natifs de Havona sont également reçus dans la même proportion au Corps des Finalitaires Trinitisés Conjoints sur Vicegerington et au Corps des Finalitaires Transcendantaux au Paradis. Les citoyens de Havona considèrent ces trois destinées, ainsi que leur admission possible au Corps des Finalitaires de Havona, comme les buts suprêmes de leur carrière céleste. 2. Les Messagers de Gravité 31:2.1 En tous lieux et en tous temps où des Messagers de Gravité opèrent, les finalitaires sont aux leviers de commande. Tous les Messagers de Gravité sont sous la juridiction exclusive de Grandfanda, et ils sont uniquement affectés au Corps primaire de la Finalité. Ils sont dès maintenant d’un secours inestimable pour les finalitaires, et seront employés à tous usages dans l’éternel futur. Nul autre groupe de créatures intelligentes ne possède un pareil corps de messagers personnalisés capables de transcender le temps et l’espace. Les types similaires de messagers-enregistreurs attachés aux autres corps finalitaires ne sont pas personnalisés, ils sont absonitisés. 31:2.2 Les Messagers de Gravité viennent de Divinington et sont des Ajusteurs modifiés et personnalisés, mais nul membre de notre groupe d’Uversa n’entreprendrait d’expliquer la nature de ces messagers. Nous savons qu’ils sont des êtres hautement personnels, divins, intelligents et touchants de compréhension, mais nous ne saisissons pas leur technique pour franchir instantanément l’espace. Ils paraissent capables d’utiliser n’importe quelle énergie, tous les circuits et même la gravité. Les finalitaires du corps des mortels ne peuvent pas défier le temps et l’espace, mais ils ont pour associés, soumis à leurs ordres, des personnalités d’esprit presque infinies qui peuvent le faire. Nous nous permettons d’appeler personnalités les Messagers de Gravité, mais en réalité ce sont des êtres superspirituels, des personnalités sans limites et sans bornes. Comparés aux Messagers Solitaires, leur personnalité est d’un ordre entièrement différent. 31:2.3 Les Messagers de Gravité peuvent être attachés en nombre illimité à une compagnie de finalitaires, mais un seul d’entre eux, le chef de ses compagnons, est incorporé au Corps des Mortels de la Finalité. Ce chef a toutefois à sa disposition un personnel permanent de 999 messagers ; selon les nécessités, il peut faire appel aux réserves de l’ordre pour obtenir des assistants en nombre illimité. 31:2.4 Les Messagers de Gravité et les finalitaires mortels glorifiés finissent par éprouver une affection réciproque touchante et profonde. Ils ont beaucoup de choses en commun : les uns sont des personnalisations directes de fragments du Père Universel, les autres des personnalités créées existant dans l’âme immortelle survivante fusionnée avec un fragment du même Père Universel, l’Ajusteur de Pensée spirituel. 3. Les mortels glorifiés 31:3.1 Les mortels ascendants fusionnés avec leur Ajusteur forment la masse principale du Corps primaire de la Finalité. Avec les séraphins adoptés et glorifiés, leur nombre s’élève habituellement à 990 dans chaque compagnie de finalitaires. La proportion de mortels et d’anges varie selon les groupes, mais les mortels sont toujours beaucoup plus nombreux que les séraphins. Les natifs de Havona, les Fils Matériels Glorifiés, les médians glorifiés, les Messagers de Gravité et le membre inconnu et manquant ne constituent qu’un pour cent du corps. Chaque compagnie de mille finalitaires n’a de places que pour dix de ces personnalités non mortelles et non séraphiques. 31:3.2 Nous autres d’Uversa, nous ne connaissons pas la « destinée finalitaire » des mortels ascendants du temps. Ils résident présentement au Paradis et servent, temporairement, dans le Corps de Lumière et de Vie, mais le prodigieux périple d’éducation ascendante et la longue discipline universelle par lesquels ils ont passé doivent être conçus en vue de les qualifier pour des épreuves de confiance encore plus grandes et pour des responsabilités de services encore plus sublimes. 31:3.3 Bien que ces mortels ascendants aient atteint le Paradis, aient été enrôlés dans le Corps de la Finalité et aient été réexpédiés en grand nombre pour participer à la conduite des univers locaux et aider à l’administration des affaires superuniverselles – même en face de cette destinée apparente, il subsiste le fait significatif qu’ils sont classés seulement comme esprits du sixième stade. Il reste indubitablement une autre étape à franchir dans la carrière du Corps des Mortels de la Finalité. Nous ne connaissons pas la nature de cette étape, mais nous sommes au courant de trois faits sur lesquels nous attirons l’attention. 31:3.4 1. Nous savons par les archives que les mortels sont classés comme esprits du premier ordre pendant leur séjour dans les secteurs mineurs, qu’ils gagnent le deuxième ordre lorsqu’ils sont transférés dans les secteurs majeurs, et le troisième lorsqu’ils progressent jusqu’aux mondes éducatifs centraux du superunivers. Les mortels deviennent quaternaires ou esprits diplômés après être arrivés au sixième cercle de Havona, et esprits du cinquième ordre lorsqu’ils ont trouvé le Père Universel. Ils atteignent ultérieurement le sixième stade d’existence d’esprit en prêtant le serment qui les enrôle pour toujours dans l’affectation éternelle du Corps de la Finalité des Mortels. 31:3.5 Nous observons que la classification ou désignation des esprits est déterminée par leur avancement effectif d’un royaume de service universel à un autre royaume de service universel, ou d’un univers à un autre univers. Nous supposons que l’octroi de la classification comme esprit du septième ordre au Corps des Mortels de la Finalité aura lieu en même temps que ses membres seront promus à l’affectation éternelle de service sur des sphères jusqu’ici non enregistrées et non révélées, et qu’elle coïncidera avec leur atteinte de Dieu le Suprême. Mais, à part ces hypothèses audacieuses, nous n’en savons réellement pas plus que vous sur tout cela ; notre connaissance de la carrière des mortels ne s’étend pas au-delà de la présente destinée paradisiaque. 31:3.6 2. Les finalitaires mortels ont pleinement obtempéré à l’injonction des âges : « Soyez parfaits » ; ils ont gravi le sentier d’aboutissement des mortels ; ils ont trouvé Dieu et ont été dument installés dans le Corps de la Finalité. Ces êtres ont atteint la limite présentement accessible de progression spirituelle, mais non la finalité de statut spirituel ultime. Ils sont arrivés à la limite présentement accessible de perfection des créatures, mais non à la finalité de service des créatures. Ils ont fait l’expérience de l’adoration de la Déité dans sa plénitude, mais non de la finalité d’aboutissement de la Déité expérientielle. 31:3.7 3. Les mortels glorifiés du Corps de Finalité du Paradis sont des êtres ascendants possédant la connaissance expérientielle de chaque étape de l’actualité et de la philosophie de la vie la plus complète possible d’existence intelligente. Pendant les âges de leur ascension depuis les mondes matériels les plus humbles jusqu’aux hauteurs spirituelles du Paradis, ces créatures survivantes ont été instruites à la limite de leurs capacités dans tous les détails de tous les principes divins concernant l’administration juste et efficace, aussi bien que miséricordieuse et patiente, de toute la création universelle du temps et de l’espace. 31:3.8 Nous estimons que les êtres humains ont le droit de partager nos opinions et que vous êtes libres de faire avec nous des hypothèses sur le mystère de la destinée ultime du Corps de Finalité du Paradis. Il nous semble évident que les présentes affectations des créatures évolutionnaires devenues parfaites participent de la nature des études spécialisées sur la compréhension universelle et l’administration superuniverselle. Et nous posons tous la question : « Pourquoi les Dieux s’intéressent-ils pareillement à entrainer aussi minutieusement les mortels survivants à la technique de gestion de l’univers ? » 4. Les séraphins adoptés 31:4.1 Beaucoup de fidèles gardiens séraphiques des mortels reçoivent la permission de parcourir la carrière ascendante avec leurs pupilles humains, et beaucoup de ces anges gardiens, après avoir fusionné avec le Père, se joignent à leurs sujets pour prêter le serment finalitaire d’éternité et accepter pour toujours la destinée de leurs associés mortels. Les anges qui passent par l’expérience ascendante des êtres mortels peuvent partager le destin de la nature humaine ; ils peuvent être enrôlés également et éternellement dans ce Corps de la Finalité. Un grand nombre des séraphins adoptés et glorifiés est attaché aux divers corps finalitaires des non mortels. 5. Les Fils Matériels glorifiés 31:5.1 Il existe dans les univers du temps et de l’espace des dispositions permettant aux citoyens adamiques des systèmes locaux, quand leur affectation planétaire a longtemps tardé, d’établir une demande pour être relevés de leur statut de citoyenneté permanente. S’il y est donné suite, ils rejoignent les pèlerins ascendants sur les capitales d’univers et, de là, se dirigent vers le Paradis et le Corps de la Finalité. 31:5.2 Lorsqu’un monde évolutionnaire avancé arrive aux dernières époques de l’âge de lumière et de vie, ses Fils Matériels, l’Adam et l’Ève Planétaires, peuvent choisir de s’humaniser, de recevoir des Ajusteurs et de se lancer dans le courant évolutionnaire d’ascension universelle conduisant au Corps des Finalitaires Mortels. Certains de ces Fils Matériels ont partiellement échoué ou techniquement failli dans leur mission d’accélérateurs biologiques, comme ce fut le cas pour Adam sur Urantia ; ils sont alors forcés de prendre le chemin naturel des peuples du royaume, de recevoir des Ajusteurs, de passer par la mort et de progresser par la foi à travers le régime ascendant, pour atteindre ultérieurement le Paradis et le Corps de la Finalité. 31:5.3 Il y a peu de compagnies finalitaires où l’on trouve de ces Fils Matériels. Leur présence ajoute un grand potentiel aux possibilités de service élevé pour ce groupe, et ils sont invariablement choisis pour chefs. Si les deux membres du couple édénique sont attachés au même groupe, on leur permet généralement d’agir conjointement comme une seule personnalité. Ces couples ascendants réussissent bien mieux que les mortels ascendants dans l’aventure de la trinitisation. 6. Les créatures médianes glorifiées 31:6.1 Sur beaucoup de planètes, les créatures médianes naissent en grand nombre, mais elles demeurent rarement sur leur monde natal après qu’il a été ancré dans la lumière et la vie. À ce moment-là, ou peu après, elles sont libérées du statut de citoyenneté permanente et commencent leur ascension vers le Paradis en passant par les mondes morontiels, le superunivers et Havona, en compagnie des mortels du temps et de l’espace. 31:6.2 Les créatures médianes des divers univers diffèrent grandement en origine et en nature, mais sont toutes destinées à l’un ou l’autre des corps de finalité du Paradis. Les médians secondaires finissent tous par fusionner avec leur Ajusteur et à être enrôlés dans le corps des mortels. Beaucoup de compagnies finalitaires contiennent un de ces êtres glorifiés. 7. Les Évanges de Lumière 31:7.1 À l’époque actuelle, sur les mille personnalités de chaque compagnie finalitaire, 999 ont prêté serment et possèdent le statut de membres permanents. La place vacante est occupée par le chef des Évanges de Lumière attaché à la compagnie et chargé d’une mission déterminée. Mais ces êtres ne sont que des membres transitoires de ce corps. 31:7.2 Toute personnalité céleste affectée au service d’un corps finalitaire est dénommée Évange de Lumière. Ces êtres ne prêtent pas le serment finalitaire et, bien qu’ils soient soumis à l’organisation du corps, ils n’y sont pas attachés en permanence. Leur groupe peut comprendre des Messagers Solitaires, des supernaphins, des seconaphins, des Citoyens du Paradis ou leurs descendants trinitisés – tout être nécessaire pour remplir un rôle finalitaire transitoire. Nous ne savons pas si ces êtres sont destinés à rester attachés à la mission éternelle du corps. À la fin de leur rattachement, ces Évanges de Lumière reprennent leur statut antérieur. 31:7.3 Dans le Corps des Mortels de la Finalité tel qu’il est aujourd’hui constitué, il y a juste six classes de membres permanents. Comme on peut s’y attendre, les finalitaires spéculent beaucoup sur l’identité de leurs futurs camarades, mais ne sont guère d’accord entre eux. 31:7.4 Nous autres d’Uversa, nous émettons souvent des hypothèses sur l’identité du septième groupe de finalitaires. Nous entretenons beaucoup d’idées, y compris l’affectation possible de certains membres des nombreux groupes trinitisés qui s’accumulent au Paradis, sur Vicegérington ou dans le circuit intérieur de Havona. Nous imaginons même que le Corps de la Finalité recevra la permission de trinitiser beaucoup de ceux qui l’assistent dans le travail d’administration universelle, au cas où ils seraient destinés à servir dans des univers actuellement en cours de formation. 31:7.5 L’un de nous estime que la place vacante du corps sera remplie par des types d’êtres ayant leur origine dans le nouvel univers de leur futur service. Un autre incline à croire que cette place sera occupée par quelque type de personnalité du Paradis, non encore créé, extériorisé ou trinitisé. Il est toutefois plus probable qu’il nous faudra attendre l’entrée des finalitaires dans leur septième stade d’aboutissement spirituel pour le savoir réellement. 8. Les Transcendantaux 31:8.1 Une partie de l’expérience des mortels devenus parfaits, au Paradis, et en tant que finalitaires, consiste dans leur effort pour parvenir à comprendre la nature et la fonction de plus de mille groupes de supercitoyens transcendantaux du Paradis, êtres extériorisés aux attributs absonites. Dans leur association avec ces superpersonnalités, les finalitaires ascendants sont grandement aidés par les directives secourables de nombreux ordres de ministres transcendantaux qui ont pour mission de présenter les finalitaires évolués à leurs nouveaux frères du Paradis. L’ordre tout entier des Transcendantaux vit dans l’ouest du Paradis, dans une vaste zone qu’il occupe exclusivement. 31:8.2 En discutant des Transcendantaux, nous sommes limités non seulement par les bornes de la compréhension humaine, mais aussi par les termes de nos mandats concernant la révélation des personnalités du Paradis. Ces êtres ne sont en aucune façon reliés à l’ascension des mortels vers Havona. La vaste multitude des Transcendantaux du Paradis n’intervient absolument pas dans les affaires de Havona ou des superunivers. Elle s’occupe uniquement de la superadministration des affaires du maitre univers. 31:8.3 Étant une créature, vous pouvez concevoir un Créateur, mais vous ne pouvez guère comprendre qu’il existe un énorme agrégat composite d’êtres intelligents qui ne sont ni des Créateurs ni des créatures. Ces Transcendantaux ne créent pas d’êtres, et eux-mêmes n’ont jamais été créés. En parlant de leur origine, et pour éviter l’emploi d’un nouveau terme – d’une désignation arbitraire et dépourvue de sens – nous croyons préférable de dire simplement que les Transcendantaux s’extériorisent. Il est bien possible que l’Absolu de Déité se soit occupé de leur origine et soit impliqué dans leur destinée, mais ces êtres, uniques dans leur genre, ne sont pas présentement dominés par l’Absolu de Déité. Ils sont soumis à Dieu l’Ultime, et leur présent séjour au Paradis est dirigé et supervisé de toutes les manières par la Trinité. 31:8.4 Bien que tous les mortels atteignant le Paradis fraternisent souvent avec les Transcendantaux comme ils le font avec les Citoyens du Paradis, il se révèle que le premier contact sérieux d’un homme avec un Transcendantal a lieu lors de l’occasion mémorable où l’ascendeur mortel se présente comme membre d’un nouveau groupe finalitaire dans le cercle finalitaire de réception, et où la prestation trinitaire du serment d’éternité est administrée par le chef des Transcendantaux, président des Architectes du Maitre Univers. 9. Les Architectes du Maitre Univers 31:9.1 Les Architectes du Maitre Univers forment le corps gouvernant des Transcendantaux du Paradis. Ce corps gouvernant compte 28 011 personnalités possédant des intelligences maitresses, des esprits superbes et des facultés absonites célestes. Le doyen des Maitres Architectes, dignitaire présidant ce groupe magnifique, est le chef coordonnateur de toutes les intelligences du Paradis au-dessous du niveau de la Déité. 31:9.2 La seizième prescription du mandat autorisant ces exposés dit ceci : « Si cela est jugé sage, l’existence des Architectes du Maitre Univers pourra être dévoilée, mais leur origine, leur nature et leur destinée ne devront pas être pleinement révélées. » Il nous est toutefois loisible de vous informer que ces Maitres Architectes existent en sept niveaux de l’absonite, et que ces sept groupes sont classifiés comme suit : 31:9.3 1. Le niveau du Paradis. Seul le doyen, le premier Architecte extériorisé, fonctionne sur ce niveau le plus élevé de l’absonite. Cette personnalité ultime – ni Créateur ni créature – s’est extériorisée à l’aurore de l’éternité et opère aujourd’hui en tant que délicat coordonnateur du Paradis et de ses vingt-et-un mondes d’activités associées. 31:9.4 2. Le niveau de Havona. La deuxième extériorisation d’Architectes a produit trois maitres planificateurs et administrateurs absonites qui se sont toujours consacrés à la coordination du milliard de sphères parfaites de l’univers central. La tradition du Paradis affirme que ces trois Architectes, avec le conseil de l’Architecte doyen extériorisé précédemment, ont contribué au plan de Havona, mais en réalité nous ne le savons pas. 31:9.5 3. Le niveau des superunivers. Le troisième niveau absonite embrasse les sept Maitres Architectes des sept superunivers. En tant que groupe, ils passent présentement à peu près autant de temps en compagnie des Sept Maitres Esprits du Paradis qu’avec les Sept Agents Exécutifs Suprêmes sur les sept mondes spéciaux de l’Esprit Infini. Ils sont les supercoordonnateurs du grand univers. 31:9.6 4. Le niveau d’espace primaire. Ce groupe compte soixante-dix Architectes. Nous conjecturons qu’ils s’occupent des plans ultimes pour le premier univers d’espace extérieur qui est maintenant en cours de mobilisation au-delà des frontières des sept superunivers existants à présent. 31:9.7 5. Le niveau d’espace secondaire. Ce cinquième corps comprend 490 Architectes, et nous conjecturons là aussi qu’ils doivent s’occuper de l’univers du second espace extérieur, où nos physiciens ont déjà détecté de nettes mobilisations d’énergie. 31:9.8 6. Le niveau d’espace tertiaire. Ce sixième groupe de Maitres Architectes comprend 3 430 membres, et nous inférons similairement qu’ils doivent s’occuper des gigantesques plans du troisième univers d’espace extérieur. 31:9.9 7. Le niveau d’espace quaternaire. Ce corps, le dernier et le plus nombreux, consiste en 24 010 Maitres Architectes et, si nos hypothèses antérieures sont valables, il doit être relié aux univers du quatrième et dernier espace extérieur dont les dimensions vont toujours croissant. 31:9.10 Ces sept groupes de Maitres Architectes comprennent donc au total 28 011 planificateurs d’univers. Il existe au Paradis une tradition selon laquelle, dans le lointain recul de l’éternité, il y eut une tentative pour extérioriser le 28 012e Maitre Architecte, mais que l’absonitisation de cet être échoua, sa personnalité étant saisie par l’Absolu Universel. Il est possible que la limite de l’absonité ait été atteinte par la série ascendante des Maitres Architectes avec le 28 011e et que la 28 012e tentative ait rencontré le niveau mathématique de la présence de l’Absolu. En d’autres termes, au niveau de la 28 012e extériorisation, la qualité d’absonité équivalait au niveau de l’Universel et atteignait la valeur de l’Absolu. 31:9.11 Dans leur organisation fonctionnelle, les trois Architectes superviseurs de Havona agissent comme aides associés de l’Architecte solitaire du Paradis. Les sept Architectes des superunivers agissent comme coordonnés des trois superviseurs de Havona. Les soixante-dix planificateurs des univers du niveau primaire d’espace extérieur servent présentement comme aides associés des sept Architectes des sept superunivers. 31:9.12 Les Architectes du Maitre Univers ont à leur disposition de nombreux aides et assistants, y compris deux vastes ordres d’organisateurs de force, les extériorisés primaires et les associés transcendantaux. Il ne faut pas confondre ces Maitres Organisateurs de Force avec les directeurs de pouvoir ; ces derniers sont liés au grand univers. 31:9.13 Tous les êtres engendrés par l’union des enfants du temps et des enfants de l’éternité, tels que les descendants trinitisés des finalitaires et des Citoyens du Paradis, deviennent pupilles des Maitres Architectes. Mais, parmi toutes les autres créatures ou entités révélées comme opérant dans les univers présentement organisés, seuls les Messagers Solitaires et les Esprits Inspirés de la Trinité maintiennent une association organique avec les Transcendantaux et les Architectes du Maitre Univers. 31:9.14 Les Maitres Architectes contribuent par leur approbation technique à l’affectation des Fils Créateurs à leurs sites spatiaux destinés à l’organisation des univers locaux. Il existe une association très étroite entre les Maitres Architectes et les Fils Créateurs Paradisiaques, et, bien que cette relation ne soit pas révélée, vous avez été informés de l’association des Architectes avec les Créateurs Suprêmes du grand univers dans les relations de la première Trinité expérientielle. Ces deux groupes, avec l’Être Suprême évoluant et expérientiel, constituent l’Ultime Trinité des valeurs transcendantales et des significations du maitre univers. 10. L’ultime aventure 31:10.1 Le doyen des Maitres Architectes a la surveillance des sept Corps de la Finalité qui sont les suivants : 31:10.2 1. Le Corps de Mortels Finalitaires. 31:10.3 2. Le Corps des Finalitaires du Paradis. 31:10.4 3. Le Corps des Finalitaires Trinitisés. 31:10.5 4. Le Corps des Finalitaires Trinitisés Conjoints. 31:10.6 5. Le Corps des Finalitaires de Havona. 31:10.7 6. Le Corps des Finalitaires Transcendantaux. 31:10.8 7. Le Corps des Fils Non Révélés de la Destinée. 31:10.9 Chacun de ces corps de la destinée a un chef qui le préside, et l’ensemble des sept constitue le Conseil Suprême de la Destinée au Paradis, et, durant le présent âge de l’univers, ce corps suprême, qui donne leurs affectations universelles aux enfants de la destinée ultime, a Grandfanda pour chef. 31:10.10 Le rassemblement de ces sept corps finalitaires signifie la mobilisation effective des potentiels, des personnalités, des pouvoirs mentaux, des esprits, des absonites et des actualités expérientielles qui transcendent probablement même les fonctions futures de l’Être Suprême par rapport au maitre univers. Ces sept corps finalitaires représentent probablement l’activité présente de la Trinité Ultime s’occupant de rassembler les forces du fini et de l’absonite pour préparer des développements inconcevables dans les univers de l’espace extérieur. Rien de semblable à cette mobilisation n’a eu lieu depuis les temps proches de l’éternité où la Trinité du Paradis mobilisa d’une manière analogue les personnalités alors existantes du Paradis et de Havona, et les commissionna comme administrateurs et chefs des sept superunivers du temps et de l’espace qu’elle avait projetés. Les sept corps finalitaires représentent la réaction de divinité du grand univers aux besoins futurs des potentiels en puissance dans les univers extérieurs d’activités futures-éternelles. 31:10.11 Nous nous aventurons à prévoir de futurs et plus grands univers extérieurs de mondes habités, de nouvelles sphères peuplées par de nouveaux ordres d’êtres exquis et uniques dans leur genre, un univers matériel sublime dans son ultimité, une immense création à laquelle il manquera seulement un détail important – la présence d’une expérience finie effective dans la vie universelle de l’existence ascendante. Cet univers viendra à l’existence avec un formidable handicap expérientiel : il sera privé de participer à l’évolution du Tout-Puissant Suprême. Ces univers extérieurs bénéficieront tous du ministère incomparable et du supercontrôle céleste de l’Être Suprême, mais le fait même de sa présence active exclut leur participation à l’actualisation de la Déité Suprême. 31:10.12 Durant le présent âge de l’univers, les personnalités évoluantes du grand univers subissent beaucoup de difficultés dues à l’actualisation incomplète de la souveraineté de Dieu le Suprême, mais nous participons tous à l’expérience unique de son évolution. Nous évoluons en lui, et il évolue en nous. À un moment donné de l’éternel futur, l’évolution de la Déité Suprême deviendra un fait accompli de l’histoire universelle, et l’occasion de participer à cette merveilleuse expérience aura disparu de la scène d’action cosmique. 31:10.13 Mais ceux d’entre nous qui auront acquis cette expérience unique pendant la jeunesse de l’univers la chériront durant toute l’éternité future. Et beaucoup d’entre nous spéculent sur la mission des réserves de mortels ascendants et rendus parfaits du Corps de la Finalité qui s’accumulent progressivement. En association avec les six corps similaires de recrutement, cette mission pourrait consister à administrer les univers extérieurs dans un effort pour compenser leurs déficiences expérientielles découlant de leur non-participation à l’évolution temporelle-spatiale de l’Être Suprême. 31:10.14 Ces déficiences sont inévitables sur tous les niveaux d’existence de l’univers. Durant le présent âge de l’univers, nous qui appartenons aux niveaux supérieurs des existences spirituelles, nous descendons maintenant pour administrer les univers évolutionnaires et apporter notre ministère aux mortels ascendants ; nous nous efforçons ainsi de remédier à leurs insuffisances dans les réalités de l’expérience spirituelle supérieure. 31:10.15 Bien qu’en réalité nous ne sachions rien des plans des Architectes du Maitre Univers au sujet de ces créations extérieures, nous sommes néanmoins certains de trois choses : 31:10.16 1. Il existe actuellement un immense et nouveau système d’univers qui s’organisent graduellement dans les domaines de l’espace extérieur. De nouvelles sortes de créations physiques, d’énormes anneaux et de gigantesques essaims d’univers situés bien au-delà des présentes limites des créations peuplées et organisées, sont déjà visibles à travers vos télescopes. À l’heure actuelle, ces créations extérieures sont entièrement physiques ; elles sont apparemment inhabitées et semblent dépourvues d’administration par des créatures. 31:10.17 2. Depuis des âges et des âges se poursuit au Paradis la mobilisation inexpliquée et entièrement mystérieuse des êtres perfectionnés et ascendants du temps et de l’espace, en association avec les six autres corps finalitaires. 31:10.18 3. En concomitance avec ces opérations, la Personne Suprême de la Déité gagne en pouvoir en tant que souverain tout-puissant des supercréations. 31:10.19 En considérant ce développement trin embrassant des créatures, des univers et la Déité, pouvons-nous être critiqués si nous affirmons par avance que quelque chose de nouveau et de non révélé approche de son apogée dans le maitre univers ? N’est-il pas naturel pour nous d’associer cette mobilisation et cette organisation des univers physiques, qui ont eu lieu pendant des âges et à une échelle jusqu’ici inconnue, et l’émergence de la personnalité de l’Être Suprême à ce plan prodigieux visant à élever les mortels du temps à la perfection divine ainsi qu’à les mobiliser ensuite au Paradis dans le Corps de la Finalité – une désignation et une destinée enveloppées dans un mystère de l’univers ? On croit de plus en plus dans tout Uversa que les Corps de la Finalité en voie de rassemblement sont destinés à quelque service futur dans les univers de l’espace extérieur où nous pouvons déjà identifier le groupement d’au moins soixante-dix-mille agrégats de matière dont chacun est plus grand que n’importe quel superunivers du temps présent. 31:10.20 Les mortels évolutionnaires naissent sur les planètes de l’espace, passent par les mondes morontiels, gravissent les univers spirituels, traversent les sphères de Havona, trouvent Dieu, atteignent le Paradis et sont enrôlés dans le Corps primaire de la Finalité pour y attendre leur prochaine affectation de service universel. Il y a six autres corps de finalité en cours de rassemblement, mais Grandfanda, le premier ascendeur mortel, préside comme chef paradisiaque de tous les ordres de finalitaires. Lorsque nous contemplons ce spectacle sublime, nous nous écrions tous : Quelle glorieuse destinée pour les enfants temporels d’origine animale, les fils matériels de l’espace ! 31:10.21 [Parrainé conjointement par un Conseiller Divin et un Dépourvu de Nom et de Nombre autorisés à fonctionner ainsi par les Anciens des Jours d’Uversa.] 31:10.22 ~ ~ ~ ~ 31:10.22 Ces trente-et-un fascicules décrivant la nature de la Déité, la réalité du Paradis, l’organisation et le fonctionnement de l’univers central et des superunivers, les personnalités du grand univers et la haute destinée des mortels évolutionnaires furent parrainés, formulés et exposés en anglais par une haute commission composée de vingt-quatre administrateurs d’Orvonton, agissant conformément à un ordre promulgué par les Anciens des Jours d’Uversa et spécifiant qu’il nous fallait effectuer ce travail sur Urantia, planète 606 de Satania dans Norlatiadek de Nébadon, en l’an 1934 de l’ère chrétienne. Fascicule 32. L’évolution des univers locaux 32:0.1 Un univers local est l’œuvre d’un Fils Créateur de l’ordre paradisiaque des Micaëls. Il comprend cent constellations, dont chacune embrasse cent systèmes de mondes habités. Chaque système contiendra finalement environ mille sphères habitées. 32:0.2 Ces univers du temps et de l’espace sont tous évolutionnaires. Le plan de création des Micaëls du Paradis suit toujours le sentier d’évolution graduelle et de développement progressif des natures et capacités physiques, intellectuelles et spirituelles des multiples créatures qui habitent les sphères d’ordres variés comprises dans l’univers local. 32:0.3 Urantia appartient à un univers local dont le souverain est l’homme-Dieu de Nébadon, Jésus de Nazareth et Micaël de Salvington. Et tous les plans de Micaël pour cet univers local furent pleinement approuvés par la Trinité du Paradis avant même qu’il ait entrepris la suprême aventure de l’espace. 32:0.4 Les Fils de Dieu peuvent choisir les royaumes de leurs activités de créateurs, mais les projets et les plans de ces créations matérielles ont été originellement établis par les Architectes paradisiaques du Maitre Univers. 1. Émergence physique des univers 32:1.1 Les manipulations préuniverselles de la force d’espace et des énergies primordiales sont l’œuvre des Maitres Organisateurs de Force du Paradis ; mais, dans les domaines superuniversels, lorsque l’énergie émergente devient sensible à la gravité locale ou linéaire, les Organisateurs de Force se retirent en faveur des directeurs de pouvoir du superunivers intéressé. 32:1.2 Ces directeurs de pouvoir opèrent seuls dans les phases de création d’un univers local antérieures à la matière et postérieures à la force. Un Fils Créateur n’a aucune possibilité de commencer une organisation d’univers avant que les directeurs de pouvoir aient effectué une mobilisation suffisante des énergies spatiales pour fournir une base matérielle – des soleils physiques et des sphères de matière – à l’univers émergent. 32:1.3 Les univers locaux ont tous à peu près le même potentiel énergétique, bien qu’ils diffèrent grandement dans leurs dimensions physiques et puissent varier de temps à autre quant à leur contenu de matière visible. La charge de pouvoir et la dotation en potentiel matériel d’un univers local sont déterminées par les manipulations des directeurs de pouvoir et de leurs prédécesseurs, ainsi que par les activités du Fils Créateur et par la dotation de contrôle physique inhérente à son associée créative. 32:1.4 La charge énergétique d’un univers local est environ la cent-millième partie de la dotation de force de son superunivers. Dans le cas de Nébadon, votre univers local, la matérialisation des masses est légèrement moindre. Au sens physique, Nébadon possède toute la dotation physique d’énergie et de matière que l’on peut trouver dans n’importe quelle création locale d’Orvonton. La seule limitation physique à l’expansion de l’univers local de Nébadon provient de la charge quantitative d’énergie d’espace maintenue captive par le contrôle de gravité exercé par les pouvoirs et personnalités associés représentant l’ensemble du mécanisme de cet univers. 32:1.5 Quand l’énergie-matière a atteint un certain stade de matérialisation massique, apparait sur la scène un Fils Créateur paradisiaque accompagné d’une Fille Créative de l’Esprit Infini. En même temps que l’arrivée du Fils Créateur commence la construction de la sphère architecturale destinée à devenir le monde-siège de l’univers local en projet. Pendant de longs âges, cette création locale évolue, des soleils se stabilisent, des planètes se forment et se lancent sur leurs orbites, tandis que se poursuit le travail de création des mondes architecturaux destinés à servir de quartiers généraux aux constellations et de capitales aux systèmes. 2. Organisation des univers 32:2.1 Les Fils Créateurs sont précédés dans l’organisation des univers par les directeurs de pouvoir et d’autres êtres issus de la Source-Centre Troisième. À partir des énergies de l’espace ainsi préalablement organisées, Micaël, votre Fils Créateur, a établi les royaumes habités de l’univers de Nébadon, et depuis lors s’est toujours assidument consacré à leur administration. Partant d’une énergie préexistante, ces Fils divins matérialisent de la matière visible, projettent des créatures vivantes et, avec la coopération de la présence d’univers de l’Esprit Infini, créent une suite variée de personnalités spirituelles. 32:2.2 Ces directeurs de pouvoir et contrôleurs d’énergie, qui ont longtemps précédé le Fils Créateur dans le travail préliminaire d’organisation de son univers, servent ensuite en liaison magnifique avec ce Fils d’Univers, conservant pour toujours le contrôle associé de ces énergies qu’ils ont originellement organisées et mises en circuit. Les cent mêmes centres de pouvoir qui ont coopéré avec votre Fils Créateur dans la formation originelle de votre univers local travaillent encore présentement sur Salvington. 32:2.3 Le premier acte achevé de création physique dans Nébadon consista en l’organisation du monde-siège, la sphère architecturale de Salvington avec ses satellites. À partir des actes initiaux des centres de pouvoir et des contrôleurs physiques jusqu’à l’arrivée de l’état-major vivant sur les sphères achevées de Salvington, il s’écoula un peu plus d’un milliard d’années de votre présent temps planétaire. La construction de Salvington fut immédiatement suivie de la création des cent mondes-sièges des constellations projetées et des dix-mille sphères-sièges des systèmes locaux projetés de contrôle et d’administration planétaires, ainsi que de leurs satellites architecturaux. Ces mondes architecturaux sont conçus pour accueillir à la fois des personnalités physiques et spirituelles, ainsi que des êtres relevant des stades morontiels ou transitionnels d’existence. 32:2.4 Salvington, le monde-siège de Nébadon, est situé exactement au centre d’énergie massique de l’univers local. Mais votre univers local n’est pas un système astronomique simple, bien qu’un vaste système existe bel et bien à son centre physique. 32:2.5 Salvington est le quartier général personnel de Micaël de Nébadon, mais ce dernier ne s’y trouve pas toujours. Le fonctionnement harmonieux de votre univers local n’exige plus la présence continue du Fils Créateur sur la sphère capitale, mais il n’en était pas de même aux époques primitives d’organisation physique. Un Fils Créateur ne peut quitter son monde-siège avant l’époque où la stabilisation gravitationnelle du royaume a été effectuée par la matérialisation d’une énergie suffisante pour permettre aux divers circuits et systèmes de s’équilibrer par attraction matérielle mutuelle. 32:2.6 Bientôt le plan physique d’un univers est achevé et le Fils Créateur, en association avec l’Esprit Créatif, établit son plan de création de vie ; sur quoi, cette représentante de l’Esprit Infini commence alors sa fonction universelle en tant que personnalité créative distincte. Lorsque ce premier acte créateur est formulé et exécuté, jaillit à l’existence la Radieuse Étoile du Matin, personnification du concept créatif initial d’identité et d’idéal de divinité. C’est le chef exécutif de l’univers, l’associé personnel du Fils Créateur, un être semblable à lui sous tous les aspects du caractère, mais très notablement limité dans ses attributs de divinité. 32:2.7 Et maintenant que le bras droit, le chef exécutif du Fils Créateur, a été fourni, il s’ensuit la venue à l’existence d’un vaste et merveilleux déploiement de créatures diverses. Les fils et les filles de l’univers local apparaissent et, bientôt après, cette création est pourvue d’un gouvernement s’étendant depuis les conseils suprêmes de l’univers jusqu’aux pères des constellations et aux souverains des systèmes locaux – ces systèmes sont les agrégats des mondes conçus pour devenir ultérieurement les demeures des diverses races mortelles de créatures volitives ; et chacun de ces mondes sera présidé par un Prince Planétaire. 32:2.8 Et alors, quand un univers a été ainsi complètement organisé et pleinement doté en personnel, le Fils Créateur aborde le projet du Père consistant à créer l’homme mortel à leur divine image. 32:2.9 L’organisation des demeures planétaires est encore en voie de progrès dans Nébadon, car cet univers est en vérité un jeune amas dans les royaumes stellaires et planétaires d’Orvonton. Lors de la dernière inscription, il y avait dans Nébadon 3 840 101 planètes habitées, et Satania, le système local auquel appartient votre monde, est assez typique des autres systèmes. 32:2.10 Satania n’est pas un système physique uniforme, une unité ou organisation astronomique simple. Ses 619 mondes habités sont situés dans plus de cinq-cents systèmes physiques différents, dont cinq seulement comportent plus de deux mondes habités. Parmi eux, il y en a seulement un qui comporte quatre planètes peuplées, tandis que quarante-six ont deux mondes habités. 32:2.11 Le système satanien de mondes habités est fort éloigné d’Uversa et du grand amas de soleils qui fonctionne comme centre physique ou astronomique du septième superunivers. Depuis Jérusem, capitale de Satania, il faut plus de deux-cent-mille années-lumière pour arriver au centre physique du superunivers d’Orvonton, loin, très loin dans le diamètre dense de la Voie Lactée. Satania est à la périphérie de l’univers local, et Nébadon est présentement très excentré et proche de la lisière extérieure d’Orvonton. Du plus lointain système de mondes habités jusqu’au centre du superunivers, il y a juste un peu moins de deux-cent-cinquante-mille années-lumière. 32:2.12 L’univers de Nébadon tourne en ce moment au loin dans le sud-est du circuit superuniversel d’Orvonton. Les univers les plus proches de lui sont Avalon, Henselon, Sanselon, Portalon, Wolvering, Fanoving et Alvoring. 32:2.13 Mais l’évolution d’un univers local est une longue histoire. Les fascicules traitant du superunivers introduisent le sujet ; ceux de cette section traitant des créations locales le continuent, tandis que les fascicules qui vont suivre abordent l’histoire et la destinée d’Urantia, et complètent le récit. Mais vous ne pouvez comprendre de façon adéquate la destinée des mortels d’une telle création locale qu’en lisant attentivement les exposés de la vie et des enseignements de votre Fils Créateur lorsqu’il vécut autrefois la vie des hommes dans la similitude de la chair mortelle sur votre propre monde évolutionnaire. 3. L’idée évolutionnaire 32:3.1 La seule création parfaitement stabilisée est Havona, l’univers central qui fut créé directement par la pensée du Père Universel et le verbe du Fils Éternel. Havona est un univers existentiel, parfait et complet, entourant la demeure des Déités éternelles, centre de toutes choses. Les créations des sept superunivers sont finies, évolutionnaires et progressives sans exception. 32:3.2 Les systèmes physiques du temps et de l’espace ont tous une origine évolutionnaire. Ils ne sont pas même stabilisés physiquement avant d’être lancés sur leurs orbites dans les circuits établis de leur superunivers. Un univers local n’est pas non plus ancré dans la lumière et la vie avant d’avoir épuisé ses possibilités physiques de développement et d’expansion, et avant que le statut spirituel de tous ses mondes habités ait été ancré et stabilisé pour toujours. 32:3.3 Excepté dans l’univers central, la perfection est un aboutissement progressif. La création centrale nous offre un modèle de perfection, mais tous les autres royaumes doivent atteindre cette perfection par les méthodes établies pour l’avancement de ces mondes ou univers particuliers. Et les plans des Fils Créateurs pour organiser, faire évoluer, discipliner et ancrer leurs univers locaux respectifs sont caractérisés par une variété à peu près infinie. 32:3.4 À l’exception de la présence de déité du Père, chaque univers local est, dans un certain sens, une reproduction de l’organisation administrative de la création centrale ou modèle. Bien que le Père Universel soit personnellement présent dans l’univers résidentiel, il n’habite pas le mental des êtres issus de cet univers comme il le fait littéralement pour les âmes des mortels du temps et de l’espace. Il semble y avoir une compensation infiniment sage dans l’ajustement et la régulation des affaires spirituelles de la vaste création. Dans l’univers central, le Père est personnellement présent comme tel, mais absent dans le mental des enfants de cette création parfaite. Dans les univers de l’espace, le Père en personne est absent, étant représenté par ses Fils Souverains, tandis qu’il est intimement présent dans le mental de ses enfants mortels ; il y est spirituellement représenté par la présence prépersonnelle des Moniteurs de Mystère qui résident dans le mental de ces créatures volitives. 32:3.5 Au quartier général d’un univers local résident toutes les personnalités créatrices et créatives qui représentent une autorité contenue en soi et une autonomie administrative inhérentes, sauf la présence personnelle du Père Universel. Dans l’univers local, on trouve des représentants de toutes les catégories et d’à peu près toutes les classes d’êtres intelligents existant dans l’univers central, à l’exception du Père Universel. Bien que le Père Universel ne soit pas personnellement présent dans un univers local, il y est personnellement représenté par son Fils Créateur, d’abord vice-gérant de Dieu, et ensuite dirigeant suprême et souverain en vertu de son propre droit. 32:3.6 Plus nous descendons l’échelle de la vie, plus il devient difficile de localiser avec l’œil de la foi le Père invisible. Les créatures inférieures – et même parfois les personnalités supérieures – ont peine à envisager toujours le Père Universel dans ses Fils Créateurs. Alors, en attendant l’époque de leur exaltation spirituelle où la perfection de leur développement leur permettra de voir Dieu en personne, elles se lassent dans leur progression, nourrissent des doutes spirituels, trébuchent dans la confusion, et s’isolent ainsi des buts spirituels progressifs de leur époque et de leur univers. De cette manière, elles perdent l’aptitude à voir le Père quand elles regardent le Fils Créateur. Au cours de la longue lutte pour atteindre le Père, et pendant la période où les conditions inhérentes rendent cet aboutissement impossible, la meilleure sauvegarde pour les créatures consiste à s’accrocher obstinément au fait-vérité de la présence du Père dans ses Fils. Littéralement et figurativement, spirituellement et personnellement, le Père et les Fils sont un. C’est un fait, quiconque a vu un Fils Créateur a vu le Père. 32:3.7 Les personnalités d’un univers donné ne sont stables et dignes de confiance, au départ, que dans la mesure de leur degré de parenté avec la Déité. Quand l’origine des créatures s’écarte suffisamment des Sources originelles et divines, qu’il s’agisse des Fils de Dieu ou des créatures tutélaires appartenant à l’Esprit Infini, il y a possibilité accrue de disharmonie, de confusion et parfois de rébellion – de péché. 32:3.8 À part les êtres parfaits ayant leur origine dans la Déité, toutes les créatures volitives des superunivers sont de nature évolutionnaire ; elles débutent dans un humble état et vont toujours vers le haut, en réalité vers l’intérieur. Même des personnalités hautement spirituelles continuent à gravir l’échelle de l’existence par des transferts progressifs de vie en vie et de sphère en sphère. Et, dans le cas des êtres qui accueillent les Moniteurs de Mystère, il n’y a en vérité pas de limites aux hauteurs possibles de leur ascension spirituelle et de leur aboutissement dans l’univers. 32:3.9 Lorsque la perfection des créatures du temps est définitivement réalisée, elle est entièrement une acquisition, une possession de personnalité de bonne foi. Il est exact que les éléments de la grâce y sont largement mêlés, mais les aboutissements des créatures sont quand même le résultat de leurs efforts individuels et de leur vie actuelle, de leur réaction de personnalité au milieu existant. 32:3.10 Le fait de l’origine évolutionnaire animale ne constitue pas une flétrissure de quelque personnalité que ce soit aux yeux de l’univers, car c’est la méthode exclusive pour produire l’un des deux types fondamentaux de créatures volitives douées d’une intelligence finie. Quand les hauteurs de la perfection et de l’éternité sont atteintes, ceux qui ont commencé tout en bas et joyeusement gravi l’échelle de la vie, échelon par échelon, en seront d’autant plus honorés, et, quand ils seront arrivés aux sommets de la gloire, ils auront gagné une expérience personnelle qui incorpore une connaissance effective de toutes les phases de la vie depuis le bas jusqu’en haut. 32:3.11 Tout ceci fait ressortir la sagesse des Créateurs. Il serait tout aussi facile pour le Père Universel de faire de tous les mortels des êtres parfaits, de leur communiquer la perfection par sa parole divine ; mais cela les priverait de l’expérience merveilleuse de l’aventure et de l’entrainement associés à la longue et progressive ascension vers l’intérieur, une expérience que seuls peuvent posséder ceux qui ont eu la chance de commencer au tréfonds de l’existence vivante. 32:3.12 Les univers entourant Havona ne sont pourvus de créatures parfaites qu’en nombre suffisant pour répondre au besoin de guides enseignants modèles à ceux qui s’élèvent sur l’échelle évolutionnaire de la vie. La nature expérientielle du type évolutionnaire de personnalité est le complément cosmique naturel de la nature toujours parfaite des créatures du Paradis-Havona. En réalité, les créatures parfaites et les créatures rendues parfaites sont toutes deux incomplètes par rapport à la totalité finie. Mais, dans l’association complémentaire des créatures existentiellement parfaites du système Paradis-Havona avec les finalitaires expérientiellement rendus parfaits montant des univers évolutionnaires, les deux types parviennent à se libérer de leurs limitations inhérentes. Ils peuvent ainsi tenter d’atteindre conjointement les sublimes hauteurs de l’ultimité du statut des créatures. 32:3.13 Ces opérations des créatures sont les répercussions universelles d’actions et de réactions à l’intérieur de la Déité Septuple, dans laquelle la divinité éternelle de la Trinité du Paradis est conjuguée avec la divinité évoluante des Créateurs Suprêmes des univers de l’espace-temps dans, par et grâce à la Déité de l’Être Suprême actualisant le pouvoir. 32:3.14 La créature divinement parfaite et la créature évolutionnaire rendue parfaite ont un égal degré de potentiel de divinité, mais elles sont d’une espèce différente. Chacune doit dépendre de l’autre pour atteindre la suprématie de service. Les superunivers évolutionnaires dépendent du parfait univers de Havona pour procurer l’éducation finale à leurs citoyens ascendants, mais le parfait univers central requiert aussi l’existence des superunivers en voie de perfectionnement pour assurer le plein développement de ses citoyens descendants. 32:3.15 Les deux manifestations primordiales de la réalité finie, la perfection innée et la perfection acquise par évolution, sont coordonnées, dépendantes et intégrées, tant chez les personnalités que dans les univers. Chacune exige l’autre pour que sa fonction, son service et sa destinée deviennent complets. 4. Relations de Dieu avec un univers local 32:4.1 N’entretenez pas l’idée que, du fait que le Père Universel a délégué à d’autres une si grande part de lui-même et de son pouvoir, il est un membre silencieux ou inactif de l’association des Déités. À part les domaines de la personnalité et le don des Ajusteurs, il est apparemment la moins active des Déités du Paradis, puisqu’il permet à ses coordonnés en Déité, à ses Fils, et à de nombreuses intelligences créées d’accomplir tant de choses pour exécuter son dessein éternel. Il est le membre silencieux du trio créateur seulement en ce sens qu’il ne fait jamais rien de ce que ses associés coordonnés ou subordonnés peuvent faire. 32:4.2 Dieu comprend pleinement le besoin qu’a toute créature intelligente d’agir et d’expérimenter. En conséquence, dans toute situation, qu’il s’agisse de la destinée d’un univers ou du bien-être de la plus humble de ses créatures, Dieu s’abstient pour laisser agir la galaxie de personnalités créées ou Créatrices qui, par inhérence, interviennent entre lui et toute situation universelle ou tout évènement créatif donnés. Mais, malgré ce retrait, ce déploiement de coordination infinie, il y a de la part de Dieu une participation effective, littérale et personnelle dans ces évènements, par l’intermédiaire de ces agents et de ces personnalités assignés. Le Père travaille à travers tous ces canaux pour le bien-être de toute sa vaste création. 32:4.3 En ce qui concerne la politique, la conduite et l’administration d’un univers local, le Père Universel agit par la personne de son Fils Créateur. Dans les rapports mutuels entre les Fils de Dieu, dans les associations de groupe des personnalités issues de la Source-Centre Troisième, ou dans les relations entre toutes les autres créatures telles que les êtres humains, le Père Universel n’intervient jamais. La loi du Fils Créateur, le gouvernement des Pères des Constellations, des Souverains de Systèmes et des Princes Planétaires – la politique et les processus ordonnés pour cet univers – prévalent toujours. Il n’y a aucune division d’autorité, jamais de conflit entre le pouvoir et le dessein divins. Les Déités opèrent parfaitement et éternellement en complet accord. 32:4.4 Le Fils Créateur est le chef suprême dans toutes les affaires d’associations éthiques, les relations de n’importe quel groupement de créatures avec n’importe quelle autre classe de créatures ou entre deux ou plusieurs individus d’un groupe donné. Mais ce plan n’exclut pas que le Père Universel puisse intervenir à sa propre manière et faire ce qui satisfait le mental divin avec toute créature individuelle dans toute la création, selon le présent statut ou les perspectives futures de cet individu, et conformément au plan éternel et au dessein infini du Père. 32:4.5 Chez les créatures mortelles douées de volonté, le Père est effectivement présent par l’Ajusteur intérieur, fragment de son esprit prépersonnel ; et le Père est également la source de la personnalité de ces créatures volitives mortelles. 32:4.6 Ces Ajusteurs de Pensée, don du Père Universel, sont relativement isolés. Ils habitent le mental des hommes, mais n’ont pas de rapports discernables avec les affaires éthiques d’une création locale. Ils ne sont pas directement coordonnés avec le service séraphique, ni avec l’administration des systèmes, des constellations ou d’un univers local, ni même avec le gouvernement d’un Fils Créateur, dont la volonté est la loi suprême de son univers. 32:4.7 Les Ajusteurs intérieurs sont l’un des modes de contact séparés, mais unifiés, de Dieu avec les créatures de sa création à peu près infinie. Celui qui est invisible aux mortels manifeste ainsi sa présence et, s’il le pouvait, il se montrerait encore à nous d’autres façons, mais cette révélation additionnelle n’est pas divinement possible. 32:4.8 Nous sommes à même de voir et de comprendre le mécanisme par lequel les Fils jouissent d’une connaissance intime et complète des univers de leur juridiction ; mais nous ne pouvons comprendre pleinement les méthodes par lesquelles Dieu est si complètement et si personnellement au courant des détails de l’univers des univers. Toutefois, nous pouvons au moins repérer la voie par laquelle le Père Universel est à même de recevoir des renseignements concernant les êtres de son immense création et de leur manifester sa présence. Par le circuit de personnalité, le Père est informé – il a la connaissance personnelle – de toutes les pensées et de tous les actes de tous les êtres, dans tous les systèmes de tous les univers de toute la création. Bien que nous ne puissions saisir pleinement cette technique de la communion de Dieu avec ses enfants, nous pouvons être fortifiés dans l’assurance que le « Seigneur connait ses enfants », et que pour chacun de nous « il prend note de notre lieu de naissance ». 32:4.9 Dans votre univers et dans votre cœur, le Père Universel est présent au sens spirituel par l’un des Sept Maitres Esprits de la demeure centrale, et spécifiquement par l’Ajusteur divin qui vit, travaille et attend dans les profondeurs du mental des mortels. 32:4.10 Dieu n’est pas une personnalité égocentrique ; le Père se distribue lui-même libéralement à sa création et à ses créatures. Il vit et agit non seulement dans les Déités, mais aussi dans ses Fils, à qui il confie le soin de faire toutes les choses qu’il leur est divinement possible de faire. Le Père Universel s’est vraiment dépouillé de toute fonction qu’un autre être est susceptible de remplir. Ceci est tout aussi vrai pour les mortels que pour le Fils Créateur qui règne à la place de Dieu au siège d’un univers local. Nous voyons ainsi la mise en pratique de l’amour idéal et infini du Père Universel. 32:4.11 Dans ce don universel de lui-même, nous avons abondamment la preuve de la grandeur et de la magnanimité de la divine nature du Père. Si Dieu s’est abstenu de donner tout de lui-même à la création universelle, c’est que, de ce reliquat, avec une générosité prodigue, il effuse les Ajusteurs de Pensée sur les mortels du royaume – les Moniteurs de Mystère du temps – qui habitent avec tant de patience les candidats mortels à la vie éternelle. 32:4.12 Le Père Universel s’est pour ainsi dire effusé lui-même pour enrichir toute la création par la possession de la personnalité et le potentiel d’aboutissement spirituel. Dieu s’est donné lui-même à nous pour que nous puissions lui ressembler, et il ne s’est réservé de pouvoir et de gloire que dans la mesure nécessaire à l’entretien de ces choses pour l’amour desquelles il s’est dépouillé de toutes les autres. 5. Le dessein éternel et divin 32:5.1 Il y a un grand et glorieux dessein dans la marche des univers à travers l’espace. Toutes vos luttes de mortels n’ont pas lieu en vain. Nous faisons tous partie d’un plan colossal, d’une entreprise gigantesque, et c’est l’immensité de l’entreprise qui rend impossible d’en voir une grande partie à un moment donné ou durant une vie donnée. Nous sommes tous une fraction d’un projet éternel que les Dieux supervisent et mettent à exécution. Tout le merveilleux mécanisme universel se meut majestueusement dans l’espace, à la mesure musicale de la pensée infinie et du dessein éternel de la Grande Source-Centre Première. 32:5.2 Le dessein éternel du Dieu éternel est un idéal spirituel élevé. Les évènements du temps et les luttes de l’existence matérielle ne sont que l’échafaudage provisoire qui assure la communication avec l’autre côté, avec la terre promise de la réalité spirituelle et de l’existence céleste. Bien entendu, vous les mortels, vous trouvez difficile de saisir l’idée d’un dessein éternel, vous êtes pratiquement inaptes à comprendre la pensée de l’éternité, de quelque chose qui ne commence et ne finit jamais. Tout ce qui vous est familier a une fin. 32:5.3 En ce qui concerne une vie individuelle, la durée d’un royaume ou la chronologie de toute suite d’évènements reliés, il semble s’agir d’un intervalle de temps isolé ; tout parait avoir un commencement et une fin. Et il semblerait qu’une série de ces expériences, de ces vies, âges ou époques, lorsqu’elle est séquentiellement arrangée, a l’aspect d’un parcours en ligne droite, d’un évènement isolé du temps passant momentanément comme un éclair devant la face infinie de l’éternité. Mais, quand nous regardons tout cela des coulisses, un point de vue plus synthétique et une compréhension plus complète nous suggèrent que l’explication précédente est inadéquate, décousue et tout à fait impropre à expliquer les opérations du temps, et à les mettre en corrélation avec les desseins sous-jacents et les réactions fondamentales de l’éternité. 32:5.4 Pour donner des explications au mental des mortels, il me parait plus approprié de concevoir l’éternité comme un cycle, et le dessein éternel comme un cercle sans fin, un cycle d’éternité synchronisé d’une certaine manière avec les cycles matériels transitoires du temps. En ce qui concerne les secteurs du temps raccordés au cycle de l’éternité et en faisant partie, nous sommes forcés de reconnaitre que ces époques temporaires naissent, vivent et meurent exactement comme les êtres temporaires du temps naissent, vivent et meurent. La plupart des êtres humains meurent faute d’avoir atteint le niveau spirituel de fusion avec l’Ajusteur ; la métamorphose de la mort constitue le seul processus possible par lequel ils peuvent échapper aux chaines du temps et aux liens de la création matérielle, ce qui leur permet d’emboiter le pas spirituel à la procession progressive de l’éternité. Ayant survécu à l’épreuve de la vie du temps et de l’existence matérielle, il vous devient possible de maintenir le contact avec l’éternité, et même d’en faire partie en tournant pour toujours avec les mondes de l’espace autour du cercle des âges éternels. 32:5.5 Les secteurs du temps ressemblent à l’étincelle de la personnalité sous forme temporelle. Ils apparaissent pour une période, et ensuite ils sont perdus de vue par les humains, mais réapparaissent comme de nouveaux acteurs et des facteurs de continuité dans la vie supérieure du mouvement rythmique sans fin autour du cercle éternel. On ne peut guère concevoir l’éternité comme un parcours en ligne droite, puisque nous croyons à un univers délimité se mouvant sur une immense ellipse autour de l’habitat central du Père Universel. 32:5.6 À franchement parler, l’éternité est incompréhensible au mental fini du temps ; tout simplement, vous ne pouvez ni la saisir ni la comprendre. Moi-même, je ne me la représente pas complètement, mais, même si je le faisais, il me serait impossible de communiquer mon concept au mental humain. J’ai néanmoins fait de mon mieux pour dépeindre quelque chose de notre point de vue, afin de raconter quelque peu notre compréhension des choses éternelles. Je m’efforce de vous aider à cristalliser vos pensées sur ces valeurs de nature infinie et d’importance éternelle. 32:5.7 Il y a dans le mental de Dieu un plan incluant toutes les créatures de ses immenses domaines, et ce plan est un dessein éternel d’occasions favorables sans bornes, de progrès illimité et de vie sans fin. Et les trésors infinis de cette carrière incomparable récompensent vos efforts ! 32:5.8 Le but de l’éternité est en avant ! L’aventure d’aboutissement à la divinité se présente devant vous ! La course à la perfection est engagée ! Quiconque le veut peut y participer, et une victoire certaine couronnera les efforts de tout être humain désirant courir la course de la foi et de la confiance en s’appuyant à chaque pas sur les directives de l’Ajusteur intérieur et sur la gouverne du bon esprit du Fils de l’Univers, qui a été répandu si libéralement sur toute chair. 32:5.9 [Présenté par un Puissant Messager attaché temporairement au Conseil Suprême de Nébadon, et affecté à cette mission par Gabriel de Salvington.] Fascicule 33. Administration de l’univers local 33:0.1 Alors que le Père Universel règne très certainement sur sa vaste création, c’est par la personne du Fils Créateur qu’il opère dans l’administration d’un univers local. Le Père n’opère pas personnellement d’une autre manière dans les affaires administratives d’un univers local. Ces affaires sont confiées au Fils Créateur, à l’Esprit-Mère de l’univers local et à leurs multiples enfants. Les plans, la politique et les actes administratifs de l’univers local sont conçus et exécutés par ce Fils, qui conjointement avec son Esprit associé, délègue le pouvoir exécutif à Gabriel, et l’autorité judiciaire aux Pères des Constellations, aux Souverains des Systèmes et aux Princes Planétaires. 1. Micaël de Nébadon 33:1.1 Notre Fils Créateur est la personnification du 611 121e concept originel d’identité infinie né simultanément chez le Père Universel et le Fils Éternel. Le Micaël de Nébadon est le « Fils unique » personnalisant ce 611 121e concept universel de divinité et d’infinité. Son quartier général est dans la triple maison de lumière sur Salvington ; sa demeure est ainsi disposée parce que Micaël a eu l’expérience de la vie aux trois phases d’existence intelligente des créatures : spirituelle, morontielle et matérielle. À cause du nom attaché à sa septième et dernière effusion sur Urantia, on l’appelle quelquefois Christ Micaël. 33:1.2 Notre Fils Créateur n’est pas le Fils Éternel, l’associé existentiel au Paradis du Père Universel et de l’Esprit Infini. Micaël de Nébadon n’est pas l’un des membres de la Trinité du Paradis. Néanmoins, notre Maitre-Fils possède dans son royaume tous les attributs et pouvoirs divins que le Fils Éternel manifesterait s’il était lui-même effectivement présent sur Salvington et opérait dans Nébadon. Micaël possède même un pouvoir et une autorité supplémentaires, car non seulement il personnifie le Fils Éternel, mais aussi il représente pleinement et incorpore effectivement la présence de personnalité du Père Universel auprès de cet univers local et dans cet univers local. Il représente même le Père-Fils. Ces relations font d’un Fils Créateur le plus puissant, le plus diversifié en talents et le plus influent des êtres divins capables d’administrer directement un univers évolutionnaire et d’entrer en contact de personnalité avec des êtres créés immatures. 33:1.3 Du siège de l’univers local, notre Fils Créateur exerce le même pouvoir d’attraction spirituelle, la même gravité d’esprit, que le Fils Éternel manifesterait s’il était personnellement présent sur Salvington, et plus que cela : ce Fils d’Univers est aussi la personnification du Père Universel à l’égard de l’univers de Nébadon. Les Fils Créateurs sont des centres de personnalité pour les forces spirituelles du Père-Fils Paradisiaque. Les Fils Créateurs sont les focalisations finales de personnalité-pouvoir des puissants attributs spatiotemporels de Dieu le Septuple. 33:1.4 Le Fils Créateur personnalise la vice-gérance du Père Universel ; il est le coordonné en divinité du Fils Éternel et l’associé créatif de l’Esprit Infini. À toutes fins pratiques, le Fils Souverain est Dieu pour notre univers et tous ses mondes habités. Il personnifie tout ce que les mortels évolutionnaires peuvent comprendre avec discernement des Déités du Paradis. Le Fils et son Esprit associé sont vos parents créateurs. Pour vous, Micaël, le Fils Créateur, est la personnalité suprême ; pour vous, le Fils Éternel est supersuprême – une personnalité de Déité infinie. 33:1.5 Nous avons, dans la personne du Fils Créateur, un dirigeant et un parent divin tout aussi puissant, efficace et bénéfique, que le seraient le Père Universel et le Fils Éternel si tous deux étaient présents sur Salvington et occupés à administrer les affaires de l’univers de Nébadon. 2. Le Souverain de Nébadon 33:2.1 L’observation des Fils Créateurs révèle que certains ressemblent plus au Père, certains plus au Fils, tandis que d’autres encore sont un mélange de leurs deux parents infinis. Notre Fils Créateur manifeste très nettement des traits de caractère et des attributs qui sont plus semblables à ceux du Fils Éternel. 33:2.2 Micaël a choisi d’organiser cet univers local et il y exerce maintenant une souveraineté suprême. Son pouvoir personnel est limité par la préexistence des circuits de gravité centrés au Paradis, et par le fait que les Anciens des Jours du gouvernement superuniversel se réservent tous les jugements exécutifs finals concernant la destruction de la personnalité. La personnalité est uniquement le don du Père, mais les Fils Créateurs, avec l’approbation du Fils Éternel, instaurent de nouveaux modèles de créatures et, avec la coopération active de leurs Esprits associés, ils peuvent tenter de nouvelles transformations de l’énergie-matière. 33:2.3 Micaël est la personnification du Père-Fils Paradisiaque pour et dans l’univers local de Nébadon. C’est pourquoi, lorsque l’Esprit-Mère Créatif représentant l’Esprit Infini dans l’univers local se subordonna au Christ Micaël après qu’il fut revenu de son effusion finale sur Urantia, le Maitre Fils acquit par là même la juridiction sur « tous pouvoirs dans le ciel et sur terre ». 33:2.4 Cette subordination des Divines Ministres aux Fils Créateurs des univers locaux fait de ces Maitres Fils les dépositaires personnels de la divinité, manifestable sous forme finie, du Père, du Fils et de l’Esprit, tandis que les expériences d’effusion des Micaëls en tant que créatures les qualifient pour représenter la divinité expérientielle de l’Être Suprême. Il n’y a pas d’autres êtres dans les univers qui aient ainsi personnellement épuisé les potentiels de la présente expérience finie, ou qui possèdent des qualifications semblables pour une souveraineté solitaire. 33:2.5 Bien que son quartier général soit officiellement situé sur Salvington, capitale de Nébadon, Micaël passe beaucoup de temps à visiter les sièges des constellations et des systèmes, et même les planètes individuelles. Il se rend périodiquement au Paradis, et souvent sur Uversa où il tient conseil avec les Anciens des Jours. Quand il est éloigné de Salvington, il est remplacé par Gabriel, qui fonctionne alors comme régent de l’univers de Nébadon. 3. Le Fils et l’Esprit de l’univers 33:3.1 L’Esprit Infini imprègne tous les univers du temps et de l’espace, mais il opère du siège de chaque univers local sous forme d’une focalisation spécialisée acquérant les qualités de la pleine personnalité par la technique de coopération créative avec le Fils Créateur. En ce qui concerne un univers local, l’autorité administrative d’un Fils Créateur est suprême ; l’Esprit Infini, en tant que Divine Ministre, est entièrement coopératif bien que parfaitement coordonné. 33:3.2 L’Esprit-Mère de l’Univers de Salvington, associée de Micaël dans le contrôle et l’administration de Nébadon, appartient au sixième groupe d’Esprits Suprêmes et porte le numéro 611 121 de cet ordre. Elle se porta volontaire pour accompagner Micaël quand il fut libéré d’obligations paradisiaques ; depuis lors, elle a toujours travaillé avec lui à la création et au gouvernement de son univers. 33:3.3 Le Maitre Fils Créateur est le souverain personnel de son univers, mais, dans tous les détails de la direction, l’Esprit-Mère de l’Univers est codirectrice avec le Fils. L’Esprit-Mère reconnait toujours le Fils comme souverain et chef, mais le Fils lui accorde toujours une position coordonnée et une autorité égale à la sienne dans toutes les affaires du royaume. Dans tout son travail pour effuser l’amour et la vie, le Fils Créateur est toujours et à tout jamais parfaitement soutenu et habilement aidé par l’Esprit-Mère de l’Univers infiniment sage et toujours fidèle, et par toute sa suite diversifiée de personnalités angéliques. Cette Divine Ministre est en réalité la mère des esprits et des personnalités spirituelles, la conseillère toujours présente et infiniment sage du Fils Créateur, une manifestation fidèle et véritable de l’Esprit Infini du Paradis. 33:3.4 Le Fils fait fonction de père dans son univers local. L’Esprit, tel que les créatures mortelles le comprendraient, joue le rôle d’une mère, assistant toujours le Fils et restant perpétuellement indispensable à l’administration de l’univers. En face d’une insurrection, seuls le Fils et ses Fils associés peuvent agir comme libérateurs. L’Esprit ne peut jamais s’opposer à une rébellion ni protéger l’autorité, mais l’Esprit soutient toujours le Fils dans toute entreprise dont il peut être amené à faire l’expérience pour stabiliser le gouvernement et maintenir l’autorité sur les mondes souillés par le mal ou dominés par le péché. Seul un Fils peut rétablir l’œuvre de leur création conjointe, mais nul Fils ne pourrait espérer le succès final sans la coopération incessante de la Divine Ministre et de sa vaste assemblée de collaboratrices spirituelles, les filles de Dieu, qui luttent si fidèlement et si vaillamment pour le bien-être des mortels et la gloire de leurs divins parents. 33:3.5 Quand le Fils Créateur a parachevé sa septième et dernière effusion comme créature, les incertitudes de l’isolement périodique prennent fin pour la Divine Ministre, et l’assistante de l’univers du Fils se trouve installée pour toujours dans la sécurité et le contrôle. C’est au moment de l’intronisation du Fils Créateur comme Maitre Fils, au jubilé des jubilés, que, devant les foules assemblées, l’Esprit de l’Univers reconnait pour la première fois publiquement et universellement sa subordination au Fils et lui jure obéissance et fidélité. Cet évènement s’est produit dans Nébadon à l’époque où Micaël retourna sur Salvington après l’effusion sur Urantia. Avant cet important évènement, jamais l’Esprit de l’Univers n’avait reconnu sa subordination au Fils de l’Univers, et ce n’est pas avant cet abandon volontaire de pouvoir et d’autorité par l’Esprit que l’on a pu proclamer à juste titre du Fils que « tout pouvoir dans le ciel et sur terre a été remis entre ses mains. » 33:3.6 Après ce vœu de subordination par l’Esprit-Mère Créatif, Micaël de Nébadon reconnut noblement qu’il dépendait éternellement de son Esprit compagnon. Il l’instaura codirigeant des domaines de son univers et demanda à toutes leurs créatures de prendre un engagement de loyauté envers l’Esprit comme elles l’avaient fait envers le Fils ; et c’est alors que fut émise et répandue la « Proclamation finale d’Égalité ». Bien que le Fils fût souverain de cet univers local, il proclama aux mondes le fait que l’Esprit-Mère possédait au même titre que lui tous les dons naturels de la personnalité et les attributs du caractère divin. Cette association devient alors le modèle transcendant pour régir et organiser les familles, même chez les humbles créatures des mondes de l’espace. C’est en fait et en vérité l’idéal élevé de la famille et de l’institution humaine du mariage volontaire. 33:3.7 Le Fils et l’Esprit président maintenant l’univers, comme un père et une mère veillent sur leur famille de fils et de filles, et pourvoient à leurs besoins. Il n’est nullement hors de propos de se référer à l’Esprit de l’Univers comme à la compagne créative du Fils Créateur, et de considérer les créatures des royaumes comme leurs fils et leurs filles – une grande et glorieuse famille, mais sujette à des responsabilités incalculables et à une vigilance perpétuelle. 33:3.8 Le Fils prend l’initiative de créer certains enfants de l’univers, tandis que l’Esprit est uniquement responsable d’amener à l’existence les nombreux ordres de personnalités spirituelles qui exercent leur ministère et servent sous les directives et la gouverne de ce même Esprit-Mère. Dans la création, d’autres types de personnalités universelles, le Fils et l’Esprit opèrent tous deux ensemble, et dans aucun acte créatif l’un ne fait quelque chose sans le conseil et l’approbation de l’autre. 4. Gabriel – le chef exécutif 33:4.1 La Radieuse Étoile du Matin personnalise le premier concept d’identité et d’idéal de personnalité conçu par le Fils Créateur et par la manifestation de l’Esprit Infini dans l’univers local. Revenons aux premiers temps de l’univers local, avant l’union du Fils Créateur et de l’Esprit-Mère dans les liens d’une association créative, avant l’époque où commença la création de leur famille de fils et de filles aux talents variés. Le premier acte conjoint de l’association primitive et libre de ces deux personnes divines aboutit à la création de la plus haute personnalité spirituelle issue du Fils et de l’Esprit, la Radieuse Étoile du Matin. 33:4.2 Il n’est produit qu’un seul être d’une telle sagesse et d’une telle majesté dans chaque univers local. Le Père Universel et le Fils Éternel peuvent créer un nombre illimité de Fils égaux à eux-mêmes en divinité, et en fait ils le font. Mais ces Fils, en union avec les Filles de l’Esprit Infini ne peuvent créer, dans chaque univers, qu’une seule Radieuse Étoile du Matin, un seul être semblable à eux-mêmes et participant libéralement de leurs natures conjuguées, mais non de leurs prérogatives créatrices. Gabriel de Salvington est pareil au Fils de l’Univers en divinité de nature, mais considérablement limité en attributs de Déité. 33:4.3 Le premier-né des parents d’un nouvel univers est une personnalité unique possédant beaucoup de caractéristiques merveilleuses qui ne sont visiblement présentes chez aucun de ses ascendants, un être d’une variété de talents sans égale et d’un éclat inimaginable. Cette personnalité céleste englobe la volonté divine du Fils combinée avec l’imagination créative de l’Esprit. Les pensées et les actes de la Radieuse Étoile du Matin seront toujours pleinement représentatifs du Fils Créateur aussi bien que de l’Esprit Créatif. Cet être est également capable de comprendre pleinement les multitudes spirituelles séraphiques et les créatures volitives de l’évolution matérielle, et de sympathiser avec elles. 33:4.4 La Radieuse Étoile du Matin n’est pas un créateur, mais il est un merveilleux administrateur étant le représentant administratif personnel du Fils Créateur. Sauf pour la création et la transmission de la vie, le Fils et l’Esprit ne délibèrent jamais sur d’importantes procédures de l’univers sans la présence de Gabriel. 33:4.5 Gabriel de Salvington est le chef exécutif de l’univers de Nébadon et l’arbitre de tous les appels exécutifs concernant son administration. Cet agent exécutif de l’univers fut créé pleinement doué pour son travail, mais il a gagné de l’expérience avec la croissance et l’évolution de notre création locale. 33:4.6 Gabriel est le chef des agents d’exécution pour les ordres superuniversels relatifs aux affaires non personnelles de l’univers local. La plupart des affaires, décidées par les Anciens des Jours et concernant des jugements collectifs et des résurrections dispensationnelles, sont aussi déléguées pour exécution à Gabriel et à son état-major. Gabriel est ainsi le chef exécutif commun aussi bien pour les dirigeants du superunivers que pour ceux de l’univers local. Il a sous ses ordres un corps compétent d’assistants administratifs créés pour leur travail spécial et non révélés aux mortels évolutionnaires. En plus de ces assistants, Gabriel peut employer tous les ordres d’êtres célestes fonctionnant dans Nébadon, et il est aussi le commandant en chef des « armées du ciel » – les armées célestes. 33:4.7 Gabriel et son état-major ne sont pas des éducateurs, mais des administrateurs. Il est sans exemple qu’ils aient quitté leur travail régulier, sauf quand Micaël s’incarnait pour une effusion sous forme de créature. Durant ces effusions, Gabriel fut toujours attentif à la volonté du Fils incarné, et, avec la collaboration de l’Union des Jours, il devint le directeur effectif des affaires de l’univers pendant les dernières effusions. Gabriel a été étroitement identifié avec l’histoire et le développement d’Urantia depuis l’effusion humaine de Micaël. 33:4.8 Les mortels prennent contact avec Gabriel sur les mondes d’effusion et aux époques des appels nominaux accompagnant les résurrections générales et spéciales. En dehors de cela, ils le rencontreront rarement pendant leur traversée ascendante de l’univers local avant d’avoir été admis au travail administratif de la création locale. Comme administrateurs de quelque ordre ou de quelque degré que ce soit, vous passerez sous la direction de Gabriel. 5. Les ambassadeurs de la Trinité 33:5.1 L’administration par des personnes d’origine trinitaire prend fin avec les gouvernements des superunivers. Les univers locaux sont caractérisés par une double supervision, le commencement du concept père-mère. Le père de l’univers est le Fils Créateur ; la mère de l’univers est la Divine Ministre, l’Esprit Créatif de l’univers local. Toutefois, chaque univers local est béni par la présence de certaines personnalités de l’univers central et du Paradis. À la tête de ce groupe paradisiaque dans Nébadon se trouve l’ambassadeur de la Trinité du Paradis – Emmanuel de Salvington – l’Union des Jours affecté à l’univers local de Nébadon. Dans un certain sens, ce haut Fils de la Trinité est aussi le représentant personnel du Père Universel auprès de la cour du Fils Créateur, d’où son nom d’Emmanuel. 33:5.2 Emmanuel de Salvington, numéro 611 121 du sixième ordre des Personnalités Suprêmes de la Trinité, est un être d’une dignité sublime et d’une déférence tellement magnifique qu’il refuse le culte et l’adoration de toutes les créatures vivantes. Il se distingue par le fait qu’il est la seule personnalité de tout Nébadon qui ne se soit jamais reconnue comme subordonnée à son frère Micaël. Il opère comme consultant du Fils Souverain, mais ne donne de conseils que sur demande. En l’absence du Fils Créateur, il peut présider tout haut conseil de l’univers, mais ne participerait autrement aux affaires exécutives de l’univers que s’il en était prié. 33:5.3 Cet ambassadeur du Paradis auprès de Nébadon n’est pas soumis à la juridiction du gouvernement de l’univers local. Il n’exerce pas non plus d’autorité juridique dans les affaires administratives d’un univers local en évolution, sauf pour superviser ses frères de liaison, les Fidèles des Jours, qui servent sur les sièges des constellations. 33:5.4 Comme l’Union des Jours, jamais les Fidèles des Jours ne donnent leur avis ou n’offrent leur assistance aux chefs des constellations, à moins d’y avoir été invités. Ces ambassadeurs du Paradis auprès des constellations représentent la dernière présence personnelle des Fils Stationnaires de la Trinité opérant avec un rôle consultatif dans les univers locaux. Les constellations sont plus étroitement reliées à l’administration superuniverselle que les systèmes locaux, lesquels sont administrés exclusivement par des personnalités natives de l’univers local. 6. Administration générale 33:6.1 Gabriel est le chef exécutif et l’administrateur effectif de Nébadon. L’absence de Micaël hors de Salvington ne contrecarre en aucune manière la conduite ordonnée des affaires de l’univers. Pendant que Micaël s’absente, comme il le fit récemment pour la mission de réunion au Paradis des Maitres Fils d’Orvonton, Gabriel est le régent de l’univers. À ces moments-là, Gabriel recherche toujours le conseil d’Emmanuel de Salvington au sujet de tous les problèmes majeurs. 33:6.2 Le Père Melchizédek est le premier assistant de Gabriel. Quand la Radieuse Étoile du Matin s’absente de Salvington, c’est ce Fils Melchizédek originel qui assume ses responsabilités. 33:6.3 Les diverses sous-administrations de l’univers ont reçu la charge de certains domaines de responsabilité spéciaux. Bien qu’en général un gouvernement de système veille au bien-être de ses planètes, il se préoccupe plus particulièrement du statut physique des êtres vivants, des problèmes biologiques. Par contre, les chefs des constellations prêtent une attention spéciale aux conditions sociales et gouvernementales existant dans les divers systèmes et planètes. Un gouvernement de constellation se préoccupe surtout d’unification et de stabilisation. À un degré encore plus élevé, les chefs de l’univers s’occupent davantage du statut spirituel des royaumes. 33:6.4 Des ambassadeurs sont nommés par décret judiciaire et représentent les univers auprès d’autres univers. Des consuls représentent les constellations l’une auprès de l’autre et au siège de l’univers ; ils sont nommés par décret législatif et n’opèrent que dans les confins de l’univers local. Des observateurs sont nommés par décision administrative d’un Souverain de Système pour représenter ce système auprès des autres systèmes et de la capitale de la constellation ; eux aussi n’opèrent que dans les limites de l’univers local. 33:6.5 De Salvington, les télédiffusions sont émises simultanément vers les sièges des constellations, les sièges des systèmes et les planètes individuelles. Tous les êtres célestes des ordres supérieurs sont capables d’utiliser ce service pour communiquer avec leurs compagnons dispersés dans l’univers. La télédiffusion universelle est étendue à tous les mondes habités sans tenir compte de leur statut spirituel. Les intercommunications planétaires ne sont refusées qu’aux mondes en quarantaine spirituelle. 33:6.6 Les télédiffusions des constellations sont émises périodiquement du siège de la constellation par le chef des Pères de la Constellation. 33:6.7 La chronologie est calculée, computée et rectifiée par un groupe spécial d’êtres sur Salvington. Le jour standard de Nébadon équivaut à dix-huit jours et six heures du temps d’Urantia, plus deux minutes et demie. L’année de Nébadon consiste en un segment du temps de rotation de l’univers en relation avec le circuit d’Uversa ; elle est égale à cent jours du temps standard de l’univers, soit environ cinq ans du temps d’Urantia. 33:6.8 L’heure de Nébadon, diffusée de Salvington, est le temps standard pour toutes les constellations et tous les systèmes de cet univers local. Chaque constellation conduit ses affaires d’après l’heure de Nébadon, mais, comme les planètes individuelles, les systèmes maintiennent leur propre chronologie. 33:6.9 Le jour de Satania tel qu’il est calculé sur Jérusem est un peu moins long (d’une heure 4 minutes 15 secondes) que trois jours d’Urantia. Ces temps sont généralement appelés temps de Salvington ou universel, et temps de Satania ou systémique. Le temps standard est celui de l’univers. 7. Les tribunaux de Nébadon 33:7.1 Le Maitre-Fils Micaël ne s’intéresse suprêmement qu’à trois choses : la création, l’entretien et le ministère. Il ne participe pas personnellement au travail judiciaire de l’univers. Les Créateurs ne siègent jamais pour juger leurs créatures ; c’est la fonction exclusive d’êtres hautement éduqués et ayant une expérience effective de la créature. 33:7.2 Tout le mécanisme judiciaire de Nébadon est placé sous la supervision de Gabriel. Situées sur Salvington, les hautes cours s’occupent des problèmes généraux ayant une importance universelle, et des pourvois en appel venant des tribunaux systémiques. Il y a soixante-dix branches de ces cours universelles, et elles fonctionnent en sept divisions de dix sections chacune. Dans toutes les affaires à juger, la présidence est exercée par une double magistrature composée d’un juge à antécédents parfaits et d’un magistrat d’expérience ascendante. 33:7.3 En ce qui concerne la juridiction, les tribunaux de l’univers local sont limités dans les matières suivantes : 33:7.4 1. L’administration de l’univers local s’occupe de la création, de l’évolution, de l’entretien et du ministère. Les tribunaux de l’univers n’ont donc pas le droit de juger les cas impliquant les questions de la vie et de la mort éternelles. Ceci n’a rien à voir avec la mort naturelle telle qu’elle prévaut sur Urantia, mais, si la question du droit à l’existence permanente – à la vie éternelle – vient en jugement, il faut s’en remettre aux tribunaux d’Orvonton. Si des sentences d’anéantissement sont rendues contre des inculpés, elles sont toutes exécutées sur les ordres et par les agents des chefs du supergouvernement. 33:7.5 2. Le manquement ou la défaillance de l’un quelconque des Fils de Dieu de l’Univers Local susceptible de mettre en danger leur statut et leur autorité en tant que Fils de Dieu, ne sont jamais jugés par les tribunaux d’un Fils. Un tel malentendu serait immédiatement porté devant les cours du superunivers. 33:7.6 3. La question de réadmettre une partie constituante d’un univers local – telle qu’un système local – à participer au plein statut spirituel de la création locale, après qu’elle en a été isolée spirituellement, doit être tranchée avec le concours de la haute assemblée du superunivers. 33:7.7 Dans tous les autres cas, les tribunaux de Salvington jugent en dernier ressort et suprêmement. Il n’y a ni appel ni échappatoire à leurs décisions et décrets. 33:7.8 Si injustement que les différends humains semblent parfois être jugés sur Urantia, l’équité divine et la justice prévalent vraiment dans l’univers. Vous vivez dans un univers bien ordonné, et tôt ou tard vous pouvez être sûrs d’être traités avec justice, et même avec miséricorde. 8. Les fonctions législative et exécutive 33:8.1 Sur Salvington, monde-siège de Nébadon, il n’y a pas de véritables corps législatifs. Les mondes-sièges des univers s’occupent surtout de jugement. Les assemblées législatives de l’univers local sont situées sur les mondes-sièges des cent constellations. Les systèmes s’occupent principalement du travail exécutif et administratif des créations locales. Les Souverains de Systèmes et leurs associés mettent en vigueur les ordres législatifs des chefs des constellations et exécutent les décisions judiciaires des hautes cours de l’univers. 33:8.2 Bien qu’une véritable législation ne soit pas décrétée au siège de l’univers, diverses assemblées de recherches et de consultations fonctionnent sur Salvington. Elles sont diversement constituées et conduites en accord avec leur portée et avec leur but. Certaines sont permanentes ; d’autres se dissolvent quand leur objectif est atteint. 33:8.3 Le conseil suprême de l’univers local est composé de trois membres de chaque système et de sept représentants de chaque constellation. Les systèmes mis en isolement n’ont pas de représentation à cette assemblée, mais ils ont la permission d’y envoyer des observateurs qui assistent à toutes ses délibérations et les étudient. 33:8.4 Les cent conseils de sanction suprême sont également sur Salvington. Les présidents de ces conseils forment l’état-major immédiat de travail de Gabriel. 33:8.5 Toutes les constatations des hauts conseils consultatifs de l’univers sont transmises soit aux corps judiciaires de Salvington, soit aux assemblées législatives des constellations. Ces hauts conseils n’ont ni autorité ni pouvoir pour mettre en vigueur leurs recommandations. Si leur avis est basé sur les lois fondamentales de l’univers, les tribunaux de Nébadon émettront des ordres d’exécution. Par contre, si leurs recommandations concernent des conditions locales ou d’urgence, il faut qu’elles descendent aux assemblées législatives de la constellation pour ordonnance délibérative, et ensuite aux autorités systémiques pour exécution. Ces hauts conseils sont en réalité les superlégislatures de l’univers, mais ils fonctionnent sans autorité de promulgation et sans pouvoir d’exécution. 33:8.6 Nous parlons d’administration universelle en termes de « tribunaux » et « d’assemblées », mais il faut bien comprendre que ces opérations spirituelles sont fort différentes des activités plus primitives et plus matérielles d’Urantia, désignées par des noms correspondants. 33:8.7 [Présenté par le chef des archanges de Nébadon.] Fascicule 34. L’Esprit-Mère de l’univers local 34:0.1 Lorsqu’un Fils Créateur est personnalisé par le Père Universel et le Fils Éternel, l’Esprit Infini individualise aussitôt une représentation nouvelle et unique de lui-même pour accompagner ce Fils Créateur dans les royaumes de l’espace. Elle y sera sa compagne, d’abord pour l’organisation physique, et ensuite dans la création et le ministère auprès des créatures de l’univers nouvellement projeté. 34:0.2 Un Esprit Créatif réagit à la fois aux réalités physiques et aux réalités spirituelles. Un Fils Créateur en fait autant. C’est ainsi qu’ils sont coordonnés et associés dans l’administration d’un univers local du temps et de l’espace. 34:0.3 Ces Esprits-Filles sont de l’essence de l’Esprit Infini, mais elles ne peuvent fonctionner simultanément dans le travail de la création physique et du ministère spirituel. Dans la création physique, le Fils de l’Univers fournit le modèle, tandis que l’Esprit de l’Univers déclenche la matérialisation des réalités physiques. Le Fils établit les plans de pouvoir, mais l’Esprit transforme ces créations énergétiques en substances physiques. Bien qu’il soit assez difficile de décrire cette présence universelle initiale de l’Esprit Infini comme une personne, il n’en est pas moins vrai que, pour le Fils Créateur, son associée Esprit est personnelle et a toujours fonctionné comme une individualité distincte. 1. Personnalisation de l’Esprit Créatif 34:1.1 Les agents de l’Esprit Infini, opérant selon et sous les ordres de sa focalisation créative dans l’univers local, commencent par compléter l’organisation physique d’un ensemble stellaire et planétaire, et l’établissement des circuits d’énergie par les centres superuniversels de pouvoir. À la suite de ce travail préliminaire de création, le Fils Micaël émet la proclamation que la vie va maintenant être projetée dans l’univers nouvellement organisé. Lorsque le Paradis a reconnu cette déclaration d’intention, il se produit une réaction approbatrice chez la Trinité du Paradis, à la suite de quoi le Maitre Esprit, dans le superunivers duquel la nouvelle création est en cours d’organisation, se fond dans l’éclat spirituel des Déités. Entretemps, les autres Maitres Esprits se rapprochent du foyer central des Déités du Paradis, et ensuite, lorsque le Maitre Esprit étreint par les Déités émerge pour être reconnu par ses collègues, il se produit ce que l’on appelle une « éruption primaire ». C’est un formidable éclair spirituel, un phénomène que l’on peut discerner clairement même au siège lointain du superunivers intéressé ; et, en même temps que cette peu comprise manifestation de la Trinité, un changement notable se produit dans la nature de la présence et du pouvoir spirituel créatifs de l’Esprit Infini résidant dans l’univers local en question. En réponse à ces phénomènes du Paradis et en la présence même du Fils Créateur, une nouvelle représentation personnelle de l’Esprit Infini se personnalise immédiatement. C’est la Divine Ministre. L’Esprit Créatif individualisé, auxiliaire du Fils Créateur, est devenu son associée créative personnelle, l’Esprit-Mère de l’univers local. 34:1.2 De cette nouvelle ségrégation personnelle du Créateur Conjoint, et à travers elle, procèdent les courants établis et les circuits ordonnés de pouvoir d’esprit et d’influence spirituelle destinés à imprégner tous les mondes et tous les êtres de l’univers local. En réalité, cette présence nouvelle et personnelle n’est qu’une transformation de l’associée préexistante et moins personnelle du Fils dans son travail antérieur d’organisation physique de l’univers. 34:1.3 Telle est en quelques mots la narration d’une épopée prodigieuse, mais elle représente à peu près tout ce que l’on peut dire de ces opérations importantes. Elles sont instantanées, insondables et incompréhensibles ; le secret de leur technique et de leur procédure réside au sein de la Trinité du Paradis. Nous ne sommes certains que d’une chose : la présence de l’Esprit dans l’univers local, à l’époque de la création ou l’organisation purement physique, était incomplètement différenciée de l’esprit de l’Esprit Infini du Paradis ; alors que, après que le Maitre Esprit superviseur a réapparu hors de l’embrassement secret des Dieux, et à la suite de l’éclair d’énergie spirituelle, la manifestation de l’Esprit Infini dans l’univers local se transforme soudain et complètement à la ressemblance personnelle du Maitre Esprit qui était en liaison transmuante avec l’Esprit Infini. L’Esprit-Mère de l’univers local acquiert ainsi une nature personnelle teintée de celle du Maitre Esprit du superunivers sous la juridiction astronomique duquel l’univers local est placé. 34:1.4 Cette présence personnalisée de l’Esprit Infini, l’Esprit-Mère Créatif de l’univers local, est connue dans Satania sous le nom de Divine Ministre. À toutes fins pratiques et pour tous les desseins spirituels, cette manifestation de la Déité est un être divin, une personne spirituelle. Elle est reconnue et considérée comme telle par le Fils Créateur. C’est par cette localisation et cette personnalisation de la Source-Centre Troisième dans notre univers local que l’Esprit a pu ensuite se soumettre si pleinement au Fils Créateur que l’on a pu dire à juste titre de ce Fils que « tous pouvoirs dans les cieux et sur terre lui ont été confiés ». 2. Nature de la Divine Ministre 34:2.1 Après avoir subi une métamorphose notable de sa personnalité à l’époque de la création de la vie, la Divine Ministre fonctionne ensuite en tant que personne, et coopère d’une manière très personnelle avec le Fils Créateur pour planifier et diriger les vastes affaires de leur création locale. Pour de nombreux types d’êtres de l’univers, même cette représentation de l’Esprit Infini peut ne pas apparaitre comme étant entièrement personnelle au cours des âges qui précèdent l’effusion finale de Micaël ; mais, après que le Fils Créateur a été élevé à l’autorité suprême d’un Maitre Fils, il s’opère une telle augmentation des qualités personnelles de l’Esprit-Mère Créatif qu’il est reconnu personnellement par tous les individus qui le contactent. 34:2.2 Dès le début de son association avec le Fils Créateur, l’Esprit de l’Univers possède tous les attributs de l’Esprit Infini concernant le contrôle physique, y compris la pleine capacité d’antigravité. Quand l’Esprit de l’Univers a atteint son statut personnel, il exerce dans l’univers local un contrôle de la gravité mentale tout aussi plein et complet que le ferait l’Esprit Infini s’il était personnellement présent. 34:2.3 Dans chaque univers local, la Divine Ministre fonctionne en concordance avec la nature et les caractéristiques inhérentes à l’Esprit Infini tel qu’il est incorporé dans l’un des Sept Maitres Esprits du Paradis. Bien qu’il existe une uniformité de base dans le caractère de tous les Esprits d’Univers, il y a aussi une diversité de fonctions déterminée par celui des Sept Maitres Esprits dont elle tire son origine. Ce différentiel d’origine explique pourquoi les Esprits-Mères des univers locaux emploient des techniques fonctionnelles différentes dans les divers superunivers. Mais, dans tous leurs attributs spirituels essentiels, ces Esprits sont identiques, également spirituels et entièrement divins, quelle que soit leur différenciation superuniverselle. 34:2.4 L’Esprit Créatif partage avec le Fils Créateur la responsabilité d’engendrer les créatures des mondes, et ne manque jamais à ses engagements envers le Fils dans tous les efforts pour soutenir et conserver ces créations. La vie est fournie et maintenue par l’entremise de l’Esprit Créatif. « Tu envoies ton Esprit, et ils sont créés. Tu renouvelles la face de la terre. » 34:2.5 Dans la création d’un univers de créatures intelligentes, l’Esprit-Mère Créatif fonctionne d’abord dans la sphère de perfection universelle où il collabore avec le Fils pour engendrer la Radieuse Étoile du Matin. Ensuite, la descendance de l’Esprit se rapproche de plus en plus de l’ordre des êtres créés sur les planètes, de même que les Fils s’échelonnent vers le bas depuis les Melchizédeks jusqu’aux Fils Matériels qui prennent effectivement contact avec les mortels des royaumes. Dans l’évolution ultérieure des créatures mortelles, les Fils Porteurs de Vie fournissent le corps physique fabriqué avec les matériaux organisés existants du royaume, tandis que l’Esprit de l’Univers fournit le « souffle de vie ». 34:2.6 Sous beaucoup de rapports, le septième segment du grand univers est peut-être lent dans son développement, mais ceux qui étudient profondément nos problèmes prévoient l’évolution d’une création extraordinairement bien équilibrée dans les âges à venir. Nous prédisons ce haut degré d’harmonie dans Orvonton parce que l’Esprit qui préside ce superunivers est le chef des Maitres Esprits d’en haut, du fait qu’il est une intelligence spirituelle incorporant l’union équilibrée et la parfaite coordination des traits et du caractère des trois Déités éternelles. Nous sommes lents et arriérés par comparaison avec d’autres secteurs, mais nous pouvons certainement nous attendre à un développement transcendant et à un aboutissement sans précédent à un moment donné des âges éternels du futur. 3. Le Fils et l’Esprit dans le temps et l’espace 34:3.1 Ni le Fils Éternel ni l’Esprit Infini ne sont limités ou conditionnés par le temps ou l’espace, mais la plupart de leurs descendants le sont. 34:3.2 L’Esprit Infini imprègne tout l’espace et habite le cercle de l’éternité. Dans leurs contacts personnels avec les enfants du temps, les personnalités de l’Esprit Infini doivent cependant compter souvent avec les éléments temporels, mais moins avec l’espace. Beaucoup de ministères du mental sont indépendants de l’espace, mais subissent un retard dans le temps lorsqu’ils coordonnent plusieurs niveaux de la réalité universelle. Un Messager Solitaire est pratiquement indépendant de l’espace, sauf en ce sens qu’il lui faut effectivement du temps pour aller d’un endroit à l’autre. Il existe d’autres entités similaires qui vous sont inconnues. 34:3.3 Dans ses prérogatives personnelles, un Esprit Créatif est totalement et entièrement indépendant de l’espace, mais non du temps. Ni aux sièges des constellations ni à ceux des systèmes on ne rencontre une présence personnelle spécialisée de l’Esprit de l’Univers. Elle est partout présente d’une manière égale et diffuse dans tout son univers. Elle est donc tout aussi littéralement et personnellement présente sur un monde que sur tous les autres. 34:3.4 C’est seulement quant à l’élément temps qu’un Esprit Créatif est toujours limité dans son ministère universel. Un Fils Créateur agit instantanément dans tout son univers, mais l’Esprit Créatif doit compter avec le temps dans le ministère du mental universel, sauf s'il se prévaut consciemment et pour un but déterminé des prérogatives personnelles du Fils de l’Univers. Dans la fonction de pur esprit, l’Esprit Créatif agit également sans dépendre du temps. Il en est de même dans sa collaboration avec la fonction mystérieuse de la réflectivité universelle. 34:3.5 Bien que le circuit de gravité d’esprit du Fils Éternel opère indépendamment de l’espace et du temps, les fonctions des Fils Créateurs ne sont pas toutes exemptes des limitations de l’espace. À part les affaires des mondes évolutionnaires, les Fils Micaëls semblent capables d’opérer en restant relativement indépendants du temps. Un Fils Créateur n’est pas handicapé par le temps, mais il est conditionné par l’espace ; il ne peut pas être personnellement à deux endroits en même temps. Micaël de Nébadon agit indépendamment du temps dans son propre univers, et pratiquement de même dans le superunivers par le jeu de la réflectivité. Il communique directement avec le Fils Éternel indépendamment du temps. 34:3.6 La Divine Ministre est l’auxiliaire compréhensive du Fils Créateur et lui permet de vaincre et de compenser ses limitations inhérentes concernant l’espace ; en effet, quand ces deux personnalités fonctionnent en union administrative, elles sont pratiquement indépendantes du temps et de l’espace à l’intérieur des confins de leur création locale. On peut donc observer pratiquement dans tout un univers local que le Fils Créateur et l’Esprit Créatif fonctionnent d’ordinaire indépendamment à la fois du temps et de l’espace, puisque chacun peut disposer de l’autre, qui est libéré soit de l’espace soit du temps. 34:3.7 Seuls les êtres absolus sont indépendants du temps et de l’espace au sens absolu. La majorité des subordonnés du Fils Éternel ou de l’Esprit Infini est dépendante à la fois du temps et de l’espace. 34:3.8 Lorsqu’un Esprit-Mère Créatif devient « conscient de l’espace », il se prépare à reconnaitre comme sien un « domaine d’espace » circonscrit, un royaume où il sera libéré de l’espace par opposition avec tout le reste de l’espace qui le conditionnerait. On n’est libre de choisir et d’agir que dans le royaume de sa propre conscience. 4. Les circuits de l’univers local 34:4.1 Il y a trois circuits d’esprit distincts dans l’univers local de Nébadon : 34:4.2 1. L’Esprit d’effusion du Fils Créateur, le Consolateur, l’Esprit de Vérité. 34:4.3 2. Le circuit d’esprit de la Divine Ministre, le Saint-Esprit. 34:4.4 3. Le circuit de ministère de l’intelligence, incluant les activités plus ou moins unifiées, mais fonctionnant diversement, des sept esprits-mentaux adjuvats. 34:4.5 Les Fils Créateurs sont dotés d’un esprit de présence universelle analogue, sur bien des points, à celui des Sept Maitres Esprits du Paradis. Il s’agit de l’Esprit de Vérité qu’un Fils d’effusion répand sur un monde après avoir été spirituellement attitré à cette sphère. Ce Consolateur effusé est la force spirituelle qui attire toujours tous les chercheurs de vérité vers Celui qui personnifie la vérité dans l’univers local. Cet esprit est un don inhérent au Fils Créateur, qui émerge de sa nature divine exactement de la même manière que les maitres-circuits du grand univers dérivent des présences de personnalité des Déités du Paradis. 34:4.6 Le Fils Créateur peut aller et venir ; sa présence personnelle peut se trouver dans l’univers local ou ailleurs ; cela n’empêche pas l’Esprit de Vérité de fonctionner tranquillement, car, bien que sa présence divine dérive de la personnalité du Fils Créateur, il est fonctionnellement centré dans la personne de la Divine Ministre. 34:4.7 L’Esprit-Mère de l’Univers ne quitte cependant jamais le monde-siège de l’univers local. L’esprit du Fils Créateur peut fonctionner indépendamment de la présence personnelle du Fils, et cela se produit, mais il n’en est pas de même pour l’esprit personnel de la Divine Ministre. Le Saint-Esprit de la Divine Ministre cesserait d’être fonctionnel si sa présence personnelle était retirée de Salvington. Sa présence spirituelle semble fixée sur le monde-siège de l’univers, et c’est ce fait même qui permet à l’esprit du Fils Créateur de fonctionner indépendamment de l’endroit où se trouve le Fils. L’Esprit-Mère de l’Univers agit comme centre et foyer universels de l’Esprit de Vérité aussi bien que de sa propre influence personnelle, le Saint-Esprit. 34:4.8 Le Fils-Père Créateur et l’Esprit-Mère Créatif contribuent tous deux, de manières diverses, à la dotation mentale des enfants de leur univers local, mais l’Esprit Créatif n’attribue pas de mental avant d’être lui-même doté de prérogatives personnelles. 34:4.9 Les ordres de personnalités superévolutionnaires dans un univers local sont dotés du modèle mental superuniversel de type adapté à cet univers local. Les ordres humains et subhumains de vie évolutionnaire sont dotés du ministère mental de type esprits adjuvats. 34:4.10 Les sept esprits-mentaux adjuvats sont la création de la Divine Ministre d’un univers local. Ces esprits-mentaux ont des caractères semblables, mais des pouvoirs différents ; ils participent tous identiquement de la nature de l’Esprit de l’Univers, bien qu’ils ne soient guère considérés comme personnalités, sauf par leur Mère Créatrice. Les sept adjuvats ont reçu les noms suivants : l’esprit de sagesse, l’esprit d’adoration, l’esprit de conseil, l’esprit de connaissance, l’esprit de courage, l’esprit de compréhension et l’esprit d’intuition – de perception rapide. 34:4.11 Tels sont les « sept esprits de Dieu », « semblables à des lampes brulant devant le trône » que le prophète aperçut dans les symboles de la vision. Mais il ne vit pas les trônes des vingt-quatre sentinelles autour de ces sept esprits-mentaux adjuvats. Ce passage représente la confusion de deux présentations, l’une qui relève du siège de l’univers et l’autre de la capitale du système. Les trônes des vingt-quatre anciens se trouvent sur Jérusem, siège de votre système local de mondes habités. 34:4.12 Par contre, c’est au sujet de Salvington que Jean a écrit : « Et du trône partaient des éclairs, des tonnerres et des voix » – les télédiffusions de l’univers aux systèmes locaux. Il avait également aperçu les créatures assurant le contrôle goniométrique de l’univers local, les compas vivants du monde-siège. Dans Nébadon, ce contrôle goniométrique est assuré par les quatre créatures contrôlantes de Salvington. Elles opèrent sur les courants universels et sont habilement assistées par l’esprit-mental qui agit le premier, l’adjuvat de l’intuition, l’esprit de « compréhension rapide ». Mais la description de ces quatre créatures – appelées animaux dans l’Apocalypse – a été lamentablement dénaturée. Elles sont d’une beauté sans parallèle et ont des formes exquises. 34:4.13 Les quatre points cardinaux sont universels et inhérents à la vie de Nébadon. Toutes les créatures vivantes possèdent des unités corporelles qui sont sensibles et réactives à ces courants orientateurs. Ces attributs des créatures sont reproduits en descendant de l’univers jusqu’aux planètes individuelles, et, conjointement avec les forces magnétiques des mondes, ils activent des foules de corps microscopiques dans les organismes animaux, de telle sorte que les cellules orientatrices pointent toujours vers le Nord et le Sud. C’est ainsi que le sens de l’orientation est fixé pour toujours chez les êtres vivants de l’univers. L’humanité n’est pas totalement dépourvue de la possession consciente de ce sens. C’est à peu près à l’époque de ce récit que ces corps ont été observés pour la première fois sur Urantia. 5. Le ministère de l’Esprit 34:5.1 Jusqu’au moment de la septième effusion du Fils Créateur, la Divine Ministre coopère avec lui dans la formulation de la vie et la création de nouveaux ordres d’êtres. Ensuite, après son élévation à la pleine souveraineté de l’univers, elle continue à collaborer avec le Fils et l’esprit effusé du Fils dans la poursuite de l’œuvre de ministère mondial et de progression planétaire. 34:5.2 Sur les mondes habités, l’Esprit entreprend le travail de progression évolutionnaire en commençant par les matériaux inanimés du royaume. Il dote d’abord la vie végétale, puis les organismes animaux, puis les premiers ordres d’existence humaine. Chaque transmission successive de vie contribue à développer davantage le potentiel évolutionnaire de la vie planétaire, depuis les stades initiaux et primitifs jusqu’à l’apparition de créatures douées de volonté. Ce travail de l’Esprit est en grande partie effectué par les sept adjuvats, les esprits de promesse, le mental-esprit des planètes évoluantes qui unifie et coordonne, qui conduisent toujours et ensemble les races des hommes vers des idées plus hautes et des idéaux spirituels. 34:5.3 L’homme mortel ressent pour la première fois le ministère de l’Esprit en conjonction avec le mental lorsque le mental purement animal des créatures évolutionnaires manifeste une capacité de réception aux adjuvats d’adoration et de sagesse. Ce ministère des sixième et septième adjuvats dénote que l’évolution mentale a franchi le seuil du ministère spirituel. Et un tel mental ayant fonction d’adoration et de sagesse est immédiatement inclus dans les circuits spirituels de la Divine Ministre. 34:5.4 Lorsque le mental est ainsi doué du ministère du Saint-Esprit, il possède la capacité de choisir (consciemment ou inconsciemment) la présence spirituelle du Père Universel – l’Ajusteur de Pensée. Mais ce n’est pas avant qu’un Fils d’effusion ait libéré l’Esprit de Vérité pour un ministère planétaire envers tous les mortels, que tout mental normal est automatiquement prêt à recevoir l’Ajusteur de Pensée. L’Esprit de Vérité travaille en union complète avec la présence de l’esprit de la Divine Ministre. Cette liaison spirituelle duelle plane au-dessus des mondes, cherchant à enseigner la vérité et à illuminer spirituellement le mental des hommes, à inspirer l’âme des créatures des races ascendantes, et à conduire toujours les peuples habitant les planètes évolutionnaires vers le but paradisiaque de leur destinée divine. 34:5.5 Bien que l’Esprit de Vérité soit répandu sur toute chair, cet esprit du Fils est à peu près entièrement limité dans ses fonctions et son pouvoir par la réceptivité personnelle des hommes à ce qui constitue la somme et la substance de la mission du Fils d’effusion. Le Saint-Esprit est en partie indépendant de l’attitude humaine et partiellement conditionné par les décisions et la coopération de la volonté de l’homme. Néanmoins, le ministère du Saint-Esprit devient de plus en plus efficace pour sanctifier et spiritualiser la vie intérieure des mortels qui obéissent le plus complètement aux directives divines. 34:5.6 En tant qu’individu, vous ne possédez pas un fragment ou une entité séparée de l’esprit du Fils-Père Créateur ni de l’Esprit-Mère Créatif. Ces ministères n’entrent pas en contact, ni n’habitent les centres de pensées du mental de l’individu comme le font les Moniteurs de Mystère. Les Ajusteurs de Pensée sont des individualisations précises de la réalité prépersonnelle du Père Universel, habitant effectivement le mental mortel comme partie intégrante de ce mental, et ils travaillent toujours en parfaite harmonie avec les esprits conjugués du Fils Créateur et de l’Esprit Créatif. 34:5.7 La présence du Saint-Esprit de la Fille de l’Univers de l’Esprit Infini, celle de l’Esprit de Vérité du Fils de l’Univers du Fils Éternel, et celle de l’Esprit Ajusteur du Père Paradisiaque dans et avec un mortel évolutionnaire dénotent une symétrie de dotation et de ministère spirituels, et qualifient ce mortel pour réaliser consciemment le fait qu’il est fils de Dieu par la foi. 6. L’Esprit dans l’homme 34:6.1 Lorsqu’une planète habitée avance dans son évolution et que ses habitants se spiritualisent de plus en plus, ces personnalités muries peuvent recevoir des influences spirituelles additionnelles. À mesure que les mortels progressent en contrôle mental et en perception spirituelle, ces multiples ministères spirituels fonctionnent d’une manière de mieux en mieux coordonnée ; ils s’amalgament de plus en plus avec le superministère de la Trinité du Paradis. 34:6.2 Bien que la Divinité puisse être plurale dans ses manifestations, la Déité est singulièrement et toujours une dans l’expérience humaine. Le ministère spirituel n’est pas non plus plural dans l’expérience humaine. Indépendamment de leur pluralité d’origine, toutes les influences d’esprit fonctionnent comme une seule unité. En vérité elles n’en forment qu’une, car elles sont le ministère spirituel de Dieu le Septuple dans les créatures du grand univers et auprès d’elles ; et, à mesure que ce ministère unificateur de l’esprit est de mieux en mieux apprécié et reçu par les créatures, il devient dans leur expérience le ministère de Dieu le Suprême. 34:6.3 Par une longue série d’échelons, l’Esprit divin descend des hauteurs de la gloire éternelle pour vous rencontrer tels que vous êtes et là où vous êtes dans l’association de la foi pour embrasser avec amour l’âme d’origine mortelle et pour s’embarquer, d’une manière sûre et certaine, sur le chemin de retour de ses pas de descente, et il ne s’arrête jamais avant que l’âme évolutionnaire ne soit élevée en sécurité aux hauteurs mêmes de félicité d’où l’Esprit divin s’était d’abord mis en route pour cette mission de miséricorde et de ministère. 34:6.4 Les forces spirituelles recherchent et atteignent infailliblement leur propre niveau originel. Issues de l’Éternel, il est certain qu’elles y retourneront en ramenant avec elles tous les enfants du temps et de l’espace qui ont épousé les directives et les enseignements de l’Ajusteur intérieur, ceux qui sont véritablement « nés de l’Esprit », les fils de Dieu par la foi. 34:6.5 L’Esprit divin est la source d’un ministère et d’un encouragement continuels pour les enfants des hommes. Votre pouvoir et votre réussite « dépendent de sa miséricorde, par le renouvellement de l’Esprit ». La vie spirituelle, comme l’énergie physique, se consume. L’effort spirituel aboutit à un épuisement spirituel relatif. Toute l’expérience ascendante est réelle aussi bien que spirituelle. C’est donc en vérité qu’il est écrit : « C’est l’Esprit qui vivifie » et « l’Esprit donne la vie ». 34:6.6 La théorie morte, même celle des doctrines religieuses les plus élevées, est impuissante à transformer le caractère humain ou à contrôler le comportement mortel. Ce dont le monde d’aujourd’hui a besoin est la vérité que votre instructeur de jadis a proclamée : « Non seulement en paroles, mais aussi en puissance et dans le Saint-Esprit. » Le germe de la vérité théorique est inerte et les concepts moraux les plus élevés sont sans effet, à moins que et jusqu’à ce que l’Esprit divin ne souffle sur les formes de vérité et ne vivifie les formules de la droiture. 34:6.7 Ceux qui ont reçu et reconnu la présence intérieure de Dieu sont nés de l’Esprit. « Vous êtes le temple de Dieu, et l’esprit de Dieu habite en vous. » Il ne suffit pas que cet esprit soit répandu sur vous ; il faut que l’Esprit divin domine et contrôle toutes les phases de l’expérience humaine. 34:6.8 C’est la présence de l’Esprit divin, l’eau vive, qui empêche la soif dévorante du mécontentement des mortels et l’indicible faim du mental humain non spiritualisé. Les êtres mus par l’Esprit « n’auront jamais soif, car cette eau spirituelle sera chez eux une source de satisfaction jaillissant jusque dans la vie éternelle ». Les âmes ainsi arrosées divinement ne dépendent presque plus de l’environnement matériel pour la joie de vivre et les satisfactions de l’existence terrestre. Elles sont spirituellement illuminées et rafraichies, moralement renforcées et dotées. 34:6.9 Chez tout mortel, il existe une nature duelle : l’héritage des tendances animales et l’impulsion élevée de la dotation d’esprit. Durant votre courte vie sur Urantia, il est rare que ces deux incitations différentes et opposées puissent être pleinement conciliées ; il n’est guère possible de les harmoniser et de les unifier. Mais, durant toute votre vie, l’Esprit conjugué s’efforce toujours de vous aider à soumettre de plus en plus la chair aux directives de l’Esprit. Alors même qu’il vous faut vivre votre vie matérielle, alors même que vous ne pouvez échapper à votre corps et à ses nécessités, en ce qui concerne vos desseins et vos idéaux, vous n’en avez pas moins le pouvoir de soumettre de plus en plus la nature animale à la maitrise de l’Esprit. Il existe véritablement en vous une conspiration de forces spirituelles, une confédération de pouvoirs divins, dont le but exclusif consiste à vous délivrer définitivement de l’esclavage du matériel et des handicaps finis. 34:6.10 Le but de tout ce ministère est « que vous puissiez être fortifié avec puissance par Son esprit dans l’homme intérieur. » Et tout cela ne représente que les étapes préliminaires pour l’aboutissement final à la perfection de foi et de service, à cette expérience où vous serez « remplis de la plénitude de Dieu », « car tous ceux qui sont conduits par l’esprit de Dieu sont fils de Dieu ». 34:6.11 L’Esprit ne contraint jamais, il ne fait que guider. Si vous êtes un élève de bonne volonté, si vous voulez atteindre les niveaux de l’esprit et les hauteurs divines, si vous désirez sincèrement arriver au but éternel, alors l’Esprit divin vous guidera doucement et amoureusement sur le sentier de la filiation et du progrès spirituel. Chaque étape doit être franchie de bonne grâce, avec une coopération intelligente et gaie. La domination de l’Esprit n’est jamais entachée de coercition ni compromise par contrainte. 34:6.12 Et, quand cette vie de gouverne spirituelle est librement et intelligemment acceptée, alors se développent, dans le mental humain, une conscience positive de contact divin et l’assurance d’une communion d’esprit. Tôt ou tard « l’Esprit rend témoignage avec votre esprit (l’Ajusteur) que vous êtes un enfant de Dieu ». Votre propre Ajusteur de Pensée vous a déjà indiqué votre parenté avec Dieu, et les Écritures confirment que l’Esprit rend témoignage « avec votre esprit » et non à votre esprit. 34:6.13 La conscience de la domination d’une vie humaine par l’esprit est bientôt accompagnée par une démonstration croissante des caractéristiques de l’Esprit dans les réactions vitales du mortel ainsi guidé par l’esprit, « car les fruits de l’esprit sont l’amour, la joie, la paix, la longanimité, la bienveillance, la bonté, la foi, la douceur et la tempérance ». De tels mortels ainsi guidés par l’esprit et divinement illuminés, bien qu’ils foulent encore les humbles sentiers du travail pénible et qu’ils accomplissent avec la fidélité humaine les devoirs de leur mission terrestre, ont déjà commencé à discerner les lumières de la vie éternelle qui miroitent sur les rives lointaines d’un autre monde. Ils ont déjà commencé à comprendre la réalité de cette vérité inspirante et encourageante que « le royaume de Dieu n’est pas viande et boisson, mais droiture, paix et joie dans le Saint-Esprit ». Et, au cours de toute épreuve et en présence de toute difficulté, les âmes nées d’esprit sont soutenues par l’espoir qui transcende toute crainte, parce que l’amour de Dieu est largement répandu dans tous les cœurs par la présence de l’Esprit divin. 7. L’Esprit et la chair 34:7.1 La chair, la nature inhérente dérivée des races d’origine animale, ne porte pas naturellement les fruits de l’Esprit divin. Quand la nature mortelle a été rehaussée par l’addition de la nature des Fils Matériels de Dieu, comme les races d’Urantia furent améliorées dans une certaine mesure par l’effusion d’Adam, alors la voie est mieux préparée pour permettre à l’Esprit de Vérité de coopérer avec l’Ajusteur intérieur en vue de produire la magnifique récolte des fruits spirituels du caractère. Si vous ne rejetez pas cet esprit, et même s’il vous faut l’éternité pour remplir votre mission, « il vous mènera dans toute vérité ». 34:7.2 Les mortels évolutionnaires habitant des mondes normaux de progrès spirituel ne subissent pas les conflits aigus entre l’esprit et la chair qui caractérisent les races d’Urantia de notre époque. Toutefois, même sur les planètes les plus idéales, l’homme préadamique doit fournir des efforts positifs pour s’élever du plan purement animal d’existence aux niveaux successifs de significations intellectuelles croissantes et de valeurs spirituelles supérieures. 34:7.3 Les mortels d’un monde normal ne subissent pas de guerre constante entre leur nature physique et leur nature spirituelle. Ils sont confrontés à la nécessité de sortir du niveau animal d’existence en se hissant aux plans supérieurs de vie spirituelle, mais cette ascension ressemble plus, par comparaison, à un entrainement éducatif qu’aux intenses conflits des mortels d’Urantia dans ce domaine de divergence entre la nature matérielle et la nature spirituelle. 34:7.4 Dans cette tâche d’aboutissement spirituel progressif sur leur planète, les peuples d’Urantia subissent les conséquences d’une double privation de secours. L’insurrection de Caligastia précipita le monde dans une confusion générale et déroba, à toutes les générations suivantes, l’assistance morale qu’une société bien ordonnée leur aurait fournie. Mais la faute adamique fut encore plus désastreuse en ce sens qu’elle priva les races du type supérieur de nature physique qui eût été plus en accord avec des aspirations spirituelles. 34:7.5 Les mortels d’Urantia sont forcés de subir cette lutte prononcée entre l’esprit et la chair, parce que leurs lointains ancêtres ne furent pas assez complètement adamisés par l’effusion édénique. Le plan divin avait prévu que les races de mortels d’Urantia auraient une nature physique plus spontanément sensible à l’esprit. 34:7.6 Nonobstant ce double désastre pour la nature des hommes et leur entourage, les mortels d’aujourd’hui ressentiraient moins cette guerre apparente entre l’esprit et la chair s’ils voulaient entrer dans le royaume de l’esprit. Là, dans le service illuminé et libérateur d’une dévotion sincère à faire la volonté du Père qui est aux cieux, les fils de Dieu par la foi jouissent d’une délivrance relative de la servitude de la chair. Jésus a montré à l’humanité la nouvelle manière de vivre une vie de mortel, manière par laquelle les êtres humains peuvent échapper dans une très grande mesure aux désastreuses conséquences de la rébellion de Caligastia et compenser fort efficacement les frustrations résultant de la faute adamique. « L’esprit de la vie du Christ Jésus nous a libéré de la loi de la vie animale et des tentations du mal et du péché. » « La victoire qui triomphe de la chair, c’est votre foi. » 34:7.7 Ces hommes et ces femmes connaissant Dieu et nés de l’Esprit n’éprouvent pas de conflit plus intense avec leur nature mortelle que les habitants des mondes les plus normaux, les planètes qui n’ont jamais été souillées par le péché ni touchées par la rébellion. Les fils par la foi travaillent sur des niveaux intellectuels et vivent sur des plans spirituels très au-dessus des conflits produits par des désirs physiques effrénés ou anormaux. Les impulsions normales d’un être animal et les appétits et les élans naturels de sa nature physique ne sont pas en conflit avec les aboutissements spirituels même les plus élevés, excepté dans le mental des personnes ignorantes, mal renseignées ou des personnes malheureusement consciencieuses à l’excès. 34:7.8 Après être partis sur la route de la vie éternelle, après avoir accepté votre mission et reçu vos ordres pour progresser, ne craignez pas les dangers du manque de mémoire des hommes et de l’inconstance des mortels, ne vous laissez pas troubler par des craintes d’échecs ou des confusions déroutantes, ne chancelez pas et ne mettez en doute ni votre statut ni votre position, car, à toutes les heures sombres et à tous les carrefours de la lutte pour le progrès, l’Esprit de Vérité parlera toujours et vous dira « Voilà le chemin ». 34:7.9 [Présenté par un Puissant Messager affecté en service temporaire sur Urantia.] Fascicule 35. Les Fils de Dieu de l’Univers Local 35:0.1 Les Fils de Dieu présentés antérieurement sont issus du Paradis. Ils descendent des Chefs divins des domaines universels. Les Fils Créateurs appartiennent au premier ordre de filiation du Paradis, et il n’y en a qu’un dans Nébadon, Micaël, le père et le souverain de l’univers. Quant aux Avonals ou Fils Magistraux, deuxième ordre de filiation du Paradis, Nébadon en a sa quote-part complète de 1 062. Et ces « Christs mineurs » sont aussi efficaces et tout-puissants dans leurs effusions planétaires que le Fils Créateur et Maitre le fut sur Urantia. Les êtres du troisième ordre, étant issus de la Trinité, ne sont pas enregistrés dans un univers local, mais j’estime qu’il y a dans Nébadon entre quinze et vingt-mille Fils Instructeurs de la Trinité en dehors des 9 642 assistants trinitisés par des créatures, qui sont enregistrés. Ces Daynals du Paradis ne sont ni des magistrats ni des administrateurs, mais des superéducateurs. 35:0.2 Les types de Fils que nous allons étudier ont leur origine dans l’univers local. Ils sont les descendants d’un Fils Créateur Paradisiaque en diverses associations avec son complément, l’Esprit-Mère de l’Univers. Les ordres suivants de filiation de l’univers local sont mentionnés dans les présents exposés : 35:0.3 1. Les Fils Melchizédeks. 35:0.4 2. Les Fils Vorondadeks. 35:0.5 3. Les Fils Lanonandeks. 35:0.6 4. Les Fils Porteurs de Vie. 35:0.7 La Déité Trine du Paradis fonctionne pour créer trois ordres de filiation : les Micaëls, les Avonals et les Daynals. La Déité duelle de l’univers local, le Fils et l’Esprit, fonctionne aussi pour créer trois ordres élevés de Fils, les Melchizédeks, les Vorondadeks et les Lanonandeks, et, après avoir achevé cette triple expression, elle collabore avec le niveau suivant de Dieu le Septuple pour produire l’ordre aux talents variés des Porteurs de Vie. Ces êtres sont classifiés avec les Fils descendants de Dieu, mais représentent une forme unique et originale de la vie de l’univers. Tout le prochain fascicule sera consacré à leur étude. 1. Le Père Melchizédek 35:1.1 Le Fils Créateur et l’Esprit Créatif, la Fille de l’Esprit Infini dans l’univers local, amènent d’abord à l’existence leurs aides personnels, tels que la Radieuse Étoile du Matin et d’autres personnalités administratives, selon le dessein divin et les plans créatifs d’un univers donné. Ensuite, il se produit entre eux une nouvelle forme d’union créative. La personnalité issue de cette association créative est le Melchizédek originel – le Père Melchizédek – cet être unique qui collabore ultérieurement avec le Fils Créateur et l’Esprit Créatif pour amener à l’existence le groupe entier qui porte ce nom. 35:1.2 Dans l’univers de Nébadon, le Père Melchizédek agit comme premier associé exécutif de la Radieuse Étoile du Matin. Gabriel s’occupe plutôt de la politique de l’univers et Melchizédek, des procédures pratiques à suivre. Gabriel préside les tribunaux et conseils régulièrement constitués de Nébadon, et Melchizédek, les commissions et corps consultatifs réunis spécialement, extraordinairement ou en cas d’urgence. Gabriel et le Père Melchizédek ne quittent jamais Salvington en même temps, car, en l’absence de Gabriel, le Père Melchizédek fonctionne comme chef exécutif de Nébadon. 35:1.3 Les Melchizédeks de notre univers furent tous créés au cours d’un seul millénaire du temps standard par le Fils Créateur et l’Esprit Créatif, en liaison avec le Père Melchizédek. Étant un ordre de filiation où l’un de leur propre membre a fonctionné comme créateur coordonné, les Melchizédeks sont donc partiellement d’origine autonome dans leur constitution et, en conséquence, candidats pour réaliser un type céleste de gouvernement autonome. Ils élisent périodiquement leur chef administratif pour un terme de sept ans du temps standard et fonctionnent par ailleurs comme un ordre se régissant lui-même, bien que le Melchizédek originel exerce certaines prérogatives inhérentes à sa coparenté. De temps à autre, ce Père Melchizédek désigne certains individus de son ordre pour fonctionner comme Porteurs de Vie spéciaux auprès des mondes midsonites, un type de planètes habitées qui n’a pas été révélé jusqu’ici sur Urantia. 35:1.4 Les Melchizédeks n’opèrent pas beaucoup en dehors de l’univers local, excepté quand ils sont appelés comme témoins dans des affaires en cours devant les tribunaux du superunivers et quand ils sont désignés, ainsi que cela arrive quelquefois, comme ambassadeurs spéciaux représentant un univers auprès d’un autre à l’intérieur du même superunivers. Le Melchizédek originel ou premier-né de chaque univers est toujours libre de se rendre dans les univers voisins ou au Paradis pour des missions concernant les intérêts et devoirs de son ordre. 2. Les Fils Melchizédeks 35:2.1 Les Melchizédeks sont le premier ordre de Fils divins qui s’approche suffisamment de la vie des créatures inférieures pour pouvoir fonctionner directement dans le ministère d’élévation des mortels et servir les races évolutionnaires sans recourir à l’incarnation. Ces Fils se trouvent par nature au milieu de la grande échelle descendante des personnalités, leur origine les plaçant à peu près exactement à mi-chemin entre la Divinité la plus haute et les créatures volitives dotées de la vie la plus humble. Ils deviennent ainsi les intermédiaires naturels entre les niveaux supérieurs et divins d’existence vivante, et les formes de vie inférieures ou même matérielles sur les mondes évolutionnaires. Les ordres séraphiques, les anges, sont ravis de travailler avec les Melchizédeks. En fait, toutes les formes de vie intelligente trouvent en ces Fils des amis compréhensifs, des instructeurs sympathiques et des conseillers avisés. 35:2.2 Les Melchizédeks forment un ordre qui se gouverne lui-même. Nous rencontrons avec ce groupe unique la première tentative d’autodétermination chez des êtres de l’univers local et nous y observons le type le plus élevé de gouvernement autonome. Ces Fils organisent leur propre mécanisme d’administration pour leur propre groupe et leur foyer planétaire, ainsi que pour les six sphères associées et leurs mondes tributaires. Et il faut noter qu’ils n’ont jamais abusé de leurs prérogatives. Pas une seule fois dans tout le superunivers d’Orvonton, ces Fils Melchizédeks n’ont trahi la confiance mise en eux. Ils sont l’espérance de tous les groupes de l’univers qui aspirent à se gouverner eux-mêmes. Ils sont le modèle de l’autonomie gouvernementale et l’enseignent dans toutes les sphères de Nébadon. Tous les ordres d’êtres intelligents, depuis les supérieurs jusqu’aux inférieurs, sont unanimes dans leurs louanges du gouvernement des Melchizédeks. 35:2.3 L’ordre de filiation des Melchizédeks occupe la position du fils ainé dans une grande famille et en assume les responsabilités. La plus grande partie de leur travail est régulière et quelque peu routinière, mais une grande partie en est volontaire et ils se l’imposent entièrement à eux-mêmes. La majorité des assemblées spéciales qui se réunissent de temps en temps sur Salvington est convoquée sur l’initiative des Melchizédeks. De leur propre initiative, ces fils patrouillent leur univers natal. Ils maintiennent une organisation autonome consacrée à l’information universelle et font au Fils Créateur des rapports périodiques indépendants de tous les renseignements qui remontent au siège de l’univers par les agences régulières de l’administration ordinaire du royaume. Ils sont par nature des observateurs impartiaux. Ils jouissent de la pleine confiance de toutes les classes d’êtres intelligents. 35:2.4 Les Melchizédeks opèrent comme tribunaux de révision mobiles et consultatifs des royaumes. Ces Fils de l’univers se rendent sur les mondes par petits groupes pour y servir de commissions consultatives, recueillir des dépositions, recevoir des suggestions et agir comme conseillers, aidant ainsi à pallier les difficultés majeures et à régler les différends sérieux qui s’élèvent de temps en temps dans les affaires des domaines évolutionnaires. 35:2.5 Ces Fils ainés d’un univers sont les principaux aides de la Radieuse Étoile du Matin pour exécuter les mandats du Fils Créateur. Lorsqu’un Melchizédek se rend, au nom de Gabriel, sur un monde éloigné, il peut, en vue de cette mission particulière, être délégué au nom de celui qui l’envoie ; dans ce cas, il apparaitra sur la planète en question avec la pleine autorité de la Radieuse Étoile du Matin. Ceci est spécialement vrai pour les sphères où un Fils supérieur n’est pas encore apparu dans la similitude des créatures du royaume. 35:2.6 Lorsqu’un Fils Créateur entre dans la carrière d’effusion sur un monde évolutionnaire, il y va seul ; mais, lorsqu’un de ses frères du Paradis, un Fils Avonal, entreprend une effusion, pour être soutenu, il est accompagné de Melchizédeks, au nombre de douze, qui contribuent si efficacement au succès de la mission d’effusion. Ils soutiennent aussi les Avonals du Paradis dans leurs missions magistrales auprès des mondes habités ; au cours de ces missions, les Melchizédeks sont visibles aux yeux des mortels si le Fils Avonal se manifeste aussi de cette manière. 35:2.7 Il n’est pas d’aspects des besoins spirituels planétaires auxquels ils n’apportent leur ministère. Ils sont les éducateurs qui amènent si souvent des mondes entiers de vie évoluée à reconnaitre pleinement et définitivement le Fils Créateur et son Père du Paradis. 35:2.8 La sagesse des Melchizédeks est à peu près parfaite, mais leur jugement n’est pas infaillible. Quand ils sont détachés et isolés dans des missions planétaires, ils se sont parfois trompés dans des questions mineures ; autrement dit, ils ont choisi de faire certaines choses que leurs supérieurs n’ont pas approuvées ultérieurement. Une telle erreur de jugement disqualifie temporairement un Melchizédek jusqu’à ce qu’il se rende à Salvington et qu’au cours d’une audience avec le Fils Créateur, il reçoive les instructions qui le débarrasseront efficacement de la disharmonie qui a causé un désaccord avec ses compagnons. Et, après le repos rectificateur, il est réintégré dans son service au troisième jour. Ces défauts d’adaptation mineurs dans la fonction des Melchizédeks se sont rarement produits dans Nébadon. 35:2.9 Ces Fils ne forment pas un ordre croissant ; leur nombre est stationnaire, quoique différent dans chaque univers local. Le nombre des Melchizédeks enregistrés sur leur planète-siège de Nébadon dépasse dix-millions. 3. Les mondes des Melchizédeks 35:3.1 Les Melchizédeks occupent un monde qui leur est propre près de Salvington, le monde-siège de l’univers. Cette sphère nommée Melchizédek est le monde-pilote du circuit de Salvington comprenant soixante-dix sphères primaires, dont chacune est entourée de six sphères tributaires consacrées à des activités spécialisées. Ces sphères merveilleuses – 70 primaires et 420 tributaires – sont souvent appelées l’Université Melchizédek. Les mortels ascendants de toutes les constellations de Nébadon passent une formation sur chacun de ces 490 mondes pour acquérir leur statut résidentiel sur Salvington. Mais l’éducation des ascendeurs n’est qu’une phase des multiples activités qui ont lieu sur l’amas des sphères architecturales de Salvington. 35:3.2 Les 490 sphères du circuit de Salvington sont divisées en dix groupes contenant chacun sept sphères primaires et quarante-deux tributaires. Chacun de ces groupes est placé sous la supervision générale de l’un des ordres majeurs de vie universelle. Le premier groupe, comprenant le monde-pilote et les six sphères primaires venant à la suite dans la procession planétaire encerclante, est supervisé par les Melchizédeks. Ces mondes Melchizédeks sont les suivants : 35:3.3 1. Le monde-pilote – Le monde-foyer des Fils Melchizédeks. 35:3.4 2. Le monde des écoles de vie physique et des laboratoires d’énergies vivantes. 35:3.5 3. Le monde de la vie morontielle. 35:3.6 4. La sphère de la vie spirituelle initiale. 35:3.7 5. Le monde de la vie semi-spirituelle. 35:3.8 6. La sphère de la vie spirituelle progressante. 35:3.9 7. Le domaine de la réalisation de soi coordonnée et suprême. 35:3.10 Les six mondes tributaires de chacune de ces sphères Melchizédeks sont consacrés à des activités se rapportant au travail des sphères primaires associées. 35:3.11 Le monde-pilote, la sphère Melchizédek, est le terrain de réunion commun à tous les êtres qui s’occupent d’éduquer et de spiritualiser les mortels ascendants du temps et de l’espace. Pour un ascendeur, ce monde est probablement le lieu le plus intéressant de tout Nébadon. Tous les mortels évolutionnaires diplômés de leur formation sur les constellations sont destinés à atterrir sur Melchizédek, où ils sont initiés au régime des disciplines et de la progression spirituelle du système éducatif de Salvington. Et vous n’oublierez jamais les réactions de votre premier jour de vie sur ce monde unique, pas même après avoir atteint votre destination au Paradis. 35:3.12 Les mortels ascendants continuent à résider sur le monde Melchizédek pendant qu’ils poursuivent leur entrainement sur les six planètes encerclantes d’éducation spécialisée. Et cette même méthode est appliquée pendant tout le séjour sur les soixante-dix mondes culturels, les sphères primaires du circuit de Salvington. 35:3.13 Beaucoup d’activités diverses occupent le temps des nombreux êtres qui résident sur les six mondes tributaires de la sphère Melchizédek, mais, en ce qui concerne les mortels ascendants, ces satellites sont consacrés aux phases spéciales d’études suivantes : 35:3.14 1. La sphère numéro 1 est consacrée à la révision de la vie planétaire initiale des mortels ascendants. Ce travail s’effectue en classes composées des ascendeurs qui arrivent d’un monde d’origine mortelle donné. Ceux d’Urantia poursuivent ensemble cette révision expérientielle. 35:3.15 2. Le travail spécial de la sphère numéro 2 consiste en une revue similaire des expériences traversées sur les mondes des maisons entourant le premier satellite du siège du système local. 35:3.16 3. Les révisions de cette sphère se rapportent au séjour sur la capitale du système local et embrassent les activités du reste des mondes architecturaux de l’amas formant le siège du système. 35:3.17 4. Sur la quatrième sphère, on s’occupe de réviser les expériences des soixante-dix mondes tributaires de la constellation et de leurs sphères associées. 35:3.18 5. Sur la cinquième sphère, on révise le séjour ascendant sur le monde-siège de la constellation. 35:3.19 6. Sur la sphère numéro 6, le temps est consacré à un essai de corrélation entre ces cinq époques, en vue d’aboutir à une coordination d’expérience préparatoire à l’entrée dans les écoles primaires Melchizédeks d’instruction universelle. 35:3.20 Les écoles d’administration universelle et de sagesse spirituelle sont situées sur le monde-foyer des Melchizédeks, où l’on trouve également les écoles consacrées à une seule ligne de recherches telle qu’énergie, matière, organisation, communication, archives, éthique et existence comparée des créatures. 35:3.21 Dans le Collège Melchizédek des Dotations Spirituelles, tous les ordres de Fils de Dieu, même ceux du Paradis, coopèrent avec les éducateurs Melchizédeks et séraphiques pour instruire les foules d’évanges de destinée qui s’en vont proclamer la liberté spirituelle et la filiation divine, même aux mondes lointains de l’univers. Cette école particulière de l’Université Melchizédek est une institution exclusive de l’univers. Les étudiants visiteurs provenant d’autres royaumes n’y sont pas reçus. 35:3.22 Le cours d’enseignement le plus élevé d’administration de l’univers est donné par les Melchizédeks sur leur monde-foyer. Ce Collège d’Éthique Supérieure est présidé par le Père Melchizédek originel. C’est à ces écoles que les différents univers procèdent à des échanges d’étudiants. Le jeune univers de Nébadon se situe fort bas sur l’échelle des univers en ce qui concerne la réussite spirituelle et le développement d’une éthique élevée. Néanmoins, nos troubles administratifs ont si bien transformé notre univers entier en une vaste clinique à l’usage d’autres créations proches que les collèges Melchizédeks sont bondés d’étudiants visiteurs et observateurs en provenance d’autres royaumes. À côté du groupe immense des inscrits locaux, il y a toujours plus de cent-mille étudiants étrangers qui fréquentent les écoles des Melchizédeks, parce que l’ordre des Melchizédeks de Nébadon est renommé dans tout Splandon. 4. Travail spécial des Melchizédeks 35:4.1 Une branche hautement spécialisée des activités Melchizédeks s’occupe de superviser la carrière morontielle progressive des mortels ascendants. Une grande partie de cet entrainement est donnée par les patients et sages ministres séraphiques, assistés par des mortels qui se sont élevés à des niveaux relativement supérieurs d’aboutissement universel, mais tout ce travail éducatif est placé sous la supervision générale des Melchizédeks en association avec les Fils Instructeurs de la Trinité. 35:4.2 Les ordres de Melchizédeks se consacrent principalement au vaste système d’instruction et au régime d’entrainement expérientiel de l’univers local, mais ils fonctionnent aussi pour des missions exceptionnelles et dans des circonstances inhabituelles. Dans un univers évoluant qui finira par englober environ une dizaine de millions de mondes habités, il arrive nécessairement beaucoup de choses qui sortent de l’ordinaire, et c’est dans ces cas d’urgence que les Melchizédeks agissent. Sur Édentia, quartier général de votre constellation, on les appelle Fils d’urgence. Ils sont toujours prêts à servir dans toutes les situations critiques – physiques, intellectuelles ou spirituelles – que ce soit sur une planète, dans un système, dans une constellation ou dans l’univers. Dans toutes les circonstances de temps et de lieu où le besoin d’une aide spéciale se fait sentir, on rencontre un ou plusieurs Fils Melchizédeks. 35:4.3 Lorsqu’une partie du plan du Fils Créateur est menacée d’échec, un Melchizédek part aussitôt pour prêter secours. Toutefois, ils sont rarement appelés à fonctionner en présence d’une rébellion pécheresse, comme celle qui s’est produite dans Satania. 35:4.4 Les Melchizédeks sont les premiers à intervenir dans tous les cas d’urgence de toute nature sur tous les mondes où habitent des créatures volitives. Ils agissent quelquefois comme conservateurs temporaires sur des planètes indociles où ils font office d’administrateurs provisoires d’un gouvernement planétaire défaillant. Dans une crise planétaire, ces Fils Melchizédeks servent en de nombreuses capacités exceptionnelles. Un tel Fils peut aisément se rendre visible aux êtres mortels et il est même arrivé qu’un membre de leur ordre se soit incarné dans la similitude de la chair mortelle. Sept fois dans l’histoire de Nébadon, l’un d’eux a servi dans la similitude de la chair mortelle sur un monde évolutionnaire et, en de nombreuses occasions, des Fils Melchizédeks sont apparus dans la similitude d’autres ordres de créatures de l’univers. Ils sont en vérité les ministres d’urgence volontaires et doués d’aptitudes variées auprès de tous les ordres d’intelligences de l’univers et de tous les mondes et systèmes de mondes. 35:4.5 Le Melchizédek qui vécut sur Urantia au temps d’Abraham était connu localement comme Prince de Salem, parce qu’il présidait une petite colonie de chercheurs de vérité résidant à un endroit dénommé Salem. Il fut volontaire pour s’incarner dans la similitude de la chair mortelle et le fit avec l’approbation des administrateurs provisoires Melchizédeks de la planète ; ceux-ci craignaient de voir s’éteindre la lumière de la vie durant cette période de ténèbres spirituelles croissantes. Il entretint effectivement la vérité de son temps et la transmit en sécurité à Abraham et à ses compagnons. 5. Les Fils Vorondadeks 35:5.1 Après la création des aides personnels et du premier groupe des Melchizédeks aux talents variés, le Fils Créateur et l’Esprit Créatif de l’univers local conçurent et amenèrent à l’existence le second grand ordre varié de filiation universelle, les Vorondadeks. Ils sont plus généralement connus sous le nom de Pères des Constellations, parce que l’on trouve uniformément un Fils de cet ordre à la tête de chaque gouvernement de constellation dans tous les univers locaux. 35:5.2 Le nombre des Vorondadeks varie dans chaque univers local. Dans Nébadon, ils sont inscrits exactement au nombre d’un million. Ces Fils, de même que leurs coordonnés, les Melchizédeks, ne possèdent pas le pouvoir de se reproduire. Il n’existe pas de méthode connue par laquelle ils puissent accroitre leur nombre. 35:5.3 Sous beaucoup de rapports, ces Fils forment un corps autonome. En tant qu’individus, que groupes et même qu’ordre entier, ils s’autodéterminent dans une grande mesure comme le font les Melchizédeks, mais les Vorondadeks ne fonctionnent pas dans une aussi vaste étendue d’activités. Ils n’atteignent pas la brillante variété de talents de leurs frères Melchizédeks, mais ils sont même plus dignes de confiance et plus efficaces comme chefs et administrateurs prévoyants. Ils ne sont pas non plus tout à fait les égaux administratifs de leurs subordonnés, les Lanonandeks Souverains des Systèmes, mais ils surpassent tous les ordres de filiation universelle en stabilité de dessein et en divinité de jugement. 35:5.4 Bien que les décisions et ordonnances de cet ordre de Fils soient toujours en accord avec l’esprit de filiation divine et en harmonie avec la politique du Fils Créateur, ils ont été cités devant le Fils Créateur pour certaines erreurs, et leurs décisions concernant des détails techniques ont parfois été révoquées en appel par les tribunaux supérieurs de l’univers. Mais il est rare que ces Fils tombent dans l’erreur et ils ne se sont jamais lancés dans la rébellion. Dans toute l’histoire de Nébadon, on n’a jamais trouvé un Vorondadek outrageant le gouvernement de l’univers. 35:5.5 Le service des Vorondadeks dans les univers locaux est étendu et varié. Ils servent d’ambassadeurs auprès des autres univers et de consuls représentant des constellations à l’intérieur de leur univers natal. Parmi tous les ordres de filiation d’un univers local, c’est à eux que l’on confie le plus souvent la pleine délégation des pouvoirs souverains à exercer dans les situations critiques de l’univers. 35:5.6 Un observateur Vorondadek est habituellement présent sur les mondes isolés plongés dans les ténèbres spirituelles, ces sphères soumises à l’isolement planétaire à cause de leur rébellion et de leurs manquements, jusqu’au rétablissement de leur statut normal. Au cours de certaines crises, cet observateur Très Haut pourrait exercer une autorité absolue et arbitraire sur tous les êtres célestes affectés à cette planète. Les annales de Salvington mentionnent que les Vorondadeks ont parfois usé de cette autorité comme régents Très Hauts de telles planètes. Et il en a été aussi de même de mondes habités non touchés par la rébellion. 35:5.7 Il arrive fréquemment qu’un corps de douze Fils Vorondadeks ou davantage se constitue en haute cour de révision et d’appel à propos de cas spéciaux impliquant le statut d’une planète ou d’un système. Toutefois, leur travail relève plus largement de la fonction législative indigène des gouvernements de constellations. À la suite de tous ces services, les Fils Vorondadeks sont devenus les historiens des univers locaux. Ils sont personnellement au courant de toutes les luttes politiques et des bouleversements sociaux des mondes habités. 6. Les Pères des Constellations 35:6.1 Trois Vorondadeks au moins sont affectés au gouvernement de chacune des cent constellations d’un univers local. Ils sont choisis par le Fils Créateur et commissionnés par Gabriel avec le titre de Très Hauts des constellations pour y servir pendant un décamillénaire – 10 000 années standard, soit environ 50 000 ans du temps d’Urantia. Le Très Haut régnant, le Père de la Constellation, a deux associés, un sénior et un junior. À chaque changement d’administration, l’associé sénior devient chef du gouvernement, le junior assume les devoirs du sénior et les Vorondadeks sans affectation résidant sur les mondes de Salvington désignent un des leurs comme candidat susceptible d’assumer les responsabilités d’associé junior. Ainsi, selon la politique du moment, chacun des dirigeants Très Hauts passe, au siège d’une constellation, une période de service de trois décamillénaires, soit environ 150 000 ans d’Urantia. 35:6.2 Les cent Pères des Constellations, les chefs actuels présidant les gouvernements des constellations, constituent le cabinet consultatif suprême du Fils Créateur. Ce conseil siège fréquemment au monde-siège de l’univers. La portée et l’étendue de ses délibérations sont illimitées, mais il s’occupe principalement du bien-être des constellations et de l’unification de l’administration de l’univers local tout entier. 35:6.3 Quand les obligations du Père d’une constellation l’amènent à se rendre au siège de son univers local, ce qui arrive fréquemment, son associé sénior devient directeur en exercice des affaires de la constellation. L’associé sénior a pour fonction normale de surveiller les affaires spirituelles, tandis que l’associé junior s’occupe personnellement du bien-être physique de la constellation. Toutefois, aucune politique majeure n’est mise en œuvre dans une constellation sans que les trois Très Hauts soient d’accord sur tous les détails d’exécution. 35:6.4 Tout le mécanisme des renseignements spirituels et des canaux de communication est à la disposition des Très Hauts des constellations. Ils sont en parfait contact avec leurs supérieurs sur Salvington et avec leurs subordonnés directs, les souverains des systèmes locaux. Ils se réunissent fréquemment en conseil avec les Souverains de Systèmes pour délibérer sur l’état de la constellation. 35:6.5 Les Très Hauts s’entourent d’un corps de conseillers dont le nombre et la composition varient de temps en temps selon la présence de groupes divers au siège de la constellation et aussi selon la variation des besoins locaux. Pendant des périodes de tension, ils peuvent demander un complément de l’ordre des Fils Vorondadeks pour les aider dans le travail administratif, et ils les reçoivent rapidement. Norlatiadek, votre propre constellation, est présentement administrée par douze Fils Vorondadeks. 7. Les mondes Vorondadeks 35:7.1 Le second groupe de sept mondes dans le circuit des soixante-dix sphères primaires entourant Salvington comprend les planètes Vorondadeks. Chacune de ces sphères, avec les six satellites qui l’entourent, est consacrée à une phase spéciale des activités Vorondadeks. Les mortels ascendants atteignent, sur ces quarante-neuf royaumes, l’apogée de leur éducation sur la législation de l’univers. 35:7.2 Les ascendeurs mortels ont observé le fonctionnement des assemblées législatives sur les mondes-sièges des constellations, mais ici, sur les mondes Vorondadeks, ils participent à l’établissement de la législation générale actuelle de l’univers local sous la tutelle des Vorondadeks séniors. Ces ordonnances sont destinées à coordonner les diverses décisions des assemblées législatives autonomes des cent constellations. L’instruction que procurent les écoles Vorondadeks n’est pas surpassée même sur Uversa. Cet entrainement est progressif ; il part de la première sphère, avec des travaux complémentaires sur ses six satellites, et s’élève en passant par les six autres sphères primaires et leurs groupes satellites associés. 35:7.3 Les pèlerins ascendants prendront contact avec de nombreuses activités nouvelles sur ces mondes d’étude et de travail pratique. Il ne nous est pas interdit de révéler ces occupations nouvelles et insoupçonnées, mais nous désespérons de notre aptitude à dépeindre ces entreprises au mental matériel des êtres mortels. Nous manquons de terminologie pour communiquer la signification de ces activités célestes, et il n’y a pas d’activités humaines analogues qui puissent nous permettre d’illustrer ces nouvelles occupations des mortels ascendants lorsqu’ils poursuivent leurs études sur ces quarante-neuf mondes. En outre, beaucoup d’autres activités ne faisant pas partie du régime ascendant sont centrées sur les mondes Vorondadeks du circuit de Salvington. 8. Les Fils Lanonandeks 35:8.1 Après la création des Vorondadeks, le Fils Créateur et l’Esprit-Mère de l’Univers s’unissent en vue d’amener à l’existence le troisième ordre de filiation universelle, les Lanonandeks. Bien que les Lanonandeks s’occupent de diverses tâches liées à l’administration des systèmes, ils sont surtout connus comme Souverains de Systèmes, gouvernant les systèmes locaux, et comme Princes Planétaires, chefs administratifs des mondes habités. 35:8.2 Ces êtres font partie d’un ordre de filiation plus tardif et inférieur quant au niveau de divinité. Il leur a donc fallu suivre certains cours de formation sur les mondes Melchizédeks pour préparer leur service ultérieur. Ils furent les premiers étudiants de l’Université Melchizédek et ont été classés et confirmés par leurs maitres et examinateurs Melchizédeks selon leurs aptitudes, leur personnalité et leurs accomplissements. 35:8.3 L’univers de Nébadon commença son existence avec exactement douze-millions de Lanonandeks et, quand ils eurent passé par la sphère Melchizédek, ils furent divisés, au cours des épreuves finales, en trois classes : 35:8.4 1. Les Lanonandeks primaires. Le rang le plus élevé en comprit 709 841. Ce sont les Fils désignés comme Souverains de Systèmes et assistants auprès des conseils suprêmes des constellations, et comme conseillers dans le travail administratif supérieur de l’univers. 35:8.5 2. Les Lanonandeks secondaires. Lorsque les Fils de cet ordre sortirent de la sphère Melchizédek, ils étaient au nombre de 10 234 601. Ils reçoivent des missions de Princes Planétaires ou sont affectés aux réserves de l’ordre. 35:8.6 3. Les Lanonandeks tertiaires. Ce groupe contenait 1 055 558 Fils qui fonctionnent comme assistants subordonnés, messagers, conservateurs, commissaires et observateurs. Ils assurent les services divers d’un système et des mondes qui le composent. 35:8.7 Il n’est pas possible à ces Fils de progresser d’un groupe à l’autre comme le font les êtres évolutionnaires. Après avoir été instruits par les Melchizédeks, après avoir été une fois éprouvés et classifiés, ils servent toujours selon leur rang assigné. Ils ne se reproduisent pas non plus ; leur nombre dans l’univers est stationnaire. 35:8.8 En chiffres ronds, les Fils de l’ordre Lanonandek se classent sur Salvington comme suit : 35:8.9 Coordonnateurs de l’univers et conseillers de constellations 100 000 35:8.10 Souverains de Systèmes et assistants 600 000 35:8.11 Princes Planétaires et réserves 10 000 000 35:8.12 Corps des messagers 400 000 35:8.13 Conservateurs et archivistes 100 000 35:8.14 Corps de réserve 800 000 35:8.15 Les Lanonandeks appartiennent à un ordre de filiation quelque peu inférieur à celui des Melchizédeks et des Vorondadeks. Ils rendent donc des services encore plus grands dans les unités subordonnées de l’univers, car ils peuvent se rapprocher davantage des humbles créatures des races intelligentes. Ils courent aussi de plus grands risques de s’égarer, d’enfreindre la technique acceptable d’un gouvernement d’univers. Mais ces Lanonandeks, et spécialement ceux de l’ordre primaire, sont les plus capables et les plus doués de talents variés de tous les administrateurs d’un univers local. Quant à leur aptitude à exécuter, ils ne sont surpassés que par Gabriel et ses associés non révélés. 9. Les Chefs Lanonandeks 35:9.1 Les Lanonandeks sont permanents comme dirigeants de planètes et agissent à tour de rôle comme souverains de systèmes. Un Fils de leur ordre règne aujourd’hui sur Jérusem, quartier général de votre système local de mondes habités. 35:9.2 Les Souverains de Systèmes gouvernent en commissions de deux ou trois au siège de chaque système de mondes habités. Tous les dix-mille ans, le Père de la constellation nomme l’un de ces Lanonandeks comme chef, mais il arrive parfois que le chef de ce trio ne soit pas changé, les gouverneurs des constellations ayant toute liberté à ce sujet. Le personnel des gouvernements de système ne change pas subitement, à moins qu’une tragédie de quelque sorte n’advienne. 35:9.3 Lorsque des Souverains de Système ou des assistants sont rappelés, le conseil suprême situé au siège de la constellation les remplace en puisant dans les réserves de l’ordre. Sur Édentia, les réserves sont plus importantes que la moyenne indiquée. 35:9.4 Les conseils suprêmes des Lanonandeks sont stationnés aux sièges des diverses constellations. Ces corps sont présidés par le Très Haut associé sénior du Père de la Constellation, tandis que l’associé junior supervise les réserves de l’ordre secondaire. 35:9.5 Les Souverains de Système méritent vraiment leur nom ; ils sont à peu près souverains dans les affaires locales des mondes habités. Ils sont presque paternels dans la manière dont ils dirigent les Princes Planétaires, les Fils Matériels et les esprits tutélaires. L’emprise personnelle des souverains est quasi complète. Ces dirigeants ne sont pas supervisés par des observateurs de la Trinité venant de l’univers central. Ils sont la division exécutive de l’univers local. En tant que conservateurs chargés de mettre à exécution les ordonnances législatives et en tant qu’exécutifs chargés de l’application des verdicts judiciaires, ils se trouvent à la seule place dans toute l’administration de l’univers, où la déloyauté personnelle envers la volonté du Fils Micaël peut le plus facilement s’implanter et chercher à s’affirmer. 35:9.6 Notre univers local a eu la malchance que plus de sept-cents Fils de l’ordre des Lanonandeks se soient rebellés contre le gouvernement de l’univers, précipitant ainsi dans la confusion plusieurs systèmes et de nombreuses planètes. Parmi l’ensemble de ces défaillants, il n’y avait que trois Souverains de Système ; pratiquement tous ces Fils appartenaient au deuxième ou au troisième ordre, Princes Planétaires ou Lanonandeks tertiaires. 35:9.7 Le grand nombre des Fils qui ne sont pas demeurés intègres n’implique aucune faute chez leurs créateurs. Ils auraient pu être rendus divinement parfaits, mais ils furent créés de manière à mieux comprendre les créatures évolutionnaires habitant les mondes du temps et de l’espace, et à pouvoir se rapprocher d’elles. 35:9.8 De tous les univers locaux d’Orvonton, exception faite pour Henselon, c’est le nôtre qui a perdu le plus grand nombre de Fils de cet ordre. L’opinion générale répandue sur Uversa est que si nous avons eu tant de difficultés administratives dans Nébadon c’est parce que nos Fils de l’ordre des Lanonandeks ont été créés avec un très grand degré de liberté personnelle pour faire des choix et des projets. Je ne présente pas cette observation comme une critique. Le Créateur de notre univers a pleine autorité et pleins pouvoirs pour agir de la sorte. Bien que ces Fils dotés d’un tel libre arbitre provoquent des malheurs excessifs dans les premiers âges de l’univers, nos hauts dirigeants soutiennent qu’au moment où les choses seront complètement passées au crible et définitivement arrangées, les gains de loyauté supérieure et de service volontaire plus complet de la part de ces Fils désormais bien éprouvés compenseront plus que largement la confusion et les tribulations des époques primitives. 35:9.9 En cas de rébellion au quartier général d’un système, un nouveau souverain est généralement installé dans un délai relativement court, mais il n’en est pas de même sur les planètes individuelles. Elles sont les unités composantes de la création matérielle, et le libre arbitre des créatures est un facteur dans le jugement final de tous ces problèmes. Des Princes Planétaires successeurs sont désignés pour les mondes isolés, les planètes dont les princes d’autorité peuvent avoir failli, mais ils n’assument pas le gouvernement actif de ces mondes avant que les conséquences de l’insurrection ne soient partiellement dominées et remplacées par les mesures réparatrices adoptées par les Melchizédeks et d’autres personnalités tutélaires. La rébellion d’un Prince Planétaire isole instantanément sa planète ; les circuits spirituels locaux sont immédiatement coupés. Seul un Fils d’effusion peut rétablir les lignes de communication interplanétaires sur un tel monde spirituellement isolé. 35:9.10 Il existe un plan pour sauver les Fils Lanonandeks indociles et peu sages ; beaucoup d’entre eux ont utilisé cette provision de miséricorde, mais il ne leur sera plus jamais permis d’opérer dans les positions où ils ont échoué. Après réhabilitation, ils sont affectés à des tâches de conservateurs et à des départements d’administration physique. 10. Les mondes Lanonandeks 35:10.1 Dans le circuit des soixante-dix planètes de Salvington, le troisième groupe de sept mondes avec leurs quarante-deux satellites respectifs constitue l’amas Lanonandek de sphères administratives. Sur ces royaumes, les Lanonandeks expérimentés appartenant au corps de ceux qui furent Souverains de Systèmes remplissent les fonctions d’instructeurs administratifs des pèlerins ascendants et des armées séraphiques. Sur les capitales systémiques, les mortels évolutionnaires observent le travail des administrateurs du système, mais ici ils participent à la coordination effective des décisions administratives des dix-mille systèmes locaux. 35:10.2 Ces écoles administratives de l’univers local sont supervisées par un corps de Fils Lanonandeks qui ont eu une longue expérience comme Souverains de Systèmes et comme conseillers de constellations. Ces collèges exécutifs ne sont surpassés que par les écoles administratives d’Ensa. 35:10.3 En même temps qu’ils servent de sphères d’entrainement pour les ascendeurs mortels, les mondes Lanonandeks sont les centres d’entreprises étendues concernant les opérations administratives normales et ordinaires de l’univers. Sur toute la route du Paradis, les pèlerins ascendants poursuivent leurs études dans les écoles pratiques de connaissances appliquées – ils s’entrainent en faisant effectivement les choses qu’on leur enseigne. Le système éducatif universel parrainé par les Melchizédeks est pratique, progressif, significatif et expérientiel. Il englobe l’entrainement dans les choses matérielles, intellectuelles, morontielles et spirituelles. 35:10.4 C’est en relation avec les sphères administratives des Lanonandeks que la plupart des Fils récupérés de cet ordre servent comme conservateurs et directeurs des affaires planétaires. Les Princes Planétaires défaillants et leurs associés rebelles qui choisissent d’accepter la réhabilitation offerte continueront à servir dans ces postes de travail courant, au moins jusqu’à ce que l’univers de Nébadon soit ancré dans la lumière et la vie. 35:10.5 Beaucoup de Fils Lanonandeks des systèmes les plus anciens ont toutefois établi de magnifiques curriculums de service, d’administration et d’accomplissement spirituel. Ils forment un groupe noble, fidèle et loyal, malgré leur tendance à tomber dans l’erreur par des sophismes de liberté personnelle et des fictions d’autodétermination. 35:10.6 [Parrainé par le chef des archanges agissant par autorité de Gabriel de Salvington.] Fascicule 36. Les Porteurs de Vie 36:0.1 La vie ne prend pas naissance spontanément. Elle est construite selon les plans formulés par les Architectes de l’Être (non révélés) et apparait sur les planètes habitées soit par importation directe, soit comme résultat des opérations des Porteurs de Vie des univers locaux. Ces Porteurs de Vie comptent parmi les membres les plus intéressants et les plus doués de la famille diversifiée des Fils d’univers. Ils sont chargés d’élaborer la vie des créatures et de la porter aux sphères planétaires. Après avoir implanté cette vie sur ces mondes nouveaux, ils y restent pendant de longues périodes pour favoriser son développement. 1. Origine et nature des Porteurs de Vie 36:1.1 Bien que les Porteurs de Vie appartiennent à la famille de filiation divine, ils sont un type particulier et distinct de Fils d’univers car ils constituent dans un univers local le seul groupe de vie intelligente à la création duquel les dirigeants du superunivers participent. Les Porteurs de Vie sont les descendants de trois personnalités préexistantes : le Fils Créateur, l’Esprit-Mère de l’Univers et, par désignation, l’un des trois Anciens des Jours présidant aux destinées du superunivers intéressé. Ces Anciens des Jours, seuls à pouvoir décréter l’anéantissement de la vie intelligente, participent à la création des Porteurs de Vie qui sont chargés d’établir la vie physique sur les mondes en évolution. 36:1.2 Dans l’univers de Nébadon, nos archives mentionnent la création de cent-millions de Porteurs de Vie. Ce corps efficace de disséminateurs de vie n’est pas un groupe vraiment autonome. Il est dirigé par le trio déterminateur de vie composé de Gabriel, du Père Melchizédek et de Nambia, le Porteur de Vie originel et premier-né de Nébadon. Mais, dans toutes les phases de son administration divisionnaire, il est autonome. 36:1.3 Les Porteurs de Vie sont classés en trois grandes catégories : premièrement les Porteurs de Vie séniors, deuxièmement les assistants et troisièmement les conservateurs. La catégorie primaire est subdivisée en douze groupes de spécialistes des diverses formes de manifestation de la vie. La ségrégation en trois catégories fut effectuée par les Melchizédeks qui conduisirent des expériences à cet effet sur la sphère-siège des Porteurs de Vie. Depuis lors, les Melchizédeks ont toujours été étroitement associés aux Porteurs de Vie et les accompagnent toujours lorsqu’ils partent pour implanter la vie sur une nouvelle planète. 36:1.4 Quand une planète évolutionnaire est définitivement ancrée dans la lumière et la vie, les Porteurs de Vie s’organisent en corps délibératifs supérieurs à capacité consultative pour contribuer à l’administration et au développement ultérieur du monde et de ses êtres glorifiés. Dans les âges postérieurs et bien établis d’un univers évoluant, de nombreuses nouvelles charges sont confiées aux Porteurs de Vie. 2. Les mondes des Porteurs de Vie 36:2.1 Les Melchizédeks exercent la surveillance générale du quatrième groupe de sept sphères primaires dans le circuit de Salvington. Ces mondes des Porteurs de vie sont désignés comme suit : 36:2.2 1. Le siège des Porteurs de Vie. 36:2.3 2. La sphère des projets de vie. 36:2.4 3. La sphère de conservation de la vie. 36:2.5 4. La sphère de l’évolution de la vie. 36:2.6 5. La sphère de la vie liée au mental. 36:2.7 6. La sphère du mental et de l’esprit chez les êtres vivants. 36:2.8 7. La sphère de la vie non révélée. 36:2.9 Chacune de ces sphères est entourée de six satellites sur lesquels sont centrées les phases spéciales de toutes les activités des Porteurs de Vie dans l’univers. 36:2.10 Le monde numéro un, la sphère-siège, ainsi que ses six satellites tributaires, est consacré à l’étude de la vie universelle, la vie dans toutes ses phases de manifestations connues. C’est là qu’est situé le collège des projets de vie où fonctionnent des maitres et des conseillers d’Uversa, de Havona et même du Paradis. J’ai la permission de révéler que les sept emplacements centraux des esprits-mentaux adjuvats sont situés sur ce monde des Porteurs de Vie. 36:2.11 Le nombre 10, base du système décimal, est inhérent à l’univers physique, mais non à l’univers spirituel. Le domaine de la vie est caractérisé par 3, 7 et 12, ou par des multiples et des combinaisons de ces trois nombres fondamentaux. Il existe trois plans de vie primordiaux et essentiellement différents, suivant l’ordre des trois Sources-Centres du Paradis, et, dans l’univers de Nébadon, ces trois formes fondamentales de vie sont séparées sur trois types différents de planètes. Originellement, il y avait douze concepts distincts et divins de la vie transmissible. Ce nombre 12, avec ses subdivisions et ses multiples, se retrouve dans tous les modèles fondamentaux de vie des sept superunivers. Il existe aussi sept types architecturaux de modèles vitaux, sept combinaisons fondamentales des configurations de reproduction de la matière vivante. Les modèles de vie d’Orvonton sont organisés sous la forme de douze porteurs d’hérédité. Les différents ordres de créatures volitives sont organisés suivant les nombres 12, 24, 48, 96, 192, 384 et 768. Sur Urantia, les cellules sexuelles de la reproduction humaine comportent quarante-huit unités de contrôle archétypal – les déterminateurs de caractéristiques. 36:2.12 Le monde numéro deux est la sphère des projets de vie ; c’est là que s’élaborent tous les nouveaux modes d’organisation de la vie. Les modèles de vie originaux sont fournis par le Fils Créateur, mais la mise en œuvre effective des plans est confiée aux Porteurs de Vie et à leurs associés. Lorsque les plans généraux de vie pour un nouveau monde ont été formulés, ils sont transmis à la sphère-siège, où ils sont minutieusement scrutés par le conseil suprême des Porteurs de Vie séniors en collaboration avec un corps consultatif de Melchizédeks. Si les plans s’écartent des formules précédemment admises, il faut que le Fils Créateur en décide et les approuve. Le chef des Melchizédeks représente souvent le Fils Créateur dans ces délibérations. 36:2.13 La vie planétaire comporte donc de nombreuses variantes sur chaque monde évolutionnaire, tout en y restant similaire sous certains rapports. Même dans une série de vie uniforme d’une seule famille de mondes, la vie n’est pas exactement la même sur deux planètes données. Il existe toujours un type planétaire, parce que les Porteurs de Vie fournissent un effort constant pour améliorer les formules vitales confiées à leur garde. 36:2.14 Les modèles d’origine et les nombreuses variantes fonctionnelles de base des manifestations de vie sont constitués par plus d’un million de formules chimiques fondamentales ou cosmiques. Le satellite numéro un de la sphère des projets de vie est le royaume des physiciens et des électrochimistes universels qui servent d’assistants techniques aux Porteurs de Vie dans le travail consistant à capter, organiser et manipuler les unités essentielles d’énergie employées pour bâtir les véhicules matériels de transmission de la vie, ceux que l’on désigne sous le nom de plasma germinatif. 36:2.15 Les laboratoires planétaires de projets de vie sont situés sur le second satellite de ce monde numéro deux. Les Porteurs de Vie et tous leurs associés collaborent avec les Melchizédeks dans ces laboratoires, en faisant des efforts pour modifier, et peut-être améliorer, la vie à implanter sur les planètes décimales de Nébadon. La vie qui évolue aujourd’hui sur Urantia fut préparée et partiellement élaborée sur ce monde même, car Urantia est une planète décimale, un monde expérimental de vie. Neuf mondes sur dix ne sont pas expérimentaux. Sur le dixième, il est permis de s’écarter davantage des modèles de la vie. 36:2.16 Le monde numéro trois est consacré à la conservation de la vie. Les assistants et les conservateurs du corps des Porteurs de Vie y étudient et y développent divers modes de protection et de préservation de la vie. Pour chaque monde nouveau, les plans de vie prévoient toujours que l’on installera de bonne heure la commission de conservation de la vie, composée de conservateurs spécialisés dans la manipulation experte des modèles de vie fondamentaux. Sur Urantia, il y eut vingt-quatre commissaires conservateurs de cet ordre, deux pour chaque modèle fondamental ou ancestral de l’organisation architecturale des matériaux de vie. Sur des planètes comme la vôtre, la forme de vie la plus élevée est reproduite par un faisceau porteur de vie comprenant vingt-quatre unités modèles. (Et, puisque la vie intellectuelle se développe en partant de la vie physique et en s’appuyant sur elle, c’est ainsi que les vingt-quatre ordres fondamentaux d’organisation psychique viennent à l’existence.) 36:2.17 La sphère numéro quatre et ses satellites tributaires sont consacrés à l’étude de l’évolution de la vie des créatures en général, et aux antécédents évolutionnaires de chaque niveau de vie en particulier. Il faut que le plasma vital originel d’un monde évolutionnaire contienne dans sa plénitude le potentiel nécessaire à toutes les variations de développement futures et à tous les changements et modifications évolutionnaires ultérieurs. Les dispositions à prendre pour des projets de métamorphoses vitales ayant une aussi grande portée peuvent nécessiter l’apparition de nombreuses formes, apparemment inutiles, de vie animale et végétale. Ces sous-produits prévus ou imprévus de l’évolution planétaire n’apparaissent au stade de l’action que pour disparaitre, mais, dans et à travers tout ce long processus, court le fil des formules sages et intelligentes établies par les auteurs originaux du plan de vie planétaire et du développement des espèces. Les multiples sous-produits de l’évolution biologique sont tous essentiels pour que les formes supérieures de vie intelligente puissent fonctionner pleinement et définitivement, bien qu’une grande disharmonie extérieure puisse prévaloir de temps en temps dans la longue lutte ascendante des créatures supérieures pour acquérir la maitrise des formes inférieures de vie, dont beaucoup sont parfois si opposées à la paix et au confort des créatures évoluantes douées de volonté. 36:2.18 Le monde numéro cinq s’occupe entièrement de la vie associée au mental. Chacun de ses satellites est consacré à l’étude d’une seule phase du mental de la créature relié à la vie de la créature. Le mental tel que les hommes le comprennent est un don des sept esprits-mentaux adjuvats, surimposé par les agents de l’Esprit Infini, aux niveaux du mental non enseignable ou machinal. Les modèles de vie réagissent diversement à ces adjuvats et aux divers ministères spirituels opérant dans les univers du temps et de l’espace. La capacité des créatures matérielles de réagir spirituellement dépend entièrement de leurs dotations mentales associées, qui à leur tour ont orienté le cours de l’évolution biologique de ces mêmes créatures mortelles. 36:2.19 Le monde numéro six est consacré à la corrélation entre le mental et l’esprit tels qu’ils sont associés dans les formes et organismes vivants. Ce monde et ses six satellites tributaires englobent les écoles de coordination des créatures où des maitres, venant de l’univers central et du superunivers, collaborent avec des instructeurs de Nébadon pour présenter les niveaux les plus élevés auxquels les créatures peuvent aboutir dans le temps et l’espace. 36:2.20 La septième sphère des Porteurs de Vie est consacrée aux domaines non révélés de la vie évolutionnaire des créatures en liaison avec la philosophie cosmique de la factualisation croissante de l’Être Suprême. 3. Transplantation de la vie 36:3.1 La vie n’apparait pas spontanément dans les univers ; sur les planètes stériles, il faut qu’elle soit instaurée par les Porteurs de Vie. Ils sont les transporteurs, les disséminateurs et les gardiens de la vie telle qu’elle apparait sur les mondes évolutionnaires de l’espace. Toute la vie des espèces et des formes connues sur Urantia surgit par ces Fils, bien que les formes de vie planétaire n’existent pas toutes sur Urantia. 36:3.2 Le corps des Porteurs de Vie mandatés pour implanter la vie sur un monde nouveau se compose habituellement de cent porteurs séniors, cent assistants et mille conservateurs. Les Porteurs de Vie transportent souvent le plasma vital même sur un monde nouveau, mais pas toujours. Ils organisent parfois les modèles de vie après leur arrivée sur leurs planètes d’affectation, et conformément à des formules antérieurement approuvées pour une nouvelle aventure d’établissement de la vie. Telle fut l’origine de la vie planétaire sur Urantia. 36:3.3 Quand les modèles physiques conformes aux formules approuvées ont été fournis, alors les Porteurs de Vie catalysent ces matériaux inanimés en leur communiquant à travers leur personne l’étincelle vitale d’esprit, et aussitôt les modèles inertes deviennent de la matière vivante. 36:3.4 L’étincelle vitale – le mystère de la vie – est conférée par l’entremise des Porteurs de Vie, mais ne vient pas d’eux. Il est vrai qu’ils supervisent l’opération et qu’ils élaborent le plasma vital lui-même, mais c’est l’Esprit-Mère de l’univers qui fournit le facteur essentiel du plasma vivant. C’est de la Fille Créative de l’Esprit Infini que provient l’étincelle d’énergie qui anime le corps et laisse présager le mental. 36:3.5 En conférant la vie, les Porteurs de Vie ne transmettent rien de leur nature personnelle, pas même sur les sphères où de nouveaux ordres de vie sont projetés. À ces moments-là, ils se bornent à faire jaillir et à transmettre l’étincelle de vie – à faire démarrer les rotations nécessaires de la matière selon les spécifications physiques, chimiques et électriques des plans et modèles prescrits. Les Porteurs de Vie sont de vivantes présences catalytiques qui agitent, organisent et vitalisent les éléments, par ailleurs inertes, de l’ordre matériel d’existence. 36:3.6 Pour établir la vie sur un monde nouveau, les Porteurs de Vie d’un corps planétaire se voient accorder un certain délai, environ un demi-million d’années du temps de la planète en question. À la fin de cette période, marquée par certains aboutissements dans le développement de la vie planétaire, ils cessent leurs efforts d’implantation et il leur est désormais interdit d’ajouter quoi que ce soit de neuf ou de supplémentaire à la vie de cette planète. 36:3.7 Durant les âges compris entre l’établissement de la vie et l’émergence de créatures humaines ayant un statut moral, les Porteurs de Vie sont autorisés à manipuler le milieu vital et à orienter favorablement par ailleurs le cours de l’évolution biologique. Ils agissent de la sorte pendant de longues périodes. 36:3.8 Lorsque les Porteurs de Vie opérant sur un monde nouveau ont réussi une fois à produire un être doué de volonté, ayant pouvoir de décision morale et de choix spirituel, leur travail prend fin – ils en ont fini, ils ne peuvent manipuler davantage la vie évoluante. L’évolution des créatures vivantes doit désormais se poursuivre conformément à la dotation inhérente à leur nature et aux tendances déjà imprimées et fixées dans les formules et les modèles de la vie planétaire. Les Porteurs de Vie n’ont pas la permission d’expérimenter avec la volonté ou de s’immiscer dans la volonté ; il leur est interdit de dominer ou d’influencer arbitrairement des créatures morales. 36:3.9 Lors de l’arrivée d’un Prince Planétaire, ils prennent leurs dispositions de départ, mais deux porteurs séniors et douze conservateurs peuvent faire des vœux temporaires de renonciation et se porter volontaires pour rester sur la planète pendant un temps indéterminé, en tant que conseillers en matière de développement ultérieur et de conservation du plasma vital. Deux de ces Fils et leurs douze associés servent présentement sur Urantia. 4. Les porteurs de vie Melchizédeks 36:4.1 Dans chacun des systèmes de mondes habités de tout Nébadon, il existe une sphère unique où les Melchizédeks ont fonctionné comme porteurs de vie. Ces résidences s’appellent les mondes midsonites des systèmes, et, sur chacun d’eux, un Fils Melchizédek matériellement modifié s’est accouplé avec une Fille sélectionnée de l’ordre matériel de filiation. Les Mères Èves de ces mondes midsonites proviennent du siège de juridiction du système, ayant été choisies par ce porteur de vie Melchizédek. Elles sont choisies parmi les nombreuses volontaires qui ont répondu à l’appel adressé par le Souverain du Système aux Filles Matérielles de sa sphère. 36:4.2 Les descendants d’un porteur de vie Melchizédek et d’une Fille Matérielle sont connus sous le nom de midsonitaires. Le père Melchizédek de cette race de créatures célestes finit par quitter la planète où il a exercé sa fonction vitale exceptionnelle, et la Mère Ève de cet ordre spécial d’êtres de l’univers s’en va aussi quand apparait la septième génération de sa descendance planétaire. La direction de ce monde passe alors à son fils ainé. 36:4.3 Les créatures midsonites vivent et fonctionnent sur leurs mondes magnifiques comme êtres reproducteurs jusqu’à ce qu’elles soient âgées de mille ans standards, sur quoi elles sont transférées ailleurs par transport séraphique. Après cela, les midsonitaires ne peuvent plus se reproduire, parce que la technique de dématérialisation par laquelle ils passent pour être transportables par des séraphins les prive définitivement de leurs facultés reproductrices. 36:4.4 Le présent statut de ces êtres ne peut guère être qualifié de mortel ou d’immortel, et l’on ne peut pas non plus les classer nettement comme humains ou comme divins. Ces créatures ne sont pas habitées par un Ajusteur, donc elles ne sont pas tout à fait immortelles. Mais elles ne paraissent pas non plus mortelles ; aucun midsonitaire n’est passé par la mort. Tous les midsonitaires nés dans Nébadon sont encore vivants aujourd’hui. Ils fonctionnent soit sur leurs mondes d’origine, soit sur des sphères intermédiaires, soit sur la sphère midsonite de Salvington dans le groupe de mondes des finalitaires. 36:4.5 Les mondes des finalitaires de Salvington. Les porteurs de vie Melchizédeks ainsi que les Mères Èves associées quittent les sphères midsonites systémiques pour les mondes des finalitaires du circuit de Salvington, où leurs descendants sont aussi destinés à se réunir. 36:4.6 Il y a lieu d’expliquer, à cette occasion, que le cinquième groupe de sept sphères primaires dans le circuit de Salvington est celui des mondes des finalitaires de Nébadon. Les enfants des porteurs de vie Melchizédeks et des Filles Matérielles sont domiciliés sur le septième monde des finalitaires, la sphère midsonite de Salvington. 36:4.7 Les satellites des sept mondes primaires des finalitaires sont le lieu de rencontre des personnalités de l’univers central et des superunivers qui se trouvent en mission dans Nébadon. Les mortels ascendants peuvent aller et venir librement sur tous les mondes culturels et les sphères éducatives des 490 mondes englobant l’Université Melchizédek, mais l’accès de certaines écoles spéciales et de nombreuses zones réservées leur est défendu. Cette interdiction joue particulièrement pour les quarante-neuf sphères placées sous la juridiction des finalitaires. 36:4.8 Le but des créatures midsonites n’est pas présentement connu, mais il semblerait que ces personnalités se rassemblent sur le septième monde finalitaire pour se préparer à une éventualité future dans l’évolution de l’univers. Nos demandes de renseignements au sujet des races midsonites sont toujours soumises aux finalitaires, et ceux-ci refusent toute discussion sur la destinée de leurs pupilles. Indépendamment de notre incertitude au sujet de l’avenir des midsonitaires, nous savons que chaque univers local d’Orvonton héberge une accumulation croissante de ces créatures mystérieuses. Les porteurs de vie Melchizédeks croient que leurs enfants midsonites recevront, un jour, de Dieu l’Ultime, le don transcendantal et éternel de l’esprit d’absonité. 5. Les sept esprits-mentaux adjuvats 36:5.1 C’est la présence des sept esprits-mentaux adjuvats sur les mondes primitifs qui conditionne le cours de l’évolution organique ; cela explique pourquoi l’évolution est préméditée et non accidentelle. Ces adjuvats représentent cette fonction du ministère du mental de l’Esprit Infini qui est étendue jusqu’aux ordres inférieurs de vie intelligente par l’intermédiaire de l’Esprit-Mère d’un univers local. Les adjuvats sont les enfants de l’Esprit-Mère de l’Univers et constituent son ministère personnel auprès du mental matériel des royaumes. Quel que soit le lieu ou le temps où se manifeste un tel mental, ces esprits sont diversement en fonction. 36:5.2 Les sept esprits-mentaux adjuvats ont reçu des noms qui équivalent aux désignations suivantes : intuition, compréhension, courage, connaissance, conseil, adoration et sagesse. Ces esprits-mentaux font sentir leur influence sur tous les mondes habités sous forme d’une impulsion différentielle, chacun recherchant la capacité de réception lui permettant de se manifester tout à fait indépendamment du degré de réceptivité et des occasions de fonctionner rencontrées par ses compagnons. 36:5.3 Les emplacements centraux des esprits adjuvats sur le monde-siège des Porteurs de Vie indiquent aux superviseurs des Porteurs de Vie l’étendue et la qualité de la fonction mentale des adjuvats sur n’importe quel monde et dans n’importe quel organisme vivant donné ayant statut intellectuel. Ces foyers du mental vivant sont de parfaits indicateurs de fonctions mentales vivantes pour les cinq premiers adjuvats. Mais, en ce qui concerne les sixième et septième esprits-adjuvats – adoration et sagesse – ces points d’appui centraux ne traduisent qu’une fonction qualitative. L’activité quantitative de l’adjuvat d’adoration et de l’adjuvat de sagesse s’enregistre en la présence immédiate de la Divine Ministre sur Salvington, car il s’agit d’une expérience personnelle de l’Esprit-Mère de l’Univers. 36:5.4 Les sept esprits-mentaux adjuvats accompagnent toujours les Porteurs de Vie sur une nouvelle planète, mais il ne faudrait pas les considérer comme des entités. Ils ressemblent davantage à des circuits. Les esprits des sept adjuvats de l’univers ne fonctionnent pas comme personnalités distinctes de la présence universelle de la Divine Ministre ; ils sont en fait un de ses niveaux de conscience et restent toujours subordonnés à l’action et à la présence de leur mère créative. 36:5.5 Nous manquons de terminologie pour désigner d’une manière adéquate ces sept esprits-mentaux adjuvats. Ils sont ministres de niveaux inférieurs du mental expérientiel, et nous pouvons les décrire comme suit dans l’ordre d’aboutissement évolutionnaire : 36:5.6 1. L’esprit d’intuition – la perception rapide, les instincts réflexes physiques primitifs inhérents à toutes les créations mentales, leur faculté d’orientation et les diverses formes de leur instinct de conservation. C’est le seul adjuvat qui fonctionne si largement dans les ordres inférieurs de vie animale, et le seul qui établisse un contact fonctionnel étendu avec les niveaux non enseignables du mental machinal. 36:5.7 2. L’esprit de compréhension – l’impulsion de coordination, l’association d’idées spontanée et apparemment automatique. C’est le don de coordonner les connaissances acquises, le phénomène du raisonnement vif, du jugement rapide et de la décision prompte. 36:5.8 3. L’esprit de courage – le don de fidélité. Chez les êtres personnels, il est la base de la formation du caractère, la racine intellectuelle de la vigueur morale et de la bravoure spirituelle. Quand cet esprit est illuminé par les faits et inspiré par la vérité, il devient le secret de l’impulsion de l’ascension évolutionnaire par les voies de la gouverne autonome intelligente et consciente. 36:5.9 4. L’esprit de connaissance – la curiosité, mère de l’aventure et de la découverte, l’esprit scientifique, le guide et le fidèle associé des esprits de courage et de conseil, l’impulsion à orienter les dons de courage dans des sentiers de croissance utiles et progressifs. 36:5.10 5. L’esprit de conseil – l’impulsion sociale, le don de coopération avec l’espèce, l’aptitude des créatures volitives à s’harmoniser avec leurs compagnons, l’origine de l’instinct grégaire chez les créatures plus humbles. 36:5.11 6. L’esprit d’adoration – l’impulsion religieuse, la première impulsion différentielle séparant les créatures mentales en deux règnes fondamentaux d’existence mortelle. L’esprit d’adoration distingue à tout jamais l’être animal, auquel il est associé, des créatures sans âmes douées de mental. L’adoration est l’insigne de la candidature à l’ascension spirituelle. 36:5.12 7. L’esprit de sagesse – la tendance naturelle chez toutes les créatures morales à progresser au sein d’une évolution ordonnée. Cet adjuvat est le plus élevé des sept ; c’est l’esprit qui coordonne et articule le travail de tous les autres. Cet esprit est le secret de l’impulsion innée des créatures mentales à entamer et à soutenir le programme effectif et pratique de l’échelle ascendante de l’existence ; ce don des choses vivantes qui explique l’incompréhensible aptitude des créatures vivantes à survivre, et à utiliser dans leur survie la coordination de toute leur expérience passée et de toutes les occasions présentes pour acquérir la totalité de ce que les six autres ministres mentaux peuvent mobiliser dans le mental de l’organisme intéressé. La sagesse est l’apogée des performances intellectuelles. La sagesse est le but d’une existence purement mentale et morale. 36:5.13 Les esprits-mentaux adjuvats croissent en expérience, mais ne deviennent jamais personnels. Ils évoluent dans leur fonction ; et la fonction des cinq premiers adjuvats dans le règne animal est, dans une certaine mesure, essentielle pour permettre à l’ensemble des sept de fonctionner comme intellect humain. Cette relation avec les animaux rend les adjuvats plus pratiquement efficaces en tant que mental humain ; les animaux sont donc, dans une certaine mesure, indispensables à l’évolution intellectuelle de l’homme aussi bien qu’à son évolution physique. 36:5.14 Ces adjuvats mentaux de l’Esprit-Mère d’un univers local sont reliés à la vie des créatures, ayant statut d’intelligence, d’une manière fort analogue à la liaison des centres de pouvoir et des contrôleurs physiques avec les forces non vivantes de l’univers. Ils rendent des services inestimables dans les circuits mentaux des mondes habités ; ils collaborent efficacement avec les Maitres Contrôleurs Physiques, qui servent aussi de contrôleurs et directeurs des niveaux mentaux préadjuvats, les niveaux non enseignables ou machinaux du mental. 36:5.15 Avant l’apparition de la capacité d’apprendre par expérience, le mental vivant relève du domaine des Maitres Contrôleurs Physiques. Avant d’acquérir l’aptitude à reconnaitre la divinité et à adorer la Déité, le mental des créatures est le domaine exclusif des esprits adjuvats. Lorsque la sensibilité spirituelle de l’intellect des créatures apparait, le mental créé devient aussitôt supermental et se trouve immédiatement encircuité dans les cycles spirituels de l’Esprit-Mère de l’univers local. 36:5.16 En aucune manière les esprits-mentaux adjuvats ne sont directement reliés à la fonction variée et hautement spirituelle de l’esprit de la présence personnelle de la Divine Ministre, le Saint-Esprit des mondes habités ; mais ils sont fonctionnellement antérieurs et préparatoires à l’apparition de ce même esprit chez l’homme évolutionnaire. Les adjuvats procurent à l’Esprit-Mère de l’Univers un contact varié avec les créatures matérielles vivantes d’un univers local et un contrôle sur elles, mais ils ne produisent pas de répercussion chez l’Être Suprême quand ils agissent sur les niveaux prépersonnels. 36:5.17 Le mental non spirituel est soit une manifestation d’énergie de l’esprit, soit un phénomène d’énergie physique. Même le mental humain, le mental personnel, ne possède pas de qualités de survie en dehors de son identification avec l’esprit. Le mental est un don de divinité, mais il n’est pas immortel quand il fonctionne sans clairvoyance spirituelle et qu’il est dépourvu de l’aptitude à adorer et à désirer la survie. 6. Les forces vivantes 36:6.1 La vie est à la fois mécaniste et vitaliste – matérielle et spirituelle. Les physiciens et les chimistes d’Urantia progresseront toujours dans leur compréhension des formes protoplasmiques de la vie animale et végétale, mais jamais ils ne seront capables de produire des organismes vivants. La vie est quelque chose qui diffère de toutes les manifestations d’énergie. Même la vie matérielle des créatures physiques n’est pas inhérente à la matière. 36:6.2 Les choses matérielles peuvent jouir d’une existence indépendante, mais la vie ne jaillit que de la vie. Le mental ne peut dériver que d’un mental préexistant. L’esprit ne prend son origine que chez des ancêtres d’esprit. La créature peut produire les formes de la vie, mais seule une personnalité créatrice ou une force créative peut fournir l’étincelle vivante animatrice. 36:6.3 Les Porteurs de Vie peuvent organiser les formes matérielles ou modèles physiques des êtres vivants, mais c’est l’Esprit qui fournit l’étincelle initiale de vie et confère la dotation du mental. Même les formes vivantes de la vie expérimentale que les Porteurs de Vie organisent sur leurs mondes de Salvington sont toujours dépourvues de pouvoirs reproducteurs. Quand les formules de vie et les modèles vitaux sont correctement assemblés et convenablement organisés, la présence d’un Porteur de Vie est suffisante pour inaugurer la vie, mais il manque à ces organismes vivants deux attributs essentiels – le don du mental et les pouvoirs reproducteurs. Le mental animal et le mental humain sont des dons de l’Esprit-Mère de l’univers local fonctionnant par l’intermédiaire des sept esprits-mentaux adjuvats, tandis que l’aptitude des créatures à se reproduire est l’apport spécifique et personnel de l’Esprit de l’Univers au plasma vital ancestral inauguré par les Porteurs de Vie. 36:6.4 Quand les Porteurs de Vie ont élaboré les modèles de vie après avoir organisé les systèmes d’énergie, un phénomène supplémentaire doit encore se produire ; il faut que « le souffle de vie » soit communiqué à ces formes inanimées. Les Fils de Dieu peuvent construire les formes de vie, mais c’est l’Esprit de Dieu qui fournit réellement l’étincelle vitale. Et, quand la vie ainsi communiquée est épuisée, le corps matériel qui subsiste redevient de la matière morte. Quand la vie octroyée est épuisée, le corps retourne au sein de l’univers matériel auquel il a été emprunté par les Porteurs de Vie pour servir de véhicule provisoire à la dotation de vie qu’ils avaient transmise à cette association visible d’énergie-matière. 36:6.5 La vie attribuée aux plantes et aux animaux par les Porteurs de Vie ne retourne pas aux Porteurs de Vie après la mort de la plante ou de l’animal. La vie qui abandonne la créature vivante ne possède ni identité ni personnalité ; elle ne survit pas individuellement à la mort. Durant son existence et le temps de son séjour dans le corps matériel, elle a subi un changement, une évolution énergétique, et survit seulement comme fraction des forces cosmiques de l’univers ; elle ne survit pas en tant que vie individuelle. La survie des créatures mortelles est entièrement basée sur l’évolution d’une âme immortelle à l’intérieur du mental mortel. 36:6.6 Nous parlons de la vie comme d’une « énergie » et d’une « force », mais en réalité elle n’est ni l’une ni l’autre. L’énergie-force est diversement sensible à la gravité, la vie ne l’est pas. L’archétype n’est pas non plus sensible à la gravité, étant une configuration d’énergies qui ont déjà rempli toutes les obligations réactionnelles envers la gravité. La vie par elle-même constitue l’animation d’un système d’énergies – matérielle, mentale ou spirituelle – conforme à un archétype ou sélectionné d’une autre manière. 36:6.7 Certaines choses se rapportant à l’élaboration de la vie sur les planètes évolutionnaires ne sont pas tout à fait claires pour nous. Nous comprenons pleinement l’organisation physique des formules électrochimiques des Porteurs de Vie, mais nous ne saisissons pas complètement la nature et la source de l’étincelle animatrice de vie. Nous savons que la vie découle du Père, passe par le Fils et se répand par l’Esprit. Il est plus que probable que les Maitres Esprits sont le canal septuple du fleuve de vie répandu sur toute la création. Mais nous ne comprenons pas la technique par laquelle le Maitre Esprit superviseur participe à l’épisode initial du don de la vie à une nouvelle planète. Nous sommes persuadés que les Anciens des Jours jouent aussi un rôle dans l’implantation de la vie sur un monde nouveau, mais nous en ignorons complètement la nature. Nous savons que l’Esprit-Mère de l’Univers vitalise effectivement les modèles inanimés et communique au plasma ainsi activé les prérogatives de reproduction des organismes. Nous remarquons que ce trio représente les niveaux de Dieu le Septuple et que ses membres sont parfois appelés les Créateurs Suprêmes du temps et de l’espace, mais autrement nous n’en savons guère plus que les mortels d’Urantia – simplement que le concept est inhérent au Père, l’expression, au Fils et la réalisation vivante, à l’Esprit. 36:6.8 [Rédigé par un Fils Vorondadek stationné sur Urantia comme observateur, et agissant en cette qualité sur requête du Chef Melchizédek du Corps Révélateur Supervisant.] Fascicule 37. Personnalités de l’univers local 37:0.1 À la tête de toute personnalité de Nébadon se tient le Fils Créateur et Maitre Fils, Micaël, le père et souverain de l’univers. Coordonnée en divinité et complémentaire en attributs créatifs se trouve l’Esprit-Mère de l’univers local, la Divine Ministre de Salvington. Et ces créateurs sont, dans un sens très littéral, le Père-Fils et l’Esprit-Mère de toutes les créatures natives de Nébadon. 37:0.2 Au cours des fascicules précédents, nous avons décrit les ordres de filiations créés. Des exposés ultérieurs dépeindront les esprits tutélaires et les ordres ascendants de filiation. Dans le présent fascicule, nous analyserons principalement un groupe intermédiaire, les Aides de l’Univers, mais nous étudierons brièvement aussi certains esprits supérieurs stationnés dans Nébadon et certains ordres de citoyens permanents de cet univers local. 1. Les Aides de l’Univers 37:1.1 Beaucoup d’ordres exceptionnels généralement groupés dans cette catégorie ne sont pas révélés, mais les Aides de l’Univers tels qu’ils sont présentés dans ces fascicules comprennent les sept ordres suivants : 37:1.2 1. Les Radieuses Étoiles du Matin. 37:1.3 2. Les Brillantes Étoiles du Soir. 37:1.4 3. Les archanges. 37:1.5 4. Les Très Hauts Assistants. 37:1.6 5. Les Hauts Commissaires. 37:1.7 6. Les Surveillants Célestes. 37:1.8 7. Les Éducateurs des Mondes des Maisons. 37:1.9 Le premier ordre des Aides de l’Univers, les Radieuses Étoiles du Matin, n’a qu’un seul représentant dans chaque univers local ; il est le premier-né de toutes les créatures qui en sont natives. La Radieuse Étoile du Matin de notre univers est connue sous le nom de Gabriel de Salvington. Il est chef exécutif de tout Nébadon. Il opère comme représentant personnel du Fils Souverain et comme porte-parole de son consort créatif. 37:1.10 Dans les premiers temps de Nébadon, Gabriel travaillait tout seul avec Micaël et l’Esprit Créatif. À mesure que l’univers croissait et que les problèmes administratifs se multipliaient, il bénéficia d’un état-major personnel d’assistants non révélés, et finalement ce groupe s’accrut par la création du corps des Étoiles du Soir de Nébadon. 2. Les Brillantes Étoiles du Soir 37:2.1 Ces brillantes créatures furent conçues par les Melchizédeks et ensuite amenées à l’existence par le Fils Créateur et l’Esprit Créatif. Elles servent en beaucoup de qualités, mais principalement comme agents de liaison de Gabriel, le chef exécutif de l’univers local. Une ou plusieurs d’entre elles ont comme fonction de le représenter sur la sphère capitale de chaque constellation et de chaque système de Nébadon. 37:2.2 En tant que chef exécutif de Nébadon, Gabriel assiste à la plupart des conclaves de Salvington, soit comme président de droit, soit comme observateur, et il arrive souvent que mille de ces conclaves tiennent leurs sessions simultanément. Les Brillantes Étoiles du Soir représentent Gabriel en ces occasions ; il ne peut se trouver simultanément en deux endroits à la fois, et ces superanges compensent cette limitation. Ils accomplissent un service analogue pour le corps des Fils Instructeurs de la Trinité. 37:2.3 Bien que Gabriel soit personnellement occupé à ses devoirs administratifs, il maintient, par les Brillantes Étoiles du Soir, le contact avec toutes les autres phases de la vie et des affaires de l’univers. Elles l’accompagnent toujours dans ses tournées planétaires et se rendent souvent en mission spéciale auprès des planètes individuelles comme ses représentantes personnelles. Lors de telles missions, elles ont parfois été appelées « l’ange du Seigneur ». Elles vont fréquemment sur Uversa pour représenter la Radieuse Étoile du Matin devant les tribunaux et les assemblées des Anciens des Jours, mais voyagent rarement hors des confins d’Orvonton. 37:2.4 Les Brillantes Étoiles du Soir forment un ordre double exceptionnel, dont certains membres font partie par dignité créée et d’autres par aboutissement de service. Dans Nébadon, ce corps compte 13 641 superanges, dont 4 832 sont de dignité créée, et 8 809 des esprits ascendants qui ont atteint ce but de service exalté. Parmi ces Étoiles du Soir ascendantes, beaucoup ont commencé leur carrière universelle en tant que séraphins, d’autres se sont élevées en partant de niveaux non révélés de la vie des créatures. Tant qu’un univers n’est pas ancré dans la lumière et la vie, ce corps supérieur reste accessible, en tant que but d’aboutissement, aux candidats à l’ascension. 37:2.5 Les deux catégories de Brillantes Étoiles du Soir sont facilement visibles aux personnalités morontielles et à certains types d’êtres matériels supramortels. Les membres créés de cet ordre intéressant, aux talents variés, possèdent une force d’esprit qui peut se manifester indépendamment de leur présence personnelle. 37:2.6 Le chef de ces superanges est Gavalia, le premier-né de l’ordre de Nébadon. Depuis que Christ Micaël est revenu de sa triomphale effusion sur Urantia, Gavalia a été affecté au ministère des mortels ascendants et, pendant les derniers dix-neuf-cents ans d’Urantia, son associé Galantia a maintenu son quartier général sur Jérusem, où il passe à peu près la moitié de son temps. Galantia est le premier des superanges ascendants qui ait atteint cette haute situation. 37:2.7 Les Brillantes Étoiles du Soir ne se groupent ni ne s’organisent en compagnies autrement que dans leur association habituelle par paires pour de nombreuses affectations. On ne les charge pas beaucoup de missions concernant la carrière ascendante des mortels, mais, quand ils sont ainsi commissionnés, ces superanges n’opèrent jamais seuls. Ils travaillent toujours par paires – un être de dignité créée et une Étoile du Soir ascendante. 37:2.8 L’une des hautes charges des Étoiles du Soir consiste à accompagner les Fils Avonals d’effusion dans leurs missions planétaires, à la manière dont Gabriel accompagna Micaël au cours de son effusion sur Urantia. Les deux superanges accompagnateurs sont les supérieurs hiérarchiques de la mission et y servent comme commandants conjoints des archanges et de toutes les autres personnalités affectées à l’entreprise. C’est le sénior de ces commandants superangéliques qui, au moment et à l’âge opportuns, dit au Fils Avonal d’effusion : « Occupe-toi des affaires de ton frère. » 37:2.9 Des paires similaires de ces superanges sont affectées au corps planétaire des Fils Instructeurs de la Trinité, qui fonctionne pour établir l’âge consécutif à l’effusion, ou âge de l’aurore spirituelle sur un monde habité. Dans ces affectations, les Étoiles du Soir servent de liaison entre les mortels du royaume et le corps invisible des Fils Instructeurs. 37:2.10 Les mondes des Étoiles du Soir. Le sixième groupe de mondes de Salvington et ses quarante-deux satellites tributaires sont affectés à l’administration des Brillantes Étoiles du Soir. Les sept mondes primaires sont présidés par les ordres créés de ces superanges, tandis que les satellites tributaires sont administrés par des Étoiles du Soir ascendantes. 37:2.11 Les satellites des trois premiers mondes sont occupés par les écoles des Fils Instructeurs et des Étoiles du Soir consacrées aux personnalités spirituelles de l’univers local. Les trois groupes suivants sont occupés par des écoles conjointes similaires consacrées à la formation des mortels ascendants. Les satellites du septième monde sont réservés aux délibérations trines des Fils Instructeurs, des Étoiles du Soir et des finalitaires. Depuis quelque temps, ces superanges ont été étroitement identifiés avec le travail du Corps de la Finalité dans l’univers local ; ils sont associés de longue date avec les Fils Instructeurs. Il existe une liaison d’une puissance et d’une importance prodigieuses entre les Étoiles du Soir et les Messagers de Gravité attachés aux groupes de travail des finalitaires. Quant au septième monde primaire lui-même, il est réservé aux affaires non révélées concernant les relations futures qui s’établiront entre les Fils Instructeurs, les finalitaires et les Étoiles du Soir, quand la manifestation superuniverselle de la personnalité de Dieu le Suprême aura complètement émergé. 3. Les archanges 37:3.1 Les archanges sont la progéniture du Fils Créateur et de l’Esprit-Mère de l’Univers. Ils sont le type le plus élevé d’êtres spirituels supérieurs produits en grande quantité dans un univers local, et, lors du dernier recensement, il y en avait près de huit-cent-mille dans Nébadon. 37:3.2 Les archanges sont un des rares groupes de personnalités de l’univers local qui ne relèvent pas normalement de la juridiction de Gabriel. Ils ne s’occupent en aucune manière de l’administration courante de l’univers ; ils se consacrent au travail de la survie des créatures et au progrès de la carrière ascendante des mortels du temps et de l’espace. Bien qu’en général les archanges ne soient pas soumis aux ordres de la Radieuse l’Étoile du Matin, il leur arrive d’agir par son autorité. Ils collaborent aussi avec d’autres Aides de l’Univers tels que les Étoiles du Soir ; des exemples en sont fournis par certaines opérations décrites dans le récit de la transplantation de la vie sur votre monde. 37:3.3 Le corps des archanges de Nébadon est dirigé par le premier-né de cet ordre, et, à une époque plus récente, un quartier général divisionnaire des archanges fut établi sur Urantia. C’est ce fait inhabituel qui attire bientôt l’attention des visiteurs estudiantins venant d’au-delà de Nébadon. Parmi leurs premières observations sur les opérations intérieures de l’univers se place la découverte que beaucoup d’activités ascendantes des Brillantes Étoiles du Soir sont dirigées à partir de la capitale d’un système local, celui de Satania. En poussant leur examen, ils découvrent que certaines activités archangéliques émanent d’une petite planète habitée, d’apparence insignifiante, nommée Urantia. Il s’ensuit la révélation que Micaël s’est effusé sur Urantia, et aussitôt ces visiteurs s’intéressent plus vivement à vous et à votre humble sphère. 37:3.4 Saisissez-vous la signification du fait que votre humble planète plongée dans la confusion est devenue un quartier général divisionnaire pour l’administration de l’univers et la direction de certaines activités archangéliques se rapportant au plan d’ascension au Paradis ? Cela présage indubitablement que d’autres activités ascensionnelles vont se concentrer sur le monde d’effusion de Micaël, et cela donne une importance prodigieuse et solennelle à la promesse personnelle du Maitre : « Je reviendrai. » 37:3.5 Les archanges sont en général affectés au service et au ministère de l’ordre Avonal de filiation, mais seulement après avoir passé par un entrainement préliminaire étendu dans toutes les phases de travail des divers esprits tutélaires. Un corps de cent archanges accompagne chaque Fils Paradisiaque qui s’effuse sur un monde habité ; ce corps lui est temporairement affecté pour la durée de cette effusion. Si le Fils Magistral était amené à gouverner provisoirement la planète, les archanges agiraient comme chefs directeurs de toute la vie céleste sur cette sphère. 37:3.6 Deux archanges séniors sont toujours affectés comme aides personnels d’un Avonal du Paradis pour toutes les missions planétaires, qu’elles impliquent des actions judiciaires, des missions magistrales ou des incarnations d’effusion. Quand ce Fils du Paradis a fini de juger un royaume et que les morts sont appelés à l’enregistrement (ce que l’on appelle la résurrection), il est littéralement vrai que les gardiens séraphiques des personnalités endormies répondent à « la voix de l’archange ». La liste d’appel d’une fin de dispensation est promulguée par un archange assistant. C’est l’archange de la résurrection parfois dénommé « l’archange de Micaël ». 37:3.7 Les mondes des archanges. Le septième groupe des mondes entourant Salvington, ainsi que leurs satellites associés, est affecté aux archanges. La sphère numéro un et la totalité de ses six satellites tributaires sont occupés par les gardiens d’enregistrement de la personnalité. Cet immense groupe d’archivistes s’affaire à mettre à jour le curriculum de chaque mortel du temps, depuis le moment de sa naissance et pendant sa carrière dans l’univers local, jusqu’à ce que l’intéressé quitte Salvington pour le régime superuniversel ou qu’il soit « rayé de l’existence enregistrée » par ordre des Anciens des Jours. 37:3.8 C’est sur ces mondes que les enregistrements de personnalité et les garanties d’identification sont mis en ordre, classés et préservés pendant la période intermédiaire entre le décès humain et l’heure de la repersonnalisation, la résurrection d’entre les morts. 4. Les Très Hauts Assistants 37:4.1 Les Très Hauts Assistants sont un groupe de volontaires dont l’origine est extérieure à l’univers local. Ils sont temporairement missionnés pour observer ou représenter l’univers central et les superunivers auprès des créations locales. Leur nombre varie constamment, mais s’élève toujours à un chiffre considérable de millions. 37:4.2 De temps en temps, nous bénéficions ainsi du ministère et de l’assistance d’êtres originaires du Paradis tels que Perfecteurs de Sagesse, Conseillers Divins, Censeurs Universels, Esprits Inspirés de la Trinité, Fils Trinitisés, Messagers Solitaires, supernaphins, seconaphins, tertiaphins et autres bienveillants ministres. Il séjournent auprès de nous en vue d’aider nos personnalités natives dans leur effort pour amener tout Nébadon en harmonie plus complète avec les idées d’Orvonton et les idéaux du Paradis. 37:4.3 N’importe lequel de ces êtres peut servir volontairement dans Nébadon et donc être techniquement hors de notre juridiction ; mais, quand ces personnalités des superunivers et de l’univers central y opèrent en mission, elles ne sont pas entièrement affranchies des règles de l’univers local où elles séjournent, bien qu’elles continuent à fonctionner en tant que représentant des univers supérieurs et à travailler conformément à leurs ordres de mission dans notre royaume. Les Très Hauts Assistants ont leur quartier général sur Salvington dans le secteur de l’Union des Jours, et ils opèrent dans Nébadon sous la supervision suprême de cet ambassadeur de la Trinité du Paradis. Lorsqu’ils servent en groupes hors affectation, ces personnalités des royaumes supérieurs agissent habituellement d’une manière autonome, mais, lorsque leur service est effectué sur requête, ils se placent souvent volontairement sous la juridiction totale des directeurs qui supervisent les royaumes où ils sont amenés à opérer. 37:4.4 Les Très Hauts Assistants servent à l’échelon de l’univers local et des constellations, sans être directement attachés aux gouvernements des systèmes et des planètes. Ils peuvent toutefois opérer n’importe où dans l’univers local et être affectés à une phase quelconque de l’activité de Nébadon – administrative, exécutive, éducative ou autre. 37:4.5 La majeure partie de ce corps est enrôlée au service des personnalités paradisiaques de Nébadon – l’Union des Jours, le Fils Créateur, les Fidèles des Jours, les Fils Magistraux et les Fils Instructeurs de la Trinité. Dans la conduite des affaires d’une création locale, il est parfois sage de laisser ignorer provisoirement certains détails à toutes ou à peu près toutes les personnalités natives de cet univers local. Certains plans avancés et certaines ordonnances complexes sont également mieux saisis et plus pleinement compris par le corps plus mûr et plus perspicace des Très Hauts Assistants, et c’est dans de telles situations et dans beaucoup d’autres qu’ils rendent de si grands services aux chefs et administrateurs de l’univers local. 5. Les Hauts Commissaires 37:5.1 Les Hauts Commissaires sont des mortels ascendants ayant fusionné avec l’Esprit ; ils n’ont pas fusionné avec un Ajusteur. Vous comprenez fort bien la carrière d’ascension de l’univers d’un candidat mortel à la fusion avec l’Ajusteur, puisque c’est la haute destinée en perspective pour tous les mortels d’Urantia depuis l’effusion du Christ Micaël. Mais telle n’est pas la destinée exclusive de tous les mortels au cours des âges précédant une effusion sur des mondes semblables au vôtre. Et il existe un autre type de mondes dont les habitants ne bénéficient jamais de la présence permanente d’un Ajusteur de Pensée. Ces mortels n’y sont jamais unis définitivement avec un Moniteur de Mystère effusé du Paradis. Néanmoins, les Ajusteurs habitent temporairement en eux, leur servant de guides et de modèles pendant la durée de leur vie charnelle. Durant ce séjour provisoire, les Ajusteurs stimulent l’évolution d’une âme immortelle exactement comme ils le font chez les êtres avec lesquels ils espèrent fusionner, mais, lorsque la course mortelle est courue, ils prennent à jamais congé des créatures avec lesquelles ils ont été associés pour un temps. 37:5.2 Les âmes survivantes de cet ordre atteignent l’immortalité par fusion éternelle avec un fragment individualisé de l’esprit de l’Esprit-Mère de l’univers local. Elles ne forment pas un groupe nombreux, du moins dans Nébadon. Sur les mondes des maisons, vous rencontrerez ces mortels ayant fusionné avec l’Esprit, et vous fraterniserez avec eux sur le sentier d’ascension du Paradis pendant qu’ils vous y accompagneront jusqu’à Salvington, où ils s’arrêtent. Quelques-uns d’entre eux peuvent s’élever ultérieurement à des niveaux universels supérieurs, mais la majorité restera perpétuellement au service de l’univers local. En tant que classe, ils ne sont pas destinés à atteindre le Paradis. 37:5.3 N’ayant pas fusionné avec un Ajusteur, ils ne deviennent jamais des finalitaires, mais ils finissent par être enrôlés dans le Corps de la Perfection de l’univers local. Ils ont obéi en esprit au commandement du Père : « Soyez parfaits. » 37:5.4 Après avoir atteint le Corps de Perfection de Nébadon, les ascendeurs ayant fusionné avec l’Esprit peuvent accepter le rôle d’Aides d’Univers. C’est l’une des voies qui leur sont ouvertes pour continuer leur croissance expérientielle. Ils deviennent alors candidats à des commissions chargées du haut service d’interpréter les points de vue des créatures évoluantes des mondes matériels auprès des autorités célestes de l’univers local. 37:5.5 Les Hauts Commissaires commencent leur service sur les planètes en tant que commissaires raciaux. En cette qualité, ils interprètent les points de vue des diverses races mortelles et dépeignent leurs besoins. Ils sont suprêmement dévoués au bien-être des races humaines dont ils sont les porte-paroles ; ils cherchent toujours à obtenir pour elles la miséricorde, la justice et un traitement équitable dans toutes les relations avec d’autres peuples. Les commissaires raciaux interviennent dans une interminable série de crises planétaires et servent d’expression articulée à des groupes entiers de mortels en lutte. 37:5.6 Après avoir acquis une longue expérience dans la résolution de problèmes sur les mondes habités, les commissaires raciaux sont élevés à des fonctions d’un niveau supérieur et finissent par atteindre le statut de Hauts Commissaires de l’univers local, et dans cet univers local. Le dernier recensement indiquait dans Nébadon la présence de plus d’un milliard et demi de Hauts Commissaires. Ces êtres ne sont pas des finalitaires, mais des ascendeurs ayant une longue expérience et rendant de grands services à leur univers natal. 37:5.7 Nous retrouvons invariablement ces commissaires dans tous les tribunaux de justice, depuis les plus humbles jusqu’aux plus élevés. Ils ne participent pas aux procédures de justice, mais agissent comme amis de la cour et donnent des conseils aux magistrats présidents au sujet des antécédents, du milieu et de la nature innée des personnes impliquées dans le jugement. 37:5.8 Des Hauts Commissaires sont attachés aux diverses armées de messagers de l’espace, et toujours aux esprits tutélaires du temps. On les rencontre aux réunions de diverses assemblées universelles, et ces mêmes commissaires doués de la sagesse de l’homme mortel sont toujours attachés aux missions des Fils de Dieu auprès des mondes de l’espace. 37:5.9 Chaque fois que l’équité et la justice exigent que l’on comprenne comment un projet de politique ou de procédure affecterait les races évolutionnaires du temps, ces commissaires sont à disposition pour présenter leurs recommandations. Ils sont toujours présents pour parler à la place de ceux qui ne peuvent être là pour s’exprimer eux-mêmes. 37:5.10 Les mondes des mortels fusionnés avec l’Esprit. Le huitième groupe de sept mondes primaires et de leurs satellites tributaires dans le circuit de Salvington est la propriété exclusive des mortels de Nébadon ayant fusionné avec l’Esprit. Les ascendeurs ayant fusionné avec leur Ajusteur ne sont pas intéressés par ces mondes, sauf pour y faire de nombreux séjours agréables et profitables comme hôtes invités par les résidants fusionnés avec l’Esprit. 37:5.11 Ces mondes constituent la résidence permanente des survivants fusionnés avec l’Esprit, sauf pour les rares d’entre eux qui atteignent Uversa et le Paradis. Cette limite prévue pour l’ascension des mortels réagit pour le bien des univers locaux en y retenant une population permanente évoluée, dont l’expérience croissante continuera de renforcer la stabilité et la diversification futures de l’administration de l’univers local. Ces êtres peuvent ne pas atteindre le Paradis, mais ils atteignent, dans la maitrise des problèmes de Nébadon, une sagesse expérientielle qui transcende complètement celle que peuvent acquérir les ascendeurs de passage. Et ces âmes survivantes, combinaisons uniques de l’humain et du divin, poursuivent leur carrière avec une aptitude croissante à unir les points de vue de ces niveaux si éloignés l’un de l’autre et à présenter ce double point de vue avec une sagesse toujours plus haute. 6. Les Surveillants Célestes 37:6.1 Le système éducatif de Nébadon est administré conjointement par les Fils Instructeurs de la Trinité et le corps enseignant des Melchizédeks, mais une grande partie du travail destiné à l’entretenir et à le bâtir est exécutée par les Surveillants Célestes. Ces êtres font partie d’un corps recruté englobant tous les types d’individus en contact avec le plan d’éducation et d’instruction des mortels ascendants. Dans Nébadon, ils sont plus de trois-millions, et tous sont des volontaires qualifiés par leur expérience pour servir de consultants éducatifs du royaume tout entier. De leur quartier général sur les mondes Melchizédeks de Salvington, les surveillants parcourent l’univers local en tant qu’inspecteurs de la technique scolaire de Nébadon prévue pour l’entrainement mental et l’éducation spirituelle des créatures ascendantes. 37:6.2 Cet entrainement du mental et cette éducation de l’esprit se poursuivent depuis les mondes d’origine humaine, en passant par les mondes des maisons du système et les autres sphères de progrès associées à Jérusem, jusqu’aux 70 royaumes de socialisation rattachés à Édentia et aux 490 sphères de progrès spirituel entourant Salvington. Au siège même de l’univers, il y a de nombreuses écoles Melchizédeks, les collèges des Fils de l’Univers, les universités séraphiques, et les écoles des Fils Instructeurs et de l’Union des Jours. Toutes les dispositions possibles sont prises pour mettre les diverses personnalités de l’Univers en état de rendre de meilleurs services et d’améliorer leurs fonctions. L’univers tout entier est une vaste école. 37:6.3 Les méthodes employées dans beaucoup d’écoles supérieures transcendent les conceptions humaines sur l’art d’enseigner la vérité, mais la tonique de tout le système éducatif est d’acquérir du caractère par une expérience éclairée. Les maitres fournissent les lumières ; le poste occupé dans l’univers et le statut d’ascendeur procurent les occasions d’expérience ; la sage utilisation des deux facteurs fait progresser le caractère. 37:6.4 Fondamentalement, le système éducatif de Nébadon s’occupe de vous affecter à une tâche, et ensuite il vous procure les occasions de vous instruire sur la méthode idéale et divine d’accomplir au mieux cette tâche. Vous recevez une mission bien définie, et en même temps on vous fournit les maitres qualifiés pour vous enseigner la meilleure méthode de l’accomplir. Le plan divin d’éducation associe intimement le travail et l’instruction. Nous vous enseignons la meilleure façon d’exécuter les choses que nous vous commandons de faire. 37:6.5 Tout cet entrainement et cette expérience ont pour dessein de vous préparer à être admis aux sphères d’entrainement supérieures et plus spirituelles du superunivers. Le progrès dans un royaume donné est individuel, mais la transition d’une phase à une autre s’effectue généralement par classes. 37:6.6 La progression de l’éternité ne consiste pas seulement en un développement spirituel. Les acquisitions intellectuelles font également partie de l’éducation universelle. L’expérience mentale s’élargit parallèlement à l’expansion de l’horizon spirituel. Le mental et l’esprit reçoivent les mêmes occasions de s’entrainer et de progresser. Mais, durant tout ce magnifique entrainement mental et spirituel, vous êtes libérés pour toujours des handicaps de la chair mortelle. Vous n’avez plus besoin d’arbitrer constamment entre les prétentions de vos natures spirituelle et matérielle divergentes. Enfin, vous êtes qualifiés pour bénéficier de l'impulsion unifiée d’un mental glorifié, dépouillé depuis longtemps de ses attirances animales primitives pour les choses matérielles. 37:6.7 Avant de quitter l’univers de Nébadon, la plupart des mortels d’Urantia auront l’occasion de servir plus ou moins longtemps comme membres du corps nébadonien des Surveillants Célestes. 7. Les Éducateurs des Mondes des Maisons 37:7.1 Les Éducateurs des Mondes des Maisons sont des chérubins recrutés et glorifiés. Comme la plupart des autres instructeurs de Nébadon, ils sont commissionnés par les Melchizédeks. Ils fonctionnent dans presque toutes les entreprises éducatives de la vie morontielle, et leur nombre dépasse complètement la compréhension du mental des mortels. 37:7.2 En tant que niveau d’aboutissement des chérubins et des sanobins, les Éducateurs des Mondes des Maisons feront l’objet d’une étude plus poussée dans le fascicule suivant. En tant qu’éducateurs jouant un rôle important dans la vie morontielle, nous les analyserons d’une manière plus détaillée dans le fascicule intitulé « la vie morontielle ». 8. Ordres d’esprits supérieurs affectés 37:8.1 En dehors des centres de pouvoir et des contrôleurs physiques, certains êtres spirituels d’origine supérieure de la famille de l’Esprit Infini sont affectés d’une manière permanente à l’univers local. Parmi les ordres d’esprits supérieurs de la famille de l’Esprit Infini, les suivants sont ainsi affectés : 37:8.2 Les Messagers Solitaires, quand ils sont fonctionnellement attachés à l’administration de l’univers local, nous rendent des services inestimables dans nos efforts pour triompher des handicaps du temps et de l’espace. Nous qui appartenons à l’univers local, nous n’avons absolument aucune autorité sur eux quand ils n’y sont pas affectés, mais, même dans ce cas, ces êtres uniques sont toujours prêts à nous aider à résoudre nos problèmes et à nous aider à exécuter nos mandats. 37:8.3 Andovontia est le nom du Superviseur des Circuits Universels tertiaire stationné dans notre univers local. Il ne s’occupe que des circuits spirituels et morontiels, et non de ceux qui sont placés sous la juridiction des directeurs de pouvoir. C’est lui qui isola Urantia au moment où Caligastia trahit la planète pendant les périodes éprouvantes de la rébellion de Lucifer. En envoyant ses vœux aux mortels d’Urantia, il exprime à l’avance son plaisir à l’idée que vous serez un jour réintroduits dans les circuits universels qu’il supervise. 37:8.4 Le Directeur du Recensement de Nébadon, Salsatia, maintient son quartier général sur Salvington dans le secteur de Gabriel. Il est automatiquement informé de la naissance et de la mort de la volonté. Il enregistre au jour le jour le nombre exact de créatures volitives vivant dans l’univers local. Il travaille en association étroite avec les enregistreurs de la personnalité domiciliés sur les mondes d’archives des archanges. 37:8.5 Un Inspecteur Associé réside sur Salvington. Il est le représentant personnel de l’Agent Exécutif Suprême d’Orvonton. Ses associés, les Sentinelles Affectées dans les systèmes locaux, représentent aussi l’Agent Exécutif Suprême d’Orvonton. 37:8.6 Les Conciliateurs Universels sont les tribunaux itinérants des univers du temps et de l’espace ; ils opèrent sur les mondes évolutionnaires et dans les diverses sections de l’univers local, et même au-delà. Ces arbitres sont inscrits sur Uversa. Le nombre exact de ceux qui opèrent dans Nébadon n’est pas donné, mais j’estime que notre univers local contient environ cent-millions de commissions de conciliation. 37:8.7 Quant aux Consultants Techniques, les penseurs juridiques du royaume, nous en avons notre quote-part d’environ un demi-milliard. Ces êtres sont les vivantes et circulantes bibliothèques juridiques expérientielles de tout l’espace. 37:8.8 En ce qui concerne les Archivistes Célestes, les séraphins ascendants, nous en avons soixante-quinze dans Nébadon. Ce sont les archivistes séniors ou superviseurs. Les étudiants en cours d’entrainement de cet ordre sont au nombre de presque quatre-milliards. 37:8.9 Le ministère des soixante-dix-milliards de Compagnons de la Morontia dans Nébadon est décrit dans les exposés traitant des planètes de transition des pèlerins du temps. 37:8.10 Chaque univers a son propre corps d’anges indigènes. En certaines circonstances, il est néanmoins très utile d’avoir l’assistance de ces esprits supérieurs ayant leur origine en dehors de la création locale. Les Supernaphins rendent certains services rares et exceptionnels. Celui qui est présentement le chef des séraphins d’Urantia est un supernaphin primaire du Paradis. On rencontre des seconaphins réflectifs en tous les lieux où opère le personnel du superunivers, et un grand nombre de tertiaphins sont temporairement de service comme Très Hauts Assistants. 9. Citoyens permanents de l’univers local 37:9.1 À l’instar des superunivers et de l’univers central, l’univers local a ses ordres de citoyenneté permanente qui incluent les types créés suivants : 37:9.2 1. Les susatias. 37:9.3 2. Les univitatias. 37:9.4 3. Les Fils Matériels. 37:9.5 4. Les créatures médianes. 37:9.6 Ces natifs de la création locale, ainsi que les ascendeurs fusionnés avec l’Esprit et les spirongas (qui sont classifiés autrement), constituent une population de citoyens relativement permanente. En gros, les êtres de ces ordres ne sont ni ascendants ni descendants. Ils sont tous des créatures expérientielles, mais leur expérience croissante continue à être mise au service de l’univers à leur niveau d’origine. Bien que ce ne soit pas entièrement vrai pour les Fils Adamiques et les créatures médianes, c’est relativement vrai pour les autres ordres. 37:9.7 Les susatias. Ces êtres merveilleux résident sur Salvington, siège de notre univers local, et y opèrent comme citoyens permanents. Ils sont les brillants descendants du Fils Créateur et de l’Esprit-Créatif, et sont étroitement associés aux citoyens ascendants de l’univers local, les mortels fusionnés avec l’Esprit appartenant au Corps de Perfection de Nébadon. 37:9.8 Les univitatias. Chacun des amas de sphères architecturales formant le quartier général des cent constellations bénéficie du ministère continu d’un ordre d’êtres résidentiels connus sous le nom d’univitatias. Ces enfants du Fils Créateur et de l’Esprit Créatif constituent la population permanente des mondes-sièges des constellations. Ce sont des êtres non reproducteurs existant sur un plan de vie situé à peu près à mi-chemin entre le statut semi-matériel des Fils Matériels domiciliés aux sièges des systèmes, et le plan plus nettement spirituel des mortels fusionnés avec l’Esprit et des Susatias de Salvington ; mais les Univitatias ne sont pas des êtres morontiels. Ils accomplissent pour les mortels ascendants qui traversent les sièges des constellations l’équivalent de ce que les natifs de Havona apportent aux esprits pèlerins qui passent par la création centrale. 37:9.9 Les Fils Matériels de Dieu. Quand la liaison créative entre le Fils Créateur et la représentante dans l’univers de l’Esprit Infini, l’Esprit-Mère de l’Univers, a complété son cycle, quand il ne survient plus de descendants de leurs natures conjuguées, le Fils Créateur personnalise alors sous forme duelle son dernier concept d’être et confirme ainsi définitivement sa propre origine duelle. En lui-même et de lui-même, il crée alors les admirables et superbes Fils et Filles de l’ordre matériel de filiation universelle. Telle est l’origine de l’Adam et de l’Ève originels de chaque système local de Nébadon. Ils forment un ordre de filiation reproducteur, ayant été créés mâles et femelles. Leurs descendants opèrent comme citoyens relativement permanents des capitales de systèmes, bien que certains d’entre eux soient commissionnés comme Adams Planétaires. 37:9.10 Quand un Fils et une Fille Matériels sont envoyés en mission planétaire, ils ont la charge de fonder la race adamique du monde en question, une race prévue pour s’amalgamer en fin de compte avec les habitants mortels de cette sphère. Les Adams Planétaires sont des Fils à la fois ascendants et descendants, mais nous les classons généralement comme ascendants. 37:9.11 Les créatures médianes. Aux époques primitives, certains êtres suprahumains mais matérialisés sont affectés à la plupart des mondes habités ; ils se retirent généralement lors de l’arrivée des Adams Planétaires. Les opérations de ces êtres et les efforts des Fils Matériels pour améliorer les races évolutionnaires se traduisent fréquemment par l’apparition d’un nombre limité de créatures difficiles à classer. Ces êtres uniques se trouvent souvent à mi-chemin entre les Fils Matériels et les créatures évolutionnaires, d’où leur appellation de créatures médianes. Dans un sens comparatif, ces médians sont les citoyens permanents des mondes évolutionnaires. Depuis les premiers temps de l’arrivée d’un Prince Planétaire jusqu’à l’époque du lointain futur où la planète sera ancrée dans la lumière et la vie, ils sont le seul groupe d’êtres intelligents qui reste en permanence sur la sphère. Sur Urantia, les ministres médians sont en réalité les conservateurs effectifs de la planète ; en pratique, ils sont les citoyens d’Urantia. Il est vrai que les mortels sont les habitants physiques et matériels d’un monde évolutionnaire, mais votre vie à tous est si courte, vous ne vivez que si peu de temps sur votre planète de nativité. Vous naissez, vous vivez, vous mourez et vous passez sur d’autres mondes de progrès évolutionnaire. Même les êtres suprahumains qui servent sur les planètes comme ministres célestes n’y ont que des affectations temporaires ; très peu d’entre eux sont attachés longtemps à une sphère donnée. Cependant, les créatures médianes assurent la continuité de l’administration planétaire en face d’agents célestes toujours changeants et d’habitants mortels variant constamment. Pendant tous ces changements et remplacements incessants, les créatures médianes restent sur la planète où ils poursuivent leur travail sans interruption. 37:9.12 Pareillement, toutes les divisions de l’organisation administrative des univers locaux et des superunivers ont leur population plus ou moins permanente, leurs habitants ayant statut de citoyenneté. De même qu’Urantia a ses médians, Jérusem, capitale de votre système, a ses Fils et Filles Matériels ; Édentia, siège de votre constellation, a les univitatias, tandis que les citoyens de Salvington sont de deux ordres, les susatias créés et les mortels évolués ayant fusionné avec l’Esprit. Les mondes administratifs des secteurs mineurs et majeurs du superunivers n’ont pas de citoyens permanents. Mais les mondes sièges d’Uversa sont continuellement entretenus par un étonnant groupe d’êtres connus sous le nom d’abandontaires, créés par les agents non révélés des Anciens des Jours et les sept Esprits Réflectifs résidant sur la capitale d’Orvonton. Ces citoyens résidentiels d’Uversa administrent actuellement les affaires courantes de leur monde sous la supervision immédiate du corps des mortels d’Uversa ayant fusionné avec le Fils. Havona lui-même a ses natifs, et l’Ile centrale de Lumière et de Vie est la demeure des divers groupes de Citoyens du Paradis. 10. Autres groupes de l’univers local 37:10.1 À côté des ordres séraphiques et des ordres de mortels que nous analyserons dans des fascicules ultérieurs, de nombreux autres êtres travaillent à entretenir et à perfectionner une organisation aussi gigantesque que l’univers de Nébadon, où il y a déjà plus de trois-millions de mondes habités, avec le chiffre de dix-millions en perspective. Les divers types de vie de Nébadon sont beaucoup trop nombreux pour être catalogués dans ce fascicule, mais nous pouvons en mentionner deux ordres exceptionnels qui fonctionnent d’une manière étendue sur les 647 591 sphères architecturales de l’univers local. 37:10.2 Les spirongas sont les descendants spirituels de la Radieuse Étoile du Matin et du Père Melchizédek. Ils sont exemptés de l’extinction de la personnalité, mais ne sont ni des êtres ascendants ni des êtres évolutionnaires. Ils ne s’occupent pas non plus fonctionnellement du régime d’ascension évolutionnaire. Ils sont les aides spirituels de l’univers local exécutant les tâches spirituelles courantes de Nébadon. 37:10.3 Les spornagias. Les mondes-sièges architecturaux de l’univers local sont des mondes réels – des créations physiques. Leur entretien physique implique beaucoup de travaux pour lesquels nous sommes assistés par un groupe de créatures physiques appelées spornagias, qui se consacrent aux soins et à la culture des aspects matériels des mondes-sièges, depuis Jérusem jusqu’à Salvington. Les spornagias ne sont ni des esprits ni des personnes ; ils sont un ordre animal d’existence, mais, si vous pouviez les voir, vous conviendriez qu’ils paraissent être des animaux parfaits. 37:10.4 Les diverses colonies de courtoisie sont domiciliées sur Salvington et ailleurs. Dans les constellations, nous bénéficions spécialement du ministère des artisans célestes et nous bénéficions de l’activité des directeurs de rétrospection, qui opèrent principalement sur les capitales des systèmes locaux. 37:10.5 Un corps de mortels ascendants comprenant les créatures médianes glorifiées est toujours attaché au service de l’univers. Après avoir atteint Salvington, ces ascendeurs sont utilisés dans une variété à peu près infinie d’activités touchant la conduite des affaires de l’univers. À partir de chaque niveau d’aboutissement, ces mortels en progrès reviennent en arrière et descendent tendre une main secourable aux compagnons qui les suivent dans la montée. Les mortels de cet ordre qui séjournent temporairement sur Salvington sont affectés sur demande à presque tous les corps de personnalités célestes comme aides, étudiants, observateurs et instructeurs. 37:10.6 Il existe encore d’autres types de vie intelligente qui s’intéressent à l’administration d’un univers local, mais le plan de cet exposé ne comporte pas d’autres révélations sur ces ordres de création. Nous avons déjà suffisamment dépeint la vie et l’administration de cet univers pour permettre au mental mortel de saisir la réalité et la grandeur de la survie. Au cours des progrès de votre carrière, d’autres expériences vous révéleront de plus en plus ces êtres intéressants et charmants. Le présent exposé ne saurait être plus qu’une brève esquisse de la nature et du travail des nombreuses personnalités qui peuplent en masse les univers de l’espace. Elles administrent ces créations comme d’immenses écoles d’entrainement où les pèlerins du temps avancent de vie en vie et de monde en monde, jusqu’à ce qu’ils soient envoyés avec amour hors des frontières de leur univers natal vers le régime éducatif supérieur du superunivers, et de là aux mondes d’entrainement spirituel de Havona. Ils atteindront finalement le Paradis et la haute destinée des finalitaires – l’affectation éternelle à des missions non encore révélées aux univers du temps et de l’espace. 37:10.7 [Dicté par une Brillante Étoile du Soir de Nébadon, numéro 1 146 du Corps Créé.] Fascicule 38. Esprits tutélaires de l’univers local 38:0.1 Les personnalités de l’Esprit Infini se divisent en trois ordres distincts. L’impétueux apôtre l’avait compris lorsqu’il écrivit au sujet de Jésus « qui est allé au ciel, à la droite de Dieu, anges, autorités et puissances lui étant soumis ». Les anges sont les esprits tutélaires du temps ; les autorités sont l’armée de messagers de l’espace ; les puissances sont les personnalités supérieures de l’Esprit Infini. 38:0.2 À l’instar des supernaphins dans l’univers central et des seconaphins dans un superunivers, les séraphins, avec les chérubins et sanobins associés, constituent le corps angélique d’un univers local. 38:0.3 Les séraphins ont un prototype assez uniforme. D’un univers à un autre et dans les sept superunivers, ils présentent un minimum de variations. Parmi tous les êtres personnels du type spirituel, ce sont eux qui se rapprochent le plus d’un type standard. Leurs divers ordres constituent le corps des ministres expérimentés et ordinaires des créations locales. 1. Origine des séraphins 38:1.1 Les séraphins sont créés par l’Esprit-Mère de l’univers. Ils ont été projetés en formations unitaires de 41 472 à la fois, depuis les époques primitives de Nébadon où les « modèles d’anges » et certains archétypes angéliques furent créés. Le Fils Créateur et la représentante de l’Esprit Infini dans l’univers collaborent dans la création d’un grand nombre de Fils et d’autres personnalités de l’univers. Quand leur effort conjugué a produit tous ses fruits, le Fils entreprend la création des Fils Matériels, les premières créatures sexuées, tandis que l’Esprit-Mère de l’Univers s’engage concurremment dans son premier effort solitaire de reproduction d’esprits. C’est ainsi que commence la création des armées séraphiques d’un univers local. 38:1.2 Ces ordres angéliques sont projetés à l’époque où l’on dresse les plans pour l’évolution des créatures volitives mortelles. La création des séraphins date du moment où l’Esprit-Mère de l’Univers atteint une personnalité relative, non comme coordonnée ultérieure du Maitre Fils, mais comme assistante créative initiale du Fils Créateur. Avant cet évènement, les séraphins en service dans Nébadon étaient temporairement prêtés par un univers voisin. 38:1.3 La création périodique des séraphins se poursuit encore aujourd’hui ; l’univers de Nébadon est encore en construction. L’Esprit-Mère ne cesse jamais son activité créative dans un univers en voie de croissance et de perfectionnement. 2. Natures angéliques 38:2.1 Les anges n’ont pas de corps matériels, mais sont des êtres bien précis et distincts les uns des autres. Ils sont de nature et d’origine spirituelles. Bien qu’invisibles aux mortels, ils vous perçoivent tels que vous existez dans la chair, sans l’aide de transformateurs ni de traducteurs. Ils comprennent intellectuellement le mode de vie des mortels et partagent tous les sentiments et les émotions non sensuels des hommes. Ils apprécient vos efforts en musique, en art et en humour véritable, et y prennent grand plaisir. Ils se rendent pleinement compte de vos luttes morales et de vos difficultés spirituelles. Ils aiment beaucoup les êtres humains, et il ne peut résulter que du bien de vos efforts pour les comprendre et les aimer. 38:2.2 Bien que les séraphins soient des êtres affectueux et compatissants, ils ne sont pas des créatures à émotions sexuelles. Ils ressemblent beaucoup à ce que vous serez sur les mondes des maisons où « l’on ne se marie pas et où l’on n’est pas donné en mariage, mais où l’on est comme les anges des cieux ». Car tous ceux qui « seront estimés dignes d’atteindre les mondes des maisons ne se marient pas et ne sont pas donnés en mariage, et ils ne meurent plus, car ils sont égaux aux anges ». Néanmoins, en parlant à des créatures sexuées, nous avons l’habitude d’appeler fils de Dieu les êtres qui descendent plus directement du Père et du Fils, et d’employer le terme filles de Dieu en nous référant aux enfants de l’Esprit. C’est pourquoi les anges sont communément désignés par des pronoms féminins sur les planètes où la vie est sexuée. 38:2.3 Les séraphins sont créés de manière à pouvoir fonctionner à la fois sur le niveau spirituel et sur le niveau matériel. Rares sont les champs d’activités spirituelles ou morontielles fermés à leurs services. Les anges ne sont pas très éloignés des hommes quant à leur statut personnel, mais, dans certaines performances fonctionnelles, ils les transcendent de loin. Ils possèdent bien des pouvoirs qui dépassent considérablement la compréhension humaine, par exemple : Il vous a été dit que « les cheveux mêmes de votre tête sont comptés », et il est vrai qu’ils le sont, mais un séraphin ne passe pas son temps à les compter et à tenir à jour leur nombre corrigé. Les anges possèdent des pouvoirs innés et automatiques (c’est-à-dire automatiques dans la mesure où vous pourriez les percevoir) pour connaitre de telles choses. Vous considéreriez, en vérité, un séraphin comme un prodige mathématique. C’est pourquoi de nombreuses tâches, qui seraient formidables pour des mortels, sont accomplies avec une extrême aisance par des séraphins. 38:2.4 Les anges vous sont supérieurs en statut spirituel, mais ne sont ni vos juges ni vos accusateurs. Quelles que soient vos fautes, « les anges, bien qu’ils soient plus grands en pouvoir et en puissance, ne portent aucune accusation contre vous ». Les anges ne jugent pas l’humanité, et les mortels individuels ne devraient pas non plus condamner d’avance leurs compagnons. 38:2.5 Vous avez raison d’aimer les anges, mais il ne faudrait pas les adorer ; ils ne sont pas des objets de culte. Lorsque votre prophète « tomba en adoration aux pieds de l’ange », le grand séraphin Loyalatia lui dit : « Veille à ne pas faire cela. Je suis un serviteur comme toi et ceux de ta race, qui ont tous reçu le commandement d’adorer Dieu. » 38:2.6 Les dons naturels et de personnalité des séraphins ne dépassent que très légèrement ceux des races mortelles sur l’échelle de l’existence des créatures. En vérité, après être délivrés de la chair, vous leur ressemblerez beaucoup. Sur les mondes des maisons, vous commencerez à apprécier les séraphins et vous jouirez de leur compagnie sur les sphères des constellations, tandis que sur Salvington ils partageront avec vous leurs lieux de repos et d’adoration. Dans toute l’ascension morontielle et l’ascension spirituelle subséquente, votre fraternité avec les séraphins sera idéale et votre camaraderie magnifique. 3. Anges non révélés 38:3.1 Dans tous les domaines de l’univers local fonctionnent de nombreux ordres d’êtres spirituels non révélés aux mortels, parce qu’ils n’ont aucune relation avec le plan évolutionnaire d’ascension au Paradis. Dans le présent fascicule, le mot « ange » est employé à dessein pour désigner restrictivement les descendants séraphiques et associés de l’Esprit-Mère de l’Univers qui s’occupent si largement de mettre en œuvre le plan de survie des mortels. Six autres ordres d’êtres apparentés, les anges non révélés, servent dans l’univers local sans être aucunement reliés aux activités universelles concernant l’ascension au Paradis des mortels évolutionnaires. Ces six groupes angéliques associés ne sont jamais appelés séraphins ni mentionnés comme esprits tutélaires. Ces personnalités sont entièrement occupées aux affaires administratives et autres de Nébadon, qui n’ont aucun rapport avec la carrière progressive des hommes pour s’élever spirituellement et atteindre la perfection. 4. Les mondes séraphiques 38:4.1 Dans le circuit de Salvington, les sept sphères primaires du neuvième groupe sont les mondes des séraphins. Chacun de ces mondes a six satellites tributaires où se trouvent les écoles spéciales consacrées à toutes les phases de l’entrainement séraphique. Bien que les séraphins aient accès à tous les quarante-neuf mondes qui forment ce groupe de sphères de Salvington, ils n’occupent à titre privé que le premier amas de sept. Les six autres groupes sont occupés par les six ordres d’associés angéliques non révélés sur Urantia. Chacun de ces groupes entretient un quartier général sur l’un des six mondes primaires et exerce des activités spécialisées sur ses six satellites tributaires. Chaque ordre angélique a libre accès à tous les mondes de ces sept groupes diversifiés. 38:4.2 Ces mondes-sièges font partie des magnifiques royaumes de Nébadon. Les domaines séraphiques sont caractérisés à la fois par la beauté et l’étendue. Chaque séraphin y a un vrai foyer, et « foyer » signifie le domicile de deux séraphins ; ils vivent par paires. 38:4.3 Sans être mâle et femelle comme les Fils Matériels et les membres des races mortelles, les séraphins sont positifs et négatifs. Dans la majorité des affectations, il faut deux anges pour accomplir la tâche. Quand ils ne sont pas encircuités, ils peuvent travailler seuls et, quand ils sont stationnaires, ils peuvent également se passer de leur complément. Ils conservent généralement leur complément originel, mais pas nécessairement. Ces associations sont primordialement nécessitées par la fonction ; elles ne sont pas caractérisées par une émotion sexuelle, bien qu’elles soient extrêmement personnelles et vraiment affectueuses. 38:4.4 En dehors de leurs foyers désignés, les séraphins ont également des quartiers généraux de groupes, de compagnies, de bataillons et d’unités. Ils s’assemblent tous les mille ans pour des réunions et y sont tous présents conformément à l’époque de leur création. Si un séraphin porte des responsabilités qui lui interdisent de quitter sa charge, il alterne avec son complément pour assister à la réunion et se fait remplacer par un séraphin né à une autre date. Chacun des partenaires séraphiques assiste donc à au moins une réunion sur deux. 5. L’entrainement séraphique 38:5.1 Les séraphins passent le premier millénaire de leur existence comme observateurs non commissionnés sur Salvington et ses mondes-écoles associés. Ils passent le second millénaire sur les mondes séraphiques du circuit de Salvington. Leur école centrale de formation est maintenant dirigée par les cent-mille premiers séraphins de Nébadon, avec à leur tête l’ange originel ou premier-né de cet univers local. Le premier groupe créé des séraphins de Nébadon fut éduqué par un corps de mille séraphins venus d’Avalon. Nos anges furent ultérieurement enseignés par leurs propres séniors. Les Melchizédeks jouent aussi un grand rôle dans l’éducation et la formation de tous les anges de l’univers local – séraphins, chérubins et sanobins. 38:5.2 À la fin de leur période de formation sur les mondes séraphiques de Salvington, les séraphins sont mobilisés dans les groupes et unités classiques de l’organisation des anges, et sont affectés à l’une des constellations. Ils ne sont pas encore commissionnés comme esprits tutélaires, bien qu’ils soient déjà bien au courant des phases précommissionnées de la formation angélique. 38:5.3 Les séraphins débutent comme esprits tutélaires en servant comme observateurs sur les mondes évolutionnaires les moins évolués. Après cette expérience, ils reviennent sur les mondes associés du siège de leur constellation d’affectation pour commencer leurs études supérieures et plus particulièrement se préparer à servir dans quelque système local particulier. À la suite de cette éducation générale, ils sont promus au service de l’un des systèmes locaux. Nos séraphins complètent leur entrainement sur les mondes architecturaux associés à la capitale d’un système de Nébadon et sont commissionnés comme esprits tutélaires du temps. 38:5.4 Une fois commissionnés, les séraphins peuvent être envoyés en mission n’importe où dans Nébadon et même dans Orvonton. Leur travail dans l’univers n’a ni entraves ni limitations. Ils sont étroitement associés aux créatures matérielles des mondes et sont toujours au service des ordres inférieurs de personnalités spirituelles, établissant le contact entre ces êtres du monde de l’esprit et les mortels des royaumes matériels. 6. L’organisation séraphique 38:6.1 Après leur second millénaire de séjour au quartier général séraphique, les séraphins sont organisés, sous le commandement d’un chef, par groupes de douze (12 paires, 24 séraphins) et douze de ces groupes constituent une compagnie (144 paires, 288 séraphins) qui est commandée par un conducteur. Douze compagnies sous les ordres d’un commandant constituent un bataillon (1 728 paires ou 3 456 séraphins), et douze bataillons sous les ordres d’un directeur forment une unité séraphique (20 736 couples ou 41 472 individus). Enfin douze unités soumises au commandement d’un superviseur constituent une légion comptant 248 832 couples ou 497 664 individus. Dans le jardin de Gethsémani, Jésus y fit allusion la nuit où il dit : « Même maintenant je peux prier mon Père, et il me fournira aussitôt plus de douze légions d’anges. » 38:6.2 Une phalange comprend douze légions d’anges et compte 2 985 984 couples ou 5 971 968 individus, et douze de ces phalanges (35 831 808 couples ou 71 663 616 individus) constituent la plus grande organisation opérationnelle de séraphins, une armée angélique. Une phalange séraphique est commandée par un archange ou par quelque autre personnalité de statut coordonné, tandis que les armées angéliques sont dirigées par les Brillantes Étoiles du Soir ou par d’autres lieutenants immédiats de Gabriel. Et Gabriel est le « commandant suprême des armées du ciel », le chef exécutif du Souverain de Nébadon, le « Seigneur Dieu des armées ». 38:6.3 Depuis l’effusion de Micaël sur Urantia, et bien qu’ils servent sous la supervision directe de l’Esprit Infini tel qu’il est personnalisé sur Salvington, les séraphins et tous les autres ordres de l’univers local sont soumis à la souveraineté du Maitre Fils. Même lorsque Micaël naquit de la chair sur Urantia, un message télédiffusé fut envoyé du superunivers dans tout Nébadon pour proclamer : « Que tous les anges l’adorent. » Les anges de toutes les catégories sont soumis à sa souveraineté ; ils font partie du groupe qui a été dénommé « ses anges puissants ». 7. Chérubins et sanobins 38:7.1 Dans toutes leurs dotations essentielles, les chérubins et sanobins sont similaires aux séraphins. Ils ont la même origine, mais pas toujours la même destinée. Ils sont magnifiquement intelligents, merveilleusement efficaces, touchants d’affection et presque humains. Ils représentent l’ordre angélique le plus humble, donc d’autant plus proche parent des types humains les plus avancés des mondes évolutionnaires. 38:7.2 Les chérubins et sanobins sont associés par inhérence et fonctionnellement unis. Les uns sont des personnalités d’énergie positive, les autres d’énergie négative. Le déflecteur de droite, ou ange chargé positivement, est le chérubin – la personnalité sénior ou contrôlante. Le déflecteur de gauche, ou ange chargé négativement, est le sanobin – le complément d’être. Les fonctions solitaires de chaque type d’ange sont fort limitées, et c’est pourquoi ils servent habituellement par paires. Lorsqu’ils servent indépendamment de leurs directeurs séraphiques, ils dépendent plus que jamais de leur contact mutuel et fonctionnent toujours ensemble. 38:7.3 Les chérubins et les sanobins sont les aides fidèles et efficaces des ministres séraphiques, et les sept ordres de séraphins ont tous à leur disposition ces assistants subordonnés. Les chérubins et sanobins servent pendant des âges en cette qualité, mais n’accompagnent pas les séraphins dans leurs missions hors des frontières de l’univers local. 38:7.4 Les chérubins et sanobins sont les travailleurs spirituels courants sur les mondes individuels des systèmes. En cas d’urgence ou pour des affectations non personnelles, ils peuvent servir à la place d’un couple séraphique, mais ils ne fonctionnent jamais, même temporairement, comme anges accompagnateurs d’êtres humains ; cette fonction est un privilège exclusif des séraphins. 38:7.5 Quand ils sont affectés à une planète, les chérubins entrent dans les cours locaux d’éducation, y compris ceux où l’on étudie les mœurs et les langages planétaires. Les esprits tutélaires du temps sont tous bilingues ; ils parlent la langue de leur univers local d’origine et celle de leur superunivers natal. En étudiant dans les écoles des royaumes, ils apprennent d’autres langues. Comme les séraphins et tous les autres ordres d’êtres spirituels, les chérubins et les sanobins s’efforcent continuellement de s’améliorer. Seuls des êtres tels que les subordonnés chargés de contrôler le pouvoir et d’orienter l’énergie sont incapables de progrès. Toutes les créatures douées d’une volition de personnalité actuelle ou potentielle recherchent de nouveaux aboutissements. 38:7.6 Les chérubins et sanobins sont par nature très proches du niveau morontiel d’existence, et ils font preuve d’un maximum d’efficacité dans le travail marginal des domaines physique, morontiel et spirituel. Ces enfants de l’Esprit-Mère de l’Univers local sont caractérisés par la présence de « quatrièmes créatures », d’une manière très semblable aux Servites de Havona et aux commissions de conciliation. Chaque quatrième chérubin et chaque quatrième sanobin sont quasi matériels ; ils se rapprochent très nettement du niveau morontiel d’existence. 38:7.7 Ces quatrièmes créatures angéliques sont d’un grand secours pour les séraphins dans les phases plus matérielles de leurs activités planétaires et universelles. Ces chérubins morontiels accomplissent aussi de nombreuses tâches marginales indispensables sur les mondes morontiels d’entrainement et sont affectés en grand nombre au service des Compagnons de la Morontia. Par rapport aux sphères morontielles, ils représentent à peu près l’équivalent des créatures médianes par rapport aux planètes évolutionnaires. Sur les mondes habités, ces chérubins morontiels travaillent fréquemment en liaison avec les créatures médianes. Chérubins et créatures médianes forment des ordres de créatures nettement séparés. Ils ont des origines dissemblables, mais font preuve d’une grande similitude de nature et de fonctions. 8. Évolution des chérubins et des sanobins 38:8.1 De nombreuses voies de service progressif sont ouvertes aux chérubins et aux sanobins pour rehausser leur statut, lequel peut encore être élevé par l’embrassement de la Divine Ministre. Il y a trois grandes classes de chérubins et de sanobins en ce qui concerne leur potentiel évolutionnaire : 38:8.2 1. Candidats à l’ascension. Ces êtres sont par nature candidats au statut séraphique. Les chérubins et sanobins de cet ordre sont brillants, bien que leurs dons naturels n’égalent pas ceux des séraphins. Il leur est toutefois possible d’atteindre, par application et par expérience, le plein statut séraphique. 38:8.3 2. Chérubins de la phase médiane. Tous les chérubins et sanobins ne possèdent pas un potentiel d’ascension égal. Les chérubins de la phase médiane sont des êtres des créations angéliques limités par inhérence. La plupart d’entre eux resteront chérubins et sanobins, bien que les individus les plus doués puissent parvenir à un service séraphique restreint. 38:8.4 3. Chérubins morontiels. Ces « quatrièmes créatures » des ordres angéliques conservent toujours leurs caractéristiques quasi matérielles. Ils continueront comme chérubins et sanobins avec une majorité de leurs frères de la phase médiane, en attendant la factualisation complète de l’Être Suprême. 38:8.5 Alors que le deuxième et le troisième groupes sont quelque peu limités en potentiel de croissance, les candidats à l’ascension peuvent atteindre les hauteurs du service séraphique universel. Nombre des chérubins les plus expérimentés du premier groupe sont attachés aux gardiens séraphiques de la destinée et placés ainsi en ligne directe pour s’élever au statut d’Éducateurs des Mondes des Maisons lorsque leurs séniors séraphiques les abandonneront. Les gardiens de la destinée n’ont plus de chérubins et de sanobins pour les aider lorsque leurs pupilles mortels ont atteint la vie morontielle. Et, quand d’autres types de séraphins évolutionnaires reçoivent l’autorisation de se rendre sur Séraphington et au Paradis, il leur faut abandonner leurs anciens subordonnés en sortant des frontières de Nébadon. Ces chérubins et sanobins ainsi abandonnés sont généralement étreints par l’Esprit-Mère de l’univers, ce qui les met au niveau d’un Éducateur des Mondes des Maisons dans l’obtention du statut séraphique. 38:8.6 Les chérubins et sanobins étreints une fois par l’Esprit-Mère servent longtemps comme Éducateurs des Mondes des Maisons sur les sphères morontielles, depuis la moins évoluée jusqu’à la plus haute. Lorsque leur corps assemblé sur Salvington comporte trop de recrues, la Radieuse Étoile du Matin convoque ces fidèles serviteurs des créatures du temps à paraitre en sa présence. Ils prêtent le serment de transformation de personnalité, sur quoi l’Esprit-Mère de l’Univers étreint de nouveau, par groupes de sept mille, ces chérubins et sanobins séniors et avancés. Ils sortent alors de cette seconde étreinte comme séraphins qualifiés. Désormais, la pleine et complète carrière d’un séraphin, avec toutes ses possibilités paradisiaques, est ouverte à ces chérubins et sanobins nés une seconde fois. Ces anges peuvent être affectés à un mortel comme gardiens de la destinée ; si leur pupille mortel atteint la survie, ils deviennent éligibles pour être promus à Séraphington et aux sept cercles d’aboutissement séraphique, et même pour entrer au Paradis et au Corps de la Finalité. 9. Les créatures médianes 38:9.1 Les créatures médianes ont une triple classification. Elles sont classées à juste titre avec les Fils ascendants de Dieu ; elles sont factuellement groupées avec les ordres de citoyenneté permanente, mais fonctionnellement comptées avec les esprits tutélaires du temps, à cause de leur association intime et effective avec les armées angéliques au service des mortels sur les mondes individuels de l’espace. 38:9.2 Ces créatures uniques apparaissent sur la majorité des mondes habités, et on les trouve toujours sur les planètes décimales comme Urantia où se font les expériences de vie. Les médians sont de deux types – primaire et secondaire – et apparaissent au moyen des techniques suivantes : 38:9.3 1. Médians primaires. Ils forment le groupe le plus spirituel et un ordre quelque peu standardisé. Ces êtres dérivent uniformément des mortels ascendants modifiés appartenant à l’état-major des Princes Planétaires. Le nombre des créatures médianes primaires est toujours de cinquante-mille, et nulle planète bénéficiant de leur ministère n’en a davantage. 38:9.4 2. Médians secondaires. Ils forment le groupe le plus matériel de ces créatures, et leur nombre varie considérablement sur les différents mondes, bien que la moyenne soit voisine de cinquante-mille. Ils dérivent par des voies diverses des élévateurs biologiques planétaires, les Adams et les Èves, ou de leur descendance immédiate. Il n’existe pas moins de vingt-quatre techniques pour la production des médians secondaires sur les mondes évolutionnaires de l’espace. Leur mode d’origine sur Urantia fut inhabituel et extraordinaire. 38:9.5 Aucun de ces deux groupes ne provient d’un accident de l’évolution ; ils sont tous deux des éléments essentiels dans les plans prédéterminés des architectes de l’univers. Leur apparition au moment opportun sur les mondes en évolution concorde avec les projets originels et les plans de développement des Porteurs de Vie superviseurs. 38:9.6 Les médians primaires reçoivent leur énergie intellectuelle et spirituelle par la technique angélique, et leur statut intellectuel est uniforme. Les sept esprits-mentaux adjuvats n’entrent pas en contact avec eux. Seuls le sixième et le septième, l’esprit d’adoration et l’esprit de sagesse, sont capables d’apporter leur ministère au groupe secondaire. 38:9.7 Les médians secondaires reçoivent leur énergie physique par la technique adamique et sont spirituellement encircuités par la technique séraphique : ils sont dotés intellectuellement du type de mental de transition morontielle. Ils se divisent physiquement en quatre types, spirituellement en sept ordres, et intellectuellement en douze niveaux selon leur sensibilité au ministère conjoint des deux derniers esprits adjuvats et au mental morontiel. Ces variantes déterminent leurs différences d’activité et d’affectation planétaire. 38:9.8 Les médians primaires ressemblent plus à des anges qu’à des mortels ; les ordres secondaires sont beaucoup plus proches des êtres humains. Chacun d’eux apporte une aide inestimable à l’autre dans l’exécution de leurs multiples tâches planétaires. Les ministres primaires peuvent établir une liaison coopérative à la fois avec les contrôleurs d’énergie morontielle et spirituelle, et avec les agents qui mettent en circuit le mental. Le groupe secondaire ne peut établir de liaison de travail qu’avec les contrôleurs physiques et les manipulateurs des circuits matériels. Mais, du fait que chaque groupe de médians peut établir un parfait synchronisme de contact avec l’autre, ils peuvent pratiquement utiliser tous deux la totalité de la gamme d’énergies allant du pouvoir physique brut des mondes matériels, passant par les phases transitionnelles d’énergie universelles, et jusqu’aux forces supérieures de réalité d’esprit des royaumes célestes. 38:9.9 Le vide entre le monde matériel et le monde spirituel est parfaitement comblé par la série d’associations : homme mortel, médian secondaire, médian primaire, chérubin morontiel, chérubin de phase médiane et séraphin. Dans l’expérience personnelle d’un mortel individuel, il est indubitable que ces divers niveaux sont plus ou moins unifiés par le divin Ajusteur de Pensée qui leur donne une signification personnelle par ses agissements non observés et mystérieux. 38:9.10 Sur les mondes normaux, les médians primaires maintiennent leur service en tant que corps de renseignements et hôtes célestes pour le compte du Prince Planétaire, tandis que les ministres secondaires continuent leur coopération avec le régime adamique pour faire avancer la cause de la civilisation planétaire progressive. Lorsque le Prince Planétaire fait défaut et que le Fils Matériel échoue, comme ce fut le cas sur Urantia, les créatures médianes deviennent les pupilles du Souverain de Système et servent sous la direction du conservateur en charge de la planète. Mais il n’y a que trois autres mondes dans le système de Satania où ces êtres opèrent en un seul groupe sous un commandement unifié comme le font les ministres médians unis d’Urantia. 38:9.11 Pour les médians tant primaires que secondaires, le travail planétaire est varié et diversifié sur les nombreux mondes individuels d’un univers, mais, sur les planètes normales et moyennes, leurs activités sont très différentes des devoirs qui occupent leur temps sur des sphères isolées comme Urantia. 38:9.12 Les médians primaires sont les historiens de la planète qui, depuis l’arrivée du Prince Planétaire jusqu’à l’âge où la lumière et la vie sont ancrées, élaborent les spectacles et préparent les descriptions de l’histoire planétaire pour les expositions des planètes sur les mondes-sièges systémiques. 38:9.13 Les Médians restent pendant de longues périodes sur un monde habité, mais, s’ils sont fidèles à leur mission, leurs services au long des âges pour maintenir la souveraineté du Fils Créateur finiront très certainement par être pris en considération. Ils recevront la récompense qui leur est due pour leur patient ministère auprès des mortels matériels sur leur monde du temps et de l’espace. Tôt ou tard, toutes les créatures médianes accréditées seront enrôlées dans les rangs des Fils ascendants de Dieu, et dument engagées dans la longue aventure d’ascension au Paradis en compagnie de ces mêmes mortels d’origine animale, leurs frères terrestres, qu’ils ont si soigneusement protégés et si efficacement servis pendant leur long séjour planétaire. 38:9.14 [Présenté par un Melchizédek agissant sur requête du Chef des Armées Séraphiques de Nébadon.] Fascicule 39. Les armées séraphiques 39:0.1 Autant que nous le sachions, l’Esprit Infini, tel qu’il est personnalisé aux sièges des univers locaux, se propose de procréer des séraphins uniformément parfaits, mais, pour quelque raison inconnue, ces descendants séraphiques sont très différents. Cette diversité peut résulter de l’interposition inconnue de la Déité expérientielle évoluante ; s’il en est ainsi, nous ne pouvons pas le prouver. Nous constatons toutefois qu’après avoir été soumis à des épreuves éducatives et à une discipline d’entrainement, les séraphins se classent infailliblement et nettement en sept groupes comme suit : 39:0.2 1. Les séraphins suprêmes. 39:0.3 2. Les séraphins supérieurs. 39:0.4 3. Les séraphins superviseurs. 39:0.5 4. Les séraphins administrateurs. 39:0.6 5. Les aides planétaires. 39:0.7 6. Les ministres de transition. 39:0.8 7. Les séraphins du futur. 39:0.9 Il ne serait guère exact de dire qu’un séraphin quelconque soit inférieur à un ange de tout autre groupe. Néanmoins, le service de chaque ange est tout d’abord limité au groupe de sa classification originelle et naturelle. Manotia, mon associée séraphique dans la préparation du présent exposé, est un séraphin suprême qui a jadis opéré uniquement comme tel. Par son assiduité et son service dévoué, elle a réussi tour à tour dans chacun des sept services séraphiques. Elle a été en fonction dans presque toutes les voies d’activités ouvertes à un séraphin, et maintenant elle occupe le poste de chef adjoint des séraphins sur Urantia. 39:0.10 Les êtres humains trouvent quelquefois difficile de comprendre qu’une aptitude créée pour un ministère de niveau supérieur n’implique pas nécessairement la capacité d’opérer à des niveaux de service relativement inférieurs. L’homme débute dans la vie comme un bébé impuissant, chaque aboutissement humain doit donc inclure toutes les conditions expérientielles préalables. Les séraphins ne passent pas par cette vie préadulte – ils n’ont pas d’enfance. Ils sont pourtant des créatures expérientielles. Par expérience et par un supplément d’éducation, ils peuvent augmenter leur patrimoine d’aptitudes divin et inné en acquérant expérimentalement de l’habileté fonctionnelle dans un ou plusieurs services séraphiques. 39:0.11 Après avoir été commissionnés, les séraphins sont affectés aux réserves de leur groupe naturel. Ceux qui ont le statut planétaire d’administrateur servent souvent pendant de longues périodes selon leur classement d’origine, mais plus leur niveau fonctionnel inhérent est élevé, plus les ministres angéliques cherchent avec persistance à être affectés aux ordres inférieurs de service universel. Ils désirent spécialement être incorporés dans les réserves des aides planétaires et, s’ils y parviennent, ils s’enrôlent dans les écoles célestes attachées au quartier général du Prince Planétaire de quelque monde évolutionnaire. Ils y commencent l’étude des langues, de l’histoire et des mœurs locales des races de l’humanité. Les séraphins doivent acquérir la connaissance et gagner de l’expérience d’une manière très semblable à celle des hommes. Ils sont proches de vous par certains attributs de la personnalité, et ils s’efforcent tous de commencer à la base, au niveau de ministère le plus humble possible ; cela leur permet d’espérer qu’ils atteindront le niveau le plus élevé possible de destinée expérientielle. 1. Les séraphins suprêmes 39:1.1 Ces séraphins forment le plus élevé des sept ordres d’anges révélés dans l’univers local. Ils opèrent en sept groupes dont chacun est étroitement associé aux ministres angéliques du Corps Séraphique de Parachèvement. 39:1.2 1. Ministres du Fils-Esprit. Les séraphins suprêmes du premier groupe sont affectés au service des Fils élevés et des êtres issus de l’Esprit qui résident et opèrent dans l’univers local. Les ministres angéliques de ce groupe servent aussi le Fils de l’Univers et l’Esprit de l’Univers, et sont étroitement affiliés au service des renseignements de la Radieuse Étoile du Matin, chef exécutif, pour l’univers, des volontés unies du Fils Créateur et de l’Esprit Créatif. 39:1.3 Du fait de leur affectation aux Fils et aux Esprits élevés, ces séraphins se trouvent naturellement associés aux vastes services des Avonals Paradisiaques, les divins descendants du Fils Éternel et de l’Esprit Infini. Les Avonals du Paradis sont toujours accompagnés, dans toutes leurs missions magistrales et d’effusion, par des séraphins de cet ordre élevé et plein d’expérience. Ces derniers se consacrent alors à organiser et administrer le travail spécial se rapportant à la fin d’une dispensation planétaire et à l’inauguration d’un nouvel âge ; mais ils ne s’occupent pas du travail de jugement éventuel accessoire au changement de dispensation. 39:1.4 Assistants d’effusion. Quand ils accomplissent une mission d’effusion, les Avonals du Paradis, mais non les Fils Créateurs, sont toujours accompagnés d’un corps de 144 assistants d’effusion. Ces 144 anges sont les chefs de tous les autres ministres issus du Fils et de l’Esprit qui se trouvent associés à une mission d’effusion. Il peut y avoir des légions d’anges soumis au commandement d’un Fils de Dieu incarné dans une effusion planétaire, mais tous ces séraphins seront organisés et dirigés par les 144 assistants d’effusion. Des anges d’ordre supérieur, supernaphins et seconaphins, peuvent aussi faire partie de l’armée des assistants, et, bien que leurs missions soient distinctes de celles des séraphins, toutes leurs activités seront coordonnées par les assistants d’effusion. 39:1.5 Ces assistants d’effusion sont des séraphins parachevés ; ils ont tous traversé les cercles de Séraphington et atteint le Corps Séraphique de Parachèvement. En outre, ils ont été spécialement entrainés à faire face aux difficultés et à surmonter les crises associées aux effusions des Fils de Dieu pour l’avancement des enfants du temps. Ces séraphins ont tous atteint le Paradis et l’embrassement personnel de la Deuxième Source-Centre, le Fils Éternel. 39:1.6 Les séraphins souhaitent ardemment aussi faire partie des missions des Fils incarnés et d’être attachés, comme gardiens de la destinée aux mortels du royaume ; ce dernier rôle est le plus sûr passeport pour le Paradis, alors que les assistants d’effusion ont accompli le service le plus élevé de l’univers local parmi les séraphins parachevés ayant atteint le Paradis. 39:1.7 2. Consultants des tribunaux. Ce sont les séraphins consultants et aides attachés à tous les ordres du jugement, depuis les conciliateurs jusqu’aux tribunaux les plus élevés du royaume. Ces tribunaux n’ont pas pour but de rendre des sentences punitives, mais plutôt de juger les honnêtes divergences d’opinion et de décréter la survie éternelle des mortels ascendants. Le devoir des consultants consiste à veiller à ce que toutes les accusations contre des créatures mortelles soient exposées avec justice et jugées avec miséricorde. Dans ce travail, ils sont étroitement associés aux Hauts Commissaires, ascendeurs fusionnés avec l’Esprit et servant dans l’univers local. 39:1.8 Les consultants séraphiques auprès des tribunaux servent très souvent comme défenseurs des mortels. Nous ne voulons pas dire qu’une tendance à l’injustice envers les humbles créatures des royaumes ait jamais existé, mais, alors que la justice exige le jugement de toute faute dans l’ascension vers la perfection divine, la miséricorde requiert que chaque faux pas soit jugé selon la nature de la créature et le dessein divin. Ces anges exposent, par la parole et l’exemple, l’élément de miséricorde inhérent à la justice divine – une équité basée sur la connaissance des faits sous-jacents rattachés aux mobiles personnels et aux tendances raciales. 39:1.9 Les anges de cet ordre servent depuis les conseils des Princes Planétaires jusqu’aux tribunaux les plus élevés de l’univers local, tandis que leurs associés du Corps Séraphique de Parachèvement opèrent dans les royaumes supérieurs d’Orvonton, même auprès des tribunaux des Anciens des Jours sur Uversa. 39:1.10 3. Les orienteurs universels. Ce sont les amis fidèles et les conseillers diplômés de toutes ces créatures ascendantes qui font une ultime pause à Salvington, dans l’univers de leur origine, juste à la veille de l’aventure spirituelle qui se présente à eux dans l’immense superunivers d’Orvonton. À ces moments-là, bien des ascendeurs éprouvent un sentiment que les mortels peuvent seulement comprendre par comparaison avec l’émotion humaine de la nostalgie. Derrière eux s’étendent les royaumes d’accomplissement auxquels ils se sont accoutumés par de longs services et par l’aboutissement morontiel. Devant eux se dresse le mystérieux défi d’un univers plus grand et plus vaste. 39:1.11 Les orienteurs universels ont pour tâche de faciliter aux pèlerins ascendants le passage entre les niveaux de service universel déjà atteints et ceux qui ne le sont pas encore. Ils aident les pèlerins à effectuer, dans la compréhension des significations et des valeurs, les ajustements kaléidoscopiques inhérents à la réalisation de la position d’un être spirituel à son premier stade. Cette position n’est pas la fin et l’apogée de l’ascension morontielle de l’univers local, mais plutôt le point inférieur de la longue échelle d’ascension spirituelle qui conduit au Père Universel du Paradis. 39:1.12 Beaucoup de diplômés de Séraphington, membres du Corps Séraphique de Parachèvement et associés aux séraphins qui en font partie, entreprennent d’enseigner d’une manière très étendue dans certaines écoles de Salvington consacrées à préparer les créatures de Nébadon aux relations du prochain âge de l’univers. 39:1.13 4. Les conseillers d’enseignement. Ces anges apportent une aide inestimable au corps enseignant spirituel de l’univers local. Les conseillers d’enseignement sont secrétaires des maitres de tous les ordres, depuis les Melchizédeks et les Fils Instructeurs de la Trinité jusqu’aux mortels morontiels chargés d’aider ceux de leur espèce qui les suivent immédiatement sur l’échelle de la vie ascendante. Vous verrez pour la première fois ces séraphins associés d’enseignement sur l’un des sept mondes des maisons qui entourent Jérusem. 39:1.14 Ces séraphins deviennent associés des chefs de division des nombreuses institutions des univers locaux où l’on éduque et instruit ; ils sont attachés en grand nombre aux facultés des sept mondes de formation des systèmes locaux et à celles des soixante-dix sphères éducatives des constellations. Leur ministère s’étage jusqu’aux mondes individuels. Même les éducateurs sincères et dévoués du temps sont assistés, et souvent accompagnés, par ces conseillers des séraphins suprêmes. 39:1.15 La quatrième effusion du Fils Créateur sous forme de créature eut lieu dans la similitude d’un conseiller d’enseignement des séraphins suprêmes de Nébadon. 39:1.16 5. Les directeurs d’affectation. Un corps de 144 séraphins suprêmes est élu de temps en temps par les anges qui servent sur les sphères évolutionnaires et architecturales habitées par des créatures. Ce corps forme le conseil angélique le plus élevé sur n’importe quelle sphère, et il coordonne les phases autonomes de services et d’affectations séraphiques. Ces anges président toutes les assemblées séraphiques concernant la ligne du devoir ou l’appel à l’adoration. 39:1.17 6. Les archivistes. Ce sont eux qui tiennent officiellement les archives pour les séraphins suprêmes. Beaucoup de ces anges élevés sont nés avec leurs dons pleinement développés ; d’autres se sont qualifiés pour leurs postes de confiance et de responsabilité en s’appliquant diligemment à étudier, et en accomplissant fidèlement des devoirs similaires quand ils étaient attachés à des ordres plus humbles ou moins chargés de responsabilités. 39:1.18 7. Ministres non attachés. Un grand nombre de séraphins non attachés de l’ordre suprême servent selon leur propre idée sur les sphères architecturales et les sphères habitées. Ces ministres satisfont volontairement la demande différentielle dans le service des séraphins suprêmes, constituant ainsi la réserve générale de cet ordre. 2. Séraphins supérieurs 39:2.1 Le nom de séraphins supérieurs leur a été donné sans qu’ils soient en aucun sens qualitativement supérieurs aux autres ordres d’anges, mais parce qu’ils ont la charge des activités supérieures d’un univers local. De très nombreux membres des deux premiers groupes de ce corps sont des séraphins d’aboutissement, des anges qui ont servi dans toutes les phases d’entrainement et sont revenus à une affectation glorifiée comme directeurs des êtres de leur espèce dans les sphères de leurs activités primitives. Étant un univers jeune, Nébadon ne possède pas beaucoup d’anges de cet ordre. 39:2.2 Les séraphins supérieurs opèrent dans les sept groupes suivants : 39:2.3 1. Le corps de renseignements. Ces séraphins appartiennent à l’état-major personnel de Gabriel, la Radieuse Étoile du Matin. Ils parcourent l’univers local en recueillant les informations des royaumes, pour sa gouverne dans les conseils de Nébadon. Ils sont le corps de renseignements des puissantes armées dont Gabriel a la direction en tant que vice-gérant du Maitre Fils. Ces séraphins ne sont directement affiliés ni aux systèmes ni aux constellations ; leurs renseignements affluent directement à Salvington sur un circuit continu, direct et indépendant. 39:2.4 Les corps de renseignements des différents univers locaux peuvent avoir et ont des intercommunications, mais seulement à l’intérieur d’un superunivers donné. Il existe un différentiel d’énergie qui sépare effectivement les affaires et les opérations des divers supergouvernements. En général, un superunivers ne peut communiquer avec un autre que par les moyens et dispositifs de la chambre de compensation du Paradis. 39:2.5 2. La voix de la miséricorde. La miséricorde est la voix dominante du service des séraphins et du ministère des anges. Il convient donc qu’il y ait un corps angélique pour dépeindre la miséricorde d’une manière spéciale. Ces séraphins sont les vrais ministres de miséricorde des univers locaux. Ils sont les guides inspirés qui entretiennent les impulsions supérieures et les émotions les plus sacrées des hommes et des anges. Les directeurs de ces légions sont désormais toujours des séraphins de parachèvement qui sont également des gardiens diplômés de la destinée humaine. Autrement dit, chaque couple angélique a guidé au moins une âme d’origine animale durant sa vie dans la chair, puis il a traversé les cercles de Séraphington et a été enrôlé dans le Corps Séraphique de Parachèvement. 39:2.6 3. Les coordonnateurs d’Esprit. Les séraphins supérieurs du troisième groupe ont leur base sur Salvington, mais opèrent dans l’univers local en tous les lieux où ils peuvent rendre des services fructueux. Leurs tâches sont essentiellement spirituelles et dépassent donc la compréhension réelle du mental humain. Vous saisirez toutefois quelque peu leur ministère auprès des mortels si nous expliquons que l’on a confié à ces anges la tâche de préparer les ascendeurs, séjournant sur Salvington, à leur dernier transit dans l’univers local – le passage du niveau morontiel le plus élevé au statut d’être spirituel nouveau-né. De même que, sur les mondes des maisons, les planificateurs mentaux aident les créatures survivantes à s’adapter aux potentiels du mental morontiel et à s’en servir efficacement de même sur Salvington ces séraphins instruisent les diplômés morontiels au sujet des facultés nouvellement acquises du mental de l’esprit. Ils servent encore les ascendeurs de beaucoup d’autres manières. 39:2.7 4. Les maitres assistants. Les maitres assistants sont les aides et les associés de leurs compagnons séraphins, les conseillers enseignants. Ils sont aussi en contact individuel avec les vastes institutions éducatives de l’univers local, et spécialement avec le septuple plan de formation mis en œuvre sur les mondes des maisons des systèmes locaux. Un merveilleux corps de cet ordre de séraphins fonctionne sur Urantia en vue de soutenir et de faire progresser la cause de la vérité et de la droiture. 39:2.8 5. Les transporteurs. Tous les groupes d’esprits tutélaires ont leurs corps de transport, des ordres angéliques consacrés au soin de transporter les personnalités incapables de voyager par elles-mêmes d’une sphère à une autre. Les séraphins supérieurs du cinquième groupe ont leur siège installé sur Salvington et servent de franchisseurs d’espace pour se rendre au siège de l’univers local ou pour en partir. Comme pour les séraphins supérieurs appartenant à d’autres subdivisions, certains transporteurs furent créés tels qu’ils sont, et d’autres se sont élevés en partant de groupes inférieurs ou moins bien doués. 39:2.9 Les séraphins ont une « réserve d’énergie » entièrement adéquate aux besoins de l’univers local et même du superunivers, mais ils ne pourraient jamais résister aux exigences énergétiques imposées par un voyage aussi long que celui d’Uversa à Havona. Un trajet aussi épuisant nécessite les pouvoirs spéciaux d’un seconaphin primaire qualifié pour les transports. Les transporteurs se chargent d’énergie pour le vol alors qu’ils sont en transit et récupèrent leur pouvoir personnel à la fin du voyage. 39:2.10 Même sur Salvington, les mortels ascendants ne possèdent pas de formes personnelles de transit. Les ascendeurs doivent recourir aux transports séraphiques pour avancer de monde en monde tant qu’ils n’ont pas pris, sur le cercle intérieur de Havona, leur ultime sommeil de repos suivi du réveil éternel au Paradis. Ensuite, vous ne dépendrez plus des anges pour vous transporter d’univers en univers. 39:2.11 Le processus d’enséraphinement ressemble quelque peu à l’expérience de la mort ou du sommeil, exception faite de ce que l’assoupissement de transit comporte un élément automatique de temps. Vous êtes consciemment inconscient pendant le repos séraphique ; mais votre Ajusteur de Pensée est entièrement et pleinement conscient, en fait, il est même exceptionnellement efficace, puisque vous êtes incapable de vous opposer à son travail créatif et transformateur, de lui résister ou de le gêner en aucune manière. 39:2.12 Quand vous êtes enséraphiné, vous vous endormez pour un temps spécifié et vous vous réveillez au moment fixé. Dans le sommeil de transit, la longueur du voyage n’a pas d’importance. Vous ne vous rendez pas compte directement du temps qui s’écoule. Tout se passe comme si vous vous endormiez dans un véhicule de transport en partant d’une ville, et qu’après avoir paisiblement dormi toute la nuit, vous vous réveilliez dans une autre métropole lointaine. Vous avez voyagé assoupi. Et c’est ainsi que vous vous envolez à travers l’espace, enséraphiné, en vous reposant – en dormant. Le sommeil de transit est provoqué par la liaison entre l’Ajusteur et les transporteurs séraphiques. 39:2.13 Les anges ne peuvent pas transporter de corps combustibles – chair et sang – tels que vous en possédez aujourd’hui, mais ils peuvent transporter tous les autres, depuis les formes morontielles inférieures jusqu’aux formes spirituelles les plus élevées. Ils n’agissent pas en cas de mort naturelle. Lorsque vous terminez votre carrière terrestre, votre corps reste sur cette planète. Votre Ajusteur de pensée rejoint le sein du Père, et les anges transporteurs ne sont pas directement impliqués dans la reconstitution ultérieure de votre personnalité sur le monde d’identification des maisons. Là, votre nouveau corps est une forme morontielle susceptible d’être enséraphinée. Vous « semez un corps mortel » dans la tombe et vous « récoltez une forme morontielle » sur les mondes des maisons. 39:2.14 6. Les archivistes. Ces personnalités s’occupent spécialement de recevoir, de classer et de réexpédier les archives de Salvington et de ses mondes associés. Ils servent aussi comme archivistes spéciaux pour des groupes résidants de personnalités supérieures et superuniverselles, comme clercs des tribunaux de Salvington et comme secrétaires de leurs dirigeants. 39:2.15 Les diffuseurs – récepteurs et émetteurs – forment une subdivision spéciale des archivistes séraphiques. Ils s’occupent d’expédier les documents et de disséminer les informations essentielles. Leur travail est d’ordre très élevé ; en effet, il comporte des circuits multiples permettant à 144 000 messages de passer simultanément par une même ligne d’énergie. Ils adaptent les techniques idéographiques supérieures des chefs archivistes superaphiques et, grâce à ces symboles communs, ils maintiennent un contact réciproque à la fois avec les coordonnateurs de renseignements des supernaphins tertiaires et les coordonnateurs glorifiés de renseignements du Corps Séraphique de Parachèvement. 39:2.16 Les archivistes séraphiques de l’ordre supérieur effectuent ainsi une liaison étroite avec le corps de renseignements de leur propre ordre et avec tous les archivistes subordonnés, alors que les télédiffusions leur permettent de rester en constante communication avec les archivistes supérieurs du superunivers et, par ce canal, avec les archivistes de Havona et les gardiens de la connaissance au Paradis. Beaucoup d’archivistes de l’ordre supérieur sont des séraphins qui avaient occupé des fonctions similaires dans des sections inférieures de l’univers. 39:2.17 7. Les réserves. De vastes réserves de tous les types de séraphins supérieurs sont maintenues à Salvington, instantanément disponibles pour être expédiées aux mondes de Nébadon les plus lointains lorsqu’elles sont requises par les directeurs d’affectation ou demandées par les administrateurs de l’univers. Les réserves de séraphins supérieurs fournissent aussi des aides messagers, sur réquisition du chef des Brillantes Étoiles du Soir, qui a la charge de conserver et d’expédier toutes les communications personnelles. Un univers local est largement équipé de tous les moyens adéquats d’intercommunication, mais il subsiste toujours un surplus de messages qu’il faut expédier par des messagers personnels. 39:2.18 Les réserves de base pour l’ensemble de l’univers local sont maintenues sur les mondes séraphiques de Salvington. Leur corps inclut tous les types de tous les groupes d’anges. 3. Les séraphins superviseurs 39:3.1 Cet ordre d’anges universels aux talents variés est affecté exclusivement au service des constellations. Ces habiles ministres installent leurs quartiers généraux sur les capitales des constellations, mais opèrent dans tout Nébadon au profit des royaumes qui leur sont dévolus. 39:3.2 1. Assistants superviseurs. Le premier ordre des séraphins superviseurs est affecté au travail collectif des Pères des Constellations et assiste toujours efficacement les Très Hauts. Ces séraphins s’occupent en premier lieu de l’unification et de la stabilisation d’une constellation tout entière. 39:3.3 2. Les pronostiqueurs de lois. Le fondement intellectuel de la justice est la loi et, dans un univers local, la loi prend son origine dans les assemblées législatives des constellations. Ces corps délibératifs codifient et promulguent officiellement les lois fondamentales de Nébadon, lois qui ont pour but de procurer à une constellation entière le maximum de coordination compatible avec la politique établie de ne pas violer le libre arbitre moral des créatures personnelles. Les séraphins superviseurs du second ordre ont pour tâche d’apporter aux législateurs de la constellation un pronostic sur la manière dont une ordonnance proposée affecterait la vie des créatures douées de libre arbitre. Ils sont bien qualifiés pour accomplir ce service en raison de leur longue expérience dans les systèmes locaux et sur les mondes habités. Ces séraphins ne cherchent pas à favoriser spécialement un groupe ou un autre, mais ils comparaissent devant les législateurs célestes pour parler au nom de ceux qui ne peuvent pas se présenter pour s’exprimer personnellement. Les mortels eux-mêmes peuvent contribuer à l’évolution de la loi universelle, car ce ne sont pas nécessairement les désirs transitoires et conscients des hommes que ces séraphins dépeignent pleinement et fidèlement, mais plutôt les vraies aspirations de l’homme intérieur, de l’âme morontielle évoluante des mortels matériels sur les mondes de l’espace. 39:3.4 3. Les architectes sociaux. Depuis les planètes individuelles jusqu’aux mondes éducatifs morontiels, ces séraphins travaillent à embellir tous les contacts sociaux sincères et à favoriser l’évolution sociale des créatures de l’univers. Ils sont les anges qui cherchent à dépouiller de tout caractère artificiel les associations d’êtres intelligents, tout en s’efforçant de faciliter les interassociations de créatures volitives sur la base d’une vraie compréhension de soi et d’une sincère estime mutuelle. 39:3.5 Les architectes sociaux font tout ce qui est en leur pouvoir et dans leur domaine pour réunir des individus assortis, afin de former sur terre des groupes de travail efficaces et agréables. De tels groupes se trouvent parfois réassociés sur les mondes des maisons pour continuer leurs fructueux services. Mais ces séraphins n’atteignent pas toujours leurs buts ; ils ne réussissent pas toujours à réunir ceux qui formeraient le groupe le plus idéal pour atteindre un objectif donné ou pour accomplir une tâche déterminée. Il leur faut alors utiliser les meilleurs matériaux disponibles. 39:3.6 Ces anges continuent leur ministère sur les mondes des maisons et les mondes morontiels supérieurs. Ils s’occupent de toute entreprise concernant le progrès sur les mondes morontiels et intéressant trois personnes ou davantage. Quand il s’agit de deux êtres seulement, on les considère comme opérant sur la base du mariage, du complément ou de l’association, mais, lorsque trois êtres ou davantage sont groupés pour un service, ils constituent un problème social et tombent en conséquence sous la juridiction des architectes sociaux. Sur Édentia, ces séraphins efficaces sont organisés en soixante-dix divisions qui servent sur les soixante-dix mondes de progrès morontiel entourant la sphère-siège. 39:3.7 4. Les sensibilisateurs d’éthique. Ces séraphins ont pour mission d’entretenir et de promouvoir chez les créatures l’appréciation croissante de la moralité des relations entre personnes, car c’est le germe et le secret de la croissance continue et intentionnelle des sociétés et des gouvernements, humains ou suprahumains. Ces séraphins, qui rehaussent l’appréciation éthique, opèrent dans toutes les circonstances de temps et de lieu où ils peuvent rendre service, soit comme conseillers volontaires auprès des dirigeants planétaires, soit comme instructeurs d’échange sur les mondes éducatifs des systèmes. Toutefois, vous ne serez pas placés sous leur pleine gouverne avant d’atteindre les écoles fraternelles d’Édentia, où ils stimuleront votre appréciation des vérités concernant la fraternité. Ce sont ces mêmes vérités que vous serez précisément en train d’approfondir sérieusement en faisant l’expérience actuelle de vivre avec les univitatias dans les laboratoires sociaux d’Édentia, les soixante-dix satellites de la capitale de Norlatiadek. 39:3.8 5. Les transporteurs. Les séraphins superviseurs du cinquième groupe opèrent comme transporteurs de personnalités, allant et venant entre les sièges des constellations. Pendant que ces séraphins de transport sont en cours de route d’une sphère à une autre, ils sont pleinement conscients de leur vitesse, de leur direction et de leur position astronomique. Ils ne franchissent pas l’espace comme des projectiles inanimés. Ils peuvent se frôler durant leur vol spatial sans le moindre danger de collision. Ils sont parfaitement capables de varier leur vitesse de croisière, de modifier la direction de leur vol et même de changer de destination si leurs directeurs le leur ordonnent à un carrefour spatial quelconque des circuits de renseignements de l’univers. 39:3.9 Ces personnalités de transit sont organisées de telle sorte qu’elles peuvent utiliser simultanément les trois lignes d’énergie universellement réparties, dont chacune a une vitesse propre de 299 790 kilomètres à la seconde. Les séraphins transporteurs peuvent donc surimposer la vitesse de l’énergie à celle du pouvoir, ce qui leur permet d’atteindre, au cours de leurs longs voyages, une allure moyenne comprise entre 893 000 et 899 400 kilomètres par seconde de votre temps. Leur vitesse est affectée par la proximité des masses de matière avoisinantes et par l’intensité et la direction des principaux circuits de pouvoir d’univers dont ils sont proches. Il existe de nombreux types d’êtres, similaires aux séraphins, qui sont également capables de traverser l’espace et de transporter d’autres êtres convenablement préparés. 39:3.10 6. Les archivistes. Les séraphins superviseurs du sixième ordre agissent comme archivistes spéciaux des affaires des constellations. Un corps nombreux et efficace d’entre eux fonctionne sur Édentia, quartier général de la constellation de Norlatiadek, à laquelle appartiennent votre système et votre planète. 39:3.11 7. Les réserves. Les réserves générales de séraphins superviseurs sont maintenues sur les sièges des constellations. Ces anges tenus en réserve ne sont en aucun sens inactifs ; beaucoup d’entre eux servent d’aides messagers aux dirigeants des constellations ; d’autres sont attachés sur Salvington aux réserves de Vorondadeks non affectés ; d’autres encore peuvent être attachés aux Fils Vorondadeks en mission spéciale, par exemple à l’observateur Vorondadek d’Urantia qui en est parfois le Très Haut régent. 4. Les séraphins administrateurs 39:4.1 Les séraphins du quatrième ordre sont affectés aux charges administratives des systèmes locaux. Ils sont natifs des capitales systémiques, mais stationnés en grand nombre sur les mondes des maisons, les sphères morontielles et les mondes habités. Les séraphins du quatrième ordre sont doués par nature de qualités administratives exceptionnelles. Ils aident avec compétence les directeurs des divisions subalternes du gouvernement universel d’un Fils Créateur et s’occupent principalement des affaires des systèmes locaux et des mondes qui les composent. Ils sont organisés pour servir de la manière suivante : 39:4.2 1. Assistants administratifs. Ces séraphins fort capables sont les assistants immédiats d’un Souverain de Système, un Fils Lanonandek primaire. Ils sont des aides inestimables pour exécuter les détails compliqués du travail exécutif au siège du système. Ils servent aussi d’agents personnels des dirigeants du système, allant et venant en grand nombre entre la capitale, les divers mondes de transition et les planètes habitées, exécutant de nombreux mandats pour le bien-être du système et dans l’intérêt physique et biologique de ses mondes habités. 39:4.3 Ces mêmes administrateurs séraphiques sont également attachés aux gouvernements des dirigeants des mondes, les Princes Planétaires. Dans un univers donné, la majorité des planètes se trouve placée sous la juridiction d’un Fils Lanonandek secondaire, mais, sur certains mondes tels qu’Urantia, le plan divin a avorté. En cas de défection d’un Prince Planétaire, ces séraphins sont rattachés aux administrateurs provisoires Melchizédeks et à leurs successeurs en autorité planétaire. Le présent dirigeant d’Urantia en exercice est assisté par un corps de mille séraphins de cet ordre aux talents variés. 39:4.4 2. Les guides de justice. Ce sont les anges qui présentent le résumé des témoignages concernant l’éternel bien-être des hommes et des anges lorsque les affaires de ce genre viennent à être plaidées devant les tribunaux d’un système ou d’une planète. Ils préparent les exposés pour toutes les audiences préliminaires impliquant la survie des mortels, et ces exposés sont ensuite portés avec le dossier du cas devant les tribunaux supérieurs de l’univers et du superunivers. Si la justification d’une survie est douteuse, la défense du cas est préparée par ces séraphins, qui comprennent parfaitement tous les détails caractéristiques de chaque chef d’accusation rédigé par les administrateurs de la justice de l’univers. 39:4.5 Ces anges n’ont pas pour mission de vaincre ou de retarder la justice, mais plutôt de veiller à ce qu’une justice infaillible soit appliquée à toutes les créatures avec une généreuse miséricorde et en toute équité. Ces séraphins sont souvent en fonction sur les mondes locaux, se présentant habituellement devant les trios d’arbitres des commissions de conciliation – les tribunaux jugeant les malentendus mineurs. Parmi ceux qui ont servi, à un moment donné, de guides de justice dans les mondes inférieurs, beaucoup apparaissent plus tard comme Voix de la Miséricorde sur les sphères supérieures et sur Salvington. 39:4.6 Lors de la rébellion de Lucifer dans Satania, très peu de guides de justice furent perdus, mais plus d’un quart des autres séraphins administrateurs et des ordres inférieurs de ministres séraphiques furent égarés et trompés par les sophismes d’une liberté personnelle effrénée. 39:4.7 3. Interprètes de citoyenneté cosmique. Quand les ascendeurs ont terminé leur entrainement sur les mondes des maisons, premier stade d’apprentissage des étudiants dans la carrière universelle, il leur est permis de jouir des satisfactions passagères d’une maturité relative – la citoyenneté de la capitale du système. Bien que le fait d’atteindre chaque but ascendant constitue un succès factuel, ces buts ne sont, dans un sens plus large, que des bornes sur le long sentier montant au Paradis. Si relatifs que soient ces succès, on ne refuse jamais à une créature évolutionnaire la satisfaction complète, mais éphémère, d’avoir atteint un but. De temps à autre, l’ascension au Paradis comporte une pause, un bref répit pour reprendre haleine, répit au cours duquel les horizons de l’univers sont immobiles, le statut de la créature est stationnaire, et la personnalité goute la douceur d’avoir atteint son but. 39:4.8 La première de ces périodes dans la carrière d’un mortel ascendant a lieu sur la capitale d’un système local. Durant cette pause, et en tant que citoyen de Jérusem, vous essayerez d’exprimer par votre vie de créature les choses que vous avez acquises au cours des huit expériences vitales précédentes – embrassant Urantia et les sept mondes des maisons. 39:4.9 Les interprètes séraphiques de citoyenneté cosmique guident les nouveaux citoyens des capitales de systèmes et avivent leur appréciation des responsabilités d’un gouvernement d’univers. Ces séraphins sont aussi étroitement associés aux Fils Matériels dans l’administration des systèmes pendant qu’ils dépeignent la responsabilité et la moralité de la citoyenneté cosmique aux mortels matériels sur les mondes habités. 39:4.10 4. Les stimulateurs de moralité. Sur les mondes des maisons, vous commencez d’apprendre à vous gouverner vous-même au profit de tous les intéressés. Votre mental apprend la coopération, la manière de faire des projets avec des êtres différents et plus sages. Aux quartiers généraux des systèmes, les maitres séraphiques stimuleront encore davantage votre appréciation de la moralité cosmique – les interactions de la liberté et de la loyauté. 39:4.11 Qu’est-ce que la loyauté ? C’est le fruit d’une appréciation intelligente de la fraternité universelle. On ne saurait beaucoup prendre sans rien donner. À mesure que vous vous élevez sur l’échelle de la personnalité, vous apprenez d’abord à être loyal, ensuite à aimer, ensuite à être filial, et alors vous pouvez être libre ; ce n’est pas avant d’être devenu un finalitaire, d’avoir atteint la perfection de la loyauté, que vous pourrez réaliser par vous-même la finalité de la liberté. 39:4.12 Ces séraphins stimulateurs de moralité enseignent la fécondité de la patience : ils enseignent que la stagnation conduit à une mort certaine, mais que la croissance trop rapide équivaut aussi à un suicide. Une goutte d’eau de haute altitude tombe à un niveau plus bas et, continuant à couler, elle descend de plus en plus bas par une succession de petites chutes. Le progrès dans les mondes morontiels et spirituels est similaire, mais toujours dirigé vers le haut – et il a lieu tout aussi lentement et par des stades tout aussi graduels. 39:4.13 Les stimulateurs de moralité dépeignent aux mondes habités la vie mortelle comme une chaine ininterrompue de beaucoup de chainons. Votre court séjour sur Urantia, sphère d’enfance de mortel, n’est qu’un seul chainon, le tout premier dans la longue chaine qui s’étend à travers les univers et au long des âges éternels. Il ne s’agit pas tant de ce que vous apprenez dans cette première vie ; c’est l’expérience de vivre cette vie qui est importante. Même le travail dans ce monde, si important qu’il soit, n’est pas de loin aussi important que la manière dont vous l’effectuez. Une vie de droiture n’apporte pas de récompense matérielle, mais une satisfaction profonde – une conscience de réussite – qui transcende toute rémunération matérielle concevable. 39:4.14 Les clefs du royaume des cieux sont la sincérité, plus de sincérité et encore plus de sincérité. Tous les hommes possèdent ces clefs. Les hommes s’en servent – élèvent leur statut spirituel – par des décisions, plus de décisions et encore plus de décisions. Le choix moral le plus élevé est celui de la plus haute valeur possible, et toujours – dans chaque sphère et dans toutes les sphères – c’est le choix de faire la volonté de Dieu. Si un homme effectue ce choix, il est grand, même s’il n’est que le plus humble citoyen de Jérusem ou même le plus insignifiant mortel d’Urantia. 39:4.15 5. Les transporteurs. Ce sont les séraphins transporteurs qui opèrent dans les systèmes locaux. Dans Satania, votre système, ils transportent des passagers en provenance ou à destination de Jérusem et servent autrement comme transporteurs interplanétaires. Il s’écoule rarement une journée sans qu’un séraphin transporteur de Satania ne dépose sur les rives d’Urantia un visiteur étudiant ou quelque autre voyageur de nature spirituelle ou semi-spirituelle. Ces mêmes franchisseurs d’espace vous transborderont un jour de l’un à l’autre des divers mondes du groupe-siège du système et, lorsque votre affectation à Jérusem aura pris fin, ils vous feront avancer jusqu’à Édentia. Mais en aucune circonstance ils ne vous transporteront en arrière sur le monde de votre origine humaine. Un mortel ne retourne jamais sur sa planète natale durant la dispensation de son existence temporelle et, s’il devait y retourner pendant une dispensation ultérieure, il serait escorté par un séraphin du groupe transporteur du siège de l’univers. 39:4.16 6. Les archivistes. Ces séraphins sont les gardiens des triples archives des systèmes locaux. Le temple des archives sur la capitale d’un système est une structure unique, pour un tiers matérielle construite de métaux et de cristaux lumineux, pour un tiers morontielle fabriquée par une liaison d’énergie matérielle et spirituelle sortant du champ de la vision humaine, et pour un tiers spirituelle. Les archivistes de cet ordre dirigent et entretiennent ce triple système d’archives. Les mortels ascendants commencent par consulter les archives matérielles ; les Fils Matériels et les êtres supérieurs de transition consultent celles des salles morontielles, tandis que les séraphins et les personnalités spirituelles supérieures du royaume lisent soigneusement les annales de la section de l’esprit. 39:4.17 7. Les réserves. Les séraphins administrateurs du corps de réserve de Jérusem passent beaucoup de leur temps d’attente à s’entretenir, en tant que compagnons spirituels, avec les ascendeurs mortels fraichement arrivés des divers mondes du système, les diplômés accrédités des mondes des maisons. L’un des délices de votre séjour à Jérusem pendant vos périodes de vacances sera de parler et de vous entretenir avec ces séraphins du corps de réserve, qui ont tant voyagé et passé par tant d’expériences. 39:4.18 Ce sont précisément les relations amicales de ce genre qui rendent une capitale systémique si chère aux mortels ascendants. C’est sur Jérusem que vous trouverez pour la première fois des Fils Matériels, des anges et des pèlerins ascendants entremêlés. On y voit fraterniser des êtres entièrement spirituels et semi-spirituels avec des individus qui viennent d’émerger de l’existence matérielle. Les formes mortelles y sont tellement modifiées et les champs de réactions humaines à la lumière tellement étendus que tous peuvent avoir le plaisir de se reconnaitre mutuellement et de comprendre sympathiquement leur personnalité. 5. Les aides planétaires 39:5.1 Ces séraphins maintiennent des quartiers généraux sur les capitales des systèmes et, bien qu’étroitement associés aux citoyens adamiques qui y résident, ils sont principalement affectés au service des Adams Planétaires, les élévateurs biologiques ou physiques des races matérielles sur les mondes évolutionnaires. La tâche de ministère des anges devient de plus en plus intéressante à mesure qu’elle concerne de plus près les mondes habités, les problèmes effectifs confrontant les hommes et les femmes du temps qui se préparent à tenter d’atteindre le but de l’éternité. 39:5.2 Les aides planétaires furent en majorité retirés d’Urantia après l’effondrement du régime adamique, et la supervision séraphique de votre monde fut alors dévolue dans une large mesure aux administrateurs, aux ministres de transition et aux gardiens de la destinée. Toutefois, les aides séraphiques de vos Fils Matériels défaillants servent encore Urantia dans les groupes suivants : 39:5.3 1. Les Voix du Jardin. Quand le cours planétaire de l’évolution humaine atteint son niveau biologique le plus haut, l’apparition des Fils et Filles Matériels, les Adams et les Èves, survient toujours pour faire avancer l’évolution des races par l’apport effectif de leur plasma vital supérieur. Le quartier général planétaire d’un Adam et d’une Ève s’appelle généralement le Jardin d’Éden, et leurs séraphins personnels sont souvent connus sous le nom de « Voix du Jardin ». Ces séraphins rendent des services inestimables aux Adams Planétaires dans tous leurs projets pour rehausser physiquement et intellectuellement les races évolutionnaires. Après l’échec d’Adam sur Urantia, quelques-uns de ces séraphins furent laissés sur la planète et affectés aux successeurs d’Adam en autorité. 39:5.4 2. Les esprits de fraternité. Lorsqu’un Adam et une Ève arrivent sur un monde évolutionnaire, il est évident que l’établissement d’une harmonie raciale et d’une coopération sociale entre les diverses races représente une tâche considérable. Il est rare que ces races de couleurs différentes et de natures variées acceptent de bonne grâce le plan de fraternité humaine. Ces hommes primitifs n’arrivent à réaliser la sagesse des associations paisibles qu’après avoir muri dans l’expérience humaine et grâce au ministère fidèle des esprits séraphiques de fraternité. Sans le travail de ces séraphins, les efforts des Fils Matériels pour harmoniser et faire progresser les races d’un monde en évolution seraient grandement retardés. Et, si votre Adam s’en était tenu au plan originel pour l’avancement d’Urantia, les esprits de fraternité auraient déjà produit des transformations incroyables dans la race humaine. Compte tenu de la défaillance d’Adam, il reste remarquable que ces ordres séraphiques aient réussi à entretenir et à réaliser même le degré relatif de fraternité existant présentement sur Urantia. 39:5.5 3. Les âmes de paix. Les premiers millénaires d’efforts ascensionnels des hommes évolutionnaires sont marqués par de nombreuses luttes. La paix n’est pas l’état naturel des royaumes matériels. C’est d’abord par le ministère des âmes séraphiques de paix que les hommes réalisent le sens de « paix sur la terre et bonne volonté parmi les hommes ». Bien que ces anges aient été largement contrecarrés dans leurs tentatives initiales sur Urantia, Vévona, chef des âmes de paix à l’époque d’Adam, fut laissé sur Urantia, et il est actuellement attaché à l’état-major du gouverneur général résident. C’est ce même Vévona, agissant comme chef des armées angéliques, qui annonça aux mondes, lors de la naissance de Micaël, « Gloire à Dieu dans Havona et, sur la terre, paix et bonne volonté parmi les hommes ». 39:5.6 Aux époques plus avancées d’évolution planétaire, ces séraphins contribuent à substituer à l’ancienne idée d’expiation le concept d’accord divin comme philosophie de la survie des mortels. 39:5.7 4. Les esprits de confiance. La suspicion est la réaction innée des hommes primitifs. Les luttes pour se maintenir en vie au cours des premiers âges n’engendrent pas naturellement la confiance. La confiance est une nouvelle acquisition humaine due au ministère de ces séraphins planétaires du régime adamique. Ils ont pour mission d’inculquer la confiance dans le mental des hommes évoluants. Les Dieux sont très confiants ; le Père Universel désire se fier libéralement – en tant qu’Ajusteur – à une association avec l’homme. 39:5.8 Tout ce groupe de séraphins fut transféré au nouveau régime après l’avortement de la mission d’Adam, et depuis lors ils ont toujours poursuivi leurs travaux sur Urantia. Et ils n’ont pas entièrement échoué, puisque l’on voit maintenant se développer une civilisation qui incorpore beaucoup de leurs idéaux de confiance et de crédit. 39:5.9 Dans les âges planétaires plus avancés, ces séraphins font mieux apprécier aux hommes la vérité que l’incertitude est le secret d’une continuité satisfaisante. Ils aident les philosophes mortels à comprendre que, dans les circonstances où il est essentiel d’ignorer pour réussir, ce serait une bévue colossale de laisser les créatures connaitre l’avenir. Ils rehaussent le gout des hommes pour la douceur de l’incertitude, pour le romanesque et le charme d’un avenir imprécis et inconnu. 39:5.10 5. Les transporteurs. Les transporteurs planétaires sont au service des mondes individuels. La majorité des êtres enséraphinés amenés sur cette planète y sont de passage ; ils font simplement une halte et restent sous la garde de leurs propres transporteurs séraphiques spéciaux. Mais il y a un grand nombre de ces séraphins qui sont stationnés sur Urantia. Ce sont les personnalités transporteuses opérant à partir des planètes locales, par exemple d’Urantia à Jérusem. 39:5.11 Voici la manière dont se sont formées vos idées classiques sur les anges : aux moments qui précèdent immédiatement la mort physique, un phénomène réflectif se produit parfois dans le mental humain, et cette vague conscience évoque un peu la forme de l’ange accompagnateur. Et ceci est immédiatement traduit en terme du concept habituel d’anges, contenu dans le mental de l’individu. 39:5.12 L’idée erronée que les anges possèdent des ailes n’est pas entièrement due à d’antiques notions qu’il leur en fallait pour voler à travers les airs. Des êtres humains ont parfois reçu la permission d’observer des séraphins qui se préparaient à effectuer un transport, et les traditions relatives à ces expériences ont beaucoup contribué à déterminer le concept urantien des anges. En observant un séraphin transporteur que l’on équipe pour recevoir un passager de transit interplanétaire, on peut voir quelque chose qui ressemble à un double dispositif d’ailes allant de la tête aux pieds de l’ange. En réalité, ces ailes sont des isolateurs d’énergie, des boucliers antifriction. 39:5.13 Lorsque des êtres célestes doivent être enséraphinés pour un transfert d’un monde à un autre, on les amène au quartier général de la sphère où, après les avoir régulièrement inscrits, on les plonge dans le sommeil de transit. Entretemps, le séraphin transporteur se met en position horizontale immédiatement au-dessus du pôle d’énergie universelle de la planète. Pendant que les boucliers énergétiques sont largement ouverts, les assistants séraphiques de service déposent habilement la personnalité endormie directement sur l’ange transporteur, après quoi les paires supérieure et inférieure de boucliers sont soigneusement fermées et ajustées. 39:5.14 Ensuite, sous l’influence des transformateurs et des transmetteurs, une bizarre métamorphose commence en même temps que l’on prépare l’ange à se lancer dans les courants d’énergie des circuits universels. Vu de l’extérieur, le séraphin devient pointu à ses extrémités, et se recouvre d’une étrange lumière de teinte ambrée au point qu’il devient très vite impossible de distinguer la personnalité enséraphinée. Quand tout est prêt pour le départ, le chef des transports inspecte avec soin le véhicule de vie et procède aux essais habituels pour s’assurer que l’ange est convenablement encircuité ou non. Puis il annonce que le voyageur est bien enséraphiné, que les énergies sont ajustées, que l’ange est isolé et que tout est prêt pour l’éclair du départ. Les contrôleurs mécaniques au nombre de deux se mettent alors en position. À ce moment, le séraphin transporteur est devenu une silhouette de luminosité scintillante, vibrante, presque transparente et ayant la forme d’une torpille. L’expéditeur des transports du royaume convoque alors les batteries auxiliaires de transmetteurs vivants d’énergie, généralement au nombre de mille. En même temps qu’il annonce la destination du transport, il s’allonge et touche le point le plus proche du véhicule séraphique, lequel s’élance à la vitesse d’un éclair en laissant derrière lui une trainée de luminosité céleste aussi loin que s’étend l’atmosphère de la planète. En moins de dix minutes, le merveilleux spectacle sera perdu de vue, même pour la vision renforcée des séraphins. 39:5.15 Les rapports spatiaux de la planète sont reçus à midi sur le méridien du quartier général spirituel qui a été désigné, et les transporteurs sont expédiés du même endroit à minuit. C’est l’heure la plus favorable pour leur départ et c’est l’heure standard, sauf indication contraire. 39:5.16 6. Les archivistes. Ce sont les conservateurs des affaires majeures de la planète concernant ses fonctions en tant que partie du système et ses relations avec le gouvernement de l’univers. Leur fonction consiste à enregistrer les affaires planétaires, mais ils ne s’occupent pas de questions relatives à la vie et à l’existence individuelles. 39:5.17 7. Les réserves. Le corps de réserve des séraphins planétaires de Satania est maintenu à Jérusem en association étroite avec les réserves de Fils Matériels. Ces réserves abondantes suffisent largement pour toutes les phases des multiples activités de cet ordre séraphique. Ces anges sont aussi les porteurs de messages personnels des systèmes locaux. Ils servent les mortels de transition, les anges et les Fils Matériels, aussi bien que d’autres êtres domiciliés aux sièges des systèmes. Bien qu’Urantia soit présentement exclue des circuits spirituels de Satania et de Norlatiadek, vous restez par ailleurs en contact intime avec les affaires interplanétaires, car les messagers de Jérusem viennent fréquemment sur ce monde comme sur toutes les autres sphères du système. 6. Ministres de transition 39:6.1 Comme leur nom le suggère, les séraphins de ministère de transition offrent leurs services partout où ils peuvent contribuer à la transition des créatures entre l’état matériel et l’état spirituel. Ces anges servent depuis les mondes habités jusqu’aux capitales de systèmes, mais ceux de Satania orientent présentement leurs plus grands efforts vers l’éducation des mortels survivants sur les sept mondes des maisons. Leur ministère est diversifié selon les sept ordres d’affectation suivants : 39:6.2 1. Les évanges séraphiques. 39:6.3 2. Les interprètes raciaux. 39:6.4 3. Les planificateurs mentaux. 39:6.5 4. Les conseillers de la Morontia. 39:6.6 5. Les techniciens. 39:6.7 6. Les instructeurs archivistes. 39:6.8 7. Les réserves tutélaires. 39:6.9 Dans les exposés traitant des mondes des maisons et de la vie morontielle, vous en apprendrez davantage sur le ministère de ces séraphins auprès des ascendeurs de transition. 7. Séraphins du futur 39:7.1 Ces anges n’exercent guère leur ministère en dehors des royaumes les plus anciens et des planètes les plus évoluées de Nébadon. Un grand nombre d’entre eux sont tenus en réserve sur les mondes séraphiques proches de Salvington, où ils s’occupent de recherches en rapport avec l’âge de lumière et de vie dont l’aurore apparaitra un jour pour Nébadon. La fonction de ces séraphins est bel et bien en rapport avec la carrière mortelle-ascendante, mais ils s’occupent presque exclusivement des mortels survivants de l’un des ordres d’ascension modifiés. 39:7.2 Dans la mesure où ces anges ne sont maintenant directement concernés ni par Urantia ni par les Urantiens, nous estimons qu’il est préférable de ne pas décrire leurs passionnantes activités. 8. La destinée des séraphins 39:8.1 Les séraphins ont leur origine dans les univers locaux, et quelques-uns achèvent leur destinée de service dans les royaumes mêmes où ils sont nés. Avec l’aide et les conseils des archanges séniors, quelques séraphins peuvent être élevés aux services exaltés de Brillantes Étoiles du Soir, tandis que d’autres atteignent le statut et le service de coordonnés non révélés des Étoiles du Soir. Ils peuvent tenter encore d’autres aventures dans une destinée d’univers local, mais Séraphington demeure à jamais le but de tous les anges. Séraphington est le seuil angélique d’accès au Paradis et d’aboutissement à la Déité, la sphère de transition entre le ministère du temps et le service exalté de l’éternité. 39:8.2 Les séraphins peuvent atteindre le Paradis par des dizaines – et même des centaines – de voies, mais les plus importantes étudiées dans ces exposés sont les suivantes : 39:8.3 1. Gagner à titre personnel l’admission à la demeure séraphique du Paradis en parvenant à la perfection, dans un service spécialisé, comme artisan céleste, Conseiller Technique ou Archiviste Céleste. Devenir un Compagnon du Paradis et, après avoir atteint ainsi le centre de toutes choses, devenir peut-être un ministre et un conseiller éternel auprès des ordres séraphiques et autres. 39:8.4 2. Être convoqué à Séraphington. Dans certaines conditions, les séraphins sont mandés en haut lieu. Dans d’autres circonstances, les anges atteignent parfois le Paradis en un temps beaucoup plus bref que les mortels. Mais, si qualifiée que soit une paire de séraphins, elle ne peut prendre l’initiative de partir ni pour Séraphington ni pour ailleurs. Seuls les gardiens de la destinée ayant réussi peuvent être sûrs d’aller au Paradis par un chemin progressif d’ascension évolutionnaire. Tous les autres doivent attendre patiemment l’arrivée des supernaphins tertiaires, messagers du Paradis, avec des convocations leur ordonnant d’apparaitre en haut lieu. 39:8.5 3. Atteindre le Paradis par la technique humaine évolutionnaire. Le poste de choix suprême des séraphins dans la carrière du temps est celui d’ange gardien, qui leur permet d’atteindre la carrière de la finalité et de se qualifier pour être affectés aux sphères éternelles de service séraphique. Ces guides personnels des enfants du temps s’appellent gardiens de la destinée, signifiant qu’ils gardent des créatures mortelles dans le sentier de la destinée divine, et qu’en faisant cela, ils déterminent leur propre haute destinée. 39:8.6 Les gardiens de la destinée sont choisis parmi les personnalités angéliques les plus expérimentées de tous les ordres des séraphins qui se sont qualifiés pour ce service. Des gardiens temporaires sont affectés à tous les mortels survivants dont la destinée est de fusionner avec leur Ajusteur, et ces associés peuvent leur être attachés en permanence quand les survivants mortels atteignent le développement intellectuel et spirituel nécessaire. Avant de quitter les mondes des maisons, les ascendeurs mortels ont tous des associés séraphiques permanents. Ce groupe d’esprits tutélaires sera analysé dans les fascicules concernant Urantia. 39:8.7 Les anges ne peuvent pas partir du niveau humain d’origine pour atteindre Dieu, car ils sont créés « un peu supérieurs à vous » ; mais, bien qu’il leur soit impossible de partir du tréfonds, des basses terres spirituelles de l’existence mortelle, de sages dispositions ont été prises pour qu’ils puissent descendre vers les créatures qui partent du fond et les piloter pas à pas, monde après monde, jusqu’aux portes de Havona. Lorsque les ascendeurs mortels quittent Uversa pour s’avancer sur les cercles de Havona, les gardiens qui leur ont été attachés après la vie charnelle font à leurs associés pèlerins des adieux temporaires et se rendent à Séraphington, la destination des anges du grand univers. Ces gardiens y tenteront de franchir les sept cercles de lumière séraphique et y parviendront indubitablement. 39:8.8 Beaucoup de ces séraphins affectés comme gardiens de la destinée pendant la vie matérielle, mais pas tous, accompagnent leurs associés mortels à travers les cercles de Havona, et certains autres séraphins passent par les circuits de l’univers central d’une manière entièrement différente de l’ascension des mortels. Mais, quel que soit leur itinéraire ascensionnel, tous les séraphins évolutionnaires traversent Séraphington, et la majorité passe par cette expérience plutôt que par les circuits de Havona. 39:8.9 Séraphington est la sphère de destinée des anges, et leur aboutissement à ce monde est tout à fait différent des expériences des pèlerins mortels sur Ascendington. Les anges ne sont pas absolument sûrs de leur éternel futur avant d’avoir atteint Séraphington. Il n’y a pas d’exemple qu’un ange ayant atteint Séraphington se soit égaré ; le péché ne trouvera jamais de réponse dans le cœur d’un séraphin parachevé. 39:8.10 Les diplômés de Séraphington reçoivent des affectations diverses. Les gardiens de la destinée ayant l’expérience des cercles de Havona entrent habituellement dans le Corps des Finalitaires Mortels. D’autres gardiens, après avoir passé les épreuves de la séparation Havonienne, rejoignent fréquemment au Paradis leurs associés mortels. Quelques-uns d’entre eux deviennent les associés perpétuels des finalitaires mortels, tandis que d’autres entrent dans les divers corps finalitaires non mortels, et que beaucoup sont rassemblés dans le Corps du Parachèvement Séraphique. 9. Le corps du parachèvement séraphique 39:9.1 Après avoir atteint le Père des esprits et avoir été admis au service séraphique du parachèvement, les anges sont parfois affectés au ministère des mondes ancrés dans la lumière et la vie. Ils obtiennent d’être attachés aux hauts êtres trinitisés des univers et aux services exaltés du Paradis et de Havona. Ces séraphins des univers locaux ont compensé par expérience le différentiel de potentiel divin qui les séparait antérieurement des esprits tutélaires de l’univers central et des superunivers. Les anges du Corps du Parachèvement Séraphique servent comme associés des seconaphins superuniversels et comme assistants des supernaphins des ordres élevés du Paradis et de Havona. Pour ces anges, la carrière du temps est finie ; désormais et pour toujours, ils sont les serviteurs de Dieu, les consorts de personnalités divines et les pairs des finalitaires du Paradis. 39:9.2 Un grand nombre de séraphins parachevés retournent à leur univers natal pour compléter leur ministère de don divin par le ministère de perfection expérientielle. Nébadon est, comparativement parlant, un des plus jeunes univers, et ne compte donc pas autant d’anges diplômés revenant de Séraphington qu’un royaume plus ancien, mais notre univers local est doté d’un nombre adéquat de séraphins parachevés, car il est significatif de voir que les royaumes évolutionnaires éprouvent de plus en plus le besoin de leurs services à mesure qu’ils approchent du statut de lumière et de vie. Les séraphins parachevés sont maintenant en majorité au service des ordres suprêmes de séraphins, mais quelques-uns sont au service de chacun des autres ordres angéliques. Votre monde lui-même bénéficie du ministère étendu de douze groupes spécialisés du Corps du Parachèvement Séraphique. Ces maitres séraphins de supervision planétaire accompagnent sur les mondes habités tous les Princes Planétaires qui sont nouvellement commissionnés. 39:9.3 Beaucoup de voies passionnantes sont ouvertes aux séraphins parachevés pour y exercer leur ministère. Aux jours précédant leur arrivée au Paradis, ils désiraient tous ardemment une affectation de gardiens de la destinée. Dans leur expérience postérieure au Paradis, ils désirent surtout servir comme accompagnateurs d’effusion auprès des Fils du Paradis incarnés. Ils restent suprêmement dévoués au plan universel lançant les créatures mortelles des mondes évolutionnaires sur la longue route du séduisant voyage vers le but paradisiaque de divinité et d’éternité. Pendant toute l’aventure mortelle pour trouver Dieu et pour parvenir à la perfection divine, ces ministres spirituels de parachèvement séraphique et les fidèles esprits tutélaires du temps sont toujours vos vrais amis et restent perpétuellement des aides sur qui vous pouvez compter. 39:9.4 [Présenté par un Melchizédek agissant sur requête du chef des Armées Séraphiques de Nébadon.] Fascicule 40. Les Fils ascendants de Dieu 40:0.1 Comme pour beaucoup de groupes majeurs d’êtres universels, sept classes générales de Fils Ascendants de Dieu ont été révélées : 40:0.2 1. Les mortels fusionnés avec le Père. 40:0.3 2. Les mortels fusionnés avec le Fils. 40:0.4 3. Les mortels fusionnés avec l’Esprit. 40:0.5 4. Les séraphins évolutionnaires. 40:0.6 5. Les Fils Matériels ascendants. 40:0.7 6. Les médians transférés. 40:0.8 7. Les Ajusteurs Personnalisés. 40:0.9 L’histoire de ces êtres, depuis les humbles mortels d’origine animale des mondes évolutionnaires jusqu’aux Ajusteurs Personnalisés du Père Universel, offre un récit glorieux de l’effusion incessante d’amour divin et de gracieuse condescendance au cours de tous les âges et sur tous les univers de la vaste création des Déités du Paradis. 40:0.10 Ces exposés ont commencé par une description des Déités et, groupe après groupe, la narration a suivi l’échelle universelle des êtres vivants jusqu’à l’ordre le plus humble doué du potentiel d’immortalité. Je fus jadis un mortel originaire d’un monde évolutionnaire de l’espace ; je suis maintenant envoyé de Salvington pour élaborer et continuer le récit du dessein éternel des Dieux concernant les ordres ascendants de filiation, plus particulièrement par rapport aux créatures mortelles du temps et de l’espace. 40:0.11 Puisque la majeure partie de ce récit sera consacrée à l’analyse des trois ordres fondamentaux de mortels ascendants, nous commencerons par étudier les ordres non mortels de filiation ascendante – ceux des séraphins, des Adams, des médians et des Ajusteurs. 1. Les séraphins évolutionnaires 40:1.1 Les créatures mortelles d’origine animale ne sont pas les seuls êtres jouissant du privilège de la filiation ; les armées angéliques participent également aux chances célestes d’atteindre le Paradis. Les gardiens séraphiques, par leur expérience et leur service auprès des mortels ascendants du temps, parviennent également au statut de filiation ascendante. Ces anges atteignent le Paradis par Séraphington, et beaucoup d’entre eux sont même enrôlés dans le corps de la Finalité des Mortels. 40:1.2 Quand un ange s’élève aux hauteurs célestes de la filiation finalitaire avec Dieu, c’est pour lui une réussite magistrale, un aboutissement qui transcende de loin votre aboutissement à la survie éternelle grâce au plan du Fils Éternel et à l’aide toujours présente de l’Ajusteur intérieur ; mais les gardiens séraphiques, et à l’occasion d’autres séraphins, parviennent de fait à effectuer de telles ascensions. 2. Les fils matériels ascendants 40:2.1 Les Fils Matériels de Dieu sont créés dans l’univers local avec les Melchizédeks et de leurs associés, qui sont tous classifiés comme Fils descendants. Et il est bien vrai que les Adams Planétaires – les Fils et Filles Matériels des mondes évolutionnaires – sont des Fils descendants qui, de leurs sphères d’origine, les capitales des systèmes locaux, descendent vers les mondes habités. 40:2.2 Quand un Adam et une Ève réussissent entièrement dans leur mission planétaire conjointe d’élévateurs biologiques, ils partagent la destinée des habitants de leur monde. Lorsque ce monde est ancré dans les stades avancés de lumière et de vie, ces fidèles Fils et Filles Matériels sont autorisés à se démettre de toutes leurs fonctions administratives planétaires. Après avoir été ainsi libérés de l’aventure descendante, ils peuvent s’inscrire dans les archives de l’univers local comme Fils Matériels devenus parfaits. De même, quand leur affectation à une planète a été longtemps retardée, les Fils Matériels de statut stationnaire – les citoyens des systèmes locaux – peuvent abandonner les activités des sphères de leur statut et s’inscrire similairement comme Fils Matériels devenus parfaits. Après ces formalités, ces Adams et ces Èves libérés sont accrédités comme Fils ascendants de Dieu et peuvent commencer immédiatement leur long voyage vers Havona et le Paradis, en partant du point exact de leur statut du moment et de la spiritualité qu’ils ont atteinte. Et ils font ce voyage en compagnie des mortels et autres Fils ascendants, et le continuent jusqu’à ce qu’ils aient trouvé Dieu et atteint le service éternel des Déités du Paradis dans le Corps de la Finalité des Mortels. 3. Les médians transférés 40:3.1 Peu après qu’une planète évolutionnaire a atteint les époques intermédiaires de lumière et de vie, ou même auparavant, les deux groupes de créatures médianes sont libérés de leurs devoirs planétaires. L’évènement a lieu bien que les médians soient privés des bienfaits immédiats des effusions planétaires des Fils descendants de Dieu, et bien que leur ascension vers le Paradis soit longtemps différée. Les médians sont parfois mutés en majorité avec leurs cousins humains le jour où le temple de lumière descend du ciel et où le Prince Planétaire est élevé à la dignité de Souverain Planétaire. Après avoir été relevés de leur service planétaire, les deux ordres de médians sont inscrits dans l’univers local comme Fils ascendants de Dieu et commencent aussitôt leur longue ascension du Paradis par les routes déjà prescrites pour la progression des races mortelles des mondes matériels. Le groupe primaire est destiné à divers corps finalitaires, mais tous les médians secondaires ou adamiques sont dirigés pour être enrôlés dans le Corps des Mortels de la Finalité. 4. Les Ajusteurs Personnalisés 40:4.1 Quand les mortels du temps ne réussissent pas à assurer la survie éternelle de leur âme en association planétaire avec le don spirituel du Père Universel, jamais cet échec n’est imputable en aucune manière au fait que l’Ajusteur aurait négligé ses devoirs, son service, son ministère ou sa dévotion. Lors du décès de leur mortel, les Moniteurs ainsi abandonnés retournent sur Divinington et ultérieurement, après le jugement du non-survivant, ils peuvent être réaffectés aux mondes du temps et de l’espace. Quelquefois, après des services répétés de cet ordre ou à la suite d’une expérience extraordinaire, telle que le fait d’opérer comme Ajusteur intérieur d’un Fils d’effusion incarné, ces Ajusteurs efficaces sont personnalisés par le Père Universel. 40:4.2 Les Ajusteurs Personnalisés sont des êtres d’un ordre unique et insondable. Ils ont originellement un statut existentiel et prépersonnel, ils sont devenus expérientiels en participant à la vie et à la carrière des humbles mortels des mondes matériels. Et, puisque la personnalité conférée à ces Ajusteurs de Pensée expérimentés prend son origine et a sa source vive dans le ministère personnel et continu du Père Universel, qui effuse la personnalité expérientielle sur les créatures de sa création, les Ajusteurs Personnalisés sont classifiés comme Fils ascendants de Dieu, le plus élevé des ordres de filiation de ce genre. 5. Les mortels du temps et de l’espace 40:5.1 Les mortels représentent le dernier anneau de la chaine des êtres appelés fils de Dieu. L’empreinte personnelle du Fils Originel et Éternel se transmet, par une série de personnalisations de moins en moins divines et de plus en plus humaines, jusqu’à un être qui vous ressemble beaucoup, que vous pouvez voir, entendre et toucher. Alors, on vous rend spirituellement conscient de la grande vérité accessible par la foi – votre filiation avec le Dieu éternel ! 40:5.2 Similairement, par une longue série d’ordres de divinité décroissante et d’humanité croissante, l’Esprit Originel et Infini s’approche de plus en plus près des créatures des royaumes en lutte, atteignant sa limite d’expression chez les anges, par rapport à qui vous avez été créés un peu inférieurs, et qui vous gardent et vous guident personnellement dans le voyage de la vie de la carrière mortelle du temps. 40:5.3 Dieu le Père ne s’abaisse pas et ne peut s’abaisser jusqu’à établir un contact personnel aussi étroit avec les créatures ascendantes, en nombre à peu près illimité, qui peuplent l’univers des univers. Mais le Père n’est pas dépourvu de contact personnel avec ses humbles créatures ; vous n’êtes pas privés de la présence divine. Bien que Dieu le Père ne puisse vous approcher par une manifestation directe de sa personnalité, il est en vous et fait partie de vous par l’identité des Ajusteurs de Pensée intérieurs, les divins Moniteurs. C’est ainsi que le Père, qui est le plus éloigné de vous en personnalité et en esprit, s’approche le plus près de vous dans le circuit de la personnalité et dans le contact en esprit de la communion intérieure avec les âmes de ses fils et filles mortels. 40:5.4 L’identification à l’esprit constitue le secret de la survie personnelle et détermine la destinée de l’ascension spirituelle. Les Ajusteurs de Pensée sont les seuls esprits qui aient un potentiel de fusion et qui puissent s’identifier avec l’homme durant sa vie incarnée. C’est pourquoi les mortels du temps et de l’espace sont classés conformément à leur relation avec les Moniteurs de Mystère intérieurs, ces dons divins. Cette classification est la suivante : 40:5.5 1. Mortels chez qui le séjour de l’Ajusteur est passager ou expérientiel. 40:5.6 2. Mortels du type qui ne fusionne pas avec les Ajusteurs. 40:5.7 3. Mortels ayant le potentiel de fusionner avec leur Ajusteur. 40:5.8 Première série – mortels chez qui le séjour de l’Ajusteur est passager ou expérientiel. Cette appellation de série est temporaire pour toute planète en évolution, et s’emploie pendant les stades primitifs de tous les mondes habités, à l’exception de ceux de la deuxième série. 40:5.9 Les mortels de la première série habitent les mondes de l’espace durant les époques initiales d’évolution de l’humanité et comprennent les types les plus primitifs de mental humain. Sur beaucoup de mondes semblables à Urantia avant Adam, un grand nombre d’hommes primitifs des types supérieurs les plus évolués acquièrent la capacité de survivre, mais ne réussissent pas à atteindre la fusion avec l’Ajusteur. Pendant des âges et des âges, avant que les hommes ne soient élevés au niveau de la volition spirituelle supérieure, les Ajusteurs occupent le mental de ces créatures en lutte durant leur courte vie charnelle et, dès que les Ajusteurs habitent ces créatures volitives, les anges gardiens de groupe entrent en fonction. Les mortels de cette première série n’ont pas de gardiens personnels, mais ils ont des gardiens de groupe. 40:5.10 Un Ajusteur expérientiel reste, chez un humain primitif, pendant toute la durée de sa vie dans la chair. Les Ajusteurs contribuent largement à l’avancement des hommes primitifs, mais sont impuissants à former des unions éternelles avec ces mortels. Le ministère transitoire des Ajusteurs accomplit deux choses : Premièrement, ces Ajusteurs gagnent une expérience précieuse et effective de la nature et du fonctionnement de l’intellect évolutionnaire ; cette expérience sera ultérieurement inestimable quand ils prendront contact sur d’autres mondes avec des êtres d’un développement supérieur. Deuxièmement, le séjour transitoire des Ajusteurs contribue beaucoup à préparer leurs sujets mortels à la possibilité d’une fusion ultérieure avec l’Esprit. Toutes les âmes de ce type qui recherchent Dieu atteignent la vie éternelle par l’embrassement spirituel de l’Esprit-Mère de l’univers local, et deviennent ainsi des mortels ascendants soumis au régime de l’univers local. Beaucoup de personnes ayant vécu sur Urantia avant Adam furent ainsi élevées aux mondes des maisons de Satania. 40:5.11 Les Dieux, qui ont ordonné que l’homme mortel s’élève à des niveaux supérieurs d’intelligence spirituelle par de longs âges d’épreuves et de tribulations évolutionnaires, prennent note de son statut et de ses besoins à tous les stades de l’ascension. Ils sont toujours divinement équitables et justes, et manifestent même une charmante miséricorde dans leurs jugements finals des mortels qui luttent pendant les temps primitifs des races en évolution. 40:5.12 Deuxième série – mortels du type qui ne fusionne pas avec leur Ajusteur. Ce sont des types spécialisés d’êtres humains qui ne sont pas capables de s’unir éternellement avec leur Ajusteur intérieur. Le fait qu’ils soient classés parmi les races à un, deux ou trois cerveaux ne joue pas dans la fusion avec leur Ajusteur, car tous ces mortels sont apparentés ; mais ces types qui ne fusionnent pas avec les Ajusteurs appartiennent à un ordre entièrement différent et notablement modifié de créatures volitives. Beaucoup de non respirateurs entrent dans cette catégorie, et il existe de nombreux autres groupes qui ne fusionnent généralement pas avec les Ajusteurs. 40:5.13 Comme dans la première série, chaque membre de ce groupe bénéficie du ministère d’un seul Ajusteur pendant sa vie incarnée. Durant la vie temporelle, ces Ajusteurs font, pour les sujets qu’ils habitent temporairement, tout ce qui se fait sur les autres mondes où les mortels sont doués du potentiel de fusion. Les mortels de cette deuxième série sont souvent habités par des Ajusteurs vierges, mais les types humains supérieurs sont fréquemment en liaison avec des Moniteurs magistraux et expérimentés. 40:5.14 Dans le plan ascendant pour rehausser les créatures d’origine animale, ces êtres bénéficient du même service dévoué de la part des Fils de Dieu que les mortels du type d’Urantia. La coopération des séraphins avec les Ajusteurs est assurée tout aussi pleinement sur les planètes de non-fusion que sur les mondes à potentiel de fusion. Les gardiens de la destinée exercent leur ministère sur ces sphères exactement comme sur Urantia et opèrent similairement lors de la survie des mortels, qui est le moment où se produit la fusion de l’âme survivante avec l’Esprit. 40:5.15 Quand vous rencontrerez ces types de mortels modifiés sur les mondes des maisons, vous n’éprouverez aucune difficulté à communiquer avec eux. Ils y parlent le même langage systémique, mais au moyen d’une technique modifiée. Ces êtres sont identiques à ceux de votre ordre de vie de créature quant aux manifestations de l’esprit et de la personnalité. Ils n’en diffèrent que par certains traits physiques et par le fait qu’ils ne peuvent pas fusionner avec les Ajusteurs de pensée. 40:5.16 Quant à la raison exacte pour laquelle les créatures de ce type restent toujours inaptes à fusionner avec les Ajusteurs du Père Universel, je suis incapable de vous la donner. Certains de nous inclinent à croire que les Porteurs de Vie, dans leurs efforts pour élaborer des êtres aptes à maintenir l’existence dans un environnement planétaire inhabituel, sont confrontés à la nécessité d’apporter des modifications si radicales au plan universel concernant les créatures volitives intelligentes qu’il devient impossible, par inhérence, d’arriver à l’union permanente avec les Ajusteurs. Nous avons souvent demandé si cela faisait intentionnellement ou non partie du plan de l’ascension, mais nous n’avons pas trouvé la réponse. 40:5.17 Troisième série – les mortels ayant le potentiel de fusionner avec leur Ajusteur. Tous les mortels fusionnés avec le Père ont une origine animale, exactement comme les races d’Urantia. Ils comprennent des mortels à potentiel de fusion avec les Ajusteurs et appartenant aux types à un cerveau, deux cerveaux et trois cerveaux. Les Urantiens sont du type intermédiaire ou à deux cerveaux. Sous de nombreux rapports, ils sont humainement supérieurs aux groupes à un cerveau, mais nettement limités par rapport aux ordres à trois cerveaux. La dotation cérébrophysique de ces trois types ne joue de rôle ni dans le don des Ajusteurs, ni dans le service séraphique, ni dans aucune autre phase du ministère spirituel. Le différentiel intellectuel et spirituel entre les trois types cérébraux caractérise des individus qui sont, par ailleurs, tout à fait semblables en dotation mentale et en potentiel spirituel. La différence est maximum dans la vie temporelle et tend à diminuer à mesure que les mondes des maisons sont franchis un à un. À partir des sièges des systèmes, la progression des trois types est la même, et leur destinée finale au Paradis est identique. 40:5.18 Les séries non numérotées. Il n’est pas possible d’inclure dans ces narrations la totalité des passionnantes variations des mondes évolutionnaires. Vous savez que chaque dixième monde est une planète décimale ou expérientielle, mais vous ne savez rien des autres variantes qui ponctuent la procession des sphères évolutionnaires. Même entre les ordres révélés de créatures vivantes et entre les planètes du même groupe, les différences sont trop nombreuses à décrire, mais le présent exposé clarifie les variantes essentielles par rapport à la carrière de l’ascension. Or, la carrière de l’ascension est le facteur le plus important de toute étude concernant les mortels du temps et de l’espace. 40:5.19 Quant aux chances de survie des mortels, précisons, une fois pour toutes ceci : toutes les âmes appartenant à chacune des phases possibles d’existence humaine survivront à la condition de manifester de la bonne volonté à coopérer avec leur Ajusteur intérieur, et de montrer leur désir de trouver Dieu et d’atteindre la perfection divine, même si ces désirs ne représentent que les premières et les plus faibles lueurs de la compréhension primitive de « la vraie lumière éclairant chaque homme qui entre dans le monde ». 6. Les fils de Dieu par la foi 40:6.1 Les races mortelles représentent l’ordre le plus bas de la création intelligente et personnelle. Vous autres, mortels, êtes divinement aimés, et chacun de vous peut choisir d’accepter la destinée certaine d’une expérience glorieuse, mais vous n’appartenez pas encore par nature à l’ordre divin ; vous êtes entièrement mortels. Dès que la fusion avec l’Ajusteur aura lieu, vous serez comptés parmi les fils ascendants, mais, avant l’amalgamation finale de l’âme humaine survivante avec l’un des types d’esprit éternel et immortel, le statut des mortels du temps et de l’espace est celui de fils de Dieu par la foi. 40:6.2 C’est un fait solennel et céleste que des créatures aussi humbles et matérielles que les êtres humains d’Urantia soient des fils de Dieu, enfants du Très Haut par la foi. « Voyez la sorte d’amour que le Père a effusé sur nous pour que nous soyons appelés fils de Dieu. » « À tous ceux qui l’ont reçu, il a donné le pouvoir de reconnaitre qu’ils sont fils de Dieu. » Bien que « votre état futur ne soit pas encore apparent, » dès maintenant « vous êtes fils de Dieu par la foi » ; « car vous n’avez pas reçu l’esprit d’esclavage pour craindre de nouveau, mais vous avez reçu l’esprit de filiation qui vous fait crier ‘notre Père’ ». Parlant au nom du Dieu éternel, le prophète de jadis a dit : « Même à eux, je donnerai une place dans ma maison et un nom plus excellent que celui de fils ; je leur donnerai un nom perpétuel, un nom qui ne sera jamais retranché. » « Et, parce que vous êtes des fils, Dieu a envoyé l’esprit de son Fils dans votre cœur. » 40:6.3 Tous les mondes évolutionnaires habités par des mortels abritent des fils de Dieu par la foi, des fils de grâce et de miséricorde, des êtres mortels appartenant à la famille divine et, en conséquence, appelés fils de Dieu. Les mortels d’Urantia ont le droit de se considérer comme fils de Dieu pour les raisons suivantes : 40:6.4 1. Vous êtes fils d’une promesse spirituelle, fils par la foi ; vous avez accepté le statut de filiation. Vous croyez à la réalité de votre filiation avec Dieu, et ainsi elle devient éternellement réelle. 40:6.5 2. Un Fils Créateur issu de Dieu est devenu l’un de vous. Il est en fait votre frère ainé ; et, si en esprit vous devenez véritablement des frères apparentés au Christ, au victorieux Micaël, alors il faut qu’en esprit vous soyez aussi les fils du Père que vous avez en commun – le Père de tous, le Père Universel lui-même. 40:6.6 3. Vous êtes fils parce que l’esprit d’un Fils a été répandu sur vous, a été libéralement et certainement effusé sur toutes les races d’Urantia. Cet esprit vous attire toujours vers le Fils divin qui en est la source, et vers le Père du Paradis qui est la source de ce Fils divin. 40:6.7 4. De son libre arbitre divin, le Père Universel vous a donné votre personnalité de créature. Vous avez été dotés d’une mesure de cette divine spontanéité d’action libre que Dieu partage avec tous ceux qui peuvent devenir ses fils. 40:6.8 5. Un fragment du Père Universel habite en vous, ce qui vous relie ainsi directement au divin Père de tous les Fils de Dieu. 7. Mortels fusionnés avec le Père 40:7.1 L’envoi des Ajusteurs, leur présence intérieure, est en vérité l’un des mystères insondables de Dieu le Père. Ces fragments de la nature divine du Père Universel apportent avec eux le potentiel d’immortalité des créatures. Les Ajusteurs sont des esprits immortels, et l’union avec eux confère la vie éternelle à l’âme du mortel fusionné. 40:7.2 Vos propres races de mortels survivants appartiennent à ce groupe des Fils ascendants de Dieu. Vous êtes aujourd’hui des fils planétaires, des créatures évolutionnaires dérivées de l’implantation des Porteurs de Vie et modifiées par l’influx de vie adamique. Vous n’êtes guère encore des fils ascendants, mais vous êtes en fait des fils doués du potentiel d’ascension – même jusqu’aux hauteurs les plus élevées de gloire et d’aboutissement à la divinité. Et vous pouvez atteindre ce statut de filiation ascendante par la foi et par la coopération librement acceptée avec les activités spiritualisantes de l’Ajusteur intérieur. Lorsque vous aurez finalement et définitivement fusionné avec votre Ajusteur, lorsque vous deux ne ferez plus qu’un, comme le Fils de Dieu et le Fils de l’Homme ne font qu’un chez le Christ Micaël, alors vous serez devenus en fait des fils ascendants de Dieu. 40:7.3 Je ne suis pas chargé de donner les détails de la carrière du ministère intérieur des Ajusteurs sur une planète probatoire évolutionnaire. L’élaboration de cette grande vérité englobe toute votre carrière. Je mentionne certaines fonctions des Ajusteurs pour faire un exposé bien complet concernant les mortels fusionnés avec les Ajusteurs. Ces fragments intérieurs de Dieu habitent les êtres de votre ordre depuis les premières années de votre existence physique, puis dans toute votre carrière ascendante dans Nébadon et Orvonton, et enfin à travers Havona jusqu’au Paradis lui-même. Par la suite, au cours de l’aventure éternelle, le même Ajusteur est uni à vous et fait partie de vous. 40:7.4 Nous parlons ici des mortels qui ont reçu du Père Universel le commandement « Soyez parfait comme moi-même je suis parfait ». Le Père s’est effusé sur vous et a placé son propre esprit en vous. C’est pourquoi il exige de vous une perfection ultime. La narration de l’ascension humaine, depuis les sphères mortelles du temps jusqu’aux royaumes divins de l’éternité, constitue un récit qui pique la curiosité, mais qui ne fait pas partie de ma mission. Toutefois, cette aventure céleste devrait être le suprême objet d’étude pour l’homme mortel. 40:7.5 La fusion avec un fragment du Père Universel équivaut à une validation divine de l’aboutissement final au Paradis, et ces mortels fusionnés avec leur Ajusteur forment la seule classe d’êtres humains dont la totalité traverse les circuits de Havona et trouve Dieu au Paradis. Pour le mortel fusionné avec l’Ajusteur, la carrière de service universel est grande ouverte. Songez à la dignité de la destinée et à la gloire de l’aboutissement qui attendent chacun de vous ! Appréciez-vous pleinement ce qui a été fait pour vous ? Comprenez-vous la grandeur des niveaux d’aboutissement éternel qui s’étalent devant vous – vous-mêmes qui maintenant avancez péniblement sur l’humble sentier de la vie, à travers ce que vous appelez « Une vallée de larmes » ? 8. Mortels fusionnés avec le Fils 40:8.1 Alors que pratiquement tous les mortels survivants sont fusionnés avec leur Ajusteur sur l’un des mondes des maisons, ou bien dès leur arrivée sur les sphères morontielles supérieures, il y a certains cas où la fusion est retardée, et les intéressés n’éprouvent pas la sécurité finale de survivre avant d’avoir atteint les derniers mondes éducatifs du quartier général de l’univers ; et quelques-uns de ces mortels, candidats à la vie sans fin, ne réussissent absolument pas à atteindre la fusion d’identité avec leur fidèle Ajusteur. 40:8.2 Ces mortels ont été estimés dignes de survivre par les autorités de jugement, et même leurs Ajusteurs ont contribué à leur ascension aux mondes des maisons en revenant de Divinington. Ces êtres se sont élevés en franchissant un système, une constellation et les mondes éducatifs du circuit de Salvington. Ils ont bénéficié des « soixante-dix-fois-sept » occasions de fusion et, malgré cela, ont été incapables d’atteindre l’unité avec leur Ajusteur. 40:8.3 Lorsqu’il devient apparent qu’une difficulté de synchronisation empêche la fusion avec le Père, on réunit les arbitres de survie du Fils Créateur. Et, lorsque les membres de ce tribunal d’enquête, sanctionné par un représentant personnel des Anciens des Jours, décident finalement que l’on ne peut découvrir aucune cause imputable à l’ascendeur pour n’avoir pas réussi à atteindre la fusion, ils le certifient sur les registres de l’univers local et transmettent dument leur conclusion aux Anciens des Jours. L’Ajusteur intérieur retourne alors tout de suite à Divinington pour confirmation par les Moniteurs Personnalisés. Une fois ce congé pris, le mortel morontiel est immédiatement fusionné avec un don individualisé de l’esprit du Fils Créateur. 40:8.4 De même que les sphères morontielles de Nébadon sont partagées avec les mortels fusionnés avec l’Esprit, de même ces créatures fusionnées avec le Fils partagent les services d’Orvonton avec leurs frères fusionnés avec un Ajusteur, qui voyagent intérieurement vers la lointaine Ile du Paradis. Ces créatures sont vraiment vos frères, et vous prendrez beaucoup de plaisir à leur association en passant par les mondes d’entrainement du superunivers. 40:8.5 Les mortels fusionnés avec le Fils ne forment pas un groupe nombreux ; il y en a moins d’un million dans le superunivers d’Orvonton. Ils sont à tous égards les égaux de leurs associés fusionnés avec les Ajusteurs, sauf que ces derniers ont une destinée résidentielle au Paradis. Ils se rendent fréquemment au Paradis en mission superuniverselle, mais n’y résident que rarement en permanence parce que leur classe est confinée dans le superunivers de leur nativité. 9. Mortels fusionnés avec l’Esprit 40:9.1 Les mortels ascendants fusionnés avec l’Esprit ne sont pas des personnalités de la Troisième Source. Ils sont inclus dans le circuit de personnalité du Père, mais ont fusionné avec des individualisations de l’esprit prémental de la Source-Centre Troisième. Une telle fusion avec l’Esprit n’intervient jamais au cours de la vie matérielle ; elle n’a lieu qu’à l’époque où le mortel se réveille à l’état morontiel sur les mondes des maisons. Il n’y a pas de chevauchement dans l’expérience de la fusion. Les créatures volitives sont fusionnées avec l’Esprit, avec le Fils ou avec le Père. Celles qui ont fusionné avec l’Ajusteur, c’est-à-dire avec le Père, ne fusionnent jamais avec l’Esprit ni avec le Fils. 40:9.2 Le fait que les créatures mortelles de ce type ne soient pas candidates à la fusion avec les Ajusteurs n’empêche pas les Ajusteurs de les habiter durant leur vie incarnée. Les Ajusteurs travaillent bel et bien dans le mental de ces êtres durant le cours de leur vie matérielle, mais ne s’unifient jamais pour l’éternité avec l’âme de leurs élèves. Pendant ce séjour temporaire, les Ajusteurs bâtissent la même contrepartie spirituelle de la nature mortelle – l’âme – que celle qu’ils bâtissent pour les candidats à la fusion avec eux. Jusqu’à l’époque de la mort physique, le travail des Ajusteurs est entièrement semblable à leur fonction dans vos propres races, mais, après la dissolution par la mort, les Ajusteurs prennent congé pour toujours de ces candidats à la fusion avec l’Esprit. Ils se rendent alors directement sur Divinington, quartier général de tous les Moniteurs divins, pour y attendre les nouvelles affectations de leur ordre. 40:9.3 Lorsque ces survivants endormis sont repersonnalisés sur les mondes des maisons, la place de l’Ajusteurs parti est remplie par une individualisation de l’esprit de la Divine Ministre, représentante de l’Esprit Infini dans l’univers local intéressé. Cette infusion d’esprit fait de ces créatures survivantes des mortels fusionnés avec l’Esprit. De tels êtres sont vos égaux sous tous les rapports en mental et en esprit, et vraiment vos contemporains, partageant les sphères morontielles et celles des maisons en commun avec votre ordre de candidats à la fusion et avec ceux qui fusionneront avec le Fils. 40:9.4 Il y a toutefois une particularité qui différencie de leurs frères ascendants les mortels fusionnés avec l’Esprit. La mémoire mortelle de l’expérience humaine sur les mondes matériels d’origine survit à la mort de la chair, parce que l’Ajusteur intérieur en a acquis une contrepartie spirituelle, la transcription des évènements de la vie humaine qui ont présenté une signification spirituelle. Pour les mortels fusionnés avec l’Esprit, il n’existe pas de mécanisme permettant à la mémoire humaine de persister. Les transcriptions de la mémoire des Ajusteurs sont complètes et intactes, mais ces acquisitions sont la propriété expérientielle de ces Ajusteurs partis ; elles ne sont pas à la disposition des créatures qu’ils ont habitées précédemment. Celles-ci se réveillent donc dans les salles de résurrection des sphères morontielles de Nébadon comme si elles étaient nouvellement créées, sans conscience d’une existence antérieure. 40:9.5 Ces enfants de l’univers local sont mis en mesure de récupérer une grande partie de leur expérience antérieure de mémoire humaine en la faisant raconter par les séraphins et chérubins associés, et en consultant les annales de leur carrière mortelle classées par les anges enregistreurs. Ils peuvent le faire avec une assurance indiscutable parce que, tout en ne se rappelant pas les évènements terrestres, les âmes survivantes, ayant une origine expérientielle dans la vie matérielle et mortelle, ont une sensibilité de récognition expérientielle résiduelle envers les évènements oubliés de leur expérience passée. 40:9.6 Quand on raconte à un mortel fusionné avec l’Esprit les évènements oubliés de son expérience passée, il se produit dans l’âme (l’identité) de ce survivant une réaction immédiate de récognition expérientielle qui confère aussitôt à l’évènement raconté la nuance émotionnelle de la réalité et la qualité intellectuelle du fait. Cette double réaction constitue la reconstruction, la reconnaissance et la validation d’une facette oubliée de l’expérience de mortel. 40:9.7 Même chez les candidats à la fusion avec l’Ajusteur, seules les expériences humaines qui présentaient une valeur spirituelle sont la propriété commune du mortel survivant et de l’Ajusteur revenu, et sont donc immédiatement remémorées après la survie du mortel. Quant aux évènements qui étaient dépourvus de signification spirituelle, même les fusionnés avec l’Ajusteur doivent compter sur l’attribut de la récognition par sensibilité chez l’âme survivante. Or, tout évènement peut avoir une valeur spirituelle pour un mortel sans en avoir pour un autre. Il est donc possible à un groupe d’ascendeurs contemporains venant de la même planète de mettre en commun leur provision d’évènements remémorés par les Ajusteurs, et de reconstruire ainsi toute expérience qu’ils ont faite ensemble et qui avait une valeur spirituelle dans la vie de l’un d’entre eux. 40:9.8 Nous connaissons assez bien les techniques de reconstitution de la mémoire, mais nous ne saisissons pas la technique de récognition de la personnalité. Les personnalités qui ont été une fois associées ont l’une pour l’autre une réaction tout à fait indépendante des opérations de la mémoire ; et pourtant la mémoire elle-même et ses techniques de reconstruction sont nécessaires pour conférer à cette réaction personnelle mutuelle la plénitude de la récognition. 40:9.9 Un survivant fusionné avec l’Esprit peut aussi apprendre beaucoup sur son ancienne vie incarnée en revisitant son monde de nativité après la dispensation planétaire au cours de laquelle il y a vécu. Ces enfants fusionnés avec l’Esprit sont mis en mesure de profiter de ces occasions d’enquêter sur leur carrière humaine, car ils sont généralement confinés au service de l’univers local. Ils ne partagent pas votre haute destinée exaltée dans le Corps de la Finalité du Paradis. Seuls les mortels fusionnés avec l’Ajusteur et certains êtres ascendants spécialement embrassés sont rassemblés dans les rangs de ceux qui attendent l’aventure éternelle de la Déité. Les mortels fusionnés avec l’Esprit sont les citoyens permanents des univers locaux ; ils peuvent aspirer à la destinée du Paradis, mais sans pouvoir en être certains. Dans Nébadon, leur foyer universel est le huitième groupe de mondes entourant Salvington, un ciel de destinée dont la nature et la position ressemblent beaucoup à celles qui sont envisagées par les traditions planétaires d’Urantia. 10. Destinées ascendantes 40:10.1 D’une manière générale, les mortels fusionnés avec l’Esprit sont cantonnés dans un univers local ; les survivants fusionnés avec le Fils sont confinés dans un superunivers ; les mortels fusionnés avec un Ajusteur sont destinés à pénétrer l’univers des univers. Les esprits qui fusionnent avec les mortels remontent toujours à leur niveau d’origine ; ces entités spirituelles retournent infailliblement à la sphère de leur source primordiale. 40:10.2 Les mortels fusionnés avec l’Esprit appartiennent à l’univers local ; ils ne s’élèvent généralement pas au-delà des confins de leur royaume natal, au-delà des frontières du champ spatial de l’esprit qui les imprègne. Les ascendeurs fusionnés avec le Fils remontent pareillement à la source qui leur a donné l’esprit, car, de même que l’Esprit de Vérité d’un Fils Créateur se focalise chez la Divine Ministre associée, de même son « esprit de fusion » est mis en œuvre chez les Esprits Réflectifs des univers supérieurs. Ces relations spirituelles entre les niveaux universels locaux et les niveaux superuniversels de Dieu le Septuple sont peut-être difficiles à expliquer, mais non à discerner, car elles sont immanquablement révélées chez les enfants des Esprits Réflectifs – les Voix secoraphiques des Fils Créateurs. L’Ajusteur de Pensée, venant de chez le Père au Paradis, ne s’arrête jamais avant que le fils mortel ne se trouve face à face avec le Dieu éternel. 40:10.3 La variable mystérieuse dans la technique associative par laquelle un être mortel ne fusionne pas ou ne peut pas fusionner pour l’éternité avec son Ajusteur de Pensée intérieur peut paraitre dénoter une défectuosité dans le plan d’ascension. Les fusions avec le Fils ou avec l’Esprit, considérées superficiellement, ressemblent à des compensations d’échecs inexpliqués dans certains détails du plan pour atteindre le Paradis. Mais toute conclusion de ce genre est erronée. On nous enseigne que tous ces évènements se déroulent en obéissant aux lois établies par les Dirigeants Suprêmes de l’Univers. 40:10.4 Nous avons analysé ce problème, et nous sommes parvenus à la conclusion indubitable que l’envoi de tous les mortels vers une destinée ultime au Paradis serait inéquitable pour les univers de l’espace-temps. En effet, les tribunaux des Fils Créateurs et des Anciens des Jours dépendraient alors entièrement des services de personnalités en transit vers des royaumes supérieurs. Il parait au moins convenable que les gouvernements des univers locaux et des superunivers soient chacun pourvus d’un groupe permanent de citoyenneté ascendante, et que les fonctions de ces administrations soient enrichies par les efforts de certains groupes de mortels glorifiés ayant statut permanent et formant les compléments évolutionnaires des abandontaires et des susatias. Or, il est tout à fait évident que le présent plan de l’ascension fournit précisément aux administrations de l’espace-temps ces groupes de créatures ascendantes. Nous nous sommes maintes fois demandés : Tout cela représente-t-il une partie intentionnelle des plans infiniment sages des Architectes du Maitre Univers conçus pour fournir aux Fils Créateurs et aux Anciens des Jours une population ascendante permanente des ordres évolués de citoyenneté qui deviendront de plus en plus compétents pour mener les affaires de ces royaumes dans les âges futurs de l’univers ? 40:10.5 Le fait que les destinées mortelles varient ainsi ne prouve en aucune façon que l’une soit nécessairement plus grande ou moindre qu’une autre, mais simplement qu’elles diffèrent. Les ascendeurs fusionnés avec l’Ajusteur ont en vérité une grande et glorieuse carrière de finalitaires s’étendant devant eux dans l’éternel futur, mais cela ne signifie pas qu’ils soient préférés à leurs frères ascendants. Il n’y a nul favoritisme, rien d’arbitraire, dans l’opération sélective du plan divin de survie des mortels. 40:10.6 Alors que les finalitaires fusionnés avec les Ajusteurs bénéficient manifestement de plus amples occasions de servir, le fait d’atteindre ce but les exclut automatiquement de la chance de participer à la lutte millénaire d’un univers ou d’un superunivers, depuis les époques les plus primitives et les moins stables, jusqu’aux âges postérieurs et bien établis où une perfection relative est atteinte. Les finalitaires acquièrent une vaste et merveilleuse expérience de service transitoire dans les sept segments du grand univers, mais ils n’acquièrent pas en général la connaissance intime d’un univers donné, connaissance qui caractérise, même maintenant, les vétérans du Corps de Parachèvement de Nébadon fusionnés avec l’Esprit. Ceux-ci bénéficient de l’occasion d’assister à la procession ascendante des âges planétaires qui se déroulent, un à un, sur dix-millions de mondes habités. Au cours des fidèles services de ces citoyens de l’univers local, les expériences s’ajoutent aux expériences jusqu’à ce que la plénitude des temps fasse murir la haute qualité de sagesse engendrée par l’expérience focalisée – la sagesse faisant autorité – ce qui est en soi-même un facteur vital pour stabiliser un univers local quelconque. 40:10.7 La destinée des fusionnés avec l’Esprit a son parallèle chez les mortels fusionnés avec le Fils qui ont atteint le statut résidentiel sur Uversa. Quelques-uns de ces êtres datent des tout premiers temps d’Orvonton. Ils représentent un corps lentement croissant, où la sagesse d’une perspicacité approfondie apporte sa contribution de services toujours plus étendus au bien-être et à la stabilisation définitive du septième superunivers. 40:10.8 Nous ne savons pas ce que sera la destinée de ces ordres stationnaires de citoyenneté de l’univers local et du superunivers, mais il est tout à fait possible qu’au moment où les finalitaires du Paradis exploreront les frontières en expansion de la divinité dans les systèmes planétaires du premier niveau d’espace extérieur, leurs frères de la lutte évolutionnaire ascendante fusionnés avec le Fils ou l’Esprit contribueront d’une manière appropriée à maintenir l’équilibre expérientiel des superunivers devenus parfaits. En même temps, ils se tiendront prêts à accueillir à son arrivée le flot de pèlerins qui pourrait, dans ce lointain avenir, se déverser vers le Paradis, à travers Orvonton et ses créations sœurs, comme un vaste torrent recherchant l’esprit en venant des galaxies, présentement inexplorées et inhabitées, de l’espace extérieur. 40:10.9 La majorité des êtres qui fusionnent avec l’Esprit servent en permanence comme citoyens des univers locaux, mais ce n’est pas le cas pour tous. Si une phase de leur ministère dans l’univers local requérait leur présence dans le superunivers, on effectuerait sur ces citoyens les transformations leur permettant de monter vers l’univers supérieur ; et, à l’arrivée des Gardiens Célestes avec ordre de les présenter aux tribunaux des Anciens des Jours, ces mortels fusionnés avec l’Esprit monteraient à la capitale du superunivers pour ne plus jamais revenir. Ils deviennent alors des pupilles du superunivers et servent d’une manière permanente comme assistants des Gardiens Célestes, sauf un petit nombre qui, à son tour, est appelé au service du Paradis et de Havona. 40:10.10 De même que leurs frères fusionnés avec l’Esprit, ceux qui fusionnent avec le Fils ne traversent pas Havona et n’atteignent pas le Paradis, à moins d’avoir subi certaines transformations modificatrices de leur être. Pour de bonnes et suffisantes raisons, ces changements ont été effectués chez certains survivants fusionnés avec le Fils, et l’on rencontre ces êtres de temps à autre sur les sept circuits de l’univers central. C’est ainsi qu’un certain nombre de mortels fusionnés avec le Fils ou avec l’Esprit montent effectivement au Paradis et atteignent effectivement un but équivalent, sous beaucoup de rapports, à celui qui attend les mortels fusionnés avec le Père. 40:10.11 Les mortels fusionnés avec le Père sont des finalitaires potentiels. Leur but est d’atteindre le Père Universel ; et ils l’atteignent, mais, dans la perspective du présent âge de l’univers, les finalitaires en tant que tels n’ont pas réalisé leur destinée. Ils restent des créatures inachevées – des esprits du sixième stade – donc sans activité dans les domaines évolutionnaires du statut qui précède celui de lumière et de vie. 40:10.12 Lorsqu’un finalitaire mortel est embrassé par la Trinité – devient un Fils Trinitisé, par exemple un Puissant Messager – alors ce finalitaire a atteint sa destinée, au moins pour le présent âge de l’univers. Au sens précis, il est possible que les Puissants Messagers et leurs compagnons ne soient pas des esprits du septième stade, mais, en plus d’autres choses, l’embrassement de la Trinité les dote de tout ce qu’un finalitaire atteindra un jour comme esprit du septième stade. Après avoir été trinitisés, les mortels fusionnés avec le Fils ou avec l’Esprit passent par l’expérience du Paradis avec les ascendeurs fusionnés avec l’Ajusteur, et leur sont identiques dans toutes les affaires concernant l’administration superuniverselle. Ces Fils de Sélection ou d’Aboutissement Trinitisés sont, au moins pour l’instant, des créatures achevées, par contraste avec les finalitaires qui sont présentement des créatures inachevées. 40:10.13 En dernière analyse, il est donc plutôt impropre d’employer les termes « plus grande » et « moindre » en comparant les destinées des ordres ascendants de filiation. Tous ces Fils de Dieu partagent la paternité de Dieu, et Dieu aime autant chacun de ses fils créés. Il ne fait pas plus acception des destinées ascendantes que des créatures susceptibles d’atteindre ces destinées. Le Père aime chacun de ses fils, et cette affection n’est pas moins que vraie, sainte, divine, illimitée, éternelle et unique – un amour effusé sur tel fils et sur tel autre fils, individuellement, personnellement et exclusivement. Et un tel amour éclipse totalement tous les autres faits. La filiation est la relation suprême entre la créature et le Créateur. 40:10.14 En tant que mortels, vous pouvez désormais reconnaitre votre place dans la famille de filiation divine, et commencer à sentir l’obligation de vous prévaloir des avantages si libéralement fournis par le plan du Paradis pour la survie des mortels, plan qui fut si rehaussé et illuminé par l’expérience de la vie d’un Fils d’effusion. Toutes les facilités et tous les pouvoirs vous ont été fournis pour vous donner l’assurance d’atteindre, en fin de compte, le but paradisiaque de la perfection divine. 40:10.15 [Présenté par un Puissant Messager temporairement attaché à l’état-major de Gabriel de Salvington.] Fascicule 41. Aspects physiques de l’univers local 41:0.1 Le phénomène spatial caractéristique distinguant chaque création locale des autres est la présence de l’Esprit Créatif. Tout Nébadon est certainement imprégné par la présence d’espace de la Divine Ministre de Salvington, et cette présence prend tout aussi certainement fin aux frontières extérieures de notre univers local. Ce qui est imprégné par l’Esprit-Mère de notre univers local est Nébadon ; ce qui s’étend au-delà de sa présence d’espace est extérieur à Nébadon, ce sont les régions d’espace extranébadoniennes du superunivers d’Orvonton – d’autres univers locaux. 41:0.2 L’organisation administrative du grand univers montre une division bien tranchée entre les gouvernements de l’univers central, des superunivers et des univers locaux. Ces divisions ont leurs parallèles astronomiques dans la séparation spatiale de Havona et des sept superunivers, mais il n’y a pas de lignes de démarcation physiques aussi claires pour faire ressortir les créations locales. Même les secteurs majeurs et mineurs d’Orvonton sont aisément reconnaissables (pour nous), mais il n’est pas si facile d’identifier les frontières physiques des univers locaux. Cela tient à ce que ces créations locales sont organisées administrativement selon certains principes créatifs gouvernant la segmentation de la charge énergétique totale d’un superunivers, tandis que leurs composantes physiques, les sphères de l’espace – soleils, iles obscures, planètes, etc. – prennent leur origine primitive dans des nébuleuses. Or les nébuleuses font leur apparition astronomique selon certains plans précréatifs (transcendantaux) des Architectes du Maitre Univers. 41:0.3 Le domaine d’un univers local peut comprendre une ou plusieurs – et même beaucoup – de nébuleuses, et c’est ainsi que l’assemblage physique de Nébadon vient de la progéniture stellaire et planétaire de la nébuleuse d’Andronover et d’autres nébuleuses. Les sphères de Nébadon ont pour ancêtres diverses nébuleuses, mais elles avaient en commun un certain minimum de mouvement d’espace qui fut ajusté par les efforts intelligents des directeurs de pouvoir, de manière à produire notre présent agrégat de corps spatiaux. Cet ensemble voyage d’un seul tenant sur les orbites du superunivers. 41:0.4 Telle est la constitution du nuage local d’étoiles de Nébadon qui circule aujourd’hui sur une orbite de mieux en mieux établie autour du centre, situé dans le Sagittaire, du secteur mineur d’Orvonton auquel notre création locale appartient. 1. Les centres de pouvoir de Nébadon 41:1.1 Les nébuleuses spirales et autres, les roues-mères des sphères de l’espace, sont amorcées par des organisateurs de force du Paradis. Lorsque l’évolution de la nébuleuse la rend sensible à la gravitation, ils sont remplacés dans leurs fonctions superuniverselles par les centres de pouvoir et les contrôleurs physiques, qui assument aussitôt la pleine responsabilité de diriger l’évolution physique des générations suivantes de rejetons stellaires et planétaires. À l’arrivée de notre Fils Créateur, cette supervision physique du préunivers de Nébadon fut immédiatement coordonnée avec son plan pour organiser l’univers. À l’intérieur du domaine de ce Fils Paradisiaque de Dieu, les Centres Suprêmes de Pouvoir et les Maitres Contrôleurs Physiques collaborèrent avec les Superviseurs de Pouvoir Morontiel, apparus plus tard et avec d’autres entités, pour produire le vaste complexe de lignes de communication, de circuits d’énergie et de chenaux de pouvoir qui relient fermement les multiples corps spatiaux de Nébadon en une seule unité administrative intégrée. 41:1.2 Cent Centres Suprêmes de Pouvoir du quatrième ordre sont affectés en permanence à notre univers local. Ces êtres reçoivent les lignes de pouvoir arrivant des centres ternaires d’Uversa et, après avoir abaissé l’intensité des circuits et les avoir modifiés, les transmettent par relais aux centres de pouvoir de nos constellations et systèmes. Lorsque ces centres de pouvoir fonctionnent en association, ils produisent le système vivant de contrôle et d’égalisation qui opère pour maintenir l’équilibre et la distribution des énergies ; autrement celles-ci seraient fluctuantes et variables. Toutefois, les centres de pouvoir ne s’intéressent pas aux bouleversements énergétiques passagers et locaux, tels que les taches du soleil et les perturbations électriques du système. La lumière et l’électricité ne sont pas les énergies fondamentales de l’espace, mais seulement des manifestations secondaires et subsidiaires. 41:1.3 Les cent centres de pouvoir de l’univers local sont stationnés sur Salvington, où ils fonctionnent au centre exact d’énergie de cette sphère. Les sphères architecturales telles que Salvington, Édentia et Jérusem sont éclairées, chauffées et alimentées en énergie par des méthodes qui les rendent tout à fait indépendantes des soleils de l’espace. Ces sphères furent construites – faites sur mesure – par les centres de pouvoir et les contrôleurs physiques, et conçues pour exercer une puissante influence sur la distribution de l’énergie. Basant leurs activités sur ces points focaux de contrôle d’énergie, les centres de pouvoir, par leur présence vivante, orientent et canalisent les énergies physiques de l’espace. Et ces circuits d’énergie sont fondamentaux pour tous les phénomènes physicomatériels et morontiels-spirituels. 41:1.4 Dix Centres Suprêmes de Pouvoir du cinquième ordre sont affectés à chacune des subdivisions primaires de Nébadon, les cent constellations. Dans la vôtre, celle de Norlatiadek, ils ne sont pas installés sur la sphère-siège, mais au centre de l’énorme système stellaire qui constitue le noyau physique de la constellation. Sur Édentia, il y a dix contrôleurs machinaux associés et dix frandalanks qui sont en liaison constante et parfaite avec les centres de pouvoir voisins. 41:1.5 Un seul Centre Suprême de Pouvoir du sixième ordre a son poste au centre exact de gravité de chaque système local. Dans le système de Satania, le centre de pouvoir affecté occupe une ile obscure de l’espace située au centre astronomique du système. Nombre de ces iles obscures sont d’immenses dynamos qui mobilisent et orientent certaines énergies de l’espace, et ces circonstances naturelles sont efficacement utilisées par le Centre de Pouvoir de Satania, dont la masse vivante sert de liaison avec les centres supérieurs, orientant les courants de pouvoir plus matérialisé vers les Maitres Contrôleurs Physiques des planètes évolutionnaires de l’espace. 2. Les contrôleurs physiques de Satania 41:2.1 Les Maitres Contrôleurs Physiques servent auprès des centres de pouvoir dans tout le grand univers, mais leurs fonctions dans un système local tel que Satania sont plus faciles à comprendre. Satania est l’un des cent systèmes locaux qui constituent l’organisation administrative de la constellation de Norlatiadek. Il a pour voisins immédiats les systèmes de Sandmatia, Assuntia, Porogia, Sortoria, Rantulia et Glantonia. Les systèmes de Norlatiadek sont différents sous beaucoup de rapports, mais tous sont évolutionnaires et progressifs comme Satania. 41:2.2 Satania lui-même est composé de plus de sept-mille groupes astronomiques ou systèmes physiques, dont très peu ont eu une origine similaire à celle de votre système solaire. Le centre astronomique de Satania est une énorme ile obscure de l’espace qui, avec ses sphères adjacentes, est située non loin du siège du gouvernement du système. 41:2.3 Sauf la présence du centre de pouvoir affecté, la supervision de tout le système d’énergie physique de Satania est centrée sur Jérusem. Un Maitre Contrôleur Physique stationné sur cette sphère-siège travaille en coordination avec le centre de pouvoir du système ; il sert de chef de liaison des inspecteurs de pouvoir siégeant à Jérusem et opérant dans tout le système local. 41:2.4 La mise en circuit et la canalisation de l’énergie sont supervisées par les cinq-cent-mille manipulateurs d’énergie vivants et intelligents répartis dans tout Satania. Par l’action de ces contrôleurs physiques, les centres de pouvoir superviseurs détiennent le contrôle complet et parfait de la majorité des énergies fondamentales de l’espace, y compris les émanations des globes incandescents et des sphères obscures chargées d’énergie. Ce groupe d’entités vivantes peut mobiliser, transformer, transmuer, manipuler et transmettre à peu près toutes les énergies physiques de l’espace organisé. 41:2.5 La vie possède une capacité inhérente de mobiliser et de transmuer l’énergie universelle. Vous êtes familiarisés avec l’action de la vie végétale transformant l’énergie matérielle de la lumière en manifestations variées du règne végétal. Vous connaissez aussi quelque peu la méthode par laquelle cette énergie végétale peut être convertie en phénomènes d’activité animale, mais vous ne savez pratiquement rien de la technique des directeurs de pouvoir et des contrôleurs physiques, qui sont doués de l’aptitude à mobiliser, transformer, orienter et concentrer les multiples énergies de l’espace. 41:2.6 Ces êtres des royaumes énergétiques ne s’occupent pas directement de l’énergie en tant que facteur composant des créatures vivantes, ni même du domaine de la chimie physiologique. Ils s’occupent parfois des préliminaires physiques de la vie, de l’élaboration des systèmes énergétiques qui peuvent servir de véhicules physiques aux énergies vivantes des organismes matériels élémentaires. Dans un certain sens, les contrôleurs physiques sont reliés aux manifestations prévivantes de l’énergie matérielle de la même manière que les esprits-mentaux adjuvats s’intéressent aux fonctions préspirituelles du mental matériel. 41:2.7 Ces êtres intelligents qui contrôlent le pouvoir et orientent l’énergie doivent ajuster leur technique sur chaque sphère selon la constitution et l’architecture physiques de cette planète. Ils utilisent infailliblement les calculs et déductions de leurs états-majors respectifs de physiciens et autres conseillers techniques, concernant l’influence locale des soleils très chauds et d’autres types d’étoiles suractivées. Ils doivent même faire entrer en ligne de compte les énormes géants froids et obscurs de l’espace et les essaims nuageux de poussières stellaires. Tous ces éléments matériels jouent un rôle dans les problèmes pratiques de manipulation de l’énergie. 41:2.8 Les Maitres Contrôleurs Physiques ont la responsabilité de superviser l’énergie-pouvoir dans les mondes évolutionnaires habités, mais ne sont pas responsables de tous les dérèglements d’énergie sur Urantia. Il y a maintes raisons à ces perturbations, dont quelques-unes sortent du domaine et du contrôle des conservateurs physiques. Urantia se trouve sur le trajet d’énergies formidables ; c’est une petite planète dans le circuit de masses colossales, et les contrôleurs locaux emploient quelquefois un nombre énorme de membres de leur ordre pour équilibrer ces lignes d’énergie. Ils se tirent assez bien d’affaire avec les circuits physiques de Satania, mais ils éprouvent des difficultés pour isoler la planète des puissants courants de Norlatiadek. 3. Nos associés stellaires 41:3.1 Plus de deux-mille soleils éclatants déversent de la lumière et de l’énergie dans Satania, et votre propre soleil y est un globe embrasé moyen. Parmi les trente soleils les plus proches de vous, trois seulement sont plus brillants. Les Directeurs de Pouvoir d’Univers déclenchent les courants spécialisés d’énergie qui jouent entre les étoiles individuelles et leurs systèmes respectifs. Ces fournaises solaires, ainsi que les géants obscurs de l’espace, servent de relais aux centres de pouvoir et aux contrôleurs physiques pour concentrer et orienter efficacement les circuits d’énergie des créations matérielles. 41:3.2 Les soleils de Nébadon ne diffèrent pas de ceux des autres univers. La composition matérielle de tous les soleils, iles obscures, planètes, satellites et même météorites, est tout à fait identique. Le diamètre moyen des soleils est d’environ 1 600 000 kilomètres ; celui de votre globe solaire est un peu inférieur. La plus grande étoile de l’univers, le nuage stellaire d’Antarès, a 450 fois le diamètre de votre soleil et 60 000 000 de fois son volume. Mais la place abonde pour loger tous ces énormes soleils. Par comparaison, ils ont les coudées tout aussi franches dans l’espace qu’une douzaine d’oranges circulant à l’intérieur d’Urantia si la planète était creuse. 41:3.3 Quand une roue-mère nébuleuse projette des soleils trop grands, ceux-ci ne tardent pas à se fractionner ou à former des étoiles doubles. À l’origine, tous les soleils sont purement gazeux, bien qu’ils puissent exister passagèrement plus tard à l’état semi-liquide. Lorsque votre soleil atteignit cet état quasi liquide de pression supergazeuse, il n’était pas assez grand pour se scinder par l’équateur, ce qui est l’un des modes de formation des étoiles doubles. 41:3.4 Quand les sphères ignées ont moins du dixième de la taille de votre soleil, elles se contractent, se condensent et se refroidissent rapidement. Quand les soleils ont plus de trente fois sa taille – ou plutôt trente fois son contenu global de matériaux effectifs – ces soleils se scindent promptement en deux corps séparés qui peuvent soit devenir les centres de nouveaux systèmes, soit rester dans l’emprise de leur champ de gravité réciproque et tourner autour d’un centre commun, conformément à un type d’étoiles doubles. 41:3.5 La plus récente des éruptions cosmiques majeures dans Orvonton fut l’extraordinaire explosion d’une étoile double dont la lumière atteignit Urantia en 1572. La conflagration fut si intense que l’explosion était clairement visible en plein jour. 41:3.6 Les étoiles ne sont pas toutes des solides, mais beaucoup des plus anciennes en sont. Quelques-unes des étoiles rougeâtres qui projettent de faibles lueurs ont acquis, au centre de leurs énormes masses, une densité que l’on peut exprimer en disant que, si un centimètre cube en était transporté sur Urantia, il y pèserait quelque 170 kg. La pression colossale, accompagnée de la perte de chaleur et d’énergie circulante, a eu pour résultat de resserrer de plus en plus les orbites des unités matérielles de base jusqu’à leur faire approcher maintenant de près l’état de condensation électronique. Ce processus de refroidissement et de contraction peut se poursuivre jusqu’au point critique limite d’explosion de la condensation ultimatonique. 41:3.7 La plupart des soleils géants sont relativement jeunes ; la plupart des étoiles naines sont vieilles, mais pas toutes. Les naines résultant de collisions peuvent être très jeunes et peuvent briller d’une intense lumière blanche sans avoir jamais connu le stade rouge initial de l’éclat de la jeunesse. Les soleils très jeunes et les soleils très vieux brillent habituellement d’une lumière rougeâtre. La teinte jaune indique une jeunesse relative ou bien l’approche de la vieillesse, mais la brillante lumière blanche est le signe d’une vie adulte robuste et longue. 41:3.8 Les soleils adolescents ne passent pas tous, du moins visiblement, par le stade des pulsations, mais, en regardant dans l’espace, on peut observer beaucoup d’étoiles assez jeunes dont les gigantesques poussées respiratoires demandent deux à sept jours pour compléter leur cycle. Votre propre soleil porte encore des vestiges décroissants des puissants gonflements du temps de sa jeunesse, mais la période de pulsation primitive de trois jours et demi s’est allongée pour devenir le présent cycle de onze ans et demi des taches solaires. 41:3.9 Les étoiles variables ont de nombreuses origines. Chez quelques étoiles doubles, les marées causées par les rapides changements de distance entre les deux corps qui tournent sur leurs orbites occasionnent aussi des fluctuations périodiques de lumière. Ces variations de gravité produisent des flambées régulières et récurrentes, de même que la captation de météores produit, par addition de matière énergétique à la surface, un éclair relativement soudain dont la lumière s’atténue rapidement et laisse le soleil reprendre son éclat normal. Il arrive qu’un soleil capte un courant de météores dans une ligne d’opposition gravitationnelle amoindrie et que des collisions occasionnelles causent des flamboiements stellaires, mais la majorité de ces phénomènes est entièrement due à des fluctuations internes. 41:3.10 Dans un groupe d’étoiles variables, la période de fluctuation de la lumière dépend directement de la luminosité. La connaissance de ce fait permet aux astronomes d’utiliser ces soleils comme phares universels, ou points de mesure précis, pour mieux explorer les amas d’étoiles lointains. Par cette technique, il est possible de mesurer des distances stellaires avec une grande exactitude jusqu’à plus d’un million d’années-lumière de distance. De meilleures méthodes pour mesurer l’espace et une technique améliorée des télescopes permettront, un jour, de déceler plus complètement les dix grandes divisions du superunivers d’Orvonton. Vous reconnaitrez au moins huit de ces immenses secteurs comme d’énormes amas d’étoiles assez symétriques. 4. La densité du soleil 41:4.1 La masse de votre soleil est un peu plus grande que ne l’estiment vos physiciens, qui l’évaluent à environ mille-huit-cents quadrillions de tonnes (1,8 x 1027). Sa densité actuelle est à peu près une fois et demie celle de l’eau et se situe à mi-chemin entre celles des étoiles les plus denses et des étoiles les plus ténues. Mais votre soleil n’est ni liquide ni solide. Il est gazeux, et ceci est vrai malgré la difficulté d’expliquer comment la matière gazeuse peut atteindre cette densité, et même des densités beaucoup plus élevées. 41:4.2 Les états gazeux, liquide et solide sont des affaires de relations atomiques-moléculaires, mais la densité est une relation entre l’espace et la masse. La densité varie directement avec la quantité de masse dans l’espace, et inversement avec la quantité d’espace dans la masse, d’espace entre les noyaux centraux de la matière et les particules qui tournent autour de ces centres, et aussi d’espace à l’intérieur de ces particules matérielles. 41:4.3 Les étoiles qui se refroidissent peuvent être physiquement gazeuses et prodigieusement denses en même temps. Vous ne connaissez pas bien les supergaz solaires, mais ceux-ci, et d’autres formes inhabituelles de matière, expliquent comment des soleils, même non solides, peuvent atteindre des densités égales à celle du fer – à peu près la densité d’Urantia – et cependant se trouver dans un état gazeux surchauffé et continuer à fonctionner comme soleils. Dans ces supergaz denses, les atomes sont extrêmement petits et contiennent peu d’électrons. Ces soleils ont aussi perdu, dans une grande mesure, leurs réserves d’énergie ultimatonique libres. 41:4.4 Un des soleils très proche de vous, qui commença sa vie avec une masse à peu près égale à celle du vôtre, s’est maintenant contracté jusqu’à n’avoir guère plus que la taille d’Urantia et atteindre une densité quarante-mille fois supérieure à celle de votre soleil. Le poids de ce solide-gazeux chaud-froid est d’environ cinquante-cinq kilos par centimètre cube. Et ce soleil brille encore d’une faible luminosité rougeâtre, dernière lueur sénile d’un monarque de lumière moribond. 41:4.5 Toutefois, la plupart des soleils ne sont pas si denses. L’un de vos proches voisins a une densité exactement égale à celle de votre atmosphère au niveau de la mer. Si vous étiez à l’intérieur de ce soleil, vous ne pourriez rien discerner. Et, si la température le permettait, vous pourriez pénétrer dans la majorité des soleils qui scintillent dans le ciel nocturne et ne pas remarquer plus de matière que vous n’en percevez sur terre dans l’air de vos salles de séjour. 41:4.6 Le soleil massif de Veluntia, l’un des plus grands d’Orvonton, est mille fois moins dense que l’atmosphère d’Urantia. Si sa composition était semblable à celle de votre atmosphère et s’il n’était pas surchauffé, il représenterait un tel vide que les êtres humains y suffoqueraient promptement, tant à l’intérieur qu’en surface. 41:4.7 Un autre géant d’Orvonton a maintenant une température périphérique de l’ordre de 1 650 degrés. Son diamètre dépasse 480 millions de kilomètres, ce qui offre largement la place de loger votre soleil et l’orbite actuelle de la terre. Cependant, malgré son volume énorme, quarante-millions de fois supérieur à celui de votre soleil, sa masse n’est qu’environ trente fois plus grande. Ces immenses soleils ont des franges étendues qui vont presque de l’un à l’autre. 5. La radiation solaire 41:5.1 Les soleils de l’espace ne sont pas très denses, et ce fait est prouvé par les courants continus d’énergies lumineuses qui s’en échappent. Une densité trop élevée retiendrait la lumière par opacité jusqu’à ce que la pression de l’énergie lumineuse atteigne le point d’explosion. Il faut que la pression de lumière ou de gaz soit formidable à l’intérieur d’un soleil pour l’amener à émettre des courants d’énergie capables de pénétrer l’espace sur des millions et des millions de kilomètres, et apporter de l’énergie, de la lumière et de la chaleur aux planètes lointaines. Une croute de cinq mètres d’épaisseur et de la densité d’Urantia suffirait pour empêcher l’émission par un soleil de tous les rayons X et de toutes les énergies lumineuses, jusqu’à ce que les démembrements atomiques accumulent des énergies élevant la pression interne au point où elle triompherait de la gravité par une formidable explosion vers l’extérieur. 41:5.2 En présence des gaz propulsifs, et lorsqu’elle est confinée à de hautes températures par des cloisons opaques, la lumière est fortement explosive. La lumière existe réellement. D’après la manière dont vous évaluez l’énergie et le pouvoir sur votre monde, la lumière solaire serait économique à 2 millions de dollars le kilogramme. 41:5.3 L’intérieur de votre soleil est un immense générateur de rayons X. Les soleils sont entretenus de l’intérieur par le bombardement incessant de ces puissantes émanations. 41:5.4 Il faut plus d’un demi-million d’années à un électron stimulé par les rayons X pour frayer son chemin depuis le centre d’un soleil moyen jusqu’à sa surface. Il en partira pour son aventure spatiale, peut-être pour chauffer une planète habitée, ou pour être capté par un météore, ou pour participer à la naissance d’un atome, ou pour être attiré par une ile obscure de l’espace puissamment chargée, ou pour terminer son vol par un plongeon final sur la surface d’un soleil semblable à celui d’où il est parti. 41:5.5 Les rayons X de l’intérieur d’un soleil chargent les électrons fortement chauffés et agités avec une énergie suffisante pour les envoyer dans l’espace, au-delà de la foule des influences emprisonnantes de la matière interposée, et jusqu’aux sphères distantes des systèmes lointains, malgré les attractions gravitationnelles divergentes. La grande énergie cinétique nécessaire pour échapper à l’emprise de gravité d’un soleil est suffisante pour assurer que le rayon de soleil voyagera sans perdre de vitesse jusqu’à ce qu’il rencontre des masses considérables de matière ; alors il sera rapidement transformé en chaleur avec libération d’autres énergies. 41:5.6 Soit comme lumière, soit sous d’autres formes, l’énergie se meut en ligne droite dans son vol spatial. Les particules actuelles existant matériellement traversent l’espace comme une fusillade. Elles se déplacent en ligne droite non brisée ou en procession, à moins d’être influencées par des forces supérieures ; en outre, elles obéissent toujours à l’attraction gravitationnelle linéaire inhérente aux masses matérielles et à la présence de la gravité circulaire de l’Ile du Paradis. 41:5.7 L’énergie solaire peut paraitre se propager en ondes, mais cela est dû à l’action coexistante d’influences diverses. Toute forme donnée d’énergie organisée se déplace en ligne droite et non en vagues. La présence d’une seconde ou d’une troisième forme d’énergie-force peut faire que le courant observé paraisse voyager en formations ondulatoires, de même que, dans un orage aveuglant accompagné de vents violents, la pluie parait quelquefois tomber en nappes ou descendre en vagues. Les gouttes tombent cependant en procession ininterrompue de lignes droites, mais l’action du vent donne l’apparence visible de rideaux de pluie et de vagues de gouttes. 41:5.8 L’action de certaines énergies secondaires et d’autres énergies non découvertes, présentes dans les régions spatiales de votre univers local, est telle que les émanations de lumière solaire paraissent produire des phénomènes ondulatoires, aussi bien qu’être découpées en portions infinitésimales d’une longueur et d’un poids déterminés. Et, d’un point de vue pratique, c’est bien ce qui se passe. Vous ne pouvez guère espérer parvenir à mieux comprendre le comportement de la lumière avant l’époque où vous aurez acquis un concept clair de l’interaction et des relations des diverses forces spatiales et des énergies solaires opérant dans les régions de l’espace de Nébadon. Votre confusion présente est également due à ce que vous ne saisissez qu’incomplètement ce problème qui implique les activités interassociées du contrôle personnel et impersonnel du maitre univers – les présences, les performances et la coordination de l’Acteur Conjoint et de l’Absolu Non Qualifié. 6. Le calcium – vagabond de l’espace 41:6.1 En déchiffrant les phénomènes spectraux, il faut se rappeler que l’espace n’est pas vide et qu’en le traversant, la lumière est parfois légèrement modifiée par les diverses formes d’énergie et de matière qui circulent dans tout l’espace organisé. Certaines raies indiquant des matières inconnues qui apparaissent dans le spectre de votre soleil sont dues à des modifications d’éléments bien connus flottant dans l’espace sous forme d’éclats, victimes atomiques de violentes rencontres lors de la bataille des éléments solaires. L’espace fourmille de ces épaves errantes, et spécialement de sodium et de calcium. 41:6.2 Le calcium est en fait le principal élément de l’imprégnation par la matière de tout l’espace d’Orvonton. Notre superunivers tout entier est parsemé de pierre finement pulvérisée. La pierre est littéralement le matériau de construction fondamental pour les planètes et les sphères de l’espace. Le nuage cosmique, le grand manteau de l’espace, est composé en majeure partie d’atomes de calcium modifiés. L’atome de pierre est l’un des éléments les plus répandus et les plus tenaces. Non seulement il supporte l’ionisation solaire – la scission – mais il persiste comme identité associable même après avoir été bombardé par les rayons X destructeurs et fracassé par les hautes températures solaires. Le calcium possède une individualité et une longévité supérieures à celles de toutes les formes les plus ordinaires de la matière. 41:6.3 Ainsi que l’ont soupçonné vos physiciens, ces résidus mutilés de calcium solaire chevauchent littéralement les rayons de lumière sur des distances variées, ce qui facilite prodigieusement leur dissémination étendue dans l’espace. Avec certaines modifications, l’atome de sodium est également capable de locomotion par la lumière et par l’énergie. L’exploit du calcium est d’autant plus remarquable que la masse de cet élément est presque double de celle du sodium. L’imprégnation de l’espace local par le calcium est due au fait qu’il s’échappe sous forme modifiée de la photosphère solaire en chevauchant littéralement sur les rayons de soleil émis. Malgré son encombrement relatif, puisqu’il contient vingt électrons en rotation, c’est le calcium qui, parmi tous les éléments solaires, réussit le mieux à s’échapper de l’intérieur du soleil vers les royaumes de l’espace. Cela explique pourquoi il y a sur le soleil une couche de calcium, une croute de pierre gazeuse épaisse de dix-mille kilomètres, bien que dix-neuf éléments plus légers et de nombreux éléments plus lourds se trouvent au-dessous. 41:6.4 Le calcium aux températures solaires est un élément actif et doué de propriétés variées. Cet atome de pierre a deux électrons agiles flottant sur ses deux circuits électroniques extérieurs, qui sont très proches l’un de l’autre. Dans la lutte atomique, il perd de bonne heure son électron extérieur, sur quoi il se met à jongler magistralement avec le dix-neuvième électron entre le dix-neuvième et le vingtième circuit de révolution électronique. Plus de vingt-cinq-mille fois par seconde, il projette ce dix-neuvième électron dans un mouvement de va-et-vient entre sa propre orbite et celle de son compagnon perdu. C’est ainsi qu’un atome de pierre mutilé peut défier partiellement la gravité et réussir à chevaucher les courants émergents de lumière et d’énergie, les rayons de soleil, vers la liberté et l’aventure. Cet atome de calcium se déplace vers l’extérieur par saccades alternées de propulsion en avant, saisissant et lâchant le rayon de soleil environ vingt-cinq-mille fois par seconde. Et c’est pourquoi la pierre est le principal composant des mondes de l’espace. Le calcium est le fugitif le plus expert de la prison solaire. 41:6.5 L’agilité de cet électron acrobatique du calcium est indiquée par le fait qu’une fois projeté sur le cercle de l’orbite supérieure par les forces solaires de température et de rayons X, il n’y reste qu’un millionième de seconde, mais, avant que le pouvoir électrogravitationnel du noyau atomique l’ait ramené sur son ancienne orbite, il a fait un million de tours autour du centre atomique. 41:6.6 Votre soleil s’est dessaisi d’une énorme quantité de son calcium. Il en a perdu des masses colossales à l’époque de ses éruptions convulsives liées à la formation du système solaire. Une grande partie du calcium restant se trouve maintenant dans la croute extérieure du soleil. 41:6.7 Il ne faut pas oublier que l’analyse spectrale ne décèle que les composés de la surface du soleil. Par exemple, les spectres solaires contiennent beaucoup de raies du fer sans que le fer soit l’élément principal du soleil. Ce phénomène est presque entièrement dû à la présente température de la surface du soleil ; cette température, un peu inférieure à 3 300 degrés, est très favorable à l’enregistrement du spectre du fer. 7. Les sources de l’énergie solaire 41:7.1 La température interne de beaucoup de soleils, et même du vôtre, est beaucoup plus élevée qu’on ne le croit généralement. Il n’existe pratiquement pas d’atomes entiers à l’intérieur d’un soleil ; ils sont tous plus ou moins fracassés par le bombardement intensif des rayons X qui accompagne naturellement ces hautes températures. Indépendamment des éléments matériels qui peuvent apparaitre à la surface, ceux de l’intérieur sont rendus très semblables les uns aux autres par l’action dissociante des rayons X disruptifs. Le rayon X est le grand niveleur de l’existence atomique. 41:7.2 La température superficielle de votre soleil est d’environ 3 300 degrés centigrades, mais elle augmente rapidement quand on pénètre à l’intérieur et elle finit par atteindre l’élévation incroyable de près de 19 500 000 degrés dans les régions centrales. (Toutes ces températures sont exprimées en degrés Celsius). 41:7.3 Tous ces phénomènes dénotent une énorme dépense d’énergie. Voici les sources d’énergie solaire citées dans leur ordre d’importance : 41:7.4 1. L’annihilation d’atomes et finalement d’électrons. 41:7.5 2. La transmutation d’éléments, y compris le groupe d’énergies radioactives ainsi libérées. 41:7.6 3. L’accumulation et la transmission de certaines énergies d’espace universelles. 41:7.7 4. La matière spatiale et les météores qui plongent constamment dans les soleils flamboyants. 41:7.8 5. La contraction solaire ; le refroidissement et la contraction consécutive d’un soleil produisent une énergie et une chaleur parfois plus grandes que celles fournies par la matière de l’espace. 41:7.9 6. L’action de la gravité aux hautes températures transforme certains pouvoirs encircuités en énergies rayonnantes. 41:7.10 7. La lumière recaptée et d’autres matières qui sont ramenées au soleil après l’avoir quitté, ainsi que certaines énergies d’origine extrasolaire. 41:7.11 Une couche régulatrice de gaz chauds (à une température atteignant parfois des millions de degrés) enveloppe les soleils, stabilise les pertes de chaleur et empêche encore autrement les fluctuations périlleuses de dissipation de chaleur. Pendant la vie active d’un soleil, la température interne de 19 500 000 degrés reste à peu près constante et tout à fait indépendante de la chute progressive de la température externe. 41:7.12 Vous pouvez essayer d’imaginer que 19 500 000 degrés de chaleur associés avec certaines pressions de gravité représentent le point d’ébullition électronique. Sous ces pressions et à ces températures, tous les atomes sont dégradés et désagrégés en leurs électrons et leurs autres éléments ancestraux. Les électrons eux-mêmes et d’autres combinaisons d’ultimatons peuvent être désagrégés, mais les soleils sont incapables de dégrader les ultimatons. 41:7.13 Ces températures solaires ont pour effet d’accélérer énormément les ultimatons et les électrons, du moins ceux des électrons qui se maintiennent en existence dans ces conditions. Vous comprendrez plus clairement ce que signifie une haute température par référence à l’accélération des activités électroniques et ultimatoniques en considérant qu’une goutte d’eau ordinaire contient plus de mille trillions d’atomes. C’est l’énergie de plus de cent chevaux-vapeur exercée d’une façon continue pendant deux ans. La chaleur totale présentement émise par le soleil de notre système à chaque seconde est suffisante pour faire bouillir en une seconde toute l’eau de tous les océans d’Urantia. 41:7.14 Seuls peuvent briller éternellement les soleils qui fonctionnent dans les canaux directs des principaux courants d’énergie de l’univers. Ces fournaises solaires flamboient indéfiniment, car elles peuvent récupérer leurs pertes matérielles en absorbant de la force d’espace et des énergies circulantes analogues. Mais les étoiles très éloignées de ces principaux canaux de rechargement sont destinées à subir l’épuisement de leur énergie – à se refroidir progressivement et finalement à se consumer. 41:7.15 De tels soleils morts ou moribonds peuvent être rajeunis par une collision, ou être rechargés par certaines iles non lumineuses de l’espace, ou en dérobant par gravité de plus petits soleils ou des systèmes voisins. En majorité, les soleils morts seront revivifiés par ces moyens ou par d’autres techniques évolutionnaires. Ceux qui finalement ne seront pas rechargés ainsi, sont destinés à subir un éclatement par explosion de leur masse quand la condensation par gravité atteindra le niveau critique où les ultimatons se condensent sous la pression de l’énergie. Ces soleils qui disparaissent se transforment ainsi en énergie de la forme la plus rare, admirablement adaptée pour activer d’autres soleils situés plus favorablement. 8. Réactions de l’énergie solaire 41:8.1 Dans les soleils encircuités dans les canaux d’énergie d’espace, l’énergie solaire est libérée par diverses chaines de réactions nucléaires complexes dont la plus commune est la réaction hydrogène-carbone-hélium. Dans cette métamorphose, le carbone agit comme catalyseur d’énergie puisqu’en aucune manière il ne subit de changement effectif dans ce processus de conversion d’hydrogène en hélium. Dans certaines conditions de haute température, l’hydrogène pénètre les noyaux du carbone. Puisque le carbone ne peut pas contenir plus de quatre de ces protons, lorsqu’il atteint son état de saturation, il commence à émettre des protons aussi vite qu’il en arrive de nouveaux. Dans cette réaction, les particules entrantes d’hydrogène ressortent comme atomes d’hélium. 41:8.2 La réduction du contenu d’hydrogène accroit la luminosité d’un soleil. Pour les soleils destinés à se consumer, le maximum de luminosité est atteint au moment où l’hydrogène est épuisé. Ensuite, l’éclat est maintenu par le processus résultant de la contraction par gravité. Finalement, une telle étoile deviendra ce qu’on appelle une naine blanche, une sphère fortement condensée. 41:8.3 Dans les grands soleils – petites nébuleuses sphériques – lorsque l’hydrogène est épuisé et que la contraction gravitationnelle s’ensuit, si un tel corps n’est pas assez opaque pour retenir la pression intérieure qui soutient les régions gazeuses extérieures, alors un effondrement subit se produit. Les changements électrogravitationnels donnent naissance à d’immenses quantités de minuscules particules dépourvues de potentiel électrique, et celles-ci s’échappent promptement de l’intérieur du soleil, ce qui amène en quelques jours l’effondrement d’un soleil gigantesque. Ce fut une telle émigration de ces « particules fuyardes » qui provoqua l’effondrement de la nova géante de la nébuleuse d’Andromède il y a environ 50 ans. Cet immense corps stellaire s’effondra en quarante minutes du temps d’Urantia. 41:8.4 En règle générale, cette vaste extrusion de matière subsiste, sous forme de nuages étendus de gaz nébulaires, autour du soleil résiduel qui se refroidit. Tout cela explique l’origine de nombreux types de nébuleuses irrégulières telles que la nébuleuse du Crabe, qui naquit il y a environ 900 ans et montre encore sa sphère-mère comme une étoile isolée près du centre de cette masse nébulaire irrégulière. 9. Stabilité des soleils 41:9.1 Les plus grands soleils conservent sur leurs électrons un contrôle gravitationnel tel que la lumière ne s’échappe qu’à l’aide des puissants rayons X. Ces rayons auxiliaires pénètrent tout l’espace et servent à maintenir les associations ultimatoniques fondamentales de l’énergie. Au temps de la jeunesse d’un soleil, les grandes pertes d’énergie survenant après qu’il a atteint sa température maximum – plus de 19 500 000 degrés – ne sont pas tant dues à l’échappement de la lumière qu’à des fuites d’ultimatons. Ces énergies ultimatoniques s’échappent dans l’espace à l’époque de l’adolescence solaire, comme une véritable explosion d’énergie, pour se lancer dans l’aventure de l’association électronique et de la matérialisation de l’énergie. 41:9.2 Les atomes et les électrons sont soumis à la gravité. Les ultimatons ne sont pas soumis à la gravité locale, l’effet réciproque de l’attraction matérielle, mais ils obéissent pleinement à la gravité absolue ou gravité du Paradis, à la courbe et au rythme du cercle universel et éternel de l’univers des univers. L’énergie ultimatonique n’obéit pas à l’attraction gravitationnelle linéaire ou directe des masses matérielles, proches ou lointaines, mais tourne toujours fidèlement sur le circuit de la grande ellipse de la vaste création. 41:9.3 Votre propre centre solaire irradie annuellement presque cent-milliards de tonnes de matière actuelle, tandis que les soleils géants perdent de la matière à une allure prodigieuse pendant leur croissance initiale, le premier milliard d’années de leur existence. La vie d’un soleil devient stable après qu’il a atteint le maximum de sa température interne et que les énergies subatomiques commencent à être libérées. C’est précisément à ce point critique que les plus grands soleils subissent des pulsations convulsives. 41:9.4 La stabilité des soleils dépend entièrement de l’équilibre dans la rivalité de la gravité et de la chaleur – des pressions formidables contrebalancées par des températures inimaginables. L’élasticité des gaz solaires intérieurs soutient les couches externes de matériaux variés et quand la gravité et la chaleur s’équilibrent, le poids des matériaux extérieurs égale exactement la pression de température des gaz intérieurs sous-jacents. Dans beaucoup d’étoiles jeunes, la condensation continue due à la gravité produit des températures internes toujours croissantes et, à mesure que la chaleur interne augmente, la pression intérieure des rayons X provenant des vents de supergaz devient si forte qu’en liaison avec le mouvement centrifuge, un soleil commence à rejeter ses couches extérieures dans l’espace, ce qui redresse le déséquilibre entre la gravité et la chaleur. 41:9.5 Votre soleil a atteint depuis longtemps un équilibre relatif entre ses cycles d’expansion et de contraction, ces perturbations qui provoquent les gigantesques pulsations de beaucoup d’étoiles plus jeunes. Votre soleil a récemment dépassé le cap de ses six-milliards d’années. Son fonctionnement passe présentement par la période de plus grande économie. Il brillera avec sa présente efficacité pendant plus de vingt-cinq-milliards d’années. Ensuite, il passera probablement par une période de déclin, partiellement efficace, aussi longue que l’ensemble des périodes de sa jeunesse et de sa fonction stabilisée. 10. Origine des mondes habités 41:10.1 Quelques-unes des étoiles variables qui se trouvent dans l’état de pulsation maximum, ou s’en approchent, sont en train de donner naissance à des systèmes subsidiaires dont beaucoup finiront par ressembler de près à votre soleil et à ses planètes en rotation. C’est précisément dans cet état de puissante pulsation que se trouvait votre soleil lorsque le système massif d’Angona s’en approcha considérablement. La surface extérieure de votre soleil commença à émettre par éruption de véritables courants – des nappes continues – de matière. Cela continua avec une violence toujours accrue jusqu’au maximum de rapprochement au cours duquel les limites de la cohésion solaire furent atteintes et une vaste masse de matière, ancêtre des planètes de votre système solaire, fut dégorgée. Dans des circonstances similaires, la proximité maximum du corps attirant extrait parfois d’un soleil des planètes entières, et même un quart ou un tiers de soleil. Ces extrusions majeures forment certains types spéciaux de mondes entourés de nuages, des sphères ressemblant beaucoup à Jupiter ou à Saturne. 41:10.2 La majorité des systèmes solaires a eu toutefois une origine entièrement différente du vôtre, et cela est vrai même de ceux qui furent produits par la technique des marées gravitationnelles. Mais, quelle que soit la technique prévalant pour la formation des mondes, la gravité produit toujours le type de création du système solaire, c’est-à-dire un soleil central ou une ile obscure avec des planètes, des satellites, des subsatellites et des météores. 41:10.3 Les aspects physiques des mondes individuels sont largement déterminés par leur mode d’origine, leur situation astronomique et leur environnement physique. L’âge, la taille, la vitesse de révolution et la vélocité à travers l’espace sont aussi des facteurs déterminants. Les mondes provenant soit de contractions gazeuses, soit d’agrégats solides, sont caractérisés par des montagnes et, durant leur vie primitive, s’ils ne sont pas trop petits, par la présence d’eau et d’air. Les mondes scindés d’un astre en fusion et les mondes collisionnels sont parfois dépourvus de grandes chaines montagneuses. 41:10.4 Aux époques primitives de tous ces nouveaux mondes, les tremblements de terre sont fréquents et ils sont tous caractérisés par d’importantes perturbations physiques. Cela est spécialement vrai pour les sphères de contraction gazeuse, les mondes nés des immenses anneaux nébulaires laissés en arrière lors des premières condensations et contractions de certains soleils individuels. Les planètes ayant une double origine comme Urantia passent par une carrière de jeunesse moins violente et moins orageuse. Même ainsi, votre monde a subi une phase primitive de puissants bouleversements caractérisée par des éruptions volcaniques, des tremblements de terre, des inondations et des orages épouvantables. 41:10.5 Urantia est relativement isolée à la périphérie de Satania. À une exception près, votre système solaire est le plus éloigné de Jérusem. Satania lui-même est voisin du système le plus extérieur de Norlatiadek ; et cette constellation circule maintenant dans la bordure extérieure de Nébadon. Votre monde comptait vraiment parmi les moins importants de toute la création avant que l’effusion de Micaël ait élevé votre planète à une position d’honneur et de grand intérêt pour l’univers. Le dernier est parfois le premier, mais en vérité le moindre est devenu le plus grand. 41:10.6 [Présenté par un Archange, en collaboration avec le Chef des Centres de Pouvoir de Nébadon.] Fascicule 42. Énergie – mental et matière 42:0.1 Le fondement de l’univers est matériel en ce sens que l’énergie est la base de toute existence, et l’énergie pure est contrôlée par le Père Universel. La force, l’énergie, est la seule chose qui se dresse comme un monument perpétuel démontrant et prouvant l’existence et la présence de l’Absolu Universel. Cet immense courant d’énergie issu des Présences du Paradis n’a jamais manqué, jamais fait défaut. Il n’y a jamais eu d’interruption dans ce soutien infini. 42:0.2 La manipulation de l’énergie universelle est toujours conforme à la volonté personnelle et aux directives infiniment sages du Père Universel. Ce contrôle personnel du pouvoir manifesté et de l’énergie circulante est modifié par les actes et décisions coordonnés du Fils Éternel, aussi bien que par les desseins unifiés du Fils et du Père exécutés par l’Acteur Conjoint. Ces êtres divins agissent à titre personnel et en tant qu’individus ; ils opèrent aussi par l’intermédiaire des personnes et des pouvoirs d’un nombre à peu près illimité de subordonnés exprimant chacun diversement le dessein éternel et divin dans l’univers des univers. Mais ces modifications fonctionnelles et provisoires ou ces transmutations de pouvoir divin ne diminuent en rien la vérité de l’affirmation que toute énergie-force se trouve sous le contrôle ultime d’un Dieu personnel résidant au centre de toutes choses. 1. Forces et énergies du Paradis 42:1.1 Le fondement de l’univers est matériel, mais l’essence de la vie est esprit. Le Père des esprits est aussi l’ancêtre des univers. Le Père éternel du Fils Originel est aussi la source d’éternité de l’archétype originel, l’Ile du Paradis. 42:1.2 La matière – l’énergie – car ce ne sont que des manifestations diverses de la même réalité cosmique, en tant que phénomène universel, est inhérente au Père Universel. « En lui toutes choses subsistent. » La matière peut paraitre manifester une énergie inhérente et des pouvoirs autocontenus, mais les lignes de gravité impliquées dans les énergies relatives à tous ces phénomènes physiques dérivent et dépendent du Paradis. L’ultimaton, la première forme mesurable d’énergie, a le Paradis pour noyau. 42:1.3 Il existe une forme d’énergie inconnue sur Urantia, qui est innée dans la matière et présente dans l’espace universel. Quand elle sera finalement découverte, les physiciens auront le sentiment qu’ils ont résolu, au moins à peu près, le mystère de la matière. Et ils auront ainsi fait un pas les rapprochant du Créateur et dominé une phase de plus de la technique divine ; mais en aucun sens ils n’auront trouvé Dieu ni établi l’existence de la matière ou la mise en œuvre des lois naturelles en dehors de la technique cosmique du Paradis et du dessein motivant du Père Universel. 42:1.4 À la suite de progrès encore plus grands et de nouvelles découvertes, les Urantiens pourront dépasser incommensurablement leurs connaissances présentes, et peut-être maitriser la rotation énergétique des unités électriques de la matière au point d’en modifier les manifestations physiques. Mais, même après tous ces progrès possibles, les savants seront éternellement impuissants à créer un seul atome de matière, ou à produire un éclair d’énergie, ou à jamais adjoindre à la matière ce que nous appelons la vie. 42:1.5 La création de l’énergie et le don de la vie sont les prérogatives du Père Universel et des personnalités Créatrices qui lui sont associées. Le fleuve d’énergie et de vie est une effusion continue des Déités, le courant universel et unifié de force paradisiaque se répandant dans tout l’espace. Cette énergie divine imprègne toute la création. Les organisateurs de force déclenchent les changements et instituent les modifications de la force d’espace qui se traduisent par de l’énergie. Les directeurs de pouvoir transmuent l’énergie en matière, et c’est ainsi que naissent les mondes matériels. Les Porteurs de Vie déclenchent dans la matière morte les processus que nous appelons la vie, la vie matérielle. Les Superviseurs de Pouvoir Morontiel accomplissent de même leur mission dans tous les domaines de transition entre les mondes matériels et les mondes spirituels. Les Créateurs spirituels supérieurs inaugurent des processus similaires dans les formes divines d’énergie, et les formes spirituelles supérieures de vie intelligente en résultent. 42:1.6 L’énergie provient du Paradis, où elle est façonnée selon l’ordre divin. L’énergie – la pure énergie – participe de la nature de l’organisation divine ; elle est façonnée d’après la similitude des trois Dieux fondus en un, tels qu’ils opèrent au siège de l’univers des univers. Toute force est mise en circuit au Paradis, vient des Présences du Paradis et y retourne ; et elle est essentiellement une manifestation de la Cause sans cause – du Père Universel ; et, sans le Père, rien de ce qui existe n’existerait. 42:1.7 La force dérivée de la Déité existant en soi a une existence perpétuelle en elle-même. L’énergie-force est impérissable et indestructible. Ces manifestations de l’Infini peuvent être soumises à des transmutations illimitées, à des transformations sans fin et à des métamorphoses éternelles ; mais, en aucun sens ni à aucun degré, ni même dans la plus petite mesure imaginable, elles ne peuvent subir d’anéantissement et n’en subiront jamais. Mais l’énergie, bien que jaillissant de l’Infini, ne se manifeste pas à l’infini ; le maitre univers tel qu’il est présentement conçu a des limites extérieures. 42:1.8 L’énergie est éternelle mais non infinie ; elle réagit toujours à l’emprise de l’Infinité, emprise qui embrasse tout. La force et l’énergie poursuivent indéfiniment leur course ; étant sorties du Paradis, il faut qu’elles y retournent, même si des âges et des âges sont nécessaires pour compléter le circuit ordonné. Ce qui a son origine dans la Déité du Paradis ne peut avoir qu’une destination paradisiaque ou une destinée de Déité. 42:1.9 Tout ceci confirme notre croyance en un univers des univers circulaire, quelque peu limité, mais ordonné et immense. Si ce n’était pas vrai, il apparaitrait tôt ou tard en un point quelconque une preuve de déperdition d’énergie. Toutes les lois, les organisations, l’administration et les témoignages des explorateurs de l’univers – tout indique l’existence d’un Dieu infini, mais, pour l’instant, d’un univers fini, d’une forme circulaire d’existence sans fin, à peu près sans limites, mais néanmoins finie, en contraste avec l’infinité. 2. Systèmes universels d’énergie non spirituelle (énergies physiques) 42:2.1 Il est vraiment difficile de trouver des mots anglais [ou français] pour désigner et décrire les divers niveaux de force et d’énergie – physiques, mentaux ou spirituels. Ces exposés ne peuvent pas se conformer entièrement à vos définitions acceptées de la force, de l’énergie et du pouvoir. La pauvreté du langage est telle que nous sommes obligés d’employer ces termes avec des significations multiples. Dans le présent fascicule par exemple, le mot énergie est utilisé pour désigner toutes les phases et formes des phénomènes de mouvement, d’action et de potentiel, tandis que le mot force s’applique aux stades d’énergie précédant la gravité, et le mot pouvoir aux stades postérieurs à la gravité. 42:2.2 Toutefois, pour tenter d’éviter les confusions de concepts, je suggère comme recommandable d’adopter la classification suivante pour la force cosmique, l’énergie émergente et le pouvoir d’univers – l’énergie physique : 42:2.3 1. Puissance d’espace. C’est la présence incontestée dans l’espace libre de l’Absolu Non Qualifié. L’extension de ce concept inclut le potentiel de force d’espace de l’univers inhérent à la totalité fonctionnelle de l’Absolu Non Qualifié, tandis que l’intension de ce concept englobe la totalité de la réalité cosmique – des univers qui, à la manière de l’éternité, émanèrent de l’Ile du Paradis, laquelle n’a ni commencement, ni fin, ni mouvement, ni changement. 42:2.4 Les phénomènes spécifiques à la face inférieure du Paradis embrassent probablement trois zones de présence et de performance de la force absolue : la zone point d’appui de l’Absolu Non Qualifié, la zone de l’Ile du Paradis elle-même et la zone intermédiaire de certains organes ou fonctions équillibrants et compensateurs non identifiés. Ces trois zones concentriques forment le centre du cycle paradisiaque de la réalité cosmique. 42:2.5 La puissance d’espace est une préréalité. Elle est le domaine de l’Absolu Non Qualifié et ne réagit qu’à l’emprise personnelle du Père Universel, bien qu’en apparence elle soit modifiable par la présence des Maitres Organisateurs de Force Primaires. 42:2.6 Sur Uversa, la puissance d’espace s’appelle absoluta. 42:2.7 2. Force primordiale. Elle représente le premier changement fondamental dans la puissance d’espace et pourrait être l’une des fonctions de l’Absolu Non Qualifié au bas Paradis. Nous savons que la présence d’espace sortant du bas Paradis est modifiée sous certains aspects par rapport à celle qui y entre. Mais, indépendamment de leurs relations possibles, la transmutation ouvertement reconnue de la puissance d’espace en force primordiale est la fonction primaire de différenciation exercée par la présence-tension des organisateurs de force vivants du Paradis. 42:2.8 La force passive et potentielle devient active et primordiale en réponse à la résistance offerte par la présence dans l’espace des Maitres Organisateurs de Force Extériorisés Primaires. La force émerge alors du domaine exclusif de l’Absolu Non Qualifié dans les royaumes de réaction multiple – réaction à certains mouvements primitifs déclenchés par le Dieu d’Action, et ensuite à certains mouvements compensateurs émanant de l’Absolu Universel. La force primordiale parait réagir aux causes transcendantales proportionnellement à leur absoluité. 42:2.9 La force primordiale est quelquefois dénommée énergie pure ; sur Uversa, nous l’appelons ségrégata. 42:2.10 3. Énergies émergentes. La présence passive des organisateurs de force primaires est suffisante pour transformer la puissance d’espace en force primordiale, et c’est sur le champ spatial ainsi activé que ces mêmes organisateurs de force commencent leurs premières opérations actives. La force primordiale est destinée à passer par deux phases distinctes de transmutation dans les royaumes de manifestation de l’énergie avant d’apparaitre comme pouvoir d’univers. Ces deux niveaux d’énergie émergente sont : 42:2.11 a. Énergie puissante. C’est l’énergie puissante d’orientation, de mouvements de masse, de haute tension et de réaction forcée – systèmes d’énergie gigantesques – mis en mouvement par les activités des organisateurs de force primaires. Cette énergie primaire ou énergie puissante ne réagit pas en premier lieu nettement à l’attraction gravitationnelle du Paradis, bien que sa masse agrégée et sa direction dans l’espace soient probablement réactives au groupe collectif des influences absolues opérant du bas Paradis. Lorsque l’énergie émerge au niveau de réaction initiale à l’emprise circulaire de la gravité absolue du Paradis, les organisateurs de force primaires cèdent la place à l’action de leurs associés secondaires. 42:2.12 b. Énergie gravitationnelle. L’énergie qui apparait ensuite, et qui est sensible à la gravité, contient le potentiel du pouvoir d’univers et devient l’ancêtre actif de toute la matière de l’univers. Cette énergie secondaire ou gravitationnelle est le produit des élaborations d’énergie résultant de la présence-pression et des tendances-tensions établies par les Maitres Organisateurs de Force Transcendantaux Associés. En réponse au travail de ces manipulateurs de force, l’énergie d’espace passe rapidement du stade puissant au stade gravitationnel et devient ainsi directement réactive à l’emprise circulaire (absolue) de la gravité du Paradis. Elle révèle en même temps un certain potentiel de sensibilité à l’attraction de la gravité linéaire inhérente aux masses matérielles qui apparaissent bientôt avec les stades électronique et postélectronique de l’énergie et de la matière. Quand survient la réactivité à la gravité, les Maitres Organisateurs de Force Associés peuvent se retirer des cyclones d’énergie de l’espace, pourvu que les Directeurs de Pouvoir d’Univers puissent être affectés à ce champ d’action. 42:2.13 Nous sommes tout à fait dans l’incertitude au sujet des causes exactes des stades primitifs d’évolution de la force, mais nous reconnaissons l’activité intelligente de l’Ultime dans les deux niveaux de manifestation de l’énergie émergente. Les énergies de puissance et de gravité sont appelées ultimata sur Uversa lorsqu’elles sont considérées collectivement. 42:2.14 4. Pouvoir d’Univers. La force d’espace a été changée en énergie d’espace et ensuite en énergie sous contrôle gravitationnel. L’énergie physique a été ainsi murie au point de pouvoir être dirigée dans des canaux de pouvoir et mise au service des multiples desseins des Créateurs d’univers. Ce travail est continué par les habiles directeurs, centres et contrôleurs de l’énergie physique dans le grand univers – celui des créations organisées et habitées. Ces Directeurs de Pouvoir d’Univers assument le contrôle plus ou moins complet de vingt-et-une des trente phases d’énergie constituant le présent système énergétique des sept superunivers. Ce domaine de pouvoir-énergie-matière est le royaume des activités intelligentes du Septuple fonctionnant sous le supercontrôle de l’espace-temps exercé par le Suprême. 42:2.15 Sur Uversa, nous appelons gravita le domaine du pouvoir d’univers. 42:2.16 5. Énergie de Havona. Les concepts de cet exposé se sont déplacés vers le Paradis en suivant, niveau par niveau, la force d’espace qui se transmuait jusqu’au niveau opératoire de l’énergie-pouvoir des univers du temps et de l’espace. Continuant vers le Paradis, nous rencontrons maintenant une phase préexistante d’énergie caractéristique de l’univers central. Ici, le cycle évolutionnaire semble faire un retour sur lui-même ; l’énergie-pouvoir parait maintenant revenir en arrière vers la force, mais une force de nature très différente de la puissance d’espace et de la force primordiale. Les systèmes d’énergie de Havona ne sont pas duels, ils sont trins. C’est le domaine existentiel d’énergie de l’Acteur Conjoint fonctionnant au nom de la Trinité du Paradis. 42:2.17 Sur Uversa, ces énergies de Havona sont connues sous le nom de triata. 42:2.18 6. Énergie transcendantale. Ce système énergétique fonctionne sur et depuis le niveau supérieur du Paradis et seulement en relation avec les populations absonites. Sur Uversa, on l’appelle tranosta. 42:2.19 7. Monota. L’énergie est proche parente de la divinité quand il s’agit de l’énergie du Paradis. Nous inclinons à croire que la monota est l’énergie vivante et non spirituelle du Paradis – une éternelle contrepartie de l’énergie vivante et spirituelle du Fils Originel – d’où le système énergétique non spirituel du Père Universel. 42:2.20 Nous ne pouvons pas différencier par leur nature l’esprit du Paradis et la monota du Paradis ; ils sont apparemment semblables. Ils ont des noms différents, mais on ne saurait guère vous parler d’une réalité dont les manifestations spirituelles et non spirituelles ne se distinguent que par le nom. 42:2.21 Nous savons que les créatures finies peuvent atteindre l’expérience d’adoration du Père Universel grâce au ministère de Dieu le Septuple et des Ajusteurs de Pensée, mais nous doutons qu’aucune personnalité subabsolue, même les directeurs de pouvoir, puisse comprendre l’infinité de l’énergie de la Grande Source-Centre Première. Une chose est certaine : si les directeurs de pouvoir sont au courant de la technique de métamorphose de la force d’espace, ils ne nous en révèlent pas le secret. À mon avis, ils ne comprennent pas pleinement la fonction des organisateurs de force. 42:2.22 Ces directeurs de pouvoir eux-mêmes sont des catalyseurs d’énergie, c’est-à-dire que leur seule présence amène l’énergie à se segmenter, s’organiser ou s’assembler en formations unitaires. Et tout ceci implique qu’il doit y avoir quelque chose d’inhérent à l’énergie qui la fait fonctionner ainsi en présence de ces entités de pouvoir. Le phénomène de transmutation de la force cosmique en pouvoir d’univers a été appelé depuis longtemps l’une des sept « infinités de la divinité » par les Melchizédeks de Nébadon. Vous n’en apprendrez pas davantage sur ce point pendant l’ascension de votre univers local. 42:2.23 Malgré notre inaptitude à comprendre entièrement l’origine, la nature et les transmutations de la force cosmique, nous sommes parfaitement au courant de toutes les phases du comportement de l’énergie émergente à partir du moment où elle répond directement et indubitablement à l’action gravitationnelle du Paradis – à peu près l’époque où les directeurs de pouvoir du superunivers commencent à opérer. 3. Classification de la matière 42:3.1 La matière est identique dans tous les univers, sauf dans l’univers central. Les propriétés physiques de la matière dépendent de la vitesse de révolution de ses éléments composants, du nombre et de la dimension des éléments en rotation, de leur distance du corps nucléaire ou du contenu d’espace de la matière, ainsi que de la présence de certaines forces non encore découvertes sur Urantia. 42:3.2 La matière des différents soleils, planètes et corps spatiaux comporte dix grandes divisions : 42:3.3 1. La matière ultimatonique – les unités physiques primordiales de l’existence matérielle, les particules d’énergie qui contribuent à composer des électrons. 42:3.4 2. La matière subélectronique – le stade explosif et répulsif des supergaz solaires. 42:3.5 3. La matière électronique – le stade électrique de différenciation matérielle – électrons, protons et diverses autres unités entrant dans la constitution variée des groupes électroniques. 42:3.6 4. La matière subatomique, qui existe en grande quantité à l’intérieur des soleils chauds. 42:3.7 5. Les atomes fracassés – ils se trouvent dans les soleils qui se refroidissent et dans tout l’espace. 42:3.8 6. La matière ionisée – atomes individuels dépouillés de leurs électrons extérieurs (chimiquement actifs) par l’électricité, la chaleur, les rayons X et par des solvants. 42:3.9 7. La matière atomique – le stade chimique d’organisation élémentaire, les unités composantes de la matière moléculaire ou visible. 42:3.10 8. Le stade moléculaire de la matière telle qu’elle existe sur Urantia à l’état de matérialisation relativement stable dans les conditions ordinaires. 42:3.11 9. La matière radioactive – la tendance et l’activité désorganisatrices des éléments lourds dans des conditions de chaleur modérée et de pression gravitationnelle diminuée. 42:3.12 10. La matière effondrée – la matière relativement stationnaire trouvée à l’intérieur des soleils froids ou morts. Cette forme de matière n’est pas réellement stationnaire ; il subsiste un peu d’activité ultimatonique et même électronique, mais ces unités sont fortement comprimées et leurs vitesses de révolution grandement diminuées. 42:3.13 La classification ci-dessus concerne l’organisation de la matière plutôt que les formes sous lesquelles elle apparait aux êtres créés. Elle ne tient pas non plus compte des stades préémergents de l’énergie ni des matérialisations éternelles au Paradis et dans l’univers central. 4. Transmutations de l’énergie et de la matière 42:4.1 La lumière, la chaleur, l’électricité, le magnétisme, la chimie, l’énergie et la matière sont – quant à leur origine, leur nature et leur destinée – une seule et même chose au même titre que d’autres réalités matérielles non encore découvertes sur Urantia. 42:4.2 Nous ne comprenons pas complètement les changements presque infinis auxquels l’énergie physique peut être sujette. Dans un univers elle apparait comme lumière, dans un autre comme lumière plus chaleur, dans un autre encore sous des formes d’énergie inconnues sur Urantia. Dans un nombre incalculable de millions d’années, elle peut réapparaitre sous quelque forme d’énergie électrique turbulente et déferlante ou de pouvoir magnétique. Plus tard encore, elle peut apparaitre de nouveau dans un univers ultérieur sous forme de matière variable passant par une série de métamorphoses, suivie de sa disparition physique extérieure dans quelque grand cataclysme des royaumes. Et ensuite, après des âges sans nombre et un vagabondage presque sans fin à travers d’innombrables univers, cette même énergie peut encore réapparaitre et changer maintes fois de forme et de potentiel ; et les transformations continuent ainsi pendant des âges successifs et à travers des royaumes innombrables. Ainsi la matière poursuit son chemin, subissant les transmutations du temps, mais s’alignant toujours fidèlement sur le cercle de l’éternité. Même si elle est longtemps empêchée de retourner à sa source, elle y reste toujours sensible et suit indéfiniment le sentier tracé par la Personnalité Infinie qui l’a émise. 42:4.3 Les centres de pouvoir et leurs associés s’occupent très activement de transmuer l’ultimaton dans les circuits et révolutions des électrons. Ces êtres uniques contrôlent et composent le pouvoir en manipulant habilement les unités de base de l’énergie matérialisée, les ultimatons. Ils sont maitres de l’énergie qui circule dans cet état primitif. En liaison avec les contrôleurs physiques, ils sont capables de contrôler efficacement l’énergie et de la diriger, même après sa transmutation au niveau électrique ou au stade dit électronique. Mais leur champ d’action est considérablement amoindri quand l’énergie organisée électroniquement se lance dans les tourbillons des systèmes atomiques. Après cette matérialisation, les énergies tombent sous l’emprise complète du pouvoir d’attraction de la gravité linéaire. 42:4.4 La gravité agit positivement sur les lignes de pouvoir et les canaux d’énergie des centres de pouvoir et des contrôleurs physiques, mais ces êtres ne réagissent que négativement à la gravité – ils exercent leurs dotations d’antigravitation. 42:4.5 Dans tout l’espace, le froid et d’autres influences sont à l’œuvre pour organiser créativement les ultimatons en électrons. La chaleur est la mesure de l’activité électronique, tandis que le froid signifie simplement absence de chaleur – repos relatif de l’énergie – ce qui est le statut de la charge-force universelle de l’espace, pourvu que ni l’énergie émergente ni la matière organisée ne soient présentes pour répondre à la gravité. 42:4.6 Ce sont la présence et l’action de la gravité qui empêchent l’apparition du zéro théorique absolu, car l’espace interstellaire n’est pas à la température du zéro absolu. Dans tout l’espace organisé, il y a des courants d’énergie répondant à la gravité, des circuits de pouvoir, des activités ultimatoniques, ainsi que l’organisation d’énergies électroniques. Pratiquement parlant, l’espace n’est pas vide. Même l’atmosphère d’Urantia se dilue de plus en plus jusqu’à la hauteur de cinq-mille kilomètres, où elle commence à s’estomper dans la matière spatiale moyenne de cette section de l’univers. L’espace qui, à notre connaissance, se rapproche le plus du vide dans Nébadon contient encore cent ultimatons – l’équivalent d’un électron – par seize centimètres cubes. Une telle raréfaction de la matière est considérée comme étant pratiquement l’espace vide. 42:4.7 La température – chaleur et froid – n’est secondaire que par rapport à la gravité dans les royaumes d’évolution de l’énergie et de la matière. Les ultimatons obéissent docilement aux températures extrêmes. Les basses températures favorisent certaines formes de structures électroniques et d’assemblages atomiques, tandis que les hautes températures facilitent toutes sortes de démolitions d’atomes et de désintégrations de la matière. 42:4.8 Quand elles sont soumises aux températures et aux pressions de certains états solaires internes, toutes les associations d’atomes, sauf les plus primitives, peuvent être disloquées. La chaleur peut donc largement triompher de la stabilité gravitationnelle, mais aucune chaleur ou pression solaire connue ne peut reconvertir des ultimatons en énergie puissante. 42:4.9 Les soleils flamboyants peuvent transformer la matière en diverses formes d’énergie, mais les mondes obscurs et tout l’espace extérieur peuvent ralentir l’activité des électrons et des ultimatons au point de convertir ces énergies en matière des royaumes. Certaines associations d’électrons de nature voisine et beaucoup d’associations fondamentales de la matière nucléaire se forment dans les températures excessivement basses de l’espace libre et s’accroissent ultérieurement par association avec de plus grandes additions d’énergie matérialisante. 42:4.10 Dans toutes ces métamorphoses sans fin de l’énergie et de la matière, il faut faire entrer en ligne de compte l’influence de la pression gravitationnelle et le comportement antigravitationnel des énergies ultimatoniques dans certaines conditions de température, de vitesse et de révolution. La température, les courants d’énergie, la distance et la présence des vivants organisateurs de force et directeurs de pouvoir influencent aussi tous les phénomènes de transmutation de l’énergie et de la matière. 42:4.11 L’accroissement de la masse dans la matière est égal à l’accroissement de l’énergie divisé par le carré de la vitesse de la lumière. Dans un sens dynamique, le travail que peut accomplir la matière au repos est égal à l’énergie dépensée pour réunir ses éléments depuis le Paradis, moins la résistance des forces à vaincre pendant le transit et l’attraction exercée par les parties de la matière l’une sur l’autre. 42:4.12 L’existence de formes préélectroniques de la matière est indiquée par les deux poids atomiques du plomb. Le plomb de formation originelle pèse un peu plus que le plomb produit par la désintégration de l’uranium au moyen d’émanations de radium. La différence de poids atomique représente la perte effective d’énergie dans la démolition de l’atome. 42:4.13 L’intégrité relative de la matière est assurée par le fait que l’énergie ne peut s’absorber ou s’émettre que par quantités exactes appelées quanta par les savants d’Urantia. Cette sage disposition dans les royaumes matériels sert à maintenir les univers en tant qu’unités fonctionnelles. 42:4.14 La quantité d’énergie absorbée ou libérée lors d’un changement de position des électrons ou autres éléments est toujours un « quantum » ou un multiple du quantum, mais le comportement vibratoire ou ondulatoire de ces unités d’énergie est entièrement déterminé par les dimensions des structures matérielles en jeu. Ces vagues énergétiques ondulatoires ont 860 fois le diamètre des ultimatons, électrons, atomes ou autres unités qui leur donnent naissance. L’interminable confusion qui accompagne l’observation de la mécanique ondulatoire du comportement des quanta est due à la surimposition des ondes d’énergie. Deux crêtes peuvent se combiner pour former une crête de hauteur double, tandis qu’une crête et un creux peuvent se conjuguer pour s’annuler mutuellement. 5. Manifestations d’énergie ondulatoire 42:5.1 Dans le superunivers d’Orvonton, il y a cent octaves d’énergie ondulatoire. Parmi ces cent groupes de manifestations énergétiques, soixante-quatre sont totalement ou partiellement reconnus sur Urantia. Les rayons du soleil constituent quatre octaves dans l’échelle superuniverselle. Les rayons visibles embrassent seulement une octave qui porte le numéro quarante-six de cette série. Vient ensuite le groupe ultraviolet, tandis que dix octaves plus haut se trouvent les rayons X suivis par les rayons gamma du radium. Trente-deux octaves au-dessus de la lumière visible du soleil, on rencontre les rayons énergétiques de l’espace extérieur si fréquemment mélangés avec les minuscules particules de matière fortement activées qui leur sont associées. Immédiatement au-dessous de la lumière solaire visible apparaissent les rayons infrarouges, et trente octaves plus bas le groupe transmetteur de la radiodiffusion. 42:5.2 Sous l’angle des connaissances scientifiques sur Urantia au vingtième siècle, les manifestations d’énergie ondulatoire peuvent se classer dans les dix groupes suivants : 42:5.3 1. Rayons infra-ultimatoniques – les révolutions marginales des ultimatons lorsqu’ils commencent à prendre une forme définie. C’est le premier stade de l’énergie émergente où l’on peut détecter et mesurer des phénomènes ondulatoires. 42:5.4 2. Rayons ultimatoniques. L’assemblage de l’énergie dans les sphères minuscules des ultimatons occasionne dans le contenu de l’espace des vibrations discernables et mesurables. Bien avant que les physiciens ne découvrent l’ultimaton, ils détecteront indubitablement les phénomènes dus à la pluie de ces rayons sur Urantia. Ces rayons courts et puissants représentent l’activité initiale des ultimatons quand ils sont ralentis au point de virer vers l’organisation électronique de la matière. À mesure que les ultimatons s’agglomèrent en électrons, il se produit une condensation avec mise en réserve correspondante d’énergie. 42:5.5 3. Les rayons spatiaux courts. Ce sont les plus courtes de toutes les vibrations purement électroniques ; elles représentent le stade préatomique de cette forme de matière. Il faut des températures extraordinairement basses ou élevées pour produire ces rayons spatiaux qui sont de deux sortes : l’une qui accompagne la naissance des atomes et l’autre qui dénote leur dislocation. La plus grande quantité d’entre eux émane du plan le plus dense du superunivers, celui de la Voie Lactée, qui est aussi le plan de plus grande densité des univers extérieurs. 42:5.6 4. Le stade électronique. Ce stade d’énergie est la base de toute matérialisation dans les sept superunivers. Lorsque des électrons passent des niveaux énergétiques supérieurs de révolution orbitale à des niveaux inférieurs, des quanta sont toujours émis. Les changements d’orbite des électrons produisent l’éjection ou l’absorption de particules mesurables d’énergie-lumière très bien déterminées et uniformes, tandis que les électrons individuels abandonnent toujours une particule d’énergie-lumière quand ils subissent une collision. Des manifestations d’énergie ondulatoire accompagnent aussi les activités des corps positifs et des autres éléments du stade électronique. 42:5.7 5. Rayons gamma. Ce sont les émanations qui caractérisent la dissociation spontanée de la matière atomique. Le meilleur exemple de cette forme d’activité électronique se trouve dans les phénomènes associés à la désintégration du radium. 42:5.8 6. Le groupe des rayons X. L’étape suivante dans le ralentissement de l’électron fournit les diverses formes de rayons X solaires ainsi que les rayons X engendrés artificiellement. La charge électronique crée un champ électrique ; le mouvement donne naissance à un courant électrique ; le courant produit un champ magnétique. Lorsqu’un électron est brusquement arrêté, la commotion électromagnétique résultante produit le rayon X ; le rayon X est cette perturbation. Les rayons X solaires sont identiques à ceux que l’on engendre mécaniquement pour explorer l’intérieur du corps humain, à part leur longueur d’onde qui est légèrement plus grande. 42:5.9 7. Les rayons ultraviolets ou chimiques de la lumière du soleil et leurs diverses productions mécaniques. 42:5.10 8. La lumière blanche – toute la lumière visible des soleils. 42:5.11 9. Les rayons infrarouges – le ralentissement de l’activité électronique se rapprochant encore davantage de la chaleur appréciable. 42:5.12 10. Les ondes hertziennes – les énergies utilisées sur Urantia pour les télédiffusions. 42:5.13 Sur ces dix phases d’activité énergétique ondulatoire, l’œil humain ne peut réagir qu’à une seule octave, celle de la totalité de la lumière solaire ordinaire. 42:5.14 Ce qu’on appelle l’éther est simplement un nom collectif pour désigner un groupe d’activités de force et d’énergie qui ont lieu dans l’espace. Les ultimatons, les électrons et les autres agrégats massiques d’énergie sont des particules uniformes de matière ; dans leur transit à travers l’espace, ils suivent réellement des lignes droites. La lumière et toutes les autres formes de manifestations énergétiques reconnaissables consistent en une succession de particules énergétiques déterminées qui se déplacent en ligne droite, sauf dans la mesure où leur trajectoire est modifiée par la gravité et d’autres forces interférentes. Les processions de particules d’énergie apparaissent comme des phénomènes ondulatoires lorsqu’elles sont observées d’une certaine manière ; cela est dû à la résistance du manteau de force non différencié de tout l’espace, l’éther hypothétique, et à la tension intergravitationnelle des agrégats de matière associés. La largeur des intervalles entre les particules de matière ainsi que la vitesse initiale des rayons d’énergie provoquent l’apparence ondulatoire de beaucoup de formes d’énergie-matière. 42:5.15 L’excitation du contenu de l’espace produit une réaction ondulatoire au passage de particules de matière en déplacement rapide, de même que le passage d’un bateau sur l’eau déclenche des vagues d’amplitudes et d’intervalles variés. 42:5.16 Le comportement de la force primordiale donne naissance à des phénomènes analogues, sous beaucoup de rapports, à l’éther que vous imaginez. L’espace n’est pas vide. Les sphères de l’espace tourbillonnent et plongent dans un immense océan d’énergie-force déployée. Le contenu spatial d’un atome n’est pas non plus vide. Quoi qu’il en soit, l’éther n’existe pas ; c’est même l’absence de cet éther hypothétique qui permet aux planètes habitées d’éviter de tomber dans le soleil, et aux électrons circulant sur leurs orbites atomiques de résister à la chute dans le noyau. 6. Ultimatons, électrons et atomes 42:6.1 Alors que la charge d’espace de force universelle est homogène et non différenciée, l’organisation en matière de l’énergie évoluée entraine la concentration de l’énergie en masses discontinues de dimensions définies et de poids établis – une réaction gravitationnelle précise. 42:6.2 La gravité locale ou linéaire devient pleinement active quand l’organisation atomique de la matière apparait. La matière préatomique devient légèrement sensible à la gravité quand elle est activée par des rayons X et d’autres énergies similaires, mais la gravité linéaire n’exerce d’attraction mesurable ni sur les particules d’énergie électronique libres, sans attache et sans charge, ni sur les ultimatons sans association. 42:6.3 Les ultimatons fonctionnent par attraction mutuelle en ne répondant qu’au champ de gravité circulaire du Paradis. Ne réagissant pas à la gravité linéaire, ils se trouvent ainsi maintenus dans le courant universel d’espace. Les ultimatons sont capables d’accélérer leur vitesse de révolution jusqu’à se comporter partiellement comme doués d’antigravité, mais, sans l’intervention des organisateurs de force ou des directeurs de pouvoir, ils ne peuvent pas atteindre la vitesse critique de libération où ils perdraient leur individualité et retourneraient au stade d’énergie puissante. Dans la nature, les ultimatons n’échappent à leur statut d’existence physique que s’ils participent à la dislocation terminale d’un soleil refroidi et mourant. 42:6.4 Les ultimatons, inconnus sur Urantia, ralentissent leur mouvement en passant par beaucoup de phases d’activité physique avant d’atteindre les conditions d’énergie révolutionnelle préalables à l’organisation électronique. Les ultimatons ont trois variétés de mouvements : leur résistance mutuelle à la force cosmique, leur révolution individuelle avec potentiel d’antigravité et la position à l’intérieur de l’électron de la centaine d’ultimatons mutuellement interassociés. 42:6.5 L’attraction mutuelle assure la cohésion de cent ultimatons dans la constitution d’un électron, et il n’y en a jamais un de moins ni un de plus dans un électron typique. La perte d’un ou plusieurs ultimatons détruit l’identité typique de l’électron, ce qui amène à l’existence l’une des dix formes modifiées de l’électron. 42:6.6 Les ultimatons ne décrivent pas d’orbites et ne tourbillonnent pas en circuits à l’intérieur des électrons, mais ils se répandent ou se groupent selon leurs vitesses de rotation axiales, ce qui détermine les dimensions différentielles des électrons. C’est la même vitesse de rotation des ultimatons autour de leur axe qui détermine les réactions négatives ou positives des différents types d’unités électroniques. L’ensemble de la ségrégation et du groupement de la matière électronique ainsi que la différenciation électrique de corps négatifs et positifs d’énergie-matière résultent des diverses fonctions des associations d’ultimatons qui les composent. 42:6.7 Chaque atome a un diamètre légèrement supérieur à un quart de millionième de millimètre, et un électron pèse un peu plus que la deux-millième partie du plus petit atome, celui de l’hydrogène. Le proton positif caractéristique du noyau atomique, bien que pas beaucoup plus gros qu’un électron négatif, pèse près de deux-mille fois plus. 42:6.8 Si l’on agrandissait la masse de la matière jusqu’à ce qu’un électron pèse un dixième d’once (2,83 grammes) et si ses dimensions étaient accrues dans la même proportion, le volume de cet électron deviendrait aussi grand que celui de la terre. Si le volume d’un proton – mille-huit-cents fois plus lourd qu’un électron – était grossi jusqu’à la taille d’une tête d’épingle, alors, en comparaison, une tête d’épingle aurait un diamètre égal à celui de l’orbite de la terre autour du Soleil. 7. La matière atomique 42:7.1 Toute la matière se forme selon l’ordre du système solaire. Au centre de chaque minuscule univers d’énergie, il existe une portion nucléaire d’existence matérielle relativement stable et comparativement stationnaire. Cette unité centrale est douée d’une triple possibilité de manifestation. Autour de ce centre d’énergie, et en une profusion sans fin mais en des circuits fluctuants, tournent les unités d’énergie vaguement comparables aux planètes entourant le soleil d’un groupe stellaire semblable à votre propre système solaire. 42:7.2 À l’intérieur de l’atome, les électrons tournent autour du proton central à des distances proportionnelles à celles des planètes qui tournent autour du soleil dans l’espace du système solaire. En comparaison de leur taille réelle, la distance relative entre le noyau atomique et le circuit électronique le plus proche est la même qu’entre le soleil et Mercure, la planète la plus voisine du soleil. 42:7.3 Les vitesses de rotation axiales des électrons et leurs vitesses sur leurs orbites autour du noyau atomique dépassent toutes deux l’imagination humaine, sans même mentionner les vitesses des ultimatons qui les composent. Les particules positives du radium s’envolent dans l’espace à l’allure de seize-mille kilomètres par seconde, tandis que les particules négatives atteignent une vitesse approchant celle de la lumière. 42:7.4 Les univers locaux sont construits selon le système décimal. Il y a exactement cent matérialisations atomiques d’énergie d’espace discernables dans un univers de constitution duelle ; c’est le maximum possible d’organisation de la matière dans Nébadon. Ces cent formes de matière consistent en une série régulière dans laquelle des électrons, au nombre d’un à cent, tournent autour d’un noyau central relativement compact. C’est cette association ordonnée et sûre de diverses énergies qui constitue la matière. 42:7.5 À leur surface, les mondes n’ont pas tous cent éléments reconnaissables, mais ces éléments sont présents quelque part dans ces mondes, ou ils y ont été présents, ou ils y sont en cours d’évolution. Les circonstances de l’origine d’une planète et de son évolution subséquente déterminent le nombre de types atomiques qui y seront observables par rapport aux cent types possibles. Les atomes les plus lourds ne se trouvent pas à la surface de nombreux mondes. Même sur Urantia, les éléments lourds connus manifestent une tendance à voler en éclats, comme le comportement du radium en donne un exemple. 42:7.6 La stabilité de l’atome dépend du nombre de neutrons électriquement inactifs dans le noyau central. Le comportement chimique dépend entièrement de l’activité des électrons qui tournent librement autour du noyau. 42:7.7 Dans Orvonton, il n’a jamais été possible d’assembler naturellement plus de cent électrons orbitaux dans un même système atomique. Quand un cent-unième a été introduit artificiellement dans le champ des orbites, il en est toujours résulté une dislocation instantanée du proton central et une folle dispersion des électrons et autres énergies libérées. 42:7.8 Bien que les atomes puissent contenir de un à cent électrons orbitaux, seuls les dix électrons extérieurs des plus gros atomes tournent autour du noyau central comme des corps distincts et discontinus, restant intacts et compacts dans leur rotation sur des orbites précises et définies. Les trente électrons les plus proches du centre sont difficiles à observer ou à détecter en tant que corps séparés et organisés. La même proportion relative de comportement des électrons par rapport à la proximité du noyau prévaut dans tous les atomes, quel que soit le nombre des électrons contenus. Plus on se rapproche du noyau, moins l’individualisation des électrons est nette. Le prolongement énergétique ondulatoire d’un électron peut se répandre de manière à occuper totalement les orbites atomiques les plus petites. Cela est spécialement vrai des électrons les plus proches du noyau central. 42:7.9 Les trente électrons des orbites les plus intérieures ont une individualité, mais leurs systèmes énergétiques tendent à s’entremêler, s’étendant d’un électron à un autre et presque d’orbite à orbite. Les trente électrons suivants constituent la deuxième famille ou zone énergétique ; leur individualité est plus prononcée ; leurs corps de matière exercent un contrôle plus complet sur les systèmes d’énergie qui les accompagnent. Les trente électrons suivants, la troisième zone énergétique, sont encore plus individualisés et circulent sur des orbites plus distinctes et mieux définies. Les dix derniers électrons ne sont présents que dans les dix éléments les plus lourds et possèdent la dignité de l’indépendance ; ils sont donc capables d’échapper plus ou moins librement au contrôle du noyau-mère. Avec un minimum de variation dans la température et la pression, les membres de ce quatrième groupe, dits électrons externes, échapperont à l’emprise du noyau central comme l’exemple en est donné par la dislocation spontanée de l’uranium et des éléments apparentés. 42:7.10 Les vingt-sept premiers atomes, ceux qui contiennent d’un à vingt-sept électrons orbitaux, sont plus faciles à définir que les autres. À partir de vingt-huit et au-dessus, le caractère imprévisible de la présence supposée de l’Absolu Non Qualifié se fait de plus en plus sentir, mais une partie de cette imprévisibilité électronique est due aux différences dans les vitesses de rotation axiales des ultimatons et à leur propension inexpliquée à s’entasser « pêle-mêles ». D’autres influences – physiques, électriques, magnétiques et gravitationnelles – agissent aussi pour produire un comportement électronique variable. Les atomes sont donc similaires à des personnes quant aux possibilités de prévoir leur comportement. Les statisticiens peuvent énoncer des lois gouvernant un grand nombre d’atomes ou de personnes, mais deviennent muets quand il s’agit d’un seul atome ou d’une seule personne. 8. La cohésion atomique 42:8.1 Alors que la gravité est l’un des différents facteurs contribuant à maintenir ensemble un minuscule système d’énergie atomique, il y a aussi, présente dans et parmi les unités de base, une énergie puissante et inconnue ; c’est le secret de leur constitution fondamentale et de leur comportement ultime, une force qui reste à découvrir sur Urantia. Cette influence universelle imprègne tout l’espace intérieur de la minuscule organisation énergétique. 42:8.2 L’espace entre les électrons d’un atome n’est pas vide. Dans tout l’atome, cet espace interélectronique est animé par des manifestations ondulatoires parfaitement synchronisées avec la vitesse des électrons et la rotation des ultimatons. Cette force n’est pas entièrement dominée par vos lois reconnues d’attraction positive et négative ; c’est pourquoi elle se conduit parfois d’une manière imprévisible. Cette influence anonyme semble être une réaction d’espace-force de l’Absolu Non Qualifié. 42:8.3 La cohésion des protons chargés et des neutrons non chargés du noyau de l’atome est assurée par la fonction alternative du mésotron, particule de matière 180 fois plus lourde que l’électron. Sans ce dispositif, la charge électrique portée par les protons disloquerait le noyau atomique. 42:8.4 Tels que les atomes sont constitués, nulle force gravitationnelle ou électrique ne pourrait assurer la cohésion de leur noyau. L’intégrité du noyau est maintenue par la fonction cohésive alternative du mésotron, qui est capable de réunir les particules chargées et non chargées, grâce au pouvoir massique supérieur de sa force et par une fonction supplémentaire qui fait constamment changer de place les protons et les neutrons. Le mésotron fait constamment aller et venir la charge électrique des particules nucléaires entre protons et neutrons. Au cours d’une fraction infinitésimale de seconde, une particule nucléaire donnée est un proton chargé, et, au cours de la fraction suivante, elle est un neutron sans charge. Et ces alternances de statut énergétique sont si incroyablement rapides que la charge électrique est privée de toute occasion de fonctionner comme influence disloquante. C’est ainsi que le mésotron fonctionne comme une particule « porteuse d’énergie » qui contribue puissamment à la stabilité nucléaire de l’atome. 42:8.5 La présence et la fonction des mésotrons expliquent aussi une autre énigme concernant l’atome. Quand les atomes agissent radioactivement, ils émettent beaucoup plus d’énergie qu’on ne pourrait s’y attendre. Cet excédent de radiation provient du démembrement du mésotron « porteur d’énergie », qui devient alors un simple électron. La désintégration du mésotron s’accompagne aussi de l’émission de certaines petites particules dépourvues de charge. 42:8.6 Le mésotron explique certaines propriétés cohésives du noyau atomique, mais n’explique ni la cohésion entre protons ni l’adhésion entre neutrons. La force puissante et paradoxale qui assure l’intégrité cohésive de l’atome est une forme d’énergie non encore découverte sur Urantia. 42:8.7 Ces mésotrons se trouvent en abondance dans les rayons cosmiques qui se heurtent continuellement à votre planète. 9. La philosophie naturelle 42:9.1 La religion n’est pas seule à être dogmatique, la philosophie naturelle tend également à dogmatiser. Lorsqu’un éducateur religieux bien connu parvint à la conclusion que le nombre sept était fondamental dans la nature parce qu’il y a sept ouvertures dans la tête humaine, il aurait pu, s’il avait mieux connu la chimie, soutenir son opinion en l’appuyant sur un phénomène véritable du monde physique. Dans tous les univers physiques du temps et de l’espace, et bien que la constitution décimale de l’énergie se manifeste universellement, il subsiste toujours une réminiscence du fait que la prématière a une organisation électronique septuple. 42:9.2 Le nombre sept est fondamental pour l’univers central et pour le système spirituel des transmissions innées de caractères, mais le nombre dix, le système décimal, est inhérent à l’énergie, à la matière et à la création matérielle. Malgré cela, le monde atomique présente certaines caractéristiques périodiques qui réapparaissent par groupes de sept – une marque de naissance portée par le monde matériel et rappelant sa très lointaine origine spirituelle. 42:9.3 Quand on classe les éléments fondamentaux dans l’ordre de leur poids atomique, cette persistance septuple de constitution créative ressort dans le domaine de la chimie comme une récurrence de propriétés physiques et chimiques similaires par groupes septuples périodiques et distincts. Quand on arrange ainsi les éléments chimiques d’Urantia, n’importe quelle qualité ou propriété donnée a tendance à se répéter tous les sept éléments. Ce changement périodique par sept se reproduit en s’atténuant et avec des variantes dans le tableau chimique tout entier ; il s’observe plus nettement dans les premiers groupements d’atomes légers. Partant d’un élément quelconque après avoir noté l’une de ses propriétés, cette qualité change pendant six éléments consécutifs, mais a tendance à réapparaitre quand on arrive au huitième, autrement dit, le huitième élément chimiquement actif ressemble au premier, le neuvième au deuxième, et ainsi de suite. Un pareil fait dans le monde physique rappelle indubitablement la constitution septuple de l’énergie ancestrale et indique la réalité fondamentale de la diversité septuple des créations du temps et de l’espace. L’homme devrait aussi noter qu’il y a sept couleurs dans le spectre naturel. 42:9.4 Mais les suppositions de la philosophie naturelle ne sont pas toutes valables. L’éther hypothétique, par exemple, représente une ingénieuse tentative des hommes pour unifier leur ignorance des phénomènes de l’espace. On ne peut pas affirmer la philosophie de l’univers d’après les observations de ce que l’on appelle science. Les savants auraient tendance à nier qu’un papillon puisse sortir d’une chenille s’ils ne voyaient pas cette métamorphose de leurs propres yeux. 42:9.5 Si la stabilité physique associée à l’élasticité biologique est présente dans la nature, c’est uniquement dû à la sagesse presque infinie que possèdent les Maitres Architectes de la création. Il ne fallait rien de moins qu’une sagesse transcendantale pour concevoir des unités de matière à la fois aussi stables et aussi efficacement flexibles. 10. Systèmes universels d’énergie non spirituelle (systèmes du mental matériel) 42:10.1 Le déploiement sans fin de la réalité cosmique relative depuis l’absoluité de la monota du Paradis jusqu’à l’absoluité de la puissance d’espace laisse supposer l’évolution de certaines relations entre les réalités non spirituelles de la Source-Centre Première – ces réalités cachées dans la puissance d’espace qui sont révélées dans la monota et provisoirement divulguées sur les niveaux cosmiques intermédiaires. Ce cycle éternel d’énergie mis en circuit chez le Père des univers est donc absolu, et étant absolu, il n’est expansible ni en fait ni en valeur. Cependant, le Père Primordial – maintenant comme toujours – réalise en soi, à partir d’un cadre de significations d’espace-temps en expansion continue et d’espace-temps transcendé, un cadre de relations changeantes où l’énergie-matière est progressivement soumise au supercontrôle de l’esprit vivant et divin par l’effort expérientiel du mental vivant et personnel. 42:10.2 Les énergies universelles non spirituelles sont réassociées dans les systèmes vivants du mental non Créateur sur divers niveaux dont certains peuvent être décrits comme suit : 42:10.3 1. Esprits mentaux préadjuvats. C’est un niveau mental non expérientiel ; sur les mondes habités, ce sont les Maitres Contrôleurs Physiques qui lui apportent leur ministère. C’est le mental machinal, l’intellect non enseignable des formes les plus primitives de la vie matérielle ; mais le mental non enseignable fonctionne sur beaucoup de niveaux en dehors de la vie planétaire primitive. 42:10.4 2. Le mental des esprits adjuvats. C’est le ministère de l’Esprit-Mère d’un univers local fonctionnant au travers de ses sept esprits-mentaux adjuvats sur le niveau enseignable (non machinal) du mental matériel. À ce niveau, le mental matériel expérimente : en tant qu’intellect subhumain (animal) chez les cinq premiers adjuvats ; en tant qu’intellect humain (moral) chez les sept adjuvats ; en tant qu’intellect surhumain (médian) chez les deux derniers adjuvats. 42:10.5 3. Mental morontiel en évolution. C’est la conscience en expansion chez les personnalités évoluantes dans les carrières ascendantes d’un univers local. Elle est le don de l’Esprit-Mère de l’univers local en liaison avec le Fils Créateur. Ce niveau mental implique l’organisation du type morontiel de véhicule vital, synthèse du matériel et du spirituel effectuée par les Superviseurs de Pouvoir Morontiel de l’univers local. Le mental morontiel fonctionne différentiellement en réponse aux 570 niveaux de vie morontielle, révélant une capacité croissante de s’associer au mental cosmique sur les niveaux supérieurs d’aboutissement. C’est l’évolution normale des créatures humaines, mais un mental d’ordre non morontiel est aussi attribué par un Fils de l’Univers et par un Esprit de l’Univers aux enfants non morontiels des créations locales. 42:10.6 Le mental cosmique. C’est le septuple mental diversifié du temps et de l’espace, et, pour chacune de ses phases, l’un des Sept Maitres Esprits apporte son ministère à l’un des sept superunivers. Le mental cosmique englobe tous les niveaux de mental fini et se coordonne expérientiellement avec les niveaux de déité évolutionnaires du Mental Suprême, et transcendantalement avec les niveaux existentiels du mental absolu – les circuits directs de l’Acteur Conjoint. 42:10.7 Au Paradis, le mental est absolu ; dans Havona, il est absonite ; dans Orvonton, il est fini. Le mental implique toujours l’activité de présence d’un ministère vivant auquel s’ajoutent des systèmes énergétiques variés, et ceci est vrai du mental quels qu’en soient les niveaux ou les sortes. Mais, au-delà du mental cosmique, il devient de plus en plus difficile de dépeindre les relations du mental avec l’énergie non spirituelle. Le mental de Havona est subabsolu mais superévolutionnaire ; étant existentiel-expérientiel, il est plus proche de l’absonite que tout autre concept révélé aux Urantiens. Le mental du Paradis dépasse la compréhension humaine ; il est existentiel, non spatial et non temporel. Néanmoins, tous ces niveaux du mental sont dominés par la présence universelle de l’Acteur Conjoint – par l’emprise de gravité mentale du Dieu du mental au Paradis. 11. Mécanismes de l’univers 42:11.1 En évaluant et en reconnaissant le mental, il faut se rappeler que l’univers n’est ni machinal ni magique ; il est une création du mental et un mécanisme de lois. En pratique, les lois de la nature opèrent dans les royaumes apparemment duels du physique et du spirituel, mais en réalité ces royaumes ne font qu’un. La Source-Centre Première est la cause primordiale de toutes les matérialisations, et en même temps le premier Père et le Père final de tous les esprits. Dans les univers extérieurs à Havona, le Père Paradisiaque n’apparait que comme pure énergie et pur esprit – sous la forme des Ajusteurs de Pensée et autres fragmentations similaires. 42:11.2 Les mécanismes ne dominent pas absolument toute la création. L’univers des univers, considéré comme un tout, est conçu par le mental, construit par le mental et administré par le mental. Mais le mécanisme divin de l’univers des univers est beaucoup trop parfait pour que les méthodes scientifiques du mental humain fini puissent discerner même une trace de la domination du mental infini. Car ce mental créateur, contrôlant et sustentateur n’est ni un mental matériel ni un mental de créature ; il est le mental-esprit fonctionnant sur et depuis les niveaux créateurs de la réalité divine. 42:11.3 L’aptitude à discerner et à découvrir le mental dans les mécanismes de l’univers dépend entièrement de l’aptitude, de l’amplitude et des capacités du mental investigateur engagé dans une telle tâche d’observation. Le mental spatiotemporel, organisé à partir des énergies du temps et de l’espace, est soumis aux mécanismes du temps et de l’espace. 42:11.4 Le mouvement et la gravitation universelle sont des facettes jumelles du mécanisme impersonnel espace-temps de l’univers des univers. Les niveaux où l’esprit, le mental et la matière répondent à la gravité sont tout à fait indépendants du temps, mais seuls sont indépendants de l’espace (non spatiaux) les véritables niveaux spirituels de la réalité. Les niveaux supérieurs du mental de l’univers – les niveaux du mental-esprit – peuvent également être non spatiaux, mais les niveaux du mental matériel, tel que le mental humain, sont sensibles aux interactions de la gravité universelle ; ils ne perdent cette sensibilité que dans la mesure où ils s’identifient avec l’esprit. Les niveaux de réalité spirituelle se reconnaissent à leur contenu en esprit, et la spiritualité dans le temps et l’espace est inversement proportionnelle à sa sensibilité à la gravité linéaire. 42:11.5 La sensibilité à la gravité linéaire est une mesure quantitative de l’énergie non spirituelle. Toutes les masses – énergies organisées – sont soumises à son emprise, sauf dans la mesure où le mouvement et le mental agissent sur elles. La gravité linéaire est la force cohésive à courte portée du macrocosme, un peu comme les forces de cohésion intraatomiques sont les forces à courte portée du microcosme. L’énergie physique matérialisée, organisée en ce que l’on appelle matière, ne peut traverser l’espace sans influencer la sensibilité à la gravité linéaire. Bien que la sensibilité gravitationnelle soit directement proportionnelle à la masse, elle est modifiée par l’espace intermédiaire de telle sorte que, si on la compte comme inversement proportionnelle au carré de la distance, le calcul n’aboutit qu’à une assez grossière approximation. L’espace triomphe finalement de la gravité linéaire parce qu’il contient les influences antigravitationnelles de nombreuses forces supramatérielles qui agissent pour neutraliser l’action de la gravité et toutes les réactions associées. 42:11.6 Des mécanismes cosmiques extrêmement complexes et qui paraissent largement automatiques tendent toujours à dissimuler la présence du mental intérieur inventif ou créatif à toutes les intelligences situées très au-dessous des niveaux universels de la nature et des possibilités du mécanisme lui-même. Il est donc inévitable que les mécanismes supérieurs de l’univers semblent dépourvus de mental aux ordres inférieurs de créatures. La seule exception possible à cette conclusion serait d’attribuer une faculté mentale à l’étonnant phénomène d’un univers qui parait se sustenter lui-même – mais ceci est une affaire de philosophie plutôt que d’expérience actuelle. 42:11.7 Puisque le mental coordonne l’univers, la fixité des mécanismes n’existe pas. L’évolution progressive associée à l’entretien cosmique autonome est un phénomène universel. La capacité de l’univers à évoluer est inépuisable dans l’infini de la spontanéité. Le progrès vers une unité harmonieuse, une synthèse expérientielle grandissante surimposée à une complexité toujours croissante de relations, ne pouvait s’effectuer que par un mental dominant ayant un dessein. 42:11.8 Plus le mental universel associé à un phénomène quelconque de l’univers est élevé, plus il est difficile aux types inférieurs de mental de le découvrir. Puisque le mental du mécanisme de l’univers est un mental-esprit créatif (la faculté mentale même de l’Infini), il ne peut jamais être découvert ou discerné par les organes mentaux des niveaux inférieurs de l’univers, et encore bien moins par le mental le plus humble de tous, le mental humain. Bien que le mental animal évoluant recherche naturellement Dieu, il ne peut à lui seul et par lui seul connaitre Dieu par inhérence. 12. Modèle et forme – domination du mental 42:12.1 L’évolution des mécanismes implique et dénote la présence cachée et la domination du mental créateur. L’aptitude de l’intellect mortel à concevoir, projeter et créer des mécanismes automatiques démontre les qualités supérieures, créatives et intentionnelles du mental humain comme influence dominante sur la planète. Le mental tend toujours à : 42:12.2 1. Créer des mécanismes matériels. 42:12.3 2. Découvrir des mystères cachés. 42:12.4 3. Explorer des situations lointaines. 42:12.5 4. Formuler des systèmes mentaux. 42:12.6 5. Atteindre des buts de sagesse. 42:12.7 6. Aboutir à des niveaux spirituels. 42:12.8 7. Accomplir les destinées divines – suprêmes, ultimes et absolues. 42:12.9 Le mental est toujours créateur. La dotation mentale individuelle d’un animal, d’un humain, d’un morontien, d’un ascendeur spirituel ou d’un finalitaire est toujours capable de produire un corps approprié et utilisable pour identifier la créature vivante. Mais le phénomène de la présence d’une personnalité ou le modèle d’une identité ne sont pas par eux-mêmes des manifestations d’énergie, qu’elle soit physique, mentale ou spirituelle. La forme de la personnalité est l’aspect archétypal d’un être vivant ; elle implique un dispositif d’énergies qui, additionné de vie et de mouvement, est le mécanisme de l’existence des créatures. 42:12.10 Même les êtres spirituels ont une forme, et ces formes d’esprit (modèles) sont réelles. Même les types les plus élevés de personnalité spirituelle ont des formes – des présences de personnalité analogues en tous points aux corps mortels d’Urantia. Presque tous les êtres rencontrés dans les sept superunivers possèdent des formes, mais cette règle générale comporte quelques exceptions. Les Ajusteurs de Pensée paraissent dépourvus de forme jusqu’après la fusion avec l’âme survivante de leur associé mortel. Les Messagers Solitaires, les Esprits Inspirés de la Trinité, les Aides Personnels de l’Esprit Infini, les Messagers de Gravité, les Archivistes Transcendantaux et quelques autres n’ont pas non plus de forme découvrable, mais ce sont les rares exceptions typiques. La grande majorité des êtres ont des formes personnelles de bon aloi qui caractérisent chaque individu ; elles sont susceptibles d’être reconnues et personnellement distinguées. 42:12.11 La liaison entre le mental cosmique et le ministère des esprits-mentaux adjuvats donne naissance à un tabernacle physique convenant à l’être humain en évolution. Le mental morontiel individualise similairement des formes morontielles pour tous les survivants mortels. De même que le corps mortel est personnel et caractéristique pour tout être humain, de même la forme morontielle sera hautement individuelle et dument caractéristique du mental créateur qui le domine. Deux formes morontielles ne se ressemblent jamais plus que deux corps humains. Les Superviseurs de Pouvoir Morontiel parrainent les matériaux morontiels indifférenciés à l’aide desquels la vie morontielle peut commencer à opérer, et les séraphins qui les assistent fournissent ces matériaux. Et, après la vie morontielle, on constatera que les formes spirituelles sont également diverses, personnelles et caractéristiques de leurs habitants mentaux-spirituels respectifs. 42:12.12 Sur un monde matériel, vous pensez à un corps comme ayant un esprit, mais nous, nous considérons l’esprit comme pourvu d’un corps. Les yeux physiques sont vraiment les fenêtres de l’âme née d’esprit. L’esprit est l’architecte, le mental est le constructeur, le corps est le bâtiment matériel. 42:12.13 Les énergies physiques, spirituelles et mentales, en tant que telles et à l’état pur, ne réagissent pas complètement l’une sur l’autre comme des actuels des univers phénoménaux. Au Paradis, les trois énergies sont coordonnées, dans Havona on les coordonne, tandis qu’au niveau des activités finies de l’univers on est amené à rencontrer toute la gamme de dominations matérielles, mentales et spirituelles. Dans les situations non personnelles du temps et de l’espace, l’énergie physique semble prédominer, mais il apparait aussi que plus la fonction mental-esprit se rapproche de la divinité d’intention et de la suprématie d’action, plus la phase spirituelle a tendance à prendre le dessus. Au niveau ultime, le mental-esprit peut devenir à peu près complètement prépondérant. Sur le niveau absolu, l’esprit domine certainement. Partant de là vers les royaumes du temps et de l’espace, en tout lieu où une réalité d’esprit divin est présente et à tout moment où un mental-esprit réel fonctionne, une contrepartie matérielle ou physique de cette réalité spirituelle a toujours tendance à se former. 42:12.14 L’esprit est la réalité créatrice. La contrepartie physique est le reflet de la réalité d’esprit dans l’espace-temps, la répercussion physique de l’action créatrice du mental-esprit. 42:12.15 Le mental domine universellement la matière, de même qu’à son tour il répond au supercontrôle ultime de l’esprit. Et, chez l’homme mortel, seul le mental qui se soumet librement à la directive de l’esprit peut espérer survivre à l’existence mortelle dans l’espace-temps comme enfant immortel du monde spirituel éternel du Suprême, de l’Ultime et de l’Absolu : de l’Infini. 42:12.16 [Présenté sur requête de Gabriel par un Puissant Messager en service dans Nébadon.] Fascicule 43. Les constellations 43:0.1 Urantia est communément appelée la 606 de Satania dans Norlatiadek de Nébadon, cela signifiant qu’elle est le six-cent-sixième monde habité dans le système local de Satania, situé dans la constellation de Norlatiadek, l’une des cent constellations de l’univers local de Nébadon. Les constellations étant les divisions primaires d’un univers local, leurs dirigeants font le lien entre les systèmes locaux de mondes habités et l’administration centrale de l’univers local sur Salvington et, par réflectivité, avec la superadministration des Anciens des Jours sur Uversa. 43:0.2 Le gouvernement de votre constellation est situé dans un amas de 771 sphères architecturales, dont la plus centrale et la plus grande est Édentia, siège administratif des Pères de la Constellation, les Très Hauts de Norlatiadek. Édentia elle-même est à peu près cent fois plus grande que votre monde. Les soixante-dix sphères majeures qui l’entourent ont à peu près dix fois la dimension d’Urantia, tandis que les dix satellites qui tournent autour de chacun de ces soixante-dix mondes sont à peu près de la taille d’Urantia. Ces 771 sphères architecturales ont des dimensions tout à fait comparables à celles qui prévalent dans d’autres constellations. 43:0.3 Le calcul du temps et les mesures de distance sur Édentia sont les mêmes que sur Salvington et, à l’instar des sphères de la capitale de l’univers, les mondes-sièges des constellations sont amplement pourvus de tous les ordres d’intelligences célestes. En général, ces personnalités ne sont pas très différentes de celles décrites en rapport avec l’administration de l’univers. 43:0.4 Les séraphins superviseurs, le troisième ordre d’anges de l’univers local, sont affectés au service des constellations. Ils établissent leur quartier-général sur les sphères capitales et apportent un ministère considérable aux mondes d’éducation morontielle qui les entourent. Dans Norlatiadek, les soixante-dix sphères majeures ainsi que leurs sept-cents satellites mineurs sont habités par les univitatias, les citoyens permanents de la constellation. Tous ces mondes architecturaux sont entièrement administrés par les divers groupes qui en sont natifs et dont la plupart ne sont pas révélés, mais qui comprennent les efficaces spirongas et les beaux spornagias. Représentant le point médian du régime d’éducation morontielle, la vie morontielle des constellations est, comme vous pouvez l’imaginer, à la fois typique et idéale. 1. Les sièges des constellations 43:1.1 Édentia abonde en hautes terres séduisantes, en élévations étendues de matière physique couronnées de vie morontielle et couvertes de gloire spirituelle, mais il n’y a pas de chaines de montagnes escarpées comme celles qui apparaissent sur Urantia. Il y a des dizaines de milliers de lacs étincelants et des myriades de rivières qui les relient, mais pas de grands océans ni de fleuves torrentiels. Seules les hautes terres sont dépourvues de cours d’eau à leur surface. 43:1.2 L’eau d’Édentia et des sphères architecturales similaires n’est pas différente de celle des planètes évolutionnaires. Les systèmes hydrauliques de ces sphères sont à la fois superficiels et souterrains, et l’humidité circule constamment. On peut naviguer autour d’Édentia en suivant les diverses routes aquatiques, mais la principale voie de transport est l’atmosphère. Les êtres spirituels voyagent naturellement au-dessus de la surface de la sphère, tandis que les êtres morontiels et physiques se servent de moyens matériels et semi-matériels pour traverser l’atmosphère. 43:1.3 Édentia et ses mondes associés ont une vraie atmosphère, le mélange habituel de trois gaz, caractéristique des créations architecturales, qui comprend les deux éléments de l’atmosphère urantienne plus le gaz morontiel convenant à la respiration des créatures morontielles. Mais, bien que cette atmosphère soit à la fois matérielle et morontielle, il ne s’y produit ni orages ni ouragans, et il n’y a pas non plus d’étés ni d’hivers. Cette absence de troubles atmosphériques et de variations saisonnières permet d’embellir tous les extérieurs sur ces mondes spécialement créés. 43:1.4 Les hautes terres d’Édentia présentent une topographie physique magnifique, dont la beauté est rehaussée par la profusion sans fin de vie qui abonde dans toute leur longueur et leur largeur. À part quelques structures plutôt isolées, ces hautes terres ne contiennent aucune construction due à la main des créatures. Les ornementations matérielles et morontielles sont limitées aux zones d’habitation. Les terres moins élevées sont les sites de résidences spéciales et sont magnifiquement embellies par des œuvres d’art biologiques et morontielles. 43:1.5 Au sommet de la septième chaine de hautes terres se trouvent les salles de résurrection d’Édentia, dans lesquelles se réveillent les mortels ascendants appartenant à l’ordre modifié secondaire d’ascension. Ces chambres de réassemblage des créatures sont placées sous la supervision des Melchizédeks. La première des sphères réceptrices d’Édentia (comme la planète Melchizédek près de Salvington) possède aussi des salles de résurrection spéciales où l’on réassemble les mortels des ordres d’ascension modifiés. 43:1.6 Les Melchizédeks entretiennent aussi sur Édentia deux collèges spéciaux. L’un, l’école d’urgence, est consacré à l’étude des problèmes posés par la rébellion de Satania. L’autre, l’école d’effusion, est dédié à la connaissance approfondie des nouveaux problèmes résultant du fait que Micaël a effectué son effusion finale sur l’un des mondes de Norlatiadek. Ce dernier collège fut établi il y a presque quarante-mille ans, immédiatement après que Micaël eut annoncé qu’Urantia avait été choisie comme monde de son effusion finale. 43:1.7 La mer de verre, l’aire réceptrice d’Édentia, est proche du centre administratif et entourée par l’amphithéâtre du quartier général. Autour de cette zone se trouvent les centres gouvernementaux pour les soixante-dix divisions des affaires de la constellation. Une moitié d’Édentia est divisée en soixante-dix sections triangulaires dont les frontières convergent aux bâtiments du siège de leurs secteurs respectifs. Le reste forme un seul immense parc naturel, les jardins de Dieu. 43:1.8 Lors de vos visites périodiques à Édentia, la planète tout entière sera ouverte à votre inspection, mais vous passerez la majeure partie de votre temps dans le triangle administratif dont le numéro correspond à celui du monde de votre résidence habituelle. Vous serez toujours bienvenu comme observateur dans les assemblées législatives. 43:1.9 La zone morontielle affectée aux mortels ascendants résidant sur Édentia est située dans la région médiane du trente-cinquième triangle, contigu au quartier général des finalitaires situé dans le trente-sixième. Le siège principal des univitatias occupe une énorme surface dans la région médiane du trente-quatrième triangle, immédiatement contigu à la réserve résidentielle des citoyens morontiels. D’après ces arrangements, on peut voir que les dispositions ont été prises pour loger au moins soixante-dix divisions majeures de la vie céleste, et aussi que chacune des soixante-dix zones triangulaires est reliée à l’une des soixante-dix sphères majeures d’éducation morontielle. 43:1.10 La mer de verre d’Édentia est formée d’un seul immense cristal circulaire d’environ cent-soixante kilomètres de circonférence et d’environ cinquante kilomètres de profondeur. Ce magnifique cristal sert de champ d’accueil pour tous les séraphins transporteurs et autres êtres arrivant de points extérieurs à la sphère. Cette mer de verre facilite grandement l’atterrissage des séraphins transporteurs. 43:1.11 On trouve un champ de cristal de cet ordre sur à peu près tous les mondes architecturaux. En dehors de sa valeur décorative, il sert à de nombreuses fins. On l’utilise pour dépeindre la réflectivité superuniverselle à des groupes assemblés, et comme facteur, dans la technique de transformation de l’énergie, pour modifier les courants de l’espace et pour adapter d’autres courants d’énergie physique entrants. 2. Le gouvernement de la constellation 43:2.1 Les constellations sont les unités autonomes d’un univers local, chaque constellation étant administrée selon ses propres textes législatifs. Quand les tribunaux de Nébadon siègent pour régler les affaires de l’univers, toutes les questions intérieures sont jugées selon les lois en vigueur dans la constellation intéressée. Les décrets judiciaires de Salvington ainsi que les textes législatifs des constellations sont appliqués par les administrateurs des systèmes locaux. 43:2.2 Ainsi, les constellations fonctionnent en tant qu’unités législatives ou ordonnatrices de lois, tandis que les systèmes locaux servent d’unités appliquant ou imposant ces lois. Le gouvernement de Salvington est la suprême autorité judiciaire et coordonnatrice. 43:2.3 Bien que la fonction judiciaire suprême repose sur l’administration centrale d’un univers local, il existe deux tribunaux subsidiaires, mais majeurs, au siège de chaque constellation, le conseil Melchizédek et la cour du Très Haut. 43:2.4 Tous les problèmes judiciaires sont d’abord passés en revue par le conseil des Melchizédeks. Douze membres de cet ordre qui ont acquis, sur les planètes évolutionnaires et les mondes-sièges des systèmes, une certaine expérience nécessaire, ont le pouvoir d’examiner les preuves, de résumer les plaidoyers et de formuler des verdicts provisoires qui sont transmis à la cour du Très Haut, le Père régnant de la Constellation. Le département des affaires mortelles dans ce dernier tribunal est composé de sept juges qui sont tous des mortels ascendants. Plus vous vous élevez dans l’univers, plus vous êtes certain d’être jugé par des personnes de votre espèce. 43:2.5 Le corps législatif de la constellation est divisé en trois groupes. Le programme législatif d’une constellation prend sa source dans la chambre basse des ascendeurs, groupe présidé par un finalitaire et composé de mille mortels représentatifs. Chaque système nomme dix membres pour siéger à cette assemblée délibérative. Sur Édentia, ce corps n’est pas présentement au complet. 43:2.6 La chambre médiane des législateurs est issue des armées séraphiques et de leurs associés, d’autres enfants de l’Esprit-Mère de l’univers local. Ce groupe comporte cent membres nommés par les personnalités supervisantes qui président aux diverses activités de ces êtres alors qu’ils sont en fonction dans la constellation. 43:2.7 Le corps consultatif ou supérieur des législateurs de la constellation est la chambre des pairs – la chambre des Fils divins. Ce corps est choisi par les Très Hauts Pères et comprend dix membres. Seuls peuvent servir dans cette chambre haute des Fils spécialement expérimentés. C’est le groupe qui établit les faits, économise le temps et sert très efficacement les deux divisions inférieures de l’assemblée législative. 43:2.8 Le conseil conjugué des législateurs est composé de trois membres de chacune de ces branches distinctes de l’assemblée délibérative de la constellation, et il est présidé par le Très Haut junior régnant. Ce groupe sanctionne la forme définitive de tous les textes et autorise leur promulgation par les télédiffuseurs. L’approbation de cette commission suprême transforme les textes législatifs en lois du royaume ; ses décrets sont finals. Les promulgations législatives d’Édentia constituent la loi fondamentale de tout Norlatiadek. 3. Les Très Hauts de Norlatiadek 43:3.1 Les dirigeants des constellations appartiennent à l’ordre Vorondadek de filiation de l’univers local. Quand ils sont chargés d’un service actif dans l’univers comme dirigeants de constellations ou autrement, ces Fils sont connus sous le nom de Très Hauts, car ils incorporent la plus haute sagesse administrative doublée de la loyauté la plus clairvoyante et la plus intelligente parmi tous les ordres de Fils de Dieu de l’Univers Local. Leur intégrité personnelle et leur loyauté de groupe n’ont jamais été mises en question. Jamais aucune désaffection de Fils Vorondadeks ne s’est produite dans Nébadon. 43:3.2 Trois Fils Vorondadeks au moins sont commissionnés par Gabriel comme Très Hauts de chacune des constellations de Nébadon. Celui qui préside ce trio s’appelle le Père de la Constellation, et ses deux associés, le Très Haut sénior et le Très Haut junior. Un Père de Constellation règne pendant dix-mille années standard (environ 50 000 ans d’Urantia) après avoir servi comme associé junior et comme associé sénior pendant des périodes égales. 43:3.3 Le Psalmiste savait qu’Édentia était gouvernée par trois Pères de la Constellation et, en conséquence, parlait de leurs demeures au pluriel : « Il existe un fleuve dont les eaux réjouiront la cité de Dieu, le lieu le plus saint des tabernacles des Très Hauts. » 43:3.4 Tout au long des âges, la confusion a été grande sur Urantia au sujet des divers dirigeants de l’univers. Beaucoup d’éducateurs ultérieurs confondirent leurs vagues déités tribales mal définies avec les Pères Très Hauts. Plus tard encore, les Hébreux fusionnèrent tous les dirigeants célestes en une Déité composite. Un éducateur comprit que les Très Hauts n’étaient pas les Dirigeants Suprêmes, car il dit : « Celui qui habite la demeure secrète du Très Haut logera à l’ombre du Tout-Puissant. » Dans les annales d’Urantia, il est parfois très difficile de savoir exactement qui l’on désigne par le terme « Très Haut ». Mais Daniel comprenait fort bien ces questions. Il dit « Le Très Haut règne dans le royaume des hommes et le donne à qui il veut. » 43:3.5 Les Pères des Constellations s’occupent très peu des individus habitant une planète, mais sont étroitement associés aux fonctions législatives des constellations, qui intéressent de si près chaque race mortelle et chaque groupe national des mondes habités. 43:3.6 Bien que le régime de la constellation s’interpose entre vous et l’administration de l’univers, vous prêteriez assez peu attention, en temps ordinaire et en tant qu’individus au gouvernement de votre constellation. Votre intérêt se concentrerait principalement sur votre système local, Satania. Mais Urantia est temporairement en liaison étroite avec les dirigeants de sa constellation à cause de certaines conditions systémiques et planétaires provenant de la rébellion de Lucifer. 43:3.7 Lors de la sécession de Lucifer, les Très Hauts d’Édentia se sont emparés de certaines phases de l’autorité planétaire sur les mondes rebelles. Ils ont continué à exercer ce pouvoir, et les Anciens des Jours ont confirmé depuis longtemps qu’ils pouvaient assumer le contrôle de ces mondes indociles. Les Très Hauts continueront certainement d’exercer cette juridiction, qu’ils ont assumée, tant que Lucifer vivra. Dans un système loyal, une grande partie de cette autorité serait normalement dévolue au Souverain du Système. 43:3.8 Mais Urantia est encore reliée spécialement aux Très Hauts d’une autre manière. Pendant que Micaël, le Fils Créateur, effectuait sa mission terminale d’effusion, le successeur de Lucifer ne disposait pas d’une pleine autorité dans le système local, et toutes les affaires d’Urantia concernant l’effusion de Micaël furent immédiatement supervisées par les Très Hauts de Norlatiadek. 4. Le mont de l’assemblée – le Fidèle des Jours 43:4.1 Le très saint mont de l’assemblée est le lieu d’habitation du Fidèle des Jours, le représentant de la Trinité du Paradis en fonction sur Édentia. 43:4.2 Ce Fidèle des Jours est un Fils de la Trinité du Paradis qui séjourne sur Édentia comme représentant personnel d’Emmanuel depuis la création de ce monde-siège. Le Fidèle des Jours se tient toujours à la droite des Pères de la Constellation pour les conseiller, mais ne formule jamais d’avis à moins d’en avoir été prié. Les Fils élevés du Paradis ne participent jamais à la conduite des affaires d’un univers local, sauf sur la demande des dirigeants en exercice de ces domaines. Mais un Fidèle des Jours est pour les Très Hauts d’une constellation tout ce qu’est un Union des Jours pour un Fils Créateur. 43:4.3 La résidence du Fidèle des Jours d’Édentia est, pour la constellation, le centre du système paradisiaque de communications et de renseignements extérieurs à l’univers local. Ces Fils de la Trinité avec leurs états-majors de personnalités du Paradis et de Havona, en liaison avec l’Union des Jours superviseur, sont en communication directe et constante avec les membres de leur ordre dans tous les univers, même jusqu’à Havona et au Paradis. 43:4.4 Le très saint mont est délicieusement beau et merveilleusement agencé, mais la résidence effective du Fils du Paradis est modeste en comparaison de la demeure centrale des Très Hauts et de son entourage de soixante-dix édifices composant l’habitat des Fils Vorondadeks. Ces installations sont exclusivement résidentielles et entièrement séparées des vastes bâtiments administratifs du quartier général où se règlent les affaires de la constellation. 43:4.5 La résidence du Fidèle des Jours sur Édentia est située au nord des demeures des Très Hauts et elle est connue sous le nom de « mont de l’assemblée du Paradis ». Sur ces hautes terres consacrées, les mortels ascendants se réunissent périodiquement pour écouter ce Fils du Paradis raconter le long et fascinant voyage des mortels en progrès qui passent par le milliard de mondes de perfection de Havona pour atteindre les délices indescriptibles du Paradis. Et c’est au cours de ces réunions spéciales sur le Mont de l’assemblée que les mortels morontiels font plus complètement connaissance avec les divers groupes de personnalités originaires de l’univers central. 43:4.6 Quand le traitre Lucifer, jadis souverain de Satania, annonça ses prétentions à une juridiction plus étendue, il cherchait à évincer tous les ordres supérieurs de filiation dans le plan gouvernemental de l’univers local. Il en avait l’intention dans son cœur en disant : « J’exalterai mon trône au-dessus des Fils de Dieu ; je siégerai sur le mont de l’assemblée au nord ; je serai semblable au Très Haut. » 43:4.7 Les cent Souverains de Systèmes se rendent périodiquement aux conclaves d’Édentia qui délibèrent sur le bien-être de la constellation. Après la rébellion de Satania, les archirebelles de Jérusem gardèrent l’habitude de participer à ces conseils d’Édentia comme ils l’avaient fait précédemment. Aucun moyen ne fut trouvé pour mettre fin à cette arrogante effronterie. Il fallut attendre que Micaël eût terminé son effusion sur Urantia et assumé ensuite la souveraineté illimitée sur tout Nébadon. Depuis ce jour-là, jamais ces instigateurs de péché ne furent autorisés à siéger avec les loyaux Souverains de Systèmes dans les conseils d’Édentia. 43:4.8 Les éducateurs des anciens temps connaissaient ces choses comme le montrent les annales : « Et il y eut un jour où les Fils de Dieu vinrent se présenter devant les Très Hauts, et Satan vint aussi et se présenta parmi eux. » Ceci est l’énoncé d’un fait sans qu’il y ait lieu de se préoccuper de son rapport avec le texte où il se trouve. 43:4.9 Depuis le triomphe du Christ, tout Norlatiadek est en passe d’être débarrassé du péché et des rebelles. Quelque temps avant la mort physique de Micaël, Satan, l’associé de Lucifer déchu, tenta d’assister à un tel conclave d’Édentia, mais le sentiment des autres membres contre les archirebelles s’était concrétisé au point que les portes de la sympathie leur furent à peu près universellement fermées, et que les adversaires de Satania ne trouvèrent aucun emplacement où se tenir. Quand nulle porte n’est ouverte pour recevoir le mal, il n’existe aucune occasion d’entretenir le péché. Les portes des cœurs de tout Édentia se fermèrent devant Satan. Il fut unanimement rejeté par les Souverains de Système assemblés, et c’est alors que le Fils de l’Homme « vit Satan tomber du ciel comme un éclair ». 43:4.10 Depuis la rébellion de Lucifer, un nouveau bâtiment a été construit près de la résidence du Fidèle des Jours. Cet édifice temporaire est le siège de l’agent de liaison du Très Haut, qui opère en contact étroit avec le Fils du Paradis comme consultant auprès du gouvernement de la constellation pour toutes les questions concernant la politique et l’attitude de l’ordre des Jours envers le péché et la rébellion. 5. Les Pères d’Édentia depuis la rébellion de Lucifer 43:5.1 La permutation des Très Hauts sur Édentia fut suspendue lors de la rébellion de Lucifer. Ceux qui nous dirigent aujourd’hui sont les mêmes qui étaient en place alors. Nous en inférons que ces dirigeants ne seront pas changés avant que le cas de Lucifer et de ses associés ait été définitivement réglé. 43:5.2 Le présent gouvernement de la constellation a toutefois été élargi pour inclure douze Fils de l’ordre des Vorondadeks. Ces douze sont les suivants : 43:5.3 1. Le Père de la Constellation. Le Très Haut, présentement dirigeant de Norlatiadek porte le numéro 617 318 de la série Vorondadek de Nébadon. Il a passé par le service de beaucoup de constellations dans notre univers local avant de prendre ses responsabilités sur Édentia. 43:5.4 2. Le Très Haut associé sénior. 43:5.5 3. Le Très Haut associé junior. 43:5.6 4. Le Très Haut consultant, le représentant personnel de Micaël depuis que ce dernier a atteint le statut de Maitre Fils. 43:5.7 5. Le Très Haut exécutif, le représentant personnel de Gabriel, toujours stationné sur Édentia depuis la rébellion de Lucifer. 43:5.8 6. Le Très Haut chef des observateurs planétaires, le directeur des observateurs Vorondadeks stationnés sur les mondes isolés de Satania. 43:5.9 7. Le Très Haut arbitre, le Fils Vorondadek chargé de régler tous les problèmes consécutifs à la rébellion à l’intérieur de la constellation. 43:5.10 8. Le Très Haut administrateur d’urgence, le Fils Vorondadek chargé d’adapter les lois d’exception de la législature de Norlatiadek aux mondes de Satania isolés par la rébellion. 43:5.11 9. Le Très Haut médiateur, le Fils Vorondadek chargé d’harmoniser les ajustements spéciaux de l’effusion sur Urantia avec l’administration courante de la constellation. Les fonctions de ce Fils sont rendues nécessaires par la présence sur Urantia de certaines activités archangéliques et de nombreux autres ministères irréguliers, ainsi que par les activités spéciales des Brillantes Étoiles du Soir sur Jérusem. 43:5.12 10. Le Très Haut juge-avocat, chef du tribunal d’exception consacré au règlement des problèmes spéciaux de Norlatiadek résultant de la confusion consécutive à la rébellion de Satania. 43:5.13 11. Le Très Haut agent de liaison, le Fils Vorondadek attaché aux dirigeants d’Édentia, mais commissionné comme conseiller spécial auprès du Fidèle des Jours au sujet de la meilleure ligne de conduite à suivre pour traiter les problèmes concernant la rébellion et la déloyauté des créatures. 43:5.14 12. Le Très Haut directeur, président du conseil d’urgence sur Édentia. Toutes les personnalités affectées à Norlatiadek à cause de l’insurrection de Satania constituent le conseil d’urgence, et le délégué qui les préside est un Fils Vorondadek extraordinairement expérimenté. 43:5.15 Tout ceci ne tient pas compte des nombreux Vorondadeks représentants des constellations de Nébadon, et d’autres qui résident aussi sur Édentia. 43:5.16 Depuis la rébellion de Lucifer, les Pères d’Édentia ont toujours apporté des soins spéciaux à Urantia et aux autres mondes isolés de Satania. Le prophète de jadis reconnaissait la main directrice des Pères de la Constellation dans les affaires des nations en disant : « Lorsque le Très Haut partagea leur héritage entre les nations, lorsqu’il sépara les Fils d’Adam, il fixa les limites des peuples. » 43:5.17 Tout monde isolé ou mis en quarantaine héberge un Fils Vorondadek agissant comme observateur. Il ne participe pas à l’administration planétaire, sauf quand le Père de la Constellation lui ordonne d’intervenir dans les affaires des nations. Actuellement, c’est ce Très Haut observateur qui « règne dans les royaumes des hommes ». Urantia est l’un des mondes isolés de Norlatiadek, et un observateur Vorondadek a toujours été stationné sur la planète depuis la trahison de Caligastia. Lorsque Machiventa Melchizédek exerça son ministère sous forme semi-matérielle sur Urantia, il rendit un respectueux hommage au Très Haut observateur, alors en mission, comme il est écrit : « Et Melchizédek, roi de Salem, était le prêtre du Très Haut. » Melchizédek révéla les relations de ce Très Haut observateur à Abraham lorsqu’il dit : « Et béni soit le Très Haut qui a livré tes ennemis entre tes mains. » 6. Les jardins de Dieu 43:6.1 Les capitales des systèmes sont surtout embellies par des constructions matérielles et minérales, tandis que le siège de l’univers reflète davantage la gloire spirituelle, mais les capitales des constellations représentent l’apogée des activités morontielles et des ornementations vivantes. Sur les mondes-sièges des constellations, on utilise plus généralement les ornements vivants, et c’est cette prépondérance de la vie – l’art de la botanique – qui les fait appeler « les jardins de Dieu ». 43:6.2 La moitié environ d’Édentia est consacrée aux jardins exquis des Très Hauts, et ces jardins comptent parmi les créations morontielles les plus enchanteresses de l’univers local. Cela explique pourquoi les endroits extraordinairement beaux des mondes habités de Norlatiadek sont si souvent appelés « le jardin d’Éden ». 43:6.3 Le sanctuaire d’adoration des Très Hauts occupe une place centrale dans ce jardin magnifique. Le Psalmiste devait en savoir quelque chose lorsqu’il écrivit : « Qui montera sur la montagne des Très Hauts ? Qui se tiendra en ce lieu saint ? Celui qui a les mains nettes et le cœur pur, celui qui n’a pas élevé son âme vers la vanité ni juré pour tromper. » Chaque dixième jour de détente, c’est à ce sanctuaire que les Très Hauts conduisent tout Édentia à l’adoration contemplatrice de Dieu le Suprême. 43:6.4 Les mondes architecturaux jouissent de dix formes de vie d’ordre matériel. Sur Urantia, il y a la vie végétale et la vie animale, mais, sur un monde tel qu’Édentia, les ordres matériels de la vie comportent dix divisions. Si vous pouviez voir ces dix divisions de la vie sur Édentia, vous classeriez rapidement les trois premières comme végétales et les trois dernières comme animales, mais vous seriez totalement incapables de comprendre la nature des quatre groupes intermédiaires de formes de vie prolifiques et séduisantes. 43:6.5 Même la vie nettement animale est y très différente de celle des mondes évolutionnaires, si différente qu’il est tout à fait impossible de décrire à un mental mortel le caractère exceptionnel et la nature affectueuse de ces créatures qui ne parlent pas. Il existe des milliers et des milliers de créatures vivantes que votre imagination ne saurait se représenter. Toute la création animale d’Édentia est d’un ordre entièrement différent des espèces animales grossières des planètes évolutionnaires. Mais toute cette vie animale est fort intelligente et délicieusement serviable, et toutes les diverses espèces manifestent une gentillesse surprenante et un attachement touchant. Il n’y a pas de créatures carnivores sur les mondes architecturaux ; il n’existe rien sur tout Édentia qui puisse effrayer un être vivant. 43:6.6 La vie végétale y est aussi très différente de celle d’Urantia ; elle comporte à la fois des variétés matérielles et des variétés morontielles. Les pousses matérielles ont une coloration verte caractéristique, mais les équivalents morontiels de la vie végétale ont une couleur violette ou d’orchidée, avec des teintes et des reflets variables. Cette végétation morontielle est purement une croissance d’énergie ; quand on la mange, elle ne laisse pas de résidus. 43:6.7 Étant dotés de dix divisions de vie physique, sans mentionner les variantes morontielles, ces mondes architecturaux offrent d’immenses possibilités pour embellir biologiquement les paysages ainsi que les structures matérielles et morontielles. Les artisans célestes dirigent les spornagias indigènes dans cette vaste œuvre de décoration botanique et d’embellissement biologique. Vos artistes sont obligés de recourir à de la peinture inerte et à du marbre sans vie pour décrire les concepts, mais les artisans célestes et les univitatias emploient plus fréquemment des matériaux vivants pour représenter leurs idées et fixer leurs idéaux. 43:6.8 Si vous aimez les fleurs, les arbustes et les arbres d’Urantia, alors vous réjouirez vos yeux de la beauté botanique et de la grandeur florale des jardins célestes d’Édentia. Malheureusement, mes facultés de description sont impuissantes à transmettre au mental mortel un concept adéquat de ces beautés des mondes célestes. En vérité, l’œil n’a jamais vu des gloires semblables à celles qui attendent votre arrivée sur ces mondes de l’aventure de l’ascension des mortels. 7. Les univitatias 43:7.1 Les univitatias sont les citoyens permanents d’Édentia et de ses mondes associés ; tous les sept-cent-soixante-dix mondes qui entourent le siège de la constellation étant placés sous leur supervision. Ces enfants du Fils Créateur et de l’Esprit Créatif sont projetés sur un plan d’existence intermédiaire entre le matériel et le spirituel, mais ne sont pas des créatures morontielles. Les natifs de chacune des soixante-dix sphères majeures d’Édentia possèdent des formes visibles différentes. Quant aux formes morontielles des mortels, elles sont mises au diapason de l’échelle ascendante des univitatias à chaque changement de sphère de résidence, à mesure que ces ascendeurs passent successivement du monde numéro un au monde numéro soixante-dix. 43:7.2 Spirituellement, les univitatias sont tous semblables ; intellectuellement, ils varient comme les mortels ; par leur forme, ils se rattachent beaucoup à l’état d’existence morontiel ; ils sont créés pour fonctionner en soixante-dix ordres différents de personnalité. Chacun de ces ordres d’univitatias présente dix variantes majeures d’activité intellectuelle, et chacun de ces types intellectuels variés régit les écoles spéciales éducatives et culturelles de socialisation progressive dans la pratique ou le métier sur l’un des dix satellites qui tournent autour de chacun des mondes majeurs d’Édentia. 43:7.3 Ces sept-cents mondes mineurs sont des sphères techniques d’instruction pratique concernant les opérations de l’univers local tout entier, et elles sont ouvertes à toutes les classes d’êtres intelligents. Ces écoles, où l’on enseigne des spécialités et des connaissances techniques, ne sont pas organisées exclusivement pour les mortels ascendants, bien que les étudiants morontiels constituent de loin le groupe le plus nombreux de ceux qui les fréquentent. Quand on vous reçoit sur l’un des soixante-dix mondes majeurs de culture sociale, on vous donne en même temps l’autorisation de visiter les dix satellites qui l’entourent. 43:7.4 Dans les diverses colonies de courtoisie, les mortels ascendeurs morontiels prédominent parmi les directeurs de la rétrospection, mais les univitatias représentent le groupe le plus important associé au corps des artisans célestes de Nébadon. Dans tout Orvonton, nul être extérieur à Havona, sauf les abandontaires d’Uversa, ne peut rivaliser avec les univitatias sous les rapports de l’habileté artistique, de l’adaptabilité sociale et de l’intelligence coordonnatrice. 43:7.5 Ces citoyens de la constellation ne sont pas effectivement membres du corps des artisans, mais ils travaillent librement avec tous les groupes et contribuent beaucoup à faire des mondes des constellations les sphères principales pour la réalisation des magnifiques possibilités artistiques de la culture de transition. Les univitatias n’opèrent pas au-delà des mondes-sièges des constellations. 8. Les mondes éducatifs d’Édentia 43:8.1 Édentia et les sphères qui l’entourent ont reçu une dotation physique à peu près parfaite. Elles ne sauraient guère atteindre la grandeur spirituelle des sphères de Salvington, mais elles dépassent de loin les gloires des mondes éducatifs de Jérusem. Toutes les sphères d’Édentia sont activées directement par les courants universels de l’espace, et leurs énormes systèmes de pouvoir, aussi bien matériels que morontiels, sont supervisés et répartis avec compétence par les centres de pouvoir des constellations, assistés par un corps qualifié de Maitres Contrôleurs Physiques et de Superviseurs de Pouvoir Morontiel. 43:8.2 Le temps passé sur les soixante-dix mondes éducatifs de culture morontielle transitionnelle, associé à l’âge de l’ascension mortelle sur Édentia, représente la période la plus calme de la carrière d’un mortel ascendant jusqu’à ce qu’il ait atteint le statut de finalitaire ; c’est vraiment la vie morontielle typique. Vous êtes réaccordés chaque fois que vous passez d’un monde culturel majeur à un autre, mais vous conservez le même corps morontiel sans jamais perdre conscience de votre personnalité. 43:8.3 Votre séjour sur Édentia et ses sphères associées se passera principalement à maitriser l’éthique de groupe, le secret des relations agréables et profitables entre les divers ordres universels et superuniversels de personnalités intelligentes. 43:8.4 Sur les mondes des maisons, vous avez parachevé l’unification de la personnalité mortelle évoluante ; sur la capitale du système, vous avez obtenu la citoyenneté de Jérusem et accepté volontairement de soumettre votre moi aux disciplines des activités de groupe et des entreprises coordonnées ; maintenant, sur les mondes éducatifs des constellations, il vous faut parvenir à la réalisation sociale de votre personnalité morontielle évoluante. Cette acquisition de la culture céleste consiste à apprendre à : 43:8.5 1. Vivre heureux et travailler efficacement avec dix compagnons morontiens divers, en même temps que dix groupes semblables sont associés en compagnies de cent, et ensuite fédérés en un corps de mille compagnons. 43:8.6 2. Habiter joyeusement et coopérer sincèrement avec dix univitatias qui, s’ils sont intellectuellement similaires aux êtres morontiels, sont très différents sous tous les autres rapports. Et il vous faut ensuite fonctionner avec ce groupe de dix pendant qu’il se coordonne avec dix autres familles, lesquelles sont à leur tour confédérées en un corps de mille univitatias. 43:8.7 3. Réussir à vous adapter simultanément à vos compagnons morontiens et à ces hôtes univitatias. Acquérir l’aptitude à coopérer volontairement et efficacement avec les êtres de votre ordre en association étroite de travail avec un groupe de créatures intelligentes quelque peu dissemblables. 43:8.8 4. Pendant que vous fonctionnez ainsi socialement avec des êtres qui vous sont semblables et dissemblables, établir une harmonie intellectuelle et un ajustement professionnel avec vos deux groupes d’associés. 43:8.9 5. En même temps que vous parvenez à une socialisation satisfaisante de la personnalité sur les plans intellectuel et professionnel, perfectionner davantage votre aptitude à vivre en contact intime avec des êtres semblables et légèrement dissemblables avec une irritabilité toujours moindre et un ressentiment toujours décroissant. Les directeurs de la rétrospection contribuent beaucoup à ce dernier résultat par leurs activités de jeux en groupes. 43:8.10 6. Ajuster toutes ces techniques de socialisation variées de manière à faire progresser la coordination de la carrière d’ascension au Paradis. Accroitre votre perspicacité de compréhension de l’univers en rehaussant l’aptitude à saisir l’éternelle signification des buts, cachée dans ces activités d’espace-temps apparemment insignifiantes. 43:8.11 7. Enfin, porter à leur apogée toutes ces procédures de multisocialisation concurremment avec l’élévation de la clairvoyance spirituelle telle qu’elle se rattache à l’augmentation de toutes les phases de la dotation personnelle par des associations spirituelles de groupes et par la coordination morontielle. Intellectuellement, socialement et spirituellement, lorsque deux créatures morales emploient la technique de l’association, elles font plus que doubler leur potentiel personnel d’aboutissement universel ; c’est plutôt au quadruple qu’elles portent leur réussite et leurs possibilités d’accomplissement. 43:8.12 Nous avons dépeint la socialisation d’Édentia comme une association d’un mortel morontiel avec un groupe familial d’univitatias composé de dix individus intellectuellement dissemblables, doublée d’une association similaire avec dix compagnons morontiens. Mais, sur les sept premiers mondes majeurs, un seul mortel ascendant vit avec dix univitatias. Sur le second groupe de sept mondes majeurs, deux mortels demeurent avec chaque groupe indigène de dix, et ainsi de suite jusqu’au dernier groupe de sept mondes majeurs, où dix êtres morontiels vivent avec dix univitatias. À mesure que vous apprendrez à mieux établir vos relations sociales avec les univitatias, vous mettrez en pratique votre éthique améliorée dans vos relations avec les compagnons morontiels qui progressent avec vous. 43:8.13 En tant que mortels ascendants, vous aurez plaisir à séjourner sur les mondes de progrès d’Édentia, mais vous ne ressentirez pas ce frisson de satisfaction personnelle qui caractérise votre contact initial avec les affaires de l’univers sur les mondes-sièges du système, ou votre dernier contact d’adieu à ces réalités sur les mondes finals de la capitale de l’univers. 9. La citoyenneté sur Édentia 43:9.1 Après être sortis diplômés du monde numéro soixante-dix, les mortels ascendants établissent leur résidence sur Édentia. Maintenant, pour la première fois, les ascendeurs assistent aux « assemblées du Paradis » et entendent l’histoire de leur vaste carrière décrite par le Fidèle des Jours, la première des Personnalités Suprêmes issues de la Trinité qu’ils aient rencontrée. 43:9.2 Ce séjour entier sur les mondes éducatifs de la constellation, avec son apogée dans la citoyenneté d’Édentia, est une période de vraie félicité céleste pour les progresseurs morontiels. Pendant tout votre séjour sur les mondes des systèmes, vous avez évolué du stade presque animal à celui de créature morontielle ; vous étiez plus matériels que spirituels. Sur les sphères de Salvington, vous évoluerez du stade de créature morontielle au statut de véritable esprit ; vous serez plus spirituels que matériels. Mais, sur Édentia, les ascendeurs se trouvent à mi-chemin entre leur état antérieur et leur état futur, à mi-chemin de leur passage d’animal évolutionnaire à celui d’esprit ascendant. Durant tout le temps que vous passerez sur Édentia et ses mondes, vous êtes « semblables aux anges » ; vous progressez constamment, mais en conservant toujours un statut morontiel général et typique. 43:9.3 Ce séjour d’un ascendeur dans la constellation est la période la plus uniforme et la plus stable de toute sa carrière de progression morontielle. Cette expérience constitue l’entrainement des ascendeurs en ce qui concerne la socialisation préspirituelle. Elle est analogue à l’expérience spirituelle préfinalitaire dans Havona et à l’entrainement préabsonite au Paradis. 43:9.4 Sur Édentia, les ascendeurs mortels sont principalement occupés à leurs affectations sur les soixante-dix mondes progressifs des univitatias. Ils servent aussi en des capacités diverses sur Édentia elle-même, principalement en liaison avec le programme de la constellation concernant le bien-être des groupes, des races, des nations et des planètes. Les Très Hauts s’occupent relativement peu de l’avancement individuel sur les mondes habités ; ils règnent dans les royaumes des hommes plutôt que dans le cœur des individus. 43:9.5 Et, le jour où vous serez prêt à quitter Édentia pour la carrière de Salvington, vous ferez une pause et vous contemplerez rétrospectivement l’une de vos plus belles et plus reposantes périodes de formation en deçà du Paradis. Mais la gloire de tout cela ne cessera d’augmenter avec les progrès de votre ascension vers l’intérieur et de votre capacité accrue d’une appréciation élargie des significations divines et des valeurs spirituelles. 43:9.6 [Parrainé par Malavatia Melchizédek.] Fascicule 44. Les artisans célestes 44:0.1 Parmi les colonies de courtoisie des divers mondes-sièges divisionnaires ou universels, on peut trouver un ordre unique de personnalités composites dénommé les artisans célestes. Ces êtres sont les maitres artistes et artisans des royaumes morontiels et des royaumes spirituels inférieurs. Ils sont les esprits et semi-esprits occupés à l’ornementation morontielle et l’embellissement spirituel. Ces artisans sont répandus dans tout le grand univers – sur les mondes-sièges des superunivers, des univers locaux, des constellations et des systèmes, ainsi que sur toutes les sphères ancrées dans la lumière et la vie ; mais leur principal domaine d’activité se trouve dans les constellations, et spécialement sur les 770 mondes qui entourent chacune de leurs sphères-sièges. 44:0.2 Bien que leur travail soit presque incompréhensible à un mental matériel, il doit être possible de comprendre que les mondes morontiels et spirituels ne sont dépourvus ni d’arts supérieurs ni de culture céleste. 44:0.3 Les artisans célestes ne sont pas créés comme tels. Ils forment un corps de recrues sélectionnées, composé de certaines personnalités éducatrices nées dans l’univers central et de leurs élèves volontaires choisis parmi les mortels ascendants et parmi de nombreux autres groupes célestes. Le corps enseignant originel de ces artisans fut jadis désigné par l’Esprit Infini en collaboration avec les Sept Maitres Esprits. Il se composait alors de sept-mille instructeurs de Havona, mille pour chacune des sept divisions d’artisans. Avec ce noyau pour point de départ, ce brillant corps d’ouvriers expérimentés dans les affaires morontielles et spirituelles s’est développé au cours des âges. 44:0.4 Toute personnalité morontielle ou toute entité spirituelle, c’est-à-dire tout être ayant un rang inférieur à celui de filiation divine innée, est éligible au corps des artisans célestes. Après leur arrivée sur les mondes morontiels, les fils ascendants de Dieu venant des sphères évolutionnaires peuvent demander à être admis au corps des artisans. S’ils sont suffisamment doués, ils peuvent choisir cette carrière pour une période plus ou moins longue, mais nul ne peut s’enrôler chez les artisans célestes pour moins d’un millénaire, mille ans du temps superuniversel. 44:0.5 Tous les artisans célestes sont inscrits au siège du superunivers, mais dirigés par des superviseurs de la morontia sur les capitales des univers locaux. Le corps central des superviseurs de la morontia, fonctionnant sur le monde-siège de chaque univers local, les commissionne dans les sept divisions majeures d’activités suivantes : 44:0.6 1. Les musiciens célestes. 44:0.7 2. Les reproducteurs célestes. 44:0.8 3. Les bâtisseurs divins. 44:0.9 4. Les enregistreurs de pensée. 44:0.10 5. Les manipulateurs d’énergie. 44:0.11 6. Les modélistes et les embellisseurs. 44:0.12 7. Les ouvriers d’harmonie. 44:0.13 Les instructeurs originels de ces sept groupes sont tous venus des mondes parfaits de Havona, et Havona contient les modèles, les études de modèles, pour toutes les phases et formes d’activités artistiques de l’esprit. La tâche d’entreprendre le transfert des arts de Havona sur les mondes de l’espace est gigantesque, mais la technique et l’exécution des artisans célestes se sont améliorées d’âge en âge. Comme dans toutes les phases de la carrière ascendante, les êtres les plus avancés dans une voie donnée sont priés de communiquer constamment leurs connaissances et leur compétence supérieures à leurs compagnons moins favorisés. 44:0.14 C’est sur les mondes des maisons que vous jetterez votre premier coup d’œil sur les arts transplantés de Havona. Leur beauté et votre appréciation de leur beauté ne cesseront de s’élever et de croitre en éclat jusqu’à ce que vous arriviez dans les salles spirituelles de Salvington, où vous verrez les chefs-d’œuvre inspirants des artistes célestes des royaumes de l’esprit. 44:0.15 Toutes ces activités des mondes morontiels et spirituels sont réelles. Le monde de l’esprit est une réalité pour les êtres d’esprit et c’est le monde matériel qui est le plus irréel pour nous. Les esprits de forme supérieure passent librement à travers la matière ordinaire. Les esprits élevés ne réagissent à rien de matériel, sauf à certaines énergies fondamentales. Pour les êtres matériels, le monde de l’esprit est plus ou moins irréel. Pour les êtres d’esprit le monde matériel est à peu près entièrement irréel, une simple ombre de la substance des réalités spirituelles. 44:0.16 Si je me sers exclusivement de la vision spirituelle, je ne peux pas percevoir le bâtiment dans lequel ce récit est traduit et enregistré. Un Conseiller Divin d’Uversa qui se trouve à mes côtés perçoit encore moins bien ces créations purement matérielles. Pour discerner comment ces structures matérielles vous apparaissent, nous en contemplons une contrepartie spirituelle présentée à notre mental par l’un des transformateurs d’énergie qui nous accompagnent. Ce bâtiment matériel n’est pas exactement réel pour un être spirituel comme moi, mais bien entendu il est très réel et très utile pour des mortels matériels. 44:0.17 Certains types d’êtres sont capables de discerner à la fois la réalité des créatures du monde spirituel et du monde matériel. Appartiennent à cette classe ceux que l’on appelle les quatrièmes créatures des Servites de Havona et les quatrièmes créatures des conciliateurs. Les anges du temps et de l’espace sont doués de l’aptitude à discerner aussi bien les êtres spirituels que les êtres matériels. Après leur délivrance de la vie charnelle, les mortels ascendants ont le même don. Lorsqu’ils ont atteint les niveaux spirituels supérieurs, les ascendeurs sont capables de reconnaitre les réalités matérielles, morontielles et spirituelles. 44:0.18 J’ai également ici auprès de moi un Puissant Messager d’Uversa, un ascendeur fusionné avec son Ajusteur. Il fut jadis un mortel et vous perçoit tels que vous êtes ; en même temps, il peut voir le Messager Solitaire, le supernaphin et les autres êtres célestes présents. Au cours de votre longue ascension, vous ne perdrez jamais le pouvoir de reconnaitre vos associés des existences antérieures. Au cours de votre progression intérieure ascendante sur l’échelle de la vie, vous conserverez toujours l’aptitude à reconnaitre les compagnons de vos niveaux d’expérience antérieurs et inférieurs, et à fraterniser avec eux. Chaque résurrection ou nouveau transfert ajoutera un groupe supplémentaire d’êtres spirituels à votre champ de vision, sans vous priver le moins du monde de votre aptitude à reconnaitre vos amis et compagnons des états précédents. 44:0.19 Tout cela est rendu possible dans l’expérience des mortels ascendants par l’action de l’Ajusteur de Pensée intérieur, lequel conserve les duplicata des expériences de votre vie entière. Vous êtes ainsi assuré de ne jamais perdre un attribut valable après l’avoir une fois possédé, et cet Ajusteur vous accompagne d’un bout à l’autre, comme une partie de vous, et en réalité comme étant vous. 44:0.20 Mais je désespère presque de parvenir à communiquer au mental matériel la nature du travail des artisans célestes. Il me faut constamment travestir la pensée et déformer le langage pour tenter de dérouler, devant le mental humain, la réalité des opérations morontielles et des phénomènes quasi spirituels. Votre compréhension est incapable de saisir et votre langage est inapte à transmettre la signification, la valeur et les rapports de ces activités semi-spirituelles. Je poursuis toutefois mon effort pour illuminer le mental humain au sujet de ces réalités, tout en comprenant pleinement qu’il m’est totalement impossible de bien réussir dans une telle entreprise. 44:0.21 Je ne puis faire mieux que d’esquisser un grossier parallèle entre les activités matérielles des mortels et les multiples fonctions des artisans célestes. Si l’art et les accomplissements culturels des races d’Urantia étaient plus évolués, je pourrais aller d’autant plus loin dans mes efforts pour projeter le mental humain vers les choses morontielles en partant de la matière. Je ne peux guère espérer faire mieux que d’insister sur le fait que ces opérations des mondes morontiels et spirituels sont bien réelles. 1. Les musiciens célestes 44:1.1 Avec le champ limité de l’ouïe humaine, vous ne pouvez guère concevoir les mélodies morontielles. Elles comportent même une gamme matérielle de sons magnifiques non reconnus par le sens humain de l’ouïe, sans mentionner l’étendue inconcevable des harmonies morontielles et spirituelles. Les mélodies spirituelles ne sont pas des ondes sonores matérielles, mais des pulsations spirituelles reçues par les esprits des personnalités célestes. L’amplitude de portée, l’âme de l’expression et la grandeur d’exécution associées à la mélodie des sphères dépassent totalement la compréhension humaine. J’ai vu des millions d’êtres ravis et maintenus dans une extase sublime pendant que la mélodie du royaume se déroulait sur les circuits célestes d’énergie spirituelle. Ces merveilleuses mélodies peuvent être télédiffusées jusqu’aux confins d’un univers. 44:1.2 Les musiciens célestes s’occupent de produire des harmonies célestes en manipulant les forces spirituelles suivantes : 44:1.3 1. Les sons spirituels – les interruptions du courant d’esprit. 44:1.4 2. La lumière spirituelle – le contrôle et l’intensification de la lumière des royaumes morontiels et spirituels. 44:1.5 3. Les interférences énergétiques – la mélodie produite par l’emploi habile des énergies morontielles et spirituelles. 44:1.6 4. Les symphonies colorées – la mélodie des tons morontiels colorés, qui compte parmi les plus hauts accomplissements des musiciens célestes. 44:1.7 5. L’harmonie des esprits associés – l’arrangement et l’association de divers ordres d’êtres morontiels et spirituels produisent des mélodies majestueuses. 44:1.8 6. La mélodie de la pensée – la méditation de pensées spirituelles peut être perfectionnée au point d’éclater en mélodies de Havona. 44:1.9 7. La musique de l’espace – par un accord approprié, on peut recueillir les mélodies d’autres sphères sur les circuits de télédiffusion de l’univers. 44:1.10 Il existe plus de cent-mille modes différents pour manipuler les sons, les couleurs et les énergies ; ce sont des techniques analogues à l’emploi des instruments de musique par les hommes. Les figures d’ensemble de danse des créatures matérielles représentent indubitablement une tentative rudimentaire et caricaturale pour se rapprocher de l’harmonie céleste qui met en place les êtres et les personnalités. Le mécanisme sensoriel des corps matériels ne reconnait pas les cinq autres formes de mélodies morontielles. 44:1.11 L’harmonie, musique des sept niveaux d’associations mélodieuses, est le code universel de communication de l’esprit. La musique telle que la comprennent les mortels d’Urantia atteint son expression la plus haute dans les écoles de Jérusem, quartier général de votre système, où l’on enseigne les harmonies du son à des êtres semi-matériels. Les mortels ne réagissent pas aux autres formes de mélodies morontielles et d’harmonies célestes. 44:1.12 L’appréciation de la musique sur Urantia est à la fois physique et spirituelle ; et vos musiciens humains ont fait beaucoup pour élever le gout musical depuis la barbarie monotone de vos ancêtres primitifs jusqu’aux niveaux supérieurs d’appréciation des sons. C’est beaucoup avec les muscles matériels, et peu avec le mental et l’esprit, que la plupart des mortels d’Urantia réagissent à la musique, mais l’appréciation de la musique s’est constamment améliorée au cours des trente-cinq derniers millénaires. 44:1.13 La mélodie syncopée représente une transition entre la monotonie musicale des hommes primitifs et l’harmonie pleine d’expression des mélodies significatives de vos plus récents musiciens. Ces types primitifs de rythmes stimulent les réactions des sens qui aiment la musique, sans entrainer l’exercice des pouvoirs intellectuels supérieurs appréciateurs d’harmonies ; ils offrent donc généralement plus d’attrait pour les individus non murs ou spirituellement indolents. 44:1.14 La meilleure musique d’Urantia n’est qu’un écho fugitif des magnifiques accords entendus par les associés célestes de vos musiciens qui n’ont conservé que quelques mesures de ces harmonies de forces morontielles enregistrées sous la forme de mélodies musicales d’harmoniques sonores. La musique morontio-spirituelle emploie assez souvent les sept modes d’expression et de reproduction, si bien que le mental humain se trouve prodigieusement handicapé quand il essaye de réduire ces mélodies des sphères supérieures à de simples notes de sons musicaux. Cela ressemble à une tentative pour reproduire les accords d’un grand orchestre à l’aide d’un seul instrument de musique. 44:1.15 Vous avez composé quelques très belles mélodies sur Urantia, mais vos progrès musicaux sont fort loin d’atteindre ceux de beaucoup de planètes de Satania qui sont vos voisines. Si seulement Adam et Ève avaient survécu, alors vous auriez vraiment eu de la musique ; mais le don d’harmonie qui était si développé dans leur nature a été tellement dilué par des lignées à tendances non musicales qu’une sérieuse appréciation de l’harmonique se rencontre seulement chez un mortel sur mille. Mais ne vous découragez pas ; un vrai musicien peut apparaitre un jour sur Urantia, et des peuples entiers seront captivés par les magnifiques accords de ses mélodies. Un seul être humain de cet ordre pourrait changer définitivement l’orientation d’une nation entière, et même de tout le monde civilisé. Il est littéralement vrai que « la mélodie a le pouvoir de transformer un monde tout entier ». La musique restera toujours le langage universel des hommes, des anges et des esprits. L’harmonie est la langue de Havona. 2. Les reproducteurs célestes 44:2.1 L’homme mortel ne peut guère concevoir que d’une manière étriquée et déformée les fonctions des reproducteurs célestes, que je suis obligé d’expliquer en me servant du symbolisme grossier et limité de votre langage matériel. Le monde morontio-spirituel comporte mille et une choses de valeur suprême, des choses méritant d’être reproduites, mais restant inconnues sur Urantia, des expériences appartenant à des catégories d’activités qui ont à peine « pénétré le mental des hommes », des réalités que Dieu tient en réserve pour ceux qui survivent à la vie charnelle. 44:2.2 Il existe sept groupes de reproducteurs célestes, et je vais essayer d’expliquer leur travail en les classant de la manière suivante : 44:2.3 1. Les chanteurs – les harmonistes qui reprennent les harmonies spécifiques du passé et interprètent les mélodies du présent. Mais tout ceci est effectué sur le niveau morontiel. 44:2.4 2. Les coloristes – ces artistes de lumière et d’ombre que l’on pourrait appeler dessinateurs et peintres. Ils notent des scènes passagères et des épisodes transitoires pour un plaisir morontiel futur. 44:2.5 3. Les cinéastes de lumière – les réalisateurs des reproductions de phénomènes semi-spirituels réels dont le cinéma ne serait qu’une illustration rudimentaire. 44:2.6 4. Les dramaturges de l’histoire – ceux qui reproduisent par des spectacles les évènements décisifs de l’histoire et des annales de l’univers. 44:2.7 5. Les artistes prophétiques – ceux qui projettent les significations de l’histoire dans l’avenir. 44:2.8 6. Les conteurs d’histoires vivantes – ceux qui perpétuent le sens et la signification de l’expérience de la vie. Ils projettent les expériences personnelles présentes dans les valeurs d’aboutissement futur. 44:2.9 7. Les interprètes de l’administration – ceux qui décrivent la signification de la philosophie gouvernementale et de la technique administrative, les dramaturges célestes de la souveraineté. 44:2.10 Les reproducteurs célestes collaborent très souvent et efficacement avec les directeurs de la rétrospection pour combiner des récapitulations de souvenirs avec certaines formes de repos mental et de divertissement de la personnalité. Avant les conclaves morontiels et les assemblées spirituelles, ces reproducteurs célestes s’associent parfois pour donner des spectacles dramatiques prodigieux représentant le but de ces réunions. J’ai récemment assisté à l’une de ces fantastiques représentations où plus d’un million d’acteurs produisirent une succession de mille scènes. 44:2.11 Dans leurs activités éducatives morontielles, les éducateurs intellectuels supérieurs et les ministres de transition utilisent largement et efficacement ces divers groupes de reproducteurs célestes. Mais ils n’orientent pas tous leurs efforts vers des exemples transitoires. Une grande, une très grande partie de leur travail présente un caractère permanent et restera un héritage perpétuel pour tous les temps futurs. Ces artisans sont doués de talents si variés que, s’ils œuvrent en masse, ils sont capables de réinterpréter un âge. En collaboration avec les ministres séraphiques, ils peuvent effectivement dépeindre les valeurs éternelles du monde spirituel aux mortels du temps qui les voient. 3. Les bâtisseurs divins 44:3.1 Il y a des villes « dont le bâtisseur et le constructeur est Dieu ». De tout ce qui est familier aux mortels, nous possédons la contrepartie spirituelle, et même indiciblement davantage. Nous avons des maisons, du confort spirituel et le nécessaire morontiel. Pour toute satisfaction matérielle dont les humains peuvent jouir, nous disposons de milliers de réalités spirituelles qui servent à enrichir et à élargir notre existence. Les bâtisseurs divins opèrent en sept groupes : 44:3.2 1. Les modélistes et bâtisseurs de maisons – ceux qui construisent et remanient les demeures affectées à des individus et à des groupes de travail. Ces domiciles morontiels et spirituels sont réels. Ils seraient invisibles à votre vision limitée, mais pour nous ils sont très réels et très beaux. Dans une certaine mesure, tous les êtres spirituels ont leur mot à dire aux bâtisseurs sur certains détails des plans et du projet de leurs demeures spirituelles ou morontielles. Ces foyers sont aménagés et ornés selon les besoins des créatures morontielles ou spirituelles qui doivent les habiter. Toutes ces constructions présentent une grande variété et offrent aux individus d’abondantes occasions de s’exprimer. 44:3.3 2. Les bâtisseurs d’édifices professionnels – ceux dont la fonction est de dessiner et d’assembler les demeures des travailleurs réguliers ordinaires des royaumes spirituels et morontiels. Ces bâtisseurs sont comparables à ceux qui construisent sur Urantia des ateliers et des usines industrielles. Les mondes de transition comportent nécessairement une économie d’entraide mutuelle et une division spécialisée du travail. Chacun de nous ne fait pas tout ; il y a diversité de fonctions chez les êtres morontiels et les esprits évoluants. Non seulement les bâtisseurs d’édifices professionnels construisent de meilleurs ateliers, mais ils contribuent aussi à l’élévation professionnelle des travailleurs. 44:3.4 3. Les bâtisseurs d’édifices récréatifs. D’immenses édifices sont utilisés pendant les périodes de repos que les mortels appelleraient récréations et, dans un certain sens, jeux. Un cadre convenable est prévu pour les directeurs de la rétrospection, les humoristes des mondes morontiels, ces sphères de transition sur lesquelles ont lieu l’éducation des êtres ascendants qui n’ont été que récemment retirés des planètes évolutionnaires. Même les esprits supérieurs s’adonnent à certaines formes d’humour réminiscent pendant leurs périodes de recharge spirituelle. 44:3.5 4. Les bâtisseurs de temples d’adoration – les architectes expérimentés des temples spirituels et morontiels. Tous les mondes d’ascension mortelle possèdent des temples d’adoration qui sont les créations les plus exquises des royaumes morontiels et des sphères spirituelles. 44:3.6 5. Les bâtisseurs d’écoles – ceux qui construisent les quartiers généraux d’entrainement morontiel et d’instruction spirituelle supérieure. La voie est toujours ouverte pour acquérir plus de connaissances, pour recevoir des renseignements supplémentaires concernant votre travail présent et futur ainsi que le savoir culturel universel, renseignements destinés à faire des mortels ascendants des citoyens plus intelligents et plus efficaces dans les mondes morontiels et spirituels. 44:3.7 6. Planificateurs de la morontia – ceux qui bâtissent pour l’association coordonnée de toutes les personnalités de tous les royaumes telles qu’elles se trouvent, à n’importe quel moment, présentes sur n’importe quelle sphère. Ces planificateurs collaborent avec les Superviseurs de Pouvoir Morontiel pour enrichir la coordination de la vie morontielle progressive. 44:3.8 7. Les bâtisseurs d’édifices publics – les artisans qui établissent les plans et construisent les lieux de réunion, autres que ceux destinés à l’adoration. Grands et magnifiques sont les lieux de réunion publique. 44:3.9 Ni ces structures ni leur ornementation ne seraient vraiment réelles pour la compréhension sensorielle des mortels matériels, mais elles sont très réelles pour nous. Si vous pouviez vous trouver ici en chair et en os, vous ne pourriez pas voir ces temples, et pourtant toutes ces créations supramatérielles sont effectivement là. Nous les discernons clairement et nous en jouissons tout aussi pleinement. 4. Les enregistreurs de pensée 44:4.1 Ces artisans se consacrent à préserver et à reproduire la pensée supérieure des royaumes et fonctionnent en sept groupes : 44:4.2 1. Les conservateurs de pensée. Ce sont les artisans dédiés à la conservation de la pensée supérieure des royaumes. Sur les mondes morontiels, ils amassent précieusement les perles de la fonction mentale. Avant de venir pour la première fois sur Urantia, j’ai vu des documents et entendu la diffusion de l’idéation de quelques grands penseurs de cette planète. Les enregistreurs de pensée conservent ces nobles idées dans la langue d’Uversa. 44:4.3 Chaque superunivers a son propre langage, une langue parlée par ses personnalités et qui prévaut dans tous ses secteurs. Elle s’appelle la langue d’Uversa dans notre superunivers. Chaque univers local a aussi son propre langage. Les êtres de tous les ordres supérieurs de Nébadon sont bilingues ; ils parlent à la fois la langue de Nébadon et celle d’Uversa. Lorsque deux individus provenant d’univers locaux différents se rencontrent, ils communiquent dans la langue d’Uversa ; si toutefois l’un d’eux vient d’un autre superunivers, ils doivent faire appel à un traducteur. Dans l’univers central, il n’y a guère besoin d’un langage. La compréhension y est parfaite et à peu près complète ; seuls les Dieux n’y sont pas entièrement compris. On nous enseigne qu’une rencontre de hasard au Paradis révèle plus de compréhension mutuelle qu’un langage de mortel n’en pourrait communiquer en mille ans. Même sur Salvington, nous « connaissons comme nous sommes connus ». 44:4.4 L’aptitude à traduire la pensée en langage dans les sphères morontielles et spirituelles dépasse la compréhension des mortels. La vitesse à laquelle nous pouvons condenser les pensées en une inscription permanente peut être accélérée par des enregistreurs habiles au point que l’équivalent de plus de cinq-cent mille mots ou symboles mentaux peuvent être enregistrés en une minute du temps d’Urantia. Ces langages des univers sont beaucoup plus riches que les langues des mondes en évolution. Les symboles conceptuels d’Uversa embrassent plus d’un milliard de caractères, bien que son alphabet fondamental ne contienne que soixante-dix symboles. Le langage de Nébadon n’est pas tout à fait aussi élaboré ; ses symboles de base, son alphabet, ne comportent que quarante-huit caractères. 44:4.5 2. Les enregistreurs de concept. Ce deuxième groupe d’enregistreurs s’occupe de préserver les images conceptuelles, les modèles d’idées. C’est une forme d’enregistrement permanent inconnue dans les royaumes matériels. Par cette méthode, je pourrais acquérir, en une heure de votre temps, plus de connaissances que vous ne pourriez en gagner en lisant attentivement des écrits ordinaires pendant cent ans. 44:4.6 3. Les enregistreurs idéographiques. Nous possédons l’équivalent de votre langage écrit et parlé, mais pour conserver la pensée nous employons généralement la mise en image conceptuelle et les techniques idéographiques. Ceux qui conservent les idéogrammes peuvent améliorer mille fois le travail des enregistreurs de concepts. 44:4.7 4. Les promoteurs de l’art oratoire. Ce groupe d’enregistreurs est attelé à la tâche de conserver la pensée pour la reproduire par l’art oratoire. Mais, dans le langage de Nébadon, et en une demi-heure d’allocution, nous pourrions exposer le thème de la vie entière d’un mortel d’Urantia. Votre seul espoir de comprendre ces opérations consiste à faire une pause et à examiner la technique de votre vie de rêve désordonnée et déformée – la manière dont vous pouvez, en quelques secondes, traverser des années d’expérience dans les fantasmes du sommeil de la période nocturne. 44:4.8 L’art oratoire du monde spirituel est l’un des régals exceptionnels qui vous attendent, vous qui avez entendu seulement les discours frustes et hésitants d’Urantia. Il y a, dans les discours de Salvington et d’Édentia, une harmonie musicale et une euphonie d’expression inspirantes au-delà de toute description. Ces concepts ardents ressemblent à des joyaux de beauté dans des diadèmes de gloire. Mais je ne peux y parvenir ! Je n’arrive pas à transmettre au mental humain l’étendue et la profondeur de ces réalités d’un autre monde ! 44:4.9 5. Les directeurs de télédiffusion. Les télédiffusions du Paradis, des superunivers et des univers locaux sont placées sous la supervision générale de ce groupe de conservateurs de pensée. Ils servent de censeurs et d’éditeurs ainsi que de coordonnateurs des matériaux de télédiffusion. Ils adaptent pour les superunivers toutes les diffusions du Paradis, et traduisent les télédiffusions des Anciens des Jours dans les langues individuelles des univers locaux. 44:4.10 Il faut aussi modifier les diffusions des univers locaux pour qu’elles puissent être reçues par les systèmes et les planètes individuelles. La transmission des rapports spatiaux est toujours soigneusement supervisée et comporte régulièrement un enregistrement en retour pour confirmer que chaque rapport a été bien reçu sur chaque monde d’un circuit donné. Ces directeurs des télédiffusions sont des experts dans la technique d’utilisation des courants de l’espace pour tout ce qui concerne les communications de renseignements. 44:4.11 6. Les enregistreurs de rythmes. Les Urantiens appelleraient indubitablement ces artisans des poètes, bien que leurs œuvres soient très différentes de vos productions poétiques et les transcendent presque infiniment. Pour les créatures morontielles aussi bien que spirituelles, il est moins épuisant d’avoir recours au rythme. On fait donc souvent un effort pour accroitre l’efficacité, tout en augmentant le plaisir, en exécutant sous forme rythmique de nombreuses fonctions. Je souhaiterais que vous ayez le privilège d’entendre quelques télédiffusions poétiques des assemblées d’Édentia pour jouir de la richesse de couleur et de ton des génies de la constellation qui sont des maitres dans cette forme exquise d’expression de soi et d’harmonisation sociale. 44:4.12 7. Les enregistreurs de morontia. Je ne sais comment décrire au mental matériel la fonction de cet important groupe d’enregistreurs de pensée qui travaille à conserver les images d’ensemble des divers groupements d’affaires morontielles et d’opérations spirituelles. Par une comparaison grossière, ils sont les photographes de groupe des mondes de transition. Ils sauvegardent pour l’avenir les scènes et associations vitales des époques progressives en les conservant dans les archives des salles d’enregistrements morontiels. 5. Les manipulateurs d’énergie 44:5.1 Ces artisans intéressants et efficaces s’occupent de toutes les espèces d’énergies : physiques, mentales et spirituelles. 44:5.2 1. Manipulateurs d’énergie physique. Les manipulateurs d’énergie physique servent pendant de longues périodes avec les directeurs de pouvoir, et sont experts à manipuler et à contrôler de nombreuses phases d’énergie physique. Leur compétence s’étend aux trois courants fondamentaux et aux trente ségrégations subsidiaires d’énergie des superunivers. Ces êtres apportent une aide inestimable aux Superviseurs de Pouvoir Morontiel des mondes de transition. Ils sont les étudiants opiniâtres des projections cosmiques du Paradis. 44:5.3 2. Manipulateurs d’énergie mentale. Ceux-là sont les experts de l’intercommunication entre les êtres morontiels et les autres types de créatures intelligentes. Cette forme de communication entre mortels n’existe pratiquement pas sur Urantia. Ces artisans sont les spécialistes qui contribuent à rendre les ascendeurs morontiels aptes à communiquer entre eux. Leur travail englobe de nombreux cas exceptionnels de liaisons intellectuelles qu’il est bien au-dessus de mon pouvoir de dépeindre au mental matériel. Ces artisans sont les étudiants zélés des circuits mentaux de l’Esprit Infini. 44:5.4 3. Manipulateurs d’énergie spirituelle. Les manipulateurs d’énergie spirituelle forment un groupe mystérieux. L’énergie spirituelle agit selon des lois bien établies, exactement comme l’énergie physique. Autrement dit, quand on étudie la force d’esprit, on peut en tirer des déductions certaines et obtenir des effets précis, comme on le fait pour les énergies physiques. Les lois du monde de l’esprit sont tout aussi sûres et dignes de confiance que celles des royaumes matériels. Au cours des quelques derniers millions d’années, de nombreuses techniques pour absorber l’énergie spirituelle ont été améliorées par ces étudiants des lois fondamentales du Fils Éternel, lois qui gouvernent l’énergie spirituelle telle qu’elle est appliquée aux êtres célestes des ordres morontiels et autres dans tous les univers. 44:5.5 4. Les manipulateurs composites. Ils forment le groupe aventureux des êtres bien entrainés qui se consacrent à l’association fonctionnelle des trois phases originelles d’énergie divine, manifestées dans tous les univers comme énergies physiques, mentales et spirituelles. Ils sont les personnalités ardentes qui cherchent en réalité à découvrir la présence dans l’univers de Dieu le Suprême, car c’est dans cette personnalité de Déité que doit se produire l’unification expérientielle de toute la divinité du grand univers. Et, dans une certaine mesure, ces artisans ont, au cours des temps récents, obtenu quelques succès. 44:5.6 5. Les conseillers des transports. Ce corps de conseillers techniques auprès des séraphins transporteurs est fort compétent pour collaborer avec les étudiants d’étoiles en vue d’établir les itinéraires et d’aider encore autrement les chefs des transports sur les mondes de l’espace. Ils sont les superviseurs du trafic des sphères et sont présents sur toutes les planètes habitées. Urantia est servie par un corps de soixante-dix conseillers de transport. 44:5.7 6. Les spécialistes des communications. Urantia est également servie par douze techniciens des communications interplanétaires et interuniverselles. Ces êtres de longue expérience connaissent profondément les lois de transmission et d’interférence dans leurs applications aux communications des royaumes. Ce corps s’occupe de toutes les formes de messages spatiaux, sauf celles des Messagers de Gravité et des Messagers Solitaires. Sur Urantia, ils doivent accomplir une grande partie de leur travail sur le circuit des archanges. 44:5.8 7. Les professeurs de repos. Le repos divin est associé à la technique d’absorption de l’énergie spirituelle. Il faut se ravitailler en énergie morontielle et spirituelle tout aussi certainement qu’en énergie physique, mais non pour les mêmes raisons. Je suis bien obligé d’employer des exemples grossiers pour essayer de vous éclairer. Quoi qu’il en soit, pour nous qui appartenons au monde de l’esprit, il nous faut arrêter périodiquement nos activités régulières et nous rendre en des lieux appropriés de rencontre où nous entrons dans le repos divin et où nous récupérons ainsi nos énergies qui s’épuisent. 44:5.9 Vous recevrez vos premières leçons en ces matières quand vous atteindrez les mondes des maisons après être devenus des êtres morontiels et avoir commencé à expérimenter la technique des affaires spirituelles. Vous savez quelque chose du cercle intérieur de Havona et des pèlerins qui, après avoir traversé les cercles précédents, doivent être installés dans le long repos revivifiant du Paradis. Il ne s’agit pas seulement d’une nécessité technique concernant le transit entre la carrière du temps et le service de l’éternité, mais aussi d’une exigence, d’une forme de repos indispensable pour récupérer les pertes d’énergie incidentes aux dernières étapes de l’expérience ascendante et emmagasiner des réserves de pouvoir spirituel en vue du stade suivant de la carrière sans fin. 44:5.10 Ces manipulateurs d’énergies fonctionnent encore de centaines d’autres manières, trop nombreuses pour être cataloguées. Par exemple, ils tiennent conseil avec les séraphins, chérubins et sanobins au sujet des moyens les plus efficaces pour s’alimenter en énergie et pour maintenir les équilibres les plus utiles de forces divergentes entre les chérubins actifs et les sanobins passifs. Ces experts prêtent leur assistance sous beaucoup d’autres formes aux créatures morontielles et spirituelles dans leurs efforts pour comprendre le repos divin, qui est si essentiel pour employer efficacement les énergies fondamentales de l’espace. 6. Les modélistes et les embellisseurs 44:6.1 Comme je voudrais savoir dépeindre le travail exquis de ces artisans uniques ! Toute tentative de ma part pour expliquer le travail d’embellissement spirituel ne ferait que remémorer au mental matériel vos propres efforts pitoyables, mais méritoires, pour accomplir ces choses sur votre monde de mental et de matière. 44:6.2 Bien que ce corps englobe plus de mille subdivisions d’activités, il est groupé dans les sept catégories majeures suivantes : 44:6.3 1. Les artisans coloristes. Ils font carillonner les dix mille tons colorés de la réverbération spirituelle en messages exquis d’harmonieuse beauté. À part la perception des couleurs, il n’y a rien de comparable dans l’expérience humaine. 44:6.4 2. Les modélistes de sons. Des ondes spirituelles d’identités diverses et d’appréciation morontielle sont décrites par ces modélistes de ce que vous appelleriez des sons. Ces impulsions sont en réalité les superbes échos des âmes spirituelles dépouillées et glorieuses des multitudes célestes. 44:6.5 3. Les modélistes d’émotions. Ils rehaussent et conservent les sensations. Ce sont eux qui préservent les sentiments morontiels et les émotions divines pour en permettre l’étude aux enfants du temps, pour les édifier et pour inspirer et embellir les progresseurs morontiels et les esprits qui s’élèvent. 44:6.6 4. Les artistes de l’odorat. La comparaison de certaines activités spirituelles célestes avec la récognition physique des odeurs chimiques est vraiment malheureuse, mais il serait pratiquement impossible aux mortels d’Urantia de saisir une allusion à ce ministère sous aucun autre nom. Ces artisans créent leurs symphonies variées pour l’édification et le plaisir des enfants de lumière qui progressent. Vous n’avez rien sur terre qui soit comparable, même de loin, à ce type de splendeur spirituelle. 44:6.7 5. Les embellisseurs de présence. Ces artisans ne s’occupent ni de l’art de se parer ni de la technique d’embellissement des créatures. Ils se consacrent à produire d’innombrables réactions joyeuses chez les créatures morontielles et spirituelles prises individuellement en adaptant à la scène le sens des relations au moyen des valeurs de position qu’ils attribuent aux différents ordres morontiels et spirituels dans l’ensemble composite de ces êtres si divers. Ces artistes mettent en place des êtres supramatériels comme vous disposeriez des notes musicales vivantes, des odeurs et des scènes, et ensuite ils les mêlent en des hymnes de gloire. 44:6.8 6. Les modélistes du gout. Comment pourrait-on vous parler de ces artistes ! Je suggère timidement qu’ils améliorent le gout morontiel et qu’ils s’efforcent aussi d’accroitre l’appréciation de la beauté en aiguisant les sens spirituels en évolution. 44:6.9 7. Les synthétiseurs morontiels. Ce sont les maitres artisans qui interviennent quand tous les autres ont apporté leurs contributions respectives. Ils ajoutent alors les touches culminantes de finition à l’ensemble morontiel et achèvent ainsi un portrait de ce qui est divinement beau en en faisant une inspiration durable pour les êtres spirituels et leurs associés morontiels. Mais il vous faut attendre d’être délivrés de votre corps animal pour commencer à concevoir les gloires artistiques et les beautés esthétiques des mondes morontiels et spirituels. 7. Les ouvriers d’harmonie 44:7.1 Contrairement à ce que vous pourriez supposer, ces artistes ne s’intéressent ni à la musique, ni à la peinture, ni à rien de semblable. Ils s’occupent de manipuler et d’organiser des forces et des énergies spécialisées qui existent dans le monde de l’esprit, mais ne sont pas reconnues par les mortels. Si je possédais la moindre base de comparaison, j’essaierais de décrire ce champ exceptionnel d’accomplissements spirituels, mais je désespère – il n’y a aucun espoir de communiquer au mental humain la notion de ce domaine d’art céleste. Toutefois, ce qui ne peut être décrit peut être cependant implicite : 44:7.2 La beauté, le rythme et l’harmonie sont intellectuellement associés et spirituellement parents. La vérité, les faits et les relations sont intellectuellement inséparables et associés aux concepts philosophiques de beauté. La bonté, la droiture et la justice sont philosophiquement en corrélation et spirituellement intimement liées à la vérité vivante et à la beauté divine. 44:7.3 Les concepts cosmiques de vraie philosophie, la description de l’art céleste ou les essais des mortels pour dépeindre la manière humaine de reconnaitre la beauté divine ne peuvent jamais être vraiment satisfaisants s’il n’y pas unification dans les tentatives de progrès des créatures. Ces expressions de l’impulsion divine chez les créatures évoluantes peuvent être intellectuellement vraies, émotionnellement belles et spirituellement bonnes, mais l’âme véritable de l’expression est absente tant que les réalités de la vérité, les significations de la beauté et les valeurs de la bonté ne sont pas unifiées dans l’expérience vivante de l’artisan, du savant ou du philosophe. 44:7.4 Ces qualités divines sont parfaitement et absolument unifiées en Dieu. Et tout homme ou ange qui connait Dieu possède le potentiel d’expression illimitée de soi sur des niveaux toujours progressifs de réalisation de soi unifiée par la technique de l’aboutissement sans fin de la ressemblance à Dieu – le mélange expérientiel dans l’expérience évolutionnaire de la vérité éternelle, la beauté universelle et la divine bonté. 8. Aspirations humaines et accomplissements morontiels 44:8.1 Bien que les artisans célestes ne travaillent pas personnellement sur les planètes matérielles telles qu’Urantia, ils quittent de temps en temps le siège du système pour offrir leur aide aux individus bien doués des races mortelles. Quand ils sont ainsi affectés, ces artisans travaillent temporairement sous la supervision des anges planétaires du progrès. Les armées séraphiques coopèrent avec ces artisans pour essayer d’aider les artistes humains qui possèdent des dons naturels et qui sont aussi dotés d’Ajusteurs ayant une expérience préalable et spéciale. 44:8.2 Les aptitudes humaines spéciales proviennent de trois sources possibles : Au fond, il existe toujours une aptitude naturelle ou inhérente. Une aptitude spéciale n’est jamais un don arbitraire des Dieux ; il y a toujours un fondement ancestral à chaque talent éminent. En plus, ou plutôt en complément de cette aptitude naturelle, il peut y avoir la contribution des directives de l’Ajusteur de Pensée chez les individus dont les Ajusteurs intérieurs auraient eu en ce domaine des expériences effectives et authentiques sur d’autres mondes et chez d’autres créatures mortelles. Dans le cas où le mental humain et l’Ajusteur intérieur sont tous deux exceptionnellement habiles, les artisans spirituels peuvent être délégués pour agir comme harmonisateurs de ces talents et aussi pour assister et inspirer ces mortels dans la recherche d’idéaux aspirant toujours à la perfection, et pour essayer d’en faire un portrait rehaussé pour l’édification du royaume. 44:8.3 Les rangs des artisans spirituels ne comportent pas de castes. Si humble que soit votre origine et pourvu que vous ayez l’aptitude et le don d’expression, vous serez convenablement reconnus et appréciés comme il se doit pendant que vous vous élèverez sur l’échelle des expériences morontielles et des accomplissements spirituels. Il ne peut exister aucun handicap humain héréditaire, aucune carence d’environnement terrestre que la carrière morontielle ne compense pleinement et ne fasse entièrement disparaitre. Et toutes ces satisfactions de réussite artistique et de réalisation de soi par la plénitude d’expression seront effectuées par vos propres efforts personnels pour vous élever progressivement. Les aspirations de la médiocrité évolutionnaire pourront enfin se réaliser. Bien que les Dieux ne donnent pas arbitrairement des talents et des aptitudes aux enfants du temps, ils font le nécessaire pour satisfaire tous leurs nobles désirs et assouvir toute la soif humaine d’autoexpression céleste. 44:8.4 Mais tous les humains devraient se rappeler ceci : l’ambition de surpasser autrui, qui inflige un supplice de Tantale à beaucoup de mortels dans la chair, ne persistera pas dans la carrière morontielle et spirituelle de ces mêmes mortels. Les ascendeurs morontiens apprennent à rendre sociaux leurs désirs purement personnels et leurs ambitions égoïstes de jadis. Quant aux choses que vous aviez si sérieusement désiré faire sur terre et que les circonstances vous ont si obstinément refusées, si vous désirez encore les faire après avoir acquis la vraie clairvoyance de la mota dans la carrière morontielle, toutes les occasions vous seront certainement offertes de satisfaire pleinement vos désirs si longtemps caressés. 44:8.5 Avant que les ascendeurs humains ne quittent l’univers local pour se lancer dans leur carrière spirituelle, ils seront rassasiés en ce qui concerne tous leurs désirs intellectuels, artistiques et sociaux, ou toutes les ambitions sincères correspondantes qui ont pu caractériser leurs plans d’existence terrestre ou morontielle. C’est la réalisation de l’égalité de satisfaction dans le domaine de l’expression de soi et de la réalisation de soi, mais non l’obtention d’un statut expérientiel identique, ni l’effacement complet du caractère individuel en matière d’habileté, de technique et d’expression. Pour que le nouveau différentiel spirituel dans l’aboutissement expérientiel personnel soit complètement nivelé et égalisé, il faut attendre que vous ayez achevé de parcourir le dernier cercle de la carrière de Havona. Et les résidents du Paradis se trouveront alors en face de la nécessité de s’ajuster au différentiel absonite d’expérience personnelle, lequel ne peut être nivelé qu’en atteignant en groupe le statut ultime des créatures – la destinée d’esprit du septième stade des finalitaires mortels. 44:8.6 Telle est l’histoire des artisans célestes, ce corps cosmopolite d’ouvriers délicats qui contribuent tellement à glorifier les sphères architecturales par leurs représentations artistiques de la divine beauté des Créateurs Paradisiaques. 44:8.7 [Rédigé par un archange de Nébadon.] Fascicule 45. L’administration du système local 45:0.1 Le centre administratif de Satania consiste en un amas de cinquante-sept sphères architecturales – Jérusem elle-même, les sept satellites majeurs et les quarante-neuf sous-satellites. Jérusem, la capitale du système, a presque cent fois la taille d’Urantia, mais sa gravité est un peu moindre. Les satellites majeurs de Jérusem sont les sept mondes de transition, dont chacun est environ dix fois plus grand qu’Urantia, tandis que les sept sous-satellites de chacune des sphères de transition ont à peu près exactement la dimension d’Urantia. 45:0.2 Les sept mondes des maisons sont les sept sous-satellites du monde de transition numéro un. 45:0.3 Le système entier de ces cinquante-sept mondes architecturaux est éclairé, chauffé, irrigué, et alimenté en énergie d’une manière indépendante, par l’action conjuguée du Centre de Pouvoir de Satania et des Maitres Contrôleurs Physiques, le tout selon la technique établie de l’organisation physique et des dispositifs propres à ces sphères spécialement créées. Par ailleurs, les spornagias natifs en prennent soin physiquement et les entretiennent encore autrement. 1. Mondes transitionnels de culture 45:1.1 Les sept mondes majeurs tournant autour de Jérusem sont généralement appelés les sphères de culture transitionnelle. Leurs dirigeants sont désignés de temps à autre par le conseil exécutif suprême de Jérusem. Ces sphères sont numérotées et nommées comme suit : 45:1.2 Numéro 1. Le monde finalitaire. C’est le siège du corps finalitaire du système local ; il est entouré des mondes de réception, les sept mondes des maisons, si pleinement consacrés au plan d’ascension des mortels. Le monde finalitaire est accessible aux habitants des sept mondes des maisons. Des séraphins transporteurs assurent le transport aller et retour des personnalités ascendantes qui effectuent ces pèlerinages destinés à cultiver leur foi en la destinée ultime des mortels de transition. Bien que les finalitaires et leurs édifices ne soient pas ordinairement perceptibles à la vision morontielle, vous serez plus que passionnés quand les transformateurs d’énergie et les Superviseurs de Pouvoir Morontiel vous permettront d’apercevoir de temps en temps ces hautes personnalités d’esprit qui ont effectivement parachevé l’ascension du Paradis, et qui sont revenues sur les mondes mêmes où vous commencez ce long voyage, pour garantir que vous avez la faculté et le pouvoir de réussir cette prodigieuse entreprise. Tous les hôtes des mondes des maisons se rendent sur la sphère finalitaire au moins une fois par an pour les assemblées où ils aperçoivent les finalitaires. 45:1.3 Numéro 2. Le monde morontiel. Cette planète est le siège des superviseurs de la vie morontielle ; elle est entourée des sept sphères où les chefs morontiels entrainent leurs associés et leurs assistants, êtres morontiels aussi bien que mortels ascendants. 45:1.4 En passant par les sept mondes des maisons, vous progresserez aussi par ces sphères culturelles et sociales où s’établit un contact croissant avec la morontia. Quand vous avancez du premier monde des maisons au second, vous devenez éligible pour recevoir une autorisation de visiter le siège transitionnel numéro 2, le monde morontiel, et ainsi de suite. Et, lorsque vous vous trouvez sur l’une quelconque de ces six sphères culturelles, vous pouvez, sur invitation, visiter et observer n’importe lequel des sept mondes qui l’entourent, où s’exercent les activités collectives associées. 45:1.5 Numéro 3. Le monde angélique. C’est le siège de toutes les armées séraphiques engagées dans les activités du système. Il est entouré des sept mondes où l’on entraine et instruit les anges. Ce sont les sphères sociales séraphiques. 45:1.6 Numéro 4. Le monde des superanges. Cette sphère est, dans Satania, le foyer des Brillantes Étoiles du Soir et d’une vaste affluence d’êtres coordonnés ou presque coordonnés. Les sept satellites de ce monde sont affectés aux sept groupes majeurs de ces êtres célestes non dénommés. 45:1.7 Numéro 5. Le monde des Fils. Cette planète est le quartier général des Fils divins de tous ordres, y compris les fils trinitisés par des créatures. Les sept mondes qui les entourent sont affectés à certains groupements individuels de ces fils divinement reliés. 45:1.8 Numéro 6. Le monde de l’Esprit. Cette sphère sert de lieu de rencontre systémique aux hautes personnalités de l’Esprit Infini. Les sept satellites qui l’entourent sont affectés à des groupes individuels de ces divers ordres. Mais l’Esprit n’est pas représenté sur le monde numéro six, et l’on ne peut pas davantage observer une telle présence sur les capitales des systèmes ; la Divine Ministre de Salvington est partout dans Nébadon. 45:1.9 Numéro 7. Le monde du Père. C’est la sphère silencieuse du système. Nul groupe d’êtres n’y est domicilié. Le grand temple de lumière occupe un emplacement central, mais on ne peut discerner personne à l’intérieur. Tous les êtres de tous les mondes du système y sont bienvenus comme adorateurs. 45:1.10 Les sept satellites entourant le monde du Père sont diversement utilisés dans les différents systèmes. Dans Satania, on les emploie actuellement comme sphères de détention pour les groupes internés de la rébellion de Lucifer. Édentia, capitale de la constellation, n’a pas de mondes-prisons analogues. Les quelques séraphins et chérubins qui ont passé dans le camp rebelle lors de la rébellion de Satania ont été confinés depuis longtemps sur les mondes d’isolement de Jérusem. 45:1.11 Comme hôte du septième monde des maisons, vous aurez accès au septième monde de transition, la sphère du Père Universel, et vous aurez également la permission de visiter les mondes-prisons de Satania, qui entourent cette planète et où sont maintenant enfermés Lucifer et la majorité des personnalités qui l’ont suivi dans sa rébellion contre Micaël. Et ce triste spectacle a pu être observé pendant les âges récents et continuera à servir d’avertissement solennel pour tout Nébadon, jusqu’à ce que les Anciens des Jours aient jugé le péché de Lucifer et de ses associés déchus qui rejetèrent le salut offert par Micaël, Père de leur univers. 2. Le Souverain du Système 45:2.1 Le chef exécutif d’un système local de mondes habités est un Fils Lanonandek primaire, le Souverain du Système. Dans notre univers local, ces souverains se voient confier de grandes responsabilités exécutives, des prérogatives personnelles inhabituelles. Même dans Orvonton, tous les univers ne sont pas organisés de manière à permettre aux Souverains de Systèmes d’exercer des pouvoirs discrétionnaires personnels aussi anormalement étendus dans la direction des affaires systémiques. Mais, dans toute l’histoire de Nébadon, ces agents exécutifs sans entraves n’ont manifesté de déloyauté que trois fois. La rébellion de Lucifer dans le système de Satania fut la dernière et la plus étendue de toutes. 45:2.2 Dans Satania, même après ce bouleversement désastreux, la technique administrative du système n’a subi absolument aucun changement. Le présent Souverain Systémique possède tous les pouvoirs et exerce toute l’autorité qui avaient été conférés à son prédécesseur indigne, sauf pour certaines affaires maintenant supervisées par les Pères de la Constellation et que les Anciens des Jours n’ont pas encore remises en totalité à Lanaforge, le successeur de Lucifer. 45:2.3 Le présent chef de Satania est un aimable et brillant gouverneur, et un souverain éprouvé contre la rébellion. Alors qu’il servait à titre de Souverain de Système assistant, Lanaforge fut fidèle à Micaël lors d’un soulèvement antérieur dans l’univers de Nébadon. Ce puissant et brillant Seigneur de Satania est un administrateur éprouvé et expérimenté. À l’époque de la seconde rébellion systémique dans Nébadon, quand le Souverain Systémique trébucha et chut dans les ténèbres, Lanaforge était le premier assistant du chef dévoyé. Il saisit les rênes du gouvernement et dirigea les affaires du système de telle sorte qu’un nombre relativement restreint de personnalités furent perdues, tant sur les mondes-sièges que sur les planètes habitées de ce système infortuné. Lanaforge porte la distinction d’être le seul Fils Lanonandek primaire dans tout Nébadon qui ait ainsi fonctionné loyalement au service de Micaël, en présence même de la défaillance de son frère qui avait une autorité supérieure et un rang de préséance. Lanaforge ne sera probablement pas déplacé de Jérusem avant que les conséquences de l’ancienne folie aient été maitrisées et les suites de la rébellion éliminées de Satania. 45:2.4 Bien que toutes les affaires des mondes isolés de Satania n’aient pas été rendues à sa juridiction, Lanaforge montre un grand intérêt au bien-être de ces planètes et visite fréquemment Urantia. Comme dans d’autres systèmes normaux, le Souverain préside le conseil systémique des dirigeants de mondes, les Princes Planétaires et les gouverneurs généraux résidants des mondes isolés. Ce conseil planétaire se réunit de temps en temps au siège du système – « lorsque les Fils de Dieu se réunissent ». 45:2.5 Une fois par semaine, tous les dix jours sur Jérusem, le Souverain tient un conclave avec un groupe de l’un des divers ordres de personnalités domiciliés au monde-siège. Ce sont là les heures charmantes et sans cérémonie de Jérusem et des moments inoubliables. Sur Jérusem, une fraternité extrême règne entre les divers ordres d’êtres ainsi qu’entre chacun de ces groupes et le Souverain du Système. 45:2.6 Ces rassemblements uniques ont lieu sur la mer de verre, le grand champ de réunion de la capitale systémique. Ce sont des évènements purement sociaux et spirituels ; on n’y discute jamais rien qui concerne l’administration planétaire ni même le plan d’ascension. À ces moments-là, les ascendeurs se réunissent simplement pour leur plaisir et pour rencontrer leurs compagnons Jérusémites. Les groupes qui ne sont pas reçus par le Souverain à ces délassements hebdomadaires se réunissent à leurs propres quartiers généraux. 3. Le gouvernement du système 45:3.1 Le chef exécutif d’un système local, le Souverain Systémique, est toujours soutenu par deux ou trois Fils Lanonandeks qui fonctionnent comme premier et second assistants. Mais aujourd’hui le système de Satania est administré par un état-major de sept Lanonandeks : 45:3.2 1. Le Souverain du Système – Lanaforge, numéro 2 709 de l’ordre primaire et successeur de l’apostat Lucifer. 45:3.3 2. Le premier Souverain assistant – Mansurotia, numéro 17 841 des Lanonandeks tertiaires. Il fut envoyé à Satania en même temps que Lanaforge. 45:3.4 3. Le second Souverain assistant – Sadib, numéro 271 402 de l’ordre tertiaire. Sadib vint aussi à Satania avec Lanaforge. 45:3.5 4. Le conservateur du système – Holdant, numéro 19 du corps tertiaire, le geôlier et le contrôleur de tous les esprits internés de statut supérieur à l’ordre d’existence des mortels. Holdant vint également à Satania avec Lanaforge. 45:3.6 5. L’archiviste du système – Vilton, secrétaire du ministère Lanonandek de Satania, porte le numéro 374 du troisième ordre. Vilton était un membre du groupe initial de Lanaforge. 45:3.7 6. Le directeur de l’effusion – Fortant, numéro 319 847 des réserves de Lanonandeks secondaires et directeur temporaire de toutes les activités universelles transplantées sur Jérusem depuis l’effusion de Micaël sur Urantia. Fortant est attaché à l’état-major de Lanaforge depuis mille-neuf-cents ans du temps d’Urantia. 45:3.8 7. Le haut conseiller – Hanavard, numéro 67 des Fils Lanonandeks primaires et membre du corps supérieur de conseillers et de coordonnateurs universels. Il agit comme président en exercice du conseil exécutif de Satania. Hanavard est le douzième de cet ordre à servir ainsi depuis la rébellion de Lucifer. 45:3.9 Ce groupe exécutif de sept Lanonandeks constitue l’administration d’urgence élargie rendue nécessaire pour faire face à la situation critique liée à la rébellion de Lucifer. Il n’y a que des tribunaux mineurs sur Jérusem, puisque le système est l’unité administrative et non judiciaire, mais l’administration Lanonandek est soutenue par le conseil exécutif de Jérusem, corps consultatif suprême de Satania. Ce conseil est composé de douze membres : 45:3.10 1. Hanavard, le président Lanonandek. 45:3.11 2. Lanaforge, le Souverain du Système. 45:3.12 3. Mansurotia, le premier Souverain assistant. 45:3.13 4. Le chef des Melchizédeks de Satania. 45:3.14 5. Le directeur en exercice des Porteurs de Vie de Satania. 45:3.15 6. Le chef des finalitaires de Satania. 45:3.16 7. L’Adam originel de Satania, le chef superviseur des Fils Matériels. 45:3.17 8. Le directeur des armées séraphiques de Satania. 45:3.18 9. Le chef des contrôleurs physiques de Satania. 45:3.19 10. Le directeur des Superviseurs de Pouvoir Morontiel du système. 45:3.20 11. Le directeur en exercice des créatures médianes du système. 45:3.21 12. Le chef en exercice du corps des mortels ascendants. 45:3.22 Ce conseil choisit périodiquement trois membres pour représenter le système local au conseil suprême du siège de l’univers, mais cette représentation est suspendue du fait de la rébellion. Satania a maintenant un observateur au siège de l’univers local, mais, depuis l’effusion de Micaël, le système a recommencé à élire dix membres auprès de la législature d’Édentia. 4. Les vingt-quatre conseillers 45:4.1 Au centre des sept cercles angéliques de résidence sur Jérusem, se trouve le quartier général du conseil consultatif d’Urantia, les vingt-quatre conseillers. Jean l’Évangéliste les appelait les vingt-quatre anciens : « Et autour du trône il y avait vingt-quatre sièges, et sur les sièges je vis vingt-quatre anciens assis, vêtus de vêtements blancs. » Le trône au centre de ce groupe est le siège de jugement de l’archange présidant, le trône d’où part l’appel nominatif à la résurrection en miséricorde et en justice pour tout Satania. Ce siège de jugement a toujours été sur Jérusem, mais les vingt-quatre sièges qui l’entourent furent mis en place il y a dix-neuf-cents ans seulement, peu après l’élévation du Christ Micaël à la pleine souveraineté de Nébadon. Ces vingt-quatre conseillers sont ses agents personnels sur Jérusem. Ils ont autorité pour représenter le Maitre Fils dans toutes les affaires concernant les appels nominatifs de Satania et dans beaucoup d’autres phases du plan d’ascension des mortels sur les mondes isolés du système. Ils sont les agents désignés pour exécuter les requêtes spéciales de Gabriel et les ordres inhabituels de Micaël. 45:4.2 Ces vingt-quatre conseillers ont été recrutés parmi les huit races d’Urantia, et les derniers du groupe furent rassemblés à l’époque de l’appel de la résurrection fait par Micaël il y a dix-neuf-cents ans. Ce conseil consultatif d’Urantia est composé des membres suivants : 45:4.3 1. Onagar, le maitre penseur de l’âge antérieur au Prince Planétaire, qui dirigea ses compagnons dans l’adoration du « Donneur de Souffle ». 45:4.4 2. Mansant, le grand éducateur de l’âge postérieur au Prince Planétaire sur Urantia, qui orienta ses compagnons vers la vénération de « La Grande Lumière ». 45:4.5 3. Onamonalonton, un très ancien chef des hommes rouges, qui détourna cette race de l’adoration de dieux multiples vers la vénération du « Grand Esprit ». 45:4.6 4. Orlandof, un prince des hommes bleus qui les conduisit à reconnaitre la divinité du « Chef Suprême ». 45:4.7 5. Porshunta, l’oracle de la race orangée éteinte et le chef de ce peuple dans l’adoration du « Grand Maitre ». 45:4.8 6. Singlangton, le premier des hommes jaunes qui enseigna et dirigea son peuple dans l’adoration de « l’Unique Vérité » au lieu des vérités multiples. Il y a des milliers d’années, les hommes jaunes connaissaient le Dieu Unique. 45:4.9 7. Fantad, qui délivra les hommes verts des ténèbres et fut leur chef dans l’adoration de « La Source Unique de Vie ». 45:4.10 8. Orvonon, qui éclaira les races indigo et fut leur chef pour servir jadis « Le Dieu des Dieux ». 45:4.11 9. Adam, le père planétaire d’Urantia, discrédité mais réhabilité, un Fils Matériel de Dieu qui fut relégué à la similitude de la chair mortelle, mais qui survécut et fut ensuite élevé à cette position par décret de Micaël. 45:4.12 10. Ève, la mère de la race violette d’Urantia, qui subit avec son époux la sanction de la faute ; elle fut aussi réhabilitée avec lui et affectée à servir avec ce groupe de survivants mortels. 45:4.13 11. Énoch, le premier homme d’Urantia qui fusionna avec son Ajusteur de Pensée durant la vie de mortel dans la chair. 45:4.14 12. Moïse, l’émancipateur d’un reste de la race violette submergée et l’instigateur qui fit renaitre l’adoration du Père Universel sous le nom du « Dieu d’Israël ». 45:4.15 13. Élie, une âme transférée qui eut de brillants succès spirituels pendant l’âge postérieur au Fils Matériel. 45:4.16 14. Machiventa Melchizédek, le seul Fils de cet ordre qui se soit effusé sur les races d’Urantia. Bien qu’il compte encore au nombre des Melchizédeks, il est devenu « pour toujours un ministre des Très Hauts », assumant éternellement un poste de service comme ascendeur mortel après avoir séjourné sur Urantia dans la similitude de la chair mortelle à Salem, au temps d’Abraham. Ce Melchizédek a été proclamé par la suite Prince Planétaire vice-gérant d’Urantia, avec quartier général sur Jérusem. Il a autorité pour agir au nom de Micaël, qui est effectivement le Prince Planétaire du monde où il a effectué son effusion terminale sous forme humaine. Malgré cela, Urantia est encore supervisée par des gouverneurs généraux résidants successifs, faisant partie des vingt-quatre conseillers. 45:4.17 15. Jean le Baptiste, le précurseur de la mission de Micaël sur Urantia et, par le sang, cousin éloigné du Fils de l’Homme. 45:4.18 16. 1-2-3 le Premier, le chef des créatures médianes loyales au service de Gabriel à l’époque de la trahison de Caligastia ; il fut élevé à cette position par Micaël peu après que ce dernier eut acquis sa souveraineté inconditionnelle. 45:4.19 Pour l’instant, et sur la requête de Gabriel, ces personnalités sélectionnées sont exemptées du régime d’ascension, et nous n’avons aucune idée du temps pendant lequel elles serviront en cette qualité. 45:4.20 Les sièges numéros 17, 18, 19 et 20 ne sont pas pourvus en permanence. Ils sont temporairement occupés par consentement unanime des seize membres permanents et laissés libres pour être affectés ultérieurement à des mortels ascendants du présent âge, l’âge postérieur au Fils d’Effusion. 45:4.21 Les sièges numéros 21, 22, 23 et 24 sont occupés provisoirement d’une manière similaire, tout en étant gardés en réserve pour les grands éducateurs des âges à venir qui suivront indubitablement l’âge présent. On peut prédire qu’il y aura sur Urantia des ères de Fils Magistraux et de Fils Instructeurs ainsi que des âges de lumière et de vie, indépendamment des visitations inattendues de Fils divins qui pourront ou non avoir lieu. 5. Les Fils Matériels 45:5.1 Les grandes divisions de la vie céleste ont leurs quartiers généraux et d’immenses réserves sur Jérusem, y compris les divers ordres de Fils divins, d’esprits élevés, de superanges, d’anges et de créatures médianes. La demeure centrale de ce secteur merveilleux est le grand temple des Fils Matériels. 45:5.2 Le domaine des Adams est le centre d’attraction de tous les nouveaux arrivants sur Jérusem. C’est une énorme zone comprenant mille centres, bien que chaque famille de Fils et de Filles Matériels vive dans son propre domaine jusqu’au moment où ses membres partent pour servir sur les mondes évolutionnaires de l’espace ou jusqu’à ce qu’ils entrent dans la carrière d’ascension du Paradis. 45:5.3 Ces Fils Matériels représentent le type le plus élevé d’êtres à reproduction sexuée que l’on rencontre sur les sphères éducatives des univers en évolution. Ils sont vraiment matériels. Les Adams et les Èves Planétaires sont même clairement visibles aux races de mortels des mondes habités. Ces Fils Matériels sont le chainon physique et ultime dans la chaine des personnalités qui descend de la divinité et de la perfection vers l’humanité et l’existence matérielle. Ces Fils fournissent aux mondes habités un intermédiaire ayant des contacts mutuels avec le Prince Planétaire invisible et avec les créatures matérielles des royaumes. 45:5.4 Au dernier recensement millénaire sur Salvington, on a enregistré dans Nébadon 161 432 840 Fils et Filles Matériels ayant statut de citoyenneté sur les capitales des systèmes locaux. Le nombre de Fils Matériels varie dans les différents systèmes et s’accroit constamment par reproduction naturelle. Dans l’exercice de leurs fonctions reproductrices, ils ne sont pas entièrement guidés par les désirs personnels des personnalités en relation, mais aussi par les avis des corps de gouvernement et des conseils consultatifs supérieurs. 45:5.5 Ces Fils et Filles Matériels sont les habitants permanents de Jérusem et de ses mondes associés. Ils occupent de vastes domaines sur Jérusem et participent largement à la direction locale de la sphère capitale, administrant pratiquement toutes les affaires courantes avec l’aide des médians et des ascendeurs. 45:5.6 Sur Jérusem, ces Fils reproducteurs ont la permission d’expérimenter les idéaux de gouvernement autonome à la manière des Melchizédeks, et ils aboutissent à un type de société très élevé. Les ordres supérieurs de filiation se réservent le droit de veto dans le royaume, mais, sous presque tous les rapports, les Adamites de Jérusem se régissent par suffrage universel et par un gouvernement représentatif. Ils espèrent recevoir un jour une autonomie pratiquement complète. 45:5.7 Le caractère du service des Fils Matériels est largement déterminé par leur âge. Ils ne sont pas éligibles pour l’admission à l’Université Melchizédek de Salvington, parce qu’ils sont matériels et généralement limités à certaines planètes. Cependant, les Melchizédeks entretiennent d’importantes facultés de professeurs au siège de chaque système pour instruire les jeunes générations de Fils Matériels. Les systèmes d’entrainement éducatifs et spirituels prévus pour le développement des jeunes Fils et Filles Matériels représentent le summum de la perfection en portée, en technique et en application pratique. 6. Éducation adamique des ascendeurs 45:6.1 Les Fils et les Filles Matériels ainsi que leurs enfants présentent un spectacle attachant qui ne manque jamais de susciter la curiosité et d’attirer l’attention de tous les mortels ascendants. Ils sont tellement semblables à vos races matérielles sexuées que vous trouvez, de part et d’autre, un grand intérêt commun à échanger vos pensées et à occuper votre temps à des contacts fraternels. 45:6.2 Les survivants mortels passent beaucoup de leurs loisirs sur la capitale du système à observer et à étudier les habitudes de vie et la conduite de ces créatures sexuées supérieures et semi-physiques, car ces citoyens de Jérusem sont les parrains et les mentors immédiats des survivants mortels depuis le moment où ils atteignent la citoyenneté sur le monde-siège jusqu’à ce qu’ils en prennent congé pour se rendre sur Édentia. 45:6.3 Sur les sept mondes des maisons, d’amples occasions sont fournies aux mortels ascendants pour compenser toutes les frustrations expérientielles qu’ils ont subies sur leurs mondes d’origine, qu’elles soient dues à l’hérédité, au milieu ou à une malheureuse fin de carrière prématurée dans la chair. Ceci est exact sous tous les rapports, sauf pour la vie sexuelle terrestre et les ajustements qui les accompagnent. Des milliers de mortels arrivent sur les mondes des maisons sans avoir particulièrement bénéficié des disciplines dérivant de relations sexuelles normalement moyennes sur leur sphère natale. L’expérience du monde des maisons n’offre guère de chances de compenser ces frustrations très personnelles. Au sens physique, l’expérience sexuelle appartient au passé pour ces ascendeurs. Mais, en association étroite avec les Fils et les Filles Matériels, à la fois individuellement et comme membres de leurs familles, ces mortels sexuellement déficients sont mis à même de compenser les aspects sociaux, intellectuels, émotionnels et spirituels de leurs carences. Ainsi, pour tous ceux que les circonstances ou leur mauvais jugement ont privé du bénéfice d’associations sexuelles avantageuses sur les mondes évolutionnaires, les capitales systémiques offrent toutes les chances d’acquérir ces expériences de mortels essentielles en association étroite et affectueuse avec les célestes créatures sexuées de l’ordre adamique qui ont leur résidence permanente sur les capitales systémiques. 45:6.4 Nul mortel survivant, nul médian, nul séraphin ne peut monter au Paradis, atteindre le Père et être enrôlé dans le Corps de la Finalité sans avoir passé par l’expérience sublime d’avoir établi des relations parentales avec un enfant évolutif des mondes ou passé par une expérience analogue ou équivalente. La relation entre parents et enfants est fondamentale pour concevoir la relation essentielle entre le Père Universel et ses enfants dans l’univers. C’est pourquoi cette expérience est indispensable dans l’éducation expérientielle de tous les ascendeurs. 45:6.5 Les créatures médianes ascendantes et les séraphins évolutionnaires doivent passer par cette expérience parentale en association avec les Fils et Filles Matériels du siège du système. C’est ainsi que les ascendeurs non reproducteurs acquièrent l’expérience parentale en aidant les Adams et les Èves de Jérusem à élever et à éduquer leur progéniture. 45:6.6 Tous les survivants mortels qui n’ont pas passé par l’expérience parentale sur les mondes évolutionnaires doivent également acquérir cet indispensable entrainement pendant qu’ils séjournent aux foyers des Fils Matériels de Jérusem comme associés parentaux de ces superbes pères et mères. Ceci est vrai, sauf dans la mesure où ces mortels ont déjà pu compenser leurs carences dans la nursery du système située sur le premier monde de culture transitionnelle de Jérusem. 45:6.7 La nursery probatoire de Satania est entretenue par certaines personnalités morontielles sur le monde des finalitaires où la moitié de la planète est consacrée à ce travail d’élever des enfants. C’est ici que l’on reçoit et réassemble certains enfants de mortels survivants tels que ceux qui ont péri sur les mondes évolutionnaires avant d’avoir acquis leur statut spirituel comme individus. L’ascension de l’un ou l’autre de leurs propres parents garantit que de tels enfants mortels des royaumes se verront accorder la repersonnalisation sur la planète finalitaire du système et pourront y démontrer, par leur libre choix ultérieur, s’ils décident ou non de suivre le sentier parental d’ascension mortelle. Les enfants apparaissent ici comme sur leur monde de nativité, sauf que la différenciation sexuelle y est absente. Il n’y a plus de reproduction à la manière des mortels après l’expérience vécue sur les mondes habités. 45:6.8 Les étudiants du monde des maisons qui ont un ou plusieurs enfants dans la nursery probatoire du monde finalitaire et dont l’expérience parentale essentielle est déficiente, peuvent demander aux Melchizédeks l’autorisation d’interrompre momentanément leur carrière d’ascension sur les mondes des maisons. Ils seront alors transférés sur le monde finalitaire où l’occasion leur sera donnée d’agir comme parents associés de leurs propres enfants et d’autres enfants. Plus tard, sur Jérusem, on leur comptera ce service parental comme équivalent à la moitié de l’entrainement à laquelle les ascendeurs doivent se soumettre dans les familles des Fils et Filles Matériels. 45:6.9 La nursery probatoire elle-même est supervisée par mille couples de Fils et de Filles Matériels volontaires de la colonie de leur ordre sur Jérusem. Ils ont pour assistants immédiats un nombre à peu près égal de groupes parentaux midsonites volontaires, qui s’arrêtent ici pour rendre ce service sur leur chemin entre le monde midsonite de Satania et leur destinée non révélée sur les mondes qui leur sont spécialement réservés parmi les sphères finalitaires de Salvington. 7. Les écoles Melchizédeks 45:7.1 Les Melchizédeks sont les directeurs du corps des nombreux instructeurs – créatures volitives partiellement spiritualisées et autres – qui opèrent d’une manière si accueillante sur Jérusem et ses mondes associés, mais spécialement sur les sept mondes des maisons. Ces derniers sont les planètes où l’on retient les mortels qui n’ont pas réussi à fusionner avec leur Ajusteur intérieur pendant la vie dans la chair, ils y sont réhabilités sous une forme provisoire, pour recevoir une aide supplémentaire et bénéficier de nouvelles occasions de poursuivre leurs efforts d’aboutissement spirituel, les mêmes efforts qui ont été prématurément interrompus par la mort. Si, pour quelque autre raison de handicap héréditaire ou d’environnement défavorable ou de concours de circonstances, cet aboutissement de l’âme n’a pu être accompli, quelle qu’en soit la raison, tous ceux dont les intentions sont sincères et l’esprit méritant se retrouvent, en tant que tels, présents sur les planètes de continuation. Là, il faut qu’ils apprennent à maitriser les facteurs essentiels de la carrière éternelle, à se rendre maitres de qualités qu’ils n’ont pas acquises ou pas pu acquérir pendant leur vie dans la chair. 45:7.2 Les Brillantes Étoiles du Soir (et leurs coordonnés non dénommés) servent fréquemment d’instructeurs dans les diverses entreprises éducatives de l’univers, y compris celles qui sont parrainées par les Melchizédeks. Les Fils Instructeurs de la Trinité collaborent également et ajoutent la touche de la perfection du Paradis à ces écoles d’entrainement progressif. Mais toutes ces activités ne sont pas consacrées exclusivement à l’avancement des mortels ascendants ; beaucoup d’entre elles concernent également l’entrainement progressif des personnalités spirituelles natives de Nébadon. 45:7.3 Les Fils Melchizédeks dirigent plus de trente centres éducatifs différents sur Jérusem. Ces écoles d’apprentissage commencent avec le collège où l’on s’évalue soi-même et finissent avec les écoles de citoyenneté de Jérusem, où les Fils et Filles Matériels se joignent aux Melchizédeks et à d’autres. Ils font ensemble un effort suprême pour rendre les survivants mortels capables d’assumer les hautes responsabilités d’un gouvernement représentatif. L’univers tout entier est organisé et administré sur le plan représentatif. Un gouvernement représentatif est l’idéal divin de l’autonomie pour les êtres imparfaits. 45:7.4 Tous les cent ans du temps de l’univers, chaque système sélectionne ses dix représentants pour siéger à la législature de la constellation. Ils sont nommés par le conseil des mille électeurs de Jérusem, un corps électif auquel incombe le devoir de représenter les groupes systémiques dans toutes les affaires justifiant une délégation ou une nomination. Tous les représentants ou autres délégués sont désignés par le conseil de mille électeurs et doivent être diplômés de la plus haute école du Collège d’Administration Melchizédek, comme le sont aussi tous ceux qui constituent ce groupe de mille électeurs. Cette école est entretenue par les Melchizédeks, récemment assistés par les finalitaires. 45:7.5 Il existe de nombreux corps électifs sur Jérusem ; leur autorité leur est conférée de temps à autre par le vote de trois ordres de citoyenneté – les Fils et Filles Matériels, les séraphins et leurs associés, y compris les créatures médianes et les mortels ascendants. Pour recevoir l’honneur d’être nommé représentant, un candidat doit en avoir été reconnu digne par les écoles Melchizédeks d’administration. 45:7.6 Sur Jérusem, le suffrage est universel parmi ces trois groupes de citoyens, mais le vote est émis différentiellement d’après la possession personnelle de la mota — la sagesse morontielle dument reconnue et enregistrée. Le vote émis à une élection de Jérusem par une personnalité donnée a une valeur comprise entre une et mille voix. Les citoyens de Jérusem sont donc classés selon leur réussite en mota. 45:7.7 De temps en temps, les citoyens de Jérusem se présentent aux examinateurs Melchizédeks, qui certifient leur degré d’aboutissement à la sagesse morontielle. Puis ils se présentent au corps examinateur des Brillantes Étoiles du Soir ou de leurs délégués, qui s’assurent de leur degré de clairvoyance spirituelle. Ensuite, ils paraissent devant les vingt-quatre conseillers et leurs associés, qui jugent leur statut d’aboutissement expérientiel de socialisation. Ces trois facteurs sont alors transmis aux archivistes de citoyenneté du gouvernement représentatif, qui calculent rapidement le statut de mota et attribuent au suffrage une valeur correspondante. 45:7.8 Sous la supervision des Melchizédeks, les mortels ascendants, spécialement ceux qui sont en retard pour unifier leur personnalité sur les nouveaux niveaux morontiels, sont pris en mains par les Fils Matériels et reçoivent un entrainement intensif destiné à redresser leurs carences. Nul mortel ascendant ne quitte le quartier général du système pour la carrière de socialisation plus étendue et plus variée de la constellation avant que les Fils Matériels aient certifié qu’il a atteint une personnalité de mota – une individualité conjuguant l’existence terrestre parachevée en association expérientielle avec la carrière morontielle à ses débuts, les deux étant dument amalgamés par le supercontrôle spirituel de l’Ajusteur de Pensée. 45:7.9 [Présenté par un Melchizédek ayant une affectation temporaire sur Urantia.] Fascicule 46. Le siège du système local 46:0.1 JÉRUSEM, siège de Satania, est une capitale moyenne de système local et, à part de nombreuses anomalies provenant de la rébellion de Lucifer et de l’effusion de Micaël sur Urantia, elle est typique des sphères similaires. Votre système local a passé par quelques expériences orageuses, mais aujourd’hui il est administré fort efficacement et, à mesure que s’écoulent les âges, les résultats de la disharmonie sont lentement mais sûrement éliminés. L’ordre et la bonne volonté sont restaurés et les conditions sur Jérusem se rapprochent de plus en plus du statut céleste de vos traditions, car le siège du système est vraiment le ciel imaginé par la majorité des croyants religieux du vingtième siècle. 1. Aspects physiques de Jérusem 46:1.1 Jérusem est divisé en mille secteurs de latitude et dix-mille zones longitudinales. La sphère a sept capitales majeures et soixante-dix centres administratifs mineurs. Les sept capitales de section s’occupent de diverses activités, et le Souverain du Système les visite chacune au moins une fois par an. 46:1.2 Le mille standard de Jérusem équivaut à peu près à sept milles [11,2 km] d’Urantia. Le poids standard, le « gradant », y est établi par le système décimal à partir de l’ultimaton complet et représente environ 280 grammes de chez vous. Le jour de Satania équivaut à trois jours d’Urantia moins une heure quatre minutes quinze secondes, et représente la durée de la rotation axiale de Jérusem. L’année du système comporte cent jours de Jérusem. L’heure du système est télédiffusée par les maitres chronoldeks. 46:1.3 L’énergie de Jérusem est magnifiquement contrôlée et circule autour de la sphère dans des canaux longitudinaux directement alimentés par les charges d’énergie de l’espace, et elle est habilement distribuée par les Maitres Contrôleurs Physiques. La résistance naturelle au passage de ces énergies dans les canaux conducteurs physiques fournit la chaleur nécessaire pour produire la température régulière de Jérusem. En pleine lumière, cette température est maintenue aux environs de 21 degrés centigrades, tandis que, pendant la période de régression de la lumière, elle tombe un peu au-dessous de 10 degrés. 46:1.4 La compréhension du système d’éclairage de Jérusem ne devrait pas vous être bien difficile. Il n’y a ni jours ni nuits, ni saisons de chaleur et de froid. Les transformateurs de pouvoir entretiennent cent-mille centres d’où des énergies raréfiées sont projetées vers le haut à travers l’atmosphère planétaire. Elles y subissent certaines modifications jusqu’à ce qu’elles atteignent le plafond électrique atmosphérique de la sphère. Ensuite, ces énergies sont réfléchies vers le bas sous forme d’une lumière douce, égale et tamisée, ayant à peu près l’intensité de la lumière solaire d’Urantia quand le soleil brille sur vos têtes à dix heures du matin. 46:1.5 Dans ces conditions d’éclairage, les rayons lumineux ne paraissent pas venir d’un point ; ils ne font que filtrer hors du ciel en émanant uniformément de toutes les directions de l’espace. Cette lumière est très semblable à la lumière naturelle du soleil, sauf qu’elle contient beaucoup moins de chaleur. On voit ainsi pourquoi les mondes-sièges ne sont pas lumineux dans l’espace. Même si Jérusem était très proche d’Urantia, elle en resterait invisible. 46:1.6 Les gaz de l’ionosphère supérieure de Jérusem qui réfléchissent l’énergie lumineuse vers le sol sont très semblables à ceux des couches atmosphériques supérieures d’Urantia où se produisent les phénomènes que vous appelez aurores boréales, bien que ceux-ci soient dus à des causes différentes. Sur Urantia, c’est la même couche gazeuse qui empêche les ondes hertziennes de s’échapper et les réfléchit vers la terre quand elles heurtent cette ceinture gazeuse dans leur trajectoire directe vers l’extérieur. Les ondes de radiodiffusion sont ainsi gardées à proximité de la surface pendant qu’elles voyagent dans l’air autour de votre monde. 46:1.7 L’éclairage de la sphère est maintenu uniforme pendant soixante-quinze pour cent du jour de Jérusem, et ensuite son intensité diminue graduellement jusqu’au point minimum où elle est à peu près celle de votre pleine lune par nuit claire. C’est l’heure tranquille pour tout Jérusem. Seules les stations réceptrices des télédiffusions fonctionnent pendant cette période de repos et de récupération. 46:1.8 Jérusem reçoit une faible lumière de plusieurs soleils voisins – une sorte de brillante lumière stellaire – mais ne dépend pas d’eux. Les mondes tels que Jérusem ne sont pas soumis aux vicissitudes des perturbations solaires ni confrontés au problème d’un soleil qui se refroidit ou qui meurt. 46:1.9 Les sept mondes d’études transitionnelles et leurs quarante-neuf satellites sont chauffés, éclairés, alimentés en énergie et irrigués selon la technique de Jérusem. 2. Caractéristiques physiques de Jérusem 46:2.1 Sur Jérusem, les chaines de montagnes escarpées d’Urantia et d’autres mondes évolués vous manqueront, car il n’y a ni tremblements de terre ni chutes de pluie, mais vous jouirez des magnifiques hautes terres et autres variantes extraordinaires de topographie et de paysages. D’immenses surfaces de Jérusem sont conservées « à l’état naturel », et la splendeur de ces districts dépasse de beaucoup la puissance de l’imagination humaine. 46:2.2 Il y a des milliers et des milliers de petits lacs, mais ni rivières torrentielles ni océans immenses. Il ne pleut pas et il n’y a ni orages ni ouragans sur aucun des mondes architecturaux, mais la condensation de l’humidité donne lieu à une précipitation quotidienne au moment du minimum de température qui accompagne la régression de la lumière. (Le point de rosée est plus élevé sur un monde à trois gaz que sur un monde à deux gaz comme Urantia). La vie physique des plantes et le monde morontiel des créatures vivantes exigent tous deux de l’humidité, mais celle-ci est largement fournie par le système souterrain de circulation des eaux qui couvre toute la sphère, même jusqu’au sommet des hautes terres. Cette circulation d’eau ne se fait pas tout entière dans le sous-sol, car de nombreux canaux réunissent les lacs étincelants de Jérusem. 46:2.3 L’atmosphère de Jérusem est un mélange de trois gaz. L’air est très semblable à celui d’Urantia avec l’addition d’un gaz adapté à la respiration de l’ordre de vie morontiel. En aucune manière ce troisième gaz ne rend l’air impropre à la respiration des animaux et des plantes des ordres matériels. 46:2.4 Le système des transports est conjugué avec les courants circulatoires de mouvements d’énergie, les courants d’énergie principaux étant espacés de seize kilomètres. Par une adaptation de mécanismes physiques, les êtres matériels de la planète peuvent se déplacer à une vitesse horaire allant de 300 à 800 kilomètres. Les oiseaux transporteurs volent à environ 160 kilomètres à l’heure. Les machines aériennes des Fils Matériels font environ 800 kilomètres à l’heure. Les êtres matériels et les jeunes êtres morontiels doivent employer ces mécaniques de transport, mais les personnalités spirituelles se déplacent par liaison avec les forces supérieures et les sources spirituelles d’énergie. 46:2.5 Jérusem et ses mondes associés sont dotés des dix divisions normales de vie physique caractéristiques des sphères architecturales de Nébadon. Et, comme il n’y a pas d’évolution organique sur Jérusem, il n’y a pas non plus de formes antagonistes de vie, ni de lutte pour l’existence, ni de survie des plus aptes. On y trouve plutôt une adaptation créative qui laisse prévoir la beauté, l’harmonie et la perfection des mondes éternels de l’univers central et divin. Toute cette perfection créative contient un étonnant mélange de vies physiques et morontielles dont les artisans célestes et leurs compagnons font artistiquement ressortir les contrastes. 46:2.6 Jérusem donne vraiment un avant-gout de gloire et de splendeur paradisiaques. Mais il faut perdre l’espoir de se faire une idée exacte de ces glorieux mondes architecturaux par des tentatives de description. Il ne s’y trouve presque rien de comparable aux choses de votre monde, et, même alors, les choses de Jérusem transcendent tellement celles d’Urantia que la comparaison devient presque grotesque. Avant d’arriver effectivement sur Jérusem, vous ne pouvez guère avoir une conception des mondes célestes qui se rapproche de la vérité, mais ensuite il ne vous faudra pas beaucoup de temps pour comparer votre prochaine expérience sur la capitale systémique avec votre future arrivée sur les sphères éducatives plus lointaines de l’univers, du superunivers et de Havona. 46:2.7 Le secteur des manufactures ou des laboratoires de Jérusem occupe une superficie étendue que les Urantiens auraient de la peine à reconnaitre, car les cheminées fumantes sont absentes. Il existe cependant une économie matérielle complexe associée à ces mondes spéciaux ; la perfection de leurs techniques mécaniques et de leurs réalisations physiques étonnerait et même confondrait vos chimistes et vos inventeurs les plus expérimentés. Arrêtez-vous pour considérer que, dans le voyage vers le Paradis, ce premier monde où l’on vous retient est beaucoup plus matériel que spirituel. Pendant tout votre séjour sur Jérusem et ses mondes de transition, vous restez bien plus proches de votre vie terrestre à facteurs matériels que de votre vie ultérieure d’existence spirituelle progressive. 46:2.8 Le Mont Séraph est le sommet le plus élevé de Jérusem ; il a environ quatre-mille-cinq-cents mètres d’altitude, et il est le point de départ de tous les séraphins transporteurs. De nombreux dispositifs mécaniques sont employés à fournir l’énergie initiale nécessaire pour échapper à la gravité planétaire et pour triompher de la résistance de l’air. Un transport séraphique part toutes les trois secondes du temps d’Urantia pendant toute la partie du jour où il fait clair, et parfois jusqu’à un moment tardif de la régression lumineuse. Les transporteurs partent à la vitesse d’environ vingt-cinq milles standards par seconde de temps d’Urantia et n’atteignent leur vitesse normale qu’après s’être éloignés de Jérusem de plus de deux-mille milles. 46:2.9 Les transports arrivent sur le champ de cristal, aussi appelé la mer de verre. Autour de cette zone se trouvent les stations réceptrices pour les divers ordres d’êtres qui traversent l’espace par transport séraphique. Près de la station réceptrice du cristal polaire destinée aux étudiants visiteurs, vous pourrez monter sur l’observatoire nacré et regarder l’immense carte en relief de toute la planète capitale de votre système. 3. Les télédiffusions de Jérusem 46:3.1 Les télédiffusions du superunivers et du Paradis-Havona sont reçues sur Jérusem en liaison avec Salvington et par une technique mettant en jeu le cristal polaire, la mer de verre. En plus des dispositifs pour recevoir ces communications venant de l’extérieur de Nébadon, il existe trois groupes distincts de stations réceptrices. Ces groupes de stations séparées, mais disposées sur trois cercles concentriques, sont adaptées à la réception des télédiffusions venant des mondes locaux, du siège de la constellation et de la capitale de l’univers local. Tous ces messages sont automatiquement publiés de manière à être discernables par tous les types d’êtres présents dans l’amphithéâtre central de la télédiffusion. Parmi toutes les occupations d’un mortel ascendant sur Jérusem, aucune n’est plus attrayante et passionnante que d’écouter le flot incessant des rapports spatiaux de l’univers. 46:3.2 Cette station réceptrice de Jérusem est entourée par un immense amphithéâtre construit de matériaux scintillants pour la plupart inconnus sur Urantia ; elle contient des places pour cinq-milliards de personnes – matérielles et morontielles – sans compter la place pour d’innombrables personnalités spirituelles. Tous les habitants de Jérusem ont pour distraction favorite de passer leurs loisirs à la station de radiodiffusion pour y apprendre des nouvelles du bien-être et de l’état de l’univers. C’est l’unique activité planétaire qui ne se ralentisse pas pendant la régression de la lumière. 46:3.3 Dans cet amphithéâtre récepteur, les messages de Salvington arrivent d’une manière continue. Non loin de là, venant d’Édentia, la parole des Très Hauts Pères de la Constellation est reçue au moins une fois par jour. Les télécommunications régulières et spéciales d’Uversa sont relayées périodiquement par Salvington et, quand il arrive des messages du Paradis, toute la population se rassemble autour de la mer de verre. Les amis d’Uversa ajoutent alors le phénomène de réflectivité à la technique des diffusions du Paradis, de sorte que tout ce que l’on entend devient visible. C’est ainsi que des avant-gouts continuels de beauté et de grandeur progressives sont procurés aux survivants mortels pendant leur voyage vers l’aventure intérieure éternelle. 46:3.4 La station émettrice de Jérusem est située au pôle opposé de la sphère. Toutes les télédiffusions destinées aux mondes individuels sont relayées à partir des capitales des systèmes, sauf les messages de Micaël ; ceux-ci vont parfois directement à leur destination par le circuit des archanges. 4. Zones résidentielles et administratives 46:4.1 Des portions considérables de Jérusem sont réservées comme zones résidentielles, tandis que d’autres portions de la capitale systémique sont affectées aux fonctions administratives nécessaires impliquant la supervision des affaires de 619 sphères habitées, de 56 mondes de culture transitionnelle et de la capitale même du système. Sur Jérusem et dans Nébadon, les dispositifs sont prévus comme suit : 46:4.2 1. Les cercles – les zones résidentielles des non natifs. 46:4.3 2. Les carrés – les zones administratives-exécutives du système. 46:4.4 3. Les rectangles – les lieux de rencontre de la vie indigène inférieure. 46:4.5 4. Les triangles – les zones administratives locales ou de Jérusem. 46:4.6 Ce dispositif des activités du système en cercles, carrés, rectangles et triangles est commun à toutes les capitales systémiques de Nébadon. Dans un autre univers, un dispositif entièrement différent peut prévaloir. Ce sont des affaires déterminées par les divers plans des Fils Créateurs. 46:4.7 Notre description des zones résidentielles et administratives ne fait pas entrer en ligne de compte les vastes et magnifiques propriétés des Fils Matériels de Dieu, les citoyens permanents de Jérusem, et nous ne mentionnons pas non plus de nombreux autres ordres séduisants de créatures spirituelles et quasi spirituelles. Par exemple, Jérusem bénéficie des services efficaces des spirongas conçus pour travailler dans le système. Ceux-ci se consacrent à un ministère spirituel en faveur des résidents et visiteurs supramatériels. Ils forment un groupe merveilleux d’êtres intelligents et beaux qui sont des serviteurs de transition pour les créatures morontielles supérieures et pour les aides morontiels qui travaillent à entretenir et à embellir toutes les créations morontielles. Ils représentent sur Jérusem ce que les créatures médianes représentent sur Urantia, des aides médians opérant entre le matériel et le spirituel. 46:4.8 Les capitales des systèmes sont uniques en ce sens qu’elles sont les seuls mondes où l’on peut observer à peu près parfaitement les trois phases matérielle, morontielle et spirituelle de l’existence universelle. Que vous soyez une personnalité matérielle, morontielle ou spirituelle, vous vous sentirez chez vous sur Jérusem. Il en est de même pour les êtres mixtes tels que les créatures médianes et les Fils Matériels. 46:4.9 Jérusem possède de grands bâtiments du type matériel aussi bien que du type morontiel, et l’embellissement des zones purement spirituelles n’est pas moins délicieux et surabondant. Si seulement j’avais des mots pour vous parler des contreparties morontielles du merveilleux équipement physique de Jérusem ! Si seulement je pouvais poursuivre ma description de la sublime grandeur et de l’exquise perfection des installations spirituelles de ce monde-siège ! Vos conceptions les plus audacieuses de perfection dans la beauté et de plénitude dans les installations n’approcheraient guère de ces splendeurs. Et Jérusem n’est que le premier pas sur le chemin vers la perfection céleste de la beauté du Paradis. 5. Les cercles de Jérusem 46:5.1 Les réserves résidentielles affectées aux groupes majeurs de la vie de l’univers s’appellent les cercles de Jérusem. Les groupes circulaires mentionnés dans ces exposés sont les suivants : 46:5.2 1. Les cercles des Fils de Dieu. 46:5.3 2. Les cercles des anges et des esprits supérieurs. 46:5.4 3. Les cercles des Aides d’Univers, y compris les fils trinitisés par des créatures non affectés auprès des Fils Instructeurs de la Trinité. 46:5.5 4. Les cercles des Maitres Contrôleurs Physiques. 46:5.6 5. Les cercles des mortels ascendants affectés y compris les créatures médianes. 46:5.7 6. Les cercles des colonies de courtoisie. 46:5.8 7. Les cercles du Corps de la Finalité. 46:5.9 Chacun de ces groupements résidentiels consiste en sept cercles concentriques et de plus en plus élevés. Ils sont tous construits sur le même modèle, mais leurs dimensions sont différentes et ils sont faits de matériaux dissemblables. Ils sont tous entourés d’enceintes de grande envergure qui s’élèvent en formant des promenades étendues ceinturant chaque groupe de sept cercles concentriques. 46:5.10 1. Les cercles des Fils de Dieu. Bien que les Fils de Dieu possèdent une planète sociale à eux, l’un des mondes de culture transitionnelle, ils occupent aussi ces domaines étendus sur Jérusem. Sur leur monde de culture transitionnelle, les mortels ascendants se mêlent librement à tous les ordres de filiation divine. Vous y aimerez et connaitrez personnellement ces Fils, mais leur vie sociale est surtout confinée dans ce monde spécial et ses satellites. Toutefois, dans les cercles de Jérusem, on peut voir à l’œuvre ces groupes variés de filiation. Et, du fait que la vision morontielle a une portée énorme, vous pourrez circuler sur les promenades des Fils et observer les activités mystérieuses de leurs nombreux ordres. 46:5.11 Ces sept cercles des Fils sont concentriques et successivement plus élevés, de sorte que chacun des cercles extérieurs plus grands domine les cercles intérieurs plus petits, chacun d’eux étant entouré d’un mur formant promenoir public. Ces murs sont construits de gemmes cristallines d’un éclat miroitant. Leur hauteur leur permet de dominer tout le cercle de résidence qu’ils entourent. Les nombreuses portes – de cinquante-mille à cent-cinquante-mille – qui s’ouvrent dans chacun de ces murs sont faites d’un seul cristal nacré. 46:5.12 Le premier cercle du domaine des Fils est occupé par les Fils Magistraux et leurs états-majors personnels. C’est là que se concentrent tous les plans et les activités immédiates des services de ces Fils judiciaires concernant les effusions et les jugements. C’est également par ce centre que les Avonals du système maintiennent le contact avec l’univers. 46:5.13 Le deuxième cercle est occupé par les Fils Instructeurs de la Trinité. Dans ce domaine sacré, les Daynals et leurs associés poursuivent l’entrainement des Fils Instructeurs primaires nouvellement arrivés. Et, dans tout ce travail, ils sont habilement aidés par une division de certains êtres coordonnés des Brillantes Étoiles du Soir. Les fils trinitisés par des créatures occupent un secteur du cercle des Daynals. Dans un système local, ce sont les Fils Instructeurs de la Trinité qui sont le plus près de représenter le Père Universel ; ils sont pour le moins issus de la Trinité. Ce deuxième cercle est un domaine qui présente un intérêt extraordinaire pour toutes les populations de Jérusem. 46:5.14 Le troisième cercle est consacré aux Melchizédeks. C’est là que résident les chefs systémiques qui supervisent les activités à peu près illimitées de ces Fils aux talents variés. Depuis le premier monde des maisons et pendant toute la carrière des mortels ascendants sur Jérusem, les Melchizédeks sont des pères adoptifs et des conseillers toujours présents. On peut dire sans erreur qu’ils représentent l’influence dominante sur Jérusem en dehors des activités continues des Fils et Filles Matériels. 46:5.15 Le quatrième cercle est la demeure des Vorondadeks et de tous les autres ordres de Fils visiteurs et observateurs qui ne sont pas logés ailleurs. Les Très Hauts Pères des Constellations habitent ce cercle au cours de leurs visites d’inspection dans le système local. Les Perfecteurs de Sagesse, les Conseillers Divins et les Censeurs Universels résident tous dans ce cercle quand ils sont de service dans le système. 46:5.16 Le cinquième cercle est la demeure des Lanonandeks, l’ordre de filiation des Souverains Systémiques et des Princes Planétaires. Les trois groupes se fondent en un quand ils habitent ce domaine. Les réserves du système sont maintenues sur ce cercle, et le Souverain du Système a un temple situé au centre des bâtiments du groupe gouvernemental sur la colline de l’administration. 46:5.17 Le sixième cercle est le lieu de séjour des Porteurs de Vie du système. Tous les ordres de ces Fils y sont rassemblés et en partent pour leurs missions dans les mondes. 46:5.18 Le septième cercle est le lieu de rencontre des fils ascendants, ces mortels affectés qui sont temporairement en fonction au siège du système, ainsi que leurs consorts séraphiques. Tous les ex-mortels ayant un statut supérieur à celui des citoyens de Jérusem et inférieur à celui des finalitaires sont comptés comme appartenant au groupe ayant son quartier général dans ce cercle. 46:5.19 Ces réserves circulaires des Fils occupent une surface énorme et, jusqu’à il y a mille-neuf-cents ans, il existait un grand espace libre en son centre. Cette région centrale est maintenant occupée par le monument commémoratif de Micaël, qui fut achevé il y a environ 500 ans. Il y a 495 ans, lors de la consécration de ce temple, Micaël était présent en personne, et tout Jérusem entendit la touchante histoire de l’effusion du Maitre Fils sur Urantia, la planète la plus insignifiante de Satania. Le monument de Micaël est maintenant le centre de toutes les activités incluses dans l’administration du système, modifiée par la suite de l’effusion de Micaël, y compris la plupart des activités de Salvington qui y furent récemment transférées. L’état-major commémoratif comprend plus d’un million de personnalités. 46:5.20 2. Les cercles des anges. De même que la zone résidentielle des Fils, les cercles des anges consistent en sept élévations circulaires concentriques successives ayant chacune la vue sur les zones intérieures. 46:5.21 Le premier des cercles des anges est occupé par les Personnalités Supérieures de l’Esprit Infini qui se trouvent stationnées sur les mondes-sièges – les Messagers Solitaires et leurs associés. Le deuxième cercle est consacré à l’armée des messagers, Conseillers Techniques, compagnons, inspecteurs et archivistes qui peuvent être amenés à opérer de temps en temps sur Jérusem. Le troisième cercle est occupé par les esprits tutélaires des ordres et groupements supérieurs. 46:5.22 Le quatrième cercle est occupé par les séraphins administrateurs, et les séraphins qui servent dans un système local tel que Satania forment « une multitude innombrable d’anges ». Le cinquième cercle est occupé par les séraphins planétaires, tandis que le sixième est le foyer des ministres de transition. Le septième cercle est la sphère de séjour de certains ordres non révélés de séraphins. Les archivistes de tous ces groupes d’anges n’habitent pas avec leurs compagnons ; ils sont domiciliés au temple des archives de Jérusem. Tous les documents sont conservés en trois exemplaires dans cette triple salle des archives. Au siège d’un système, les documents sont toujours conservés sous formes matérielle, morontielle et spirituelle. 46:5.23 Ces sept cercles des anges sont entourés par l’exposition panoramique de Jérusem, qui a cinq-mille milles standards de circonférence. On y présente le statut progressif des mondes habités de Satania sous une forme constamment révisée, de manière à représenter vraiment les conditions d’actualité sur les planètes individuelles. Je ne doute pas que cet immense promenoir dominant les cercles des anges sera la première vue de Jérusem qui attirera votre attention lorsque des loisirs étendus vous seront accordés au cours de vos visites initiales. 46:5.24 Les natifs de Jérusem ont la responsabilité de ces expositions, mais sont aidés par les ascendeurs des divers mondes de Satania qui séjournent sur Jérusem en route vers Édentia. La description des conditions planétaires et des progrès mondiaux s’effectue par beaucoup de méthodes dont quelques-unes vous sont connues, mais principalement par des techniques inconnues sur Urantia. Ces expositions occupent la bordure extérieure de la vaste muraille. Le reste de la promenade est à peu près entièrement dégagé tout en étant très décoré, et d’une façon magnifique. 46:5.25 3. Les cercles des Aides de l’Univers. Le quartier général des Étoiles du Soir est situé dans l’énorme espace central. C’est là que se trouve le siège systémique de Galantia, le chef adjoint de ce puissant groupe de superanges, le premier commissionné de toutes les Étoiles du Soir ascendantes. Bien qu’il s’agisse d’une des plus récentes constructions, c’est l’un des plus magnifiques secteurs administratifs de Jérusem. Ce centre a cinquante milles de diamètre. Le quartier général de Galantia est un cristal fondu monolithique, entièrement transparent. Les êtres matériels aussi bien que morontiels apprécient beaucoup ces cristaux matériels-morontiels. Les Étoiles du Soir créées exercent leur influence sur tout Jérusem et possèdent des attributs extrapersonnels. Ce monde tout entier a acquis un arôme spirituel du fait que beaucoup d’activités des Étoiles du Soir y ont été transférées de Salvington. 46:5.26 4. Les cercles des Maitres Contrôleurs Physiques. Les divers ordres de Maitres Contrôleurs Physiques sont disposés concentriquement autour du vaste temple de pouvoir où préside le chef de pouvoir du système, en association avec le chef des Superviseurs de Pouvoir Morontiel. Ce temple de pouvoir est l’un des deux secteurs de Jérusem dont l’entrée est interdite aux mortels ascendants et aux créatures médianes. L’autre est le secteur de dématérialisation dans la zone des Fils Matériels, une série de laboratoires où les séraphins transporteurs transforment les êtres matériels en un état tout à fait semblable à celui de l’ordre morontiel d’existence. 46:5.27 5. Les cercles des mortels ascendants. La zone centrale des cercles des mortels ascendants est occupée par un groupe de 619 monuments commémoratifs planétaires représentant les 619 mondes habités du système, et ces structures subissent périodiquement des transformations étendues. Les mortels de chaque monde ont le privilège de donner leur accord de temps en temps à certaines transformations ou additions à leurs monuments planétaires. Même aujourd’hui, de nombreux changements sont apportés à l’édifice concernant Urantia. Le centre des 619 temples est occupé par une maquette active d’Édentia et de ses nombreux mondes de culture ascendante. La maquette a un diamètre de quarante milles et reproduit véridiquement le système réel d’Édentia dans tous ses détails. 46:5.28 Les ascendeurs ont plaisir à servir sur Jérusem et à observer les techniques des autres groupes. Tout ce qui se passe dans ces divers cercles est ouvert à l’inspection complète de tout Jérusem. 46:5.29 Les activités de ce monde comportent trois variétés distinctes : le travail, le progrès et le jeu, autrement dit le service, l’étude et la détente. Les activités composites consistent en rapports sociaux, divertissements collectifs et adoration divine. Il y a grand profit au point de vue éducatif à se mêler à des groupes divers de personnalités appartenant à des ordres très différents de vos propres compagnons. 46:5.30 6. Les cercles des colonies de courtoisie. Les sept cercles des colonies de courtoisie sont ornés de trois structures colossales : l’énorme observatoire astronomique de Jérusem, la gigantesque galerie d’art de Satania et l’immense salle de réunion des directeurs de la rétrospection, le théâtre des activités morontielles consacrées au repos et à la récréation. 46:5.31 Les artisans célestes dirigent les spornagias et fournissent la foule des décorations créatives et des monuments commémoratifs qui abondent dans tous les lieux de réunions publiques. Les ateliers de ces artisans comptent parmi les plus grands et les plus beaux des édifices incomparables de ce monde magnifique. Les autres colonies de courtoisie entretiennent de vastes et superbes quartiers généraux. Beaucoup de ces bâtiments sont entièrement construits de gemmes cristallines. Tous les mondes architecturaux regorgent de cristaux et de métaux dits précieux. 46:5.32 7. Les cercles des finalitaires ont à leur centre une structure unique. Et un temple vide analogue se trouve sur tous les mondes-sièges systémiques dans tout Nébadon. Cet édifice de Jérusem porte le sceau de l’insigne de Micaël et l’inscription suivante : « Non dédié au septième stade de l’esprit – à la mission éternelle. » C’est Gabriel qui a placé le sceau sur ce temple de mystère, et nul sauf Micaël ne peut briser le sceau de souveraineté apposé par la Radieuse Étoile du Matin. Un jour, vous pourrez contempler ce temple silencieux, même si vous ne pouvez pénétrer son mystère. 46:5.33 Autres cercles de Jérusem : En plus de ces cercles résidentiels, Jérusem contient de nombreuses autres demeures spécialisées. 6. Les carrés exécutifs-administratifs 46:6.1 Les divisions exécutives-administratives du système sont situées dans d’immenses carrés départementaux au nombre de mille. Chaque unité administrative est divisée en cent subdivisions de dix sous-groupes chacune. Ces mille carrés sont rassemblés en dix grandes divisions formant les dix départements administratifs suivants : 46:6.2 1. Entretien physique et améliorations matérielles, les domaines du pouvoir et de l’énergie physique. 46:6.3 2. Arbitrages, éthique et jugements administratifs. 46:6.4 3. Affaires planétaires et locales. 46:6.5 4. Affaires des constellations et de l’univers. 46:6.6 5. Éducation et autres activités des Melchizédeks. 46:6.7 6. Progrès physiques planétaires et systémiques, les domaines scientifiques des activités de Satania. 46:6.8 7. Affaires morontielles. 46:6.9 8. Activités et éthiques purement spirituelles. 46:6.10 9. Ministère ascendant. 46:6.11 10. Philosophie du grand univers. 46:6.12 Ces structures sont transparentes, de sorte que toutes les activités systémiques peuvent être observées, même par les étudiants en visite. 7. Les rectangles – les spornagias 46:7.1 Les mille rectangles de Jérusem sont occupés par la vie indigène inférieure de la planète-siège, et à leur centre se situe le vaste quartier général circulaire des spornagias. 46:7.2 Sur Jérusem, vous serez stupéfaits par les réussites agricoles des merveilleux spornagias. La terre y est cultivée surtout en vue d’effets esthétiques et ornementaux. Les spornagias sont les jardiniers paysagistes des mondes-sièges, et ils arrangent les espaces dégagés de Jérusem d’une manière à la fois originale et artistique. Ils utilisent des animaux et de nombreux dispositifs mécaniques pour cultiver le sol. Ils sont habiles à employer intelligemment les agencements de pouvoir de leur royaume aussi bien qu’à utiliser de nombreux ordres de leurs frères moins évolués des créations animales inférieures, dont beaucoup leur sont fournis sur ces mondes spéciaux. Cet ordre de vie animale est maintenant dirigé en grande partie par les créatures médianes ascendantes des sphères évolutionnaires. 46:7.3 Les spornagias ne sont pas habités par des Ajusteurs. Ils ne possèdent pas d’âme de survie, mais ils jouissent d’une vie très longue, parfois quarante ou cinquante-mille ans standard. Leur nombre est légion, et ils apportent leur ministère physique à tous les ordres de personnalités universelles ayant besoin de services matériels. 46:7.4 Bien que les spornagias ne possèdent ni ne développent des âmes de survie, et bien qu’ils soient dépourvus de personnalité, ils élaborent néanmoins une individualité susceptible de se réincarner. Lorsqu’avec le passage du temps le corps physique de ces créatures uniques se détériore par usure et vieillesse, leurs créateurs, en collaboration avec les Porteurs de Vie, fabriquent de nouveaux corps dans lesquels les vieux spornagias rétablissent leur résidence. 46:7.5 Dans tout l’univers de Nébadon, les spornagias sont les seules créatures qui se réincarnent ainsi ou d’une autre manière. Ils ne sont sensibles qu’aux cinq premiers esprits-mentaux adjuvats. Ils ne réagissent pas aux esprits d’adoration et de sagesse, mais le mental sensible à cinq adjuvats est équivalent à un niveau de totalité ou de sixième niveau de réalité, et c’est ce facteur qui persiste comme identité expérientielle. 46:7.6 Pour décrire ces créatures utiles et inhabituelles, je ne dispose d’aucun point de comparaison, car les mondes évolutionnaires ne contiennent pas d’animaux analogues. Les spornagias ne sont pas des êtres évolutionnaires, puisqu’ils ont été projetés par les Porteurs de Vie avec leur forme et leur statut présents. Ils sont bisexués et ils procréent pour faire face, selon les nécessités, aux besoins d’une population croissante. 46:7.7 Pour suggérer au mental urantien une notion de la nature de ces belles et utiles créatures, je dirais qu’elles englobent les traits de caractère combinés d’un cheval fidèle et d’un chien affectueux, et qu’elles manifestent une intelligence dépassant celle des types supérieurs de chimpanzés. Et, d’après les normes physiques d’Urantia, elles sont très belles. Les spornagias apprécient beaucoup les attentions que leur témoignent les hôtes matériels et semi-matériels des mondes architecturaux. Leur vision leur permet de reconnaitre – en plus des êtres matériels – les créations morontielles, les ordres angéliques inférieurs, les créatures médianes et quelques ordres inférieurs de personnalités spirituelles. Ils ne comprennent pas l’adoration de l’Infini et ne saisissent pas l’importance de l’Éternel, mais, par affection pour leurs maitres, ils participent aux dévotions spirituelles extérieures de leur royaume. 46:7.8 D’aucuns croient que, dans un âge futur de l’univers, ces fidèles spornagias échapperont à leur niveau animal d’existence et atteindront une destinée évolutive valable de croissance intellectuelle progressive et même d’aboutissement spirituel. 8. Les triangles de Jérusem 46:8.1 Les affaires purement locales et courantes de Jérusem sont dirigées à partir des cent triangles. Ces unités sont groupées autour des dix magnifiques structures qui abritent l’organisation locale de Jérusem. Les triangles sont entourés par des descriptions panoramiques de l’histoire du quartier général systémique. Il existe présentement un hiatus de plus de deux milles standards dans cette histoire circulaire. Ce secteur sera remis en état quand Satania sera réintégrée dans la famille de la constellation. Toutes les dispositions pour cet évènement ont été prises par des décrets de Micaël, mais le tribunal des Anciens des Jours n’a pas encore fini de statuer sur les affaires de la rébellion de Lucifer. Satania ne peut se requalifier pour la pleine communauté de Norlatiadek tant que le système abrite des archirebelles, des êtres qui ont été créés supérieurs et qui ont chu de la lumière dans les ténèbres. 46:8.2 Quand Satania pourra rentrer au sein de la constellation, on mettra à l’étude la réadmission des mondes isolés dans la famille systémique des planètes habitées, en même temps que leur rétablissement à la communion spirituelle des royaumes. Mais, même si Urantia était réincorporée dans les circuits systémiques, vous resteriez encore embarrassés par le fait que l’ensemble du système reste soumis à une quarantaine de Norlatiadek, qui l’isole partiellement de tous les autres systèmes. 46:8.3 Mais d’ici peu le jugement de Lucifer et de ses associés restaurera le système de Satania dans la constellation de Norlatiadek, et ensuite Urantia et les autres sphères isolées seront rétablies dans les circuits de Satania. Ces mondes jouiront alors de nouveau du privilège des communications interplanétaires et de la communion intersystémique. 46:8.4 Les rebelles et la rébellion auront une fin. Les Chefs Suprêmes sont miséricordieux et patients, mais la loi concernant le mal délibérément entretenu est appliquée universellement et infailliblement. « Le salaire du péché, c’est la mort » – l’annihilation pour l’éternité. 46:8.5 [Présenté par un archange de Nébadon.] Fascicule 47. Les sept mondes des maisons 47:0.1 Lorsque le Fils Créateur séjourna sur Urantia, il parla des « nombreuses maisons dans l’univers du Père ». Dans un certain sens, les cinquante-six mondes qui entourent Jérusem sont tous consacrés à la culture transitionnelle des mortels ascendants, mais le nom de mondes des maisons est plus spécifiquement attribué aux sept satellites du monde numéro un. 47:0.2 Le monde de transition numéro un lui-même est entièrement et exclusivement consacré aux activités ascendantes, car il est le quartier général du corps des finalitaires affectés à Satania. Ce monde sert présentement de siège à plus de cent-mille compagnies de finalitaires, et chacune d’elles contient mille êtres glorifiés. 47:0.3 Quand un système est ancré dans la lumière et la vie, et qu’un à un les mondes des maisons cessent de servir de stations éducatives pour les mortels, ils sont occupés par la population finalitaire croissante qui s’accumule dans ces systèmes plus anciens et plus hautement perfectionnés. 47:0.4 Les sept mondes des maisons sont placés sous la responsabilité des superviseurs morontiels et des Melchizédeks. Sur chacun d’eux, un gouverneur en exercice est directement responsable devant les dirigeants de Jérusem. Les conciliateurs d’Uversa maintiennent un siège sur chaque monde des maisons, et dans le voisinage se trouve le lieu de rencontre local des Conseillers Techniques. Les directeurs de la rétrospection et les artisans célestes entretiennent aussi un siège de groupe sur chacun de ces mondes. Les spirongas opèrent à partir du deuxième monde des maisons et sur les suivants. Les sept mondes, ainsi que les autres planètes de culture transitionnelle et le monde-siège, sont abondamment pourvus de spornagias du type normal. 1. Le monde des finalitaires 47:1.1 Bien que le monde transitionnel numéro un ne contienne comme résidents que des finalitaires et certains groupes d’enfants récupérés accompagnés de ceux qui prennent soin d’eux, des dispositions sont prises pour y recevoir toutes les classes d’êtres spirituels, de mortels de transition et de visiteurs étudiants. Les spornagias, qui opèrent sur tous ces mondes, sont des hôtes hospitaliers pour tous les êtres qu’ils peuvent reconnaître. Ils ont un vague sentiment au sujet des finalitaires, mais ne peuvent pas les apercevoir. Ils doivent s’en faire une image très semblable à celle que vous vous faites des anges dans votre présent état physique. 47:1.2 Le monde des finalitaires est une sphère dont la beauté physique est exquise et l’ornementation morontielle extraordinaire, mais la grande demeure spirituelle située au centre de ses activités, le temple des finalitaires, n’est perceptible, sans aide, ni par la vision matérielle ni par la vision morontielle initiale. Mais les transformateurs d’énergies sont capables de rendre visibles beaucoup de ces réalités aux mortels ascendants, et ils le font de temps en temps, par exemple à l’occasion des réunions de classes des étudiants du monde des maisons sur cette sphère culturelle. 47:1.3 Pendant toute votre expérience sur les mondes des maisons, vous avez une certaine conscience spirituelle de la présence de vos frères glorifiés qui ont atteint le Paradis, mais, de temps à autre, il est très reposant de les percevoir tels qu’ils vivent dans les demeures de leur quartier général. Vous n’apercevrez pas naturellement les finalitaires avant d’avoir acquis la véritable vision spirituelle. 47:1.4 Sur le premier monde des maisons, tous les survivants doivent satisfaire aux exigences de la commission parentale de leur planète natale. La commission d’Urantia se compose présentement de douze couples de parents récemment arrivés qui ont eu, en tant que mortels, l’expérience d’élever au moins trois enfants jusqu’à l’âge de la puberté. On sert par permutation dans cette commission, et généralement pendant dix ans seulement. Tous les examinés dont l’expérience parentale ne satisfait pas les commissaires doivent compléter leur qualification en servant dans les demeures des Fils Matériels de Jérusem, ou en partie dans la nursery probatoire du monde finalitaire. 47:1.5 Mais, indépendamment de leur expérience parentale, les parents du monde des maisons, dont les enfants grandissent dans la nursery probatoire, ont toutes les occasions de collaborer avec les gardiens morontiels de ces enfants pour leur instruction et leur formation. Ces parents ont la permission d’y aller jusqu’à quatre fois par an pour leur rendre visite. Et c’est un des spectacles les plus beaux et les plus touchants de toute la carrière ascendante que de voir les parents du monde des maisons embrasser leurs enfants matériels à l’occasion de leurs pèlerinages périodiques au monde finalitaire. Bien que l’un des parents ou les deux puissent quitter le monde des maisons avant l’enfant, ils sont très souvent contemporains pour un temps. 47:1.6 Nul ascendeur mortel ne peut échapper à l’expérience d’élever des enfants – les siens ou d’autres – soit sur les mondes matériels, soit ultérieurement sur le monde finalitaire ou sur Jérusem. Les pères doivent passer par cette expérience essentielle tout aussi certainement que les mères. Chez les peuples modernes d’Urantia, c’est une notion malheureuse et erronée de croire que la culture des enfants incombe principalement aux mères. Les enfants ont besoin d’un père aussi bien que d’une mère, et les pères ont autant besoin de l’expérience parentale que les mères. 2. La nursery probatoire 47:2.1 Les écoles de Satania où l’on reçoit les bébés sont situées sur le monde finalitaire, la première des sphères de culture transitionnelle de Jérusem. Ces écoles où l’on reçoit des bébés sont des entreprises consacrées à élever et à éduquer les enfants du temps, y compris ceux qui sont morts sur les mondes évolutionnaires de l’espace avant d’avoir acquis un statut individuel inscrit dans les archives de l’univers. Si l’un des parents ou les deux parents d’un de ces enfants survivent, le gardien de la destinée délègue son chérubin associé comme conservateur de l’identité potentielle de l’enfant ; il charge le chérubin de la responsabilité de remettre cette âme non développée entre les mains des Éducateurs des Mondes des Maisons dans la nursery probatoire des mondes morontiels. 47:2.2 Ce sont ces mêmes chérubins abandonnés qui, en tant qu’Éducateurs des Mondes des Maisons et sous la direction des Melchizédeks, entretiennent une organisation éducative étendue pour instruire les pupilles probatoires des finalitaires. Ces pupilles des finalitaires, enfants de mortels ascendants, sont toujours personnalisés selon leur statut physique exact au moment de leur mort, sauf pour le potentiel de reproduction. Ce réveil a lieu au moment précis de l’arrivée d’un des parents sur le premier monde des maisons. On donne alors à ces enfants, tels qu’ils sont, toutes les occasions de choisir le chemin du ciel, exactement comme ils auraient pu faire leur choix sur les mondes où la mort a si prématurément mis fin à leur carrière. 47:2.3 Sur le monde de la nursery, les créatures probatoires sont groupées d’après le critère qu’elles ont ou non un Ajusteur, car les Ajusteurs viennent habiter ces enfants matériels exactement comme sur les mondes du temps. Les enfants trop jeunes pour avoir eu un Ajusteur sont élevés en famille par cinq s’échelonnant depuis l’âge d’un an et moins jusqu’à environ cinq ans, ou jusqu’à l’âge où l’Ajusteur arrive. 47:2.4 Tous les enfants des mondes en évolution qui ont des Ajusteurs de Pensée, mais qui n’avaient pas fait avant leur mort leur choix au sujet de la carrière du Paradis, sont également repersonnalisés sur le monde finalitaire du système. Ils y grandissent dans les familles des Fils Matériels et de leurs associés tout comme les petits enfants qui arrivent sans Ajusteurs, mais qui recevront ultérieurement des Moniteurs de Mystère après avoir atteint l’âge permettant un choix moral. 47:2.5 Les enfants et adolescents habités par un Ajusteur et vivant sur le monde des finalitaires sont aussi élevés en familles de cinq, dont l’âge s’échelonne entre six et quatorze ans. Ces familles sont composées approximativement d’enfants âgés de six, huit, dix, douze et quatorze ans. À tout moment après seize ans, s’ils ont effectué leur choix final, ils sont transférés au premier monde des maisons et commencent leur ascension vers le Paradis. Quelques-uns font un choix avant cet âge et vont aux sphères d’ascension, mais on ne rencontre, sur les mondes des maisons, que très peu d’enfants de moins de seize ans comptés d’après les standards d’Urantia. 47:2.6 Les gardiens séraphiques accompagnent ces adolescents dans la nursery probatoire du monde finalitaire exactement comme ils apportent leur ministère spirituel aux mortels sur les planètes évolutionnaires, tandis que les fidèles spornagias veillent à leurs besoins physiques. Ces enfants grandissent ainsi sur le monde de transition jusqu’à l’époque où ils font leur choix définitif. 47:2.7 Quand la vie matérielle a terminé son cours, si ces enfants du temps n’ont pas choisi la vie ascendante, ou bien s’ils ont nettement pris position contre l’aventure de Havona, la mort met automatiquement fin à leur carrière probatoire. Il n’y a pas de jugement pour de tels cas ; cette seconde mort ne comporte pas de résurrection. Tout se passe simplement comme s’ils n’avaient pas existé. 47:2.8 Si au contraire ils choisissent le sentier paradisiaque de la perfection, alors on les prépare immédiatement pour être transférés au premier monde des maisons, où beaucoup arrivent à temps pour se joindre à leurs parents dans l’ascension de Havona. Après avoir passé par Havona et atteint les Déités, ces âmes récupérées, d’origine mortelle, constituent la citoyenneté ascendante permanente du Paradis. Ces enfants qui ont été privés de la précieuse et essentielle expérience évolutionnaire sur les mondes de nativité mortelle ne sont pas enrôlés dans le Corps de la Finalité. 3. Le premier monde des maisons 47:3.1 Sur les mondes des maisons, les survivants mortels ressuscités reprennent le fil de leur vie exactement au point où ils l’ont laissée quand ils ont été surpris par la mort. En allant d’Urantia au premier monde des maisons, vous remarquerez un changement considérable, mais, si vous étiez venu d’une sphère du temps plus normale et progressive, vous vous seriez à peine rendu compte de la différence, sauf par le fait que vous vous trouvez en possession d’un autre corps ; le tabernacle de chair et de sang a été laissé en arrière sur le monde de nativité. 47:3.2 Le vrai centre de toutes les activités sur le premier monde des maisons est la salle de résurrection, le temple colossal où l’on reconstitue les personnalités. Cette construction gigantesque est le lieu de rencontre central des gardiens séraphiques de la destinée, des Ajusteurs de Pensée et des archanges de la résurrection. Les Porteurs de Vie opèrent aussi avec ces êtres célestes pour ressusciter les morts. 47:3.3 Les transcriptions du mental mortel et les modèles actifs de la mémoire de la créature, transposés des niveaux matériels aux niveaux spirituels, sont la propriété individuelle des Ajusteurs de Pensée détachés. Ces facteurs spiritualisés du mental, de la mémoire et de la personnalité de la créature font pour toujours partie intégrante de ces Ajusteurs. La matrice mentale de la créature et les potentiels d’identité passifs sont présents dans l’âme morontielle confiée à la garde des gardiens séraphiques de la destinée. Et c’est la réunion de l’âme morontielle confiée aux séraphins et du mental spirituel confié à l’Ajusteur qui reconstitue la personnalité de la créature et constitue la résurrection des survivants endormis. 47:3.4 Si une personnalité transitoire d’origine mortelle n’était jamais reconstituée ainsi, les éléments spirituels de cette créature non survivante continueraient éternellement à faire partie de la dotation expérientielle individuelle de celui qui fut autrefois son Ajusteur intérieur. 47:3.5 Partant du Temple de la Vie Nouvelle s’étendent sept ailes radiales, les salles de résurrection des races mortelles. Chacune de ces structures est consacrée à la reconstitution de ceux qui appartiennent à l’une des sept races du temps. Chacune des sept ailes contient cent-mille chambres personnelles de résurrection et se termine par les salles circulaires d’assemblage en classe qui servent de chambres de réveil pour un nombre d’individus allant jusqu’à un million. Ces salles sont entourées par les chambres où l’on reconstitue les personnalités des races mixtes des mondes postadamiques normaux. Quelle que soit la technique employée sur les mondes individuels du temps lors des résurrections dispensationnelles ou spéciales, la véritable reconstitution consciente d’une personnalité actuelle et complète a lieu dans les salles de résurrection de la première maisonnia. Pendant toute l’éternité, vous conserverez la mémoire des profondes impressions que vous aurez ressenties en assistant pour la première fois à ces matinées de résurrection. 47:3.6 Partant des salles de résurrection, vous allez au secteur Melchizédek où l’on vous affecte une résidence permanente. Vous entrez alors dans une période de dix jours de liberté personnelle. Vous êtes libre d’explorer le voisinage immédiat de votre nouveau foyer et de vous familiariser avec le programme qui vous attend dans l’avenir immédiat. Vous avez aussi le temps de satisfaire votre désir de consulter le registre des inscriptions et de rendre visite à ceux que vous aimiez et aux autres amis terrestres qui vous ont précédé sur ces mondes. À la fin de vos dix jours de loisirs, vous commencez la seconde étape du voyage vers le Paradis, car les mondes des maisons ne sont pas simplement des planètes où l’on vous retient, mais des sphères d’entrainement effectif. 47:3.7 Sur le monde des maisons numéro un (ou sur un autre si votre statut est plus élevé) vous reprendrez votre entrainement intellectuel et votre développement spirituel au niveau exact où il a été interrompu par la mort. Entre le moment de la mort planétaire ou du transfert et celui de la résurrection sur le monde des maisons, les mortels ne gagnent absolument rien, à part l’expérience du fait de la survie. Vous commencez là-bas exactement au point où vous en étiez en partant d’ici. 47:3.8 Presque toute l’expérience du monde des maisons numéro un concerne les soins apportés aux déficiences. Les survivants qui arrivent sur cette première sphère de retenue présentent des défauts de caractère si nombreux et si variés, et de telles déficiences d’expérience humaine, que le royaume consacre ses activités majeures à corriger et à guérir ces multiples héritages de la vie incarnée sur les mondes matériels évolutionnaires du temps et de l’espace. 47:3.9 Le séjour sur le monde des maisons numéro un est destiné à développer les survivants mortels, au moins jusqu’au statut de la dispensation postadamique sur les mondes évolutionnaires normaux. Au point de vue spirituel, les étudiants du monde des maisons ont bien entendu dépassé de beaucoup cet état de simple développement humain. 47:3.10 Si vous ne devez pas être retenu sur le monde des maisons numéro 1, vous entrerez au bout de dix jours dans le sommeil de translation et vous irez sur le monde numéro deux. Vous avancerez ensuite de la même manière tous les dix jours jusqu’à ce que vous arriviez au monde de votre affectation. 47:3.11 Le centre des sept cercles majeurs de l’administration du premier monde des maisons est occupé par le temple des Compagnons de la Morontia, les guides personnels affectés aux ascendeurs mortels. Ces compagnons sont des descendants de l’Esprit-Mère de l’univers local, et l’on en compte plusieurs millions sur les mondes morontiels de Satania. En dehors de ceux qui sont affectés comme compagnons de groupe, vous aurez beaucoup à faire avec les interprètes et traducteurs, les conservateurs des bâtiments et les superviseurs d’excursions. Et tous ces compagnons manifestent un grand esprit de coopération avec ceux qui s’occupent de développer vos facteurs de personnalité mentale et spirituelle à l’intérieur du corps morontiel. 47:3.12 Lors de vos débuts sur le premier monde des maisons, un Compagnon de la Morontia est affecté à chaque compagnie de mille ascendeurs mortels, mais vous en rencontrerez davantage en progressant à travers les sept sphères des maisons. Ces beaux êtres aux talents variés sont des compagnons sociables et des guides charmants. Ils sont libres d’accompagner des individus ou des groupes sélectionnés sur n’importe quelle sphère de culture transitionnelle et sur ses satellites. Ils sont les guides d’excursion et les compagnons de loisir de tous les mortels ascendants. Ils accompagnent souvent des groupes de survivants au cours de visites périodiques à Jérusem où vous pouvez, à tout moment de la visite, aller au secteur des inscriptions de la capitale du système et rencontrer des ascendeurs venant des sept mondes des maisons, puisque ces derniers voyagent librement, aller et retour, entre leurs demeures résidentielles et le quartier général du système. 4. Le deuxième monde des maisons 47:4.1 C’est sur cette sphère que vous vous installez plus complètement dans la vie des maisons. Les regroupements de la vie morontielle commencent à prendre forme. Des groupes de travail et des organisations sociales prennent naissance et fonctionnent, des communautés atteignent leurs proportions normales, et les mortels en progrès inaugurent de nouveaux ordres sociaux et des dispositifs gouvernementaux. 47:4.2 Les survivants fusionnés avec l’Esprit occupent les mondes des maisons en commun avec les ascendeurs fusionnés avec l’Ajusteur. Bien que les divers ordres de vie céleste diffèrent, ils sont tous amicaux et fraternels. Sur aucun des mondes de l’ascension vous ne trouverez quelque chose de comparable à l’intolérance humaine et à la discrimination des systèmes inconsidérés de castes. 47:4.3 À mesure que vous faites, un par un, l’ascension des mondes des maisons, vous les trouvez de plus en plus animés par les activités morontielles des survivants qui progressent. En avançant, vous reconnaîtrez une proportion croissante de caractéristiques de Jérusem. La mer de verre fait son apparition sur la deuxième maisonnia. 47:4.4 Lors de chaque avance d’un monde des maisons à un autre, vous acquérez un corps morontiel nouvellement formé et convenablement approprié. Vous vous endormez pour le transport séraphique et vous vous réveillez dans les salles de résurrection avec le nouveau corps non développé, à la manière dont vous étiez arrivés pour la première fois sur le monde des maisons numéro un, sauf que l’Ajusteur de Pensée ne vous quitte pas pendant les sommeils de transit entre les maisonnias. À partir du moment où vous avez passé d’un monde évolutionnaire sur le monde initial des maisons, votre personnalité reste intacte. 47:4.5 Au cours de votre ascension dans la vie morontielle, vous conservez intégralement la mémoire de votre Ajusteur. Les associations mentales qui étaient purement animales et entièrement matérielles ont péri naturellement avec le cerveau physique, mais toutes les choses valables de votre vie mentale qui avaient une valeur de survie ont eu leur contrepartie établie par l’Ajusteur et sont retenues comme partie de la mémoire personnelle tout au long de la carrière ascendante. Vous resterez conscient de toutes vos expériences valables quand vous avancerez d’un monde des maisons à un autre et d’une section de l’univers à une autre – même jusqu’au Paradis. 47:4.6 Bien que vous ayez des corps morontiels, vous continuez à manger, à boire et à vous reposer au cours de votre passage sur les sept mondes des maisons. Vous absorbez les aliments de l’ordre morontiel, un royaume d’énergie vivante inconnue sur les mondes matériels. Le corps morontiel utilise pleinement la nourriture et l’eau, mais sans déchets résiduels. Réfléchissez un instant : maisonnia numéro un est une sphère très matérielle présentant les débuts du régime morontiel. Vous êtes encore presque humain et peu éloigné des points de vue limités de la vie terrestre, mais chaque monde apporte un progrès défini. De sphère en sphère, vous devenez moins matériel, plus intellectuel et un peu plus spirituel. C’est sur les trois derniers de ces sept mondes de progrès que le progrès spirituel est le plus accentué. 47:4.7 Les déficiences biologiques ont été largement compensées sur le premier monde des maisons. Les défauts d’expérience planétaire concernant la vie sexuelle, les associations de famille et la fonction parentale ont été soit corrigés, soit inclus dans des projets de rectifications futures au sein des familles de Fils Matériels de Jérusem. 47:4.8 Maisonnia numéro deux pourvoit plus spécifiquement à l’élimination de toutes les phases de conflits intellectuels et à la guérison de toutes les variétés de disharmonie mentale. L’effort commencé sur le premier monde des maisons pour approfondir le sens de la mota morontielle y est plus sérieusement poursuivi. Le développement que l’on atteint sur maisonnia numéro deux est comparable au statut intellectuel de la culture qui suit la venue des Fils Magistraux sur les mondes évolutionnaires idéaux. 5. Le troisième monde des maisons 47:5.1 Maisonnia la troisième est le quartier général des Éducateurs des Mondes des Maisons. Bien qu’ils opèrent sur les sept sphères des maisons, ils maintiennent leur siège de groupe au centre des cercles scolaires du monde numéro trois. Il y a des millions de ces éducateurs sur les mondes des maisons et sur les mondes morontiels supérieurs. Ces chérubins élevés et glorifiés servent d’éducateurs morontiels sur toute la route montant des mondes des maisons jusqu’à la dernière sphère d’entrainement ascendant de l’univers local. Ils seront parmi les derniers à vous faire des adieux affectueux quand l’heure du départ approchera, l’heure où vous prendrez congé – au moins pour quelques âges – de votre univers natal et où vous serez enséraphiné pour le transit vers les mondes récepteurs du secteur mineur de votre superunivers. 47:5.2 Pendant votre séjour sur le premier monde des maisons, vous avez la permission de visiter le premier des mondes de transition, le quartier général des finalitaires et la nursery systémique probatoire, où l’on élève les enfants évolutionnaires non développés. En arrivant sur maisonnia numéro deux, vous recevez l’autorisation de visiter périodiquement le monde de transition numéro deux, où se trouvent pour tout Satania le siège des superviseurs de la morontia et les écoles d’entrainement pour les divers ordres morontiels. Quand vous atteignez le monde des maisons numéro trois, on vous accorde immédiatement un permis pour visiter la troisième sphère de transition, siège des ordres angéliques et de leurs diverses écoles d’entrainement systémiques. Les visites à Jérusem en partant de ce monde sont de plus en plus profitables pour les mortels en progrès ; elles présentent pour eux un intérêt toujours croissant. 47:5.3 Maisonnia la troisième est un monde de grands accomplissements personnels et sociaux pour tous ceux qui n’ont pas expérimenté l’équivalent de ces cercles de culture sur leurs mondes de nativité mortelle avant d’être délivrés de la chair. Un travail éducatif plus positif commence sur cette sphère. L’éducation sur les deux premiers mondes des maisons est plutôt de nature négative – concernant les déficiences – en ce sens qu’elle s’occupe de compléter l’expérience de la vie incarnée. Sur ce troisième monde des maisons, les survivants commencent réellement leur culture morontielle progressive. Cette formation a pour but principal de mieux faire comprendre la corrélation entre la mota morontielle et la logique des mortels, la coordination de la mota morontielle avec la philosophie humaine. C’est alors que les mortels survivants acquièrent une clairvoyance pratique en vraie métaphysique. C’est la véritable introduction à la compréhension intelligente des significations cosmiques et des interrelations universelles. La culture du troisième monde des maisons participe de la nature de l’âge postérieur à l’effusion d’un Fils sur une planète habitée normale. 6. Le quatrième monde des maisons 47:6.1 Lorsque vous arriverez sur le quatrième monde des maisons, vous êtes bien engagé dans la carrière morontielle ; vous avez fait un long chemin depuis votre existence matérielle initiale. Maintenant, vous recevez la permission de faire des visites au monde de transition numéro quatre pour vous y familiariser avec le quartier général et les écoles d’entrainement des superanges, y compris les Brillantes Étoiles du Soir. Grâce aux bons offices de ces superanges du quatrième monde de transition, les visiteurs morontiels peuvent approcher de très près les divers ordres de Fils de Dieu pendant leurs visites périodiques à Jérusem. En effet, de nouveaux secteurs de la capitale systémique s’ouvrent graduellement aux mortels en progrès quand ils font des visites répétées au monde-siège. De nouvelles splendeurs se déploient progressivement devant le mental en expansion de ces ascendeurs. 47:6.2 Sur la quatrième maisonnia, l’ascendeur individuel trouve plus exactement sa place dans le travail collectif et les fonctions de classe de la vie morontielle. Les ascendeurs y apprennent à mieux apprécier les télédiffusions et d’autres phases de la culture et des progrès de l’univers local. 47:6.3 C’est pendant leur période d’entrainement sur le monde numéro quatre que les mortels ascendants sont réellement initiés pour la première fois aux exigences et aux délices de la véritable vie sociale des créatures morontielles. C’est vraiment une expérience nouvelle pour des créatures évolutionnaires de participer à des activités sociales qui ne sont fondées ni sur le désir de se mettre en avant ni sur la recherche des triomphes personnels. On vous introduit dans un nouvel ordre social basé sur la sympathie compréhensive d’une appréciation mutuelle, l’amour désintéressé des services réciproques et surtout le mobile de réaliser une destinée commune et suprême – le but paradisiaque de la perfection adoratrice et divine. Les ascendeurs deviennent tous conscients par eux-mêmes de connaître Dieu, de le révéler, de le chercher et de le trouver. 47:6.4 La culture intellectuelle et sociale du quatrième monde des maisons peut se comparer à la vie mentale et sociale de l’âge postérieur au Fils Instructeur sur les planètes qui évoluent normalement. Son statut spirituel est très en avance sur cette dispensation mortelle. 7. Le cinquième monde des maisons 47:7.1 Le transport au cinquième monde des maisons représente un formidable pas en avant dans la vie d’un progresseur morontiel. L’expérience sur ce monde est un véritable avant-gout de la vie de Jérusem. C’est ici que vous commencez à réaliser ce qu’est la haute destinée des mondes évolutionnaires, car ils peuvent normalement progresser jusqu’à ce stade durant leur développement planétaire naturel. La culture de ce monde des maisons correspond en général à celle de la période primitive de lumière et de vie sur les planètes dont l’évolution progresse normalement. Cela vous permet de comprendre pourquoi il est prévu que ces types d’êtres hautement cultivés et progressifs, qui habitent parfois les mondes évolutionnaires avancés, soient dispensés de passer par une, ou plusieurs, ou même toutes les sphères des maisons. 47:7.2 Ayant acquis la maitrise du langage de l’univers local avant de quitter le quatrième monde des maisons, vous consacrez maintenant plus de temps à vous perfectionner dans la langue d’Uversa, afin de bien posséder les deux langues avant d’arriver sur Jérusem avec statut de résident. Tous les mortels ascendants sont bilingues depuis le siège de leur système jusqu’à Havona, et, là, il suffit d’enrichir le vocabulaire du superunivers. Il faudra l’étendre encore plus pour pouvoir résider au Paradis. 47:7.3 À son arrivée sur maisonnia la cinquième, le pèlerin reçoit la permission de visiter le monde transitionnel de numéro correspondant, le quartier général des Fils. Ici, le mortel ascendant se familiarise personnellement avec les divers groupes de filiation divine. Il a entendu parler de ces êtres superbes et en a déjà rencontré sur Jérusem, mais il en vient maintenant à les connaître réellement. 47:7.4 Sur la cinquième maisonnia, vous commencez à vous renseigner sur les mondes d’étude des constellations. C’est ici que vous rencontrez les premiers instructeurs qui commencent à vous préparer pour le séjour ultérieur dans la constellation. Cette préparation se continue sur les mondes numéros six et sept, mais les touches finales en sont données dans le secteur des mortels ascendants sur Jérusem. 47:7.5 Une véritable naissance de la conscience cosmique a lieu sur maisonnia numéro cinq. Vous commencez à penser en termes d’univers. C’est vraiment une période d’expansion des horizons. Le mental, en cours d’élargissement des mortels ascendants, commence à soupçonner qu’une destinée prodigieuse et magnifique, céleste et divine, attend tous ceux qui achèvent l’ascension progressive du Paradis entreprise si laborieusement, mais si joyeusement et si favorablement. C’est à peu près à ce point que la moyenne des ascendeurs mortels commence à manifester un enthousiasme expérientiel authentique pour l’ascension de Havona. L’étude devient volontaire, le service désintéressé devient naturel et l’adoration devient spontanée. Un vrai caractère morontiel commence à éclore et une véritable créature morontielle à évoluer. 8. Le sixième monde des maisons 47:8.1 Les hôtes de cette sphère ont la permission de visiter le monde de transition numéro six, où ils en apprennent davantage sur les hauts esprits du superunivers, sans toutefois être capables de voir beaucoup de ces êtres célestes. C’est également ici que les ascendeurs reçoivent leurs premières leçons sur la carrière spirituelle en perspective qui suit de si près les épreuves finales de l’éducation morontielle dans l’univers local. 47:8.2 Le Souverain Systémique assistant rend de fréquentes visites à ce monde où l’on commence l’instruction initiale dans la technique d’administration de l’univers. Les premières leçons embrassant les affaires d’un univers tout entier sont maintenant données. 47:8.3 C’est un âge brillant pour les mortels ascendants. On y assiste habituellement à la fusion parfaite du mental humain et de l’Ajusteur divin. En potentiel, cette fusion peut s’être produite auparavant, mais il arrive bien souvent que l’identité opératoire effective ne soit pas atteinte avant l’époque du séjour sur le cinquième monde des maisons et même sur le sixième. 47:8.4 L’union de l’âme immortelle évoluante et de l’Ajusteur éternel et divin est marquée par la convocation séraphique du superange superviseur chargé des survivants ressuscités et de l’archange d’enregistrement pour ceux qui vont en jugement le troisième jour. Alors, en présence des compagnons morontiels de l’intéressé, ces messagers de confirmation proclament : « Celui-ci est un fils bien-aimé en qui j’ai trouvé mon plaisir. » Cette simple cérémonie marque l’entrée d’un mortel ascendant dans la carrière éternelle de service du Paradis. 47:8.5 Immédiatement après confirmation de la fusion avec l’Ajusteur, le nouvel être morontiel est pour la première fois présenté à ses compagnons sous son nouveau nom. Puis on lui accorde les quarante jours de retraite spirituelle de toutes les activités courantes pour qu’il communie avec lui-même et choisisse l’une des routes optionnelles pour Havona, et pour qu’il fasse une sélection entre les techniques différentielles pour atteindre le Paradis. 47:8.6 Toutefois, ces êtres brillants sont encore plus ou moins matériels et loin d’être de vrais esprits. Spirituellement parlant, ils ressemblent plus à des supermortels restant un peu inférieurs aux anges. Mais ils sont vraiment en passe de devenir des créatures merveilleuses. 47:8.7 Pendant leur séjour sur le monde numéro six, les étudiants du monde des maisons atteignent un statut comparable au développement supérieur caractéristique des mondes évolutionnaires qui ont progressé normalement au-delà du stade initial de lumière et de vie. L’organisation de la société sur cette maisonnia est d’un ordre élevé. L’ombre de la nature mortelle diminue progressivement à mesure que l’on fait l’ascension de ces mondes un par un. Vous acquérez de plus en plus de charme à mesure que vous laissez en arrière les vestiges grossiers de votre origine animale planétaire. Le fait de « venir des grandes tribulations » sert à rendre les mortels glorifiés très bons et compréhensifs, très compatissants et tolérants. 9. Le septième monde des maisons 47:9.1 L’expérience sur cette sphère est le couronnement de la carrière qui suit immédiatement la mort. Pendant votre séjour ici, vous recevrez l’enseignement de beaucoup d’éducateurs qui contribueront tous à vous préparer à votre résidence sur Jérusem. Toutes les différences perceptibles entre les mortels venant des mondes isolés et retardés, et les survivants des sphères plus avancées et éclairées sont pratiquement effacées pendant le séjour sur le septième monde des maisons. Ici, vous serez purgé de toutes les traces d’une hérédité malheureuse, d’un environnement malsain et des tendances planétaires non spirituelles. Les dernières traces de la « marque de la bête » sont extirpées ici. 47:9.2 Pendant votre séjour sur maisonnia la septième, vous recevez la permission de visiter le monde de transition numéro sept, la sphère du Père Universel. Vous y commencez une nouvelle adoration plus spirituelle du Père invisible, une habitude à laquelle vous vous attacherez de plus en plus pendant tout le chemin de votre longue carrière ascendante. Vous trouvez le temple du Père sur ce monde de culture transitionnelle, mais vous n’y voyez pas le Père. 47:9.3 Maintenant commence la formation de classes où l’on se qualifie pour la citoyenneté de Jérusem. Vous êtes allé de monde en monde en tant qu’individu, mais maintenant vous vous préparez à partir pour Jérusem en groupe. Dans certaines limites, un ascendeur peut toutefois choisir de rester sur le septième monde des maisons pour permettre à un membre retardataire de son groupe de travail terrestre ou maisonnial de le rattraper. 47:9.4 Le personnel de maisonnia la septième s’assemble sur la mer de verre pour assister à votre départ pour Jérusem avec statut résidentiel. Vous pouvez avoir visité Jérusem des centaines ou des milliers de fois ; mais toujours à titre d’invité. Jamais auparavant vous n’aviez voyagé vers la capitale du système en compagnie d’un groupe de vos compagnons faisant des adieux définitifs à toute leur carrière du monde des maisons en tant que mortels ascendants. Vous serez bientôt accueillis sur le terrain de réception du monde-siège comme citoyens de Jérusem. 47:9.5 Vous aurez grand plaisir à progresser par les sept mondes dématérialisants ; ce sont vraiment des sphères où l’on cesse progressivement d’être mortel. Vous êtes principalement humain sur le premier monde des maisons, juste un être mortel moins son corps matériel, un mental humain logé dans une forme morontielle – un corps matériel du monde morontiel, mais non une demeure mortelle de chair et de sang. C’est au moment de la fusion avec l’Ajusteur que vous passez vraiment de l’état mortel au statut immortel, et, à l’époque où vous aurez terminé la carrière de Jérusem, vous serez des morontiens en possession de tous leurs moyens. 10. La citoyenneté de Jérusem 47:10.1 La réception d’une nouvelle classe de diplômés du monde des maisons est le signal pour tout Jérusem de s’assembler en comité d’accueil. Même les spornagias se réjouissent de l’arrivée de ces triomphants ascendeurs d’origine évolutionnaire qui ont couru la course planétaire et terminé la progression du monde des maisons. Seuls les contrôleurs physiques et les Superviseurs de Pouvoir Morontiel sont absents de ces occasions de réjouissances. 47:10.2 Jean l’Évangéliste eut une vision de l’arrivée d’une classe de mortels s’avançant du septième monde des maisons à leur premier ciel, les gloires de Jérusem. Il a noté : « Et je vis comme une mer de verre mêlée de feu ; et ceux qui avaient gagné la victoire sur la bête qui était primitivement en eux, sur son image qui avait persisté à travers les mondes des maisons, et finalement sur sa dernière marque et trace, se tenant debout sur la mer de verre, ayant les harpes de Dieu, et chantant le chant de la délivrance de la crainte mortelle et de la mort. » (Les communications perfectionnées de l’espace parviennent sur tous ces mondes, et vous pouvez les recevoir n’importe où si vous êtes porteurs de la « harpe de Dieu », un appareil morontiel qui compense l’incapacité d’adapter directement le mécanisme sensoriel morontiel non encore mûr à la réception des communications de l’espace.) 47:10.3 Paul eut également la vision du corps de citoyenneté ascendante des mortels se perfectionnant sur Jérusem, car il écrivit : « Mais vous êtes venus à la montagne de Sion et à la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste, et à des myriades d’anges, à la grande assemblée de Micaël, et aux esprits des justes rendus parfaits. » 47:10.4 Après avoir atteint la résidence sur le monde-siège systémique, les mortels ne subissent plus de résurrections à proprement parler. La forme morontielle qui vous est accordée quand vous quittez la carrière du monde des maisons est suffisante pour vous permettre de poursuivre jusqu’à la fin votre expérience de l’univers local. Des changements seront effectués de temps en temps, mais vous conserverez la même forme jusqu’à ce que vous lui fassiez vos adieux quand vous émergerez, en tant qu’esprit du premier stade vous préparant au transit vers les mondes de culture ascendante et d’éducation spirituelle du superunivers. 47:10.5 Les mortels qui passent par toute la carrière des mondes des maisons font sept fois l’expérience du sommeil d’ajustement et du réveil de résurrection ; mais la dernière salle de résurrection, la chambre du réveil définitif, sur le septième monde des maisons, fait désormais partie du passé. Nul changement de forme ne nécessitera plus la perte de conscience ou un hiatus dans la continuité de la mémoire personnelle. 47:10.6 La personnalité de mortel amorcée sur les mondes évolutionnaires avec son tabernacle dans la chair – habitée par un Moniteur de Mystère et investie de l’Esprit de Vérité – n’est pas pleinement mobilisée, réalisée et unifiée avant le jour où, devenue citoyenne de Jérusem, celle-ci est autorisée à se rendre sur Édentia pour y être proclamée véritable membre du corps morontiel de Nébadon – survivante immortelle associée à son Ajusteur, ascendeur du Paradis, personnalité de statut morontiel et enfant loyal des Très Hauts. 47:10.7 La mort physique est une technique pour échapper à la vie matérielle dans la chair. L’expérience maisonniale de vie progressive à travers sept mondes d’entrainement correctif et d’éducation culturelle représente l’entrée des survivants mortels dans la carrière morontielle, la vie de transition qui intervient entre l’existence matérielle évolutionnaire et l’aboutissement spirituel supérieur des ascendeurs du temps destinés à atteindre les portes de l’éternité. 47:10.8 [Parrainé par une Brillante Étoile du Soir.] Fascicule 48. La vie morontielle 48:0.1 Les Dieux ne peuvent, par un acte mystérieux de magie créative, transformer une créature de nature animale grossière en un esprit rendu parfait – du moins ils ne le font pas. Quand les Créateurs désirent produire des êtres parfaits, ils le font par une création directe et originelle, mais ils n’entreprennent jamais de convertir en une seule étape des créatures matérielles d’origine animale en êtres de perfection. 48:0.2 La vie morontielle, s’étendant comme elle le fait sur les divers stades de la carrière de l’univers local, est la seule méthode possible par laquelle les mortels matériels peuvent atteindre le seuil du monde spirituel. Quelle vertu magique la mort, dissolution naturelle du corps matériel, pourrait-elle avoir pour que, par un aussi simple pas, elle puisse transformer instantanément le mental mortel et matériel en un esprit immortel et rendu parfait ? Ces croyances ne sont que des superstitions ignorantes et des fables plaisantes. 48:0.3 La transition morontielle s’interpose toujours entre l’état mortel et le statut spirituel ultérieur des êtres humains qui survivent. Ces états intermédiaires de progrès dans l’univers varient notablement dans les diverses créations locales, mais leur intention et leur but restent tout à fait semblables. Le dispositif des mondes des maisons et des mondes morontiels supérieurs dans Nébadon est assez typique des régimes de transition morontielle dans cette partie d’Orvonton. 1. Matériaux morontiels 48:1.1 Les royaumes morontiels sont les sphères de liaison de l’univers local entre les niveaux matériels et les niveaux spirituels d’existence des créatures. Cette vie morontielle est connue sur Urantia depuis les premiers jours du Prince Planétaire. Cet état de transition a été enseigné de temps en temps aux mortels. Sous une forme dénaturée, le concept a trouvé place dans les religions d’aujourd’hui. 48:1.2 Les sphères morontielles sont les phases transitionnelles de l’ascension des mortels à travers les mondes de progrès de l’univers local. Seuls les sept mondes entourant la sphère des finalitaires des systèmes locaux sont appelés mondes des maisons. Mais les cinquante-six demeures transitionnelles systémiques, ainsi que les sphères supérieures entourant les capitales des constellations et de l’univers, s’appellent toutes mondes morontiels. Ces créations participent de la beauté physique et de la grandeur morontielle des sphères-sièges de l’univers local. 48:1.3 Tous ces mondes sont des sphères architecturales qui comportent exactement deux fois plus d’éléments que les planètes nées de l’évolution. Ces mondes faits sur commande n’abondent pas seulement en métaux lourds et en cristaux. Ils ont leurs cent éléments physiques, et en outre exactement cent formes d’une organisation unique d’énergie appelée matériau morontiel. Les Maitres Contrôleurs Physiques et les Superviseurs de Pouvoir Morontiel peuvent modifier la rotation des unités primaires de matière, et en même temps transformer ces associations d’énergies de manière à créer cette nouvelle substance. 48:1.4 La vie morontielle primitive dans les systèmes locaux ressemble beaucoup à celle de votre présent monde matériel. Elle devient moins physique et plus véritablement morontielle sur les mondes d’études de la constellation. Et, quand vous avancez sur les sphères de Salvington, vous pénétrez de plus en plus les niveaux spirituels. 48:1.5 Les Superviseurs de Pouvoir Morontiel sont à même d’effectuer une union des énergies matérielles et spirituelles, et d’organiser ainsi une forme morontielle de matérialisation réceptive à la surimposition d’un esprit qui la contrôle. Quand vous traverserez la vie morontielle de Nébadon, ces mêmes patients et habiles Superviseurs de Pouvoir Morontiel vous fourniront successivement 570 corps morontiels, dont chacun constitue une phase de votre transformation progressive. Depuis le moment où vous quittez les mondes matériels jusqu’à celui où vous êtes établi comme esprit du premier stade sur Salvington, vous subissez exactement 570 changements morontiels ascensionnels distincts, dont huit ont lieu dans le système, 71 dans la constellation, et 491 pendant le séjour sur les sphères de Salvington. 48:1.6 Aux jours de votre incarnation de mortel, l’esprit divin vous habite presque comme un corps étranger – en réalité comme un envahissement de l’homme par l’esprit effusé du Père Universel. Mais, dans la vie morontielle, l’esprit devient partie intégrante de votre personnalité, et, en passant successivement par les 570 transformations progressives, vous vous élevez de l’état matériel à l’état spirituel de vie des créatures. 48:1.7 Paul fut informé de l’existence des mondes morontiels et de la réalité de la matière morontielle, car il écrivit : « Ils ont au ciel une substance meilleure et plus permanente. » Et ces matériaux morontiels sont réels, littéraux, comme dans « la cité qui a des fondations et dont Dieu est l’architecte et le bâtisseur ». Et chacune de ces sphères merveilleuses est « une patrie meilleure, c’est-à-dire céleste ». 2. Les Superviseurs de Pouvoir Morontiel 48:2.1 Ces êtres uniques s’occupent exclusivement de superviser les activités qui représentent une combinaison viable d’énergies spirituelles et physiques ou semi-matérielles. Ils se consacrent exclusivement au ministère de progrès morontiel, non pas tant qu’ils apportent leur ministère aux mortels pendant l’expérience de transition, mais plutôt parce qu’ils rendent possible un environnement de transition pour les créatures morontielles qui progressent. Ils sont les canaux de pouvoir morontiel qui soutiennent et dynamisent les phases morontielles des mondes de transition. 48:2.2 Les Superviseurs de Pouvoir Morontiel sont la progéniture de l’Esprit-Mère de l’univers local. Ils sont d’un type assez uniforme, bien que comportant de légères différences de nature dans les diverses créations locales. Ils sont créés pour leur fonction spécifique et n’ont pas besoin d’éducation avant d’assumer leurs responsabilités. 48:2.3 La création des premiers Superviseurs de Pouvoir Morontiel coïncide avec l’arrivée du premier mortel survivant sur les rives de l’un des premiers mondes des maisons dans un univers local. Ils sont créés par groupes de mille et classifiés comme suit : 48:2.4 1. Régulateurs de circuits 400 48:2.5 2. Coordonnateurs de systèmes 200 48:2.6 3. Conservateurs planétaires 100 48:2.7 4. Contrôleurs conjugués 100 48:2.8 5. Stabilisateurs de liaisons 100 48:2.9 6. Assortisseurs sélectifs 50 48:2.10 7. Archivistes associés 50 48:2.11 Les superviseurs de pouvoir servent toujours dans leur univers natal. Ils sont exclusivement dirigés par l’activité spirituelle conjointe du Fils de l’Univers et de l’Esprit de l’Univers, mais, par ailleurs, ils se gouvernent en complète autonomie. Ils entretiennent un quartier général sur le premier monde des maisons de chaque système local où ils travaillent en association étroite avec les contrôleurs physiques et les séraphins, mais opèrent dans un monde qui leur est propre pour ce qui concerne les manifestations d’énergie et l’application de l’esprit. 48:2.12 Ces superviseurs travaillent aussi quelquefois comme ministres recevant une affectation temporaire en relation avec des phénomènes supramatériels sur les mondes évolutionnaires. Mais il est rare qu’ils servent sur les planètes habitées. Ils ne travaillent pas non plus sur les mondes éducatifs supérieurs du superunivers, car ils se consacrent principalement au régime de transition de la progression morontielle dans un univers local. 48:2.13 1. Régulateurs de circuits. Ce sont les êtres uniques qui coordonnent l’énergie physique et spirituelle, et régularisent son écoulement dans les canaux sélectionnés des sphères morontielles, et ces circuits sont exclusivement planétaires, limités à un seul monde. Les circuits morontiels sont distincts des circuits tant physiques que spirituels des mondes de transition auxquels ils s’ajoutent. Et il faut des millions de ces régulateurs même pour énergiser seulement un système de mondes de maisons comme celui de Satania. 48:2.14 Les régulateurs de circuits provoquent, dans les énergies matérielles, les changements qui les assujettissent au contrôle et à la régulation de leurs associés. Ces êtres sont des générateurs de pouvoir morontiel en même temps que des régulateurs de circuits. De même qu’une dynamo engendre de l’électricité venant apparemment de l’atmosphère, de même ces dynamos morontielles vivantes paraissent transformer les énergies ubiquitaires de l’espace en matériaux que les superviseurs morontiels introduisent dans les corps et les activités vitales des mortels ascendants. 48:2.15 2. Les Coordonnateurs de systèmes. Puisque chaque monde morontiel a un ordre distinct d’énergie morontielle, il est extrêmement difficile aux humains de visualiser ces sphères. Mais, sur chaque sphère successive de transition, les mortels verront que la vie végétale et tout ce qui se rapporte à l’existence morontielle sont progressivement modifiés pour correspondre à la spiritualisation croissante des ascendeurs survivants. Et, puisque le système énergétique de chaque monde est ainsi individualisé, ces coordonnateurs agissent pour harmoniser et fondre les systèmes de pouvoir différents en une unité fonctionnelle pour les sphères associées d’un groupe particulier quelconque. 48:2.16 Les mortels ascendants progressent graduellement du physique au spirituel à mesure qu’ils avancent d’un monde morontiel à un autre, d’où la nécessité de leur fournir une échelle ascendante de sphères morontielles et une échelle ascendante de formes morontielles. 48:2.17 Quand les ascendeurs du monde des maisons passent d’une sphère à une autre, ils sont remis par les séraphins transporteurs aux coordonnateurs systémiques chargés de les recevoir sur le monde avancé. Des temples spéciaux, situés au centre de soixante-dix ailes rayonnantes, contiennent des chambres de transition similaires aux salles de résurrection du monde initial, où les mortels d’origine terrestre sont d’abord reçus. C’est là que les coordonnateurs systémiques effectuent habilement les changements nécessaires dans la forme des créatures. Pour exécuter ces modifications initiales des formes morontielles, il faut à peu près sept jours de temps standard. 48:2.18 3. Les Conservateurs Planétaires. Chaque monde morontiel, depuis les sphères des maisons jusqu’au siège de l’univers, est confié – en ce qui concerne les affaires morontielles – aux soins de soixante-dix gardiens. Ils forment le conseil planétaire local disposant de l’autorité morontielle suprême. Ce conseil accorde à toutes les créatures ascendantes qui atterrissent sur sa sphère des matériaux destinés à leur forme morontielle. Il autorise tous les changements de forme qui permettent à un ascendeur de se rendre sur la sphère suivante. Après avoir traversé les mondes des maisons, vous passerez d’une phase de la vie morontielle à une autre sans avoir à perdre conscience. L’inconscience n’accompagne que les métamorphoses initiales, ainsi que les transitions plus tardives d’un univers à un autre et de Havona au Paradis. 48:2.19 4. Contrôleurs Conjugués. L’un de ces êtres dont le travail est hautement machinal est toujours stationné au centre de chaque unité administrative d’un monde morontiel. Un contrôleur conjugué est sensible aux énergies physiques, spirituelles et morontielles. Il opère en symbiose avec elles et se trouve toujours associé avec deux coordonnateurs de systèmes, quatre régulateurs de circuits, un conservateur planétaire, un stabilisateur de liaisons et soit un archiviste associé, soit un assortisseur sélectif. 48:2.20 5. Stabilisateurs de liaisons. Ils sont les régulateurs des énergies morontielles en association avec les forces physiques et spirituelles du royaume. Ils rendent possible la conversion d’énergie morontielle en matériaux morontiels. Toute l’organisation morontielle de l’existence dépend des stabilisateurs. Ils ralentissent la rotation des énergies jusqu’au point où elles peuvent devenir physiques. Mais je manque de terminologie pour comparer ou illustrer le ministère de ces êtres. Il dépasse tout à fait l’imagination humaine. 48:2.21 6. Assortisseurs sélectifs. À mesure que vous progressez d’une classe ou phase d’un monde morontiel à une autre, il faut que vous soyez réaccordés, mis à un diapason plus élevé. C’est aux assortisseurs sélectifs qu’il incombe de vous maintenir en synchronisme progressif avec la vie morontielle. 48:2.22 Alors que les formes morontielles fondamentales de vie et de matière sont identiques depuis le premier monde des maisons jusqu’à la dernière sphère de transition de l’univers, il existe une progression fonctionnelle qui s’étend graduellement du matériel au spirituel. Votre adaptation à cette création fondamentalement uniforme, mais marquée par des étapes d’avancement et de spiritualisation, s’effectue par ce réaccordage sélectif. Un tel ajustement du mécanisme de la personnalité équivaut à une nouvelle création, bien que vous conserviez la même forme morontielle. 48:2.23 Vous pouvez vous soumettre à plusieurs reprises aux tests de ces examinateurs. Aussitôt que vous ferez preuve du progrès spirituel approprié, ils certifieront avec plaisir que vous êtes qualifié pour un avancement. Ces changements progressifs se traduisent par de nouvelles réactions au milieu morontiel, telles que des modifications dans les besoins alimentaires et de nombreux autres usages personnels. 48:2.24 Les assortisseurs sélectifs rendent aussi de grands services en groupant des personnalités morontielles pour des études, des enseignements et d’autres projets. Ils indiquent naturellement les êtres qui travailleront le mieux en association temporaire. 48:2.25 7. Archivistes associés. Le monde morontiel a ses propres archivistes qui servent en association avec les archivistes spirituels dans la supervision et la conservation des archives et autres données indigènes aux créations morontielles. Les archives morontielles sont à la disposition de tous les ordres de personnalités. 48:2.26 Tous les royaumes de transition morontiels sont également accessibles aux êtres matériels et spirituels. En tant que progresseurs morontiels, vous resterez en plein contact avec le monde matériel et avec les personnalités matérielles, tout en discernant de mieux en mieux les êtres spirituels et en fraternisant de plus en plus avec eux ; et, au moment où vous quitterez le régime morontiel, vous aurez vu tous les ordres d’esprits, à l’exception de quelques types supérieurs tels que les Messagers Solitaires. 3. Les Compagnons de la Morontia 48:3.1 Ces hôtes des mondes des maisons et des mondes morontiels sont la progéniture de l’Esprit-Mère de l’univers local. Ils sont créés d’âge en âge par groupes de cent-mille. Nébadon compte actuellement plus de soixante-dix-milliards de ces êtres uniques. 48:3.2 Les Compagnons de la Morontia sont entrainés au service par les Melchizédeks sur une planète spéciale proche de Salvington. Ils ne passent pas par les écoles centrales des Melchizédeks. Leur service s’étend des plus humbles mondes des maisons du système jusqu’aux plus hautes sphères d’étude de Salvington, mais on les rencontre rarement sur les mondes habités. Ils servent sous la supervision générale des Fils de Dieu et sous la direction immédiate des Melchizédeks. 48:3.3 Les Compagnons de la Morontia entretiennent dix-mille quartiers généraux dans un univers local – un sur chaque premier monde des maisons des systèmes locaux. Leur ordre jouit d’un gouvernement presque entièrement autonome. Ils forment en général un groupe d’êtres intelligents et loyaux, mais, de temps à autre, en relation avec certains bouleversements célestes malheureux, il leur est arrivé de s’égarer. Des milliers de ces utiles créatures furent perdues à l’époque de la rébellion de Lucifer dans Satania. Votre système local dispose maintenant de son plein contingent de ces êtres, les pertes dues à la rébellion de Lucifer n’ayant été compensées que récemment. 48:3.4 Il existe deux types distincts de Compagnons de la Morontia, l’un dynamique et l’autre réservé, mais, par ailleurs, ils sont égaux en statut. Ils ne sont pas des créatures sexuées, mais ils manifestent une belle et touchante affection l’un pour l’autre. On ne peut dire qu’ils vivent en union libre au sens matériel (humain), mais ils s’apparentent de très près aux races humaines dans l’ordre d’existence des créatures. Les créatures médianes des mondes sont vos plus proches parents. Viennent ensuite les chérubins morontiels et après eux les Compagnons de la Morontia. 48:3.5 Ces compagnons font preuve d’une affection touchante et sont des êtres délicieusement sociables. Ils possèdent des personnalités distinctes, et, quand vous les rencontrerez sur les mondes des maisons, après avoir appris à les reconnaitre en tant que classe, vous discernerez bientôt leur individualité. Les mortels se ressemblent tous, et en même temps chacun de vous possède une personnalité distincte et reconnaissable. 48:3.6 Peut-être aurez-vous une idée de la nature du travail de ces Compagnons de la Morontia à partir de la classification suivante de leurs activités dans un système local : 48:3.7 1. Les gardiens des pèlerins n’ont pas reçu de mission spécifique dans leur association avec les progresseurs morontiels. Ces compagnons portent la responsabilité de toute la carrière morontielle et, en conséquence, ils coordonnent le travail de tous les autres ministres morontiels de transition. 48:3.8 2. Récepteurs de pèlerins et associateurs libres. Ils sont les compagnons sociaux des nouveaux arrivants sur les mondes des maisons. L’un d’eux sera certainement là pour vous accueillir quand vous vous réveillerez de votre premier sommeil de transit temporel sur le monde initial des maisons, quand vous ferez l’expérience de la résurrection dans la vie morontielle après la mort dans la chair. Depuis le moment où vous serez ainsi officiellement reçu à votre réveil et jusqu’au jour où vous quitterez l’univers local en tant qu’esprit du premier stade, ces Compagnons de la Morontia vous accompagneront toujours. 48:3.9 Les compagnons ne sont pas affectés en permanence à des individus. Sur l’un des mondes des maisons ou sur des mondes supérieurs, un ascendeur mortel peut avoir, en plusieurs occasions successives, un compagnon différent, ou au contraire passer de longues périodes sans en avoir. Tout dépend des nécessités et aussi du nombre de compagnons disponibles. 48:3.10 3. Hôtes des visiteurs célestes. Ces gracieuses créatures se consacrent à divertir les groupes suprahumains de visiteurs estudiantins et d’autres entités célestes qui peuvent se trouver en séjour sur les mondes de transition. Vous aurez d’amples occasions de faire des visites à l’intérieur de tous les royaumes que vous aurez atteints expérientiellement. Les visiteurs estudiantins ont la permission d’aller sur toutes les planètes habitées, même si elles sont isolées. 48:3.11 4. Coordonnateurs et directeurs de liaisons. Ces compagnons se consacrent à faciliter les rapports morontiels et à prévenir les confusions. Ils sont les instructeurs de conduite sociale et de progrès morontiel. Ils parrainent des classes et d’autres activités de groupe parmi les mortels ascendants. Ils entretiennent des terrains étendus pour y rassembler leurs élèves et font appel, de temps en temps, aux artisans célestes et aux directeurs de la rétrospection pour embellir leurs programmes. Au cours de vos progrès, vous entrerez en contact intime avec ces compagnons et vous ressentirez une affection extrême pour leurs deux groupes. C’est au hasard que vous serez associé avec un compagnon du type dynamique ou du type réservé. 48:3.12 5. Interprètes et traducteurs. Au début de votre carrière sur les maisonnias, vous aurez fréquemment recours aux interprètes et aux traducteurs. Ils connaissent et parlent toutes les langues d’un univers local. Ils sont les linguistes des royaumes. 48:3.13 La connaissance des langues ne s’acquiert pas automatiquement. Vous apprendrez une langue dans l’au-delà à peu près de la même manière que vous le faites ici-bas, et ces êtres brillants seront vos professeurs de langues. La première étude sur les mondes des maisons sera la langue de Satania et ensuite le langage de Nébadon. Et, pendant que vous acquerrez la maitrise de ces nouvelles langues, les Compagnons de la Morontia seront vos interprètes efficaces et vos patients traducteurs. Jamais, sur aucun de ces mondes, vous ne rencontrerez un visiteur auprès duquel l’un des Compagnons de la Morontia ne puisse vous servir d’interprète. 48:3.14 6. Superviseurs d’excursions et de rétrospection. Ces compagnons vous accompagnent dans les longs voyages au monde-siège et sur les sphères de culture transitionnelle qui les entourent. Ils préparent, dirigent et supervisent tous les voyages individuels ou groupés concernant les mondes systémiques d’éducation et de culture. 48:3.15 7. Conservateurs des terrains et bâtiments. Même les structures matérielles et morontielles croissent en perfection et en splendeur à mesure que vous avancez dans la carrière des maisonnias. En tant qu’individus et en tant que groupes, vous avez la permission d’effectuer certains changements dans les demeures qui vous sont assignées comme résidences pendant votre séjour sur les différents mondes des maisons. Beaucoup d’activités de ces sphères ont lieu dans les enceintes ouvertes des cercles, carrés et triangles diversement désignés. Les structures des mondes des maisons sont en majorité dépourvues de toits et forment des enceintes magnifiquement construites et délicieusement ornementées. Le climat et les autres conditions physiques prévalant sur les mondes architecturaux rendent les toitures complètement inutiles. 48:3.16 Ces conservateurs des phases de transition de la vie ascendante ont la haute main sur la direction des affaires morontielles. Ils furent créés pour ce travail et resteront toujours des Compagnons de la Morontia en attendant la factualisation de l’Être Suprême. Ils n’accomplissent jamais d’autres missions. 48:3.17 À mesure que des systèmes et des univers s’ancrent dans la lumière et la vie, les mondes des maisons cessent progressivement de fonctionner comme sphères de transition pour l’entrainement morontiel. De plus en plus, les finalitaires installent leur nouveau régime éducatif qui parait prévu pour transférer la conscience cosmique, présentement située au niveau du grand univers, sur le niveau des futurs univers extérieurs. Les Compagnons de la Morontia sont destinés à travailler de plus en plus en association avec les finalitaires et dans de nombreux autres domaines non encore révélés sur Urantia. 48:3.18 Vous pouvez prévoir que ces êtres apporteront vraisemblablement une importante contribution à vos joies sur les mondes des maisons, que votre séjour y soit long ou bref. Et vous continuerez à savourer leur compagnie sur toute la route jusqu’à Salvington. Techniquement, ils ne sont indispensables à aucune partie de votre expérience de survie. Vous pourriez atteindre Salvington sans eux, mais ils vous manqueraient beaucoup. Ils constituent le luxe de la personnalité de votre carrière ascendante dans l’univers local. 4. Les directeurs de la rétrospection 48:4.1 L’allégresse joyeuse et l’équivalent du sourire sont aussi universels que la musique. Il existe des homologues morontiels et spirituels de l’allégresse et du rire. La vie ascendante est divisée en parties à peu près égales entre le travail et les jeux – l’absence d’obligations. 48:4.2 La détente céleste et l’humour suprahumain sont tout différents de leurs analogues humains, mais nous nous adonnons tous effectivement à une forme des deux, et, dans notre état, ils accomplissent réellement pour nous à peu près exactement ce que l’humour idéal peut faire pour vous sur Urantia. Les Compagnons de la Morontia sont d’habiles promoteurs de jeux et sont soutenus par la grande compétence des directeurs de la rétrospection. 48:4.3 Peut-être comprendriez-vous mieux le travail des directeurs de la rétrospection en les comparant aux types supérieurs d’humoristes sur Urantia, mais cela serait une façon fort grossière et assez malheureuse d’essayer de vous donner une idée de la fonction de ces directeurs de la variété et de la détente, de ces ministres de l’humour exalté des royaumes morontiels et spirituels. 48:4.4 En analysant l’humour spirituel, permettez-moi d’abord de vous dire ce qu’il n’est pas. La plaisanterie spirituelle n’est jamais teintée d’insistance sur les infortunes des faibles et des égarés. Elle ne blasphème jamais non plus la droiture ni la gloire de la divinité. Notre humour embrasse trois niveaux généraux d’appréciation : 48:4.5 1. Plaisanteries réminiscentes. Bons mots provenant d’épisodes passés dans votre expérience du combat et de la lutte ; ils concernent parfois la peur et plus souvent les folles anxiétés infantiles. Pour nous, cette phase de l’humour dérive de la faculté enracinée et permanente de tirer du passé des souvenirs permettant d’accommoder de manière plaisante les lourds fardeaux du présent et de les alléger de diverses manières. 48:4.6 2. Humour courant. Il touche la stupidité de ce qui nous cause si souvent de sérieux soucis, la joie de découvrir la futilité d’une grande partie du sérieux de notre anxiété personnelle. Nous apprécions d’autant mieux cette phase de l’humour que nous sommes capables de minimiser les inquiétudes du présent au profit des certitudes de l’avenir. 48:4.7 3. La joie prophétique. Il sera peut-être difficile aux mortels d’envisager cette phase de l’humour, mais nous tirons une satisfaction particulière de l’assurance que « toutes choses travaillent ensemble pour le bien » – pour les êtres spirituels et morontiels aussi bien que pour les mortels. Cet aspect de l’humour céleste nait de notre foi dans le ministère affectueux de nos supérieurs et la divine stabilité de nos Directeurs Suprêmes. 48:4.8 Mais les directeurs de la rétrospection des royaumes ne s’occupent pas exclusivement de décrire l’humour élevé des divers ordres d’êtres intelligents. Ils se consacrent aussi à diriger les diversions, les récréations spirituelles et les divertissements morontiels. Et ils reçoivent dans ce domaine la sincère coopération des artisans célestes. 48:4.9 Les directeurs de la rétrospection eux-mêmes ne sont pas un groupe créé, mais un corps recruté incluant des êtres dont la hiérarchie s’échelonne depuis les natifs de Havona, en descendant par la multitude des messagers de l’espace et les esprits tutélaires du temps, jusqu’aux progresseurs morontiels des mondes évolutionnaires. Tous sont volontaires et s’adonnent à la tâche d’assister leurs compagnons afin de parvenir à des changements de pensée et au repos mental, car ce sont ces attitudes qui les aident le plus à récupérer les énergies dépensées. 48:4.10 Quand on est partiellement épuisé par les efforts pour aboutir et que l’on attend de recevoir de nouvelles charges d’énergie, il y a plaisir et agrément à revivre ce que l’on avait accompli en d’autres temps et d’autres âges. Il est reposant de se rappeler les expériences initiales de la race ou de l’ordre. Et c’est précisément pourquoi ces artistes s’appellent directeurs de la rétrospection – ils aident à ramener la mémoire vers un ancien état de développement ou vers un statut d’existence où l’on avait moins d’expérience. 48:4.11 Tous les êtres prennent plaisir à cette sorte de rétrospection, sauf les Créateurs par inhérence et certains types hautement spécialisés de créatures, tels que les centres de pouvoir et les contrôleurs physiques. Les premiers se rajeunissent eux-mêmes automatiquement et les seconds ont toujours et éternellement des réactions entièrement pratiques. Le fait d’être libéré périodiquement de la tension des devoirs personnels fait régulièrement partie de la vie sur tous les mondes dans l’univers des univers, mais non sur l’Ile du Paradis. Les indigènes de la demeure centrale sont incapables de s’épuiser et n’ont donc jamais besoin de recharges d’énergie. Et, pour les êtres doués de cette perfection éternelle du Paradis, il ne peut y avoir de rétrospection vers des expériences évolutionnaires. 48:4.12 La plupart d’entre nous se sont élevés en franchissant des stades inférieurs d’existence ou des niveaux progressifs de nos ordres, et il est reposant et même assez amusant de nous remémorer certains épisodes de nos expériences initiales. Il est apaisant de contempler ce qui est ancien dans son ordre et ce qui s’attarde comme une possession mnémonique du mental. L’avenir signifie lutte et progrès ; il annonce du travail, des efforts et des accomplissements ; mais le passé donne le gout des choses déjà maitrisées et achevées. La contemplation du passé permet de se détendre et de le revoir avec assez d’insouciance pour provoquer une allégresse spirituelle et un état mental morontiel voisin de la gaieté. 48:4.13 Même l’humour humain devient très cordial quand il décrit des épisodes concernant des personnes dont l’état de développement est très peu inférieur à notre état présent ou quand il dépeint nos supposés supérieurs tombant victimes des expériences généralement associées à de supposés inférieurs. Vous, les Urantiens, vous avez permis à beaucoup de vulgarité et de méchanceté à la fois de se confondre avec votre humour, mais dans l’ensemble on peut vous féliciter de votre sens relativement aigu de l’humour. Certaines de vos races en ont de riches ressources et cela les aide considérablement dans leur carrière terrestre. Il semble que votre héritage adamique vous ait apporté beaucoup plus d’humour que de dons musicaux ou artistiques. 48:4.14 À l’heure des jeux, au moment où les habitants du système raniment d’une manière vivifiante les souvenirs d’un stade inférieur d’existence, tout Satania est édifié par le plaisant humour d’un corps de directeurs de rétrospection d’Urantia. Nous conservons toujours le sens de l’humour céleste, même quand nous sommes engagés dans les missions les plus difficiles. Il aide à empêcher que la notion de notre importance propre ne se développe outre mesure. Mais nous ne lui donnons pas libre cours, « on ne s’amuse pas » comme vous diriez, sauf quand nous délaissons les travaux sérieux de nos ordres respectifs. 48:4.15 Si nous sommes tentés d’exagérer notre importance, nous n’avons qu’à contempler l’infinité de la noblesse et de la grandeur de nos Créateurs ; notre propre glorification devient alors sublimement ridicule et frise même l’humour. L’une des fonctions de l’humour est de nous aider tous à nous prendre moins au sérieux. L’humour est l’antidote divin contre l’exaltation de l’égo. 48:4.16 Le besoin de se détendre et de se divertir par l’humour atteint son maximum chez les ordres d’êtres ascendants qui, dans leur lutte pour s’élever, sont soumis à des tensions continues. Les deux catégories extrêmes de la vie n’ont guère besoin des diversions de l’humour. Les hommes primitifs n’en sont pas capables et les êtres parfaits du Paradis n’en éprouvent pas le besoin. Les foules de Havona sont naturellement un assemblage joyeux et réjoui de personnalités suprêmement heureuses. Au Paradis, la qualité de l’adoration rend inutile les activités de rétrospection. Mais, parmi ceux qui débutent dans leur carrière très au-dessous du but de la perfection paradisiaque, le ministère des directeurs de la rétrospection peut largement s’exercer. 48:4.17 Plus l’espèce mortelle est élevée, plus la tension est élevée et plus grande est la capacité d’humour, ainsi que le besoin d’y avoir recours. Dans le monde spirituel, c’est l’inverse qui est vrai. Plus nous nous élevons, moins nous avons besoin de diversions par la pratique de la rétrospection ; mais, quand on descend l’échelle de la vie spirituelle depuis le Paradis jusqu’aux multitudes séraphiques, l’utilité de la mission de l’allégresse et du ministère de la gaieté se fait de plus en plus sentir. Les êtres qui ont le plus besoin de se reposer en revenant périodiquement au statut intellectuel de leurs expériences antérieures sont les types supérieurs des espèces humaines, les morontiens, les anges et les Fils Matériels, ainsi que toutes les personnalités de type semblable. 48:4.18 L’humour devrait fonctionner comme une soupape de sûreté automatique pour empêcher l’accumulation de pressions excessives dues à la monotonie de la contemplation sérieuse et continue de soi associée à la lutte intense pour se développer progressivement et aboutir noblement. L’humour agit aussi pour réduire le choc de l’impact inattendu des faits et de la vérité. Les faits sont rigides et inflexibles : la vérité est souple et toujours vivante. La personnalité mortelle n’est jamais sûre de ce qui va lui arriver. Par l’humour, elle saisit rapidement – voit ce dont il s’agit et devient perspicace – la nature inattendue de la situation, qu’il s’agisse de faits ou de vérité. 48:4.19 Bien que l’humour d’Urantia soit extrêmement grossier et fort peu artistique, il est précieux à la fois comme assurance de santé et comme libérateur de pressions émotives ; il empêche les tensions nerveuses nocives et la contemplation trop sérieuse de soi. L’humour et le jeu – la détente – ne sont jamais des réactions d’efforts progressifs ; ils sont toujours les échos d’un coup d’œil en arrière, une réminiscence du passé. Même tels que vous êtes présentement sur Urantia, vous trouvez toujours rajeunissant de pouvoir suspendre pendant quelques moments la tension des efforts intellectuels nouveaux et supérieurs, et de revenir aux occupations plus simples de vos ancêtres. 48:4.20 Les principes de la vie récréative d’Urantia sont philosophiquement sains et continuent à être applicables pendant votre vie ascendante, à travers les circuits de Havona jusqu’aux rives éternelles du Paradis. En tant qu’êtres ascendants, vous possédez des souvenirs personnels de toutes vos existences antérieures et plus humbles. Sans ces souvenirs d’identité du passé, il n’y aurait pas de base pour l’humour du présent, qui se traduit par le rire des mortels ou l’allégresse des morontiels. C’est le rappel des expériences passées qui fournit la base des divertissements et amusements du présent. Pendant toute votre longue carrière morontielle puis progressivement spirituelle, vous prendrez plaisir aux équivalents célestes de votre humour terrestre. Et cette fraction de Dieu (l’Ajusteur), qui devient une partie éternelle de la personnalité d’un ascendeur mortel, apporte les harmoniques de la divinité aux expressions joyeuses, et même au rire spirituel des créatures ascendantes du temps et de l’espace. 5. Les Éducateurs des Mondes des Maisons 48:5.1 Les Éducateurs des Mondes des Maisons sont un corps de chérubins et de sanobins abandonnés mais glorifiés. Lorsqu’un pèlerin du temps s’avance d’un monde d’épreuves de l’espace aux mondes des maisons et aux mondes associés d’entrainement morontiel, il est accompagné par son séraphin individuel ou collectif, gardien de la destinée. Dans les mondes d’existence mortelle, le séraphin est aidé avec compétence par un chérubin et un sanobin ; mais, quand son pupille mortel est délivré des liens de la chair et débute dans la carrière ascendante, quand la vie postmatérielle ou morontielle commence, le séraphin accompagnateur n’a plus besoin du ministère de ses anciens lieutenants, le chérubin et le sanobin. 48:5.2 Ces assistants abandonnés des séraphins tutélaires sont souvent convoqués au siège de l’univers ; ils y passent par l’embrassement intime de l’Esprit-Mère de l’Univers, puis partent pour les sphères systémiques d’entrainement comme Éducateurs des Mondes des Maisons. Ces instructeurs visitent souvent les mondes matériels et s’activent depuis les maisonnias inférieures jusqu’aux plus hautes sphères éducatives reliées au siège de l’univers. De leur propre initiative, ils peuvent retourner à leur ancien travail en association avec les séraphins tutélaires. 48:5.3 Il y a des milliards et des milliards de ces éducateurs dans Satania. Leur nombre augmente constamment parce que, dans la majorité des cas, lorsqu’un séraphin accompagne vers l’intérieur un mortel fusionné avec son Ajusteur, il laisse en arrière à la fois un chérubin et un sanobin. 48:5.4 Les Éducateurs des Mondes des Maisons, comme la plupart des autres instructeurs, sont mandatés par les Melchizédeks. Ils sont généralement supervisés par les Compagnons de la Morontia, mais, en tant qu’individus et éducateurs, ils sont supervisés par les dirigeants en exercice des écoles ou sphères où ils fonctionnent en tant qu’instructeurs. 48:5.5 Ces chérubins évolués travaillent généralement par paires, comme ils le faisaient lorsqu’ils étaient attachés aux séraphins. Ils sont très proches par nature des types morontiels d’existence et sont les éducateurs spontanément compatissants des mortels ascendants. Ils appliquent très efficacement les programmes des mondes des maisons et du système éducatif morontiel. 48:5.6 Dans les écoles de la vie morontielle, ces éducateurs s’occupent d’enseigner les individus, les groupes, les classes et les masses. Sur les mondes des maisons, les écoles sont organisées en trois groupes généraux de cent divisions chacun : les écoles de pensée, les écoles de sentiment et les écoles d’action. Quand vous atteignez la constellation, il s’y ajoute les écoles d’éthique, les écoles d’administration et les écoles d’adaptation sociale. Sur les mondes-sièges de l’univers, vous entrerez dans les écoles de philosophie, de divinité et de pure spiritualité. 48:5.7 Les choses que vous auriez pu apprendre sur terre, mais que vous n’y avez pas apprises, doivent être assimilées sous la tutelle de ces maitres fidèles et patients. Il n’existe ni routes royales, ni raccourcis, ni sentiers faciles pour atteindre le Paradis. Indépendamment des variantes individuelles d’itinéraires, vous maitrisez les leçons d’une sphère avant de passer sur une autre. Il en est du moins ainsi une fois que vous avez quitté votre monde de nativité. 48:5.8 L’un des buts de la carrière morontielle est d’extirper définitivement des survivants mortels les vestiges de caractère animal tels que temporisation, équivoques, insincérité, échappatoires aux problèmes, injustice et recherche de la facilité. La vie dans maisonnia apprend de bonne heure aux jeunes élèves morontiels qu’en aucune manière, on n’évite une chose en l’ajournant. Après la vie charnelle, on ne dispose plus du temps comme technique pour esquiver des situations ou se soustraire à des obligations désagréables. 48:5.9 Les Éducateurs des Mondes des Maisons commencent par servir sur les plus humbles sphères de séjour puis s’élèvent, avec l’expérience, par les sphères éducatives du système et de la constellation jusqu’aux mondes éducatifs de Salvington. Ils ne sont soumis à aucune discipline spéciale, ni avant ni après leur embrassement par l’Esprit-Mère de l’Univers. Ils ont déjà été entrainés à leur travail pendant qu’ils servaient comme associés séraphiques sur les sphères natales de leurs élèves séjournant maintenant sur les mondes des maisons. Ils ont eu une expérience effective avec ces progresseurs mortels sur les mondes habités. Ils sont des maitres pratiques et compatissants, des instructeurs avisés et compréhensifs, des guides capables et efficaces. Ils sont entièrement au courant des plans d’ascension et possèdent une grande expérience des phases initiales de la carrière de progression. 48:5.10 Beaucoup de ces éducateurs parmi les plus anciens, ceux qui ont longtemps servi sur les mondes du circuit de Salvington, sont étreints de nouveau par l’Esprit-Mère de l’Univers ; ces chérubins et sanobins sortent alors de ce second embrassement avec le statut de séraphins. 6. Séraphins du monde morontiel – ministres de transition 48:6.1 Bien que tous les ordres d’anges, depuis les aides planétaires jusqu’aux séraphins suprêmes, apportent leur ministère aux mondes morontiels, les ministres de transition sont plus exclusivement affectés à ces activités. Ces anges appartiennent au sixième ordre de serviteurs séraphiques, et leur ministère est consacré à faciliter le transit des créatures matérielles et mortelles entre la vie temporelle incarnée et les premiers stades de l’existence morontielle sur les sept mondes des maisons. 48:6.2 Vous devriez comprendre que la vie morontielle d’un mortel ascendant commence réellement sur les mondes habités lors de la conception de l’âme, au moment où le mental d’une créature de statut moral est habité par l’Ajusteur spirituel. À partir de ce moment, l’âme mortelle possède la capacité potentielle pour des fonctions supra-mortelles ; elle est même susceptible d’être reconnue sur les niveaux supérieurs des sphères morontielles de l’univers local. 48:6.3 Toutefois, vous ne serez pas conscient du ministère des séraphins de transition avant d’atteindre les mondes des maisons où ils travaillent infatigablement au progrès de leurs élèves mortels. Ils y sont mandatés pour servir dans les sept divisions suivantes : 48:6.4 1. Évanges séraphiques. À l’instant où vous reprenez conscience sur les mondes des maisons, vous êtes classés dans les annales du système comme esprits en évolution. Il est vrai qu’en réalité vous n’êtes pas encore des esprits, mais vous n’êtes plus des êtres mortels ou matériels. Vous êtes entrés dans la carrière préspirituelle et vous avez été régulièrement admis dans la vie morontielle. 48:6.5 Sur les mondes des maisons, les évanges séraphiques vous aideront à choisir sagement parmi les itinéraires optionnels vers Édentia, Salvington, Uversa et Havona. Si plusieurs itinéraires sont également recommandables, ils vous les montreront, et vous aurez la permission de choisir celui qui vous attire le plus. Ces séraphins font ensuite leurs recommandations aux vingt-quatre conseillers de Jérusem sur la voie qui serait la plus avantageuse pour chaque âme ascendante. 48:6.6 On ne vous offre pas un choix illimité pour votre future carrière. Vous pouvez néanmoins choisir dans les limites de ce que les ministres de transition et leurs supérieurs déterminent sagement comme convenant le mieux à votre futur aboutissement spirituel. Le monde de l’esprit est gouverné par le principe de respecter le libre arbitre des individus, pourvu que la ligne de conduite de leur choix ne soit ni pernicieuse pour eux ni préjudiciable à leurs compagnons. 48:6.7 Ces évanges séraphiques se consacrent à proclamer l’évangile de la progression éternelle, le triomphe de l’atteinte de la perfection. Sur les mondes des maisons, ils proclament la grande loi de la conservation et de la suprématie de la bonté : nulle bonne action n’est jamais entièrement perdue ; elle peut être longtemps contrecarrée, mais jamais entièrement annulée, et reste éternellement puissante en proportion de la divinité de sa motivation. 48:6.8 Même sur Urantia, les évanges conseillent aux humains qui enseignent la vérité et la droiture d’adhérer à la prédication de « la bonté de Dieu qui conduit à la repentance » et de proclamer « l’amour de Dieu qui chasse toute crainte. » Ces vérités ont même été annoncées ainsi dans votre monde : 48:6.9 Les Dieux sont mes gardiens ; je ne m’égarerai pas. 48:6.10 Côte à côte ils me conduisent dans les beaux sentiers et le glorieux repos de la vie éternelle. 48:6.11 En cette Divine Présence, je n’aurai ni faim de nourriture ni soif d’eau. 48:6.12 Quand même je descendrais dans la vallée de l’incertitude ou m’élèverais dans les mondes du doute, 48:6.13 Quand même je marcherais dans la solitude ou avec les compagnons de mon espèce, 48:6.14 Quand même je triompherais dans les chœurs de lumière ou chancellerais dans les lieux solitaires des sphères, 48:6.15 Ton esprit de bonté me secourra et ton ange glorieux me consolera. 48:6.16 Quand même je descendrais dans les profondeurs des ténèbres et de la mort elle-même, 48:6.17 Je ne douterai pas de toi et ne te craindrai pas, 48:6.18 Car je sais que, dans la plénitude des temps et la gloire de ton nom, 48:6.19 Tu m’élèveras pour m’asseoir avec toi sur les remparts d’en haut. 48:6.20 Telle est l’histoire qui fut murmurée dans la nuit aux oreilles du jeune berger. Il ne put la retenir mot pour mot, mais, pour autant qu’il pût s’en souvenir, il la reproduisit en termes voisins de ceux de vos annales d’aujourd’hui. 48:6.21 Les évanges sont aussi ces séraphins qui annoncent l’évangile d’aboutissement à la perfection, tant à l’ensemble du système qu’aux ascendeurs individuels. Même maintenant dans le jeune système de Satania, leurs enseignements et leurs plans contiennent des dispositions pour les âges futurs où les mondes des maisons ne serviront plus, aux ascendeurs mortels, de marchepieds vers les sphères supérieures. 48:6.22 2. Interprètes raciaux. Les races d’êtres mortels ne sont pas toutes pareilles. Il est vrai qu’un type planétaire transparait dans la nature et les tendances physiques, mentales et spirituelles des diverses races d’un monde donné ; mais il existe aussi des types raciaux distincts, et la descendance de ces différents types fondamentaux d’êtres humains est marquée par des tendances sociales très nettes. Sur les mondes du temps, les interprètes raciaux séraphiques secondent les efforts des commissaires raciaux pour harmoniser les points de vue variés des races. Ils continuent à opérer sur les mondes des maisons, où les mêmes différences ont tendance à persister dans une certaine mesure. Sur une planète de désordre comme Urantia, ces brillants êtres n’ont guère eu l’occasion d’opérer franchement, mais ils sont les habiles sociologues et les sages conseillers ethniques du premier ciel. 48:6.23 Vous devriez réfléchir aux déclarations concernant le « ciel » et le « ciel des cieux ». Le ciel conçu par la plupart de vos prophètes était le premier monde des maisons du système local. Quand l’apôtre parle d’être « enlevé au troisième ciel », il se référait à une expérience où son Ajusteur s’était détaché pendant le sommeil et, dans cet état insolite, avait fait une projection sur le troisième des sept mondes des maisons. Certains de vos sages ont eu la vision du plus grand ciel, « le ciel des cieux », dont l’expérience du septuple monde des maisons n’était que le premier ciel. Le deuxième était Jérusem, le troisième Édentia et ses satellites, le quatrième Salvington et les sphères éducatives qui l’entourent, le cinquième Uversa, le sixième Havona, et le septième le Paradis. 48:6.24 3. Planificateurs mentaux. Ces séraphins se consacrent à grouper efficacement les êtres morontiels et à organiser leur travail d’équipe sur les mondes des maisons. Ils sont les psychologues du premier ciel. Les ministres séraphiques de cette division spéciale ont, en majorité, acquis une expérience antérieure comme anges gardiens des enfants du temps, mais, pour quelque raison, leurs pupilles n’ont pas réussi à se personnaliser sur les mondes des maisons, ou bien ont survécu par la technique de la fusion avec l’Esprit. 48:6.25 Les planificateurs mentaux ont pour tâche d’étudier la nature, l’expérience et le statut des âmes pourvues d’Ajusteurs, qui transitent par les mondes des maisons, et de faciliter leur groupement pour des missions et des promotions. Mais les planificateurs mentaux n’intriguent pas, ne manipulent pas ou ne tirent pas d’autres avantages de l’ignorance ou d’autres limitations des étudiants des mondes des maisons. Ils sont entièrement équitables et éminemment justes. Ils respectent votre volonté morontielle nouveau-née ; ils vous considèrent comme des êtres volitifs indépendants, et ils cherchent à encourager votre développement et votre avancement rapides. Avec eux, vous vous trouvez en face de vrais amis et de conseillers compréhensifs, d’anges qui sont réellement capables de vous aider « à vous voir comme les autres vous voient » et « à vous connaitre vous-mêmes comme les anges vous connaissent. » 48:6.26 Même sur Urantia, ces séraphins enseignent cette vérité éternelle : si votre propre mental ne vous sert pas bien, vous pouvez l’échanger contre le mental de Jésus de Nazareth, lequel vous sert toujours bien. 48:6.27 4. Conseillers morontiels. Ces ministres sont ainsi nommés parce qu’ils sont chargés d’enseigner, de diriger et de conseiller les mortels survivants des mondes d’origine humaine, les âmes en transit vers les écoles supérieures des sièges systémiques. Ils sont les éducateurs de ceux qui cherchent à voir clair dans l’unité expérientielle de niveaux de vie divergents, qui essayent d’intégrer les significations et d’unifier les valeurs ; c’est le rôle de la philosophie dans la vie terrestre et de la mota sur les sphères morontielles. 48:6.28 La mota est plus qu’une philosophie supérieure. Elle se compare à la philosophie comme deux yeux à un œil. Elle a un effet stéréoscopique sur les significations et les valeurs. L’homme matériel ne voit l’univers pour ainsi dire qu’avec un œil – il le voit plat. Les étudiants des mondes des maisons obtiennent la perspective cosmique – la profondeur – en surimposant les perceptions de la vie morontielle à celles de la vie physique. Et c’est en grande partie le ministère infatigable de leurs conseillers séraphiques qui leur permet de bien mettre au point cette surimposition des points de vue matériels et morontiels. Ces conseillers mettent une grande patience à enseigner les étudiants des mondes des maisons et les progresseurs morontiels. Bien des conseillers instructeurs de l’ordre suprême des séraphins ont commencé leur carrière en conseillant les âmes des mortels du temps récemment libérées. 48:6.29 5. Techniciens. Ce sont les séraphins qui aident les jeunes ascendeurs à s’adapter à l’environnement nouveau et relativement étrange des sphères morontielles. La vie sur les mondes de transition comporte un contact effectif avec les énergies et les matériaux des niveaux physiques et morontiels, et, dans une certaine mesure, avec les réalités spirituelles. Il faut que les ascendeurs s’acclimatent à chaque nouveau stade de la vie morontielle, et, en tout cela, les techniciens séraphiques les aident considérablement. Ces séraphins opèrent comme agents de liaison avec les Superviseurs de Pouvoir Morontiel et les Maitres Contrôleurs Physiques. Leur fonction est surtout d’enseigner aux pèlerins du temps la nature des énergies utilisées sur les sphères de transition. Ils servent, en cas d’urgence, comme traverseurs d’espace et accomplissent de nombreuses autres tâches régulières et spéciales. 48:6.30 6. Instructeurs-archivistes. Ces séraphins enregistrent les affaires qui se passent aux frontières du spirituel et du physique, les relations des hommes avec les anges, les affaires morontielles des royaumes inférieurs de l’univers. Ils enseignent également les techniques efficaces et effectives pour enregistrer les faits. La coordination et l’assemblage intelligents de données connexes comportent un sens artistique, et cet art est rehaussé par la collaboration avec les artisans célestes. Même les mortels ascendants peuvent s’affilier ainsi avec les séraphins archivistes. 48:6.31 Les archivistes de tous les ordres séraphiques consacrent un certain temps à éduquer et à entrainer les progresseurs morontiels. Ces conservateurs angéliques des faits temporels sont les instructeurs idéaux de tous les chercheurs de faits. Avant de quitter Jérusem, vous serez bien au courant de l’histoire de Satania et de ses 619 mondes habités. Une grande partie de cette histoire vous aura été communiquée par les archivistes séraphiques. 48:6.32 Ces anges font tous partie de la chaine des archivistes, qui s’étend depuis les plus humbles jusqu’aux plus élevés des conservateurs de faits temporels et de vérités éternelles. Un jour, ils vous enseigneront à rechercher la vérité aussi bien que les faits, à développer votre âme aussi bien que votre mental. Dès maintenant, vous devriez apprendre à arroser le jardin de votre cœur aussi bien qu’à rechercher les sables arides de la connaissance. Les formes ne servent plus à rien quand les leçons sont apprises. On ne peut obtenir un poussin sans coquille d’œuf, et nulle coquille n’a de valeur après l’éclosion du poussin. Mais l’erreur est parfois si grande qu’en la rectifiant par révélation, on porterait un coup fatal aux vérités qui émergent lentement et qui sont essentielles pour venir à bout de l’erreur grâce à l’expérience. Lorsque des enfants ont leurs idéaux, ne les leur enlevez pas ; laissez-les grandir. Pendant que vous apprenez à penser en hommes, vous devriez aussi apprendre à prier comme des enfants. 48:6.33 La loi est la vie même, et non les règles de sa conduite. Le mal est une transgression de la loi, et non une violation des règles de conduite concernant la vie, qui est la loi. La fausseté n’est pas une affaire de technique narrative, mais quelque chose de prémédité pour travestir la vérité. La création de nouveaux tableaux en partant de faits anciens, le nouvel exposé de la vie des parents dans celle de leurs descendants – voilà les triomphes artistiques de la vérité. L’ombre d’un cheveu que l’on détourne en préméditant un dessein déloyal, la plus petite déformation ou perversion de ce qui forme un principe – voilà ce qui constitue la fausseté. Mais le fétiche de la vérité factualisée, de la vérité fossilisée, le lien de fer de la vérité dite invariable, vous maintient aveuglément dans un cercle vicieux de faits bruts. On peut avoir techniquement raison sur les faits et éternellement tort sur la vérité. 48:6.34 7. Réserves tutélaires. Un corps important de tous les ordres de séraphins de transition est maintenu sur le premier monde des maisons. Parmi tous les ordres de séraphins et après les gardiens de la destinée, ce sont ces ministres de transition qui s’approchent le plus près des hommes, et vous passerez beaucoup de vos moments de loisirs avec eux. Les anges se réjouissent de servir et, quand ils n’ont pas d’affectation, ils servent souvent comme volontaires. Chez bien des mortels ascendants, lorsque l’âme s’embrase pour la première fois du feu divin de la volonté-de-servir, c’est à la suite d’une amitié personnelle avec les serviteurs volontaires des réserves séraphiques. 48:6.35 C’est d’eux que vous apprendrez à laisser les pressions produire stabilité et certitude ; à être fidèles et sérieux, et en même temps allègres ; à accepter des défis sans vous plaindre et à faire face sans crainte aux difficultés et aux incertitudes. Ils vous demanderont : Si vous échouez, vous relèverez-vous indomptablement pour essayer de nouveau ? Si vous réussissez, conserverez-vous un équilibre bien compensé – une attitude ferme et spiritualisée – au cours de chaque effort dans la longue lutte pour briser les chaines de l’inertie matérielle, pour atteindre la liberté de l’existence spirituelle ? 48:6.36 À l’instar des mortels, ces anges ont engendré de nombreuses déceptions, et ils vous montreront que vos déceptions les plus décourageantes sont parfois devenues vos plus grandes bénédictions. Il arrive que la plantation d’une graine nécessite sa mort, la mort de vos plus chères espérances, avant que la graine puisse renaitre pour porter les fruits d’une vie nouvelle et d’occasions renouvelées. Ils vous apprendront à éprouver moins de tristesse et de déceptions, premièrement en faisant moins de plans personnels concernant d’autres personnalités, et ensuite en acceptant votre sort lorsque vous avez fidèlement accompli votre devoir. 48:6.37 Vous apprendrez que vous accroissez vos fardeaux et diminuez vos chances de succès en vous prenant trop au sérieux. Rien n’a priorité sur le travail concernant votre sphère statutaire – le présent monde ou les suivants. Le travail de préparation pour la prochaine sphère plus élevée est fort important, mais rien n’est aussi important que de travailler dans le monde sur lequel vous vivez actuellement. Mais, bien que le travail soit important, le moi ne l’est pas. Quand vous vous sentez important, vous perdez tant d’énergie à justifier la fierté de votre égo qu’il reste peu d’énergie pour faire le travail. C’est l’importance attachée au moi et non l’importance attachée au travail qui épuise les créatures immatures. C’est l’élément moi qui épuise, et non l’effort pour aboutir. Vous pouvez faire une œuvre importante si vous ne vous attribuez pas d’importance. Vous pouvez faire plusieurs choses aussi facilement qu’une seule si vous laissez votre moi de côté. La variété est reposante, c’est la monotonie qui use et épuise. Jour après jour, la veille ressemble au lendemain – elle n’offre que l’alternative de la vie ou de la mort. 7. La mota morontielle 48:7.1 Les plans inférieurs de la mota morontielle sont directement contigus aux niveaux supérieurs de la philosophie humaine. Sur le premier monde des maisons, on a coutume d’enseigner les étudiants retardataires par la technique des parallèles, c’est-à-dire que, dans une colonne, on présente les concepts élémentaires de signification mota, et, dans la colonne opposée, on cite des considérations analogues de philosophie humaine. 48:7.2 Il y a peu de temps, pendant que j’exécutais une mission sur le premier monde des maisons de Satania, j’eus l’occasion d’observer cette méthode d’enseignement. Bien que je n’aie pas le droit de vous exposer le contenu en mota de la leçon, j’ai la permission de reproduire les vingt-huit citations de philosophie humaine que l’instructeur de la morontia employait comme matériaux explicatifs pour aider les nouveaux arrivés sur les mondes des maisons dans leurs premiers efforts pour saisir le sens et la signification de la mota. Voici quels étaient ces exemples de philosophie humaine : 48:7.3 1. Une démonstration d’habileté spécialisée ne signifie pas que l’on possède la capacité spirituelle. L’ingéniosité n’est pas un substitut du vrai caractère. 48:7.4 2. Rares sont les personnes qui vivent à la hauteur de la foi qu’elles possèdent réellement. La peur irraisonnée est une fraude intellectuelle maitresse pratiquée sur l’âme mortelle en évolution. 48:7.5 3. Les capacités inhérentes ne peuvent pas être dépassées ; un demi-litre ne peut jamais contenir un litre. Il est impossible d’introduire mécaniquement un concept spirituel dans le moule de la mémoire matérielle. 48:7.6 4. Rares sont les mortels qui osent jamais retirer la totalité de leurs crédits de personnalité établis par les ministères conjugués de la nature et de la grâce. La plupart des âmes appauvries sont vraiment riches, mais elles refusent de le croire. 48:7.7 5. Les difficultés peuvent défier la médiocrité et vaincre les craintifs, mais elles ne font que stimuler les véritables enfants des Très Hauts. 48:7.8 6. Jouir de privilèges sans en abuser, disposer de la liberté sans licence, posséder le pouvoir en refusant fermement de l’utiliser pour des ambitions personnelles – tels sont les indices d’une haute civilisation. 48:7.9 7. Les accidents imprévus et inexplicables ne se produisent pas dans le cosmos. Les êtres célestes ne portent pas non plus assistance à une créature inférieure qui refuse d’agir selon les lumières qu’elle possède sur la vérité. 48:7.10 8. L’effort ne produit pas toujours de la joie, mais il n’est pas de bonheur sans effort intelligent. 48:7.11 9. L’action fait acquérir la force ; la modération s’épanouit en charme. 48:7.12 10. La droiture frappe les cordes harmonieuses de la vérité, et la mélodie vibre dans tout le cosmos, allant jusqu’à la reconnaissance de l’Infini. 48:7.13 11. Les faibles se complaisent à des résolutions, mais les forts agissent. La vie n’est que le travail d’un jour – exécutez-le bien. L’acte est à nous, ses conséquences appartiennent à Dieu. 48:7.14 12. Dans le cosmos, la plus grande affliction est de n’avoir jamais été affligé. Les mortels n’apprennent la sagesse qu’en subissant des tribulations. 48:7.15 13. C’est dans l’isolement solitaire des profondeurs expérientielles que l’on discerne le mieux les étoiles, et non dans l’extase et l’illumination des sommets de montagne. 48:7.16 14. Stimulez l’appétit de vos associés pour la vérité. Ne donnez un conseil que si on vous le demande. 48:7.17 15. L’affectation est le ridicule effort des ignorants pour paraitre sages, la tentative de l’âme stérile pour paraitre riche. 48:7.18 16. On ne peut percevoir la vérité spirituelle avant d’en éprouver l’expérience, et beaucoup de vérités ne sont réellement ressenties que dans l’adversité. 48:7.19 17. L’ambition est dangereuse tant qu’elle n’est pas entièrement rendue sociale. Vous n’avez pas vraiment acquis une vertu avant que vos actes ne vous en aient rendu digne. 48:7.20 18. L’impatience est un poison de l’esprit. La colère ressemble à une pierre jetée dans un nid de frelons. 48:7.21 19. Il faut abandonner l’anxiété. Les déceptions les plus difficiles à supporter sont celles qui n’arrivent jamais. 48:7.22 20. Seul un poète peut discerner la poésie dans la prose banale de la vie courante. 48:7.23 21. La haute mission d’un art est de préfigurer par ses illusions une réalité supérieure de l’univers, de cristalliser les émotions du temps en une pensée d’éternité. 48:7.24 22. Une âme en évolution n’est pas rendue divine par ce qu’elle fait, mais par ce qu’elle s’efforce de faire. 48:7.25 23. La mort n’a rien ajouté aux possessions intellectuelles ni à la dotation spirituelle, mais elle a ajouté au statut expérientiel la conscience de la survie. 48:7.26 24. La destinée de l’éternité se détermine d’instant en instant par les accomplissements de la vie quotidienne. Les actes d’aujourd’hui forment la destinée de demain. 48:7.27 25. La grandeur ne consiste pas tant à posséder de la force qu’à l’employer sagement et divinement. 48:7.28 26. On ne possède la connaissance qu’en la partageant ; elle est sauvegardée par la sagesse et rendue sociale par l’amour. 48:7.29 27. Le progrès exige le développement de l’individualité. La médiocrité cherche à se perpétuer dans l’uniformité. 48:7.30 28. L’argumentation nécessaire pour défendre une thèse est inversement proportionnelle à la vérité contenue dans cette thèse. 48:7.31 Tel est le travail des débutants sur le premier monde des maisons, tandis que les élèves plus avancés sur les mondes suivants maitrisent les niveaux supérieurs de clairvoyance cosmique et de mota morontielle. 8. Les progresseurs morontiels 48:8.1 Depuis l’obtention des grades dans les mondes des maisons jusqu’à celle du statut spirituel dans la carrière superuniverselle, les mortels ascendants s’appellent progresseurs morontiels. Votre passage par cette merveilleuse vie frontalière restera une expérience inoubliable et un souvenir charmant ; c’est la porte évolutionnaire vers la vie spirituelle et vers l’accomplissement final de la perfection des créatures par laquelle les ascendeurs atteignent le but du temps – trouver Dieu au Paradis. 48:8.2 Le plan morontiel de progression des mortels et le plan spirituel qui lui fait suite, cette école universelle d’éducation minutieuse des créatures ascendantes, comportent un dessein divin et bien défini. C’est le plan des Créateurs pour fournir aux créatures du temps des occasions progressives de maitriser les détails de fonctionnement et d’administration du grand univers, et la meilleure manière de poursuivre ce long cours d’entrainement consiste à élever graduellement les mortels en les faisant effectivement participer à chacune des étapes de l’ascension. 48:8.3 Le plan de survie des mortels a un but pratique et utile. Si vous êtes les récipiendaires de tout ce travail divin et de cet entrainement soigné, ce n’est pas simplement en vue de survivre pour jouir d’une félicité perpétuelle et d’un bien-être éternel. Il y a un but de service transcendant caché au-delà de l’horizon du présent âge de l’univers. Si les Dieux avaient simplement projeté de vous emmener dans une longue excursion de joie éternelle, ils n’auraient certainement pas transformé l’univers entier en une seule immense et complexe école d’éducation pratique, réquisitionné une partie substantielle des créatures célestes comme maitres et instructeurs, et ensuite passé des âges et des âges à vous piloter un par un à travers cette gigantesque école universelle d’éducation expérientielle. Le développement du plan de progression des mortels parait être l’une des principales occupations du présent univers organisé, et la majorité d’un nombre incalculable d’ordres d’intelligences créées est, soit directement, soit indirectement, engagée à faire progresser une phase ou une autre de ce plan de perfection graduelle. 48:8.4 En franchissant l’échelle ascendante de l’existence vivante depuis l’état d’homme mortel jusqu’à l’embrassement de la Déité, vous vivez effectivement la vie même des créatures rendues parfaites existant à tous les stades et phases que l’on peut rencontrer dans les limites du présent âge de l’univers. L’intervalle entre l’état d’homme mortel et le statut de finalitaire au Paradis englobe tout ce qui peut exister aujourd’hui – tout ce qui est présentement possible pour les ordres vivants de créatures finies intelligentes et rendues parfaites. Si la destinée future des finalitaires du Paradis est de servir dans les nouveaux univers actuellement en formation, il est certain que cette nouvelle et future création ne contiendra pas d’ordres de créatures expérientielles dont la vie soit entièrement différente de celle que les finalitaires mortels auront vécue sur quelque monde, en tant que partie de leur entrainement ascendant, en tant qu’une des étapes de leur progrès d’âge en âge pour passer de l’état animal à celui d’ange, puis de l’état d’ange à celui d’esprit, et de celui d’esprit à celui de Dieu. 48:8.5 [Présenté par un archange de Nébadon.] Fascicule 49. Les mondes habités 49:0.1 TOUS les mondes habités par des mortels ont une origine et une nature évolutionnaires. Ces sphères sont la frayère, le berceau d’évolution des races mortelles du temps et de l’espace. Chaque unité de la vie ascendante est une véritable école d’entraînement pour le stade d’existence immédiatement suivant, et ceci est vrai pour tous les stades de l’ascension progressive des hommes au Paradis. C’est tout aussi vrai pour l’expérience initiale des mortels sur une planète évolutionnaire que pour l’école finale des Melchizédeks sur le monde-siège de l’univers local. Les mortels ascendants ne fréquentent cette dernière école que juste avant d’être transférés au régime du superunivers et d’avoir atteint le premier stade d’existence spirituelle. 49:0.2 Fondamentalement, tous les mondes habités sont groupés en systèmes locaux pour leur administration céleste, et chacun des systèmes locaux se limite à environ mille mondes évolutionnaires. Cette limitation résulte d’un décret des Anciens des Jours et concerne les planètes effectivement évolutionnaires où vivent des mortels ayant le statut de survie. Ni les mondes définitivement ancrés dans la lumière et la vie, ni les planètes au stade préhumain du développement de la vie ne sont comptés dans ce groupe. 49:0.3 Satania lui-même est un système inachevé ne contenant que 619 mondes habités qui sont numérotés dans l’ordre d’après la date de leur inscription comme mondes habités, comme mondes habités par des créatures volitives. C’est ainsi qu’Urantia reçut le numéro 606 de Satania, signifiant qu’elle est le six-cent-sixième monde de ce système local sur lequel le long processus évolutionnaire de la vie a culminé dans l’apparition d’êtres humains. Trente-six planètes inhabitées du système approchent le stade où elles seront dotées de vie, et plusieurs sont maintenant apprêtées pour les Porteurs de Vie. Près de deux-cents sphères évoluent de telle sorte qu’elles seront prêtes pour l’implantation de la vie d’ici quelques millions d’années. 49:0.4 Les planètes ne conviennent pas toutes pour héberger la vie des mortels. Les petites planètes qui tournent très vite sur leur axe sont tout à fait impropres à servir d’habitat à la vie. Dans plusieurs systèmes physiques de Satania, les planètes qui tournent autour du soleil central sont trop grandes pour être habitées, à cause de l’oppression causée par la gravité de leur forte masse. Beaucoup de ces énormes sphères ont des satellites, parfois une demi-douzaine ou davantage, et ces lunes ont souvent une taille très voisine de celle d’Urantia, ce qui les rend presque idéales pour l’habitation. 49:0.5 Le plus ancien monde habité de Satania, le monde numéro 1, est Anova, l’un des 44 satellites tournant autour d’une énorme planète obscure, mais exposée à la lumière différentielle de trois soleils voisins. Anova est dans un état avancé de civilisation progressive. 1. La vie planétaire 49:1.1 Les univers du temps et de l’espace se développent graduellement. La progression de la vie – terrestre ou céleste – n’est ni arbitraire ni magique. L’évolution cosmique n’est pas toujours compréhensible (prévisible), mais elle est strictement non accidentelle. 49:1.2 L’unité biologique de la vie matérielle est la cellule protoplasmique, l’association commune d’énergies chimiques et électriques avec d’autres énergies fondamentales. Les formules chimiques varient dans chaque système, et la technique de reproduction des cellules vivantes est légèrement différente dans chaque univers local, mais les Porteurs de Vie sont toujours les catalyseurs vivants qui déclenchent les réactions primordiales de la vie matérielle. Ils sont les instigateurs des circuits d’énergie de la matière vivante. 49:1.3 Tous les mondes d’un système local laissent apparaitre une parenté physique indubitable. Néanmoins, chaque planète a sa propre échelle de vie, et il n’existe pas deux mondes exactement pareils quant à leur dotation végétale et animale. Les variantes planétaires dans les types de vie systémiques résultent des décisions des Porteurs de Vie. Mais ces êtres ne sont ni capricieux ni fantasques, l’ordre et la loi président à la conduite des univers. Les lois de Nébadon sont les divines ordonnances de Salvington, et l’ordre évolutionnaire de vie dans Satania s’accorde avec le modèle évolutionnaire de Nébadon. 49:1.4 L’évolution est la règle du développement humain, mais le processus lui-même varie grandement sur les différents mondes. La vie est parfois inaugurée dans un seul centre, parfois dans trois comme ce fut le cas sur Urantia. Sur les mondes pourvus d’une atmosphère, l’origine de la vie est généralement marine, mais pas toujours ; cela dépend beaucoup du statut physique de la planète. Les Porteurs de Vie disposent d’une grande latitude dans leur fonction pour déclencher la vie. 49:1.5 Dans le développement de la vie planétaire, la forme végétale précède toujours la forme animale, et le règne végétal est déjà pleinement développé avant que les modèles d’animaux ne se différencient. Tous les types d’animaux se développent à partir des modèles fondamentaux du précédent règne végétal des choses vivantes ; ils ne sont pas organisés à part. 49:1.6 Les stades initiaux de l’évolution de la vie ne sont pas entièrement conformes à votre point de vue du moment. L’homme mortel n’est pas un accident évolutionnaire. Il existe un système précis, une loi universelle, pour déterminer le déroulement du plan de la vie planétaire sur les sphères de l’espace. Le temps et la production d’un grand nombre de spécimens d’une espèce ne sont pas les influences dominantes. Les souris se reproduisent beaucoup plus vite que les éléphants, et cependant les éléphants évoluent plus vite que les souris. 49:1.7 Le processus de l’évolution planétaire est ordonné et contrôlé. Le développement d’organismes supérieurs à partir de groupements vitaux plus modestes n’est pas accidentel. Le développement évolutionnaire est, parfois, temporairement retardé par la destruction de certaines lignées favorables de plasma vital existant dans une espèce sélectionnée. Il faut souvent des âges et des âges pour réparer le dommage occasionné par la perte d’une seule lignée supérieure d’hérédité humaine. Une fois que ces lignées supérieures et sélectionnées de protoplasme vivant ont fait leur apparition, on devrait les préserver jalousement et intelligemment. Et, sur la plupart des mondes habités, on accorde à ces potentiels supérieurs de vie une valeur bien plus grande que sur Urantia. 2. Types physiques planétaires 49:2.1 Chaque système comporte un modèle standard et fondamental de vie animale et végétale. Mais les Porteurs de Vie sont souvent confrontés à la nécessité de modifier ces modèles fondamentaux pour les conformer aux conditions physiques variables qu’ils rencontrent sur les nombreux mondes de l’espace. Ils développent un type de créatures mortelles généralisé dans le système, mais il existe sept types physiques distincts ainsi que des milliers et des milliers de variantes mineures de ces sept différenciations majeures. 49:2.2 1. Les types atmosphériques. 49:2.3 2. Les types élémentaux. 49:2.4 3. Les types gravitationnels. 49:2.5 4. Les types thermiques. 49:2.6 5. Les types électriques. 49:2.7 6. Les types énergétiques 49:2.8 7. Les types non dénommés. 49:2.9 Le système de Satania contient tous ces types et de nombreux groupes intermédiaires dont certains n’ont que de très rares représentants. 49:2.10 1. Les types atmosphériques. Les différences physiques entre les mondes habités par les mortels sont principalement déterminées par la nature de l’atmosphère. Les autres influences qui contribuent à la différenciation planétaire de la vie sont relativement mineures. 49:2.11 Le statut atmosphérique qui prévaut présentement sur Urantia est à peu près idéal pour entretenir les hommes du type respirateur, mais on peut modifier ce type de manière à lui permettre de vivre sur les planètes superatmosphériques ou subatmosphériques. Ces modifications s’étendent aussi à la vie animale, qui est très différente sur les diverses sphères habitées. Les ordres animaux subissent des changements très importants sur les mondes subatmosphériques et superatmosphériques. 49:2.12 Parmi les types de planètes atmosphériques de Satania, environ deux et demi pour cent sont des mondes de sous-respirateurs, cinq pour cent des mondes de superrespirateurs, et plus de quatre-vingt-onze pour cent des mondes de respirateurs moyens, soit au total quatre-vingt-dix-huit-et-demi pour cent des mondes de Satania. 49:2.13 Les êtres semblables à ceux des races d’Urantia sont classés comme respirateurs moyens. Vous représentez l’ordre respiratoire moyen ou typique d’existence mortelle. Si des créatures intelligentes existaient sur une planète ayant une atmosphère semblable à celle de Vénus, votre plus proche voisine, elles appartiendraient au groupe superrespirateur, tandis que les habitants d’une planète ayant une atmosphère aussi raréfiée que celle de Mars, votre voisin extérieur, seraient appelés sous-respirateurs. 49:2.14 Si des mortels habitaient une planète dépourvue d’air comme votre lune, ils appartiendraient à l’ordre distinct des non-respirateurs. Ce type représente une adaptation radicale ou extrême au milieu planétaire, et il est étudié séparément. Les mondes des non-respirateurs représentent le un-et-demi pour cent restant des mondes de Satania. 49:2.15 2. Les types élémentaux. Ces différenciations se rapportent aux relations des mortels avec l’eau, l’air et la terre, et il y a quatre espèces distinctes de vies intelligentes selon leurs relations avec leur habitat. Les races d’Urantia appartiennent à l’ordre terrestre. 49:2.16 Il vous est tout à fait impossible d’imaginer l’environnement qui prévaut durant les âges primitifs de certains mondes. Ces conditions insolites obligent la vie animale en évolution à rester dans son habitat marin pendant de plus longues périodes que sur les planètes qui offrent de très bonne heure un milieu à la fois terrestre et atmosphérique hospitalier. Par contre, sur certains mondes d’êtres superrespirateurs, et quand la planète n’est pas trop grande, il est parfois opportun d’introduire un type humain capable de traverser aisément l’atmosphère. Ces navigateurs aériens apparaissent quelquefois entre le groupe aquatique et le groupe terrestre. Ils vivent toujours, dans une certaine mesure, sur le sol et finissent par devenir des terriens. Mais, sur certains mondes, ils continuent pendant des âges à voler même après avoir acquis le type terrien. 49:2.17 Il est à la fois étonnant et amusant d’observer la civilisation initiale d’une race humaine primitive prenant forme tantôt dans l’air et au sommet des arbres, tantôt au milieu des eaux peu profondes des bassins tropicaux abrités, ainsi qu’au fond, sur les bords et sur les rives des jardins maritimes qui hébergent à leur aurore les races de ces sphères extraordinaires. Même sur Urantia, il y eut une longue période durant laquelle les hommes primitifs se protégèrent et firent progresser leur civilisation primitive en vivant la plupart du temps au sommet des arbres, comme leurs lointains ancêtres arboricoles. Sur Urantia, vous avez encore un groupe de très petits mammifères (les chauvesouris) qui sont des navigateurs aériens. Les phoques et les baleines de votre habitat marin appartiennent aussi à l’ordre des mammifères. 49:2.18 Parmi les types élémentaux de Satania, sept pour cent sont aquatiques, dix pour cent aériens, soixante-dix pour cent terrestres, et treize pour cent de types combinés aéroterrestres. Mais ces dernières variantes de créatures intelligentes primitives ne sont ni des hommes-poissons ni des hommes-oiseaux. Elles représentent des types humains et préhumains qui ne sont ni des superpoissons ni des oiseaux glorifiés, mais nettement des mortels. 49:2.19 3. Les types gravitationnels. Par modification du modèle créatif, des êtres intelligents sont bâtis de manière à pouvoir fonctionner librement sur des sphères plus petites ou plus grandes qu’Urantia. Ils se trouvent ainsi adaptés dans la mesure voulue à la gravité des planètes dont la grosseur et la densité ne sont pas idéales. 49:2.20 La taille des divers types planétaires de mortels est variable. Dans Nébadon, la moyenne est un peu au-dessous de deux mètres dix. Quelques-unes des plus grosses planètes sont peuplées d’êtres mesurant seulement soixante-quinze centimètres. La stature des mortels s’échelonne depuis ce minimum jusqu’à trois mètres sur les plus petites sphères habitées, en passant par la taille intermédiaire sur les planètes de grosseur moyenne. Dans Satania, il n’existe qu’une race ayant moins d’un mètre vingt. Parmi les mondes de Satania, vingt pour cent sont peuplés de mortels du type gravitationnel modifié ; ils habitent les plus grosses et les plus petites planètes. 49:2.21 4. Les types thermiques. Il est possible de créer des êtres vivants capables de résister à des températures beaucoup plus élevées et beaucoup plus basses que la zone de vie des races d’Urantia. Si l’on classe les êtres d’après leurs mécanismes thermorégulateurs, ils se divisent en cinq catégories distinctes. Dans cette échelle, les races d’Urantia portent le numéro trois. Trente pour cent des mondes de Satania sont peuplés de races des types thermiques modifiés, dont douze pour cent appartiennent aux zones de hautes températures, et dix-huit pour cent à celles de basses températures. Par comparaison, les Urantiens se placent dans le groupe des températures moyennes. 49:2.22 5. Les types électriques. Le comportement électrique, magnétique et électronique des mondes varie considérablement. Il existe dix modèles de vie mortelle diversement façonnés pour résister à l’énergie différentielle des sphères. Ces dix variétés réagissent aussi de manière légèrement différente aux rayons chimiques de la lumière solaire ordinaire. Mais ces petites variantes physiques n’affectent en rien la vie intellectuelle ou spirituelle. 49:2.23 Parmi les groupements électriques de vie mortelle, près de vingt-trois pour cent appartiennent à la quatrième classe, celle du type urantien d’existence. En chiffres ronds, la distribution de ces types est la suivante : classe numéro 1: un pour cent ; classe numéro 2: deux pour cent ; classe numéro 3: cinq pour cent ; classe numéro 4: vingt-trois pour cent ; classe numéro 5: vingt-sept pour cent ; classe numéro 6: vingt-quatre pour cent ; classe numéro 7: huit pour cent ; classe numéro 8: cinq pour cent ; classe numéro 9: trois pour cent ; classe numéro 10: deux pour cent. 49:2.24 6. Les types énergétiques. Les mondes ne sont pas tous semblables dans leur manière d’absorber l’énergie. Les mondes habités n’ont pas tous un océan atmosphérique comme celui d’Urantia, convenant à l’échange de gaz respiratoires. Sur beaucoup de planètes à leur stade initial ou à leur stade final, des êtres de votre ordre ne pourraient pas exister. Quand les facteurs respiratoires d’une planète sont d’un degré très élevé ou très bas, mais que toutes les autres conditions préalables à la vie intelligente sont favorables, les Porteurs de Vie établissent souvent sur ces mondes une forme modifiée d’existence mortelle, des êtres capables d’effectuer les échanges de leurs processus vitaux en utilisant directement l’énergie lumineuse et en effectuant de première main la transmutation du pouvoir des Maitres Contrôleurs Physiques. 49:2.25 Il existe six types différents de nutrition animale et humaine : Les sous-respirateurs emploient le premier, les espèces marines le deuxième et les moyens-respirateurs le troisième, comme sur Urantia. Les superrespirateurs emploient le quatrième type d’absorption d’énergie, tandis que les non-respirateurs utilisent le cinquième ordre de nutrition et d’énergie. Quant à la sixième technique énergétique, elle se limite aux créatures médianes. 49:2.26 7. Les types non dénommés. Il existe de nombreuses autres variantes physiques dans la vie planétaire, mais ce sont entièrement des affaires de modifications anatomiques, de différenciations physiologiques et d’ajustements électrochimiques. Ces distinctions ne concernent ni la vie intellectuelle ni la vie spirituelle. 3. Les mondes des non-respirateurs 49:3.1 La majorité des planètes habitées est peuplée d’êtres intelligents du type respirateur. Mais il existe aussi des ordres de mortels capables de vivre sur des mondes ayant très peu d’air ou même pas du tout. Moins de sept pour cent des planètes habitées d’Orvonton sont de cette espèce. Dans Nébadon, ce pourcentage descend au-dessous de trois. Dans tout Satania, il n’y a que neuf mondes de cet ordre. 49:3.2 Si les mondes du type non-respirateur sont aussi rares dans Satania, cela tient à ce que cette section de Norlatiadek fut organisée assez récemment et abonde encore en corps spatiaux météoriques ; et les mondes sans atmosphère de friction protectrice sont sujets à un bombardement incessant de ces vagabonds. Même quelques comètes consistent en essaims de météores, mais en règle générale elles sont de petits corps de matière disloqués. 49:3.3 Des millions et des millions de météorites pénètrent quotidiennement l’atmosphère d’Urantia et arrivent à une vitesse de l’ordre de 320 kilomètres par seconde. Sur les mondes où l’on ne respire pas, les races évoluées doivent beaucoup se protéger des dommages météoriques en établissant des installations électriques qui consument ou détournent les météores. De grands dangers les menacent quand elles s’aventurent au-delà des zones protégées. Ces mondes sont également sujets à de désastreux orages électriques, d’une nature inconnue sur Urantia. Pendant ces moments de formidables fluctuations énergétiques, les habitants doivent se réfugier dans leurs constructions spéciales d’isolement protecteur. 49:3.4 La vie sur les mondes des non-respirateurs est radicalement différente de celle qui prévaut sur Urantia. Les non-respirateurs n’absorbent pas de nourriture et ne boivent pas d’eau comme les races d’Urantia. Les réactions du système nerveux, le mécanisme régulateur de température et le métabolisme de ces peuples spécialisés sont radicalement différents de ces mêmes fonctions chez les mortels d’Urantia. À peu près tous les actes de la vie, sauf la reproduction, s’effectuent autrement, et même les méthodes de procréation sont quelque peu différentes. 49:3.5 Sur les mondes de non-respiration, les espèces animales sont radicalement dissemblables de celles des planètes atmosphériques. Le plan de la vie sans respiration s’écarte de la technique d’existence sur un monde pourvu d’une atmosphère. Les habitants de ces mondes diffèrent même dans la survie, car ils sont candidats à la fusion avec l’Esprit. Ces êtres prennent néanmoins plaisir à la vie et poursuivent les activités du royaume avec les mêmes épreuves et les mêmes joies relatives que les mortels vivant sur les planètes atmosphériques. Quant au mental et au caractère, les non-respirateurs ne diffèrent pas des autres types de mortels. 49:3.6 La conduite planétaire des non-respirateurs présenterait plus que de l’intérêt pour vous, parce qu’une race de ces êtres habite une sphère très proche d’Urantia. 4. Créatures volitives évolutionnaires 49:4.1 Les différences sont grandes entre les mortels des divers mondes, même parmi ceux qui appartiennent à des types intellectuels et physiques semblables, mais tous les mortels de dignité volitive sont des animaux bipèdes qui se tiennent debout. 49:4.2 Il existe six races évolutionnaires fondamentales : trois primaires – rouge, jaune et bleue ; et trois secondaires – orangée, verte et indigo. La plupart des mondes habités contiennent toutes ces races, mais beaucoup de planètes dont les races ont trois cerveaux n’hébergent que les trois types primaires. Quelques systèmes locaux n’ont aussi que ces trois races. 49:4.3 Les êtres humains sont dotés en moyenne de douze sens physiques spéciaux, bien que les sens des mortels à trois cerveaux soient plus aiguisés que ceux des types à un ou deux cerveaux. Ils peuvent voir et entendre considérablement plus de choses que les races d’Urantia. 49:4.4 Il ne nait généralement qu’un seul jeune à la fois, les naissances multiples sont l’exception, et la vie de famille est assez uniforme sur tous les types de planètes. L’égalité des sexes prévaut sur tous les mondes évolués. La dotation mentale et le statut spirituel des deux sexes sont égaux. Nous ne considérons pas qu’une planète ait émergée de la barbarie tant que l’un des sexes cherche à tyranniser l’autre. Ce trait expérientiel des créatures est toujours grandement amélioré après l’arrivée d’un Fils et une Fille Matériels. 49:4.5 Des variations de saisons et de température se produisent sur toutes les planètes éclairées et chauffées par des soleils. L’agriculture est universelle sur tous les mondes atmosphériques. La culture du sol est la seule activité commune à toutes les races qui progressent sur ces planètes. 49:4.6 Dans leurs temps primitifs, les mortels ont tous, avec des ennemis microscopiques, des luttes comme celles dont vous faites présentement l’expérience sur Urantia, bien que peut-être à une échelle moindre. La durée de la vie varie sur les diverses planètes entre vingt-cinq ans sur les mondes primitifs jusqu’à près de cinq-cents ans sur les sphères plus évoluées et plus anciennes. 49:4.7 Les êtres humains ont tous l’esprit grégaire de tribu et de race. Les ségrégations par groupes sont inhérentes à leur nature et à leur constitution. Ces tendances ne peuvent être modifiées que par le progrès de la civilisation et une spiritualisation graduelle. Les problèmes sociaux, économiques et gouvernementaux des mondes habités varient selon l’âge des planètes et le degré d’influence exercé par les séjours successifs des Fils divins. 49:4.8 Le mental est le don de l’Esprit Infini ; il fonctionne de la même manière dans des milieux divers. Les mortels sont apparentés en mental, indépendamment de certaines différences structurelles et chimiques caractérisant la nature physique des créatures volitives des systèmes locaux. Quelles que soient les variantes planétaires personnelles ou physiques, la vie mentale des divers ordres de mortels est très similaire et leurs carrières immédiates après la mort se ressemblent beaucoup. 49:4.9 Mais le mental mortel sans l’esprit immortel ne peut survivre. Le mental de l’homme est mortel ; seul l’esprit effusé est immortel. La survie dépend de la spiritualisation par le ministère de l’Ajusteur – de la naissance et de l’évolution de l’âme immortelle ; il faut tout au moins qu’aucun antagonisme ne se soit développé envers la mission de l’Ajusteur qui cherche à effectuer la transformation spirituelle du mental matériel. 5. Les séries planétaires de mortels 49:5.1 Il va être assez difficile de faire une bonne description des séries planétaires de mortels, parce que vous savez si peu de choses à leur sujet et parce qu’il y a tant de variantes. On peut toutefois étudier les créatures mortelles sous de nombreux points de vue dont voici quelques-uns : 49:5.2 1. Ajustement au milieu planétaire. 49:5.3 2. Série des types cérébraux. 49:5.4 3. Série des types réceptifs à l’esprit. 49:5.5 4. Époques planétaires des mortels. 49:5.6 5. Série des créatures apparentées. 49:5.7 6. Série à fusion d’Ajusteurs. 49:5.8 7. Techniques d’évasion terrestre. 49:5.9 Les sphères habitées des sept superunivers sont peuplées de mortels qui se classent simultanément dans une ou plusieurs catégories de ces classes générales de la vie des créatures évolutionnaires. Mais ces classifications générales elles-mêmes ne tiennent compte ni d’êtres tels que les midsonitaires, ni de certaines autres formes de vie intelligente. Les mondes habités tels qu’ils ont été présentés dans ces exposés sont peuplés de créatures mortelles évolutionnaires, mais il existe d’autres formes de vie. 49:5.10 1. Ajustement au milieu planétaire. Du point de vue de l’ajustement de la vie des créatures au milieu planétaire, il existe trois groupes généraux de mondes habités : le groupe d’ajustement normal, le groupe d’ajustement radical et le groupe expérimental. 49:5.11 Les ajustements normaux aux conditions planétaires suivent les modèles physiques généraux précédemment étudiés. Les mondes des non-respirateurs représentent l’ajustement radical ou extrême, mais ce groupe comprend aussi d’autres types. Les mondes expérimentaux sont en général idéalement adaptés aux formes typiques de vie, et, sur ces planètes décimales, les Porteurs de Vie essayent de produire des variations bénéfiques dans les modèles normaux de vie. Puisque votre monde est une planète expérimentale, il diffère notablement de ses sphères-sœurs de Satania. De nombreuses formes de vie que l’on ne trouve pas ailleurs sont apparues sur Urantia ; de même que de nombreuses espèces communes sont absentes de votre planète. 49:5.12 Dans l’univers de Nébadon, tous les mondes à vie modifiée sont reliés en série et constituent un domaine spécial des affaires de l’univers auquel des administrateurs désignés accordent toute leur attention ; et tous ces mondes expérimentaux sont inspectés périodiquement par un corps de directeurs universels dont le chef est le vétéran finalitaire connu dans Satania sous le nom de Tabamantia. 49:5.13 2. Séries des types cérébraux. Le cerveau et le système nerveux constituent la seule caractéristique uniforme des mortels. Il y a cependant trois organisations fondamentales du mécanisme cérébral : les types à un cerveau, à deux cerveaux et à trois cerveaux. Les Urantiens appartiennent au type à deux cerveaux ; ils sont un peu plus imaginatifs, aventureux et philosophes que les mortels à un cerveau, mais un peu moins spirituels, éthiques et adorateurs que les ordres à trois cerveaux. Ces différences cérébrales caractérisent même les existences animales préhumaines. 49:5.14 Partant de la substance corticale du cerveau urantien dont le type comporte deux hémisphères, vous pouvez vous faire une idée du type monocérébral. Quant au troisième cerveau des ordres tricérébraux, vous le concevrez mieux comme une évolution de votre cervelet rudimentaire dont la forme inférieure se développe chez les tricérébraux au point de fonctionner principalement pour contrôler les activités physiques laissant les deux cerveaux supérieurs libres de s’adonner à des tâches plus élevées, l’un aux fonctions intellectuelles et l’autre pour les activités de transcriptions spirituelles de l’Ajusteur de Pensée. 49:5.15 Les accomplissements terrestres des races monocérébrales sont un peu limités par rapport à ceux des ordres bicérébraux ; par contre, les planètes anciennes du groupe tricérébral font montre de civilisations qui stupéfieraient les Urantiens et dont la comparaison ferait quelque peu honte à la vôtre. En ce qui concerne le développement mécanique, la civilisation matérielle et même le progrès intellectuel, les mondes des mortels bicérébraux peuvent égaler les sphères des tricérébraux ; mais, quant au contrôle supérieur du mental et au développement des échanges entre l’intellect et l’esprit, vous êtes quelque peu inférieurs. 49:5.16 Toutes les estimations comparatives concernant le progrès intellectuel ou les accomplissements spirituels d’un monde ou d’un groupe de mondes devraient tenir compte en équité de l’âge planétaire. L’état de choses dépend énormément de l’âge, de l’aide des élévateurs biologiques et des missions ultérieures des Fils divins des divers ordres. 49:5.17 Les peuples à trois cerveaux peuvent atteindre une évolution planétaire un peu supérieure à celle des ordres à un ou deux cerveaux, mais tous ont un plasma vital du même type et poursuivent leurs activités planétaires d’une manière très semblable, se rapprochant beaucoup de celles des êtres humains d’Urantia. Ces trois types de mortels sont répartis dans tous les mondes des systèmes locaux. Dans la majorité des cas, les conditions planétaires ont eu très peu d’influence sur les décisions des Porteurs de Vie qui projetaient ces ordres variés de mortels sur les divers mondes. Les Porteurs de Vie ont la prérogative de préparer ainsi leurs plans et de les mettre à exécution. 49:5.18 Ces trois ordres cérébraux se trouvent sur le même plan dans la carrière de l’ascension. Chacun doit franchir la même échelle intellectuelle de développement et triompher des mêmes épreuves spirituelles de progression. L’administration systémique de ces différents mondes et leur supercontrôle par la constellation sont uniformément libres de discrimination ; même les régimes des Princes Planétaires sont identiques. 49:5.19 3. Séries des types réceptifs à l’esprit. Par rapport au contact avec les affaires spirituelles, il y a trois groupes de modèles mentaux. Cette classification ne se réfère pas aux ordres des mortels à un, deux ou trois cerveaux ; elle se rattache essentiellement à la chimie glandulaire, et plus particulièrement à l’organisation de certaines glandes comparables au corps pituitaire. Sur certains mondes, les races ont une de ces glandes, sur d’autres, deux comme les Urantiens, tandis que sur d’autres sphères encore, les races ont trois de ces corps remarquables. L’imagination naturelle et la réceptivité spirituelle sont nettement influencées par cette dotation chimique différentielle. 49:5.20 Parmi les types réceptifs à l’esprit, soixante-cinq pour cent appartiennent au deuxième groupe comme les Urantiens, douze pour cent sont du premier type, naturellement moins réceptif, tandis que vingt-trois pour cent sont plus enclins à la spiritualité durant la vie terrestre. Mais ces distinctions ne survivent pas à la mort naturelle ; toutes ces différences raciales ne concernent que la vie dans la chair. 49:5.21 4. Époques planétaires des mortels. Cette classification reconnait la succession des dispensations temporelles en ce qu’elles affectent le statut terrestre des hommes et leur réception du ministère céleste. 49:5.22 La vie est déclenchée sur les planètes par les Porteurs de Vie ; ils surveillent son développement pendant un certain temps après l’apparition évolutionnaire de l’homme mortel. Avant de quitter une planète, les Porteurs de Vie installent dument un Prince Planétaire comme dirigeant du royaume. Avec ce dirigeant arrive un plein contingent d’auxiliaires subordonnés et d’aides tutélaires, et le premier jugement des vivants et des morts coïncide avec son arrivée. 49:5.23 Avec l’émergence de groupements humains, arrive le Prince Planétaire pour inaugurer la civilisation humaine et focaliser la société humaine. Votre monde de confusion n’est pas un critère des premiers temps du règne des Princes Planétaires, car ce fut au commencement de son administration sur Urantia que Caligastia, votre Prince Planétaire, lia son sort à la rébellion de Lucifer, le Souverain du Système. Depuis lors, votre planète a toujours suivi une carrière orageuse. 49:5.24 Sur un monde évolutionnaire normal, le progrès racial atteint son apogée biologique naturel durant le régime du Prince Planétaire. Peu après, le Souverain Systémique dépêche un Fils et une Fille Matériels sur cette planète. Ces êtres importés ont la fonction d’élévateurs biologiques. Leur défaillance sur Urantia a compliqué encore davantage l’histoire de votre planète. 49:5.25 Quand le progrès intellectuel et éthique d’une race humaine a atteint les limites du développement évolutionnaire, un Fils Avonal Paradisiaque vient en mission magistrale. Et, plus tard, quand le statut spirituel de ce monde approche de la limite de son aboutissement naturel, la planète reçoit la visite d’un Fils d’effusion du Paradis. La mission principale d’un Fils d’effusion consiste à établir le statut planétaire, à donner libre essor à l’Esprit de Vérité pour qu’il fonctionne à l’échelle planétaire, et à assurer ainsi l’arrivée universelle des Ajusteurs de Pensée. 49:5.26 Là encore, Urantia n’est pas dans la norme. Il n’y a jamais eu de mission magistrale sur votre monde, et votre Fils d’effusion n’appartenait pas à l’ordre des Avonals. Votre planète a joui de l’honneur insigne de devenir la planète domicile de mortel du Fils Souverain, Micaël de Nébadon. 49:5.27 Comme suite au ministère de tous les ordres successifs de filiation divine, les mondes habités et leurs races progressives commencent à s’approcher de l’apogée de l’évolution planétaire. De tels mondes deviennent alors mûrs pour la mission culminante, l’arrivée des Fils Instructeurs de la Trinité. Cette époque des Fils Instructeurs est le prélude de l’âge planétaire final – de l’utopie évolutionnaire – l’âge de lumière et de vie. 49:5.28 Cette classification des êtres humains sera reprise avec un soin particulier dans un fascicule ultérieur. 49:5.29 5. Série de créatures apparentées. Les planètes ne sont pas seulement organisées verticalement en systèmes, constellations, et ainsi de suite. L’administration universelle pourvoit aussi à des groupements horizontaux selon les types, les séries et d’autres relations. Cette administration latérale de l’univers s’occupe plus particulièrement de coordonner les activités de nature apparentée qui ont été entretenues indépendamment sur des sphères différentes. Ces classes reliées de créatures de l’univers sont périodiquement inspectées par un corps composite de hautes personnalités présidé par des finalitaires ayant une longue expérience. 49:5.30 Ces facteurs de parenté sont manifestes sur tous les niveaux, car les séries apparentées existent aussi bien parmi les personnalités non humaines que parmi les créatures mortelles – et même entre ordres humains et suprahumains. Les êtres intelligents sont groupés verticalement en douze grands groupes de sept divisions majeures chacun. La coordination de ces groupes d’êtres vivants reliés d’une manière unique est probablement effectuée par une technique de l’Être Suprême que nous ne comprenons pas entièrement. 49:5.31 6. Série à fusion d’Ajusteurs. La classification spirituelle, ou groupement de tous les mortels durant leur expérience précédant la fusion, est entièrement déterminée par la relation entre le statut de la personnalité et le Moniteur de Mystère qui l’habite. Presque quatre-vingt-dix pour cent des mondes habités de Nébadon sont peuplés de mortels à fusion d’Ajusteurs, en contraste avec un univers voisin où à peine plus de la moitié des mondes hébergent des êtres habités par des Ajusteurs et candidats à la fusion éternelle. 49:5.32 7. Techniques pour s’évader de la Terre. Pour inaugurer une vie humaine individuelle sur les mondes habités, il n’existe qu’une technique fondamentale, la procréation par des créatures et la naissance naturelle ; mais il existe de nombreuses techniques par lesquelles l’homme échappe à son statut terrestre et accède au courant centripète des ascendeurs du Paradis. 6. Évasion terrestre 49:6.1 Les différents types physiques et séries planétaires de mortels bénéficient tous pareillement du ministère des Ajusteurs de Pensée, des anges gardiens et des divers ordres de la foule des messagers de l’Esprit Infini. Tous sont pareillement libérés des liens charnels grâce à l’émancipation par la mort naturelle, et tous vont pareillement de là aux mondes morontiels d’évolution spirituelle et de progrès mental. 49:6.2 De temps en temps, sur la proposition des autorités planétaires ou des dirigeants du système, des résurrections spéciales de survivants endormis ont lieu. Ces résurrections se produisent au moins tous les mille ans du temps planétaire lorsque « beaucoup de ceux qui dorment dans la poussière se réveillent », mais pas tous. Ces résurrections particulières donnent l’occasion de mobiliser des groupes spéciaux d’ascendeurs pour des services spécifiques dans le plan d’ascension des mortels de l’univers local. Les résurrections spéciales sont motivées à la fois par des raisons pratiques et des associations sentimentales. 49:6.3 Au cours des âges primitifs d’un monde habité, beaucoup sont appelés aux mondes des maisons lors des résurrections spéciales et millénaires, mais la plupart des survivants sont repersonnalisés lors de l’inauguration d’une nouvelle dispensation associée à la venue d’un Fils divin au service de la planète. 49:6.4 1. Mortels de l’ordre de survie dispensationnel ou collectif. En même temps que le premier Ajusteur arrive sur un monde habité, les gardiens séraphiques font également leur apparition ; ils sont indispensables à l’évasion terrestre. Pendant toute la période où les survivants endormis sont détachés de la vie, les valeurs spirituelles et les réalités éternelles de leurs âmes immortelles nouvellement évoluées sont conservées comme un dépôt sacré par les gardiens séraphiques individuels ou collectifs. 49:6.5 Les gardiens collectifs affectés aux survivants endormis opèrent toujours avec les Fils de jugement lors de leur avènement sur le monde. « Il enverra ses anges, et ils rassembleront ses élus des quatre vents. » Le même fragment immortel du Père, qui vivait chez un mortel durant son incarnation, l’Ajusteur revenu, opère avec le séraphin affecté à la repersonnalisation de ce mortel. L’identité est ainsi rétablie et la personnalité ressuscitée. Pendant le sommeil de leurs sujets, ces Ajusteurs en attente servent sur Divinington sans jamais habiter un autre mental de mortel durant cet intérim. 49:6.6 Les mondes où l’existence humaine date de très longtemps hébergent des types d’êtres humains hautement développés et délicieusement spirituels qui sont pratiquement exempts de la vie morontielle. Mais les premiers âges des races d’origine animale sont caractérisés par des mortels primitifs si peu mûrs que la fusion avec leur Ajusteur est impossible. Le réveil de ces mortels est accompli par leur gardien séraphique en conjonction avec une fraction individualisée de l’esprit immortel de la Source-Centre Troisième. 49:6.7 C’est ainsi que les survivants endormis d’une ère planétaire sont repersonnalisés lors des appels dispensationnels. Quant aux personnalités non récupérables d’un royaume, le fait que nul esprit immortel ne soit présent pour agir conjointement avec les gardiens collectifs de la destinée constitue la cessation de leur existence de créatures. Bien que certaines de vos annales aient décrit ces évènements comme prenant place sur les planètes où les intéressés sont décédés, ils ont lieu en réalité sur les mondes des maisons. 49:6.8 2. Mortels des ordres individuels d’ascension. Le progrès individuel des êtres humains se mesure par leurs arrivées successives sur les sept cercles cosmiques et le franchissement (la maitrise) de ces cercles. Ces cercles de progression des mortels sont des niveaux associant des valeurs intellectuelles, sociales, spirituelles et de clairvoyance cosmique. Partant du septième cercle, les mortels s’efforcent d’atteindre le premier, et tous ceux qui ont atteint le troisième se voient immédiatement attribuer des gardiens de la destinée personnels. Ces mortels peuvent être repersonnalisés dans la vie morontielle indépendamment des jugements dispensationnels ou autres. 49:6.9 Pendant les premiers âges d’un monde évolutionnaire, rares sont les humains qui vont en jugement le troisième jour. À mesure que les âges s’écoulent, des gardiens personnels de la destinée sont affectés en nombre de plus en plus grand aux mortels en progrès ; des créatures évolutionnaires en quantité croissante sont donc repersonnalisées sur le premier monde des maisons le troisième jour après leur mort naturelle. En ces occasions, le retour de l’Ajusteur est le signal du réveil de l’âme humaine, et c’est la repersonnalisation des morts, tout aussi littéralement qu’au moment de l’appel en masse à la fin d’une dispensation sur les mondes évolutionnaires. 49:6.10 Il y a trois groupes d’ascendeurs individuels. Les moins avancés atterrissent sur le monde initial ou premier monde des maisons. Le groupe plus évolué peut entreprendre la carrière morontielle sur l’un des mondes des maisons intermédiaires, conformément à sa progression planétaire antérieure. Les individus les plus avancés de ces ordres inaugurent réellement leur expérience morontielle sur le septième monde des maisons. 49:6.11 3. Mortels dont l’ascension est subordonnée à des épreuves. Aux yeux de l’univers, l’arrivée d’un Ajusteur constitue l’identité, et tous les êtres habités par un Ajusteur figurent sur les listes d’appel de la justice. Mais la vie temporelle sur les mondes évolutionnaires est incertaine, et beaucoup d’humains meurent jeunes avant d’avoir choisi la carrière du Paradis. Ces enfants et jeunes gens habités par un Ajusteur suivent celui de leurs parents dont le statut spirituel est le plus avancé et vont donc sur le monde finalitaire du système (la nursery probatoire) le troisième jour, ou lors d’une résurrection spéciale, ou encore lors des appels nominaux réguliers millénaires et des dispensations. 49:6.12 Les enfants qui meurent trop jeunes pour avoir un Ajusteur de Pensée sont repersonnalisés sur le monde finalitaire des systèmes locaux en même temps qu’un de leurs parents arrive sur les mondes des maisons. Un enfant acquiert son entité physique lors de sa naissance terrestre, mais, en matière de survie, tous les enfants dépourvus d’Ajusteur sont comptés comme encore attachés à leurs parents. 49:6.13 En temps voulu, des Ajusteurs de Pensée viennent habiter ces enfants. Le ministère séraphique auprès des deux catégories d’enfants dont la survie dépend d’épreuves est en général semblable à celui du parent le plus avancé, ou équivalent à celui de ce parent si un seul des deux survit. Des gardiens personnels sont accordés, sans tenir compte du statut des parents, à ceux qui atteignent le troisième cercle. 49:6.14 Des nurseries probatoires similaires sont entretenues sur les sphères finalitaires des constellations et du siège de l’univers pour les enfants dépourvus d’Ajusteur et appartenant aux ordres modifiés primaires et secondaires d’ascendeurs. 49:6.15 4. Mortels des ordres d’ascension secondaires modifiés. Ce sont les êtres humains progressifs des mondes évolutionnaires intermédiaires. En règle générale, ils ne sont pas immunisés contre la mort naturelle, mais ils sont exemptés du passage par les sept mondes des maisons. 49:6.16 Ceux du groupe le moins perfectionné se réveillent au siège de leur système local en ne court-circuitant que les mondes des maisons. Ceux du groupe moyen vont sur les mondes d’entrainement des constellations en court-circuitant tout le régime morontiel du système local. Plus tard encore dans les âges planétaires d’effort spirituel, beaucoup de survivants se réveillent au siège des constellations et commencent, à partir de là, leur ascension vers le Paradis. 49:6.17 Avant toutefois que les membres de ces groupes puissent avancer, il faut qu’ils retournent comme éducateurs sur les mondes qu’ils ont court-circuités comme étudiants, et y acquièrent beaucoup d’expérience comme instructeurs. Ensuite, ils se dirigent tous vers le Paradis suivant les itinéraires ordonnés de la progression des mortels. 49:6.18 5. Mortels de l’ordre d’ascension primaire modifié. Ces mortels appartiennent au type de vie évolutionnaire à fusion d’Ajusteur, mais représentent le plus souvent les phases finales du développement humain sur un monde en évolution. Ces êtres glorifiés sont dispensés de passer par les portes de la mort ; ils sont soumis à l’emprise du Fils ; ils sont transférés de chez les vivants et paraissent immédiatement en présence du Fils Souverain au siège de l’univers local. 49:6.19 Ils sont les mortels qui ont fusionné avec leur Ajusteur durant la vie mortelle, et ces personnalités fusionnées avec l’Ajusteur traversent librement l’espace avant d’être revêtus de formes morontielles. Ces âmes fusionnées vont directement par transit d’Ajusteur aux salles de résurrection des sphères morontielles supérieures, où elles reçoivent leur investiture morontielle initiale exactement comme les autres mortels arrivant des mondes évolutionnaires. 49:6.20 Cet ordre primaire modifié d’ascension mortelle peut s’appliquer à des individus de n’importe quelle série planétaire, depuis les stades les plus bas jusqu’aux stades les plus hauts des mondes à fusion d’Ajusteurs. Il fonctionne toutefois plus fréquemment sur les sphères les plus anciennes de ce type après qu’elles ont bénéficié de nombreux séjours des Fils divins. 49:6.21 Après l’établissement de l’ère planétaire de lumière et de vie, beaucoup de mortels vont sur les mondes morontiels de l’univers par l’ordre primaire modifié de transfert. Plus tard encore dans les stades de l’existence ancrée, quand la majorité des mortels quittant un royaume est embrassée dans cette classe, la planète est considérée comme appartenant à cette série. La mort naturelle devient de moins en moins fréquente sur les sphères ancrées depuis longtemps dans la lumière et la vie. 49:6.22 [Présenté par un Melchizédek de l’École d’Administration Planétaire de Jérusem.] Fascicule 50. Les Princes Planétaires 50:0.1 Tout en appartenant à l’ordre des Fils Lanonandeks, les Princes Planétaires sont tellement spécialisés dans leur service qu’ils sont généralement considérés comme un groupe distinct. Après avoir été confirmés par les Melchizédeks comme Lanonandeks secondaires, ces Fils de l’univers local sont affectés aux réserves de leur ordre au siège de la constellation. De là, ils sont affectés à diverses tâches par les Souverains de Systèmes et finalement commissionnés comme Princes Planétaires et envoyés pour gouverner les mondes habités en évolution. 50:0.2 Quand il y a lieu d’affecter un dirigeant à une planète donnée, la décision d’un Souverain de Système est déclenchée par une demande des Porteurs de Vie réclamant un chef administratif pour un monde où ils ont établi la vie et développé des êtres évolutionnaires intelligents. Toutes les planètes habitées par des créatures mortelles évolutionnaires se voient affecter un dirigeant planétaire de cet ordre de filiation. 1. Mission des princes 50:1.1 Le Prince Planétaire et ses frères assistants représentent (à part l’incarnation) la forme personnalisée par laquelle le Fils Éternel du Paradis peut approcher d’aussi près que possible les humbles créatures du temps et de l’espace. Il est vrai que le Fils Créateur touche les créatures des royaumes par son esprit, mais les Princes Planétaires représentent le dernier ordre personnel de Fils dans la série qui s’étend depuis le Paradis jusqu’aux enfants des hommes. L’Esprit Infini arrive très près des hommes en la personne des gardiens de la destinée et d’autres êtres angéliques ; le Père Universel vit en l’homme par la présence prépersonnelle des Moniteurs de Mystère ; mais le Prince Planétaire représente l’ultime effort du Fils Éternel et de ses Fils pour vous approcher. Sur un monde nouvellement habité, le Prince Planétaire est le seul représentant dont la divinité soit complète. Il est en effet issu du Fils Créateur (descendant du Père Universel et du Fils Éternel) et de la Divine Ministre (Fille de l’Esprit Infini dans l’univers local). 50:1.2 Le prince d’une planète récemment habitée est entouré d’un corps loyal d’aides et d’assistants, et d’un grand nombre d’esprits tutélaires. Mais il faut que le corps dirigeant d’un tel monde nouveau appartienne aux ordres inférieurs des administrateurs du système pour aborder avec une sympathie innée et pour comprendre les problèmes et les difficultés planétaires. Et tout cet effort pour fournir aux mondes évolutionnaires un gouvernement compatissant implique le risque croissant que ces personnalités presque humaines aillent s’égarer en exaltant leur propre mental au-dessus de la volonté des Dirigeants Suprêmes. 50:1.3 Du fait qu’ils sont tout à fait seuls en tant que représentants de la divinité sur les planètes individuelles, ces Fils sont soumis à une sévère épreuve, et Nébadon a malheureusement subi plusieurs rébellions. La création des Souverains Systémiques et des Princes Planétaires comporte la personnalisation d’un concept qui s’est éloigné de plus en plus du Père Universel et du Fils Éternel. Le danger s’accroit de perdre le sens des proportions de sa propre importance, et les risques augmentent de voir les échelons inférieurs incapables de saisir convenablement la valeur et les relations des nombreux ordres d’êtres divins ainsi que la hiérarchie de leur autorité. Le fait que le Père ne soit pas personnellement présent dans les univers locaux impose également à tous ces Fils une certaine épreuve de foi et de loyauté. 50:1.4 Il est cependant rare que les princes planétaires de ces mondes échouent dans leur mission d’organiser et d’administrer les sphères habitées, et leur réussite facilite grandement les missions ultérieures des Fils Matériels qui viennent greffer les formes supérieures de la vie des créatures sur les hommes primitifs des mondes. Leur gouvernement contribue aussi beaucoup à préparer les planètes pour les Fils Paradisiaques de Dieu qui viendront ultérieurement juger les mondes et inaugurer les dispensations successives. 2. Administration planétaire 50:2.1 Tous les Princes Planétaires sont placés sous la juridiction administrative universelle de Gabriel, chef exécutif de Micaël, bien qu’en ce qui concerne l’autorité immédiate, ils soient soumis aux ordres exécutifs des Souverains de Systèmes. 50:2.2 Les Princes Planétaires peuvent à tout moment demander conseil aux Melchizédeks, leurs anciens instructeurs et parrains, mais ne sont pas arbitrairement forcés de recourir à cette aide, et, si elle n’est pas requise spontanément, les Melchizédeks n’interviennent pas dans l’administration planétaire. Ces dirigeants d’un monde peuvent aussi se prévaloir de l’avis des vingt-quatre conseillers réunis en provenance des mondes d’effusion du système. Dans Satania, ces conseillers sont aujourd’hui tous natifs d’Urantia. Et il existe aussi au siège de la constellation un conseil analogue de soixante-dix membres également choisis parmi les êtres évolutionnaires des royaumes. 50:2.3 Le gouvernement des planètes évolutionnaires est principalement autocratique dans les débuts instables de leur carrière. Les Princes Planétaires organisent leurs groupes spécialisés d’assistants en les recrutant dans leur corps d’aides planétaires. Ils s’entourent généralement d’un conseil suprême de douze membres, avec des choix variables et des constitutions diverses sur les différents mondes. Un Prince Planétaire peut également se faire assister par un ou plusieurs membres du troisième ordre de son groupe de filiation, et parfois, sur certains mondes, par un associé de son propre ordre, un Lanonandek secondaire. 50:2.4 L’état-major d’un dirigeant planétaire est entièrement composé de personnalités de l’Esprit Infini, de certains types d’êtres supérieurs évolués et de mortels ascendants venant d’autres mondes. Il comporte en moyenne un millier de personnes, et, à mesure que la planète progresse, le nombre d’aides de ce corps peut s’élever jusqu’à cent-mille ou davantage. Chaque fois que les Princes Planétaires ont besoin d’assistants supplémentaires, il leur suffit d’en formuler la requête à leurs frères, les Souverains de Systèmes, et il est aussitôt fait droit à leur demande. 50:2.5 La nature, l’organisation et l’administration des planètes sont très variables, mais elles sont toutes pourvues de tribunaux de justice. Le système judiciaire d’un univers local commence par les tribunaux d’un Prince Planétaire, qui sont présidés par un membre de son état-major personnel. Les décrets de ces cours reflètent une attitude très paternelle et discrétionnaire. Pour tous les problèmes dépassant la réglementation des habitants de la planète, il est possible de faire appel aux tribunaux supérieurs, mais toutes les affaires qui concernent son propre monde sont largement remises à la discrétion personnelle du prince. 50:2.6 Les commissions itinérantes de conciliateurs servent et complètent les tribunaux planétaires. Les contrôleurs physiques et spirituels sont soumis aux verdicts des conciliateurs, mais nulle sentence n’est jamais mise arbitrairement à exécution sans le consentement du Père de la Constellation, car « les Très Hauts règnent dans les royaumes des hommes ». 50:2.7 Les contrôleurs et transformateurs affectés aux planètes peuvent aussi collaborer avec les anges et avec d’autres ordres d’êtres célestes en rendant ces dernières personnalités visibles aux créatures mortelles. En des occasions spéciales, les aides séraphiques et même les Melchizédeks peuvent se rendre visibles aux habitants des mondes évolutionnaires, et ils le font. La raison principale pour faire venir des ascendeurs mortels de la capitale du système et les intégrer dans l’état-major du Prince Planétaire est de faciliter les communications avec les habitants du royaume. 3. L’état-major corporel du prince 50:3.1 Quand un Prince Planétaire se rend sur un monde jeune, il emmène généralement avec lui un groupe d’ascendeurs volontaires venant du siège du système local. Ces ascendeurs accompagnent le prince pour le conseiller et l’aider dans le travail d’amélioration initiale de la race. Ce corps d’aides matériels constitue le lien entre le prince et les races du monde. Caligastia, le Prince d’Urantia, disposait d’un corps de cent aides de cet ordre. 50:3.2 Ces assistants volontaires sont citoyens de la capitale d’un système, et nul d’entre eux n’a fusionné avec son Ajusteur intérieur. Pendant que ces progresseurs morontiels retournent temporairement à un état matériel antérieur, leurs Ajusteurs conservent le statut résidentiel du siège systémique. 50:3.3 Les Porteurs de Vie, architectes de la forme, fournissent à ces volontaires de nouveaux corps physiques qu’ils occupent pendant leur séjour planétaire. Ces formes de personnalité sont exemptes des maladies ordinaires des royaumes, mais, à l’instar des corps morontiels primitifs, elles sont sujettes à certains accidents de nature mécanique. 50:3.4 L’état-major corporel du prince est généralement retiré de la planète lors du jugement dispensationnel suivant, au moment de l’arrivée d’un second Fils sur la sphère. Avant de s’en aller, ses membres confient habituellement leurs diverses charges à leurs descendants communs et à certains natifs supérieurs volontaires. Sur les mondes où les aides du prince ont eu la permission de s’accoupler avec des membres des groupes supérieurs des races indigènes, leurs descendants leur succèdent généralement. 50:3.5 Ces assistants du Prince Planétaire s’accouplent rarement aux races des mondes, mais ils s’accouplent toujours entre eux. Deux classes d’êtres résultent de ces unions : le type primaire de créatures médianes et certains types élevés d’êtres matériels qui restent attachés à l’état-major du prince après que leurs parents sont retirés de la planète lors de l’arrivée d’Adam et Ève. Ces enfants ne s’accouplent pas avec les races mortelles, sauf en certains cas d’urgence, et alors sur ordre du Prince Planétaire. Dans ce cas, leurs enfants – les petits-enfants des membres de l’état-major corporel – jouissent du même statut que les races supérieures de leur temps et de leur génération. Tous les descendants de ces assistants semi-matériels du Prince Planétaire sont habités par des Ajusteurs. 50:3.6 À la fin de la dispensation du prince, quand l’heure est venue pour « l’état-major de réversion » d’être renvoyé au siège du système pour reprendre sa carrière vers le Paradis, ces ascendeurs se présentent aux Porteurs de Vie pour abandonner leur corps matériel. Ils entrent dans le sommeil de transition d’où ils se réveillent délivrés de leur dépouille mortelle et revêtus de formes morontielles, prêts pour le transport séraphique de retour vers la capitale du système, où les Ajusteurs détachés d’eux les attendent. Ils sont en retard d’une dispensation entière sur leur classe de Jérusem, mais ils ont acquis une expérience unique et extraordinaire, un rare chapitre dans la carrière d’un ascendeur mortel. 4. Le quartier général et les écoles planétaires 50:4.1 L’état-major corporel du prince organise de bonne heure les écoles planétaires de formation et de culture où l’élite des races évolutionnaires reçoit son instruction, et d’où elle est ensuite envoyée vers leurs peuples pour que soient enseignées ces meilleures façons de faire. Ces écoles du prince sont situées au quartier général matériel de la planète. 50:4.2 Une grande partie du travail physique lié à l’établissement de la ville-siège est accomplie par l’état-major corporel. Ces villes-sièges, ou colonies primitives du Prince Planétaire, sont très différentes de ce que pourrait imaginer un mortel d’Urantia. En comparaison avec celles des âges plus tardifs, elles sont simples, caractérisées par des ornements minéraux et par une construction matérielle relativement avancée. Tout ceci contraste avec le régime adamique centré autour d’un quartier général de jardins d’où les Adams poursuivent leur œuvre en faveur des races pendant la seconde dispensation des Fils de l’univers. 50:4.3 Dans l’installation du quartier général sur votre monde, chaque habitation humaine était entourée de vastes terres. Les tribus lointaines continuaient à s’adonner à la chasse et à la quête de nourriture, tandis que, dans les écoles du Prince, les étudiants et les professeurs étaient tous des agriculteurs et des horticulteurs. Le temps y était à peu près également divisé entre les travaux suivants : 50:4.4 1. Travail physique. La culture du sol associée à la construction et à l’ornement des maisons. 50:4.5 2. Activités sociales. Représentations théâtrales et groupements socio-culturels. 50:4.6 3. Application éducative. Instruction individuelle en rapport avec l’enseignement du groupe familial, complétée par un entrainement spécialisé de classe. 50:4.7 4. Éducation professionnelle. Écoles du mariage et d’édification du foyer, écoles d’application des arts et métiers, et classes de formation des instructeurs – laïques, culturels et religieux. 50:4.8 5. Culture spirituelle. La fraternité des maitres, l’éducation éclairée de groupes d’enfants et de jeunes gens, et l’entrainement d’enfants indigènes adoptés comme missionnaires auprès de leur peuple. 50:4.9 Un Prince Planétaire n’est pas visible aux êtres mortels ; c’est une épreuve de foi que de croire aux représentations qu’en font les êtres semi-matériels de son état-major. Mais ces écoles de culture et d'entrainement sont bien adaptées aux besoins de chaque planète ; une vive et louable émulation se développe bientôt parmi les races humaines dans leurs efforts pour se faire admettre à ces diverses institutions d’enseignements. 50:4.10 Partant de ce centre mondial de culture et d’aboutissement, une influence élévatrice et civilisatrice irradie progressivement tous les peuples et transforme lentement, mais sûrement, les races évolutionnaires. Entretemps, les enfants éduqués et spiritualisés des peuples environnants, qui ont été adoptés et instruits dans les écoles du prince, retournent à leur groupe natal, et ils établissent, au mieux de leurs capacités, de nouveaux centres puissants d’études et de culture qu’ils entretiennent selon le plan des écoles du prince. 50:4.11 Sur Urantia, ces plans destinés au progrès planétaire et au perfectionnement culturel étaient bien mis en route et s’exécutaient d’une manière très satisfaisante lorsque toute l’entreprise prit fin d’une manière plutôt soudaine et fort peu glorieuse par l’adhésion de Caligastia à la rébellion de Lucifer. 50:4.12 Pour moi, l’un des épisodes les plus profondément choquants de cette rébellion fut d’apprendre la cruelle perfidie de Caligastia, membre de mon propre ordre de filiation, qui délibérément, et avec une malice calculée, pervertit systématiquement l’instruction et empoisonna l’enseignement qui était donné dans toutes les écoles planétaires d’Urantia ouvertes à ce moment-là. La ruine de ces écoles fut rapide et complète. 50:4.13 Beaucoup de descendants des ascendeurs de l’état-major matérialisé du Prince restèrent loyaux et désertèrent les rangs de Caligastia. Ces loyalistes furent encouragés par les administrateurs provisoires Melchizédeks d’Urantia et, à une époque ultérieure, leurs descendants aidèrent beaucoup à soutenir les concepts planétaires de vérité et de droiture. Le travail de ces évangélistes loyaux contribua à empêcher la disparition totale de la vérité spirituelle sur Urantia. Ces âmes courageuses et leurs descendants conservèrent vivante une certaine connaissance de la loi du Père et préservèrent, pour les races du monde, le concept des dispensations planétaires successives amenées par les divers ordres de Fils divins. 5. Civilisation progressive 50:5.1 Les princes loyaux des mondes habités restent attachés d’une manière permanente à la planète de leur affectation originelle. Les Fils du Paradis amenant des dispensations peuvent venir et repartir, mais un Prince Planétaire qui réussit reste chef de son royaume. Son travail est tout à fait indépendant des missions des Fils supérieurs, car il est destiné à favoriser le développement de la civilisation planétaire. 50:5.2 Le progrès de la civilisation n’est guère semblable sur deux planètes. Les détails du déroulement de l’évolution des mortels sont très différents sur beaucoup de mondes dissemblables. Malgré ces nombreuses diversifications du développement planétaire dans les domaines physique, intellectuel et social, toutes les sphères évolutionnaires progressent dans certaines directions bien définies. 50:5.3 Sous la loi bienfaisante d’un Prince Planétaire, loi élargie par les Fils Matériels et ponctuée par les missions périodiques des Fils du Paradis, les races mortelles d’un monde moyen du temps et de l’espace passent successivement par les sept époques de développement suivantes : 50:5.4 1. L’époque de nutrition. Les créatures préhumaines et les races initiales d’hommes primitifs s’occupent principalement des problèmes d’alimentation. Ces êtres en évolution passent leurs heures de veille à chercher de la nourriture ou à se battre, offensivement ou défensivement. La recherche de la nourriture est de suprême importance dans le mental de ces premiers ancêtres de la civilisation. 50:5.5 2. L’âge de la sécurité. Aussitôt que les chasseurs primitifs peuvent économiser un peu de temps dans leur recherche de la nourriture, ils emploient leurs loisirs à accroitre leur sécurité. Ils consacrent de plus en plus d’attention à la technique de la guerre. Ils fortifient leurs demeures, et les clans se consolident par crainte mutuelle et par inculcation de la haine pour les groupes étrangers. La préservation de soi est une occupation qui suit toujours l’entretien de soi. 50:5.6 3. L’ère du confort matériel. Après avoir partiellement résolu les problèmes alimentaires et atteint un certain degré de sécurité, les hommes consacrent leurs loisirs additionnels à développer leur confort personnel. Le luxe rivalise avec la nécessité pour occuper le centre de la scène des activités humaines. Cet âge est, hélas, trop souvent caractérisé par la tyrannie, l’intolérance, la gloutonnerie et l’ivrognerie. Les éléments faibles des races penchent vers les excès et la brutalité. Ces chétifs chercheurs de plaisirs sont graduellement subjugués par les éléments plus forts de la civilisation progressante qui aiment la vérité. 50:5.7 4. La recherche de la connaissance et de la sagesse. La nourriture, la sécurité, le plaisir et les loisirs fournissent la base permettant à la culture de se développer et aux connaissances de se répandre. L’effort pour mettre les connaissances en pratique aboutit à la sagesse, et, quand une culture a appris à profiter de l’expérience et à s’améliorer par elle, la civilisation arrive vraiment. L’alimentation, la sécurité et le confort matériel dominent encore la société, mais beaucoup d’individus orientés vers l’avenir ont faim de connaissance et soif de sagesse. L’occasion est fournie à chaque enfant d’apprendre par la pratique, et l’éducation est le mot de passe de ces âges. 50:5.8 5. L’époque de la philosophie et de la fraternité. Quand les mortels apprennent à penser et commencent à profiter de l’expérience, ils deviennent philosophes – ils se mettent à raisonner en eux-mêmes et à exercer un jugement avisé. La société de cet âge devient éthique, et les mortels de cette époque deviennent réellement des êtres moraux. Des êtres moraux et sages sont capables d’établir la fraternité humaine sur ce monde progressif. Les êtres éthiques et moraux peuvent apprendre à vivre selon la règle d’or. 50:5.9 6. L’âge de l’effort spirituel. Quand les mortels évoluants ont passé par les stades de développement physique, intellectuel et social, ils atteignent tôt ou tard les niveaux de clairvoyance personnelle qui les poussent à rechercher des satisfactions spirituelles et des compréhensions cosmiques. La religion achève de s’élever des domaines émotifs de la peur et de la superstition aux niveaux supérieurs de sagesse cosmique et d’expérience spirituelle personnelle. L’éducation aspire à atteindre les significations ; la culture saisit les relations cosmiques et les vraies valeurs. Les mortels qui évoluent ainsi sont sincèrement cultivés, vraiment éduqués, et connaissent Dieu d’une manière exquise. 50:5.10 7. L’ère de lumière et de vie. C’est la floraison des âges successifs de sécurité physique, d’expansion intellectuelle, de culture sociale et d’aboutissement spirituel. Ces accomplissements humains sont maintenant fondus, associés et coordonnés dans l’unité cosmique et le service désintéressé. Dans les limites de la nature finie et des dotations matérielles, nulle frontière n’est imposée aux possibilités d’aboutissement évolutionnaire des générations progressantes qui vivent successivement sur ces mondes célestes et bien établis du temps et de l’espace. 50:5.11 Après avoir servi leurs sphères au cours des dispensations successives de l’histoire du monde et des époques progressives d’avancement planétaire, les Princes Planétaires sont élevés à la position de Souverains Planétaires lors de l’inauguration de l’ère de lumière et de vie. 6. La culture planétaire 50:6.1 L’isolement d’Urantia rend impossible de décrire beaucoup de particularités du mode de vie et de l’entourage de vos voisins de Satania. Nous sommes limités dans ces exposés par la quarantaine planétaire et l’isolement du système. Tous nos efforts pour éclairer les mortels d’Urantia sont soumis à ces restrictions, mais, dans toute la mesure permise, vous avez été instruits des progrès d’un monde évolutionnaire moyen et vous êtes à même de comparer la carrière d’un tel monde avec le présent état d’Urantia. 50:6.2 Le développement de la civilisation sur Urantia n’est pas très différent de celui d’autres mondes qui ont subi l’infortune d’être isolés spirituellement. Mais, quand on la compare avec les mondes loyaux de l’univers, votre planète apparait comme très confuse et grandement retardée dans toutes les phases de progrès intellectuel et d’aboutissement spirituel. 50:6.3 À cause de leurs malheurs planétaires, les Urantiens sont empêchés de comprendre grand-chose à la culture des mondes normaux. Mais il ne faudrait pas vous imaginer que les mondes évolutionnaires, même les plus idéaux, soient des sphères où la vie est un lit de roses. La lutte fait toujours partie de la vie initiale des races mortelles. L’effort et la décision sont des facteurs essentiels pour acquérir des valeurs de survie. 50:6.4 La culture présuppose une qualité de mental ; la culture ne saurait être rehaussée si le mental ne s’élève pas. Un intellect supérieur cherchera une culture noble et trouvera un moyen d’atteindre ce but. Des penseurs inférieurs mépriseront la culture la plus haute, même si on la leur offre toute faite. Il en dépend beaucoup également des missions successives des Fils divins et de la mesure où les âges de leurs dispensations respectives reçoivent la lumière. 50:6.5 Il ne faudrait pas oublier que, pendant deux-cent-mille ans, tous les mondes de Satania sont restés spirituellement bannis de Norlatiadek par suite de la rébellion de Lucifer. Et il faudra des âges et des âges pour rattraper les handicaps de péchés et de sécession qui en sont résultés. Votre monde continue à poursuivre une carrière irrégulière et pleine de vicissitudes à cause de sa double tragédie d’un Prince Planétaire rebelle et d’un Fils Matériel défaillant. Même l’effusion de Christ Micaël sur Urantia n’a pas écarté immédiatement les conséquences temporelles de ces graves fautes dans l’administration antérieure de ce monde. 7. Les récompenses de l’isolement 50:7.1 À première vue, il pourrait sembler qu’Urantia et les mondes associés dans l’isolement soient très malheureux d’être privés de la présence et de l’influence bienfaisantes de personnalités suprahumaines, telles qu’un Prince Planétaire et un Fils et une Fille Matériels. Mais l’isolement de ces sphères offre à leurs races une occasion unique d’exercer leur foi et de développer une qualité particulière de confiance dans la sécurité cosmique, qui ne dépend ni de la vue ni d’aucune autre considération matérielle. Il peut arriver finalement que les créatures humaines venant des mondes mis en quarantaine par suite de rébellion aient une chance extrême. Nous avons découvert que ces ascendeurs se voient confier très tôt de nombreuses affectations spéciales dans des entreprises cosmiques où une foi incontestée et une confiance sublime sont essentielles pour réussir. 50:7.2 Sur Jérusem, les ascendeurs des mondes isolés occupent un secteur résidentiel privé et sont connus sous le nom d’agondontaires, qui signifie créatures volitives évolutionnaires pouvant croire sans voir, persévérer dans l’isolement et triompher de difficultés quasi insurmontables, même lorsqu’ils sont seuls. Ce groupage fonctionnel des agondontaires persiste pendant toute l’ascension de l’univers local et la traversée du superunivers. Il disparait pendant le séjour dans Havona, mais réapparait rapidement après l’arrivée au Paradis et subsiste nettement dans le Corps de la Finalité Mortelle. Tabamantia est un agondontaire de statut finalitaire, survivant d’une des sphères mises en quarantaine après la première rébellion qui ait jamais eu lieu dans les univers du temps et de l’espace. 50:7.3 Au cours de toute la carrière du Paradis, la récompense suit l’effort en tant que résultat de causes. Ces récompenses séparent l’individu de la moyenne, fournissent des variantes de l’expérience des créatures et contribuent à la diversité des performances ultimes dans le corps collectif des finalitaires. 50:7.4 [Présenté par un Fils Lanonandek Secondaire du Corps de Réserve.] Fascicule 51. Les Adams Planétaires 51:0.1 Durant la dispensation d’un Prince Planétaire, l’homme primitif atteint la limite du développement évolutionnaire naturel, et cet aboutissement biologique avertit le Souverain du Système que le moment est venu d’envoyer sur ce monde le deuxième ordre de filiation, les élévateurs biologiques. Ces Fils, car il y en a deux – le Fils et la Fille Matériels – sont généralement appelés Adam et Ève sur une planète. Le Fils Matériel originel de Satania est Adam, et ceux qui vont sur les mondes du système comme élévateurs biologiques portent toujours le nom de ce premier Fils originel de leur ordre unique. 51:0.2 Ces Fils sont le don matériel du Fils Créateur aux mondes habités. Ils restent sur leur planète d’affectation avec le Prince Planétaire pendant tout le cours évolutionnaire de cette sphère. Ils ne courent pas de grands risques à cette aventure sur un monde pourvu d’un Prince Planétaire, mais, sur une planète apostate dépourvue de chef spirituel et privée de communications interplanétaires, leur mission est pleine de dangers graves. 51:0.3 Vous ne pouvez espérer tout savoir sur le travail de ces Fils dans tous les mondes de Satania et des autres systèmes, mais d’autres fascicules décrivent plus complètement la vie et les expériences d’Adam et Ève, le couple intéressant choisi dans les réserves du corps des élévateurs biologiques de Jérusem pour rehausser les races d’Urantia. Bien que les plans idéaux pour améliorer vos races indigènes avortèrent, la mission d’Adam ne fut cependant pas accomplie en vain. Urantia a immensément profité du don d’Adam et Ève et, parmi leurs compagnons dans les conseils célestes, leur travail n’est pas considéré comme totalement perdu. 1. Origine et nature des Fils Matériels de Dieu 51:1.1 Les Fils et Filles matériels ou sexués sont la progéniture du Fils Créateur. L’Esprit-Mère de l’Univers ne participe pas à la production de ces êtres qui sont destinés à jouer le rôle d’élévateurs physiques sur les mondes évolutionnaires. 51:1.2 L’ordre matériel de filiation n’est pas uniforme dans tout l’univers local. Le Fils créateur ne produit qu’un couple de ces êtres dans chaque système local. Ces couples originels ont des natures diverses harmonisées avec le modèle de vie de leurs systèmes respectifs. Cet arrangement est indispensable ; autrement, le potentiel reproducteur des Adams serait fonctionnellement incompatible avec celui des mortels évoluant sur les mondes d’un système particulier. L’Adam et l’Ève qui vinrent sur Urantia descendaient du couple originel des Fils Matériels de Satania. 51:1.3 La taille des Fils Matériels varie entre deux mètres cinquante et trois mètres, et leur corps luit de l’éclat d’une lumière rayonnante de teinte violette. Du sang matériel circule dans leur corps matériel, mais ils sont également surchargés d’énergie divine et saturés de lumière céleste. Ces Fils Matériels (les Adams) et ces Filles Matérielles (les Èves) sont égaux sous tous les rapports, sauf en ce qui concerne leur nature de reproducteurs et certaines dotations chimiques. Ils sont égaux mais différenciés, mâle et femelle – donc complémentaires – et sont conçus pour accomplir à deux presque toutes leurs missions. 51:1.4 Les Fils Matériels bénéficient d’une double nourriture. Ils sont réellement doubles dans leur nature et leur constitution. Ils consomment de l’énergie matérialisée presque comme les êtres physiques du royaume, et en même temps leur existence immortelle est pleinement entretenue par l’absorption directe et automatique de certaines énergies cosmiques sustentatrices. S’ils échouent dans une mission qui leur est confiée ou si même ils se rebellent consciemment et délibérément, les Fils de cet ordre sont isolés, coupés de leur liaison avec la source de lumière et de vie de l’univers. En pratique, ils deviennent alors des êtres matériels destinés à suivre le cours de la vie matérielle sur le monde de leur affectation, et obligés d’avoir recours aux magistrats de l’univers pour être jugés. La mort naturelle terminera finalement la carrière planétaire de cette Fille ou de ce Fils malheureux et peu sage. 51:1.5 Un Adam et une Ève originels – directement créés – sont immortels par don naturel comme tous les autres ordres de filiation de l’univers local, mais leurs fils et leurs filles subissent une diminution du potentiel d’immortalité. Ce couple originel ne peut transmettre l’immortalité inconditionnelle aux fils et filles qu’il procrée. Pour sa continuité de vie, leur progéniture dépend d’un synchronisme intellectuel ininterrompu avec le circuit de gravité mentale de l’Esprit. Depuis que le système de Satania existe, treize Adams Planétaires ont été perdus par rébellion ou faute, et 681 204 dans des postes de confiance subordonnés. La plupart de ces défections ont eu lieu à l’époque de la rébellion de Lucifer. 51:1.6 Pendant qu’ils vivent comme citoyens permanents sur les capitales systémiques, et même lorsqu’ils descendent en mission pour opérer sur les planètes évolutionnaires, les Fils Matériels ne possèdent pas d’Ajusteur de Pensée, mais c’est par ces services mêmes qu’ils acquièrent la capacité expérientielle pour recevoir un Ajusteur et pour entreprendre la carrière d’ascension au Paradis. Ces êtres uniques et merveilleusement utiles sont le chainon qui relie les mondes physiques aux mondes spirituels. Ils sont concentrés au siège systémique où ils se reproduisent et continuent à vivre comme citoyens matériels du royaume et, de là, ils sont envoyés vers les mondes évolutionnaires. 51:1.7 Contrairement aux autres Fils créés qui servent sur les planètes, les Fils de l’ordre matériel de filiation ne sont pas, par nature, invisibles aux créatures matérielles telles que les habitants d’Urantia. Ces Fils de Dieu peuvent être vus et compris par les créatures du temps, et à leur tour se mêler effectivement à elles. Ils pourraient même procréer avec elles, bien que le rôle d’élévation biologique incombe en général à la progéniture des Adams Planétaires. 51:1.8 Sur Jérusem, les enfants loyaux d’un Adam et d’une Ève sont immortels, mais les descendants d’un Fils et d’une Fille Matériels procréés après l’arrivée de leurs parents sur une planète évolutionnaire ne sont pas immunisés de la sorte contre la mort naturelle. Lorsque les parents sont rematérialisés pour devenir des reproducteurs sur un monde évolutionnaire, il se produit un changement dans le mécanisme transmetteur de vie. Les Porteurs de Vie privent à dessein les Adams et les Èves Planétaires du pouvoir d’engendrer des fils et des filles qui ne meurent pas. Un Adam et une Ève en mission planétaire peuvent vivre indéfiniment s’ils ne commettent pas de faute, mais, dans certaines limites, la longévité de leurs enfants décroit à chaque nouvelle génération. 2. Transit des Adams Planétaires 51:2.1 Quand il reçoit la nouvelle qu’un nouveau monde habité a atteint l’apogée de l’évolution physique, le Souverain du Système réunit le corps des Fils et Filles Matériels sur la capitale systémique. Les besoins du monde évolutionnaire sont passés en revue, après quoi un couple du groupe des volontaires – un Adam et une Ève du corps des plus anciens Fils Matériels – est choisi pour entreprendre l’aventure. Ils se soumettent alors au profond sommeil préparatoire à l’enséraphinement et au transport entre le foyer de service où ils étaient associés et leur nouveau royaume avec ses nouvelles occasions et ses nouveaux dangers. 51:2.2 Les Adams et les Èves sont des créatures semi-matérielles, et de ce fait non transportables par des séraphins. Il faut qu’ils subissent une dématérialisation sur la capitale systémique avant de pouvoir être enséraphinés puis transportés sur le monde de leur affectation. Les séraphins transporteurs sont capables d’effectuer, chez les Fils Matériels et chez d’autres créatures semi-matérielles, les changements qui leur permettront d’être enséraphinés et transportés ainsi à travers l’espace d’un monde ou d’un système à un autre. Cette préparation au transport prend environ trois jours du temps standard, et la coopération d’un Porteur de Vie est nécessaire pour rétablir l’existence normale de la créature dématérialisée lorsqu’elle est arrivée au terme du voyage par transport séraphique. 51:2.3 Bien qu’existe cette technique de dématérialisation préparatoire au transit des Adams de Jérusem sur les mondes évolutionnaires, il n’y a pas de méthode équivalente pour les en retirer, à moins de vider toute la planète. Dans ce cas, on établit une installation de secours où l’on emploie la technique de dématérialisation pour toute la population à sauver. Si une catastrophe physique devait ruiner la résidence planétaire d’une race en évolution, les Melchizédeks et les Porteurs de Vie emploieraient la technique de dématérialisation pour tous les survivants, et ces êtres seraient emmenés par transport séraphique sur le nouveau monde préparé pour la continuation de leur existence. Une fois inaugurée sur un monde de l’espace, l’évolution d’une race humaine doit se poursuivre tout à fait indépendamment de la survivance physique de sa planète, mais, pendant les âges évolutionnaires, aucune disposition n’est envisagée pour qu’un Adam ou une Ève Planétaires puissent quitter le monde qu’ils ont choisi. 51:2.4 En arrivant à leur destination planétaire, le Fils et la Fille Matériels sont rematérialisés sous la direction des Porteurs de Vie. Le processus entier demande dix à vingt-huit jours du temps d’Urantia. L’inconscience du profond sommeil séraphique persiste pendant toute cette période de reconstruction. Lorsque la reconstitution de leur organisme physique est parachevée, les Fils et Filles Matériels se retrouvent dans leur nouveau foyer et sur leur nouveau monde pratiquement exactement comme ils étaient avant de se soumettre au processus de dématérialisation sur Jérusem. 3. Les missions adamiques 51:3.1 Sur les mondes habités, les Fils et Filles Matériels construisent leurs propres foyers-jardins où ils sont bientôt aidés par leurs propres enfants. L’emplacement du jardin a généralement été choisi par le Prince Planétaire, dont l’état-major corporel contribue beaucoup au travail préliminaire de préparation avec l’aide d’un grand nombre d’individus supérieurs appartenant aux races indigènes. 51:3.2 Ces jardins d’Éden ont reçu leur nom en l’honneur d’Édentia, capitale de la constellation, et du fait qu’ils sont modelés selon la splendeur botanique du monde-siège des Très Hauts Pères. Ces foyers-jardins sont habituellement situés dans un endroit écarté et dans une zone proche des tropiques. Sur la moyenne des mondes, ce sont des créations merveilleuses. Vous ne pouvez en rien vous rendre compte de ces magnifiques centres de culture par l’histoire fragmentaire du développement avorté d’une telle entreprise sur Urantia. 51:3.3 Un Adam et une Ève Planétaires représentent en potentiel le don total de la grâce physique aux races mortelles. Le principal rôle du couple importé consiste à se multiplier et à rehausser les enfants du temps. Mais il n’y a pas de croisements immédiats entre la population du jardin et celle de la planète ; pendant de nombreuses générations, Adam et Ève restent biologiquement séparés des mortels évolutionnaires tandis qu’ils bâtissent une forte race de leur ordre. Telle est l’origine de la race violette sur les mondes habités. 51:3.4 Les plans pour rehausser le niveau de la race sont préparés par le Prince Planétaire et son état-major, et exécutés par Adam et Ève. Et c’est ici que votre Fils Matériel et sa compagne furent placés dans de très mauvaises conditions lorsqu’ils arrivèrent sur Urantia. Caligastia s’opposa avec ruse et efficacité à la mission adamique, bien que les administrateurs provisoires Melchizédeks d’Urantia eussent dument averti Adam et Ève des dangers planétaires inhérents à la présence du Prince Planétaire rebelle. Par un astucieux stratagème, cet archirebelle l’emporta en tactique sur votre Adam et votre Ève, et les fit tomber dans le piège où ils trahirent leur mission de confiance comme dirigeants visibles de votre monde. Le traitre Prince Planétaire réussit bel et bien à compromettre le couple édénique, mais échoua dans ses efforts pour l’impliquer dans la rébellion luciférienne. 51:3.5 Les anges du cinquième ordre, les aides planétaires, sont attachés à la mission adamique et accompagnent toujours les Adams Planétaires dans leurs aventures sur les mondes. Leur groupe initial d’affectation en comprend habituellement à peu près cent-mille. Lorsque le travail de l’Adam et de l’Ève d’Urantia fut exécuté prématurément, lorsqu’ils s’écartèrent du plan ordonné, ce fut l’une des Voix séraphiques du Jardin qui leur reprocha leur conduite répréhensible. Le récit de cet évènement illustre bien la manière dont vos traditions planétaires ont tendu à imputer au Seigneur Dieu tout ce qui est surnaturel. En raison de cela, les Urantiens ont souvent été plongés dans la confusion au sujet de la nature du Père Universel, parce que les paroles et les actes de tous ses associés et subordonnés lui ont été si généralement attribués. Dans le cas d’Adam et Ève, l’ange du jardin n’était autre que le chef des aides planétaires de service à cette époque. Ce séraphin, nommé Solonia, proclama l’échec du plan divin et demanda le retour sur Urantia des administrateurs provisoires Melchizédeks. 51:3.6 Les créatures médianes secondaires apparaissent au cours des missions adamiques. De même que l’état-major corporel du Prince Planétaire, les descendants des Fils et Filles Matériels sont de deux ordres : leurs enfants physiques et les créatures médianes de l’ordre secondaire. Ces ministres planétaires matériels, mais ordinairement invisibles, contribuent beaucoup à faire avancer la civilisation et même à soumettre les minorités insubordonnées qui peuvent chercher la subversion du développement social et du progrès spirituel. 51:3.7 Il ne faut pas confondre les médians secondaires avec ceux de l’ordre primaire, qui datent d’une époque voisine de l’arrivée du Prince Planétaire. Sur Urantia, ces créatures médianes primaires se lancèrent en majorité dans la rébellion avec Caligastia et furent internées lors de la Pentecôte. Beaucoup de membres du groupe adamique qui ne restèrent pas fidèles à l’administration planétaire sont également internés. 51:3.8 Le jour de la Pentecôte, les médians primaires et secondaires loyaux effectuèrent une union volontaire et ont toujours opéré depuis lors comme une unité dans les affaires du monde. Ils servent sous le commandement de médians loyaux choisis alternativement dans les deux groupes. 51:3.9 Votre monde a été visité par les représentants de quatre ordres de filiation : Caligastia, le Prince Planétaire ; Adam et Ève, les Fils Matériels de Dieu ; Machiventa Melchizédek, le « Sage de Salem » au temps d’Abraham ; et le Christ Micaël qui vint comme Fils d’effusion du Paradis. Combien il eût été plus efficace et beau que Micaël, dirigeant suprême de l’univers de Nébadon, fût accueilli sur votre monde par un Prince Planétaire loyal et efficace, et par un Fils Matériel dévoué et qui a réussi ; tous deux auraient si bien pu rehausser le travail et la mission du Fils d’effusion ! Mais tous les mondes n’ont pas été aussi infortunés qu’Urantia, et la mission des Adams Planétaires n’a pas toujours été aussi difficile et aussi risquée. Quand les Fils Matériels réussissent, ils contribuent au développement d’un grand peuple et continuent leurs activités comme chefs visibles des affaires planétaires, même longtemps après que leur monde a été ancré dans la lumière et la vie. 4. Les six races évolutionnaires 51:4.1 La race qui domine durant les âges primitifs des mondes habités est celle des hommes rouges ; ils sont généralement les premiers à atteindre les niveaux humains de développement. Bien que les hommes rouges constituent la race doyenne des planètes, les peuples de couleur qui viennent ensuite commencent à apparaitre très tôt dans l’ère d’émergence des mortels. 51:4.2 Les races primitives sont quelque peu supérieures aux plus tardives. L’homme rouge se tient très au-dessus de la race indigo (noire). Les Porteurs de Vie transmettent dans sa plénitude le don des énergies vivantes à la race initiale ou rouge, et chaque manifestation évolutionnaire suivante d’un groupe humain distinct représente une variation aux dépens du don originel. Même la taille des mortels tend à décroitre depuis l’homme rouge jusqu’à la race indigo, bien que sur Urantia des lignées inattendues de gigantisme soient apparues parmi les peuples verts et orangés. 51:4.3 Sur les mondes qui contiennent les six races évolutionnaires, les peuples supérieurs sont la première, la troisième et la cinquième race – la rouge, la jaune et la bleue. Les races évolutionnaires alternent ainsi dans leur aptitude à la croissance intellectuelle et au développement spirituel, la deuxième, la quatrième et la sixième étant un peu moins bien dotées. Ces races secondaires sont celles qui manquent sur certains mondes ; elles sont celles qui ont été exterminées sur beaucoup d’autres. Il est malheureux que sur Urantia vous ayez si largement perdu vos hommes bleus supérieurs, sauf dans la mesure où ils persistent dans votre « race blanche » amalgamée. La perte de vos races orangées et vertes n’a pas autant d’importance. 51:4.4 L’évolution de six – ou de trois – races colorées parait détériorer la dotation originelle de l’homme rouge, mais elle fournit certaines variantes très désirables chez les types mortels et procure une expression des divers potentiels humains qu’il serait impossible d’obtenir autrement. Ces modifications sont utiles au progrès de l’humanité dans son ensemble, pourvu qu’elles soient ultérieurement rehaussées par l’importation de la race adamique ou violette. Sur Urantia, ce plan habituel d’amalgamation ne fut mené à bien que très partiellement, et cet échec dans l’exécution du plan évolutionnaire des races vous empêche de bien comprendre le statut des peuples sur une planète habitée moyenne, par la seule observation sur la vôtre des restes des races primitives. 51:4.5 Aux débuts du développement racial, il se dessine une légère tendance aux croisements entre les membres des races rouge, jaune et bleue. Les races orangée, verte et indigo ont une tendance analogue à se mélanger. 51:4.6 Les humains les plus arriérés sont habituellement employés comme ouvriers par les races plus progressives, ce qui explique l’origine de l’esclavage sur les planètes aux époques primitives. Les hommes orangés sont généralement soumis par les rouges et réduits au statut de serviteurs – quelquefois exterminés. Les hommes jaunes fraternisent souvent avec les rouges, mais pas toujours. La race jaune réduit généralement la verte en esclavage, tandis que les hommes bleus soumettent les indigos. Ces races d’hommes primitifs n’ont pas plus de scrupules à utiliser les services de leurs compagnons arriérés sous forme de travail forcé que les Urantiens n’en auraient à acheter ou à vendre des chevaux et du bétail. 51:4.7 Sur la plupart des mondes normaux, la servitude involontaire ne survit pas à la dispensation du Prince Planétaire, bien que les déficients mentaux et les délinquants sociaux soient souvent condamnés à des travaux forcés. Mais, sur toutes les sphères normales, cette sorte d’esclavage primitif est abolie peu de temps après l’arrivée de la race violette ou adamique importée. 51:4.8 Ces six races évolutionnaires sont destinées à être mélangées et élevées par amalgamation avec la progéniture des élévateurs adamiques. Mais, avant la fusion de ces peuples, les inférieurs et les inadaptés sont largement éliminés. Le Prince Planétaire et le Fils Matériel ainsi que d’autres autorités planétaires qualifiées jugent les aptitudes des lignées reproductrices. La difficulté pour exécuter un programme aussi radical sur Urantia vient de l’absence de juges compétents pour statuer sur l’aptitude ou l’inaptitude biologique des individus des races de votre monde. Malgré cet obstacle, il semble que vous devriez être capables de vous mettre d’accord sur la dissociation biologique d’avec les lignées les plus notoirement inaptes, défectueuses ou antisociales. 5. Amalgamation raciale – l’effusion du sang adamique 51:5.1 Lorsqu’un Adam et une Ève Planétaires arrivent sur un monde habité, ils ont été pleinement instruits par leurs supérieurs sur la meilleure manière d’améliorer les races existantes d’êtres intelligents. Le plan du processus n’est pas uniforme. Une grande latitude est laissée au couple tutélaire, et les fautes ne sont pas rares, spécialement sur les mondes en désordre et en insurrection comme Urantia. 51:5.2 Habituellement les hommes violets ne commencent pas à s’amalgamer avec les natifs de la planète avant que leur propre groupe ne dépasse un million de membres. Mais, entretemps, l’état-major du Prince Planétaire proclame que les enfants des Dieux sont descendus en quelque sorte pour se fondre avec les races humaines ; et les gens attendent impatiemment le jour où l’on annoncera que ceux qui se sont qualifiés pour appartenir aux lignées raciales supérieures peuvent se rendre au Jardin d’Éden et y être choisis par les Fils et Filles d’Adam pour devenir les pères et les mères évolutionnaires du nouvel ordre fusionné de l’humanité. 51:5.3 Sur les mondes normaux, un Adam et une Ève Planétaires ne s’accouplent jamais avec les membres des races évolutionnaires. Ce travail d’amélioration biologique est une fonction des descendants d’Adam. Mais ces Adamites ne se répandent pas parmi les races ; l’état-major du prince amène au Jardin d’Éden les hommes et les femmes supérieurs qui veulent bien s’accoupler avec les descendants adamiques. Et, sur la plupart des mondes, on considère comme un honneur suprême d’être choisi comme candidat pour s’accoupler avec les fils et les filles du Jardin. 51:5.4 Pour la première fois, les guerres raciales et autres luttes entre tribus s’apaisent un peu, tandis que les diverses races s’efforcent de plus en plus de faire reconnaitre leur qualification et d’être admis au jardin. Vous ne pouvez vous faire qu’une idée très restreinte de la manière dont cette lutte compétitive en vient à occuper le centre de toutes les activités sur une planète normale. Tout ce plan pour améliorer la race fut ruiné de bonne heure sur Urantia. 51:5.5 La race violette est un peuple monogame ; tout homme ou femme évolutionnaire s’unissant avec les fils et filles adamiques s’engage à ne pas prendre d’autres conjoints et à enseigner la monogamie à ses enfants. Les enfants de chacune de ces unions sont éduqués et instruits dans les écoles du Prince Planétaire. On leur permet ensuite d’aller vers la race de leur parent évolutionnaire et de s’y marier parmi les groupes sélectionnés de mortels supérieurs. 51:5.6 Lorsque cette lignée des Fils Matériels s’ajoute aux races évoluantes des mondes, une nouvelle et plus grande ère de progrès évolutionnaire est ouverte. Après l’afflux procréatif d’aptitudes importées et de caractères superévolutionnaires, il se produit une succession rapide d’essors dans la civilisation et le développement racial. En cent-mille ans, il y a plus de progrès qu’en un million d’années de luttes antérieures. Sur votre monde, et malgré l’avortement des plans ordonnés, de grands progrès ont été accomplis depuis que le plasma vital d’Adam a été donné à vos peuples. 51:5.7 Les enfants pur sang d’un Jardin d’Éden planétaire peuvent bien s’effuser sur les membres supérieurs des races évolutionnaires et rehausser ainsi le niveau biologique de l’humanité, mais il ne serait pas profitable aux lignées supérieures des mortels d’Urantia de s’accoupler avec les races inférieures. Cette façon malavisée de procéder menacerait toute la civilisation de votre monde. N’ayant pas réussi à obtenir l’harmonisation de la race par la technique adamique, il vous faut maintenant résoudre votre problème planétaire d’amélioration raciale par d’autres méthodes, principalement humaines, d’adaptation et de contrôle. 6. Le régime édénique 51:6.1 Sur la plupart des mondes habités, les Jardins d’Éden subsistent comme de superbes centres culturels et continuent à fonctionner pendant des âges comme modèles sociaux de conduite et de mœurs planétaires. Même aux époques primitives où les hommes violets vivent relativement isolés, leurs écoles reçoivent des candidats qualifiés venant des diverses races de la planète, tandis que les développements industriels du jardin ouvrent de nouvelles voies aux échanges commerciaux. C’est ainsi que les Adams et Èves et leur progéniture contribuent à l’expansion soudaine de la culture et à la rapide amélioration des races évolutionnaires de leur monde. Et toutes ces relations s’amplifient et se scellent par l’amalgamation des races évolutionnaires et des fils d’Adam, qui produit le relèvement immédiat du statut biologique, l’activation du potentiel intellectuel et le rehaussement de la réceptivité spirituelle. 51:6.2 Sur les mondes normaux, le jardin-siège de la race violette devient le second centre de culture mondiale et, conjointement avec la ville-siège du Prince Planétaire, règle l’allure du développement de la civilisation. Pendant des siècles, les écoles de la ville-siège du Prince Planétaire et celles du jardin d’Adam et Ève restent contemporaines. Elles ne sont généralement pas très éloignées et collaborent harmonieusement. 51:6.3 Imaginez ce que cela signifierait pour votre monde si, quelque part au Levant, il existait un centre mondial de civilisation, une grande université planétaire de culture, qui aurait fonctionné sans interruption pendant 37 000 ans. Considérez en outre combien l’autorité morale de cet antique centre serait renforcée s’il existait à proximité un quartier général encore plus ancien de ministère céleste, dont les traditions exerceraient la force cumulative de 500 000 ans d’influence évolutionnaire intégrée. Ce sont les habitudes qui finissent par répandre les idéaux d’Éden sur la totalité d’un monde. 51:6.4 Les écoles du Prince Planétaire s’occupent principalement de philosophie, de religion, de morale, et de travaux intellectuels et artistiques supérieurs. Les écoles des jardins d’Adam et Ève sont généralement consacrées aux arts pratiques, à l’éducation intellectuelle de base, à la culture sociale, au développement économique, aux relations commerciales, à l’aptitude physique et au gouvernement civil. Ces deux centres mondiaux finissent par s’amalgamer, mais leur affiliation effective tarde parfois jusqu’à l’époque du premier Fils Magistral. 51:6.5 La continuité d’existence des Adams et Èves Planétaires, alliée au noyau pur sang de la race violette, assure à la culture édénique la stabilité de croissance qui lui permet d’agir sur la civilisation d’un monde avec la force contraignante de la tradition. Chez ces immortels Fils et Filles Matériels, nous rencontrons le dernier chainon indispensable qui relie Dieu à l’homme, qui jette un pont sur l’abime presque infini entre le Créateur éternel et les plus humbles personnalités finies du temps. Voici des êtres de haute origine qui sont physiques, matériels, et même sexués comme les mortels d’Urantia, qui peuvent voir et comprendre l’invisible Prince Planétaire et s’en faire les interprètes auprès des créatures mortelles du royaume, car les Fils et Filles Matériels sont capables de voir tous les êtres spirituels des ordres inférieurs ; ils visualisent le Prince Planétaire et tout son état-major visible et invisible. 51:6.6 Avec l’écoulement des siècles et par l’amalgamation de sa progéniture avec les races humaines, ce même Fils Matériel et cette même Fille Matérielle sont acceptés comme ancêtres communs de l’humanité, parents communs des descendants des races évolutionnaires désormais fondues. L’intention évolutionnaire est que les mortels quittant un monde habité aient l’expérience de reconnaitre sept pères : 51:6.7 1. Le père biologique – le père charnel. 51:6.8 2. Le père du royaume – l’Adam Planétaire. 51:6.9 3. Le père des sphères – le Souverain Systémique. 51:6.10 4. Le Très Haut Père – le Père de la Constellation. 51:6.11 5. Le Père de l’univers – le Fils Créateur et dirigeant suprême des créations locales. 51:6.12 6. Les super-Pères – les Anciens des Jours qui gouvernent le superunivers. 51:6.13 7. Le Père spirituel ou Père de Havona – le Père Universel qui demeure au Paradis et effuse son esprit pour qu’il vive et opère dans le mental des humbles créatures qui habitent l’univers des univers. 7. L’administration unifiée 51:7.1 Les Fils Avonals du Paradis viennent de temps en temps sur les mondes habités pour accomplir des actes judiciaires, mais le premier Avonal qui arrive en mission magistrale inaugure la quatrième dispensation d’un monde évolutionnaire du temps et de l’espace. Sur quelques planètes où ce Fils Magistral est universellement accepté, il reste pour un âge. La planète prospère alors sous le règne conjoint de trois Fils : le Prince Planétaire, le Fils Matériel et le Fils Magistral, les deux derniers étant visibles à tous les habitants du royaume. 51:7.2 Avant que le premier Fils Magistral ne termine sa mission sur un monde évolutionnaire normal, l’amalgamation des travaux éducatifs et administratifs du Prince Planétaire et du Fils Matériel a été effectuée. Cette amalgamation de la supervision duelle d’une planète amène à l’existence un nouvel ordre efficace d’administration mondiale. Lorsque le Fils Magistral se retire, l’Adam Planétaire assume la direction extérieure de la sphère. Le Fils et la Fille Matériels agissent ainsi conjointement comme administrateurs planétaires jusqu’à l’ancrage du monde dans l’ère de lumière et de vie, sur quoi le Prince Planétaire est élevé à la position de Souverain Planétaire. Durant cet âge d’évolution avancée, Adam et Ève deviennent ce que l’on pourrait appeler premiers ministres conjoints du royaume glorifié. 51:7.3 Aussitôt que la nouvelle capitale consolidée du monde évoluant est bien installée, et aussi vite que l’on peut former convenablement des administrateurs subordonnés compétents, des sous-capitales sont fondées dans les territoires lointains et parmi les différents peuples. Avant l’arrivée d’un autre Fils dispensationnel, on aura organisé cinquante à cent de ces centres secondaires. 51:7.4 Le Prince Planétaire et son état-major entretiennent encore les domaines spirituel et philosophique d’activité. Adam et Ève prêtent une attention particulière au statut physique, scientifique et économique du royaume. Les deux groupes consacrent également leurs énergies à promouvoir les arts, les relations sociales et les accomplissements intellectuels. 51:7.5 Dès avant l’inauguration de la cinquième dispensation des affaires du monde, une magnifique administration d’activités planétaires a été mise au point. L’existence des mortels sur ces sphères bien dirigées est vraiment stimulante et profitable. Si les Urantiens pouvaient seulement observer la vie sur une telle planète, ils apprécieraient immédiatement la valeur des choses que leur monde a perdues en embrassant le mal et en participant à la rébellion. 51:7.6 [Présenté par un Fils Lanonandek Secondaire du Corps de Réserve.] Fascicule 52. Époques planétaires des mortels 52:0.1 Depuis le commencement de la vie sur une planète évolutionnaire jusqu’au moment de son épanouissement final dans l’ère de lumière et de vie, au moins sept époques de vie humaine apparaissent sur la scène de l’action du monde. Ces âges successifs sont déterminés par les missions planétaires des Fils divins et, sur un monde habité moyen, ces époques apparaissent dans l’ordre suivant : 52:0.2 1. L’homme antérieur au Prince Planétaire. 52:0.3 2. L’homme postérieur au Prince Planétaire. 52:0.4 3. L’homme postadamique. 52:0.5 4. L’homme postérieur au Fils Magistral. 52:0.6 5. L’homme postérieur au Fils d’Effusion. 52:0.7 6. L’homme postérieur aux Fils Instructeurs. 52:0.8 7. L’ère de lumière et de vie. 52:0.9 Aussitôt que les mondes de l’espace conviennent physiquement à la vie, ils sont inscrits sur le registre des Porteurs de Vie, et en temps voulu ces Fils sont envoyés sur ces planètes dans le but de déclencher la vie. Toute la période comprise entre ce déclenchement de la vie et l’apparition de l’homme s’appelle l’ère préhumaine et précède les époques successives des mortels étudiées dans ce récit. 1. L’homme primitif 52:1.1 À partir du moment où les hommes émergent du niveau animal – stade où ils peuvent choisir d’adorer le Créateur – jusqu’à l’arrivée du Prince Planétaire, les créatures volitives mortelles sont appelées hommes primitifs. Il y a six types fondamentaux ou races d’hommes primitifs, et ces peuples primitifs apparaissent successivement dans l’ordre des couleurs du spectre en commençant par le rouge. La durée de cette évolution primitive de la vie varie considérablement sur les différents mondes ; elle s’échelonne entre cent-cinquante-mille et plus d’un million d’années du temps d’Urantia. 52:1.2 Les races évolutionnaires de couleur – rouge, orangée, jaune, verte, bleue et indigo – commencent à apparaitre à peu près au moment où les hommes primitifs développent un langage simple et se mettent à exercer leur imagination créatrice. À cette époque, l’homme est bien habitué à se tenir debout. 52:1.3 Les hommes primitifs sont de vigoureux chasseurs et de féroces combattants. La loi de cet âge est la survie des plus aptes ; le gouvernement de l’époque est entièrement celui de la tribu. Sur beaucoup de mondes, quelques-unes des races évolutionnaires sont anéanties au cours des guerres raciales primitives, comme ce fut le cas sur Urantia. Ceux qui survivent sont généralement mêlés ultérieurement avec la race violette importée plus tard, les peuples adamiques. 52:1.4 À la lumière de la civilisation ultérieure, cette ère des hommes primitifs est un long chapitre sombre et sanglant. La loi de la jungle et la morale des forêts vierges ne sont pas en harmonie avec les normes des dispensations ultérieures de religion révélée et de développement spirituel supérieur. Sur les mondes normaux et non expérimentaux, cette époque est très différente des luttes prolongées et extraordinairement brutales caractéristiques de cet âge sur Urantia. Lorsque vous aurez émergé de votre première expérience planétaire, vous commencerez à voir pourquoi cette longue lutte douloureuse a lieu sur les mondes évolutionnaires et, à mesure que vous avancerez sur le sentier du Paradis, vous comprendrez de mieux en mieux la sagesse de ces agissements apparemment étranges. Mais, malgré toutes les vicissitudes des premiers âges de l’émergence humaine, les performances des hommes primitifs représentent un chapitre splendide et même héroïque dans les annales d’un monde évolutionnaire du temps et de l’espace. 52:1.5 Les premiers hommes évolutionnaires ne sont pas des créatures pittoresques. Ces mortels primitifs habitent en général des grottes ou demeurent dans des falaises. Ils construisent aussi des huttes rudimentaires dans les grands arbres. Avant que ne s’y manifeste un ordre élevé d’intelligence, les planètes sont parfois envahies par des types d’animaux de grande taille. Mais, de bonne heure dans cette ère, les mortels apprennent à allumer et à entretenir des feux, et, avec l’accroissement de leur imagination inventive et l’amélioration de leurs outils, les hommes en évolution triomphent bientôt des animaux plus grands et moins agiles. Les races primitives emploient largement aussi les grands animaux volants. Ces énormes oiseaux peuvent porter une ou deux personnes de taille moyenne pendant un vol ininterrompu de plus de huit-cents kilomètres. Sur certaines planètes, ces oiseaux rendent de grands services, car ils sont doués d’une intelligence d’ordre élevé et peuvent souvent prononcer de nombreux mots du langage planétaire. Ces oiseaux sont très intelligents, très obéissants et incroyablement affectueux. La race de ces oiseaux transporteurs est éteinte depuis longtemps sur Urantia, mais vos ancêtres primitifs bénéficiaient de leurs services. 52:1.6 L’acquisition par les hommes du jugement éthique et de la volonté morale coïncide généralement avec l’apparition du langage primitif. Après cette émergence de la volonté, lorsque ces êtres atteignent le niveau humain, ils deviennent réceptifs à l’admission temporaire des Ajusteurs divins. À leur mort, beaucoup d’entre eux sont choisis comme survivants et marqués d’un sceau par les archanges pour une résurrection ultérieure et une fusion avec l’Esprit. Les archanges accompagnent toujours les Princes Planétaires, et un jugement dispensationnel du royaume a lieu en même temps que l’arrivée du Prince. 52:1.7 Tous les mortels habités par un Ajusteur de Pensée sont des adorateurs potentiels. Ils ont été « éclairés par la vraie lumière » et ils sont doués de la capacité de rechercher un contact réciproque avec la divinité. Néanmoins, la religion initiale ou biologique des hommes primitifs consiste largement en une persistance de la peur animale doublée d’une crainte ignorante mêlée de respect, et de superstition tribale. La survivance de la superstition, chez les races d’Urantia, fait peu honneur à votre développement évolutionnaire et n’est guère compatible avec vos réussites, par ailleurs splendides, dans les progrès matériels. Mais cette religion initiale de la peur sert un dessein très utile en maitrisant les caractères fougueux de ces créatures primitives. Elle est l’avant-coureur de la civilisation et le terrain où le Prince Planétaire et ses ministres planteront ultérieurement les germes de la religion révélée. 52:1.8 Le Prince Planétaire arrive généralement moins de cent-mille ans après l’époque où les hommes se tiennent normalement debout. Le Souverain du Système l’envoie après avoir été informé par les Porteurs de Vie que la volonté fonctionne, même si relativement peu d’individus se sont ainsi développés. Les hommes primitifs font généralement bon accueil au Prince Planétaire et à son état-major visible. En fait, ils les considèrent souvent avec crainte et respect, presque avec adoration, s’ils n’en sont pas empêchés. 2. L’homme postérieur au Prince Planétaire 52:2.1 Avec l’arrivée du Prince Planétaire, une nouvelle dispensation commence. Un gouvernement apparait sur la terre, et l’époque avancée des tribus est atteinte. Quelques millénaires de ce régime permettent de grands progrès sociaux. Dans des conditions normales, c’est durant cet âge que les mortels atteignent un haut degré de civilisation. Ils ne luttent pas dans la barbarie aussi longtemps que les races urantiennes. Mais la vie sur un monde habité est tellement changée par la rébellion que vous ne pouvez guère, ou pas du tout, vous imaginer ce régime sur une planète normale. 52:2.2 La durée moyenne de cette dispensation est de 500 000 ans, quelquefois plus et quelquefois moins. Pendant cette ère, la planète est installée dans les circuits systémiques, et un plein contingent de séraphins et d’autres aides célestes est affecté à son administration. Les Ajusteurs de Pensée viennent en nombre croissant et les gardiens séraphiques amplifient leur régime de supervision des mortels. 52:2.3 Au moment où le Prince Planétaire arrive sur un monde primitif, la religion évolutive de peur et d’ignorance y prévaut. Le Prince et son état-major font les premières révélations sur les vérités supérieures et l’organisation de l’univers. Ces présentations initiales de la religion révélée sont fort simples et concernent habituellement les affaires du système local. Avant l’arrivée du Prince Planétaire, la religion est entièrement un processus évolutionnaire. Elle progresse ensuite tant par révélations graduelles que par croissance évolutionnaire. Chaque dispensation, chaque époque des mortels, reçoit une présentation élargie de la vérité spirituelle et d’éthique religieuse. L’évolution de la capacité de réceptivité religieuse chez les habitants d’un monde détermine en grande partie le degré de leur avancement spirituel et l’étendue de la révélation religieuse qui leur est faite. 52:2.4 Cette dispensation est témoin d’une aurore spirituelle, et les différentes races et leurs diverses tribus tendent à développer des systèmes spécialisés de pensée religieuse et philosophique. Deux tendances se font uniformément sentir dans ces religions raciales : les peurs initiales des hommes primitifs et les révélations ultérieures du Prince Planétaire. Sous certains rapports, les Urantiens ne paraissent pas être entièrement sortis de ce stade d’évolution planétaire. En poursuivant cette étude, vous discernerez plus clairement combien votre monde s’écarte du cours moyen du progrès et du développement évolutionnaires. 52:2.5 Mais le Prince Planétaire n’est pas le « Prince de la Paix ». Les luttes raciales et les guerres entre tribus se poursuivent au cours de cette dispensation, mais avec moins de fréquence et de brutalité. C’est le grand âge de la dispersion des races, qui culmine dans une période de nationalisme intense. La couleur est la base des groupements par tribus et par nations, et les différentes races élaborent souvent des langages séparés. Chaque groupe humain en expansion tend à rechercher l’isolement. Cette ségrégation est favorisée par l’existence de nombreux langages. Avant que les diverses races ne s’unifient, leurs guerres implacables aboutissent souvent à annihiler des peuples entiers. Les hommes orangés et verts risquent particulièrement d’être ainsi détruits. 52:2.6 Sur la moyenne des mondes et durant la dernière partie du règne du prince, la vie nationale commence à remplacer l’organisation tribale, ou plutôt à se surimposer aux groupements de tribus existants. Mais le grand aboutissement social de l’époque du prince est l’émergence de la vie de famille. Jusque-là, les relations humaines ont été principalement tribales ; maintenant les foyers familiaux commencent à s’établir. 52:2.7 C’est la dispensation où se réalise l’égalité des sexes. Sur quelques planètes, les mâles peuvent gouverner les femelles ; sur d’autres, c’est le contraire qui se produit. Au cours de cet âge, les mondes normaux établissent la pleine égalité des sexes, préliminaire nécessaire pour réaliser plus complètement les idéaux de la vie de famille. C’est l’aurore de l’âge d’or des foyers. L’idée de la loi de la tribu cède graduellement le pas au double concept de la vie nationale et familiale. 52:2.8 Pendant cet âge, l’agriculture fait son apparition. La croissance de l’idée de famille est incompatible avec la vie errante et instable des chasseurs. L’habitude des domiciles fixes et de la culture du sol s’établit graduellement. La domestication des animaux et la pratique des arts ménagers prennent un rapide essor. À l’apogée de l’évolution biologique, un haut niveau de civilisation a été atteint, mais le machinisme est peu développé ; l’invention est la caractéristique de l’âge suivant. 52:2.9 Avant la fin de cette ère, les races sont purifiées et amenées à un haut état de perfection physique et de vigueur intellectuelle. Le plan consistant à favoriser la multiplication des types supérieurs de mortels, et à réduire en proportion les types inférieurs, aide beaucoup le développement initial d’un monde normal. Vos peuples primitifs n’ont pas réussi à discriminer ainsi entre ces types, ce qui explique la présence de tant d’individus défectueux et dégénérés parmi les races urantiennes d’aujourd’hui. 52:2.10 L’un des grands accomplissements de l’âge du prince consiste à restreindre la multiplication des individus mentalement débiles et socialement inadaptés. Bien avant l’époque de l’arrivée des seconds Fils – les Adams – la plupart des mondes se mettent sérieusement à la tâche de purifier la race, chose que les peuples d’Urantia n’ont pas encore sérieusement entreprise aujourd’hui. 52:2.11 Ce problème d’améliorer la race n’est pas une entreprise si considérable quand on l’attaque de bonne heure dans l’évolution humaine. La période antérieure des luttes de tribus et des sévères compétitions dans la survivance de la race a éliminé la plupart des lignées anormales ou défectueuses. Un idiot n’a pas beaucoup de chances de survivre dans l’organisation sociale d’une tribu primitive et guerroyante. C’est la fausse sentimentalité de vos civilisations partiellement perfectionnées qui entretient, protège et perpétue les lignées irrémédiablement défectueuses des races évolutionnaires humaines. 52:2.12 Il n’y a ni tendresse ni altruisme à offrir une sympathie futile à des êtres dégénérés, à des mortels irrémédiablement anormaux et inférieurs. Même sur les mondes évolutionnaires les plus normaux, il existe entre individus et entre de nombreux groupes sociaux des différences suffisantes pour permettre à tous les nobles traits de sentiments altruistes et de ministère humain désintéressé de se manifester, sans perpétuer les lignées socialement inadaptables et moralement dégénérées de l’humanité en évolution. D’abondantes occasions s’offrent pour pratiquer la tolérance et l’altruisme en faveur des individus malheureux et besogneux qui n’ont ni irréparablement perdu leur héritage moral ni définitivement détruit leur patrimoine spirituel. 3. L’homme postadamique 52:3.1 Quand l’impulsion originelle de vie évolutionnaire a épuisé son élan biologique et que l’homme a atteint l’apogée du développement animal, le second ordre de filiation intervient et la seconde dispensation de grâce et de ministère est inaugurée. Ceci est vrai sur tous les mondes évolutionnaires. Quand le niveau le plus élevé possible de vie évolutionnaire a été atteint, quand l’homme primitif est monté aussi haut qu’il le peut sur l’échelle biologique, un Fils et une Fille Matériels apparaissent toujours sur la planète, envoyés par le Souverain du Système. 52:3.2 Les Ajusteurs de Pensée sont attribués en nombre croissant aux hommes postadamiques, et ces mortels atteignent, en nombre toujours plus grand, la capacité de fusionner ultérieurement avec leur Ajusteur. Pendant qu’ils opèrent comme Fils descendants, les Adams ne possèdent pas d’Ajusteurs, mais leurs descendants planétaires – directs et de sang mêlé – deviennent des candidats légitimement qualifiés pour recevoir, au moment voulu, un Moniteur de Mystère. À la fin de l’âge postadamique, la planète est en possession de son contingent complet de ministres célestes ; seuls les Ajusteurs destinés à la fusion n’ont pas encore été universellement attribués. 52:3.3 Le but premier du règne adamique est d’influencer les hommes en évolution pour qu’ils achèvent de passer du stade de civilisation des chasseurs et des pasteurs à celui des agriculteurs et des horticulteurs, complété ultérieurement par l’apparition des accessoires urbains et industriels de la civilisation. Il suffit de dix-mille ans de cette dispensation des élévateurs biologiques pour effectuer une transformation merveilleuse. Après vingt-cinq-mille ans d’administration par la sagesse conjointe du Prince Planétaire et des Fils Matériels, la planète est généralement mûre pour l’arrivée d’un Fils Magistral. 52:3.4 Cet âge voit généralement l’élimination des inadaptés se parachever et les lignées raciales se purifier encore davantage. Sur les mondes normaux, les tendances bestiales défectueuses ont à peu près totalement disparu des lignées reproductrices du royaume. 52:3.5 La progéniture adamique ne s’amalgame jamais avec les lignées inférieures des races évolutionnaires. Il n’entre pas non plus dans le plan divin que l’Adam ou l’Ève Planétaire s’accouple, personnellement, avec les peuples évolutionnaires. Le projet d’améliorer la race est l’affaire de leur progéniture. Mais les descendants du Fils et de la Fille Matériels sont mobilisés pendant des générations avant que le ministère d’amalgamation racial ne soit inauguré. 52:3.6 Lorsque le plasma vital adamique est transmis aux races mortelles, il en résulte un rehaussement immédiat de leur capacité intellectuelle et une accélération de leur progrès spirituel. Il se produit habituellement aussi une amélioration physique. Sur un monde moyen, la dispensation postadamique est un âge de grandes inventions, de contrôle de l’énergie et de développement mécanique. C’est l’ère où apparaissent des industries multiformes et un contrôle des forces naturelles ; c’est l’âge d’or de l’exploration et de la domination finale de la planète. Une grande partie du progrès matériel d’un monde s’effectue pendant cette période initiale du développement des sciences physiques, précisément l’époque que traverse présentement Urantia. Votre monde est en retard d’une dispensation entière, et même plus, sur le programme planétaire moyen. 52:3.7 Vers la fin de la dispensation adamique sur une planète normale, les races sont pratiquement amalgamées, de sorte que l’on peut vraiment proclamer que « Dieu n’a fait qu’un sang de toutes les nations » et que son Fils « a donné une même couleur à tous les peuples ». La couleur de la race amalgamée est une nuance quelque peu olivâtre de la teinte violette, le « blanc » racial des sphères. 52:3.8 Les hommes primitifs sont principalement carnivores. Les Fils et Filles Matériels ne mangent pas de viande, mais, au bout de quelques générations, leurs descendants gravitent généralement vers le niveau omnivore, bien que des groupes entiers d’entre eux continuent parfois à s’abstenir de viande. Cette double origine des races postadamiques explique comment les humains de sang mêlé présentent des vestiges anatomiques provenant à la fois des groupes animaux carnivores et herbivores. 52:3.9 Dans les dix-mille ans qui suivent l’amalgamation raciale, les races résultantes montrent divers degrés de mélange anatomique. Certaines lignées portent plus de marques de leur ascendance végétarienne et d’autres présentent davantage les traits distinctifs et les caractéristiques physiques de leurs procréateurs évolutionnaires carnivores. La majorité des races du monde devient bientôt omnivore et se nourrit d’une gamme étendue d’aliments provenant aussi bien du règne animal que du règne végétal. 52:3.10 L’époque postadamique est la dispensation de l’internationalisme. L’œuvre de mélange des races étant à peu près achevée, le nationalisme décroit et la fraternité des hommes commence réellement à se matérialiser. Des gouvernements représentatifs tendent à remplacer les formes de règnes monarchiques et paternalistes. Le système éducatif se met à l’échelle mondiale et les langages des races cèdent progressivement la place à la langue du peuple violet. La paix et la coopération universelles sont rarement atteintes avant que les races ne soient assez bien mêlées et qu’elles parlent un langage commun. 52:3.11 Au cours des derniers siècles de l’âge postadamique, un nouvel intérêt se manifeste pour l’art, la musique et la littérature, et ce réveil mondial est un signal préludant à l’apparition d’un Fils Magistral. Le développement qui couronne cette ère est l’intérêt universel pour les réalités intellectuelles, la vraie philosophie. La religion devient moins nationaliste et de plus en plus une affaire planétaire. De nouvelles révélations de la vérité marquent ces âges, et les Très Hauts des constellations commencent à gouverner dans les affaires des hommes. On révèle la vérité jusqu’au niveau de l’administration des constellations. 52:3.12 L’ère est caractérisée par un grand progrès éthique. La fraternité des hommes est le but de la société. La paix mondiale – la cessation des conflits de races et des animosités nationales – indique que la planète est mûre pour l’avènement d’un membre du troisième ordre de filiation, un Fils Magistral. 4. L’homme postérieur au Fils Magistral 52:4.1 Au début de cet âge sur les planètes normales et loyales, les races mortelles sont mêlées et biologiquement adaptées. Il n’y a plus de problèmes de race ni de couleur. Toutes les nations et toutes les races sont littéralement d’un même sang. La fraternité des hommes s’épanouit et les nations apprennent à vivre sur terre dans la paix et la tranquillité. Un tel monde se trouve au seuil d’un grand développement intellectuel culminant. 52:4.2 Quand un monde évolutionnaire devient ainsi mûr pour l’âge magistral, un membre de l’ordre élevé des Fils Avonals fait son apparition en mission magistrale. Le Prince Planétaire et les Fils Matériels ont leur origine dans l’univers local ; le Fils Magistral arrive du Paradis. 52:4.3 Quand les Avonals du Paradis viennent sur les sphères mortelles pour des actes judiciaires et uniquement comme juges d’une dispensation, ils ne sont jamais incarnés. Mais, quand ils arrivent pour des missions magistrales, ils sont toujours incarnés, au moins pour la première mission, bien qu’ils ne fassent pas l’expérience de la naissance et ne meurent pas de la mort matérielle des enfants du royaume. Dans les cas où ils y restent comme dirigeants ils peuvent continuer à vivre pendant des générations sur certaines planètes. Quand leurs missions sont terminées, ils abandonnent leur vie planétaire et retournent à leur état antérieur de filiation divine. 52:4.4 Chaque nouvelle dispensation élargit l’horizon de la religion révélée, et les Fils Magistraux étendent la révélation de la vérité jusqu’à la description des affaires de l’univers local et de tous ses tributaires. 52:4.5 Après la visitation initiale d’un Fils Magistral, les races procèdent bientôt à leur libération économique. Le travail quotidien nécessaire à chaque homme pour assurer son indépendance prendrait deux heures et demie de votre temps. Il n’y a aucun danger à libérer des mortels aussi intelligents et éthiques. Des peuples aussi raffinés savent bien comment employer les loisirs pour s’améliorer et faire progresser la planète. Au cours de cet âge, les lignées raciales se purifient encore en restreignant la reproduction des individus les moins bien adaptés et les moins doués. 52:4.6 Le gouvernement politique et l’administration sociale des races continuent à s’améliorer. Vers la fin de l’âge, l’autonomie gouvernementale est assez bien établie. Nous appelons autonomie gouvernementale le type le plus élevé de gouvernement représentatif. Les mondes en question ne mettent en avant et n’honorent que les chefs et les dirigeants les mieux qualifiés pour assumer des responsabilités sociales et politiques. 52:4.7 Durant cette époque, la majorité des mortels du monde est habitée par des Ajusteurs, mais même alors le don des Moniteurs divins n’est pas toujours universel. Les Ajusteurs destinés à la fusion n’ont pas encore été octroyés à tous les mortels planétaires. Les créatures volitives doivent encore choisir de recevoir un Moniteur de Mystère. 52:4.8 Au cours des âges qui terminent cette dispensation, la société commence à revenir à des formes de vie plus simplifiées. La nature complexe d’une civilisation en progrès suit son cours, et les mortels apprennent à vivre plus naturellement et plus efficacement. Cette tendance s’accroit avec chaque époque successive. C’est l’âge où fleurissent les arts, la musique et les études supérieures. Les sciences physiques ont déjà atteint l’apogée de leur développement. Sur un monde idéal, la fin de cet âge voit la plénitude d’un grand réveil religieux, une illumination spirituelle du monde entier. Cet éveil généralisé de la nature spirituelle des races est le signal attendu pour l’arrivée du Fils d’effusion et pour l’inauguration de la cinquième époque des mortels. 52:4.9 Sur beaucoup de mondes, il arrive qu’une seule mission magistrale ne soit pas suffisante pour préparer la planète à l’arrivée d’un Fils d’effusion. Dans ce cas, il y aura un second Fils Magistral, ou même une série d’entre eux, dont chacun fera progresser les races d’une dispensation à la suivante jusqu’à ce que la planète soit prête pour le don du Fils d’effusion. Les Fils Magistraux peuvent être incarnés ou ne pas l’être pour la seconde mission et les suivantes. Mais, quel que soit le nombre des Fils Magistraux qui apparaissent – et il peut en venir à ce titre après le Fils d’effusion – la venue de chacun d’eux marque la fin d’une dispensation et le commencement d’une autre. 52:4.10 Ces dispensations des Fils Magistraux durent vingt-cinq à cinquante-mille ans du temps d’Urantia. Il arrive que certaines soient beaucoup plus courtes, et rarement qu’elles soient plus longues. Mais, dans la plénitude des temps, l’un de ces Fils Magistraux naitra comme Fils d’effusion du Paradis. 5. L’homme postérieur au Fils d’effusion 52:5.1 Quand un certain niveau de développement intellectuel et spirituel est atteint sur un monde habité, un Fils d’effusion du Paradis arrive toujours. Sur les mondes normaux, il n’apparait pas en incarnation avant que les races ne se soient élevées aux plus hauts niveaux d’intelligence et d’aboutissement éthique. Mais, sur Urantia, le Fils d’effusion, qui était votre Fils Créateur en personne, apparut à la fin de la dispensation adamique, ce qui n’est pas l’ordre habituel des évènements sur les mondes de l’espace. 52:5.2 Quand un monde est mûr pour la spiritualisation, le Fils d’effusion arrive. Ce Fils appartient toujours à l’ordre Avonal dit Magistral, sauf quand le Fils Créateur effectue son effusion terminale sur un monde évolutionnaire, cas qui se produit une seule fois dans chaque univers local. C’est ce qui arriva quand Micaël de Nébadon apparut sur Urantia pour s’effuser sur vos races mortelles. Un tel don n’est réservé qu’à un seul monde sur près de dix-millions. Tous les autres mondes progressent spirituellement par l’effusion d’un Fils du Paradis de l’ordre des Avonals. 52:5.3 Le Fils d’effusion arrive sur un monde où l’éducation culturelle est très poussée. Il y rencontre une race spirituellement éduquée, prête à assimiler des enseignements supérieurs et à apprécier cette mission d’effusion. Au cours de ce stade, le monde entier recherche la culture morale et la vérité spirituelle. Les mortels de cette dispensation ont la passion de pénétrer la réalité cosmique et de communier avec la réalité spirituelle. La révélation de la vérité s’étend jusqu’à inclure le superunivers. Des systèmes d’éducation et de gouvernement entièrement nouveaux voient le jour pour supplanter les régimes grossiers des anciens temps. La joie de vivre prend une nouvelle couleur et les réactions de la vie sont exaltées à des niveaux célestes de ton et de timbre. 52:5.4 Le Fils d’effusion vit et meurt pour élever spirituellement les races mortelles d’un monde. Il établit le « chemin nouveau et vivant ». Sa vie est une incarnation de la vérité du Paradis dans la chair mortelle, cette vérité – l’Esprit de Vérité lui-même – dans la connaissance de laquelle tous les hommes seront libres. 52:5.5 Sur Urantia, l’établissement de ce « chemin nouveau et vivant » fut manifesté en fait aussi bien qu’en vérité. L’isolement d’Urantia dans la rébellion de Lucifer avait suspendu le processus par lequel les mortels peuvent passer directement sur les rivages des mondes des maisons après leur mort. Avant l’époque du Christ Micaël sur Urantia, toutes les âmes dormaient jusqu’aux résurrections dispensationnelles ou jusqu’aux résurrections millénaires spéciales. Moïse lui-même n’eut pas la permission d’aller de l’autre côté de la vallée de la mort avant l’occasion d’une résurrection spéciale, car le Prince Planétaire déchu, Caligastia, s’opposait à cette libération. Mais, depuis le jour de la Pentecôte, les mortels d’Urantia peuvent de nouveau se rendre directement sur les sphères morontielles. 52:5.6 Lors de sa résurrection, le troisième jour après avoir abandonné sa vie incarnée, le Fils d’effusion monte à la droite du Père Universel, reçoit l’assurance que sa mission d’effusion est acceptée, et retourne vers le Fils Créateur au siège de l’univers local. Alors, l’Avonal d’effusion et le Micaël Créateur envoient leur esprit conjoint, l’Esprit de Vérité, dans le monde de l’effusion. C’est l’occasion où « l’esprit du Fils triomphant est répandu sur toute chair ». L’Esprit-Mère de l’Univers participe également à cette effusion de l’Esprit de Vérité, et simultanément a lieu la proclamation de l’édit d’effusion des Ajusteurs de Pensée. Après cela, toutes les créatures volitives de ce monde dont le mental est normal recevront un Ajusteur aussitôt qu’elles atteindront l’âge de la responsabilité morale, celui du choix spirituel. 52:5.7 Si l’Avonal d’effusion devait retourner sur le monde de sa mission d’effusion, il ne s’y incarnerait pas, mais y viendrait « en gloire avec les armées séraphiques ». 52:5.8 L’âge postérieur au Fils d’effusion peut durer de dix-mille à cent-mille ans. Aucune limite arbitraire de temps n’est imposée à cette ère dispensationnelle. C’est une époque de grand progrès éthique et spirituel. Sous l’influence spirituelle de ces âges, le caractère humain passe par des transformations prodigieuses et subit un développement phénoménal. Il devient possible de mettre la règle d’or en pratique. Les enseignements de Jésus sont vraiment applicables à un monde de mortels qui a reçu l’entrainement préliminaire des Fils précédant l’effusion, avec leurs dispensations qui ennoblissent le caractère et accroissent la culture. 52:5.9 Au cours de cette ère, les problèmes de maladie et de délinquance sont pratiquement résolus. La dégénérescence a déjà été largement éliminée par la reproduction sélective. La maladie a été pratiquement vaincue par les hautes qualités de résistance des lignées adamiques et par l’intelligente application mondiale des découvertes faites dans le domaine des sciences physiques au cours des âges précédents. Pendant cette période, la durée de vie s’allonge bien au-dessus de l’équivalent de trois-cents ans du temps d’Urantia. 52:5.10 La supervision gouvernementale s’atténue progressivement au cours de cette époque. De vrais gouvernements autonomes commencent à fonctionner. Il est de moins en moins nécessaire de promulguer des lois restrictives. Les départements militaires de la résistance nationale sont en voie de disparaitre et l’ère d’harmonie internationale d’arriver réellement. Il y a beaucoup de nations, principalement déterminées par la géographie de leurs terres, mais seulement une race, une langue et une religion. Les affaires des mortels approchent l’utopie sans l’atteindre tout à fait. C’est vraiment un âge grand et glorieux ! 6. L’âge postérieur à l’effusion sur Urantia 52:6.1 Le Fils d’effusion est le Prince de Paix. Il arrive avec le message « paix sur terre et bonne volonté parmi les hommes ». Sur les mondes normaux, c’est une dispensation de paix générale dans le monde ; les nations n’apprennent plus la guerre. Mais ces influences salutaires n’ont pas accompagné la venue de votre Fils d’effusion, Christ Micaël. Urantia ne procède pas selon l’ordre normal. Votre monde ne marche pas au pas dans la procession planétaire. Pendant que votre Maitre était sur terre, il prévint ses disciples que son avènement n’apporterait pas le règne habituel de paix sur Urantia. Il leur expliqua nettement qu’il y aurait « des guerres et des bruits de guerre » et que des nations s’élèveraient contre des nations. À un autre moment, il dit : « Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur terre. » 52:6.2 Même sur les mondes évolutionnaires normaux, il n’est pas facile de réaliser la fraternité mondiale des hommes. Sur une planète comme Urantia où règnent la confusion et le désordre, cet accomplissement demande beaucoup plus de temps et nécessite un effort bien plus grand. Il est presque impossible à une évolution sociale d’aboutir, sans aide extérieure, à ces heureux résultats sur une sphère spirituellement isolée. La révélation religieuse est essentielle pour que se réalise la fraternité sur Urantia. Jésus a bien montré le chemin pour atteindre immédiatement la fraternité spirituelle, mais la réalisation de la fraternité sociale sur votre monde dépend beaucoup de l’accomplissement des transformations personnelles et des ajustements planétaires suivants : 52:6.3 1. Fraternité sociale. Multiplication des contacts sociaux internationaux et interraciaux, et des associations fraternelles par les voyages, le commerce et les jeux de compétition. Développement d’un langage commun et prolifération des multi-linguistes. Échanges nationaux et raciaux d’étudiants, de professeurs, d’industriels et de philosophes religieux. 52:6.4 2. Fécondation croisée de la pensée. La fraternité est impossible sur un monde dont les habitants sont trop primitifs pour reconnaitre la folie d’un égoïsme que rien ne vient adoucir. Il faut un échange de littérature internationale et raciale. Chaque race doit se familiariser avec la pensée de toutes les races ; chaque nation doit connaitre les sentiments de toutes les nations. L’ignorance engendre la suspicion, et la suspicion est incompatible avec l’attitude essentielle de sympathie et d’amour. 52:6.5 3. Réveil éthique. Seule la conscience éthique peut démasquer l’immoralité de l’intolérance humaine et le péché des luttes fratricides. Seule une conscience morale peut condamner les maux de l’envie nationale et de la jalousie raciale. Seuls des êtres moraux rechercheront toujours la clairvoyance spirituelle qui est essentielle pour vivre la règle d’or. 52:6.6 4. Sagesse politique. La maturité émotive est indispensable pour la maitrise de soi. Seule la maturité émotive garantit que les techniques internationales de jugement civilisé se substitueront à l’arbitrage barbare de la guerre. Les hommes d’état avisés travailleront un jour pour le bien-être de l’humanité, même quand ils s’efforceront de promouvoir l’intérêt de leurs groupes nationaux ou raciaux. La sagacité politique égoïste aboutit au suicide – à la destruction de toutes les qualités durables qui assurent la survie des groupes planétaires. 52:6.7 5. Clairvoyance spirituelle. Après tout, la fraternité des hommes est basée sur la reconnaissance de la paternité de Dieu. La manière la plus rapide de réaliser la fraternité des hommes sur Urantia est d’effectuer la transformation spirituelle de l’humanité d’aujourd’hui. La seule technique pour accélérer la tendance naturelle de l’évolution sociale consiste à exercer une pression spirituelle par en haut, ce qui augmente le discernement moral tout en rehaussant la capacité de l’âme de tous les hommes de comprendre et d’aimer tous leurs semblables. La compréhension mutuelle et l’amour fraternel sont des civilisateurs transcendants et de puissants facteurs pour la réalisation mondiale de la fraternité des hommes. 52:6.8 Si vous pouviez être transportés de votre monde arriéré et plein de confusion sur quelque planète normale se trouvant présentement dans l’âge postérieur au Fils d’effusion, vous vous croiriez transférés au ciel de vos traditions. Vous auriez peine à croire que vous observez les agissements évolutionnaires normaux d’une sphère habitée par des hommes. Ces mondes sont placés dans les circuits spirituels de leur royaume ; ils bénéficient de tous les avantages des télédiffusions de leur univers et des services de réflectivité de leur superunivers. 7. L’homme postérieur aux Fils Instructeurs 52:7.1 L’ordre de filiation qui arrive ensuite sur les mondes évolutionnaires moyens est celui des Fils Instructeurs de la Trinité, les divins Fils de la Trinité du Paradis. De nouveau, nous trouvons qu’Urantia n’est pas en conformité avec ses sphères-sœurs, en ce sens que votre Jésus a promis d’y retourner. Il accomplira certainement sa promesse, mais nul ne sait si sa venue précèdera ou suivra l’apparition sur Urantia d’un Fils Magistral ou des Fils Instructeurs. 52:7.2 Les Fils Instructeurs viennent en groupe sur les mondes qui se spiritualisent. Un Fils Instructeur planétaire est assisté et soutenu par soixante-dix Fils primaires, douze Fils secondaires et trois membres choisis parmi les plus élevés et les plus expérimentés de l’ordre suprême des Daynals. Ce corps reste quelque temps sur les mondes en question, assez longtemps pour effectuer la transition entre les âges évolutionnaires et l’ère de lumière et de vie – pas moins de mille ans du temps planétaire et souvent beaucoup plus. Cette mission est une contribution de la Trinité aux efforts antérieurs de toutes les personnalités divines qui ont apporté leur ministère à un monde habité. 52:7.3 La révélation de la vérité s’étend maintenant à l’univers central et au Paradis. Les races deviennent hautement spirituelles. Un grand peuple a évolué et une grande époque approche. Les systèmes éducatifs, économiques et administratifs de la planète subissent des transformations radicales. De nouvelles valeurs et relations s’établissent. Le royaume des cieux apparait sur terre et la gloire de Dieu se répand dans le monde. 52:7.4 C’est la dispensation où un grand nombre de mortels sont transférés directement de parmi les vivants sur les mondes morontiels. À mesure que progresse l’ère des Fils Instructeurs de la Trinité, l’allégeance spirituelle des mortels du temps devient de plus en plus universelle. La mort naturelle devient moins fréquente à mesure que les Ajusteurs fusionnent de plus en plus avec leurs sujets pendant leur vie dans la chair. La planète finit par être classée comme appartenant à l’ordre primaire modifié d’ascension des mortels. 52:7.5 La vie durant cette ère est agréable et profitable. La dégénérescence et les éléments antisociaux de la fin de la longue lutte évolutionnaire ont été pratiquement éliminés. La durée de la vie approche de cinq-cents ans d’Urantia, et le taux d’accroissement de la reproduction des races est intelligemment contrôlé. Un ordre social entièrement nouveau a surgi. De grandes différences subsistent parmi les hommes, mais l’état de la société se rapproche des idéaux de fraternité sociale et d’égalité spirituelle. Le gouvernement représentatif tend à disparaitre, et le monde passe sous la loi de la maitrise individuelle de soi. La fonction du gouvernement s’oriente principalement vers des tâches collectives d’administration sociale et de coordination économique. L’âge d’or s’avance rapidement ; le but temporel de la longue et intense lutte planétaire pour l’évolution est en vue. La récompense des âges va bientôt être reçue. La sagesse des Dieux est sur le point de se manifester. 52:7.6 Durant cet âge, l’administration physique d’un monde demande une heure par jour du temps de chaque individu adulte, nous voulons dire une heure du temps d’Urantia. La planète est en contact étroit avec les affaires de l’univers, et ses habitants scrutent les dernières télédiffusions avec un intérêt aussi vif que celui que vous manifestez aujourd’hui pour les dernières éditions de vos journaux quotidiens. Ces races sont occupées à mille choses intéressantes inconnues sur votre monde. 52:7.7 La vraie allégeance planétaire envers l’Être Suprême se développe de plus en plus. Génération après génération, un nombre croissant d’individus de la race s’alignent avec ceux qui pratiquent la justice et vivent la miséricorde. Lentement mais sûrement, le monde est gagné au service joyeux des Fils de Dieu. Les difficultés physiques et les problèmes matériels ont été largement résolus. La planète murit pour la vie supérieure et pour une existence plus stable. 52:7.8 De temps en temps pendant leur dispensation, des Fils Instructeurs continuent à venir sur ces mondes pacifiques. Ils ne quittent pas un monde avant de s’être assurés que le plan évolutionnaire opère sans heurts sur la planète intéressée. Un Fils Magistral de jugement accompagne généralement les Fils Instructeurs dans leurs missions successives, tandis qu’un autre Fils du même ordre opère au moment de leur départ, et ces actions judiciaires continuent d’âge en âge pendant toute la durée du régime mortel du temps et de l’espace. 52:7.9 Chaque mission nouvelle des Fils Instructeurs de la Trinité exalte ce monde céleste à des hauteurs toujours plus élevées de sagesse, de spiritualité et d’illumination cosmique. Mais les nobles natifs de cette sphère sont encore finis et mortels. Rien n’est parfait, mais on voit se développer une qualité de quasi-perfection dans les opérations d’un monde imparfait et dans la vie de ses habitants humains. 52:7.10 Les Fils Instructeurs de la Trinité peuvent revenir maintes fois sur le même monde ; mais, tôt ou tard, en relation avec la fin d’une de leurs missions, le Prince Planétaire est élevé à la position de Souverain Planétaire, et le Souverain Systémique apparait pour proclamer l’entrée de ce monde dans l’ère de lumière et de vie. 52:7.11 C’est à propos de la conclusion de la mission finale des Fils Instructeurs (du moins selon la chronologie d’un monde normal) que Jean écrivit : « Je vis de nouveaux cieux et une nouvelle terre, et la nouvelle Jérusalem descendant d’auprès de Dieu, hors du ciel, apprêtée comme une princesse parée pour le prince. » 52:7.12 C’est la même terre rénovée, le stade planétaire avancé, dont le voyant ancien avait la vision lorsqu’il écrivit : « Car de même que les nouveaux cieux et la nouvelle terre que je ferai subsisteront devant moi, de même vous survivrez, vous et vos enfants ; et il adviendra que, d’une nouvelle lune à une autre et de sabbat en sabbat, toute chair viendra se prosterner devant moi, dit le Seigneur. » 52:7.13 Ce sont les mortels de cet âge qui sont décrits comme « une génération élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple exalté ; et vous proclamerez les louanges de Celui qui vous a appelés des ténèbres à cette merveilleuse lumière ». 52:7.14 Peu importent l’histoire naturelle spéciale d’une planète individuelle et le fait qu’un royaume ait été entièrement loyal, souillé de mal ou maudit par le péché – peu importent les antécédents – tôt ou tard, la grâce de Dieu et le ministère des anges feront arriver le jour de la venue des Fils Instructeurs de la Trinité ; et leur départ à la suite de leur mission finale inaugurera l’âge superbe de lumière et de vie. 52:7.15 Tous les mondes de Satania peuvent partager l’espérance de celui qui écrivit : « Néanmoins et selon Sa promesse, nous attendons de nouveaux cieux et une nouvelle terre où habite la droiture. Ainsi donc, bien-aimés, voyant que vous espérez ces choses, veillez à ce qu’Il vous trouve en paix, sans tache et irréprochables. » 52:7.16 Le départ du corps des Fils Instructeurs, à la fin de leur premier règne ou d’un règne subséquent, annonce l’aurore de l’ère de lumière et de vie – le seuil de la transition entre le temps et l’antichambre de l’éternité. La réalisation planétaire de cette ère de lumière et de vie dépasse de beaucoup les plus chères espérances des mortels d’Urantia dont les concepts concernant la vie future ne s’étendent pas au-delà de ceux embrassés par les croyances religieuses dépeignant le ciel comme la destinée immédiate et la demeure finale des mortels survivants. 52:7.17 [Parrainé par un Puissant Messager temporairement attaché à l’état-major de Gabriel.] Fascicule 53. La rébellion de Lucifer 53:0.1 Lucifer était un brillant Fils Lanonandek primaire de Nébadon. Il avait l’expérience du service dans de nombreux systèmes ; il avait été un haut conseiller de son groupe et s’était distingué par sa sagesse, sa sagacité et son efficacité. Lucifer portait le numéro 37 de son ordre. Lorsqu’il fut mandaté par les Melchizédeks et choisi parmi plus de sept-cent-mille personnalités de son espèce, on le désigna comme l’une des cent plus capables et plus brillantes. Partant de ce début magnifique et commettant le mal et faisant des erreurs, il s’adonna au péché, et il compte maintenant parmi les trois Souverains Systémiques de Nébadon qui ont succombé à la pression du moi et se sont rendus aux sophismes de la fausse liberté personnelle – rejet de l’allégeance à l’univers, négligence des obligations fraternelles, aveuglement aux relations cosmiques. 53:0.2 L’univers de Nébadon, domaine du Christ Micaël, comporte dix-mille systèmes de mondes habités. Dans toute l’histoire des Fils Lanonandeks, dans toute leur œuvre parmi ces milliers de systèmes et au siège de l’univers, on ne trouve que trois Souverains Systémiques qui aient jamais outragé le gouvernement du Fils Créateur. 1. Les chefs de la rébellion 53:1.1 Lucifer n’était pas un ascendeur, mais un Fils créé de l’univers local, et l’on a dit de lui : « Tu étais parfait dans toutes tes voies depuis le jour où tu fus créé jusqu’au jour où l’injustice fut trouvée en toi. » Il avait bien des fois siégé en conseil avec les Très Hauts d’Édentia. Et Lucifer régnait « sur la sainte montagne de Dieu », le mont administratif de Jérusem, car il était l’administrateur en chef d’un grand système de 607 mondes habités. 53:1.2 Lucifer était un être magnifique, une brillante personnalité. Il venait immédiatement après les Très Hauts Pères des constellations dans la hiérarchie de l’autorité universelle. Malgré la transgression de Lucifer, les intelligences subordonnées s’abstinrent de lui témoigner de l’irrévérence et du dédain avant l’effusion de Micaël sur Urantia. Même à l’époque de la résurrection de Moïse, l’archange de Micaël « ne porta pas contre lui un jugement accusateur, mais dit simplement : le Juge te blâme ». Le jugement en ces matières appartient aux Anciens des Jours, les dirigeants du superunivers. 53:1.3 Lucifer est maintenant le Souverain déchu et déposé de Satania. La contemplation de soi est vraiment désastreuse, même pour les personnalités exaltées du monde céleste. On dit de Lucifer : « Ton cœur s’est infatué à cause de ta beauté ; tu as corrompu ta sagesse à cause de ta splendeur. » Votre prophète de jadis vit son triste état lorsqu’il écrivit : « Comme tu es tombé du ciel, Ô Lucifer fils du matin ! Comme tu as été abattu, toi, qui as osé confondre les mondes ! » 53:1.4 On a très peu entendu parler de Lucifer sur Urantia parce qu’il délégua Satan, son premier lieutenant, pour plaider sa cause sur votre planète. Satan était membre du même groupe primaire de Lanonandeks, mais n’avait jamais exercé les fonctions de Souverain Systémique. Il entra pleinement dans l’insurrection de Lucifer. Le « diable » n’est autre que Caligastia, le Prince Planétaire déposé d’Urantia et Fils de l’ordre secondaire des Lanonandeks. À l’époque où Micaël était incarné sur Urantia, Lucifer, Satan et Caligastia s’étaient ligués pour faire avorter sa mission d’effusion, mais ils subirent un cuisant échec. 53:1.5 Abaddon était le chef d’état-major de Caligastia. Il suivit son maitre dans la rébellion et a toujours agi depuis lors comme chef administratif des rebelles d’Urantia. Belzébuth était le chef des créatures médianes déloyales qui s’allièrent aux forces du traitre Caligastia. 53:1.6 Le dragon devint finalement le symbole représentatif de ces trois mauvais personnages. Lors du triomphe de Micaël, « Gabriel descendit de Salvington et lia le dragon (tous les chefs rebelles) pour un âge ». Quant aux rebelles séraphiques de Jérusem, il est écrit d’eux : « Et les anges qui n’ont pas gardé leur premier état, mais qui ont abandonné leur propre demeure, il les a solidement enchainés dans les ténèbres en les réservant pour le jugement du grand jour. » 2. Les causes de la rébellion 53:2.1 Lucifer et son premier assistant, Satan, avaient régné sur Jérusem pendant plus de cinq-cent-mille ans lorsqu’ils commencèrent à se dresser dans leur cœur contre le Père Universel et son Fils Micaël, alors vice-gérant de Nébadon. 53:2.2 Il n’y avait pas de conditions particulières ou spéciales dans le système de Satania pour suggérer ou favoriser une rébellion. Nous croyons que l’idée prit origine et forme dans le mental de Lucifer, et qu’il aurait pu être l’instigateur d’une telle rébellion où qu’il eût été placé. Lucifer commença par annoncer ses plans à Satan, mais il fallut plusieurs mois pour corrompre le mental de son brillant et habile associé. Toutefois, quand Satan fut converti aux théories rebelles, il devint un audacieux et sérieux partisan de « l’affirmation de soi et de la liberté ». 53:2.3 Personne ne suggéra jamais à Lucifer de se rebeller. L’idée de s’affirmer en opposition à la volonté de Micaël et aux plans du Père Universel, tels qu’ils étaient représentés par Micaël, prit naissance dans son propre mental. Ses relations avec le Fils Créateur avaient été étroites et toujours cordiales. À aucun moment avant d’exalter son propre mental, Lucifer n’avait exprimé ouvertement de mécontentement à propos de l’administration de l’univers. Malgré son silence, et pendant plus de cent ans du temps standard, l’Union des Jours de Salvington avait informé Uversa par réflectivité que tout n’était pas en paix dans le mental de Lucifer. Cette information avait également été communiquée au Fils Créateur et aux Pères de la Constellation de Norlatiadek. 53:2.4 Pendant toute cette période, Lucifer se mit à critiquer de plus en plus l’ensemble du plan d’administration de l’univers, tout en professant toujours une sincère loyauté envers les Chefs Suprêmes. Il manifesta franchement sa première déloyauté à l’occasion d’une visite de Gabriel à Jérusem, juste quelques jours avant de proclamer ouvertement la Déclaration Luciférienne de Liberté. Gabriel fut si profondément impressionné par la certitude d’une révolte imminente qu’il se rendit directement sur Édentia pour conférer avec les Pères de la Constellation sur les mesures à prendre en cas de rébellion ouverte. 53:2.5 Il est très difficile de citer la cause ou les causes exactes qui culminèrent finalement dans la rébellion de Lucifer. Nous ne sommes certains que d’une chose, c’est que les premiers commencements, quels qu’ils aient été, eurent leur origine dans le mental de Lucifer. Il a dû exister un orgueil du moi qui s’est nourri au point de tromper Lucifer sur lui-même, de sorte qu’il se persuada réellement pendant un temps que sa rébellion projetée agirait effectivement pour le bien du système, et peut-être de l’univers. Au moment où la mise en œuvre de ses plans fut développée au point de le désillusionner, il était déjà indubitablement allé trop loin pour que son orgueil originel fauteur de désordre lui permît de s’arrêter. À un certain point de cette expérience, il cessa d’être sincère, et le mal se transforma en péché volontaire et délibéré. La conduite ultérieure de ce brillant administrateur en apporte la preuve. On lui fournit longtemps des occasions de se repentir, mais seuls quelques-uns de ses subordonnés acceptèrent la miséricorde offerte. Sur la requête des Pères de la Constellation, le Fidèle des Jours d’Édentia en personne présenta le plan de salut de Micaël pour ces rebelles patents, mais la miséricorde du Fils Créateur fut toujours rejetée, et même rejetée avec un mépris et un dédain croissants. 3. Le manifeste de Lucifer 53:3.1 Quels qu’eussent été les motifs initiaux de trouble dans le cœur de Lucifer et de Satan, la révolte se concrétisa sous forme de la Déclaration Luciférienne de Liberté. La cause des rebelles fut exposée sous trois rubriques : 53:3.2 1. La réalité du Père Universel. Lucifer prétendit que le Père Universel n’existait pas réellement, que la gravité physique et l’énergie d’espace étaient inhérentes à l’univers, et que le Père était un mythe inventé par les Fils du Paradis pour leur permettre de conserver le pouvoir sur les univers au nom du Père. Il nia que la personnalité fût un don du Père Universel. Il insinua même que les finalitaires étaient de connivence avec les Fils du Paradis pour introduire la fraude dans toute la création, car ils ne rapportaient jamais une idée bien nette de la personnalité actuelle du Père telle qu’on peut la discerner au Paradis. Il traita le respect d’ignorance. L’accusation était catégorique, terrible et blasphématoire. C’est sans aucun doute cette attaque voilée contre les finalitaires qui incita les citoyens ascendants alors présents sur Jérusem à rester fermes et à résister résolument à toutes les propositions des rebelles. 53:3.3 2. Le gouvernement universel de Micaël, le Fils Créateur. Lucifer soutint que les systèmes locaux devaient être autonomes. Il protesta contre le droit de Micaël, le Fils Créateur, d’assumer la souveraineté de Nébadon au nom d’un Père Paradisiaque hypothétique et de demander à toutes les personnalités de reconnaitre leur allégeance à ce Père invisible. Il affirma que tout le plan d’adoration était un stratagème pour servir l’ambition des Fils du Paradis. Il accepta de reconnaitre Micaël comme son père-Créateur, mais non comme son Dieu et son chef légitime. 53:3.4 Il attaqua très violemment le droit des Anciens des Jours – « potentats étrangers » – de se mêler des affaires des systèmes locaux et des univers. Il stigmatisa ces dirigeants comme tyrans et usurpateurs. Il exhorta ses partisans à croire qu’aucun de ces dirigeants ne pouvait rien faire pour interférer avec le jeu de l’autonomie complète, pourvu que les hommes et les anges aient seulement le courage de s’affirmer et de réclamer audacieusement leurs droits. 53:3.5 Il prétendit que l’on pouvait empêcher les agents exécutifs des Anciens des Jours d’agir dans les systèmes locaux, pourvu seulement que les indigènes veuillent affirmer leur indépendance. Il soutint que l’immortalité était inhérente aux personnalités du système, que la résurrection était naturelle et automatique, et que tous les êtres n’étaient empêchés de vivre éternellement que par les actes arbitraires et injustes des agents exécutifs des Anciens des Jours. 53:3.6 3. L’attaque contre le plan universel d’éducation des mortels ascendants. Lucifer soutint que l’on dépensait beaucoup trop de temps et d’énergie à instruire si complètement les mortels ascendants dans les principes d’administration de l’univers, principes qu’il qualifiait de peu éthiques et de malsains. Il protesta contre le programme obligeant à préparer, pendant des âges, les mortels de l’espace en vue de quelque destinée inconnue et signala la présence, sur Jérusem, du corps des finalitaires comme une preuve que ces mortels avaient passé des millénaires de préparation pour une destinée de pure fiction. Il fit remarquer avec dérision que les finalitaires n’avaient pas rencontré de destinée plus glorieuse que d’être renvoyés sur d’humbles sphères semblables à celles de leur origine. Il suggéra qu’ils avaient été corrompus par un excès de discipline et un entrainement trop prolongé, et qu’en réalité ils trahissaient leurs compagnons mortels, puisqu’ils coopéraient maintenant au plan cherchant à asservir toute la création en faisant croire au mythe d’une destinée éternelle pour les mortels ascendants. Il soutint que les ascendeurs devaient jouir de la liberté de déterminer leur sort eux-mêmes. Il défia et condamna tout le plan d’ascension des mortels parrainé par les Fils Paradisiaques de Dieu et approuvé par l’Esprit Infini. 53:3.7 Et ce fut avec cette Déclaration de Liberté que Lucifer déclencha son orgie de ténèbres et de mort. 4. La rébellion éclate 53:4.1 Le manifeste de Lucifer fut proclamé au conclave annuel de Satania, sur la mer de verre, en présence des foules assemblées de Jérusem, le dernier jour de l’année, il y a environ deux-cent-mille ans du temps d’Urantia. Satan proclama que l’on pouvait adorer les forces universelles – physiques, intellectuelles et spirituelles – mais que l’on ne devait obéissance qu’à Lucifer, le présent chef actuel, « l’ami des hommes et des anges » et le « Dieu de la liberté ». 53:4.2 L’affirmation de soi fut le cri de guerre de la rébellion de Lucifer. L’un des principaux arguments de Lucifer fut le suivant : si un gouvernement autonome était bon et juste pour les Melchizédeks et pour d’autres groupes, il était également bon pour tous les ordres d’intelligences. Il mit de l’audace et de la persistance à recommander « l’égalité de mental » et « la fraternité d’intelligence ». Il maintint que tout gouvernement devait se limiter aux planètes locales et à leur confédération volontaire dans les systèmes locaux. Il rejeta toutes les autres supervisions. Il promit aux Princes Planétaires qu’ils gouverneraient leurs mondes comme exécutifs suprêmes. Il récusa le siège de la constellation comme emplacement des activités législatives, et de la capitale de l’univers comme centre directeur des affaires judiciaires. Il soutint que toutes ces fonctions gouvernementales devaient être concentrées sur les capitales des systèmes, et se mit à établir sa propre assemblée législative et organisa ses propres tribunaux sous la juridiction de Satan. Et il prescrivit que les princes des mondes apostats en fissent de même. 53:4.3 Tout le cabinet administratif de Lucifer passa en bloc dans son camp. Ses membres furent publiquement assermentés comme agents de l’administration du nouveau chef « des mondes et des systèmes libérés ». 53:4.4 Il y avait eu deux rébellions antérieures dans Nébadon, mais dans des constellations lointaines. Lucifer soutint que ces insurrections avaient échoué parce que la majorité des êtres intelligents n’avait pas suivi les chefs. Il affirma que « les majorités gouvernent » et que « le mental est infaillible ». La liberté que lui donnaient les dirigeants de l’univers soutint apparemment beaucoup de ses prétentions néfastes. Il défia tous ses supérieurs, et, cependant, ils ne parurent pas prêter attention à ses agissements. Il fut laissé libre de poursuivre son plan séduisant sans empêchements ni entraves. 53:4.5 Lucifer présenta tous les délais miséricordieux de la justice comme une preuve que le gouvernement des Fils du Paradis était incapable d’arrêter la rébellion. Il se mit à défier ouvertement et avec arrogance Micaël, Emmanuel et les Anciens des Jours, puis il présenta leur absence de réaction comme une preuve positive que les gouvernements de l’univers et du superunivers étaient impuissants. 53:4.6 Gabriel était présent en personne tout au cours de ces débats déloyaux, et il annonça simplement qu’au moment opportun, il parlerait pour Micaël, que le choix de tous les êtres serait libre et aucunement forcé, et que le « gouvernement des Fils pour le Père ne désirait la loyauté et la dévotion que si elles étaient volontaires, données de tout cœur et à l’épreuve des sophismes ». 53:4.7 Lucifer fut laissé libre d’établir son gouvernement rebelle et de l’organiser complètement avant que Gabriel fît le moindre effort pour contester le droit à la sécession ou pour contrecarrer la propagande rebelle. Par contre, les Pères de la Constellation limitèrent immédiatement au système de Satania l’action des personnalités déloyales. Ce délai fut néanmoins une période de grandes tribulations et d’épreuves pour les êtres loyaux de tout Satania. Tout fut chaotique pendant quelques années, et il régna une grande confusion sur les mondes des maisons. 5. Nature du conflit 53:5.1 Lorsque la rébellion de Satania éclata, Micaël prit conseil de son frère paradisiaque Emmanuel. À la suite de cette importante conférence, Micaël annonça qu’il poursuivrait la politique qui avait caractérisé sa manière de traiter des soulèvements similaires dans le passé et adopterait une attitude de non-intervention. 53:5.2 À l’époque de cette rébellion et des deux précédentes, il n’existait pas d’autorité souveraine absolue et personnelle dans l’univers de Nébadon. Micaël gérait par droit divin comme vice-gérant du Père Universel, mais pas encore en vertu de son propre droit personnel. Il n’avait pas parachevé sa carrière d’effusion ; il n’avait pas encore été investi de « tous pouvoirs dans les cieux et sur la terre ». 53:5.3 Depuis l’éclatement de la rébellion jusqu’au jour de sa montée sur le trône comme dirigeant souverain de Nébadon, Micaël n’intervint jamais contre les forces rebelles de Lucifer. Il les laissa se déchainer librement pendant presque deux-cent-mille ans du temps d’Urantia. Le Christ Micaël possède maintenant d’amples pouvoirs et l’autorité pour régler rapidement, et même sommairement, de tels déchainements de déloyauté, mais nous doutons que cette autorité suprême l’inciterait à agir différemment si un autre soulèvement semblable se produisait. 53:5.4 Puisque Micaël choisissait de rester à l’écart de la guerre actuelle dans la rébellion de Lucifer, Gabriel réunit son état-major personnel sur Édentia. Puis, en conseil avec les Très Hauts, il décida d’assumer le commandement des armées loyales de Satania. Micaël resta sur Salvington tandis que Gabriel se rendait sur Jérusem et s’installait sur la sphère dédiée au Père – le même Père Universel dont Lucifer et Satan avaient mis en doute la personnalité. En présence des foules loyales rassemblées, il déploya la bannière de Micaël, l’emblème matériel du gouvernement trinitaire de toute la création, les trois cercles concentriques bleu d’azur sur fond blanc. 53:5.5 L’emblème de Lucifer était une bannière blanche avec un cercle rouge au centre duquel se trouvait un disque noir. 53:5.6 « Il y eut guerre dans le ciel ; le lieutenant de Micaël et ses anges combattirent contre le dragon (Lucifer, Satan et les princes apostats) ; et le dragon et ses anges rebelles combattirent, mais ne prévalurent pas. » Cette « guerre dans le ciel » ne fut pas une bataille physique, un conflit comme on les conçoit sur Urantia. Aux premiers temps de la lutte, Lucifer discourut en permanence dans l’amphithéâtre planétaire. Gabriel avait établi son quartier général à proximité, et de là il mit sans cesse à nu les sophismes des rebelles. Les diverses personnalités présentes sur la sphère et qui hésitaient sur l’attitude à prendre allaient et venaient entre ces discussions jusqu’à ce qu’elles fussent parvenues à une décision définitive. 53:5.7 Mais cette guerre dans le ciel était terrible et très réelle. Elle n’offrait à la vue aucun des actes barbares si caractéristiques de la guerre physique sur les mondes sans maturité, mais le conflit était beaucoup plus implacable. C’est la vie matérielle qui est menacée dans les combats matériels, mais c’est pour des enjeux de vie éternelle que la guerre dans le ciel faisait rage. 6. Un commandant séraphique loyal 53:6.1 De nombreuses personnalités accomplirent beaucoup de nobles actions inspiratrices de dévotion et de loyauté durant l’intérim entre l’ouverture des hostilités et l’arrivée du nouveau dirigeant systémique avec son état-major. Mais le plus poignant de ces audacieux exploits de dévotion fut la conduite courageuse de Manotia, commandant en second des séraphins du quartier général de Satania. 53:6.2 Lorsque la rébellion éclata sur Jérusem, le chef des armées séraphiques épousa la cause de Lucifer. Cela explique indubitablement pourquoi un si grand nombre de séraphins du quatrième ordre, les administrateurs systémiques, s’égarèrent. Le chef séraphique fut spirituellement aveuglé par la brillante personnalité de Lucifer, dont les manières charmantes fascinaient les créatures célestes des ordres inférieurs. Elles ne pouvaient tout simplement pas comprendre qu’il fût possible à une personnalité aussi éblouissante de faire fausse route. 53:6.3 Il n’y a pas longtemps, en décrivant les expériences associées au début de la rébellion de Lucifer, Manotia disait : « Mes instants les plus vivifiants furent ceux de la palpitante aventure liée à la rébellion de Lucifer, lorsqu’à titre de commandant en second des séraphins, je refusai de participer au projet d’insulter Micaël. Les puissants rebelles cherchèrent à me détruire au moyen des forces de liaison qu’ils avaient mises en place. Il y eut un formidable bouleversement sur Jérusem, mais nul séraphin loyal n’eut de mal. 53:6.4 « Mon supérieur immédiat ayant fait défaut, il m’incombait d’assumer le commandement des légions d’anges de Jérusem en tant que directeur titulaire des affaires séraphiques confuses du système. J’étais moralement soutenu par les Melchizédeks, habilement aidé par une majorité de Fils Matériels, abandonné par un immense groupe de mon propre ordre, mais magnifiquement encouragé par les mortels ascendants de Jérusem. 53:6.5 « Ayant été automatiquement coupé des circuits de la constellation par la sécession de Lucifer, nous dépendions de la loyauté de notre corps de renseignements qui envoyait des appels à l’aide sur Édentia depuis le système voisin Rantulia. Nous constatâmes que le règne de l’ordre, la loyauté intellectuelle et l’esprit de vérité triomphaient par inhérence de la rébellion, de l’affirmation de soi et de la prétendue liberté personnelle. Nous fûmes capables de résister jusqu’à l’arrivée du nouveau Souverain Systémique, le valeureux successeur de Lucifer. Immédiatement après, je fus affecté au corps d’administration provisoire d’Urantia des Melchizédeks et j’assumai la juridiction sur les ordres séraphiques loyaux de la planète du traitre Caligastia. Celui-ci avait nommé sa sphère membre du système nouvellement projeté de ‘mondes libérés et de personnalités émancipées’ proposé dans l’infâme Déclaration de Liberté émise par Lucifer dans son appel aux ‘intelligences aimant la liberté, pensant librement et orientées vers l’avenir dans les mondes mal commandés et mal administrés de Satania’ ». 53:6.6 Cet ange est encore en service sur Urantia où il fonctionne comme chef adjoint des séraphins. 7. Histoire de la rébellion 53:7.1 La rébellion de Lucifer eut lieu à l’échelle systémique. Trente-sept Princes Planétaires séparatistes firent passer, dans une large mesure, les administrations de leurs mondes du côté de l’archirebelle. C’est seulement sur Panoptia que le Prince Planétaire ne réussit pas à entrainer ses peuples avec lui. Sur ce monde, et sous la direction des Melchizédeks, le peuple se rallia au soutien de Micaël. Éllanora, une jeune femme de ce royaume de mortels, prit le commandement des races humaines, et pas une seule âme de ce monde déchiré par le conflit ne s’enrôla sous la bannière de Lucifer. Et depuis lors, ces Panoptiens loyaux ont toujours servi sur le septième monde de transition de Jérusem comme gardiens et bâtisseurs sur la sphère du Père et sur les sept mondes de détention qui l’entourent. Les Panoptiens n’agissent pas seulement comme de véritables gardiens de ces mondes, mais exécutent aussi les ordres personnels de Micaël pour les embellir en vue d’un futur emploi inconnu. Ils effectuent ce travail en s’attardant sur la route d’Édentia. 53:7.2 Durant toute cette période, Caligastia plaidait la cause de Lucifer sur Urantia. Les Melchizédeks s’opposèrent habilement au Prince Planétaire apostat, mais les sophismes d’une liberté effrénée et les illusions de l’affirmation de soi avaient toutes les chances de tromper les peuples primitifs d’un monde jeune et peu développé. 53:7.3 Les rebelles ne pouvaient faire leur propagande de sécession que par des efforts personnels, parce que le service des télédiffusions et tous les autres moyens de communication interplanétaires avaient été coupés par l’action des superviseurs systémiques des circuits. Dès que l’insurrection éclata effectivement, tout le système de Satania fut isolé à la fois des circuits de la constellation et de ceux de l’univers. Pendant ce temps, des agents séraphiques et des Messagers Solitaires transmirent tous les messages reçus ou expédiés. Les circuits aboutissant aux mondes déchus furent également coupés, de sorte que Lucifer ne put les employer pour propager son plan néfaste. Et ces circuits ne seront pas rétablis tant que l’archirebelle vivra dans Satania. 53:7.4 Ce fut une rébellion Lanonandek. Les ordres supérieurs de filiation de l’univers local ne se rallièrent pas à la sécession de Lucifer. Un petit nombre des Porteurs de Vie stationnés sur les planètes rebelles fut cependant quelque peu influencé par la rébellion des princes déloyaux. Aucun des Fils Trinitisés ne s’égara. Les Melchizédeks, les archanges et les Brillantes Étoiles du Soir restèrent tous loyaux à Micaël, et, avec l’aide de Gabriel, ils combattirent vaillamment pour la volonté du Père et le règne du Fils. 53:7.5 Aucun des êtres originaires du Paradis ne fut impliqué dans la déloyauté. Avec les Messagers Solitaires, ils établirent leur quartier général sur le monde de l’Esprit et restèrent sous le commandement du Fidèle des Jours d’Édentia. Aucun des conciliateurs n’apostasia, et pas un seul Archiviste Céleste ne s’égara, mais un fort contingent de rebelles fut prélevé parmi les Compagnons de la Morontia et les Instructeurs des Mondes des Maisons. 53:7.6 Dans l’ordre suprême des séraphins, nul ange ne fut perdu, mais, dans le suivant, l’ordre supérieur, un groupe considérable fut trompé et pris au piège. Quelques membres du troisième ordre, celui des anges superviseurs, furent également dévoyés. C’est dans le quatrième groupe, celui des anges administrateurs, les séraphins normalement affectés aux postes des capitales systémiques, que la plus terrible dislocation se produisit. Manotia sauva presque deux tiers d’entre eux, mais un peu plus du tiers suivit son chef dans les rangs rebelles. Un tiers de tous les chérubins de Jérusem attachés aux anges administrateurs fut perdu avec les séraphins déloyaux. 53:7.7 Parmi les aides angéliques planétaires, ceux qui sont affectés aux Fils Matériels, environ un tiers fut trompé, et presque dix pour cent des ministres de transition furent pris au piège. Jean eut une vision symbolique de cette scène lorsqu’il écrivit à propos du grand dragon rouge : « Et sa queue entraina le tiers des étoiles du ciel et les précipita dans les ténèbres. » 53:7.8 Les pertes les plus grandes eurent lieu dans les rangs des anges, mais la plupart des ordres inférieurs d’intelligences furent impliqués dans la déloyauté. Parmi les 681 217 Fils Matériels perdus dans Satania, quatre-vingt-quinze pour cent furent victimes de la rébellion de Lucifer. Sur les planètes individuelles dont les Princes Planétaires s’étaient ralliés à la cause de Lucifer, un grand nombre de créatures médianes fut perdu. 53:7.9 Sous beaucoup de rapports, cette rébellion fut le plus étendu et le plus désastreux des épisodes semblables dans Nébadon. Plus de personnalités furent impliquées dans cette insurrection que dans l’ensemble des deux autres. Et cela restera éternellement le déshonneur des émissaires de Lucifer et de Satan que de n’avoir pas épargné les écoles enfantines de la planète culturelle des finalitaires, mais d’avoir cherché plutôt à corrompre le mental en cours de développement des petites âmes sauvées des mondes évolutionnaires par miséricorde. 53:7.10 Les ascendeurs mortels étaient vulnérables, mais résistèrent mieux que les esprits inférieurs aux sophismes de la rébellion. Beaucoup de personnalités des premiers mondes des maisons, parmi celles qui n’avaient pas atteint la fusion définitive avec leur Ajusteur, tombèrent. Mais nul citoyen ascendant de Satania résidant à Jérusem ne participa à la rébellion, et cette abstention s’inscrit à la gloire de la sagesse du plan d’ascension. 53:7.11 Heure après heure et jour après jour, les stations de télédiffusion de tout Nébadon furent envahies par d’anxieux observateurs de toutes les classes imaginables d’intelligences célestes qui lisaient avec soin les bulletins de la rébellion de Satania. Ils se réjouissaient à mesure que les rapports se succédaient pour décrire l’inébranlable loyauté des ascendeurs mortels qui, sous la direction de leur Melchizédek, résistaient victorieusement aux efforts conjugués et prolongés de toutes les subtiles forces mauvaises qui se rassemblaient si rapidement sous l’étendard de la sécession et du péché. 53:7.12 Il s’écoula plus de deux ans du temps systémique entre le commencement de la « guerre dans le ciel » et l’installation du successeur de Lucifer. Le nouveau Souverain arriva enfin, atterrissant sur la mer de verre avec son état-major. Je faisais partie des réserves mobilisées par Gabriel sur Édentia, et je me rappelle bien le premier message de Lanaforge au Père de la Constellation de Norlatiadek. Il disait : « Aucun citoyen de Jérusem n’a été perdu. Tous les mortels ascendants ont survécu aux ardentes tribulations et sont sortis triomphants et entièrement victorieux de l’épreuve décisive. » Ce message fut envoyé à Salvington, à Uversa et au Paradis pour assurer que l’expérience de survie de l’ascension des mortels constituait la plus grande sécurité contre la rébellion et la meilleure sauvegarde contre le péché. La noble troupe de Jérusem comptait exactement 187 432 811 mortels fidèles. 53:7.13 Avec l’arrivée de Lanaforge, les archirebelles furent détrônés et dépouillés de tout pouvoir de gouvernement. On leur permit cependant de circuler librement dans Jérusem, sur les sphères morontielles, et même sur les planètes habitées individuelles. Ils poursuivirent leurs efforts trompeurs et séducteurs pour confondre et dévoyer le mental des hommes et des anges, mais, en ce qui concernait leur travail sur le mont administratif de Jérusem, « leur place ne fut plus trouvée ». 53:7.14 Lucifer était bien privé de toute autorité administrative dans Satania, mais il n’existait alors dans l’univers local ni puissance pour emprisonner ce rebelle pervers, ni tribunal pour l’anéantir. À cette époque, Micaël n’était pas encore dirigeant souverain. Les Anciens des Jours ont soutenu les Pères des Constellations qui s’emparaient du gouvernement systémique, mais n’ont communiqué aucune décision ultérieure dans les nombreux appels encore en cours concernant le statut présent et le sort futur de Lucifer, de Satan et de leurs associés. 53:7.15 C’est ainsi que ces archirebelles purent sillonner le système tout entier pour chercher à faire pénétrer davantage leurs doctrines de mécontentement et d’affirmation de soi. Mais, depuis plus de deux-cent-mille ans d’Urantia, ils ont été incapables de faire prévaloir leurs tromperies sur un autre monde. Aucun monde de Satania n’a été perdu depuis la chute des trente-sept, même parmi les mondes plus jeunes peuplés seulement après la rébellion. 8. Le Fils de l’Homme sur Urantia 53:8.1 Lucifer et Satan rôdèrent librement dans le système de Satania jusqu’au parachèvement de la mission d’effusion de Micaël sur Urantia. La dernière fois où ils se trouvèrent ensemble sur votre monde fut le moment de leur assaut conjugué contre le Fils de l’Homme. 53:8.2 Auparavant, lorsque les Princes Planétaires, les « Fils de Dieu » se rassemblaient périodiquement, « Satan venait aussi », prétendant qu’il représentait tous les mondes isolés des Princes Planétaires déchus. Mais cette liberté sur Jérusem lui a été refusée depuis l’effusion terminale de Micaël. À la suite de l’effort de Lucifer et de Satan pour corrompre Micaël pendant son incarnation d’effusion, toute sympathie à leur égard a péri dans Satania, c’est-à-dire hors des mondes pécheurs isolés. 53:8.3 L’effusion de Micaël mit fin à la rébellion de Lucifer dans tout Satania, sauf sur les planètes des Princes Planétaires apostats. Telle fut la signification de l’expérience personnelle de Jésus juste avant sa mort charnelle lorsqu’il s’écria en présence de ses disciples : « Et je vis Satan tomber du ciel comme un éclair. » Satan était venu avec Lucifer sur Urantia pour la dernière bataille décisive. 53:8.4 Le Fils de l’Homme avait confiance dans sa réussite et savait que son triomphe sur votre monde règlerait pour toujours le statut de ses ennemis séculaires, non seulement dans Satania, mais aussi dans les deux autres systèmes où le péché avait pénétré. La survie des mortels et la sécurité des anges furent affermies quand votre Maitre, répondant aux propositions lucifériennes, répliqua calmement avec une assurance divine : « Arrière de moi, Satan. » Ce fut, en principe, la véritable fin de la rébellion de Lucifer. Il est vrai que les tribunaux d’Uversa n’ont pas encore rendu la décision exécutive concernant l’appel de Gabriel sollicitant la destruction des rebelles, mais il n’y a aucun doute qu’ils vont statuer dans la plénitude des temps, car les premières mesures pour l’audience du cas ont déjà été prises. 53:8.5 Quelque temps avant sa mort, le Fils de l’Homme reconnaissait encore Caligastia comme techniquement Prince Planétaire d’Urantia. Jésus dit : « Maintenant est le jugement de ce monde ; maintenant le prince de ce monde sera jeté bas. » Un peu plus tard encore, avant de parachever l’œuvre de sa vie, il annonça : « Le prince de ce monde est jugé. » Et c’est ce même Prince détrôné et discrédité qui fut jadis appelé « Dieu d’Urantia ». 53:8.6 Le dernier acte de Micaël avant de quitter Urantia fut d’offrir son pardon à Caligastia et Daligastia, mais ils dédaignèrent cette affectueuse proposition. Caligastia, votre Prince Planétaire apostat, est encore libre de poursuivre ses desseins néfastes sur Urantia, mais n’a absolument pas le pouvoir de pénétrer dans le mental des hommes ni d’aborder leur âme pour les tenter ou les corrompre, à moins que les hommes ne désirent réellement être maudits par sa présence perverse. 53:8.7 Avant l’effusion de Micaël, ces chefs des ténèbres cherchaient à conserver leur autorité sur Urantia et résistaient opiniâtrement aux personnalités célestes mineures et subordonnées. Mais, depuis le jour de la Pentecôte, le traitre Caligastia et son tout aussi méprisable associé Daligastia sont serviles devant la majesté divine des Ajusteurs de Pensée du Paradis et de l’Esprit de Vérité protecteur, l’esprit de Micaël qui a été répandu sur toute chair. 53:8.8 Même ainsi, nul esprit déchu n’a jamais eu le pouvoir d’envahir le mental ni d’inquiéter l’âme des enfants de Dieu. Ni Satan ni Caligastia n’ont jamais pu toucher des fils de Dieu par la foi ou s’en approcher ; la foi est une armure efficace contre le péché et l’iniquité. Il est vrai que « quiconque est né de Dieu est son propre gardien, et le méchant ne le touche pas ». 53:8.9 En général, lorsque des mortels faibles et débauchés sont présumés être sous l’influence du diable et des démons, ils sont simplement dominés par leurs propres tendances avilissantes et sont emportés par leurs propensions naturelles. On a attribué au diable beaucoup de maux qui ne lui sont pas imputables. Caligastia est resté relativement impuissant depuis la croix du Christ. 9. Le présent statut de la rébellion 53:9.1 Dans les premiers temps de la rébellion de Lucifer, le salut fut offert par Micaël à tous les rebelles. À tous ceux qui feraient preuve d’un sincère repentir, il proposa de leur pardonner et de les réintégrer dans quelque poste de service universel dès qu’il aurait obtenu la souveraineté complète sur son univers. Aucun des chefs n’accepta cette offre miséricordieuse, mais des milliers d’anges et d’êtres célestes des ordres inférieurs, y compris des centaines de Fils et de Filles Matériels, acceptèrent la miséricorde proclamée par les Panoptiens et furent réhabilités au moment de la résurrection de Jésus il y a dix-neuf-cents ans. Depuis lors, ces êtres ont été transférés sur les mondes jérusémiques du Père, où il est techniquement nécessaire qu’ils soient maintenus jusqu’à ce que les tribunaux d’Uversa rendent leur décision sur l’affaire de Gabriel contre Lucifer. Mais nul ne doute que ces personnalités repentantes et sauvées seront exclues du décret d’annihilation quand le verdict sera rendu. Ces âmes en probation travaillent maintenant avec les Panoptiens à prendre soin du monde du Père. 53:9.2 Le maitre-fourbe n’est jamais retourné sur Urantia depuis l’époque où il essaya de détourner Micaël du dessein de parachever l’effusion qui devait l’établir de manière sûre et définitive comme maitre absolu de Nébadon. Quand Micaël devint le chef confirmé de Nébadon, Lucifer fut mis en prison par les agents des Anciens des Jours d’Uversa, et, depuis lors, il est resté prisonnier sur le satellite numéro 1 du groupe des sphères transitionnelles du Père qui entourent Jérusem. Et c’est là que les dirigeants des autres mondes et systèmes peuvent contempler la fin du déloyal Souverain de Satania. Paul connaissait le statut des chefs rebelles consécutif à l’effusion de Micaël, car il décrivit les chefs de Caligastia comme « une armée spirituelle de perversité dans les lieux célestes ». 53:9.3 Lorsque Micaël assuma la souveraineté suprême de Nébadon, il réclama aux Anciens des Jours le droit d’interner toutes les personnalités ayant pris part à la rébellion de Lucifer, ceci en attendant les ordonnances des tribunaux superuniversels dans le cas de Gabriel contre Lucifer, qui avait été soumis à la cour suprême d’Uversa depuis près de deux-cent-mille ans à la manière dont vous comptez le temps. En ce qui concerne le groupe de rebelles de la capitale du système, les Anciens des Jours firent droit à la demande de Micaël, mais avec une seule exception : Satan aurait la permission de faire des visites périodiques aux princes apostats des mondes déchus jusqu’à ce qu’un autre Fils de Dieu ait été accepté par ces mondes apostats ou jusqu’au moment où les tribunaux d’Uversa commenceraient à juger le cas de Gabriel contre Lucifer. 53:9.4 Satan pouvait venir sur Urantia parce que vous n’aviez aucun Fils résident ayant le rang nécessaire pour lui tenir tête – ni Prince Planétaire ni Fils Matériel. Depuis lors, Machiventa Melchizédek a été proclamé Prince Planétaire vice-gérant d’Urantia, et l’ouverture du procès de Gabriel contre Lucifer a donné le signal pour inaugurer des régimes planétaires temporaires sur tous les mondes isolés. Il est vrai que Satan a rendu périodiquement visite à Caligastia et à d’autres princes déchus jusqu’au moment des présentes révélations, qui coïncident avec la première audience du procès de Gabriel pour l’annihilation des archirebelles. Satan est maintenant détenu inconditionnellement sur les mondes-prisons de Jérusem. 53:9.5 Depuis l’effusion finale de Micaël, personne dans tout Satania n’a désiré se rendre sur les mondes-prisons pour porter secours aux rebelles internés. Et il n’y a plus eu d’êtres gagnés à la cause du trompeur. Pendant dix-neuf siècles, le statut de ces rebelles n’a pas changé. 53:9.6 Nous ne nous attendons pas à ce que les présentes restrictions de Satania soient levées avant que les Anciens des Jours aient définitivement disposé des archirebelles. Les circuits systémiques ne seront pas rétablis tant que Lucifer vivra. En attendant, ce dernier est complètement inactif. 53:9.7 Sur Jérusem, la rébellion a pris fin. Elle se termine sur les mondes déchus aussi vite que les Fils divins y arrivent. Nous croyons que tous les rebelles en mesure d’accepter la miséricorde l’ont déjà fait. Nous attendons le message-éclair télédiffusé qui privera ces traitres de l’existence de personnalité. Nous prévoyons que le verdict d’Uversa sera annoncé par l’ordre d’exécution télédiffusé qui annihilera ces rebelles internés. Alors, vous chercherez leur place, mais ne la trouverez pas. « Et ceux qui t’ont connu parmi les mondes seront étonnés de toi ; tu as été une terreur, mais tu n’existeras plus. » C’est ainsi que tous ces traitres indignes « deviendront comme s’ils n’avaient jamais été ». Tout le monde attend le décret d’Uversa. 53:9.8 Mais, pendant des âges, les sept mondes-prisons de ténèbres spirituelles dans Satania ont constitué un avertissement solennel pour tout Nébadon. Ils proclament éloquemment et efficacement la grande vérité « que la route du transgresseur est dure » ; « que chaque péché contient caché en lui le germe de sa propre destruction » ; que « le salaire du péché est la mort ». 53:9.9 [Présenté par Manovandet Melchizédek, jadis attaché à l’administration provisoire d’Urantia.] Fascicule 54. Problèmes de la rébellion de Lucifer 54:0.1 L’homme évolutionnaire trouve difficile de comprendre pleinement la signification du mal, de l’erreur, du péché et de l’iniquité, et d’en saisir le sens. L’homme est lent à percevoir que le contraste entre la perfection et l’imperfection produit le mal potentiel ; que le conflit entre la vérité et la fausseté crée la confusion et l’erreur ; que le don divin du libre arbitre, qui s’exprime par le choix, mène aux royaumes divergents du péché et de la droiture, que la recherche persévérante de la divinité conduit au royaume de Dieu, tandis que son rejet persistant aboutit aux domaines de l’iniquité. 54:0.2 Ce ne sont pas les Dieux qui créent le mal ou permettent le péché et la rébellion. Le mal potentiel existe dans le temps et dans un univers qui embrasse des niveaux différenciés de significations et de valeurs concernant la perfection. Le péché est potentiel dans tous les royaumes où des êtres imparfaits sont doués de la faculté de choisir entre le bien et le mal. La seule présence conflictuelle de la vérité et de la contre-vérité, des faits et de la fausseté, constitue le potentiel d’erreur. Le choix délibéré du mal constitue le péché ; le rejet volontaire de la vérité est l’erreur. La poursuite persistante du péché et de l’erreur constitue l’iniquité. 1. Vraie et fausse liberté 54:1.1 Parmi tous les problèmes troublants issus de la rébellion de Lucifer, aucun n’a occasionné plus de difficultés que l’inaptitude des mortels évolutionnaires immatures à distinguer la vraie liberté de la fausse. 54:1.2 La vraie liberté est la quête des âges et la récompense du progrès évolutionnaire. La fausse liberté est la subtile duperie de l’erreur du temps et du mal de l’espace. La liberté durable est fondée sur la réalité de la justice – de l’intelligence, de la maturité, de la fraternité et de l’équité. 54:1.3 La liberté est une technique autodestructrice de l’existence cosmique quand ses mobiles sont dépourvus d’intelligence, inconditionnels et incontrôlés. La vraie liberté se relie progressivement à la réalité et reste toujours pleine d’égards pour l’équité sociale, l’équité cosmique, la fraternité universelle et les obligations divines. 54:1.4 La liberté est suicidaire quand elle est divorcée d’avec la justice matérielle, la droiture intellectuelle, la longanimité sociale, le devoir moral et les valeurs spirituelles. La liberté est inexistante en dehors de la réalité cosmique, et toute réalité de personnalité est proportionnelle à ses relations avec la divinité. 54:1.5 La volonté autonome sans retenue et l’expression de soi sans contrôle équivalent à un égoïsme que rien ne vient adoucir, un summum d’impiété. La liberté non accompagnée d’une victoire toujours plus étendue sur soi-même est une fiction d’une imagination de mortel égoïste. La liberté motivée par le moi est une illusion conceptuelle, une cruelle duperie. La licence déguisée sous les vêtements de la liberté est l’avant-coureur d’une abjecte servitude. 54:1.6 La vraie liberté est associée à un sincère respect de soi ; la fausse liberté est la compagne de l’admiration de soi. La vraie liberté est le fruit de la maitrise de soi ; la fausse liberté est la prétention de s’affirmer soi-même. La maitrise de soi conduit au service altruiste ; l’admiration de soi tend à exploiter autrui afin d’assurer des avantages personnels à l’individu dans l’erreur, disposé à sacrifier l’accomplissement dans la droiture à la possession d’un pouvoir injuste sur ses compagnons. 54:1.7 La sagesse elle-même n’est divine et sûre que si elle procède d’une large vue cosmique et de mobiles spirituels. 54:1.8 Nulle erreur n’est plus grande que la sorte de duperie de soi qui conduit des êtres intelligents à la soif d’exercer leur pouvoir sur d’autres êtres, afin de les priver de leurs libertés naturelles. La règle d’or de l’équité humaine s’élève contre toutes ces fraudes, injustices, égoïsmes et manques de droiture. Seule une liberté authentique et véritable est compatible avec le règne de l’amour et le ministère de la miséricorde. 54:1.9 Comment la créature volontaire ose-t-elle empiéter sur les droits de ses compagnons au nom de la liberté personnelle, alors que les Chefs Suprêmes de l’univers s’effacent avec un respect miséricordieux devant les prérogatives de la volonté et les potentiels de la personnalité ! Dans l’exercice de sa liberté personnelle présumée, nul être n’a le droit de priver un autre être des privilèges de l’existence qui lui ont été conférés par les Créateurs et qui sont dument respectés par tous leurs associés, leurs subordonnés et leurs sujets loyaux. 54:1.10 Il se peut que l’homme évolutionnaire ait à lutter pour ses libertés matérielles contre des tyrans et des oppresseurs sur un monde de péché et d’iniquité ou durant les premiers temps d’une sphère primitive en évolution, mais il n’en est ainsi ni sur les mondes morontiels ni sur les sphères de l’esprit. La guerre est l’héritage de l’homme évolutionnaire primitif, mais, sur les mondes où la civilisation progresse normalement, il y a longtemps que le combat physique est discrédité en tant que technique pour résoudre des malentendus raciaux. 2. Le vol de la liberté 54:2.1 C’est avec le Fils et dans l’Esprit que Dieu projeta l’éternel Havona, et, depuis lors, l’archétype éternel de participation coordonnée à la création – le partage – a toujours prévalu. Cet archétype de partage est le modèle essentiel à suivre par chacun des Fils et des Filles de Dieu qui s’en vont dans l’espace pour tenter de copier dans le temps l’univers central de perfection éternelle. 54:2.2 Toute créature de tous les univers en évolution qui aspire à faire la volonté du Père est destinée à devenir partenaire des Créateurs de l’espace-temps dans cette magnifique aventure pour atteindre la perfection expérientielle. Si ce n’était pas vrai, le Père n’aurait jamais doté ces créatures du libre arbitre créatif, il ne les habiterait pas non plus, il n’entrerait pas effectivement en association avec elles au moyen de son propre esprit. 54:2.3 La folie de Lucifer fut de tenter l’infaisable, de court-circuiter le temps dans un univers expérientiel. Le crime de Lucifer fut sa tentative de priver de ses droits créatifs chaque personnalité de Satania, de réduire indument la participation personnelle des créatures – leur libre participation volontaire – à la longue lutte évolutionnaire pour atteindre le statut de lumière et de vie à la fois individuellement et collectivement. En agissant ainsi, cet ancien Souverain de votre système opposa directement le dessein temporel de sa propre volonté au dessein éternel de la volonté de Dieu tel qu’il est révélé par le don du libre arbitre à toutes les créatures personnelles. La rébellion de Lucifer menaçait ainsi de violer au maximum le libre arbitre des ascendeurs et des serviteurs du système de Satania. C’était la menace de priver perpétuellement chacun de ces êtres d’une expérience passionnante, celle d’apporter quelque chose de personnel et d’unique au monument de sagesse expérientielle qui s’élève lentement et qui existera un jour sous l’aspect du système de Satania devenu parfait. C’est ainsi que le manifeste de Lucifer, déguisé sous l’aspect de la liberté, se dresse dans la claire lumière de la raison comme une menace monumentale pour consommer le vol de la liberté personnelle, et cela sur une échelle dont on ne s’était encore approché que deux fois dans toute l’histoire de Nébadon. 54:2.4 En résumé, Lucifer aurait voulu enlever aux hommes et aux anges ce que Dieu leur a donné, c’est-à-dire le divin privilège de participer à la création de leur propre destinée et à la destinée de ce système local de mondes habités. 54:2.5 Nul être, dans tout l’univers, n’a légalement la liberté de priver un autre être de la vraie liberté, du droit d’aimer et d’être aimé, du privilège d’adorer Dieu et de servir son prochain. 3. Le délai temporel de justice 54:3.1 Les créatures volitives morales des mondes évolutionnaires sont toujours tracassées par la question irréfléchie de savoir pourquoi les Créateurs infiniment sages permettent le mal et le péché. Elles ne comprennent pas que le mal et le péché sont inévitables si les créatures doivent être vraiment libres. Le libre arbitre des hommes en évolution et des anges exquis n’est pas un simple concept philosophique, un idéal symbolique. L’aptitude des hommes à choisir le bien ou le mal est une réalité de l’univers. Cette liberté de choisir par soi-même est un don des Dirigeants Suprêmes, et ceux-ci interdisent à tout être ou groupe d’êtres, dans le vaste univers, de priver une seule personnalité de la liberté qui lui est divinement donnée – pas même pour satisfaire des êtres égarés et ignorants dans la jouissance de ce qu’ils appellent à tort la liberté personnelle. 54:3.2 Bien que l’identification consciente et délibérée avec le mal (le péché) soit équivalente à la non-existence (l’annihilation), il faut toujours qu’un délai intervienne entre le moment de l’identification personnelle avec le péché et l’exécution du châtiment – lequel survient automatiquement quand on s’adonne volontairement au mal. Ce délai représente une période de temps suffisante pour juger le statut universel du pécheur d’une manière entièrement satisfaisante pour toutes les personnalités de l’univers en rapport avec le cas, et en même temps assez équitable et juste pour gagner l’approbation du pécheur lui-même. 54:3.3 Mais, si ce rebelle de l’univers qui va à l’encontre de la réalité de la bonté et de la vérité refuse d’approuver le verdict, et si le coupable connait dans son cœur la justice de sa condamnation, mais refuse de la confesser, alors il faut que l’exécution de la sentence soit différée selon les convenances des Anciens des Jours. Or les Anciens des Jours refusent d’anéantir un être avant que toutes les valeurs morales et les réalités spirituelles soient éteintes aussi bien chez l’auteur du mal que chez tous ses partisans et sympathisants possibles. 4. Le délai de miséricorde 54:4.1 Un autre problème quelque peu difficile à expliquer dans la constellation de Norlatiadek concerne les raisons pour lesquelles il a été permis à Lucifer, à Satan et aux princes déchus de semer si longtemps la discorde avant d’être appréhendés, internés et jugés. 54:4.2 Des parents ayant engendré et élevé des enfants seront mieux à même de comprendre pourquoi Micaël, un Créateur-père, peut être lent à condamner et à détruire ses propres Fils. L’histoire du fils prodigue racontée par Jésus illustre bien comment un père aimant peut attendre longtemps le repentir de son enfant égaré. 54:4.3 Le fait même qu’une créature malfaisante puisse effectivement choisir de faire le mal – de commettre le péché – démontre la factualité du libre arbitre et justifie pleinement de longs délais dans l’exécution de la justice, pourvu que cette prolongation de la miséricorde ait des chances de conduire au repentir et à la réhabilitation. 54:4.4 La plupart des libertés que recherchait Lucifer, il les avait déjà, et il devait en recevoir d’autres dans l’avenir. Tous ces dons précieux furent perdus en cédant à l’impatience et en s’abandonnant au désir de posséder immédiatement ce qui est ardemment désiré, de s’en emparer au mépris du respect des droits et libertés de toutes les autres créatures composant l’univers des univers. Les obligations éthiques sont innées, divines et universelles. 54:4.5 Nous connaissons beaucoup de raisons pour lesquelles les Dirigeants Suprêmes ne détruisirent pas ni n’internèrent immédiatement les chefs de la rébellion de Lucifer, et il en existe indubitablement d’autres, peut-être meilleures, qui nous sont inconnues. Le délai dans l’exécution de la justice comportait des traits de miséricorde qui furent offerts personnellement par Micaël de Nébadon. Sans l’affection de ce Créateur-père pour ses Fils égarés, la justice suprême du superunivers aurait agi. Si un épisode tel que la rébellion de Lucifer s’était produit dans Nébadon pendant l’incarnation de Micaël sur Urantia, les instigateurs de ce mal auraient pu être immédiatement et absolument annihilés. 54:4.6 La justice suprême peut agir instantanément lorsqu’elle n’est pas tempérée par la miséricorde divine. Le ministère de miséricorde auprès des enfants du temps et de l’espace prévoit toujours ce délai, cet intervalle salutaire entre les semailles et la moisson. Si la graine semée est bonne, ce délai permet la mise à l’épreuve et l’affermissement du caractère ; si la graine semée est mauvaise, ce délai de miséricorde laisse le temps au repentir et à la rectification. Ce retard dans le jugement et l’exécution des malfaiteurs est inhérent au ministère de miséricorde des sept superunivers. Ce frein de la miséricorde sur la justice prouve que Dieu est amour, que ce Dieu d’amour domine les univers, et qu’il contrôle en miséricorde le destin et le jugement de toutes ses créatures. 54:4.7 Les délais de miséricorde du temps sont accordés par ordre des Créateurs usant de leur libre arbitre. L’univers peut tirer profit de la technique de patience employée envers les pécheurs rebelles. Il n’est que trop vrai que le bien ne peut pas venir du mal pour celui qui projette et accomplit le mal, mais il est également vrai que toutes choses (y compris le mal, potentiel ou manifeste) travaillent ensemble pour le bien de tous les êtres qui connaissent Dieu, aiment faire sa volonté et s’élèvent vers le Paradis conformément à son plan éternel et à son dessein divin. 54:4.8 Malgré le long délai (d’après le compte du temps sur Urantia) pour juger la rébellion de Lucifer, nous pouvons noter qu’à l’époque de la présente révélation, la première audience du procès en cours de Gabriel contre Lucifer a été tenue sur Uversa, et que, peu après, une décision des Anciens des Jours a été publiée, ordonnant que Satan soit désormais enfermé dans le monde-prison avec Lucifer. Cela met fin à la faculté qu’avait Satan de faire de nouvelles visites aux mondes déchus de Satania. Dans un univers dominé par la miséricorde, la justice est peut-être lente, mais elle est certaine. 5. La sagesse du délai 54:5.1 Parmi les nombreuses raisons que je connais et pour lesquelles Lucifer et ses acolytes n’ont été ni internés ni jugés plus tôt, je suis autorisé à exposer les suivantes : 54:5.2 1. La miséricorde exige que tout malfaiteur ait un temps suffisant pour élaborer une attitude délibérée et murement pesée au sujet de ses mauvaises pensées et de ses actes de péché. 54:5.3 2. La justice suprême est dominée par un amour de Père, et c’est pourquoi la justice ne détruira jamais ce que la miséricorde peut sauver. Le temps nécessaire pour accepter le salut est accordé à tout malfaiteur. 54:5.4 3. Nul père affectueux n’inflige jamais une punition précipitée à un membre de sa famille qui s’est trompé. La patience ne peut fonctionner indépendamment du temps. 54:5.5 4. Bien que la malfaisance soit toujours délétère pour une famille, la sagesse et l’amour exhortent les enfants intègres à supporter un frère égaré pendant le délai que le père affectueux accorde pour que le pécheur se rende compte de l’erreur de sa conduite et embrasse la voie du salut. 54:5.6 5. Indépendamment de l’attitude de Micaël envers Lucifer, et bien que Micaël fût le Créateur-père de Lucifer, il n’appartenait pas au Fils Créateur d’exercer une juridiction sommaire sur le Souverain Systémique apostat, parce que Micaël n’avait pas encore parachevé la carrière d’effusion qui devait le porter à la souveraineté non qualifiée de Nébadon. 54:5.7 6. Les Anciens des Jours auraient pu anéantir immédiatement les rebelles, mais ils exécutent rarement les malfaiteurs sans avoir pleinement entendu leur cas. En l’espèce, ils refusèrent de passer outre aux décisions de Micaël. 54:5.8 7. Il est évident qu’Emmanuel conseilla à Micaël de rester à l’écart des rebelles et de permettre à la rébellion de suivre son cours naturel d’autodestruction. Et la sagesse de l’Union des Jours est le reflet, dans le temps, de la sagesse unifiée de la Trinité du Paradis. 54:5.9 8. Sur Édentia, le Fidèle des Jours recommanda aux Pères de la Constellation de laisser les mains libres aux rebelles afin de déraciner au plus vite toute sympathie pour ces malfaiteurs dans le cœur de tous les citoyens présents et futurs de Norlatiadek – de toute créature mortelle, morontielle ou spirituelle. 54:5.10 9. Sur Jérusem, le représentant personnel de l’Exécutif Suprême d’Orvonton conseilla à Gabriel de fournir à toute créature vivante la pleine occasion de murir un choix délibéré dans les affaires touchées par la Déclaration de Liberté de Lucifer. Les questions de la rébellion ayant été soulevées, le conseiller du Paradis envoyé d’urgence auprès de Gabriel exposa que, si cette pleine et libre faculté n’était pas donnée à toutes les créatures de Norlatiadek, la quarantaine du Paradis serait étendue à toute la constellation, afin de se protéger de la présence possible de créatures tièdes ou frappées de doute. Pour laisser les portes de l’ascension au Paradis ouvertes aux êtres de Norlatiadek, il était nécessaire de prévoir le plein développement de la rébellion et de s’assurer de la complète détermination de l’attitude de tous les êtres qu’elle toucherait d’une manière quelconque. 54:5.11 10. La Divine Ministre de Salvington émit un mandat qui constituait sa troisième proclamation indépendante et ordonnait que rien ne fût fait pour guérir à moitié, supprimer lâchement ou masquer autrement le hideux visage des rebelles et de la rébellion. Les armées angéliques reçurent la consigne de veiller à ce que l’expression du péché fût pleinement révélée et reçût des occasions illimitées de se manifester, cette technique étant la plus rapide pour aboutir à la cure parfaite et définitive du fléau du mal et du péché. 54:5.12 11. Un comité d’urgence d’ex-mortels, composé de Puissants Messagers, de mortels glorifiés ayant eu l’expérience personnelle de situations semblables, et de leurs collègues, fut organisé sur Jérusem. Il avisa Gabriel que, si l’on recourait à des méthodes de suppression arbitraires ou sommaires, au moins trois fois plus d’êtres seraient dévoyés. Tout le corps des conseillers d’Uversa fut d’accord pour recommander à Gabriel de permettre à la rébellion de prendre pleinement son cours naturel, même s’il fallait ensuite un million d’années pour en liquider les conséquences. 54:5.13 12. Même dans un univers du temps, le temps est relatif. Si un mortel urantien à durée de vie moyenne commettait un crime transformant la planète en pandémonium, et s’il était appréhendé, jugé et exécuté dans les deux ou trois jours après son crime, ce délai vous paraitrait-il long ? Et pourtant, par rapport à la durée de la vie de Lucifer, la comparaison resterait valable même si son jugement présentement commencé ne devait pas se terminer avant cent-mille ans du temps d’Urantia. Du point de vue d’Uversa, où le litige est en suspens, on peut estimer le délai relativement en disant que la justice a été saisie du crime de Lucifer deux secondes et demie après qu’il fut commis. Du point de vue du Paradis, le jugement est concomitant avec l’acte. 54:5.14 Vous pourriez encore comprendre partiellement tout autant de raisons valables pour ne pas arrêter arbitrairement la rébellion de Lucifer, mais je ne suis pas autorisé à vous les exposer. Je peux toutefois vous informer que, sur Uversa, nous enseignons quarante-huit raisons pour permettre au mal de suivre le plein cours de sa propre faillite morale et de son anéantissement spirituel. Je ne doute pas qu’il y ait encore tout autant de raisons qui me sont inconnues. 6. Le triomphe de l’amour 54:6.1 Quelles que soient les difficultés rencontrées par les mortels évolutionnaires dans leurs efforts pour comprendre la rébellion de Lucifer, il devrait être clair pour tous les penseurs réfléchis que la technique employée vis-à-vis des rebelles est une justification de l’amour divin. La miséricorde aimante accordée aux rebelles parait avoir entrainé beaucoup d’êtres innocents dans des épreuves et des tribulations ; mais toutes ces personnes déchirées peuvent se fier en toute sécurité aux Juges infiniment sages pour se prononcer sur leur destinée avec autant de miséricorde que de justice. 54:6.2 Dans toutes leurs tractations avec des êtres intelligents, le Fils Créateur et son Père Paradisiaque sont tous deux dominés par l’amour. Bien des phases du comportement des chefs de l’univers envers des rebelles et une rébellion – les pécheurs et le péché – sont incompréhensibles, à moins de se rappeler que Dieu en tant que Père a la préséance sur toutes les autres phases de la manifestation de la Déité dans tous les rapports entre la divinité et l’humanité. Il ne faut pas non plus oublier que les actes des Fils Créateurs Paradisiaques sont tous motivés par la miséricorde. 54:6.3 Si le père aimant d’une grande famille choisit de se montrer miséricordieux envers l’un de ses enfants coupable d’un grave méfait, il peut arriver que l’octroi de la miséricorde à cet enfant qui se conduit mal impose temporairement des privations à tous les autres enfants qui se conduisent bien. Ces éventualités sont inévitables ; le risque est inséparable de la réalité consistant à avoir un père affectueux et à être membre d’un groupe familial. Chaque membre de la famille profite de la bonne conduite de tous les autres, et de même il faut que chaque membre souffre immédiatement des conséquences temporelles de l’inconduite de tous les autres. Les familles, les groupes, les nations, les races, les mondes, les systèmes, les constellations et les univers sont des associations de relations, possédant une individualité ; c’est pourquoi tout membre d’un groupe, grand ou petit, récolte les bénéfices des bonnes actions et supporte les conséquences des méfaits de tous les autres membres du groupe concerné. 54:6.4 Mais il est bon de clarifier une chose : si vous êtes amené à souffrir des conséquences fâcheuses du péché d’un membre de votre famille, d’un concitoyen, d’un compagnon mortel, ou même d’une rébellion dans le système ou ailleurs – quelles que soient vos souffrances dues à l’inconduite de vos associés, compagnons ou supérieurs – vous pouvez vous fier à la certitude éternelle que ces tribulations ne sont que des afflictions temporaires. Aucune de ces conséquences de la vie fraternelle, l’écart de conduite des membres de votre groupe, ne peut jamais compromettre vos perspectives éternelles ni vous priver le moins du monde de votre droit divin de monter au Paradis et d’atteindre Dieu. 54:6.5 Et il existe des compensations pour ces épreuves, délais et déceptions qui accompagnent invariablement le péché de rébellion. Parmi les nombreuses répercussions profitables de la rébellion de Lucifer que l’on peut citer, j’attirerai seulement votre attention sur les carrières rehaussées des ascendeurs mortels, citoyens de Jérusem, qui, par leur résistance aux sophismes du péché, se sont placés en position de devenir de futurs Puissants Messagers, des compagnons de mon ordre. Tout être qui a supporté l’épreuve de ce fâcheux épisode a par là même avancé immédiatement son statut administratif et accru sa valeur spirituelle. 54:6.6 Au début, le bouleversement luciférien apparut comme une pure catastrophe pour le système et pour l’univers. Graduellement, ses avantages commencèrent à s’accumuler. Après vingt-cinq-mille ans du temps systémique (vingt-mille ans d’Urantia), les Melchizédeks commencèrent à enseigner que le bien résultant de la folie de Lucifer en était arrivé à égaler le mal subi. La somme du mal était alors devenue à peu près stationnaire, ne continuant à croitre que sur certains mondes isolés, tandis que les répercussions bienfaisantes continuaient à se multiplier et à s’étendre dans l’univers et le superunivers, et même jusqu’à Havona. Aujourd’hui, les Melchizédeks enseignent que le bien résultant de la rébellion de Satania équivaut à plus de mille fois la somme de tout son mal. 54:6.7 Mais, pour tirer de la malfaisance une récolte bénéfique aussi extraordinaire, il fallait l’attitude sage, divine et miséricordieuse de tous les supérieurs de Lucifer, depuis les Pères de la Constellation sur Édentia jusqu’au Père Universel au Paradis. Le passage du temps a rehaussé les bonnes conséquences que l’on pouvait tirer de la folie de Lucifer ; et, puisque le mal à châtier avait atteint toute son ampleur en un temps relativement court, il est évident que les dirigeants infiniment sages et prévoyants de l’univers allaient certainement allonger le délai leur permettant de moissonner des résultats bénéficiaires croissants. Indépendamment des nombreuses raisons additionnelles pour appréhender et juger les rebelles de Satania, ce seul gain aurait suffi à expliquer pourquoi ces pécheurs n’ont pas été internés plus tôt et pourquoi on ne les a pas encore jugés et détruits. 54:6.8 Les mortels, dont le mental est à courte vue et lié par le temps, devraient y regarder à deux fois avant de critiquer les délais accordés par les prévoyants et infiniment sages administrateurs des affaires de l’univers. 54:6.9 L’une des erreurs de la pensée humaine à ce sujet consiste à croire que tous les mortels évolutionnaires d’une planète en évolution auraient choisi d’entrer dans la carrière du Paradis si leur monde n’avait pas été maudit par le péché. L’aptitude à refuser la survie ne date pas de l’époque de la rébellion de Lucifer. Les hommes ont toujours possédé le don du libre arbitre quant au choix de la carrière du Paradis. 54:6.10 À mesure que vous vous élèverez dans l’expérience de la survie, vous élargirez votre conception de l’univers, vous étendrez votre horizon de significations et de valeurs, et vous serez ainsi mieux à même de comprendre pourquoi l’on permet à des êtres comme Lucifer et Satan de persister dans leur rébellion. Vous saisirez également mieux comment on peut tirer un bien ultime (sinon immédiat) d’un mal limité dans le temps. Après avoir atteint le Paradis, vous serez réellement éclairés et réconfortés en entendant les philosophes supéraphiques discuter et expliquer ces profonds problèmes d’ajustement universel. Mais, même alors, je doute que vous soyez entièrement satisfaits dans votre propre mental. Du moins je ne le fus pas, même lorsque j’eus atteint ainsi l’apogée de la philosophie de l’univers. Je ne suis pas parvenu à comprendre pleinement ces complexités avant d’avoir été affecté à un poste administratif du superunivers. C’est là que, par une expérience effective, j’ai acquis une capacité de conception suffisante pour comprendre, en équité cosmique et en philosophie spirituelle, ces problèmes complexes. À mesure que vous vous élèverez vers le Paradis, vous apprendrez de plus en plus que l’on ne peut comprendre beaucoup d’aspects problématiques de l’administration de l’univers qu’après avoir acquis une capacité expérientielle accrue et une clairvoyance spirituelle supérieure. Pour comprendre les situations cosmiques, la sagesse cosmique est essentielle. 54:6.11 [Présenté par un Puissant Messager ayant l’expérience d’avoir survécu à la première rébellion systémique des univers du temps, présentement attaché au gouvernement du superunivers d’Orvonton, et agissant en la matière sur la demande de Gabriel de Salvington.] Fascicule 55. Les sphères de lumière et de vie 55:0.1 L’âge de lumière et de vie est l’aboutissement évolutionnaire final d’un monde du temps et de l’espace. Depuis l’époque initiale de l’homme primitif, un tel monde habité a passé par la série des âges planétaires – les âges antérieur et postérieur au Prince Planétaire, l’âge postadamique, l’âge postérieur au Fils Magistral et l’âge postérieur au Fils d’effusion. Ce monde est alors préparé pour l’aboutissement évolutionnaire culminant – le statut confirmé de lumière et de vie – par le ministère des missions planétaires successives des Fils Instructeurs de la Trinité avec leurs révélations toujours plus avancées de vérité divine et de sagesse cosmique. Dans leurs efforts pour établir l’âge planétaire final, les Fils Instructeurs bénéficient toujours de l’assistance des Brillantes Étoiles du Soir et quelquefois des Melchizédeks. 55:0.2 Cette ère de lumière et de vie inaugurée par les Fils Instructeurs à la fin de leur mission planétaire terminale se poursuit indéfiniment sur les mondes habités. Les actes judiciaires des Fils Magistraux peuvent diviser chaque stade progressif de statut confirmé en une succession de dispensations, mais tous ces actes judiciaires sont purement techniques et ne modifient en rien le cours des évènements planétaires. 55:0.3 Seules les planètes qui atteignent l’existence dans les circuits principaux du superunivers sont assurées d’une survivance perpétuelle, mais, autant que nous le sachions, ces mondes ancrés dans la lumière et la vie sont destinés à poursuivre leur course dans tous les âges éternels des temps futurs. 55:0.4 Le déroulement de l’ère de lumière et de vie sur un monde évolutionnaire comporte sept stades et, sous ce rapport, il faut noter que les mondes des mortels qui fusionnent avec l’Esprit évoluent selon des lignes identiques à ceux des séries à fusion d’Ajusteurs. Voici les sept stades de lumière et de vie : 55:0.5 1. Le premier stade ou stade planétaire. 55:0.6 2. Le deuxième stade ou stade du système. 55:0.7 3. Le troisième stade ou stade de la constellation. 55:0.8 4. Le quatrième stade ou stade de l’univers local. 55:0.9 5. Le cinquième stade ou stade du secteur mineur. 55:0.10 6. Le sixième stade ou stade du secteur majeur. 55:0.11 7. Le septième stade ou stade du superunivers 55:0.12 À la fin du présent fascicule, ces stades de développement progressif sont décrits d’après leurs rapports avec l’organisation de l’univers, mais les valeurs planétaires de n’importe quel stade peuvent être atteintes par n’importe quel monde, tout à fait indépendamment du développement des autres mondes ou des niveaux superplanétaires d’administration de l’univers. 1. Le temple morontiel 55:1.1 La présence d’un temple morontiel sur la capitale d’un monde habité est le certificat d’admission de cette sphère aux âges confirmés de lumière et de vie. Avant que les Fils Instructeurs ne quittent un monde à la fin de leur mission terminale, ils inaugurent cette époque finale d’aboutissement évolutionnaire ; ils président au jour où « le saint temple descend sur la terre ». Cet évènement marque l’aurore de l’ère de lumière et de vie ; il est toujours honoré par la présence personnelle du Fils d’effusion Paradisiaque de la planète, lequel vient assister à ce grand jour. C’est dans ce temple d’une beauté sans égale que le Fils Paradisiaque d’effusion élève celui qui fut si longtemps le Prince Planétaire au rang de Souverain Planétaire et investit ce fidèle Fils Lanonandeck de nouveaux pouvoirs et d’une autorité plus étendue sur les affaires planétaires. Le Souverain du Système est également présent et prend la parole pour confirmer ces déclarations. 55:1.2 Un temple morontiel est divisé en trois parties. Au centre se trouve le sanctuaire du Fils d’effusion du Paradis. À droite se trouve le siège de l’ancien Prince Planétaire désormais Souverain Planétaire ; et, quand ce Fils Lanonandek est présent dans le temple, les individus les plus spiritualisés du royaume peuvent le voir. À gauche se trouve le siège du chef en exercice des finalitaires attachés à la planète. 55:1.3 Bien que l’on ait parlé des temples planétaires comme « descendant du ciel », aucun matériau n’est en fait apporté du siège du système. L’architecture de chaque temple est élaborée en miniature sur la capitale systémique. Les Superviseurs de Pouvoir Morontiel apportent ensuite sur la planète ces plans approuvés, et là, en association avec les Maitres Contrôleurs Physiques, ils procèdent à la construction du temple morontiel conformément aux spécifications. 55:1.4 Un temple morontiel moyen peut contenir environ trois-cent-mille spectateurs. Ces édifices ne sont utilisés ni pour le culte, ni pour des jeux, ni pour recevoir des télécommunications. Ils sont consacrés aux cérémonies spéciales de la planète, telles que communications avec le Souverain Systémique ou avec les Très Hauts, cérémonies spéciales de visualisation destinées à révéler la présence personnelle d’êtres spirituels, et contemplations cosmiques silencieuses. C’est là que les écoles de philosophie cosmique organisent leurs exercices de gradation, et c’est également là que les humains du royaume reçoivent la reconnaissance planétaire pour la réalisation de grands services sociaux et pour d’autres accomplissements remarquables. 55:1.5 Le temple morontiel sert aussi de lieu de réunion pour assister au transfert des mortels vivants à l’existence morontielle. C’est parce que le temple de transfert est construit en matériaux morontiels qu’il n’est pas détruit par la gloire éclatante du feu consumant qui anéantit si complètement le corps physique des mortels qui font l’expérience de la fusion définitive avec leur Ajusteur divin. Sur une grosse sphère, ces éclairs de départ sont presque continus et, à mesure que le nombre des transferts augmente, on construit, dans différentes zones de la planète, des sanctuaires auxiliaires de vie morontielle. Il n’y a pas longtemps, j’ai séjourné sur un monde très septentrional où vingt-cinq de ces sanctuaires morontiels étaient en fonction. 55:1.6 Sur les mondes non encore ancrés, planètes sans temple morontiel, les éclairs de fusion se produisent souvent dans l’atmosphère planétaire, où le corps matériel du candidat au transfert est élevé par les créatures médianes et les contrôleurs physiques. 2. Mort et transfert 55:2.1 La mort physique naturelle n’est pas inévitable pour les humains. La majorité des êtres évolutionnaires avancés, citoyens de mondes parvenus à l’ère finale de lumière et de vie, ne meurent pas ; ils sont transférés directement de la vie dans la chair à l’existence morontielle. 55:2.2 Cette expérience de transfert de la vie matérielle à l’état morontiel – la fusion de l’âme immortelle avec l’Ajusteur intérieur – a lieu avec une fréquence qui s’accroit proportionnellement au progrès évolutionnaire de la planète. Au début, seuls quelques mortels au cours de chaque âge atteignent les niveaux de progrès spirituel permettant le transfert, mais, avec le commencement des âges successifs inaugurés par les Fils Instructeurs, il se produit de plus en plus de fusions avec l’Ajusteur avant la fin de la vie, de plus en plus longue, de ces mortels en progrès ; et, à l’époque de la mission terminale des Fils Instructeurs, environ un quart de ces mortels superbes sont exempts de la mort naturelle. 55:2.3 Plus tard encore dans l’ère de lumière et de vie, les créatures médianes ou leurs associés sentent l’approche de l’état où une âme va probablement s’unir avec son Ajusteur. Ils le signifient aux gardiens de la destinée qui, à leur tour, communiquent le renseignement au groupe finalitaire sous la juridiction duquel le mortel travaille. Ensuite, le Souverain Planétaire invite ce mortel à se démettre de toutes ses fonctions planétaires, à faire ses adieux à son monde d’origine et à se présenter au temple intérieur du Souverain Planétaire pour y attendre le transit morontiel, l’éclair de transfert entre le domaine matériel de l’évolution et le niveau morontiel de progression préspirituelle. 55:2.4 Quand la famille, les amis et le groupe de travail du candidat à la fusion se sont réunis dans le temple morontiel, ils se répartissent autour de la scène centrale où les candidats à la fusion se reposent en causant librement avec leurs amis rassemblés. Un cercle intermédiaire de personnalités célestes est mis en place pour protéger les mortels matériels de l’action des énergies qui se manifestent au moment où jaillit « l’éclair de vie » délivrant des liens de la chair mortelle le candidat à l’ascension. Cet éclair opère sur le mortel évolutionnaire toutes les transformations que la mort naturelle effectue sur ceux qu’elle délivre de la chair. 55:2.5 Beaucoup de candidats à la fusion peuvent être rassemblés en même temps dans le temple spacieux. Quelle merveilleuse occasion pour les mortels de se réunir ainsi pour assister à l’ascension de leurs bien-aimés dans des flammes spirituelles, et quel contraste avec les âges antérieurs où les mortels devaient livrer leurs morts à l’emprise des éléments terrestres ! Les scènes de pleurs et de lamentations, qui caractérisent les époques primitives de l’évolution humaine, sont maintenant remplacées par une joie extatique et un enthousiasme sublime tandis que ces mortels connaissant Dieu font des adieux temporaires à leurs bien-aimés et sont dissociés de leurs attaches matérielles par les feux spirituels de la splendeur ardente et de la gloire ascendante. Sur les mondes ancrés dans la lumière et la vie, les « funérailles » sont des occasions de joie suprême, de satisfaction profonde et d’espérance inexprimable. 55:2.6 L’âme de ces mortels en progrès est de plus en plus remplie de foi, d’espoir et d’assurance. L’esprit qui imprègne les spectateurs entourant le sanctuaire de transition ressemble à celui d’amis et de parents joyeux qui assisteraient aux examens de diplôme d’un candidat de leur groupe, ou qui se réuniraient pour être témoins de l’octroi d’un grand honneur à l’un des leurs. Il serait certainement avantageux que des humains moins évolués apprennent quelque peu à considérer la mort naturelle avec la même gaieté et le même enjouement. 55:2.7 Après l’éclair de fusion, les observateurs mortels ne peuvent plus rien voir de leurs compagnons transférés. Les âmes transférées se rendent directement par transit d’Ajusteurs à la salle de résurrection du monde approprié d’éducation morontielle. Les affaires concernant le transfert de mortels vivants au monde morontiel sont supervisées par un archange affecté à la sphère le jour où celle-ci a été ancrée dans la lumière et la vie. 55:2.8 À l’époque où un monde atteint le quatrième stade de lumière et de vie, plus de la moitié des mortels quittent la planète par transfert en s’élevant hors du monde des vivants. La diminution du nombre des morts se poursuit constamment, mais je ne connais aucun système dont les mondes habités, même ancrés depuis longtemps dans la vie, soient entièrement délivrés de la mort naturelle comme technique pour échapper aux liens de la chair. Et, jusqu’à ce que cet état supérieur d’évolution planétaire soit uniformément atteint, il faut que les mondes d’entrainement morontiel de l’univers local continuent à servir de sphères éducatives et culturelles aux progresseurs morontiels en évolution. L’élimination de la mort est théoriquement possible, mais, d’après ce que j’ai observé, elle ne s’est pas encore produite. Peut-être ce statut est-il susceptible d’être atteint dans les lointaines étapes futures des époques successives marquant le septième stade de l’ancrage dans la vie planétaire. 55:2.9 Les âmes transférées durant les âges d’épanouissement des sphères ancrées ne passent pas par les mondes des maisons. Elles ne séjournent pas non plus sur les mondes morontiels du système ou de la constellation en tant qu’étudiants. Elles ne passent par aucune des phases primitives de la vie morontielle. Ces ascendeurs mortels sont les seuls qui évitent d’aussi près la transition morontielle entre l’existence matérielle et le statut semi-spirituel. L’expérience initiale de ces mortels saisis-par-le-Fils dans leur carrière ascendante a lieu dans les services des mondes de progression du siège de l’univers local. Partant ensuite de ces mondes d’étude de Salvington, ils retournent comme instructeurs sur les mondes qu’ils ont court-circuités et se dirigent ensuite vers l’intérieur, vers le Paradis, par la route établie pour l’ascension des mortels. 55:2.10 Si vous pouviez seulement visiter une planète à un stade avancé de développement, vous saisiriez vite les raisons qui motivent une réception différenciée des ascendeurs sur les mondes des maisons et sur les mondes morontiels supérieurs. Vous comprendriez aisément que des êtres quittant ces sphères hautement évoluées sont prêts à reprendre leur ascension vers le Paradis bien avant la moyenne des mortels arrivant d’un monde désordonné et arriéré comme Urantia. 55:2.11 Quel que soit le niveau d’aboutissement planétaire d’où les hommes partent pour s’élever aux mondes morontiels, les sept sphères des maisons leur fournissent d’amples occasions d’acquérir par expérience comme maitres-élèves toutes les notions qui leur manquent à cause du statut avancé de leur planète natale. 55:2.12 L’univers ne manque jamais d’appliquer ces techniques d’égalisation destinées à veiller à ce que nul ascendeur ne soit privé de rien d’essentiel à son expérience d’ascension. 3. Les âges d’or 55:3.1 Durant cet âge de lumière et de vie, le monde prospère de plus en plus sous le règne paternel du Souverain Planétaire. À ces époques, les mondes progressent avec la force vive d’un seul langage, d’une seule religion et, sur les sphères normales, d’une seule race ; mais cet âge n’est pas parfait. Ces mondes ont encore des hôpitaux bien installés, des cliniques pour prendre soin des malades. Il y subsiste encore le problème de soigner les blessures accidentelles et les infirmités inévitables qui accompagnent la décrépitude de l’âge et les troubles de la sénilité. La maladie n’a pas encore été entièrement vaincue et les animaux terrestres n’ont pas été parfaitement soumis, mais ces mondes ressemblent au Paradis en comparaison des premiers temps de l’homme primitif durant l’âge qui précède le Prince Planétaire. Si vous pouviez être transportés subitement sur une planète à ce stade de développement, vous qualifierez instinctivement ce royaume de ciel sur terre. 55:3.2 Un gouvernement humain pour la conduite des affaires matérielles continue à fonctionner pendant tout cet âge de progrès et de perfection relatifs. Sur un monde que j’ai récemment visité et qui en était au premier stade de lumière et de vie, les activités publiques étaient financées par la technique de la dime. Chaque travailleur adulte – et tous les citoyens valides travaillant à quelque chose – payaient dix pour cent de leurs revenus ou de leurs plus-values au trésor public qui en disposait de la manière suivante : 55:3.3 1. Trois pour cent étaient dépensés pour la promotion de la vérité – science, éducation et philosophie. 55:3.4 2. Trois pour cent étaient consacrés à la beauté – jeux, loisirs sociaux et arts. 55:3.5 3. Trois pour cent étaient consacrés à la bonté – services sociaux, altruisme et religion. 55:3.6 4. Un pour cent était affecté aux réserves d’assurance contre le risque d’incapacité de travail résultant d’accidents, de maladies, de vieillesse ou de désastres inéluctables. 55:3.7 Les ressources naturelles de cette planète étaient administrées comme des possessions sociales, des propriétés de la communauté. 55:3.8 Sur ce monde, le plus grand honneur conféré à un citoyen était l’ordre du « service suprême », le seul titre de reconnaissance que l’on décernait dans le temple morontiel. Il était attribué à ceux qui s’étaient longtemps distingués dans une phase de découvertes supramatérielles ou de service social planétaire. 55:3.9 La plupart des postes sociaux et administratifs étaient tenus conjointement par un homme et une femme. La majeure partie de l’enseignement était aussi donnée conjointement, de même les responsabilités judiciaires étaient toutes assumées par des couples associés similaires. 55:3.10 Sur ces mondes superbes, la période de fécondité des femmes n’est pas très prolongée. Il n’est pas souhaitable qu’il y ait de trop grands écarts d’âge entre les enfants d’une même famille. Quand ils sont d’âges rapprochés, ils peuvent beaucoup mieux contribuer à leur éducation mutuelle. Sur ces planètes, ils sont magnifiquement éduqués par des systèmes compétitifs d’efforts assidus dans les domaines et départements avancés où l’on réalise des accomplissements divers dans la maitrise de la vérité, de la beauté et de la bonté. N’ayez crainte cependant, même ces sphères glorifiées présentent une bonne moisson de mal, tant réel que potentiel, qui stimule le choix entre la vérité et l’erreur, entre le bien et le mal, entre le péché et la droiture. 55:3.11 Néanmoins, il existe une pénalité certaine et inévitable attachée à l’existence mortelle sur les planètes évolutionnaires avancées. Lorsqu’un monde ancré progresse au-delà du troisième stade de lumière et de vie, tous les ascendeurs sont destinés à recevoir, avant d’atteindre le secteur mineur, une affectation temporaire d’une sorte ou d’une autre sur une planète passant par les stades primitifs de l’évolution. 55:3.12 Chaque ère successive représente des accomplissements plus élevés dans toutes les phases d’aboutissement planétaire. Au stade initial de la lumière, la révélation de la vérité est élargie jusqu’à embrasser les opérations de l’univers des univers ; tandis qu’au cours du deuxième âge, l’étude de la Déité tend à approfondir le concept protéiforme de la nature, de la mission, du ministère, des associations, de l’origine et de la destinée des Fils Créateurs, premier niveau de Dieu le Septuple. 55:3.13 Une planète de la dimension d’Urantia, lorsqu’elle est assez bien ancrée, pourrait disposer d’une centaine de sous-centres administratifs. Ces centres subordonnés seraient présidés par un des groupes suivants d’administrateurs qualifiés : 55:3.14 1. Les jeunes Fils et Filles Matériels amenés du siège systémique pour travailler comme assistants de l’Adam et de l’Ève régnants. 55:3.15 2. Les descendants de l’état-major semi-mortel du Prince Planétaire qui furent procréés sur certains mondes en vue de cette responsabilité et de quelques autres semblables. 55:3.16 3. La progéniture planétaire directe d’Adam et d’Ève. 55:3.17 4. Les créatures médianes matérialisées et humanisées. 55:3.18 5. Les mortels ayant statut de fusion avec leur Ajusteur et qui, sur leur propre demande et sur ordre de l’Ajusteur Personnalisé chef de son ordre dans l’univers, sont temporairement dispensés de transfert pour pouvoir conserver sur la planète certains postes administratifs importants. 55:3.19 6. Les mortels spécialement entrainés sortant des écoles planétaires d’administration et ayant mérité l’ordre du suprême service du temple morontiel. 55:3.20 7. Certaines commissions élues de trois citoyens bien qualifiés, parfois choisis par la communauté sous la direction du Souverain Planétaire d’après leur aptitude spéciale à accomplir certaines tâches définies nécessaires dans ce secteur planétaire particulier. 55:3.21 Le grand handicap auquel Urantia doit faire face pour atteindre la haute destinée planétaire de lumière et de vie provient des problèmes de la maladie, de la dégénérescence, de la guerre, des races multicolores et du multilinguisme. 55:3.22 Nul monde évolutionnaire ne peut espérer progresser au-delà du premier stade d’ancrage dans la lumière sans s’être rallié à un seul langage, une seule religion, une seule philosophie. Le fait de n’appartenir qu’à une race facilite grandement cet accomplissement, mais l’existence de nombreux peuples sur Urantia n’exclut pas l’aboutissement à des stades supérieurs. 4. Rajustements administratifs 55:4.1 Au cours des stades successifs de l’existence ancrée, les mondes habités font de merveilleux progrès sous la sage et sympathique administration des volontaires du Corps de la Finalité, ascendeurs ayant atteint le Paradis et revenus apporter leur ministère à leurs frères dans la chair. Ces finalitaires coopèrent activement avec les Fils Instructeurs de la Trinité, mais ne commencent pas à participer réellement aux affaires du monde avant l’apparition sur terre du temple morontiel. 55:4.2 Après que le ministère planétaire du Corps de la Finalité a été officiellement installé, la majorité des légions célestes se retire, mais les gardiens séraphiques de la destinée continuent leur ministère personnel auprès des mortels progressant dans la lumière ; en effet ces anges arrivent même en nombre toujours croissant pendant les âges ancrés, car des groupes de plus en plus importants d’êtres humains atteignent durant leur vie sur la planète le troisième cercle cosmique d’aboutissement mortel coordonné. 55:4.3 Ceci n’est que le premier des ajustements administratifs accompagnant le déroulement des âges successifs d’aboutissements de plus en plus brillants sur les mondes habités passant du premier au septième stade d’existence ancrée. 55:4.4 1. Le premier stade de lumière et de vie. Un monde à ce stade initial d’ancrage est administré par trois dirigeants : 55:4.5 a. Le Souverain Planétaire bientôt conseillé par un Fils Instructeur de la Trinité, très probablement le chef du dernier corps de ces Fils ayant opéré sur la planète. 55:4.6 b. Le chef du corps planétaire des finalitaires. 55:4.7 c. Adam et Ève qui, conjointement, unifient le double commandement du Prince-Souverain et du chef des finalitaires. 55:4.8 Agissant comme interprètes pour les gardiens séraphiques et les finalitaires, se situent les créatures médianes élevées et libérées. L’un des derniers actes des Fils Instructeurs de la Trinité dans leur mission terminale consiste à libérer les médians du royaume et à les promouvoir (ou les rétablir) au statut planétaire avancé en les affectant à des postes de responsabilité dans la nouvelle administration de la sphère ancrée. Des modifications suffisantes ont déjà été effectuées dans le champ de la vision humaine pour permettre aux mortels de reconnaitre ces cousins du régime adamique initial, jusque-là invisibles. Cela est rendu possible par les découvertes finales de la science physique en liaison avec les fonctions planétaires accrues des Maitres Contrôleurs Physiques. 55:4.9 Le Souverain Systémique a autorité pour libérer les créatures médianes à n’importe quel moment après le premier stade d’ancrage, pour leur permettre de s’humaniser sur les niveaux morontiels avec l’aide des Porteurs de Vie et des contrôleurs physiques. Ensuite, après avoir reçu leurs Ajusteurs de Pensée, ils pourront entreprendre leur ascension du Paradis. 55:4.10 Au troisième stade et aux suivants, quelques médians opèrent encore comme personnalités de contact pour les finalitaires, mais, à mesure que l’on entre dans les stades successifs de lumière et de vie, de nouveaux ordres ministériels de liaison viennent remplacer la plupart des médians ; il en reste très peu au-delà du quatrième stade de lumière. Le septième stade sera témoin de l’arrivée des premiers ministres absonites venant du Paradis pour servir de remplaçants à certaines créatures de l’univers. 55:4.11 2. Le second stade de lumière et de vie. Cette époque est marquée sur les mondes par l’arrivée d’un Porteur de Vie qui devient le consultant volontaire des dirigeants planétaires au sujet des nouveaux efforts à faire pour purifier et stabiliser la race mortelle. C’est ainsi que les Porteurs de Vie participent activement au progrès évolutif de la race humaine – physiquement, socialement et économiquement. Ils étendent alors leur supervision pour purifier davantage les lignées de mortels, en éliminant radicalement les retardataires qui subsistent avec un potentiel inférieur de nature intellectuelle, philosophique, cosmique et spirituelle. Ceux qui préparent et implantent la vie sur un monde habité sont pleinement qualifiés pour conseiller les Fils et les Filles Matériels qui jouissent d’une autorité entière et indiscutée pour purger la race en évolution de toutes les influences nuisibles. 55:4.12 À partir du deuxième stade et pendant toute la carrière d’une planète ancrée, les Fils Instructeurs servent de conseillers aux finalitaires. Durant ces missions, ils servent volontairement et non par désignation, et ils servent exclusivement auprès du corps finalitaire ; toutefois, avec le consentement du Souverain Systémique, l’Adam et l’Ève Planétaires peuvent les prendre comme consultants. 55:4.13 3. Le troisième stade de lumière et de vie. Durant cette époque, les mondes habités parviennent à une nouvelle appréciation des Anciens des Jours, la deuxième phase de Dieu le Septuple, et les représentants de ces chefs de superunivers ouvrent alors de nouvelles relations avec l’administration planétaire. 55:4.14 Dans chacun des âges successifs d’existence ancrée, les finalitaires servent en des capacités toujours accrues. Il existe une liaison opératoire étroite entre les finalitaires, les Étoiles du Soir (les superanges) et les Fils Instructeurs de la Trinité. 55:4.15 Durant cet âge ou le suivant, un Fils Instructeur, assisté de son quatuor d’esprits tutélaires, est attaché au chef exécutif humain élu, lequel devient l’associé du Souverain Planétaire comme administrateur conjoint des affaires du monde. Ces chefs exécutifs mortels servent pendant vingt-cinq ans du temps planétaire. C’est ce nouveau développement qui rend aisé à l’Adam et à l’Ève Planétaires de se libérer, au cours des âges suivants, du monde où ils ont été affectés si longtemps. 55:4.16 Les quatuors d’esprits tutélaires sont composés du chef séraphique de la sphère, du conseiller secoraphique superuniversel, de l’archange des transferts et de l’omniaphin qui agit comme représentant personnel de la Sentinelle Affectée stationnée au siège du système. Mais ces consultants ne formulent jamais d’avis à moins qu’on ne leur en demande. 55:4.17 4. Le quatrième stade de lumière et de vie. Sur les mondes, les Fils Instructeurs de la Trinité apparaissent dans de nouveaux rôles. Assistés des fils trinitisés par des créatures associées depuis longtemps à leur ordre, ils viennent maintenant sur les mondes comme conseillers et consultants volontaires auprès du Souverain Planétaire et de ses associés. Ces couples de fils trinitisés du Paradis-Havona et de fils trinitisés par des ascendeurs représentent des points de vue universels différents et des expériences personnelles diverses, qui sont extrêmement utiles aux dirigeants planétaires. 55:4.18 À tout moment après cet âge, l’Adam et l’Ève Planétaires peuvent introduire, auprès du Fils Créateur Souverain, une demande pour être relevés de leurs devoirs planétaires en vue de commencer leur ascension vers le Paradis ; ils peuvent aussi rester sur la planète pour diriger l’ordre nouvellement apparu d’une société à spiritualité croissante, composée de mortels avancés qui s’efforcent de comprendre les enseignements philosophiques des finalitaires, exposés par les Brillantes Étoiles du Soir. Celles-ci sont maintenant affectées à ces mondes pour collaborer par paires avec les seconaphins venus du siège du superunivers. 55:4.19 Les finalitaires s’occupent principalement d’inaugurer les activités nouvelles et supramatérielles de la société – sociales, culturelles, philosophiques, cosmiques et spirituelles. Aussi loin que nous puissions discerner, ils poursuivront ce ministère très tard dans la septième époque de stabilité évolutionnaire. Il est possible qu’ils aillent ensuite l’exercer dans l’espace extérieur, et, dans ce cas, nous supposons qu’ils pourraient être remplacés par des êtres absonites venant du Paradis. 55:4.20 5. Le cinquième stade de lumière et de vie. Les rajustements de ce stade d’existence ancrée concernent presque entièrement les domaines physiques et intéressent au premier chef les Maitres Contrôleurs Physiques. 55:4.21 6. Le sixième stade de lumière et de vie est témoin du développement de nouvelles fonctions des circuits mentaux du royaume. La sagesse cosmique parait devenir partie constituante du ministère universel du mental. 55:4.22 7. Le septième stade de lumière et de vie. De bonne heure dans la septième époque, l’Instructeur de la Trinité qui conseille le Souverain Planétaire est rejoint par un conseiller volontaire envoyé par les Anciens des Jours, et il s’y ajoutera plus tard un troisième consultant envoyé par l’Exécutif Suprême du superunivers. 55:4.23 À un moment donné de cette époque et si cela n’a pas eu lieu auparavant, Adam et Ève sont toujours relevés de leurs devoirs planétaires. Si le corps finalitaire comprend un Fils Matériel, ce dernier peut devenir associé du chef exécutif mortel ; un Melchizédek est parfois volontaire pour opérer en cette capacité. S’il y a un médian parmi les finalitaires, tous les médians encore sur la planète sont immédiatement libérés. 55:4.24 Après avoir été relevés de leur affectation qui a duré des âges, un Adam et une Ève Planétaires peuvent choisir parmi les carrières suivantes : 55:4.25 1. Ils peuvent obtenir leur relève planétaire et partir immédiatement du siège de l’univers pour leur carrière du Paradis en recevant un Ajusteur de Pensée après avoir terminé leur expérience morontielle. 55:4.26 2. Très souvent, un Adam et une Ève reçoivent des Ajusteurs pendant qu’ils servent encore sur un monde ancré dans la lumière. Cela coïncide alors avec la réception d’Ajusteurs par quelques-uns de leurs descendants directs importés comme volontaires pour un terme de service planétaire. Ultérieurement, ils pourront tous aller au siège de l’univers et y entreprendre la carrière vers le Paradis. 55:4.27 3. Un Adam et une Ève Planétaires peuvent choisir – comme le font des Fils et Filles Matériels de la capitale systémique – d’aller directement dans le monde midsonite pour un bref séjour au cours duquel ils recevront leur Ajusteur. 55:4.28 4. Ils peuvent décider de retourner à la capitale du système pour y occuper, pendant un temps, des sièges à la cour suprême ; après ce service, ils recevront des Ajusteurs et commenceront l’ascension vers le Paradis. 55:4.29 5. En quittant leurs fonctions administratives, ils peuvent choisir de retourner à leur monde natal pour y servir d’instructeurs pendant une période ; un Ajusteur les habitera au moment de leur transfert au siège de l’univers. 55:4.30 Durant toutes ces époques, les Fils et Filles Matériels importés comme assistants exercent une influence prodigieuse sur les ordres sociaux et économiques en cours de progrès. Ils sont potentiellement immortels, du moins jusqu’au moment où ils choisissent de s’humaniser, de recevoir un Ajusteur et de partir pour le Paradis. 55:4.31 Sur les mondes évolutionnaires, il faut que les êtres s’humanisent pour recevoir un Ajusteur de Pensée. Tous les membres ascendants des Finalitaires du Corps des Mortels ont été habités par un Ajusteur et ont fusionné avec lui, sauf les séraphins. Ceux-ci sont habités par un autre genre d’esprit du Père au moment où ils sont enrôlés dans ce corps. 5. L’apogée du développement matériel 55:5.1 Les créatures mortelles vivant sur un monde isolé frappé de péché, dominé par le mal et égoïste comme Urantia ne peuvent guère concevoir la perfection physique, l’aboutissement intellectuel et le développement spirituel qui caractérisent les époques avancées d’évolution sur une sphère sans péché. 55:5.2 Les stades avancés d’un monde ancré dans la lumière et la vie représentent l’apogée du développement matériel évolutionnaire. Sur ces mondes cultivés, l’oisiveté et les frictions des âges primitifs initiaux se sont dissipées. La pauvreté et les inégalités sociales n’existent presque plus, la dégénérescence a disparu, la délinquance s’observe rarement. La folie a pratiquement cessé d’exister et la faiblesse d’esprit est une rareté. 55:5.3 Le statut économique, social et administratif de ces mondes est d’un ordre élevé et perfectionné. La science, les arts et l’industrie fleurissent. La société est un mécanisme de haute réalisation matérielle, intellectuelle et culturelle opérant sans heurts. L’industrie s’est largement orientée vers le service des buts supérieurs de cette civilisation superbe. La vie économique de ce monde est devenue éthique. 55:5.4 La guerre est désormais une histoire du passé ; il n’y a plus d’armées ni de forces de police. Le gouvernement est en voie de disparition progressive. La maitrise de soi rend lentement périmées les lois établies par les humains. Dans un état intermédiaire de civilisation avancée, l’ampleur du gouvernement civil et des règlements obligatoires est inversement proportionnelle à la moralité et à la spiritualité de l’ensemble des citoyens. 55:5.5 Les écoles sont considérablement améliorées ; elles se consacrent à l’éducation du mental et à l’expansion de l’âme. Les centres artistiques sont exquis et les organisations musicales superbes. Les temples de culte et leurs écoles associées de philosophie et de religion expérientielle sont des créations pleines de beauté et de grandeur. Les arènes en plein air pour les assemblées cultuelles sont également sublimes dans la simplicité de leur aménagement artistique. 55:5.6 Les dispositifs pour les jeux de compétition, l’humour et les autres phases d’accomplissements personnels et collectifs sont amples et appropriés. Un trait spécial des activités de compétition sur ces mondes hautement cultivés concerne les efforts des individus et des groupements pour exceller dans les sciences et les philosophies de la cosmologie. La littérature et l’art oratoire fleurissent ; le langage est amélioré au point de symboliser des concepts aussi bien que d’exprimer des idées. La vie est d’une simplicité reposante. Les hommes ont enfin coordonné un état élevé de développement mécanique avec des aboutissements intellectuels séduisants ; ils ont dominé les deux avec une réussite spirituelle exquise. La poursuite du bonheur est une expérience de joie et de satisfaction. 6. Les mortels individuels 55:6.1 À mesure que les mondes progressent dans le statut confirmé de lumière et de vie, la société devient de plus en plus pacifique. L’individu reste tout aussi indépendant et dévoué à sa famille, mais est devenu plus altruiste et fraternel. 55:6.2 Tels que vous êtes sur Urantia, vous ne pouvez guère apprécier le statut avancé et la nature progressive des races éclairées de ces mondes rendus parfaits. Leurs habitants sont la floraison des races évolutionnaires. Mais de tels êtres sont encore mortels ; ils continuent à respirer, manger, boire et dormir. Cette grande évolution n’est pas le ciel, mais un avant-gout sublime des mondes divins que l’on rencontrera dans l’ascension vers le Paradis. 55:6.3 Sur un monde normal, il y a longtemps que l’aptitude biologique de la race a été amenée à un niveau élevé durant les époques postadamiques ; et, maintenant, l’évolution physique des hommes se poursuit d’âge en âge au cours des ères d’ancrage. Le champ de la vision et de l’audition s’étend. Le chiffre de la population est désormais stationnaire. La reproduction est réglementée d’après les nécessités planétaires et les dons héréditaires innés. Durant cet âge, les habitants de la planète sont divisés en cinq à dix groupes, et les groupes inférieurs n’ont le droit de procréer que moitié autant d’enfants que les groupes supérieurs. L’amélioration constante d’une race aussi magnifique durant toute l’ère de lumière et de vie est largement une affaire de reproduction sélective chez les lignées raciales qui font montre de qualités supérieures de nature sociale, philosophique, cosmique et spirituelle. 55:6.4 Les Ajusteurs continuent d’arriver comme aux stades évolutionnaires antérieurs et, à mesure que les époques passent, ces mortels sont de plus en plus aptes à communier avec le fragment intérieur du Père. Durant les stades de développement embryonnaire et préspirituel, les esprits-mentaux adjuvats opèrent encore. Le Saint-Esprit et le ministère des anges sont encore plus efficaces à mesure que l’on passe par les époques successives de vie ancrée. Au quatrième stade de lumière et de vie, les individus avancés paraissent faire l’expérience d’un important contact conscient avec la présence spirituelle du Maitre Esprit dont la juridiction s’étend sur leur superunivers, alors que la philosophie de leur monde se focalise dans des efforts pour comprendre les nouvelles révélations de Dieu le Suprême. Sur les planètes jouissant de ce statut avancé, plus de la moitié des habitants font l’expérience du transfert à l’état morontiel en partant du domaine des vivants. Il est exact que : « les anciennes choses passent et, voici, toutes choses deviennent nouvelles. » 55:6.5 Nous estimons que l’évolution physique aura atteint son plein développement à la fin de la cinquième époque de l’ère de lumière et de vie. Nous constatons que les limites supérieures du développement spirituel, associé au mental humain en évolution, sont déterminées par la fusion avec l’Ajusteur à un niveau où les valeurs morontielles et les significations cosmiques sont réunies. Mais, en ce qui concerne la sagesse, sans pouvoir dire que nous le sachions, nous conjecturons qu’il ne peut jamais y avoir de limites à l’évolution intellectuelle et à l’acquisition de la sagesse. Sur un monde au septième stade, la sagesse peut épuiser les potentiels matériels, aborder la perspicacité de la mota et même finalement gouter à la splendeur absonite. 55:6.6 Sur les mondes hautement évolués qui sont depuis longtemps au septième stade, nous constatons que les êtres humains apprennent complètement le langage de l’univers local avant d’être transférés ; et j’ai même visité quelques très anciennes planètes où des abandontaires enseignaient aux plus anciens mortels la langue du superunivers. Et j’ai observé sur ces mondes la technique par laquelle les personnalités absonites révèlent la présence des finalitaires dans le temple morontiel. 55:6.7 Telle est l’histoire du but magnifique des efforts des mortels sur les mondes évolutionnaires, et tout cela a lieu avant même que les hommes n’entreprennent leur carrière morontielle ; tout ce splendide développement peut être atteint par des mortels matériels sur des mondes habités, lors du tout premier stade de leur carrière éternelle et incompréhensible pour s’élever au Paradis et atteindre la divinité. 55:6.8 Mais vous est-il vraiment possible d’imaginer la qualité des mortels évolutionnaires qui viennent maintenant de mondes ayant longtemps vécu dans la septième période d’ancrage de lumière et de vie ? Ce sont leurs semblables qui vont sur les mondes morontiels de la capitale de l’univers local pour y commencer leur carrière d’ascension. 55:6.9 Si les mortels d’Urantia, monde désaxé, pouvaient seulement contempler une planète plus évoluée, ancrée depuis longtemps dans la lumière et la vie, ils ne mettraient plus jamais en doute la sagesse du plan évolutionnaire de la création. Même si la progression éternelle des créatures n’avait pas de futur, les réalisations évolutionnaires superbes des races humaines sur les mondes bien établis d’accomplissements perfectionnés justifieraient amplement la création de l’homme sur les planètes du temps et de l’espace. 55:6.10 Nous réfléchissons souvent à ceci : si le grand univers était ancré dans la lumière et la vie, les charmants ascendeurs mortels seraient-ils encore destinés au Corps de la Finalité ? Nous ne le savons pas. 7. Le premier stade ou stade planétaire 55:7.1 Cette époque s’étend depuis l’apparition du temple morontiel au nouveau quartier général de la planète jusqu’au moment où le système entier est ancré dans la lumière et la vie. Cet âge est inauguré par les Fils Instructeurs de la Trinité à la fin de leurs missions successives dans le monde, lorsque le Prince Planétaire est élevé au statut de Souverain Planétaire par ordre et en la présence personnelle du Fils d’effusion Paradisiaque de cette sphère. Les finalitaires inaugurent en même temps leur participation active aux affaires planétaires. 55:7.2 D’après les apparences extérieures et visibles, les chefs ou directeurs effectifs d’un tel monde ancré dans la lumière et la vie sont le Fils et la Fille Matériels, l’Adam et l’Ève Planétaires. Les finalitaires sont invisibles ainsi que le Prince-Souverain, sauf quand il est dans le temple morontiel. Les vrais chefs actuels du régime planétaire sont donc le Fils et la Fille Matériels. C’est la connaissance de ces dispositions qui a donné du prestige à l’idée de rois et de reines dans tous les royaumes de l’univers. Les rois et les reines représentent une grande réussite dans ces circonstances idéales, quand un monde peut disposer de ces hautes personnalités pour agir au nom de dirigeants encore supérieurs, mais invisibles. 55:7.3 Quand cette ère sera atteinte sur votre planète, il n’y a pas de doute que Machiventa Melchizédek, présentement Prince Planétaire vice-gérant d’Urantia, occupera le siège du Souverain Planétaire ; et, sur Jérusem, on suppose depuis longtemps qu’il sera accompagné par un fils et une fille de l’Adam et de l’Ève d’Urantia qui sont présentement retenus sur Édentia comme pupilles des Très Hauts de Norlatiadek. Ces enfants d’Adam pourraient servir ainsi sur Urantia en association avec le Souverain Melchizédek, car ils ont été privés de leur pouvoir procréateur il y a près de 37 000 ans lorsqu’ils ont abandonné leur corps matériel sur Urantia pour préparer leur transit sur Édentia. 55:7.4 L’âge ancré continue indéfiniment jusqu’à ce que toutes les planètes du système atteignent l’ère de stabilisation ; et alors, quand le monde le plus jeune – le dernier à s’ancrer dans la lumière et la vie – a eu l’expérience de cette stabilité pendant un millénaire du temps systémique, l’ensemble du système acquiert le statut stabilisé et les mondes individuels entrent dans l’époque systémique de l’ère de lumière et de vie. 8. Le deuxième stade ou stade systémique 55:8.1 Lorsqu’un système tout entier s’ancre dans la vie, un nouvel ordre de gouvernement est instauré. Les Souverains Planétaires deviennent membres du conclave du système, et ce nouveau corps administratif, soumis au veto des Pères des Constellations, dispose de l’autorité suprême. Un tel système de mondes habités devient pratiquement autarchique. L’assemblée législative du système est constituée sur le monde-siège ; et chaque planète y envoie ses dix représentants. Des tribunaux sont désormais installés sur les capitales systémiques et l’on ne porte plus que les appels devant les cours du siège de l’univers. 55:8.2 Lors de l’ancrage du système, la Sentinelle Affectée, représentant de l’Exécutif Suprême du superunivers, devient consultant volontaire auprès de la cour systémique suprême et président effectif de la nouvelle assemblée législative. 55:8.3 Après qu’un système entier a été ancré dans la lumière et la vie, il n’a plus de Souverains Systémiques qui se succèdent. Chaque souverain reste perpétuellement à la tête de son système. Les souverains assistants continuent d’être remplacés comme au cours des âges précédents. 55:8.4 Durant cette époque de stabilisation, des midsonitaires viennent pour la première fois des mondes-sièges de l’univers où ils séjournent, pour agir comme conseillers auprès des assemblées législatives et comme consultants auprès des tribunaux judiciaires. Ces midsonitaires poursuivent aussi des efforts pour inculquer certaines nouvelles significations de mota, ayant une valeur suprême, aux entreprises éducatives qu’ils parrainent conjointement avec les finalitaires. Les créatures midsonites jouent alors auprès des humains unifiés et glorifiés, dans les domaines toujours en progrès de la philosophie et de la pensée spiritualisée, le rôle que les Fils Matériels avaient joué biologiquement pour les races mortelles. 55:8.5 Sur les mondes habités, les Fils Instructeurs deviennent les collaborateurs volontaires des finalitaires ; et ces mêmes Fils Instructeurs les accompagnent aussi sur les mondes des maisons quand ces sphères cessent d’être utilisées comme mondes récepteurs différenciés après l’ancrage de l’ensemble du système dans la lumière et la vie ; du moins ceci est vrai à l’époque où toute la constellation a évolué de la sorte, mais il n’y a pas encore de groupes aussi avancés dans Nébadon. 55:8.6 Nous ne sommes pas autorisés à révéler la nature du travail des finalitaires qui superviseront ces mondes des maisons reconsacrés. Vous avez cependant été informés qu’il existe, de par les univers, divers types de créatures intelligentes qui n’ont pas été décrits dans ces exposés. 55:8.7 Et maintenant, à mesure que les systèmes s’ancrent un à un dans la lumière en vertu du progrès des mondes qui les composent, le moment arrive où le dernier système d’une constellation donnée atteint la stabilisation. Les administrateurs de l’univers – le Maitre Fils, l’Union des Jours et la Radieuse Étoile du Matin – arrivent alors sur la capitale de la constellation pour proclamer que les Très Hauts sont les dirigeants indiscutés de la nouvelle famille rendue parfaite de cent systèmes ancrés de mondes habités. 9. Le troisième stade ou stade de la constellation 55:9.1 L’unification d’une constellation entière de systèmes ancrés s’accompagne d’une nouvelle répartition de l’autorité exécutive et de remaniements supplémentaires dans l’administration de l’univers. Cette époque voit des accomplissements avancés sur tous les mondes habités, mais elle est particulièrement caractérisée par des rajustements au siège de la constellation avec de notables changements de relations, d’une part avec la supervision systémique, et d’autre part avec le gouvernement de l’univers local. Durant cet âge, de nombreuses activités de la constellation et de l’univers sont transférées sur les capitales des systèmes ; les représentants du superunivers établissent des relations nouvelles et plus étroites avec les dirigeants des planètes, des systèmes et de l’univers. En même temps que s’établissent ces nouvelles associations, certains administrateurs du superunivers s’installent sur les capitales des constellations comme consultants bénévoles auprès des Très Hauts Pères. 55:9.2 Lorsqu’une constellation est ainsi ancrée dans la lumière, la fonction législative prend fin et l’assemblée des Souverains Systémiques, présidée par les Très Hauts, fonctionne à sa place. Maintenant et pour la première fois, ces assemblées administratives traitent directement avec le gouvernement du superunivers les questions concernant les relations avec Havona et le Paradis. Par ailleurs, la constellation reste reliée à l’univers local comme précédemment. Au cours des stades successifs de la vie ancrée, les univitatias continuent d’administrer les mondes morontiels de la constellation. 55:9.3 À mesure que les âges passent, les Pères de la Constellation prennent de plus en plus en main les détails administratifs ou fonctions de supervision autrefois centralisés au siège de l’univers. Quand leur sixième stade de stabilisation sera atteint, ces constellations unifiées auront acquis une position d’autonomie presque complète. À l’entrée dans le septième stade d’ancrage, on verra sans aucun doute leurs dirigeants élevés à la vraie dignité signifiée par leur nom, les Très Hauts. À tous égards, les constellations traiteront alors directement avec les dirigeants du superunivers, tandis que le gouvernement de l’univers local s’amplifiera pour prendre la responsabilité de nouvelles obligations vis-à-vis du grand univers. 10. Le quatrième stade ou stade de l’univers local 55:10.1 Quand un univers local s’ancre dans la lumière et la vie, il ne tarde pas à entrer dans les circuits établis du superunivers. Les Anciens des Jours proclament alors l’institution du conseil suprême d’autorité illimitée. Ce nouveau corps gouvernemental est composé des cent Fidèles des Jours et présidé par l’Union des Jours. Le premier acte de ce conseil suprême consiste à reconnaitre que la souveraineté du Maitre Fils Créateur est maintenue. 55:10.2 L’administration de l’univers local, en ce qui concerne Gabriel et le Père Melchizédek, ne subit aucun changement. Ce conseil d’autorité illimitée s’occupe principalement des nouveaux problèmes et des nouvelles conditions résultant du statut avancé de lumière et de vie. 55:10.3 L’Inspecteur Associé mobilise maintenant toutes les Sentinelles Affectées pour constituer le corps de stabilisation de l’univers local et demande au Père Melchizédek de partager sa supervision avec lui. Désormais et pour la première fois, un corps d’Esprits Inspirés de la Trinité est affecté au service de l’Union des Jours. 55:10.4 L’ancrage de l’ensemble d’un univers local dans la lumière et la vie inaugure de profonds remaniements dans tout le plan administratif, depuis les mondes habités individuels jusqu’au siège de l’univers. De nouvelles relations s’établissent avec les constellations et les systèmes. L’Esprit-Mère de l’univers local fait l’expérience de nouvelles relations de liaison avec le Maitre Esprit du superunivers. Gabriel établit avec les Anciens des Jours un contact direct qui lui permet d’agir au cas où le Maitre Fils s’absenterait de son monde-siège. 55:10.5 Durant cet âge et les suivants, les Fils Magistraux continuent à opérer comme juges dispensationnels, tandis que cent de ces Fils Avonals du Paradis forment un nouveau conseil supérieur de la Radieuse Étoile du Matin sur la capitale de l’univers. Plus tard, et sur la demande des Souverains Systémiques, l’un de ces Fils Magistraux deviendra le conseiller suprême stationné sur le monde-siège de chaque système jusqu’à ce que soit atteint le septième stade d’unité. 55:10.6 Durant cette époque, non seulement les Fils Instructeurs de la Trinité agissent comme consultants volontaires auprès des Souverains Planétaires, mais encore, par groupes de trois, ils servent d’une manière analogue les Pères des Constellations. Et ces Fils trouvent enfin leur place dans l’univers local, car à ce moment-là ils cessent d’être soumis à la juridiction de la création locale et sont affectés au service du conseil suprême d’autorité illimitée. 55:10.7 Alors et pour la première fois, le corps des finalitaires reconnait la juridiction d’une autorité extérieure au Paradis, le conseil suprême. Jusque-là, les finalitaires n’admettaient aucune supervision en deçà du Paradis. 55:10.8 Les Fils Créateurs de ces univers ancrés passent beaucoup de temps au Paradis et sur ses mondes associés, et aussi à conseiller les nombreux groupes finalitaires servant dans toute la création locale. De cette manière, Micaël en tant qu’homme s’associe fraternellement d’une manière plus complète avec les mortels finalitaires glorifiés. 55:10.9 Il est tout à fait futile de spéculer sur les fonctions des Fils Créateurs par rapport aux univers extérieurs présentement en cours d’assemblage préliminaire, mais nous nous lançons tous de temps en temps dans de telles spéculations. Lorsque le quatrième stade de développement est atteint, le Fils Créateur devient administrativement libre. La Divine Ministre fusionne progressivement son ministère avec celui du Maitre Esprit de son superunivers et avec l’Esprit Infini. Il semble s’établir de nouvelles et sublimes relations entre le Fils Créateur, l’Esprit Créatif, les Étoiles du Soir, les Fils Instructeurs et le corps toujours croissant des finalitaires. 55:10.10 Si Micaël devait jamais quitter Nébadon, Gabriel deviendrait indubitablement administrateur général, avec le Père Melchizédek pour associé. En même temps, un nouveau statut serait conféré à tous les ordres de citoyens permanents tels que Fils Matériels, univitatias, midsonitaires, susatias et mortels fusionnés avec l’Esprit ; mais, tant que l’évolution se poursuivra, les séraphins et les archanges seront nécessaires à l’administration de l’univers. 55:10.11 Nous avons toutefois acquis une conviction sur deux points de nos spéculations. Si les Fils Créateurs sont destinés à œuvrer dans les univers extérieurs, les Divines Ministres ne manqueront pas de les accompagner. Nous sommes également certains que les Melchizédeks resteront dans les univers de leur origine. Nous estimons qu’ils sont destinés à jouer des rôles comportant des responsabilités toujours accrues dans le gouvernement et l’administration de l’univers local. 11. Les stades des secteurs mineurs et majeurs 55:11.1 Les secteurs mineurs et majeurs du superunivers ne figurent pas directement dans le plan d’ancrage dans la lumière et la vie. Cette progression évolutionnaire touche essentiellement les univers locaux en tant qu’unités, et ne concerne que leurs composants. Un superunivers est ancré dans la lumière et la vie dès que tous les univers locaux qui le composent sont ainsi rendus parfaits, mais aucun des sept superunivers n’a encore atteint un niveau de progrès qui s’en approche, même de loin. 55:11.2 L’âge des secteurs mineurs. Aussi loin que les observateurs peuvent pénétrer, le cinquième stade de stabilisation, ou stade des secteurs mineurs, concerne exclusivement le statut physique et l’ancrage coordonné des cent univers locaux associés dans les circuits établis du superunivers. Il semble que seuls les centres de pouvoir et leurs associés soient touchés par ces réalignements de la création matérielle. 55:11.3 L’ère des secteurs majeurs. Au sujet du sixième stade, celui de la stabilisation des secteurs majeurs, nous ne pouvons que faire des hypothèses, car nul d’entre nous n’a assisté à un tel évènement. Nous pouvons néanmoins faire de nombreuses suppositions en ce qui concerne les remaniements administratifs et autres qui accompagneraient probablement un statut aussi avancé des mondes habités et de leurs groupements dans l’univers. 55:11.4 Du moment que le statut des secteurs mineurs concerne la coordination de l’équilibre physique, nous en inférons que l’unification des secteurs majeurs intéressera certains nouveaux niveaux d’aboutissement intellectuel, et peut-être certains accomplissements avancés dans la réalisation suprême de la sagesse cosmique. 55:11.5 Pour arriver à des conclusions concernant les remaniements qui accompagneraient probablement la réalisation de niveaux de progrès évolutionnaires non encore atteints, nous nous appuyons sur les résultats d’aboutissements homologues dans les mondes individuels et sur les expériences de mortels individuels qui habitent des sphères anciennes et très développées. 55:11.6 Qu’il soit clair que les mécanismes administratifs et les techniques gouvernementales d’un univers ou d’un superunivers ne peuvent en aucune manière limiter ni retarder le développement évolutionnaire ou le progrès spirituel d’une planète individuelle habitée ou d’un mortel individuel sur cette sphère. 55:11.7 Dans certains des plus anciens univers, nous trouvons des mondes ancrés dans le cinquième et le sixième stade de lumière et de vie – et même ayant largement entamé la septième époque. Leurs systèmes locaux ne sont pourtant pas encore ancrés dans la lumière. De jeunes planètes peuvent retarder l’unification du système, mais cela ne handicape en rien le progrès d’un monde plus âgé et plus évolué. Les limitations dues à l’environnement ne peuvent pas non plus, même sur un monde isolé, contrecarrer l’aboutissement personnel de l’individu mortel. Jésus de Nazareth, en tant qu’homme parmi les hommes, atteignit personnellement le statut de lumière et de vie sur Urantia, il y a plus de dix-neuf-cents ans. 55:11.8 C’est en observant ce qui se passe sur des mondes ancrés depuis longtemps que nous arrivons à des conclusions assez fiables sur ce qui arrivera quand un superunivers tout entier s’ancrera dans la lumière, même sans pouvoir formuler d’hypothèses bien fondées sur la stabilisation des sept superunivers. 12. Le septième stade ou stade des superunivers 55:12.1 Nous ne pouvons prévoir positivement ce qui arriverait si un superunivers s’ancrait dans la lumière, parce qu’un tel évènement ne s’est jamais produit. D’après les enseignements des Melchizédeks, qui n’ont jamais été contredits, nous inférons que des changements radicaux seraient effectués dans toute l’organisation et l’administration de chaque unité des créations du temps et de l’espace, depuis les mondes habités jusqu’aux quartiers généraux du superunivers. 55:12.2 On croit généralement qu’un grand nombre de fils trinitisés par des créatures et n’ayant pas d’attaches spéciales seraient rassemblés aux quartiers généraux et aux capitales divisionnaires des superunivers ancrés. Cela pourrait être en prévision de la venue un jour des arrivants de l’espace extérieur se dirigeant vers Havona et le Paradis, mais en réalité nous n’en savons rien. 55:12.3 Si un superunivers s’ancrait dans la lumière et la vie, nous croyons que les Superviseurs Non Qualifiés du Suprême, qui sont maintenant ses conseillers, deviendraient le corps administratif supérieur sur le monde-siège du superunivers. Ils sont les personnalités capables de contacter directement les administrateurs absonites qui deviendraient immédiatement actifs dans le superunivers ancré. Bien que ces Superviseurs Non Qualifiés aient longtemps opéré comme conseillers et consultants dans des unités évolutionnaires avancées de la création, ils n’assumeront pas de responsabilités administratives avant que l’autorité de l’Être Suprême ne soit devenue souveraine. 55:12.4 Les Superviseurs Non Qualifiés du Suprême, qui opèrent plus largement à cette époque, ne sont ni finis, ni absonites, ni ultimes, ni infinis. Ils sont la suprématie et ne font que représenter Dieu le Suprême. Ils personnalisent la suprématie de l’espace-temps et n’opèrent donc pas dans Havona. Ils opèrent seulement comme unificateurs suprêmes. Peut-être sont-ils impliqués dans la technique de réflectivité universelle, mais nous n’en sommes pas certains. 55:12.5 Nul d’entre nous n’a un concept satisfaisant de ce qui arrivera quand le grand univers (le groupe des sept superunivers dépendant de Havona) sera entièrement ancré dans la lumière et la vie. Il est hors de doute que cette occurrence représentera dans les annales de l’éternité l’évènement le plus important depuis l’apparition de l’univers central. Certains estiment que l’Être Suprême lui-même émergera du mystère de Havona qui entoure sa personne spirituelle et qu’il établira sa résidence au siège du septième superunivers comme souverain tout-puissant et expérientiel des créations rendues parfaites du temps et de l’espace, mais en réalité nous n’en savons rien. 55:12.6 [Présenté par un Puissant Messager affecté temporairement au Conseil des Archanges sur Urantia.] Fascicule 56. Unité universelle 56:0.1 Dieu est unité. La Déité est universellement coordonnée. L’univers des univers est un vaste mécanisme intégré qui est absolument contrôlé par un seul mental infini. Les domaines physiques, intellectuels et spirituels de la création universelle sont divinement reliés. Le parfait et l’imparfait sont vraiment en corrélation, et c’est pourquoi les créatures évolutionnaires finies peuvent s’élever au Paradis en obéissant au commandement du Père Universel : « Soyez parfaits comme moi-même je suis parfait. » 56:0.2 Les divers niveaux de la création sont tous unifiés dans les plans et l’administration des Architectes du Maitre Univers. Pour le mental circonscrit des mortels de l’espace-temps, l’univers peut présenter beaucoup de problèmes et de situations qui offrent apparemment un tableau de disharmonie dénotant une absence de coordination effective ; mais ceux d’entre nous qui sont capables d’observer des domaines plus étendus de phénomènes universels, et qui ont plus d’expérience dans l’art de détecter l’unité fondamentale sous-jacente à la diversité créative, et de découvrir l’unicité divine répandue dans tout ce fonctionnement de la pluralité, ceux-là perçoivent mieux le dessein unique et divin que montrent toutes ces manifestations multiples d’énergie créative universelle. 1. Coordination physique 56:1.1 La création physique ou matérielle n’est pas infinie, mais elle est parfaitement coordonnée. Il y a la force, l’énergie et le pouvoir, mais tous n’ont qu’une seule origine. Les sept superunivers sont apparemment de nature duelle, et l’univers central de nature trine, mais le Paradis est de constitution unique. Et le Paradis est la source actuelle de tous les univers matériels – passés, présents et futurs – mais le fait que ceux-ci en dérivent cosmiquement est un évènement d’éternité ; en aucun temps – passé, présent ou futur – ni l’espace ni le cosmos matériel ne sont issus de l’Ile nucléaire de Lumière. En tant que source cosmique, le Paradis fonctionne préalablement à l’espace et antérieurement au temps. Ses dérivations paraitraient donc dépourvues d’origine dans le temps et l’espace si elles n’émergeaient pas au travers de l’Absolu Non Qualifié, leur dépositaire ultime dans l’espace, leur révélateur et régulateur dans le temps. 56:1.2 L’Absolu Non Qualifié soutient l’univers physique alors que l’Absolu de Déité motive le délicat supercontrôle de toute la réalité matérielle, et ces deux Absolus sont fonctionnellement unifiés par l’Absolu Universel. Toutes les personnalités – matérielles, morontielles, absonites ou spirituelles – comprennent mieux cette corrélation cohésive de l’univers matériel en observant que toute la réalité matérielle authentique répond à la gravité convergeant au Bas-Paradis. 56:1.3 L’unification par la gravité est universelle et invariante. La réaction à l’énergie pure est également universelle et inéluctable. L’énergie pure (la force primordiale) et l’esprit pur sont entièrement préréactifs à la gravité. Ces forces primordiales inhérentes aux Absolus sont personnellement contrôlées par le Père Universel. Donc, toute la gravité est centrée dans la présence personnelle du Père Paradisiaque, qui est pure énergie et pur esprit, et dans sa demeure supramatérielle. 56:1.4 L’énergie pure est l’ancêtre de toutes les réalités fonctionnelles relatives, non spirituelles, tandis que le pur esprit est le potentiel du divin supercontrôle directeur de tous les systèmes énergétiques fondamentaux. Et ces réalités, dont la diversité se manifeste dans tout l’espace et s’observe dans les mouvements du temps, sont toutes deux centrées dans la personne du Père du Paradis. En lui elles ne font qu’une – il faut qu’elles soient unifiées – parce que Dieu est un. La personnalité du Père est absolument unifiée. 56:1.5 Dans l’infinie nature de Dieu le Père, il ne saurait exister de dualité de réalité telle que réalité physique et réalité spirituelle ; mais, dès que nous regardons en dehors des niveaux infinis et de la réalité absolue des valeurs personnelles du Père Paradisiaque, nous constatons l’existence de ces deux réalités et nous reconnaissons qu’elles sont pleinement réactives à sa présence personnelle. En lui toutes choses subsistent. 56:1.6 Aussitôt que l’on s’écarte du concept non qualifié de la personnalité infinie du Père du Paradis, il faut admettre que le mental est la technique inévitable pour unifier la divergence toujours plus accentuée de ces manifestations universelles duelles de la personnalité originelle monothétique du Créateur, la Source-Centre Première – le JE SUIS. 2. Unité intellectuelle 56:2.1 Le Père-Pensée réalise l’expression de l’esprit dans le Fils-Verbe, et obtient l’expansion de la réalité dans les vastes univers matériels par le Paradis. Les expressions spirituelles du Fils Éternel sont en corrélation avec les niveaux matériels de la création par les fonctions de l’Esprit Infini. Celui-ci établit la corrélation entre les réalités spirituelles et les répercussions matérielles de la Déité par son ministère mental sensible à l’esprit et dans les actes mentaux qui dirigent le physique. 56:2.2 Le mental est la dotation fonctionnelle de l’Esprit Infini ; il est donc infini en potentiel et universel en effusion. La pensée primordiale du Père Universel s’éternise en une expression duelle : d’une part l’Ile du Paradis et d’autre part son égal en Déité, le Fils Éternel spirituel. Cette dualité de la réalité éternelle rend inévitable le Dieu mental, l’Esprit Infini. Le mental est l’indispensable canal de communication entre les réalités spirituelles et matérielles. La créature évolutionnaire matérielle ne peut concevoir et comprendre l’esprit intérieur que par le ministère du mental. 56:2.3 Ce mental infini et universel apparait dans les univers du temps et de l’espace en tant que mental cosmique ; et, bien qu’il s’étende depuis le ministère primitif des esprits adjuvats jusqu’au mental magnifique du chef exécutif d’un univers, ce mental cosmique lui-même est bien unifié par la supervision des Sept Maitres Esprits, qui sont à leur tour coordonnés avec le Mental Suprême du temps et de l’espace, et en parfaite corrélation avec le mental de l’Esprit Infini qui englobe tout. 3. Unification spirituelle 56:3.1 De même que la gravité universelle du mental est centrée dans la présence personnelle de l’Esprit Infini au Paradis, de même la gravité universelle de l’esprit est centrée dans la présence personnelle du Fils Éternel au Paradis. Le Père Universel est un, mais, pour l’espace-temps il se révèle dans les phénomènes duels de pure énergie et de pur esprit. 56:3.2 Les réalités spirituelles du Paradis sont de même une ; mais, dans toutes les situations et relations de l’espace-temps, cet esprit unique se révèle dans des phénomènes duels, ceux des personnalités et émanations spirituelles du Fils Éternel et ceux des personnalités et influences spirituelles de l’Esprit Infini et de ses créations associées ; et il existe encore une troisième manifestation – les fragmentations de pur esprit – le don par le Père des Ajusteurs de Pensée et autres entités spirituelles qui sont prépersonnelles. 56:3.3 Quel que soit le niveau des activités universelles où vous rencontriez des phénomènes spirituels ou preniez contact avec des êtres spirituels, vous pouvez savoir qu’ils dérivent tous du Dieu qui est esprit par le ministère du Fils Spirituel et de l’Esprit Mental Infini. Et ce vaste esprit opère sous forme de phénomène sur les mondes évolutionnaires du temps selon les directives émanant du siège des univers locaux. De ces capitales des Fils Créateurs, le Saint-Esprit et l’Esprit de Vérité viennent avec le ministère des esprits-mentaux adjuvats vers les niveaux inférieurs du mental matériel en évolution. 56:3.4 Alors que le mental est mieux unifié au niveau des Maitres Esprits en association avec l’Être Suprême et en tant que mental cosmique subordonné au Mental Absolu, le ministère spirituel, auprès des mondes en évolution, est plus directement unifié dans les personnalités résidant aux sièges des univers locaux et dans les personnes des Divines Ministres qui les président. Celles-ci sont à leur tour en corrélation presque parfaite avec le circuit paradisiaque de gravité du Fils Éternel, où se produit l’unification finale de toutes les manifestations spirituelles de l’espace-temps. 56:3.5 L’existence en tant que créature rendue parfaite peut être atteinte, entretenue et éternisée par la fusion du mental conscient de soi avec un fragment de la dotation spirituelle prétrinitaire de l’une des personnes de la Trinité du Paradis. Le mental mortel est la création des Fils et Filles du Fils Éternel et de l’Esprit Infini, et, quand il est fusionné avec l’Ajusteur de Pensée du Père, il participe de la triple dotation spirituelle des royaumes évolutionnaires. Mais ces trois expressions spirituelles deviennent parfaitement unifiées chez les finalitaires, comme elles étaient unifiées dans l’éternité chez l’Universel JE SUIS avant qu’il ne devînt le Père Universel du Fils Éternel et de l’Esprit Infini. 56:3.6 Il faut toujours qu’en fin de compte l’esprit soit triple dans son expression et unifié trinitairement dans sa réalisation finale. L’esprit nait d’une source unique par une expression triple, et, en finalité, il faut qu’il atteigne, et il atteint, sa pleine réalisation dans l’unification divine que l’on expérimente en trouvant Dieu – l’unité avec la divinité dans l’éternité et au moyen du ministère du mental cosmique de l’expression infinie de la parole éternelle de la pensée universelle du Père. 4. Unification de la personnalité 56:4.1 Le Père Universel est une personnalité divinement unifiée ; en conséquence, tous ses enfants ascendants seront aussi des personnalités pleinement unifiées avant d’atteindre Havona, étant portés vers le Paradis par le rebondissement de la force vive des Ajusteurs de Pensée partis du Paradis pour habiter le mental des mortels matériels conformément au commandement du Père. 56:4.2 La personnalité a l’aptitude innée d’étendre son rayon d’action pour unifier toutes les réalités constituantes. La personnalité infinie de la Source-Centre Première, le Père Universel, unifie les sept Absolus constituant l’Infinité. La personnalité des mortels, étant un don direct et exclusif du Père Universel, possède également le potentiel capable d’unifier les facteurs constituants de la créature mortelle. Cette créativité unifiante de toute personnalité de créature est une marque de naissance de sa haute source exclusive ; elle est une preuve supplémentaire de son contact ininterrompu avec la même source par le circuit de personnalité, grâce auquel la personnalité de la créature maintient un contact direct et vivifiant avec le Père Paradisiaque de toute personnalité. 56:4.3 Bien que Dieu soit manifeste à partir des domaines du Septuple en passant par la suprématie et l’ultimité jusqu’à Dieu l’Absolu, le circuit de personnalité, centré au Paradis et dans la personne de Dieu le Père, pourvoit à l’unification complète et parfaite de toutes ces expressions diverses de la personnalité divine et, en ce qui concerne toutes les personnalités des créatures, sur tous les niveaux d’existence intelligente et dans tous les royaumes des univers parfaits, devenus parfaits ou en cours de perfectionnement. 56:4.4 Pour et dans les univers, Dieu est bien tout ce que nous avons dépeint, mais, pour vous et toutes les autres créatures connaissant Dieu, il est un, votre Père et leur Père. Envers une personnalité, Dieu ne peut être une pluralité. Dieu est Père pour chacune de ses créatures, et il est littéralement impossible pour tout enfant d’avoir plus d’un Père. 56:4.5 Philosophiquement, cosmiquement et par référence aux niveaux différentiels et aux lieux de manifestation, vous pouvez et devez nécessairement concevoir le fonctionnement de Déités plurales et postuler l’existence de plusieurs Trinités ; mais, d’un bout à l’autre du maitre univers, dans l’expérience d’adoration, Dieu est un dans le contact personnel de chaque personnalité qui adore ; et cette Déité personnelle et unifiée est notre parent du Paradis, Dieu le Père, le donneur, le conservateur et le Père de toutes les personnalités, depuis les hommes mortels sur les mondes habités jusqu’au Fils Éternel sur l’Ile centrale de Lumière. 5. Unité de la Déité 56:5.1 L’unité, l’indivisibilité de la Déité du Paradis, est existentielle et absolue. Il y a trois personnalisations éternelles de la Déité – le Père Universel, le Fils Éternel et l’Esprit Infini – mais, dans la Trinité du Paradis, elles sont actuellement une seule Déité, indivise et indivisible. 56:5.2 À partir du niveau originel Paradis-Havona de réalité existentielle, deux niveaux subabsolus se sont différenciés, sur lesquels le Père, le Fils et l’Esprit ont entrepris de créer de nombreux associés et subordonnés personnels. Sous ce rapport, il ne convient pas de faire entrer en ligne de compte l’unification absonite de la déité sur les niveaux transcendantaux d’ultimité. Par contre, il est possible d’examiner quelques caractéristiques de la fonction unifiante des diverses personnalisations de la Déité chez lesquelles la divinité se manifeste fonctionnellement dans les divers secteurs de la création et aux différents ordres d’êtres intelligents. 56:5.3 Le fonctionnement présent de la divinité dans les superunivers se manifeste activement dans les opérations des Créateurs Suprêmes – les Fils et Esprits Créateurs des univers locaux, les Anciens des Jours des superunivers et les Sept Maitres Esprits du Paradis. Ces êtres constituent les trois premiers niveaux de Dieu le Septuple conduisant intérieurement au Père Universel, et tout ce domaine de Dieu le Septuple se coordonne sur le premier niveau de déité expérientielle dans l’Être Suprême en évolution. 56:5.4 Au Paradis et dans l’univers central, l’unité de la Déité est un fait d’existence. Dans tous les univers évoluants du temps et de l’espace, l’unité de la Déité est un accomplissement. 6. Unification de la Déité évolutionnaire 56:6.1 Quand les trois personnes éternelles de la Déité fonctionnent en tant que Déité indivise dans la Trinité du Paradis, elles réalisent une parfaite unité. De même quand elles créent, soit en association, soit séparément, leur progéniture paradisiaque fait ressortir l’unité caractéristique de la divinité. Et cette divinité d’intention, manifestée par les Créateurs Suprêmes et Chefs des domaines de l’espace-temps, se traduit par le potentiel de pouvoir unifiant de la souveraineté de la suprématie expérientielle qui, en présence de l’unité de l’énergie impersonnelle de l’univers, constitue une tension de réalité qui peut se résoudre seulement par l’unification adéquate avec les réalités de personnalité expérientielles de la Déité expérientielle. 56:6.2 Les réalités de personnalité de l’Être Suprême émanent des Déités du Paradis et, sur le monde-pilote du circuit extérieur de Havona, s’unifient avec les prérogatives de pouvoir du Tout-Puissant Suprême venant des divinités des Créateurs du grand univers. En tant que personne, Dieu le Suprême existait dans Havona avant la création des sept superunivers, mais il n’y opérait que sur des niveaux spirituels. L’évolution du Tout-Puissant pouvoir de Suprématie par diverses synthèses de divinité dans les univers évoluants se traduisit par une nouvelle présence de pouvoir de la Déité, qui se coordonna avec la personne spirituelle du Suprême dans Havona au moyen du Mental Suprême. En même temps, celui-ci passait du potentiel résidant dans le mental infini de l’Esprit Infini au mental fonctionnel actif de l’Être Suprême. 56:6.3 Les créatures au mental matériel des mondes évolutionnaires des sept superunivers ne peuvent comprendre l’unité de la Déité qu’en suivant son évolution dans cette synthèse pouvoir-personnalité chez l’Être Suprême. À quelque niveau d’existence que ce soit, Dieu ne peut pas aller au-delà de la capacité conceptuelle des êtres qui vivent à de tels niveaux. L’homme mortel doit, par la reconnaissance de la vérité, par l’appréciation de la beauté et par l’adoration de la bonté, développer la reconnaissance d’un Dieu d’amour et progresser ensuite par les niveaux de déité ascendants jusqu’à la compréhension du Suprême. La Déité, après avoir été saisie comme unifiée en pouvoir, peut ensuite être personnalisée en esprit pour être comprise et atteinte par la créature. 56:6.4 Les ascendeurs mortels parviennent à comprendre le pouvoir du Tout-Puissant sur les capitales des superunivers, et à comprendre la personnalité du Suprême sur les circuits extérieurs de Havona, mais ils ne trouvent pas effectivement l’Être Suprême comme ils sont destinés à trouver les Déités du Paradis. Même les finalitaires, qui sont des esprits du sixième stade, n’ont pas trouvé l’Être Suprême et n’ont pas de chances de le trouver avant d’avoir atteint le statut d’esprit du septième stade et avant que le Suprême n’exerce effectivement des fonctions dans les activités des futurs univers extérieurs. 56:6.5 Par contre, lorsque les ascendeurs trouvent le Père Universel en tant que septième niveau de Dieu le Septuple, ils ont atteint la personnalité de la Première Personne de tous les niveaux de déité de relations personnelles avec les créatures de l’univers. 7. Répercussions évolutionnaires universelles 56:7.1 Le progrès continu de l’évolution dans les univers de l’espace-temps s’accompagne de révélations constamment élargies de la Déité à toutes les créatures intelligentes. Quand l’apogée du progrès évolutionnaire est atteint sur un monde, dans un système, une constellation, un univers, un superunivers ou dans le grand univers, c’est le signal que la fonction de déité s’amplifie parallèlement auprès de ces unités progressives de la création et dans ces unités progressives de la création. Et tout rehaussement local dans la réalisation de la divinité s’accompagne de certaines répercussions bien définies d’une manifestation élargie de la déité auprès de tous les autres secteurs de la création. En allant du Paradis vers l’extérieur, chaque nouveau domaine d’évolution réalisée et atteinte constitue une nouvelle révélation élargie de la Déité expérientielle à l’univers des univers. 56:7.2 À mesure que les composants d’un univers local s’ancrent progressivement dans la lumière et la vie, Dieu le Septuple devient de plus en plus manifeste. L’évolution spatiotemporelle d’une planète débute avec la première expression de Dieu le Septuple – l’association Fils Créateur-Esprit Créatif – et sous leur contrôle. Avec l’ancrage du système dans la lumière, cette liaison Fils-Esprit atteint la plénitude de sa fonction ; et, quand une constellation entière est ainsi ancrée, la seconde phase de Dieu le Septuple devient plus active dans tout ce royaume. Le parachèvement de l’évolution administrative d’un univers local s’accompagne de ministères nouveaux et plus directs de la part des Maitres Esprits du superunivers ; et c’est également à ce point que commencent la révélation et la réalisation toujours croissantes de Dieu le Suprême, qui culminent dans la compréhension de l’Être Suprême par les ascendeurs lors de leur passage dans les mondes du sixième circuit de Havona. 56:7.3 Le Père Universel, le Fils Éternel et l’Esprit Infini sont des manifestations de déité existentielle auprès des créatures intelligentes ; elles ne s’amplifient donc pas de la même manière en relations de personnalité avec les créatures mentales et spirituelles de toute la création. 56:7.4 Il faudrait noter que les mortels ascendants peuvent ressentir la présence impersonnelle des niveaux successifs de Déité bien avant d’être suffisamment spiritualisés et adéquatement éduqués pour arriver à reconnaitre personnellement et expérientiellement ces Déités et à prendre contact avec elles en tant qu’êtres personnels. 56:7.5 Chaque nouvel accomplissement évolutionnaire dans un secteur de la création ainsi que toute nouvelle invasion de l’espace par des manifestations de divinité s’accompagnent d’expansions simultanées de la révélation fonctionnelle de la Déité dans les unités de toute la création existant à ce moment-là et organisées antérieurement. Cette nouvelle invasion du travail administratif des univers et de leurs unités composantes peut quelquefois sembler ne pas être exécutée exactement selon la technique décrite. En effet, la pratique est d’envoyer à l’avance des groupes d’administrateurs pour préparer la voie pour les ères subséquentes et successives du nouveau supercontrôle administratif. Même Dieu l’Ultime laisse entrevoir son supercontrôle transcendantal des univers pendant les stades avancés d’un univers local ancré dans la lumière et la vie. 56:7.6 C’est un fait établi qu’à mesure que les créations de l’espace et du temps s’ancrent progressivement dans le statut évolutionnaire, on observe un fonctionnement nouveau et plus complet de Dieu le Suprême, coïncidant avec le retrait correspondant des trois premières manifestations de Dieu le Septuple. Si le grand univers doit un jour être ancré dans la lumière et dans la vie, quelle sera alors la future fonction des manifestations des Fils Créateurs et des Filles Créatives de Dieu le Septuple si Dieu le Suprême assume le contrôle direct des créations de l’espace et du temps ? Ces organisateurs et pionniers des univers de l’espace-temps devront-ils être libérés pour des activités similaires dans l’espace extérieur ? Nous ne le savons pas, mais nous faisons beaucoup d’hypothèses sur ces matières et sur les affaires connexes. 56:7.7 Du fait que les frontières de la Déité expérientielle s’étendent dans les domaines de l’Absolu Non Qualifié, nous imaginons l’activité de Dieu le Septuple pendant les époques évolutionnaires initiales de ces créations du futur. Nous ne sommes pas tous d’accord sur le futur statut des Anciens des Jours et des Maitres Esprits des superunivers. Nous ne savons pas davantage si oui ou non l’Être Suprême y fonctionnera comme dans les sept superunivers. Mais nous conjecturons tous que les Micaëls, les Fils Créateurs, sont destinés à opérer dans ces univers extérieurs. Certains soutiennent que les âges futurs verront une forme d’union plus étroite entre les Fils Créateurs et les Divines Ministres associés ; il est même possible que cette union créatrice s’extériorise en une nouvelle expression d’identité associée-créatrice de nature ultime. En réalité, nous ne savons rien sur ces possibilités de l’avenir non révélé. 56:7.8 Nous savons toutefois que, dans les univers du temps et de l’espace, Dieu le Septuple permet de s’approcher progressivement du Père Universel, et que cette approche évolutionnaire est unifiée expérientiellement en Dieu le Suprême. Nous pourrions supposer que ce plan devra prévaloir dans les univers extérieurs ; d’autre part, les nouveaux ordres d’êtres susceptibles d’habiter un jour ces univers pourraient être capables d’approcher la Déité sur les niveaux ultimes et par des techniques absonites. Bref, nous n’avons pas le moindre concept de la technique d’approche de la déité qui pourrait être opératoire dans les futurs univers de l’espace extérieur. 56:7.9 Nous estimons néanmoins que les superunivers devenus parfaits feront d’une certaine manière partie de la carrière d’ascension au Paradis des êtres qui pourraient habiter ces créations extérieures. Il est tout à fait possible que, dans cet âge futur, nous observions des citoyens de l’espace extérieur s’approchant de Havona par les sept superunivers alors administrés par Dieu le Suprême avec ou sans la collaboration des Sept Maitres Esprits. 8. L’Unificateur Suprême 56:8.1 L’Être Suprême a une triple fonction dans l’expérience de l’homme mortel. Premièrement, il est l’unificateur de la divinité spatiotemporelle, Dieu le Septuple. Deuxièmement, il représente le maximum de Déité que les créatures finies puissent effectivement comprendre. Troisièmement, il est la seule voie d’approche pour l’homme mortel vers l’expérience transcendantale d’association avec le mental absonite, l’esprit éternel et la personnalité paradisiaque. 56:8.2 Les finalitaires ascendants sont nés dans les univers locaux ; ils ont été élevés dans les superunivers et éduqués dans l’univers central. Ils embrassent donc dans leurs expériences personnelles tout le potentiel nécessaire pour comprendre la divinité spatiotemporelle de Dieu le Septuple qui s’unifie dans le Suprême. Les finalitaires servent successivement dans des superunivers autres que ceux de leur nativité. Ils surimposent ainsi expérience sur expérience jusqu’à ce que la septuple diversité des expériences possibles pour les créatures ait été englobée dans sa plénitude. Par le ministère des Ajusteurs intérieurs, les finalitaires sont mis à même de trouver le Père Universel, mais c’est par ces techniques de l’expérience qu’ils parviennent réellement à connaitre l’Être Suprême, et ils sont destinés à aller dans les futurs univers de l’espace extérieur pour y servir et révéler cette Déité Suprême. 56:8.3 Rappelez-vous tout ce que Dieu le Père et ses Fils du Paradis font pour nous ; à notre tour, et en esprit, nous avons l’occasion de le faire pour l’Être Suprême émergent, et en lui. L’expérience d’amour, de joie et de service dans l’univers est mutuelle. Dieu le Père n’a pas besoin que ses fils lui rendent tout ce qu’il leur a donné, mais ils l’effusent effectivement à leur tour (ou peuvent l’effuser) sur leurs compagnons et sur l’Être Suprême en évolution. 56:8.4 Tous les phénomènes de création reflètent des activités spirituelles créatrices antérieures. Jésus a dit, et c’est littéralement vrai, que « le Fils fait seulement les choses qu’il voit faire au Père ». À un moment donné, vous autres, mortels, pourrez commencer à révéler le Suprême à vos compagnons et à élargir de plus en plus cette révélation à mesure que vous vous rapprocherez du Paradis. Dans l’éternité, vous serez peut-être autorisés, en tant que finalitaires du septième stade, à faire des révélations croissantes de ce Dieu des créatures évolutionnaires sur des niveaux suprêmes – et même ultimes. 9. Unité universelle absolue 56:9.1 L’Absolu Non Qualifié et l’Absolu de Déité sont unifiés dans l’Absolu Universel. Les Absolus sont coordonnés dans l’Ultime, conditionnés dans le Suprême et modifiés par l’espace-temps dans Dieu le Septuple. Sur les niveaux subinfinis, il y a trois Absolus, mais dans l’infinité ils apparaissent comme un seul. Au Paradis, il y a trois personnalisations de la Déité, mais dans la Trinité elles sont une. 56:9.2 Le problème philosophique majeur du maitre univers est le suivant : L’Absolu (les trois Absolus considérés comme un dans l’infinité) existait-il avant la Trinité ? L’Absolu est-il ancêtre de la Trinité ou la Trinité est-elle antérieure à l’Absolu ? 56:9.3 L’Absolu Non Qualifié est-il une présence-force indépendante de la Trinité ? La présence de l’Absolu de Déité implique-t-elle la fonction illimitée de la Trinité ? Et l’Absolu Universel est-il la fonction finale de la Trinité, ou même une Trinité des Trinités ? 56:9.4 Au premier abord, le concept de l’Absolu comme ancêtre de toutes choses – même de la Trinité – semble procurer un contentement provisoire en satisfaisant la logique et en unifiant la philosophie, mais cette conclusion est infirmée par le fait que l’éternité de la Trinité du Paradis est actuelle. On nous enseigne, et nous le croyons, que le Père Universel et ses associés de la Trinité sont éternels dans leur nature et dans leur existence. Logiquement, il ne reste plus alors que la conclusion philosophique suivante : pour toutes les intelligences de l’univers, l’Absolu est la réaction impersonnelle et coordonnée de la Trinité (des Trinités) à toutes les situations primaires et fondamentales de l’espace à l’intérieur ou à l’extérieur des univers. Pour toutes les personnalités intelligentes du grand univers, la Trinité du Paradis se dresse perpétuellement dans sa finalité, son éternité, sa suprématie et son ultimité, et, à toutes fins utiles concernant la compréhension personnelle et la réalisation des créatures, elle est absolue. 56:9.5 La façon dont le mental des créatures peut envisager ce problème conduit au postulat final établissant l’Universel JE SUIS comme cause primordiale et source non qualifiée à la fois de la Trinité et de l’Absolu. Donc, lorsque nous avons le désir ardent d’entretenir un concept personnel de l’Absolu, nous en revenons à nos idées et idéaux du Père du Paradis. Lorsque nous désirons faciliter la compréhension ou développer la conscience de cet Absolu par ailleurs impersonnel, nous en revenons au fait que le Père Universel est le Père existentiel de personnalité absolue ; le Fils Éternel est la Personne Absolue, bien qu’au sens expérientiel il ne soit pas la personnalisation de l’Absolu. Poursuivant notre chemin, nous envisageons les Trinités expérientielles comme culminant dans la personnalisation expérientielle de l’Absolu de Déité. En même temps, nous concevons l’Absolu Universel comme constituant, dans les univers et hors des univers, les phénomènes de la présence manifeste des activités impersonnelles des associations coordonnées et unifiées de la Déité, associations de suprématie, d’ultimité et d’infinité – la Trinité des Trinités. 56:9.6 Dieu le Père est perceptible sur tous les niveaux depuis le fini jusqu’à l’infini et, bien que ses créatures, depuis celles du Paradis jusqu’à celles des mondes évolutionnaires, l’aient perçu diversement, seuls le Fils Éternel et l’Esprit Infini le connaissent en tant qu’infinité. 56:9.7 La personnalité spirituelle n’est absolue qu’au Paradis, et le concept de l’Absolu n’est sans réserve que dans l’infinité. La présence de la Déité n’est absolue qu’au Paradis, et il faut que la révélation de Dieu reste partielle, relative et progressive jusqu’à ce que son pouvoir devienne expérientiellement infini dans la puissance d’espace de l’Absolu Non Qualifié. En même temps, la manifestation de sa personnalité devient expérientiellement infinie dans la présence manifeste de l’Absolu de Déité et ces deux potentiels d’infinité deviennent réalité-unifiée dans l’Absolu Universel. 56:9.8 Mais, au-delà des niveaux subinfinis, les trois Absolus sont un, et c’est ainsi que l’infinité est réalisée par la Déité, indépendamment de la possibilité pour un autre ordre d’existence de jamais avoir par lui-même conscience de l’infinité. 56:9.9 Le statut existentiel dans l’éternité implique une autoconscience existentielle de l’infinité, même s’il fallait encore une autre éternité pour faire l’expérience de l’autoréalisation des potentiels expérientiels inhérents à une éternité d’infinité – une infinité éternelle. 56:9.10 Et Dieu le Père est la source personnelle de toutes les manifestations de la Déité et de la réalité, pour toutes les créatures intelligentes et tous les êtres spirituels dans tout l’univers des univers. Peu importe que vous réussissiez à atteindre Dieu le Septuple, que vous compreniez Dieu le Suprême, que vous trouviez Dieu l’Ultime ou que vous tentiez de saisir le concept de Dieu l’Absolu, que ce soit aujourd’hui ou dans vos expériences universelles successives de l’éternel futur ; en tant que personnalité, vous découvrirez, à votre satisfaction éternelle, qu’en consommant chaque aventure, vous avez redécouvert, sur de nouveaux niveaux expérientiels, le Dieu éternel – le Père Paradisiaque de toutes les personnalités de l’univers. 56:9.11 Le Père Universel est l’explication de l’unité universelle telle qu’elle doit être réalisée suprêmement et même ultimement dans l’unité postultime des valeurs et significations absolues – la Réalité non qualifiée. 56:9.12 Les Maitres Organisateurs de Force s’en vont dans l’espace et mobilisent ses énergies pour les rendre gravitationnellement sensibles à l’attraction paradisiaque du Père Universel. Viennent ensuite les Fils Créateurs qui organisent en univers habités ces forces sensibles à la gravité. Ils y développent des créatures intelligentes qui reçoivent pour elles-mêmes l’esprit du Père du Paradis et s’élèvent ensuite vers le Père pour devenir semblables à lui dans tous les attributs possibles de divinité. 56:9.13 L’avancement incessant et grandissant des forces créatives du Paradis à travers l’espace semble présager l’extension incessante du domaine d’emprise gravitationnelle du Père Universel et la multiplication sans fin de types variés de créatures intelligentes qui sont capables d’aimer Dieu et d’être aimées par lui, et qui, commençant ainsi à reconnaitre Dieu, peuvent choisir de devenir semblables à lui, peuvent décider d’atteindre le Paradis et de trouver Dieu. 56:9.14 L’univers des univers est entièrement unifié. Dieu est un en pouvoir et en personnalité. Tous les niveaux d’énergie et toutes les phases de personnalité sont coordonnés. Philosophiquement et expérientiellement, en concept et en réalité, toutes les choses et tous les êtres sont centrés dans le Père du Paradis. Dieu est tout et en tout, et nulle chose et nul être n’existent sans lui. 10. Vérité, beauté et bonté 56:10.1 À mesure que les mondes ancrés dans la lumière et la vie progressent depuis le stade initial jusqu’à la septième époque, leurs habitants cherchent successivement à réaliser la réalité de Dieu le Septuple en allant de l’adoration du Fils Créateur vers l’adoration de son Père du Paradis. Tout au cours du septième stade de l’histoire de ces mondes, les mortels, qui progressent constamment, croissent dans la connaissance de Dieu le Suprême en discernant vaguement la réalité du ministère dominant de Dieu l’Ultime. 56:10.2 Durant tout cet âge glorieux, la recherche principale des mortels en progrès est la quête d’une meilleure compréhension et d’une réalisation plus complète des éléments compréhensibles de la Déité – la vérité, la beauté et la bonté. Cela représente l’effort des hommes pour discerner Dieu dans le mental, la matière et l’esprit. Et, à mesure que les mortels poursuivent cette quête, ils se trouvent de plus en plus absorbés dans l’étude expérientielle de la philosophie, de la cosmologie et de la divinité. 56:10.3 Vous saisissez quelque peu la philosophie et vous comprenez la divinité dans l’adoration, le service social et l’expérience spirituelle personnelle, mais vous limitez trop souvent la recherche de la beauté – la cosmologie – à l’étude des grossières tentatives artistiques humaines. La beauté, l’art, est largement une affaire d’unification de contrastes. La variété est essentielle au concept de beauté. La beauté suprême, le summum de l’art fini, est l’épopée de l’unification de l’immensité des extrêmes cosmiques, le Créateur et la créature. L’homme trouvant Dieu et Dieu trouvant l’homme – la créature devenant parfaite comme le Créateur – tel est l’accomplissement céleste de la beauté suprême, l’aboutissement de l’apogée de l’art cosmique. 56:10.4 Le matérialisme, l’athéisme, est donc le comble de la laideur, l’apogée de l’antithèse finie du beau. La beauté la plus grande consiste dans le panorama de l’unification des variations qui sont nées d’une réalité harmonieuse préexistante. 56:10.5 L’aboutissement aux niveaux cosmologiques de pensée inclut : 56:10.6 1. La curiosité. La faim d’harmonie et la soif de beauté. Les tentatives persistantes pour découvrir de nouveaux niveaux de relations cosmiques harmonieuses. 56:10.7 2. L’appréciation esthétique. L’amour du beau et l’appréciation toujours plus poussée de la touche artistique marquant toutes les manifestations créatives sur tous les niveaux de réalité. 56:10.8 3. La sensibilité éthique. Au travers de la réalisation de la vérité, l’appréciation de la beauté conduit au sentiment de l’éternelle justesse de ces choses qui touchent à la reconnaissance de la divine bonté dans les relations de la Déité avec tous les êtres, et, ainsi, même la cosmologie conduit à la recherche des valeurs divines de réalité – à la conscience de Dieu. 56:10.9 Les mondes ancrés dans la lumière et la vie sont si pleinement concernés par la compréhension de la vérité, de la beauté et de la bonté parce que ces valeurs qualitatives embrassent la révélation de la Déité aux royaumes du temps et de l’espace. Les significations de la vérité éternelle exercent un attrait à la fois sur la nature intellectuelle et sur la nature spirituelle de l’homme mortel. La beauté universelle englobe les relations et rythmes harmonieux de la création cosmique ; elle constitue plus nettement l’attrait intellectuel et conduit à la compréhension unifiée et synchrone de l’univers matériel. La bonté de Dieu représente la révélation de valeurs infinies au mental fini pour y être perçues et élevées au seuil même du niveau spirituel de la compréhension humaine. 56:10.10 La vérité est la base de la science et de la philosophie ; elle présente le fondement intellectuel de la religion. La beauté est marraine de l’art, de la musique et des rythmes significatifs de toute expérience humaine. La bonté embrasse le sens de l’éthique, de la moralité et de la religion – l’appétit de perfection expérientiel. 56:10.11 L’existence de la beauté implique la présence d’un mental de créature qui l’apprécie, tout aussi certainement que le fait de l’évolution progressive indique la domination du Mental Suprême. La beauté est la récognition intellectuelle de l’harmonieuse synthèse spatiotemporelle des vastes diversifications de la réalité phénoménale, dont la totalité provient d’une éternelle unité préexistante. 56:10.12 La bonté est la récognition mentale des valeurs relatives des divers niveaux de la perfection divine. La récognition de la bonté implique un mental ayant un statut moral, un mental personnel capable de discriminer entre le bien et le mal. Mais la possession de la bonté, la grandeur, est la mesure d’un réel aboutissement à la divinité. 56:10.13 La récognition des vraies relations implique un mental apte à discriminer entre la vérité et l’erreur. L’Esprit de Vérité effusé qui investit le mental humain sur Urantia réagit infailliblement à la vérité – la relation spirituelle vivante de toutes les choses et de tous les êtres tels qu’ils sont coordonnés dans l’éternelle ascension vers Dieu. 56:10.14 Chaque impulsion de chaque électron, pensée ou esprit est une unité active dans tout l’univers. Seul le péché est isolé et le mal résiste à la gravité sur les niveaux mentaux et spirituels. L’univers est un tout : nulle chose, nul être n’existent ni ne vivent dans l’isolement. La réalisation de soi est potentiellement mauvaise si elle est antisociale. Il est littéralement vrai que « nul homme ne vit par lui-même ». La socialisation cosmique constitue la plus haute forme d’unification de la personnalité. Jésus a dit : « Celui qui voudra être le plus grand parmi vous, qu’il devienne le serviteur de tous. » 56:10.15 Même la vérité, la beauté et la bonté – l’approche intellectuelle des hommes pour comprendre l’univers du mental, de la matière et de l’esprit – doivent être combinées en un concept unifié d’un idéal divin et suprême. De même que la personnalité mortelle unifie l’expérience humaine avec la matière, le mental et l’esprit, de même cet idéal suprême et divin s’unifie en pouvoir dans la Suprématie et ensuite se personnalise comme un Dieu d’amour paternel. 56:10.16 Toute perspicacité sur les relations entre un tout et ses parties demande que l’on ait intelligemment saisi les relations de toutes les parties avec ce tout ; et, dans l’univers, cela signifie la relation des parties créées avec le Tout Créateur. La Déité devient ainsi le but transcendantal et même infini de l’aboutissement universel et éternel. 56:10.17 La beauté universelle est la récognition du reflet de l’Ile du Paradis dans la création matérielle, tandis que la vérité éternelle est le ministère spécial des Fils du Paradis, qui non seulement s’effusent sur les races mortelles, mais encore répandent leur Esprit de Vérité sur tous les peuples. La divine bonté ressort encore plus pleinement dans le ministère aimant des multiples personnalités de l’Esprit Infini. Mais l’amour, la somme totale de ces trois qualités, est la perception que l’homme a de Dieu en tant que son Père spirituel. 56:10.18 La matière physique est, dans l’espace-temps, l’ombre de la resplendissante énergie paradisiaque des Déités absolues. Les significations de la vérité sont les répercussions, dans l’intellect humain, de la parole éternelle de la Déité – la compréhension spatiotemporelle des concepts suprêmes. Les valeurs de bonté de la divinité sont les ministères miséricordieux des personnalités spirituelles de l’Universel, de l’Éternel et de l’Infini auprès des créatures finies de l’espace-temps des sphères évolutionnaires. 56:10.19 Ces valeurs significatives de réalité de la divinité sont fondues sous forme d’amour divin dans les relations du Père avec chaque créature personnelle. Elles sont coordonnées sous forme de miséricorde divine chez le Fils et ses Fils. Elles manifestent leurs qualités par l’Esprit et par ses enfants spirituels sous forme du ministère divin, portrait de la miséricorde aimante pour les enfants du temps. Ces trois divinités sont manifestées primordialement par l’Être Suprême, en tant que synthèse de personnalité-pouvoir. Elles sont diversement proclamées par Dieu le Septuple en sept associations différentes de significations et de valeurs divines, sur sept niveaux ascendants. 56:10.20 Pour l’homme fini, la vérité, la beauté et la bonté embrassent la pleine révélation de la réalité de divinité. À mesure que cet amour-compréhension de la Déité trouve son expression spirituelle dans la vie des mortels qui connaissent Dieu, les fruits de la divinité sont produits : paix intellectuelle, progrès social, satisfaction morale, joie spirituelle et sagesse cosmique. Les mortels avancés sur un monde au septième stade de lumière et de vie ont appris que l’amour est la plus grande chose de l’univers – et ils savent que Dieu est amour. 56:10.21 L’amour est le désir de faire du bien aux autres. 56:10.22 [Présenté par un Puissant Messager en visite sur Urantia, sur requête du Corps Révélateur de Nébadon, et en collaboration avec un certain Melchizédek, Prince Planétaire vice-gérant d’Urantia.] 56:10.23 ~ ~ ~ ~ 56:10.24 Ce fascicule sur l’Unité Universelle est le vingt-cinquième d’une série de présentations par divers auteurs parrainés, en tant que groupe, par une commission de personnalités de Nébadon comportant douze membres et opérant sous la direction de Mantutia Melchizédek. Nous avons rédigé ces exposés et les avons transcrits en langue anglaise, en l’an 1934 du temps d’Urantia, au moyen d’une technique autorisée par nos supérieurs. Fascicule 57. L’origine d’Urantia 57:0.1 En offrant, pour les annales d’Urantia, des extraits des archives de Jérusem, concernant les antécédents et l’histoire primitive de cette planète, nous avons été invités à évaluer le temps en termes d’usage courant – selon le calendrier actuellement utilisé de trois-cent-soixante-cinq jours un quart et comportant des années bissextiles. En règle générale, nous n’essayerons pas de donner des nombres exacts d’années, bien qu’ils soient connus. Nous utiliserons les nombres entiers les plus voisins, car c’est la meilleure méthode pour présenter ces faits historiques. 57:0.2 Quand nous évoquerons un évènement vieux d’un ou deux-millions d’années, nous le daterons de ce nombre d’années comptées en remontant dans le temps, et en prenant pour point de départ les premières décennies du vingtième siècle de l’ère chrétienne. Nous décrirons donc le déroulement de ces évènements lointains selon des périodes arrondies en milliers, en millions et en milliards d’années. 1. La nébuleuse d’Andronover 57:1.1 Urantia a son origine dans votre soleil, et votre soleil est l’un des multiples produits de la nébuleuse d’Andronover, qui fut jadis organisée comme partie composante du pouvoir physique et de la substance matérielle de l’univers local de Nébadon. Et cette grande nébuleuse elle-même prit naissance dans la charge-force universelle de l’espace dans le superunivers d’Orvonton à une époque lointaine, fort lointaine. 57:1.2 Au moment où commence ce récit, les Maitres Organisateurs de Force Primaires du Paradis avaient, depuis longtemps, la maitrise complète des énergies spatiales qui furent, plus tard, organisées sous forme de la nébuleuse d’Andronover. 57:1.3 Il y a 987 milliards d’années, l’organisateur de force associé, remplissant alors les fonctions d’inspecteur numéro 811 307 de la série d’Orvonton et qui voyageait hors d’Uversa, rendit compte aux Anciens des Jours que les conditions de l’espace étaient favorables pour inaugurer des phénomènes de matérialisation dans un certain secteur du segment, alors oriental, d’Orvonton. 57:1.4 Il y a 900 milliards d’années, les archives d’Uversa attestent que fut enregistré un permis délivré par le Conseil d’Équilibre d’Uversa au gouvernement du superunivers, autorisant l’envoi d’un organisateur de force et de son personnel dans la région désignée auparavant par l’inspecteur numéro 811 307. Les autorités d’Orvonton chargèrent le premier explorateur de cet univers potentiel d’exécuter le mandat des Anciens des Jours prévoyant l’organisation d’une nouvelle création matérielle. 57:1.5 L’enregistrement de ce permis signifie que l’organisateur de force et son personnel avaient déjà quitté Uversa pour leur long voyage vers le secteur d’espace oriental où, par la suite, ils devaient entreprendre des activités prolongées se terminant par l’émergence d’une nouvelle création physique dans Orvonton. 57:1.6 Il y a 875 milliards d’années, la formation de l’énorme nébuleuse d’Andronover, numéro 876 926, fut dument entreprise. Seule la présence de l’organisateur de force et de son personnel de liaison était nécessaire pour déclencher le tourbillon d’énergie qui devait finalement se transformer en ce vaste cyclone spatial. À la suite du déclenchement de ces rotations nébulaires, les organisateurs de force vivants se retirent tout simplement, perpendiculairement au plan du disque en rotation ; ensuite, les qualités inhérentes à l’énergie assurent l’évolution progressive et ordonnée du nouveau système physique. 57:1.7 À partir de cette époque, l’exposé passe aux agissements des personnalités du superunivers. En réalité, c’est alors que se situe le véritable commencement de l’histoire – à peu près exactement au moment où les organisateurs de force du Paradis s’apprêtent à se retirer après avoir préparé les conditions de l’énergie spatiale pour l’activité des directeurs de pouvoir et des contrôleurs physiques du superunivers d’Orvonton. 2. Le stade nébulaire primaire 57:2.1 Toutes les créations matérielles évolutionnaires naissent de nébuleuses gazeuses et circulaires, et toutes ces nébuleuses primaires sont circulaires pendant la première partie de leur existence gazeuse. À mesure qu’elles vieillissent, elles deviennent généralement spirales et, quand leur fonction de formatrices de soleils a terminé son cours, elles prennent souvent la forme finale d’amas d’étoiles ou d’énormes soleils entourés d’un nombre variable de planètes, de satellites et de formations matérielles moindres, ressemblant sous bien des rapports à votre propre minuscule système solaire. 57:2.2 Il y a 800 milliards d’années, la création d’Andronover avait bien pris corps, elle apparaissait comme l’une des magnifiques nébuleuses primaires d’Orvonton. Quand les astronomes des univers voisins observèrent ce phénomène de l’espace, ils y virent très peu de choses susceptibles d’attirer leur attention. Les estimations de gravité faites dans les créations adjacentes indiquaient que des matérialisations spatiales avaient lieu dans la région d’Andronover, mais c’était tout. 57:2.3 Il y a 700 milliards d’années, le système d’Andronover atteignit des proportions gigantesques, et des contrôleurs physiques supplémentaires furent envoyés sur neuf créations matérielles environnantes pour fournir leur appui et apporter leur concours aux centres de pouvoir du nouveau système matériel qui évoluait si rapidement. À cette époque lointaine, tous les matériaux légués aux créations subséquentes étaient contenus dans les limites de cette immense roue spatiale qui continuait à tourbillonner et qui, après avoir atteint son diamètre maximum, tourbillonnait de plus en plus vite à mesure qu’elle se condensait et se contractait. 57:2.4 Il y a 600 milliards d’années, l’apogée de la période de mobilisation d’énergie d’Andronover fut atteint ; la nébuleuse avait acquis son maximum de masse. À ce moment-là, elle était un gigantesque nuage de gaz circulaire d’une forme assez analogue à celle d’un sphéroïde aplati. Ce fut la période initiale de formation différentielle de masse et de variation de vitesse de rotation. La gravité et d’autres influences allaient commencer leur œuvre de conversion des gaz de l’espace en matière organisée. 3. Le stade nébulaire secondaire 57:3.1 L’énorme nébuleuse commença alors à prendre peu à peu la forme spirale et à devenir nettement visible pour les astronomes des univers même lointains. C’est l’histoire naturelle de la plupart des nébuleuses ; avant qu’elles ne commencent à projeter des soleils et n’entreprennent leur tâche de formation d’univers, ces nébuleuses spatiales secondaires sont généralement observées sous l’aspect de phénomènes spiraux. 57:3.2 En observant cette métamorphose de la nébuleuse d’Andronover, les étudiants observateurs d’étoiles de cette époque lointaine, situés à proximité, virent exactement ce que voient les astronomes du vingtième siècle quand ils tournent leurs télescopes vers l’espace et examinent les nébuleuses spirales actuelles de l’espace extérieur adjacent. 57:3.3 À peu près au moment où le maximum de masse fut atteint, le contrôle de gravité du contenu gazeux commença à faiblir ; il s’ensuivit une phase d’échappement des gaz, les gaz jaillissant sous forme de deux bras gigantesques et distincts qui partirent de deux côtés opposés de la masse-mère. La rotation rapide de l’énorme noyau central donna bientôt un aspect spiral aux deux courants de gaz jaillissants. Le refroidissement et la condensation subséquente de portions de ces bras saillants leur donna finalement leur aspect noueux. Ces portions plus denses étaient de vastes systèmes et sous-systèmes de matière physique tourbillonnant dans l’espace au milieu du nuage gazeux de la nébuleuse, tout en restant fermement maintenus sous l’emprise gravitationnelle de la roue-mère. 57:3.4 Mais la nébuleuse avait commencé à se contracter, et l’accroissement de sa vitesse de rotation réduisit encore le contrôle de la gravité. Peu après, les régions gazeuses extérieures commencèrent effectivement à échapper à l’emprise immédiate du noyau nébulaire, sortant dans l’espace suivant des circuits de contour irrégulier, revenant aux régions nucléaires pour boucler leurs circuits, et ainsi de suite. Mais ce n’était qu’une phase temporaire de la progression nébulaire. La vitesse toujours croissante du tourbillon devait bientôt lancer dans l’espace d’énormes soleils sur des circuits indépendants. 57:3.5 C’est ce qui se produisit pour Andronover dans des âges extrêmement lointains. La roue d’énergie s’accrut et grandit jusqu’à ce qu’elle eût atteint son maximum d’expansion ; alors, quand la contraction survint, elle tourbillonna de plus en plus vite jusqu’au moment où la phase centrifuge critique fut atteinte et où la grande dislocation commença. 57:3.6 Il y a 500 milliards d’années, le premier soleil d’Andronover naquit. Ce rayon flamboyant échappa à l’emprise de la gravité maternelle et, une fois séparé, se lança dans l’espace vers une aventure indépendante dans le cosmos de la création. Son orbite fut déterminée par son chemin de fuite. Les jeunes soleils de ce type deviennent rapidement sphériques et commencent leur longue carrière mouvementée d’étoiles de l’espace. À l’exception des noyaux nébulaires terminaux, la grande majorité des soleils d’Orvonton naquit d’une façon semblable. Ces soleils éjectés passent par diverses périodes d’évolution et de service universel subséquent. 57:3.7 Il y a 400 milliards d’années, la nébuleuse d’Andronover entra dans sa période de recaptation. Beaucoup de petits soleils proches furent recaptés à la suite de l’agrandissement progressif suivi d’une nouvelle condensation du noyau-mère. Bientôt fut inaugurée la phase terminale de condensation nébulaire, période qui précède toujours le fractionnement final de ces immenses agrégats spatiaux d’énergie et de matière. 57:3.8 À peine un million d’années après cette époque, Micaël de Nébadon, un Fils Créateur du Paradis, choisit cette nébuleuse en désintégration pour cadre de son aventure dans la construction d’un univers. Presque immédiatement commença la création des mondes architecturaux de Salvington et des groupes planétaires, sièges des cent constellations. Il fallut presque un million d’années pour achever ces amas de mondes spécialement créés. Les planètes-sièges des systèmes locaux furent construites au cours d’un laps de temps s’étendant de cette époque jusqu’à il y a cinq-milliards d’années environ. 57:3.9 Il y a 300 milliards d’années, les circuits solaires d’Andronover étaient bien établis, et le système nébulaire passait par une période transitoire de stabilité physique relative. À peu près à cette époque, l’état-major de Micaël arriva sur Salvington, et le gouvernement d’Uversa, capitale d’Orvonton, reconnut officiellement l’existence physique de l’univers local de Nébadon. 57:3.10 Il y a 200 milliards d’années, la contraction et la condensation d’Andronover progressèrent avec un énorme engendrement de chaleur dans son amas central, ou masse nucléaire. Il apparut de l’espace relatif même dans les régions voisines de la roue centrale du soleil-mère. Les régions extérieures devenaient plus stables et mieux organisées ; quelques planètes tournant autour des soleils nouveau-nés s’étaient suffisamment refroidies pour convenir à l’implantation de la vie. Les plus anciennes planètes habitées de Nébadon datent de cette époque. 57:3.11 Maintenant, le mécanisme universel parachevé de Nébadon commence à fonctionner pour la première fois, et la création de Micaël est enregistrée sur Uversa en tant qu’univers d’habitation et d’ascension progressive de mortels. 57:3.12 Il y a 100 milliards d’années, la tension de condensation parvint à son apogée sous sa phase nébulaire ; le point maximum de tension calorifique était atteint. Ce stade critique de la lutte entre la chaleur et la gravité dure parfois pendant des âges, mais, tôt ou tard, la chaleur gagne la bataille sur la gravité et la période spectaculaire de la dispersion des soleils commence. Cela marque la fin de la carrière secondaire d’une nébuleuse de l’espace. 4. Les stades tertiaire et quaternaire 57:4.1 Le stade primaire d’une nébuleuse est circulaire ; le secondaire est spiral ; le stade tertiaire est celui de la première dispersion des soleils, tandis que le quaternaire comprend le second et dernier cycle de dispersion solaire au cours duquel le noyau-mère finit soit comme amas globulaire, soit comme un soleil solitaire fonctionnant comme centre d’un système solaire terminal. 57:4.2 Il y a 75 milliards d’années, Andronover avait atteint l’apogée de son stade de famille solaire. Ce fut le point culminant de la première période de pertes de soleils. Depuis lors, la plupart de ces soleils sont eux-mêmes entrés en possession de systèmes étendus de planètes, de satellites, d’iles obscures, de comètes, de météores et de nuages de poussière cosmique. 57:4.3 Il y a 50 milliards d’années, la première période de dispersion solaire était achevée ; la nébuleuse terminait rapidement son cycle tertiaire d’existence au cours duquel elle donna naissance à 876 926 systèmes solaires. 57:4.4 L’époque d’il y a 25 milliards d’années fut témoin de l’achèvement du cycle tertiaire de la vie nébulaire, et amena l’organisation et la stabilisation relative des immenses systèmes stellaires dérivés de la nébuleuse ancestrale. Mais le phénomène de contraction physique et de production de chaleur accrue se poursuivit dans la masse centrale du résidu nébulaire. 57:4.5 Il y a 10 milliards d’années commença le cycle quaternaire d’Andronover. Le maximum de température de la masse nucléaire avait été atteint ; le point critique de condensation approchait. Le noyau-mère originel se convulsait sous la pression conjuguée de la tension de condensation de sa propre chaleur interne et de l’effet de marée croissant de l’essaim environnant de systèmes solaires libérés. Les éruptions nucléaires, qui devaient inaugurer le second cycle nébulaire de dispersion solaire, étaient imminentes. Le cycle quaternaire de l’existence nébulaire allait commencer. 57:4.6 Il y a 8 milliards d’années débuta la colossale éruption terminale. Seuls les systèmes extérieurs sont à l’abri au moment d’un tel bouleversement cosmique. Et ce fut le commencement de la fin de la nébuleuse. Ce dégorgement final de soleils s’étendit sur une période de presque deux-milliards d’années. 57:4.7 L’époque d’il y a 7 milliards d’années fut témoin de l’apogée de la dislocation finale d’Andronover. Ce fut la période où naquirent les plus grands soleils terminaux et où les perturbations physiques locales atteignirent leur maximum. 57:4.8 L’époque d’il y a 6 milliards d’années marque la fin de la dislocation terminale et la naissance de votre soleil, le cinquante-sixième avant-dernier de la seconde famille solaire d’Andronover. L’éruption finale du noyau nébulaire engendra 136 702 soleils, la plupart d’entre eux étant des globes solitaires. Le nombre total de soleils et de systèmes solaires issus de la nébuleuse d’Andronover fut de 1 013 628. Le soleil de votre système solaire porte le numéro 1 013 572. 57:4.9 Désormais, la grande nébuleuse d’Andronover n’existe plus, mais elle vit toujours dans les nombreux soleils et les familles planétaires qui ont leur origine dans ce nuage-mère de l’espace. Le dernier résidu nucléaire de cette magnifique nébuleuse brule encore avec une lueur rougeâtre et continue à répandre une lumière et une chaleur modérées sur sa famille planétaire résiduaire de cent-soixante-cinq mondes, qui tournent maintenant autour de cette vénérable mère de deux puissantes générations de monarques de lumière. 5. L’origine de Monmatia – le système solaire d’Urantia 57:5.1 Il y a 5 milliards d’années, votre soleil était un globe incandescent relativement isolé, qui avait recueilli en lui la majeure partie de la matière circulant dans l’espace proche, les résidus du récent bouleversement qui avait accompagné sa naissance. 57:5.2 Aujourd’hui, votre soleil a atteint une stabilité relative, mais les cycles de onze ans et demi des taches solaires rappellent qu’il était, dans sa jeunesse, une étoile variable. Durant les premiers temps de votre soleil, la contraction continuelle et l’élévation graduelle de la température qui s’ensuivait provoquèrent d’immenses convulsions à sa surface. Il fallait trois jours et demi à ces soulèvements titanesques pour accomplir un cycle de changements d’éclat. Cet état variable, cette pulsation périodique, rendirent votre soleil extrêmement sensible à certaines influences extérieures qu’il devait bientôt rencontrer. 57:5.3 Ainsi, le cadre de l’espace local était prêt pour l’origine exceptionnelle de Monmatia, nom de la famille planétaire de votre soleil, le système solaire auquel appartient votre monde. Moins de un pour cent des systèmes planétaires d’Orvonton ont eu une origine semblable. 57:5.4 Il y a 4 milliards et demi d’années, l’énorme système d’Angona commença à s’approcher de ce soleil isolé. Le centre de ce grand système était un géant obscur de l’espace, solide, puissamment chargé, et possédant une prodigieuse force d’attraction gravitationnelle. 57:5.5 À mesure qu’Angona s’approchait davantage du soleil, et aux moments d’expansion maximum des pulsations solaires, des torrents de matière gazeuse étaient projetés dans l’espace comme de gigantesques langues solaires. Au début, ces langues de gaz incandescent retombaient invariablement sur le soleil, mais, à mesure qu’Angona se rapprochait, l’attraction gravitationnelle de ce gigantesque visiteur devint si forte que les langues de gaz se brisèrent en certains points, les racines retombant sur le soleil tandis que les parties extérieures s’en détachaient pour former des corps indépendants de matière, des météorites solaires, qui se mettaient immédiatement à tourner autour du soleil sur leur propre orbite elliptique. 57:5.6 À mesure que le système d’Angona se rapprochait, les épanchements solaires devinrent de plus en plus importants ; une quantité croissante de matière fut extraite du soleil pour former des corps indépendants circulant dans l’espace environnant. Cette situation se développa pendant environ cinq-cent-mille ans, jusqu’à ce qu’Angona eût atteint son point le plus rapproché du soleil ; sur quoi, en conjonction avec une de ses convulsions internes périodiques, le soleil subit une dislocation partielle. Aux antipodes l’un de l’autre et simultanément, d’énormes volumes de matière se dégorgèrent. Du côté d’Angona une grande colonne de gaz solaires fut attirée ; ses deux extrémités étaient plutôt effilées et son centre nettement renflé ; elle échappa définitivement au contrôle gravitationnel immédiat du soleil. 57:5.7 Cette grande colonne de gaz solaires, ainsi séparée du soleil, évolua ensuite en formant les douze planètes du système solaire. Le gaz éjecté par contrecoup du côté opposé du soleil, en synchronisme cyclique avec la gigantesque protubérance ancestrale du système planétaire, s’est condensé depuis lors en formant les météores et la poussière spatiale du système solaire. Toutefois, une grande, une très grande quantité de cette matière fut recaptée ultérieurement par la gravité solaire à mesure que le système d’Angona s’éloignait dans les profondeurs de l’espace. 57:5.8 Bien qu’Angona ait réussi à arracher les matériaux ancestraux des planètes du système solaire et l’énorme volume de matière qui circule maintenant autour du soleil sous forme d’astéroïdes et de météores, il ne parvint pas à s’emparer lui-même d’une partie quelconque de cette matière solaire. Le système visiteur ne passa pas tout à fait assez près pour dérober la moindre substance au soleil, mais il s’en approcha suffisamment pour attirer dans l’espace intermédiaire toute la matière composant le système planétaire présent. 57:5.9 Les cinq planètes intérieures et les cinq planètes extérieures se formèrent bientôt en miniature à partir des noyaux, en voie de refroidissement et de condensation, dans les extrémités effilées et moins volumineuses de la gigantesque protubérance de gravité qu’Angona avait réussi à détacher du soleil, tandis que Saturne et Jupiter se formèrent à partir des portions centrales plus volumineuses et plus renflées. La puissante attraction gravitationnelle de Jupiter et de Saturne capta bientôt la plupart des matériaux dérobés à Angona, comme l’atteste le mouvement rétrograde de certains de leurs satellites. 57:5.10 Jupiter et Saturne, du fait qu’ils avaient tiré leur origine du centre même de l’énorme colonne de gaz solaires surchauffés, contenaient tellement de matériaux solaires à haute température qu’ils brillaient d’une lumière éclatante et émettaient d’énormes quantités de chaleur ; ils furent en réalité des soleils secondaires durant une brève période qui suivit leur formation en tant que corps spatiaux distincts. Ces deux planètes, les plus grosses du système solaire, sont restées largement gazeuses jusqu’à ce jour, n’ayant même pas encore refroidi au point de se solidifier ou de se condenser complètement. 57:5.11 Les noyaux de contraction gazeuse des dix autres planètes atteignirent bientôt le stade de la solidification, et commencèrent ainsi à attirer à eux des quantités croissantes de la matière météorique circulant dans l’espace environnant. Les mondes du système solaire eurent donc une double origine : des noyaux de condensation gazeuse, accrus plus tard par la capture d’énormes quantités de météors. Ils continuent du reste à capter des météores, mais en beaucoup moins grand nombre. 57:5.12 Les planètes ne tournent pas autour du soleil dans le plan équatorial de leur mère solaire, ce qu’elles feraient si elles avaient été rejetées par la rotation du soleil. Elles circulent plutôt dans le plan d’extrusion solaire causée par Angona, plan qui formait un angle accentué avec celui de l’équateur solaire. 57:5.13 Alors qu’Angona fut incapable de capter la moindre partie de la masse solaire, votre soleil, lui, ajouta à sa famille de planètes en cours de métamorphose certains matériaux circulant dans l’orbite du système visiteur. Vu l’intensité du champ gravitationnel d’Angona, les planètes tributaires de sa famille décrivaient leurs orbites à une distance considérable du géant obscur. Peu après l’extrusion de la masse ancestrale de votre système planétaire, et tandis qu’Angona était encore à proximité du soleil, trois planètes majeures du système d’Angona passèrent si près de cet ancêtre massif du système solaire que son attraction gravitationnelle, augmentée de celle du soleil, fut suffisante pour l’emporter sur l’emprise de gravité d’Angona et pour détacher définitivement ces trois tributaires du vagabond céleste. 57:5.14 Tous les matériaux du système solaire dérivés du soleil circulaient originellement sur des orbites de direction homogène. Sans l’intrusion de ces trois corps spatiaux étrangers, tous les matériaux du système solaire auraient toujours gardé la même direction de mouvement orbital. Quoi qu’il en soit, l’impact des trois tributaires d’Angona injecta dans le système solaire émergent de nouvelles forces directionnelles d’origine étrangère, d’où l’apparition de mouvement rétrograde. Dans tout système astronomique, le mouvement rétrograde est toujours accidentel et apparait toujours à la suite de l’impact dû à la collision de corps spatiaux étrangers. De telles collisions ne produisent pas toujours un mouvement rétrograde, mais nul mouvement rétrograde n’apparait jamais ailleurs que dans un système contenant des masses d’origines diverses. 6. Le stade du système solaire – l’ère de formation des planètes 57:6.1 Une période de diminution des dégorgements solaires suivit la naissance du système solaire. Durant une autre période de cinq-cent-mille ans, le soleil continua à déverser des volumes décroissants de matière dans l’espace environnant. Mais, à cette époque primitive des orbites erratiques, quand les corps environnants se trouvaient à leur périhélie, le parent solaire était capable de recapter une grande partie de ces matériaux météoriques. 57:6.2 Les planètes les plus proches du soleil furent les premières à avoir leur rotation ralentie par les frictions dues aux effets de marée. Ces influences gravitationnelles contribuent également à stabiliser les orbites planétaires en freinant le rythme de rotation des planètes sur elles-mêmes ; de ce fait, les planètes tournent de plus en plus lentement jusqu’à ce que leur rotation axiale s’arrête. Cela laisse un hémisphère de la planète constamment tourné du côté du soleil ou du corps le plus grand, comme le montrent les exemples de la planète Mercure et de la Lune, cette dernière présentant toujours la même face à Urantia. 57:6.3 Quand les frictions dues aux effets de marée de la Lune et de la Terre seront égalisées, la Terre présentera toujours le même hémisphère à la Lune. Le jour et le mois seront analogues – d’une durée d’environ 47 jours terrestres. Quand cette stabilité des orbites sera atteinte, les frictions dues aux effets de marée agiront en sens inverse, cessant d’écarter la Lune de la Terre et attirant au contraire progressivement le satellite vers la planète. Alors, dans le lointain futur où la Lune se rapprochera à environ dix-huit-mille kilomètres de la Terre, l’action gravitationnelle de cette dernière provoquera la dislocation de la Lune, et cette explosion de gravité due aux effets de marée réduira la Lune en petites particules. Celles-ci pourront se rassembler autour du monde sous forme d’anneaux de matière semblables à ceux de Saturne ou être attirées progressivement sur Urantia sous forme de météores. 57:6.4 Si des corps spatiaux ont la même taille et la même densité, des collisions peuvent se produire. Mais, si deux corps spatiaux de densité semblable ont une taille relativement inégale, quand le plus petit se rapproche progressivement du plus grand, le plus petit se désintègre dès que le rayon de son orbite devient inférieur à deux fois et demie le rayon du corps le plus grand. En fait, les collisions entre géants de l’espace sont rares, mais ces explosions dues à des effets de marée gravitationnelle des corps plus petits sont fréquentes. 57:6.5 Les étoiles filantes se manifestent en essaims parce qu’elles sont des fragments de corps matériels disloqués par la gravité due aux effets de marée exercée par des corps spatiaux voisins et plus grands. Les anneaux de Saturne sont les fragments d’un satellite désintégré. L’une des lunes de Jupiter s’approche maintenant dangereusement de la zone critique de dislocation due aux effets de marée ; d’ici quelques millions d’années, elle sera soit réclamée par la planète, soit soumise à la désintégration par la gravité due aux effets de marée. Il y a longtemps, très longtemps, la cinquième planète de votre système solaire parcourait une orbite irrégulière, s’approchant périodiquement de plus en plus de Jupiter, elle finit par entrer dans la zone critique de désintégration gravitationnelle due aux effets de marée. Elle fut alors rapidement fragmentée et devint l’amas actuel des astéroïdes. 57:6.6 Il y a 4 milliards d’années eut lieu l’organisation des systèmes de Jupiter et de Saturne sous une forme très semblable à celle d’aujourd’hui, sauf pour leurs lunes dont la taille continua de croitre pendant plusieurs milliards d’années. En fait, toutes les planètes et tous les satellites du système solaire s’accroissent encore aujourd’hui par des captures météoriques continuelles. 57:6.7 Il y a 3 milliards et demi d’années, les noyaux de condensation des dix autres planètes étaient bien formés, et ceux de la plupart des lunes étaient intacts, bien que plusieurs petits satellites se soient ensuite réunis pour former les plus grosses lunes d’aujourd’hui. On peut considérer cet âge comme l’ère de l’assemblage planétaire. 57:6.8 Il y a 3 milliards d’années, le système solaire fonctionnait à peu près comme aujourd’hui. La taille de ses membres continuait à croitre à mesure que les météores spatiaux affluaient à une cadence prodigieuse sur les planètes et sur leurs satellites. 57:6.9 Vers cette époque, votre système solaire fut inscrit sur le registre physique de Nébadon et reçut le nom de Monmatia. 57:6.10 Il y a 2 milliards et demi d’années, la taille des planètes avait immensément grandi. Urantia était une sphère bien développée ; elle avait environ un dixième de sa masse actuelle et s’accroissait toujours rapidement par absorption de météorites. 57:6.11 Toute cette prodigieuse activité fait normalement partie de l’édification d’un monde évolutionnaire de l’ordre d’Urantia ; elle constitue les préliminaires astronomiques de la mise en scène permettant le début de l’évolution physique de tels mondes spatiaux qui se préparent aux aventures de vie du temps. 7. L’ère météorique – l’ère volcanique l’atmosphère planétaire primitive 57:7.1 Durant toute cette époque primitive, les régions spatiales du système solaire fourmillaient de petits corps formés par fragmentation et condensation. Faute d’une atmosphère protectrice pour les comburer, ces corps spatiaux s’écrasaient directement sur la surface d’Urantia. Ces impacts incessants maintenaient la surface de la planète plus ou moins chaude, et ce phénomène, s’ajoutant à l’action croissante de la gravité à mesure que la planète grossissait, commença à mettre en œuvre les influences qui amenèrent progressivement les éléments lourds, tels que le fer, à s’accumuler de plus en plus vers le centre de la planète. 57:7.2 Il y a 2 milliards d’années, la Terre commença nettement à gagner sur la Lune. La planète avait toujours été plus grosse que son satellite, mais il n’y avait pas une telle différence de taille avant cette époque au cours de laquelle d’énormes corps spatiaux furent captés par la Terre. Urantia avait alors environ un cinquième de sa taille actuelle et était devenue assez grande pour retenir l’atmosphère primitive qui avait commencé à apparaître par suite du conflit élémental entre l’intérieur chauffé et la croute en voie de refroidissement. 57:7.3 L’activité volcanique proprement dite date de ces temps-là. La chaleur interne de la Terre continua d’augmenter par suite de l’ensevelissement toujours plus profond des éléments radioactifs lourds apportés de l’espace par les météorites. L’étude de ces éléments radioactifs révélera que la surface d’Urantia est vieille de plus d’un milliard d’années. L’horloge du radium est votre indicateur le plus fiable pour évaluer scientifiquement l’âge de la planète, mais toutes ces estimations sont trop faibles, parce que les matériaux radioactifs disponibles pour votre enquête viennent tous de la surface terrestre et représentent donc des acquisitions relativement récentes d’Urantia dans ce domaine. 57:7.4 Il y a un milliard et demi d’années, la Terre avait les deux tiers de sa taille actuelle, tandis que la Lune approchait de sa masse présente. Le gain rapide de la Terre sur la Lune quant à la taille lui permit de dérober lentement le peu d’atmosphère que son satellite possédait à l’origine. 57:7.5 L’activité volcanique est alors à son apogée. La Terre entière est un véritable enfer de feu ; sa surface ressemble à celle de son état primitif de fusion avant que les métaux lourds n’aient gravité vers le centre. C’est l’âge volcanique. Néanmoins, une croute, constituée principalement de granit relativement plus léger, se forme progressivement. La scène se prépare pour que la planète puisse un jour entretenir la vie. 57:7.6 L’atmosphère planétaire primitive évolue lentement ; elle contient maintenant une certaine quantité de vapeur d’eau, de monoxyde de carbone, du gaz carbonique et du gaz chlorhydrique, mais il y a peu ou pas d’azote libre et d’oxygène libre. L’atmosphère d’un monde à l’âge volcanique présente un spectacle étrange. En plus des gaz énumérés, elle est lourdement chargée de nombreux gaz volcaniques. En outre, à mesure que la ceinture atmosphérique se forme, il s’y ajoute les produits de combustion des abondantes pluies de météorites qui s’abattent constamment sur la surface de la planète. Cette combustion des météorites maintient l’oxygène atmosphérique à un niveau proche de l’épuisement, et le rythme des bombardements météoriques est encore prodigieux. 57:7.7 Bientôt, l’atmosphère devint plus stable et assez refroidie pour déclencher des précipitations de pluie sur la surface rocheuse brulante de la planète. Pendant des milliers d’années, Urantia fut enveloppée dans une immense couche continue de vapeur. Et, au cours de ces âges, le soleil ne brilla jamais sur la surface de la terre. 57:7.8 Une grande partie du carbone de l’atmosphère en fut soustraite pour former les carbonates des différents métaux qui abondaient dans les couches superficielles de la planète. Plus tard, de beaucoup plus grandes quantités de ces gaz carbonés furent consommées par la vie prolifique des premiers végétaux. 57:7.9 Même au cours des périodes ultérieures, les coulées de lave persistantes et les chutes de météorites épuisèrent presque complètement l’oxygène de l’air. Même les premiers dépôts de l’océan primitif qui apparait bientôt ne contiennent ni pierres colorées ni schistes. Après l’apparition de cet océan, il n’y eut pendant longtemps pratiquement pas d’oxygène libre dans l’atmosphère, et il n’en apparut pas en quantité notable avant que les algues marines et d’autres formes de vie végétale ne l’eussent ultérieurement engendré. 57:7.10 L’atmosphère planétaire primitive de l’âge volcanique offre peu de protection contre les impacts dus aux collisions des essaims météoriques. Des millions et des millions de météorites peuvent pénétrer la couche d’air et venir s’écraser sous forme de corps solides sur la croute planétaire. Mais, à mesure que le temps passe, il y a de moins en moins de météorites assez grosses pour résister au bouclier de friction atmosphérique constamment renforcé par l’enrichissement en oxygène des ères plus tardives. 8. Stabilisation de la croute terrestre. L’âge des tremblements de terre. L’océan mondial et le premier continent 57:8.1 La date du commencement effectif de l’histoire d’Urantia se situe il y a un milliard d’années. La planète avait atteint approximativement sa taille actuelle. À peu près à cette époque, elle fut inscrite sur les registres physiques de Nébadon et reçut son nom d’Urantia. 57:8.2 L’atmosphère ainsi que d’incessantes précipitations d’humidité facilitèrent le refroidissement de la croute terrestre. L’action volcanique équilibra de bonne heure la pression calorifique interne et la contraction de la croute. Puis les volcans diminuèrent rapidement et les tremblements de terre firent leur apparition, tandis que l’époque d’adaptation et de refroidissement de la croute progressait. 57:8.3 La véritable histoire géologique d’Urantia commence au moment où la croute terrestre est assez froide pour provoquer la formation du premier océan. Une fois que la condensation de la vapeur d’eau à la surface de la terre en cours de refroidissement eut commencé, elle continua jusqu’à devenir pratiquement complète. Vers la fin de cette période, l’océan recouvrait toute la surface de la planète sur une profondeur moyenne de près de deux kilomètres. Les marées jouaient alors presque comme aujourd’hui, mais l’océan primitif n’était pas salé ; il formait pratiquement un revêtement d’eau douce sur l’ensemble du monde. À cette époque, la majeure partie du chlore était combinée avec divers métaux, mais il y avait assez de chlore combiné avec de l’hydrogène pour rendre cette eau légèrement acidulée. 57:8.4 Au début de cette ère lointaine, il faut considérer Urantia comme une planète entourée d’eau. Plus tard, des coulées de lave d’origine plus profonde, donc plus dense, débouchèrent sur le fond de ce qui est présentement l’océan Pacifique, et cette partie de la surface recouverte d’eau s’enfonça considérablement. La première masse de sol continental émergea de l’océan mondial pour rétablir l’équilibre et compenser l’épaississement progressif de la croute terrestre. 57:8.5 Il y a 950 millions d’années, Urantia offre l’image d’un grand continent unique entouré d’une vaste nappe d’eau, l’océan Pacifique. Les volcans sont toujours très nombreux et les tremblements de terre sont à la fois fréquents et violents. Les météorites continuent à bombarder la terre, mais elles diminuent à la fois de fréquence et de grosseur. L’atmosphère se clarifie, mais la quantité de gaz carbonique continue à être importante. La croute terrestre se stabilise progressivement. 57:8.6 C’est à cette époque qu’Urantia fut rattachée au système de Satania pour son administration planétaire et inscrite sur le registre de vie de la constellation de Norlatiadek. Alors commença la reconnaissance administrative de la petite sphère insignifiante destinée à devenir la planète sur laquelle Micaël se lancerait ultérieurement dans sa prodigieuse entreprise d’effusion de mortel et participerait aux expériences qui, depuis lors, ont fait connaitre localement Urantia sous le nom de « monde de la croix ». 57:8.7 Il y a 900 millions d’années, on vit arriver sur Urantia le premier groupe de reconnaissance de Satania envoyé de Jérusem pour examiner la planète et faire un rapport sur ses possibilités d’adaptation comme station expérimentale de vie. Cette commission comportait vingt-quatre membres et comprenait des Porteurs de Vie, des Fils Lanonandeks, des Melchizédeks, des séraphins et d’autres ordres de vie céleste s’occupant de l’organisation et de l’administration initiales des planètes. 57:8.8 Après une étude soigneuse de la planète, cette commission revint à Jérusem et fit au Souverain du Système un rapport favorable, recommandant d’inscrire Urantia sur le registre d’expérience de la vie. Votre monde fut donc enregistré à Jérusem comme planète décimale, et l’on notifia aux Porteurs de Vie qu’ils recevraient la permission d’instituer de nouveaux modèles de mobilisation mécanique, chimique et électrique au moment de leur arrivée ultérieure avec des ordres pour transplanter et implanter la vie. 57:8.9 En temps voulu, des mesures pour occuper la planète furent prises par la commission mixte des douze sur Jérusem et approuvées par la commission planétaire des soixante-dix sur Édentia. Ces plans proposés par le conseil consultatif des Porteurs de Vie furent définitivement acceptés sur Salvington. Bientôt après, des télédiffusions de Nébadon transmirent la nouvelle qu’Urantia deviendrait le cadre où les Porteurs de Vie exécuteraient, dans Satania, leur soixantième expérience conçue pour amplifier et améliorer le type satanien des modèles de vie de Nébadon. 57:8.10 Peu après que les télédiffusions universelles eurent pour la première fois reconnu Urantia devant tout Nébadon, on lui accorda le plein statut de cet univers. Bientôt après, elle fut enregistrée dans les archives des planètes-sièges du secteur mineur et du secteur majeur du superunivers ; et, avant la fin de cet âge, Urantia avait été inscrite sur le registre de la vie planétaire d’Uversa. 57:8.11 Cet âge tout entier fut caractérisé par des orages violents et fréquents. La croute terrestre primitive était dans un état de flux continuel. Le refroidissement superficiel alternait avec d’immenses flots de lave. Nulle part sur la face de votre monde on ne peut trouver le moindre vestige de cette croute planétaire originelle. Elle a été mélangée trop de fois avec des laves issues des grandes profondeurs et des dépôts ultérieurs de l’océan mondial primitif. 57:8.12 Les résidus modifiés de ces anciennes roches préocéaniques ne se trouvent nulle part, à la surface d’Urantia, en plus grande abondance qu’au Nord-Est du Canada, autour de la baie d’Hudson. Ce vaste plateau granitique est composé d’une roche appartenant aux âges préocéaniques. Ces couches rocheuses ont été chauffées, courbées, plissées, froissées, et ont subi maintes et maintes fois ces expériences métamorphiques déformantes. 57:8.13 Tout au long des âges océaniques, d’énormes couches rocheuses stratifiées dépourvues de fossiles se déposèrent sur le fond de cet océan ancien. (Le calcaire peut se former à la suite d’une précipitation chimique ; les calcaires anciens n’ont pas tous été produits par des dépôts de vie marine). On ne trouvera aucune trace de vie dans ces antiques formations rocheuses ; elles ne contiennent pas de fossiles à moins que des dépôts ultérieurs, datant des âges aquatiques, ne se soient mélangés par hasard avec ces couches plus anciennes, antérieures à la vie. 57:8.14 La croute terrestre primitive était fort instable, mais les montagnes n’étaient pas en cours de formation. La planète se contractait sous la pression de la gravité à mesure qu’elle se formait. Les montagnes ne résultent pas de l’effondrement de la croute en voie de refroidissement d’une sphère en contraction ; elles apparaissent plus tard sous l’action de la pluie, de la gravité et de l’érosion. 57:8.15 La masse continentale de cette ère s’accrut jusqu’à couvrir presque dix pour cent de la surface terrestre. Les tremblements de terre violents ne commencèrent pas avant que la masse continentale n’eût émergé bien au-dessus de l’eau. Une fois qu’ils eurent commencé, ils augmentèrent en violence et en fréquence pendant des âges. Depuis bien des millions d’années, les tremblements de terre diminuent, mais Urantia en subit encore une moyenne de quinze par jour. 57:8.16 Il y a 850 millions d’années commença véritablement la première époque de stabilisation de la croute terrestre. La plupart des métaux lourds s’étaient fixés vers le centre du globe, et la croute en voie de refroidissement avait cessé de s’effondrer sur une échelle aussi étendue qu’au cours des âges antérieurs. Un meilleur équilibre s’était établi entre les extrusions de terres et le fond plus dense de l’océan. Sous la croute terrestre, le flux de lave s’étendait à peu près dans le monde entier, ce qui compensait et stabilisait les fluctuations dues au refroidissement, à la contraction et aux glissements superficiels. 57:8.17 La fréquence et la violence des éruptions volcaniques et des tremblements de terre continuèrent à diminuer. L’atmosphère s’épurait des gaz volcaniques et de la vapeur d’eau, mais le pourcentage de gaz carbonique restait élevé. 57:8.18 Les perturbations électriques décroissaient aussi dans l’air et dans la terre. Les coulées de lave avaient amené à la surface un mélange d’éléments qui diversifièrent la croute et isolèrent mieux la planète contre certaines énergies spatiales. Tout ceci contribua beaucoup à faciliter le contrôle de l’énergie terrestre et à régulariser son flux, comme le révèle le fonctionnement des pôles magnétiques. 57:8.19 Il y a 800 millions d’années, on assista à l’inauguration de la première grande époque des terres émergées, l’âge de l’émergence continentale accrue. 57:8.20 Depuis la condensation de l’hydrosphère de la terre, d’abord dans l’océan mondial, puis dans l’océan Pacifique, il faut se représenter que cette dernière masse d’eau couvrait les neuf dixièmes de la surface terrestre. Les météorites qui tombaient dans la mer s’accumulaient au fond de l’océan, car elles sont généralement composées de matériaux denses. Celles qui tombaient sur le sol furent fortement oxydées, puis usées par l’érosion et enfin entrainées dans les bassins océaniques. Le fond de l’océan devint ainsi de plus en plus lourd, d’autant plus qu’il s’y ajoutait le poids d’une masse d’eau profonde de seize kilomètres à certains endroits. 57:8.21 Sous l’effet de la poussée croissante de l’océan Pacifique, les masses terrestres continentales continuèrent de s’élever. L’Europe et l’Afrique commencèrent à émerger des profondeurs du Pacifique en même temps que les masses appelées maintenant Australie, Amérique du Nord et du Sud, et continent Antarctique ; tandis que le lit de l’océan Pacifique continuait à s’enfoncer pour compenser ce mouvement. À la fin de cette période, les terres émergées constituaient presque un tiers de la surface du globe et ne formaient qu’une seule masse continentale. 57:8.22 Cet accroissement de l’élévation des terres entraina les premières différences climatiques de la planète. Élévation du sol, nuages cosmiques et influences océaniques sont les principaux facteurs des fluctuations climatiques. L’arête de la masse continentale asiatique atteignit une hauteur de presque quinze-mille mètres lors de l’apogée de l’émergence du sol. S’il y avait eu beaucoup d’humidité dans l’air flottant au-dessus de ces régions très élevées, d’énormes couches de glace se seraient formées et l’âge glaciaire serait arrivé beaucoup plus tôt. Plusieurs centaines de millions d’années s’écoulèrent avant que d’aussi grandes masses continentales ne réapparaissent au-dessus des eaux. 57:8.23 Il y a 750 millions d’années, les premières brèches commencèrent à apparaitre dans la masse continentale sous la forme du grand affaissement nord-sud qui fut plus tard comblé par les eaux de l’océan. Ces brèches préparèrent la voie à la dérive vers l’ouest des continents de l’Amérique du Nord et du Sud, y compris le Groenland. La longue faille est-ouest sépara l’Afrique de l’Europe et détacha du continent asiatique les masses de terre de l’Australie, des iles du Pacifique et de l’Antarctique. 57:8.24 Il y a 700 millions d’années, Urantia s’approchait des conditions de maturité nécessaire pour entretenir la vie. La dérive continentale se poursuivait ; l’océan pénétrait de plus en plus dans les terres sous forme de longs bras de mer fournissant les eaux peu profondes et les baies abritées qui conviennent si bien comme habitat pour la vie marine. 57:8.25 L’époque d’il y a 650 millions d’années fut témoin d’une nouvelle scission des masses terrestres et, par conséquent, d’une nouvelle extension des mers continentales. Et ces eaux atteignirent rapidement le degré de salinité indispensable à la vie sur Urantia. 57:8.26 Ce sont ces mers et celles qui leur succédèrent qui établirent les annales de la vie d’Urantia, telles qu’on les découvrit par la suite dans des pages de pierres bien conservées, volume après volume, tandis que les ères succédaient aux ères et que les âges s’écoulaient. Ces mers intérieures des temps anciens furent vraiment le berceau de l’évolution. 57:8.27 [Présenté par un Porteur de Vie, membre du Corps originel d’Urantia, et maintenant observateur résident.] Fascicule 58. L’établissement de la vie sur Urantia 58:0.1 Il n’existe dans tout Satania que soixante-et-un mondes semblables à Urantia – des planètes où la vie est modifiée. Les mondes habités sont en majorité peuplés suivant des techniques établies ; sur ces sphères, les Porteurs de Vie n’ont guère la faculté de s’écarter de leurs plans pour l’implantation de la vie. Mais environ un monde sur dix est désigné comme planète décimale et inscrit sur le registre spécial des Porteurs de Vie. Sur ces planètes, on nous permet d’entreprendre certaines expériences sur la vie pour essayer de modifier, ou peut-être d’améliorer, les types courants d’êtres vivants de l’univers. 1. Conditions préalables à la vie physique 58:1.1 Il y a 600 millions d’années, la commission des Porteurs de Vie envoyée de Jérusem arriva sur Urantia et commença l’étude des conditions physiques préparatoires à la promotion de la vie sur le monde numéro 606 du système de Satania. Ceci devait être notre six-cent-sixième expérience d’inauguration des modèles vitaux de Nébadon dans Satania, et notre soixantième occasion d’introduire des changements et d’instituer des modifications dans les types de vie standards et fondamentaux de l’univers local. 58:1.2 Il convient de préciser que les Porteurs de Vie ne peuvent pas instaurer la vie avant qu’une sphère ne soit mure pour l’inauguration du cycle évolutionnaire. Nous ne pouvons pas davantage provoquer un développement de la vie plus rapide que ce qui peut être supporté et assimilé par le progrès physique de la planète. 58:1.3 Les Porteurs de Vie de Satania avaient projeté un modèle de vie au chlorure de sodium ; aucune mesure ne pouvait donc être prise pour l’implanter avant que les eaux de l’océan ne soient devenues suffisamment saumâtres. Le type de protoplasme d’Urantia ne peut fonctionner que dans une solution convenablement salée. Toute la vie ancestrale – végétale et animale – a évolué dans un habitat de solution salée. Même les animaux terrestres les plus hautement organisés ne pourraient continuer à vivre si cette solution salée essentielle ne circulait pas à travers leur corps dans le courant sanguin qui baigne largement jusqu’à la plus minuscule cellule vivante et l’immerge littéralement dans cette « onde saumâtre ». 58:1.4 Vos ancêtres primitifs se déplaçaient librement dans l’océan salé ; aujourd’hui, cette même solution salée, semblable à l’océan, circule librement dans votre corps. Elle baigne individuellement chaque cellule dans un liquide chimique comparable, sur tous les points essentiels, à l’eau salée qui stimula les premières réactions protoplasmiques des premières cellules vivantes qui fonctionnèrent sur la planète. 58:1.5 Mais, au moment où cette ère commence, Urantia évolue de toutes les manières vers un état favorable à l’entretien des formes initiales de la vie marine. Lentement mais sûrement, les développements physiques sur terre et dans les régions adjacentes de l’espace préparent le cadre pour des tentatives ultérieures destinées à établir certaines formes de vie, celles dont nous avions décidé qu’elles seraient les mieux adaptées au milieu physique en voie de développement, aussi bien sur terre que dans l’espace. 58:1.6 Ensuite, la commission satanienne des Porteurs de Vie retourna sur Jérusem, car elle préférait attendre de nouvelles dislocations de la masse continentale, qui fourniraient encore plus de mers intérieures et de baies abritées, avant de commencer effectivement l’implantation de la vie. 58:1.7 Sur une planète où la vie a une origine marine, les conditions idéales pour l’implantation de la vie sont offertes par un grand nombre de mers intérieures et par un long littoral d’eaux peu profondes et de baies abritées ; et, justement, les eaux de votre planète se répartissaient rapidement de cette façon. Ces anciennes mers intérieures avaient rarement plus de cent-cinquante à deux-cents mètres de profondeur, et la lumière solaire peut pénétrer l’eau de l’océan au-delà de deux-cents mètres. 58:1.8 Ce fut à partir de ces rivages que, dans des climats doux et réguliers d’un âge ultérieur, la vie végétale primitive parvint jusqu’à la terre. La forte teneur en carbone de l’atmosphère offrait aux nouvelles variétés de vie terrestre l’occasion de croitre rapidement et avec luxuriance. Bien que cette atmosphère fût alors idéale pour la croissance des plantes, elle contenait tellement de gaz carbonique que nul animal, et encore moins les hommes, n’auraient pu vivre à la surface de la Terre. 2. L’atmosphère d’Urantia 58:2.1 L’atmosphère planétaire laisse filtrer jusqu’à la terre environ un deux-milliardièmes de l’émanation lumineuse totale du soleil. Si la lumière tombant sur l’Amérique du Nord était payée au taux de deux cents par kilowatt-heure, la facture annuelle de la lumière dépasserait 800 millions de milliards de dollars. La facture de la lumière solaire pour Chicago se monterait à bien plus de 100 millions de dollars par jour. Et il ne faut pas oublier que vous recevez du soleil d’autres formes d’énergie, car la lumière n’est pas la seule contribution solaire qui atteigne votre atmosphère. De vastes énergies solaires se déversent sur Urantia en utilisant des longueurs d’onde qui s’étendent à la fois au-dessus et au-dessous du champ de perception de la vision humaine. 58:2.2 L’atmosphère terrestre est presque opaque pour beaucoup de radiations solaires de l’extrémité ultraviolette du spectre. La plupart de ces ondes courtes sont absorbées par une couche d’ozone. Cette couche commence à environ seize kilomètres de la surface de la Terre et s’étend vers l’espace sur seize autres kilomètres. Si l’ozone en suspension dans cette région de l’atmosphère se trouvait à la pression qui règne à la surface de la Terre, il formerait une couche n’ayant que deux millimètres et demi d’épaisseur. Cette quantité d’ozone relativement faible et apparemment insignifiante protège néanmoins les habitants d’Urantia de l’excès de ces dangereuses et destructrices radiations ultraviolettes présentes dans la lumière du soleil. Mais, si cette couche d’ozone était un tout petit peu plus épaisse, vous seriez privés de ces rayons ultraviolets fort importants et vivifiants qui atteignent actuellement la surface terrestre et qui sont à l’origine de l’une de vos vitamines parmi les plus essentielles. 58:2.3 Malgré tout, certains des moins imaginatifs de vos mécanistes mortels s’obstinent à considérer la création matérielle et l’évolution humaine comme un accident. Les médians d’Urantia ont rassemblé plus de cinquante-mille faits physiques et chimiques qu’ils jugent incompatibles avec les lois du hasard et qui, d’après eux, démontrent de façon irréfutable la présence d’un dessein intelligent dans la création matérielle. Tout ceci ne tient pas compte de leur catalogue de plus de cent-mille constatations extérieures au domaine de la physique et de la chimie, et qui, affirment-ils, prouve la présence d’un mental dans le plan, la création et l’entretien du cosmos matériel. 58:2.4 Votre soleil déverse un véritable déluge de rayons meurtriers, et la vie agréable que vous menez sur Urantia est due à l’influence « fortuite » de plus de quarante phénomènes protecteurs apparemment accidentels et semblables à l’action de cette couche d’ozone très spéciale. 58:2.5 S’il n’y avait pas l’effet « d’édredon » de l’atmosphère pendant la nuit, la chaleur se perdrait si rapidement par rayonnement qu’il serait impossible de maintenir la vie sans dispositions artificielles. 58:2.6 Les huit ou dix premiers kilomètres de l’atmosphère terrestre constituent la troposphère ; c’est la région des vents et des courants aériens qui produisent les phénomènes météorologiques. Au-dessus de cette région se trouve l’ionosphère interne et immédiatement au-dessus, la stratosphère. Quand on s’élève en partant de la surface de la Terre, la température décroit progressivement sur dix à douze kilomètres ; à cette altitude, elle accuse environ 57 centigrades au-dessous de zéro. Cette gamme de températures de 54 à 57 centigrades au-dessous de zéro reste ensuite inchangée pendant que l’on s’élève de soixante-cinq kilomètres ; cette zone de température constante est la stratosphère. À une altitude de soixante-dix ou quatre-vingts kilomètres, la température commence à s’élever, et cette hausse se poursuit jusqu’au niveau des aurores boréales où règne une température de 650° ; c’est cette chaleur intense qui ionise l’oxygène. Mais la température dans une atmosphère aussi raréfiée n’est guère comparable à l’évaluation de la chaleur à la surface de la Terre. Rappelez-vous que la moitié de votre atmosphère est concentrée dans les premiers cinq-mille mètres d’altitude. L’épaisseur de l’atmosphère de la Terre est indiquée par les plus hautes flèches lumineuses d’aurores boréales – environ six-cent-cinquante kilomètres. 58:2.7 Les phénomènes d’aurores boréales sont directement reliés aux taches du soleil, ces cyclones solaires qui tourbillonnent dans des directions opposées au-dessus et au-dessous de l’équateur solaire, tout comme les ouragans tropicaux terrestres tournent en sens inverse selon qu’ils se produisent au-dessus ou au-dessous de l’équateur. 58:2.8 Le pouvoir qu’ont les taches du soleil de modifier les fréquences de la lumière montre que les foyers d’orages solaires fonctionnent comme d’énormes aimants. Ces champs magnétiques sont capables d’arracher des particules chargées aux cratères des taches solaires et de les projeter dans l’espace jusqu’à l’atmosphère externe de la Terre où leur influence ionisante produit des déploiements spectaculaires d’aurores boréales. C’est pourquoi les plus importants phénomènes de ce genre ont lieu quand les taches du soleil sont à leur apogée – ou peu après – et, à ce moment-là, les taches solaires sont généralement situées près de l’équateur. 58:2.9 Même l’aiguille de la boussole est sensible à l’influence du soleil, puisqu’elle s’incline légèrement vers l’est au lever du soleil, et légèrement vers l’ouest quand il est près de se coucher. Ce phénomène se produit chaque jour, mais, au moment de l’apogée cyclique des taches solaires, la variation de l’aiguille aimantée est deux fois plus importante. Ces déviations diurnes anormales de la boussole correspondent à un accroissement de l’ionisation de l’atmosphère supérieure produit par la lumière solaire. 58:2.10 C’est la présence de deux niveaux différents de régions conductrices électrisées, dans la superstratosphère, qui permet la transmission à longue distance de vos émissions de radio sur ondes courtes et longues. Vos transmissions sont parfois troublées par les formidables orages qui se déchainent, de temps à autre, dans les zones de ces ionosphères externes. 3. Le milieu spatial 58:3.1 Durant les premiers temps de la matérialisation d’un univers, les régions de l’espace sont parsemées de vastes nuages d’hydrogène, très semblables aux nuages astronomiques de poussière qui caractérisent maintenant beaucoup de régions de l’espace lointain. Une grande partie de la matière organisée que les soleils ardents désagrègent et dispersent sous forme d’énergie rayonnante fut accumulée, à l’origine, dans ces nuages spatiaux d’hydrogène qui apparurent de très bonne heure. Dans certaines conditions inhabituelles, la désintégration des atomes a lieu également au centre des grandes masses d’hydrogène. De même que dans les nébuleuses extrêmement chaudes, tous ces phénomènes de constitution et de désagrégation atomique comportent l’émission d’un flot de rayons spatiaux d’énergie radiante à courte longueur d’onde. Ces diverses radiations sont accompagnées d’une forme d’énergie spatiale inconnue sur Urantia. 58:3.2 Cette charge d’énergie à courte longueur d’onde de l’espace universel est quatre-cent fois plus intense que toutes les autres formes d’énergie radiantes existant dans les domaines organisés de l’espace. L’émission des rayons spatiaux courts, qu’ils viennent de nébuleuses flamboyantes, de champs électriques à haute tension, de l’espace extérieur ou des vastes nuages de poussière d’hydrogène, est modifiée qualitativement et quantitativement par les fluctuations et les changements soudains de la température, de la gravité et des pressions électroniques. 58:3.3 Ces variations dans l’origine des rayons de l’espace sont déterminées par de nombreux phénomènes cosmiques aussi bien que par les orbites de la matière circulante, qui varient entre des formes presque circulaires et des ellipses extrêmement allongées. Les conditions physiques peuvent aussi être grandement modifiées du fait que les électrons tournent parfois en sens inverse de la matière plus dense, même à l’intérieur de la même zone physique. 58:3.4 Les immenses nuages d’hydrogène sont de véritables laboratoires cosmiques de chimie et abritent toutes les phases de l’évolution de l’énergie et de la métamorphose de la matière. De puissantes activités énergétiques s’exercent également dans les gaz marginaux des grandes étoiles doubles qui se chevauchent si fréquemment et, par conséquent, se mélangent largement. Mais aucune de ces activités énergétiques énormes et très étendues de l’espace n’exerce la moindre influence sur les phénomènes de la vie organisée – le plasma germinatif de tout le vivant. Ces conditions énergétiques de l’espace sont en rapport avec le milieu essentiel pour établir la vie, mais sont sans effet sur les modifications subséquentes des facteurs transmissibles du plasma germinatif, contrairement à certains rayons à plus grande longueur d’onde d’énergie radiante. La vie, implantée par les Porteurs de Vie, résiste entièrement à tout cet étonnant rayonnement d’énergie universelle à courte longueur d’onde. 58:3.5 Il fallait que toutes ces conditions cosmiques essentielles aient évolué vers un statut favorable avant que les Porteurs de Vie puissent commencer effectivement à établir la vie sur Urantia. 4. L’ère de l’aurore de la vie 58:4.1 Le fait que nous soyons appelés Porteurs de Vie ne doit pas vous déconcerter. Nous pouvons apporter la vie aux planètes et nous le faisons, mais nous n’avons pas apporté la vie sur Urantia. La vie sur Urantia est unique et a son origine sur cette planète. Cette sphère est un monde modificateur de vie ; toute la vie qui y apparait a été élaborée par nous ici même sur cette planète ; il n’y a pas d’autre monde dans tout Satania, ni même dans tout Nébadon, où la vie existe de manière exactement semblable à celle d’Urantia. 58:4.2 Il y a 550 millions d’années, le corps des Porteurs de Vie revint sur Urantia. En coopération avec des puissances spirituelles et avec des forces supraphysiques, nous organisâmes et inaugurâmes les modèles originels de vie de ce monde, et nous les implantâmes dans les eaux hospitalières du royaume. Toute la vie planétaire (à l’exception des personnalités extraplanétaires) qui exista jusqu’à l’époque de Caligastia, le Prince Planétaire, est issue de nos trois implantations de vie marine originelles, identiques et simultanées. Ces trois implantations de vie ont été dénommées : la centrale ou eurasienne-africaine, l’orientale ou australasienne, et l’occidentale, englobant le Grœnland et les Amériques. 58:4.3 Il y a 500 millions d’années, la vie végétale primitive des mers était bien établie sur Urantia. Le Grœnland et la masse des terres arctiques, ainsi que l’Amérique du Nord et du Sud, commençaient leur longue et lente dérive vers l’ouest. L’Afrique se déplaçait légèrement vers le sud, créant une cuvette est-ouest, le Bassin méditerranéen, entre elle-même et le continent-mère. L’Antarctique, l’Australie et la terre marquée par les iles du Pacifique se détachèrent au sud et à l’est, et ont considérablement dérivé depuis lors. 58:4.4 Nous, les Porteurs de Vie, avions implanté la forme primitive de vie marine dans les baies tropicales abritées des mers centrales de la faille est-ouest produite par la dislocation de la masse continentale. En faisant trois implantations de vie marine, notre but était de nous assurer que chaque grande masse continentale emporterait cette vie avec elle dans ses eaux marines chaudes, quand, plus tard, les terres se scinderaient. Nous prévoyions que de vastes océans sépareraient les masses continentales en dérive au cours de l’ère suivante où la vie terrestre émergerait. 5. La dérive continentale 58:5.1 La dérive continentale continuait. Le noyau terrestre était devenu aussi dense et rigide que l’acier, car il était soumis à une pression de l’ordre de 3 500 tonnes par centimètre carré ; du fait de l’énorme pression de la gravité, il était et est encore très chaud dans ses profondeurs. La température s’accroit en descendant jusqu’à devenir, au centre de la Terre, légèrement supérieure à la température superficielle du soleil. 58:5.2 Dans ses mille-six-cents kilomètres extérieurs, la masse terrestre est principalement constituée par différentes sortes de roches. Au-dessous, se trouvent les éléments métalliques plus denses et plus lourds. Tout au long des âges primitifs préatmosphériques, du fait de son état de fusion et de chaleur intense, le monde était presque fluide, si bien que les métaux plus lourds s’enfoncèrent profondément à l’intérieur. Ceux que l’on trouve aujourd’hui près de la surface représentent des extrusions de volcans anciens, d’importantes coulées de lave ultérieures et des dépôts météoriques plus récents. 58:5.3 La croute extérieure avait une épaisseur d’environ soixante-cinq kilomètres. Cette coquille reposait directement sur un support constitué par une mer de basalte en fusion d’une épaisseur variable ; cette couche mobile de lave en fusion était maintenue sous forte pression, mais tendait sans cesse à s’écouler, çà et là, pour équilibrer les déplacements des pressions planétaires tendant ainsi à stabiliser la croute terrestre. 58:5.4 Aujourd’hui encore, les continents flottent sur le coussin non cristallisé de cette mer de basalte en fusion. Si ce phénomène protecteur n’existait pas, les tremblements de terre les plus violents réduiraient littéralement le monde en pièces. Les tremblements de terre sont dus au glissement et aux déplacements de la croute externe solide, et non aux volcans. 58:5.5 Une fois refroidies, les couches de lave de la croute terrestre forment du granit. La densité moyenne d’Urantia est légèrement supérieure à cinq fois et demie celle de l’eau. La densité du granit est inférieure à trois fois celle de l’eau. Le noyau terrestre est douze fois plus dense que l’eau. 58:5.6 Les fonds marins sont plus denses que les masses continentales, ce qui a pour effet de maintenir les continents au-dessus de l’eau. Quand les fonds marins sont refoulés au-dessus du niveau de la mer, on s’aperçoit qu’ils sont constitués en majeure partie de basalte, forme de lave considérablement plus dense que le granit des masses continentales. D’ailleurs, si les continents n’étaient pas plus légers que le fond des océans, la gravité ferait remonter le bord des océans sur la terre, mais on n’observe pas un tel phénomène. 58:5.7 Le poids des océans contribue aussi à accroitre la pression exercée sur le fond des mers. Les fonds océaniques plus bas, mais comparativement plus lourds, et l’eau qui les recouvre ont un poids voisin de celui des continents, plus élevés mais beaucoup plus légers. Tous les continents tendent pourtant à glisser dans les océans. La pression continentale, au niveau des fonds océaniques, est d’environ 1 400 kilogrammes par centimètre carré. Cela correspond à la pression d’une masse continentale s’élevant à 5 000 mètres au-dessus du fond de l’océan. La pression de l’eau sur ce fond n’est que d’environ 350 kilogrammes par centimètre carré. Ces pressions différentielles tendent à faire glisser les continents vers le fond des océans. 58:5.8 L’affaissement du fond de l’océan, au cours des âges antérieurs à la vie, avait élevé une masse continentale solitaire à une hauteur telle qu’il en résulta une forte poussée latérale. Celle-ci tendit à faire glisser vers le bas les rivages orientaux, occidentaux et méridionaux du continent sur les lits sous-jacents de lave semi-visqueuse et jusque dans les eaux environnantes de l’océan Pacifique. Ce phénomène compensa si parfaitement la pression continentale qu’il ne se produisit pas de large faille sur la rive orientale de cet ancien continent asiatique. Mais, depuis lors, son littoral oriental a toujours été suspendu au-dessus du précipice des profondeurs océaniques qui le bordent et menace encore de glisser dans une tombe marine. 6. La période de transition 58:6.1 Il y a 450 millions d’années, la transition de la vie végétale à la vie animale se produisit. Cette métamorphose eut lieu dans les eaux peu profondes des baies et des lagunes tropicales abritées, situées sur les longs rivages des continents en train de se séparer. Ce phénomène, entièrement inhérent aux modèles de vie originels, eut lieu progressivement. De nombreux stades de transition intervinrent entre les formes primitives de la vie végétale et les organismes animaux ultérieurs bien définis. Des empreintes limoneuses de transition existent encore aujourd’hui, et il est difficile de les rattacher au règne végétal ou au règne animal. 58:6.2 On peut suivre, à la trace, l’évolution de la vie végétale à la vie animale, et l’on trouve des séries échelonnées de plantes et d’animaux qui conduisent progressivement des organismes les plus simples aux plus complexes et aux plus évolués. Par contre, vous ne pourrez pas trouver de traits d’union semblables entre les grandes divisions du règne animal, ni entre les types les plus évolués d’animaux préhumains et les hommes de l’aurore des races humaines. Ces soi-disant « chainons manquants » manqueront toujours, pour la simple raison qu’ils n’ont jamais existé. 58:6.3 Des espèces radicalement nouvelles de vie animale surgissent d’une ère à l’autre. Ce n’est pas par suite d’une accumulation progressive de petites variations qu’elles évoluent ; elles surgissent comme ordres de vie nouveaux et parachevés, et apparaissent soudainement. 58:6.4 L’apparition soudaine de nouvelles espèces et d’ordres diversifiés d’organismes vivants est un phénomène entièrement biologique et strictement naturel. Ces mutations génétiques n’ont rien de surnaturel. 58:6.5 Quand les océans eurent un degré de salinité convenable, la vie animale évolua ; il fut relativement simple de faire circuler les eaux saumâtres dans le corps des animaux marins. Mais, lorsque les océans se concentrèrent et que leur teneur en sel augmenta considérablement, ces mêmes animaux acquirent, par évolution, la faculté de réduire la salinité de leurs fluides corporels. Il en fut exactement de même pour les organismes qui apprirent à vivre dans l’eau douce en acquérant la faculté de conserver, à leurs fluides corporels, une teneur convenable en chlorure de sodium au moyen de techniques ingénieuses de conservation du sel. 58:6.6 L’étude des fossiles marins, incrustés dans les roches, révèle les luttes ancestrales de ces organismes primitifs pour s’adapter. Les plantes et les animaux ne cessent jamais de faire ces expériences d’adaptation. L’environnement est en perpétuelle modification et les organismes vivants s’efforcent toujours de s’adapter à ces incessantes fluctuations. 58:6.7 L’équipement physiologique et la structure anatomique de tous les nouveaux ordres de vie répondent à l’action de lois physiques, mais le don subséquent du mental est une effusion des esprits-mentaux adjuvats en rapport avec la capacité innée du cerveau. Bien que n’étant pas une évolution physique, le mental dépend entièrement de la capacité du cerveau obtenue par des développements purement physiques et évolutionnaires. 58:6.8 À travers des cycles presque interminables de gains et de pertes, d’adaptations et de réadaptations, tous les organismes vivants progressent ou régressent d’âge en âge. Ceux qui atteignent l’unité cosmique demeurent, tandis que ceux qui ne parviennent pas à ce but cessent d’exister. 7. Le livre de l’histoire géologique 58:7.1 Le vaste ensemble de systèmes rocheux qui constitua la croute externe du monde pendant l’ère de l’aurore de la vie, ou ère protérozoïque, n’apparait plus maintenant qu’en peu de points de la surface terrestre. Et, quand il émerge à travers tous les sédiments des âges suivants, on n’y trouve que les restes fossiles de la vie végétale et de la vie animale très primitive. Certaines roches anciennes, déposées par les eaux, sont mêlées à des couches plus récentes et présentent parfois des restes fossiles de quelques formes antérieures de la vie végétale, alors qu’on peut trouver à l’occasion, dans les couches supérieures, quelques formes plus anciennes des organismes animaux de la vie marine primitive. On rencontre, en beaucoup d’endroits, les couches rocheuses stratifiées très anciennes qui contiennent des fossiles de la vie marine primitive, tant végétale qu’animale, directement au-dessus de la pierre plus ancienne et indifférenciée. 58:7.2 Les fossiles de cette ère comprennent des algues, des plantes comparables au corail, des protozoaires primitifs et des organismes de transition qui ressemblent aux éponges. Mais l’absence de ces fossiles dans les couches rocheuses primitives ne prouve pas nécessairement que des organismes vivants n’existaient pas ailleurs au moment où elles se sont déposées. La vie fut clairsemée tout au long de ces temps primitifs, et c’est lentement qu’elle fit son chemin à la surface de la Terre. 58:7.3 Les roches de cet âge ancien affleurent maintenant ou sont près d’affleurer sur un huitième environ des continents actuellement émergés. L’épaisseur moyenne de cette pierre de transition, formant les plus anciennes couches rocheuses stratifiées, est d’environ 2 500 mètres. En certains points, l’épaisseur de ces systèmes rocheux anciens atteint 6 500 mètres, mais nombre de couches attribuées à cette ère appartiennent à des périodes plus récentes. 58:7.4 En Amérique du Nord, cette couche ancienne et primitive de roches fossilifères affleure à la surface des régions orientales, centrales et septentrionales du Canada. Cette roche apparait également le long d’une arête est-ouest intermittente qui s’étend de la Pennsylvanie et des montagnes anciennes de l’Adirondack en direction de l’ouest par le Michigan, le Wisconsin et le Minnesota. D’autres arêtes s’étendent de Terre-Neuve à l’Alabama et de l’Alaska au Mexique. 58:7.5 Les roches de cette ère sont apparentes, çà et là, sur l’ensemble du monde, mais il n’y en a pas de plus faciles à interpréter que celles des environs du lac Supérieur et du Grand Canyon du Colorado, où elles existent en plusieurs couches fossilifères primitives et témoignent des soulèvements et des fluctuations superficielles de ces temps reculés. 58:7.6 Cette couche de pierre, la plus ancienne strate fossilifère de la croute terrestre, a été écrasée, pliée et capricieusement plissée par les effets des tremblements de terre et des volcans primitifs. Les coulées de lave de cette époque firent remonter beaucoup de fer, de cuivre et de plomb près de la surface de la terre. 58:7.7 Il existe peu d’endroits sur la planète où ces activités soient inscrites de façon plus imagée que dans la vallée de Sainte-Croix, dans le Wisconsin. Dans cette région, cent-vingt-sept coulées de lave successives se sont répandues sur le sol qui a été ensuite submergé par les eaux puis recouvert d’un dépôt rocheux. Bien qu’une grande partie de la sédimentation rocheuse supérieure et des coulées de lave intermittentes fassent aujourd’hui défaut et que la partie inférieure du système soit profondément ensevelie dans le sol, environ soixante-cinq ou soixante-dix de ces archives stratifiées des âges passés sont maintenant exposées à la vue. 58:7.8 En ces âges lointains, le niveau d’une grande partie des terres était voisin de celui des mers, de sorte que les plaines furent successivement submergées et émergées un grand nombre de fois. La croute terrestre entrait juste dans sa dernière période de stabilisation relative. Les ondulations, exhaussements et affaissements provoqués par la dérive continentale antérieure, contribuèrent à la fréquence des submergences périodiques des grandes masses continentales. 58:7.9 Au cours de ces temps de la vie marine primitive, d’importantes étendues du rivage continental s’enfoncèrent dans les mers sur des profondeurs allant de quelques mètres à huit-cents mètres. Une grande partie des grès et des conglomérats anciens correspond aux accumulations sédimentaires de ces rivages antiques. Les roches sédimentaires, appartenant à cette stratification primitive, reposent directement sur des couches datant de bien avant l’origine de la vie et remontant à la première apparition de l’océan mondial. 58:7.10 Certaines couches supérieures de ces dépôts rocheux de transition contiennent de petites quantités de schiste ou d’ardoise de couleur sombre, qui révèlent la présence de carbone organique et témoignent de l’existence des ancêtres des formes de vie végétale qui envahirent la terre au cours de l’âge suivant appelé âge carbonifère ou âge du charbon. Une grande partie du cuivre contenu dans ces couches rocheuses a été déposée par les eaux. On en trouve parfois dans les fissures des roches plus anciennes ; il vient de la concentration des eaux marécageuses stagnantes d’un ancien littoral abrité. Les mines de fer d’Amérique du Nord et d’Europe sont situées dans des dépôts et des extrusions qui s’étendent en partie dans les roches anciennes non stratifiées, et en partie dans les roches stratifiées plus récentes des périodes transitoires de formation de la vie. 58:7.11 Cette ère témoigne de l’expansion de la vie dans toutes les eaux du monde ; la vie marine est désormais bien établie sur Urantia. Le fond des mers intérieures étendues et peu profondes est progressivement envahi par une profusion de végétation luxuriante, tandis que les eaux du littoral fourmillent des formes simples de la vie animale. 58:7.12 Toute cette histoire est racontée de façon imagée dans les pages fossiles de l’immense « livre de pierre » des archives du monde. Les pages de ces gigantesques archives biogéologiques vous diront infailliblement la vérité à condition d’acquérir l’habileté à les interpréter. Beaucoup de ces anciens fonds marins sont maintenant exhaussés bien au-dessus du niveau de la mer, et leurs dépôts racontent, d’âge en âge, l’histoire des luttes pour la vie au cours de ces temps primitifs. Comme votre poète l’a dit, il est littéralement vrai que « la poussière que nous foulons fut jadis vivante ». 58:7.13 [Présenté par un membre du Corps des Porteurs de Vie d’Urantia, résidant présentement sur la planète.] Fascicule 59. L’ère de la vie marine sur Urantia 59:0.1 Nous estimons que l’histoire d’Urantia commença il y a environ un milliard d’années et qu’elle s’étend sur cinq ères majeures : 59:0.2 1. L’ère de la prévie comprend les premiers 450 millions d’années, à peu près depuis le moment où la planète atteignit sa taille actuelle jusqu’au moment de l’établissement de la vie. Vos savants appellent cette période archéozoïque. 59:0.3 2. L’ère de l’aurore de la vie s’étend ensuite sur 150 millions d’années. Cette époque se place entre l’âge précédent, âge de la prévie ou des cataclysmes, et la période suivante de vie marine plus hautement développée. Cette ère est connue de vos chercheurs sous le nom de protérozoïque. 59:0.4 3. L’ère de la vie marine couvre les 250 millions d’années suivantes ; elle vous est surtout connue sous le nom de paléozoïque. 59:0.5 4. L’ère de la vie terrestre primitive s’étend sur les 100 millions d’années suivantes et s’appelle mésozoïque. 59:0.6 5. L’ère des mammifères occupe les derniers 50 millions d’années. Ces temps récents sont connus sous le nom de cénozoïques. 59:0.7 L’ère de la vie marine couvre donc environ un quart de l’histoire de votre planète. On peut la subdiviser en six longues périodes, caractérisées chacune par certains développements bien définis, tant dans les domaines géologiques que biologiques. 59:0.8 Au moment où commence cette ère, les fonds marins, les grandes plateformes continentales et les nombreux bassins littoraux peu profonds sont couverts d’une végétation prolifique. Les formes primitives les plus simples de la vie animale se sont déjà développées à partir des organismes végétaux précédents, et les organismes animaux primitifs ont progressivement fait leur chemin le long des rivages étendus des différentes masses continentales jusqu’à ce que les nombreuses mers intérieures fourmillent de vie marine primitive. Fort peu de ces organismes primitifs avaient des coquilles, très peu ont donc été conservés par fossilisation. Néanmoins, la scène était prête pour les premiers chapitres du grand « livre de pierre » consacré à la préservation des annales de la vie, que les âges suivants rédigeront si méthodiquement. 59:0.9 Le continent de l’Amérique du Nord possède de merveilleuses richesses en dépôts fossiles couvrant toute l’ère de la vie marine. Les premières et plus anciennes couches sont séparées des dernières strates de la période précédente par de grands dépôts dus à l’érosion, qui divisent nettement ces deux stades du développement planétaire. 1. La vie marine primitive dans les mers peu profondes. L’âge des trilobites 59:1.1 À l’aube de cette période, la surface terrestre jouit d’un calme relatif, et la vie est confinée dans les différentes mers intérieures et le long des rivages océaniques ; pour le moment, aucune forme d’organisme terrestre n’est encore apparue. Les animaux marins primitifs sont bien établis et prêts pour le prochain développement évolutionnaire. Les amibes, qui avaient fait leur apparition vers la fin de la période de transition précédente, sont des survivants typiques de ce stade initial de la vie animale. 59:1.2 Il y a 400 millions d’années, la vie marine, tant végétale qu’animale, est assez bien répartie sur l’ensemble du monde. Le climat mondial se réchauffe légèrement et devient plus régulier. Il se produit une inondation générale des rivages des différents continents, en particulier de l’Amérique du Nord et du Sud. De nouveaux océans apparaissent et les masses d’eau plus anciennes s’agrandissent considérablement. 59:1.3 Pour la première fois, la végétation monte en rampant sur la terre ferme, et son adaptation à un habitat non marin y fait bientôt des progrès considérables. 59:1.4 Soudain, et sans gradation ancestrale, les premiers animaux multicellulaires font leur apparition. Les trilobites sont apparus et, pendant des âges, ils dominent les mers. Du point de vue de la vie marine, c’est l’âge des trilobites. 59:1.5 Vers la fin de cette période, une grande partie de l’Amérique du Nord et de l’Europe émergea de la mer. La croute terrestre était temporairement stabilisée ; des montagnes, ou plutôt des hautes terres, surgirent le long des côtes de l’Atlantique et du Pacifique, dans les Antilles et dans le Sud de l’Europe. Toute la région des Caraïbes se trouva considérablement exhaussée. 59:1.6 Il y a 390 millions d’années, les continents se dressaient toujours. On peut trouver, dans certaines parties de l’Est et de l’Ouest de l’Amérique et de l’Europe occidentale, les strates rocheuses déposées à cette époque ; ce sont les plus anciennes roches contenant des fossiles de trilobites. Ces roches fossilifères se déposèrent dans les longs et nombreux bras de mer qui s’enfonçaient profondément à l’intérieur des masses continentales. 59:1.7 Au bout de quelques millions d’années, l’océan Pacifique commença à envahir les continents américains. L’affaissement des terres fut principalement causé par une adaptation de la croute, bien que l’expansion latérale des terres, ou glissement continental, ait également joué son rôle. 59:1.8 Il y a 380 millions d’années, l’Asie s’affaissait, tandis que tous les autres continents subissaient une émergence de courte durée. Au cours du progrès de cette époque, l’océan Atlantique, nouvellement apparu, fit de grandes incursions sur tous les littoraux avoisinants. L’Atlantique Nord, ou mers arctiques, était alors relié aux eaux du Golfe méridional. Lorsque cette mer du Sud pénétra dans la cuvette Appalachienne, ses vagues s’écrasèrent à l’est contre des montagnes aussi hautes que les Alpes ; mais en général les continents étaient formés de basses terres sans intérêt, totalement dépourvues de beauté naturelle. 59:1.9 Les dépôts sédimentaires de ces âges sont de quatre sortes : 59:1.10 1. Des conglomérats – matériaux déposés près du littoral. 59:1.11 2. Des grès – déposés dans des eaux peu profondes dont les vagues étaient pourtant assez fortes pour empêcher la boue de se déposer. 59:1.12 3. Des schistes – déposés dans des eaux plus profondes et plus calmes. 59:1.13 4. Des calcaires – comprenant les dépôts de coquilles de trilobites en eau profonde. 59:1.14 Les fossiles de trilobites de cette époque présentent à la fois une certaine uniformité fondamentale et des variantes bien marquées. Les animaux primitifs qui évoluèrent à partir des trois implantations originelles de vie étaient caractéristiques ; ceux qui apparurent dans l’hémisphère occidental étaient légèrement différents de ceux du groupe eurasien et du type australasien ou australien-antarctique. 59:1.15 Il y a 370 millions d’années se produisit la grande inondation qui submergea presque entièrement l’Amérique du Nord et du Sud, et fut suivie par l’effondrement de l’Afrique et de l’Australie. Seules, certaines parties de l’Amérique du Nord émergeaient de ces mers cambriennes peu profondes. Cinq-millions d’années plus tard, les mers se retiraient devant l’élévation des terres émergentes. Aucun de ces phénomènes d’affaissement et d’élévation des terres ne fut spectaculaire, car ils s’effectuèrent lentement au cours de millions d’années. 59:1.16 Les couches fossilifères de cette époque, contenant des trilobites, affleurent çà et là dans tous les continents, sauf en Asie centrale. Ces roches sont horizontales dans beaucoup de régions, mais, dans les montagnes, elles sont inclinées et tordues du fait de la pression et du plissement. En bien des endroits, cette pression a modifié le caractère originel des dépôts. Le grès a été transformé en quartz, les schistes changés en ardoise et le calcaire converti en marbre. 59:1.17 Il y a 360 millions d’années, la terre continuait à s’élever. L’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud étaient nettement au-dessus de l’eau. L’Europe occidentale et les Iles Britanniques étaient en train d’émerger, à l’exception de quelques parties du pays de Galles qui étaient profondément immergées. Il n’y eut pas de grandes couches de glace pendant ces époques. Les dépôts présumés glaciaires, dont l’apparition est liée à ces couches en Europe, en Afrique, en Chine et en Australie, sont dus à des glaciers de montagne isolés ou à des déplacements de débris glaciaires d’origine plus récente. Le climat mondial était océanique et non continental. Les mers équatoriales étaient plus chaudes qu’aujourd’hui et s’étendaient vers le nord par-dessus l’Amérique du Nord jusqu’aux régions polaires. Le Gulf Stream parcourait la partie centrale de l’Amérique du Nord et déviait vers l’est pour baigner et réchauffer les rives du Groenland, faisant de ce continent, aujourd’hui couvert d’un manteau de glace, un véritable paradis tropical. 59:1.18 La vie marine était presque uniforme sur l’ensemble du monde et consistait en algues, en organismes unicellulaires, en éponges simples, en trilobites et autres crustacés – crevettes, crabes et homards. Trois-mille variétés de brachiopodes, dont deux-cents seulement ont survécu, apparurent à la fin de cette période. Ces animaux représentent une variété de la vie primitive qui est parvenue jusqu’à l’époque actuelle pratiquement sans changement. 59:1.19 Mais les trilobites dominaient parmi les créatures vivantes. C’étaient des animaux sexués existant sous de nombreuses formes ; mauvais nageurs, ils flottaient paresseusement dans l’eau ou rampaient le long des fonds marins ; ils s’enroulaient pour se protéger contre les attaques de leurs ennemis apparus plus tardivement. Ils atteignaient une longueur de cinq à trente centimètres et se divisèrent en quatre groupes distincts : carnivores, herbivores, omnivores et « mangeurs de boue ». La faculté qu’avaient ces derniers de se nourrir en grande partie de matières inorganiques – ils furent les derniers animaux multicellulaires à la posséder – explique leur multiplication et leur longue survie. 59:1.20 Tel était le tableau biogéologique d’Urantia à la fin de cette longue période de l’histoire du monde qui embrasse cinquante-millions d’années et qui est appelée cambrienne par vos géologues. 2. Le stade de la première inondation des continents. L’âge des invertébrés 59:2.1 Les phénomènes périodiques d’élévation et d’affaissement du sol qui caractérisèrent cette époque se produisirent tous progressivement et sans rien de spectaculaire ; l’activité volcanique concomitante étant infime ou nulle. Pendant toutes ces élévations et dépressions successives, le continent-mère asiatique ne partagea pas complètement le sort des autres masses terrestres. Il subit de nombreuses inondations, s’affaissa dans une direction puis dans une autre, plus particulièrement au cours de son histoire primitive, mais il ne présente pas les dépôts rocheux uniformes que l’on peut découvrir sur les autres continents. Durant les âges récents, l’Asie a été la plus stable de toutes les masses continentales. 59:2.2 Il y a 350 millions d’années commença la grande période d’inondation de tous les continents, sauf de l’Asie centrale. Les masses terrestres furent recouvertes à maintes reprises par les eaux ; seules les hautes terres littorales demeurèrent au-dessus de ces mers intérieures oscillantes peu profondes, mais très étendues. Trois inondations majeures marquèrent cette période, mais, avant sa fin, les continents surgirent de nouveau, l’émergence terrestre totale dépassant de quinze pour cent celle qui existe actuellement. La région des Caraïbes était très élevée. Cette période ne se discerne pas très bien en Europe du fait que les fluctuations terrestres y furent moindres, tandis que l’activité volcanique y était plus continue. 59:2.3 Il y a 340 millions d’années se produisit un autre affaissement important des terres, sauf en Asie et en Australie. Les eaux des différents océans du monde subirent un brassage général. Ce fut un grand âge de dépôts calcaires, dont une grande partie provenait d’algues sécrétant de la chaux. 59:2.4 Quelques millions d’années plus tard, de vastes portions des continents américains et de l’Europe commencèrent à émerger des eaux. Dans l’hémisphère occidental, seul un bras de l’océan Pacifique subsista au-dessus du Mexique et de la région des montagnes Rocheuses actuelles, mais, vers la fin de cette époque, les côtes de l’Atlantique et du Pacifique recommencèrent à s’affaisser. 59:2.5 L’époque d’il y a 330 millions d’années marque le commencement d’une période de calme relatif sur l’ensemble du monde, avec, de nouveau, beaucoup de terres au-dessus des eaux. La seule exception à ce règne de calme terrestre fut l’éruption du grand volcan de l’Amérique du Nord à l’Est du Kentucky, une des plus grandes manifestations volcaniques isolées que la Terre ait jamais connues. Les cendres de ce volcan couvrirent une surface de mille-trois-cents kilomètres carrés sur une profondeur de cinq à six mètres. 59:2.6 Il y a 320 millions d’années se produisit la troisième inondation majeure de cette période. Les eaux couvrirent toutes les terres submergées par le précédent déluge et s’étendirent plus loin dans beaucoup de directions sur l’ensemble de l’Amérique et de l’Europe. L’Est de l’Amérique du Nord et l’Europe occidentale se trouvèrent sous 3 000 à 4 500 mètres d’eau. 59:2.7 Il y a 310 millions d’années, les masses continentales du monde étaient de nouveau bien surélevées, à l’exception des parties méridionales de l’Amérique du Nord. Le Mexique émergea, créant le golfe des Antilles qui a toujours conservé sa forme depuis lors. 59:2.8 La vie continue d’évoluer pendant cette période. Une fois de plus, le monde est calme et relativement paisible ; le climat reste doux et uniforme ; les plantes terrestres gagnent des zones de plus en plus éloignées du littoral. Les modèles de vie sont bien développés, quoique l’on trouve peu de fossiles végétaux de cette époque. 59:2.9 Ce fut le grand âge de l’évolution des organismes animaux individuels, bien que de nombreux changements fondamentaux, tels que la transition de la plante à l’animal, se fussent produits auparavant. La faune marine se développa au point que tous les types de vie inférieurs aux vertébrés furent représentés parmi les fossiles des roches déposées à cette époque. Mais tous ces animaux étaient des organismes marins. Nul animal terrestre n’était encore apparu, sauf quelques types de vers qui fouissaient le sol le long des côtes maritimes ; les plantes terrestres n’avaient pas non plus couvert les continents. Il y avait encore trop de gaz carbonique dans l’atmosphère pour permettre l’existence des respirateurs d’air. Fondamentalement, tous les animaux, sauf quelques-uns des plus primitifs, dépendent directement ou indirectement de la vie végétale pour leur existence. 59:2.10 Les trilobites prédominaient encore. Ces petits animaux existaient sous des dizaines de milliers de types et furent les prédécesseurs des crustacés modernes. Certains trilobites avaient entre vingt-cinq et quatre-mille petits yeux ou œillets minuscules, et d’autres avaient des yeux rudimentaires. À la fin de cette période, les trilobites partageaient la domination des mers avec plusieurs autres formes de la vie invertébrée, mais ils disparurent totalement au commencement de la période suivante. 59:2.11 Les algues sécrétant de la chaux étaient largement répandues. Il existait des milliers d’espèces des ancêtres primitifs des coraux. Les vers de mer étaient abondants et il y avait de nombreuses variétés de méduses désormais éteintes. Les coraux et les types ultérieurs d’éponges évoluèrent. Les céphalopodes étaient bien développés ; leurs survivants sont les modernes nautiles flambés, poulpes, seiches et calmars. 59:2.12 Il existait de nombreuses variétés d’animaux à coquilles, mais leurs coques ne leur étaient pas aussi nécessaires pour se défendre que dans les âges suivants. Les gastéropodes étaient présents dans les eaux des mers anciennes ; ils comprenaient des univalves foreurs, des bigorneaux et des escargots. Les gastéropodes bivalves ont traversé, pratiquement sans changement, les millions d’années qui nous séparent de cette époque et comprennent les moules, palourdes, huitres et pétoncles. Les organismes à coquille et à valve évoluèrent également, et ces brachiopodes vécurent dans ces mers anciennes à peu près sous la même forme qu’aujourd’hui ; leur valve était même munie de charnières, de dentelures et d’autres sortes de dispositifs protecteurs. 59:2.13 Ainsi se termine l’histoire évolutionnaire de la deuxième grande période de la vie marine connue de vos géologues sous le nom d’ordovicienne. 3. Le stade de la deuxième grande inondation. La période du corail - l’âge des brachiopodes. 59:3.1 Il y a 300 millions d’années commença une autre grande période de submersion des terres. La progression des mers siluriennes anciennes vers le nord et vers le sud se préparait à engloutir la majeure partie de l’Europe et de l’Amérique du Nord. Les terres n’étaient pas très élevées au-dessus du niveau de la mer, si bien qu’il ne se produisit pas de dépôts importants près des rivages. Les mers fourmillaient d’animaux à coquilles calcaires, et la chute de ces coquilles sur le fond de la mer provoqua l’accumulation progressive de couches de calcaire très épaisses. Ce fut le premier dépôt calcaire largement répandu ; il couvre pratiquement l’Europe et l’Amérique du Nord tout entières, mais n’apparait qu’en peu d’endroits à la surface du sol. L’épaisseur moyenne de cette couche rocheuse ancienne est environ trois-cents mètres, mais, en beaucoup d’endroits, ces dépôts ont été grandement déformés depuis lors par des renversements, des soulèvements et des failles, et beaucoup ont été transformés en quartz, en schiste et en marbre. 59:3.2 On ne trouve ni roches ignées ni laves dans les couches rocheuses de cette période, à l’exception de celles des grands volcans du Sud de l’Europe et de l’Est du Maine, et des coulées de lave du Québec. L’activité volcanique était en grande partie terminée. Ce fut l’apogée des grands dépôts marins, et il ne se forma que très peu de chaines de montagnes. 59:3.3 Il y a 290 millions d’années, les mers s’étaient largement retirées des continents, et les fonds des océans environnants étaient en train de s’affaisser. Les masses continentales changèrent peu, avant d’être de nouveau submergées. Les premiers plissements montagneux commençaient sur tous les continents ; les plus grands soulèvements de la croute furent alors les Himalayas en Asie et les grandes montagnes calédoniennes s’étendant de l’Irlande au Spitzberg par l’Écosse. 59:3.4 C’est dans les dépôts de cet âge que se trouve la majeure partie du gaz, du pétrole, du zinc et du plomb ; le gaz et le pétrole dérivent des énormes accumulations de matériaux végétaux et animaux qui furent déposés au moment de la précédente submersion terrestre, tandis que les dépôts de minerais représentent la sédimentation de masses d’eau stagnantes. Beaucoup de dépôts de sel gemme datent de cette époque. 59:3.5 Les trilobites déclinaient rapidement ; le centre de la scène fut occupé par de plus gros mollusques, les céphalopodes. Ces animaux atteignirent cinq mètres de long sur trente centimètres de diamètre et devinrent les maitres des mers. Cette espèce d’animaux apparut soudainement et domina la vie marine. 59:3.6 La grande activité volcanique de cet âge eut lieu dans le secteur européen. Depuis des millions et des millions d’années, il ne s’était pas produit d’éruptions volcaniques aussi violentes et aussi étendues que celles qui eurent alors lieu autour de la fosse méditerranéenne, et particulièrement au voisinage des Iles Britanniques. La coulée de lave sur la région des Iles Britanniques apparait aujourd’hui sous forme de couches alternées de lave et de roches d’une épaisseur de huit-mille mètres. Ces roches furent déposées par les coulées de lave intermittentes qui s’étalèrent sur un lit marin peu profond et se mêlèrent ainsi aux dépôts rocheux ; le tout fut ensuite soulevé à une grande altitude au-dessus de la mer. De violents tremblements de terre se produisirent dans le Nord de l’Europe, particulièrement en Écosse. 59:3.7 Le climat océanique restait doux et uniforme ; les mers chaudes baignaient les rives des terres polaires. On peut trouver dans leurs dépôts jusqu’au pôle Nord des fossiles des brachiopodes et autres spécimens de vie marine. Gastéropodes, brachiopodes, éponges et coraux bâtisseurs de récifs continuèrent à se multiplier. 59:3.8 La fin de cette époque est témoin de la deuxième avancée des mers siluriennes et d’un nouveau brassage des eaux océaniques du Nord et du Sud. Les céphalopodes dominent la vie marine, tandis que des formes de vie associées se développent et se différencient progressivement. 59:3.9 Il y a 280 millions d’années, les continents avaient largement émergé de la deuxième inondation silurienne. Les dépôts rocheux datant de cette submersion sont connus en Amérique du Nord sous le nom de calcaires du Niagara, parce que le Niagara coule maintenant sur une couche de cette roche. Celle-ci s’étend des montagnes de l’Est à la vallée du Mississippi, mais pas plus loin vers l’ouest, sauf au sud. Plusieurs couches recouvrent le Canada, des portions de l’Amérique du Sud, l’Australie et la majeure partie de l’Europe ; l’épaisseur moyenne de cette série de couches du Niagara est d’environ deux-cents mètres. On trouve, dans beaucoup de régions, juste au-dessus du dépôt de type Niagara, des amas de conglomérats, de schiste et de sel gemme. Ces accumulations sont dues à des affaissements secondaires. Le sel se fixa dans de grandes lagunes alternativement ouvertes sur la mer, puis coupées de la mer, si bien que l’évaporation laissa des dépôts de sel avec d’autres matières qui étaient en solution dans l’eau. Dans certaines régions, les couches de sel gemme atteignent vingt mètres d’épaisseur. 59:3.10 Le climat est doux et régulier, et des fossiles marins se déposent dans les régions arctiques. Mais, à la fin de cette époque, les mers sont tellement salées qu’il y subsiste peu de vie. 59:3.11 Vers la fin de la submersion silurienne finale, les échinodermes - les lis de pierre - se multiplient rapidement ainsi qu’en témoignent les dépôts de calcaire crinoïde. Les trilobites ont presque disparu et les mollusques sont toujours les rois des mers. La formation de récifs coralliens s’accroit fortement. Au cours de cet âge, les scorpions d’eau primitifs se développent pour la première fois dans les sites les plus favorables. Peu après, et soudain, les véritables scorpions – respirant réellement de l’air – font leur apparition. 59:3.12 Ces développements terminent la troisième période de vie marine, qui couvre vingt-cinq-millions d’années et que vos chercheurs appellent silurienne. 4. Le stade de la grande émergence des terres. La période de la vie végétale terrestre. L’âge des poissons 59:4.1 Au cours du combat séculaire entre la terre et l’eau, les mers ont été relativement victorieuses pendant de longues périodes, mais l’heure de la victoire des terres est toute proche. Les dérives continentales qui se sont produites jusque-là, ont presque toujours laissé toutes les terres du monde réunies par de minces isthmes et d’étroits ponts de terre. 59:4.2 Quand la terre émerge de la dernière inondation silurienne, une importante période du développement du monde et de l’évolution de la vie prend fin. C’est l’aurore d’un nouvel âge sur terre. Le paysage nu et sans attrait des temps passés commence à se couvrir d’une verdure luxuriante, et les premières grandes forêts magnifiques sont sur le point d’apparaitre. 59:4.3 La vie marine de cet âge était très variée en raison de la ségrégation primitive des espèces, mais tous ces différents types devaient ultérieurement s’associer et s’entremêler librement. Les brachiopodes atteignirent rapidement leur apogée, puis les arthropodes leur succédèrent et enfin les bernacles firent leur première apparition ; mais l’évènement capital fut l’apparition soudaine de la famille des poissons. Cette époque devint l’âge des poissons, période de l’histoire du monde caractérisée par les types d’animaux vertébrés. 59:4.4 Il y a 270 millions d’années, tous les continents émergeaient nettement de la mer. Depuis des millions et des millions d’années, il n’y avait pas eu simultanément autant de terres au-dessus de l’eau ; ce fut l’une des plus grandes époques d’émergence des terres dans l’histoire d’Urantia. 59:4.5 Cinq-millions d’années plus tard, les terres de l’Amérique du Nord et du Sud, de l’Europe, de l’Afrique, de l’Asie du Nord et de l’Australie, furent inondées pendant une courte durée, la submersion de l’Amérique du Nord étant presque complète de temps à autre. Les couches calcaires qui en résultèrent ont des épaisseurs variant de cent-cinquante à quinze-cents mètres. Les différentes mers dévoniennes s’étendirent d’abord dans une direction, puis dans une autre, de sorte que l’immense mer intérieure arctique de l’Amérique du Nord trouva un débouché sur l’océan Pacifique à travers la Californie du Nord. 59:4.6 Il y a 260 millions d’années, vers la fin de cette époque d’affaissement terrestre, l’Amérique du Nord était partiellement recouverte par des mers communiquant simultanément avec les eaux du Pacifique, de l’Atlantique, de l’océan Arctique et du golfe du Mexique. Les dépôts de ces stades plus récents de la première inondation dévonienne ont une épaisseur moyenne d’environ trois-cents mètres. Les récifs coralliens caractéristiques de cette époque indiquent que les mers intérieures étaient limpides et peu profondes. Ces dépôts coralliens apparaissent sur les berges de la rivière Ohio près de Louisville (Kentucky) et ont environ trente mètres d’épaisseur ; ils contiennent plus de deux-cents variétés de coraux. Ces formations coralliennes s’étendent à travers le Canada et le Nord de l’Europe jusqu’aux régions arctiques. 59:4.7 Après ces submersions, une grande partie du littoral fut considérablement exhaussée, si bien que les dépôts primitifs furent recouverts de boue ou de schiste. Il existe également une couche de grès rouge caractéristique de l’une des sédimentations dévoniennes ; cette couche rouge s’étend sur une grande partie de la surface de la Terre ; on la trouve en Amérique du Nord et du Sud, en Europe, en Russie, en Chine, en Afrique et en Australie. Ces dépôts rouges évoquent des conditions climatiques arides ou semi-arides, mais le climat de cette époque resta doux et régulier. 59:4.8 Tout au long de cette période, les terres situées au sud-est de l’ile de Cincinnati restèrent nettement au-dessus de l’eau. Mais une très grande partie de l’Europe occidentale, comprenant les iles Britanniques, fut submergée. Au pays de Galles, en Allemagne et en différents endroits de l’Europe, les roches dévoniennes ont 6 000 mètres d’épaisseur. 59:4.9 Il y a 250 millions d’années se situe l’une des étapes les plus importantes de l’évolution préhumaine : l’apparition de la famille des poissons, des vertébrés. 59:4.10 Les arthropodes, ou crustacés, furent les ancêtres des premiers vertébrés. Les précurseurs de la famille des poissons furent deux ancêtres arthropodes modifiés ; l’un avait un long corps reliant la tête et la queue, et l’autre était un prépoisson sans arête dorsale ni mâchoires. Mais ces types préliminaires furent rapidement détruits quand les poissons, premiers vertébrés du monde animal, apparurent soudainement venant du nord. 59:4.11 Beaucoup des plus grands poissons proprement dits appartiennent à cet âge ; quelques variétés pourvues de dents avaient de huit à dix mètres de long. Les requins d’aujourd’hui sont les survivants de ces espèces anciennes. Les poissons pulmonés et cuirassés atteignirent l’apogée de leur évolution et, avant la fin de cette époque, les poissons s’étaient adaptés à la vie en eau douce et en eau salée. 59:4.12 On trouve de véritables lits osseux de squelettes et de dents de poissons dans les dépôts accumulés vers la fin de cette période ; de riches couches fossiles sont situées le long de la côte de Californie, du fait que beaucoup de baies abritées de l’océan Pacifique s’enfonçaient dans les terres de cette région. 59:4.13 La terre était rapidement envahie par les nouveaux genres de végétation terrestre. Jusque-là, peu de plantes poussaient sur terre, sauf au bord de l’eau. La prolifique famille des fougères apparut alors soudainement et se répandit très vite à la surface des terres en cours d’élévation rapide dans toutes les parties du monde. Des types d’arbres dont le tronc avait soixante centimètres de diamètre et douze mètres de hauteur se développèrent bientôt ; plus tard, les feuilles évoluèrent, mais les variétés primitives n’avaient qu’un feuillage rudimentaire. Il y avait aussi beaucoup de plantes plus petites, mais leurs fossiles sont introuvables, car ces plantes furent généralement détruites par des bactéries, apparues précédemment. 59:4.14 Les continents s’élevaient, et l’Amérique du Nord fut reliée à l’Europe par des ponts terrestres s’étendant jusqu’au Groenland. Aujourd’hui, les restes des plantes terrestres primitives sont conservés sous le manteau de glace du Groenland. 59:4.15 Il y a 240 millions d’années, certaines parties des terres de l’Europe et des deux Amériques commencèrent à s’affaisser. Cet effondrement marqua l’apparition de la dernière et la moins étendue des inondations dévoniennes. Les mers arctiques se déplacèrent de nouveau vers le sud et envahirent une grande partie de l’Amérique du Nord ; l’Atlantique inonda une large portion de l’Europe et de l’Asie occidentale, tandis que le Pacifique Sud recouvrait la majeure partie de l’Inde. Cette inondation fut aussi lente à apparaitre qu’à se retirer. Les monts Catskill, qui longent la rive occidentale du fleuve Hudson, sont un des plus grands monuments géologiques de cette époque que l’on puisse trouver à la surface de l’Amérique du Nord. 59:4.16 Il y a 230 millions d’années, les mers continuaient à se retirer. Une grande partie de l’Amérique du Nord était au-dessus de l’eau et une violente activité volcanique se produisit dans la région du Saint-Laurent. Le Mont-Royal, à Montréal, est le neck érodé de l’un de ces volcans. Les dépôts de toute cette époque sont nettement visibles dans les Appalaches en Amérique du Nord, à l’endroit où la rivière Susquehanna a taillé une vallée qui met à nu ces couches successives dépassant 4 000 mètres d’épaisseur. 59:4.17 L’élévation des continents se poursuivait et l’atmosphère s’enrichissait en oxygène. La terre était recouverte d’immenses étendues de fougères de trente mètres de haut et de forêts d’arbres particuliers à cette époque, forêts silencieuses où l’on n’entendait pas le moindre bruit, pas même le bruissement d’une feuille, car ces arbres n’avaient pas de feuilles. 59:4.18 Ainsi se termina l’une des plus longues périodes de l’évolution de la vie marine, l’âge des poissons. Cette époque de l’histoire du monde dura presque cinquante-millions d’années ; vos chercheurs la connaissent sous le nom de dévonienne. 5. Le stade de dérive de la croute terrestre. La période carbonifère des forêts de fougères. L’âge des grenouilles 59:5.1 L’apparition des poissons, au cours de la période précédente, marque le point culminant de l’évolution de la vie marine ; à partir de là, l’évolution de la vie terrestre devient de plus en plus importante. Cette période s’ouvre dans des conditions presque idéales pour l’apparition des premiers animaux terrestres. 59:5.2 Il y a 220 millions d’années, beaucoup de zones continentales, dont la majeure partie de l’Amérique du Nord, se trouvaient au-dessus des eaux. La terre était envahie d’une végétation luxuriante ; ce fut véritablement l’âge des fougères. Il y avait encore du gaz carbonique dans l’atmosphère, mais en moindre proportion. 59:5.3 Peu de temps après, la portion centrale de l’Amérique du Nord fut inondée, ce qui créa deux vastes mers intérieures. Les hautes terres des côtes de l’Atlantique et du Pacifique étaient situées juste au-delà du littoral actuel. Ces deux mers se rejoignirent bientôt, mêlant leurs différentes formes de vie. La réunion de leurs faunes marines marqua le commencement du rapide déclin mondial de la vie marine et le début de la période suivante de vie terrestre. 59:5.4 Il y a 210 millions d’années, les eaux chaudes des mers arctiques couvraient la majeure partie de l’Amérique du Nord et de l’Europe. Les eaux polaires antarctiques inondaient l’Amérique du Sud et l’Australie, tandis que l’Afrique et l’Asie étaient considérablement surélevées. 59:5.5 Quand les mers atteignirent leur niveau maximum, un nouveau développement évolutionnaire se produisit soudain. Brusquement, les premiers animaux terrestres apparurent. Il y en eut de nombreuses espèces capables de vivre sur la terre ou dans l’eau. Ces amphibiens respirant de l’air se développèrent à partir des arthropodes, dont les vessies natatoires s’étaient transformées en poumons. 59:5.6 Des escargots, des scorpions et des grenouilles sortirent des eaux marines saumâtres et rampèrent sur la terre. Aujourd’hui encore, les grenouilles pondent leurs œufs dans l’eau, et leurs petits débutent dans l’existence sous forme de petits poissons, les têtards. On pourrait appeler cette période l’âge des grenouilles. 59:5.7 Très peu de temps après, les premiers insectes apparurent et envahirent bientôt les continents du monde en même temps que des araignées, des scorpions, des cancrelats, des grillons et des sauterelles. Des libellules mesuraient soixante-quinze centimètres d’envergure. Mille espèces de cancrelats se développèrent, dont certaines atteignirent une taille de dix centimètres. 59:5.8 Deux groupes d’échinodermes se développèrent particulièrement bien ; en fait, ils sont les fossiles pilotes de cette époque. Les grands requins mangeurs de coquillages avaient également atteint un haut degré d’évolution ; ils dominèrent les océans pendant plus de cinq-millions d’années. Le climat était encore doux et régulier ; la vie marine avait peu changé. Les poissons d’eau douce se multipliaient et les trilobites étaient près de disparaitre. Il y avait peu de coraux et une grande partie du calcaire était produite par les crinoïdes. Les meilleurs calcaires à bâtir furent déposés à cette époque. 59:5.9 Les eaux de beaucoup de mers intérieures étaient si chargées de chaux et d’autres minéraux qu’elles gênèrent grandement le progrès et le développement de nombreuses espèces marines. Les mers s’éclaircirent finalement à la suite de vastes sédimentations minérales contenant par endroits du zinc et du plomb. 59:5.10 Les dépôts de cet âge carbonifère initial ont une épaisseur de 150 à 600 mètres et se composent de grès, de schiste et de calcaire. Les couches les plus anciennes renferment des fossiles d’animaux et de plantes terrestres et marines, avec beaucoup de graviers et de sédiments en bassins. On trouve peu de charbon exploitable dans ces strates anciennes. Dans toute l’Europe, les dépôts de ce genre sont très similaires à ceux de l’Amérique du Nord. 59:5.11 Vers la fin de cette époque, les terres de l’Amérique du Nord commencèrent à s’élever. Il y eut une courte interruption, puis les mers revinrent couvrir environ la moitié de leurs anciens lits. Cette inondation fut brève, et la plupart des terres se retrouvèrent bientôt très au-dessus de l’eau. L’Amérique du Sud était encore reliée à l’Europe par l’Afrique. 59:5.12 Le commencement de la formation des montagnes des Vosges, de la Forêt Noire et de l’Oural date de cette époque. On retrouve les assises d’autres montagnes plus anciennes en Grande-Bretagne et dans toute l’Europe. 59:5.13 Il y a 200 millions d’années, commencèrent les stades vraiment actifs de la période carbonifère. Pendant vingt-millions d’années avant cette époque, les premières couches de charbon avaient commencé à se déposer, mais les processus formatifs de charbon furent alors actifs sur une plus vaste échelle. La durée de l’époque proprement dite des dépôts de charbon dépassa de peu vingt-cinq-millions d’années. 59:5.14 Les terres s’exhaussaient et s’enfonçaient périodiquement à cause des variations du niveau de la mer provoquées par les mouvements des fonds océaniques. Cette instabilité de la croute - le tassement et l’élévation des terres - en corrélation avec la végétation prolifique des marécages littoraux, contribua à former d’immenses dépôts de charbon, ce qui a fait donner à cette période le nom de Carbonifère. Le climat était toujours doux sur l’ensemble du monde. 59:5.15 Les couches de charbon alternent avec du schiste, de la roche, et du conglomérat. L’épaisseur des gisements de charbon du centre et de l’Est des États-Unis varie de douze à quinze mètres ; mais beaucoup de ces dépôts ont été emportés par les eaux au cours d’élévations de terrains ultérieures. Dans certaines parties de l’Amérique du Nord et de l’Europe, les strates carbonifères ont 5 500 mètres d’épaisseur. 59:5.16 La présence de racines d’arbres poussant dans l’argile sous-jacente aux gisements actuels de houille démontre que le charbon a été formé exactement à l’endroit où il se trouve maintenant. Il est constitué par les restes de la végétation exubérante qui croissait dans les marécages et sur les rives des marais de cet âge reculé. Ces résidus ont été préservés par l’eau et modifiés par la pression. Les couches de charbon contiennent souvent à la fois du gaz et du pétrole. Les gisements de tourbe, restes d’une ancienne végétation, se transformeraient en un type de charbon s’ils étaient soumis à une température et à une pression appropriées. L’anthracite a été soumis à une pression et à une température plus élevées que les autres charbons. 59:5.17 En Amérique du Nord, le nombre des couches carbonifères des divers gisements indique combien de fois la terre s’éleva et s’affaissa ; ce nombre va de dix dans l’Illinois à vingt en Pennsylvanie, trente-cinq dans l’Alabama et jusqu’à soixante-quinze au Canada. Dans les gisements de charbon, on trouve simultanément des fossiles d’eau douce et des fossiles d’eau salée. 59:5.18 Tout au long de cette époque, les montagnes de l’Amérique du Nord et du Sud furent en mouvement ; les Andes et les très anciennes montagnes Rocheuses du sud s’élevèrent. Les grandes régions élevées de la côte de l’Atlantique et du Pacifique commencèrent à s’enfoncer et furent en fin de compte si érodées et submergées que le littoral des deux océans recula approximativement jusqu’à sa position actuelle. Les dépôts de cette inondation ont une épaisseur moyenne d’environ trois-cents mètres. 59:5.19 Il y a 190 millions d’années, la mer carbonifère de l’Amérique du Nord s’étendit vers l’ouest ; elle recouvrit la région actuelle des montagnes Rocheuses et déboucha sur l’océan Pacifique à travers la Californie du Nord. Le charbon continua à s’accumuler sur l’ensemble des Amériques et de l’Europe, couche après couche, à mesure que les régions côtières s’élevaient et s’abaissaient au cours de cette période d’oscillations littorales. 59:5.20 L’époque d’il y a 180 millions d’années mit un terme à la période carbonifère au cours de laquelle le charbon s’était formé dans le monde entier – en Europe, aux Indes, en Chine, en Afrique du Nord et dans les Amériques. À la fin de cette période de formation du charbon, la partie de l’Amérique du Nord située à l’est de la vallée du Mississippi s’éleva, et la majeure partie de cette région est restée depuis lors au-dessus du niveau de la mer. Cette époque de soulèvements de terrains marque le commencement de la formation des montagnes actuelles de l’Amérique du Nord, aussi bien dans la région des Appalaches que dans l’ouest. Des volcans étaient actifs dans l’Alaska et en Californie, ainsi que dans les régions d’Europe et d’Asie où des montagnes étaient en voie de formation. L’Est de l’Amérique et l’Ouest de l’Europe étaient reliés par le continent du Groenland. 59:5.21 L’élévation du terrain commença à modifier le climat maritime des âges précédents et à y substituer les prémisses du climat continental, moins doux et plus variable. 59:5.22 Les plantes de ce temps étaient porteuses de spores que le vent pouvait disséminer, au loin, dans toutes les directions. Le tronc des arbres carbonifères avait couramment deux mètres de diamètre et souvent trente-cinq mètres de hauteur. Les fougères d’aujourd’hui sont vraiment des reliques de ces âges passés. 59:5.23 Dans l’ensemble, ces temps furent marqués par le développement des organismes vivant dans l’eau douce ; la vie marine antérieure subit peu de changements. Mais la caractéristique dominante de cette période fut l’apparition soudaine des grenouilles et de leurs nombreux cousins. Les caractéristiques de la vie durant la période carbonifère furent les fougères et les grenouilles. 6. Le stade de transition climatique. La période des plantes à graines. L’âge des tribulations biologiques 59:6.1 Cette période marque la fin du développement évolutionnaire essentiel de la vie marine et l’ouverture de la période de transition qui conduisit aux âges ultérieurs des animaux terrestres. 59:6.2 Au cours de cet âge, la vie fut grandement appauvrie. Des milliers d’espèces marines périrent alors que la vie était à peine établie sur terre. Ce fut un temps de tribulations biologiques, l’âge où la vie disparut presque entièrement de la surface de la terre et des profondeurs des océans. Vers la fin de la longue ère de vie marine, il y avait, sur terre, plus de cent-mille espèces d’organismes vivants. À la fin de la période de transition, moins de cinq-cents avaient survécu. 59:6.3 Les particularités de cette nouvelle période ne sont pas dues tellement au refroidissement de la croute terrestre ou à la longue absence d’activité volcanique qu’à la combinaison inhabituelle d’influences banales et préexistantes : resserrement des mers et exhaussement croissant d’énormes masses continentales. Le doux climat maritime des temps passés était en voie de disparition, et le type plus rude de climat continental s’étendait rapidement. 59:6.4 Il y a 170 millions d’années, de grandes adaptations et de grands changements évolutionnaires se produisirent sur toute la surface de la Terre. Les continents s’élevaient sur l’ensemble du monde tandis que les fonds océaniques s’affaissaient. Des chaines montagneuses isolées apparurent. La partie orientale de l’Amérique du Nord s’élevait très haut au-dessus de la mer ; l’ouest se soulevait lentement. Les continents étaient couverts de lacs salés de toutes tailles et de nombreuses mers intérieures reliées aux océans par de minces détroits. L’épaisseur des strates de cette période transitoire varie de 300 à 2 100 mètres. 59:6.5 Au cours de ces élévations de terrain, la croute terrestre se plissa sur de vastes étendues. Ce fut une époque d’émergence continentale, bien que certains ponts terrestres aient alors disparu et, parmi eux, les continents qui avaient si longtemps relié l’Amérique du Sud à l’Afrique et l’Amérique du Nord à l’Europe. 59:6.6 Les mers intérieures et les lacs s’asséchaient progressivement sur l’ensemble du monde. Des montagnes isolées et des glaciers régionaux commencèrent à apparaitre, spécialement dans l’hémisphère sud, et, dans de nombreuses régions, les dépôts de ces formations glacières locales se retrouvent même parmi les couches supérieures des derniers dépôts de charbon. Deux nouveaux facteurs climatiques apparurent, la glace et l’aridité. Beaucoup de hautes régions de la terre étaient devenues arides et stériles. 59:6.7 Tout au long de ces époques de changements climatiques, de grandes variations se produisirent également dans la végétation terrestre. Les plantes à graines apparurent les premières et procurèrent une meilleure alimentation aux animaux terrestres, qui se multiplièrent par la suite. Les insectes subirent un changement radical. Leurs stades de repos évoluèrent pour s’adapter aux exigences des périodes d’hiver et de sécheresse où la vie est en suspens. 59:6.8 Parmi les animaux terrestres, les grenouilles, qui avaient atteint leur apogée pendant l’âge précédent, déclinèrent rapidement, mais elles survécurent parce qu’elles pouvaient vivre longtemps même dans les mares et les étangs en voie de dessèchement dans ces temps lointains extrêmement éprouvants. Durant l’âge du déclin des grenouilles, la première étape de leur évolution en reptiles se produisit en Afrique. Comme les masses continentales étaient encore reliées entre elles, ces créatures préreptiliennes, respirant de l’air, se répandirent sur le monde entier. À cette époque, l’atmosphère s’était si bien modifiée qu’elle convenait admirablement à l’entretien de la respiration animale. C’est peu après l’arrivée de ces grenouilles préreptiliennes que l’Amérique du Nord fut temporairement isolée, coupée de l’Europe, de l’Asie et de l’Amérique du Sud. 59:6.9 Le refroidissement progressif des eaux océaniques contribua beaucoup à la destruction de la vie dans les mers. Les animaux marins de ces âges se réfugièrent temporairement dans trois retraites propices : la région actuelle du golfe du Mexique, la baie du Gange aux Indes et la baie de Sicile dans le Bassin méditerranéen. C’est à partir de ces trois régions que de nouvelles espèces marines, nées pour affronter l’adversité, partirent plus tard pour repeupler les mers. 59:6.10 Il y a 160 millions d’années, la Terre était largement couverte d’une végétation adaptée à l’entretien de la vie animale terrestre, et l’atmosphère était devenue idéale pour la respiration animale. Ainsi se terminent la période de réduction de la vie marine et ces temps d’épreuves biologiques adverses qui éliminèrent toutes les formes de vie, sauf celles qui avaient une valeur de survivance ; ces dernières devenaient ainsi qualifiées pour servir d’ancêtres à la vie plus hautement différenciée et au développement plus rapide des âges suivants de l’évolution planétaire. 59:6.11 La fin de cette période de tribulations biologiques, connue de vos étudiants sous le nom de permienne, marque également la fin de la longue ère paléozoïque qui couvre un quart de l’histoire planétaire, soit deux-cent-cinquante-millions d’années. 59:6.12 La vaste pépinière de vie que furent les océans d’Urantia a rempli son rôle. Au cours des longs âges pendant lesquels la terre était impropre à entretenir la vie, avant que l’atmosphère ne contînt assez d’oxygène pour sustenter les animaux terrestres supérieurs, la mer a donné naissance aux formes de vie primitives du royaume et les a entretenues. Maintenant, l’importance biologique de la mer diminue progressivement et le second stade de l’évolution commence à se dérouler sur la terre ferme. 59:6.13 [Présenté par un Porteur de Vie de Nébadon, appartenant au corps originel affecté à Urantia.] Fascicule 60. Urantia pendant l’ère de la vie terrestre primitive 60:0.1 L’ère de la vie exclusivement marine avait pris fin. L’élévation des terres, le refroidissement de la croute et des océans, le resserrement des mers et leur approfondissement corrélatif, ainsi que le grand accroissement de la surface terrestre dans les latitudes septentrionales, contribuèrent tous grandement à modifier le climat du monde dans toutes les régions éloignées de la zone équatoriale. 60:0.2 Les époques terminales de l’ère précédente furent vraiment l’âge des grenouilles, mais ces ancêtres des vertébrés terrestres n’étaient plus dominants, car ils n’avaient survécu qu’en nombre réduit. Très peu de types sortirent vivants des rigoureuses épreuves de la période précédente de tribulations biologiques. Même les plantes porteuses de spores avaient presque disparu. 1. L’âge primitif des reptiles 60:1.1 Les dépôts d’érosion de cette période étaient surtout des conglomérats, du schiste et du grès. Le gypse et les couches rouges dans toutes ces sédimentations, en Amérique comme en Europe, indiquent que le climat de ces deux continents était aride. Ces régions arides furent soumises à une forte érosion provoquée par la chute de trombes d’eau violentes et périodiques sur les hautes terres environnantes. 60:1.2 On trouve peu de fossiles dans ces couches, mais on peut observer sur les grès de nombreuses empreintes de reptiles terrestres. Dans beaucoup de régions, les dépôts de grès rouge de trois-cents mètres d’épaisseur de cette époque ne contiennent aucun fossile. Les animaux terrestres ne vécurent de façon continue que dans certaines parties de l’Afrique. 60:1.3 L’épaisseur de ces dépôts d’érosion varie de 900 à 3 000 mètres et atteint même 5 500 mètres sur la côte du Pacifique. Des laves forcèrent plus tard leur chemin entre beaucoup de ces couches. Les Palissades du fleuve Hudson furent formées par épanchement de laves basaltiques entre ces strates triasiques. L’activité volcanique était intense dans différentes parties du monde. 60:1.4 On trouve des dépôts de cette période en Europe, spécialement en Allemagne et en Russie. Le nouveau grès rouge de l’Angleterre appartient à cette époque. Du calcaire fut déposé dans les Alpes méridionales à la suite d’une invasion de la mer ; il se présente dans cette région sous la forme particulière des murs, des pics et des piliers de calcaire dolomitiques. Cette couche se retrouve sur toute la surface de l’Afrique et de l’Australie. Le marbre de Carrare provient de ce calcaire modifié. On ne trouvera rien de cette période dans les régions méridionales de l’Amérique du Sud, du fait que cette partie du continent resta affaissée et ne présente donc que des dépôts d’origine marine ou aquatique, sans solution de continuité avec les époques antérieures et postérieures. 60:1.5 Il y a 150 millions d’années commencèrent les périodes de vie terrestre primitive de l’histoire du monde. En général, la vie n’allait pas très bien, mais elle allait mieux qu’aux époques ardues et hostiles de la fin de l’ère de la vie marine. 60:1.6 Au moment où s’ouvre cette ère, l’Est et le centre de l’Amérique du Nord, la moitié nord de l’Amérique du Sud, la majeure partie de l’Europe et l’Asie tout entière sont nettement au-dessus des eaux. Pour la première fois, l’Amérique du Nord est géographiquement isolée, mais pas pour longtemps, car l’isthme du détroit de Béring émerge bientôt de nouveau, reliant le continent à l’Asie. 60:1.7 De grandes cuvettes se formèrent en Amérique du Nord parallèlement aux côtes de l’Atlantique et du Pacifique. La grande faille du Connecticut oriental apparut, un de ses côtés s’enfonçant finalement de trois kilomètres. Beaucoup de ces cuvettes nord-américaines et de nombreux bassins lacustres d’eau douce et d’eau salée des régions montagneuses furent remplis ultérieurement par des dépôts d’érosion. Plus tard, ces dépressions de terrain comblées furent soulevées à une grande hauteur par des coulées de lave souterraines. Les forêts pétrifiées de beaucoup de régions datent de cette époque. 60:1.8 La côte Pacifique, qui resta généralement au-dessus de l’eau au cours des submersions continentales, s’affaissa à l’exception de la Californie du Sud et d’une grande ile qui existait alors dans ce qui est aujourd’hui l’océan Pacifique. Cette mer californienne ancienne, riche de vie marine, s’étendait vers l’est et rejoignait le vieux bassin maritime des régions du Middle-West. 60:1.9 Il y a 140 millions d’années, après le seul indice des deux ancêtres préreptiliens qui s’étaient développés en Afrique au cours de l’époque précédente, les reptiles apparurent soudain avec tous leurs attributs. Ils se développèrent rapidement, donnant naissance à des crocodiles, des reptiles à écailles et finalement des serpents de mer et des reptiles volants. Leurs ancêtres de transition disparurent très vite. 60:1.10 Ces dinosaures reptiliens, en voie d’évolution rapide, devinrent bientôt les rois de cet âge. Ils étaient ovipares et se distinguaient de tous les autres animaux par la petite taille de leur cerveau. Celui-ci pesait moins d’une livre et devait contrôler un corps dont le poids finit par atteindre quarante tonnes. Mais les premiers reptiles étaient plus petits, carnivores, et marchaient sur leurs pattes de derrière à la façon des kangourous. Ils avaient des os creux d’oiseaux et n’eurent finalement que trois orteils à leurs pattes postérieures, si bien que beaucoup de leurs empreintes fossiles ont été attribuées à tort à des oiseaux géants. Plus tard, les dinosaures herbivores apparurent par évolution. Ils marchaient à quatre pattes, et une branche de ce groupe acquit peu à peu une armure protectrice. 60:1.11 Plusieurs millions d’années après, les premiers mammifères apparurent. Ils n’avaient pas de placenta et se révélèrent rapidement comme un échec ; aucun d’eux ne survécut. Ils représentèrent un effort expérimental pour améliorer les types de mammifères, mais cette tentative n’eut pas de succès sur Urantia. 60:1.12 La vie marine de cette époque était réduite, mais s’amplifia rapidement grâce à une nouvelle invasion des mers qui provoqua, encore une fois, la formation de longues côtes littorales d’eaux peu profondes. Ces basses côtes se trouvaient davantage autour de l’Europe et de l’Asie, et c’est pourquoi les plus riches gisements de fossiles se trouvent près de ces continents. Si vous voulez étudier aujourd’hui la vie de cette période, examinez les régions himalayennes, sibériennes et méditerranéennes ainsi que l’Inde et les iles du bassin Pacifique Sud. Un trait saillant de la vie marine était la présence d’une multitude de belles ammonites dont les fossiles se retrouvent dans le monde entier. 60:1.13 Il y a 130 millions d’années, les mers avaient très peu changé. La Sibérie et l’Amérique du Nord étaient reliées par l’isthme du détroit de Béring. Une vie marine riche et particulière apparut sur la côte californienne du Pacifique, où plus d’un millier d’espèces d’ammonites se développèrent à partir des types supérieurs de céphalopodes. Au cours de cette période, les modifications de la vie furent certainement révolutionnaires, malgré leur caractère transitionnel et graduel. 60:1.14 Cette ère, qui s’étendit sur plus de vingt-cinq-millions d’années, est connue sous le nom de triasique. 2. La nouvelle phase de l’âge des reptiles 60:2.1 Il y a 120 millions d’années commença une nouvelle phase de l’âge des reptiles. Le grand évènement de cette période fut l’évolution et le déclin des dinosaures. Les animaux terrestres atteignirent alors leur plus grand développement au point de vue de la taille, et avaient pratiquement disparu de la surface de la Terre à la fin de cette ère. Des dinosaures de toutes tailles évoluèrent, allant d’une espèce qui mesurait moins de soixante centimètres jusqu’aux énormes dinosaures non carnivores de près de vingt-trois mètres de long, dont la masse ne fut jamais plus égalée par aucune créature vivante. 60:2.2 Les plus grands dinosaures naquirent dans l’Ouest de l’Amérique du Nord. Ces monstrueux reptiles sont ensevelis dans toute la région des montagnes Rocheuses, le long de toute la côte atlantique de l’Amérique du Nord, en Europe occidentale, en Afrique du Sud et aux Indes, mais pas en Australie. 60:2.3 Ces créatures massives perdirent leur force et leur activité en même temps que leur taille augmentait constamment. Elles exigeaient des quantités de nourritures tellement énormes et elles avaient envahi la terre à un tel point qu’elles moururent littéralement de faim et s’éteignirent, faute d’avoir l’intelligence nécessaire pour faire face à la situation. 60:2.4 À cette époque, la majeure partie de l’Est de l’Amérique du Nord, qui était restée longtemps émergée, avait été nivelée et emportée par érosion dans l’océan Atlantique, dont la côte s’étendait sur plusieurs centaines de kilomètres plus à l’est qu’aujourd’hui. La partie occidentale du continent était toujours élevée, mais ces régions elles-mêmes furent ultérieurement envahies tant par la mer septentrionale que par le Pacifique qui s’étendit vers l’est jusqu’à la région des montagnes Noires du Dakota. 60:2.5 Ce fut un âge d’eau douce caractérisé par de nombreux lacs intérieurs, ainsi qu’en témoigne l’abondance des fossiles d’eau douce accumulés dans les gisements dits « Morrison » du Colorado, du Montana et du Wyoming. L’épaisseur de ces dépôts combinés d’eau douce et d’eau salée varie entre 600 et 1 500 mètres ; mais ces couches renferment très peu de calcaire. 60:2.6 La même mer polaire, qui s’étendit si loin vers le sud sur l’Amérique du Nord, couvrit de la même façon toute l’Amérique du Sud à l’exception des Andes, qui apparurent de bonne heure. La majeure partie de la Chine et de la Russie était inondée, mais c’est en Europe que l’invasion des eaux fut la plus importante. C’est au cours de cette submersion que fut déposée l’admirable pierre lithographique de l’Allemagne du Sud dont les strates ont conservé, comme datant d’hier, des fossiles tels que les ailes les plus délicates des insectes anciens. 60:2.7 La flore de cet âge ressemblait beaucoup à celle du précédent. Les fougères persistaient, tandis que pins et conifères devenaient de plus en plus semblables aux variétés actuelles. Il se formait encore un peu de charbon le long des rives septentrionales de la Méditerranée. 60:2.8 Le retour des mers améliora le climat. Les coraux s’étendirent dans les eaux européennes, ce qui prouve que le climat était encore doux et régulier, mais ils n’apparurent jamais plus dans les mers polaires, qui se refroidissaient lentement. La vie marine de cette époque s’améliora et se développa grandement, spécialement dans les eaux européennes. Coraux et crinoïdes apparurent temporairement en nombre plus grand qu’auparavant, mais ce furent les ammonites qui dominèrent la vie invertébrée des océans ; leur taille moyenne était de l’ordre de sept à dix centimètres, bien qu’une espèce eût atteint un diamètre de deux mètres cinquante. Il y avait des éponges partout, tandis que les seiches et les huitres continuaient à évoluer. 60:2.9 Il y a 110 millions d’années, les potentiels de la vie marine continuaient d’apparaitre. L’oursin de mer fut l’une des mutations les plus remarquables de cette époque. Les crabes, homards et autres types de crustacés modernes atteignirent leur plein développement. Des changements marqués se produisirent dans la famille des poissons ; un type d’esturgeon fit sa première apparition, mais les féroces serpents de mer issus des reptiles terrestres infestaient encore toutes les mers et menaçaient de détruire la famille entière des poissons. 60:2.10 Cet âge restait essentiellement celui des dinosaures. Ils envahirent la Terre à un tel point qu’au cours de la période précédente d’invasion de la mer, deux espèces s’étaient réfugiées dans l’eau pour subsister. Ces serpents de mer représentent un recul dans l’évolution. Tandis que certaines espèces nouvelles progressent, quelques lignées restent stationnaires et d’autres font marche arrière, retournant à un état antérieur. Et c’est ce qui advint quand ces deux types de reptiles abandonnèrent la terre ferme. 60:2.11 À mesure que le temps passait, les serpents de mer atteignirent une telle dimension qu’ils devinrent léthargiques et finirent par périr faute d’avoir un cerveau assez gros pour assurer la protection de leur immense corps. Leur cerveau pesait moins de soixante grammes en dépit du fait que ces énormes ichtyosaures atteignaient parfois quinze mètres de longueur, la plupart dépassant dix mètres. Les crocodiles marins furent également une réversion d’un type terrestre de reptile, mais, à la différence des serpents de mer, ces animaux retournaient toujours sur terre pour pondre leurs œufs. 60:2.12 Peu après que ces deux espèces de dinosaures eurent émigré dans l’eau en vue d’une vaine tentative d’autopréservation, deux autres types furent poussés, par l’âpre lutte pour la vie sur terre, à chercher refuge dans les airs. Mais ces ptérosaures volants ne furent pas les ancêtres des véritables oiseaux des âges suivants. Ils évoluèrent à partir des dinosaures sauteurs aux os creux, et leurs ailes étaient semblables à celles des chauvesouris avec une envergure de six à huit mètres. Ces anciens reptiles volants atteignirent trois mètres de long ; ils avaient des mâchoires extensibles très semblables à celles des serpents modernes. Pendant un certain temps, ces reptiles volants semblèrent être un succès, mais ils ne réussirent pas à évoluer de manière à pouvoir survivre comme navigateurs aériens. Ils représentent les lignées éteintes des précurseurs des oiseaux. 60:2.13 Les tortues se multiplièrent durant cette période et firent leur première apparition en Amérique du Nord. Leurs ancêtres étaient venus d’Asie en suivant l’isthme du Nord. 60:2.14 Il y a cent-millions d’années, l’âge des reptiles tirait à sa fin. Les dinosaures, malgré leur masse énorme, n’étaient que des animaux presque sans cervelle et manquaient de l’intelligence suffisante pour fournir la nourriture nécessaire à des corps aussi gigantesques. C’est pourquoi ces patauds reptiles terrestres périrent en nombre toujours croissant. Désormais l’évolution suivra la croissance du cerveau et non la masse du corps ; le développement du cerveau caractérisera chaque époque successive de l’évolution animale et du progrès planétaire. 60:2.15 Cette période, qui embrasse l’apogée des reptiles et le commencement de leur déclin, s’étend sur près de vingt-cinq-millions d’années ; elle est connue sous le nom de jurassique. 3. Le stade crétacé. La période des plantes à fleurs. L’âge des oiseaux 60:3.1 La grande période crétacée tire son nom de la prédominance, dans les mers, des prolifiques foraminifères producteurs de craie. Cette période conduit Urantia presque à la fin de la longue domination des reptiles et voit apparaitre, sur la terre, les plantes à fleurs et les oiseaux. C’est également l’époque où se termine la dérive des continents vers l’ouest et vers le sud ; elle accompagne de gigantesques déformations de la croute terrestre ainsi que d’immenses coulées de lave et une grande activité volcanique. 60:3.2 Vers la fin de la période géologique précédente, la majeure partie des masses continentales était nettement émergée, bien qu’il n’y eût pas encore de pics montagneux. En continuant, la dérive des terres continentales rencontra son premier grand obstacle sur le lit profond du Pacifique. Ce conflit de forces géologiques donna le branle à la formation de toute la chaine de montagnes qui s’étend, dans une direction nord-sud, de l’Alaska au cap Horn en passant par le Mexique. 60:3.3 Cette période marque ainsi, dans l’histoire géologique, le stade de formation des montagnes modernes. Avant cette époque, les pics montagneux étaient rares ; il n’y avait que de hautes crêtes d’une grande largeur. À cette époque, la chaine côtière du Pacifique commençait à s’élever, mais elle était située à onze-cents kilomètres à l’ouest du littoral actuel. Les Sierras commençaient également à se former ; leurs couches de quartz aurifères résultent des coulées de laves de cette époque. Dans l’Est de l’Amérique du Nord, la pression de l’Atlantique travaillait également à provoquer une élévation de terrain. 60:3.4 Il y a 100 millions d’années, le continent nord-américain et une partie de l’Europe émergeaient franchement. Le gauchissement des continents américains continuait ; il produisit la métamorphose des Andes sud-américaines et l’élévation progressive des plaines occidentales de l’Amérique du Nord. La majeure partie du Mexique s’enfonça sous la mer, et l’Atlantique Sud envahit la côte orientale de l’Amérique du Sud, atteignant finalement le littoral actuel. L’océan Atlantique et l’océan Indien avaient alors sensiblement la même configuration qu’aujourd’hui. 60:3.5 Il y a 95 millions d’années, les masses continentales de l’Amérique et de l’Europe recommencèrent à s’enfoncer. Les mers du Sud se mirent à envahir l’Amérique du Nord et s’étendirent progressivement vers le nord pour rejoindre l’océan Arctique ; ce fut la seconde en importance des submersions continentales. Lorsque cette mer finit par se retirer, elle laissa le continent à peu près tel qu’il est maintenant. Avant le début de cette grande submersion, les hautes terres de l’Est des Appalaches avaient été presque complètement érodées et ramenées au niveau de la mer. Les couches d’argile pure aux nombreuses couleurs, qui sont maintenant utilisées pour fabriquer des poteries, furent déposées sur les régions côtières de l’Atlantique au cours de cet âge ; leur épaisseur moyenne avoisine 600 mètres. 60:3.6 Une grande activité volcanique se manifesta au Sud des Alpes et le long de la chaine montagneuse côtière de la Californie actuelle. Les plus grandes déformations de la croute terrestre qui aient eu lieu depuis des millions et des millions d’années se produisirent au Mexique. De grands changements eurent lieu également en Europe, en Russie, au Japon et dans la partie méridionale de l’Amérique du Sud. Le climat devint de plus en plus diversifié. 60:3.7 Il y a 90 millions d’années, les angiospermes émergèrent de ces mers crétacées primitives et envahirent bientôt les continents. Ces plantes terrestres apparurent soudain en même temps que les figuiers, les magnolias et les tulipiers. Peu après, figuiers, arbres à pain et palmiers recouvrirent l’Europe et les plaines occidentales de l’Amérique du Nord. Aucun animal terrestre nouveau n’apparut. 60:3.8 Il y a 85 millions d’années, le détroit de Béring se ferma, isolant les eaux refroidissantes des mers septentrionales. Jusque-là, la vie marine des eaux du golfe du Mexique et de l’Atlantique avait grandement différé de celle de l’océan Pacifique, du fait des variations de température entre ces deux masses d’eau ; cette différence disparut alors. 60:3.9 Les dépôts de craie et de marnes gréseuses vertes donnent leur nom à cette période. Les sédimentations de cette époque sont variées et consistent en craie, schiste, grès et petites quantités de calcaire, ainsi qu’en charbon de qualité inférieure ou lignite ; dans beaucoup de régions, elles contiennent du pétrole. L’épaisseur de ces couches varie de 60 mètres dans certains lieux à 3 000 mètres dans l’Ouest de l’Amérique du Nord et en beaucoup d’endroits de l’Europe. On peut observer ces dépôts dans les parties déformées des contreforts orientaux des montagnes Rocheuses. 60:3.10 Dans le monde entier, ces couches poreuses semi-rocheuses sont imprégnées de craie ; elles recueillent l’eau à leurs affleurements synclinaux et la dirigent vers le bas pour alimenter une grande partie des régions actuellement arides de la Terre. 60:3.11 Il y a 80 millions d’années, de grandes perturbations se produisirent dans la croute terrestre. La dérive continentale vers l’ouest approchait de sa fin, et l’énorme énergie de la lourde inertie acquise par les masses continentales de l’arrière-pays bouleversa le littoral Pacifique des deux Amériques ; elle provoqua, par contrecoup, de profonds changements le long des rives asiatiques du Pacifique. Cette élévation circumpacifique de terres, dont l’apogée est représenté par les chaines de montagnes actuelles, a plus de quarante-mille kilomètres de longueur. Les soulèvements qui accompagnèrent sa naissance furent les plus grandes déformations de surface qui aient eu lieu depuis l’apparition de la vie sur Urantia. Les coulées de lave, tant souterraines que superficielles, furent importantes et étendues. 60:3.12 La période d’il y a 75 millions d’années marque la fin de la dérive continentale. De l’Alaska au cap Horn, les longues chaines côtières du Pacifique étaient parachevées, mais elles ne comportaient encore que quelques pics. 60:3.13 Le contrecoup de l’arrêt de la dérive continentale accentua l’élévation des plaines occidentales de l’Amérique du Nord tandis qu’à l’est, les Appalaches de la région littorale de l’Atlantique, complètement érodés, étaient projetés verticalement vers le haut avec des basculements faibles ou nuls. 60:3.14 Il y a 70 millions d’années se produisirent des déformations de la croute en rapport avec l’élévation maximum de la région des montagnes Rocheuses. Un large segment de roches chevaucha, sur vingt-cinq kilomètres, la surface de la Colombie britannique ; à cet endroit, les roches cambriennes recouvrent obliquement les couches crétacées. Un autre chevauchement spectaculaire se produisit sur le versant est des montagnes Rocheuses, près de la frontière canadienne ; on y trouve des couches rocheuses, d’une époque antérieure à la vie, projetées par-dessus les dépôts crétacés alors récents. 60:3.15 Au cours de cet âge, l’activité volcanique, régnant sur le monde entier, fit surgir de nombreux petits cônes volcaniques isolés. Des volcans sous-marins entrèrent en activité dans la région submergée de l’Himalaya. Une grande partie du reste de l’Asie, y compris la Sibérie, se trouvait également encore sous l’eau. 60:3.16 Il y a 65 millions d’années se produisit l’un des plus grands écoulements de lave de tous les temps. Les couches accumulées par ces coulées et les précédentes se retrouvent dans toutes les Amériques, dans l’Afrique du Nord et du Sud, en Australie et dans certaines parties de l’Europe. 60:3.17 Les animaux terrestres changèrent peu, mais, du fait d’une plus grande émergence continentale, spécialement en Amérique du Nord, ils se multiplièrent rapidement. L’Amérique du Nord fut le grand champ d’évolution des animaux terrestres de ces temps, car la majeure partie de l’Europe était alors submergée. 60:3.18 Le climat était encore chaud et uniforme. Les régions arctiques bénéficiaient d’un temps très comparable à celui du climat actuel du centre et du Sud de l’Amérique du Nord. 60:3.19 Une grande évolution avait lieu dans la vie végétale. Parmi les plantes terrestres, les angiospermes prédominaient et beaucoup d’arbres actuels firent leur première apparition, y compris les hêtres, les bouleaux, les chênes, les noyers, les sycomores, les érables et les palmiers actuels. Fruits, herbes et céréales étaient abondants, et ces herbes et ces arbres porteurs de graines jouèrent, dans le monde des plantes, le même rôle que les ancêtres de l’homme dans le monde animal ; l’importance de cette étape dans l’évolution n’est dépassée que par l’apparition de l’homme lui-même. Soudain et sans transition préalable, la grande famille des plantes à fleurs apparut par mutation. Cette nouvelle flore recouvrit bientôt le monde entier. 60:3.20 Il y a 60 millions d’années, bien que les reptiles terrestres fussent sur leur déclin, les dinosaures étaient toujours les rois de la terre ; mais la préséance fut prise par les types plus agiles et plus actifs de dinosaures carnivores, appartenant aux variétés sauteuses de petite taille du genre kangourou. Mais, quelque temps auparavant, étaient apparus de nouveaux types de dinosaures herbivores qui se multiplièrent rapidement par suite de l’apparition des plantes terrestres de la famille des herbacées. Un de ces nouveaux dinosaures herbivores était un véritable quadrupède muni de deux cornes et d’un bourrelet en forme de cape sur le garrot. Le type de tortue terrestre de six mètres de diamètre apparut, ainsi que les crocodiles modernes et les vrais serpents de type moderne. De grands changements se produisaient aussi parmi les poissons et d’autres formes de vie marine. 60:3.21 Les préoiseaux échassiers et aquatiques des âges antérieurs n’avaient pas réussi à s’adapter à l’élément aérien, pas plus que les dinosaures volants ; ce furent des espèces éphémères qui s’éteignirent rapidement. Elles subirent le destin des dinosaures : la destruction par insuffisance de substance cérébrale par rapport à leur taille. Ce deuxième essai pour créer des animaux capables de naviguer dans l’atmosphère échoua comme la tentative avortée pour produire des mammifères au cours de cet âge et d’un âge précédent. 60:3.22 Il y a 55 millions d’années, la marche de l’évolution fut marquée par l’apparition soudaine du premier véritable oiseau, une petite créature du genre pigeon, qui fut l’ancêtre de tous les oiseaux. Ce fut le troisième type de créature volante qui apparut sur terre ; elle jaillit directement du groupe reptile, et non des dinosaures volants contemporains ni des types antérieurs d’oiseaux terrestres dentés. C’est pourquoi cette période est connue comme l’âge des oiseaux et celui du déclin des reptiles. 4. La fin de la période crétacée 60:4.1 La grande période crétacée se terminait ; sa clôture marque la fin des grandes invasions des continents par les mers. Ceci est particulièrement vrai pour l’Amérique du Nord où il y avait eu vingt-quatre grandes inondations. Bien que des submersions d’importance moindre se soient produites par la suite, aucune de ces dernières ne peut se comparer aux vastes et longues invasions marines de cet âge et des âges précédents. Ces périodes où la terre et la mer avaient alternativement le dessus se sont déroulées par cycles de millions d’années. Les élévations et les affaissements des fonds océaniques et des masses continentales se sont effectués selon un rythme multimillénaire. Et ces mêmes mouvements rythmiques de la croute terrestre se perpétueront depuis lors tout au long de l’histoire de la Terre, mais avec une amplitude et une fréquence en diminution constante. 60:4.2 Cette période voit aussi la fin de la dérive continentale et la formation des montagnes modernes d’Urantia. Pourtant, la pression des masses continentales et le blocage de la force vive de leur dérive séculaire ne sont pas les seuls facteurs de la formation des montagnes. Le facteur principal et sous-jacent qui détermine l’emplacement d’une chaine montagneuse est l’existence préalable d’une basse terre, ou cuvette, qui a été comblée par les dépôts relativement plus légers de l’érosion terrestre et par les apports marins des âges précédents. L’épaisseur de ces zones de terrains plus légers atteint quelquefois 4 500 à 6 000 mètres ; c’est pourquoi, quand la croute terrestre est soumise à une pression d’origine quelconque, ces zones plus légères sont les premières à se froisser, à se plisser et à s’élever pour fournir une contrepartie aux forces et aux pressions antagonistes à l’œuvre dans la croute terrestre ou au-dessous. Il arrive que ces soulèvements de terrains se produisent sans plissements. Mais, en liaison avec l’élévation des montagnes Rocheuses, il se produisit des plissements et des basculements importants, doublés d’énormes chevauchements des différentes couches tant superficielles que souterraines. 60:4.3 Les plus anciennes montagnes du monde sont situées en Asie, au Groenland et en Europe septentrionale au milieu de celles des vieux systèmes est-ouest. Les montagnes d’âge moyen appartiennent au groupe circumpacifique et au deuxième système est-ouest européen qui naquit sensiblement à la même époque. Ce gigantesque soulèvement, long de près de seize-mille kilomètres, s’étend de l’Europe aux élévations de terrain des Antilles. Les montagnes les plus récentes se trouvent dans le système des montagnes Rocheuses où, pendant des âges, des élévations de terrain ne s’étaient produites que pour être successivement recouvertes par les eaux, bien que certaines des plus hautes terres aient subsisté sous forme d’iles. Après la période de formation des montagnes d’âge moyen, de véritables hautes terres montagneuses furent soulevées. Elles devinrent ultérieurement les montagnes Rocheuses actuelles après avoir été ciselées par le génie artistique combiné des éléments naturels. 60:4.4 La région actuelle des montagnes Rocheuses en Amérique du Nord n’est pas celle de l’élévation de terrain originelle ; cette dernière avait été depuis longtemps nivelée par l’érosion, puis élevée de nouveau. L’actuelle chaine avancée est tout ce qui reste de la chaine originelle resoulevée. Le pic Pikes et le pic Longs sont des exemples marquants de cette activité orogénique qui s’étendit au moins sur deux générations de la vie des montagnes. Ces deux pics avaient gardé leur sommet au-dessus de l’eau durant plusieurs inondations antérieures. 60:4.5 Tant sur le plan biologique que sur le plan géologique, cette ère fut active et mouvementée sur terre et dans les eaux. Les oursins de mer se multiplièrent, tandis que coraux et crinoïdes diminuaient. Les ammonites, dont l’influence avait été prépondérante au cours d’une ère précédente, déclinèrent, elles aussi, rapidement. Sur terre, les forêts de fougères furent en grande partie remplacées par des pins et autres arbres actuels, dont les gigantesques séquoias. Vers la fin de cette période, les mammifères placentaires ne sont pas encore apparus, mais le cadre biologique est parfaitement prêt pour l’apparition, dans un âge ultérieur, des ancêtres primitifs des futurs types de mammifères. 60:4.6 Ainsi se termine une longue ère de l’évolution du monde s’étendant de la première apparition de la vie terrestre jusqu’aux temps plus récents des ancêtres immédiats de l’espèce humaine et de ses branches collatérales. Cette ère, appelée crétacée, couvre cinquante-millions d’années ; elle clôt l’ère prémammifère de la vie terrestre connue sous le nom de mésozoïque, qui s’étend sur une période de cent-millions d’années. 60:4.7 [Présenté par un Porteur de Vie de Nébadon affecté à Satania et en fonction présentement sur Urantia.] Fascicule 61. L’ère des mammifères sur Urantia 61:0.1 L’ère des mammifères s’étend depuis l’époque des premiers mammifères placentaires jusqu’à la fin de l’âge glaciaire et couvre un peu moins de cinquante-millions d’années. 61:0.2 Au cours de cet âge cénozoïque, le panorama du monde offrait un spectacle séduisant : collines ondulées, larges vallées, grands fleuves et vastes forêts. Pendant cette période, l’isthme de Panama s’éleva et s’affaissa deux fois, et le pont terrestre du détroit de Béring fit trois fois de même. Les types d’animaux étaient à la fois nombreux et variés. Les arbres fourmillaient d’oiseaux et le monde entier était un paradis pour les animaux, malgré les luttes incessantes pour la suprématie de leurs espèces en évolution. 61:0.3 Les dépôts accumulés au cours des cinq périodes de cette ère de cinquante-millions d’années contiennent les archives fossiles des dynasties successives de mammifères, et conduisent directement aux temps où l’homme lui-même apparut effectivement. 1. Le stade des nouvelles terres continentales. L’âge des premiers mammifères 61:1.1 Il y a 50 millions d’années, les zones continentales du monde se trouvaient en majeure partie au-dessus de l’eau ou seulement légèrement immergées. Les formations et les dépôts de cette période sont à la fois terrestres et marins, mais principalement terrestres. Pendant un temps considérable, les terres s’élevèrent graduellement, mais elles furent en même temps lessivées et entrainées vers les basses terres et les mers. 61:1.2 Au début de cette période, les mammifères du type placentaire apparurent soudain en Amérique du Nord ; ils représentaient l’étape la plus importante de l’évolution jusqu’à cette époque. Des ordres de mammifères non placentaires avaient existé auparavant, mais ce nouveau type jaillit directement et soudainement de l’ancêtre reptile préexistant dont la descendance s’était perpétuée au long des temps du déclin des dinosaures. Le père des mammifères placentaires fut un petit dinosaure carnivore très actif, du type sauteur. 61:1.3 Les instincts fondamentaux des mammifères commencèrent à se manifester chez ces types primitifs. Les mammifères possèdent, sur toutes les autres formes de la vie animale, un immense avantage pour survivre du fait qu’ils peuvent : 61:1.4 1. Mettre au monde des petits relativement évolués et bien développés. 61:1.5 2. Nourrir, instruire et protéger leur descendance avec une attention affectueuse. 61:1.6 3. Employer la supériorité de leur pouvoir cérébral pour se perpétuer. 61:1.7 4. Utiliser leur agilité accrue pour échapper à leurs ennemis. 61:1.8 5.Appliquer leur intelligence supérieure pour s’ajuster et s’adapter au milieu. 61:1.9 Il y a 45 millions d’années, les arêtes des continents s’élevèrent corrélativement à un affaissement généralisé des régions côtières. Les races des mammifères évoluaient rapidement. Un petit mammifère reptile du type ovipare prospérait, et les ancêtres des futurs kangourous parcouraient l’Australie. Il y eut bientôt des petits chevaux, des rhinocéros agiles, des tapirs à trompe, des porcs primitifs, des écureuils, des lémurs, des opossums et plusieurs tribus d’animaux ressemblant à des singes. Ils étaient tous petits, primitifs et surtout adaptés à la vie dans les forêts des régions montagneuses. Un grand oiseau terrestre du genre autruche se développa jusqu’à atteindre trois mètres de haut ; il pondait des œufs de vingt-trois centimètres sur trente-trois et fut l’ancêtre des gigantesques oiseaux transporteurs ultérieurs, qui étaient si remarquablement intelligents et véhiculaient jadis des êtres humains à travers les airs. 61:1.10 Les mammifères du début de l’ère cénozoïque vivaient sur terre, sous l’eau, dans l’air et au sommet des arbres. Ils avaient de une à onze paires de glandes mammaires et étaient tous recouverts d’une épaisse toison. À l’instar des espèces qui devaient apparaitre plus tard, ils portaient deux dentitions successives et possédaient un cerveau de grande taille par rapport à leur corps, mais aucune des espèces modernes ne figurait parmi eux. 61:1.11 Il y a 40 millions d’années, les zones terrestres de l’hémisphère nord commencèrent à s’élever ; ce phénomène fut suivi par de nouvelles et vastes sédimentations, et par d’autres activités terrestres comprenant des coulées de lave, des gauchissements, des formations lacustres et des érosions. 61:1.12 Pendant la dernière partie de cette période, presque toute l’Europe fut submergée. À la suite d’un léger exhaussement du sol, le continent se couvrit de lacs et de baies. L’océan Arctique coula vers le sud par la dépression de l’Oural pour rejoindre la Méditerranée qui s’étendait alors plus au nord ; les hautes terres des Alpes, des Carpates, des Apennins et des Pyrénées émergeaient comme des iles au milieu de la mer. L’isthme de Panama était émergé ; les océans Atlantique et Pacifique étaient séparés. L’Amérique du Nord était reliée à l’Asie par le pont terrestre du détroit de Béring et à l’Europe par le Groenland et l’Islande. Le circuit terrestre continental des latitudes nordiques n’était interrompu que par le détroit de l’Oural, qui reliait les mers arctiques à la Méditerranée agrandie. 61:1.13 De grandes quantités de calcaires foraminifères se déposèrent dans les eaux européennes. Aujourd’hui, cette même roche se retrouve à une altitude de 3 000 mètres dans les Alpes, 5 000 mètres dans l’Himalaya et 6 000 mètres au Tibet. Les dépôts crayeux de cette période apparaissent le long des côtes d’Afrique et d’Australie, sur la côte ouest de l’Amérique du Sud et dans la région des Antilles. 61:1.14 Tout au long de cette période dite éocène, l’évolution des mammifères et des autres formes de vie apparentées se poursuivit presque sans interruption. L’Amérique du Nord était alors reliée par des terres à tous les autres continents sauf l’Australie, et le monde était progressivement envahi par divers types d’une faune mammifère primitive. 2. Le stade récent d’inondation. L’âge des mammifères évolués 61:2.1 Cette période fut caractérisée par une nouvelle et rapide évolution des mammifères placentaires, les formes les plus avancées de mammifères qui se développèrent au cours de ces temps. 61:2.2 Bien que les mammifères placentaires primitifs fussent issus d’ancêtres carnivores, des espèces herbivores apparurent très vite, et bientôt des familles de mammifères omnivores surgirent également. Les angiospermes constituaient la nourriture principale de ces mammifères, qui se multipliaient rapidement, car la flore terrestre moderne, y compris la majorité des plantes et des arbres actuels, était apparue au cours des périodes antérieures. 61:2.3 Il y a 35 millions d’années commença l’âge de la domination mondiale des mammifères placentaires. Le pont terrestre du sud était très large et reliait de nouveau l’immense continent Antarctique à l’Amérique du Sud, à l’Afrique du Sud et à l’Australie. Malgré l’amoncellement des terres aux hautes latitudes, le climat du monde restait relativement doux parce que la surface des mers tropicales s’était énormément accrue et que les terres n’étaient pas encore assez élevées pour produire des glaciers. De vastes coulées de lave eurent lieu au Groenland et en Islande, et une certaine quantité de charbon fut déposée entre ces couches. 61:2.4 Des changements prononcés se dessinaient dans la faune de la planète. La vie marine était en train de subir de profondes modifications ; la majeure partie des espèces actuelles d’animaux marins existait déjà, et les foraminifères continuaient à jouer un rôle important. Les insectes ressemblaient beaucoup à ceux de la période précédente. Les dépôts fossiles de Florissant, au Colorado, datent des dernières années de ces temps lointains. La majorité des familles d’insectes actuellement vivants remontent à cette période, mais beaucoup de celles qui existaient alors sont maintenant éteintes, bien que leurs fossiles subsistent. 61:2.5 Sur les continents, cet âge fut, par excellence, celui de la rénovation et de l’expansion des mammifères. Plus de cent espèces de mammifères antérieurs et plus primitifs s’étaient éteintes avant la fin de cette période. Même les mammifères de grande taille pourvus d’un petit cerveau périrent rapidement. Le cerveau et l’agilité avaient remplacé l’armure et la taille dans le progrès de la survivance des animaux. Comme la famille des dinosaures était sur son déclin, les mammifères assumèrent peu à peu la domination de la terre en détruisant rapidement et complètement le reste de leurs ancêtres reptiles. 61:2.6 Parallèlement à la disparition des dinosaures, d’autres changements importants se produisirent dans les diverses branches de la famille des sauriens. Les membres survivants des familles primitives de reptiles sont les tortues, les serpents et les crocodiles, ainsi que les vénérables grenouilles, seul groupe subsistant pour représenter les plus lointains ancêtres de l’homme. 61:2.7 Divers groupes de mammifères tirèrent leur origine d’un animal unique maintenant éteint. Cette créature carnivore était quelque chose comme le croisement d’un chat et d’un phoque ; elle pouvait vivre sur terre ou dans l’eau, possédait une intelligence supérieure et était très active. En Europe, l’ancêtre de la famille canine apparut par évolution et donna bientôt naissance à de nombreuses espèces de petits chiens. Vers la même époque apparurent les rongeurs, y compris les castors, écureuils, spermophiles, souris et lapins, qui représentèrent bientôt une forme de vie importante ; très peu de modifications se sont produites depuis lors dans cette famille. Les derniers dépôts de cette période contiennent des restes fossiles de chiens, de chats, de ratons laveurs et de belettes de forme ancestrale. 61:2.8 Il y a 30 millions d’années, les types modernes de mammifères commencèrent à faire leur apparition. Jusque-là, les mammifères avaient vécu en majorité dans les montagnes car ils appartenaient à des types montagnards. Soudain, commença l’évolution du type ongulé des plaines, l’espèce herbivore différenciée des carnivores à griffes. Ces animaux broutants descendaient d’un ancêtre non différencié qui avait cinq orteils et quarante-quatre dents, et qui disparut avant la fin de cet âge. L’évolution des ongulés ne progressa pas au-delà du stade à trois orteils pendant cette période. 61:2.9 Le cheval, remarquable exemple d’évolution, vécut à cette époque en Amérique du Nord et en Europe, mais il n’acheva pas totalement son développement avant l’ère glaciaire ultérieure. Alors que la famille des rhinocéros apparut à la fin de cette période, elle ne connut sa plus grande expansion que plus tard. Une petite créature porcine se développa également et devint l’ancêtre des nombreuses espèces de suidés, de pécaris et d’hippopotames. Chameaux et lamas eurent leur origine en Amérique du Nord vers le milieu de cette période et envahirent les plaines de l’ouest. Plus tard, les lamas émigrèrent en Amérique du Sud, les chameaux en Europe, et les deux espèces s’éteignirent bientôt en Amérique du Nord. Quelques chameaux survécurent toutefois jusqu’à l’âge glaciaire. 61:2.10 Un fait important se produisit vers cette époque dans l’Ouest de l’Amérique du Nord ; les ancêtres primitifs des anciens lémurs apparurent pour la première fois. Bien que cette famille ne puisse pas être considérée comme de vrais lémurs, son apparition marqua l’établissement de la lignée d’où les vrais lémurs sortirent ultérieurement. 61:2.11 À l’instar des serpents terrestres d’un âge antérieur qui s’étaient voués à la vie marine, une tribu entière de mammifères placentaires déserta alors la terre pour établir sa résidence dans les océans. Ils sont, depuis lors, restés dans la mer où ils ont donné naissance aux baleines, dauphins, marsouins, phoques et otaries modernes. 61:2.12 Les oiseaux continuèrent à se développer sur la planète, mais avec peu de changements évolutionnaires importants. La majorité des oiseaux des temps modernes existait déjà, y compris les mouettes, hérons, flamants, buses, faucons, aigles, hiboux, cailles et autruches. 61:2.13 Vers la fin de cette période dite oligocène, qui couvrit dix-millions d’années, la vie végétale, de même que la vie marine et les animaux terrestres, avait très largement évolué et se trouvait présente sur la planète à peu près comme aujourd’hui. Des spécialisations très poussées apparurent par la suite, mais les formes ancestrales de la majorité des êtres vivants existaient alors. 3. Le stade des montagnes modernes. L’âge de l’éléphant et du cheval 61:3.1 L’élévation des terres et la ségrégation des mers changeaient lentement la météorologie du monde ; le temps se refroidissait progressivement, mais le climat restait encore doux. Séquoias et magnolias poussaient au Groenland, mais les plantes subtropicales commençaient à émigrer vers le sud. À la fin de cette période, les plantes et les arbres des climats chauds avaient largement disparu des latitudes septentrionales ; leur place avait été prise par des plantes plus résistantes et par les arbres à feuilles caduques. 61:3.2 Le nombre des variétés d’herbes augmenta considérablement ; les dents de beaucoup d’espèces de mammifères se modifièrent progressivement pour se rapprocher du type actuel de dentition des herbivores broutants. 61:3.3 Il y a 25 millions d’années, une légère immersion des terres se produisit après une longue époque d’émersion. La région des montagnes Rocheuses resta très élevée, de sorte que des matériaux d’érosion continuèrent à se déposer vers l’est, sur l’ensemble des basses terres. Les Sierras furent de nouveau exhaussées ; en fait, elles n’ont pas cessé de s’élever depuis lors. La grande faille verticale californienne de six kilomètres et demi date de ce temps-là. 61:3.4 Il y a 20 millions d’années, les mammifères connurent véritablement leur âge d’or. L’isthme du détroit de Béring était émergé, ce qui permit à de nombreux groupes d’animaux d’émigrer d’Asie vers l’Amérique du Nord ; ils comprenaient des mastodontes à quatre défenses, des rhinocéros à courtes pattes et de nombreuses variétés de félins. 61:3.5 Les premiers cervidés apparurent, et l’Amérique du Nord fut bientôt envahie par des ruminants – cerfs, bœufs, chameaux, bisons et plusieurs espèces de rhinocéros – mais l’espèce des porcs géants qui atteignaient plus de 1m80 de haut s’éteignit. 61:3.6 Les immenses éléphants de cette période et des périodes suivantes avaient un grand cerveau aussi bien qu’un grand corps ; ils envahirent bientôt le monde entier à l’exception de l’Australie. Pour une fois, le monde fut dominé par un animal énorme dont le cerveau était suffisamment important pour lui permettre de subsister. En présence de la vie hautement intelligente de ces âges, nul animal de la taille d’un éléphant n’aurait pu survivre à moins de posséder un cerveau de grande dimension et de qualité supérieure. En ce qui concerne l’intelligence et la faculté d’adaptation, le cheval est seul à s’approcher de l’éléphant, lequel n’est surpassé que par l’homme lui-même. Malgré cela, sur les cinquante espèces d’éléphants existant au début de cette période, deux seulement ont survécu. 61:3.7 Il y a 15 millions d’années, les régions montagneuses de l’Eurasie étaient en train de s’élever ; une certaine activité volcanique s’y manifestait un peu partout, sans pourtant avoir rien de comparable aux coulées de lave de l’hémisphère occidental. Ces conditions instables prévalaient sur l’ensemble du monde. 61:3.8 Le détroit de Gibraltar se ferma, et l’Espagne fut reliée à l’Afrique par le vieil isthme, mais la Méditerranée s’écoulait dans l’Atlantique par un étroit canal qui traversait la France, tandis que les pics montagneux et les hautes terres formaient des iles à la surface de cette mer ancienne. Plus tard, ces mers européennes commencèrent à se retirer. Plus tard encore, la Méditerranée fut reliée à l’océan Indien, tandis qu’à la fin de cette période, la région de Suez se souleva de sorte que la Méditerranée fut transformée pendant un temps en une mer intérieure salée. 61:3.9 Le pont terrestre de l’Islande fut submergé, et les eaux arctiques se mélangèrent avec celles de l’océan Atlantique. La côte atlantique de l’Amérique du Nord se refroidit rapidement, mais la côte pacifique resta plus chaude qu’à présent. Les grands courants océaniques circulaient et affectaient le climat à peu près comme aujourd’hui. 61:3.10 La vie des mammifères continua d’évoluer. D’immenses troupeaux de chevaux se joignirent aux chameaux dans les plaines occidentales de l’Amérique du Nord ; cet âge fut vraiment celui des chevaux aussi bien que celui des éléphants. Pour sa qualité animale, le cerveau du cheval vient immédiatement après celui de l’éléphant, bien qu’il soit nettement inférieur sur un point : le cheval ne triompha jamais complètement de sa propension profonde à fuir lorsqu’il est effrayé. Le cheval manque du contrôle émotionnel de l’éléphant, tandis que l’éléphant est gravement handicapé par sa taille et son manque d’agilité. Au cours de cette période apparut, par évolution, un animal qui tenait à la fois du cheval et de l’éléphant, mais il fut bientôt détruit par la famille des félins qui se multipliaient rapidement. 61:3.11 Au moment où Urantia s’engage dans ce que vous appelez « l’âge sans chevaux », vous devriez faire une pause et songer à ce que cet animal signifiait pour vos ancêtres. Les hommes employèrent d’abord les chevaux pour se nourrir, puis pour voyager et enfin pour l’agriculture et la guerre. Le cheval a servi l’humanité pendant longtemps et a joué un rôle important dans le développement de la civilisation humaine. 61:3.12 Les développements biologiques de cette période contribuèrent beaucoup à préparer le terrain pour l’apparition ultérieure de l’homme. En Asie centrale, les véritables types aussi bien de singes primitifs que de gorilles évoluèrent à partir d’un ancêtre commun maintenant éteint. Mais aucune de ces espèces n’est rattachée à la lignée des êtres vivants destinées à donner plus tard les ancêtres de la race humaine. 61:3.13 La famille des canins était représentée par plusieurs groupes, notamment par des loups et des renards ; la tribu des félins l’était par des panthères et de grands tigres à dents de sabre, ces derniers apparurent d’abord en Amérique du Nord. Les familles félines et canines modernes se multiplièrent dans le monde entier. Belettes, martres, loutres et ratons laveurs prospérèrent et se multiplièrent dans les latitudes septentrionales. 61:3.14 Les oiseaux continuèrent à évoluer bien qu’avec peu de changements. Les reptiles étaient semblables aux types modernes – serpents, crocodiles et tortues. 61:3.15 Ainsi tirait à sa fin une période de l’histoire du monde très intéressante et fertile en évènements. Cette ère de l’éléphant et du cheval est connue sous le nom de miocène. 4. Le stade récent d’élévation continentale. La dernière grande migration des mammifères 61:4.1 Cette période est marquée par l’élévation préglaciaire des terres en Amérique du Nord, en Europe et en Asie. La topographie de la Terre fut largement modifiée. Des chaines de montagnes naquirent, des fleuves changèrent leurs cours et des volcans isolés apparurent dans le monde entier. 61:4.2 Il y a 10 millions d’années, commença un âge de dépôts terrestres locaux disséminés sur les basses terres des continents, mais la plupart de ces sédimentations furent ultérieurement érodées. En ce temps-là, une grande partie de l’Europe était encore immergée, y compris certaines portions de l’Angleterre, de la Belgique et de la France ; la mer Méditerranée recouvrait une grande partie de l’Afrique du Nord. En Amérique du Nord, des dépôts s’accumulèrent sur de grandes surfaces à la base des montagnes, dans les lacs et dans les grandes cuvettes terrestres. Ces dépôts ont une épaisseur moyenne qui ne dépasse pas soixante mètres ; ils sont plus ou moins colorés, et les fossiles y sont rares. Deux grands lacs d’eau douce existaient dans l’Ouest de l’Amérique du Nord. Les Sierras s’élevaient. Les monts Shasta, Hood et Rainier débutaient dans leur carrière ; mais ce n’est pas avant l’âge glaciaire suivant que l’Amérique du Nord commença à glisser vers la dépression atlantique. 61:4.3 Pendant une brève période, toutes les terres du monde se trouvèrent de nouveau jointes, à l’exception de l’Australie, et la dernière migration animale à l’échelle mondiale eut lieu. L’Amérique du Nord était reliée à la fois à l’Amérique du Sud et à l’Asie, et des échanges s’effectuaient librement dans le règne animal. Les paresseux, les tatous, les antilopes et les ours d’Asie pénétrèrent en Amérique du Nord, tandis que les chameaux nord-américains allèrent en Chine. Les rhinocéros émigrèrent dans le monde entier à l’exception de l’Australie et de l’Amérique du Sud, mais, à la fin de cette période, leur race s’était éteinte dans l’hémisphère occidental. 61:4.4 En général, la vie de la période précédente continua à évoluer et à se répandre. La famille des félins dominait la vie animale, et la vie marine était presque stationnaire. Beaucoup de chevaux étaient encore du type à trois orteils, mais différentes races modernes allaient surgir ; des lamas et des chameaux du genre girafe se mêlaient aux chevaux dans les plaines à pâturages. La girafe apparut en Afrique avec un cou aussi long que celui d’aujourd’hui. En Amérique du Sud, les paresseux, les tatous, les fourmiliers et les types sud-américains de singes primitifs évoluèrent. Avant que les continents ne soient définitivement isolés, les mastodontes, ces animaux massifs, émigrèrent dans le monde entier, sauf en Australie. 61:4.5 Il y a 5 millions d’années, le cheval atteignit son point d’évolution actuel et émigra d’Amérique du Nord dans le monde entier. Mais la race chevaline s’était éteinte sur le continent d’origine bien avant l’arrivée de l’homme rouge. 61:4.6 Le climat se refroidissait progressivement, les plantes terrestres se déplaçaient lentement vers le sud. C’est d’abord le froid accru dans les régions nordiques qui arrêta les migrations animales par les isthmes du Nord ; plus tard, les ponts terrestres de l’Amérique du Nord s’affaissèrent. Bientôt après, la liaison terrestre entre l’Afrique et l’Amérique du Sud fut définitivement submergée, et l’hémisphère occidental se trouva isolé à peu près comme aujourd’hui. À partir de cette époque, des types de vie distincts commencèrent à se développer dans l’hémisphère oriental et dans l’hémisphère occidental. 61:4.7 Ainsi se clôtura cette période de près de dix-millions d’années, alors que l’ancêtre de l’homme n’avait pas encore fait son apparition. Cette époque est généralement désignée sous le nom de pliocène. 5. Le début de l’âge glaciaire 61:5.1 À la fin de la période précédente, les terres du Nord-Est de l’Amérique du Nord et de l’Europe septentrionale étaient extrêmement élevées sur de grandes surfaces ; en Amérique du Nord, de vastes régions atteignaient une altitude de 9 000 mètres et plus. Des climats doux avaient régné jusqu’alors dans ces régions nordiques, et toutes les eaux arctiques étaient sujettes à l’évaporation ; elles restèrent libres de glaces presque jusqu’à la fin de la période glaciaire. 61:5.2 En même temps que ces terres s’élevaient, les courants océaniques se déplacèrent et les vents saisonniers modifièrent leur direction. Ces conditions provoquèrent en fin de compte, sur les hautes terres septentrionales, une précipitation d’humidité presque constante par suite des mouvements de l’atmosphère fortement saturée. La neige commença à tomber sur ces régions élevées, donc froides, et elle continua jusqu’à ce qu’elle eût atteint une épaisseur de 6 000 mètres. Les zones de plus grande épaisseur de neige, ainsi que l’altitude, déterminèrent les points centraux des coulées glaciaires sous pression qui se produisirent plus tard. L’âge glaciaire persista tant que ces précipitations excessives continuèrent à couvrir les hautes terres nordiques d’un énorme manteau de neige qui bientôt se métamorphosa en glace compacte mais cheminante. 61:5.3 Les grandes couches glaciaires de cette époque étaient toutes situées sur des hautes terres, et non dans les régions montagneuses où elles se trouvent aujourd’hui. La moitié des formations glaciaires était située en Amérique du Nord, un quart en Eurasie et un quart dans le reste du monde, principalement dans l’Antarctique. L’Afrique était peu touchée par les glaces, mais l’Australie était presque entièrement recouverte par le manteau de glace de l’Antarctique. 61:5.4 Les régions nordiques d’Urantia ont connu six invasions glaciaires séparées et distinctes, bien que des douzaines de progressions et de reculs se soient produits en liaison avec l’activité de chaque couche de glace individuelle. Les glaces de l’Amérique du Nord se rassemblèrent en deux centres, et plus tard en trois. Le Groenland était couvert de glace et l’Islande complètement ensevelie sous une coulée glaciaire. En Europe, la glace recouvrit à différentes époques les Iles Britanniques, à l’exception de la côte sud de l’Angleterre, et s’étendit sur l’Europe occidentale jusqu’en France. 61:5.5 Il y a 2 millions d’années, le premier glacier nord-américain commença son mouvement vers le sud. L’âge glaciaire était dans sa genèse, et il fallut à ce glacier presque un million d’années pour avancer, puis pour se retirer vers les centres de pression du Nord. Le manteau de glace central s’étendit vers le sud jusqu’au Kansas ; les centres glaciaires de l’Est et de l’Ouest n’étaient pas alors aussi étendus. 61:5.6 Il y a 1 500 000 ans, le premier grand glacier reculait vers le nord. Entretemps, d’énormes quantités de neige étaient tombées sur le Groenland et sur le Nord-Est de l’Amérique du Nord ; cette masse glaciaire orientale ne tarda pas à couler lentement vers le sud. Ce fut la seconde invasion glaciaire. 61:5.7 Ces deux premières invasions ne furent pas très étendues en Eurasie. Au cours de ces époques primitives de l’âge glaciaire, l’Amérique du Nord était envahie de mastodontes, de mammouths laineux, de chevaux, de chameaux, de cerfs, de bœufs musqués, de bisons, de paresseux terrestres, de castors géants, de tigres à dents de sabre, de paresseux gros comme des éléphants et de nombreux groupes des familles féline et canine. Mais, à partir de cette époque, leur nombre fut rapidement réduit par le froid croissant de la période glaciaire. Vers la fin de l’âge glaciaire, ces espèces animales s’étaient en majorité éteintes en Amérique du Nord. 61:5.8 En dehors des régions recouvertes de glace, la vie terrestre et aquatique n’avait pas beaucoup changé dans le monde. Entre les invasions glaciaires, le climat était à peu près aussi doux qu’aujourd’hui, peut-être même un peu plus chaud. Après tout, les glaciers n’étaient que des phénomènes locaux, bien qu’ils aient recouvert d’immenses surfaces. Le climat côtier varia grandement entre les périodes d’inactivité glaciaire et celles où d’énormes icebergs se laissaient glisser des côtes du Maine dans l’Atlantique ; d’autres s’échappaient par le détroit de Puget vers le Pacifique, ou s’écroulaient avec fracas dans les fjords norvégiens ouverts sur la mer du Nord. 6. L’homme primitif dans l’âge glaciaire 61:6.1 Le grand évènement de cette période glaciaire fut l’apparition évolutive de l’homme primitif. Légèrement à l’Ouest de l’Inde, sur une terre maintenant immergée et parmi les descendants des anciens lémurs d’Amérique du Nord émigrés en Asie, les mammifères précurseurs de l’homme apparurent soudainement. Ces petits animaux marchaient principalement sur leurs pattes de derrière ; ils possédaient un gros cerveau proportionnellement à leur taille et comparativement au cerveau des autres animaux. Dans la soixante-dixième génération de cet ordre de vie, un groupe nouveau et supérieur d’animaux se différencia soudain. Ces nouveaux mammifères intermédiaires – qui avaient presque deux fois la taille de leurs ancêtres et possédaient des facultés cérébrales accrues en proportion - venaient à peine de bien s’établir quand les primates, représentant leur troisième mutation vitale, apparurent soudain. (Au même moment, un développement rétrograde, survenu au cœur de la souche des mammifères intermédiaires, donna naissance aux ancêtres de la race simienne ; depuis ce jour et jusqu’aux temps présents, la branche humaine a progressé selon une évolution graduelle, tandis que les tribus simiennes sont restées stationnaires ou ont même réellement rétrogradé.) 61:6.2 Il y a un million d’années, Urantia fut enregistrée comme monde habité. Une mutation, à l’intérieur de la souche des primates en progression, produisit soudain deux êtres humains primitifs, les véritables ancêtres de l’humanité. 61:6.3 Cet évènement eut lieu à peu près au moment où commençait la troisième avancée glaciaire ; on voit donc que vos premiers ancêtres naquirent et se reproduisirent dans un milieu difficile, tonifiant et stimulant. Et les seuls survivants de ces aborigènes d’Urantia, les Esquimaux, préfèrent encore maintenant vivre dans les climats nordiques très froids. 61:6.4 Les êtres humains n’habitèrent pas l’hémisphère occidental avant les derniers temps de l’ère glaciaire ; mais, au cours des époques interglaciaires, ils passèrent vers l’ouest en contournant la Méditerranée et envahirent bientôt le continent européen. Dans les cavernes de l’Europe occidentale, on trouve des ossements humains mêlés à des restes d’animaux aussi bien arctiques que tropicaux, ce qui témoigne que des hommes ont vécu dans ces régions pendant les dernières époques de progression et de recul des glaciers. 7. La suite de l’âge glaciaire 61:7.1 Tout au long de la période glaciaire, d’autres activités continuèrent à s’exercer, mais l’action des glaces éclipse tous les autres phénomènes des latitudes nordiques. Nulle autre activité terrestre ne laisse de preuves topographiques aussi nettes. Les gros cailloux caractéristiques et les clivages de la surface, tels que marmites de géants, lacs, pierres déplacées ou pulvérisées, ne sont liés à aucun autre phénomène de la nature. La glace est également responsable des molles ondulations de terrain connues sous le nom de drumlins. De plus, au cours de sa progression, un glacier déplace les rivières et modifie complètement la face de la Terre. Seuls les glaciers laissent derrière eux, comme débris révélateurs, les moraines de fond, latérales et frontales. Ces dépôts, en particulier les moraines de fond, s’étendent vers le nord et l’ouest en partant de la côte orientale de l’Amérique du Nord. On en trouve également en Europe et en Sibérie. 61:7.2 Il y a 750 000 ans, la quatrième nappe de glace, formée par l’union des champs glaciaires du centre et de l’Est de l’Amérique du Nord, était bien en route vers le sud. À son apogée, elle atteignit le Sud de l’Illinois et déplaça le Mississippi de quatre-vingts kilomètres vers l’ouest, tandis que la partie orientale de la nappe s’étendit vers le sud jusqu’au fleuve Ohio et à la Pennsylvanie centrale. 61:7.3 C’est en Asie que la nappe glaciaire sibérienne fit son invasion la plus méridionale, tandis qu’en Europe la glace en progression s’arrêta juste avant la barrière montagneuse des Alpes. 61:7.4 Il y a 500 000 ans, au cours de la cinquième avance glaciaire, un nouveau phénomène accéléra le cours de l’évolution humaine. Soudain, et en une seule génération, les six races de couleur apparurent par mutation à partir de la souche humaine aborigène. Cette date est doublement importante, car elle marque également l’arrivée du Prince Planétaire. 61:7.5 En Amérique du Nord, le cinquième glacier en progression consista en une invasion combinée partant des trois centres glaciaires. Toutefois, le lobe oriental ne s’étendit que peu au sud de la vallée du Saint-Laurent et la nappe occidentale n’avança que peu vers le sud. Par contre, le lobe central s’étendit suffisamment vers le sud pour recouvrir presque entièrement l’État d’Iowa. En Europe, cette invasion glaciaire ne fut pas aussi étendue que la précédente. 61:7.6 Il y a 250 000 ans commença la sixième et dernière poussée glaciaire. En dépit du fait que les hautes terres nordiques avaient commencé à s’affaisser légèrement, cette période vit les plus grands dépôts de neige s’accumuler sur les champs de glace septentrionaux. 61:7.7 Au cours de cette invasion, les trois grandes nappes glaciaires se soudèrent en une seule immense masse, et toutes les montagnes de l’Ouest participèrent à cette activité glaciaire. Ce fut la plus grande de toutes les invasions glaciaires en Amérique du Nord ; la glace se déplaça vers le sud à plus de deux-mille-cinq-cents kilomètres de ses centres de pression, et l’Amérique du Nord connut les températures les plus basses de son histoire. 61:7.8 Il y a 200 000 ans, au cours de l’avance du dernier glacier, eut lieu un épisode qui influença beaucoup le cours des évènements sur Urantia – la rébellion de Lucifer. 61:7.9 Il y a 150 000 ans, la sixième et dernière invasion glacière atteignit les points extrêmes de sa progression vers le sud ; la nappe occidentale dépassait juste la frontière canadienne, la nappe centrale atteignait le Kansas, le Missouri et l’Illinois, et la nappe orientale avança vers le sud recouvrant une grande partie de la Pennsylvanie et de l’Ohio. 61:7.10 C’est ce glacier qui projeta les nombreuses protubérances, ou langues glaciaires, qui sculptèrent les lacs actuels, grands et petits. Le système des Grands Lacs nord-américains fut établi par ce glacier pendant son recul. Les géologues d’Urantia ont retracé de façon très exacte les différents stades de cette évolution et ont correctement conjecturé que ces masses d’eau se sont déversées à des époques différentes, d’abord dans la vallée du Mississippi, puis, vers l’est, dans la vallée de l’Hudson et finalement, par un passage nordique, dans celle du Saint-Laurent. Il y a maintenant trente-sept-mille ans que les eaux du système communicant des Grands Lacs s’écoulent par la voie actuelle du Niagara. 61:7.11 Il y a 100 000 ans, lors du recul du dernier glacier, les immenses nappes polaires de glace commencèrent à se former et le centre des accumulations glaciaires se déplaça considérablement vers le nord. Aussi longtemps que les régions polaires seront couvertes de glaces, il sera pratiquement impossible à un nouvel âge glaciaire de survenir, quelles que puissent être, dans l’avenir, les élévations de terrain ou les modifications des courants océaniques. 61:7.12 Ce dernier glacier mit cent-mille ans à avancer et il lui fallut un laps de temps égal pour achever son retrait vers le nord. Les régions tempérées sont libres de glaces depuis un peu plus de cinquante-mille ans. 61:7.13 Les rigueurs de la période glaciaire détruisirent de nombreuses espèces animales et en modifièrent radicalement beaucoup d’autres. Maintes espèces furent cruellement sélectionnées au cours des migrations répétées rendues nécessaires par les avances et reculs des glaces. Les animaux qui suivirent les déplacements alternés des glaciers sur la terre furent l’ours, le bison, le renne, le bœuf musqué, le mammouth et le mastodonte. 61:7.14 Les mammouths recherchaient les prairies dégagées et les mastodontes préféraient la lisière abritée des régions boisées. Jusqu’à une date récente, les mammouths vagabondèrent du Mexique au Canada ; la variété sibérienne se couvrit de laine. Les mastodontes continuèrent à vivre en Amérique du Nord jusqu’à ce que les hommes rouges les aient exterminés, à peu près comme les hommes blancs massacrèrent plus tard les bisons. 61:7.15 Au cours de la dernière période glaciaire, les chevaux, les tapirs, les lamas et les tigres à dent de sabre disparurent de l’Amérique du Nord. Ils furent remplacés par des paresseux, des tatous et des cabiais ou cochons d’eau remontés de l’Amérique du Sud. 61:7.16 Les migrations forcées de la vie devant les progressions glaciaires amenèrent d’extraordinaires croisements de plantes et d’animaux. Après le retrait de la dernière invasion glaciaire, de nombreuses espèces arctiques, tant animales que végétales, restèrent échouées sur les hauteurs de certains pics montagneux où elles s’étaient réfugiées pour échapper à la destruction par le glacier. C’est pourquoi l’on trouve aujourd’hui ces plantes et ces animaux délocalisés sur les hauteurs des Alpes en Europe, et même sur les Appalaches en Amérique du Nord. 61:7.17 L’âge glaciaire est la dernière période géologique parachevée ; elle est dite pléistocène et s’étend sur plus de deux-millions d’années. 61:7.18 Il y a 35 000 ans s’acheva ce grand âge glaciaire, sauf pour les régions polaires de la planète. Cette date est également significative parce qu’elle coïncide à peu près avec l’arrivée d’un Fils et d’une Fille Matériels, le début de la dispensation adamique, et le moment où commence la période holocène ou postglaciaire. 61:7.19 Cet exposé s’étend de l’apparition des mammifères à la régression glaciaire et jusqu’aux temps historiques ; il couvre une période de presque cinquante-millions d’années. C’est la dernière – l’actuelle – période géologique. Vos chercheurs la connaissent sous le nom d’ère cénozoïque, ou ère des temps récents. 61:7.20 [Parrainé par un Porteur de Vie résident.] Fascicule 62. Les races à l’aurore de l’homme primitif 62:0.1 Il y a environ un million d’années, les ancêtres immédiats de l’humanité firent leur apparition en trois mutations successives et soudaines à partir de la souche primitive du type lémurien de mammifères placentaires. Les facteurs dominants de ces lémurs primitifs dérivaient du plasma vital évolutif du groupe américain occidental ou récent. Mais, avant de donner naissance à la ligne directe des ancêtres de l’homme, cette race fut renforcée par des apports de l’implantation centrale de vie qui avait évolué en Afrique. Le groupe oriental n’apporta qu’une contribution insignifiante à la création effective de l’espèce humaine. 1. Les types primitifs de lémurs 62:1.1 Les lémurs primitifs, ayant un rapport avec les ancêtres de l’espèce humaine, n’avaient pas de parenté directe avec les tribus préexistantes de gibbons et de singes qui vivaient alors en Eurasie et en Afrique du Nord et dont la descendance a survécu jusqu’aux temps présents. Ils n’étaient pas davantage issus des lémurs du type moderne, bien qu’ils aient eu un ancêtre commun éteint depuis longtemps. 62:1.2 Tandis que ces lémurs primitifs évoluaient dans l’hémisphère occidental, les mammifères, ancêtres directs de l’humanité, s’établissaient en Asie du Sud-Ouest, dans la zone originelle de l’implantation centrale de vie, mais à la frontière est de cette zone. Plusieurs millions d’années auparavant, les lémurs du type nord-américain avaient émigré vers l’ouest par le pont terrestre de Béring et avaient progressé lentement vers le sud-ouest le long de la côte asiatique. Ces tribus migratrices atteignirent finalement les régions salubres qui s’étendaient entre la mer Méditerranée, alors beaucoup plus vaste, et les régions montagneuses en cours d’exhaussement de la péninsule indienne. Dans ces terres situées à l’Ouest de l’Inde, elles s’unirent à d’autres lignées propices et établirent ainsi l’ascendance de la race humaine. 62:1.3 Avec le temps, le littoral de l’Inde situé au sud-ouest des montagnes fut progressivement submergé, et la vie de cette région se trouva complètement isolée. Cette péninsule mésopotamienne ou persane n’avait plus aucune voie d’accès ou de fuite, sauf au nord, et cette dernière elle-même fut coupée de façon répétée par des invasions glaciaires se dirigeant vers le sud. C’est dans cette région presque paradisiaque, et à partir des descendants supérieurs de ce type de mammifères lémuriens, que surgirent deux grands groupes, les tribus simiennes des temps modernes et l’espèce humaine d’aujourd’hui. 2. Les mammifères primitifs 62:2.1 Il y a un peu plus d’un million d’années apparurent soudain les mammifères précurseurs mésopotamiens descendant directement du type lémurien nord-américain de mammifères placentaires. C’étaient de petites créatures actives, hautes de presque un mètre. Elles ne marchaient pas habituellement sur leurs pattes de derrière, mais pouvaient facilement se tenir debout. Elles étaient velues et agiles, et bavardaient à la manière des singes, mais, contrairement aux tribus simiennes, elles étaient carnivores. Elles avaient un pouce opposable primitif ainsi qu’un gros orteil préhensile extrêmement utile. À partir de ce moment, le pouce opposable se développa chez les espèces préhumaines successives, tandis que leur gros orteil perdait progressivement le pouvoir de préhension. Les tribus ultérieures de singes gardèrent le gros orteil préhensile, mais n’acquirent jamais le pouce typique de l’homme. 62:2.2 Ces mammifères précurseurs atteignaient leur taille adulte vers trois ou quatre ans, et leur durée de vie possible était en moyenne de vingt ans. En règle générale, ils portaient un seul petit à la fois, quoiqu’il y eût de temps en temps des jumeaux. 62:2.3 Les membres de cette nouvelle espèce avaient un cerveau plus volumineux par rapport à leur taille que tous les autres animaux ayant vécu jusque-là sur terre. Ils éprouvaient une grande partie des sentiments et possédaient bon nombre des instincts qui devaient caractériser plus tard les hommes primitifs. Ils étaient extrêmement curieux et faisaient montre d’une grande joie lorsqu’ils réussissaient dans une entreprise quelconque. L’appétit pour la nourriture et le désir sexuel étaient bien développés. Une sélection sexuelle se manifestait nettement sous forme d’une cour rudimentaire et du choix des compagnes ou compagnons. Ils étaient capables de lutter farouchement pour défendre les leurs. Très tendres au sein de leurs associations familiales, ils possédaient un sens de l’humilité qui atteignait presque la honte et le remords. Ils étaient très affectueux et d’une fidélité touchante envers leur conjoint, mais, si les circonstances les séparaient, ils choisissaient un nouveau partenaire. 62:2.4 Comme ils étaient de petite taille et que leur intelligence aigüe leur permettait de bien comprendre les dangers de leur habitat forestier, un extraordinaire sentiment de peur se développa chez eux. Cela les amena à prendre les sages mesures de précaution dont l’importance fut capitale pour leur survivance : par exemple, ils construisaient, tout en haut des arbres, des abris grossiers qui écartaient bien des périls de la vie à ras de terre. L’apparition des tendances à la peur chez l’humanité date plus spécifiquement de ces temps-là. 62:2.5 Ces mammifères précurseurs avaient l’esprit de tribu le plus développé que l’on ait encore jamais vu. Ils étaient certes très grégaires, mais se montraient malgré tout extrêmement batailleurs s’ils étaient troublés d’une façon quelconque dans le cours ordinaire de leur vie quotidienne, et ils faisaient preuve d’un caractère impétueux quand leur colère était à son comble. Toutefois leur nature belliqueuse servit à des fins favorables ; les groupes supérieurs n’hésitèrent pas à entrer en guerre avec leurs voisins inférieurs, et l’espèce s’améliora progressivement par la survivance sélective des meilleurs. Les lémurs précurseurs dominèrent très tôt les créatures plus petites de cette région, et très peu de tribus simiennes anciennes non carnivores survécurent. 62:2.6 Ces petits animaux agressifs se multiplièrent et envahirent la péninsule mésopotamienne tout entière pendant plus de mille ans, tandis que leur type physique et leur intelligence générale s’amélioraient constamment. Soixante-dix générations exactement après que le type le plus élevé d’ancêtres lémuriens eut donné naissance à cette nouvelle tribu, se produisit un fait nouveau qui marqua le début d’une nouvelle époque : la différenciation soudaine des ancêtres de l’étape vitale suivante dans l’évolution des êtres humains sur Urantia. 3. Les mammifères intermédiaires 62:3.1 Vers le début de l’évolution des mammifères précurseurs, deux jumeaux, un mâle et une femelle, naquirent au sommet d’un arbre dans l’abri d’un couple de ces créatures agiles et supérieures. Comparés à leurs ancêtres, ils étaient vraiment de jolies petites créatures. Ils avaient peu de poils sur le corps, ce qui ne constituait pas un inconvénient, car ils vivaient dans un climat chaud et uniforme. 62:3.2 Ces enfants grandirent jusqu’à atteindre une taille d’un peu plus d’un mètre vingt. Ils étaient en tous points plus grands que leurs parents, avec des jambes plus longues et des bras plus courts. Ils avaient des pouces opposables presque parfaits, à peu près aussi bien adaptés aux travaux les plus variés que le pouce des hommes modernes. Ils marchaient debout, car leurs pieds convenaient presque aussi bien à la marche que ceux des races humaines ultérieures. 62:3.3 Leur cerveau était inférieur à celui des êtres humains, et plus petit, mais très supérieur à celui de leurs ancêtres et relativement beaucoup plus volumineux. Les jumeaux manifestèrent très tôt une intelligence supérieure et furent bientôt reconnus comme chefs de toute la tribu des mammifères précurseurs ; ils instituèrent réellement une forme primitive d’organisation sociale et une ébauche de division économique du travail. Le frère et la sœur s’unirent et jouirent bientôt de la société de vingt-et-un enfants très semblables à eux-mêmes, qui avaient tous plus d’un mètre vingt de haut et qui étaient en tout point supérieurs à leur espèce ancestrale. Ce nouveau groupe forma le noyau des mammifères intermédiaires. 62:3.4 Quand les membres de ce groupe nouveau et supérieur devinrent nombreux, la guerre, une guerre implacable, éclata. Après la fin du terrible conflit, aucun individu de la race ancestrale préexistante ne subsistait. Les descendants de l’espèce, moins nombreux, mais plus puissants et plus intelligents, avaient survécu aux dépens de leurs ancêtres. 62:3.5 Cette créature devint alors la terreur de cette partie du monde pendant près de quinze-mille ans (six-cents générations). Tous les grands animaux féroces des temps passés avaient péri. Les grosses bêtes, originaires de ces régions, n’étaient pas carnivores, et les grands félins, lions et tigres, n’avaient pas encore envahi ce recoin particulièrement abrité de la surface terrestre. Grâce à cela, ces mammifères intermédiaires devinrent courageux et subjuguèrent tout leur secteur de la création. 62:3.6 Comparés à l’espèce ancestrale, les mammifères intermédiaires représentaient un progrès sous tous les rapports. Même la durée potentielle de leur vie était plus longue et atteignait vingt-cinq ans. Un certain nombre de traits humains rudimentaires apparurent chez cette espèce nouvelle. En plus des propensions innées que montraient leurs ancêtres, ces mammifères intermédiaires étaient capables d’exprimer leur dégout dans certaines situations répugnantes. Ils possédaient aussi un instinct bien défini de thésaurisation ; ils faisaient des provisions de nourriture pour leurs besoins ultérieurs et étaient très enclins à collectionner des galets ronds et lisses, et certains types de pierres rondes utilisables comme projectiles défensifs et offensifs. 62:3.7 Ces mammifères intermédiaires furent les premiers à manifester une tendance nette à bâtir, ainsi que le montrent leurs rivalités dans la construction de huttes à la cime des arbres et de retraites souterraines percées de multiples tunnels ; ils furent la première espèce de mammifères à rechercher la sécurité à la fois dans des abris arboricoles et souterrains. Délaissant largement les arbres comme lieu de séjour, ils vivaient sur le sol pendant la journée et dormaient la nuit à la cime des arbres. 62:3.8 Avec le temps, l’accroissement naturel de leur nombre entraina finalement une concurrence sévère pour la nourriture et une rivalité sexuelle culminant en une série de batailles intestines qui détruisirent presque entièrement l’espèce. Les batailles se perpétuèrent jusqu’à ce qu’un groupe de moins de cent individus restât seul vivant. La paix régna une fois de plus ; cette unique tribu survivante rebâtit ses chambres à coucher à la cime des arbres et reprit une fois de plus le cours normal d’une existence semi-pacifique. 62:3.9 Vous pouvez à peine imaginer combien vos ancêtres préhumains ont frisé, à plusieurs reprises, la destruction totale. Si la grenouille ancestrale de toute l’humanité avait sauté cinq centimètres de moins dans une certaine occasion, tout le cours de l’évolution aurait été notablement changé. La mère lémurienne immédiate de l’espèce des mammifères précurseurs échappa d’un cheveu à la mort au moins cinq fois avant d’enfanter le père du nouvel ordre de mammifères supérieurs. La dernière extrémité fut atteinte lorsque la foudre frappa l’arbre dans lequel dormait la future mère des jumeaux primates. Les deux mammifères intermédiaires parents furent sérieusement choqués et grièvement brulés, et trois de leurs sept enfants furent tués par ce coup tombé du ciel. Ces animaux en cours d’évolution étaient presque superstitieux. Les deux membres du couple dont l’habitat situé à la cime de l’arbre avait été foudroyé étaient réellement les dirigeants du groupe le plus progressif de l’espèce mammifère intermédiaire. Suivant leur exemple, plus de la moitié de la tribu comprenant les familles les plus intelligentes s’écarta d’environ trois kilomètres de ce lieu ; elle se mit à construire de nouveaux logis à la cime des arbres et de nouveaux abris souterrains – leurs retraites temporaires en cas de danger soudain. 62:3.10 Peu après avoir terminé sa demeure, le couple vétéran de tant de combats se trouva fièrement père et mère de jumeaux qui étaient les animaux les plus importants et les plus intéressants apparus jusqu’alors en ce monde. En effet, c’étaient les premiers représentants de la nouvelle espèce des primates qui constitua l’étape vitale suivante de l’évolution préhumaine. 62:3.11 Au moment même où naquirent ces jumeaux primates, un autre couple – un couple particulièrement retardé de la tribu des mammifères intermédiaires dont le mâle et la femelle étaient inférieurs au physique comme au mental – donna également naissance à des jumeaux. Ces jumeaux, un mâle et une femelle, étaient indifférents aux conquêtes ; ils s’occupaient uniquement de trouver de la nourriture et, comme ils ne voulaient pas manger de chair, ils perdirent bientôt tout intérêt à la recherche des proies. Ces jumeaux attardés furent les fondateurs des tribus simiennes modernes. Leurs descendants recherchèrent les climats doux et l’abondance de fruits tropicaux des régions méridionales plus chaudes ; ils s’y sont perpétués sans grand changement jusqu’à ce jour, à l’exception des branches qui s’unirent à des types antérieurs de gibbons et de singes, et s’abâtardirent en conséquence. 62:3.12 Il est donc facile de voir que la seule parenté de l’homme et du singe réside dans le fait qu’ils descendent tous deux des mammifères intermédiaires chez qui se produisirent la naissance simultanée et la ségrégation subséquente de deux paires de jumeaux : la paire inférieure, destinée à engendrer les types modernes de singes, de babouins, de chimpanzés et de gorilles ; et la paire supérieure, destinée à continuer la lignée ascendante, qui donna par évolution l’homme lui-même. 62:3.13 Les hommes modernes et les simiens sont issus de la même tribu et de la même espèce, mais non des mêmes parents. Les ancêtres de l’homme descendent de la lignée supérieure du reste sélectionné de cette tribu mammifère intermédiaire, tandis que les simiens modernes (à l’exception de certains types préexistants de lémurs, de gibbons, de singes et d’autres créatures du même genre) descendent du couple le plus inférieur du groupe mammifère intermédiaire. Ce couple ne survécut qu’en se cachant pendant plus de deux semaines dans une retraite souterraine servant de garde-manger au cours de la dernière bataille acharnée de leur tribu, et en n’en ressortant que bien après la fin des hostilités. 4. Les primates 62:4.1 Remontons à la naissance des jumeaux supérieurs, un mâle et une femelle, les deux membres dirigeants de la tribu des mammifères intermédiaires. Ces deux bébés animaux appartenaient à un ordre inhabituel ; ils avaient encore moins de poil sur le corps que leurs parents et, dès leur prime jeunesse, ils insistèrent pour marcher debout. Leurs ancêtres avaient toujours appris à marcher sur leurs membres postérieurs, mais ces jumeaux primates se tinrent droit spontanément dès le début. Ils atteignirent une hauteur de plus d’un mètre cinquante et leur tête devint relativement plus volumineuse que celle des autres membres de la tribu. Ils apprirent très tôt à communiquer l’un avec l’autre au moyen de signes et de sons, mais ne réussirent jamais à faire comprendre ces nouveaux symboles à leurs semblables. 62:4.2 Quand ils eurent environ quatorze ans, ils s’enfuirent de la tribu et partirent vers l’ouest pour élever leur famille et fonder l’espèce nouvelle des primates. C’est à très juste titre que ces nouvelles créatures sont appelées primates, car elles furent les ancêtres animaux directs et immédiats de la famille humaine elle-même. 62:4.3 C’est ainsi que les primates vinrent occuper une région située sur la côte ouest de la péninsule mésopotamienne qui s’avançait alors dans les mers du Sud, tandis que les tribus étroitement apparentées et moins intelligentes vivaient à la pointe de la péninsule le long de sa côte orientale. 62:4.4 Les primates étaient plus humains et moins bestiaux que les mammifères intermédiaires qui les précédèrent. Les proportions du squelette de cette nouvelle espèce étaient tout à fait similaires à celles des races humaines primitives. Le type humain de mains et de pieds s’était pleinement développé, et ces créatures pouvaient marcher et même courir aussi bien que n’importe lequel de leurs descendants humains ultérieurs. Ils abandonnèrent presque complètement la vie dans les arbres, tout en continuant à utiliser la cime des arbres comme mesure de sécurité pour la nuit, car, à l’instar de leurs lointains ancêtres, ils étaient extrêmement sujets à la peur. L’emploi accru de leurs mains contribua beaucoup à développer la puissance innée de leur cerveau, mais ils ne possédaient pas encore un mental que l’on puisse vraiment qualifier d’humain. 62:4.5 La nature émotionnelle des primates différait peu de celle de leurs aïeux, mais ils faisaient preuve d’une tendance plus humaine dans tous leurs penchants. C’étaient réellement des animaux splendides et supérieurs ; ils atteignaient la maturité vers dix ans, et la durée de leur vie naturelle était d’environ quarante ans. Cela signifie qu’ils auraient pu vivre quarante ans s’ils étaient morts de leur mort naturelle, mais, en ces temps reculés, bien peu d’animaux mouraient de mort naturelle, car la lutte pour la vie était trop âpre. 62:4.6 C’est alors, après un développement couvrant presque neuf-cents générations, soit environ vingt-et-un-mille ans depuis l’apparition des mammifères précurseurs, que les primates donnèrent soudain naissance à deux créatures remarquables, les premiers êtres vraiment humains. 62:4.7 C’est ainsi que les mammifères précurseurs issus du type nord-américain de lémurs furent les ancêtres des mammifères intermédiaires, et que ces derniers donnèrent à leur tour naissance aux primates supérieurs, qui furent les ancêtres immédiats de la race humaine primitive. Les tribus de primates furent le dernier chainon vital dans l’évolution de l’homme, mais, en moins de cinq-mille ans, il ne resta plus un seul primate de ces tribus extraordinaires. 5. Les premiers êtres humains 62:5.1 La naissance des deux premiers êtres humains se situe exactement 993 419 ans avant l’année 1 934 de l’ère chrétienne. 62:5.2 Ces deux remarquables créatures étaient de véritables êtres humains. Elles possédaient un pouce humain parfait comme beaucoup de leurs ancêtres, mais elles avaient également des pieds aussi bien formés que ceux des races humaines d’aujourd’hui. Ces êtres étaient des marcheurs et des coureurs, non des grimpeurs ; la fonction préhensile du gros orteil était absente, complètement absente. Quand le danger les chassait vers la cime des arbres, ils grimpaient exactement comme le feraient les humains d’aujourd’hui. Ils grimpaient le long des troncs d’arbres comme des ours, et non comme des chimpanzés ou des gorilles en se balançant de branche en branche. 62:5.3 Ces premiers êtres humains (et leurs descendants) devenaient pleinement adultes à douze ans et avaient une durée de vie potentielle d’environ soixante-quinze ans. 62:5.4 De nombreuses émotions nouvelles apparurent de bonne heure chez les deux jumeaux humains. Ils éprouvaient de l’admiration tant pour les objets que pour les autres êtres et faisaient montre d’une extrême vanité. Mais le progrès le plus remarquable dans leur développement émotionnel fut l’apparition soudaine d’un nouveau groupe de sentiments vraiment humains, les sentiments d’adoration comprenant la crainte, le respect, l’humilité et même une forme primitive de gratitude. La peur, jointe à l’ignorance des phénomènes naturels, était sur le point de donner naissance à la religion primitive. 62:5.5 Non seulement ces sentiments humains se manifestaient chez ces humains primitifs, mais beaucoup de sentiments plus hautement évolués étaient également présents sous une forme rudimentaire. Ils avaient modérément conscience de la pitié, de la honte et de l’opprobre, et une conscience très aigüe de l’amour, de la haine et de la vengeance ; ils étaient également susceptibles d’éprouver des sentiments marqués de jalousie. 62:5.6 Les deux premiers humains – les jumeaux – furent une grande épreuve pour leurs parents primates. Ils étaient si curieux et si aventureux qu’ils faillirent perdre la vie en de nombreuses occasions avant d’avoir huit ans. Quoi qu’il en soit, ils étaient sérieusement couverts de cicatrices au moment où ils eurent douze ans. 62:5.7 Ils apprirent très tôt à communiquer verbalement. À l’âge de dix ans, ils avaient élaboré un langage plus perfectionné de signes et de mots comportant une cinquantaine d’idées, et largement amélioré et élargi les techniques rudimentaires de communication de leurs ancêtres. En dépit de leurs efforts, ils ne purent enseigner à leurs parents que très peu de leurs signes et symboles nouveaux. 62:5.8 Vers leur neuvième année, ils s’en allèrent un beau jour le long de la rivière et eurent un important entretien. Toutes les intelligences célestes stationnées sur Urantia, y compris moi-même, étaient présentes et observaient le déroulement de ce rendez-vous de midi. Au cours de ce jour mémorable, ils convinrent de vivre l’un avec l’autre et l’un pour l’autre ; cette entente fut la première d’une série d’accords qui culminèrent dans la décision de fuir leurs compagnons animaux inférieurs et de partir vers le nord, sans bien savoir qu’ils allaient ainsi fonder la race humaine. 62:5.9 Nous étions tous très préoccupés par les projets de ces deux petits sauvages, mais nous étions impuissants à contrôler le travail de leur mental. Nous n’avons pas influencé arbitrairement leurs décisions, nous ne le pouvions pas, mais, dans les limites admissibles de nos fonctions planétaires, nous, les Porteurs de Vie, en accord avec nos associés, nous conspirâmes tous pour orienter les jumeaux humains vers le nord, loin de leurs parents velus vivant partiellement dans les arbres. Ainsi, par suite de leur propre choix intelligent, les jumeaux émigrèrent et, à cause de notre supervision, ils émigrèrent vers le nord, vers une région retirée, où ils échappèrent aux possibilités de dégradation biologique par mélange avec les familles inférieures des tribus de primates. 62:5.10 Peu avant de quitter leur forêt natale, ils perdirent leur mère au cours d’une attaque menée par des gibbons. Bien qu’elle ne possédât pas leur intelligence, elle avait, en tant que mammifère, une affection admirable et d’un haut degré pour ses enfants, et sacrifia courageusement sa vie pour tenter de sauver le couple merveilleux. Son sacrifice ne fut d’ailleurs pas vain, car elle contint l’ennemi jusqu’à ce que le père arrivât avec des renforts et mît les envahisseurs en fuite. 62:5.11 Peu après que le jeune couple eut abandonné ses compagnons pour fonder la race humaine, leur père primate devint inconsolable – il avait le cœur brisé. Il refusait de manger, même quand la nourriture lui était apportée par ses autres enfants. Ayant perdu ses brillants rejetons, la vie ne lui semblait plus digne d’être vécue parmi ses compagnons ordinaires ; il partit donc errer dans la forêt, fut attaqué par des gibbons hostiles et mourut sous leurs coups. 6. L’évolution du mental humain 62:6.1 Nous, les Porteurs de Vie sur Urantia, nous avions vécu la longue veille de l’attente vigilante depuis le jour où nous avions implanté le premier plasma de vie dans les eaux de la planète. L’apparition des premiers êtres, réellement volitifs et intelligents, nous procura naturellement une grande joie et une satisfaction suprême. 62:6.2 Nous n’avions pas cessé de suivre le développement mental des jumeaux en observant les opérations des sept esprits-mentaux adjuvats affectés à Urantia au moment de notre arrivée sur la planète. Durant le long développement évolutionnaire de la vie planétaire, ces infatigables ministres du mental avaient sans cesse noté leur propre aptitude croissante à entrer en contact avec les facultés cérébrales des animaux, facultés qui s’amplifiaient à mesure que les créatures animales progressaient. 62:6.3 Au début, seul l’esprit d’intuition pouvait agir sur le comportement instinctif et soumis aux réflexes de la vie animale élémentaire. Quand les types plus élevés se différencièrent, l’esprit de compréhension put attribuer à ces créatures la faculté d’associer spontanément des idées. Plus tard, nous vîmes opérer l’esprit de courage ; les animaux en cours d’évolution acquirent réellement une forme rudimentaire de conscience protectrice. À la suite de l’apparition des groupes de mammifères, nous vîmes l’esprit de connaissance se manifester dans une mesure accrue. Puis l’évolution des mammifères supérieurs permit le fonctionnement de l’esprit de conseil, avec la croissance correspondante de l’instinct grégaire et les débuts d’un développement social primitif. 62:6.4 Nous avions observé, avec une attention croissante, le service accru des cinq premiers adjuvats pendant toute l’évolution des mammifères précurseurs, des mammifères intermédiaires et des primates. Toutefois, les deux derniers adjuvats, ministres supérieurs du mental, n’avaient jamais pu fonctionner sur le type urantien de mental évolutionnaire. 62:6.5 Imaginez notre joie lorsqu’un jour - les jumeaux avaient à peu près dix ans - l’esprit d’adoration entra pour la première fois en contact avec le mental de la jumelle, et peu après avec celui du jumeau. Nous savions que quelque chose d’intimement lié au mental humain arrivait à son apogée. Environ un an plus tard, quand ils se résolurent finalement, sous l’effet d’une pensée recueillie et d’une décision murement réfléchie, à fuir le foyer familial et à partir vers le nord, alors l’esprit de sagesse commença à fonctionner sur Urantia et dans le mental de ces deux humains désormais reconnus comme tels. 62:6.6 Il y eut immédiatement un nouvel ordre de mobilisation des sept esprits-mentaux adjuvats. Nous étions vibrants d’espérance ; nous nous rendions compte que l’heure si longtemps attendue approchait ; nous savions que nous étions au seuil de la réalisation de notre effort de longue haleine pour faire naitre par évolution des créatures volitives sur Urantia. 7. Urantia reconnue comme monde habité 62:7.1 Nous n’eûmes pas longtemps à attendre. À midi, le lendemain de la fuite des jumeaux, le premier éclair d’essai des signaux du circuit de l’univers se produisit au foyer récepteur planétaire d’Urantia. Nous étions naturellement tous très émus à l’idée qu’un grand évènement était imminent ; mais, étant donné qu’Urantia était une station expérimentale de vie, nous n’avions pas la moindre idée de la manière exacte dont nous serions informés que la vie intelligente était reconnue sur la planète. Nous ne restâmes pas longtemps dans l’attente. Le troisième jour après la fuite des jumeaux, et avant le départ du corps des Porteurs de Vie, arriva l’archange de Nébadon chargé de l’établissement des circuits planétaires initiaux. 62:7.2 Ce fut un jour mémorable sur Urantia lorsque notre petit groupe se réunit autour du pôle planétaire de communication spatiale et reçut le premier message envoyé de Salvington sur le circuit mental nouvellement établi de la planète. Dicté par le chef du corps des archanges, ce premier message disait : 62:7.3 « Aux Porteurs de Vie sur Urantia - Salut ! Nous transmettons l’assurance qu’il y eut une grande joie sur Salvington, Édentia et Jérusem quand le signal de l’existence, sur Urantia, d’un mental ayant dignité volitive fut enregistré au quartier général de Nébadon. La décision concertée des jumeaux de fuir vers le nord et de séparer leur descendance de leurs ancêtres inférieurs a été enregistrée. C’est la première décision mentale - d’un mental du type humain - sur Urantia, et elle établit automatiquement le circuit de communication sur lequel ce message initial de reconnaissance est transmis. » 62:7.4 Ensuite arrivèrent, par ce nouveau circuit, les salutations des Très Hauts d’Édentia, qui contenaient des instructions pour les Porteurs de Vie résidents nous interdisant d’interférer avec le modèle de vie que nous avions établi. Nous reçûmes l’ordre de ne pas intervenir dans les affaires du progrès humain. Il ne faut pas en déduire que les Porteurs de Vie interfèrent arbitrairement et machinalement avec la réalisation naturelle des plans évolutionnaires de la planète, car nous ne le faisons pas. Mais, jusqu’alors, nous avions eu la permission d’agir sur l’espace ambiant et de protéger le plasma vital d’une manière spéciale. Et c’est cette supervision extraordinaire, bien que parfaitement naturelle, qui devait prendre fin. 62:7.5 À peine les Très Hauts eurent-ils cessé de parler que le magnifique message de Lucifer, alors souverain du système de Satania, commença à se faire entendre sur la planète. Alors, les Porteurs de Vie entendirent les mots de bienvenue de leur propre chef et reçurent sa permission de retourner sur Jérusem. Ce message de Lucifer contenait l’acceptation officielle de l’œuvre des Porteurs de Vie sur Urantia et nous absolvait de toute critique future sur n’importe lequel de nos efforts pour améliorer les modèles de vie de Nébadon, tels qu’ils étaient établis dans le système de Satania. 62:7.6 Ces messages de Salvington, d’Édentia et de Jérusem marquèrent officiellement la fin de la supervision séculaire de la planète par les Porteurs de Vie. Nous avions été à la tâche pendant des âges, assistés seulement par les sept esprits-mentaux adjuvats et les Maitres Contrôleurs Physiques. La volonté, le pouvoir de choisir l’adoration et l’ascension, était maintenant apparue chez les créatures évolutionnaires de la planète ; nous comprîmes, alors, que notre œuvre était achevée, et notre groupe se prépara au départ. Urantia étant un monde modificateur de vie, nous reçûmes la permission de laisser derrière nous deux Porteurs de Vie séniors avec douze assistants ; je fus choisi comme membre de ce groupe et, depuis lors, je suis toujours resté sur Urantia. 62:7.7 Il y a exactement 993 408 ans (avant l’année 1934 de l’ère chrétienne) qu’Urantia a été officiellement reconnue comme planète d’habitat humain dans l’univers de Nébadon. L’évolution biologique avait une fois de plus atteint les niveaux humains de dignité volitive ; l’homme était apparu sur la planète 606 de Satania. 62:7.8 [Parrainé par un Porteur de Vie de Nébadon résidant sur Urantia.] Fascicule 63. La première famille humaine 63:0.1 Urantia fut enregistrée en tant que monde habité lorsque les deux premiers êtres humains – les jumeaux – eurent onze ans, et avant qu’ils fussent devenus les parents du premier-né de la deuxième génération des véritables êtres humains. Le message archangélique envoyé de Salvington, en cette occasion de reconnaissance planétaire officielle, se terminait par ces paroles : 63:0.2 « Le mental humain est apparu sur la 606 de Satania, et les parents de cette nouvelle race seront appelés Andon et Fonta. Tous les archanges prient pour que ces créatures puissent être rapidement dotées de la présence personnelle du don de l’esprit du Père Universel. » 63:0.3 Andon est le nom nébadonien qui signifie « la première créature semblable au Père et montrant une soif de perfection humaine ». Fonta signifie « la première créature semblable au Fils et montrant une soif de perfection humaine ». Andon et Fonta ne connurent ces noms qu’au moment où ils leur furent attribués lors de leur fusion avec leur Ajusteur de Pensée. Tout au long de leur séjour de mortel sur Urantia, ils s’appelèrent mutuellement Sonta-an et Sonta-en, Sonta-an signifiant « aimé de la mère » et Sonta-en, « aimé du père ». Ils se donnèrent eux-mêmes ces noms dont la signification est une preuve du respect et de l’affection qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre. 1. Andon et Fonta 63:1.1 À beaucoup d’égards, Andon et Fonta formèrent le couple d’êtres humains le plus remarquable qui ait jamais vécu à la surface de la terre. Ces deux êtres merveilleux, les véritables parents de toute l’humanité, furent en tous points supérieurs à beaucoup de leurs descendants immédiats, et radicalement différents de tous leurs ancêtres, tant immédiats que lointains. 63:1.2 Les parents de ce premier couple humain étaient apparemment peu différents de la moyenne de leur tribu, bien qu’ils fissent partie de ses membres les plus intelligents du groupe qui apprit le premier à lancer des pierres et à employer des gourdins dans les combats. Ils faisaient également usage d’éclats tranchants de pierres, de silex et d’os. 63:1.3 Alors qu’il vivait encore avec ses parents, Andon avait fixé, à l’aide de tendons d’animaux, un morceau de silex tranchant à l’extrémité d’un gourdin et avait fait, à une douzaine d’occasions au moins, bon usage de cette arme pour sauver sa propre vie et celle de sa sœur qui, tout aussi curieuse et aventureuse que lui, ne manquait jamais de l’accompagner dans toutes ses explorations. 63:1.4 La décision prise par Andon et Fonta de s’enfuir de la tribu des primates implique une qualité de mental très supérieure à l’intelligence plus grossière caractéristique de tant de leurs descendants qui s’abaissèrent jusqu’à s’unir avec leurs cousins attardés des tribus simiennes. Mais ils éprouvaient le sentiment vague d’être quelque chose de plus que de simples animaux, parce qu’ils possédaient une personnalité ; ce sentiment était fortifié par la présence intérieure de leur Ajusteur de Pensée. 2. La fuite des jumeaux 63:2.1 Après qu’Andon et Fonta eurent décidé de fuir vers le nord, ils furent pendant quelque temps pris de frayeur, et spécialement de la peur de déplaire à leur père et à leur famille immédiate. Ils envisagèrent l’éventualité d’être assaillis par des parents hostiles et reconnurent ainsi la possibilité de trouver la mort par la main de membres de leur tribu qui étaient déjà jaloux d’eux. Alors qu’ils étaient plus jeunes, les jumeaux avaient passé la majeure partie de leur temps en compagnie l’un de l’autre et, pour cette raison, n’avaient jamais été trop bien vus de leurs cousins animaux de la tribu des primates. Le fait d’avoir bâti dans les arbres un abri séparé et très supérieur aux autres n’avait pas amélioré leur situation dans la tribu. 63:2.2 Et ce fut dans ce nouveau foyer à la cime des arbres, après qu’ils eurent été réveillés une nuit par un violent orage et alors qu’ils se tenaient peureusement et tendrement embrassés, qu’ils prirent la décision ferme et définitive de fuir leur habitat tribal et leur foyer arboricole. 63:2.3 Ils avaient déjà préparé une retraite sommaire au sommet d’un arbre à environ une demi-journée de marche vers le nord. Ce fut leur cachette secrète et sûre pour le premier jour qu’ils passèrent loin de leur forêt natale. Bien que les jumeaux partageassent la peur mortelle des primates de demeurer sur le sol pendant la nuit, ils se mirent en route vers le nord au crépuscule. Il leur fallut un courage exceptionnel pour entreprendre ce voyage nocturne, même avec la pleine lune, mais ils pensèrent, à juste titre, que leur absence ne serait probablement pas remarquée et qu’ils auraient moins de risques d’être poursuivis par leurs parents et les membres de leur tribu. Ils arrivèrent sains et saufs peu après minuit au rendez-vous préparé à l’avance. 63:2.4 Au cours de leur voyage vers le nord, ils découvrirent un dépôt de silex à ciel ouvert et, ayant trouvé beaucoup de pierres dont les formes convenaient à divers usages, ils en firent une provision pour l’avenir. En essayant de tailler ces silex pour leur donner une forme mieux adaptée à certains besoins, Andon découvrit qu’ils produisaient des étincelles et conçut l’idée de faire du feu ; mais cette notion ne pénétra pas profondément sa pensée sur le moment, car le climat était encore salubre et le besoin de feu ne se faisait guère sentir. 63:2.5 Mais le soleil d’automne descendait toujours plus bas dans le ciel et les nuits devenaient de plus en plus froides à mesure que les jumeaux progressaient vers le nord. Ils avaient déjà été obligés d’utiliser des peaux de bêtes pour avoir assez chaud. Avant qu’une lune ne se fût écoulée depuis leur départ du foyer familial, Andon fit part à sa compagne qu’il croyait pouvoir faire du feu avec des silex. Pendant deux mois, ils essayèrent sans succès d’utiliser l’étincelle du silex pour allumer un feu ; chaque jour, le couple cognait des silex et s’efforçait d’enflammer du bois. Finalement, un soir, au coucher du soleil, le secret de la technique fut découvert lorsque Fonta eut l’idée de grimper à un arbre voisin pour s’emparer d’un nid abandonné. Le nid était sec et très inflammable, si bien qu’il prit feu d’un seul coup dès qu’une étincelle l’eut atteint. Ils furent si surpris et effrayés de leur succès qu’ils faillirent laisser éteindre leur feu, mais ils le sauvèrent en y ajoutant un combustible approprié, et c’est alors que commença la première recherche de bois de chauffage par les parents de l’humanité tout entière. 63:2.6 Ce fut un des plus joyeux moments de leur vie brève, mais mouvementée. Toute la nuit, ils restèrent assis à regarder bruler leur feu, comprenant vaguement que leur découverte leur permettrait de défier le climat et d’être ainsi pour toujours indépendants de leurs parents animaux du pays du Sud. Après trois jours passés à se reposer et à profiter de leur feu, ils continuèrent leur voyage. 63:2.7 Les ancêtres primates d’Andon avaient souvent entretenu des feux allumés par des éclairs, mais, jusque-là, aucune créature terrestre n’avait possédé une méthode pour obtenir une flamme à volonté. Toutefois, il fallut longtemps pour que les jumeaux apprennent que la mousse sèche et d’autres matériaux permettent d’allumer un feu aussi facilement que des nids d’oiseaux. 3. La famille d’Andon 63:3.1 Deux ans s’étaient presque écoulés depuis la nuit où les jumeaux quittèrent leur foyer quand leur premier enfant naquit. Ils l’appelèrent Sontad, et Sontad fut la première créature née sur Urantia à être enveloppée dans une couche protectrice au moment de sa naissance. La race humaine avait pris son départ et, avec cette nouvelle évolution, apparut l’instinct de donner des soins appropriés aux nouveau-nés de plus en plus fragiles, qui devaient caractériser le développement mental progressif des êtres d’ordre intellectuel, par contraste avec les types plus purement animaux. 63:3.2 Andon et Fonta eurent en tout dix-neuf enfants, et ils vécurent assez longtemps pour voir autour d’eux près de cinquante petits-enfants et une demi-douzaine d’arrière-petits-enfants. La famille habitait dans quatre abris rocheux voisins, ou semi-cavernes, dont trois communiquaient par des galeries creusées dans le calcaire tendre à l’aide d’outils en silex mis au point par les enfants d’Andon. 63:3.3 Ces premiers Andonites faisaient preuve d’un esprit de clan très marqué ; ils chassaient en groupes et ne s’écartaient jamais très loin du lieu de leur demeure. Ils semblaient se rendre compte qu’ils formaient un groupe isolé et exceptionnel d’êtres vivants et qu’ils devaient, par conséquent, éviter de se séparer. Ce sentiment de parenté intime provenait, sans aucun doute, d’une intensification du ministère mental des esprits adjuvats. 63:3.4 Andon et Fonta travaillèrent sans répit à nourrir et à élever leur clan. Ils vécurent jusqu’à l’âge de quarante-deux ans et furent tous deux tués lors d’un tremblement de terre par la chute d’un rocher en surplomb. Cinq de leurs enfants et onze de leurs petits-enfants périrent avec eux, et près d’une vingtaine de leurs descendants subirent des blessures graves. 63:3.5 À la mort de ses parents, Sontad, malgré un pied gravement blessé, assuma immédiatement la direction du clan avec l’aide habile de sa femme qui était aussi l’ainée de ses sœurs. Leur première tâche fut de rouler des pierres pour ensevelir efficacement leurs parents, leurs frères, leurs sœurs et leurs enfants morts. Il ne faut pas attacher de signification exagérée à cet acte d’ensevelissement. Leurs idées sur la survie après la mort étaient très vagues et fort mal définies, car elles dérivaient essentiellement de leurs rêves fantastiques et variés. 63:3.6 Cette famille d’Andon et de Fonta resta ainsi unie jusqu’à la vingtième génération, quand la lutte pour la nourriture et les frictions sociales se conjuguèrent pour entrainer le début de la dispersion. 4. Les clans andoniques 63:4.1 Les hommes primitifs – les Andonites – avaient les yeux noirs et le teint bistré, un peu comme un croisement de jaune et de rouge. La mélanine est une substance colorante qui se trouve dans l’épiderme de tous les êtres humains. C’est le pigment originel de l’épiderme andonique. Par l’aspect général et la couleur de la peau, ces premiers Andonites ressemblaient plus aux Esquimaux d’aujourd’hui qu’à aucun autre type d’êtres humains vivants. Ils furent les premières créatures à employer la peau d’animaux pour se protéger contre le froid ; ils n’avaient guère plus de poil sur le corps que les humains d’aujourd’hui. 63:4.2 La vie tribale des ancêtres animaux de ces hommes primitifs avait laissé entrevoir les débuts de nombreuses conventions sociales. L’expansion des émotions et l’accroissement de la puissance cérébrale de ces êtres entrainèrent un développement immédiat de l’organisation sociale et une nouvelle division du travail dans le clan. Ils étaient extrêmement portés à imiter, mais leur instinct de jeu était à peine développé et leur sens de l’humour presque totalement absent. L’homme primitif souriait à l’occasion, mais il ne se laissait jamais aller à rire à gorge déployée. L’humour fut légué ultérieurement à l’homme par la race adamique. Ces êtres humains primitifs n’étaient ni aussi sensibles à la douleur ni aussi réactifs aux situations déplaisantes que beaucoup de mortels apparus plus tard par évolution. L’enfantement ne fut une épreuve douloureuse ou angoissante ni pour Fonta ni pour sa progéniture immédiate. 63:4.3 Ils formaient une merveilleuse tribu. Les hommes étaient capables de lutter héroïquement pour la sauvegarde de leurs compagnes et de leurs descendants ; les femmes étaient affectueusement dévouées à leurs enfants ; mais leur patriotisme était strictement limité au clan proprement dit. Ils étaient très loyaux envers leur famille ; ils étaient prêts à mourir sans hésitation pour défendre leurs enfants, mais ils n’étaient pas capables de concevoir l’idée d’essayer de rendre le monde meilleur pour leurs petits-enfants. L’altruisme n’était pas encore né dans le cœur de l’homme, bien que toutes les émotions essentielles à la naissance de la religion fussent déjà présentes chez ces aborigènes d’Urantia. 63:4.4 Ces hommes primitifs portaient une affection touchante à leurs camarades et avaient certainement une idée réelle, bien que rudimentaire, de l’amitié. Plus tard, ce fut un spectacle courant de voir, pendant les batailles sans cesse renouvelées avec les tribus inférieures, un de ces hommes primitifs continuer à lutter vaillamment d’une main tout en essayant avec l’autre de protéger et de sauver un camarade de combat blessé. Bien des traits de caractère parmi les plus nobles et les plus fortement humains, qui s’affirmèrent au cours de l’évolution ultérieure, s’ébauchaient déjà d’une façon émouvante chez ces peuplades primitives. 63:4.5 Le clan andonique originel conserva une lignée de chefs ininterrompue jusqu’à la vingt-septième génération quand, du fait de l’absence de rejeton mâle dans la descendance directe de Sontad, deux prétendants rivaux membres du clan entrèrent en guerre pour la suprématie. 63:4.6 Avant la grande dispersion des clans andoniques, un langage bien développé s’était formé à la suite de leurs premiers efforts pour communiquer entre eux. Ce langage ne cessa de s’enrichir et reçut des additions presque quotidiennes du fait des inventions nouvelles et des adaptations à l’environnement qui voyaient le jour chez ce peuple actif, agité et curieux. Ce langage devint la parole d’Urantia, la langue de la famille humaine primitive, jusqu’à l’apparition ultérieure des races de couleur. 63:4.7 À mesure que le temps passait, les clans andoniques croissaient en nombre, et le contact de ces familles en expansion provoqua des frictions et des malentendus. Deux sujets seulement finirent par occuper la pensée de ces peuplades : chasser pour trouver de la nourriture, et combattre pour se venger d’une injustice ou d’une insulte réelle ou supposée faite par une tribu voisine. 63:4.8 Les querelles de familles prirent de l’importance, des guerres éclatèrent entre les tribus, et les meilleurs éléments des groupes les plus capables et les plus évolués subirent des pertes sérieuses. Certaines de ces pertes furent irréparables ; quelques-unes des lignées, douées des aptitudes et des intelligences les plus précieuses, furent à jamais perdues pour le monde. Cette première race et sa civilisation primitive furent menacées d’extinction par ces guerres incessantes entre clans. 63:4.9 Il est impossible d’amener des êtres aussi primitifs à vivre longtemps ensemble en paix. L’homme est le descendant d’animaux combatifs ; lorsque des gens incultes sont étroitement associés, ils s’irritent et s’offensent mutuellement. Les Porteurs de Vie connaissent cette tendance des créatures évolutionnaires et prennent leurs dispositions en conséquence pour diviser finalement les êtres humains, en voie de développement, au moins en trois races distinctes et séparées, et plus souvent en six. 5. La dispersion des andonites 63:5.1 Les premières races issues d’Andon ne s’enfoncèrent pas très loin en Asie et ne pénétrèrent pas dès l’abord en Afrique. La géographie de ces temps-là les orientait vers le nord, et c’est toujours plus au nord que ces peuples voyagèrent jusqu’au moment où ils furent arrêtés par la lente progression du troisième glacier. 63:5.2 Avant que cette immense couche de glace eût atteint la France et les Iles Britanniques, les descendants d’Andon et de Fonta avaient progressé vers l’ouest à travers l’Europe et avaient constitué plus de mille établissements séparés le long des grands fleuves qui conduisent à la mer du Nord, dont les eaux étaient alors chaudes. 63:5.3 Les membres de ces tribus andoniques furent les premiers habitants installés sur les rives des fleuves de France ; ils vécurent le long de la Somme pendant des dizaines de milliers d’années. La Somme est la seule rivière dont le cours n’ait pas été modifié par les glaciers ; elle s’écoulait vers la mer, en ce temps-là, à peu près comme aujourd’hui. C’est pourquoi l’on trouve le long de sa vallée tant de traces des descendants d’Andon. 63:5.4 Ces aborigènes d’Urantia n’habitaient pas dans les arbres, bien qu’ils eussent gardé l’habitude de se réfugier à leur cime en cas de danger. Ils demeuraient généralement à l’abri des falaises dominant les rivières et dans des grottes à flanc de coteau, ce qui leur assuraient une bonne vue sur les voies d’accès et les protégeaient contre les éléments. Ils pouvaient ainsi jouir du confort de leurs feux sans être trop incommodés par la fumée. Ils n’étaient pas de véritables troglodytes, bien qu’au cours des âges ultérieurs, les nappes glaciaires plus tardives, progressant vers le sud, eussent forcé leurs descendants à se réfugier dans des cavernes. Ils préféraient camper près de la lisière d’une forêt et à proximité d’une rivière. 63:5.5 Ils devinrent, très vite, remarquablement adroits pour camoufler leurs demeures partiellement abritées et montrèrent une grande habileté à construire des huttes de pierre en forme de dômes, qui leur servaient de chambres à coucher et dans lesquelles ils se glissaient la nuit. Ils fermaient l’entrée de leur hutte en roulant devant elle une grosse pierre qu’ils avaient logée à l’intérieur à cet effet, avant de mettre définitivement en place les pierres du toit. 63:5.6 Les Andonites étaient des chasseurs intrépides et adroits. À l’exception des baies sauvages et des fruits de certains arbres, ils se nourrissaient exclusivement de viande. De même qu’Andon avait inventé la hache de pierre, ses descendants découvrirent bientôt le javelot et le harpon, et s’en servirent efficacement. Enfin, un mental capable de créer des outils fonctionnait en accord avec une main capable de les utiliser ; ces premiers humains devinrent très habiles à façonner des outils en silex. Ils faisaient de longs voyages à la recherche du silex, comme les hommes d’aujourd’hui vont aux confins de la terre en quête d’or, de platine ou de diamants. 63:5.7 Dans bien d’autres domaines, ces tribus andoniques firent preuve d’un degré d’intelligence que leurs descendants rétrogrades n’atteignirent pas en un demi-million d’années, bien qu’ils eussent redécouvert, à maintes reprises, diverses méthodes pour allumer du feu. 6. Onagar - le premier à enseigner la vérité 63:6.1 Parallèlement à la dispersion croissante des Andonites, le niveau culturel et spirituel des clans rétrograda pendant près de dix-mille ans, jusqu’aux jours d’Onagar, qui prit en main la direction de ces tribus, ramena la paix parmi elles et, pour la première fois, les amena à adorer « Celui qui donne le Souffle aux hommes et aux animaux ». 63:6.2 La philosophie d’Andon avait été fort confuse ; il avait failli devenir un adorateur du feu à cause du grand confort procuré par sa découverte accidentelle. Pourtant, la raison le détourna de l’adoration du feu et l’orienta vers le soleil, source supérieure et imposante de chaleur et de lumière ; mais cette source était trop lointaine, et Andon ne devint pas un adorateur du soleil. 63:6.3 De très bonne heure, les Andonites eurent peur des éléments – tonnerre, foudre, pluie, neige, grêle et glace. Mais la faim restait le mobile le plus constamment pressant de ces temps primitifs et, comme les Andonites tiraient en grande partie leur subsistance des animaux, ils se livrèrent en fin de compte à une forme d’adoration des animaux. Pour Andon, les plus gros animaux comestibles étaient des symboles de puissance créative et de pouvoir fortifiant. De temps en temps, la coutume s’établissait de désigner certains de ces grands animaux comme objets d’adoration. Pendant la vogue d’un animal particulier, on en traçait des silhouettes grossières sur les murs des cavernes. Plus tard, tandis que les arts faisaient des progrès continus, on grava ces dieux animaux sur différents ornements. 63:6.4 Très tôt, les peuples andoniques prirent l’habitude de renoncer à manger la chair de l’animal vénéré par leur tribu. Pour créer une impression plus forte sur l’esprit des jeunes, ils établirent bientôt un cérémonial de vénération autour du corps de l’un de ces animaux révérés ; plus tard encore, cette célébration primitive se transforma chez leurs descendants en cérémonies sacrificielles plus compliquées. Telle est l’origine de l’introduction des sacrifices dans le culte. Cette idée fut élaborée par Moïse dans le rituel hébreu et conservée dans son principe par l’apôtre Paul sous la forme de la doctrine du rachat du péché par « l’effusion de sang ». 63:6.5 La nourriture avait une importance suprême dans la vie des êtres humains primitifs, et ce fait est démontré par la prière enseignée à ces gens simples par Onagar, leur grand instructeur. Voici cette prière : 63:6.6 « Ô Souffle de Vie, donne-nous aujourd’hui notre nourriture quotidienne, délivre-nous de la malédiction de la glace, sauve-nous de nos ennemis des forêts et reçois-nous avec miséricorde dans le Grand Au-delà. » 63:6.7 Onagar avait son quartier général à Oban, colonie située sur le rivage septentrional de la Méditerranée ancienne, dans la région de la mer Caspienne actuelle. Cet établissement était un lieu de séjour situé en un point où la piste allant de la Mésopotamie méridionale vers le nord tournait vers l’ouest. D’Oban, Onagar envoya des éducateurs aux établissements éloignés pour répandre sa nouvelle doctrine d’une Déité unique et son concept de la vie future qu’il appelait le Grand Au-Delà. Ces émissaires d’Onagar furent les premiers missionnaires du monde ; ils furent également les premiers êtres humains à faire cuire de la viande, les premiers à utiliser régulièrement le feu pour préparer la nourriture. Ils cuisaient la viande sur des extrémités de baguettes et aussi sur des pierres chaudes ; plus tard, ils rôtirent au feu de gros morceaux, mais leurs descendants revinrent presque entièrement à l’usage de la viande crue. 63:6.8 Onagar naquit 983 323 ans avant l’an 1934 de l’ère chrétienne et vécut jusqu’à l’âge de soixante-neuf ans. Le compte rendu des réalisations de ce maitre penseur et chef spirituel des temps qui précédèrent l’arrivée du Prince Planétaire forme un récit passionnant de l’organisation de ces peuples primitifs en une véritable société. Onagar institua un gouvernement tribal efficace, dont les générations successives n’atteignirent pas l’équivalent avant de nombreux millénaires. Jusqu’à l’arrivée du Prince Planétaire, il n’y eut plus jamais sur terre de civilisation d’un aussi haut degré spirituel. Ces gens simples avaient une religion réelle, quoique primitive, qui fut ensuite perdue par leurs descendants, dont la race dégénérait. 63:6.9 Bien qu’Andon et Fonta eussent tous deux reçu un Ajusteur de Pensée, comme beaucoup de leurs descendants, c’est seulement à partir de l’époque d’Onagar qu’Ajusteurs et anges gardiens vinrent en grand nombre sur Urantia. Cette époque fut certainement l’âge d’or de l’homme primitif. 7. La survie d’Andon et de Fonta 63:7.1 Andon et Fonta, les admirables fondateurs de la race humaine, reçurent la consécration de leur valeur au moment du jugement d’Urantia, lors de l’arrivée du Prince Planétaire. Ils émergèrent en temps voulu du régime des mondes des maisons avec le statut de citoyens de Jérusem. Bien qu’ils n’aient jamais été autorisés à retourner sur Urantia, ils sont au courant de l’histoire de la race qu’ils ont fondée. Ils se désolèrent de la trahison de Caligastia, s’attristèrent de l’échec d’Adam, mais se réjouirent infiniment à la nouvelle que Micaël avait choisi leur monde pour théâtre de son effusion finale. 63:7.2 Andon et Fonta fusionnèrent sur Jérusem avec leur Ajusteur de Pensée, comme le firent plusieurs de leurs enfants dont Sontad, mais la majorité de leurs descendants, même immédiats, n’atteignit que la fusion avec l’Esprit. 63:7.3 Peu après leur arrivée sur Jérusem, Andon et Fonta reçurent du Souverain du Système la permission de retourner sur le premier monde des maisons pour y servir en compagnie des personnalités morontielles qui accueillent les pèlerins du temps venant d’Urantia et allant vers les sphères célestes. Ils furent affectés à cette tâche pour une durée indéterminée. À l’occasion des présentes révélations, ils cherchèrent à envoyer des vœux à Urantia, mais leur requête fut sagement rejetée. 63:7.4 Tel est le chapitre le plus héroïque et le plus passionnant de toute l’histoire d’Urantia, le récit de l’évolution, de la lutte pour la vie, de la mort et de la survie éternelle des parents exceptionnels de l’humanité tout entière. 63:7.5 [Présenté par un Porteur de Vie résidant sur Urantia.] Fascicule 64. Les races évolutionnaires de couleur 64:0.1 Voici l’histoire des races évolutionnaires d’Urantia depuis les jours d’Andon et de Fonta, il y a presque un million d’années, en passant par l’époque du Prince Planétaire, et jusqu’à la fin de l’ère glaciaire. 64:0.2 La race humaine est vieille de près d’un million d’années. La première moitié de son histoire correspond en gros à l’époque qui précéda l’arrivée du Prince Planétaire sur Urantia. La seconde moitié de l’histoire de l’humanité commence au moment de l’arrivée du Prince Planétaire et de l’apparition des six races de couleur ; elle correspond en gros à la période généralement considérée comme le Paléolithique. 1. Les aborigènes andoniques 64:1.1 Les hommes primitifs firent leur apparition évolutionnaire sur terre il y a un peu moins d’un million d’années et furent mis à rude épreuve. Ils cherchèrent instinctivement à échapper au danger d’un croisement éventuel avec les tribus simiennes inférieures. Mais les hautes terres arides du Tibet, avec leurs 9 000 mètres d’altitude, empêchaient les migrations vers l’est. Ils ne pouvaient pas non plus se diriger vers le sud ou vers l’ouest parce que la mer Méditerranée était beaucoup plus vaste qu’aujourd’hui et s’étendait à l’est jusqu’à l’océan Indien. Quand ils allèrent vers le nord, ils rencontrèrent les glaces qui avançaient. Mais, même lorsque leur migration ultérieure fut arrêtée par les glaces, et bien que les tribus en dispersion devinssent de plus en plus hostiles, les groupes les plus intelligents n’envisagèrent jamais d’aller vers le sud vivre au milieu de leurs cousins arboricoles velus d’un niveau intellectuel inférieur. 64:1.2 Parmi les émotions religieuses les plus anciennes de l’homme, nombreuses sont celles qui naquirent de son sentiment d’impuissance dans l’environnement fermé de cette situation géographique : des montagnes à droite, de l’eau à gauche et la glace en face ; mais ces Andonites progressistes ne voulaient pas revenir au sud chez leurs parents inférieurs, qui vivaient dans les arbres. 64:1.3 Contrairement aux habitudes de leurs cousins non humains, les Andonites évitaient les forêts. L’homme a toujours dégénéré dans les forêts ; l’évolution humaine n’a progressé qu’en terrain découvert et sous les latitudes élevées. Le froid et la faim régnant dans les pays découverts stimulent l’activité, l’invention et l’esprit d’entreprise. Tandis que ces tribus andoniques produisaient les pionniers de la race humaine actuelle au milieu des rudes épreuves et des privations des rigoureux climats nordiques, leurs cousins arriérés se prélassaient dans les forêts tropicales méridionales du pays de leur origine primitive commune. 64:1.4 Ces évènements se produisirent à l’époque de la troisième invasion glaciaire, celle que vos géologues appellent la première. Les deux premières furent peu étendues en Europe septentrionale. 64:1.5 Pendant la majeure partie de la période glaciaire, l’Angleterre communiqua avec la France par voie de terre, tandis qu’ultérieurement l’Afrique fut rattachée à l’Europe par le pont terrestre de Sicile. Au moment des migrations andoniques, une voie terrestre continue, passant à travers l’Europe et l’Asie, reliait l’Angleterre à l’ouest avec Java à l’est ; mais l’Australie était de nouveau isolée, ce qui accentua davantage le développement de sa faune particulière. 64:1.6 Il y a 950 000 ans, les descendants d’Andon et de Fonta avaient émigré très loin vers l’est et vers l’ouest. Vers l’ouest, ils traversèrent l’Europe et gagnèrent la France et l’Angleterre. À une date ultérieure, ils s’enfoncèrent vers l’est jusqu’à Java, où l’on a récemment découvert leurs ossements – ceux du dénommé homme de Java – et ils poursuivirent ensuite leur route jusqu’en Tasmanie. 64:1.7 Les groupes qui se dirigèrent vers l’ouest furent moins contaminés par les branches rétrogrades d’origine ancestrale commune que ceux de l’est, qui s’allièrent si largement avec leurs cousins animaux attardés. Ces individus non progressistes dérivèrent au sud et s’unirent bientôt aux tribus inférieures. Plus tard, un nombre croissant de leurs descendants abâtardis retournèrent vers le nord et s’unirent aux peuples andoniques en expansion rapide ; ces unions malheureuses firent infailliblement dégénérer la race supérieure. Les groupes primitifs furent de moins en moins nombreux à maintenir le culte du Donneur de Souffle. Cette civilisation à son aurore fut menacée d’extinction. 64:1.8 Il en a toujours été de même sur Urantia. Des civilisations très prometteuses ont successivement dégénéré et ont fini par s’éteindre à cause de la folie consistant à permettre aux individus supérieurs de procréer librement avec les inférieurs. 2. Les peuples de Foxhall 64:2.1 Il y a 900 000 ans, les arts d’Andon et de Fonta et la culture d’Onagar étaient en voie de disparition de la face de la Terre ; la culture, la religion et même le travail du silex étaient à leur point le plus bas. 64:2.2 C’est à cette époque que des groupes de bâtards inférieurs venant du Sud de la France arrivèrent en grand nombre en Angleterre. Ces tribus étaient si largement croisées avec des créatures simiennes des forêts qu’elles étaient à peine humaines. Elles n’avaient pas de religion, mais elles travaillaient grossièrement le silex et avaient assez d’intelligence pour faire du feu. 64:2.3 Elles furent suivies en Europe par un peuple prolifique et quelque peu supérieur, dont les descendants se répandirent bientôt sur l’ensemble du continent, depuis les glaces nordiques jusqu’aux Alpes et à la Méditerranée dans le sud. Ces tribus formaient la dite race de Heidelberg. 64:2.4 Au cours de cette longue période de décadence culturelle, les peuplades de Foxhall en Angleterre et les tribus de Badonan au Nord-Ouest de l’Inde continuèrent à maintenir quelques traditions d’Andon et certains restes de la culture d’Onagar. 64:2.5 Les peuplades de Foxhall étaient les plus occidentales et réussirent à garder l’essentiel de la culture andonique. Elles conservèrent aussi leurs connaissances sur le travail du silex et les transmirent à leurs descendants, les lointains ancêtres des Esquimaux. 64:2.6 Bien que les vestiges des peuplades de Foxhall aient été découverts les derniers en Angleterre, ces Andonites furent en réalité les premiers êtres humains à vivre dans ces régions. À cette époque, un pont terrestre reliait encore la France à l’Angleterre ; comme la plupart des premiers établissements des descendants d’Andon étaient situés le long des fleuves et des côtes de ces temps anciens, ils se trouvent maintenant sous les eaux de la Manche et de la mer du Nord, à l’exception de trois ou quatre qui sont encore émergés sur la côte anglaise. 64:2.7 Parmi les peuplades les plus intelligentes et les plus spirituellement élevées de Foxhall, beaucoup conservèrent leur supériorité raciale et perpétuèrent leurs coutumes religieuses primitives. Ces peuplades s’allièrent plus tard avec des lignées plus récentes et quittèrent l’Angleterre en allant vers l’ouest à la suite d’une invasion glaciaire ultérieure. Elles ont survécu sous la forme des Esquimaux d’aujourd’hui. 3. Les tribus de Badonan 64:3.1 En dehors des peuplades de Foxhall dans l’ouest, un autre centre combatif de culture persista dans l’est. Ce groupe vivait sur les contreforts des hautes terres du Nord-Ouest de l’Inde parmi les tribus de Badonan, un arrière-arrière-petit-fils d’Andon. Ces peuplades furent les seuls descendants d’Andon qui ne pratiquèrent jamais de sacrifices humains. 64:3.2 Ces Badonites des hautes terres occupaient un vaste plateau entouré de forêts, traversé par des rivières et pourvu de gibier en abondance. Comme certains de leurs cousins du Tibet, ils vivaient dans de grossières huttes de pierre, dans des grottes à flanc de coteau et dans des galeries semi-souterraines. 64:3.3 Tandis que les tribus du Nord craignaient de plus en plus la glace, celles qui vivaient près de leur pays d’origine furent terrifiées par l’eau. Elles virent la péninsule de Mésopotamie s’enfoncer graduellement dans l’océan et, bien qu’elle en eût émergé plusieurs fois, les traditions de ces races primitives se bâtirent autour des dangers de la mer et de la crainte d’un engloutissement périodique. Cette peur, jointe à leur expérience des inondations fluviales, explique pourquoi elles choisirent les hautes terres comme lieu de séjour sûr. 64:3.4 À l’est du domaine des peuples de Badonan, dans les monts Siwalik du Nord de l’Inde, on trouve des fossiles qui se rapprochent, plus que nulle part ailleurs sur terre, des types de transition entre l’homme et les différents groupes préhumains. 64:3.5 Il y a 850 000 ans, les tribus supérieures de Badonan commencèrent une guerre d’extermination contre leurs voisins inférieurs à tendances animales. En moins de mille ans, la plupart des groupes animaux de ces régions avaient été soit détruits, soit repoussés dans les forêts du sud. Cette campagne entreprise pour exterminer des êtres inférieurs conduisit à une légère amélioration chez les tribus montagnardes de cette époque. Les descendants mêlés de cette branche badonite améliorée apparurent sur la scène d’activité du monde comme un peuple apparemment nouveau – la race du Néandertal. 4. Les races du Néandertal 64:4.1 Les Néandertaliens étaient d’excellents combattants et de grands voyageurs. Partant des hautes terres du Nord-Ouest de l’Inde, ils se répandirent progressivement à l’est dans la Chine et à l’ouest jusqu’en France, et descendirent même en Afrique du Nord. Ils dominèrent le monde pendant près d’un demi-million d’années jusqu’à l’époque de la migration des races évolutionnaires de couleur. 64:4.2 Il y a 800 000 ans, le gibier était très abondant ; de nombreux cervidés ainsi que des éléphants et des hippopotames sillonnaient l’Europe. Le bétail abondait ; des chevaux et des loups se rencontraient en tous lieux. Les Néandertaliens étaient de grands chasseurs, et les tribus vivant en France furent les premières à adopter la pratique consistant à donner le choix des épouses aux meilleurs chasseurs. 64:4.3 Le renne fut extrêmement utile à ces peuples du Néandertal. Ils s’en servirent pour se nourrir, s’habiller et s’outiller, car ils employèrent à divers usages ses bois et ses os. Ils étaient peu cultivés, mais apportèrent de grandes améliorations au travail des silex, auquel ils firent presque atteindre les niveaux du temps d’Andon. Ils remirent en usage de gros silex attachés à des manches de bois pour servir de haches et de pioches. 64:4.4 Il y a 750 000 ans, la quatrième nappe glaciaire s’avançait franchement vers le sud. Avec leurs outils améliorés, les Néandertaliens faisaient des trous dans la glace qui recouvrait les rivières nordiques et pouvaient ainsi harponner les poissons remontant vers ces orifices. Les tribus reculèrent constamment devant l’avance des glaces dont l’invasion la plus étendue en Europe avait alors lieu. 64:4.5 À cette époque, le glacier sibérien atteignit le maximum de sa progression vers le sud, obligeant les hommes primitifs à se déplacer dans la même direction vers leurs pays d’origine. L’espèce humaine s’était alors suffisamment différenciée pour que fût grandement diminué le danger d’un nouveau croisement avec ses parents simiens incapables de progresser. 64:4.6 Il y a 700 000 ans, la quatrième invasion glaciaire, la plus grande qu’ait connue l’Europe, était en cours de régression ; les hommes et les animaux retournaient vers le nord. Le climat était frais et humide, et les hommes primitifs prospérèrent de nouveau en Europe et en Asie occidentale. Les forêts s’étendirent progressivement vers le nord sur les terres que le glacier avait si récemment couvertes. 64:4.7 La vie des mammifères avait été peu modifiée par la grande invasion glaciaire. Les animaux se perpétuèrent sur l’étroite bande de terre qui s’étendait entre les glaces et les Alpes, et, quand le glacier se retira, ils se répandirent de nouveau rapidement sur toute l’Europe. Par le pont terrestre de la Sicile, des éléphants à défenses droites, des rhinocéros à large nez, des hyènes et des lions arrivèrent d’Afrique, et ces nouveaux venus exterminèrent pratiquement les tigres à dents de sabre et les hippopotames. 64:4.8 Il y a 650 000 ans, le climat continuait à être doux ; vers le milieu de la période interglaciaire, il était devenu si chaud que les Alpes se dénudèrent presque entièrement de leur glace et de leur neige. 64:4.9 Il y a 600 000 ans, les glaces avaient atteint le point extrême de leur retraite vers le nord. Après une pause de quelques milliers d’années, elles recommencèrent, pour la cinquième fois, à se déplacer vers le sud. Le climat se modifia peu pendant cinquante-mille ans. Les hommes et les animaux d’Europe ne changèrent presque pas. La légère aridité de la période précédente s’atténua, et les glaciers alpins descendirent très bas dans les vallées des fleuves. 64:4.10 Il y a 550 000 ans, l’avance des glaciers chassa de nouveau les hommes et les animaux vers le sud. Mais cette fois-ci les hommes avaient toute la place voulue dans la large bande de terres qui s’enfonçait vers le nord-est en Asie et s’étendait entre la nappe glaciaire et la mer Noire, annexe alors très étendue de la Méditerranée. 64:4.11 À l’époque des quatrième et cinquième invasions glaciaires, la culture grossière des races du Néandertal continua de se répandre ; mais ses progrès étaient si faibles qu’il sembla vraiment que la tentative de produire un type nouveau et modifié de vie intelligente sur Urantia allait échouer. Pendant près d’un quart de million d’années, ces peuples primitifs se laissèrent aller, chassant et se battant, s’améliorant sporadiquement dans certaines directions, mais, dans l’ensemble, rétrogradant régulièrement par rapport à leurs ancêtres andoniques supérieurs. 64:4.12 Au cours de ces âges de ténèbres spirituelles, l’humanité superstitieuse atteignit ses niveaux de culture les plus bas. La religion des Néandertaliens n’allait réellement pas au-delà d’une honteuse superstition. Ils avaient une peur mortelle des nuages, et plus spécialement des brumes et des brouillards. Une religion primitive de la peur des forces naturelles se développa progressivement chez eux, tandis que le culte des animaux déclinait à mesure que l’amélioration des outils et l’abondance du gibier permettaient à ces peuplades de vivre avec moins d’anxiété pour leur nourriture ; les récompenses sexuelles accordées aux meilleurs chasseurs contribuèrent grandement à améliorer la technique de la chasse. Cette nouvelle religion de la peur conduisit à des tentatives pour se concilier les forces invisibles cachées derrière les éléments naturels et atteignit plus tard son apogée avec les sacrifices humains destinés à apaiser ces forces physiques invisibles et inconnues. Cette terrible pratique des sacrifices humains s’est perpétuée chez les peuples les plus arriérés d’Urantia jusqu’au vingtième siècle de notre ère. 64:4.13 Ces premiers Néandertaliens peuvent difficilement être considérés comme des adorateurs du soleil. Ils vivaient plutôt dans la peur de l’obscurité ; ils avaient une frayeur mortelle de la tombée de la nuit. Tant que la lune brillait un peu, ils réussissaient à garder leur sang-froid, mais, pendant les nuits sans lune, ils étaient pris de panique et commençaient à sacrifier leurs meilleurs spécimens d’hommes et de femmes pour inciter la lune à briller de nouveau. Ils apprirent bientôt que le soleil reparait rythmiquement, mais ils attribuaient uniquement le retour de la lune aux sacrifices de membres de leur tribu. À mesure que la race progressait, l’objet et le but des sacrifices changèrent graduellement, mais l’offrande de sacrifices humains comme partie du cérémonial religieux subsista longtemps. 5. L’origine des races de couleur 64:5.1 Il y a 500 000 ans, les tribus badonites des hautes terres du Nord-Ouest de l’Inde se trouvèrent mêlées à une autre grande lutte raciale. Une guerre impitoyable fit rage pendant plus de cent ans et, à la fin de cette longue bataille, il ne subsista qu’une centaine de familles ; mais ces survivants étaient les représentants les plus intelligents et les plus souhaitables de tous les descendants alors vivants d’Andon et de Fonta. 64:5.2 Un évènement nouveau et étrange se produisit alors chez les Badonites des hautes terres. Un homme et une femme vivant dans la partie Nord-Est des hautes terres alors habitées commencèrent soudain à donner le jour à une famille d’enfants exceptionnellement intelligents. Ce fut la famille Sangik, ancêtre des six races colorées d’Urantia. 64:5.3 Ces enfants Sangiks, au nombre de dix-neuf, n’avaient pas seulement une intelligence supérieure à celle de leurs contemporains ; leur peau manifestait en outre une tendance extraordinaire à prendre différentes couleurs quand elle était exposée à la lumière solaire. Parmi ces dix-neuf enfants, cinq étaient rouges, deux orangés, quatre jaunes, deux verts, quatre bleus et deux indigo. Ces couleurs s’affirmèrent à mesure que les enfants grandissaient et, quand ces jeunes s’unirent plus tard avec des membres de leur tribu, tous leurs descendants tendirent à prendre la couleur de peau de leur ascendant Sangik. 64:5.4 J’interromps maintenant ce récit chronologique pour appeler votre attention sur l’arrivée du Prince Planétaire, qui eut lieu vers cette époque, et pour vous permettre d’étudier séparément les six races Sangiks d’Urantia. 6. Les six races Sangiks d’Urantia 64:6.1 Sur une planète évolutionnaire ordinaire, les six races évolutionnaires de couleur apparaissent l’une après l’autre. L’homme rouge évolue le premier et parcourt le monde pendant des âges avant que les races colorées suivantes ne fassent leur apparition. L’émergence simultanée des six races sur Urantia, et au sein d’une seule famille, fut tout à fait exceptionnelle. 64:6.2 L’apparition des premiers Andonites sur Urantia avait aussi été quelque chose de nouveau dans Satania. Sur aucun autre monde du système local une pareille race de créatures volitives n’était apparue en avance sur les races évolutionnaires de couleur. 64:6.3 1. L’homme rouge. Ces peuples furent de remarquables spécimens de la race humaine, en bien des points supérieurs à Andon et Fonta. Ils formèrent un groupe extrêmement intelligent et furent les premiers enfants Sangiks à développer une civilisation et un gouvernement tribaux. Ils furent toujours monogames ; même leurs descendants de sang mêlé pratiquèrent rarement la polygamie. 64:6.4 Ils eurent, plus tard, des difficultés sérieuses et prolongées avec leurs frères jaunes en Asie. Ils furent aidés par l’invention, qu’ils firent très tôt, de l’arc et de la flèche, mais ils avaient malheureusement beaucoup hérité de la tendance de leurs ancêtres à se battre entre eux, ce qui les affaiblit au point que les tribus jaunes purent les chasser du continent asiatique. 64:6.5 Il y a environ 85 000 ans, les survivants relativement purs de la race rouge passèrent en masse en Amérique du Nord. L’isthme de Béring s’effondra peu après, ce qui les isola complètement. Nul homme rouge ne retourna jamais en Asie. Mais, dans toute la Sibérie, la Chine, l’Asie centrale, l’Inde et l’Europe, ils laissèrent derrière eux beaucoup de leurs descendants mêlés aux autres races colorées. 64:6.6 Quand les hommes rouges passèrent en Amérique, ils emportèrent nombre des enseignements et des traditions de leur origine première. Leurs ancêtres immédiats avaient été en rapport avec les dernières activités du quartier général mondial du Prince Planétaire. Mais, peu de temps après avoir gagné les Amériques, les hommes rouges commencèrent à perdre de vue ces enseignements, et leur culture intellectuelle et spirituelle subit un fort déclin. Très tôt, ces peuples recommencèrent à se battre si férocement entre eux que les guerres tribales firent craindre une extinction rapide de ce restant relativement pur de la race rouge. 64:6.7 Du fait de ce grand recul, les hommes rouges semblaient condamnés lorsqu’il y a environ soixante-cinq-mille ans, apparut un chef et libérateur spirituel, Onamonalonton. Il apporta une paix temporaire parmi les hommes rouges américains et fit revivre leur culte du « Grand Esprit ». Onamonalonton vécut jusqu’à l’âge de quatre-vingt-seize ans et entretint son quartier général au milieu des grands séquoias de Californie. Beaucoup de ses descendants sont parvenus jusqu’aux temps modernes chez les Indiens Pieds-Noirs. 64:6.8 Avec le temps, les enseignements d’Onamonalonton se transformèrent en traditions vagues. Les guerres fratricides recommencèrent et jamais, depuis l’époque de ce grand éducateur, aucun autre chef ne réussit à rétablir une paix universelle chez les hommes rouges. Les éléments les plus intelligents périrent de plus en plus dans ces luttes entre tribus ; autrement, une grande civilisation aurait été bâtie sur le continent nord-américain par ces hommes rouges capables et intelligents. 64:6.9 Depuis leur passage de Chine en Amérique, les hommes rouges nordiques n’entrèrent jamais plus en contact avec d’autres influences mondiales (à l’exception des Esquimaux) avant d’être découverts plus tard par les hommes blancs. Il est tout à fait regrettable que les hommes rouges aient presque entièrement manqué leur chance d’être régénérés par un mélange ultérieur de sang adamique. Telles que les choses se présentaient, l’homme rouge ne pouvait pas commander l’homme blanc et ne voulait pas le servir volontairement. Dans de telles circonstances, si les deux races ne fusionnent pas, l’une ou l’autre est condamnée. 64:6.10 2. L’homme orangé. Cette race fut essentiellement caractérisée par un besoin pressant de bâtir, de bâtir tout et n’importe quoi, ne serait-ce que d’empiler d’énormes monticules de pierres, juste pour voir quelle tribu édifierait le plus haut. Bien qu’ils ne fussent pas un peuple dynamiquement progressif, les hommes orangés tirèrent grand profit des écoles du Prince et y envoyèrent des délégués pour s’y instruire. 64:6.11 La race orangée fut la première à suivre le littoral de la Méditerranée vers le sud en direction de l’Afrique quand cette mer se retira vers l’ouest. Mais ils ne s’assurèrent jamais de points d’implantation favorables en Afrique et furent exterminés lors de l’arrivée ultérieure de la race verte. 64:6.12 Bien avant sa fin, ce peuple perdit une grande partie de ses bases spirituelles et culturelles. Il connut toutefois une grande renaissance de vie plus élevée grâce aux sages directives du maitre penseur de cette race infortunée, Porshunta, qui leur apporta son ministère à l’époque où leur quartier général se trouvait à Armageddon, il y a environ trois-cent-mille ans. 64:6.13 La dernière grande bataille entre les hommes orangés et les hommes verts fut livrée dans la région de la basse vallée du Nil en Égypte. Cette guerre interminable dura près de cent ans et, quand elle cessa, bien peu de représentants de la race orangée survivaient. Les restes dispersés de ce peuple furent absorbés par les hommes verts, puis par les hommes indigo arrivés plus tard ; mais l’homme orangé cessa d’exister en tant que race il y a environ cent-mille ans. 64:6.14 3. L’homme jaune. Les tribus jaunes primitives furent les premières à abandonner la chasse, à établir des communautés stables et à développer une vie familiale fondée sur l’agriculture. Elles étaient quelque peu inférieures aux hommes rouges du point de vue intellectuel, mais, socialement et collectivement, elles se révélèrent supérieures à toutes les autres peuplades Sangiks pour promouvoir une civilisation raciale. Parce que les différentes tribus développèrent un esprit fraternel et apprirent à vivre ensemble dans une paix relative, elles furent capables de chasser la race rouge devant elles à mesure qu’elles se répandaient en Asie. 64:6.15 Elles s’éloignèrent beaucoup de l’influence du centre spirituel du monde et sombrèrent dans une grande obscurité à la suite de l’apostasie de Caligastia ; mais elles connurent un âge brillant, il y a environ cent-mille ans, quand Singlangton assuma la direction de ces tribus et proclama le culte de la « Vérité Unique ». 64:6.16 Le nombre relativement important de survivants de la race jaune est dû à l’esprit pacifique qui régnait entre leurs tribus. Depuis l’époque de Singlangton jusqu’aux temps de la Chine moderne, les nations de race jaune sont restées parmi les plus pacifiques d’Urantia. Cette race reçut plus tard un legs réduit mais puissant de lignées adamiques importées. 64:6.17 4. L’homme vert. La race verte fut l’un des groupes d’hommes primitifs les moins capables, et fut encore très affaiblie par d’importantes migrations dans différentes directions. Avant leur dispersion, ces tribus connurent une grande renaissance culturelle sous la direction de Fantad, il y a environ trois-cent-cinquante-mille ans. 64:6.18 La race verte se sépara en trois divisions majeures : les tribus du nord furent vaincues, asservies et absorbées par les races jaune et bleue. Le groupe oriental s’amalgama avec les peuples de l’Inde de cette époque, et des restes en subsistent encore parmi ces peuples. La population méridionale pénétra en Afrique où elle détruisit ses cousins orangés, presque aussi inférieurs qu’elle. 64:6.19 Les deux groupes étaient de force égale sur bien des points dans cette lutte, car chacun possédait des lignées de l’ordre des géants : beaucoup de leurs chefs avaient une taille de deux mètres quarante à deux mètres soixante-dix. Ces lignées géantes des hommes verts furent pratiquement limitées à la nation méridionale ou égyptienne. 64:6.20 Les survivants victorieux de la race verte furent absorbés plus tard par la race indigo, dernier des peuples de couleur à se développer et à émigrer à partir du centre originel Sangik de dispersion des races. 64:6.21 5. L’homme bleu. Les hommes bleus furent un grand peuple. De bonne heure, ils inventèrent le javelot et élaborèrent, par la suite, les rudiments de beaucoup d’arts de la civilisation moderne. L’homme bleu avait la puissance cérébrale de l’homme rouge, associée à l’âme et aux sentiments de l’homme jaune. Les descendants d’Adam le préférèrent aux survivants de toutes les autres races colorées. 64:6.22 Les premiers hommes bleus furent attentifs et sensibles aux persuasions des instructeurs de l’état-major du Prince Caligastia ; aussi furent-ils jetés dans une grande confusion quand la traitrise des chefs dénatura plus tard ces enseignements. Tout comme les autres races primitives, ils ne se remirent jamais complètement de la tempête provoquée par la trahison de Caligastia et ils ne surmontèrent non plus jamais totalement leur propension aux luttes intestines. 64:6.23 Cinq-cents ans environ après la chute de Caligastia, eut lieu une large renaissance culturelle et religieuse d’un type primitif – mais néanmoins réelle et bénéfique. Orlandof devint un grand instructeur de la race bleue et ramena de nombreuses tribus au culte du vrai Dieu sous le nom de « Chef Suprême ». Ce fut le plus grand progrès accompli par les hommes bleus jusqu’à la période ultérieure où l’apport du sang adamique les régénéra puissamment. 64:6.24 Les explorations et les recherches effectuées en Europe sur le Paléolithique ont largement consisté en exhumations d’outils, d’ossements et d’objets décoratifs de ces anciens hommes bleus, car ils s’y sont perpétués jusqu’à une date récente. Ce que vous appelez les races blanches d’Urantia, ce sont les descendants des hommes bleus, modifiés une première fois par un léger mélange avec les jaunes et les rouges, et ensuite fortement régénérés par l’assimilation de la plus grande partie de la race violette. 64:6.25 6. La race indigo. De même que les hommes rouges furent les plus avancés de tous les peuples Sangiks, les hommes noirs en furent les moins progressifs. Ils furent les derniers à émigrer de leurs foyers des hautes terres. Ils allèrent en Afrique, prirent possession du continent et y restèrent toujours depuis lors, à l’exception de ceux qui furent enlevés de force, d’âge en âge, pour devenir esclaves. 64:6.26 Isolés en Afrique, les peuples indigo, comme les hommes rouges, ne profitèrent pas ou très peu de l’élévation raciale qu’ils auraient pu tirer d’un apport de lignées adamiques. Seule en Afrique, la race indigo fit peu de progrès jusqu’aux jours d’Orvonon, durant lesquels elle connut un grand réveil spirituel. Les hommes indigo oublièrent ensuite presque entièrement le « Dieu des Dieux » proclamé par Orvonon, mais ne perdirent pas entièrement le désir d’adorer l’Inconnu ; du moins maintinrent-ils une forme de culte éteinte seulement depuis quelques millénaires. 64:6.27 En dépit de leur retard, les peuples indigo ont exactement le même statut devant les pouvoirs célestes que n’importe quelle autre race terrestre. 64:6.28 Ce furent des âges de luttes violentes entre les différentes races, mais, au voisinage du quartier général du Prince Planétaire, les groupes plus éclairés et plus récemment instruits vécurent ensemble dans une harmonie relative. Toutefois, aucune grande conquête culturelle des races mondiales n’avait encore été réalisée au moment où ce régime fut gravement disloqué par l’éclatement de la rébellion de Lucifer. 64:6.29 Tous ces différents peuples connurent, de temps en temps, des renaissances culturelles et spirituelles. Mansant fut un grand éducateur de l’époque qui suivit celle du Prince Planétaire. Nous ne mentionnons cependant que les chefs et les maitres exceptionnels dont l’influence marqua et inspira notablement une race tout entière. Au long des temps, de nombreux éducateurs moins importants apparurent en différentes régions ; dans l’ensemble, leur influence salutaire contribua beaucoup à empêcher un effondrement complet de la civilisation culturelle, principalement au cours de la longue période d’obscurantisme entre la rébellion de Caligastia et l’arrivée d’Adam. 64:6.30 Il existe de nombreuses raisons, bonnes et suffisantes, pour faire évoluer soit trois, soit six races colorées sur les mondes de l’espace. Bien que les mortels d’Urantia ne soient peut-être pas bien placés pour apprécier pleinement toutes ces raisons, nous attirons leur attention sur les points suivants : 64:6.31 1. La variété est indispensable pour permettre un large fonctionnement de la sélection naturelle, la survie différentielle des lignées supérieures. 64:6.32 2. On obtient des races meilleures et plus fortes par le croisement de divers peuples quand les différentes races sont porteuses de facteurs héréditaires supérieurs. Les races d’Urantia auraient bénéficié de bonne heure d’une telle fusion si un peuple ainsi amalgamé avait pu être ensuite effectivement régénéré par un profond mélange avec la race adamique supérieure. Toute tentative pour exécuter une telle expérience sur Urantia, dans les conditions raciales actuelles, serait absolument désastreuse. 64:6.33 3. La diversification des races favorise une saine compétition. 64:6.34 4. Les différences de statut, dans les races et dans les groupes à l’intérieur de chaque race, sont essentielles au développement de la tolérance et de l’altruisme humains. 64:6.35 5. L’homogénéité de la race humaine n’est pas désirable avant que les peuples d’un monde en évolution aient atteint des niveaux relativement élevés de développement spirituel. 7. La dispersion des races de couleur 64:7.1 Quand les descendants colorés de la famille Sangik commencèrent à se multiplier et à chercher des possibilités d’expansion dans les territoires voisins, la cinquième invasion glaciaire, la troisième selon les calculs des géologues, avait largement progressé dans son avancée méridionale sur l’Europe et l’Asie. À leur origine, les races colorées primitives furent terriblement éprouvées par les rigueurs et les privations de l’ère glaciaire. Ce glacier recouvrit une portion si étendue de l’Asie que la voie des migrations vers l’Asie orientale fut coupée pendant des milliers d’années. Tant que la mer Méditerranée ne se fut pas retirée à la suite de l’élévation de l’Arabie, il leur fut également impossible d’atteindre l’Afrique. 64:7.2 C’est pourquoi, pendant près de cent-mille ans, les peuples Sangiks se disséminèrent autour de leurs montagnes et se mélangèrent plus ou moins, malgré les antipathies particulières mais naturelles qui se manifestèrent de bonne heure entre les différentes races. 64:7.3 Entre l’époque du Prince Planétaire et celle d’Adam, l’Inde devint le domaine de la population la plus cosmopolite que l’on ait jamais vue à la surface de la Terre. Mais il est très malheureux que ce mélange ait contenu tant d’éléments des races verte, orangée et indigo. Ces peuples Sangiks secondaires trouvaient l’existence plus facile et plus agréable dans les pays du sud, et beaucoup émigrèrent plus tard en Afrique. Les peuples Sangiks primaires, les races supérieures, évitèrent les tropiques. Les hommes rouges se dirigèrent vers le nord-est, vers l’Asie, suivis de près par les hommes jaunes, tandis que la race bleue progressait vers le nord-ouest et gagnait l’Europe. 64:7.4 Accompagnant la retraite des glaces, les hommes rouges commencèrent très tôt à émigrer vers le nord-est, contournèrent les hautes terres de l’Inde et occupèrent toute la partie Nord-Est de l’Asie. Ils furent suivis de près par les tribus jaunes qui les chassèrent ensuite d’Asie en Amérique du Nord. 64:7.5 Quand les restes relativement purs de la race rouge abandonnèrent l’Asie, ils formèrent onze tribus avec un peu plus de sept-mille hommes, femmes et enfants. Ces tribus étaient accompagnées de trois petits groupes d’origine mixte, dont le plus important comprenait un mélange des races orangée et bleue. Ces trois groupes ne fraternisèrent jamais totalement avec les hommes rouges et s’enfoncèrent bientôt dans le sud vers le Mexique et l’Amérique centrale, où ils furent, plus tard, rejoints par un petit groupe de jaunes et de rouges mélangés. Ces éléments se marièrent tous entre eux et fondèrent une nouvelle race amalgamée beaucoup moins belliqueuse que les hommes rouges de race pure. En l’espace de cinq-mille ans, ces sangs-mêlés se scindèrent en trois groupes qui établirent respectivement les civilisations du Mexique, de l’Amérique centrale et de l’Amérique du Sud. Le rameau sud-américain reçut une légère touche du sang d’Adam. 64:7.6 Dans une certaine mesure, les hommes primitifs jaunes et rouges se croisèrent en Asie ; les descendants de cette union se déplacèrent vers l’est et le long du littoral méridional. En fin de compte, ils furent chassés sur les péninsules et les iles côtières par la race jaune qui se multipliait rapidement. Ils sont à l’origine des hommes bruns d’aujourd’hui. 64:7.7 La race jaune a continué d’occuper les régions centrales de l’Asie orientale. Parmi les six races colorées, c’est celle qui a survécu en plus grand nombre. Les hommes jaunes se sont livrés de temps à autre des guerres raciales, mais n’ont pas soutenu de guerres d’extermination incessantes et implacables comme celles que se firent les hommes rouges, verts et orangés. Ces trois races s’étaient pratiquement détruites elles-mêmes avant d’être finalement à peu près annihilées par leurs ennemis des autres races. 64:7.8 Le cinquième glacier, en Europe, ne s’étendit pas très loin vers le sud ; le chemin des migrations vers le nord-ouest resta donc partiellement ouvert à ces peuplades Sangiks ; quand les glaces commencèrent à se retirer, les hommes bleus, accompagnés de quelques autres petits groupes raciaux, émigrèrent vers l’ouest, le long des anciennes pistes des tribus andoniques. Ils envahirent l’Europe par vagues successives et occupèrent la majeure partie du continent. 64:7.9 En Europe, ils rencontrèrent bientôt les descendants néanderthaliens de leur ancêtre primitif commun, Andon. Ces Européens néanderthaliens plus anciens avaient été chassés par le glacier vers le sud et vers l’est, et se trouvaient ainsi en position d’affronter et absorber leurs cousins envahisseurs des tribus Sangiks. 64:7.10 Au début, les tribus Sangiks étaient en général plus intelligentes que les descendants dégénérés des hommes andoniques primitifs des plaines et leur étaient très supérieures sur la plupart des points. Le croisement de ces tribus Sangiks avec les peuples du Néandertal améliora immédiatement la race la plus ancienne. C’est cet apport de sang Sangik, et plus spécialement de celui des hommes bleus, qui amena, chez les peuples du Néandertal, les progrès qui se manifestèrent lors des vagues successives de tribus de plus en plus intelligentes qui se répandirent en Europe en venant de l’est. 64:7.11 Au cours de la période interglaciaire suivante, cette nouvelle race du Néandertal s’étendit de l’Angleterre aux Indes. Le restant de la race bleue, demeuré dans la vieille péninsule Persique, s’amalgama à certains autres éléments, principalement jaunes. Le mélange qui en résulta, quelque peu rehaussé ensuite par la race violette d’Adam, a survécu sous la forme des tribus nomades basanées d’Arabes modernes. 64:7.12 Tous les efforts pour identifier les ancêtres Sangiks des peuples modernes doivent tenir compte de l’amélioration ultérieure des lignées raciales par le mélange subséquent du sang adamique. 64:7.13 Les races supérieures recherchèrent les climats nordiques ou tempérés, tandis que les races orangée, verte et indigo gravitèrent successivement vers l’Afrique par le pont terrestre nouvellement émergé qui séparait de l’océan Indien la Méditerranée en retrait vers l’ouest. 64:7.14 Les dernières peuplades Sangiks à émigrer du centre d’origine de leurs races furent celles des hommes indigo. À peu près à l’époque où les hommes verts exterminaient la race orangée en Égypte et, ce faisant, s’affaiblissaient grandement eux-mêmes, le grand exode noir commença vers le sud, le long de la côte de Palestine. Plus tard, quand ces peuples indigo d’une grande vigueur physique envahirent l’Égypte, ils éliminèrent totalement les hommes verts par la seule force de leur nombre. Ces races indigo absorbèrent le restant de la race orangée et une grande partie de la race verte, si bien que certaines tribus indigo se trouvèrent considérablement enrichies par cette amalgamation raciale. 64:7.15 Il apparait ainsi que l’Égypte fut dominée d’abord par l’homme orangé, puis par l’homme vert, ensuite par l’homme indigo (noir), et plus tard encore par une race métisse formée d’hommes indigo et bleus, et d’hommes verts modifiés. Mais, longtemps avant l’arrivée d’Adam, les hommes bleus d’Europe et les races mélangées d’Arabie avaient chassé la race indigo hors d’Égypte et loin vers le sud du continent africain. 64:7.16 Vers la fin des migrations Sangiks, les races orangée et verte ont disparu, l’homme rouge occupe l’Amérique du Nord, l’homme jaune l’Asie orientale, l’homme bleu l’Europe, et la race indigo a gravité vers l’Afrique. L’Inde est peuplée d’un mélange des races Sangiks secondaires, et l’homme brun, croisement du rouge et du jaune, détient les iles situées au large de la côte asiatique. Une race amalgamée douée d’un potentiel plutôt supérieur occupe les hautes terres de l’Amériques du Sud. Les Andonites les plus purs vivent dans les régions arctiques de l’Europe, en Islande, au Groenland et dans le Nord-Est de l’Amérique du Nord. 64:7.17 Au cours des périodes de progression maximum des glaces, les tribus andoniques les plus occidentales furent bien près d’être repoussées dans la mer. Elles vécurent pendant des années sur une étroite bande de terre du sud de ce qui est présentement l’Angleterre. Et ce fut le souvenir traditionnel de ces progressions glaciaires répétées qui les incita à prendre la mer quand le sixième et dernier glacier apparut finalement. Ces hommes furent les premiers aventuriers de la mer. Ils construisirent des bateaux et partirent à la recherche de terres nouvelles dans l’espoir qu’elles ne seraient pas soumises aux terrifiantes invasions glaciaires. Quelques-uns d’entre eux atteignirent l’Islande, d’autres le Groenland, mais la grande majorité mourut de faim et de soif en pleine mer. 64:7.18 Il y a un peu plus de quatre-vingt-mille ans, peu après la pénétration des hommes rouges en Amérique par le nord-ouest, le gel des mers nordiques et la progression de champs de glace locaux sur le Groenland contraignirent ces descendants Esquimaux des aborigènes d’Urantia à chercher une terre meilleure, un nouveau foyer. Leur entreprise fut couronnée de succès ; ils traversèrent sains et saufs les détroits resserrés qui séparaient alors le Groenland des masses continentales du Nord-Est de l’Amérique du Nord. Ils atteignirent le continent à peu près vingt-et-un siècles après l’arrivée des hommes rouges en Alaska. Plus tard, quelques éléments métis d’hommes bleus voyagèrent vers l’ouest et s’amalgamèrent aux Esquimaux les plus récents ; et cette union fut assez bénéfique aux tribus d’Esquimaux. 64:7.19 Il y a environ cinq-mille ans, une tribu amérindienne rencontra par hasard un groupe esquimau isolé sur les rives Sud-Est de la Baie d’Hudson. Les deux tribus trouvèrent difficile de communiquer l’une avec l’autre, mais il y eut rapidement des mariages entre elles, et ces Esquimaux furent finalement absorbés par les hommes rouges plus nombreux. C’est le seul contact que les hommes rouges d’Amérique du Nord aient eu avec une autre race humaine jusqu’à il y a environ mille ans où des blancs débarquèrent, par hasard, pour la première fois sur la côte atlantique de l’Amérique du Nord. 64:7.20 Les luttes de ces âges primitifs furent marquées du sceau du courage, de la bravoure et même de l’héroïsme. Nous regrettons tous que tant de traits du caractère rude et de bon aloi de vos premiers ancêtres aient été perdus pour les races plus récentes. Tout en appréciant la valeur de beaucoup de raffinements de la civilisation en progrès, nous regrettons l’absence de la magnifique opiniâtreté et du superbe dévouement de vos premiers ancêtres, qualités qui touchèrent souvent au grandiose et au sublime. 64:7.21 [Présenté par un Porteur de Vie résidant sur Urantia.] Fascicule 65. Le supercontrôle de l’évolution 65:0.1 La vie matérielle évolutionnaire de base – la vie prémentale – est formulée par les Maitres Contrôleurs Physiques et transmise par le ministère des Sept Maitres Esprits en conjonction avec les services actifs des Porteurs de Vie mandatés. À la suite du fonctionnement coordonné de cette triple activité créatrice, il se développe une capacité physique organique du mental – des mécanismes matériels destinés à réagir intelligemment aux stimulus du milieu externe, et ultérieurement aux stimulus internes provenant du mental même des organismes. 65:0.2 Il y a donc trois niveaux distincts de production et d’évolution de la vie : 65:0.3 1. Le domaine physicoénergétique – production de capacité mentale. 65:0.4 2. Le ministère du mental des esprits adjuvats – empiétant sur la capacité d’esprit. 65:0.5 La dotation spirituelle du mental mortel – culminant dans l’octroi des Ajusteurs de Pensée. 65:0.6 Les niveaux non enseignables de réaction machinale de l’organisme au milieu sont les domaines des contrôleurs physiques. Les esprits-mentaux adjuvats activent et règlent le mental de type adaptable ou non machinal et enseignable – ces mécanismes de réaction des organismes capables d’apprendre par expérience. De même que les esprits adjuvats manipulent ainsi les potentiels du mental, de même les Porteurs de Vie exercent un contrôle discrétionnaire considérable sur les aspects environnementaux des processus évolutionnaires jusqu’au moment où apparait la volonté humaine – l’aptitude à connaitre Dieu et le pouvoir de choisir de l’adorer. 65:0.7 C’est le fonctionnement intégré des Porteurs de Vie, des contrôleurs physiques et des esprits adjuvats qui conditionne le cours de l’évolution organique sur les mondes habités. C’est pourquoi l’évolution – sur Urantia ou ailleurs – est toujours intentionnelle et jamais accidentelle. 1. Les fonctions des Porteurs de Vie 65:1.1 Les Porteurs de Vie sont doués de potentiels de métamorphose de la personnalité que très peu d’ordres de créatures possèdent. Ces Fils de l’univers local sont capables d’opérer dans trois phases différentes d’existence. Ils accomplissent généralement leurs tâches en tant que Fils de la phase médiane ce qui représente leur état originel. Mais un Porteur de Vie, à ce stade d’existence, ne pourrait pas agir dans les domaines électrochimiques en tant que transformateur d’énergies physiques et de particules matérielles en unités d’existence vivante. 65:1.2 Les Porteurs de Vie sont capables de fonctionner et fonctionnent effectivement sur les trois niveaux suivants : 65:1.3 1. Le niveau physique de l’électrochimie. 65:1.4 2. La phase médiane habituelle d’existence quasi morontielle. 65:1.5 3. Le niveau semi-spirituel avancé. 65:1.6 Quand les Porteurs de Vie se préparent à entreprendre une implantation de vie, et qu’ils ont choisi les emplacements propres à leur entreprise, ils convoquent la commission archangélique de transmutation des Porteurs de Vie. Ce groupe est formé de dix ordres de personnalités diverses, y compris les contrôleurs physiques et leurs associés ; et il est présidé par le chef des archanges, qui agit en cette qualité, mandaté par Gabriel et avec la permission des Anciens des Jours. Quand ces êtres sont convenablement mis en circuit, ils peuvent effectuer, sur les Porteurs de Vie, des modifications telles qu’elles leur permettront d’opérer immédiatement sur le niveau physique de l’électrochimie. 65:1.7 Après que les modèles de vie ont été formulés et que les organisations matérielles ont été dument complétées, les forces supramatérielles impliquées dans la propagation de la vie deviennent aussitôt actives, et la vie existe. Les Porteurs de Vie sont alors immédiatement replacés dans l’état médian normal d’existence de leur personnalité, état dans lequel ils peuvent manipuler les unités vivantes et manœuvrer les organismes en évolution, alors même qu’ils sont dépouillés de toute capacité d’organiser – de créer – de nouveaux modèles de matière vivante. 65:1.8 Après que l’évolution organique a suivi un certain cours et que le libre arbitre du type humain est apparu dans les organismes évolutifs les plus élevés, les Porteurs de Vie doivent soit quitter la planète, soit faire vœu de renoncement ; c’est-à-dire qu’ils doivent prendre l’engagement de s’abstenir, à l’avenir, de toute tentative pour influencer le cours de l’évolution organique. Quand ces vœux sont volontairement prononcés par les Porteurs de Vie qui choisissent de demeurer sur la planète pour conseiller dans l’avenir ceux qui seront chargés de protéger les créatures volitives nouvellement évoluées, il est fait appel à une commission de douze membres, présidée par le Chef des Étoiles du Soir, agissant par l’autorité du Souverain du Système et avec la permission de Gabriel ; les Porteurs de Vie sont alors immédiatement transmués à leur troisième phase d’existence de la personnalité – le niveau semi-spirituel d’existence. Et je fonctionne sur Urantia, sous cette troisième phase d’existence, depuis l’époque d’Andon et de Fonta. 65:1.9 Nous nous réjouissons à l’avance du moment où l’univers sera ancré dans la lumière et la vie, et d’un possible quatrième stade d’existence dans lequel nous serions totalement spirituels, mais la technique par laquelle nous pourrions atteindre cet état désirable et supérieur ne nous a jamais été révélée. 2.Le panorama de l’évolution 65:2.1 L’histoire de l’ascension de l’homme, depuis l’état d’algue marine jusqu’à la domination de la création terrestre, est en vérité une épopée de combats biologiques et de survie mentale. Les ancêtres primordiaux de l’homme furent littéralement la vase et le limon des fonds océaniques déposés dans les baies et les lagunes chaudes et relativement stagnantes du vaste littoral des antiques mers intérieures, ces eaux mêmes dans lesquelles les Porteurs de Vie établirent les trois implantations de vie indépendantes sur Urantia. 65:2.2 Parmi les types primitifs de végétaux marins qui participèrent aux changements historiques amenant des organismes à la frontière de la vie animale, très peu d’espèces existent encore aujourd’hui. Les éponges sont les survivants de l’un de ces types intermédiaires primitifs ; ces organismes par lesquels s’opéra la transition graduelle du végétal à l’animal. Ces premières formes transitoires n’étaient pas identiques aux éponges modernes, mais très similaires ; c’étaient de véritables organismes intermédiaires – ni végétaux ni animaux – qui conduisirent finalement au développement de formes de vie véritablement animales. 65:2.3 Les bactéries, simples organismes végétaux d’une nature très primitive, ont très peu changé depuis la prime aurore de la vie ; elles font même preuve d’un certain degré de régression dans leur comportement parasitaire. Beaucoup de champignons représentent également un mouvement rétrograde de l’évolution, du fait que ces plantes ont perdu leur aptitude à produire de la chlorophylle et sont devenues plus ou moins parasitaires. La majorité des bactéries qui provoquent les maladies, et leurs corps auxiliaires, les virus, appartiennent en fait à ce groupe de champignons traitres et parasitaires. Au cours des âges écoulés depuis lors, tout l’immense règne de la vie végétale a évolué à partir d’ancêtres dont descendent aussi les bactéries. 65:2.4 Bientôt, et soudain, apparut le type protozoaire plus élevé de la vie animale. Depuis ces temps très lointains, l’amibe, le type même de l’organisme animal monocellulaire, s’est perpétuée presque sans modification. Elle s’ébat aujourd’hui à peu près comme elle le faisait quand elle représentait la plus récente et la plus grande réalisation de l’évolution de la vie. Cette créature microscopique et ses cousins protozoaires sont au règne animal ce que les bactéries sont au règne végétal ; ils représentent la survivance des premières étapes évolutionnaires de différenciation de la vie en même temps qu’un échec dans leur développement ultérieur. 65:2.5 Les animaux monocellulaires de types primitifs ne tardèrent pas à s’associer en colonies, d’abord sur le plan du volvox, et bientôt selon les lignées de l’hydre et de la méduse. Plus tard encore apparurent, par évolution, les astéries, crinoïdes, oursins, holothuries, myriapodes, insectes, araignées, crustacés, et les groupes très proches des lombrics et des sangsues, bientôt suivis par les mollusques – l’huitre, la pieuvre et l’escargot. Des centaines et des centaines d’espèces apparurent et périrent ; mention est faite seulement de celles qui survécurent à l’interminable lutte. Ces spécimens non progressifs, ainsi que la famille des poissons apparue plus tard, représentent aujourd’hui des types stationnaires d’animaux primitifs et inférieurs, branches de l’arbre de vie qui ne parvinrent pas à progresser. 65:2.6 La scène était ainsi prête pour l’apparition des premiers animaux vertébrés, les poissons. De cette famille des poissons jaillirent deux modifications exceptionnelles, la grenouille et la salamandre. C’est la grenouille qui inaugura, dans la vie animale, la série de différenciations progressives qui culminèrent finalement dans l’homme lui-même. 65:2.7 La grenouille est l’un des plus anciens survivants parmi les ancêtres de la race humaine, mais elle ne réussit pas non plus à progresser, et son aspect d’aujourd’hui n’a guère changé depuis ces temps reculés. Parmi les races de l’aurore de la vie, la grenouille est l’unique espèce ancestrale qui vive encore à la surface de la terre. Parmi les ancêtres de la race humaine, toutes les espèces intermédiaires entre la grenouille et l’Esquimau ont maintenant disparu. 65:2.8 Les grenouilles donnèrent naissance aux reptiles, une grande famille animale pratiquement éteinte, mais qui, avant de disparaitre, fut à l’origine de toute la famille des oiseaux et des nombreux ordres de mammifères. 65:2.9 Le plus grand bond isolé de toute l’évolution préhumaine fut probablement accompli quand un reptile devint oiseau. Les types d’oiseaux d’aujourd’hui – aigles, canards, pigeons et autruches – descendent tous des énormes reptiles des temps préhistoriques. 65:2.10 Le règne des reptiles, descendant de la famille des grenouilles, est représenté aujourd’hui par quatre branches survivantes : deux non progressives, les serpents et les lézards, ainsi que leurs cousins, les alligators et les tortues ; une partiellement progressive, la famille des oiseaux ; la quatrième représente les ancêtres des mammifères et la lignée descendant directement jusqu’à l’espèce humaine. Bien que les reptiles du passé aient disparu depuis longtemps, leur énormité a trouvé un écho chez l’éléphant et le mastodonte, tandis que leurs formes particulières se sont perpétuées chez les kangourous sauteurs. 65:2.11 Quatorze phylums seulement sont apparus sur Urantia, les poissons formant le dernier, et aucune classe nouvelle ne s’est développée depuis les oiseaux et les mammifères. 65:2.12 C’est à partir d’un agile petit dinosaure reptilien, aux habitudes carnivores mais pourvu d’un cerveau relativement important, que surgirent soudain les mammifères placentaires. Ils se développèrent rapidement et dans beaucoup de voies différentes ; non seulement ils donnèrent naissance aux variétés communes modernes, mais ils évoluèrent aussi vers des types marins comme les baleines et les phoques, et vers des navigateurs aériens comme la famille des chauvesouris. 65:2.13 L’homme évolua donc à partir des mammifères supérieurs dérivés principalement de l’implantation occidentale de vie effectuée dans les anciennes mers abritées d’orientation est-ouest. Le groupe oriental et le groupe central d’organismes vivants progressèrent favorablement au début vers les niveaux préhumains d’existence animale. À mesure que les âges passèrent, le foyer oriental de la vie se révéla incapable d’atteindre un niveau satisfaisant de statut préhumain d’intelligence, ayant subi des pertes si répétées et si irrémédiables des types les plus élevés de son plasma germinatif qu’il était définitivement privé du pouvoir de réhabiliter des potentialités humaines. 65:2.14 Comme la qualité de capacité mentale à se développer était très nettement inférieure dans le groupe oriental par rapport à celle des deux autres groupes, les Porteurs de Vie, avec l’assentiment de leurs supérieurs, manipulèrent le milieu ambiant de façon à circonscrire davantage les lignées préhumaines inférieures de la vie évolutive. D’après les apparences extérieures, l’élimination de ces groupes inférieurs de créatures fut accidentelle, mais en réalité elle fut entièrement intentionnelle. 65:2.15 À une date ultérieure du déploiement évolutionnaire de l’intelligence, les ancêtres lémuriens de l’espèce humaine se trouvèrent beaucoup plus avancés en Amérique du Nord que dans les autres régions ; c’est pourquoi, ils furent amenés à migrer de l’aire d’implantation de vie occidentale par le pont terrestre de Béring et le long de la côte vers le Sud-Ouest de l’Asie, où ils continuèrent à évoluer et bénéficièrent de l’addition de certaines lignées du groupe central de vie. L’homme évolua ainsi à partir de certaines lignées vitales du centre-ouest, mais dans les régions centrales et proche-orientales. 65:2.16 C’est de cette façon que la vie implantée sur Urantia évolua jusqu’à l’ère glaciaire, époque où l’homme lui-même apparut pour la première fois et commença sa carrière planétaire mouvementée. L’apparition de l’homme primitif sur terre, au cours de l’âge glaciaire, ne fut pas fortuite ; elle résulta d’un plan. Les rigueurs et la sévérité climatique de l’ère glaciaire étaient parfaitement adaptées au but recherché : encourager la production d’un type robuste d’être humain doué d’une prodigieuse aptitude à survivre. 3.L’entretien de l’évolution 65:3.1 Il ne sera guère possible de rendre accessibles, au mental humain d’aujourd’hui, maints évènements bizarres et apparemment grotesques de la progression évolutionnaire primitive. En dépit de leur apparence étrange, toutes ces évolutions d’êtres vivants suivaient un plan préconçu, mais nous n’avons pas le droit d’intervenir arbitrairement dans le développement des modèles de vie une fois qu’ils ont commencé à fonctionner. 65:3.2 Les Porteurs de Vie peuvent employer toutes les ressources naturelles possibles et utiliser toutes les circonstances fortuites susceptibles de concourir au progrès évolutif de l’expérience de vie, mais il ne nous est pas permis d’intervenir mécaniquement dans l’évolution végétale ou animale, ni de manipuler arbitrairement son cours et son orientation. 65:3.3 Vous avez appris que les mortels d’Urantia se sont développés par l’évolution d’une grenouille primitive et que cette lignée ascendante, portée en puissance par une unique grenouille, échappa de justesse à la destruction en une certaine occasion. Mais il ne faut pas en déduire que l’évolution de l’humanité aurait été arrêtée par un accident à cet instant critique. À ce même moment, nous n’observions et n’entretenions pas moins de mille lignées de vie mutantes, différentes et très éloignées les unes des autres, qui auraient pu être dirigées vers divers modèles de développement préhumain. La grenouille ancestrale en question représentait notre troisième sélection, les deux premières lignées ayant péri malgré tous nos efforts pour les conserver. 65:3.4 Même la perte d’Andon et de Fonta, avant qu’ils aient procréé une descendance, n’aurait pu empêcher l’évolution humaine ; elle l’aurait seulement retardée. Après l’apparition d’Andon et de Fonta et avant que les potentiels de mutation humains de la vie animale fussent épuisés, il n’évolua pas moins de sept-mille lignées favorables qui auraient pu atteindre certains types humains de développement. Du reste, beaucoup de ces bonnes lignées furent assimilées plus tard par les différentes branches de l’espèce humaine en voie d’expansion. 65:3.5 Longtemps avant que le Fils et la Fille Matériels, les élévateurs biologiques, n’arrivent sur une planète, les potentiels humains de l’espèce animale évolutive ont été épuisés. Ce stade biologique de la vie animale est révélé aux Porteurs de Vie par la troisième phase de mobilisation des esprits adjuvats. Ce phénomène se produit automatiquement en même temps que toute la vie animale a épuisé sa capacité de donner naissance à des potentiels mutants d’individus préhumains. 65:3.6 Sur Urantia, l’humanité doit résoudre ses problèmes de développement de mortel à l’aide des souches humaines qu’elle possède – aucune race nouvelle n’évoluera plus dans l’avenir à partir de sources préhumaines. Mais ce fait n’écarte nullement la possibilité d’atteindre des niveaux beaucoup plus élevés de développement humain en entretenant intelligemment les potentiels évolutionnaires qui subsistent encore dans les races de mortels. Ce que nous, les Porteurs de Vie, nous faisons pour conserver et promouvoir les lignées de vie avant l’apparition de la volonté humaine, l’homme doit le faire pour lui-même après cet évènement, quand nous nous sommes retirés de toute participation active à l’évolution. D’une manière générale, la destinée évolutionnaire de l’homme repose dans ses propres mains, et l’intelligence scientifique doit, tôt ou tard, remplacer le fonctionnement chaotique d’une sélection naturelle non contrôlée et d’une survie soumise au hasard. 65:3.7 À propos de l’entretien de l’évolution, il convient de souligner que, s’il vous arrive, dans un avenir lointain, d’être attaché à un corps de Porteurs de Vie, vous aurez d’amples et nombreuses occasions de présenter des suggestions et d’apporter toutes les améliorations possibles aux plans et aux techniques de conduite et de transplantation de la vie. Soyez patients ! Si vous avez de bonnes idées, si votre imagination est fertile en meilleures méthodes d’administration pour n’importe quelle partie des domaines universels, vous aurez certainement l’occasion de les présenter à vos associés et collègues administrateurs dans les âges à venir. 4. L’aventure d’Urantia 65:4.1 Ne perdez pas de vue le fait qu’Urantia nous fut assignée comme monde pour y expérimenter la vie. Nous avons fait sur cette planète notre soixantième tentative pour modifier, et améliorer si possible, l’adaptation à Satania des types de vie de Nébadon, et il est reconnu que nous avons réalisé de nombreux changements bénéfiques dans les modèles de vie standards. Pour être précis, nous avons élaboré sur Urantia et fait ressortir, de façon satisfaisante, au moins vingt-huit particularités de modification de vie qui seront utiles à tout Nébadon dans tous les temps à venir. 65:4.2 Mais jamais sur aucun monde l’établissement de la vie n’est expérimental dans le sens de tenter quelque chose d’inconnu et de non essayé. L’évolution de la vie est une technique toujours progressive, différentielle et variable, mais jamais employée à l’aveuglette, sans contrôle, ni totalement expérimentale au sens accidentel. 65:4.3 De nombreux traits de la vie humaine prouvent abondamment que le phénomène de l’existence mortelle a été intelligemment conçu, que l’évolution organique n’est pas un simple accident cosmique. Lorsqu’une cellule vivante est blessée, elle est capable d’élaborer certaines substances chimiques qui ont le pouvoir de stimuler et d’activer les cellules normales voisines, de manière que celles-ci commencent immédiatement à sécréter d’autres substances qui facilitent les processus de guérison de la blessure. En même temps, ces cellules normales intactes commencent à proliférer – elles se mettent effectivement à l’œuvre pour créer de nouvelles cellules remplaçant les cellules semblables détruites par l’accident. 65:4.4 Cette action et cette réaction chimiques, touchant la guérison des blessures et la reproduction des cellules, représentent le choix, fait par les Porteurs de Vie, d’une formule embrassant plus de cent-mille phases et traits de réactions chimiques et de répercussions biologiques possibles. Plus d’un demi-million d’expériences spécifiques furent effectuées par les Porteurs de Vie dans leurs laboratoires avant qu’ils ne s’arrêtent définitivement à cette formule pour l’expérience de vie sur Urantia. 65:4.5 Quand les savants d’Urantia connaitront davantage ces substances chimiques curatives, ils pourront soigner les blessures plus efficacement ; indirectement, ils sauront mieux contrôler certaines maladies graves. 65:4.6 Depuis l’établissement de la vie sur Urantia, les Porteurs de Vie ont amélioré cette technique curative en l’introduisant sur un autre monde de Satania. Elle apporte un plus grand soulagement à la douleur et exerce un meilleur contrôle sur la capacité de prolifération des cellules normales associées. 65:4.7 Il y eut beaucoup de particularités uniques dans l’expérience de vie d’Urantia, mais les deux épisodes les plus remarquables furent l’apparition de la race andonique avant l’évolution des six peuples de couleur, et l’apparition ultérieure et simultanée des mutants Sangiks au sein d’une seule famille. Urantia est le premier monde de Satania où les six races de couleur soient issues de la même famille humaine. Elles surgissent ordinairement, dans des lignées diversifiées, par suite de mutations indépendantes à l’intérieur de la souche animale préhumaine, et apparaissent habituellement sur terre une à une et successivement au cours de longues périodes, en commençant par l’homme rouge, en passant par les diverses autres couleurs, et en finissant par l’indigo. 65:4.8 Une autre variation de procédure importante fut l’arrivée tardive du Prince Planétaire. En règle générale, le prince apparait sur une planète à peu près au moment où la volonté se développe, et, si ce plan avait été suivi, Caligastia aurait pu venir sur Urantia même du vivant d’Andon et de Fonta au lieu d’arriver presque cinq-cent-mille ans plus tard, simultanément avec l’apparition des six races Sangiks. 65:4.9 Sur un monde habité ordinaire, un Prince Planétaire aurait été accordé à la requête des Porteurs de Vie lors de l’apparition d’Andon et de Fonta, ou peu de temps après. Mais, comme Urantia avait été désignée comme planète où la vie est modifiée, ce fut par accord préalable que les Melchizédeks observateurs, au nombre de douze, furent envoyés comme conseillers auprès des Porteurs de Vie et comme surveillants de la planète jusqu’à l’arrivée ultérieure du Prince Planétaire. Ces Melchizédeks arrivèrent au moment où Andon et Fonta prirent les décisions qui permirent à des Ajusteurs de Pensée d’habiter leur mental humain. 65:4.10 Les efforts faits sur Urantia par les Porteurs de Vie pour améliorer les modèles de vie de Satania eurent nécessairement pour effet de produire de nombreuses formes de vie transitoires apparemment inutiles. Mais les gains qui en ont déjà découlé suffisent à justifier les modifications propres à Urantia des types de vie standard. 65:4.11 Il était dans notre intention de produire de bonne heure une manifestation de la volonté dans la vie évolutionnaire d’Urantia, et nous avons réussi. Habituellement, la volonté n’émerge pas avant que les races de couleur aient longtemps existé ; elle apparait généralement d’abord chez les types supérieurs d’hommes rouges. Votre monde est la seule planète de Satania où le type humain de volonté soit apparu dans une race antérieure aux races de couleur. 65:4.12 Mais, dans notre effort pour parvenir à cette conjugaison et association des facteurs héréditaires qui conduisit finalement aux ancêtres mammifères de la race humaine, nous nous trouvâmes devant la nécessité de permettre la mise en œuvre de centaines, voire de milliers d’autres combinaisons et associations de facteurs d’hérédité apparemment inutiles. Vos regards apercevront certainement beaucoup de ces sous-produits étranges de nos efforts quand vous sonderez le passé de la planète, et je comprends parfaitement à quel point certaines de ces choses doivent être troublantes du point de vue limité des hommes. 5. Les vicissitudes de l’évolution de la vie 65:5.1 Ce fut une source de regrets pour nous, les Porteurs de Vie, que tous nos efforts pour modifier la vie intelligente sur Urantia aient été pareillement handicapés par de tragiques perversions échappant à notre contrôle : la trahison de Caligastia et la faute adamique. 65:5.2 Mais, dans toute cette aventure biologique, notre plus grande déception fut la réversion, sur une échelle aussi vaste et aussi inattendue, de certaines vies végétales primitives aux niveaux préchlorophylliens de bactéries parasitaires. Cet évènement, dans l’évolution de la vie des plantes, a provoqué de nombreuses maladies désolantes chez les mammifères supérieurs, et particulièrement chez l’espèce humaine, plus vulnérable. Quand nous nous trouvâmes en face de cette situation embarrassante, nous n’attachâmes pas trop d’importance à ces difficultés, car nous savions que l’apport ultérieur du plasma vital adamique renforcerait assez les pouvoirs de résistance de la race amalgamée résultante pour pratiquement l’immuniser contre toutes les maladies provoquées par ce type d’organisme végétal ; mais nos espoirs furent brisés par la malencontreuse faute adamique. 65:5.3 L’univers des univers, y compris le petit monde appelé Urantia, n’est pas administré simplement pour s’adapter à nos convenances ou recevoir notre approbation, et encore moins pour répondre à nos caprices ou pour satisfaire notre curiosité. Sans aucun doute, les êtres sages et tout-puissants qui sont responsables de la gestion de l’univers savent exactement ce qu’ils font ; il convient donc aux Porteurs de Vie et il importe aux penseurs mortels de participer, dans une attente patiente et une coopération sincère, à la règle de la sagesse, au règne de la puissance et à la marche du progrès. 65:5.4 Bien entendu, il existe certaines compensations aux épreuves, telles que l’effusion de Micaël sur Urantia. Mais, indépendamment de toutes ces considérations, les superviseurs célestes les plus récents de votre planète expriment leur confiance pleine et entière dans le triomphe ultime de la race humaine et dans la justification finale de nos plans et de nos modèles de vie originels. 6. Les techniques évolutionnaires de la vie 65:6.1 Il est impossible de déterminer avec précision et simultanément la position exacte et la vitesse d’un objet en mouvement ; toute tentative pour mesurer l’une entraine inévitablement une modification de l’autre. L’homme mortel se trouve en face du même genre de paradoxe quand il entreprend l’analyse chimique du protoplasme. Le chimiste peut déterminer la composition chimique du protoplasme mort, mais il ne peut percevoir ni l’organisation physique ni le fonctionnement dynamique du protoplasme vivant. Le savant s’approchera toujours plus près des secrets de la vie, mais il ne les découvrira jamais pour la simple et unique raison qu’il doit tuer le protoplasme pour pouvoir l’analyser. Le protoplasme mort pèse le même poids que le protoplasme vivant, mais ce n’est pas le même. 65:6.2 Il existe un don originel d’adaptation chez les êtres vivants. Dans chaque cellule végétale ou animale vivante, dans chaque organisme vivant – matériel ou spirituel – existe un désir insatiable d’atteindre une perfection toujours accrue d’ajustement au milieu ambiant, d’adaptation de l’organisme et de réalisation de vie accrue. Ces efforts interminables de toutes les créatures vivantes prouvent chez elles l’existence d’une recherche innée de la perfection. 65:6.3 L’étape la plus importante de l’évolution végétale fut le développement de l’aptitude à produire de la chlorophylle et la deuxième en importance fut la transformation évolutive de la spore en une graine complexe. En tant qu’agent reproducteur, la spore est très efficace, mais il lui manque les possibilités de variété et de versatilité inhérentes à la graine. 65:6.4 Un des épisodes les plus complexes et les plus utiles de l’évolution des types supérieurs d’animaux a consisté dans le développement de l’aptitude du fer, dans les cellules du sang en circulation, à jouer le double rôle de transporteur d’oxygène et d’éliminateur de gaz carbonique. Et cet accomplissement des cellules rouges du sang montre comment les organismes en évolution peuvent adapter leurs fonctions aux variations et aux changements du milieu ambiant. Les animaux supérieurs, l’homme y compris, oxygènent leurs tissus grâce à l’action du fer contenu dans les cellules rouges du sang, fer qui transporte l’oxygène vers les cellules vivantes et élimine tout aussi efficacement le gaz carbonique. D’autres métaux peuvent toutefois être utilisés pour la même fin. La seiche emploie le cuivre pour cette fonction, et l’ascidie emploie le vanadium. 65:6.5 La continuation de ces ajustements biologiques est illustrée par l’évolution de la dentition des mammifères supérieurs d’Urantia ; les ancêtres éloignés de l’homme eurent jusqu’à trente-six dents, puis commença un rajustement adaptatif vers les trente-deux dents de l’homme primitif et de ses proches parents. Actuellement, l’espèce humaine tend lentement à n’avoir plus que vingt-huit dents. Le processus évolutif est toujours activement en cours et s’adapte aux circonstances de la planète. 65:6.6 Mais beaucoup d’ajustements, apparemment mystérieux, des organismes vivants sont purement chimiques, totalement physiques. À n’importe quel moment, plus de 15 millions de réactions chimiques entre les sécrétions hormonales d’une douzaine de glandes endocrines sont susceptibles de se produire dans le courant sanguin d’un être humain. 65:6.7 Les formes inférieures de la vie végétale réagissent totalement au milieu ambiant physique, chimique et électrique. À mesure que l’on s’élève sur l’échelle de la vie, les ministères du mental des sept esprits adjuvats entrent en action un à un, et le mental se met de plus en plus à ajuster, créer, coordonner et dominer. L’aptitude des animaux à s’adapter à l’air, à l’eau et à la terre n’est pas un don surnaturel, mais un ajustement supraphysique. 65:6.8 La physique et la chimie, seules, ne peuvent expliquer comment l’être humain a évolué en partant du protoplasme primordial des mers primitives. La faculté d’apprendre, la mémoire et la réaction différentielle au milieu ambiant, est la dotation du mental. Les lois de la physique ne sont pas modifiables par l’apprentissage ; elles sont invariables et immuables. Les réactions chimiques ne sont pas modifiées par l’éducation ; elles sont uniformes et fiables. En dehors de la présence de l’Absolu Non Qualifié, les réactions chimiques et électriques sont prévisibles. Mais le mental peut tirer profit de l’expérience et s’instruire par les habitudes réactionnelles du comportement en réponse à la répétition des stimulus. 65:6.9 Les organismes préintelligents réagissent aux stimulus environnementaux, mais les organismes réactifs au ministère du mental peuvent manipuler et ajuster le milieu ambiant lui-même. 65:6.10 Le cerveau physique et le système nerveux associé possèdent une capacité de réaction innée au ministère du mental exactement comme le mental en développement d’une personnalité possède une certaine capacité innée de réceptivité spirituelle et contient, par conséquent, les potentiels de progrès et d’aboutissement spirituels. L’évolution intellectuelle, sociale, morale et spirituelle dépend du ministère du mental des sept esprits adjuvats et de leurs associés supraphysiques. 7.Les niveaux évolutionnaires du mental 65:7.1 Les sept esprits-mentaux adjuvats sont les ministères aux talents variés du mental pour les êtres intelligents inférieurs d’un univers local. Cet ordre de mental est administré depuis le siège de l’univers local ou depuis un monde qui lui est relié, mais les capitales systémiques ont une influence pour diriger la fonction du mental inférieur. 65:7.2 Sur un monde évolutionnaire, un grand nombre, un très grand nombre de choses dépendent de l’action de ces sept adjuvats ; mais ils sont des ministres du mental et ne s’occupent pas de l’évolution physique, domaine des Porteurs de Vie. Néanmoins, la parfaite intégration de ces dotations d’esprit avec le processus naturel et ordonné du régime instauré par les Porteurs de Vie, et en cours de développement, est responsable de l’incapacité du mortel de discerner dans le phénomène du mental autre chose que l’action de la nature et le travail des processus naturels, bien que vous soyez parfois un peu embarrassés pour expliquer la totalité de ce qui touche aux réactions naturelles du mental quand il est associé à la matière. Du reste, si l’évolution d’Urantia avait suivi de plus près les plans originaux, vous observeriez dans le phénomène du mental encore moins de faits susceptibles de retenir votre attention. 65:7.3 Les sept esprits adjuvats sont plus comparables à des circuits qu’à des entités. Sur les mondes ordinaires, ils sont couplés en circuit avec d’autres fonctions d’adjuvats à travers tout l’univers local. Cependant, sur les planètes où l’on expérimente la vie, ils sont relativement isolés, et, sur Urantia, vu la nature particulière des modèles de vie, les adjuvats inférieurs ont eu beaucoup plus de difficultés pour entrer en contact avec les organismes évolutionnaires que ce n’eût été le cas avec un type plus standardisé de dotation de vie. 65:7.4 De plus, sur un monde évolutionnaire moyen, les sept esprits adjuvats sont beaucoup mieux synchronisés avec les stades progressifs du développement animal qu’ils ne l’ont été sur Urantia. À une exception près, les adjuvats ont éprouvé plus de difficultés à entrer en contact avec le mental évoluant des organismes d’Urantia qu’au cours de toutes leurs opérations dans l’ensemble de l’univers de Nébadon. Sur ce monde se sont développées de nombreuses formes de phénomènes limites – des combinaisons confuses de réactions organiques du type machinal non enseignable et du type non machinal enseignable. 65:7.5 Les sept esprits adjuvats n’entrent pas en contact avec les ordres purement machinaux de réaction organique au milieu ambiant. Ces réactions préintelligentes des organismes vivants appartiennent uniquement aux domaines énergétiques des centres de pouvoir, des contrôleurs physiques et de leurs associés. 65:7.6 L’acquisition du potentiel d’aptitude à apprendre par expérience marque l’entrée en fonction des esprits adjuvats, fonctions qu’ils exercent depuis le mental le plus humble des existences primitives et invisibles jusqu’aux types les plus élevés sur l’échelle évolutionnaire des êtres humains. Ils sont la source et le modèle du comportement, qui autrement serait plus ou moins mystérieux, et des réactions rapides incomplètement comprises du mental envers le milieu matériel ambiant. Ces influences fidèles et toujours sûres doivent poursuivre longtemps leur ministère préalable avant que le mental animal n’atteigne les niveaux humains de réceptivité spirituelle. 65:7.7 Les adjuvats opèrent exclusivement dans l’évolution du mental qui expérimente jusqu’au niveau de la sixième phase, l’esprit d’adoration. À ce niveau, se produit un inévitable chevauchement de ministères – le phénomène selon lequel le supérieur descend vers l’inférieur pour se coordonner avec lui en vue d’atteindre ultérieurement des niveaux avancés de développement. Un ministère spirituel encore supplémentaire accompagne l’action du septième et dernier adjuvat, l’esprit de sagesse. Tout au long du ministère du monde de l’esprit, les individus ne subissent jamais de transitions abruptes dans la coopération spirituelle ; ces changements sont toujours graduels et réciproques. 65:7.8 Les domaines de réaction physique (électrochimique) et mentale aux stimulus du milieu ambiant devraient toujours être différenciés. Il faut les reconnaitre à leur tour comme des phénomènes autres que les activités spirituelles. Les domaines de la gravité physique, mentale et spirituelle sont des royaumes distincts de réalité cosmique, nonobstant leurs corrélations intimes. 8. L’évolution dans le temps et l’espace 65:8.1 Temps et espace sont indissolublement liés ; c’est une association innée. Les délais du temps sont inévitables en présence de certaines conditions de l’espace. 65:8.2 Si vous êtes surpris qu’il faille tant de temps pour effectuer les changements évolutionnaires du développement de la vie, je répondrais que nous ne pouvons pas obtenir que les processus de la vie se déroulent plus vite que les métamorphoses physiques d’une planète ne le permettent. Il nous faut attendre le développement physique naturel d’une planète ; nous n’avons absolument aucun contrôle sur l’évolution géologique. Si les conditions physiques le permettaient, nous pourrions prendre nos dispositions pour parachever l’évolution complète de la vie en beaucoup moins d’un million d’années. Mais nous sommes tous sous la juridiction des Dirigeants Suprêmes du Paradis, et le temps n’a pas d’existence au Paradis. 65:8.3 L’étalon de mesure du temps de l’individu est la durée de sa vie. Toutes les créatures sont ainsi conditionnées par le temps, et c’est pourquoi elles considèrent l’évolution comme un processus interminable. Pour ceux d’entre nous dont la durée de vie n’est pas limitée par une existence temporelle, l’évolution ne semble pas une opération tellement prolongée. Au Paradis, où le temps n’existe pas, toutes ces choses sont présentes dans le mental de l’Infinité et les actes de l’Éternité. 65:8.4 De même que l’évolution du mental dépend du lent développement des conditions physiques qui la retarde, de même le progrès spirituel dépend de l’expansion mentale ; le retard intellectuel le freine infailliblement. Mais cela ne signifie pas que l’évolution spirituelle dépende de l’éducation, de la culture ou de la sagesse. L’âme peut évoluer indépendamment de la culture mentale, mais non en l’absence de la capacité mentale et du désir – de choisir la survie et décider d’atteindre une perfection toujours accrue – de faire la volonté du Père qui est aux cieux. Bien que la survie puisse ne pas dépendre de la possession de la connaissance et de la sagesse, la progression en dépend très certainement. 65:8.5 Dans les laboratoires évolutionnaires cosmiques, le mental domine toujours la matière, et l’esprit est toujours en corrélation avec le mental. Si ces différentes dotations n’arrivent pas à se synchroniser et à se coordonner, des retards peuvent se produire ; mais, si l’individu connait réellement Dieu et désire vraiment le trouver et devenir semblable à lui, alors sa survie est assurée en dépit des handicaps du temps. Le statut physique peut handicaper le mental, et la perversité mentale peut retarder l’aboutissement spirituel, mais, si un homme a choisi de toute son âme, aucun de ces obstacles ne peut triompher de sa volonté. 65:8.6 Quand les conditions physiques sont mures, des évolutions mentales soudaines peuvent avoir lieu. Quand le statut du mental est propice, des transformations spirituelles soudaines peuvent se produire. Quand les valeurs spirituelles reçoivent la considération qui leur est due, les significations cosmiques deviennent alors discernables, et la personnalité se trouve progressivement libérée des handicaps du temps et délivrée des limitations de l’espace. 65:8.7 [Parrainé par un Porteur de Vie de Nébadon résidant sur Urantia.] Fascicule 66. Le Prince Planétaire d’Urantia 66:0.1 L’avènement d’un Fils Lanonandek sur un monde moyen signifie que la volonté, la faculté de choisir le sentier de la survie éternelle, a pris naissance dans le mental de l’homme primitif. Mais, sur Urantia, le prince planétaire arriva presque un demi-million d’années après l’apparition de la volonté humaine. 66:0.2 Il y a environ cinq-cent-mille ans, et concurremment avec l’apparition des six races de couleur ou races Sangiks, Caligastia, le Prince Planétaire, arriva sur Urantia. Il y avait alors sur Terre presque un demi-milliard d’êtres humains primitifs, largement dispersés sur l’Europe, l’Asie et l’Afrique. Le quartier général du Prince, établi en Mésopotamie, était à peu près au centre du monde habité. 1. Le Prince Caligastia 66:1.1 Caligastia était un Fils Lanonandek, le numéro 9 344 de l’ordre secondaire. Il avait acquis de l’expérience dans l’administration des affaires de l’univers local en général et, au cours des âges plus récents, dans la direction du système local de Satania en particulier. 66:1.2 Antérieurement au règne de Lucifer sur Satania, Caligastia avait été attaché au comité consultatif des Porteurs de Vie sur Jérusem. Lucifer promut Caligastia à une position dans son état-major personnel, et il accomplit assez bien cinq missions successives d’honneur et de confiance. 66:1.3 Caligastia chercha très tôt à obtenir un mandat de Prince Planétaire, mais, à plusieurs reprises, lorsque sa requête fut présentée à l’approbation des conseils de la constellation, elle n’obtint pas l’assentiment des Pères de la Constellation. Caligastia semblait particulièrement désireux d’être envoyé comme dirigeant planétaire sur un monde décimal ou de vie modifiée. Après plusieurs rejets de sa demande, il fut finalement affecté à Urantia. 66:1.4 Caligastia quitta Jérusem pour sa mission de dirigeant d’une planète avec une réputation enviable de fidélité et de dévouement au bien-être de son univers d’origine et de résidence, nonobstant une certaine instabilité caractéristique doublée d’une tendance à désapprouver, en certaines affaires mineures, l’ordre établi. 66:1.5 J’étais présent à Jérusem lorsque le brillant Caligastia quitta la capitale du système. Nul prince planétaire ne s’embarqua jamais pour une carrière de règne sur un monde avec une expérience préparatoire plus riche ni avec de plus belles perspectives que Caligastia en ce jour mémorable, il y a un demi-million d’années. Une chose est certaine : tandis que j’exécutais ma tâche de transmettre le récit de cet évènement sur les télédiffusions de l’univers local, je ne nourrissais pas un instant, même au moindre degré, l’idée que ce noble Lanonandek trahirait si tôt sa mission sacrée de conservateur planétaire et souillerait si horriblement le beau nom de son ordre élevé de fils de l’univers. Je considérais vraiment Urantia comme l’une des cinq ou six planètes les plus privilégiées de tout Satania pour avoir un penseur aussi expérimenté, et aussi brillant et original au gouvernail de ses affaires mondiales. Je ne comprenais pas alors que Caligastia était en train de tomber insidieusement amoureux de lui-même ; je ne saisissais pas encore pleinement les subtilités de l’orgueil de la personnalité. 2. L’état-major du Prince 66:2.1 Le Prince Planétaire d’Urantia ne fut pas envoyé seul pour accomplir sa mission ; il était accompagné du corps habituel d’adjoints administratifs et d’assistants. 66:2.2 À la tête de ce groupe, se trouvait Daligastia, l’adjoint-associé du Prince Planétaire. Daligastia était aussi un Fils Lanonandek secondaire et portait le numéro 319 407 de cet ordre. Il avait rang d’assistant au moment de son affectation comme associé de Caligastia. 66:2.3 L’état-major planétaire comprenait un grand nombre de coopérateurs angéliques et une foule d’autres êtres célestes chargés de faire progresser les intérêts et de promouvoir le bien-être des races humaines. Mais, de votre point de vue, le groupe le plus intéressant était celui des membres corporels de l’état-major du Prince – ceux que l’on appelle parfois les cent de Caligastia. 66:2.4 Ces cent membres rematérialisés de l’état-major du Prince furent choisis par Caligastia parmi plus de 785 000 citoyens ascendants de Jérusem qui se portèrent volontaires pour se lancer dans l’aventure d’Urantia. Chacun des élus venait d’une planète différente, et aucun d’entre eux ne venait d’Urantia. 66:2.5 Ces volontaires de Jérusem furent directement amenés de la capitale du système sur Urantia par transport séraphique. Après leur arrivée, ils furent maintenus enséraphinés jusqu’à ce que l’on ait pu leur procurer des formes de personnalité de double nature de service planétaire spécial, un véritable corps physique formé de chair et de sang, mais également en résonance avec les circuits de vie du système. 66:2.6 Peu de temps avant l’arrivée des cent citoyens de Jérusem, les deux Porteurs de Vie superviseurs, qui résidaient sur Urantia et qui avaient déjà leurs plans mis au point, demandèrent à Jérusem et à Édentia la permission de transplanter le plasma vital de cent survivants sélectionnés de la race d’Andon et de Fonta dans les corps matériels prévus pour les membres corporels de l’état-major du Prince. La requête fut accordée sur Jérusem et approuvée sur Édentia. 66:2.7 En conséquence, les Porteurs de Vie choisirent, dans la postérité d’Andon et de Fonta, cinquante hommes et cinquante femmes qui représentaient la survivance des meilleures lignées de cette race unique. À une ou deux exceptions près, ces Andonites qui contribuèrent à faire progresser la race étaient étrangers les uns aux autres. Partant d’endroits très éloignés, ils furent rassemblés au seuil du quartier général planétaire du Prince grâce aux directives des Ajusteurs de Pensée coordonnées avec des gouvernes séraphiques. Là, les cent humains furent remis entre les mains de la commission fort experte de volontaires venus d’Avalon qui dirigea l’extraction matérielle d’une portion du plasma vital de ces descendants d’Andon. Ce matériau vivant fut ensuite transféré dans les corps matériels construits à l’usage des cent membres jérusémites de l’état-major du Prince. Entretemps, ces citoyens nouvellement arrivés de la capitale du système étaient maintenus dans le sommeil du transport séraphique. 66:2.8 Ces opérations, ainsi que la création effective de corps spéciaux pour les cent de Caligastia, donnèrent naissance à de nombreuses légendes dont beaucoup furent ultérieurement confondues avec des traditions plus récentes touchant l’installation planétaire d’Adam et d’Ève. 66:2.9 L’opération de repersonnalisation tout entière, depuis l’arrivée des transports séraphiques amenant les cent volontaires de Jérusem jusqu’au moment où ils reprirent conscience comme êtres ternaires du royaume, dura exactement dix jours. 3. Dalamatia – la cité du Prince 66:3.1 Le quartier général du Prince Planétaire était situé dans la région du golfe Persique d’alors, dans la région correspondant à la Mésopotamie d’aujourd’hui. 66:3.2 Le climat et le paysage mésopotamiens de ces temps étaient très différents des conditions qui ont parfois prévalu depuis lors ; ils convenaient, sous tous les rapports, aux entreprises de l’état-major du Prince et de ses assistants. Il était nécessaire qu’un climat aussi favorable fît partie de l’ambiance naturelle destinée à inciter les primitifs d’Urantia à faire certains progrès initiaux en culture et en civilisation. La tâche essentielle de ces âges était de transformer ces chasseurs en bergers, avec l’espoir qu’ils évolueraient plus tard en agriculteurs sédentaires et pacifiques. 66:3.3 Le quartier général du Prince Planétaire sur Urantia était un exemple typique de ce genre de stations sur une jeune sphère en voie de développement. Le noyau de l’établissement du Prince était une cité très simple mais très belle, enclose dans une muraille de douze mètres de haut. Ce centre mondial de culture fut nommé Dalamatia en l’honneur de Daligastia. 66:3.4 Le plan de la cité comportait dix subdivisions, avec les bâtiments des quartiers généraux des dix conseils de l’état-major corporel situés au centre de chacune de ces subdivisions. Au milieu de la ville s’élevait le temple du Père invisible. Le quartier général administratif du Prince et de ses associés était réparti en douze salles groupées à proximité immédiate du temple. 66:3.5 Les bâtiments de Dalamatia étaient tous à un étage, à l’exception des quartiers généraux des conseils, qui avaient deux étages, et du temple central du Père de tous, qui était petit, mais comportait trois étages. 66:3.6 La cité était bâtie avec le meilleur matériau de construction de ces temps primitifs – la brique. On avait employé très peu de pierre ou de bois. La construction des maisons et l’architecture des villages furent très améliorées chez les peuplades avoisinantes par l’exemple de Dalamatia. 66:3.7 Près du quartier général du Prince, vivaient des êtres humains de toutes couleurs et de tous les niveaux. C’est parmi ces tribus voisines que furent recrutés les premiers élèves des écoles du Prince. Bien que ces premières écoles de Dalamatia aient été rudimentaires, elles apportaient tout ce qui pouvait être fait pour les hommes et les femmes de cet âge primitif. 66:3.8 L’état-major corporel du Prince attirait continuellement autour de lui les individus supérieurs des tribus environnantes. Après avoir formé et inspiré ces élèves, il les renvoyait chez eux enseigner et guider leurs groupes ethniques respectifs. 4. Les premiers jours des cent 66:4.1 L’arrivée de l’état-major du Prince créa une profonde impression. Il fallut presque un millier d’années pour que la nouvelle parvînt au loin, mais les tribus voisines du quartier général mésopotamien furent prodigieusement influencées par les enseignements et la conduite des cent nouveaux habitants d’Urantia. Une grande partie de votre mythologie ultérieure provient des légendes altérées de ces temps anciens où ces membres de l’état-major du Prince furent repersonnalisés sur Urantia en tant que surhommes. 66:4.2 L’obstacle sérieux à la bonne influence de tels maitres extraplanétaires est la tendance des mortels à les considérer comme des dieux ; mais, à part la technique de leur apparition sur terre, les cent de Caligastia – cinquante hommes et cinquante femmes – n’eurent recours ni à des méthodes surnaturelles ni à des manipulations suprahumaines. 66:4.3 L’état-major corporel n’en était pas moins suprahumain. Ses membres commencèrent leur mission sur Urantia en tant qu’êtres ternaires et extraordinaires : 66:4.4 1. Ils étaient corporels et relativement humains, car ils avaient incorporé le véritable plasma vivant d’une des races humaines, celui de la race andonique d’Urantia. 66:4.5 Les cent membres de l’état-major du Prince étaient divisés par moitié quant au sexe, et répartis selon leur statut mortel antérieur. Chaque personne du groupe était capable de participer à la naissance d’un nouvel ordre d’êtres physiques, mais ils avaient été soigneusement avisés de n’avoir recours à la parenté que sous certaines conditions. C’est une coutume pour l’état-major corporel du Prince Planétaire de procréer ses successeurs quelque temps avant de se retirer du service planétaire spécial. Cette procréation a généralement lieu au moment de l’arrivée de l’Adam et de l’Ève planétaires, ou peu après. 66:4.6 C’est pourquoi ces êtres spéciaux ne savaient guère ou pas du tout quels types de créatures matérielles pourraient naitre de leur union sexuelle. Et ils ne le surent jamais, car, avant qu’ils fussent parvenus à cette étape de leur œuvre mondiale, la rébellion avait renversé le régime tout entier, et ceux qui jouèrent plus tard le rôle de parents avaient été isolés des courants de vie du système. 66:4.7 Ces membres matérialisés de l’état-major de Caligastia avaient la couleur de peau et le langage de la race andonique. Ils se nourrissaient comme les mortels du royaume, avec la différence que les corps recréés de ce groupe se satisfaisaient parfaitement d’un régime dépourvu de viande. C’est une des considérations qui fixa le choix de leur résidence dans une région chaude, riche en fruits et en toutes sortes de noix. La pratique consistant à vivre d’un régime dépourvu de viande remonte au temps des cent de Caligastia, car cette coutume se répandit même au loin et affecta le mode d’alimentation de nombreuses tribus voisines issues de races évolutionnaires autrefois exclusivement carnivores. 66:4.8 2. Les cent étaient des êtres matériels mais suprahumains, du fait qu’ils avaient été reconstitués sur Urantia comme hommes et femmes uniques d’un ordre spécial et élevé. 66:4.9 Tout en jouissant d’une citoyenneté provisoire sur Jérusem, les membres de ce groupe n’avaient pas encore fusionné avec leurs Ajusteurs de Pensée et, quand ils se portèrent volontaires et furent admis au service planétaire en liaison avec les ordres filiaux descendants, leurs Ajusteurs furent détachés. Mais ces Jérusémites étaient des êtres suprahumains – ils possédaient une âme de croissance ascendante. Au cours de la vie de mortel dans la chair, l’âme est à l’état embryonnaire ; elle nait, (ressuscite) dans la vie morontielle et fait l’expérience de la croissance dans les mondes morontiels successifs. Les âmes des cent de Caligastia avaient ainsi grandi par l’expérience progressive des sept mondes des maisons et atteint le statut de citoyenneté sur Jérusem. 66:4.10 Conformément à leurs instructions, les membres de l’état-major ne s’engagèrent pas dans la reproduction sexuelle, mais ils étudièrent minutieusement leur constitution personnelle et explorèrent soigneusement toutes les phases imaginables de liaisons intellectuelles (du mental) et morontielles (de l’âme). C’est au cours de la trente-troisième année de leur séjour à Dalamatia, longtemps avant que le rempart ne fût terminé, que le numéro deux et le numéro sept du groupe danite découvrirent par hasard un phénomène accompagnant la liaison de leur moi morontiel (censément non sexuelle et non matérielle) ; le résultat de cette aventure se révéla être la première des créatures médianes primaires. Le nouvel être était parfaitement visible pour l’état-major planétaire et pour leurs associés célestes, mais demeurait invisible aux yeux des hommes et des femmes des différentes tribus humaines. Sous l’autorité du Prince Planétaire, tous les membres de l’état-major corporel entreprirent de procréer des êtres similaires et tous y réussirent en suivant les instructions du couple danite de pionniers. C’est ainsi que l’état-major du Prince amena, en fin de compte, à l’existence le corps originel de 50 000 médians primaires. 66:4.11 Ces créatures de type médian furent très utiles pour exécuter les opérations du quartier général du monde. Elles étaient invisibles aux êtres humains, mais l’existence de ces semi-esprits invisibles fut enseignée aux premiers habitants de Dalamatia, et, pendant des siècles, ils constituèrent la totalité du monde des esprits pour ces mortels en évolution. 66:4.12 3. Les cent de Caligastia étaient personnellement immortels, ou impérissables. Les compléments antidotes des courants de vie du système circulaient dans leurs formes matérielles. Si la rébellion ne leur avait pas fait perdre contact avec les circuits de vie, ils auraient continué à vivre indéfiniment jusqu’à l’arrivée ultérieure d’un Fils de Dieu ou jusqu’au moment où ils auraient été libérés de leurs fonctions pour reprendre leur voyage interrompu vers Havona et le Paradis. 66:4.13 Ces compléments antidotes des courants de vie de Satania provenaient du fruit de l’arbre de vie, un arbuste d’Édentia envoyé sur Urantia par les Très Hauts de Norlatiadek au moment de l’arrivée de Caligastia. À l’époque de Dalamatia, cet arbre poussait dans la cour centrale du temple du Père invisible, et c’était le fruit de cet arbre de vie qui permettait aux êtres matériels de l’état-major du Prince, qui autrement auraient été mortels, de vivre indéfiniment tant qu’ils y avaient accès. 66:4.14 Sans avoir de valeur pour les races évolutionnaires, cette supernourriture suffisait parfaitement pour conférer une vie continue aux cent de Caligastia ainsi qu’aux cent Andonites modifiés qui leur étaient associés. 66:4.15 Il convient d’expliquer à cet égard qu’au moment où les cent Andonites contribuèrent, par leur plasma germinatif humain, à la rematérialisation des membres de l’état-major du Prince, les Porteurs de Vie introduisirent dans les corps mortels de ces Andonites le complément des circuits du système. Cela leur permettait de continuer à vivre concurremment à l’état-major, siècle après siècle, en défiant la mort physique. 66:4.16 Les cent Andonites furent finalement informés de leur contribution aux nouvelles formes de leurs supérieurs, et ces mêmes cent enfants des tribus d’Andon furent maintenus au quartier général à titre d’assistants personnels des membres corporels de l’état-major du Prince. 5. L’organisation des cent 66:5.1 Les cent étaient organisés pour le service en dix conseils autonomes de dix membres chacun. Lorsque deux conseils au moins siégeaient en session commune, ces assemblées de liaison étaient présidées par Daligastia. Ces dix groupes étaient constitués comme suit : 66:5.2 1. Le conseil de l’alimentation et du bien-être matériel. Ce groupe était présidé par Ang. L’alimentation, la distribution de l’eau, l’habillement et le progrès matériel de l’espèce humaine, tout cela était stimulé par ce corps d’experts. Ils enseignèrent le creusement des puits, le captage des sources et l’irrigation. Ils apprirent aux gens venus des hautes altitudes et des régions nordiques à améliorer leurs méthodes pour traiter les peaux destinées à servir de vêtements ; les professeurs d’arts et de sciences introduisirent plus tard le tissage. 66:5.3 Les méthodes de conservation de la nourriture firent de grands progrès. Les aliments furent conservés par cuisson, séchage et fumage, devenant ainsi la première forme de la propriété. Les hommes apprirent à se prémunir contre les famines qui décimaient périodiquement le monde. 66:5.4 2. Le conseil de la domestication et de l’utilisation des animaux. Ce conseil avait pour tâche de choisir et d’élever les animaux les mieux adaptés pour aider les êtres humains à porter des fardeaux et à se faire transporter, pour fournir de la nourriture et plus tard pour servir à cultiver le sol. Ce corps expert était dirigé par Bon. 66:5.5 Des animaux utiles de plusieurs espèces maintenant éteintes furent dressés, ainsi que d’autres qui se perpétuèrent comme animaux domestiques jusqu’à notre époque. L’homme vivait depuis longtemps en compagnie du chien, et l’homme bleu avait déjà réussi à apprivoiser l’éléphant. Les bovins furent améliorés par une reproduction soignée, au point de devenir une précieuse source de nourriture ; le beurre et le fromage devinrent des éléments courants du régime humain. Les hommes apprirent à employer les bœufs pour porter des fardeaux, mais le cheval ne fut domestiqué qu’à une date ultérieure. Les membres de ce corps furent les premiers à enseigner aux hommes l’usage de la roue pour faciliter la traction. 66:5.6 Ce fut à cette époque que les pigeons voyageurs furent employés pour la première fois ; ils étaient emportés pour les longs voyages et servaient à envoyer des messages ou à demander de l’aide. Le groupe de Bon réussit à dresser les grands fandors comme oiseaux transporteurs de passagers, mais leur race s’éteignit il y a plus de trente-mille ans. 66:5.7 3. Les consultants chargés de triompher des bêtes de proie. Il n’était pas suffisant que l’homme primitif essaye de domestiquer certains animaux ; il fallait encore qu’il apprenne à se protéger de la destruction par le reste du monde animal hostile. Le groupe instructeur correspondant était commandé par Dan. 66:5.8 Les murailles des anciennes cités avaient pour but aussi bien de protéger contre les bêtes féroces que d’empêcher les attaques inopinées d’humains hostiles. Ceux qui vivaient hors des murs et dans la forêt devaient compter sur des habitations arboricoles, des huttes de pierre et des feux entretenus toute la nuit. C’est pourquoi il était tout à fait normal que ces éducateurs consacrent beaucoup de temps à instruire leurs élèves en matière d’améliorations de l’habitat humain. Grâce à l’emploi de meilleures techniques et de pièges, de grands progrès furent accomplis dans la soumission du monde animal. 66:5.9 4. Le collège chargé de propager et de conserver la connaissance. Ce groupe organisa et dirigea les efforts purement éducatifs de ces âges primitifs. Il était présidé par Fad. Les procédés éducatifs de Fad consistaient à superviser les emplois tout en enseignant des méthodes de travail améliorées. Fad formula le premier alphabet et introduisit un système d’écriture. Son alphabet comprenait vingt-cinq caractères. Ces peuples primitifs écrivaient sur des écorces d’arbres, des tablettes d’argile, des plaques de pierre, un genre de parchemin fait de peaux martelées et une sorte de papier rudimentaire tiré des nids de guêpes. La bibliothèque de Dalamatia, détruite peu après la révolte de Caligastia, contenait plus de deux-millions de manuscrits séparés ; on l’appelait la « maison de Fad ». 66:5.10 Les hommes bleus avaient une prédilection marquée pour l’écriture alphabétique ; ce sont eux qui firent les plus grands progrès dans cette direction. Les hommes rouges préféraient l’écriture picturale, tandis que les races jaunes s’orientèrent vers l’emploi de symboles pour les mots et les idées, très semblables à ceux qu’elles emploient actuellement. Mais l’alphabet et bien d’autres choses importantes furent ensuite perdus pour le monde pendant les désordres qui accompagnèrent la rébellion. L’apostasie de Caligastia détruisit l’espoir d’un langage universel, au moins pour des âges innombrables. 66:5.11 5. La commission de l’industrie et du commerce. Ce conseil était chargé de développer l’industrie parmi les tribus et de promouvoir le commerce entre les divers groupes pacifiques. Son chef était Nod. Toutes les formes de manufacture primitive furent encouragées par les membres de ce corps. Ils contribuèrent directement à élever le niveau de vie en fournissant de nombreuses marchandises nouvelles destinées à frapper l’imagination des hommes primitifs. Ils étendirent énormément le commerce du sel, amélioré par le conseil des sciences et des arts. 66:5.12 C’est parmi les groupes éclairés instruits dans les écoles de Dalamatia que fut pratiqué le premier crédit commercial. Une bourse centrale de crédit fournissait des jetons symboliques qui étaient acceptés au lieu des objets réels de troc. Le monde n’améliora ces méthodes d’affaires que des centaines de milliers d’années plus tard. 66:5.13 6. Le collège de la religion révélée. Ce corps fut lent à fonctionner. La civilisation d’Urantia fut littéralement forgée entre l’enclume de la nécessité et les marteaux de la peur. Ce groupe avait cependant fait des progrès considérables dans sa tentative pour substituer la crainte du Créateur à la peur de la créature (culte des fantômes) quand ses travaux furent interrompus par les désordres accompagnant le mouvement de soulèvement et de sécession. Le président de ce conseil s’appelait Hap. 66:5.14 Aucun membre de l’état-major du Prince ne voulut présenter des révélations susceptibles de compliquer l’évolution ; ils ne le firent que comme un apogée après avoir épuisé les forces de l’évolution. Mais Hap céda aux désirs des habitants de la cité de voir établir une forme de service religieux. Son groupe donna aux Dalamatiens les sept cantiques du culte ainsi que la formule de louange quotidienne, puis leur enseigna finalement la « prière au Père » qui était : 66:5.15 « Père de tous, dont nous honorons le Fils, considère-nous avec faveur. Délivre-nous de la crainte de tout, sauf de toi. Fais de nous une joie pour nos divins maitres et place pour toujours la vérité sur nos lèvres. Délivre-nous de la violence et de la colère ; donne-nous le respect de nos ainés et de ce qui appartient à nos voisins. Pour réjouir notre cœur, donne-nous cette saison de verts pâturages et des troupeaux féconds. Nous prions pour hâter la venue de celui qui nous est promis et doit nous élever, et nous souhaitons de faire ta volonté sur ce monde comme d’autres la font sur d’autres mondes au-delà du nôtre. » 66:5.16 Bien que l’état-major du Prince fût limité aux moyens naturels et aux méthodes ordinaires d’amélioration des races, il présenta la promesse du don adamique d’une nouvelle race comme but de la croissance évolutionnaire après que le développement biologique aurait atteint son apogée. 66:5.17 7. Les gardiens de la santé et de la vie. Ce conseil s’occupa d’introduire un système sanitaire et d’encourager une hygiène primitive ; il était dirigé par Lut. 66:5.18 Ses membres enseignèrent beaucoup de choses qui furent perdues dans le désordre des âges ultérieurs et ne furent jamais redécouvertes avant le vingtième siècle. Ils apprirent à l’humanité que cuire, rôtir et faire bouillir étaient des moyens d’éviter les maladies ; ils enseignèrent également que la cuisson des aliments diminuait grandement la mortalité infantile et facilitait le sevrage précoce. 66:5.19 Bon nombre des premiers enseignements donnés par les gardiens de la santé du groupe de Lut furent conservés parmi les tribus terrestres jusqu’à l’époque de Moïse, bien que très dénaturés et profondément modifiés. 66:5.20 Le principal obstacle à la promotion de l’hygiène, chez ces peuples ignorants, consistait dans le fait que les facteurs réels de nombreuses maladies étaient trop petits pour être vus à l’œil nu, et aussi que ces hommes avaient tous un respect superstitieux pour le feu. Il fallut des milliers d’années pour les persuader de bruler les détritus. Entretemps, on les pressa vivement d’enterrer leurs immondices en putréfaction. Le grand progrès sanitaire de cette époque provint de la propagation des connaissances concernant les propriétés salubres et antiseptiques de la lumière solaire. 66:5.21 Avant l’arrivée du Prince, les bains avaient été un cérémonial exclusivement religieux. Il fut vraiment très difficile de persuader les hommes de laver leur corps pour leur santé. Finalement, Lut incita les éducateurs religieux à inclure les ablutions dans les cérémonies purificatrices qui devaient être accomplies une fois par semaine en liaison avec les dévotions de midi concernant le culte du Père de tous. 66:5.22 Ces gardiens de la santé cherchèrent également à remplacer, par la poignée de main, l’échange de salive ou la boisson de sang qui étaient le sceau de l’amitié personnelle et le gage de la loyauté de groupe. Mais, une fois dégagées de l’influence pressante des enseignements de leurs chefs supérieurs, ces peuplades primitives ne tardèrent pas à reprendre leurs pratiques destructives de santé et propagatrices de maladies, nées de l’ignorance et de la superstition. 66:5.23 8. Le conseil planétaire des arts et des sciences. Ce corps contribua beaucoup à améliorer les techniques industrielles des hommes primitifs et à élever leur concept de la beauté. Son chef s’appelait Mek. 66:5.24 Les arts et les sciences étaient à un niveau très bas dans le monde entier, mais les rudiments de la physique et de la chimie furent enseignés aux Dalamatiens. La poterie et les arts décoratifs furent tous améliorés, et les idéaux de la beauté humaine bien rehaussés, mais la musique ne fit guère de progrès avant l’arrivée de la race violette. 66:5.25 Malgré les incitations réitérées de leurs éducateurs, ces hommes primitifs ne consentirent pas à faire des expériences sur l’énergie de la vapeur ; ils ne purent jamais surmonter leur grande peur du pouvoir explosif de la vapeur en vase clos. Toutefois, ils se laissèrent finalement persuader de travailler les métaux au feu, bien qu’un morceau de métal chauffé au rouge fût pour l’homme primitif un objet de terreur. 66:5.26 Mek contribua beaucoup à élever la culture des Andonites et à améliorer les arts des hommes bleus. Un croisement des hommes bleus avec les souches andoniques produisit des hommes très doués artistiquement, et beaucoup d’entre eux devinrent des maitres sculpteurs. Ils ne travaillaient ni la pierre ni le marbre, mais leurs œuvres d’argiles, durcies par cuisson, ornaient les jardins de Dalamatia. 66:5.27 Les arts ménagers firent de grands progrès dont la plupart furent perdus pendant les longs âges sombres de la rébellion et ne furent jamais retrouvés avant les temps modernes. 66:5.28 9. Les gouverneurs des relations tribales supérieures. C’était le groupe chargé d’élever la société humaine au niveau d’un État. Son chef était Tut. 66:5.29 Ces dirigeants contribuèrent beaucoup à provoquer des mariages entre membres de tribus différentes. Ils encouragèrent les humains à se faire la cour et à se marier après mure réflexion et amples occasions de faire connaissance. Les danses purement guerrières furent affinées et mises au service de fins sociales précieuses. De nombreux jeux d’émulation furent introduits, mais les anciens peuples étaient austères ; le sens de l’humour ne fleurissait guère dans ces tribus primitives. Ces pratiques ne survécurent guère aux désordres causés par l’insurrection planétaire. 66:5.30 Tut et ses associés travaillèrent à promouvoir des associations collectives de nature pacifique, à réglementer et à humaniser la guerre, à coordonner les relations entre tribus et à améliorer les gouvernements tribaux. Une culture plus avancée se développa dans les parages de Dalamatia, et cette amélioration des relations sociales eut une influence très heureuse sur les tribus plus lointaines. Mais le type de civilisation qui prévalait au quartier général du Prince était tout à fait différent de la société barbare qui évoluait ailleurs, tout comme au Cap, en Afrique du Sud, la société contemporaine est totalement différente de la culture rudimentaire des Boschimans de petite taille vivant plus au nord. 66:5.31 10.La cour suprême de coordination tribale et de coopération raciale. Ce conseil suprême était dirigé par Van et servait de cour d’appel pour les neuf autres commissions spéciales chargées de superviser les affaires humaines. Ce conseil avait un vaste champ d’action, car il était chargé de toutes les affaires terrestres ne ressortissant pas spécifiquement des autres groupes. Ce corps choisi avait reçu d’Édentia l’approbation des Pères de la Constellation avant d’être autorisé à remplir les fonctions de cour suprême d’Urantia. 6. Le règne du Prince 66:6.1 Le degré de culture d’un monde se mesure à l’héritage social de ses autochtones ; le taux de son expansion culturelle est entièrement déterminé par l’aptitude des habitants à assimiler des idées nouvelles et avancées. 66:6.2 L’assujettissement à la tradition produit la stabilité et la coopération en liant sentimentalement le présent au passé, mais, en même temps, il étouffe l’initiative et asservit les pouvoirs créateurs de la personnalité. Le monde entier était pris dans une impasse de mœurs traditionnelles quand les cent de Caligastia arrivèrent et commencèrent à proclamer le nouvel évangile de l’initiative individuelle à l’intérieur des groupes sociaux du moment. Mais cette règle bénéfique fut si rapidement interrompue que les races n’ont jamais été entièrement libérées de l’esclavage des coutumes ; la mode continue encore à dominer indument Urantia. 66:6.3 Les cent de Caligastia – diplômés des mondes des maisons de Satania – connaissaient bien les arts et la culture de Jérusem, mais une telle connaissance est presque sans valeur sur une planète barbare peuplée d’humains primitifs. Ces êtres sages étaient trop avisés pour entreprendre la transformation soudaine, ou le relèvement en masse, des races primitives de ce temps. Ils comprenaient bien la lenteur de l’évolution de l’espèce humaine et ils s’abstinrent sagement de toute tentative pour modifier radicalement le mode de vie des hommes sur terre. 66:6.4 Chacune des dix commissions planétaires se mit à faire progresser lentement et naturellement les intérêts dont elle avait la charge. Leur plan consistait à attirer les membres des tribus environnantes au mental le mieux développé, et, après les avoir formés, à les renvoyer chez leurs peuples respectifs comme émissaires de progrès social. 66:6.5 Jamais des émissaires étrangers ne furent envoyés à une race, sauf à la demande spécifique du peuple en question. Ceux qui travaillèrent à l’élévation et au progrès d’une tribu ou d’une race données étaient toujours natifs de cette tribu ou de cette race. Les cent n’auraient jamais tenté d’imposer à une tribu les habitudes et les mœurs d’une autre race, même supérieure. Ils travaillaient toujours patiemment à élever et à faire progresser, dans chaque race, les mœurs ayant subi l’épreuve du temps. Les peuples simples d’Urantia apportèrent leurs coutumes sociales à Dalamatia non pour les échanger contre des pratiques nouvelles et meilleures, mais pour qu’elles fussent magnifiées au contact d’une culture plus élevée et en association avec des hommes au mental supérieur. Le processus était lent, mais très efficace. 66:6.6 Les instructeurs de Dalamatia cherchèrent à ajouter une sélection sociale consciente à la sélection purement naturelle de l’évolution biologique. Ils ne déréglèrent pas la société humaine, mais accélérèrent notablement son évolution normale et naturelle. Leur mobile était la progression par l’évolution et non la révolution par la révélation. Il avait fallu des âges à la race humaine pour acquérir le peu de religion et de morale qu’elle possédait, et ces surhommes étaient trop avisés pour dérober à l’humanité ces quelques progrès en la jetant dans la confusion et la consternation qui apparaissent toujours quand des êtres éclairés et supérieurs entreprennent d’élever les races arriérées en les instruisant et en les éclairant à l’excès. 66:6.7 Lorsque des missionnaires chrétiens s’en vont au cœur de l’Afrique, où fils et filles sont censés rester sous l’autorité et la direction de leurs parents pendant toute la vie de ces derniers, ils n’apportent que le désordre et l’effondrement de toute autorité quand ils cherchent, au cours d’une seule génération, à remplacer cette pratique par l’enseignement que les enfants doivent être libérés de toute entrave familiale après l’âge de vingt-et-un ans. 7. La vie à Dalamatia 66:7.1 Bien que d’une beauté exquise et conçu pour inspirer du respect aux primitifs de cet âge, le quartier général du Prince était somme toute modeste. Les bâtiments n’étaient pas particulièrement importants du fait que les instructeurs importés avaient pour but d’encourager le développement éventuel de l’agriculture par l’introduction de l’élevage. Les réserves de terre dans l’enceinte de la cité étaient suffisantes pour que les pâtures et les jardins maraichers puissent nourrir une population d’environ vingt-mille habitants. 66:7.2 Les intérieurs du temple cultuel central et des bâtiments des dix groupes de surhommes superviseurs étaient vraiment de belles œuvres d’art. Les bâtiments résidentiels étaient des modèles de netteté et de propreté, mais tout y était très simple et tout à fait primitif en comparaison des développements ultérieurs. À ce quartier général de culture, on n’employait que des méthodes appartenant naturellement à Urantia. 66:7.3 Les membres corporels de l’état-major du Prince habitaient des demeures simples, mais exemplaires, qu’ils entretenaient comme foyers familiaux destinés à inspirer et à impressionner favorablement les étudiants observateurs séjournant au centre social et au quartier général éducatif du monde. 66:7.4 L’ordre défini de la vie familiale et le groupement d’une seule famille dans une seule résidence à un endroit relativement stable datent du temps de Dalamatia et furent principalement dus à l’exemple et aux enseignements des cent et de leurs élèves. Le foyer, en tant qu’unité sociale, ne fut jamais une réussite avant que les superhommes et les superfemmes de Dalamatia eussent amené les humains à aimer leurs petits-enfants et les enfants de leurs petits-enfants et à faire des projets pour eux. Le sauvage aime son fils, mais le civilisé aime également son petit-fils. 66:7.5 Les membres de l’état-major du Prince vivaient par couples comme des pères et des mères. Il est vrai qu’eux-mêmes n’avaient pas d’enfants, mais les cinquante maisons modèles de Dalamatia n’abritaient jamais moins de cinq-cents enfants adoptés, dont beaucoup d’orphelins, choisis parmi les familles supérieures des races andoniques et Sangik. Ces enfants bénéficiaient de la discipline et de la formation de ces superparents et ensuite, après avoir passé trois ans dans les écoles du Prince (ils y entraient entre treize et quinze ans), ils étaient tout à fait aptes au mariage et prêts à recevoir leur mandat d’émissaires du Prince auprès des tribus nécessiteuses de leurs races respectives. 66:7.6 Fad patronnait le plan d’éducation de Dalamatia, qui était exécuté sous forme d’une école industrielle dans laquelle les élèves apprenaient par la pratique et se formaient eux-mêmes par l’accomplissement quotidien de tâches utiles. Ce plan d’éducation ne négligeait pas la place de la réflexion et de la sensibilité dans le développement du caractère, mais il mettait au premier plan la formation manuelle. L’instruction était individuelle et collective. L’enseignement était donné par des hommes et des femmes, et par les deux agissant conjointement. La moitié de cette instruction collective se faisait en séparant les élèves par sexe, l’autre moitié en éducation mixte. Les étudiants apprenaient individuellement la dextérité manuelle et se réunissaient en groupes ou classes pour acquérir le sens de la société. Ils étaient entrainés à fraterniser avec des groupes tantôt plus jeunes, tantôt plus âgés, et avec des adultes, ainsi qu’à travailler en équipe avec ceux de leur âge. On les familiarisait également avec des associations telles que les groupes familiaux, les équipes de jeu et les classes d’école. 66:7.7 Parmi les derniers étudiants formés en Mésopotamie pour travailler avec leurs races respectives, se trouvaient des Andonites des hautes terres de l’Inde occidentale mêlés à des représentants des hommes rouges et des hommes bleus ; plus tard encore, un petit nombre d’hommes jaunes fut également admis. 66:7.8 Hap offrit aux races primitives une loi morale. Ce code s’appelait « La Voie du Père » et consistait dans les sept commandements suivants : 66:7.9 1. Tu ne craindras ni ne serviras aucun Dieu, sauf le Père de tous. 66:7.10 2. Tu ne désobéiras pas au Fils du Père, le souverain du monde, et tu ne manqueras pas de respect envers ses associés suprahumains. 66:7.11 3. Tu ne mentiras pas quand tu seras appelé devant les juges du peuple. 66:7.12 4. Tu ne tueras ni homme, ni femme, ni enfant. 66:7.13 5. Tu ne déroberas ni les biens ni le bétail de ton voisin. 66:7.14 6. Tu ne toucheras pas à la femme de ton ami. 66:7.15 7. Tu ne feras pas montre d’irrévérence envers tes parents ni envers les anciens de la tribu. 66:7.16 Ceci resta la loi de Dalamatia pendant près de trois-cent-mille ans. De nombreuses pierres sur lesquelles cette loi fut gravée reposent actuellement sous la mer au large de la Mésopotamie et de la Perse. La coutume se forma de garder en mémoire un de ces commandements pour chaque jour de la semaine et de l’employer comme salut et comme action de grâces aux repas. 66:7.17 À cette époque, la mesure du temps était le mois lunaire compté pour vingt-huit jours. À l’exception du jour et de la nuit, c’était la seule unité de temps connue des peuples primitifs. La semaine de sept jours fut introduite par les instructeurs de Dalamatia pour la simple raison que sept est le quart de vingt-huit. La signification du chiffre sept dans le superunivers leur offrit sans aucun doute l’occasion d’insérer un rappel spirituel dans le calcul habituel du temps, mais la période hebdomadaire n’a pas d’origine naturelle. 66:7.18 La campagne était très bien colonisée dans un rayon de cent-soixante kilomètres autour de la cité. Aux alentours immédiats, des centaines d’anciens élèves des écoles du Prince s’engageaient dans l’élevage et mettaient encore autrement en pratique l’instruction qu’ils avaient reçue de son état-major et de ses nombreux assistants humains. Quelques-uns se lancèrent dans l’agriculture et l’horticulture. 66:7.19 L’humanité ne fut pas contrainte au dur labeur de la terre, en pénitence d’un péché supposé. « Tu mangeras le fruit des champs à la sueur de ton front » ne fut pas un châtiment prononcé contre l’homme pour avoir participé aux folies de la rébellion de Lucifer sous la direction du traitre Caligastia. La culture du sol est inhérente à l’établissement d’une civilisation progressive sur les mondes évolutionnaires, et cette injonction fut le centre de tout l’enseignement du Prince Planétaire et de son état-major pendant les trois-cent-mille ans qui séparèrent leur arrivée sur Urantia des jours tragiques où Caligastia prit parti pour le rebelle Lucifer. Le travail de la terre n’est pas une malédiction ; c’est plutôt une suprême bénédiction pour tous ceux qui peuvent ainsi se livrer à la plus humaine de toutes les activités humaines. 66:7.20 Au moment où la rébellion éclata, Dalamatia avait une population fixe de presque six-mille habitants. Ce chiffre comprend les étudiants à demeure, mais ne tient pas compte des visiteurs et des observateurs dont le nombre s’élevait toujours à plus de mille. Mais vous ne pouvez guère, ou pas du tout, vous rendre compte des merveilleux progrès de ces temps très lointains. Les admirables bénéfices de cette époque pour l’humanité furent pratiquement tous effacés par l’horrible confusion et les abjectes ténèbres spirituelles qui suivirent la tromperie et la sédition catastrophiques de Caligastia. 8. Les mécomptes de Caligastia 66:8.1 Quand nous nous penchons sur la longue carrière de Caligastia, nous ne trouvons, dans sa conduite, qu’un seul trait caractéristique susceptible d’attirer l’attention ; il était ultra-individualiste. Il avait tendance à prendre parti pour presque tous les protestataires et il accordait généralement sa sympathie à ceux qui exprimaient avec modération des critiques implicites. Nous détectons que cette tendance à mal supporter l’autorité, à s’offenser légèrement de toute forme de contrôle, apparut de bonne heure chez lui. S’il était légèrement froissé des conseils de ses ainés et quelque peu rétif à toute autorité supérieure, il n’en avait pas moins fait preuve de loyauté envers les chefs de l’univers et d’obéissance aux ordres des Pères de la Constellation chaque fois qu’il avait été mis à l’épreuve. Nulle véritable faute ne fut jamais trouvée en lui jusqu’au moment de sa honteuse trahison d’Urantia. 66:8.2 Il convient de remarquer que Lucifer et Caligastia avaient tous deux été patiemment instruits et affectueusement avertis de leur tendance à critiquer et du développement subtil de leur orgueil, qui avait pour corollaire un sentiment exagéré de leur propre importance. Mais tous ces efforts pour les aider avaient été interprétés à tort comme des critiques sans fondement et des ingérences injustifiées dans leurs libertés personnelles. Caligastia et Lucifer estimèrent tous deux que leurs conseillers amicaux étaient animés par les mobiles fort répréhensibles qui commençaient à dominer leur propre pensée déformée et leur propre conception erronée. Ils jugèrent leurs généreux conseillers d’après l’évolution de leur propre égoïsme. 66:8.3 À partir de l’arrivée du Prince Caligastia, la civilisation planétaire progressa d’une manière assez normale pendant près de trois-cent-mille ans. À part le fait qu’Urantia était une sphère à vie modifiée, donc sujette à de nombreuses irrégularités et à des épisodes inhabituels de fluctuations évolutionnaires, la carrière de la planète se poursuivit de façon très satisfaisante jusqu’au moment de la rébellion de Lucifer et de la trahison simultanée de Caligastia. Toute la partie de l’histoire qui leur est postérieure a été irrémédiablement modifiée par cette erreur catastrophique ainsi que par l’échec ultérieur d’Adam et d’Ève dans l’accomplissement de leur mission planétaire. 66:8.4 Le Prince d’Urantia sombra dans les ténèbres au moment de la rébellion de Lucifer, précipitant ainsi la planète dans un long désordre. Il fut ensuite privé de l’autorité souveraine par l’action coordonnée des chefs de la constellation et d’autres autorités de l’univers. Il partagea les inévitables vicissitudes de l’isolement d’Urantia jusqu’à l’époque du séjour d’Adam sur la planète et contribua à faire échouer le plan de relèvement des races humaines par l’infusion du sang vital de la nouvelle race violette – les descendants d’Adam et d’Ève. 66:8.5 Le pouvoir qu’avait le Prince déchu de troubler les affaires humaines fut considérablement restreint par l’influence de Machiventa Melchizédek, qui s’incarna à l’époque d’Abraham. Par la suite, au cours de l’incarnation de Micaël, ce Prince traitre fut finalement dépouillé de toute autorité sur Urantia. 66:8.6 La doctrine d’un démon personnel sur Urantia, bien qu’elle ait quelque fondement dans la présence planétaire du traitre et inique Caligastia, est néanmoins totalement fictive lorsqu’elle enseigne qu’un tel « démon » peut influencer le mental humain normal à l’encontre de son libre choix naturel. Même avant l’effusion de Micaël sur Urantia, ni Caligastia ni Daligastia ne furent jamais capables d’opprimer les mortels ni de forcer aucun individu normal à faire quoi que ce soit à l’encontre de sa volonté humaine. Le libre arbitre humain est suprême en matière de morale. Même l’Ajusteur de Pensée intérieur se refuse à contraindre l’homme à former une seule pensée ou à accomplir un seul acte contraire au choix de la volonté personnelle de l’homme. 66:8.7 Maintenant, ce rebelle du royaume, dépouillé de tout pouvoir de nuire à ses anciens sujets, attend que les Anciens des Jours d’Uversa jugent en dernier ressort tous ceux qui ont participé à la rébellion de Lucifer. 66:8.8 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.] Fascicule 67. La rébellion planétaire 67:0.1 Il est impossible de comprendre les problèmes associés à l’existence de l’homme sur Urantia sans avoir des notions sur certaines grandes époques du passé, notamment sur l’occurrence et les conséquences de la rébellion planétaire. Bien que ce soulèvement n’ait pas eu de conséquences sérieuses sur le progrès de l’évolution organique, il modifia notablement le cours de l’évolution sociale et du développement spirituel. Toute l’histoire supraphysique de la planète fut profondément influencée par cette calamité dévastatrice. 1. La trahison de Caligastia 67:1.1 Caligastia avait eu la charge d’Urantia depuis trois-cent-mille ans lorsque Satan, l’assistant de Lucifer, fit l’une de ses visites d’inspection périodiques. Quand Satan arriva sur la planète, son aspect ne ressemblait en rien à vos caricatures de son infâme majesté. Il était, et il est toujours, un fils Lanonandek d’un grand éclat. « Et ce n’est pas étonnant, car Satan lui-même est une brillante créature de lumière. » 67:1.2 Au cours de cette inspection, Satan informa Caligastia de la « Déclaration de Liberté » que Lucifer se proposait alors de faire et, ainsi que nous le savons maintenant, le Prince tomba d’accord pour trahir la planète dès que la rébellion serait annoncée. Les personnalités loyales de l’univers éprouvent un dédain particulier pour le Prince Caligastia à cause de cette trahison préméditée de sa mission. Le Fils Créateur exprima ce mépris lorsqu’il dit : « Tu ressembles à ton chef, Lucifer, et tu as perpétué son iniquité d’une façon coupable. Il fut un falsificateur dès qu’il commença à s’exalter lui-même, parce qu’il ne demeurait pas dans la vérité. » 67:1.3 Dans tout le travail administratif d’un univers local, nulle haute mission de confiance n’est jugée plus sacrée que celle d’un Prince Planétaire qui assume la responsabilité du bien-être et de la direction des mortels évolutionnaires sur un monde nouvellement habité. De toutes les formes du mal, aucune n’a d’effet plus destructeur sur le statut de la personnalité que l’abus de confiance et la déloyauté envers des amis confiants. En commettant délibérément ce péché, Caligastia faussa si complètement sa personnalité que son mental ne fut plus jamais pleinement capable de retrouver son équilibre. 67:1.4 Il existe de nombreuses façons d’envisager le péché, mais, du point de vue philosophique universel, le péché est le comportement d’une personnalité qui résiste sciemment à la réalité cosmique. On peut considérer l’erreur comme une fausse conception ou comme une déformation de la réalité. Le mal est une réalisation incomplète des réalités universelles ou un ajustement défectueux à ces dernières. Mais le péché est une résistance intentionnelle à la réalité divine – un choix conscient de s’opposer au progrès spirituel – tandis que l’iniquité consiste à défier ouvertement et avec persistance la réalité reconnue ; elle représente un tel degré de désintégration de la personnalité qu’elle frise la démence cosmique. 67:1.5 L’erreur suggère un manque d’acuité intellectuelle ; le mal, un défaut de sagesse ; et le péché, une pauvreté spirituelle abjecte ; mais l’iniquité dénote que le contrôle de la personnalité est en voie de disparaitre. 67:1.6 Quand le péché a tant de fois été choisi et si souvent répété, il peut devenir une habitude. Les pécheurs impénitents peuvent facilement devenir iniques et se rebeller de tout leur être contre l’univers et toutes ses réalités divines. Alors que toutes les formes de péché peuvent être pardonnées, nous doutons qu’un être inique confirmé puisse jamais éprouver de regrets sincères pour ses méfaits ou accepter le pardon de ses péchés. 2. Le début de la rébellion 67:2.1 Peu après l’inspection de Satan et alors que l’administration planétaire était à la veille de réaliser de grandes choses sur Urantia, un jour au milieu de l’hiver des continents septentrionaux, Caligastia tint une longue conférence avec son associé Daligastia, à la suite de laquelle ce dernier convoqua les dix conseils d’Urantia en session extraordinaire. Cette assemblée fut ouverte par la déclaration que le Prince Caligastia était sur le point de se proclamer souverain absolu d’Urantia et exigeait que tous les groupes administratifs abdiquent en remettant toutes leurs fonctions et tous leurs pouvoirs entre les mains de Daligastia, désigné comme mandataire en attendant la réorganisation du gouvernement planétaire et la redistribution consécutive de ces charges d’autorité administrative. 67:2.2 La présentation de cette ahurissante exigence fut suivie du magistral appel de Van, président du conseil suprême de coordination. Cet éminent administrateur et juriste de talent stigmatisa la proposition de Caligastia en la dénonçant comme un acte frisant la rébellion planétaire. Il conjura ses collègues de s’abstenir de toute participation tant que l’on n’aurait pas interjeté appel auprès de Lucifer, Souverain du Système de Satania ; il obtint l’appui de l’état-major tout entier. En conséquence, un appel fut fait à Jérusem d’où revinrent immédiatement des ordres désignant Caligastia comme souverain suprême d’Urantia et enjoignant une obéissance absolue et sans réserve à ses commandements. C’est en réponse à ce message stupéfiant que le noble Van fit son fameux discours de sept heures dans lequel il accusait formellement Daligastia, Caligastia et Lucifer d’outrager la souveraineté de l’univers de Nébadon ; il fit alors appel aux Très Hauts d’Édentia pour être soutenu et confirmé. 67:2.3 Entretemps, les circuits du système avaient été coupés ; Urantia était isolée. Tous les groupes de vie céleste présents sur la planète se trouvèrent soudain isolés sans préavis, c’est-à-dire totalement privés de tous avis et conseils extérieurs. 67:2.4 Daligastia proclama officiellement Caligastia « Dieu d’Urantia et suprême au-dessus de tout ». Face à cette proclamation, l’alternative était claire ; chaque groupe se retira et commença ses délibérations, discussions destinées finalement à déterminer le sort de toutes les personnalités suprahumaines sur la planète. 67:2.5 Les séraphins, les chérubins et les autres êtres célestes furent impliqués dans les décisions de cette lutte implacable, de ce long et coupable conflit. De nombreux groupes suprahumains qui se trouvaient par hasard sur Urantia au moment de son isolement y furent retenus et, à l’instar des séraphins et de leurs associés, contraints de choisir entre le péché et la droiture – entre les voies de Lucifer et la volonté du Père invisible. 67:2.6 Cette lutte se poursuivit pendant plus de sept ans. Tant que chaque personnalité touchée n’eut pas pris sa décision définitive, les autorités d’Édentia ne voulurent pas interférer et n’intervinrent pas. C’est alors seulement que Van et ses associés loyaux reçurent leur justification et furent dégagés de leur longue anxiété et de leur intolérable incertitude. 3. Les sept années décisives 67:3.1 La nouvelle que la rébellion avait éclaté sur Jérusem, capitale de Satania, fut diffusée par le conseil des Melchizédeks. Les Melchizédeks chargés des affaires urgentes furent immédiatement envoyés à Jérusem, et Gabriel se porta volontaire pour représenter le Fils Créateur dont l’autorité avait été mise au défi. En même temps que l’annonce de l’état de rébellion dans Satania, le système fut mis en quarantaine, isolé de ses systèmes frères. Il y eut « guerre dans le ciel » dans le quartier général de Satania et elle s’étendit à toutes les planètes du système local. 67:3.2 Sur Urantia, quarante membres de l’état-major corporel des cent (y compris Van) refusèrent de se joindre à l’insurrection. De nombreux assistants humains (modifiés et autres) de l’état-major furent également de nobles et braves défenseurs de Micaël et du gouvernement de son univers. Il y eut une terrible perte de personnalités parmi les séraphins et les chérubins. Près de la moitié des séraphins administratifs et des séraphins provisoirement attachés à la planète firent cause commune avec leur chef et avec Daligastia pour défendre la cause de Lucifer. Quarante-mille-cent-dix-neuf médians primaires se joignirent à Caligastia, mais les autres restèrent fidèles à leur mission. 67:3.3 Le Prince félon rassembla les médians déloyaux et d’autres groupes de personnalités rebelles, et les organisa pour exécuter ses ordres, tandis que Van rassemblait les médians loyaux et d’autres groupes fidèles, et commençait la grande bataille pour sauver l’état-major planétaire et les autres personnalités célestes bloquées sur Urantia. 67:3.4 Durant la lutte, les loyalistes s’installèrent dans un établissement peu protégé et sans remparts situé à quelques kilomètres à l’est de Dalamatia, mais leurs habitations étaient gardées jour et nuit par les médians loyaux toujours vigilants et attentifs, et ils avaient en leur possession l’inestimable arbre de vie. 67:3.5 Lors de l’éclatement de la rébellion, des chérubins et des séraphins loyaux, aidés de trois médians fidèles, assurèrent la garde de l’arbre de vie et permirent seulement aux quarante loyalistes de l’état-major et à leurs associés humains modifiés d’avoir accès aux fruits et aux feuilles de cette plante énergétique. Ces Andonites modifiés associés à Van étaient au nombre de cinquante-six, seize des assistants andonites de l’état-major déloyal refusant de suivre leurs maitres dans la rébellion. 67:3.6 Au long des sept années décisives de la rébellion de Caligastia, Van se consacra totalement à prendre soin de son armée loyale d’hommes, de médians et d’anges. La clairvoyance spirituelle et la constance morale qui permirent à Van de conserver cette attitude inébranlable de loyauté envers le gouvernement de l’univers étaient le produit d’une pensée claire, d’un raisonnement sage, d’un jugement logique, d’une motivation sincère, d’un but désintéressé, d’une loyauté intelligente, d’une mémoire expérientielle, d’un caractère discipliné et d’une personnalité consacrée sans réserve à faire la volonté du Père Paradisiaque. 67:3.7 Ces sept années d’attente furent un temps d’examen de conscience et de discipline de l’âme. De pareilles crises dans les affaires de l’univers démontrent la prodigieuse influence du mental comme facteur de choix spirituel. Éducation, formation et expérience sont des facteurs qui entrent dans la plupart des décisions vitales de toute créature morale évolutionnaire, mais il est parfaitement possible à l’esprit intérieur d’entrer en contact direct avec les pouvoirs qui déterminent les décisions de la personnalité humaine et de permettre ainsi à la volonté totalement consacrée de la créature d’accomplir des actes stupéfiants de dévotion loyale à la volonté et aux voies du Père Paradisiaque. C’est précisément ce qui arriva dans l’expérience d’Amadon, l’associé humain modifié de Van. 67:3.8 Amadon est le héros humain le plus remarquable de la rébellion de Lucifer. Ce descendant mâle d’Andon et de Fonta fut l’un des cent mortels qui avaient apporté leur plasma vivant à l’état-major du Prince, et il ne cessa pas, depuis cet évènement, d’être attaché à Van à titre d’associé et d’assistant humain. Amadon choisit de rester aux côtés de son chef pendant toute cette longue lutte éprouvante ; ce fut un spectacle inspirant de voir cet enfant des races évolutionnaires demeurer insensible aux sophismes de Daligastia, tandis qu’au cours des sept années de la lutte, lui et ses associés loyaux résistaient avec une fermeté inébranlable à tous les enseignements trompeurs du brillant Caligastia. 67:3.9 Caligastia, avec un maximum d’intelligence et une vaste expérience des affaires de l’univers, s’égara – il embrassa le péché. Amadon, avec un minimum d’intelligence et une absence totale d’expérience universelle, resta opiniâtrement au service de l’univers et fidèle à son associé. Van employa à la fois mental et esprit dans une magnifique et efficace combinaison de résolution intellectuelle et de clairvoyance spirituelle ; il atteignit ainsi le niveau expérientiel de réalisation de la personnalité de l’ordre le plus élevé auquel on puisse parvenir. Quand le mental et l’esprit sont pleinement unis, ils ont le potentiel nécessaire pour créer des valeurs suprahumaines, voire des réalités morontielles. 67:3.10 On pourrait raconter indéfiniment les évènements sensationnels de ces jours tragiques, mais enfin la dernière personnalité en jeu prit sa décision définitive, et alors, mais alors seulement, un Très Haut d’Édentia arriva en compagnie des Melchizédeks chargés des problèmes d’urgence pour se saisir de l’autorité sur Urantia. Les annales panoramiques du règne de Caligastia furent effacées sur Jérusem et la période probatoire de la réhabilitation planétaire commença. 4. Les cent de Caligastia après la rébellion 67:4.1 Après avoir procédé à l’appel nominatif final, on constata que les membres corporels de l’état-major du prince s’étaient répartis comme suit : Van et tous les membres de sa cour de coordination étaient restés loyaux. Ang et trois membres du conseil de l’alimentation avaient survécu. Tout le conseil de la domestication des animaux avait rejoint la rébellion, ainsi que tous les consultants chargés de la protection contre les bêtes de proie. Fad et cinq membres du collège d’enseignement étaient sauvés. Nod et toute la commission de l’industrie et du commerce suivaient Caligastia. Hap et tout le collège de la religion révélée restaient loyaux avec Van et son noble groupe. Lut et tout le conseil de la santé étaient perdus. Le conseil de l’art et de la science resta loyal dans sa totalité, mais Tut et tous ses membres de la commission des gouvernements tribaux s’égarèrent. Sur les cent, quarante étaient donc sauvés. Ils furent transférés plus tard sur Jérusem, d’où ils reprirent leur périple vers le Paradis. 67:4.2 Les soixante membres de l’état-major planétaire qui prirent parti pour la rébellion choisirent Nod pour chef. Ils travaillèrent de tout cœur pour le Prince rebelle, mais s’aperçurent bientôt qu’ils étaient privés du soutien des circuits vitaux du système. Ils prirent conscience du fait qu’ils avaient été rabaissés au statut des êtres mortels. Ils étaient certes suprahumains, mais en même temps matériels et mortels. Dans un effort pour accroitre leur nombre, Daligastia ordonna un recours immédiat à la reproduction sexuée, sachant parfaitement que les soixante membres originels de l’état-major qui l’avaient suivi et leurs quarante-quatre associés andoniques modifiés étaient condamnés à mourir tôt ou tard. Après la chute de Dalamatia, l’état-major déloyal émigra vers le nord et vers l’est. Les descendants de ces membres furent connus longtemps sous le nom de Nodites, et leur lieu d’habitation comme « pays de Nod ». 67:4.3 La présence de ces extraordinaires surperhommes et superfemmes, abandonnés par suite de la rébellion et s’unissant bientôt aux fils et aux filles de la terre, donna aisément naissance aux histoires traditionnelles des dieux descendant du ciel pour s’unir aux mortels. Telle fut l’origine des mille et une légendes de nature mythique, mais fondées sur les faits consécutifs à la rébellion, qui prirent place plus tard dans les contes et les traditions folkloriques de divers peuples dont les ancêtres étaient entrés en contact avec les Nodites et leurs descendants. 67:4.4 Privés de subsistance spirituelle, les rebelles de l’état-major moururent finalement de mort naturelle. Une grande part de l’idolâtrie ultérieure des races humaines doit son origine au désir de perpétuer le souvenir de ces êtres hautement honorés de l’époque de Caligastia. 67:4.5 Au moment de leur arrivée sur Urantia, les cent de l’état-major avaient été temporairement détachés de leurs Ajusteurs de Pensée. Immédiatement après l’arrivée des administrateurs provisoires Melchizédeks, les personnalités loyales (à l’exception de Van) furent renvoyées à Jérusem et réunies à leurs Ajusteurs en attente. Nous ne connaissons pas le sort des soixante rebelles de l’état-major ; leurs Ajusteurs demeurent toujours sur Jérusem. Les choses resteront sans doute en l’état jusqu’à ce que l’ensemble de la rébellion de Lucifer ait été définitivement jugé et que l’on ait statué sur le sort de tous ses participants. 67:4.6 Il était très difficile à des êtres comme les anges et les médians de concevoir que de brillants dirigeants de confiance comme Caligastia et Daligastia puissent s’égarer – commettre un péché perfide. Ces êtres qui succombèrent au péché – ils n’entrèrent pas en rébellion délibérément ni de façon préméditée – furent fourvoyés par leurs supérieurs, abusés par les chefs en qui ils avaient confiance. Il était également facile de gagner le soutien des mortels évolutionnaires à mentalité primitive. 67:4.7 En grande majorité, les êtres humains et suprahumains qui furent victimes de la rébellion de Lucifer sur Jérusem et sur les différentes planètes induites en erreur se sont depuis longtemps repentis de leur folie. Nous croyons vraiment que tous ces pénitents sincères seront réhabilités d’une manière ou d’une autre, et réintégrés à une phase déterminée du service de l’univers quand les Anciens des Jours auront jugé en dernier ressort les affaires de la rébellion de Satania, ce qu’ils ont récemment entrepris. 5. Les résultats immédiats de la rébellion 67:5.1 Une grande confusion régna dans Dalamatia et aux alentours pendant près de cinquante ans après l’instigation de la rébellion. Une tentative fut faite pour réorganiser radicalement et complètement le monde entier ; la révolution prit la place de l’évolution en tant que politique de progrès culturel et d’amélioration raciale. Un progrès soudain du niveau culturel apparut parmi les éléments supérieurs et partiellement éduqués résidant à Dalamatia ou dans le voisinage, mais, quand on essaya d’appliquer ces nouvelles méthodes radicales aux peuplades éloignées, il en résulta immédiatement un désordre indescriptible et un pandémonium racial. La liberté fut rapidement transformée en licence par les hommes primitifs à moitié évolués de cette époque. 67:5.2 Très tôt après la rébellion, tout l’état-major séditieux se trouva engagé dans une défense énergique de la cité contre les hordes de demi-sauvages qui assiégeaient ses murs en application des doctrines de liberté qui leur avaient été prématurément enseignées. Des années avant que le magnifique quartier général fût englouti par les vagues des mers du sud, les tribus mal dirigées et mal instruites de l’arrière-pays de Dalamatia s’étaient déjà abattues dans un assaut de demi-sauvages sur la cité splendide, chassant vers le nord l’état-major de la sécession et ses associés. 67:5.3 Le plan de Caligastia pour reconstruire immédiatement la société humaine selon ses idées sur les libertés individuelles et collectives se révéla rapidement un échec plus ou moins complet. La société s’effondra vite à son ancien niveau biologique, et la lutte pour le progrès dut recommencer entièrement à partir d’un point à peine plus avancé qu’au début du régime de Caligastia, car le soulèvement avait laissé le monde dans la pire des confusions. 67:5.4 Cent-soixante-deux ans après la rébellion, un raz de marée balaya Dalamatia ; le quartier général planétaire s’enfonça au-dessous du niveau de la mer et n’émergea plus avant la disparition de presque tous les vestiges de la noble culture de ces âges splendides. 67:5.5 Quand la première capitale du monde fut engloutie, elle n’abritait que des types inférieurs des races Sangiks d’Urantia, des renégats qui avaient déjà converti le temple du Père en un sanctuaire dédié à Nog, le faux dieu de la lumière et du feu. 6. Van – l’inébranlable 67:6.1 Les partisans de Van se retirèrent de bonne heure dans les hautes terres à l’ouest de l’Inde, où ils furent à l’abri des attaques lancées par les races en pleine confusion des basses terres. De ce lieu de retraite, ils songèrent à préparer la réhabilitation du monde, comme leurs antiques prédécesseurs badonites avaient jadis inconsciemment travaillé au bien-être de l’humanité juste avant la naissance des tribus Sangiks. 67:6.2 Avant l’arrivée des administrateurs provisoires Melchizédeks, Van confia la gestion des affaires humaines à dix commissions de quatre membres chacune, commissions identiques à celles du régime du Prince. Les Porteurs de Vie résidents les plus anciens assurèrent la direction temporaire de ce conseil de quarante, qui fonctionna pendant les sept années d’attente. Des groupes semblables d’Amadonites se chargèrent de ces responsabilités quand les trente-neuf membres loyaux de l’état-major retournèrent à Jérusem. 67:6.3 Ces Amadonites descendaient du groupe de 144 Andonites loyaux auquel appartenait Amadon, et auxquels il donna son nom. Ce groupe comprenait trente-neuf hommes et cent-cinq femmes. Sur ce nombre, cinquante-six avaient un statut d’immortalité et, à l’exception d’Amadon, ils furent tous transférés avec les membres loyaux de l’état-major. Les éléments restants de ce noble groupe continuèrent leur œuvre sur terre jusqu’à la fin de leur vie de mortels, sous la direction de Van et d’Amadon. Ils formèrent le levain biologique qui se multiplia et continua d’assurer la direction du monde pendant les longs âges ténébreux qui suivirent la rébellion. 67:6.4 Van fut laissé sur Urantia jusqu’à l’arrivée d’Adam et y demeura le chef en titre de toutes les personnalités suprahumaines opérant sur la planète. Amadon et lui furent sustentés pendant plus de cent-cinquante-mille ans par la technique de l’arbre de vie en liaison avec le ministère de vie spécialisé des Melchizédeks. 67:6.5 Les affaires d’Urantia furent longtemps administrées par un conseil d’administrateurs provisoires planétaires, douze Melchizédeks confirmés par ordre du dirigeant doyen de la constellation, le Très Haut Père de Norlatiadek. Les administrateurs provisoires Melchizédeks étaient assistés d’un comité consultatif consistant en : un des aides loyaux du Prince déchu, les deux Porteurs de Vie résidents, un Fils Trinitisé faisant son apprentissage, un Fils Instructeur volontaire, une Brillante Étoile du Soir d’Avalon (venant périodiquement), les chefs des séraphins et des chérubins, des conseillers venus de deux planètes voisines, le directeur général de la vie angélique subalterne et Van, commandant en chef des créatures médianes. C’est ainsi qu’Urantia fut gouvernée et administrée jusqu’à l’arrivée d’Adam. Il n’y a rien d’étrange à ce qu’une place ait été assignée au loyal et courageux Van dans le conseil des administrateurs provisoires planétaires qui administra pendant si longtemps les affaires d’Urantia. 67:6.6 Les douze administrateurs provisoires Melchizédeks d’Urantia firent un travail héroïque. Ils préservèrent les restes de la civilisation, et leur politique planétaire fut fidèlement exécutée par Van. Moins de mille ans après la rébellion, Van avait disséminé plus de trois-cent-cinquante groupes pionniers dans le monde. Ces avant-postes de la civilisation consistaient largement en descendants des Andonites loyaux légèrement croisés de races Sangiks, particulièrement d’hommes bleus, et de Nodites. 67:6.7 Malgré le terrible recul provoqué par la rébellion, il restait sur terre beaucoup de bonnes lignées biologiquement prometteuses. Sous le contrôle supérieur des administrateurs provisoires Melchizédeks, Van et Amadon continuèrent leur œuvre. Ils encouragèrent l’évolution naturelle de la race humaine, faisant progresser l’évolution physique des hommes jusqu’au point culminant justifiant l’envoi d’un Fils et d’une Fille Matériels sur Urantia. 67:6.8 Van et Amadon restèrent sur terre jusque peu après l’arrivée d’Adam et d’Ève. Quelques années après, ils furent transférés à Jérusem, où Van fut réuni à son Ajusteur qui l’attendait. Van sert maintenant pour le compte d’Urantia en attendant l’ordre de reprendre le long, long chemin vers la perfection du Paradis et vers la destinée non révélée du Corps des Mortels de la Finalité en voie d’assemblement. 67:6.9 Il convient de noter qu’au moment où Van fit appel aux Très Hauts d’Édentia, après que Lucifer eut soutenu Caligastia sur Urantia, les Pères de la Constellation notifièrent immédiatement une décision appuyant Van sur tous les points en litige. Ce verdict ne réussit pas à atteindre Van parce que les circuits planétaires de communication furent coupés pendant sa transmission. C’est tout récemment que cette directive effective fut découverte en la possession d’un transmetteur-relais d’énergie chez qui elle avait été bloquée depuis l’isolement d’Urantia. Sans cette découverte faite à la suite des recherches des médians d’Urantia, la transmission de cette décision aurait attendu le rétablissement d’Urantia dans les circuits de la constellation. Cet accident apparent dans les communications interplanétaires était possible parce que les transmetteurs d’énergie peuvent recevoir et transmettre l’information, mais ne peuvent prendre l’initiative des communications. 67:6.10 Le statut technique de Van dans les annales juridiques de Satania ne fut pas effectivement et définitivement établi avant l’enregistrement sur Jérusem du jugement des Pères d’Édentia. 7. Les répercussions lointaines du péché 67:7.1 Les conséquences personnelles (centripètes) du rejet volontaire et persistant de la lumière par une créature sont à la fois inévitables et individuelles ; elles n’intéressent que la Déité et la créature en question. Cette récolte d’iniquité destructrice de l’âme est la moisson intérieure de la créature volitive inique. 67:7.2 Il n’en est pas de même pour les répercussions externes du péché. Les conséquences impersonnelles (centrifuges) du péché commis sont inévitables et collectives, et touchent toutes les créatures qui opèrent dans la zone affectée par ces évènements. 67:7.3 Cinquante-mille ans après l’effondrement de l’administration planétaire, les affaires terrestres étaient si désorganisées et retardées que la race humaine avait très peu gagné par rapport au statut évolutionnaire général existant au moment de l’arrivée de Caligastia, trois-cent-cinquante-mille ans auparavant. À certains égards, des progrès avaient été accomplis, à d’autres, beaucoup de terrain avait été perdu. 67:7.4 Le péché n’est jamais purement localisé dans ses effets. Les secteurs administratifs de l’univers sont des organismes ; la condition d’une personnalité doit, dans une certaine mesure, être partagée par tous. Le péché étant une attitude de la personne vis-à-vis de la réalité, il est destiné à faire apparaitre sa moisson inhérente négative sur tous les niveaux connexes de valeurs universelles. Mais les pleines conséquences des idées erronées, des mauvaises actions ou des projets entachés de péché sont subies seulement au niveau de l’accomplissement proprement dit. La transgression de la loi de l’univers peut être fatale dans le domaine physique sans impliquer sérieusement le mental ni porter atteinte à l’expérience spirituelle. Le péché n’est chargé de conséquences fatales pour la survie de la personnalité que s’il représente l’attitude de l’être tout entier, le choix de son mental et la volonté de son âme. 67:7.5 Le mal et le péché ont des conséquences dans les domaines matériels et sociaux, et peuvent même parfois retarder le progrès spirituel sur certains niveaux de réalité universelle, mais le péché d’un être quelconque ne dérobe jamais à un autre le droit divin de jouir de la survie de la personnalité. La survie éternelle ne peut être mise en péril que par les décisions du mental et le choix de l’âme de l’intéressé lui-même. 67:7.6 Le péché commis sur Urantia ne retarda presque pas l’évolution biologique, mais il eut pour effet de priver les races humaines du plein bénéfice de l’héritage adamique. Le péché retarde énormément le développement intellectuel, la croissance morale, le progrès social et l’aboutissement spirituel des masses. Mais il n’empêche pas l’individu choisissant de connaitre Dieu et d’accomplir sincèrement la volonté divine de parvenir à l’accomplissement spirituel le plus élevé. 67:7.7 Caligastia se rebella, Adam et Ève firent défaut, mais nulle personne née ensuite sur Urantia n’a souffert de ces erreurs dans son expérience spirituelle individuelle. Tous les mortels nés sur Urantia depuis la rébellion de Caligastia ont été quelque peu pénalisés dans le temps, mais le bien-être futur de leurs âmes n’a jamais été le moins du monde compromis dans l’éternité. Nul ne subit jamais une privation spirituelle essentielle à cause du péché d’autrui. Le péché est pleinement personnel pour ce qui est de la culpabilité morale ou des conséquences spirituelles, nonobstant ses profondes répercussions dans le domaine social, intellectuel et administratif. 67:7.8 Nous ne pouvons sonder la sagesse qui permet de telles catastrophes, mais nous pouvons toujours discerner les effets bénéfiques de ces troubles locaux quand ils se reflètent sur l’ensemble de l’univers. 8.Le héros humain de la rébellion 67:8.1 Bien des êtres courageux s’opposèrent à la rébellion de Lucifer sur les divers mondes de Satania, mais les annales de Salvington décrivent Amadon comme le caractère le plus remarquable de tout le système à cause de sa glorieuse résistance au raz de marée de la sédition et de son inébranlable dévotion à Van – ils restèrent tous deux inflexibles dans leur loyauté envers la suprématie du Père invisible et de son Fils Micaël. 67:8.2 Au moment où se produisirent ces évènements mémorables, j’occupais un poste sur Édentia et j’ai toujours conscience de la profonde joie que j’éprouvais en prenant connaissance des messages de Salvington qui nous rapportaient jour après jour l’incroyable opiniâtreté, la dévotion transcendante et la merveilleuse loyauté de ce descendant jadis à moitié sauvage de la branche originelle et expérimentale de la race andonique. 67:8.3 D’Édentia jusqu’à Uversa en passant par Salvington, pendant sept longues années, la première question de tous les êtres célestes subordonnés, au sujet de la rébellion de Satania, était encore et toujours : « Que devient Amadon d’Urantia ? Tient-il toujours bon ? » 67:8.4 Si la rébellion de Lucifer a handicapé le système local et ses mondes déchus, si la perte de ce Fils et de ses associés égarés a freiné temporairement le progrès de la constellation de Norlatiadek, considérez par contre l’effet produit par l’immense retentissement de la conduite inspirante de cet unique enfant de la nature et du groupe résolu de ses 143 camarades qui luttèrent inébranlablement pour les concepts les plus élevés de gestion et d’administration de l’univers contre la formidable pression adverse exercée par leurs supérieurs déloyaux. Permettez-moi de vous assurer que cet exploit a déjà fait plus de bien dans l’univers de Nébadon et le superunivers d’Orvonton, et pèse davantage dans la balance que le total du mal et des malheurs créés par la rébellion de Lucifer. 67:8.5 Toute cette aventure éclaire magnifiquement et d’une manière émouvante la sagesse du plan universel du Père pour mobiliser le Corps de la Finalité des Mortels au Paradis et recruter en grande partie ce vaste groupe de mystérieux serviteurs de l’avenir dans l’argile commune des mortels en progression ascendante – précisément des mortels semblables à l’inébranlable Amadon. 67:8.6 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.] Fascicule 68. L’aurore de la civilisation 68:0.1 Voici le commencement du récit du long, très long combat de l’espèce humaine allant de l’avant, partant d’un statut à peine meilleur qu’une existence animale, et passant par les âges intermédiaires pour arriver aux temps plus récents où une civilisation réelle, bien qu’imparfaite, s’était développée parmi les races supérieures de l’humanité. 68:0.2 La civilisation est une acquisition raciale ; elle n’est pas inhérente à la biologie ; c’est pourquoi tous les enfants doivent être élevés dans un milieu culturel, et la jeunesse de chaque génération successive doit recevoir à nouveau son éducation. Les qualités supérieures de la civilisation – scientifiques, philosophiques et religieuses – ne se transmettent pas d’une génération à l’autre par héritage direct. Ces réalisations culturelles ne sont préservées que par la conservation éclairée du patrimoine social. 68:0.3 L’évolution sociale d’ordre coopératif fut inaugurée par les instructeurs de Dalamatia. Pendant trois-cent-mille ans, l’humanité fut élevée dans l’idée qu’il fallait agir collectivement. L’homme bleu profita plus que tous les autres de ces enseignements premiers ; l’homme rouge en profita dans une certaine mesure et l’homme noir, moins que tous les autres. À des époques plus récentes, les races jaune et blanche ont présenté le développement social le plus avancé d’Urantia. 1. La socialisation protectrice 68:1.1 Quand les hommes sont amenés à se rapprocher étroitement, ils apprennent souvent à s’aimer mutuellement, mais les hommes primitifs ne débordaient pas naturellement de sentiments fraternels ni du désir de contacts sociaux avec leurs semblables. C’est plutôt par de tristes expériences que les races primitives apprirent que « l’union fait la force » ; et c’est ce manque d’attirance fraternelle naturelle qui fait, maintenant, obstacle à une réalisation immédiate de la fraternité des hommes sur Urantia. 68:1.2 De bonne heure, l’association devint le prix de la survie. L’homme isolé était impuissant s’il ne portait pas une marque tribale témoignant de son appartenance à un groupe qui se vengerait certainement de toute attaque contre lui. Même à l’époque de Caïn, il était funeste d’aller seul au loin sans porter la marque de quelque groupe. La civilisation est devenue l’assurance de l’homme contre une mort violente, et ses primes sont payées par la soumission aux nombreuses exigences légales de la société. 68:1.3 La société primitive fut ainsi fondée sur les nécessités réciproques et sur l’accroissement de sécurité dus aux associations. C’est sous l’empire de la peur de l’isolement et grâce à une coopération donnée à contrecœur que la société humaine a évolué pendant des cycles millénaires. 68:1.4 Les hommes primitifs apprirent de bonne heure que les groupes sont beaucoup plus grands et plus forts que la simple somme des individus qui les composent. Cent hommes unis et travaillant à l’unisson peuvent déplacer un gros bloc de pierre ; une vingtaine de gardiens de la paix bien entrainés peuvent contenir une foule en colère. C’est ainsi que naquit la société, non d’une simple association numérique, mais plutôt grâce à l’organisation de coopérateurs intelligents. Mais la coopération n’est pas une caractéristique naturelle de l’homme ; celui-ci apprend à coopérer d’abord par peur, et plus tard parce qu’il découvre que c’est très avantageux pour faire face aux difficultés du temps présent et pour se protéger contre les périls supposés de l’éternité. 68:1.5 Les peuples qui s’organisèrent ainsi de bonne heure en sociétés primitives obtinrent de meilleurs résultats dans leurs attaques contre la nature ainsi que dans leur défense contre leurs semblables. Ils avaient de plus grandes possibilités de survie. La civilisation a donc constamment progressé sur Urantia malgré ses nombreux reculs. Et c’est uniquement parce que la valeur de survie est accrue par l’association que les nombreuses bévues des hommes n’ont réussi jusqu’à présent ni à arrêter ni à détruire la civilisation humaine. 68:1.6 La société culturelle contemporaine est un phénomène plutôt récent. Cela est bien démontré par la survie, à l’heure actuelle, de conditions sociales aussi primitives que celles des aborigènes australiens et des Boschimans et Pygmées d’Afrique. Chez ces peuplades arriérées, on peut encore observer quelque peu l’hostilité tribale, la suspicion personnelle et d’autres traits hautement antisociaux si caractéristiques de toutes les races primitives. Ces misérables restes des peuples asociaux de jadis témoignent éloquemment du fait que la tendance individualiste naturelle de l’homme ne peut lutter avec succès contre les organisations et associations de progrès social plus efficaces et plus puissantes. Ces races antisociales arriérées et soupçonneuses, dont les dialectes changent tous les soixante ou quatre-vingts kilomètres, montrent dans quel monde vous auriez risqué de vivre s’il n’y avait pas eu les enseignements de l’état-major corporel du Prince Planétaire et les apports ultérieurs du groupe adamique des élévateurs raciaux. 68:1.7 L’expression moderne « retour à la nature » est une illusion de l’ignorance, une croyance à la réalité d’un ancien « âge d’or » fictif. La légende de l’âge d’or a pour seule base le fait historique de l’existence de Dalamatia et d’Éden, mais ces sociétés améliorées étaient loin de réaliser les rêves utopiques. 2. Les facteurs de progrès social 68:2.1 La société civilisée résulte des efforts initiaux des hommes pour surmonter leur aversion de l’isolement, ce qui n’implique pas nécessairement une affection mutuelle, et l’état turbulent présent de certains groupes primitifs illustre bien les difficultés que traversèrent les premières tribus. Bien que les membres d’une civilisation puissent se heurter et se combattre, et bien que la civilisation, elle-même, puisse apparaitre comme un ensemble incohérent de tentatives et de luttes, elle n’en démontre pas moins un effort soutenu, et non la monotonie mortelle de la stagnation. 68:2.2 Le niveau de l’intelligence a puissamment contribué au rythme de la progression culturelle, mais la société a essentiellement pour but de diminuer l’élément risque dans le mode de vie individuel. Elle a progressé à l’allure même où elle a réussi à diminuer la souffrance et à augmenter l’élément plaisir dans la vie. C’est ainsi que le corps social tout entier avance lentement vers le but de sa destinée – la survie ou la disparition – selon que son but est la préservation du moi ou le plaisir égoïste. La préservation du moi fait naitre la société, tandis que l’excès des jouissances égoïstes détruit la civilisation. 68:2.3 Une société s’occupe de se perpétuer, de se conserver et de se satisfaire, mais l’humaine réalisation de soi est digne de devenir l’objectif immédiat de beaucoup de groupes culturels. 68:2.4 L’instinct grégaire dans l’homme naturel ne suffit pas à expliquer le développement d’une organisation sociale telle que celle qui existe présentement sur Urantia. Bien que cette propension innée soit à la base de la société humaine, une grande part de la sociabilité de l’homme est un acquêt. Deux grandes influences qui contribuèrent aux associations primitives d’êtres humains furent la faim et l’amour sexuel, besoins instinctifs que les hommes partagent avec le monde animal. Deux autres sentiments ont rapproché les êtres humains et les ont maintenus rapprochés, la vanité et la peur, plus particulièrement la peur des fantômes. 68:2.5 L’histoire n’est que le compte rendu de la lutte millénaire des hommes pour leur nourriture. L’homme primitif ne pensait que lorsqu’il avait faim ; économiser de la nourriture fut son premier renoncement, son premier acte d’autodiscipline. Avec le développement de la société, la faim cessa d’être le seul motif d’association. De nombreuses autres sortes de faims, le désir d’assouvir des besoins divers conduisirent tous l’humanité à s’associer plus étroitement. Mais la société d’aujourd’hui est déséquilibrée par la croissance excessive de prétendus besoins humains. La civilisation occidentale du vingtième siècle gémit d’épuisement sous l’énorme surcharge du luxe et la multiplication désordonnée des envies et des désirs humains. La société moderne subit la tension d’une des phases les plus dangereuses d’interassociation à grande échelle et d’interdépendance hautement complexe. 68:2.6 La pression sociale de la faim, de la vanité et de la peur des fantômes était continue, mais celle de la satisfaction sexuelle était temporaire et sporadique. À lui seul, le désir sexuel ne contraignait pas les hommes et les femmes primitifs à assumer les lourdes charges de l’entretien d’un foyer. Le foyer primitif était fondé sur l’effervescence sexuelle du mâle privé de satisfactions fréquentes, et sur le profond amour maternel de la femme, amour qu’elle partage, dans une certaine mesure, avec les femelles de tous les animaux supérieurs. La présence d’un enfant sans défense détermina la première différenciation entre les activités masculines et féminines ; la femme dut entretenir une résidence fixe où elle pouvait cultiver le sol. Depuis les temps les plus reculés, l’endroit où se tient la femme a toujours été considéré comme le foyer. 68:2.7 La femme devint donc de bonne heure indispensable à l’évolution du plan social, moins à cause d’une éphémère passion sexuelle que par suite du besoin de nourriture ; elle était une partenaire essentielle à la conservation de soi. Elle était un fournisseur de nourriture, une bête de somme et une compagne capable de supporter des mauvais traitements sans ressentiment violent ; en plus de tous ces traits désirables, elle était un moyen toujours présent de satisfaction sexuelle. 68:2.8 Presque toutes les valeurs durables de la civilisation ont leurs racines dans la famille. La famille fut le premier groupement pacifique couronné de succès, car l’homme et la femme apprirent à concilier leurs antagonismes tout en enseignant les occupations pacifiques à leurs enfants. 68:2.9 La fonction du mariage, dans l’évolution, est d’assurer la survie de la race, et non simplement de réaliser un bonheur personnel. Les vrais objectifs du foyer consistent à se préserver et à se perpétuer. La satisfaction égoïste est accessoire ; elle n’est essentielle que comme stimulant assurant l’association sexuelle. La nature exige la survivance, mais les arts de la civilisation ne cessent d’accroitre les plaisirs du mariage et les satisfactions de la vie familiale. 68:2.10 Si nous élargissons la notion de vanité pour y faire entrer l’orgueil, l’ambition et l’honneur, nous pouvons alors discerner non seulement comment ces propensions contribuent à former des associations humaines, mais aussi comment elles maintiennent les hommes réunis, puisque ces sentiments seraient vains sans un public devant qui parader. À la vanité s’adjoignirent bientôt d’autres sentiments et d’autres impulsions nécessitant un cadre social pour s’exhiber et s’assouvir. Ce groupe de sentiments donna naissance aux premières manifestations de tous les arts et cérémonies, et de toutes les formes de compétitions et de jeux sportifs. 68:2.11 La vanité contribua puissamment à la naissance de la société, mais, au moment où ces révélations sont faites, les efforts tortueux d’une génération vaniteuse menacent d’inonder et de submerger toute la structure complexe d’une civilisation hautement spécialisée. Le besoin de plaisirs a depuis longtemps supplanté celui de la faim ; les objectifs sociaux légitimes de la préservation du moi se transforment rapidement en formes viles et menaçantes de satisfactions égoïstes. La préservation du moi édifie la société ; le déchainement des satisfactions égoïstes détruit infailliblement la civilisation. 3. L’influence socialisante de la peur des fantômes 68:3.1 Les désirs primitifs produisirent la société originelle, mais la peur des fantômes assura sa cohésion et imprima à son existence un aspect extrahumain. La peur ordinaire avait une origine physiologique : la peur de la douleur physique, la faim inassouvie ou quelque calamité terrestre ; mais la peur des fantômes fut une sorte de terreur nouvelle et formidable. 68:3.2 Le plus important facteur individuel, dans l’évolution de la société humaine, fut probablement de rêver de fantômes. Bien que la plupart des rêves aient troublé profondément le mental primitif, les fantômes apparus en rêve terrorisèrent littéralement les premiers hommes et amenèrent les rêveurs superstitieux à se jeter dans les bras les uns des autres avec une volonté sincère d’association pour se protéger mutuellement contre les dangers invisibles, vagues et imaginaires du monde des esprits. Rêver de fantômes fut une des différences qui apparut le plus tôt entre le mental humain et le mental animal. Les animaux n’imaginent pas la survie après la mort. 68:3.3 À part le facteur des fantômes, toute la société fut fondée sur des instincts biologiques et des besoins fondamentaux. Mais la peur des fantômes introduisit dans la civilisation un nouveau facteur, une peur qui s’écarte et va au-delà des besoins élémentaires de l’individu, et s’élève même bien au-dessus des luttes pour préserver le groupe. La crainte des esprits des trépassés mit en lumière une nouvelle et étonnante forme de peur, une terreur effroyable et puissante, qui donna un coup de fouet aux ordres sociaux relâchés des premiers âges et provoqua la formation des groupes primitifs, plus sérieusement disciplinés et mieux contrôlés de ces temps anciens. Par la peur superstitieuse de l’irréel et du surnaturel, cette superstition insensée, qui subsiste encore en partie, prépara le mental des hommes à une découverte ultérieure, celle de « la crainte du Seigneur qui est le commencement de la sagesse ». Les peurs sans fondement dues à l’évolution sont destinées à être supplantées par le respect craintif de la Déité inspiré par la révélation. Le culte primitif de la peur des fantômes devint un lien social puissant et, depuis ce jour bien lointain, l’humanité s’est toujours plus ou moins efforcée d’atteindre la spiritualité. 68:3.4 La faim et l’amour rapprochèrent les hommes ; la vanité et la peur des fantômes les gardèrent unis ; mais ces seuls sentiments, sans l’influence des révélations pacificatrices, sont incapables de supporter les tensions provoquées par les suspicions et les irritations des associations humaines. Sans l’aide des sources suprahumaines, la tension sociale aboutit à une rupture quand elle atteint certaines limites ; et ces influences mêmes de mobilisation sociale – faim, amour, vanité et peur – conspirent alors à plonger l’humanité dans la guerre et les effusions de sang. 68:3.5 La tendance à la paix de la race humaine n’est pas une dotation naturelle ; elle dérive des enseignements de la religion révélée, de l’expérience accumulée des races progressives et plus spécialement des enseignements de Jésus, le Prince de la Paix. 4. L’évolution des mœurs 68:4.1 Toutes les institutions sociales modernes proviennent de l’évolution des coutumes primitives de vos ancêtres sauvages ; les conventions d’aujourd’hui sont les coutumes d’hier élargies et modifiées. Ce que l’habitude est pour l’individu, la coutume l’est pour le groupe, et les coutumes des groupes se transforment en usages populaires ou en traditions tribales – en conventions de masse. Toutes les institutions de la société humaine contemporaine ont leur modeste origine dans ces premières amorces. 68:4.2 Il faut se rappeler que les mœurs prirent naissance dans un effort pour adapter la vie des groupes aux conditions d’existence en masse ; les mœurs furent la première institution sociale de l’homme. Toutes ces réactions tribales résultèrent de l’effort accompli pour éviter la douleur et l’humiliation tout en cherchant à jouir des plaisirs et du pouvoir. L’origine des usages populaires, à l’instar de celle des langages, est toujours inconsciente et non intentionnelle, donc toujours enveloppée de mystère. 68:4.3 La peur des fantômes conduisit l’homme primitif à envisager le surnaturel ; elle établit ainsi des bases solides pour les puissantes influences sociales de l’éthique et de la religion, qui à leur tour préservèrent intactes de génération en génération les mœurs et les coutumes de la société. Les mœurs se trouvèrent de bonne heure établies et cristallisées par la croyance que les trépassés tenaient jalousement à la manière dont ils avaient vécu et dont ils étaient morts. On croyait donc qu’ils puniraient implacablement les vivants osant traiter avec une négligence dédaigneuse les règles de vie qu’ils avaient respectées pendant qu’eux-mêmes vivaient dans la chair. Tout ceci est parfaitement illustré par le respect que la race jaune porte actuellement à ses ancêtres. Les religions primitives qui apparurent plus tard renforcèrent puissamment l’action de la peur des fantômes en stabilisant les mœurs, mais le développement de la civilisation a progressivement libéré l’humanité des liens de la peur et de l’esclavage de la superstition. 68:4.4 Avant la libération et la libéralisation apportées par l’enseignement des éducateurs de Dalamatia, l’homme ancien était la victime impuissante du rituel des mœurs ; le sauvage primitif était prisonnier d’un cérémonial sans fin. Tout ce qu’il faisait depuis son réveil matinal jusqu’au moment où il s’endormait, le soir, dans sa caverne devait être accompli exactement d’une certaine façon, conformément aux usages populaires de sa tribu. Il était esclave de la tyrannie des usages ; sa vie ne comportait rien de libre, de spontané, ni d’original. Aucun progrès naturel ne le menait vers une existence mentale, morale ou sociale supérieure. 68:4.5 L’homme primitif était enserré dans l’étau de la coutume ; le sauvage était un véritable esclave des usages ; mais, de temps à autre, apparurent des types variants de personnalités qui osèrent inaugurer de nouvelles manières de penser et des méthodes de vie améliorées. Néanmoins, l’inertie de l’homme primitif constitue le frein de sécurité biologique contre la précipitation consistant à se lancer trop soudainement dans les dérèglements désastreux accompagnant une civilisation qui progresse trop vite. 68:4.6 Toutefois, ces coutumes ne sont pas un mal sans contrepartie ; leur évolution devrait se poursuivre. Il est presque fatal pour le maintien de la civilisation de vouloir les modifier globalement par une révolution radicale. La coutume a été le fil de continuité qui assura la cohésion de la civilisation. La voie de l’histoire humaine est jonchée de vestiges de coutumes abandonnées et de pratiques sociales surannées ; mais nulle civilisation n’a survécu en abandonnant ses mœurs, à moins d’avoir adopté des coutumes meilleures et mieux appropriées. 68:4.7 La survie d’une société dépend principalement de l’évolution progressive de ses mœurs. Le processus d’évolution des coutumes est fondé sur le désir d’expérimenter. Des idées nouvelles sont mises en avant – la concurrence s’ensuit. Une civilisation progressive embrasse les idées avancées et elle dure ; le temps et les circonstances choisissent en dernier ressort le groupe le plus apte à survivre. Cela ne signifie pas que chaque changement distinct et isolé dans la composition de la société humaine ait été un gain. Non ! Certes non ! Car il y eut maints et maints reculs dans la longue lutte de la civilisation d’Urantia vers le progrès. 5. Les techniques du sol – les arts d’entretien 68:5.1 La terre est le théâtre de la société ; les hommes en sont les acteurs. L’homme doit toujours adapter son jeu pour se conformer à la situation de la terre. L’évolution des mœurs dépend toujours du rapport hommes-sol. Ceci est vrai, bien qu’il soit difficile de le discerner. Les techniques des hommes relativement au sol, ou arts d’entretien, ajoutées à leur niveau de vie, forment le total des usages populaires constituant les mœurs. Et la somme des adaptations humaines aux exigences de la vie correspond à sa civilisation culturelle. 68:5.2 Les premières cultures humaines apparurent le long des fleuves de l’hémisphère oriental, et il y eut quatre grandes étapes dans la marche en avant de la civilisation : 68:5.3 1. Le stade de la cueillette. La contrainte alimentaire, la faim, conduisit à la première forme d’organisation industrielle, les chaines primitives de cueillette de la nourriture. La ligne des marcheurs de la faim parcourant un pays en glanant la nourriture s’étendait parfois sur quinze kilomètres. Ce fut le stade primitif de culture nomade et c’est le mode de vie des Boschimans d’Afrique aujourd’hui. 68:5.4 2. Le stade de la chasse. L’invention des armes-outils permit aux hommes de devenir des chasseurs et de se libérer ainsi en grande partie de l’esclavage de la nourriture. Un Andonite réfléchi, qui s’était sérieusement meurtri le poing dans un combat violent, redécouvrit l’idée d’utiliser, au lieu de son bras, un long bâton à l’extrémité duquel il avait attaché, avec des tendons, un morceau de silex dur pour remplacer le poing. De nombreuses tribus firent, chacune de leur côté, des découvertes de ce genre, et ces diverses formes de marteaux représentèrent l’un des grands pas en avant de la civilisation humaine. Certains indigènes australiens n’ont guère dépassé ce stade à l’heure actuelle. 68:5.5 Les hommes bleus devinrent des chasseurs et des trappeurs experts. En barrant les rivières, ils prenaient de grandes quantités de poissons dont ils séchaient le surplus en prévision de l’hiver. De nombreuses formes de pièges et de traquenards ingénieux furent employées pour attraper le gibier, mais les races les plus primitives ne chassaient pas les animaux de grande taille. 68:5.6 3. Le stade pastoral. Cette phase de la civilisation fut rendue possible par la domestication des animaux. Les Arabes et les indigènes d’Afrique figurent parmi les peuples pastoraux les plus récents. 68:5.7 La vie pastorale apporta une amélioration supplémentaire à l’esclavage alimentaire. L’homme apprit à vivre sur l’intérêt de son capital, sur le croit de son troupeau. Il eut ainsi plus de loisirs pour faire des progrès et se cultiver. 68:5.8 La société prépastorale avait été une société de coopération sexuelle, mais l’extension de l’élevage plongea la femme dans un abime d’esclavage social. Aux époques primitives, l’homme avait la charge d’assurer la nourriture animale tandis que la femme devait fournir les légumes comestibles. La dignité du statut féminin s’abaissa donc considérablement dès que l’homme entra dans l’ère pastorale de son existence. La femme dut encore travailler pour produire les aliments végétaux nécessaires à la vie, alors que l’homme n’eut plus qu’à recourir à son troupeau pour fournir de la nourriture animale en abondance. L’homme devint ainsi relativement indépendant de la femme, et le statut de la femme déclina régulièrement pendant tout l’âge pastoral. Vers la fin de cette période, la femme n’était guère plus qu’un animal humain, réduit à travailler et à porter la descendance de l’homme, tout comme les animaux des troupeaux sur qui l’on comptait pour travailler et mettre bas leurs petits. Les hommes de l’âge pastoral portaient un grand amour à leurs troupeaux ; il est d’autant plus regrettable qu’ils n’aient pu développer une affection plus profonde pour leurs femmes. 68:5.9 4. Le stade agricole. Cette ère fut déterminée par la culture des plantes, qui représente le type le plus élevé de civilisation matérielle. Caligastia et Adam s’efforcèrent tous deux d’enseigner l’horticulture et l’agriculture. Adam et Ève furent des jardiniers et non des pasteurs, car, à cette époque, le jardinage était une forme avancée de culture. La culture des plantes exerce une influence ennoblissante sur toutes les races de l’humanité. 68:5.10 L’agriculture fit plus que quadrupler le rapport hommes-sol du monde. Elle peut se combiner avec les occupations pastorales du stade précédent. Quand les trois stades chevauchent, l’homme chasse et la femme cultive le sol. 68:5.11 Il y a toujours eu des frictions entre les bergers et les laboureurs. Le chasseur et le pasteur sont militants et belliqueux ; l’agriculteur est plus pacifique. L’association avec les animaux suggère la lutte et la force ; l’association avec les plantes instille l’esprit de patience, de quiétude et de paix. L’agriculture et l’industrie sont les activités de la paix. Mais leur faiblesse commune, en tant qu’activités sociales sur le plan mondial, est leur monotonie et leur manque d’aventures. 68:5.12 La société humaine a évolué en partant du stade de la chasse et passé par celui de l’élevage pour atteindre le stade territorial de l’agriculture. Chaque étape de cette progression de la civilisation fut marquée par une diminution constante du nomadisme ; les hommes se mirent à vivre de plus en plus à leur foyer. 68:5.13 Maintenant, l’industrie s’ajoute à l’agriculture, avec un accroissement correspondant de l’urbanisation et une multiplication des groupes non agricoles parmi les classes de citoyens. Mais une civilisation industrielle ne peut espérer survivre si ses dirigeants ne se rendent pas compte que les développements sociaux, même les plus élevés, doivent toujours reposer sur une base agricole saine. 6. L’évolution de la culture 68:6.1 L’homme est une créature du sol, un enfant de la nature ; quels que soient ses efforts pour échapper à la terre, il est certain d’échouer en dernier ressort. « Tu es poussière et tu retourneras à la poussière » est littéralement vrai pour l’humanité tout entière. La lutte fondamentale de l’homme a été, est et sera toujours pour la terre. Les premières associations d’êtres humains primitifs eurent pour objectif de gagner ces batailles pour la terre. Le rapport hommes-sol est sous-jacent à toute civilisation sociale. 68:6.2 L’intelligence de l’homme accrut le rendement de la terre grâce aux arts et aux sciences ; en même temps, l’accroissement naturel de sa descendance fut quelque peu contrôlé, assurant ainsi les moyens d’existence et les loisirs permettant d’établir une civilisation culturelle. 68:6.3 La société humaine est contrôlée par une loi décrétant que la population doit varier en proportion directe des arts du sol et en proportion inverse d’un niveau de vie donné. Tout au long de ces âges primitifs, encore plus qu’à présent, la loi de l’offre et de la demande concernant l’homme et la terre détermina la valeur estimative de l’un et de l’autre. Pendant les périodes où les terres libres abondaient – territoires inoccupés – le besoin d’hommes était grand, et la valeur de la vie humaine fortement rehaussée en conséquence ; les pertes de vies étaient alors considérées comme plus horribles. Pendant les périodes de rareté des terres et de surpeuplement correspondant, la vie humaine représentait comparativement une moindre valeur, si bien que la guerre, les famines et les épidémies étaient alors considérées avec moins d’inquiétude. 68:6.4 Quand le rendement de la terre diminue, ou quand la population s’accroit, l’inévitable lutte reprend et les pires traits de la nature humaine remontent à la surface. L’accroissement du rendement de la terre, l’extension des arts mécaniques et la réduction de la population tendent tous à encourager le meilleur côté de la nature humaine. 68:6.5 Une société de pionniers produit des manœuvres non qualifiés ; les beaux-arts et le véritable progrès scientifique, ainsi que la culture spirituelle, ont toujours mieux prospéré dans les grands centres de vie soutenus par une population agricole et industrielle pour lesquels le rapport hommes-sol est légèrement moindre. Les villes multiplient toujours le pouvoir de leurs habitants, pour le bien comme pour le mal. 68:6.6 La dimension des familles a toujours subi l’influence du niveau de vie. Plus le niveau s’élève, plus le nombre d’enfants décroit, jusqu’au point où la famille se stabilise ou s’éteint graduellement. 68:6.7 Tout au long des âges, les niveaux de vie ont déterminé la qualité d’une population survivante en contraste avec sa seule quantité. Les niveaux de vie d’une classe locale donnent naissance à de nouvelles castes sociales, à de nouvelles mœurs. Quand les niveaux de vie deviennent trop compliqués ou comportent un luxe excessif, ils tournent rapidement au suicide. Les castes résultent directement de la forte pression sociale d’une concurrence aigüe due à la densité de la population. 68:6.8 Les races primitives eurent souvent recours à des pratiques restrictives de la population ; toutes les tribus primitives tuaient les enfants difformes ou maladifs. Avant l’époque de l’achat des épouses, on tuait souvent les petites filles à leur naissance. Les nouveau-nés étaient parfois étranglés, mais la méthode la plus courante était l’exposition. Un père de jumeaux insistait généralement pour que l’un des deux soit tué, car on croyait que les naissances multiples étaient dues à la magie ou à l’infidélité. Pourtant, les jumeaux de même sexe étaient généralement épargnés. Bien que ces tabous sur les jumeaux aient été jadis presque universels, ils ne firent jamais partie des mœurs des Andonites ; ces peuples considéraient toujours les jumeaux comme d’heureux présages. 68:6.9 De nombreuses races apprirent la technique de l’avortement, et cette pratique devint très courante après l’établissement du tabou sur les enfants de célibataires. Les jeunes filles eurent longtemps pour coutume de tuer leur enfant, mais, dans les groupes plus civilisés, ces enfants illégitimes devinrent pupilles de leur grand-mère maternelle. De nombreux clans primitifs furent pratiquement exterminés par les pratiques conjointes de l’avortement et de l’infanticide. Toutefois, malgré la tyrannie des mœurs, il était très rare de voir tuer des enfants une fois qu’ils avaient pris le sein – l’amour maternel est trop fort. 68:6.10 Il subsiste encore au vingtième siècle des restes de ces pratiques primitives de contrôle des naissances. Dans une tribu d’Australie, les mères refusent d’élever plus de deux ou trois enfants. Il n’y a pas très longtemps, les membres d’une tribu cannibale mangeaient chaque enfant cinquième né. À Madagascar, certaines tribus détruisent encore tous les enfants nés certains jours néfastes, et cette pratique provoque la mort d’environ vingt-cinq pour cent des nouveau-nés. 68:6.11 Du point de vue mondial, le surpeuplement n’a jamais posé de question grave dans le passé, mais, si les guerres se raréfient et si la science réussit à maitriser progressivement les maladies humaines, il peut devenir un problème sérieux dans un proche avenir. À ce moment-là, la grande épreuve de sagesse dans la conduite du monde se présentera. Les dirigeants d’Urantia auront-ils la clairvoyance et le courage de favoriser la multiplication d’êtres humains moyens et stabilisés, ou de favoriser celle des groupes extrêmes, d’une part ceux qui dépassent la normale et d’autre part la masse considérablement croissante des êtres inférieurs à la normale ? L’homme normal devrait être encouragé ; il est l’épine dorsale de la civilisation et la source des génies mutants de la race. L’homme inférieur à la normale devrait être gardé sous le contrôle de la société ; il ne devrait pas en être produit plus qu’il n’en faut pour travailler aux niveaux inférieurs de l’industrie, aux tâches qui demandent une intelligence dépassant le niveau animal, mais qui exigent des activités d’un niveau tellement inférieur qu’elles deviennent véritablement un esclavage et un asservissement pour les types supérieurs de l’humanité. 68:6.12 [Présenté par un Melchizédek jadis stationné sur Urantia.] Fascicule 69. Les institutions humaines primitives 69:0.1 Sur le plan émotionnel, l’homme transcende ses ancêtres animaux par son aptitude à apprécier l’humour, l’art et la religion. Sur le plan social, l’homme montre sa supériorité en fabriquant des outils, en communiquant sa pensée et en établissant des institutions. 69:0.2 Quand des êtres humains restent longtemps groupés en société, ces collectivités entrainent toujours la création de certaines tendances d’activités qui culminent en institutions. Presque toutes les institutions humaines ont fait apparaitre une économie de travail tout en contribuant dans une certaine mesure à accroitre la sécurité collective. 69:0.3 L’homme civilisé tire une grande fierté du caractère, de la stabilité et de la permanence des institutions établies, mais toutes les institutions humaines ne représentent que l’accumulation des mœurs du passé telles qu’elles ont été conservées par les tabous et revêtues de dignité par la religion. Ces legs deviennent des traditions, et les traditions se métamorphosent finalement en conventions. 1. Les institutions humaines fondamentales 69:1.1 Toutes les institutions humaines répondent à quelque besoin social, passé ou présent, bien que leur développement excessif amoindrisse infailliblement la valeur propre de l’individu en éclipsant la personnalité et en restreignant les initiatives. L’homme devrait contrôler ses institutions et non se laisser dominer par ces créations d’une civilisation qui progresse. 69:1.2 Les institutions humaines appartiennent à trois classes générales : 69:1.3 1. Les institutions d’autoconservation. Ces institutions comprennent les pratiques nées de la faim et des instincts de préservation de soi qui lui sont liés. Nous citerons l’industrie, la propriété, la guerre d’intérêt et toute la machinerie régulatrice de la société. Tôt ou tard, l’instinct de la peur conduit à établir ces institutions de survivance au moyen de tabous, de conventions et de sanctions religieuses. Mais la peur, l’ignorance et la superstition ont joué un rôle prédominant dans la création et le développement ultérieur de toutes les institutions humaines. 69:1.4 2. Les institutions d’autoperpétuation. Ce sont les créations de la société nées de l’appétit sexuel, de l’instinct maternel et des sentiments affectifs supérieurs des races. Elles embrassent les sauvegardes sociales du foyer et de l’école, de la vie familiale, de l’éducation, de l’éthique et de la religion. Elles comprennent les coutumes du mariage, la guerre défensive et l’édification des foyers. 69:1.5 3. Les pratiques de satisfaction égoïste. Ce sont les pratiques nées des tendances à la vanité et des sentiments d’orgueil ; elles comprennent les coutumes d’habillement et de parure personnelle, les usages sociaux, les guerres de prestige, la danse, les amusements, les jeux et d’autres formes de plaisirs sensuels. Mais la civilisation n’a jamais produit d’institutions spéciales pour les satisfactions égoïstes. 69:1.6 Ces trois groupes de pratiques sociales sont intimement reliés et interdépendants. Ils représentent sur Urantia une organisation complexe qui fonctionne comme un seul mécanisme social. 2. L’aurore de l’industrie 69:2.1 L’industrie primitive prit lentement forme comme assurance contre les terreurs de la famine. Dès le début de son existence, l’homme commença à prendre exemple sur certains animaux qui emmagasinent de la nourriture pendant les périodes de surabondance en vue des jours de pénurie. 69:2.2 Avant l’apparition de l’ancienne économie et de l’industrie primitive, les tribus étaient en général réduites au dénuement et à de véritables souffrances. L’homme primitif devait entrer en compétition avec la totalité du monde animal pour trouver sa nourriture. Le poids de la compétition entraine toujours l’homme vers le niveau de la bête ; la pauvreté est son état naturel et tyrannique. La richesse n’est pas un don de la nature ; elle résulte du travail, de la connaissance et de l’organisation. 69:2.3 L’homme primitif se rendit rapidement compte des avantages de l’association. L’association conduisit à l’organisation, et le premier résultat de l’organisation fut la division du travail, avec son économie immédiate de temps et de matériaux. Ces spécialisations du travail naquirent d’une adaptation aux pressions extérieures – suivant les lignes de moindre résistance. Les sauvages primitifs n’ont jamais volontairement ni de bonne grâce fourni un travail réel. C’est la contrainte des nécessités qui les força à s’y plier. 69:2.4 L’homme primitif détestait travailler beaucoup et ne se dépêchait jamais, à moins de se trouver en face d’un grand danger. Le temps considéré comme élément du travail, l’idée d’accomplir une tâche donnée dans une certaine limite de durée, sont des notions entièrement modernes. Les anciens n’étaient jamais pressés par le temps. Ce fut la double exigence d’une lutte intense pour l’existence et de la progression constante des niveaux de vie qui poussa les races primitives, naturellement indolentes, dans les voies de l’industrie. 69:2.5 Le travail et les efforts de conception distinguent l’homme de la bête dont les efforts sont essentiellement instinctifs. La nécessité de travailler est la plus grande bénédiction pour l’homme. Tous les membres de l’état-major du Prince travaillaient ; ils firent beaucoup pour ennoblir le travail physique sur Urantia. Adam fut un jardinier ; le Dieu des Hébreux travaillait – il était le créateur et le soutien de toutes choses. Les Hébreux furent la première tribu à attacher un prix suprême à l’industrie ; ils furent le premier peuple à décréter que « celui qui ne travaille pas ne mangera pas ». Mais beaucoup de religions du monde retournèrent à l’idéal primitif de l’oisiveté. Jupiter était un joyeux viveur et Bouddha devint un adepte réfléchi des loisirs. 69:2.6 Les tribus Sangiks furent assez industrieuses quand elles demeurèrent loin des tropiques. Mais il y eut un très, très long combat entre les adeptes paresseux de la magie et les apôtres du travail – les prévoyants de l’avenir. 69:2.7 La première prévoyance humaine eut pour objet la conservation du feu, de l’eau et de la nourriture. Mais l’homme primitif était un joueur né ; il voulait toujours avoir quelque chose pour rien et, dans ces temps anciens, les succès obtenus par un travail assidu furent trop souvent attribués à la magie. La magie mit longtemps à céder la place à la prévoyance, à l’abnégation et à l’industrie. 3. La spécialisation du travail 69:3.1 Dans la société primitive, les divisions du travail furent déterminées par des circonstances d’abord naturelles, puis sociales. L’ordre primitif des spécialisations fut le suivant : 69:3.2 1. La spécialisation fondée sur le sexe. Le travail de la femme se trouva déterminé par la présence sélective des enfants ; par nature, les femmes aiment davantage les bébés que ne le font les hommes. La femme devint ainsi la travailleuse routinière, tandis que l’homme chassait et combattait, passant par des périodes nettement marquées de travail et de repos. 69:3.3 Tout au long des âges, les tabous ont contribué à maintenir strictement la femme dans son domaine propre. L’homme a fort égoïstement choisi le travail le plus agréable, laissant à la femme les corvées courantes. L’homme a toujours eu honte de faire le travail de la femme, mais la femme n’a jamais montré de répugnance à accomplir celui de l’homme. Fait étrange à noter, l’homme et la femme ont toujours travaillé de concert à construire et meubler leur foyer. 69:3.4 2. Les modifications dues à l’âge et à la maladie. Ces différences déterminèrent la division suivante du travail : les hommes âgés et les infirmes furent chargés de bonne heure de la fabrication des outils et des armes. On les affecta plus tard à la construction des réseaux d’irrigation. 69:3.5 3. Les différenciations fondées sur la religion. Les sorciers-guérisseurs furent les premiers êtres humains à être exemptés de travail physique ; ils furent les pionniers des professions libérales. Les forgerons formaient un petit groupe concurrent des sorciers-guérisseurs comme magiciens. Leur habileté au travail des métaux les fit craindre. Les « forgerons blancs » et les « forgerons noirs » donnèrent naissance à la croyance primitive aux magies blanche et noire. Cette croyance s’attacha plus tard à la superstition des bons et des mauvais fantômes, des bons et des mauvais esprits. 69:3.6 Les forgerons furent le premier groupe non religieux à bénéficier de privilèges spéciaux. Ils étaient considérés comme neutres pendant les guerres, et ces loisirs supplémentaires les conduisirent à devenir, en tant que classe, les politiciens de la société primitive. Mais les forgerons abusèrent grossièrement de leurs privilèges et devinrent l’objet d’une haine universelle que leurs concurrents les sorciers-guérisseurs s’empressèrent d’attiser. Dans cette première épreuve de force entre la science et la religion, la religion, ou plutôt la superstition, triompha. Après avoir été chassés des villages, les forgerons tinrent les premières auberges, les premières hôtelleries aux abords des agglomérations. 69:3.7 4. Les maitres et les esclaves. Les relations entre vainqueurs et vaincus produisirent une nouvelle différenciation du travail, qui signifia le commencement de l’esclavage humain. 69:3.8 5. Les différenciations fondées sur divers dons physiques et mentaux. Les différences inhérentes aux hommes favorisèrent d’autres divisions du travail, tous les êtres humains ne naissent pas égaux. 69:3.9 Les premiers spécialistes de l’industrie furent les tailleurs de silex et les maçons, puis vinrent les forgerons. Ensuite, les spécialisations collectives se développèrent ; des familles et des clans entiers se vouèrent à certains genres de travaux. L’origine de l’une des plus anciennes castes de prêtres, en dehors des sorciers-guérisseurs tribaux, provint de la glorification superstitieuse d’une famille de remarquables fabricants de sabres. 69:3.10 Les premiers spécialistes collectifs de l’industrie furent les exportateurs de sel gemme et les potiers. Les femmes fabriquaient la poterie simple et les hommes, la poterie de fantaisie. Dans certaines tribus, le tissage et la couture étaient faits par les femmes, dans d’autres, par les hommes. 69:3.11 Les premiers commerçants furent des femmes ; elles étaient employées comme espionnes, et leur commerce était un accessoire. Le commerce prit bientôt de l’expansion, les femmes servant d’intermédiaires, de revendeurs. Puis apparut une classe de marchands qui prirent une commission, un bénéfice, pour leurs services. La croissance du troc entre groupes donna naissance au commerce, et l’échange de la main-d’œuvre spécialisée suivit l’échange des denrées. 4. Les débuts du commerce 69:4.1 De même que le mariage par contrat fit suite au mariage par capture, de même le commerce par échange suivit la saisie par raids. Mais une longue période de piraterie intervint entre les pratiques primitives du troc silencieux et le commerce ultérieur par des méthodes d’échanges modernes. 69:4.2 Les premiers trocs furent effectués par des commerçants armés qui laissaient leurs biens en un point neutre. Les femmes tinrent les premiers marchés ; elles furent les commerçants les plus anciens parce que c’étaient elles qui portaient les fardeaux ; les hommes étaient des guerriers. Les comptoirs de vente apparurent très tôt sous forme de murs suffisamment larges pour empêcher les commerçants de s’atteindre mutuellement avec leurs armes. 69:4.3 On se servait d’un fétiche pour monter la garde auprès des biens déposés pour le troc silencieux. Ces lieux de marché étaient à l’abri du vol ; rien ne pouvait en être retiré qui ne fût troqué ou vendu ; avec un fétiche de garde, les biens étaient toujours en sûreté. Les premiers commerçants étaient scrupuleusement honnêtes au sein de leurs propres tribus, mais trouvaient tout à fait normal de tromper des étrangers éloignés. Les premiers Hébreux eux-mêmes observaient un code éthique distinct pour leurs affaires avec les Gentils. 69:4.4 Le troc silencieux se perpétua pendant des âges avant que les hommes n’acceptent de se réunir sans armes sur la place sacrée du marché. Ces mêmes places de marchés devinrent les premiers emplacements de sanctuaires et furent connues plus tard, dans certaines régions, comme « villes de refuge ». Tout fugitif atteignant le lieu du marché était sain et sauf, à l’abri de toute attaque. 69:4.5 Les premiers poids utilisés furent des grains de blé et d’autres céréales. La première monnaie d’échange fut un poisson ou une chèvre. Plus tard, la vache devint une unité de troc. 69:4.6 L’écriture moderne a son origine dans les premiers enregistrements commerciaux ; la première littérature de l’homme fut un document poussant au commerce, une publicité pour le sel. Beaucoup de guerres primitives furent livrées pour la possession de gisements naturels, par exemple de silex, de sel ou de métaux. Le premier traité officiel signé entre des tribus concernait l’exploitation en commun d’un gisement de sel. Ces lieux de traités fournirent à des tribus variées des occasions de se mêler et d’échanger amicalement et pacifiquement des idées. 69:4.7 L’écriture progressa en passant par les stades « du bâton-message », des cordes à nœuds, des dessins figuratifs, des hiéroglyphes et des wampums (ceintures de coquillages) avant d’atteindre les alphabets symboliques primitifs. La transmission des messages se fit d’abord au moyen de signaux de fumée, puis de coureurs, de cavaliers, de chemins de fer et d’avions, de même que par le télégraphe, le téléphone et les radiocommunications. 69:4.8 Les commerçants de l’antiquité firent circuler, dans le monde habité, des idées nouvelles et des méthodes améliorées. Le commerce, lié à l’aventure, conduisit à l’exploration et à la découverte. Et tout ceci donna naissance aux moyens de transport. Le commerce a été le grand civilisateur en provoquant la fécondation croisée des cultures. 5. Les débuts du capital 69:5.1 Le capital est un travail comportant renonciation au présent en faveur de l’avenir. Les économies représentent une forme d’assurance pour l’entretien et la survivance. La thésaurisation de la nourriture développa la maitrise de soi et créa les premiers problèmes de capital et de travail. L’homme qui possédait de la nourriture, en admettant qu’il puisse la protéger contre les voleurs, avait un net avantage sur celui qui n’en avait pas. 69:5.2 Le banquier primitif était l’homme le plus vaillant de la tribu. Il gardait en dépôt les trésors du groupe, et le clan tout entier était prêt à défendre sa hutte en cas d’attaque. L’accumulation des capitaux individuels et des richesses collectives conduisit donc immédiatement à une organisation militaire. À l’origine, ces précautions étaient destinées à défendre la propriété contre les pillards étrangers, mais on prit bientôt l’habitude de maintenir l’entrainement de l’organisation militaire en lançant des raids sur les propriétés et les richesses des tribus voisines. 69:5.3 Les mobiles essentiels de l’accumulation du capital furent : 69:5.4 1. La faim - associée à la prévoyance. L’économie et la conservation de la nourriture signifiaient puissance et confort pour ceux qui étaient assez prévoyants pour pourvoir ainsi aux besoins futurs. Le stockage de la nourriture était une bonne assurance contre les risques de famine et de désastre. Tout l’ensemble des mœurs primitives avait en réalité pour but d’aider les hommes à subordonner le présent à l’avenir. 69:5.5 2. L’amour de la famille - le désir de pourvoir à ses besoins. Le capital représente l’épargne d’un bien malgré la pression des nécessités du jour, afin de s’assurer contre les exigences de l’avenir. Une partie de ce besoin à venir peut concerner la postérité de l’épargnant. 69:5.6 3. La vanité - le désir de faire étalage de l’accumulation de ses biens. La possession de vêtements de rechange fut l’une des premières marques de distinction. La vanité du collectionneur flatta de bonne heure l’orgueil des hommes. 69:5.7 4. Le rang social - le vif désir d’acheter un prestige social et politique. Une noblesse commercialisée surgit très tôt ; l’admission dans ses rangs dépendait de services particuliers rendus à la royauté ou était ouvertement accordée contre un versement d’argent. 69:5.8 5. Le pouvoir - la soif d’être le maitre. Le prêt de trésors était employé comme moyen d’asservissement, car, dans ces temps anciens, le taux de l’intérêt était de cent pour cent par an. Les prêteurs se faisaient eux-mêmes rois en se créant une armée permanente de débiteurs. Les serviteurs esclaves comptèrent parmi les premières formes de propriété que l’on accumulait. Dans l’antiquité, l’esclavage pour dettes s’étendait même jusqu’à la possession du corps après la mort. 69:5.9 6. La peur des fantômes des morts - le salaire payé aux prêtres pour être protégé. Les hommes commencèrent de bonne heure à faire des présents funéraires aux prêtres avec l’idée que cet emploi de leurs biens faciliterait leurs progrès dans la vie future. Les prêtres devinrent ainsi très riches ; ils furent les magnats des capitalistes d’autrefois. 69:5.10 7. Le désir sexuel - le désir d’acheter une ou plusieurs femmes. La première forme de commerce entre les hommes fut l’échange de femmes ; il précéda de beaucoup le commerce des chevaux. Mais jamais le troc d’esclaves pour des raisons sexuelles n’a fait progresser la société ; un tel trafic fut et est toujours une honte raciale, car il a toujours et simultanément gêné le développement de la vie familiale et pollué les aptitudes biologiques des peuples supérieurs. 69:5.11 8. Les nombreuses formes de satisfaction égoïste. Certains ont cherché la fortune parce qu’elle conférait le pouvoir ; d’autres peinèrent pour acquérir des biens parce que cela leur rendait la vie facile. Les hommes primitifs (et d’autres plus tard) avaient tendance à dilapider leurs ressources en luxe. Les boissons alcooliques et les drogues piquaient la curiosité des races primitives. 69:5.12 À mesure que la civilisation se développa, les hommes eurent de nouvelles raisons d’épargner ; de nouveaux besoins s’ajoutaient rapidement à la faim originelle. La pauvreté devint un tel sujet d’horreur que seuls les riches étaient censés aller directement au ciel quand ils mouraient. La propriété devint une valeur si respectée qu’il suffisait de donner un festin prétentieux pour effacer le déshonneur d’un nom. 69:5.13 L’accumulation des richesses devint rapidement la marque de la distinction sociale. Dans certaines tribus, des individus allaient jusqu’à amasser des biens pendant des années uniquement pour faire sensation en les brulant à l’occasion de quelque fête ou en les distribuant largement aux membres de leur tribu. Cela en faisait de grands hommes. Les peuples modernes eux-mêmes se complaisent en de somptueuses distributions de cadeaux de Noël, tandis que les hommes riches dotent les grandes institutions philanthropiques et éducatives. Les techniques de l’homme varient, mais sa nature ne change aucunement. 69:5.14 Il est toujours équitable de rappeler que bien des hommes riches de l’antiquité distribuèrent une grande partie de leur fortune par peur d’être tués par ceux qui convoitaient leurs trésors. Des hommes fortunés sacrifiaient communément des vingtaines d’esclaves pour montrer leur dédain des richesses. 69:5.15 Bien que le capital ait contribué à libérer les hommes, il a énormément compliqué leur organisation sociale et industrielle. Son emploi abusif par des capitalistes injustes n’infirme pas le fait que le capital est la base de la société industrielle moderne. Grâce à lui et aux inventions, la génération actuelle jouit d’un degré de liberté qui n’a jamais été atteint auparavant sur terre. Nous notons cela comme un fait et non pour justifier les nombreux abus que des personnes égoïstes et inconséquentes, qui en ont la garde, font du capital. 6. L’importance du feu dans la civilisation 69:6.1 La société primitive avec ses quatre divisions – industrielle, régulatrice, religieuse et militaire – se forma en employant le feu, les animaux, les esclaves et la propriété. 69:6.2 La capacité de faire du feu a séparé, d’un seul coup et pour toujours, l’homme de l’animal ; c’est l’invention ou la découverte humaine fondamentale. Le feu permit à l’homme de demeurer sur le sol la nuit, car tous les animaux en ont peur. Le feu encouragea les rapports sociaux à la tombée du jour. Non seulement il protégeait du froid et des bêtes féroces, mais il était aussi employé comme protection contre les fantômes. On rechercha d’abord sa lumière plutôt que sa chaleur ; beaucoup de tribus arriérées refusent encore aujourd’hui de dormir sans qu’une flamme brule toute la nuit. 69:6.3 Le feu fut un grand civilisateur, car il fournit à l’homme le premier moyen d’être altruiste sans rien perdre ; un homme pouvait offrir des braises à un voisin sans se priver lui-même de feu. Au foyer familial, le feu était entretenu par la mère ou par la fille ainée ; il fut le premier éducateur, car il exigeait de la vigilance et de la fiabilité. Le foyer primitif n’était pas constitué par une construction, mais par la famille elle-même réunie autour du feu, de l’âtre familial. Quand un fils fondait un nouveau foyer, il emportait un brandon de l’âtre familial. 69:6.4 Bien qu’Andon, l’inventeur du feu, eût évité de le traiter comme un objet d’adoration, beaucoup de ses descendants considérèrent la flamme comme un fétiche ou un esprit. Ils ne surent pas tirer bénéfice du feu pour l’hygiène, car ils se refusaient à bruler leurs détritus. L’homme primitif craignait le feu et cherchait toujours à le garder dans de bonnes dispositions ; c’est pourquoi il l’aspergeait d’encens. En aucune circonstance les anciens n’auraient craché dans un feu, pas plus qu’ils n’auraient passé entre quelqu’un et un feu allumé. L’humanité primitive tenait même pour sacrés les pyrites de fer et les silex utilisés pour allumer le feu. 69:6.5 C’était un péché d’éteindre une flamme ; si une hutte prenait feu, on la laissait bruler. Les feux des temples et des sanctuaires étaient sacrés et ne devaient jamais s’éteindre. On avait cependant coutume de rallumer de nouveaux feux chaque année ou après une calamité quelconque. Les femmes furent choisies comme prêtresses parce qu’elles étaient les gardiennes des feux familiaux. 69:6.6 Les premiers mythes sur le feu descendu de chez les dieux naquirent de l’observation d’incendies provoqués par la foudre. Les idées sur l’origine surnaturelle du feu conduisirent directement à son adoration, et le culte du feu donna naissance à la coutume du « passage dans les flammes », pratique qui fut conservée jusqu’à l’époque de Moïse. L’idée que l’on passe à travers le feu après la mort persiste toujours. Le mythe du feu fut un grand lien dans les temps primitifs et subsiste encore dans le symbolisme des Parsis. 69:6.7 Le feu conduisit à la cuisson des aliments ; « mange-cru » devint un terme de dérision. La cuisson diminua la dépense d’énergie vitale nécessaire pour digérer la nourriture et laissa ainsi à l’homme primitif quelques forces pour se cultiver socialement ; en même temps, l’élevage réduisait l’effort indispensable pour se procurer des aliments et donnait du temps pour les activités sociales. 69:6.8 Il ne faut pas oublier que le feu ouvrit la porte à la métallurgie et conduisit subséquemment à la découverte de la puissance de la vapeur et, de nos jours, aux utilisations de l’électricité. 7. L’emploi des animaux 69:7.1 À l’origine, le monde animal tout entier était l’ennemi de l’homme ; les êtres humains durent apprendre à se protéger contre les bêtes. L’homme commença par manger les animaux, mais apprit plus tard à les domestiquer et à les dresser pour le servir. 69:7.2 La domestication des animaux apparut fortuitement. Les sauvages chassaient les troupeaux à peu près comme les Indiens américains chassaient le bison. En encerclant le troupeau, ils pouvaient garder le contrôle des animaux et ne les tuer que dans la mesure où ils en avaient besoin pour se nourrir. Ils construisirent plus tard des enclos et capturèrent des troupeaux entiers. 69:7.3 Il fut facile d’apprivoiser certains animaux, mais beaucoup d’entre eux, à l’instar des éléphants, ne se reproduisaient pas en captivité. On découvrit bientôt que certaines espèces supportaient la présence de l’homme et se reproduisaient en captivité. La domestication des animaux s’instaura ainsi par l’élevage sélectif, art qui a fait de grands progrès depuis l’époque de Dalamatia. 69:7.4 Le chien fut le premier animal à être domestiqué ; la difficile expérience de son dressage commença lorsqu’un certain chien, après avoir accompagné un chasseur toute une journée, le suivit jusque chez lui. Pendant des générations, le chien servit de nourriture, pour la chasse et les transports, et d’animal de compagnie. À l’origine, les chiens ne faisaient que hurler, mais plus tard ils apprirent à aboyer. Le flair subtil du chien fit naitre l’idée qu’il était capable de voir les esprits, et c’est ainsi qu’apparut le culte du chien-fétiche. L’emploi de chiens de garde permit pour la première fois au clan tout entier de dormir la nuit. On prit alors l’habitude d’employer des chiens de garde pour protéger le foyer contre les esprits aussi bien que contre les ennemis matériels. Quand le chien aboyait, c’était signe qu’un homme ou une bête approchait, mais, quand il hurlait, les esprits ne devaient pas être loin. Même aujourd’hui, beaucoup de gens croient encore que le hurlement d’un chien la nuit est un signe de mort. 69:7.5 Tant que les hommes furent des chasseurs, ils restèrent assez bons pour les femmes, mais, après la domestication des animaux, alors que régnait en outre la confusion de Caligastia, beaucoup de tribus traitèrent leurs femmes d’une façon honteuse, en n’ayant pas beaucoup plus d’égards pour elles que pour leurs animaux. Les traitements brutaux infligés aux femmes par les hommes constituent l’un des chapitres les plus sombres de l’histoire humaine. 8. L’esclavage en tant que facteur de civilisation 69:8.1 Les hommes primitifs n’hésitèrent jamais à réduire leurs compagnons en esclavage. La femme fut le premier esclave, un esclave familial. Les peuplades pastorales asservirent les femmes en en faisant des partenaires sexuelles inférieures. Cette sorte d’esclavage sexuel découla directement de l’indépendance accrue de l’homme par rapport à la femme. 69:8.2 Il n’y a pas si longtemps, l’esclavage était le sort des prisonniers de guerre qui refusaient la religion de leurs vainqueurs. Dans les temps les plus anciens, les captifs étaient mangés ou torturés à mort, ou contraints de se combattre mutuellement, ou sacrifiés aux esprits, ou réduits en esclavage. L’esclavage fut un grand progrès sur le massacre des vaincus et le cannibalisme. 69:8.3 L’esclavage fut un pas en avant vers un traitement plus clément des prisonniers de guerre. L’embuscade d’Aï, suivie du massacre total des hommes, des femmes et des enfants, le roi seul étant épargné pour satisfaire la vanité du vainqueur, est une image fidèle des boucheries barbares auxquelles se livraient même des peuples supposés civilisés. Le coup de main contre Og, roi de Basan, fut tout aussi brutal et radical. Les Hébreux « détruisaient complètement » leurs ennemis et s’emparaient de tous leurs biens à titre de butin. Ils imposaient un tribut à toutes les villes sous peine de « destruction de tous les mâles ». Mais beaucoup de tribus de la même époque manifestaient moins d’égoïsme tribal et avaient depuis longtemps commencé à adopter les captifs supérieurs. 69:8.4 Les chasseurs, par exemple les hommes rouges américains, ne pratiquaient pas l’esclavage. Ils adoptaient leurs captifs ou bien ils les tuaient. L’esclavage n’était pas répandu chez les peuples pasteurs parce qu’ils avaient besoin de peu d’ouvriers. En temps de guerre, les peuplades de bergers avaient l’habitude de tuer tous les hommes captifs et de n’emmener en esclavage que les femmes et les enfants. Le code de Moïse contenait des dispositions spécifiques pour que ces captives deviennent des épouses. Si elles ne plaisaient pas, les Hébreux avaient le droit de les chasser, mais ils n’avaient pas le droit de vendre comme esclaves de telles épouses répudiées – ce fut au moins un progrès de la civilisation. Bien que le niveau social des Hébreux fût grossier, il était malgré tout très supérieur à celui des tribus environnantes. 69:8.5 Les pasteurs furent les premiers capitalistes ; leurs troupeaux représentaient un capital, et ils vivaient sur l’intérêt – le croit naturel. Ils n’étaient guère enclins à confier ces richesses aux soins d’esclaves ou de femmes. Plus tard, ils firent des prisonniers masculins, qu’ils forcèrent à cultiver le sol. Telle est l’origine première du servage – l’homme attaché à la terre. Les Africains apprenaient facilement à travailler la terre, et c’est pourquoi ils devinrent la grande race esclave. 69:8.6 L’esclavage fut un maillon indispensable dans la chaine de la civilisation humaine. Il constitua le pont sur lequel la société passa du chaos et de l’indolence à l’ordre et aux activités de la civilisation ; il contraignit au travail les peuples arriérés et paresseux, ce qui procura à leurs supérieurs les richesses et les loisirs permettant le progrès social. 69:8.7 L’institution de l’esclavage força l’homme à inventer les mécanismes régulateurs de la société primitive ; elle donna naissance aux premières formes de gouvernement. L’esclavage exige une forte réglementation ; il disparut pratiquement pendant le Moyen-Âge européen parce que les seigneurs féodaux ne pouvaient plus contrôler leurs esclaves. Les tribus arriérées des anciens temps, tout comme les aborigènes australiens d’aujourd’hui, n’eurent jamais d’esclaves. 69:8.8 Il est vrai que l’esclavage fut opprimant, mais c’est à l’école de l’oppression que les hommes apprirent l’industrie. Les esclaves partagèrent, en fin de compte, les bienfaits d’une société supérieure qu’ils avaient bien involontairement contribué à bâtir. L’esclavage crée une organisation culturelle et des réalisations sociales, mais attaque bientôt insidieusement la société par l’intérieur et se révèle la plus grave des maladies sociales destructrices. 69:8.9 Les inventions mécaniques modernes ont rendu l’esclavage suranné. L’esclavage, comme la polygamie, est en voie de disparaitre parce qu’il ne paie pas. Par contre, il s’est toujours révélé désastreux de libérer d’un seul coup un grand nombre d’esclaves ; leur émancipation progressive donne lieu à moins de troubles. 69:8.10 À l’heure actuelle, les hommes ne sont plus des esclaves sociaux, mais des milliers de personnes permettent à l’ambition de les asservir par des dettes. L’esclavage involontaire a cédé la place à une forme nouvelle et améliorée de servitude industrielle modifiée. 69:8.11 Bien que l’idéal de la société soit la liberté universelle, l’oisiveté ne devrait jamais être tolérée. Toute personne valide devrait être forcée d’accomplir une quantité de travail au moins suffisante pour la faire vivre. 69:8.12 La société moderne fait marche arrière. L’esclavage a presque disparu ; les animaux domestiques sont en train d’en faire autant, et la civilisation revient au feu – au monde inorganique – pour l’énergie dont elle a besoin. L’homme est sorti de l’état sauvage grâce au feu, à l’esclavage et aux animaux. Aujourd’hui, il reprend la route inverse ; il rejette le concours des esclaves et l’assistance des animaux, et cherche à arracher aux réserves élémentaires de la nature de nouveaux secrets et de nouvelles sources de richesses et de puissance. 9.La propriété privée 69:9.1 Bien que la société primitive fût pratiquement communautaire, les hommes primitifs ne pratiquaient pas les doctrines modernes du communisme. Le communisme de ces premiers temps n’était ni une pure théorie ni une doctrine sociale ; il était un ajustement automatique simple et pratique. Ce communisme empêchait le paupérisme et la misère. La mendicité et la prostitution étaient à peu près inconnues dans ces anciennes tribus. 69:9.2 Le communisme primitif ne nivela pas spécialement les hommes par le bas ; il n’exalta pas la médiocrité, mais donna une prime à l’oisiveté et à la paresse, étouffa l’industrie et détruisit l’ambition. Le communisme fut l’échafaudage indispensable à la croissance de la société primitive, mais il céda la place à l’évolution d’un ordre social plus élevé, parce qu’il allait à l’encontre de quatre puissantes inclinations humaines : 69:9.3 1. La famille. L’homme ne cherche pas seulement à accumuler des biens ; il désire léguer son capital à sa progéniture. Mais, dans la société communautaire primitive, le capital laissé par un homme au moment de sa mort était soit consommé immédiatement, soit réparti entre les membres de son groupe. On n’héritait pas d’une propriété - les droits successoraux étaient de cent pour cent. La coutume ultérieure d’accumuler des capitaux et de transmettre la propriété par héritage représenta un progrès social très net, et ceci en dépit des grossiers abus ultérieurs accompagnant le mauvais emploi du capital. 69:9.4 2. Les tendances religieuses. L’homme primitif voulait également se constituer une propriété comme un point de départ pour sa vie dans sa prochaine existence. Ce mobile explique pourquoi l’on garda si longtemps la coutume d’ensevelir les biens personnels d’un défunt avec lui. Les anciens croyaient que seuls les riches survivaient à la mort avec quelque dignité et plaisir dans l’immédiat. Ceux qui enseignèrent les religions révélées, et plus spécialement les éducateurs chrétiens, furent les premiers à proclamer que les pauvres pouvaient obtenir leur salut dans les mêmes conditions que les riches. 69:9.5 3. Le désir de liberté et de loisirs. Aux premiers temps de l’évolution sociale, la mainmise du groupe sur les revenus individuels était pratiquement une forme d’esclavage ; le travailleur devenait l’esclave de l’oisif. La faiblesse autodestructrice de ce communisme fut que les imprévoyants prirent l’habitude de vivre aux crochets des économes. Même dans les temps modernes, les imprévoyants comptent sur l’état (sur les contribuables économes) pour prendre soin d’eux. Ceux qui n’ont pas de capitaux s’attendent toujours à être nourris par ceux qui en ont. 69:9.6 4. Le besoin de sécurité et de puissance. Le communisme fut finalement éliminé par les fraudes d’individus progressistes et prospères qui eurent recours à divers subterfuges pour éviter de devenir esclaves des paresseux oisifs de leur tribu. Au début, toute thésaurisation fut secrète, car l’insécurité des temps primitifs empêchait d’accumuler visiblement des capitaux. Même plus tard, il fut extrêmement dangereux d’amasser de trop grandes richesses ; on était sûr que le roi forgerait quelque accusation pour confisquer les biens d’un homme fortuné. D’ailleurs, quand un homme riche mourait, les funérailles étaient retardées jusqu’à ce que la famille ait fait don d’une forte somme à une institution publique ou au roi, ce qui était une forme de taxe successorale. 69:9.7 Dans les tout premiers temps, les femmes étaient propriété de la communauté et la mère dominait la famille. Les chefs primitifs possédaient toutes les terres et étaient propriétaires de toutes les femmes ; un mariage ne pouvait se conclure sans le consentement du chef de la tribu. Quand le communisme disparut, les femmes devinrent propriété individuelle, et le père de famille assuma peu à peu le pouvoir domestique. C’est ainsi que le foyer apparut ; les coutumes prédominantes de polygamie furent progressivement remplacées par la monogamie. (La polygamie est la survivance du concept d’esclavage de la femme dans le mariage. La monogamie est l’idéal, libre de tout esclavage, de l’association incomparable d’un seul homme et d’une seule femme dans la merveilleuse entreprise d’édifier un foyer, d’élever des enfants, de se cultiver mutuellement et de s’améliorer.) 69:9.8 À l’origine, tous les biens, y compris les outils et les armes, étaient propriété commune de la tribu. La propriété privée comprit d’abord toutes les choses qu’un individu avait personnellement touchées. Si un étranger buvait dans une coupe, cette coupe était désormais la sienne. Plus tard, toute place où du sang avait été versé devenait la propriété de la personne ou du groupe blessé. 69:9.9 La propriété privée fut donc respectée à l’origine parce qu’on la supposait chargée d’une certaine partie de la personnalité de son possesseur. L’honnêteté à l’égard de la propriété reposait en sécurité sur cette superstition ; nulle police n’était nécessaire pour protéger les biens personnels. Il n’y avait pas de vols à l’intérieur du groupe, mais les hommes n’hésitaient pas à s’approprier les biens des autres tribus. Les relations de propriété ne prenaient pas fin avec la mort ; de bonne heure, les effets personnels furent brulés, puis ensevelis avec le défunt et, plus tard, hérités par la famille survivante ou par la tribu. 69:9.10 Les effets personnels d’ordre ornemental tirèrent leur origine du port d’amulettes ; la vanité doublée de la peur des fantômes amena les hommes primitifs à résister à toute tentative de les délester de leurs amulettes favorites auxquelles ils attribuaient plus de valeur qu’au nécessaire. 69:9.11 L’emplacement où il dormait fut l’une des premières propriétés de l’homme. Plus tard, des domiciles furent attribués par le chef de la tribu, qui détenait toute la propriété foncière pour le compte du groupe. Bientôt, l’emplacement du feu conféra la propriété. Plus tard encore, un puits constitua un droit sur les terres attenantes. 69:9.12 Les trous d’eau et les puits figurèrent parmi les premières possessions privées. Toutes les pratiques fétichistes furent employées pour protéger les trous d’eau, les puits, les arbres, les récoltes et le miel. Quand la foi dans les fétiches disparut, des lois furent élaborées pour protéger la propriété privée. Mais les lois sur les gibiers, les droits de chasse, précédèrent de beaucoup les lois foncières. Les hommes rouges américains ne comprirent jamais la propriété privée des terres ; ils ne pouvaient saisir le point de vue de l’homme blanc. 69:9.13 La propriété privée fut marquée de bonne heure par des insignes de famille, lointaine origine des emblèmes héraldiques. Les biens fonciers pouvaient aussi être placés sous la garde des esprits. Les prêtres « consacraient » un terrain qui reposait alors sous la protection des tabous magiques érigés sur lui. On disait des propriétaires de ce terrain qu’ils avaient un « titre de prêtre ». Les Hébreux portaient un grand respect à ces bornes familiales : « Maudit soit celui qui déplace la borne de son voisin. » Ces jalons de pierre portaient les initiales du prêtre. Les arbres eux-mêmes devenaient propriété privée quand ils étaient marqués d’initiales. 69:9.14 Dans les temps primitifs, seules les récoltes étaient propriétés privées, mais des récoltes successives conféraient un droit ; l’agriculture fut ainsi la genèse de la propriété privée des terres. Les individus ne reçurent d’abord une terre que pour la durée de leur vie ; à leur mort, la terre revenait à la tribu. Les tout premiers droits fonciers donnés aux individus par la tribu furent des tombeaux - des cimetières familiaux. À une époque plus récente, la terre appartint à ceux qui l’entourèrent d’une barrière. Mais les villes se réservèrent toujours certaines terres comme pâtures publiques et pour servir en cas de siège ; les « terrains communaux » sont la survivance des formes primitives de propriété collective. 69:9.15 Ce fut finalement l’État qui attribua la propriété aux individus, en se réservant le droit de lever des impôts. Une fois qu’ils eurent assuré leurs titres, les propriétaires fonciers purent percevoir des loyers, et la terre devint une source de revenus – un capital. Finalement, la terre devint vraiment négociable, avec des ventes, des transferts, des hypothèques et des forclusions. 69:9.16 La propriété privée accrut la liberté et renforça la stabilité ; mais la possession privée de la terre ne reçut de sanction sociale qu’après l’échec du contrôle et de la direction par la communauté. Elle fut bientôt suivie de l’apparition successive d’esclaves, de serfs et de classes sociales dépourvus de terres. Mais le perfectionnement du machinisme délivre progressivement l’homme de l’esclavage des travaux serviles. 69:9.17 Le droit de propriété n’est pas absolu ; il est purement social. Mais les gouvernements, les lois, l’ordre, les droits civils, les libertés sociales, les conventions, la paix et le bonheur que connaissent les peuples modernes se sont tous développés autour de la propriété privée des biens. 69:9.18 L’ordre social actuel n’est pas nécessairement juste - il n’est ni divin ni sacré - mais l’humanité fera bien d’aller lentement pour procéder à des modifications. Le système que vous avez mis en place est bien supérieur à tous ceux qu’ont connus vos ancêtres. Quand vous changerez l’ordre social, assurez-vous que vous le ferez pour un ordre meilleur. Ne vous laissez pas convaincre d’expérimenter avec les formules rejetées par vos aïeux. Allez de l’avant, ne reculez pas ! Laissez l’évolution se poursuivre ! Ne faites pas un pas en arrière. 69:9.19 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.] Fascicule 70. L’évolution du gouvernement humain 70:0.1 À peine l’homme eut-il partiellement résolu le problème de sa subsistance qu’il fut confronté à la tâche de réglementer les contacts humains. Le développement de l’industrie exigeait des lois, de l’ordre et un ajustement social ; la propriété privée nécessitait un gouvernement. 70:0.2 Sur un monde évolutionnaire, les antagonismes sont naturels, la paix ne s’assure que par un système social régulateur. La réglementation sociale est inséparable de l’organisation sociale ; une association implique une autorité qui contrôle. Le gouvernement oblige à coordonner les antagonismes entre tribus, clans, familles et individus. 70:0.3 Le gouvernement est un développement inconscient ; il évolue par tâtonnements. Il possède une valeur de survie et, en conséquence, il devient traditionnel. L’anarchie accroissait la misère ; c’est pourquoi les gouvernements (la loi et l’ordre relatifs) émergèrent lentement ou sont en train d’apparaitre. Les exigences coercitives de la lutte pour l’existence ont littéralement poussé la race humaine sur la route progressive de la civilisation. 1. La genèse de la guerre 70:1.1 La guerre est l’état naturel et l’héritage de l’homme en évolution ; la paix est l’étalon social mesurant le développement de la civilisation. Avant que les races en progrès n’aient été partiellement organisées au point de vue social, l’homme était très individualiste, extrêmement méfiant et querelleur à un point incroyable. La violence est la loi de la nature, l’hostilité est la réaction automatique des enfants de la nature, tandis que la guerre n’est que ces mêmes activités poursuivies collectivement. Dans toutes les circonstances où le tissu dont est faite la civilisation est soumis à des tensions à cause des complications découlant du progrès de la société, il se produit, partout et toujours, un retour immédiat et ruineux à ces méthodes initiales pour ajuster, par la violence, les frictions provenant des relations entre humains. 70:1.2 La guerre est une réaction animale contre les malentendus et les irritations ; la paix accompagne la solution civilisée de tous ces problèmes et difficultés. Les races Sangiks, ainsi que plus tard les Adamites et les Nodites dégénérés, étaient toutes belliqueuses. Les Andonites apprirent de bonne heure la règle d’or ; aujourd’hui encore, leurs descendants Esquimaux vivent principalement selon ce code ; la coutume est forte parmi eux, et ils sont relativement exempts d’antagonismes violents. 70:1.3 Andon apprit à ses enfants à résoudre leurs litiges en les faisant frapper chacun un arbre avec un bâton tout en maudissant l’arbre ; le premier dont le bâton cassait était proclamé vainqueur. Plus tard, les Andonites réglèrent leurs différends en organisant des séances publiques au cours desquelles les adversaires se raillaient et se ridiculisaient mutuellement, tandis que l’auditoire désignait le vainqueur par acclamations. 70:1.4 Mais le phénomène de la guerre ne pouvait apparaitre avant que la société ait assez évolué pour expérimenter effectivement des périodes de paix et sanctionner des pratiques guerrières. Le concept même de la guerre implique un certain degré d’organisation. 70:1.5 Après l’apparition de groupements sociaux, les irritations individuelles commencèrent à se fondre dans les sentiments collectifs, et ceci favorisa la tranquillité à l’intérieur des tribus, mais aux dépens de la paix entre tribus. La paix fut donc d’abord la prérogative du groupe interne, ou tribu, qui détestait et haïssait toujours le groupe externe, les étrangers. L’homme primitif considérait comme louable de verser le sang étranger. 70:1.6 Mais même ceci ne réussit pas au début. Quand les premiers chefs essayèrent d’aplanir des malentendus, ils se virent souvent obligés d’autoriser, au moins une fois par an, des combats à coup de pierre dans la tribu. Les membres du clan se divisaient en deux groupes et se lançaient dans une bataille qui durait toute la journée, sans aucune autre raison que de s’amuser ; ils aimaient réellement se battre. 70:1.7 La guerre subsiste parce que l’homme est humain, qu’il descend de l’animal par évolution et que tous les animaux sont belliqueux. Parmi les premières causes de guerre, on compte : 70:1.8 1. La faim, qui conduisit à des razzias sur la nourriture. La rareté des terres a toujours amené la guerre, et, au cours de ces luttes, les premières tribus pacifiques furent pratiquement exterminées. 70:1.9 2. La pénurie de femmes - une tentative pour suppléer à l’insuffisance d’aide domestique. Le rapt de femmes a toujours provoqué la guerre. 70:1.10 3. La vanité - le désir d’exhiber les prouesses de la tribu. Les groupes supérieurs combattaient pour imposer leur mode de vie aux peuples inférieurs. 70:1.11 4. Les esclaves - le besoin de recrues pour la main-d’œuvre. 70:1.12 5. La vengeance constituait le motif de guerre quand une tribu croyait qu’une autre tribu voisine avait occasionné la mort d’un des siens. Le deuil se prolongeait jusqu’à ce qu’une tête fut rapportée. La guerre de vengeance fut considérée comme justifiée jusqu’à une époque relativement moderne. 70:1.13 6. Le délassement - la guerre était envisagée comme une récréation par les jeunes de ces temps reculés. Quand il n’y avait pas de prétexte assez bon et suffisant pour déclencher une guerre, quand la paix devenait oppressante, les tribus voisines avaient l’habitude d’engager des sorties de combat semi-amical afin de se lancer dans une escarmouche en tant que délassement, de jouir d’un simulacre de bataille. 70:1.14 7. La religion - le désir de convertir à un culte. Toutes les religions primitives sanctionnaient la guerre. C’est seulement tout récemment que la religion a commencé à la désapprouver. Malheureusement, l’ancien clergé était en général allié à la puissance militaire. L’une des grandes mesures des âges pour la paix fut la tentative de séparer l’Église de l’État. 70:1.15 Les anciennes tribus faisaient toujours la guerre à la demande de leurs dieux, sur ordre de leurs chefs ou de leurs sorciers-guérisseurs. Les Hébreux croyaient en un tel « Dieu des batailles » ; l’histoire de leur raid contre les Madianites est un récit typique de la cruauté atroce des anciennes guerres de tribus ; cette attaque, avec le massacre de tous les mâles et la tuerie subséquente de tous les enfants mâles ainsi que de toutes les femmes qui n’étaient pas vierges, aurait fait honneur aux mœurs d’un chef de tribu d’il y a deux-cent-mille ans. Et tout ceci fut accompli au « nom du Seigneur Dieu d’Israël ». 70:1.16 Le présent récit décrit l’évolution de la société - la solution naturelle des problèmes des races - l’homme élaborant sa propre destinée sur terre. De telles atrocités ne sont pas commises à l’instigation de la Déité, nonobstant la tendance des hommes à en faire porter la responsabilité à leurs dieux. 70:1.17 La miséricorde militaire a été lente à se manifester dans l’humanité. Même pendant qu’une femme, Déborah, régnait sur les Hébreux, la même cruauté systématique persista. Lors de sa victoire sur les Gentils, le commandant des troupes de Déborah fit « passer toute l’armée au fil de l’épée ; il n’en subsista pas un seul ». 70:1.18 Très tôt dans l’histoire de la race, on employa des armes empoisonnées. Toutes sortes de mutilations furent pratiquées. Saül n’hésita pas à réclamer cent prépuces de Philistins comme dot à payer par David pour sa fille Mical. 70:1.19 Les premières guerres eurent lieu entre tribus entières, mais, plus tard, lorsque deux individus appartenant à des tribus différentes avaient une dispute, ils se battaient en duel au lieu d’entrainer les deux tribus dans une bataille générale. La coutume s’établit également pour deux armées de tout miser sur l’issue du combat entre deux représentants choisis de part et d’autre, comme ce fut le cas pour David et Goliath. 70:1.20 Le premier adoucissement de la guerre consista à faire des prisonniers. Puis les femmes furent exemptées des hostilités, et ensuite vint la récognition des non-combattants. Des castes militaires et des armées permanentes se développèrent bientôt pour marcher de pair avec la complexité croissante du combat. De bonne heure, il fut interdit aux guerriers de s’adjoindre des femmes et ces dernières avaient depuis longtemps cessé de combattre, bien qu’elles aient toujours nourri et soigné les soldats, et les aient exhortés à se battre. 70:1.21 La pratique de déclarer la guerre représenta un grand progrès. Ces déclarations d’intention de se battre dénotaient l’avènement d’un sens de l’équité qui fut suivi par le développement graduel des règles de la guerre « civilisée ». Très tôt, l’usage s’établit de ne pas combattre près des lieux consacrés à la religion et, plus tard, de ne point se battre pendant certains jours sanctifiés. Ensuite vint la reconnaissance générale du droit d’asile ; les réfugiés politiques reçurent une protection. 70:1.22 La guerre évolua ainsi graduellement de la primitive chasse à l’homme au système un peu plus ordonné des nations « civilisées » plus récentes. Cependant, l’attitude sociale d’amitié ne remplace que lentement celle d’inimitié. 2. La valeur sociale de la guerre 70:2.1 Dans les âges passés, une guerre féroce provoquait des changements sociaux et facilitait l’adoption d’idées neuves qui autrement n’auraient pas vu naturellement le jour en dix-mille ans. Le prix terrible payé pour ces avantages certains consistait en des reculs temporaires de la société à l’état sauvage ; la raison civilisée était forcée d’abdiquer. La guerre est un remède puissant, très couteux et fort dangereux ; elle guérit souvent certains troubles sociaux, mais parfois elle tue le patient, elle détruit la société. 70:2.2 La nécessité constante de la défense nationale crée de nombreux ajustements sociaux nouveaux et progressifs. De nos jours, la société jouit du bénéfice d’une longue liste d’innovations utiles qui furent d’abord uniquement militaires ; elle doit même à la guerre la danse, dont l’une des formes premières était un exercice militaire. 70:2.3 La guerre eut une valeur sociale pour les civilisations du passé parce qu’elle : 70:2.4 1. Imposait de la discipline, obligeait à la coopération. 70:2.5 2. Donnait une prime à la force d’âme et au courage. 70:2.6 3. Encourageait et renforçait le nationalisme. 70:2.7 4. Détruisait les peuples faibles et inaptes. 70:2.8 5. Supprimait l’illusion d’égalité primitive et stratifiait sélectivement la société. 70:2.9 La guerre a eu une certaine valeur évolutive et sélective, mais, tout comme l’esclavage, elle doit être un jour abandonnée au cours des lents progrès de la civilisation. Les guerres d’antan encourageaient les voyages et les relations culturelles ; maintenant, ces fins sont mieux servies par les méthodes modernes de transport et de communication. Les guerres d’antan fortifiaient les nations, mais les luttes modernes disloquent la culture civilisée. Les guerres anciennes aboutissaient à décimer les peuples inférieurs ; le résultat net des conflits modernes est la destruction sélective des meilleures souches humaines. Les guerres du passé favorisaient l’organisation et le rendement, mais ceux-ci sont maintenant devenus les buts de l’industrie moderne. Au cours des temps passés, la guerre était un ferment social qui poussait la civilisation en avant ; ce résultat s’obtient mieux maintenant par l’ambition et l’invention. Les guerres anciennes soutenaient le concept d’un Dieu des batailles, mais l’homme moderne a été informé que Dieu est amour. La guerre a servi bien des desseins utiles dans le passé, elle a été un échafaudage indispensable pour construire la civilisation, mais elle court rapidement à sa faillite culturelle - elle devient totalement incapable de donner en gains sociaux des dividendes proportionnés aux pertes terribles qui l’accompagnent. 70:2.10 Jadis, les médecins croyaient à la saignée pour guérir de nombreuses maladies, mais, depuis lors, ils ont découvert des remèdes plus efficaces pour la plupart de ces troubles. De même il faudra certainement que la saignée internationale de la guerre fasse place à la découverte de meilleures méthodes pour guérir les maux des nations. 70:2.11 Les nations d’Urantia se sont déjà engagées dans la lutte gigantesque entre le militarisme nationaliste et l’industrialisme. Sous bien des rapports, ce conflit est analogue à la lutte séculaire entre les pâtres-chasseurs et les cultivateurs. Mais, si l’industrialisme doit triompher du militarisme, il doit éviter les dangers qui l’assaillent. Les périls de l’industrie naissante sur Urantia sont : 70:2.12 1. La forte tendance au matérialisme, l’aveuglement spirituel. 70:2.13 2. Le culte de la puissance de la richesse, la dénaturation des valeurs. 70:2.14 3. Les vices attenants au luxe, le manque de maturité culturelle. 70:2.15 4. Les dangers croissants de l’indolence, l’insensibilité à l’esprit de service. 70:2.16 5. L’accroissement d’une mollesse raciale indésirable, la dégénérescence biologique. 70:2.17 6. La menace d’esclavage industriel standardisé, la stagnation de la personnalité. Le travail ennoblit, mais les corvées fastidieuses abêtissent. 70:2.18 Le militarisme est autocrate et cruel - voire sauvage. Il favorise l’organisation sociale parmi les conquérants, mais il désintègre les vaincus. L’industrialisme est plus civilisé et devrait être mené de manière à encourager les initiatives et l’individualisme. La société devrait favoriser l’originalité par tous les moyens. 70:2.19 Ne commettez pas l’erreur de glorifier la guerre ; discernez plutôt ce qu’elle a fait pour la société afin de pouvoir imaginer plus exactement le rôle de ses substituts pour continuer à faire progresser la civilisation. À défaut de substituts adéquats, vous pouvez être certains que la guerre continuera encore longtemps. 70:2.20 Les hommes n’accepteront jamais la paix, en tant que mode normal de vie, avant d’avoir été convaincus, entièrement et à maintes reprises, que la paix est ce qu’il y a de mieux pour leur bien-être matériel, et aussi avant que la société ait sagement fourni des substituts pacifiques pour satisfaire à l’une de leurs tendances inhérentes, celle de laisser périodiquement libre cours à une poussée collective destinée à libérer les sentiments et les énergies perpétuellement accumulés provenant des réactions de l’instinct humain de conservation. 70:2.21 Mais, même en passant, la guerre devrait être honorée en tant qu’école d’expérience qui a contraint une race d’individualistes arrogants à se soumettre à une autorité hautement concentrée – un chef exécutif. La guerre à l’ancienne mode conduisait à choisir pour chefs les hommes naturellement éminents, mais la guerre moderne ne le fait plus. Pour découvrir des chefs, la société doit maintenant se tourner du côté des conquêtes pacifiques : l’industrie, la science et les réalisations sociales. 3. Les associations humaines primitives 70:3.1 Dans la société la plus primitive, la horde est tout ; même les enfants lui appartiennent en commun. La famille évoluante remplaça la horde dans la puériculture, tandis que les clans et tribus émergents prenaient sa place en tant qu’unités sociales. 70:3.2 L’appétit sexuel et l’amour maternel instaurent la famille, mais aucun véritable gouvernement n’apparait avant que des groupes suprafamiliaux aient commencé à se former. Aux temps préfamiliaux de la horde, le commandement était assuré par des individus choisis sans formalités. Les Boschimans africains n’ont jamais dépassé ce stade primitif ; leurs hordes n’ont pas de chefs. 70:3.3 Les familles s’unirent par des liens de sang en clans, en assemblées de parents, et les clans se transformèrent, plus tard, en tribus, en communautés territoriales. La guerre et la pression extérieure forcèrent les clans de parenté à s’organiser en tribus, mais ce furent le commerce et le négoce qui assurèrent la cohésion de ces groupes primitifs avec un certain degré de paix intérieure. 70:3.4 La paix sur Urantia sera amenée bien davantage par des organisations de commerce international que par toute la sophistique sentimentale des plans chimériques de paix. Les relations commerciales ont été facilitées par le développement du langage et par des méthodes perfectionnées de communications, ainsi que par l’amélioration des moyens de transport. 70:3.5 L’absence d’un langage commun a toujours entravé la croissance des groupes pacifiques, mais l’argent est devenu le langage universel du commerce moderne. La cohésion de la société moderne est en grande partie assurée par le marché industriel. L’appât du gain est un important élément civilisateur quand le désir de servir s’y ajoute. 70:3.6 Au début, chaque tribu était entourée par des zones concentriques de peur et de soupçons croissants, d’où l’ancienne coutume de tuer tous les étrangers et, plus tard, de les réduire en esclavage. La vieille idée d’amitié signifiait l’adoption dans le clan ; on croyait que l’on continuait à appartenir à son clan après la mort - ce fut l’un des premiers concepts de la vie éternelle. 70:3.7 La cérémonie d’adoption consistait à boire le sang l’un de l’autre. Dans certains groupes, on échangeait de la salive au lieu de boire du sang ; ce fut l’origine du baiser conventionnel. Et toutes les cérémonies d’association, qu’elles fussent de mariage ou d’adoption, se terminaient toujours par des festins. 70:3.8 Plus tard, on employa du sang dilué dans du vin rouge et, finalement, on but seulement du vin pour sceller la cérémonie d’adoption ; celle-ci était notifiée par l’attouchement des coupes de vin et consommée par l’absorption de la boisson. Les Hébreux employèrent une forme modifiée de cette cérémonie d’adoption. Leurs ancêtres arabes utilisaient le serment prêté pendant que la main du candidat reposait sur l’organe génital du natif de la tribu. Les Hébreux traitaient les étrangers adoptés avec bienveillance et fraternité. « L’étranger qui séjourne parmi vous sera pour vous comme quelqu’un né parmi vous, et tu l’aimeras comme toi-même. » 70:3.9 « L’amitié de l’hôte » était une relation d’hospitalité temporaire. Quand les invités en visite partaient, on cassait un plat en deux moitiés, dont l’une était donnée à l’ami partant pour servir d’introduction appropriée à une tierce personne qui pourrait arriver plus tard en visite. Il était de règle, pour les convives, de payer leur écot en racontant des histoires de leurs voyages et aventures. Les conteurs d’antan devinrent si populaires que les mœurs finirent par leur interdire d’exercer leurs talents aux époques de la chasse ou des moissons. 70:3.10 Les premiers traités de paix furent les « liens de sang ». Les ambassadeurs de paix de deux tribus en guerre se rencontraient, se rendaient hommage et ensuite se mettaient à piquer leur peau jusqu’à ce qu’elle saigne ; après quoi, ils suçaient mutuellement leur sang et déclaraient la paix. 70:3.11 Les premières missions de paix consistèrent en des délégations d’hommes amenant leurs plus belles jeunes filles pour assouvir l’appétit sexuel de leurs ex-ennemis, cet appétit étant utilisé pour combattre les tendances belliqueuses. La tribu ainsi honorée rendait la visite, avec son offrande de jeunes filles ; sur quoi, la paix était fermement établie et, bientôt, des mariages entre les familles des chefs étaient sanctionnés. 4. Clans et tribus 70:4.1 Le premier groupe pacifique fut la famille ; vinrent ensuite le clan, la tribu et plus tard la nation, qui devint en fin de compte l’État territorial moderne. Le fait que les groupes pacifiques, de nos jours, se soient développés depuis longtemps au-delà des liens du sang pour englober des nations est fort encourageant, malgré le fait que les nations d’Urantia dépensent encore des sommes immenses pour des préparatifs de guerre. 70:4.2 Les clans étaient des groupes liés par le sang, au sein de la tribu. Ils devaient leur existence à certains intérêts communs, tels que : 70:4.3 1. Leur filiation remontant à un ancêtre commun. 70:4.4 2. La fidélité à un totem religieux commun. 70:4.5 3. L’emploi d’un même dialecte. 70:4.6 4. Le partage d’un même lieu de séjour. 70:4.7 5. La crainte des mêmes ennemis. 70:4.8 6. Le partage d’une expérience militaire commune. 70:4.9 Les chefs des clans étaient toujours subordonnés au chef de la tribu ; les premiers gouvernements tribaux furent une vague confédération de clans. Les aborigènes australiens n’ont jamais développé une forme tribale de gouvernement. 70:4.10 Les chefs de temps de paix des clans régnaient en général par la ligne maternelle ; les chefs de guerre des tribus établirent la ligne paternelle. La cour des chefs de tribu et des premiers rois se composait des chefs de clans. La coutume voulait qu’ils fussent invités plusieurs fois par an à se présenter devant le roi, ce qui lui permettait de les surveiller et de mieux s’assurer leur coopération. Les clans jouèrent un rôle très utile dans les autarchies locales, mais retardèrent considérablement la croissance de nations grandes et fortes. 5. Les débuts du gouvernement 70:5.1 Toute institution humaine a eu un commencement, et le gouvernement civil est un produit de l’évolution progressive au même titre que le mariage, l’industrie et la religion. À partir des premiers clans et des tribus primitives, se développèrent progressivement les régimes successifs de gouvernement humain qui ont apparu et disparu pour arriver finalement aux formes de réglementation civile et sociale qui caractérisent le deuxième tiers du vingtième siècle. 70:5.2 Avec l’apparition graduelle des unités familiales, les bases du gouvernement furent établies dans l’organisation du clan, le groupement de familles consanguines. Le premier véritable corps gouvernemental fut le conseil des anciens. Ce groupe régulateur se composait d’hommes âgés qui s’étaient distingués de quelque manière efficace. La sagesse et l’expérience furent appréciées de bonne heure même par l’homme barbare, et il s’ensuivit une longue période de domination par les anciens. Ce règne oligarchique de l’âge se transforma petit à petit en l’idée du patriarcat. 70:5.3 Les premiers conseils des anciens contenaient le potentiel de toutes les fonctions gouvernementales : l’exécutif, le législatif et le judiciaire. Quand le conseil interprétait les mœurs courantes, il était un tribunal ; quand il établissait de nouveaux modes d’usages sociaux, il était une assemblée législative ; dans la mesure où ces décrets et promulgations étaient mis en vigueur, il était le pouvoir exécutif. Le président du conseil des anciens fut un des précurseurs du chef de tribu subséquent. 70:5.4 Certaines tribus avaient des conseils féminins et, de temps à autre, bien des tribus furent régies par des femmes. Certaines tribus d’hommes rouges conservèrent l’enseignement d’Onamonalonton en suivant les décisions unanimes du « conseil des sept ». 70:5.5 Il a été difficile au genre humain d’apprendre que ni la paix ni la guerre ne peuvent être régies par une assemblée consultative. Les « palabres » primitives furent rarement utiles. La race apprit de bonne heure qu’une armée commandée par un groupe de chefs de clans n’avait aucune chance contre une forte armée n’ayant qu’un seul chef. La guerre a toujours engendré des rois. 70:5.6 Au début, les chefs militaires furent choisis uniquement pour le service militaire et ils abandonnèrent un peu de leur autorité pendant les périodes de paix où leurs devoirs étaient davantage d’ordre social. Mais, peu à peu, ils commencèrent à empiéter sur les intervalles de paix avec tendance à continuer leur règne d’une guerre à la suivante. Souvent, ils veillaient à ce qu’une guerre ne mît pas trop longtemps à suivre la précédente. Ces seigneurs guerriers primitifs n’aimaient point la paix. 70:5.7 Plus tard, certains chefs furent choisis pour d’autres raisons que le service militaire, et sélectionnés à cause de leurs exceptionnelles qualités physiques ou de leurs remarquables aptitudes personnelles. Les hommes rouges avaient souvent deux groupes de chefs – les sachems, ou chefs de paix, et les chefs de guerre héréditaires. Les chefs de paix étaient également des juges et des éducateurs. 70:5.8 Quelques-unes des premières communautés furent régies par des sorciers-guérisseurs qui agirent souvent en tant que chefs. Un seul homme exerçait les fonctions de prêtre, de médecin et de chef exécutif. Les premiers insignes royaux avaient très souvent commencé par être des symboles ou des emblèmes de vêtements sacerdotaux. 70:5.9 Ce fut par ces étapes que la branche exécutive du gouvernement prit graduellement corps. Les conseils des clans et des tribus continuaient leur activité à titre consultatif et en tant que précurseurs des départements législatif et judiciaire qui apparurent plus tard. En Afrique, de nos jours, toutes ces formes de gouvernement primitif existent effectivement parmi les diverses tribus. 6. Le gouvernement monarchique 70:6.1 Un gouvernement d’État efficace n’apparut qu’avec l’arrivée d’un chef ayant pleine autorité exécutive. Les hommes découvrirent que l’on ne peut avoir de gouvernement efficace qu’en conférant le pouvoir à une personnalité, et non en soutenant une idée. 70:6.2 Le pouvoir souverain prit naissance dans l’idée de l’autorité ou de la richesse des familles. Quand un roitelet patriarcal devenait un véritable roi, on l’appelait parfois « père de son peuple ». Plus tard, on crut que les rois étaient issus de héros. Plus tard encore, le pouvoir devint héréditaire parce que l’on croyait à l’origine divine des rois. 70:6.3 La royauté héréditaire empêchait l’anarchie qui avait précédemment sévi entre la mort d’un roi et l’élection de son successeur, et fait tant de ravages. La famille avait un chef biologique et le clan, un chef naturel sélectionné, mais la tribu et, plus tard, l’État n’avaient pas de chef naturel ; ce fut un motif supplémentaire pour rendre héréditaires les rois-chefs. L’idée des familles royales et de l’aristocratie fut également fondée sur la coutume de « posséder un nom » dans les clans. 70:6.4 La succession des rois fut finalement considérée comme surnaturelle. On crut que le sang royal remontait à l’époque de l’état-major matérialisé du Prince Caligastia. Les rois devinrent ainsi des personnalités fétiches et furent démesurément craints ; une forme spéciale de langage fut adoptée à l’usage de la cour. Encore récemment, on a cru que l’attouchement des rois guérissait les maladies, et certains peuples d’Urantia considèrent encore que leurs souverains ont une origine divine. 70:6.5 Le roi-fétiche d’antan était souvent gardé dans l’isolement ; on le considérait comme trop sacré pour être vu, sauf pendant les jours de fête ou saints. On choisissait ordinairement un représentant pour le personnifier ; c’est là l’origine des premiers ministres. Le premier fonctionnaire ministériel fut un administrateur des aliments ; d’autres ne tardèrent pas à suivre. Les souverains nommèrent bientôt des représentants chargés du commerce et de la religion ; le développement des cabinets ministériels fut une mesure directe pour dépersonnaliser l’autorité exécutive. Les adjoints des premiers rois formèrent la noblesse attitrée, et l’épouse du roi fut graduellement élevée à la dignité de reine à mesure que les femmes en vinrent à être plus estimées. 70:6.6 Des souverains sans scrupules acquirent de grands pouvoirs par la découverte de poisons. La magie pratiquée dans les premières cours était diabolique ; les ennemis du roi mouraient bientôt. Toutefois, les tyrans, même les plus despotes, étaient assujettis à certaines restrictions ; ils étaient au moins freinés par la peur toujours présente d’être assassinés. Les sorciers-guérisseurs, les sorciers et les prêtres ont toujours puissamment freiné les rois. Par la suite, les propriétaires fonciers, l’aristocratie, exerça une influence restrictive et, de temps à autre, les clans et tribus se soulevaient tout simplement et renversaient leurs despotes et tyrans. Quand les souverains déposés étaient condamnés à mort, on leur accordait souvent le choix de se suicider, d’où l’origine de l’ancienne popularité du suicide en certaines circonstances. 7. Les clubs primitifs et les sociétés secrètes 70:7.1 Les liens du sang déterminèrent les premiers groupes sociaux. Les clans de parenté s’agrandirent par association. Les mariages intertribaux furent l’étape suivante d’accroissement du groupe, et la tribu complexe résultante forma le premier véritable corps politique. Le progrès suivant, dans le développement social, fut l’évolution des cultes religieux et des clubs politiques. Ils apparurent, en premier lieu, comme sociétés secrètes, entièrement religieuses à l’origine. Ensuite, ils fixèrent des règles. D’abord, ce furent des clubs d’hommes ; plus tard apparurent des groupes de femmes. Bientôt, ils se divisèrent en deux classes : politico-sociale et mystico-religieuse. 70:7.2 Ces sociétés avaient de nombreuses raisons pour rester secrètes, telles que : 70:7.3 1. La crainte d’attirer le courroux des dirigeants pour avoir violé quelque tabou. 70:7.4 2. Le désir de pratiquer des rites religieux minoritaires. 70:7.5 3. L’intention de préserver de précieux secrets « d’esprits » ou de commerce. 70:7.6 4. Le plaisir de posséder quelque talisman ou de la connaissance d’une magie spéciale. 70:7.7 Le fait même du secret conférait à tous les membres de ces sociétés le pouvoir du mystère vis-à-vis du reste de la tribu. Le secret flatte également la vanité ; les initiés formaient l’aristocratie sociale de leur temps. Après leur initiation, les jeunes gens chassaient avec les hommes, tandis qu’auparavant ils cueillaient les légumes avec les femmes. Et l’humiliation suprême, la disgrâce vis-à-vis de la tribu, consistait à échouer aux épreuves de puberté et à être ainsi obligé de rester hors de la demeure des hommes en compagnie des femmes et des enfants, à être considéré comme efféminé. D’ailleurs les non-initiés n’avaient pas la permission de se marier. 70:7.8 Les peuples primitifs apprirent de très bonne heure à leurs jeunes adolescents à maitriser leurs impulsions sexuelles. La coutume s’établit de séparer les garçons de leurs parents à partir de la puberté jusqu’au mariage, et de confier leur éducation et leur formation aux sociétés secrètes des hommes. L’une des fonctions principales de ces clubs était de conserver un contrôle sur les jeunes gens adolescents afin d’éviter les naissances illégitimes. 70:7.9 La prostitution commercialisée débuta quand ces clubs d’hommes payèrent en argent le droit de disposer de femmes d’autres tribus. Mais les groupes primitifs étaient remarquablement exempts de licence sexuelle. 70:7.10 La cérémonie d’initiation de la puberté s’étendait généralement sur une période de cinq années. Beaucoup d’entailles douloureuses et de tortures que l’on s’infligeait soi-même faisaient partie de ces cérémonies. La circoncision fut pratiquée d’abord comme rite d’initiation dans une de ces confréries secrètes. Les marques de la tribu étaient incisées sur le corps comme faisant partie de l’initiation de la puberté ; le tatouage fut à l’origine un insigne d’appartenance. De telles tortures, ainsi que de multiples privations, avaient pour but d’endurcir ces jeunes gens, de leur donner une idée des réalités de la vie et de ses tribulations inévitables. Ce résultat est mieux atteint par les jeux athlétiques et les épreuves physiques qui furent instaurés plus tard. 70:7.11 Mais les sociétés secrètes cherchaient réellement à améliorer la moralité des adolescents. L’un des buts principaux des cérémonies de puberté était de faire comprendre aux garçons qu’ils ne devaient pas toucher aux épouses des autres hommes. 70:7.12 Après ces années de discipline et d’entrainement rigoureux, et juste avant leur mariage, on laissait généralement aux jeunes gens une courte période de loisirs et de liberté après laquelle ils revenaient se marier en acceptant pour le reste de leur vie l’asservissement aux tabous de leur tribu. Cette ancienne coutume a subsisté jusqu’aux temps modernes dans l’idée stupide de « jeter sa gourme ». 70:7.13 Beaucoup de tribus sanctionnèrent ultérieurement la formation de clubs secrets de femmes, dont le but était de préparer les jeunes filles adolescentes à devenir des épouses et des mères. Après leur initiation, les jeunes filles étaient éligibles pour le mariage et recevaient la permission de participer à « la présentation des filles à marier », les débuts mondains de cette époque. Des ordres féminins avec vœux de célibat apparurent de bonne heure. 70:7.14 Bientôt, des clubs non secrets firent leur apparition quand des groupes masculins et féminins de célibataires formèrent leurs organisations séparées. En réalité, ces associations furent les premières écoles. Tandis que les clubs d’hommes et les clubs de femmes s’adonnaient souvent à des persécutions mutuelles, certaines tribus plus évoluées, après contact avec les éducateurs de Dalamatia, expérimentèrent l’enseignement mixte avec des internats pour chaque sexe. 70:7.15 Les sociétés secrètes contribuèrent à instaurer des castes sociales, principalement à cause du caractère mystérieux de leurs initiations. Les membres de ces sociétés portèrent d’abord des masques pour effrayer les curieux et les écarter de leurs rites de deuil - du culte des ancêtres. Ce rituel se transforma plus tard en pseudoséances au cours desquelles des fantômes étaient censés avoir apparu. Les sociétés anciennes de la « nouvelle naissance » utilisaient des signes et employaient un langage secret spécial ; elles proscrivaient aussi certains aliments et boissons. Elles jouaient le rôle de police de nuit et avaient, par ailleurs, une activité très étendue dans le domaine social. 70:7.16 Toutes les associations secrètes imposaient un serment à leurs adhérents, prescrivaient la confiance et enseignaient la conservation des secrets. Ces ordres secrets impressionnaient les foules et en avaient le contrôle ; ils agissaient également comme sociétés de vigilance et pratiquaient ainsi la loi de Lynch. Leurs membres furent les premiers espions des tribus en guerre et formèrent la première police secrète en temps de paix. Mieux encore, ils maintinrent les rois peu scrupuleux dans un état d’anxiété. Pour leur faire contrepoids, les rois entretinrent leur propre police secrète. 70:7.17 Ces sociétés donnèrent naissance aux premiers partis politiques. Le premier gouvernement de parti fut celui des « forts » contre les « faibles ». Dans les temps anciens, un changement d’administration ne survenait qu’après une guerre civile qui prouvait amplement que les faibles étaient devenus forts. 70:7.18 Ces clubs furent employés par les marchands pour faire rentrer leurs créances et par les souverains pour recouvrer des impôts. La taxation fiscale a été une longue lutte, dont l’une des premières formes fut la dime, le dixième du produit de la chasse ou du butin. À l’origine, les impôts furent prélevés pour maintenir le train de vie de la maison royale, mais on découvrit qu’il était plus facile de les recouvrer en les déguisant sous forme d’une offrande pour contribuer au service des temples. 70:7.19 Petit à petit, ces associations secrètes se transformèrent pour devenir les premières œuvres charitables, puis évoluèrent en sociétés religieuses primitives annonciatrices des Églises. Finalement, quelques-unes de ces sociétés devinrent communes à plusieurs tribus ; ce furent les premières confréries internationales. 8. Les classes sociales 70:8.1 L’inégalité mentale et physique des êtres humains provoque l’apparition de classes sociales. Les seuls mondes sans couches sociales sont les plus primitifs ou les plus avancés. À son aurore, une civilisation n’a pas encore commencé la différenciation des niveaux sociaux, tandis qu’un monde ancré dans la lumière et la vie a, dans une large mesure, fait disparaitre ces divisions de l’humanité, si caractéristiques de toutes les étapes intermédiaires de l’évolution. 70:8.2 À mesure que la société est sortie de la sauvagerie pour entrer dans la barbarie, ses composants humains ont tendu à se grouper en classes pour les raisons générales suivantes : 70:8.3 1. Raisons naturelles - contact, parenté et mariage ; les premières distinctions sociales furent basées sur le sexe, l’âge et le sang - la parenté avec le chef. 70:8.4 2. Raisons personnelles - la récognition des aptitudes, de l’endurance, de l’habileté et de la force d’âme, bientôt suivie par celle de la maitrise du langage, du savoir et de l’intelligence générale. 70:8.5 3. Raisons de chance - la guerre et l’émigration aboutirent à séparer des groupes humains. L’évolution des classes fut fortement influencée par les conquêtes, les rapports entre vainqueurs et vaincus, tandis que l’esclavage amena la première division générale de la société entre hommes libres et serfs. 70:8.6 4. Raisons économiques - riches et pauvres. La fortune et la possession d’esclaves furent une base qui engendra l’une des classes de la société. 70:8.7 5. Raisons géographiques - des classes se formèrent par suite de l’établissement de la population dans des régions urbaines ou rurales. Villes et campagnes ont respectivement contribué à la différenciation entre éleveurs-cultivateurs et marchands-industriels, avec leurs réactions et leurs points de vue divergents. 70:8.8 6. Raisons sociales - des classes se sont graduellement formées selon l’appréciation populaire de la valeur sociale de différents groupes. Parmi les premières divisions de ce genre, on trouve les démarcations entre prêtres-éducateurs, chefs-guerriers, capitalistes-marchands, manœuvres ordinaires et esclaves. L’esclave ne pouvait jamais devenir un capitaliste, mais le salarié pouvait parfois entrer dans les rangs capitalistes. 70:8.9 7. Raisons professionnelles - au fur et à mesure que les professions se multiplièrent, elles tendirent à établir des castes et des corporations. Les travailleurs se scindèrent en trois groupes : les classes professionnelles, y compris les sorciers-guérisseurs, puis les ouvriers qualifiés et enfin les manœuvres non spécialisés. 70:8.10 8. Raisons religieuses - les premiers clubs cultuels donnèrent naissance à leurs propres classes à l’intérieur des clans et tribus ; la piété et le mysticisme ont longtemps perpétué la prêtrise en tant que groupe social distinct. 70:8.11 9. Raisons raciales - la présence de deux ou plusieurs races, dans une nation ou une unité territoriale donnée, produit généralement des castes de couleur. Le système originel des castes aux Indes était basé sur la couleur, comme d’ailleurs celui de l’ancienne Égypte. 70:8.12 10. Raisons d’âge - jeunesse et maturité. Dans les tribus, les garçons demeuraient sous la surveillance de leur père tant que ce dernier vivait, tandis que les filles étaient laissées aux soins de leur mère jusqu’à leur mariage. 70:8.13 Des classes flexibles et mouvantes sont indispensables à une civilisation évoluante, mais, quand les classes deviennent des castes, quand les niveaux sociaux se pétrifient, le progrès de la stabilité se paye par une déperdition de l’initiative personnelle. La caste sociale résout le problème de trouver sa place dans l’industrie, mais elle restreint considérablement le développement individuel et empêche pratiquement la coopération sociale. 70:8.14 Du fait que les classes sociales se sont formées naturellement, elles persisteront jusqu’à ce que les hommes arrivent à les faire disparaitre progressivement par évolution en manipulant avec intelligence les ressources biologiques, intellectuelles et spirituelles d’une civilisation en progrès, et notamment les suivantes : 70:8.15 1. Le renouvellement biologique des souches raciales - l’élimination sélective des lignées humaines inférieures. Cela tendra à effacer de nombreuses inégalités humaines. 70:8.16 2. L’entrainement éducatif de la puissance cérébrale accrue par cette amélioration biologique. 70:8.17 3. La stimulation religieuse des sentiments de parenté et de fraternité humaines. 70:8.18 Mais ces mesures ne peuvent porter leurs véritables fruits que dans les lointains millénaires de l’avenir, bien que d’importantes améliorations sociales doivent suivre immédiatement le maniement intelligent, sage et patient de ces facteurs accélérateurs du progrès culturel. La religion est le puissant levier qui élève la civilisation au-dessus du chaos, mais elle est impuissante sans le point d’appui d’un mental sain et normal, solidement basé sur une hérédité également saine et normale. 9. Les droits de l’homme 70:9.1 La nature ne confère aucun droit à l’homme, elle ne lui donne que la vie et un monde où la vivre. La nature ne lui assure même pas le droit de rester vivant, comme on peut s’en rendre compte en imaginant ce qui se passerait probablement si un homme sans armes rencontrait face à face un tigre affamé dans une forêt vierge. Le don primordial que la société fait aux hommes est la sécurité. 70:9.2 La société a graduellement affirmé ses droits qui, à l’heure présente, sont les suivants : 70:9.3 1. L’assurance d’un approvisionnement en vivres. 70:9.4 2. La défense militaire - la sécurité par l’état de préparation. 70:9.5 3. La sauvegarde de la paix interne - la prévention contre les violences personnelles et les désordres sociaux. 70:9.6 4. Le contrôle sexuel - le mariage, l’institution de la famille. 70:9.7 5. La propriété - le droit de posséder. 70:9.8 6. L’encouragement de l’émulation individuelle et collective. 70:9.9 7. La prise de dispositions pour éduquer et former la jeunesse. 70:9.10 8. La promotion des échanges et du commerce – le développement industriel. 70:9.11 9. L’amélioration de la condition et de la rémunération des travailleurs. 70:9.12 10. La garantie de la liberté des pratiques religieuses afin que toutes les autres activités sociales puissent être exaltées en devenant spirituellement motivées. 70:9.13 Quand des droits sont si anciens que l’on ne peut connaitre leur origine, ils sont souvent appelés droits naturels. Cependant, les droits humains ne sont pas réellement naturels ; ils sont entièrement sociaux. Ils sont relatifs et toujours changeants, et ne représentent rien de plus que les règles du jeu - une mise au point reconnue des rapports qui régissent les phénomènes toujours changeants de la concurrence humaine. 70:9.14 Ce que l’on peut considérer comme un droit à une époque donnée ne l’est plus à une autre. La survie d’un grand nombre de déficients et de dégénérés n’est pas due à leur droit naturel d’encombrer la civilisation du vingtième siècle, mais simplement au fait que la société de l’époque, les mœurs, l’ont ainsi décrété. 70:9.15 L’Europe du Moyen Âge reconnaissait peu de droits humains. Chaque homme appartenait alors à quelqu’un d’autre, et les droits n’étaient que des privilèges ou des faveurs accordés par l’État ou l’Église. La révolte contre cette erreur fut également une erreur parce qu’elle fit croire que tous les hommes naissent égaux. 70:9.16 Les hommes faibles et inférieurs ont toujours lutté pour avoir des droits égaux ; ils ont toujours insisté pour que l’État oblige ceux qui sont forts et supérieurs à subvenir à leurs besoins et à compenser encore autrement les insuffisances qui sont trop souvent le résultat naturel de leur propre indifférence et de leur indolence. 70:9.17 Mais cet idéal d’égalité est né de la civilisation ; il ne se trouve pas dans la nature. Même la culture démontre de manière probante l’inégalité naturelle des hommes en faisant ressortir leurs capacités inégales à l’assimiler. La réalisation soudaine et non évolutive d’une prétendue égalité naturelle ferait rapidement rétrograder les hommes civilisés aux grossiers usages et coutumes des époques primitives. La société ne peut offrir des droits égaux à tous, mais elle peut promettre d’administrer loyalement et équitablement les droits variables de chacun. La société a la responsabilité et le devoir de fournir aux enfants de la nature une occasion équitable et paisible de pourvoir à leurs besoins, de participer à l’autoperpétuation et de jouir en même temps de certaines satisfactions égoïstes, la somme de ces trois facteurs constituant le bonheur humain. 10. L’évolution de la justice 70:10.1 La justice naturelle est une théorie élaborée par les hommes ; elle n’est pas une réalité. Dans la nature, la justice est purement théorique, totalement fictive. La nature ne fournit qu’une seule sorte de justice – la conformité inévitable des résultats aux causes. 70:10.2 La justice telle que les hommes la conçoivent consiste à faire valoir ses droits, et c’est pourquoi elle est une affaire d’évolution progressive. Le concept de justice peut bien faire partie constituante d’un mental doté d’esprit, mais la justice toute faite ne surgit pas spontanément dans les mondes de l’espace. 70:10.3 L’homme primitif attribuait tous les phénomènes à une personne. Quand un sauvage trépassait, on ne se demandait pas ce qui l’avait fait périr, mais qui l’avait tué. Le meurtre accidentel n’était donc pas reconnu et, lors de la punition d’un crime, le mobile du coupable n’était aucunement pris en considération. Le jugement était rendu d’après le tort causé. 70:10.4 Dans les sociétés les plus primitives, l’opinion publique agissait directement ; il n’y avait pas besoin d’agents de justice. La vie primitive ne connaissait pas d’intimité. Les voisins d’un homme étaient responsables de sa conduite ; ils avaient donc le droit de fureter dans ses affaires personnelles. La société était réglementée d’après la théorie que la communauté des membres du groupe doit s’intéresser au comportement de chaque individu et, dans une certaine mesure, en avoir le contrôle. 70:10.5 On crut de très bonne heure que des esprits dispensaient la justice par l’entremise des sorciers-guérisseurs et des prêtres. Cela fit des membres de ces ordres les premiers détectives et agents de la loi. Leurs méthodes primitives pour découvrir les crimes consistaient à faire subir des ordalies du feu, du poison et de la douleur. Ces épreuves sauvages n’étaient rien de plus que de grossières techniques d’arbitrage ; elles ne réglaient pas nécessairement les différends avec justice. Par exemple, quand on administrait un poison, l’accusé était tenu pour innocent s’il le vomissait. 70:10.6 L’Ancien Testament relate une de ces ordalies, un test de culpabilité conjugale. Si un homme suspectait sa femme de lui être infidèle, il l’emmenait chez le prêtre et exposait ses soupçons, après quoi le prêtre préparait un breuvage composé d’eau bénite et de balayures du sol du temple. À la suite d’un cérémonial approprié comprenant des malédictions menaçantes, on obligeait la femme accusée à boire l’écœurante potion. Si elle était coupable « l’eau qui cause la malédiction entrera en elle et deviendra amère, et son ventre enflera, et ses cuisses pourriront, et la femme sera en exécration à son peuple ». Si par hasard une femme pouvait avaler cette immonde boisson sans montrer de symptômes de maladie physique, elle était acquittée des accusations portées par son mari jaloux. 70:10.7 Ces méthodes atroces de détection des crimes furent pratiquées à une époque ou à une autre par presque toutes les tribus en évolution. Le duel est une survivance moderne du jugement par ordalies. 70:10.8 Il ne faut pas s’étonner que les Hébreux et d’autres tribus semi-civilisées aient pratiqué ces techniques primitives d’administration de la justice il y a plus de trois-mille ans, mais il est stupéfiant que des hommes réfléchis aient ultérieurement inséré ces restes de barbarie dans les pages d’un recueil d’écrits sacrés. La simple réflexion devrait rendre évident que nul être divin n’a jamais donné aux mortels des instructions aussi injustes concernant la détection et le jugement des infidélités conjugales soupçonnées. 70:10.9 La société adopta de bonne heure l’attitude de compensation par représailles ; œil pour œil, vie pour vie. Les tribus en évolution reconnurent toutes le droit de vengeance par le sang. La vengeance devint le but de la vie primitive, mais, depuis lors, la religion a grandement modifié ces premières pratiques tribales. Les instructeurs de la religion révélée ont toujours proclamé : « À moi la vengeance, dit le Seigneur. » Dans les temps primitifs, les meurtres par la vengeance n’étaient pas tellement différents de ceux que l’on commet aujourd’hui en alléguant la loi non écrite. 70:10.10 Le suicide était un mode courant de représailles. Si un homme était incapable de se venger lui-même durant sa vie, il mourait persuadé qu’il pourrait revenir comme fantôme et exercer sa colère contre son ennemi. Cette croyance était très générale, et la menace de se suicider sur le seuil d’un ennemi était donc habituellement suffisante pour l’amener à composition. L’homme primitif n’attachait pas grand prix à la vie. Le suicide à propos de vétilles était commun, mais les enseignements des Dalamatiens réduisirent beaucoup cette coutume, et, à une époque plus récente, les loisirs, le confort, la religion et la philosophie se sont alliés pour rendre la vie plus douce et plus désirable. Les grèves de la faim présentent toutefois une analogie moderne avec ces anciens procédés de représailles. 70:10.11 L’une des premières expressions de progrès dans la loi tribale concernait la reprise de la vendetta comme une affaire de la tribu. Il est cependant étrange de constater que, même alors, un homme pouvait tuer sa femme sans punition, pourvu qu’il eût entièrement payé le prix de son achat. Cependant, aujourd’hui encore, les Esquimaux laissent à la famille lésée le soin de décider et d’administrer la sanction d’un crime, même s’il s’agit d’un meurtre. 70:10.12 Un autre progrès fut l’imposition d’amendes pour avoir violé un tabou, l’institution de pénalités. Ces amendes constituèrent les premiers revenus publics. La pratique de payer « l’argent du sang » entra également en vogue comme substitut de la vengeance du sang. Les dommages correspondants étaient habituellement payés en femmes ou en bétail ; il fallut longtemps pour que des amendes réelles, des compensations monétaires, fussent imposées comme punition d’un crime. Puisque l’idée de punition d’un crime représentait essentiellement une compensation, toutes les choses, y compris la vie humaine, finirent par avoir un prix que l’on pouvait payer à titre de dommages-intérêts. Les Hébreux furent les premiers à abolir la pratique de payer l’argent du sang. Moïse leur enseigna qu’ils ne devaient « point prendre de rançon pour la vie d’un meurtrier coupable d’avoir tué ; il sera certainement mis à mort ». 70:10.13 La justice fut donc exercée d’abord par la famille, ensuite par le clan et, plus tard, par la tribu. L’administration de la véritable justice date du moment où la revanche fut enlevée aux groupes privés et apparentés pour être confiée aux soins du groupe social, l’État. 70:10.14 La punition d’un coupable en le brulant vif fut jadis de pratique courante. Elle était admise par beaucoup d’anciens chefs, y compris Hammourabi et Moïse. Ce dernier ordonna que beaucoup de crimes, en particulier les crimes graves de nature sexuelle, fussent punis en brulant le coupable sur un bucher. Si « la fille d’un prêtre », ou de tout autre citoyen de marque, s’adonnait publiquement à la prostitution, les Hébreux avaient coutume de la « bruler au feu ». 70:10.15 La trahison – le fait de « vendre » ou de trahir un membre de la tribu – fut le premier crime capital. Le vol du bétail était universellement puni par une exécution sommaire et, encore récemment, le vol de chevaux a été puni de la même manière. Mais, à mesure que le temps passait, on apprit que la punition du crime avait moins de valeur préventive par sa sévérité que par sa certitude et sa rapidité. 70:10.16 Quand la société ne réussit pas à punir les crimes, la rancune du groupe s’affirme généralement sous forme de lynchage. L’établissement de sanctuaires fut un moyen d’échapper à ces accès de colère collective. Le lynchage et le duel représentent le comportement des individus qui refusent d’abandonner à l’État le redressement privé. 11. Lois et tribunaux 70:11.1 Il est tout aussi difficile de faire des distinctions tranchées entre les mœurs et les lois que d’indiquer exactement, à l’aurore, à quel moment le jour a succédé à la nuit. Les mœurs sont des lois et des règlements de police en gestation. Quand elles sont établies depuis longtemps, les mœurs mal définies tendent à se cristalliser en lois précises, en règles concrètes et en conventions sociales bien précises. 70:11.2 Au commencement, la loi est toujours négative et prohibitive ; dans les civilisations en progrès, elle devient de plus en plus positive et directrice. La société primitive opérait négativement ; elle accordait à l’individu le droit de vivre en imposant à tous les autres le commandement « Tu ne tueras point ». Tout octroi de droits ou de libertés à un individu implique une restriction de la liberté de tous les autres, ce qui est effectué par le tabou, la loi primitive. L’idée tout entière du tabou est négative par inhérence, car la société primitive était entièrement négative dans son organisation, et l’administration primitive de la justice consistait à imposer les tabous. Mais, à l’origine, les lois ne s’appliquaient qu’aux membres de la tribu, comme on en vit plus tard un exemple chez les Hébreux qui avaient, pour traiter avec les Gentils, un code éthique différent de leur code intérieur. 70:11.3 Le serment prit naissance aux jours de Dalamatia dans un effort pour rendre les témoignages plus véridiques. Les serments consistaient alors à prononcer une malédiction sur soi-même. Auparavant, nul individu n’aurait voulu témoigner contre son groupe natal. 70:11.4 Le crime consistait en une attaque contre les mœurs de la tribu, le péché était la transgression des tabous bénéficiant de l’approbation des fantômes, et il y eut une longue confusion due à ce que l’on ne parvenait pas à séparer le crime du péché. 70:11.5 L’intérêt personnel fit instaurer le tabou interdisant de tuer, la société le sanctifia sous forme de mœurs traditionnelles, tandis que la religion en consacra la coutume comme une loi morale ; les trois facteurs contribuèrent ainsi à rendre la vie humaine plus sûre et plus sacrée. Dans les premiers temps, la société se serait désagrégée si les droits n’avaient pas eu la sanction de la religion ; la superstition fut la police morale et sociale des longs âges évolutionnaires. Les anciens prétendaient tous que leurs lois antiques, les tabous, avaient été données à leurs ancêtres par les dieux. 70:11.6 La loi est une transcription codifiée d’une longue expérience humaine, une opinion publique cristallisée et légalisée. Les mœurs furent la matière première, l’expérience accumulée, à partir de laquelle les intelligences légiférantes ultérieures formulèrent les lois écrites. Les anciens juges n’avaient pas de lois. Quand ils signifiaient une décision, ils disaient simplement : « C’est la coutume. » 70:11.7 La référence à des précédents, dans les décisions des tribunaux, représente l’effort des juges pour adapter les lois écrites aux conditions changeantes de la société. Elle permet l’adaptation progressive aux conditions sociales évoluantes, conjuguée avec la solennité de la continuité traditionnelle. 70:11.8 Les différends sur la propriété étaient tranchés selon des principes fort variés, tels que : 70:11.9 1. La destruction de la propriété contestée. 70:11.10 2. La force – les contestants en décidaient par un combat. 70:11.11 3. L’arbitrage – une tierce partie décidait. 70:11.12 4. L’appel aux anciens – et, plus tard, aux tribunaux. 70:11.13 Les premiers tribunaux furent des rencontres pugilistiques réglementées où les juges étaient simplement des arbitres. Ils veillaient à ce que le combat se poursuive selon les règles approuvées. Avant d’engager un combat devant le tribunal, chacun des lutteurs déposait une somme entre les mains du juge pour garantir le paiement des frais et de l’amende par le vaincu. « La force était encore le droit. » Plus tard, les arguments verbaux furent substitués aux coups physiques. 70:11.14 Toute l’idée de la justice primitive ne consistait pas tant à être équitable qu’à régler la contestation et à empêcher ainsi les désordres publics et la violence privée. Les hommes primitifs n’éprouvaient guère de ressentiments contre ce que l’on considérerait aujourd’hui comme une injustice ; il était admis que ceux qui disposaient du pouvoir l’emploieraient égoïstement. Néanmoins, on peut déterminer très exactement le statut de n’importe quelle civilisation par le sérieux et l’équité de ses tribunaux, et par l’intégrité de ses juges. 12. L’attribution de l’autorité civile 70:12.1 La grande lutte dans l’évolution du gouvernement a concerné la concentration du pouvoir. Les administrateurs de l’univers ont appris, par expérience, que la meilleure manière de régler la vie des peuples évolutionnaires sur les mondes habités est un gouvernement civil du type représentatif où l’équilibre du pouvoir est maintenu par une bonne coordination entre les branches exécutive, législative et judiciaire. 70:12.2 Alors que l’autorité primitive était basée sur la force, sur la puissance physique, le gouvernement idéal est le système représentatif où le commandement est fondé sur l’aptitude ; mais, en ces temps de barbarie, la guerre sévissait beaucoup trop pour permettre à un gouvernement représentatif de fonctionner efficacement. Dans la longue lutte entre la division de l’autorité et l’unité de commandement, ce furent les dictateurs qui gagnèrent. Les pouvoirs initiaux et diffus du conseil primitif des anciens se concentrèrent progressivement en la personne du monarque absolu. Après l’instauration de véritables rois, les groupes d’anciens subsistèrent comme corps consultatifs quasi législatifs-judiciaires. Plus tard, des législatures à statut coordonné firent leur apparition et, finalement, des cours suprêmes de jugement furent établies en dehors des législatures. 70:12.3 Les rois faisaient appliquer les mœurs, la loi originelle non écrite. Plus tard, ils imposèrent les actes législatifs, la cristallisation de l’opinion publique. Les assemblées populaires en tant qu’expression de l’opinion publique furent lentes à apparaitre, mais marquèrent un grand progrès social. 70:12.4 Les pouvoirs des premiers rois étaient grandement limités par les mœurs – par la tradition ou l’opinion publique. À une époque plus récente, certaines nations d’Urantia ont codifié ces mœurs en des documents formant une base pour gouverner. 70:12.5 Les mortels d’Urantia ont droit à la liberté. Il leur appartient de créer leurs systèmes gouvernementaux, d’adopter leurs constitutions ou d’autres chartes d’autorité civile et de procédure administrative. Après avoir fait cela, ils devraient choisir pour chefs exécutifs leurs compagnons les plus compétents et les plus dignes. Ils ne devraient élire, pour représentants dans la branche législative, que des personnes intellectuellement et moralement qualifiées pour en assumer les responsabilités sacrées ; et, pour juges de leurs tribunaux élevés et suprêmes, que des personnes douées d’une aptitude naturelle et rendues sages par une profonde expérience. 70:12.6 Si les hommes veulent conserver leur liberté, il leur faut, après avoir choisi leur charte de liberté, s’arranger pour qu’elle soit interprétée sagement, intelligemment et sans peur, afin d’empêcher : 70:12.7 1. L’usurpation d’un pouvoir injustifié par la branche exécutive ou par la branche législative. 70:12.8 2. Les machinations d’agitateurs ignorants et superstitieux. 70:12.9 3. Le retard dans les progrès scientifiques. 70:12.10 4. L’impasse de la domination par la médiocrité. 70:12.11 5. La domination par des minorités corrompues. 70:12.12 6. Le contrôle par des aspirants dictateurs ambitieux et habiles. 70:12.13 7. Les dislocations désastreuses dues aux paniques. 70:12.14 8. L’exploitation par des hommes sans scrupules. 70:12.15 9. La transformation des citoyens en esclaves fiscaux de l’État. 70:12.16 10. Le défaut d’équité sociale et économique. 70:12.17 11. L’union de l’Église et de l’État. 70:12.18 12. La perte de la liberté personnelle. 70:12.19 Tels sont les desseins et les buts des tribunaux constitutionnels agissant comme gouverneurs sur les rouages du gouvernement représentatif d’un monde évolutionnaire. 70:12.20 La lutte de l’humanité pour perfectionner le gouvernement sur Urantia concerne la mise au point des canaux administratifs, leur adaptation aux besoins courants en perpétuel changement, l’amélioration de la répartition des pouvoirs à l’intérieur du gouvernement, et ensuite la sélection de chefs administratifs vraiment sages. Il existe une forme de gouvernement divine et idéale, mais elle ne peut être révélée ; elle doit être lentement et laborieusement découverte par les hommes et les femmes de chaque planète dans tous les univers du temps et de l’espace. 70:12.21 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.] Fascicule 71. Développement de l’État 71:0.1 L’État marque une évolution utile de la civilisation ; il représente le gain net que la société a retiré des ravages et des souffrances de la guerre. Même l’habileté politique n’est qu’une accumulation de techniques pour ajuster les rivalités de forces entre les tribus et nations en lutte. 71:0.2 L’état moderne est l’institution qui a survécu dans la longue bataille pour le pouvoir collectif. Un pouvoir supérieur a finalement prévalu et produit une créature de fait – l’État – avec le mythe moral que le citoyen est absolument obligé de vivre et de mourir pour l’État. Mais l’État n’a pas de genèse divine ; il n’a même pas été fondé par une action humaine intelligemment voulue ; il est purement une institution évolutionnaire et a pris naissance d’une manière entièrement automatique. 1. L’État embryonnaire 71:1.1 L’état est une organisation réglementaire territoriale et sociale. L’État le plus fort, le plus efficace et le plus durable se compose d’une seule nation dont la population possède un langage, des mœurs et des institutions communes. 71:1.2 Les premiers États étaient petits et furent tous le résultat de conquêtes. Ils ne naquirent pas d’associations volontaires. Beaucoup furent fondés par des nomades conquérants qui s’abattaient sur de paisibles bergers ou sur des cultivateurs établis pour les subjuguer et les réduire en esclavage. Ces États résultant de conquêtes étaient obligatoirement stratifiés ; les classes étaient inévitables, et les luttes de classes ont toujours été sélectives. 71:1.3 Les tribus nordiques d’hommes rouges américains ne réussirent jamais à s’organiser réellement en État. Elles ne progressèrent pas au-delà d’une vague confédération de tribus, une forme d’État très primitive. Celle qui se rapprocha le plus d’un véritable État fut la fédération des Iroquois, mais ce groupe de six nations ne fonctionna jamais tout à fait comme un État et ne réussit pas à survivre parce qu’il lui manquait certains éléments essentiels de la vie nationale moderne, tels que : 71:1.4 1. L’acquisition et l’héritage de la propriété privée. 71:1.5 2. Des villes doublées d’une industrie et d’une agriculture. 71:1.6 3. Des animaux domestiques utiles. 71:1.7 4. Une organisation pratique de la famille. Ces hommes rouges s’accrochaient à la famille maternelle et à l’héritage d’oncle à neveu. 71:1.8 5. Un territoire défini. 71:1.9 6. Un chef exécutif vigoureux. 71:1.10 7. L’esclavage des prisonniers – ils les adoptaient ou les massacraient. 71:1.11 8. Des conquêtes décisives. 71:1.12 Les hommes rouges étaient trop démocratiques ; ils avaient un bon gouvernement, mais qui échoua. Ils auraient finalement donné naissance à un État s’ils n’avaient prématurément rencontré la civilisation plus avancée des hommes blancs qui employaient les méthodes gouvernementales des Grecs et des Romains. 71:1.13 La réussite de l’État romain fut basée sur : 71:1.14 1. La famille paternelle. 71:1.15 2. L’agriculture et la domestication des animaux. 71:1.16 3. La concentration de la population – les villes. 71:1.17 4. La propriété privée des objets et de la terre. 71:1.18 5. L’esclavage – les classes de citoyens. 71:1.19 6. La conquête et la réorganisation des peuples faibles et arriérés. 71:1.20 7. Un territoire défini avec des routes. 71:1.21 8. Des dirigeants personnels et forts. 71:1.22 La grande faiblesse de la civilisation romaine, et l’un des facteurs de l’effondrement final de l’empire, fut la prise de dispositions soi-disant libérales et progressistes pour émanciper les garçons à vingt-et-un ans et pour libérer inconditionnellement les jeunes filles en leur laissant la faculté d’épouser un homme de leur choix ou de circuler dans le pays en s’adonnant à l’immoralité. Le tort causé à la société ne provint pas de ces réformes elles-mêmes, mais de la manière soudaine et générale dont elles furent adoptées. L’effondrement de Rome montre à quoi l’on peut s’attendre quand un État subit une expansion trop rapide accompagnée d’une dégénérescence interne. 71:1.23 L’État embryonnaire fut rendu possible par le déclin des liens du sang au profit des liens territoriaux, et ces fédérations de tribus étaient généralement cimentées fermement par des conquêtes. Un véritable État est caractérisé par une souveraineté qui transcende toutes les disputes mineures et les différences entre les groupes ; cependant, de nombreuses classes et castes subsistent dans les organisations d’État plus tardives, comme vestiges des tribus et clans des anciens temps. Les États territoriaux plus grands et ultérieurs livrèrent une bataille longue et acharnée à ces groupes de clans consanguins et moins nombreux, et le gouvernement tribal se révéla comme une précieuse transition entre l’autorité de la famille et celle de l’État. Au cours des temps plus récents, de nombreux clans prirent origine dans le commerce et dans d’autres associations industrielles. 71:1.24 Quand l’État ne réussit pas à s’intégrer, il en résulte une régression des techniques gouvernementales aux conditions antérieures ; on en trouve un exemple dans le féodalisme du Moyen Âge européen. Durant cet âge de ténèbres, l’État territorial s’effondra ; on en revint aux petits groupes des châteaux-forts et à la réapparition des clans et des stades tribaux de développement. Des semi-États semblables existent encore maintenant en Asie et en Afrique, mais ils ne représentent pas tous des régressions évolutionnaires ; beaucoup forment les noyaux embryonnaires des États de l’avenir. 2. L’évolution du gouvernement représentatif 71:2.1 Bien que la démocratie soit un idéal, elle est un produit de la civilisation et non de l’évolution. Allez lentement ! Choisissez soigneusement ! Car voici les dangers de la démocratie : 71:2.2 1. La glorification de la médiocrité. 71:2.3 2. Le choix de dirigeants ignorants et vils. 71:2.4 3. L’incapacité de reconnaitre les faits fondamentaux de l’évolution sociale. 71:2.5 4. Le danger du suffrage universel aux mains de majorités frustes et indolentes. 71:2.6 5. L’asservissement à l’opinion publique ; la majorité n’a pas toujours raison. 71:2.7 L’opinion publique, l’opinion commune, a toujours retardé la société. Elle est néanmoins précieuse, car, tout en freinant l’évolution sociale, elle préserve la civilisation. L’éducation de l’opinion publique est la seule méthode saine et sûre pour accélérer la civilisation. La force n’est qu’un expédient temporaire, et la croissance culturelle sera d’autant plus accélérée que les balles de fusil céderont la place aux bulletins de vote. L’opinion publique (les mœurs) est l’énergie fondamentale et originelle dans l’évolution sociale et le développement de l’État ; mais, pour avoir une valeur pour l’État, il faut que son expression soit dépourvue de violence. 71:2.8 La mesure du progrès d’une société est directement déterminée par le degré auquel l’opinion publique parvient à contrôler la conduite personnelle et les règlements d’État sans recourir à la violence. L’apparition du premier gouvernement réellement civilisé coïncida avec le moment où l’opinion publique fut investie des pouvoirs du droit de vote personnel. Les élections populaires ne décident pas toujours de la chose correcte à faire, mais elles représentent la manière juste de commettre même une erreur. L’évolution ne produit pas instantanément une perfection superlative, mais plutôt un ajustement comparatif avec des progrès pratiques. 71:2.9 L’évolution d’une forme pratique et efficace de gouvernement représentatif comporte les dix étapes ou stades suivants : 71:2.10 1. La liberté des personnes. L’esclavage, le servage et toutes les formes de servitude humaine doivent disparaitre. 71:2.11 2. La liberté mentale. À moins qu’une population libre ne soit éduquée – qu’on lui ait appris à penser intelligemment et à faire des projets sagement – la liberté fait généralement plus de mal que de bien. 71:2.12 3. Le règne de la loi. On ne peut jouir de la liberté que si la volonté et les caprices des dirigeants humains sont remplacés par des actes législatifs conformes à la loi fondamentale acceptée. 71:2.13 4. La liberté de parole. Un gouvernement représentatif est impensable sans la possibilité pour les aspirations et opinions humaines de s’exprimer librement sous toutes les formes. 71:2.14 5. La sécurité de la propriété. Nul gouvernement ne peut durer longtemps s’il ne réussit pas à assurer le droit de jouir de la propriété privée sous une forme quelconque. Les hommes ont le désir ardent d’utiliser leurs biens personnels, d’en avoir le contrôle, de les donner, de les vendre, de les louer et de les léguer. 71:2.15 6. Le droit de pétition. Un gouvernement représentatif implique le droit pour les citoyens d’être entendus. Le privilège de la pétition est inhérent à la libre citoyenneté. 71:2.16 7. Le droit de gouverner. Il ne suffit pas d’être entendu. Il faut que le pouvoir de pétition progresse jusqu’à la direction effective du gouvernement. 71:2.17 8. Le suffrage universel. Le gouvernement représentatif présuppose un électorat intelligent, efficace et universel. Le caractère de ce gouvernement sera toujours déterminé par le caractère et l’envergure de ceux qui le composent. À mesure que la civilisation progressera, le suffrage, tout en restant universel pour les deux sexes, sera efficacement modifié, regroupé et différencié encore autrement. 71:2.18 9. Le contrôle des fonctionnaires. Nul gouvernement civil ne jouera de rôle utile et efficace à moins que ses citoyens ne possèdent et n’emploient de sages techniques pour guider et contrôler les détenteurs de charges publiques et les fonctionnaires. 71:2.19 10. Des représentants intelligents et formés. La survie de la démocratie dépend de la réussite des gouvernements représentatifs, et cette réussite est conditionnée par la pratique de ne nommer aux charges publiques que les individus techniquement formés, intellectuellement compétents, socialement loyaux et moralement dignes. Ces dispositions sont indispensables pour préserver le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. 3. Les idéaux de l’État 71:3.1 La forme politique ou administrative d’un gouvernement a peu d’importance pourvu qu’elle fournisse les éléments essentiels du progrès civil – la liberté, la sécurité, l’éducation et la coordination sociale. Le cours de l’évolution sociale est déterminé par ce que l’État fait, et non par ce qu’il est. Après tout, nul État ne peut transcender les valeurs morales de ses citoyens mises en évidence par leurs chefs choisis. L’ignorance et l’égoïsme assurent la chute d’un gouvernement, même du type le plus élevé. 71:3.2 Si regrettable que ce soit, l’égotisme national a été indispensable à la survie sociale. La doctrine du peuple élu a été un facteur primordial dans la fusion des tribus et l’édification des nations jusque dans les temps modernes. Mais nul État ne peut atteindre des niveaux idéaux de fonctionnement avant que toutes les formes d’intolérance aient été maitrisées. L’intolérance est éternellement l’ennemie du progrès humain ; la meilleure manière de la combattre est de coordonner la science, le commerce, les divertissements et la religion. 71:3.3 L’État idéal fonctionne sous la poussée de trois puissantes impulsions coordonnées : 71:3.4 1. La loyauté bienveillante dérivée de la réalisation de la fraternité humaine. 71:3.5 2. Le patriotisme intelligent basé sur de sages idéaux. 71:3.6 3. La clairvoyance cosmique interprétée en termes de faits, de besoins et de buts planétaires. 71:3.7 Les lois de l’État idéal sont peu nombreuses. Elles ont dépassé l’âge négatif des tabous pour entrer dans l’ère du progrès positif de la liberté individuelle résultant d’une meilleure maitrise de soi. Non seulement un État supérieur oblige ses citoyens à travailler, mais il les incite à utiliser de façon profitable et exaltante les loisirs croissants dont ils peuvent jouir à mesure que le progrès de l’âge des machines les libèrent des corvées. Les loisirs doivent contribuer à produire aussi bien qu’à consommer. 71:3.8 Nulle société n’a progressé bien loin en autorisant l’oisiveté et en tolérant la misère. D’autre part, il est impossible d’éliminer la pauvreté et la dépendance tant que l’on soutient largement des lignées tarées et dégénérées, et qu’on leur permet de se reproduire librement. 71:3.9 Une société morale devrait viser à préserver le respect de soi parmi ses citoyens et à fournir à tout individu normal des chances convenables de réalisation de soi. L’adoption de ce plan d’accomplissement social donnerait naissance à une société culturelle de l’ordre le plus élevé. L’évolution sociale devrait être encouragée par une supervision gouvernementale exerçant un minimum de contrôle règlementaire. Le meilleur État est celui qui coordonne le plus en gouvernant le moins. 71:3.10 Les idéaux de l’État doivent être atteints par évolution, par la lente croissance de la conscience civique, par la récognition que le service social est une obligation et un privilège. Après la fin de l’administration par les pillards politiques, les hommes commencent par assumer les fardeaux du gouvernement comme un devoir, mais, plus tard, ils recherchent ce ministère comme un privilège, comme le plus grand des honneurs. Le statut d’un niveau quelconque de civilisation est fidèlement dépeint par l’envergure des citoyens qui se portent volontaires pour accepter les responsabilités de l’État. 71:3.11 Dans un État démocratique véritable, le gouvernement des villes et des provinces est assuré par des experts et organisé exactement comme toutes les autres formes d’associations de personnes dans les domaines économiques et commerciaux. 71:3.12 Dans les États évolués, on estime que le service politique représente le plus haut degré de dévouement de la citoyenneté. La plus grande ambition des citoyens les plus sages et les plus nobles est de gagner la récognition civile, d’être élus ou nommés à un poste gouvernemental de confiance. Les gouvernements de ces États confèrent leurs plus hauts honneurs, en reconnaissance de services, à leurs fonctionnaires civils et sociaux. Les honneurs sont ensuite octroyés, dans l’ordre suivant, aux philosophes, aux éducateurs, aux savants, aux industriels et aux militaires. Les parents sont dument récompensés par l’excellence de leurs enfants. Quant aux chefs purement religieux, ils sont les ambassadeurs d’un royaume spirituel et reçoivent leur véritable récompense dans un autre monde. 4. La civilisation progressive 71:4.1 L’économie, la société et le gouvernement doivent évoluer s’ils veulent subsister. Des conditions statiques sur un monde évolutionnaire dénotent la décadence. Seules persistent les institutions qui vont de l’avant avec le courant de l’évolution. 71:4.2 Le programme progressif d’une civilisation en expansion englobe : 71:4.3 1. La préservation des libertés individuelles. 71:4.4 2. La protection du foyer. 71:4.5 3. La promotion de la sécurité économique. 71:4.6 4. La lutte préventive contre les maladies. 71:4.7 5. L’instruction obligatoire. 71:4.8 6. L’emploi obligatoire. 71:4.9 7. L’utilisation profitable des loisirs. 71:4.10 8. Les soins aux malheureux. 71:4.11 9. L’amélioration de la race. 71:4.12 10. La promotion des sciences et des arts. 71:4.13 11. L’avancement de la philosophie – la sagesse. 71:4.14 12. L’accroissement de la clairvoyance cosmique – la spiritualité. 71:4.15 Ces progrès dans les arts de la civilisation conduisent directement à la réalisation des buts humains et divins les plus élevés recherchés par les mortels – l’accomplissement social de la fraternité des hommes et le statut personnel d’être conscient de Dieu. Ce statut se révèle dans le désir suprême de chaque individu de faire la volonté du Père qui est aux cieux. 71:4.16 L’apparition d’une fraternité authentique signifie qu’un ordre social est arrivé où tous les hommes se réjouissent de porter les fardeaux les uns des autres et désirent réellement pratiquer la règle d’or. Toutefois, une telle société idéale ne peut voir le jour tant que les faibles et les méchants ne cessent de guetter l’occasion de tirer des avantages injustes et impies de ceux qui sont principalement poussés par leur dévouement au service de la vérité, de la beauté et de la bonté. Dans cette situation, il n’y a qu’une seule ligne de conduite pratique à suivre. Les adeptes de la règle d’or peuvent établir une société progressiste dans laquelle ils vivront selon leurs idéaux, tout en maintenant une défense adéquate contre leurs compagnons ignorants qui pourraient chercher soit à exploiter leur prédilection pour la paix, soit à détruire leur civilisation en progrès. 71:4.17 L’idéalisme ne peut jamais survivre, sur une planète en évolution, si les idéalistes de chaque génération se laissent exterminer par les ordres humains inférieurs. Le grand test de l’idéalisme est le suivant : une société évoluée peut-elle maintenir un état de préparation militaire qui assure sa sécurité contre toute attaque par ses voisins belliqueux, sans céder à la tentation d’employer cette force militaire en opérations offensives contre d’autres peuples en vue de bénéfices égoïstes ou d’agrandissement national ? La survie nationale exige un état de préparation, et seul l’idéalisme religieux peut empêcher de prostituer la préparation en agression. Seul l’amour (la fraternité) peut détourner les forts d’opprimer les faibles. 5. L’évolution de la compétition 71:5.1 La compétition est indispensable au progrès social, mais, si elle est désordonnée, elle engendre la violence. Dans la société actuelle, la compétition est en voie de remplacer lentement la guerre en déterminant la place de chaque individu dans l’industrie en même temps qu’elle décide de la survie des industries elles-mêmes. (Le meurtre et la guerre ont des statuts différents devant les mœurs ; le meurtre a été mis hors la loi depuis les premiers jours de la société, tandis que la guerre n’a encore jamais été proscrite par l’humanité dans son ensemble.) 71:5.2 Un État idéal n’entreprend de régler la conduite sociale que juste assez pour éliminer la violence dans la compétition individuelle et pour empêcher l’injustice dans l’initiative personnelle. Voici un grand problème pour les hommes d’État : Comment peut-on garantir la paix et la tranquillité dans l’industrie, faire payer les impôts pour soutenir le pouvoir de l’État et, en même temps, empêcher la fiscalité de handicaper l’industrie, et l’État de devenir parasitaire ou tyrannique ? 71:5.3 Dans les âges primitifs de tous les mondes, la compétition est indispensable au progrès de la civilisation. À mesure que l’évolution des hommes progresse, la coopération devient de plus en plus effective ; dans les civilisations avancées, elle est plus efficace que la compétition. Les hommes primitifs sont stimulés par la compétition. L’évolution primitive est caractérisée par la survie des êtres biologiquement valides, mais la meilleure manière de promouvoir les civilisations ultérieures est la coopération intelligente, la confrérie compréhensive et la fraternité spirituelle. 71:5.4 Il est exact que la concurrence industrielle conduit à des gaspillages excessifs et qu’elle est très inefficace, mais nulle tentative pour éliminer cette perte d’activité économique ne devrait être encouragée si les ajustements correspondants impliquent la plus légère atteinte à l’une quelconque des libertés individuelles fondamentales. 6. Le mobile du profit 71:6.1 L’économie d’aujourd’hui, motivée par la recherche du profit, est condamnée, à moins que les mobiles de service ne puissent s’ajouter aux mobiles de profit. La concurrence impitoyable, basée sur l’intérêt égoïste à vues étroites, finit par détruire les choses mêmes qu’elle cherche à maintenir. L’intention de rechercher exclusivement un profit pour soi-même est incompatible avec les idéaux chrétiens – et bien plus encore avec les enseignements de Jésus. 71:6.2 Dans l’économie, la recherche du profit se situe, par rapport à la recherche du service, à la même place relative que la peur par rapport à l’amour dans la religion. Mais il ne faudrait pas détruire ou supprimer brusquement la recherche du profit. Elle maintient assidument au travail bien des mortels qui autrement seraient indolents. Elle stimule l’énergie sociale, mais il n’est pas nécessaire que ses objectifs restent perpétuellement égoïstes. 71:6.3 La recherche du profit dans les activités économiques est entièrement vile et totalement indigne d’un ordre social avancé ; elle est néanmoins un facteur indispensable dans les phases initiales de la civilisation. Il ne faut pas enlever aux hommes le mobile du profit avant qu’ils aient fermement incorporé des types supérieurs de buts non lucratifs dans leurs efforts économiques et leurs services sociaux – le besoin transcendant d’une sagesse superlative, d’une fraternité fascinante et d’une excellence dans l’accomplissement spirituel. 7. L’éducation 71:7.1 Un État durable est fondé sur la culture, dominé par des idéaux et motivé par le service. Le but de l’éducation devrait consister à acquérir de l’habileté, rechercher la sagesse, réaliser son individualité et atteindre les valeurs spirituelles. 71:7.2 Dans l’État idéal, l’éducation continue tout au long de la vie, et la philosophie devient parfois la principale visée de ses citoyens. Les membres d’un tel État démocratique recherchent la sagesse pour accroitre leur clairvoyance concernant le sens des relations humaines, les significations de la réalité, la noblesse des valeurs, les buts de la vie et les gloires de la destinée cosmique. 71:7.3 Les Urantiens devraient avoir la vision d’une société culturelle nouvelle et supérieure. L’éducation fera un bond et atteindra de nouveaux niveaux de valeur lors de la disparition du système économique purement basé sur la recherche du profit. L’éducation a été trop longtemps régionaliste et militariste, exaltant l’égo et cherchant le succès personnel ; il faut qu’elle devienne finalement mondiale et idéaliste, permettant aux individus de s’épanouir et de saisir le point de vue cosmique. 71:7.4 L’éducation est récemment sortie de l’emprise du clergé pour passer sous celle des hommes de loi et des hommes d’affaires. En fin de compte, elle devra être confiée aux philosophes et aux savants. Il faut que les éducateurs soient des êtres libres, de vrais meneurs d’hommes, afin que la philosophie, la recherche de la sagesse, puisse devenir la principale visée de l’éducation. 71:7.5 L’éducation, c’est l’affaire de toute la vie ; il faut que l’éducation continue pendant toute la vie, de façon que l’humanité acquière graduellement l’expérience des niveaux ascendants de la sagesse humaine, qui sont les suivants : 71:7.6 1. La connaissance des choses. 71:7.7 2. La réalisation des significations. 71:7.8 3. L’appréciation des valeurs. 71:7.9 4. La noblesse du travail – le devoir. 71:7.10 5. La motivation des buts – la moralité. 71:7.11 6. L’amour du service – le caractère. 71:7.12 7. La clairvoyance cosmique – le discernement spirituel. 71:7.13 Ensuite, grâce à ces accomplissements, nombre d’hommes s’élèveront au niveau ultime que le mental mortel puisse atteindre, la conscience de Dieu. 8. Le caractère de l’État 71:8.1 Le seul caractère sacré de tout gouvernement humain est la division de l’État en trois domaines, ceux des fonctions exécutive, législative et judiciaire. L’univers est administré selon un tel plan qui sépare les fonctions et l’autorité. À part ce divin concept de réglementation sociale ou de gouvernement civil efficace, peu importe la forme d’État qu’un peuple se choisisse, pourvu que la citoyenneté progresse toujours vers le but d’un meilleur contrôle de soi-même et de services sociaux accrus. L’acuité intellectuelle, la sagesse économique, l’intelligence sociale et le courage moral d’un peuple se reflètent fidèlement dans l’aspect de l’État. 71:8.2 L’évolution de l’État entraine une progression de niveau en niveau comme suit : 71:8.3 1. La création d’un gouvernement triple ayant des départements exécutifs, législatifs et judiciaires. 71:8.4 2. La liberté d’exercer des activités sociales, politiques et religieuses. 71:8.5 3. L’abolition de toutes les formes d’esclavage et de servitude humaine. 71:8.6 4. La capacité des citoyens de réglementer l’établissement des impôts. 71:8.7 5. L’instauration d’une éducation universelle – l’instruction depuis le berceau jusqu’à la tombe. 71:8.8 6. L’ajustement approprié entre les autorités locales et le gouvernement national. 71:8.9 7. L’encouragement de la science et la victoire sur la maladie. 71:8.10 8. La juste récognition de l’égalité des sexes et la fonction coordonnée des hommes et des femmes, au foyer, à l’école et à l’église, avec des services féminins spécialisés dans l’industrie et le gouvernement. 71:8.11 9. L’élimination de l’esclavage des corvées par l’invention de machines, et la maitrise subséquente de l’âge mécanique. 71:8.12 10. La victoire sur les dialectes – le triomphe d’un langage universel. 71:8.13 11. La fin des guerres – l’arbitrage international des différends raciaux et nationaux par des cours continentales de nations, coiffées par un tribunal planétaire suprême recruté automatiquement parmi les chefs des cours continentales arrivant périodiquement à la retraite. Les décisions des tribunaux continentaux sont exécutoires ; le rôle du tribunal mondial est consultatif – moral. 71:8.14 12. La tendance, dans le monde entier, à rechercher la sagesse – l’exaltation de la philosophie. L’évolution d’une religion mondiale laissant présager l’entrée de la planète dans les premières phases d’ancrage dans la lumière et la vie. 71:8.15 Telles sont les conditions préalables d’un gouvernement progressiste et les marques distinctives d’un État idéal. Urantia est loin de la réalisation de ces idéaux élevés, mais les races civilisées ont fait les premiers pas – l’humanité est en marche vers des destinées évolutionnaires plus hautes. 71:8.16 [Parrainé par un Melchizédek de Nébadon.] Fascicule 72. Le gouvernement sur une planète voisine 72:0.1 Avec la permission de Lanaforge et l’approbation des Très Hauts d’Édentia, je suis autorisé à vous décrire certains aspects de la vie sociale, morale et politique de la race humaine la plus évoluée d’une planète peu éloignée appartenant au système de Satania. 72:0.2 Parmi tous les mondes de Satania, qui furent isolés pour avoir participé à la rébellion de Lucifer, c’est cette planète dont l’histoire ressemble le plus à celle d’Urantia. La similitude des deux sphères explique indubitablement pourquoi la permission de faire cette présentation extraordinaire fut accordée, car il est fort inhabituel aux dirigeants systémiques de laisser raconter sur une planète les affaires d’une autre. 72:0.3 La planète en question fut égarée comme Urantia par la déloyauté de son Prince Planétaire en liaison avec la rébellion de Lucifer. Elle reçut un Fils Matériel peu après l’arrivée d’Adam sur Urantia, et ce Fils fit également défaut ; cela laissa ce monde isolé, car jamais un Fils Magistral ne fut attribué à ces races mortelles. 1. La nation continentale 72:1.1 Malgré tous ces handicaps planétaires, une civilisation très supérieure est en voie d’évolution sur un continent isolé ayant à peu près les dimensions de l’Australie. Cette nation compte environ 140 millions d’habitants. Ils sont de race mixte, avec prédominance de sang bleu et de sang jaune, et une proportion de sang violet un peu plus élevée que chez la race dite blanche d’Urantia. Ces différentes races ne sont pas encore pleinement mêlées, mais elles fraternisent et se fréquentent de façon très acceptable. La durée moyenne de la vie humaine sur ce continent est maintenant de quatre-vingt-dix ans, soit quinze pour cent de plus que pour n’importe quel autre peuple de cette planète. 72:1.2 Le mécanisme industriel de cette nation bénéficie d’un grand avantage dû à la topographie exceptionnelle de son continent. Les hautes montagnes, sur lesquelles de fortes pluies tombent huit mois par an, sont situées au centre même du pays. Ce dispositif naturel favorise l’emploi de l’énergie hydraulique et facilite grandement l’irrigation du quart occidental relativement aride du continent. 72:1.3 Ces peuples sont autarciques, c’est-à-dire qu’ils peuvent vivre indéfiniment sans rien importer des nations environnantes. Leurs ressources naturelles sont surabondantes, et ils ont appris, par des techniques scientifiques, la manière de compenser la pénurie de certains produits indispensables à la vie. Ils ont un commerce intérieur très actif, mais peu de commerce extérieur à cause de l’hostilité universelle de leurs voisins moins progressifs. 72:1.4 Dans les grandes lignes, cette nation continentale a suivi la tendance évolutionnaire de la planète. Son développement entre le stade de la tribu et l’apparition de puissants chefs et rois occupa des milliers d’années. La monarchie absolue fut suivie de nombreux genres différents de gouvernements. Républiques avortées, États communautaires et dictateurs apparurent et disparurent en une profusion sans fin. Cette croissance se poursuivit jusqu’à cinq siècles environ avant l’époque actuelle. Durant une période de fermentation politique, l’un des puissants triumvirs-dictateurs de la nation changea alors de sentiment. Il offrit d’abdiquer volontairement à condition que l’un des deux autres dirigeants, le plus indigne des deux qui restaient, renonce également à sa dictature. La souveraineté du continent fut donc placée entre les mains d’un seul chef. L’État unifié progressa sous une forte loi monarchique pendant plus de cent ans durant lesquels une magistrale charte de liberté fut mise au point. 72:1.5 La transition subséquente entre la monarchie et une forme représentative de gouvernement fut graduelle. Les rois subsistèrent comme de simples figurants sociaux ou sentimentaux et finirent par disparaitre quand la lignée de leurs descendants mâles s’éteignit. La république en place présentement a maintenant juste deux-cents ans d’existence, durant lesquels elle a progressé d’une manière continue vers les techniques gouvernementales que nous allons décrire. Les derniers développements dans les domaines industriel et politique ont été effectués au cours des dix années qui viennent de s’écouler. 2. L’organisation politique 72:2.1 Cette nation continentale a maintenant un gouvernement représentatif avec une capitale nationale située au centre du pays. Le gouvernement central consiste en une solide fédération de cent États relativement libres. Ces États élisent pour dix ans leurs gouverneurs et leurs législateurs, dont aucun n’a le droit d’être réélu. Des juges d’État sont nommés à vie par les gouverneurs et confirmés par leurs parlements qui comprennent un représentant par tranche de cent-mille citoyens. 72:2.2 Il y a cinq types différents de gouvernements urbains, selon la dimension de la ville, mais aucune ville n’est autorisée à avoir plus d’un million d’habitants. Dans l’ensemble, l’organisation municipale est très simple, directe et économique. Les rares postes d’administration urbaine sont ardemment recherchés par les citoyens du type le plus élevé. 72:2.3 Le gouvernement fédéral comporte trois départements coordonnés : l’exécutif, le législatif et le judiciaire. Le chef exécutif fédéral est élu tous les six ans par suffrage territorial universel. Il n’est pas rééligible, sauf sur la demande d’au moins soixante-quinze parlements d’État appuyés par leurs gouverneurs d’État respectifs, et, dans ce cas, pour un mandat seulement. Il est conseillé par un supercabinet composé de tous les ex-chefs exécutifs encore vivants. 72:2.4 Le département législatif comprend trois chambres : 72:2.5 1. La chambre haute est élue par des groupes de travailleurs de l’industrie, des professions libérales, de l’agriculture et d’autres métiers, votant selon leur fonction économique. 72:2.6 2. La chambre basse est élue par certaines organisations de la société comprenant les groupes sociaux, politiques et philosophiques non inclus dans l’industrie et les autres métiers. Tous les citoyens honorablement connus participent à l’élection des deux classes de représentants, mais ils sont groupés différemment selon que l’élection concerne la chambre haute ou la chambre basse. 72:2.7 3. La troisième chambre – les doyens des hommes d’État – englobe les vétérans du service civique et comprend de nombreuses personnes distinguées nommées par le chef exécutif, par les administrateurs régionaux (subfédéraux), par le chef du tribunal suprême, et par les présidents de chacune des deux autres chambres législatives. Ce groupe est limité à cent membres qui sont élus à la majorité par les anciens hommes d’État eux-mêmes. Les titulaires sont nommés à vie et, si une vacance se produit, la personne figurant sur la liste des candidats et qui a recueilli le plus grand nombre de votes se trouve régulièrement élue. Ce corps a une action purement consultative, mais il est un grand régulateur de l’opinion publique et il exerce une puissante influence sur toutes les branches du gouvernement. 72:2.8 Une partie importante du travail administratif est exécutée par les dix autorités régionales (subfédérales) dont chacune consiste en l’association de dix États. Ces départements régionaux sont entièrement exécutifs et administratifs, sans fonctions législatives ni judiciaires. Les dix chefs exécutifs régionaux sont nommés personnellement par le chef exécutif fédéral pour une durée égale à celle de son propre mandat – six ans. Le tribunal fédéral suprême approuve la nomination de ces dix administrateurs régionaux. Bien que leur mandat ne puisse être renouvelé, chacun de ceux qui se retirent devient automatiquement l’associé et le conseiller de son successeur. Par ailleurs, les chefs régionaux choisissent leur propre cabinet d’agents administratifs. 72:2.9 L’action judiciaire s’exerce dans la nation par deux systèmes majeurs de tribunaux – les tribunaux civils et les tribunaux socioéconomiques. Les tribunaux civils fonctionnent aux trois niveaux suivants : 72:2.10 1. Les cours mineures de juridiction municipale et locale, dont les décisions sont susceptibles d’appel auprès des hauts tribunaux d’État. 72:2.11 2. Les cours suprêmes des États, dont les décisions sont finales dans toutes les affaires où le gouvernement fédéral n’est pas impliqué et où les droits et libertés des citoyens ne sont pas en danger. Les administrateurs régionaux ont le pouvoir de soumettre immédiatement n’importe quel cas à la barre de la Cour fédérale suprême. 72:2.12 3. La Cour fédérale suprême – le haut tribunal pour le jugement des litiges nationaux et des appels provenant des tribunaux des États. Ce tribunal suprême se compose de douze hommes âgés de plus de quarante ans et de moins de soixante-quinze ans, ayant servi au moins deux ans dans un tribunal d’État. Ils sont nommés à cette haute position par le chef exécutif avec l’approbation de la majorité du supercabinet et de la troisième chambre de l’assemblée législative. Toutes les décisions de ce corps judiciaire suprême sont prises à la majorité d’au moins deux tiers des voix. 72:2.13 Les tribunaux socioéconomiques fonctionnent dans les trois divisions suivantes : 72:2.14 1. Tribunaux des familles, associés aux départements législatif et exécutif des foyers et du système social. 72:2.15 2. Tribunaux de l’enseignement – les corps juridiques reliés aux systèmes scolaires des États et des régions, et associés aux branches exécutive et législative du mécanisme administratif de l’éducation. 72:2.16 3. Tribunaux de l’industrie – les tribunaux juridictionnels investis de la pleine autorité pour régler tous les malentendus économiques. 72:2.17 La Cour fédérale suprême ne juge pas les cas socioéconomiques à moins d’y être invitée par la troisième branche législative du gouvernement national, la chambre des anciens, votant à la majorité des trois quarts. Autrement, toutes les décisions des hauts tribunaux familiaux, éducatifs et industriels sont sans appel. 3. La vie au foyer 72:3.1 Sur le continent dont nous parlons, la loi interdit à deux familles de vivre sous le même toit. Les habitations collectives ayant été proscrites, la plupart des maisons à appartements ont été démolies. Cependant, les célibataires vivent encore dans des clubs, des hôtels et autres résidences collectives. Le plus petit logis familial autorisé doit comporter un demi-hectare de terre. Toutes les terres et tous les bâtiments à usage de foyers sont exempts de taxes jusqu’à dix fois le minimum de surface exigé pour une famille. 72:3.2 La vie de famille de ce peuple s’est grandement améliorée au cours du dernier siècle. Il est obligatoire, aussi bien pour les pères que pour les mères, d’assister aux cours des écoles de puériculture pour parents. Même les agriculteurs qui résident dans de petits hameaux de campagne, suivent ces cours par correspondance et se rendent aux centres voisins d’instruction orale une fois tous les dix jours – toutes les deux semaines, car la semaine est de cinq jours. 72:3.3 Les familles ont une moyenne de cinq enfants qui restent pleinement sous le contrôle de leurs parents. Si l’un des deux parents ou les deux décèdent, la garde est exercée par les personnes désignées par les tribunaux des familles. Toute famille considère comme un grand honneur de se voir confier la garde d’un orphelin de père et de mère. Des concours ont lieu entre parents, et l’orphelin est attribué au foyer de ceux qui font preuve des meilleures qualifications parentales. 72:3.4 Ces gens considèrent le foyer comme l’institution fondamentale de leur civilisation. Ils escomptent que la partie la plus précieuse de l’éducation et de la formation du caractère d’un enfant sera fournie par ses parents et à son foyer. Les pères consacrent presque autant d’attention que les mères à la formation des enfants. 72:3.5 Toute l’éducation sexuelle est donnée à la maison par les parents ou les gardiens légaux. L’instruction morale est offerte par des maitres pendant les périodes de repos dans les ateliers-écoles, mais il n’en va pas de même pour l’éducation religieuse. On estime que celle-ci est le privilège exclusif des parents, car la religion est considérée comme faisant partie intégrante de la vie de famille. L’instruction purement religieuse n’est donnée publiquement que dans les temples de philosophie, car aucune institution exclusivement religieuse, ressemblant aux églises d’Urantia, ne s’est développée parmi ces populations. Dans leur philosophie, la religion est l’effort pour connaitre Dieu et pour manifester de l’amour à ses semblables en les servant, mais cela n’est nullement typique du statut religieux des autres nations de cette planète. Chez celle que nous étudions, la religion est si complètement une affaire de famille qu’il n’existe pas de lieux publics exclusivement consacrés à des assemblées religieuses. Pour employer le langage des Urantiens, l’Église et l’État sont entièrement séparés politiquement, mais il existe un étrange chevauchement de la religion et de la philosophie. 72:3.6 Jusqu’à il y a vingt ans, les instructeurs spirituels (comparables aux pasteurs d’Urantia), qui visitent périodiquement chaque famille pour examiner les enfants et vérifier qu’ils ont été convenablement instruits par leurs parents, étaient placés sous la supervision du gouvernement. Ces conseillers et examinateurs spirituels se trouvent maintenant sous la direction de la Fondation du Progrès Spirituel, une institution nouvellement créée et soutenue par des contributions volontaires. Il est possible que cette institution n’évolue pas davantage avant l’arrivée d’un Fils Magistral du Paradis. 72:3.7 Les enfants restent légalement soumis à leurs parents jusqu’à l’âge de quinze ans, où ils reçoivent leur première initiation aux responsabilités civiques. Ensuite, tous les cinq ans et durant cinq périodes successives, des exercices publiques similaires ont lieu pour les groupes de même âge. Les obligations vis-à-vis des parents y sont chaque fois diminuées, tandis que de nouvelles responsabilités civiques et sociales envers l’État sont assumées. Le droit de vote est conféré à vingt ans, le droit de se marier sans le consentement des parents n’est pas accordé avant vingt-cinq ans, et les enfants doivent quitter leur foyer quand ils atteignent l’âge de trente ans. 72:3.8 Les lois du mariage et du divorce sont uniformes dans toute la nation. Le mariage avant vingt ans – âge de l’admission au suffrage – n’est pas permis. L’autorisation de se marier n’est accordée qu’un an après le préavis d’intention, et après que les deux fiancés ont présenté des certificats montrant qu’ils ont été dument instruits dans les écoles de parents au sujet des responsabilités de la vie conjugale. 72:3.9 Les règles du divorce sont assez lâches, mais on ne peut obtenir le jugement de séparation émis par le tribunal des familles avant qu’un an se soit écoulé depuis l’enregistrement de la demande, et l’année, sur cette planète, est considérablement plus longue que sur Urantia. Malgré les lois qui rendent le divorce facile aujourd’hui, la proportion des divorces n’atteint que le dixième de celle des races civilisées d’Urantia. 4. Le système éducatif 72:4.1 Le système éducatif de cette nation est obligatoire et mixte dans les écoles préuniversitaires que les élèves fréquentent entre cinq et dix-huit ans. Ces écoles sont extrêmement différentes de celles d’Urantia. Il n’y a pas de salles de classe, on ne poursuit qu’une étude à la fois et, après les trois premières années, tous les élèves deviennent des instituteurs adjoints pour instruire ceux qui sont dans des classes inférieures. On n’emploie des livres que pour se procurer les renseignements qui aident à résoudre les problèmes surgissant dans les ateliers-écoles et les fermes-écoles. On produit dans ces ateliers une grande partie des meubles employés sur le continent et de nombreux appareils mécaniques – car c’est une grande époque d’invention et de machinisme. Attenante à chaque atelier se trouve une bibliothèque pratique où les élèves peuvent consulter les livres de référence nécessaires. Pendant toute la période éducative, on enseigne également l’agriculture et l’horticulture dans les vastes fermes contigües à chaque école locale. 72:4.2 On n’apprend aux débiles mentaux que l’agriculture et l’élevage, et on les envoie, pour la vie, dans des colonies de surveillance spéciales où ils sont séparés par sexes pour empêcher la procréation, qui est interdite à tous les anormaux. Ces mesures restrictives sont en vigueur depuis soixante-quinze ans. Les mandats d’internement sont délivrés par les tribunaux des familles. 72:4.3 Tout le monde prend un mois de vacances chaque année. L’année a dix mois ; les écoles préuniversitaires sont ouvertes pendant neuf mois ; les vacances se passent à voyager avec les parents ou des amis. Ces voyages font partie du programme d’éducation des adultes et se continuent pendant toute la vie ; les fonds pour y faire face sont accumulés par les mêmes méthodes que les fonds d’assurance vieillesse. 72:4.4 Un quart du temps à l’école est consacré aux jeux – aux compétitions athlétiques. Les élèves progressent dans les concours locaux, puis provinciaux, puis régionaux, vers les épreuves nationales d’habileté et de prouesses. Les concours oratoires et musicaux ainsi que les épreuves de science et de philosophie occupent également l’attention des élèves depuis les sections locales mineures jusqu’aux épreuves récompensées par des honneurs nationaux. 72:4.5 La direction de l’école est une réplique du gouvernement national avec ses trois branches en corrélation. Le personnel enseignant opère à titre consultatif comme la troisième division législative. L’objet principal de l’éducation sur ce continent consiste à faire de chaque élève un citoyen capable de gagner sa vie. 72:4.6 Tous les enfants qui sortent diplômés du système scolaire préuniversitaire à dix-huit ans sont des artisans habiles. Alors commencent l’étude des livres et la recherche des connaissances spéciales, soit dans les universités, soit dans les écoles d’adultes. Quand un brillant élève achève son travail en avance sur le programme, on lui accorde, en récompense, le temps et les moyens d’exécuter un projet de son invention, qui lui est cher. Tout le système éducatif est prévu pour éduquer l’individu d’une manière appropriée. 5. L’organisation industrielle 72:5.1 La situation industrielle chez ce peuple est loin de ses idéaux. Le capital et le travail ont encore leurs difficultés, mais ils tendent à se conformer à un plan de coopération sincère. Sur ce continent exceptionnel, les ouvriers deviennent de plus en plus les actionnaires de toutes les affaires industrielles ; tout travailleur intelligent se transforme lentement en un petit capitaliste. 72:5.2 Les antagonismes sociaux diminuent, et la bonne volonté grandit rapidement. L’abolition de l’esclavage (il y a plus de cent ans) n’a suscité aucun problème grave parce qu’il a été effectué graduellement en libérant deux pour cent des esclaves chaque année. Le droit de citoyenneté fut accordé aux esclaves qui passaient d’une manière satisfaisante des épreuves morales, mentales et physiques. Beaucoup de ces esclaves supérieurs étaient des prisonniers de guerre ou des enfants de ces captifs. Il y a environ cinquante ans, la nation déporta le reste de ses esclaves inférieurs ; plus récemment encore, elle entreprit la tâche de réduire le nombre des individus appartenant aux classes dégénérées et vicieuses. 72:5.3 Ce peuple a récemment développé de nouvelles techniques pour dissiper les malentendus industriels et pour corriger les abus économiques ; elles représentent une amélioration marquée sur les anciennes méthodes employées pour résoudre ces problèmes. La violence a été proscrite comme procédé pour régler les différends personnels ou industriels. Les salaires, les profits et les autres questions économiques ne sont pas rigidement réglementés ; mais ils sont en général contrôlés par les corps législatifs industriels, tandis que toutes les querelles issues de l’industrie sont jugées par les tribunaux de l’industrie. 72:5.4 Les tribunaux de l’industrie n’existent que depuis trente ans, mais fonctionnent d’une manière très satisfaisante. Les dernières dispositions prévoient que les tribunaux de l’industrie reconnaitront dorénavant que les rémunérations légales sont de trois sortes : 72:5.5 1. Le taux légal d’intérêt sur le capital investi. 72:5.6 2. Une rémunération raisonnable de la qualification mise au service des opérations industrielles. 72:5.7 3. Des salaires justes et équitables pour la main-d’œuvre. 72:5.8 Pour faire face à ces obligations, on commence par se référer aux contrats. Si les bénéfices ont diminué, les trois classes subissent une réduction temporaire proportionnelle. Ensuite, tous les bénéfices dépassant ces charges fixes sont considérés comme des dividendes et distribués au prorata à chacune des trois divisions, capital, qualification et main-d’œuvre. 72:5.9 Tous les dix ans, les chefs exécutifs régionaux fixent et décrètent les heures légales de labeur quotidien rémunéré. L’industrie travaille actuellement quatre jours par semaine de cinq jours, le cinquième jour étant consacré aux délassements. Ces gens travaillent six heures par jours ouvrables et, à l’instar des étudiants, neuf mois sur les dix de l’année. Les vacances sont généralement employées à voyager. De nouveaux modes de transport ayant été récemment développés, toute la nation pense à voyager. Le climat est propice aux déplacements environ huit mois sur dix, et les habitants tirent le meilleur parti des occasions qui leur sont offertes. 72:5.10 Il y a deux-cents ans, la recherche du profit dominait complètement l’industrie, mais aujourd’hui elle est rapidement remplacée par des impulsions différentes et supérieures. La compétition est active sur ce continent, mais elle a été transférée en grande partie de l’industrie aux jeux, à l’habileté, aux réalisations scientifiques et aux réussites intellectuelles. Elle est fort vive dans les services sociaux et dans la loyauté envers le gouvernement. Chez ce peuple, le service public devient rapidement le principal but de l’ambition. L’homme le plus riche du continent travaille six heures par jour dans le bureau de son atelier d’usinage et se hâte ensuite d’aller à la branche locale de l’école d’administration pour hommes d’État où il cherche à se qualifier pour le service public. 72:5.11 La main-d’œuvre acquiert plus de considération sur ce continent. Tous les citoyens valides de plus de dix-huit ans travaillent, soit à leur foyer et dans les fermes, soit dans une industrie reconnue, soit aux travaux publics qui absorbent les chômeurs temporaires, soit enfin dans le corps du travail obligatoire dans les mines. 72:5.12 Ce peuple commence également à développer une nouvelle forme de dégout social – le dégout de l’oisiveté aussi bien que de la fortune non gagnée. Lentement mais sûrement, ils triomphent de leurs machines. Eux aussi luttèrent jadis pour la liberté politique et ensuite pour la libération économique. Ils commencent maintenant à jouir des deux et, en outre, à apprécier leurs loisirs bien gagnés qu’ils peuvent consacrer à mieux s’épanouir. 6. L’assurance vieillesse 72:6.1 Cette nation fait un effort résolu pour remplacer l’espèce de charité destructrice du respect de soi-même par des garanties de sécurité pour la vieillesse, par des assurances gouvernementales dignes. Cette nation fournit une éducation à tous les enfants et une occupation à tous les hommes ; elle peut donc mettre en œuvre avec succès un plan d’assurance pour la protection des vieux et des infirmes. 72:6.2 Chez ce peuple, toutes les personnes doivent se retirer des fonctions lucratives à l’âge de soixante-cinq ans, à moins de recevoir du commissaire d’État au travail un permis leur donnant droit de travailler jusqu’à soixante-dix ans. Cette limite d’âge ne joue ni pour les fonctionnaires ni pour les philosophes. Les mutilés physiques ou les invalides permanents peuvent être inscrits à n’importe quel âge sur la liste des retraités sur un ordre du tribunal contresigné par le commissaire aux pensions du gouvernement régional. 72:6.3 Les fonds pour les pensions de vieillesse proviennent de quatre sources : 72:6.4 1. Le gain d’une journée par mois est réquisitionné à cet effet par le gouvernement fédéral, et tout le monde travaille dans ce pays. 72:6.5 2. Les legs – nombre de citoyens riches laissent des fonds à cet effet. 72:6.6 3. Les gains du travail obligatoire dans les mines de l’État. Après que les forçats ont pourvu à leurs propres besoins et mis de côté leur contribution à leur propre retraite, tout l’excédent du bénéfice de leur travail est versé à ce fonds pour les pensions. 72:6.7 4. Le revenu des ressources naturelles. Toutes les richesses naturelles du continent sont détenues comme dépôt social par le gouvernement fédéral, et le revenu qu’elles procurent est employé à des buts sociaux, tels que la lutte préventive contre les maladies, l’éducation des génies et l’entretien des élèves spécialement prometteurs dans les écoles pour hommes d’État. La moitié du revenu des ressources naturelles va au fonds pour les pensions de la vieillesse. 72:6.8 Bien que des fondations d’État et régionales basées sur les calculs d’actuaires fournissent de nombreuses formes d’assurances protectrices, les pensions de vieillesse sont exclusivement administrées par le gouvernement fédéral et par l’intermédiaire des dix départements régionaux. 72:6.9 Ces fonds gouvernementaux ont été administrés honnêtement depuis longtemps. Après la trahison et le meurtre, c’est à la trahison de la confiance publique que les tribunaux infligent les châtiments les plus sévères. La déloyauté sociale et politique est maintenant considérée comme le plus odieux des crimes. 7. Les impôts 72:7.1 Le gouvernement fédéral n’est paternaliste que dans l’administration des pensions de vieillesse et l’aide apportée au génie et à l’imagination créative. Les gouvernements d’État s’occupent un peu plus des individus, tandis que les gouvernements locaux sont beaucoup plus paternalistes ou socialisants. La ville (ou l’une de ses subdivisions) s’occupe d’affaires telles que la santé, l’hygiène, l’urbanisme, les embellissements, l’adduction d’eau, l’éclairage, le chauffage, les récréations, la musique et les communications. 72:7.2 Dans toute l’industrie, la première préoccupation est la santé. Certaines phases de bien-être physique sont considérées comme des prérogatives de l’industrie et de la communauté, mais les problèmes de la santé individuelle et familiale restent uniquement des affaires personnelles. En médecine comme dans toutes les questions purement personnelles, le plan du gouvernement consiste de plus en plus à s’abstenir de toute ingérence. 72:7.3 Les villes n’ont ni le pouvoir de taxer ni le droit de contracter des dettes. Elles reçoivent de la trésorerie d’État une allocation par habitant ; il faut compléter ce revenu par le bénéfice de leurs entreprises socialisées et en donnant des licences pour l’exercice de diverses activités commerciales. 72:7.4 Les facilités de transit rapide, qui permettent une extension considérable des limites urbaines, sont placées sous contrôle municipal. Les départements urbains des pompiers sont soutenus par les fondations de protection et d’assurance contre l’incendie. Tous les bâtiments de la ville ou de la campagne sont ignifugés – et l’ont été depuis plus de soixante-quinze ans. 72:7.5 Il n’y a pas de gardiens de la paix appointés par les municipalités ; les forces de police sont entretenues par les gouvernements des États. Les hommes de ce département sont recrutés à peu près exclusivement parmi les célibataires de vingt-cinq à cinquante ans. Le plupart des États taxent assez lourdement les célibataires, mais ceux qui entrent dans les rangs de la police d’État sont dispensés de cet impôt. Dans la moyenne des États, les forces de police n’atteignent que le dixième de leur importance d’il y a cinquante ans. 72:7.6 Il n’y a guère d’uniformité dans les plans fiscaux des cent États relativement libres et souverains, car les conditions économiques ou autres varient grandement dans les différents secteurs du continent. La constitution de chaque État comporte dix clauses fondamentales qui ne peuvent être modifiées sans le consentement de la Cour fédérale suprême, et l’une d’elle empêche d’établir un impôt de plus de un pour cent par an sur la valeur d’un bien quelconque, les domiciles urbains ou ruraux restant totalement exemptés. 72:7.7 Le gouvernement fédéral n’a pas le droit de s’endetter, et il faut un référendum à la majorité des trois quarts pour permettre à un État d’emprunter, sauf pour les besoins de la guerre. En cas de guerre, puisque le gouvernement fédéral ne peut contracter de dettes, le Conseil national de la défense a le pouvoir d’exiger des États une contribution en argent aussi bien qu’en hommes et en matériels, selon les besoins. Tout emprunt doit être remboursé en moins de vingt-cinq ans. 72:7.8 Les revenus destinés à entretenir le gouvernement fédéral proviennent des cinq sources suivantes : 72:7.9 1. Les droits d’importation. Toutes les importations sont soumises à un droit de douane destiné à protéger le niveau de vie, qui est beaucoup plus élevé sur ce continent que dans n’importe quelle autre nation de la planète. Les tarifs douaniers sont fixés par le plus haut tribunal de l’industrie après que les deux chambres du parlement industriel ont ratifié les recommandations du chef exécutif des affaires économiques, lequel est nommé conjointement par ces deux corps législatifs. La chambre haute industrielle est élue par les travailleurs, la chambre basse par les capitalistes. 72:7.10 2. Les redevances. Le gouvernement fédéral encourage les inventions et les créations originales dans les dix laboratoires régionaux. Il aide les génies de tous genres – artistes, auteurs et savants – et protège leurs brevets. En retour, il prélève la moitié des bénéfices provenant de toutes leurs inventions et créations, qu’elles concernent des machines, des livres, des œuvres d’art, des plantes ou des animaux. 72:7.11 3. Les taxes successorales. Le gouvernement fédéral prélève un impôt successoral progressif allant d’un à cinquante pour cent selon l’importance de la succession et certaines autres conditions. 72:7.12 4. L’équipement militaire. Le gouvernement tire des sommes considérables de la location d’équipements militaires et navals pour des usages commerciaux ou récréatifs. 72:7.13 5. Les ressources naturelles. Le revenu des ressources naturelles, quand il n’est pas entièrement affecté aux projets spécifiques consignés dans la charte des États Fédéraux, est versé au trésor national. 72:7.14 Les crédits budgétaires fédéraux, sauf les fonds de guerre évalués par le Conseil national de la défense, sont proposés dans la haute chambre législative, soumis à l’accord de la chambre basse, approuvés par le chef exécutif et finalement validés par la commission des cent du budget fédéral. Les membres de cette commission sont nommés par les gouverneurs des États et élus par le corps législatif des États pour servir pendant vingt-quatre ans. Ils se renouvellent par quart tous les six ans. Tous les six ans également, à la majorité des trois quarts, ce corps choisit un chef dans ses rangs, et celui-ci devient par là même directeur-contrôleur de la trésorerie fédérale. 8. Les écoles spéciales 72:8.1 En plus du programme fondamental d’instruction obligatoire entre les âges de cinq ans et de dix-huit ans, on entretient les écoles spéciales suivantes : 72:8.2 1. Les écoles d’administration. Elles se divisent en trois classes : les écoles nationales, régionales et celles des États. Les offices publics de la nation sont groupés en quatre divisions. La première division de responsabilité publique concerne principalement l’administration nationale ; tous les détenteurs de postes dans ce groupe doivent avoir le double diplôme des écoles d’administration régionales et nationales. Dans la deuxième division, les candidats peuvent accepter un poste politique, électif ou par nomination, après avoir obtenu leur diplôme de l’une des dix écoles régionales d’administration ; leur mission concerne des responsabilités dans l’administration régionale et dans le gouvernement des États. La troisième division comprend des responsabilités dans les États, et ses fonctionnaires ont seulement besoin d’avoir le diplôme correspondant à l’administration des États. Les fonctionnaires de la quatrième et dernière division n’ont besoin d’aucun diplôme d’administration, tous leurs postes étant attribués par nomination. Ils représentent des postes mineurs d’assistants, de secrétaires ou de techniciens, remplies par les membres des différentes professions libérales qui opèrent avec capacité administrative gouvernementale. 72:8.3 Les juges des tribunaux mineurs et des tribunaux des États sont diplômés des écoles d’administration des États. Les juges des tribunaux juridictionnels jugeant les affaires sociales, éducatives et industrielles sont diplômés des écoles régionales. Les juges de la Cour fédérale suprême doivent avoir des diplômes des trois classes d’écoles d’administration. 72:8.4 2. Les écoles de philosophie. Ces écoles sont affiliées aux temples de philosophie et plus ou moins attachées à la religion en tant que fonction publique. 72:8.5 3. Les instituts scientifiques. Ces écoles techniques sont coordonnées avec l’industrie plutôt qu’avec le système éducatif. Elles sont administrées en quinze divisions. 72:8.6 4. Les écoles de formation professionnelle. Ces institutions spéciales procurent la formation technique pour les diverses professions libérales, qui sont au nombre de douze. 72:8.7 5. Les écoles militaires et navales. Près du quartier général national et dans les vingt-cinq centres militaires côtiers, on entretient les institutions consacrées à l’instruction militaire des citoyens volontaires âgés de dix-huit à trente ans. Pour être admis à ces écoles avant vingt-cinq ans, le consentement des parents est exigé. 9. Le plan du suffrage universel 72:9.1 Bien qu’un diplôme de l’une des écoles d’administration provinciales, régionales ou fédérales ait été obligatoire pour faire acte de candidature à toutes les fonctions publiques, les chefs progressistes de cette nation découvrirent un sérieux défaut dans leur plan de suffrage universel. Il y a environ cinquante ans, ils prirent des dispositions constitutionnelles pour adopter un mode de scrutin modifié comportant les caractéristiques suivantes : 72:9.2 1. Chaque homme et chaque femme de vingt ans et plus dispose d’une voix. Quand ils atteignent cet âge, tous les citoyens doivent accepter d’appartenir à deux groupes d’électeurs : ils s’inscrivent au premier selon leur fonction économique – industrielle, libérale, agricole ou commerciale ; ils entrent dans le second selon leurs inclinations politiques, philosophiques et sociales. Tous les travailleurs appartiennent ainsi à un groupe électoral économique. À l’instar des associations non économiques, ces corporations ont des règlements très semblables à ceux du gouvernement national avec sa triple division des pouvoirs. L’inscription à un groupe ne peut plus être changée pendant douze ans. 72:9.3 2. Sur la proposition des gouverneurs des États ou des chefs exécutifs régionaux, et sur confirmation des conseils régionaux suprêmes, les personnes qui ont rendu de grands services à la société, ou fait preuve d’une sagesse extraordinaire au service du gouvernement, peuvent recevoir un droit de vote additionnel, mais pas plus souvent que tous les cinq ans, et sans dépasser neuf voix additionnelles. Le suffrage maximum d’un électeur à vote multiple est donc de dix voix. De même, les savants, les inventeurs, les éducateurs, les philosophes et les chefs spirituels sont ainsi reconnus et honorés d’un pouvoir politique accru. Ces privilèges civiques élevés sont conférés par les conseils suprêmes des États et des régions d’une manière très semblable aux diplômes offerts par les écoles spéciales. Les bénéficiaires sont fiers de joindre ces symboles de reconnaissance civique, à côté de leurs autres diplômes, à la liste de leurs accomplissements personnels. 72:9.4 3. Tous les individus condamnés au travail obligatoire dans les mines et tous les fonctionnaires payés par le revenu des impôts perdent leur droit de vote pendant la période où ils exécutent ces services. Cette disposition ne s’applique pas aux personnes âgées qui reçoivent une pension après avoir pris leur retraite à soixante-cinq ans. 72:9.5 4. Il y a cinq échelons de suffrage traduisant la moyenne des impôts annuels payés durant chaque période quinquennale. Les gros contribuables reçoivent un droit de vote supplémentaire allant jusqu’à cinq voix. Cette concession est indépendante de toute autre reconnaissance, mais en aucun cas un électeur ne dispose de plus de dix voix. 72:9.6 5. Au moment où l’on adopta ce plan électoral, la méthode territoriale de vote fut abandonnée en faveur du système fonctionnel ou économique. Tous les citoyens votent maintenant en tant que membres de groupes industriels, sociaux ou professionnels, indépendamment de leur résidence. Le corps électoral est donc composé de groupes intégrés, unifiés et intelligents qui élisent seulement leurs meilleurs membres aux postes gouvernementaux de confiance et de responsabilité. Ce plan de suffrage fonctionnel ou collectif comporte une exception : l’élection d’un chef exécutif fédéral tous les six ans s’effectue par un vote national où nul citoyen ne dispose de plus d’une voix. 72:9.7 Ainsi, sauf dans l’élection du chef exécutif, le suffrage est exercé par des groupements économiques, professionnels, intellectuels et sociaux de citoyens. L’État idéal est organique, et chaque groupe libre et intelligent de citoyens représente un organe vital et fonctionnel à l’intérieur du plus grand organisme gouvernemental. 72:9.8 Les écoles d’administration ont le pouvoir d’engager une action devant les tribunaux d’État pour faire retirer le droit de vote à tout individu taré, oisif, apathique ou criminel. Ces gens reconnaissent que, si une nation a cinquante pour cent d’éléments inférieurs ou dégénérés possédant le droit de vote, elle est condamnée à périr. Ils croient que la domination de la médiocrité provoque l’effondrement de n’importe quelle nation. Le vote est obligatoire, et les électeurs qui ne déposent pas leur bulletin sont frappés de lourdes amendes. 10. Dispositions à l’égard du crime 72:10.1 Les méthodes de ce peuple pour traiter les criminels, les fous et les dégénérés, bien qu’elles puissent plaire sous certains aspects, paraitront assurément choquantes sous d’autres aspects à la plupart des Urantiens. Les anormaux et les criminels ordinaires sont placés par sexes dans différentes colonies agricoles où ils font plus que de subvenir à leurs besoins. Les criminels les plus invétérés et les aliénés incurables sont condamnés par les tribunaux à mourir dans des chambres à gaz. De nombreux crimes autres que le meurtre, y compris la trahison de la confiance du gouvernement, comportent aussi la peine de mort, et l’action de la justice est certaine et rapide. 72:10.2 Ce peuple est en train de sortir de l’ère négative de la loi pour entrer dans l’ère positive. Récemment l’on est allé jusqu’à essayer d’empêcher préventivement les crimes en condamnant à la détention à vie, dans les colonies pénitentiaires, les individus que l’on croit être potentiellement des assassins ou de grands criminels. Si ces condamnés démontrent ultérieurement qu’ils sont devenus plus normaux, ils peuvent être mis en liberté conditionnelle ou graciés. Le nombre des homicides sur ce continent n’atteint qu’un pour cent de celui des autres nations. 72:10.3 Des efforts pour empêcher la reproduction des criminels et des tarés ont été entrepris il y a plus de cent ans et ont déjà donné des résultats très satisfaisants. Il n’existe ni prisons ni hôpitaux pour les aliénés. Il y a à cela une bonne raison, c’est que ces groupes sont dix fois moins nombreux que sur Urantia. 11. L’état de préparation militaire 72:11.1 Les diplômés des écoles militaires fédérales peuvent être promus comme « gardiens de la civilisation » en sept grades, selon leur compétence et leur expérience, par le président du Conseil national de la défense. Ce conseil est composé de vingt-cinq membres nommés par les tribunaux familiaux, éducatifs et industriels les plus élevés ; il est confirmé par la Cour fédérale suprême et présidé d’office par le chef d’état-major des affaires militaires coordonnées. Ses membres servent jusqu’à l’âge de soixante-dix ans. 72:11.2 Les cours suivis par ces officiers durent quatre ans et sont invariablement liés à la maitrise d’un métier ou d’une profession. L’instruction militaire n’est jamais donnée sans que l’on y associe cette éducation industrielle, scientifique ou professionnelle. Quand l’instruction militaire est terminée, l’intéressé a reçu, pendant ses quatre ans de cours, la moitié de l’éducation donnée dans n’importe quelle école spéciale, où les cours durent également quatre ans. De cette manière, on évite la formation d’une classe de militaires de carrière en fournissant à un grand nombre d’hommes l’occasion de gagner leur vie tout en acquérant la première moitié d’une instruction technique ou professionnelle. 72:11.3 Le service militaire en temps de paix est purement volontaire. On s’engage dans chaque branche de service pour quatre ans, pendant lesquels chaque homme poursuit des études dans une branche spéciale en plus de la maitrise de la tactique militaire. L’éducation musicale est l’une des principales visées des écoles militaires centrales et des vingt-cinq camps d’entrainement répartis à la périphérie du continent. Durant les périodes de ralentissement dans l’industrie, des milliers de chômeurs sont employés automatiquement à renforcer les défenses militaires du continent sur terre, sur mer et dans les airs. 72:11.4 Bien que ces gens entretiennent de puissants effectifs de guerre pour se défendre contre les invasions des peuples hostiles environnants, on peut inscrire à leur crédit que, depuis plus de cent ans, ils n’ont employé ces ressources militaires à aucune guerre offensive. Ces gens se sont civilisés au point où ils peuvent vigoureusement défendre la civilisation sans céder à la tentation d’employer leur potentiel de guerre à des agressions. Ils n’ont pas connu de guerres civiles depuis l’établissement de l’État continental unifié, mais, au cours des deux derniers siècles, ils ont été appelés à soutenir neuf guerres défensives acharnées, dont trois contre de puissantes confédérations de puissances mondiales. Bien que cette nation entretienne une défense adéquate contre toute attaque par des voisins hostiles, elle consacre beaucoup plus de soins à former des hommes d’État, des scientifiques et des philosophes. 72:11.5 Quand elle est en paix avec le monde, tous les mécanismes mobiles de défense sont pleinement employés aux affaires, au commerce et aux divertissements. Quand la guerre est déclarée, la nation tout entière est mobilisée. Pendant la durée des hostilités, toute l’industrie paye son personnel au tarif des soldes militaires, et les chefs de tous les départements militaires deviennent membres du cabinet du chef exécutif. 12. Les autres nations 72:12.1 Bien que la société et le gouvernement de ce peuple unique soient, sous beaucoup de rapports, supérieurs à ceux des nations d’Urantia, il faudrait préciser que, sur les autres continents (il y en a onze sur cette planète), les gouvernements sont nettement inférieurs à ceux des nations les plus évoluées d’Urantia. 72:12.2 À l’heure actuelle, ce gouvernement supérieur projette d’établir des relations d’ambassades avec les peuples inférieurs, et, pour la première fois, a surgi un grand chef religieux qui recommande l’envoi de missionnaires aux nations environnantes. Nous craignons que cette nation soit sur le point de faire l’erreur que tant d’autres ont commise en essayant d’imposer une culture et une religion supérieures à d’autres races. Quel merveilleux résultat on obtiendrait sur ce monde si cette nation continentale de culture avancée se bornait à sortir de chez elle afin de ramener les hommes d’élite des peuples voisins pour ensuite, après les avoir éduqués, les renvoyer comme émissaires de culture chez leurs frères plongés dans l’ignorance ! Bien entendu, si un Fils Magistral devait bientôt venir chez cette nation évoluée, de grands évènements pourraient se produire rapidement sur ce monde. 72:12.3 Ce récit des affaires d’une planète voisine est fait par autorisation spéciale dans le but de faire progresser la civilisation et d’accélérer l’évolution gouvernementale sur Urantia. On pourrait donner beaucoup plus de détails qui, sans aucun doute, intéresseraient et surprendraient les Urantiens, mais les révélations ci-dessus vont à la limite de ce que notre mandat nous permet. 72:12.4 Les Urantiens devraient toutefois prendre note que leur sphère sœur de la famille de Satania n’a bénéficié ni de missions magistrales ni de missions d’effusion des Fils du Paradis. Les divers peuples d’Urantia ne sont pas non plus séparés les uns des autres par des disparités de culture offrant le même contraste que cette nation continentale avec les autres nations de la même planète. 72:12.5 L’effusion de l’Esprit de Vérité fournit la base spirituelle pour réaliser de grands accomplissements dans l’intérêt de la race humaine de la planète qui en bénéficie. Urantia est donc beaucoup mieux préparée pour mettre au point un gouvernement planétaire avec ses lois, ses mécanismes, ses conventions, ses symboles et son langage – qui tous pourraient contribuer si puissamment à établir la paix mondiale sous l’égide de la loi et laisser présager l’aurore d’un véritable âge d’efforts spirituels. Un tel âge est le seuil planétaire conduisant aux âges utopiques de lumière et de vie. 72:12.6 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.] Fascicule 73. Le jardin d’Éden 73:0.1 La décadence culturelle et l’indigence spirituelle résultant de la chute de Caligastia et de la confusion sociale qui en résulta eurent peu d’effet sur le statut biologique ou physique des peuples d’Urantia. L’évolution organique se poursuivit à grands pas, tout à fait indépendamment du recul moral et culturel qui suivit si rapidement la dissidence de Caligastia et de Daligastia. Il y a presque quarante-mille ans, vint un moment dans l’histoire planétaire où les Porteurs de Vie en service prirent note qu’au point de vue purement biologique, le progrès du développement des races d’Urantia approchait de son apogée. Les administrateurs provisoires Melchizédeks partagèrent cette opinion et acceptèrent volontiers de se joindre aux Porteurs de Vie pour demander aux Très Hauts d’Édentia de faire inspecter Urantia en vue d’autoriser l’envoi d’élévateurs biologiques, un Fils et une Fille Matériels. 73:0.2 Cette requête fut adressée aux Très Hauts d’Édentia parce qu’ils avaient exercé une juridiction directe sur beaucoup d’affaires d’Urantia depuis la chute de Caligastia et la carence temporaire d’autorité sur Jérusem. 73:0.3 Tabamantia, superviseur souverain des séries de mondes décimaux ou expérimentaux, vint inspecter la planète. Après examen du progrès racial, il recommanda dument que des Fils Matériels fussent accordés à Urantia. Un peu moins de cent ans après son inspection, Adam et Ève, un Fils et une Fille Matériels du système local, arrivèrent et commencèrent leur tâche difficile. Il leur fallait essayer de débrouiller les affaires confuses d’une planète retardée par la rébellion et mise au ban par isolement spirituel. 1. Les Nodites et les Amadonites 73:1.1 Sur une planète normale, l’arrivée du Fils Matériel annonce généralement l’approche d’un grand âge d’inventions, de progrès matériels et d’éclairement intellectuel. L’ère postadamique est le grand âge scientifique sur la plupart des mondes, mais il n’en fut pas ainsi sur Urantia. Bien que la planète fut peuplée de races physiquement aptes, les tribus languissaient dans des abimes de sauvagerie et de stagnation morale. 73:1.2 Dix-mille ans après la rébellion, pratiquement tous les gains de l’administration du Prince avaient été annulés ; les races du monde n’étaient guère plus avancées que si ce Fils égaré n’était jamais venu sur Urantia. Les traditions de Dalamatia et la culture du Prince Planétaire ne subsistaient que chez les Nodites et les Amadonites. 73:1.3 Les Nodites étaient les descendants des membres rebelles de l’état-major du Prince et tiraient leur nom de leur premier chef, Nod, qui avait jadis présidé la commission de l’industrie et du commerce de Dalamatia. Les Amadonites étaient les descendants des Andonites qui avaient choisi de rester loyaux avec Van et Amadon. « Amadonite » est davantage une dénomination culturelle et religieuse qu’un nom racial ; du point de vue racial, les Amadonites étaient essentiellement les Andonites. « Nodite » est un nom à la fois culturel et racial, car les Nodites eux-mêmes constituaient la huitième race d’Urantia. 73:1.4 Il existait une hostilité traditionnelle entre les Nodites et les Amadonites. Cette inimitié revenait constamment à la surface toutes les fois que les descendants des deux groupes essayaient de se lancer dans une entreprise commune. Même plus tard, dans les affaires d’Éden, il leur fut extrêmement difficile de travailler ensemble en paix. 73:1.5 Peu après la destruction de Dalamatia, les partisans de Nod se divisèrent en trois groupes. Le groupe central resta dans le voisinage immédiat de son foyer originel, près du fond du golfe Persique. Le groupe oriental émigra vers les hauts plateaux d’Élam, juste à l’est de la vallée de l’Euphrate. Le groupe occidental résida sur le rivage nord-est méditerranéen de la Syrie et dans le territoire adjacent. 73:1.6 Ces Nodites s’étaient accouplés librement avec les races Sangiks et avaient laissé une progéniture de qualité. Quelques descendants des rebelles dalamatiens rejoignirent ultérieurement Van et ses partisans loyaux dans les terres situées au Nord de la Mésopotamie. Là, au voisinage du lac Van et dans la région au Sud de la mer Caspienne, les Nodites se mêlèrent et se mélangèrent aux Amadonites, et furent comptés au nombre des « puissants hommes d’autrefois ». 73:1.7 Avant l’arrivée d’Adam et d’Ève, ces groupes – les Nodites et les Amadonites – étaient les races les plus évoluées et les plus cultivées de la Terre. 2. Le projet de jardin 73:2.1 Pendant près de cent ans avant l’inspection de Tabamantia, Van et ses associés, opérant à partir de leur quartier général d’éthique et de culture mondiale situé sur de hautes terres, avaient prêché la venue d’un Fils promis de Dieu, un élévateur racial, un instructeur de la vérité et un successeur digne de confiance au traitre Caligastia. La majorité des habitants du monde, en ces jours-là, n’accordait guère ou pas d’intérêt à ces prédictions, mais ceux qui se trouvaient en contact immédiat avec Van et Amadon prirent cet enseignement au sérieux et commencèrent à faire des projets pour recevoir effectivement le Fils de la promesse. 73:2.2 Van raconta à ses plus proches collaborateurs l’histoire des Fils Matériels sur Jérusem, en leur disant ce qu’il avait connu d’eux avant de venir sur Urantia. Il savait bien que ces Fils Adamiques vivaient toujours dans des foyers simples et charmants entourés de jardins. Quatre-vingt-trois ans avant l’arrivée d’Adam et d’Ève, il proposa à ceux qui l’entouraient de se consacrer à proclamer la venue des Fils Matériels et à préparer un foyer-jardin pour les recevoir. 73:2.3 Depuis leur quartier général des hautes terres et depuis soixante-et-un établissements très dispersés, Van et Amadon recrutèrent un corps de plus de trois-mille travailleurs enthousiastes et de bonne volonté. Ils se réunirent en une assemblée solennelle où ils se dédièrent à la mission de préparer l’arrivée du Fils promis – ou tout au moins attendu. 73:2.4 Van divisa ses volontaires en cent compagnies avec un capitaine pour chacune et un associé qui servait dans son état-major personnel comme officier de liaison. Il garda Amadon comme associé personnel. Ces commissions commencèrent toutes sérieusement leurs travaux préliminaires, et la commission du site du Jardin se mit à parcourir le pays à la recherche de l’endroit idéal. 73:2.5 Bien que Caligastia et Daligastia eussent été privés d’une grande partie de leur pouvoir de nuire, ils firent tout ce qui leur était possible pour contrecarrer et gêner le travail de préparation du Jardin. Mais leurs manœuvres malignes furent largement compensées par les activités loyales de presque dix-mille médians qui travaillèrent infatigablement à faire progresser l’entreprise. 3. L’emplacement du Jardin 73:3.1 Le comité du site fut absent pendant près de trois ans. Il fit un rapport favorable sur trois emplacements possibles : le premier était une ile du golfe Persique ; le deuxième était un emplacement fluvial qui servit plus tard pour le second jardin ; le troisième était une longue péninsule étroite – presque une ile – qui faisait saillie vers l’ouest sur la côte orientale de la Méditerranée. 73:3.2 Le comité était presque unanime à préférer la troisième solution. Ce site fut choisi, et deux années furent occupées à transférer le quartier général culturel du monde, y compris l’arbre de vie, sur cette péninsule méditerranéenne. À l’exception d’un seul groupe, tous les habitants de la péninsule évacuèrent paisiblement les lieux lorsque Van et sa suite arrivèrent. 73:3.3 Cette péninsule méditerranéenne jouissait d’un climat salubre et d’une température régulière. La stabilité du temps était due aux montagnes qui l’entouraient et au fait que ce territoire était pratiquement une ile dans une mer intérieure. Il pleuvait abondamment sur les hautes terres environnantes, mais rarement sur Éden proprement dit. Par contre, chaque nuit, du réseau très développé de canaux d’irrigation, « un brouillard s’élevait » pour rafraichir la végétation du Jardin. 73:3.4 Le rivage de la péninsule était très surélevé, et l’isthme qui la reliait au continent n’était large que de quarante-trois kilomètres à son point le plus étroit. Le grand fleuve qui arrosait le Jardin descendait des hautes terres de la péninsule, coulait vers l’orient jusqu’au continent par l’isthme de la péninsule et, de là, traversait les basses terres de la Mésopotamie jusqu’à la mer située au-delà. Il était grossi de quatre affluents, qui prenaient leur source dans les collines côtières de la péninsule édénique. C’étaient les « quatre têtes » du fleuve qui « sortait d’Éden » et que l’on confondit plus tard avec les affluents des fleuves qui entouraient le second jardin. 73:3.5 Les pierres précieuses et les métaux abondaient dans les montagnes entourant le Jardin, mais on n’y prêtait que très peu d’attention. L’idée dominante était de glorifier l’horticulture et d’exalter l’agriculture. 73:3.6 Le site choisi pour le Jardin était probablement le plus bel endroit de cette sorte dans le monde entier, et le climat y était alors idéal. Nulle part ailleurs il n’y avait d’emplacement susceptible de se prêter aussi parfaitement à devenir un tel paradis d’expression botanique. L’élite de la civilisation d’Urantia se rassemblait en ce lieu de rencontre. À l’extérieur et au-delà, le monde vivait dans les ténèbres, l’ignorance et la sauvagerie. Éden était l’unique point lumineux d’Urantia. Par nature, il était un rêve de beauté, et il devint bientôt un poème où la gloire des paysages était exquise et perfectionnée. 4. L’établissement du Jardin 73:4.1 Quand les Fils Matériels, les élévateurs biologiques, commencent leur séjour sur un monde évolutionnaire, leur demeure est souvent appelée le Jardin d’Éden, parce qu’elle est caractérisée par la beauté florale et la splendeur botanique d’Édentia, capitale de la constellation. Van connaissait bien ces coutumes et veilla en conséquence à ce que la péninsule tout entière fut consacrée au Jardin. Des projets de pâturages et d’élevages furent établis pour les terres contigües de la zone continentale. Du règne animal, on ne trouvait dans le parc que les oiseaux et les diverses espèces d’animaux domestiques. Van avait ordonné qu’Éden soit un jardin et seulement un jardin. Jamais il n’y eut d’animaux abattus dans son enceinte. Toute la viande mangée par les ouvriers du Jardin pendant les années de sa construction provenait des troupeaux entretenus sous bonne garde sur le continent. 73:4.2 La première tâche fut de construire un mur de briques à travers l’isthme de la péninsule. Après son achèvement, on put se mettre sans encombre au vrai travail d’embellissement du paysage et de construction des foyers. 73:4.3 Un jardin zoologique fut créé en construisant un mur plus petit juste au-delà du mur principal. L’espace intermédiaire, occupé par toutes sortes d’animaux sauvages, servait de défense supplémentaire contre les attaques hostiles. Cette ménagerie fut organisée en douze grandes divisions, avec des sentiers bordés de murs séparant les groupes et conduisant aux douze portes du Jardin. Le fleuve et ses pâturages adjacents occupaient la zone centrale. 73:4.4 On n’employa que des volontaires pour préparer le Jardin ; jamais aucun salarié n’y prit part. Ils cultivaient le Jardin et soignaient leurs troupeaux pour vivre ; ils recevaient aussi des contributions en nourriture de la part de croyants du voisinage. Et cette grande entreprise fut menée à bonne fin, malgré les difficultés accompagnant le désordre du statut mondial pendant ces temps troublés. 73:4.5 Ne sachant pas dans quel délai le Fils et la Fille attendus pourraient venir, Van causa une grande déception en suggérant qu’il fallait aussi entrainer les jeunes générations à poursuivre l’entreprise au cas où l’arrivée d’Adam et d’Ève serait retardée. Cette suggestion parut impliquer un manque de foi chez Van et provoqua un trouble considérable accompagné de nombreuses désertions. Mais Van persista dans son plan de préparation et combla les places vides des déserteurs avec des volontaires plus jeunes. 5. Le foyer du Jardin 73:5.1 Au centre de la péninsule édénique se trouvait le charmant temple de pierre du Père Universel, le sanctuaire sacré du Jardin. Le quartier général administratif fut établi vers le nord, et les maisons des ouvriers et de leurs familles furent construites vers le sud. À l’ouest, on réserva les terrains nécessaires aux écoles que l’on se proposait de bâtir pour le système éducatif du Fils attendu, tandis qu’à « l’est d’Éden », on construisait les domiciles destinés au Fils de la promesse et à sa descendance en ligne directe. Les plans architecturaux d’Éden prévoyaient des foyers et des terres abondantes pour un million d’êtres humains. 73:5.2 Au moment de l’arrivée d’Adam, le Jardin n’était qu’au quart achevé, mais il avait déjà des milliers de kilomètres de rigoles d’irrigation et plus de vingt-mille kilomètres de routes et de sentiers pavés. Un peu plus de cinq-mille bâtiments en briques s’élevaient dans les divers secteurs, et les arbres et les plantes étaient innombrables. Le nombre des maisons constituant une agglomération dans le parc était limité à un maximum de sept. Bien que les structures du Jardin fussent simples, elles étaient fort artistiques. Les routes et les sentiers étaient bien construits, et les aménagements paysagers étaient exquis. 73:5.3 Les dispositifs sanitaires du Jardin étaient très en avance sur tout ce que l’on avait tenté jusqu’alors sur Urantia. L’eau potable d’Éden était maintenue saine par la stricte observation des règlements d’hygiène destinés à conserver sa pureté. À ces époques anciennes, la négligence de ces règles entrainait beaucoup d’ennuis, mais Van inculqua peu à peu à ses associés l’importance qu’il y avait à ne rien faire tomber dans les réservoirs d’eau du Jardin. 73:5.4 Un réseau d’égouts fut établi plus tard, mais, en attendant, les Édénites pratiquèrent l’enfouissement scrupuleux de tous les déchets ou des matières en décomposition. Les inspecteurs d’Amadon faisaient leur ronde tous les jours en recherchant les causes possibles de maladie. Les Urantiens n’ont pas repris conscience de l’importance de la lutte préventive contre les maladies humaines avant la fin du dix-neuvième siècle et au vingtième siècle de l’ère chrétienne. Avant la dislocation du régime adamique, on avait construit en briques un système couvert d’égouts qui passaient sous les murs du Jardin et se vidaient dans la rivière d’Éden plus d’un kilomètre en aval de la petite muraille extérieure. 73:5.5 À l’époque de l’arrivée d’Adam, des spécimens de la plupart des plantes de cette région du monde poussaient dans Éden. D’importantes améliorations avaient déjà été apportées aux fruits, aux céréales et aux noix. Beaucoup de légumes et de céréales modernes y furent cultivés pour la première fois, mais des dizaines de variétés de plantes nutritives furent ultérieurement perdues pour le monde. 73:5.6 Environ cinq pour cent du Jardin étaient utilisés pour une culture artificielle intensive, quinze pour cent n’étaient que partiellement exploités, le reste de la surface fut laissé plus ou moins à l’état naturel en attendant l’arrivée d’Adam, car on estima préférable d’achever le parc selon ses idées. 73:5.7 C’est ainsi que le Jardin d’Éden fut préparé pour la réception de l’Adam promis et de son épouse, et ce Jardin aurait fait honneur à un monde évoluant sous une administration devenue parfaite et un contrôle normal. Adam et Ève furent très contents du plan général d’Éden, tout en apportant de nombreux changements à l’aménagement de leur demeure personnelle. 73:5.8 Bien que le travail d’embellissement ne fût pas tout à fait terminé au moment de l’arrivée d’Adam, l’endroit était déjà un joyau de splendeur botanique ; durant les débuts de son séjour en Éden, l’ensemble du Jardin prit une nouvelle forme et assuma de nouvelles proportions de beauté et de grandeur. Ni avant ni après cette époque, Urantia n’a jamais abrité une exposition d’horticulture et d’agriculture aussi superbe et aussi complète. 6. L’arbre de vie 73:6.1 Au centre du temple du Jardin, Van planta l’arbre de vie qu’il avait si longtemps gardé, dont les feuilles étaient destinées à « la guérison des nations », et dont les fruits l’avaient si longtemps sustenté sur terre. Van savait bien qu’Adam et Ève dépendraient aussi de ce don d’Édentia pour se maintenir en vie une fois qu’ils se seraient matérialisés sur Urantia. 73:6.2 Sur les capitales des systèmes, les Fils Matériels n’ont pas besoin de l’arbre de vie pour subsister. C’est seulement dans leur repersonnalisation planétaire qu’ils dépendent de cet accessoire pour être physiquement immortels. 73:6.3 Il est possible que « l’arbre de la connaissance du bien et du mal » soit une figure de rhétorique, une désignation symbolique couvrant une multitude d’expériences humaines, mais « l’arbre de vie » n’était pas un mythe ; il était réel et fut longtemps présent sur Urantia. Lorsque les Très Hauts d’Édentia approuvèrent la nomination de Caligastia comme Prince Planétaire d’Urantia, et celle des cent citoyens de Jérusem pour son état-major administratif, ils envoyèrent, sur la planète, par les Melchizédeks, un arbuste d’Édentia, qui grandit et devint l’arbre de vie sur Urantia. Cette forme de vie, non intelligente, est propre aux sphères-sièges des constellations ; on la trouve également sur les mondes-sièges des univers locaux et des superunivers, ainsi que sur les sphères de Havona, mais non sur les capitales systémiques. 73:6.4 Cette superplante emmagasinait certaines énergies de l’espace, antidotes des éléments produisant la sénescence dans l’existence animale. Le fruit de l’arbre de vie agissait comme une batterie d’accumulateurs superchimiques, libérant mystérieusement, lorsqu’on le mangeait, la force prolongatrice de vie de l’univers. Cette forme de sustentation était complètement inutile aux mortels évolutionnaires d’Urantia, mais elle était spécifiquement utile aux cent membres matérialisés de l’état-major de Caligastia et aux cent Andonites modifiés, qui avaient apporté une contribution de leur plasma vital à l’état-major du Prince et qui, en retour, avaient reçu en pleine propriété le complément de vie qui leur rendait possible d’utiliser le fruit de l’arbre de vie pour prolonger indéfiniment leur existence qui, sans cela, eût été une existence de mortels. 73:6.5 Pendant le règne du Prince, l’arbre planté en terre croissait dans la cour circulaire centrale du temple du Père. Quand la rébellion éclata, Van et ses associés firent croitre, de nouveau, l’arbre, à partir du cœur, dans leur campement temporaire. Cet arbuste d’Édentia fut ensuite emporté dans leur retraite des hautes terres où il servit à Van et Amadon pendant plus de cent-cinquante-mille ans. 73:6.6 Lorsque Van et ses associés préparèrent le Jardin pour Adam et Ève, ils transportèrent l’arbre d’Édentia dans le Jardin d’Éden où il poussa, de nouveau, dans la cour circulaire centrale d’un temple du Père. Adam et Ève prenaient périodiquement un repas de ses fruits pour entretenir leur forme duelle de vie physique. 73:6.7 Quand les plans du Fils Matériel furent détournés de la bonne voie, Adam et sa famille n’obtinrent pas l’autorisation d’emporter le cœur de l’arbre du Jardin. Quand les Nodites envahirent Éden, on leur raconta qu’ils deviendraient comme « des dieux s’ils mangeaient du fruit de l’arbre ». À leur grande surprise, ils le trouvèrent non gardé. Ils mangèrent abondamment de son fruit pendant des années, mais cela ne leur produisit aucun effet. Ils étaient tous des mortels matériels du royaume, dépourvus du facteur qui agit comme complément du fruit de l’arbre. Leur inaptitude à bénéficier de l’arbre de vie les rendit furieux et, à l’occasion d’une de leurs guerres intestines, ils détruisirent le temple et l’arbre par le feu. Seul le mur de pierre subsista jusqu’à l’engloutissement ultérieur du Jardin dans les eaux. Ce fut le second temple du Père à être ruiné. 73:6.8 Il fallut alors que toute chair sur Urantia suive le cours naturel de la vie et de la mort. Adam, Ève, leurs enfants, les enfants de leurs enfants et leurs associés moururent tous dans la suite des temps, devenant ainsi soumis au plan d’ascension de l’univers local, où la résurrection sur les mondes des maisons suit la mort physique. 7. Le sort d’Éden 73:7.1 Après le départ d’Adam, le premier jardin fut diversement occupé par les Nodites, les Cutites et les Suntites. Il devint, plus tard, le lieu d’habitation des Nodites du nord qui s’opposaient à la coopération avec les Adamites. Il y avait près de quatre-mille ans que la péninsule avait été envahie par ces Nodites inférieurs lorsque le fond oriental de la mer Méditerranée s’enfonça, entrainant sous les eaux la péninsule édénique tout entière. L’évènement eut lieu en liaison avec une violente activité des volcans du voisinage et la submersion de l’isthme reliant la Sicile et l’Afrique. En même temps que ce vaste effondrement, la côte orientale de la Méditerranée fut considérablement surélevée. Telle fut la fin de la plus belle création naturelle qu’Urantia ait jamais abritée. L’enfoncement ne fut pas soudain ; il fallut plusieurs centaines d’années pour submerger complètement la totalité de la péninsule. 73:7.2 Nous ne pouvons considérer cette disparition du Jardin comme résultant en aucune manière de l’avortement des plans divins ou des fautes d’Adam et d’Ève. Nous estimons que la submersion d’Éden ne fut rien d’autre qu’une occurrence naturelle, mais il nous semble que la date de l’engloutissement du Jardin fut fixée pour coïncider à peu près avec celle où l’accumulation des réserves de la race violette suffirait pour entreprendre la réhabilitation des peuples du monde. 73:7.3 Les Melchizédeks avaient conseillé à Adam de ne pas inaugurer le programme d’élévation et de mélange des races avant que sa propre famille ne compte un demi-million de membres. Le Jardin ne fut jamais destiné à être la demeure permanente des Adamites. Ceux-ci devaient être les émissaires d’une nouvelle vie pour le monde entier et se mobiliser pour une effusion désintéressée sur les races de la terre qui en avaient bien besoin. 73:7.4 Les instructions données à Adam par les Melchizédeks impliquaient qu’il aurait à établir des quartiers généraux raciaux, continentaux et divisionnaires dirigés par ses fils et ses filles immédiats, tandis que lui et Ève partageraient leur temps entre ces diverses capitales mondiales comme conseillers et coordonnateurs du ministère mondial d’élévation biologique, de progrès intellectuel et de réhabilitation morale. 73:7.5 [Présenté par Solonia, « la voix séraphique dans le Jardin ».] Fascicule 74. Adam et Ève 74:0.1 Adam et Ève arrivèrent sur Urantia 37 848 ans avant l’an 1934 de l’ère chrétienne, au milieu de la belle saison, au moment où le Jardin était à l’apogée de sa floraison. À midi, et sans être annoncés, les deux convois séraphiques, accompagnés du personnel de Jérusem chargé du transport sur Urantia des élévateurs biologiques, atterrirent lentement sur la surface de la planète en rotation, à proximité du temple du Père Universel. Tout le travail de rematérialisation des corps d’Adam et d’Ève fut exécuté dans l’enceinte de ce sanctuaire récemment créé. Après leur arrivée, il s’écoula dix jours avant qu’ils fussent recréés sous leur forme humaine duelle pour être présentés au monde comme ses nouveaux dirigeants. Ils reprirent conscience simultanément. Les Fils et Filles Matériels servent toujours ensemble. En tous temps et en tous lieux, l’essence de leur service est de n’être jamais séparés. Ils sont destinés à travailler par couples, et il est rare qu’ils remplissent séparément leurs fonctions. 1. Adam et Ève sur Jérusem 74:1.1 L’Adam et l’Ève planétaires d’Urantia étaient membres du plus ancien corps de Fils Matériels sur Jérusem, où ils étaient inscrits conjointement sous le numéro 14 311. Ils appartenaient à la troisième série physique, et leur taille était de près de deux mètres cinquante. 74:1.2 À l’époque où Adam fut choisi pour aller sur Urantia, il était employé avec sa compagne dans les laboratoires d’essais et d’épreuves physiques de Jérusem. Pendant plus de quinze-mille ans, ils avaient dirigé le département d’énergie expérimentale appliquée à la modification des formes vivantes. Longtemps auparavant, ils avaient été instructeurs dans les écoles de citoyenneté pour les nouveaux arrivants sur Jérusem. Tout ceci doit être gardé présent à la mémoire en liaison avec le récit de la conduite ultérieur du couple sur Urantia. 74:1.3 Lorsque fut émise la proclamation appelant des volontaires pour la mission d’aventure adamique sur Urantia, tout le corps doyen des Fils Matériels se porta candidat. Les examinateurs Melchizédeks, avec l’approbation de Lanaforge et des Très Hauts d’Édentia, choisirent finalement l’Adam et l’Ève qui vinrent ultérieurement faire fonction d’élévateurs biologiques sur Urantia. 74:1.4 Adam et Ève étaient restés fidèles à Micaël pendant la rébellion de Lucifer. Le couple fut néanmoins appelé devant le Souverain du Système et tout son cabinet pour être examiné et recevoir des instructions. Les affaires d’Urantia leur furent exposées complètement en détail. On leur expliqua à fond les plans qu’ils devaient suivre en acceptant la responsabilité de régir un monde aussi déchiré par des luttes. Ils prêtèrent conjointement serment de fidélité aux Très Hauts d’Édentia et à Micaël de Salvington. Ils furent dument avisés de se considérer comme soumis au corps urantien des administrateurs provisoires Melchizédeks jusqu’à ce que ce corps gouvernemental juge bon d’abandonner la direction de la planète dont il avait la charge. 74:1.5 Ce couple de Jérusem laissait derrière lui, sur la capitale de Satania et ailleurs, cent descendants – cinquante fils et cinquante filles – créatures magnifiques qui avaient échappé aux embuches de la progression et ces descendants étaient tous en place comme fidèles serviteurs de confiance de l’univers à l’époque où leurs parents partirent pour Urantia. Ils étaient tous présents dans le superbe temple des Fils Matériels pour assister aux célébrations d’adieux associées aux dernières cérémonies d’acceptation de l’effusion. Les enfants accompagnèrent leurs parents au siège de dématérialisation de leur ordre ; ils furent les derniers à leur dire au revoir et à leur souhaiter un succès divin tandis que le couple sombrait dans la perte de conscience de la personnalité préalable à la préparation au transport séraphique. Les enfants passèrent quelque temps au rendez-vous de famille en se réjouissant de ce que leurs parents dussent bientôt devenir les chefs visibles et, en réalité, les seuls dirigeants de la planète 606 du système de Satania. 74:1.6 C’est ainsi qu’Adam et Ève quittèrent Jérusem au milieu des acclamations et des bons vœux de ses citoyens. Ils partirent vers leurs nouvelles responsabilités, bien équipés et pleinement instruits de tous leurs devoirs et de tous les dangers qu’ils rencontreraient sur Urantia. 2. L’arrivée d’Adam et d’Ève 74:2.1 Adam et Ève s’endormirent sur Jérusem et, lorsqu’ils se réveillèrent sur Urantia, dans le temple du Père en présence de la grande foule assemblée pour les accueillir, ils se trouvèrent en face de deux êtres dont ils avaient beaucoup entendu parler, Van et son fidèle associé Amadon. Ces deux héros de la sécession de Caligastia furent les premiers à leur souhaiter la bienvenue dans leur nouveau foyer-jardin. 74:2.2 La langue d’Éden était un dialecte andonique tel que le parlait Amadon. Van et Amadon avaient notablement amélioré ce langage en créant un nouvel alphabet de vingt-quatre lettres ; ils espéraient le voir devenir la langue d’Urantia à mesure que la culture édénique se répandrait dans le monde. Adam et Ève avaient acquis la pleine maitrise de ce dialecte humain avant leur départ de Jérusem, de sorte que ce fils andonite entendit l’éminent dirigeant de son monde lui parler dans sa propre langue. 74:2.3 Ce jour-là, il y eut grande excitation et joie dans tout le Jardin d’Éden, tandis que les coureurs se précipitaient au rendez-vous des pigeons voyageurs assemblés de près et de loin, et criaient : « Lâchez les oiseaux ; qu’ils portent la nouvelle que le Fils promis est venu. » Année après année, des colonies de croyants avaient fidèlement entretenu le nombre voulu de pigeons élevés à leurs foyers précisément pour cette occasion. 74:2.4 Tandis que la nouvelle de l’arrivée d’Adam se répandait au loin, des milliers de membres des tribus voisines acceptèrent les enseignements de Van et d’Amadon et, pendant bien des mois, des pèlerins continuèrent à affluer dans Éden pour saluer Adam et Ève et rendre hommage à leur Père invisible. 74:2.5 Peu après leur réveil, Adam et Ève furent escortés à la réception officielle sur le grand tertre situé au nord du temple. Cette colline naturelle avait été agrandie et aménagée pour l’installation des nouveaux dirigeants du monde. C’est là qu’à midi, le comité de réception d’Urantia souhaita la bienvenue à ce Fils et à cette Fille du système de Satania. Amadon présidait ce comité, qui était composé de douze membres : un représentant de chacune des six races Sangiks ; le chef en exercice des médians ; Annan, une fille loyale porte-parole des Nodites ; Noé, fils de l’architecte constructeur du Jardin et exécuteur des plans de son père décédé ; et les deux Porteurs de Vie résidant sur Urantia. 74:2.6 L’acte suivant fut la remise de la responsabilité de la garde de la planète à Adam et Ève par le doyen Melchizédek, chef du conseil des administrateurs provisoires d’Urantia. Le Fils et la Fille Matériels prêtèrent serment de fidélité aux Très Hauts de Norlatiadek et à Micaël de Nébadon. Ils furent proclamés dirigeants d’Urantia par Van, qui abandonnait ainsi l’autorité nominale qu’il avait détenue pendant plus de cent-cinquante-mille ans en vertu d’une décision des administrateurs provisoires Melchizédeks. 74:2.7 Adam et Ève furent revêtus de robes royales à cette occasion, le moment de leur installation officielle dans la direction du monde. Les arts de Dalamatia n’avaient pas tous été perdus sur la planète ; le tissage était encore pratiqué au temps d’Éden. 74:2.8 On entendit alors la proclamation des archanges et la voix télédiffusée de Gabriel ordonnant le deuxième appel nominal de jugement pour Urantia et la résurrection des survivants endormis de la deuxième dispensation de grâce et de miséricorde sur la 606 de Satania. La dispensation du Prince est passée ; l’âge d’Adam, la troisième époque planétaire, s’ouvre au milieu de scènes grandioses et simples ; et les nouveaux dirigeants d’Urantia inaugurent leur règne dans des conditions apparemment favorables, malgré le désordre général provoqué par l’absence de coopération de leur prédécesseur en autorité sur la planète. 3. Adam et Ève font connaissance avec la planète 74:3.1 Maintenant, après leur installation officielle, Adam et Ève devinrent douloureusement conscients de leur isolement planétaire. Silencieuses étaient les télédiffusions familières, et absents tous les circuits de communications extraplanétaires. Leurs compagnons de Jérusem étaient allés sur des planètes où tout se passait normalement, avec un Prince Planétaire bien établi et un état-major expérimenté prêt à les recevoir et qualifié pour coopérer avec eux durant leurs expériences initiales sur ces mondes. Mais, sur Urantia, la rébellion avait tout changé. Ici, le Prince Planétaire n’était que trop présent et, quoique privé de la majeure partie de son pouvoir de faire du mal, il restait capable de rendre difficile et quelque peu hasardeuse la tâche d’Adam et d’Ève. Ce soir-là, tandis qu’ils se promenaient dans le Jardin, sous l’éclat de la pleine lune, en discutant de leurs plans pour le lendemain, le Fils et la Fille de Jérusem étaient graves et désillusionnés. 74:3.2 C’est ainsi que se termina le premier jour d’Adam et d’Ève sur Urantia, la planète isolée et troublée de la trahison de Caligastia. Ils marchèrent et parlèrent tard dans la nuit, leur première nuit sur terre – et ils se sentirent très seuls. 74:3.3 Le deuxième jour d’Adam sur terre se passa en session avec les administrateurs provisoires planétaires et le conseil consultatif. Les Melchizédeks et leurs associés en apprirent davantage à Adam et Ève sur les détails de la rébellion de Caligastia et l’effet de ce soulèvement sur le progrès du monde. Dans l’ensemble, ce long récit de la mauvaise gestion des affaires du monde était une histoire décourageante. Adam et Ève apprirent tous les faits concernant l’effondrement complet du plan de Caligastia pour accélérer le processus de l’évolution sociale. Ils parvinrent aussi à comprendre clairement et entièrement la folie de toute tentative pour obtenir une civilisation planétaire avancée indépendamment du plan divin de progression. C’est ainsi que se termina une journée triste, mais bien instructive – leur deuxième jour sur Urantia. 74:3.4 Le troisième jour fut consacré à une inspection du Jardin. Installés sur les grands oiseaux transporteurs – les fandors – Adam et Ève contemplèrent de haut les vastes étendues du Jardin tandis qu’ils étaient transportés dans les airs au-dessus du plus magnifique paysage de la terre. Ce jour d’inspection se termina par un énorme banquet en l’honneur de tous ceux qui avaient travaillé à créer ce jardin d’une beauté et d’une splendeur édéniques. De nouveau, jusque tard dans la nuit de leur troisième jour, le Fils et sa compagne se promenèrent dans le Jardin et parlèrent de l’immensité de leurs problèmes. 74:3.5 Le quatrième jour, Adam et Ève firent un discours à l’assemblée du Jardin. Du haut du tertre inaugural, ils parlèrent au peuple de leurs plans pour réhabiliter le monde et esquissèrent les méthodes par lesquelles ils chercheraient à relever la culture sociale d’Urantia des bas niveaux auxquels elle était tombée par suite du péché et de la rébellion. Ce fut un grand jour ; il se termina par un banquet pour le conseil d’hommes et de femmes qui avaient été sélectionnés pour prendre des responsabilités dans la nouvelle administration des affaires du monde. Notez bien ! Il y avait, dans ce groupe, des femmes aussi bien que des hommes, et c’était la première fois qu’un tel évènement se produisait sur terre depuis l’époque de Dalamatia. Ce fut une innovation abasourdissante de voir Ève, une femme, partager, avec un homme, les honneurs et les responsabilités des affaires du monde. C’est ainsi que se termina leur quatrième journée sur terre. 74:3.6 Le cinquième jour fut occupé à organiser le gouvernement temporaire, l’administration qui devait fonctionner jusqu’au moment où les administrateurs provisoires Melchizédeks quitteraient Urantia. 74:3.7 Le sixième jour fut consacré à inspecter de nombreux types d’hommes et d’animaux. Le long des murs orientaux d’Éden, Adam et Ève furent escortés toute la journée, observant la vie animale de la planète et arrivant à mieux comprendre ce qu’il fallait faire pour établir de l’ordre dans la confusion d’un monde habité par une telle variété de créatures vivantes. 74:3.8 Les personnes qui accompagnèrent Adam au cours de ce déplacement furent grandement surprises de constater combien il comprenait pleinement la nature et la fonction des milliers et des milliers d’animaux qu’on lui montrait. Dès qu’il avait jeté un coup d’œil sur un animal, il indiquait sa nature et son comportement. Adam pouvait, au premier regard, donner, à toutes les créatures matérielles qu’il voyait, des noms décrivant leur origine, leur nature et leur fonction. Ceux qui le conduisaient dans sa tournée d’inspection ne savaient pas que le nouveau dirigeant du monde était l’un des anatomistes les plus experts de Satania. Ève était tout aussi savante. Adam stupéfia ses associés en leur décrivant une foule de créatures vivantes trop petites pour être aperçues à l’œil nu par des humains. 74:3.9 Lorsque le sixième jour de leur séjour sur terre fut écoulé, Adam et Ève se reposèrent pour la première fois dans leur nouveau foyer « à l’est d’Éden ». Les six premières journées de l’aventure d’Urantia avaient été très remplies, et le couple escomptait avec grand plaisir une journée entière dégagée de toute activité. 74:3.10 Mais les circonstances en décidèrent autrement. L’expérience de la veille où Adam avait analysé avec tant d’intelligence et de profondeur la vie animale d’Urantia, son magistral discours inaugural et ses charmantes manières avaient à ce point gagné le cœur et subjugué la pensée des habitants du Jardin, que non seulement ils étaient tout disposés à accepter pour dirigeants le Fils et la Fille nouvellement arrivés de Jérusem, mais, en majorité, ils étaient presque prêts à tomber à genoux et à les adorer comme des dieux. 4. Le premier soulèvement 74:4.1 Cette nuit-là, celle qui suivit le sixième jour, pendant qu’Adam et Ève sommeillaient, il se passait des choses étranges à proximité du temple du Père dans le secteur central d’Éden. Sous la douce lumière de la lune, des centaines d’hommes et de femmes enthousiastes et surexcités écoutèrent pendant des heures les arguments passionnés de leurs chefs. Ils avaient de bonnes intentions, mais ne pouvaient absolument pas comprendre la simplicité des manières fraternelles et démocratiques de leurs nouveaux dirigeants. Longtemps avant l’aurore, les nouveaux administrateurs temporaires des affaires du monde arrivèrent à la conclusion quasi unanime qu’Adam et sa compagne étaient beaucoup trop modestes et effacés. Ils décidèrent que la Divinité était descendue sur terre sous forme corporelle, et qu’Adam et Ève étaient en réalité des dieux, ou si proches de l’être qu’ils étaient dignes d’un culte respectueux. 74:4.2 Les évènements stupéfiants des six premiers jours d’Adam et d’Ève sur terre dépassaient complètement l’entendement du mental mal préparé des hommes d’Urantia, même des meilleurs. La tête leur tournait. Ils furent entrainés par la proposition d’amener le noble couple au temple du Père, à midi, afin que tous les assistants puissent s’incliner en adoration respectueuse et se prosterner en humble soumission ; et les habitants du Jardin étaient réellement sincères dans toute leur conduite. 74:4.3 Van protesta. Amadon était absent, ayant la charge de la garde d’honneur qui avait veillé toute la nuit auprès d’Adam et d’Ève. Mais la protestation de Van fut balayée. On lui dit que lui aussi était trop modeste, trop effacé, et qu’il n’était pas loin d’être un dieu lui-même ; autrement, comment aurait-il pu vivre si longtemps sur terre et amener un évènement aussi considérable que la venue d’Adam ? Les Édénites surexcités étaient sur le point de le saisir et de le transporter sur le haut du tertre pour l’adorer, lorsque Van réussit à frayer son chemin hors de la foule. Sachant communiquer avec les médians, il envoya en toute hâte leur chef à Adam. 74:4.4 L’aurore du septième jour d’Adam et d’Ève sur terre approchait lorsqu’ils entendirent la saisissante nouvelle de la proposition de ces mortels bien intentionnés, mais malavisés. Alors, tandis que les oiseaux transporteurs se hâtaient pour venir chercher Adam et Ève et les amener au temple, les médians, qui sont capables de faire de telles choses, les transportèrent au temple du Père. Il était très tôt ce matin du septième jour, et, du haut du tertre, où il avait si récemment été reçu, Adam fit un discours pour expliquer les ordres de filiation divine et fit comprendre au mental de ces habitants de la terre que seuls le Père et ceux qu’il désigne peuvent faire l’objet d’adoration. Adam précisa qu’il accepterait tous les honneurs et recevrait toutes les marques de respect, mais refuserait toujours d’être adoré. 74:4.5 Ce fut un jour mémorable. Juste avant midi, à peu près au moment où arrivait le messager séraphique apportant de Jérusem le constat d’installation des dirigeants planétaires, Adam et Ève s’écartèrent de la foule, montrèrent du doigt le temple du Père, et dirent : « Allez maintenant vers l’emblème matériel de la présence invisible du Père et inclinez-vous en adorant celui qui nous a tous créés et qui nous maintient en vie. Que cet acte soit la promesse sincère que vous ne serez plus jamais tentés d’adorer quelqu’un d’autre que Dieu. » Ils firent tous ce qu’Adam leur avait commandé. Le Fils et la Fille Matériels se tenaient seuls sur le tertre la tête inclinée, tandis que le peuple se prosternait autour du temple. 74:4.6 Telle fut l’origine de la tradition du jour du sabbat. Dans Éden, le septième jour fut toujours consacré à l’assemblée de midi au temple ; la coutume persista longtemps de consacrer le reste de la journée à la culture personnelle. La matinée était consacrée aux améliorations physiques, l’heure de midi au culte spirituel, l’après-midi à la culture mentale, tandis que le soir se passait en réjouissances sociales. Ce ne fut jamais une loi dans Éden, mais cela resta la coutume tant que l’administration adamique conserva son pouvoir sur terre. 5. L’administration d’Adam 74:5.1 Pendant près de sept ans après l’arrivée d’Adam, les administrateurs provisoires Melchizédeks restèrent à leur poste, mais le moment finit par arriver où ils transmirent l’administration des affaires du monde à Adam et retournèrent à Jérusem. 74:5.2 Les adieux des administrateurs provisoires occupèrent toute une journée ; au cours de la soirée, les Melchizédeks donnèrent individuellement leurs derniers conseils à Adam et à Ève et leur offrirent leurs meilleurs vœux. Adam avait plusieurs fois demandé à ses conseillers de rester sur terre avec lui, mais ses requêtes avaient toujours été rejetées. Le moment était venu où les Fils Matériels devaient assumer la pleine responsabilité de la conduite des affaires du monde. Donc, à minuit, les transports séraphiques de Satania quittèrent la planète avec quatorze êtres à destination de Jérusem, car le transfert de Van et d’Amadon eut lieu en même temps que le départ des douze Melchizédeks. 74:5.3 Tout alla relativement bien pendant un certain temps sur Urantia, et il apparut qu’Adam finirait par être à même de mettre sur pied un plan pour promouvoir l’expansion graduelle de la civilisation édénique. Conformément à l’avis des Melchizédeks, il commença par encourager les arts de manufacture avec l’idée de développer les relations commerciales avec le monde extérieur. Quand Éden se désagrégea, il y avait plus de cent ateliers primitifs en fonctionnement, et des relations commerciales étendues avaient été établies avec les tribus environnantes. 74:5.4 Pendant des âges, Adam et Ève avaient été instruits dans la technique d’amélioration d’un monde prêt à recevoir leur contribution spécialisée à l’avancement de la civilisation évolutionnaire ; mais, maintenant, ils se trouvaient en face de problèmes urgents tels que l’établissement de la loi et de l’ordre dans un monde de sauvages, de barbares et d’êtres humains à demi civilisés. À part l’élite de la population terrestre rassemblée dans le Jardin, seuls de rares groupes, çà et là, semblaient quelque peu capables de recevoir la culture adamique. 74:5.5 Adam fit un effort héroïque et résolu pour établir un gouvernement mondial, mais il rencontra une résistance obstinée à tous les tournants. Adam avait déjà mis en œuvre, dans tout Éden, un système de contrôle collectif et avait fédéré tous les groupes en une ligue édénique. Mais des troubles, des troubles graves, eurent lieu quand il sortit du Jardin et chercha à appliquer ces idées aux tribus extérieures. Dès que les associés d’Adam commencèrent à travailler hors du Jardin, ils se heurtèrent à la résistance directe et bien organisée de Caligastia et de Daligastia. Le Prince déchu avait été déposé comme souverain du monde, mais n’avait pas été retiré de la planète. Il était toujours présent sur terre et capable, au moins dans une certaine mesure, de résister à tous les plans d’Adam pour réhabiliter la société humaine. Adam essaya de mettre les races en garde contre Caligastia, mais sa tâche fut rendue très difficile parce que son ennemi acharné était invisible aux yeux des mortels. 74:5.6 Même parmi les Édénites, on trouvait des mentalités confuses qui penchaient vers l’enseignement de Caligastia sur la liberté personnelle effrénée ; elles causèrent à Adam des difficultés sans fin en démolissant toujours les plans les mieux préparés pour une progression ordonnée et un développement substantiel. Adam fut finalement obligé de renoncer à son programme de construction sociale immédiate et revint à la méthode d’organisation de Van ; il divisa les Édénites en compagnies de cent, avec un capitaine pour chacune et des lieutenants responsables pour chaque groupe de dix. 74:5.7 Adam et Ève étaient venus pour instituer un gouvernement représentatif à la place d’un gouvernement monarchique, mais, sur toute la surface de la terre, ils ne trouvèrent nul gouvernement digne de ce nom. Pour l’instant, Adam abandonna tout effort pour établir un gouvernement représentatif. Avant l’effondrement du régime édénique, il réussit à établir près d’une centaine de centres commerciaux et sociaux où de fortes personnalités dirigeaient en son nom. La plupart de ces centres avaient été organisés d’avance par Van et Amadon. 74:5.8 L’envoi d’ambassadeurs d’une tribu à une autre date du temps d’Adam. Ce fut un grand pas en avant dans l’évolution du gouvernement. 6. La vie familiale d’Adam et d’Ève 74:6.1 Le terrain du foyer d’Adam couvrait treize-cents hectares. Aux alentours immédiats de ce domaine, des dispositions avaient été prises pour pouvoir loger plus de trois-cent-mille de ses descendants d’hérédité pure, mais on ne construisit jamais que la première unité des bâtiments projetés. Avant que la famille adamique eût grandi au-delà de cette réserve initiale, tout le plan édénique avait été bouleversé et le Jardin, évacué. 74:6.2 Adamson fut le premier-né de la race violette sur Urantia, suivi d’une sœur puis d’Èveson, le deuxième fils d’Adam et d’Ève. Avant le départ des Melchizédeks, Ève était mère de cinq enfants, trois fils et deux filles. Les deux suivants furent des jumeaux. Avant sa faute, elle avait mis au monde soixante-trois enfants, trente-deux filles et trente-et-un fils. Lorsqu’Adam et Ève quittèrent le Jardin, leur famille comportait quatre générations comptant 1 647 descendants directs d’hérédité pure. Après leur départ du Jardin, ils eurent encore quarante-deux enfants, sans compter les deux descendants de parenté conjointe avec une souche mortelle d’Urantia. Ces chiffres ne comprennent pas la descendance adamique chez les Nodites et les races évolutionnaires. 74:6.3 Quand les enfants adamiques cessaient de se nourrir au sein de leur mère, à l’âge d’un an, ils ne buvaient pas de lait d’animaux. Ève pouvait se procurer le lait d’une grande variété de noix et le jus de nombreux fruits ; connaissant parfaitement la chimie et l’énergie de ces aliments, elle les combinait de manière adéquate pour nourrir ses enfants jusqu’à l’apparition de leurs dents. 74:6.4 La cuisson était universellement employée en dehors du secteur adamique proprement dit d’Éden, mais on ne cuisait rien au foyer d’Adam. Les membres de sa famille trouvaient leur nourriture – des fruits, des noix et des céréales – toute prête à mesure qu’elle murissait. Ils mangeaient une fois par jour, un peu après midi. Adam et Ève absorbaient aussi « de la lumière et de l’énergie » directement à partir de certaines énergies spatiales en conjonction avec le soutien de l’arbre de vie. 74:6.5 Le corps d’Adam et d’Ève émettait une lumière diffuse, mais ils s’habillaient toujours conformément aux coutumes de leurs associés. Ils étaient très légèrement vêtus dans la journée, mais s’enveloppaient, le soir, dans des couvertures. L’origine du halo traditionnel autour de la tête des gens supposés pieux et saints date du temps d’Adam et d’Ève. Les émanations lumineuses de leur corps étant presque totalement obscurcies par leurs vêtements, seule la lueur émanant de leurs têtes était perceptible. Les descendants d’Adamson décrivirent toujours de la sorte leur concept des individus dont le développement spirituel était supposé extraordinaire. 74:6.6 Adam et Ève pouvaient communiquer, l’un avec l’autre et avec leurs enfants au premier degré, à une distance d’environ quatre-vingts kilomètres. Cet échange de pensées s’effectuait au moyen des délicats alvéoles à gaz situés à proximité étroite de leurs structures cérébrales. Par ce mécanisme, ils pouvaient envoyer et recevoir des vibrations de pensée, mais ce pouvoir fut instantanément suspendu lorsqu’ils abandonnèrent leur mental à la discorde et à la désagrégation du mal. 74:6.7 Les enfants adamiques fréquentaient leurs propres écoles jusqu’à l’âge de seize ans, et les ainés donnaient des leçons aux cadets. Les petits changeaient d’activité toutes les trente minutes, et les plus grands, toutes les heures. Ce fut certainement un spectacle nouveau sur Urantia de voir les enfants d’Adam et d’Ève déployer une activité joyeuse et vivifiante pour le seul plaisir de jouer. Les jeux et l’humour des races modernes proviennent en grande partie de la souche adamique. Tous les Adamites appréciaient beaucoup la musique et avaient aussi un sens aigu de l’humour. 74:6.8 L’âge moyen des fiançailles était de dix-huit ans, et les jeunes gens suivaient alors un cours d’instruction de deux ans pour se préparer à assumer les responsabilités conjugales. À vingt ans, ils avaient le droit de se marier ; après le mariage, ils commençaient leur vie de travail ou une préparation spéciale à cet effet. 74:6.9 La pratique ultérieure de certaines nations de permettre aux familles royales, qui prétendaient descendre des dieux, les mariages entre frères et sœurs, date des traditions des descendants d’Adam, qui étaient bien obligés de se marier entre eux. Adam et Ève officiaient toujours lors des cérémonies de mariage de la première et de la seconde génération du Jardin. 7. La vie dans le Jardin 74:7.1 À part les quatre années où ils fréquentaient les écoles de l’ouest, les enfants d’Adam vivaient et travaillaient à « l’est d’Éden ». Jusqu’à l’âge de seize ans, ils recevaient une éducation intellectuelle conforme aux méthodes des écoles de Jérusem. De seize à vingt ans, ils s’instruisaient dans les écoles d’Urantia, à l’autre extrémité du Jardin, où ils servaient aussi de professeurs pour les classes inférieures. 74:7.2 Le système des écoles occidentales du Jardin avait pour but essentiel la vie sociale. Les récréations matinales étaient consacrées à la pratique de l’horticulture et de l’agriculture, et celles de l’après-midi, à des jeux de compétition. Les soirées étaient employées à des rapports sociaux et à l’entretien d’amitiés personnelles. L’éducation religieuse et sexuelle était considérée comme relevant du foyer, comme le devoir des parents. 74:7.3 L’instruction dans les écoles comprenait des cours concernant : 74:7.4 1. La santé et les soins du corps. 74:7.5 2. La règle d’or, l’étalon des rapports sociaux. 74:7.6 3. La relation des droits individuels avec les droits collectifs et les obligations envers la communauté. 74:7.7 4. L’histoire et la culture des diverses races terrestres. 74:7.8 5. Les méthodes pour améliorer et faire progresser le commerce mondial. 74:7.9 6. La coordination des conflits entre devoirs et émotions. 74:7.10 7. La pratique des jeux, de l’humour et des substituts sous forme de compétition pouvant remplacer les batailles physiques. 74:7.11 Les écoles, et en fait toutes les activités du Jardin, étaient toujours ouvertes aux visiteurs. Les observateurs non armés étaient largement admis à Éden pour de courtes visites. Pour séjourner dans le Jardin, un Urantien devait être « adopté ». On l’instruisait du plan et du dessein de l’effusion adamique ; il notifiait son intention d’adhérer à cette mission ; et proclamait ensuite sa fidélité à la règle sociale d’Adam et à la souveraineté spirituelle du Père Universel. 74:7.12 Les lois du Jardin étaient basées sur les anciens codes de Dalamatia et promulguées sous sept titres : 74:7.13 1. Les lois de santé et d’hygiène. 74:7.14 2. Les règles sociales du Jardin. 74:7.15 3. Le code des échanges et du commerce. 74:7.16 4. Les lois du fair-play et de la concurrence. 74:7.17 5. Les lois de la vie familiale. 74:7.18 6. Les codes civils de la règle d’or. 74:7.19 7. Les sept commandements de la loi morale suprême. 74:7.20 La loi morale d’Éden était peu différente des sept commandements de Dalamatia, mais les Adamites enseignaient nombre de raisons supplémentaires pour les justifier. Par exemple, au sujet de l’injonction contre le meurtre, la présence intérieure de l’Ajusteur de Pensée était donnée comme un motif additionnel pour ne pas détruire la vie humaine. On enseignait que « quiconque verse le sang de l’homme par l’homme aura son propre sang versé, car Dieu a fait l’homme à son image ». 74:7.21 L’heure d’Éden pour le culte public était midi ; le coucher du soleil était l’heure du culte familial. Adam fit de son mieux pour décourager l’emploi de prières toutes faites, enseignant qu’une prière efficace doit être entièrement individuelle, qu’elle doit représenter le « désir de l’âme » ; mais les Édénites continuèrent à employer les prières et les formes traditionnelles transmises depuis l’époque de Dalamatia. Adam s’efforça aussi de substituer des offrandes de fruits de la terre aux sacrifices de sang dans les cérémonies religieuses, mais ne fit guère de progrès dans ce sens avant la dislocation du Jardin. 74:7.22 Adam tenta d’expliquer aux races l’égalité des sexes. La manière dont Ève travaillait aux côtés de son mari impressionna profondément tous les habitants du Jardin. Adam leur enseigna nettement que la femme apporte, au même titre que l’homme, les facteurs de vie qui s’unissent pour former un nouvel être. Auparavant, les hommes avaient supposé que toute procréation résidait dans les « reins du père ». Ils avaient considéré la mère comme un simple instrument pour nourrir l’enfant à naitre et allaiter le nouveau-né. 74:7.23 Adam enseigna à ses contemporains tout ce qu’ils pouvaient comprendre, mais, comparativement parlant, ce n’était pas grand-chose. Néanmoins, les individus les plus intelligents des races de la terre attendaient impatiemment le moment où ils auraient la permission de se marier avec les enfants supérieurs de la race violette. Quel monde différent Urantia serait devenu si ce grand plan pour élever les races avait été mis à exécution ! Même, à la manière dont les choses se sont passées, le faible apport de sang que les peuples évolutionnaires ont reçu incidemment de la race importée a procuré des gains prodigieux. 74:7.24 C’est ainsi qu’Adam travailla pour le bienêtre et l’élévation du monde de son séjour, mais c’était une tâche bien difficile que de conduire dans la meilleure voie ces peuples mêlés et bâtards. 8. La légende de la création 74:8.1 L’histoire de la création d’Urantia en six jours fut basée sur la tradition qu’Adam et Ève avaient passé précisément six jours à leur examen initial du Jardin. Cette circonstance apporta une sanction presque sacrée à la période de temps de la semaine, qui avait originellement été introduite par les Dalamatiens. Le fait qu’Adam ait passé six jours à inspecter le Jardin et à formuler des plans préliminaires d’organisation n’était pas préconçu, mais fut élaboré au jour le jour. Le choix du septième jour pour le culte fut tout à fait fortuit et lié aux évènements que nous venons de relater. 74:8.2 La légende du monde créé en six jours fut une pensée venue après coup, en fait plus de trente-mille ans plus tard. Il est possible qu’un passage du récit, l’apparition soudaine du soleil et de la lune, provienne des traditions selon lesquelles le monde avait jadis émergé soudain d’un nuage spatial dense de poussière cosmique qui avait longtemps obscurci le soleil et la lune. 74:8.3 L’histoire de la création d’Ève à partir d’une côte d’Adam est un résumé confus de l’arrivée d’Adam et de la chirurgie céleste concernant l’échange de substances vivantes associé à la venue de l’état-major corporel du Prince Planétaire plus de 450 000 ans auparavant. 74:8.4 La majorité des peuples du monde a été influencée par la tradition que des formes physiques furent créées pour Adam et Ève lors de leur arrivée sur Urantia. La croyance que l’homme a été créé avec de l’argile fut à peu près universelle dans l’hémisphère oriental ; on retrouve cette tradition tout autour du monde depuis les Philippines jusqu’en Afrique. De nombreux groupes acceptèrent l’histoire de l’homme tiré de l’argile par une forme spéciale de création, alors qu’antérieurement ils croyaient à la création progressive : l’évolution. 74:8.5 En dehors des influences de Dalamatia et d’Éden, l’humanité tendait à croire à l’ascension graduelle de la race humaine. Le fait de l’évolution n’est pas une découverte moderne ; les anciens comprenaient le lent caractère évolutionnaire du progrès humain. Les Grecs primitifs en avaient une idée claire, malgré leur proximité de la Mésopotamie. Bien que les diverses races de la terre se fussent déplorablement embrouillées dans leurs notions sur l’évolution, nombre de tribus primitives croyaient et enseignaient qu’elles descendaient de divers animaux. Les peuplades primitives prirent l’habitude de choisir pour « totems » les animaux qu’elles supposaient avoir eus pour ancêtres. Plusieurs tribus indiennes nord-américaines se croyaient issues de castors et de coyotes. Certaines tribus africaines enseignent qu’elles descendent de l’hyène ; une tribu malaise, du lémur ; un groupe de Nouvelle-Guinée, du perroquet. 74:8.6 À cause de leur contact immédiat avec les restes de la civilisation des Adamites, les Babyloniens élargirent et embellirent l’histoire de la création de l’homme ; ils enseignaient qu’il était descendu directement des Dieux, que la race avait une origine aristocratique, ce qui était incompatible même avec la doctrine de la création à partir de l’argile. 74:8.7 Le récit de la création, dans l’Ancien Testament, date de longtemps après l’époque de Moïse. Il n’enseigna jamais aux Hébreux une histoire aussi déformée. En fait, il avait présenté aux Israélites un récit simple et condensé de la création, espérant par là donner du poids à son appel à l’adoration du Créateur, le Père Universel, qu’il nommait le Seigneur Dieu d’Israël. 74:8.8 Dans ses premiers enseignements, Moïse évita fort sagement de remonter au-delà de l’époque d’Adam et, puisque Moïse était l’instructeur suprême des Hébreux, les histoires d’Adam furent intimement reliées à celles de la création. Les traditions plus anciennes reconnaissaient une civilisation préadamique ; cela ressort clairement du fait que les éditeurs ultérieurs, dans leur intention d’éliminer toute référence aux affaires humaines antérieures à Adam, négligèrent de faire disparaitre la référence révélatrice de l’émigration de Caïn dans la « terre de Nod », où il prit femme. 74:8.9 Pendant longtemps après leur installation en Palestine, les Hébreux n’eurent pas de langage écrit d’emploi général. Ils apprirent l’usage de l’alphabet par leurs voisins les Philistins, qui étaient des réfugiés politiques de la civilisation supérieure de Crète. Les Hébreux écrivirent peu jusqu’à l’an 900 av. J.-C. et, faute de langage écrit avant cette date tardive, différentes histoires de la création circulaient chez eux ; mais, après la captivité de Babylone, ils eurent davantage tendance à accepter une version mésopotamienne modifiée. 74:8.10 La tradition juive se cristallisa autour de Moïse et, parce qu’il s’était efforcé de faire remonter la généalogie d’Abraham jusqu’à Adam, les Juifs supposèrent qu’Adam était le premier homme de toute l’humanité. Yahweh était le créateur et, puisqu’Adam était censé être le premier homme, il fallait que Yahweh eût créé le monde juste avant de créer Adam. La tradition des six jours d’Adam fut alors imbriquée dans l’histoire, avec pour résultat que, près de mille ans après le séjour de Moïse sur terre, la tradition de la création du monde en six jours fut écrite et lui fut ultérieurement attribuée. 74:8.11 Lorsque les prêtres juifs retournèrent à Jérusalem, ils avaient déjà achevé d’écrire leur récit du commencement des choses. Ils prétendirent bientôt que cette narration était une histoire de la création écrite par Moïse et récemment découverte. Par contre, les Hébreux contemporains d’environ 500 ans av. J.-C. ne considéraient pas ces écrits comme des révélations divines, mais plutôt de la même manière que les peuples ultérieurs considèrent les récits mythologiques. 74:8.12 Ce document falsifié, censé représenter l’enseignement de Moïse, fut porté à l’attention de Ptolémée, le roi grec d’Égypte, qui le fit traduire en grec par une commission de soixante-dix érudits pour sa nouvelle bibliothèque d’Alexandrie. Ce récit trouva ainsi sa place parmi les écrits qui firent ensuite partie des collections ultérieures d’« écrits sacrés » des religions hébraïque et chrétienne. Par identification avec ces derniers systèmes théologiques, ces conceptions ont profondément influencé pendant très longtemps la philosophie de nombreux peuples occidentaux. 74:8.13 Les instructeurs chrétiens perpétuèrent la croyance que la race humaine avait été créée par un fiat divin. Tout ceci conduisit directement à former l’hypothèse qu’il y avait eu, jadis, un âge d’or de félicité utopique, et à la théorie de la chute de l’homme ou du surhomme, qui expliquait la condition de la société qui n’avait rien d’utopique. Ces aperçus sur la vie et la place de l’homme dans l’univers étaient au moins décourageants puisqu’ils se basaient sur une croyance à la régression plutôt qu’à la progression, et qu’ils impliquaient également une Déité vengeresse épanchant sa colère sur la race humaine comme sanction des erreurs de certains anciens administrateurs planétaires. 74:8.14 « L’âge d’or » est un mythe, mais Éden était un fait, et la civilisation du Jardin fut effectivement ruinée. Adam et Ève persévérèrent dans le Jardin pendant cent-dix-sept ans, après quoi, par l’impatience d’Ève et les erreurs de jugement d’Adam, ils eurent la présomption de s’écarter de la voie ordonnée, ce qui amena rapidement la catastrophe sur eux-mêmes et retarda d’une façon désastreuse le développement progressif de tout Urantia. 74:8.15 [Relaté par Solonia, « la voix séraphique dans le Jardin ».] Fascicule 75. La faute d’Adam et d’Ève 75:0.1 Après plus de cent ans d’efforts sur Urantia, Adam ne pouvait constater que très peu de progrès à l’extérieur du Jardin ; le monde, en général, ne semblait guère s’améliorer. L’amélioration de la race paraissait bien lointaine, et la situation semblait désespérée au point de nécessiter un remède non prévu dans les plans originaux. Du moins, c’est ce qui traversait souvent le mental d’Adam, et il en fit bien des fois part à Ève. Adam et sa compagne étaient loyaux, mais ils étaient isolés de leurs semblables et très affligés du triste état de leur monde. 1. Le problème d’Urantia 75:1.1 La mission adamique sur Urantia, planète expérimentale, déchirée par la rébellion et isolée, était une entreprise formidable. Le Fils et la Fille Matériels ne tardèrent pas à se rendre compte de la difficulté et de la complexité de leur affectation planétaire. Néanmoins, ils se mirent courageusement à l’œuvre pour résoudre leurs nombreux problèmes, mais, quand ils s’attaquèrent au travail majeur d’éliminer les êtres dégénérés et défectueux des lignées humaines, ils furent tout à fait consternés. Ils ne voyaient aucun moyen de sortir du dilemme et ne pouvaient prendre conseil de leurs supérieurs ni sur Jérusem ni sur Édentia. Ils étaient là, isolés et devant affronter jour après jour quelque imbroglio nouveau et compliqué, ou quelque problème apparemment insoluble. 75:1.2 Dans des conditions normales, le premier travail d’un Adam et d’une Ève Planétaires eût été de coordonner et de mélanger les races. Mais, sur Urantia, ce projet semblait à peu près sans espoir, car les races étaient bien prêtes biologiquement, mais n’avaient jamais été débarrassées de leurs lignées retardataires et défectueuses. 75:1.3 Adam et Ève se trouvaient sur une sphère qui n’était aucunement préparée pour la proclamation de la fraternité des hommes, un monde tâtonnant dans une obscurité spirituelle abjecte et affligée d’une confusion rendue pire par l’avortement de la mission de l’administration précédente. Le mental et la morale étaient à un bas niveau et, au lieu de pouvoir entreprendre leur tâche d’unification religieuse, le Fils et la Fille Matériels devaient recommencer complètement la conversion des habitants aux plus simples formes de croyance religieuse. Au lieu de trouver une langue prête à être adoptée, ils devaient faire face à la confusion mondiale de centaines et centaines de dialectes locaux. Nul Adam du service planétaire ne fut jamais attaché à un monde plus difficile ; les obstacles semblaient insurmontables et les problèmes insolubles pour des créatures. 75:1.4 Adam et Ève étaient isolés, et le prodigieux sentiment de solitude qui s’appesantissait sur eux fut encore accru par le départ assez rapide des administrateurs provisoires Melchizédeks. C’est seulement indirectement, par le truchement des ordres angéliques, qu’ils pouvaient communiquer avec un être quelconque extérieur à la planète. Peu à peu, leur courage allait s’affaiblissant, leur entrain se perdait et, parfois, leur foi était prête à chanceler. 75:1.5 Telle est la véritable image de la consternation de ces deux nobles âmes tandis qu’elles réfléchissaient aux tâches qui les confrontaient. Toutes deux se rendaient compte, avec acuité, de l’énorme entreprise qu’impliquait l’exécution de leur affectation planétaire. 75:1.6 Il est probable que jamais des Fils Matériels de Nébadon n’eurent à faire face à une tâche aussi difficile, et apparemment désespérée, qu’Adam et Ève devant la pénible situation d’Urantia. Ils auraient cependant fini par réussir s’ils avaient été plus perspicaces et plus patients. Tous deux, et spécialement Ève, étaient vraiment trop impatients ; ils répugnaient à s’atteler à la longue, très longue épreuve d’endurance. Ils désiraient voir des résultats immédiats, et ils les virent, mais les résultats ainsi acquis se révélèrent des plus désastreux pour eux-mêmes et pour leur monde. 2. Le complot de Caligastia 75:2.1 Caligastia faisait de fréquentes visites au Jardin et eut de nombreux entretiens avec Adam et Ève, mais il les trouva intransigeants devant toutes ses suggestions de compromis et de raccourcis aventureux. Ils avaient devant eux un tableau suffisant des résultats de la rébellion pour être efficacement immunisés contre toutes ces propositions insidieuses. Les ouvertures de Daligastia restaient sans influence même sur les jeunes descendants d’Adam. Bien entendu, ni Caligastia ni son associé n’avaient le pouvoir d’influencer une personne quelconque contre sa volonté, et encore moins de persuader les enfants d’Adam de mal faire. 75:2.2 Il faut se rappeler que Caligastia était encore en titre le Prince Planétaire d’Urantia, un Fils dévoyé, mais néanmoins élevé, de l’univers local. Il ne fut définitivement déposé que lors du passage de Christ Micaël sur Urantia. 75:2.3 Mais le Prince déchu était persévérant et résolu. Il renonça bientôt à convaincre Adam et décida de tenter une perfide attaque de flanc contre Ève. Le Malin conclut que son unique espoir de réussite résidait dans l’emploi adroit de personnes qualifiées appartenant aux couches supérieures du groupe nodite, les descendants des anciens associés de son état-major corporel. Il établit ses plans en conséquence pour prendre au piège la mère de la race violette. 75:2.4 Ève n’eut jamais la moindre intention de faire quoi que ce soit pour desservir les plans d’Adam ou compromettre leur mission planétaire de confiance. Connaissant la tendance des femmes à rechercher des résultats immédiats plutôt que de faire, avec prévoyance, des plans à effets plus lointains, les Melchizédeks, avant leur départ, avaient spécialement mis Ève en garde contre les dangers spécifiques menaçant leur position isolée sur la planète, et, en particulier, ils l’avaient avertie de ne jamais se désolidariser de son mari, c’est-à-dire de ne pas essayer de méthodes secrètes ou personnelles pour faire progresser leurs entreprises communes. Ève avait très scrupuleusement suivi ces instructions pendant plus de cent ans, et il ne lui était pas venu à l’idée qu’un danger s’attacherait aux visites dont elle était gratifiée par un chef nodite nommé Sérapatatia, visites de plus en plus privées et confidentielles. Toute l’affaire se développa si graduellement et si naturellement qu’Ève fut prise au dépourvu. 75:2.5 Les habitants du Jardin avaient été en contact avec les Nodites depuis les premiers jours d’Éden. Ils avaient reçu beaucoup d’aide et une précieuse collaboration de ces descendants mixtes des membres défaillants de l’état-major de Caligastia, et c’était à travers eux que le régime édénique allait maintenant être complètement ruiné et renversé. 3. La tentation d’Ève 75:3.1 Adam venait d’achever son premier siècle de séjour sur terre lorsque Sérapatatia, ayant perdu son père, devint chef de la confédération occidentale ou syrienne des tribus nodites. Sérapatatia était un homme au teint brun, un brillant descendant de l’ancien chef de la commission de la santé à Dalamatia, qui avait épousé une femme de la race bleue douée d’un mental supérieur, un des plus remarquables de ces temps lointains. À travers toutes les générations, cette lignée avait détenu l’autorité et exercé une grande influence sur les tribus nodites occidentales. 75:3.2 Sérapatatia avait fait plusieurs visites au Jardin et avait été profondément impressionné par la droiture de la cause d’Adam. Peu après avoir pris le commandement des Nodites syriens, il annonça son intention d’établir des attaches avec le travail d’Adam et d’Ève dans le Jardin. La majorité de son peuple le suivit dans ce programme, et Adam fut réconforté par la nouvelle que la plus puissante et la plus intelligente des tribus voisines s’était ralliée presque en bloc au soutien de son programme pour améliorer le monde ; c’était nettement encourageant. Peu après ce grand évènement, Adam et Ève reçurent Sérapatatia et son nouvel état-major dans leur propre maison. 75:3.3 Sérapatatia devint l’un des lieutenants d’Adam les plus capables et les plus efficaces. Il était entièrement honnête et complètement sincère dans toutes ses activités. Il ne fut jamais conscient, même plus tard, que le rusé Caligastia se servait de lui comme d’un instrument accessoire. 75:3.4 Bientôt, Sérapatatia devint vice-président de la commission édénique des relations tribales, et de nombreux plans furent préparés pour poursuivre plus vigoureusement le ralliement des tribus lointaines à la cause du Jardin. 75:3.5 Il eut de nombreux entretiens avec Adam et Ève – spécialement avec Ève – où ils discutèrent bien des projets pour améliorer leurs méthodes. Un jour, durant une conversation avec Ève, Sérapatatia eut l’idée qu’en attendant de pouvoir recruter un grand nombre des représentants de la race violette, il serait très utile que quelque chose puisse être fait entretemps pour le progrès immédiat des tribus qui demeuraient très dépourvues. Sérapatatia soutint que, si les Nodites, la race la plus progressiste et la plus coopérative, pouvaient avoir un chef qui naisse chez eux avec une part de sang violet, cela constituerait un lien puissant qui attacherait plus étroitement ces peuplades au Jardin. Tout ceci fut sérieusement et honnêtement considéré comme bénéfique pour le monde, puisque l’enfant, qui devait être élevé et instruit dans le Jardin, exercerait une grande influence bénéfique sur le peuple de son père. 75:3.6 Il y a lieu de souligner de nouveau que Sérapatatia était complètement honnête et totalement sincère dans toutes ses propositions. Jamais il ne soupçonna qu’il jouait le jeu de Caligastia et de Daligastia. Sérapatatia était entièrement fidèle au plan consistant à accumuler une forte réserve de la race violette avant de tenter le relèvement à l’échelle mondiale des peuplades confuses d’Urantia. Mais cela demanderait des centaines d’années pour être accompli, et il était impatient. Il voulait obtenir quelques résultats immédiats – des choses qu’il puisse voir pendant sa vie. Il fit comprendre clairement à Ève qu’Adam était souvent découragé par le peu de résultats qu’il avait obtenu pour élever le monde. 75:3.7 Pendant plus de cinq ans, ces plans furent muris secrètement. À la fin, ils avaient atteint le point où Ève consentit à avoir un entretien secret avec Cano, le penseur le plus brillant et le chef le plus actif de la colonie voisine des Nodites sympathisants. Cano était très bien disposé envers le régime adamique ; en fait, il était le sincère chef spirituel des Nodites des environs qui souhaitaient des relations amicales avec le Jardin. 75:3.8 La réunion fatale eut lieu au crépuscule d’un soir d’automne, non loin de la demeure d’Adam. Ève n’avait encore jamais rencontré le beau et enthousiaste Cano – qui était un magnifique spécimen de survivance du physique supérieur et de la remarquable intelligence de ses lointains ancêtres de l’état-major du Prince. Cano, lui aussi, croyait entièrement à la droiture du projet de Sérapatatia. (En dehors du Jardin, la polygamie se pratiquait couramment.) 75:3.9 Influencée par la flatterie, l’enthousiasme et une grande force de persuasion personnelle, Ève consentit, séance tenante, à se lancer dans l’entreprise tant discutée et à ajouter son petit projet de salut du monde au plan divin plus vaste et de plus grande envergure. Avant d’avoir tout à fait réalisé ce qui se passait, le pas fatal avait été franchi. C’en était fait. 4. La réalisation de la faute 75:4.1 Les êtres célestes, vivant sur la planète, étaient en émoi. Adam reconnut que quelque chose allait mal et demanda à Ève de venir auprès de lui dans le Jardin. Alors, pour la première fois, Adam entendit l’histoire du plan longuement muri pour accélérer le progrès du monde en opérant simultanément dans deux directions : la poursuite du plan divin concomitante avec l’exécution du projet de Sérapatatia. 75:4.2 Tandis que le Fils et la Fille Matériels s’entretenaient ainsi dans le Jardin éclairé par la lune, « la voix dans le Jardin » leur reprocha leur désobéissance. Cette voix n’était autre que la mienne, lorsque j’annonçai au couple édénique qu’il avait transgressé le pacte du Jardin, qu’il avait désobéi aux instructions des Melchizédeks et qu’il avait failli à son serment de fidélité au souverain de l’univers. 75:4.3 Ève avait consenti à participer à la pratique du bien et du mal. Le bien est l’exécution des plans divins ; le péché est une transgression délibérée de la volonté divine ; le mal est le défaut d’adaptation des plans et d’ajustement des techniques qui se traduit par la disharmonie de l’univers et la confusion planétaire. 75:4.4 Chaque fois que le couple du Jardin avait mangé du fruit de l’arbre de vie, l’archange gardien les avait prévenus qu’il fallait s’abstenir de céder aux suggestions de Caligastia tendant à conjuguer le bien et le mal. Ils avaient été avertis dans les termes suivants : « Le jour où vous mélangerez le bien et le mal, vous ressemblerez sûrement aux mortels du royaume ; vous mourrez certainement. » 75:4.5 Lors de l’occasion fatale de leur rencontre secrète, Ève avait signalé à Cano cet avertissement souvent répété, mais Cano, ne connaissant ni l’importance ni le sens de ces remontrances, l’avait assurée que des hommes et des femmes ayant de bons mobiles et des intentions sincères ne pouvaient faire de mal, que sûrement elle ne mourrait pas, mais vivrait plutôt à nouveau dans la personne de leur enfant qui grandirait pour bénir et stabiliser le monde. 75:4.6 Bien que ce projet de modifier le plan divin eût été conçu et exécuté avec une entière sincérité et uniquement avec les mobiles les plus élevés pour le bienêtre du monde, il constituait un mal parce qu’il représentait la mauvaise manière d’atteindre de justes fins, parce qu’il s’écartait du droit chemin, du plan divin. 75:4.7 Il est vrai qu’Ève avait trouvé Cano plaisant à regarder, et qu’elle réalisait tout ce que son séducteur lui promettait comme « connaissance nouvelle et accrue des affaires humaines et compréhension plus vive de la nature humaine en complément d’une compréhension de la nature adamique ». 75:4.8 Cette nuit-là, dans le Jardin, je parlai au père et à la mère de la race violette comme c’était mon devoir en ces tristes circonstances. J’écoutai entièrement le récit de tout ce qui avait conduit Mère Ève à commettre la faute et je leur donnai à tous deux des avis et des conseils au sujet de la situation immédiate. Certains furent suivis, d’autres dédaignés. Cet entretien est décrit dans vos annales comme « le Seigneur Dieu appelant Adam et Ève dans le Jardin et leur demandant : Où êtes-vous ? ». Les générations ultérieures avaient pour habitude d’attribuer directement à une intervention personnelle des Dieux tout ce qui était inhabituel ou extraordinaire, que ce soit d’ordre physique ou spirituel. 5. Les répercussions de la faute 75:5.1 La désillusion d’Ève fut vraiment pathétique. Adam discerna toute la malheureuse conjoncture. Malgré son abattement et son cœur brisé, il ne manifesta que de la pitié et de la sympathie pour sa compagne égarée. 75:5.2 Ce fut dans le désespoir de la réalisation de l’échec qu’Adam, le lendemain de la faute d’Ève, rechercha Laotta, la brillante femme nodite qui dirigeait les écoles occidentales du Jardin, et commit avec préméditation la même folie qu’Ève. Mais ne vous méprenez pas : Adam ne fut pas séduit ; il savait exactement ce qu’il faisait ; il choisit délibérément de partager le sort d’Ève. Il aimait sa compagne d’une affection suprahumaine, et l’idée de la possibilité d’une veille solitaire sans elle sur Urantia dépassait ce qu’il pouvait supporter. 75:5.3 Quand ils apprirent ce qui était arrivé à Ève, les habitants du Jardin devinrent furieux et ingouvernables. Ils déclarèrent la guerre aux Nodites installés dans le voisinage. Sortant par les portes d’Éden, ils se précipitèrent sur cette population non préparée et la détruisirent de fond en comble. Aucun homme, aucune femme, aucun enfant ne furent épargnés, et Cano, le père de Caïn encore à naitre, périt également. 75:5.4 Lorsqu’il comprit clairement ce qui était arrivé, Sérapatatia s’effondra dans la consternation ; la crainte et le remords lui firent perdre la raison et, le lendemain, il alla se noyer dans le grand fleuve. 75:5.5 Les enfants d’Adam cherchèrent à réconforter leur mère affolée tandis que leur père errait seul pendant trente jours. À la fin de ce délai, le bon sens reprit le dessus ; Adam revint à son foyer et commença à faire des plans pour leur future ligne de conduite. 75:5.6 Les conséquences des folies des parents malavisés sont bien souvent partagées par leurs enfants innocents. Les nobles et intègres fils et filles d’Adam et d’Ève étaient accablés par l’inexplicable tristesse due à l’incroyable tragédie dans laquelle ils avaient été si soudainement et si brutalement précipités. Cinquante ans plus tard, les ainés de ces enfants ne s’étaient pas encore remis du chagrin et de la douleur de ces jours tragiques, et spécialement de la terreur éprouvée pendant la période de trente jours où leur père avait été absent du foyer, tandis que leur mère affolée ignorait complètement son sort et l’endroit où il se trouvait. 75:5.7 Ces mêmes trente jours furent, pour Ève, comme de longues années de chagrin et de souffrance. Cette noble âme ne se remit jamais complètement de cette période atroce de douleur mentale et de tristesse spirituelle. Nul aspect de leurs privations et de leurs tribulations ultérieures ne peut même se comparer, dans la mémoire d’Ève, à ces terribles journées, et à ces affreuses nuits de solitude et d’intolérable incertitude. Elle apprit l’action irréfléchie de Sérapatatia sans savoir si son compagnon s’était tué de désespoir ou avait été enlevé de la terre en punition de son erreur de conduite. Et, lorsqu’Adam revint, Ève éprouva une joie et une reconnaissance qui ne furent jamais effacées par le dur service de leur longue et difficile association de vie. 75:5.8 Le temps passait, mais Adam ne fut certain de la nature de leur infraction que soixante-dix jours après la défaillance d’Ève, quand les administrateurs provisoires Melchizédeks revinrent sur Urantia et assumèrent la juridiction sur les affaires du monde. Alors, il sut qu’Ève et lui avaient échoué. 75:5.9 Mais bien d’autres ennuis se préparaient. La nouvelle de l’anéantissement de la colonie nodite proche d’Éden ne tarda pas à être connue des tribus de Sérapatatia dans le nord, et une grande armée s’assembla bientôt pour marcher sur le Jardin. Ce fut le commencement d’une longue guerre acharnée entre les Adamites et les Nodites, car ces hostilités durèrent bien après qu’Adam et ses partisans eurent émigré vers le second jardin, dans la vallée de l’Euphrate. Il y eut « une inimitié intense et prolongée entre cet homme et la femme, entre sa semence et la semence de la femme ». 6. Adam et Ève quittent le Jardin 75:6.1 Lorsqu’Adam apprit que les Nodites étaient en marche, il demanda conseil aux Melchizédeks, mais ceux-ci refusèrent de lui donner un avis. Ils se bornèrent à lui dire d’agir au mieux de son idée et lui promirent leur coopération amicale, dans toute la mesure du possible, dans la ligne de conduite qu’il aurait choisie. Les Melchizédeks avaient reçu l’interdiction de s’immiscer dans les plans personnels d’Adam et d’Ève. 75:6.2 Adam savait que lui et Ève avaient échoué ; la présence des administrateurs provisoires Melchizédeks le lui annonçait ; mais il ne savait encore rien de leur statut personnel, ni de leur sort futur. Il tint conférence, pendant toute la nuit, avec douze cents partisans loyaux qui s’engagèrent à suivre leur chef. Le lendemain à midi, ces pèlerins s’en allèrent d’Éden à la recherche de nouvelles demeures. Adam n’aimait pas la guerre et choisit, en conséquence, d’abandonner sans opposition le premier jardin aux Nodites. 75:6.3 La caravane édénique fut arrêtée le troisième jour de sa sortie du Jardin par les transports séraphiques arrivant de Jérusem. Pour la première fois, Adam et Ève furent renseignés sur ce qu’allait être le sort de leurs enfants. Tandis que les transporteurs se tenaient prêts, les enfants qui étaient arrivés à l’âge du choix (vingt ans) reçurent l’option de rester sur Urantia avec leurs parents ou de devenir pupilles des Très Hauts de Norlatiadek. Les deux tiers choisirent d’aller sur Édentia ; environ un tiers décida de rester avec leurs parents. Tous les enfants qui n’étaient pas d’âge à choisir furent emmenés sur Édentia. Nul n’aurait pu assister à la pénible séparation du Fils et de la Fille Matériels d’avec leurs enfants sans réaliser que la voie des transgresseurs est rude. Ces descendants d’Adam et d’Ève sont à présent sur Édentia et nous ignorons ce que l’on fera d’eux. 75:6.4 Ce fut une bien triste caravane qui se prépara à continuer son voyage. Peut-on imaginer plus tragique ! Être venus sur un monde avec tant d’espoirs, avoir été accueillis sous d’aussi heureux auspices, puis quitter Éden dans la disgrâce et encore perdre les trois quarts de leurs enfants avant même d’avoir trouvé une nouvelle résidence ! 7. La dégradation d’Adam et d’Ève 75:7.1 Ce fut pendant l’arrêt de la caravane édénique qu’Adam et Ève furent renseignés sur la nature de leur transgression et informés du sort qui les attendait. Gabriel apparut pour prononcer le jugement, et voici le verdict : « L’Adam et l’Ève Planétaires d’Urantia sont jugés en défaillance ; ils ont violé le pacte de leur mission de confiance comme dirigeants de ce monde habité. » 75:7.2 Abattus par leur sentiment de culpabilité, Adam et Ève furent cependant grandement réconfortés par l’annonce que leurs juges sur Salvington les avaient absous de toute accusation d’avoir « outragé le gouvernement de l’univers ». Ils n’avaient pas été jugés coupables de rébellion. 75:7.3 Le couple édenique fut informé qu’il s’était lui-même abaissé au statut des mortels du royaume et qu’il lui fallait désormais se conduire comme un homme et une femme d’Urantia en envisageant l’avenir des races du monde comme étant le leur. 75:7.4 Longtemps avant qu’Adam et Ève eussent quitté Jérusem, leurs instructeurs leur avaient pleinement expliqué les conséquences de tout manquement vital aux plans divins. Je les avais personnellement prévenus, maintes et maintes fois, aussi bien avant qu’après leur arrivée sur Urantia, que la réduction au statut de chair mortelle serait le résultat certain, la pénalité sure, qui accompagnerait infailliblement une carence dans l’exécution de leur mission planétaire. Mais il est essentiel d’avoir certaines notions du statut d’immortalité de l’ordre matériel de filiation pour comprendre clairement les conséquences entrainées par la faute d’Adam et d’Ève. 75:7.5 1. Adam et Ève, comme leurs semblables de Jérusem, maintenaient leur statut d’immortalité par association intellectuelle avec le circuit de gravité mentale de l’Esprit. Quand ce soutien vital est rompu par disjonction mentale, alors, quel que soit le niveau spirituel de l’existence de la créature, le statut d’immortalité est perdu. Le statut mortel, suivi de la décomposition physique, était la conséquence inévitable de la faute intellectuelle d’Adam et d’Ève. 75:7.6 2. Le Fils et la Fille Matériels d’Urantia étaient aussi personnalisés dans la similitude de la chair mortelle de ce monde ; ils dépendaient donc, de plus, d’un double système circulatoire, le premier dérivé de leur nature physique et le second, de la superénergie accumulée dans le fruit de l’arbre de vie. L’archange conservateur de l’arbre avait toujours averti Adam et Ève qu’un manquement à la confiance culminerait dans une dégradation de statut ; l’accès à cette source d’énergie leur fut refusé à la suite de leur défaillance. 75:7.7 Caligastia avait réussi à prendre Adam et Ève au piège, mais n’avait pas réalisé son dessein de les entrainer dans une rébellion ouverte contre le gouvernement de l’univers. Ce qu’ils avaient fait était réellement mal, mais jamais ils ne furent coupables d’avoir outragé la vérité, ils ne s’étaient pas non plus engagés consciemment dans une rébellion contre la juste autorité du Père Universel et de son Fils Créateur. 8. La prétendue chute de l’homme 75:8.1 Adam et Ève furent vraiment déchus de leur état supérieur de filiation matérielle jusqu’à l’humble statut des hommes mortels ; mais ce ne fut pas la chute de l’homme. Malgré les conséquences immédiates de la défaillance adamique, la race humaine fut élevée. Bien que le plan divin du don de la race violette aux peuples d’Urantia ait avorté, les races mortelles ont tiré un immense profit de la contribution limitée qu’Adam et sa descendance apportèrent aux races d’Urantia. 75:8.2 Il n’y a pas eu de « chute de l’homme ». L’histoire de la race humaine est une évolution progressive, et l’effusion adamique a laissé les peuples du monde grandement améliorés par rapport à leur condition biologique antérieure. Les lignées supérieures d’Urantia contiennent maintenant des facteurs héréditaires dérivés de pas moins de quatre sources séparées : andonite, Sangik, nodite et adamique. 75:8.3 Adam ne devrait pas être considéré comme une source de malédiction pour la race humaine. Certes, il échoua dans l’exécution du plan divin, il transgressa son pacte avec la Déité ; son statut de créature et celui de sa compagne furent très certainement abaissés, mais, nonobstant tout cela, leur contribution à la race humaine a beaucoup fait progresser la civilisation sur Urantia. 75:8.4 En estimant les résultats de la mission adamique sur votre monde, la justice exige que l’on reconnaisse la condition de la planète. Adam fut confronté à une tâche presque désespérée lorsqu’il fut transporté avec sa belle compagne de Jérusem sur ce monde obscur et perturbé. Pourtant, s’ils avaient suivi les conseils des Melchizédeks et de leurs associés, et s’ils avaient été plus patients, ils auraient fini par réussir. Mais Ève écouta la propagande insidieuse pour la liberté personnelle et la liberté d’agir sur la planète. Elle fut conduite à faire une expérience avec le plasma vital de l’ordre matériel de filiation, en ce sens qu’elle permit à ce vivant dépôt de confiance de se mêler prématurément à celui d’un ordre qui était alors mixte ; ce dernier était celui du modèle originel des Porteurs de Vie qui avait été combiné antérieurement avec celui des êtres reproducteurs jadis attachés à l’état-major du Prince Planétaire. 75:8.5 Au cours de toute votre ascension au Paradis, vous ne gagnerez jamais rien en essayant impatiemment de vous dérober au divin plan établi, au moyen de raccourcis, d’inventions personnelles ou d’autres expédients pour améliorer le chemin de la perfection, vers la perfection et pour la perfection éternelle. 75:8.6 Somme toute, il n’y eut probablement jamais, sur aucune planète de Nébadon, un avortement de sagesse plus décourageant. Mais il n’est pas surprenant que ces faux pas se produisent dans les affaires des univers évolutionnaires. Nous faisons partie d’une création gigantesque, et il n’y a rien d’étrange à ce que tout ne se passe pas à la perfection. Notre univers n’a pas été créé parfait ; la perfection est notre but éternel et non notre origine. 75:8.7 Si l’univers était mécaniste, si la Grande Source-Centre Première n’était qu’une force et non aussi une personnalité, si toute la création était un immense agrégat de matière physique dominé par des lois précises caractérisées par des actions énergétiques invariables, alors la perfection pourrait prévaloir, même sans que le statut de l’univers soit parachevé. Il n’y aurait nul désaccord, nulle friction. Mais, dans notre univers en évolution, de perfection et d’imperfection relatives, nous nous réjouissons que des désaccords et des malentendus soient possibles, car ils apportent la preuve du fait et de l’action de la personnalité dans l’univers. Si notre création est une existence dominée par la personnalité, alors vous pouvez être assurés que la survie, le progrès et l’aboutissement de la personnalité sont possibles ; nous pouvons avoir confiance dans la croissance, l’expérience et l’aventure de la personnalité. Combien l’univers est glorieux parce qu’il est personnel et progressif, et non simplement mécanique ou même passivement parfait ! 75:8.8 [Présenté par Solonia, « la voix séraphique dans le Jardin ».] Fascicule 76. Le second jardin 76:0.1 Lorsqu’Adam décida de quitter le premier jardin sans s’opposer aux Nodites, il ne pouvait aller vers l’ouest avec ses partisans, car les Édénites n’avaient pas de bateaux convenant à une telle aventure sur mer. Ils ne pouvaient aller vers le nord, car les Nodites du Nord étaient déjà en marche vers Éden. Ils craignaient d’aller au sud, car les collines de cette région étaient infestées de tribus hostiles. La seule voie ouverte était vers l’est ; ils s’orientèrent donc vers les régions alors plaisantes situées entre le Tigre et l’Euphrate. Beaucoup de ceux qui avaient été laissés en arrière prirent plus tard la route de l’est pour rejoindre les Adamites dans leur nouvelle demeure de la vallée. 76:0.2 Caïn et Sansa naquirent tous deux avant que la caravane adamique eût atteint sa destination entre les deux fleuves de Mésopotamie. Laotta, la mère de Sansa, mourut à la naissance de sa fille. Ève eut des couches difficiles, mais survécut grâce à sa vigueur supérieure. Elle s’attacha à Sansa, l’enfant de Laotta, et l’éleva avec Caïn. Sansa grandit et fit montre de grandes aptitudes. Elle devint la femme de Sargan, chef des races bleues nordiques, et contribua au progrès des hommes bleus de cette époque. 1. Les Édénites pénètrent en Mésopotamie 76:1.1 Il fallut presque une année entière à la caravane d’Adam pour atteindre l’Euphrate. Ils le trouvèrent en crue et campèrent près de six semaines dans les plaines de l’Ouest avant de le traverser pour pénétrer dans le pays situé entre les deux fleuves, qui allait devenir le second jardin. 76:1.2 Quand les habitants de ce territoire avaient appris que le roi et grand-prêtre du Jardin d’Éden marchait vers eux, ils avaient fui en hâte dans les montagnes de l’est. Lorsqu’Adam arriva, il trouva que tout le territoire désiré avait été évacué. C’est là, dans ce nouveau site, qu’Adam et ses aides se mirent au travail pour bâtir de nouvelles demeures et établir un nouveau centre de culture et de religion. 76:1.3 Adam savait que l’endroit était l’un des trois sites originellement sélectionnés par le comité chargé de rechercher des emplacements possibles pour le Jardin proposé par Van et Amadon. Les deux fleuves eux-mêmes formaient, à cette époque, une bonne défense naturelle. Un peu au nord du second jardin, l’Euphrate et le Tigre se rapprochaient beaucoup, de sorte qu’il suffisait de construire une muraille de quatre-vingt-dix kilomètres pour protéger le territoire vers le sud entre les fleuves. 76:1.4 Après l’installation dans le nouvel Éden, il devint nécessaire d’adopter des méthodes de vie rudimentaires ; il semblait véritablement que la terre avait été maudite. La nature suivait de nouveau son libre cours. Les Adamites étaient maintenant contraints d’arracher leur subsistance à une terre vierge et de faire face aux réalités de la vie devant les hostilités et incompatibilités naturelles de l’existence humaine. Ils avaient trouvé le premier jardin partiellement préparé pour eux, mais il leur fallut créer le second par le travail de leurs propres mains et « à la sueur de leur front ». 2. Caïn et Abel 76:2.1 Moins de deux ans après Caïn naquit Abel, le premier enfant d’Adam et Ève né dans le second jardin. Quand Abel eut atteint l’âge de douze ans, il décida de devenir pâtre ; Caïn avait choisi la voie de l’agriculture. 76:2.2 Or, en ces temps-là, on avait l’habitude de faire offrande au clergé de ce dont on disposait. Les pâtres apportaient des animaux de leurs troupeaux ; les fermiers, des fruits des champs. Et, selon cette coutume, Caïn et Abel faisaient également des offrandes périodiques aux prêtres. Les deux garçons avaient maintes fois débattu des mérites respectifs de leurs métiers, et Abel ne fut pas long à noter que l’on marquait de la préférence pour ses sacrifices d’animaux. C’est en vain que Caïn fit appel à la tradition du premier Éden, à l’ancienne préférence pour les fruits des champs. Abel ne voulut pas l’admettre et se gaussa de son ainé déconfit. 76:2.3 Au temps du premier Éden, Adam avait vraiment cherché à décourager les offrandes d’animaux sacrifiés, de sorte que Caïn avait un précédent pour justifier ses prétentions. Il était toutefois difficile d’organiser la vie religieuse du second Éden. Adam était harassé par mille et un détails associés au travail de construction, de défense et d’agriculture. Étant spirituellement très déprimé, il confia l’organisation du culte et de l’éducation aux collaborateurs de souche nodite qui avaient déjà occupé ces fonctions dans le premier jardin ; même dans un délai aussi bref, les prêtres nodites officiants commencèrent à revenir aux normes et aux règles des temps préadamiques. 76:2.4 Les deux garçons ne s’entendirent jamais bien, et cette affaire de sacrifices contribua encore à aviver la haine entre eux. Abel savait qu’il était le fils d’Adam et d’Ève et ne manquait jamais de faire ressortir à Caïn qu’Adam n’était pas son père. Caïn n’était pas de pure race violette, puisque son père appartenait à la race nodite croisée ultérieurement avec les hommes bleus et rouges et avec la souche andonique aborigène. Tout cela, ainsi que son hérédité naturelle belliqueuse, amena Caïn à nourrir une haine de plus en plus grande pour son jeune frère. 76:2.5 Les jeunes gens avaient respectivement dix-huit et vingt ans lorsque la querelle entre eux fut définitivement réglée. Un jour, les sarcasmes d’Abel mirent son frère combatif dans une telle fureur que Caïn, dans sa colère, se précipita sur lui et le tua. 76:2.6 L’observation de la conduite d’Abel établit la valeur du milieu et de l’éducation comme facteurs de développement du caractère. Abel avait un héritage idéal, et l’hérédité git au fond de tout caractère, mais l’influence d’une ambiance inférieure neutralisa pratiquement cet héritage magnifique. Abel fut grandement influencé, surtout dans ses premières années, par son milieu défavorable. Il serait devenu une personne entièrement différente s’il avait vécu jusqu’à vingt-cinq ou trente ans ; sa superbe hérédité se serait alors fait jour. Tandis qu’un bon milieu ne peut guère contribuer à triompher réellement des handicaps de caractère résultant d’une hérédité vile, un mauvais milieu peut très efficacement gâter une excellente hérédité, au moins durant les premières années de la vie. Un bon milieu social et une éducation convenable forment le terrain et l’atmosphère indispensables pour tirer le meilleur parti d’une bonne hérédité. 76:2.7 Les parents d’Abel connurent sa mort lorsque ses chiens ramenèrent ses troupeaux à la maison sans leur maitre. Caïn devenait rapidement pour Adam et Ève le sinistre souvenir de leur folie, et ils l’encouragèrent dans sa décision de quitter le jardin. 76:2.8 La vie de Caïn en Mésopotamie n’avait pas été franchement heureuse, parce qu’il symbolisait la faute d’une manière trop frappante. Ceux qui l’entouraient n’étaient pas méchants avec lui, mais il ne lui avait pas échappé que, dans leur subconscient, ils éprouvaient du ressentiment contre lui. Caïn ne portait pas de marque tribale et savait qu’en conséquence il serait tué par les premiers hommes des tribus voisines qui le rencontreraient. La peur et un certain remords l’amenèrent à se repentir. Caïn n’avait jamais été habité par un Ajusteur, il avait toujours bravé la discipline familiale et dédaigné la religion de son père. Il alla maintenant trouver Ève, sa mère, pour lui demander de l’aide et des directives spirituelles, et, dès qu’il rechercha sincèrement l’assistance divine, un Ajusteur vint l’habiter. Cet Ajusteur, habitant à l’intérieur et regardant à l’extérieur, donna à Caïn un net avantage de supériorité qui le classa avec la tribu d’Adam, laquelle était grandement crainte. 76:2.9 Caïn partit donc pour le pays de Nod, à l’est du second jardin. Il devint un grand chef parmi l’un des groupes du peuple de son père et accomplit, dans une certaine mesure, les prédictions de Sérapatatia, car il établit la paix durant toute sa vie entre cette division de Nodites et les Adamites. Caïn épousa Remona, sa cousine éloignée, et leur premier fils, Énoch, devint chef des Nodites élamites. Pendant des siècles, les Élamites et les Adamites continuèrent à vivre en paix. 3. La vie en Mésopotamie 76:3.1 À mesure que le temps passait dans le second jardin, les conséquences de la faute devenaient de plus en plus apparentes. Adam et Ève souffraient beaucoup d’être privés de leur ancienne demeure de beauté et de tranquillité, et de leurs enfants déportés sur Édentia. Il était vraiment pathétique d’observer ce magnifique couple réduit au statut de l’incarnation ordinaire du royaume ; mais il supportait avec grâce et courage son état diminué. 76:3.2 Adam passait sagement la majeure partie de son temps à enseigner à ses enfants et à ses associés l’administration civile, les méthodes éducatives et les pratiques religieuses. S’il n’avait pas eu cette prévoyance, un pandémonium se serait déchainé au moment de sa mort. En fait, la mort d’Adam apporta peu de changements dans la conduite des affaires de son peuple. Longtemps avant leur disparition, Adam et Ève avaient reconnu que leurs enfants et leurs partisans avaient graduellement appris à oublier leurs jours de gloire dans Éden. Pour la majorité de leurs partisans, il valait mieux oublier la grandeur d’Éden ; de la sorte, ils avaient moins de chances d’éprouver un mécontentement injustifié dans leur environnement moins heureux. 76:3.3 Les dirigeants civils des Adamites descendaient héréditairement des fils du premier jardin. Le premier fils d’Adam, Adamson (Adam ben Adam), fonda un centre secondaire de la race violette au nord du second Éden. Le deuxième fils d’Adam, Èveson, devint un chef et un administrateur magistral ; il fut le grand collaborateur de son père. Èveson ne vécut pas tout à fait aussi longtemps qu’Adam, et son fils ainé Jansad devint le successeur d’Adam à la tête des tribus adamites. 76:3.4 Les dirigeants religieux (la prêtrise) commencèrent avec Seth, le plus âgé des fils survivants d’Adam et d’Ève nés dans le second jardin. Il naquit cent-vingt-neuf ans après l’arrivée d’Adam sur Urantia. Seth se plongea dans le travail d’améliorer le statut spirituel du peuple de son père et devint le chef de la nouvelle prêtrise du second jardin. Son fils, Énos, fonda le nouvel ordre de culte, et son petit-fils, Kenan, institua le service diplomatique des missionnaires auprès des tribus environnantes, proches et lointaines. 76:3.5 Le clergé séthite fut une entreprise triple embrassant la religion, la santé et l’éducation. On enseignait aux prêtres de cet ordre à officier aux cérémonies religieuses, à servir comme médecins et inspecteurs d’hygiène, et à être professeurs dans les écoles du jardin. 76:3.6 La caravane d’Adam avait transporté les semences et les bulbes de centaines de plantes ainsi que des céréales du premier jardin jusqu’au pays situé entre les deux fleuves. Les Adamites avaient aussi amené de vastes troupeaux et quelques spécimens de tous les animaux domestiques. Cela leur valait de grands avantages sur les tribus voisines. Ils profitaient de nombreux bienfaits de la culture antérieure du Jardin originel. 76:3.7 Jusqu’au moment de quitter le premier jardin, Adam et sa famille avaient toujours vécu de fruits, de céréales et de noix. Sur la route de Mésopotamie, ils avaient pour la première fois mangé des herbes et des légumes. La consommation de la viande fut pratiquée de bonne heure dans le second jardin, mais Adam et Ève ne l’introduisirent jamais dans leur menu régulier. Adamson, Èveson et tous les enfants de la première génération du premier jardin ne devinrent pas non plus des mangeurs de viande. 76:3.8 Les Adamites dépassaient considérablement les peuplades environnantes en accomplissements culturels et en développement intellectuel. Ils produisirent le troisième alphabet et posèrent de nombreux fondements avant-coureurs de l’art, de la science et de la littérature modernes. Ici, dans les pays compris entre le Tigre et l’Euphrate, ils conservèrent les arts de l’écriture, du travail des métaux, de la poterie et du tissage. Ils élaborèrent un type d’architecture qui ne fut pas dépassé pendant des millénaires. 76:3.9 La vie de famille des hommes violets était idéale pour cette époque et cet âge. Les enfants étaient soumis à des cours de formation concernant l’agriculture, l’artisanat et l’élevage, ou alors on leur apprenait à remplir la triple charge d’un Séthite : être prêtre, médecin et enseignant. 76:3.10 Quand vous penserez aux prêtres séthites, ne confondez pas ces nobles professeurs de santé et de religion, ces vrais éducateurs aux pensées élevées, avec les clergés avilis et mercantiles des tribus ultérieures et des nations avoisinantes. Leurs concepts religieux de la Déité et de l’univers étaient élevés et plus ou moins exacts ; leurs règles hygiéniques étaient excellentes pour l’époque, et leurs méthodes d’éducation n’ont jamais été dépassées depuis lors. 4. La race violette 76:4.1 Adam et Ève furent les fondateurs de la race violette, la neuvième race humaine apparue sur Urantia. Adam et sa descendance avaient des yeux bleus, et les hommes de la race violette étaient caractérisés par un teint et des cheveux clairs (blonds, roux et châtains). 76:4.2 Ève accouchait sans douleur, ainsi que les femmes des races évolutionnaires primitives. Seules les femmes des races mixtes issues de l’union des races évolutionnaires avec les Nodites et, plus tard, avec les Adamites, éprouvaient de violentes douleurs à la naissance d’un enfant. 76:4.3 À l’instar de leurs semblables sur Jérusem, Adam et Ève tiraient leur énergie d’une double nutrition ; ils absorbaient à la fois de la nourriture et de la lumière, et en outre certaines énergies supraphysiques non révélées sur Urantia. Leurs descendants sur Urantia n’héritèrent pas de ce don parental d’absorption d’énergie et de circulation de la lumière. Ils avaient une circulation simple du type humain d’entretien par le sang. C’est à dessein qu’ils étaient mortels tout en ayant une longue vie, mais, à chaque génération successive, leur longévité diminuait et se rapprochait des normes humaines. 76:4.4 Adam et Ève et leurs enfants de la première génération n’utilisaient pas la chair des animaux comme nourriture. Ils subsistaient entièrement avec « les fruits des arbres ». Après la première génération, tous les descendants d’Adam commencèrent à manger des laitages, mais beaucoup d’entre eux continuèrent à suivre un régime sans viande, comme le pratiquaient de nombreuses tribus du sud avec lesquelles ils s’unirent ultérieurement. Plus tard, la plupart de ces tribus végétariennes émigrèrent vers l’est et survécurent telles qu’elles sont présentement mêlées aux peuples de l’Inde. 76:4.5 Adam et Ève avaient une vue physique et une vue spirituelle toutes deux très supérieures à celles des peuples d’aujourd’hui. Leurs sens spéciaux étaient beaucoup plus aiguisés ; ils étaient capables de voir les médians et les armées d’anges, les Melchizédeks et Caligastia, le Prince déchu qui vint plusieurs fois conférer avec son noble successeur. Pendant plus de cent ans après la défaillance, ils conservèrent leur aptitude à voir ces êtres célestes. Ces sens spéciaux étaient moins aiguisés chez leurs enfants et tendaient à diminuer avec chaque génération successive. 76:4.6 Les enfants adamiques étaient généralement habités par un Ajusteur, car ils possédaient tous une capacité indubitable de survie. Ces descendants supérieurs n’étaient pas aussi sujets à la peur que les enfants évolutionnaires. Si la peur persiste à un tel degré chez les races modernes d’Urantia, c’est parce que vos ancêtres ont reçu très peu de plasma vital d’Adam à cause de l’avortement rapide des plans d’élévation physique raciale. 76:4.7 Les cellules du corps des Fils Matériels et de leur progéniture sont beaucoup plus résistantes aux maladies que celles des êtres évolutionnaires natifs de la planète. Les cellules corporelles des races indigènes sont apparentées aux organismes vivants microscopiques, ultramicroscopiques et pathogènes du royaume. Ces faits expliquent pourquoi les peuples d’Urantia doivent fournir tant d’efforts dans la voie de la science pour résister à tant de désordres physiques. Vous résisteriez beaucoup mieux aux maladies s’il coulait dans les veines de vos races plus de sang adamique. 76:4.8 Après s’être établi dans le second jardin donnant sur l’Euphrate, Adam décida de laisser après lui le maximum possible de son plasma vital pour en faire bénéficier le monde après sa mort. C’est pourquoi Ève fut mise à la tête d’une commission de douze personnes pour l’amélioration de la race et, avant la mort d’Adam, cette commission avait choisi 1 682 femmes du type le plus évolué d’Urantia, qui furent toutes fécondées par le plasma vital adamique. À l’exception de 112, leurs enfants atteignirent tous l’âge adulte, de sorte que le monde bénéficia ainsi d’un supplément de 1 570 hommes et femmes supérieurs. Ces candidates à la maternité furent choisies dans toutes les tribus environnantes et représentaient la majorité des races de la terre, mais la plupart d’entre elles descendaient des lignées supérieures des Nodites et elles formèrent le début de la puissante race Andite. Ces enfants naquirent et furent élevés dans le milieu tribal de leurs mères respectives. 5. La mort d’Adam et d’Ève 76:5.1 Peu après l’établissement du second Éden, Adam et Ève furent dument informés que leur repentir était acceptable, qu’ils seraient cependant condamnés à subir le sort des mortels de leur monde, mais qu’ils pourraient certainement être admis aux rangs des survivants endormis d’Urantia. Ils crurent pleinement à cet évangile de résurrection et de réhabilitation que les Melchizédeks leur avaient annoncé de façon si touchante. Leur transgression avait été une erreur de jugement et non le péché d’une rébellion consciente et délibérée. 76:5.2 En tant que citoyens de Jérusem, Adam et Ève n’avaient pas d’Ajusteur de Pensée, et n’en eurent pas non plus sur Urantia durant leur séjour dans le premier jardin. Peu après leur réduction au statut mortel, ils devinrent conscients d’une nouvelle présence en eux et s’éveillèrent à la notion que le statut humain, accompagné d’un repentir sincère, avaient rendu possible à des Ajusteurs de les habiter. Le fait de savoir qu’ils étaient habités par un Ajusteur encouragea grandement Adam et Ève durant tout le reste de leur vie. Ils savaient qu’ils avaient échoué comme Fils et Fille Matériels de Satania, mais ils savaient aussi que la carrière du Paradis leur restait ouverte en tant que fils ascendeurs de l’univers. 76:5.3 Adam connaissait la résurrection dispensationnelle qui avait eu lieu simultanément avec son arrivée sur la planète, et il croyait que lui et sa compagne seraient probablement repersonnalisés en relation avec l’arrivée de l’ordre suivant de filiation. Il ne savait pas que Micaël, souverain de cet univers, devait bientôt apparaitre sur Urantia. Il s’attendait à ce que le prochain Fils à venir fût de l’ordre des Avonals. Même ainsi, ce fut toujours un réconfort pour Adam et Ève de méditer l’unique message personnel qu’ils reçurent jamais de Micaël, bien qu’il représentât pour eux quelque chose de difficile à comprendre. Parmi d’autres expressions d’amitié et de réconfort, ce message disait : « J’ai pris en considération les circonstances de votre défaillance. Je me suis rappelé le désir de votre cœur d’être toujours fidèles à la volonté de mon Père. Vous serez rappelés de l’étreinte du sommeil mortel quand je viendrai sur Urantia, si les Fils subordonnés de mon royaume ne vous envoient pas chercher auparavant. » 76:5.4 Ce fut un grand mystère pour Adam et Ève. Ils pouvaient comprendre, dans ce message, la promesse voilée de la possibilité d’une résurrection spéciale, ce qui les encouragea grandement, mais ils ne pouvaient saisir ce que signifiait l’allusion selon laquelle ils pourraient reposer jusqu’à l’époque d’une résurrection associée à l’apparition personnelle de Micaël sur Urantia. Le couple édénique proclama donc toujours qu’un Fils de Dieu viendrait un jour. Ils communiquèrent à ceux qu’ils aimaient la croyance, ou au moins l’espoir ardent, que le monde de leurs erreurs et de leurs chagrins pourrait être le royaume où le souverain de cet univers déciderait d’agir comme Fils d’effusion du Paradis. Cela semblait trop beau pour être vrai, mais Adam garda néanmoins l’idée qu’Urantia déchirée de luttes pourrait, après tout, devenir le monde le plus heureux du système de Satania et la planète la plus enviée de tout Nébadon. 76:5.5 Adam vécut 530 ans ; il mourut de ce que l’on peut appeler vieillesse. Son mécanisme physique finit simplement par s’user ; le processus de désagrégation gagna progressivement sur le processus de réparation, et la fin inévitable arriva. Ève était morte dix-neuf ans auparavant d’une faiblesse du cœur. Ils furent tous deux enterrés au centre du temple de service divin qui avait été construit selon leurs plans, peu après que la muraille de la colonie eut été achevée. Ce fut l’origine de la coutume d’enterrer les pieux notables, hommes et femmes, sous le dallage des lieux de culte. 76:5.6 Sous la direction des Melchizédeks, le gouvernement supramatériel d’Urantia continua, mais le contact physique direct avec les races évolutionnaires avait été rompu. Depuis les temps lointains de l’arrivée de l’état-major corporel du Prince Planétaire, en passant par l’époque de Van et d’Amadon, et jusqu’à l’arrivée d’Adam et d’Ève, des représentants physiques du gouvernement de l’univers avaient toujours été stationnés sur la planète. Mais, avec la faute adamique, ce régime prit fin après avoir duré plus de 450.000 ans. Dans les sphères spirituelles, des aides angéliques continuèrent à lutter en conjonction avec les Ajusteurs de Pensée, les deux groupes travaillant héroïquement à sauver l’individu ; mais nul plan détaillé et complet pour le bien-être du monde à longue échéance ne fut promulgué aux mortels de la terre avant l’arrivée de Machiventa Melchizédek, à l’époque d’Abraham. Avec le pouvoir, la patience et l’autorité d’un Fils de Dieu, celui-ci posa les fondements d’un nouveau relèvement et d’une réhabilitation spirituelle de la malheureuse Urantia. 76:5.7 L’infortune n’a cependant pas été le seul lot d’Urantia ; cette planète a aussi été la plus heureuse dans l’univers local de Nébadon. Les erreurs des ancêtres des Urantiens et les fautes des premiers dirigeants de ce monde ont plongé la planète dans un état de confusion désespéré encore intensifié par le mal et le péché. Les Urantiens doivent estimer entièrement bénéfique que cet arrière-plan même de ténèbres ait si fortement attiré l’attention de Micaël de Nébadon qu’il choisit cette planète comme cadre pour y révéler la personnalité aimante du Père qui est aux cieux. Ce n’est pas parce qu’Urantia avait besoin d’un Fils Créateur pour remettre en ordre ses affaires embrouillées ; c’est plutôt parce que le mal et le péché sur Urantia offraient au Fils Créateur un arrière-plan plus frappant pour révéler l’amour, la miséricorde et la patience incomparables du Père du Paradis. 6. La survie d’Adam et d'Ève 76:6.1 Adam et Ève entrèrent dans leur repos mortel avec une foi solide dans les assurances des Melchizédeks. Ceux-ci leur avaient promis qu’ils s’éveilleraient un jour du sommeil de la mort pour recommencer à vivre sur les mondes des maisons, mondes qui leur étaient si familiers avant leur mission dans la chair physique de la race violette sur Urantia. 76:6.2 Ils ne restèrent pas longtemps dans l’oubli du sommeil inconscient des mortels du royaume. Le troisième jour après la mort d’Adam, le surlendemain de son respectueux enterrement, Lanaforge prescrivit un appel nominal spécial des remarquables survivants de la défaillance adamique sur Urantia. Ses ordres, confirmés par le Très Haut d’Édentia en fonction et ratifiés par l’Union des Jours de Salvington agissant au nom de Micaël, furent remis à Gabriel. En conformité avec ce commandement de résurrection spéciale portant le numéro 26 de la série d’Urantia, Adam et Ève furent repersonnalisés et reconstitués dans la salle de résurrection des mondes des maisons de Satania en même temps que 1 316 de leurs compagnons de l’expérience du premier jardin. De nombreuses autres âmes loyales avaient déjà été transférées au moment de l’arrivée d’Adam sur Urantia, laquelle fut accompagnée d’un jugement dispensationnel des survivants endormis et des ascendeurs vivants qualifiés. 76:6.3 Adam et Ève passèrent rapidement par les mondes d’ascension progressive jusqu’à obtenir la citoyenneté de Jérusem. Ils redevenaient ainsi résidants de leur planète d’origine, mais cette fois-ci comme membres d’un ordre différent de personnalités de l’univers. Ils avaient quitté Jérusem comme citoyens permanents – Fils de Dieu ; ils y revenaient comme citoyens ascendants – fils de l’homme. Ils furent immédiatement attachés au service d’Urantia sur la capitale systémique, et furent, plus tard, nommés membres du conseil des vingt-quatre qui constitue présentement le corps de contrôle consultatif d’Urantia. 76:6.4 Ainsi se termine l’histoire de l’Adam et de l’Ève Planétaires d’Urantia, une histoire d’épreuves, de tragédie et de triomphe, au moins de triomphe personnel pour votre Fils et votre Fille Matériels bien intentionnés mais induits en erreur. À la fin, ce sera indubitablement aussi une histoire de triomphe ultime pour leur monde et ses habitants ballottés par la rébellion et assaillis par le mal. En résumé, Adam et Ève ont puissamment contribué à accélérer la civilisation et le progrès biologique de la race humaine. Ils laissèrent sur terre une grande culture, mais cette civilisation était trop avancée pour pouvoir survivre devant la dilution prématurée et le naufrage final de l’héritage d’Adam. Ce sont les peuples qui font une civilisation ; la civilisation ne fait pas les peuples. 76:6.5 [Présenté par Solonia, « la voix séraphique dans le Jardin ».] Fascicule 77. Les créatures médianes 77:0.1 La plupart des mondes habités de Nébadon hébergent un ou plusieurs groupes d’êtres exceptionnels existant sur un niveau de fonctionnement vital situé à peu près à mi-chemin entre celui des mortels du royaume et celui des ordres angéliques, d’où leur nom de créatures médianes. Elles paraissent être un accident du temps, mais sont si répandues et apportent une aide si précieuse que nous les avons acceptées depuis longtemps comme l’un des ordres essentiels de notre ministère planétaire conjugué. 77:0.2 Deux ordres distincts de médians opèrent sur Urantia : le corps primaire, ou doyen, qui vint à l’existence aux jours lointains de Dalamatia, et le groupe secondaire, ou plus jeune, qui date de l’époque d’Adam. 1. Les médians primaires 77:1.1 Les médians primaires ont leur genèse dans une interassociation unique du matériel et du spirituel sur Urantia. Sur d’autres mondes et dans d’autres systèmes, nous savons qu’il existe des créatures similaires, mais elles ont pris naissance par des techniques dissemblables. 77:1.2 Il est bon de toujours se rappeler que les effusions successives des Fils de Dieu sur une planète en évolution produisent des changements notables dans l’économie spirituelle du royaume. Elles modifient parfois le jeu de l’interassociation des agents matériels et des agents spirituels sur une planète au point de créer des situations vraiment difficiles à comprendre. Le statut des cent membres corporels de l’état-major du Prince Caligastia illustre précisément une interassociation exceptionnelle de cette sorte. En tant que citoyens morontiels ascendants de Jérusem, ils étaient des créatures supramatérielles sans prérogative de reproduction. En tant que ministres planétaires descendant sur Urantia, ils étaient des créatures matérielles sexuées capables de procréer une descendance matérielle (comme quelques-uns le firent plus tard). Ce que nous ne pouvons expliquer d’une manière satisfaisante, c’est la manière dont ces cent personnes ont pu jouer le rôle de parents sur un niveau supramatériel, et pourtant c’est exactement ce qui advint. Une liaison supramatérielle (non sexuelle) entre un membre du sexe masculin et un membre du sexe féminin de l’état-major corporel du Prince se traduisit par l’apparition du premier-né des médians primaires. 77:1.3 On s’aperçut immédiatement qu’une créature de cet ordre, à mi-chemin entre le niveau humain et le niveau angélique, rendrait de grands services en s’occupant des affaires du quartier général du Prince. En conséquence, chaque couple de l’état-major corporel reçut l’autorisation de créer un être similaire. Le résultat de cet effort fut le premier groupe de cinquante créatures médianes. 77:1.4 Après avoir observé, pendant une année, le travail de ce groupe unique, le Prince Planétaire autorisa la reproduction des médians sans restriction. Ce plan fut exécuté tant que le pouvoir de création subsista, et c’est ainsi que le corps originel de 50 000 médians prit naissance. 77:1.5 Une période de six mois intervenait entre la production des médians successifs et, lorsque mille de ces êtres furent nés de chaque couple, il n’en naquit plus jamais aucun. Et nous ne disposons d’aucune explication quant à la raison pour laquelle ce pouvoir fut épuisé à l’apparition du millième descendant direct. Toutes les expérimentations ultérieures n’aboutirent qu’à des échecs. 77:1.6 Ces créatures constituèrent le corps des renseignements de l’administration du Prince. Elles se répandirent en tous lieux, observant et étudiant les races du monde, et rendant d’autres services inestimables au Prince et à son état-major dans le travail consistant à influencer la société humaine éloignée du quartier général planétaire. 77:1.7 Ce régime dura jusqu’aux jours tragiques de la rébellion planétaire qui prit au piège un peu plus des quatre cinquièmes des médians primaires. Le corps loyal entra au service des administrateurs provisoires Melchizédeks et opéra sous le commandement nominal de Van jusqu’à l’époque d’Adam. 2. La race nodite 77:2.1 Bien que nous relations ici l’origine, la nature et les fonctions des créatures médianes d’Urantia, la parenté entre les deux ordres – primaire et secondaire – rend nécessaire d’interrompre l’histoire des médians primaires afin de suivre la descendance des membres rebelles de l’état-major corporel du Prince Caligastia depuis la rébellion planétaire jusqu’à l’époque d’Adam. Ce fut cette lignée héréditaire qui, aux premiers temps du second jardin, fournit la moitié des ancêtres de l’ordre secondaire des créatures médianes. 77:2.2 Les membres corporels de l’état-major du Prince avaient été matérialisés sous forme de créatures sexuées en vue de participer au plan de procréation d’une descendance incorporant les qualités conjuguées de leur ordre spécial, unies à celles des souches sélectionnées des tribus d’Andon ; tout ceci était destiné à anticiper sur l’apparition ultérieure d’Adam. Les Porteurs de Vie avaient projeté la naissance d’un nouveau type de mortels englobant l’union des descendants conjoints de l’état-major du Prince avec la première génération des enfants d’Adam et d’Ève. Ils avaient donc mis sur pied un plan envisageant un nouvel ordre de créatures planétaires, dont ils espéraient qu’elles seraient les dirigeants-instructeurs de la société humaine. Ces êtres étaient destinés à la souveraineté sociale, et non à la souveraineté civile. Mais, puisque ce projet avorta à peu près complètement, nous ne connaitrons jamais de quelle aristocratie de dirigeants bienveillants, ni de quelle culture incomparable Urantia fut privée. En effet, lorsque les membres de l’état-major corporel se reproduisirent ultérieurement, ce fut à la suite de la rébellion et après qu’ils eurent été privés de leur liaison avec les courants vitaux du système. 77:2.3 L’ère postérieure à la rébellion sur Urantia vit se produire bien des évènements inhabituels. Une grande civilisation – la culture de Dalamatia – se disloquait. « Les Nephilims (Nodites) étaient sur la terre en ces temps-là et, lorsque ces fils des dieux allèrent vers les filles des hommes et qu’elles conçurent d’eux, leurs enfants furent les puissants hommes de jadis, les hommes de renom. » Bien qu’ils ne fussent guère « fils des dieux », les membres de l’état-major et leurs premiers descendants étaient considérés comme tels par les mortels évolutionnaires de ces temps lointains ; la tradition en vint même à magnifier leur stature. Telle est donc l’origine du conte folklorique à peu près universel des dieux qui descendirent sur terre et s’y allièrent avec les filles des hommes pour engendrer une ancienne race de héros. Toute cette légende devint encore plus confuse avec les mélanges raciaux des Adamites qui naquirent ultérieurement dans le second jardin. 77:2.4 Les cent membres corporels de l’état-major du Prince portaient le plasma germinatif des lignées humaines andoniques. S’ils s’engageaient dans la reproduction sexuée, on pouvait donc naturellement s’attendre à ce que leur progéniture ressemblât tout à fait à celle d’autres parents andonites. Mais, quand les soixante rebelles de l’état-major, les partisans de Nod, s’adonnèrent effectivement à la reproduction sexuée, leurs enfants se révélèrent de loin supérieurs, dans presque tous les domaines, aux peuplades andonites aussi bien qu’aux peuplades Sangiks. Cette excellence inattendue ne concernait pas seulement leurs qualités physiques et intellectuelles, mais aussi leurs capacités spirituelles. 77:2.5 Ces caractères mutants apparus dans la première génération nodite résultaient de certains changements opérés dans la configuration et les constituants chimiques des facteurs héréditaires du plasma germinatif andonique. Ces modifications furent causées par la présence, dans le corps des membres de l’état-major, des puissants circuits d’entretien de la vie du système de Satania. Ces circuits vitaux amenèrent les chromosomes du modèle spécialisé d’Urantia à se rapprocher davantage de la spécialisation normalisée pour Satania des manifestations vitales fixées pour Nébadon. La technique de cette métamorphose du plasma germinatif, par l’action des courants vitaux systémiques, présente certaines analogies avec les procédés par lesquels les savants d’Urantia modifient le plasma germinatif des plantes et des animaux par l’emploi des rayons X. 77:2.6 C’est ainsi que les peuples nodites naquirent de certaines modifications particulières et inattendues se produisant dans le plasma vital que les chirurgiens d’Avalon avaient transféré des corps des contributeurs andonites à ceux des membres de l’état-major corporel. 77:2.7 On se rappelle que les cent Andonites ayant contribué à fournir ce plasma germinatif furent, à leur tour, mis en possession du complément organique de l’arbre de vie, de sorte que les courants vitaux de Satania se répandirent également dans leur corps. Les quarante-quatre Andonites modifiés qui suivirent l’état-major dans la rébellion s’unirent aussi entre eux et apportèrent une grande contribution aux meilleures souches des peuplades nodites. 77:2.8 Ces deux groupes, embrassant 104 individus porteurs de plasma germinatif andonite modifié, constituent les ancêtres des Nodites, la huitième race apparue sur Urantia. Cette nouvelle caractéristique de la vie humaine sur Urantia représente une autre phase de l’exécution du plan originel consistant à utiliser cette planète comme monde à vie modifiée, mais il s’agissait d’un développement inattendu de ce plan. 77:2.9 Les Nodites de sang pur étaient une race magnifique, mais ils se mêlèrent graduellement aux peuples évolutionnaires de la terre, de sorte qu’une grande dégénérescence ne tarda pas à se produire. Dix-mille ans après la rébellion, ils avaient rétrogradé au point que la durée moyenne de leur vie ne dépassait guère celle des races évolutionnaires. 77:2.10 Quand les archéologues déterrent les tablettes d’argile relatant l’histoire des plus tardifs Sumériens descendant des Nodites, ils découvrent des listes de rois sumériens remontant à plusieurs millénaires. À mesure que ces archives remontent plus loin dans le passé, la durée du règne des rois antérieurs s’accroit de vingt-cinq ou trente ans jusqu’à cent-cinquante ans et davantage. Cet allongement de la durée du règne des anciens rois signifie que certains des premiers chefs nodites (descendants immédiats des membres de l’état-major du Prince) vivaient effectivement plus longtemps que leurs successeurs. Les tablettes dénotent aussi un effort pour faire remonter les dynasties jusqu’à l’époque de Dalamatia. 77:2.11 Les longévités relatées dans les annales de ces personnages sont dues également à une confusion entre les mois et les années comme unités de temps. On peut faire la même remarque dans la généalogie biblique d’Abraham et dans les archives primitives des Chinois. La confusion entre le mois, ou période de 28 jours, et l’année de plus de 350 jours introduite plus tard est responsable de la tradition de ces longues vies humaines. On cite le cas d’un homme qui vécut plus de neuf-cents « ans ». Cette durée ne représente pas tout à fait soixante-dix de nos années ; pendant des âges, elle fut considérée comme très longue, et désignée plus tard par « trois vingtaines et dix ». 77:2.12 Le calcul du temps par mois de vingt-huit jours persista bien après l’époque d’Adam. Mais, quand les Égyptiens entreprirent de réformer le calendrier, il y a environ sept-mille ans, ils le firent avec une grande précision et introduisirent l’année de 365 jours. 3. La tour de Babel 77:3.1 Après l’engloutissement de Dalamatia, les Nodites se dirigèrent vers le nord et l’est, et fondèrent bientôt la ville de Dilmun, qui devint leur nouveau quartier général racial et culturel. Environ cinquante-mille ans après la mort de Nod, les descendants de l’état-major du Prince devinrent trop nombreux pour trouver leur subsistance dans les terres du voisinage immédiat de leur nouvelle ville de Dilmun. Après qu’ils eurent étendu leurs contacts vers l’extérieur pour se marier avec des membres des tribus andonites et Sangiks limitrophes de leurs frontières, leurs chefs comprirent qu’il fallait faire quelque chose pour préserver leur unité raciale. En conséquence, ils convoquèrent un conseil des tribus qui, après bien des délibérations, adopta le plan de Bablot, un descendant de Nod. 77:3.2 Bablot proposait d’ériger un temple prétentieux de glorification raciale au centre du territoire alors occupé par les Nodites. Ce temple devait avoir une tour dont le monde n’aurait jamais vu l’équivalent. Il était destiné à être un mémorial monumental en souvenir de leur grandeur qui s’amenuisait avec le temps. Un bon nombre des descendants de Nod aurait voulu que ce monument fût érigé à Dilmun, mais d’autres soutenaient qu’un édifice aussi considérable devait être situé à bonne distance des dangers de la mer ; ils se souvenaient des traditions de l’engloutissement de Dalamatia, leur première capitale. 77:3.3 Bablot prévoyait que les nouveaux bâtiments allaient devenir le noyau du futur centre de la culture et de la civilisation nodites. Son avis finit par prévaloir, et l’on commença la construction conformément à ses plans. La nouvelle ville devait porter le nom de Bablot, architecte et bâtisseur de la tour. Le site porta plus tard le nom de Bablod, et finalement celui de Babel. 77:3.4 Mais les Nodites restaient quelque peu divisés dans leurs sentiments au sujet des plans et des buts de cette entreprise. Leurs dirigeants n’étaient pas non plus entièrement d’accord sur les plans de construction ni sur l’utilisation des bâtiments lors de leur achèvement. Après quatre ans et demi de travail, une grande dispute s’éleva sur l’objet et le motif de la construction de la tour. Le différend s’envenima tellement que tout travail fut interrompu. Les porteurs de vivres répandirent la nouvelle de la dissension, et un grand nombre de tribus commencèrent à se rassembler au site de la construction. Trois points de vue s’affrontaient sur les motifs de bâtir la tour : 77:3.5 1. Le groupe le plus nombreux, environ la moitié, désirait voir construire la tour comme monument commémoratif de l’histoire et de la supériorité raciale des Nodites. Il estimait qu’elle devait être un grand et imposant bâtiment suscitant l’admiration de toutes les générations futures. 77:3.6 2. La fraction suivante par ordre d’importance voulait que la tour fût destinée à commémorer la culture de Dilmun. Ses partisans prévoyaient que Bablot deviendrait un grand centre de commerce, d’art et de manufacture. 77:3.7 3. Le contingent le plus faible et minoritaire estimait que l’érection de la tour offrait une occasion de réparer la folie des ancêtres qui avaient participé à la rébellion de Caligastia. Ses partisans soutenaient que la tour devait être consacrée à l’adoration du Père de tous, et que toute la raison d’être de la nouvelle ville devait consister à remplacer Dalamatia – à fonctionner comme centre culturel et religieux pour les barbares des environs. 77:3.8 Le groupe religieux fut rapidement battu aux voix. La majorité rejeta la notion que ses ancêtres avaient été coupables de rébellion ; elle s’irritait de ce stigmate racial. Ayant éliminé l’un des trois facteurs de la dispute, et faute de régler les deux autres par des débats, les Nodites eurent recours à la bataille. Les religieux, les non-combattants, s’enfuirent chez eux vers le sud, tandis que leurs compagnons se battirent jusqu’à ce qu’ils fussent à peu près complètement exterminés. 77:3.9 Il y a environ douze-mille ans, une seconde tentative fut faite pour construire la tour de Babel. Les races mêlées des Andites (Nodites et Adamites) entreprirent d’élever un nouveau temple sur les ruines du premier édifice, mais le projet ne recueillit pas de soutiens suffisants ; il succomba sous le poids de sa propre prétention. Cette région fut longtemps appelée le pays de Babel. 4. Les centres de civilisation nodites 77:4.1 La dispersion des Nodites fut une conséquence immédiate du conflit interne au sujet de la tour de Babel. Cette guerre intestine réduisit considérablement le nombre des Nodites du sang le plus pur et porta, sous beaucoup de rapports, la responsabilité de leur échec dans l’établissement d’une grande civilisation préadamique. À partir de cette date, la culture nodite déclina pendant plus de cent-vingt-mille ans jusqu’à ce qu’elle fut relevée par une infusion de sang adamique. Mais, même à l’époque d’Adam, les Nodites étaient encore un peuple capable. Nombre de leurs descendants de sang mêlé comptèrent parmi les bâtisseurs du Jardin, et plusieurs capitaines des groupes de Van étaient des Nodites. Certains des penseurs les plus qualifiés de l’état-major d’Adam appartenaient à cette race. 77:4.2 Trois sur quatre des grands centres nodites furent établis immédiatement après le conflit de Bablot : 77:4.3 1. Les Nodites occidentaux ou syriens. Les survivants du groupe nationaliste, les partisans du mémorial racial, se dirigèrent vers le nord et s’unirent avec les Andonites pour fonder les centres nodites ultérieurs du Nord-Ouest de la Mésopotamie. Ils formaient le groupe le plus nombreux des Nodites en voie de dispersion et contribuèrent beaucoup à l’apparition de la souche assyrienne. 77:4.4 2. Les Nodites orientaux ou élamites. Les partisans de la culture et du commerce émigrèrent en grand nombre vers l’est dans Élam, et s’y unirent avec les tribus Sangiks mêlées. Les Élamites d’il y a trente ou quarante-mille ans avaient largement acquis la nature Sangik, tout en continuant à entretenir une civilisation supérieure à celle des barbares environnants. 77:4.5 Après l’établissement du second jardin, on prit l’habitude d’appeler « terre de Nod » cette proche colonie nodite. Pendant la longue période de paix relative entre ce groupe nodite et les Adamites, les deux races se croisèrent largement, car les Fils de Dieu (les Adamites) prirent de plus en plus l’habitude d’épouser les filles des hommes (les Nodites). 77:4.6 3. Les Nodites centraux ou présumériens. Un petit groupe, à l’embouchure du Tigre et de l’Euphrate, conserva mieux son intégrité raciale. Il subsista pendant des millénaires et fournit, en fin de compte, les ancêtres nodites qui se mêlèrent aux Adamites pour fonder les peuples sumériens des temps historiques. 77:4.7 Tout ceci explique comment les Sumériens apparurent si soudainement et si mystérieusement sur la scène d’action en Mésopotamie. Les chercheurs ne pourront jamais retrouver la trace de ces tribus et la remonter jusqu’à l’origine des Sumériens qui se situe il y a deux-cent-mille ans après l’engloutissement de Dalamatia. Sans avoir de traces d’origine ailleurs dans le monde, ces anciennes tribus se silhouettent soudain sur l’horizon de la civilisation avec une culture adulte et supérieure comprenant des temples, le travail des métaux, l’agriculture, l’élevage, la poterie, le tissage, des lois commerciales, un code civil, un cérémonial religieux et un ancien système d’écriture. Au commencement de l’ère historique, elles avaient perdu depuis longtemps l’alphabet de Dalamatia et adopté l’écriture particulière provenant de Dilmun. Bien que pratiquement perdu pour le monde, le langage sumérien n’était pas sémitique ; il avait de nombreux éléments communs avec les langues dites aryennes. 77:4.8 Les documents détaillés laissés par les Sumériens décrivent le site d’une colonie remarquable située sur le golfe Persique près de l’ancienne ville de Dilmun. Les Égyptiens appelaient Dilmat cette ville de gloire ancienne, tandis que, plus tard, les Sumériens adamisés confondirent à la fois la première et la deuxième ville nodite avec Dalamatia, et désignèrent les trois sous le nom de Dilmun. Des archéologues ont déjà trouvé d’anciennes tablettes sumériennes d’argile qui parlent de ce paradis terrestre « où les Dieux bénirent, pour la première fois, l’humanité par l’exemple d’une vie civilisée et cultivée ». Ces tablettes, qui décrivent Dilmun, le paradis des hommes et de Dieu, reposent maintenant dans le silence des galeries poussiéreuses de nombreux musées. 77:4.9 Les Sumériens connaissaient bien le premier et le second Éden, mais, malgré le grand nombre de leurs mariages avec les Adamites, ils continuèrent à considérer les habitants du jardin du nord comme une race étrangère. Orgueilleux de la culture nodite plus ancienne, les Sumériens dédaignèrent ces nouvelles perspectives de gloire en faveur de la grandeur et des traditions paradisiaques de la ville de Dilmun. 77:4.10 4. Les Nodites et Amadonites du nord – les Vanites. Ce groupe avait surgi avant le conflit de Bablot. Ces Nodites les plus septentrionaux descendaient de ceux qui avaient cessé d’obéir à Nod et à ses successeurs pour se rallier à Van et à Amadon. 77:4.11 Quelques-uns des premiers associés de Van s’installèrent, par la suite, près des rives du lac qui porte encore son nom, et leurs traditions naquirent autour de cet endroit. Le mont Ararat devint leur montagne sacrée et prit, pour les Vanites des temps ultérieurs, une signification très analogue à celle du mont Sinaï pour les Hébreux. Il y a dix-mille ans, les Vanites ancêtres des Assyriens enseignaient que leur loi morale de sept commandements avait été donnée à Van par les Dieux sur le mont Ararat. Ils croyaient fermement que Van et son associé Amadon avaient été enlevés vivants de la planète pendant qu’ils se livraient à l’adoration au sommet de la montagne. 77:4.12 Le mont Ararat était la montagne sainte de la Mésopotamie du Nord et, comme une grande partie de vos traditions de ces anciens temps fut acquise en liaison avec l’histoire babylonienne du déluge, il n’est pas surprenant que le mont Ararat et sa région aient été imbriqués ultérieurement dans l’histoire juive de Noé et du déluge universel. 77:4.13 Environ 35 000 ans av. J.-C., Adamson visita l’un des centres les plus orientaux des anciennes colonies vanites pour y fonder son centre de civilisation. 5. Adamson et Ratta 77:5.1 Après avoir tracé les antécédents nodites des ancêtres des médians secondaires, nous devons maintenant tourner notre attention vers la moitié adamique de leurs ancêtres, car les médians secondaires sont également les petits-enfants d’Adamson, le premier-né de la race violette sur Urantia. 77:5.2 Adamson figurait dans le groupe des enfants d’Adam et d’Ève qui choisirent de rester sur terre avec leurs parents. Or le fils ainé d’Adam avait souvent entendu Van et Amadon raconter l’histoire de leur foyer dans les hautes terres du nord et, quelque temps après l’établissement du second jardin, il décida de partir à la recherche de ce pays des rêves de sa jeunesse. 77:5.3 Adamson avait alors 120 ans et avait été le père de trente-deux enfants de pur sang violet dans le premier jardin. Il voulait rester avec ses parents et les aider à établir le second jardin, mais il était profondément troublé par la perte de sa compagne et de leurs enfants, qui avaient tous choisi d’aller sur Édentia avec les autres enfants adamiques ayant préféré devenir pupilles des Très Hauts. 77:5.4 Adamson ne voulait pas abandonner ses parents sur Urantia et n’était pas enclin à fuir les épreuves et les dangers, mais il trouva que l’ambiance du second jardin était fort peu satisfaisante. Il contribua beaucoup aux activités initiales de défense et de construction, mais décida de partir pour le nord à la première occasion. Bien que son départ eût été fort amical, Adam et Ève furent très peinés de perdre leur fils ainé, de le voir se lancer dans un monde étranger et hostile d’où ils craignaient qu’il ne revînt jamais. 77:5.5 Une troupe de vingt-sept compagnons suivit Adamson vers le nord à la recherche des peuplades de son imagination d’enfance. Au bout d’un peu plus de trois ans, le groupe d’Adamson trouva réellement l’objet de son aventure et, parmi ces peuplades, Adamson découvrit une merveilleuse et belle jeune femme de vingt ans, qui se disait être la dernière descendante de sang pur de l’état-major du Prince. Cette femme, nommée Ratta, dit que ses ancêtres descendaient tous de deux membres de l’état-major déchu du Prince. Elle était la dernière de sa race et n’avait ni frères ni sœurs vivants. Elle avait à peu près décidé de ne pas se marier et de mourir sans laisser de postérité, mais elle tomba amoureuse du majestueux Adamson. Après avoir entendu l’histoire d’Éden et la manière dont les prédictions de Van et d’Amadon s’étaient effectivement réalisées, puis en écoutant le récit de la défaillance du Jardin, elle n’eut plus qu’une seule idée – épouser ce fils et héritier d’Adam. L’idée gagna rapidement Adamson et, au bout de trois mois et quelques jours, ils se marièrent. 77:5.6 Adamson et Ratta eurent une famille de soixante-sept enfants. Ils donnèrent naissance à une grande lignée de dirigeants du monde, mais firent quelque chose de plus. Rappelons que ces deux êtres étaient réellement suprahumains. Chaque fois qu’ils avaient quatre nouveaux enfants, le quatrième était d’un ordre exceptionnel. Il était souvent invisible. Jamais, dans l’histoire de la planète, une telle chose ne s’était produite. Ratta en fut profondément troublée – et devint même superstitieuse – mais Adamson connaissait bien l’existence des médians primaires et conclut qu’il se passait une chose semblable sous ses yeux. Quand vint au monde le deuxième descendant de cet ordre au comportement étrange, il décida de lui faire épouser le premier, car l’un était un garçon et l’autre une fille ; ce fut l’origine de l’ordre secondaire des médians. Presque deux-mille d’entre eux furent amenés à l’existence en moins d’un siècle avant que ce phénomène ne prît fin. 77:5.7 Adamson vécut 396 ans. Il retourna maintes fois visiter son père et sa mère. Tous les sept ans, il partait avec Ratta vers le sud pour se rendre dans le second jardin et, entretemps, les médians le tenaient au courant de ce qui concernait le bienêtre de son peuple. Durant la vie d’Adamson, ils rendirent grand service en bâtissant un centre mondial nouveau et indépendant de vérité et de droiture. 77:5.8 Durant toute leur longue vie, Adamson et Ratta eurent ainsi à leur disposition ce corps d’assistants merveilleux, qui travaillèrent avec eux à propager la vérité supérieure et à répandre des normes élevées de vie spirituelle, intellectuelle et physique. Le résultat de cet effort pour améliorer le monde ne fut jamais entièrement effacé par les régressions ultérieures. 77:5.9 Les Adamsonites entretinrent une haute culture pendant près de sept-mille ans à partir de l’époque d’Adamson et de Ratta. Plus tard, ils se mêlèrent aux Nodites et aux Andonites du voisinage et furent également inclus parmi les « puissants hommes de jadis ». Certains progrès de cet âge subsistèrent et devinrent une partie latente du potentiel culturel qui s’épanouit plus tard sous l’aspect de la civilisation européenne. 77:5.10 Ce centre de civilisation était situé dans la région à l’est de l’extrémité Sud de la mer Caspienne, près du Kopet Dagh. À faible hauteur sur les contreforts du Turkestan, se trouvent les vestiges de ce qui fut jadis le quartier général adamsonite de la race violette. Dans ces sites des hautes terres situés dans une ancienne et étroite ceinture fertile au pied des contreforts de la chaine du Kopet, quatre civilisations différentes, entretenues par quatre groupes distincts de descendants d’Adamson, virent le jour à des périodes diverses. Ce fut le second de ces groupes qui émigra vers l’ouest en Grèce et dans les iles de la Méditerranée. Le reste des descendants d’Adamson émigra vers le nord et l’ouest pour pénétrer en Europe avec les races mixtes de la dernière vague des Andites sortant de Mésopotamie. Ils comptèrent aussi parmi les envahisseurs andites-aryens de l’Inde. 6. Les médians secondaires 77:6.1 Alors que les médians primaires ont eu une origine presque suprahumaine, ceux de l’ordre secondaire sont les descendants de la pure souche d’Adam unie à une descendance humanisée d’ancêtres communs à ceux du corps primaire. 77:6.2 Parmi les enfants d’Adamson, il y eut exactement seize de ces étranges procréateurs des médians secondaires. Ces enfants exceptionnels étaient également divisés entre les deux sexes, et chaque couple était capable de produire un médian secondaire tous les soixante-dix jours par une technique conjuguée de liaison sexuelle et non sexuelle. Un tel phénomène n’avait jamais été possible sur terre avant cette époque et ne s’est jamais reproduit depuis lors. 77:6.3 Ces seize enfants vécurent et moururent comme des mortels du royaume (exception faite de leurs traits particuliers), mais leurs descendants, stimulés électriquement, vivent indéfiniment sans être soumis aux limitations de la chair mortelle. 77:6.4 Chacun des huit couples donna finalement naissance à 248 médians, et c’est ainsi que fut constitué le corps secondaire originel de 1 984 membres. Il y a huit sous-groupes de médians secondaires ; ceux du premier groupe sont appelés A-B-C le premier, le deuxième, le troisième, etc. ; ceux du second groupe D-E-F le premier, le deuxième, le troisième, etc. ; et ainsi de suite pour les autres groupes. 77:6.5 Après la faute d’Adam, les médians primaires retournèrent au service des administrateurs provisoires Melchizédeks ; alors que le groupe secondaire resta attaché au centre d’Adamson jusqu’à la mort de ce dernier. Trente-trois de ces médians secondaires, les chefs de leur organisation à la mort d’Adamson, essayèrent d’entrainer l’ordre tout entier au service des Melchizédeks et d’effectuer ainsi une liaison avec le corps primaire. N’ayant pas réussi à accomplir leur projet, ils abandonnèrent leurs compagnons et passèrent en bloc au service des administrateurs provisoires planétaires. 77:6.6 Après la mort d’Adamson, le reste des médians secondaires exerça une étrange influence inorganisée et sans attaches sur Urantia. À partir de ce moment-là, et jusqu’à l’époque de Machiventa Melchizédek, ils menèrent une existence irrégulière et désordonnée. Ils furent partiellement repris sous contrôle par ce Melchizédek, mais restèrent une abondante source d’ennuis jusqu’aux jours de Christ Micaël. Durant son séjour sur terre, ils prirent tous des décisions définitives sur leur destinée future, et la majorité loyale s’enrôla, alors, sous la direction des médians primaires. 7. Les médians rebelles 77:7.1 La majorité des médians primaires s’adonna au péché à l’époque de la rébellion de Lucifer. Quand on fit le compte des dégâts de la rébellion planétaire, on découvrit, parmi d’autres pertes, que 40 119 médians primaires sur les 50 000 originels s’étaient ralliés à la sécession de Caligastia. 77:7.2 Le nombre initial de médians secondaires était de 1 984. Parmi eux, 873 ne se rangèrent pas sous la direction de Micaël et furent dument internés lors du jugement planétaire d’Urantia le jour de la Pentecôte. Nul ne peut prévoir l’avenir de ces créatures déchues. 77:7.3 Les deux groupes de médians rebelles sont maintenant détenus en prison en attendant le jugement final des affaires de la rébellion systémique, mais ils accomplirent beaucoup d’actes étranges sur terre avant l’inauguration de la dispensation planétaire actuelle. 77:7.4 Ces médians déloyaux étaient capables de se révéler aux yeux des mortels dans certaines circonstances, et c’était spécialement le cas pour les associés de Belzébuth, chef des médians secondaires apostats. Il ne faut cependant pas confondre ces créatures exceptionnelles avec certains chérubins et séraphins rebelles qui vécurent aussi sur terre jusqu’à l’époque de la mort et de la résurrection du Christ. Certains écrivains de l’antiquité désignaient les médians rebelles sous le nom de mauvais esprits et de démons, et les séraphins apostats sous celui de mauvais anges. 77:7.5 Sur aucun monde, les mauvais esprits ne peuvent posséder le mental d’un mortel après qu’un Fils d’effusion du Paradis y a vécu. Par contre, avant le séjour de Christ Micaël sur Urantia – avant l’arrivée universelle des Ajusteurs de Pensée et l’effusion de l’esprit du Maitre sur toute chair – ces médians rebelles étaient effectivement capables d’influencer le mental de certains mortels inférieurs et de contrôler quelque peu leurs actes. Ils y parvenaient d’une manière très analogue à celle des médians loyaux quand ceux-ci servent efficacement à préserver le contact du mental des humains membres du corps de réserve de la destinée urantien, pendant que leur Ajusteur se détache en fait de leur personnalité pour une période de contact avec des intelligences suprahumaines. 77:7.6 Il ne s’agit pas d’une simple figure de rhétorique lorsque vos annales disent : « Et ils Lui amenèrent toutes sortes de malades, ceux qui étaient possédés par des démons et ceux qui étaient lunatiques. » Jésus savait et reconnaissait la différence entre la folie et la possession démoniaque, bien que ces états fussent grandement confondus dans le mental de ses contemporains. 77:7.7 Même avant la Pentecôte, nul esprit rebelle ne pouvait dominer un mental humain normal et, depuis ce jour, même le mental faible de mortels inférieurs échappe à cette possibilité. Depuis l’arrivée de l’Esprit de Vérité, quand on prétend chasser des démons, on confond une croyance à la possession démoniaque avec l’hystérie, la folie et la débilité mentale. L’effusion de Micaël a définitivement libéré tout mental humain sur Urantia du risque d’une possession démoniaque, mais il ne faudrait pas imaginer pour cela que ce risque n’existait pas dans les âges antérieurs. 77:7.8 Tout le groupe des médians rebelles est maintenant en prison par ordre des Très Hauts d’Édentia. Ils ne rôdent plus dans ce monde, à l’affut de méfaits à commettre. Indépendamment de la présence des Ajusteurs de Pensée, l’effusion de l’Esprit de Vérité sur toute chair a rendu pour toujours impossible aux esprits déloyaux, quelle que soit leur espèce ou leur nature, d’envahir, de nouveau, même le mental humain le plus débile. Depuis le jour de la Pentecôte, une chose telle que la possession démoniaque ne peut plus jamais exister. 8. Les médians unis 77:8.1 Au dernier jugement de ce monde, lorsque Micaël transféra les survivants endormis du temps, les créatures médianes furent laissées sur place pour aider au travail spirituel et semi-spirituel sur la planète. Ils opèrent maintenant comme un corps unique englobant les deux ordres et comptant 10 992 membres. Les Médians Unis d’Urantia sont maintenant gouvernés alternativement par le doyen de chaque ordre. Ce régime a prévalu depuis leur amalgamation en un seul groupe peu après la Pentecôte. 77:8.2 Les membres de l’ordre le plus ancien, ou primaire, sont généralement connus sous des numéros. On leur donne souvent des noms tels que 1-2-3 le premier, 4-5-6 le premier, et ainsi de suite. Sur Urantia, les médians adamiques sont désignés alphabétiquement pour les distinguer de l’appellation numérique des médians primaires. 77:8.3 Les êtres des deux ordres sont immatériels quant à la nourriture et à l’absorption d’énergie, mais ils partagent beaucoup de traits humains ; ils peuvent prendre plaisir à votre humour aussi bien que participer à votre culte. Quand ils sont attachés à des mortels, ils entrent dans l’esprit du travail, du repos et du jeu humains, mais les médians ne dorment pas et ne possèdent pas de pouvoirs de procréation. En un certain sens, ceux du groupe secondaire sont différenciés selon les lignes masculine et féminine, et l’on parle souvent d’eux comme de « lui » ou d’« elle ». Des couples de cet ordre travaillent fréquemment ensemble. 77:8.4 Les médians ne sont ni des hommes ni des anges, mais, par nature, les médians secondaires sont plus proches des hommes que des anges. Ils appartiennent d’une certaine manière à vos races, ce qui les rend très compréhensifs et compatissants dans leurs contacts avec les êtres humains. Ils apportent une aide inestimable aux séraphins dans leur travail en faveur des diverses races de l’humanité, et avec elles. Les deux ordres de médians sont indispensables aux séraphins qui servent de gardiens personnels aux mortels. 77:8.5 Les Médians Unis d’Urantia sont organisés pour servir avec les séraphins planétaires, selon leurs dons innés et leur habileté acquise, dans les quatre groupes suivants : 77:8.6 1. Les messagers médians. Ils portent des noms ; ils forment un groupe peu nombreux et apportent une grande aide sur un monde évolutionnaire pour assurer des communications personnelles rapides et sures. 77:8.7 2. Les sentinelles planétaires. Les médians sont les gardiens, les sentinelles des mondes de l’espace. Ils remplissent les importantes fonctions d’observateurs des nombreux phénomènes et types de communications qui présentent de l’intérêt pour les êtres surnaturels du royaume. Ils patrouillent le domaine spirituel invisible de la planète. 77:8.8 3. Les personnalités de contact. Les médians sont toujours employés dans l’établissement de contacts avec les êtres mortels des mondes matériels, tels que le sujet par qui les présentes communications furent transmises. Ils sont un facteur essentiel de ces liaisons entre le niveau matériel et le niveau spirituel. 77:8.9 4. Les aides du progrès. Ce sont les médians les plus spiritualisés. Ils sont répartis comme assistants auprès des divers ordres de séraphins qui opèrent en groupes spéciaux sur la planète. 77:8.10 Les médians diffèrent considérablement dans leurs aptitudes à établir des contacts avec les séraphins au-dessus d’eux et avec leurs cousins humains au-dessous d’eux. Par exemple, il est extrêmement difficile aux médians primaires d’établir un contact direct avec des agents matériels. Ils sont beaucoup plus proches des êtres du type angélique, et sont donc habituellement affectés à travailler avec les forces spirituelles présentes sur la planète et à leur apporter leur ministère. Ils agissent comme compagnons et guides des visiteurs célestes et des hôtes estudiantins, tandis que les créatures secondaires sont presque exclusivement attachées au ministère des êtres matériels du royaume. 77:8.11 Les 1 111 médians secondaires loyaux sont engagés dans d’importantes missions sur terre. Par comparaison avec leurs associés primaires, ils sont nettement matériels. Ils existent juste au-delà du champ de vision humain et possèdent une latitude d’adaptation suffisante pour établir à volonté un contact physique avec ce que les hommes appellent « des objets matériels ». Ces créatures uniques ont certains pouvoirs définis sur les choses du temps et de l’espace, y compris les animaux du royaume. 77:8.12 Beaucoup de phénomènes physiques attribués aux anges ont été accomplis par les créatures médianes secondaires. Lorsque les premiers instructeurs de l’évangile de Jésus furent jetés en prison par les ignorants chefs religieux de l’époque, un véritable « ange du Seigneur ouvrit de nuit les portes de la prison et les conduisit dehors ». Par contre, dans le cas de la délivrance de Pierre, après l’exécution de Jacques sur l’ordre d’Hérode, ce fut un médian secondaire qui accomplit le travail attribué à un ange. 77:8.13 Aujourd’hui, leur principal travail est celui d’invisibles associés de liaison personnelle des hommes et des femmes qui constituent le corps de réserve planétaire de la destinée. Ce fut l’œuvre de ce corps secondaire, habilement aidé par quelques membres du corps primaire, qui provoqua, sur Urantia, la coordination des personnalités et des circonstances, qui incita finalement les superviseurs planétaires célestes à prendre l’initiative de certaines requêtes ; celles-ci aboutirent à l’octroi des autorisations rendant possible la série de révélations dont le présent fascicule fait partie. Mais il y a lieu de préciser clairement que les créatures médianes ne sont pas impliquées dans les spectacles lamentables qui sont donnés sous le qualificatif général de « spiritisme ». Tous les médians résidant présentement sur Urantia ont un statut honorable, et aucun n’a de lien avec les phénomènes dits de « médiumnité ». En général, ils ne permettent pas aux humains d’être témoins de leurs activités physiques parfois nécessaires, ni de leurs autres contacts avec le monde matériel, tels que les sens humains les perçoivent. 9. Les citoyens permanents d’Urantia 77:9.1 Les médians peuvent être considérés comme le premier groupe d’habitants permanents rencontrés sur les diverses sortes de mondes dans les univers ; par opposition aux ascendeurs évolutionnaires tels que les créatures humaines et les armées angéliques. On rencontre de tels citoyens permanents à divers points de l’ascension vers le Paradis. 77:9.2 Contrairement aux ordres variés d’êtres célestes affectés au ministère d’une planète, les créatures médianes vivent sur un monde habité. Les séraphins viennent et s’en vont, mais les médians restent et resteront, et le fait d’être nés sur la planète ne les empêche pas d’y servir de ministres. Ils assurent l’unique régime continu qui harmonise et relie les administrations changeantes des armées séraphiques. 77:9.3 En tant que véritables citoyens d’Urantia, les médians portent un intérêt de parenté à la destinée de cette sphère. Ils forment une association résolue, travaillant avec persistance au progrès de leur planète natale. Leur détermination ressort de la devise de leur ordre : « Ce que les Médians Unis entreprennent, les Médians Unis l’accomplissent. » 77:9.4 Bien que leur aptitude à traverser les circuits énergétiques rende possible à n’importe quel médian de quitter la planète, ils se sont engagés individuellement à ne pas partir avant le jour où les autorités de l’univers les libéreront. Les médians sont fixés sur une planète jusqu’aux âges de lumière et de vie. À l’exception de 1-2-3 le premier, nul médian loyal n’est jamais parti d’Urantia. 77:9.5 1-2-3 le premier, doyen de l’ordre primaire, fut libéré de ses devoirs planétaires immédiats peu après la Pentecôte. Ce noble médian resta fermement aux côtés de Van et d’Amadon pendant les jours tragiques de la rébellion planétaire, et son commandement intrépide contribua à réduire les défections dans son ordre. Il sert à présent sur Jérusem comme membre du conseil des vingt-quatre, et il a déjà rempli une fois, depuis la Pentecôte, la fonction de gouverneur général d’Urantia. 77:9.6 Les médians sont attachés à la planète ; toutefois, de même que les mortels parlent aux voyageurs venus de loin et se renseignent ainsi sur les lieux lointains de la planète, de même les médians s’entretiennent avec des voyageurs célestes pour s’instruire de ce qui se passe dans les endroits éloignés de l’univers local. Ils deviennent ainsi familiers avec ce système et cet univers, et même avec Orvonton et ses créations sœurs, et ils se préparent de la sorte à la citoyenneté sur les niveaux supérieurs d’existence des créatures. 77:9.7 Les médians sont amenés à l’existence pleinement adultes – sans passer par une période de croissance ni de développement à partir de l’immaturité – mais ils ne cessent jamais de croitre en sagesse et en expérience. À l’instar des mortels, ils sont des créatures évolutionnaires et possèdent une culture qui est un accomplissement évolutionnaire authentique. Il y a beaucoup de grands penseurs et de puissants esprits parmi le corps des médians d’Urantia. 77:9.8 Sous un aspect plus large, la civilisation d’Urantia est la production conjointe des mortels et des médians de cette planète, et ceci reste vrai malgré la différence existant, à l’heure actuelle, entre leurs deux niveaux de culture, différence qui ne sera pas comblée avant les âges de lumière et de vie. 77:9.9 La culture des médians est le produit d’un groupe de citoyens planétaires immortels ; elle est donc relativement immunisée contre les vicissitudes temporelles qui assaillent la civilisation humaine. Les générations d’hommes oublient, mais le corps des médians se souvient, et cette mémoire est le trésor des traditions sur votre monde habité. C’est pourquoi la culture d’une planète reste toujours présente sur cette planète ; dans des circonstances appropriées, ces précieux souvenirs d’évènements passés sont mis à la disposition des hommes. C’est ainsi que l’histoire de la vie et des enseignements de Jésus a été donnée par les médians d’Urantia à leurs cousins dans la chair. 77:9.10 Les médians sont les habiles ministres qui comblent le fossé, apparu après la mort d’Adam et d’Ève, entre les affaires matérielles et les affaires spirituelles d’Urantia. Ils sont également vos frères ainés, vos camarades dans la longue lutte pour atteindre, sur Urantia, un statut ancré de lumière et de vie. Les Médians Unis forment un corps qui a été mis à l’épreuve de la rébellion ; ils joueront fidèlement leur rôle dans l’évolution planétaire jusqu’à ce que ce monde atteigne le but des âges, jusqu’au jour lointain où, en fait, la paix régnera sur terre et où, en vérité, il y aura de la bonne volonté dans le cœur des hommes. 77:9.11 À cause du précieux travail accompli par ces médians, nous avons conclu qu’ils forment une partie vraiment essentielle de l’économie spirituelle des royaumes. Sur les mondes où la rébellion n’a pas gâché les affaires planétaires, ils rendent encore plus de services aux séraphins. 77:9.12 Toute l’organisation des esprits supérieurs, des armées angéliques et des compagnons médians se consacre avec enthousiasme à réaliser le plan du Paradis pour l’ascension progressive et l’aboutissement à la perfection des mortels évolutionnaires. C’est l’un des travaux célestes de l’univers – le magnifique plan de survie consistant à faire descendre Dieu jusqu’à l’homme et ensuite, par une sorte d’association sublime, de ramener l’homme à Dieu dans une éternité de service et une divinité d’accomplissement – pour les mortels comme pour les médians. 77:9.13 [Présenté par un archange de Nébadon.] Fascicule 78. La race violette après les jours d’Adam 78:0.1 Le second Éden fut le berceau de la civilisation pendant près de trente-mille ans. Les peuples adamiques se maintinrent là, en Mésopotamie, et envoyèrent leur progéniture aux confins de la terre. Plus tard, quand ils s’amalgamèrent avec les tribus nodites et Sangiks, ils furent connus sous le nom d’Andites. De cette région partirent les hommes et les femmes qui inaugurèrent les activités des temps historiques et accélérèrent prodigieusement les progrès culturels sur Urantia. 78:0.2 Ce fascicule décrit l’histoire planétaire de la race violette, en commençant peu après la faute d’Adam, environ 35 000 ans av. J.-C. Le récit se poursuit par la fusion de la race violette avec les races nodites et Sangiks, vers l’an 15 000 av. J.-C. pour former le peuple Andite, qui disparut de son foyer de Mésopotamie environ 2 000 ans av. J.-C. 1. Répartition raciale et culturelle 78:1.1 Bien que le mental et la morale des races fussent à un niveau assez bas au moment de l’arrivée d’Adam, leur évolution physique s’était poursuivie sans être aucunement affectée par la crise de la rébellion de Caligastia. La contribution d’Adam au statut biologique des races, malgré l’échec partiel de son entreprise, rehaussa énormément les humains d’Urantia. 78:1.2 Adam et Ève apportèrent aussi beaucoup d’éléments précieux au progrès social, moral et intellectuel de l’humanité. La civilisation fut immensément vivifiée par la présence de leurs descendants. Mais, il y a 35 000 ans, le monde dans son ensemble était peu cultivé. Certains centres de civilisation existaient çà et là, mais la majeure partie d’Urantia languissait à l’état sauvage. La répartition raciale et culturelle était la suivante : 78:1.3 1. La race violette – les Adamites et les Adamsonites. Le principal centre de culture adamite se trouvait dans le second jardin situé dans le triangle du Tigre et de l’Euphrate ; ce fut vraiment le berceau des civilisations occidentales et indiennes. Le centre secondaire ou nordique de la race violette était le quartier général adamsonite situé à l’est de la rive Sud de la mer Caspienne, près des monts Kopet. C’est à partir de ces deux centres que se répandirent, dans les pays voisins, la culture et le plasma vital qui vivifièrent immédiatement toutes les races. 78:1.4 2. Les Présumériens et autres Nodites. Il existait aussi en Mésopotamie, près de l’embouchure des fleuves, des restes de l’ancienne culture du temps de Dalamatia. Avec l’écoulement des millénaires, ce groupe se mêla complètement aux Adamites du nord, mais ne perdit jamais entièrement ses traditions nodites. Divers autres groupes de Nodites qui s’étaient installés au Levant furent en général absorbés par la race violette au cours de son expansion ultérieure. 78:1.5 3. Les Andonites entretinrent cinq ou six colonies assez représentatives au nord et à l’est du quartier général d’Adamson. D’autres Andonites étaient dispersés dans le Turkestan, et certains groupes isolés d’entre eux subsistèrent dans toute l’Eurasie, spécialement dans les régions montagneuses. Ces aborigènes occupaient encore les terres septentrionales du continent eurasien ainsi que l’Islande et le Groenland, mais ils avaient été, depuis longtemps, chassés des plaines d’Europe par les hommes bleus, et des vallées des fleuves asiatiques plus éloignés par la race jaune en expansion. 78:1.6 4. Les hommes rouges occupaient les Amériques après avoir été chassés d’Asie plus de cinquante-mille ans avant l’arrivée d’Adam. 78:1.7 5. La race jaune. Les peuples chinois étaient bien établis dans le contrôle de l’Asie orientale. Leurs colonies les plus avancées se trouvaient au nord-ouest de la Chine moderne, dans les régions limitrophes du Tibet. 78:1.8 6. La race bleue. Les hommes bleus étaient dispersés dans toute l’Europe, mais leurs meilleurs centres de culture étaient situés dans les vallées, alors fertiles, du Bassin méditerranéen et dans le Nord-Ouest de l’Europe. L’absorption des hommes du Néandertal avait grandement retardé la culture des hommes bleus, mais, par ailleurs, ils étaient les plus dynamiques, les plus aventureux et les plus explorateurs de tous les peuples évolutionnaires d’Eurasie. 78:1.9 7. L’Inde prédravidienne. Le mélange complexe des races aux Indes – englobant toutes les races de la terre, mais surtout la verte, l’orangée et la noire – entretenait une culture légèrement supérieure à celle des régions extérieures. 78:1.10 8. La civilisation saharienne. Les éléments supérieurs de la race indigo avaient leurs colonies les plus progressives dans les terres qui forment maintenant le grand désert du Sahara. Ce groupe indigo-noir contenait de nombreuses lignées des races orangée et verte submergées. 78:1.11 9. Le Bassin méditerranéen. La race la plus complètement mélangée en dehors de l’Inde occupait ce qui est maintenant le Bassin méditerranéen. Les hommes bleus du Nord et les Sahariens du Sud s’y rencontrèrent et s’y mêlèrent avec des Nodites et des Adamites orientaux. 78:1.12 Telle était l’image du monde avant les débuts des grandes expansions de la race violette, il y a environ vingt-cinq-mille ans. L’espoir de la civilisation future se trouvait dans le second jardin, entre les fleuves de Mésopotamie. Cette région de l’Asie du Sud-Ouest contenait le potentiel d’une grande civilisation, la possibilité de répandre dans le monde les idées et les idéaux des temps de Dalamatia et de l’époque d’Éden sauvés du naufrage. 78:1.13 Adam et Ève avaient laissé derrière eux une progéniture limitée mais puissante, et les observateurs célestes, sur Urantia, attendaient anxieusement de voir comment se comporteraient ces descendants du Fils et de la Fille Matériels égarés. 2. Les Adamites dans le second jardin 78:2.1 Pendant des milliers d’années, les fils d’Adam travaillèrent le long des fleuves de Mésopotamie, résolvant vers le sud leurs problèmes d’irrigation et de contrôle des inondations, perfectionnant leurs défenses au nord, et s’efforçant de préserver leurs traditions de la gloire du premier Éden. 78:2.2 L’héroïsme dont ils firent preuve dans la direction du second jardin constitue l’une des épopées les plus étonnantes et inspirantes de l’histoire d’Urantia. Ces âmes splendides ne perdirent jamais entièrement de vue les buts de la mission adamique ; c’est pourquoi les Adamites combattirent vaillamment l’influence des tribus environnantes et inférieures, tandis qu’ils envoyèrent volontairement leurs fils et filles les mieux doués en un flot constant d’émissaires auprès des races de la terre. Cette expansion épuisait parfois leur propre culture, mais ce peuple supérieur réussissait toujours à se reconstituer. 78:2.3 La civilisation, la société et le statut culturel des Adamites se situaient très au-dessus du niveau général des races évolutionnaires d’Urantia. Il n’y avait de civilisation vraiment comparable que parmi les vieilles colonies de Van et d’Amadon et chez les Adamsonites. Mais la civilisation du second Éden était une structure artificielle – elle ne résultait pas d’une évolution – et, en conséquence, elle était condamnée à dégénérer jusqu’à son niveau évolutionnaire naturel. 78:2.4 Adam laissa derrière lui une grande culture intellectuelle et spirituelle, mais elle était pauvre en applications mécaniques, car toute civilisation est limitée par les ressources naturelles disponibles, le génie inné et les loisirs suffisants pour assurer la mise en œuvre des inventions. La civilisation de la race violette était fondée sur la présence d’Adam et les traditions du premier Éden. Après la mort d’Adam et à mesure que les millénaires qui passaient estompaient les traditions, le niveau culturel des Adamites ne cessa de décliner jusqu’à ce que l’équilibre ait été atteint entre le statut des peuplades environnantes et l’évolution naturelle des capacités culturelles de la race violette. 78:2.5 Cependant, vers l’an 19 000 av. J.-C. les Adamites formaient une véritable nation comptant 4 500 000 habitants, et ils avaient déjà déversé des millions de leurs descendants chez les peuples des alentours. 3. Les premières expansions des Adamites 78:3.1 La race violette conserva, pendant de nombreux millénaires, les traditions pacifiques d’Éden, ce qui explique le long retard des Adamites à faire des conquêtes territoriales. Quand ils souffraient d’un excès de population, au lieu de faire la guerre pour s’assurer plus de territoires, ils envoyaient l’excédent de leurs habitants comme instructeurs auprès des autres races. L’effet culturel de ces premières migrations n’était pas durable, mais l’absorption des éducateurs, des commerçants et des explorateurs adamiques fortifiait biologiquement les peuplades environnantes. 78:3.2 Quelques Adamites se dirigèrent de bonne heure à l’ouest vers la vallée du Nil ; d’autres allèrent vers l’est et pénétrèrent en Asie, mais ils formaient une minorité. Les mouvements de masse des époques plus tardives s’orientèrent largement vers le nord et de là vers l’ouest. Dans l’ensemble, ce fut une poussée graduelle, mais incessante vers le nord, la majorité des émigrants se dirigeant vers le nord, puis tournant vers l’ouest autour de la mer Caspienne et pénétrant en Europe. 78:3.3 Il y a environ 25 000 ans, un grand nombre des Adamites les plus purs était bien en route pour émigrer vers le nord et, à mesure qu’ils avançaient dans cette direction, ils devenaient de moins en moins adamiques. À la fin, quand ils occupèrent le Turkestan, ils s’étaient complètement mêlés aux autres races, et particulièrement aux Nodites. Les éléments de pure race violette ne pénétrèrent profondément en Europe et en Asie qu’en très petit nombre. 78:3.4 Entre l’an 30 000 et l’an 10 000 avant J.-C., des mélanges raciaux faisant époque eurent lieu dans toute l’Asie du Sud-Ouest. Les habitants des hautes terres du Turkestan étaient un peuple viril et vigoureux. Au Nord-Ouest de l’Inde, une bonne partie de la culture du temps de Van subsistait. Encore au nord de ces colonies, les meilleurs Andonites primitifs s’étaient conservés. Et ces deux races de culture et de caractère supérieurs furent absorbées par les Adamites se déplaçant vers le nord. Cette amalgamation conduisit à adopter bien des idées nouvelles ; elle facilita les progrès de la civilisation et fit avancer considérablement toutes les phases de l’art, de la science et de la culture sociale. 78:3.5 Quand la période des migrations adamiques primitives prit fin, vers l’an 15 000 av. J.-C. il y avait déjà plus de descendants d’Adam en Europe et en Asie centrale que partout ailleurs dans le monde, et même qu’en Mésopotamie. Les races bleues européennes avaient été largement imprégnées. Les pays que l’on appelle aujourd’hui la Russie et le Turkestan étaient occupés dans toutes leurs régions méridionales par un grand réservoir d’Adamites mêlés de Nodites, d’Andonites et de Sangiks rouges et jaunes. L’Europe du Sud et la lisière de la Méditerranée étaient habitées par une race mixte d’Andonites et de Sangiks – orangés, verts et indigo – avec une touche de la souche adamite. L’Asie Mineure et les pays du centre-est de l’Europe étaient occupés par des tribus de prédominance andonite. 78:3.6 Une race mêlée de couleur, grandement renforcée vers cette époque par des arrivées de Mésopotamiens, se maintenait en Égypte et se préparait à prendre le relais de la culture en voie de disparition de la vallée de l’Euphrate. Les peuplades noires se déplaçaient vers le sud de l’Afrique ; comme la race rouge, elles étaient pratiquement isolées. 78:3.7 La civilisation saharienne avait été disloquée par la sécheresse, et celle du Bassin méditerranéen par les inondations. Les races bleues n’avaient pas encore réussi à développer une culture avancée. Les Andonites étaient encore éparpillés dans les régions de l’Asie centrale et l’Arctique. Les races verte et orangée avaient été exterminées en tant que races. La race indigo se dirigeait vers le sud de l’Afrique pour y commencer sa lente et longue dégénérescence raciale, qui se poursuivit longtemps. 78:3.8 Les peuples de l’Inde restaient stagnants, avec une civilisation qui ne progressait pas. Les hommes jaunes consolidaient leur mainmise sur l’Asie centrale. Les hommes bruns n’avaient pas encore inauguré leur civilisation dans les iles du Pacifique proches de l’Asie. 78:3.9 Ces répartitions raciales, associées à de vastes changements de climat, préparèrent la scène du monde pour l’inauguration de l’ère andite de la civilisation d’Urantia. Ces premières migrations s’étendirent sur une période de dix millénaires, entre l’an 25 000 et l’an 15 000 av. J.-C. Les migrations ultérieures ou andites eurent lieu approximativement entre l’an 15 000 et l’an 6 000 av. J.-C. 78:3.10 Les Adamites des premières migrations mirent tellement de temps à traverser l’Eurasie qu’ils perdirent, en cours de route, une grande partie de leur culture. Seuls les Andites venus plus tard se déplacèrent avec une rapidité suffisante pour conserver leur culture édénique à de grandes distances de la Mésopotamie. 4. Les Andites 78:4.1 Les races andites étaient les mélanges primaires de la race violette en ligne directe et des Nodites avec l’addition de peuplades évolutionnaires. En général, il faut penser aux Andites comme ayant un pourcentage de sang adamique bien plus élevé que les races modernes. Dans l’ensemble, on emploie le terme Andite pour désigner les peuples possédant un sixième à un huitième d’hérédité violette. Les Urantiens modernes, même ceux des races blanches nordiques, contiennent un pourcentage bien inférieur du sang d’Adam. 78:4.2 Les tout premiers peuples andites eurent leur origine dans les régions adjacentes à la Mésopotamie il y a plus de vingt-cinq-mille ans et consistèrent en un mélange d’Adamites et de Nodites. Le second jardin était entouré de zones concentriques où les habitants avaient de moins en moins de sang violet, et c’est sur la périphérie de ce creuset racial que naquit la race andite. Plus tard, quand les Adamites et les Nodites migrateurs pénétrèrent dans les régions alors fertiles du Turkestan, ils se mêlèrent rapidement à leurs habitants supérieurs, et le mélange racial qui en résulta étendit, vers le nord, le type andite. 78:4.3 Les Andites furent, à tous points de vue, la meilleure race humaine apparue sur Urantia depuis l’époque des peuplades de pure race violette. Ils englobèrent la plupart des types supérieurs des restes survivants des races adamite et nodite, et, plus tard, quelques-unes des meilleures lignées d’hommes jaunes, bleus et verts. 78:4.4 Ces premiers Andites n’étaient pas des Aryens, mais des Préaryens. Ils n’étaient pas blancs, mais « préblancs ». Ils n’étaient ni un peuple occidental ni un peuple oriental, mais c’est l’hérédité andite qui donne au mélange polyglotte des races dites blanches cette homogénéité générale que l’on a appelée caucasoïde. 78:4.5 Les lignées les plus pures de la race violette avaient conservé la tradition adamique de rechercher la paix, ce qui explique pourquoi les premiers déplacements raciaux eurent plutôt la nature de migrations pacifiques. Mais, à mesure que les Adamites s’unirent avec les souches nodites, qui étaient alors une race belliqueuse, leurs descendants Andites devinrent, pour leur époque, les militaristes les plus habiles et les plus sagaces qui aient jamais vécu sur Urantia. Les déplacements des Mésopotamiens prirent désormais un caractère de plus en plus militaire et s’apparentèrent davantage à de réelles conquêtes. 78:4.6 Les Andites étaient aventureux ; ils avaient des dispositions vagabondes. Une addition de souches Sangik ou andonite tendit à les stabiliser. Mais, même ainsi, leurs descendants n’eurent pas de cesse avant d’avoir effectué la circumnavigation du globe et découvert le dernier des continents lointains. 5. Les migrations andites 78:5.1 La culture du second jardin persista pendant vingt-mille ans, mais elle subit un déclin continu jusqu’à l’an 15 000 av. J.-C., où la régénération de la prêtrise séthite et le commandement d’Amosad inaugurèrent une ère brillante. Les vagues massives de civilisation qui se répandirent plus tard sur l’Eurasie suivirent immédiatement la grande renaissance du Jardin consécutive à de nombreuses unions des Adamites avec les Nodites mixtes des environs pour former les Andites. 78:5.2 Ces Andites firent faire de nouveaux progrès en Eurasie et en Afrique du Nord. De Mésopotamie jusqu’au Sin-Kiang inclus, la culture andite dominait, et les migrations continues vers l’Europe étaient constamment compensées par de nouvelles arrivées de Mésopotamie. Mais il ne serait pas exact de parler des Andites en Mésopotamie comme d’une race proprement dite avant les prodromes des migrations finales des descendants mixtes d’Adam. Dès cette époque, même les races du second jardin étaient tellement mêlées qu’elles ne pouvaient plus être considérées comme adamites. 78:5.3 La civilisation du Turkestan était constamment vivifiée et rénovée par les nouveaux arrivants de Mésopotamie, et spécialement par les cavaliers andites venus plus tardivement. La langue mère dite aryenne était en cours de formation dans les hautes terres du Turkestan ; elle était un mélange du dialecte andonique de cette région avec le langage des Adamsonites et des Andites ultérieurs. Bien des langages modernes dérivent de ce langage primitif des tribus d’Asie centrale qui conquirent l’Europe, l’Inde et la partie supérieure des plaines de Mésopotamie. C’est cet ancien idiome qui donna aux langues occidentales la similitude que l’on appelle aryenne. 78:5.4 Vers l’an 12 000 av. J.-C., les trois quarts des races andites du monde résidaient dans le Nord et l’Est de l’Europe et, lorsqu’eut lieu l’exode ultérieur et final de Mésopotamie, soixante-cinq pour cent des dernières vagues d’émigration pénétrèrent en Europe. 78:5.5 Les Andites émigrèrent non seulement vers l’Europe, mais vers la Chine du Nord et l’Inde, tandis que de nombreux groupes allaient jusqu’aux confins de la terre comme missionnaires, éducateurs et commerçants. Ils apportèrent une contribution considérable aux groupes des peuplades Sangiks du Sahara septentrional. Toutefois, seul un petit nombre d’instructeurs et de commerçants pénétra en Afrique plus au sud que le cours supérieur du Nil. Plus tard, des Andites mixtes et des Égyptiens descendirent le long des côtes est et ouest de l’Afrique bien au-dessous de l’équateur, mais sans atteindre Madagascar. 78:5.6 Ces Andites étaient les conquérants dits Dravidiens, et plus tard Aryens, de l’Inde, et leur présence en Asie centrale rehaussa considérablement les ancêtres des Touraniens. De nombreux individus de cette race allèrent en Chine, tant par le Sin-Kiang que par le Tibet, et ajoutèrent des qualités désirables aux souches chinoises ultérieures. De temps à autre, de petits groupes arrivaient jusqu’au Japon, à Formose, aux Indes orientales et en Chine du Sud, mais très peu pénétrèrent dans ce dernier pays par la voie côtière. 78:5.7 Cent-trente-deux membres de cette race s’embarquèrent au Japon sur une flottille de petits bateaux et finirent par atteindre l’Amérique du Sud. Par des mariages mixtes avec les natifs des Andes, ils donnèrent naissance aux ancêtres des chefs ultérieurs des Incas. Ils traversèrent le Pacifique par petites étapes, en s’arrêtant sur les nombreuses iles qu’ils rencontraient sur leur route. Les iles de Polynésie étaient à la fois plus nombreuses et plus grandes qu’aujourd’hui, et ces marins andites, ainsi que quelques compagnons de voyage, modifièrent biologiquement les groupes indigènes au cours de leur transit. À la suite de la pénétration andite, de nombreux centres florissants de civilisation se développèrent sur ces terres maintenant submergées. L’ile de Pâques fut longtemps le centre religieux et administratif de l’un de ces groupes disparus. Toutefois, parmi les Andites qui naviguèrent sur le Pacifique de ces temps lointains, les cent-trente-deux mentionnés furent les seuls à jamais atteindre le continent des Amériques. 78:5.8 Les migrations conquérantes des Andites se poursuivirent jusqu’à leurs dernières dispersions entre l’an 8 000 et l’an 6 000 av. J.-C. Quand ils se répandaient hors de Mésopotamie, ils épuisaient constamment les réserves biologiques de leur terre natale, tandis qu’ils renforçaient notablement les peuples environnants. Dans toutes les nations où ils affluèrent, ils apportèrent une contribution d’humour, d’art, d’aventure, de musique et de manufacture. Ils étaient habiles à domestiquer les animaux et experts en agriculture. À cette époque tout au moins, leur présence améliorait généralement les croyances religieuses et les pratiques morales des races plus anciennes. C’est ainsi que la culture mésopotamienne se répandit doucement sur l’Europe, l’Inde, la Chine, l’Afrique du Nord et les iles du Pacifique. 6. Les dernières dispersions andites 78:6.1 Les trois dernières vagues d’Andites déferlèrent de Mésopotamie entre l’an 8 000 et l’an 6 000 av. J.-C. Ces trois grandes vagues culturelles furent refoulées de Mésopotamie par la pression des tribus montagnardes à l’est et par le harcèlement des hommes des plaines de l’ouest. Les habitants de la vallée de l’Euphrate et des territoires adjacents partirent, pour leur exode final, dans plusieurs directions : 78:6.2 Soixante-cinq pour cent pénétrèrent en Europe par la route de la mer Caspienne pour conquérir les races blanches en voie d’apparition - le mélange des hommes bleus et des premiers Andites - et s’amalgamer avec elles. 78:6.3 Dix pour cent, y compris un important groupe de prêtres séthites, traversèrent les hautes terres élamites vers l’est jusqu’au plateau de l’Iran et au Turkestan. Beaucoup de leurs descendants furent ultérieurement repoussés dans les Indes avec leurs frères Aryens des régions plus septentrionales. 78:6.4 Dix pour cent des Mésopotamiens ayant émigré vers le nord s’orientèrent ensuite vers l’est pour entrer dans le Sin-Kiang, où ils se mêlèrent aux Andites jaunes qui y habitaient. La majorité des descendants bien doués de cette union pénétra plus tard en Chine et contribua beaucoup à l’amélioration immédiate de la fraction nordique de la race jaune. 78:6.5 Dix pour cent de ces Andites en fuite traversèrent l’Arabie et entrèrent en Égypte. 78:6.6 Cinq pour cent des Andites, appartenant à la plus haute culture du district côtier à l’embouchure du Tigre et de l’Euphrate, avaient évité de se marier avec les individus inférieurs des tribus voisines et refusèrent de quitter leurs foyers. Ce groupe représentait la survivance de nombreuses lignées nodites et adamites supérieures. 78:6.7 Les Andites avaient à peu près entièrement évacué cette région vers l’an 6 000 av. J.-C., bien que leurs descendants, largement mêlés aux races Sangiks environnantes et aux Andonites d’Asie Mineure, y fussent présents pour livrer bataille aux envahisseurs du nord et de l’est à une date beaucoup plus tardive. 78:6.8 L’âge culturel du second jardin prit fin par l’infiltration croissante des souches inférieures environnantes. La civilisation se déplaça vers l’ouest dans la vallée du Nil et les iles de la Méditerranée, où elle continua à progresser et à prospérer longtemps après que sa source d’origine en Mésopotamie eut dégénéré. L’afflux sans contrôle des peuplades inférieures prépara la voie à la conquête ultérieure de toute la Mésopotamie par les barbares nordiques qui en chassèrent ce qui restait de lignées douées d’aptitudes. Même à une époque plus récente, le reliquat des éléments cultivés s’irritait encore de la présence de ces envahisseurs ignorants et grossiers. 7. Les inondations en Mésopotamie 78:7.1 Les riverains des fleuves étaient habitués aux inondations en certaines saisons. Ces débordements périodiques étaient des évènements annuels de leur vie. Mais de nouveaux périls menacèrent la Mésopotamie par suite de changements géologiques progressifs dans le nord. 78:7.2 Pendant des milliers d’années après l’engloutissement du premier Éden, les montagnes voisines de la côte orientale de la Méditerranée et celles du Nord-Ouest et du Nord-Est de la Mésopotamie continuèrent à s’exhausser. Cette élévation des hautes terres s’accéléra grandement vers l’an 5 000 av. J.-C. et ce facteur, s’ajoutant à des chutes de neige considérablement accrues sur les montagnes du nord, causa chaque printemps des inondations sans précédent dans la vallée de l’Euphrate. Ces inondations printanières empirèrent d’année en année, si bien que les habitants des régions riveraines furent chassés vers les hautes terres orientales. Pendant près de mille ans, des dizaines de villes furent pratiquement abandonnées à cause de l’extension de ces déluges. 78:7.3 Près de cinq-mille ans plus tard, les prêtres hébreux, en captivité à Babylone, cherchèrent à faire remonter à Adam l’origine du peuple juif et éprouvèrent de grandes difficultés à faire cadrer les fragments de leur histoire. L’un d’eux eut l’idée de renoncer à l’effort, de laisser le monde entier s’engloutir dans sa perversité, à l’époque du déluge de Noé, et de se trouver ainsi en meilleure posture pour attribuer directement, comme ancêtre à Abraham, l’un des trois fils survivants de Noé. 78:7.4 Les traditions relatant une époque où les eaux couvraient toute la surface de la terre sont universelles. L’histoire d’une inondation mondiale à une certaine époque des âges passés est commune à de nombreuses races. L’histoire biblique de Noé, de l’arche et du déluge est une invention de la prêtrise hébraïque durant sa captivité à Babylone. Il n’y a jamais eu de déluge universel depuis que la vie fut établie sur Urantia. La seule fois où la surface de la terre fut entièrement couverte par les eaux eut lieu pendant les âges archéozoïques, avant que la terre sèche ait commencé à apparaitre. 78:7.5 Mais Noé vécut réellement ; il était un viticulteur d’Aram, colonie fluviale proche d’Érech. D’année en année, il conserva des notes écrites sur les crues du fleuve. On le couvrit de ridicule tandis qu’il parcourait l’amont et l’aval du fleuve en recommandant de construire toutes les maisons en bois et en forme de bateau, et de faire monter, chaque nuit, à bord, tous les animaux de la famille à l’approche de la saison des inondations. Il se rendait chaque année dans les colonies riveraines du voisinage et avertissait les habitants de la date à laquelle les crues se produiraient. Finalement, il vint une année où l’inondation annuelle fut considérablement accrue par de fortes pluies, si bien que la montée subite des eaux emporta tout le village. Seuls Noé et sa proche famille furent sauvés par leur maison flottante. 78:7.6 Ces inondations achevèrent de disloquer la civilisation andite. À la fin de cette période diluvienne, le second jardin n’existait plus. C’est seulement dans le sud et parmi les Sumériens que subsista quelque trace de son ancienne gloire. 78:7.7 On peut retrouver, dans ces régions de Mésopotamie, ainsi qu’au nord-est et au nord-ouest, des restes de cette civilisation qui compte parmi les plus anciennes. Il existe des vestiges encore antérieurs de l’époque de Dalamatia sous les eaux du golfe Persique. Quant au premier Éden, il git englouti sous l’extrémité orientale de la mer Méditerranée. 8. Les Sumériens – les derniers Andites 78:8.1 Quand la dernière dispersion des Andites brisa l’armature biologique de la civilisation mésopotamienne, une petite minorité de cette race supérieure resta dans son pays natal près de l’embouchure des fleuves. C’étaient les Sumériens ; vers l’an 6 000 av. J.-C., leur souche était largement devenue andite, bien que le caractère de leur culture fût plutôt nodite et qu’ils fussent restés attachés aux anciennes traditions de Dalamatia. Néanmoins, ces Sumériens des régions côtières furent les derniers Andites en Mésopotamie ; mais, à cette date tardive, les races mésopotamiennes étaient déjà entièrement mêlées, ainsi qu’en témoignent les types de crânes que l’on trouve dans les tombeaux de cette époque. 78:8.2 Ce fut durant la période des inondations que Suse connut sa grande prospérité. La première cité, ou ville basse, fut inondée, de sorte que la seconde, ou ville haute, lui succéda comme quartier général des métiers particuliers à ce temps. Plus tard, quand les crues diminuèrent, Ur devint le centre de l’industrie de la poterie. Il y a sept-mille ans, Ur se trouvait sur le golfe Persique. Depuis lors, les dépôts d’alluvions des fleuves ont prolongé la terre jusqu’à ses limites actuelles. Les colonies d’aval souffrirent moins des inondations que celles d’amont, parce que leurs ouvrages de protection étaient meilleurs et que les embouchures des fleuves allaient en s’élargissant. 78:8.3 Les paisibles cultivateurs de céréales des vallées du Tigre et de l’Euphrate avaient été longtemps harcelés par les raids des barbares du Turkestan et du plateau iranien. À cette époque, une invasion concertée de la vallée de l’Euphrate fut provoquée par la sécheresse croissante des pâturages des hautes terres. Cette invasion fut d’autant plus grave que les chasseurs et les pâtres du voisinage possédaient un grand nombre de chevaux apprivoisés. Ce fut la possession des chevaux qui leur donna une immense supériorité militaire sur leurs riches voisins du sud. En peu de temps, ils envahirent la Mésopotamie et en expulsèrent les dernières vagues de culture, qui se répandirent sur toute l’Europe, l’Asie occidentale et l’Afrique du Nord. 78:8.4 Ces conquérants de la Mésopotamie comptaient, dans leurs rangs, un grand nombre des meilleures lignées andites des races mixtes nordiques du Turkestan, y compris certaines souches d’Adamsonites. Ces tribus du nord, moins évoluées mais plus vigoureuses, assimilèrent rapidement et volontiers les restes de la civilisation de Mésopotamie. Elles formèrent bientôt les peuplades mêlées que l’on trouve dans la vallée de l’Euphrate au commencement des temps historiques. Elles ranimèrent vite certaines phases de la civilisation moribonde de Mésopotamie, en adoptant les arts des tribus de la vallée et une grande partie de la culture des Sumériens. Elles cherchèrent même à construire une troisième tour de Babel, et adoptèrent plus tard ce nom pour désigner leur nation. 78:8.5 Quand ces cavaliers barbares du nord-est envahirent toute la vallée de l’Euphrate, ils ne triomphèrent pas des survivants Andonites qui habitaient vers l’embouchure du fleuve sur le golfe Persique. Ces Sumériens furent capables de se défendre à cause de leur intelligence supérieure, de leurs armes meilleures et du vaste système de canaux militaires qu’ils avaient ajouté à leur plan d’irrigation par étangs communicants. Ils formaient un peuple uni parce qu’ils avaient une religion collective uniforme. Ils purent ainsi maintenir leur intégrité raciale et nationale bien après que leurs voisins du nord-ouest eurent été divisés en cités-États isolées. Aucun de ces groupes urbains ne fut capable de vaincre les Sumériens unis. 78:8.6 Les envahisseurs du nord apprirent bientôt à faire confiance à ces pacifiques Sumériens et à apprécier leurs aptitudes d’éducateurs et d’administrateurs. Ils furent fort respectés et recherchés comme éducateurs dans les arts et l’industrie, comme dirigeants commerciaux et comme chefs civils par toutes les peuplades du nord, et aussi depuis l’Égypte à l’ouest jusqu’aux Indes à l’est. 78:8.7 Après la dislocation de la première confédération sumérienne, les cités-États qui suivirent furent gouvernées par des descendants apostats des prêtres séthites. Ces prêtres ne prirent le nom de rois qu’après avoir conquis les villes voisines. Les rois citadins ultérieurs ne réussirent pas à former de puissantes confédérations avant l’époque de Sargon, parce qu’ils étaient jaloux de leurs dieux. Chaque ville croyait que son dieu municipal était supérieur à tous les autres dieux et, en conséquence, les habitants refusaient de se subordonner à un chef commun. 78:8.8 Sargon, le prêtre de Kish, mit fin à cette longue période de gouvernements faibles par les prêtres urbains. Il se proclama roi et partit à la conquête de toute la Mésopotamie et des pays avoisinants. Pour le moment, cela mit fin aux cités-États commandées et tyrannisées par les prêtres, où chaque ville avait son propre dieu municipal et pratiquait son propre cérémonial. 78:8.9 Après la rupture de cette confédération de Kish, il y eut entre les villes de la vallée une longue période de guerres constantes pour la suprématie. Le gouvernement eut des fortunes diverses et son siège oscilla entre Sumer, Akkad, Kish, Érech, Ur et Suse. 78:8.10 Environ 2 500 ans av. J.-C., les Sumériens subirent de graves défaites par les Suites et les Guites du nord. Lagash, la capitale sumérienne bâtie sur des tertres alluvionnaires, tomba. Érech se maintint pendant trente ans après la chute d’Akkad. À l’époque de l’établissement du règne de Hammourabi, les Sumériens avaient été absorbés dans la masse des Sémites du nord, et les Andites de Mésopotamie furent effacés des pages de l’histoire. 78:8.11 Entre l’an 2 500 et l’an 2 000 av. J.-C., les nomades commirent toutes sortes d’excès, depuis l’Atlantique jusqu’au Pacifique. Ce fut avec les Nérites qu’eut lieu l’invasion finale du groupe caspien des descendants mésopotamiens des races andonites et andites mêlées. Ce que les barbares n’avaient pas fait pour ruiner la Mésopotamie, les changements ultérieurs de climat réussirent à l’accomplir. 78:8.12 Telle est l’histoire de la race violette après l’époque d’Adam, et du sort de son pays natal entre le Tigre et l’Euphrate. Son ancienne civilisation tomba à cause de l’émigration de ses éléments supérieurs et de l’immigration de ses voisins inférieurs. Mais, longtemps avant que les cavaliers barbares eussent conquis la vallée, la culture du Jardin s’était largement répandue en Asie, en Afrique et en Europe, pour y produire les ferments qui donnèrent la civilisation urantienne du vingtième siècle. 78:8.13 [Présenté par un archange de Nébadon.] Fascicule 79. L’expansion andite en Orient 79:0.1 L’Asie est le berceau de la race humaine. Ce fut sur une péninsule du Sud de ce continent que naquirent Andon et Fonta ; dans les hautes terres de ce qui est maintenant l’Afghanistan, leur descendant Badonan fonda un centre primitif de culture qui subsista plus d’un demi-million d’années. C’est là, dans ce foyer oriental de la race humaine, que les peuplades Sangiks se différencièrent de la souche andonique, et l’Asie fut leur premier foyer, leur premier terrain de chasse, leur premier champ de bataille. L’Asie du Sud-Ouest vit passer les civilisations successives des Dalamatiens, des Nodites, des Adamites et des Andites ; les potentiels de la civilisation moderne se répandirent sur le monde en partant de ces régions. 1. Les Andites du Turkestan 79:1.1 Pendant plus de vingt-cinq-mille ans, presque jusqu’à l’an 2 000 av. J.-C, les Andites furent prépondérants au cœur de l’Eurasie, bien que leur influence allât en diminuant. Dans les basses terres du Turkestan, les Andites tournèrent à l’ouest autour des lacs intérieurs vers l’Europe ; ils s’infiltrèrent aussi vers l’est en partant des hautes terres de cette région. Le Turkestan oriental (Sin-Kiang) et, à un moindre degré, le Tibet, furent les anciennes portes par lesquelles ces peuplades de Mésopotamie pénétrèrent dans les montagnes conduisant vers les terres nordiques des hommes jaunes. L’infiltration andite de l’Inde partit des plateaux du Turkestan vers le Punjab, et des pâturages de l’Iran à travers le Béloutchistan. Ces migrations primitives n’étaient nullement des conquêtes ; elles représentaient plutôt le courant continuel des tribus andites s’infiltrant dans les Indes occidentales et en Chine. 79:1.2 Pendant près de quinze-mille ans, des centres de culture mixte andite subsistèrent dans le bassin du fleuve Tarim au Sin-Kiang, et au sud sur les plateaux du Tibet, où les Andites et les Andonites s’étaient largement mêlés. La vallée de Tarim était le poste oriental le plus avancé de la véritable culture des Andites. Ils y établirent leurs colonies et entrèrent en relations commerciales d’une part à l’est avec les Chinois progressifs et d’autre part au nord avec les Andonites. À cette époque, la région du Tarim était fertile et les pluies y étaient abondantes. À l’est, le Gobi était une vaste plaine herbeuse où les éleveurs de troupeaux se transformaient graduellement en agriculteurs. Cette civilisation périt quand les vents de pluie tournèrent au sud-est, mais, en son temps, elle rivalisait même avec celle de la Mésopotamie. 79:1.3 Vers l’an 8 000 av. J.-C., l’aridité lentement croissante des hauts plateaux de l’Asie centrale commença à chasser les Andites vers les fonds de vallées et les côtes maritimes. Non seulement cette sécheresse croissante les poussa vers les vallées du Nil, de l’Euphrate, de l’Indus et du fleuve Jaune, mais elle provoqua un nouveau développement de la civilisation andite. Les commerçants apparurent en grand nombre et formèrent une nouvelle classe d’hommes. 79:1.4 Quand les conditions climatiques leur rendirent la chasse peu profitable, les Andites migrateurs ne suivirent pas la ligne de conduite évolutionnaire des anciennes races en devenant des bergers. Le commerce et la vie citadine firent leur apparition. Depuis l’Égypte, la Mésopotamie et le Turkestan, jusqu’aux fleuves de Chine et des Indes, les tribus les plus civilisées commencèrent à se rassembler dans des villes consacrées à la manufacture et au commerce. Adonia, située près de la ville actuelle d’Ashkhabad, devint la métropole commerciale de l’Asie centrale. Par voie de terre et par voie d’eau, le commerce des pierres, des métaux, du bois et de la poterie fut accéléré. 79:1.5 Mais la sécheresse toujours croissante provoqua graduellement le grand exode andite du Sud et de l’Est de la mer Caspienne. Le flux de la migration vers le nord s’inversa vers le sud, et les cavaliers de Babylone commencèrent à envahir la Mésopotamie. 79:1.6 L’aridité croissante de l’Asie centrale agit à son tour pour réduire la population et la rendre moins belliqueuse. Quand la décroissance des pluies au nord obligea les Andonites nomades à s’orienter vers le sud, les Andites partirent du Turkestan en un prodigieux exode. Ce fut la pénétration finale des peuplades dites aryennes dans le Levant et dans les Indes. Elle marqua l’apogée de la longue dispersion des descendants mixtes d’Adam au cours de laquelle tous les peuples asiatiques et la plupart des peuplades insulaires du Pacifique furent améliorés, dans une certaine mesure, par ces races supérieures. 79:1.7 Ainsi, tandis qu’ils se dispersaient sur l’hémisphère oriental, les Andites furent dépossédés de leur pays natal de Mésopotamie et du Turkestan, car ce fut ce vaste déplacement des Andonites vers le sud qui dilua la présence des Andites en Asie centrale presque au point de les faire disparaitre. 79:1.8 Mais, même au vingtième siècle après le Christ, on trouve des traces de sang andite parmi les Touraniens et les Tibétains, ainsi qu’en témoignent les types blonds que l’on rencontre occasionnellement dans ces régions. Les annales chinoises primitives décrivent la présence de nomades aux cheveux roux au nord des colonies pacifiques du fleuve Jaune, et il subsiste encore des peintures qui représentent fidèlement la présence des deux types andite-blond et mongol-brun dans le bassin du Tarim de jadis. 79:1.9 La dernière grande manifestation du génie militaire, maintenant disparu, des Andites de l’Asie centrale eut lieu en l’an 1200 apr. J.-C., lorsque les Mongols, sous le commandement de Gengis Khan, commencèrent la conquête de la majeure partie du continent asiatique. Comme les Andites de jadis, ces guerriers proclamèrent l’existence « d’un seul Dieu dans le ciel ». La dislocation rapide de leur empire retarda longtemps les rapports culturels entre l’Orient et l’Occident, et nuisit beaucoup à la croissance du concept monothéiste en Asie. 2. La conquête de l’Inde par les Andites 79:2.1 L’Inde est le seul endroit où toutes les races d’Urantia se soient trouvées mêlées, l’invasion andite y ajoutant la dernière souche représentée. Les races Sangiks prirent naissance dans les hautes terres du Nord-Ouest de l’Inde. Des membres de chaque race sans exception pénétrèrent, à leurs débuts, dans le subcontinent de l’Inde, laissant derrière eux le mélange de races le plus hétérogène qui ait jamais existé sur Urantia. L’Inde ancienne opéra comme une nasse pour les races en migration. La base de la péninsule était autrefois un peu plus étroite que maintenant, car une grande partie des deltas de l’Indus et du Gange s’est formée au cours des derniers cinquante-mille ans. 79:2.2 Les tout premiers mélanges de races aux Indes consistèrent en une fusion des races migratrices rouge et jaune avec les aborigènes andonites. Plus tard, ce groupe fut affaibli par l’absorption de la plus grande portion des peuplades vertes orientales maintenant éteintes ainsi qu’un grand nombre d’individus de la race orangée ; il fut ensuite légèrement amélioré par une admission limitée d’hommes bleus, mais souffrit extrêmement quand il assimila un grand nombre de membres de la race indigo. Mais les soi-disant aborigènes de l’Inde ne sont guère représentatifs de ces peuplades primitives ; ils en forment plutôt la lisière la plus inférieure au sud et à l’est, qui ne fut jamais complètement absorbée par les premiers Andites ni par leurs cousins Aryens apparus plus tard. 79:2.3 Vers l’an 20 000 av. J.-C., la population occidentale de l’Inde s’était déjà imprégnée de sang adamique, et jamais, dans l’histoire d’Urantia, un peuple quelconque ne combina tant de races différentes. Mais il est malheureux que les lignées Sangiks secondaires aient prédominé, et ce fut une vraie calamité que les hommes bleus et rouges aient été si peu nombreux dans ce creuset racial du passé lointain ; s’il y avait eu plus de lignées Sangiks primaires, cela aurait beaucoup contribué à rehausser une civilisation qui aurait pu être encore supérieure. La situation se développait comme suit : les hommes rouges se détruisaient eux-mêmes dans les Amériques, les hommes bleus se répandaient en Europe, et les premiers enfants d’Adam (ainsi que la plupart de leurs descendants) répugnaient à s’unir aux peuples de couleur plus sombre, aussi bien en Inde qu’en Afrique ou ailleurs. 79:2.4 Vers l’an 15 000 av. J.-C., la poussée de la population croissante dans tout le Turkestan et l’Iran provoqua la première émigration de grande envergure des Andites vers l’Inde. Pendant plus de quinze siècles, ces peuples supérieurs affluèrent à travers les hautes terres du Béloutchistan, se répandirent dans les vallées de l’Indus et du Gange, et gagnèrent lentement le Deccan au sud. Cette pression andite du nord-ouest chassa nombre de peuplades inférieures du sud et de l’est en Birmanie et en Chine du Sud, mais pas suffisamment pour sauver les envahisseurs d’une annihilation raciale. 79:2.5 L’Inde ne réussit pas à assoir son hégémonie sur l’Eurasie, et son échec fut largement une affaire de topographie. La pression des populations venant du nord ne fit que repousser la majorité des habitants vers le sud, ce qui surpeupla le territoire de plus en plus étroit du Deccan entouré de tous côtés par la mer. S’il y avait eu des terres voisines offrant un exutoire à l’émigration, les peuplades inférieures auraient été expulsées dans toutes les directions, et les souches supérieures auraient établi une civilisation plus évoluée. 79:2.6 En fait, les conquérants andites primitifs firent un effort désespéré pour préserver leur identité et endiguer la marée d’engloutissement racial en restreignant rigoureusement les mariages mixtes. Malgré cela, vers l’an 10 000 av. J.-C., les Andites avaient été absorbés, mais la masse entière de la population avait été notablement améliorée par cette absorption. 79:2.7 Les mélanges de races sont toujours avantageux en ce sens qu’ils favorisent la variété de talents culturels et contribuent aux progrès de la civilisation, mais, si les éléments inférieurs des souches raciales prédominent, la réussite ne dure pas longtemps. On ne peut préserver une culture polyglotte que si les lignées supérieures se reproduisent avec une marge de sécurité suffisante par rapport aux inférieures. Si les inférieures se reproduisent sans restriction, alors que les supérieures limitent leur progéniture, cela conduit infailliblement au suicide de la civilisation culturelle. 79:2.8 Si les conquérants andites avaient été trois fois plus nombreux qu’ils ne le furent, ou s’ils avaient chassé ou détruit le tiers le moins désirable des habitants mêlés d’orangé, de vert et d’indigo, l’Inde serait devenue l’un des pôles directeurs mondiaux de la civilisation culturelle ; elle aurait alors indubitablement attiré une plus grande partie des vagues d’émigration mésopotamiennes ultérieures qui affluèrent au Turkestan et se dirigèrent de là vers l’Europe par le nord. 3. L’Inde dravidienne 79:3.1 Le mélange des conquérants andites de l’Inde avec les indigènes produisit finalement les peuplades mixtes dites dravidiennes. Les premiers et plus purs Dravidiens possédaient une grande aptitude aux accomplissements culturels, mais cette qualité s’affaiblit continuellement à mesure que leur hérédité andite s’atténuait progressivement. Et c’est cela qui condamna la civilisation indienne naissante, il y a près de douze-mille ans ; mais l’infusion de sang d’Adam, même en petite quantité, provoqua une accélération notable du développement social. Cette race composite produisit immédiatement la civilisation comportant les talents les plus variés qu’il y eut alors sur terre. 79:3.2 Peu de temps après avoir conquis l’Inde, les Andites dravidiens perdirent leurs attaches raciales et culturelles avec la Mésopotamie, mais les liaisons furent rétablies par l’ouverture ultérieure des lignes maritimes et des routes de caravanes. Au cours des dix derniers millénaires, l’Inde n’a jamais entièrement perdu contact à l’ouest avec la Mésopotamie et à l’est avec la Chine, bien que les barrières montagneuses aient grandement favorisé les relations avec l’Occident. 79:3.3 La culture supérieure et les tendances religieuses des peuples de l’Inde datent des premiers temps de la domination dravidienne ; elles sont dues en partie au grand nombre de prêtres séthites qui pénétrèrent en Inde, tant au cours des premières invasions andites que pendant les invasions aryennes ultérieures. Le fil conducteur du monothéisme traversant l’histoire religieuse de l’Inde part donc des enseignements des Adamites dans le second jardin. 79:3.4 Dès l’an 16 000 av. J.-C., une compagnie de cent prêtres séthites pénétra aux Indes et réussit presque à conquérir religieusement la moitié occidentale de ce peuple polyglotte, mais leur religion ne subsista pas. En l’espace de cinq-mille ans, leur doctrine de la Trinité du Paradis avait dégénéré pour devenir le symbole trin du dieu du feu. 79:3.5 Toutefois, pendant plus de sept-mille ans et jusqu’à la fin des migrations andites, le statut religieux des habitants de l’Inde fut très supérieur à celui du reste de la terre. À cette époque, l’Inde promettait de produire la civilisation culturelle, religieuse, philosophique et commerciale la plus avancée du monde. Si les Andites n’avaient pas été complètement submergés par les peuplades du sud, cette destinée se serait probablement réalisée. 79:3.6 Les centres dravidiens de culture étaient situés dans les vallées des fleuves, principalement de l’Indus et du Gange, et dans le Deccan le long des trois grands fleuves qui coulent à travers les Ghâtes orientales vers la mer. Leurs colonies, le long de la côte maritime des Ghâtes occidentales, durent leur importance aux relations par mer avec la Sumérie. 79:3.7 Les Dravidiens furent parmi les premiers peuples à construire des villes et à se lancer, à une grande échelle, dans les affaires d’importation et d’exportation, tant par voie terrestre que par voie maritime. Dès l’an 7 000 av. J.-C., des caravanes de chameaux faisaient régulièrement le voyage de la lointaine Mésopotamie. Les bateaux dravidiens s’avançaient le long de la côte en traversant la mer d’Arabie jusqu’aux villes sumériennes du golfe Persique, et s’aventuraient sur les eaux de la baie du Bengale jusqu’aux Indes orientales. Les marins et marchands importèrent de Sumérie un alphabet ainsi que l’art d’écrire. 79:3.8 Ces relations commerciales contribuèrent largement à diversifier encore davantage une culture déjà cosmopolite, et provoquèrent très tôt l’apparition de nombreux raffinements et même d’objets de luxe de la vie citadine. Quand les Aryens, survenus plus tard, entrèrent aux Indes, ils ne reconnurent pas, chez les Dravidiens, leurs cousins andites absorbés par les races Sangiks, mais ils trouvèrent une civilisation bien développée. Malgré des limitations biologiques, les Dravidiens avaient fondé une civilisation supérieure qui fut largement propagée dans toute l’Inde et qui a survécu au Deccan jusque dans les temps modernes. 4. L’invasion de l’Inde par les Aryens 79:4.1 La seconde pénétration andite aux Indes fut l’invasion par les Aryens ; elle s’étendit sur une période de près de cinq-cents ans au milieu du troisième millénaire avant le Christ. Cette migration marqua l’exode final des Andites hors de leur foyer du Turkestan. 79:4.2 Les premiers centres aryens étaient éparpillés sur la moitié nord de l’Inde, surtout au nord-ouest. Ces envahisseurs ne parachevèrent jamais la conquête du pays, et leur négligence causa ultérieurement leur perte. Leur minorité numérique les rendit vulnérables à l’absorption par les Dravidiens du sud, qui envahirent plus tard toute la péninsule, à l’exception des provinces himalayennes. 79:4.3 Les Aryens n’exercèrent qu’une très faible action raciale aux Indes, sauf dans les provinces du nord. Au Deccan, leur influence fut culturelle et religieuse plutôt que raciale. La persistance plus prolongée du sang dit aryen dans l’Inde du Nord n’est pas seulement due à ce que les Aryens restèrent en plus grand nombre dans ces régions, mais aussi au fait qu’ils furent renforcés ultérieurement par d’autres conquérants, commerçants et missionnaires. Jusqu’au premier siècle avant le Christ, il y eut une infiltration continue de sang aryen dans le Pendjab, le dernier flux accompagnant les campagnes militaires hellénistiques. 79:4.4 Dans la plaine du Gange, les Aryens et les Dravidiens finirent par se mêler et engendrèrent une haute culture ; ce centre fut ultérieurement renforcé par des apports du nord-est venant de Chine. 79:4.5 Aux Indes, de nombreux types d’organisations sociales fleurirent de temps à autre, allant des systèmes semi-démocratiques des Aryens à des formes despotiques et monarchiques de gouvernement. Mais le trait le plus caractéristique de la société fut la persistance des grandes castes sociales instituées par les Aryens dans leur effort pour perpétuer leur identité raciale. Ce système minutieux de castes a été préservé jusqu’à nos jours. 79:4.6 Parmi les quatre grandes castes, toutes, sauf la première, furent établies dans un effort futile pour empêcher l’amalgamation raciale des conquérants aryens avec leurs sujets inférieurs. Mais la caste majeure, celle des prêtres-instructeurs, provient des Séthites. Les brahmanes du vingtième siècle de l’ère chrétienne sont les descendants culturels en ligne directe des prêtres du second jardin, bien que leurs enseignements diffèrent considérablement de ceux de leurs illustres prédécesseurs. 79:4.7 Quand les Aryens pénétrèrent aux Indes, ils apportèrent avec eux leurs concepts de la Déité tels que ceux-ci avaient été préservés dans ce qui subsistait des traditions de la religion du second jardin. Mais les prêtres brahmanes ne furent jamais capables de résister à la force vive païenne établie par le soudain contact avec les religions inférieures du Deccan après la disparition raciale des Aryens. La vaste majorité de la population tomba donc dans l’esclavage des superstitions asservissantes de religions inférieures. C’est ainsi que l’Inde ne réussit pas à produire la haute civilisation que les temps les plus anciens laissaient entrevoir. 79:4.8 L’éveil spirituel du sixième siècle avant le Christ ne persista pas aux Indes ; il s’était graduellement éteint même avant l’invasion musulmane. Toutefois, il peut arriver, un jour, qu’un plus grand Gautama surgisse pour conduire toute l’Inde à la recherche du Dieu vivant ; alors le monde observera l’épanouissement du potentiel culturel d’un peuple, aux talents variés, resté longtemps inerte sous l’influence engourdissante d’une vision spirituelle non progressive. 79:4.9 La culture repose bien sur une base biologique, mais les castes à elles seules ne purent perpétuer la culture aryenne, car la religion, la vraie, est la source indispensable de l’énergie supérieure qui pousse les hommes à établir une civilisation supérieure fondée sur la fraternité humaine. 5. Les hommes rouges et les hommes jaunes 79:5.1 Alors que l’histoire de l’Inde est celle de sa conquête par les Andites et de leur absorption finale par les peuples évolutionnaires plus anciens, l’histoire de l’Asie orientale est plus spécialement celle des Sangiks primaires et, en particulier, celle des hommes rouges et des hommes jaunes. Ces deux races échappèrent largement au mélange avec la lignée avilie du Néandertal qui retarda si considérablement les hommes bleus en Europe ; les hommes rouges et jaunes préservèrent ainsi le potentiel supérieur du type Sangik primaire. 79:5.2 Les premiers néandertaliens étaient répandus sur toute la largeur de l’Eurasie, mais leur aile orientale était la plus contaminée par des lignées animales dégradées. Ces types subhumains furent repoussés vers le sud par le cinquième glacier, la même calotte glacière qui bloqua si longtemps la migration des Sangiks vers l’Asie orientale. Quand les hommes rouges se dirigèrent vers le nord-est en contournant les hautes terres de l’Inde, ils trouvèrent l’Asie du Nord-Est dépourvue de ces types subhumains. Les races rouges s’organisèrent en tribus plus tôt que tous les autres peuples, et elles furent les premières à émigrer du foyer Sangik d’Asie centrale. Les lignées inférieures du Néandertal furent détruites ou chassées du continent par les tribus jaunes qui émigrèrent ultérieurement, mais les hommes rouges avaient régné souverainement en Asie orientale pendant près de cent-mille ans avant l’arrivée des tribus jaunes. 79:5.3 Il y a plus de trois-cent-mille ans, la masse principale des hommes jaunes entra en Chine en venant du sud, par migration, le long de la côte maritime. À chaque millénaire, ils pénétrèrent de plus en plus loin à l’intérieur des terres, mais n’établirent pas le contact avec leurs frères tibétains migrateurs avant une époque relativement récente. 79:5.4 La pression d’une population croissante amena la race jaune, qui se déplaçait vers le nord, à pénétrer dans les terrains de chasse des hommes rouges. Cet empiètement, doublé d’un antagonisme racial naturel, aboutit à des hostilités croissantes, et c’est ainsi que commença la lutte décisive pour la possession des terres fertiles de l’Asie lointaine. 79:5.5 Le récit de cette bataille millénaire entre les races jaune et rouge est une épopée de l’histoire d’Urantia. Pendant plus de deux-cent-mille ans, ces deux races supérieures se firent une guerre acharnée et incessante. Au cours des premières batailles, les hommes rouges eurent généralement le dessus ; leurs expéditions ravageaient les colonies jaunes. Mais les hommes jaunes étaient de bons élèves dans l’art de la guerre et manifestèrent de bonne heure une aptitude marquée à vivre en paix avec leurs compatriotes. Les Chinois furent les premiers à apprendre que l’union fait la force. Les tribus rouges continuèrent à se battre entre elles et commencèrent bientôt à subir des défaites répétées de la part des implacables agresseurs chinois qui poursuivaient leur marche inexorable vers le nord. 79:5.6 Il y a cent-mille ans, les tribus décimées de la race rouge luttaient, acculées au mur du dernier glacier alors en recul. Dès qu’il leur fut possible de passer vers l’est par l’isthme de Béring, ces tribus ne tardèrent pas à quitter les rives inhospitalières du continent asiatique. Il y a maintenant 85 000 ans que les derniers hommes rouges de race pure sont partis d’Asie, mais leur longue lutte a laissé son empreinte génétique sur la race jaune victorieuse. Les Chinois du nord ainsi que les Sibériens andonites assimilèrent beaucoup d’éléments des souches rouges et en tirèrent un bénéfice considérable. 79:5.7 Les Indiens d’Amérique du Nord n’entrèrent jamais en contact même avec les descendants andites d’Adam et Ève, car ils avaient été dépossédés de leurs terres natales d’Asie environ cinquante-mille ans avant l’arrivée d’Adam. Durant l’âge des migrations andites, les lignées rouges pures se répandaient sur l’Amérique du Nord sous forme de tribus nomades, de chasseurs pratiquant l’agriculture dans une mesure limitée. Ces races et groupes culturels restèrent à peu près complètement isolés du reste du monde depuis leur arrivée dans les Amériques jusqu’à la fin du premier millénaire de l’ère chrétienne, où elles furent découvertes par les races blanches d’Europe. Jusque-là, les tribus nordiques d’hommes rouges n’avaient jamais vu d’hommes plus proches des blancs que les Esquimaux. 79:5.8 La race jaune et la race rouge sont les deux seules souches humaines qui aient jamais atteint un haut degré de civilisation en dehors de l’influence des Andites. Le plus ancien centre de culture des Amérindiens fut celui d’Onamonalonton en Californie, mais, en l’an 35 000 av. J.-C., il avait disparu depuis longtemps. Au Mexique, en Amérique centrale et dans les montagnes de l’Amérique du Sud, les civilisations plus tardives et plus durables furent fondées par une race à prédominance rouge, mais contenant un mélange considérable d’hommes jaunes, orangés et bleus. 79:5.9 Ces civilisations furent des produits évolutionnaires des Sangiks, bien qu’un faible apport de sang andite eût atteint le Pérou. À l’exception des Esquimaux en Amérique du Nord et de quelques Andites polynésiens en Amérique du Sud, les peuples de l’hémisphère occidental n’eurent aucun contact avec le reste du monde avant la fin du premier millénaire après le Christ. Dans le plan originel des Melchizédeks pour améliorer les races d’Urantia, il avait été prévu qu’un million de descendants en ligne directe d’Adam se rendraient dans les Amériques pour rehausser la race rouge. 6. L’aurore de la civilisation chinoise 79:6.1 Quelque temps après avoir repoussé les hommes rouges en Amérique du Nord, les Chinois, en expansion, chassèrent les Andonites des vallées fluviales d’Asie orientale en les repoussant vers le nord, en Sibérie, et vers l’ouest, au Turkestan, où ils entrèrent bientôt en contact avec la culture supérieure des Andites. 79:6.2 En Birmanie et dans la péninsule d’Indochine, les cultures de l’Inde et de la Chine se mêlèrent pour donner naissance aux civilisations successives de ces régions. La race verte disparue a persisté dans ces pays en plus grande proportion que nulle part ailleurs dans le monde. 79:6.3 De nombreuses races différentes habitèrent les iles du Pacifique. En général, les iles du sud, qui étaient alors plus grandes, furent envahies par des peuplades ayant un fort pourcentage de sang vert et indigo. Les iles du nord furent occupées par des Andonites et, plus tard, par des races comportant une grande proportion de souches jaunes et rouges. Les ancêtres du peuple japonais ne furent pas chassés du continent asiatique avant l’an 12 000 av. J.-C. ; ils furent délogés par une puissante poussée des tribus chinoises nordiques descendant vers le sud le long de la côte. Leur exode final ne résulta pas tant de la pression de la population que de l’initiative d’un chef qu’ils finirent par considérer comme un personnage divin. 79:6.4 À l’instar des peuples de l’Inde et du Levant, les tribus victorieuses de race jaune établirent leurs premiers centres le long de la mer et en remontant le cours des fleuves. Les colonies côtières eurent ensuite de la difficulté à vivre, car les inondations croissantes et le lit changeant des fleuves rendaient intenables les villes des basses terres. 79:6.5 Il y a vingt-mille ans, les ancêtres des Chinois avaient bâti une douzaine de grands centres d’instruction et de culture primitive, spécialement le long du fleuve Jaune et du Yang-Tsé. Ces centres furent bientôt renforcés par un courant constant de peuplades mixtes supérieures venant du Sin-Kiang et du Tibet. Les émigrants du Tibet vers la vallée du Yang-Tsé ne furent pas aussi nombreux que dans le nord, et les centres tibétains n’étaient pas aussi avancés que ceux du bassin Tarim, mais les deux mouvements apportèrent une certaine quantité de sang andite vers l’est aux colonies fluviales. 79:6.6 La supériorité de l’ancienne race jaune était due à quatre grands facteurs : 79:6.7 1. Le facteur génétique. Contrairement à leurs cousins bleus d’Europe, les races jaune et rouge avaient toutes deux échappé, dans une large mesure, au mélange avec des souches humaines dégradées. Les Chinois du nord, déjà renforcés par de petits apports des lignées supérieures rouges et andoniques, devaient bientôt bénéficier d’un afflux considérable de sang andite. Les Chinois du sud ne furent pas aussi favorisés sous ce rapport. Ils avaient longtemps souffert d’avoir absorbé trop d’éléments de la race verte, et ils allaient encore être affaiblis plus tard par l’infiltration de nuées de peuplades inférieures chassées des Indes par l’invasion dravidienne-andite. Il y a aujourd’hui, en Chine, une différence marquée entre les races du nord et celles du sud. 79:6.8 2. Le facteur social. La race jaune apprit de bonne heure la valeur de la paix entre compatriotes. Son caractère pacifique lui permit d’accroitre sa population au point de répandre sa civilisation parmi des millions d’individus. Entre l’an 25 000 et l’an 5 000 av. J.-C., la masse d’hommes la plus hautement civilisée d’Urantia se trouvait dans le centre et le Nord de la Chine. Les hommes jaunes furent les premiers à réaliser une solidarité raciale – les premiers à atteindre une civilisation culturelle, sociale et politique sur une grande échelle. 79:6.9 Les Chinois de l’an 15 000 av. J.-C. étaient des militaristes agressifs ; ils n’avaient pas été affaiblis par un excès de respect pour le passé ; ils formaient un corps compact de moins d’une douzaine de millions d’hommes parlant tous la même langue. Durant cet âge, ils bâtirent une véritable nation, bien plus unie et plus homogène que leurs unions politiques des temps historiques. 79:6.10 3. Le facteur spirituel. Durant l’ère des migrations andites, les Chinois comptaient parmi les peuples les plus spiritualistes de la terre. Leur longue adhésion au culte de la Vérité Unique proclamée par Singlangton les maintenait à l’avant-garde de la plupart des autres races. Le stimulant d’une religion progressive et avancée est souvent un facteur décisif du développement culturel. Tandis que l’Inde languissait, la Chine allait de l’avant sous le stimulant vivifiant d’une religion dans laquelle la vérité était enchâssée comme Déité suprême. 79:6.11 Cette adoration de la vérité stimulait la recherche et l’exploration intrépide des lois de la nature et des potentiels de l’humanité. Les Chinois, même ceux d’il y a six-mille ans, étudiaient toujours avec ardeur et poursuivaient avec dynamisme leur recherche de la vérité. 79:6.12 4. Le facteur géographique. La Chine est protégée à l’ouest par des montagnes et à l’est par l’océan Pacifique. C’est seulement au nord qu’elle est ouverte aux attaques ; or, depuis l’époque des hommes rouges jusqu’à l’arrivée des descendants ultérieurs des Andites, le nord ne fut jamais occupé par une race agressive. 79:6.13 Sans les barrières montagneuses et le déclin ultérieur de sa culture spirituelle, la race jaune aurait indubitablement attiré à elle la majeure partie des Andites émigrant du Turkestan et aurait incontestablement dominé rapidement la civilisation du monde. 7. Les Andites pénètrent en Chine 79:7.1 Il y a environ quinze-mille ans, les Andites franchissaient en nombre considérable le col de Ti Tao et se répandaient dans la vallée supérieure du fleuve Jaune parmi les colonies chinoises du Kansou. Bientôt, ils pénétrèrent à l’est dans le Honan où se trouvaient les colonies les plus progressives. Cette infiltration venant de l’ouest était environ pour moitié andonite et pour moitié andite. 79:7.2 Les centres septentrionaux de culture, le long du fleuve Jaune, avaient toujours été plus progressifs que les centres méridionaux du Yang-Tsé. En quelques milliers d’années, après l’arrivée de ces mortels supérieurs, même peu nombreux, les colonies du fleuve Jaune avaient distancé les villages du Yang-Tsé. Par rapport à leurs frères du sud, elles avaient atteint une position culturelle avancée qu’elles ont toujours conservée depuis lors. 79:7.3 Les Andites étaient en nombre relativement restreint et leur culture n’était pas tellement supérieure, mais l’amalgamation avec eux produisit une lignée aux talents plus variés. Les Chinois du nord reçurent juste assez de sang andite pour stimuler modérément leur mental naturellement doué, mais pas assez pour les enflammer de la curiosité exploratrice fébrile si caractéristique des races blanches nordiques. Ce flux plus limité d’hérédité andite apportait moins de troubles à la stabilité innée du type Sangik. 79:7.4 Les vagues ultérieures d’Andites amenèrent avec eux certains progrès culturels de Mésopotamie ; ceci est spécialement vrai pour les dernières vagues d’émigration venant de l’ouest. Elles améliorèrent grandement les pratiques économiques et éducatives des Chinois du nord. Leur influence sur la culture religieuse de la race jaune fut éphémère, mais leurs descendants contribuèrent beaucoup à un éveil spirituel ultérieur. Toutefois, les traditions andites de la beauté d’Éden et de Dalamatia influencèrent les traditions chinoises ; les légendes chinoises primitives situent « le pays des dieux » à l’occident. 79:7.5 Le peuple chinois ne commença à bâtir des villes et à se lancer dans la manufacture qu’après l’an 10 000 av. J.-C., à la suite des changements climatiques dans le Turkestan et de l’arrivée des derniers immigrants andites. L’infusion de ce sang nouveau n’eut pas tant pour effet d’ajouter beaucoup à la civilisation des hommes jaunes que de stimuler un nouveau et rapide développement des tendances latentes des lignées chinoises supérieures. Depuis le Honan jusqu’au Shansi, les potentiels d’une civilisation avancée arrivaient à maturité. Le travail des métaux et tous les arts et manufactures datent de cette époque. 79:7.6 Les similitudes entre certaines méthodes des Chinois et des Mésopotamiens primitifs pour le calcul du temps, l’astronomie et l’administration gouvernementale étaient dues aux relations commerciales entre ces deux centres fort éloignés. Même au temps des Sumériens, les marchands chinois voyageaient par les routes terrestres traversant le Turkestan pour aller jusqu’en Mésopotamie. Ces échanges ne furent pas unilatéraux – la vallée de l’Euphrate en bénéficia considérablement ainsi que les peuples de la plaine du Gange. Mais les changements de climat et les invasions des nomades, au troisième millénaire avant le Christ, réduisirent considérablement le volume du commerce passant par les pistes des caravanes de l’Asie centrale. 8. La suite de la civilisation chinoise 79:8.1 Alors que les hommes rouges souffrirent d’avoir trop fait de guerre, il n’est pas entièrement faux de dire que le développement structurel de l’État parmi les Chinois fut retardé par l’ampleur de leur conquête de l’Asie. Ils avaient un grand potentiel de solidarité raciale qui ne réussit pas à se développer parce qu’il lui manquait le stimulant continu que représente le danger toujours présent d’une agression venant de l’extérieur. 79:8.2 Avec l’achèvement de la conquête de l’Asie orientale, l’ancien État militaire se désintégra progressivement – les guerres du passé furent oubliées. De la bataille épique contre la race rouge, il ne persista que les vagues traditions d’une ancienne lutte contre le peuple des archers. Les Chinois s’orientèrent de bonne heure vers l’agriculture, ce qui accrut leurs tendances pacifiques : en même temps, le rapport hommes-sol était très inférieur à la normale pour une contrée agricole, ce qui contribua encore à la vie de plus en plus paisible du pays. 79:8.3 La conscience des accomplissements passés (quelque peu diminuée dans le présent), le conservatisme d’un peuple, dans son immense majorité agricole, et une vie de famille bien développée donnèrent naissance à la vénération des ancêtres, qui culmina dans l’habitude d’honorer les hommes du passé au point de friser l’adoration. Un comportement très similaire prévalut parmi les races blanches d’Europe pendant cinq-cents ans environ après la dislocation de la civilisation gréco-romaine. 79:8.4 La croyance et le culte de la « Vérité Unique » telle que l’avait enseignée Singlangton ne disparurent jamais complètement ; mais, avec l’écoulement du temps, la recherche de vérités nouvelles et supérieures fut dominée par une tendance croissante à vénérer l’état de choses établi. Le génie de la race jaune se détourna lentement de la recherche de l’inconnu vers la préservation du connu. Telle est la raison pour laquelle la civilisation qui avait progressé le plus rapidement dans le monde se mit à stagner. 79:8.5 Entre l’an 4 000 et l’an 500 av. J.-C., la réunification politique de la race jaune fut consommée, mais l’union culturelle des centres du Yang-Tsé et du fleuve Jaune avait déjà été effectuée auparavant. Cette réunification politique des groupes tribaux plus tardifs n’alla pas sans conflits, mais l’estime populaire pour la guerre resta faible. Le culte des ancêtres, la croissance des dialectes et l’absence d’enrôlement pour des actions militaires, pendant des milliers et des milliers d’années, avaient rendu ce peuple ultrapacifique. 79:8.6 Bien que la race jaune ait failli à ses promesses de développer rapidement un État évolué, elle avança progressivement dans la réalisation des arts de la civilisation, spécialement dans les domaines de l’agriculture et de l’horticulture. Les problèmes hydrauliques confrontant les paysans dans le Shansi et le Honan exigeaient une coopération collective pour être résolus. Les difficultés de l’irrigation et de la conservation du sol contribuèrent largement à développer l’interdépendance, avec la promotion correspondante de la paix parmi les groupes de fermiers. 79:8.7 Les développements de l’écriture ainsi que la mise en place d’écoles contribuèrent bientôt à diffuser les connaissances à une échelle jusqu’alors inégalée. Mais la nature encombrante du système d’écriture idéographique limita le nombre des classes instruites, bien que l’imprimerie fût apparue de bonne heure. Par-dessus tout, le processus de nivellement social et de développement dogmatique philosophico-religieux se poursuivit à grands pas. Le développement religieux de la vénération des ancêtres se compliqua d’un flot de superstitions impliquant l’adoration de la nature, mais les vestiges d’un véritable concept de Dieu restèrent préservés dans le culte impérial du Shang-Ti. 79:8.8 La grande faiblesse de la vénération des ancêtres vient de ce qu’elle encourage une philosophie tournée vers le passé. Si avisé qu’il puisse être de glaner de la sagesse dans le passé, c’est une folie de le regarder comme la source exclusive de vérité. La vérité est relative et s’amplifie ; elle vit toujours dans le présent, parvenant à de nouvelles expressions dans chaque génération d’hommes – et même dans chaque vie humaine. 79:8.9 La grande force de la vénération des ancêtres est la valeur que cette attitude attribue à la famille. La stabilité et la persistance étonnantes de la culture chinoise sont une conséquence du rôle majeur accordé à la famille, car la civilisation dépend directement du fonctionnement efficace de la famille. En Chine, la famille atteignit une importance sociale, et même une signification religieuse, que peu d’autres peuples approchèrent. 79:8.10 La dévotion filiale et la loyauté familiale exigées par la croissance du culte des ancêtres assura l’établissement de relations familiales supérieures et de groupes familiaux durables, qui ensemble développèrent les facteurs suivants préservateurs de la civilisation : 79:8.11 1. La conservation des biens et de la richesse. 79:8.12 2. La mise en commun de l’expérience de plusieurs générations. 79:8.13 3. L’éducation efficace des enfants dans les arts et sciences du passé. 79:8.14 4. Le développement d’un fort sens du devoir, l’élévation de la moralité et l’accroissement de la sensibilité éthique. 79:8.15 La période formative de la civilisation chinoise, débutant par l’arrivée des Andites, s’étend jusqu’au grand réveil éthique, moral et semi-religieux du sixième siècle avant le Christ. Et la tradition chinoise conserve vaguement l’histoire du passé évolutionnaire ; la transition de la famille matriarcale à la famille patriarcale, l’établissement de l’agriculture, le développement de l’architecture, l’avènement de l’industrie – tout cela est successivement raconté. Plus que tout autre compte rendu similaire, cette histoire présente, avec grande précision, l’image de la magnifique ascension d’un peuple supérieur à partir du niveau de la barbarie. Durant ce temps, les Chinois passèrent d’une société agricole primitive à une organisation sociale supérieure englobant l’urbanisation, la manufacture, le travail des métaux, les échanges commerciaux, le gouvernement, l’écriture, les mathématiques, les arts, les sciences et l’imprimerie. 79:8.16 C’est ainsi que l’ancienne civilisation de la race jaune a persisté à travers les siècles. Il y a presque quarante-mille ans que les premiers progrès importants furent accomplis dans la culture chinoise. Bien qu’il y ait eu de nombreuses récessions, la civilisation des fils de Han est celle qui est le plus près de présenter une image ininterrompue de progrès continu jusqu’à l’époque du vingtième siècle. Les races blanches ont eu un développement mécanique et religieux d’ordre élevé, mais elles n’ont jamais dépassé les Chinois en loyauté familiale, en éthique collective, ni en moralité personnelle. 79:8.17 Cette ancienne culture a beaucoup contribué au bonheur des hommes. Des millions d’êtres humains ont vécu et sont morts, bénis par ses accomplissements. Pendant des siècles, cette grande civilisation a reposé sur les lauriers du passé, mais, aujourd’hui, elle se réveille pour envisager de nouveau les buts transcendants de l’existence humaine et reprendre de nouveau la lutte continue pour un progrès sans fin. 79:8.18 [Présenté par un archange de Nébadon.] Fascicule 80. L’expansion andite en Occident 80:0.1 Bien que les hommes bleus d’Europe n’aient pas atteint par eux-mêmes une grande civilisation culturelle, ils fournirent une base biologique comportant des lignées imprégnées de sang adamique. Quand ces dernières se mêlèrent aux envahisseurs andites ultérieurs, elles produisirent l’une des plus puissantes souches capables d’atteindre une civilisation dynamique qui soit jamais apparue sur Urantia depuis l’époque de la race violette et des Andites qui lui succédèrent. 80:0.2 Les peuples blancs modernes incorporent les lignées survivantes de la souche adamique qui se mêla aux races Sangiks comprenant quelques éléments rouges et jaunes, mais plus spécialement des hommes bleus. Toutes les races blanches contiennent un pourcentage considérable de la souche andonite originelle, et encore plus des lignées primitives de Nodites. 1. Les Adamites pénètrent en Europe 80:1.1 Avant que les derniers Andites eussent été chassés de la vallée de l’Euphrate, nombre de leurs frères avaient pénétré en Europe comme aventuriers, éducateurs, commerçants ou guerriers. Durant les premiers temps de la race violette, le bassin de la Méditerranée était protégé par l’isthme de Gibraltar et le pont terrestre de Sicile. Tout à ses débuts, une partie du commerce maritime fut établie sur ces lacs intérieurs où les hommes bleus du nord et les Sahariens du sud rencontraient les Nodites et les Adamites de l’est. 80:1.2 Dans la cuvette orientale de la Méditerranée, les Nodites avaient installé un de leurs plus vastes centres de culture et, de là, ils avaient pénétré quelque peu en Europe méridionale, mais plus spécialement en Afrique du Nord. Les Syriens nodites-andonites brachycéphales introduisirent de très bonne heure la poterie et l’agriculture dans leurs colonies du delta du Nil, qui s’exhaussait lentement. Ils y importèrent aussi des moutons, des chèvres, des bovins et d’autres animaux domestiques, ainsi que des méthodes très améliorées pour le travail des métaux, car la Syrie était alors le centre de cette industrie. 80:1.3 Pendant plus de trente-mille ans, l’Égypte reçut un flot constant de Mésopotamiens apportant leur art et leur culture pour enrichir ceux de la vallée du Nil. Mais l’entrée d’un grand nombre de Sahariens détériora considérablement l’ancienne civilisation le long du Nil, de sorte que l’Égypte atteignit son plus bas niveau culturel il y a environ quinze-mille ans. 80:1.4 Cependant, aux époques primitives, la migration des Adamites vers l’ouest ne rencontra guère d’obstacles. Le Sahara était un pâturage ouvert parsemé d’éleveurs et d’agriculteurs. Ces Sahariens ne se lancèrent jamais dans la manufacture ; ils n’étaient pas non plus des bâtisseurs de villes. Les Sahariens étaient un groupe indigo-noir comportant de larges apports des races verte et orangée alors éteintes. Ils reçurent toutefois un contingent très limité d’hérédité violette avant que le soulèvement de la croute terrestre et le changement d’orientation des vents humides eussent dispersé les restes de cette civilisation prospère et pacifique. 80:1.5 Le sang d’Adam a été dilué dans la plupart des races humaines, mais certaines en ont reçu plus que d’autres. Les races mêlées de l’Inde et les peuplades plus sombres d’Afrique ne présentaient pas d’attrait pour les Adamites. Ils se seraient volontiers mêlés aux hommes rouges si ces derniers n’avaient pas été aussi éloignés en Amérique, et ils étaient amicalement disposés envers les hommes jaunes, mais ceux-ci étaient également difficiles d’accès dans leur lointaine Asie. C’est pourquoi, quand les Adamites étaient poussés par l’aventure ou l’altruisme, ou chassés de la vallée de l’Euphrate, ils choisissaient tout naturellement l’union avec les races bleues d’Europe. 80:1.6 Les hommes bleus, alors dominants en Europe, n’avaient pas de pratiques religieuses rebutantes pour les premiers émigrants adamites, et il y avait une grande attirance sexuelle entre la race violette et la race bleue. Les meilleurs, parmi les hommes bleus, considéraient comme un grand honneur la permission de s’unir avec des Adamites. Chaque homme bleu entretenait l’ambition de devenir assez habile et assez artiste pour gagner l’affection d’une femme adamite, et la plus haute aspiration d’une femme bleue supérieure était de recevoir les hommages d’un Adamite. 80:1.7 Lentement, ces fils migrateurs d’Éden s’unirent avec les types supérieurs de la race bleue et vivifièrent leurs pratiques culturelles, tout en exterminant impitoyablement les lignées résiduelles des souches du Néandertal. Cette technique de croisement de races, conjuguée avec l’élimination des lignées inférieures, produisit au moins une douzaine de groupes virils et progressistes d’hommes bleus supérieurs, et vous avez désigné l’un d’eux par le nom de Cro-Magnon. 80:1.8 Pour ces raisons et pour d’autres, dont la moindre n’était pas des routes de migration plus favorables, les premières vagues de culture mésopotamienne se dirigèrent presque exclusivement vers l’Europe. Ce sont ces circonstances qui déterminèrent les antécédents de la civilisation européenne moderne. 2. Changements climatiques et géologiques 80:2.1 L’expansion initiale de la race violette en Europe fut arrêtée par certains changements climatiques et géologiques plutôt soudains. Avec le recul des champs de glace septentrionaux, les vents apportant les pluies tournèrent de l’ouest au nord et transformèrent graduellement les vastes régions de pâturages ouverts du Sahara en un désert stérile. Cette sécheresse dispersa les habitants du grand plateau saharien ; ceux-ci étaient de petite taille, bruns aux yeux noirs, mais dolichocéphales. 80:2.2 Les éléments plus purement indigo allèrent vers le sud, dans les forêts d’Afrique centrale où ils sont toujours restés depuis lors. Les groupes les plus mêlés s’éparpillèrent dans trois directions : les tribus supérieures à l’ouest émigrèrent en Espagne et de là dans les parties adjacentes de l’Europe ; elles formèrent le noyau des races méditerranéennes ultérieures de bruns dolichocéphales. La division la moins progressive de l’Est du plateau saharien émigra en Arabie et, de là, à travers la Mésopotamie du Nord et l’Inde, jusqu’à la lointaine ile de Ceylan. Le groupe central se dirigea vers le nord et l’est, jusqu’à la vallée du Nil, et pénétra en Palestine. 80:2.3 C’est ce substratum Sangik secondaire qui suggère un certain degré de parenté entre les peuples modernes éparpillés depuis le Deccan, en passant par l’Iran et la Mésopotamie, jusqu’au long des deux rives nord et sud de la Méditerranée. 80:2.4 À peu près à l’époque de ces changements de climat en Afrique, l’Angleterre se sépara du continent et le Danemark surgit de la mer, tandis que l’isthme de Gibraltar protégeant le bassin occidental de la Méditerranée s’effondrait par suite d’un tremblement de terre, ce qui éleva rapidement le niveau de ce lac intérieur à celui de l’océan Atlantique. Peu après, le pont terrestre de Sicile s’effondra, ce qui fit de la Méditerranée une seule mer reliée à l’océan Atlantique. Ce cataclysme de la nature engloutit des dizaines de colonies et causa la plus grande perte de vies humaines par inondation que l’histoire du monde ait jamais connue. 80:2.5 Cet affaissement du bassin méditerranéen restreignit immédiatement les déplacements des Adamites vers l’occident, tandis que le grand afflux de Sahariens les conduisait à rechercher, au nord et à l’est d’Éden, des débouchés pour leur surpopulation. À mesure que les descendants d’Adam quittèrent les vallées du Tigre et de l’Euphrate en voyageant vers le nord, ils rencontrèrent des barrières montagneuses et la mer Caspienne, qui était alors plus étendue qu’aujourd’hui. Pendant de nombreuses générations, les Adamites s’adonnèrent à la chasse, à l’élevage et à l’agriculture autour de leurs colonies éparpillées dans tout le Turkestan. Ce peuple magnifique étendit lentement son territoire en Europe, mais maintenant les Adamites pénètrent en Europe par l’est et y trouvent la culture des hommes bleus en retard de milliers d’années sur celle de l’Asie, car cette région n’avait presque pas eu de contacts avec la Mésopotamie. 3. L’homme bleu de Cro-Magnon 80:3.1 Les anciens centres de culture des hommes bleus étaient situés le long de tous les fleuves d’Europe, mais la Somme est le seul à couler encore dans le lit qu’elle suivait à l’époque préglaciaire. 80:3.2 Nous parlons de l’homme bleu comme occupant le continent européen, mais il y avait des dizaines de types raciaux. Même il y a trente-cinq-mille ans, les races bleues d’Europe étaient déjà un peuple très mêlé contenant des hérédités de sang rouge et jaune, tandis que, dans les régions côtières de l’Atlantique et celles de la Russie actuelle, il avait absorbé une quantité considérable de sang andonite, et que, vers le sud, il était en contact avec les peuples sahariens. Il serait stérile de vouloir énumérer ces nombreux groupes raciaux. 80:3.3 La civilisation européenne de cette première période postérieure à Adam fut un mélange unique de la vigueur et de l’art des hommes bleus avec l’imagination créative des Adamites. Les hommes bleus formaient une race de grande vigueur, mais ils dégradèrent considérablement le statut culturel et spirituel des Adamites. Il était très difficile à ces derniers de marquer l’empreinte de leur religion sur les Cro-Magnoïdes, parce que trop d’entre eux avaient tendance à tricher et à débaucher les jeunes filles. Pendant dix-mille ans, la religion en Europe resta à un niveau très bas en comparaison de ses développements aux Indes et en Égypte. 80:3.4 Les hommes bleus étaient parfaitement honnêtes dans toutes leurs affaires et exempts des vices sexuels des Adamites mêlés. Ils respectaient la virginité et ne pratiquaient la polygamie que si la guerre avait amené une pénurie d’hommes. 80:3.5 Ces peuplades du Cro-Magnon étaient une race courageuse et prévoyante. Elles entretenaient, pour les enfants, un système d’éducation efficace auquel les deux parents participaient, et les services des enfants les plus âgés étaient pleinement utilisés. On apprenait soigneusement à chaque enfant à s’occuper des cavernes, à pratiquer les arts et à tailler les silex. Dès leur jeunesse, les femmes avaient une bonne expérience des arts ménagers et d’une agriculture rudimentaire, tandis que les hommes étaient d’habiles chasseurs et de courageux guerriers. 80:3.6 Les hommes bleus étaient des chasseurs, des pêcheurs, des collecteurs de nourriture et d’habiles constructeurs de bateaux. Ils fabriquaient des haches de pierre, coupaient des arbres et bâtissaient des cabanes de rondins partiellement enterrées et munies de toits de peaux. Certaines peuplades construisent encore des huttes semblables en Sibérie. Les Cro-Magnons du sud vivaient généralement dans des cavernes et des grottes. 80:3.7 Durant les rigueurs de l’hiver, il n’était pas rare que leurs sentinelles meurent de froid en assurant la garde de nuit à l’entrée des cavernes. Ils étaient courageux, mais, par-dessus tout, ils étaient des artistes ; le mélange de sang adamite activa brusquement leur imagination créative. L’apogée de l’art des hommes bleus se situe il y a environ quinze-mille ans, avant l’époque où les races à épiderme plus foncé montèrent d’Afrique vers le nord à travers l’Espagne. 80:3.8 Il y a environ quinze-mille ans, les forêts alpines envahissaient peu à peu des étendues considérables. Les chasseurs européens étaient repoussés vers les vallées des fleuves et les bords de la mer par les mêmes contraintes climatiques qui avaient transformé les heureux terrains de chasse du monde en déserts secs et stériles. En même temps que les vents de pluie tournaient au nord, les vastes prairies européennes ouvertes se couvrirent de forêts. Ces grandes et relativement soudaines modifications de climat poussèrent les races d’Europe, qui pratiquaient la chasse sur des espaces libres, à se transformer en éleveurs et, dans une certaine mesure, en pêcheurs et en travailleurs de la terre. 80:3.9 Tout en provoquant des progrès culturels, ces changements produisirent certaines régressions biologiques. Pendant l’ère précédente de chasse, les membres des tribus supérieures s’étaient mariés avec les prisonniers de guerre du type le plus évolué et avaient invariablement détruit ceux qu’ils estimaient inférieurs. Mais, quand ils commencèrent à installer des colonies et à se lancer dans l’agriculture et le commerce, ils se mirent à épargner de nombreux captifs médiocres et à les conserver comme esclaves. Et ce fut la progéniture de ces esclaves qui, plus tard, dégrada si considérablement l’ensemble du type cromagnoïde. La culture continua à rétrograder jusqu’au moment où elle reçut une nouvelle impulsion de l’Orient, quand l’invasion finale et massive des Mésopotamiens balaya l’Europe en absorbant rapidement la culture et le type cromagnoïde, et en inaugurant la civilisation des races blanches. 4. Les invasions de l’Europe par les Andites 80:4.1 Un courant régulier d’Andites afflua en Europe, mais il y eut sept invasions majeures, les derniers envahisseurs arrivant à cheval en trois grandes vagues. Certains entrèrent en Europe par les iles de la mer Égée et en remontant la vallée du Danube, mais les premières et pures lignées émigrèrent en Europe du Nord-Ouest par la route du nord traversant les pâturages de la Volga et du Don. 80:4.2 Entre la troisième et la quatrième invasion, une horde d’Andonites pénétra en Europe par le nord, après être venue de Sibérie par les fleuves russes et la Baltique. Elle fut immédiatement assimilée par les tribus andites du nord. 80:4.3 Les expansions initiales de la race violette plus pure furent beaucoup plus pacifiques que celles de ses descendants andites ultérieurs qui étaient semi-militaires et aimaient les conquêtes. Les Adamites étaient pacifiques et les Nodites, belliqueux. L’union de ces souches, telles qu’elles se mêlèrent plus tard avec les races Sangiks, produisit les Andites, capables et agressifs, qui firent de réelles conquêtes militaires. 80:4.4 Toutefois, le cheval fut le facteur évolutionnaire qui détermina la domination des Andites en Occident. Le cheval donna aux Andites qui se dispersaient l’avantage auparavant inexistant de la mobilité, ce qui permit aux derniers groupes de cavaliers andites de progresser rapidement autour de la mer Caspienne pour envahir l’Europe entière. Toutes les vagues antérieures d’Andites s’étaient déplacées si lentement qu’elles avaient tendance à se désagréger dès qu’elles étaient à une grande distance de la Mésopotamie. Mais les vagues ultérieures avancèrent si rapidement qu’elles atteignirent l’Europe en groupes cohérents, conservant dans une certaine mesure leur culture supérieure. 80:4.5 Depuis dix-mille ans, l’ensemble du monde habité, en dehors de la Chine et de la région de l’Euphrate, n’avait fait que des progrès culturels très limités lorsque les rudes cavaliers andites firent leur apparition au septième et au sixième millénaire avant le Christ. Tandis qu’ils se déplaçaient vers l’ouest à travers les plaines de Russie, absorbant les meilleurs éléments des hommes bleus et exterminant les moins bons, ils ne formèrent plus qu’un seul peuple mêlé. Ils furent les ancêtres des races dites nordiques, les ancêtres des populations scandinaves, germaniques et anglo-saxonnes. 80:4.6 Les lignées supérieures bleues ne tardèrent pas à être entièrement absorbées par les Andites dans toute l’Europe du Nord. C’est seulement en Laponie (et dans une certaine mesure en Bretagne) que les anciens Andonites conservèrent un semblant d’identité raciale. 5. La conquête de l’Europe du Nord par les Andites 80:5.1 Les tribus de l’Europe du Nord se trouvaient continuellement renforcées et relevées par le flot régulier de Mésopotamiens qui émigraient à travers le Turkestan - le Sud de la Russie. Quand les dernières vagues de cavalerie andite balayèrent l’Europe, il y avait déjà, dans cette région, plus d’hommes ayant du sang andite que dans tout le reste du monde. 80:5.2 Pendant trois-mille ans, le quartier général militaire des Andites du nord resta au Danemark. De ce point central partirent les vagues successives de conquête, dont les éléments perdirent progressivement leur caractère andite et devinrent de plus en plus blancs, au cours des siècles, à mesure que s’opérait le mélange final des conquérants mésopotamiens avec les peuples conquis. 80:5.3 Alors que les hommes bleus avaient été absorbés dans le nord et avaient fini par succomber devant les raids des cavaliers blancs pénétrant dans le sud, les tribus envahissantes de la race blanche mêlée rencontrèrent une résistance opiniâtre et prolongée de la part des Cro-Magnons ; mais l’intelligence supérieure de la race blanche et ses réserves biologiques en constant accroissement lui permirent d’anéantir complètement la race plus ancienne. 80:5.4 Les combats décisifs entre les hommes blancs et les hommes bleus se déroulèrent dans la vallée de la Somme. C’est là que la fleur de la race bleue s’opposa avec acharnement aux Andites qui progressaient vers le sud. Pendant plus de cinq-cents ans, les Cro-Magnoïdes défendirent leurs territoires avec succès avant de succomber devant la stratégie militaire supérieure des envahisseurs blancs. Thor, le commandant victorieux des armées du nord dans la bataille finale de la Somme, devint le héros des tribus nordiques blanches et fut plus tard révéré comme un dieu par certaines d’entre elles. 80:5.5 Les forteresses des hommes bleus qui résistèrent le plus longtemps se trouvaient dans le sud de la France, mais la dernière grande résistance militaire fut vaincue le long de la Somme. La conquête ultérieure progressa par pénétration commerciale, par poussée de la population le long des fleuves et par une suite continue de mariages avec les éléments supérieurs, accompagnée d’une extermination impitoyable des inférieurs. 80:5.6 Quand le conseil tribal andite des anciens avait jugé qu’un captif inférieur était inapte, on le remettait aux prêtres chamans au cours d’une cérémonie élaborée, et ceux-ci l’accompagnaient au fleuve où ils lui administraient, selon les rites, l’initiation vers les « heureux territoires de chasse » – la noyade. De cette manière, les envahisseurs blancs de l’Europe exterminèrent tous les peuples qu’ils rencontrèrent et qui ne furent pas rapidement absorbés dans leurs propres rangs ; c’est ainsi que les hommes bleus virent leur fin – et ce fut rapidement fait. 80:5.7 Les hommes bleus cromagnoïdes constituèrent le fondement biologique des races européennes modernes, mais ils ne survécurent que dans la mesure où ils furent absorbés par les virils conquérants ultérieurs de leur pays natal. Les lignées bleues apportèrent beaucoup de robustesse et de vigueur physique aux races blanches d’Europe, mais l’humour et l’imagination des peuples européens mêlés provenaient des Andites. Cette union entre Andites et hommes bleus, dont les races blanches nordiques furent la conséquence, provoqua une chute immédiate de la civilisation andite, un retard de nature transitoire. Finalement, la supériorité latente de ces barbares nordiques se manifesta et culmina dans la civilisation européenne d’aujourd’hui. 80:5.8 Vers l’an 5 000 av. J.-C., les races blanches en évolution dominaient dans toute l’Europe septentrionale, y compris le Nord de l’Allemagne, le Nord de la France et les iles Britanniques. L’Europe centrale fut contrôlée un certain temps par les hommes bleus et les Andonites à tête ronde. Ces derniers habitaient surtout la vallée du Danube et ne furent jamais entièrement déplacés par les Andites. 6. Les Andites le long du Nil 80:6.1 Depuis l’époque des migrations andites finales, la culture déclina dans la vallée de l’Euphrate, et le centre immédiat de la civilisation passa dans la vallée du Nil. L’Égypte succéda à la Mésopotamie comme quartier général du groupe le plus évolué de la terre. 80:6.2 La vallée du Nil commença à subir des inondations peu avant les vallées de Mésopotamie, mais en souffrit beaucoup moins. Ce contretemps initial fut plus que compensé par l’afflux constant d’immigrants andites, de sorte que la culture de l’Égypte, bien que provenant en réalité de la vallée de l’Euphrate, semblait prendre de l’avance. En l’an 5 000 av. J.-C, durant la période des inondations en Mésopotamie, il y avait en Égypte sept groupes distincts d’êtres humains, et tous, sauf un, venaient de Mésopotamie. 80:6.3 Quand le dernier exode de la vallée de l’Euphrate se produisit, l’Égypte eut la bonne fortune de recevoir un grand nombre des artistes et artisans les plus habiles. Ces artisans andites ne se trouvèrent nullement dépaysés, en ce sens qu’ils étaient entièrement habitués à la vie fluviale, aux inondations, aux irrigations et aux saisons sèches. Ils appréciaient la position abritée de la vallée du Nil, où ils étaient bien moins sujets à des attaques et à des raids hostiles que sur les rives de l’Euphrate. Ils accrurent grandement l’habilité des Égyptiens à travailler les métaux. Ils traitèrent là des minerais de fer provenant du mont Sinaï au lieu des régions de la mer Noire. 80:6.4 Les Égyptiens réunirent, de très bonne heure, leurs divinités locales en un minutieux système national de dieux. Ils développèrent une vaste théologie et eurent une prêtrise nombreuse mais lourde à supporter. Plusieurs chefs différents cherchèrent à faire revivre les restes des premiers enseignements religieux des Séthites, mais ces efforts furent de courte durée. Les Andites construisirent les premiers édifices de pierre en Égypte. La première et la plus belle des pyramides de pierre fut élevée par Imhotep, un génie architectural andite, pendant qu’il servait comme premier ministre. Les bâtiments antérieurs avaient été construits en briques. Il est vrai que nombre d’édifices de pierre avait déjà été bâtis dans différentes parties du monde, toutefois celui-ci fut le premier en Égypte. Mais l’art de la construction déclina constamment à partir de l’époque de ce grand architecte. 80:6.5 Cette brillante période de culture fut brusquement interrompue par des guerres internes le long du Nil, et le pays fut bientôt envahi, comme l’avait été la Mésopotamie, par les tribus inférieures venues de l’Arabie inhospitalière et par les Noirs du sud. Il en résulta un déclin continu du progrès social pendant plus de cinq-cents ans. 7. Les Andites des iles de la Méditerranée 80:7.1 Durant le déclin de la culture en Mésopotamie, une civilisation supérieure persista, pendant un certain temps, sur les iles de la Méditerranée orientale. 80:7.2 Vers l’an 12 000 av. J.-C., une brillante tribu d’Andites émigra en Crète. Ce fut la seule ile colonisée de si bonne heure par un groupe aussi supérieur, et il s’écoula près de deux-mille ans avant que les descendants de ces marins se répandissent dans les iles voisines. Ce groupe était composé d’Andites, de petite taille et à tête étroite, qui s’étaient mariés avec des Nodites septentrionaux de la branche vanite. Ils mesuraient tous moins d’un mètre quatre-vingts de haut et avaient été littéralement chassés du continent par leurs compagnons plus grands, mais inférieurs. Ces immigrants en Crète étaient fort habiles dans les arts du tissage, des métaux, de la poterie, de la plomberie et de l’emploi de la pierre comme matériau de construction. Ils utilisaient l’écriture et vivaient de l’élevage et de l’agriculture. 80:7.3 Près de deux-mille ans après la colonisation de la Crète, un groupe de descendants d’Adamson, de haute stature, parvint en Grèce par les iles septentrionales en venant à peu près directement de son foyer des hautes terres du Nord de la Mésopotamie. Ces ancêtres des Grecs furent conduits vers l’occident par Sato, un descendant direct d’Adamson et de Ratta. 80:7.4 Le groupe qui s’établit finalement en Grèce se composait de trois-cent-soixante-quinze personnes choisies et supérieures faisant partie de la fin de la seconde civilisation des Adamsonites. Ces lointains descendants d’Adamson comprenaient les lignées alors les plus précieuses des races blanches émergentes. Leur intelligence était d’un ordre élevé et, du point de vue physique, ils étaient les plus beaux spécimens d’hommes depuis l’époque du premier Éden. 80:7.5 Bientôt la Grèce et les iles de la mer Égée succédèrent à la Mésopotamie et à l’Égypte en tant que centre occidental du commerce, de l’art et de la culture. Mais, comme précédemment en Égypte, tout l’art et toute la science du monde égéen provenaient de Mésopotamie, à l’exception de la culture des Adamsonites précurseurs des Grecs. Tout l’art et le génie de ces peuples ultérieurs sont un legs direct de la postérité d’Adamson, le premier fils d’Adam et d’Ève, et de son extraordinaire seconde femme, Ratta, une fille descendant en ligne ininterrompue du pur état-major nodite du prince Caligastia. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que les Grecs aient eu des traditions mythologiques selon lesquelles ils descendaient directement de dieux et d’êtres suprahumains. 80:7.6 La région égéenne passa par cinq stades différents de culture, chacun moins spirituel que le précédent. Bientôt, la dernière époque de gloire artistique s’effondra sous le poids des médiocres descendants, rapidement multipliés, des esclaves danubiens importés par les générations ultérieures de Grecs. 80:7.7 Ce fut en Crète, durant cet âge, que, chez les descendants de Caïn, le culte de la mère atteignit sa plus grande vogue. Ce culte glorifiait Ève dans l’adoration de la « grande mère ». Il y avait partout des représentations d’Ève. Des milliers de sanctuaires publics furent érigés en Crète et en Asie Mineure. Ce culte de la mère persista jusqu’à l’époque du Christ et fut, plus tard, incorporé dans la religion chrétienne primitive sous la forme de la glorification et du culte de Marie, la mère terrestre de Jésus. 80:7.8 Vers l’an 6 500 av. J.-C., un grand déclin s’était produit dans l’héritage spirituel des Andites. Les descendants d’Adam étaient extrêmement éparpillés et avaient été pratiquement absorbés par les races humaines plus anciennes et plus nombreuses. Cette décadence de la civilisation andite, ainsi que la disparition de leurs critères religieux, laissa les races spirituellement appauvries de la terre dans un état déplorable. 80:7.9 Vers l’an 5 000 av. J.-C., les trois lignées les plus pures des descendants d’Adam se trouvaient en Sumérie, en Europe du Nord et en Grèce. Toute la Mésopotamie s’abâtardissait lentement par le flot des races mêlées et plus sombres qui s’infiltraient par l’Arabie. L’arrivée de ces peuplades inférieures contribua à éparpiller davantage au loin les restes biologiques et culturels des Andites. Partant de tout le croissant fertile, les populations les plus aventureuses allèrent vers l’ouest et affluèrent dans les iles. Ces émigrants cultivaient des céréales et des légumes, et amenèrent avec eux des animaux domestiques. 80:7.10 Vers l’an 5 000 av. J.-C., un puissant contingent de Mésopotamiens progressistes sortit de la vallée de l’Euphrate et s’installa dans l’ile de Chypre ; cette civilisation fut balayée quelque deux-mille ans plus tard par les hordes barbares venues du nord. 80:7.11 Une autre grande colonie s’installa sur le rivage de la Méditerranée près de l’emplacement ultérieur de Carthage. Partant d’Afrique du Nord, un grand nombre d’Andites entrèrent en Espagne et se mêlèrent, plus tard, en Suisse, à leurs frères partis antérieurement des iles Égéennes pour habiter l’Italie. 80:7.12 Quand l’Égypte suivit la Mésopotamie dans son déclin culturel, bien des familles parmi les plus capables et les plus évoluées, s’enfuirent en Crète, ce qui accrut grandement la civilisation crétoise déjà très avancée. Lorsque l’arrivée de groupes inférieurs venant d’Égypte menaça ultérieurement la civilisation de la Crète, les familles les plus cultivées partirent vers l’ouest pour la Grèce. 80:7.13 Les Grecs n’étaient pas seulement de grands éducateurs et de grands artistes, mais ils furent aussi les plus grands commerçants et colonisateurs du monde. Avant de succomber sous le flot d’infériorité qui finit par engloutir leur art et leur commerce, ils réussirent à implanter, en Occident, tant d’avant-postes de culture qu’une grande partie des progrès initiaux de la civilisation grecque persista chez les peuples ultérieurs de l’Europe du Sud, et qu’un grand nombre de descendants mixtes de ces Adamsonites furent incorporés dans les tribus des terres continentales adjacentes. 8. Les Andonites danubiens 80:8.1 Les Andites de la vallée de l’Euphrate émigrèrent vers le nord, en Europe, pour se mêler aux hommes bleus, et vers l’ouest, dans les régions méditerranéennes, pour se mélanger aux restes, eux-mêmes mixtes, des Sahariens et des hommes bleus du sud. Ces deux branches de la race blanche furent et sont encore séparées par les montagnards brachycéphales survivants des tribus andonites primitives qui avaient longtemps habité ces régions centrales. 80:8.2 Ces descendants d’Andon étaient dispersés dans la plupart des régions montagneuses de l’Europe du centre et du Sud-Est. Ils furent souvent renforcés par des arrivants d’Asie Mineure, région qu’ils occupaient en nombre considérable. Les anciens Hittites provenaient directement de la souche andonite ; leur épiderme pâle et leur tête large étaient typiques de cette race. Cette lignée se perpétua chez les ancêtres d’Abraham et contribua beaucoup à l’aspect caractéristique du visage de ses descendants ultérieurs juifs ; ceux-ci, tout en ayant une culture et une religion dérivées des Andites, parlaient un langage très différent, nettement andonite. 80:8.3 Les tribus qui habitaient des maisons bâties sur des pilotis ou des jetées de bois sur les lacs d’Italie, de Suisse et d’Europe méridionale étaient les avant-postes en expansion des migrations africaines, égéennes et plus spécialement danubiennes. 80:8.4 Les Danubiens étaient des Andonites, fermiers et éleveurs entrés en Europe par la péninsule Balkanique, et se déplaçant lentement vers le nord par la route de la vallée du Danube. Ils fabriquaient des poteries et cultivaient la terre, préférant vivre dans les vallées. La colonie la plus septentrionale des Danubiens était à Liège, en Belgique. Ces tribus dégénérèrent rapidement à mesure qu’elles s’éloignèrent du centre et de la source de leur culture. Les plus belles poteries furent fabriquées par les premières colonies. 80:8.5 Les Danubiens pratiquèrent le culte de la mère à la suite du travail des missionnaires de Crète. Ces tribus s’amalgamèrent, plus tard, avec des groupes de marins andonites qui vinrent par bateau de la côte d’Asie Mineure et qui pratiquaient le culte de la mère. Une grande partie de l’Europe centrale fut ainsi colonisée de bonne heure par ces types mixtes de races blanches brachycéphales, qui pratiquaient le culte de la mère et le rite religieux d’incinération des morts, car les adeptes du culte de la mère avaient coutume de bruler leurs morts dans des huttes de pierre. 9. Les trois races blanches 80:9.1 Les mélanges raciaux, en Europe, vers la fin des migrations andites, donnèrent lieu au groupement suivant des trois races blanches : 80:9.2 1. La race blanche du nord. Cette race dite nordique était essentiellement composée d’hommes bleus auxquels s’ajoutaient des Andites, mais contenait aussi une quantité considérable de sang andonite avec des quantités moindres de sang rouge et jaune Sangik. La race blanche du nord englobait ainsi les quatre souches humaines les plus désirables, mais son hérédité majeure venait des hommes bleus. Le Nordique primitif typique était dolichocéphale, grand et blond ; mais il y a longtemps que cette race s’est entièrement mêlée avec toutes les branches des peuples blancs. 80:9.3 La culture primitive de l’Europe trouvée par les Nordiques envahisseurs était celle des Danubiens en régression, mêlés aux hommes bleus. La culture des Nordiques-Danois et celle des Danubiens-Andonites se rencontrèrent et se mêlèrent sur le Rhin, comme en témoigne l’existence de deux groupes raciaux en Allemagne contemporaine. 80:9.4 Les Nordiques continuèrent le commerce de l’ambre en partant de la côte balte, établissant un grand courant d’affaires avec les brachycéphales de la vallée du Danube par le col du Brenner. Le contact étendu avec les Danubiens amena ces hommes du nord à pratiquer le culte de la mère, et, pendant des millénaires, la crémation des morts fut à peu près universelle en Scandinavie. Ceci explique pourquoi l’on ne peut trouver d’ossements de Blancs de la race primitive, bien qu’ils aient été enterrés dans toute l’Europe – on ne trouve que leurs cendres dans des urnes de pierre ou d’argile. Ces hommes blancs construisirent aussi des habitations ; ils n’habitaient jamais dans des grottes. Cela explique également la rareté des preuves de la culture primitive des Blancs, bien que le type Cro-Magnon plus ancien soit bien conservé là où il fut emmuré hermétiquement, en sécurité, dans des cavernes et des grottes. Quoi qu’il en soit, on trouve en Europe, à un certain moment, une culture primitive de Danubiens en dégénérescence et d’hommes bleus, et puis, sans transition, apparait l’homme blanc immensément supérieur. 80:9.5 2. La race blanche centrale. Bien que ce groupe contienne des lignées bleues, jaunes et andites, il est à prédominance d’Andonites. Ces peuples sont brachycéphales, basanés et trapus. Ils sont enfoncés entre les races nordiques et méditerranéennes comme un coin dont la base reposerait en Asie et la pointe pénétrerait l’Est de la France. 80:9.6 Pendant près de vingt-mille ans, les Andonites avaient été repoussés de plus en plus loin vers le Nord de l’Asie centrale par les Andites. Vers l’an 3 000 av. J.-C., l’aridité croissante ramena les Andonites vers le Turkestan. Cette poussée andonite vers le sud continua pendant plus de mille ans, se divisa autour de la mer Caspienne et de la mer Noire, et pénétra en Europe à la fois par les Balkans et par l’Ukraine. Cette invasion comprenait les groupes restants de descendants d’Adamson. Durant la dernière moitié de la période d’invasion, elle amena un nombre considérable d’Andites iraniens ainsi que beaucoup de descendants des prêtres séthites. 80:9.7 Vers l’an 2 500 av. J.-C., la poussée des Andonites vers l’Occident atteignit l’Europe. Cet envahissement de toute la Mésopotamie, de l’Asie Mineure et du bassin du Danube par les barbares des collines du Turkestan constitua le plus grave et le plus durable recul de la culture que l’on eût enregistré jusque-là. Ces envahisseurs « andonisèrent » nettement le caractère des races de l’Europe centrale, qui, depuis lors, sont toujours restées caractéristiquement alpines. 80:9.8 3. La race blanche du sud. Cette race méditerranéenne brune consistait en un mélange d’Andites et d’hommes bleus, avec moins de lignées andonites que dans le nord. Ce groupe absorba aussi, par les Sahariens, une quantité considérable de sang secondaire Sangik. Plus récemment, cette branche méridionale de la race blanche reçut l’apport de forts éléments andites venant de la Méditerranée orientale. 80:9.9 Les régions côtières de la Méditerranée ne furent toutefois pas abondamment peuplées d’Andites avant l’époque des grandes invasions de nomades, vers l’an 2 500 av. J.-C. Les transports et le commerce par voie de terre furent presque interrompus pendant les siècles où les nomades envahirent les districts de la Méditerranée orientale. Cette interférence avec les transports terrestres amena la grande expansion des transports et du commerce maritimes. Le négoce méditerranéen par voie de mer était en pleine activité il y a environ quatre-mille-cinq-cents ans. Ce développement du trafic maritime amena l’expansion soudaine des descendants des Andites dans tous les territoires côtiers du Bassin méditerranéen. 80:9.10 Ces mélanges raciaux posèrent les fondements de la race sud-européenne, la plus mêlée de toutes. Depuis cette époque, la race a subi encore de nouvelles incorporations, notamment par les peuples bleus-jaunes-andites d’Arabie. En fait, la race méditerranéenne est tellement mêlée avec les peuples du voisinage qu’elle est pratiquement indiscernable en tant que type séparé, mais, en général, ses membres sont petits, dolichocéphales et bruns. 80:9.11 Dans le nord, les Andites éliminèrent les hommes bleus par des guerres et des mariages, mais ceux-ci survécurent en plus grand nombre dans le sud. Les Basques et les Berbères représentent la survivance de deux branches de cette race, mais ces peuples eux-mêmes se sont tout à fait mélangés avec les Sahariens. 80:9.12 Tel était le tableau du mélange de races offert par l’Europe centrale environ 3 000 ans av. J.-C. Malgré la défaillance adamique partielle, des croisements eurent bien lieu entre les types d’hommes supérieurs. 80:9.13 L’Âge du Bronze arrivait, empiétant sur le Néolithique. En Scandinavie, c’était déjà l’Âge du Bronze associé au culte de la mère. En France méridionale et en Espagne, c’était le Néolithique associé au culte du soleil. Ce fut l’époque où l’on construisit des temples du soleil circulaires et sans toit. Les races blanches européennes étaient des bâtisseurs énergiques, prenant plaisir à dresser de grandes pierres servant de mémoriaux au soleil, comme le firent plus tard leurs descendants à Stonehenge. La vogue de l’adoration du soleil marque cette époque comme une grande période d’agriculture en Europe méridionale. 80:9.14 Les superstitions de cette ère relativement récente d’adoration du soleil persistent encore aujourd’hui dans les coutumes populaires de Bretagne. Bien qu’ils soient christianisés depuis plus de 1 500 ans, les Bretons conservent encore des amulettes de l’époque néolithique pour éloigner le mauvais œil. Ils gardent encore des « pierres de tonnerre » dans leur cheminée pour se protéger de la foudre. Les Bretons ne se sont jamais mêlés aux Nordiques scandinaves. Ils sont les survivants des habitants originels andonites de l’Europe occidentale mêlés aux souches méditerranéennes. 80:9.15 Il est fallacieux de prétendre classer les peuples blancs en Nordiques, Alpins et Méditerranéens. Il y a eu, dans l’ensemble, beaucoup trop de mélanges pour permettre de tels groupements. À un moment donné, la race blanche se divisait assez nettement en classes de cet ordre, mais des mélanges très étendus se sont produits depuis lors, et il n’est plus possible d’identifier clairement les démarcations. Même en l’an 3 000 av. J.-C., les anciens groupes sociaux ne formaient pas plus une race unique que les habitants actuels de l’Amérique du Nord. 80:9.16 Les cultures européennes continuèrent pendant 5 000 ans à croitre de même que, dans une certaine mesure, à se mélanger, mais la barrière des langages empêcha la pleine réciprocité des échanges entre les diverses nations occidentales. Au cours du siècle dernier, c’est dans la population cosmopolite de l’Amérique du Nord que ces cultures ont eu la meilleure occasion de se mêler. L’avenir de ce continent sera déterminé par la qualité des facteurs raciaux que l’évolution laissera s’introduire dans ses populations présentes et futures, et par le niveau de culture sociale qui y sera maintenu. 80:9.17 [Présenté par un archange de Nébadon.] FASCICULE 81. Développement de la civilisation moderne 81:0.1 Indépendamment des hauts et des bas dans l’avortement des plans conçus pour l’amélioration du monde dans les missions de Caligastia et d’Adam, l’évolution organique fondamentale de l’espèce humaine continua d’entrainer les races en avant sur l’échelle du progrès humain et du développement racial. Il est possible de retarder l’évolution, mais non de l’arrêter. 81:0.2 Les membres de la race violette furent moins nombreux que prévu, mais leur influence, depuis l’époque d’Adam, a produit, dans la civilisation, une avance qui dépasse de loin les progrès que l’humanité avait pu accomplir au cours de toute son existence antérieure de presque un million d’années. 1. Le berceau de la civilisation 81:1.1 Pendant environ trente-cinq-mille ans après l’époque d’Adam, le berceau de la civilisation se trouva en Asie du Sud-Ouest, s’étendant vers l’est et légèrement vers le nord, depuis la vallée du Nil, à travers l’Arabie du Nord et la Mésopotamie, jusqu’au Turkestan y compris. Le climat fut le facteur décisif de l’établissement de la civilisation dans cette zone. 81:1.2 Ce furent les grands changements climatiques et géologiques en Afrique du Nord et en Asie occidentale qui mirent fin aux migrations initiales des Adamites en leur fermant le passage vers l’Europe, du fait de l’agrandissement de la Méditerranée, et en détournant le courant de migration vers le nord et l’est en direction du Turkestan. À l’époque où se parachèvent ces soulèvements de terrains et les changements climatiques correspondants, environ 15 000 ans av. J.-C., la civilisation était arrivée dans le monde entier à un point mort, sauf en ce qui concernait les ferments culturels et les réserves biologiques des Andites. Ceux-ci restaient enserrés à l’est par les montagnes d’Asie et à l’ouest par les forêts envahissantes d’Europe. 81:1.3 L’évolution climatique allait maintenant réussir là où tous les autres efforts avaient échoué, c’est-à-dire qu’elle allait contraindre les Eurasiens à abandonner la chasse en faveur des métiers plus civilisés de l’élevage et de l’agriculture. L’évolution est peut-être lente, mais elle est terriblement efficace. 81:1.4 Les premiers agriculteurs employèrent très généralement des esclaves, et, en conséquence, les paysans furent autrefois méprisés par les chasseurs et les éleveurs. Pendant des âges, on considéra la culture du sol comme une occupation subalterne, d’où l’idée que le travail de la terre est une malédiction, alors qu’il est la plus grande de toutes les bénédictions. Même à l’époque de Caïn et d’Abel, les sacrifices de la vie pastorale étaient encore tenus en plus haute estime que les offrandes de l’agriculture. 81:1.5 Les hommes évoluèrent, en général, de l’état de chasseurs à celui de cultivateurs avec une ère transitoire de pasteurs, et ce fut également vrai chez les Andites ; mais il arriva plus souvent que la contrainte évolutionnaire des changements climatiques amena des tribus entières à passer directement de l’état de chasseurs à celui de cultivateurs prospères. Toutefois, ce phénomène du passage immédiat de la chasse à l’agriculture ne se produisit que dans les régions où le mélange racial comportait une forte proportion de sang violet. 81:1.6 En observant la germination de graines accidentellement humidifiées ou placées dans les tombeaux comme nourriture pour les trépassés, les peuples évolutionnaires (notamment les Chinois) apprirent de bonne heure à planter des graines et à faire pousser des récoltes. Mais, dans toute l’Asie du Sud-Ouest, le long des alluvions fluviales fertiles et des plaines adjacentes, les Andites mettaient en œuvre les techniques agricoles améliorées qu’ils avaient héritées de leurs ancêtres, pour qui le fermage et le jardinage avaient été la principale occupation à l’intérieur des limites du second jardin. 81:1.7 Pendant des milliers d’années, les descendants d’Adam avaient cultivé, dans les hautes terres de la bordure supérieure de la Mésopotamie, des variétés de blé et d’orge améliorées dans le Jardin. Les descendants d’Adam et d’Adamson s’y rencontraient, commerçaient et se fréquentaient socialement. 81:1.8 Ce furent ces changements forcés dans les conditions de vie qui amenèrent une si grande proportion de la race humaine à pratiquer un régime alimentaire omnivore. La combinaison du blé, du riz et des légumes avec la chair des troupeaux marqua un grand pas en avant dans la santé et la vigueur de ces anciens peuples. 2. Les outils de la civilisation 81:2.1 La croissance de la culture humaine est fondée sur le développement des outils de la civilisation, et les outils que les hommes employèrent pour sortir de l’état sauvage se révélèrent efficaces dans la mesure exacte où ils libéraient la main-d’œuvre humaine pour des tâches plus élevées. 81:2.2 Vous qui vivez aujourd’hui dans un cadre moderne de culture naissante et de commencement de progrès dans les affaires sociales, vous qui disposez même d’un peu de temps libre pour réfléchir au sujet de la société et de la civilisation, ne perdez pas de vue le fait que vos ancêtres primitifs n’avaient que très peu ou pas du tout de loisirs susceptibles d’être consacrés à des réflexions sérieuses et à des méditations sociales. 81:2.3 Les quatre premiers grands progrès dans la civilisation humaine furent : 81:2.4 1. La conquête du feu. 81:2.5 2. La domestication des animaux. 81:2.6 3. La mise en esclavage des prisonniers. 81:2.7 4. La propriété privée. 81:2.8 Le feu, la première grande découverte, finit par ouvrir les portes du monde scientifique, mais, sous ce rapport, il avait peu de valeur pour les hommes primitifs. Ceux-ci refusaient de reconnaitre que les phénomènes ordinaires pouvaient s’expliquer par des causes naturelles. 81:2.9 Quand on leur demanda d’où leur venait le feu, ils ne tardèrent pas à substituer, à la simple histoire d’Andon et du silex, la légende d’un Prométhée et de la manière dont il déroba le feu du ciel. Les anciens cherchaient une explication surnaturelle à tous les phénomènes naturels qui sortaient des limites de leur compréhension personnelle, et bien des modernes continuent à en faire autant. La dépersonnalisation des phénomènes dits naturels a nécessité des âges et n’est pas encore parachevée. Par contre, la recherche honnête, franche et intrépide des véritables causes a donné naissance à la science moderne : elle a transformé l’astrologie en astronomie, l’alchimie en chimie et la magie en médecine. 81:2.10 Au cours de l’âge antérieur aux machines, la seule manière dont l’homme pouvait accomplir un travail sans le faire lui-même consistait à utiliser un animal. La domestication des animaux mit entre ses mains des outils vivants, dont l’emploi intelligent prépara la voie à l’agriculture et aux transports. Sans ces animaux, l’homme n’aurait pas pu s’élever de son état primitif aux niveaux de la civilisation ultérieure. 81:2.11 La plupart des animaux convenant le mieux à la domestication se trouvaient en Asie, spécialement dans les régions du centre et du sud-ouest. Ce fut l’une des raisons pour lesquelles la civilisation y progressa plus rapidement que dans d’autres parties du monde. Beaucoup de ces animaux avaient déjà été domestiqués deux fois ; dans l’âge des Andites, ils furent domestiqués une fois de plus. Mais le chien était toujours resté avec les chasseurs depuis son adoption par les hommes bleus longtemps, très longtemps, auparavant. 81:2.12 Les Andites du Turkestan furent les premiers à domestiquer les chevaux en grand nombre, et c’est une autre raison pour laquelle leur culture fut si longtemps prédominante. Vers l’an 5 000 av. J.-C., les fermiers de Mésopotamie, du Turkestan et de Chine avaient commencé à élever des moutons, des chèvres, des vaches, des chameaux, des chevaux, des volailles et des éléphants. Ils employaient comme bêtes de somme le bœuf, le chameau, le cheval et le yak. Autrefois, l’homme était lui-même la bête de somme. Un chef de la race bleue eut jadis une colonie de porte-faix de cent-mille hommes. 81:2.13 L’esclavage et la propriété privée de la terre furent institués en même temps qu’apparaissait l’agriculture. L’esclavage éleva le niveau de vie des maitres et leur procura plus de loisirs pour se cultiver socialement. 81:2.14 Les sauvages sont les esclaves de la nature, mais la civilisation scientifique confère lentement à l’humanité une liberté croissante. Par les animaux, le feu, le vent, l’eau et l’électricité, les hommes se sont libérés de la nécessité de travailler sans répit ; ils continueront dans cette voie en découvrant de nouvelles sources d’énergie. Indépendamment des troubles provisoires engendrés par l’invention prolifique de machines, les bénéfices ultimes que l’homme retirera de ces inventions mécaniques sont inestimables. La civilisation ne peut jamais fleurir, et encore bien moins s’établir, avant que les hommes aient le loisir de penser, de faire des plans et d’imaginer de nouvelles et meilleures méthodes pour faire les choses. 81:2.15 Au début, l’homme s’appropria simplement son abri, il vivait sous des corniches de rochers ou dans des grottes. Ensuite, il adapta des matériaux naturels, tels que le bois et la pierre, à la création de huttes pour sa famille. Enfin, il entra dans le stade créatif d’édification des maisons et apprit à fabriquer des briques et autres matériaux de construction. 81:2.16 Les peuplades des hauts plateaux du Turkestan furent les premières, parmi les races relativement modernes, à bâtir leurs habitations en bois ; leurs maisons ressemblaient assez aux cabanes primitives en rondins des pionniers américains. Dans toutes les plaines, on éleva des demeures humaines en briques crues et, plus tard, en briques cuites. 81:2.17 Les anciennes races fluviales bâtissaient leurs huttes en enfonçant de grands poteaux en cercle dans le sol ; on réunissait ensuite les sommets des poteaux, ce qui formait une armature pour la hutte ; on l’entrelaçait avec des roseaux transversaux, et l’ensemble ainsi créé ressemblait à un immense panier inversé. On pouvait ensuite recouvrir cette structure d’une couche d’argile et, après séchage au soleil, on disposait d’une habitation étanche rendant de grands services. 81:2.18 Ce fut à partir de ces huttes primitives que prit naissance indépendamment l’idée ultérieure de tresser toutes sortes de paniers. Dans une tribu, l’idée de faire des poteries naquit en observant l’effet produit quand on barbouillait les cadres de bois avec de l’argile humide. La pratique de durcir les poteries par cuisson fut découverte lors de l’incendie accidentel d’une de ces huttes primitives recouvertes d’argile. Les arts de l’antiquité eurent souvent pour origine des circonstances fortuites de la vie quotidienne des peuplades primitives. Du moins, ce fut à peu près entièrement vrai pour les progrès évolutionnaires de l’humanité jusqu’à l’arrivée d’Adam. 81:2.19 La poterie avait d’abord été introduite par l’état-major du Prince, il y a environ cinq-cent-mille ans, mais la fabrication de récipients d’argile avait pratiquement cessé depuis plus de cent-cinquante-mille ans. Seuls les Nodites présumériens de la côte du golfe continuèrent à faire des récipients d’argile. L’art de faire des poteries fut ranimé durant l’époque d’Adam. La propagation de cet art coïncida avec l’extension des déserts d’Afrique, d’Arabie et d’Asie centrale ; il se répandit dans l’hémisphère oriental en partant de Mésopotamie par vagues successives de techniques améliorées. 81:2.20 Ces civilisations de l’âge andite ne peuvent pas toujours être retracées par les stades de leurs poteries ou de leurs autres arts. Le cours normal de l’évolution humaine fut prodigieusement compliqué par les deux régimes de Dalamatia et d’Éden. Il arrive souvent que la qualité des vases et outils des époques plus tardives soit inférieure à celle des produits initiaux des peuples andites plus purs. 3. Villes, manufacture et commerce 81:3.1 La destruction climatique des riches prairies, terrains de chasse et de pâturages du Turkestan, commencée vers l’an 12 000 av. J.-C., contraignit les hommes de ces régions à recourir à de nouvelles formes d’industrie et de manufactures rudimentaires. Certains s’orientèrent vers l’élevage de troupeaux domestiqués, d’autres devinrent agriculteurs ou recueillirent des aliments d’origine aquatique, mais les Andites intelligents de type supérieur choisirent de se lancer dans le commerce et la manufacture. Il devint même habituel que des tribus entières se consacrent au développement d’une seule industrie. De la vallée du Nil à l’Hindu Kush et du Gange au fleuve Jaune, la principale occupation des tribus supérieures devint la culture du sol, avec le commerce comme activité secondaire. 81:3.2 L’accroissement des échanges et la transformation des matières premières en divers articles commerciaux contribuèrent directement à faire naitre les communautés primitives et semi-pacifiques, qui eurent tant d’influence pour répandre la culture et les arts de la civilisation. Avant l’ère d’un commerce mondial extensif, les communautés sociales étaient des tribus – des groupes familiaux agrandis. Le commerce amena des êtres humains de différentes sortes à s’associer, ce qui contribua à une hybridation plus rapide de la culture. 81:3.3 Il y a environ douze-mille ans, l’ère des cités indépendantes était à son aurore. Ces cités primitives commerçantes et manufacturières étaient toujours entourées de zones d’agriculture et d’élevage de bétail. S’il est vrai que l’industrie fut encouragée par l’élévation du niveau de vie, il ne faudrait pas se faire d’idées fausses sur les raffinements de la vie citadine à ses débuts. Les premières races n’étaient ni très propres ni très soigneuses ; par la simple accumulation des ordures et des détritus sur le sol, les communautés primitives moyennes s’élevaient de trente à soixante centimètres tous les vingt-cinq ans. Certaines cités antiques s’élevèrent aussi rapidement au-dessus des terres environnantes parce que leurs huttes d’argile non cuite ne duraient pas longtemps et que l’on avait coutume de bâtir de nouvelles demeures directement sur les ruines des anciennes. 81:3.4 L’emploi généralisé des métaux fut une caractéristique de l’ère des premières villes industrielles et commerciales. Vous avez déjà découvert, au Turkestan, une culture de l’âge du bronze datant de plus de 9 000 ans av. J.-C., et les Andites apprirent de bonne heure à travailler également le fer, l’or et le cuivre. Mais, à de grandes distances des centres les plus avancés de la civilisation, les conditions étaient très différentes. On n’y retrouve pas de périodes distinctes comme les âges de la pierre taillée, du bronze et du fer ; tous trois existaient simultanément dans des localités différentes. 81:3.5 L’or fut le premier métal recherché par les hommes ; il était facile à travailler et fut d’abord employé uniquement comme parure. On se servit ensuite du cuivre, mais assez peu avant le moment où on le mélangea à l’étain pour faire du bronze plus dur. La découverte du mélange cuivre-étain fut faite par un Adamsonite du Turkestan, dont la mine de cuivre se trouvait être située dans les hautes terres au voisinage d’un gisement d’étain. 81:3.6 Avec l’apparition d’une manufacture rudimentaire et d’une industrie à ses débuts, le commerce devint rapidement le truchement le plus puissant pour répandre la civilisation culturelle. L’ouverture des routes commerciales terrestres et maritimes facilita les voyages et les mélanges de cultures ainsi que la fusion des civilisations. Vers l’an 5 000 av. J.-C., le cheval était d’emploi général dans tous les pays civilisés et semi-civilisés. Les races assez récentes possédaient non seulement des chevaux domestiqués, mais encore différents modèles de charrettes et de chariots. La roue était utilisée depuis des âges, mais, alors, des véhicules munis de roues furent universellement employés tant pour le commerce que pour la guerre. 81:3.7 Les commerçants voyageurs et les explorateurs nomades firent plus progresser la civilisation historique que toutes les autres influences conjuguées. Les conquêtes militaires, la colonisation et les entreprises missionnaires entretenues par les religions plus récentes furent aussi des facteurs de diffusion de la culture, mais ils furent tous secondaires par rapport aux relations commerciales, constamment accélérées par les arts et les sciences de l’industrie qui se développaient rapidement. 81:3.8 Non seulement l’infusion de sang adamique dans les races humaines accéléra la civilisation, mais aussi elle stimula grandement leur penchant à l’aventure et à l’exploration, de sorte que la majeure partie de l’Eurasie et de l’Afrique du Nord fut bientôt occupée par les descendants mixtes des Andites, qui se multipliaient rapidement. 4. Les races mêlées 81:4.1 Au moment où nous touchons à l’aurore des temps historiques, toute l’Eurasie, l’Afrique du Nord et les iles du Pacifique sont peuplées par les races composites de l’humanité, et ces races modernes proviennent du mélange et du brassage des cinq souches humaines fondamentales d’Urantia. 81:4.2 Chacune des races d’Urantia était identifiée par certaines caractéristiques physiques distinctes. Les Adamites et les Nodites étaient dolichocéphales ; les Andonites étaient brachycéphales. Les races Sangiks avaient des têtes moyennes, avec tendance de leurs branches jaune et bleue à être brachycéphales. Les races bleues, après mélange avec des souches andonites, étaient nettement brachycéphales. Les têtes des Sangiks secondaires étaient moyennes ou allongées. 81:4.3 Bien que ces dimensions crâniennes rendent service pour déchiffrer les origines raciales, il est plus sûr de se fier à l’ensemble du squelette. Dans le développement initial des races d’Urantia, il y eut, à l’origine, cinq types distincts de structures osseuses qui furent ceux : 81:4.4 1. Des Andonites, les premiers habitants d’Urantia. 81:4.5 2. Des Sangiks primaires, rouges, jaunes et bleus. 81:4.6 3. Des Sangiks secondaires, orangés, verts et indigo. 81:4.7 4. Des Nodites, descendants des Dalamatiens. 81:4.8 5. Des Adamites, la race violette. 81:4.9 Au cours du brassage de ces cinq grands groupes raciaux, les mélanges continuels tendirent à atténuer le type andonite par une prédominance d’hérédité Sangik. Les Lapons et les Esquimaux sont des métis d’Andonites et de Sangiks de race bleue. La structure de leur squelette est celle qui conserve le mieux le type andonique originel. Mais les Adamites et les Nodites se sont tellement mêlés aux autres races qu’ils ne peuvent être détectés que sous un aspect d’ensemble dit caucasoïde. 81:4.10 Quand les restes humains des vingt derniers millénaires seront déterrés, il sera donc généralement impossible de distinguer clairement les cinq types originels. L’étude des structures osseuses révélera que l’humanité est maintenant divisée à peu près en trois classes : 81:4.11 1. Les Caucasoïdes – le mélange andite des souches adamites et nodites, modifié ensuite par un apport de Sangiks primaires et (d’un peu) de secondaires, et par des croisements considérables avec les Andonites. Les races blanches occidentales ainsi que certains peuples indiens et touraniens sont compris dans ce groupe. Le facteur unifiant de cette division est la plus ou moins grande proportion d’hérédité andite. 81:4.12 2. Les Mongoloïdes – les Sangiks du type primaire, y compris les races originelles rouge, jaune et bleue. Les Chinois et les Amérindiens appartiennent à ce groupe. En Europe, le type mongoloïde a été modifié par un mélange de Sangiks secondaires et d’Andonites, et plus encore par un apport d’Andites. Les Malais et autre peuples indonésiens sont inclus dans cette classification, bien que leur sang contienne un pourcentage élevé d’hérédité Sangik secondaire. 81:4.13 3. Les Négroïdes – les Sangiks du type secondaire, qui incluaient, à l’origine, les races orangée, verte et indigo. C’est le Nègre qui fournit le meilleur exemple de ce type, que l’on retrouve en Afrique, aux Indes et en Indonésie, dans tous les lieux où les races Sangiks secondaires s’étaient installées. 81:4.14 En Chine du Nord, il existe un certain mélange des types caucasoïde et mongoloïde. Dans le Levant, les Caucasoïdes et les Négroïdes se sont mêlés ; aux Indes ainsi qu’en Amérique du Sud, les trois types sont représentés. Les caractéristiques du squelette des trois types survivants subsistent encore et aident à identifier les récents ancêtres des races humaines d’aujourd’hui. 5. La société culturelle 81:5.1 L’évolution biologique et la civilisation culturelle ne sont pas nécessairement liées ; au cours d’un âge quelconque, l’évolution organique peut poursuivre son cours sans obstacle, même au milieu d’une décadence culturelle. Mais, quand on passe en revue de longues périodes de l’histoire humaine, on constate finalement que l’évolution et la culture ont un lien de cause à effet. L’évolution peut progresser en l’absence de culture, mais la civilisation culturelle ne fleurit pas sans un arrière-plan approprié de progrès racial antérieur. Adam et Ève n’introduisirent aucun art de la civilisation étranger au progrès de la société humaine, mais le sang adamique accrut les aptitudes inhérentes aux races et accéléra le développement économique et le progrès industriel. L’effusion d’Adam améliora le pouvoir cérébral des races, ce qui hâta considérablement les processus d’évolution naturelle. 81:5.2 Par l’agriculture, la domestication des animaux et une meilleure architecture, l’humanité échappa graduellement aux pires phases de la lutte incessante pour vivre et commença à rechercher le moyen d’adoucir la manière de vivre ; ce fut le début de ses efforts pour parvenir à un niveau de plus en plus élevé de confort matériel. Par la manufacture et l’industrie, les hommes augmentent graduellement la somme des plaisirs de la vie de mortel. 81:5.3 Cependant, la société culturelle n’est pas un grand club bienfaisant de privilèges hérités dans lequel tous les hommes sont nés membres sans droits d’entrée, et entièrement égaux. Elle est plutôt une haute corporation, toujours en progrès, d’artisans terrestres, n’admettant dans ses rangs que les plus nobles des travailleurs qui s’efforcent de faire du monde un cadre meilleur, dans lequel leurs enfants et les enfants de leurs enfants pourront vivre et progresser au cours des âges à venir. Et cette corporation de la civilisation exige des droits d’admission couteux, impose des disciplines strictes et rigoureuses, inflige de lourdes amendes à tous les dissidents et non conformistes, tandis qu’elle confère peu de licences ou de privilèges personnels en dehors d’une sécurité accrue contre les dangers communs et les périls raciaux. 81:5.4 L’association sociale est une forme d’assurance pour la survie, et les hommes ont appris qu’elle était profitable ; c’est pourquoi la plupart des individus sont disposés à payer les primes de sacrifice de soi et de restrictions des libertés personnelles que la société extorque à ses membres comme rançon de cette protection collective accrue. Bref, le mécanisme social d’aujourd’hui est un plan d’assurance par essai et erreur destiné à fournir un certain degré de protection contre un retour aux terribles conditions antisociales caractéristiques des premières expériences de la race humaine. 81:5.5 La société devient ainsi un plan coopératif pour obtenir la liberté civile par des institutions, la liberté économique par le capital et les inventions, la liberté sociale par la culture, et la protection contre les violences par des règlements de police. 81:5.6 La force ne crée pas le droit, mais elle fait respecter les droits communément reconnus de chaque génération successive. La mission majeure du gouvernement consiste à définir le droit, la réglementation juste et équitable des différences de classes, et l’obligation d’une égalité de chances devant la loi. Chaque droit humain est associé à un devoir social ; un privilège de groupe est un mécanisme d’assurance qui exige infailliblement le paiement total des primes astreignantes de service au groupe. Et les droits collectifs, aussi bien que ceux des individus, doivent être protégés, y compris la réglementation des penchants sexuels. 81:5.7 La liberté soumise à des règles collectives est le but légitime de l’évolution sociale. La liberté sans restrictions est le rêve chimérique et vain du mental d’humains instables et superficiels. 6. Le maintien de la civilisation 81:6.1 Alors que l’évolution biologique a constamment progressé vers le mieux, une grande partie de l’évolution culturelle est sortie de la vallée de l’Euphrate en vagues successives qui s’affaiblirent avec le temps, jusqu’à ce que, finalement, la totalité des descendants de pur sang adamique fût partie enrichir les civilisations d’Asie et d’Europe. Les races ne s’amalgamèrent pas complètement, mais leurs civilisations se mêlèrent dans une large mesure. La culture se répandit lentement à travers le monde. Il faut que cette civilisation soit maintenue et encouragée, car il n’existe plus aujourd’hui de nouvelles sources de culture, plus d’Andites pour renforcer et stimuler le lent progrès évolutif de la civilisation. 81:6.2 La civilisation qui évolue maintenant sur Urantia est fondée sur les facteurs suivants dont elle est issue : 81:6.3 1. Les circonstances naturelles. La nature et l’étendue d’une civilisation matérielle sont déterminées, dans une large mesure, par les ressources naturelles disponibles. Le climat, le temps qu’il fait et de nombreuses conditions physiques sont des facteurs dans l’évolution de la culture. 81:6.4 Au début de l’ère andite, il n’y avait, dans le monde entier, que deux zones étendues et fertiles constituant des territoires de chasse ouverts. L’une se trouvait en Amérique du Nord et fut envahie par les Amérindiens ; l’autre se trouvait au nord du Turkestan et fut partiellement occupée par une race andonique-jaune. Les facteurs essentiels de l’évolution d’une culture supérieure dans le Sud-Ouest de l’Asie furent la race et le climat. Les Andites étaient un grand peuple, mais le facteur décisif qui détermina le cours de leur civilisation fut l’aridité croissante de l’Iran, du Turkestan et du Sin-Kiang, qui les força à inventer et à adopter des méthodes nouvelles et avancées pour arracher des moyens d’existence à leurs terres de moins en moins fertiles. 81:6.5 La configuration des continents et d’autres dispositions géographiques exercent une grande influence pour déterminer la paix ou la guerre. Très peu d’Urantiens ont pu bénéficier d’une occasion aussi favorable pour se développer avec continuité, et sans être molestés, que celle dont ont joui les peuples de l’Amérique du Nord – protégés pratiquement de tous côtés par de vastes océans. 81:6.6 2. Les biens d’équipement. La culture ne se développe jamais sous le règne de la misère ; les loisirs sont essentiels au progrès de la civilisation. Les individus peuvent acquérir, sans fortune matérielle, un caractère ayant une valeur morale et spirituelle, mais une civilisation culturelle ne peut dériver que de conditions de prospérité matérielle qui encouragent les loisirs conjugués avec l’ambition. 81:6.7 Durant les temps primitifs, la vie sur Urantia était une affaire sérieuse et grave. Ce fut pour échapper à cette lutte incessante et à ce labeur interminable que l’humanité tendit constamment à se laisser porter vers les climats salubres des tropiques. Ces zones plus chaudes d’habitation adoucirent sans doute quelque peu la lutte acharnée pour l’existence, mais les races et les tribus qui recherchèrent ainsi la facilité utilisèrent rarement leurs loisirs non gagnés pour faire avancer la civilisation. Les progrès sociaux sont invariablement venus des idées et des projets des races qui, par leurs efforts intelligents, ont appris à tirer de la terre des moyens d’existence avec moins d’efforts et avec des journées de travail raccourcies, ce qui leur permettait de disposer d’une marge profitable de loisirs bien mérités. 81:6.8 3. Les connaissances scientifiques. Les aspects matériels de la civilisation doivent toujours attendre l’accumulation des données scientifiques. Après la découverte de l’arc et de la flèche, et l’utilisation des animaux comme force motrice, il se passa longtemps avant que les hommes apprennent à mettre en valeur la puissance du vent et des chutes d’eau, suivie de l’emploi de la vapeur et de l’électricité. Cependant, les outils de la civilisation s’améliorèrent lentement. Le tissage, la poterie, la domestication des animaux et le travail des métaux furent suivis par un âge d’écriture et d’imprimerie. 81:6.9 Le savoir, c’est le pouvoir. Les inventions précèdent toujours l’accélération du développement culturel à l’échelle mondiale. La science et les inventions furent les plus grands bénéficiaires de la presse à imprimer, et l’interaction de toutes les activités culturelles et inventives a considérablement accéléré le rythme de la civilisation. 81:6.10 La science enseigne aux hommes à parler le nouveau langage des mathématiques et leur apprend à penser selon des lignes d’une exigeante précision. La science stabilise aussi la philosophie en éliminant les erreurs, et purifie en même temps la religion en détruisant les superstitions. 81:6.11 4. Les ressources humaines. La main-d’œuvre est indispensable pour répandre la civilisation. À conditions égales par ailleurs, un peuple nombreux dominera la civilisation d’une race plus réduite. En conséquence, une nation qui ne réussit pas à accroitre le nombre de ses citoyens jusqu’à un certain chiffre se trouve empêchée de réaliser pleinement sa destinée nationale, mais, au-delà d’un point donné, tout accroissement supplémentaire de la densité de la population devient un suicide. La multiplication des habitants au-delà du rapport normal hommes-sol conduit soit à abaisser le niveau de vie, soit à étendre immédiatement les frontières terrestres par pénétration pacifique ou par conquête militaire, l’occupation par la force. 81:6.12 Vous êtes parfois révoltés par les ravages de la guerre, mais vous devriez reconnaitre la nécessité de faire naitre un grand nombre de mortels pour fournir d’amples occasions au développement social et moral ; mais avec cette fécondité planétaire surgit bientôt le grave problème de la surpopulation. La plupart des mondes habités sont petits. Urantia est dans la moyenne, peut-être un peu au-dessous. La stabilisation de la population nationale au niveau optimum rehausse la culture et empêche la guerre. Et sage est la nation qui connait le moment de s’arrêter de croitre. 81:6.13 Mais le continent le plus riche en dépôts naturels et le plus avancé en équipements mécaniques fera peu de progrès si l’intelligence de son peuple est sur son déclin. On peut obtenir la connaissance par l’instruction, mais la sagesse, qui est indispensable à la vraie culture, s’acquiert seulement grâce à l’expérience et par des hommes et des femmes nés intelligents. Des gens de cet ordre sont capables d’apprendre par expérience et de devenir véritablement sages. 81:6.14 5. L’efficacité des ressources matérielles. Bien des choses dépendent de la sagesse déployée dans l’utilisation des ressources naturelles, des connaissances scientifiques, des biens d’équipement et des potentiels humains. Le facteur principal de la civilisation primitive fut la force exercée par de sages chefs sociaux. Les hommes primitifs se virent littéralement imposer la civilisation par leurs contemporains de type supérieur. Ce monde a été largement régi par des minorités supérieures et bien organisées. 81:6.15 La force ne crée pas le droit, mais la force crée bien ce qui existe et ce qui a historiquement existé. Urantia vient seulement d’atteindre le point où la société est disposée à mettre en discussion l’éthique de la force et du droit. 81:6.16 6. L’efficacité du langage. La civilisation doit attendre le langage pour se répandre. Des langues qui vivent et qui s’enrichissent assurent l’expansion de la pensée et des projets civilisés. Durant les âges primitifs, d’importants progrès furent apportés au langage. Aujourd’hui, il y a grand besoin d’un développement linguistique additionnel pour faciliter l’expression de la pensée en évolution. 81:6.17 Le langage prit naissance dans des associations de groupes, chaque groupe local établissant son propre système d’échange de mots. Le langage se développa par des gestes, des signes, des cris, des sons imitatifs, des intonations et des accents, et parvint plus tard à la vocalisation d’alphabets. Le langage est le plus grand et le plus utile des instruments de la pensée humaine, mais il n’a jamais fleuri avant que des groupes sociaux eussent acquis certains loisirs. La tendance à jouer avec le langage crée de nouveaux mots – l’argot. Si la majorité adopte l’argot, l’usage en fait le langage. Un exemple de l’origine des dialectes est l’habitude de « parler bébé » dans un groupe familial. 81:6.18 Les différences de langage ont toujours été le grand obstacle à l’extension de la paix. Il faut triompher des dialectes avant de pouvoir répandre une culture dans une race, sur un continent ou dans un monde entier. Un langage universel encourage la paix, assure la culture et accroit le bonheur. Il suffit même que les idiomes d’un monde soient réduits à un petit nombre pour que leur maitrise, par les peuples cultivés dirigeants, influence puissamment la réalisation de la paix et de la prospérité mondiales. 81:6.19 Urantia a fait très peu de progrès dans le développement d’un langage international, mais l’établissement des échanges commerciaux internationaux a beaucoup apporté. Toutes ces relations internationales devraient être encouragées, qu’il s’agisse de langages, de commerce, d’art, de science, de jeux de compétition ou de religion. 81:6.20 7. L’efficacité des dispositifs mécaniques. Le progrès de la civilisation est directement lié au développement et à la possession d’outils, de machines et de canaux de distribution. Des outils améliorés, des machines ingénieuses et efficaces, déterminent la survie des groupes rivaux dans le cadre de la civilisation qui progresse. 81:6.21 Dans les temps primitifs, la seule énergie employée pour la culture du sol était la main-d’œuvre humaine. Il fallut une longue bataille pour substituer les bœufs aux hommes, car cela réduisait des hommes au chômage. Plus récemment, les machines ont commencé à remplacer les hommes, et toute avance dans ce domaine contribue directement au progrès de la société parce qu’elle libère de la main-d’œuvre pour des tâches de plus grande valeur. 81:6.22 La science, guidée par la sagesse, peut devenir la grande libératrice sociale des hommes. Un âge de machinisme ne peut tourner au désastre que pour une nation dont le niveau intellectuel est trop faible pour découvrir les méthodes sages et les techniques saines lui permettant de s’adapter avec succès aux difficultés de transition causées par la perte soudaine d’un grand nombre d’emplois dus à l’invention trop rapide de nouveaux types de machines économisant la main-d’œuvre. 81:6.23 8. Le caractère des porte-flambeaux. L’héritage social permet aux hommes de se tenir sur les épaules de tous ceux qui les ont précédés et qui ont contribué, si peu que ce soit, à la somme de culture et de connaissance. Dans cette œuvre de transmission du flambeau culturel à la génération suivante, le foyer restera toujours l’institution fondamentale. Les jeux et la vie sociale viennent ensuite, avec l’école en dernier lieu, mais également indispensable dans une société complexe et hautement organisée. 81:6.24 Les insectes naissent pleinement éduqués et équipés pour la vie – une existence en vérité très étriquée et purement instinctive. Le bébé humain nait sans éducation ; les hommes possèdent donc, en contrôlant l’entrainement éducatif des jeunes générations, le pouvoir de modifier considérablement le cours évolutionnaire de la civilisation. 81:6.25 Au vingtième siècle, les plus grandes influences qui contribuent à faire avancer la civilisation et progresser la culture sont l’accroissement marqué des voyages dans le monde et les améliorations sans précédents dans les moyens de communication. Mais les progrès de l’éducation n’ont pas marché de pair avec l’expansion de la structure sociale ; l’appréciation moderne de l’éthique ne s’est pas non plus développée en proportion de la croissance dans les domaines plus purement intellectuels et scientifiques. En outre, la civilisation moderne se trouve à un point mort dans son développement spirituel et dans la sauvegarde de l’institution du foyer. 81:6.26 9.Les idéaux raciaux. Les idéaux d’une génération creusent les chemins de la destinée pour sa postérité immédiate. La qualité des porte-flambeaux sociaux déterminera l’avancement ou le recul de la civilisation. Les foyers, les églises et les écoles d’une génération prédéterminent la tendance de caractère de la suivante. La force vive morale et spirituelle d’une race ou d’une nation détermine largement la rapidité du développement culturel de sa civilisation. 81:6.27 Les idéaux élèvent la source du courant social. Nul courant ne peut remonter plus haut que sa source, quels que soient la technique de pression ou le contrôle de direction employés. La force propulsive des aspects, même les plus matériels, d’une civilisation culturelle réside dans les accomplissements les moins matériels de la société. L’intelligence peut contrôler le mécanisme de la civilisation, la sagesse peut le diriger, mais l’idéalisme spirituel est l’énergie qui élève réellement la culture humaine et la fait progresser d’un niveau d’accomplissement au suivant. 81:6.28 Au début, la vie était une lutte pour l’existence ; aujourd’hui, c’est pour le niveau de vie ; demain, ce sera pour la qualité de pensée, prochain but terrestre de l’existence humaine. 81:6.29 10. La coordination des spécialistes. La division du travail effectuée de bonne heure et son corolaire ultérieur de spécialisation ont prodigieusement fait avancer la civilisation ; celle-ci dépend maintenant de la coopération efficace des spécialistes. Au fur et à mesure de l’expansion de la société, il faudra trouver une méthode pour regrouper les divers spécialistes. 81:6.30 Les spécialistes des affaires sociales, de l’art, de la technique et de l’industrie continueront à se multiplier et à accroitre leur habileté et leur dextérité. Cette diversification d’aptitudes et cette dissemblance d’emplois finiront par affaiblir et par désintégrer la société humaine si des moyens efficaces de coordination et de coopération ne sont pas mis en œuvre. Des intelligences capables d’une telle fécondité d’invention et d’une telle spécialisation devraient être entièrement compétentes pour imaginer des méthodes appropriées de contrôle et d’adaptation permettant de résoudre tous les problèmes issus du développement rapide des inventions et de l’accélération de l’expansion culturelle. 81:6.31 11. Les procédés pour trouver des emplois. Le prochain âge de développement social sera concrétisé par une meilleure coopération et une coordination plus efficace des spécialisations en accroissement et en expansion continus. À mesure que le travail se diversifie davantage, il faut imaginer une technique pour orienter les individus vers des emplois appropriés. Le machinisme n’est pas la seule cause de chômage chez les peuples civilisés d’Urantia. La complexité économique et l’accroissement régulier des spécialités industrielles et professionnelles compliquent les problèmes de placement de la main-d’œuvre. 81:6.32 Il ne suffit pas d’apprendre aux hommes un travail ; une société complexe doit aussi fournir des méthodes efficaces pour leur trouver un emploi. Avant d’apprendre aux citoyens des techniques hautement spécialisées pour gagner leur vie, il faudrait leur enseigner une ou plusieurs méthodes de travail non spécialisé de commerce ou d’occupations qu’ils pourraient pratiquer pendant un chômage temporaire dans leur travail spécialisé. Nulle civilisation ne peut survivre au maintien prolongé de grandes classes de chômeurs. Avec le temps, l’acceptation du soutien par le Trésor public déforme la mentalité des citoyens, même des meilleurs, et les démoralise. La charité privée, elle-même, devient pernicieuse si elle entretient longtemps des citoyens valides. 81:6.33 Une société très spécialisée ne s’adonnera pas volontiers aux anciennes pratiques communautaires et féodales des peuples d’autrefois. Il est vrai que beaucoup de services communs peuvent être utilement et profitablement socialisés, mais la meilleure manière de gouverner des êtres humains hautement entrainés et ultra-spécialisés est une technique de coopération intelligente. Une coordination modernisée et une réglementation fraternelle aboutiront à une coopération plus durable que les anciennes et primitives méthodes de communisme ou les institutions réglementaires dictatoriales basées sur la force. 81:6.34 12. L’ouverture à la coopération. L’un des grands obstacles au progrès de la société humaine est le conflit entre les intérêts et le bien-être des collectivités humaines les plus nombreuses et les plus socialisées d’une part, et les groupements moins nombreux d’opposants asociaux d’autre part, sans compter les individus isolés à mentalité antisociale. 81:6.35 Nulle civilisation nationale ne dure longtemps à moins que ses méthodes éducatives et ses idéaux religieux n’inspirent un patriotisme intelligent et un dévouement national de type élevé. Sans cette espèce de patriotisme intelligent et de solidarité culturelle, toutes les nations tendent à se désagréger par suite des jalousies régionales et des égoïsmes locaux. 81:6.36 Pour maintenir une civilisation mondiale, il faut que les êtres humains apprennent à vivre ensemble dans la paix et la fraternité. Sans coordination efficace, la civilisation industrielle est mise en péril par les dangers de l’ultraspécialisation : monotonie, étroitesse et tendance à engendrer la méfiance et la jalousie. 81:6.37 13. Le commandement efficace et sage. La civilisation dépend, dans une grande, une très grande mesure, de l’état d’esprit consistant à s’atteler à la besogne avec enthousiasme et efficacité. Dix hommes n’en valent pas beaucoup plus qu’un pour soulever un lourd fardeau, à moins qu’ils ne le soulèvent ensemble – tous en même temps. Ce travail d’équipe – la coopération sociale – dépend de la qualité des chefs. Les civilisations culturelles du passé et du présent ont été basées sur la coopération intelligente des citoyens avec des chefs sages et progressifs. Jusqu’à ce que les hommes aient atteint par évolution des niveaux plus élevés, la civilisation continuera à dépendre d’un commandement sage et vigoureux. 81:6.38 Les hautes civilisations naissent d’une liaison sagace entre la richesse matérielle, la grandeur intellectuelle, la valeur morale, l’habileté sociale et la clairvoyance cosmique. 81:6.39 14. Les changements sociaux. La société n’est pas une institution divine ; elle est un phénomène d’évolution progressive ; une civilisation qui progresse est toujours retardée quand ses chefs sont lents à effectuer, dans l’organisation sociale, les changements essentiels pour marcher de pair avec les développements scientifiques de l’âge. Ceci dit, il ne faut pas mépriser certaines choses simplement parce qu’elles sont vieilles, ni embrasser sans réserves une idée simplement parce qu’elle est originale et neuve. 81:6.40 Les hommes ne devraient pas avoir peur d’expérimenter avec les mécanismes de la société, mais les aventures d’adaptation culturelle devraient toujours être contrôlées par ceux qui sont pleinement au courant de l’histoire de l’évolution sociale ; il faudrait toujours que les innovateurs soient conseillés par la sagesse de ceux qui ont l’expérience pratique dans les domaines des tentatives sociales ou économiques envisagées. Nul grand changement social ou économique ne devrait être essayé soudainement. Le temps est essentiel à tous les types d’adaptations humaines – physiques, sociaux ou économiques. Seuls les ajustements moraux et spirituels peuvent être effectués sous l’impulsion du moment, et, même pour ceux-là, il faut du temps pour mettre pleinement en œuvre leurs répercussions matérielles et sociales. Ce sont les idéaux de la race qui servent principalement d’appui et de soutien pendant les périodes critiques où une civilisation se trouve en transition entre deux niveaux consécutifs. 81:6.41 15. Les mesures préventives contre les brusques déclins en périodes de transition. La société est issue de nombreux âges d’essais et d’erreurs ; elle représente ce qui a survécu aux ajustements et rajustements sélectifs dans les stades successifs de l’ascension millénaire des hommes depuis les niveaux animaux jusqu’aux niveaux humains de statut planétaire. Le grand danger pour toute civilisation – à n’importe quel moment – est la menace de déclin pendant la transition entre les méthodes établies du passé et les procédés nouveaux et meilleurs, mais non éprouvés, de l’avenir. 81:6.42 La qualité des chefs est vitale pour le progrès. La sagesse, la perspicacité et la prévoyance sont indispensables aux nations pour durer. La civilisation n’est jamais réellement en péril tant que les chefs capables ne commencent pas à disparaitre. Le nombre de ces chefs sages n’a jamais dépassé un pour cent de la population. 81:6.43 Par ces échelons de l’échelle évolutionnaire, la civilisation s’est élevée au niveau où pouvaient être mises en œuvre les puissantes influences qui ont culminé dans la culture en expansion rapide au vingtième siècle. C’est seulement en adhérant à ces principes essentiels que les hommes peuvent espérer maintenir leurs civilisations actuelles, tout en assurant leur développement continu et leur survie certaine. 81:6.44 Telle est l’essence de la longue, longue lutte des peuples de la terre pour établir la civilisation depuis l’époque d’Adam. La culture d’aujourd’hui est le résultat de cette évolution opiniâtre. Avant la découverte de l’imprimerie, les progrès étaient relativement lents, parce que les hommes d’une génération ne pouvaient bénéficier aussi rapidement des accomplissements de leurs prédécesseurs. Mais, en ce moment, la société humaine fonce en avant avec la puissance de la force vive accumulée de tous les âges au cours desquels la civilisation a lutté. 81:6.45 [Parrainé par un archange de Nébadon.] FASCICULE 82. L’évolution du mariage 82:0.1 Le mariage – l’accouplement – nait de la bisexualité. Le mariage est la réaction humaine pour s’adapter à cette bisexualité, tandis que la vie de famille est l’ensemble qui résulte de tous ces ajustements évolutionnaires et adaptatifs. Le mariage est durable ; il n’est pas inhérent à l’évolution biologique, mais il est la base de toute l’évolution sociale, et c’est pourquoi la continuité de son existence est assurée sous une certaine forme. Le mariage a donné le foyer à l’humanité, et le foyer est la gloire qui couronne toute la longue et opiniâtre lutte évolutionnaire. 82:0.2 Bien que les institutions religieuses, sociales et éducatives soient toutes essentielles à la survie d’une civilisation culturelle, c’est la famille qui joue le rôle civilisateur majeur. Un enfant apprend de sa famille et de ses voisins la plupart des choses essentielles de la vie. 82:0.3 Les humains des temps anciens ne possédaient pas une civilisation sociale très riche, mais ils transmettaient fidèlement et efficacement aux générations suivantes celle qu’ils avaient. Il faut reconnaitre que la plupart des civilisations du passé ont continué à évoluer avec un strict minimum d’autres influences institutionnelles, parce que les foyers fonctionnaient efficacement. Aujourd’hui, les races humaines détiennent un riche héritage social et culturel qui devrait être sagement et utilement transmis aux générations suivantes. La famille, en tant qu’institution éducative, doit être maintenue. 1. L’instinct d’accouplement 82:1.1 Malgré l’abime qui sépare la personnalité de l’homme de celle de la femme, le besoin sexuel est suffisant pour assurer leur union en vue de la reproduction de l’espèce. Cet instinct opérait efficacement bien avant que les humains aient commencé à éprouver ce que l’on a appelé, plus tard, l’amour, le dévouement et la fidélité conjugale. L’accouplement est une tendance innée, et le mariage est sa répercussion sociale évolutionnaire. 82:1.2 L’intérêt et le désir sexuels n’étaient pas des passions dominantes chez les peuples primitifs ; ils les considéraient simplement comme normaux. Toute l’expérience de la reproduction était dépourvue d’embellissements imaginatifs. La passion sexuelle absorbante des peuples plus hautement civilisés est principalement due à des mélanges de races, spécialement lorsque la nature évolutionnaire fut stimulée par l’imagination associative et l’appréciation de la beauté inhérentes aux Nodites et aux Adamites. Mais les races évolutionnaires n’ont absorbé cette hérédité andite que dans une mesure si faible qu’elle n’a pas réussi à procurer une maitrise de soi suffisante pour tenir en laisse les passions animales ainsi vivifiées et excitées par une conscience plus aigüe du sexe et par des besoins d’accouplement plus impérieux. Parmi les races évolutionnaires, ce sont les hommes rouges qui avaient le code sexuel le plus élevé. 82:1.3 La réglementation sexuelle relativement au mariage mesure : 82:1.4 1. Le progrès relatif de la civilisation. De plus en plus, la civilisation a exigé que la satisfaction sexuelle soit canalisée utilement et conformément aux mœurs. 82:1.5 2. La proportion de sang andite chez un peuple quelconque. Dans ces collectivités, le sexe est devenu l’expression tantôt la plus élevée et tantôt la plus basse de la nature physique aussi bien que de la nature émotionnelle. 82:1.6 Les races Sangiks avaient des passions animales normales, mais elles montraient peu d’imagination et n’appréciaient guère la beauté et l’attrait physique du sexe opposé. Même chez les races primitives d’aujourd’hui, ce que l’on dénomme sex-appeal est pratiquement absent ; les peuples non mêlés ont un instinct d’accouplement bien net, mais un attrait sexuel insuffisant pour créer de sérieux problèmes nécessitant un contrôle social. 82:1.7 L’instinct d’accouplement est l’une des forces physiques dominantes qui poussent les êtres humains ; il est l’unique émotion qui, sous couvert de satisfactions individuelles, amène efficacement, par ruse, les hommes égoïstes à mettre le bien-être et la perpétuation de la race très au-dessus des aises individuelles et de la liberté résultant d’une absence de responsabilités personnelles. 82:1.8 Depuis ses premiers débuts jusqu’aux temps modernes, le mariage, en tant qu’institution, dépeint l’évolution sociale de la tendance biologique à se perpétuer. La perpétuation de l’espèce humaine évoluante est rendue certaine par la présence de cette impulsion raciale à l’accouplement, de ce besoin que l’on appelle vaguement attrait sexuel. Ce grand besoin biologique devient le pivot moteur de toutes sortes d’instincts, de sentiments et d’habitudes associés – physiques, intellectuels, moraux et sociaux. 82:1.9 Chez les sauvages, la fourniture d’aliments était le motif incitatif, mais, quand la civilisation assure une abondance de nourriture, le besoin sexuel devient fréquemment une impulsion dominante et, en conséquence, il a toujours besoin d’une règlementation sociale. Chez les animaux, la périodicité instinctive réfrène la propension à l’accouplement, mais, chez l’homme, qui est dans une si grande mesure un être se contrôlant lui-même, le désir sexuel n’est pas tout à fait périodique ; il devient donc nécessaire que la société impose aux individus la maitrise d’eux-mêmes. 82:1.10 Nulle émotion ou instinct humain auquel on s’abandonne sans frein et avec excès ne peut provoquer autant de maux et de chagrins que ce puissant besoin sexuel. La soumission intelligente de cette impulsion à la règlementation sociale est le test suprême de l’actualité d’une civilisation. La maitrise de soi, encore et toujours plus de maitrise de soi, c’est ce que demande de plus en plus l’humanité progressante. Le secret, le manque de sincérité et l’hypocrisie peuvent voiler les problèmes sexuels, mais ils ne fournissent pas de solutions et ne font pas progresser l’éthique. 2. Les tabous restrictifs 82:2.1 L’histoire de l’évolution du mariage est simplement l’histoire du contrôle sexuel sous la pression des restrictions sociales, religieuses et civiles. La nature ne reconnait guère les individus ; elle ne tient aucun compte de ce que l’on appelle la morale ; elle s’intéresse uniquement et exclusivement à la reproduction de l’espèce. La nature insiste irrésistiblement sur la reproduction, mais elle laisse avec indifférence à la société le soin de résoudre les problèmes qui en résultent, créant ainsi, pour l’humanité en évolution, un problème majeur et toujours d’actualité. Ce conflit social consiste en une guerre sans fin entre les instincts fondamentaux et l’éthique en évolution. 82:2.2 Chez les races primitives, les relations entre sexes n’étaient pas réglementées, ou très peu. À cause de cette licence sexuelle, la prostitution n’existait pas. Aujourd’hui encore, les Pygmées et d’autres groupes arriérées ne possèdent pas d’institution matrimoniale ; l’étude de ces peuplades révèle les simples coutumes d’accouplement suivies par les races primitives. Mais il faut toujours étudier et juger les anciens peuples à la lumière des critères moraux des mœurs de leur propre époque. 82:2.3 Cependant, l’amour libre n’a jamais été bien vu chez les peuples ayant dépassé la sauvagerie. Dès que des groupes sociaux se formèrent, des codes matrimoniaux et des restrictions conjugales apparurent. L’accouplement a ainsi progressé par une multitude de transitions depuis un état de licence sexuelle à peu près totale jusqu’aux normes du vingtième siècle impliquant une restriction sexuelle à peu près complète. 82:2.4 Aux tout premiers stades du développement tribal, les mœurs et les tabous restrictifs étaient fort grossiers ; ils réussirent néanmoins à séparer les sexes, ce qui favorisa la tranquillité, l’ordre et l’industrie ; la longue évolution du mariage et du foyer avait commencé. Les coutumes sexuelles concernant les vêtements, les parures et les pratiques religieuses prirent naissance dans les tabous primitifs, qui définissaient le champ des libertés sexuelles et finirent ainsi par créer les concepts de vice, de crime et de péché. Toutefois, l’habitude régna longtemps de suspendre toutes les règlementations sexuelles pendant les jours de grande fête, et spécialement le 1er Mai. 82:2.5 Les femmes ont toujours été soumises à plus de tabous restrictifs que les hommes. Les mœurs primitives accordaient aux femmes non mariées le même degré de liberté sexuelle qu’aux hommes, mais on a toujours exigé des épouses qu’elles soient fidèles à leur mari. Le mariage primitif ne restreignait pas beaucoup les libertés sexuelles de l’homme, mais il rendait la continuation de la licence sexuelle tabou pour la femme. Les femmes mariées ont toujours porté une marque quelconque qui faisait d’elles une classe séparée ; citons la coiffure, le vêtement, le voile, l’isolement, la parure et les anneaux. 3. Les mœurs primitives du mariage 82:3.1 Le mariage est la réponse institutionnelle de l’organisme social à la tension biologique toujours présente du besoin de se reproduire – de se propager – que l’homme éprouve sans relâche. L’accouplement est universellement naturel et, à mesure que la société évolua du simple au complexe, il y eut une évolution correspondante des mœurs d’accouplement, la genèse de l’institution matrimoniale. Quand l’évolution sociale a progressé jusqu’au stade où des mœurs sont engendrées, on trouve partout le mariage comme une institution évoluante. 82:3.2 Il y a toujours eu et il y aura toujours deux domaines distincts du mariage : les mœurs, les lois réglant les aspects extérieurs de l’accouplement, et les relations par ailleurs secrètes et personnelles entre hommes et femmes. Les individus se sont toujours rebellés contre les règlementations sexuelles imposées par la société, et voici la raison de ce problème sexuel millénaire : la préservation de soi est individuelle, mais assurée par la collectivité ; la perpétuation de soi est sociale, mais assurée par des impulsions individuelles. 82:3.3 Les mœurs, quand elles sont respectées, ont largement le pouvoir de restreindre et de contrôler l’impulsion sexuelle, comme on l’a vu chez toutes les races. Les critères du mariage ont toujours reflété véridiquement le pouvoir courant des mœurs et l’intégrité fonctionnelle du gouvernement civil. Mais les mœurs primitives concernant le sexe et l’accouplement étaient une masse de prescriptions confuses et grossières ; les parents, les enfants, la famille et la société avaient tous des intérêts opposés dans la règlementation du mariage. Malgré tout cela, les races qui exaltèrent et pratiquèrent le mariage évoluèrent naturellement à des niveaux plus élevés et survécurent en nombre croissant. 82:3.4 Aux époques primitives, le mariage était le prix du rang social ; la possession d’une femme était un signe de distinction. Le sauvage regardait le jour de son mariage comme marquant l’inauguration de sa responsabilité et de sa virilité. À une certaine époque, on a considéré le mariage comme un devoir social ; à une autre, comme une obligation religieuse ; à une autre époque encore, comme une nécessité politique pour fournir des citoyens à l’État. 82:3.5 Bien des tribus primitives exigeaient qu’un homme ait commis des rapts pour être digne de se marier. À ces razzias, les peuples substituèrent, plus tard, des combats athlétiques et des jeux de compétition. Les gagnants de ces épreuves recevaient le premier prix – le droit de choisir parmi les filles à marier. Chez les chasseurs de têtes, un jeune homme ne pouvait se marier à moins de posséder au moins une tête, bien qu’il fût parfois possible d’acheter des crânes. À mesure que l’achat des femmes déclina, on les gagna par des concours d’énigmes ; cette pratique survit encore chez de nombreux groupes d’hommes noirs. 82:3.6 Avec les progrès de la civilisation, certaines tribus remirent au choix des femmes les sévères épreuves matrimoniales d’endurance masculine ; les femmes purent ainsi favoriser les hommes de leur choix. Ces épreuves du mariage englobaient l’habileté à la chasse, la lutte et l’aptitude à entretenir une famille. Pendant longtemps, on exigea que le prétendant vive au foyer de la fiancée pendant au moins un an pour y travailler et montrer qu’il était digne de la femme qu’il désirait. 82:3.7 Les qualifications d’une femme étaient l’aptitude à faire les gros travaux et à donner le jour à des enfants. On exigeait qu’elle exécute, en un temps donné, un travail agricole déterminé. Si elle avait donné naissance à un enfant avant le mariage, elle avait d’autant plus de valeur ; on était alors certain de sa fécondité. 82:3.8 Le fait que les peuples de l’antiquité considéraient comme une honte, ou même comme un péché, de ne pas être marié explique l’origine des mariages d’enfants ; puisqu’il fallait être marié, le plus tôt était le mieux. On croyait aussi très généralement que les célibataires n’avaient pas accès au pays des esprits, et ce fut un motif supplémentaire pour marier les enfants, même à leur naissance, et parfois avant, sous réserve de leur sexe. Les anciens croyaient que les morts eux-mêmes devaient être mariés. À l’origine, les marieurs étaient employés à négocier des mariages de personnes décédées. L’un des parents prenait des dispositions pour que ces intermédiaires concluent le mariage d’un fils décédé avec la fille décédée d’une autre famille. 82:3.9 Chez les peuples moins anciens, la puberté était l’âge ordinaire du mariage, mais cet âge fut reculé en proportion directe des progrès de la civilisation. L’évolution sociale vit surgir de bonne heure des ordres spéciaux de célibataires hommes et femmes ; ces ordres furent inaugurés et entretenus par des personnes plus ou moins dépourvues de besoins sexuels normaux. 82:3.10 De nombreuses tribus permettaient aux hommes de leur groupe dirigeant d’avoir des rapports sexuels avec une fiancée juste avant qu’elle fût donnée à son mari. Chacun de ces hommes faisait alors un cadeau à la jeune fille, et ce fut l’origine de la coutume de donner des cadeaux de mariage. Dans certains groupes, on comptait qu’une jeune femme gagnerait sa dot grâce aux cadeaux reçus en récompense de ses services sexuels dans la salle d’exposition des filles à marier. 82:3.11 Certaines tribus faisaient épouser aux jeunes gens les veuves et les femmes âgées, et, quand plus tard ils devenaient veufs, on leur permettait d’épouser les jeunes filles. On s’assurait ainsi, selon l’expression de l’époque, que les deux parents ne feraient pas de folies, comme on supposait que ce serait le cas si l’on permettait à deux jeunes de s’unir. D’autres tribus limitaient les accouplements à des groupes d’âge similaire. Cette limitation du mariage à des groupes d’un âge déterminé fut la première à donner naissance aux idées d’inceste. (En Inde, même aujourd’hui, aucune restriction d’âge n’est imposée aux mariages.) 82:3.12 Sous l’emprise de certaines mœurs, le veuvage des femmes était fort à craindre ; ou bien on tuait les veuves, ou bien on leur permettait de se suicider sur la tombe de leur mari, car elles étaient censées passer au pays des esprits avec leurs époux. La veuve survivante était presque invariablement blâmée pour la mort de son mari. Certaines tribus les brulaient vives. Si une veuve continuait à vivre, elle menait une vie de deuil continuel et de restrictions sociales intolérables, car les remariages étaient généralement désapprouvés. 82:3.13 Jadis, on encourageait de nombreuses pratiques aujourd’hui considérées comme immorales. Il n’était pas rare que les femmes primitives fussent très fières des amours de leurs maris avec d’autres femmes ; la chasteté, chez les filles, était un grand obstacle au mariage. La mise au monde d’un enfant avant le mariage rendait la fille beaucoup plus désirable comme femme, car l’homme était sûr d’avoir une compagne féconde. 82:3.14 Beaucoup de tribus primitives sanctionnaient le mariage à l’essai jusqu’à ce que la femme soit enceinte, après quoi l’on accomplissait la cérémonie régulière du mariage. Chez d’autres groupes, on ne célébrait pas le mariage avant la naissance du premier enfant. Si une femme était stérile, ses parents devaient la racheter et le mariage était annulé. Les mœurs exigeaient que chaque couple ait des enfants. 82:3.15 Ces mariages primitifs à l’essai étaient entièrement dépourvus de tout semblant de licence ; ils étaient simplement de sincères épreuves de fécondité. Les intéressés contractaient un mariage permanent aussitôt que la fécondité était établie. Quand les couples modernes se marient en ayant à l’arrière-plan de leur pensée, l’idée de divorcer commodément si leur vie conjugale ne leur plait pas entièrement, ils contractent en réalité un mariage à l’essai sous une forme très inférieure aux honnêtes aventures de leurs ancêtres moins civilisés. 4. Mariage et mœurs régissant la propriété 82:4.1 Le mariage a toujours eu des liens étroits avec la propriété et la religion. La propriété a stabilisé le mariage et la religion l’a moralisé. 82:4.2 Le mariage primitif était un placement, une spéculation économique ; il était davantage une question d’affaires qu’une histoire de flirt. Les anciens se mariaient au bénéfice du groupe et pour son bien-être ; c’est pourquoi les mariages étaient projetés et arrangés par le groupe, leurs parents et les anciens. L’assertion que les mœurs régissant la propriété furent efficaces pour stabiliser l’institution du mariage est corroborée par le fait que le mariage était plus permanent chez les tribus primitives que chez bien des peuples modernes. 82:4.3 À mesure que la civilisation progressa et que la propriété privée fut mieux reconnue par les mœurs, le vol devint le grand crime. L’adultère fut considéré comme une forme de vol, une violation des droits de propriété du mari ; c’est pourquoi il n’est pas spécialement mentionné dans les mœurs et codes primitifs. La femme commençait par être la propriété de son père, qui transférait son titre au mari ; toutes les relations sexuelles légalisées naquirent de ces droits de propriété préexistants. L’Ancien Testament parle des femmes comme d’une forme de propriété. Le Coran enseigne leur infériorité. L’homme avait le droit de prêter sa femme à un ami ou à un invité, et cette coutume prévaut encore chez certains peuples. 82:4.4 La jalousie sexuelle moderne n’est pas innée ; elle est un produit des mœurs évoluantes. L’homme primitif n’était pas jaloux de sa femme ; il défendait simplement sa propriété. La femme était tenue à des obligations sexuelles plus strictes que le mari, pour la raison que son infidélité conjugale impliquait une descendance et un héritage. Très tôt, dans la marche de la civilisation, l’enfant illégitime tomba en déconsidération. Tout d’abord, seule la femme fut punie pour adultère ; plus tard, les mœurs décrétèrent aussi le châtiment de son partenaire. Pendant de longs âges, le mari offensé ou le père protecteur eurent pleinement le droit de tuer l’intrus masculin. Les peuples modernes conservent ces mœurs qui absolvent, sous une loi tacite, les crimes dits d’honneur. 82:4.5 Le tabou de la chasteté ayant pris naissance comme une phase des mœurs de la propriété, il s’appliqua d’abord aux femmes mariées, mais non aux jeunes filles célibataires. Plus tard, la chasteté fut davantage exigée par le père que par le soupirant ; une vierge était un actif commercial pour le père – elle rapportait un prix plus élevé. À mesure que la chasteté fut plus demandée, la pratique s’établit de payer au père des honoraires de fiançailles en récognition du service d’avoir élevé convenablement une chaste fiancée pour le futur mari. Une fois lancée, l’idée de chasteté féminine prit une telle emprise sur les races que la pratique s’établit d’enfermer littéralement les filles, de les emprisonner réellement durant des années, afin d’assurer leur virginité. C’est ainsi que les critères plus récents et les contrôles de virginité donnèrent naissance aux classes de prostituées professionnelles ; elles étaient les fiancées rejetées, les femmes qui n’étaient pas reconnues vierges par les mères des fiancés. 5. Endogamie et exogamie 82:5.1 Les sauvages observèrent de très bonne heure que les mélanges raciaux amélioraient la descendance. Ce n’était pas que la consanguinité fût toujours mauvaise, mais l’exogamie donnait comparativement de meilleurs résultats ; les mœurs tendirent donc à fixer des restrictions de rapports sexuels entre proches parents. On reconnut que l’exogamie accroissait considérablement le choix d’occasions pour des progrès et des variations évolutionnaires. Les individus nés de mariages exogames étaient doués de talents plus variés et d’une plus grande aptitude à survivre dans un monde hostile. Les endogames, ainsi que leurs mœurs, disparurent graduellement. Tout cela se produisit lentement ; les sauvages ne raisonnaient pas consciemment sur ces problèmes. Par contre, les peuples progressifs ultérieurs le firent et observèrent aussi qu’une débilité générale résultait parfois d’une endogamie excessive. 82:5.2 Bien que l’endogamie des bonnes lignées se traduisit parfois par la formation de fortes tribus, les cas spectaculaires de mauvais résultats provenant de l’endogamie d’anormaux héréditaires impressionnèrent plus fortement le mental humain ; il s’ensuivit que les mœurs en progrès formulèrent de plus en plus de tabous contre tous les mariages entre proches parents. 82:5.3 La religion a longtemps formé un barrage efficace contre les mariages à l’extérieur ; de nombreux enseignements religieux ont proscrit les mariages en dehors de la foi. Les femmes ont généralement favorisé la pratique de l’endogamie et les hommes celle de l’exogamie. La propriété a toujours influencé le mariage. Parfois, dans un effort pour conserver des propriétés à l’intérieur d’un clan, des mœurs ont surgi qui forçaient les femmes à choisir un mari dans la tribu de leur père. Les règles de cette sorte amenèrent une grande multiplication de mariages entre cousins. L’endogamie fut également pratiquée pour s’efforcer de préserver les secrets artisanaux ; les artisans spécialisés cherchaient à conserver dans leur famille la connaissance de leur métier. 82:5.4 Quand les groupes supérieurs étaient isolés, ils en revenaient toujours aux accouplements consanguins. Pendant plus de cent-cinquante-mille ans, les Nodites furent l’un des grands groupes endogames. Les mœurs d’endogamie plus récentes furent prodigieusement influencées par les traditions de la race violette, dans laquelle les accouplements eurent d’abord nécessairement lieu entre frères et sœurs. Les mariages entre un frère et une sœur étaient communs en Égypte primitive, en Syrie, en Mésopotamie et dans tous les pays jadis occupés par les Andites. Les Égyptiens pratiquèrent longtemps le mariage entre frère et sœur dans un effort pour conserver la pureté du sang royal, et cette coutume persista encore plus longtemps en Perse. Chez les Mésopotamiens, avant l’époque d’Abraham, les mariages entre cousins étaient obligatoires ; les cousins avaient des droits de priorité pour épouser leurs cousines. Abraham lui-même épousa sa demi-sœur, mais, plus tard, les mœurs des Juifs n’autorisèrent plus ces unions. 82:5.5 Les premières mesures pour éliminer les mariages entre frère et sœur furent prises sous l’influence des mœurs polygames, parce que la femme sœur cherchait à dominer avec arrogance l’autre femme ou les autres femmes. Les mœurs de certaines tribus interdisaient le mariage avec la veuve d’un frère décédé, mais exigeaient que le frère vivant engendrât des enfants à la place de son frère trépassé. Il n’existe aucun instinct biologique s’opposant à quelque degré d’endogamie que ce soit ; ces restrictions sont entièrement une affaire de tabous. 82:5.6 L’exogamie finit par dominer parce qu’elle était favorisée par les hommes ; en prenant une femme à l’extérieur, ils étaient assurés d’être plus libres vis-à-vis de leur belle-famille. La familiarité engendre le mépris. En conséquence, à mesure que le facteur du choix individuel commença à dominer l’accouplement, la coutume s’établit de choisir des partenaires en dehors de la tribu. 82:5.7 Beaucoup de tribus finirent par interdire les mariages à l’intérieur du clan ; d’autres les limitèrent à certaines castes. Le tabou contre le mariage avec une femme ayant le même totem que son partenaire donna naissance à la coutume du rapt des femmes dans les tribus voisines. Plus tard, les mariages furent davantage réglés d’après la résidence territoriale que d’après la parenté. Il y eut bien des étapes dans l’évolution du mariage, depuis l’endogamie jusqu’aux pratiques modernes d’exogamie. Même après l’institution du tabou sur les mariages endogames du commun du peuple, les rois et les chefs furent autorisés à épouser une proche parente afin de conserver le sang royal pur et concentré. Les mœurs ont généralement permis aux dirigeants souverains certaines licences en matière sexuelle. 82:5.8 La présence des peuples andites plus récents contribua beaucoup à accroitre le désir des races Sangiks de se marier en dehors de leurs tribus. Toutefois, il ne fut pas possible à l’exogamie de prévaloir avant que les groupes eussent appris à vivre relativement en paix avec leurs voisins. 82:5.9 L’exogamie elle-même était un encouragement à la paix ; les mariages entre les tribus restreignaient les hostilités. L’exogamie conduisit à la coordination tribale et aux alliances militaires ; elle devint prédominante parce qu’elle procurait un accroissement de forces ; elle fut une bâtisseuse de nations. L’exogamie fut également très favorisée par les contacts commerciaux croissants ; les aventures et les explorations contribuèrent à étendre les frontières de l’accouplement et facilitèrent la fécondation croisée des cultures raciales. 82:5.10 Les inconséquences, autrement inexplicables, des mœurs matrimoniales de la race sont largement dues à la coutume de l’exogamie accompagnée du rapt et de l’achat des femmes chez les tribus voisines, l’ensemble aboutissant à un amalgame des diverses mœurs tribales. Les tabous à propos de l’endogamie étaient sociologiques et non biologiques ; le fait est bien illustré par les tabous sur les mariages entre apparentés ; ceux-ci englobaient de nombreux degrés de relations avec les belles-familles, ces cas ne comportant pas la moindre relation de sang. 6. Les mélanges raciaux 82:6.1 Il n’y a pas, aujourd’hui, de races pures dans le monde. Les peuples évolutionnaires de couleur, primitifs et originels, n’ont que deux races représentatives qui subsistent sur terre, les hommes jaunes et les hommes noirs ; et même ces deux races contiennent beaucoup de sang des peuples de couleur disparus. Bien que la race dite blanche descende d’une manière prédominante des anciens hommes bleus, elle comporte plus ou moins un mélange de toutes les autres races, comme d’ailleurs les hommes rouges des Amériques. 82:6.2 Parmi les six races Sangiks de couleur, trois étaient primaires et trois secondaires. Bien que les races primaires – bleue, rouge et jaune – fussent, sous bien des rapports, supérieures aux trois peuples secondaires, il ne faut pas oublier que ces derniers possédaient beaucoup de caractéristiques désirables qui auraient considérablement amélioré les peuples primaires s’ils avaient pu intégrer les meilleures lignées des races secondaires. 82:6.3 Les préjugés d’aujourd’hui contre les « métis », « les hybrides » et les « bâtards » ont pris corps parce que la plupart des fécondations croisées modernes s’effectuent entre les lignées grossièrement inférieures des races intéressées. Les résultats sont également peu satisfaisants quand les lignées dégénérées de la même race se marient entre elles. 82:6.4 Si les races actuelles d’Urantia pouvaient être libérées de la malédiction résultant de leurs classes les plus basses de spécimens dégénérés, antisociaux, mentalement débiles et exclus, il y aurait peu d’objections à une amalgamation raciale limitée. Et, si ces mélanges raciaux pouvaient se produire entre les types tout à fait supérieurs des diverses races, cela offrirait encore moins d’inconvénients. 82:6.5 L’hybridation de souches supérieures et dissemblables est le secret pour créer des lignées nouvelles et plus vigoureuses, et cela est vrai aussi bien pour les plantes et les animaux que pour l’espèce humaine. L’hybridation augmente la vigueur et accroit la fécondité. Les mélanges raciaux des classes moyennes ou supérieures de divers peuples accroissent beaucoup le potentiel créatif, comme le montre la population actuelle des États-Unis d’Amérique du Nord. Quand ces accouplements se produisent entre individus des classes inférieures, la puissance créative est diminuée, comme on peut le voir aujourd’hui chez les peuples de l’Inde méridionale. 82:6.6 Le mélange des races contribue beaucoup à l’apparition soudaine de caractéristiques nouvelles, et, si cette hybridation est l’union des lignées supérieures, alors ces caractéristiques nouvelles seront aussi des traits supérieurs. 82:6.7 Tant que les races actuelles resteront pareillement surchargées de lignées inférieures et dégénérées, les mélanges raciaux, sur une grande échelle, seront fort préjudiciables, mais la plupart des objections à cette expérience sont fondées sur des préjugés sociaux et culturels plutôt que sur des considérations biologiques. Même parmi les souches inférieures, les hybrides sont souvent meilleures que leurs ancêtres. L’hybridation tend à améliorer l’espèce, à cause du rôle des gènes dominants. Les mélanges de races augmentent la probabilité qu’un plus grand nombre de dominants désirables soit présent chez l’hybride. 82:6.8 Au cours des cent dernières années, il s’est produit plus d’hybridations raciales que précédemment au cours de plusieurs millénaires. On a grandement exagéré le danger de voir de grossières inharmonies résulter de la fécondation croisée entre souches humaines. Les principales difficultés concernant les « métis » proviennent des préjugés sociaux. 82:6.9 L’expérience de Pitcairn, consistant à mêler la race blanche et la race polynésienne, eut d’assez bons résultats parce que les hommes blancs et les femmes polynésiennes provenaient de lignées raciales relativement bonnes. Les mariages mixtes entre les types les plus élevés des races blanche, rouge et jaune amèneraient immédiatement à l’existence de nombreuses caractéristiques nouvelles et biologiquement efficaces. Ces trois peuples appartiennent aux races Sangiks primaires. Les croisements des races blanche et noire ne sont pas aussi souhaitables quant à leurs résultats immédiats, mais les mulâtres qui en proviennent ne sont pas aussi indésirables que les préjugés sociaux et raciaux voudraient le faire croire. Physiquement, les hybrides blancs-noirs sont d’excellents spécimens de l’humanité, nonobstant leur légère infériorité sous certains autres rapports. 82:6.10 Quand une race Sangik primaire s’amalgame avec une race Sangik secondaire, la dernière est considérablement améliorée aux dépens de la première. Sur une petite échelle – s’étendant sur de longues périodes de temps – il ne peut guère y avoir d’objections sérieuses à cette contribution sacrificielle des races primaires à l’amélioration des groupes secondaires. Du point de vue biologique, les Sangiks secondaires étaient, sous certains rapports, supérieurs aux races primaires. 82:6.11 Après tout, le véritable péril, pour l’espèce humaine, réside dans la prolifération désordonnée des lignées inférieures et dégénérées des divers peuples civilisés plutôt que dans le danger supposé de leur entrecroisement racial. 82:6.12 [Présenté par le Chef des séraphins stationné sur Urantia.] FASCICULE 83. L’institution du mariage 83:0.1 Voici l’histoire des premiers débuts de l’institution du mariage. Elle a constamment progressé depuis les accouplements sans organisation dans la promiscuité de la horde, en passant par de nombreuses variations et adaptations, jusqu’à l’apparition des critères de mariage qui finirent par culminer dans la réalisation des appariements, l’union d’un seul homme et d’une seule femme pour établir un foyer de l’ordre social le plus élevé. 83:0.2 Le mariage a été bien des fois en péril, et les mœurs matrimoniales ont largement fait appel au soutien de la propriété et de la religion. Toutefois, la véritable influence qui sauvegarde perpétuellement le mariage, et la famille en résultant, est le fait biologique simple et inné que les hommes et les femmes ne peuvent absolument pas se passer les uns des autres, qu’il s’agisse des sauvages les plus primitifs ou des mortels les plus cultivés. 83:0.3 C’est à cause de ses impulsions sexuelles que l’homme égoïste est entrainé à se transformer en quelque chose de mieux qu’un animal. La relation sexuelle égocentrique et de gratification personnelle implique avec certitude les conséquences de l’abnégation ; elle assure la prise en charge de devoirs altruistes et de nombreuses responsabilités familiales bénéfiques pour la race. C’est en cela que le sexe a civilisé les sauvages sans qu’ils s’en rendent compte et sans qu’ils le soupçonnent, car cette même impulsion sexuelle oblige automatiquement et infailliblement l’être humain à penser et, finalement, le conduit à aimer. 1. Le mariage en tant qu’institution sociale 83:1.1 Le mariage est le mécanisme, mis en œuvre par la société, pour régler et contrôler les nombreuses relations humaines issues du fait physique de la bisexualité. En tant qu’institution, le mariage fonctionne dans deux domaines : 83:1.2 1. Dans la régulation des relations sexuelles personnelles. 83:1.3 2. Dans la régulation de la descendance, de l’héritage, de la succession et de l’ordre social, ceci étant sa fonction originelle la plus ancienne. 83:1.4 La famille, qui nait du mariage, est elle-même un stabilisateur de l’institution du mariage, au même titre que les mœurs concernant la propriété. D’autres facteurs puissants de la stabilité du mariage sont l’orgueil, la vanité, l’esprit chevaleresque, le devoir et les convictions religieuses. Mais, bien que les mariages puissent être approuvés ou désapprouvés dans les sphères supérieures, ils ne sont guère conclus dans le ciel. La famille humaine est nettement une institution humaine, un développement évolutionnaire. Le mariage est une institution de la société, il n’est pas du domaine de l’Église. Il est vrai que la religion devrait profondément l’influencer, mais elle ne devrait pas entreprendre d’être seule à le contrôler et à le réglementer. 83:1.5 Le mariage primitif était essentiellement industriel et, même dans les temps modernes, il est souvent une affaire de société ou d’intérêt. Sous l’influence du mélange de souches andites et comme conséquence des mœurs d’une civilisation en progrès, le mariage devient lentement mutuel, romantique, parental, poétique, affectueux, éthique et même idéaliste. Toutefois, la sélection et l’amour dit romantique jouaient un rôle minime dans les accouplements primitifs. Dans les temps anciens, mari et femme ne vivaient pas beaucoup ensemble ; ils ne mangeaient même pas très souvent ensemble. Chez les anciens, l’affection personnelle n’était pas fortement liée à l’attrait sexuel ; c’est surtout à cause de la vie et du travail en commun que l’affection naissait entre époux. 2. La cour et les fiançailles 83:2.1 Les mariages primitifs étaient toujours concertés par les parents du garçon et ceux de la jeune fille. Le stade de transition entre cette coutume et l’époque du libre choix fut occupé par les courtiers en mariage, ou marieurs professionnels. Ces marieurs furent d’abord les barbiers et ensuite les prêtres. Le mariage fut, à l’origine, une affaire de groupe, puis une affaire de famille ; c’est tout récemment qu’il est devenu une aventure individuelle. 83:2.2 La contrainte, et non l’attraction, était la voie d’accès au mariage primitif. Dans les temps primitifs, la femme n’avait pas un comportement sexuel réservé, mais seulement un sentiment d’infériorité sexuelle qui lui avait été inculqué par les mœurs. De même que les razzias précédèrent le commerce, de même le mariage par capture précéda le mariage par contrat. Certaines femmes étaient de connivence dans la capture afin d’échapper à la domination des hommes plus âgés de leur tribu ; elles préféraient tomber entre les mains d’hommes du même âge appartenant à une autre tribu. Ces pseudo-enlèvements furent le stade de transition entre la capture par la force et, plus tard, la cour par le charme. 83:2.3 Un type primitif de cérémonie de mariage était la fuite simulée, une sorte de répétition de l’enlèvement, qui fut jadis de pratique courante. Plus tard, le simulacre de capture fit partie de la cérémonie régulière de mariage. Le semblant de résistance qu’oppose une fille moderne à la « capture », sa prétendue réticence envers le mariage, sont des reliquats d’anciennes coutumes. Le transport de la mariée par-dessus le seuil est une réminiscence de nombre d’anciennes pratiques, entre autres celles de l’époque du rapt des femmes. 83:2.4 On refusa longtemps aux femmes tout droit de disposer d’elles-mêmes dans le mariage, mais les femmes les plus avisées ont toujours su se soustraire à cette restriction en exerçant adroitement leur intelligence. C’est, en général, l’homme qui a pris l’initiative de la cour, mais pas toujours. Tantôt officiellement, tantôt secrètement, la femme provoque parfois le mariage. À mesure que la civilisation a progressé, les femmes ont joué un rôle croissant dans toutes les phases de la cour et du mariage. 83:2.5 L’accroissement de l’amour, du romanesque et de la sélection personnelle, dans la cour préconjugale, est un apport des Andites aux races du monde. Les relations entre les sexes évoluent favorablement ; de nombreux peuples en progrès substituent graduellement des conceptions quelque peu idéalisées d’attrait sexuel aux anciens mobiles d’utilité et de propriété. Les impulsions sexuelles et les sentiments affectifs commencent à remplacer les froids calculs dans le choix des partenaires de la vie. 83:2.6 À l’origine, les fiançailles équivalaient au mariage, et, chez les peuples primitifs, les rapports sexuels étaient classiques durant le temps des promesses. À une époque récente, la religion a établi un tabou sexuel sur la période comprise entre les fiançailles et le mariage. 3. L’achat et la dot 83:3.1 Les anciens se méfiaient de l’amour et des promesses ; ils estimaient que les unions durables devaient être garanties par quelque sécurité tangible – par un avoir. Pour cette raison, le prix d’achat d’une femme était considéré comme un gage, un dépôt, que le mari était condamné à perdre en cas de divorce ou d’abandon. Une fois que le prix d’achat d’une jeune mariée avait été payé, de nombreuses tribus permettaient au mari de la marquer au fer rouge. Les Africains achètent encore leurs femmes. Ils comparent une femme qui épouse par amour, ou une femme d’homme blanc, à un chat, parce qu’elle ne coute rien . 83:3.2 Les exhibitions de femmes à marier étaient des occasions d’habiller et de parer les filles pour les montrer en public, avec l’espoir qu’on les achèterait plus cher comme épouses. Toutefois, on ne les vendait pas comme du bétail – dans les tribus plus évoluées, les femmes ainsi achetées n’étaient pas transférables. Leur acquisition n’était pas non plus toujours une affaire d’argent conclue de sang-froid ; les services équivalaient à l’argent pour l’achat d’une femme. Si un homme, par ailleurs désirable, ne pouvait payer le prix de sa femme, il était susceptible d’être adopté comme fils par le père de la jeune fille, et pouvait alors l’épouser. Si un homme pauvre recherchait une femme et ne pouvait faire face au prix demandé par un père cupide, les anciens de la tribu exerçaient souvent une pression sur le père pour lui faire modifier ses exigences, faute de quoi il risquait de voir sa fille enlevée. 83:3.3 Quand la civilisation fit des progrès, les pères n’aimèrent plus avoir l’air de vendre leurs filles ; alors, tout en continuant à accepter le prix d’achat de la mariée, ils inaugurèrent la coutume de donner au couple des cadeaux d’une valeur à peu près équivalente au prix d’achat. Plus tard, quand on cessa de payer pour obtenir une femme, ces présents devinrent la dot de la mariée. 83:3.4 L’idée d’une dot était destinée à donner l’impression que la mariée était indépendante, à faire comprendre que l’on était très éloigné de l’époque des femmes esclaves et des compagnes possédées en toute propriété. Un homme ne pouvait divorcer d’avec une femme dotée sans rembourser entièrement la dot. Dans certaines tribus, on établissait réciproquement, chez les parents de la fiancée et du fiancé un dépôt qui restait acquis à la famille en cas de séparation ; c’était en réalité un contrat de mariage. Durant la période de transition entre la coutume de l’achat et la coutume de la dot, les enfants appartenaient au père si la femme avait été achetée ; dans le cas contraire, ils appartenaient à la famille de la femme. 4. La cérémonie du mariage 83:4.1 La cérémonie du mariage naquit du fait que le mariage était originellement une affaire de la communauté, et non simplement le point culminant d’une décision de deux personnes. L’accouplement intéressait le groupe, tout en étant une fonction personnelle. 83:4.2 Toute la vie des anciens était entourée de magie, de rites et de cérémonies, et le mariage ne faisait pas exception. À mesure que la civilisation progressa et que le mariage fut pris plus au sérieux, la cérémonie du mariage devint de plus en plus ostentatoire. Les mariages primitifs jouaient, comme d’ailleurs aujourd’hui, un rôle dans le droit de propriété des biens ; ils nécessitaient donc une cérémonie légale, et le statut social des enfants à venir exigeait la plus large publicité possible. Les hommes primitifs n’avaient pas d’archives ; il fallait donc qu’il y eût de nombreux témoins à la cérémonie du mariage. 83:4.3 Au début, la cérémonie du mariage avait plutôt le caractère de fiançailles et consistait seulement en la notification publique de l’intention de vivre ensemble ; plus tard, elle consista en un repas officiel pris en commun. Dans certaines tribus, les parents se bornaient à amener leur fille à son mari ; dans d’autres cas, la seule cérémonie était l’échange officiel de cadeaux, après quoi le père de la mariée la donnait à l’époux. Chez beaucoup de peuples levantins, on avait coutume de se dispenser de toute formalité ; le mariage était consommé par les rapports sexuels. Les hommes rouges furent les premiers à instituer des cérémonies de mariage plus élaborées. 83:4.4 On craignait beaucoup l’absence d’enfants et, comme la stérilité était attribuée à des machinations d’esprits, les efforts pour assurer la fécondité conduisirent aussi à associer le mariage à certains rites magiques ou religieux. On employait de nombreuses amulettes dans cet effort pour garantir un mariage heureux et fécond ; on consultait même les astrologues pour vérifier l’horoscope des parties contractantes. À une certaine époque, les sacrifices humains firent régulièrement partie de tous les mariages entre gens riches. 83:4.5 On cherchait les jours de chance. On considérait le jeudi comme le plus favorable, et l’on croyait que les mariages célébrés à la pleine lune étaient exceptionnellement fortunés. De nombreux peuples du Proche-Orient avaient coutume de jeter des graines sur les nouveaux mariés ; c’était un rite magique censé assurer la fécondité. Certains peuples orientaux utilisaient du riz à cet effet. 83:4.6 Le feu et l’eau furent toujours considérés comme les meilleurs moyens de résister aux fantômes et aux mauvais esprits. En conséquence, on mettait généralement en évidence, dans les mariages, des feux sur les autels et des chandelles allumées, et l’on faisait des aspersions baptismales d’eau bénite. Pendant longtemps, on eut coutume de fixer une fausse date de mariage, et ensuite de retarder soudain l’évènement pour faire perdre la piste aux fantômes et aux esprits. 83:4.7 Les taquineries faites aux nouveaux mariés et les mauvais tours joués aux couples en lune de miel sont des survivances des jours fort lointains où l’on croyait qu’il était bon de paraitre misérable et mal à l’aise devant les esprits pour éviter d’exciter leur envie. Le port du voile de mariée est un vestige de l’époque où l’on estimait nécessaire de déguiser une jeune femme afin que les fantômes ne puissent pas la reconnaitre, et aussi pour cacher sa beauté aux regards des esprits qui risqueraient d’en être envieux ou jaloux. Il ne fallait jamais que les pieds de la mariée touchent le sol juste avant la cérémonie. Même au vingtième siècle et sous les mœurs chrétiennes, la coutume subsiste d’étendre des tapis depuis le point d’arrivée de la voiture jusqu’à l’autel. 83:4.8 L’une des plus anciennes formes de cérémonie du mariage consistait à faire bénir le lit conjugal par un prêtre pour assurer la fécondité de l’union ; cela se pratiqua longtemps avant l’établissement d’un quelconque rituel officiel pour le mariage. Durant cette période dans l’évolution des mœurs matrimoniales, on comptait que les invités aux noces défileraient la nuit dans la chambre nuptiale, devenant ainsi des témoins légaux de la consommation du mariage. 83:4.9 L’élément chance, qui malgré toutes les épreuves prénuptiales faisait mal tourner certains mariages, conduisit les hommes primitifs à rechercher une assurance pour se protéger contre les échecs matrimoniaux en ayant recours aux prêtres et à la magie. Ce mouvement atteignit directement son apogée dans les mariages modernes à l’église. Pendant longtemps, on reconnut généralement le mariage comme consistant dans les décisions des parents contractants – et plus tard du couple – tandis qu’au cours des cinq-cents dernières années, l’Église et l’État ont assumé la juridiction et prétendent maintenant sceller les mariages. 5. Les mariages pluraux 83:5.1 Dans l’histoire des débuts du mariage, les femmes non mariées appartenaient aux hommes de la tribu. Plus tard, les femmes n’eurent qu’un mari à la fois. Cette pratique d’un-seul-homme-à-la-fois fut le premier pas pour s’écarter de la promiscuité de la horde. Bien qu’une femme n’eût droit qu’à un seul homme, son mari pouvait rompre à volonté ces relations temporaires, mais ces associations vaguement réglementées constituèrent la première étape vers la vie de couple, en contraste avec la vie de horde. Au cours de ce stade de développement du mariage, les enfants appartenaient généralement à leur mère. 83:5.2 L’étape suivante de l’évolution de l’accouplement fut le mariage collectif. Il fallait que cette phase communautaire du mariage intervînt dans le développement de la vie de famille, parce que les mœurs du mariage n’étaient pas encore assez puissantes pour rendre permanentes les associations de couples. Les mariages de frères et de sœurs appartenaient à ce groupe ; par exemple, cinq frères d’une famille épousaient cinq sœurs d’une autre. Dans le monde entier, les vagues formes du mariage communautaire se transformèrent graduellement en divers types de mariages collectifs. Ces associations de groupes étaient largement régies par les mœurs totémiques. La vie de famille se développa lentement et sûrement parce que la règlementation relative à la sexualité et au mariage favorisait la survie de la tribu elle-même en assurant la survivance d’un plus grand nombre d’enfants. 83:5.3 Les mariages collectifs cédèrent graduellement le pas aux pratiques émergentes de polygamie – de polygynie et de polyandrie – parmi les tribus les plus évoluées. La polyandrie ne fut jamais très répandue. Elle se limitait ordinairement aux reines et aux femmes riches ; en outre, elle était généralement une affaire de famille, une femme pour plusieurs frères. Les restrictions de caste et d’économie obligèrent parfois plusieurs hommes à se contenter d’une seule femme. Même alors, la femme n’en épousait qu’un ; les autres étaient vaguement tolérés comme « oncles » de la progéniture commune. 83:5.4 La coutume juive voulait qu’un homme épouse la veuve de son frère décédé en vue de « susciter une semence pour son frère » ; elle était pratiquée dans plus de la moitié du monde de l’antiquité. C’était une survivance du temps où le mariage était une affaire de famille plutôt qu’une association individuelle. 83:5.5 L’institution de la polygynie reconnut, à diverses époques, quatre sortes de femmes : 83:5.6 1. Les femmes rituelles ou légales. 83:5.7 2. Les femmes aimées et permises. 83:5.8 3. Les concubines, les femmes contractuelles. 83:5.9 4. Les femmes esclaves. 83:5.10 La véritable polygynie, où toutes les femmes ont le même statut et où les enfants sont égaux, a été fort rare. Habituellement, et même dans le cas des mariages pluraux, le foyer était dominé par la femme principale, la compagne statutaire. Elle seule avait été mariée selon une cérémonie rituelle, et seuls les enfants de cette épouse achetée ou dotée pouvaient hériter, à moins d’un accord spécial avec elle. 83:5.11 La femme statutaire n’était pas nécessairement la femme aimée ; dans les temps primitifs, elle ne l’était généralement pas. La femme aimée, ou de coeur, ne fit pas son apparition avant que les races eussent considérablement évolué, plus spécialement après le mélange des tribus évolutionnaires avec les Nodites et les Adamites. 83:5.12 La femme taboue – l’unique femme ayant statut légal – créa les mœurs de concubinage sous lesquelles un homme ne pouvait avoir qu’une seule femme mais pouvait entretenir des relations sexuelles avec n’importe quel nombre de concubines. Le concubinage fut le tremplin de la monogamie, le premier pas s’écartant de la franche polygynie. Les concubines des Juifs, des Romains et des Chinois étaient très fréquemment les servantes de la femme. Plus tard, comme chez les Juifs, la femme légale fut considérée comme la mère de tous les enfants engendrés par le mari. 83:5.13 Les anciens tabous interdisant les rapports sexuels avec une femme enceinte ou allaitant tendirent beaucoup à encourager la polygynie. Les femmes primitives vieillissaient de très bonne heure à cause de leurs fréquentes grossesses doublées d’un dur travail. (Ces femmes surmenées ne réussissaient à se maintenir en vie que grâce au fait qu’on les isolait une semaine par mois quand elles n’étaient pas enceintes.) Ces épouses se lassaient fréquemment de mettre des enfants au monde et demandaient à leur mari de prendre une seconde femme plus jeune, capable de participer à la conception des enfants et aux travaux ménagers. Les nouvelles femmes étaient donc généralement accueillies avec joie par les anciennes épouses ; il n’existait rien qui ressemblât à la jalousie sexuelle. 83:5.14 Le nombre des femmes n’était limité que par l’aptitude de l’homme à les entretenir. Les hommes riches et capables voulaient un grand nombre d’enfants, et, comme la mortalité infantile était très élevée, il fallait un groupe de femmes pour recruter une grande famille. Beaucoup de ces femmes plurales étaient de simples ouvrières, des femmes esclaves. 83:5.15 Les coutumes humaines évoluent, mais très lentement. Le but du harem était de bâtir un groupe vigoureux et nombreux de personnes de même sang pour étayer le trône. Un certain chef fut jadis convaincu qu’il ne devait plus avoir de harem et se contenter d’une seule femme ; il renvoya donc promptement les femmes de son harem, qui retournèrent mécontentes dans leurs foyers ; les familles offensées se précipitèrent en colère sur le chef et le tuèrent séance tenante. 6. La véritable monogamie – le mariage d’un couple 83:6.1 Monogamie égale monopole. La monogamie est bonne pour ceux qui atteignent cet état désirable, mais elle tend à imposer une privation biologique à ceux qui ne sont pas aussi fortunés. Tout à fait indépendamment de son effet sur l’individu, la monogamie est incontestablement la meilleure formule pour les enfants. 83:6.2 La monogamie la plus primitive résulta de la force des circonstances, de la pauvreté. La monogamie est culturelle et sociale, artificielle et contre nature, c’est-à-dire contraire à la nature de l’homme évolutionnaire. Elle était entièrement naturelle chez les Nodites et les Adamites les plus purs, et fut d’une grande valeur culturelle pour toutes les races évoluées. 83:6.3 Les tribus chaldéennes reconnaissaient à une femme le droit d’imposer à son mari un engagement prénuptial de ne prendre ni une seconde femme ni une concubine. Les Grecs et les Romains favorisèrent les mariages monogames. La monogamie a toujours été encouragée par le culte des ancêtres, ainsi que par l’erreur chrétienne consistant à considérer le mariage comme un sacrement. Même l’élévation du niveau de vie a constamment milité contre la pluralité des épouses. À l’époque de la venue de Micaël sur Urantia, pratiquement tout le monde civilisé avait atteint le niveau de monogamie théorique ; mais cette monogamie passive ne signifiait pas que l’humanité se fût habituée à la pratique des vrais mariages monogames. 83:6.4 Tout en poursuivant le but monogamique du mariage idéal des couples, qui après tout se rapproche d’une association sexuelle monopolisatrice, la société ne doit pas négliger la situation peu enviable des hommes et des femmes infortunés qui ne réussissent pas à trouver une place dans ce nouvel ordre social amélioré, même s’ils ont fait de leur mieux pour coopérer avec ses exigences et s’y conformer. Le fait de ne pas réussir à trouver un conjoint dans le cadre social de la concurrence peut tenir à des difficultés insurmontables ou aux multiples restrictions imposées par les mœurs courantes. Il est vrai que la monogamie est idéale pour ceux qui en jouissent, mais elle impose inévitablement de grandes privations à ceux qui sont laissés en dehors dans le froid de l’existence solitaire. 83:6.5 Il a toujours fallu qu’une minorité malheureuse souffre pour que la majorité puisse progresser sous l’empire des mœurs en développement de la civilisation évoluante ; mais la majorité favorisée devrait toujours regarder avec bonté et considération les compagnons moins heureux qui doivent payer le prix exigé de ceux qui n’ont pas réussi à devenir membres de ces associations sexuelles idéales satisfaisant tous les besoins biologiques sous la sanction des mœurs les plus élevées de l’évolution sociale en progrès. 83:6.6 La monogamie a toujours été le but idéaliste de l’évolution sexuelle humaine ; elle l’est encore et le sera toujours. Cet idéal du véritable mariage d’un couple implique l’abnégation, et c’est pourquoi le mariage échoue si souvent, simplement parce que l’une des deux parties contractantes, ou les deux, sont déficientes dans la plus grande des vertus humaines, l’austère maitrise de soi. 83:6.7 La monogamie est l’étalon qui mesure le progrès de la civilisation sociale, par opposition à l’évolution purement biologique. La monogamie n’est pas nécessairement biologique ou naturelle, mais elle est indispensable au maintien immédiat et au développement ultérieur de la civilisation sociale. Elle concourt à une délicatesse de sentiments, à un raffinement du caractère moral et à une croissance spirituelle qui sont absolument impossibles en polygamie. Une femme ne peut jamais devenir une mère idéale quand elle est constamment obligée d’entrer en rivalité pour garder l’affection de son mari. 83:6.8 Le mariage d’un couple favorise et encourage la compréhension intime et la coopération efficace, qui sont les meilleures choses pour le bonheur des parents, le bien-être des enfants et l’utilité sociale. Le mariage, qui a commencé par une grossière contrainte, évolue graduellement en une magnifique institution de culture de soi, de maitrise de soi, d’expression de soi et de perpétuation de soi. 7. La dissolution du lien conjugal 83:7.1 Dans l’évolution primitive des mœurs matrimoniales, le mariage était une vague union qui pouvait prendre fin à volonté, et les enfants suivaient toujours la mère ; le lien entre mère et enfant est instinctif et il a fonctionné sans tenir compte du stade de développement des mœurs. 83:7.2 Chez les peuples primitifs, environ la moitié seulement des mariages se révélait satisfaisante. La cause la plus fréquente de séparation était la stérilité, dont on rejetait toujours la faute sur la femme ; on croyait que les femmes sans enfants devenaient des serpents dans le monde des esprits. Sous les mœurs plus primitives, seul l’homme avait la faculté d’obtenir le divorce, et cette mesure a persisté jusqu’au vingtième siècle chez quelques peuples. 83:7.3 Avec l’évolution des mœurs, certaines tribus établirent deux formes de mariage : la forme courante qui permettait le divorce, et le mariage sacerdotal qui interdisait la séparation. L’inauguration de l’achat des femmes et de la dot des femmes contribua beaucoup à réduire les séparations en introduisant des dommages-intérêts en biens matériels pour l’échec du mariage. En vérité, bien des unions modernes sont stabilisées par cet ancien facteur de la propriété. 83:7.4 La pression sociale du statut dans la communauté et des privilèges de propriété a toujours été puissante pour maintenir les tabous et les mœurs du mariage. Au long des âges, le mariage a fait de constants progrès et se trouve à l’avant-garde dans le monde moderne, bien qu’il soit attaqué de façon menaçante par un mécontentement très répandu chez les peuples où le choix individuel – qui est une nouvelle liberté – joue un rôle prépondérant. Ces bouleversements d’adaptation apparaissent chez les races les plus progressives par suite de l’accélération soudaine de l’évolution sociale, mais, chez les peuples moins avancés, le mariage continue à prospérer et à s’améliorer lentement sous la gouverne des anciennes mœurs. 83:7.5 La substitution nouvelle et subite du mobile d’amour plus idéal, mais extrêmement individualiste, remplaçant l’ancien motif de la propriété établi depuis longtemps, a provoqué inévitablement une instabilité temporaire dans l’institution du mariage. Les mobiles de l’homme pour se marier ont toujours transcendé de loin la morale matrimoniale effective. En Occident, au dix-neuvième et au vingtième siècles, l’idéal du mariage a soudain dépassé de beaucoup les impulsions sexuelles égocentriques et seulement partiellement contrôlées des races. La présence, dans une société, d’un grand nombre de personnes non mariées dénote un effondrement temporaire ou une transition des mœurs. 83:7.6 Tout au long des âges, la vraie pierre de touche du mariage a été l’intimité continuelle inéluctable dans toute vie de famille. Deux jeunes gens dorlotés et gâtés, élevés en comptant sur toutes les indulgences et sur la pleine satisfaction de leur ego et de leur vanité, ne peuvent guère espérer une grande réussite dans le mariage et l’édification d’un foyer – une association pour toute une vie d’abnégation, de compromis, de dévouement et de consécration généreuse à la culture des enfants. 83:7.7 Le haut degré d’imagination et le romanesque fantastique déployés pour se faire la cour sont largement responsables de l’accroissement de la tendance au divorce chez les peuples occidentaux modernes ; le tableau est encore compliqué par la plus grande liberté des femmes et leur indépendance économique accrue. Le divorce facile, quand il résulte d’un manque de maitrise de soi ou du défaut d’adaptation normale de la personnalité, ramène tout droit aux anciens stades grossiers de la société, d’où les hommes ont émergé si récemment à la suite de tant d’angoisses personnelles et de souffrances raciales. 83:7.8 Tant que la société ne réussira pas à élever convenablement les enfants et les jeunes gens, tant que l’ordre social ne procurera pas une éducation prénuptiale appropriée et tant que l’idéalisme d’une jeunesse dépourvue de sagesse et de maturité sera l’arbitre de l’entrée dans le mariage, le divorce continuera à prévaloir. Dans la mesure où le groupe social ne parvient pas à préparer les jeunes au mariage, il faut que le divorce fonctionne comme soupape de sûreté sociale pour empêcher des situations encore pires au cours des âges de développement rapide des mœurs en évolution. 83:7.9 Les anciens paraissent avoir considéré le mariage avec presque autant de sérieux que certains peuples d’aujourd’hui. Il ne semble pas que beaucoup de mariages hâtifs et malheureux des temps modernes représentent une amélioration par rapport aux pratiques anciennes qualifiant les jeunes gens et les jeunes filles pour s’unir. Le grand illogisme de la société moderne consiste à exalter l’amour et idéaliser le mariage tout en désapprouvant l’analyse approfondie de l’amour et du mariage. 8. L’idéalisation du mariage 83:8.1 Le mariage qui s’épanouit en un foyer est, en vérité, la plus sublime institution humaine, mais il est essentiellement humain ; on n’aurait jamais dû le qualifier de sacrement. Les prêtres séthites firent du mariage un rituel religieux, mais, pendant des milliers d’années après Éden, le mariage s’était perpétué comme une institution purement sociale et civile. 83:8.2 L’assimilation d’associations humaines à des associations divines est fort malheureuse. L’union du mari et de la femme dans la relation du mariage et du foyer est une fonction matérielle des mortels des mondes évolutionnaires. Il est vrai que bien des progrès spirituels peuvent intervenir comme conséquence des sincères efforts humains d’un homme et d’une femme pour évoluer, mais cela ne signifie pas que le mariage soit nécessairement sacré. Le progrès spirituel accompagne le zèle sincère manifesté dans d’autres orientations de l’effort humain. 83:8.3 Le mariage ne peut pas non plus être vraiment comparé aux relations de l’Ajusteur avec un homme, ni à la fraternité du Christ Micaël avec ses frères humains. Ces rapports n’ont presque aucun point commun comparable à l’association d’un mari et d’une femme. Il est fort malheureux que la conception humaine erronée de ces relations ait provoqué tant de confusion sur le statut du mariage. 83:8.4 Il est également fâcheux que certains groupes de mortels aient imaginé que le mariage était consommé par un acte divin. De telles croyances conduisent directement au concept de l’indissolubilité du lien conjugal sans souci des circonstances ou des désirs des parties contractantes. Mais le fait même qu’un mariage puisse être dissous montre que la Déité n’est pas partie conjointe à cette union. Si Dieu a une fois réuni deux choses ou deux personnes, elles resteront ainsi jointes jusqu’au moment où la volonté divine décrétera leur séparation. En ce qui concerne le mariage, qui est une institution humaine, qui donc prétendra émettre un jugement pour distinguer les unions susceptibles d’être approuvées par les superviseurs de l’univers d’avec celles dont la nature et l’origine sont purement humaines ? 83:8.5 Néanmoins, il existe un idéal du mariage dans les sphères supérieures. Sur la capitale de chaque système local, les Fils et les Filles Matériels de Dieu dépeignent effectivement la hauteur des idéaux de l’union d’un homme et d’une femme dans les liens du mariage quand ils ont le dessein de procréer et d’élever une descendance. Après tout, le mariage idéal des mortels est humainement sacré. 83:8.6 Le mariage a toujours été et reste encore le rêve humain suprême de l’idéal temporel. Bien que ce beau rêve soit rarement réalisé intégralement, il persiste comme un glorieux idéal, attirant toujours l’humanité progressante vers de plus grands efforts pour le bonheur des hommes. Mais il faudra donner quelques notions des réalités du mariage aux jeunes hommes et aux jeunes filles avant qu’ils ne soient plongés dans les exigences astreignantes des associations de la vie de famille ; l’idéalisation des jeunes devrait être tempérée par un certain degré de dégrisement prénuptial. 83:8.7 Il ne faudrait pas toutefois décourager l’idéalisation juvénile du mariage ; ces rêves sont l’évocation du but futur de la vie de famille. Cette attitude est à la fois stimulante et utile, pourvu qu’elle ne vous rende pas insensible à la réalisation des nécessités pratiques et ordinaires du mariage et de la vie de famille qui s’ensuit. 83:8.8 Les idéaux du mariage ont récemment fait de grands progrès ; chez certains peuples, les femmes jouissent de droits pratiquement égaux à ceux de leur conjoint. Au moins en concept, la vie de famille devient une association loyale pour élever des enfants, avec accompagnement de fidélité sexuelle. Toutefois, même cette version plus nouvelle du mariage ne doit pas prétendre aller à l’extrême au point de conférer un monopole mutuel de toute la personnalité et de toute l’individualité. Le mariage n’est pas simplement un idéal individualiste, il est le partenariat évoluant d’un homme et d’une femme, existant et fonctionnant sous l’empire des mœurs courantes, limité par les tabous et appuyé par les lois et règles de la société. 83:8.9 Les mariages du vingtième siècle sont à un niveau élevé comparativement à ceux des âges passés, bien que l’institution du foyer soit maintenant mise à rude épreuve. Elle doit faire face aux problèmes si soudainement imposés à l’organisation sociale par l’accroissement précipité des libertés de la femme, par l’octroi des droits qui lui ont été si longtemps refusés au cours de la lente évolution des mœurs dans les générations passées. 83:8.10 [Présenté par le chef des séraphins stationné sur Urantia.] FASCICULE 84. Le mariage et la vie familiale 84:0.1 La nécessité matérielle a fondé le mariage, l’appétit sexuel l’a embelli, la religion l’a sanctionné et exalté, l’État l’a exigé et réglementé. Au cours des temps récents, l’amour en évolution commence à justifier et à glorifier le mariage comme ancêtre et créateur du foyer, l’institution la plus utile et la plus sublime de la civilisation. L’édification des foyers devrait être le centre et l’essence de tous les efforts éducatifs. 84:0.2 L’accouplement est purement un acte de perpétuation de soi associé à divers degrés de satisfaction du moi. Le mariage, l’édification d’un foyer, est largement une affaire d’autoconservation, et il implique l’évolution de la société. La société elle-même est un assemblage structurel d’unités familiales. En tant que facteurs planétaires, les individus sont très temporaires – seules les familles sont les agents de continuité dans l’évolution sociale. La famille est le chenal par lequel le fleuve de culture et de connaissance coule d’une génération à la suivante. 84:0.3 Le foyer est fondamentalement une institution sociologique. Le mariage est issu de la coopération pour s’autoconserver et de l’association pour se perpétuer, la satisfaction du moi y étant accessoire dans l’ensemble. Néanmoins, le foyer englobe les trois fonctions essentielles de l’existence humaine, tandis que la propagation de la vie en fait l’institution fondamentale des hommes, et que la relation sexuelle le distingue de toutes les autres activités sociales. 1. Les couples primitifs 84:1.1 Le mariage n’a pas été fondé sur les relations sexuelles ; elles n’y ont joué qu’un rôle secondaire. L’homme primitif n’avait pas besoin du mariage ; il donnait libre cours à son appétit sexuel sans s’encombrer des responsabilités d’un foyer, d’une femme et d’enfants. 84:1.2 En raison de son attachement physique et émotionnel à ses enfants, la femme dépend de la coopération de l’homme et se trouve poussée à rechercher l’abri protecteur du mariage. Mais aucun besoin biologique ne poussa l’homme au mariage – et encore bien moins ne l’y retint. Ce ne fut pas l’amour qui rendit le mariage séduisant pour l’homme ; ce fut la faim qui attira d’abord le sauvage vers la femme et vers l’abri primitif qu’elle partageait avec ses enfants. 84:1.3 Ce ne fut même pas la réalisation consciente des obligations résultant des relations sexuelles qui amena le mariage. L’homme primitif ne comprenait pas le rapport entre l’assouvissement sexuel et la naissance ultérieure d’un enfant. Jadis la croyance qu’une vierge pouvait devenir enceinte fut universelle. Les sauvages conçurent, de bonne heure, l’idée que les bébés étaient conçus dans le pays des esprits ; on croyait que la grossesse résultait de la pénétration, chez une femme, d’un esprit, d’un fantôme en évolution. On croyait aussi que le régime alimentaire et le mauvais œil pouvaient féconder une vierge ou une femme non mariée. Des croyances ultérieures relièrent les commencements de la vie à la respiration et à la lumière du soleil. 84:1.4 Nombre de peuplades primitives associaient les fantômes à la mer ; on imposait donc de grandes restrictions aux baignades des vierges ; les jeunes filles avaient beaucoup plus peur de se baigner dans la mer à marée haute que d’avoir des relations sexuelles. Les enfants difformes ou prématurés étaient considérés comme des petits d’animaux qui avaient trouvé moyen d’entrer dans le corps d’une femme par suite de baignades imprudentes ou d’activités malveillantes des esprits. Bien entendu, les sauvages n’attachaient aucune importance au fait d’étrangler ces bébés à leur naissance. 84:1.5 La première étape clarificatrice vint avec la croyance que les rapports sexuels ouvraient au fantôme fécondateur le chemin pour pénétrer dans la femme. Depuis lors, les hommes ont découvert que le père et la mère contribuent, à égalité, aux facteurs héréditaires vivants qui déclenchent le processus d’une naissance. Cependant, même au vingtième siècle de notre ère, de nombreux parents s’efforcent encore de laisser leurs enfants dans une plus ou moins grande ignorance au sujet de l’origine de la vie humaine. 84:1.6 Une sorte de famille simple fut assurée par le fait que la fonction reproductrice implique la relation mère-enfant. L’amour maternel est instinctif ; il n’a pas, comme le mariage, tiré son origine des mœurs. L’amour maternel de tous les mammifères est le don inhérent des esprits-mentaux adjuvats de l’univers local ; la force et le dévouement de cet amour sont toujours directement proportionnels à la durée pendant laquelle les petits de l’espèce ne peuvent se passer de l’aide parentale. 84:1.7 La relation de mère à enfant est naturelle, forte et instinctive, et, en conséquence, elle contraignait les mères primitives à se soumettre à de nombreuses conditions étranges et à subir des épreuves d’une indicible sévérité. Cette contrainte de l’amour maternel est le sentiment qui a, de tout temps, handicapé la femme et l’a tellement désavantagée au cours de toutes ses luttes avec l’homme. Malgré cela, l’instinct maternel, chez l’espèce humaine, n’est pas irrésistible ; il peut être contrecarré par l’ambition, l’égoïsme et les convictions religieuses. 84:1.8 L’association mère-enfant n’est ni un mariage ni un foyer, mais elle est le noyau à partir duquel les deux se développèrent. Le grand progrès dans l’évolution des couples survint quand ces associations temporaires durèrent assez longtemps pour élever la progéniture qui en résultait, car c’est en cela que consiste la création des foyers. 84:1.9 Indépendamment des antagonismes entre ces partenaires primitifs, et nonobstant le caractère inconsistant de leur association, les chances de survie d’un homme et d’une femme furent considérablement accrues par leur union. Même en dehors de la famille et de la descendance, un homme et une femme qui coopèrent sont, dans la plupart de leurs actions, très supérieurs à deux hommes ou deux femmes. Le couplage des sexes accrut la survie et fut le tout début de la société humaine. La division du travail entre sexes apporta aussi du confort et un bonheur accru. 2. Le matriarcat primitif 84:2.1 Les hémorragies périodiques des femmes et leurs pertes de sang additionnelles lors de la parturition firent croire, de bonne heure, que le sang était le créateur de l’enfant (et même le siège de l’âme) ; elles donnèrent origine au concept du lien du sang dans les relations humaines. Aux époques primitives, on comptait toute la généalogie dans la ligne féminine, car c’était la seule partie de l’hérédité dont on fût tout à fait certain. 84:2.2 La famille primitive, naissant du lien de sang biologique instinctif entre la mère et l’enfant, était inévitablement un matriarcat, et de nombreuses tribus conservèrent longtemps cet arrangement. Le matriarcat était la seule transition possible entre le stade du mariage collectif dans la horde et le stade ultérieur et amélioré de la vie au foyer dans les familles patriarcales polygames et monogames. Le matriarcat était naturel et biologique ; le patriarcat est social, économique et politique. La persistance du matriarcat parmi les hommes rouges de l’Amérique du Nord fut l’une des principales raisons pour lesquelles les Iroquois, par ailleurs progressifs, ne formèrent jamais un véritable État. 84:2.3 Sous les mœurs matriarcales, la mère de la femme jouissait, au foyer, d’une autorité pratiquement suprême ; même les frères de la femme et leurs fils jouaient, dans la supervision de la famille, un rôle plus actif que le mari. Les pères recevaient souvent un nouveau nom d’après celui de leurs propres enfants. 84:2.4 Les races les plus primitives attribuaient peu de crédit au père et considéraient l’enfant comme provenant entièrement de la mère. Elles croyaient que les enfants ressemblaient au père à cause de l’association, ou qu’ils étaient « marqués » de cette manière parce que la mère désirait cette ressemblance. Plus tard, quand on passa du matriarcat au patriarcat, le père prit tout le crédit pour l’enfant, et de nombreux tabous sur la femme enceinte furent ensuite étendus pour y inclure son mari. Lorsque l’heure de la délivrance approchait, le futur père cessait de travailler. Au moment de l’accouchement, il allait se coucher avec la femme et restait trois à huit jours à se reposer. La femme pouvait se lever le lendemain et reprendre de durs travaux, mais le mari restait au lit pour recevoir des félicitations. Tout ceci faisait partie des mœurs primitives destinées à établir les droits du père sur l’enfant. 84:2.5 Au début, la coutume voulait que l’homme rejoigne la famille de sa femme, mais, plus tard, quand un homme avait payé en argent ou en travail le prix de la mariée, il pouvait ramener sa femme et ses enfants dans son groupe. La transition du matriarcat au patriarcat explique les interdits, autrement dépourvus de sens, contre certains types de mariages entre cousins, alors que d’autres, comportant le même degré de parenté, sont approuvés. 84:2.6 Avec la disparition des mœurs des chasseurs, quand l’élevage donna à l’homme le contrôle de la principale source de nourriture, le matriarcat prit rapidement fin. Il échoua simplement parce qu’il ne pouvait concurrencer la nouvelle famille gouvernée par le père. Le pouvoir détenu par les proches parents mâles de la mère ne pouvait dominer le pouvoir concentré chez le mari-père. La femme ne pouvait suffire aux tâches combinées de mettre des enfants au monde et d’exercer une autorité continue et un commandement accru dans le ménage. La pratique du rapt des femmes et, plus tard, celle de l’achat des épouses hâtèrent la disparition du matriarcat. 84:2.7 Le prodigieux passage du matriarcat au patriarcat est l’une des volte-face adaptatives les plus radicales et les plus complètes que la race humaine ait jamais exécutées. Ce changement produisit immédiatement un accroissement d’expressions sociales et d’aventures familiales. 3. La famille sous la domination du père 84:3.1 Il se peut que l’instinct de maternité ait conduit la femme au mariage, mais ce furent la force supérieure de l’homme associée à l’influence des mœurs qui l’obligèrent pratiquement à rester mariée. La vie pastorale tendait à créer un nouveau système de mœurs, le type patriarcal de vie de famille ; la base de l’unité familiale, selon les mœurs de l’époque de l’élevage et de l’agriculture primitifs, était l’autorité indiscutée et arbitraire du père. Toute société, qu’elle fût nationale ou familiale, passa par le stade d’une autorité autocratique d’ordre patriarcal. 84:3.2 Le peu de courtoisie témoigné aux femmes durant l’ère de l’Ancien Testament est un vrai reflet des mœurs des gardiens de troupeaux. Les patriarches hébreux étaient tous des gardiens de troupeaux, ainsi qu’en témoigne l’adage : « Le Seigneur est mon berger. » 84:3.3 Toutefois, l’homme ne mérite pas plus d’être blâmé, pour sa piètre estime de la femme durant les âges passés, que la femme elle-même. Elle ne réussit pas à obtenir la récognition sociale aux époques primitives parce qu’elle n’agissait pas en cas d’urgence ; elle ne faisait pas impression et n’était pas une héroïne en cas de crise. La maternité était nettement un désavantage dans la lutte pour la vie ; l’amour maternel handicapait les femmes dans la défense de la tribu. 84:3.4 Les femmes primitives se mirent involontairement aussi sous la dépendance des mâles en admirant et applaudissant leur combativité et leur virilité. Cette exaltation du guerrier rehaussa l’ego masculin et déprima d’autant celui des femmes et les rendit plus dépendantes. Un uniforme militaire soulève encore puissamment les émotions féminines. 84:3.5 Chez les races les plus évoluées, les femmes ne sont ni aussi grandes ni aussi fortes que les hommes. Étant la plus faible, la femme acquit plus de tact ; elle apprit, de bonne heure, à jouer de ses charmes sexuels. Elle devint plus alerte et plus conservatrice que l’homme, quoique légèrement moins profonde. L’homme était supérieur à la femme sur le champ de bataille et à la chasse, mais, au foyer, la femme reprenait généralement le commandement, même sur les hommes les plus primitifs. 84:3.6 Les pâtres comptaient sur leurs troupeaux pour se sustenter, mais, au cours de tous ces âges pastoraux, les femmes devaient encore fournir la nourriture végétale. Les hommes primitifs se dérobaient au travail de la terre, qui était beaucoup trop pacifique et dépourvu d’aventures. Une vieille superstition assurait aussi que les femmes faisaient pousser de meilleures plantes que les hommes ; elles étaient des mères. Dans bien des tribus arriérées d’aujourd’hui, les hommes font cuire la viande et les femmes les légumes. Quand les tribus primitives d’Australie se déplacent, les femmes n’attaquent jamais le gibier, et un homme ne s’abaisserait jamais à déterrer une racine. 84:3.7 Les femmes ont toujours dû travailler ; elles ont été de réelles productrices, du moins jusqu’aux temps modernes. Les hommes ont généralement choisi la voie la plus facile, et cette inégalité a existé dans toute l’histoire de la race humaine. Les femmes ont toujours porté les fardeaux, transportant les biens de la famille et s’occupant des enfants, ce qui laissait aux hommes les mains libres pour se battre ou pour chasser. 84:3.8 La première libération de la femme survint quand l’homme consentit à labourer la terre, à faire ce qui était, jusque-là, considéré comme le travail de la femme. Un grand pas en avant fut accompli quand on cessa de tuer les prisonniers mâles et que l’on en fit des esclaves agriculteurs. Cela permit à la femme de se libérer de manière à consacrer plus de temps à l’édification du foyer et à l’éducation des enfants. 84:3.9 L’approvisionnement en lait permit aux mères de sevrer plus tôt les bébés et d’avoir plus d’enfants, parce que leurs périodes de stérilité temporaire n’étaient plus nécessaires. L’emploi du lait de vache et du lait de chèvre diminua considérablement la mortalité infantile. Avant le stade social de l’élevage, les mères avaient l’habitude d’allaiter leurs enfants jusqu’à l’âge de quatre ou cinq ans. 84:3.10 La décroissance des guerres primitives réduisit grandement l’inégalité entre les divisions du travail basées sur le sexe, mais, le travail réel incombait encore aux femmes, tandis que les hommes remplissaient des devoirs de factionnaires. Nul camp ni village ne pouvait être laissé sans garde, de jour et de nuit, mais même cette tâche fut allégée par la domestication du chien. En général, l’apparition de l’agriculture a rehaussé le prestige et le statut social de la femme ; du moins ce fut vrai jusqu’au moment où l’homme devint lui-même agriculteur. Quand l’homme se consacra lui-même à cultiver la terre, il en résulta immédiatement dans les méthodes agricoles de grands progrès qui se poursuivirent au cours des générations successives. Pendant qu’il avait chassé et guerroyé, l’homme avait appris la valeur de l’organisation ; il en introduisit les techniques dans l’industrie et, plus tard, il se chargea de bien des occupations antérieures de la femme, il apporta de grandes améliorations à ses méthodes de travail décousues. 4. Le statut de la femme dans la société primitive 84:4.1 En règle générale, le statut de la femme à une époque quelconque est un bon critère du progrès évolutionnaire du mariage en tant qu’institution sociale, tandis que le progrès du mariage lui-même mesure assez exactement l’avance de la civilisation humaine. 84:4.2 Le statut de la femme a constamment été un paradoxe social ; elle a toujours su adroitement diriger les hommes ; elle a toujours capitalisé les besoins sexuels plus impérieux de l’homme en faveur de ses propres intérêts et de sa propre élévation. En faisant subtilement valoir ses charmes sexuels, elle a souvent été capable d’exercer un pouvoir dominateur sur l’homme, même quand celui-ci la tenait dans un esclavage abject. 84:4.3 La femme primitive n’était pas pour l’homme une amie, une amoureuse, une amante et une partenaire, mais plutôt un objet qu’il possédait, une servante ou une esclave, et, plus tard, une associée économique, un jouet et une porteuse d’enfants. Néanmoins, les rapports sexuels convenables et satisfaisants ont toujours impliqué l’élément choix et coopération de la part de la femme, ce qui a toujours valu aux femmes intelligentes une influence considérable sur leur standing personnel et immédiat, indépendamment de leur position sociale en tant que sexe. Mais le fait que les femmes furent constamment obligées de recourir à la subtilité dans leur effort pour alléger leur servitude ne contribua guère à dissiper la méfiance et la suspicion des hommes. 84:4.4 Les sexes ont éprouvé de grandes difficultés à se comprendre. L’homme a eu de la peine à comprendre la femme, la regardant avec un curieux mélange d’ignorance méfiante et de fascination craintive, quand ce n’était pas avec soupçon et mépris. Bien des traditions tribales et raciales font remonter les difficultés à Ève, à Pandore ou à quelque autre représentante de la féminité ; ces récits furent toujours déformés de manière à faire ressortir que la femme a attiré le mal sur l’homme, ce qui dénote que la méfiance à l’égard des femmes fut jadis universelle. Parmi les raisons citées pour soutenir le célibat des prêtres, la principale fut la bassesse des femmes. Le fait que la plupart des présumés sorciers étaient des femmes n’améliora pas l’antique réputation du sexe. 84:4.5 Les hommes ont longtemps considéré les femmes comme bizarres, et même anormales. Ils ont même cru qu’elles n’avaient pas d’âme, et, en conséquence, ont refusé de leur donner un nom. Dans les temps anciens, on avait très peur du premier rapport sexuel avec une femme, et les prêtres prirent l’habitude de déflorer les vierges. On pensait même que l’ombre d’une femme était dangereuse. 84:4.6 Jadis, on considéra généralement que la grossesse rendait une femme impure et dangereuse. Chez de nombreuses tribus, les mœurs voulaient qu’une femme passât par de longues cérémonies de purification après la naissance d’un enfant. Excepté dans les groupes où le mari participait à la naissance en restant couché au foyer, on fuyait la femme enceinte, on la laissait seule. Les anciens évitaient même qu’un enfant naisse à la maison. Finalement, les vieilles femmes furent autorisées à s’occuper de la mère pendant son accouchement, et cette pratique fut l’origine de la profession de sage-femme. Durant les douleurs, on disait et l’on faisait des masses de choses stupides pour faciliter l’accouchement. On avait l’habitude d’asperger le nouveau-né avec de l’eau bénite pour empêcher l’ingérence des fantômes. 84:4.7 Chez les tribus de sang pur, l’accouchement était relativement aisé et ne nécessitait que deux ou trois heures ; il est rare qu’il soit aussi facile chez les races mêlées. Si une femme mourait en couches, et spécialement si elle donnait le jour à des jumeaux, on croyait qu’elle avait été coupable d’adultère avec un esprit. Plus tard, les tribus supérieures considérèrent la mort pendant les couches comme la volonté du ciel, et l’on estima que ces mères avaient péri pour une noble cause. 84:4.8 La prétendue modestie des femmes pour s’habiller et éviter de montrer leur corps provint de la peur mortelle qu’elles avaient d’être observées pendant une période menstruelle. En se laissant découvrir dans cet état, elles commettaient un grave péché, elles violaient un tabou. Les mœurs des temps anciens exigeaient que toute femme, depuis sa puberté jusqu’à sa ménopause, fût soumise à une quarantaine familiale et sociale complète pendant une semaine par mois. Tous les objets qu’elle avait touchés ou sur lesquels elle s’était assise ou couchée étaient « souillés ». On eut longtemps la coutume de frapper brutalement les jeunes filles, après chaque période menstruelle, pour essayer de chasser de leur corps le mauvais esprit. Toutefois, lorsqu’une femme avait franchi sa ménopause, on la traitait généralement avec plus de considération, on lui accordait plus de droits et de privilèges. En raison de tout ce qui précède, il n’était pas étonnant que les femmes fussent regardées avec mépris. Même les Grecs estimaient que la femme en menstruation était l’une des trois grandes causes de souillure, les deux autres étant la viande de porc et l’ail. 84:4.9 Si stupides que fussent ces antiques notions, elles firent un peu de bien en ce sens qu’elles procurèrent aux filles et femmes surmenées, au moins pendant leur jeunesse, une semaine par mois pour un repos bienvenu et pour des méditations profitables. Les femmes purent ainsi aiguiser leur intelligence en vue de leurs relations avec leurs associés masculins pendant le reste du temps. Cette quarantaine des femmes protégea aussi les hommes contre les excès sexuels, ce qui contribua indirectement à restreindre la population et à rehausser la maitrise de soi. 84:4.10 Un grand progrès fut effectué quand on dénia à l’homme le droit de vie et de mort sur sa femme. De même, ce fut une étape en avant lorsqu’une femme eut le droit de posséder ses cadeaux de mariage. Plus tard, elle gagna le droit légal d’avoir des biens, de les contrôler et même d’en disposer, mais elle fut longtemps privée du droit de tenir un poste dans l’Église ou dans l’État. La femme a toujours été traitée plus ou moins comme une propriété, condition qui se perpétue même au vingtième siècle après le Christ. Elle n’a pas encore réussi à se libérer, à l’échelle mondiale, de sa mise sous tutelle sous le contrôle de l’homme. Même chez les peuples évolués, les tentatives des hommes pour protéger les femmes ont toujours représenté une affirmation tacite de supériorité. 84:4.11 Mais les femmes primitives ne s’apitoyaient pas sur elles-mêmes comme leurs sœurs plus récemment libérées ont l’habitude de le faire. Après tout, elles étaient assez heureuses et satisfaites, et n’osaient pas imaginer un mode d’existence meilleur ou différent. 5. La femme et l’évolution des mœurs 84:5.1 Dans la perpétuation de soi, la femme est l’égale de l’homme, mais, dans l’association pour subsister, elle travaille avec un net désavantage. Le handicap de la maternité forcée ne peut être compensé que par les mœurs éclairées d’une civilisation en progrès et par l’acquisition croissante, chez l’homme, du sens de l’équité. 84:5.2 À mesure que la société évolua, les critères en matière sexuelle s’élevèrent parmi les femmes parce qu’elles souffraient davantage des conséquences de la transgression des mœurs sexuelles. Les critères sexuels de l’homme ne s’améliorèrent que tardivement comme conséquence du simple sens de cette équité que la civilisation exige. La nature ne connaît pas l’équité – elle ne fait subir qu’à la femme les douleurs de la parturition. 84:5.3 L’idée moderne de l’égalité des sexes est belle, et digne d’une civilisation en expansion, mais elle ne se trouve pas dans la nature. Quand la force crée le droit, l’homme le prend de haut avec la femme ; quand la justice, la paix et l’équité prévalent, la femme émerge graduellement de l’esclavage et de l’obscurité. La position sociale de la femme a généralement varié à l’inverse du militarisme dans toutes les nations et à toutes les époques. 84:5.4 Mais ce n’est ni consciemment ni intentionnellement que l’homme s’est saisi des droits de la femme pour les lui restituer graduellement en rechignant. Tout ceci fut un épisode involontaire et non calculé de l’évolution sociale. Quand le moment arriva réellement pour la femme de bénéficier de droits additionnels, elle les obtint tout à fait indépendamment du comportement conscient de l’homme. Lentement mais sûrement, les mœurs changent pour assurer les adaptations sociales qui font partie de l’évolution continue de la civilisation. Le progrès des mœurs a lentement procuré aux femmes un traitement constamment meilleur. Les tribus qui persistèrent dans leur cruauté envers elles ne survécurent pas. 84:5.5 Les Adamites et les Nodites accordèrent aux femmes une récognition accrue, et les groupes qui furent influencés par les migrations des Andites tendirent à adopter certains enseignements édéniques concernant la place des femmes dans la société. 84:5.6 Les Chinois primitifs et les Grecs traitèrent les femmes mieux que la plupart des peuples environnants, mais les Hébreux étaient extrêmement méfiants envers elles. En Occident, l’ascension des femmes fut rendue difficile par les doctrines de Paul qui furent annexées au christianisme, et, pourtant, le christianisme fit progresser les mœurs imposant aux hommes des obligations sexuelles plus rigoureuses. Chez les Mahométans, la condition des femmes est à peu près désespérée à cause de l’avilissement spécial qui s’attache à elles, et elles sont encore moins bien traitées sous l’influence des enseignements de diverses autres religions orientales. 84:5.7 Ce fut la science, et non la religion, qui émancipa réellement les femmes ; c’est l’usine moderne qui les dégagea largement des limites du foyer. Les aptitudes physiques de l’homme ne sont plus un élément essentiel dans le nouveau mécanisme d’entretien. La science a changé les conditions de vie de telle sorte que la force masculine a cessé d’avoir une grande supériorité sur la force féminine. 84:5.8 Ces changements tendirent à libérer les femmes de l’esclavage domestique ; ils apportèrent une telle modification à son statut qu’elle jouit maintenant d’une liberté personnelle et d’un pouvoir de décision, en matière sexuelle, qui la rendent pratiquement l’égale de l’homme. Jadis, la valeur d’une femme consistait en son aptitude à procurer des aliments, mais les inventions et l’aisance lui ont permis de créer un nouveau monde dans lequel elle peut opérer – les sphères de grâce et de charme. L’industrie a ainsi gagné une bataille inconsciente et imprévue pour l’émancipation sociale et économique des femmes. De nouveau, l’évolution a réussi un accomplissement là où la révélation elle-même avait échoué. 84:5.9 La réaction des peuples éclairés contre les mœurs injustes gouvernant la place de la femme dans la société a vraiment oscillé comme un pendule entre des extrêmes. Parmi les races industrialisées, la femme a reçu à peu près tous les droits et elle a été exemptée de nombreuses obligations telles que le service militaire. Chaque détente dans la lutte pour l’existence a contribué à libérer les femmes, et elles ont directement profité de tous les progrès de la monogamie. Les plus faibles font toujours des gains disproportionnés dans chaque ajustement des mœurs à l’évolution progressive de la société. 84:5.10 Quant aux idéaux du mariage d’un couple, la femme a finalement gagné récognition, dignité, indépendance, égalité et éducation ; mais va-t-elle se montrer digne de cette réussite nouvelle et sans précédent ? La femme moderne répondra-t-elle à cette grande libération sociale par la paresse, l’indolence, la stérilité et l’infidélité ? Aujourd’hui, au vingtième siècle, la femme subit l’épreuve décisive de sa longue existence dans le monde ! 84:5.11 La femme est associée à égalité avec l’homme dans la reproduction de la race ; elle joue donc un rôle aussi important que lui dans le développement de l’évolution raciale, et c’est pourquoi l’évolution a travaillé de plus en plus vers la réalisation des droits des femmes. Mais les droits des femmes ne sont nullement ceux des hommes. La femme ne peut s’épanouir en usant des droits de l’homme, pas plus que l’homme ne peut prospérer en usant de ceux de la femme. 84:5.12 Chaque sexe a sa propre sphère d’existence distincte avec ses propres droits dans cette sphère. Si la femme aspire littéralement à profiter de tous les droits de l’homme, alors une concurrence impitoyable et dépourvue de sentimentalité remplacera certainement, tôt ou tard, l’esprit chevaleresque et la considération spéciale dont beaucoup de femmes bénéficient présentement et qu’elles n’ont obtenus des hommes que tout récemment. 84:5.13 La civilisation ne pourra jamais supprimer l’abime des différences de comportement entre les sexes. Les mœurs changent d’âge en âge, mais jamais l’instinct. L’amour maternel inné ne permettra jamais aux femmes émancipées de rivaliser sérieusement avec les hommes dans l’industrie. Chaque sexe restera perpétuellement suprême dans son propre domaine déterminé par la différenciation biologique et la dissemblance mentale. 84:5.14 Les sphères spéciales à chaque sexe subsisteront toujours, en empiétant de temps en temps l’une sur l’autre. C’est seulement dans le domaine social que l’homme et la femme s’affronteront à égalité. 6. L’association de l’homme et de la femme 84:6.1 Le besoin de reproduction réunit infailliblement l’homme et la femme pour qu’ils se perpétuent, mais, à lui seul, il n’assure pas que le couple restera uni dans une coopération mutuelle – la fondation d’un foyer. 84:6.2 Toute institution humaine couronnée de succès contient des antagonismes d’intérêts personnels qui ont été harmonieusement adaptés au travail pratique ; la création des foyers ne fait pas exception. Le mariage, base de l’édification d’un foyer, est la plus haute manifestation de la coopération antagoniste qui caractérise si souvent les contacts entre la nature et la société. Le conflit est inévitable parce que l’accouplement est spontané et naturel, tandis que le mariage n’est pas biologique, mais sociologique. La passion assure que l’homme et la femme se réuniront, mais ce sont l’instinct parental, quoique plus faible, et les mœurs sociales qui maintiennent leur union. 84:6.3 Considérés dans la pratique, le mâle et la femelle sont deux variétés distinctes de la même espèce vivant en association étroite et intime. Leurs points de vue et toutes leurs réactions vitales sont essentiellement différents ; ils sont entièrement incapables de se comprendre pleinement et réellement l’un l’autre. La compréhension complète entre les sexes est impossible à atteindre. 84:6.4 Les femmes semblent avoir plus d’intuition que les hommes, mais elles paraissent aussi un peu moins logiques. Toutefois, les femmes ont toujours été les porte-drapeaux de la morale et les directrices spirituelles de l’humanité. La main qui balance le berceau fraternise encore aujourd’hui avec la destinée. 84:6.5 Les différences de nature, de réactions, de points de vue et de pensée entre les hommes et les femmes, loin de causer des soucis, devraient bien plutôt être considérées comme hautement bénéfiques pour l’humanité, à la fois individuellement et collectivement. De nombreux ordres de créatures de l’univers sont créés sous des phases duelles de manifestation de la personnalité. Chez les mortels, chez les Fils Matériels et chez les midsonitaires, cette différence est désignée par mâle et femelle. Parmi les séraphins, les chérubins et les Compagnons de la Morontia, on l’a nommée positive ou dynamique, et négative ou réservée. Ces associations de couples multiplient grandement la variété de talents et triomphent des limitations naturelles, tout comme le font certaines associations trines dans le système Paradis-Havona. 84:6.6 Les hommes et les femmes ont besoin les uns des autres dans leur carrière morontielle et spirituelle aussi bien que dans leur carrière de mortel. Les différences des points de vue masculins et féminins persistent au-delà de la première vie et dans toute l’ascension de l’univers local et des superunivers. Même dans Havona, les pèlerins qui furent jadis des hommes et des femmes continueront à s’entraider dans la montée au Paradis. Même dans le Corps de la Finalité, la métamorphose des créatures n’ira jamais jusqu’au point d’effacer les tendances de la personnalité que les humains appellent masculine et féminine. Ces deux variétés fondamentales de l’espèce humaine continueront à s’intriguer, à se stimuler, à s’encourager et à s’entraider. Elles resteront toujours mutuellement dépendantes de leur coopération pour résoudre les problèmes troublants de l’univers et triompher de multiples difficultés cosmiques. 84:6.7 Alors que les sexes ne peuvent espérer se comprendre totalement l’un l’autre, ils sont effectivement complémentaires et leur coopération, bien qu’elle soit souvent plus ou moins antagoniste sur le plan personnel, est capable d’entretenir et de reproduire la société. Le mariage est une institution destinée à accommoder les différences de sexe tout en assurant la continuité de la civilisation et la reproduction de la race. 84:6.8 Le mariage est la mère de toutes les institutions humaines, car il conduit directement à la fondation et à l’entretien du foyer, qui est la base structurelle de la société. La famille est vitalement liée au mécanisme de la préservation de soi. Elle constitue le seul espoir de perpétuer la race sous les mœurs de la civilisation, tandis qu’en même temps, et de manière très efficace, elle procure certaines formes hautement satisfaisantes de contentement de soi. La famille est le plus grand accomplissement purement humain, parce qu’il conjugue l’évolution des relations biologiques entre mâle et femelle avec les relations sociales entre mari et femme. 7. Les idéaux de la vie de famille 84:7.1 L’union sexuelle est instinctive, les enfants en sont le résultat naturel et la famille nait ainsi automatiquement. Telles les familles d’une race ou d’une nation, telle sa société. Si les familles sont bonnes, la société est également bonne. La grande stabilité culturelle des peuples juif et chinois réside dans la force de leurs groupes familiaux. 84:7.2 L’instinct féminin d’aimer et de soigner les enfants a contribué à faire de la femme la partenaire intéressée à promouvoir le mariage et la vie de famille primitive. Seule la pression des mœurs ultérieures et des conventions sociales a obligé l’homme à s’occuper de l’édification du foyer ; il fut lent à s’intéresser à l’établissement du mariage et du foyer parce que l’acte sexuel ne comporte pas de conséquences biologiques pour lui. 84:7.3 L’association sexuelle est naturelle, mais le mariage est social et a toujours été réglementé par les mœurs. Les mœurs (religieuses, morales et éthiques), ainsi que la propriété, la fierté et les qualités chevaleresques, stabilisent l’institution du mariage et de la famille. Toute fluctuation dans les mœurs se répercute sur la stabilité de l’institution foyer-mariage. Le mariage sort maintenant du stade de la propriété et passe dans l’ère de l’acte personnel. Auparavant, l’homme protégeait la femme parce qu’elle était sa chose, et elle lui obéissait pour la même raison. Indépendamment de ses mérites, ce système assurait bel et bien la stabilité. Aujourd’hui, la femme a cessé d’être considérée comme un bien privé, et de nouvelles mœurs émergent pour stabiliser l’institution mariage-foyer : 84:7.4 1. Le nouveau rôle de la religion – l’enseignement que l’expérience parentale est essentielle. L’idée de procréer des citoyens cosmiques, la compréhension élargie du privilège de la procréation – donner des fils au Père. 84:7.5 2. Le nouveau rôle de la science – la procréation devient de plus en plus volontaire, soumise au contrôle de l’homme. Autrefois, par manque de compréhension, la survenance des enfants était assurée même en l’absence de tout désir d’en avoir. 84:7.6 3. La nouvelle fonction de l’attrait du plaisir – ceci introduit un nouveau facteur dans la survie de la race ; les anciens laissaient mourir les enfants non désirés ; les modernes refusent de les mettre au monde. 84:7.7 4. Le renforcement de l’instinct parental. Chaque génération tend maintenant à éliminer du courant reproducteur de la race les individus chez qui l’instinct parental est insuffisamment fort pour assurer la procréation d’enfants – de parents en perspective pour la nouvelle génération. 84:7.8 Cependant, le foyer en tant qu’institution, l’association entre un seul homme et une seule femme, date plus spécifiquement du temps de Dalamatia, il y a environ 500 000 ans. Les habitudes monogames d’Andon et de ses descendants immédiats avaient été abandonnées longtemps auparavant. Toutefois, il n’y avait guère lieu de s’enorgueillir de la vie de famille avant l’époque des Nodites et des Adamites ultérieurs. Adam et Ève exercèrent une influence durable sur toute l’humanité. Pour la première fois, dans l’histoire du monde, on put observer des hommes et des femmes travaillant côte à côte dans le Jardin. L’idéal édénique d’une famille entière de jardiniers était une idée nouvelle sur Urantia. 84:7.9 La famille primitive englobait un groupe lié par le travail, y compris les esclaves, et vivant tout entier dans une seule habitation. Le mariage n’a pas toujours été identifié à la vie de famille, mais ils ont forcément été étroitement associés. La femme a toujours désiré une famille individuelle et a fini par obtenir gain de cause. 84:7.10 L’amour de la progéniture est à peu près universel et représente nettement une valeur de survie. Les anciens sacrifiaient toujours les intérêts de la mère au bien-être de l’enfant. Aujourd’hui encore, chez les Esquimaux, les mères lèchent leurs bébés au lieu de les laver. Cependant les mères primitives ne nourrissaient et ne soignaient leurs enfants que pendant leur prime jeunesse ; à l’instar des animaux, elles les écartaient aussitôt qu’ils avaient grandi. Les associations humaines durables et continues n’ont jamais été fondées sur la seule affection biologique. Les animaux aiment leurs petits ; les hommes (civilisés) aiment les enfants de leurs enfants. Plus la civilisation est avancée, plus les parents se réjouissent des progrès et de la réussite des enfants ; c’est ainsi que nait la réalisation nouvelle et supérieure de la fierté du nom. 84:7.11 Chez les peuples anciens, les grandes familles ne résultaient pas nécessairement de l’affection. Beaucoup d’enfants furent désirés pour les raisons suivantes : 84:7.12 1. Ils étaient précieux comme travailleurs. 84:7.13 2. Ils étaient une assurance pour la vieillesse. 84:7.14 3. On pouvait vendre les filles. 84:7.15 4. La fierté familiale exigeait l’extension du nom. 84:7.16 5. Les fils apportaient une protection et une défense. 84:7.17 6. La peur des fantômes engendrait la peur de la solitude. 84:7.18 7. Certaines religions exigeaient une progéniture. 84:7.19 Les pratiquants du culte des ancêtres considèrent l’absence de fils comme la calamité suprême dans le temps et l’éternité. Ils désirent, avant tout, avoir des fils pour officier dans les cérémonies mortuaires, pour offrir les sacrifices permettant au fantôme de progresser en traversant le pays des esprits. 84:7.20 Parmi les anciens sauvages, on commençait de très bonne heure à discipliner les enfants, et ceux-ci ne tardaient pas à réaliser que la désobéissance signifiait l’échec ou même la mort, exactement comme pour les animaux. La civilisation protège maintenant les enfants contre les conséquences naturelles d’une conduite stupide, et c’est ce qui contribue tant à l’insubordination moderne. 84:7.21 Les enfants des Esquimaux prospèrent avec fort peu de discipline et de punitions, simplement parce qu’ils sont naturellement de petits animaux dociles ; les enfants des hommes rouges et des hommes jaunes sont presque aussi faciles. Par contre, dans les races contenant une hérédité andite, les enfants sont moins placides ; cette jeunesse imaginative et aventureuse a besoin de plus d’éducation et de discipline. Les problèmes modernes d’éducation des enfants sont rendus de plus en plus difficiles par : 84:7.22 1. Le degré important des mélanges raciaux. 84:7.23 2. L’éducation artificielle et superficielle. 84:7.24 3. L’inaptitude des enfants à se cultiver en imitant leurs parents, qui sont absents de la scène familiale une si grande partie du temps. 84:7.25 Les anciennes idées sur la discipline de famille étaient biologiques et provenaient de la réalisation du fait que les parents étaient les créateurs de l’existence de l’enfant. Les idéaux plus évolués de la vie de famille conduisent au concept que l’apport d’un enfant au monde, loin de conférer certains droits aux parents, implique la responsabilité suprême de l’existence humaine. 84:7.26 La civilisation considère que les parents assument toutes les charges et que l’enfant a tous les droits. Le respect de l’enfant pour ses parents ne provient pas de ce qu’il connait l’obligation impliquée dans la procréation parentale, mais il grandit naturellement comme conséquence des soins, de l’éducation et de l’affection qui lui sont dispensés avec amour pour l’aider à gagner la bataille de la vie. De véritables parents s’engagent avec continuité dans un ministère de service que l’enfant avisé finit par reconnaitre et par apprécier. 84:7.27 Dans l’ère industrielle et urbaine contemporaine, l’institution du mariage évolue selon de nouvelles lignes économiques. La vie de famille devient de plus en plus onéreuse, et les enfants, qui étaient autrefois un actif, sont devenus un passif économique. Mais la sécurité de la civilisation, elle-même, repose encore sur la bonne volonté croissante de chaque génération à investir ses moyens dans le bien-être de la prochaine génération et des suivantes. Toute tentative pour transférer la responsabilité parentale à l’État ou à l’Église se révélera fatale pour le bien-être et le progrès de la civilisation. 84:7.28 Le mariage, avec les enfants et la vie de famille qui s’ensuit, stimule les plus hauts potentiels de la nature humaine et fournit en même temps le canal idéal pour exprimer ces attributs vivifiés de la personnalité de mortel. La famille assure la perpétuation biologique de l’espèce humaine. Le foyer est le cadre social naturel dans lequel les enfants grandissants peuvent saisir l’éthique de la fraternité du sang. La famille est l’unité fondamentale de fraternité dans laquelle parents et enfants apprennent les leçons de patience, d’altruisme, de tolérance et de longanimité qui sont si essentielles pour réaliser la fraternité entre tous les hommes. 84:7.29 La société humaine serait grandement améliorée si les races civilisées voulaient revenir, plus généralement, à la pratique du conseil de famille des Andites. Ils ne maintinrent pas la forme patriarcale ou autocratique de gouvernement familial. Ils étaient très fraternels et coopératifs, discutant franchement et librement toute proposition et règle de nature familiale. Tout leur gouvernement familial était empreint d’une atmosphère idéalement fraternelle. Dans une famille idéale, l’affection filiale et l’amour parental sont tous deux accrus par le dévouement fraternel. 84:7.30 La vie de famille est le berceau de la vraie moralité, l’ancêtre de la fidélité consciente au devoir. Les associations forcées de la vie de famille stabilisent la personnalité et stimulent sa croissance par l’obligation indispensable de s’adapter à d’autres personnalités diverses. Mais il y a plus : une véritable famille – une bonne famille – révèle aux parents procréateurs l’attitude du Créateur envers ses enfants, tandis qu’en même temps, ces véritables parents dépeignent à leurs enfants la première d’une longue série ascendante de divulgations concernant l’amour parental paradisiaque de tous les enfants de l’univers. 8. Les dangers de la satisfaction du moi 84:8.1 La grande menace contre la vie de famille est l’inquiétante marée montante de la poursuite de la satisfaction du moi, la manie moderne des plaisirs. Autrefois, la principale raison du mariage était économique, et l’attirance sexuelle, secondaire. Le mariage fondé sur la préservation de soi conduisait à la perpétuation de soi et procurait en même temps l’une des formes les plus désirables de la satisfaction du moi. Dans la société humaine, c’est la seule institution qui englobe les trois grandes raisons de vivre. 84:8.2 À l’origine, la propriété était l’institution fondamentale pour s’entretenir, tandis que le mariage fonctionnait comme institution unique pour se perpétuer. Bien que les satisfactions alimentaires, les jeux et l’humour, ainsi que les rapports sexuels périodiques, étaient des moyens de se satisfaire, il n’en reste pas moins que l’évolution des mœurs n’a pas réussi à bâtir une institution distincte pour la satisfaction du moi. À cause de cet échec dans la mise au point de techniques spécialisées pour des jouissances agréables, toutes les institutions humaines sont complètement imprégnées de cette recherche du plaisir. L’accumulation des biens devient un instrument pour accroitre toutes les formes de satisfaction du moi, tandis que l’on se borne souvent à considérer le mariage comme un moyen de plaisir. Et ce laisser-aller, cette manie du plaisir largement répandue, constituent la plus grande menace qui ait jamais été dirigée contre l’institution évolutionnaire sociale de la vie de famille, le foyer. 84:8.3 La race violette a introduit, dans l’expérience de l’humanité, une caractéristique nouvelle encore incomplètement réalisée – l’instinct de jeu doublé du sens de l’humour. Cet instinct existait, dans une certaine mesure, chez les Sangiks et les Andonites, mais la lignée adamique éleva ce penchant primitif au niveau d’un potentiel de plaisir, forme nouvelle et glorifiée de satisfaction du moi. En dehors de l’apaisement de la faim, le type fondamental de satisfaction du moi est l’assouvissement sexuel ; cette forme de plaisir sensuel fut considérablement accrue par l’union des Sangiks et des Andites. 84:8.4 La combinaison d’agitation, de curiosité, d’aventure et d’abandon au plaisir caractéristique des races postérieures aux Andites comporte un réel danger. Les plaisirs physiques ne peuvent satisfaire la soif de l’âme ; la poursuite malavisée du plaisir n’augmente pas l’amour du foyer et des enfants. Même en épuisant les ressources de l’art, des couleurs, des sons, du rythme, de la musique et de la parure, on ne peut entretenir ainsi l’espoir d’élever l’âme ou de nourrir l’esprit. La vanité et la mode ne peuvent servir ni à l’édification des foyers ni à la culture des enfants ; l’orgueil et la rivalité sont impuissants à rehausser les qualités de survie des générations successives. 84:8.5 Tous les êtres célestes qui progressent jouissent de périodes de repos et du ministère des directeurs de la rétrospection. Tous les efforts pour obtenir des diversions saines et pratiquer des jeux qui élèvent sont salubres. Il vaut la peine de se livrer à un sommeil réparateur, à des repos, à des récréations et à tous les passe-temps qui empêchent la monotonie de faire naitre l’ennui. Les jeux de compétition, les narrations d’histoires et même le gout de la bonne nourriture peuvent servir de formes de satisfaction du moi. (Quand vous employez du sel pour ajouter de la saveur à vos aliments, souvenez-vous que, pendant près d’un million d’années, les hommes n’ont pu obtenir du sel qu’en plongeant leurs aliments dans de la cendre.) 84:8.6 Que les hommes jouissent de la vie ; que la race humaine trouve du plaisir de mille et une manières ; que l’humanité en évolution explore toutes les formes légitimes de satisfaction du moi, les fruits de la longue lutte biologique pour s’élever. L’homme a bien mérité certains de ses plaisirs et joies d’aujourd’hui. Mais faites bien attention au but de la destinée ! Les plaisirs sont véritablement des suicides s’ils parviennent à détruire la propriété, qui est devenue l’institution de la préservation du moi ; et la satisfaction du moi aura vraiment couté un prix funeste si elle provoque l’effondrement du mariage, la décadence de la vie de famille et la destruction du foyer – acquisition évolutionnaire suprême des hommes et seul espoir de survie de la civilisation. 84:8.7 [Présenté par le chef des séraphins stationné sur Urantia.] FASCICULE 85. Les origines de l’adoration 85:0.1 La religion primitive eut une origine biologique, un développement évolutionnaire naturel, à côté des associations morales et en dehors de toute influence spirituelle. Les animaux supérieurs ont des peurs, mais pas d’illusions, donc pas de religion. Les hommes créent leurs religions primitives avec leurs craintes et par leurs illusions. 85:0.2 Dans l’évolution de l’espèce humaine, les manifestations primitives de l’adoration apparaissent bien avant que le mental de l’homme ne soit capable de formuler les conceptions plus complexes de la vie, ici-bas et dans l’au-delà, méritant le nom de religion. La religion primitive était de nature totalement intellectuelle et entièrement fondée sur des circonstances d’association. Les objets de culte étaient tout à fait suggestifs ; ils consistaient en choses de la nature qui étaient à portée de la main ou qui occupaient le premier plan dans l’expérience ordinaire des Urantiens primitifs au mental frustre. 85:0.3 Quand la religion eut évolué au-delà de l’adoration de la nature, elle acquit des racines d’origine spirituelle, mais resta néanmoins toujours conditionnée par le milieu social. À mesure que le culte de la nature se développa, les concepts humains envisagèrent une division du travail dans le monde supramortel ; il y avait des esprits de la nature pour les lacs, les arbres, les cascades, les pluies et des centaines d’autres phénomènes terrestres ordinaires. 85:0.4 À un moment ou à un autre, tout ce qui se trouve à la surface de la terre a été objet d’adoration pour l’homme, y compris lui-même. Il a aussi adoré tout ce qu’on peut imaginer dans le ciel et sous la surface de la terre. Les hommes primitifs craignaient toutes les manifestations de pouvoir ; ils rendaient hommage à tous les phénomènes naturels qu’ils ne pouvaient comprendre. L’observation de puissantes forces matérielles telles que tempêtes, inondations tremblements de terres, éboulements, volcans, feu, chaleur et froid, impressionnait grandement le mental en expansion des hommes. On appelle encore « actes de Dieu » et « mystérieuses dispensations de la providence » les choses inexplicables de la vie. 1. L’adoration des pierres et des collines 85:1.1 La première chose que les hommes évoluants adorèrent fut une pierre. Aujourd’hui, la peuplade kateri du Sud de l’Inde ainsi que de nombreuses tribus du Nord de l’Inde adorent encore des pierres. Jacob dormit sur une pierre parce qu’il la révérait ; il l’oignit même d’huile. Rachel cacha plusieurs pierres sacrées sous sa tente. 85:1.2 Les pierres impressionnèrent d’abord les hommes primitifs comme sortant de l’ordinaire à cause de la manière dont elles apparaissaient subitement à la surface d’un champ cultivé ou d’une prairie. Les hommes ne tenaient compte ni de l’érosion ni du retournement du sol. Les pierres firent aussi grande impression sur les peuplades primitives parce qu’elles ressemblaient souvent à des animaux. L’attention des hommes civilisés est arrêtée par de nombreuses formations rocheuses qui, dans les montagnes, ressemblent à des têtes d’animaux et même à des visages humains. Ce furent toutefois les pierres météoriques qui exercèrent la plus profonde influence ; les primitifs les voyaient traverser l’atmosphère avec un flamboiement grandiose. Les étoiles filantes terrifiaient l’homme primitif ; il croyait facilement que leurs traces brillantes marquaient le passage d’un esprit en route vers la Terre. Il n’est pas étonnant que les hommes aient été conduits à adorer de tels phénomènes, spécialement quand, plus tard, ils découvraient les météorites. Et cela leur inspira un plus grand respect pour toutes les autres pierres. Au Bengale, une météorite, qui tomba en 1880, a de nombreux adorateurs. 85:1.3 Tous les anciens clans et tribus avaient leurs pierres sacrées, et la plupart des peuples modernes manifestent une vénération relative pour certains types de pierres – leurs bijoux. Un groupe de cinq pierres était révéré aux Indes ; en Grèce, c’étaient un amas de trente pierres ; chez les hommes rouges, c’était généralement un cercle de pierres. Les Romains jetaient toujours une pierre en l’air quand ils invoquaient Jupiter. Aux Indes, aujourd’hui encore, une pierre peut servir de témoin. Dans certaines régions, on peut employer une pierre comme talisman de la loi et, par son prestige, un offenseur peut être mené au tribunal. Mais les simples mortels n’identifient pas toujours la Déité avec un objet de culte respectueux. Bien souvent, ces fétiches ne sont que des symboles du véritable objet d’adoration. 85:1.4 Les anciens avaient une considération spéciale pour les trous dans les pierres. On supposait que les roches poreuses étaient exceptionnellement efficaces pour guérir les maladies. Les oreilles n’étaient pas percées pour y suspendre des pierres, mais des pierres étaient placées dans les trous pour les tenir ouverts. Même à notre époque moderne, des personnes superstitieuses font des trous dans les pièces de monnaie. En Afrique, les indigènes font beaucoup d’embarras autour de leurs pierres fétiches. En fait, les tribus et peuplades arriérées continuent à manifester à leurs pierres une vénération superstitieuse. Aujourd’hui encore, l’adoration des pierres est fort répandue dans le monde. Les pierres tombales sont un symbole survivant des images et idoles que l’on sculptait dans la pierre en liaison avec des croyances aux fantômes et aux esprits des compagnons trépassés. 85:1.5 L’adoration des collines suivit celle des pierres, et les premières collines vénérées furent de grandes formations rocheuses. On prit bientôt l’habitude de croire que les dieux habitaient les montagnes, de sorte que, pour cette raison supplémentaire, on adora les hautes élévations de terrain. À mesure que le temps s’écoulait, certaines montagnes furent associées à certains dieux, et, en conséquence, devinrent saintes. Les aborigènes ignorants et superstitieux croyaient que les grottes conduisaient au monde souterrain peuplé de mauvais esprits et de démons, en contraste avec les montagnes, qui furent identifiées aux concepts, évolués ultérieurement, de bons esprits et de bonnes déités. 2. L’adoration des plantes et des arbres 85:2.1 Les plantes furent d’abord craintes, puis adorées, à cause des liqueurs enivrantes que l’on en tirait. Les hommes primitifs croyaient que l’ivresse vous rendait divin. On supposait que cette expérience comportait quelque chose d’inhabituel et de sacré. Même dans les temps modernes, on donne le nom de « spiritueux » aux alcools. 85:2.2 Les primitifs regardaient, avec une crainte et un respect superstitieux, les graines en train de germer. L’apôtre Paul ne fut pas le premier à tirer de profondes leçons spirituelles des graines germantes et à fonder des croyances religieuses sur elles. 85:2.3 Le culte d’adoration des arbres se trouve chez les plus anciens groupes religieux. Tous les mariages primitifs étaient célébrés sous des arbres et, quand les femmes désiraient des enfants, on les voyait parfois dans la forêt embrassant affectueusement un robuste chêne. Bien des arbres et des plantes étaient vénérés à cause de leurs vertus médicinales réelles ou imaginaires. Les sauvages croyaient que toutes les réactions chimiques étaient dues à l’activité directe de forces surnaturelles. 85:2.4 Les idées concernant les esprits des arbres variaient considérablement parmi les différentes tribus et races. Certains arbres étaient habités par des esprits bienveillants, d’autres abritaient des esprits trompeurs et cruels. Les Finlandais croyaient que la plupart des arbres abritaient des esprits bienfaisants. Les Suisses se sont longtemps méfiés des arbres, croyant qu’ils contenaient des esprits rusés. Les habitants de l’Inde et de la Russie orientale considéraient les esprits des arbres comme cruels. Les Patagons adorent encore les arbres comme le firent les Sémites primitifs. Longtemps après que les Hébreux eurent cessé d’adorer les arbres, ils continuèrent à vénérer leurs diverses déités dans des bosquets. Sauf en Chine, il exista jadis un culte universel de l’arbre de vie. 85:2.5 La croyance que l’on peut trouver de l’eau ou des métaux précieux sous la surface de la terre, à l’aide d’une baguette divinatoire en bois, est un reliquat des anciens cultes des arbres. Le mai, les arbres de Noël et la pratique superstitieuse de toucher du bois perpétuent certaines coutumes d’adoration des arbres et des plus récents cultes des arbres. 85:2.6 Nombre de ces formes primitives de vénération de la nature se mêlèrent aux techniques d’adoration qui évoluèrent plus tard, mais les tout premiers types d’adoration animés par un esprit-mental adjuvat fonctionnaient bien avant que la nature religieuse nouvellement éveillée de l’humanité fût devenue pleinement sensible à la stimulation par les influences spirituelles. 3. L’adoration des animaux 85:3.1 L’homme primitif avait un sentiment particulier de sympathie pour les animaux supérieurs. Ses ancêtres avaient vécu avec eux et s’étaient même accouplés à eux. En Asie méridionale, on crut de bonne heure que les âmes des hommes revenaient sur terre sous forme d’animaux. Cette croyance était une survivance de la pratique encore plus ancienne d’adorer les animaux. 85:3.2 Les primitifs révéraient les animaux pour leur pouvoir et leur ruse. Ils pensaient que l’odorat affiné et la vue perçante de certaines bêtes dénotaient une gouverne par les esprits. Les animaux ont tous été adorés par une race ou une autre, tantôt à une époque et tantôt à une autre. Parmi ces objets d’adoration, figuraient des créatures considérées comme mi-humaines et mi-animales, telles que les centaures et les sirènes. 85:3.3 Les Hébreux adorèrent les serpents jusqu’à l’époque du roi Ézéchias, et les Hindous entretiennent encore des relations amicales avec les serpents de leurs maisons. L’adoration des dragons par les Chinois est une survivance du culte des serpents. La sagesse du serpent était un symbole de la médecine grecque, et les médecins modernes l’emploient encore comme emblème. L’art de charmer les serpents a été transmis par les femmes chamanes pratiquant le culte de l’amour des serpents ; celles-ci se faisaient mordre quotidiennement par des serpents, ce qui les immunisait contre le venin et en faisait réellement des toxicomanes qui ne pouvaient plus se passer de ce poison. 85:3.4 L’adoration des insectes et de certains autres animaux résulta d’une mauvaise interprétation de la règle d’or – faites à autrui (à toutes les formes de vie) ce que vous voudriez que l’on vous fasse. Les anciens crurent jadis que tous les vents étaient produits par des ailes d’oiseaux ; en conséquence ils craignirent et adorèrent toutes les créatures ailées. Les Nordiques primitifs croyaient que les éclipses étaient causées par un loup qui dévorait une portion du soleil ou de la lune. Les Hindous montrent souvent Vishnou avec une tête de cheval. Bien des fois, un symbole animal représente un dieu oublié ou un culte disparu. Tôt dans la religion évolutionnaire, l’agneau devint l’animal sacrificiel typique et la colombe, le symbole de la paix et de l’amour. 85:3.5 En religion, le symbolisme est bon ou mauvais dans la mesure exacte où le symbole ne supplante pas ou supplante l’idée originelle d’adoration. Le symbolisme ne doit pas être confondu avec l’idolâtrie immédiate où l’objet matériel est directement et effectivement adoré. 4. L’adoration des éléments 85:4.1 L’humanité a adoré la terre, l’air, l’eau et le feu. Les races primitives vénéraient les sources et adoraient les rivières. Même aujourd’hui, fleurit en Mongolie un culte des rivières qui exerce de l’influence. Le baptême devint un cérémonial religieux à Babylone, et les Grecs pratiquèrent le bain rituel annuel. Il était facile aux anciens d’imaginer que les esprits habitaient les sources bouillonnantes, les fontaines jaillissantes, les rivières qui coulent et les torrents impétueux. Les eaux mouvantes impressionnaient vivement ces êtres au mental fruste en faisant croire à l’animation par des esprits et à des pouvoirs surnaturels. On refusait parfois de secourir un homme qui se noyait, de peur d’offenser quelque dieu de la rivière. 85:4.2 Nombre de facteurs et d’évènements ont agi pour stimuler la religion de peuples différents à des époques diverses. Beaucoup de tribus montagnardes des Indes adorent encore les arcs-en-ciel. En Inde et en Afrique, on croit que l’arc-en-ciel est un gigantesque serpent céleste. Les Hébreux et les chrétiens le considèrent comme « l’arc de la promesse ». De même, des influences considérées comme bénéfiques dans une partie du monde peuvent être regardées comme maléfiques ailleurs. Le vent d’est est un dieu en Amérique du Sud, car il apporte la pluie ; aux Indes, il est un démon parce qu’il amène la poussière et provoque la sécheresse. Les anciens Bédouins croyaient qu’un esprit de la nature produisait les tourbillons de sable ; même à l’époque de Moïse, la croyance aux esprits de la nature fut assez forte pour assurer leur perpétuation dans la théologie hébraïque sous forme d’anges du feu, de l’eau et de l’air. 85:4.3 Les nuages, la pluie, la grêle ont tous été craints et adorés par de nombreuses tribus primitives et dans les cultes initiaux de la nature. Les vents de tempête avec tonnerre et éclairs terrifiaient les hommes primitifs. Ils étaient tellement impressionnés par ces dérèglements des éléments qu’ils considéraient le tonnerre comme la voix d’un dieu courroucé. L’adoration du feu et la peur de la foudre étaient liées et fort répandues dans nombre de groupes primitifs. 85:4.4 Le feu était mêlé à la magie dans le mental des mortels primitifs tyrannisés par la peur. Les adeptes de la magie se rappellent nettement un résultat positif obtenu par hasard dans la pratique de leurs formules magiques, tandis qu’ils oublient avec insouciance des dizaines de résultats négatifs constituant des échecs complets. Le respect pour le feu atteignit son apogée en Perse, où il subsista longtemps. Quelques tribus adoraient le feu en le prenant pour la déité elle-même ; d’autres le révéraient comme symbole flamboyant de l’esprit purificateur et épurateur de leurs déités vénérées. On chargeait des vestales vierges de veiller sur les feux sacrés et, au vingtième siècle, on fait encore bruler des cierges dans le rituel de beaucoup de services religieux. 5. L’adoration des corps célestes 85:5.1 L’adoration des roches, des collines, des arbres et des animaux se transforma naturellement en vénération craintive des éléments, puis en déification du soleil, de la lune et des étoiles. Aux Indes et ailleurs, les étoiles furent considérées comme les âmes glorifiées de grands hommes qui avaient quitté la vie dans la chair. Les Chaldéens, adeptes du culte des étoiles, estimaient qu’ils avaient le ciel pour père et la terre pour mère. 85:5.2 L’adoration de la lune précéda celle du soleil. La vénération de la lune atteignit son apogée durant l’ère de la chasse, tandis que l’adoration du soleil devint la principale cérémonie religieuse des âges agricoles subséquents. L’adoration solaire s’enracina tout d’abord fortement aux Indes, et c’est là qu’elle persista le plus longtemps. En Perse, la vénération du soleil donna naissance au culte mithriaque ultérieur. De nombreux peuples considéraient le soleil comme l’ancêtre de leurs rois. Les Chaldéens le plaçaient au centre « des sept cercles de l’univers ». Des civilisations plus tardives honorèrent le soleil en donnant son nom au premier jour de la semaine. 85:5.3 On supposait que le dieu soleil était le père mystique des fils de la destinée nés d’une vierge, et que ceux-ci, estimait-on, s’effusaient de temps à autre sur les races favorisées. Ces enfants surnaturels étaient toujours abandonnés à la dérive sur quelque fleuve sacré pour être sauvés d’une manière extraordinaire et grandir ensuite pour devenir des personnalités miraculeuses et des libérateurs de leur peuple. 6. L’adoration de l’homme 85:6.1 Après avoir adoré tout ce qui existait à la surface de la terre et au-dessus dans les cieux, l’homme n’hésita pas à se faire l’honneur d’une adoration semblable. Le sauvage au mental fruste ne fait pas de distinction claire entre bêtes, hommes et dieux. 85:6.2 Les primitifs considéraient toutes les personnes inhabituelles comme suprahumaines et en avaient tellement peur qu’ils manifestaient à leur égard une crainte respectueuse. Dans une certaine mesure, ils les adoraient littéralement. Même le fait d’avoir des jumeaux était regardé soit comme une grande chance soit comme une grande malchance. Les lunatiques, les épileptiques et les débiles mentaux étaient souvent adorés par leurs compagnons mentalement normaux qui croyaient que de tels êtres anormaux étaient habités par les dieux. On adora les prêtres, les rois et les prophètes ; on estima que les saints hommes de jadis étaient inspirés par les déités. 85:6.3 On déifia les chefs tribaux une fois morts. Plus tard, on sanctifia les âmes remarquables qui avaient passé dans l’au-delà. Sans aide, l’évolution n’a jamais donné naissance à des dieux supérieurs aux esprits glorifiés, exaltés et évolués de certains humains décédés. Dans son évolution primitive, la religion crée ses propres dieux. Au cours de la révélation, les Dieux formulent la religion. La religion évolutionnaire crée ses dieux à l’image et à la ressemblance de l’homme mortel ; la religion révélée cherche à faire évoluer les mortels et à les transformer à l’image et à la ressemblance de Dieu. 85:6.4 Les dieux fantômes supposés d’origine humaine doivent être distingués des dieux de la nature, car l’adoration de la nature produisit un panthéon – les esprits de la nature élevés à la position de dieux. Les cultes de la nature continuèrent à se développer en même temps que les cultes des fantômes apparus plus tard, et chacun des deux exerça une influence sur l’autre. De nombreux systèmes religieux comportèrent un double concept de la déité, les dieux de la nature et les dieux fantômes ; dans certaines théologies, ces deux concepts sont inextricablement mélangés, comme on le voit dans l’exemple de Thor, le héros fantôme qui était aussi le maitre de la foudre. 85:6.5 Mais l’adoration de l’homme par les hommes atteignit son apogée lorsque les chefs temporels ordonnèrent à leurs sujets de les vénérer ainsi, et que, pour justifier cette exigence, ils prétendirent être de descendance divine. 7. Les adjuvats d’adoration et de sagesse 85:7.1 L’adoration de la nature peut sembler être née spontanément et naturellement dans le mental des hommes et des femmes primitifs, et il en fut bien ainsi ; mais, pendant toute cette période, et dans le mental de ces mêmes primitifs, s’exerçait l’action du sixième esprit adjuvat ; il avait été effusé sur ces peuplades en tant qu’influence directrice pour cette phase de l’évolution de l’espèce humaine, et cet esprit stimulait constamment la pulsion d’adoration de l’espèce humaine, si primitives que ces premières manifestations aient pu être. L’esprit d’adoration donna une origine précise à l’impulsion humaine tendant à adorer, nonobstant le fait que son expression primitive fût motivée par la peur animale, et que ses premières pratiques fussent centrées sur des choses de la nature. 85:7.2 Il faut se rappeler que c’est le sentiment, et non la pensée, qui était l’influence qui dirigea et contrôla tout le développement évolutionnaire. Pour le mental primitif, il y a peu de différence entre avoir peur, se dérober, honorer et adorer. 85:7.3 Quand la pulsion d’adoration est animée et dirigée par la sagesse – par la pensée méditative et expérientielle – elle commence alors à devenir le phénomène de la véritable religion. Quand le septième esprit adjuvat, l’esprit de sagesse, parvient à exercer effectivement son ministère, l’homme commence alors à détourner son adoration de la nature et des objets naturels, et à l’orienter vers le Dieu de la nature et le Créateur éternel de toutes les choses naturelles. 85:7.4 [Présenté par une Brillante Étoile du Soir de Nébadon.] FASCICULE 86. L’évolution primitive de la religion 86:0.1 L’évolution de la religion à partir de l’impulsion primitive d’adoration précédente ne dépend pas de la révélation. Le fonctionnement normal du mental humain, sous l’influence directrice des sixième et septième adjuvats mentaux d’effusion universelle de l’esprit, est amplement suffisant pour assurer ce développement. 86:0.2 La toute première peur préreligieuse que les hommes ont eue des forces de la nature est progressivement devenue religieuse à mesure que la nature fut graduellement personnalisée, spiritualisée et finalement déifiée dans la conscience humaine. Les religions du type primitif étaient donc une conséquence biologique de l’inertie psychologique du mental animal en évolution après que les concepts du surnaturel eurent pénétré dans un tel mental. 1. Le hasard : chance et malchance 86:1.1 À côté du besoin naturel d’adoration, la religion évolutionnaire primitive avait ses racines originelles dans l’expérience humaine du hasard – ce que vous appelez chance, les évènements ordinaires. L’homme primitif chassait pour se nourrir. Les résultats de la chasse sont nécessairement variables, et cela donne une origine certaine aux expériences que les hommes interprètent comme chance et malchance. La mauvaise chance était un facteur important dans la vie d’hommes et de femmes vivant à la limite incertaine d’une existence précaire et harassante. 86:1.2 L’horizon intellectuel limité des sauvages concentre tellement leur attention sur le hasard que la chance devient un facteur constant dans leur vie. Les Urantiens primitifs luttaient pour vivre, et non pour un niveau de vie. Ils vivaient une vie périlleuse où le hasard jouait un rôle important. L’appréhension constante d’une calamité inconnue et invisible planait au-dessus de ces sauvages comme un nuage de désespoir qui éclipsait efficacement tous les plaisirs ; ils vivaient dans la peur constante de commettre un acte qui amènerait de la malchance. Les sauvages superstitieux craignaient toujours une série de chances heureuses ; ils considéraient cette bonne fortune comme annonciatrice certaine de calamités. 86:1.3 Cette peur toujours présente de la malchance était paralysante. Pourquoi travailler dur et récolter la malchance – donner quelque chose pour rien – quand on peut se laisser porter et risquer d’avoir de la chance – obtenir quelque chose pour rien ? Les irréfléchis oublient la bonne chance – ils la considèrent comme un dû – mais ils se rappellent douloureusement la malchance. 86:1.4 Les hommes primitifs vivaient dans l’incertitude et la peur constante du hasard – de la malchance. La vie était un passionnant jeu de hasard ; l’existence était une affaire de chance. Il n’y a rien d’étonnant à ce que les gens partiellement civilisés croient encore à la chance et manifestent un reste de prédisposition pour les jeux de hasard. Les hommes primitifs alternaient entre deux puissants intérêts : la passion d’obtenir quelque chose pour rien et la peur de ne rien obtenir pour quelque chose. Et ce jeu de hasard de l’existence était l’intérêt majeur et la fascination suprême du mental du sauvage primitif. 86:1.5 Plus tard, les éleveurs de troupeaux eurent le même point de vue sur le hasard et la chance, tandis que, plus tard encore, les agriculteurs prirent de plus en plus conscience que les récoltes subissaient l’influence immédiate d’un grand nombre de facteurs sur lesquels le contrôle de l’homme était faible ou nul. Les paysans se trouvèrent victimes de la sécheresse, des inondations, de la grêle, des orages, des insectes et des maladies parasitaires, ainsi que de la chaleur et du froid. Dès lors que toutes ces influences affectaient la prospérité individuelle, on les considéra comme de la chance ou de la malchance. 86:1.6 Cette notion de hasard et de chance imprégna fortement la philosophie de tous les peuples de l’antiquité. Même à une époque récente, dans la Sagesse de Salomon, il est dit : « Je suis revenu et j’ai vu que la course n’était pas aux agiles, ni la bataille aux forts, ni le pain aux sages, ni les richesses aux intelligents, ni la faveur aux habiles, car le destin et le hasard les atteignent tous. Car l’homme ne connaît pas son sort ; comme les poissons sont pris dans les filets de malheur et les oiseaux pris au lacet, ainsi les fils des hommes sont pris au lacet de l’infortune quand elle fond subitement sur eux. » 2. La personnification du hasard 86:2.1 L’anxiété était l’état naturel du mental des sauvages. Quand les hommes et les femmes tombent victimes d’une anxiété excessive, ils reviennent simplement à l’état naturel de leurs lointains ancêtres. Quand l’anxiété devient réellement douloureuse, elle inhibe l’activité et provoque infailliblement des changements évolutionnaires et des adaptations biologiques. La douleur et la souffrance sont essentielles à l’évolution progressive. 86:2.2 La lutte pour la vie est si pénible qu’aujourd’hui encore, certaines tribus arriérées hurlent et se lamentent à chaque nouveau lever du soleil. L’homme primitif se demandait constamment : « Qui me tourmente ? » Faute de trouver une source matérielle à ses malheurs, il fixa ses explications sur les esprits. La religion naquit ainsi de la peur du mystère, de la crainte respectueuse de l’invisible et de la terreur de l’inconnu. La peur de la nature devint donc un facteur dans la lutte pour l’existence, d’abord à cause du hasard et ensuite à cause du mystère. 86:2.3 Le mental primitif était logique, mais contenait peu d’idées susceptibles de s’associer intelligemment ; le mental du sauvage était inculte et entièrement ingénu. Si un évènement en suivait un autre, le sauvage leur attribuait la relation de cause à effet. Ce que l’homme civilisé considère comme la superstition n’était que pure ignorance chez le sauvage. L’humanité fut lente à apprendre qu’il n’y a pas nécessairement de rapports entre les desseins et les résultats. Les êtres humains commencent seulement à comprendre que les réactions de l’existence apparaissent entre les actes et leurs conséquences. Le sauvage s’efforce de personnaliser tout ce qui est intangible et abstrait ; c’est ainsi que la nature et le hasard furent tous deux personnalisés en tant que fantômes (esprits) et plus tard en tant que dieux. 86:2.4 Les hommes ont une tendance naturelle à croire à ce qu’ils estiment préférable pour eux, à ce qui représente leur intérêt immédiat ou lointain ; l’intérêt égoïste obscurcit largement la logique. Ce qui différencie le mental du sauvage de celui de l’homme civilisé concerne plus le contenu que la nature, le degré que la qualité. 86:2.5 Mais continuer à attribuer aux causes surnaturelles les choses difficiles à comprendre, n’est rien de moins qu’une manière paresseuse et commode d’éviter toutes les formes de travail intellectuel pénible. La chance est simplement un terme forgé pour couvrir l’inexplicable dans n’importe quel âge de l’existence humaine ; elle désigne les phénomènes dont les hommes sont incapables ou peu désireux de pénétrer le sens. Le hasard est un mot signifiant que l’homme est trop ignorant ou trop indolent pour déterminer les causes. Les hommes ne considèrent un évènement naturel comme un accident ou une malchance que s’ils sont dépourvus de curiosité et d’imagination, que si leur race manque d’initiative et d’esprit aventureux. L’exploration des phénomènes de la vie détruit tôt ou tard la croyance des hommes au hasard, à la chance et aux prétendus accidents ; elle y substitue un univers de loi et d’ordre, où tous les effets sont précédés par des causes définies. La peur de l’existence est ainsi remplacée par la joie de vivre. 86:2.6 Les sauvages envisageaient toute la nature comme vivante, comme possédée par quelque chose. Les civilisés donnent encore un coup de pied aux objets inanimés qui se mettent sur leur chemin et maudissent encore ceux qui les heurtent. Les hommes primitifs ne considéraient jamais quelque chose comme accidentel ; pour eux, tout était toujours intentionnel. Pour les primitifs, le domaine du sort, la fonction de la chance, le monde des esprits, étaient tout aussi inorganisés et dirigés à l’aveuglette que la société primitive. Ils envisageaient la chance comme une réaction du caprice et des fantaisies du monde des esprits, et plus tard comme l’humeur des dieux. 86:2.7 Toutes les religions ne se développèrent cependant pas en partant de l’animisme. D’autres concepts du surnaturel étaient contemporains de l’animisme, et ces croyances conduisirent aussi à l’adoration. Le naturalisme n’est pas une religion – il est né de la religion. 3. La mort – l’inexplicable 86:3.1 La mort était pour les hommes en évolution le choc suprême, la plus troublante combinaison de hasard et de mystère. Ce ne fut pas la sainteté de la vie, mais le choc de la mort, qui inspira de la peur et entretint ainsi efficacement la religion. Chez les peuples sauvages, la mort était généralement due à la violence, de sorte que la mort non violente devint de plus en plus un mystère. La mort, en tant que fin naturelle et attendue de la vie, n’était pas claire dans la conscience des peuples primitifs. Il a fallu des âges et des âges aux hommes pour comprendre qu’elle est inévitable. 86:3.2 Les hommes primitifs acceptaient la vie comme un fait, tandis qu’ils considéraient la mort comme une calamité. Toutes les races ont leurs légendes d’hommes qui ne sont pas morts, traditions résiduelles du comportement initial envers la mort. Il existait déjà, dans le mental humain, un concept nébuleux d’un monde des esprits imprécis et inorganisé, d’un domaine d’où provenait tout ce qui est inexplicable dans la vie humaine ; on ajouta la mort à la longue liste des phénomènes inexpliqués. 86:3.3 On crut d’abord que toutes les maladies humaines et la mort naturelle étaient dues à l’influence d’esprits. Même à l’époque actuelle, certaines races civilisées considèrent que les maladies ont été engendrées par « l’ennemi » et comptent sur des cérémonies religieuses pour en effectuer la guérison. Des systèmes de théologie, plus récents et plus complexes, attribuent encore la mort à l’action du monde des esprits ; tout cet ensemble a conduit à des doctrines telles que le péché originel et la chute de l’homme. 86:3.4 Ce fut la prise de conscience de son impuissance devant les puissantes forces de la nature ainsi que la récognition de la faiblesse humaine devant les calamités de la maladie et de la mort qui poussèrent les sauvages à rechercher de l’aide auprès du monde supramatériel, qu’ils entrevoyaient comme source de ces mystérieuses vicissitudes de la vie. 4. Le concept de la survie après la mort 86:4.1 Le concept d’une phase supramatérielle de la personnalité mortelle naquit de l’association inconsciente et purement accidentelle des évènements de la vie quotidienne avec, en plus, le rêve de fantômes. Quand plusieurs membres de la tribu d’un chef trépassé rêvaient simultanément de lui, cela semblait constituer une preuve convaincante que le vieux chef était réellement revenu sous quelque forme. Tout cela était fort réel pour les sauvages ; après de tels rêves, ils se réveillaient trempés de sueur, tremblants et hurlants. 86:4.2 L’origine onirique de la croyance en une existence future explique la tendance à toujours imaginer les choses invisibles en termes de choses visibles. Le nouveau concept de la vie future en tant que fantôme rêvé commença bientôt à servir d’antidote efficace à la peur de la mort associée à l’instinct biologique d’autoconservation. 86:4.3 Les hommes primitifs se préoccupaient également beaucoup de leur respiration, spécialement dans les climats froids où ils observaient une buée lors de l’expiration. Le souffle de vie fut considéré comme l’unique phénomène qui différenciait les vivants des morts. Le primitif savait que son souffle pouvait quitter son corps ; les rêves, où il faisait toutes sortes de choses bizarres pendant qu’il était endormi, le convainquirent que l’être humain comportait un élément immatériel. L’idée la plus primitive concernant l’âme humaine fut le fantôme, elle était dérivée du système d’idées relatif aux rêves et à la respiration. 86:4.4 Le sauvage finit par concevoir qu’il était un être double – corps et souffle. Le souffle moins le corps équivalait à un esprit, à un fantôme. Bien que les esprits ou fantômes aient eu nettement une origine humaine, on les considéra comme suprahumains. Cette croyance à l’existence d’esprits désincarnés semblait expliquer les évènements inhabituels, l’extraordinaire, l’exceptionnel et l’inexplicable. 86:4.5 La doctrine primitive de la survie après la mort n’était pas nécessairement une croyance à l’immortalité. Des êtres qui ne savaient pas compter au-delà de vingt ne pouvaient guère concevoir l’infinité et l’éternité ; ils pensaient plutôt à des incarnations répétées. 86:4.6 La race orangée était spécialement adonnée aux croyances à la transmigration et à la réincarnation. L’idée de réincarnation prit naissance dans l’observation de ressemblances d’hérédités et de caractères entre les descendances et leurs ancêtres. La coutume de nommer les enfants d’après leurs grands-parents et autres ascendants était due à la croyance en la réincarnation. Quelques races plus récentes crurent que les hommes mouraient de trois à sept fois. Cette croyance (reliquat des enseignements d’Adam concernant les mondes des maisons), ainsi que bien d’autres vestiges de la religion révélée peuvent être retrouvés parmi les doctrines, par ailleurs absurdes, des barbares du vingtième siècle. 86:4.7 Les hommes primitifs ne nourrissaient aucune idée d’enfer ni de punitions futures. Les sauvages imaginaient la vie après la mort exactement comme la vie présente, moins la malchance. Plus tard, on conçut une destinée séparée pour les bons fantômes et les mauvais fantômes – le ciel et l’enfer. Les membres de beaucoup de races primitives croyaient que l’homme débutait dans la vie suivante à l’état exact où il avait quitté la vie présente ; c’est pourquoi l’idée de devenir vieux et décrépit ne leur souriait pas. Les gens âgés préféraient de beaucoup être tués avant de devenir trop impotents. 86:4.8 Presque tous les groupes avaient des idées différentes sur la destinée de l’âme-fantôme. Les Grecs croyaient que les hommes faibles devaient avoir des âmes faibles ; ils inventèrent donc l’Hadès comme lieu approprié pour recevoir ces âmes chétives. Ils supposaient aussi que ces spécimens malingres avaient des ombres plus petites. Les premiers Andites croyaient que leurs fantômes retournaient au pays natal de leurs ancêtres. Les Chinois et les Égyptiens crurent jadis que l’âme et le corps restaient liés. Cela conduisit les Égyptiens à construire soigneusement des tombes et à s’efforcer de préserver les corps. Même les peuples modernes cherchent à éviter la décomposition des morts. Les Hébreux conçurent qu’un fantôme, réplique de l’individu, descendait au shéol et ne pouvait revenir au pays des vivants. Ils firent effectivement ce progrès important dans la doctrine de l’évolution de l’âme. 5. Le concept de l’âme fantôme 86:5.1 La partie non matérielle de l’homme a été diversement appelée fantôme, esprit, ombre, spectre et plus récemment âme. Dans les rêves de l’homme primitif, l’âme était son double ; elle ressemblait exactement au mortel lui-même, sauf qu’elle n’était pas sensible au toucher. La croyance aux doubles, vus en rêve, conduisit directement à la notion que toutes les choses animées et inanimées ont une âme comme les hommes. Ce concept tendit longtemps à perpétuer la croyance aux esprits de la nature. Les Esquimaux imaginent encore que toutes les choses de la nature ont un esprit. 86:5.2 L’âme fantôme pouvait être entendue et vue, mais non être touchée. La vie onirique de la race développa et étendit graduellement les activités du monde évoluant des esprits, au point que la mort fut finalement considérée comme le fait de « rendre l’âme ». Toutes les tribus primitives, sauf celles qui dépassaient à peine les animaux, se sont formées des concepts de l’âme. À mesure que la civilisation progresse, ces concepts superstitieux sont détruits, et l’homme dépend entièrement de la révélation et de l’expérience religieuse personnelle pour se faire une nouvelle idée de l’âme en tant que création conjointe du mental humain connaissant Dieu et de l’esprit divin qui l’habite, l’Ajusteur de Pensée. 86:5.3 Les mortels primitifs ne réussissaient généralement pas à différencier la notion d’un esprit intérieur de celle d’une âme de nature évolutionnaire. Il y avait grande confusion, chez les sauvages, sur la question de savoir si l’âme était née dans le corps ou si elle était un agent extérieur en possession du corps. L’absence de pensée raisonnée en présence de la perplexité explique le grossier illogisme des points de vue des sauvages sur les âmes, les fantômes et les esprits. 86:5.4 On a cru que l’âme était reliée au corps comme le parfum à la fleur. Les anciens croyaient que l’âme pouvait quitter le corps de différentes manières telles que : 86:5.5 1. L’évanouissement ordinaire et temporaire. 86:5.6 2. Le sommeil, le rêve naturel. 86:5.7 3. Le coma et l’inconscience associés aux maladies et aux accidents. 86:5.8 4. La mort, le départ définitif. 86:5.9 Les sauvages envisageaient les éternuements comme des tentatives avortées de l’âme pour s’échapper du corps. Étant éveillé et sur ses gardes, le corps était capable de contrecarrer la tentative de fuite de l’âme. Plus tard, on accompagna toujours les éternuements d’une formule religieuse telle que « Dieu vous bénisse ». 86:5.10 De bonne heure dans l’évolution, on considéra le sommeil comme prouvant que l’âme fantôme pouvait s’absenter du corps, et l’on croyait pouvoir la rappeler en disant ou en criant le nom du dormeur. Dans d’autres formes d’inconscience, on croyait que l’âme était plus lointaine, cherchant peut-être à s’échapper pour de bon – la mort imminente. On envisageait les rêves comme les expériences de l’âme durant le sommeil, lors de son absence temporaire du corps. Les sauvages estiment que leurs rêves sont aussi réels que toute autre partie de leur expérience éveillée. Les anciens prirent l’habitude d’éveiller graduellement les dormeurs pour donner à l’âme le temps de réintégrer le corps. 86:5.11 Tout au long des âges, les hommes ont été saisis d’une crainte respectueuse devant l’apparition de la nuit, et les Hébreux ne firent pas exception. Ils croyaient sincèrement que Dieu leur parlait dans des rêves, malgré les injonctions de Moïse à l’encontre de cette idée. Moïse avait raison, car les rêves ordinaires ne sont pas la méthode employée par les personnalités du monde spirituel quand elles cherchent à communiquer avec les êtres matériels. 86:5.12 Les anciens croyaient que les âmes pouvaient entrer dans des animaux ou même des objets inanimés. Cette croyance à l’identification avec les animaux culmina dans l’idée des loups-garous. Une personne pouvait être, de jour, un citoyen respectueux de la loi, mais, quand elle s’endormait, son âme pouvait entrer dans un loup ou dans quelque autre animal et rôder en commettant des déprédations nocturnes. 86:5.13 Les hommes primitifs croyaient que l’âme était associée à la respiration et que l’on pouvait communiquer ou transférer ses qualités par le souffle. Un chef courageux allait souffler sur un enfant nouveau-né pour lui conférer le don de la bravoure. Chez les premiers chrétiens, la cérémonie d’effusion du Saint-Esprit était accompagnée d’un souffle sur les candidats. Le Psalmiste a dit : « Les cieux ont été faits par la parole du Seigneur, et toute leur armée par le souffle de sa bouche. » Ce fut longtemps la coutume, pour les fils ainés, d’essayer d’attraper le dernier souffle de leur père mourant. 86:5.14 Plus tard, on en vint à craindre et à révérer l’ombre au même titre que le souffle. L’image de soi-même reflétée dans l’eau fut également envisagée parfois comme la preuve de la dualité de l’être et l’on considéra les miroirs avec une crainte superstitieuse. Même aujourd’hui, bien des civilisés tournent les miroirs contre le mur en cas de décès. Quelques tribus arriérées croient encore que les portraits, dessins, modèles ou images enlèvent au corps l’âme ou une partie de l’âme, et en conséquence elles interdisent d’en faire. 86:5.15 On croyait en général que l’âme s’identifiait au souffle, mais diverses peuplades la situaient aussi dans la tête, les cheveux, le cœur, le foie, le sang et la graisse. « Le sang d’Abel criant depuis la terre » exprime la croyance de jadis à la présence de l’âme-fantôme dans le sang. Les Sémites enseignèrent que l’âme résidait dans la graisse du corps, et, chez beaucoup d’entre eux, l’absorption de graisse animale était taboue. Les chasseurs de têtes et les découpeurs de scalps cherchaient à capturer l’âme de leurs ennemis. Plus récemment, on a considéré les yeux comme les fenêtres de l’âme. 86:5.16 Les adeptes de la doctrine selon laquelle il y avait trois ou quatre âmes croyaient que la perte de l’une d’elles signifiait inquiétude, la perte de deux, maladie et la perte de trois, la mort. D’après eux, une âme vivait dans le souffle, une dans la tête, une dans les cheveux et une dans le cœur. Ils conseillaient aux malades de se promener au grand air avec l’espoir de recapter leurs âmes égarées. On supposait que les plus grands sorciers-guérisseurs échangeaient l’âme malade d’une personne malade contre une nouvelle âme, la « nouvelle naissance ». 86:5.17 Les enfants de Badonan développèrent une croyance en deux âmes, la respiration et l’ombre. Les premières races nodites estimaient que l’homme consistait en deux personnes, l’âme et le corps. Cette philosophie de l’existence humaine se refléta plus tard dans le point de vue grec. Les Grecs eux-mêmes croyaient à l’existence de trois âmes, la végétative située dans l’estomac, l’animale dans le cœur et l’intellectuelle dans la tête. Les Esquimaux croient que l’homme est composé de trois parties : le corps, l’âme et le nom. 6. L’environnement des esprits fantômes 86:6.1 L’homme a hérité d’un environnement naturel, acquis un environnement social et imaginé un environnement spectral. Les hommes réagissent envers leur environnement naturel en formant des États, envers leur environnement social en fondant des foyers et envers leur environnement illusoire de fantômes en instituant des Églises. 86:6.2 Très tôt dans l’histoire de l’humanité, la croyance aux réalités du monde imaginaire des fantômes et des esprits fut universelle, et ce monde d’esprits nouvellement imaginé devint une puissance dans la société primitive. La vie mentale et morale de toute l’humanité fut définitivement modifiée par l’apparition de ce nouveau facteur dans les pensées et les actes des hommes. 86:6.3 Sur cette base majeure d’ignorance et d’illusion, la peur humaine a entassé toutes les superstitions et religions subséquentes des peuples primitifs. Ce fut l’unique religion humaine jusqu’à l’époque de la révélation, et de nombreuses races du monde d’aujourd’hui ne possèdent encore que cette religion évolutionnaire sommaire. 86:6.4 À mesure que l’évolution progressait, la chance fut associée aux bons esprits et la malchance, aux mauvais esprits. La gêne de l’adaptation forcée à un environnement changeant fut considérée comme une malchance, un mécontentement des esprits fantômes. Les hommes primitifs donnèrent lentement naissance à la religion en partant de leur impulsion innée d’adoration et de leur fausse conception du hasard. Les hommes civilisés établissent des plans d’assurances pour triompher des occurrences du hasard. La science moderne remplace les esprits fictifs et les dieux capricieux par un actuaire faisant des calculs mathématiques. 86:6.5 Chaque génération qui passe sourit devant les superstitions stupides de ses ancêtres, tout en continuant à entretenir ces sophismes de pensée et d’adoration qui feront sourire à leur tour la postérité plus éclairée. 86:6.6 Mais, finalement, le mental des hommes primitifs était occupé par des pensées qui transcendaient toutes leurs impulsions biologiques naturelles. L’homme était, enfin, sur le point de développer un art de vivre basé sur quelque chose de plus que la réaction à des stimulus matériels. On assistait aux débuts d’une politique de vie comportant une philosophie primitive. Un critère de vie surnaturel était sur le point d’émerger. En effet, si l’esprit fantôme apporte la malchance dans sa colère et la bonne fortune dans son contentement, il faut que la conduite humaine soit réglée en conséquence. Le concept du bien et du mal était enfin apparu par évolution, et tout ceci bien avant l’époque d’une révélation quelconque sur terre. 86:6.7 Avec l’émergence de ces concepts commença la lutte longue et ruineuse pour apaiser les esprits toujours mécontents, l’esclavage servile de la peur religieuse évolutionnaire, l’interminable gaspillage des efforts humains pour des tombes, des temples, des sacrifices et des prêtrises. Le prix à payer fut effrayant et terrible, mais il valut tout ce qu’il couta, car, grâce à lui, les hommes atteignirent une conscience naturelle du bien et du mal relatifs ; l’éthique humaine était née ! 7. La fonction de la religion primitive 86:7.1 Le sauvage avait besoin d’assurance ; il payait donc volontiers ses primes onéreuses de peur, de superstition et d’appréhension par des dons aux prêtres pour sa police d’assurance magique contre la malchance. La religion primitive consistait simplement en primes d’assurance contre les périls de la forêt. Les hommes civilisés payent des primes d’assurance contre les accidents de l’industrie et les risques des modes de vie modernes. 86:7.2 La société contemporaine enlève les affaires d’assurance au domaine des prêtres et de la religion, et les place dans le domaine économique. La religion s’occupe de plus en plus d’assurance sur la vie au-delà de la tombe. Les hommes modernes, du moins ceux qui pensent, cessent de payer des primes inutiles pour contrôler la chance. La religion s’élève lentement à des niveaux philosophiques supérieurs contrastant avec son ancienne fonction de plan d’assurance contre la malchance. 86:7.3 Cependant, ces anciennes idées sur la religion ont empêché les hommes de devenir fatalistes et désespérément pessimistes ; ils ont cru qu’ils pouvaient au moins faire quelque chose pour influencer le destin. La religion de la peur des fantômes a gravé dans la mémoire des hommes qu’ils devaient régler leur conduite, qu’il y avait un monde supramatériel contrôlant la destinée humaine. 86:7.4 Les races civilisées modernes commencent seulement à émerger de la peur qui leur faisait expliquer la chance et les inégalités courantes de l’existence par l’action des fantômes. L’humanité s’émancipe de la servitude de l’explication de la malchance par les esprits-fantômes. Mais, en même temps que les hommes renoncent à la doctrine erronée des vicissitudes de la vie causées par les esprits, ils font montre d’un surprenant empressement à admettre un enseignement presque aussi fallacieux qui les invite à attribuer toutes les inégalités humaines à de mauvaises adaptations politiques, à des injustices sociales et à la concurrence industrielle. Cependant, des lois nouvelles, une philanthropie accrue et une réorganisation industrielle plus poussée, si bonnes qu’elles soient en elles-mêmes, ne remédieront ni aux faits de la naissance ni aux accidents de la vie. Seule la compréhension des faits et leur sage maniement dans le cadre des lois naturelles permettront aux hommes d’obtenir ce qu’ils veulent et d’éviter ce qu’ils ne veulent pas. La connaissance scientifique conduisant à l’action scientifique est le seul antidote contre les maux dits accidentels. 86:7.5 L’industrie, la guerre, l’esclavage et le gouvernement civil ont surgi en réponse à l’évolution sociale de l’homme dans son milieu naturel. La religion est apparue d’une manière analogue en réponse au milieu illusoire du monde imaginaire des esprits. La religion fut un développement évolutionnaire de préservation de soi, et elle a réussi, malgré son illogisme total et la conception erronée qui lui donna naissance. 86:7.6 Par la puissante et impressionnante force de la fausse peur, la religion primitive a préparé le mental humain à l’effusion d’une force spirituelle authentique, d’origine surnaturelle, qui est l’Ajusteur de Pensée. Et, depuis lors, les divins Ajusteurs ont toujours travaillé à transmuer la peur de Dieu en amour pour Dieu. L’évolution est peut-être lente, mais elle est infailliblement efficace. 86:7.7 [Présenté par une Étoile du Soir de Nébadon.] FASCICULE 87. Les cultes des fantômes 87:0.1 Le culte des fantômes se développa comme une compensation aux risques de malchance ; ses pratiques religieuses primitives résultèrent de l’anxiété au sujet de la malchance et de la peur excessive des morts. Aucune de ces religions primitives ne s’occupait beaucoup de reconnaitre la Déité ou de révérer le suprahumain ; leurs rites étaient surtout négatifs et destinés à éviter, à expulser ou à contraindre des fantômes. Le culte des fantômes n’était ni plus ni moins qu’une assurance contre les désastres ; il n’avait aucun rapport avec un investissement destiné à procurer des revenus plus élevés à l’avenir. 87:0.2 L’homme a soutenu contre le culte des fantômes une lutte longue et acharnée. On ne trouve rien dans l’histoire humaine qui excite plus la pitié que ce tableau de la soumission abjecte des hommes à la peur des esprits fantômes. Avec la naissance de cette peur, l’humanité démarre sur la route ascendante de l’évolution religieuse. L’imagination humaine a quitté les rivages du moi et ne trouvera plus où jeter l’ancre avant de parvenir au concept d’une vraie Déité, d’un Dieu réel. 1. La peur des fantômes 87:1.1 On craignait la mort parce qu’elle signifiait qu’un nouveau fantôme s’était libéré de son corps physique. Les anciens faisaient de leur mieux pour empêcher la mort, afin d’éviter l’ennui d’avoir à lutter avec un fantôme supplémentaire. Ils étaient toujours soucieux d’inciter le fantôme à quitter la scène du décès pour s’embarquer dans le voyage au pays des morts. Le fantôme inspirait un maximum de crainte pendant la période de transition supposée entre son émergence au moment de la mort et son départ ultérieur pour le pays natal des fantômes, vague et primitif concept d’un pseudo-ciel. 87:1.2 Bien que les sauvages aient attribué aux fantômes des pouvoirs surnaturels, ils ne les imaginaient guère doués d’une intelligence surnaturelle. On pratiquait de nombreux stratagèmes et supercheries dans les efforts pour donner le change aux fantômes et les tromper. Les hommes civilisés attachent encore beaucoup de foi à l’espoir qu’une manifestation extérieure de piété trompera de quelque façon une Déité même omnisciente. 87:1.3 Les primitifs craignaient la maladie pour avoir observé qu’elle était souvent annonciatrice de la mort. Si le sorcier-guérisseur de la tribu ne réussissait pas à guérir un individu atteint, on ôtait généralement le malade de la hutte familiale pour l’amener dans une plus petite ou pour le laisser en plein air afin qu’il meure seul. On détruisait habituellement la maison où un décès s’était produit ; sinon, on s’en écartait toujours, et cette peur empêcha les primitifs de construire des demeures durables. Elle milita aussi contre l’établissement de villes et de villages permanents. 87:1.4 Quand un membre du clan mourait, les sauvages veillaient toute la nuit en parlant ; ils craignaient de mourir aussi s’ils s’endormaient à proximité d’un cadavre. La contagion du cadavre justifiait la peur des morts. Tantôt à une époque et tantôt à une autre, tous les peuples ont pratiqué de minutieuses cérémonies de purification destinées à nettoyer un individu après contact avec les morts. Les anciens croyaient qu’il fallait fournir de la lumière à un cadavre. On ne permettait jamais que le corps d’un mort restât dans l’obscurité. Au vingtième siècle, on brule encore des cierges dans les chambres mortuaires, et les hommes veillent encore auprès des morts. Les hommes dits civilisés n’ont pas encore complètement éliminé de leur philosophie de la vie la peur des morts. 87:1.5 Mais, malgré toute cette peur, les hommes cherchaient encore à induire le fantôme en erreur. Si la hutte mortuaire n’avait pas été détruite, on enlevait le cadavre par un trou dans le mur, mais jamais par la porte. On prenait ces mesures pour confondre le fantôme, pour l’empêcher de demeurer sur place et pour s’assurer contre son retour. Ceux qui étaient allés aux funérailles revenaient par un autre chemin de peur que les fantômes ne les suivent. On pratiqua la marche à reculons et des dizaines d’autres tactiques pour s’assurer que le fantôme ne reviendrait pas de la tombe. On échangeait souvent les habits entre sexes pour tromper le fantôme. Les vêtements de deuil furent d’abord destinés à déguiser les survivants et, plus tard, à montrer du respect pour les morts en vue d’apaiser les fantômes. 2. L’apaisement des fantômes 87:2.1 En religion, le programme négatif d’apaisement des fantômes précéda de loin le programme positif de coercition et de supplication des esprits. Les premiers actes humains de culte furent des phénomènes de défense, et non de vénération. Les hommes modernes estiment sage de s’assurer contre l’incendie ; de même les sauvages croyaient que la plus grande sagesse consistait à s’assurer contre la malchance due aux fantômes. Les efforts pour obtenir cette protection furent à l’origine des techniques et des rituels du culte des fantômes. 87:2.2 On a cru jadis que le plus grand désir d’un fantôme était d’être rapidement « enseveli » pour lui permettre de se rendre au pays des morts sans être dérangé. Toute erreur d’exécution, toute omission de la part des vivants dans les actes du rituel pour ensevelir le fantôme devait certainement retarder sa marche vers le pays des fantômes. On croyait que cela déplaisait au fantôme, et l’on supposait qu’un fantôme courroucé était une source de calamités, d’infortunes et de malheurs. 87:2.3 Les funérailles naquirent de l’effort des hommes pour inciter l’âme fantôme à partir pour son futur domicile, et le sermon funèbre fut originellement destiné à instruire le nouveau fantôme sur la manière de s’y rendre. On avait coutume de fournir de la nourriture et des vêtements pour le voyage du fantôme, et ces objets étaient mis dans la tombe ou à proximité. Les sauvages croyaient qu’il fallait de trois jours à un an pour « ensevelir le fantôme » – pour l’écarter du voisinage de la tombe. Les Esquimaux croient encore que l’âme reste attachée au corps pendant trois jours. 87:2.4 Le silence ou le deuil étaient observés après un décès, afin que le fantôme ne soit pas tenté de revenir à la maison. On s’infligeait communément des tortures – des blessures – pour manifester le deuil. Bien des éducateurs évolués essayèrent de mettre fin à cette pratique, mais sans succès. On croyait que le jeûne et d’autres formes de reniement de soi étaient agréables aux fantômes, et que ceux-ci prenaient plaisir au malaise des vivants pendant la période de transition où ils rôdaient avant de partir effectivement pour le pays des morts. 87:2.5 De longues et fréquentes périodes d’inactivité pour cause de deuil furent l’un des grands obstacles au progrès de la civilisation. Des semaines et même des mois de chaque année étaient littéralement gaspillés dans ces deuils improductifs et inutiles. Le fait que l’on embaucha des pleureuses à l’occasion des funérailles indique que le deuil était un rite et non une preuve de tristesse. Les modernes peuvent prendre le deuil par respect des morts et à cause de la perte subie, mais les anciens le faisaient par peur. 87:2.6 Les noms des morts n’étaient jamais prononcés. En fait, ils étaient souvent bannis du langage. Ces noms devinrent tabous, et, de cette manière, les langues furent constamment appauvries. Cela finit par produire une multitude de paroles symboliques et d’expressions figuratives telles que « le nom ou le jour que l’on ne mentionne jamais ». 87:2.7 Les anciens étaient tellement anxieux de se débarrasser d’un fantôme qu’ils lui offraient tout ce qu’il aurait pu désirer durant sa vie. Les fantômes voulaient des femmes et des serviteurs ; un sauvage fortuné s’attendait qu’au moins une femme esclave fût enterrée vivante lors de sa mort. Plus tard, la coutume voulut qu’une veuve se suicidât sur la tombe de son mari. Quand un enfant mourait, on étranglait souvent la mère, une tante ou la grand-mère, pour qu’un fantôme adulte puisse accompagner le fantôme enfant et prendre soin de lui. Ceux qui renonçaient ainsi à la vie le faisaient en général volontairement. En vérité, s’ils avaient vécu en violation de la coutume, leur peur de la colère du fantôme aurait dénué leur vie des rares plaisirs dont les primitifs pouvaient jouir. 87:2.8 Il était coutumier d’expédier ainsi un grand nombre de sujets pour accompagner un chef décédé ; on tuait des esclaves quand leur maitre mourait, afin qu’ils puissent le servir au pays des fantômes. Les indigènes de Bornéo fournissent encore au mort un compagnon messager ; on tue un esclave à la lance pour que le fantôme fasse le voyage avec son maitre décédé. On croyait que les fantômes des personnes assassinées se réjouissaient d’avoir pour esclaves les fantômes de leurs meurtriers ; cette notion conduisit les hommes à se faire chasseurs de têtes. 87:2.9 On supposait que les fantômes aimaient l’odeur de la nourriture ; les offrandes d’aliments aux fêtes funéraires furent jadis universelles. La méthode primitive pour rendre grâces consistait à jeter un morceau de nourriture dans le feu avant le repas en vue d’apaiser les esprits, tout en marmottant une formule magique. 87:2.10 On supposait que les morts employaient les fantômes des outils et des armes qui leur avaient appartenu dans la vie. Briser l’un de ces objets, c’était « le tuer », ce qui libérait son fantôme pour un service au pays des fantômes. On faisait aussi des sacrifices de biens en les brulant ou en les enterrant. Les gaspillages aux anciennes funérailles étaient énormes. Les races ultérieures fabriquèrent des modèles en papier et substituèrent des dessins aux personnes et aux objets réels pour ces sacrifices mortuaires. La civilisation fit un grand progrès quand l’héritage par la famille remplaça l’incendie et l’enterrement des biens. Les Indiens Iroquois effectuèrent de nombreuses réformes dans les gaspillages funéraires, et la conservation des biens leur permit de devenir les plus puissants hommes rouges du Nord. Les hommes modernes ne sont pas censés craindre les fantômes, mais les coutumes sont fortes, et l’on consomme encore beaucoup de richesses terrestres en rites funéraires et en cérémonies mortuaires. 3. Le culte des ancêtres 87:3.1 Le progrès du culte des fantômes rendit inévitable le culte des ancêtres, car il devint le lien entre les fantômes ordinaires et les esprits supérieurs, les dieux en préparation. Les dieux primitifs étaient simplement des humains trépassés et glorifiés. 87:3.2 À son origine, le culte des ancêtres tenait plus de la peur que de l’adoration, mais les croyances correspondantes contribuèrent nettement à répandre davantage la peur des fantômes et leur culte. Les fidèles des cultes primitifs des ancêtres-fantômes craignaient même de bailler, de peur qu’un méchant esprit n’en profite pour s’introduire dans leur corps. 87:3.3 La coutume d’adopter des enfants était destinée à s’assurer que quelqu’un ferait des offrandes après la mort du parent adoptif pour la paix et le progrès de son âme. Le sauvage vivait dans la peur des fantômes de ses semblables et passait son temps disponible à faire des plans pour que son propre fantôme ait son saufconduit après sa mort. 87:3.4 La plupart des tribus instituèrent une fête de toutes-les-âmes au moins une fois par an. Les Romains avaient chaque année douze fêtes des fantômes avec les cérémonies concomitantes. La moitié des jours de l’année était consacrée à diverses cérémonies associées à ces anciens cultes. Un empereur romain tenta de réformer ces pratiques en réduisant à 135 le nombre des jours fériés annuels. 87:3.5 Le culte des fantômes évolua continuellement. À mesure que l’on imagina les fantômes comme passant d’une phase incomplète à une phase supérieure d’existence, leur culte progressa jusqu’à l’adoration d’esprits et même de dieux. Mais, indépendamment des croyances variables à des esprits plus évolués, toutes les tribus et races ont jadis cru aux fantômes. 4. Bons et mauvais esprits fantômes 87:4.1 La peur des fantômes fut la source de toutes les religions du monde. Pendant des âges, de nombreuses tribus restèrent attachées à la vieille croyance à une seule classe de fantômes. Elles enseignaient que l’homme avait de la chance quand le fantôme était content et de la malchance quand il était courroucé. 87:4.2 À mesure que le culte de la peur des fantômes se répandait, arriva la récognition de types d’esprits supérieurs, d’esprits qui n’étaient pas nettement identifiables avec un individu humain. C’étaient des fantômes qualifiés ou glorifiés ayant progressé au-delà du pays des fantômes dans les royaumes supérieurs où résident les esprits. 87:4.3 La notion de deux sortes d’esprits fantômes fit, lentement mais sûrement, son chemin dans le monde entier. Ce nouveau spiritisme de dualité n’eut pas à se répandre de tribu en tribu ; il surgit spontanément partout. La puissance d’une idée qui influence le mental évolutionnaire en expansion ne réside pas dans son caractère réel ou raisonnable, mais plutôt dans la vivacité de son éclat et dans la facilité et la simplicité de son application universelle. 87:4.4 Plus tard encore, l’imagination des hommes envisagea le concept d’agents surnaturels bons et mauvais ; certains fantômes n’évoluaient jamais jusqu’au niveau des bons esprits. Le monospiritisme primitif de la peur des fantômes se transformait graduellement en un double spiritisme, en un nouveau concept du contrôle invisible des affaires terrestres. Enfin, la chance et la malchance furent décrites comme ayant leurs contrôleurs respectifs, et l’on crut qu’entre les deux classes, le groupe qui amenait la malchance était le plus actif et le plus nombreux. 87:4.5 Quand la doctrine des bons et des mauvais esprits parvint finalement à maturité, elle devint la plus répandue et la plus persistante de toutes les croyances religieuses. Ce dualisme représentait une grande avance philosophico-religieuse parce qu’il permettait aux hommes d’expliquer la chance et la malchance tout en croyant à des êtres supramortels dont la conduite était quelque peu logique. On pouvait compter sur les esprits comme étant soit bons soit mauvais, et on ne les croyait plus complètement fantasques comme les premiers fantômes du monospiritisme de la plupart des religions primitives. L’homme était enfin capable de concevoir des forces supra-mortelles ayant une conduite logique ; ce fut l’une des plus importantes découvertes de la vérité dans toute l’histoire de l’évolution de la religion et dans l’expansion de la philosophie humaine. 87:4.6 La religion évolutionnaire a toutefois payé un prix terrible pour le concept du double spiritisme. La philosophie primitive de l’homme n’a pu concilier la constance des esprits avec les vicissitudes de la fortune temporelle qu’en admettant deux sortes d’esprits, l’une bonne et l’autre mauvaise. Cette croyance permit bien à l’homme de concilier les variations du hasard avec un concept de forces supra-mortelles invariantes, mais, depuis lors, cette doctrine a toujours rendu difficile aux personnes religieuses de concevoir l’unité cosmique. En général, les dieux de la religion évolutionnaire ont été opposés aux forces des ténèbres. 87:4.7 La tragédie de tout ceci réside dans le fait qu’au moment où ces idées prenaient corps dans le mental primitif de l’homme, il n’y avait, en réalité, nulle part dans le monde d’esprits mauvais ou inharmonieux. Une telle situation fâcheuse ne se développa qu’après la rébellion de Caligastia, mais elle ne dura que jusqu’à la Pentecôte. Même au vingtième siècle, le concept du bien et du mal en tant que puissances cosmiques de même rang, reste très vivant dans la philosophie humaine. La plupart des religions du monde portent encore cette marque de naissance culturelle datant des jours lointains où émergea le culte des fantômes. 5. La progression du culte des fantômes 87:5.1 Les hommes primitifs envisageaient les esprits et les fantômes comme ayant des droits à peu près illimités, mais aucun devoir. Quant aux esprits, on pensait qu’ils considéraient les hommes comme ayant de multiples devoirs, mais aucun droit. On croyait que les esprits méprisaient les hommes parce que ceux-ci échouaient constamment dans l’accomplissement de leurs devoirs spirituels. L’humanité croyait alors généralement que les fantômes prélevaient un continuel tribut de services comme prix de leur non-interférence dans les affaires humaines. On attribuait la plus petite malchance à des activités de fantômes. Les humains primitifs craignaient tellement d’oublier quelque honneur à rendre aux dieux qu’après avoir fait des sacrifices à tous les esprits connus, ils en faisaient une seconde série aux « dieux inconnus », simplement pour avoir une marge de sécurité complète. 87:5.2 Le simple culte des fantômes fut bientôt suivi par la pratique plus évoluée et relativement complexe du culte des esprits-fantômes, consistant à servir et à adorer les esprits supérieurs tels qu’ils évoluaient dans l’imagination primitive des hommes. Il fallait que le cérémonial religieux marche de pair avec l’évolution et le progrès des esprits. Le culte amplifié n’était que l’art de se préserver, pratiqué en relation avec la croyance à des êtres surnaturels, une adaptation à un environnement d’esprits. Les organisations industrielles et militaires étaient des adaptations à l’environnement naturel et social. De même que le mariage fut établi pour satisfaire les exigences de la bisexualité, de même l’organisation religieuse évolua en réponse à la croyance à des forces d’esprits et à des êtres spirituels supérieurs. La religion représente l’adaptation de l’homme à ses illusions sur le mystère du hasard. La peur des esprits et, plus tard, l’adoration des esprits furent adoptées comme une assurance contre le malheur, comme une politique de prospérité. 87:5.3 Les sauvages imaginent que les bons esprits vaquent à leurs affaires en exigeant peu de chose des êtres humains. Ce sont les mauvais fantômes et les mauvais esprits qu’il faut maintenir de bonne humeur. En conséquence, les peuples primitifs prêtaient plus d’attention à leurs fantômes malveillants qu’aux esprits bienveillants. 87:5.4 Ils supposaient que la prospérité humaine provoquait spécialement l’envie des mauvais esprits, et que leur méthode de représailles consistait à riposter par un agent humain et par la technique du mauvais œil. Pendant la phase où le culte cherchait à éviter les mauvais esprits, on s’occupa beaucoup des machinations du mauvais œil, et la peur du mauvais œil s’étendit presque au monde entier. Les jolies femmes furent voilées pour les protéger contre le mauvais œil ; subséquemment, beaucoup de femmes désireuses d’être considérées comme belles adoptèrent cette pratique. À cause de la peur des mauvais esprits, on permettait rarement aux enfants de sortir après la tombée de la nuit. Les prières primitives incluaient toujours la supplique : « Délivre-nous du mauvais œil. » 87:5.5 Le Coran contient un chapitre entier consacré au mauvais œil et aux envoutements magiques. Les juifs y croyaient totalement. Tout le culte phallique grandit comme une défense contre le mauvais œil. On croyait que les organes de reproduction étaient le seul fétiche capable de le rendre impuissant. Le mauvais œil donna naissance aux premières superstitions concernant les marques prénatales des enfants, les impressions maternelles, et, à un certain moment, ce culte fut à peu près universel. 87:5.6 L’envie est une caractéristique humaine bien enracinée ; c’est pourquoi les primitifs l’attribuèrent à leurs premiers dieux. Puisque les hommes avaient déjà pratiqué la tromperie contre les fantômes, ils ne tardèrent pas à tromper les esprits. Ils dirent : « Puisque les esprits sont jaloux de notre beauté et de notre prospérité, nous allons nous enlaidir et parler à la légère de notre succès. » L’humilité primitive n’était donc pas un avilissement de l’égo, mais plutôt une tentative pour déjouer et tromper les esprits envieux. 87:5.7 Pour empêcher les esprits de jalouser la prospérité humaine, on adopta la méthode d’agonir d’injures un objet préféré ou une personne ayant de la chance. La coutume du dénigrement pour faire des remarques flatteuses sur soi-même ou sur sa famille prit naissance de cette manière et finit par se transformer en modestie, en réserve et en courtoisie dans la civilisation. Pour le même motif, il devint à la mode de paraitre laid. La beauté excitait l’envie des esprits ; elle dénotait un orgueil humain coupable. Les sauvages recherchaient de vilains noms. Ce trait du culte handicapa grandement le progrès des arts et maintint longtemps le monde sombre et laid. 87:5.8 Sous le culte des esprits, la vie était au mieux un jeu de hasard, le résultat du contrôle par les esprits. Votre avenir ne tenait pas à vos efforts, à votre industrie ou à vos talents, sauf dans la mesure où vous pouviez les utiliser pour influencer les esprits. Les cérémonies de propitiation des esprits constituèrent un lourd fardeau et rendirent la vie ennuyeuse et pratiquement insupportable. D’âge en âge et de génération en génération, les races cherchèrent, l’une après l’autre, à améliorer cette doctrine des superfantômes, mais, jusqu’à aujourd’hui, nulle génération n’a encore osé la rejeter complètement. 87:5.9 On étudiait les intentions et la volonté des esprits au moyen de présages, d’oracles et de signes, et l’on interprétait ces messages des esprits par divination, prédictions, magie, ordalies et astrologie. L’ensemble du culte était un plan destiné à apaiser, à satisfaire et à acheter les esprits par cette corruption déguisée. 87:5.10 Ainsi naquit une philosophie mondiale nouvelle et plus étendue basée sur : 87:5.11 1. Le devoir – les choses qu’il faut faire pour garder les esprits dans des dispositions favorables, ou tout au moins neutres. 87:5.12 2. Le bien – la conduite et les cérémonies correctes destinées à ranger activement les esprits du côté de vos intérêts. 87:5.13 3. La vérité – la juste compréhension des esprits et l’attitude correcte envers eux, donc envers la vie et la mort. 87:5.14 Ce n’était pas simplement par curiosité que les anciens cherchaient à connaitre l’avenir ; ils voulaient esquiver la malchance. La divination était simplement une tentative pour éviter les difficultés. À ces époques, on considérait les rêves comme prophétiques, et tout ce qui sortait de l’ordinaire, comme un présage. Aujourd’hui encore, la croyance aux signes, aux gages et aux autres superstitions résiduaires de l’antique culte des fantômes est un fléau pour l’humanité. Les hommes sont lents, bien lents, à abandonner les méthodes par lesquelles ils ont si graduellement et péniblement gravi l’échelle évolutionnaire de la vie. 6. Cœrcition et exorcisme 87:6.1 Quand les hommes ne croyaient qu’aux fantômes, le rituel religieux était plus personnel et moins organisé. La récognition d’esprits plus élevés nécessita l’emploi de « méthodes spirituelles supérieures » pour traiter avec eux. Cette tentative, pour améliorer et approfondir la technique de propitiation, conduisit directement à créer des défenses contre les esprits. En vérité, l’homme se sentait impuissant devant les forces incontrôlables opérant dans la vie terrestre ; son sentiment d’infériorité le poussa à essayer de trouver quelque adaptation compensatrice, quelque technique pour égaliser les chances dans cette lutte unilatérale de l’homme contre le cosmos. 87:6.2 Aux premiers temps du culte, les efforts des hommes pour influencer l’activité des fantômes se limitaient à la propitiation, aux tentatives de corruption pour se débarrasser de la malchance. À mesure que le culte des fantômes évolua pour atteindre le concept des bons aussi bien que des mauvais esprits, ces cérémonies se transformèrent en essais de nature plus positive, en efforts pour avoir de la chance. La religion cessa d’être complètement négativiste, mais l’homme ne s’arrêta pas à l’effort d’obtenir la chance ; il ne tarda pas à faire des plans lui permettant de contraindre les esprits à coopérer. Les religionistes ne furent plus sans défense devant les exigences incessantes des fantasmes d’esprits qu’ils avaient eux-mêmes imaginés. Le sauvage commence à inventer des armes lui permettant de forcer les esprits à agir et de les obliger à les aider. 87:6.3 Les premiers efforts défensifs des hommes furent dirigés contre les fantômes. Avec l’écoulement des âges, les vivants commencèrent à établir des méthodes pour résister aux morts. Pour effrayer et chasser les fantômes, ils inventèrent de nombreuses techniques parmi lesquelles on peut citer les suivantes : 87:6.4 1. Couper la tête et attacher le corps dans le tombeau. 87:6.5 2. Lapider la maison mortuaire. 87:6.6 3. Castrer le cadavre ou lui briser les jambes. 87:6.7 4. Enterrer sous des pierres ; ce fut l’une des origines de la pierre tombale moderne. 87:6.8 5. Incinérer ; ce fut une invention plus tardive pour empêcher le fantôme d’apporter le trouble. 87:6.9 6. Jeter le corps à la mer. 87:6.10 7. Exposer le corps à être mangé par les bêtes sauvages. 87:6.11 On supposait que les fantômes étaient dérangés et effrayés par le bruit, que les cris, les cloches et les tambours les écartaient des vivants. Ces anciennes méthodes sont encore en vogue de nos jours dans les « veillées » mortuaires. On utilisa des décoctions à odeur fétide pour éloigner les esprits importuns. On produisit de hideuses effigies des esprits pour qu’ils fuient à la hâte en voyant leur propre image. On crut que les chiens pouvaient détecter l’approche des esprits et avertir les hommes en hurlant, que les coqs chantaient quand les esprits étaient proches. L’emploi d’un coq comme girouette perpétue cette superstition. 87:6.12 On considérait l’eau comme la meilleure protection contre les fantômes, et l’eau bénite comme supérieure à toutes les autres ; c’était l’eau dans laquelle les prêtres s’étaient lavé les pieds. On crut que le feu et l’eau constituaient des barrières infranchissables pour les fantômes. Les Romains faisaient trois fois le tour d’un cadavre avec de l’eau. Au vingtième siècle, on asperge encore les cercueils avec de l’eau bénite, et le lavage des mains au cimetière fait encore partie du rituel juif. Le baptême fut une caractéristique du rituel ultérieur de l’eau ; les bains primitifs étaient une cérémonie religieuse. C’est seulement à une époque récente que le bain est devenu une pratique d’hygiène. 87:6.13 Mais l’homme ne s’arrêta pas à la coercition des fantômes. Par des rites religieux et d’autres formalités, il essaya bientôt de forcer les esprits à agir. L’exorcisme consistait à employer un esprit pour en contrôler un autre ou le chasser, et l’on utilisa aussi cette tactique pour effrayer les fantômes et les esprits. Le concept du double spiritisme des bonnes et mauvaises forces fournit aux hommes d’amples occasions d’opposer un agent à un autre ; en effet, si un homme fort pouvait en vaincre un plus faible, alors un esprit puissant pouvait certainement dominer un fantôme inférieur. La malédiction primitive était une pratique coercitive destinée à intimider des esprits mineurs. Plus tard, cette coutume se développa, et l’on se mit à maudire ses ennemis. 87:6.14 On crut longtemps qu’en revenant aux usages des mœurs plus anciennes, on pouvait forcer les esprits et les demi-dieux à agir de façon désirable. Les hommes modernes emploient à tort le même procédé. Vous vous adressez les uns aux autres dans le langage ordinaire de tous les jours, mais, quand vous vous mettez à prier, vous avez recours à l’ancien style d’une autre génération, au style dit solennel. 87:6.15 Cette doctrine explique aussi des régressions religieuses-rituelles de nature sexuelle, telles que la prostitution dans les temples. On considérait ces retours à des coutumes primitives comme des protections sûres contre nombre de calamités. Chez ces populations frustes, tous ces agissements étaient entièrement exempts de ce que les modernes appelleraient promiscuité. 87:6.16 Vint ensuite la pratique des vœux rituels, bientôt suivie par les engagements religieux et les serments sacrés. La plupart de ces serments étaient accompagnés de tortures et de mutilations que l’on s’infligeait soi-même, et, plus tard, de jeûnes et de prières. L’abnégation de soi fut considérée ultérieurement comme un coercitif certain ; ce fut spécialement le cas en matière d’abstention sexuelle. C’est ainsi que les hommes primitifs développèrent de bonne heure une austérité marquée dans leurs pratiques religieuses, une croyance à l’efficacité des tortures et des renoncements que l’on s’infligeait soi-même en tant que rites capables de forcer les esprits rétifs à réagir favorablement envers de telles souffrances et privations. 87:6.17 Les hommes modernes n’essayent plus ouvertement de contraindre les esprits, bien qu’ils montrent encore des dispositions à marchander avec la Déité. Ils continuent à jurer, à toucher du bois, à se croiser les doigts et à prononcer une phrase triviale après une expectoration ; jadis, c’était une formule magique. 7. La nature du culte 87:7.1 Le type cultuel d’organisation sociale persista parce qu’il fournissait un symbolisme pour préserver et stimuler les sentiments moraux et les fidélités religieuses. Le culte naquit des traditions des « vieilles familles » et se perpétua comme institution établie. Toutes les familles ont un culte de quelque sorte. Tout idéal inspirant tend à saisir un symbolisme qui le perpétuera – il recherche une technique pour une manifestation culturelle qui assurera sa survivance et accroitra son épanouissement. Le culte parvient à cette fin en stimulant et en satisfaisant l’émotion. 87:7.2 Depuis l’aurore de la civilisation, tout mouvement attirant de culture sociale ou de progrès religieux, a donné naissance à un rituel, à un cérémonial symbolique. Plus ce rituel a grandi inconsciemment, plus son emprise a été forte sur ses fidèles. Le culte a préservé les sentiments et satisfait les émotions, mais il a toujours été le plus grand obstacle à la reconstruction sociale et au progrès spirituel. 87:7.3 Bien que le culte ait toujours retardé le progrès social, il est regrettable que tant de contemporains, croyant aux critères moraux et aux idéaux spirituels, n’aient pas de symbolisme approprié – pas de culte pour se soutenir mutuellement – rien à quoi ils puissent appartenir. Mais un culte religieux ne saurait être fabriqué ; il faut qu’il grandisse. Deux groupes différents n’auront jamais un culte identique, à moins que leurs rituels n’aient été arbitrairement uniformisés par voie autoritaire. 87:7.4 Le culte chrétien primitif fut le plus efficace, le plus attirant et le plus durable de tous les rituels jamais conçus ou imaginés, mais une grande partie de sa valeur a été détruite dans le présent âge scientifique par la destruction de tant de ses principes originels sous-jacents. Le culte chrétien a été dévitalisé par la perte de beaucoup d’idées fondamentales. 87:7.5 Dans le passé, la vérité a grandi rapidement et s’est répandue aisément quand le culte n’était pas rigide et que le symbolisme était extensible. La vérité abondamment répandue et un culte adaptable ont favorisé la rapidité du progrès social. Un culte dépourvu de signification vicie la religion quand il essaye de supplanter la philosophie et d’asservir la raison. Un culte authentique grandit. 87:7.6 Quels que soient les inconvénients et les handicaps, chaque nouvelle révélation de la vérité a donné naissance à un nouveau culte, et même la reformulation de la religion de Jésus doit développer un nouveau symbolisme adéquat. Il faut que les hommes modernes trouvent un symbolisme approprié à leurs nouveaux idéaux, à leurs nouvelles idées et obédiences en expansion. Ce symbole supérieur d’une plus haute civilisation doit surgir de la vie religieuse, de l’expérience spirituelle. Ce symbolisme supérieur d’une plus haute civilisation doit être basé sur le concept de la Paternité de Dieu et contenir le puissant idéal de la fraternité des hommes. 87:7.7 Les anciens cultes étaient trop égocentriques. Le nouveau culte doit résulter de la mise en œuvre de l’amour. Comme les anciens, il doit encourager les sentiments, satisfaire les émotions et promouvoir la fidélité, mais il doit faire davantage. Il faut qu’il facilite les progrès spirituels ; qu’il rehausse les significations cosmiques, augmente les valeurs morales, encourage le développement social et stimule un type élevé de vie religieuse personnelle. Le nouveau culte doit apporter des buts suprêmes de vie à la fois temporels et éternels – sociaux et spirituels. 87:7.8 Aucun culte ne peut durer et contribuer au progrès de la civilisation collective et des accomplissements spirituels individuels, à moins d’être basé sur la signification biologique, sociologique et religieuse du foyer. Un culte qui survit doit symboliser ce qui reste permanent en face des changements incessants, glorifier ce qui unifie le courant des métamorphoses sociales en constante transformation. Il faut qu’il reconnaisse les vraies significations, qu’il exalte les belles relations et qu’il célèbre les bonnes valeurs de la vraie noblesse. 87:7.9 Mais il est fort difficile de trouver un symbolisme nouveau et satisfaisant, parce que les hommes modernes, collectivement, adhèrent à l’attitude scientifique, écartent les superstitions et abhorrent l’ignorance, mais, individuellement, sont tous affamés de mystères et vénèrent l’inconnu. Aucun culte ne peut survivre à moins d’incorporer un mystère magistral et de masquer un but inaccessible digne d’être atteint. En outre, il ne suffit pas que le nouveau symbolisme soit significatif pour le groupe ; il doit aussi avoir un sens pour l’individu. Les formes de tout symbolisme utile doivent être celles que l’individu peut mettre en pratique de sa propre initiative et dont il peut aussi jouir avec ses semblables. Si seulement le nouveau culte pouvait être dynamique au lieu d’être statique, il ferait réellement un apport valable au progrès de l’humanité, à la fois temporellement et spirituellement. 87:7.10 Toutefois un culte – un symbolisme de rites, de slogans ou de buts – ne fonctionnera pas s’il est trop complexe. Et il doit comporter l’exigence de la dévotion, la réponse de la loyauté. Toute religion efficace développe infailliblement un symbolisme valable, et ses fidèles feraient bien d’empêcher que ce rituel ne se cristallise en cérémonies stéréotypées engourdissantes, déformantes et étouffantes ; celles-ci ne peuvent que handicaper et retarder les progrès sociaux, moraux et spirituels. Aucun culte ne peut survivre s’il freine la croissance morale et ne réussit pas à encourager le progrès spirituel. Le culte est le squelette autour duquel se développe le corps vivant et dynamique de l’expérience spirituelle personnelle – la vraie religion. 87:7.11 [Présenté par une Brillante Étoile du Soir de Nébadon.] FASCICULE 88. Fétiches, charmes et magie 88:0.1 Le concept de la pénétration d’un esprit dans un objet inanimé, un animal ou un être humain est une croyance fort ancienne et honorable, ayant prévalu depuis le commencement de l’évolution de la religion. Cette doctrine de possession par un esprit n’est rien de plus ou de moins que le fétichisme. Le sauvage n’adore pas nécessairement le fétiche ; il adore et révère très logiquement l’esprit qui y habite. 88:0.2 Au début, on crut que l’esprit d’un fétiche était le fantôme d’un humain décédé ; plus tard, on supposa que les esprits supérieurs résidaient dans des fétiches. Le culte des fétiches finit ainsi par incorporer toutes les idées primitives sur les fantômes, les âmes, les esprits et la possession par les démons. 1. La croyance aux fétiches 88:1.1 Les hommes primitifs ont toujours éprouvé le besoin de transformer en fétiches toutes les choses extraordinaires ; le hasard donna donc naissance à beaucoup de fétiches. Un homme est malade, quelque chose arrive, et il recouvre la santé. Le même phénomène se vérifie pour la réputation de nombreux médicaments et les méthodes de traitement des maladies au hasard. Des objets liés à des rêves avaient des chances d’être convertis en fétiches. Des volcans, mais non des montagnes, des comètes, mais non des étoiles, devinrent des fétiches. Les hommes primitifs considéraient les étoiles filantes et les météores comme indiquant l’arrivée sur terre d’esprits visiteurs spéciaux. 88:1.2 Les premiers fétiches furent des cailloux portant des marques particulières, et, depuis lors, les hommes ont toujours recherché les « pierres sacrées ». Un collier était jadis une collection de pierres sacrées, une batterie d’amulettes. Bien des tribus eurent des pierres fétiches, mais peu de ces fétiches ont survécu, comme la Kaaba et la pierre de Scone. Le feu et l’eau figurèrent aussi parmi les premiers fétiches, et l’adoration du feu ainsi que la croyance à l’eau bénite survivent encore. 88:1.3 Les arbres fétiches n’apparurent que plus tard, mais, parmi certaines tribus, la persistance de l’adoration de la nature conduisit à croire à des amulettes habitées par certains esprits de la nature. Quand des plantes et des fruits devenaient fétiches, ils étaient tabous comme nourriture. La pomme fut parmi les premières à se ranger dans cette catégorie ; les peuples levantins n’en mangeaient jamais. 88:1.4 Si un animal mangeait de la chair humaine, il devenait un fétiche. C’est ainsi que le chien devint l’animal sacré des Parsis. Si le fétiche est un animal et si le fantôme y réside en permanence, alors le fétichisme peut empiéter sur la réincarnation. Les sauvages enviaient les animaux sous bien des rapports ; ils ne se sentaient pas supérieurs à eux et recevaient souvent le nom de leur bête favorite. 88:1.5 Quand des animaux devinrent fétiches, il s’ensuivit un tabou sur l’absorption de la chair de ces animaux. À cause de leur ressemblance avec les hommes, les singes devinrent, de bonne heure, des animaux fétiches ; plus tard, des serpents, des oiseaux et des porcs furent également considérés comme tels. À une certaine époque, la vache fut un fétiche ; son lait était tabou et ses excréments hautement considérés. Le serpent était vénéré en Palestine, spécialement par les Phéniciens qui, ainsi que les Juifs, le considéraient comme le porte-parole des mauvais esprits. Chez de nombreux peuples modernes, on croit encore au pouvoir de charme des reptiles. Le serpent a été vénéré en Arabie, dans toute l’Inde et jusque chez les hommes rouges avec la danse du serpent de la tribu Moqui. 88:1.6 Certains jours de la semaine étaient des fétiches. Pendant des âges, le vendredi a été considéré comme un jour de malchance et le nombre treize comme mauvais. Les nombres heureux trois et sept vinrent de révélations ultérieures. Le quatre était le chiffre de chance des primitifs, parce qu’ils avaient reconnu de bonne heure les quatre points cardinaux. Ils croyaient que le fait de compter le bétail ou d’autres possessions portait malchance. Les anciens s’opposaient toujours au recensement, au « dénombrement du peuple ». 88:1.7 Les primitifs ne firent pas du sexe un fétiche exagéré ; ils n’accordaient à la fonction reproductrice qu’une attention limitée ; les sauvages avaient des pensées naturelles ; ils n’étaient ni obscènes ni lascifs. 88:1.8 La salive était un puissant fétiche ; on pouvait chasser les démons d’une personne en crachant sur elle. Le plus grand compliment des ainés ou des supérieurs consistait à cracher sur vous. Certaines parties du corps humain furent regardées comme des fétiches potentiels, en particulier les cheveux et les ongles. Les longs ongles des mains des chefs avaient une grande valeur, et leurs rognures constituaient de puissants fétiches. La croyance aux crânes comme fétiches rend compte d’une grande partie de l’activité ultérieure des chasseurs de têtes. Les cordons ombilicaux étaient des fétiches hautement appréciés et le sont encore aujourd’hui en Afrique. Le premier jouet de l’humanité fut un cordon ombilical conservé. Orné de perles comme on le faisait souvent, il fut le premier collier des humains. 88:1.9 Les enfants bossus ou infirmes étaient considérés comme des fétiches. On croyait que les lunatiques avaient été frappés par la lune. Les hommes primitifs ne pouvaient distinguer entre le génie et la folie. Les idiots étaient soit battus à mort, soit révérés comme des personnalités fétiches. L’hystérie confirma de plus en plus la croyance populaire à la sorcellerie ; les épileptiques étaient souvent prêtres ou sorciers-guérisseurs. On regardait l’ivresse comme une forme de possession par un esprit ; quand un sauvage tirait une bordée, il mettait une feuille dans ses cheveux pour désavouer la responsabilité de ses actes. Les poisons et les spiritueux devinrent des fétiches ; ils passaient pour être possédés. 88:1.10 Nombre de personnes considéraient les génies comme des personnalités fétiches possédées par un esprit sage. Ces hommes de talent apprirent bientôt à recourir à la fraude et à des stratagèmes pour servir leurs propres intérêts. On croyait qu’un homme fétiche était plus qu’humain ; il était divin et même infaillible. C’est ainsi que les chefs, rois, prêtres, prophètes et dirigeants d’Église finirent pas disposer d’un grand pouvoir et par exercer une autorité illimitée. 2. L’évolution du fétichisme 88:2.1 On supposait que les fantômes préféraient habiter un objet qui leur avait appartenu pendant leur incarnation. Cette croyance explique l’efficacité de bien des reliques modernes. Les anciens vénéraient toujours les os de leurs chefs, et nombre de personnes regardent encore les ossements de leurs saints et de leurs héros avec une crainte superstitieuse. Même aujourd’hui, on fait des pèlerinages sur la tombe de grands hommes. 88:2.2 La croyance aux reliques est une résultante de l’antique culte des fétiches. Les reliques des religions modernes représentent une tentative pour rationaliser les fétiches des sauvages et les élever à une place digne et respectable dans les systèmes religieux modernes. On considère comme païenne la croyance aux fétiches et à la magie, mais on trouve très bien d’accepter les reliques et les miracles. 88:2.3 Le foyer – l’endroit du feu – devint plus ou moins un fétiche, un lieu sacré. Les sanctuaires et les temples furent d’abord des lieux fétiches parce que les morts y étaient enterrés. La hutte fétiche des Hébreux fut élevée, par Moïse, au niveau d’abri d’un superfétiche, le concept alors existant de la loi de Dieu. Mais les Israélites n’abandonnèrent jamais la croyance spéciale des Cananéens aux autels de pierre : « Et cette pierre que j’ai dressée en stèle sera la maison de Dieu. » Ils croyaient véritablement que l’esprit de leur Dieu habitait dans ces autels de pierre, qui étaient en réalité des fétiches. 88:2.4 Les premières images furent faites pour conserver l’apparence et la mémoire des morts illustres : elles étaient en réalité des monuments. Les idoles furent un raffinement du fétichisme. Les primitifs croyaient qu’une cérémonie de consécration amenait l’esprit à entrer dans l’image. De même, lorsque certains objets étaient bénis, ils devenaient des charmes. 88:2.5 En ajoutant le deuxième commandement à l’ancien code moral de Dalamatia, Moïse fit un effort pour contrôler l’adoration des fétiches parmi les Hébreux. Il leur ordonna soigneusement de ne faire aucune espèce d’image qui puisse être consacrée comme fétiche. Il s’expliqua sans équivoque : « Tu ne feras pas d’image taillée ni aucune reproduction de ce qui est dans les cieux au-dessus, ni sur la terre au-dessous, ni dans les eaux de la terre. » Ce commandement contribua beaucoup à retarder l’art parmi les Juifs, mais il restreignit l’adoration des fétiches. Mais Moïse était trop sage pour essayer de supplanter brusquement les antiques fétiches ; il consentit donc à placer certaines reliques à côté des tables de la loi dans l’arche, qui était la combinaison d’un autel de guerre et d’une châsse religieuse. 88:2.6 Les paroles devinrent finalement des fétiches, plus spécialement celles que l’on considérait comme les paroles de Dieu ; de cette manière, les livres sacrés de bien des religions sont devenus des prisons fétichistes où l’imagination spirituelle des hommes est incarcérée. L’effort même de Moïse contre les fétiches devint un suprême fétiche ; son commandement fut utilisé plus tard pour dénigrer l’art et retarder la jouissance et l’adoration du beau. 88:2.7 Dans les temps très anciens, la parole d’autorité fétiche était une doctrine inspirant la peur, le plus terrible de tous les tyrans qui asservissent les hommes. Un fétiche doctrinal conduira un mortel à se trahir lui-même et à se jeter dans les griffes de la bigoterie, du fanatisme, de la superstition, de l’intolérance et des cruautés barbares les plus atroces. Le respect moderne envers la sagesse et la vérité dénote que l’homme vient seulement d’échapper à la tendance à instaurer des fétiches, qui sévissait jusqu’aux niveaux supérieurs de la pensée et du raisonnement. En ce qui concerne les accumulations d’écrits fétiches que diverses religions tiennent pour des livres sacrés, non seulement les fidèles croient que tout ce qui est dans le livre est vrai, mais aussi que le livre contient toute la vérité. Si, par aventure, l’un de ces livres sacrés parle de la terre comme étant plate, alors, pendant de longues générations, des hommes et des femmes par ailleurs sensés refuseront d’accepter les preuves positives que la planète est ronde. 88:2.8 La pratique d’ouvrir l’un de ces livres sacrés pour laisser l’œil tomber, par hasard, sur un passage dont la mise en œuvre pourrait influencer d’importants projets et des décisions vitales, ne représente ni plus ni moins qu’un fétichisme notoire. Prêter serment sur un « livre saint », ou jurer par quelque objet suprêmement vénéré, constitue une forme de fétichisme raffiné. 88:2.9 Par contre, il y a progrès évolutionnaire réel quand on passe de la peur fétichiste des rognures d’ongles d’un chef de sauvages à l’adoration d’une superbe collection de lettres, de lois, de légendes, d’allégories, de mythes, de poèmes et de chroniques ; après tout, ceux-ci reflètent une sagesse morale séculaire passée au crible, au moins jusqu’à l’époque de leur assemblage sous la forme d’un « livre sacré ». 88:2.10 Pour devenir des fétiches, il fallait que les paroles fussent considérées comme inspirées. L’invocation d’écrits que l’on supposait d’inspiration divine conduisit directement à établir l’autorité de l’Église, tandis que l’évolution des formes civiles conduisit à l’épanouissement de l’autorité de l’État. 3. Le totémisme 88:3.1 Le fétichisme se retrouvait dans tous les cultes primitifs depuis la toute première croyance aux pierres sacrées, en passant par l’idolâtrie, le cannibalisme et l’adoration de la nature, jusqu’au totémisme. 88:3.2 Le totémisme est une combinaison d’observances sociales et religieuses. Originellement, on croyait s’assurer des provisions de nourriture en respectant l’animal totem dont on se supposait le descendant biologique. Les totems étaient à la fois les symboles des groupes et leur dieu. Ce dieu était le clan personnifié. Le totémisme fut une phase des tentatives pour rendre sociale la religion, qui autrement est personnelle. Le totem évolua finalement pour devenir le drapeau, ou symbole national des divers peuples modernes. 88:3.3 Un sac fétiche, un sac à médicaments, était une bourse contenant un honorable assortiment d’articles imprégnés de fantômes. Le sorcier-guérisseur de jadis ne laissait jamais son sac, symbole de son pouvoir, toucher le sol. Les peuples civilisés du vingtième siècle veillent à ce que leurs drapeaux, emblèmes de la conscience nationale, ne touchent pas non plus le sol. 88:3.4 Les insignes des charges sacerdotales et royales furent finalement considérés comme des fétiches. Le fétiche de l’État suprême a passé par de nombreuses phases de développement, du clan à la tribu, de la suzeraineté à la souveraineté, du totem au drapeau. Des rois fétiches ont régné par « droit divin », et bien d’autres formes de gouvernement ont prévalu. Les hommes ont aussi fait un fétiche de la démocratie – l’exaltation et l’adoration des idées des hommes du commun quand on les qualifie collectivement « d’opinion publique ». On ne considère pas que l’opinion d’un homme prise isolément ait une grande valeur, mais, quand beaucoup d’hommes agissent collectivement en démocratie, le même jugement médiocre est tenu pour être l’arbitre de la justice et le critère de la droiture. 4. La magie 88:4.1 Les hommes civilisés attaquent, par la science, les problèmes d’un milieu réel. Les sauvages essayaient de résoudre, par la magie, les problèmes réels d’un milieu illusoire de fantômes. La magie était la technique par laquelle on manipulait le milieu hypothétique d’esprits dont les machinations expliquaient interminablement l’inexplicable ; c’était l’art d’obtenir la coopération volontaire des esprits et de les contraindre à apporter leur aide involontaire par l’emploi de fétiches ou d’autres esprits plus puissants. 88:4.2 L’objet de la magie, de la sorcellerie et de la nécromancie était double : 88:4.3 1. Pénétrer l’avenir par clairvoyance. 88:4.4 2. Influencer favorablement le milieu. 88:4.5 Les buts de la science sont identiques à ceux de la magie. L’humanité progresse de la magie à la science, non par la méditation et la raison, mais plutôt graduellement et péniblement par une longue expérience. L’homme avance à reculons dans la vérité ; il commence dans l’erreur, progresse dans l’erreur et atteint finalement le seuil de la vérité. C’est seulement avec l’arrivée de la méthode scientifique que l’homme s’est pris à marcher en regardant devant lui. Mais l’homme primitif devait expérimenter ou périr. 88:4.6 La fascination des superstitions primitives fut la mère de la curiosité scientifique ultérieure. Il y avait, dans ces superstitions primitives, une émotion dynamique progressiste – la peur ajoutée à la curiosité ; l’ancienne magie avait une force motrice progressiste. Ces superstitions représentaient l’émergence du désir humain de connaitre et de contrôler le milieu planétaire. 88:4.7 Si la magie prit une telle emprise sur les sauvages, c’est parce qu’ils ne pouvaient saisir le concept de la mort naturelle. L’idée ultérieure du péché originel aida beaucoup à affaiblir l’emprise de la magie sur la race, parce qu’elle expliquait la mort naturelle. À une certaine époque, il n’était pas rare de voir dix personnes innocentes mises à mort parce qu’on leur attribuait la responsabilité d’une seule mort naturelle. C’est l’une des raisons pour lesquelles les anciens peuples ne se sont pas multipliés plus rapidement, et cela est encore vrai chez certaines tribus africaines. L’accusé confessait généralement sa culpabilité, même s’il était menacé de mort. 88:4.8 La magie est naturelle pour un sauvage. Il croit que l’on peut effectivement tuer un ennemi par des pratiques de sorcellerie sur ses cheveux coupés ou sur ses rognures d’ongles. Les morts par morsures de serpents étaient attribuées à la magie du sorcier. Le fait que les gens peuvent mourir de peur rend difficile de combattre la magie. Les peuples primitifs craignaient tellement la magie qu’elle avait réellement un effet mortel, et ce résultat était suffisant pour justifier cette croyance erronée. En cas d’échec, on donnait toujours une explication plausible ; le remède à une magie défectueuse était un supplément de magie. 5. Les charmes magiques 88:5.1 Puisque tout objet lié au corps était susceptible de devenir un fétiche, la magie la plus primitive s’occupa des cheveux et des ongles. Le secret accompagnant les éliminations corporelles naquit de la peur qu’un ennemi puisse s’emparer d’un dérivé du corps et l’employer pour une magie préjudiciable. En conséquence, tout excrément corporel était soigneusement enterré. On s’abstint de cracher en public par peur de laisser utiliser la salive à une magie nuisible ; les crachats étaient toujours recouverts. Même les restes de nourriture, les vêtements et les ornements pouvaient devenir des instruments de magie. Les sauvages ne laissaient jamais de restes de leurs repas sur la table ; et tout ceci était fait par peur qu’un ennemi ne les emploie dans des rites magiques, et non parce qu’ils appréciaient la valeur hygiénique de cette pratique. 88:5.2 Les charmes magiques étaient composés d’une grande variété de choses : chair humaine, griffes de tigre, dents de crocodile, graines de plantes vénéneuses, venin de serpent et cheveux humains. Les os des morts étaient très magiques. Même la poussière des traces de pas pouvait être utilisée en magie. Les anciens croyaient beaucoup aux charmes d’amour. Le sang et d’autres formes de sécrétions corporelles étaient capables d’assurer l’influence magique de l’amour. 88:5.3 On supposait que les images étaient efficaces en magie. On faisait des effigies et, quand on les traitait mal ou bien, on croyait que les mêmes effets atteignaient la personne réelle. En faisant des achats, les personnes superstitieuses mâchaient un morceau de bois dur pour attendrir le cœur du vendeur. 88:5.4 Le lait d’une vache noire était hautement magique, ainsi que les chats noirs. Le bâton ou la baguette étaient magiques au même titre que les tambours, les cloches et les nœuds. Tous les objets anciens étaient des charmes magiques. Les pratiques d’une civilisation nouvelle ou supérieure étaient regardées avec défaveur à cause de leur prétendue mauvaise nature magique. Les écrits, les imprimés et les images furent longtemps considérés sous cet angle. 88:5.5 Les hommes primitifs croyaient qu’il fallait traiter les noms avec respect, spécialement les noms des dieux. On considérait le nom comme une entité, une influence distincte de la personnalité physique ; il était tenu dans la même estime que l’âme et l’ombre. On donnait son nom en gage pour un emprunt ; un homme ne pouvait plus utiliser son nom avant de l’avoir racheté en remboursant l’emprunt. Aujourd’hui, on signe son nom sur une reconnaissance de dette. Le nom des personnes ne tarda pas à prendre de l’importance en magie. Les sauvages avaient deux noms ; le principal était considéré comme trop sacré pour être utilisé dans les occasions ordinaires, d’où le second nom ou nom de tous les jours – un surnom. Un sauvage ne disait jamais son vrai nom à des étrangers. Toute expérience de nature insolite l’amenait à changer de nom ; quelquefois c’était un effort pour guérir une maladie ou arrêter la malchance. Il pouvait obtenir un nouveau nom en l’achetant au chef de la tribu ; les modernes investissent encore des capitaux dans des titres et des grades. Mais, chez les tribus les plus primitives, telles que les Boshimans d’Afrique, les noms individuels n’existent pas. 6. La pratique de la magie 88:6.1 La magie fut pratiquée par l’emploi de baguettes, de rituels « médicaux » et d’incantations. Les guérisseurs avaient l’habitude de travailler dévêtus. Parmi les magiciens primitifs, les femmes étaient plus nombreuses que les hommes. En magie, « médecine » signifie mystère, et non traitement. Les sauvages ne se soignaient jamais eux-mêmes ; ils ne prenaient jamais de médicaments autrement que sur l’avis des spécialistes en magie. Les docteurs vaudous du vingtième siècle représentent typiquement les magiciens de jadis. 88:6.2 La magie avait une phase publique et une phase privée. Celle qu’accomplissaient le sorcier-guérisseur, le chaman ou le prêtre était supposée être destinée au bien de toute la tribu. Les sorcières, les sorciers et les magiciens dispensaient la magie privée, la magie personnelle et égoïste employée comme méthode coercitive pour amener le mal sur les ennemis. Le concept du spiritisme duel, des bons et des mauvais esprits, donna naissance aux croyances ultérieures à la magie blanche et à la magie noire. À mesure que la religion évolua, chacun appliqua le terme de magie aux opérations d’esprits étrangères à son propre culte, et l’on s’en servit aussi pour désigner les croyances plus anciennes aux fantômes. 88:6.3 Les combinaisons de mots, le rituel des chants et des incantations, étaient hautement magiques. Certaines incantations primitives se transformèrent finalement en prières. La magie imitative fut bientôt pratiquée ; les prières furent exprimées par des actes ; les danses magiques n’étaient rien d’autre que des prières mises en scène. La prière remplaça graduellement la magie en tant qu’associée aux sacrifices. 88:6.4 Étant plus anciens que la parole, les gestes étaient d’autant plus sacrés et magiques, et l’on crut que le mimétisme avait un fort pouvoir magique. Les hommes rouges mettaient souvent en scène une danse du bison, dans laquelle l’un d’eux jouait le rôle d’un bison, se faisait attraper et assurait ainsi le succès de la chasse imminente. Les festivités sexuelles du 1er mai étaient simplement une magie imitative, un appel suggestif aux passions sexuelles du monde végétal. La poupée fut d’abord employée comme un talisman magique par les épouses stériles. 88:6.5 La magie fut la branche de l’arbre religieux évolutionnaire qui porta finalement le fruit d’un âge scientifique. La croyance à l’astrologie conduisit au développement de l’astronomie ; la croyance à la pierre philosophale conduisit à la maitrise des métaux, tandis que la magie des nombres fonda la science des mathématiques. 88:6.6 Mais un monde aussi rempli de charmes contribua beaucoup à détruire toute ambition et toute initiative personnelles. Les fruits du travail supplémentaire ou de la diligence étaient regardés comme magiques. Si un homme avait, dans son champ, plus de grain que son voisin, il pouvait être trainé devant le chef et accusé d’avoir attiré ce surplus de grain hors du champ de son voisin indolent. En vérité, au temps de la barbarie, il était dangereux d’en savoir trop long ; on risquait toujours d’être exécuté comme praticien de l’art noir. 88:6.7 Graduellement, la science enlève à la vie le caractère de jeu de hasard. Mais, si les méthodes modernes d’éducation échouaient, il se produirait un retour presque immédiat aux croyances primitives à la magie. Ces superstitions s’attardent encore dans le mental de bien des personnes dites civilisées. Le langage contient de nombreuses expressions fossiles témoignant que la race a longtemps croupi dans la magie superstitieuse, expressions telles que : envoutements, mauvaise étoile, possession, inspiration, faire disparaitre par enchantement, ingéniosité, enchanteur, tombé des nues et étonné. Des êtres intelligents croient encore à la bonne chance, au mauvais oeil et à l’astrologie. 88:6.8 La magie ancienne fut la chrysalide de la science moderne, indispensable en son temps, mais désormais inutile. Et ainsi les chimères de la superstition ignorante agitèrent le mental primitif des hommes jusqu’à ce que les concepts de la science aient pu naitre. Aujourd’hui, Urantia est à mi-chemin de cette évolution intellectuelle. La moitié du monde est avide de la lumière de la vérité et des faits de la découverte scientifique, tandis que l’autre moitié languit sous l’emprise des anciennes superstitions et d’une magie à peine déguisée. 88:6.9 [Présenté par une Brillante Étoile du Soir de Nébadon.] FASCICULE 89. Péché, sacrifice et expiation 89:0.1 L’homme primitif se considérait comme endetté vis-à-vis des esprits, comme ayant besoin de rédemption. Du point de vue des sauvages sur la justice, les esprits auraient pu leur envoyer beaucoup plus de malchance. Avec l’écoulement du temps, ce concept se transforma en doctrine du péché et du salut. On considérait l’âme comme venant au monde avec un passif – le péché originel. Il fallait racheter l’âme, fournir un bouc émissaire. Les chasseurs de têtes, outre qu’ils pratiquaient le culte de l’adoration des crânes, pouvaient fournir un remplaçant pour leur propre vie, un bouc émissaire. 89:0.2 Très tôt les sauvages furent imbus de la notion selon laquelle les esprits prennent une satisfaction suprême à contempler la misère, les souffrances et l’humiliation humaines. Tout d’abord les hommes ne s’occupèrent que du péché de commission, mais ensuite ils se préoccupèrent du péché d’omission. Et tout le système subséquent des sacrifices se développa autour de ces deux idées. Ce nouveau rituel se rapportait à l’observance des cérémonies propitiatoires du sacrifice. Les primitifs croyaient qu’il fallait faire quelque chose de spécial pour gagner la faveur des dieux ; seule une civilisation évoluée reconnait un Dieu bienveillant et d’humeur égale. La propitiation était une assurance contre la malchance immédiate plutôt qu’un investissement pour une félicité future. Les rituels d’évitement, d’exorcisme, de coercition et de propitiation se fondent tous les uns dans les autres. 1. Le tabou 89:1.1 L’observance d’un tabou était l’effort de l’homme pour esquiver la malchance en s’abstenant de quelque chose, pour éviter d’offenser les esprits fantômes. Tout d’abord, les tabous ne furent pas religieux, mais ils acquirent de bonne heure la sanction des fantômes et des esprits ; quand ils furent ainsi renforcés, ils devinrent des législateurs et des bâtisseurs d’institutions. Le tabou est la source des normes cérémonielles et l’ancêtre de la maitrise de soi primitive. Il fut la première forme de réglementation sociale et, pendant longtemps, la seule ; il est encore un facteur fondamental de la structure sociale régulatrice. 89:1.2 Le respect que ces prohibitions inspiraient au mental des sauvages était exactement proportionnel à leur peur des pouvoirs censés imposer ces prohibitions. Les tabous naquirent tout d’abord d’expériences malheureuses dues au hasard ; plus tard, ils furent proposés par des chefs et des chamans – hommes fétiches que l’on croyait dirigés par un esprit fantôme, voire par un dieu. La peur du châtiment par les esprits est si vive dans le mental des primitifs qu’ils meurent parfois de frayeur lorsqu’ils ont violé un tabou ; ces épisodes dramatiques renforcent énormément l’emprise du tabou sur le mental des survivants. 89:1.3 Parmi les premières prohibitions se trouvaient les restrictions sur l’appropriation des femmes et d’autres biens. À mesure que la religion joua un rôle croissant dans l’évolution du tabou, l’article frappé d’interdit fut considéré comme impur, puis comme impie. Les annales des Hébreux sont remplies de mentions concernant des choses pures et impures, saintes et impies, mais les croyances des Hébreux dans ce sens étaient beaucoup moins encombrantes et étendues que chez maints autres peuples. 89:1.4 Les sept commandements de Dalamatia et d’Éden, ainsi que les dix commandements des Hébreux, étaient des tabous précis, tous exprimés dans la même forme négative que les plus anciennes prohibitions ; mais ces nouveaux codes avaient une véritable valeur émancipatrice en ce sens qu’ils remplaçaient des milliers de tabous préexistants. De plus, ces commandements plus tardifs promettaient catégoriquement quelque chose en récompense de l’obéissance. 89:1.5 Les tabous primitifs sur la nourriture naquirent du fétichisme et du totémisme. Le porc était sacré pour les Phéniciens, la vache pour les Hindous. Le tabou égyptien sur la viande de porc a été perpétué par la foi hébraïque et islamique. Une variante du tabou sur la nourriture était la croyance qu’une femme enceinte pouvait tellement penser à un certain aliment que l’enfant, lors de sa naissance, serait le reflet de cet aliment, lequel serait alors tabou pour lui. 89:1.6 Les manières de manger devinrent taboues de bonne heure, d’où l’étiquette de table ancienne et moderne. Les systèmes de castes et les niveaux sociaux sont des vestiges d’antiques prohibitions. Les tabous furent très efficaces pour organiser la société, mais ils étaient terriblement pesants ; le système d’interdit négatif maintenait non seulement des règles utiles et constructives, mais aussi des tabous périmés, désuets et inutiles. 89:1.7 Il n’y aurait cependant pas de société civilisée pour critiquer l’homme primitif sans ces tabous nombreux et variés, et les tabous n’auraient jamais persisté s’ils n’avaient été soutenus par l’approbation et la sanction de la religion primitive. Nombre de facteurs essentiels dans l’évolution humaine ont été extrêmement onéreux, ont couté d’immenses trésors d’efforts, de sacrifices et de renoncements ; mais ces accomplissements de la maitrise de soi furent les véritables échelons sur lesquels l’homme a gravi l’échelle ascendante de la civilisation. 2. Le concept du péché 89:2.1 La peur du hasard et la crainte de la malchance poussèrent littéralement les hommes à inventer la religion primitive comme une assurance supposée contre ces calamités. Partant de la magie et des fantômes, et passant par les esprits et les fétiches, la religion évolua jusqu’aux tabous. Chaque tribu primitive avait son arbre au fruit défendu, littéralement la pomme, mais, au figuré, consistant en un millier de branches pendantes, lourdes de toutes sortes de tabous. L’arbre défendu disait toujours : « Tu ne feras pas. » 89:2.2 Quand le mental du sauvage évolua au point d’imaginer à la fois de bons et de mauvais esprits, et quand le tabou reçut la sanction solennelle de la religion évoluante, la scène fut toute prête pour l’apparition de la nouvelle conception, celle du péché. L’idée du péché était universellement établie dans le monde bien avant que la religion révélée y pénétrât. Seul le concept du péché permit à la mort naturelle de devenir logique pour le mental primitif. Le péché était la transgression du tabou, et la mort était le châtiment du péché. 89:2.3 Le péché était rituel, et non rationnel ; un acte et non une pensée. Et l’ensemble de ce concept du péché était entretenu par ce qui persistait des traditions de Dilmun et de l’époque d’un petit paradis sur terre. La tradition d’Adam et du Jardin d’Éden prêtait également substance au rêve d’un ancien « âge d’or » à l’aurore des races. Tout ceci confirmait les idées qui s’exprimèrent plus tard par la croyance que l’homme avait son origine dans une création spéciale, qu’il avait débuté parfait dans sa carrière, et que la transgression des tabous – le péché – l’avait rabaissé à son triste sort ultérieur. 89:2.4 La violation habituelle d’un tabou devint un vice ; la loi primitive fit du vice un crime ; la religion en fit un péché. Chez les tribus primitives, la violation d’un tabou était un crime et un péché conjugués. Une calamité atteignant la communauté était toujours considérée comme une punition pour un péché de la tribu. Pour ceux qui croyaient que la prospérité va de pair avec la droiture, la prospérité apparente des méchants causa tant de soucis qu’il devint nécessaire d’inventer des enfers pour punir les violateurs de tabous. Le nombre de ces lieux de châtiments futurs a varié de un à cinq. 89:2.5 L’idée de confession et de pardon apparut de bonne heure dans la religion primitive. Les hommes demandaient pardon dans une réunion publique pour des péchés qu’ils avaient l’intention de commettre la semaine suivante. La confession était simplement un rite de rémission, et aussi une notification publique de souillure, un rituel pour crier « impur, impur ! ». Suivaient ensuite toutes les formes rituelles de purification. Tous les peuples de l’antiquité pratiquèrent ces cérémonies dépourvues de sens. Bien des coutumes, apparemment hygiéniques, des tribus primitives étaient surtout cérémonielles. 3. Renoncement et humiliation 89:3.1 Le renoncement fut l’étape suivante de l’évolution religieuse ; on pratiquait couramment le jeûne. Bientôt s’établit la coutume de s’abstenir de nombreuses formes de plaisir physique, spécialement de nature sexuelle. Le rituel du jeûne était profondément enraciné dans nombre de religions anciennes ; et il a été transmis pratiquement à tous les systèmes modernes de pensée théologique. 89:3.2 Juste à l’époque où les barbares commençaient à renoncer au gaspillage consistant à bruler et à enterrer des biens avec les morts, au moment où la structure économique des races commençait à prendre forme, cette nouvelle doctrine religieuse du renoncement fit son apparition, et des dizaines de milliers d’âmes sérieuses se mirent à briguer la pauvreté. Les biens furent considérés comme un handicap spirituel. Cette notion des dangers spirituels accompagnant la possession des biens matériels fut largement entretenue à l’époque de Philon et de Paul, et, depuis lors, elle a toujours notablement influencé la philosophie européenne. 89:3.3 La pauvreté était simplement une partie du rituel de mortification de la chair, qui, malheureusement, s’incorpora dans les écrits et les enseignements de nombre de religions, notamment du christianisme. La pénitence est la forme négative de ce rituel, souvent stupide, de renonciation. Mais tout cela enseigna la maitrise de soi aux primitifs, et ce fut un progrès vraiment valable dans l’évolution sociale. La négation de soi et la maitrise de soi comptèrent parmi les plus grands gains sociaux provenant de la religion évolutionnaire primitive. La maitrise de soi apporta à l’homme une nouvelle philosophie de vie ; elle lui enseigna l’art d’accroitre sa fraction de vie en diminuant le dénominateur d’exigences personnelles au lieu de toujours essayer d’augmenter le numérateur de satisfactions égoïstes. 89:3.4 Ces anciennes idées de discipline de soi-même englobaient la flagellation et toutes sortes de tortures physiques. Les prêtres du culte de la mère étaient spécialement actifs pour enseigner la vertu des souffrances physiques ; ils donnaient l’exemple en se soumettant à la castration. Les Hébreux, les Hindous et les Bouddhistes étaient de fidèles adeptes de cette doctrine d’humiliation physique. 89:3.5 Durant toute l’antiquité, les hommes cherchèrent, par ce moyen, à bénéficier, sur le grand livre de la négation de soi tenu par leurs dieux, d’un supplément de crédit dû à leur renoncement. Il fut jadis coutumier, quand on éprouvait certaines tensions émotionnelles, de faire le vœu de renoncer à soi et de se torturer. Avec le temps, ces vœux prirent la forme de contrats avec les dieux. En se sens, ils représentaient un véritable progrès évolutionnaire, car les dieux étaient censés faire quelque chose de précis en récompense de cette torture et de cette mortification de la chair. Les vœux étaient aussi bien négatifs que positifs. Aujourd’hui c’est aux Indes, parmi certains groupes, que l’on observe le mieux des serments de nature aussi extrême et nuisible. 89:3.6 Il était bien naturel que le culte du renoncement et de l’humiliation prêtât attention aux satisfactions sexuelles. Le culte de la continence prit naissance comme un rituel parmi les soldats qui allaient se lancer dans la bataille ; plus tard, il devint la pratique des « saints ». Ce culte tolérait le mariage en le considérant comme un mal moindre que la fornication. Nombres de grandes religions du monde ont été défavorablement influencées par cet ancien culte, mais aucune plus notoirement que le christianisme. L’apôtre Paul en était un adepte, et ses vues personnelles se reflètent dans les enseignements qu’il introduisit dans la théologie chrétienne : « Il est bon pour un homme de ne pas toucher de femme. » « Je voudrais que tous les hommes fussent comme moi-même. » « Je dis donc aux célibataires et aux veuves de demeurer comme moi. » Paul savait bien que ces enseignements ne faisaient pas partie de l’évangile de Jésus, et il le reconnait en disant : « Je dis ceci par permission et non par commandement. » Mais ce culte conduisit Paul à mépriser les femmes. Le malheur est que ses opinions personnelles ont longtemps influencé les enseignements d’une grande religion du monde. Si le conseil de l’éducateur fabricant de tentes était littéralement et universellement suivi, la race humaine prendrait fin d’une manière soudaine et peu glorieuse. En outre, le fait de mêler une religion aux anciens cultes de continence conduit directement à la guerre contre le mariage et le foyer, qui sont les véritables fondations de la société et les institutions de base du progrès humain. Il n’y a rien d’étonnant à ce que ces croyances aient favorisé la formation de prêtrises pratiquant le célibat dans les nombreuses religions de divers peuples. 89:3.7 Un jour, l’homme devra apprendre à jouir de la liberté sans licence, de la nourriture sans gloutonnerie et du plaisir sans débauche. La maitrise de soi est une meilleure politique humaine pour régler sa conduite que l’extrême reniement de soi. Jésus n’a d’ailleurs jamais enseigné ces points de vue déraisonnables à ses disciples. 4. Les origines du sacrifice 89:4.1 Le sacrifice en tant que partie des dévotions religieuses, comme beaucoup d’autres rituels d’adoration, n’eut pas une origine simple et unique. La tendance à s’incliner devant le pouvoir et à se prosterner en adoration respectueuse en présence d’un mystère est préfigurée par le chien qui se couche devant son maitre. Il n’y a qu’un pas entre l’impulsion à adorer et l’acte du sacrifice. L’homme primitif mesurait la valeur de son sacrifice à la douleur qu’il ressentait. Lorsque l’idée de sacrifice s’attacha pour la première fois au cérémonial religieux, on n’envisagea pas d’offrande sans accompagnement de souffrances. Les premiers sacrifices furent des actes tels que celui de s’arracher les cheveux, se taillader la chair, se mutiler, se casser les dents et se couper les doigts. Avec l’avance de la civilisation, ces concepts grossiers du sacrifice furent élevés au niveau des rituels d’abnégation de soi, d’ascétisme, de jeûne, de privations et, plus tard, de la doctrine chrétienne de sanctification par les chagrins, les souffrances et la mortification de la chair. 89:4.2 Tôt dans l’évolution de la religion, il exista deux conceptions du sacrifice : l’idée de sacrifier des offrandes, qui impliquait l’attitude d’action de grâces, et le sacrifice pour la dette, qui englobait l’idée de rédemption. La notion de substitution se développa plus tard. 89:4.3 Plus tard encore, l’homme conçut que son sacrifice, quelle qu’en fût la nature, pouvait servir de messager auprès des dieux ; il pouvait faire l’effet d’une odeur agréable dans les narines de la déité. Cela amena l’usage de l’encens et les autres notes esthétiques des rituels de sacrifice ; ceux-ci se transformèrent avec le temps en festoiements sacrificiels qui devinrent de plus en plus minutieux et ornés. 89:4.4 Avec l’évolution de la religion, les rituels sacrificiels de conciliation et de propitiation remplacèrent les anciennes méthodes d’évitement, d’apaisement et d’exorcisme. 89:4.5 L’idée initiale du sacrifice fut celle d’un impôt de neutralité perçu par les esprits ancestraux ; l’idée d’expiation se développa seulement plus tard. À mesure que les hommes s’écartaient de la notion d’une origine évolutionnaire pour la race, à mesure que les traditions de l’époque du Prince Planétaire et du séjour d’Adam étaient filtrées par le temps, le concept du péché et du péché originel se répandit. Ainsi, le sacrifice pour un péché accidentel et personnel se transforma par évolution en la doctrine du sacrifice pour expier le péché de la race. L’expiation sacrificielle était un expédient d’assurance générale qui couvrait tout, même la rancune et la jalousie d’un dieu inconnu. 89:4.6 Entouré de tant d’esprits susceptibles et de dieux rapaces, l’homme primitif était en face d’une telle armée de déités créancières qu’il fallait tous les prêtres, le rituel et les sacrifices pendant une vie entière pour le tirer de ses dettes spirituelles. La doctrine du péché originel, ou culpabilité raciale, faisait débuter chaque personne avec une dette sérieuse envers les pouvoirs spirituels. 89:4.7 Les hommes reçoivent des cadeaux et des pots-de-vin, mais, quand on en offre aux dieux, on les décrit comme étant consacrés, rendus sacrés ou bien on les appelle sacrifices. Le renoncement était la forme négative de la propitiation ; le sacrifice en devint la forme positive. L’acte de propitiation incluait la louange, la glorification, la flatterie et même le divertissement. Ce sont les reliquats de ces pratiques positives de l’antique culte de propitiation qui constituent les formes modernes d’adoration divine. Celles-ci sont simplement la transformation, en rites, des anciennes techniques sacrificielles de la propitiation positive. 89:4.8 Le sacrifice d’un animal avait, pour les hommes primitifs, une signification bien plus grande qu’il n’en peut avoir pour les races modernes. Ces barbares considéraient les animaux comme leurs proches parents effectifs. Avec l’écoulement du temps, l’homme devint astucieux dans ses sacrifices et cessa d’offrir ses animaux de travail. Au début, il sacrifiait le meilleur de tout, y compris ses animaux domestiques. 89:4.9 Un certain souverain égyptien ne se vantait pas lorsqu’il affirmait avoir sacrifié 113 433 esclaves, 493 386 têtes de bétail, 88 bateaux, 2 756 statuettes d’or, 331 702 jarres de miel et d’huile, 228 380 jarres de vin, 680 714 oies, 6 744 428 miches de pain et 5 740 352 sacs de grain. Pour en arriver là, il fallait qu’il eût prélevé de cruels impôts sur ses sujets soumis à un travail pénible. 89:4.10 La simple nécessité poussa finalement ces demi-sauvages à manger la partie matérielle des créatures sacrifiées, les dieux ayant bénéficié de leur âme. Cette coutume trouva sa justification sous le prétexte de l’ancien repas sacré, un service de communion d’après les usages modernes. 5. Sacrifices et cannibalisme 89:5.1 Les idées modernes sur le cannibalisme primitif sont entièrement fausses ; le cannibalisme faisait partie des mœurs de la société primitive. Alors qu’il est traditionnellement horrible pour la civilisation moderne, il était un élément de la structure sociale et religieuse de la société primitive. Des intérêts collectifs dictèrent la pratique du cannibalisme. Il se développa sous la pression de la nécessité et persista parce que les hommes étaient esclaves de la superstition et de l’ignorance. Il était une coutume sociale, économique, religieuse et militaire. 89:5.2 L’homme primitif était un cannibale ; il aimait la chair humaine, et c’est pourquoi il l’offrait comme un don de nourriture aux esprits et à ses dieux primitifs. Puisque les esprits fantômes étaient simplement des hommes modifiés, et puisque la nourriture était le principal besoin de l’homme, alors la nourriture devait aussi être le plus grand besoin d’un esprit. 89:5.3 Le cannibalisme fut jadis à peu près universel parmi les races en évolution. Les Sangiks étaient tous cannibales, mais, à l’origine, les Andonites, les Nodites et les Adamites ne l’étaient pas ; les Andites non plus jusqu’à ce qu’ils se soient exagérément mêlés aux races évolutionnaires. 89:5.4 Le gout pour la chair humaine grandit. Inaugurée par la faim, l’amitié, la revanche ou le rituel religieux, l’absorption de chair humaine devient un cannibalisme habituel. Elle naquit par suite de la pénurie de nourriture, bien que cette pénurie en fût rarement le motif sous-jacent. Cependant, les Esquimaux et les premiers Andonites s’adonnaient rarement au cannibalisme, sauf en période de famine. Les hommes rouges, spécialement en Amérique centrale, étaient cannibales. Les mères primitives eurent jadis l’habitude générale de tuer et de manger leurs propres enfants en vue de renouveler la force qu’elles avaient perdue lors de la parturition. Au Queensland, il arrive encore souvent que le premier-né soit ainsi tué et dévoré. À une époque récente, de nombreuses tribus africaines ont délibérément recouru au cannibalisme comme procédé de guerre, une sorte d’atrocité pour terroriser leurs voisins. 89:5.5 Un certain cannibalisme résulta de la dégénérescence de lignées jadis supérieures, mais il prévalait surtout parmi les races évolutionnaires. L’habitude de manger des hommes naquit à une époque où les hommes éprouvaient des émotions intenses et âpres au sujet de leurs ennemis. Le fait de manger de la chair humaine fit partie d’une cérémonie solennelle de revanche. On croyait que, de cette manière, le fantôme d’un ennemi pouvait être détruit ou incorporé à celui du mangeur. L’idée que les magiciens obtenaient leurs pouvoirs en mangeant de la chair humaine fut jadis une croyance très répandue. 89:5.6 Certains groupes de mangeurs d’hommes ne voulaient consommer que des membres de leur propre tribu ; cette consanguinité pseudo-spirituelle était censée accentuer la solidarité de la tribu. Les mêmes mangeaient aussi des ennemis pour se venger, avec l’idée de s’approprier leur force. On considérait comme un honneur pour l’âme d’un ami ou d’un compagnon de tribu de manger son corps, tandis qu’en dévorant un ennemi, on ne faisait que lui infliger un juste châtiment. Le mental du sauvage n’avait nullement la prétention d’être conséquent. 89:5.7 Chez certaines tribus, les parents âgés cherchaient à être mangés par leurs enfants. Chez d’autres, la coutume voulait que l’on s’abstienne de manger des proches parents ; on vendait leurs corps ou on les échangeait contre des corps d’étrangers. Il existait un commerce considérable de femmes et d’enfants engraissés pour la boucherie. Quand la maladie ou la guerre ne parvenait pas à limiter la population, l’excédent était mangé sans cérémonie. 89:5.8 Le cannibalisme a graduellement tendu à disparaitre sous les influences suivantes : 89:5.9 1. Il devint parfois une cérémonie communautaire, la prise de responsabilité collective pour infliger la peine de mort à un membre de la tribu. La culpabilité du sang cesse d’être un crime quand tous y participent, quand la société y prend part. La dernière pratique du cannibalisme en Asie fut de manger les criminels exécutés. 89:5.10 2. Le cannibalisme devint de très bonne heure un rituel religieux, mais la croissance de la peur des fantômes n’eut pas toujours l’effet de le réduire. 89:5.11 3. Finalement, il progressa au point où l’on ne mangeait plus que certaines parties ou certains organes du corps, les parties que l’on supposait contenir l’âme ou des portions de l’esprit. Il devint commun de boire du sang et de mélanger les parties « comestibles » du corps avec des drogues. 89:5.12 4. Il se limita aux hommes ; on défendit aux femmes de manger de la chair humaine. 89:5.13 5. On le limita ensuite aux chefs, aux prêtres et aux chamans. 89:5.14 6. Il devint ensuite tabou parmi les tribus supérieures. Le tabou sur le cannibalisme prit origine à Dalamatia et se répandit ensuite lentement dans le monde. Les Nodites encouragèrent la crémation comme moyen de combattre le cannibalisme, car il fut jadis courant de déterrer des cadavres pour les manger. 89:5.15 7. Les sacrifices humains sonnèrent le glas du cannibalisme. La chair humaine était devenue la nourriture des hommes supérieurs, des chefs. On finit par la réserver aux esprits encore supérieurs, et c’est ainsi que l’offrande de sacrifices humains mit efficacement fin au cannibalisme, excepté chez les tribus les plus inférieures. Quand la pratique des sacrifices humains fut pleinement établie, le cannibalisme devint tabou ; la chair humaine n’était plus une nourriture que pour les dieux ; les hommes n’avaient le droit d’en manger qu’un petit morceau cérémoniel, un sacrement. 89:5.16 Finalement, la pratique de substituer des animaux devint un usage général pour les buts sacrificiels. Même parmi les tribus les plus arriérées, on mangea des chiens, ce qui réduisit grandement le cannibalisme. Le chien fut le premier animal domestique et il était tenu en haute estime à la fois comme animal domestique et comme nourriture. 6. L’évolution des sacrifices humains 89:6.1 Les sacrifices humains résultèrent indirectement du cannibalisme et furent aussi sa cure. Le fait de fournir une escorte d’esprits au monde des esprits conduisit également à la diminution du cannibalisme, car on n’eut jamais la coutume de manger les morts ainsi sacrifiés. Nulle race n’a été entièrement dégagée de la pratique des sacrifices humains sous une forme quelconque et à une certaine époque, même si les Andonites, les Nodites et les Adamites furent ceux qui s’adonnèrent le moins au cannibalisme. 89:6.2 Les sacrifices humains ont été pratiquement universels ; ils se maintinrent dans les coutumes religieuses des Chinois, des Hindous, des Égyptiens, des Hébreux, des Mésopotamiens, des Grecs, des Romains et de nombreux autres peuples ; on les retrouve encore récemment parmi les tribus arriérées d’Afrique et d’Australie. Les Indiens d’Amérique plus tardifs avaient une civilisation qui émergeait du cannibalisme et se trouvait donc imbue de sacrifices humains, surtout en Amérique centrale et en Amérique du Sud. Les Chaldéens furent parmi les premiers à abandonner les sacrifices humains dans les circonstances ordinaires et à y substituer des animaux. Il y a environ deux-mille ans, un empereur japonais au cœur tendre introduisit des statuettes d’argile pour remplacer les sacrifices humains, mais c’est seulement il y a moins de mille ans que la pratique de ces sacrifices s’est éteinte en Europe septentrionale. Parmi certaines tribus arriérées, le sacrifice humain est encore pratiqué par des volontaires comme une sorte de suicide religieux ou rituel. Un chaman ordonna jadis de sacrifier un vieil homme très respecté d’une certaine tribu. La population se révolta et refusa d’obéir, sur quoi le vieil homme se fit expédier dans l’au-delà par son propre fils ; les anciens avaient réellement foi en cette coutume. 89:6.3 Parmi les récits illustrant les déchirements de cœur des luttes entre les anciennes coutumes religieuses honorées depuis longtemps et les exigences contraires de la civilisation en progrès, l’histoire hébraïque n’en relate pas de plus tragique et de plus pathétique que celui de Jephté et de sa fille unique. Selon la coutume courante, cet homme bien intentionné avait fait un vœu stupide, une transaction avec le « dieu des batailles », acceptant de payer un certain prix pour la victoire sur ses ennemis. Ce prix consistait à faire un sacrifice de ce qui sortirait en premier lieu de sa maison à sa rencontre quand il reviendrait à son foyer. Jephté pensait que l’un de ses fidèles esclaves viendrait ainsi le saluer, mais il arriva que sa fille, son unique enfant, sortit pour lui souhaiter la bienvenue chez lui. Ainsi, même à cette date tardive et chez un peuple supposé civilisé, cette belle jeune fille, après deux mois de deuil sur son sort, fut effectivement offerte en sacrifice par son père, avec l’approbation des hommes de sa tribu. Tout ceci fut fait à l’encontre des rigoureuses ordonnances de Moïse sur les offrandes de sacrifices humains. Mais les hommes et les femmes s’obstinent à faire des vœux stupides et inutiles, et les hommes de l’antiquité tenaient ces engagements pour hautement sacrés. 89:6.4 Jadis, quand on commençait la construction d’un édifice de quelque importance, la coutume voulait que l’on mette à mort un être humain comme « sacrifice de fondation. » Cela fournissait un esprit fantôme pour veiller sur l’édifice et le protéger. Quand les Chinois étaient prêts à fondre une cloche, la coutume ordonnait le sacrifice d’au moins une jeune fille pour améliorer le timbre de la cloche ; la jeune fille choisie était jetée vivante dans le métal en fusion. 89:6.5 De nombreux groupes eurent longtemps la pratique d’emmurer vivants des esclaves dans les murs importants. Plus tard, les tribus du Nord de l’Europe se contentèrent d’emmurer l’ombre d’un passant pour remplacer la coutume d’ensevelir des personnes vivantes dans les parois des nouveaux bâtiments. Les Chinois ensevelissaient dans un mur les ouvriers qui étaient morts en le bâtissant. 89:6.6 En construisant les murs de Jéricho, un roitelet de Palestine « en posa les fondations sur Abiram, son fils premier-né, et en posa les portes sur Ségub, son plus jeune fils. » À cette date tardive, non seulement ce père mit deux de ses fils vivants dans les trous de fondation des portes de la ville, mais son acte fut transcrit comme accompli « selon la parole du Seigneur ». Moïse avait interdit ces sacrifices de fondation, mais les Israélites y revinrent bientôt après sa mort. Les cérémonies du vingtième siècle consistant à déposer des bibelots et des souvenirs dans la première pierre d’un nouvel édifice sont une réminiscence des sacrifices primitifs de fondation. 89:6.7 Bien des peuples eurent longtemps la coutume de dédier les premiers fruits aux esprits. Ces observances, maintenant plus ou moins symboliques, sont toutes des survivances des cérémonies primitives impliquant des sacrifices humains. L’idée d’offrir le premier-né comme un sacrifice était très répandue parmi les anciens, spécialement chez les Phéniciens, qui furent les derniers à l’abandonner. Lors du sacrifice, on avait l’habitude de dire « la vie pour la vie ». Maintenant, lors d’un décès, vous dites « la poussière retourne à la poussière ». 89:6.8 Bien que choquant pour les susceptibilités civilisées, le spectacle d’Abraham contraint de sacrifier son fils Isaac n’était pas une idée nouvelle ou étrange pour les gens de cette époque. La pratique a longtemps prévalu chez les pères, à des moments de grande tension émotive, de sacrifier leur fils premier-né. De nombreux peuples ont une tradition analogue à cette histoire, car il exista jadis une croyance universelle et profonde à la nécessité d’offrir un sacrifice humain lorsqu’il était arrivé quelque chose d’extraordinaire ou d’insolite. 7. Les modifications des sacrifices humains 89:7.1 Moïse essaya de mettre fin aux sacrifices humains en inaugurant la rançon comme substitut. Il établit un barème systématique permettant à ses gens d’échapper aux pires résultats de leurs vœux téméraires et stupides. On pouvait racheter des terres, des biens et des enfants moyennant des honoraires établis, payables aux prêtres. Les groupes qui cessèrent de sacrifier leurs premiers-nés possédèrent bientôt de grands avantages sur leurs voisins moins évolués qui continuaient ces atrocités. Non seulement beaucoup de tribus arriérées furent très affaiblies par cette perte de fils, mais encore la dévolution successorale du commandement fut souvent rompue. 89:7.2 Un dérivatif du sacrifice désuet des enfants fut la coutume de barbouiller du sang sur les montants des portes de la maison pour protéger les premiers-nés. On le faisait souvent en relation avec l’une des fêtes sacrées de l’année, et cette cérémonie prévalut jadis dans la majeure partie du monde, depuis le Mexique jusqu’à l’Égypte. 89:7.3 Même après que la plupart des groupes eurent renoncé au meurtre rituel des enfants, ils gardèrent la coutume d’abandonner un enfant dans le désert ou sur l’eau dans un petit bateau. Si l’enfant survivait, on croyait que les dieux étaient intervenus pour le protéger, comme la tradition le rapporte pour Sargon, Moïse, Cyrus et Romulus. Vint ensuite la pratique de dédier les fils premiers-nés comme sacrés ou sacrificiels ; on les laissait grandir, puis on les exilait au lieu de les faire mourir ; ce fut l’origine de la colonisation. Les Romains adhéraient à cette coutume dans leurs plans de colonisation. 89:7.4 Nombre d’associations spéciales entre le laisser-aller sexuel et le culte primitif prirent naissance en liaison avec les sacrifices humains. Dans les temps anciens, si une femme rencontrait des chasseurs de têtes, elle pouvait racheter sa vie par un abandon sexuel. Plus tard, une jeune fille consacrée comme sacrifice aux dieux pouvait choisir de racheter sa vie en dédiant définitivement son corps au service sexuel sacré du temple ; de cette manière, elle pouvait gagner l’argent de sa rédemption. Les anciens considéraient comme très ennoblissant d’avoir des rapports sexuels avec une femme ainsi engagée pour la rançon de sa vie. La fréquentation de ces filles sacrées était une cérémonie religieuse, et l’ensemble du rite fournissait en outre un prétexte acceptable pour des satisfactions sexuelles ordinaires. C’était une subtile manière de se tromper soi-même, et les filles et leurs partenaires prenaient plaisir à la pratiquer. Les mœurs sont toujours en retard sur le progrès évolutionnaire de la civilisation ; elles sanctionnent ainsi les pratiques sexuelles plus primitives et plus sauvages des races évoluantes. 89:7.5 La prostitution dans les temples s’étendit finalement dans toute l’Europe du Sud et l’Asie. L’argent gagné par les prostituées des temples fut considéré comme sacré par tous les peuples – un don de grande valeur à offrir aux dieux. Les femmes du type le plus évolué emplissaient le marché sexuel du temple et consacraient leurs gains à toutes sortes de services sacrés et d’œuvres d’intérêt public. De nombreuses femmes des meilleures classes amassaient leur dot par un service sexuel temporaire dans les temples et la plupart des hommes préféraient épouser de telles femmes. 8. Rédemption et alliances 89:8.1 La rédemption sacrificielle et la prostitution dans les temples étaient en réalité des modifications du sacrifice humain. Vint ensuite le simulacre de sacrifice des filles. Cette cérémonie consistait en une saignée accompagnée d’une consécration à la virginité pour la vie ; ce fut une réaction morale contre l’ancienne prostitution dans les temples. À une époque plus récente, des vierges se consacrèrent au service d’entretien des feux sacrés des temples. 89:8.2 Les hommes finirent par concevoir l’idée que l’offrande d’une partie du corps pouvait remplacer le sacrifice humain total de jadis. Les mutilations physiques furent également considérées comme des substituts acceptables. Cheveux, ongles, sang et même doigts et orteils furent sacrifiés. L’ancien rite ultérieur et à peu près universel de la circoncision dériva du culte du sacrifice partiel ; il était purement sacrificiel ; nulle pensée d’hygiène ne lui était attachée. Les hommes furent circoncis, les femmes eurent leurs oreilles percées. 89:8.3 Ultérieurement, on prit l’habitude d’attacher des doigts ensemble au lieu de les couper. On se rasa la tête et l’on se coupa les cheveux également à titre de dévotion religieuse. La castration fut d’abord une modification de l’idée des sacrifices humains. On continue à percer les nez et les lèvres en Afrique, et le tatouage est une évolution artistique des cicatrices grossières que l’on se faisait primitivement sur le corps. 89:8.4 À la suite d’enseignements plus élevés, la coutume du sacrifice finit par être associée à l’idée d’alliance. Enfin, on conçut les dieux comme faisant de réels accords avec les hommes, et ce fut une étape majeure dans la stabilisation de la religion. La loi, une alliance, remplaça la chance, la peur et la superstition. 89:8.5 Les hommes ne pouvaient même pas rêver d’établir un contrat avec la Déité avant que leur concept de Dieu eût progressé au niveau où ils envisagèrent la possibilité que les contrôleurs de l’univers fussent dignes de confiance. Les primitifs se faisaient de Dieu une idée tellement anthropomorphe qu’ils furent incapables de concevoir une Déité digne de confiance avant d’être devenus eux-mêmes relativement dignes de confiance, moraux et éthiques. 89:8.6 L’idée de contracter une alliance avec les dieux finit cependant par se faire jour. L’homme évolutionnaire acquit finalement une dignité morale suffisante pour oser traiter avec ses dieux. C’est ainsi que le trafic des offrandes de sacrifices se transforma graduellement pour devenir le marchandage philosophique de l’homme avec Dieu. Tout cela représentait un nouvel expédient pour s’assurer contre la malchance, ou plutôt une meilleure technique pour acheter plus précisément la prospérité. Ne nourrissez pas l’idée fausse que les sacrifices primitifs étaient des dons librement offerts aux dieux, des offrandes spontanées de gratitude ou d’actions de grâces ; ils n’étaient pas des expressions de véritable adoration. 89:8.7 Les formes primitives de prière n’étaient ni plus ni moins que des marchandages avec les esprits, une discussion avec les dieux. Elles représentaient une sorte de troc dans lequel on substituait la plaidoirie et la persuasion à quelque chose de plus tangible et de plus couteux. L’expansion du commerce entre les races avait inculqué le sens commercial et développé l’habileté dans les trocs ; ces caractéristiques commencèrent alors à apparaitre dans les méthodes humaines de culte. De même que certains hommes étaient meilleurs commerçants que d’autres, de même certains furent considérés comme faisant de meilleurs prieurs que d’autres. La prière d’un homme juste était tenue en haute estime. Le juste était celui qui avait payé toutes ses dettes aux esprits, qui avait pleinement rempli toutes ses obligations rituelles envers les dieux. 89:8.8 La prière primitive n’était guère une adoration ; c’était une demande avec marchandage pour obtenir la santé, la richesse et la vie. Sous bien des rapports, les prières n’ont pas beaucoup changé avec l’écoulement des âges. On continue à les lire à haute voix dans des livres, à les réciter officiellement et à les écrire pour les placer dans des moulins et les accrocher aux arbres, où le souffle des vents évitera aux hommes la peine de dépenser leur propre souffle. 9. Sacrifices et sacrements 89:9.1 Au cours de l’évolution des rituels urantiens, les sacrifices humains ont progressé depuis les sanglants procédés cannibales jusqu’à des niveaux supérieurs et plus symboliques. Les rituels primitifs de sacrifice engendrèrent les cérémonies ultérieures des sacrements. À une époque plus récente, seul le prêtre absorbait un morceau du sacrifice cannibale ou une goutte de sang humain, et ensuite toute l’assistance mangeait de l’animal substitué. Ces idées primitives de rançon, de rédemption et d’alliance ont évolué pour devenir les services sacramentels plus modernes. Et toute cette évolution cérémonielle a exercé une puissante influence socialisante. 89:9.2 En liaison avec le culte de la Mère de Dieu, au Mexique et ailleurs, on utilisa finalement un sacrement de gâteaux et de vin à la place de la chair et du sang des anciens sacrifices humains. Les Hébreux pratiquèrent longtemps ce rituel comme partie de leurs cérémonies de la Pâque, et ce fut dans ce cérémonial que prit naissance la version chrétienne ultérieure du sacrement. 89:9.3 Les anciennes confréries sociales étaient basées sur le rite consistant à boire du sang ; la fraternité juive primitive était une affaire de sang sacrificiel. Paul inaugura un nouveau culte chrétien bâti sur « le sang de l’alliance éternelle ». Bien qu’il ait inutilement encombré le christianisme avec des enseignements sur le sang et le sacrifice, il réussit à mettre fin une fois pour toutes aux doctrines de rédemption par des sacrifices d’hommes ou d’animaux. Ses compromis théologiques montrent que la révélation elle-même doit se soumettre au contrôle gradué de l’évolution. Selon Paul, Christ est devenu le sacrifice humain ultime et suffisant à tout ; le divin Juge est maintenant pleinement et définitivement satisfait. 89:9.4 Et, ainsi après de longs âges, le culte du sacrifice a évolué en culte du sacrement. Les sacrements des religions modernes sont donc les successeurs légitimes des choquantes cérémonies primitives de sacrifices humains et des rituels cannibales encore plus anciens. Bien des personnes comptent encore sur le sang pour le salut, mais le sang est au moins devenu figuratif, symbolique et mystique. 10. Le pardon des péchés 89:10.1 C’est seulement par les sacrifices que les anciens obtenaient la conscience d’être en faveur auprès de Dieu. Les modernes doivent développer de nouvelles techniques pour atteindre la conscience intérieure du salut. La conscience du péché persiste dans le mental des mortels mais les modèles mentaux de la délivrance du péché sont maintenant périmés et démodés. La réalité du besoin spirituel subsiste, mais le progrès intellectuel a détruit les antiques manières d’obtenir la paix et la consolation pour le mental et pour l’âme. 89:10.2 Il faut redéfinir le péché comme une déloyauté délibérée envers la Déité. La déloyauté comporte des degrés : la loyauté partielle due à l’indécision, la loyauté divisée due à un conflit, la loyauté évanescente due à l’indifférence et la mort de la loyauté due à la consécration à des idéaux impies. 89:10.3 Le sens ou sentiment de culpabilité est la conscience d’avoir contrevenu aux mœurs ; ce n’est pas nécessairement le péché. Il n’y a pas réellement péché en l’absence d’une déloyauté consciente envers la Déité. 89:10.4 La possibilité de reconnaitre le sens de culpabilité est un signe de distinction transcendante pour l’humanité. Il ne classe pas l’homme comme un misérable, mais le situe plutôt à part comme une créature de grandeur potentielle et de gloire toujours ascendante. Un tel sentiment d’indignité est le stimulus initial qui devrait, rapidement et sûrement, conduire à ces conquêtes de la foi, qui transfèrent le mental du mortel sur les splendides niveaux de noblesse morale, de clairvoyance cosmique et de vie spirituelle. Toutes les significations de l’existence humaine sont alors changées du plan temporel au plan éternel, et toutes les valeurs sont élevées du plan humain au plan divin. 89:10.5 La confession du péché est une répudiation virile de la déloyauté mais elle n’atténue en aucune manière les conséquences dans l’espace-temps de cette déloyauté. Mais la confession – la récognition sincère de la nature du péché – est toutefois essentielle pour la croissance religieuse et le progrès spirituel. 89:10.6 Le pardon des péchés par la Déité est le renouvellement des relations de loyauté qui suit une période de la conscience où l’homme est déchu de ces relations comme conséquence d’une rébellion consciente. Le pardon ne doit pas être recherché, mais seulement reçu en tant que conscience du rétablissement des relations de loyauté entre la créature et le Créateur. Et tous les fils loyaux de Dieu sont heureux, aiment le service et progressent constamment dans l’ascension vers le Paradis. 89:10.7 [Présenté par une Brillante Étoile du Soir de Nébadon.] FASCICULE 90. Le chamanisme – sorciers-guérisseurs et prêtres 90:0.1 L’évolution des observances religieuses progressa depuis l’apaisement, l’évitement, l’exorcisme, la coercition, la conciliation et la propitiation jusqu’au sacrifice, à l’expiation et à la rédemption. La technique du rituel religieux passa des formes primitives du culte aux fétiches, puis à la magie et aux miracles. À mesure que le rituel devenait plus compliqué en réponse aux concepts de plus en plus complexes que l’homme se formait des royaumes supramatériels, il fut inévitablement dominé par les sorciers-guérisseurs, les chamans et les prêtres. 90:0.2 Avec le progrès de ses concepts, l’homme primitif finit par considérer le monde des esprits comme insensible aux mortels ordinaires. Seuls les humains exceptionnels pouvaient avoir l’oreille des dieux ; seuls l’homme ou la femme extraordinaires seraient écoutés par les esprits. La religion entre alors dans une nouvelle phase, un stade où elle a graduellement recours aux intermédiaires ; un sorcier-guérisseur, un chaman ou un prêtre interviennent toujours entre la personne religieuse et l’objet de son adoration. Aujourd’hui, la plupart des systèmes urantiens de croyances religieuses organisées passent par ce niveau de développement évolutionnaire. 90:0.3 La religion évolutionnaire nait d’une peur simple et toute-puissante, la peur qui surgit dans le mental humain confronté à l’inconnu, l’inexplicable et l’incompréhensible. La religion aboutit finalement à la réalisation profondément simple d’un amour tout-puissant, l’amour qui envahit irrésistiblement l’âme humaine quand elle s’éveille à la conception de l’affection illimitée du Père Universel pour les fils de l’univers. Mais, entre le commencement et la consommation de l’évolution religieuse, interviennent les longs âges des chamans qui prétendent s’interposer entre l’homme et Dieu comme intermédiaires, interprètes et intercesseurs. 1.Les premiers chamans – les sorciers-guérisseurs 90:1.1 Le chaman était le sorcier-guérisseur le plus éminent, l’homme fétiche des cérémonies et la personnalité focale pour toutes les pratiques de la religion évolutionnaire. Dans beaucoup de groupes, le chaman était hiérarchiquement supérieur au chef de guerre, ce qui marqua le commencement de la domination de l’État par l’Église. Le chaman opérait parfois comme prêtre et même comme prêtre-roi. Plus tard, certaines tribus eurent simultanément des chamans-sorciers-guérisseurs (voyants) du type primitif et des chamans-prêtres du type apparu ultérieurement. Dans de nombreux cas, la fonction de chaman devint héréditaire. 90:1.2 Puisque, dans les anciens temps, tout caractère anormal était attribué à la possession par un esprit, toute anomalie frappante, mentale ou physique, constitua une qualification pour être sorcier-guérisseur. Beaucoup d’hommes de cette sorte étaient épileptiques et beaucoup de femmes hystériques ; ces deux types expliquent une bonne partie de l’inspiration ancienne ainsi que la possession par des esprits et des démons. Un grand nombre de ces prêtres tout à fait primitifs appartenait à une classe actuellement dénommée paranoïaque. 90:1.3 Les chamans ont peut-être pratiqué la tromperie dans des affaires mineures, mais, en grande majorité, ils croyaient être possédés par des esprits. Les femmes capables de se mettre en transe ou dans un état cataleptique devinrent de puissantes chamanesses ; plus tard, ces femmes furent des prophétesses et des médiums spirites. Leurs transes cataleptiques impliquaient généralement de prétendues communications avec les esprits des morts. Nombre de chamanesses étaient aussi des danseuses professionnelles. 90:1.4 Mais tous les chamans ne s’illusionnaient pas sur eux-mêmes ; beaucoup étaient des escrocs rusés et habiles. Quand la profession se développa, on exigea des novices un apprentissage de dix années d’épreuves sévères et de renoncement pour se qualifier comme sorcier-guérisseur. Les chamans instaurèrent une manière professionnelle de s’habiller et affectèrent une conduite mystérieuse. Ils employaient fréquemment des drogues pour provoquer certains états physiques destinés à impressionner et à mystifier les membres de leur tribu. La prestidigitation fut considérée comme surnaturelle par les gens du commun et certains prêtres astucieux furent les premiers à employer la ventriloquie. Beaucoup d’anciens chamans découvrirent par hasard l’hypnotisme ; d’autres provoquèrent l’autohypnose en regardant fixement leur nombril pendant très longtemps. 90:1.5 Bien que nombre d’entre eux eussent recours à ces supercheries et tromperies, leur réputation, en tant que classe, tenait en fin de compte à leur réussite apparente. Quand un chaman échouait dans ses entreprises, s’il ne pouvait présenter un alibi plausible, on le déclassait ou on le tuait. Ainsi, les chamans honnêtes périrent-ils tôt ; seuls les comédiens astucieux survivaient. 90:1.6 Ce fut le chamanisme qui enleva aux anciens et aux forts la direction exclusive des affaires de la tribu et la remit aux mains des rusés, des intelligents et des perspicaces. 2.Les pratiques chamanistes 90:2.1 La conjuration des esprits était une procédure très précise et fort compliquée, comparable aux rituels ecclésiastiques d’aujourd’hui conduits dans une langue archaïque. La race humaine a recherché, de très bonne heure, l’aide suprahumaine, la révélation ; et les hommes croyaient que les chamans recevaient effectivement des révélations. Les chamans utilisèrent, dans leur travail, le grand pouvoir de la suggestion, mais c’était presque invariablement une suggestion négative ; la technique de la suggestion positive n’a été employée que tout récemment. Au début du développement de leur profession, les chamans commencèrent à se spécialiser dans des branches telles que la provocation de la pluie, la cure des maladies et la détection des criminels. Toutefois, un sorcier-guérisseur chaman n’avait pas pour fonction principale de guérir les malades, mais plutôt de connaitre et de contrôler les risques de la vie. 90:2.2 L’ancienne magie noire, tant religieuse que laïque, était appelée magie blanche quand elle était pratiquée par des prêtres, des voyants, des chamans ou des sorciers-guérisseurs. Les adeptes de la magie noire étaient qualifiés de sorciers, sorcières, magiciens, magiciennes, enchanteurs, nécromanciens, exorcistes et devins. Avec le temps, tous ces prétendus contacts avec le monde surnaturel furent classés en sorcellerie ou en chamanisme. 90:2.3 La sorcellerie englobait la magie accomplie par des esprits primitifs, irréguliers et non reconnus. Le chamanisme concernait les miracles accomplis par des esprits réguliers et par les dieux reconnus de la tribu. Plus tard, les sorcières furent associées au diable, et la scène était ainsi préparée pour les nombreuses exhibitions relativement récentes d’intolérance religieuse. La sorcellerie était une religion pour beaucoup de tribus primitives. 90:2.4 Les chamans croyaient profondément à la mission du hasard pour révéler la volonté des esprits ; ils tiraient fréquemment au sort pour parvenir à des décisions. Des exemples de survivances modernes de ce penchant pour tirer au sort se retrouvent non seulement dans les nombreux jeux de hasard, mais aussi dans les « comptines » bien connues. Jadis, la personne éliminée devait mourir ; aujourd’hui, elle est simplement celle qui le sera dans des jeux enfantins. Ce qui était une affaire sérieuse pour les primitifs a survécu comme divertissement pour les enfants modernes. 90:2.5 Les sorciers-guérisseurs avaient grande confiance dans les signes et les présages tels que : « Si tu entends le bruit d’un frôlement dans le sommet des muriers, alors tu te hâteras d’agir. » Très tôt dans l’histoire de la race, les chamans tournèrent leur attention vers les étoiles. Dans le monde entier, on crut à l’astrologie primitive et on la pratiqua. L’interprétation des rêves fut également très répandue. Tout ceci fut bientôt suivi de l’apparition des chamanesses fantasques qui se déclaraient capables de communiquer avec les esprits des morts. 90:2.6 Bien que leur origine soit ancienne, les faiseurs de pluie, les chamans du temps, ont subsisté jusqu’à aujourd’hui à travers les âges. Une sécheresse grave signifiait la mort pour les agriculteurs primitifs ; la magie antique s’occupait beaucoup du contrôle du temps. Les hommes civilisés font encore de la pluie et du beau temps le thème commun des conversations. Les anciennes populations croyaient toutes au pouvoir du chaman comme faiseur de pluie, mais elles avaient coutume de le tuer s’il échouait, à moins qu’il n’ait pu fournir une excuse valable pour rendre compte de son échec. 90:2.7 Les astrologues furent maintes et maintes fois bannis par les Césars, mais ils revenaient invariablement à cause de la croyance populaire à leurs pouvoirs. Ils ne purent être chassés et, même au seizième siècle de l’ère chrétienne, les administrateurs des Églises et des États occidentaux protégèrent l’astrologie. Des milliers de personnes censément intelligentes croient encore que l’on peut naitre sous la domination d’une bonne ou d’une mauvaise étoile, et que la juxtaposition des corps célestes détermine l’aboutissement de diverses aventures terrestres. Les diseurs de bonne aventure ont encore une clientèle de crédules. 90:2.8 Les Grecs croyaient à l’efficacité du conseil des oracles, les Chinois employaient la magie pour se protéger des démons, le chamanisme a fleuri aux Indes et persiste encore ouvertement en Asie centrale. Dans une grande partie du monde, sa pratique n’a été abandonnée que tout récemment. 90:2.9 De temps à autre, de vrais prophètes et instructeurs ont surgi pour dénoncer et démasquer le chamanisme. Même les hommes rouges en voie de disparaitre eurent un prophète de cet ordre au cours du siècle dernier, Tenskwatawa le Shawnie, qui prédit l’éclipse du soleil en 1806 et dénonça les vices des hommes blancs. Beaucoup de vrais éducateurs sont apparus parmi les diverses tribus et races au cours des longs âges de l’histoire évolutionnaire. Il continuera toujours d’en apparaitre pour défier les chamans ou prêtres de toute époque qui s’opposent à l’éducation générale et tentent de contrecarrer le progrès scientifique. 90:2.10 De bien des manières et par des méthodes tortueuses, les chamans de jadis établirent leur réputation en tant que voix de Dieu et gardiens de la providence. Ils aspergeaient d’eau les nouveau-nés et leur conféraient des noms ; ils circoncisaient les mâles. Ils présidaient à toutes les cérémonies d’enterrement et annonçaient dument la bonne arrivée des morts au pays des esprits. 90:2.11 Les prêtres et sorciers-guérisseurs chamaniques devenaient souvent très riches par le cumul de leurs divers honoraires qui, ostensiblement, étaient des offrandes aux esprits. Il n’était pas rare qu’un chaman accaparât pratiquement toute la fortune matérielle de sa tribu. À la mort d’un homme riche, on avait coutume de diviser son héritage en parts égales entre le chaman et une entreprise publique ou une œuvre de charité. Cette pratique prévaut encore dans certaines parties du Tibet, où la moitié de la population masculine appartient à cette classe de non-producteurs. 90:2.12 Les chamans s’habillaient bien et avaient en général un certain nombre de femmes. Ils furent l’aristocratie originelle, exempte de toute restriction tribale. Leur mental et leur morale étaient très souvent de bas étage. Ils supprimaient leurs rivaux en les dénonçant comme sorciers ou sorcières et s’élevaient à de telles situations d’influence et de pouvoir qu’ils pouvaient fréquemment dominer les chefs ou les rois. 90:2.13 Les hommes primitifs considéraient le chaman comme un mal nécessaire ; ils le craignaient, mais ne l’aimaient pas. Ils respectaient le savoir, ils honoraient et récompensaient la sagesse. Les chamans étaient surtout des charlatans, mais la vénération du chamanisme illustre bien la prime accordée à la sagesse dans l’évolution de la race. 3.La théorie chamanique de la maladie et de la mort 90:3.1 Puisque l’homme de l’antiquité considérait que lui-même et son environnement matériel étaient directement sensibles aux caprices des fantômes et aux fantaisies des esprits, il est bien naturel que sa religion se soit si exclusivement occupée des affaires matérielles. L’homme moderne attaque directement ses problèmes matériels ; il reconnait que la matière est docile aux manipulations intelligentes du mental. L’homme primitif désirait aussi modifier, et même contrôler, la vie et les énergies des domaines physiques, mais sa compréhension limitée du cosmos le conduisit à croire que les fantômes, les esprits et les dieux s’occupaient personnellement et immédiatement du contrôle détaillé de la vie et de la matière. Il orienta donc logiquement ses efforts pour gagner la faveur et le soutien de ces agents suprahumains. 90:3.2 Vue sous cette lumière, une grande partie des éléments inexplicables et irrationnels des anciens cultes devient compréhensible. Les cérémonies du culte étaient les tentatives des hommes primitifs pour contrôler le monde matériel dans lequel ils se trouvaient. Et une bonne partie de leurs efforts tendait à prolonger la vie et à assurer la santé. Or, toutes les maladies et la mort elle-même furent originellement considérées comme des phénomènes dus aux esprits ; il était donc inévitable que les chamans, tout en opérant comme sorciers-guérisseurs et prêtres, aient aussi travaillé comme médecins et chirurgiens. 90:3.3 Le mental primitif est peut-être handicapé par le manque de faits, mais, en dépit de tout cela, il reste logique. Quand des hommes réfléchis observent la maladie et la mort, ils entreprennent de déterminer les causes de ces calamités, et, conformément à leur compréhension, les chamans et les savants ont proposé les théories suivantes à propos des afflictions : 1. Les fantômes – les influences directes des esprits. La toute première hypothèse avancée pour expliquer la maladie et la mort fut que les esprits causaient des maladies en attirant l’âme hors du corps ; si l’âme ne réussissait pas à revenir, la mort s’ensuivait. Les anciens craignaient tellement l’action malveillante des fantômes producteurs de maladies qu’ils abandonnaient souvent les individus mal portants sans même leur laisser de quoi manger et boire. Indépendamment de leurs prémisses erronées, ces croyances isolaient efficacement des individus malades et empêchaient la propagation des maladies contagieuses. 90:3.5 2. La violence – les causes évidentes. Les causes de certains accidents et décès étaient si faciles à identifier qu’elles furent tôt supprimées de la catégorie des activités des fantômes. Les issues fatales et les blessures accompagnant la guerre, les combats avec les animaux et d’autres facteurs facilement identifiables furent considérés comme des évènements naturels. Mais on crut longtemps que les esprits restaient responsables des retards dans les guérisons ou des infections de blessures même dues à des causes « naturelles ». Si nul agent naturel observable ne pouvait être découvert, on tenait encore les esprits fantômes pour responsables de la maladie et de la mort. 90:3.6 Aujourd’hui, en Afrique et ailleurs, on peut trouver des peuplades primitives qui tuent quelqu’un chaque fois qu’il se produit un décès non dû à la violence. Leurs sorciers-guérisseurs leur indiquent les coupables. Si une mère meurt en couches, on étrangle immédiatement l’enfant – une vie pour une vie. 90:3.7 3. La magie – l’influence des ennemis. On croyait de bien des maladies qu’elles étaient causées par ensorcellement, par l’action du mauvais œil et de l’arc pointé magiquement. À une époque, il fut réellement dangereux de montrer quelqu’un du doigt ; on considère encore comme mal élevé de le faire. Dans le cas de maladie et de mort obscures, les anciens faisaient une enquête officielle, disséquaient le corps, s’arrêtaient sur quelque découverte et décidaient qu’elle était la cause de la mort ; autrement, on l’aurait attribuée à la sorcellerie et il aurait fallu exécuter la sorcière responsable. Ces antiques enquêtes judiciaires ont sauvé la vie à bien des sorcières présumées. Dans certaines tribus, on croyait qu’un homme pouvait mourir comme conséquence de sa propre sorcellerie, auquel cas nul n’était accusé. 90:3.8 4. Le péché – la punition pour avoir violé un tabou. À une époque relativement récente, on a cru que la maladie était un châtiment du péché, personnel ou racial. Chez les peuples traversant ce niveau d’évolution prévaut la théorie que l’on ne peut être affligé à moins d’avoir violé un tabou. Une forme typique de cette croyance consiste à considérer la maladie et la souffrance comme « des flèches du Tout-Puissant à l’intérieur du corps ». Les Chinois et les Mésopotamiens ont longtemps considéré les maladies comme résultant de l’activité de mauvais démons, bien que les Chaldéens aient aussi regardé les étoiles comme cause de la souffrance. Cette théorie de la maladie comme conséquence de la colère divine prévaut encore parmi de nombreuses collectivités urantiennes réputées civilisées. 90:3.9 5. Causes naturelles. L’humanité fut très lente à apprendre les secrets matériels des relations de cause à effet dans les domaines physiques de l’énergie, de la matière et de la vie. Les anciens Grecs, ayant préservé les traditions des enseignements d’Adamson, furent parmi les premiers à reconnaitre que toute maladie résulte de causes naturelles. Avec lenteur et certitude, le développement d’une ère scientifique détruit les théories millénaires des hommes sur la maladie et la mort. La fièvre fut l’une des premières des indispositions ôtées de la catégorie des désordres surnaturels ; l’ère de la science a progressivement rompu les entraves de l’ignorance qui a si longtemps emprisonné le mental humain. La compréhension de la vieillesse et de la contagion efface graduellement du mental des hommes la peur des fantômes, des esprits et des dieux en tant qu’auteurs de la misère humaine et des souffrances des mortels. 90:3.10 L’évolution parvient infailliblement à ses fins : elle imprègne l’homme de la peur superstitieuse de l’inconnu et de la crainte de l’invisible, qui sont l’échafaudage pour atteindre le concept de Dieu. Puis, après avoir constaté la naissance d’une compréhension élevée de la Déité par l’action coordonnée de la révélation, la même technique d’évolution met immanquablement en marche les forces de pensée qui détruiront inexorablement l’échafaudage dont la mission est accomplie. 4.La médecine au temps des chamans 90:4.1 Toute la vie des anciens était axée sur la prophylaxie ; leur religion était, dans une large mesure, une technique pour prévenir les maladies. Indépendamment de l’erreur de leurs théories, ils étaient sincères en les mettant en œuvre. Ils avaient une foi illimitée dans leurs méthodes de traitement, et ce seul facteur est déjà par lui-même un remède puissant. 90:4.2 La foi exigée pour se rétablir au moyen des soins stupides d’un de ces anciens chamans n’était pas, après tout, substantiellement différente de celle qu’il faut aujourd’hui pour se faire guérir par un de leurs successeurs lancé dans le traitement non scientifique des maladies. 90:4.3 Les tribus les plus primitives craignaient beaucoup les malades ; pendant de longs âges, on les évita soigneusement, on les négligea honteusement. L’humanitarisme avança d’un grand pas quand l’évolution du métier de chaman suscita des prêtres et des sorciers-guérisseurs consentant à traiter les maladies. Il devint alors coutumier pour tout le clan d’affluer dans la chambre du malade pour aider le chaman à chasser, par des hurlements, le fantôme de la maladie. Il n’était pas rare que le chaman faisant le diagnostic fût une femme, tandis qu’un homme administrait le traitement. La méthode habituelle pour diagnostiquer les maladies consistait à examiner les entrailles d’un animal. 90:4.4 On traitait la maladie en psalmodiant, en hurlant, en imposant les mains, en soufflant sur le patient et par bien d’autres techniques. Plus tard, on eut recours au sommeil dans le temple, durant lequel on supposait que la guérison avait lieu, et cette coutume se généralisa. Les sorciers-guérisseurs finirent par essayer de véritables opérations chirurgicales liées au sommeil dans le temple ; la trépanation avec une tarière, pour permettre la fuite d’un esprit causant le mal de tête, fut l’une des premières opérations. Les chamans apprirent à réduire les fractures et les luxations, à ouvrir les furoncles et les abcès ; les chamanesses devinrent des sages-femmes expertes. 90:4.5 Une méthode courante de traitement consistait à frotter quelque chose de magique sur un point infecté ou souillé du corps, à jeter le charme et à supposer que l’on avait obtenu une guérison. Si par hasard quelqu’un ramassait le charme jeté, on croyait qu’il acquerrait immédiatement l’infection ou la souillure. Il fallut longtemps pour introduire les plantes médicinales et autres vrais médicaments. Le massage se développa en liaison avec les incantations, pour chasser l’esprit du corps par friction ; il fut précédé par des efforts pour introduire des médicaments par frottement, semblables aux tentatives modernes pour faire pénétrer des liniments. On crut qu’en appliquant des ventouses, en suçant les parties affectées et en pratiquant des saignées, on contribuait utilement à se débarrasser d’un esprit générateur de maladies. 90:4.6 L’eau était un puissant fétiche ; elle fut donc utilisée pour le traitement d’un grand nombre de maladies. On crut pendant longtemps que l’esprit causant la maladie pouvait être éliminé par la transpiration. On accorda beaucoup de crédit aux bains de vapeur. Des stations de cure primitive fleurirent autour des sources thermales naturelles. Les primitifs découvrirent que la chaleur soulageait la souffrance ; ils utilisèrent les rayons du soleil, des organes d’animaux fraichement tués, de l’argile chaude, des pierres chauffées ; nombre de ces méthodes sont encore employées aujourd’hui. On s’efforça d’influencer les esprits en pratiquant des rythmes ; les tam-tams furent universellement employés. 90:4.7 Chez certains peuples, on croyait que la maladie était causée par une conspiration pernicieuse entre des esprits et des animaux. Cela donna naissance à la croyance qu’il existait un remède végétal bienfaisant pour chaque maladie causée par un animal. Les hommes rouges étaient spécialement fidèles à la théorie des plantes comme remèdes universels ; ils laissaient toujours tomber une goutte de sang dans le trou laissé par les racines quand on arrachait la plante. 90:4.8 On utilisait souvent le jeûne, les régimes et les révulsifs comme mesures curatives. Les sécrétions humaines, étant nettement magiques, jouissaient d’une haute considération ; le sang et l’urine figuraient donc parmi les premiers médicaments, et l’on y ajouta bientôt des racines et divers sels. Les chamans croyaient que les esprits de maladie pouvaient être chassés par des médicaments infects et nauséabonds. La purge devint très tôt un traitement ordinaire, et la valeur du cacao et de la quinine bruts fut l’une des toutes premières découvertes pharmaceutiques. 90:4.9 Les Grecs furent les premiers à établir des méthodes vraiment rationnelles pour soigner les malades. Les Grecs et les Égyptiens tenaient leurs connaissances médicales des habitants de la vallée de l’Euphrate. L’huile et le vin furent employés de très bonne heure pour panser les blessures. Les Sumériens utilisaient l’huile de ricin et l’opium. Beaucoup de ces remèdes secrets anciens et efficaces perdirent leur vertu quand ils furent connus ; le secret a toujours été essentiel pour pratiquer avec succès la supercherie et la superstition. Seuls les faits et la vérité recherchent la pleine lumière de la compréhension et se réjouissent de la clarté et de l’illumination apportées par la recherche scientifique. 5. Prêtres et rituels 90:5.1 L’essence du rituel est la perfection de son accomplissement ; parmi les sauvages, il faut le pratiquer avec une précision parfaite. La cérémonie n’a de pouvoir coercitif sur les esprits que si elle a été célébrée correctement. Si le rituel est défectueux, il ne fait qu’exciter la colère et le ressentiment des dieux. Donc, puisque le mental lentement évoluant des hommes concevait que la technique du rituel était le facteur décisif de son efficacité, il était inévitable que les chamans primitifs se transforment tôt ou tard en une prêtrise entrainée à diriger la pratique méticuleuse du rituel. Et ainsi, pendant des dizaines de milliers d’années, d’interminables rituels devinrent des entraves pour la société et un fléau pour la civilisation, un fardeau intolérable pour tous les actes de la vie, pour toutes les entreprises raciales. 90:5.2 Le rituel est la technique pour sanctifier la coutume ; le rituel crée et perpétue des mythes aussi bien qu’il contribue à préserver les coutumes sociales et religieuses. De plus, le rituel lui-même a été engendré par des mythes. Les rituels commencent souvent par être sociaux, deviennent ensuite économiques et finissent par acquérir la sainteté et la dignité de cérémonies religieuses. La pratique du rituel peut être personnelle ou collective – ou les deux – comme on en voit l’exemple dans la prière, la danse et les représentations dramatiques. 90:5.3 Les paroles devinrent partie du rituel, comme le montre l’usage de termes tels que amen et sélah. L’habitude de jurer, le blasphème, représente une prostitution de l’ancienne répétition rituelle de noms sacrés. Les pèlerinages à des sanctuaires sont un très ancien rituel. Les rituels devinrent ensuite un cérémonial minutieux de purification, d’assainissement et de sanctification. Les cérémonies d’initiation des sociétés secrètes des tribus primitives étaient en réalité un rite religieux grossier. La technique d’adoration des anciens cultes des mystères était simplement une longue performance de rituels religieux accumulés. Le rituel finit par donner les types modernes de cérémonies sociales et de cultes religieux, les services englobant des prières, des chants, des répons et d’autres dévotions spirituelles individuelles et collectives. 90:5.4 Les prêtres évoluèrent à partir des chamans en passant par les stades d’oracles, de devins, de chanteurs, de danseurs, de faiseurs de pluie et de beau temps, de gardiens de reliques, de conservateurs de temples et de pronostiqueurs d’évènements, pour en arriver au statut de directeurs effectifs du culte religieux. Leur charge devint finalement héréditaire, et une caste ecclésiastique permanente s’éleva. 90:5.5 À mesure que la religion évoluait, les prêtres commencèrent à se spécialiser selon leurs talents innés ou leurs prédilections spéciales. Certains devinrent chanteurs, d’autres prieurs et d’autres encore sacrificateurs ; plus tard vinrent les orateurs – les prédicateurs. Quand la religion devint une institution, ces prêtres prétendirent « détenir les clefs du ciel ». 90:5.6 Les prêtres ont toujours cherché à impressionner les gens du peuple et à leur inspirer une crainte respectueuse en conduisant le rituel religieux dans une langue morte et en faisant diverses passes magiques pour mystifier les fidèles de manière à rehausser leur propre piété et leur autorité. Le grand danger, dans tout cela, est que le rituel tend à devenir un substitut de la religion. 90:5.7 Les prêtrises ont beaucoup contribué à retarder le développement de la science et à empêcher le progrès spirituel, mais elles ont contribué à stabiliser la civilisation et à relever certains aspects de la culture. Mais beaucoup de prêtres modernes ont cessé d’opérer comme directeurs du rituel d’adoration de Dieu et ont tourné leur attention vers la théologie – la tentative pour définir Dieu. 90:5.8 Les prêtres ont incontestablement été une meule attachée au cou des races, mais les vrais chefs religieux ont eu une valeur inestimable en montrant le chemin vers des réalités supérieures et meilleures. 90:5.9 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.] FASCICULE 91. L’évolution de la prière 91:0.1 La prière, en tant qu’acte religieux, prit naissance dans des expressions antérieures non religieuses de monologues et de dialogues. Quand les hommes primitifs atteignirent la conscience de soi, il se produisit l’inévitable corollaire de la conscience d’autrui, le double potentiel de la sensibilité sociale et de la récognition de Dieu. 91:0.2 Les toutes premières formes de prière n’étaient pas adressées à la Déité. Ces expressions ressemblaient beaucoup à ce que vous diriez à un ami en vous lançant dans une entreprise importante : « Souhaitez-moi bonne chance. » Les primitifs étaient esclaves de la magie ; la chance, bonne ou mauvaise, pénétrait toutes les affaires de la vie. Au début, ces demandes de chance furent des monologues – simplement une manière de penser à haute voix pour les servants de la magie. Ensuite, ces croyants à la chance enrôlèrent leurs amis et leur famille pour les soutenir, et bientôt furent accomplies certaines formes de cérémonies incluant le clan ou la tribu tout entiers. 91:0.3 Quand les concepts des fantômes et des esprits évoluèrent, ces demandes furent adressées à des entités suprahumaines ; et, quand les hommes eurent conscience des dieux, ces expressions atteignirent le niveau de prières authentiques. À titre d’exemple, chez certaines tribus d’Australie, les prières religieuses primitives ont précédé la croyance aux esprits et aux personnalités suprahumaines. 91:0.4 Aux Indes, la tribu Toda observe la pratique de n’adresser de prières à personne en particulier, exactement comme le faisaient les peuples primitifs avant l’époque de la conscience religieuse. Seulement, chez les Todas, cela représente une régression de leur religion qui dégénère à ce niveau primitif. Les rituels d’aujourd’hui chez les prêtres laitiers des Todas ne représentent pas une cérémonie religieuse, parce que les prières impersonnelles ne contribuent en rien à conserver ni à élever des valeurs sociales, morales ou spirituelles quelconques. 91:0.5 La prière préreligieuse faisait partie des pratiques mana des Mélanésiens, des croyances oudah des Pygmées africains et des superstitions manitou des Indiens d’Amérique du Nord. Les tribus Baganda d’Afrique n’ont émergé que récemment du niveau mana de prière. Dans cette confusion évolutionnaire primitive, les hommes adressent leurs prières à des dieux – locaux ou nationaux – à des fétiches, à des amulettes, à des fantômes, à des chefs et à des gens du commun. 1. La prière primitive 91:1.1 La fonction de la religion évolutionnaire primitive est de conserver et d’accroitre les valeurs sociales, morales et spirituelles essentielles qui prennent lentement forme. Cette mission de la religion n’est pas observée consciemment par l’humanité, mais elle est principalement accomplie par la fonction de la prière. La pratique de la prière représente l’effort involontaire, mais néanmoins personnel et collectif, d’un groupe donné pour assurer (pour actualiser) la conservation des valeurs supérieures. Sans la sauvegarde de la prière, tous les jours fériés religieux reviendraient vite au statut de simples journées de vacances. 91:1.2 La religion et ses moyens d’action, dont le principal est la prière, ne sont alliés qu’aux valeurs jouissant d’une récognition sociale générale, d’une approbation collective. C’est pourquoi, lorsqu’un homme primitif tentait de satisfaire ses sentiments les moins nobles ou ses ambitions purement égoïstes, il était privé du secours de la religion et de l’aide de la prière. Si un individu se proposait de faire quelque chose d’antisocial, il était forcé de rechercher l’aide de la magie non religieuse, d’avoir recours aux sorciers et, donc, d’être privé de l’aide de la prière. La prière devint donc de très bonne heure un puissant instigateur d’évolution sociale, de progrès moral et d’accomplissement spirituel. 91:1.3 Cependant, le mental primitif n’était ni logique ni conséquent. Les hommes primitifs ne percevaient pas que les choses matérielles n’étaient pas du domaine de la prière. Ces âmes simples constataient que nourriture, abris, pluie, gibier et autres biens matériels accroissaient le bien-être social ; c’est pourquoi elles commencèrent à prier pour ces bénédictions physiques. Cela constituait une perversion de la prière, mais encourageait l’effort pour atteindre ces objectifs matériels par des actions éthiques et sociales. Tout en avilissant les valeurs spirituelles d’un peuple, cette prostitution de la prière avait néanmoins pour effet direct d’élever ses mœurs économiques, sociales et éthiques. 91:1.4 C’est dans le type de mental le plus primitif que la prière est seulement un monologue. Elle devient de bonne heure un dialogue et s’amplifie rapidement au niveau d’un culte collectif. La prière signifie que les incantations prémagiques de la religion primitive ont atteint, par évolution, le niveau où le mental humain reconnait la réalité de pouvoirs ou d’êtres bénéfiques capables de rehausser les valeurs sociales et d’accroitre les idéaux moraux ; en outre, il reconnait que ces influences sont suprahumaines et distinctes de l’ego humain conscient de soi et de ses compagnons mortels. La vraie prière n’apparait donc pas avant que l’action du ministère religieux ne soit envisagée comme personnelle. 91:1.5 La prière a peu de liens avec l’animisme, mais de telles croyances peuvent exister parallèlement aux sentiments religieux émergents. Dans nombre de cas, la religion et l’animisme ont eu des origines entièrement séparées. 91:1.6 Chez les mortels qui n’ont pas été délivrés des entraves primitives de la peur, il y a sérieusement danger que toutes les prières conduisent à un sens morbide du péché, à une conviction injustifiée de culpabilité, réelle ou imaginaire. Toutefois, à l’époque moderne, il est peu probable qu’un grand nombre de personnes consacrent suffisamment de temps à prier pour en arriver à ces réflexions nuisibles sur leur indignité ou leur culpabilité. Les dangers accompagnant la déformation et la perversion de la prière sont constitués par l’ignorance, la superstition, la cristallisation, la dévitalisation, le matérialisme et le fanatisme. 2. L’évolution de la prière 91:2.1 Les premières prières furent simplement des souhaits exprimés en paroles, l’expression de désirs sincères. La prière devint ensuite une technique pour obtenir la coopération des esprits. Puis elle atteignit la fonction supérieure d’aider la religion à conserver toutes les valeurs dignes d’être préservées. 91:2.2 La prière et la magie surgirent toutes deux comme résultat des réactions humaines d’ajustement à l’environnement urantien ; mais, à part cette relation générale, elles ont peu de points communs. La prière a toujours indiqué une action positive de la part de l’ego qui la prononçait ; elle a toujours été psychique et parfois spirituelle. La magie a généralement signifié une tentative pour manipuler la réalité sans affecter l’ego du manipulateur, du pratiquant de la magie. Malgré leurs origines indépendantes, la magie et la prière ont souvent été liées dans leurs stades ultérieurs de développement. Partant de formules et passant par des rituels et des incantations, la magie s’est parfois haussée, par l’élévation de ses buts, au seuil de la vraie prière. La prière est parfois devenue si matérialiste qu’elle a dégénéré en une technique pseudomagique pour éviter la dépense de l’effort requis pour résoudre les problèmes urantiens. 91:2.3 Quand l’homme apprit que la prière ne pouvait contraindre les dieux, il lui donna davantage le caractère de pétition, de recherche d’une faveur. Mais la prière la plus authentique est en réalité une communion entre l’homme et son Créateur. 91:2.4 L’apparition de l’idée de sacrifice dans une religion amoindrit inéluctablement l’efficacité supérieure de la vraie prière, en ce sens que les hommes cherchent à substituer les offrandes de biens matériels à celle de la consécration de leur propre vouloir à faire la volonté de Dieu. 91:2.5 Quand la religion est dépourvue d’un Dieu personnel, ses prières sont transposées aux niveaux de la théologie et de la philosophie. Quand, dans une religion, le concept le plus élevé de Dieu est celui d’une Déité impersonnelle, comme dans l’idéalisme panthéiste, ce concept fournit bien une base pour certaines formes de communion mystique, mais il est fatal pour la puissance de la vraie prière, qui représente toujours la communion de l’homme avec un être personnel et supérieur. 91:2.6 Aux premiers temps de l’évolution raciale, et même aujourd’hui dans l’expérience quotidienne de la moyenne des mortels, la prière est, dans une grande mesure, un phénomène de rapports entre l’homme et son subconscient. Mais il existe aussi un domaine de prière où les individus intellectuellement alertes et spirituellement progressifs atteignent plus ou moins le contact avec les niveaux superconscients du mental humain, le domaine de l’Ajusteur de Pensée intérieur. En outre, il existe une phase spirituelle définie de la vraie prière concernant sa réception et sa récognition par les forces spirituelles de l’univers ; cette phase est entièrement distincte de toute association humaine et intellectuelle. 91:2.7 La prière contribue grandement au développement du sentiment religieux d’un mental humain en évolution. Elle exerce une puissante influence pour empêcher l’isolement de la personnalité. 91:2.8 La prière représente l’une des techniques associées aux religions naturelles de l’évolution raciale qui fait également partie des valeurs expérientielles des religions supérieures éthiquement excellentes, les religions de révélation. 3. La prière et l’alter ego 91:3.1 Quand les enfants apprennent pour la première fois à se servir du langage, ils sont enclins à penser tout haut, à exprimer leurs pensées en paroles, même si personne n’est là pour les entendre. À l’aurore de leur imagination créative, ils montrent une tendance à converser avec des compagnons imaginaires. De cette manière, un ego qui commence à éclore cherche à se maintenir en communion avec un alter ego fictif. Par cette technique, l’enfant apprend de bonne heure à convertir ses monologues en pseudodialogues où cet alter ego fait des réponses à ses pensées exprimées à haute voix et à l’expression de ses souhaits. Une très grande partie des réflexions des adultes se poursuit mentalement sous forme de conversations. 91:3.2 La forme initiale et primitive de la prière ressemblait beaucoup aux récitations semi-magiques de la tribu des Todas d’aujourd’hui, prières qui n’étaient adressées à personne en particulier. Par l’émergence de l’idée d’un alter ego, ces techniques de prière tendent à se transformer en communications du type dialogué. Avec le temps, le concept de l’alter ego est haussé à un statut supérieur de dignité divine, et la prière en tant qu’acte religieux a fait son apparition. Ce type primitif de prière est destiné à évoluer par de nombreuses phases et durant de longs âges avant d’atteindre le niveau de la prière intelligente et vraiment éthique. 91:3.3 La conception de l’alter ego par des générations successives de mortels pratiquant la prière évolue en passant par les fantômes, les fétiches et les esprits, jusqu’aux dieux polythéistes et finalement jusqu’au Dieu Unique, un être divin qui incorpore les idéaux les plus élevés et les aspirations les plus sublimes de l’ego en prière. C’est ainsi que la prière fonctionne bel et bien comme le plus puissant acte religieux pour conserver les valeurs et les idéaux supérieurs de ceux qui prient. À partir du moment où l’homme conçoit un alter ego et jusqu’à l’apparition du concept d’un divin Père céleste, la prière est toujours une pratique qui vous rend plus sociable, plus moral et plus spiritualiste. 91:3.4 La simple prière de la foi manifeste dans l’expérience humaine une puissante évolution par laquelle les anciennes conversations avec le symbole fictif de l’alter ego de la religion primitive ont été élevées au niveau de la communion avec l’esprit de l’Infini, au niveau où l’on est sincèrement conscient de la réalité du Dieu éternel et du Père Paradisiaque de toute création intelligente. 91:3.5 En dehors de ce qui concerne le moi supérieur dans l’expérience de la prière, il faut se rappeler que la prière éthique est une manière splendide d’élever l’ego et de renforcer le moi pour une vie meilleure et des accomplissements plus élevés. La prière incite l’ego humain à rechercher de l’aide dans les deux directions : pour l’assistance matérielle en puisant dans le réservoir subconscient de l’expérience du mortel, et pour l’inspiration et la gouverne en allant aux frontières superconscientes où le matériel prend contact avec le spirituel, avec le Moniteur de Mystère. 91:3.6 La prière a toujours été et sera toujours une expérience humaine double : un processus psychologique associé à une technique spirituelle. Ces deux fonctions de la prière ne peuvent jamais être entièrement séparées. 91:3.7 La prière éclairée doit reconnaitre non seulement un Dieu extérieur et personnel, mais aussi une Divinité intérieure et impersonnelle, l’Ajusteur qui vous habite. Quand un homme prie, il est tout à fait juste qu’il s’efforce de saisir le concept du Père Universel au Paradis ; mais, pour la plupart des buts pratiques, une technique plus efficace consistera à revenir au concept d’un proche alter égo, exactement comme le mental primitif avait l’habitude de le faire, et on reconnaitra ensuite que l’idée de cet alter égo était tout d’abord une simple fiction devenue ensuite, par évolution, la vérité que Dieu habite l’homme mortel par la présence de fait de l’Ajusteur ; de sorte que l’homme peut ainsi parler, pour ainsi dire, face à face, avec un divin alter ego réel et authentique qui l’habite et qui est l’essence et la présence même du Dieu vivant, le Père Universel. 4. La prière éthique 91:4.1 Nulle prière ne peut être éthique si le suppliant recherche un avantage égoïste sur ses semblables. La prière égoïste et matérialiste est incompatible avec les religions éthiques qui sont fondées sur l’amour divin et désintéressé. Une telle prière aussi dépourvue d’éthique retourne aux niveaux primitifs de pseudomagie, elle est indigne d’une civilisation en marche et des religions éclairées. La prière égoïste transgresse l’esprit de toutes les éthiques fondées sur une justice aimante. 91:4.2 La prière ne doit jamais être prostituée au point de devenir un substitut à l’action. Toute prière éthique est un stimulant pour l’action et un guide pour les efforts progressifs vers les buts idéalistes d’aboutissement au moi supérieur. 91:4.3 Dans toutes vos prières, soyez équitables. Ne vous attendez pas que Dieu montre de la partialité, qu’il vous aime plus que ses autres enfants, vos amis, vos voisins et même vos ennemis. Mais la prière des religions naturelles ou évoluées ne commence pas par être éthique, comme elle l’est dans les religions révélées ultérieures. Toute prière, qu’elle soit individuelle ou communautaire, peut être soit égoïste, soit altruiste, c’est-à-dire que l’on peut centrer la prière sur soi-même ou sur autrui. Quand la prière ne recherche rien pour celui qui prie ni pour ses compagnons, alors une telle attitude de l’âme tend vers les niveaux de la véritable adoration. Les prières égoïstes impliquent des confessions et des suppliques, et consistent souvent en requêtes pour des faveurs matérielles. La prière est un peu plus éthique quand elle s’occupe du pardon et recherche la sagesse pour accroitre la maitrise de soi. 91:4.4 La prière du type non égoïste apporte des forces et des consolations, tandis que la prière matérialiste est vouée à désappointer et à désillusionner ses auteurs au fur et à mesure que le progrès des découvertes scientifiques démontre que l’homme vit dans un univers physique de loi et d’ordre. L’enfance d’un individu ou d’une race est caractérisée par des prières primitives égoïstes et matérialistes. Et, dans une certaine mesure, toutes ces suppliques sont efficaces en ce sens qu’elles conduisent invariablement aux efforts qui contribuent à obtenir les réponses à de telles prières. La prière réelle de la foi contribue toujours à faire progresser la technique de la vie, même si de telles demandes ne sont pas dignes de récognition spirituelle. Mais les personnes spirituellement évoluées doivent prendre de grandes précautions quand elles essayent de dissuader les penseurs primitifs, ou manquant de maturité, de formuler ce genre de prières. 91:4.5 Rappelez-vous que, même si la prière ne change pas Dieu, elle effectue très souvent des changements importants et durables chez celui qui prie avec foi et dans une expectative confiante. La prière a engendré beaucoup de paix mentale, d’allégresse, de calme, de courage, de maitrise de soi et d’équité chez les hommes et les femmes des races en évolution. 5. Les répercussions sociales de la prière 91:5.1 Dans le culte des ancêtres, la prière conduit à cultiver les idéaux ancestraux. Mais, en tant qu’aspect du culte de la Déité, la prière transcende toutes les pratiques de cet ordre, car elle conduit à cultiver les idéaux divins. De même que le concept de l’alter égo de la prière devient suprême et divin, de même les idéaux humains s’élèvent en conséquence du niveau purement humain vers les niveaux célestes et divins, et le résultat de toutes ces prières est le rehaussement du caractère humain et la profonde unification de la personnalité humaine. 91:5.2 Mais il n’est pas nécessaire que la prière soit toujours individuelle. La prière en groupe ou en assemblée est fort efficace, en ce sens que ses répercussions accroissent beaucoup la sociabilité. Quand une collectivité s’adonne à une prière en commun pour le relèvement moral et l’élévation spirituelle, ces dévotions réagissent sur les individus qui composent le groupe ; leur participation les rend tous meilleurs. Même toute une ville ou une nation tout entière peuvent être aidées par ces prières dévotionnelles. La confession, le repentir et la prière ont conduit des individus, des villes, des nations et des races entières à de puissants efforts de réforme et à des actes courageux vaillamment accomplis. 91:5.3 Si vous désirez vraiment vaincre l’habitude de critiquer un ami, la manière la plus rapide et la plus sûre d’effectuer ce changement d’attitude consiste à établir l’habitude de prier pour cette personne chaque jour de votre vie. Mais les répercussions sociales de ces prières dépendent largement de deux conditions : 91:5.4 1. La personne pour qui l’on prie doit savoir que l’on prie pour elle. 91:5.5 2. La personne qui prie devrait entrer en contact social étroit avec la personne pour qui elle prie. 91:5.6 La prière est la technique par laquelle toute religion devient tôt ou tard une institution. Avec le temps, la prière s’associe à de nombreux moyens d’action secondaires dont quelques-uns sont utiles et d’autres nettement nuisibles, tels que prêtres, livres sacrés, rituels d’adoration et cérémonies. 91:5.7 Mais les hommes au mental plus spirituellement illuminé devraient être patients et tolérants envers les intellects moins bien doués, qui désirent ardemment un symbolisme pour mobiliser leur clairvoyance spirituelle restreinte. Les forts ne doivent pas regarder les faibles avec dédain. Ceux qui sont conscients de Dieu sans symbolisme ne doivent pas dénier le ministère de grâce des symboles à ceux qui trouvent difficile d’adorer la Déité et de révérer, sans formes ni rites, la vérité, la beauté et la bonté. Dans la prière d’adoration, la plupart des mortels imaginent quelque symbole de l’objet-but de leurs dévotions. 6. Le domaine de la prière 91:6.1 À moins d’être en liaison avec la volonté et les actes des forces spirituelles personnelles et des superviseurs matériels d’un royaume, la prière ne peut avoir d’effet direct sur votre milieu physique. Le domaine des suppliques par la prière possède des limites bien définies, mais ces limites ne s’appliquent pas de la même manière à la foi de ceux qui prient. 91:6.2 La prière n’est pas une technique de cure pour les maladies réelles et organiques, mais elle a énormément contribué à faire bénéficier d’un débordement de santé et à guérir de nombreux troubles mentaux, émotionnels et nerveux. Même dans le cas de maladies bactériennes réelles, la prière a bien souvent accru l’efficacité des autres remèdes appliqués. La prière a transformé bien des invalides irritables et mécontents en des parangons de patience et en a fait des inspirateurs pour tous les autres humains souffrants. 91:6.3 Si difficile qu’il puisse être de concilier les doutes scientifiques au sujet de l’efficacité de la prière avec le besoin toujours présent de rechercher aide et gouverne auprès de sources divines, n’oubliez jamais que la prière sincère de la foi est une force puissante pour promouvoir le bonheur personnel, la maitrise de soi de l’individu, l’harmonie sociale, le progrès moral et l’accomplissement spirituel. 91:6.4 Même en tant que pratique purement humaine, en tant que dialogue avec votre alter ego, la prière constitue une technique d’approche des plus efficaces pour mettre en œuvre les pouvoirs de la nature humaine, dont les réserves sont accumulées et conservées dans les domaines inconscients du mental humain. La prière est une saine pratique psychologique en dehors de ses implications religieuses et de sa signification spirituelle. C’est un fait d’expérience humaine que la plupart des personnes, si elles sont assez durement harcelées, adresseront d’une certaine manière des prières à quelque source d’assistance. 91:6.5 Ne soyez pas paresseux au point de demander à Dieu de résoudre vos difficultés, mais n’hésitez jamais à lui demander sagesse et force spirituelle pour vous guider et vous soutenir pendant que vous attaquez résolument et courageusement les problèmes à traiter. 91:6.6 La prière a été un facteur indispensable au progrès et à la préservation de la civilisation religieuse, et il lui reste encore de puissantes contributions à apporter pour rehausser et spiritualiser la société, pourvu que ceux qui prient veuillent bien le faire à la lumière des faits scientifiques, de la sagesse philosophique, de la sincérité intellectuelle et de la foi spirituelle. Priez comme Jésus l’enseignait à ses disciples – honnêtement, de façon désintéressée, avec équité et sans douter. 91:6.7 Mais l’efficacité de la prière, dans l’expérience spirituelle personnelle de celui qui prie, ne dépend en aucune manière de la compréhension intellectuelle de l’adorateur, ni de sa finesse philosophique, de son niveau social, de son statut culturel ou de ses autres acquisitions humaines. Les accompagnements psychiques et spirituels de la prière de la foi sont immédiats, personnels et expérientiels. Il n’existe aucune autre technique permettant à chaque homme, indépendamment de tous autres accomplissements terrestres, d’approcher si efficacement et si immédiatement du seuil du royaume où il peut communiquer avec son Auteur, où la créature prend contact avec la réalité du Créateur, avec l’Ajusteur de Pensée intérieur. 7. Mysticisme, extase et inspiration 91:7.1 En tant que technique pour cultiver la conscience de la présence de Dieu, le mysticisme est entièrement digne de louanges, mais, si sa pratique conduit à l’isolement social et culmine en fanatisme religieux, il est tout à fait répréhensible. Bien trop souvent, les idées que le mystique surmené estime être des inspirations divines ne sont que des exaltations venues des profondeurs de son propre mental. Le contact du mental humain avec son Ajusteur intérieur, bien qu’il soit fréquemment favorisé par une méditation fervente, est beaucoup plus souvent facilité par les services sincères et aimants d’un ministère désintéressé auprès de ses semblables. 91:7.2 Les grands éducateurs religieux et prophètes des temps passés n’étaient pas des mystiques outranciers. Ils étaient des hommes et des femmes connaissant Dieu et servant leur Dieu au mieux par leur ministère désintéressé auprès de leurs semblables. Jésus emmenait souvent ses apôtres à part, pendant de courtes périodes, pour méditer et prier, mais, la plupart du temps, il les maintenait en contact de service avec les multitudes. L’âme des hommes a besoin d’exercice spirituel aussi bien que de nourriture spirituelle. 91:7.3 L’extase religieuse est admissible quand elle résulte d’antécédents sains, mais cette expérience est plus souvent la conséquence d’influences purement émotives que la manifestation d’un caractère spirituel profond. Les personnes religieuses ne doivent pas considérer chaque pressentiment psychologique brillant et chaque expérience émotionnelle intense comme une révélation divine ou une communication spirituelle. L’extase spirituelle authentique est généralement associée à un grand calme extérieur et à un contrôle émotif à peu près parfait. Mais la véritable vision prophétique est un pressentiment suprapsychologique. Les visitations de ce genre ne sont ni des pseudohallucinations ni des extases ressemblant à des transes. 91:7.4 Le mental humain peut opérer en réponse à une prétendue inspiration quand il est sensible soit aux exaltations du subconscient, soit aux stimulus du superconscient. Dans les deux cas, ces accroissements du contenu de la conscience apparaissent à l’individu comme plus ou moins étrangers. L’enthousiasme mystique immodéré et l’extase religieuse sans frein ne sont pas des lettres de créance de l’inspiration, des lettres de créances prétendues divines. 91:7.5 Le test pratique de toutes ces étranges expériences religieuses de mysticisme, d’extase et d’inspiration consiste à observer si ces phénomènes amènent l’intéressé à : 91:7.6 1. Jouir d’une santé physique meilleure et plus complète. 91:7.7 2. Agir plus pratiquement et plus efficacement dans sa vie mentale. 91:7.8 3. Rendre sociale son expérience religieuse avec plus de plénitude et de joie. 91:7.9 4. Spiritualiser plus complètement sa vie quotidienne en même temps qu’il remplit fidèlement les devoirs courants de l’existence de mortel ordinaire. 91:7.10 5. Accroitre son amour et son appréciation de la vérité, de la beauté et de la bonté. 91:7.11 6. Conserver les valeurs sociales, morales, éthiques et spirituelles couramment reconnues. 91:7.12 7. Développer sa clairvoyance spirituelle – sa conscience de Dieu. 91:7.13 Mais la prière n’a pas de lien réel avec ces expériences religieuses exceptionnelles. Quand la prière devient trop esthétique, quand elle consiste à peu près exclusivement en une admirable et bienheureuse contemplation de la divinité paradisiaque, elle perd beaucoup de son influence socialisante et tend vers le mysticisme et l’isolement de ses adeptes. Un excès de prière solitaire présente un certain danger qui est corrigé et écarté par la prière en groupe, les dévotions collectives. 8. La prière en tant qu’expérience personnelle 91:8.1 La prière comporte un aspect vraiment spontané, car l’homme primitif commença à prier bien avant d’avoir le moindre concept clair d’un Dieu. Les premiers hommes avaient l’habitude de prier en deux circonstances différentes : quand ils se trouvaient en grande détresse, ils éprouvaient une impulsion à tendre la main vers une aide ; et, quand ils exultaient, ils se laissaient aller à exprimer impulsivement leur joie. 91:8.2 La prière n’est pas une évolution de la magie ; les deux ont surgi indépendamment l’une de l’autre. La magie fut une tentative pour adapter la Déité aux circonstances ; la prière est l’effort pour adapter la personnalité à la volonté de la Déité. La vraie prière est à la fois morale et religieuse ; la magie n’est ni l’une ni l’autre. 91:8.3 La prière peut devenir une coutume établie. Beaucoup de personnes prient parce que d’autres le font. D’autres encore prient parce qu’elles craignent qu’il leur arrive quelque chose d’affreux si elles ne présentent pas régulièrement leurs suppliques. 91:8.4 Pour certains individus, la prière est une calme expression de gratitude, pour d’autres, une expression collective de louanges, une dévotion sociale. Elle est parfois l’imitation de la religion d’autrui, alors que la vraie prière est la communication sincère et confiante entre la nature spirituelle de la créature et la présence ubiquitaire de l’esprit du Créateur. 91:8.5 La prière peut être une expression spontanée de conscience de Dieu ou une récitation dénuée de sens de formules théologiques. Elle peut être la louange extatique d’une âme connaissant Dieu ou l’obéissance servile d’un mortel hanté par la peur. Elle est parfois l’expression pathétique d’un ardent désir spirituel et parfois la clameur criarde de phrases pieuses. La prière peut être une louange joyeuse ou un humble appel au pardon. 91:8.6 La prière peut être la demande enfantine de l’impossible ou la supplication de l’homme mûr pour la croissance morale et le pouvoir spirituel. Une supplique peut consister à demander le pain quotidien ou incorporer un désir sincère de trouver Dieu et de faire sa volonté. Elle peut être une requête entièrement égoïste ou un geste sincère et magnifique vers la réalisation d’une fraternité désintéressée. 91:8.7 La prière peut être un cri de colère pour obtenir vengeance ou une intercession miséricordieuse pour ses ennemis. Elle peut être l’expression d’un espoir de changer Dieu ou la puissante technique de se changer soi-même. Elle peut être la plaidoirie obséquieuse d’un pécheur perdu devant un Juge supposé sévère ou l’expression joyeuse d’un fils libéré, fils du Père céleste vivant et miséricordieux. 91:8.8 Les hommes modernes sont troublés à l’idée de s’entretenir de leurs questions avec Dieu d’une manière purement personnelle. Beaucoup ont abandonné la prière régulière ; ils ne prient plus que sous l’empire d’une pression inhabituelle – en cas d’urgence. L’homme ne devrait pas avoir peur de parler à Dieu, mais il serait spirituellement enfantin d’entreprendre de persuader Dieu ou de prétendre le changer. 91:8.9 Mais la véritable prière atteint bel et bien la réalité. Même quand les courants aériens sont ascendants, nul oiseau ne peut prendre son essor sans déployer ses ailes. La prière élève l’homme parce qu’elle est une technique de progrès par utilisation des courants spirituels ascendants de l’univers. 91:8.10 La prière authentique contribue à la croissance spirituelle, modifie les attitudes et procure la satisfaction qui vient de la communion avec la divinité. Elle est un débordement spontané de conscience de Dieu. 91:8.11 Dieu répond à la prière de l’homme en lui donnant une révélation accrue de la vérité, une appréciation rehaussée de la beauté et un concept élargi de la bonté. La prière est un geste subjectif, mais elle établit le contact avec de puissantes réalités objectives sur les niveaux spirituels de l’expérience humaine ; elle est un essai significatif de l’humain pour atteindre des valeurs suprahumaines. Elle est le plus puissant stimulant de la croissance spirituelle. 91:8.12 Les mots n’ont pas d’importance dans la prière ; ils sont simplement le chenal intellectuel dans lequel la rivière des supplications spirituelles se trouve couler par hasard. La valeur verbale d’une prière est purement autosuggestive dans les dévotions individuelles, et sociosuggestives dans les dévotions collectives. Dieu répond à l’attitude de l’âme et non aux paroles. 91:8.13 La prière n’est pas une technique pour échapper à des conflits, mais plutôt un stimulant pour croitre en face du conflit. Ne priez que pour des valeurs, non pour des choses ; pour la croissance, et non pour la satisfaction. 9. Conditions d’efficacité de la prière 91:9.1 Si vous voulez arriver à prier efficacement, il faut avoir présentes à la pensée les lois des requêtes auxquelles il est fait droit : 91:9.2 1. Il faut vous qualifier comme prieur efficace en affrontant sincèrement et courageusement les problèmes de la réalité universelle. Il faut avoir de la vigueur cosmique. 91:9.3 2. Il faut avoir honnêtement épuisé toutes les possibilités humaines d’ajustement. Il faut avoir été industrieux. 91:9.4 3. Il faut abandonner tous les souhaits du mental et tous les désirs de l’âme à l’emprise transformatrice de la croissance spirituelle. Il faut que vous ayez expérimenté un rehaussement des significations et une élévation des valeurs. 91:9.5 4. Il faut choisir de tout cœur la volonté divine. Il faut anéantir le centre inerte de l’indécision. 91:9.6 5. Non seulement vous reconnaissez la volonté du Père et vous choisissez de la faire, mais vous vous êtes consacré sans réserve et voué dynamiquement à exécuter cette volonté d’une manière effective. 91:9.7 6. Votre prière cherchera exclusivement à obtenir la sagesse divine permettant de résoudre les problèmes humains spécifiques rencontrés au cours de l’ascension vers le Paradis – l’aboutissement à la perfection divine. 91:9.8 7. Et il faut avoir la foi – une foi vivante. 91:9.9 [Présenté par le chef des médians d’Urantia.] FASCICULE 92. L’évolution ultérieure de la religion 92:0.1 Longtemps avant l’apport de révélations systématiques sur Urantia, les hommes possédaient une religion d’origine naturelle faisant partie de leur expérience évolutionnaire ; mais cette religion d’origine naturelle était, en elle-même, le produit des dotations supra-animales de l’homme. La religion évolutionnaire prit lentement corps, au cours des millénaires de la carrière expérientielle de l’humanité, par le ministère des influences suivantes opérant intérieurement et affectant le sauvage, le barbare et le civilisé : 92:0.2 1. L’adjuvat d’adoration – l’apparition dans la conscience animale de potentiels supra-animaux pour percevoir la réalité. On peut appeler ceci l’instinct humain primordial de recherche de la Déité. 92:0.3 2. L’adjuvat de sagesse – la manifestation, dans un mental adorateur, de la tendance à diriger son adoration dans des canaux supérieurs d’expression et vers des concepts toujours plus étendus de la réalité de Déité. 92:0.4 3. Le Saint-Esprit – c’est le premier don supramental, et il apparait infailliblement chez toutes les personnalités humaines de bonne foi. Son ministère auprès d’un mental affamé d’adoration et assoiffé de sagesse crée la capacité de comprendre par soi-même le postulat de la survie humaine, à la fois comme concept théologique et comme expérience personnelle actuelle et factuelle. 92:0.5 Le fonctionnement coordonné de ces trois ministères divins est tout à fait suffisant pour déclencher et poursuivre la croissance de la religion évolutionnaire. Ces influences sont accrues plus tard par les Ajusteurs de Pensée, les séraphins et l’Esprit de Vérité, qui accélèrent tous la cadence du développement religieux. Ces agents fonctionnent depuis longtemps sur Urantia et continueront aussi longtemps que cette planète restera une sphère habitée. Une grande partie du potentiel de ces agents divins n’a encore jamais eu l’occasion de s’exprimer ; bien des révélations seront faites au cours des âges à venir, à mesure que la religion des mortels s’élèvera, niveau après niveau, jusqu’aux hauteurs célestes de valeur morontielle et de vérité spirituelle. 1. La nature évolutionnaire de la religion 92:1.1 L’évolution de la religion a été retracée depuis la peur primitive et la croyance aux fantômes, à travers de nombreux stades successifs de développement, y compris les efforts, d’abord pour contraindre les esprits et ensuite pour les amadouer. Les fétiches des tribus devinrent des totems et des dieux tribaux ; les formules magiques devinrent les prières modernes. La circoncision, qui fut d’abord un sacrifice, devint un procédé hygiénique. 92:1.2 Au cours de l’enfance sauvage des races, la religion progressa de l’adoration de la nature au fétichisme, en passant par le culte des fantômes. À l’aurore de la civilisation, la race humaine épousa des croyances plus mystiques et symboliques, tandis qu’aujourd’hui, à l’approche de sa maturité, l’humanité se prépare à apprécier la vraie religion et même un commencement de révélation de la vérité elle-même. 92:1.3 La religion nait comme réaction biologique du mental aux croyances spirituelles et à l’environnement ; elle est la dernière chose à périr ou à changer dans une race. La religion est l’adaptation de la société, dans un âge quelconque, à ce qui est mystérieux. En tant qu’institution sociale, elle comprend des rites, des symboles, des cultes, des écrits, des autels, des sanctuaires et des temples. L’eau bénite, les reliques, les fétiches, les amulettes, les ornements sacerdotaux, les cloches, les tambours et les prêtrises sont communs à toutes les religions. Et il est impossible de séparer complètement la religion résultant purement de l’évolution d’avec la magie ou la sorcellerie. 92:1.4 Le mystère et le pouvoir ont toujours stimulé les sentiments et les craintes religieuses, tandis que l’émotion a continuellement fonctionné comme un puissant facteur conditionnant leur développement. La peur a toujours été le stimulus religieux fondamental. La peur façonne les dieux de la religion évolutionnaire et motive le rituel religieux des croyants primitifs. À mesure que la civilisation progresse, la peur est modifiée par la vénération, l’admiration, le respect et la sympathie, puis son conditionnement se poursuit par le remords et le repentir. 92:1.5 Un peuple asiatique a enseigné que « Dieu est une grande crainte » ; c’est le résultat de la religion purement évolutionnaire. Jésus, la révélation du type le plus élevé de vie religieuse, proclama que « Dieu est amour ». 2. La religion et les mœurs 92:2.1 La religion est la plus rigide et la plus inflexible de toutes les institutions humaines, mais elle s’adapte à retardement aux changements sociaux. Finalement, la religion évolutionnaire reflète bien les mœurs changeantes qui, de leur côté, peuvent avoir été affectées par la religion révélée. Lentement, sûrement, mais de mauvaise grâce, la religion (le culte) marche dans le sillage de la sagesse – de la connaissance dirigée par la raison expérientielle et illuminée par la révélation divine. 92:2.2 La religion se cramponne aux mœurs ; ce qui était est ancien et supposé sacré. C’est pour cette raison, et pour nulle autre, que les outils de pierre persistèrent longtemps dans l’âge du bronze et du fer. Vos archives contiennent le passage suivant : « Et, si tu me fais un autel de pierre, tu ne le bâtiras point de pierres taillées, car, si tu emploies tes outils pour le faire, tu l’auras profané. » Même aujourd’hui, les Hindous allument le feu de leurs autels en employant une mèche à friction primitive. Au cours de la religion évolutionnaire, toute innovation a toujours été considérée comme un sacrilège. Le sacrement ne doit pas être composé d’aliments nouveaux et manufacturés, mais des aliments les plus primitifs : « La viande rôtie au feu et les pains sans levain servis avec des herbes amères. » Les usages sociaux de tous les types, et même les procédures légales, se cramponnent aux formes anciennes. 92:2.3 Quand les hommes modernes s’étonnent que les Écritures des différentes religions présentent tant de passages pouvant être jugés obscènes, ils devraient réfléchir et observer que les générations qui passent ont craint d’éliminer ce que leurs ancêtres avaient estimé saint et sacré. Une génération peut considérer comme obscènes bien des choses que les générations précédentes ont acceptées comme faisant partie des mœurs admises, et même des rituels religieux approuvés. Un grand nombre de controverses religieuses ont été occasionnées par les tentatives sans fin pour concilier des pratiques anciennes, mais répréhensibles, avec les nouveaux progrès de la raison, pour trouver des théories plausibles justifiant les crédos qui perpétuent des coutumes vétustes et désuètes. 92:2.4 Il serait toutefois stupide de vouloir accélérer trop soudainement la croissance religieuse. Une race ou une nation ne peut assimiler, dans une religion avancée, que les parties raisonnablement cohérentes et compatibles avec son statut évolutionnaire courant, et compte tenu de son génie d’adaptation. Les conditions sociales, climatiques, politiques et économiques exercent toutes une influence pour déterminer le cours et le progrès de l’évolution religieuse. La moralité sociale n’est pas déterminée par la religion, pas du moins par la religion évolutionnaire ; ce sont plutôt les formes de religion qui sont dictées par la moralité raciale. 92:2.5 Les races d’hommes n’acceptent que superficiellement une religion nouvelle et étrangère ; en fait, ils l’adaptent à leurs mœurs et à leurs anciennes manières de croire. On en trouve un bon exemple chez une tribu de la Nouvelle-Zélande dont les prêtres, après avoir nominalement accepté le christianisme, déclarèrent ensuite avoir reçu directement de Gabriel des révélations assurant que cette même tribu était devenue le peuple élu de Dieu, et ordonnant qu’il soit permis à ses membres de s’adonner librement aux relations sexuelles relâchées et à nombre de leurs autres coutumes anciennes et répréhensibles. Tous les nouveaux baptisés chrétiens adhérèrent immédiatement à cette version nouvelle et moins astreignante du christianisme. 92:2.6 À un moment ou à un autre, la religion a sanctionné toutes sortes de lignes de conduite contradictoires et illogiques ; elle a pratiquement approuvé, à une époque donnée, tout ce que l’on considère maintenant comme immoral ou impie. La conscience, non enseignée par l’expérience ni aidée par la raison, n’a jamais été et ne pourra jamais être un guide sûr et infaillible pour la conduite humaine. La conscience n’est pas une voix divine parlant à l’âme humaine ; elle est seulement la somme totale du contenu moral et éthique des mœurs d’un quelconque stade d’existence courant ; elle représente simplement la conception humaine de la réaction idéale dans un concours de circonstances données. 3. La nature de la religion évolutionnaire 92:3.1 L’étude de la religion humaine est l’examen des strates sociales fossilifères des âges passés. Les mœurs des dieux anthropomorphes reflètent fidèlement la morale des hommes qui furent les premiers à concevoir ces déités. Les anciennes religions et la mythologie décrivent fidèlement les croyances et traditions de peuples perdus depuis longtemps dans l’obscurité. Ces anciennes pratiques cultuelles persistent à côté de coutumes économiques et d’évolutions sociales nouvelles et, bien entendu, elles apparaissent grossièrement illogiques. Les reliquats du culte offrent une bonne image des religions raciales du passé. Rappelez-vous toujours que les cultes ne sont pas formés pour découvrir la vérité, mais plutôt pour promulguer des credos. 92:3.2 La religion a toujours été largement une affaire de rites, de rituels, d’observances, de cérémonies et de dogmes. En général, elle se souille d’une erreur qui provoque des discordes persistantes, l’illusion du peuple élu. Les idées religieuses cardinales – incantation, inspiration, révélation, propitiation, repentir, expiation, intercession, sacrifice, prière, confession, adoration, survie après la mort, sacrement, rituel, rançon, salut, rédemption, alliance, impureté, purification, prophétie, péché originel – remontent toutes aux temps très anciens de la peur primordiale des fantômes. 92:3.3 La religion primitive n’est ni plus ni moins qu’un prolongement de la lutte pour l’existence matérielle englobant l’existence au-delà de la tombe. Les observances de ce crédo représentaient l’extension de la lutte pour subsister dans le domaine d’un monde imaginaire d’esprits fantômes. Mais, si vous êtes tentés de critiquer la religion évolutionnaire, faites attention. Rappelez-vous qu’elle représente ce qui est arrivé ; c’est un fait historique. Souvenez-vous aussi que le pouvoir d’une idée quelconque ne réside pas dans sa certitude ou sa vérité, mais plutôt dans sa force de séduction sur les hommes. 92:3.4 La religion évolutionnaire ne prend pas de dispositions pour assurer des changements ou des révisions ; contrairement à la science, elle ne pourvoit pas à sa propre correction progressive. La religion évoluée commande le respect parce que ses fidèles croient qu’elle est La Vérité. « La foi transmise aux saints une fois pour toutes » doit, en théorie, être à la fois définitive et infaillible. Le culte résiste au développement parce que le véritable progrès est certain de modifier ou de détruire le culte lui-même ; c’est pourquoi la révision doit toujours lui être imposée. 92:3.5 Seules deux influences peuvent modifier et élever les dogmes de la religion naturelle : la pression des mœurs en lent progrès et l’illumination périodique des révélations d’époque. Il n’est pas surprenant que le progrès ait été lent ; dans les temps anciens, si l’on était progressif ou inventif, on était mis à mort comme sorcier. Le culte évolue lentement par générations d’époques et par cycles millénaires, mais il progresse. La croyance évolutionnaire aux fantômes posa les fondements d’une philosophie de religion révélée qui détruira, en fin de compte, la superstition qui lui donna naissance. 92:3.6 La religion a handicapé le développement social de bien des manières, mais, sans religion, il n’y aurait eu ni moralité ni éthique durables, pas de civilisation digne de ce nom. La religion fut la mère de bien des cultures non religieuses ; la sculpture a son origine dans la taille des idoles, l’architecture dans la construction des temples, la poésie dans les incantations, la musique dans les chants d’adoration, le théâtre dans l’action pour guider les esprits et la danse dans les festivals du culte saisonniers. 92:3.7 Mais, tout en attirant l’attention sur le fait que la religion fut essentielle pour développer et préserver la civilisation, il faut noter que la religion naturelle a aussi beaucoup contribué à paralyser et à handicaper cette même civilisation qu’elle encourageait et entretenait par ailleurs. La religion a gêné les activités industrielles et le développement économique ; elle a gaspillé du travail et dilapidé des capitaux ; elle n’a pas toujours été secourable à la famille ; elle n’a pas favorisé de façon adéquate la paix et la bonne volonté ; elle a parfois négligé l’éducation et retardé la science ; elle a indument appauvri la vie sous prétexte d’enrichir la mort. La religion évolutionnaire, la religion humaine, a bien été coupable de toutes ces fautes, erreurs et bévues, et de bien d’autres ; elle a néanmoins réussi à maintenir une éthique culturelle, une civilisation morale et une cohésion sociale, et elle a permis à la religion révélée ultérieure de compenser ces nombreuses imperfections évolutionnaires. 92:3.8 La religion évolutionnaire a été l’institution humaine la plus couteuse, mais son efficacité fut incomparable. La religion humaine ne se justifie qu’à la lumière de la civilisation évolutionnaire. Si l’homme n’était pas le produit ascendant de l’évolution animale, alors ce cours du développement de la religion resterait sans justification. 92:3.9 La religion a facilité l’accumulation des capitaux ; elle a encouragé certaines sortes de travaux ; les loisirs des prêtres ont promu l’art et la connaissance ; en fin de compte, la race a beaucoup gagné comme conséquence de toutes ces erreurs initiales dans la technique éthique. Les chamans, honnêtes et malhonnêtes, furent terriblement onéreux, mais ils valurent tout ce qu’ils coutèrent. Les professions savantes et la science elle-même émergèrent des prêtrises parasites. La religion a encouragé la civilisation et assuré la continuité de la société ; elle a été la force de police morale de tous les temps. La religion a procuré la discipline humaine et la maitrise de soi, qui ont rendu possible la sagesse. La religion est le fouet efficace de l’évolution, qui pousse impitoyablement l’humanité indolente et souffrante à sortir de son état naturel d’inertie intellectuelle et à s’élever aux niveaux supérieurs de la raison et de la sagesse. 92:3.10 La religion évolutionnaire, cet héritage sacré de l’ascension animale, doit toujours continuer à être raffinée et ennoblie par la censure constante de la religion révélée et par la fournaise ardente de la science authentique. 4. Le don de la révélation 92:4.1 La révélation est évolutionnaire, mais toujours progressive. Au long des âges de l’histoire d’un monde, les révélations successives de la religion sont toujours en expansion et plus éclairantes. La mission de la révélation consiste à sélectionner et à censurer les religions évolutionnaires qui se succèdent ; mais, si la révélation doit exalter et élever par étapes les religions d’évolution, il faut que ces visitations divines décrivent des enseignements qui ne soient pas trop éloignés des idées et des réactions de l’âge où ils sont présentés. La révélation doit donc toujours garder contact avec l’évolution, et elle le fait. La religion de révélation se voit toujours limitée par la capacité des hommes de la recevoir. 92:4.2 Mais, indépendamment de leurs relations ou de leurs dérivations apparentes, les religions de révélation sont toujours caractérisées par une croyance à une Déité de valeur finale et à un concept de la survie de l’identité de la personnalité après la mort. 92:4.3 La religion évolutionnaire est sentimentale, mais non logique. Elle est la réaction des hommes envers la croyance à un monde hypothétique d’esprits-fantômes – le réflexe humain de croyance excité par la réalisation et la peur de l’inconnu. La religion révélée est proposée par le vrai monde spirituel ; elle est la réponse du cosmos superintellectuel à la soif qu’ont les mortels de croire aux Déités universelles et de dépendre d’elles. La religion évolutionnaire décrit les tâtonnements de l’humanité qui tourne en rond à la recherche de la vérité ; la religion révélée est cette vérité même. 92:4.4 La religion de révélation a comporté de nombreux évènements, dont cinq seulement ont une signification d’époque. Ce furent les suivants : 92:4.5 1. Les enseignements dalamatiens. Le véritable concept de la Source-Centre Première fut promulgué, pour la première fois sur Urantia, par les cent membres corporels de l’état-major du Prince Caligastia. Cette révélation croissante de la Déité se poursuivit pendant plus de trois-cent-mille ans, jusqu’au moment où elle fut brusquement interrompue par la sécession planétaire et la dislocation du régime éducatif. À part le travail de Van, l’influence de la révélation dalamatienne fut pratiquement perdue pour le monde entier. Même les Nodites en avaient oublié les vérités à l’époque de l’arrivée d’Adam. Parmi tous ceux qui reçurent les enseignements des cent, ce furent les hommes rouges qui les conservèrent le plus longtemps, mais, dans la religion amérindienne, l’idée du Grand Esprit n’était qu’un concept vague quand le contact avec le christianisme le clarifia et le renforça considérablement. 92:4.6 2. Les enseignements édéniques. Adam et Ève décrivirent de nouveau le concept du Père de tous aux peuples évolutionnaires. La dislocation du premier Éden arrêta le cours de la révélation adamique avant qu’elle eût vraiment pris son essor, mais les enseignements avortés d’Adam furent repris par les prêtres séthites, et certaines de ces vérités n’ont jamais été entièrement perdues pour le monde. La tendance tout entière de l’évolution religieuse levantine fut modifiée par les enseignements des Séthites, mais, vers l’an 2 500 av. J.-C., l’humanité avait largement perdu de vue la révélation offerte à l’époque d’Éden. 92:4.7 3. Melchizédek de Salem. Ce fils de Nébadon, envoyé au secours de la planète, inaugura la troisième révélation de la vérité sur Urantia. Les préceptes cardinaux de ses enseignements étaient la confiance et la foi. Il enseigna la confiance en l’omnipotente bienfaisance de Dieu et proclama que la foi était l’acte par lequel les hommes gagnaient la faveur de Dieu. Ses enseignements s’entremêlèrent graduellement avec les croyances et pratiques de diverses religions évolutionnaires et donnèrent finalement les systèmes théologiques en vigueur sur Urantia au début du premier millénaire après le Christ. 92:4.8 4. Jésus de Nazareth. Christ Micaël présenta, pour la quatrième fois à Urantia, le concept de Dieu en tant que Père Universel, et en général cet enseignement a toujours subsisté depuis lors. L’essence de son enseignement était l’amour et le service, l’adoration aimante qu’un fils créé donne de son plein gré en reconnaissance du ministère affectueux de Dieu son Père et en réponse à ce ministère ; c’est le service que les fils créés offrent de plein gré à leurs frères dans la joie de la réalisation que, par ce service, ils servent également Dieu le Père. 92:4.9 5. Les Fascicules d’Urantia. Ces exposés, dont le présent fascicule fait partie, constituent la plus récente présentation de la vérité aux mortels d’Urantia. Ils diffèrent de toutes les révélations antérieures, car ils ne sont pas l’œuvre d’une seule personnalité de l’univers, mais une présentation composite par de nombreux êtres. Toutefois, jamais aucune révélation ne peut être complète avant d’atteindre le Père Universel. Tous les autres ministères célestes ne sont que partiels, transitoires et pratiquement adaptés aux conditions locales dans le temps et l’espace. Il est possible qu’en admettant cela, on amoindrisse la force et l’autorité immédiates de toutes les révélations, mais l’heure est arrivée sur Urantia où il est opportun de faire ces franches déclarations, même au risque d’affaiblir l’influence et l’autorité du présent ouvrage qui représente la révélation la plus récente de la vérité aux races mortelles d’Urantia. 5. Les grands chefs religieux 92:5.1 Dans la religion évolutionnaire, on conçoit les dieux comme existant à la similitude de l’image de l’homme. Dans la religion révélée, on enseigne aux hommes qu’ils sont fils de Dieu – et même façonnés à l’image finie de la divinité. Dans les croyances synthétisant les enseignements de la révélation et les produits de l’évolution, le concept de Dieu est un mélange : 92:5.2 1. Les idées préexistantes des cultes évolutionnaires. 92:5.3 2. Les idéaux sublimes de la religion révélée. 92:5.4 3. Les points de vue personnels des grands chefs religieux, les prophètes et instructeurs de l’humanité. 92:5.5 La plupart des grandes époques religieuses ont été inaugurées par la vie et les enseignements d’une personnalité sortant de l’ordinaire. La majorité des mouvements moraux historiques dignes d’être mentionnés a eu son origine dans les directives d’un chef. Les hommes ont toujours eu tendance à vénérer ce chef, même aux dépens de ses enseignements, à révérer sa personnalité, même en perdant de vue les vérités qu’il proclamait. Cela n’est pas sans raison ; le cœur de l’homme évolutionnaire contient le désir instinctif de recevoir de l’aide d’en haut et de l’au-delà. Cet ardent désir est destiné à anticiper l’apparition sur la Terre du Prince Planétaire et des Fils Matériels ultérieurs. Sur Urantia, les hommes ont été privés de ces chefs et dirigeants suprahumains ; c’est pourquoi ils cherchent constamment à compenser cette perte en entourant leurs chefs humains de légendes retraçant des origines surnaturelles et des carrières miraculeuses. 92:5.6 Bien des races ont imaginé que leurs chefs étaient nés de vierges ; leurs carrières sont libéralement parsemées d’épisodes miraculeux, et leur retour est toujours attendu par leurs groupes respectifs. Les hommes des tribus d’Asie centrale attendent toujours le retour de Gengis Khan ; au Tibet, en Chine et aux Indes, c’est Bouddha, et, dans l’Islam, Mahomet ; chez les Amérindiens, c’était Hésunanine Onamonalonton ; chez les Hébreux, c’était en général le retour d’Adam comme chef incarné. À Babylone, le dieu Mardouk était une perpétuation de la légende d’Adam, l’idée du fils-de-Dieu, le chainon reliant l’homme à Dieu. À la suite de l’apparition d’Adam sur terre, de prétendus fils de Dieu se trouvèrent couramment parmi les races du monde. 92:5.7 Mais, indépendamment de la crainte superstitieuse que l’on éprouvait souvent à leur égard, le fait demeure que ces instructeurs furent les personnalités temporelles servant de points d’appui aux leviers de la vérité révélée pour faire progresser la moralité, la philosophie et la religion de l’humanité. 92:5.8 Il y a eu des centaines et des centaines de chefs religieux au cours du million d’années de l’histoire humaine d’Urantia, depuis Onagar jusqu’au gourou Nanak. Pendant ce temps se sont produits nombre de flux et de reflux de la marée de vérité religieuse et de foi spirituelle et, dans le passé, chaque renaissance de la religion sur Urantia a été identifiée avec la vie et les enseignements de quelque chef religieux. En étudiant les instructeurs des temps récents, il peut se révéler utile de les grouper en sept époques religieuses majeures de l’histoire d’Urantia après Adam. 92:5.9 1. La période séthite. Les prêtres séthites, régénérés sous la direction d’Amosad, devinrent les grands éducateurs postadamiques. Ils opérèrent dans tous les pays des Andites, et leur influence persista le plus longtemps chez les Grecs, les Sumériens et les Hindous. Chez ces derniers, ils ont persisté jusqu’à l’époque actuelle en tant que brahmanes de la foi hindoue. Les Séthites et leurs fidèles ne perdirent jamais complètement le concept de la Trinité révélé par Adam. 92:5.10 2. L’ère des missionnaires de Melchizédek. Dans une grande mesure, la religion d’Urantia fut régénérée par les efforts des éducateurs commissionnés par Machiventa Melchizédek à l’époque où il vivait et enseignait à Salem, près de deux-mille ans avant le Christ. Ces missionnaires proclamèrent que la foi était le prix de la faveur de Dieu ; leurs enseignements ne provoquèrent pas l’apparition immédiate de religions, mais formèrent néanmoins les bases sur lesquelles des instructeurs ultérieurs de la vérité devaient bâtir les religions d’Urantia. 92:5.11 3. L’ère postérieure à Melchizédek. Aménémopé et Ikhnaton enseignèrent tous deux au cours de cette période, mais le génie religieux le plus remarquable de l’ère postérieure à Melchizédek fut le chef d’un groupe de Bédouins levantins, le fondateur de la religion hébraïque – Moïse. Moïse enseigna le monothéisme. Il dit : « Écoute, O Israël, le Seigneur notre Dieu est un seul Dieu. » « Le Seigneur, c’est lui qui est Dieu, et il n’y en a point d’autre que lui. » Il chercha avec persistance à déraciner, chez son peuple, les vestiges du culte des fantômes, allant même jusqu’à prescrire la peine de mort pour ceux qui le pratiquaient. Le monothéisme de Moïse fut altéré par ses successeurs, mais plus tard ils revinrent à nombre de ses enseignements. La grandeur de Moïse réside dans sa sagesse et sa sagacité. D’autres hommes ont eu de plus grands concepts de Dieu, mais nul n’a jamais si bien réussi à faire adopter des croyances aussi avancées par un aussi grand nombre de personnes. 92:5.12 4. Le sixième siècle avant le Christ. Ce fut l’un des plus grands siècles d’éveil religieux dont Urantia ait jamais été témoin. De nombreuses personnalités surgirent pour proclamer la vérité, et parmi elles on peut citer Gautama, Confucius, Lao-Tseu, Zoroastre et les instructeurs jaïnistes. Les enseignements de Gautama se sont largement répandus en Asie ; des millions d’hommes le révèrent en tant que Bouddha. Confucius joua pour la moralité chinoise le même rôle que Platon pour la philosophie grecque ; leurs enseignements eurent sans doute des répercussions religieuses, mais, à parler strictement, aucun des deux n’était un éducateur religieux. Lao-Tseu eut une vision plus étendue de Dieu dans le Tao que Confucius dans l’humanité ou Platon dans l’idéalisme. Zoroastre, bien que très influencé par le concept prédominant du dualisme spirituel, le bien et le mal, exalta nettement, en même temps, l’idée d’une Déité éternelle et de la victoire ultime de la lumière sur les ténèbres. 92:5.13 5. Le premier siècle de l’ère chrétienne. En tant qu’instructeur religieux, Jésus de Nazareth partit du culte établi par Jean le Baptiste et s’éloigna autant qu’il le put des jeûnes et des formes. En dehors de Jésus, Paul de Tarse et Philon d’Alexandrie furent les plus grands éducateurs religieux de cette époque. Leurs concepts de la religion ont joué un rôle dominant dans l’évolution de la foi qui porte le nom du Christ. 92:5.14 6. Le sixième siècle de l’ère chrétienne. Mahomet fonda une religion qui était supérieure à bien des credos de son temps. Elle était une protestation contre les exigences sociales des religions étrangères et contre l’incohérence de la vie religieuse de son propre peuple. 92:5.15 7. Le quinzième siècle après le Christ. Cette période comporta deux mouvements religieux : la dislocation de l’unité du christianisme en Occident et la synthèse d’une nouvelle religion en Orient. En Europe, le christianisme devenu une institution avait atteint le degré de sclérose qui rendait la poursuite de sa croissance incompatible avec l’unité. En Orient, les enseignements conjugués de l’islam, de l’hindouisme et du bouddhisme furent synthétisés par Nanak et ses fidèles dans le sikhisme, l’une des religions les plus évoluées d’Asie. 92:5.16 L’avenir d’Urantia sera indubitablement caractérisé par l’apparition d’instructeurs de la vérité religieuse – la Paternité de Dieu et la fraternité de toutes les créatures. Mais il faut espérer que les ardents et sincères efforts de ces futurs prophètes seront moins dirigés vers le renforcement des barrières entre religions, et davantage vers l’accroissement d’une fraternité religieuse d’adoration spirituelle parmi les nombreux fidèles des théologies intellectuelles différentes si caractéristiques de la planète Urantia de Satania. 6. Les religions composites 92:6.1 Les religions d’Urantia au vingtième siècle offrent un tableau intéressant de l’évolution sociale de la tendance humaine à l’adoration. Bien des croyances ont très peu progressé depuis l’époque du culte des fantômes. En tant que groupe, les Pygmées d’Afrique n’ont pas de réactions religieuses, bien que certains d’entre eux croient un peu à un environnement d’esprits. Ils sont exactement aujourd’hui au point où se trouvaient les hommes primitifs au début de l’évolution de la religion. La croyance fondamentale de la religion primitive était la survie après la mort. L’idée d’adorer un Dieu personnel dénote un développement évolutionnaire avancé, et même le premier stade de la révélation. Les Dyaks n’ont institué que les pratiques religieuses les plus primitives. Les Esquimaux et les Amérindiens n’avaient encore, assez récemment, que de très pauvres concepts de Dieu ; ils croyaient aux fantômes et avaient une vague idée d’une sorte de survie après la mort. Les Aborigènes australiens d’aujourd’hui éprouvent seulement la peur des fantômes, la crainte de l’obscurité et une vénération rudimentaire des ancêtres. Les Zoulous sont juste en train d’élaborer une religion de sacrifices et de peur des fantômes. De nombreuses tribus africaines n’ont pas encore dépassé le stade fétichiste de l’évolution religieuse, sauf quand elles ont subi l’influence des missionnaires chrétiens et musulmans. Toutefois, quelques groupes se sont attachés depuis longtemps à l’idée du monothéisme, tels les Thraces de jadis qui croyaient aussi à l’immortalité. 92:6.2 Sur Urantia, la religion évolutionnaire et la religion révélée progressent côte à côte, tout en se mélangeant et en fusionnant dans les divers systèmes théologiques que l’on rencontrait dans le monde à l’époque de la rédaction des présents fascicules. Ces religions, celles du vingtième siècle d’Urantia, peuvent être énumérées comme suit : 92:6.3 1. L’hindouisme – la plus ancienne. 92:6.4 2. La religion hébraïque. 92:6.5 3. Le bouddhisme. 92:6.6 4. Les enseignements de Confucius. 92:6.7 5. Les croyances taoïstes. 92:6.8 6. Le zoroastrisme. 92:6.9 7. Le shinto. 92:6.10 8. Le jaïnisme. 92:6.11 9. Le christianisme. 92:6.12 10. L’islam. 92:6.13 11. Le sikhisme – la plus récente. 92:6.14 Les religions les plus évoluées de l’antiquité étaient le judaïsme et l’hindouisme, et les deux ont respectivement exercé une grande influence sur le cours du développement religieux en Occident et en Orient. Les Hindous et les Hébreux croyaient tous deux que leur religion était inspirée et révélée, et que toutes les autres étaient des formes décadentes de l’unique foi véritable. 92:6.15 L’Inde est divisée entre les religions hindoue, sikh, musulmane et jaïn, dont chacune décrit Dieu, l’homme et l’univers selon ses propres conceptions. La Chine suit les enseignements du Tao et de Confucius. Le shinto est révéré au Japon. 92:6.16 Les grandes croyances internationales, interraciales, sont la foi hébraïque, la foi bouddhique, la foi chrétienne et la foi islamique. Le bouddhisme s’étend depuis Ceylan et la Birmanie à travers le Tibet et la Chine jusqu’au Japon. Il a montré, par rapport aux mœurs de nombreux peuples, une faculté d’adaptation que le christianisme a été seul à égaler. 92:6.17 La religion hébraïque englobe la transition philosophique entre le polythéisme et le monothéisme ; elle est un chainon évolutionnaire entre les religions d’évolution et les religions de révélation. Les Hébreux furent le seul peuple occidental à suivre l’évolution de leurs dieux primitifs jusqu’au bout, jusqu’au Dieu de la révélation, mais cette vérité ne fut jamais franchement acceptée avant l’époque d’Isaïe, qui enseigna de nouveau l’idée mixte d’une déité raciale conjuguée avec un Créateur Universel : « Ô Seigneur des Armées, Dieu d’Israël, tu es Dieu, et il n’y en a point d’autre ; tu as créé le ciel et la terre. » À un moment donné, l’espoir de survie de la civilisation occidentale résida dans les sublimes concepts hébraïques de la bonté et dans les concepts grecs avancés de la beauté. 92:6.18 La religion chrétienne est la religion qui traite de la vie et des enseignements du Christ ; elle est basée sur la théologie du judaïsme, modifiée par l’assimilation de certains enseignements de Zoroastre et de la philosophie grecque, et formulée principalement par trois personnalités : Philon, Pierre et Paul. Elle a passé par de nombreuses phases d’évolution depuis Paul, et elle s’est si complètement occidentalisée que beaucoup de peuples non européens considèrent tout naturellement le christianisme comme l’étrange révélation d’un étrange Dieu, et comme destiné à des étrangers. 92:6.19 L’islam est le lien religio-culturel entre l’Afrique du Nord, le Levant et l’Asie du Sud-Est. Ce fut la théologie juive, en liaison avec les enseignements chrétiens ultérieurs, qui rendit l’islam monothéiste. Les disciples de Mahomet trébuchèrent sur les enseignements avancés de la Trinité ; ils ne pouvaient comprendre la doctrine de trois personnalités divines et d’une seule Déité. Il est toujours difficile d’amener le mental évolutionnaire à accepter soudainement une vérité supérieure révélée. L’homme est une créature évolutionnaire et, dans l’ensemble, il faut qu’il acquière sa religion par des techniques évolutionnaires. 92:6.20 Le culte des ancêtres constitua, à une époque donnée, un progrès incontestable dans l’évolution religieuse, mais il est à la fois étonnant et regrettable que ce concept primitif persiste en Chine, au Japon et aux Indes parmi tant d’idées relativement plus avancées telles que le bouddhisme et l’hindouisme. En Occident, le culte des ancêtres devint la vénération des dieux nationaux et le respect pour les héros de la race. Au vingtième siècle, cette religion nationaliste de vénération des héros fait son apparition dans les divers laïcismes radicaux et nationalistes qui caractérisent beaucoup de races et de nations occidentales. Cette attitude se retrouve aussi en grande partie dans les grandes universités et les importantes communautés industrielles des peuples de langue anglaise. L’idée que la religion n’est que « la recherche en commun d’une vie bien vécue » ne diffère pas beaucoup de ces concepts. Les « religions nationales » ne sont rien de plus qu’un retour à l’adoration primitive de l’empereur chez les Romains, et au shinto – l’adoration de l’État dans la famille impériale japonaise. 7. L’évolution ultérieure de la religion 92:7.1 La religion ne peut jamais devenir un fait scientifique. La philosophie peut, en vérité, reposer sur une base scientifique, mais la religion restera toujours soit évolutionnaire, soit révélée, soit une combinaison éventuelle des deux, comme c’est le cas dans le monde d’aujourd’hui. 92:7.2 De nouvelles religions ne peuvent être inventées ; ou bien elles sont issues d’une évolution ou bien elles sont soudainement révélées. Toutes les religions évolutionnaires nouvelles sont simplement des expressions progressives d’anciennes croyances, de nouvelles adaptations, de nouveaux ajustements. L’ancien ne cesse pas d’exister ; il est fondu dans le nouveau, comme dans le cas du sikhisme qui a bourgeonné et fleuri en plongeant ses racines dans le terrain et les formes de l’hindouisme, du bouddhisme, de l’islamisme et d’autres cultes contemporains. La religion primitive était fort démocratique ; les sauvages empruntaient et prêtaient facilement. C’est seulement avec la religion révélée qu’apparurent les égotismes théologiques autocratiques et intolérants. 92:7.3 Les nombreuses religions d’Urantia sont toutes bonnes dans la mesure où elles amènent l’homme à Dieu et où elles apportent à l’homme la réalisation du Père. C’est une erreur, pour un groupe religieux quelconque, de s’imaginer que son crédo est La Vérité ; cette attitude dénote plus de morgue théologique que de certitude dans la foi. Toutes les religions d’Urantia sans exception auraient profit à étudier et assimiler le meilleur des vérités contenues dans toutes les autres, car elles contiennent toutes des vérités. Les religionistes feraient mieux d’emprunter ce qu’il y a de meilleur dans la foi spirituelle vivante de leurs voisins, que de dénoncer ce qu’il y a de pire dans leurs superstitions rémanentes et leurs rituels désuets. 92:7.4 Toutes ces religions sont nées comme conséquence de la réaction intellectuelle variable des hommes à des directives spirituelles identiques. Ils doivent abandonner tout espoir d’arriver à une uniformité de crédos, de dogmes et de rituels – car ceux-ci sont intellectuels ; mais ils peuvent, et ils y parviendront un jour, réaliser une unité dans l’adoration sincère du Père de tous, car celle-ci est spirituelle, et il est éternellement vrai qu’en esprit tous les hommes sont égaux. 92:7.5 La religion primitive était largement une conscience des valeurs matérielles, mais la civilisation élève les valeurs religieuses, car la vraie religion est la consécration de soi au service des valeurs significatives et suprêmes. À mesure que la religion évolue, l’éthique devient la philosophie de la morale, et la moralité devient la discipline de soi par les critères des significations supérieures et des valeurs suprêmes – des idéaux divins et spirituels. La religion devient ainsi une dévotion spontanée et touchante, l’expérience vivante de la fidélité de l’amour. 92:7.6 La qualité d’une religion s’apprécie par : 92:7.7 1. Le niveau des valeurs – les allégeances. 92:7.8 2. La profondeur de ses significations – la sensibilisation des individus à l’appréciation idéaliste de ces valeurs supérieures. 92:7.9 3. L’intensité de la consécration – le degré de dévotion à ces valeurs divines. 92:7.10 4. Les progrès sans entraves de la personnalité dans ce sentier cosmique de vie spirituelle idéaliste, la réalisation de la filiation avec Dieu et la citoyenneté indéfiniment progressive dans l’univers. 92:7.11 Les significations religieuses progressent dans la conscience de soi quand l’enfant transfère de ses parents à Dieu ses idées sur l’omnipotence. Toute l’expérience religieuse de cet enfant dépend largement du fait que ses relations avec ses parents ont été dominées par la peur ou par l’amour. Les esclaves ont toujours éprouvé de grandes difficultés à transformer la peur de leurs maitres en concepts d’amour de Dieu. La civilisation, la science et les religions supérieures doivent délivrer l’humanité de ces peurs nées de la crainte des phénomènes naturels. Une plus grande illumination devrait ainsi éviter aux mortels éduqués de dépendre d’un intermédiaire quelconque pour communier avec la Déité. 92:7.12 Les stades intermédiaires d’hésitation idolâtre pour transférer la vénération des choses humaines et visibles aux choses divines et invisibles sont inévitables, mais ces stades devraient être abrégés par la conscience des facilités apportées par le ministère de l’esprit divin intérieur. Néanmoins, les hommes ont été profondément influencés non seulement par leurs concepts de la Déité, mais aussi par le caractère des héros qu’ils ont choisi d’honorer. Il est fort malheureux que ceux qui ont été amenés à vénérer le Christ divin et ressuscité aient négligé l’homme – le vaillant et courageux héros – Joshua ben Joseph. 92:7.13 Les hommes modernes ont en eux-mêmes une conscience suffisante de la religion, mais leurs coutumes d’adoration sont rendues confuses et sont discréditées par leur métamorphose sociale accélérée et leur développement scientifique sans précédent. Les hommes et les femmes qui pensent veulent que la religion soit définie à nouveau, et cette exigence obligera la religion à se réévaluer. 92:7.14 L’homme moderne est confronté à la tâche de faire en une seule génération plus de rajustements dans les valeurs humaines qu’il n’en a été fait en deux-mille ans. Et tout cela influence l’attitude sociale envers la religion, car la religion est une manière de vivre aussi bien qu’une technique de pensée. 92:7.15 La vraie religion doit toujours être simultanément l’éternel fondement et l’étoile directrice de toutes les civilisations durables. 92:7.16 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.] FASCICULE 93. Machiventa Melchizédek 93:0.1 Les Melchizédeks sont largement connus comme Fils de secours, car ils s’engagent dans une stupéfiante série d’activités sur les mondes d’un univers local. Quand un problème extraordinaire se pose ou qu’il faut tenter quelque chose d’inhabituel, c’est très souvent un Melchizédek qui en accepte la mission. L’aptitude des Fils Melchizédeks à opérer en cas d’urgence et sur des niveaux très diversifiés de l’univers, même sur le niveau physique de manifestation de la personnalité, est particulière à leur ordre. Seuls les Porteurs de Vie partagent, dans une certaine mesure, cette étendue métamorphique de fonctions de personnalité. 93:0.2 L’ordre Melchizédek de filiation universelle a été extrêmement actif sur Urantia. Un corps de douze d’entre eux a servi en liaison avec les Porteurs de Vie. Un corps ultérieur de douze assura l’administration provisoire de votre monde peu après la sécession de Caligastia et conserva l’autorité jusqu’à l’époque d’Adam et d’Ève. Ces douze Melchizédeks revinrent sur Urantia après la défaillance d’Adam et d’Ève, et continuèrent ensuite comme administrateurs provisoires de la planète jusqu’au jour où Jésus de Nazareth, en tant que Fils de l’Homme, devint Prince Planétaire titulaire d’Urantia. 1. L’incarnation de Machiventa 93:1.1 La vérité révélée fut menacée de disparition durant les millénaires qui suivirent l’avortement de la mission d’Adam sur Urantia. Intellectuellement, les races humaines faisaient des progrès, mais, spirituellement, elles perdaient lentement du terrain. Vers l’an 3 000 av. J.-C., le concept de Dieu était devenu très vague dans le mental des hommes. 93:1.2 Les douze administrateurs provisoires Melchizédeks étaient au courant du projet d’effusion de Micaël sur leur planète, mais ne savaient pas dans quel délai elle se produirait. C’est pourquoi ils se réunirent en conseil solennel et demandèrent aux Très Hauts d’Édentia que des dispositions fussent prises pour maintenir la lumière de la vérité sur Urantia. Cette demande fut rejetée avec la mention que « la conduite des affaires sur la 606 de Satania est entièrement entre les mains des conservateurs Melchizédeks ». Les administrateurs provisoires appelèrent alors à l’aide le Père Melchizédek, mais reçurent seulement la notification qu’ils devaient continuer à soutenir la vérité de la manière qu’ils auraient eux-mêmes choisie « jusqu’à l’arrivée d’un Fils d’effusion » qui « sauverait de la déchéance et de l’incertitude les titres planétaires ». 93:1.3 Ce fut comme conséquence de la réduction complète des douze administrateurs provisoires de la planète à leurs propres ressources que l’un d’eux, Machiventa Melchizédek, se porta volontaire pour faire ce qui n’avait été accompli que six fois dans toute l’histoire de Nébadon : se personnaliser temporairement sur terre comme un homme du royaume, s’effuser comme Fils de secours pour un ministère auprès du monde. Les autorités de Salvington accordèrent la permission de tenter cette aventure, et l’incarnation effective de Machiventa Melchizédek fut consommée près du lieu qui allait devenir la ville de Salem, en Palestine. Toute l’opération de la matérialisation de ce Fils Melchizédek fut accomplie par les administrateurs provisoires planétaires avec la coopération des Porteurs de Vie, de certains Maitres Contrôleurs Physiques et d’autres personnalités célestes résidant sur Urantia. 2. Le sage de Salem 93:2.1 C’est 1 973 ans avant la naissance de Jésus que Machiventa s’effusa sur les races humaines d’Urantia. Son arrivée n’eut rien de spectaculaire ; nul œil humain ne fut témoin de sa matérialisation. La première fois qu’un mortel l’observa fut le jour mémorable où il entra dans la tente d’Amdon, un éleveur chaldéen d’origine sumérienne. La proclamation de sa mission fut incorporée dans la simple déclaration qu’il fit à ce berger : « Je suis Melchizédek, prêtre d’El Elyon, le Très Haut, le seul et unique Dieu. » 93:2.2 Quand le berger fut revenu de son étonnement et eut accablé cet étranger de nombreuses questions, il demanda à Melchizédek de souper avec lui. Ce fut la première fois, dans sa longue carrière universelle, que Machiventa mangea des aliments matériels, la nourriture qui devait le sustenter pendant les quatre-vingt-quatorze ans de sa vie en tant qu’être matériel. 93:2.3 Cette nuit-là, tandis qu’ils conversaient sous les étoiles, Melchizédek inaugura sa mission de révéler la vérité de la réalité de Dieu lorsqu’avec un mouvement circulaire du bras, il se tourna vers Amdon en disant : « El Elyon, le Très Haut, est le divin créateur des étoiles et du firmament, et même de cette terre sur laquelle nous vivons, et il est aussi le Dieu suprême du ciel. » 93:2.4 En peu d’années, Melchizédek avait assemblé autour de lui un groupe d’élèves, de disciples et de croyants qui forma le noyau de la communauté ultérieure de Salem. Il fut bientôt connu dans toute la Palestine comme le prêtre d’El Elyon, le Très Haut, et comme le sage de Salem. Chez certaines tribus environnantes, on l’appelait souvent le cheikh ou le roi de Salem. Salem était le lieu qui, après la disparition de Melchizédek, devint la ville de Jébus, qui reçut plus tard le nom de Jérusalem. 93:2.5 Dans son apparence personnelle, Melchizédek ressemblait à un membre des peuples sumériens et nodites alors mêlés ; il avait presque 1m80 de haut et une prestance imposante. Il parlait le chaldéen et une demi-douzaine d’autres langues. Il s’habillait à la manière des prêtres de Canaan, sauf que, sur sa poitrine, il portait un emblème de trois cercles concentriques, le symbole de la Trinité du Paradis en usage dans Satania. Au cours de son ministère, cet insigne de trois cercles concentriques fut considéré par ses disciples comme tellement sacré qu’ils n’osèrent jamais s’en servir, et, après le passage de quelques générations, cet emblème fut vite oublié. 93:2.6 Bien que Machiventa ait vécu à la manière des hommes du royaume, il ne se maria jamais et n’aurait pas pu laisser de descendance sur terre. Tout en ressemblant à celui d’un homme, son corps physique était en réalité d’un ordre particulier, celui des corps spécialement construits employés par les cent membres matérialisés de l’état-major du Prince Caligastia, sauf qu’il ne portait le plasma vital d’aucune race humaine. L’arbre de vie n’était pas non plus disponible sur Urantia. Si Machiventa était resté sur terre pendant une longue période, son mécanisme physique se serait progressivement détérioré. Quoi qu’il en soit, il termina sa mission d’effusion en quatre-vingt-quatorze ans, bien avant que son corps matériel eût commencé à se désintégrer. 93:2.7 Ce Melchizédek incarné reçut un Ajusteur de Pensée qui habita sa personnalité suprahumaine comme moniteur du temps et mentor de la chair. Cet esprit du Père acquit aussi l’expérience et l’introduction pratique aux problèmes d’Urantia, ainsi que la technique d’habitation d’un Fils incarné. C’est grâce à cela qu’il put agir si valeureusement dans le mental humain du Fils de Dieu qui vint plus tard, lorsque Micaël apparut sur terre dans la similitude de la chair mortelle. C’est l’unique Ajusteur de Pensée qui ait jamais opéré deux fois dans un mental sur Urantia, mais, les deux fois, le mental était divin aussi bien qu’humain. 93:2.8 Durant son incarnation, Machiventa resta en contact continu avec ses onze compagnons du corps des conservateurs planétaires, mais il ne pouvait communiquer avec d’autres ordres de personnalités célestes. En dehors des administrateurs provisoires Melchizédeks, il n’avait pas plus de contact avec des intelligences suprahumaines qu’un être humain ordinaire. 3. Les enseignements de Melchizédek 93:3.1 Au bout d’une dizaine d’années, Melchizédek organisa ses écoles à Salem en les modelant sur l’antique système développé par les premiers prêtres séthites du second Éden. Même l’idée de la dime, qui fut introduite par celui qu’il convertit plus tard, Abraham, dérivait aussi des traditions persistantes concernant les méthodes des anciens séthites.« 93:3.2 Melchizédek enseigna le concept d’un Dieu unique, d’une Déité universelle, mais il permit au peuple d’associer cet enseignement au Père de la Constellation de Norlatiadek, qu’il appelait El Elyon – le Très Haut. Melchizédek garda à peu près le silence sur le statut de Lucifer et l’état des affaires sur Jérusem. Lanaforge, le Souverain du Système, eut peu à s’occuper d’Urantia avant que Micaël y eût achevé son effusion. Pour la majorité des étudiants de Salem, Édentia était le ciel, et le Très Haut était Dieu. 93:3.3 Le symbole des trois cercles concentriques, que Melchizédek adopta comme insigne de son effusion, fut interprété par la plupart des gens comme représentant les trois royaumes des hommes, des anges et de Dieu. Melchizédek les laissa persister dans cette croyance ; très peu de ses disciples surent jamais que ces trois cercles étaient emblématiques de l’infinité, de l’éternité et de l’universalité de la Trinité du Paradis, qui entretient l’univers et le dirige divinement. Même Abraham regardait plutôt ce symbole comme représentant les trois Très Hauts d’Édentia, car on lui avait appris que les trois Pères de la Constellation agissaient comme un. Dans la mesure où Melchizédek enseigna le concept de la Trinité symbolisé par son insigne, il l’associa généralement aux trois chefs Vorondadeks de la constellation de Norlatiadek. 93:3.4 Pour la troupe de ses partisans, il ne fit aucun effort pour présenter des enseignements dépassant le sujet du gouvernement des Très Hauts d’Édentia – les Dieux d’Urantia. Melchizédek enseigna toutefois à certains des vérités supérieures, y compris la conduite et l’organisation de l’univers local. Mais, à son brillant disciple Nordan le Kénite et à son groupe d’étudiants assidus, il enseigna les vérités du superunivers et même de Havona. 93:3.5 Les membres de la famille de Katro, chez qui Melchizédek vécut pendant plus de trente ans, connurent beaucoup de ces vérités supérieures et les perpétuèrent longtemps dans leurs familles, même jusqu’à l’époque de leur illustre descendant Moïse. Celui-ci se trouva ainsi en possession d’une tradition du temps de Melchizédek faisant autorité, car elle lui avait été transmise par la branche paternelle de ses ancêtres et aussi par d’autres sources touchant sa branche maternelle. 93:3.6 Melchizédek enseigna à ses disciples tout ce qu’ils étaient capables d’absorber et d’assimiler. Bien des idées religieuses modernes concernant le ciel et la terre, l’homme, Dieu et les anges ne sont pas très éloignées de ces enseignements de Melchizédek. Mais ce grand instructeur subordonna tout à la doctrine d’un Dieu unique, une Déité universelle, un Créateur céleste, un Père divin. Il insista sur cet enseignement pour faire appel à l’adoration humaine et préparer le chemin à l’apparition ultérieure de Micaël en tant que Fils de ce même Père Universel. 93:3.7 Melchizédek enseigna qu’à un moment donné dans l’avenir, un autre Fils de Dieu viendrait s’incarner comme lui-même, mais qu’il naitrait d’une femme ; c’est pourquoi de nombreux éducateurs ultérieurs soutinrent que Jésus était un prêtre, ou ministre « pour toujours selon l’ordre de Melchizédek ». 93:3.8 C’est ainsi que Melchizédek prépara la voie et établit le stade monothéiste de la tendance du monde pour l’effusion d’un véritable Fils Paradisiaque de ce Dieu unique qu’il décrivait d’une manière si vivante comme le Père de tous, et qu’il représenta à Abraham comme un Dieu acceptant les hommes sous la simple condition d’une foi personnelle. Quand Micaël apparut sur terre, il confirma tout ce que Melchizédek avait enseigné au sujet du Père du Paradis. 4. La religion de Salem 93:4.1 Les cérémonies du culte de Salem étaient fort simples. Toute personne qui signait sur les tablettes d’argile des listes de l’église Melchizédek, ou y apposait une marque, apprenait par cœur le credo suivant et y souscrivait : 93:4.2 1. Je crois en El Elyon, le Dieu Très Haut, le seul Père Universel et Créateur de toutes choses. 93:4.3 2. J’accepte l’alliance de Melchizédek avec le Très Haut, selon laquelle la faveur de Dieu est accordée à ma foi, et non à des sacrifices et à des offrandes consumées. 93:4.4 3. Je promets d’obéir aux sept commandements de Melchizédek et d’annoncer à tous les hommes la bonne nouvelle de cette alliance avec le Très Haut. 93:4.5 Le crédo de la colonie de Salem se bornait à cela, mais même cette courte et simple déclaration de foi était excessive et trop avancée pour les hommes de cette époque. Ils n’étaient pas encore capables de saisir l’idée que la faveur divine s’obtient gratuitement – par la foi. Ils étaient trop profondément confirmés dans la croyance que les hommes sont nés déchus par rapport aux dieux. Ils avaient fait trop longtemps et avec trop de conviction des dons aux prêtres et des sacrifices aux dieux pour être capables de comprendre la bonne nouvelle que le salut, la faveur divine, était accordé gracieusement à tous ceux qui voulaient croire à l’alliance de Melchizédek. Mais Abraham y crut timidement, et même cela lui fut « imputé à justice ». 93:4.6 Les sept commandements promulgués par Melchizédek étaient modelés sur l’ancienne loi suprême de Dalamatia et ressemblaient beaucoup à ceux qui avaient été enseignés dans le premier et le second Éden. Ces commandements de la religion de Salem étaient les suivants : 93:4.7 1. Tu ne serviras point d’autre Dieu que le Très Haut Créateur du ciel et de la terre. 93:4.8 2. Tu ne douteras pas que la foi soit la seule condition requise pour le salut éternel. 93:4.9 3. Tu ne porteras pas de faux témoignage. 93:4.10 4. Tu ne tueras pas. 93:4.11 5. Tu ne déroberas pas. 93:4.12 6. Tu ne commettras pas d’adultère. 93:4.13 7. Tu ne manqueras pas d’égards envers tes parents et tes ainés. 93:4.14 Aucun sacrifice n’était autorisé à l’intérieur de la colonie, mais Melchizédek savait combien il est difficile de déraciner brusquement des coutumes établies depuis longtemps ; en conséquence, il avait sagement offert à ces gens de substituer un sacrement de pain et de vin à l’ancien sacrifice de chair et de sang. Vos Écritures rapportent que « Melchizédek, roi de Salem, fit apporter du pain et du vin ». Mais même cette prudente innovation ne fut pas entièrement couronnée de succès ; les diverses tribus entretinrent toutes, aux abords de Salem, des centres auxiliaires où elles offraient des sacrifices et brulaient des offrandes. Abraham lui-même eut recours à cette pratique barbare après sa victoire sur Kedorlaomer ; simplement, il ne se sentait pas complètement à l’aise avant d’avoir offert un sacrifice classique. Melchizédek ne réussit en fait jamais à extirper totalement cette tendance aux sacrifices des pratiques religieuses de ses disciples, même chez Abraham. 93:4.15 À l’instar de Jésus, Melchizédek s’appliqua strictement à remplir la mission de son effusion. Il n’essaya pas de réformer les mœurs, de changer les habitudes du monde, ni même de promulguer des pratiques hygiéniques avancées ou des vérités scientifiques. Il vint accomplir deux tâches : garder vivante sur terre la vérité du Dieu unique et préparer le chemin pour l’effusion ultérieure en tant que mortel d’un Fils Paradisiaque de ce Père Universel. 93:4.16 Melchizédek enseigna à Salem les éléments de la vérité révélée, et cela pendant quatre-vingt-quatorze ans durant lesquels Abraham fréquenta l’école de Salem à trois reprises différentes. Abraham se convertit finalement aux enseignements de Salem et devint l’un des plus brillants élèves et l’un des principaux soutiens de Melchizédek. 5. La sélection d’Abraham 93:5.1 Bien qu’il puisse être erroné de parler d’un « peuple élu », ce n’est pas une erreur d’appeler Abraham un « élu ». De fait, Melchizédek confia à Abraham la responsabilité de maintenir vivante la vérité d’un Dieu unique en contraste avec la croyance prédominante à des déités multiples. 93:5.2 Le choix de la Palestine comme siège des activités de Machiventa fut en partie basé sur le désir d’établir le contact avec une famille humaine incorporant le potentiel des qualités de chef. À l’époque de l’incarnation de Melchizédek, beaucoup de familles terrestres étaient tout aussi bien préparées que celle d’Abraham à recevoir la doctrine de Salem. Il y avait des familles également douées parmi les hommes rouges, les hommes jaunes et les descendants des Andites de l’Ouest et du Nord. Mais, encore une fois, aucun de leurs lieux de séjour n’était aussi bien situé que la rive orientale de la mer Méditerranée pour l’apparition ultérieure de Micaël sur terre. La mission de Melchizédek en Palestine et la venue subséquente de Micaël chez le peuple hébreu furent en grande partie déterminées par la géographie, du fait que la Palestine occupait un emplacement central par rapport au commerce, aux routes de voyage et à la civilisation alors existants sur la planète. 93:5.3 Pendant un certain temps, les administrateurs provisoires Melchizédeks avaient observé les ancêtres d’Abraham et ils escomptaient avec confiance que, dans une génération donnée, il naitrait un descendant caractérisé par l’intelligence, l’initiative, la sagacité et la sincérité. Les enfants de Térach, père d’Abraham, répondaient en tous points à cette attente. La possibilité de contact avec ces enfants de Térach aux talents variés joua un rôle considérable dans l’apparition de Machiventa à Salem plutôt qu’en Égypte, en Chine, aux Indes ou parmi les tribus du Nord. 93:5.4 Térach et sa famille étaient à moitié convertis à la religion de Salem, qui avait été prêchée en Chaldée. Ils entendirent parler de Melchizédek par les sermons d’Ovide, un éducateur phénicien qui proclama les doctrines de Salem à Ur. La famille de Térach quitta Ur avec l’intention de se rendre directement à Salem, mais Nahor, frère d’Abraham, n’ayant pas vu Melchizédek, était peu enthousiaste et les persuada de s’arrêter à Haran. Il fallut très longtemps, après leur arrivée en Palestine, pour qu’ils se décidassent à détruire tous les dieux lares qu’ils avaient emportés avec eux ; ils furent lents à renoncer aux nombreux dieux de Mésopotamie en faveur du Dieu unique de Salem. 93:5.5 Quelques semaines après la mort de Térach, père d’Abraham, Melchizédek envoya l’un de ses étudiants, Jaram le Hittite, porter à Abraham et à Nahor l’invitation suivante : « Venez à Salem où vous entendrez nos enseignements sur la vérité du Créateur éternel, et le monde entier sera béni par la descendance éclairée des deux frères que vous êtes. » Or Nahor n’avait pas entièrement accepté l’évangile de Melchizédek ; il resta en arrière et bâtit une puissante cité-État qui porta son nom ; mais Lot, neveu d’Abraham, décida d’accompagner son oncle à Salem. 93:5.6 En arrivant à Salem, Abraham et Lot choisirent une forteresse sur une colline proche de la ville, où ils pouvaient se défendre contre les nombreuses attaques par surprise des pillards du Nord. À cette époque, les Hittites, les Assyriens, les Philistins et d’autres groupes pillaient constamment les tribus du centre et du Sud de la Palestine. Partant de leur abri fortifié dans les collines, Abraham et Lot firent de fréquents pèlerinages à Salem. 93:5.7 Peu après s’être établis à Salem, Abraham et Lot se rendirent dans la vallée du Nil pour obtenir des vivres, car une sécheresse sévissait alors en Palestine. Durant son bref séjour en Égypte, Abraham trouva un lointain parent sur le trône d’Égypte et servit comme commandant de deux expéditions militaires très réussies pour ce roi. Durant la dernière partie de son séjour sur les bords du Nil, Abraham et sa femme Sarah vécurent à la cour. Lorsqu’Abraham quitta l’Égypte, il reçut une part du butin de ses campagnes militaires. 93:5.8 Il lui fallut une grande détermination pour se décider à renoncer aux honneurs de la cour égyptienne et à reprendre le travail plus spirituel parrainé par Machiventa. Mais Melchizédek était révéré même en Égypte et, quand toute l’histoire fut expliquée au Pharaon, ce dernier incita vivement Abraham à retourner accomplir ses vœux en faveur de la cause de Salem. 93:5.9 Abraham avait des ambitions de roi ; sur le chemin du retour d’Égypte, il exposa à Lot son plan pour subjuguer tout Canaan et amener son peuple sous l’autorité de Salem. Lot s’intéressait davantage aux affaires, si bien qu’après un désaccord ultérieur, il se rendit à Sodome et se lança dans le commerce et l’élevage des animaux. Lot n’aimait ni la vie militaire ni la vie de gardien de troupeaux. 93:5.10 Après être retourné avec sa famille à Salem, Abraham murit ses projets militaires. Il fut bientôt reconnu comme chef civil du territoire de Salem ; il avait confédéré sept tribus avoisinantes sous son commandement. En vérité, ce fut avec grande difficulté que Melchizédek freina Abraham, qui était enflammé de zèle et voulait rassembler les tribus du voisinage à la pointe de l’épée pour les amener à connaitre ainsi plus rapidement les vérités de Salem. 93:5.11 Melchizédek entretenait des relations pacifiques avec toutes les tribus des environs, il n’était pas militariste et ne fut jamais attaqué par aucune de leurs armées au cours de leurs mouvements d’avance et de recul. Il était tout à fait d’accord pour qu’Abraham formulât une politique défensive pour Salem, telle qu’elle fut mise en œuvre ultérieurement, mais il n’approuvait pas les ambitieux projets de conquête de son élève. Ils se séparèrent donc à l’amiable, et Abraham se rendit à Hébron pour y établir sa capitale militaire. 93:5.12 À cause de ses rapports étroits avec l’illustre Melchizédek, Abraham possédait un grand avantage sur les roitelets des alentours ; ils révéraient tous Melchizédek et craignaient indument Abraham. Abraham connaissait cette peur et n’attendait qu’une occasion favorable pour attaquer ses voisins ; le prétexte se présenta lorsque certains chefs émirent la prétention de razzier les biens de son neveu Lot qui demeurait à Sodome. À cette nouvelle, Abraham, à la tête de ses sept tribus confédérées, s’avança sur l’ennemi. Sa propre garde du corps de 318 hommes formait les cadres de l’armée de plus de 4 000 guerriers qui lancèrent l’attaque à cette occasion. 93:5.13 Lorsque Melchizédek apprit qu’Abraham avait déclaré la guerre, il partit pour le dissuader, mais ne le rattrapa qu’au moment où son ancien disciple revenait victorieux de la bataille. Abraham affirma avec insistance que le Dieu de Salem lui avait procuré la victoire sur ses ennemis et s’obstina à donner le dixième de son butin au trésor de Salem. Quant aux neuf autres dixièmes, il les emporta dans sa capitale à Hébron. 93:5.14 Après cette bataille de Siddim, Abraham devint chef d’une seconde confédération de onze tribus, et non seulement il paya la dime à Melchizédek, mais il veilla aussi à ce que tout le monde dans le voisinage en fît autant. Ses tractations diplomatiques avec le roi de Sodome, ainsi que la peur qu’il inspirait généralement, eurent pour résultat que le roi de Sodome et d’autres se joignirent à la confédération militaire d’Hébron ; Abraham était réellement bien en voie d’établir un puissant État en Palestine. 6. L’alliance de Melchizédek avec Abraham 93:6.1 Abraham envisageait la conquête de tout Canaan, et sa détermination était seulement affaiblie par le fait que Melchizédek ne voulait pas sanctionner l’entreprise. Mais Abraham avait à peu près décidé de s’y lancer lorsque la pensée qu’il n’avait pas de fils pour lui succéder comme chef du royaume envisagé commença à le tracasser. Il arrangea une nouvelle conférence avec Melchizédek, et ce fut au cours de cet entretien que le prêtre de Salem, ce Fils visible de Dieu, persuada Abraham d’abandonner son plan de conquêtes matérielles et de souveraineté temporelle en faveur du concept spirituel du royaume des cieux. 93:6.2 Melchizédek expliqua à Abraham la futilité de lutter contre la confédération des Amorites, mais il lui fit également comprendre que ces clans arriérés se suicidaient certainement par leurs stupides pratiques ; au bout de quelques générations, ils seraient tellement affaiblis que les descendants d’Abraham, dont le nombre se serait grandement accru entretemps, pourraient facilement les vaincre. 93:6.3 Melchizédek conclut alors avec lui une alliance formelle à Salem. Il dit à Abraham : « Regarde maintenant les cieux et compte les étoiles si tu peux ; ta semence sera aussi nombreuse qu’elles. » Et Abraham crut Melchizédek, « et cela lui fut imputé à justice ». Ensuite, Melchizédek raconta à Abraham l’histoire de la future occupation de Canaan par ses descendants après leur séjour en Égypte. 93:6.4 L’alliance de Melchizédek avec Abraham représente le grand accord urantien entre la divinité et l’humanité, selon lequel Dieu accepte de tout faire, l’homme acceptant seulement de croire à la promesse de Dieu et de suivre ses instructions. Auparavant, on croyait que le salut ne pouvait être assuré que par les œuvres – les sacrifices et les offrandes. Maintenant, Melchizédek apportait, de nouveau à Urantia, la bonne nouvelle que le salut, la faveur de Dieu, doit être acquis par la foi. Mais cet évangile de simple foi en Dieu était trop avancé ; les hommes des tribus sémitiques préférèrent ultérieurement revenir aux anciens sacrifices et à l’expiation des péchés par versement de sang. 93:6.5 Peu de temps après l’établissement de cette alliance, Isaac, le fils d’Abraham, naquit conformément à la promesse de Melchizédek. Après la naissance d’Isaac, Abraham prit très au sérieux son alliance avec Melchizédek et se rendit à Salem pour la faire confirmer par écrit. Ce fut lors de cette acceptation publique et officielle de l’alliance qu’il changea son nom d’Abram pour celui d’Abraham. 93:6.6 La plupart des croyants de Salem avaient pratiqué la circoncision, bien qu’elle n’eût jamais été rendue obligatoire par Melchizédek. Abraham s’était toujours tellement opposé à la circoncision qu’en cette occasion il décida de célébrer l’évènement en acceptant solennellement ce rite en gage de la ratification de l’alliance de Salem. 93:6.7 Ce fut à la suite de cet abandon réel et public de ses ambitions personnelles en faveur des plans plus vastes de Melchizédek, que les trois êtres célestes apparurent à Abraham dans la plaine de Mamré. Ils apparurent effectivement, malgré leur association avec les récits ultérieurs, fabriqués de toutes pièces, relatifs à la destruction naturelle de Sodome et Gomorrhe. Et ces légendes des évènements de ce temps montrent combien la morale et l’éthique étaient arriérées, même à cette époque relativement récente. 93:6.8 Après la consommation de cette alliance solennelle, la réconciliation entre Abraham et Melchizédek fut complète. Abraham reprit la direction civile et militaire de la colonie de Salem. À l’apogée du développement de cette colonie, les listes de la fraternité Melchizédek comportaient plus de cent-mille noms de personnes payant la dime. Abraham améliora grandement le temple de Salem et fournit de nouvelles tentes pour toute l’école. Non seulement il étendit le système de la dime, mais il institua aussi nombre de meilleures méthodes pour mener les affaires de l’école ; en outre, il contribua grandement à mieux gérer le département de la propagande missionnaire. Il apporta aussi une importante contribution à l’amélioration du bétail et à la réorganisation des projets de Salem concernant les produits laitiers. Abraham était un homme d’affaires sagace et efficace, un homme riche pour son époque ; il n’était pas pieux à l’excès, mais il était entièrement sincère et croyait vraiment en Machiventa Melchizédek. 7. Les missionnaires de Melchizédek 93:7.1 Melchizédek continua pendant quelques années à instruire ses étudiants et à entrainer les missionnaires de Salem. Ceux-ci pénétrèrent dans toutes les tribus environnantes, spécialement en Égypte, en Mésopotamie et en Asie Mineure. À mesure que les décennies s’écoulaient, ces éducateurs atteignirent des points de plus en plus éloignés de Salem, emportant avec eux l’évangile de croyance et de foi en Dieu selon Machiventa. 93:7.2 Les descendants d’Adamson, groupés autour des rives du lac de Van, écoutaient volontiers les éducateurs hittites du culte de Salem. À partir de ce centre, jadis andite, des instructeurs furent envoyés dans les régions lointaines d’Europe et d’Asie. Les missionnaires de Salem pénétrèrent dans toute l’Europe, y compris les iles Britanniques. Un groupe passa par les iles Féroé pour aller chez les Andonites d’Islande, tandis qu’un autre groupe traversa la Chine et joignit les Japonais des iles orientales. La vie et les expériences de ces hommes et de ces femmes qui partirent à l’aventure de Salem, de Mésopotamie et du lac de Van pour éclairer les tribus de l’hémisphère oriental, représentent un chapitre héroïque dans les annales de la race humaine. 93:7.3 Mais la tâche était si grande et les tribus si arriérées que les résultats furent vagues et imprécis. D’une génération à l’autre, l’évangile de Salem trouvait sa place çà et là, mais, sauf en Palestine, jamais l’idée d’un seul Dieu ne put prétendre à l’allégeance continue d’une tribu ou d’une race entière. Longtemps avant l’arrivée de Jésus, les enseignements des premiers missionnaires de Salem avaient généralement été noyés dans les anciennes superstitions et croyances plus répandues. L’évangile originel de Melchizédek avait été à peu près entièrement résorbé dans les croyances à la Grande Mère, au Soleil et autres anciens cultes. 93:7.4 Vous qui bénéficiez aujourd’hui des avantages de l’imprimerie, vous comprenez mal combien il était difficile de perpétuer la vérité dans l’antiquité, et combien facilement une nouvelle doctrine était perdue de vue entre une génération et la suivante. La nouvelle doctrine tendait toujours à être résorbée dans l’ancien corps d’enseignement religieux et de pratiques magiques. Une révélation nouvelle est toujours contaminée par les croyances évolutionnaires plus anciennes. 8. Le départ de Melchizédek 93:8.1 Ce fut peu après la destruction de Sodome et de Gomorrhe que Machiventa décida de mettre fin à son effusion de secours sur Urantia. La décision de Melchizédek de terminer son séjour dans la chair fut influencée par de nombreux facteurs dont le principal était la tendance croissante des tribus environnantes, et même de ses associés immédiats, à le regarder comme un demi-dieu, à le considérer comme un être surnaturel, ce qu’il était d’ailleurs réellement ; mais on commençait à le révérer indument et avec une crainte hautement superstitieuse. Outre ces raisons, Melchizédek voulait quitter le cadre de ses activités terrestres suffisamment longtemps avant la mort d’Abraham pour assurer que la vérité d’un seul et unique Dieu s’établirait fortement dans le mental de ses disciples. En conséquence, Machiventa se retira un soir sous sa tente de Salem après avoir souhaité bonne nuit à ses compagnons humains, et, lorsque ceux-ci vinrent l’appeler le lendemain matin, il n’était plus là, car ses pareils l’avaient enlevé. 9. Après le départ de Melchizédek 93:9.1 La disparition si soudaine de Melchizédek fut une grande épreuve pour Abraham. Bien que Machiventa eût pleinement averti ses disciples qu’il lui faudrait un jour s’en aller comme il était venu, ils n’étaient pas résignés à perdre leur merveilleux chef. La grande organisation bâtie à Salem disparut presque entièrement, bien que Moïse se fût appuyé sur les traditions de cette époque pour conduire les esclaves hébreux hors d’Égypte. 93:9.2 La perte de Melchizédek laissa dans le cœur d’Abraham une tristesse dont il ne se remit jamais complètement. Il avait abandonné Hébron quand il avait renoncé à l’ambition de bâtir un royaume matériel. Maintenant, ayant perdu son associé dans l’édification du royaume spirituel, il quitta Salem en direction du sud pour vivre à proximité de ses intérêts à Gérar. 93:9.3 Immédiatement après la disparition de Melchizédek, Abraham devint craintif et timoré. Il cacha son identité en arrivant à Gérar, de sorte qu’Abimélech s’appropria sa femme. (Peu après son mariage avec Sarah, Abraham avait, une nuit, surpris un complot pour l’assassiner et s’emparer de sa brillante épouse. Cette crainte devint une terreur pour ce chef par ailleurs brave et audacieux ; durant toute sa vie, il craignit que quelqu’un le tuât secrètement pour prendre Sarah. Ceci explique pourquoi, en trois occasions différentes, cet homme courageux fit preuve d’une réelle lâcheté.) 93:9.4 Mais Abraham ne devait pas être détourné longtemps de sa mission comme successeur de Melchizédek. Il fit bientôt des conversions chez les Philistins et le peuple d’Abimélech, puis signa un traité avec eux. En revanche, il fut contaminé par nombre de leurs superstitions, en particulier par leur pratique de sacrifier le fils ainé de chaque famille. C’est ainsi qu’Abraham redevint un grand chef en Palestine. Tous les groupes le révéraient et tous les rois l’honoraient. Il était le chef spirituel de toutes les tribus environnantes, et son influence persista quelque temps après sa mort. Durant les dernières années de sa vie, il retourna une fois de plus à Hébron, le cadre de ses premières activités et le lieu où il avait travaillé en association avec Melchizédek. Le dernier acte d’Abraham fut d’envoyer de fidèles serviteurs à la ville de son frère, Nahor, à la frontière de Mésopotamie, pour s’assurer une fille de son propre peuple comme femme pour son fils Isaac. Les membres du groupe d’Abraham avaient, depuis longtemps, la coutume de se marier entre cousins, et Abraham mourut confiant dans la foi en Dieu, qu’il avait apprise de Melchizédek dans les écoles disparues de Salem. 93:9.5 La génération suivante eut de la peine à comprendre l’histoire de Melchizédek. En moins de cinq-cents ans, beaucoup considérèrent tout le récit comme un mythe. Isaac resta assez proche des enseignements de son père et maintint l’évangile de la colonie de Salem, mais il fut plus difficile à Jacob de saisir le sens de ces traditions. Joseph croyait fermement en Melchizédek, et ce fut largement à cause de cela que ses frères le considérèrent comme un rêveur. Les honneurs conférés à Joseph en Égypte étaient principalement dus à la mémoire de son arrière grand-père Abraham. Joseph reçut l’offre de commander les armées égyptiennes, mais, en raison de la fermeté avec laquelle il croyait aux traditions de Melchizédek et aux enseignements ultérieurs d’Abraham et d’Isaac, il choisit de servir comme administrateur civil, estimant qu’il pourrait ainsi mieux travailler au progrès du royaume des cieux. 93:9.6 L’enseignement de Melchizédek fut complet et surabondant, mais les récits de cette époque parurent impossibles et fantastiques aux prêtres hébreux ultérieurs, quoique beaucoup d’entre eux aient quelque peu compris ces évènements, au moins jusqu’à l’époque où les annales de l’Ancien Testament furent remaniées en masse à Babylone. 93:9.7 Ce que les récits de l’Ancien Testament décrivent comme des conversations entre Abraham et Dieu étaient en réalité des entretiens entre Abraham et Melchizédek. Les scribes prirent plus tard le mot Melchizédek pour un synonyme de Dieu. L’histoire des multiples contacts d’Abraham et de Sarah avec « l’ange du Seigneur » se réfère à leurs nombreuses visites à Melchizédek. 93:9.8 Les récits hébraïques sur Isaac, Jacob et Joseph sont beaucoup plus dignes de foi que ceux concernant Abraham, bien qu’eux aussi s’écartent souvent des faits. Les altérations furent effectuées tantôt intentionnellement, tantôt sans dessein, à l’époque de la compilation de ces histoires par les prêtres hébreux durant la captivité à Babylone. Kétura n’était pas une femme d’Abraham ; elle était simplement une concubine comme Agar. Tous les biens d’Abraham furent dévolus à Isaac, fils de Sarah, sa femme statutaire. Abraham n’était pas aussi vieux que l’histoire le raconte, et sa femme était beaucoup plus jeune que lui. Leurs âges furent délibérément changés pour cadrer avec la prétendue naissance miraculeuse ultérieure d’Isaac. 93:9.9 L’ego national des Juifs fut terriblement rabaissé par la captivité à Babylone. Dans leur réaction contre leur infériorité nationale, ils allèrent à l’autre extrême de l’égotisme national et racial ; ils pervertirent et déformèrent leurs traditions pour s’exalter au-dessus de toutes les races en tant que peuple élu de Dieu ; en conséquence, ils remanièrent soigneusement tous leurs documents dans le but d’élever Abraham et leurs autres chefs nationaux très au-dessus de toutes les autres personnes, sans en excepter Melchizédek lui-même. Les scribes hébreux détruisirent donc toutes les archives qu’ils purent trouver de cette époque mémorable, en ne conservant que le récit de la rencontre d’Abraham avec Melchizédek après la bataille de Siddim qui, d’après eux, faisait rejaillir un grand honneur sur Abraham. 93:9.10 Ainsi, en perdant de vue Melchizédek, les scribes perdaient aussi de vue l’enseignement de ce Fils de secours concernant la mission spirituelle du Fils d’effusion promis. La nature de cette mission tomba si complètement dans l’oubli que très peu de leurs descendants furent capables ou désireux de reconnaitre et d’accepter Micaël lorsqu’il apparut incarné sur terre, comme Machiventa l’avait annoncé. 93:9.11 Mais l’un des écrivains du Livre des Hébreux comprit la mission de Melchizédek, car il est écrit : « Ce Melchizédek, prêtre du Très Haut, était aussi roi de paix ; sans père, sans mère, sans généalogie, n’ayant ni commencement de jours ni fin de vie, mais créé semblable à un Fils de Dieu, il demeure prêtre à perpétuité. » Cet écrivain désignait Melchizédek comme un modèle de l’effusion ultérieure de Micaël, affirmant que Jésus était « un ministre pour toujours selon l’ordre de Melchizédek ». Bien que cette comparaison ne soit pas très heureuse, il est littéralement vrai que le Christ reçut un titre provisoire sur Urantia « selon les ordres des douze administrateurs provisoires Melchizédeks » en fonction à l’époque de son effusion sur cette planète. 10. Le présent statut de Machiventa Melchizédek 93:10.1 Durant les années d’incarnation de Machiventa, les Melchizédeks administrateurs provisoires d’Urantia opérèrent au nombre de onze. Lorsque Machiventa estima que sa mission de Fils de secours était terminée, il signala le fait à ses onze associés, qui préparèrent immédiatement la technique par laquelle il serait dégagé de la chair et rétabli avec sécurité dans son statut originel de Melchizédek. Le troisième jour après sa disparition de Salem, il apparut parmi ses onze collègues en mission sur Urantia et reprit sa carrière interrompue comme l’un des administrateurs provisoires planétaires de la 606 de Satania. 93:10.2 Machiventa termina son effusion en tant que créature de chair et de sang tout aussi soudainement et discrètement qu’il l’avait commencée. Ni son apparition ni son départ ne furent accompagnés par une annonce spéciale ou une démonstration quelconque ; ni appel nominal de résurrection ni fin de dispensation planétaire ne marquèrent son apparition sur Urantia ; il s’agissait d’une effusion de secours d’urgence. Toutefois, Machiventa ne mit pas fin à son incarnation humaine avant d’avoir été dument libéré par le Père Melchizédek et informé que l’exécution de sa mission de secours avait été approuvée par le chef exécutif de Nébadon, Gabriel de Salvington. 93:10.3 Machiventa Melchizédek continua à prendre grand intérêt aux affaires des descendants des hommes qui avaient cru à ses enseignements pendant son incarnation. Mais les descendants d’Abraham par Isaac, dans la ligne où ils se marièrent avec les Kénites, furent les seuls qui continuèrent à entretenir longtemps un certain concept clair des enseignements de Salem. 93:10.4 Durant les dix-neuf siècles suivants, ce Melchizédek collabora d’une façon continue avec de nombreux prophètes et voyants, s’efforçant ainsi de garder vivantes les vérités de Salem jusqu’à la plénitude des temps pour l’apparition de Micaël sur terre. 93:10.5 Machiventa poursuivit ses activités d’administrateur provisoire planétaire jusqu’à l’époque du triomphe de Micaël sur Urantia. Par la suite, il fut attaché au service d’Urantia, sur Jérusem, comme l’un des vingt-quatre administrateurs et vient tout récemment d’être élevé à la position d’ambassadeur personnel du Fils Créateur sur Jérusem, avec le titre de Prince Planétaire Vice-gérant d’Urantia. Nous croyons que, tant qu’Urantia restera une planète habitée, Machiventa Melchizédek ne sera pas invité à reprendre pleinement les devoirs de son ordre de filiation, mais restera toujours, parlant au sens du temps, un ministre planétaire représentant Christ Micaël. 93:10.6 Puisque sa mission sur Urantia était une mission de secours, les annales ne font pas ressortir ce que pourra être l’avenir de Machiventa. Il peut se révéler que le corps des Melchizédeks de Nébadon a été définitivement amputé d’un de ses membres. Des ordonnances récentes, transmises par les Très Hauts d’Édentia et confirmées ensuite par les Anciens des Jours d’Uversa, donnent fortement à penser que ce Melchizédek d’effusion est destiné à prendre la place de Caligastia, le Prince Planétaire déchu. Si nos hypothèses à ce sujet sont correctes, il est tout à fait possible que Machiventa Melchizédek réapparaisse en personne sur Urantia et reprenne d’une manière modifiée le rôle du Prince Planétaire détrôné ; ou bien encore il vienne sur terre pour agir comme Prince Planétaire vice-gérant représentant Christ Micaël, qui détient actuellement le titre de Prince Planétaire d’Urantia. Bien que nous soyons loin de voir clair sur la destinée de Machiventa, des évènements survenus récemment suggèrent sérieusement que les suppositions formulées ne sont probablement pas très éloignées de la vérité. 93:10.7 Nous comprenons bien comment, par son triomphe sur Urantia, Micaël devint à la fois le successeur de Caligastia et d’Adam, le Prince planétaire de la Paix et le second Adam. Maintenant, nous voyons conférer à Machiventa le titre de Prince Planétaire Vice-gérant d’Urantia. Sera-t-il aussi nommé Fils Matériel Vice-gérant d’Urantia ? Ou bien y a-t-il une possibilité qu’ait lieu un évènement inattendu et sans précédent, tel que le retour sur la planète, à un moment ou à un autre, d’Adam et d’Ève ou de certains de leurs descendants comme représentants de Micaël avec les titres de vice-gérants du second Adam d’Urantia ? 93:10.8 Toutes ces spéculations associées à la certitude que des Fils Magistraux et des Fils Instructeurs de la Trinité apparaitront dans l’avenir, en liaison avec la promesse explicite du Fils Créateur de revenir un jour, font d’Urantia une planète à l’avenir incertain et la rendent une des sphères les plus intéressantes et les plus mystérieuses de l’univers de Nébadon. Il est tout à fait possible que, dans un âge futur où Urantia s’approchera de l’ère de lumière et de vie, après que les affaires de la rébellion de Lucifer et de la sécession de Caligastia auront été définitivement jugées, nous puissions y observer la présence simultanée de Machiventa, d’Adam et d’Ève, de Christ Micaël, ainsi que d’un Fils Magistral ou même de Fils Instructeurs de la Trinité. 93:10.9 L’opinion a prévalu depuis longtemps dans notre ordre que la présence de Machiventa dans le corps des administrateurs d’Urantia pour Jérusem, parmi les vingt-quatre conseillers, est une preuve suffisante pour justifier la croyance que Machiventa est destiné à suivre les mortels d’Urantia à travers tout le plan universel de progression et d’ascension, même jusqu’au Corps paradisiaque de la Finalité. Nous savons qu’Adam et Ève sont ainsi destinés à accompagner leurs compagnons terrestres dans l’aventure du Paradis quand Urantia sera ancrée dans la lumière et la vie. 93:10.10 Il y a moins de mille ans, ce même Machiventa Melchizédek, jadis le sage de Salem, fut présent sous forme invisible sur Urantia pendant une période de cent ans, agissant comme gouverneur général résident de la planète. Si le présent système de direction des affaires planétaires se perpétue, Machiventa doit revenir dans un peu plus de mille ans et reprendre cette fonction. 93:10.11 Telle est l’histoire de Machiventa Melchizédek, l’un des plus extraordinaires personnages qui aient jamais été liés à l’histoire d’Urantia, et une personnalité qui peut être destinée à jouer un rôle important dans l’expérience future de votre monde anormal et peu commun. 93:10.12 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.] FASCICULE 94. Les enseignements de Melchizédek en Orient 94:0.1 Les premiers instructeurs de la religion de Salem pénétrèrent jusqu’aux tribus les plus reculées d’Afrique et d’Eurasie, prêchant toujours l’évangile de Melchizédek, qui présentait la confiance et la foi de l’homme en l’unique Dieu universel comme le seul prix à payer pour obtenir la faveur divine. L’alliance de Melchizédek avec Abraham servit de modèle pour toute la propagande initiale émanant de Salem et des autres centres. Urantia n’a jamais eu de missionnaires religieux plus enthousiastes et plus dynamiques que ces nobles hommes et femmes qui apportèrent les enseignements de Melchizédek dans tout l’hémisphère oriental. Ces missionnaires furent recrutés parmi de nombreux peuples et races, et répandirent en grande partie leurs enseignements par le truchement d’indigènes convertis. Ils établissaient des centres d’éducation dans les différentes parties du monde où ils enseignaient la religion de Salem aux indigènes, et ensuite ils chargeaient leurs élèves d’instruire leur propre peuple. 1. Les enseignements de Salem dans l’Inde védique 94:1.1 À l’époque de Melchizédek, l’Inde était un pays cosmopolite récemment tombé sous la domination politique et religieuse des envahisseurs aryens-andites venus du Nord et de l’Ouest. À cette date, seules les portions nord et ouest de la péninsule avaient été largement infiltrées par les Aryens. Ces nouveaux arrivants védiques avaient amené avec eux leurs nombreuses déités tribales. Les formes religieuses de leur culte suivaient étroitement les pratiques cérémonielles de leurs premiers ancêtres andites, en ce sens que le père opérait encore comme prêtre et la mère comme prêtresse, et que l’âtre de la famille servait encore d’autel. 94:1.2 Le culte védique était alors en voie de croissance et de métamorphose sous la direction de la caste des brahmanes ; ces prêtres-éducateurs prenaient graduellement le contrôle du rituel d’adoration qui se développait. L’amalgamation des trente-trois déités aryennes de jadis était bien en cours quand les missionnaires de Salem pénétrèrent dans le Nord de l’Inde. 94:1.3 Le polythéisme des Aryens représentait une dégénérescence de leur monothéisme primitif, causée par leur séparation en unités tribales, chaque tribu ayant son dieu vénéré. Cette décentralisation du monothéisme et du trinitarisme originels de la Mésopotamie andite subissait une synthèse nouvelle au cours des premiers siècles du deuxième millénaire avant le Christ. Les multiples dieux furent organisés en un panthéon sous la direction trine de Dyaus pitar, le seigneur du ciel, d’Indra, le tempétueux seigneur de l’atmosphère et d’Agni, le dieu tricéphale du feu, seigneur de la terre et vestige symbolique d’un ancien concept de la Trinité. 94:1.4 Des développements nettement hénothéistes préparaient la voie à un monothéisme évolué. Agni, la déité la plus ancienne, était souvent exalté en tant que père-chef du panthéon tout entier. Le principe de la déité-père, appelé tantôt Prajapati, tantôt Brahma, fut submergé dans la bataille théologique que les prêtres brahmanes livrèrent plus tard aux instructeurs de Salem. Le principe de divinité-énergie animant tout le panthéon védique fut appelé Le Brahman. 94:1.5 Les missionnaires de Salem prêchaient le Dieu unique de Melchizédek, le Très Haut du ciel. Ce portrait n’était pas entièrement en désaccord avec le concept émergent de Brahma-Père en tant que source de tous les dieux, mais la doctrine de Salem ne comportait pas de rites ; elle allait donc directement à l’encontre des dogmes, traditions et enseignements de la prêtrise brahmanique. Les prêtres brahmanes ne voulurent jamais accepter la doctrine de Salem enseignant le salut par la foi, la faveur de Dieu obtenue en dehors des observances rituelles et des sacrifices cérémoniels. 94:1.6 Le rejet de l’évangile de Melchizédek concernant la confiance en Dieu et le salut par la foi marqua un tournant capital pour l’Inde. Les missionnaires de Salem avaient beaucoup contribué à faire perdre la foi dans les anciens dieux védiques, mais les dirigeants, les prêtres du védisme, refusèrent d’accepter la doctrine de Melchizédek enseignant un seul Dieu et une foi unique et simple. 94:1.7 Les brahmanes colligèrent les écrits sacrés de leur temps dans un effort pour combattre les instructeurs de Salem. Leur compilation, telle qu’elle fut révisée plus tard, est parvenue aux temps modernes sous la forme du Rig-Véda, l’un des livres sacrés les plus anciens. Les deuxième, troisième et quatrième Védas suivirent à mesure que les brahmanes cherchaient à cristalliser, à formaliser et à fixer leurs rituels de culte et de sacrifices, et à les imposer aux gens de leur époque. Dans ce qu’ils ont de meilleur, ces écrits sont l’équivalent de n’importe quel autre corpus de caractère semblable, en ce qui concerne la beauté du concept et la vérité du discernement. Mais, à mesure que cette religion supérieure fut corrompue par les milliers de superstitions, cultes et rites de l’Inde méridionale, elle devint progressivement, par métamorphose, le système théologique le plus bigarré que les hommes aient jamais mis sur pied. L’étude des Védas fera découvrir certains concepts de la Déité parmi les plus élevés et d’autres parmi les plus avilis qui aient jamais été conçus. 2. Le brahmanisme 94:2.1 À mesure que les missionnaires de Salem pénétrèrent plus au sud dans le Deccan dravidien, ils rencontrèrent un système de castes de plus en plus solidement établi ; ce système avait été imaginé par les Aryens cherchant à conserver leur identité raciale en face d’une marée montante de peuplades Sangiks secondaires. La caste sacerdotale brahmanique étant l’essence même du système, cet ordre social retarda considérablement le progrès des instructeurs de Salem. Ce système de castes ne réussit pas à sauver la race aryenne, mais réussit à perpétuer les brahmanes, qui à leur tour maintinrent leur hégémonie religieuse sur l’Inde jusqu’à l’époque actuelle. 94:2.2 Ensuite, avec l’affaiblissement du védisme par le rejet de la vérité supérieure, le culte des Aryens fut soumis à des incursions croissantes venant du Deccan. Dans un effort désespéré pour endiguer le flot de l’extinction raciale et de l’anéantissement religieux, la caste des brahmanes chercha à se hausser au-dessus de tout. Les brahmanes enseignèrent que le sacrifice à la déité était en lui-même entièrement efficace, que sa puissance exerçait sur elle une contrainte totale. Ils proclamèrent que, des deux principes divins essentiels de l’univers, l’un était la déité brahmane, et l’autre la prêtrise brahmanique. Chez nul autre peuple d’Urantia, les prêtres ne prétendirent s’élever au-dessus de leurs dieux mêmes, et s’attribuer les honneurs dus à leurs dieux. Mais ils allèrent si absurdement loin dans ces revendications présomptueuses que l’ensemble de ce système précaire s’effondra devant les cultes avilissants qui affluaient en provenance des civilisations environnantes moins avancées. L’immense prêtrise védique elle-même s’embourba et sombra sous le flot noir d’inertie et de pessimisme dont sa propre présomption égoïste et malavisée avait inondé l’Inde. 94:2.3 La concentration indue sur le moi conduisit infailliblement à craindre la perpétuation non évolutionnaire du moi dans un cycle sans fin d’incarnations successives en tant qu’homme, bête ou mauvaise herbe. Parmi toutes les croyances corruptrices susceptibles d’être attachées à ce qui aurait pu être un monothéisme émergent, nulle ne fut plus débilitante que la croyance à la transmigration – la doctrine de la réincarnation de l’âme – qui venait du Deccan dravidien. Cette croyance à un cycle fastidieux et monotone de transmigrations répétées enleva aux mortels en lutte leur espoir longtemps chéri de trouver dans la mort la délivrance et l’avancement spirituel qui avaient fait partie de la foi védique primitive. 94:2.4 Cet enseignement philosophiquement débilitant fut bientôt suivi par l’invention de la doctrine où l’on échappe éternellement à son moi en s’immergeant dans le repos et la paix universels d’une union absolue avec Brahman, la surâme de toute la création. Les désirs matériels et les ambitions humaines furent efficacement ôtés aux hommes et pratiquement détruits. Pendant plus de deux-mille ans, les meilleurs penseurs de l’Inde ont cherché à échapper à tout désir, et la porte fut ainsi grande ouverte à l’entrée des cultes et enseignements ultérieurs qui ont pratiquement enchainé les âmes d’un grand nombre de peuples hindous dans les entraves du désespoir spirituel. Parmi toutes les civilisations, ce fut la védique-aryenne qui paya le prix le plus terrible pour avoir rejeté l’évangile de Salem. 94:2.5 Les castes à elles seules ne pouvaient perpétuer le système religio-culturel aryen et, à mesure que les religions inférieures du Deccan s’infiltraient dans le nord, un âge de découragement et de désespoir se développa. Ce fut au cours de cette sombre époque que naquit le culte consistant à n’ôter la vie à aucune créature, et ce culte a toujours subsisté depuis lors. Un grand nombre des nouveaux cultes était franchement athée, prétendant que tout salut, éventuellement accessible, ne pouvait provenir que des efforts humains sans assistance extérieure. Toutefois, au travers d’une bonne partie de cette malheureuse philosophie, on peut trouver des vestiges déformés des enseignements de Melchizédek, et même d’Adam. 94:2.6 Ce fut l’époque de la compilation des dernières Écritures de la foi hindoue, les Brahmanas et les Upanishads. Ayant rejeté la doctrine enseignant la religion personnelle par l’expérience de la foi personnelle avec un Dieu unique, et ayant été corrompue par le flot de cultes et de croyances avilissants et débilitants du Deccan, avec leurs anthropomorphismes et leurs réincarnations, la prêtrise brahmanique manifesta une violente réaction contre ces croyances corruptrices ; il y eut un net effort pour chercher et trouver la vraie réalité. Les brahmanes entreprirent de désanthropomorphiser le concept indien de la déité, mais, ce faisant, ils tombèrent dans la grave erreur de dépersonnaliser le concept de Dieu. Ils sortirent de cette épreuve, non avec un idéal sublime et spirituel du Père Paradisiaque, mais avec une idée lointaine et métaphysique d’un Absolu englobant tout. 94:2.7 Dans leurs efforts d’autopréservation, les brahmanes avaient rejeté le Dieu unique de Melchizédek, et maintenant ils se trouvaient nantis de l’hypothèse du Brahman, ce moi philosophique imprécis et illusoire, ce Cela impersonnel et impuissant qui a laissé la vie spirituelle de l’Inde désemparée et prostrée depuis ce temps malheureux jusqu’au vingtième siècle. 94:2.8 Ce fut à l’époque où l’on écrivit les Upanishads que le bouddhisme surgit aux Indes, mais, malgré un millénaire de succès, il ne put concurrencer la dernière phase de l’hindouisme. En dépit de sa moralité supérieure, sa description initiale de Dieu était encore moins nette que celle de l’hindouisme qui fournissait des déités secondaires et personnelles. Finalement, le bouddhisme céda dans l’Inde du Nord devant les attaques d’un islam militant avec son concept bien défini d’Allah comme Dieu suprême de l’univers. 3. La philosophie brahmanique 94:3.1 Bien que la phase supérieure du brahmanisme soit à peine une religion, elle a vraiment été l’une des plus nobles tentatives du mental des mortels pour pénétrer les domaines de la philosophie et de la métaphysique. Après avoir pris le départ pour découvrir la réalité finale, le mental indien ne s’est plus arrêté avant d’avoir spéculé sur presque tous les aspects de la théologie, excepté sur le concept essentiel et double de la religion : l’existence du Père Universel de toutes les créatures de l’univers, et le fait de l’expérience ascendante, dans l’univers, de ces mêmes créatures cherchant à atteindre le Père éternel qui leur a commandé d’être parfaites, comme lui-même est parfait. 94:3.2 Dans le concept du Brahman, le mental de cette époque saisissait véritablement l’idée de quelque Absolu imprégnant tout, car il identifiait simultanément ce postulat avec l’énergie créative et avec la réaction cosmique. Le Brahman était conçu comme transcendant toute définition et comme susceptible d’être compris seulement par la négation successive de toutes les qualités finies. C’était nettement une croyance en un être absolu, et même infini, mais ce concept était largement dépourvu des attributs de la personnalité et il n’était donc pas expérimentable par des religionistes individuels. 94:3.3 Brahman Narayana fut conçu comme l’Absolu, comme l’infini CELA EST, comme la puissance créatrice primordiale du cosmos potentiel, comme le Moi Universel existant à l’état statique et potentiel durant toute l’éternité. Si les philosophes de l’époque avaient été capables de franchir l’étape suivante dans la conception de la déité, s’ils avaient pu concevoir le Brahman comme associatif et créatif, comme une personnalité approchable par des êtres créés en évolution, alors, leur enseignement aurait pu devenir la présentation la plus avancée de la Déité sur Urantia, car il aurait englobé les cinq premiers niveaux de la fonction totale de la déité, et aurait peut-être envisagé les deux derniers. 94:3.4 Au cours de certaines phases, le concept de l’Unique Surâme Universelle, en tant que totalité de la somme des existences de toutes les créatures, amena les philosophes indiens très près de la vérité de l’Être Suprême ; mais cette vérité ne leur servit à rien, parce qu’ils ne réussirent à développer aucune méthode d’approche personnelle raisonnable ou rationnelle pour atteindre leur but monothéiste théorique de Brahman Narayana. 94:3.5 Le principe karmique de continuité causale est, encore une fois, très proche de la vérité que toutes les actions dans l’espace-temps se répercutent en une synthèse dans la présence de Déité du Suprême ; mais ce postulat ne permit jamais l’aboutissement personnel coordonné à la Déité par les religionistes individuels ; il ne conduisit qu’à l’engloutissement ultime de toute personnalité dans la Surâme Universelle. 94:3.6 La philosophie du brahmanisme fut également très près de réaliser l’habitation intérieure par les Ajusteurs de Pensée, mais elle se laissa pervertir par une fausse conception de la vérité. L’enseignement que l’âme est la demeure de Brahman aurait préparé le chemin à une religion avancée si ce concept n’avait pas été complètement vicié par la croyance qu’il n’existe pas d’individualité humaine en dehors de cette présence de l’Un Universel. 94:3.7 Dans la doctrine où l’âme individuelle se fond dans la Surâme, les théologiens de l’Inde ne réussirent pas à ménager la survie de quelque chose d’humain, quelque chose de nouveau et d’unique, quelque chose né de l’union de la volonté de l’homme et de la volonté de Dieu. L’enseignement du retour de l’âme au Brahman est étroitement parallèle à la vérité du retour de l’Ajusteur au sein du Père Universel, mais il y a quelque chose de distinct de l’Ajusteur qui survit aussi, à savoir la contrepartie morontielle de la personnalité du mortel. Or, ce concept vital était désastreusement absent de la philosophie brahmanique. 94:3.8 La philosophie brahmanique parvint à une approximation de beaucoup de faits de l’univers et approcha de nombreuses vérités cosmiques, mais elle tomba bien trop souvent victime d’erreurs, faute de différencier les divers niveaux de la réalité, tels que les niveaux absolu, transcendantal et fini. Elle n’a pas réussi à faire entrer en ligne de compte qu’un aspect donné, susceptible d’être fini et illusoire sur le niveau absolu, peut être absolument réel sur le niveau fini. Elle n’a pas non plus pris acte de la personnalité essentielle du Père Universel, avec qui l’on peut prendre personnellement contact sur tous les niveaux, depuis l’expérience limitée des créatures évolutionnaires avec Dieu jusqu’à l’expérience illimitée du Fils Éternel avec le Père du Paradis. 4. La religion hindoue 94:4.1 Aux Indes, au cours des siècles, le peuple revint, dans une certaine mesure, aux anciens rituels des Védas tels qu’ils avaient été modifiés par les enseignements des missionnaires de Melchizédek et cristallisés par la prêtrise brahmanique ultérieure. Cette religion, la plus ancienne et la plus cosmopolite du monde, a subi de nouveaux changements en réponse au bouddhisme, au jaïnisme et aux influences plus récentes du mahométisme et du christianisme. Mais, quand les enseignements de Jésus parvinrent aux Indes, ils avaient déjà été occidentalisés au point d’être une « religion des hommes blancs », donc insolite et étrangère au mental hindou. 94:4.2 La théologie hindoue du temps présent décrit quatre niveaux descendants de déité et de divinité : 94:4.3 1. Le Brahman, l’Absolu, l’Un Infini, le CELA EST. 94:4.4 2. La Trimurti, la trinité suprême de l’hindouisme. Le premier membre de cette association, Brahma, se conçoit comme créé par lui-même à partir du Brahman-infinité. S’il n’était pas étroitement identifié à l’Un Infini panthéiste, Brahma pourrait constituer le fondement d’un concept du Père Universel. Brahma est également identifié avec le destin. 94:4.5 L’adoration de Shiva et de Vishnou, les deuxième et troisième membres de la Trimurti, apparut au premier millénaire après le Christ. Shiva est le seigneur de la vie et de la mort, le dieu de la fécondité et le maitre de la destruction. Vishnou est extrêmement populaire à cause de la croyance à son incarnation périodique sous forme humaine. De cette manière, Vishnou devient réel et vivant dans l’imagination des hindous. Certains considèrent Shiva et Vishnou comme suprêmes au-dessus de tout. 94:4.6 3. Les déités védiques et postvédiques. Beaucoup d’anciens dieux des Aryens, tels qu’Agni, Indra et Soma, ont subsisté comme secondaires par rapport aux trois membres de la Trimurti. De nombreux dieux additionnels ont surgi depuis les débuts de l’Inde védique, et ils ont aussi été incorporés dans le panthéon hindou. 94:4.7 4. Les demi-dieux : surhommes, semi-dieux, héros, démons, fantômes, mauvais esprits, farfadets, monstres, lutins et saints des cultes plus récents. 94:4.8 Depuis longtemps, l’hindouisme n’a pas réussi à vivifier le peuple indien, mais, en même temps, il a généralement été une religion tolérante. Sa grande force réside dans le fait qu’il s’est révélé comme la religion la plus flexible et la plus vague qui soit apparue sur Urantia. Il est capable de changements à peu près illimités et possède un champ inhabituel d’adaptations souples, depuis les spéculations élevées et semi-monothéistes du Brahman intellectuel jusqu’au fétichisme notoire et aux pratiques cultuelles primitives des classes avilies et déprimées de croyants ignorants. 94:4.9 L’hindouisme a survécu parce qu’il est essentiellement une partie intégrante du tissu social fondamental de l’Inde. Il ne comporte pas de grande hiérarchie qui puisse être troublée ou détruite ; il est imbriqué dans le modèle de vie du peuple. Il possède une adaptabilité aux conditions changeantes dépassant celle de tout autre culte, et il prend une attitude tolérante d’adoption envers beaucoup d’autres religions, prétendant que Gautama Bouddha et même le Christ étaient des incarnations de Vishnou. 94:4.10 Aujourd’hui, l’Inde a surtout besoin d’une présentation de l’évangile de Jésus – la Paternité de Dieu et la filiation de tous les hommes, avec la fraternité qui s’ensuit et que l’on réalise personnellement par un ministère aimant et un service social. Aux Indes, le cadre philosophique existe, la structure du culte est présente ; il manque simplement l’étincelle vivifiante de l’amour dynamique dépeint dans l’évangile originel du Fils de l’Homme, dépouillé des doctrines et dogmes occidentaux qui ont tendu à faire de la vie d’effusion de Micaël une religion des hommes blancs. 5. La lutte pour la vérité en Chine 94:5.1 Pendant que les missionnaires de Salem parcouraient l’Asie en répandant la doctrine du Dieu Très Haut et du salut par la foi, ils s’imprégnèrent beaucoup de la philosophie et de la pensée religieuse des divers pays traversés. Toutefois, les éducateurs commissionnés par Melchizédek et ses successeurs ne faillirent pas à leur mission ; ils pénétrèrent chez tous les peuples du continent eurasien, et ce fut au milieu du deuxième millénaire avant le Christ qu’ils arrivèrent en Chine. Pendant plus de cent ans, les Salémites maintinrent leur quartier général à Si Fouch, où ils entrainèrent des éducateurs chinois qui enseignèrent dans tous les domaines de la race jaune. 94:5.2 Ce fut comme conséquence directe de cet enseignement que la toute première forme de taoïsme apparut en Chine ; c’était une religion extrêmement différente de celle qui porte aujourd’hui ce nom. Le taoïsme primitif ou prototaoïsme était composé des facteurs suivants : 94:5.3 1. Les rémanences des enseignements de Singlangton, qui persistèrent dans le concept de Shang-ti, le Dieu du Ciel. À l’époque de Singlangton, le peuple chinois devint pratiquement monothéiste ; il concentra son adoration sur la Vérité Unique, connue plus tard sous le nom d’Esprit du Ciel, chef de l’univers. La race jaune ne perdit jamais tout à fait ce concept initial de la Déité, malgré le fait qu’au cours de siècles ultérieurs, de nombreux dieux et esprits subordonnés se soient insinués subrepticement dans sa religion. 94:5.4 2. La religion de Salem d’une Très Haute Déité Créatrice prête à octroyer sa faveur à l’humanité en réponse à la foi de l’homme. Mais, à l’époque où les missionnaires de Melchizédek pénétrèrent dans les pays de la race jaune, il est malheureusement trop vrai que leur message s’était considérablement écarté de la simple doctrine de Salem du temps de Machiventa. 94:5.5 3. Le concept du Brahman-Absolu des philosophes hindous doublé du désir d’échapper à tous les maux. La plus grande influence sur l’expansion vers l’est de la religion de Salem fut peut-être celle des éducateurs indiens de la foi védique, qui introduisirent leur conception du Brahman – de l’Absolu – dans la pensée salutiste des Salémites. 94:5.6 Cette croyance composite se répandit dans les pays des races jaune et brune comme une influence sous-jacente dans la pensée philosophico-religieuse. Au Japon, ce prototaoïsme fut connu sous le nom de shinto, et les peuples de cette contrée, fort éloignée de Salem en Palestine, eurent connaissance de l’incarnation de Machiventa Melchizédek qui habita sur terre afin que l’humanité n’oublie pas le nom de Dieu. 94:5.7 En Chine, toutes ces croyances furent ultérieurement confondues, et mêlées au culte toujours croissant des ancêtres. Mais, depuis l’époque de Singlangton, les Chinois ne sont plus jamais tombés misérablement esclaves d’une prêtrise. La race jaune fut la première à émerger de la servitude barbare et à entrer dans une civilisation ordonnée, parce qu’elle fut la première à se dégager, dans une certaine mesure, de la peur abjecte des dieux ; elle ne craignait même pas les fantômes des morts comme les craignaient les autres races. La Chine rencontra la défaite parce qu’elle ne réussit pas à progresser au-delà de son émancipation initiale des prêtres ; elle tomba dans une erreur presque aussi calamiteuse, celle du culte des ancêtres. 94:5.8 Toutefois, les Salémites ne travaillèrent pas en vain. Ce fut sur les fondements de leur évangile que les grands philosophes de la Chine du sixième siècle av. J.-C. bâtirent leurs enseignements. L’atmosphère morale et les sentiments spirituels de l’époque de Lao-Tseu et de Confucius provenaient des enseignements des missionnaires de Salem donnés au cours d’un âge antérieur. 6. Lao-Tseu et Confucius 94:6.1 Environ six-cents ans avant l’arrivée de Micaël, Melchizédek, alors désincarné depuis longtemps, eut l’impression que la pureté de son enseignement sur la terre était indument mise en péril par résorption générale dans les croyances plus anciennes d’Urantia. Il apparut, pour un temps, que sa mission comme précurseur de Micaël risquait d’échouer. Alors, au sixième siècle avant le Christ, par une coordination exceptionnelle de facteurs spirituels dont tous ne sont pas compris, même par les superviseurs planétaires, Urantia assista à une présentation fort inhabituelle de la vérité religieuse sous des formes multiples. Par le truchement de divers éducateurs humains, l’évangile de Salem fut reformulé et revivifié ; il subsista ensuite en grande partie, tel qu’il fut alors présenté, jusqu’à l’époque des présents écrits. 94:6.2 Ce siècle exceptionnel de progrès spirituel fut caractérisé par l’apparition de grands instructeurs religieux, moraux et philosophiques dans tout le monde civilisé. En Chine, les deux maitres les plus remarquables furent Lao-Tseu et Confucius. 94:6.3 Lao-Tseu édifia directement sur les concepts des traditions de Salem en déclarant que le Tao était l’Unique Cause Première de toute la création. Lao-Tseu avait une grande vision spirituelle. Il enseigna que « la destinée éternelle de l’homme était l’union perpétuelle avec le Tao, Dieu Suprême et Roi Universel ». Il discernait profondément la cause ultime, car il écrivit : « L’Unité nait du Tao Absolu ; issue de cette Unité apparait la Dualité cosmique, puis, issue de cette Dualité, la Trinité jaillit à l’existence, et la Trinité est la source primordiale de toute réalité. » « Toute la réalité est toujours en équilibre entre les potentiels et les actuels du cosmos, et ceux-ci sont éternellement harmonisés par l’esprit de divinité. » 94:6.4 Lao-Tseu fut aussi l’un des premiers à présenter la doctrine consistant à rendre le bien pour le mal : « La bonté engendre la bonté, mais, pour quiconque est vraiment bon, le mal engendre aussi la bonté. » 94:6.5 Il enseigna le retour de la créature au Créateur et décrivit la vie comme l’émergence d’une personnalité issue des potentiels cosmiques, tandis que la mort ressemblait à un retour au foyer de cette personnalité créée. Son concept de la foi véritable était inhabituel, et lui aussi l’assimilait à l’« attitude d’un petit enfant ». 94:6.6 Sa compréhension du dessein éternel de Dieu était claire, car il dit : « La Déité Absolue ne fait pas d’efforts, mais elle est toujours victorieuse ; elle ne contraint pas les hommes, mais se tient toujours prête à répondre à leurs désirs sincères ; la volonté de Dieu est éternellement patiente, et son expression est inévitable dans l’éternité. » Exprimant la vérité qu’il est plus béni de donner que de recevoir, Lao-Tseu dit aussi en parlant du véritable religioniste : « L’homme bon ne cherche pas à garder la vérité pour lui-même, mais plutôt à en effuser les richesses sur ses semblables, car telle est la réalisation de la vérité. La volonté du Dieu Absolu est toujours bénéfique et jamais destructrice ; le dessein du véritable croyant est toujours d’agir, mais jamais de contraindre. » 94:6.7 Lao enseigna la non-résistance et la distinction entre l’action et la contrainte, mais ces notions se déformèrent et devinrent plus tard la croyance qu’il ne faut « rien voir, rien faire et rien penser ». Mais Lao ne professa jamais une telle erreur, quoique sa présentation de la non-résistance fut un facteur pour développer la prédilection des peuples chinois pour la paix. 94:6.8 Mais le taoïsme populaire du vingtième siècle d’Urantia n’a plus grand-chose de commun avec les sentiments sublimes et les conceptions cosmiques du vieux philosophe qui enseignait la vérité telle qu’il la percevait, c’est-à-dire que la foi dans le Dieu Absolu est la source de l’énergie divine qui recréera le monde, et par laquelle l’homme s’élèvera à l’union spirituelle avec le Tao, la Déité Éternelle et le Créateur Absolu des univers. 94:6.9 Confucius (Kong Fou-tsé) était un jeune contemporain de Lao dans la Chine du sixième siècle av. J.-C. Confucius basa ses doctrines sur les meilleures traditions morales de la longue histoire de la race jaune ; il fut aussi quelque peu influencé par ce qui persistait des traditions des missionnaires de Salem. Son principal travail consista à compiler les sages dictons des anciens philosophes. Il fut rejeté comme éducateur durant sa vie, mais, depuis lors, ses écrits et ses enseignements ont toujours exercé une grande influence en Chine et au Japon. Confucius réorienta les chamans, en ce sens qu’il remplaça la magie par la moralité. Mais il construisit trop bien ; il fit de l’ordre un nouveau fétiche et institua un respect des agissements des ancêtres, qui sont encore vénérés par les Chinois à l’époque du présent exposé. 94:6.10 Confucius prêchait la moralité en se basant sur la théorie que la voie terrestre est l’ombre déformée de la voie céleste, que le véritable modèle de la civilisation temporelle est l’image reflétée de l’ordre éternel des cieux. Le concept potentiel de Dieu dans le confucianisme fut presque complètement subordonné à l’accent mis sur la Voie du Ciel, le modèle du cosmos. 94:6.11 Les enseignements de Lao ont été perdus pour tous, sauf pour une minorité en Orient, mais les écrits de Confucius ont toujours constitué, depuis leur diffusion, la base de la contexture morale de la culture de près d’un tiers des Urantiens. Ces préceptes de Confucius, tout en perpétuant le meilleur du passé, étaient quelque peu ennemis de l’esprit chinois d’investigation, qui avait abouti aux accomplissements tant vénérés. L’influence de ces doctrines fut combattue sans succès à la fois par les efforts de l’empereur Chin Shi Huang Ti et par les enseignements de Mo Ti. Ce dernier proclama une fraternité basée sur l’amour de Dieu et non sur le devoir éthique ; il chercha à ranimer l’ancienne recherche d’une vérité nouvelle, mais ses enseignements échouèrent devant la vigoureuse opposition des disciples de Confucius. 94:6.12 Comme bien d’autres éducateurs spirituels et moraux, Confucius et Lao-Tseu finirent pas être déifiés par leurs disciples au cours des âges de ténèbres spirituelles qui intervinrent en Chine entre le déclin et la perversion de la foi taoïste, et l’arrivée des missionnaires bouddhistes venant des Indes. Durant ces siècles de décadence spirituelle, la religion de la race jaune dégénéra en une pitoyable théologie où fourmillaient les diables, les dragons et les mauvais esprits, dénotant tous le retour des peurs du mental humain non éclairé. Alors la Chine, jadis à la tête de la société humaine à cause de sa religion avancée, resta à la traine à cause de son impuissance temporaire à progresser dans le véritable sentier du développement de la conscience de Dieu ; celle-ci est indispensable au vrai progrès, non seulement des mortels individuels, mais aussi des civilisations enchevêtrées et complexes qui caractérisent l’avance de la culture et de la société sur une planète évolutionnaire du temps et de l’espace. 7. Gautama Siddharta 94:7.1 Contemporain de Lao-Tseu et de Confucius en Chine, un autre grand instructeur de la vérité surgit aux Indes. Gautama Siddharta naquit au sixième siècle avant le Christ dans la province du Népal, au Nord de l’Inde. Ses disciples le présentèrent, plus tard, comme le fils d’un chef fabuleusement riche, mais, en vérité, il était l’héritier présomptif d’un insignifiant chef de clan qui régnait par consentement tacite sur une petite vallée montagneuse isolée, dans le sud des Himalayas. 94:7.2 Après avoir pratiqué le yoga en vain pendant six ans, Gautama formula les théories qui devinrent la philosophie du bouddhisme. Siddharta engagea une lutte résolue mais infructueuse contre le système grandissant des castes. Autour de ce jeune prince prophète, régnait une atmosphère de sincérité sublime et de générosité extraordinaire qui séduisait beaucoup les hommes de cette époque. Il se détourna de la pratique consistant à rechercher le salut individuel par des afflictions physiques et des souffrances personnelles, et il exhorta ses disciples à apporter son évangile au monde entier. 94:7.3 Au milieu de la confusion et des pratiques cultuelles excessives de l’Inde, les enseignements plus sains et plus modérés de Gautama arrivèrent comme un soulagement qui faisait du bien. Il dénonça les dieux, les prêtres et leurs sacrifices, mais lui non plus ne réussit pas à percevoir la personnalité de l’Un Universel. Ne croyant pas à l’existence d’âmes humaines individuelles, Gautama lutta, bien entendu vaillamment, contre la croyance à la transmigration des âmes, honorée depuis des siècles. Il accomplit un noble effort pour délivrer les hommes de la peur afin d’obtenir qu’ils se sentent à l’aise et chez eux dans le grand univers, mais il ne réussit pas à leur montrer le sentier conduisant au véritable foyer céleste des mortels ascendants – le Paradis – et au service croissant de l’existence éternelle. 94:7.4 Gautama était un vrai prophète et, s’il avait prêté attention aux instructions de l’ermite Godad, il aurait pu soulever toute l’Inde par l’inspiration qu’aurait apportée un renouveau de l’évangile de Salem prônant le salut par la foi. Godad descendait d’une famille qui n’avait jamais perdu les traditions des missionnaires de Melchizédek. 94:7.5 Gautama fonda son école à Bénarès, et ce fut durant sa seconde année qu’un élève, Bautan, communiqua à son maitre les traditions des missionnaires de Salem au sujet de l’alliance de Melchizédek avec Abraham. Bien que Siddharta n’eût pas une conception très claire du Père Universel, il prit une position avancée sur le salut par la foi – la simple croyance. Il la déclara devant ses disciples et commença à envoyer ses élèves au dehors, par groupes de soixante, pour proclamer aux peuples de l’Inde « la bonne nouvelle du salut gratuit : que tous les hommes, humbles ou élevés, peuvent atteindre la félicité par la foi en la droiture et la justice ». 94:7.6 La femme de Gautama croyait à l’évangile de son mari et fut la fondatrice d’un ordre de nonnes. Son fils devint son successeur et étendit beaucoup le culte ; il saisit bien l’idée nouvelle du salut par la foi, mais chancela plus tard au sujet de la faveur divine obtenue par la foi seule, comme l’enseignait l’évangile de Salem. Dans sa vieillesse, les paroles qu’il prononça avant de mourir furent les suivantes : « Soyez l’artisan de votre propre salut. » 94:7.7 Dans ce qu’il avait de mieux, l’évangile de salut universel, proclamé par Gautama et dépourvu de sacrifices, de tortures, de rituels et de prêtres, était une doctrine révolutionnaire et stupéfiante pour son époque. Il fut étonnamment près de constituer une renaissance de l’évangile de Salem. Il apporta du secours à des millions d’âmes désespérées et, malgré ses ridicules altérations au cours des siècles ultérieurs, cet évangile subsiste encore comme l’espoir de millions d’êtres humains. 94:7.8 Siddharta enseigna beaucoup plus de vérités qu’il n’en survécut dans les cultes modernes portant son nom. Le bouddhisme moderne ne représente pas plus les enseignements de Gautama Siddharta que le christianisme ne représente les enseignements de Jésus de Nazareth. 8. La foi bouddhique 94:8.1 Pour devenir bouddhiste, on faisait simplement profession publique de foi en récitant le Refuge : « Je prends mon refuge dans le Bouddha ; je prends mon refuge dans la Doctrine ; je prends mon refuge dans la Fraternité. » 94:8.2 Le bouddhisme prit naissance dans une personnalité historique, et non dans un mythe. Les fidèles de Gautama l’appelaient Sasta, qui signifie maitre ou instructeur. Bien qu’il n’eût émis de prétentions suprahumaines ni pour lui ni pour ses enseignements, ses disciples commencèrent de bonne heure à l’appeler l’illuminé, le Bouddha, et plus tard Sakyamouni Bouddha. 94:8.3 L’évangile originel de Gautama était basé sur les quatre nobles vérités : 94:8.4 1. Les nobles vérités de la souffrance. 94:8.5 2. Les origines de la souffrance. 94:8.6 3. La destruction de la souffrance. 94:8.7 4. Le moyen de détruire la souffrance. 94:8.8 Étroitement liée à la doctrine de la souffrance et aux moyens d’y échapper, se plaçait la philosophie de la Voie Octuple : justes points de vue, justes aspirations, justes paroles, juste conduite, justes moyens d’existence, juste effort, juste attention et juste contemplation. Gautama n’avait pas l’intention d’essayer de détruire tout effort, tout désir et toute affection en échappant à la souffrance ; son enseignement était plutôt destiné à décrire aux mortels la futilité de placer entièrement leurs espérances et leurs aspirations dans des buts temporels et des objectifs matériels. Il ne s’agissait pas tant d’éviter d’aimer ses semblables que d’amener aussi le vrai croyant à regarder, au-delà des associations du monde matériel, les réalités de l’éternel futur. 94:8.9 Les commandements moraux des sermons de Gautama étaient au nombre de cinq : 94:8.10 1. Tu ne tueras pas. 94:8.11 2. Tu ne déroberas pas. 94:8.12 3. Tu ne seras pas impudique. 94:8.13 4. Tu ne mentiras pas. 94:8.14 5. Tu ne boiras pas de liqueurs enivrantes. 94:8.15 Il existait encore plusieurs commandements additionnels ou secondaires dont l’observance était facultative pour les croyants. 94:8.16 Siddharta ne croyait guère à l’immortalité de la personnalité humaine ; sa philosophie n’apportait qu’une sorte de continuité fonctionnelle. Il ne définit jamais clairement ce qu’il entendait inclure dans la doctrine du nirvana. Le fait que l’on pouvait théoriquement en faire l’expérience durant l’existence terrestre indiquerait que le nirvana n’était pas considéré comme un état d’annihilation complète. Il impliquait une condition d’illumination suprême et de félicité céleste où toutes les chaines attachant l’homme au monde matériel avaient été rompues ; on était libéré des désirs de la vie de mortel et délivré de tout danger de devoir faire l’expérience d’une nouvelle incarnation. 94:8.17 D’après les enseignements originels de Gautama, le salut s’obtient par l’effort humain, en dehors de l’aide divine ; il n’y a place ni pour la foi libératrice ni pour des prières à des puissances suprahumaines. Dans sa tentative pour minimiser les superstitions de l’Inde, Gautama s’efforça de détourner les hommes des bruyantes prétentions du salut par la magie. Mais, en faisant cet effort, il laissa à ses successeurs une porte grande ouverte leur permettant de mal interpréter son enseignement et de déclarer que tous les efforts humains pour aboutir sont déplaisants et douloureux. Ses disciples négligèrent le fait que le bonheur suprême est lié à la poursuite enthousiaste et intelligente de buts méritoires, et que ces accomplissements constituent le vrai progrès dans la réalisation cosmique de soi. 94:8.18 La grande vérité de l’enseignement de Siddharta fut sa proclamation d’un univers de justice absolue. Il enseigna la meilleure philosophie athée qui ait jamais été inventée par un mortel ; elle était l’humanisme idéal et ôta fort efficacement toute base aux superstitions, aux rituels magiques et à la peur des fantômes et des démons. 94:8.19 La grande faiblesse de l’évangile originel du bouddhisme fut qu’il ne créa pas une religion de service social désintéressé. Pendant longtemps, la fraternité bouddhiste ne fut pas une confrérie de croyants, mais plutôt une communauté d’élèves-maitres. Gautama leur interdit de recevoir de l’argent et chercha, par ce moyen, à empêcher la croissance de tendances hiérarchiques. Gautama lui-même était hautement social et, en vérité, sa vie fut plus grandiose que ses sermons. 9. La diffusion du bouddhisme 94:9.1 Le bouddhisme prospéra parce qu’il offrait le salut par la croyance en Bouddha, l’illuminé. Il était plus représentatif des vérités de Melchizédek que tout autre système religieux pratiqué en Asie orientale. Mais le bouddhisme ne se répandit pas beaucoup en tant que religion jusqu’au jour où un monarque de basse caste, Açoka, l’adopta pour sa propre protection ; après Ikhnaton en Égypte, Açoka fut l’un des plus remarquables dirigeants civils entre l’époque de Melchizédek et celle de Micaël. Il bâtit un grand empire indien grâce à la propagande de ses missionnaires bouddhistes. Au cours d’une période de vingt-cinq ans, il éduqua plus de dix-sept-mille missionnaires qu’il expédia jusqu’aux plus lointaines frontières du monde connu. En une seule génération, il fit du bouddhisme la religion dominante de la moitié de la terre. Il prit bientôt pied au Tibet, au Cachemire, à Ceylan, en Birmanie, à Java, au Siam, en Corée, en Chine et au Japon. D’une manière générale, ce fut une religion considérablement supérieure à celles qu’elle supplanta ou rehaussa. 94:9.2 La diffusion du bouddhisme dans toute l’Asie à partir de son foyer aux Indes est l’une des plus palpitantes histoires de consécration spirituelle et de persévérance missionnaire de sincères religionistes. Non seulement ceux qui enseignaient l’évangile de Gautama bravèrent les périls des routes des caravanes terrestres, mais ils firent face aux dangers des mers de Chine, tandis qu’ils poursuivaient leur mission sur le continent asiatique, apportant à tous les peuples le message de leur foi. Toutefois, ce bouddhisme n’était plus la simple doctrine de Gautama ; c’était l’évangile rendu miraculeux qui faisait de lui un dieu. Plus le bouddhisme s’éloignait de son berceau des hautes terres de l’Inde, plus il devenait différent des enseignements de Gautama, et plus il ressemblait aux religions qu’il supplantait. 94:9.3 Plus tard, le bouddhisme fut très influencé par le taoïsme en Chine, le shinto au Japon et le christianisme au Tibet. Aux Indes, après un millénaire, le bouddhisme ne fit plus que s’étioler et mourir. Il se brahmanisa et, plus tard, baissa lâchement pavillon devant l’islam ; en même temps, dans une grande partie du reste de l’Orient, il dégénéra en un rituel que Gautama Siddharta n’aurait jamais reconnu. 94:9.4 Dans le Sud, le stéréotype fondamentaliste des enseignements de Siddharta persista à Ceylan, en Birmanie et dans la péninsule d’Indochine. Il s’agit là de la branche Hinayana du bouddhisme qui s’attache à sa doctrine primitive ou asociale. 94:9.5 Mais, même avant l’effondrement du bouddhisme aux Indes, les groupes de disciples de Gautama de la Chine et du Nord de l’Inde avaient commencé à développer l’enseignement Mahayana de la « Route Majeure » vers le salut, en opposition avec les puristes du Sud qui s’en tenaient au Hinayana ou « Route Mineure ». Ces Mahayanistes rompirent avec les limitations sociales inhérentes à la doctrine bouddhiste, et, depuis lors, cette branche septentrionale du bouddhisme a poursuivi son évolution en Chine et au Japon. 94:9.6 Le bouddhisme est aujourd’hui une religion vivante et croissante parce qu’il réussit à conserver bon nombre des plus hautes valeurs morales de ses adhérents. Il facilite le calme et le contrôle de soi, augmente la sérénité et le bonheur, et contribue beaucoup à empêcher le chagrin et le deuil. Ceux qui croient à cette philosophie vivent des vies meilleures que beaucoup de ceux qui n’y croient pas. 10. La religion au Tibet 94:10.1 Au Tibet, on trouve la plus étrange association des enseignements de Melchizédek combinés avec le bouddhisme, l’hindouisme, le taoïsme et le christianisme. Quand les missionnaires bouddhistes entrèrent au Tibet, ils rencontrèrent un état de sauvagerie primitive très semblable à celui que les premiers missionnaires chrétiens trouvèrent chez les tribus nordiques de l’Europe. 94:10.2 Les candides Tibétains ne voulurent pas abandonner entièrement leur ancienne magie et leurs charmes. L’étude du cérémonial religieux des rituels tibétains de l’époque présente révèle l’existence d’une confrérie exagérément nombreuse de prêtres aux têtes rasées qui pratiquent un rituel minutieux comportant des cloches, des incantations, de l’encens, des processions, des rosaires, des images, des charmes, des tableaux, de l’eau bénite, de somptueux vêtements et des chœurs compliqués. Ils ont des dogmes rigides et des croyances cristallisées, des rituels sacrés et des jeûnes spéciaux. Leur hiérarchie comprend des moines, des nonnes, des abbés et le Grand Lama. Ils adressent des prières à des anges, à des saints, à une Sainte Mère et à des dieux. Ils pratiquent la confession et croient au purgatoire. Leurs monastères sont très vastes et leurs cathédrales magnifiques. Ils maintiennent une interminable répétition de rites sacrés et croient que ce cérémonial procure le salut. Ils attachent des prières à un moulin et croient que sa rotation rend les suppliques efficaces. Chez nul autre peuple des temps modernes, on ne peut trouver tant d’observances provenant de tant de religions ; il est inévitable que cette liturgie cumulative finisse par devenir encombrante à l’excès et intolérablement pesante. 94:10.3 Les Tibétains possèdent quelque chose de toutes les principales religions du monde, sauf les simples enseignements de l’évangile de Jésus : la filiation avec Dieu, la fraternité des hommes et la citoyenneté toujours ascendante dans l’univers éternel. 11. La philosophie bouddhique 94:11.1 Le bouddhisme pénétra en Chine au premier millénaire après le Christ et cadra bien avec les coutumes religieuses de la race jaune. Dans leur culte des ancêtres, les Chinois avaient longtemps adressé des prières aux morts ; maintenant, ils pouvaient aussi prier pour eux. Le bouddhisme s’amalgama bientôt avec les pratiques rituelles rémanentes du taoïsme en désintégration. Cette nouvelle religion synthétique, avec ses temples du culte et son cérémonial religieux précis, ne tarda pas à devenir le culte généralement accepté par les peuples de Chine, de Corée et du Japon. 94:11.2 Sous certains rapports, il est fâcheux que le bouddhisme n’ait pas été répandu avant que ses disciples aient perverti les traditions et enseignements du culte au point de faire de Gautama un être divin. Néanmoins, le mythe de sa vie humaine, embelli comme il le fut par une multitude de miracles, se révéla très séduisant pour les auditeurs de l’évangile nordique, ou Mahayana, du bouddhisme. 94:11.3 Certains de ses disciples ultérieurs enseignèrent que l’esprit de Sakyamouni Bouddha revenait périodiquement sur terre comme un bouddha vivant, ouvrant ainsi la voie à une perpétuation indéfinie des images de Bouddha, des temples, des rituels et des « bouddhas vivants » imposteurs. C’est ainsi que la religion du grand protestataire indien finit par se trouver enchainée dans ces mêmes pratiques cérémonielles et incantations rituelles qu’il avait précisément combattues avec tant d’intrépidité et dénoncées avec tant de courage. 94:11.4 Le grand progrès apporté par la philosophie bouddhique consista à comprendre que toute vérité est relative. Par le mécanisme de cette hypothèse, les bouddhistes ont pu concilier et mettre en corrélation les divergences intérieures de leurs propres écrits religieux, ainsi que les divergences entre ceux-ci et beaucoup d’autres. On enseignait que les petites vérités étaient faites pour un mental étroit, et les grandes vérités pour un mental large. 94:11.5 Cette philosophie enseignait aussi que la nature (divine) de Bouddha existait chez tous les hommes ; que par ses propres efforts l’homme pouvait arriver à réaliser cette divinité intérieure. Cet enseignement est l’une des plus claires présentations de la vérité au sujet des Ajusteurs de Pensée intérieurs qui aient jamais été faites par une religion d’Urantia. 94:11.6 L’évangile originel de Siddharta, tel que ses disciples l’interprétaient, comportait une grande limitation parce qu’il essayait de dégager complètement le moi humain de toutes les limitations de la nature mortelle par la technique consistant à isoler ce moi de la réalité objective. Or, le véritable épanouissement cosmique de soi résulte de l’identification de soi avec la réalité cosmique et avec le cosmos fini d’énergie, de mental et d’esprit, limité par l’espace et conditionné par le temps. 94:11.7 Les cérémonies et les observances extérieures du bouddhisme furent grossièrement contaminées par celles des pays qu’il pénétrait, mais cette dégénérescence n’eut pas entièrement lieu dans la vie philosophique des grands penseurs qui, de temps à autre, embrassèrent ce système de pensée et de croyance. Pendant plus de deux-mille ans, beaucoup des meilleurs penseurs d’Asie se sont concentrés sur le problème destiné à établir la vérité absolue et la vérité de l’Absolu. 94:11.8 L’évolution d’un concept élevé de l’Absolu fut accomplie par de nombreux cheminements de pensée et des sentiers tortueux de raisonnement. Le mouvement ascendant de cette doctrine de l’infinité n’était pas aussi clairement défini que l’évolution du concept de Dieu dans la théologie hébraïque. Néanmoins, les penseurs bouddhistes atteignirent certains niveaux élargis, s’y arrêtèrent et les franchirent en continuant leur chemin vers l’évocation de la Source Primordiale des univers : 94:11.9 1. La légende de Gautama. À la base du concept se trouvait le fait historique de la vie et des enseignements de Siddharta, le prince prophète de l’Inde. Cette légende se transforma en un mythe au cours des siècles et à travers les vastes pays d’Asie ; elle finit par dépasser le statut de l’idée de Gautama en tant qu’illuminé, et commença à se parer d’attributs additionnels. 94:11.10 2. Les nombreux Bouddhas. On tint le raisonnement que, si Gautama était venu vers les peuples de l’Inde, les races de l’humanité avaient dû être bénies dans le lointain passé par la venue d’autres instructeurs de la vérité, et le seraient encore indubitablement dans le lointain futur. Ceci donna naissance à l’enseignement qu’il y avait des Bouddhas en nombre illimité et infini, et même que n’importe qui pouvait aspirer à en devenir un – pouvait aspirer à atteindre la divinité d’un Bouddha. 94:11.11 3. Le Bouddha Absolu. Quand on se mit à croire à un nombre presque infini de Bouddhas, il devint nécessaire au mental de l’époque de réunifier ce concept lourd à manier. En conséquence, on commença à enseigner que tous les Bouddhas n’étaient que la manifestation d’une essence supérieure, d’un certain Un Éternel ayant une existence infinie et inconditionnée, d’une certaine Source Absolue de toute réalité. À partir de là, le concept bouddhique de la Déité, sous sa forme la plus élevée, devint distinct de la personne humaine de Gautama Siddharta et rejeta les limitations anthropomorphiques qui l’avaient bridé. Cette conception finale du Bouddha Éternel peut bien s’identifier à l’Absolu, et parfois même avec l’infini JE SUIS. 94:11.12 Bien que cette idée de Déité Absolue n’ait jamais rencontré une grande faveur populaire chez les peuples d’Asie, elle permit aux intellectuels de ces pays d’unifier leur philosophie et d’harmoniser leur cosmologie. Le concept du Bouddha Absolu est tantôt quasi personnel, tantôt entièrement impersonnel – tantôt même une force créatrice infinie. Ces concepts sont philosophiquement utiles, mais ne sont pas essentiels au développement religieux. Même un Yahweh anthropomorphe a une valeur religieuse plus grande que l’Absolu infiniment lointain du bouddhisme ou du brahmanisme. 94:11.13 On crut même, à certains moments, que l’Absolu était contenu dans l’infini JE SUIS. Mais ces spéculations n’apportaient qu’un encouragement glacé aux multitudes affamées qui souhaitaient ardemment entendre des paroles de promesse, écouter le simple évangile de Salem annonçant que la foi en Dieu assurait la faveur divine et la survie éternelle. 12. Le concept de Dieu dans le bouddhisme 94:12.1 La cosmologie du bouddhisme avait deux grands points faibles : d’une part elle était contaminée par de nombreuses superstitions de l’Inde et de la Chine, et d’autre part elle sublimait Gautama, d’abord en tant qu’illuminé et ensuite en tant que Bouddha Éternel. Exactement comme le christianisme a souffert d’avoir absorbé beaucoup de philosophie humaine erronée, de même le bouddhisme porte sa marque humaine de naissance. Mais les enseignements de Gautama ont continué à évoluer durant les vingt-cinq derniers siècles. Pour un bouddhiste éclairé, le concept de Bouddha ne représente pas plus la personnalité humaine de Gautama que, pour un chrétien éclairé, le concept de Jéhovah n’est identique à l’esprit démoniaque de l’Horeb. La pauvreté de terminologie ainsi que la conservation sentimentale d’une antique nomenclature empêchent souvent de comprendre la vraie signification de l’évolution des concepts religieux. 94:12.2 Le concept de Dieu en contraste avec l’Absolu commença graduellement à se faire jour dans le bouddhisme. Sa source remonte aux premiers temps où les disciples de la Route Mineure (Hinayana) se différencièrent de ceux de la Route Majeure (Mahayana). Ce fut dans cette dernière branche du bouddhisme que la double conception de Dieu et de l’Absolu finit par arriver à maturité. Pas à pas, siècle après siècle, le concept de Dieu a évolué jusqu’à murir finalement dans la croyance en Amida Bouddha, grâce aux enseignements de Ryonin, de Honen Shonin et de Shinran au Japon. 94:12.3 Chez ces croyants, on enseigne que l’âme, après avoir passé par la mort, peut choisir de bénéficier d’un séjour au Paradis avant d’entrer au nirvana, état ultime de l’existence. On proclame que ce nouveau salut est obtenu par la foi dans les miséricordes divines et dans les soins aimants d’Amida, Dieu du Paradis en Occident. Dans leur philosophie, les Amidistes s’attachent à une Réalité Infinie située au-delà de toute compréhension humaine finie. Dans leur religion, ils adhèrent à la foi en Amida, l’infiniment miséricordieux, qui aime le monde au point de ne pas souffrir qu’un seul mortel, faisant appel à son nom avec une foi sincère et un cœur pur, échoue dans l’obtention du bonheur suprême du Paradis. 94:12.4 La grande force du bouddhisme vient de ce que ses adhérents sont libres de choisir la vérité dans toutes les religions ; il est rare qu’une pareille liberté de choix ait caractérisé une doctrine religieuse d’Urantia. Sous ce rapport, la secte Shin au Japon est devenue l’un des groupes religieux les plus progressifs du monde ; elle a ranimé l’ancien esprit missionnaire des disciples de Gautama et a commencé à envoyer des éducateurs à d’autres peuples. Cet empressement à adopter la vérité, quelles que soient les sources dont elle provient, est en vérité une tendance recommandable qui apparait parmi les croyants religieux pendant la première moitié du vingtième siècle après le Christ. 94:12.5 Le bouddhisme lui-même passe par une renaissance au vingtième siècle. Ses aspects sociaux ont été grandement améliorés par ses contacts avec le christianisme. Le désir d’apprendre s’est rallumé dans le cœur des moines-prêtres de la confrérie, et la diffusion de l’éducation dans cette communauté de foi provoquera certainement de nouveaux progrès dans l’évolution religieuse. 94:12.6 À la date du présent exposé, une grande partie de l’Asie met ses espoirs dans le bouddhisme. Cette noble foi, qui a si vaillamment traversé les âges de ténèbres du passé, va-t-elle recevoir de nouveau la vérité des réalités cosmiques amplifiées comme jadis les disciples du grand instructeur de l’Inde écoutaient sa proclamation d’une vérité nouvelle ? Cette ancienne foi répondra-t-elle, une fois de plus, au stimulant vivifiant des nouveaux concepts de Dieu et de l’Absolu qui lui seront présentés et qu’elle a si longtemps cherchés ? 94:12.7 Tout Urantia attend que l’on proclame le message ennoblissant de Micaël, débarrassé des dogmes et doctrines accumulés au cours de dix-neuf siècles de contact avec les religions d’origine évolutionnaire. L’heure a sonné de présenter au bouddhisme, au christianisme, à l’hindouisme et même aux peuples de toutes les religions, non pas l’évangile à propos de Jésus, mais la réalité vivante et spirituelle de l’évangile de Jésus. 94:12.8 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.] FASCICULE 95. Les enseignements de Melchizédek dans le Levant 95:0.1 De même que l’Inde a donné naissance à bien des religions et des philosophies de l’Asie orientale, de même le Levant a été le berceau des croyances de l’Occident. Les missionnaires de Salem se répandirent dans toute l’Asie du Sud-Ouest, à travers la Palestine, la Mésopotamie, l’Égypte, l’Iran et l’Arabie, proclamant partout la bonne nouvelle de l’évangile de Machiventa Melchizédek. Dans certains de ces pays, leurs enseignements portèrent des fruits ; dans d’autres, les missionnaires réussirent plus ou moins bien. Les échecs provinrent tantôt d’un manque de sagesse et tantôt de circonstances échappant à leur contrôle. 1. La religion de Salem en Mésopotamie 95:1.1 Vers l’an 2000 av. J.-C., les religions de Mésopotamie avaient presque entièrement perdu les enseignements des Séthites et se trouvaient largement sous l’influence des croyances primitives de deux groupes d’envahisseurs : les Bédouins sémites qui s’étaient infiltrés en venant du désert occidental et les cavaliers barbares descendus du nord. 95:1.2 Mais la coutume qu’avaient les premiers peuples adamites d’honorer le septième jour de la semaine ne disparut jamais complètement en Mésopotamie. Seulement, durant l’ère de Melchizédek, le septième jour fut considéré comme le plus malchanceux. Il était dominé par des tabous ; pendant ce funeste septième jour, il était contraire à la loi de partir en voyage, de cuire de la nourriture ou de faire du feu. Les Juifs ramenèrent en Palestine un grand nombre de tabous mésopotamiens qu’ils avaient trouvés à Babylone et qui étaient fondés sur l’observance du septième jour, le sabbatum. 95:1.3 Bien que les éducateurs de Salem eussent beaucoup contribué à raffiner et à rehausser les religions de Mésopotamie, ils ne réussirent pas à obtenir des divers peuples la reconnaissance permanente d’un Dieu unique. Cet enseignement prit le dessus pendant plus de cent-cinquante ans, puis s’effaça graduellement devant la croyance plus ancienne à une multiplicité de déités. 95:1.4 Les éducateurs de Salem réduisirent considérablement le nombre des dieux de Mésopotamie et ramenèrent, à un moment donné, les principales déités au nombre de sept : Bel, Shamash, Nabou, Anou, Éa, Mardouk et Sin. À l’apogée du nouvel enseignement, ils exaltèrent trois de ces dieux à la suprématie sur tous les autres ; ce fut la triade babylonienne de Bel, Éa et Anou, les dieux de la terre, de la mer et du ciel. D’autres triades naquirent dans différentes localités ; elles étaient toutes une réminiscence des enseignements trinitaires des Andites et des Sumériens, et basées sur la croyance des Salémites à l’emblème des trois cercles de Melchizédek. 95:1.5 Jamais les éducateurs de Salem ne triomphèrent complètement de la popularité d’Ishtar, la mère des dieux et l’esprit de la fécondité sexuelle. Ils contribuèrent beaucoup à raffiner l’adoration de cette déesse, mais les Babyloniens et leurs voisins ne transcendèrent jamais complètement leurs formes déguisées d’adoration du sexe. La pratique pour toutes les femmes de se soumettre, au moins une fois dans leur jeunesse, à l’embrassement d’un étranger s’était répandue dans toute la Mésopotamie ; on pensait que c’était une dévotion exigée par Ishtar et l’on croyait que la fécondité dépendait largement de ce sacrifice sexuel. 95:1.6 Les premiers progrès de l’enseignement de Melchizédek furent hautement satisfaisants jusqu’au moment où Nabodad, chef de l’école de Kish, décida de lancer une attaque concertée contre les pratiques courantes de prostitution dans les temples. Mais les missionnaires de Salem échouèrent dans leur effort pour faire adopter cette réforme sociale et, dans ce naufrage, tous leurs enseignements spirituels et philosophiques plus importants sombrèrent dans la défaite. 95:1.7 Cette défaite de l’évangile de Salem fut immédiatement suivie d’un grand accroissement du culte d’Ishtar, un rituel qui avait déjà envahi la Palestine sous le nom d’Ashtoreth, l’Égypte sous celui d’Isis, la Grèce sous celui d’Aphrodite et les tribus du Nord sous celui d’Astarté. Ce fut en liaison avec ce renouveau de l’adoration d’Ishtar que les prêtres de Babylone revinrent à l’observation des étoiles ; l’astrologie passa par son dernier grand renouveau en Mésopotamie ; les diseurs de bonne aventure furent en vogue et, durant des siècles, la prêtrise dégénéra de plus en plus. 95:1.8 Melchizédek avait recommandé à ses disciples d’enseigner la doctrine d’un Dieu unique, Père et Créateur de tout, et de ne prêcher que l’évangile de la faveur divine obtenue par la simple foi. Mais l’erreur des éducateurs d’une nouvelle vérité est souvent de vouloir en faire trop, d’essayer de remplacer l’évolution lente par une révolution soudaine. Les missionnaires de Melchizédek en Mésopotamie proposèrent un niveau moral trop élevé pour le peuple ; ils voulurent en faire trop, et leur noble cause sombra dans la défaite. Leur mandat était de prêcher un évangile précis, de proclamer la vérité que le Père Universel est réel, mais ils s’embrouillèrent en prenant parti pour la cause apparemment valable de réformer les mœurs. Leur grande mission fut détournée de son objectif et se perdit pratiquement dans la frustration et l’oubli. 95:1.9 En une seule génération, le quartier général salémite de Kish cessa toute activité, et la propagande de la croyance en un Dieu unique fut pratiquement arrêtée dans toute la Mésopotamie. Toutefois, des restes des écoles de Salem persistèrent. De petits groupes éparpillés çà et là continuèrent à croire au Créateur unique et luttèrent contre l’idolâtrie et l’immoralité des prêtres mésopotamiens. 95:1.10 Ce furent les missionnaires de Salem de la période consécutive au rejet de leur enseignement qui écrivirent nombre des Psaumes de l’Ancien Testament. Ils les gravèrent sur des pierres, où des prêtres hébreux les trouvèrent ultérieurement durant la captivité et les incorporèrent par la suite dans la collection des hymnes attribués à des auteurs juifs. Ces magnifiques psaumes de Babylone ne furent pas écrits dans les temples de Bel-Mardouk ; ils furent l’œuvre des descendants des premiers missionnaires de Salem et forment un contraste frappant avec les fatras magiques des prêtres babyloniens. Le Livre de Job reflète assez bien les enseignements de l’école salémite de Kish et de toute la Mésopotamie. 95:1.11 Une grande partie de la culture religieuse mésopotamienne fut incorporée dans la littérature et la liturgie juives en passant par l’Égypte, grâce au travail d’Aménémopé et d’Ikhnaton. Les Égyptiens préservèrent remarquablement bien les enseignements dérivés des premiers Mésopotamiens andites concernant les obligations sociales, enseignements qui furent si largement perdus par les Babyloniens qui occupèrent, plus tard, la vallée de l’Euphrate. 2. La religion égyptienne primitive 95:2.1 C’est en Égypte que les enseignements originels de Melchizédek s’enracinèrent le plus profondément et c’est d’Égypte qu’ensuite ils se répandirent en Europe. La religion évolutionnaire de la vallée du Nil se développa périodiquement par l’arrivée de lignées supérieures de Nodites, d’Adamites et, plus tard, d’Andites venant de la vallée de l’Euphrate. À certains moments, un grand nombre d’administrateurs civils de l’Égypte furent des Sumériens. De même que l’Inde hébergeait, en ces temps, le mélange le plus complet des races du monde, de même l’Égypte entretint le type de philosophie religieuse le plus entièrement composite que l’on puisse trouver sur Urantia, et, de la vallée du Nil, cette philosophie se répandit dans de nombreuses parties du monde. Les Juifs reçurent des Babyloniens une grande partie de leurs idées sur la création du monde, mais ils tirèrent des Égyptiens leur concept de la divine Providence. 95:2.2 Ce furent les tendances politiques et morales, plutôt que les penchants philosophiques ou religieux, qui firent mieux accepter les enseignements de Salem par l’Égypte que par la Mésopotamie. Chaque chef de tribu en Égypte, après s’être battu pour accéder au trône, cherchait à perpétuer sa dynastie en proclamant que son dieu tribal était la déité originelle et le créateur de tous les autres dieux. De cette manière, les Égyptiens s’habituèrent graduellement à l’idée d’un superdieu ; c’était un marchepied vers la doctrine ultérieure d’une Déité créatrice universelle. Durant bien des siècles, l’idée du monothéisme passa en Égypte par des hauts et des bas ; la croyance en un Dieu unique gagnait toujours du terrain, mais ne domina jamais tout à fait les concepts évoluants du polythéisme. 95:2.3 Pendant des âges, les Égyptiens s’étaient adonnés à l’adoration des dieux de la nature. En particulier, chacune de la quarantaine de tribus séparées avait un dieu spécial pour son groupe, l’une adorant le taureau, une autre le lion, une troisième le bélier et ainsi de suite. Auparavant, elles avaient été des tribus à totems, très semblables à celles des Amérindiens. 95:2.4 Avec le temps, les Égyptiens remarquèrent que les cadavres placés dans des tombeaux sans briques étaient préservés – embaumés – par l’action du sable imprégné de soude, tandis que les cadavres inhumés dans des caveaux de briques pourrissaient. Ces observations conduisirent aux expériences qui aboutirent plus tard à la pratique d’embaumer les morts. Les Égyptiens croyaient que la conservation du corps facilitait la traversée de la vie future. Afin que la personne puisse être convenablement identifiée dans l’avenir lointain après la dissolution de son corps, ils plaçaient une statue funéraire dans le tombeau pour accompagner le cadavre et sculptaient un portrait du mort sur le cercueil. La confection de ces statues funéraires fit faire de grands progrès à l’art égyptien. 95:2.5 Pendant des siècles, les Égyptiens placèrent leur confiance dans les tombeaux pour la sauvegarde des corps et la survie agréable qui en résultait après la mort. L’évolution ultérieure des pratiques magiques, bien qu’elles fussent encombrantes depuis le berceau jusqu’à la tombe, les délivra efficacement de la religion des sépultures. Les prêtres inscrivaient sur les cercueils des formules magiques dont on croyait qu’elles protégeaient un homme contre le risque « de se voir enlever son cœur dans le monde inférieur ». Bientôt, on collectionna un assortiment varié de ces textes magiques et on le conserva sous la forme du Livre des Morts. Mais, dans la vallée du Nil, le rituel magique fut imbriqué de bonne heure dans les domaines de la conscience et du caractère, à un degré rarement atteint par les rituels de cette époque. Ultérieurement, on compta davantage, pour le salut, sur ces idéaux éthiques et moraux que sur des tombeaux compliqués. 95:2.6 Les superstitions de cette époque sont bien illustrées par la croyance générale à l’efficacité des crachats comme agents de guérison ; cette idée prit naissance en Égypte et se répandit de là en Arabie et en Mésopotamie. Dans la bataille légendaire d’Horus contre Set, le jeune dieu perdit un œil, mais, après la défaite de Set, l’œil fut restauré par le sage dieu Thoth qui cracha sur la plaie et la guérit. 95:2.7 Les Égyptiens crurent longtemps que le scintillement des étoiles dans le ciel nocturne représentait la survie des âmes des morts méritants ; ils pensaient que les autres survivants étaient absorbés par le soleil. Durant une certaine période, la vénération solaire devint une espèce de culte des ancêtres. Le passage incliné d’entrée dans la grande pyramide était orienté directement vers l’Étoile polaire afin que l’âme du roi, quand elle émergerait du tombeau, puisse aller tout droit dans les constellations stationnaires et établies des étoiles fixes, que l’on supposait être la demeure des rois. 95:2.8 Quand on voyait les rayons obliques du soleil pénétrer vers la terre par une ouverture dans les nuages, on croyait qu’ils indiquaient l’abaissement d’un escalier céleste par lequel le roi et d’autres âmes droites pouvaient monter. « Le roi Pépi a abaissé son rayonnement comme un escalier sous ses pieds pour permettre de monter jusqu’à sa mère. » 95:2.9 Lors de l’incarnation de Melchizédek, les Égyptiens avaient une religion très supérieure à celle des peuples environnants. Ils croyaient qu’une âme séparée du corps physique, si elle était convenablement armée de formules magiques, pouvait éviter les mauvais esprits intermédiaires et parvenir à la salle de jugement d’Osiris, où elle serait admise dans les royaumes de la félicité si elle n’était pas coupable « de meurtre, de brigandage, de fausseté, d’adultère, de vol ou d’égoïsme ». Si l’âme était pesée dans les balances et trouvée en défaut, elle était consignée aux enfers, à la Dévoratrice. C’était un concept relativement avancé de la vie future en comparaison avec les croyances de beaucoup de peuples voisins. 95:2.10 Le concept du jugement dans l’au-delà pour les péchés d’une vie dans la chair sur terre, qui fut introduit dans la théologie des Hébreux, provenait d’Égypte. Le mot jugement n’apparait qu’une seule fois dans ce sens au cours de tout le livre hébreu des Psaumes, et le psaume en question fut écrit par un Égyptien. 3. L’évolution des concepts moraux 95:3.1 Bien que la culture et la religion d’Égypte aient principalement tiré leur origine des Andites de Mésopotamie et aient été largement transmises aux civilisations subséquentes par les Hébreux et les Grecs, une grande, une très grande partie de l’idéalisme éthique et social des Égyptiens naquit comme un développement purement évolutionnaire dans la vallée du Nil. Nonobstant l’importation en grande quantité des vérités et de la culture d’origine andite, une culture morale se développa en Égypte d’une manière purement humaine. Avant l’effusion de Micaël, les techniques naturelles similaires n’avaient fait apparaitre une culture équivalente dans aucune autre zone circonscrite du monde. 95:3.2 L’évolution morale ne dépend pas entièrement de la révélation. L’homme peut tirer de sa propre expérience des concepts moraux élevés. L’homme peut même faire apparaitre des valeurs spirituelles et tirer une clairvoyance cosmique de son expérience de vie personnelle parce qu’un esprit divin l’habite. Ces évolutions naturelles de conscience et de caractère furent accélérées par l’arrivée périodique d’instructeurs de la vérité venus du second Éden dans la haute antiquité et, plus tard, du quartier général de Melchizédek à Salem. 95:3.3 Des milliers d’années avant que l’évangile de Salem eût pénétré en Égypte, ses dirigeants moraux y enseignaient qu’il fallait être équitable et juste, et éviter l’avarice. Trois-mille ans avant la rédaction des Écritures hébraïques, les Égyptiens avaient pour devise : « Affermi est l’homme qui prend la droiture pour modèle et qui marche selon ses voies. » Ils enseignaient la douceur, la modération et la discrétion. L’un des grands éducateurs de cette époque donna comme message : « Soyez équitables et traitez chacun avec justice. » La triade égyptienne de cette époque était Vérité – Justice – Droiture. Parmi toutes les religions purement humaines d’Urantia, nulle ne surpassa les idéaux sociaux et la grandeur morale de cet humanisme de jadis dans la vallée du Nil. 95:3.4 Les doctrines survivantes de la religion de Salem fleurirent dans le terrain de ces idées éthiques et de ces idéaux moraux en évolution. Les concepts du bien et du mal trouvèrent une prompte réponse dans le cœur d’un peuple qui croyait que « la vie est donnée aux pacifiques et la mort aux coupables », que « le pacifique est celui qui fait ce que l’on aime ; le coupable est celui qui fait ce que l’on déteste ». Durant des siècles, les habitants de la vallée du Nil avaient vécu selon ces critères éthiques et sociaux qui émergèrent avant qu’ils eussent jamais entretenu les concepts ultérieurs du juste et du faux – du bien et du mal. 95:3.5 L’Égypte était intellectuelle et morale, mais assez peu spiritualiste. En six-mille ans, quatre grands prophètes seulement s’élevèrent parmi les Égyptiens : Aménémopé, Okhban, Ikhnaton et Moïse. Les Égyptiens suivirent le premier pendant un temps, ils assassinèrent le second, ils acceptèrent le troisième sans enthousiasme pendant une brève génération et ils rejetèrent le quatrième. De nouveau, ce furent des circonstances politiques plutôt que religieuses qui rendirent faciles à Abraham, et plus tard à Joseph, d’exercer une grande influence dans toute l’Égypte en faveur de l’enseignement salémite d’un Dieu unique. Mais, quand les missionnaires de Salem entrèrent pour la première fois en Égypte, ils y trouvèrent cette culture évolutionnaire hautement éthique mêlée aux critères moraux modifiés des immigrants de Mésopotamie. Ces anciens éducateurs de la vallée du Nil furent les premiers à proclamer que la conscience était le mandat de Dieu, la voix de la Déité. 4. Les enseignements d’Aménémopé 95:4.1 En temps voulu, il s’éleva en Égypte un instructeur que beaucoup appelèrent le « fils de l’homme » et d’autres Aménémopé. Ce voyant exalta la conscience au point d’en faire l’arbitre supérieur du juste et du faux, enseigna que les péchés seraient punis et proclama le salut par appel à la déité solaire. 95:4.2 Aménémopé enseigna que les richesses et la fortune étaient des dons de Dieu, et ce concept colora entièrement la philosophie hébraïque apparue plus tard. Ce noble éducateur croyait que la conscience de Dieu était le facteur déterminant de toute conduite, qu’il fallait vivre à chaque instant en ayant conscience de la présence de Dieu et de notre responsabilité envers lui. Par la suite, les enseignements de ce sage furent traduits en hébreu et devinrent le livre sacré de ce peuple bien avant que l’Ancien Testament n’eût été écrit. Le principal sermon de cet homme de bien concernait l’instruction de son fils quant à la rectitude et à l’honnêteté à observer dans les postes de confiance gouvernementaux ; ces nobles sentiments d’un lointain passé honoreraient n’importe quel homme d’état moderne. 95:4.3 Ce sage du Nil enseigna que « les richesses prennent des ailes et s’envolent » – que toutes les choses terrestres sont évanescentes. Sa grande prière était « d’être délivré de la peur ». Il exhorta tout le monde à se détourner des « paroles des hommes » pour se tourner vers « les actes de Dieu ». En substance, il enseigna que l’homme propose, mais que Dieu dispose. Traduits en hébreu, ses enseignements déterminèrent la philosophie du Livre des Proverbes de l’Ancien Testament. Traduits en grec, ils donnèrent sa couleur à toute la philosophie religieuse hellénique subséquente. Philon, le philosophe ultérieur d’Alexandrie, possédait un exemplaire du Livre de la Sagesse. 95:4.4 Aménémopé s’attacha à conserver l’éthique de l’évolution et la morale de la révélation, et, dans ses écrits, il les transmit aussi bien aux Hébreux qu’aux Grecs. Il ne fut pas le plus grand éducateur religieux de cet âge, mais il fut le plus influent, en ce sens qu’il colora la pensée ultérieure de deux chainons essentiels de la croissance de la civilisation occidentale – les Hébreux, parmi lesquels la foi occidentale se développa jusqu’à son apogée, et les Grecs, qui développèrent la pensée purement philosophique jusqu’à ses plus hauts sommets européens. 95:4.5 Dans le Livre des Proverbes hébreux, les chapitres XV, XVII, XX, et le chapitre XXII depuis le verset 17 jusqu’au chapitre XXIV verset 22 sont tirés à peu près mot à mot du Livre de la Sagesse d’Aménémopé. Le Psaume I du Livre hébreu des Psaumes fut écrit par Aménémopé et forme le cœur des enseignements d’Ikhnaton. 5. Le remarquable Ikhnaton 95:5.1 Les enseignements d’Aménémopé perdaient lentement leur emprise sur le mental égyptien lorsque, sous l’influence d’un médecin salémite égyptien, une femme de la famille royale adopta les enseignements de Melchizédek. Cette femme décida son fils Ikhnaton, pharaon d’Égypte, à accepter cette doctrine d’un Dieu Unique. 95:5.2 Depuis la fin de l’incarnation de Melchizédek, nul être humain n’avait possédé de la religion révélée de Salem un concept d’une aussi étonnante clarté qu’Ikhnaton. Sous certains rapports, ce jeune roi égyptien est l’une des personnes les plus remarquables de l’histoire de l’humanité. Durant cette époque de dépression spirituelle croissante en Mésopotamie, il conserva vivante en Égypte la doctrine d’El Elyon, le Dieu Unique. Il maintint ainsi ouvert le chenal de philosophie monothéiste essentiel à l’arrière-plan religieux de la future effusion de Micaël. Entre autres raisons, ce fut en récognition de cet exploit que l’enfant Jésus fut emmené en Égypte où certains successeurs spirituels d’Ikhnaton le virent et comprirent quelque peu certaines phases de sa mission divine sur Urantia. 95:5.3 Moïse, le plus grand personnage apparu entre Melchizédek et Jésus, fut donné conjointement au monde par la race hébraïque et la famille royale égyptienne. Si Ikhnaton avait été doué de la variété de talents et des aptitudes de Moïse, s’il avait manifesté un génie politique comparable à sa surprenante autorité religieuse, alors l’Égypte serait devenue la grande nation monothéiste de cette époque. Et, si cela était advenu, il est tout à fait possible que Jésus aurait vécu en Égypte la plus grande partie de sa vie de mortel. 95:5.4 Jamais dans toute l’histoire un roi ne s’employa aussi méthodiquement que cet extraordinaire Ikhnaton à faire basculer une nation tout entière du polythéisme au monothéisme. Avec une résolution stupéfiante, ce jeune souverain rompit avec le passé, changea son nom, abandonna sa capitale, bâtit une ville entièrement nouvelle et créa une littérature et un art nouveaux pour un peuple entier. Mais il alla trop vite et construisit trop, plus qu’il n’en pouvait subsister après son départ. En outre, il n’assura pas la stabilité et la prospérité matérielles de ses sujets, et ceux-ci réagirent tous défavorablement contre ses enseignements religieux quand les flots ultérieurs d’adversité et d’oppression balayèrent l’Égypte. 95:5.5 Si cet homme étonnamment clairvoyant et extraordinairement concentré sur un dessein unique avait eu la sagacité politique de Moïse, il aurait changé toute l’histoire évolutionnaire de la religion et de la révélation de la vérité dans le monde occidental. Durant sa vie, il fut capable de réfréner les activités des prêtres, qu’il tenait généralement en piètre estime ; mais ceux-ci maintinrent secrètement leurs cultes et se jetèrent dans l’action aussitôt que le jeune roi cessa d’exercer le pouvoir ; ils ne furent pas longs à attribuer toutes les difficultés subséquentes de l’Égypte à l’instauration du monothéisme durant son règne. 95:5.6 Très sagement, Ikhnaton chercha à établir la doctrine d’un Dieu unique sous l’apparence du dieu-soleil. Cette décision d’approcher l’adoration du Père Universel en absorbant tous les dieux dans l’adoration du soleil était due aux conseils du médecin salémite. Il existait alors une religion, dite d’Aton, concernant la paternité et la maternité de Dieu ; Ikhnaton en reprit les doctrines répandues et créa une religion qui reconnaissait une relation intime d’adoration entre l’homme et Dieu. 95:5.7 Ikhnaton fut assez sage pour maintenir le culte extérieur d’Aton, le dieu du soleil, tout en amenant son entourage au culte déguisé du Dieu Unique, créateur d’Aton et Père suprême de tous. Ce jeune instructeur-roi fut un écrivain prolifique, auteur de l’exposé intitulé « Le Dieu Unique », un livre de trente-et-un chapitres que les prêtres détruisirent complètement quand ils reprirent le pouvoir. Ikhnaton écrivit aussi cent-trente-sept hymnes, dont douze sont actuellement conservés dans le Livre des Psaumes de l’Ancien Testament et attribués à des auteurs hébreux. 95:5.8 Le mot suprême d’Ikhnaton dans la religion de la vie quotidienne était « droiture » ; il amplifia rapidement le concept de l’action juste jusqu’à lui faire inclure l’éthique internationale aussi bien que nationale. Ce fut une génération de piété personnelle étonnante caractérisée par une aspiration authentique, chez les hommes et femmes les plus intelligents, à trouver Dieu et à le connaitre. À cette époque, nul Égyptien ne pouvait tirer avantage aux yeux de la loi de sa position sociale ou de sa richesse. La vie de famille en Égypte contribua beaucoup à préserver et à développer la culture morale ; elle inspira plus tard la merveilleuse vie de famille des Juifs en Palestine. 95:5.9 La faiblesse fatale de l’évangile d’Ikhnaton fut sa plus grande vérité, l’enseignement qu’Aton n’était pas seulement le créateur de l’Égypte, mais aussi « du monde entier, des hommes et des bêtes, et de tous les pays étrangers, même de la Syrie et de Kush, en plus de ce pays d’Égypte. Il met chacun à sa place et pourvoit aux besoins de tous ». Ces concepts de la Déité étaient élevés et supérieurs, mais non nationalistes. Un tel sentiment d’internationalisme en matière de religion ne réussit pas à relever le moral de l’armée égyptienne sur le champ de bataille, et, en même temps, il fournit aux prêtres des armes efficaces contre le jeune roi et sa nouvelle religion. Son concept de la Déité était bien supérieur à celui des Hébreux plus tardifs, mais trop avancé pour servir les desseins d’un bâtisseur de nation. 95:5.10 L’idéal monothéiste souffrit de la disparition d’Ikhnaton, mais l’idée d’un Dieu unique persista dans le mental de nombreux groupes. Le gendre d’Ikhnaton se rangea du côté des prêtres, revint à l’adoration des anciens dieux et changea son nom en celui de Toutankhamon. Thèbes redevint la capitale ; les prêtres s’engraissèrent sur le pays et finirent par posséder un septième de toute l’Égypte. Un membre de ce même ordre de prêtres eut bientôt l’audace de s’emparer de la couronne. 95:5.11 Cependant, les prêtres ne purent triompher entièrement de la vague monothéiste. Ils furent progressivement contraints de fusionner leurs dieux et de leur donner des noms composés ; la famille des dieux se contracta de plus en plus. Ikhnaton avait associé le disque flamboyant des cieux avec le Dieu créateur, et cette idée continua à bruler dans le cœur des hommes, même des prêtres, longtemps après le trépas du jeune réformateur. Le concept du monothéisme ne mourut jamais dans le cœur des Égyptiens et du reste du monde. Il persista même jusqu’à l’arrivée du Fils Créateur de ce même Père divin, le Dieu unique qu’Ikhnaton avait présenté avec tant de zèle à l’adoration de toute l’Égypte. 95:5.12 La faiblesse de la doctrine d’Ikhnaton résidait dans le fait qu’il proposait une religion tellement évoluée que seuls les Égyptiens instruits pouvaient en comprendre pleinement les enseignements. Les ouvriers agricoles du commun ne saisirent jamais réellement son évangile et, en conséquence, se trouvaient prêts à revenir, avec les prêtres, à l’ancienne adoration d’Isis et de son conjoint Osiris ; on supposait que ce dernier était miraculeusement ressuscité d’une mort cruelle infligée par Set, le dieu des ténèbres et du mal. 95:5.13 L’enseignement que tous les hommes pouvaient atteindre l’immortalité était trop avancé pour les Égyptiens. La résurrection n’était promise qu’aux rois et aux riches ; c’est pourquoi ils apportaient tant de soin à embaumer et à préserver les corps dans des tombeaux en vue du jour du jugement. Cependant, la démocratie du salut et de la résurrection telle qu’Ikhnaton l’enseigna finit par prévaloir, même au point que les Égyptiens crurent plus tard à la survie des animaux. 95:5.14 Bien que l’effort de ce souverain égyptien pour imposer à son peuple l’adoration d’un Dieu unique ait semblé avoir échoué, il faut noter que les répercussions de son œuvre se firent sentir pendant des siècles en Palestine et en Grèce, et que l’Égypte devint ainsi l’agent qui transmit à tous les peuples occidentaux ultérieurs la combinaison de la culture évolutionnaire du Nil et de la religion révélée de l’Euphrate. 95:5.15 La gloire de cette grande ère de développement moral et de croissance spirituelle dans la vallée du Nil était en voie de disparition rapide à l’époque où commença la vie nationale des Hébreux. À la suite de leur séjour en Égypte, ces bédouins emportèrent beaucoup de ces enseignements et perpétuèrent nombre de doctrines d’Ikhnaton dans leur religion raciale. 6. Les doctrines de Salem en Iran 95:6.1 De Palestine, quelques missionnaires de Melchizédek se rendirent sur le grand plateau iranien en passant par la Mésopotamie. Pendant plus de cinq-cents ans, les éducateurs de Salem progressèrent en Iran. Toute la nation s’orientait vers la religion de Melchizédek lorsqu’un changement de dirigeants précipita une implacable persécution qui mit pratiquement fin aux enseignements monothéistes du culte de Salem. La doctrine de l’alliance avec Abraham avait pratiquement disparu en Perse lorsqu’au sixième siècle avant le Christ, ce grand siècle de renaissance morale, Zoroastre apparut pour ranimer la flamme presque éteinte de l’évangile de Salem. 95:6.2 Ce fondateur d’une nouvelle religion était un jeune homme viril et aventureux. Au cours de son premier pèlerinage à Ur, en Mésopotamie, il avait entendu parler des traditions de la rébellion de Caligastia et de Lucifer – en même temps que de nombreuses autres traditions – qui avaient toutes fortement séduit sa nature religieuse. En fonction de quoi, à la suite d’un rêve qu’il eut à Ur, il se fixa le programme de retourner au nord, dans son foyer, et d’entreprendre le remodelage de la religion de son peuple. Il avait assimilé l’idée hébraïque d’un Dieu de justice, le concept mosaïque de la divinité. L’idée d’un Dieu suprême était claire dans son mental ; il rabaissa tous les autres dieux au rang de diables et les rangea parmi les démons dont il avait entendu parler en Mésopotamie. En tant que reliquat de tradition à Ur, il avait appris l’histoire des Sept Maitres Esprits et, en conséquence, il créa une galaxie de sept dieux suprêmes où Ahura-Mazda dominait. Il associa ces dieux subordonnés à l’idéalisation de la Juste Loi, de la Bonne Pensée, du Noble Gouvernement, du Saint Caractère, de la Santé et de l’Immortalité. 95:6.3 Il s’agissait d’une nouvelle religion d’action – de travail – et non de prières et de rituels. Son Dieu était un être suprêmement sage et protecteur de la civilisation. C’était une philosophie religieuse militante qui osait combattre le mal, l’inaction et l’inertie. 95:6.4 Zoroastre n’enseigna pas l’adoration du feu, mais chercha à utiliser la flamme comme symbole du pur et sage Esprit de domination universelle et suprême. (Il est malheureusement vrai que ses disciples ultérieurs révérèrent et adorèrent ce feu symbolique.) Finalement, après la conversion d’un prince iranien, cette nouvelle religion fut répandue par l’épée, et Zoroastre mourut héroïquement dans la bataille pour ce qu’il croyait être « la vérité du Seigneur de lumière ». 95:6.5 Le zoroastrisme est le seul credo urantien qui perpétue les enseignements de Dalamatia et d’Éden au sujet des Sept Maitres Esprits. Il ne réussit pas à développer le concept de la Trinité, mais, sous certains rapports, il approcha de celui de Dieu le Septuple. Le zoroastrisme originel n’était pas un pur dualisme ; il est vrai que le mal était décrit par les enseignements initiaux comme coordonné de la bonté dans le temps, mais dans l’éternité il était nettement englouti dans la réalité ultime du bien. C’est seulement plus tard que l’on ajouta foi à la croyance que le bien et le mal luttaient à égalité. 95:6.6 Les traditions juives du ciel et de l’enfer et la doctrine des démons, telles que les rapportent les Écritures hébraïques, trouvaient une base dans ce qui demeurait des traditions de Lucifer et de Caligastia, mais elles provenaient principalement des Zoroastriens à l’époque où les juifs se trouvaient sous la domination politique et culturelle des Perses. À l’instar des Égyptiens, Zoroastre enseigna le « jour du jugement », mais il lia cet évènement à la fin du monde. 95:6.7 Même la religion qui succéda au zoroastrisme en Perse était notablement influencée par lui. Quand les prêtres iraniens cherchèrent à ruiner les enseignements de Zoroastre, ils ressuscitèrent l’ancien culte de Mithra. Le mithracisme se répandit dans le Levant et dans le bassin de la Méditerranée ; pendant un certain temps, il fut contemporain à la fois du judaïsme et du christianisme. Les enseignements de Zoroastre laissèrent donc successivement leur empreinte sur trois grandes religions : sur le judaïsme, sur le christianisme et, à travers eux, sur le mahométisme. 95:6.8 Mais il y a loin entre les enseignements élevés et les nobles psaumes de Zoroastre, et les perversions modernes de son évangile par les Parsis avec leur grande peur des morts doublée du maintien de la croyance en des sophismes que Zoroastre ne s’abaissa jamais à sanctionner. 95:6.9 Ce grand homme fut l’une des personnalités du groupe extraordinaire qui surgit au sixième siècle avant le Christ pour empêcher l’extinction finale et définitive de la lumière de Salem qui brulait si faiblement pour montrer aux hommes, dans leur monde enténébré, le sentier lumineux qui conduit à la vie éternelle. 7. Les enseignements de Salem en Arabie 95:7.1 Les enseignements de Melchizédek sur le Dieu unique ne s’affermirent dans le désert d’Arabie qu’à une date relativement récente. De même qu’en Grèce, les missionnaires de Salem échouèrent en Arabie parce qu’ils avaient mal compris les instructions de Machiventa au sujet de l’excès d’organisation. Mais ils ne furent pas ainsi gênés par leur interprétation de son exhortation contre tous les efforts pour répandre l’évangile par la force militaire ou la contrainte civile. 95:7.2 Nulle part, pas même en Chine ou à Rome, les enseignements de Melchizédek n’échouèrent plus complètement que dans cette région désertique si proche de Salem elle-même. Longtemps après que les peuples de l’Orient et de l’Occident furent en majorité devenus respectivement bouddhistes et chrétiens, ceux du désert d’Arabie continuaient à vivre comme ils l’avaient fait pendant des millénaires. Chaque tribu adorait son ancien fétiche, et bien des familles avaient leurs dieux lares individuels. La lutte continua longtemps entre l’Ishtar babylonienne, le Yahweh hébreu, l’Ahura iranien et le Père chrétien du Seigneur Jésus-Christ. Jamais un concept unique ne réussit à remplacer entièrement tous les autres. 95:7.3 Çà et là, à travers toute l’Arabie, certaines familles et certains clans n’abandonnaient pas la vague idée du Dieu unique. Ces groupes chérissaient les traditions de Melchizédek, d’Abraham, de Moïse et de Zoroastre. De nombreux centres auraient pu répondre à l’évangile de Jésus, mais les missionnaires chrétiens des pays du désert formaient un groupe austère et inflexible, contrastant avec les missionnaires innovateurs des régions méditerranéennes, qui admettaient des compromis. Si les disciples de Jésus avaient pris plus au sérieux son injonction « d’aller dans le monde entier pour y prêcher l’évangile » et s’ils avaient été plus affables en le prêchant, moins stricts dans les exigences sociales collatérales inventées par eux-mêmes, alors bien des pays, y compris l’Arabie, auraient reçu avec joie le simple évangile du fils du charpentier. 95:7.4 Malgré le fait que les grands monothéismes du Levant n’aient pas réussi à prendre racine en Arabie, cette terre désertique put donner naissance à une foi, sans doute moins sévère dans ses exigences sociales, mais néanmoins monothéiste. 95:7.5 Les croyances primitives et inorganisées du désert ne comportaient qu’un seul facteur commun de nature tribale, raciale ou nationale : c’était le respect particulier et général que presque toutes les tribus arabes acceptaient de manifester envers une certaine pierre noire fétiche dans un certain temple à La Mecque. Ce point commun de contact et de vénération conduisit ultérieurement à l’établissement de la religion islamique. La pierre de la Kaaba devint pour les Arabes l’équivalent de ce que représentait Yahweh, l’esprit du volcan, pour leurs cousins les juifs sémites. 95:7.6 La force de l’islam a résidé dans sa présentation bien nette et bien précise d’Allah comme la seule et unique Déité. Sa faiblesse fut d’associer la force militaire à cette promulgation, et aussi de dégrader les femmes. Mais l’islam a fermement maintenu sa présentation de l’Unique Déité Universelle de tous « qui connait le visible et l’invisible. Il est le miséricordieux et le compatissant ». « En vérité, Dieu distribue abondamment sa bonté à tous les hommes. » « Et, quand je suis malade, c’est lui qui me guérit. » « Là où trois personnes au moins parlent ensemble, Dieu est présent comme une quatrième », car n’est-il pas « le premier et le dernier, et aussi le vu et le caché ? » 95:7.7 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.] FASCICULE 96. Yahweh – le Dieu des Hébreux 96:0.1 En se faisant une conception de la Déité, l’homme commence par y inclure tous les dieux ; ensuite, il subordonne tous les dieux étrangers à sa déité tribale et, enfin, il les exclut tous, sauf le Dieu unique de valeur finale et suprême. Les Juifs synthétisèrent tous les dieux dans leur concept plus sublime du Seigneur Dieu d’Israël. Les Hindous combinèrent également leurs multiples déités en « la spiritualité unique des dieux » décrite dans le Rig Véda, tandis que les Mésopotamiens réduisirent leurs dieux au concept plus centralisé de Bel-Mardouk. Ces idées de monothéisme murirent dans le monde entier assez peu de temps après l’apparition de Machiventa Melchizédek à Salem, en Palestine. Mais le concept de la Déité prôné par Melchizédek ne ressemblait pas à celui de la philosophie évolutionnaire d’inclusion, de subordination et d’exclusion ; il était basé exclusivement sur le pouvoir créateur et influença très rapidement les concepts les plus élevés de la déité en Mésopotamie, aux Indes et en Égypte. 96:0.2 La religion de Salem fut révérée comme une tradition par les Kénites et diverses autres tribus cananéennes. L’un des buts de l’incarnation de Melchizédek était de développer une religion d’un Dieu unique de manière à préparer la voie à l’incarnation d’un Fils de ce Dieu unique. Micaël ne pouvait guère venir sur Urantia avant qu’il y existât un peuple croyant au Père Universel et chez lequel ce Fils puisse apparaitre. 96:0.3 La religion de Salem persista chez les Kénites de Palestine en tant que crédo, et cette religion, telle que les Hébreux l’adoptèrent plus tard, fut influencée d’abord par les enseignements moraux égyptiens, ensuite, par la pensée théologique babylonienne et, enfin, par les conceptions iraniennes du bien et du mal. En fait, la religion hébraïque est fondée sur l’alliance entre Abraham et Machiventa Melchizédek, mais, évolutionnairement, elle est la conséquence de nombreuses circonstances dues à des situations exceptionnelles ; et, culturellement, elle a fait de larges emprunts à la religion, à la moralité et à la philosophie de tout le Levant. C’est par la religion hébraïque qu’une grande partie de la moralité et de la pensée religieuse de l’Égypte, de la Mésopotamie et de l’Iran fut transmise aux peuples occidentaux. 1. Les concepts de la Déité chez les sémites 96:1.1 Les premiers Sémites considéraient chaque chose comme habitée par un esprit. Il y avait les esprits du monde animal et du monde végétal ; les esprits des saisons, le seigneur de la progéniture ; les esprits du feu, de l’eau et de l’air ; bref, un véritable panthéon d’esprits à craindre et à adorer. Les enseignements de Melchizédek concernant un Créateur Universel ne détruisirent jamais complètement la croyance à ces esprits subordonnés ou dieux de la nature. 96:1.2 Le progrès des Hébreux, commençant par le polythéisme, continuant par l’hénothéisme et arrivant au monothéisme, ne fut pas un développement conceptuel ininterrompu et continu. Ils subirent bien des régressions dans l’évolution de leurs concepts de la Déité, et, par ailleurs, à toutes les époques, il exista des idées variables sur Dieu chez différents groupes de Sémites croyants. Ils appliquèrent parfois de nombreuses dénominations à leurs concepts de Dieu et, pour éviter la confusion, nous allons définir ces divers noms de la Déité tels qu’ils se rapportent à l’évolution de la théologie juive. 96:1.3 1. Yahweh était le dieu des tribus palestiniennes du Sud, qui associèrent ce concept de la déité au mont Horeb, le volcan du Sinaï. Yahweh était simplement l’un des centaines et des milliers de dieux de la nature qui retenaient l’attention des tribus et peuples sémitiques, et prétendaient à leur adoration. 96:1.4 2. El Elyon. Pendant des siècles après le séjour de Melchizédek à Salem, sa doctrine de la Déité persista sous différentes versions, mais on y employait en général le terme El Elyon, le Très Haut Dieu du ciel. Beaucoup de Sémites, y compris les descendants immédiats d’Abraham, adorèrent simultanément Yahweh et El Elyon à diverses époques. 96:1.5 3. El Shaddaï. Il est difficile d’expliquer ce que représentait El Shaddaï. Cette idée de Dieu était un dérivé composite des enseignements du Livre de la Sagesse d’Aménémopé, modifié par la doctrine d’Aton présentée par Ikhnaton, et influencé en outre par les enseignements de Melchizédek incorporés dans le concept d’El Elyon. Mais à mesure que le concept d’El Shaddaï imprégna la pensée hébraïque, il se colora entièrement des croyances qui régnaient dans le désert au sujet de Yahweh. 96:1.6 L’une des idées dominantes de la religion de cette époque fut le concept égyptien de la divine Providence, l’enseignement que la prospérité matérielle est une récompense pour avoir servi El Shaddaï. 96:1.7 4. El. Dans toute cette confusion de terminologie et cette imprécision de concept, de nombreux croyants fervents s’efforcèrent sincèrement d’adorer toutes ces idées évoluantes de la divinité, et la pratique s’établit d’appeler El cette Déité composite. Et cette expression incluait encore d’autres dieux de la nature adorés par des Bédouins. 96:1.8 5. Élohim. À Kish et à Ur, il subsista longtemps des groupes sumériens-chaldéens qui enseignèrent un concept de Dieu trois-en-un, fondé sur les traditions du temps d’Adam et de Melchizédek. Cette doctrine fut propagée en Égypte où cette Trinité fut adorée sous le nom d’Élohim, ou d’Éloah au singulier. Les cercles philosophiques d’Égypte et, plus tard, les éducateurs alexandriens d’origine hébraïque enseignèrent cette unité de dieux pluraux. À l’époque de l’exode, beaucoup de conseillers de Moïse croyaient en cette Trinité. Toutefois, le concept des Élohim trinitariens ne fit jamais véritablement partie de la théologie hébraïque avant le moment où les Juifs eurent passé sous l’influence politique des Babyloniens. 96:1.9 6. Noms divers. Les Sémites n’aimaient pas prononcer le nom de leur Déité. Ils eurent donc recours, de temps à autre, à de nombreuses appellations telles que : l’Esprit de Dieu, le Seigneur, l’Ange du Seigneur, le Tout-Puissant, le Saint, le Très Haut, Adonaï, l’Ancien des Jours, le Seigneur Dieu d’Israël, le Créateur du Ciel et de la Terre, Kyrios, Jah, le Seigneur des Armées et le Père qui est aux cieux. 96:1.10 Jéhovah est un terme récemment employé pour désigner le concept parachevé de Yahweh qui apparut finalement par évolution au cours de la longue expérience des Hébreux. Mais le nom de Jéhovah ne fut utilisé que mille-cinq-cents ans après l’époque de Jésus. 96:1.11 Jusque vers l’an 2000 av. J.-C., le mont Sinaï était un volcan actif par intermittences ; des éruptions occasionnelles se produisirent jusqu’à l’époque du séjour des Israélites dans cette région. Le feu et la fumée, ainsi que le tonnerre des détonations accompagnant les éruptions de cette montagne volcanique, inspiraient une peur respectueuse aux Bédouins des régions environnantes ; ils les impressionnaient et les faisaient grandement craindre Yahweh. Cet esprit du mont Horeb devint plus tard le Dieu des Sémites hébreux, et ils finirent par croire à sa suprématie sur tous les autres dieux. 96:1.12 Les Cananéens avaient longtemps révéré Yahweh, mais, parmi eux, beaucoup de Kénites croyaient plus ou moins en El Elyon, le superdieu de la religion de Salem ; néanmoins, la majorité des Cananéens restait vaguement attachée à l’adoration des anciennes déités tribales. Ils n’étaient guère désireux d’abandonner leurs déités nationales en faveur d’un Dieu international, pour ne pas dire interplanétaire. Leur mental n’était pas ouvert à une déité universelle, et c’est pourquoi ces tribus continuèrent à adorer leurs déités tribales, y compris Yahweh et les veaux d’argent et d’or symboliques du concept que les pâtres bédouins se faisaient de l’esprit du volcan du Sinaï. 96:1.13 Les Syriens, tout en adorant leurs dieux, croyaient aussi au Yahweh des Hébreux, car leurs prophètes dirent au roi de Syrie : « Leurs dieux sont des dieux des collines ; ils furent donc plus forts que nous ; mais combattons-les dans la plaine et nous serons sûrement plus forts qu’eux. » 96:1.14 À mesure que leur culture progresse, les hommes subordonnent leurs dieux mineurs à une déité suprême ; le grand Jupiter ne persiste que comme une exclamation. Les monothéistes conservent leurs dieux subordonnés comme esprits, démons, Parques, Néréides, fées, gnomes, nains, banshees et mauvais œil. Les Hébreux passèrent par l’hénothéisme et crurent longtemps à l’existence de dieux autres que Yahweh, mais ils estimèrent, de plus en plus, que ces déités étrangères étaient subordonnées à Yahweh. Ils admettaient l’existence de Kemoch, dieu des Amorites, mais soutenaient sa subordination à Yahweh. 96:1.15 Parmi les théories humaines de Dieu, c’est l’idée de Yahweh qui a subi le développement le plus étendu. On ne peut comparer son évolution progressive qu’à la métamorphose du concept de Bouddha en Asie, qui, à la fin, conduisit au concept de l’Absolu Universel, comme le concept de Yahweh conduisit finalement au concept du Père Universel. Il faut comprendre ce fait historique : les Juifs changèrent ainsi leur point de vue sur la Déité depuis le dieu tribal du mont Horeb jusqu’au Père Créateur aimant et miséricordieux de l’époque ultérieure, mais ne changèrent pas son nom ; tout au long de leur histoire, ils continuèrent à appeler Yahweh ce concept évoluant de la Déité. 2. Les peuples sémitiques 96:2.1 Les Sémites de l’est étaient des cavaliers bien organisés et bien dirigés qui envahirent les régions orientales du croissant fertile et s’y unirent avec les Babyloniens. Les Chaldéens, près d’Ur, comptaient parmi les Sémites orientaux les plus évolués. Les Phéniciens étaient un groupe supérieur et bien organisé de Sémites de sang mêlé qui occupait le secteur ouest de la Palestine, le long de la côte méditerranéenne. Au point de vue racial, les Sémites figuraient parmi les peuples d’Urantia les plus mélangés ; leur sang contenait des facteurs héréditaires de presque toutes les neuf races du monde. 96:2.2 Maintes et maintes fois, les Sémites arabes pénétrèrent en combattant dans le Nord de la Terre Promise, le pays « ruisselant de lait et de miel », mais ils en furent chaque fois expulsés par les Sémites et Hittites du Nord mieux organisés et plus hautement civilisés. Plus tard, au cours d’une famine anormalement grave, ces Bédouins errants entrèrent en grand nombre en Égypte comme ouvriers contractuels pour les travaux publics égyptiens. Ils ne purent qu’y subir l’amère expérience de l’esclavage au dur travail quotidien du commun des ouvriers opprimés de la vallée du Nil. 96:2.3 Ce fut seulement après l’époque de Machiventa Melchizédek et d’Abraham qu’en raison de leurs croyances religieuses particulières, certaines tribus de Sémites furent appelées enfants d’Israël, et plus tard Hébreux, Juifs, et « le peuple élu ». Abraham n’était pas le père racial de tous les Hébreux ; il n’était même pas l’ancêtre de tous les Bédouins sémites qui furent détenus captifs en Égypte. Il est vrai que sa descendance, à sa sortie d’Égypte, forma le noyau du peuple juif ultérieur, mais la vaste majorité des hommes et des femmes qui furent incorporés dans les clans d’Israël n’avait jamais séjourné en Égypte. Elle était simplement formée de compagnons nomades qui décidèrent de suivre Moïse comme chef pendant que les enfants d’Abraham et leurs associés sémites d’Égypte traversaient le Nord de l’Arabie. 96:2.4 L’enseignement de Melchizédek concernant El Elyon, le Très Haut, et l’alliance de la faveur divine par la foi avaient été largement oubliés à l’époque de l’asservissement par les Égyptiens des peuples sémites, qui devaient bientôt former la nation hébraïque. Mais, pendant toute leur période de captivité, ces nomades arabes conservèrent une vague croyance traditionnelle en Yahweh à titre de déité raciale. 96:2.5 Yahweh fut adoré par plus de cent tribus arabes séparées. Sauf une nuance du concept d’El Elyon de Melchizédek, qui persista chez les classes instruites d’Égypte, y compris les souches mélangées d’Hébreux et d’Égyptiens, la religion de la masse des esclaves captifs hébreux était une version modifiée de l’ancien rituel de magie et de sacrifice de Yahweh. 3. L’incomparable Moïse 96:3.1 Le commencement de l’évolution des concepts et idéaux hébraïques au sujet d’un Créateur Suprême date du départ d’Égypte des Sémites sous la conduite de Moïse, ce grand chef, grand instructeur et grand organisateur. Sa mère appartenait à la famille royale d’Égypte ; son père était un Sémite, officier de liaison entre le gouvernement et les Bédouins captifs. Moïse possédait ainsi des qualités tirées de sources raciales supérieures ; ses ancêtres étaient de sang tellement mêlé qu’il est impossible de le classer dans un groupe racial déterminé. S’il n’avait pas été de ce type mixte, il n’aurait jamais fait montre de la variété de talents et de l’adaptabilité inhabituelles qui lui permirent de diriger la horde diversifiée qui finit par s’associer aux Bédouins sémites fuyant d’Égypte vers le désert d’Arabie sous son commandement. 96:3.2 Malgré les séductions de la culture du royaume du Nil, Moïse résolut de partager le sort du peuple de son père. À l’époque où ce grand organisateur mettait au point ses plans pour libérer, en son temps, le peuple de son père, les Bédouins captifs n’avaient guère de religion digne de ce nom ; ils étaient pratiquement dépourvus d’un véritable concept de Dieu et sans espoir dans le monde. 96:3.3 Nul chef n’entreprit jamais de réformer et de relever un groupe d’êtres humains plus pitoyables, plus déprimés, plus découragés et plus ignorants. Mais ces esclaves portaient des possibilités latentes de développement dans leurs lignées héréditaires, et Moïse avait entrainé un nombre suffisant de cadres instruits pour constituer un corps d’organisateurs efficaces en prévision du jour de la révolte et du coup de force pour la liberté. Ces hommes supérieurs avaient été employés comme surveillants indigènes de leurs semblables et avaient reçu une certaine éducation grâce à l’influence de Moïse auprès des dirigeants égyptiens. 96:3.4 Moïse s’efforça de négocier diplomatiquement la liberté de ses compagnons sémites. Lui et son frère firent, avec le roi d’Égypte, un pacte par lequel ils obtinrent l’autorisation de quitter paisiblement la vallée du Nil pour le désert d’Arabie. Ils devaient recevoir un modeste payement en argent et en denrées comme gage de leur long service en Égypte. De leur côté, les Hébreux s’engageaient à maintenir des relations amicales avec le Pharaon et à ne faire partie d’aucune alliance contre l’Égypte. Mais, ensuite, le roi estima opportun de répudier ce traité sous prétexte que ses espions avaient découvert de la déloyauté chez les esclaves Bédouins. Il prétendit que ceux-ci cherchaient la liberté en vue de se rendre dans le désert pour organiser les nomades contre l’Égypte. 96:3.5 Mais Moïse ne se découragea pas ; il attendit son heure. Moins d’un an plus tard, alors que les forces militaires égyptiennes étaient entièrement occupées à résister aux assauts simultanés d’une forte poussée libyenne venant du sud et d’une invasion navale grecque dans le nord, cet organisateur intrépide mena ses compatriotes hors d’Égypte au cours d’une fuite nocturne spectaculaire. Ce départ précipité vers la liberté fut soigneusement préparé et adroitement exécuté. Et l’opération réussit malgré une chaude poursuite par le Pharaon avec une petite troupe d’Égyptiens. Celle-ci fut décimée par la défense des fugitifs et leur abandonna beaucoup de butin, encore accru par le pillage auquel se livrèrent les multitudes d’esclaves fuyant vers leur foyer ancestral du désert. 4. La proclamation de Yahweh 96:4.1 L’évolution et l’élévation de l’enseignement de Moïse ont influencé presque la moitié du monde et continuent encore à l’influencer même au vingtième siècle. Moïse comprenait la philosophie religieuse égyptienne la plus avancée, mais les Bédouins esclaves ne connaissaient presque rien de ces enseignements ; par contre, ils n’avaient jamais entièrement oublié le dieu du mont Horeb que leurs ancêtres avaient appelé Yahweh. 96:4.2 Moïse avait entendu parler des enseignements de Machiventa Melchizédek à la fois par son père et par sa mère ; leur communauté de croyance religieuse expliquait le mariage insolite d’une femme de sang royal et d’un homme d’une race captive. Le beau-père de Moïse était un Kénite adorateur d’El Elyon, mais les parents de l’émancipateur croyaient en El Shaddaï. Moïse fut donc élevé comme un El-Shaddaïste ; sous l’influence de son beau-père, il devint un El Elyoniste ; et, à l’époque du campement des Hébreux autour du mont Sinaï après l’exode d’Égypte, il avait formulé un nouveau concept élargi de la Déité tiré de toutes ses croyances antérieures. Il décida sagement de le proclamer à son peuple comme un concept amplifié de Yahweh, leur dieu tribal de jadis. 96:4.3 Moïse s’était efforcé d’enseigner l’idée d’El Elyon à ces Bédouins, mais, avant de quitter l’Égypte, il avait acquis la conviction qu’ils ne comprendraient jamais tout à fait cette doctrine. Il s’arrêta donc à un compromis consistant à adopter leur dieu tribal du désert comme le seul et unique dieu de ceux qui l’avaient suivi. Moïse n’enseigna pas spécifiquement que les divers peuples et nations ne devaient pas avoir d’autres dieux, mais il soutint résolument, et spécialement auprès des Hébreux, que Yahweh dominait tous les autres dieux. Mais Moïse fut toujours gêné par la fâcheuse situation d’avoir à présenter à ces esclaves ignorants sa nouvelle idée supérieure de la Déité sous le déguisement de l’ancienne désignation de Yahweh, qui avait toujours été symbolisé par le veau d’or des tribus bédouines. 96:4.4 Le fait que Yahweh était le dieu des Hébreux en fuite explique pourquoi ils s’arrêtèrent si longtemps devant la montagne sainte du Sinaï et pourquoi c’est là qu’ils reçurent les Dix Commandements que Moïse promulgua au nom de Yahweh, le dieu de l’Horeb. Durant ce long séjour devant le Sinaï, le cérémonial religieux du nouveau culte hébreu en évolution fut mieux mis au point. 96:4.5 Il ne semble pas que Moïse aurait jamais réussi à établir son cérémonial cultuel quelque peu évolué, ni à retenir intact le groupe de ses fidèles pendant un quart de siècle, sans la violente éruption du mont Horeb qui se produisit durant la troisième semaine de leur séjour d’adoration à sa base. « La montagne de Yahweh était consumée dans le feu, et la fumée montait comme la fumée d’une fournaise, et toute la montagne tremblait grandement. » Au vu de ce cataclysme, il n’est pas surprenant que Moïse ait pu graver, dans la mémoire de ses frères, l’enseignement que leur Dieu était « puissant et terrible, un feu dévorant, redoutable et tout-puissant ». 96:4.6 Moïse proclama que Yahweh était le Seigneur Dieu d’Israël, qui avait sélectionné les Hébreux comme son peuple élu. Bâtissant une nouvelle nation, il nationalisa sagement ses enseignements religieux, disant à ses partisans que Yahweh était un dur maitre d’œuvre, un « dieu jaloux ». Il chercha néanmoins à élargir leur conception de la divinité en leur enseignant que Yahweh était le « Dieu des esprits de toute chair » et en leur disant : « Le Dieu éternel est ton refuge, et au-dessous de toi sont les bras éternels. » Moïse enseigna que Yahweh était un Dieu respectant son alliance ; qu’il « ne vous abandonnera pas, ne vous détruira pas et n’oubliera pas l’alliance de vos pères, parce que le Seigneur vous aime et n’oubliera pas le serment qu’il a juré à vos pères ». 96:4.7 Moïse fit un effort héroïque pour exalter Yahweh à la dignité d’une Déité suprême lorsqu’il le présenta comme le « Dieu de vérité, sans iniquité, juste et droit dans toutes ses voies ». Cependant, malgré cet enseignement élevé, la compréhension limitée de ses partisans rendit nécessaire de parler de Dieu comme étant à l’image de l’homme, sujet à des crises de colère, de courroux et de sévérité, et même vindicatif et facilement influençable par la conduite des hommes. 96:4.8 Grâce aux enseignements de Moïse, Yahweh, ce dieu tribal de la nature, devint le Seigneur Dieu d’Israël qui suivit les Hébreux dans le désert, et même en exil, où il fut bientôt conçu comme le Dieu de tous les peuples. La captivité ultérieure qui asservit les Juifs à Babylone dégagea définitivement le concept évoluant de Yahweh et lui fit assumer le rôle monothéiste de Dieu de toutes les nations. 96:4.9 Le trait le plus extraordinaire et le plus remarquable de l’histoire religieuse des Hébreux concerne cette évolution continue du concept de la Déité à partir du dieu primitif du mont Horeb. Par les enseignements de leurs dirigeants spirituels successifs, il atteignit le haut degré de développement décrit dans les doctrines divines des deux Isaïe qui proclamèrent le concept magnifique du Père Créateur aimant et miséricordieux. 5. Les enseignements de Moïse 96:5.1 Moïse combinait d’une façon extraordinaire les qualités de chef militaire, d’organisateur social et d’éducateur religieux. À titre individuel, il fut l’instructeur et le chef le plus important dans le monde, entre l’époque de Machiventa et celle de Jésus. Moïse tenta d’introduire en Israël bien des réformes dont il ne reste pas de trace écrite. Dans l’espace d’une seule vie humaine, il fit sortir de l’esclavage et d’un vagabondage non civilisé la horde polyglotte que l’on appelle les Hébreux, tout en posant les fondements de la naissance ultérieure d’une nation et de la perpétuation d’une race. 96:5.2 Il y a fort peu d’archives du grand travail de Moïse, parce que les Hébreux n’avaient pas de langage écrit au moment de l’exode. Les annales de l’époque et des actes de Moïse furent tirées des traditions qui avaient cours plus de mille ans après la mort de ce grand chef. 96:5.3 Un bon nombre des progrès qu’apporta Moïse, en dépassant la religion des Égyptiens et des tribus levantines environnantes, fut dû aux traditions kénites de l’époque de Melchizédek. Sans l’enseignement de Machiventa à Abraham et à ses contemporains, les Hébreux seraient sortis d’Égypte dans une ignorance désespérante. Moïse et son beau-père Jéthro réunirent les vestiges des traditions du temps de Melchizédek, et ces enseignements, joints au savoir des Égyptiens, guidèrent Moïse dans la création de la religion et du rituel amélioré des Israélites. Moïse était un organisateur ; il choisit ce qu’il y avait de mieux dans la religion et les mœurs de l’Égypte et de la Palestine, et, associant ces pratiques aux traditions des enseignements de Melchizédek, il organisa le système cérémoniel hébraïque du culte. 96:5.4 Moïse croyait à la Providence ; il s’était laissé complètement gagner par les doctrines d’Égypte concernant le contrôle surnaturel du Nil et des autres éléments de la nature. Il avait une grande vision de Dieu, mais il était entièrement sincère quand il enseignait aux Hébreux que, s’ils acceptaient d’obéir à Dieu, « il vous aimera, vous bénira et vous multipliera ; il multipliera le fruit de vos ventres et le fruit de vos terres – blé, vin, huile et vos troupeaux. Vous prospérerez au-dessus de tous les peuples, et le Seigneur votre Dieu ôtera de vous toutes maladies et ne vous infligera aucune des plaies malignes d’Égypte ». Moïse dit même : « Rappelez-vous le Seigneur votre Dieu, car c’est lui qui donne le pouvoir d’obtenir la richesse. » « Vous prêterez à gages à beaucoup de nations, mais vous n’emprunterez pas. Vous dominerez sur beaucoup de nations, mais elles ne domineront pas sur vous. » 96:5.5 Mais il était vraiment pitoyable d’observer Moïse, ce grand penseur, essayant d’adapter son sublime concept d’El Elyon, le Très Haut, à la compréhension des Hébreux ignorants et illettrés. À son état-major rassemblé, il disait d’une voix de tonnerre : « Le Seigneur votre Dieu est un seul Dieu ; il n’y en a point en dehors de lui », tandis qu’à la multitude mêlée, il demandait : « Qui parmi tous les dieux ressemble à votre Dieu ? » Moïse se dressa courageusement et avec un succès partiel contre les fétiches et l’idolâtrie ; il déclara : « Vous n’avez vu nulle figure le jour où Dieu vous parla à Horeb du milieu du feu. » Il interdit également de reproduire des images d’aucune sorte. 96:5.6 Moïse craignait de proclamer la miséricorde de Yahweh ; il préféra inspirer à son peuple la peur de la justice de Dieu en proclamant : « Le Seigneur votre Dieu est le Dieu des Dieux, le Seigneur des Seigneurs, un grand Dieu, un Dieu puissant et terrible qui n’a pas d’égards pour les hommes. » De plus, il cherchait à dominer les clans turbulents quand il déclara « Votre Dieu tue quand vous lui désobéissez ; il guérit et donne la vie quand vous lui obéissez. » Mais Moïse enseigna à ces tribus qu’elles deviendraient le peuple élu de Dieu à la seule condition qu’elles « gardent tous ses commandements et obéissent à tous ses statuts. » 96:5.7 Durant ces premiers temps, on ne parla guère aux Hébreux de la miséricorde de Dieu. Ils entendirent parler de Dieu comme « le Tout-Puissant ; le Seigneur est un guerrier, le Dieu des batailles, au pouvoir glorieux, qui taille en pièces ses ennemis ». « Le Seigneur votre Dieu marche au milieu de votre camp pour vous délivrer ». Les Israélites croyaient que leur Dieu les aimait, mais aussi qu’il avait « endurci le cœur du Pharaon » et « maudit leurs ennemis ». 96:5.8 Bien que Moïse eût présenté aux enfants d’Israël des aperçus fugitifs d’une Déité universelle et bienveillante, leur concept, au jour le jour, de Yahweh était dans l’ensemble celui d’un Dieu à peine meilleur que les dieux tribaux des peuplades environnantes. Leur concept de Dieu était grossier, primitif et anthropomorphique. Lorsque Moïse trépassa, ces tribus bédouines revinrent rapidement aux idées semi-barbares de leurs anciens dieux de l’Horeb et du désert. La vision élargie et plus sublime de Dieu que Moïse présentait de temps en temps à ses cadres subordonnés fut bientôt perdue de vue, tandis que la majorité de la populace revenait à l’adoration de ses veaux d’or symbolisant Yahweh pour les gardiens de troupeaux en Palestine. 96:5.9 Quand Moïse passa le commandement des Hébreux à Josué, il avait déjà réuni des milliers de descendants collatéraux d’Abraham, de Nahor, de Lot et d’autres tribus parentes, et les avait rassemblés à la cravache en une nation de guerriers pastoraux capables de s’entretenir par ses propres moyens et de se gouverner partiellement par elle-même. 6. Le concept de Dieu après la mort de Moïse 96:6.1 Après la mort de Moïse, son concept sublime de Yahweh dégénéra rapidement ; Josué et les dirigeants d’Israël conservèrent les traditions mosaïques du Dieu infiniment sage, bienveillant et tout-puissant, mais le commun du peuple revint bientôt à l’ancienne idée de Yahweh, qu’il s’était faite dans le désert. Ce retour en arrière du concept de la Déité s’accéléra sous le règne successif des divers cheikhs tribaux dits les Juges. 96:6.2 L’attrait de l’extraordinaire personnalité de Moïse avait gardé vivante dans le cœur de ses partisans l’inspiration d’un concept de plus en plus vaste de Dieu ; mais, une fois qu’ils atteignirent les terres fertiles de Palestine, ces bergers nomades se transformèrent rapidement en fermiers établis et assez calmes. Cette évolution des pratiques de la vie et ce changement du point de vue religieux exigèrent une transformation plus ou moins complète du caractère qu’ils attribuaient à la nature de leur Dieu Yahweh. À l’époque où l’austère, rudimentaire, exigeant et orageux dieu du désert du Sinaï commença la transmutation qui devait en faire plus tard un Dieu d’amour, de justice et de miséricorde, les Hébreux perdirent presque complètement de vue les sublimes enseignements de Moïse. Ils furent tout près de perdre la conception du monothéisme et leur chance de devenir le peuple qui devait servir de chainon essentiel dans l’évolution spirituelle d’Urantia, le groupe qui conserverait l’enseignement de Melchizédek sur un Dieu unique jusqu’à l’époque de l’incarnation d’un Fils d’effusion de ce Père de tout et de tous. 96:6.3 Josué chercha désespérément à maintenir, dans le mental des hommes des tribus, le concept d’un Yahweh suprême qui faisait proclamer : « Comme j’ai été avec Moïse, ainsi je serai avec vous ; je ne vous ferai pas défaut et je ne vous abandonnerai pas. » Josué trouva nécessaire de prêcher un évangile sévère à son peuple incrédule, bien trop disposé à croire à son ancienne religion indigène, mais peu désireux de progresser dans une religion de foi et de droiture. La substance imposée par l’enseignement de Josué devint : « Yahweh est un Dieu saint ; il est un Dieu jaloux ; il ne pardonnera ni vos transgressions ni vos péchés. » Le concept le plus élevé de cette époque décrivait Yahweh comme un « Dieu de puissance, de jugement et de justice ». 96:6.4 Mais, même au cours de cet âge de ténèbres, des éducateurs solitaires apparaissaient de temps en temps et proclamaient le concept mosaïque de la divinité : « Vous, enfants pervers, ne pouvez servir le Seigneur, car il est un Dieu saint. » « L’homme mortel sera-t-il plus juste que Dieu ? Un homme sera-t-il plus pur que son Créateur ? » « Pouvez-vous trouver Dieu en le cherchant ? Pouvez-vous découvrir parfaitement le Tout-Puissant ? Voici, Dieu est grand, et nous ne le connaissons pas. Et le Tout-Puissant, nous ne pouvons le découvrir. » 7. Les Psaumes et le Livre de Job 96:7.1 Sous la direction de leurs cheikhs et de leurs prêtres, les Hébreux se répandirent en Palestine. Ils se replongèrent bientôt dans les croyances ignorantes du désert et se laissèrent corrompre par les pratiques religieuses moins évoluées des Cananéens. Ils devinrent idolâtres et licencieux. Leur idée de la Déité tomba très au-dessous des concepts égyptiens et mésopotamiens de Dieu, qui étaient maintenus par certains groupes salémites survivants et qui sont notés dans quelques Psaumes et dans le Livre dit de Job. 96:7.2 Les Psaumes sont l’œuvre d’au moins une vingtaine d’auteurs. Beaucoup de ces Psaumes furent écrits par des éducateurs d’Égypte et de Mésopotamie. À l’époque où le Levant adorait les dieux de la nature, il restait un assez grand nombre de personnes qui croyaient à la suprématie d’El Élyon, le Très Haut. 96:7.3 Nul assemblage d’écrits religieux n’exprime une richesse de dévotion et d’idées inspirées sur Dieu égale à celle du Livre des Psaumes. En lisant attentivement cette merveilleuse compilation de littérature pieuse, il serait très utile d’étudier la source et la chronologie particulière de chaque hymne de louange et d’adoration, en se rappelant que nul autre recueil d’écrits ne couvre une aussi longue période de temps. Le Livre des Psaumes est le recueil des divers concepts de Dieu entretenu par les croyants de la religion de Salem dans tout le Levant, et il embrasse toute la période allant d’Aménémopé à Isaïe. Dans les Psaumes, Dieu est décrit sous toutes les phases de conception, depuis l’idée rudimentaire d’une déité tribale jusqu’à l’idéal largement amplifié des derniers Hébreux, où Yahweh est dépeint comme un chef aimant et un Père miséricordieux. 96:7.4 Vu sous cet angle, le groupe des Psaumes constitue le recueil le plus précieux et le plus utile des sentiments de dévotion que les hommes aient jamais rassemblé avant le vingtième siècle. L’esprit d’adoration de ce recueil d’hymnes transcende celui de tous les autres livres sacrés du monde. 96:7.5 L’image panachée de la Déité présentée dans le Livre de Job fut élaborée par plus de vingt éducateurs religieux de Mésopotamie au cours d’une période de près de trois-cents ans. En lisant le concept sublime de la divinité dans cette compilation de croyances mésopotamiennes, on reconnait que c’est au voisinage d’Ur en Chaldée que l’idée d’un Dieu réel fut le mieux préservée durant les jours de ténèbres en Palestine. 96:7.6 Les Palestiniens saisissaient souvent la sagesse et la puissance de pénétration universelle de Dieu, mais rarement son amour et sa miséricorde. Le Yahweh de cette époque « envoie de mauvais esprits pour dominer l’âme de ses ennemis » ; il fait prospérer ses propres enfants quand ils obéissent, tandis qu’il maudit tous les autres et leur inflige des désastres. « Il déçoit les projets des astucieux ; il prend les habiles à leurs propres tromperies. » 96:7.7 C’est seulement à Ur qu’une voix s’éleva pour crier la miséricorde de Dieu en disant : « Il priera Dieu et trouvera sa faveur et verra sa face avec joie, car Dieu donnera à l’homme la divine droiture. » Ainsi, c’est d’Ur que fut prêché, en ces termes, le salut, la faveur divine par la foi : « Il fait grâce à qui se repent et dit : ’délivre-le de tomber dans la fosse, car j’ai trouvé une rançon’. Si quelqu’un dit : ’j’ai péché et perverti ce qui était droit, et cela ne m’a pas profité’, Dieu délivrera son âme de tomber dans la fosse, et il verra la lumière. » Jamais, depuis l’époque de Melchizédek, le monde levantin n’avait entendu un aussi vibrant et encourageant message de salut humain que cet extraordinaire enseignement d’Élihu, prophète d’Ur et prêtre des croyants salémites, c’est-à-dire le reste de l’ancienne colonie de Melchizédek en Mésopotamie. 96:7.8 C’est ainsi que le reste des missionnaires de Salem en Mésopotamie maintint la lumière de la vérité durant la période de désorganisation des peuples hébraïques jusqu’à l’apparition du premier de la longue série ininterrompue des instructeurs d’Israël. Concept après concept, ils édifièrent jusqu’à ce qu’ils fussent parvenus à la réalisation de l’idéal du Père Universel et Père Créateur de tout et de tous, apogée de l’évolution du concept de Yahweh. 96:7.9 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.] FASCICULE 97. L’évolution du concept de Dieu chez les Hébreux 97:0.1 Les chefs spirituels des Hébreux accomplirent ce que personne avant eux n’avait réussi à faire – ils « désanthropomorphisèrent » leur concept de Dieu sans le convertir en une abstraction de la Déité, intelligible aux seuls philosophes. Sous ce concept muri, même les gens du commun furent capables de considérer Yahweh comme un Père, sinon de l’individu, du moins de la race. 97:0.2 Le concept de la personnalité de Dieu avait été clairement enseigné à Salem à l’époque de Melchizédek, alors qu’il était vague et embrumé au temps de l’exode d’Égypte, et n’évolua que graduellement, de génération en génération, dans le mental hébraïque, en réponse aux enseignements des chefs spirituels. La perception de la personnalité de Yahweh suivit une évolution beaucoup plus continue que celle de bien d’autres attributs de la Déité. Depuis Moïse jusqu’à Malachie, l’idéation de la personnalité de Dieu subit une croissance à peu près ininterrompue dans le mental hébraïque, et, finalement, ce concept fut exalté et glorifié par les enseignements de Jésus sur le Père qui est aux cieux. 1. Samuel – le premier des prophètes hébreux 97:1.1 La pression hostile des peuples environnant la Palestine enseigna bientôt aux cheikhs hébreux qu’ils ne pouvaient espérer survivre sans confédérer leurs organisations tribales en un gouvernement centralisé. Cette centralisation de l’autorité administrative fournit à Samuel une meilleure occasion d’opérer comme instructeur et réformateur. 97:1.2 Samuel était issu d’une longue lignée d’éducateurs de Salem qui avaient persisté à maintenir les vérités de Melchizédek comme une partie de leurs formes de culte. Cet éducateur était un homme viril et résolu. Seule sa grande dévotion, doublée de son extraordinaire détermination, lui permit de résister à l’opposition quasi universelle qu’il rencontra, au début de ses efforts, pour ramener Israël à l’adoration du Yahweh suprême de l’époque de Moïse. Même alors, il n’obtint qu’un succès partiel : il ne gagna au concept supérieur de Yahweh que la moitié la plus intelligente des Hébreux ; l’autre moitié continua dans l’adoration des dieux tribaux de la contrée et dans les basses conceptions de Yahweh. 97:1.3 Samuel était un type d’homme taillé à la hache, un réformateur pratique capable de sortir un jour avec ses compagnons et de démolir une vingtaine de lieux réservés à Baal. C’est purement par la force de la contrainte qu’il fit accomplir des progrès ; il prêcha peu, il enseigna encore moins, mais il agit. Un jour il se moquait du prêtre de Baal, le lendemain il coupait en morceaux un roi captif. Il croyait avec dévotion au Dieu unique et avait une conception claire de ce Dieu comme créateur du ciel et de la terre : « Les colonnes de la terre appartiennent au Seigneur, et sur elles il a posé le monde. » 97:1.4 Mais la grande contribution que Samuel apporta au développement du concept de la Déité fut son annonce retentissante que Yahweh était invariant, qu’il personnifiait pour toujours la même perfection et la même divinité infaillibles. À cette époque, on croyait que Yahweh était un Dieu d’humeur changeante, ayant des accès de jalousie, regrettant toujours d’avoir fait ceci ou cela. Mais, maintenant, pour la première fois depuis qu’ils étaient sortis d’Égypte, les Hébreux entendirent ces paroles saisissantes : « La Force d’Israël ne ment point et ne se repent point, car il n’est pas un homme pour se repentir. » La stabilité dans les relations avec la Divinité était proclamée. Samuel réitéra l’alliance de Melchizédek avec Abraham et déclara que le Seigneur Dieu d’Israël était la source de toute vérité, de toute permanence et de toute constance. Les Hébreux avaient toujours considéré leur Dieu comme un homme, un surhomme, un esprit élevé d’origine inconnue, mais, maintenant, ils entendaient l’esprit de l’Horeb de jadis exalté comme un Dieu immuable dans sa perfection de créateur. Samuel aidait le concept évoluant de Dieu à s’élever au-dessus de l’état changeant du mental humain et des vicissitudes de l’existence de mortel. Sous l’influence de ses enseignements, le Dieu des Hébreux commençait son ascension, partant d’une idée sur la hiérarchie des dieux tribaux pour aboutir à l’idéal d’un tout-puissant et immuable Créateur et Superviseur de toute la création. 97:1.5 À nouveau, il prêcha l’histoire de la sincérité de Dieu et de la confiance que l’on pouvait mettre en lui pour maintenir l’alliance. Samuel dit : « Le Seigneur n’abandonnera point son peuple. » « Il a établi avec nous une alliance éternelle, bien ordonnée à tous égards, et certaine. » Ainsi résonnait, dans toute la Palestine, l’appel au retour à l’adoration du Yahweh suprême. L’énergique éducateur proclamait toujours : « Tu es grand, ô Seigneur Dieu, car il n’est personne de semblable à toi, et il n’y a pas de Dieu en dehors de toi. » 97:1.6 Jusque-là, les Hébreux avaient principalement considéré la faveur de Yahweh en termes de prospérité matérielle. La proclamation suivante qu’osa faire Samuel fut un grand choc pour Israël et faillit couter la vie à son auteur : « Le Seigneur enrichit et appauvrit ; il exalte et il abaisse. Il tire les pauvres de la poussière et il élève les mendiants au rang des princes pour leur faire hériter le trône de gloire. » Jamais, depuis Moïse, des promesses aussi encourageantes pour les humbles et les moins fortunés n’avaient été proclamées ; des milliers de désespérés parmi les pauvres commencèrent à espérer qu’ils pourraient améliorer leur statut spirituel. 97:1.7 Mais Samuel ne progressa pas bien loin au-delà du concept d’un dieu tribal. Il proclama un Yahweh créateur de tous les hommes, mais s’intéressant principalement aux Hébreux, son peuple élu. Même alors, comme au temps de Moïse, le concept de Dieu dépeignait une Déité sainte et intègre : « Nul n’est saint comme le Seigneur. Qui peut-on comparer à ce saint Seigneur Dieu ? » 97:1.8 Les années passant, le vieux chef grisonnant progressa dans la compréhension de Dieu, car il déclara : « Le Seigneur est un Dieu de connaissance, et par lui les actions sont pesées. Le Seigneur jugera les confins de la terre, témoignant de la miséricorde aux miséricordieux, et il sera droit aussi avec l’homme droit. » C’est ici que se place l’aurore de la miséricorde, bien qu’elle y soit limitée à ceux qui la pratiquent. Plus tard, Samuel fit encore un pas en avant lorsqu’il exhorta son peuple dans l’adversité : « Remettons-nous maintenant aux mains du Seigneur, car ses miséricordes sont grandes. » « Rien n’empêche le Seigneur de sauver beaucoup ou peu de gens. » 97:1.9 Et ce développement graduel du concept du caractère de Yahweh se poursuivit sous le ministère des successeurs de Samuel. Ils essayèrent de présenter Yahweh comme un Dieu gardant son alliance, mais n’avancèrent pas à la même allure que Samuel ; ils ne réussirent pas à développer l’idée de la miséricorde divine telle que Samuel avait fini par la concevoir. Il se produisit un recul régulier vers la récognition d’autres dieux, malgré l’affirmation que Yahweh était au-dessus de tous. « Le royaume est à toi, ô Seigneur, et tu es exalté comme chef sur tous. » 97:1.10 L’accent de cette époque était mis sur le pouvoir divin ; les prophètes d’alors prêchaient une religion destinée à maintenir le roi sur le trône hébreu : « À toi, Seigneur, appartiennent la grandeur, la puissance, la gloire, la victoire et la majesté. Ta main détient le pouvoir et la puissance, et tu peux agrandir et affermir toutes choses. » Tel était le statut du concept de Dieu à l’époque de Samuel et de ses successeurs immédiats. 2. Élie et Élisée 97:2.1 Au dixième siècle avant le Christ, la nation hébraïque se divisa en deux royaumes. Dans ces deux divisions politiques, de nombreux éducateurs de la vérité s’efforcèrent d’endiguer le flot réactionnaire de décadence spirituelle qui s’était installée et qui continua désastreusement après la guerre de séparation. Mais ces efforts pour faire progresser la religion hébraïque ne portèrent pas de fruit avant qu’Élie, le combattant déterminé et sans peur de la droiture, ne commence son enseignement. Élie restaura, dans le royaume du Nord, un concept de Dieu comparable à celui qui existait au temps de Samuel. Élie eut peu d’occasions de présenter un concept évolué de Dieu ; il était trop occupé, comme Samuel avant lui, à renverser les autels de Baal et à démolir les idoles des faux dieux. Il effectua ses réformes en affrontant l’opposition d’un monarque idolâtre. Sa tâche fut encore plus gigantesque et difficile que celle à laquelle Samuel avait fait face. 97:2.2 Quand Élie fut appelé à quitter la terre, Élisée, son fidèle compagnon, reprit son œuvre et maintint la lumière de la vérité vivante en Palestine avec l’aide inappréciable de Michée, un prophète peu connu. 97:2.3 Mais ce ne fut pas une époque de progrès dans le concept de la Déité. Les Hébreux ne s’étaient même pas encore élevés à la hauteur de l’idéal de Moïse. L’époque d’Élie et d’Élisée s’acheva par le retour des meilleures classes d’Hébreux à l’adoration du suprême Yahweh et vit l’idée du Créateur Universel revenir à peu près au point où Samuel l’avait laissée. 3. Yahweh et Baal 97:3.1 L’interminable controverse entre les croyants en Yahweh et les partisans de Baal fut un conflit socioéconomique d’idéologies plutôt qu’un différend de croyances religieuses. 97:3.2 Les habitants de la Palestine avaient des attitudes différentes au sujet de la propriété privée de la terre. Les tribus méridionales ou errantes d’Arabie (les yahvistes) considéraient la terre comme inaliénable – comme un don de la Déité au clan. Elles estimaient que la terre ne devait être ni vendue ni hypothéquée. « Yahweh a parlé et dit : ’la terre ne sera pas vendue, car la terre est à moi.’ » 97:3.3 Les Cananéens du Nord (les baalites) plus stables achetaient, vendaient et hypothéquaient leurs terres sans restriction. Le mot Baal signifie propriétaire. Le culte de Baal était fondé sur deux doctrines principales : premièrement, la validité des échanges de biens, des contrats et des alliances – le droit d’acheter et de vendre des terres ; deuxièmement, Baal était censé envoyer la pluie – il était un dieu de la fertilité du sol. Les bonnes récoltes dépendaient de la faveur de Baal. Le culte concernait largement les terres, leur propriété et leur fertilité. 97:3.4 En général, les baalites possédaient des terres, des maisons et des esclaves. Ils étaient les aristocrates propriétaires terriens et vivaient dans les cités. Chaque Baal avait son lieu sacré, sa prêtrise et ses « saintes femmes », les prostituées rituelles. 97:3.5 De cette divergence fondamentale des points de vue sur les terres naquirent les implacables antagonismes d’attitudes sociales, économiques, morales et religieuses manifestées par les Cananéens et les Hébreux. Cette controverse socioéconomique ne devint pas une affaire nettement religieuse avant l’époque d’Élie. À partir de l’intervention de ce prophète agressif, la lutte se déroula sur un plan plus strictement religieux – Yahweh contre Baal – et se termina par la victoire de Yahweh et la poussée subséquente vers le monothéisme. 97:3.6 Élie fit passer la controverse Yahweh-Baal de l’aspect foncier à l’aspect religieux des idéologies hébraïque et cananéenne. Quand Achab fit assassiner Naboth et sa famille, au cours de l’intrigue pour s’emparer de leurs terres, Élie s’attaqua aux anciennes mœurs foncières ; il en fit une question morale et lança sa vigoureuse campagne contre les baalites. Ce fut aussi une lutte des gens de la campagne contre la domination par les citadins. Ce fut principalement sous l’influence d’Élie que Yahweh devint Élohim. Le prophète débuta comme réformateur agraire et termina en exaltant la Déité. Les Baals étaient nombreux et Yahweh était unique – le monothéisme triompha du polythéisme. 4. Amos et Osée 97:4.1 Une grande étape fut franchie par Amos dans la transition entre le dieu tribal – le dieu qui avait si longtemps été servi au moyen de sacrifices et de cérémonies, le Yahweh des premiers Hébreux – et un Dieu qui punissait le crime et l’immoralité même chez son propre peuple. Amos apparut, venant des collines du Sud, pour dénoncer la criminalité, l’ivrognerie, l’oppression et l’immoralité des tribus du Nord. Jamais, depuis l’époque de Moïse, des vérités aussi éclatantes n’avaient été proclamées en Palestine. 97:4.2 Amos ne se borna pas simplement à restaurer ou à réformer ; il découvrit aussi de nouveaux concepts de la Déité. Il répéta au sujet de Dieu beaucoup de proclamations déjà faites par ses prédécesseurs, et attaqua courageusement la croyance en un Être Divin autorisant le péché dans son propre peuple dit élu. Pour la première fois, depuis l’époque de Melchizédek, les oreilles humaines entendirent dénoncer le double critère de la justice et de la moralité nationales. Pour la première fois dans leur histoire, des Hébreux entendirent de leurs oreilles que leur propre Dieu Yahweh ne tolérerait pas plus le crime et le péché dans leur vie que dans celle des membres de n’importe quel autre peuple. Amos eut la vision du Dieu sévère et juste de Samuel et d’Élie, mais il vit aussi un Dieu qui ne faisait aucune distinction entre les Hébreux et toute autre nation quand on en venait à punir la malfaisance. C’était une attaque directe contre la doctrine égoïste du « peuple élu » et nombre d’Hébreux de l’époque en furent profondément froissés. 97:4.3 Amos dit : « Cherchez celui qui a formé les montagnes et fait lever le vent, celui qui a formé les Pléiades et Orion, qui change en matin l’ombre de la mort et rend le jour aussi sombre que la nuit. » En dénonçant ses contemporains opportunistes, mi-religieux, et parfois immoraux, il chercha à décrire la justice inexorable d’un Yahweh invariant en disant des malfaisants : « Même s’ils pénètrent jusque dans l’enfer, de là ma main les prendra, et même s’ils montent dans les cieux, de là je les ferai descendre. » « Et même s’ils vont en captivité devant leurs ennemis, là je commanderai à l’épée de la justice, et elle les tuera. » Amos effraya encore davantage ses auditeurs en dirigeant vers eux un doigt réprobateur et accusateur, et en déclarant au nom de Yahweh : « sûrement je n’oublierai jamais aucune de vos œuvres. » « Et je passerai au crible la maison d’Israël parmi toutes les nations, comme on secoue le blé dans un tamis. » 97:4.4 Amos proclama que Yahweh était le « Dieu de toutes les nations » et avertit les Israélites que le rituel ne devait pas se substituer à la droiture. Avant que ce courageux éducateur ne fût lapidé à mort, il avait répandu assez de levain de la vérité pour sauver la doctrine du Yahweh suprême ; il avait assuré la continuation de l’évolution de la révélation de Melchizédek. 97:4.5 Osée suivit Amos et sa doctrine d’un Dieu universel de justice en ressuscitant le concept mosaïque d’un Dieu d’amour. Osée prêcha le pardon par repentir, et non par sacrifice. Il proclama un évangile de bienveillance affectueuse et de miséricorde divine en disant : « Je vous fiancerai à moi pour toujours, oui, je vous fiancerai à moi en droiture et en jugement et en bienveillance affectueuse et en miséricorde. Je vous fiancerai même à moi en fidélité. » « Je les aimerai librement, car ma colère s’est détournée. » 97:4.6 Osée continua fidèlement les avertissements moraux d’Amos en disant de Dieu : « Je les châtierai à mon gré. » Mais les Israélites considérèrent, comme une cruauté frisant la trahison, les paroles suivantes qu’il prononça : « Je dirai à ceux qui n’étaient pas mon peuple : vous êtes mon peuple ; et eux diront : tu es notre Dieu. » Il continua à prêcher le repentir et le pardon en disant : « Je guérirai leur récidive. Je les aimerai abondamment, car ma colère s’est détournée. » Osée proclama constamment l’espoir et le pardon. La substance de son message fut toujours : « J’aurai de la miséricorde pour mon peuple. Ils ne connaitront pas d’autre Dieu que moi, car il n’y a pas d’autre sauveur que moi. » 97:4.7 Amos vivifia la conscience nationale des Hébreux en leur faisant reconnaitre que Yahweh ne pardonnerait pas le crime et le péché parmi eux sous prétexte qu’ils étaient censément le peuple élu. En même temps, Osée fit résonner les notes d’ouverture des accords miséricordieux ultérieurs de compassion divine et de bienveillance affectueuse, qui furent si délicieusement chantés par Isaïe et ses compagnons. 5. Le premier Isaïe 97:5.1 Ce fut une époque où certains proclamaient des menaces de punition pour les péchés personnels et les crimes nationaux des clans du Nord, tandis que d’autres prédisaient des calamités en châtiment des transgressions du royaume du Sud. Ce fut dans le sillage de ce réveil de conscience et de prise de conscience des deux nations hébraïques que le premier Isaïe fit son apparition. 97:5.2 Isaïe continua à prêcher la nature éternelle de Dieu, sa sagesse infinie, la perfection immuable avec laquelle on pouvait compter sur lui. Il représenta le Dieu d’Israël comme disant : « J’ajusterai exactement le jugement au cordeau et j’alignerai la droiture sur le fil à plomb. » « Le Seigneur vous reposera de vos chagrins, de vos peurs et de la dure servitude où l’homme a été amené à servir. » « Vos oreilles entendront une parole prononcée derrière vous et disant : ’voici le chemin, marchez-y.’ » « Voici, Dieu est mon salut ; j’aurai confiance et ne serai pas effrayé, car le Seigneur est ma force et mon chant. » « Venez maintenant à moi et raisonnons ensemble, dit le Seigneur : ’si vos péchés sont comme l’écarlate, ils deviendront blancs comme la neige ; s’ils sont rouges comme le cramoisi, ils seront comme la laine.’ » 97:5.3 Parlant aux âmes affamées des Hébreux tourmentés par la peur, ce prophète dit : « Lève-toi et resplendis, car ta lumière est venue et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi. » « L’esprit du Seigneur est sur moi parce qu’il m’a oint pour apporter de bonnes nouvelles aux débonnaires ; il m’a envoyé pour panser ceux qui ont le cœur brisé, pour proclamer la liberté aux captifs, et l’ouverture de la prison à ceux qui sont enchainés. » « Je me réjouirai grandement dans le Seigneur, mon âme sera joyeuse en mon Dieu, car il m’a revêtu des vêtements du salut et m’a recouvert de sa robe de droiture. » « Dans toutes leurs afflictions, il a été affligé, et l’ange de sa présence les a sauvés. Dans son amour et sa pitié, il les a rachetés. » 97:5.4 Cet Isaïe fut suivi de Michée et d’Abdias, qui confirmèrent et embellirent son évangile satisfaisant l’âme. Ces deux vaillants messagers dénoncèrent audacieusement le rituel pratiqué par les Hébreux sous l’empire des prêtres et attaquèrent avec intrépidité tout le système sacrificiel. 97:5.5 Michée critiqua « les chefs qui jugent pour des présents, les prêtres qui enseignent pour un salaire et les prophètes qui devinent pour de l’argent. » Il enseigna la venue d’un jour où l’on serait libéré des superstitions et de l’artifice de la prêtrise, en disant : « Chaque homme se reposera sous sa propre vigne et nul ne l’effrayera, car chacun vivra selon sa compréhension de Dieu. » 97:5.6 La substance du message de Michée fut toujours : « Viendrai-je devant Dieu avec des holocaustes ? Le Seigneur voudra-t-il agréer mille béliers ou dix-mille torrents d’huile ? Donnerai-je mon premier-né pour ma transgression, le fruit de mon corps pour le péché de mon âme ? Il m’a montré, ô homme, ce qui est bon. Et que réclame le Seigneur de ta part sinon que tu agisses avec justice, que tu aimes la miséricorde et que tu marches humblement avec ton Dieu. » Ce fut en vérité une grande époque ; ce furent vraiment des temps passionnants au cours desquels les mortels entendirent, et certains allèrent même jusqu’à croire, ces messages émancipateurs d’il y a plus de deux-mille-cinq-cents ans. Sans la résistance obstinée des prêtres, ces éducateurs auraient aboli tout le cérémonial sanguinaire du rituel du culte hébreu. 6. Jérémie l’intrépide 97:6.1 Plusieurs éducateurs continuèrent à exposer l’évangile d’Isaïe, mais il appartenait à Jérémie de franchir audacieusement l’étape suivante de l’internationalisation de Yahweh, Dieu des Hébreux. 97:6.2 Jérémie déclara avec intrépidité que Yahweh n’était pas du côté des Hébreux dans leurs guerres militaires contre d’autres nations. Il affirma que Yahweh était le Dieu de toute la terre, de toutes les nations et de tous les peuples. L’enseignement de Jérémie fut le crescendo de la marée montante pour internationaliser le Dieu d’Israël. Ce prédicateur intrépide proclama, une fois pour toutes, que Yahweh était le Dieu de toutes les nations, et qu’il n’existait ni d’Osiris pour les Égyptiens, ni de Bel pour les Babyloniens, ni d’Assur pour les Assyriens, ni de Dagon pour les Philistins. À cette époque et par la suite, la religion des Hébreux participa ainsi à la renaissance du monothéisme dans le monde entier ; enfin, le concept de Yahweh s’était élevé à un niveau de Déité de dignité planétaire et même cosmique. Toutefois, bien des compagnons de Jérémie trouvèrent difficile de concevoir Yahweh indépendamment de la nation hébraïque. 97:6.3 Jérémie fit également des sermons sur le Dieu juste et aimant décrit par Isaïe ; il déclara : « Oui, je vous ai aimés d’un amour éternel ; c’est pourquoi je vous ai attirés avec une bienveillance affectueuse. » « Car il n’afflige pas volontiers les enfants des hommes. » 97:6.4 Ce prophète intrépide a dit encore : « Notre Seigneur est droit, grand dans ses conseils, et puissant dans ses œuvres. Ses yeux sont ouverts sur toutes les voies de tous les fils des hommes pour donner à chacun selon ses voies et selon le fruit de ses actions. » Mais les paroles suivantes, prononcées durant le siège de Jérusalem, furent considérées comme une trahison blasphématoire : « Et, maintenant, j’ai livré ce pays entre les mains de Nébucadnetsar, roi de Babylone, mon serviteur. » Quand Jérémie conseilla la reddition de la ville, les prêtres et les chefs civils le jetèrent dans la boue d’un sombre cul de basse-fosse. 7. Le second Isaïe 97:7.1 La destruction de leur nation et la captivité des Hébreux en Mésopotamie auraient fait faire de grands progrès à leur théologie en expansion sans l’action déterminée de leurs prêtres. La nation hébraïque avait succombé devant les armées de Babylone, et son Yahweh nationaliste avait souffert des sermons internationalistes des dirigeants spirituels. Ce fut le ressentiment de la perte de leur dieu national qui amena les prêtres à aller aussi loin dans l’invention des fables et de la multiplication d’évènements d’apparence miraculeuse dans l’histoire hébraïque ; ils s’efforcèrent de rétablir les Juifs comme peuple élu même sous l’aspect de l’idée nouvelle et plus vaste d’un Dieu dont l’internationalisation s’étendait à toutes les nations. 97:7.2 Durant leur captivité, les Juifs furent très influencés par les traditions et légendes babyloniennes. Il faut cependant remarquer qu’ils améliorèrent systématiquement le ton moral et la signification spirituelle des histoires chaldéennes qu’ils adoptèrent, bien qu’ils eussent invariablement déformé ces légendes pour en faire rejaillir de l’honneur et de la gloire sur l’ascendance et l’histoire d’Israël. 97:7.3 Les prêtres et les scribes hébreux n’avaient qu’une seule idée en tête, celle de réhabiliter la nation juive, de glorifier les traditions hébraïques et d’exalter leur histoire raciale. Si l’on éprouve du ressentiment devant le fait que ces prêtres ont insufflé leurs idées erronées à une si grande partie du monde occidental, il faut se rappeler qu’ils ne le firent pas intentionnellement. Ils ne prétendaient ni écrire sous une inspiration ni rédiger un livre sacré. Ils préparaient simplement un manuel destiné à ranimer le courage faiblissant de leurs compagnons de captivité. Ils avaient nettement pour but d’améliorer l’esprit national et de relever le moral de leurs compatriotes. Il appartenait à des hommes apparus plus tard de réunir ces écrits, ainsi que certains autres, en un livre-guide dont les enseignements furent supposés infaillibles. 97:7.4 Les prêtres juifs utilisèrent libéralement ces écrits après leur retour de captivité, mais leur influence sur leurs compagnons de captivité fut grandement entravée par la présence d’un jeune et indomptable prophète, Isaïe le second, qui était pleinement converti au Dieu de justice, d’amour, de droiture et de miséricorde d’Isaïe l’ainé. Il croyait aussi, avec Jérémie, que Yahweh était devenu le Dieu de toutes les nations. Il prêcha ces théories sur la nature de Dieu avec un succès tellement marqué qu’il fit autant de convertis parmi les Juifs que parmi ceux qui les avaient déportés. Ce jeune prédicateur laissa par écrit ses enseignements que les prêtres hostiles et implacables cherchèrent à dissocier complètement d’avec lui ; cependant, par pur et simple respect pour leur beauté et leur grandeur, les enseignements du second Isaïe furent incorporés dans les écrits du premier Isaïe. Ils forment maintenant les chapitres 40 à 55 inclus du livre qui porte ce nom. 97:7.5 Depuis Machiventa jusqu’à l’époque de Jésus, nul prophète ou éducateur religieux n’atteignit le haut concept de Dieu que le second Isaïe proclama durant la période de captivité. Pour ce chef spirituel, il ne s’agissait pas d’un Dieu mesquin, anthropomorphe, créé par des hommes : « Voici, il enlève les iles comme des poussières. » « De même que les cieux sont plus élevés que la terre, mes voies sont plus élevées que vos voies, et mes pensées plus élevées que vos pensées. » 97:7.6 Machiventa Melchizédek pouvait enfin voir des éducateurs humains proclamer aux mortels un Dieu véritable. Comme le premier Isaïe, ce chef prêcha un Dieu ayant créé l’univers et continuant à le maintenir. « J’ai créé la terre, et j’ai mis l’homme dessus. Je ne l’ai pas créée en vain, je l’ai formée pour qu’elle soit habitée. » « Je suis le premier et le dernier ; il n’y a point de Dieu en dehors de moi. » Parlant au nom du Seigneur Dieu d’Israël, ce nouveau prophète dit : « Les cieux peuvent disparaitre et la terre vieillir, mais ma droiture subsistera toujours et mon salut durera de génération en génération. » « Ne crains point, car je suis avec toi ; ne sois pas consterné, car je suis ton Dieu. » « Il n’y a point de Dieu en dehors de moi – un Dieu juste et un Sauveur. » 97:7.7 Les captifs juifs furent réconfortés, comme des millions et des millions d’autres hommes depuis lors, en entendant des paroles telles que : « Ainsi dit le Seigneur, ’je t’ai créé, je t’ai racheté, je t’ai appelé par ton nom, tu es à moi.’ » « Lorsque tu passeras à travers les eaux, je serai avec toi, car tu es précieux à ma vue. » « Une femme peut-elle oublier son nourrisson et n’avoir pas de compassion pour son fils ? Oui, elle peut oublier, mais, moi, je n’oublierai pas mes enfants, car voici, j’ai gravé leurs noms sur la paume de mes mains, je les ai même couverts de l’ombre de mes mains. » « Que le méchant abandonne ses voies et l’homme inique ses pensées, et qu’il retourne au Seigneur, car il aura compassion de lui ; qu’il revienne à notre Dieu, car il pardonne abondamment. » 97:7.8 Écoutez de nouveau l’évangile de cette nouvelle révélation du Dieu de Salem : « Il fera paitre son troupeau comme un berger ; il recueillera les agneaux dans ses bras et les portera sur son sein. Il donne du pouvoir aux faibles et il accroit la force de ceux qui n’ont pas de puissance. Ceux qui attendent le Seigneur renouvelleront leur vigueur ; ils s’élèveront avec des ailes, tels des aigles ; ils courront et ne seront pas fatigués ; ils marcheront et ne seront pas affaiblis. » 97:7.9 Cet Isaïe mena une vaste propagande évangélique en faveur du concept élargi d’un Yahweh suprême. Il rivalisa avec Moïse par l’éloquence avec laquelle il décrivit le Seigneur Dieu d’Israël comme le Créateur Universel. Il fut poétique dans sa description des attributs infinis du Père Universel. Aucune déclaration plus belle concernant le Père céleste n’a jamais été formulée. Au même titre que les Psaumes, les écrits d’Isaïe comptent parmi les présentations les plus sublimes et les plus véridiques du concept spirituel de Dieu qui aient jamais atteint les oreilles des mortels avant l’arrivée de Micaël sur Urantia. Écoutez son portrait de la Déité : « Je suis le haut et le sublime qui habite l’éternité. » « Je suis le premier et le dernier, et il n’y a pas d’autre Dieu en dehors de moi. » « Et la main du Seigneur n’est pas si courte qu’il ne puisse sauver, ni son oreille bouchée pour l’empêcher d’entendre. » Ce fut une nouvelle doctrine pour les populations juives que d’entendre ce prophète bénin, mais plein d’autorité, persister dans sa prédication sur la constance divine, la fidélité de Dieu. Il déclara que « Dieu n’oublierait pas et n’abandonnerait pas. » 97:7.10 Cet audacieux éducateur proclama que l’homme avait une relation étroite avec Dieu. « J’ai créé pour ma gloire chacun de ceux qui s’appellent de mon nom, et ils proclameront ma louange. C’est moi, oui moi, qui efface leurs transgressions par égard pour moi-même, et je ne me souviendrai pas de leurs péchés. » 97:7.11 Écoutez ce grand Hébreu démolir le concept d’un Dieu national, tandis qu’en gloire il proclame la divinité du Père Universel dont il dit : « Les cieux sont mon trône, et la terre est mon marchepied. » Et le Dieu d’Isaïe n’en était pas moins saint, juste, majestueux et insondable. Le concept du coléreux, vindicatif et jaloux Yahweh des Bédouins du désert a presque disparu. Un nouveau concept du Yahweh suprême et universel est apparu dans le mental des mortels pour ne jamais plus être perdu de vue par l’humanité. La réalisation de la divine justice avait commencé la destruction de la magie primitive et de la peur biologique. L’homme est enfin introduit dans un univers de loi et d’ordre, et présenté à un Dieu universel qui possède des attributs fiables et finals. 97:7.12 Et ce prédicateur d’un Dieu céleste, ne cessa jamais de proclamer ce Dieu d’amour. « J’habite le lieu élevé et saint, et aussi avec celui dont l’esprit est contrit et humble. » Ce grand éducateur adressa encore à ses contemporains de nouvelles paroles d’encouragement : « Et le Seigneur te guidera continuellement et satisfera ton âme. Tu seras comme un jardin arrosé, comme une source où l’eau ne manque pas. Si l’ennemi vient sur toi comme une inondation, l’esprit du Seigneur élèvera une défense contre lui. » Une fois de plus, l’évangile de Melchizédek, destructeur de la peur, et la religion de Salem, engendrant la confiance, brillent pour la bénédiction de l’humanité. 97:7.13 Le clairvoyant et courageux Isaïe éclipsa efficacement le Yahweh nationaliste par son portrait sublime de la majesté et de l’omnipotence universelle du suprême Yahweh, Dieu d’amour, souverain de l’univers et Père affectueux de toute l’humanité. Depuis ces jours mémorables, le concept le plus élevé de Dieu en Occident a toujours englobé la justice universelle, la miséricorde divine et la droiture éternelle. Dans un langage superbe et avec une grâce incomparable, ce grand instructeur décrivit le Créateur tout-puissant comme le Père aimant tout le monde. 97:7.14 Ce prophète du temps de la captivité prêcha à ses compatriotes et à des étrangers de bien des nations qui l’écoutaient au bord du fleuve à Babylone. Et ce second Isaïe contribua beaucoup à neutraliser les nombreuses conceptions fausses et racialement égoïstes de la mission du Messie promis, mais il ne réussit pas entièrement dans ses efforts. Si les prêtres ne s’étaient pas adonnés à bâtir un nationalisme mal conçu, les enseignements des deux Isaïe auraient préparé la voie à la récognition et à la réception du Messie attendu. 8. Histoire sainte et histoire profane 97:8.1 L’habitude de considérer le récit des expériences des Hébreux comme l’histoire sainte, et les opérations du reste du monde comme l’histoire profane est responsable d’une grande partie de la confusion qui existe dans le mental humain au sujet de l’interprétation de l’histoire. Cette difficulté s’élève parce qu’il n’existe pas d’histoire laïque des Juifs. Après l’exil à Babylone, les prêtres commencèrent par préparer leur nouveau récit des rapports, supposés miraculeux, de Dieu avec les Hébreux – l’histoire sainte d’Israël telle qu’elle est relatée dans l’Ancien Testament, ils détruisirent soigneusement et complètement les archives existantes des affaires hébraïques – les livres tels que « Les Actes des Rois d’Israël » et « Les Actes des Rois de Juda », ainsi que divers documents plus ou moins exacts de l’histoire des Hébreux. 97:8.2 Pour comprendre à quel point la pression dévastatrice et la contrainte irrésistible de l’histoire laïque terrorisaient les Juifs captifs et gouvernés par des étrangers, au point qu’ils tentèrent de récrire et de refondre complètement leur histoire, il est bon de passer brièvement en revue le compte rendu de leur troublante expérience nationale. Il faut se rappeler que les Juifs ne réussirent pas à dégager une philosophie adéquate et non théologique de la vie. Ils luttèrent avec leur conception originelle et égyptienne de récompenses divines pour la droiture et de sévères punitions pour le péché. La dramatique histoire de Job fut quelque peu une protestation contre cette philosophie erronée. Le franc pessimisme de l’Écclésiaste fut une sage réaction terrestre contre ces croyances trop optimistes en la Providence. 97:8.3 Mais cinq-cents ans de suzeraineté par des chefs étrangers dépassaient la mesure, même pour les Juifs patients et endurants. Les prophètes et les prêtres commencèrent à crier : « Jusques à quand, Seigneur, jusques à quand ? » Quand un Juif honnête sondait les Écritures, la confusion de ses pensées s’aggravait encore. Un ancien voyant avait promis que Dieu protégerait et délivrerait son « Peuple élu ». Amos avait formulé la menace que Dieu abandonnerait Israël si ce peuple ne rétablissait pas ses critères de droiture nationale. Le scribe du Deutéronome avait décrit le Grand Choix – entre le bien et le mal, entre la bénédiction et la malédiction. Le premier Isaïe avait prêché un bienfaisant roi-libérateur. Jérémie avait proclamé une ère de droiture intérieure – l’alliance écrite sur les tablettes du cœur. Le second Isaïe avait parlé du salut par le sacrifice et la rédemption. Ézéchiel avait proclamé la délivrance par le service dévoué, et Ezra avait promis la prospérité par adhésion à la loi. Mais, malgré tout cela, les Juifs se trainaient dans la servitude, et leur délivrance était différée. Daniel présenta alors le drame de la « crise » imminente – le bris de la grande statue et l’établissement immédiat du règne perpétuel de la droiture, le royaume messianique. 97:8.4 Tous ces faux espoirs amenèrent les Juifs à un tel degré de déception et de frustration raciale que leurs chefs se troublèrent au point de ne pas reconnaitre et de ne pas accepter la mission et le ministère d’un divin Fils du Paradis lorsqu’il vint bientôt vers eux dans la similitude de la chair mortelle – incarné en tant que Fils de l’Homme. 97:8.5 Toutes les religions modernes ont commis de sérieuses bévues en essayant d’interpréter miraculeusement certaines époques de l’histoire humaine. S’il est vrai que Dieu a maintes fois tendu une main paternelle en intervenant providentiellement dans la marche des affaires humaines, il est faux de considérer des dogmes théologiques et des superstitions religieuses comme une sédimentation surnaturelle apparaissant par une action miraculeuse dans la marche de l’histoire humaine. Le fait que les « Très Hauts gouvernent dans les royaumes des hommes » ne convertit pas l’histoire laïque en une histoire prétendue sainte. 97:8.6 Des auteurs du Nouveau Testament et des écrivains chrétiens ultérieurs compliquèrent encore la déformation de l’histoire hébraïque par leurs tentatives bien intentionnées pour présenter les prophètes juifs comme transcendants. L’histoire hébraïque fut ainsi exploitée désastreusement par des écrivains tant juifs que chrétiens. L’histoire laïque des Hébreux a été complètement dogmatisée. Elle a été convertie en une fiction d’histoire sainte et elle est devenue inextricablement liée aux conceptions morales et aux enseignements religieux des nations dites chrétiennes. 97:8.7 Un bref exposé des points saillants de l’histoire hébraïque illustrera comment les faits contenus dans les archives furent déformés à Babylone par les prêtres juifs, au point de transformer l’histoire laïque quotidienne de leur peuple en une histoire fictive et sainte. 9. L’histoire des Hébreux 97:9.1 Il n’y eut jamais douze tribus d’Israélites – seulement trois ou quatre tribus s’établirent en Palestine. La nation hébraïque prit corps par suite de l’union des soi-disant Israélites et des Cananéens. « Et les enfants d’Israël habitèrent parmi les Cananéens. Et ils prirent leurs filles pour femmes et donnèrent leurs filles aux fils des Cananéens. » Les Hébreux ne chassèrent jamais les Cananéens de Palestine, en dépit des chroniques établies à ce sujet par les prêtres qui affirmèrent, sans hésiter, cette expulsion. 97:9.2 La conscience israélite prit origine dans la contrée montagneuse d’Éphraïm ; la conscience juive ultérieure naquit dans le clan méridional de Juda. Les Juifs (les Judaïtes) cherchèrent toujours à diffamer et à noircir l’histoire des Israélites du Nord (les Éphraïmites). 97:9.3 La prétentieuse histoire des Hébreux commence avec Saül ralliant les clans du Nord pour résister à une attaque des Ammonites contre les hommes d’une tribu semblable – les Giléadites – à l’est du Jourdain. Avec une armée d’un peu plus de trois-mille hommes, il vainquit l’ennemi, et ce fut cet exploit qui amena les tribus des collines à en faire leur roi. Lorsque les prêtres exilés récrivirent cette histoire, ils élevèrent à 330 000 le nombre des soldats de Saül et ajoutèrent « Juda » à la liste des tribus ayant participé à la bataille. 97:9.4 Immédiatement après la défaite des Ammonites, Saül devint roi par une élection populaire de ses troupes. Nul prêtre ou prophète ne participa à cette affaire. Mais les prêtres inscrivirent plus tard, dans les chroniques, que Saül avait été couronné roi par le prophète Samuel conformément à des ordres divins. Ils agirent ainsi afin d’établir une « ligne divine de descendance » pour la royauté judaïte de David. 97:9.5 Parmi les altérations de l’histoire juive, la plus grande concerne David. Après la victoire de Saül sur les Ammonites (victoire qu’il attribua à Yahweh), les Philistins s’alarmèrent et commencèrent à attaquer les clans du Nord. David et Saül ne purent jamais s’entendre. David, avec six-cents hommes, conclut une alliance avec les Philistins et remonta la côte jusqu’à Esdraélon. À Gath, les Philistins ordonnèrent à David de quitter le champ de bataille. Ils craignaient qu’il ne se rallie à Saül. David se retira ; les Philistins attaquèrent et battirent Saül. Ils n’y seraient jamais parvenus si David avait été fidèle à Israël. L’armée de David était un assemblage polyglotte de mécontents, composé en majeure partie d’inadaptés sociaux et de délinquants fuyant la justice. 97:9.6 La défaite tragique de Saül à Gilboa par les Philistins déprécia beaucoup le statut de Yahweh parmi les dieux aux yeux des Cananéens du voisinage. Ordinairement, la défaite de Saül aurait été attribuée à une apostasie envers Yahweh, mais, cette fois-ci, les éditeurs judaïtes l’attribuèrent à des erreurs de rituel. Ils avaient besoin de la tradition de Saül et de Samuel comme arrière-plan pour le règne de David. 97:9.7 David, avec sa petite armée, établit son quartier général à Hébron, ville non hébraïque. Ses compatriotes ne tardèrent pas à le proclamer roi du nouveau royaume de Juda. Juda était principalement composé d’éléments non hébreux – Kénites, Calébites, Jébusites, et autres Cananéens. Ils étaient des nomades – des pâtres – donc partisans de l’idée hébraïque sur la propriété de la terre. Ils étaient attachés aux idéologies des clans du désert. 97:9.8 La différence entre l’histoire sainte et l’histoire profane est bien illustrée par les deux récits différents concernant le couronnement de David comme roi, tels qu’on les trouve dans l’Ancien Testament. Une partie de l’histoire profane sur la manière dont ses partisans immédiats (son armée) le nommèrent roi fut laissée, par inadvertance, dans les archives par les prêtres qui préparèrent ultérieurement la longue et prosaïque version de l’histoire sainte. Celle-ci décrit comment, par gouverne divine, le prophète Samuel choisit David parmi ses compagnons et procéda ensuite officiellement, par des cérémonies compliquées et solennelles, à son onction comme roi des Hébreux, puis à sa proclamation comme successeur de Saül. 97:9.9 C’est ainsi que bien des fois, après avoir préparé leurs récits fictifs des interventions miraculeuses de Dieu auprès d’Israël, les prêtres omirent de détruire complètement les données claires et positives déjà incluses dans les annales. 97:9.10 David chercha à se créer une situation politique en épousant d’abord la fille de Saül, puis la veuve de Nabal, le riche Édomite, et ensuite la fille de Talmaï, roi de Guéshur. Il prit six épouses parmi les femmes de Jébus, sans compter Bethsabée, la femme du Hittite. 97:9.11 Et ce fut par ces méthodes et avec ces personnages que David élabora la fiction d’un divin royaume de Juda, succédant à l’héritage et aux traditions du royaume du Nord formé par l’Israël d’Éphraïm, alors en voie de disparition. Juda, la tribu cosmopolite de David, se composait de plus de Gentils que de Juifs ; les ainés d’Éphraïm, bien qu’opprimés, descendirent cependant de leurs montagnes et « l’oignirent roi d’Israël ». Après une menace militaire, David fit un pacte avec les Jébusites et installa la capitale du royaume uni à Jébus (Jérusalem), qui était une ville bien fortifiée à mi-chemin entre Juda et Israël. Les Philistins en furent irrités et ne tardèrent pas à attaquer David. Après une farouche bataille, ils furent vaincus, et Yahweh fut établi une fois de plus en tant que « Le Seigneur Dieu des Armées ». 97:9.12 Mais il fallait à tout prix que Yahweh partageât une partie de sa gloire avec les dieux cananéens, car le gros de l’armée de David n’était pas hébreu. C’est pourquoi l’on voit apparaitre dans vos Écritures une indication révélatrice à laquelle les éditeurs judaïtes ne prêtèrent pas attention : « Yahweh a fait une brèche au milieu de mes ennemis devant moi ; c’est pourquoi il appela le nom de ce lieu Baal Péraçim. » Cela eut lieu parce que quatre-vingts pour cent des soldats de David étaient des baalites. 97:9.13 David expliqua la défaite de Saül à Gilboa en faisant remarquer que Saül avait attaqué une ville cananéenne, Gibéon, dont la population avait un traité de paix avec les Éphraïmites. C’est pourquoi Dieu l’avait abandonné. Même du temps de Saül, David avait défendu la ville cananéenne de Keilah contre les Philistins, puis choisi pour capitale une ville cananéenne. Fidèle à sa politique de compromis avec les Cananéens, David remit sept descendants de Saül aux Gibéonites pour être pendus. 97:9.14 Après la défaite des Philistins, David prit possession de « l’arche de Yahweh », l’amena à Jérusalem, et rendit officiel le culte de Yahweh dans son royaume. Il imposa ensuite un lourd tribut aux peuplades environnantes – les Édomites, les Moabites, les Ammonites et les Syriens. 97:9.15 L’organisation politique corrompue du parti de David commença à prendre personnellement possession de terres dans le Nord en violation des mœurs hébraïques, et s’empara bientôt des taxes sur les caravanes précédemment perçues par les Philistins. Vint ensuite une série d’atrocités culminant dans le meurtre d’Urie. Tous les appels judiciaires étaient jugés à Jérusalem ; « les anciens » ne pouvaient plus rendre justice. Rien d’étonnant à ce que la rébellion éclatât. Aujourd’hui, on qualifierait Absalon de démagogue ; sa mère était une Cananéenne. Il y avait une demi-douzaine de prétendants au trône en dehors de Salomon, le fils de Bethsabée. 97:9.16 Après la mort de David, Salomon expurgea l’organisation politique de toute influence nordique, mais n’abandonna rien de la tyrannie et de la taxation du régime de son père. Salomon ruina la nation par les prodigalités de sa cour et par son programme élaboré de constructions comprenant la maison du Liban, le palais de la fille du pharaon, le temple de Yahweh, le palais du roi et la restauration des murs de nombreuses cités. Salomon créa une imposante marine hébraïque, fonctionnant avec des marins syriens et commerçant avec le monde entier. Il avait près de mille femmes dans son harem. 97:9.17 À cette époque, le temple de Yahweh à Silo tomba en discrédit, et tout le culte de la nation fut concentré à Jébus, dans la fastueuse chapelle royale. Le royaume du Nord retourna davantage vers l’adoration d’Élohim. Il bénéficiait de la faveur des pharaons qui asservirent ultérieurement Juda en soumettant le royaume du Sud au tribut. 97:9.18 Il y eut des hauts et des bas – des guerres entre Israël et Juda. Après quatre années de guerre civile et trois dynasties, Israël tomba sous la coupe de despotes citadins qui commencèrent à faire commerce des terres. Même le roi Omri essaya d’acquérir le domaine de Shémer. Mais la fin approcha rapidement lorsque Salmanasar III décida de contrôler la côte méditerranéenne. Achab, roi d’Éphraïm, rassembla dix autres groupes et résista à Karkar ; la bataille resta indécise. L’avance de l’Assyrien fut arrêtée, mais les alliés furent décimés. Cette grande bataille n’est même pas mentionnée dans l’Ancien Testament. 97:9.19 De nouvelles difficultés apparurent quand le roi Achab essaya d’acheter les terres à Naboth. Sa femme phénicienne imita la signature d’Achab sur les documents ordonnant la confiscation de la terre de Naboth accusé d’avoir blasphémé les noms « d’Élohim et du roi. » Naboth et ses fils furent rapidement mis à mort. L’énergique Élie apparut sur la scène accusant Achab du meurtre des Naboth. C’est ainsi qu’Élie, l’un des plus grands prophètes, commença son enseignement comme défenseur des anciennes mœurs concernant les terres, en opposition avec le comportement des Baalim vendeurs de terres et avec la tentative des villes pour dominer le pays. Mais la réforme n’aboutit pas avant le moment où le grand propriétaire terrien, Jéhu, joignit ses forces à celle du roitelet nomade Jonadab pour détruire les prophètes (agents immobiliers) de Baal à Samarie. 97:9.20 Un regain de vie apparut lorsque Joas et son fils Jéroboam délivrèrent Israël de ses ennemis. Mais, à cette époque, la Samarie était gouvernée par une féodalité de brigands dont les déprédations rivalisaient avec celles de l’ancienne dynastie de David. L’État et l’Église coopéraient étroitement. Leur tentative pour supprimer la liberté de parole conduisit Élie, Amos et Osée à écrire en secret, et ce fut le véritable commencement des Bibles juive et chrétienne. 97:9.21 Mais le royaume du Nord ne fut pas effacé de l’histoire avant le moment où le roi d’Israël conspira avec le roi d’Égypte et refusa de continuer à payer tribut à l’Assyrie. Alors commença un siège de trois ans suivi par la dispersion totale du royaume du Nord. Éphraïm (Israël) disparut ainsi. Juda – les Juifs, le « reste d’Israël » – avait commencé à concentrer les terres entre les mains d’un petit nombre, « accumulant maison après maison et champ après champ », comme disait Isaïe. Il y eut bientôt, à Jérusalem, un temple de Baal à côté du temple de Yahweh. Ce règne de la terreur se termina par une révolte monothéiste conduite par le tout jeune roi Joas qui fit ensuite croisade pendant trente-cinq ans en faveur de Yahweh. 97:9.22 Amatsia, le roi suivant, eut des difficultés avec les contribuables édomites en révolte et avec leurs voisins. Après une victoire éclatante, il se mit à attaquer ses voisins du Nord et subit une défaite tout aussi retentissante. Ensuite, les gens des campagnes se révoltèrent ; ils assassinèrent le roi et mirent sur le trône son fils de seize ans, Azaria, appelé Uzza par Isaïe. Après Uzza, les choses allèrent de mal en pis, et Juda vécut pendant cent ans en payant tribut aux rois d’Assyrie. Le premier Isaïe leur dit que Jérusalem, étant la ville de Yahweh, ne tomberait jamais, mais Jérémie n’hésita pas à proclamer sa chute. 97:9.23 La véritable ruine de Juda fut amenée par une bande de riches politiciens corrompus, sous le gouvernement du roi-enfant Manassé. L’économie changeante favorisa le retour à l’adoration de Baal, dont les opérations immobilières privées sur les terres étaient contraires à l’idéologie de Yahweh. La chute de l’Assyrie et l’ascendant de l’Égypte amenèrent, pour un temps, la délivrance de Juda, et les gens de la campagne prirent le pouvoir. Sous Josias, ils détruisirent la bande de politiciens corrompus de Jérusalem. 97:9.24 Mais cette ère prit fin tragiquement lorsque Josias prétendit sortir pour intercepter la puissante armée de Nécho qui remontait la côte en venant d’Égypte pour aider l’Assyrie contre Babylone. Josias fut balayé, et Juda dut payer tribut à l’Égypte. Le parti politique de Baal revint au pouvoir à Jérusalem, et c’est alors que commença la véritable servitude égyptienne. Vint ensuite une période au cours de laquelle les politiciens de Baal contrôlèrent à la fois les tribunaux et la prêtrise. Le culte de Baal était un système économique et social concernant les droits de propriété ainsi que la fertilité du sol. 97:9.25 Lorsque Nébucadnetsar renversa Nécho, Juda tomba sous la suzeraineté de Babylone et reçut dix ans de grâce, mais ne tarda pas à se révolter. Quand Nébucadnetsar l’attaqua, les Judaïtes inaugurèrent des réformes sociales, telles que l’affranchissement des esclaves, pour influencer Yahweh. Lorsque l’armée babylonienne se retira temporairement, les Hébreux se réjouirent de ce que la vertu magique de leur réforme les eût délivrés. Ce fut durant cette période que Jérémie leur annonça le sort fatal qui les attendait, et bientôt Nébucadnetsar revint. 97:9.26 Et ainsi la fin de Juda survint soudainement. La cité fut détruite et le peuple emmené à Babylone. La lutte Yahweh-Baal se termina par la captivité, et le choc de la captivité amena le reste d’Israël au monothéisme. 97:9.27 À Babylone, les Juifs arrivèrent à la conclusion qu’ils ne pouvaient subsister en Palestine en tant que petit groupe ayant ses propres coutumes économiques et sociales, et que, si leurs idéologies devaient prévaloir, il leur fallait convertir les Gentils. C’est ainsi que prit naissance leur nouveau concept de la destinée – l’idée que les Juifs devaient devenir les serviteurs élus de Yahweh. La religion juive de l’Ancien Testament évolua réellement à Babylone durant la captivité. 97:9.28 La doctrine de l’immortalité prit également forme à Babylone. Les Juifs avaient cru que l’idée de la vie future détournait l’attention de leur évangile de justice sociale. Maintenant, pour la première fois, la théologie remplaçait la sociologie et l’économie. La religion prenait corps en tant que système de pensée humaine et de conduite de plus en plus séparé de la politique, de la sociologie et de l’économie. 97:9.29 C’est ainsi que la vérité au sujet du peuple juif révèle que bien des évènements, considérés comme appartenant à l’histoire sainte, ne représentent guère plus que la chronique de l’histoire profane ordinaire. Le judaïsme fut le terrain dans lequel grandit le christianisme, mais les Juifs ne furent pas un peuple miraculeux. 10. La religion hébraïque 97:10.1 Leurs chefs avaient enseigné aux Israélites qu’ils étaient un peuple élu, non à cause d’une complaisance spéciale et d’un monopole de faveur divine, mais à cause de leur mission particulière d’apporter à toutes les nations la vérité d’un Dieu unique et suprême. Ils avaient promis aux Juifs que, s’ils accomplissaient cette destinée, ils deviendraient les dirigeants spirituels de tous les peuples, et que le Messie attendu régnerait sur eux et sur le monde entier comme Prince de la Paix. 97:10.2 Quand les Juifs eurent été libérés par les Perses, ils ne revinrent en Palestine que pour retomber sous la servitude de leurs propres prêtres, avec leur code de lois, de sacrifices et de rituels. De même que les clans hébreux rejetèrent la merveilleuse histoire de Dieu présentée dans le discours d’adieu de Moïse en faveur des rituels de sacrifice et de pénitence, de même ces restes de la nation hébraïque rejetèrent le magnifique concept du second Isaïe en faveur des lois, des règles et des rites de leur prêtrise en développement. 97:10.3 L’égotisme national, la fausse confiance en un Messie promis et mal compris ainsi que la servitude et la tyrannie croissante de la prêtrise, réduisirent définitivement au silence les voix des dirigeants spirituels (sauf Daniel, Ézéchiel, Aggée et Malachie). Depuis cette époque jusqu’à celle de Jean le Baptiste, tout Israël subit une régression spirituelle constante. Toutefois, les Juifs ne perdirent jamais le concept du Père Universel ; même jusqu’au vingtième siècle après le Christ, ils maintinrent cette conception de la Déité. 97:10.4 Depuis Moïse jusqu’à Jean le Baptiste s’étend une lignée ininterrompue d’éducateurs fidèles qui transmirent, de génération en génération, le flambeau de la lumière monothéiste, tandis qu’ils réprimandaient sans cesse les dirigeants sans scrupules, dénonçaient les prêtres faisant commerce et exhortaient toujours les populations à se rallier à l’adoration du suprême Yahweh, le Seigneur Dieu d’Israël. 97:10.5 En tant que nation, les Juifs finirent par perdre leur identité politique, mais la religion hébraïque de croyance sincère en un Dieu unique et universel continue à vivre dans le cœur des exilés dispersés. Cette religion survit parce qu’elle a efficacement fonctionné pour conserver les plus hautes valeurs de ses partisans. La religion juive a bien réussi à préserver les idéaux d’un peuple, mais non à entretenir le progrès et à encourager la découverte philosophique créative dans les domaines de la vérité. La religion juive avait beaucoup de défauts – elle était déficiente en philosophie et à peu près dépourvue de qualités esthétiques – mais elle conserva les valeurs morales, et c’est pourquoi elle subsista. Comparé avec d’autres concepts de la Déité, le suprême Yahweh était bien clair, vivant, personnel et moral. 97:10.6 Les Juifs aimaient la justice, la sagesse, la vérité et la droiture comme peu de peuples l’ont fait, mais ils ont moins contribué que tous les autres peuples à la compréhension intellectuelle et spirituelle de ces qualités divines. Bien que la théologie hébraïque ait refusé de s’élargir, elle a joué un rôle important dans le développement de deux autres religions mondiales, le christianisme et le mahométisme. 97:10.7 La religion juive persista aussi à cause de ses institutions. Il est difficile à une religion de survivre en tant que pratique personnelle d’individus isolés. Les chefs religieux ont toujours commis l’erreur suivante : apercevant les maux de la religion institutionnelle, ils cherchent à détruire la technique de fonctionnement collectif. Au lieu de détruire tout le rituel, ils feraient mieux de le réformer. Sous ce rapport, Ézéchiel fut plus sage que ses contemporains. Il se joignit à eux pour insister sur la responsabilité morale personnelle, mais il entreprit aussi d’établir l’observance fidèle d’un rituel supérieur et purifié. 97:10.8 C’est ainsi que les éducateurs successifs d’Israël effectuèrent dans l’évolution religieuse le plus grand accomplissement qui ait eu lieu sur Urantia : la transformation graduelle, mais continue, du concept barbare du sauvage démon Yahweh, le jaloux et cruel dieu-esprit du fulminant volcan du Sinaï, en un concept ultérieur, exalté et céleste, du Yahweh suprême, créateur de toutes choses et Père aimant et miséricordieux de toute l’humanité. Ce concept hébraïque de Dieu fut l’évocation humaine la plus élevée du Père Universel jusqu’au moment où il fut encore élargi et amplifié d’une si exquise façon par les enseignements personnels et l’exemple de la vie de son Fils, Micaël de Nébadon. 97:10.9 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.] FASCICULE 98. Les enseignements de Melchizédek en Occident 98:0.1 Les enseignements de Melchizédek pénétrèrent en Europe par un grand nombre de voies, mais principalement par l’Égypte. Ils furent incorporés dans la philosophie occidentale après avoir été complètement hellénisés et, plus tard, christianisés. Les idéaux du monde occidental étaient essentiellement socratiques, et sa philosophie religieuse ultérieure devint celle de Jésus, avec les modifications et les compromis résultant du contact avec la philosophie et la religion occidentales en évolution. L’ensemble culmina dans l’Église chrétienne. 98:0.2 En Europe, les missionnaires de Salem poursuivirent longtemps leurs activités et furent graduellement absorbés par les nombreux groupes cultuels et rituels qui surgissaient périodiquement. Il faut mentionner les cyniques parmi ceux qui maintinrent les enseignements de Salem dans leur forme la plus pure. Ces prédicateurs de la foi et de la confiance en Dieu s’activaient encore dans l’Europe romaine au premier siècle après le Christ. Ils furent ultérieurement incorporés dans la religion chrétienne en formation. 98:0.3 Une grande part de la doctrine de Salem fut répandue en Europe par les soldats mercenaires juifs qui prirent part à tant de luttes militaires en Occident. Dans les temps anciens, les Juifs étaient réputés autant pour leur valeur militaire que pour leurs particularités théologiques. 98:0.4 Les doctrines fondamentales de la philosophie grecque, de la théologie juive et de la morale chrétienne furent essentiellement des répercussions des enseignements antérieurs de Melchizédek. 1. La religion de Salem parmi les Grecs 98:1.1 Les missionnaires de Salem auraient pu édifier une grande structure religieuse parmi les Grecs s’ils n’avaient pas interprété strictement leur serment d’ordination selon les engagements imposés par Machiventa, qui interdisait d’organiser des congrégations exclusives pour le culte, et arraché à chaque éducateur la promesse de ne jamais exercer la fonction de prêtre ni de recevoir, pour un service religieux, aucune autre rémunération que de la nourriture, des vêtements et un toit. Quand les éducateurs Melchizédeks pénétrèrent dans la Grèce préhellénique, ils y trouvèrent un peuple qui entretenait encore les traditions d’Adamson et du temps des Andites, mais ces enseignements avaient été fortement adultérés par les notions et croyances des hordes d’esclaves inférieurs qui avaient été amenés en quantités croissantes sur les rivages grecs. Cette adultération produisit un retour vers un animisme grossier, avec des rites sanglants où les classes inférieures allaient jusqu’à transformer en cérémonies les exécutions de criminels condamnés. 98:1.2 L’influence initiale des éducateurs de Salem fut presque détruite par l’invasion dite aryenne venant de l’Europe méridionale et de l’Orient. Ces envahisseurs helléniques apportèrent avec eux des concepts anthropomorphiques de Dieu, semblables à ceux que leurs compagnons aryens avaient introduits aux Indes. Cette importation inaugura l’évolution de la famille grecque de dieux et de déesses. Cette nouvelle religion était basée en partie sur les cultes des envahisseurs hellènes barbares, mais incorporait aussi des mythes des anciens habitants de la Grèce. 98:1.3 Les Grecs hellènes trouvèrent le monde méditerranéen largement dominé par le culte de la mère, et ils imposèrent à ces peuples leur dieu-homme, Diaus-Zeus qui, tel Yahweh parmi les Sémites hénothéistes, était déjà devenu le chef de tout le panthéon grec de dieux subordonnés. Les Grecs auraient fini par aboutir à un vrai monothéisme dans le concept de Zeus s’ils n’avaient pas retenu le supercontrôle du destin. Un Dieu de valeur finale doit être lui-même l’arbitre du destin et le créateur de la destinée. 98:1.4 Comme conséquence de ces facteurs dans l’évolution religieuse, la croyance populaire aux dieux insouciants du mont Olympe se développa bientôt. C’étaient des dieux plus humains que divins, et les Grecs intelligents ne les prirent jamais très au sérieux. Ils n’aimaient ni ne craignaient beaucoup ces dieux qu’ils avaient eux-mêmes créés. Ils éprouvaient un sentiment patriotique et racial pour Zeus et sa famille de demi-hommes et de demi-dieux, mais ne les révéraient et ne les adoraient guère. 98:1.5 Les Hellènes devinrent si imprégnés des doctrines anticléricales des éducateurs primitifs de Salem que nulle prêtrise d’importance n’apparut jamais en Grèce. Même la confection d’idoles pour les dieux devint plus une œuvre artistique qu’une affaire de culte. 98:1.6 Les dieux olympiens illustrent l’anthropomorphisme typique des hommes. Mais la mythologie grecque était plus esthétique qu’éthique. La religion grecque rendit service en décrivant un univers gouverné par un groupe de déités, mais bientôt la morale, l’éthique et la philosophie grecques s’avancèrent bien au-delà du concept théiste. Ce déséquilibre entre le développement intellectuel et le progrès spirituel fut aussi dangereux pour la Grèce qu’il l’avait été pour l’Inde. 2. La pensée philosophique grecque 98:2.1 Une religion superficielle et prise à la légère ne peut durer, surtout quand elle n’a pas de prêtrise pour entretenir ses formes et pour remplir de crainte et de peur le cœur de ses fidèles. La religion olympienne ne promettait pas de salut et n’étanchait pas la soif spirituelle de ses croyants ; elle était donc condamnée à périr. Moins d’un millénaire après ses débuts, elle avait presque disparu, et les Grecs se trouvèrent sans religion nationale, les dieux de l’Olympe ayant perdu leur emprise sur les meilleurs penseurs. 98:2.2 Telle était la situation lorsqu’au sixième siècle avant le Christ, une renaissance de la conscience spirituelle et un réveil de la récognition du monothéisme se produisirent en Orient et au Levant. Mais l’Occident ne participa pas à ce nouveau développement ; ni l’Europe ni l’Afrique du Nord ne prirent une grande part à cette renaissance religieuse. Quant aux Grecs, ils s’engagèrent dans un magnifique progrès intellectuel. Ils avaient commencé à dominer la peur et ne recherchaient plus la religion comme antidote, mais ils ne percevaient pas que la vraie religion rassasie l’âme et guérit l’inquiétude spirituelle et le désespoir moral. Ils cherchèrent à consoler les âmes par la pensée profonde – la philosophie et la métaphysique. Ils se détournèrent de la contemplation de la préservation de soi – le salut – et se tournèrent vers la réalisation de soi et la connaissance de soi. 98:2.3 Par la rigueur de la pensée, les Grecs essayèrent d’atteindre une conscience de la sécurité qui leur servirait de substitut à la croyance en la survie, mais ils échouèrent complètement. Seuls les individus les plus intelligents des classes supérieures des peuples hellènes pouvaient saisir ce nouvel enseignement. La masse des descendants des esclaves des générations précédentes n’avait aucune capacité de recevoir ce nouveau substitut de la religion. 98:2.4 Les philosophes dédaignèrent toutes les formes de culte et, pourtant, ils restaient pratiquement tous vaguement attachés à un arrière-plan de croyance aux doctrines de Salem sur « l’Intelligence de l’univers », « l’idée de Dieu » et « La Grande Source ». Dans la mesure où les philosophes grecs reconnaissaient le divin et le superfini, ils étaient franchement monothéistes et n’avaient guère de reconnaissance envers toute la galaxie de dieux et de déesses de l’Olympe. 98:2.5 Les poètes grecs des sixième et cinquième siècles av. J.-C., et notamment Pindare, tentèrent de réformer la religion grecque. Ils élevèrent ses idéaux, mais ils furent plutôt des artistes que des religionistes ; ils ne réussirent pas à établir une technique pour développer et conserver des valeurs suprêmes. 98:2.6 Xénophane enseigna la doctrine d’un Dieu unique, mais son concept de déité était trop panthéiste pour représenter aux hommes mortels un Père personnel. Anaxagore était un mécaniste, sauf en ce qu’il reconnaissait une Cause Première, un Mental Initial. Socrate et ses successeurs, Platon et Aristote, enseignèrent que la vertu est la connaissance, que la bonté est la santé de l’âme, qu’il vaut mieux souffrir d’une injustice que d’en être coupable, qu’il est mauvais de rendre le mal pour le mal et que les dieux sont sages et bons. Leurs vertus cardinales étaient la sagesse, le courage, la tempérance et la justice. 98:2.7 L’évolution de la philosophie religieuse chez les peuples hellènes et les Hébreux fournit, par contraste, un exemple de la fonction de l’Église comme institution pour modeler le progrès culturel. En Palestine, la pensée humaine était tellement contrôlée par les prêtres et dirigée par les Écritures que la philosophie et l’esthétique étaient entièrement englouties dans la religion et la moralité. En Grèce, l’absence presque complète de prêtres et d’« Écritures saintes » laissa le mental humain libre et sans entraves, de sorte que la profondeur de pensée se développa d’une manière surprenante ; mais la religion, en tant qu’expérience personnelle, ne réussit pas à suivre les investigations intellectuelles dans la nature et la réalité du cosmos. 98:2.8 En Grèce, la croyance était subordonnée à la pensée. En Palestine, la pensée était maintenue asservie à la croyance. La force du christianisme est due, en grande partie, à ce qu’il a fait de larges emprunts à la moralité hébraïque aussi bien qu’à la pensée grecque. 98:2.9 En Palestine, le dogmatisme religieux se cristallisa au point de compromettre tout développement ultérieur. En Grèce, la pensée humaine devint si abstraite que le concept de Dieu se résolut en un brouillard vaporeux de spéculations panthéistes se rapprochant fort de l’Infinité impersonnelle des philosophes brahmaniques. 98:2.10 Mais les hommes ordinaires de ces temps ne pouvaient saisir la philosophie grecque de la réalisation de soi et d’une déité abstraite. Ils ne s’y intéressaient d’ailleurs pas beaucoup et recherchaient plutôt des promesses de salut doublées d’un Dieu personnel susceptible d’écouter leurs prières. Ils exilèrent les philosophes et persécutèrent les derniers fidèles du culte de Salem, les deux doctrines s’étant alors beaucoup mélangées. Ils se préparèrent à la terrible plongée orgiaque dans les folies des cultes des mystères, qui envahissaient alors les contrées méditerranéennes. Les mystères d’Éleusis grandirent à l’intérieur du panthéon olympien en tant que version grecque du culte de la fécondité. Le culte dionysien de la nature fleurit également. Le culte le meilleur était la fraternité orphique, dont les sermons moraux et les promesses de salut présentaient un grand attrait pour nombre de personnes. 98:2.11 Toute la Grèce se lança dans ces nouvelles méthodes pour atteindre le salut par ce cérémonial émotionnel et ardent. Nulle nation n’avait jamais atteint, en aussi peu de temps, de pareilles hauteurs de philosophie artistique ni créé, pratiquement sans Déité et sans la moindre promesse de salut humain, un système éthique aussi avancé. Nulle nation ne plongea aussi rapidement, profondément et violemment dans un abime de stagnation intellectuelle, de dépravation morale et de carence spirituelle que ces mêmes peuples grecs quand ils se lancèrent dans le tourbillon insensé des cultes des mystères. 98:2.12 Des religions ont duré longtemps sans support philosophique, mais peu de philosophies, en tant que telles, se sont perpétuées longtemps sans quelque identification avec la religion. La philosophie est à la religion ce que la conception est à l’action. Mais l’état humain idéal est celui où la philosophie, la religion et la science sont soudées en une unité pleine de sens par l’action conjointe de la sagesse, de la foi et de l’expérience. 3. Les enseignements de Melchizédek à Rome 98:3.1 Partant des formes primitives d’adoration des dieux de la famille, la religion ultérieure des Latins devint une vénération de tribu pour Mars, le dieu de la guerre. Il était donc naturel qu’elle ressemblât davantage à une observance politique que les systèmes intellectuels des Grecs et des brahmanes ou que les religions plus spiritualistes de divers autres peuples. 98:3.2 Au cours de la grande renaissance monothéiste de l’évangile de Melchizédek pendant le sixième siècle avant le Christ, les missionnaires de Salem furent trop peu nombreux à pénétrer en Italie. Ceux qui y allèrent furent incapables de vaincre l’influence de la prêtrise étrusque en expansion rapide, avec sa nouvelle galaxie de dieux et de temples qui furent tous incorporés dans la religion d’État romaine. Cette religion des tribus latines n’était ni futile et vénale comme celles des Grecs, ni austère et tyrannique comme celle des Hébreux. Elle consistait en majeure partie à observer simplement des formes, des vœux et des tabous. 98:3.3 La religion romaine fut grandement influencée par de larges importations culturelles de Grèce. Finalement, la plupart des dieux olympiens furent transplantés et incorporés dans le panthéon latin. Les Grecs adorèrent longtemps le feu de l’âtre familial – Hestia était la déesse vierge de l’âtre. Vesta était la déesse romaine du foyer. Zeus devint Jupiter, Aphrodite devint Vénus, et ainsi de suite pour les nombreuses déités de l’Olympe. 98:3.4 L’initiation religieuse des jeunes romains était l’occasion de leur consécration solennelle au service de l’État. Les serments et les admissions à la citoyenneté étaient en réalité des cérémonies religieuses. Les peuples latins entretenaient des temples, des autels et des sanctuaires ; et, en cas de crise, ils consultaient les oracles. Ils conservaient les ossements des héros, et en firent autant, plus tard, pour ceux des saints chrétiens. 98:3.5 Cette forme officielle et froide de patriotisme pseudoreligieux était condamnée à disparaitre, comme l’adoration hautement intellectuelle et artistique des Grecs s’était effondrée devant l’adoration fervente et profondément émotive des cultes des mystères. Le plus grand de ces cultes dévastateurs était la religion du mystère de la secte de la Mère de Dieu, qui avait alors son siège à l’endroit exact de l’actuelle église Saint-Pierre de Rome. 98:3.6 L’État romain émergent fut politiquement conquérant, mais fut à son tour conquis par les cultes, rituels, mystères et les concepts de dieu de l’Égypte, de la Grèce et du Levant. Ces cultes importés continuèrent à fleurir dans tout l’empire romain jusqu’à l’époque d’Auguste. Pour des raisons purement politiques et civiles, ce dernier fit un effort héroïque et partiellement couronné de succès pour détruire les mystères et ranimer l’ancienne religion politique. 98:3.7 Un prêtre de la religion d’État exposa à Auguste les tentatives antérieures des éducateurs de Salem pour répandre la doctrine d’un Dieu unique, d’une Déité finale dominant tous les êtres surnaturels. Cette idée s’implanta si fermement chez l’empereur qu’il construisit de nombreux temples, les garnit abondamment de belles statues, réorganisa la prêtrise d’État, rétablit la religion d’État, se nomma lui-même comme faisant fonction de grand-prêtre de tout et, en tant qu’empereur, n’hésita pas à se proclamer lui-même dieu suprême. 98:3.8 Cette nouvelle religion du culte d’Auguste prospéra et fut observée dans tout l’empire durant sa vie, sauf en Palestine, foyer des Juifs. Cette époque des dieux humains se prolongea jusqu’à ce que le culte officiel romain eût un tableau de plus de quarante déités humaines s’étant élevées elles-mêmes à cette dignité, et prétendant toutes à des naissances miraculeuses et à d’autres attributs surhumains. 98:3.9 Le groupe des croyants de Salem allait s’amenuisant ; un sérieux groupement de prédicateurs, les cyniques, offrit un dernier sursaut de résistance. Ils exhortèrent les Romains à abandonner leurs rites religieux sauvages et insensés, et à revenir à une forme de culte incorporant l’évangile de Melchizédek, tel qu’il avait été modifié et altéré par contact avec la philosophie des Grecs. Mais, dans son ensemble, le peuple rejeta les cyniques et préféra se plonger dans les rituels des mystères, qui non seulement lui offraien t l’espoir du salut personnel, mais encore satisfaisaient son désir de diversion, d’excitation et de distraction. 4. Les cultes des mystères 98:4.1 Ayant perdu leurs religions primitives de famille et d’État, et ne se trouvant ni capables ni désireux de saisir le sens de la philosophie grecque, les habitants du monde gréco-romain tournèrent en majorité leur attention vers les cultes spectaculaires et émotionnels des mystères d’Égypte et du Levant. Les gens du peuple recherchaient ardemment des promesses de salut – une consolation religieuse pour aujourd’hui et des assurances d’un espoir d’immortalité pour après la mort. 98:4.2 Les trois cultes des mystères qui devinrent les plus populaires furent les suivants : 98:4.3 1. Le culte phrygien de Cybèle et de son fils Attis. 98:4.4 2. Le culte égyptien d’Osiris et de sa mère Isis. 98:4.5 3. Le culte iranien d’adoration de Mithra comme sauveur et rédempteur de l’humanité pécheresse. 98:4.6 Les mystères phrygien et égyptien enseignaient que le fils divin (respectivement Attis et Osiris) avait passé par la mort et avait été ressuscité par le pouvoir divin, et qu’en outre tous ceux qui avaient été convenablement initiés au mystère, et célébraient respectueusement les anniversaires de la mort et de la résurrection du dieu, participaient, de ce fait, de sa nature divine et de son immortalité. 98:4.7 Les cérémonies phrygiennes étaient imposantes mais dégradantes. Leurs fêtes sanglantes montrent à quel point les mystères levantins étaient devenus dégradés et primitifs. Le jour le plus saint était le Vendredi Noir, le « jour du sang », commémorant la mort volontaire d’Attis. Après les trois jours où l’on célébrait le sacrifice et la mort d’Attis, la fête tournait en liesse en l’honneur de sa résurrection. 98:4.8 Les rituels du culte d’Isis et d’Osiris étaient plus raffinés et plus impressionnants que ceux du culte phrygien. Ce rituel égyptien était bâti autour de la légende de l’ancien dieu du Nil, un dieu qui mourut et fut ressuscité. Ce concept dérivait de l’observation que la croissance des plantes s’arrête selon un rythme annuel récurrent, suivi de la régénération de tous les végétaux vivants au printemps. La frénésie dans la célébration de ces cultes des mystères et les orgies de leurs cérémonies, qui étaient censées aboutir à « l’enthousiasme » de la réalisation de la divinité, étaient parfois des plus révoltantes. 5. Le culte de Mithra 98:5.1 Les mystères phrygien et égyptien finirent par s’effacer devant le plus grand de tous les cultes des mystères, l’adoration de Mithra. Le culte mithriaque attirait un large éventail de tempéraments humains et supplanta graduellement ses deux prédécesseurs. Le mithracisme se répandit dans l’empire romain par la propagande des légions romaines recrutées au Levant, où cette religion était en vogue, car les soldats apportaient cette croyance partout où ils allaient. Ce nouveau rituel religieux fut un grand progrès sur les cultes antérieurs des mystères. 98:5.2 Le culte de Mithra naquit en Iran et subsista longtemps dans son pays d’origine, malgré l’opposition militante des disciples de Zoroastre. Mais, à l’époque où le mithracisme atteignit Rome, il avait été grandement amélioré par l’assimilation de nombreux enseignements de Zoroastre. Ce fut principalement au travers du culte mithriaque que la religion de Zoroastre exerça une influence sur le christianisme apparu plus tard. 98:5.3 Le culte mithriaque décrivait un dieu militant prenant naissance dans un grand rocher, se lançant dans de vaillants exploits et faisant jaillir de l’eau d’un rocher frappé par ses flèches. Il y avait un déluge duquel un seul homme échappait dans un bateau spécialement construit, et un dernier souper que Mithra célébrait avec le dieu-soleil avant de s’élever au ciel. Ce dieu-soleil, Sol Invictus, était une dégénération d’Ahura-Mazda, le concept de déité du zoroastrisme. Mithra était conçu comme le champion survivant du dieu-soleil dans sa lutte avec le dieu des ténèbres. En reconnaissance d’avoir tué le taureau mythique sacré, Mithra fut rendu immortel et élevé au poste d’intercesseur pour la race humaine parmi les dieux du ciel. 98:5.4 Les adhérents de ce culte le pratiquaient dans des grottes et autres lieux secrets où ils chantaient des hymnes, marmottaient des paroles magiques, mangeaient la chair des animaux sacrifiés et buvaient leur sang. Ils adoraient trois fois par jour, avec des cérémonies hebdomadaires spéciales le jour du dieu-soleil, et la célébration la plus minutieuse de toutes avait lieu lors de la fête annuelle de Mithra, le 25 décembre. La croyance était que le partage du sacrement assurait la vie éternelle, le passage immédiat, après la mort, dans le sein de Mithra, pour y demeurer dans la félicité jusqu’au jour du jugement ; ce jour-là, les clefs mithriaques du ciel ouvriraient les portes du Paradis pour y recevoir les fidèles, après quoi tous les non-baptisés parmi les vivants et les morts seraient anéantis lors du retour de Mithra sur terre. On enseignait qu’après sa mort, un homme allait devant Mithra pour être jugé, et qu’à la fin du monde, Mithra ferait sortir tous les morts de leur tombe pour le jugement dernier. Les méchants seraient détruits par le feu, et les bons régneraient avec Mithra pour toujours. 98:5.5 Au début, c’était uniquement une religion pour les hommes ; les croyants pouvaient être initiés successivement dans sept ordres différents. Plus tard, les épouses et les filles des croyants furent admises aux temples de la Grande Mère qui étaient contigus aux temples mithriaques. Le culte féminin était un mélange du rituel mithriaque et des cérémonies du culte phrygien de Cybèle, mère d’Attis. 6. Mithracisme et christianisme 98:6.1 Avant l’apparition des cultes des mystères et du christianisme dans les pays civilisés d’Afrique du Nord et d’Europe, la religion personnelle ne s’y était guère développée comme institution indépendante ; elle était plutôt une affaire de famille, de cité-État, de politique et d’empire. Les Grecs hellènes n’instituèrent jamais un système de culte centralisé ; le rituel était local ; ils n’avaient ni prêtrise ni « livre sacré ». Comme chez les Romains, leurs institutions religieuses manquaient d’un puissant agent moteur pour préserver les valeurs morales et spirituelles supérieures. Il est exact que, si l’on fait de la religion une institution, on porte généralement atteinte à sa qualité spirituelle, mais il faut bien constater aussi le fait que nulle religion n’a jusqu’ici réussi à survivre sans l’aide d’une organisation institutionnelle plus ou moins poussée. 98:6.2 La religion de l’Occident a donc langui jusqu’aux jours des sceptiques, des cyniques, des épicuriens et des stoïciens, mais, ce qui est le plus important, jusqu’à l’époque de la grande controverse entre le mithracisme et la nouvelle religion chrétienne de Paul. 98:6.3 Au cours du troisième siècle après le Christ, les Églises mithriaques et chrétiennes se ressemblèrent beaucoup quant à l’aspect extérieur et au caractère de leur rituel. Leurs lieux de culte étaient en majorité souterrains et contenaient, dans les deux cas, des autels dont les arrière-plans dépeignaient diversement les souffrances du sauveur qui avait apporté le salut à une race humaine maudite par le péché. 98:6.4 En entrant au temple, les adorateurs mithraïques avaient toujours eu l’habitude de tremper leurs doigts dans de l’eau bénite. Et, comme il y avait dans certains districts des personnes qui, à un moment donné, appartenaient aux deux religions, ils apportèrent cette coutume dans la majorité des Églises chrétiennes voisines de Rome. Les deux religions employaient le baptême et partageaient le sacrement du pain et du vin. En dehors du caractère de Mithra et de Jésus, la seule grande différence entre les religions mithriaque et chrétienne était que la première encourageait le militarisme, tandis que la seconde était ultrapacifique. Sa tolérance envers les autres religions (sauf le christianisme plus récent) conduisit le mithracisme à sa perte finale, mais le facteur décisif de la lutte entre les deux fut l’admission des femmes comme membres à part entière de la communauté de la foi chrétienne. 98:6.5 La foi chrétienne de nom finit par dominer l’Occident. La philosophie grecque fournit les concepts des valeurs éthiques, le mithracisme apporta le rituel d’observance du culte, et le christianisme, comme tel, donna la technique pour conserver les valeurs morales et sociales. 7. La religion chrétienne 98:7.1 Ce n’est pas pour réconcilier un Dieu courroucé qu’un Fils Créateur s’est incarné dans la similitude d’une chair mortelle et effusé sur l’humanité d’Urantia ; c’est plutôt pour gagner tous les hommes à la reconnaissance de l’amour du Père et à la réalisation de leur filiation avec Dieu. Après tout, même le grand avocat de la doctrine de l’expiation a quelque peu compris cette vérité, car il a proclamé que « Dieu, dans le Christ, réconciliait le monde avec lui-même. » 98:7.2 Le présent fascicule ne cherche pas à analyser l’origine et la propagation de la religion chrétienne. Il suffit de dire qu’elle est bâtie autour de la personne de Jésus de Nazareth, le Fils Micaël de Nébadon humainement incarné, connu sur Urantia comme le Christ, l’oint du Seigneur. Le christianisme fut répandu dans tout le Levant et l’Occident par les disciples de ce Galiléen. Leur zèle missionnaire égalait celui de leurs illustres prédécesseurs, les Séthites et les Salémites, aussi bien que celui de leurs sincères contemporains asiatiques, les éducateurs bouddhistes. 98:7.3 En tant que système de croyance urantien, la religion chrétienne a grandi par l’amalgamation des enseignements, influences, croyances, cultes et attitudes individuelles personnelles suivantes : 98:7.4 1. Les enseignements de Melchizédek, facteur fondamental dans toutes les religions d’Orient et d’Occident qui ont pris corps depuis quatre-mille ans. 98:7.5 2. Le système hébraïque de moralité, d’éthique, de théologie et de croyance à la fois en la Providence et en Yahweh le suprême. 98:7.6 3.La conception zoroastrienne de lutte entre le bien cosmique et le mal cosmique, conception qui avait déjà laissé son empreinte sur le judaïsme et le mithracisme. À travers un contact prolongé accompagnant les luttes entre mithracisme et christianisme, les doctrines du prophète iranien devinrent un facteur puissant dans la mise en forme et la structure théologique et philosophique des dogmes, des doctrines et de la cosmologie des versions hellénisées et latinisées des enseignements de Jésus. 98:7.7 4. Les cultes des mystères, spécialement le mithracisme, mais aussi l’adoration de la Grande Mère dans le culte phrygien. Même les légendes au sujet de la naissance de Jésus sur Urantia furent viciées par la version romaine de la naissance miraculeuse du sauveur-héros iranien Mithra, dont la venue sur terre était censée n’avoir eu pour témoins qu’un petit groupe de bergers porteurs de présents, qui avaient été informés de l’évènement imminent par des anges. 98:7.8 5. Le fait historique de la vie humaine de Joshua ben Joseph, la réalité de Jésus de Nazareth en tant que Christ glorifié, le Fils de Dieu. 98:7.9 6. Le point de vue personnel de Paul de Tarse. Et il faut noter que le mithracisme était la religion dominante à Tarse pendant son adolescence. Paul ne songeait guère que ses lettres bien intentionnées à ses convertis seraient plus tard considérées par des chrétiens comme la « parole de Dieu ». Des éducateurs de bonne volonté comme lui ne doivent pas être tenus pour responsables de l’usage que des successeurs venus bien plus tard auront fait de leurs écrits. 98:7.10 7. La pensée philosophique des Hellénistes depuis Alexandrie et Antioche, en passant par la Grèce, jusqu’à Syracuse et Rome. La philosophie des Grecs était plus en harmonie avec la version paulinienne du christianisme qu’avec aucun autre système religieux courant. Elle devint un facteur important du succès du christianisme en Occident. La philosophie grecque, doublée de la théologie de Paul, forme encore la base de l’éthique européenne. 98:7.11 À mesure que les enseignements originels de Jésus pénétrèrent l’Occident, ils furent occidentalisés et, à mesure qu’ils furent occidentalisés, ils commencèrent à perdre leur potentiel d’attrait universel pour toutes les races et toutes les sortes d’hommes. Aujourd’hui, le christianisme est devenu une religion bien adaptée aux mœurs sociales, économiques et politiques des races blanches. Il a cessé, depuis longtemps, d’être la religion de Jésus, bien qu’il dépeigne toujours vaillamment une belle religion à propos de Jésus aux personnes qui cherchent sincèrement à suivre la voie de son enseignement. Le christianisme a glorifié Jésus en tant que Christ, l’oint messianique de Dieu, mais il a grandement oublié l’évangile personnel du Maitre : la Paternité de Dieu et la fraternité universelle de tous les hommes. 98:7.12 Telle est la longue histoire des enseignements de Machiventa Melchizédek sur Urantia. Il y a bientôt quatre-mille ans que ce Fils de secours de Nébadon s’effusa sur Urantia. Au cours de ces millénaires, les enseignements du « prêtre d’El Elyon, le Très Haut Dieu » ont pénétré chez toutes les races et tous les peuples. Machiventa avait atteint le but de son effusion exceptionnelle. Le concept de Dieu était présent dans le cœur des hommes et des femmes au moment où Micaël se prépara à apparaitre sur Urantia. Ce même concept jette toujours de nouvelles flammes dans l’expérience spirituelle vivante des multiples enfants du Père Universel, pendant qu’ils vivent leur mystérieuse vie temporelle sur les planètes tourbillonnantes de l’espace. 98:7.13 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.] FASCICULE 99. Les problèmes sociaux de la religion 99:0.1 C’est quand la religion a le moins de liens avec les institutions laïques de la société qu’elle apporte son maximum de ministère social. Dans les âges passés, les réformes sociales étaient surtout confinées au domaine moral ; la religion n’était donc pas obligée d’ajuster son attitude à d’importants changements dans les systèmes économiques et politiques. Le principal problème de la religion était de tenter de remplacer le mal par le bien à l’intérieur de l’ordre social ou de la culture économique et politique de l’époque. La religion a donc indirectement tendu à perpétuer l’ordre établi de la société, à encourager le maintien du type de civilisation existant. 99:0.2 Mais la religion ne devrait s’occuper directement ni de créer de nouveaux ordres sociaux, ni de préserver les anciens. La vraie religion s’oppose en fait à la violence comme technique d’évolution sociale, mais ne s’oppose pas aux efforts intelligents de la société pour adapter ses usages et ajuster ses institutions à des conditions économiques et à des exigences culturelles nouvelles. 99:0.3 La religion approuva incidemment les réformes sociales des siècles passés, mais, au vingtième siècle, elle est nécessairement mise en demeure de s’ajuster à une reconstruction sociale étendue et continue. Les conditions de vie changent si rapidement qu’il faut grandement accélérer les modifications institutionnelles. Il faut donc que la religion se hâte de s’adapter à l’ordre social nouveau et toujours mouvant. 1. La religion et la reconstruction sociale 99:1.1 Les inventions mécaniques et la dissémination des connaissances sont en train de modifier la civilisation. Certains ajustements économiques et changements sociaux s’imposent si l’on veut éviter un désastre culturel. Ce nouvel ordre social qui approche ne s’installera pas paisiblement pour un millénaire. Il faut que la race humaine s’adapte à une série de modifications, d’ajustements et de rajustements. L’humanité est en marche vers une nouvelle destinée planétaire non révélée. 99:1.2 Il faut que la religion exerce une forte influence en faveur de la stabilité morale et du progrès spirituel ; il faut qu’elle fonctionne dynamiquement au milieu de conditions toujours changeantes et d’ajustements économiques sans fin. 99:1.3 La société d’Urantia ne peut jamais espérer se poser pour un temps comme dans les âges passés. Le navire social est sorti des havres abrités de la tradition établie ; il a commencé sa croisière sur les hautes mers de la destinée évolutionnaire. Plus que jamais dans l’histoire du monde, l’âme de l’homme a besoin de scruter soigneusement ses cartes de moralité et d’observer minutieusement la boussole de la gouverne religieuse. La suprême mission de la religion, en tant qu’influence sociale, consiste à stabiliser les idéaux de l’humanité durant ces dangereuses périodes de transition d’une phase de civilisation à une autre, d’un niveau de culture à un autre. 99:1.4 La religion n’a pas de nouveaux devoirs à accomplir, mais elle est instamment sollicitée d’agir comme guide avisé et conseiller expérimenté dans toutes les nouvelles situations humaines qui changent si rapidement. La société devient plus mécanique, plus compacte, plus complexe et extrêmement interdépendante. La religion doit se manifester pour empêcher ces étroites associations nouvelles de se faire mutuellement rétrograder ou même de s’entredétruire. Il faut que la religion agisse comme le sel cosmique empêchant les ferments du progrès d’annihiler la saveur culturelle de la civilisation. C’est seulement par le ministère de la religion que les nouvelles relations sociales et les bouleversements économiques peuvent aboutir à une fraternité durable. 99:1.5 Humainement parlant, un humanitarisme sans dieu est un noble geste, mais la vraie religion est la seule puissance susceptible d’accroitre, de manière permanente, la sensibilité d’un groupe social aux besoins et aux souffrances d’autres groupes. Dans le passé, la religion institutionnelle pouvait rester passive pendant que les classes supérieures de la société faisaient la sourde oreille aux souffrances et à l’oppression des classes inférieures sans défense, mais, dans les temps modernes, ces ordres sociaux inférieurs ne sont plus plongés dans une ignorance aussi abjecte, ni aussi impuissants politiquement. 99:1.6 La religion ne doit pas s’impliquer organiquement dans le travail laïque de la reconstruction sociale et de la réorganisation économique, mais elle doit activement rester à la hauteur des progrès de la civilisation en réaffirmant avec netteté et vigueur ses commandements moraux et ses préceptes spirituels, sa philosophie progressive de la vie humaine et de la survie transcendante. L’esprit de la religion est éternel, mais la forme de son expression doit être remise au point à chaque révision du dictionnaire de la langue humaine. 2. Faiblesse de la religion institutionnelle 99:2.1 La religion institutionnelle est impuissante à procurer l’inspiration et à fournir des directives pour la reconstruction sociale et la réorganisation économique imminentes à l’échelle mondiale, parce qu’elle est malheureusement devenue plus ou moins une partie organique de l’ordre social et du système économique qui sont destinés à être reconstruits. Seule la vraie religion d’expérience spirituelle personnelle peut fonctionner utilement et créativement dans la présente crise de la civilisation. 99:2.2 La religion institutionnelle est maintenant prise dans l’impasse d’un cercle vicieux. Elle ne peut reconstruire la société qu’en se reconstruisant d’abord elle-même et, du fait qu’elle fait largement partie intégrante de l’ordre établi, elle ne peut se reconstruire avant que la société ait été rebâtie radicalement. 99:2.3 Il faut que les religionistes travaillent dans la société, dans l’industrie et dans la politique en tant qu’individus, et non en tant que groupes, partis ou institutions. Un groupe religieux qui se permet d’agir comme tel en dehors de ses activités religieuses devient immédiatement un parti politique, une organisation économique ou une institution sociale. Le collectivisme religieux doit limiter ses efforts à promouvoir des causes religieuses. 99:2.4 Les religionistes n’ont pas plus de valeur que les non-religieux dans les tâches de reconstruction sociale, sauf dans la mesure où leur religion leur a conféré une plus grande clairvoyance cosmique et les a doués d’une sagesse sociale supérieure née du sincère désir d’aimer Dieu suprêmement et d’aimer tous les hommes comme des frères dans le royaume des cieux. L’ordre social idéal est celui où chaque homme aime son voisin comme il s’aime lui-même. 99:2.5 L’Église institutionnalisée peut donner l’apparence d’avoir servi la société dans le passé en glorifiant l’ordre politique et économique établi, mais, si elle veut survivre, elle doit cesser rapidement toute activité de ce genre. Sa seule attitude convenable consiste à enseigner la non-violence, la doctrine de l’évolution paisible, au lieu de la révolution violente – paix sur terre et bonne volonté parmi les hommes. 99:2.6 Si la religion moderne trouve difficile d’adapter son attitude aux rapides changements sociaux, c’est seulement parce qu’elle s’est laissée aller à devenir complètement traditionnelle, dogmatique et institutionnelle. La religion de l’expérience vivante n’éprouve aucune difficulté à anticiper sur tous les développements sociaux et les bouleversements économiques ; elle opère toujours parmi eux comme stabilisateur moral, guide social et pilote spirituel. La vraie religion transporte d’un âge à l’autre la culture valable et la sagesse née de l’expérience consistant à connaitre Dieu et à s’efforcer de lui ressembler. 3. La religion et les religionistes. 99:3.1 Le christianisme primitif était entièrement libre d’imbrications civiles, d’engagements sociaux et d’alliances économiques. C’est seulement plus tard que le christianisme, rendu institutionnel, devint une partie organique de la structure politique et sociale de la civilisation occidentale. 99:3.2 Le royaume des cieux n’est ni un ordre social, ni un ordre économique ; il est une fraternité exclusivement spirituelle d’individus connaissant Dieu. Il n’en est pas moins vrai que cette fraternité constitue par elle-même un phénomène social nouveau et étonnant, accompagné de répercussions économiques et sociales stupéfiantes. 99:3.3 Le religioniste n’est ni indifférent aux souffrances sociales, ni inattentif aux injustices civiles, ni isolé de la pensée économique, ni insensible à la tyrannie politique. La religion influence directement la reconstruction sociale, parce qu’elle spiritualise et idéalise chaque citoyen individuellement. Indirectement, la civilisation culturelle est influencée par l’attitude de ces religionistes individuels à mesure qu’ils deviennent membres actifs et influents de divers groupes sociaux, moraux, économiques et politiques. 99:3.4 Atteindre une haute civilisation culturelle exige, en premier lieu, le type idéal de citoyen et, ensuite, des mécanismes sociaux idéaux et adéquats permettant à cette citoyenneté de contrôler les institutions économiques et politiques de cette société humaine évoluée. 99:3.5 Par suite d’un excès de fausse sentimentalité, l’Église a longtemps apporté son ministère aux défavorisés et aux malheureux, et ceci était tout à fait bien, mais cette même sentimentalité a conduit à perpétuer imprudemment des lignées racialement dégénérées qui ont formidablement retardé le progrès de la civilisation. 99:3.6 Beaucoup de reconstructeurs sociaux individuels, tout en répudiant avec véhémence la religion institutionnelle, sont, après tout, des religieux zélés dans la propagation de leurs réformes sociales. C’est ainsi qu’une motivation religieuse personnelle et plus ou moins reconnue joue un grand rôle dans le programme de reconstruction sociale de nos jours. 99:3.7 La grande faiblesse de tous ces types d’activités religieuses méconnues et inconscientes réside dans leur incapacité de bénéficier de la critique religieuse ouverte et d’atteindre, par ce moyen, des niveaux profitables d’autocorrection. Il est de fait que la religion ne se développe que si elle est disciplinée par une critique constructive, amplifiée par la philosophie, purifiée par la science et nourrie par une loyale camaraderie. 99:3.8 La religion est toujours menacée par le grand danger de se déformer et de se corrompre en poursuivant des buts erronés, comme c’est le cas en temps de guerre, où chaque nation en lutte prostitue sa religion pour la transformer en propagande militaire. Le zèle sans amour est toujours nuisible à la religion, et les persécutions détournent les activités religieuses vers l’accomplissement de quelque poussée sociologique ou théologique. 99:3.9 La religion ne peut rester libre d’alliances séculières profanes que par les moyens suivants : 99:3.10 1. Une philosophie corrective par la critique. 99:3.11 2. L’indépendance de toute alliance sociale, économique et politique. 99:3.12 3. Des communautés créatives, rassurantes et développant l’amour. 99:3.13 4. L’épanouissement progressif de la clairvoyance spirituelle et l’appréciation des valeurs cosmiques. 99:3.14 5. La prévention du fanatisme compensée par une attitude mentale scientifique. 99:3.15 En tant que groupe, les religionistes ne doivent jamais s’occuper d’autre chose que de religion, bien qu’à titre individuel, n’importe lequel d’entre eux puisse devenir le chef éminent d’un mouvement de reconstruction sociale, économique ou politique. 99:3.16 Le rôle de la religion est de créer, de soutenir et d’inspirer chez chaque citoyen la loyauté cosmique qui l’orientera vers la réussite dans le progrès de tous ces services sociaux difficiles, mais souhaitables. 4. Difficultés de transition 99:4.1 La religion authentique donne au religioniste une auréole sociale et des connaissances intimes sur la communauté humaine ; mais la formalisation des groupes religieux détruit bien souvent les valeurs mêmes pour lesquelles ces groupes avaient été organisés. L’amitié humaine et la religion divine s’entraident et s’éclairent mutuellement de manière significative, pourvu qu’elles croissent toutes deux dans l’équilibre et l’harmonie. La religion introduit de nouvelles significations dans toutes les associations de groupes – familles, écoles et cercles. Elle apporte de nouvelles valeurs aux jeux et exalte le véritable humour. 99:4.2 La fonction de direction sociale est transformée par la clairvoyance spirituelle ; la religion empêche tous les mouvements collectifs de perdre de vue leurs véritables objectifs. Au même titre que les enfants, la religion est le grand facteur d’unification de la vie de famille, pourvu qu’elle soit une foi vivante et croissante. Il ne peut y avoir de vie de famille sans enfants ; on peut en vivre une sans religion, mais ce handicap multiplie énormément les difficultés de cette intime association humaine. Dans les premières décennies du vingtième siècle, c’est la vie de famille qui, après la religion personnelle, a le plus souffert de la décadence résultant de la transition entre d’anciennes obédiences religieuses et de nouvelles significations et valeurs émergentes. 99:4.3 La vraie religion est une manière significative de vivre dynamiquement face aux réalités ordinaires de la vie quotidienne. Mais, si la religion doit stimuler le développement individuel du caractère et accroitre l’intégration de la personnalité, elle ne doit pas être uniformisée. Si elle doit stimuler l’appréciation de l’expérience et servir de valeur d’attraction, il ne faut pas qu’elle soit stéréotypée. Si la religion doit promouvoir des loyautés suprêmes, elle ne doit pas être formaliste. 99:4.4 Peu importent les bouleversements qui peuvent accompagner la croissance économique et sociale de la civilisation ; la religion est authentique et valable si elle entretient chez l’individu une expérience dans laquelle prévaut la souveraineté de la vérité, de la beauté et de la bonté, car c’est là le vrai concept spirituel de la réalité suprême. Par l’amour et l’adoration, elle devient significative en tant que communion avec les hommes et filiation avec Dieu. 99:4.5 Après tout, c’est plutôt ce que l’on croit que ce que l’on connait qui détermine la conduite et domine les réalisations personnelles. La connaissance purement factuelle exerce très peu d’influence sur l’homme moyen, à moins qu’elle ne soit stimulée émotivement. Mais la stimulation de la religion est supraémotionnelle ; elle unifie toute l’expérience humaine sur des niveaux transcendentaux par contact et libération d’énergies spirituelles dans la vie mortelle. 99:4.6 Durant les temps psychologiquement troublés du vingtième siècle, parmi les bouleversements économiques, les contre-courants moraux et les déchirements sociologiques périodiques accompagnant les transitions orageuses d’une ère scientifique, des milliers et des milliers d’hommes et de femmes sont devenus des pantins ; ils sont anxieux, agités, craintifs, incertains et instables. Plus que jamais dans l’histoire du monde, ils ont besoin de la consolation et de la stabilité d’une religion saine. En face de réalisations scientifiques et de développements mécaniques sans précédent, on trouve une stagnation spirituelle et un chaos philosophique. 99:4.7 Il n’est pas dangereux que la religion devienne de plus en plus une affaire privée – une expérience personnelle – pourvu qu’elle ne perde pas de vue sa motivation de service social désintéressé et aimant. La religion a souffert de beaucoup d’influences secondaires : mélanges soudains de cultures, enchevêtrements de croyances, diminution de l’autorité ecclésiastique, modification de la vie de famille, ainsi que l’urbanisation et la mécanisation. 99:4.8 Le plus grand péril spirituel pour les hommes est le progrès partiel, la situation fâcheuse d’une croissance inachevée : abandonner les religions évolutionnaires de la peur sans saisir immédiatement la religion révélatrice de l’amour. La science moderne, et surtout la psychologie, n’ont affaibli que les religions dépendant essentiellement de la peur, des superstitions et des émotions. 99:4.9 Une transition est toujours accompagnée de confusion. Le monde religieux ne jouira guère de la tranquillité avant la fin de la grande lutte entre les trois philosophies de la religion qui se disputent la prééminence : 99:4.10 1. La croyance spiritiste (en une Déité providentielle) de nombreuses religions. 99:4.11 2. Les croyances humanistes et idéalistes de beaucoup de philosophies. 99:4.12 3. Les conceptions mécanistes et naturalistes de beaucoup de sciences. 99:4.13 Ces trois approches partielles de la réalité du cosmos doivent finir par s’harmoniser grâce à la présentation révélatrice de la religion, de la philosophie et de la cosmologie qui décrit l’existence trine de l’esprit, du mental et de l’énergie comme provenant de la Trinité du Paradis et atteignant l’unification spaciotemporelle dans la Déité du Suprême. 5. Les aspects sociaux de la religion 99:5.1 La religion est exclusivement une expérience spirituelle personnelle – connaitre Dieu comme un Père – mais le corollaire de cette expérience – connaitre l’homme comme son frère – entraine l’ajustement du « moi » à d’autres « moi », ce qui implique l’aspect social ou collectif de la vie religieuse. La religion est d’abord un ajustement intérieur ou personnel ; elle devient ensuite une affaire de service social ou d’ajustement à un groupe. La formation de groupes religieux découle forcément du caractère grégaire des hommes, et le sort de ces groupes religieux dépend beaucoup de l’intelligence de leurs chefs. Dans la société primitive, le groupe religieux n’est pas toujours très différent des groupes économiques et politiques. La religion a toujours été conservatrice de morale et stabilisatrice de société. Cela reste vrai, bien que de nombreux socialistes et humanistes modernes enseignent le contraire. 99:5.2 N’oubliez jamais ceci : la vraie religion consiste à connaitre Dieu comme votre Père et l’homme comme votre frère. La religion ne consiste pas à croire servilement à des menaces de punition ou à des promesses magiques de récompenses mystiques futures. 99:5.3 La religion de Jésus est l’influence la plus dynamique qui ait jamais stimulé la race humaine. Jésus a mis en pièces les traditions, détruit les dogmes et appelé l’humanité à réaliser ses plus hauts idéaux dans le temps et dans l’éternité – être parfaite comme le Père qui est aux cieux est parfait. 99:5.4 La religion a peu de chances de jouer son rôle avant que le groupe religieux ne se sépare de tous les autres groupes et ne forme l’association sociale des membres spirituels du royaume des cieux. 99:5.5 La doctrine de la dépravation totale de l’homme a détruit une grande partie du potentiel dont la religion disposait pour produire des répercussions sociales élévatrices par leur nature et inspirantes par leur valeur. Jésus chercha à rétablir la dignité de l’homme en proclamant que tous les hommes sont enfants de Dieu. 99:5.6 Toute croyance religieuse qui réussit à spiritualiser le croyant est certaine d’avoir une répercussion puissante dans la vie sociale de ce croyant. L’expérience religieuse produit infailliblement les « fruits de l’esprit » dans la vie quotidienne du mortel guidé par l’esprit. 99:5.7 Tout aussi certainement que les hommes partagent leurs croyances religieuses, ils créent une sorte de groupe religieux, lequel crée finalement des buts communs. Un jour, les religionistes se réuniront et se mettront à coopérer réellement sur la base de l’unité des idéaux et des buts, plutôt que de tenter d’y parvenir en se basant sur des opinions psychologiques et des croyances théologiques. Ce sont les buts plutôt que les crédos qui devraient unir les religionistes. Puisque la vraie religion est une affaire d’expérience spirituelle personnelle, il est inévitable qu’individuellement, chaque religioniste ait sa propre interprétation personnelle de la manière de réaliser cette expérience spirituelle. Le mot « foi » devrait représenter la relation de l’individu avec Dieu, plutôt qu’une formule de crédo sur laquelle un groupe de mortels est parvenu à s’accorder en tant qu’attitude religieuse commune. « Avez-vous la foi ? Alors, ayez-la pour vous-même. » 99:5.8 La foi ne s’occupe que de saisir des valeurs idéales ; ceci est mis en évidence dans la définition du Nouveau Testament déclarant que la foi est la substance des choses que l’on espère et la démonstration de celles qu’on ne voit pas. 99:5.9 L’homme primitif faisait peu d’efforts pour exprimer en paroles ses convictions religieuses. Il dansait sa religion plus qu’il ne l’exprimait en pensée. Les hommes modernes ont imaginé bien des croyances et créé bien des critères de foi religieuse. Il faut que les futurs religionistes vivent leur religion, se consacrent sincèrement au service de la fraternité humaine. Il est grand temps que les hommes aient une expérience religieuse si personnelle et si sublime qu’elle ne puisse se concevoir et se manifester que par des « sentiments trop profonds pour s’exprimer par des mots ». 99:5.10 Jésus ne demandait pas à ses disciples de se réunir périodiquement pour réciter des assemblages de mots indiquant leurs croyances communes. Il ordonna seulement qu’ils se réunissent pour effectivement faire quelque chose – prendre part au souper commun en souvenance de sa vie d’effusion sur Urantia. 99:5.11 Quelle erreur font les Chrétiens qui, tout en présentant le Christ comme idéal suprême de guide spirituel, exigent que les hommes et les femmes conscients de Dieu rejettent le leadership historique des hommes connaissant Dieu qui ont contribué à éclairer leur nation ou leur race particulière durant les âges passés. 6. La religion institutionnelle 99:6.1 Le sectarisme est une maladie de la religion institutionnelle, et le dogmatisme est un esclavage de la nature spirituelle. Il vaut bien mieux avoir une religion sans Église qu’une Église sans religion. Le tumulte religieux du vingtième siècle n’est pas en lui-même et par lui-même un indice de décadence spirituelle. La confusion apparait aussi bien avant la croissance qu’avant la destruction. 99:6.2 Il y a un but réel dans la socialisation de la religion. Les activités religieuses collectives ont pour but de mettre en scène la fidélité envers la religion ; de magnifier les attraits de la vérité, de la beauté et de la bonté ; d’entretenir l’attirance des valeurs suprêmes ; d’amplifier le service de fraternité désintéressé ; de glorifier les potentiels de la vie de famille ; de promouvoir l’éducation religieuse ; de fournir de sages conseils et des directives spirituelles et d’encourager le culte en commun. Toutes les religions vivantes encouragent l’amitié humaine, préservent la moralité, favorisent le bien-être du voisinage et facilitent la diffusion de l’évangile essentiel de leurs messages respectifs de salut éternel. 99:6.3 Mais, à mesure que la religion se conforme à des institutions, son pouvoir de faire du bien s’amenuise, tandis que ses possibilités de faire du mal s’accroissent considérablement. Les dangers de la religion formaliste sont les suivants : fixation des croyances et cristallisation des sentiments ; accumulation des droits acquis avec accroissements de la sécularisation ; tendance à uniformiser et à fossiliser la vérité ; religion détournée du service de Dieu au service de l’Église ; penchant des chefs à devenir administrateurs au lieu de ministres ; tendance à former des sectes et des divisions en concurrence ; établissement d’une autorité ecclésiastique oppressive ; naissance de l’état d’esprit aristocratique du « peuple élu » ; entretien d’idées fausses et exagérées sur le sacré ; religion rendue routinière et culte pétrifié ; tendance à vénérer le passé en ignorant les besoins présents ; inaptitude à donner une interprétation moderne de la religion ; enchevêtrement avec des fonctions dans les institutions laïques ; en outre, la religion formaliste crée la fâcheuse discrimination des castes religieuses, elle devient un juge intolérant de l’orthodoxie, elle ne réussit pas à retenir l’intérêt de la jeunesse aventureuse et elle perd graduellement le message sauveur de l’évangile de salut éternel. 99:6.4 La religion officielle freine les hommes dans leurs activités spirituelles personnelles au lieu de les libérer pour un service plus élevé de bâtisseurs du royaume. 7. Apports de la religion 99:7.1 Les Églises et tous les autres groupes religieux devraient se tenir à l’écart de toute activité laïque, mais, en même temps, la religion ne doit rien faire pour gêner ou retarder la coordination sociale des institutions humaines. La vie doit continuer à croitre en signification ; l’homme doit poursuivre sa réforme de la philosophie et sa clarification de la religion. 99:7.2 Il faut que la science politique reconstruise l’économie et l’industrie par les techniques qu’elle apprend des sciences sociales et par la clairvoyance et les motifs fournis par la vie religieuse. Dans toute reconstruction sociale, la religion apporte une fidélité stabilisatrice envers un objet transcendant, un but équilibrant situé au-delà et au-dessus de l’objectif temporel immédiat. Au milieu des confusions d’un environnement qui change rapidement, l’homme mortel a besoin d’être soutenu par une vaste perspective cosmique. 99:7.3 La religion inspire à l’homme le courage et la joie de vivre sur terre ; elle unit la patience à la passion, la clairvoyance au zèle, la sympathie au pouvoir et les idéaux à l’énergie. 99:7.4 Jamais un homme ne peut prendre une décision sage sur des questions temporelles ni transcender l’égoïsme des intérêts personnels, à moins de méditer en présence de la souveraineté de Dieu et de faire entrer en ligne de compte les réalités des significations divines et des valeurs spirituelles. 99:7.5 L’interdépendance économique et la fraternisation sociale conduiront finalement à la fraternité. L’homme est naturellement un rêveur, mais la science le dégrise et permet à la religion de l’animer en risquant alors beaucoup moins de précipiter des réactions fanatiques. Les nécessités économiques lient l’homme à la réalité, et l’expérience religieuse personnelle amène le même homme face à face avec les réalités éternelles d’une citoyenneté cosmique en expansion et en progrès constants. 99:7.6 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.] FASCICULE 100. La religion dans l’expérience humaine 100:0.1 L’expérience d’une vie religieuse dynamique transforme un individu médiocre en une personnalité douée d’un pouvoir idéaliste. La religion contribue au progrès de tous en encourageant le progrès de chaque individu, et le progrès de chacun est accru par l’accomplissement de tous. 100:0.2 La croissance spirituelle est mutuellement stimulée par l’association intime avec d’autres religionistes. L’amour fournit le terrain du développement religieux – un attrait objectif au lieu d’une satisfaction subjective – et, cependant, il donne la satisfaction subjective suprême. La religion ennoblit les corvées banales de la vie quotidienne. 1. Croissance religieuse 100:1.1 La religion produit la croissance des significations et le rehaussement des valeurs, mais, si l’on se permet d’attribuer un caractère absolu à des évaluations purement personnelles, il en résulte toujours un mal. Un enfant évalue l’expérience d’après le plaisir qu’elle procure. L’homme est mûr dans la mesure où il substitue des significations supérieures au plaisir personnel, allant jusqu’à l’allégeance aux plus hauts concepts des situations de vie diversifiées et des relations cosmiques. 100:1.2 Certaines personnes sont trop affairées pour croitre et se trouvent alors en sérieux danger d’immobilisme spirituel. Il faut prendre des dispositions pour la croissance des significations à différents âges, dans les cultures successives et dans les stades passagers des civilisations progressives. Les principaux inhibiteurs de la croissance sont les préjugés et l’ignorance. 100:1.3 Donnez à tout enfant qui se développe une chance de faire sa propre expérience religieuse et ne lui imposez pas une expérience adulte toute faite. Rappelez-vous que le passage, année après année, par les classes successives d’un régime d’instruction établi ne signifie pas nécessairement qu’il y ait progrès intellectuel, et encore bien moins croissance spirituelle. Élargissement du vocabulaire ne veut pas dire développement du caractère. La croissance ne se reconnait pas vraiment aux simples résultats, mais plutôt aux progrès effectués. Le véritable développement éducatif ressort du rehaussement des idéaux, de l’appréciation accrue des valeurs, des nouvelles significations attribuées aux valeurs et d’une fidélité plus grande aux valeurs suprêmes. 100:1.4 Les enfants ne sont impressionnés d’une manière permanente que par le loyalisme de leurs compagnons adultes ; les préceptes et même l’exemple n’ont pas d’influence durable. Les personnes loyales sont des personnes en cours de croissance, et la croissance est une réalité impressionnante et inspirante. Vivez loyalement aujourd’hui – croissez – et demain prendra soin de lui-même. La manière la plus rapide pour un têtard de devenir une grenouille est de vivre loyalement chaque instant comme un têtard. 100:1.5 Le terrain essentiel à la croissance religieuse présuppose une vie progressive de réalisation de soi, la coordination des tendances naturelles, l’exercice de la curiosité et le plaisir d’aventures raisonnables, le fait d’éprouver des sentiments de satisfaction, le fonctionnement de la peur pour stimuler l’attention et la conscience, l’attrait du merveilleux et l’humilité, c’est-à-dire une conscience normale de notre petitesse. La croissance est également basée sur la découverte de soi accompagnée d’autocritique – de conscience – car la conscience est réellement la critique de soi par notre propre échelle de valeurs, par nos idéaux personnels. 100:1.6 L’expérience religieuse est notablement influencée par la santé physique, le tempérament hérité et le milieu social. Mais ces conditions temporelles n’empêchent pas le progrès spirituel intérieur d’une âme consacrée à faire la volonté du Père qui est aux cieux. Il existe, chez tous les mortels normaux, certaines tendances innées à la croissance et à la réalisation de soi, qui agissent si elles ne sont pas spécifiquement inhibées. La technique infaillible pour stimuler cette dotation constitutive du potentiel de la croissance spirituelle est de maintenir une attitude de sincère dévotion aux valeurs suprêmes. 100:1.7 La religion ne peut être ni conférée, ni reçue, ni prêtée, ni apprise, ni perdue. Elle est une expérience personnelle qui grandit proportionnellement à la recherche croissante des valeurs finales. La croissance cosmique accompagne donc l’accumulation des significations et l’élévation toujours plus poussée des valeurs. Mais la noblesse en elle-même est toujours une croissance inconsciente. 100:1.8 Les habitudes religieuses de pensée et d’action contribuent à l’économie de la croissance spirituelle. On peut développer des prédispositions religieuses qui conduiront à réagir favorablement à des stimulus spirituels, une sorte de réflexe spirituel conditionné. Les habitudes qui favorisent la croissance religieuse englobent la culture de la sensibilité aux valeurs divines, la récognition de la vie religieuse chez les autres, la méditation réfléchie sur les significations cosmiques, la résolution des problèmes par l’adoration, le partage de votre vie spirituelle avec celle de vos compagnons, le fait d’éviter l’égoïsme, le refus d’escompter la miséricorde divine et l’habitude de vivre comme si l’on se trouvait en présence de Dieu. Les facteurs de la croissance religieuse peuvent être intentionnels, mais la croissance elle-même est invariablement inconsciente. 100:1.9 La nature inconsciente de la croissance religieuse ne signifie cependant pas qu’elle soit une activité fonctionnant dans des domaines prétendument subconscients de l’intellect humain ; elle dénote plutôt des activités créatives dans les niveaux superconscients du mental mortel. L’expérience de la réalisation de la réalité de la croissance religieuse inconsciente est la seule preuve positive de l’existence fonctionnelle de la superconscience. 2. Croissance spirituelle 100:2.1 Le développement spirituel dépend, en premier lieu, du maintien d’un lien spirituel vivant avec de vraies forces spirituelles, et, en second lieu, de la production continue de fruits spirituels par transmission, à vos compagnons, de l’aide que vous avez reçue de vos bienfaiteurs spirituels. Le progrès spirituel est basé sur la récognition intellectuelle de la pauvreté spirituelle, doublée de la conscience personnelle de la soif de perfection, du désir de connaitre Dieu et d’être semblable à lui, de l’intention sincère de faire la volonté du Père qui est aux cieux. 100:2.2 La croissance spirituelle est d’abord un éveil aux besoins, ensuite un discernement des significations et enfin une découverte des valeurs. La preuve du vrai développement spirituel consiste dans la manifestation d’une personnalité humaine motivée par l’amour, animée par un esprit de service désintéressé et dominée par l’adoration sincère des idéaux de perfection de la divinité. L’ensemble de cette expérience constitue la réalité de la religion par contraste avec les simples croyances théologiques. 100:2.3 La religion peut progresser jusqu’au niveau d’expérience où elle devient une technique éclairée et sage pour réagir spirituellement à l’univers. Cette religion glorifiée peut opérer sur trois niveaux de la personnalité humaine : l’intellectuel, le morontiel et le spirituel ; sur le mental, dans l’âme évoluante et avec l’esprit intérieur. 100:2.4 La spiritualité indique immédiatement votre proximité de Dieu et la mesure de votre utilité pour vos compagnons. La spiritualité rehausse l’aptitude à découvrir la beauté dans les choses, à reconnaitre la vérité dans les significations et à trouver la bonté dans les valeurs. Le développement spirituel est déterminé par cette capacité et il est directement proportionnel à l’élimination des aspects égoïstes de l’amour. 100:2.5 Le statut spirituel effectif est la mesure de l’aboutissement à la Déité, l’harmonisation avec l’Ajusteur. Accomplir la finalité de la spiritualité équivaut à atteindre le summum de la réalité, le maximum de ressemblance avec Dieu. La vie éternelle est la recherche perpétuelle des valeurs infinies. 100:2.6 Le but de la réalisation de soi, pour l’homme, devrait être spirituel et non matériel. Les seules réalités qui vaillent l’effort sont divines, spirituelles et éternelles. L’homme mortel a droit à la joie des plaisirs physiques et à la satisfaction des affections humaines ; il tire bénéfice de sa fidélité aux associations humaines et aux institutions temporelles ; mais ce ne sont pas là les fondations éternelles sur lesquelles il faut bâtir la personnalité immortelle qui devra transcender l’espace, vaincre le temps et accomplir la destinée éternelle de perfection divine et de service finalitaire. 100:2.7 Jésus dépeignit la sécurité profonde de l’homme connaissant Dieu en disant : « Pour celui qui connait Dieu et croit au royaume, qu’importe si toutes les choses terrestres s’effondrent ? » Les sécurités temporelles sont vulnérables, mais les sécurités spirituelles sont invulnérables. Quand les marées de l’adversité humaine, de l’égoïsme, de la cruauté, de la haine, de la méchanceté et de la jalousie viennent battre l’âme du mortel, on peut se reposer dans l’assurance qu’il existe un bastion intérieur, la citadelle de l’esprit, qui est absolument inexpugnable ; du moins est-ce vrai pour tout être humain qui a confié la garde de son âme à l’esprit intérieur du Dieu éternel. 100:2.8 Après cet accomplissement spirituel assuré soit par une croissance graduelle, soit par une crise spécifique, il se produit une réorientation de la personnalité, accompagnée du développement d’une nouvelle échelle de valeurs. De tels individus, nés d’esprit, ont des motivations de vie si renouvelées qu’ils peuvent assister avec calme à la mort de leurs plus chères ambitions et à la destruction de leurs espoirs les plus ardents. Ils savent pertinemment que ces catastrophes sont simplement des cataclysmes rectificateurs qui ruinent leurs créations temporelles, préalablement à la construction des réalités plus nobles et plus durables d’un niveau à la fois nouveau et plus sublime d’accomplissement universel. 3. Concepts de valeur suprême 100:3.1 La religion n’est pas une technique pour obtenir une paix mentale statique et sereine ; c’est une impulsion destinée à organiser l’âme pour un service dynamique. C’est l’enrôlement de la totalité de l’individualité dans une allégeance pour aimer Dieu et servir les hommes. La religion paie à n’importe quel prix ce qui est essentiel pour atteindre le but suprême, la récompense éternelle. Il y a une plénitude de consécration dans la loyauté religieuse dont la sublimité est magnifique, et cette loyauté est socialement efficace et spirituellement progressive. 100:3.2 Pour le religioniste, le mot Dieu devient un symbole signifiant l’approche de la réalité suprême et la récognition de la valeur divine. Ce ne sont ni les préférences ni les aversions humaines qui déterminent le bien et le mal ; les valeurs morales ne résultent pas de ce que les désirs sont exaucés ou les émotions frustrées. 100:3.3 En méditant sur les valeurs, il faut distinguer entre ce qui est une valeur et ce qui a une valeur. Il faut reconnaitre la relation entre des activités agréables, leur intégration significative et leur réalisation rehaussée sur des niveaux d’expérience humaine constamment et progressivement plus élevés. 100:3.4 La signification est quelque chose que l’expérience ajoute à la valeur ; c’est la conscience appréciative des valeurs. Un plaisir isolé et purement égoïste peut comporter une dévalorisation virtuelle des significations, une jouissance dépourvue de sens et frisant le mal relatif. Les valeurs sont expérientielles quand les réalités sont significatives et mentalement associées, quand de telles relations sont reconnues et appréciées par le mental. 100:3.5 Les valeurs ne peuvent jamais être statiques ; réalité signifie changement, croissance. Le changement sans croissance, sans expansion de signification et sans exaltation de valeur, est sans valeur – c’est un mal potentiel. Plus sa qualité d’adaptation cosmique est grande, plus une expérience possède de signification. Les valeurs ne sont pas des illusions conceptuelles ; elles sont réelles, mais dépendent toujours du fait de l’existence des relations. Les valeurs sont toujours à la fois actuelles et potentielles – elles ne représentent pas ce qui était, mais ce qui est et ce qui sera. 100:3.6 L’association des actuels et des potentiels équivaut à la croissance, à la réalisation expérientielle des valeurs. Mais la croissance n’est pas simplement le progrès. Le progrès est toujours significatif, mais, à défaut de croissance, il est relativement sans valeur. La valeur suprême de la vie humaine consiste dans la croissance des valeurs, dans le progrès des significations et dans la réalisation de la corrélation cosmique intime entre ces deux expériences. Et une telle expérience équivaut à avoir conscience de Dieu. Un tel mortel, bien que n’étant pas surnaturel, devient vraiment suprahumain ; une âme immortelle est en évolution. 100:3.7 L’homme ne peut provoquer la croissance, mais il peut lui fournir des conditions favorables. La croissance est toujours inconsciente, qu’elle soit physique, intellectuelle ou spirituelle. C’est ainsi que croit l’amour ; on ne peut ni le créer, ni le fabriquer, ni l’acheter ; il faut qu’il croisse. L’évolution est une technique cosmique de croissance. La croissance sociale ne peut être assurée par la législation, ni la croissance morale par une meilleure administration. L’homme peut construire une machine, mais sa valeur réelle doit dériver de la culture humaine et d’une appréciation personnelle. L’unique contribution de l’homme à la croissance est la mobilisation de la totalité des pouvoirs de sa personnalité – sa foi vivante. 4. Problèmes de croissance 100:4.1 Une vie religieuse est une vie dévouée et une vie dévouée est une vie créative, originale et spontanée. De nouvelles clairvoyances religieuses surgissent de conflits qui déclenchent le choix de nouvelles et meilleures habitudes de réagir, pour remplacer les modèles anciens et inférieurs de réaction. C’est seulement dans des conflits que de nouvelles significations émergent, et un conflit ne persiste que si l’on refuse d’adopter les valeurs supérieures impliquées dans des significations plus élevées. 100:4.2 La perplexité est inévitable en religion ; il ne peut y avoir de croissance sans conflits psychiques et sans agitation spirituelle. L’organisation d’une norme de vie philosophique entraine des commotions considérables dans le domaine philosophique du mental. Ce n’est pas sans lutte que l’on exerce sa loyauté envers ce qui est grand, bon, vrai et noble. La clarification de la vision spirituelle et le rehaussement de la perspicacité cosmique s’accompagnent d’efforts, et l’intellect humain proteste quand il est sevré de la nourriture que lui procuraient les énergies non spirituelles de l’existence temporelle. Le mental animal indolent se rebelle devant l’effort exigé par la lutte pour résoudre les problèmes cosmiques. 100:4.3 Cependant, le grand problème de la vie religieuse consiste à unifier les pouvoirs de l’âme de la personnalité par la domination de l’AMOUR. La santé, l’efficacité mentale et le bonheur résultent de l’unification de systèmes physiques, de systèmes mentaux et de systèmes spirituels. L’homme comprend beaucoup de choses concernant la santé physique et la santé mentale, mais il a vraiment des idées très peu claires sur le bonheur. Le plus grand bonheur est indissolublement lié au progrès spirituel. La croissance spirituelle procure une joie durable, une paix qui dépasse toute compréhension. 100:4.4 Dans la vie physique, les sens révèlent l’existence des choses et le mental découvre la réalité des significations ; mais c’est l’expérience spirituelle qui révèle aux individus les vraies valeurs de la vie. On atteint ces niveaux supérieurs de vie dans l’amour suprême de Dieu et dans l’amour désintéressé des hommes. Si vous aimez vos compagnons, c’est que vous avez découvert leur valeur. Jésus aimait tellement les hommes parce qu’il leur attribuait une haute valeur. C’est en découvrant les mobiles de vos associés que vous découvrez le mieux leur valeur. Si quelqu’un vous irrite et suscite en vous du ressentiment, vous devriez chercher avec sympathie à discerner son point de vue, les motifs de sa conduite désagréable. Dès lors que vous comprenez votre voisin, vous devenez tolérant, et cette tolérance va se transformer, croitre en amitié et murir en amour. 100:4.5 Essayez de voir, par la pensée, l’image d’un de vos ancêtres primitifs à l’âge des cavernes – un lourdaud petit, mal bâti, sale, hargneux, se tenant les jambes écartées, la massue levée, respirant la haine et l’animosité tandis qu’il regarde férocement droit devant lui. Une telle image ne décrit guère la divine dignité de l’homme ; mais élargissons le tableau. Devant cet homme animé, un tigre à dents de sabre se prépare à bondir. Derrière lui se tiennent une femme et deux enfants. Vous reconnaissez immédiatement que l’image représente les débuts de beaucoup de beaux et nobles caractères de la race humaine, et pourtant l’homme est le même dans les deux tableaux. Seulement, dans le second, vous êtes favorisés par un élargissement d’horizon ; vous discernez le mobile de ce mortel en évolution. Son attitude devient digne de louange parce que vous le comprenez. Si vous pouviez seulement sonder les motifs de vos compagnons, combien mieux vous les comprendriez ! Si seulement vous pouviez connaitre vos semblables, vous en tomberiez finalement amoureux. 100:4.6 Vous ne pouvez pas aimer vraiment vos compagnons par un simple acte de volonté. L’amour nait seulement d’une compréhension approfondie et consommée des mobiles et des sentiments de votre prochain. Il est moins important d’aimer tous les hommes aujourd’hui que d’apprendre chaque jour à en aimer un de plus. Si, chaque jour ou chaque semaine, vous parvenez à comprendre un compagnon de plus, et si c’est la limite de vos capacités, alors vous êtes certainement en voie de rendre votre personnalité sociale et vraiment spirituelle. L’amour est contagieux ; et, quand la dévotion humaine est intelligente et sage, l’amour a plus d’emprise que la haine. Mais seul l’amour authentique et désintéressé est vraiment contagieux. Si seulement chaque mortel pouvait devenir un foyer d’affection dynamique, le virus bénin de l’amour imprégnerait bientôt le courant émotionnel sentimental de l’humanité au point que toute la civilisation serait enveloppée d’amour, et ce serait la réalisation de la fraternité humaine. 5. Conversion et mysticisme 100:5.1 Le monde est rempli d’âmes perdues, non pas perdues au sens théologique, mais ayant perdu leur direction, errant dans la confusion au milieu des théories en « isme » et des cultes d’une ère philosophiquement frustrée. Trop peu de ces âmes ont appris à établir une philosophie de vie remplaçant l’autorité religieuse. (Les symboles de la religion socialisée ne doivent pas être méprisés comme canaux de croissance, bien que le lit de la rivière ne soit pas la rivière.) 100:5.2 La progression de la croissance religieuse conduit, par conflit, de la stagnation à la coordination, de l’insécurité à la foi inébranlable, de la confusion de la conscience cosmique à l’unification de la personnalité, de l’objectif temporel à l’objectif éternel, de l’esclavage de la peur à la liberté de la filiation divine. 100:5.3 Précisons que les professions de loyauté envers les idéaux suprêmes – la perception psychique, émotive et spirituelle de celui qui est conscient de Dieu – peuvent provenir d’une croissance naturelle et graduelle, ou parfois être éprouvées dans certaines conjonctures telles qu’une crise. L’apôtre Paul fit précisément l’expérience d’une conversion soudaine et spectaculaire de cet ordre en un jour mémorable sur la route de Damas. Gautama Siddharta passa par une expérience similaire la nuit où, solitaire, il s’assit et chercha à pénétrer le mystère de la vérité finale. Beaucoup d’autres hommes ont eu des expériences semblables ; cependant nombre de vrais croyants ont progressé en esprit sans conversion soudaine. 100:5.4 La plupart des phénomènes spectaculaires associés aux conversions dites religieuses sont entièrement de nature psychologique, mais, de temps à autre, surviennent des expériences qui ont aussi une origine spirituelle. Quand la mobilisation mentale est absolument totale sur un niveau psychique quelconque de l’expansion vers l’aboutissement spirituel, quand les mobiles humains de loyauté à l’idée divine sont parfaits, il arrive très souvent que l’esprit intérieur s’abaisse pour saisir le dessein concentré et consacré du mental superconscient du mortel croyant pour se synchroniser avec lui. Ce sont ces expériences d’unification de phénomènes intellectuels et spirituels qui constituent la conversion, laquelle consiste en facteurs qui dépassent les implications purement psychologiques. 100:5.5 Mais l’émotion seule est une fausse conversion ; il faut avoir la foi aussi bien que la sensation. Dans la mesure où la mobilisation psychique est partielle et où les mobiles de la loyauté humaine sont incomplets, l’expérience de la conversion sera dans la même mesure une réalité mixte, intellectuelle, émotionnelle et spirituelle. 100:5.6 Si l’on est disposé à admettre, comme hypothèse de travail pratique, l’existence d’un mental théorique subconscient dans la vie intellectuelle qui autrement est unifiée, alors, pour être logique, on devrait supposer l’existence d’un domaine semblable et correspondant d’activité intellectuelle ascendante, en tant que niveau superconscient, la zone de contact immédiat avec l’entité spirituelle intérieure, l’Ajusteur de Pensée. Le grand danger de toutes ces spéculations psychiques est que l’on peut prendre des visions et d’autres expériences dites mystiques ainsi que des rêves extraordinaires pour des communications divines au mental humain. Dans le passé, des êtres divins se sont révélés à certaines personnes connaissant Dieu, non pas à cause de leurs transes mystiques ou de leurs visions morbides, mais en dépit de tous ces phénomènes. 100:5.7 En contraste avec la recherche de la conversion, la meilleure manière d’approcher les zones morontielles de contact possible avec l’Ajusteur de Pensée serait par la foi vivante et l’adoration sincère, la prière fervente et désintéressée. Dans l’ensemble, une bien trop grande partie de la montée soudaine de souvenirs provenant des niveaux inconscients du mental humain a été considérée à tort comme des révélations divines et des directives spirituelles. 100:5.8 De grands dangers accompagnent la pratique habituelle du rêve éveillé religieux ; le mysticisme peut devenir une technique pour échapper à la réalité, bien qu’il ait parfois été un moyen de communion spirituelle authentique. De courtes périodes où l’on se retire de la scène active de la vie peuvent ne pas présenter de dangers sérieux, mais l’isolement prolongé de la personnalité est fort indésirable. En aucun cas il ne faut cultiver l’état de conscience visionnaire, du genre transe, comme une expérience religieuse. 100:5.9 L’état mystique est caractérisé par une conscience diffuse, avec des ilots vivaces d’attention focalisée opérant sur un intellect relativement passif. Tout cela fait graviter la conscience vers le subconscient plutôt que vers la zone de contact spirituel, vers le superconscient. Beaucoup de mystiques ont poussé leur dissociation mentale jusqu’au niveau des manifestations mentales anormales. 100:5.10 L’attitude la plus saine de méditation spirituelle se trouve dans l’adoration réflexive et la prière d’actions de grâces. La communion directe avec l’Ajusteur de Pensée, telle qu’elle s’est produite dans les dernières années de la vie incarnée de Jésus, ne devrait pas être confondue avec les expériences dites mystiques. Les facteurs qui contribuent au déclenchement de la communion mystique dénotent le danger de ces états psychiques. L’état mystique est favorisé par des facteurs tels que fatigue physique, jeûne, dissociation psychique, expériences esthétiques profondes, impulsions sexuelles vivaces, peur, anxiété, fureur et danses échevelées. Nombre de phénomènes résultant de cette préparation préliminaire ont leur origine dans le mental subconscient. 100:5.11 Si favorables que les conditions aient pu être pour des phénomènes mystiques, il faut bien comprendre que Jésus de Nazareth n’a jamais eu recours à de telles méthodes pour communier avec son Père du Paradis. Jésus n’avait ni hallucinations subconscientes ni illusions superconscientes. 6. Les signes d’une vie religieuse 100:6.1 Les religions d’évolution et les religions de révélation peuvent différer notablement dans leurs méthodes, mais elles ont une grande similitude dans leurs intentions. La religion n’est pas une fonction spécifique de la vie, c’est plutôt un mode de vie. La vraie religion est une sincère dévotion envers une réalité que le religioniste estime être d’une valeur suprême pour lui-même et pour toute l’humanité. Les caractéristiques marquantes de toutes les religions sont une fidélité totale et une sincère dévotion aux valeurs suprêmes. Cette dévotion religieuse aux valeurs suprêmes apparait dans la relation d’une mère, soi-disant irréligieuse, avec son enfant, et dans le fervent loyalisme de certaines personnes non religieuses envers la cause qu’ils ont épousée. 100:6.2 La valeur suprême acceptée par les religionistes peut être indigne ou même fausse, mais n’en est pas moins religieuse. Une religion est authentique dans la mesure exacte où la valeur qu’elle tient pour suprême est vraiment une réalité cosmique de valeur spirituelle authentique. 100:6.3 Les signes de la réaction humaine aux impulsions religieuses comprennent les qualités de noblesse et de grandeur. Le religioniste sincère est conscient d’être un citoyen de l’univers et se rend compte qu’il établit un contact avec des sources de pouvoir suprahumain. Il est exalté et stimulé par l’assurance qu’il appartient à une fraternité supérieure et ennoblie de fils de Dieu. La conscience de sa valeur propre s’est accrue du stimulant de la recherche des objectifs universels les plus élevés – des buts suprêmes. 100:6.4 Le moi s’est abandonné à la mystérieuse poussée d’un mobile qui englobe tout, qui impose une autodiscipline accrue, atténue les conflits émotifs et rend la vie humaine vraiment digne d’être vécue. La récognition morbide des limitations humaines se transforme en une conscience naturelle des imperfections humaines qui s’associe à la détermination morale et à l’aspiration spirituelle d’atteindre les buts les plus élevés de l’univers et du superunivers. Cet effort intense pour atteindre les idéaux supramortels est toujours caractérisé par un accroissement de patience, de longanimité, de force d’âme et de tolérance. 100:6.5 Mais la vraie religion est un amour vivant, une vie de service. Le détachement du religioniste de quantité de choses purement temporelles et insignifiantes, ne conduit jamais à l’isolement social et cela ne devrait pas détruire le sens de l’humour. La religion authentique n’enlève rien à l’existence humaine, mais ajoute au contraire de nouvelles significations à l’ensemble de la vie. Elle engendre de nouveaux types d’enthousiasme, de zèle et de courage, pouvant même aller jusqu’à l’esprit de croisade ; ce dernier est plus que dangereux s’il n’est pas contrôlé par la clairvoyance spirituelle et la dévotion sincère aux obligations sociales ordinaires des allégeances humaines. 100:6.6 L’un des signes les plus remarquables de la vie religieuse est une paix dynamique et sublime, cette paix qui dépasse toute compréhension humaine, cet équilibre cosmique qui dénote l’absence de tout doute et de toute agitation. Ces niveaux de stabilité spirituelle sont immunisés contre les déceptions. De tels religionistes ressemblent à l’apôtre Paul qui disait : « Je suis persuadé que ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les principautés, ni les pouvoirs, ni les choses présentes, ni les choses à venir, ni hauteur, ni profondeur, ni rien d’autre ne pourra jamais nous séparer de l’amour de Dieu. » 100:6.7 Un sentiment de sécurité associé à la réalisation d’une gloire triomphante habite la conscience du religioniste qui a saisi la réalité du Suprême et qui poursuit le but de l’Ultime. 100:6.8 Même la religion évolutionnaire a tous ces aspects de loyauté et de grandeur parce qu’elle est une expérience authentique, mais la religion révélée est excellente aussi bien qu’authentique. Les nouvelles allégeances dues à une vision spirituelle élargie créent des niveaux d’amour et de dévotion, de service et de solidarité nouveaux ; et toutes ces perspectives sociales rehaussées agrandissent la conscience de la Paternité de Dieu et de la fraternité des hommes. 100:6.9 La différence caractéristique entre la religion évolutionnaire et la religion révélée consiste en une nouvelle qualité de sagesse divine qui s’ajoute à la sagesse humaine purement expérientielle. Toutefois, c’est l’expérience que l’on a dans et avec les religions humaines qui accroit la capacité de recevoir ultérieurement des dons accrus de sagesse divine et de clairvoyance cosmique. 7. L’apogée de la vie religieuse 100:7.1 Bien qu’un mortel ordinaire d’Urantia ne puisse espérer atteindre la haute perfection de caractère acquise par Jésus de Nazareth durant son temps d’incarnation, il est entièrement possible à tout croyant mortel de développer une forte personnalité unifiée selon les lignes devenues parfaites de la personnalité de Jésus. Le trait exceptionnel de la personnalité du Maitre n’était pas tant sa perfection que son harmonie, son exquise unification équilibrée. La présentation la plus efficace de Jésus consiste à suivre l’exemple de celui qui a dit, en faisant un geste vers le Maitre debout devant ses accusateurs : « Voici l’homme. » 100:7.2 La constante bienveillance de Jésus touchait le cœur des hommes, mais la fermeté de sa force de caractère stupéfiait ceux qui le suivaient. Il était vraiment sincère ; il n’y avait rien d’hypocrite en lui. Il était dégagé de toute affectation ; il était toujours si agréablement franc. Il ne s’abaissait jamais à prétendre et n’avait jamais recours à la simulation. Il vivait la vérité exactement comme il l’enseignait. Il était la vérité. Il était forcé de proclamer la vérité salvatrice à sa génération, même si sa sincérité causait parfois de la peine. Sa loyauté envers toute vérité était sans réserve. 100:7.3 Le Maitre était pourtant si raisonnable, si accessible et si pratique dans tout son ministère ; tous ses plans étaient empreints d’un grand bon sens sanctifié. Il était dégagé de toute tendance fantaisiste, erratique ou excentrique. Il n’était jamais capricieux, fantasque ni hystérique. Tous ses enseignements et tout ce qu’il faisait étaient toujours empreints d’une charmante discrimination associée à un sens extraordinaire de l’à-propos. 100:7.4 Le Fils de l’Homme fut toujours une personnalité bien équilibrée. Ses ennemis eux-mêmes lui témoignaient un respect salutaire ; ils craignaient même sa présence. Jésus était sans peur. Il débordait d’enthousiasme divin, mais ne devenait jamais fanatique. Il était émotivement actif, mais jamais instable. Il avait de l’imagination, mais était toujours pratique. Il faisait franchement face aux réalités de la vie, mais n’était jamais ennuyeux ni prosaïque. Il était courageux, mais jamais téméraire ; prudent, mais jamais lâche. Il était compatissant, mais non sentimental ; exceptionnel, mais non excentrique. Il était pieux, mais non bigot. Il était si bien équilibré parce qu’il était si parfaitement unifié. 100:7.5 L’originalité de Jésus n’était étouffée d’aucune façon. Il n’était ni lié par la tradition, ni handicapé par soumission à d’étroites pratiques conventionnelles. Il parlait avec une confiance assurée et enseignait avec une autorité absolue. Mais sa magnifique originalité ne lui faisait pas négliger les perles de vérité contenues dans les enseignements de ses prédécesseurs ou de ses contemporains. Et le plus original de ses enseignements était l’accent mis sur l’amour et la miséricorde, au lieu de la peur et du sacrifice. 100:7.6 Jésus avait des vues très larges. Il exhortait ceux qui le suivaient à prêcher l’évangile à tous les peuples. Il était exempt de toute étroitesse de pensée. Son cœur compatissant embrassait toute l’humanité et même un univers. Son invitation était toujours : « Si quelqu’un désire venir, qu’il vienne. » 100:7.7 On a dit à juste titre de Jésus qu’« il avait confiance en Dieu ». En tant qu’homme parmi les hommes, il manifesta la plus sublime confiance envers le Père qui est aux cieux. Il avait confiance en son Père comme un petit enfant a confiance en ses parents terrestres. Sa foi était parfaite, mais jamais présomptueuse. Il importait peu combien la nature puisse paraitre cruelle ou indifférente au bien-être des hommes sur terre, Jésus ne trébucha jamais dans sa foi. Il était immunisé contre les déceptions et insensible aux persécutions. Les échecs apparents ne le touchaient pas. 100:7.8 Il aimait les hommes comme des frères et reconnaissait en même temps combien leurs dons innés et leurs qualités acquises étaient différents. « Il allait son chemin, faisant du bien. » 100:7.9 Jésus était une personne exceptionnellement gaie sans être d’un optimisme aveugle ou déraisonnable. Il exhortait en disant constamment : « Ayez bon courage. » Il put maintenir cette attitude confiante à cause de sa foi inébranlable en Dieu et de sa confiance à toute épreuve dans les hommes. Il manifestait toujours une considération touchante à tous les hommes parce qu’il les aimait et croyait en eux, mais il restait toujours fidèle à ses convictions et merveilleusement ferme dans sa dévotion à faire la volonté de son Père. 100:7.10 Le Maitre était toujours généreux. Il ne se fatigua jamais de dire qu’« il vaut mieux donner que recevoir. » et « vous avez reçu libéralement, donnez libéralement. » Et cependant, malgré sa générosité illimitée, il ne gaspillait jamais et ne faisait pas d’extravagances. Il enseignait qu’il fallait croire pour recevoir le salut. « Car quiconque cherche recevra. » 100:7.11 Il était direct, mais toujours affable. Il disait : « S’il n’en était pas ainsi, je vous l’aurais dit. » Il était franc, mais toujours amical. Il exprimait clairement son amour des pécheurs et sa haine du péché, mais, dans toute cette étonnante franchise, il était infailliblement équitable. 100:7.12 Jésus était toujours de bonne humeur, bien qu’il ait parfois bu largement à la coupe des douleurs humaines. Il faisait front avec intrépidité aux réalités de l’existence et, cependant, il était rempli d’enthousiasme pour l’évangile du royaume. Mais il contrôlait son enthousiasme, il n’était jamais dominé par lui. Il était consacré sans réserve « aux affaires du Père ». Cet enthousiasme divin amenait ses frères non spirituels à croire qu’il n’avait plus tout son bon sens, mais l’univers qui l’observait l’appréciait comme l’idéal de la santé mentale et le modèle de la suprême dévotion du mortel aux critères élevés de la vie spirituelle. Son enthousiasme contrôlé était contagieux et obligeait ses compagnons à partager son divin optimisme. 100:7.13 Cet homme de Galilée n’était pas un homme de douleurs ; il avait une âme joyeuse. Il ne cessait de dire : « Réjouissez-vous et soyez pleins d’allégresse. » Mais, lorsque le devoir l’exigea, il accepta de traverser courageusement la « vallée de l’ombre de la mort ». Il était heureux et en même temps humble. 100:7.14 Son courage n’était égalé que par sa patience. Quand on le pressait d’agir prématurément, il se bornait à répondre : « Mon heure n’est pas encore venue. » Il n’était jamais pressé ; son sang-froid était sublime, mais il s’indignait souvent contre le mal et ne tolérait pas le péché. Il fut souvent poussé à résister énergiquement aux tendances contraires au bien-être de ses enfants terrestres, mais son indignation contre le péché ne le conduisit jamais à se mettre en colère contre les pécheurs. 100:7.15 Son courage était magnifique, mais n’allait jamais jusqu’à la témérité. Son mot de passe était : « Ne craignez pas. » Sa bravoure était altière et son courage souvent héroïque, mais son courage était empreint de discernement et contrôlé par la raison. C’était le courage né de la foi, et non la témérité d’une présomption aveugle. Il était vraiment brave, mais ne prenait jamais de risques inutiles. 100:7.16 Le Maitre était un modèle de déférence. Dès sa jeunesse, sa prière commençait par : « Notre Père, qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié. » Il respectait même le culte erroné de ses compagnons, mais cela ne l’empêchait pas d’attaquer des traditions religieuses ni de livrer assaut aux erreurs des croyances humaines. Il révérait la vraie sainteté, mais pouvait s’adresser avec justesse à ses compagnons en leur disant : « Qui d’entre vous me convaincra de péché ? » 100:7.17 Jésus était grand parce qu’il était bon et, cependant, il fraternisait avec les petits enfants. Il était doux et modeste dans sa vie personnelle et, cependant, il était l’homme rendu parfait d’un univers. Ses compagnons l’appelaient Maitre sans en être priés. 100:7.18 Jésus était la personnalité humaine parfaitement unifiée. Et, aujourd’hui, comme autrefois en Galilée, il continue à unifier l’expérience mortelle et à coordonner les efforts humains. Il unifie la vie, ennoblit le caractère et simplifie l’expérience. Il pénètre le mental humain pour l’élever, le transformer et le transfigurer. Il est littéralement vrai que, « si un homme a le Christ Jésus en lui, il est une nouvelle créature ; les anciennes choses sont en train de passer et voici, toutes choses deviennent nouvelles ». 100:7.19 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.] FASCICULE 101. La nature réelle de la religion 101:0.1 La religion, en tant qu’expérience humaine, s’étend depuis l’esclavage primitif de la peur, chez les sauvages en évolution, jusqu’à la sublime et magnifique liberté de la foi chez les mortels civilisés, splendidement conscients de leur filiation avec le Dieu éternel. 101:0.2 La religion est l’ancêtre de l’éthique et de la morale supérieures de l’évolution sociale progressive. La religion par elle-même n’est pas simplement un mouvement moral, bien que ses manifestations extérieures et sociales soient puissamment influencées par la force vive éthique et morale de la société humaine. La religion est toujours l’inspiratrice de la nature évoluante des hommes, mais elle n’est pas le secret de cette évolution. 101:0.3 La religion, la foi-conviction de la personnalité, peut toujours triompher de la logique contradictoire et superficielle du désespoir, logique née dans le mental matériel incroyant. Il existe une voix intérieure vraie et authentique, cette « vraie lumière qui éclaire tout homme venant dans le monde ». Et cette gouverne de l’esprit est distincte des incitations éthiques de la conscience humaine. Le sentiment de l’assurance religieuse est plus qu’un sentiment émotif. L’assurance de la religion transcende la raison mentale et même la logique philosophique. La religion est la foi, la confiance et l’assurance. 1. La vraie religion 101:1.1 La vraie religion n’est pas un système de croyances philosophiques qui puisse être déduit par raisonnement et démontré par des preuves naturelles. Elle n’est pas non plus une expérience fantastique et mystique de sentiments d’extase indescriptibles, dont seuls peuvent bénéficier les romantiques dévots du mysticisme. La religion n’est pas le produit de la raison, mais, vue de l’intérieur, elle est entièrement raisonnable. La religion ne dérive pas de la logique de la philosophie humaine, mais, en tant qu’expérience des mortels, elle est entièrement logique. La religion est l’expérimentation de la divinité dans la conscience d’un être moral d’origine évolutionnaire ; elle représente une expérience vraie avec des réalités éternelles dans le temps, la réalisation de satisfactions spirituelles durant l’incarnation. 101:1.2 L’Ajusteur de Pensée n’a pas de mécanisme spécial par lequel il puisse atteindre à l’expression de soi. Nulle faculté religieuse mystique n’existe pour recevoir ou exprimer des émotions religieuses. Ces expériences sont rendues possibles par le mécanisme naturellement approprié du mental humain, d’où une explication de la difficulté que rencontre l’Ajusteur à entrer en communication directe avec le mental matériel qu’il habite constamment. 101:1.3 L’esprit divin établit le contact avec l’homme mortel, non par des sentiments ou des émotions, mais dans le domaine de la pensée la plus élevée et la plus spiritualisée. Ce sont vos pensées, et non vos sentiments, qui vous conduisent vers Dieu. Seuls les yeux du mental peuvent percevoir la nature divine. Mais le mental qui discerne réellement Dieu, qui entend l’Ajusteur intérieur, est le mental pur. « Sans sainteté, nul ne peut voir le Seigneur. » Toute communion intérieure et spirituelle de cet ordre s’appelle clairvoyance spirituelle. Ces expériences religieuses résultent de l’impression faite sur le mental humain par les opérations conjuguées de l’Ajusteur de Pensée et de l’Esprit de Vérité pendant qu’ils agissent parmi et sur les idées, les idéaux, les aperçus et les efforts spirituels des fils de Dieu en évolution. 101:1.4 La religion vit et prospère donc, non par la vue et les sentiments, mais plutôt par la foi et la clairvoyance. Elle ne consiste ni dans la découverte de faits nouveaux, ni dans la rencontre d’une expérience exceptionnelle ; elle consiste plutôt dans la découverte de nouvelles significations spirituelles dans des faits déjà bien connus de l’humanité. La plus haute expérience religieuse ne dépend pas d’actes préalables guidés par la croyance, la tradition et l’autorité ; elle n’est pas non plus issue de sentiments sublimes ou d’émotions purement mystiques. Elle est plutôt une expérience profondément grave et effective de communion spirituelle avec les influences d’esprit qui résident dans le mental humain. Dans la mesure où l’on peut définir cette expérience en termes de psychologie, elle consiste simplement à savoir expérimentalement que la réalité de la croyance en Dieu est la réalité d’une telle expérience purement personnelle. 101:1.5 Bien que la religion ne soit pas le produit des spéculations rationalistes d’une cosmologie matérielle, elle est néanmoins le produit d’une clairvoyance entièrement rationnelle issue de l’expérience mentale de l’homme. La religion ne nait ni de méditations mystiques ni de contemplations solitaires, bien qu’elle soit toujours plus ou moins mystérieuse et toujours indéfinissable et inexplicable en termes de raison purement intellectuelle et de logique philosophique. Les germes de la vraie religion ont leur origine dans le domaine de la conscience morale de l’homme et se révèlent par la croissance de la clairvoyance spirituelle ; cette faculté de la personnalité humaine résulte de la présence de l’Ajusteur de Pensée révélateur de Dieu dans le mental humain assoiffé de Dieu. 101:1.6 La foi unit le discernement moral à la discrimination consciencieuse des valeurs, et le sens évolutionnaire préexistant du devoir complète le lignage de la vraie religion. L’expérience de la religion aboutit finalement à la certitude consciente que Dieu existe et à l’assurance indubitable de la survie de la personnalité croyante. 101:1.7 On voit, ainsi, que les aspirations religieuses et les impulsions spirituelles ne sont pas de nature à simplement conduire les hommes à vouloir croire en Dieu ; leur nature et leur puissance ont plutôt pour effet d’inculquer profondément aux hommes la conviction qu’ils devraient croire en Dieu. Le sens du devoir évolutionnaire et les obligations découlant de l’illumination de la révélation font une impression si profonde sur la nature morale de l’homme qu’il atteint finalement cette position mentale et cette attitude de l’âme où il conclut qu’il n’a pas le droit de ne pas croire en Dieu. La sagesse supérieure et supraphilosophique de ces individus éclairés et disciplinés leur apporte, en fin de compte, l’enseignement que, s’ils doutent de Dieu ou n’ont pas confiance en sa bonté, ils se révèlent être infidèles à l’élément le plus réel et le plus profond qui soit dans le mental et l’âme des hommes – l’Ajusteur divin. 2. Le fait de la religion 101:2.1 Le fait de la religion consiste entièrement dans l’expérience religieuse des êtres humains raisonnables et ordinaires. C’est le seul sens dans lequel la religion puisse jamais être considérée comme scientifique ou même psychologique. C’est ce même fait d’expérience humaine qui prouve que la révélation est révélation, à savoir que la révélation synthétise les sciences de la nature et la théologie religieuse, apparemment divergentes, en une philosophie de l’univers cohérente et logique, en une explication coordonnée et sans hiatus aussi bien de la science que de la religion, créant ainsi une harmonie du mental et la satisfaction à l’esprit. Elle répond, dans l’expérience humaine, aux interrogations du mental avide de savoir comment l’Infini met sa volonté et ses plans à exécution dans la matière, avec le mental et sur l’esprit. 101:2.2 La raison est la méthode de la science ; la foi est la méthode de la religion ; la logique est la technique que tâche d’utiliser la philosophie. La révélation compense l’absence du point de vue morontiel en fournissant une technique pour parvenir à l’unité dans la compréhension de la réalité de la matière et de l’esprit ainsi que de leurs relations par l’intermédiaire du mental. La vraie révélation ne dénature jamais la science ; elle ne rend ni la religion déraisonnable, ni la philosophie illogique. 101:2.3 Par l’étude de la science, la raison peut, au travers de la nature, conduire à retrouver une Cause Première, mais il faut une foi religieuse pour transformer la Cause Première de la science en un Dieu de salut ; en outre, la révélation est nécessaire pour valider cette foi, cette clairvoyance spirituelle. 101:2.4 Il y a deux raisons fondamentales pour croire en un Dieu qui entretient la survie humaine : 101:2.5 1. L’expérience humaine, l’assurance personnelle, l’espérance et la confiance ressenties d’une façon ou d’une autre et suscitées par l’Ajusteur de Pensée intérieur. 101:2.6 2. La révélation de la vérité, soit par le ministère personnel direct de l’Esprit de Vérité, soit par l’effusion de Fils divins sur le monde, soit par les révélations écrites. 101:2.7 Les recherches de la science par la raison s’achèvent à l’hypothèse d’une Cause Première. La religion n’interrompt pas sa propre envolée de foi avant d’être sûre de l’existence d’un Dieu de salut. Les études scientifiques discriminatoires suggèrent logiquement la réalité et l’existence d’un Absolu. La religion croit sans réserve à l’existence et à la réalité d’un Dieu qui entretient la survie de la personnalité. Là où la métaphysique échoue totalement et où la philosophie elle-même échoue partiellement, la révélation réussit ; en d’autres termes, elle affirme que la Cause Première de la science et le Dieu de salut de la religion ne sont qu’une seule et même Déité. 101:2.8 La raison est la preuve de la science, la foi est la preuve de la religion, la logique est la preuve de la philosophie, mais la révélation n’est validée que par l’expérience humaine. La science apporte la connaissance, la religion apporte le bonheur, la philosophie apporte l’unité et la révélation confirme l’harmonie expérientielle de cette approche trine de la réalité universelle. 101:2.9 La contemplation de la nature ne peut révéler qu’un Dieu de la nature, un Dieu de mouvement. La nature ne fait voir que la matière, le mouvement et l’animation – la vie. Sous certaines conditions, la matière additionnée d’énergie se manifeste sous des formes vivantes, mais, alors que la vie naturelle est un phénomène relativement continu, elle reste entièrement transitoire pour les individus. La nature ne fournit pas de base à une croyance logique en la survie de la personnalité humaine. L’homme religieux qui trouve Dieu dans la nature a d’abord et déjà trouvé ce même Dieu personnel dans sa propre âme. 101:2.10 La foi révèle Dieu dans l’âme. La révélation, substitut de la clairvoyance morontielle sur les mondes évolutionnaires, permet à l’homme de voir, dans la nature, le même Dieu que la foi a déployé dans son âme. La révélation réussit ainsi à jeter un pont par-dessus l’abime entre le matériel et le spirituel, et même entre la créature et le Créateur, entre l’homme et Dieu. 101:2.11 La contemplation de la nature conduit logiquement vers la notion de l’existence d’une gouverne intelligente et même d’une supervision vivante, mais elle ne révèle d’aucune manière satisfaisante un Dieu personnel. D’autre part, il n’y a rien, dans la nature, qui empêche de considérer l’univers comme l’œuvre du Dieu de la religion. On ne peut trouver Dieu par la nature seule, mais, une fois qu’on l’a trouvé autrement, l’étude de la nature devient entièrement compatible avec une interprétation plus élevée et plus spirituelle de l’univers. 101:2.12 La révélation, en tant que phénomène d’époque, est périodique ; en tant qu’expérience humaine personnelle, elle est continue. La divinité opère dans la personnalité du mortel comme don de l’Ajusteur par le Père, comme Esprit de Vérité du Fils et comme Saint-Esprit de l’Esprit de l’Univers, et ces trois dotations supra-mortelles sont unifiées dans l’évolution expérientielle humaine en tant que ministère du Suprême. 101:2.13 La vraie religion est une pénétration dans la réalité, l’enfant par la foi de la conscience morale, et non un simple assentiment intellectuel à un quelconque corps de doctrines dogmatiques. La vraie religion consiste à éprouver expérimentalement que « l’Esprit lui-même rend témoignage avec notre esprit que nous sommes les enfants de Dieu ». La religion ne consiste pas en des propositions théologiques, mais dans la clairvoyance spirituelle et la sublimité de la confiance de l’âme. 101:2.14 Votre nature la plus profonde – l’Ajusteur divin – crée en vous une faim et une soif de droiture, un certain désir intense de perfection divine. La religion est l’acte de foi par lequel on reconnait cette impulsion intérieure d’accomplissement divin. Ainsi naissent la confiance et l’assurance de l’âme que vous reconnaissez être le chemin du salut, la technique de survie de la personnalité et toutes les valeurs que vous êtes parvenus à considérer comme vraies et bonnes. 101:2.15 La réalisation de la religion n’a jamais dépendu et ne dépendra jamais d’un grand savoir ou d’une logique habile. Elle est clairvoyance spirituelle, et c’est précisément pourquoi certains des plus grands éducateurs religieux, et même les prophètes, ont parfois possédé si peu de la sagesse du monde. La foi religieuse est accessible également aux érudits et aux ignorants. 101:2.16 La religion doit toujours être son propre critique et son propre juge ; elle ne peut jamais être évaluée, et encore bien moins comprise, de l’extérieur. Votre seule assurance d’un Dieu personnel consiste en votre propre clairvoyance concernant votre croyance aux choses spirituelles et votre expérience de ces choses spirituelles. Pour tous vos compagnons qui ont eu une expérience semblable, nul argument sur la personnalité ou la réalité de Dieu n’est nécessaire, tandis que, pour tous les autres hommes qui n’ont pas cette certitude de Dieu, aucun argument ne peut jamais être vraiment convaincant. 101:2.17 La psychologie peut assurément essayer d’étudier le phénomène des réactions religieuses à l’entourage social, mais jamais elle ne peut espérer pénétrer les mobiles intérieurs et réels ni le fonctionnement de la religion. Seule la théologie, domaine de la foi et la technique de la révélation, peut rendre compte intelligemment de la nature et du contenu de l’expérience religieuse. 3. Les caractéristiques de la religion 101:3.1 La religion est tellement vitale qu’elle persiste en l’absence de savoir. Elle vit, en dépit de sa contamination par des cosmologies erronées et des fausses philosophies. Elle survit même à la confusion de la métaphysique. À travers toutes les vicissitudes historiques de la religion persiste toujours ce qui est indispensable au progrès et à la survie des hommes : la conscience éthique et la conscience morale. 101:3.2 La foi-clairvoyance, ou intuition spirituelle, est la dotation du mental cosmique en association avec l’Ajusteur de Pensée, lequel est le don du Père à l’homme. La raison spirituelle, ou intelligence de l’âme, est la dotation du Saint-Esprit, le don de l’Esprit Créatif à l’homme. La philosophie spirituelle, ou sagesse des réalités spirituelles, est la dotation de l’Esprit de Vérité, le don conjugué des Fils d’effusion aux enfants des hommes. La coordination et l’association de ces dotations d’esprit font de l’homme une personnalité spirituelle dans une destinée potentielle. 101:3.3 C’est cette même personnalité spirituelle, sous une forme primitive et embryonnaire qui, en la possession de l’Ajusteur, survit à la mort naturelle dans la chair. Cette entité composite d’origine spirituelle associée à une expérience humaine est rendue capable de survivre (conservée par l’Ajusteur) à la dissolution du moi mental et matériel. Elle y parvient au moyen du chemin vivant fourni par les Fils divins quand l’association temporaire du matériel et du spirituel est rompue par la cessation du mouvement vital. 101:3.4 Par la foi religieuse, l’âme de l’homme se révèle et démontre la divinité potentielle de sa nature émergente par la manière caractéristique dont elle incite la personnalité mortelle à réagir à certaines situations intellectuellement et socialement éprouvantes. La foi spirituelle authentique (la vraie conscience morale) se révèle en ceci : 101:3.5 1. Elle fait progresser l’éthique et la morale malgré les tendances animales inhérentes et adverses. 101:3.6 2. Elle produit une sublime confiance dans la bonté de Dieu, même en face de déceptions amères et de défaites écrasantes. 101:3.7 3. Elle engendre une confiance et un courage profonds malgré l’adversité naturelle et les calamités physiques. 101:3.8 4. Elle fait preuve d’un équilibre inexplicable et d’une tranquillité fortifiante, en dépit de maladies déconcertantes et même de souffrances physiques aigües. 101:3.9 5. Elle conserve à la personnalité un sang-froid et un équilibre mystérieux en face des mauvais traitements et des plus flagrantes injustices. 101:3.10 6. Elle maintient une confiance divine dans la victoire finale, malgré les cruautés d’un destin apparemment aveugle et l’indifférence apparemment complète des forces naturelles envers le bien-être humain. 101:3.11 7. Elle persiste à croire inébranlablement en Dieu malgré toutes les démonstrations contraires de la logique, et résiste avec succès à tous les autres sophismes intellectuels. 101:3.12 8. Elle continue à montrer une foi indomptable en la survie de l’âme, sans se soucier des enseignements trompeurs de la fausse science ni des illusions persuasives d’une philosophie spécieuse. 101:3.13 9. Elle vit et triomphe indépendamment du fardeau écrasant des civilisations complexes et partielles des temps modernes. 101:3.14 10. Elle contribue à la survivance continue de l’altruisme en dépit de l’égoïsme humain, des antagonismes sociaux, des convoitises industrielles et des dérèglements politiques. 101:3.15 11. Elle adhère fermement à une croyance sublime à l’unité de l’univers et à la gouverne divine, sans se préoccuper de la présence troublante du mal et du péché. 101:3.16 12. Elle continue imperturbablement à adorer Dieu en dépit de tout, et quoi qu’il arrive. Elle ose déclarer : « Même s’il m’immole, je le servirai. » 101:3.17 Nous savons donc, par trois phénomènes, que l’homme a un esprit ou des esprits divins qui l’habitent ; premièrement par expérience personnelle – la foi religieuse ; deuxièmement par révélation – personnelle et raciale ; et troisièmement par l’étonnante manifestation des réactions extraordinaires et non naturelles à son environnement matériel dont nous venons de donner des exemples en décrivant douze accomplissements de caractère spirituel en face de situations effectives et éprouvantes de l’existence humaine réelle. Et il y en a encore d’autres. 101:3.18 Ce sont précisément de telles performances vitales et vigoureuses de la foi, dans le domaine de la religion, qui donnent le droit aux mortels d’affirmer la possession personnelle et la réalité spirituelle de ce don suprême de la nature humaine, l’expérience religieuse. 4. Les limites de la révélation 101:4.1 Parce que votre monde ignore généralement l’origine des choses, même physiques, il a paru sage de lui fournir, de temps en temps, des notions de cosmologie, mais cela a toujours provoqué des troubles pour l’avenir. Les lois gouvernant la révélation nous gênent grandement, parce qu’elles interdisent de transmettre des connaissances imméritées ou prématurées. Toute cosmologie présentée comme partie d’une religion révélée est destinée à être dépassée au bout de très peu de temps. En conséquence, les futurs étudiants de cette révélation sont tentés de rejeter tout élément de vérité religieuse authentique qu’elle peut contenir, parce qu’ils découvrent des erreurs manifestes dans les cosmologies associées qui y sont présentées. 101:4.2 L’humanité devrait comprendre que nous, qui participons à la révélation de la vérité, nous sommes très rigoureusement limités par les instructions de nos supérieurs. Nous ne sommes pas libres d’anticiper sur les découvertes scientifiques d’un millénaire. Les révélateurs doivent agir selon les instructions qui forment une partie du mandat de révélation. Nous ne voyons aucun moyen de surmonter cette difficulté, ni dans le présent ni dans un avenir quelconque. Les faits historiques et les vérités religieuses de cette série d’exposés révélateurs subsisteront dans les annales des âges à venir, mais, en même temps, nous savons parfaitement que, d’ici peu d’années, beaucoup de nos affirmations concernant les sciences physiques auront besoin d’être revues, à la suite de développements scientifiques additionnels et de découvertes nouvelles. Nous prévoyons, dès maintenant, ces nouveaux développements, mais il nous est interdit d’inclure, dans nos exposés révélateurs, ces notions que les hommes n’ont pas encore découvertes. Qu’il soit bien clair que les révélations ne sont pas nécessairement inspirées. La cosmologie révélée ici n’est pas inspirée. Elle est limitée par l’autorisation que nous avons de coordonner et de trier les connaissances d’aujourd’hui. La clairvoyance divine ou spirituelle est un don, mais la sagesse humaine doit évoluer. 101:4.3 La vérité est toujours une révélation. C’est une autorévélation quand elle émerge comme résultat du travail de l’Ajusteur intérieur, et c’est une révélation d’époque quand elle est présentée par le truchement d’autres intermédiaires, groupes ou personnalités célestes. 101:4.4 En dernière analyse, la religion doit être jugée à ses fruits, selon la manière dont elle démontre son excellence divine inhérente et l’étendue de cette démonstration. 101:4.5 La vérité peut n’être inspirée que relativement, bien que la révélation soit invariablement un phénomène spirituel. Les exposés se référant à la cosmologie ne sont jamais inspirés, mais de telles révélations ont une immense valeur, en ce sens qu’elles clarifient au moins provisoirement les connaissances : 101:4.6 1. Elles réduisent la confusion en éliminant d’autorité les erreurs. 101:4.7 2. Elles coordonnent les observations et les faits connus ou sur le point d’être connus. 101:4.8 3. Elles restaurent d’importantes fractions de connaissances perdues concernant des évènements historiques du passé lointain. 101:4.9 4. Elles fournissent des renseignements qui comblent des lacunes fondamentales dans les connaissances acquises par ailleurs. 101:4.10 5. Elles présentent des données cosmiques d’une manière qui éclaire les enseignements spirituels contenus dans la révélation qui les accompagne. 5. Expansion de la religion par révélation 101:5.1 La révélation est une technique qui permet d’économiser des âges et des âges de temps dans le travail indispensable de triage et de criblage des erreurs de l’évolution, afin de dégager les vérités acquises par l’esprit. 101:5.2 La science traite des faits. La religion ne s’occupe que des valeurs. Par une philosophie éclairée, le mental s’efforce d’unir les significations des faits et des valeurs pour arriver à un concept de la réalité complète. Souvenez-vous que la science est le domaine de la connaissance, la philosophie, le royaume de la sagesse, et la religion, la sphère de l’expérience de la foi. La religion présente néanmoins deux phases de manifestations : 101:5.3 1. La religion évolutionnaire. C’est l’expérience de l’adoration primitive, la religion qui découle du mental. 101:5.4 2. La religion révélée. L’attitude universelle qui découle de l’esprit ; c’est la conviction et l’assurance que les réalités éternelles sont conservées, que la personnalité survit, et que l’on atteindra finalement la Déité cosmique dont le dessein a rendu tout ceci possible. Tôt ou tard, la religion évolutionnaire est destinée à recevoir l’expansion spirituelle de la révélation ; cela fait partie du plan de l’univers. 101:5.5 La science et la religion commencent toutes deux par admettre certaines bases généralement acceptées pour en tirer des déductions logiques. Il faut donc aussi que la philosophie commence sa carrière en admettant la réalité de trois choses : 101:5.6 1. Le corps matériel. 101:5.7 2. La phase supramatérielle de l’être humain, l’âme ou même l’esprit intérieur. 101:5.8 3. Le mental humain, mécanisme d’interassociation et d’intercommunication entre l’esprit et la matière, entre le matériel et le spirituel. 101:5.9 Les savants rassemblent des faits, les philosophes coordonnent des idées, tandis que les prophètes exaltent des idéaux. Les sentiments et les émotions accompagnent invariablement la religion, mais ne sont pas la religion. La religion peut être le sentiment de l’expérience, mais difficilement l’expérience des sentiments. Ni la logique (la rationalisation) ni les émotions (les sentiments) ne font nécessairement partie de l’expérience religieuse ; bien que toutes deux puissent être diversement associées à l’exercice de la foi pour faire progresser la clairvoyance spirituelle dans la réalité, le tout selon le statut et les tendances tempéramentales du mental individuel. 101:5.10 La religion évolutionnaire est la manifestation pratique de la dotation de l’adjuvat mental de l’univers local chargé de créer et d’entretenir la caractéristique d’adoration chez l’homme en évolution. Ces religions primitives s’intéressent directement à l’éthique et à la morale, au sens du devoir humain. Elles sont fondées sur l’assurance de la conscience et aboutissent à stabiliser des civilisations relativement éthiques. 101:5.11 Les religions personnellement révélées sont parrainées par les esprits d’effusion représentant les trois personnes de la Trinité du Paradis ; elles s’occupent spécialement de l’expansion de la vérité. La religion évolutionnaire inculque à l’individu l’idée du devoir personnel ; la religion révélée met de plus en plus l’accent sur l’amour, la règle d’or. 101:5.12 La religion évoluée repose entièrement sur la foi. La révélation donne l’assurance supplémentaire de présenter, d’une manière plus étendue, les vérités concernant la divinité et la réalité, et le témoignage encore plus précieux de l’expérience effective qui s’accumule par l’union efficace pratique de la foi de l’évolution et de la vérité de la révélation. Cette union efficace de la foi humaine et de la vérité divine constitue la possession d’un caractère qui est bien en voie d’acquérir effectivement une personnalité morontielle. 101:5.13 La religion évolutionnaire ne fournit que l’assurance de la foi et la confirmation de la conscience. La religion révélée fournit l’assurance de la foi plus la vérité d’une expérience vivante des réalités de la révélation. La troisième étape de la religion, ou troisième phase de l’expérience de la religion, concerne l’état morontiel, l’emprise plus ferme de la mota. Au cours de la progression morontielle, les vérités de la religion révélée subissent une expansion croissante. Vous connaitrez de mieux en mieux la vérité des valeurs suprêmes, des bienfaits divins, des relations universelles, des réalités éternelles et des destinées ultimes. 101:5.14 Pendant toute la progression morontielle, l’assurance de la vérité remplace de plus en plus l’assurance de la foi. Quand vous serez finalement enrôlés dans le monde spirituel effectif, les assurances de la pure clairvoyance spirituelle opéreront alors à la place de la foi et de la vérité, ou plutôt en conjonction avec elles et en se surimposant sur ces anciennes techniques d’assurance de la personnalité. 6. L’expérience religieuse progressive 101:6.1 La phase morontielle de la religion révélée concerne l’expérience de la survie ; son grand mobile est d’aboutir à la perfection de l’esprit. L’impulsion supérieure incitant à l’adoration est également présente, associée à l’impulsion d’un appel à un service éthique accru. La clairvoyance morontielle implique une expansion constante de la conscience du Septuple, du Suprême et même de l’Ultime. 101:6.2 Tout au long de chaque expérience religieuse, depuis ses premiers débuts sur le niveau matériel jusqu’au moment de l’obtention du plein statut d’esprit, l’Ajusteur est le secret permettant la réalisation personnelle de la réalité de l’existence du Suprême. Ce même Ajusteur détient aussi les secrets de votre foi en l’accomplissement transcendantal de l’Ultime. La personnalité expérientielle de l’homme en évolution, unie à l’Ajusteur, essence du Dieu existentiel, constitue le parachèvement potentiel de l’existence suprême et elle est par nature la base permettant l’extériorisation superfinie de la personnalité transcendantale. 101:6.3 La volonté morale embrasse des décisions basées sur une connaissance raisonnée, accrues par la sagesse et sanctionnées par une foi religieuse. De tels choix sont des actes de nature morale et prouvent l’existence d’une personnalité morale, prémices de la personnalité morontielle et finalement du vrai statut d’esprit. 101:6.4 Le type évolutionnaire de connaissance n’est que l’accumulation des matériaux protoplasmiques de la mémoire, c’est la forme la plus primitive de conscience des créatures. La sagesse englobe les idées formulées par la mémoire protoplasmique dans un processus d’associations et de recombinaisons nouvelles ; ce phénomène différencie le mental humain du mental simplement animal. Les animaux ont des connaissances, mais seul l’homme possède l’aptitude à la sagesse. La vérité est rendue accessible à l’individu doué de sagesse par l’effusion sur un tel mental des esprits du Père et des Fils, l’Ajusteur de Pensée et l’Esprit de Vérité. 101:6.5 Lors de son effusion sur Urantia, Christ Micaël vécut sous le règne de la religion évolutionnaire jusqu’à l’époque de son baptême. À partir de ce moment-là et jusqu’à sa crucifixion incluse, il poursuivit son œuvre par la gouverne conjuguée de la religion évolutionnaire et de la religion révélée. Depuis le matin de sa résurrection jusqu’à son ascension, il traversa les multiples phases de la vie morontielle de transition humaine depuis le monde de la matière jusqu’à celui de l’esprit. Après son ascension, Micaël devint maitre de l’expérience de la Suprématie, la réalisation du Suprême. Étant la seule personne dans Nébadon à posséder l’aptitude illimitée d’expérimenter la réalité du Suprême, il atteignit instantanément le statut de la souveraineté de suprématie dans et sur son univers local. 101:6.6 Chez l’homme, la fusion finale avec l’Ajusteur intérieur et l’unité résultante – la synthèse de l’homme et de l’essence de Dieu en une personnalité – font de lui potentiellement une partie vivante du Suprême et assurent, à l’être jadis mortel, le droit de naissance éternel à poursuivre indéfiniment la finalité du service universel avec et pour le Suprême. 101:6.7 La révélation enseigne à l’homme mortel que, pour entreprendre une aventure aussi magnifique et mystérieuse à travers l’espace au moyen de la progression du temps, il doit commencer par organiser ses connaissances en idées-décisions. Il faut ensuite ordonner à la sagesse de travailler sans relâche à sa noble tâche de transformation des idées personnelles en idéaux de plus en plus pratiques, mais néanmoins célestes ; il faut même que ces concepts soient assez raisonnables en tant qu’idées et assez logiques en tant qu’idéaux pour que l’Ajusteur ose les conjuguer et les spiritualiser, de manière à les rendre disponibles pour cette association dans le mental fini qui en fera le complément humain effectif prêt à réagir à l’Esprit de Vérité des Fils, les manifestations spatiotemporelles de la vérité du Paradis – la vérité universelle. La coordination d’idées-décisions, d’idéaux logiques et de la vérité divine représente la possession d’un caractère droit, condition préalable pour qu’un mortel soit admis aux réalités toujours plus vastes et de plus en plus spirituelles des mondes morontiels. 101:6.8 Les enseignements de Jésus constituèrent la première religion d’Urantia embrassant si pleinement une coordination harmonieuse de connaissance, de sagesse, de foi, de vérité et d’amour pour fournir complètement et simultanément la tranquillité temporelle, la certitude intellectuelle, l’illumination morale, la stabilité philosophique, la sensibilité éthique, la conscience de Dieu et l’assurance formelle de la survie personnelle. La foi de Jésus indiqua le chemin vers la finalité du salut humain, vers l’ultimité de l’aboutissement universel des mortels, puisqu’elle assurait : 101:6.9 1. La délivrance des entraves matérielles dans la réalisation personnelle de la filiation avec Dieu, qui est esprit. 101:6.10 2. La délivrance de l’esclavage intellectuel : l’homme connaitra la vérité, et la vérité l’affranchira. 101:6.11 3. La délivrance de l’aveuglement spirituel, la réalisation humaine de la fraternité des êtres mortels et la conscience morontienne de la fraternité de toutes les créatures de l’univers ; la découverte de la réalité spirituelle par le service et la révélation de la bonté des valeurs spirituelles par le ministère. 101:6.12 4. La délivrance de l’incomplétude du moi, par le fait d’atteindre les niveaux spirituels de l’univers et finalement par la réalisation de l’harmonie de Havona et de la perfection du Paradis. 101:6.13 5. La délivrance du moi, échappant aux limitations de la conscience de soi par l’aboutissement aux niveaux cosmiques du mental Suprême et par la coordination avec les accomplissements de tous les autres êtres conscients de soi. 101:6.14 6. La délivrance du temps, par l’accomplissement d’une vie éternelle de progrès sans fin dans la reconnaissance de Dieu et le service de Dieu. 101:6.15 7. La délivrance du fini, par une unité devenue parfaite avec la Déité dans et par le Suprême, au moyen de laquelle la créature essaye de découvrir transcendantalement l’Ultime sur les niveaux postfinalitaires absonites. 101:6.16 Cette septuple délivrance équivaut à atteindre la réalisation parfaite et complète de l’expérience ultime du Père Universel. Et tout ceci est potentiellement contenu dans la réalité de la foi de l’expérience religieuse humaine, et peut y être contenu effectivement, car la foi de Jésus était nourrie par des réalités dépassant même l’ultime, et elle les révélait. La foi de Jésus approchait du statut d’un absolu universel dans la mesure où la manifestation de cet absolu est possible dans le cosmos de l’espace et du temps en évolution. 101:6.17 En assimilant la foi de Jésus, l’homme mortel peut avoir, dans le temps, un avant-gout des réalités de l’éternité. Au cours de son expérience humaine, Jésus découvrit le Père Final, et ses frères, en incarnation dans la vie mortelle, peuvent le suivre dans la même expérience de découverte du Père. Tels qu’ils sont, ils peuvent même atteindre, dans cette expérience avec le Père, une satisfaction semblable à celle de Jésus tel qu’il était. De nouveaux potentiels furent actualisés dans l’univers de Nébadon à la suite de l’effusion terminale de Micaël, et l’un d’eux fut une nouvelle illumination du sentier de l’éternité qui conduit au Père de tous et qui peut être parcouru même par les mortels de chair et de sang au cours de leur vie initiale sur les planètes de l’espace. Jésus était et reste le nouveau chemin vivant par lequel l’homme peut entrer dans le divin héritage dont le Père a décrété qu’il lui appartiendrait, pourvu qu’il le demande. En Jésus sont abondamment démontrés à la fois les commencements et les aboutissements de l’expérience de la foi de l’humanité et même de l’humanité divine. 7. Une philosophie personnelle de la religion 101:7.1 Une idée n’est qu’un plan théorique d’action, tandis qu’une décision formelle est un plan d’action validé. Un stéréotype est un plan d’action accepté sans validation. Les matériaux avec lesquels un individu peut se bâtir une philosophie personnelle de la religion sont tirés à la fois de son expérience intérieure et de son expérience avec son entourage. Le statut social, les conditions économiques, la possibilité de s’instruire, les orientations morales, l’influence des institutions, les développements politiques, les tendances raciales et les enseignements religieux du temps et du lieu deviennent tous des facteurs dans la formulation d’une philosophie personnelle de la religion. Même les tempéraments innés et les penchants intellectuels déterminent, d’une façon marquée, les types de philosophie religieuse. La vocation, le mariage et les affinités influencent tous l’évolution des niveaux de vie personnels. 101:7.2 Une philosophie de la religion nait d’une croissance fondamentale des idées, accrue de la vie expérimentale, toutes deux modifiées par la tendance à imiter des compagnons. La solidité des conclusions philosophiques dépend de la pénétration, de l’honnêteté et de la discrimination dans la manière de penser en relation avec la sensibilité aux significations et la justesse d’évaluation. Les êtres moralement lâches n’atteignent jamais des niveaux élevés de pensée philosophique. Il faut du courage pour pénétrer de nouveaux plans d’expérience et pour tenter l’exploration des domaines inconnus de la vie intellectuelle. 101:7.3 De nouveaux systèmes de valeurs voient à présent le jour ; de nouvelles formulations de principes et de critères s’établissent ; les habitudes et les idéaux sont remodelés ; une certaine idée d’un Dieu personnel est atteinte, suivie de concepts élargis des relations avec lui. 101:7.4 La grande différence entre une philosophie religieuse et une philosophie non religieuse de la vie réside dans la nature et le niveau des valeurs reconnues, et dans l’objet des allégeances. L’évolution de la philosophie religieuse comporte quatre phases. Cette expérience peut devenir simplement conformiste, résignée à la soumission, à la tradition et à l’autorité. Ou bien, elle peut se satisfaire d’accomplissements mineurs, juste assez pour stabiliser sa vie quotidienne et se trouver alors arrêtée de bonne heure sur ce niveau occasionnel. Les mortels de ce genre croient que le mieux est l’ennemi du bien. Un troisième groupe progresse jusqu’au niveau de l’intellectualité logique, mais y stagne par suite d’esclavage culturel. Il est vraiment lamentable de voir des intelligences géantes maintenues si solidement sous l’emprise cruelle de la servitude culturelle. Il est tout aussi pathétique d’observer ceux qui troquent leur servitude culturelle contre les chaines matérialistes d’une discipline faussement qualifiée de science. Le quatrième niveau de philosophie parvient à s’affranchir de tous les handicaps classiques et traditionnels ; sur ce niveau, on ose penser, agir et vivre honnêtement, loyalement, sans peur et sincèrement. 101:7.5 La pierre de touche pour toute philosophie religieuse consiste à savoir si elle fait ou ne fait pas la distinction entre la réalité du monde matériel et celle du monde spirituel, tout en reconnaissant en même temps leur unification dans l’effort intellectuel et le service social. Une saine philosophie religieuse ne confond pas les choses de Dieu avec celles de César. Elle n’admet pas non plus le culte esthétique du pur merveilleux comme substitut de la religion. 101:7.6 La philosophie transforme la religion primitive, qui était largement un conte de fées de la conscience, en une expérience vivante des valeurs ascendantes de la réalité cosmique. 8. Foi et croyance 101:8.1 La croyance a atteint le niveau de la foi quand elle motive la vie et façonne la manière de vivre. Le fait d’accepter un enseignement comme vrai n’est pas la foi, c’est une simple croyance. La certitude et la conviction ne sont pas non plus la foi. Une disposition mentale n’atteint les niveaux de la foi que si elle domine effectivement la manière de vivre. La foi est un attribut vivant de l’expérience religieuse personnelle authentique. On croit la vérité, on admire la beauté, on respecte la bonté, mais on ne les adore pas. Une telle attitude de foi salvatrice est centrée sur Dieu seul, qui personnifie la vérité, la beauté, la bonté et infiniment plus encore. 101:8.2 La croyance limite et enchaine toujours ; la foi se déploie et libère. La croyance attache, la foi affranchit. Mais la foi religieuse vivante représente plus qu’une association de nobles croyances, plus qu’un système exalté de philosophie ; elle est une expérience vivante s’intéressant aux significations spirituelles, aux idéaux divins et aux valeurs suprêmes ; elle connaît Dieu et sert les hommes. Les croyances peuvent devenir la propriété d’un groupe, mais la foi doit être personnelle. On peut suggérer des croyances théologiques à un groupe, mais la foi ne peut surgir dans le cœur des personnes religieuses qu’individuellement. 101:8.3 La foi falsifie sa mission de confiance quand elle prétend nier les réalités et conférer à ses adeptes des connaissances présumées. La foi est traitresse quand elle pousse à trahir l’intégrité intellectuelle et déprécie la fidélité aux valeurs suprêmes et aux idéaux divins. La foi ne se dérobe jamais au devoir de résoudre les problèmes de la vie des mortels. La foi vivante ne favorise ni la bigoterie, ni la persécution, ni l’intolérance. 101:8.4 La foi n’entrave pas l’imagination créatrice, elle n’entretient pas non plus de préjugés irraisonnés contre les découvertes de la recherche scientifique. La foi vivifie la religion et oblige le religioniste à vivre héroïquement la règle d’or. Le zèle de la foi est proportionné à la connaissance, et ses efforts sont le prélude d’une paix sublime. 9. Religion et moralité 101:9.1 Nulle révélation de la religion, qui se prétend telle, ne peut être considérée comme authentique si elle ne reconnait pas les devoirs, commandés par les obligations éthiques qui avaient été créés et entretenus par la religion évolutionnaire antérieure. La révélation élargit infailliblement l’horizon éthique de la religion évoluée, tout en accroissant simultanément et infailliblement les obligations morales résultant de toutes les révélations antérieures. 101:9.2 Quand vous prenez la liberté de porter un jugement critique sur la religion primitive de l’homme (ou sur la religion de l’homme primitif), vous devriez vous souvenir qu’il faut juger les sauvages et estimer leur expérience religieuse selon leurs clartés et leur statut de conscience. Ne commettez pas l’erreur de juger la religion d’autrui d’après vos propres critères de connaissance et de vérité. 101:9.3 La vraie religion est, à l’intérieur de l’âme, cette conviction intime et sublime qui exhorte l’homme, d’une manière irrésistible, à considérer comme mauvais pour lui de ne pas croire aux réalités morontielles qui constituent ses concepts éthiques et moraux les plus élevés, sa plus haute interprétation des plus grandes valeurs de la vie et des plus profondes réalités de l’univers. Et cette religion est simplement l’expérience de vouer sa loyauté intellectuelle aux directives les plus élevées de la conscience spirituelle. 101:9.4 La recherche de la beauté ne fait partie de la religion que dans la mesure où elle est éthique et enrichit le concept de la morale. L’art n’est religieux que s’il se diffuse avec un dessein dérivé de haute motivation spirituelle. 101:9.5 La conscience spirituelle éclairée de l’homme civilisé s’intéresse moins à une croyance intellectuelle spécifique ou à un mode de vie particulier qu’à découvrir la vérité de la vie, la bonne et juste technique pour réagir aux situations toujours récurrentes de l’existence des mortels. La conscience morale est simplement un nom appliqué à la récognition et à la conscience des valeurs éthiques morontielles émergentes auxquelles le devoir exige que l’homme se conforme dans le contrôle et la gouverne de sa conduite au jour le jour. 101:9.6 Nous reconnaissons que la religion est imparfaite, mais il existe au moins deux manifestations pratiques de sa nature et de sa fonction : 101:9.7 1. L’incitation spirituelle et la pression philosophique de la religion poussent l’homme à projeter son estimation des valeurs morales directement à l’extérieur dans les affaires de ses compagnons – c’est la réaction éthique de la religion. 101:9.8 2. La religion crée, pour le mental humain, une conscience spiritualisée de la réalité divine basée sur des concepts antérieurs de valeurs morales, dérivée d’eux par la foi, et coordonnée avec des concepts surimposés de valeurs spirituelles. La religion devient ainsi un censeur des affaires des mortels, une forme de crédit moral glorifié et de confiance dans la réalité, faite des réalités rehaussées du temps et des réalités plus durables de l’éternité. 101:9.9 La foi devient le trait d’union entre la conscience morale et le concept spirituel de la réalité permanente. La religion devient la voie par laquelle l’homme échappe aux limitations matérielles du monde temporel et naturel, et s’oriente vers les réalités célestes du monde éternel et spirituel en utilisant, à cet effet, la technique du salut, la transformation morontielle progressive. 10. La religion en tant que libératrice de l’homme 101:10.1 L’homme intelligent sait qu’il est un enfant de la nature, une partie de l’univers matériel. Il ne discerne aucune survie de la personnalité individuelle dans les mouvements et tensions du niveau mathématique de l’univers d’énergie. Jamais non plus l’homme ne peut discerner la réalité spirituelle par l’examen de causes et d’effets physiques. 101:10.2 Un être humain se rend compte aussi qu’il est une partie du cosmos idéationnel, mais, bien qu’un concept puisse persister au-delà de la durée de la vie d’un mortel, il n’y a rien d’inhérent au concept qui indique la survivance personnelle de la personnalité qui conçoit. L’épuisement des possibilités de la logique et de la raison ne révélera jamais non plus au logicien ni au raisonneur la vérité éternelle de la survie de la personnalité. 101:10.3 Le niveau matériel de la loi assure la continuité de la causalité, l’interminable réaction de l’effet à l’action antécédente ; le niveau mental suggère la perpétuation dans la continuité de l’idéation, le flot incessant de potentialité conceptuelle dérivant des conceptions préexistantes. Mais aucun de ces niveaux universels ne révèle au chercheur mortel une échappatoire à son statut partiel et à l’intolérable incertitude d’être une réalité transitoire dans l’univers, une personnalité temporelle condamnée à l’anéantissement quand ses énergies vitales limitées seront épuisées. 101:10.4 Seule la voie morontielle conduisant à la clairvoyance spirituelle permet à l’homme de briser les chaines inhérentes à son statut mortel dans l’univers. L’énergie et le mental ramènent bien au Paradis et à la Déité, mais ni la dotation énergétique ni la dotation mentale de l’homme ne proviennent directement de la Déité du Paradis. C’est seulement au sens spirituel que l’homme est un enfant de Dieu, et ceci est vrai parce que c’est seulement au sens spirituel que l’homme est à présent doté et habité par le Père du Paradis. L’humanité ne peut jamais découvrir la divinité autrement que par la voie de l’expérience religieuse et par l’exercice de la vraie foi. L’acceptation de la vérité de Dieu par la foi permet à l’homme d’échapper aux frontières circonscrites des limitations matérielles, et lui fournit un espoir rationnel d’obtenir un sauf-conduit pour sortir du royaume matériel où est la mort, vers le royaume spirituel où est la vie éternelle. 101:10.5 Le but de la religion n’est pas de satisfaire la curiosité au sujet de Dieu, mais plutôt d’apporter la constance intellectuelle et la sécurité philosophique, de stabiliser et d’enrichir la vie humaine en mêlant le mortel au divin, le partiel au parfait, l’homme à Dieu. C’est par l’expérience religieuse que les concepts humains de l’idéalité sont dotés de réalité. 101:10.6 Il ne peut jamais y avoir de preuves scientifiques ou logiques de la divinité. La raison seule ne peut jamais valider les valeurs et les bienfaits de l’expérience religieuse. Par contre, il restera toujours vrai que quiconque veut faire la volonté de Dieu comprendra la validité des valeurs spirituelles ; c’est ainsi que, sur le niveau mortel, on s’approche le plus de la possibilité de prouver la réalité de l’expérience religieuse. La foi correspondante fournit la seule manière d’échapper à l’emprise mécanique du monde matériel et aux erreurs déformantes provenant de l’incomplétude du monde intellectuel. C’est la seule solution que l’on ait découverte pour sortir de l’impasse où se trouve la pensée des mortels au sujet de la continuité de la survie de la personnalité individuelle. C’est le seul passeport pour le parachèvement de la réalité et pour l’éternité de vie dans une création universelle d’amour, de loi, d’unité et d’aboutissement progressif à la Déité. 101:10.7 La religion guérit efficacement le sentiment humain d’isolement idéaliste ou de solitude spirituelle. Elle fait admettre le croyant comme fils de Dieu, comme citoyen d’un univers nouveau et significatif. La religion certifie à l’homme que, s’il suit la lueur de droiture discernable dans son âme, il s’identifie par là même avec le plan de l’Infini et le dessein de l’Éternel. Une âme ainsi libérée commence immédiatement à se sentir chez elle dans ce nouvel univers, son univers. 101:10.8 Quand vous passez par l’expérience d’une telle transformation par la foi, vous cessez d’être une partie servile du cosmos mathématique et vous devenez plutôt un fils affranchi volitif du Père Universel. Ce fils affranchi ne lutte plus seul contre le destin inexorable mettant fin à l’existence temporelle ; il ne combat plus toute la nature avec des perspectives irrémédiablement hostiles ; il ne chancelle plus sous la peur paralysante d’avoir peut-être mis sa confiance dans une chimère sans espoir ou engagé sa foi dans une erreur fantaisiste. 101:10.9 Maintenant, les fils de Dieu sont plutôt enrôlés ensemble pour mener le combat où la réalité triomphe des ombres partielles de l’existence. Enfin, toutes les créatures deviennent conscientes du fait que Dieu et toutes les armées divines d’un univers à peu près infini sont à leur côté dans la lutte céleste pour atteindre l’éternité de vie et la divinité de statut. Ces fils affranchis par la foi se sont certainement engagés dans les luttes du temps du côté des forces suprêmes et des personnalités divines de l’éternité ; même les étoiles dans leur course combattent maintenant pour eux. Enfin, ils contemplent l’univers depuis l’intérieur, du point de vue de Dieu, et toutes les incertitudes de l’isolement matériel sont transformées en sécurités de la progression spirituelle éternelle. Le temps lui-même ne devient plus que l’ombre de l’éternité projetée par les réalités du Paradis sur la panoplie mouvante de l’espace. 101:10.10 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.] FASCICULE 102. Les fondements de la foi religieuse 102:0.1 Pour le matérialiste incroyant, l’homme est simplement un accident évolutionnaire. Ses espoirs de survivance sont liés à une fiction de son imagination de mortel ; ses frayeurs, ses amours, ses désirs et ses croyances ne sont que les réactions de la juxtaposition accidentelle de certains atomes de matière dépourvus de vie. Nul déploiement d’énergie, nulle expression de confiance ne peuvent le transporter au-delà du tombeau. Les œuvres de dévotion et le génie inspirant les meilleurs hommes sont condamnés à l’annihilation par la mort, à la longue nuit solitaire de l’éternel oubli et de l’anéantissement de l’âme. Un désespoir sans nom est la seule récompense de l’homme pour avoir vécu et travaillé sous le soleil temporel de l’existence mortelle. Chaque jour de la vie resserre lentement et sûrement l’emprise d’un destin impitoyable qu’un univers de matière, hostile et implacable, a décrété comme insulte suprême à tout ce qui est beau, noble, élevé et bon dans les désirs humains. 102:0.2 Telle n’est pas la fin et la destinée éternelle de l’homme. Cette vision n’est que le cri de désespoir poussé par une âme errante qui s’est perdue dans les ténèbres spirituelles, qui lutte bravement en face des sophismes mécanistes d’une philosophie matérialiste, et qui est aveuglée par le désordre et la déformation d’une érudition complexe. Toute cette condamnation aux ténèbres et toute cette destinée de désespoir sont dissipées pour toujours par un seul courageux déploiement de foi du plus humble et du plus ignorant enfant de Dieu sur terre. 102:0.3 Cette foi qui sauve prend naissance dans le cœur humain quand la conscience morale de l’homme se rend compte qu’au cours de l’expérience mortelle, les valeurs humaines peuvent être transposées du matériel au spirituel, de l’humain au divin, du temps à l’éternité. 1. Les assurances de la foi 102:1.1 Le travail de l’Ajusteur de Pensée est par lui-même l’explication de la manière dont le sens primitif et évolutionnaire du devoir est transmué en une foi supérieure et plus certaine dans les éternelles réalités de la révélation. Il faut que le cœur de l’homme soit avide de perfection pour lui assurer la capacité de comprendre les sentiers de la foi menant à l’aboutissement suprême. Quiconque choisit de faire la volonté divine connaitra le chemin de la vérité. Il est littéralement vrai « qu’il faut connaitre les choses humaines pour les aimer, mais qu’il faut aimer les choses divines pour les connaitre. » Mais les doutes honnêtes et les interrogations sincères ne sont pas des péchés ; ces attitudes sont simplement une cause de retard dans le cheminement progressif d’accession à la perfection. Une confiance d’enfant assure l’entrée de l’homme dans le royaume de l’ascension du ciel, mais le progrès dépend entièrement de l’exercice vigoureux de la foi robuste et confiante de l’homme accompli. 102:1.2 La raison de la science est fondée sur les faits observables du temps. La foi religieuse tire argument du programme spirituel de l’éternité. Ce que le savoir et la raison ne peuvent faire pour nous, la vraie sagesse nous exhorte à permettre à la foi de l’accomplir par clairvoyance religieuse et transformation spirituelle. 102:1.3 Par suite de l’isolement dû à la rébellion, la révélation de la vérité sur Urantia a été trop souvent mêlée aux affirmations de cosmologies partielles et transitoires. La vérité reste invariante de génération en génération, mais les enseignements associés concernant le monde physique varient de jour en jour et d’année en année. La vérité éternelle ne devrait pas être dédaignée parce qu’on la rencontre par hasard en compagnie d’idées périmées sur le monde matériel. Plus vous êtes docte en science, moins vous êtes sûr de vous ; plus vous avez de religion, plus vous êtes pénétré de certitude. 102:1.4 Les certitudes de la science proviennent entièrement de l’intellect ; les certitudes de la religion jaillissent des fondements mêmes de la personnalité tout entière. La science fait appel à la compréhension du mental ; la religion fait appel à la fidélité et au dévouement du corps, du mental et de l’esprit, en fait à toute la personnalité. 102:1.5 Dieu est si complètement réel et absolu que l’on ne peut offrir, en témoignage de sa réalité, aucun signe matériel de preuve, aucune démonstration de prétendus miracles. C’est toujours notre confiance en lui qui nous le fera connaitre, et notre croyance en lui est entièrement basée sur notre participation personnelle aux manifestations divines de sa réalité infinie. 102:1.6 L’Ajusteur de Pensée intérieur éveille infailliblement, dans l’âme humaine, une véritable soif avide de perfection ainsi qu’une vaste curiosité, lesquelles ne peuvent être convenablement apaisées que par communion avec Dieu, source divine de cet Ajusteur. L’âme assoiffée de l’homme refuse d’être satisfaite tant qu’elle n’est pas parvenue à la réalisation personnelle du Dieu vivant. Quoi que Dieu puisse être de plus qu’une personnalité morale supérieure et parfaite, dans notre concept avide mais fini, il ne peut rien être de moins. 2. Religion et réalité 102:2.1 Un mental observateur et une âme capable de discernement reconnaissent la religion quand ils la rencontrent dans la vie de leurs compagnons. La religion n’a besoin d’aucune définition ; nous connaissons tous ses fruits sociaux, moraux, intellectuels et spirituels. Et tout ceci provient du fait que la religion est la propriété de la race humaine ; elle n’est pas engendrée par la culture. Il est vrai que la perception de la religion est encore humaine, et par conséquent sujette à la servitude de l’ignorance, à l’esclavage des superstitions, aux duperies des sophismes et aux illusions d’une fausse philosophie. 102:2.2 L’une des particularités caractéristiques de l’assurance religieuse authentique est que, malgré le caractère absolu de ses affirmations et la fermeté de son attitude, l’esprit de son expression est assez équilibré et tempéré pour ne jamais donner la plus petite impression d’affirmation de soi ou d’exaltation de l’ego. La sagesse de l’expérience religieuse est quelque peu paradoxale, en ce sens qu’elle est, à la fois, d’origine humaine et dérivée de l’Ajusteur. La force religieuse n’est pas le produit des prérogatives personnelles de l’individu, mais plutôt la mise en œuvre de l’association sublime entre l’homme et la source perpétuelle de toute sagesse. C’est ainsi que les paroles et les actes de la religion vraie, dans sa pureté originale, acquièrent une autorité irrésistible pour tous les mortels éclairés. 102:2.3 Il est difficile d’identifier et d’analyser les facteurs d’une expérience religieuse, mais il est facile d’observer que les pratiquants religieux vivent et persévèrent comme s’ils étaient déjà en présence de l’Éternel. Les croyants réagissent à la vie temporelle comme si l’immortalité était déjà à portée de leur main. Dans la vie de ces mortels, on trouve une originalité valable et une spontanéité d’expression qui les classent définitivement à part de leurs compagnons n’ayant absorbé que la sagesse du monde. Les religionistes paraissent vivre effectivement émancipés du harcèlement de la hâte et de la tension douloureuse des vicissitudes inhérentes aux courants séculiers du temps. Ils font montre d’une stabilité de personnalité et d’une sérénité de caractère que les lois de la physiologie, de la psychologie et de la sociologie n’expliquent pas. 102:2.4 Le temps est un élément invariable pour atteindre la connaissance ; la religion rend ses dons immédiatement accessibles, bien que subsiste le facteur important de la croissance en grâce, un progrès caractérisé dans toutes les phases de l’expérience religieuse. La connaissance est une quête éternelle ; vous apprenez toujours, mais vous n’êtes jamais capable d’arriver à la connaissance complète de la vérité absolue. La connaissance seule ne donne jamais une certitude absolue, mais seulement une probabilité approximative croissante. Par contre, l’âme religieuse spirituellement illuminée sait, et elle sait maintenant. Cette certitude profonde et positive ne conduit cependant pas ce religioniste mentalement sain à prendre moins d’intérêt aux avances et aux reculs du progrès de la sagesse humaine, liée dans le domaine matériel aux lents développements de la science. 102:2.5 Même les découvertes de la science ne sont pas vraiment réelles dans la conscience de l’expérience humaine avant d’être éclaircies et mises en corrélation, avant que leurs faits pertinents ne prennent effectivement une signification par leur mise en circuit dans les courants de pensée du mental. L’homme mortel considère même son entourage physique, depuis le niveau mental, selon la perspective de son enregistrement psychologique. Il n’est donc pas étonnant que l’homme interprète l’univers d’une façon hautement unifiée, et cherche ensuite à identifier l’unité énergétique de sa science avec l’unité spirituelle de son expérience religieuse. Le mental est unité ; la conscience mortelle vit sur le niveau mental et perçoit les réalités universelles par les yeux de sa dotation mentale. La perspective mentale ne révèle pas l’unité existentielle de la source de la réalité, la Source-Centre Première, mais elle peut présenter et présente parfois à l’homme la synthèse expérientielle de l’énergie, du mental et de l’esprit dans l’Être Suprême et en tant qu’Être Suprême. Toutefois, le mental ne peut jamais réussir dans cette unification de la diversité de la réalité, à moins que ce mental ne soit solidement conscient des choses matérielles, des significations intellectuelles et des valeurs spirituelles. Il n’y a unité que dans l’harmonie de la triunité de la réalité fonctionnelle, et c’est seulement dans l’unité que la personnalité se satisfait dans la réalisation de la constance et de la cohérence cosmiques. 102:2.6 Dans l’expérience humaine, c’est par la philosophie que l’on trouve le plus facilement l’unité. Bien que le corps de doctrine philosophique doive toujours être fondé sur des faits matériels, la clairvoyance spirituelle du mortel est l’âme et l’énergie du vrai dynamisme philosophique. 102:2.7 L’homme évolutionnaire n’a pas de gout naturel pour les travaux pénibles. Dans la vie expérientielle, pour marcher de pair avec les exigences harcelantes et les besoins pressants d’une expérience religieuse grandissante, il faut une incessante activité dans la croissance spirituelle, l’expansion intellectuelle, le développement factuel et le service social. Il n’y a pas de véritable religion sans une personnalité très active ; c’est pourquoi les hommes les plus indolents cherchent souvent à échapper aux rigueurs des activités vraiment religieuses en se dupant ingénieusement eux-mêmes, en se retirant dans le faux abri de doctrines et de dogmes religieux stéréotypés. Mais la vraie religion est vivante. La cristallisation intellectuelle de concepts religieux équivaut à la mort spirituelle. Vous ne pouvez concevoir une religion sans idées, mais, une fois que la religion se trouve réduite simplement à une idée, elle cesse d’être une religion, elle est devenue simplement une espèce de philosophie humaine. 102:2.8 Par ailleurs, d’autres types d’âmes instables et peu disciplinées cherchent à employer les idées sentimentales de la religion pour échapper aux exigences irritantes de la vie. Quand certains mortels vacillants et timides cherchent à échapper à la pression incessante de la vie évolutionnaire, la religion telle qu’ils la conçoivent semble leur offrir le refuge le plus proche, la meilleure échappatoire. Mais la mission de la religion consiste à préparer l’homme à faire face courageusement, et même héroïquement, aux vicissitudes de la vie. La religion est le don suprême de l’homme évolutionnaire, la seule chose qui lui permette de persévérer et « de souffrir avec patience comme s’il voyait Celui qui est invisible ». Cependant, le mysticisme est souvent empreint d’une tendance à se retirer de la vie ; il est embrassé par les humains qui n’apprécient pas les activités plus rudes d’une vie religieuse vécue dans les arènes ouvertes de la société et du commerce humains. La vraie religion se doit d’agir. La conduite résulte de la religion quand l’homme en a effectivement une, ou plutôt quand l’homme permet à la religion de le posséder vraiment. La religion ne se satisfera jamais de pensées velléitaires, ni de sentiments passifs. 102:2.9 Nous sommes bien conscients du fait que la religion agit souvent d’une manière peu sage et même irreligieuse, mais elle agit. Des convictions religieuses aberrantes ont conduit à de sanglantes persécutions, mais la religion fait toujours quelque chose ; elle est dynamique ! 3. Connaissance, sagesse et clairvoyance 102:3.1 Les carences intellectuelles et les insuffisances dans l’éducation handicapent inévitablement l’accès aux niveaux religieux supérieurs, car un environnement de la nature spirituelle aussi appauvri dérobe à la religion son principal canal de contact philosophique avec le monde des connaissances scientifiques. Les facteurs intellectuels de la religion sont importants, mais il arrive aussi parfois que leur hypertrophie soit très gênante et embarrassante. La religion doit constamment travailler sous la pression d’une nécessité paradoxale : la nécessité d’employer efficacement la pensée, tout en faisant peu de cas de l’utilité spirituelle de toute pensée. 102:3.2 Les spéculations religieuses sont inévitables, mais toujours nuisibles. La spéculation dénature invariablement son objet. La spéculation tend à faire passer la religion pour quelque chose de matériel ou d’humaniste, et ainsi, interférant alors directement avec la clarté de la pensée logique, elle fait indirectement apparaitre la religion comme une fonction du monde temporel, le monde même avec lequel elle devrait éternellement former contraste. La religion sera donc toujours caractérisée par des paradoxes, les paradoxes résultant de l’absence du lien expérientiel entre les niveaux matériels et spirituels de l’univers – de la mota morontielle, la sensibilité supraphilosophique permettant de discerner la vérité et de percevoir l’unité. 102:3.3 Les sentiments matériels, les émotions humaines, conduisent directement à des actions matérielles, à des actes égoïstes. Les points de vue religieux, les motivations spirituelles, conduisent directement à des actions religieuses, à des actes désintéressés de service social et de bienveillance altruiste. 102:3.4 Le désir religieux est une quête avide de la réalité divine. L’expérience religieuse est la réalisation de la conscience d’avoir trouvé Dieu. Et, quand un être humain trouve Dieu, le triomphe de sa découverte fait éprouver à son âme une effervescence tellement indescriptible qu’il est poussé à rechercher un affectueux contact de service avec ses compagnons moins éclairés, non pour révéler qu’il a trouvé Dieu, mais plutôt pour permettre au débordement de la bonté éternelle qui surgit dans son âme de réconforter et ennoblir ses compagnons. La religion réelle mène à un service social accru. 102:3.5 La science, la connaissance, conduit à la conscience des faits ; la religion, l’expérience, conduit à la conscience des valeurs ; la philosophie, la sagesse, conduit à coordonner la conscience. La révélation (le substitut de la mota morontielle) conduit à la conscience de la vraie réalité ; tandis que la coordination de la conscience des faits, des valeurs et de la vraie réalité constitue la perception consciente de la réalité de la personnalité, le maximum d’être, en même temps que de la croyance à la possibilité de survie de cette même personnalité. 102:3.6 La connaissance amène à donner un rang aux hommes, à faire naitre des couches sociales et des castes. La religion conduit à servir les hommes et à créer ainsi l’éthique et l’altruisme. La sagesse conduit à une meilleure et plus haute communauté dans nos idées et avec nos semblables. La révélation affranchit les hommes et les lance dans l’aventure éternelle. 102:3.7 La science sélectionne les hommes ; la religion aime les hommes, jusqu’à les aimer comme vous-mêmes ; la sagesse fait justice à la différence entre les hommes ; mais la révélation glorifie l’homme et révèle sa capacité d’association avec Dieu. 102:3.8 La science s’efforce vainement de créer la fraternité de la culture. La religion amène à l’existence la fraternité de l’esprit. La philosophie recherche la fraternité de sagesse ; la révélation dépeint la fraternité éternelle, le Corps Paradisiaque de la Finalité. 102:3.9 La connaissance fait naitre de l’orgueil dans le fait de la personnalité ; la sagesse est la conscience de la signification de la personnalité ; la religion est l’expérience de la connaissance de la valeur de la personnalité ; la révélation est l’assurance de la survie de la personnalité. 102:3.10 La science cherche à identifier, à analyser et à classifier les parties fractionnées du cosmos illimité. La religion saisit l’idée-du-tout, l’ensemble du cosmos. La philosophie essaye d’identifier les segments matériels de la science avec le concept de clairvoyance spirituelle du tout. Sur les points où la philosophie échoue dans cette tentative, la révélation réussit en affirmant que le cercle cosmique est universel, éternel, absolu et infini. Ce cosmos de l’Infini JE SUIS est donc sans fin, sans bornes et incluant tout – il est sans temps, sans espace et non qualifié. Et nous rendons témoignage que l’Infini JE SUIS est aussi le Père de Micaël de Nébadon et le Dieu du salut humain. 102:3.11 La science montre la Déité comme un fait ; la philosophie présente l’idée d’un Absolu ; la religion envisage Dieu comme une personnalité spirituelle aimante. La révélation affirme qu’il y a unité entre le fait de la Déité, l’idée de l’Absolu et la personnalité spirituelle de Dieu ; de plus, elle présente ce concept comme étant notre Père – le fait universel de l’existence, l’idée éternelle du mental et l’esprit infini de la vie. 102:3.12 La poursuite de la connaissance constitue la science ; la recherche de la sagesse est la philosophie ; l’amour pour Dieu est la religion ; la soif de vérité est une révélation ; mais c’est l’Ajusteur de Pensée intérieur qui attache le sentiment de réalité à la clairvoyance spirituelle de l’homme par rapport au cosmos. 102:3.13 En science, l’idée précède l’expression de sa réalisation ; en religion, l’expérience de la réalisation précède l’expression de l’idée. Il y a une immense différence entre d’une part la volonté-de-croire évolutionnaire, et d’autre part le produit de la raison éclairée, de la clairvoyance religieuse et de la révélation – la volonté qui croit. 102:3.14 Dans l’évolution, la religion amène souvent l’homme à créer ses concepts de Dieu. La révélation montre le phénomène de Dieu faisant évoluer l’homme lui-même, tandis que, dans la vie terrestre de Christ Micaël, nous voyons le phénomène de Dieu se révélant lui-même à l’homme. L’évolution tend à faire ressembler Dieu à l’homme ; la révélation tend à faire ressembler l’homme à Dieu. 102:3.15 La science n’est satisfaite que par les causes premières, la religion, par la personnalité suprême et la philosophie, par l’unité. La révélation affirme que les trois sont un et que toutes sont bonnes. L’éternel réel est le bien de l’univers, et non les illusions temporelles du mal spatial. Dans l’expérience spirituelle de toutes les personnalités, il est toujours vrai que le réel est le bien et que le bien est le réel. 4. Le fait de l’expérience 102:4.1 En raison de la présence de l’Ajusteur de Pensée dans votre mental, il n’est pas plus mystérieux pour vous de connaitre le mental de Dieu que d’être sûr que vous êtes conscient de connaitre tout autre mental, humain ou suprahumain. La religion et la conscience sociale ont ceci de commun : elles sont toutes deux fondées sur la conscience de l’altérité. La technique par laquelle vous pouvez accepter comme vôtre l’idée d’un autre est la même qui vous permet de « laisser le mental qui était en Christ être aussi en vous ». 102:4.2 Qu’est-ce que l’expérience humaine ? C’est simplement l’effet réciproque entre un moi actif et interrogateur, et toute autre réalité active et extérieure. La masse de l’expérience est déterminée par la profondeur de concept, plus le total de la reconnaissance de la réalité de ce qui est extérieur. Le mouvement de l’expérience est égal à la force de l’imagination en expectative, plus l’acuité de la découverte sensorielle des qualités externes de la réalité contactée. Le fait de l’expérience se trouve dans la conscience de soi et de l’existence des autres – des choses autres, des mentalités autres, des spiritualités autres. 102:4.3 L’homme devient très tôt conscient qu’il n’est seul ni dans le monde ni dans l’univers. Il se développe une prise de conscience naturelle et spontanée de mentalités autres dans l’entourage de l’individu. La foi transforme cette expérience naturelle en religion, en récognition de Dieu comme réalité – source, nature et destinée – du mental de l’autre, mais cette connaissance de Dieu est toujours une réalité de l’expérience personnelle. Si Dieu n’était pas une personnalité, il ne pourrait devenir une partie vivante de l’expérience religieuse réelle d’une personnalité humaine. 102:4.4 L’élément d’erreur présent dans l’expérience religieuse humaine est directement proportionnel au contenu de matérialisme qui souille le concept spirituel du Père Universel. La progression de l’homme dans l’univers, avant d’atteindre le statut d’esprit, consiste à se débarrasser de ces idées erronées sur la nature de Dieu et sur la réalité du pur et véritable esprit. La Déité est plus que l’esprit, mais l’approche spirituelle est la seule possible pour l’ascendeur humain. 102:4.5 La prière fait assurément partie de l’expérience religieuse, mais les religions modernes ont mis à tort l’accent sur elle, au détriment de la communion d’adoration qui est plus essentielle. Les pouvoirs réflexifs du mental s’approfondissent et s’élargissent par l’adoration. La prière peut enrichir la vie, mais l’adoration illumine la destinée. 102:4.6 La religion révélée est l’élément unifiant de l’existence humaine. La révélation unifie l’histoire, coordonne la géologie, l’astronomie, la physique, la chimie, la biologie, la sociologie et la psychologie. L’expérience spirituelle est l’âme réelle du cosmos de l’homme. 5. La suprématie du potentiel d’intention 102:5.1 Bien que l’établissement du fait de la croyance n’équivaille pas à établir le fait de ce qui est cru, la progression évolutionnaire de la vie simple jusqu’au statut de personnalité démontre bien néanmoins l’existence, au départ, du potentiel de personnalité. Dans les univers du temps, le potentiel a toujours la suprématie sur l’actuel. Dans le cosmos en évolution, le potentiel représente ce qui va être, et ce qui va être est le développement des décisions intentionnelles de la Déité. 102:5.2 Cette même suprématie des intentions apparait dans l’évolution de l’idéation mentale quand la peur animale primitive se transmue en une vénération constamment plus profonde de Dieu et en une crainte croissante devant l’univers. L’homme primitif avait plus de peur religieuse que de foi. La suprématie des potentiels spirituels sur les réalités mentales est démontrée quand cette lâche frayeur se transforme en foi vivante dans les réalités spirituelles. 102:5.3 On peut faire l’analyse psychologique de la religion évolutionnaire, mais non celle de la religion d’origine spirituelle vécue personnellement. La morale humaine peut reconnaitre des valeurs, mais seule la religion peut les conserver, les exalter et les spiritualiser. Malgré cela, la religion est quelque chose de plus qu’une moralité à caractère émotionnel. La religion est à la moralité ce que l’amour est au devoir, ce que la filiation est à la servitude, ce que l’essence est à la substance. La moralité révèle un Contrôleur tout-puissant, une Déité à servir ; la religion révèle un Père tout-aimant, un Dieu à adorer et à aimer. Et de nouveau cela tient à ce que le potentiel spirituel de la religion domine l’actualité des devoirs de la moralité évolutionnaire. 6. La certitude de la foi religieuse 102:6.1 L’élimination de la crainte religieuse par la philosophie et les progrès continus de la science contribuent sérieusement à la mortalité des faux dieux. Même si la disparition de ces déités, créées par les hommes, peut obscurcir momentanément la vision spirituelle, elle détruit, en fin de compte, l’ignorance et la superstition qui ont si longtemps voilé le Dieu vivant, le Dieu d’amour éternel. La relation entre la créature et le Créateur est une expérience vivante, une foi religieuse dynamique, qui n’est pas sujette à une définition précise. Isoler une partie de la vie et l’appeler religion, c’est désintégrer la vie et défigurer la religion. C’est justement pourquoi le Dieu d’adoration réclame une fidélité totale, ou n’en demande aucune. 102:6.2 Les dieux des hommes primitifs n’ont peut-être pas été plus que les ombres de ces hommes. Le Dieu vivant est la lumière divine dont les interruptions constituent les ombres de création de tout l’espace. 102:6.3 Le religioniste, qualifié en philosophie, a foi en un Dieu personnel de salut personnel, en quelque chose de plus qu’une réalité, une valeur, un niveau d’accomplissement, un processus supérieur, une transmutation, l’ultime de l’espace-temps, une idéalisation, la personnalisation de l’énergie, l’entité de la gravitation, une projection humaine, l’idéalisation du moi, la poussée élévatrice de la nature, le penchant à la bonté, l’impulsion en avant de l’évolution ou une hypothèse sublime. Le religioniste a foi en un Dieu d’amour. L’amour est l’essence de la religion et la source vive des civilisations supérieures. 102:6.4 Dans l’expérience religieuse personnelle, la foi transforme le Dieu de la probabilité philosophique en un Dieu de salut certain. Le scepticisme peut défier les théories de la théologie, mais la conviction que l’on peut se fier à l’expérience personnelle affirme la vérité des croyances qui ont grandi jusqu’à la foi. 102:6.5 On peut arriver à des convictions sur Dieu par de sages raisonnements, mais on n’apprend individuellement à connaitre Dieu que par la foi, par l’expérience personnelle. Dans beaucoup de choses qui ont trait à la vie, il faut tenir compte des probabilités, mais, dans le contact avec la réalité cosmique, on peut éprouver des certitudes quand on aborde leurs significations et leurs valeurs à l’aide d’une foi vivante. Une âme qui connait Dieu ose dire « je sais », même quand sa connaissance de Dieu est contestée par l’incroyant qui nie cette certitude parce qu’elle n’est pas entièrement étayée par la logique intellectuelle. Le croyant se borne à répliquer à un tel incroyant ; « Comment savez-vous que je ne sais pas ? » 102:6.6 Bien que la raison puisse toujours mettre la foi en doute, la foi peut toujours compléter aussi bien la raison que la logique. La raison crée la probabilité que la foi peut transformer en certitude morale, et même en expérience spirituelle. Dieu est la première vérité et le dernier fait, et c’est pourquoi toute vérité prend origine en lui, tandis que tous les faits existent relativement à lui. Dieu est la vérité absolue. On peut connaitre Dieu en tant que vérité, mais pour comprendre Dieu – pour l’expliquer – il faut explorer le fait de l’univers des univers. L’immense abime entre l’expérience de la vérité de Dieu et l’ignorance du fait de Dieu ne peut être comblé que par la foi vivante. La raison seule ne peut établir l’harmonie entre la vérité infinie et le fait universel. 102:6.7 La croyance peut se révéler incapable de résister au doute et de supporter la peur, mais la foi triomphe toujours du doute, car elle est à la fois positive et vivante. Le positif a toujours l’avantage sur le négatif, la vérité sur l’erreur, l’expérience sur la théorie, les réalités spirituelles sur les faits isolés de l’espace et du temps. La preuve convaincante de cette certitude spirituelle réside dans les fruits sociaux de l’esprit que les croyants, hommes de foi, produisent à la suite de leur expérience spirituelle authentique. Jésus a dit : « Si vous aimez votre prochain comme je vous ai aimés, alors tous les hommes sauront que vous êtes mes disciples. » 102:6.8 Pour la science, Dieu est une possibilité ; pour la psychologie, il est désirable ; pour la philosophie, il est une probabilité ; pour la religion, il est une certitude, une actualité de l’expérience religieuse. La raison exige qu’une philosophie incapable de trouver le Dieu de la probabilité soit très respectueuse de la foi religieuse qui peut trouver le Dieu de la certitude et y parvient. La science ne devrait pas non plus dédaigner l’expérience religieuse en invoquant la crédulité, au moins tant que la science persiste à supposer que les dons intellectuels et philosophiques de l’homme sont issus d’intelligences d’autant moindres que l’on s’éloigne davantage dans le passé, et finalement que ces dons ont pris origine dans la vie primitive qui était totalement dépourvue de pensée et de sentiment. 102:6.9 Il ne faut pas dresser les faits de l’évolution contre la vérité que l’expérience spirituelle de la vie religieuse d’un mortel connaissant Dieu est une réalité et une certitude. Les hommes intelligents devraient cesser de raisonner comme des enfants et essayer d’employer la logique cohérente des adultes, logique qui tolère le concept de vérité en même temps que l’observation des faits. Le matérialisme scientifique fait faillite quand il persiste, en face de chaque phénomène universel récurrent, à réfuter les objections courantes en rattachant ce qui est reconnu comme supérieur à ce qui est reconnu comme inférieur. La logique exige que l’on reconnaisse les activités d’un Créateur ayant un dessein. 102:6.10 L’évolution organique est un fait. L’évolution motivée ou progressive est une vérité qui rend cohérents les phénomènes, qui autrement seraient contradictoires, des accomplissements toujours ascendants de l’évolution. Plus un savant progresse dans la science qu’il a choisie, plus il abandonne les théories matérialistes du fait matériel en faveur de la vérité cosmique – la domination du Mental Suprême. Le matérialisme déprécie la vie humaine ; l’évangile de Jésus rehausse prodigieusement tous les mortels et les exalte divinement. Il faut se représenter l’existence humaine comme l’expérience mystérieuse et fascinante, où l’on réalise la rencontre entre l’humain tendant la main vers le haut et le divin lui tendant vers le bas la main secourable du salut. 7. La certitude du divin 102:7.1 Dès lors que le Père Universel existe par lui-même, il s’explique aussi par lui-même ; il vit réellement chez tout mortel doué de raison. Mais vous ne pouvez avoir de certitude en ce qui concerne Dieu à moins de le connaitre ; la filiation est la seule expérience qui rende certaine la paternité. L’univers subit partout des modifications. Un univers changeant est un univers dépendant ; une telle création ne peut être ni finale ni absolue. Un univers fini dépend entièrement de l’Ultime et de l’Absolu. L’univers et Dieu ne sont pas identiques ; l’un est la cause et l’autre l’effet. La cause est absolue, infinie, éternelle et invariante. L’effet est spatiotemporel et transcendantal, mais toujours changeant, toujours croissant. 102:7.2 Dieu est le seul et unique fait de l’univers qui soit causé par lui-même. Il est le secret de l’ordre, du plan et du dessein de toute la création des choses et des êtres. L’univers partout changeant est réglé et stabilisé par des lois absolument invariantes, les habitudes d’un Dieu invariant. Le fait de Dieu, la loi divine, ne change pas. La vérité de Dieu, sa relation avec l’univers, est une révélation relative toujours adaptable à l’univers en constante évolution. 102:7.3 Ceux qui voudraient inventer une religion sans Dieu ressemblent à ceux qui voudraient récolter des fruits sans arbres ou avoir des enfants sans parents. On ne peut obtenir d’effets sans causes, et seul le JE SUIS est sans cause. Le fait de l’expérience religieuse implique Dieu, et un tel Dieu d’expérience personnelle doit être une Déité personnelle. On ne peut adresser une prière à une formule chimique, supplier une équation mathématique, adorer une hypothèse, se confier à un postulat, communier avec un processus, servir une abstraction ou entretenir une camaraderie affectueuse avec une loi. 102:7.4 Il est vrai que beaucoup de traits apparemment religieux peuvent provenir de bases non religieuses. Un homme peut nier Dieu intellectuellement et, cependant, être moralement bon, loyal, filial, honnête et même idéaliste. L’homme peut greffer beaucoup de branches purement humanistes sur sa nature spirituelle fondamentale, et donner ainsi l’apparence de prouver ses affirmations au sujet d’une religion sans dieu, mais cette expérience est dépourvue de valeurs de survie, de connaissance de Dieu et d’ascension vers Dieu ; cette expérience de mortel ne produit que des fruits sociaux et non spirituels. La greffe détermine la nature du fruit, bien que la subsistance vivante soit tirée des racines de la divine dotation originelle de mental et d’esprit. 102:7.5 La marque intellectuelle particulière de la religion est la certitude ; sa caractéristique philosophique est la cohérence ; ses fruits sociaux sont l’amour et le service. 102:7.6 L’individu qui connait Dieu n’est pas aveugle aux difficultés ni inattentif aux obstacles qui barrent la route pour trouver Dieu dans le dédale des superstitions, des traditions et des tendances matérialistes des temps modernes. Il a rencontré toutes ces menaces et en a triomphé, il les a surmontées par une foi vivante et a atteint, malgré elles, les hautes terres de l’expérience spirituelle. Il est vrai que beaucoup de personnes, intérieurement sûres de l’existence de Dieu, ont peur d’affirmer ces sentiments de certitude, à cause de la multiplicité et de l’habileté de ceux qui assemblent des objections et grossissent les obstacles à la croyance en Dieu. Nul besoin d’une intelligence supérieure pour repérer des points faibles, poser des questions ou soulever des objections. Par contre, il faut un mental brillant pour répondre à ces questions et résoudre ces difficultés ; la certitude de la foi est la meilleure technique pour traiter toutes ces critiques superficielles. 102:7.7 Si la science, la philosophie ou la sociologie osaient devenir dogmatiques en s’opposant aux prophètes de la vraie religion, alors les hommes connaissant Dieu devraient répliquer à ce dogmatisme injustifié par le dogmatisme à plus longue vue de la certitude provenant de l’expérience spirituelle personnelle ; « Je sais ce que j’ai expérimenté parce que je suis un fils du JE SUIS. » Si l’expérience personnelle d’une personne qui a foi dans le Père expérimentable devait être contestée par un dogme, ce fils né de la foi pourrait répondre par le dogme irrécusable affirmant sa filiation effective avec le Père Universel. 102:7.8 Seule une réalité non qualifiée, un absolu, peut se permettre d’être dogmatique avec logique. Ceux qui affectent le dogmatisme, s’ils sont logiques, seront tôt ou tard jetés dans l’emprise de l’Absolu de l’énergie, de l’Universel de la vérité et de l’Infini de l’amour. 102:7.9 Si quelqu’un aborde de façon non religieuse la réalité cosmique en prétendant contester la certitude de la foi sous prétexte que son statut n’est pas prouvé, alors celui qui a l’expérience de l’esprit peut aussi avoir recours à la contestation dogmatique des faits de la science et des croyances de la philosophie en disant qu’ils ne sont pas non plus prouvés, qu’ils sont également des expériences dans la conscience du savant ou du philosophe. 102:7.10 De ce Dieu qui est la plus inéluctable de toutes les présences, le plus réel de tous les faits, la plus vivante de toutes les vérités, le plus aimant de tous les amis, la plus divine de toutes les valeurs, nous avons le droit d’être certains comme de la plus certaine de toutes les expériences de l’univers. 8. Les preuves de la religion 102:8.1 La meilleure preuve de la réalité et de l’efficacité de la religion consiste dans le fait de l’expérience humaine. Voici des hommes naturellement craintifs et soupçonneux, doués par naissance d’un fort instinct de conservation et ardemment désireux de survivre à la mort ; ils acceptent pleinement de confier les plus profonds intérêts de leur présent et de leur avenir à la garde et à la direction du pouvoir et de la personne que leur foi appelle Dieu. Telle est l’unique vérité centrale de toute religion. Quant à ce que ce pouvoir ou cette personne exige de l’homme en échange de cette garde et de ce salut final, il n’y a pas deux religions qui soient d’accord ; en fait, elles sont toutes plus ou moins en désaccord. 102:8.2 Pour situer le statut d’une religion sur l’échelle évolutionnaire, le mieux est de l’estimer d’après ses jugements moraux et ses critères éthiques. Plus un type de religion est élevé, plus il encourage une moralité sociale et une culture éthique en constant progrès, et plus il est encouragé par elle. Nous ne pouvons juger une religion par le statut de la civilisation qui l’accompagne ; nous ferions mieux d’apprécier la vraie nature d’une civilisation d’après la pureté et la noblesse de sa religion. Beaucoup d’éducateurs religieux parmi les plus remarquables du monde furent pratiquement des illettrés. La sagesse du monde n’est pas nécessaire pour manifester une foi salvatrice dans les réalités éternelles. 102:8.3 Les différences entre les religions des diverses époques dépendent entièrement de la manière variée dont les hommes comprennent la réalité et reconnaissent les valeurs morales, les relations éthiques et les réalités spirituelles. 102:8.4 L’éthique est le miroir externe social ou racial qui reflète fidèlement les progrès, par ailleurs inobservables, des développements internes spirituels et religieux. L’homme a toujours pensé à Dieu dans les termes de ce qu’il connaissait de meilleur, de ses idées les plus profondes et de ses idéaux les plus élevés. Même la religion historique a toujours créé ses conceptions de Dieu en partant de ses plus hautes valeurs reconnues. Toute créature intelligente donne le nom de Dieu à ce qu’elle connait de meilleur et de plus élevé. 102:8.5 La religion réduite au langage de la raison et à l’expression intellectuelle a toujours osé critiquer la civilisation et le progrès évolutionnaire en les jugeant d’après ses propres critères de culture éthique et de progrès moral. 102:8.6 Bien que la religion personnelle précède l’évolution de la morale humaine, on constate à regret que la religion institutionnelle est invariablement restée à la traine des mœurs, lentement changeantes, des races humaines. La religion organisée s’est montrée retardataire par conservatisme. Les prophètes ont généralement guidé les peuples dans le développement religieux ; les théologiens les ont généralement freinés. La religion, étant une affaire d’expérience intérieure ou personnelle, ne peut jamais anticiper beaucoup sur l’évolution intellectuelle des races. 102:8.7 Mais la religion n’est jamais rehaussée par un appel à de prétendus miracles. La recherche des miracles est un recul vers les religions primitives de magie. La vraie religion n’a rien à faire avec de prétendus miracles, et la religion révélée ne fait jamais appel à des miracles comme preuve de son autorité. La religion est toujours enracinée et fondée sur l’expérience personnelle. Et votre religion la plus élevée, la vie de Jésus, fut précisément une telle expérience personnelle ; l’homme, le mortel, cherchant Dieu et le trouvant dans sa plénitude au cours d’une brève vie dans la chair, tandis que, dans cette même expérience humaine, se manifesta la présence de Dieu cherchant l’homme et le trouvant, à la pleine satisfaction de l’âme parfaite de suprématie infinie. Voilà la religion, la plus élevée qui ait été révélée jusqu’ici dans l’univers de Nébadon – la vie terrestre de Jésus de Nazareth. 102:8.8 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.] FASCICULE 103. La réalité de l’expérience religieuse 103:0.1 Toutes les réactions vraiment religieuses de l’homme sont parrainées de bonne heure par le ministère de l’adjuvat d’adoration et censurées par l’adjuvat de sagesse. La première dotation supramentale de l’homme est la mise en circuit de sa personnalité dans le Saint-Esprit de l’Esprit Créatif de l’univers ; et, longtemps avant les effusions des Fils divins et l’effusion universelle des Ajusteurs, cette influence agit pour élargir le point de vue des hommes sur l’éthique, la religion et la spiritualité. À la suite des effusions des Fils du Paradis, l’Esprit de Vérité libéré apporte sa puissante contribution pour accroitre la capacité humaine de percevoir les vérités religieuses. À mesure que l’évolution progresse sur un monde habité, les Ajusteurs de Pensée participent de plus en plus au développement des types supérieurs de clairvoyance religieuse humaine. L’Ajusteur de Pensée est la fenêtre cosmique par laquelle une créature finie peut avoir, grâce à la foi, un aperçu sur les aspects certains et divins de la Déité illimitée, le Père Universel. 103:0.2 Les tendances religieuses des races humaines sont innées ; elles se manifestent universellement et ont une origine apparemment naturelle ; les religions primitives sont toujours évolutionnaires dans leur genèse. À mesure que l’expérience religieuse naturelle continue à progresser, des révélations périodiques de la vérité viennent ponctuer le cours de l’évolution planétaire, qui autrement ne progresserait que lentement. 103:0.3 Sur Urantia, on trouve aujourd’hui quatre sortes de religions : 1. La religion naturelle ou évolutionnaire. 103:0.5 2. La religion surnaturelle ou révélatoire. 103:0.6 3. La religion courante ou pratique comportant un mélange variable de religions naturelles et surnaturelles. 103:0.7 4. Les religions philosophiques, doctrines théologiques élaborées par les hommes ou imaginées par la philosophie, et créées par la raison. 1. Philosophie de la religion 103:1.1 L’unité de l’expérience religieuse parmi les membres d’un groupe social ou racial dérive de l’identité de nature des fragments de Dieu qui habitent les individus. C’est ce divin dans les hommes qui donne naissance à l’intérêt altruiste qu’ils portent au bien-être des autres hommes. Mais, du fait que la personnalité est unique – deux mortels ne sont jamais pareils – il s’ensuit inévitablement que jamais deux êtres humains ne peuvent interpréter de la même manière les directives et les incitations de l’esprit divin qui vit dans leur mental. Les membres d’un groupe de mortels peuvent ressentir une unité spirituelle, mais ne peuvent jamais atteindre l’uniformité philosophique. Cette diversité d’interprétation de la pensée et de l’expérience religieuse est démontrée par le fait que les théologiens et les philosophes du vingtième siècle ont formulé plus de cinq-cents définitions différentes de la religion. En réalité, chaque être humain définit la religion dans les termes de sa propre interprétation fondée sur l’expérience des impulsions divines émanant de l’esprit de Dieu qui l’habite. Cette interprétation est nécessairement unique et complètement différente de la philosophie religieuse de tous les autres êtres humains. 103:1.2 Quand un mortel est en plein accord avec la philosophie religieuse d’un autre mortel, le phénomène indique que ces deux êtres ont eu une expérience religieuse semblable concernant les matières se rapportant à leur similitude d’interprétation philosophique de la religion. 103:1.3 Bien que votre religion soit une affaire d’expérience personnelle, il est très important que vous soyez amené à connaitre un grand nombre d’autres expériences religieuses (les interprétations diverses de différents mortels) afin d’empêcher votre vie religieuse de devenir égocentrique – étroite, égoïste et insociable. 103:1.4 Le rationalisme a tort quand il prétend que la religion est tout d’abord une croyance primitive en quelque chose, suivie ensuite par la recherche des valeurs. La religion est avant tout une recherche des valeurs qui formule ensuite un système de croyances interprétatives. Il est beaucoup plus facile aux hommes de s’accorder sur des valeurs religieuses – sur des buts – que sur des croyances – des interprétations. Cela explique comment il se fait que la religion puisse accepter des valeurs et des buts tout en présentant le phénomène troublant de continuer à admettre des centaines de croyances contradictoires – des crédos. Cela explique aussi pourquoi une personne donnée peut poursuivre son expérience religieuse tout en abandonnant ou en modifiant beaucoup de ses croyances religieuses. La religion subsiste malgré des changements révolutionnaires dans les croyances religieuses. Ce n’est pas la théologie qui produit la religion, c’est la religion qui donne naissance à la philosophie théologique. 103:1.5 Le fait que des religionistes aient cru en beaucoup de choses erronées n’infirme pas la religion, car elle est fondée sur la récognition de valeurs et validée par la foi de l’expérience religieuse personnelle. La religion est alors basée sur l’expérience et la pensée religieuse ; la théologie, philosophie de la religion, est une honnête tentative pour interpréter cette expérience ; de telles croyances interprétatives peuvent être justes ou fausses, ou être un mélange de vérité et d’erreur. 103:1.6 Le fait de reconnaitre consciemment des valeurs spirituelles est une expérience qui transcende l’idéation. Aucun langage humain n’a de mot pour désigner la « sensation », le « sentiment », « l’intuition » ou « l’expérience » que nous avons choisi d’appeler la conscience de Dieu. L’esprit de Dieu qui habite l’homme n’est pas personnel – l’Ajusteur est prépersonnel – mais ce Moniteur présente une valeur et exhale un parfum de divinité qui sont personnels au sens le plus élevé et infini du mot. Si Dieu n’était pas au moins personnel, il ne pourrait être conscient, et s’il n’était pas conscient, il serait en deçà de l’humain. 2. La religion et l’individu 103:2.1 La religion est fonctionnelle dans le mental humain. Elle est réalisée en expérience avant d’apparaitre dans la conscience humaine. Un enfant existe environ neuf mois avant de faire l’expérience de la naissance. Mais la « naissance » de la religion n’est pas soudaine ; c’est plutôt une émergence graduelle. Néanmoins, il y a tôt ou tard un « jour de naissance ». On n’entre pas dans le royaume des cieux sans être « né à nouveau » – né de l’Esprit. Bien des naissances spirituelles sont accompagnées d’une grande angoisse spirituelle et de troubles psychologiques marqués, de même que beaucoup de naissances physiques sont caractérisées par des « couches laborieuses » et par d’autres anomalies de la « délivrance ». D’autres naissances spirituelles représentent une croissance normale et naturelle de la récognition de valeurs suprêmes avec un rehaussement de l’expérience spirituelle, bien qu’aucun développement religieux ne se produise sans un effort conscient et des résolutions positives et individuelles. La religion n’est jamais une expérience passive, une attitude négative. Ce que l’on appelle la « naissance de la religion » n’est pas directement associé aux expériences dites de conversion, qui caractérisent habituellement des épisodes religieux se produisant plus tard dans la vie par suite de conflits mentaux, de refoulements émotionnels ou de bouleversements du tempérament. 103:2.2 Mais les personnes qui ont été élevées par leurs parents de manière à grandir avec la conscience d’être les enfants d’un Père céleste aimant ne devraient pas regarder d’un œil malveillant leurs compagnons mortels qui n’ont pu atteindre la conscience de communion avec Dieu qu’en passant par une crise psychologique, un bouleversement émotionnel. 103:2.3 Le terrain évolutionnaire du mental humain dans lequel germe la semence de la religion révélée est la nature morale qui donne de si bonne heure naissance à une conscience sociale. Les premières incitations de la nature morale d’un enfant ne concernent pas la sexualité, la culpabilité ou l’orgueil personnel, mais plutôt des impulsions de justice et d’équité, un besoin de bienveillance – de ministère secourable auprès de ses compagnons. Quand de tels éveils moraux précoces sont nourris, il se produit un développement graduel de la vie religieuse, relativement dégagé de conflits, de bouleversements et de crises. 103:2.4 Tout être humain éprouve de très bonne heure une sorte de conflit entre ses impulsions égocentriques et ses impulsions altruistes, et, bien des fois, sa première expérience d’avoir conscience de Dieu peut provenir de sa recherche d’une aide suprahumaine pour résoudre de tels conflits moraux. 103:2.5 La psychologie d’un enfant est naturellement positive, et non négative. Tant de personnes sont négatives par suite de leur éducation. Quand nous disons que les enfants sont positifs, nous parlons de leurs impulsions morales, de ces pouvoirs mentaux dont l’apparition signale l’arrivée de l’Ajusteur. 103:2.6 Dans l’émergence de la conscience religieuse et en l’absence de mauvais enseignements, le mental d’un enfant normal se dirige positivement vers la droiture morale et le ministère social, plutôt qu’il ne s’écarte négativement du péché et de la culpabilité. Il peut y avoir conflit ou non dans le développement de l’expérience religieuse, mais les inévitables décisions, efforts et fonctions de la volonté humaine y sont toujours présents. 103:2.7 Le choix moral est d’ordinaire plus ou moins accompagné d’un conflit moral, et ce tout premier conflit dans le mental de l’enfant se produit entre les poussées d’égoïsme et les impulsions d’altruisme. L’Ajusteur de Pensée tient compte de la valeur des mobiles égoïstes de la personnalité, mais s’arrange pour attribuer une légère préférence aux impulsions altruistes qui conduisent au but du bonheur humain et aux joies du royaume des cieux. 103:2.8 Quand un être moral choisit d’être altruiste en face d’une incitation à l’égoïsme, il fait une expérience religieuse primitive. Nul animal ne peut faire un tel choix ; cette décision est à la fois humaine et religieuse. Elle embrasse le fait de la conscience de Dieu et montre l’impulsion vers le service social, base de la fraternité des hommes. Quand, par un acte de libre arbitre, le mental choisit un jugement moral droit, cette décision constitue une expérience religieuse. 103:2.9 Toutefois, avant qu’un enfant se soit suffisamment développé pour acquérir la capacité morale, donc pour être capable de choisir le service altruiste, il a déjà développé une nature égoïste forte et bien unifiée. C’est cette situation de fait qui donne naissance à la théorie de la lutte entre les natures « supérieures » et « inférieures », entre le « vieil homme de péché » et la « nouvelle nature » de grâce. Très tôt dans la vie, un enfant normal commence à apprendre qu’il est « plus béni de donner que de recevoir ». 103:2.10 L’homme tend à identifier son moi, son ego, avec son impulsion à se servir lui-même. Par contraste, il tend à identifier la volonté d’être altruiste avec une influence extérieure à lui – avec Dieu. En vérité, ce jugement est juste, car tous ces désirs altruistes ont effectivement leur origine dans la gouverne de l’Ajusteur de Pensée intérieur, et cet Ajusteur est un fragment de Dieu. L’impulsion du Moniteur d’esprit est ressentie dans la conscience humaine comme la tendance à être altruiste, à penser fraternellement ; c’est du moins l’expérience première et fondamentale du mental de l’enfant. Quand l’enfant grandissant ne réussit pas à unifier sa personnalité, l’incitation altruiste peut s’hypertrophier au point de nuire sérieusement au bien-être du moi. Une conscience qui manque de discernement peut devenir responsable de beaucoup de conflits, soucis et tristesses, et de malheurs humains sans fin. 3. La religion et la race humaine 103:3.1 Bien que la croyance aux esprits, aux rêves et à diverses autres superstitions aient toutes joué un rôle dans l’origine évolutionnaire des religions primitives, il ne faudrait pas négliger l’influence du clan ou l’esprit de solidarité tribale. Les relations de groupe ont représenté une situation sociale exactement homologue de celle qui a provoqué le conflit entre l’égoïsme et l’altruisme dans la nature morale du mental humain primitif. Malgré leur croyance aux esprits, les aborigènes australiens focalisent encore leur religion sur le clan. Avec le temps, ces concepts religieux tendent à se personnaliser, d’abord sous forme d’animaux, et plus tard sous forme d’un surhomme ou d’un Dieu. Même les races inférieures, telles que les Boschimans africains, qui ne croient même pas à des totems, reconnaissent une différence entre l’intérêt personnel et l’intérêt collectif, distinction primitive entre les valeurs séculières et les valeurs sacrées. Mais le groupe social n’est pas la source de l’expérience religieuse. Indépendamment de l’influence de toutes ces contributions primitives à la religion initiale des hommes, le fait subsiste que la véritable impulsion religieuse a son origine dans des présences spirituelles authentiques qui activent la volonté d’être altruiste. 103:3.2 La croyance primitive aux merveilles et aux mystères naturels, le mana impersonnel, laisse présager la religion ultérieure. Tôt ou tard cependant, la religion évoluante exige que l’individu fasse certains sacrifices personnels pour le bien de son groupe social, accomplisse quelque chose pour rendre d’autres personnes plus heureuses et meilleures. En fin de compte, la religion est destinée à devenir le service de Dieu et des hommes. 103:3.3 La religion est faite pour modifier l’environnement de l’homme, mais une grande partie de la religion des mortels d’aujourd’hui est devenue impuissante à y parvenir. Trop souvent, c’est l’environnement qui a dominé la religion. 103:3.4 Souvenez-vous que, dans la religion de tous les âges, l’expérience la plus importante est le sentiment concernant les valeurs morales et les significations sociales, et non la pensée concernant les dogmes théologiques ou les théories philosophiques. La religion évolue favorablement en même temps que l’élément de magie est remplacé par le concept de morale. 103:3.5 L’évolution de l’homme a passé par les superstitions du mana, la magie, l’adoration de la nature, la peur des esprits et le culte des animaux, pour arriver aux diverses cérémonies par lesquelles les attitudes religieuses individuelles sont devenues les réactions collectives du clan. Les cérémonies se sont ensuite focalisées et cristallisées en croyances tribales, et finalement ces craintes et ces croyances se sont personnalisées en dieux. Mais, dans toute cette évolution religieuse, l’élément moral n’a jamais été totalement absent. L’impulsion de Dieu dans l’homme a toujours été forte. Ces puissantes influences – l’une humaine et l’autre divine – ont assuré la survivance de la religion à travers les vicissitudes des âges, bien qu’elle ait été très souvent menacée d’anéantissement par mille tendances subversives et antagonismes hostiles. 4. La communion spirituelle 103:4.1 La différence caractéristique entre une réunion sociale et un rassemblement religieux réside dans le fait qu’en contraste avec la première, le second est imprégné d’une atmosphère de communion. De cette manière, l’association humaine engendre un sentiment de communauté avec le divin, et c’est le commencement du culte en commun. Le partage d’un repas commun fut le premier type de communion sociale, et, en conséquence, les religions primitives prirent des dispositions pour qu’une partie du sacrifice cérémoniel fût consommée par les fidèles. Même dans le christianisme, le Souper du Seigneur conserve ce mode de communion. L’atmosphère de la communion procure une période reposante et réconfortante de trêve dans le conflit de l’égocentrisme avec la pression altruiste du Moniteur d’esprit intérieur. Et ceci est le prélude de la véritable adoration – la pratique de la présence de Dieu qui se manifeste par l’émergence de la fraternité des hommes. 103:4.2 Quand l’homme primitif sentait que sa communion avec Dieu avait été interrompue, il avait recours à un sacrifice de quelque sorte, dans un effort d’expiation, pour rétablir des relations amicales. La faim et la soif de droiture conduisent à la découverte de la vérité et la vérité augmente les idéaux, et cela crée de nouveaux problèmes pour les religionistes individuels. En effet, nos idéaux tendent à grandir en progression géométrique, tandis que notre aptitude à vivre à leur hauteur ne s’accroit qu’en progression arithmétique. 103:4.3 Le sentiment de culpabilité (non pas la conscience du péché) provient soit de l’interruption de la communion spirituelle, soit de l’abaissement des idéaux moraux. Vous ne pouvez vous dégager de cette situation fâcheuse qu’en vous rendant compte que vos idéaux les plus élevés ne sont pas nécessairement synonymes de la volonté de Dieu. L’homme ne peut espérer vivre à la hauteur de ses idéaux les plus élevés, mais il peut être fidèle à son intention de trouver Dieu et de devenir de plus en plus semblable à lui. 103:4.4 Jésus balaya toutes les cérémonies de sacrifices et d’expiation. Il détruisit la base de toute cette culpabilité fictive et du sentiment d’isolement dans l’univers en proclamant que l’homme est enfant de Dieu. La relation créature-Créateur fut placée sur une base enfants-parents. Dieu devient un Père aimant pour ses fils et filles mortels. Toutes les cérémonies qui ne font pas légitimement partie de cette relation intime de famille sont abrogées pour toujours. 103:4.5 Dieu le Père ne traite pas l’homme, son enfant, sur la base de ses vertus ou de ses mérites actuels, mais en reconnaissant les mobiles de l’enfant – le dessein et l’intention de la créature. Il s’agit d’une relation de parent à enfant, et cette association est animée par l’amour divin. 5. L’origine des idéaux 103:5.1 Le mental évolutionnaire primitif donne naissance à un sentiment de devoir social et d’obligation morale dérivé principalement de la peur émotionnelle. La tendance plus positive au service social et l’idéalisme altruiste dérivent de l’impulsion directe de l’esprit divin habitant le mental humain. 103:5.2 L’idée-idéal de faire du bien aux autres – l’impulsion à refuser quelque chose à l’égo au profit de son prochain – est d’abord très circonscrite. Les hommes primitifs ne considèrent comme leurs prochains que les hommes très proches d’eux, ceux qui font bon voisinage avec eux. À mesure que la civilisation religieuse progresse, le concept de la notion du prochain s’amplifie pour englober le clan, la tribu, la nation. Puis Jésus élargit la notion du prochain jusqu’à embrasser l’ensemble de l’humanité, allant jusqu’à dire que nous devrions aimer nos ennemis. Et il y a quelque chose à l’intérieur de tout être humain normal qui lui dit que cet enseignement est moral – juste. Même ceux qui mettent le moins cet idéal en pratique admettent qu’il est juste en théorie. 103:5.3 Tous les hommes reconnaissent la moralité de cette impulsion humaine universelle à être désintéressé et altruiste. Les humanistes attribuent l’origine de cette impulsion à l’action naturelle du mental matériel. Les religionistes reconnaissent plus correctement que l’élan vraiment désintéressé du mental humain est une réponse à la gouverne spirituelle intérieure de l’Ajusteur de Pensée. 103:5.4 On ne peut pas toujours se fier à l’interprétation humaine des conflits primitifs entre la volonté égocentrique et la volonté hétérocentrique. Il faut une personnalité assez bien unifiée pour arbitrer les démêlés multiformes entre les appétits de l’égo et la conscience sociale en éclosion. Notre moi a des droits aussi bien que notre prochain. Ni l’un ni l’autre ne peuvent prétendre accaparer exclusivement l’attention et le service de l’individu. L’impuissance à résoudre ce problème donne naissance aux types les plus primitifs de sentiments humains de culpabilité. 103:5.5 Pour atteindre le bonheur humain, il faut que le désir égoïste du moi et la pression altruiste du moi supérieur (l’esprit divin) soient coordonnés et réconciliés par la volonté unifiée de la personnalité qui s’intègre et supervise. Le mental des hommes évolutionnaires est toujours confronté au problème complexe d’arbitrer les contestations entre l’expansion naturelle des impulsions émotionnelles et la croissance morale des poussées altruistes fondées sur la clairvoyance spirituelle – sur la réflexion religieuse authentique. 103:5.6 La tentative pour faire autant de bien à soi-même qu’au plus grand nombre des autres individualités présente un problème qu’il n’est pas toujours possible de résoudre d’une façon satisfaisante dans un cadre d’espace-temps. Au cours d’une vie éternelle, de tels antagonismes peuvent être résolus, mais, dans une courte vie humaine, ils n’ont pas de solution. Jésus faisait allusion à ce paradoxe lorsqu’il dit : « Quiconque sauvera sa vie la perdra, mais quiconque perdra sa vie pour l’amour du royaume la trouvera. » 103:5.7 La poursuite de l’idéal – la lutte pour devenir semblable à Dieu – est un effort continu avant et après la mort. La vie après la mort n’est pas essentiellement différente de l’existence mortelle. Tout ce que nous faisons de bien dans cette vie contribue directement à rehausser la vie future. La vraie religion ne favorise ni l’indolence morale ni la paresse spirituelle en encourageant le vain espoir que toutes les vertus d’un noble caractère vous seront attribuées simplement pour avoir passé par les portes de la mort naturelle. La vraie religion ne minimise pas les efforts de l’homme pour progresser pendant la durée de sa vie terrestre. Tout gain humain contribue directement à enrichir les premiers stades de l’expérience de survie immortelle. 103:5.8 Si l’on enseigne à l’homme que toutes ses impulsions altruistes sont simplement le développement de son instinct grégaire naturel, cela porte un coup fatal à son idéalisme. Par contre, il est ennobli et puissamment stimulé quand il apprend que les incitations supérieures de son âme émanent des forces spirituelles qui habitent son mental mortel. 103:5.9 Quand un homme comprend pleinement que quelque chose d’éternel et de divin vit en lui et y fait des efforts, cela l’élève hors de lui-même et au-delà de lui-même. C’est ainsi qu’une foi vivante dans l’origine suprahumaine de nos idéaux valide notre croyance que nous sommes les fils de Dieu et rend réelles nos convictions altruistes, notre sentiment de la fraternité humaine. 103:5.10 Dans son domaine spirituel, l’homme possède vraiment un libre arbitre. L’homme mortel n’est ni un esclave impuissant de la souveraineté inflexible d’un Dieu tout-puissant, ni la victime de la fatalité désespérante d’un déterminisme cosmique mécaniste. L’homme est vraiment l’architecte de sa propre destinée éternelle. 103:5.11 La contrainte ne peut ni sauver ni ennoblir les hommes. La croissance spirituelle émane de l’intérieur de l’âme en évolution. La contrainte peut déformer la personnalité, mais ne stimule jamais la croissance. Même la contrainte de l’éducation n’apporte qu’un secours négatif, en ce sens qu’elle peut contribuer à empêcher des expériences désastreuses. La croissance spirituelle atteint son maximum quand toutes les contraintes extérieures sont réduites au minimum. « Là où est l’esprit du Seigneur, là est la liberté. » L’homme se développe mieux quand les pressions du foyer, de la communauté, de l’Église et de l’État sont moindres, mais il ne faudrait pas en conclure que, dans une société progressive, les foyers, les institutions sociales, l’Église et l’État n’ont pas leur place. 103:5.12 Quand un membre d’un groupe religieux social s’est conformé aux exigences du groupe, il faudrait l’encourager à jouir de la liberté religieuse dans la pleine expression de son interprétation personnelle des vérités de la croyance religieuse et des faits de l’expérience religieuse. La sécurité d’un groupe religieux dépend de son unité spirituelle et non de son uniformité théologique. Les membres d’un groupe religieux devraient pouvoir jouir de la liberté de penser librement sans devenir forcément des « libres penseurs ». De grands espoirs sont permis pour toute Église qui adore le Dieu vivant, qui valide la fraternité des hommes et qui ose dégager ses membres de toute contrainte dogmatique. 6. La coordination philosophique 103:6.1 La théologie est l’étude des actions et réactions de l’esprit humain. Elle ne pourra jamais devenir une science, parce qu’il faut toujours qu’elle soit plus ou moins conjuguée avec la psychologie dans son expression personnelle et avec la philosophie dans ses descriptions systématiques. La théologie est toujours l’étude de votre religion ; l’étude de la religion d’autrui est de la psychologie. 103:6.2 Quand l’homme aborde l’étude et l’observation de son univers par l’extérieur, il donne naissance aux diverses sciences physiques. Quand il aborde la recherche de lui-même et de l’univers par l’intérieur, il donne origine à la théologie et à la métaphysique. L’art ultérieur de la philosophie se développe dans un effort pour harmoniser les nombreuses discordances qui apparaissent nécessairement, à première vue, entre les découvertes et les enseignements de ces deux manières diamétralement opposées d’étudier l’univers des choses et des êtres. 103:6.3 La religion s’intéresse au point de vue spirituel, à la conscience du caractère intérieur de l’expérience humaine. La nature spirituelle de l’homme lui fournit l’occasion de retourner l’univers du dehors vers le dedans. Il est donc vrai que, si toute la création est vue exclusivement de l’intérieur de l’expérience de la personnalité, elle parait être de nature spirituelle. 103:6.4 Quand l’homme inspecte l’univers analytiquement à l’aide des dotations matérielles de ses sens physiques et des perceptions mentales associées, le cosmos semble être mécanique et matériel-énergétique. Cette technique d’étude de la réalité consiste à retourner l’univers du dedans vers le dehors. 103:6.5 Un concept philosophique logique et cohérent de l’univers ne peut être bâti ni sur les postulats du matérialisme ni sur ceux du spiritualisme, car ces deux systèmes de pensée, appliqués universellement, donnent forcément une image déformée du cosmos, le premier ayant contact avec un univers tourné du dedans vers le dehors, et le second saisissant la nature d’un univers tourné du dehors vers le dedans. Ni la science ni la religion seules ne peuvent jamais espérer parvenir, en elles-mêmes et par elles-mêmes, à une compréhension adéquate des vérités et des relations universelles sans être guidées par la philosophie humaine et éclairées par la révélation divine. 103:6.6 L’esprit intérieur de l’homme doit, pour son expression et sa propre réalisation, toujours dépendre du mécanisme et de la technique du mental. De même, l’expérience humaine extérieure de la réalité matérielle est basée sur la conscience mentale de la personnalité qui expérimente. C’est pourquoi les expériences humaines spirituelles et matérielles, intérieures et extérieures, sont toujours en corrélation avec la fonction mentale et conditionnées, quant à leur réalisation consciente, par l’activité du mental. L’homme fait l’expérience de la matière dans son mental. Il fait l’expérience de la réalité spirituelle dans son âme, mais devient conscient de cette expérience dans son mental. L’intellect est l’harmonisateur toujours présent pour conditionner et qualifier la somme totale de l’expérience humaine. Les choses-énergie et les valeurs spirituelles sont teintées par leur interprétation faite par les procédés mentaux de la conscience. 103:6.7 La difficulté que vous éprouvez à coordonner plus harmonieusement la science et la religion provient de ce que vous ignorez complètement le domaine intermédiaire du monde morontiel des êtres et des choses. L’univers local comprend trois degrés, ou stades, de manifestation de la réalité : la matière, la morontia et l’esprit. L’approche morontielle aplanit toutes les divergences entre les découvertes des sciences physiques et le fonctionnement de l’esprit de religion. La raison est la technique de compréhension des sciences ; la foi est la technique de clairvoyance de la religion ; la mota est la technique du niveau morontiel. La mota est une sensibilité à la réalité supramatérielle qui commence à compenser une croissance incomplète ; elle a pour substance la connaissance-raison et pour essence la foi-clairvoyance. La mota est une réconciliation superphilosophique des perceptions divergentes de la réalité ; les personnalités matérielles ne peuvent l’atteindre ; elle est fondée en partie sur l’expérience d’avoir survécu à la vie matérielle dans la chair. Mais beaucoup de mortels ont reconnu qu’il était désirable de posséder une méthode pour concilier les effets réciproques des domaines largement séparés de la science et de la religion. La métaphysique est le résultat des infructueux efforts humains pour franchir cet abime bien reconnu, mais la métaphysique humaine a apporté plus de confusion que de lumière. La métaphysique représente l’effort bien intentionné, mais futile, de l’homme pour compenser l’absence de mota morontielle. 103:6.8 La métaphysique s’est révélée comme un échec ; quant à la mota, les hommes ne peuvent la percevoir. Reste la révélation comme seule technique pour compenser, dans un monde matériel, l’absence de sensibilité à la vérité qu’apporte la mota. La révélation clarifie avec autorité le fatras de la métaphysique développée par le raisonnement sur une planète évolutionnaire. 103:6.9 La science est la tentative de l’homme pour étudier son entourage physique, le monde de l’énergie-matière ; la religion est l’expérience de l’homme avec le cosmos des valeurs spirituelles ; la philosophie a été développée par l’effort mental de l’homme pour organiser et relier les découvertes de ces concepts largement séparés, pour en tirer quelque chose comme une attitude raisonnable et unifiée envers le cosmos. La philosophie, clarifiée par la révélation, fonctionne de manière acceptable en l’absence de mota et en présence de l’effondrement et de la faillite du raisonnement humain substitut de la mota – la métaphysique. 103:6.10 L’homme primitif ne faisait pas la différence entre le niveau de l’énergie et celui de l’esprit. Ce furent les hommes de la race violette et leurs successeurs andites qui tentèrent, les premiers, de séparer les facteurs mathématiques des facteurs volitifs. Les hommes civilisés ont de plus en plus emboité le pas aux tout premiers Grecs et aux Sumériens, qui faisaient la distinction entre l’animé et l’inanimé. À mesure que la civilisation progressera, la philosophie devra combler les abimes de plus en plus vastes entre le concept de l’esprit et le concept de l’énergie. Mais, dans le temps de l’espace, ces divergences sont unifiées dans le Suprême. 103:6.11 La science doit toujours s’appuyer sur la raison, bien que l’imagination et les hypothèses aident à en étendre les frontières. La religion dépendra toujours de la foi, bien que la raison apporte une influence stabilisatrice et soit une servante utile. Il y a toujours eu et il y aura toujours des interprétations fallacieuses des phénomènes du monde naturel et du monde spirituel, appelées à tort sciences et religions. 103:6.12 Partant de sa compréhension incomplète de la science, sa faible prise sur la religion et ses tentatives avortées en métaphysique, l’homme a tenté de construire ses formules de philosophie. En vérité, l’homme moderne bâtirait une philosophie valable et attrayante de lui-même et de son univers si l’indispensable et très importante liaison métaphysique entre les mondes de la matière et de l’esprit n’était pas rompue, la métaphysique s’étant révélée incapable de jeter un pont sur l’abime morontiel entre le domaine physique et le domaine spirituel. Il manque à l’homme mortel le concept du mental morontiel et de la matière morontielle, et la révélation est la seule technique pour pallier cette carence de données conceptuelles dont l’homme a un besoin urgent pour édifier une philosophie logique de l’univers et pour arriver à comprendre d’une manière satisfaisante la place sûre et certaine qu’il occupe dans cet univers. 103:6.13 La révélation est le seul espoir de l’homme évolutionnaire pour combler le gouffre morontiel. Sans l’aide de la mota, la foi et la raison ne peuvent ni concevoir ni construire un univers logique. Sans la clairvoyance de la mota, le mortel ne peut discerner ni la bonté, ni l’amour, ni la vérité dans les phénomènes du monde matériel. 103:6.14 Quand la philosophie humaine penche fortement vers le monde de la matière, elle devient rationaliste ou naturaliste. Quand la philosophie incline particulièrement vers le niveau spirituel, elle devient idéaliste ou même mystique. Quand la philosophie a le malheur de s’appuyer sur la métaphysique, elle devient inévitablement sceptique, embrouillée. Dans le passé, la majeure partie des évaluations intellectuelles et des connaissances humaines a subi l’une de ces trois déformations de perception. La philosophie n’ose pas émettre ses interprétations de la réalité de façon linéaire comme la logique ; il faut toujours qu’elle tienne compte de la symétrie elliptique de la réalité et de la courbure essentielle de tous les concepts de relations. 103:6.15 La philosophie la plus élevée que l’homme mortel puisse atteindre doit être logiquement basée sur la raison de la science, la foi de la religion et la clairvoyance de la vérité fournie par la révélation. Par cette union, l’homme peut compenser quelque peu son impuissance à développer une métaphysique adéquate et son inaptitude à comprendre la mota de la morontia. 7. Science et religion 103:7.1 La science est soutenue par la raison, la religion l’est par la foi. Bien que la foi ne soit pas fondée sur la raison, elle est raisonnable, et, bien qu’elle soit indépendante de la logique, elle est néanmoins encouragée par une saine logique. Même une philosophie idéale ne peut nourrir la foi ; en vérité, avec la science, c’est la foi qui est la source même de cette philosophie. La foi, la clairvoyance religieuse des hommes, ne peut être enseignée avec certitude que par révélation ; elle ne peut être accrue avec certitude que par l’expérience personnelle des mortels avec la présence de l’Ajusteur spirituel du Dieu qui est esprit. 103:7.2 Le vrai salut est la technique de l’évolution divine du mental humain depuis l’identification avec la matière, en passant par les royaumes de liaison morontielle, jusqu’au statut universel supérieur de corrélation spirituelle. De même que, dans l’évolution terrestre, l’instinct intuitif matériel précède l’apparition de la connaissance raisonnée, de même, dans le programme divin de l’évolution céleste, la manifestation de la clairvoyance spirituelle intuitive laisse présager l’apparition ultérieure de la raison et de l’expérience morontielle puis spirituelle, dont le rôle est de transmuer les potentiels de l’homme temporel en actuels et en divinité de l’homme éternel, un finalitaire du Paradis. 103:7.3 À mesure qu’un ascendeur s’avance vers l’intérieur et vers le Paradis pour acquérir l’expérience de Dieu, il s’avance aussi vers l’extérieur et vers l’espace pour comprendre, en termes d’énergie, le cosmos matériel. La progression de la science n’est pas limitée à la vie terrestre de l’homme ; son expérience ascensionnelle de l’univers et du superunivers sera, dans une large mesure, l’étude des transmutations d’énergie et des métamorphoses de la matière. Dieu est esprit, mais la Déité est unité, et l’unité de la Déité n’englobe pas seulement les valeurs spirituelles du Père Universel et du Fils Éternel, mais elle est aussi instruite des faits énergétiques du Contrôleur Universel et de l’Ile du Paradis. Quant à ces deux dernières phases de la réalité universelle, elles sont parfaitement reliées dans les relations mentales de l’Acteur Conjoint et unifiées sur le niveau fini dans la Déité émergente de l’Être Suprême. 103:7.4 L’union de l’attitude scientifique et de la clairvoyance religieuse par l’entremise de la philosophie expérientielle fait partie de la longue expérience humaine d’ascension au Paradis. Les approximations des mathématiques et les certitudes de la clairvoyance auront toujours besoin de la fonction harmonisante de la logique mentale, sur tous les niveaux d’expérience inférieurs à l’aboutissement maximum du Suprême. 103:7.5 Jamais la logique ne pourra réussir à harmoniser les découvertes de la science et les aperçus de la religion, à moins que les deux aspects, scientifique et religieux, d’une personnalité ne soient dominés par la vérité et sincèrement désireuses de la suivre où qu’elle conduise, sans s’inquiéter des conclusions qu’elle pourrait atteindre. 103:7.6 La logique est la technique de la philosophie, sa méthode d’expression. Dans le domaine de la vraie science, la raison est toujours sensible à la logique authentique. Dans le domaine de la vraie religion, la foi est toujours logique si l’on se base sur un point de vue intérieur, bien qu’elle puisse paraitre complètement dénuée de fondement si l’on se place au point de vue extérieur de la méthode scientifique. De l’extérieur, en regardant vers l’intérieur, l’univers peut paraitre matériel ; de l’intérieur, en regardant vers l’extérieur, le même univers parait être entièrement spirituel. La raison est issue de la conscience matérielle, et la foi provient de la conscience spirituelle. Mais, par l’entremise d’une philosophie renforcée par la révélation, la logique peut confirmer les points de vue tant extérieur qu’intérieur et stabiliser ainsi à la fois la science et la religion. Ainsi, par contact commun avec la logique de la philosophie, la science et la religion peuvent se tolérer réciproquement de mieux en mieux et devenir de moins en moins sceptiques. 103:7.7 Au cours de leur développement, la science et la religion ont toutes deux besoin d’une autocritique plus fouillée et plus intrépide, d’une conscience accrue de l’inachèvement de leur statut évolutionnaire. En science comme en religion, les éducateurs ont souvent beaucoup trop confiance en eux-mêmes et sont trop dogmatiques. La science et la religion ne peuvent faire l’autocritique que des faits qui les concernent. À partir du moment où elles s’écartent du stade des faits, la raison abdique ou bien dégénère rapidement en un accord de fausse logique. 103:7.8 La vérité – une compréhension des relations cosmiques, des faits universels et des valeurs spirituelles – est le mieux saisie par le ministère de l’Esprit de Vérité, et c’est par la révélation qu’elle peut être le mieux critiquée. Mais la révélation n’engendre ni une science ni une religion ; sa fonction est de coordonner la science et la religion avec la vérité de la réalité. En l’absence de révélation, ou à défaut de l’accepter ou de la comprendre, l’homme mortel a toujours eu recours à ses futiles essais de métaphysique, celle-ci étant le seul substitut humain à la révélation de la vérité ou à la mota de la personnalité morontielle. 103:7.9 La science du monde matériel permet à l’homme de contrôler et, dans une certaine mesure, de dominer son environnement physique. La religion de l’expérience spirituelle est la source de l’impulsion de fraternité qui permet aux hommes de vivre ensemble dans les complexités de la civilisation d’une ère scientifique. La métaphysique, mais certainement davantage la révélation, procure un terrain de rencontre pour les découvertes de la science et celles de la religion ; elle rend possible la tentative humaine pour relier logiquement ces domaines de pensée séparés, mais interdépendants, en une philosophie bien équilibrée, empreinte de stabilité scientifique et de certitude religieuse. 103:7.10 Au stade mortel, rien ne peut être prouvé absolument ; la science et la religion sont toutes deux fondées sur des hypothèses. Sur le niveau morontiel, les postulats de la science et de la religion sont susceptibles d’être partiellement prouvés par la logique de la mota. Sur le niveau spirituel de statut maximum, la nécessité d’une preuve finie disparait graduellement devant l’expérience effective de la réalité, et en présence de la réalité. Mais, même alors, beaucoup de choses au-delà du fini restent improuvées. 103:7.11 Toutes les divisions de la pensée humaine sont basées sur certaines hypothèses qui, malgré l’absence de preuves, sont acceptées par la sensibilité à la réalité inhérente à la dotation mentale de l’homme. La science entreprend sa carrière de raisonnement tant vantée en supposant la réalité de trois choses : la matière, le mouvement et la vie. La religion commence par l’hypothèse sur la validité de trois choses : le mental, l’esprit et l’univers – l’Être Suprême. 103:7.12 La science convient au domaine de pensée des mathématiques, de l’énergie et de la matière temporelle dans l’espace. La religion ne prétend pas s’occuper seulement de l’esprit temporel et fini, mais aussi de l’esprit d’éternité et de suprématie. C’est seulement par une longue expérience de la mota que ces deux manières extrêmes de percevoir l’univers peuvent être amenées à fournir des interprétations analogues sur les origines, les fonctions, les relations, les réalités et les destinées. C’est par l’entrée dans le circuit des Sept Maitres Esprits que la divergence entre l’énergie et l’esprit est harmonisée au maximum. La première unification de cette divergence a lieu dans la Déité du Suprême, et son unité de finalité se réalise dans l’infinité de la Source-Centre Première, le JE SUIS. 103:7.13 La raison est l’acte de reconnaitre les conclusions de la conscience concernant l’expérience dans et avec le monde physique d’énergie et de matière. La foi est l’acte de reconnaître la validité de la conscience spirituelle – chose non susceptible d’être humainement prouvée d’une autre manière. La logique est la progression synthétique de l’unité entre la foi et la raison à la recherche de la vérité ; elle est basée sur les dotations mentales constitutives des mortels, la reconnaissance innée des choses, des significations et des valeurs. 103:7.14 La présence de l’Ajusteur de Pensée apporte une preuve effective de la réalité spirituelle. Toutefois, la validité de cette présence n’est pas démontrable au monde extérieur, mais seulement à celui qui fait l’expérience de cette présence intérieure de Dieu. La conscience d’avoir un Ajusteur est basée sur la réception intellectuelle de la vérité, la perception supramentale de la bonté et la motivation de la personnalité pour aimer. 103:7.15 La science découvre le monde matériel, la religion l’évalue et la philosophie essaie d’interpréter ses significations en coordonnant le point de vue matériel scientifique avec le concept spirituel religieux. Toutefois, l’histoire est un domaine dans lequel la science et la religion ne pourront peut-être jamais se mettre pleinement d’accord. 8. Philosophie et religion 103:8.1 Bien que la science et la philosophie puissent toutes deux admettre la probabilité de Dieu par leur raison et leur logique, seul un homme, conduit par l’esprit dans son expérience religieuse personnelle, peut affirmer avec certitude que cette Déité suprême et personnelle existe. Par la technique d’une telle incarnation de la vérité vivante, l’hypothèse philosophique de la probabilité de Dieu devient une réalité religieuse. 103:8.2 Le désarroi au sujet de la certitude expérientielle de Dieu provient des interprétations et descriptions dissemblables de cette expérience par des individus distincts et par des hommes de races différentes. On peut avoir très valablement fait l’expérience de Dieu, mais les discours au sujet de Dieu sont intellectuels et philosophiques, donc divergents et souvent spécieux au point que l’on s’y perd. 103:8.3 Un homme bon et noble peut être parfaitement amoureux de sa femme, mais absolument incapable de passer d’une manière satisfaisante un examen écrit sur la psychologie de l’amour conjugal. Un autre homme aimant peu ou n’aimant pas son épouse peut passer très honorablement cet examen. La manière imparfaite dont celui qui aime perçoit la vraie nature de l’objet aimé n’invalide pas le moins du monde la réalité ou la sincérité de son amour. 103:8.4 Si vous croyez vraiment en Dieu – si vous le connaissez et l’aimez par la foi – ne permettez en aucune manière que la réalité de cette expérience soit minimisée ou dépréciée par les insinuations dubitatives de la science, les chicanes de la logique, les postulats de la philosophie ou les adroites suggestions d’âmes bien intentionnées qui voudraient créer une religion sans Dieu. 103:8.5 La certitude du religioniste qui connait Dieu ne devrait pas être troublée par l’incertitude du matérialiste incrédule. C’est plutôt la foi profonde et la certitude inébranlable du croyant expérientiel qui devraient lancer un puissant défi à l’incertitude de l’incroyant. 103:8.6 Pour rendre le maximum de services à la science et à la religion, la philosophie devrait éviter les deux extrêmes du matérialisme et du panthéisme. Seule une philosophie qui reconnait la réalité de la personnalité – la permanence en présence du changement – peut avoir une valeur morale pour l’homme et servir de liaison entre les théories de la science matérielle et celles de la religion spirituelle. La révélation vient compenser les faiblesses de la philosophie en évolution. 9. L’essence de la religion 103:9.1 La théologie s’occupe du contenu intellectuel de la religion ; la métaphysique (la révélation) traite de ses aspects philosophiques. L’expérience religieuse est le contenu spirituel de la religion. L’expérience spirituelle de la religion personnelle reste authentique et valable malgré les fantaisies mythologiques et les illusions psychologiques du contenu intellectuel de la religion, malgré les hypothèses erronées de la métaphysique et les techniques pour se tromper soi-même, malgré les déformations politiques et les travestissements socioéconomiques du contenu philosophique de la religion. 103:9.2 La religion ne concerne pas seulement les manières de penser, mais aussi les manières de ressentir, d’agir et de vivre. La pensée est plus étroitement reliée à la vie matérielle ; elle devrait principalement, mais non complètement, être dominée par la raison et par les faits de la science ; elle devrait l’être par la vérité dans ses extensions immatérielles vers les domaines de l’esprit. Quelles que soient les illusions et les erreurs de votre théologie, votre religion peut être tout à fait authentique et éternellement vraie. 103:9.3 Le bouddhisme dans sa forme originelle est l’une des meilleures religions sans Dieu qui soient apparues dans toute l’histoire évolutionnaire d’Urantia, bien que cette foi ne soit pas restée athée au cours de son développement. La religion sans foi est une contradiction. La religion sans Dieu est une incompatibilité philosophique et une absurdité intellectuelle. 103:9.4 L’origine magique et mythologique de la religion naturelle n’invalide ni la réalité, ni la vérité des religions ultérieures de révélation, ni le parfait évangile sauveur de la religion de Jésus. La vie et les enseignements de Jésus ont définitivement dépouillé la religion des superstitions de la magie, des illusions de la mythologie et de l’esclavage du dogmatisme traditionnel. Mais la magie et la mythologie primitives avaient très efficacement préparé le chemin à une religion ultérieure et supérieure en admettant l’existence et la réalité de valeurs et d’êtres supramatériels. 103:9.5 Bien que l’expérience religieuse soit un phénomène subjectif purement spirituel, cette expérience comporte une attitude de foi positive et vivante envers les domaines les plus élevés de la réalité objective de l’univers. L’idéal de la philosophie religieuse est une foi-confiance capable d’amener l’homme à dépendre sans réserve de l’amour absolu du Père infini de l’univers des univers. Cette authentique expérience religieuse transcende de loin l’objectivation philosophique des désirs idéalistes ; elle considère effectivement le salut comme acquis et s’occupe uniquement d’apprendre et de faire la volonté du Père du Paradis. Cette religion a pour signes distinctifs la foi en une Déité suprême, l’espoir d’une survie éternelle et l’amour, spécialement l’amour de ses semblables. 103:9.6 Quand la théologie domine la religion, la religion meurt ; elle devient une doctrine au lieu d’être une vie. La mission de la théologie consiste simplement à faciliter la prise de conscience d’une expérience spirituelle personnelle. La théologie constitue l’effort religieux pour définir, clarifier, exposer et justifier les prétentions expérientielles de la religion qui, en dernière analyse, ne peuvent être validées que par une foi vivante. Dans la philosophie supérieure de l’univers, la sagesse comme la raison s’allient à la foi. La raison, la sagesse et la foi sont les accomplissements humains les plus élevés. La raison fait pénétrer l’homme dans le monde des faits, des choses ; la sagesse le fait pénétrer dans un monde de vérité, de relations ; la foi l’initie à un monde de divinité, d’expérience spirituelle. 103:9.7 La foi emmène bien volontiers la raison aussi loin que la raison peut aller ; la foi continue ensuite son chemin avec la sagesse jusqu’à sa pleine limite philosophique ; après cela, elle ose se lancer dans le voyage sans limites et sans fin de l’univers, en seule compagnie de la vérité. 103:9.8 La science (la connaissance) est fondée sur l’hypothèse inhérente (l’esprit adjuvat) que la raison est valable, que l’univers est susceptible d’être compris. La philosophie (compréhension coordonnée) est fondée sur l’hypothèse inhérente (l’esprit de sagesse) que la sagesse est valable, qu’il est possible de coordonner l’univers matériel avec le spirituel. La religion (la vérité de l’expérience spirituelle personnelle) est basée sur l’hypothèse inhérente (l’Ajusteur de Pensée) que la foi est valable, que Dieu est susceptible d’être connu et atteint. 103:9.9 La pleine réalisation de la réalité de la vie humaine consiste en un consentement progressif à croire ces hypothèses de la raison, de la sagesse et de la foi. Une telle vie est motivée par la vérité et dominée par l’amour, lesquels sont les idéaux de la réalité cosmique objective dont l’existence ne peut être démontrée matériellement. 103:9.10 Une fois que la raison reconnait le vrai et le faux, elle fait montre de sagesse ; quand la sagesse choisit entre le vrai et le faux, entre la vérité et l’erreur, elle démontre la gouverne de l’esprit. C’est ainsi que les rôles du mental, de l’âme et de l’esprit sont toujours étroitement unis et fonctionnellement associés. La raison s’occupe de la connaissance des faits ; la sagesse s’occupe de la philosophie et de la révélation ; la foi s’occupe de l’expérience spirituelle vivante. Par la vérité, l’homme atteint la beauté, et par l’amour spirituel, il s’élève à la bonté. 103:9.11 La foi conduit à connaitre Dieu et pas seulement à un sentiment mystique de la présence divine. Il ne faut pas que la foi soit influencée à l’excès par ses conséquences émotives. La vraie religion est l’expérience de croire et de savoir, aussi bien qu’une satisfaction de sentir. 103:9.12 Il y a, dans l’expérience religieuse, une réalité qui est proportionnelle à son contenu spirituel, et cette réalité est transcendante par rapport à la raison, à la science, à la philosophie, à la sagesse et à tous les autres accomplissements humains. Les convictions résultant de cette expérience sont inébranlables ; la logique de la vie religieuse défie toute contradiction ; la certitude de sa connaissance est suprahumaine ; les satisfactions qui l’accompagnent sont magnifiquement divines ; le courage est indomptable, les dévouements sont inconditionnels, les fidélités sont suprêmes et les destinées sont finales – éternelles, ultimes et universelles. 103:9.13 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.] FASCICULE 104. Croissance du concept de Trinité 104:0.1 Il ne faut pas confondre le concept de Trinité, dans la religion révélée, avec les croyances aux triades des religions évolutionnaires. Les idées de triades sont nées de beaucoup de relations suggestives, mais principalement parce que les doigts ont trois phalanges, parce qu’il faut un minimum de trois pieds pour stabiliser un siège, parce que trois points d’appui permettent de dresser une tente ; en outre, pendant longtemps, l’homme primitif ne sut pas compter au-delà de trois. 104:0.2 À part certains vocables naturellement couplés tels que passé et présent, jour et nuit, chaud et froid, mâle et femelle, l’homme a généralement tendance à penser en triades : hier, aujourd’hui et demain ; lever du soleil, midi et coucher du soleil ; père, mère et enfant. On fait un triple ban au vainqueur. On enterre les morts le troisième jour et l’on apaise le fantôme par trois aspersions d’eau. 104:0.3 Comme conséquence de ces associations naturelles dans l’expérience humaine, la triade fit son apparition dans la religion, et cela bien avant que la Trinité Paradisiaque des Déités, ou même aucun de ses représentants, eût été révélée à l’humanité. Plus tard, les Persans, les Hindous, les Grecs, les Égyptiens, les Babyloniens, les Romains et les Scandinaves eurent tous des dieux formant des triades, mais ce n’étaient pas encore de vraies trinités. Les triades de déités eurent toutes une origine naturelle et apparurent à un moment ou à un autre chez la plupart des peuples intelligents d’Urantia. Le concept d’une triade évolutionnaire a parfois été mêlé à celui d’une Trinité révélée ; dans ce cas, il est souvent impossible de distinguer l’une de l’autre. 1. Concepts urantiens de Trinité 104:1.1 La première révélation urantienne conduisant à comprendre la Trinité du Paradis, fut faite par l’état-major du Prince Caligastia, il y a environ cinq-cent-mille ans. Ce tout premier concept fut perdu, pour le monde, pendant les temps troublés qui suivirent la rébellion planétaire. 104:1.2 La deuxième présentation de la Trinité fut faite par Adam et Ève dans le premier et le second jardins. Ces enseignements n’avaient pas été entièrement effacés même à l’époque de Machiventa Melchizédek, environ trente-cinq-mille ans plus tard, car le concept des Séthites relatif à la Trinité subsista aussi bien en Mésopotamie qu’en Égypte, mais plus spécialement aux Indes, où il fut longtemps perpétué dans Agni, le tricéphale dieu védique du feu. 104:1.3 La troisième présentation de la Trinité fut faite par Machiventa Melchizédek, et cette doctrine fut symbolisée par les trois cercles concentriques que le sage de Salem portait sur son pectoral. Mais Machiventa trouva très difficile d’enseigner aux Bédouins de Palestine des notions sur le Père Universel, le Fils Éternel et l’Esprit Infini. La plupart de ses disciples crurent que la Trinité se composait des trois Très Hauts de Norlatiadek ; quelques-uns conçurent la Trinité comme composée du Souverain Systémique, du Père de la Constellation et de la Déité Créatrice de l’univers local ; un plus petit nombre encore réussit à comprendre de très loin l’idée de l’association paradisiaque du Père, du Fils et de l’Esprit. 104:1.4 Grâce aux activités des missionnaires de Salem, les enseignements de Melchizédek sur la Trinité se répandirent graduellement dans une grande partie de l’Eurasie et de l’Afrique du Nord. Il est souvent difficile de distinguer entre les triades et les trinités dans les derniers temps des Andites et dans les âges postérieurs à Melchizédek, époques où les deux concepts se mélangèrent et se fondirent dans une certaine mesure. 104:1.5 Parmi les Hindous, le concept trinitaire prit naissance en tant qu’Être, Intelligence et Joie. (Une conception hindoue plus tardive fut celle de Brahma, Siva et Vishnou.) Tandis que les descriptions primitives de la Trinité étaient apportées aux Indes par les prêtres séthites, les idées plus récentes sur la Trinité furent importées par les missionnaires de Salem et développées par des penseurs natifs des Indes à l’aide d’une conjugaison de ces doctrines avec les conceptions des triades évolutionnaires. 104:1.6 La foi bouddhique développa deux doctrines de nature trinitaire. La première, présentée par Gautama Siddharta, fut celle du Maitre, de la Loi et de la Fraternité. L’idée ultérieure, qui se développa dans les branches septentrionales des disciples de Bouddha, embrassait le Seigneur Suprême, l’Esprit Saint et le Sauveur Incarné. 104:1.7 Ces idées des Hindous et des bouddhistes étaient de réels postulats trinitaires, c’est-à-dire l’idée d’une triple manifestation d’un Dieu monothéiste. Une vraie conception trinitaire ne consiste pas simplement à grouper ensemble trois dieux séparés. 104:1.8 Les Hébreux avaient des notions de la Trinité par les traditions kénites datant de Melchizédek, mais leur zèle monothéiste pour le Dieu unique Yahweh éclipsa tous ces enseignements, à tel point qu’au moment de l’apparition de Jésus, la doctrine des Élohim avait été pratiquement éliminée de la théologie juive. Le mental hébraïque ne pouvait concilier le concept trinitaire avec la croyance monothéiste au Seigneur Unique, le Dieu d’Israël. 104:1.9 Les pratiquants de la foi islamique ne réussirent pas non plus à saisir l’idée de la Trinité. Il est toujours difficile, à un monothéisme émergeant, faisant face au polythéisme, de tolérer le trinitarisme. C’est dans les religions ayant une solide tradition monothéiste doublée de souplesse doctrinale que l’idée de trinité s’implante le mieux. Les grands monothéistes, les Hébreux et les mahométans, trouvèrent difficile de distinguer entre l’adoration de trois dieux, le polythéisme et le trinitarisme, l’adoration d’une seule Déité existant sous une manifestation trine de divinité et de personnalité. 104:1.10 Jésus enseigna la vérité à ses apôtres au sujet des personnes de la Trinité du Paradis, mais ils crurent qu’il parlait figurativement et symboliquement. Ayant été élevés dans le monothéisme hébreu, ils trouvèrent difficile d’admettre la moindre croyance qui parût en conflit avec leur concept dominant de Yahweh. Les premiers chrétiens héritèrent des préjugés hébreux contre le concept de la Trinité. 104:1.11 La première Trinité du christianisme fut proclamée à Antioche et consistait en Dieu, sa Parole et sa Sagesse. Paul était au courant de la Trinité Paradisiaque du Père, du Fils et de l’Esprit, mais il prêchait rarement sur ce thème et n’en fit mention que dans de rares lettres aux nouvelles Églises en formation. Même alors, et comme les autres apôtres, Paul confondait Jésus, Fils Créateur de l’univers local, avec la Deuxième Personne de la Déité, le Fils Éternel du Paradis. 104:1.12 Le concept chrétien de la Trinité, qui commença à être admis vers la fin du premier siècle après le Christ, comprenait le Père Universel, le Fils Créateur de Nébadon et la Divine Ministre de Salvington – Esprit-Mère de l’univers local et compagne créative du Fils Créateur. 104:1.13 Depuis l’époque de Jésus et jusqu’à la publication de ces révélations, la véritable identité de la Trinité du Paradis n’a pas été connue sur Urantia (sauf par certaines personnes à qui elle fut spécialement révélée). Bien que le concept chrétien de la Trinité fût erroné en fait, il était pratiquement vrai sous le rapport des relations spirituelles. Il ne souffrait d’embarras que dans ses implications philosophiques et ses conséquences cosmologiques. Nombre de personnes douées d’une mentalité cosmique ont eu peine à croire que la Deuxième Personne de la Déité, le deuxième membre d’une Trinité infinie, ait séjourné sur Urantia. En effet, bien que ce soit vrai en esprit, ce n’est pas exact en fait. Les Micaëls Créateurs incorporent pleinement la divinité du Fils Éternel, mais ne sont pas la personnalité absolue. 2. Unité trinitaire et pluralité de Déité 104:2.1 Le monothéisme s’éleva comme une protestation philosophique contre l’incohérence du polythéisme. Il se développa d’abord au travers d’organisations de type panthéon avec compartimentage des activités surnaturelles, puis dans l’hénothéisme en exaltant un seul dieu au-dessus des nombreux autres, et enfin en excluant tous les dieux, sauf le Dieu Unique de valeur finale. 104:2.2 Le trinitarisme est issu de la protestation expérientielle contre l’impossibilité de concevoir l’unicité d’une Déité solitaire dépourvue d’anthropomorphisme et de rapport avec une signification universelle. Avec le temps, la philosophie tend à abstraire les qualités personnelles du concept de Déité du pur monothéisme, réduisant ainsi cette idée d’un Dieu sans rapports extérieurs au statut d’un Absolu panthéiste. Il a toujours été malaisé de comprendre la nature personnelle d’un Dieu n’ayant pas, sur un pied d’égalité, des relations personnelles avec d’autres êtres personnels coordonnés. La personnalité chez la Déité exige que cette Déité existe en relation avec d’autres Déités personnelles égales. 104:2.3 En reconnaissant le concept de la Trinité, le mental humain peut espérer saisir un aperçu des relations réciproques entre l’amour et la loi dans les créations de l’espace-temps. Par la foi spirituelle, l’homme acquiert la clairvoyance sur l’amour de Dieu, mais il ne tarde pas à découvrir que cette foi spirituelle n’a pas d’influence sur les lois ordonnées de l’univers matériel. Indépendamment de la fermeté de la croyance de l’homme que Dieu est son Père Paradisiaque, les horizons cosmiques en expansion exigent qu’il reconnaisse aussi, comme une loi universelle, la réalité de la Déité du Paradis et qu’il admette la souveraineté de la Trinité. Cette souveraineté qui s’étend du Paradis vers l’extérieur domine même les univers locaux évolutifs des Fils Créateurs et des Filles Créatives issus des trois personnes éternelles dont l’union de déité est le fait, la réalité et l’éternelle indivisibilité de la Trinité du Paradis. 104:2.4 Cette même Trinité du Paradis est une entité réelle – non une personnalité, mais néanmoins une réalité véritable et absolue. Sans être une personnalité, elle est néanmoins une entité compatible avec des personnalités coexistantes – les personnalités du Père, du Fils et de l’Esprit. La Trinité est une réalité de Déité qui dépasse la somme de ses parties, elle est issue de la conjonction des trois Déités Paradisiaques. Les qualités, les caractéristiques et les fonctions de la Trinité ne sont pas la simple somme des attributs des trois Déités Paradisiaques. Les fonctions de la Trinité sont uniques, originales et non entièrement prévisibles d’après l’analyse des attributs du Père, du Fils et de l’Esprit. 104:2.5 Par exemple, le Maitre, lorsqu’il était sur terre, prévint ses disciples que la justice n’est jamais un acte personnel, mais toujours une fonction collective. Les Dieux n’administrent pas non plus la justice en tant que personnes, mais ils accomplissent cette même fonction en tant qu’ensemble collectif, en tant que Trinité du Paradis. 104:2.6 Saisir le concept de l’association trinitaire du Père, du Fils et de l’Esprit prépare le mental humain à la présentation ultérieure de certaines autres relations trines. La raison théologique peut se satisfaire pleinement du concept de la Trinité du Paradis, mais la raison philosophique et cosmologique exige que l’on reconnaisse les autres associations trines de la Source-Centre Première, ces triunités dans lesquelles l’Infini fonctionne en diverses capacités non paternelles de manifestation universelle – les relations entre le Dieu de la force, de l’énergie, du pouvoir, de la causalité, de la réaction, du potentiel, de l’actuel, de la gravité, de la tension, de l’archétype, du principe et de l’unité. 3. Trinités et triunités 104:3.1 Bien que l’humanité ait parfois commencé à saisir la signification de la Trinité des trois personnes de la Déité, la logique exige que l’intellect humain perçoive l’existence de certaines relations entre tous les sept Absolus. Mais tout ce qui est vrai de la Trinité du Paradis n’est pas nécessairement vrai d’une triunité, car une triunité est autre chose qu’une trinité. Sous certains aspects fonctionnels, une triunité peut être analogue à une trinité, mais sa nature n’est jamais homologue de celle d’une trinité. 104:3.2 Les mortels d’Urantia sont en train de passer par une grande ère d’expansion des horizons et d’élargissement des concepts ; il faut que l’évolution de leur philosophie cosmique s’accélère pour marcher de pair avec l’expansion du champ intellectuel de la pensée humaine. À mesure que leur conscience cosmique s’étend, les mortels perçoivent les relations réciproques de tout ce qu’ils trouvent dans leur science matérielle, leur philosophie intellectuelle et leur clairvoyance spirituelle. Pourtant, en même temps que toute cette croyance à l’unité du cosmos, les hommes perçoivent la diversité de toutes les existences. Malgré tous les concepts concernant l’invariance de la Déité, les hommes se rendent compte qu’ils vivent dans un univers en changement constant et en croissance expérientielle. Indépendamment de la réalisation de la survie des valeurs spirituelles, les hommes doivent toujours compter avec les mathématiques et les prémathématiques de la force, de l’énergie et du pouvoir. 104:3.3 Il faut concilier, d’une manière ou d’une autre, l’éternelle complétude de l’infinité avec la croissance temporelle des univers en évolution et le caractère incomplet de leurs habitants expérientiels. En quelque sorte, la conception de l’infinitude totale doit être segmentée et qualifiée pour permettre à l’intellect mortel et à l’âme morontielle de saisir le concept de valeur finale et de signification spiritualisante. 104:3.4 Alors que la raison réclame une unité monothéiste de la réalité cosmique, l’expérience finie exige le postulat d’une pluralité d’Absolus et de leur coordination en relations cosmiques. Sans existences coordonnées, la diversité des relations absolues n’a aucune chance d’apparaitre, et les différentiels, variables, modificateurs, amortisseurs, qualificateurs ou réducteurs n’ont aucune occasion d’opérer. 104:3.5 Dans les présents exposés, la réalité totale (l’infinité) a été présentée telle qu’elle existe chez les sept Absolus : 104:3.6 1. Le Père Universel. 104:3.7 2. Le Fils Éternel. 104:3.8 3. L’Esprit Infini. 104:3.9 4. L’Ile du Paradis. 104:3.10 5. L’Absolu de Déité. 104:3.11 6. L’Absolu Universel. 104:3.12 7. L’Absolu Non Qualifié. 104:3.13 La Source-Centre Première, qui est Père pour le Fils Éternel, est aussi Archétype pour l’Ile du Paradis. Elle est personnalité non qualifiée chez le Fils, mais personnalité en potentiel chez l’Absolu de Déité. Le Père est énergie révélée dans le Paradis-Havona, et en même temps énergie cachée dans l’Absolu Non Qualifié. L’Infini est toujours révélé dans les actes incessants de l’Acteur Conjoint, tandis qu’il fonctionne éternellement dans les activités compensatrices, mais voilées, de l’Absolu Universel. C’est ainsi que le Père est relié aux six Absolus coordonnés, et que l’ensemble des sept englobe le cercle de l’infinité pendant tous les cycles sans fin de l’éternité. 104:3.14 Il semblerait que la triunité de relations absolues soit inévitable. La personnalité cherche à s’associer avec d’autres personnalités sur les niveaux absolus aussi bien que sur les autres niveaux. Et l’association des trois personnalités du Paradis rend éternelle la première triunité, l’union personnelle du Père, du Fils et de l’Esprit ; car, lorsque ces trois personnes se joignent en tant que personnes pour une fonction commune, elles constituent une triunité d’unité fonctionnelle, et non une trinité – une entité organique – mais néanmoins une triunité, une triple unanimité fonctionnelle agrégée. 104:3.15 La Trinité du Paradis n’est pas une triunité ; elle n’est pas une unanimité fonctionnelle ; elle est plutôt une Déité indivise et indivisible. Le Père, le Fils et l’Esprit peuvent (en tant que personnes) entretenir des relations avec la Trinité du Paradis, car la Trinité est leur Déité indivise. Le Père, le Fils et l’Esprit n’entretiennent pas de relations personnelles similaires avec la première triunité, car celle-ci est leur union fonctionnelle en tant que trois personnes. C’est seulement en tant que Trinité – en tant que Déité indivise – qu’ils entretiennent collectivement une relation extérieure avec la triunité de leur groupement personnel. 104:3.16 C’est ainsi que la Trinité du Paradis reste unique parmi les relations absolues ; il y a plusieurs triunités existentielles, mais seulement une Trinité existentielle. Une triunité n’est pas une entité. Elle est fonctionnelle plutôt qu’organique. Ses membres sont associés plutôt que corporatifs. Les composants d’une triunité peuvent être des entités, mais la triunité elle-même est une association. 104:3.17 Il existe toutefois un point de comparaison entre trinité et triunité : les deux se traduisent par des fonctions représentant quelque chose d’autre que la somme discernable des attributs des membres qui les composent. Elles sont donc comparables sous l’angle fonctionnel, mais sans présenter par ailleurs de relations catégoriques. En gros, on pourrait dire qu’elles sont reliées comme la relation de fonction et de structure, mais la fonction de l’association triunité n’est pas la fonction de la structure ou de l’entité trinité. 104:3.18 Les triunités n’en sont pas moins réelles, très réelles. En elles, la réalité totale est rendue fonctionnelle et, par elles, le Père Universel exerce un contrôle immédiat et personnel sur les fonctions maitresses de l’infinité. 4. Les sept triunités 104:4.1 En essayant de décrire sept triunités, nous attirons l’attention sur le fait que le Père Universel est le membre primordial de chacune d’elles. Il est, il était et il sera toujours : la Première Source-Père Universel, le Centre Absolu, la Cause Première, le Contrôleur Universel, le Fournisseur d’Énergie Illimité, l’Unité Originelle, le Soutien Non Qualifié, la Première Personne de Déité, l’Archétype Cosmique Primordial et l’Essence de l’Infinité. Le Père Universel est la cause personnelle des Absolus : il est l’absolu des Absolus. 104:4.2 Voici des suggestions sur la nature et la signification des sept triunités : 104:4.3 La Première Triunité – la triunité personnelle-intentionnelle. C’est le groupement des trois personnalités de Déité : 104:4.4 1. Le Père Universel. 104:4.5 2. Le Fils Éternel. 104:4.6 3. L’Esprit Infini. 104:4.7 C’est la triple union de l’amour, de la miséricorde et du ministère – l’association intentionnelle et personnelle des trois personnalités éternelles du Paradis. C’est l’association divinement fraternelle, aimant les créatures, agissant paternellement et encourageant l’ascension. Les divines personnalités de cette première triunité sont des Dieux qui confèrent la personnalité, effusent l’esprit et attribuent le mental. 104:4.8 C’est la triunité de volition infinie ; elle agit dans tout l’éternel présent et dans la totalité de l’écoulement passé-présent-futur du temps. Cette association produit l’infinité volitive et fournit les mécanismes par lesquels la Déité personnelle devient autorévélatrice pour les créatures du cosmos en évolution. 104:4.9 La Deuxième Triunité – la triunité de pouvoir-archétype. Qu’il s’agisse d’un minuscule ultimaton, d’une étoile flamboyante, d’une nébuleuse tourbillonnante ou même de l’univers central ou des superunivers, depuis les plus petites organisations matérielles jusqu’aux plus grandes, l’archétype physique – la configuration cosmique – est toujours dérivé de la fonction de cette triunité, association composée : 104:4.10 1. Du Père-Fils. 104:4.11 2. De l’Ile du Paradis. 104:4.12 3. De l’Acteur Conjoint. 104:4.13 L’énergie est organisée par les agents cosmiques de la Source-Centre Troisième ; elle est façonnée d’après l’archétype du Paradis, la matérialisation absolue ; mais à l’arrière-plan de cette manipulation incessante se trouve la présence du Père-Fils dont l’union a d’abord animé l’archétype du Paradis en faisant apparaitre Havona simultanément avec la naissance de l’Esprit Infini, l’Acteur Conjoint. 104:4.14 Dans l’expérience religieuse, les créatures prennent contact avec le Dieu qui est amour, mais cette clairvoyance spirituelle ne doit jamais faire oublier de reconnaitre intelligemment le fait universel de l’archétype qui est le Paradis. Par le pouvoir irrésistible de l’amour divin, les personnalités du Paradis enrôlent l’adoration librement consentie de toutes les créatures et conduisent toutes ces personnalités nées d’esprit, dans les délices célestes du service perpétuel des fils finalitaires de Dieu. La deuxième triunité est l’architecte de la scène spatiale sur laquelle toutes ces opérations se déroulent ; elle détermine les archétypes de configuration cosmique. 104:4.15 Si l’amour caractérise la divinité de la première triunité, l’archétype est la manifestation galactique de la deuxième triunité. Ce qu’est la première triunité pour les personnalités en évolution, la deuxième triunité l’est pour les univers en évolution. L’archétype et la personnalité sont deux des grandes manifestations des actes de la Source-Centre Première. Et, si difficile que ce soit de le comprendre, il n’en est pas moins vrai que le pouvoir-archétype et la personnalité aimante ne sont qu’une seule et même réalité universelle ; l’Ile du Paradis et le Fils Éternel sont des révélations coordonnées, mais antipodales, de la nature insondable du Père Universel-Force. 104:4.16 La Troisième Triunité – la triunité d’évolution de l’esprit. La totalité de la manifestation spirituelle a son commencement et sa fin dans cette association constituée par : 104:4.17 1. Le Père Universel. 104:4.18 2. Le Fils-Esprit. 104:4.19 3. L’Absolu de Déité. 104:4.20 Depuis la puissance d’esprit jusqu’à l’esprit du Paradis, tout esprit trouve l’expression de la réalité dans cette association trine de la pure essence d’esprit du Père, des valeurs d’esprit actives du Fils-Esprit et des potentiels d’esprit illimités de l’Absolu de Déité. Les valeurs existentielles de l’esprit ont leur genèse primordiale, leur manifestation complète et leur destinée finale dans cette triunité. 104:4.21 Le Père existe avant l’esprit ; le Fils-Esprit agit comme esprit créateur actif ; l’Absolu de Déité existe comme esprit englobant tout, même ce qui est au-delà de l’esprit. 104:4.22 La Quatrième Triunité – la triunité de l’infinité d’énergie. À l’intérieur de cette triunité s’éternisent les commencements et les fins de toute réalité d’énergie depuis la puissance d’espace jusqu’à la monota. Ce groupement comprend les membres suivants : 104:4.23 1. Le Père-Esprit. 104:4.24 2. L’Ile du Paradis 104:4.25 3. L’Absolu Non Qualifié. 104:4.26 Le Paradis est le centre d’activation de l’énergie-force du cosmos – la position de la Source-Centre Première dans l’univers, le point focal cosmique de l’Absolu Non Qualifié et la source de toute énergie. Existentiellement présent dans cette triunité se trouve le potentiel énergétique du cosmos-infini, dont le grand univers et le maitre univers ne sont que des manifestations partielles. 104:4.27 La quatrième triunité contrôle absolument les unités fondamentales d’énergie cosmique. Elle les libère de l’emprise de l’Absolu Non Qualifié d’une manière directement proportionnelle à l’apparition chez les Déités expérientielles de la capacité subabsolue de contrôler et de stabiliser le cosmos en métamorphose. 104:4.28 Cette triunité est la force et l’énergie. Les possibilités illimitées de l’Absolu Non Qualifié sont centrées autour de l’absolutum de l’Ile du Paradis, d’où émane l’agitation inimaginable de la quiétude, par ailleurs statique, du Non Qualifié. Les pulsations sans fin du cœur matériel paradisiaque du cosmos infini battent en harmonie avec l’archétype insondable et le plan impénétrable de l’Infini Fournisseur d’Énergie, la Source-Centre Première. 104:4.29 La Cinquième Triunité – la triunité d’infinité réactive. Cette association consiste en : 104:4.30 1. Le Père Universel. 104:4.31 2. L’Absolu Universel. 104:4.32 3. L’Absolu Non Qualifié. 104:4.33 Ce groupement rend éternelle la réalisation fonctionnelle de l’infinité de tout ce qu’il est possible de rendre actuel dans les domaines de la réalité n’appartenant pas à la déité. Cette triunité manifeste une capacité illimitée de réaction aux présences et aux actes volitifs, causatifs, tensoriels et archétypaux des autres triunités. 104:4.34 La Sixième Triunité – la triunité de la Déité en association cosmique. Ce groupement est constitué par : 104:4.35 1. Le Père Universel. 104:4.36 2. L’Absolu de Déité. 104:4.37 3. L’Absolu Universel. 104:4.38 C’est l’association de la Déité-dans-le-cosmos, l’immanence de la Déité en conjonction avec la transcendance de la Déité. C’est la dernière extension de la divinité sur les niveaux de l’infinité vers les réalités qui se trouvent en dehors du domaine de la réalité déifiée. 104:4.39 La Septième Triunité – la triunité d’unité infinie. Celle-ci est l’unité de l’infinité fonctionnellement manifeste dans le temps et l’éternité, l’unification coordonnée des actuels et des potentiels. Ce groupe se compose : 104:4.40 1. Du Père Universel. 104:4.41 2. De l’Acteur Conjoint. 104:4.42 3. De l’Absolu Universel. 104:4.43 L’Acteur Conjoint intègre universellement les aspects fonctionnels variables de toute la réalité rendue actuelle sur tous les niveaux de manifestation depuis les niveaux finis, en passant par les niveaux transcendantaux et jusqu’aux niveaux absolus. L’Absolu Universel compense parfaitement les différenciations inhérentes aux divers aspects de toute réalité incomplète, depuis les potentialités illimitées de réalité de Déité active-volitive et causative jusqu’aux possibilités sans bornes de réalité de non-déité, statique et réactive, dans les domaines incompréhensibles de l’Absolu Non Qualifié. 104:4.44 Quand ils agissent dans cette triunité, l’Acteur Conjoint et l’Absolu Universel sont également sensibles aux présences de Déité et de non-déité, ainsi d’ailleurs que la Source-Centre Première qui, dans cette relation, est pratiquement impossible à distinguer conceptuellement du JE SUIS. 104:4.45 Ces approximations sont suffisantes pour élucider le concept des triunités. Faute de connaitre le niveau ultime des triunités, vous ne pouvez pleinement comprendre les sept premières. Bien que nous estimions qu’il n’est pas sage de pousser plus loin leur étude, nous pouvons dire qu’il existe quinze associations trines de la Source-Centre Première, dont huit ne sont pas révélées dans ces fascicules. Ces associations non révélées s’occupent de réalités, d’actualisations et de potentialités qui se trouvent au-delà du niveau expérientiel de la suprématie. 104:4.46 Les triunités sont le volant fonctionnel de l’infinité, l’unification de la nature unique des Sept Absolus de l’Infinité. C’est la présence existentielle des triunités qui permet au Père-JE SUIS de faire l’expérience de l’unité fonctionnelle d’infinité, malgré la diversification de l’infinité en sept Absolus. La Source-Centre Première est le membre unificateur de toutes les triunités ; en lui, toutes choses ont leur commencement non qualifié, leur existence éternelle et leur destinée infinie – « en lui, toutes choses subsistent ». 104:4.47 Bien que ces associations ne puissent augmenter l’infinité du Père-JE SUIS, elles paraissent rendre possibles les manifestations subinfinies et subabsolues de sa réalité. Les sept triunités multiplient la variabilité, éternisent de nouvelles profondeurs, déitisent de nouvelles valeurs, dévoilent de nouveaux potentiels, révèlent de nouvelles significations. Toutes ces manifestations diversifiées, dans le temps et l’espace et dans le cosmos éternel, ont leur existence dans l’état statique hypothétique de l’infinité originelle du JE SUIS. 5. Triodités 104:5.1 Il existe certaines autres relations trines qui ne contiennent pas le Père dans leur constitution, mais ce ne sont pas vraiment des triunités, et elles sont toujours distinctes des triunités du Père. Elles portent des noms divers, triunités associées, triunités coordonnées et triodités. Elles sont des conséquences de l’existence des triunités. Deux de ces associations sont constituées comme suit : 104:5.2 La Triodité d’Actualité. Cette triodité consiste en relations réciproques entre trois actuels absolus : 104:5.3 1. Le Fils Éternel. 104:5.4 2. L’Ile du Paradis. 104:5.5 3. L’Acteur Conjoint. 104:5.6 Le Fils Éternel est l’absolu de la réalité d’esprit, la personnalité absolue. L’Ile du Paradis est l’absolu de la réalité cosmique, l’archétype absolu. L’Acteur Conjoint est l’absolu de la réalité mentale, le coordonné de la réalité d’esprit absolue et la synthèse personnalité-pouvoir au niveau de la Déité existentielle. Cette association trine extériorise la coordination du total de la réalité rendue actuelle – spirituelle, cosmique ou mentale. Elle est non-qualifiée dans l’actualité. 104:5.7 La Triodité de Potentialité. Cette triodité est formée par l’association des trois Absolus de potentialité : 104:5.8 1. L’Absolu de Déité. 104:5.9 2. L’Absolu Universel. 104:5.10 3. L’Absolu Non Qualifié. 104:5.11 Ainsi se trouvent associés les réservoirs d’infinité de toute réalité d’énergie latente – spirituelle, mentale ou cosmique. Cette association produit l’intégration de toute réalité d’énergie latente. Elle est infinie en potentiel. 104:5.12 De même que les triunités s’occupent primordialement d’unifier fonctionnellement l’infinité, de même les triodités sont impliquées dans l’apparition cosmique des Déités expérientielles. Les triunités sont indirectement intéressées par les Déités expérientielles – Suprême, Ultime et Absolue – mais les triodités le sont directement. Elles apparaissent dans la synthèse émergente de personnalité-pouvoir de l’Être Suprême. Et, pour les créatures temporelles de l’espace, l’Être Suprême est une révélation de l’unité du JE SUIS. 104:5.13 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.] FASCICULE 105. Déité et réalité 105:0.1 Même pour les ordres élevés d’intelligences de l’univers, l’infinité n’est que partiellement compréhensible et la finalité de la réalité n’est que relativement intelligible. Quand le mental humain cherche à pénétrer le mystère d’éternité de l’origine et de la destinée de tout ce que l’on appelle réel, il peut lui être utile d’aborder le problème en concevant l’éternité-infinité comme une ellipse à peu près illimitée produite par une cause absolue unique fonctionnant tout au long de ce cycle universel de diversifications sans fin, en cherchant toujours quelque potentiel de destinée absolu et infini. 105:0.2 Quand l’intellect mortel cherche à saisir le concept de la totalité de la réalité, ce mental fini se trouve face à face avec l’infinité-réalité. La totalité de la réalité est l’infinité ; elle ne peut donc jamais être pleinement comprise par un mental dont la capacité conceptuelle est subinfinie. 105:0.3 Le mental humain ne peut guère se former un concept adéquat des existences éternelles et, à défaut de cette compréhension, il est impossible de décrire même nos concepts de la totalité de la réalité. Nous pouvons néanmoins faire un effort pour les présenter, tout en nous rendant pleinement compte qu’il leur faudra subir de profondes déformations au cours du processus de traduction-modification qui amènera ces concepts au niveau de compréhension du mental des mortels. 1. Le concept philosophique du JE SUIS 105:1.1 La causalité primordiale absolue dans l’infinité est attribuée, par les philosophes de l’univers, au Père Universel opérant en tant que JE SUIS infini, éternel et absolu. 105:1.2 La présentation, à l’intellect des mortels, de cette idée d’un JE SUIS infini comporte beaucoup de risques, parce que ce concept est si éloigné de la compréhension expérientielle humaine qu’il implique de sérieuses déformations des significations et des erreurs de conception sur les valeurs. Quoi qu’il en soit, le concept philosophique du JE SUIS fournit aux êtres finis une base pour essayer d’approcher la compréhension partielle des origines absolues et des destinées infinies. Mais, dans toutes nos tentatives pour élucider la genèse et la maturation de la réalité, précisons que, dans toutes les significations et valeurs se rapportant à la personnalité, ce concept du JE SUIS est synonyme de la Première Personne de la Déité, le Père Universel de toutes les personnalités. Ce postulat du JE SUIS n’est toutefois pas aussi clairement identifiable dans les domaines non déifiés de la réalité universelle. 105:1.3 Le JE SUIS est l’Infini ; le JE SUIS est aussi l’infinité. Du point de vue temporel, séquentiel, toute réalité a son origine dans l’infini JE SUIS, dont l’existence solitaire dans l’éternité infinie du passé doit être le premier postulat philosophique d’une créature finie. Le concept du JE SUIS implique l’infinité non qualifiée, la réalité indifférenciée de tout ce qui serait susceptible d’exister dans la totalité d’une éternité infinie. 105:1.4 En tant que concept existentiel, le JE SUIS n’est ni déifié ni non déifié, ni actuel ni potentiel, ni personnel ni impersonnel, ni statique ni dynamique. Aucune qualification ne peut être appliquée à l’Infini, si ce n’est que l’on peut affirmer que le JE SUIS est. Le postulat philosophique du JE SUIS est un concept universel un peu plus difficile à comprendre que celui de l’Absolu Non Qualifié. 105:1.5 Pour le mental fini, il faut absolument qu’il y ait un commencement. Or, bien que la réalité n’ait jamais eu de vrai commencement, elle manifeste envers l’infinité certaines relations de source. On peut imaginer, à peu près comme suit, la situation d’éternité préréelle, primordiale : À un moment infiniment lointain et hypothétique de l’éternité passée, on peut concevoir que le JE SUIS était à la fois chose et non-chose, à la fois cause et effet, à la fois volition et réaction. À ce moment hypothétique de l’éternité, l’infinité ne présente nulle part de différenciation. L’infinité est remplie par l’Infini ; l’Infini englobe l’infinité. C’est le moment statique hypothétique de l’éternité ; les actuels sont encore inclus dans leurs potentiels, et les potentiels ne sont pas encore apparus dans l’infinité du JE SUIS. Toutefois, même dans cette situation hypothétique, il nous faut admettre que la possibilité de volonté autonome existe. 105:1.6 Rappelez-vous toujours que la compréhension du Père Universel par l’homme est une expérience personnelle. Dieu, en tant que votre Père spirituel, est compréhensible par vous et par tous les autres mortels, votre concept cultuel expérientiel du Père Universel doit toujours être moindre que votre postulat philosophique de l’infinité de la Source-Centre Première, le JE SUIS. Quand nous parlons du Père, nous voulons dire Dieu tel qu’il est susceptible d’être compris par ses créatures humbles ou élevées, mais une fraction bien plus grande de la Déité est incompréhensible aux créatures de l’univers. Dieu, votre Père et mon Père, est cette phase de l’Infini que nous percevons dans notre personnalité comme une réalité expérientielle actuelle, mais le JE SUIS subsiste toujours comme notre hypothèse de tout ce que nous sentons inconnaissable dans la Source-Centre Première. Cette hypothèse elle-même reste probablement très en deçà de l’infinité insondée de la réalité originelle. 105:1.7 L’univers des univers, avec les innombrables légions de personnalités qui l’habitent, est un organisme immense et complexe, mais la Source-Centre Première est infiniment plus complexe que les univers et personnalités qui sont devenus réels en réponse à ses décisions volontaires. Quand vous contemplez, avec une crainte respectueuse, l’immensité du maitre univers, arrêtez-vous pour songer que même cette création inconcevable ne peut rien être de plus qu’une révélation partielle de l’Infini. 105:1.8 L’infinité est assurément très éloignée du niveau d’expérience de la compréhension des mortels, mais, même au cours du présent âge sur Urantia, vos concepts de l’infinité grandissent et continueront à grandir durant vos carrières sans fin qui s’échelonneront dans l’éternel futur. L’infinité non qualifiée n’a pas de sens pour les créatures finies, mais l’infinité est capable d’autolimitation et elle est susceptible d’exprimer la réalité à tous les niveaux d’existence universelle. La face que l’Infini tourne vers toutes les personnalités de l’univers est le visage d’un Père, le Père Universel d’amour. 2. Le JE SUIS – trin et septuple 105:2.1 En considérant la genèse de la réalité, ayez toujours présent à l’esprit que toute réalité absolue vient de l’éternité et n’a pas de commencement d’existence. Par réalité absolue, nous voulons parler des trois personnes existentielles de la Déité, de l’Ile du Paradis et des trois Absolus. Ces sept réalités sont éternelles d’une manière coordonnée, indépendamment du fait que nous recourrions au langage de l’espace-temps pour présenter aux êtres humains la séquence de leur origine. 105:2.2 En suivant chronologiquement la description des origines de la réalité, il faut admettre un instant théorique supposé, de « première » expression volitive et de « première » répercussion réactive à l’intérieur du JE SUIS. Dans nos tentatives pour dépeindre la genèse et la génération de la réalité, ce stade peut être conçu comme L’Un Infini se différenciant lui-même de L’Infinitude, mais il faut toujours étendre le postulat de cette relation duelle à une conception trine en reconnaissant le continuum éternel de L’Infinité, le JE SUIS. 105:2.3 L’autométamorphose du JE SUIS culmine dans les multiples différenciations de la réalité déifiée et de la réalité non déifiée, de la réalité potentielle et actuelle, et de certaines autres réalités que l’on ne peut guère classer ainsi. Ces différenciations du JE SUIS théorique et moniste sont éternellement intégrées par des relations simultanées qui s’établissent dans le même JE SUIS – la préréalité prépotentielle, préactuelle, prépersonnelle, monothétique ; cette préréalité, tout en étant infinie, se révèle comme un absolu en présence de la Source-Centre Première et comme une personnalité dans l’amour sans limite du Père Universel. 105:2.4 Par ces métamorphoses internes, le JE SUIS établit les bases d’une relation septuple avec lui-même. On peut maintenant élargir le concept philosophique (temporel) du JE SUIS solitaire et le concept transitoire (temporel) du JE SUIS trin pour englober le JE SUIS en tant que septuple. Cette nature septuple – ou à sept phases – peut être présentée de la meilleure façon en la rapportant aux Sept Absolus de l’Infinité : 105:2.5 1. Le Père Universel. JE SUIS père du Fils Éternel. C’est la relation de personnalité primordiale des actualités. La personnalité absolue du Fils rend absolu le fait de la paternité de Dieu et institue la filiation potentielle de toutes les personnalités. Cette relation établit la personnalité de l’Infini et consomme sa révélation spirituelle dans la personnalité du Fils Originel. Même les mortels, bien que dans la chair, peuvent expérimenter, sur des niveaux spirituels, cette phase du JE SUIS, s’ils adorent notre Père. 105:2.6 2. Le Contrôleur Universel. JE SUIS cause de l’éternel Paradis. C’est la relation impersonnelle primordiale des actualités, l’association non spirituelle originelle. Le Père Universel est Dieu-amour ; le Contrôleur Universel est Dieu-archétype. Cette relation établit le potentiel des formes – des configurations – et détermine le maitre archétype des relations impersonnelles et non spirituelles – le maitre archétype d’après lequel toutes les copies sont faites. 105:2.7 3. Le Créateur Universel. JE SUIS un avec le Fils Éternel. Cette union du Père et du Fils (en présence du Paradis) inaugure le cycle créateur, lequel est consommé dans l’apparition de la personnalité conjointe et de l’univers éternel. Du point de vue fini des mortels, la réalité commence vraiment avec l’apparition, dans l’éternité, de la création de Havona. Cet acte créateur de la Déité s’effectue par le Dieu d’Action et à travers lui, qui est en essence l’unité du Père-Fils manifestée sur et à tous les niveaux de l’actuel. C’est pourquoi la créativité divine est infailliblement caractérisée par l’unité, et cette unité est le reflet extérieur de l’unicité absolue de la dualité du Père-Fils et de la Trinité du Père-Fils-Esprit. 105:2.8 4. Le Soutien Infini. JE SUIS associable à lui-même. C’est l’association primordiale de la statique et des potentiels de la réalité. Dans cette relation, tous les facteurs qualifiés et non qualifiés sont compensés. La notion qui permet le mieux de comprendre cette phase du JE SUIS est celle de l’Absolu Universel – l’unificateur de l’Absolu de Déité et de l’Absolu Non Qualifié. 105:2.9 5. Le Potentiel Infini. JE SUIS qualifié par lui-même. C’est la borne-repère de l’infinité portant témoignage éternel que le JE SUIS s’est limité par sa propre volonté, à la suite de quoi il s’est auto-exprimé et auto-révélé sous forme triple. Cette phase du JE SUIS est généralement comprise en tant que l’Absolu de Déité. 105:2.10 6. La Capacité Infinie. JE SUIS statique-réactif. C’est la matrice sans bornes, la possibilité de toutes les expansions cosmiques futures. La meilleure manière de concevoir cette phase du JE SUIS est peut-être la notion de la présence supergravitationnelle de l’Absolu Non Qualifié. 105:2.11 7. L’Un Universel de l’Infinité. JE SUIS ce que JE SUIS. C’est la stase, ou relation de l’Infinité avec elle-même, le fait éternel de la réalité de l’infinité et la vérité universelle de l’infinité de la réalité. Dans la mesure où cette relation est discernable en tant que personnalité, elle est révélée aux univers dans le divin Père de toute personnalité – même de la personnalité absolue. Dans la mesure où cette relation est exprimable impersonnellement, l’univers prend contact avec elle en tant que cohérence absolue de pure énergie et de pur esprit en présence du Père Universel. Dans la mesure où cette relation est concevable comme un absolu, elle est révélée dans la primauté de la Source-Centre Première ; en lui nous vivons tous, nous nous mouvons et avons notre existence, depuis les créatures de l’espace jusqu’aux citoyens du Paradis ; et ceci est tout aussi vrai du maitre univers que de l’infinitésimal ultimaton, tout aussi vrai de ce qui doit être que de ce qui est et de ce qui a été. 3. Les Sept Absolus de l’infinité 105:3.1 Les sept relations primordiales à l’intérieur du JE SUIS s’éternisent sous l’aspect des Sept Absolus de l’Infinité. Nous décrivons les origines de la réalité et les différenciations de l’infinité par un exposé séquentiel, mais en fait les sept Absolus sont tous éternels d’une manière non qualifiée et coordonnée. Il est peut-être nécessaire au mental des mortels de concevoir leur commencement, mais cette conception devrait toujours être dominée par la réalisation que les sept Absolus n’ont pas eu de commencement ; ils sont éternels et l’ont toujours été en tant qu’absolus. Les sept Absolus sont les prémices de la réalité et ils sont décrits comme suit dans les présents fascicules : 105:3.2 1. La Source-Centre Première. Première Personne de la Déité et archétype primordial de non-déité, Dieu, le Père Universel, créateur, contrôleur et soutien ; amour universel, esprit éternel et énergie infinie ; potentiel de tous les potentiels et source de tous les actuels ; stabilité de toute statique et dynamisme de tout changement ; source des archétypes et Père des personnes. Collectivement, les sept Absolus équivalent à l’infinité, mais le Père Universel lui-même est effectivement infini. 105:3.3 2. La Source-Centre Deuxième. La Deuxième Personne de la Déité, le Fils Éternel et Originel ; les réalités de personnalité absolue du JE SUIS et la base pour la réalisation-révélation du « JE SUIS personnalité ». Nulle personnalité ne peut espérer atteindre le Père Universel sinon par son Fils Éternel. La personnalité ne peut pas non plus atteindre les niveaux spirituels d’existence sans l’action et l’aide de cet archétype absolu de toutes les personnalités. Dans la Source-Centre Deuxième, l’esprit est non qualifié, tandis que la personnalité est absolue. 105:3.4 3. La Source-Centre du Paradis. Deuxième archétype de non-déité, l’Ile éternelle du Paradis ; la base pour la réalisation-révélation du « JE SUIS force » et le fondement de l’établissement du contrôle gravitationnel dans tous les univers. Par rapport à toute la réalité actualisée, non spirituelle, impersonnelle et non volitive, le Paradis est l’absolu des archétypes. De même que l’énergie spirituelle est reliée au Père Universel par la personnalité absolue du Fils-Mère, de même toute l’énergie cosmique est maintenue sous le contrôle gravitationnel de la Source-Centre Première par l’archétype absolu de l’Ile du Paradis. Le Paradis n’est pas dans l’espace, c’est l’espace qui existe relativement au Paradis, et la chronicité du mouvement est déterminée par sa relation avec le Paradis. L’Ile éternelle est absolument au repos ; toutes les autres énergies organisées ou en cours d’organisation sont en mouvement perpétuel. Dans tout l’espace, seule est tranquille la présence de l’Absolu Non Qualifié, et le Non Qualifié est coordonné avec le Paradis. Le Paradis existe au foyer de l’espace, le Non Qualifié le pénètre et tout ce qui est relatif a son existence dans ce domaine. 105:3.5 4. La Source-Centre Troisième. Troisième Personne de la Déité, l’Acteur Conjoint ; l’intégrateur infini des énergies cosmiques du Paradis avec les énergies spirituelles du Fils Éternel ; le parfait coordonnateur des mobiles de la volonté et des mécanismes de la force ; l’unificateur de toute réalité actuelle ou en voie d’actualisation. Par les soins de ses multiples enfants, l’Esprit Infini révèle la miséricorde du Fils Éternel, tout en opérant en même temps comme manipulateur infini, tissant perpétuellement l’archétype du Paradis dans les énergies de l’espace. Ce même Acteur Conjoint, ce Dieu d’Action, est l’expression parfaite des plans et desseins illimités du Père-Fils, tout en agissant lui-même comme source du mental et dispensateur de l’intellect aux créatures d’un immense cosmos. 105:3.6 5.L’Absolu de Déité. Les possibilités causales potentiellement personnelles de la réalité universelle, la totalité de tout le potentiel de Déité. L’Absolu de Déité qualifie intentionnellement les réalités non qualifiées, les réalités absolues et les réalités de non-déité. L’Absolu de Déité qualifie l’absolu et rend absolu le qualifié – il est l’initiateur de la destinée. 105:3.7 6. L’Absolu Non Qualifié. Statique, réactif et en attente ; l’infinité cosmique non révélée du JE SUIS ; la totalité de la réalité non déifiée et la finalité de tout le potentiel non personnel. L’espace limite la fonction du Non Qualifié, mais la présence du Non Qualifié est sans limites, elle est infinie. Il existe un concept de périphérie pour le maitre univers, mais la présence du Non Qualifié est illimitée ; l’éternité elle-même ne saurait épuiser la tranquillité sans bornes de cet Absolu de non-déité. 105:3.8 7. L’Absolu Universel. Unificateur du déifié et du non déifié ; corrélateur de l’absolu et du relatif. L’Absolu Universel (étant statique, potentiel et associatif) compense la tension entre l’existentiel éternel et l’inachevé. 105:3.9 Les Sept Absolus de l’Infinité constituent les commencements de la réalité. Considérée par le mental des mortels, la Source-Centre Première paraitrait antérieure à tous les absolus. Si utile que soit ce postulat, il est invalidé par la coexistence dans l’éternité du Fils, de l’Esprit, des trois Absolus et de l’Ile du Paradis. 105:3.10 C’est une vérité que les Absolus sont des manifestations du JE SUIS-Source-Centre Première ; c’est un fait que ces Absolus n’ont jamais eu de commencement, mais sont d’éternels coordonnés de la Source-Centre Première. Les relations des Absolus dans l’éternité ne peuvent pas toujours être présentées sans que cela implique des paradoxes dans le langage du temps et dans les modèles conceptuels de l’espace. Indépendamment de toute confusion concernant l’origine des Sept Absolus de l’Infinité, c’est à la fois un fait et une vérité que toute réalité est fondée sur leur existence d’éternité et sur leurs relations d’infinité. 4. Unité, dualité et triunité 105:4.1 Les philosophes de l’univers postulent l’existence éternelle du JE SUIS en tant que source primordiale de toute réalité. Ils postulent en même temps que, par lui-même, le JE SUIS se segmente en sept relations primaires avec lui-même – les sept phases de l’infinité. Et, simultanément à ces suppositions, ils formulent le troisième postulat, l’apparition dans l’éternité des Sept Absolus de l’Infinité et l’éternisation des associations duelles des sept phases du JE SUIS avec ces sept Absolus. 105:4.2 L’autorévélation du JE SUIS procède ainsi du moi statique en passant par la segmentation de lui-même et les relations avec lui-même, pour aboutir à des relations absolues – des relations avec des Absolus dérivés de lui-même. La dualité devient ainsi existentielle dans l’association éternelle des Sept Absolus de l’Infinité avec la septuple infinité des phases autosegmentées du JE SUIS autorévélateur. Ces relations duelles, s’éternisant pour les univers sous l’aspect des sept Absolus, rendent éternelles les bases fondamentales de toute la réalité d’univers. 105:4.3 On a parfois affirmé que l’unité engendre la dualité, que la dualité engendre la triunité et que la triunité est l’ancêtre éternel de toutes choses. En vérité, il y a trois grandes classes de relations primordiales, et ce sont les suivantes : 105:4.4 1. Relations d’unité. Relations existant à l’intérieur du JE SUIS quand on en conçoit l’unité comme une autodifférenciation trine, puis septuple. 105:4.5 2. Relations de dualité. Relations existant entre le JE SUIS en tant que septuple et les Sept Absolus de l’Infinité. 105:4.6 3. Relations de triunité. Ce sont les associations fonctionnelles des Sept Absolus de l’Infinité. 105:4.7 Les relations de triunité s’élèvent sur des fondements de dualité parce que l’interassociation des Absolus est inévitable. De telles associations de triunité éternisent le potentiel de toute la réalité ; elles englobent la réalité déifiée et la réalité non déifiée. 105:4.8 Le JE SUIS est l’infinité non qualifiée en tant qu’Unité. Les dualités éternisent les fondements de la réalité. Les triunités extériorisent la réalisation de l’infinité en tant que fonction universelle. 105:4.9 Les préexistentiels deviennent existentiels dans les sept Absolus, et les existentiels deviennent fonctionnels dans les triunités, associations fondamentales des Absolus. Et, en même temps que les triunités sont rendues éternelles, la scène de l’univers est en place – les potentiels existent et les actuels sont présents. Alors, la plénitude de l’éternité voit l’énergie cosmique se diversifier, l’esprit du Paradis se répandre et le don du mental s’effectuer, en même temps que l’attribution de la personnalité grâce à laquelle tous ces dérivés de la Déité et du Paradis sont unifiés dans l’expérience sur le niveau des créatures et unifiés par d’autres techniques sur le niveau des supercréatures. 5. Promulgation de la réalité finie 105:5.1 De même que la diversification originelle du JE SUIS doit être attribuée à une volition inhérente et contenue en soi, de même la promulgation de la réalité finie doit être imputée aux actes volitifs de la Déité du Paradis et aux ajustements réactionnels des triunités fonctionnelles. 105:5.2 Avant la déitisation du fini, il semblerait que toutes les diversifications de la réalité aient eu lieu sur des niveaux absolus ; mais l’acte volitif promulguant la réalité finie implique une qualification de l’absoluité et l’apparition de relativités. 105:5.3 Bien que nous présentions cet exposé comme une séquence et que nous décrivions l’apparition historique du fini comme dérivant directement de l’absolu, il faut se rappeler que les transcendantaux ont à la fois précédé et suivi tout ce qui est fini. Par rapport au fini, les ultimes transcendantaux sont à la fois des causes et des aboutissements. 105:5.4 La possibilité du fini est inhérente à l’Infini, mais la transmutation de la possibilité en probabilité et en inévitabilité doit être attribuée au libre arbitre, existant en soi, de la Source-Centre Première activant toutes les associations de triunité. Seule l’infinité de la volonté du Père pouvait qualifier le niveau absolu d’existence de manière à extérioriser un ultime ou à créer un fini. 105:5.5 Avec l’apparition de la réalité relative et qualifiée, prend naissance un nouveau cycle de réalité – le cycle de croissance. C’est un majestueux débordement allant des hauteurs de l’infini vers le domaine du fini, convergeant perpétuellement vers le Paradis et la Déité, et recherchant toujours les hautes destinées commensurables avec une source infinie. 105:5.6 Ces opérations inconcevables marquent le commencement de l’histoire universelle, marquent la venue à l’existence du temps lui-même. Pour une créature, le commencement du fini est la genèse de la réalité ; sous l’angle du mental d’une créature, nulle actualité antérieure au fini n’est concevable. Cette nouvelle réalité finie émergente existe sous deux phases originelles : 105:5.7 1. Les maxima primaires, la réalité suprêmement parfaite, le type havonien d’univers et de créatures. 105:5.8 2. Les maxima secondaires, la réalité suprêmement rendue parfaite, le type superuniversel de créatures et de création. 105:5.9 Les deux manifestations originelles sont donc le parfait par constitution et le rendu parfait par évolution. Les deux sont coordonnées en relations d’éternité, mais, dans les limites du temps, elles semblent différentes. Un facteur temps signifie croissance pour ce qui grandit. Les finis secondaires croissent, donc ceux qui grandissent doivent apparaitre comme incomplets dans le temps. Mais ces différences, qui sont tellement importantes de ce côté-ci du Paradis, sont inexistantes dans l’éternité. 105:5.10 Nous parlons du parfait et du rendu parfait comme maximas primaires et secondaires, mais il existe encore un autre type de maximum. La trinitisation et certaines autres relations entre les maximas primaires et les maximas secondaires se traduisent par l’apparition de maximas tertiaires – des choses, des significations et des valeurs qui ne sont ni parfaites ni rendues parfaites, mais cependant coordonnées avec leurs deux facteurs ancestraux. 6. Répercussions de la réalité finie 105:6.1 L’ensemble de la promulgation des existences finies représente un transfert des potentiels aux actuels, à l’intérieur des associations absolues de l’infinité fonctionnelle. Parmi les nombreuses répercussions de l’actualisation créative du fini, on peut citer : 105:6.2 1. La réaction de déité, l’apparition des trois niveaux de suprématie expérientielle : l’actualité de la suprématie spirituelle-personnelle dans Havona, le potentiel de suprématie pouvoir personnel dans le grand univers en formation et la capacité d’une fonction inconnue du mental expérientiel agissant sur un niveau de suprématie dans le futur maitre univers. 105:6.3 2. La réaction d’univers impliquait une activation des plans architecturaux pour le niveau spatial superuniversel ; cette évolution se poursuit encore dans toute l’organisation physique des sept superunivers. 105:6.4 3. La répercussion sur les créatures de la promulgation de la réalité finie se traduisit par l’apparition d’êtres parfaits de l’ordre des habitants éternels de Havona et d’ascendeurs évolutionnaires rendus parfaits venant des sept superunivers. Mais le fait d’atteindre la perfection par expérience évolutionnaire (créative dans le temps) implique quelque chose d’autre-que-la-perfection comme point de départ. L’imperfection apparait ainsi dans les créations évolutionnaires. Et ceci est l’origine du mal potentiel. Les défauts d’adaptation, les inharmonies et les conflits sont inhérents à la croissance évolutionnaire, depuis les univers physiques jusqu’aux créatures personnelles. 105:6.5 4. La réaction de divinité à l’imperfection inhérente aux délais de l’évolution se révèle dans la présence compensatrice de Dieu le Septuple, dont les activités intègrent ce qui est en voie de perfectionnement, à la fois avec ce qui est parfait et avec ce qui est rendu parfait. Ce délai est inséparable de l’évolution, qui est la créativité dans le temps. À cause de cela et pour d’autres raisons encore, le pouvoir tout-puissant du Suprême est fondé sur les succès de divinité de Dieu le Septuple. Ce délai rend possible aux créatures de participer à la création divine, en permettant aux personnalités créées de devenir partenaires de la Déité dans l’accomplissement du développement maximum. Même le mental matériel de la créature mortelle devient ainsi partenaire de l’Ajusteur divin dans la dualisation de l’âme immortelle. Dieu le Septuple fournit aussi des techniques pour compenser les limitations expérientielles de la perfection inhérente ainsi que les limitations préascensionnelles de l’imperfection. 7. Extériorisation des transcendantaux 105:7.1 Les transcendantaux sont subinfinis et subabsolus, mais suprafinis et supracréés. Les transcendantaux s’extériorisent comme un niveau intégrateur reliant les supervaleurs des absolus avec les valeurs maximas des finis. Du point de vue des créatures, ce qui est transcendantal semble s’être extériorisé comme conséquence du fini. Du point de vue de l’éternité, c’est une anticipation du fini ; et d’autres encore le considèrent comme un « préécho » du fini. 105:7.2 Transcendantal ne signifie pas nécessairement absence de développement, mais superévolutionnel au sens fini. Il n’est pas non plus non expérientiel, mais il est une superexpérience au sens où les créatures comprennent l’expérience. La meilleure illustration d’un tel paradoxe est peut-être l’univers central de perfection. Havona n’est pas tout à fait absolu – seule l’Ile du Paradis est vraiment absolue au sens « matérialisé ». Il n’est pas non plus une création évolutionnaire finie comme les sept superunivers. Havona est éternel, mais non immuable au sens d’être un univers sans croissance. Il est habité par des créatures (les natifs de Havona) qui n’ont jamais été effectivement créées, car elles existent de toute éternité. Havona est ainsi un exemple de quelque chose qui n’est pas exactement fini ni cependant absolu. Havona joue en outre le rôle de tampon entre le Paradis absolu et les créations finies, ce qui donne un nouvel exemple de la fonction des transcendantaux ; mais Havona lui-même n’est pas un transcendantal – il est Havona. 105:7.3 De même que le Suprême est associé à des éléments finis, de même l’Ultime est identifié à des transcendantaux. Bien que nous comparions ainsi le Suprême et l’Ultime, ils diffèrent par quelque chose de plus que le degré ; la différence est également qualitative. L’Ultime est quelque chose de plus qu’un Supersuprême projeté sur le niveau transcendantal. L’Ultime est tout cela, mais aussi davantage : l’Ultime est une extériorisation de nouvelles réalités de Déité, la qualification de nouvelles phases de ce qui, jusqu’alors, était non qualifié. 105:7.4 Parmi les réalités associées au niveau transcendantal, nous citerons les suivantes : 105:7.5 1. La présence de Déité de l’Ultime. 105:7.6 2. Le concept du maitre univers. 105:7.7 3. Les Architectes du Maitre Univers. 105:7.8 4. Les deux ordres d’organisateurs de force du Paradis. 105:7.9 5. Certaines modifications de la puissance d’espace. 105:7.10 6. Certaines valeurs de l’esprit. 105:7.11 7. Certaines significations du mental. 105:7.12 8. Les qualités et réalités absonites. 105:7.13 9. L’omnipotence, l’omniscience et l’omniprésence. 105:7.14 10. L’espace. 105:7.15 On peut imaginer l’univers dans lequel nous vivons aujourd’hui comme existant sur des niveaux finis, transcendantaux et absolus. C’est la scène cosmique sur laquelle se jouent les drames sans fin des accomplissements de la personnalité et des métamorphoses de l’énergie. 105:7.16 Toutes ces multiples réalités sont unifiées absolument par les diverses triunités, fonctionnellement par les Architectes du Maitre Univers et relativement par les Sept Maitres Esprits, coordonnateurs subsuprêmes de la divinité de Dieu le Septuple. 105:7.17 Dieu le Septuple représente la révélation de la personnalité et de la divinité du Père Universel aux créatures de statut maximum et submaximum, mais il existe d’autres relations septuples de la Source-Centre Première qui ne concernent pas la manifestation du divin ministère spirituel du Dieu qui est esprit. 105:7.18 Dans l’éternité du passé, les forces des Absolus, les esprits des Déités et les personnalités des Dieux se mobilisèrent en réponse à la volonté autonome primordiale de la volonté autonome existant-en-soi. Au cours du présent âge de l’univers, nous assistons tous aux prodigieuses répercussions de l’immense panorama cosmique des manifestations subabsolues des potentiels illimités de toutes ces réalités. Il est parfaitement possible que la diversification continue de la réalité originelle de la Source-Centre Première poursuive son extériorisation vers l’avant et vers l’extérieur pendant des âges et des âges, jusque dans les étendues lointaines et inconcevables de l’infinité absolue. 105:7.19 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.] FASCICULE 106. Niveaux de réalité de l’univers 106:0.1 Il ne suffit pas que le mortel ascendant ait des notions sur les relations de la Déité avec la genèse et les manifestations de la réalité cosmique. Il devrait aussi comprendre quelque chose des relations existant entre lui-même et les nombreux niveaux de réalités existentielles et expérientielles, de réalités potentielles et actuelles. L’orientation de l’homme sur terre, sa clairvoyance cosmique et l’orientation de sa conduite spirituelle sont toutes rehaussées par une meilleure compréhension des réalités de l’univers et de leurs techniques d’interassociation, d’intégration et d’unification. 106:0.2 Le grand univers dans son état présent et le maitre univers émergent sont constitués par de nombreuses formes et phases de réalité, qui, à leur tour, sont existantes sur plusieurs niveaux d’activité fonctionnelle. Il a été fait allusion précédemment, dans ces fascicules, à ces multiples formes et phases de réalités existantes et latentes, et, pour faciliter leur conception, nous les groupons maintenant dans les catégories suivantes : 106:0.3 1. Finis incomplets. C’est le présent statut des créatures ascendantes du grand univers, le présent statut des mortels d’Urantia. Ce niveau englobe l’existence des créatures depuis les humains planétaires jusqu’à, mais non compris, ceux qui ont atteint leur destinée. Il concerne les univers depuis leurs tout premiers débuts physiques jusqu’à, mais non compris, leur ancrage dans la lumière et la vie. Ce niveau constitue la présente périphérie de l’activité créative dans l’espace et le temps. Il semble se déplacer vers l’extérieur en partant du Paradis. En effet, à la clôture du présent âge universel, le grand univers atteindra le stade de lumière et de vie, et cette époque verra certainement apparaitre un nouvel ordre de croissance dans le développement sur le premier niveau d’espace extérieur. 106:0.4 2. Finis maxima. C’est le présent statut de toutes les créatures expérientielles qui ont atteint leur destinée – destinée telle qu’elle est révélée dans les limites du présent âge de l’univers. Les univers eux-mêmes peuvent atteindre leur statut maximum aussi bien spirituellement que physiquement, mais le mot « maximum » est lui-même un terme relatif – maximum par rapport à quoi ? Ce qui est maximum et apparemment final dans le présent âge de l’univers peut ne représenter qu’un réel commencement en termes des âges à venir. Certaines phases de Havona paraissent avoir atteint l’ordre maximum. 106:0.5 3. Transcendantaux. Ce niveau superfini suit la progression finie (en l’anticipant). Il implique la genèse préfinie des commencements finis et la signification postfinie de toutes les terminaisons ou destinées apparemment finies. Une grande partie du Paradis-Havona semble appartenir à l’ordre transcendantal. 106:0.6 4. Ultimes. Ce niveau englobe ce qui a une signification au niveau du maitre univers et empiète sur le niveau de destinée du maitre univers parachevé. Le Paradis-Havona (et en particulier le circuit des mondes du Père) a, sous beaucoup de rapports, une signification ultime. 106:0.7 5. Coabsolus. Ce niveau implique la projection des expérientiels sur un champ d’expression créative dépassant le maitre univers. 106:0.8 6. Absolus. Ce niveau implique la présence éternelle des sept Absolus existentiels. Il peut également comporter un certain degré de réalisations expérientielles associées, mais, s’il en est ainsi, nous ne comprenons pas comment. Peut-être est-ce par le potentiel de contact de la personnalité. 106:0.9 7. Infinité. Ce niveau est préexistentiel et postexpérientiel. L’unité non qualifiée de l’infinité est une réalité hypothétique antérieure à tous les commencements et postérieure à toutes les destinées. 106:0.10 Ces niveaux de réalité sont des symbolisations de compromis appropriés du présent âge de l’univers et pour la perspective mortelle. Il y a bien d’autres manières de voir la réalité selon une perspective autre-que-mortelle et du point de vue d’âges d’univers différents. Il faut donc reconnaitre que les concepts présentés ici sont entièrement relatifs, relatifs en ce sens qu’ils sont conditionnés et bornés par : 106:0.11 1. Les limitations du langage des mortels. 106:0.12 2. Les limitations du mental des mortels. 106:0.13 3. Le développement limité des sept superunivers. 106:0.14 4. Votre ignorance des six buts primordiaux de développement superuniversel qui ne concernent pas l’ascension des mortels au Paradis. 106:0.15 5. Votre inaptitude à saisir un point de vue, même partiel, de l’éternité. 106:0.16 6. L’impossibilité de décrire l’évolution et la destinée cosmiques par rapport à tous les âges de l’univers, et non uniquement par rapport au présent âge de développement évolutionnaire des sept superunivers. 106:0.17 7. L’incapacité pour toute créature de saisir la signification réelle des préexistentiels ou des postexpérientiels – ce qui s’étend avant les commencements et après les destinées. 106:0.18 La croissance de la réalité est conditionnée par les circonstances des âges successifs de l’univers. L’univers central n’a subi aucun changement évolutionnaire dans l’âge de Havona, mais, dans les présentes époques de l’âge des superunivers, il subit certaines modifications progressives induites par coordination avec les superunivers évolutionnaires. Les sept superunivers qui évoluent maintenant atteindront un jour le statut ancré de lumière et de vie ; ils arriveront, un jour, à leur limite de croissance pour le présent âge de l’univers. Mais il n’y a pas de doute que le prochain âge, l’âge du premier niveau d’espace extérieur, dégagera les superunivers de ce qui limite leur destinée dans le présent âge. La saturation se superpose continuellement à l’achèvement. 106:0.19 Telles sont quelques-unes des limitations rencontrées dans notre tentative pour présenter un concept unifié de la croissance cosmique des choses, des significations et des valeurs, et de leur synthèse sur des niveaux de réalité toujours ascendants. 1. Association primaire des fonctionnels du fini 106:1.1 Les phases primaires (ou originaires de l’esprit) de la réalité finie trouvent une expression immédiate au niveau des créatures sous forme de personnalités parfaites, et, au niveau des univers sous forme de la parfaite création de Havona. Même la Déité expérientielle est ainsi exprimée en la personne spirituelle de Dieu le Suprême dans Havona. Mais les phases secondaires du fini sont évolutionnaires, conditionnées par le temps et la matière ; leur intégration cosmique dépend uniquement de leur croissance et de leurs accomplissements. Tous les ensembles finis secondaires ou en voie de perfectionnement doivent finalement atteindre un niveau égal à celui de la perfection primaire, mais cette destinée est sujette à un délai dans le temps. Ce délai est une qualité constitutive des superunivers que l’on ne trouve pas génétiquement dans la création centrale. (Nous savons qu’il existe des finis tertiaires, mais la technique de leur intégration n’est pas encore révélée.) 106:1.2 Ce délai du superunivers, cet obstacle sur la route de la perfection, permet aux créatures de participer à la croissance évolutionnaire. Cela leur rend donc possible d’entrer en association avec le Créateur pour évoluer elles-mêmes. Et, pendant cette période d’expansion croissante, l’incomplet est relié au parfait par le ministère de Dieu le Septuple. 106:1.3 Dieu le Septuple signifie que la Déité du Paradis reconnait les barrières du temps dans les univers évolutionnaires de l’espace. Si loin du Paradis que se situe l’origine d’une personnalité matérielle digne de survie et si profondément enfoncée qu’elle soit dans l’espace, elle trouvera Dieu le Septuple présent et accordant son affectueux et miséricordieux ministère de vérité, de beauté et de bonté à cette créature inachevée qui se débat dans l’évolution. Le ministère de divinité du Septuple s’étend vers l’intérieur, par le Fils Éternel jusqu’au Père du Paradis, et vers l’extérieur, par les Anciens des Jours jusqu’aux Pères des univers locaux – les Fils Créateurs. 106:1.4 Étant personnel et s’élevant par progression spirituelle, l’homme trouve la divinité personnelle et spirituelle de la Déité Septuple ; mais il existe d’autres phases du Septuple qui ne concernent pas la progression de la personnalité. Les aspects de divinité de ce groupement de Déités sont présentement intégrés dans la liaison entre les Sept Maitres Esprits et l’Acteur Conjoint, mais ils sont destinés à être éternellement unifiés dans la personnalité émergente de l’Être Suprême. Les autres phases de la Déité Septuple sont diversement intégrées pendant le présent âge de l’univers, mais toutes sont également destinées à être unifiées dans le Suprême. Dans toutes les phases, le Septuple est la source de l’unité relative de la réalité fonctionnelle du grand univers dans son état présent. 2. Intégration suprême secondaire du fini 106:2.1 De même que Dieu le Septuple coordonne fonctionnellement l’évolution finie, de même l’Être Suprême synthétise finalement l’accomplissement de la destinée. L’Être Suprême est l’apogée de déité de l’évolution du grand univers – évolution physique autour d’un noyau d’esprit, et domination finale de ce noyau d’esprit sur les domaines d’évolution physique qui l’entourent et tourbillonnent autour de lui. Tout ceci a lieu selon les mandats de la personnalité : la personnalité paradisiaque au sens le plus élevé, la personnalité de Créateur au sens de l’univers, la personnalité de mortel au sens humain, la personnalité Suprême au sens culminant ou totalisateur expérientiel. 106:2.2 Le concept du Suprême doit permettre de reconnaitre différentiellement la personne spirituelle, le pouvoir évolutionnaire et la synthèse pouvoir-personnalité – l’unification du pouvoir évolutionnaire avec la personnalité spirituelle et la domination du premier par la deuxième. 106:2.3 En dernière analyse, l’esprit vient du Paradis par Havona. L’énergie-matière parait évoluer dans les profondeurs de l’espace ; elle est organisée en tant que pouvoir par les enfants de l’Esprit Infini en conjonction avec les Fils Créateurs de Dieu. Et tout ceci est expérientiel, c’est une opération dans le temps et l’espace impliquant un vaste éventail d’êtres vivants comprenant même des Créateurs divins et des créatures évolutionnaires. La maitrise du pouvoir des Créateurs divins dans le grand univers s’étend lentement pour englober l’établissement et la stabilisation évolutionnaire des créations de l’espace-temps, et ceci représente la floraison du pouvoir expérientiel de Dieu le Septuple. Elle englobe toute la gamme des aboutissements de divinité dans le temps et l’espace, depuis le don des Ajusteurs par le Père Universel jusqu’au don de la vie par les Fils du Paradis. Il s’agit d’un pouvoir gagné, d’un pouvoir démontré, d’un pouvoir expérientiel qui contraste avec le pouvoir éternel, le pouvoir insondable, le pouvoir existentiel des Déités du Paradis. 106:2.4 Ce pouvoir expérientiel résultant des accomplissements de divinité de Dieu le Septuple manifeste lui-même les qualités cohésives de divinité en se synthétisant – en se totalisant – en tant que pouvoir tout-puissant de la maitrise expérientielle acquise par les créations évolutionnaires. À son tour, ce pouvoir tout-puissant trouve sa cohésion d’esprit-personnalité sur la sphère-pilote de la ceinture extérieure des mondes de Havona, en union avec la personnalité spirituelle, présente dans Havona, de Dieu le Suprême. La Déité expérientielle porte ainsi à son apogée la longue lutte évolutionnaire en conférant, au produit du pouvoir du temps et de l’espace, la présence spirituelle et la personnalité divine résidant dans la création centrale. 106:2.5 C’est ainsi que l’Être Suprême réussit, en fin de compte, à englober tous les attributs de tout ce qui évolue dans le temps et l’espace, et à doter ces qualités d’une personnalité spirituelle. Dès lors que les créatures, et même les mortels, participent en tant que personnalités à cette majestueuse opération, elles sont certaines d’obtenir la capacité de connaitre le Suprême et de percevoir le Suprême en tant que vrais enfants d’une telle Déité évolutionnaire. 106:2.6 Micaël de Nébadon ressemble au Père du Paradis parce qu’il partage sa perfection paradisiaque. De même, les mortels évolutionnaires parviendront un jour à la parenté avec le Suprême expérientiel, car ils partageront vraiment sa perfection évolutionnaire. 106:2.7 Dieu le Suprême est expérientiel ; il est donc complètement connaissable par l’expérience. Les réalités existentielles des sept Absolus ne sont pas perceptibles par la technique de l’expérience ; seules les réalités de personnalité du Père, du Fils et de l’Esprit peuvent être saisies par la personnalité de la créature finie dans l’attitude de prière-adoration. 106:2.8 Dans la synthèse parachevée pouvoir-personnalité de l’Être Suprême se trouvera associée toute l’absoluité de plusieurs triodités aptes à cette association, et cette majestueuse personnalité, fruit de l’évolution, sera susceptible d’être contactée et comprise expérientiellement par toutes les personnalités finies. Quand les ascendeurs atteindront le septième stade postulé d’existence spirituelle, ils y feront l’expérience de réaliser une nouvelle signification-valeur du caractère absolu et infini des triodités, tel que le révèlent les niveaux subabsolus de l’Être Suprême, lequel est connaissable par l’expérience. Mais, pour arriver à ces stades de développement maximum, il faudra probablement attendre que le grand univers tout entier soit ancré d’une manière coordonnée dans la lumière et la vie. 3. Association tertiaire transcendantale de la réalité 106:3.1 Les architectes absonites dressent le plan ; les Créateurs Suprêmes l’amènent à l’existence ; l’Être Suprême l’accomplira dans sa plénitude tel qu’il a été créé dans le temps par les Créateurs Suprêmes et prévu dans l’espace par les Maitres Architectes. 106:3.2 Durant le présent âge de l’univers, ce sont les Architectes du Maitre Univers qui ont la charge de coordonner administrativement le maitre univers ; mais l’apparition du Tout-Puissant Suprême à la fin du présent âge de l’univers signifiera que le fini évolutionnaire est parvenu au premier stade de la destinée expérientielle. Cet évènement conduira certainement au fonctionnement parachevé de la première Trinité expérientielle – l’union des Créateurs Suprêmes, de l’Être Suprême et des Architectes du Maitre Univers. Cette Trinité est destinée à effectuer la suite de l’intégration évolutionnaire du maitre univers créé. 106:3.3 La Trinité du Paradis est vraiment une Trinité d’infinité, et nulle Trinité ne peut être infinie sans inclure cette Trinité originelle. Mais la Trinité originelle est l’aboutissement de l’association exclusive de Déités absolues. Les êtres subabsolus n’ont rien eu à voir dans cette association primordiale. Les Trinités expérientielles qui apparaissent ultérieurement englobent même la contribution des personnalités créées. Ceci est certainement vrai de l’Ultime Trinité, où la présence même des Maitres-Fils Créateurs parmi les membres des Créateurs Suprêmes est un gage de la présence simultanée de l’expérience actuelle et authentique de la créature à l’intérieur de cette association trinitaire. 106:3.4 La première Trinité expérientielle permet à des groupes de parvenir aux éventualités ultimes. Les groupes associatifs ont la faculté d’anticiper, voire de transcender les aptitudes individuelles, et ceci est vrai même au-delà du niveau fini. Dans les âges à venir, après que les sept superunivers auront été ancrés dans la lumière et la vie, il est hors de doute que le Corps de la Finalité promulguera les desseins des Déités du Paradis tels que dictés par l’Ultime Trinité et unifiés en personnalité-pouvoir chez l’Être Suprême. 106:3.5 Dans tous les gigantesques développements de l’univers de l’éternité passée et future, nous détectons l’expansion des éléments compréhensibles du Père Universel. En tant que le JE SUIS, nous postulons philosophiquement qu’il imprègne l’infinité entière, mais nulle créature ne peut concevoir un tel postulat par expérience. À mesure que les univers grandissent, à mesure que la gravité et l’amour s’étendent dans l’espace qui s’organise dans le temps, nous devenons capables de comprendre, de mieux en mieux, la Source-Centre Première. Nous notons que l’action de la gravité pénètre la présence spatiale de l’Absolu Non Qualifié et nous détectons des créatures spirituelles en évolution et en expansion au sein de la présence divine de l’Absolu de Déité, alors que l’évolution spirituelle et l’évolution cosmique s’unifient, par l’action du mental et par l’expérience, sur les niveaux finis de déité, en tant que l’Être Suprême, et se coordonnent, sur les niveaux transcendantaux, en tant qu’Ultime Trinité. 4. Intégration quaternaire ultime 106:4.1 Au sens ultime, la Trinité du Paradis coordonne certainement, mais, en cela, elle fonctionne en tant qu’absolu qui se qualifie lui-même ; l’Ultime Trinité expérientielle coordonne le transcendantal en tant que transcendantal. Dans l’éternel futur, par l’accroissement de l’unité, cette Trinité expérientielle rendra encore plus active la présence, en cours d’extériorisation, de la Déité Ultime. 106:4.2 Alors que l’Ultime Trinité est destiné à coordonner la création du maitre univers, Dieu l’Ultime est le pouvoir-personnalisation transcendantal du but vers lequel s’oriente le maitre univers tout entier. L’extériorisation totale de l’Ultime implique le parachèvement de la création du maitre univers, et comporte la pleine émergence de cette Déité transcendantale. 106:4.3 Nous ne connaissons pas les changements qui seront inaugurés par la pleine émergence de l’Ultime. Mais, de même que le Suprême est déjà spirituellement et personnellement présent dans Havona, de même l’Ultime y est également présent, mais au sens absonite et superpersonnel. Par ailleurs, l’existence des Vice-Gérants Qualifiés de l’Ultime a été portée à votre connaissance, sans toutefois que vous ayez été informés du lieu de leur résidence ou de leur fonction présente. 106:4.4 Indépendamment des répercussions administratives accompagnant l’émergence de la Déité Ultime, les valeurs personnelles de sa divinité transcendantale pourront être expérimentées par toutes les personnalités qui auront participé à l’actualisation de ce niveau de la Déité. La transcendance du fini ne peut conduire qu’à atteindre l’ultime. Dieu l’Ultime existe dans la transcendance du temps et de l’espace, mais il est néanmoins subabsolu, malgré son aptitude inhérente à fonctionner en association avec des absolus. 5. Association coabsolue ou de cinquième phase 106:5.1 L’Ultime est l’apogée de la réalité transcendantale, de même que le Suprême est la pierre de couronnement de la réalité expérientielle-évolutionnaire. Et l’émergence effective de ces deux Déités expérientielles pose les fondations de la deuxième Trinité expérientielle. Celle-ci est l’Absolu Trinité, l’union de Dieu le Suprême, de Dieu l’Ultime et du Consommateur non révélé de la Destinée de l’Univers. Et cette Trinité a théoriquement la capacité d’activer les Absolus de potentialité – Absolu de Déité, Absolu Universel et Absolu Non Qualifié ; mais la formation parachevée de cet Absolu Trinité ne pourrait se réaliser qu’après le parachèvement de l’évolution du maitre univers tout entier, depuis Havona jusqu’au quatrième et dernier niveau d’espace extérieur. 106:5.2 Précisons que ces Trinités expérientielles sont corrélatives non seulement des qualités de personnalité de la Divinité expérientielle, mais aussi de toutes les qualités autres-que-personnelles qui caractérisent l’unité de Déité qu’elles ont atteinte. Bien que le présent exposé traite essentiellement des phases personnelles de l’unification du cosmos, il n’en reste pas moins vrai que les aspects impersonnels de l’univers des univers sont également destinés à s’unifier. La synthèse personnalité-pouvoir qui se produit actuellement en liaison avec l’évolution de l’Être Suprême en est l’illustration. Les qualités spirituelles personnelles du Suprême sont inséparables des prérogatives de pouvoir du Tout-Puissant, et toutes deux sont complétées par le potentiel inconnu du mental du Suprême. Dieu l’Ultime en tant que personne ne peut pas davantage être considéré en dehors des aspects autres-que-personnels de la Déité Ultime. Enfin, sur le niveau absolu, l’Absolu de Déité et l’Absolu Non Qualifié sont inséparables et indiscernables en présence de l’Absolu Universel. 106:5.3 En elles-mêmes et par elles-mêmes, les trinités ne sont pas personnelles, mais elles ne sont pas contraires à la personnalité. Elles l’englobent plutôt et, dans un sens collectif, elles la mettent en corrélation avec des fonctions impersonnelles. Les trinités sont donc toujours des réalités de déité, mais jamais des réalités de personnalité. Les aspects de personnalité d’une trinité sont individuellement inhérents à ses membres, et, en tant que personnes individuelles, celles-ci ne sont pas cette trinité ; elles sont trinité seulement en tant que groupe. Ce groupe est la trinité, mais la trinité inclut toujours toute la déité qu’elle englobe, la trinité est l’unité de la déité. 106:5.4 Les trois Absolus – Absolu de Déité, Absolu Universel et Absolu Non Qualifié – ne forment pas une trinité, car ils ne sont pas tous des déités. Seul ce qui est déifié peut devenir une trinité ; toutes les autres associations sont des triunités ou des triodités. 6. Intégration absolue ou de sixième phase 106:6.1 Le potentiel présent du maitre univers ne peut guère être qualifié d’absolu, bien qu’il soit probablement très proche de l’ultime, et nous estimons impossible d’arriver à révéler pleinement des valeurs-significations absolues dans le champ d’un cosmos subabsolu. Nous rencontrons donc des difficultés considérables quand nous essayons de concevoir une expression totale des possibilités illimitées des trois Absolus, ou même quand nous essayons de nous représenter la personnalisation expérientielle de Dieu l’Absolu sur le niveau présentement impersonnel de l’Absolu de Déité. 106:6.2 Le cadre spatial du maitre univers parait convenir à l’actualisation de l’Être Suprême, à la formation et à la pleine fonction de l’Ultime Trinité, à l’extériorisation de Dieu l’Ultime, et même aux prémices de l’Absolu Trinité ; mais nos concepts concernant la pleine fonction de cette deuxième Trinité expérientielle paraissent impliquer quelque chose qui déborde même le domaine immensément étendu du maitre univers. 106:6.3 Si nous admettons l’hypothèse d’un cosmos-infini – une sorte de cosmos illimité dépassant le maitre univers – et si nous concevons que les développements finals de la Trinité Absolue auront lieu à un tel stade superultime d’action, il devient alors possible de conjecturer que la fonction parachevée de l’Absolu Trinité trouvera son expression finale dans les créations de l’infinité et consommera l’actualisation absolue de tous les potentiels. L’intégration et l’association de segments toujours plus étendus de la réalité s’approcheront de l’absoluité de statut proportionnellement à l’inclusion de toute la réalité dans les segments ainsi associés. 106:6.4 En d’autres termes, l’Absolu Trinité, comme son nom l’indique, est réellement absolu dans sa fonction totale. Nous ne savons pas comment une fonction absolue peut atteindre une expression totale sur une base qualifiée, limitée ou restreinte de quelque autre manière. Partant de là, il nous faut supposer que toute fonction de totalité de cet ordre sera inconditionnée (en potentiel). Et il semblerait aussi que l’inconditionné soit aussi illimité, du moins d’un point de vue qualitatif, bien que nous n’en soyons pas aussi sûrs en ce qui concerne les relations quantitatives. 106:6.5 Nous sommes toutefois certains de ceci : la Trinité du Paradis existentielle est infinie et l’Ultime Trinité expérientielle est subinfinie, mais l’Absolu Trinité n’est pas aussi facile à classifier. Bien que sa genèse et sa constitution soient expérientielles, elle empiète nettement sur les Absolus existentiels de potentialité. 106:6.6 Bien qu’il ne soit guère profitable au mental humain de chercher à saisir ces concepts lointains et suprahumains, nous suggérons que vous imaginiez l’action d’éternité de l’Absolu Trinité comme culminant dans une sorte d’expérientialisation des Absolus de potentialité. Cela semble être une conclusion raisonnable en ce qui concerne l’Absolu Universel, sinon l’Absolu Non Qualifié ; du moins, nous savons que l’Absolu Universel n’est pas seulement statique et potentiel, mais aussi associatif au sens de Déité totale de ces mots. Quant aux valeurs concevables de divinité et de personnalité, ces évènements conjecturés impliquent la personnalisation de l’Absolu de Déité ainsi que l’apparition des valeurs suprapersonnelles et des significations ultrapersonnelles inhérentes au parachèvement de la personnalité de Dieu l’Absolu – la troisième et dernière des Déités expérientielles. 7. Finalité de la destinée 106:7.1 Certaines difficultés pour concevoir l’intégration de la réalité infinie sont inhérentes au fait que toutes ces idées contiennent quelque chose de la finalité du développement universel, une sorte de réalisation expérientielle de tout ce qui pourrait un jour exister. Et il est inconcevable que l’infinité quantitative puisse jamais être complètement réalisée dans la finalité. Dans les trois Absolus potentiels, il doit toujours rester des possibilités inexplorées que nul degré de développement expérientiel ne pourra jamais épuiser. L’éternité elle-même, bien qu’absolue, n’est pas plus qu’absolue. 106:7.2 Même une ébauche de concept pour concevoir l’intégration finale est inséparable des réalisations de l’éternité non qualifiée, et, par conséquent, ce concept est pratiquement irréalisable à quelque époque qu’on puisse le concevoir dans le futur. 106:7.3 La destinée est établie par l’acte volitif des Déités qui constituent la Trinité du Paradis ; la destinée est établie dans l’immensité des trois grands potentiels, dont l’absoluité englobe les possibilités de tous les développements futurs ; la destinée est probablement consommée par l’acte du Consommateur de la Destinée de l’Univers, et cet acte fait probablement intervenir le Suprême et l’Ultime, dans l’Absolu Trinité. Toute destinée expérientielle peut être comprise, au moins partiellement, par des créatures qui expérimentent, mais une destinée qui touche les existentiels infinis ne leur est guère compréhensible. La destinée de finalité est un aboutissement existentiel-expérientiel qui parait impliquer l’Absolu de Déité. Or, l’Absolu de Déité se tient en relations d’éternité avec l’Absolu Non Qualifié grâce à l’Absolu Universel. Et ces trois Absolus, dont les possibilités sont expérientielles, sont effectivement existentiels, et même davantage, car ils sont sans limites, indépendants du temps et de l’espace, sans mesures ni frontières – vraiment infinis. 106:7.4 L’improbabilité d’atteindre le but n’empêche cependant pas d’élaborer des théories philosophiques concernant ces destinées hypothétiques. Il est peut-être pratiquement impossible de réaliser l’actualisation de l’Absolu de Déité comme un Dieu absolu que l’on puisse atteindre, et, pourtant, cet accomplissement de finalité reste une possibilité théorique. L’implication de l’Absolu Non Qualifié dans quelque cosmos-infini inconcevable peut être incommensurablement éloignée dans l’avenir de l’interminable éternité, mais une telle hypothèse est néanmoins valable. Les mortels, les morontiens, les esprits, les finalitaires, les Transcendantaux et autres, ainsi que les univers eux-mêmes et toutes les autres phases de réalité, ont certainement une destinée potentiellement finale dont la valeur est absolue, mais nous doutons qu’aucun être ou univers réalise jamais complètement tous les aspects d’une telle destinée. 106:7.5 Quel que soit votre stade de croissance dans la compréhension du Père, votre mental chancellera toujours devant l’infinité non révélée du Père-JE SUIS, dont l’immensité inexplorée restera perpétuellement insondable et incompréhensible au cours de tous les cycles de l’éternité. Si grande que soit votre assimilation de Dieu, il en restera toujours une partie beaucoup plus vaste, et vous n’en soupçonnerez même pas l’existence. Et nous croyons que cela est tout aussi vrai sur les niveaux transcendantaux que dans les domaines de l’existence finie. La recherche de Dieu n’a pas de fin. 106:7.6 L’incapacité d’atteindre Dieu au sens final ne devrait en aucune manière décourager les créatures de l’univers. En vérité, vous pouvez atteindre et atteignez en fait les niveaux de Déité du Septuple, du Suprême et de l’Ultime, qui représentent pour vous ce que la réalisation infinie de Dieu le Père représente pour le Fils Éternel et pour l’Acteur Conjoint dans leur statut absolu d’existence éternelle. Loin d’accabler les créatures, l’infinité de Dieu devrait être l’assurance suprême que, durant tout le futur sans fin, une personnalité ascendante aura, devant elle, ces possibilités de développement de la personnalité et d’association de Déité que l’éternité elle-même ne saurait épuiser ou limiter. 106:7.7 Pour les créatures finies du grand univers, le concept du maitre univers semble à peu près infini, mais il n’y a pas de doute que les architectes absonites perçoivent sa relativité par rapport à des développements futurs et inimaginables dans le JE SUIS sans fin. L’espace lui-même n’est qu’une condition ultime, une condition de qualification à l’intérieur de l’absoluité relative des zones tranquilles d’espace intermédiaire. 106:7.8 Dans le futur inconcevablement lointain, au moment d’éternité du parachèvement final du maitre univers tout entier, il ne fait pas de doute que nous contemplerons tous rétrospectivement son histoire complète comme un simple commencement, comme simplement la création de certaines fondations finies et transcendantales en vue de métamorphoses encore plus grandes et plus captivantes dans l’infinité inexplorée. À ce moment futur de l’éternité, le maitre univers paraitra encore jeune ; en vérité, il sera toujours jeune en face des possibilités illimitées de l’éternité sans fin. 106:7.9 L’improbabilité d’atteindre une destinée infinie n’empêche nullement de se former des idées sur cette destinée, et nous n’hésitons pas à dire que, si les trois potentiels absolus pouvaient un jour être complètement actualisés, il serait possible de concevoir l’intégration finale de la réalité totale. Le développement de cette réalisation est basé sur l’actualisation rendue complète des Absolus Non Qualifié, Universel et de Déité, les trois potentialités dont l’union constitue la latence du JE SUIS, les réalités en suspens de l’éternité, les possibilités irréalisées de tout le futur, et encore davantage. 106:7.10 Le moins qu’on puisse dire est que de telles éventualités sont plutôt lointaines. Néanmoins, dans les mécanismes, personnalités et associations des trois Trinités, nous croyons détecter la possibilité théorique d’une réunification des sept phases absolues du Père-JE SUIS. Et ceci nous met face à face avec le concept de la triple Trinité englobant la Trinité du Paradis de statut existentiel, et les deux Trinités de nature et d’origine expérientielles apparaissant ensuite. 8. La Trinité des Trinités 106:8.1 La nature de la Trinité des Trinités est difficile à décrire au mental humain. C’est la somme actuelle de la totalité de l’infinité expérientielle telle qu’elle se manifeste dans une infinité théorique de réalisation éternelle. Dans la Trinité des Trinités, l’infini expérientiel parvient à s’identifier à l’infini existentiel, et tous deux ne font qu’un dans le JE SUIS préexpérientiel et préexistentiel. La Trinité des Trinités est l’expression finale de tout ce qui est impliqué dans les quinze triunités et les triodités associées. Il est difficile aux êtres relatifs de comprendre les finalités, qu’elles soient existentielles ou expérientielles ; c’est pourquoi il faut toujours les présenter comme des relativités. 106:8.2 La Trinité des Trinités existe en diverses phases. Elle contient des possibilités, des probabilités et des inévitabilités qui déconcertent l’imagination d’êtres situés bien au-dessus du niveau humain. Elle comporte des implications probablement insoupçonnées par les philosophes célestes, car ses implications sont contenues dans les triunités, et, en dernière analyse, les triunités sont insondables. 106:8.3 On peut décrire de diverses manières la Trinité des Trinités. Nous choisissons d’en présenter le concept à trois niveaux, c’est-à-dire comme suit : 106:8.4 1. Le niveau des trois Trinités. 106:8.5 2. Le niveau de la Déité expérientielle. 106:8.6 3. Le niveau du JE SUIS. 106:8.7 Ce sont des niveaux d’unification croissante. En réalité, la Trinité des Trinités est le premier niveau, tandis que le deuxième et le troisième sont des dérivatifs d’unification du premier. 106:8.8 LE PREMIER NIVEAU. Sur ce niveau initial d’association, on estime que les trois Trinités fonctionnent comme des groupements parfaitement synchronisés, quoique distincts, de personnalités de Déité. 106:8.9 1. La Trinité du Paradis, l’association des trois Déités du Paradis – le Père, le Fils et l’Esprit. Il faut se rappeler que la Trinité du Paradis possède une triple fonction – une fonction absolue, une fonction transcendantale (Trinité de l’Ultimité) et une fonction finie (Trinité de Suprématie). La Trinité du Paradis est à la fois n’importe laquelle de ces fonctions et toutes ces fonctions, à n’importe quel moment et à tout moment. 106:8.10 2. La Trinité Ultime. C’est l’association de déité des Créateurs Suprêmes, de Dieu le Suprême et des Architectes du Maitre Univers. Bien que cette présentation des aspects de divinité de cette Trinité soit adéquate, il faut noter que cette Trinité comporte d’autres phases, qui semblent toutefois se coordonner parfaitement avec les aspects de divinité. 106:8.11 3. La Trinité Absolue. C’est le groupement de Dieu le Suprême, de Dieu l’Ultime et du Consommateur de la Destinée Universelle en ce qui concerne toutes les valeurs de divinité. Certaines autres phases de ce groupement trin concernent des valeurs autres-que-de divinité dans le cosmos en expansion, mais elles s’unifient avec les phases de divinité, exactement comme les aspects de pouvoir et de personnalité des Déités expérientielles sont actuellement en cours de synthèse expérientielle. 106:8.12 L’association de ces trois Trinités dans la Trinité des Trinités fournit la possibilité d’une intégration illimitée de la réalité. Ce groupement contient des causes, des intermédiaires et des finals ; des initiateurs, des réalisateurs et des consommateurs ; des commencements, des existences et des destinées. L’association Père-Fils est devenue Fils-Esprit puis Esprit-Suprême et se continue en Suprême-Ultime et Ultime-Absolu, et va même jusqu’à Absolu et Père-Infini – le parachèvement du cycle de la réalité. De même, dans d’autres phases qui ne concernent pas d’aussi près la divinité et la personnalité, la Grande Source-Centre Première réalise en soi la non-limitation de la réalité suivant tout le cercle de l’éternité, depuis l’absoluité de l’existence en soi, passant par la révélation perpétuelle de soi, jusqu’à la finalité de la réalisation de soi – depuis l’absolu des existentiels jusqu’à la finalité des expérientiels. 106:8.13 LE DEUXIÈME NIVEAU. La coordination des trois Trinités implique inévitablement l’union associative des Déités expérientielles, qui sont génétiquement associées à ces Trinités. La nature de ce deuxième niveau a été parfois présentée comme suit : 106:8.14 1. Le Suprême. Il est la résultante en déité de l’unité de la Trinité du Paradis en liaison expérientielle avec les Fils Créateurs et les Filles Créatives des Déités du Paradis. Le Suprême est l’incorporation en déité du parachèvement du premier stade d’évolution finie. 106:8.15 2. L’Ultime. Il est la résultante en déité de l’unité issue de la deuxième Trinité, la personnification transcendantale et absonite de la divinité. L’Ultime consiste en une unité de nombreuses qualités considérées diversement. Sa conception par les hommes devrait bien inclure au moins les phases d’ultimité qui gèrent l’autorité, qui sont personnellement expérimentables et qui unifient par des tensions, mais la Déité extériorisée comporte beaucoup d’autres aspects non révélés. L’Ultime et le Suprême sont comparables, mais non identiques, et l’Ultime n’est pas simplement une amplification du Suprême. 106:8.16 3. L’Absolu. On soutient beaucoup de théories sur le caractère du troisième membre du deuxième niveau de la Trinité des Trinités. Dieu l’Absolu est indubitablement impliqué dans cette association en tant que personnalité découlant de la fonction finale de l’Absolu Trinité, et, cependant, l’Absolu de Déité est une réalité existentielle possédant un statut d’éternité. 106:8.17 La difficulté conceptuelle concernant ce troisième membre est inhérente au fait que présupposer la présence d’un tel membre implique la présence d’un seul Absolu. Théoriquement, si un tel évènement pouvait avoir lieu, nous assisterions à l’unification expérientielle des trois Absolus en un seul. Or, on nous enseigne que, dans l’infinité et existentiellement, il n’y a qu’un seul Absolu. Bien que l’identité de ce troisième membre soit peu claire, on émet souvent l’hypothèse qu’elle pourrait consister en une forme de liaison inimaginable et en une manifestation cosmique de l’Absolu de Déité, de l’Absolu Universel et de l’Absolu Non Qualifié. Il est certain que la Trinité des Trinités ne pourrait guère atteindre son complet fonctionnement sans l’unification totale des trois Absolus, et les trois Absolus ne peuvent guère être unifiés sans la réalisation complète de tous les potentiels infinis. 106:8.18 La déformation de la vérité sera probablement réduite au minimum si le troisième membre de la Trinité des Trinités est conçu comme l’Absolu Universel, pourvu que cette conception envisage que l’Universel n’est pas seulement statique et potentiel, mais également associatif. Toutefois, nous ne percevons pas encore comment il est relié aux aspects créatifs et évolutionnaires de la fonction de la Déité totale. 106:8.19 Bien qu’il soit difficile de se former un concept parachevé de la Trinité des Trinités, il est moins malaisé d’en avoir un concept qualifié. Si le deuxième niveau de la Trinité des Trinités est conçu comme essentiellement personnel, il devient tout à fait possible de supposer que l’union de Dieu le Suprême, de Dieu l’Ultime et de Dieu l’Absolu est la répercussion personnelle de l’union des Trinités personnelles, lesquelles Trinités sont ancestrales à ces Déités expérientielles. Nous hasardons l’opinion que ces trois Déités expérientielles s’unifieront certainement sur le deuxième niveau, comme conséquence directe de l’unité croissante de leurs Trinités ancestrales et causatives formant le premier niveau. 106:8.20 Le premier niveau consiste en trois Trinités. Le deuxième niveau existe comme l’association de personnalité comprenant des personnalités de Déité d’évolution expérientielle, d’extériorisation expérientielle et expérientielles-existentielles. Et, indépendamment de toute difficulté conceptuelle à comprendre la complète Trinité des Trinités, l’association personnelle de ces trois Déités sur le deuxième niveau est devenue manifeste à notre propre âge de l’univers dans le phénomène de la déitisation de Majeston. Ce dernier fut actualisé sur le deuxième niveau par l’Absolu de Déité agissant par l’intermédiaire de l’Ultime et en réponse au commandement créatif initial de l’Être Suprême. 106:8.21 LE TROISIÈME NIVEAU. Dans une hypothèse non qualifiée du deuxième niveau de la Trinité des Trinités, est comprise la corrélation de toutes les phases de toutes les sortes de réalités qui existent, ont existé ou pourraient exister dans l’ensemble de l’infinité. L’Être Suprême n’est pas seulement esprit, mais aussi mental, pouvoir et expérience. L’Ultime est tout cela, et encore bien davantage. Quant au concept conjoint de l’unicité des Absolus de Déité, Absolu Universel et Absolu Non Qualifié, il inclut la finalité absolue de toute réalisation de la réalité. 106:8.22 Dans l’union du Suprême, de l’Ultime et de l’Absolu parachevé, il pourrait se produire une reconstitution fonctionnelle de ces aspects de l’infinité qui furent originellement fragmentés par le JE SUIS et qui se traduisirent par l’apparition des Sept Absolus de l’Infinité. Bien que les philosophes de l’univers estiment que ce soit une probabilité extrêmement lointaine, nous nous posons toutefois souvent la question suivante : si le deuxième niveau de la Trinité des Trinités pouvait jamais atteindre une unité trinitaire, qu’arriverait-il, alors, comme conséquence d’une telle unité de déité ? Nous ne le savons pas, mais nous sommes convaincus que cela conduirait directement à la réalisation du JE SUIS comme susceptible d’être atteint par expérience. Du point de vue des êtres personnels, cela pourrait signifier que l’inconnaissable JE SUIS est devenu accessible à l’expérience en tant que Père-Infini. Quant à la signification de ces destinées absolues au point de vue non personnel, c’est une autre question que l’éternité seule pourrait clarifier. Mais, quand nous examinons ces éventualités lointaines en tant que créatures personnelles, nous en déduisons que la destinée finale de toutes les personnalités est la connaissance finale du Père Universel de ces mêmes personnalités. 106:8.23 Le JE SUIS tel que nous le concevons philosophiquement dans l’éternité passée est seul, il n’y a personne en dehors de lui. Si nous regardons dans l’éternité future, nous ne voyons pas qu’en tant qu’existentiel, le JE SUIS puisse jamais changer, mais nous avons tendance à prévoir une vaste différence expérientielle. Un tel concept du JE SUIS implique la pleine réalisation de soi. Il embrasse la galaxie illimitée de personnalités qui sont devenues des participants volontaires dans la révélation de soi du JE SUIS, et qui resteront éternellement des parties volitives absolues de la totalité de l’infinité, des fils finals du Père absolu. 9. Unification existentielle infinie 106:9.1 Dans le concept de la Trinité des Trinités, nous postulons la possibilité de l’unification expérientielle de la réalité illimitée, et nous émettons parfois la théorie que tout cela pourrait se produire dans l’extrême éloignement de la très lointaine éternité. Mais il existe néanmoins une unification actuelle contemporaine de l’infinité, dans notre âge même, comme dans tous les âges passés et futurs de l’univers ; cette unification est existentielle dans la Trinité du Paradis. L’unification de l’infinité est impensablement lointaine en tant que réalité expérientielle, mais une unité d’infinité non qualifiée domine le présent moment de l’existence de l’univers et elle unit les divergences de toute la réalité avec une majesté existentielle qui est absolue. 106:9.2 Quand des créatures finies essayent de concevoir une unification de l’infini sur les niveaux de finalité de l’éternité consommée, elles se trouvent face à face avec des limitations intellectuelles inhérentes à leur existence finie. Le temps, l’espace et l’expérience forment des barrières aux concepts des créatures ; et pourtant, sans le temps, en dehors de l’espace et à défaut d’expérience, nulle créature ne pourrait parvenir à une compréhension même limitée de la réalité de l’univers. Nulle créature évolutionnaire ne pourrait jamais percevoir les relations de séquence si elle était insensible au temps. Nulle créature ne pourrait sonder les relations de simultanéité si elle ne percevait pas l’espace. Nulle créature évolutionnaire ne pourrait même exister sans expérience. Seuls les Sept Absolus de l’Infinité transcendent réellement l’expérience, et même ceux-là peuvent être expérientiels dans certaines phases. 106:9.3 Le temps, l’espace et l’expérience sont les plus grands auxiliaires de l’homme pour la perception de la réalité relative, et ils sont cependant ses plus formidables obstacles pour la perception de la réalité complète. Les mortels et beaucoup d’autres créatures de l’univers trouvent nécessaire de penser aux potentiels comme étant actualisés dans l’espace et évoluant jusqu’à maturité dans le temps, mais tout ce processus n’est qu’un phénomène de l’espace-temps, qui ne se passe pas effectivement au Paradis et dans l’éternité. Sur le niveau absolu, il n’y a ni temps ni espace ; tous les potentiels peuvent y être perçus comme des actuels. 106:9.4 Le concept de l’unification de toute réalité dans le présent âge de l’univers, ou dans n’importe quel autre âge, est fondamentalement double : existentiel et expérientiel. Cette unité est en cours de réalisation expérientielle dans la Trinité des Trinités, mais le degré d’actualisation apparente de cette triple Trinité est directement proportionnel à la disparition des qualifications et imperfections de la réalité dans le cosmos ; toutefois, l’intégration totale de la réalité est présente de manière non qualifiée, éternellement et existentiellement, dans la Trinité du Paradis. Trinité à l’intérieur de laquelle, en ce moment même de l’existence de l’univers, la réalité infinie est absolument unifiée. 106:9.5 Le paradoxe créé par les points de vue expérientiel et existentiel est inévitable ; il résulte, en partie, du fait que la Trinité du Paradis et la Trinité des Trinités sont chacune des relations d’éternité, que les mortels peuvent seulement percevoir comme relativités de l’espace-temps. Le concept humain sur l’actualisation expérientielle progressive de la Trinité des Trinités est le point de vue du temps. Il faut le compléter par le postulat additionnel que la Trinité des Trinités est déjà une réalisation factuelle qui est le point de vue de l’éternité. Mais comment est-il possible de concilier ces deux points de vue ? Nous suggérons aux mortels finis d’accepter la vérité que la Trinité du Paradis est l’unification existentielle de l’infinité, et que l’inaptitude à détecter la présence actuelle et la manifestation complète de la Trinité des Trinités expérientielle provient, en partie, des déformations réciproques dues : 106:9.6 1. Au point de vue humain limité, l’inaptitude à saisir le concept de l’éternité non qualifiée. 106:9.7 2. Au statut humain imparfait, à l’éloignement du niveau absolu des expérientiels. 106:9.8 3. Au dessein de l’existence humaine, au fait que l’humanité est conçue pour évoluer par la technique de l’expérience ; il faut donc qu’elle dépende de l’expérience par inhérence et par constitution. Seul un Absolu peut être à la fois existentiel et expérientiel. 106:9.9 Dans la Trinité du Paradis, le Père Universel est le JE SUIS de la Trinité des Trinités, et ce sont les limitations finies qui empêchent de faire l’expérience du Père comme infini. Le concept du JE SUIS existentiel, solitaire, prétrinitaire et inaccessible, et le postulat du JE SUIS expérientiel, postérieur à la Trinité des Trinités et accessible, ne forment qu’une seule et même hypothèse ; aucun changement effectif n’a eu lieu dans l’Infini ; tous les développements apparents sont dus à l’accroissement des capacités de recevoir la réalité et d’apprécier le cosmos. 106:9.10 En dernière analyse, le JE SUIS doit exister avant tous les existentiels et après tous les expérientiels. Ces idées ne clarifieront peut-être pas les paradoxes de l’éternité et de l’infinité dans le mental humain, mais elles devraient au moins inciter les intellects finis à s’attaquer de nouveau à ces problèmes sans fin. Ces problèmes continueront à vous intriguer sur Salvington et, plus tard, quand vous serez des finalitaires, et encore tout au long de l’avenir illimité de vos carrières éternelles dans les univers en large expansion. 106:9.11 Tôt ou tard, toutes les personnalités de l’univers commencent à se rendre compte que la recherche finale de l’éternité est l’exploration sans fin de l’infinité, le voyage de découverte qui n’aura jamais de fin dans l’absoluité de la Source-Centre Première. Tôt ou tard, nous nous rendons tous compte que la croissance des créatures est proportionnelle à leur identification avec le Père. Nous en venons à comprendre que le fait de vivre la volonté de Dieu est le passeport éternel pour les possibilités sans fin de l’infinité elle-même. Les mortels comprendront, un jour, que la réussite dans la recherche de l’Infini est directement proportionnelle au degré atteint de ressemblance avec le Père et, qu’au cours du présent âge de l’univers, les réalités du Père sont révélées dans les qualités de divinité. Et ces qualités de divinité sont acquises personnellement par les créatures de l’univers qui font l’expérience de vivre divinement, et vivre divinement signifie vivre effectivement la volonté de Dieu. 106:9.12 Pour les créatures finies, matérielles et évolutionnaires, une vie basée sur le fait de vivre la volonté du Père conduit directement à l’obtention de la suprématie de l’esprit dans le cadre de la personnalité et rapproche un peu plus ces créatures de la compréhension du Père-Infini. La vie ainsi centrée sur le Père est fondée sur la vérité, sensible à la beauté et dominée par la bonté. La personne qui connait ainsi Dieu est intérieurement éclairée par l’adoration et extérieurement dévouée au service sincère de la fraternité universelle de toutes les personnalités, un ministère de service rempli de miséricorde et motivé par l’amour. En même temps, toutes ces qualités de vie sont unifiées dans la personnalité évoluante sur des niveaux toujours ascendants de sagesse cosmique, de réalisation de soi, de découverte de Dieu et d’adoration du Père. 106:9.13 [Présenté par un Melchizédek de Nébadon.] FASCICULE 107. Origine et nature des Ajusteurs de Pensée 107:0.1 Bien que le Père Universel réside personnellement au Paradis, au centre même de l’univers, il est présent de manière effective aussi sur les mondes de l’espace dans le mental de ses innombrables enfants du temps, car il les habite sous l’aspect des Moniteurs de Mystère. Le Père éternel est à la fois aussi éloigné que possible de ses fils planétaires mortels et aussi intimement associé que possible avec eux. 107:0.2 Les Ajusteurs sont l’actualité de l’amour du Père incarné dans l’âme des hommes ; emprisonnés dans le mental des mortels, ils sont la véritable promesse de carrière éternelle des hommes. Ils sont l’essence de la personnalité humaine du finalitaire devenu parfait, dont l’homme peut avoir l’avant-gout dans le temps à mesure qu’il domine progressivement la technique divine consistant à parvenir à vivre la volonté du Père, pas à pas, dans toute l’ascension des univers successifs, jusqu’à ce qu’il atteigne effectivement la divine présence de son Père au Paradis. 107:0.3 Ayant commandé à l’homme d’être parfait comme lui-même est parfait, Dieu est descendu sous forme d’Ajusteur pour devenir le partenaire expérientiel de l’homme dans l’accomplissement de la destinée céleste ainsi ordonnée. Le fragment de Dieu qui habite le mental de l’homme constitue l’assurance, absolue et sans réserve, que l’homme peut trouver le Père Universel par son association avec cet Ajusteur divin, venu de Dieu pour trouver l’homme et en faire son fils, même au cours de sa vie dans la chair. 107:0.4 Tout mortel qui a vu un Fils Créateur a vu le Père Universel, et quiconque est habité par un Ajusteur divin est habité par le Père du Paradis. Tout mortel qui suit consciemment ou inconsciemment les directives de son Ajusteur intérieur vit conformément à la volonté de Dieu. La conscience de la présence de l’Ajusteur est la conscience de la présence de Dieu. La fusion éternelle de l’Ajusteur avec l’âme évolutionnaire de l’homme est l’expérience factuelle de l’union éternelle avec Dieu en tant qu’associé universel de la Déité. 107:0.5 C’est l’Ajusteur qui crée dans l’homme le désir insatiable et l’envie incessante d’être semblable à Dieu, d’atteindre le Paradis et là, devant la personne réelle de la Déité, d’adorer la source infinie de ce don divin. L’Ajusteur est la présence vivante qui relie effectivement le fils mortel à son Père du Paradis et l’attire de plus en plus près du Père. L’Ajusteur est le contrepoids pour compenser l’énorme tension universelle créée par la distance qui sépare Dieu de l’homme et par le degré d’incomplétude de l’homme en contraste avec l’universalité du Père éternel. 107:0.6 L’Ajusteur est une essence absolue d’un être infini, emprisonnée dans le mental d’une créature finie. Il peut, en fin de compte, suivant le choix fait par ce mortel, porter à son terme cette union temporaire de Dieu et de l’homme, et véritablement rendre actuel un nouvel ordre d’existence pour un service universel sans fin. L’Ajusteur est la divine réalité d’univers qui factualise la vérité que Dieu est le Père de l’homme. L’Ajusteur est l’infaillible compas cosmique de l’homme, orientant toujours et sûrement l’âme vers Dieu. 107:0.7 Sur les mondes évolutionnaires, les créatures volitives traversent trois stades d’existence dans leur développement général. Depuis l’arrivée de l’Ajusteur jusqu’à la pleine croissance relative d’environ vingt ans d’âge sur Urantia, les Moniteurs sont parfois appelés Changeurs de Pensée. Depuis cette époque jusqu’à l’âge du discernement, environ quarante ans, les Moniteurs de Mystère s’appellent Ajusteurs de Pensée. Depuis l’acquisition du discernement jusqu’à la délivrance de la chair, on les appelle souvent Contrôleurs de Pensée. Ces trois phases de la vie humaine n’ont pas de rapport avec les trois stades de progrès des Ajusteurs dans la duplication du mental et l’évolution de l’âme. 1. Origine des Ajusteurs de Pensée 107:1.1 Puisque les Ajusteurs de Pensée sont de l’essence de la Déité originelle, nul ne peut prétendre parler avec autorité de leur nature et de leur origine. Je ne peux communiquer que les traditions de Salvington et les croyances d’Uversa. Je peux seulement expliquer comment nous considérons ces Moniteurs de Mystère et leurs entités associées dans tout le grand univers. 107:1.2 Bien qu’il y ait des opinions diverses sur le mode d’effusion des Ajusteurs de Pensée, il n’existe pas de telles divergences sur leur origine ; tout le monde est d’accord sur le fait qu’ils émanent directement du Père Universel, la Source-Centre Première. Ils ne sont pas des êtres créés, mais des entités de fragmentation constituant la présence factuelle du Dieu infini. De même que leurs nombreux associés non révélés, les Ajusteurs sont d’une divinité pure et sans mélange, des parties non qualifiées et non diluées de la Déité. Ils sont de Dieu et, autant que nous puissions le discerner, ils sont Dieu. 107:1.3 Quant à l’époque où ils commencèrent leur existence séparée en dehors de l’emprise absolue de la Source-Centre Première, nous ne la connaissons pas ; nous ne connaissons pas non plus leur nombre. Nous savons très peu de choses sur leur carrière avant qu’ils n’arrivent sur les planètes du temps pour habiter le mental des hommes. À partir de là, nous sommes plus ou moins au courant de leur progression cosmique jusqu’à et y compris l’accomplissement de leur destinée trine : l’aboutissement à la personnalité par fusion avec un ascendeur mortel, l’aboutissement à la personnalité par un fiat du Père Universel ou la libération des affectations connues pour les Ajusteurs de Pensée. 107:1.4 Bien que nous ne le sachions pas, nous supposons que de nouveaux Ajusteurs sont continuellement individualisés à mesure que l’univers s’agrandit, et que le nombre des candidats à la fusion avec un Ajusteur s’accroit. Mais il est également possible que nous nous trompions en attribuant un nombre à la quantité des Ajusteurs. Comme Dieu lui-même, il se peut que cette fragmentation de sa nature insondable soit existentiellement infinie. 107:1.5 La technique de l’origine des Ajusteurs de Pensée est l’une des fonctions non révélées du Père Universel. Nous avons toutes raisons de croire que les autres associés absolus de la Source-Centre Première ne participent d’aucune manière à la production des fragments du Père. Les Ajusteurs sont simplement et éternellement les dons divins. Ils sont de Dieu et viennent de Dieu, et ils sont semblables à Dieu. 107:1.6 Dans leurs relations avec les créatures de fusion, ils révèlent un amour céleste et un ministère spirituel qui confirment profondément la déclaration que Dieu est esprit ; mais, en plus de ce ministère transcendant, beaucoup de choses se passent qui n’ont jamais été révélées aux mortels d’Urantia. Nous ne comprenons pas non plus exactement ce qui se passe quand le Père Universel donne quelque chose de lui-même qui fera partie de la personnalité d’une créature du temps. La progression ascendante des finalitaires du Paradis n’a pas non plus révélé encore les pleines possibilités inhérentes à cette association céleste de l’homme et de Dieu. En dernière analyse, les fragments du Père doivent être le don du Dieu absolu aux créatures dont la destinée englobe la possibilité d’atteindre Dieu en tant qu’absolu. 107:1.7 De même que le Père Universel fragmente sa Déité prépersonnelle, de même l’Esprit Infini individualise des portions de son esprit prémental pour qu’elles habitent et fusionnent effectivement avec les âmes évolutionnaires des mortels survivants de la série à fusion avec l’esprit. Mais la nature du Fils Éternel n’est pas fragmentable de cette manière ; l’esprit du Fils Originel est ou bien diffus ou bien personnel de manière discrète. Les créatures fusionnées avec le Fils sont unies à des effusions individualisées de l’esprit des Fils Créateurs du Fils Éternel. 2. Classification des Ajusteurs 107:2.1 Les Ajusteurs sont individualisés en tant qu’entités vierges, et tous sont destinés à devenir des Moniteurs, soit libérés, soit fusionnés, soit Personnalisés. Nous croyons savoir qu’il y a sept ordres d’Ajusteurs de Pensée, mais nous ne comprenons pas entièrement ces divisions. Nous désignons souvent ces différents ordres comme suit : 107:2.2 1. Les Ajusteurs vierges, ceux qui servent pour la première fois dans le mental d’un candidat évolutionnaire à la survie éternelle. Les Moniteurs de Mystère ont une nature divine éternellement uniforme. Leur nature expérientielle est également uniforme quand ils sortent pour la première fois de Divinington ; leur différenciation expérientielle ultérieure résulte de leur expérience effective dans le ministère universel. 107:2.3 2. Les Ajusteurs avancés, ceux qui ont servi, pendant une ou plusieurs périodes chez des créatures volitives, sur des mondes où la fusion finale a lieu entre l’identité de la créature du temps et une portion individualisée de l’esprit de la manifestation dans l’univers local de la Source-Centre Troisième. 107:2.4 3. Les Ajusteurs suprêmes, les Moniteurs qui ont servi dans l’aventure du temps sur les mondes évolutionnaires, mais dont les partenaires humains ont refusé, pour un motif quelconque, la survie éternelle, ainsi que les Moniteurs qui ont été ultérieurement affectés chez d’autres mortels appartenant à d’autres mondes en évolution. Un Ajusteur suprême n’est pas plus divin qu’un Moniteur vierge, mais il a plus d’expérience et peut produire, dans le mental humain, des effets qu’un Ajusteur moins expérimenté serait incapable d’obtenir. 107:2.5 4. Les Ajusteurs disparus. Il se place ici un hiatus dans nos efforts pour suivre les carrières des Moniteurs de Mystère. Il existe un quatrième stade de service au sujet duquel nous n’avons pas de certitude. Les Melchizédeks enseignent que les Ajusteurs du quatrième stade sont détachés en mission et qu’ils parcourent l’univers des univers. Les Messagers Solitaires inclinent à croire qu’ils sont réunis à la Source-Centre Première et jouissent d’une période d’agréable association avec le Père lui-même. Et il est parfaitement possible qu’un Ajusteur soit en train de parcourir le maitre univers tout en étant simultanément réuni au Père omniprésent. 107:2.6 5. Les Ajusteurs libérés. Ce sont les Moniteurs de Mystère qui ont été libérés pour l’éternité du service temporel auprès des mortels des sphères en évolution. Quelles fonctions peuvent-ils remplir ? Nous l’ignorons. 107:2.7 6. Les Ajusteurs fusionnés – les finalitaires – ceux qui ne font plus qu’un avec une créature ascendante des superunivers ; ils sont les partenaires éternels des ascendeurs temporels du Corps Paradisiaque de la Finalité. Les Ajusteurs de Pensée fusionnent généralement avec les mortels ascendants du temps. On les enregistre à l’entrée et à la sortie d’Ascendington avec ces mortels survivants ; ils suivent le sort des êtres ascendants. Après fusion avec une âme évolutionnaire ascendante, il semble que l’Ajusteur passe du niveau existentiel absolu de l’univers au niveau expérientiel fini de l’association fonctionnelle avec une personnalité ascendante. Bien qu’il conserve tout le caractère de la nature existentielle divine, un Ajusteur fusionné devient indissolublement lié à la carrière ascendante d’un mortel survivant. 107:2.8 7. Les Ajusteurs Personnalisés. Ce sont ceux qui ont servi avec les Fils du Paradis incarnés, ainsi que beaucoup d’autres qui se sont spécialement distingués pendant qu’ils habitaient un mortel qui a rejeté la survie. Nous avons des raisons de croire que ces Ajusteurs sont personnalisés sur la recommandation des Anciens des Jours du superunivers de leur affectation. 107:2.9 Ces mystérieux fragments de Dieu peuvent être classifiés de beaucoup de manières : selon leur affectation dans l’univers, selon le degré de leur réussite en habitant un mortel individuel ou même selon l’ascendance raciale de leur candidat humain à la fusion. 3. Le foyer des Ajusteurs sur Divinington 107:3.1 Toutes les activités universelles concernant l’envoi, l’affectation, la direction et le retour des Moniteurs de Mystère en service dans les sept superunivers semblent être centrées sur la sphère sacrée de Divinington. Autant que je le sache, seuls les Ajusteurs et autres entités du Père ont séjourné sur cette sphère. Il est probable que de nombreuses entités prépersonnelles non révélées partagent Divinington avec les Ajusteurs comme sphère de leur foyer. Nous conjecturons que ces entités compagnes peuvent, en quelque manière, être associées au ministère présent et futur des Moniteurs de Mystère, mais en réalité nous ne le savons pas. 107:3.2 Quand des Ajusteurs de Pensée retournent auprès du Père, ils reviennent à Divinington, royaume présumé de leur origine. Un contact effectif, faisant probablement partie de cette expérience, s’établit tant avec la personnalité paradisiaque du Père qu’avec la manifestation spécialisée de la divinité du Père située, d’après nos renseignements, sur cette sphère secrète. 107:3.3 Bien que nous connaissions quelque chose de chacune des sept sphères secrètes du Paradis, nous en savons moins sur Divinington que sur les autres. Les êtres des ordres spirituels élevés ne reçoivent que les trois injonctions suivantes : 107:3.4 1. Montrer toujours un respect adéquat pour l’expérience et les dons que possèdent leurs séniors et supérieurs. 107:3.5 2. Avoir toujours des égards pour les limitations et l’inexpérience de leurs juniors et subordonnés. 107:3.6 3. Ne jamais chercher à atterrir sur les rives de Divinington. 107:3.7 Je me suis souvent dit qu’il me serait tout à fait inutile d’aller à Divinington. Je serais probablement incapable d’y voir aucun des résidents, sauf des êtres tels que les Ajusteurs Personnalisés que j’ai déjà vus ailleurs. Je suis très certain qu’il n’y a rien de vraiment utile ou profitable pour moi sur Divinington ; rien d’essentiel à ma croissance et à mon développement, autrement, on ne m’aurait pas interdit d’y aller. 107:3.8 Puisque nous ne pouvons presque rien apprendre de Divinington sur la nature et l’origine des Ajusteurs, nous sommes obligés de rassembler des renseignements provenant de mille et une sources différentes, et il nous faut réunir, associer et faire correspondre les données accumulées, pour que cette connaissance ait une valeur d’information. 107:3.9 Le courage et la sagesse dont font preuve les Ajusteurs de Pensée suggèrent qu’ils ont subi un entrainement d’une portée et d’une étendue prodigieuses. Puisqu’ils ne sont pas des personnalités, il faut que cet entrainement leur ait été donné dans les institutions éducatives de Divinington. Les extraordinaires Ajusteurs Personnalisés constituent sans doute les cadres des écoles de formation des Ajusteurs de Divinington. Nous savons cependant que ce corps central superviseur est présidé par l’Ajusteur Personnalisé, maintenant, du premier Fils Paradisiaque de l’ordre des Micaëls qui paracheva sa septuple effusion sur les races et peuples des royaumes de son univers. 107:3.10 Nous savons en réalité très peu de choses sur les Ajusteurs non personnalisés ; nous ne prenons contact et ne communiquons qu’avec les ordres personnalisés. Ceux-ci reçoivent un nom sur Divinington et sont toujours connus par leur nom, et non par leur numéro. Les Ajusteurs Personnalisés sont domiciliés en permanence sur Divinington ; cette sphère sacrée est leur foyer. Ils ne sortent de cette demeure que par la volonté du Père Universel. On en rencontre très peu dans les domaines des univers locaux, mais ils sont présents en plus grand nombre dans l’univers central. 4. Nature et présence des Ajusteurs 107:4.1 Dire qu’un Ajusteur de Pensée est divin, c’est simplement reconnaitre la nature de son origine. Il est hautement probable qu’une telle pureté de divinité embrasse l’essence du potentiel de tous les attributs de la Déité qui peuvent être contenus dans ce fragment de l’essence absolue de la présence universelle du Père Paradisiaque éternel et infini. 107:4.2 La source effective de l’Ajusteur doit être infinie. Avant sa fusion avec l’âme immortelle d’un mortel évolutionnaire, la réalité de l’Ajusteur doit frôler l’absoluité. Les Ajusteurs ne sont pas absolus au sens universel, au sens de la Déité, mais ils sont probablement de vrais absolus dans les limites du potentiel de leur nature fragmentée. Ils sont qualifiés quant à leur universalité, mais non quant à leur nature. Ils sont limités en étendue, mais, en intensité de signification de valeur et de fait, ils sont absolus. Ils sont des dons divins que nous appelons parfois, pour ces raisons, les fragments qualifiés absolus du Père. 107:4.3 Nul Ajusteur n’a jamais été déloyal envers le Père du Paradis. Les ordres inférieurs de créatures personnelles ont parfois à lutter avec des compagnons déloyaux, mais jamais les Ajusteurs ; ces derniers sont suprêmes et infaillibles dans leur sphère céleste de ministère auprès des créatures, et de fonctions dans l’univers. 107:4.4 Les Ajusteurs non personnalisés ne sont visibles qu’aux Ajusteurs Personnalisés. Les Messagers Solitaires de mon ordre ainsi que les Esprits Inspirés de la Trinité peuvent détecter la présence des Ajusteurs au moyen de phénomènes de réaction spirituelle. Même les séraphins peuvent parfois discerner la luminosité spirituelle supposée associée à la présence de Moniteurs dans le mental matériel des hommes. Mais nul d’entre nous n’est capable de discerner effectivement la présence réelle d’Ajusteurs, à moins qu’ils n’aient été personnalisés, bien que leur nature soit perceptible en union avec les personnalités fusionnées des ascendeurs venant des mondes évolutionnaires. L’invisibilité universelle des Ajusteurs suggère fortement que leur nature et leur origine sont élevées et exclusivement divines. 107:4.5 Une lumière caractéristique, une luminosité spirituelle, accompagne la présence divine ; on l’associe généralement aux Ajusteurs de Pensée. Dans l’univers de Nébadon, cette luminosité paradisiaque est très largement connue sous le nom de « lumière pilote ». Sur Uversa, on l’appelle la « lumière de la vie ». Sur Urantia, on a parfois fait allusion à ce phénomène comme « la vraie lumière qui éclaire tout homme venant dans le monde ». 107:4.6 Pour tous les êtres qui ont atteint le Père Universel, les Ajusteurs de Pensée Personnalisés sont visibles. Les Ajusteurs de Pensée de tous les stades, ainsi que tous les autres êtres, entités, esprits, personnalités et manifestations de l’esprit, sont toujours discernables par les Personnalités Créatrices Suprêmes issues des Déités du Paradis et qui président les gouvernements majeurs du grand univers. 107:4.7 Pouvez-vous vraiment réaliser la vraie signification de la présence intérieure des Ajusteurs ? Mesurez-vous vraiment ce que signifie le fait qu’un fragment de Déité absolue et infinie, le Père Universel, habite votre nature mortelle finie et fusionne avec elle ? Quand l’homme mortel fusionne avec un fragment effectif de la Cause existentielle du cosmos total, on ne peut plus attribuer aucune limite à la destinée de cette association inimaginable et sans précédent. Dans l’éternité, l’homme découvrira non seulement l’infinité de la Déité objective, mais aussi la potentialité sans fin du fragment subjectif de ce même Dieu. L’Ajusteur continuera toujours à révéler la merveille de Dieu à la personnalité mortelle, et cette révélation céleste ne peut jamais avoir de fin, car l’Ajusteur vient de Dieu et représente Dieu pour l’homme. 5. Qualité mentale des Ajusteurs 107:5.1 Les mortels évolutionnaires ont tendance à considérer le mental comme une médiation cosmique entre l’esprit et la matière, et c’est en vérité le principal ministère du mental tel que vous pouvez le discerner. Il est donc très difficile aux humains de percevoir que les Ajusteurs de Pensée ont un mental, car les Ajusteurs sont des fragmentations de Dieu sur un niveau absolu de réalité qui n’est pas seulement prépersonnel, mais aussi antérieur à toute divergence entre énergie et esprit. Sur un niveau moniste antérieur à la différenciation de l’énergie et de l’esprit, il ne saurait y avoir de fonction médiatrice du mental, parce qu’il n’y a pas de divergences à arbitrer. 107:5.2 Puisque les Ajusteurs peuvent faire des plans, travailler et aimer, ils doivent avoir des pouvoirs d’individualité commensurables avec le mental. Toutes les sortes de Moniteurs supérieurs au premier groupe, dit vierge, possèdent une aptitude illimitée à communiquer les uns avec les autres. En ce qui concerne la nature et le but de leur intercommunication, nous ne pouvons presque rien révéler parce que nous ne les connaissons pas. Cependant, nous savons que les Ajusteurs sont en quelque sorte dotés de mental, car autrement ils ne pourraient jamais être personnalisés. 107:5.3 Les qualités mentales de l’Ajusteur de Pensée sont semblables aux qualités mentales du Père Universel et du Fils Éternel – celles qui sont ancestrales à toute espèce de mental issu de l’Acteur Conjoint. 107:5.4 Le type de mental supposé exister chez un Ajusteur doit être semblable à la dotation mentale de nombreux autres ordres d’entités prépersonnelles dont nous présumons qu’elles sont également issues de la Source-Centre Première. Bien que beaucoup de ces ordres n’aient pas été révélés sur Urantia, ils font tous preuve de qualités mentales. Il est possible aussi à ces individualisations de la Déité originelle de s’unifier avec de nombreux types évolutifs d’êtres non mortels, et même avec un nombre limité d’êtres non évolutionnaires qui ont acquis la capacité de fusionner avec ces fragments de la Déité. 107:5.5 Quand un Ajusteur de Pensée a fusionné avec l’immortelle âme morontielle évoluante de l’humain survivant, le mental de l’Ajusteur ne peut être identifié comme continuant à exister séparé du mental de la créature que jusqu’au moment où le mortel ascendeur atteint les niveaux spirituels de la progression universelle. 107:5.6 Quand ces esprits du sixième stade atteignent les niveaux finalitaires d’expérience ascendante, il semble qu’ils transmuent un facteur mental représentant l’union de certaines phases du mental de mortel et du mental de l’Ajusteur, facteur qui avait fonctionné auparavant comme liaison entre les phases humaine et divine de ces personnalités ascendantes. Il est probable que cette qualité mentale expérientielle « suprématise » et accroisse subséquemment la dotation expérientielle de la Déité évolutionnaire – l’Être Suprême. 6. Les Ajusteurs en tant que purs esprits 107:6.1 Les Ajusteurs de Pensée, tels que les créatures les rencontrent dans leur expérience, révèlent la présence et la gouverne d’une influence d’esprit. L’Ajusteur est assurément un esprit, un pur esprit, mais plus qu’un esprit. Nous n’avons jamais été capables de classifier les Moniteurs de Mystère d’une manière satisfaisante ; tout ce que l’on peut dire d’eux avec certitude, c’est qu’ils sont vraiment semblables à Dieu. 107:6.2 L’Ajusteur est la possibilité pour l’homme de devenir éternel. L’homme est la possibilité pour l’Ajusteur de se personnaliser. Votre Ajusteur individuel travaille à vous spiritualiser dans l’espoir d’éterniser votre identité temporelle. Les Ajusteurs sont saturés du magnifique amour du Père des esprits, un amour qui s’effuse de lui-même. Ils vous aiment véritablement et divinement ; ils sont prisonniers de l’espérance spirituelle confinée dans le mental des hommes. Ils souhaitent ardemment que votre mental mortel atteigne la divinité, pour que leur solitude prenne fin et qu’ils soient délivrés avec vous des limitations de l’investiture matérielle et de la vêture du temps. 107:6.3 Le sentier qui vous mène au Paradis est celui de l’aboutissement spirituel, et la nature de l’Ajusteur vous révélera fidèlement la nature spirituelle du Père Universel. Au-delà de l’ascension au Paradis et dans les stades postfinalitaires de la carrière éternelle, il est possible que l’Ajusteur prenne contact avec son partenaire jadis humain pour un ministère autre que spirituel ; mais l’ascension vers le Paradis et la carrière finalitaire représentent bien l’association entre l’ascendeur connaissant Dieu, qui se spiritualise, et l’Ajusteur, dont le ministère spirituel révèle Dieu. 107:6.4 Nous savons que les Ajusteurs de Pensée sont des esprits, de purs esprits, probablement des esprits absolus. Mais l’Ajusteur doit être quelque chose de plus qu’une réalité spirituelle exclusive. Des facteurs d’énergie pure sont également présents chez lui en plus de sa qualité mentale supposée. Si l’on veut bien se rappeler que Dieu est la source de l’énergie pure et du pur esprit, il ne sera pas si difficile de percevoir que ses fragments soient énergie et esprit. Il est de fait que les Ajusteurs traversent l’espace sur les circuits de gravité instantanés et universels de l’Ile du Paradis. 107:6.5 Il est assurément surprenant que les Moniteurs de Mystère soient ainsi associés aux circuits matériels de l’univers des univers, mais c’est un fait que, d’un bout à l’autre du grand univers, ils passent comme des éclairs sur les circuits de gravité matérielle. Il est parfaitement possible qu’ils puissent même pénétrer les niveaux de l’espace extérieur ; ils pourraient certainement suivre la présence gravitationnelle du Paradis dans ces régions. Bien que les personnalités de mon ordre puissent également parcourir les circuits mentaux de l’Acteur Conjoint au-delà des confins du grand univers, nous n’avons jamais été sûrs de détecter la présence des Ajusteurs dans les régions inexplorées de l’espace extérieur. 107:6.6 Cependant, bien que les Ajusteurs utilisent les circuits de la gravité matérielle, ils n’y sont pas soumis comme l’est la création matérielle. Les Ajusteurs sont des fragments de l’ancêtre de la gravité, et non des conséquences de la gravité ; ils se sont segmentés sur un niveau d’existence d’univers hypothétiquement antérieur à l’apparition de la gravité. 107:6.7 Les Ajusteurs ne jouissent d’aucune détente depuis le moment de leur effusion jusqu’au jour où ils sont libres de partir pour Divinington après la mort naturelle de leur sujet humain. Et ceux dont les sujets ne passent pas par les portes de la mort naturelle ne bénéficient même pas de ce répit temporaire. Les Ajusteurs n’ont pas besoin d’absorber de l’énergie ; ils sont l’énergie, l’énergie de l’ordre le plus élevé et le plus divin. 7. Les Ajusteurs et la personnalité 107:7.1 Les Ajusteurs de Pensée ne sont pas des personnalités, mais ils sont des entités réelles. Ils sont véritablement et parfaitement individualisés, bien qu’ils ne soient jamais effectivement personnalisés pendant qu’ils habitent un mortel. Les Ajusteurs de Pensée ne sont pas de vraies personnalités, mais ils sont de vraies réalités, réalités de l’ordre le plus pur qui soit connu dans l’univers des univers – ils sont la présence divine. Bien que ces merveilleux fragments du Père ne soient pas personnels, on les mentionne communément comme des êtres, et parfois comme des entités d’esprit, à cause des phases spirituelles de leur présent ministère auprès des hommes. 107:7.2 Si les Ajusteurs de Pensée ne sont pas des personnalités jouissant des prérogatives de la volonté et du pouvoir de choix, comment peuvent-ils donc choisir des sujets humains et se porter volontaires pour habiter ces créatures des mondes évolutionnaires ? C’est une question facile à poser, mais il est probable que nul être dans l’univers des univers n’a jamais trouvé la réponse exacte. Même les personnalités de mon ordre, les Messagers Solitaires, ne comprennent pas pleinement les facultés de volonté, de choix et d’amour chez des entités qui ne sont pas personnelles. 107:7.3 Nous avons souvent conjecturé que les Ajusteurs de Pensée doivent être doués de volition sur tous les niveaux prépersonnels de choix. Ils se portent volontaires pour habiter des êtres humains, ils établissent, pour la carrière éternelle des hommes, des plans qu’ils adaptent, modifient et substituent selon les circonstances, et ces activités impliquent une volition authentique. Ils ont de l’affection pour les mortels, ils opèrent dans les crises de l’univers, ils sont toujours prêts à agir d’une manière décisive conformément au choix des hommes, et toutes ces réactions sont hautement volitives. Dans toutes les situations n’intéressant pas le domaine de la volonté humaine, leur conduite dénote indéniablement l’exercice de pouvoirs équivalant, sous tous les rapports, à la volonté, au maximum de décision. 107:7.4 Si les Ajusteurs de Pensée possèdent une volition, pourquoi donc sont-ils soumis au vouloir des mortels ? Cela tient, croyons-nous, à ce que la volition des Ajusteurs, bien qu’absolue en nature, est prépersonnelle en manifestation. La volonté humaine fonctionne sur le niveau de la personnalité de la réalité d’univers et, dans tout le cosmos, l’impersonnel – le non-personnel, le subpersonnel et le prépersonnel – est toujours sensible à la volonté et aux actes de la personnalité existante. 107:7.5 Dans tout l’univers des êtres créés et des énergies non personnelles, nous ne constatons aucune manifestation de volonté, de volition, de choix et d’amour en dehors de la personnalité. Sauf chez les Ajusteurs et autres entités similaires, nous ne voyons nulle part ces attributs de la personnalité fonctionner en association avec des réalités impersonnelles. Il ne serait ni correct de qualifier un Ajusteur de subpersonnel, ni juste de mentionner cette entité comme superpersonnelle, mais il est parfaitement admissible d’employer le mot prépersonnel pour la désigner. 107:7.6 Les êtres de nos ordres appellent « dons divins » ces fragments de la Déité. Nous reconnaissons que les Ajusteurs ont une origine divine et qu’ils constituent probablement la preuve et la démonstration que le Père Universel s’est réservé la possibilité de communiquer directement et sans limite avec toutes les créatures matérielles, et avec chacune d’elles, dans tous ses royaumes pratiquement infinis ; et ceci complètement en dehors de sa présence dans la personnalité de ses Fils Paradisiaques ou de son ministère indirect à travers les personnalités de l’Esprit Infini. 107:7.7 Tous les êtres de la création se réjouiraient d’accueillir des Moniteurs de Mystère, mais aucun ordre d’êtres n’est ainsi habité, sauf les créatures évolutionnaires volitives à destinée de finalitaires. 107:7.8 [Présenté par un Messager Solitaire d’Orvonton.] FASCICULE 108. Mission et ministère des Ajusteurs de Pensée 108:0.1 La mission des Ajusteurs de Pensée auprès des races humaines consiste à représenter, à être, le Père Universel pour les créatures mortelles du temps et de l’espace ; tel est le travail fondamental des dons divins. Leur mission est aussi d’élever le mental des mortels et de transférer les âmes immortelles des hommes jusqu’aux hauteurs divines et aux niveaux spirituels de la perfection paradisiaque. Et, par l’expérience transformant ainsi la nature humaine des créatures temporelles en nature divine des finalitaires éternels, les Ajusteurs donnent naissance à un type unique d’êtres formés par l’union éternelle de l’Ajusteur parfait et de la créature devenue parfaite, type que nulle autre technique de l’univers ne serait en mesure de reproduire. 108:0.2 Dans tout l’univers, rien ne peut remplacer le fait de l’expérience sur les niveaux non existentiels. Comme toujours, le Dieu infini est complet et parachevé, infiniment inclusif de toutes choses, sauf du mal et de l’expérience des créatures. Dieu ne peut mal faire ; il est infaillible. Dieu ne peut connaitre expérientiellement ce qu’il n’a jamais expérimenté personnellement ; la préconnaissance de Dieu est existentielle. C’est pourquoi l’esprit du Père descend du Paradis pour participer avec les mortels finis à toute expérience de bonne foi dans la carrière ascendante ; c’est seulement par cette méthode que le Dieu existentiel pouvait devenir, en vérité et en fait, le Père expérientiel de l’homme. L’infinité du Dieu éternel englobe le potentiel pour l’expérience du fini, lequel potentiel devient actuel, en vérité, dans le ministère des fragments Ajusteurs qui partagent effectivement l’expérience des vicissitudes de la vie humaine. 1. Sélection et affectation 108:1.1 Quand des Ajusteurs sont envoyés de Divinington pour servir auprès des mortels, leurs dotations de divinité existentielle sont identiques, mais ils diffèrent en qualités expérientielles proportionnellement à leurs contacts antérieurs avec des créatures évolutionnaires et en elles. Nous ne pouvons pas expliquer sur quelles bases les Ajusteurs sont affectés, mais nous supposons que ces dons divins sont attribués selon une sage et efficace politique d’une éternelle aptitude à s’adapter à la personnalité habitée. Nous constatons que les Ajusteurs les plus expérimentés habitent souvent le mental humain de type supérieur. Les facteurs héréditaires humains doivent donc jouer un rôle considérable dans la sélection et l’affectation des Ajusteurs. 108:1.2 Bien que nous ne le sachions pas précisément, nous croyons fermement que tous les Ajusteurs de Pensée sont des volontaires ; mais, avant qu’ils ne s’engagent volontairement, ils sont en possession des données complètes concernant le candidat susceptible d’être habité. Les comptes rendus séraphiques sur la généalogie des candidats et sur les modèles projetés pour leur conduite de vie sont transmis, par la voie du Paradis, au corps de réserve des Ajusteurs sur Divinington. La transmission s’effectue par la technique de réflectivité dirigée vers l’intérieur, depuis les capitales des univers locaux jusqu’aux sièges des superunivers. Ces prévisions ne couvrent pas seulement les antécédents héréditaires du candidat mortel, mais aussi l’estimation de sa dotation intellectuelle et de sa capacité spirituelle probables. L’Ajusteur habite donc volontairement un mental dont il connait pleinement la nature intime. 108:1.3 L’Ajusteur qui se porte volontaire est particulièrement intéressé par trois qualifications du candidat humain : 108:1.4 1. La capacité intellectuelle. Le mental est-il normal ? Quel est le potentiel intellectuel, la capacité de l’intelligence ? L’individu peut-il devenir une créature volitive authentique ? La sagesse aura-t-elle l’occasion de se manifester ? 108:1.5 2. La perception spirituelle. Les perspectives de développement du sentiment de révérence, la naissance et la croissance de la nature religieuse. Quel est le potentiel d’âme, sa capacité de réceptivité spirituelle probable ? 108:1.6 3. Les pouvoirs intellectuels et spirituels conjugués. Le degré auquel ces deux dotations peuvent éventuellement être associées, conjuguées, de manière à donner de la force au caractère humain et à contribuer de manière certaine à l’évolution d’une âme immortelle ayant valeur de survie. 108:1.7 Nous croyons qu’en présence de ces faits, les Moniteurs s’offrent volontairement pour une affectation. Il est probable que plusieurs Ajusteurs se présenteront pour un poste. Peut-être les ordres personnalisés superviseurs choisissent-ils, dans le groupe de volontaires, celui qui est le mieux qualifié pour la tâche de spiritualiser et rendre éternelle la personnalité du candidat mortel. (Pour l’affectation et le service des Ajusteurs, le sexe de la créature n’entre pas en considération.) 108:1.8 Le court intervalle de temps entre l’offre d’être volontaire et l’envoi effectif de l’Ajusteur est probablement employé sur Divinington dans les écoles des Moniteurs Personnalisés. Là, un modèle actif du mental du mortel en expectative sert à enseigner à l’Ajusteur les plans les plus efficaces pour aborder la personnalité et spiritualiser le mental. Le modèle de mental en question est établi par une combinaison de données fournies par le service de réflectivité du superunivers. Du moins c’est cela que nous comprenons, et notre croyance vient de ce que les Messagers Solitaires, au cours de leur longue carrière universelle, ont réuni des renseignements obtenus par contact avec beaucoup d’Ajusteurs Personnalisés. 108:1.9 Quand les Ajusteurs sont effectivement expédiés de Divinington, il ne s’écoule pratiquement aucun délai entre le moment de leur départ et celui de leur apparition dans le mental du sujet qu’ils ont choisi. La durée moyenne du transit d’un Ajusteur entre Divinington et Urantia est de 117 heures 42 minutes et 7 secondes. La totalité de ce temps est pratiquement employée à l’enregistrement sur Uversa. 2. Conditions préalables au séjour de l’Ajusteur 108:2.1 Bien que les Ajusteurs s’offrent volontairement à servir dès que les prévisions concernant une personnalité ont été transmises à Divinington, en fait ils ne reçoivent pas leur affectation avant que le sujet humain ait pris sa première décision de personnalité morale. Le premier choix moral d’un enfant des hommes est automatiquement noté chez le septième adjuvat mental et enregistré immédiatement, par l’intermédiaire de l’Esprit Créatif de l’univers local, sur le circuit universel de gravité mentale de l’Acteur Conjoint. Cet enregistrement s’inscrit en présence du Maitre Esprit qui a juridiction sur le superunivers, et celui-ci transmet aussitôt le renseignement à Divinington. Les Ajusteurs rejoignent leur sujet humain sur Urantia en moyenne juste avant qu’il n’ait six ans. Dans la présente génération, c’est à l’âge de cinq ans, dix mois et quatre jours, c’est-à-dire après 2 134 jours de la vie terrestre de l’enfant. 108:2.2 Les Ajusteurs ne peuvent pas investir le mental mortel avant qu’il n’ait été dument préparé par le ministère intérieur des esprits-mentaux adjuvats et encircuité dans le Saint-Esprit. L’action coordonnée des sept adjuvats est nécessaire pour qualifier le mental humain à recevoir un Ajusteur. Il faut que le mental de la créature manifeste une tendance à l’adoration et dénote le fonctionnement de la sagesse en montrant son aptitude à choisir entre les valeurs émergentes du bien et du mal – à faire un choix moral. 108:2.3 Ainsi, tout est en place dans le mental humain pour recevoir les Ajusteurs, mais, en règle générale, ceux-ci ne viennent pas immédiatement occuper un tel mental, sauf sur les mondes où l’Esprit de Vérité fonctionne comme coordonnateur spirituel des divers ministères d’esprits. Si cet esprit des Fils d’effusion est présent, les Ajusteurs arrivent infailliblement dès que le septième esprit-mental adjuvat commence à fonctionner et signale à l’Esprit-Mère de l’Univers qu’il a accompli, en puissance, la coordination des six adjuvats associés qui avaient précédemment apporté leur ministère à l’intellect du mortel intéressé. C’est pourquoi, depuis le jour de la Pentecôte, les Ajusteurs divins ont été universellement attribués sur Urantia à tout mental normal ayant statut moral. 108:2.4 Même dans le cas où un mental est doté de l’Esprit de Vérité, l’Ajusteur ne peut envahir arbitrairement l’intellect humain avant l’apparition d’une décision morale ; mais, quand une telle décision morale a été prise, cet aide d’esprit assume sa juridiction directement depuis Divinington. Il n’y a ni intermédiaires ni autres autorités ou pouvoirs intervenant entre les Ajusteurs divins et leur sujet humain. Dieu et l’homme sont reliés directement. 108:2.5 Avant l’époque où l’Esprit de Vérité est répandu sur les habitants d’un monde évolutionnaire, l’effusion des Ajusteurs parait être déterminée par de nombreuses influences d’esprits et attitudes de la personnalité. Nous ne comprenons pas pleinement les lois qui gouvernent ces effusions ; nous ne saisissons pas exactement ce qui détermine l’affectation d’un Ajusteur qui s’est porté volontaire pour habiter un mental en évolution. Par contre, nous observons de nombreuses influences et conditions qui paraissent associées à l’arrivée de l’Ajusteur dans ce mental avant l’effusion de l’Esprit de Vérité, et nous pouvons citer les suivantes : 108:2.6 1. L’affectation de gardiens séraphiques personnels. Si un mortel n’a pas déjà été habité par un Ajusteur, l’affectation d’un gardien personnel fait aussitôt arriver un Ajusteur. Il existe une relation très nette, mais inconnue, entre le ministère des Ajusteurs et celui des gardiens séraphiques personnels. 108:2.7 2. Le fait d’atteindre le troisième cercle d’accomplissement intellectuel et d’aboutissement spirituel. J’ai observé des Ajusteurs arrivant dans un mental mortel lors de la conquête du troisième cercle, et avant même que cet exploit ait pu être signalé aux personnalités de l’univers local concernées par ce genre d’affaires. 108:2.8 3. Lors de la prise d’une décision suprême d’importance spirituelle inhabituelle. Un tel comportement humain, dans une crise planétaire touchant cette personne, provoque généralement l’arrivée immédiate de l’Ajusteur en attente. 108:2.9 4. L’esprit de fraternité. Indépendamment du franchissement des cercles psychiques et de l’affectation de gardiens personnels – en l’absence de tout facteur ressemblant à une décision de crise – quand un mortel en évolution commence à être dominé par l’amour de ses compagnons et se consacre à un ministère désintéressé auprès de ses frères incarnés, l’Ajusteur en attente descend invariablement pour habiter le mental d’un tel mortel. 108:2.10 5. La déclaration d’intention de faire la volonté de Dieu. Nous constatons que beaucoup de mortels des mondes de l’espace semblent prêts à recevoir des Ajusteurs et que, pourtant, ces Moniteurs n’apparaissent pas. Nous continuons à observer ces créatures dans leur vie au jour le jour. Bientôt, elles arrivent insensiblement et presque inconsciemment à la décision de commencer à vouloir faire la volonté du Père qui est aux cieux. Nous remarquons, alors, que des Ajusteurs de Pensée leur sont immédiatement envoyés. 108:2.11 6. L’influence de l’Être Suprême. Sur des mondes où les Ajusteurs ne fusionnent pas avec l’âme évoluante des habitants mortels, nous constatons que des Ajusteurs sont parfois attribués en réponse à des influences qui dépassent entièrement notre compréhension. Nous conjecturons que ces effusions sont déterminées par une action réflexe cosmique prenant naissance chez l’Être Suprême. Quant aux raisons pour lesquelles ces Ajusteurs ne fusionnent pas ou ne peuvent pas fusionner avec ce type particulier de mental mortel en évolution, nous les ignorons. Ces opérations ne nous ont jamais été révélées. 3. Organisation et administration 108:3.1 Autant que nous le sachions, les Ajusteurs sont organisés en une unité opératoire indépendante dans l’univers des univers et sont apparemment administrés directement depuis Divinington. Ils sont uniformes dans les sept superunivers ; tous les univers locaux sont servis par des types identiques de Moniteurs de Mystère. Nous savons, par observation, qu’il existe de nombreuses séries d’Ajusteurs impliquant une organisation sérielle qui s’étend à travers les races, sur les dispensations et aux mondes, systèmes et univers. Il est toutefois extrêmement difficile de suivre la trace de ces dons divins parce qu’ils fonctionnent de façon interchangeable dans tout le grand univers. 108:3.2 La liste complète des Ajusteurs n’existe (en dehors de Divinington) qu’aux sièges des sept superunivers. Le numéro et l’ordre de chaque Ajusteur habitant chaque créature ascendante sont indiqués par les autorités du Paradis au siège du superunivers ; de là, ils sont communiqués au siège de l’univers local intéressé et transmis à la planète particulière impliquée. Mais les archives de l’univers local ne révèlent pas le nombre total des Ajusteurs de Pensée ; les archives de Nébadon contiennent seulement celui des Ajusteurs affectés à l’univers local, tel que ce nombre est indiqué par les représentants des Anciens des Jours. L’importance réelle du nombre complet d’Ajusteurs n’est connue que sur Divinington. 108:3.3 Les sujets humains sont souvent connus par le numéro de leur Ajusteur. Les mortels ne reçoivent pas de vrais noms universels avant leur fusion avec leur Ajusteur, union qui est justement signalée par l’octroi du nouveau nom à la nouvelle créature par le gardien de la destinée. 108:3.4 Bien que nous connaissions les archives des Ajusteurs de Pensée dans Orvonton et bien que nous n’ayons absolument aucune autorité sur les Ajusteurs ni aucune liaison administrative avec eux, nous croyons fermement qu’il existe une très étroite liaison administrative entre les mondes individuels des univers locaux et la demeure centrale des dons divins sur Divinington. Nous savons qu’à la suite de l’apparition d’un Fils d’effusion du Paradis sur un monde évolutionnaire, un Ajusteur Personnalisé est affecté à ce monde comme superviseur planétaire des Ajusteurs. 108:3.5 Il est intéressant de noter qu’en procédant à l’examen d’une planète, les inspecteurs de l’univers local s’adressent toujours au chef planétaire des Ajusteurs de Pensée, de même que, pour présenter leurs recommandations, ils s’adressent aux chefs séraphins et aux dirigeants des autres ordres d’êtres attachés à l’administration d’un monde en évolution. Urantia a subi récemment une de ces inspections périodiques par Tabamantia, superviseur souverain de toutes les planètes où sont effectuées les expériences de vie de l’univers de Nébadon. Les archives révèlent qu’en plus de ses remontrances et de ses critiques formulées auprès des divers chefs des personnalités suprahumaines, il a aussi remis au chef des Ajusteurs le témoignage de reconnaissance ci-dessous. Nous ne savons pas très bien si ce chef se trouvait sur Urantia, sur Salvington, sur Uversa ou sur Divinington, mais voici ce qu’a dit Tabamantia : 108:3.6 « Ayant reçu temporairement autorité sur les séries de planètes expérimentales, je viens vers vous, qui êtes de loin mes supérieurs, et je viens exprimer mon admiration et mon profond respect pour le magnifique groupe de ministres célestes, les Moniteurs de Mystère, qui a volontairement servi sur cette sphère anormale. Quelque pénibles que puissent être les crises, vous ne chancelez jamais. Ni dans les annales de Nébadon, ni devant les commissions d’Orvonton, nul n’a jamais porté d’accusation contre un Ajusteur divin. Vous avez été loyaux dans vos missions, vous avez été divinement fidèles. Vous avez aidé à rectifier les erreurs et à compenser les défaillances de tous ceux qui travaillent sur cette planète troublée. Vous êtes des êtres merveilleux, gardiens du bien chez les âmes de ce monde arriéré. Je vous rends hommage, bien que vous soyez apparemment sous ma juridiction comme ministres volontaires. Je m’incline devant vous en reconnaissant humblement votre désintéressement délicat, votre ministère compréhensif et votre dévouement impartial. Vous méritez le nom de divins serviteurs des habitants mortels de ce monde déchiré de conflits, frappé de malheurs et affligé de maladies. Je vous honore ! Je vous rends presque un culte ! » 108:3.7 Comme suite à une série de faits tendant à le prouver, nous croyons que les Ajusteurs sont hautement organisés, qu’il existe une administration profondément intelligente et efficace dirigeant ces dons divins à partir d’une très lointaine source centrale, probablement Divinington. Nous savons qu’ils viennent de Divinington vers les mondes, et ils y retournent indubitablement après la mort de leur sujet. 108:3.8 Chez les ordres supérieurs d’esprits, il est excessivement difficile de découvrir les mécanismes d’administration. Tout en s’occupant d’accomplir leurs devoirs spécifiques, les personnalités de mon ordre participent certainement inconsciemment, avec de nombreux autres groupes de subdéités personnels et impersonnels, à servir conjointement d’agents de liaison de l’immense univers. Nous soupçonnons que nous servons ainsi parce que nous sommes (en dehors des Ajusteurs Personnalisés) le seul groupe de créatures personnalisées qui soit uniformément conscient de la présence de nombreux ordres d’entités prépersonnelles. 108:3.9 Nous avons conscience de la présence des Ajusteurs, qui sont des fragments de la Déité prépersonnelle de la Source-Centre Première. Nous sentons la présence des Esprits Inspirés de la Trinité, qui sont des expressions suprapersonnelles de la Trinité du Paradis. De même, nous détectons infailliblement la présence spirituelle de certains ordres non révélés d’entités issues du Fils Éternel et de l’Esprit Infini, et nous ne sommes pas entièrement insensibles à d’autres entités qui ne vous sont pas révélées. 108:3.10 Les Melchizédeks de Nébadon enseignent que les Messagers Solitaires sont les coordonnateurs de personnalité de ces différentes influences à mesure qu’elles s’enregistrent dans la Déité en expansion de l’Être Suprême évolutionnaire. Il est très possible que nous participions à l’unification expérientielle de beaucoup de phénomènes inexpliqués du temps, mais nous ne sommes pas consciemment certains de fonctionner ainsi. 4. Position par rapport à d’autres influences spirituelles 108:4.1 À part une coordination possible avec d’autres fragments de la Déité, les Ajusteurs sont entièrement seuls dans leur sphère d’activité dans le mental des mortels. En apparence, le Père peut avoir renoncé à tout exercice direct de pouvoir ou d’autorité personnels dans le grand univers par un acte d’abnégation en faveur des Créateurs Suprêmes, enfants des Déités du Paradis. Les Moniteurs de Mystère démontrent éloquemment le fait que, malgré cela, le Père s’est certainement réservé le droit imprescriptible d’être présent dans le mental et l’âme de ses créatures en évolution afin de pouvoir attirer vers lui l’ensemble des créatures, en coordination avec la gravité spirituelle des Fils du Paradis. Quand votre Fils d’effusion du Paradis était encore sur Urantia, il a dit : « Et moi, si je suis élevé, j’attirerai tous les hommes. » Nous reconnaissons et nous comprenons ce pouvoir spirituel d’attraction des Fils du Paradis et de leurs associés créatifs, mais nous ne comprenons pas aussi complètement les méthodes du Père infiniment sage quand il opère dans et à travers les Moniteurs de Mystère qui vivent et travaillent si courageusement dans le mental humain. 108:4.2 Bien que ces mystérieuses présences ne soient pas subordonnées au travail de l’univers des univers, ni coordonnées avec lui, ni apparemment en liaison avec lui, et bien qu’elles agissent indépendamment dans le mental des enfants des hommes, elles poussent constamment les créatures qu’elles habitent vers des idéaux divins, les attirant toujours plus haut vers les buts et desseins d’une vie future et meilleure. Ces Moniteurs de Mystère aident continuellement à établir la domination spirituelle de Micaël dans tout l’univers de Nébadon, tout en contribuant mystérieusement à stabiliser la souveraineté des Anciens des Jours dans Orvonton. Les Ajusteurs sont la volonté de Dieu, et, puisque les Créateurs Suprêmes, enfants de Dieu, incorporent personnellement aussi la même volonté, il est inévitable que les actes des Ajusteurs et la souveraineté des chefs d’univers locaux soient mutuellement interdépendants. Bien que sans liaison apparente, la présence du Père par les Ajusteurs et la souveraineté du Père par Micaël de Nébadon doivent être des manifestations différentes de la même divinité. 108:4.3 Les Ajusteurs de Pensée semblent aller et venir sans tenir le moindre compte de toute autre présence spirituelle ; ils paraissent opérer selon des lois universelles tout à fait différentes de celles qui gouvernent et contrôlent les accomplissements de toutes les autres influences spirituelles. Malgré cette indépendance apparente, les observations à long terme révèlent indiscutablement que les Ajusteurs opèrent dans le mental humain en coordination et en synchronisme parfaits avec tous les autres ministères d’esprit, y compris les esprits-mentaux adjuvats, le Saint-Esprit, l’Esprit de Vérité et d’autres influences. 108:4.4 Quand un monde est isolé par suite de rébellion, quand une planète est coupée de tous les circuits de communications extérieures, comme le fut Urantia après la rébellion de Caligastia, il ne reste, en dehors des messagers personnels, qu’une seule possibilité de communiquer directement avec des planètes et avec l’univers, et c’est par la liaison des Ajusteurs de Pensée des sphères. Quoi qu’il arrive sur un monde ou dans un univers, les Ajusteurs ne sont jamais directement concernés. L’isolement d’une planète n’affecte en aucune manière ni les Ajusteurs ni leur aptitude à communiquer avec n’importe quelle partie de l’univers local, du superunivers ou de l’univers central. C’est pourquoi, sur les mondes en quarantaine, des contacts s’établissent si fréquemment avec les Ajusteurs suprêmes et autonomes du corps de réserve de la destinée. On a recours à cette technique comme moyen de pallier les handicaps de l’isolement planétaire. Au cours des dernières années, le circuit des archanges a fonctionné sur Urantia, mais ce moyen de communication est principalement limité aux affaires propres au groupe des archanges. 108:4.5 Nous sommes au courant de beaucoup de phénomènes spirituels qui se produisent dans le vaste univers et que nous n’arrivons pas à comprendre complètement. Nous ne sommes pas encore maitres de tout ce qui se passe autour de nous ; et je crois qu’une grande partie de ce travail insondable est effectuée par les Messagers de Gravité et par certains types de Moniteurs de Mystère. Je ne crois pas que les Ajusteurs se consacrent uniquement à remodeler le mental humain. Je suis persuadé que les Moniteurs Personnalisés et d’autres ordres d’esprits prépersonnels non révélés représentent le contact direct et inexpliqué du Père Universel avec les créatures des royaumes. 5. La mission de l’Ajusteur 108:5.1 Les Ajusteurs acceptent une mission difficile quand ils s’offrent comme volontaires pour habiter des êtres composites comme ceux qui vivent sur Urantia. Mais ils ont assumé la tâche d’exister dans votre mental, d’y recevoir les recommandations des intelligences spirituelles des royaumes et d’entreprendre de redicter ou de traduire ces messages spirituels au mental matériel. Ils sont indispensables pour l’ascension vers le Paradis. 108:5.2 Ce que l’Ajusteur ne peut utiliser dans votre vie présente, ces vérités qu’il ne peut réussir à transmettre à l’homme de ses fiançailles, il les préservera fidèlement pour les utiliser au cours de votre prochain stade d’existence, de même qu’actuellement il transporte de cercle en cercle les éléments qu’il ne peut incorporer dans l’expérience de son sujet humain, à cause de l’inaptitude ou de la carence de la créature à fournir un degré suffisant de coopération. 108:5.3 Vous pouvez compter sur une chose : les Ajusteurs ne perdront jamais rien de ce qui est confié à leurs soins ; nous n’avons jamais entendu parler de défaillances chez ces aides d’esprit. Les anges et d’autres êtres spirituels de type élevé, y compris les types de Fils des univers locaux, peuvent occasionnellement embrasser le mal, peuvent parfois s’écarter du chemin divin, mais les Ajusteurs ne chancèlent jamais. On peut absolument se fier à eux, et c’est également vrai pour chacun de leurs sept groupes. 108:5.4 Votre Ajusteur est le potentiel de votre nouvel et prochain ordre d’existence, le don anticipé de votre filiation éternelle avec Dieu. Par et avec le consentement de votre volonté, l’Ajusteur a le pouvoir de soumettre les tendances naturelles du mental matériel à l’action transformatrice des motivations et desseins de votre âme morontielle émergente. 108:5.5 Les Moniteurs de Mystère n’aident pas à penser ; ils ajustent la pensée. Ils travaillent avec le mental matériel en vue de construire, par ajustement et spiritualisation, un nouveau mental pour votre carrière future sur de nouveaux mondes et sous un nouveau nom. Leur mission concerne principalement la vie future, et non la présente. On les appelle aides célestes, et non aides terrestres. Ils ne cherchent pas à faciliter la carrière mortelle ; ils s’occupent plutôt de rendre votre vie raisonnablement difficile et accidentée, afin de stimuler et de multiplier vos décisions. La présence d’un grand Ajusteur de Pensée ne vous donne pas une vie facile et ne vous décharge pas d’avoir à penser énergiquement, mais ce don divin devrait vous conférer une sublime paix mentale et une magnifique tranquillité d’esprit. 108:5.6 Vos émotions passagères et toujours changeantes de joie et de tristesse sont surtout des réactions purement humaines et matérielles à votre climat psychique interne et à votre environnement matériel externe. Ne comptez donc pas sur l’Ajusteur pour des consolations égoïstes et un réconfort humain. Son affaire est de vous préparer à l’aventure éternelle, d’assurer votre survie. Le Moniteur de Mystère n’a pas pour mission d’adoucir vos sentiments d’irritation ou de panser votre orgueil blessé. C’est la préparation de votre âme à la longue carrière ascendante qui retient l’attention et occupe le temps de l’Ajusteur. 108:5.7 Je doute de mon aptitude à vous expliquer exactement ce que les Ajusteurs font dans votre mental et pour votre âme. Je ne crois pas savoir complètement ce qui se passe dans l’association cosmique d’un Moniteur divin et d’un mental humain. Cela reste quelque peu mystérieux pour nous, non quant au plan et au dessein, mais quant au mode effectif d’accomplissement. C’est précisément pourquoi nous nous trouvons en face de si grandes difficultés pour donner un nom approprié à ces dons célestes faits aux mortels. 108:5.8 Les Ajusteurs de Pensée aimeraient changer vos sentiments de crainte en convictions d’amour et de confiance, mais ils ne peuvent le faire arbitrairement et mécaniquement ; c’est à vous que cela incombe. En exécutant les décisions qui vous libèrent des entraves de la crainte, vous fournissez littéralement le point d’appui psychique sur lequel l’Ajusteur peut ensuite appliquer le levier spirituel d’une illumination qui vous élève et vous fait progresser. 108:5.9 Quand on en vient aux conflits aigus et bien définis entre les tendances supérieures et inférieures des races, entre ce qui est réellement bien ou mal (et non simplement ce que vous pouvez appeler bien et mal) vous pouvez compter que l’Ajusteur participera toujours nettement et activement à de telles expériences. Le fait que le partenaire humain puisse être inconscient de telles activités de l’Ajusteur ne retire à cette activité rien de sa valeur et de sa réalité. 108:5.10 Si vous avez un gardien personnel de destinée et si vous ne réussissez pas à survivre, cet ange gardien devra être jugé pour recevoir la justification de l’exécution fidèle de sa mission de confiance. Par contre, les Ajusteurs de Pensée ne sont pas soumis ainsi à une enquête quand leurs sujets ne réussissent pas à survivre. Nous savons tous qu’un ange peut parfois manquer de perfection dans son ministère, mais que les Ajusteurs de Pensée travaillent avec la perfection du Paradis ; leur ministère est caractérisé par une technique impeccable qui échappe à toute critique possible par des êtres extérieurs à Divinington. Vous avez des guides parfaits ; c’est pourquoi la perfection est un but certainement accessible. 6. Dieu en l’homme 108:6.1 C’est vraiment une merveille de condescendance divine que des Ajusteurs élevés et parfaits s’offrent pour une existence effective dans le mental des créatures matérielles, telles que les mortels d’Urantia, pour consommer réellement une union probatoire avec des êtres terrestres d’origine animale. 108:6.2 Quel que soit le statut antérieur des habitants d’un monde, consécutivement à l’effusion d’un Fils divin et après l’effusion de l’Esprit de Vérité sur tous les humains, les Ajusteurs accourent en foule sur ce monde pour habiter le mental de toutes les créatures volitives normales. À la suite du parachèvement de la mission d’un Fils d’effusion du Paradis, ces Moniteurs deviennent vraiment le « royaume des cieux en vous ». Par l’effusion des dons divins, le Père s’approche autant qu’il est possible du mal et du péché, car il est littéralement vrai que l’Ajusteur doit coexister dans le mental mortel, même au milieu de l’injustice humaine. Les Ajusteurs intérieurs sont particulièrement tourmentés par les pensées purement égoïstes et viles. Ils sont affligés par l’irrévérence envers ce qui est beau et divin, et ils sont pratiquement contrecarrés dans leur travail par beaucoup d’absurdes peurs animales et anxiétés infantiles des hommes. 108:6.3 Les Moniteurs de Mystère sont indubitablement l’effusion du Père Universel, le reflet de l’image de Dieu projeté dans l’univers. Un grand éducateur avertit jadis les hommes qu’ils devaient être renouvelés dans l’esprit de leur mental, qu’ils devaient devenir des hommes nouveaux, semblables à Dieu, créés en droiture et en parachèvement de la vérité. L’Ajusteur est la marque de la divinité, la présence de Dieu. « L’image de Dieu » ne se rapporte ni à une ressemblance physique ni aux limitations restreintes des facultés des créatures matérielles, mais plutôt au don de la présence spirituelle du Père Universel dans l’effusion céleste des Ajusteurs de Pensée sur les humbles créatures des univers. 108:6.4 L’Ajusteur est la source d’aboutissement spirituel et l’espoir d’avoir en vous un caractère divin. Il est le pouvoir, le privilège et la possibilité de survie qui vous distinguent si entièrement et pour toujours des créatures simplement animales. Il est le stimulus spirituel de la pensée, supérieur et vraiment interne, par opposition au stimulus externe et physique atteignant le mental par le mécanisme nerveux-énergétique du corps matériel. 108:6.5 Ces fidèles conservateurs de la carrière future doublent infailliblement chaque création mentale d’une contrepartie spirituelle ; lentement et sûrement, ils vous recréent tels que vous êtes réellement (mais seulement spirituellement) en vue de la résurrection sur les mondes de survie. Toutes ces délicates recréations spirituelles sont conservées dans la réalité émergente de votre âme immortelle en évolution, votre moi morontiel. Ces réalités existent effectivement, bien que l’Ajusteur soit rarement dans la possibilité d’élever ces reproductions à un niveau suffisant pour les exposer à la lumière de la conscience. 108:6.6 De même que vous en êtes le parent humain, de même l’Ajusteur est le parent divin de votre personne réelle, votre moi supérieur progressant, votre moi morontiel meilleur et votre moi spirituel futur. Et c’est votre âme morontielle évoluante que discernent les juges et les censeurs quand ils décrètent votre survie et qu’ils vous élèvent dans de nouveaux mondes et dans l’existence sans fin en liaison éternelle avec votre fidèle partenaire – Dieu, l’Ajusteur. 108:6.7 Les Ajusteurs sont les ancêtres éternels, les divins originaux de votre âme immortelle en évolution ; ils sont l’impulsion incessante qui conduit l’homme à tenter de maitriser sa présente existence matérielle à la lumière de sa future carrière spirituelle. Les Moniteurs sont les prisonniers d’un espoir invincible, les sources d’une progression perpétuelle. Combien ils sont heureux de communiquer avec leur sujet par des canaux plus ou moins directs ! Quelle immense joie ils éprouvent à se passer de symboles et d’autres méthodes détournées pour adresser directement leurs messages comme des éclairs à l’intellect de leur partenaire humain ! 108:6.8 Vous autres humains, vous avez commencé le déploiement sans fin d’un panorama à peu près infini, une expansion illimitée et perpétuelle dans des sphères toujours plus vastes, vous offrant des occasions de service réjouissant, d’aventures incomparables, d’incertitudes sublimes et d’accomplissements sans bornes. Quand les nuages s’amoncèlent au-dessus de votre tête, votre foi devrait accepter le fait de la présence de l’Ajusteur intérieur, vous devriez donc être capables de regarder au-delà des brouillards de vos incertitudes de mortels, dans la lumière du soleil d’éternelle droiture qui éclaire les hauteurs des mondes des maisons de Satania, ces hauteurs qui vous appellent. 108:6.9 [Présenté par un Messager Solitaire d’Orvonton.] FASCICULE 109. Position des Ajusteurs par rapport aux créatures de l’univers 109:0.1 Les Ajusteurs de Pensée sont les enfants de la carrière universelle, et en vérité il faut que les Ajusteurs vierges acquièrent de l’expérience pendant que les créatures mortelles croissent et se développent. De même que la personnalité de l’enfant grandit pour les luttes de l’existence évolutionnaire, de même l’Ajusteur grandit au cours de l’entrainement préparatoire au stade suivant de la vie ascendante. De même que l’enfant acquiert une flexibilité d’adaptation en vue de ses activités d’adulte en s’adonnant, dans sa prime enfance, à la vie de société et de jeux, de même l’Ajusteur intérieur acquiert de l’habileté, pour le stade suivant de vie cosmique, en préparant et en répétant, sur le plan mortel, les activités préliminaires qui intéressent la carrière morontielle. L’existence humaine constitue une période de pratique, efficacement employée par l’Ajusteur à se préparer aux responsabilités accrues et aux occasions plus importantes d’une vie future. Mais les efforts de l’Ajusteur, pendant qu’il vit en vous, ne sont pas particulièrement tournés vers les affaires de la vie temporelle et de l’existence planétaire. Les Ajusteurs de Pensée font, aujourd’hui, une sorte de répétition générale des réalités de la carrière universelle dans le mental évoluant des êtres humains. 1. Développement des Ajusteurs 109:1.1 Il doit exister un plan complet et minutieux pour former et développer les Ajusteurs vierges avant de les envoyer hors de Divinington, mais en réalité nous ne savons pas grand-chose sur ce sujet. Il existe indubitablement aussi un système étendu pour la réinsertion des Ajusteurs qui ont l’expérience d’avoir habité un mortel, avant qu’ils ne se lancent dans une nouvelle mission d’association avec un autre, mais de cela non plus nous ne sommes pas réellement informés. 109:1.2 Des Ajusteurs Personnalisés m’ont dit que, chaque fois qu’un homme habité par un Moniteur ne réussit pas à survivre, le Moniteur est soumis à un cours d’entrainement complémentaire lors de son retour à Divinington. Cette formation additionnelle est rendue possible par l’expérience d’avoir habité un humain, et elle est toujours donnée avant que l’Ajusteur ne soit renvoyé sur les mondes évolutionnaires du temps. 109:1.3 L’expérience vivante effective n’a pas de substitut cosmique. La perfection de divinité d’un Ajusteur de Pensée nouvellement formé ne dote, en aucune manière, ce Moniteur de Mystère d’une aptitude à remplir un ministère expérimenté. L’expérience est inséparable d’une existence vivante ; elle est la seule chose qu’aucun don divin ne peut vous dispenser d’acquérir par la vie effective. C’est pourquoi, au même titre que tous les êtres qui vivent et fonctionnent dans la sphère présente du Suprême, les Ajusteurs de Pensée doivent acquérir de l’expérience. Il faut qu’ils avancent par évolution, depuis les groupes inférieurs inexpérimentés jusqu’aux groupes supérieurs plus expérimentés. 109:1.4 Les Ajusteurs passent par une carrière précise de développement dans le mental des mortels. Ils atteignent une réalité d’accomplissement qui reste éternellement à leur actif. Ils acquièrent progressivement leur habileté et leurs aptitudes d’Ajusteur à la suite de tous leurs contacts avec les races matérielles, indépendamment de la survie ou de la non-survie de leur sujet mortel particulier. Ils sont aussi associés à égalité avec le mental humain pour stimuler l’évolution de l’âme immortelle capable de survivre. 109:1.5 Les Ajusteurs atteignent leur premier stade d’évolution en fusionnant avec l’âme survivante d’un être mortel. Ainsi, par nature, vous évoluez vers l’intérieur et vers le haut, depuis l’homme jusqu’à Dieu, tandis que les Ajusteurs évoluent vers l’extérieur et vers le bas, depuis Dieu jusqu’à l’homme. Et ainsi le produit final de cette union de divinité et d’humanité sera éternellement le fils de l’homme et le fils de Dieu. 2. Les Ajusteurs autonomes 109:2.1 Vous avez été mis au courant de la classification des Ajusteurs d’après leur expérience – Ajusteurs vierges, avancés et suprêmes. Il faut aussi reconnaitre une certaine classification fonctionnelle – les Ajusteurs autonomes. Un Ajusteur est classé comme autonome si : 109:2.2 1. Il a acquis une certaine expérience nécessaire dans la vie évoluante d’une créature volitive, soit en l’habitant temporairement sur un type de monde où les Ajusteurs sont seulement prêtés aux sujets mortels, soit sur une planète où la fusion est effective, mais où son humain n’a pas réussi à survivre. Ce Moniteur est ou bien un Ajusteur avancé ou bien un Ajusteur suprême. 109:2.3 2. Il a acquis l’équilibre du pouvoir spirituel chez un humain qui a franchi le troisième cercle psychique et s’est vu affecter un ange gardien personnel. 109:2.4 3. Il a un sujet qui a pris la décision suprême, qui s’est solennellement et sincèrement fiancé avec son Ajusteur. L’Ajusteur voit d’avance le moment où la fusion se réalisera et considère l’union comme un fait accompli. 109:2.5 4. Il a un sujet qui a été enrôlé dans l’un des corps de réserve de la destinée sur un monde évolutionnaire d’ascension des mortels. 109:2.6 5. À un moment donné, au cours du sommeil humain, il a été temporairement détaché du mental du mortel, où il était confiné, pour accomplir quelque exploit de liaison, de contact, de réenregistrement ou un autre service extrahumain lié à l’administration spirituelle du monde de son affectation. 109:2.7 6. Il a servi, en temps de crise, dans l’expérience d’un être humain qui était le complément matériel d’une personnalité spirituelle chargée d’accomplir quelque mission cosmique essentielle à l’économie spirituelle de la planète. 109:2.8 Les Ajusteurs autonomes semblent doués de volonté à un degré notable dans toutes les affaires qui n’impliquent pas la personnalité humaine de leur habitat immédiat, ainsi que le prouvent leurs nombreux exploits au-dedans et au-dehors des mortels auxquels ils sont attachés. Ces Ajusteurs participent à de multiples activités du royaume, mais fonctionnent plus souvent comme hôtes non-détectés des tabernacles terrestres qu’ils ont eux-mêmes choisis. 109:2.9 Il est hors de doute que ces Ajusteurs d’un type plus élevé et plus expérimenté peuvent communiquer avec ceux qui travaillent dans d’autres royaumes. Bien que les Ajusteurs autonomes communiquent ainsi effectivement entre eux, ils ne le font que sur les niveaux de leur travail mutuel et dans le but de préserver des données qu’ils doivent conserver et qui sont essentielles au ministère des Ajusteurs dans les royaumes où ils séjournent ; on sait toutefois qu’en certaines occasions, ils ont agi dans des affaires interplanétaires en temps de crise. 109:2.10 Les Ajusteurs suprêmes et autonomes peuvent quitter le corps humain à volonté. Ces habitants ne forment pas une partie organique ou biologique de la vie d’un mortel ; ils se surimposent divinement à cette vie. Ils furent prévus dans les plans de vie originels, mais ne sont pas indispensables à l’existence matérielle. Il est néanmoins bon de noter que, même temporairement, ils quittent rarement leur tabernacle mortel après s’y être une fois installés. 109:2.11 Les Ajusteurs qui agissent sur un plan supérieur sont ceux qui ont achevé triomphalement les tâches qui leur étaient confiées et qui n’attendent plus que la dissolution du véhicule de vie matérielle ou le transfert de l’âme immortelle. 3. Position des Ajusteurs par rapport aux divers types de mortels 109:3.1 Les caractéristiques du travail spécifique des Moniteurs de Mystère varient conformément à la nature de leur affectation, selon qu’ils sont des Ajusteurs de liaison ou des Ajusteurs de fusion. Certains Ajusteurs sont simplement prêtés pour la durée de vie temporelle de leur sujet ; d’autres sont effusés comme candidats à la personnalité avec la permission de fusionner pour l’éternité si leur sujet survit. Leur travail comporte aussi de légères variantes parmi les divers types planétaires ainsi que dans les différents systèmes et univers. Mais, dans l’ensemble, leurs travaux sont remarquablement uniformes, plus uniformes que ne le sont les devoirs de tout autre ordre créé d’êtres célestes. 109:3.2 Sur certains mondes primitifs (le groupe de la première série) les Ajusteurs habitent le mental des créatures à titre d’entrainement expérientiel, principalement pour se cultiver et se développer progressivement. Des Ajusteurs vierges sont généralement envoyés à ces mondes pendant la période initiale où les hommes primitifs arrivent dans la vallée des décisions, mais où relativement peu d’entre eux choisissent de s’élever à des hauteurs morales dépassant la maitrise de soi et l’acquisition du caractère, pour atteindre les niveaux supérieurs de la spiritualité émergente. (Toutefois, beaucoup d’humains qui ne réussissent pas à fusionner avec leur Ajusteur survivront comme ascendeurs fusionnés avec l’Esprit.) Les Ajusteurs reçoivent un entrainement précieux et acquièrent une expérience merveilleuse au cours de leur association transitoire avec le mental primitif, et ils peuvent utiliser ultérieurement cette expérience au profit d’êtres supérieurs sur d’autres mondes. Rien de ce qui a une valeur de survie n’est jamais perdu dans le vaste univers. 109:3.3 Sur un autre type de monde (le groupe de la deuxième série), les Ajusteurs sont simplement prêtés aux êtres humains. Là, les Moniteurs ne peuvent jamais atteindre la personnalité par fusion au moyen de ce séjour, mais ils apportent une aide considérable à leurs sujets humains pendant la vie mortelle de ces derniers, beaucoup plus qu’ils ne peuvent en donner aux mortels d’Urantia. En l’espèce, les Ajusteurs sont détachés auprès des créatures mortelles pour la durée d’une seule vie, comme modèles pour leur aboutissement spirituel supérieur. Ils servent d’auxiliaires temporaires dans la tâche mystérieuse de perfectionner un caractère susceptible de survivre. Les Ajusteurs ne reviennent pas après la mort naturelle ; ces mortels survivants atteignent la vie éternelle par fusion avec l’Esprit. 109:3.4 Sur des mondes tels qu’Urantia (le groupe de la troisième série), il y a de vraies fiançailles avec les dons divins, un engagement pour la vie et pour la mort. Si vous survivez, il se produira une union éternelle, une fusion perpétuelle, la réunion en un seul être de l’homme et de l’Ajusteur. 109:3.5 Chez les mortels tricérébraux de cette série de mondes, les Ajusteurs parviennent à établir un contact effectif beaucoup plus étendu avec leurs sujets pendant leur vie temporelle que dans le cas des types humains monocérébraux ou bicérébraux. Mais, après la mort, les types tricérébraux poursuivent leur carrière exactement comme les êtres à un ou deux cerveaux – à la manière des races d’Urantia. 109:3.6 Sur les mondes où les humains sont bicérébraux, et après le séjour d’un Fils d’effusion du Paradis, il est rare que des Ajusteurs vierges soient affectés à des personnes dont la capacité à survivre est indubitable. Nous croyons que, sur ces mondes, pratiquement tous les Ajusteurs, habitant des hommes et des femmes intelligents et ayant la capacité de survie, appartiennent au type avancé ou au type suprême. 109:3.7 Dans beaucoup de races évolutionnaires primitives d’Urantia, il existait trois groupes d’êtres. Premièrement, ceux qui étaient si proches des animaux que la capacité à recevoir un Ajusteur leur faisait totalement défaut. Deuxièmement, ceux qui montraient à ce sujet une capacité incontestable et qui recevaient rapidement un Ajusteur dès qu’ils atteignaient l’âge de la responsabilité morale. Une troisième classe d’hommes occupait une position frontière ; ils étaient aptes à recevoir des Ajusteurs, mais les Moniteurs ne pouvaient habiter leur mental que sur requête personnelle de chaque individu. 109:3.8 Bien des Ajusteurs vierges ont acquis une précieuse expérience préliminaire en prenant contact avec le mental évolutionnaire chez des êtres pratiquement disqualifiés pour la survie, par suite des tares héréditaires provenant d’ancêtres inaptes et inférieurs. Ces Ajusteurs se sont ainsi mieux qualifiés pour être affectés ultérieurement à un mental d’un type supérieur sur quelque autre monde. 4. Les Ajusteurs et la personnalité humaine 109:4.1 Les formes supérieures d’intercommunication intelligente entre les êtres humains sont grandement aidées par les Ajusteurs intérieurs. Les animaux éprouvent effectivement des affinités entre eux, mais ne se communiquent pas de concepts les uns aux autres ; ils peuvent exprimer des émotions, mais non des idées ni des idéaux. Avant d’avoir reçu des Ajusteurs de Pensée, les hommes d’origine animale n’ont pas non plus de rapports intellectuels d’un type supérieur, ni de communion spirituelle avec leurs compagnons. Toutefois, quand les créatures évolutionnaires développent leur faculté de parole, elles sont sur la bonne voie pour recevoir des Ajusteurs. 109:4.2 Les animaux communiquent effectivement entre eux d’une manière grossière, mais il n’y a que peu ou pas de personnalité dans ce contact primitif. Les Ajusteurs ne sont pas la personnalité, mais des êtres prépersonnels. Toutefois, ils viennent de la source de la personnalité, et leur présence accroit la qualité des manifestations de la personnalité humaine ; cela est spécialement vrai si l’Ajusteur a eu des expériences antérieures. 109:4.3 Le type d’Ajusteur a beaucoup d’influence sur le potentiel d’expression de la personnalité humaine. Au cours de tous les âges, beaucoup de grands dirigeants intellectuels et spirituels d’Urantia ont principalement dû leur influence à la supériorité et à l’expérience préalable de leur Ajusteur intérieur. 109:4.4 Les Ajusteurs intérieurs ont coopéré, dans une large mesure, avec d’autres influences spirituelles pour transformer et humaniser les descendants des hommes primitifs des anciens temps. Si les Ajusteurs habitant le mental des habitants d’Urantia venaient à être retirés, le monde reviendrait lentement à beaucoup de mœurs et de pratiques des hommes des âges primitifs. Les Moniteurs divins sont l’un des vrais potentiels de la civilisation progressive. 109:4.5 J’ai observé un Ajusteur de Pensée habitant un mental sur Urantia et qui, d’après les archives d’Uversa, avait antérieurement habité quinze penseurs d’Orvonton. Nous ne savons pas si ce Moniteur avait eu des expériences similaires dans d’autres superunivers, mais je le suppose. Il est un Ajusteur merveilleux et l’une des forces d’Urantia les plus utiles et les plus puissantes de la présente époque. Ce que d’autres ont perdu pour avoir refusé de survivre, l’hôte humain de cet Ajusteur (et votre monde entier) en profite maintenant. À celui qui n’a pas les qualités de survie, on ôtera même l’Ajusteur expérimenté qu’il a maintenant ; tandis qu’à celui qui a des perspectives de survie, on donnera même l’Ajusteur préexpérimenté d’un déserteur indolent. 109:4.6 Dans un sens, il se peut que les Ajusteurs entretiennent un certain degré de fécondation croisée au niveau planétaire dans les domaines de la vérité, de la beauté et de la bonté, mais il est rare qu’on leur donne l’occasion d’habiter une seconde fois sur la même planète. Nul Ajusteur servant actuellement sur Urantia n’a séjourné précédemment sur ce monde. Je sais de quoi je parle, car nous avons leur numéro et leur curriculum dans les archives d’Uversa. 5. Handicaps matériels au séjour de l’Ajusteur 109:5.1 Les Ajusteurs suprêmes et autonomes sont souvent en mesure d’apporter des facteurs spirituellement importants au mental humain quand il se laisse aller librement dans les canaux débloqués, mais contrôlés, de l’imagination créatrice. À ces moments, et parfois durant le sommeil, l’Ajusteur peut arrêter les courants mentaux, en bloquer le cours, et détourner ainsi la procession des idées. Tout cela est destiné à effectuer de profondes transformations spirituelles dans les replis supérieurs de la superconscience. Les forces et énergies du mental sont ainsi plus complètement ajustées à la clé des tonalités de contact du niveau spirituel du présent et de l’avenir. 109:5.2 Il est parfois possible d’avoir votre mental illuminé, d’entendre la voix divine qui parle continuellement en vous et de devenir ainsi partiellement conscient de la sagesse, de la vérité, de la bonté et de la beauté de la personnalité potentielle qui vous habite constamment. 109:5.3 Mais vos attitudes mentales instables et souvent changeantes ont fréquemment pour effet de contrecarrer les plans des Ajusteurs et d’interrompre leur travail. Ce n’est pas seulement la nature innée des races humaines qui interfère avec le travail des Ajusteurs, mais vos propres opinions préconçues, idées arrêtées et préjugés surannés retardent aussi grandement leur ministère. À cause de ces handicaps, leurs créations inachevées sont souvent seules à émerger dans la conscience ; la confusion des concepts est alors inévitable. C’est pourquoi, dans l’analyse des situations mentales, on ne trouve la sécurité qu’en reconnaissant chaque pensée et chaque expérience exactement pour ce qu’elle est réellement et fondamentalement, sans tenir le moindre compte de ce qu’elle aurait pu être. 109:5.4 Le grand problème de la vie consiste à ajuster les tendances ancestrales de vie aux exigences des impulsions spirituelles provoquées par la présence divine du Moniteur de Mystère. Dans les carrières de l’univers et du superunivers, nul homme ne peut servir deux maitres à la fois, mais, dans la vie que vous vivez présentement sur Urantia, chaque homme est obligé de le faire. Il doit devenir expert dans l’art de pratiquer un compromis humain continu et temporel, tout en n’obéissant spirituellement qu’à un maitre. C’est pourquoi tant de personnes trébuchent et échouent, se fatiguent et succombent sous la tension de la lutte évolutionnaire. 109:5.5 Le legs héréditaire des facultés cérébrales et celui du supercontrôle électrochimique concourent tous deux à délimiter la sphère d’activité efficace d’un Ajusteur, mais nul handicap héréditaire n’empêche jamais (dans un mental normal) l’accomplissement spirituel final. L’hérédité peut intervenir dans la rapidité de conquête de la personnalité, mais elle n’empêche pas la consommation finale de l’aventure ascendante. Si vous voulez bien coopérer avec votre Ajusteur, tôt ou tard il développera l’âme morontielle immortelle. Après fusion avec cette âme, le don divin présentera la nouvelle créature au Maitre Fils souverain de l’univers local et, en fin de compte, au Père des Ajusteurs au Paradis. 6. La persistance des vraies valeurs 109:6.1 Les Ajusteurs n’échouent jamais. Rien de ce qui mérite de survivre n’est jamais perdu. Toute valeur significative chez une créature volitive est certaine de survivre, indépendamment de la survie ou de la non-survie de la personnalité qui a découvert cette signification ou estimé cette valeur. Certes, une créature mortelle peut rejeter la survie, mais l’expérience de sa vie n’est pas gaspillée. L’Ajusteur éternel emporte dans un autre monde les caractéristiques valables de cette vie apparemment ratée et là, il confère ces significations et valeurs survivantes à un mental de type plus élevé, à un mental apte à survivre. Nulle expérience valable n’a jamais lieu en vain ; nulle vraie signification, nulle valeur réelle ne périt jamais. 109:6.2 En ce qui concerne les candidats à la fusion, si un Moniteur de Mystère est déserté par son associé mortel, si ce partenaire humain refuse de poursuivre la carrière ascendante, alors, au moment où il est libéré par la mort naturelle (ou auparavant), l’Ajusteur emporte tout ce qui a une valeur de survie et qui a évolué dans le mental de la créature non survivante. Si, à maintes reprises, un Ajusteur ne réussissait pas à fusionner avec une personnalité parce que ses sujets humains successifs n’ont pas survécu, et si ce Moniteur venait ultérieurement à être personnalisé, toute l’expérience acquise pour avoir habité et maitrisé le mental de tous ces sujets deviendrait la pleine possession de cet Ajusteur nouvellement Personnalisé ; il bénéficiera de cette dotation et l’emploiera au cours de tous les âges futurs. Un Ajusteur Personnalisé de cet ordre est un assemblage composite de tous les traits survivants de toutes les créatures qui furent ses hôtes. 109:6.3 Quand des Ajusteurs ayant une longue expérience de l’univers s’offrent volontairement pour habiter des Fils divins en mission d’effusion, ils savent parfaitement que ce service, par lui-même, ne leur permettra jamais d’atteindre la personnalité. Mais le Père des esprits octroie souvent la personnalité à ces volontaires et les établit comme dirigeants de leur espèce. Ce sont ces personnalités qui, sur Divinington, ont l’honneur de se voir conférer de l’autorité. Leur nature exceptionnelle incorpore une mosaïque de qualités humaines provenant de leurs multiples expériences d’habitation chez des mortels, et aussi la transcription spirituelle de la divinité humaine du Fils d’effusion du Paradis avec lequel ils ont terminé leur expérience d’habitation. 109:6.4 Les activités des Ajusteurs dans votre univers local sont dirigées par l’Ajusteur Personnalisé de Micaël de Nébadon, le même Moniteur qui le guida pas à pas au cours de sa vie humaine dans la chair de Joshua ben Joseph. Cet extraordinaire Ajusteur fut fidèle à sa mission. Ce vaillant Moniteur dirigea sagement la nature humaine du Fils Paradisiaque en guidant toujours son mental mortel dans le choix du sentier de la parfaite volonté du Père. Cet Ajusteur avait servi auparavant chez Machiventa Melchizédek au temps d’Abraham ; il s’était lancé dans des exploits prodigieux avant de l’habiter, et aussi dans l’intervalle de ces expériences d’effusion. 109:6.5 Cet Ajusteur triompha réellement dans le mental humain de Jésus – ce mental qui maintint, dans chacune des situations récurrentes de la vie, une consécration dévouée à la volonté du Père en disant : « Que ta volonté soit faite, et non la mienne. » Une telle consécration décisive constitue le vrai passeport pour franchir les limitations de la nature humaine vers la finalité de l’aboutissement divin. 109:6.6 Ce même Ajusteur reflète maintenant, dans la nature inscrutable de sa puissante personnalité, l’humanité de Joshua ben Joseph antérieure à son baptême, l’éternelle et vivante transcription des valeurs éternelles et vivantes que le plus grand de tous les Urantiens a fait surgir des humbles circonstances d’une vie ordinaire, telle qu’elle fut vécue jusqu’à épuisement total des valeurs spirituelles susceptibles d’être atteintes dans l’expérience d’un mortel. 109:6.7 Toute chose ayant une valeur permanente et qui est confiée à un Ajusteur est assurée d’une survie éternelle. Dans certains cas, les Moniteurs détiennent ces possessions pour les effuser dans l’avenir sur un mental humain qu’ils habiteront. Dans d’autres cas, les Moniteurs, une fois personnalisés, conservent en dépôt ces réalités préservées et survivantes pour les employer plus tard au service des Architectes du Maitre Univers. 7. Destinée des Ajusteurs Personnalisés 109:7.1 Nous ne pouvons affirmer que des fragments non Ajusteurs du Père soient personnalisables, mais vous avez été informés que la personnalité est conférée par le Père Universel agissant souverainement dans son libre arbitre. Autant que nous le sachions, les fragments du Père du type Ajusteur n’atteignent la personnalité qu’en acquérant des attributs personnels par l’exercice de leur ministère de service auprès d’un être personnel. Ces Ajusteurs Personnalisés ont leur foyer à Divinington, où ils instruisent et dirigent leurs associés prépersonnels. 109:7.2 Les Ajusteurs de Pensée Personnalisés, dépourvus d’entraves et d’affectation, sont les stabilisateurs et compensateurs souverains de l’immense univers des univers. Ils conjuguent l’expérience du Créateur et des créatures. Ils sont l’existentiel et l’expérientiel. Ils sont des êtres issus conjointement du temps et de l’éternité. Ils associent le facteur prépersonnel et le facteur personnel dans l’administration de l’univers. 109:7.3 Les Ajusteurs Personnalisés sont les infiniment sages et puissants agents d’exécution des Architectes du Maitre Univers. Ils sont les agents personnels du plein ministère du Père Universel – personnel, prépersonnel et superpersonnel. Ils sont les ministres personnels de tout ce qui est extraordinaire, inaccoutumé et inattendu dans tous les royaumes des sphères absonites transcendantales du domaine de Dieu l’Ultime, même jusqu’aux niveaux de Dieu l’Absolu. 109:7.4 Ils sont les seuls êtres des univers qui embrassent en eux-mêmes toutes les relations connues de personnalité. Ils sont omnipersonnels – ils sont avant la personnalité, ils sont la personnalité et ils sont après la personnalité. Comme dans l’éternel passé, ils administrent la personnalité du Père Universel dans l’éternel présent et dans l’éternel futur. 109:7.5 Le Père a donné au Fils Éternel la personnalité existentielle sur les niveaux de l’infini et de l’absolu, mais il a choisi de réserver pour son propre ministère la personnalité expérientielle propre à l’Ajusteur Personnalisé, personnalité qui est donnée à l’Ajusteur prépersonnel existentiel. Ces deux types de personnalité sont donc destinés à la superpersonnalité éternelle future du ministère transcendantal dans les royaumes absonites de l’Ultime et du Suprême-Ultime, allant même jusqu’aux niveaux de l’Ultime-Absolu. 109:7.6 Il est rare de voir des Ajusteurs Personnalisés sans mission dans les univers. À l’occasion, ils entrent en consultation avec les Anciens des Jours ; les Ajusteurs Personnalisés des septuples Fils Créateurs viennent parfois sur les mondes-sièges des constellations pour conférer avec les chefs Vorondadeks. 109:7.7 Quand l’observateur planétaire Vorondadek d’Urantia – le Très Haut conservateur qui assuma d’urgence, il y a peu de temps, la régence de votre monde – affirma son autorité en présence du gouverneur général résident, il débuta dans son administration provisoire d’Urantia avec une équipe complète de son choix. Il attribua immédiatement, à tous ses associés et assistants, leurs postes planétaires respectifs, mais ce ne fut pas lui qui désigna les trois Ajusteurs Personnalisés qui apparurent devant lui aussitôt qu’il assuma la régence. Il ne savait même pas qu’ils apparaitraient ainsi, car ils n’avaient pas manifesté ainsi leur divine présence à l’époque d’une régence antérieure. Le Très Haut régent ne donna pas de mission et n’attribua pas de tâches à ces Ajusteurs Personnalisés volontaires. Néanmoins, ces trois êtres omnipersonnels comptèrent parmi les plus actifs des êtres célestes nombreux et variés servant alors sur Urantia. 109:7.8 Les Ajusteurs Personnalisés accomplissent une vaste gamme de services pour de nombreux ordres de personnalités de l’univers, mais nous ne sommes pas autorisés à discuter de ces ministères avec des créatures évolutionnaires habitées par des Ajusteurs. Ces extraordinaires divinités humaines comptent parmi les personnalités les plus remarquables de tout le grand univers, et nul n’ose prédire ce que pourront être leurs missions futures. 109:7.9 [Présenté par un Messager Solitaire d’Orvonton.] FASCICULE 110. Position des Ajusteurs par rapport aux mortels individuels 110:0.1 Le don de la liberté à des êtres imparfaits implique inévitablement des tragédies, et il entre dans la nature de la parfaite Déité ancestrale de partager universellement et affectueusement ces souffrances avec un amour fraternel. 110:0.2 Dans la mesure où je suis au courant des affaires d’un univers, je considère l’amour et la dévotion d’un Ajusteur de Pensée comme l’affection la plus véritablement divine de toute la création. L’amour des Fils dans leur ministère auprès des races est magnifique, mais la dévotion d’un Ajusteur à un individu est d’une sublimité émouvante, divinement semblable à celle du Père. Le Père du Paradis semble avoir réservé cette forme de contact personnel avec ses créatures individuelles comme une prérogative exclusive de Créateur. Et, dans tout l’univers des univers, rien n’est exactement comparable au ministère merveilleux de ces entités impersonnelles qui habitent d’une manière si enchanteresse les enfants des planètes évolutionnaires. 1. L’habitation du mental humain 110:1.1 Il ne faudrait pas imaginer les Ajusteurs comme vivant dans le cerveau matériel des êtres humains. Ils ne sont pas des éléments organiques des créatures physiques des royaumes. Il est préférable d’envisager les Ajusteurs de Pensée comme habitant le mental mortel de l’homme plutôt que confinés dans un organe physique déterminé. Indirectement et sans être reconnu, l’Ajusteur communique constamment avec son sujet humain, spécialement au cours de ces expériences sublimes où le mental prend, dans la superconscience, un contact d’adoration avec l’esprit. 110:1.2 Je voudrais qu’il me soit possible d’aider les mortels évoluants à mieux comprendre et à apprécier plus pleinement le splendide et généreux travail des Ajusteurs qui vivent en eux et qui manifestent une dévotion si fidèle dans la tâche de promouvoir le bien-être spirituel des hommes. Les Moniteurs apportent un appui efficace aux phases supérieures du mental humain. Ils manient avec sagesse et expérience le potentiel spirituel de l’intellect humain. Ces aides célestes se vouent à la tâche prodigieuse de vous guider en sécurité, vers l’intérieur et vers le haut, jusqu’au havre céleste du bonheur. Ces travailleurs infatigables se consacrent à la personnification future du triomphe de la vérité divine dans votre vie éternelle. Ils sont les ouvriers vigilants qui pilotent le mental humain conscient de Dieu, en lui évitant de s’enliser dans le mal, tout en guidant habilement l’âme évoluante des hommes vers les divins havres de la perfection sur des rivages éternels et lointains. Les Ajusteurs sont des conducteurs aimants, vos guides sûrs et certains à travers les dédales obscurs et hasardeux de votre brève carrière terrestre. Ils sont les patients éducateurs qui encouragent constamment leurs sujets à avancer dans les sentiers de la perfection progressive. Ils sont les conservateurs soigneux des valeurs sublimes du caractère des créatures. Je souhaite que vous puissiez les aimer davantage, coopérer plus largement avec eux et les chérir avec plus d’affection. 110:1.3 Bien que ces habitants divins s’occupent principalement de votre préparation spirituelle au prochain stade de l’existence sans fin, ils s’intéressent profondément aussi à votre bien-être temporel et à vos accomplissements réels sur terre. Ils sont ravis de contribuer à votre santé, à votre bonheur et à votre vraie prospérité. Ils ne sont nullement indifférents à votre réussite dans toutes les affaires de progression planétaire qui ne s’opposent pas à votre vie future de progrès éternel. 110:1.4 Les Ajusteurs sont intéressés et concernés par vos actes quotidiens et par les multiples détails de votre vie, dans la mesure exacte où ces actes et détails ont de l’influence pour déterminer vos choix temporels significatifs et vos décisions spirituelles vitales, et sont, en conséquence, des facteurs dans la solution du problème de la survie de votre âme et de votre progrès éternel. L’Ajusteur est passif en ce qui concerne votre bien-être purement temporel, mais divinement actif dans toutes les affaires touchant à votre éternel futur. 110:1.5 L’Ajusteur reste avec vous dans tous les désastres et pendant toutes les maladies qui ne détruisent pas entièrement les fonctions mentales. N’est-il pas cruel de souiller consciemment ou de polluer délibérément de quelque autre manière le corps physique qui doit servir de tabernacle terrestre à ce merveilleux don de Dieu ? Tous les poisons physiques retardent grandement les efforts des Ajusteurs pour exalter le mental matériel et, par ailleurs, tous les poisons mentaux, tels que la peur, la colère, l’envie, la jalousie, la suspicion et l’intolérance, interfèrent prodigieusement aussi avec le progrès spirituel de l’âme évoluante. 110:1.6 Vous traversez aujourd’hui la période où votre Ajusteur vous courtise. Il suffit que vous vous montriez digne de la confiance mise en vous par l’esprit divin, qui recherche votre mental et votre âme en vue d’une union éternelle, pour que s’établisse finalement cette unité morontielle, cette harmonie céleste, cette coordination cosmique, cet accord divin, cette fusion céleste, ce mélange perpétuel d’identité, cette unité d’être, qui est si parfaite et définitive que même les personnalités les plus expérimentées ne peuvent jamais dissocier ni reconnaitre, comme identités séparées, les deux partenaires fusionnés – l’homme mortel et l’Ajusteur divin. 2. Les Ajusteurs et la volonté humaine 110:2.1 Quand des Ajusteurs de Pensée habitent le mental humain, ils apportent avec eux les carrières modèles, les vies idéales, telles qu’elles ont été déterminées et préordonnées par eux-mêmes et les Ajusteurs Personnalisés de Divinington, et dont la validité a été confirmée par l’Ajusteur Personnalisé d’Urantia. Ils commencent donc à travailler avec un plan défini et prédéterminé pour le développement intellectuel et spirituel de leur sujet humain, mais nul être humain n’est obligé d’accepter ce plan. Vous êtes tous des sujets prédestinés, mais il n’est pas ordonné d’avance que vous deviez accepter cette prédestination divine. Vous êtes pleinement libres de rejeter tout ou partie du programme des Ajusteurs de Pensée. Leur mission est d’effectuer les changements mentaux et les ajustements spirituels que vous autorisez volontiers et intelligemment ; ils cherchent ainsi à gagner plus d’influence sur l’orientation de votre personnalité. Mais, en aucune circonstance, les Moniteurs divins ne tirent avantage de vous et n’influencent arbitrairement vos choix et vos décisions. Les Ajusteurs respectent la souveraineté de votre personnalité ; ils se soumettent toujours à votre volonté. 110:2.2 Ils sont persévérants, ingénieux et parfaits dans leurs méthodes de travail, mais ne font jamais violence à l’individualité volitive de leurs hôtes. Nul être humain ne sera jamais spiritualisé contre sa volonté par un Moniteur divin ; la survie est un don des Dieux qui doit être désiré par les créatures du temps. En dernière analyse, quoi que votre Ajusteur ait réussi à faire pour vous, les annales montreront que la transformation a été accomplie avec votre consentement coopératif. Vous aurez été volontairement un partenaire de l’Ajusteur pour atteindre chaque étape de la prodigieuse transformation de la carrière ascensionnelle. 110:2.3 L’Ajusteur ne cherche pas à contrôler votre pensée en tant que telle, mais plutôt à la spiritualiser, à lui donner un caractère éternel. Ni les anges ni les Ajusteurs ne s’occupent directement d’influencer la pensée humaine ; c’est exclusivement la prérogative de votre personnalité. Les Ajusteurs se consacrent à améliorer, modifier, ajuster et coordonner vos modes de pensées. Toutefois, ils travaillent plus spécialement et spécifiquement à bâtir une contrepartie spirituelle à votre carrière, une transcription morontielle de votre véritable moi en progression, en vue de le faire survivre. 110:2.4 Les Ajusteurs opèrent sur les niveaux supérieurs du mental humain, cherchant sans cesse à créer des répliques morontielles de chaque concept de l’intellect mortel. Il y a donc deux réalités qui sont centrées sur les circuits du mental humain et qui empiètent sur ces circuits : l’une est un moi mortel issu par évolution des plans originels des Porteurs de Vie, l’autre est une entité immortelle venant des hautes sphères de Divinington, un don intérieur de Dieu. Mais le moi mortel est également un moi personnel ; il est doté de la personnalité. 110:2.5 En tant que créature personnelle, vous avez un mental et une volonté. En tant que créature prépersonnelle, l’Ajusteur a un prémental et une prévolonté. Si vous vous conformez si complètement au mental de l’Ajusteur que vos vues sont parfaitement accordées, alors votre mental et le sien n’en forment plus qu’un, et le vôtre est renforcé par celui de l’Ajusteur. Ensuite, si votre volonté ordonne et met à exécution les décisions de ce mental nouveau et conjugué, la volonté prépersonnelle de l’Ajusteur atteint, grâce à votre décision, une expression de personnalité et, en ce qui concerne ce projet particulier, vous et l’Ajusteur ne faites plus qu’un. Votre mental s’est accordé avec la divinité, et la volonté de l’Ajusteur est parvenue à une expression de personnalité. 110:2.6 Dans la mesure où cette identité est réalisée, vous vous rapprochez mentalement de l’ordre morontiel d’existence. Le terme mental morontiel signifie substance et somme d’un mental de nature matérielle et d’un autre de nature spirituelle en coopération. L’intellect morontiel implique donc, dans l’univers local, un double mental dominé par une seule volonté. Chez les mortels, c’est une volonté d’origine humaine qui devient divine quand l’homme identifie son mental humain avec la qualité mentale de Dieu. 3. Coopération avec l’Ajusteur 110:3.1 Les Ajusteurs jouent le jeu sacré et magnifique des âges ; ils sont engagés dans l’une des aventures suprêmes du temps dans l’espace. Combien ils sont heureux quand votre coopération leur permet de vous prêter assistance dans vos brèves luttes temporelles pendant qu’ils continuent à poursuivre leurs plus vastes tâches d’éternité ! Mais, quand votre Ajusteur essaye de communiquer avec vous, son message se perd généralement dans le flux matériel des courants d’énergie du mental humain ; ce n’est qu’occasionnellement que vous recueillez un écho, un faible et lointain écho de la voix divine. 110:3.2 Votre Ajusteur entreprend de vous piloter à travers la vie terrestre et de mener à bonne fin votre survie. Sa réussite ne dépend pas tant des théories de vos croyances que de vos décisions, de vos déterminations et de la fermeté de votre foi. Tous ces mouvements de croissance de la personnalité deviennent des influences puissantes qui contribuent à votre avancement, parce qu’ils vous aident à coopérer avec l’Ajusteur et à cesser de lui résister. Dans leurs entreprises terrestres, les Ajusteurs de Pensée réussissent ou subissent un échec apparent dans la mesure exacte où les mortels réussissent ou ne réussissent pas à coopérer avec le plan destiné à les élever le long du sentier ascendant aboutissant à la perfection. Le secret de la survie est enveloppé dans le suprême désir des hommes d’être semblables à Dieu, et dans la bonne volonté correspondante de faire et d’être tout ce qui est essentiel pour satisfaire finalement ce désir dominant. 110:3.3 Quand nous parlons du succès ou de l’échec d’un Ajusteur, nous parlons du point de vue de la survie humaine. Les Ajusteurs n’échouent jamais ; ils sont d’essence divine et sortent toujours triomphants de chacune de leurs entreprises. 110:3.4 Je suis forcé de constater que beaucoup d’entre vous dépensent tellement de temps et d’efforts mentaux pour les choses insignifiantes de la vie, alors que vous négligez à peu près entièrement les réalités plus essentielles qui ont une importance éternelle, précisément ces accomplissements qui concernent l’établissement d’un accord de travail plus harmonieux entre vous et votre Ajusteur. Le grand but de l’existence humaine consiste à se mettre au diapason de la divinité de l’Ajusteur intérieur. Le grand accomplissement de la vie de mortel est d’arriver à se consacrer vraiment et intelligemment aux buts éternels de l’esprit divin qui attend et travaille dans votre mental. Mais un effort dévoué et déterminé pour accomplir la destinée éternelle est entièrement compatible avec l’allégresse et la joie de vivre, et avec une carrière terrestre honorable et réussie. La coopération avec l’Ajusteur de Pensée n’implique pas qu’il faille se torturer, faire semblant d’être pieux ou s’humilier d’une façon hypocrite et ostentatoire. La vie idéale consiste à servir avec amour, plutôt qu’à mener une existence d’appréhension craintive. 110:3.5 Le fait d’être déconcerté, perplexe, et même quelquefois découragé et déchiré, ne signifie pas nécessairement que l’on résiste à la gouverne de l’Ajusteur intérieur. Ces attitudes dénotent parfois un manque de coopération active avec le Moniteur divin et peuvent donc retarder quelque peu les progrès spirituels, mais, pour l’âme qui connait Dieu, de telles difficultés émotives intellectuelles n’interfèrent pas le moins du monde avec la certitude de survivre. L’ignorance à elle seule ne peut jamais empêcher la survie, pas plus que les doutes confusionnels ou l’incertitude craintive. Seule la résistance consciente à la gouverne de l’Ajusteur peut empêcher la survie de l’âme immortelle en évolution. 110:3.6 Il ne faut pas considérer la coopération avec votre Ajusteur comme un processus particulièrement conscient, car il ne l’est pas. Ce sont vos mobiles et vos décisions, vos fidèles déterminations et vos suprêmes désirs, qui constituent une coopération réelle et efficace. Vous pouvez accroitre consciemment l’harmonie avec l’Ajusteur : 110:3.7 1. En choisissant de répondre à l’appel de la gouverne divine, en basant sincèrement votre vie humaine sur votre plus haute conscience de la vérité, de la beauté et de la bonté, et ensuite en coordonnant ces qualités de divinité par la sagesse, l’adoration, la foi et l’amour. 110:3.8 2. En aimant Dieu et en désirant lui ressembler – par la récognition sincère de la paternité divine et l’adoration aimante du Parent céleste. 110:3.9 3. En aimant les hommes et en désirant sincèrement les servir – par la récognition de tout cœur de la fraternité humaine doublée d’une affection sage et intelligente pour chacun de vos compagnons mortels. 110:3.10 4. En acceptant joyeusement la citoyenneté cosmique – en reconnaissant honnêtement vos obligations progressives envers l’Être Suprême, en ayant conscience de l’interdépendance entre l’homme évolutionnaire et la Déité évoluante. C’est la naissance de la moralité cosmique et l’éveil de la réalisation du devoir universel. 4. Le travail de l’Ajusteur dans le mental 110:4.1 Les Ajusteurs sont capables de recevoir le courant continu d’intelligence cosmique arrivant par les maitres circuits du temps et de l’espace. Ils ont pleinement contact avec l’intelligence et l’énergie spirituelles des univers. Toutefois, ces puissants habitants intérieurs sont incapables de transmettre beaucoup de ces trésors de sagesse et de vérité au mental de leurs sujets mortels, par suite du manque de nature commune et de l’absence de récognition sensible. 110:4.2 L’Ajusteur de Pensée est engagé dans un effort constant pour spiritualiser votre mental de manière à faire évoluer votre âme morontielle, mais vous restez vous-même presque inconscient de ce ministère intérieur. Vous êtes tout à fait incapable de distinguer les fruits de votre propre intellect matériel de ceux des activités conjointes de votre âme et de votre Ajusteur. 110:4.3 Certaines présentations abruptes de pensées, certaines conclusions et certaines autres images mentales sont parfois l’œuvre directe ou indirecte de l’Ajusteur ; mais, bien plus souvent, elles représentent l’émergence soudaine, dans la conscience, d’idées qui s’étaient groupées elles-mêmes sur les niveaux mentaux subconscients, ou bien d’évènements naturels et banals de la fonction psychique normale et ordinaire, inhérente aux circuits du mental animal en évolution. (En contraste avec ces émanations subconscientes, les révélations de l’Ajusteur apparaissent dans les domaines de la superconscience.) 110:4.4 Confiez à la garde des Ajusteurs toutes les affaires mentales qui dépassent le niveau ordinaire de la conscience. En temps utile, sinon dans ce monde, du moins dans les mondes des maisons, ils vous rendront largement compte de leur gestion et feront finalement apparaitre les significations et valeurs que vous aurez confiées à leur garde et à leurs soins. Si vous survivez, ils ressusciteront chaque trésor valable de votre mental mortel. 110:4.5 Il existe un immense abime entre l’humain et le divin, entre l’homme et Dieu. Les races d’Urantia sont si largement contrôlées par des processus électriques et chimiques, leur comportement ordinaire ressemble tellement à celui des animaux, leurs réactions habituelles sont si émotives qu’il devient extrêmement difficile aux Moniteurs de les guider et de les diriger. Vous êtes tellement dénués de courage dans les décisions et de dévouement dans la coopération, que vos Ajusteurs intérieurs se trouvent à peu près dans l’impossibilité de communiquer directement avec le mental humain. Même quand ils arrivent à faire percevoir une lueur de vérité nouvelle à l’âme humaine évoluante, cette révélation spirituelle aveugle souvent la créature au point de provoquer une crise de fanatisme ou de déclencher quelque autre bouleversement intellectuel ayant des résultats désastreux. Bien des religions nouvelles et d’étranges cultes en « isme » sont nés de communications avortées, imparfaites, mal comprises et déformées des Ajusteurs de Pensée. 110:4.6 Les archives de Jérusem montrent qu’au cours de nombreux millénaires, chaque génération a comporté de moins en moins d’êtres capables d’opérer sans danger avec des Ajusteurs autonomes. Ce tableau alarmant a conduit les personnalités supervisant Satania à considérer avec faveur les propositions de certains de vos superviseurs planétaires plus immédiats, qui recommandent de prendre des mesures propres à favoriser et à conserver les types spirituels supérieurs des races d’Urantia. 5. Concepts erronés de la gouverne des Ajusteurs 110:5.1 Distinguez bien et ne confondez pas la mission et l’influence de l’Ajusteur avec ce que l’on appelle communément la conscience ; il n’y a pas de lien direct entre eux. La conscience est une réaction humaine et purement psychique. Il ne faut pas la mépriser, mais elle ne représente guère la voix de Dieu pour l’âme, tandis qu’en vérité l’Ajusteur la représenterait si sa voix pouvait être entendue. La conscience vous conseille à juste titre de faire ce qui est juste, mais l’Ajusteur s’efforce en plus de vous dire ce qui est vraiment juste, il en est ainsi au moment et dans la mesure où vous êtes capable de percevoir les directives du Moniteur. 110:5.2 L’expérience humaine des rêves, ces déploiements désordonnés et décousus du mental endormi, incohérent, apporte une bonne preuve que les Ajusteurs ne peuvent réussir à harmoniser et à associer les facteurs mentaux divergents de l’homme. Dans l’espace d’une seule vie, les Ajusteurs ne peuvent absolument pas coordonner et synchroniser arbitrairement deux modes de pensée aussi dissemblables et différents que l’humain et le divin. Quand ils y parviennent, comme ils l’ont fait parfois, les âmes intéressées sont transférées directement aux mondes des maisons sans avoir à passer par l’expérience de la mort. 110:5.3 Pendant les périodes de sommeil, l’Ajusteur n’essaye d’accomplir que ce que la volonté de la personnalité habitée avait préalablement pleinement approuvé par les décisions prises et les choix faits à des moments où la conscience était pleinement éveillée. Ces décisions et ces choix se logent alors dans les domaines supramentaux, domaines où se lient les relations réciproques entre l’humain et le divin. 110:5.4 Durant le sommeil de leurs hôtes mortels, les Ajusteurs essayent d’enregistrer leurs créations sur les niveaux supérieurs du mental matériel ; certains de vos rêves grotesques montrent que les Ajusteurs ne réussissent pas à établir un contact efficace. Les absurdités de la vie des rêves ne démontrent pas seulement la pression d’émotions refoulées, mais témoignent aussi que les concepts spirituels présentés par les Ajusteurs sont horriblement déformés. Vos propres passions, vos impulsions et d’autres tendances innées se traduisent dans le tableau et substituent leurs désirs inexprimés aux messages divins que les Moniteurs s’efforcent d’introduire dans les archives psychiques pendant l’inconscient du sommeil. 110:5.5 Il est extrêmement dangereux de faire des suppositions sur ce qui, dans la vie onirique, provient de l’Ajusteur. Les Ajusteurs travaillent en effet durant le sommeil, mais vos expériences de rêves ordinaires sont des phénomènes purement physiologiques et psychologiques. De même, il est risqué de tenter une discrimination entre l’enregistrement des concepts de l’Ajusteur et la réception plus ou moins continue des ordres de la conscience mortelle. Ce sont des problèmes qui doivent être résolus par le discernement individuel et les décisions personnelles. En tous cas, si un être humain se trompe en rejetant l’expression d’un Ajusteur parce qu’il croit que c’est une expérience purement humaine, cela vaut mieux pour lui que de commettre la bévue d’exalter une réaction du mental humain en lui attribuant une dignité divine. N’oubliez pas que l’influence d’un Ajusteur de Pensée s’exerce en majeure partie, quoique non entièrement, comme une expérience superconsciente. 110:5.6 À des degrés divers, et de plus en plus au cours de votre ascension des cercles psychiques, vous communiquez effectivement parfois directement, mais plus souvent indirectement avec votre Ajusteur. Il est cependant dangereux d’entretenir l’idée que chaque nouveau concept naissant dans le mental humain est dicté par l’Ajusteur. Chez les êtres de votre ordre, ce que vous acceptez comme la voix de l’Ajusteur est en réalité le plus souvent l’émanation de votre propre intellect. Le terrain est dangereux ; et il faut que chaque être humain règle ces problèmes pour lui-même d’après sa sagesse humaine naturelle et sa perspicacité suprahumaine. 110:5.7 Si l’Ajusteur de l’être humain par lequel cette communication est transmise jouit d’un champ d’action aussi large, cela tient surtout à ce que cet humain manifeste une indifférence à peu près complète pour toute manifestation extérieure de la présence intérieure de l’Ajusteur. Il est en vérité très heureux qu’il demeure consciemment tout à fait indifférent à ce processus. Il détient l’un des Ajusteurs les plus expérimentés de son temps et de sa génération. Son gardien de la destinée estime cependant rare et fortuite sa réaction de passivité et son absence d’intérêt pour les phénomènes associés à la présence, dans son mental, de cet Ajusteur aux talents variés. Tout cela constitue une coordination favorable d’influences, favorable à la fois pour l’Ajusteur dans la sphère supérieure d’action, et pour le partenaire humain sous les rapports de la santé, de l’efficacité et de la tranquillité. 6. Les sept cercles psychiques 110:6.1 La réalisation totale de la personnalité sur un monde matériel est englobée dans la conquête des sept cercles successifs de potentialité des mortels. L’entrée dans le septième cercle marque le fonctionnement initial de la vraie personnalité humaine. La maitrise du premier cercle dénote la maturité relative du mortel. Bien que la traversée des sept cercles de croissance cosmique ne soit pas l’équivalent de la fusion avec l’Ajusteur, la maitrise de ces cercles marque le franchissement des étapes préliminaires à cette fusion avec l’Ajusteur. 110:6.2 L’Ajusteur est votre partenaire à égalité pour franchir les sept cercles – pour aboutir à une maturité mortelle relative. L’Ajusteur fait avec vous l’ascension des cercles depuis le septième jusqu’au premier, mais progresse vers le statut d’activité autonome et de suprématie tout à fait indépendamment de la coopération active du mental mortel. 110:6.3 Les cercles psychiques ne sont ni exclusivement intellectuels ni entièrement morontiels ; ils concernent le statut de personnalité, les accomplissements mentaux, la croissance de l’âme et l’accord avec l’Ajusteur. La traversée réussie de ces niveaux exige le fonctionnement harmonieux de la personnalité entière, et non simplement d’une de ses phases. La croissance des parties n’équivaut pas à la vraie maturation du tout ; en réalité, les parties croissent proportionnellement à l’expansion de l’ensemble du moi – du moi tout entier – matériel, intellectuel et spirituel. 110:6.4 Quand le développement de la nature intellectuelle anticipe sur le spirituel, la situation rend les communications avec l’Ajusteur de Pensée à la fois difficiles et dangereuses. Pareillement, un excès de développement spirituel tend à produire une interprétation fanatique et pervertie des directives spirituelles de l’habitant divin. Le manque de capacité spirituelle rend très difficile de transmettre à un tel intellect matériel les vérités spirituelles situées dans le superconscient supérieur. C’est à un mental parfaitement équilibré, logé dans un corps aux habitudes saines, aux énergies nerveuses stabilisées et aux fonctions chimiques équilibrées – quand les pouvoirs physiques, mentaux et spirituels se développent en harmonie trine – qu’un maximum de lumière et de vérité peut être communiqué avec un minimum de danger temporel et de risques pour le véritable bien-être d’un tel être. C’est par cette croissance équilibrée que l’homme fait, un par un, l’ascension des cercles de progression planétaire, depuis le septième jusqu’au premier. 110:6.5 Les Ajusteurs sont toujours proches de vous et en vous, mais il est rare qu’ils puissent vous parler directement comme un autre être vous parlerait. Cercle après cercle, vos décisions intellectuelles, vos choix moraux et votre développement spirituel rendent l’Ajusteur plus apte à fonctionner dans votre mental. Cercle après cercle, vous émergez ainsi des stades inférieurs d’association et d’accord mental avec l’Ajusteur, si bien qu’il peut de mieux en mieux enregistrer ses images de la destinée, avec une clarté et une conviction croissantes sur la conscience évoluante de ce mental-âme qui cherche Dieu. 110:6.6 Chaque décision que vous prenez a pour effet soit de gêner, soit de faciliter la fonction de l’Ajusteur. Parallèlement, ces décisions, elles-mêmes, déterminent votre avancement dans les cercles d’accomplissement humain. Il est vrai que la suprématie d’une décision, sa relation avec une crise, a beaucoup de rapports avec son influence pour franchir les cercles ; cependant le nombre des décisions, les répétitions fréquentes et persistantes, sont également essentiels pour être sûr que ces réactions formeront des habitudes. 110:6.7 Il est difficile de définir avec précision les sept niveaux de la progression humaine, parce que ces niveaux sont personnels. Ils varient pour chaque individu et sont apparemment déterminés par la capacité de croissance de chaque être humain. La conquête de ces niveaux d’évolution cosmique se reflète de trois manières : 110:6.8 1. Accord avec l’Ajusteur. En se spiritualisant, le mental s’approche de la présence de l’Ajusteur proportionnellement au franchissement des cercles. 110:6.9 2. Évolution de l’âme. L’émergence de l’âme morontielle indique l’étendue et la profondeur de la maitrise des cercles. 110:6.10 3. Réalité de la personnalité. Le degré de réalité de l’individualité est directement déterminé par la conquête des cercles. Les personnes deviennent plus réelles à mesure qu’elles s’élèvent du septième au premier niveau d’existence de mortel. 110:6.11 À mesure que l’enfant issu de l’évolution matérielle traverse les cercles, il grandit et devient l’homme mûr de potentialité immortelle. La réalité sombre de la nature embryonnaire d’un homme au stade du septième cercle cède la place à la manifestation plus claire de la nature morontielle émergente d’un citoyen de l’univers local. 110:6.12 Il est impossible de définir avec précision les sept niveaux, ou cercles psychiques, de croissance humaine, mais il est permis de suggérer les limites minimum et maximum de ces stades de réalisations de la maturité : 110:6.13 Le septième cercle. Les êtres humains pénètrent dans ce niveau quand ils développent leurs pouvoirs de choix personnel, de décision individuelle, de responsabilité morale et leur capacité d’atteindre l’individualité spirituelle. Cela dénote le fonctionnement unifié des sept esprits-mentaux adjuvats sous la direction de l’esprit de sagesse, la mise en circuit de la créature humaine dans l’influence du Saint-Esprit et, sur Urantia, le fonctionnement initial de l’Esprit de Vérité en même temps que la réception d’un Ajusteur de Pensée dans le mental du mortel. L’entrée dans le septième cercle fait, d’une créature mortelle, un vrai citoyen potentiel de l’univers local. 110:6.14 Le troisième cercle. Le travail de l’Ajusteur est beaucoup plus efficace après que l’ascendeur humain a atteint le troisième cercle et reçu, à titre personnel, un gardien séraphique de la destinée. Bien qu’il n’y ait apparemment pas d’efforts concertés entre l’Ajusteur et le gardien séraphique, on peut néanmoins observer, après l’affectation de l’accompagnateur séraphique personnel, une amélioration indubitable dans toutes les phases d’accomplissement cosmique et de développement spirituel. Quand le troisième cercle est atteint, l’Ajusteur s’efforce de rendre morontiel le mental de l’homme pendant le reste de sa vie de mortel, de franchir les cercles restants et d’atteindre le stade final de l’association divine-humaine avant que la mort naturelle ne dissolve cette association exceptionnelle. 110:6.15 Le premier cercle. Généralement, l’Ajusteur ne peut parler directement et immédiatement avec vous avant que vous ayez atteint le premier cercle, le cercle final d’accomplissement progressif d’un mortel. Ce niveau représente la plus grande réalisation possible des relations mental-Ajusteur au cours de l’expérience humaine, avant que l’âme morontielle évoluante ait été libérée de son support corporel matériel. En ce qui concerne le mental, les émotions et la clairvoyance cosmique, l’aboutissement au premier cercle psychique représente le plus grand rapprochement possible entre le mental matériel et l’Ajusteur spirituel dans l’expérience humaine. 110:6.16 Peut-être vaudrait-il mieux que ces cercles psychiques de progression des mortels soient dénommés niveaux cosmiques : niveaux où effectivement nous saisissons les significations et réalisons les valeurs d’une approche progressive de la conscience morontielle de l’existence d’une relation initiale entre l’âme évolutionnaire et l’Être Suprême émergent. C’est précisément cette relation qui rend éternellement impossible d’expliquer pleinement la signification des cercles cosmiques au mental matériel. Ces franchissements de cercles n’ont que des rapports relatifs avec le fait d’avoir conscience de Dieu. Celui qui est dans le septième ou sixième cercle peut connaitre Dieu – avoir conscience de sa filiation – presque aussi bien que celui qui est dans le deuxième ou le premier cercle, mais les êtres des cercles inférieurs sont beaucoup moins conscients de leur relation expérientielle avec l’Être Suprême, de leur citoyenneté universelle. Le franchissement de ces cercles cosmiques fera partie de l’expérience des ascendeurs sur les mondes des maisons s’ils ne réussissent pas cet accomplissement avant la mort naturelle. 110:6.17 La motivation de la foi transforme en expérience la pleine réalisation de la filiation de l’homme avec Dieu, mais l’action, l’exécution des décisions, est essentielle pour atteindre, par évolution, la conscience de parenté progressive avec l’actualisation cosmique de l’Être Suprême. La foi transmue les potentiels en actuels dans le monde spirituel, mais les potentiels ne deviennent des actuels, dans les domaines finis du Suprême, que par la réalisation de l’expérience du choix et grâce à elle. Choisir de faire la volonté de Dieu réunit, dans un acte de personnalité, la foi spirituelle et les décisions matérielles, et fournit ainsi un point d’appui divin et spirituel permettant au levier humain et matériel de la soif de Dieu d’agir plus efficacement. Cette sage coordination des forces matérielles et spirituelles accroit considérablement à la fois la réalisation cosmique du Suprême et la compréhension morontielle des Déités du Paradis. 110:6.18 La maitrise des cercles cosmiques est liée à la croissance quantitative de l’âme morontielle, à la compréhension des significations suprêmes. Mais le statut qualitatif de cette âme immortelle dépend entièrement du degré où elle saisit, par la foi vivante, la valeur du fait, ayant potentiel paradisiaque, que l’homme mortel est un fils du Dieu éternel. C’est pourquoi celui qui est dans le septième cercle va sur les mondes des maisons pour poursuivre la réalisation de sa croissance cosmique quantitative exactement comme celui du deuxième cercle, ou même du premier. 110:6.19 Il n’y a qu’une relation indirecte entre le franchissement des cercles cosmiques et l’expérience religieuse spirituelle effective ; de tels aboutissements sont réciproques, donc mutuellement bénéfiques. Le développement purement spirituel peut rester presque sans influence sur la prospérité matérielle planétaire, mais le franchissement des cercles accroit toujours le potentiel de réussite humaine et d’accomplissement du mortel. 110:6.20 Depuis le septième cercle jusqu’au troisième, les sept esprits-mentaux adjuvats exercent une action accrue et unifiée pour sevrer le mental humain de sa dépendance des réalités des mécanismes de la vie matérielle, ce qui le prépare à mieux pénétrer les niveaux morontiels d’expérience. À partir du troisième cercle, l’influence des adjuvats diminue progressivement. 110:6.21 Les sept cercles embrassent l’expérience des mortels qui s’étend, depuis le niveau purement animal le plus élevé, jusqu’au plus bas niveau de contact morontiel effectif de la conscience de soi en tant qu’expérience de la personnalité. La maitrise du premier cercle cosmique dénote que l’on a atteint la maturité mortelle prémorontielle, et marque la terminaison du ministère conjoint des esprits adjuvats en tant qu’influence exclusive d’action mentale dans la personnalité humaine. Au-delà du premier cercle, le mental s’apparente de plus en plus à l’intelligence du stade morontiel d’évolution, le ministère conjoint du mental cosmique et de la dotation superadjuvate de l’Esprit Créatif d’un univers local. 110:6.22 Les grands jours dans la carrière individuelle des Ajusteurs sont les suivants : d’abord, quand leur sujet humain fait irruption dans le troisième cercle psychique, ce qui assure l’activité autonome du Moniteur et une gamme accrue de fonctions (si l’Ajusteur n’était pas déjà autonome). Ensuite, quand leur partenaire humain atteint le premier cercle psychique, ce qui rend possible la communication réciproque entre eux, au moins dans une certaine mesure. Et, enfin, quand ils sont définitivement et éternellement fusionnés. 7. L’aboutissement à l’immortalité 110:7.1 Le franchissement des sept cercles cosmiques n’est pas équivalent à la fusion avec l’Ajusteur. Beaucoup de mortels vivant sur Urantia ont franchi ces cercles, mais la fusion dépend encore d’accomplissements spirituels plus grands et plus sublimes ; il faut arriver à harmoniser d’une manière définitive et complète la volonté humaine avec la volonté de Dieu, telle qu’elle réside dans l’Ajusteur de Pensée. 110:7.2 Lorsqu’un être humain a parachevé les cercles d’accomplissement cosmique, et qu’ensuite le choix final de la volonté du mortel permet à l’Ajusteur de Pensée de parachever l’association de l’identité humaine avec l’âme morontielle pendant la vie évolutionnaire physique, alors ces liaisons consommées d’une âme et d’un Ajusteur se rendent indépendamment sur les mondes des maisons. Un ordre issu d’Uversa stipule la fusion immédiate de l’Ajusteur et de l’âme morontielle. Si cette fusion a lieu durant la vie physique, le corps matériel est consumé instantanément, et les êtres humains qui assisteraient à ce spectacle constateraient simplement que le mortel en transfert disparait « dans des charriots de feu ». 110:7.3 La plupart des Ajusteurs qui ont transféré leurs sujets hors d’Urantia étaient très expérimentés et connus pour avoir habité antérieurement de nombreux mortels sur d’autres sphères. Il faut se rappeler que les Ajusteurs acquièrent une précieuse expérience d’habitation sur des planètes où ils ne sont que prêtés ; il ne s’ensuit pas que les Ajusteurs ne font qu’acquérir l’expérience nécessaire à un travail avancé chez les sujets mortels qui ne réussissent pas à survivre. 110:7.4 À la suite de sa fusion avec vous, votre Ajusteur partage votre destinée et votre expérience ; il est vous. Après la fusion de l’immortelle âme morontielle avec l’Ajusteur associé, toute l’expérience et toutes les valeurs de l’un deviennent finalement la propriété de l’autre, de sorte que les deux forment effectivement une seule entité. En un certain sens, ce nouvel être appartient au passé éternel et existe pour l’éternel futur. Tout ce qui était jadis humain dans l’âme qui survit et tout ce qui est expérientiellement divin chez l’Ajusteur deviennent maintenant la possession effective de la nouvelle et toujours ascendante personnalité de l’univers. Toutefois, sur chaque niveau de l’univers, l’Ajusteur ne peut doter la créature que des attributs qui ont à ce niveau une signification et une valeur. L’unicité absolue avec le Moniteur divin, l’épuisement complet de la dotation d’un Ajusteur, ne peut s’accomplir que dans l’éternité, après que l’on a finalement atteint le Père Universel, le Père des esprits, la source permanente de ces dons divins. 110:7.5 Quand l’âme évoluante et l’Ajusteur divin ont finalement et éternellement fusionné, chacun d’eux acquiert toutes les qualités susceptibles d’être acquises de l’autre. Cette personnalité coordonnée possède toute la mémoire expérientielle de survie jadis détenue par le mental mortel ancestral et, maintenant, par l’âme morontielle. En outre, le finalitaire potentiel englobe toute la mémoire expérientielle de l’Ajusteur au cours de ses séjours de tous les temps chez des mortels. Toutefois, l’Ajusteur aura besoin de l’éternité future pour doter complètement cette association de personnalités des significations et valeurs que ce divin Moniteur apporte en provenance de l’éternité passée. 110:7.6 Mais, chez la grande majorité des Urantiens, l’Ajusteur doit patiemment attendre la délivrance par la mort de son sujet, attendre que l’âme émergente se libère de la domination à peu près complète des modèles énergétiques et des forces chimiques inhérentes à votre ordre matériel d’existence. La principale difficulté que vous rencontrez pour entrer en contact avec votre Ajusteur consiste en cette nature matérielle tellement ancrée. Bien peu de mortels sont réellement des penseurs. Vous ne développez pas et ne disciplinez pas votre mental jusqu’au point favorable à une liaison avec les Ajusteurs divins. Le mental humain fait presque la sourde oreille aux arguments spirituels que l’Ajusteur traduit en les extrayant des multiples messages des télédiffusions universelles d’amour provenant du Père des miséricordes. L’Ajusteur constate la quasi-impossibilité d’enregistrer ces directives spirituelles inspirantes dans un mental animal si complètement dominé par les forces chimiques et électriques inhérentes à votre nature physique. 110:7.7 Les Ajusteurs se réjouissent d’établir le contact avec le mental humain, mais il faut qu’ils soient patients durant les longues années de séjour silencieux pendant lesquelles ils sont impuissants à vaincre votre résistance animale et à communiquer directement avec vous. Plus les Ajusteurs de Pensée s’élèvent sur l’échelle du service, plus ils deviennent efficaces ; mais, durant votre séjour dans la chair, ils ne peuvent jamais vous aborder avec la même affection pleine, sympathique et expressive qu’au moment où vous les discernerez, de mental à mental, sur les mondes des maisons. 110:7.8 Durant la vie mortelle, le corps et le mental matériels vous séparent de votre Ajusteur et empêchent la libre communication avec lui. Après la mort et la fusion éternelle, vous ne faites qu’un avec votre Ajusteur – on ne peut vous distinguer comme êtres séparés – et il n’existe ainsi plus de besoin de communiquer à la manière dont vous le comprenez. 110:7.9 Bien que la voix de l’Ajusteur soit toujours en vous, la plupart d’entre vous l’entendent rarement au cours d’une vie. Les êtres humains qui n’ont pas atteint le troisième et le deuxième cercle entendent rarement la voix directe de l’Ajusteur, sauf dans des moments de suprême désir, dans une situation suprême et à la suite de quelque décision suprême. 110:7.10 Au moment de l’instauration ou de la rupture du contact entre le mental humain d’un réserviste de la destinée et les superviseurs planétaires, l’Ajusteur intérieur se trouve parfois placé de telle sorte qu’il lui devient possible de transmettre un message à son partenaire mortel. Assez récemment, sur Urantia, un Ajusteur autonome transmit un message de cet ordre à son associé humain, membre du corps de réserve de la destinée. Ce message commençait par ces mots : « Et maintenant, sans blesser ni mettre en péril le sujet de ma dévotion empressée et, quant à moi, sans intention de lui infliger un châtiment excessif ou de le décourager, enregistrez la supplication que je lui adresse. » Suivait une exhortation magnifiquement touchante et attendrissante où l’Ajusteur demandait, entre autres, que le sujet « me donne plus fidèlement sa coopération sincère, supporte plus gaiement les obligations que j’ai mises en place, exécute plus fidèlement le programme que j’ai arrangé, passe plus patiemment par les épreuves que j’ai choisies, suive avec plus de persévérance et d’entrain le sentier que j’ai tracé, reçoive plus humblement le crédit qui peut lui être attribué à la suite de mes efforts incessants – transmettez ainsi mes remontrances à l’homme que j’habite. J’effuse sur lui l’affection et le dévouement suprêmes d’un esprit divin. Dites aussi à mon sujet bien-aimé que j’agirai avec sagesse et puissance jusqu’au bout, jusqu’à ce que sa dernière bataille terrestre ait pris fin. Je serai fidèle à la personnalité qui m’est confiée. Je l’exhorte à survivre et à ne pas me décevoir, à ne pas me priver de la récompense de ma lutte persévérante et intense. Pour atteindre la personnalité, nous dépendons de la volonté humaine. J’ai fait patiemment progresser ce mental humain, cercle après cercle, et le chef de mon ordre m’a témoigné son approbation. Cercle après cercle, je poursuis jusqu’au jugement. J’attends avec plaisir et sans appréhension l’appel nominal de la destinée. Je suis prêt à tout soumettre aux tribunaux des Anciens des Jours. » 110:7.11 [Présenté par un Messager Solitaire d’Orvonton.] FASCICULE 111. L’Ajusteur et l’âme 111:0.1 La présence de l’Ajusteur divin dans le mental humain rend perpétuellement impossible à la science ou à la philosophie d’atteindre une compréhension satisfaisante de l’âme évoluante de la personnalité humaine. L’âme morontielle est fille de l’univers, et l’on ne peut réellement la connaitre que par clairvoyance cosmique et par découverte spirituelle. 111:0.2 Le concept d’une âme et d’un esprit intérieur n’est pas nouveau sur Urantia. Il a fréquemment apparu dans les divers systèmes de croyances planétaires. Beaucoup de religions orientales et quelques religions occidentales ont perçu que l’homme est divin par héritage en même temps qu’humain par hérédité. Le sentiment de la présence intérieure, ajouté à l’omniprésence extérieure de la Déité, a longtemps fait partie de bien des religions urantiennes. Les hommes ont longtemps cru à l’existence de quelque chose qui grandit à l’intérieur de la nature humaine, quelque chose de vital destiné à durer au-delà de la courte durée d’une vie temporelle. 111:0.3 Avant que les hommes ne se soient rendu compte que leur âme évoluante était engendrée par un esprit divin, ils ont cru qu’elle résidait dans divers organes physiques – l’œil, le foie, les reins, le cœur et, plus tard, le cerveau. Les sauvages associaient l’âme au sang, à la respiration, aux ombres et à leur image réfléchie dans l’eau. 111:0.4 Dans leur conception de l’atman, les instructeurs hindous se rapprochèrent réellement d’une appréciation de la nature et de la présence de l’Ajusteur, mais ils ne réussirent pas à distinguer la présence concomitante de l’âme évoluante et potentiellement immortelle. Les Chinois reconnurent cependant deux aspects d’un être humain, le yang et le yin, l’âme et l’esprit. Les Égyptiens et beaucoup de tribus africaines croyaient aussi à deux facteurs, le ka et le ba ; ils ne croyaient généralement pas que l’âme fût préexistante, mais seulement l’esprit. 111:0.5 Les habitants de la vallée du Nil croyaient que chaque individu favorisé se voyait attribuer à sa naissance, ou peu après, un esprit protecteur qu’ils appelaient le ka. Ils enseignaient que cet esprit gardien restait avec le sujet mortel pendant toute sa vie et passait avant lui à l’état futur. Sur les murs d’un temple de Louxor, où se trouve décrite la naissance d’Amenhotep III, le petit prince est dépeint sur le bras du dieu du Nil, et auprès de lui se trouve un autre enfant, apparemment identique au prince, qui symbolise l’entité que les Égyptiens appelaient le ka. Cette sculpture fut achevée au quinzième siècle avant le Christ. 111:0.6 On croyait que le ka était un génie spirituel supérieur qui désirait guider dans les meilleures voies de la vie temporelle, l’âme humaine associée, mais surtout influencer la prospérité du sujet dans l’au-delà. Quand un Égyptien de cette période mourait, on escomptait que son ka l’attendrait de l’autre côté du Grand Fleuve. Tout d’abord, on supposa que seuls les rois possédaient un ka, mais on ne tarda pas à croire que tous les hommes justes en avaient un. Parlant du ka intérieur de son cœur, un dirigeant égyptien a dit : « Je n’ai pas négligé ses paroles, j’ai craint de transgresser sa gouverne. Cela m’a fait prospérer grandement. J’ai réussi grâce à ce qu’il m’a fait faire. J’ai été distingué par sa gouverne. » Beaucoup croyaient que le ka était un « oracle de Dieu en chacun » et beaucoup croyaient qu’ils allaient « passer une éternité avec un cœur joyeux dans les faveurs du Dieu qui est en vous ». 111:0.7 Chaque race urantienne de mortels évoluants a un mot équivalent au concept d’âme. Beaucoup de peuplades primitives croyaient que l’âme jetait des regards au dehors sur le monde à travers les yeux humains ; c’est pourquoi elles craignaient si lâchement la malveillance du mauvais œil. Elles ont longtemps cru que « l’esprit de l’homme est la lampe du Seigneur ». Le Rig-Véda dit : « Mon mental parle à mon cœur. » 1. Le cadre mental du choix 111:1.1 Bien que les Ajusteurs aient à effectuer un travail de nature spirituelle, ils sont obligés de l’exécuter tout entier sur des bases intellectuelles. Le mental est le terrain humain à partir duquel le Moniteur d’esprit doit faire apparaitre, par évolution, l’âme morontielle, avec la coopération de la personnalité qu’il habite. 111:1.2 Il existe une unité cosmique dans les divers niveaux mentaux de l’univers des univers. Le moi intellectuel a son origine dans le mental cosmique d’une manière fort semblable aux nébuleuses, dont l’origine est dans les énergies cosmiques de l’espace universel. Sur le niveau humain (donc personnel) du moi intellectuel, le potentiel d’évolution de l’esprit devient dominant avec le consentement du mental mortel, à cause des dotations spirituelles de la personnalité humaine associées à la présence créative dans ce moi humain, d’un foyer-entité ayant une valeur absolue. Toutefois, cette domination du mental matériel par l’esprit est subordonnée à deux expériences : d’une part il faut que ce mental ait évolué par le ministère des sept esprits-mentaux adjuvats, et d’autre part il faut que le moi matériel (personnel) choisisse de coopérer avec l’Ajusteur intérieur pour créer et entretenir le moi morontiel, l’âme évolutionnaire potentiellement immortelle. 111:1.3 Le mental matériel est le cadre dans lequel les personnalités humaines vivent, sont conscientes d’elles-mêmes, prennent des décisions, choisissent ou abandonnent Dieu, se rendent éternelles ou se détruisent elles-mêmes. 111:1.4 L’évolution matérielle vous a procuré une machine à vivre, votre corps. Le Père lui-même vous a doté de la réalité d’esprit la plus pure que l’on connaisse dans l’univers, votre Ajusteur de Pensée. Mais le mental a été remis entre vos mains, il est sujet à vos propres décisions, et c’est par le mental que vous vivez ou mourez. C’est à l’intérieur de ce mental et avec ce mental que vous prenez les décisions morales qui vous permettent de devenir semblables à l’Ajusteur, c’est-à-dire semblables à Dieu. 111:1.5 Le mental mortel est un système intellectuel temporaire prêté aux êtres humains pour être utilisé pendant la durée d’une vie matérielle, et, selon la manière dont ils emploient ce mental, ils acceptent ou rejettent le potentiel d’existence éternelle. Le mental est à peu près tout ce que vous possédez de réalité universelle qui soit soumise à votre volonté. L’âme – le moi morontiel – dépeindra fidèlement la moisson des décisions temporelles que le moi mortel aura prises. La conscience humaine repose doucement sur le mécanisme électrochimique sous-jacent, et touche délicatement le système énergétique morontiel-spirituel sur-jacent. Au cours de sa vie de mortel, l’être humain n’est jamais complètement conscient d’aucun de ces deux systèmes, et c’est pourquoi il lui faut travailler dans le mental dont il est conscient. Ce qui assure la survie n’est pas tellement ce que le mental comprend, mais plutôt ce que le mental cherche à comprendre. Ce n’est pas tellement ce à quoi le mental ressemble, mais ce à quoi le mental s’efforce de ressembler, qui constitue son identification à l’esprit. Ce n’est pas tant le fait pour l’homme d’être conscient de Dieu qui se traduit par son ascension de l’univers, mais plutôt son désir ardent de rencontrer Dieu. Ce que vous êtes aujourd’hui n’est pas aussi important que ce que vous devenez jour après jour et dans l’éternité. 111:1.6 Le mental est l’instrument cosmique sur lequel la volonté humaine peut jouer les dissonances de la destruction ou sur lequel cette même volonté humaine peut faire résonner les délicates mélodies de l’identification avec Dieu et de la survie éternelle qui en résulte. L’Ajusteur donné à l’homme est, en dernière analyse, imperméable au mal et incapable de pécher, mais le mental mortel peut effectivement être dénaturé, déformé et rendu laid et mauvais par les machinations coupables d’une volonté humaine égoïste et perverse. De même, ce mental peut être rendu noble, beau, vrai et bon – effectivement grand – en accord avec la volonté illuminée par l’esprit d’un être humain connaissant Dieu. 111:1.7 Le mental évolutionnaire n’est pleinement stable et digne de confiance que lorsqu’il se manifeste aux deux extrémités de l’intellectualité cosmique – totalement mécanisée ou entièrement spiritualisée. Entre les deux extrêmes intellectuels du pur contrôle machinal et de la vraie nature spirituelle, se situe cet immense groupe d’individus dont le mental évolue et s’élève, et dont la stabilité et la tranquillité dépendent du choix fait par leur personnalité, et de leur identification avec l’esprit. 111:1.8 Toutefois, l’homme n’abandonne pas servilement et passivement sa volonté à l’Ajusteur. Il choisit plutôt activement, positivement et coopérativement de suivre les directives de l’Ajusteur, quand il a conscience que ces directives diffèrent des désirs et impulsions du mental mortel naturel. Les Ajusteurs manipulent le mental de l’homme, mais ne le dominent jamais contre sa volonté. Pour les Ajusteurs, la volonté de l’homme est suprême. C’est ainsi qu’ils la considèrent et la respectent, tandis qu’ils s’efforcent d’atteindre les buts spirituels d’ajustement de la pensée et de transformation du caractère dans le cadre à peu près illimité de l’intellect humain en évolution. 111:1.9 Le mental est votre navire, l’Ajusteur est votre pilote, la volonté humaine est le capitaine. Le maitre du vaisseau mortel devrait avoir la sagesse de se fier au divin pilote pour conduire l’âme ascendante dans les havres morontiels de la survie éternelle. C’est seulement par égoïsme, par paresse et par le péché que la volonté de l’homme peut rejeter la gouverne d’un pilote aussi aimant et de naufrager finalement la carrière du mortel sur les dangereux écueils du refus de la miséricorde et sur les récifs de la pratique du péché. Avec votre consentement, ce fidèle pilote vous fera traverser en sécurité les obstacles du temps et les handicaps de l’espace, jusqu’à la source même du mental divin et aller même au-delà, jusqu’au Père des Ajusteurs au Paradis. 2. Nature de l’âme 111:2.1 Dans toutes les fonctions mentales de l’intelligence cosmique, la totalité du mental domine les fonctions intellectuelles partielles. Dans son essence, le mental est une unité fonctionnelle, et c’est pourquoi le mental ne manque jamais de manifester cette unité constitutive, même quand il est gêné et entravé par les choix et les actes malavisés d’un moi égaré. Cette unité du mental cherche invariablement la coordination d’esprit sur tous les niveaux de son association avec un moi ayant dignité volitive et prérogatives d’ascension. 111:2.2 Le mental matériel de l’homme mortel est le métier cosmique qui porte le tissu morontiel sur lequel l’Ajusteur de Pensée intérieur brode les modèles spirituels d’un caractère universel possesseur de valeurs durables et de significations divines – une âme survivante à destinée ultime et à carrière sans fin, un finalitaire potentiel. 111:2.3 La personnalité humaine est identifiée avec le mental et l’esprit qui sont maintenus en rapport fonctionnel par la vie dans un corps matériel. Cette relation fonctionnelle entre ce mental et cet esprit n’a pas pour résultat quelque combinaison des qualités ou attributs du mental et de l’esprit, mais plutôt une valeur universelle entièrement nouvelle, originale et unique, ayant un potentiel de durée éternelle, l’âme. 111:2.4 La création évolutionnaire de cette âme immortelle résulte de trois facteurs, et non de deux. Ces trois antécédents de l’âme morontielle humaine sont les suivants : 111:2.5 1. Le mental humain et toutes les influences cosmiques qui le précèdent et qui agissent sur lui. 111:2.6 2. L’esprit divin qui habite ce mental humain et tous les potentiels inhérents à un tel fragment de spiritualité absolue, ainsi que toutes les influences et tous les facteurs spirituels qui lui sont associés dans la vie humaine. 111:2.7 3. La relation entre le mental matériel et l’esprit divin, qui dénote une valeur et comporte une signification ne se trouvant dans aucun des deux facteurs de cette association. La réalité de cette relation unique n’est ni matérielle ni spirituelle, mais morontielle. C’est l’âme. 111:2.8 Les médians ont depuis longtemps appelé mental intermédiaire cette âme évoluante de l’homme, par contraste avec le mental inférieur ou matériel et le mental supérieur ou cosmique. Ce mental intermédiaire est en réalité un phénomène morontiel, puisqu’il existe dans le domaine intermédiaire entre le matériel et le spirituel. Le potentiel de cette évolution morontielle est inhérent aux deux impulsions universelles du mental : l’impulsion du mental fini de la créature pour connaitre Dieu et parvenir à la divinité du Créateur, et l’impulsion du mental infini du Créateur pour connaitre l’homme et aboutir à l’expérience de la créature. 111:2.9 Cette opération céleste faisant apparaitre par évolution l’âme immortelle est rendue possible parce que le mental mortel est, en premier lieu, personnel et, en second lieu, en contact avec des réalités superanimales ; il possède une dotation supramatérielle de ministère cosmique qui assure l’évolution d’une nature morale capable de prendre des décisions morales, ce qui produit un contact créatif de bonne foi avec les ministères spirituels associés et avec l’Ajusteur de Pensée intérieur. 111:2.10 Le résultat inévitable de cette spiritualisation du mental humain par contact est la naissance graduelle d’une âme, progéniture conjointe d’un mental adjuvat dominé par une volonté humaine ardemment désireuse de connaitre Dieu et qui travaille en liaison avec les forces spirituelles de l’univers qui sont sous le contrôle d’un fragment effectif du Dieu même de toute la création – le Moniteur de Mystère. C’est ainsi que la réalité matérielle et mortelle du moi transcende les limitations temporelles du mécanisme de la vie physique et atteint une nouvelle expression et une nouvelle identification dans le véhicule évoluant qui doit assurer la continuité de l’individualité, l’âme morontielle et immortelle. 3. L’âme en évolution 111:3.1 Les erreurs du mental mortel et les dérèglements de la conduite humaine peuvent notablement retarder l’évolution de l’âme. Toutefois, ils ne sauraient inhiber ce phénomène morontiel une fois qu’il a été déclenché par l’Ajusteur intérieur avec le consentement de la volonté de la créature. Mais, à tout moment antérieur à la mort physique, la même volonté matérielle et humaine a le pouvoir de revenir sur son choix et de rejeter la survie. Même après avoir survécu, le mortel ascendant conserve la prérogative de choisir le rejet de la vie éternelle. À tout moment avant la fusion avec l’Ajusteur, la créature évoluante et ascendante peut décider de renoncer à suivre la volonté du Père du Paradis. La fusion avec l’Ajusteur dénote que l’ascendeur a éternellement et irrévocablement choisi de faire la volonté du Père. 111:3.2 Durant la vie dans la chair, l’âme en évolution a la faculté de renforcer les décisions supramatérielles du mental humain. Étant supramatérielle, l’âme ne fonctionne pas par elle-même sur le niveau matériel de l’expérience humaine. Sans la collaboration d’un esprit de la Déité tel que l’Ajusteur, cette âme subspirituelle ne peut pas non plus fonctionner au-dessus du niveau morontiel. De même, l’âme ne prend pas de décisions finales avant que la mort ou le transfert n’ait rompu son association matérielle avec le mental mortel, à moins que ce mental matériel n’ait librement et volontairement délégué l’autorité nécessaire à son âme morontielle fonctionnellement associée. Durant la vie, la volonté mortelle, le pouvoir de décision et de choix de la personnalité, réside dans les circuits mentaux matériels. Au fur et à mesure du développement du mortel sur terre, ce moi, avec ses inestimables pouvoirs de choix, s’identifie de plus en plus avec l’entité émergente : l’âme morontielle. Après la mort et la résurrection sur le monde des maisons, la personnalité humaine est complètement identifiée avec le moi morontiel. L’âme est ainsi l’embryon du futur véhicule morontiel de l’identité de la personnalité. 111:3.3 Cette âme immortelle a d’abord une nature entièrement morontielle, mais elle possède une telle capacité de développement qu’elle s’élève invariablement aux vrais niveaux spirituels dignes de la fusion avec les esprits de la Déité. La fusion a généralement lieu avec le même esprit du Père Universel qui avait déclenché ce phénomène créatif dans le mental de la créature. 111:3.4 Le mental humain et l’Ajusteur divin sont tous deux conscients de la présence et de la nature différentielle de l’âme en évolution. L’Ajusteur l’est pleinement et le mental, partiellement. Quant à l’âme, au fur et à mesure de sa propre croissance évolutionnaire, elle devient de plus en plus consciente du mental humain et de l’Ajusteur divin en tant qu’identités associées. L’âme participe des qualités du mental humain aussi bien que de celles de l’esprit divin, mais elle évolue constamment vers un accroissement du contrôle spirituel et de la domination divine, en stimulant une fonction mentale dont les significations cherchent à se coordonner avec les vraies valeurs spirituelles. 111:3.5 La carrière de mortel, l’évolution de l’âme, n’est pas tant une épreuve qu’une éducation. La foi dans la survie des valeurs suprêmes est l’essence de la religion. L’expérience religieuse authentique consiste à unir les valeurs suprêmes et les significations cosmiques en tant que réalisation de la réalité universelle. 111:3.6 Le mental connait la quantité, la réalité, les significations. Mais la qualité – les valeurs – est ressentie. Ce qui ressent est la création conjointe du mental qui connait et de l’esprit associé qui confère la réalité. 111:3.7 Dans la mesure où l’âme morontielle évoluante de l’homme s’imprègne de vérité, de beauté et de bonté en tant que réalisation de valeur de la conscience de Dieu, l’être résultant devient indestructible. S’il n’y a aucune survivance des valeurs éternelles dans l’âme évoluante de l’homme, l’existence mortelle est alors dépourvue de sens et la vie elle-même est une illusion tragique. Mais ceci est éternellement vrai : ce que vous commencez dans le temps, vous l’achèverez sûrement dans l’éternité – si cela mérite d’être achevé. 4. La vie intérieure 111:4.1 La récognition est le processus intellectuel consistant à faire cadrer les impressions sensorielles reçues du monde extérieur avec les modèles appartenant à la mémoire de l’individu. La compréhension implique que ces impressions sensorielles reconnues et les modèles de la mémoire qui y sont associés ont été intégrés ou organisés en un réseau dynamique de principes. 111:4.2 Les significations dérivent d’une combinaison de récognition et de compréhension ; les significations n’existent pas dans un monde entièrement sensoriel ou matériel. Les significations et les valeurs ne sont perçues que dans les sphères intérieures ou supramatérielles d’expérience humaine. 111:4.3 Les progrès de la vraie civilisation sont tous nés dans ce monde intérieur de l’humanité. Seule la vie intérieure est vraiment créative. La civilisation ne peut guère progresser quand la majorité de la jeunesse d’une génération consacre son attention et son énergie à la poursuite matérialiste du monde sensoriel ou extérieur. 111:4.4 Le monde intérieur et le monde extérieur ont des séries différentes de valeurs. Toute civilisation est en péril quand les trois quarts de sa jeunesse entrent dans des professions matérialistes et se consacrent à la recherche des activités sensorielles du monde extérieur. La civilisation est en danger quand la jeunesse néglige de s’intéresser à l’éthique, à la sociologie, à l’eugénisme, à la philosophie, aux beaux-arts, à la religion et à la cosmologie. 111:4.5 C’est seulement aux niveaux supérieurs du mental superconscient empiétant sur le domaine de l’esprit de l’expérience humaine que l’on trouve ces concepts supérieurs associés à des maitres modèles efficaces qui contribueront à bâtir une civilisation meilleure et plus durable. La personnalité est créative par nature, mais ne fonctionne créativement que dans la vie intérieure de l’individu. 111:4.6 Les cristaux de neige ont toujours une forme hexagonale, mais jamais deux d’entre eux ne sont identiques. Les enfants se modèlent sur des types, mais il n’y en pas deux qui soient identiques, même s’ils sont jumeaux. La personnalité s’apparente à des types, mais elle est toujours unique. 111:4.7 Le bonheur et la joie prennent origine dans la vie intérieure. On ne peut ressentir tout seul une joie réelle. Une vie solitaire est fatale pour le bonheur. Même les familles et les nations jouissent mieux de la vie si elles la partagent avec d’autres. 111:4.8 Vous ne pouvez contrôler complètement le monde extérieur – l’environnement. C’est la créativité du monde intérieur qui est la plus sujette à vos directives, parce que la personnalité y est si largement délivrée des entraves de la loi de cause et d’effet. Une souveraineté volitive limitée est associée à la personnalité. 111:4.9 Dès lors que la vie intérieure de l’homme est vraiment créative, chaque personne porte la responsabilité de choisir si cette créativité sera spontanée et entièrement dépendante du hasard, ou si elle sera contrôlée, dirigée et constructive. Comment une imagination créative peut-elle produire des résultats valables si la scène sur laquelle elle fonctionne est déjà occupée par des préjugés, des haines, des peurs, des rancunes, des sentiments de revanche et des sectarismes ? 111:4.10 Les idées peuvent prendre leur origine dans les stimulus du monde extérieur, mais les idéaux naissent seulement dans les royaumes créatifs du monde intérieur. Les nations du monde sont actuellement dirigées par des hommes qui ont une surabondance d’idées, mais une carence d’idéaux. C’est l’explication de la pauvreté, des divorces, des guerres et des haines raciales. 111:4.11 Voici le problème : si l’homme avec son libre arbitre est intérieurement doté de pouvoirs créatifs, il nous faut alors reconnaitre que la libre créativité contient le potentiel de la libre destructivité. Et, quand la créativité s’oriente vers le pouvoir destructeur, on se trouve en face des dévastations du mal et du péché – oppressions, guerres et destructions. Le mal est une créativité partielle qui tend vers la désintégration et, en fin de compte, vers la destruction. Tout conflit est mauvais en ce sens qu’il inhibe la fonction créative de la vie intérieure – c’est une espèce de guerre civile dans la personnalité. 111:4.12 La créativité intérieure contribue à ennoblir le caractère par intégration de la personnalité et unification de l’individualité. Il est éternellement vrai que le passé est inchangeable et que seul l’avenir peut être modifié par le ministère de la créativité du moi intérieur au moment présent. 5. La consécration du choix 111:5.1 En faisant la volonté de Dieu, une créature ne fait rien de plus ni de moins que de montrer son bon vouloir pour partager sa vie intérieure avec Dieu – le Dieu même qui a rendu possible la vie de cette créature, avec ses valeurs et ses significations intérieures. Partager, c’est être semblable à Dieu – divin. Dieu partage tout avec le Fils Éternel et l’Esprit Infini ; et ceux-ci, à leur tour, partagent toutes choses avec les Fils divins et les Filles-esprit des univers. 111:5.2 L’imitation de Dieu est la clef de la perfection. Le secret de la survie et de la perfection dans la survie est de faire sa volonté. 111:5.3 Les mortels vivent en Dieu, et Dieu a donc voulu vivre dans les mortels. De même que les hommes se confient à lui, de même lui – le premier – a confié une partie de lui-même aux hommes pour les accompagner. Il a consenti à vivre dans les hommes et à habiter en eux en se soumettant à la volonté humaine. 111:5.4 La paix dans la vie présente, la survie dans la mort, la perfection dans la prochaine vie, le service dans l’éternité, tout cela est accompli (en esprit) dès maintenant, quand la personnalité créée consent à – choisit de – soumettre la volonté de la créature à la volonté du Père. Quant au Père, il a déjà choisi de subordonner un fragment de lui-même à la volonté de la personnalité de la créature. 111:5.5 Ce choix de la créature n’est pas un abandon de la volonté. Il est une consécration de la volonté, une expansion de la volonté, une glorification de la volonté, un perfectionnement de la volonté. Un tel choix élève la volonté de la créature du niveau de signification temporelle à cet état supérieur où la personnalité du fils créé communie avec la personnalité du Père-esprit. 111:5.6 Le choix de faire la volonté du Père est la découverte spirituelle du Père-esprit par l’homme mortel, même s’il faut qu’un âge s’écoule avant que le fils créé puisse effectivement se tenir en la présence factuelle de Dieu au Paradis. Ce choix ne consiste pas tant en une négation de la volonté de la créature – « que ce ne soit pas ma volonté mais la tienne qui soit faite » – mais plutôt en une affirmation positive de la créature : « c’est ma volonté que ta volonté soit faite ». Si ce choix est décidé, le fils choisissant Dieu aboutira, tôt ou tard, à l’union intérieure (la fusion) avec le fragment de Dieu qui l’habite. Tout en se perfectionnant, ce même fils trouvera la satisfaction suprême de la personnalité dans une communion adoratrice entre la personnalité de l’homme et la personnalité de son Auteur, deux personnalités dont les attributs créateurs se sont unis pour toujours dans une mutualité d’expression librement voulue – la naissance d’une autre association éternelle entre la volonté de l’homme et la volonté de Dieu. 6. Le paradoxe humain 111:6.1 Maintes difficultés temporelles des mortels proviennent de leur double relation avec le cosmos. L’homme est une partie de la nature – il existe dans la nature – et, cependant, il est capable de transcender la nature. L’homme est fini, mais il est habité par une étincelle d’infinité. Cette situation double ne fournit pas seulement un potentiel pour le mal, mais elle engendre aussi de nombreuses situations sociales et morales empreintes de beaucoup d’incertitudes et de bon nombre de soucis. 111:6.2 Le courage exigé pour triompher de la nature et pour transcender son moi est un courage qui peut succomber devant les tentations de l’orgueil personnel. Le mortel capable de transcender son moi peut céder à la tentation de déifier sa conscience de soi. Le dilemme humain résulte du double fait que l’homme est asservi à la nature et qu’en même temps il possède une liberté unique – la liberté de choix et d’action spirituels. Sur les niveaux matériels, l’homme se trouve subordonné à la nature, tandis que, sur les niveaux spirituels, il triomphe de la nature et de tous les éléments temporels et finis. Un tel paradoxe est inséparable de la tentation, du mal potentiel et des erreurs de décision ; et, quand le moi devient altier et arrogant, le péché peut apparaitre. 111:6.3 Le problème du péché n’existe pas par lui-même dans le monde fini. Le fait d’être fini n’est empreint ni de mal ni de péché. Le monde fini a été bâti par un Créateur infini – il est l’œuvre de ses Fils divins – et doit donc être bon. Ce sont le mauvais usage, la déformation et la perversion du fini qui donnent naissance au mal et au péché. 111:6.4 L’esprit peut dominer le mental ; de même le mental peut contrôler l’énergie, mais il ne peut le faire que par sa propre manipulation intelligente des potentiels de métamorphose inhérents au niveau mathématique des causes et effets dans les domaines physiques. Le contrôle de l’énergie n’est pas inhérent au mental de la créature ; il est une prérogative de la Déité, mais le mental de la créature peut manipuler l’énergie, et la manipule effectivement dans la mesure exacte où il est devenu maitre des secrets de l’énergie de l’univers physique. 111:6.5 Quand l’homme souhaite modifier la réalité physique, que ce soit lui-même ou son environnement, il y réussit dans la mesure où il a découvert les façons et moyens de contrôler la matière et de diriger l’énergie. Sans aide, le mental est impuissant à influencer quoi que ce soit de matériel, sauf son propre mécanisme physique auquel il est inéluctablement lié. Mais, par l’emploi intelligent du mécanisme corporel, le mental peut créer d’autres mécanismes, même des rapports d’énergies et des relations vivantes, au moyen desquels ce mental peut de mieux en mieux contrôler et même dominer son niveau physique dans l’univers. 111:6.6 La science est la source des faits et le mental ne peut opérer en l’absence de faits. Dans l’édification de la sagesse, les faits sont les pierres de taille réunies par le ciment de l’expérience de la vie. L’homme peut trouver l’amour de Dieu sans les faits et découvrir les lois de Dieu sans l’amour, mais jamais il ne peut commencer à apprécier la symétrie infinie, l’harmonie céleste et l’exquise plénitude de la nature inclusive de tout de la Source-Centre Première avant d’avoir trouvé la loi divine et l’amour divin, et de les avoir unifiés expérientiellement dans sa propre philosophie cosmique en évolution. 111:6.7 L’expansion des connaissances matérielles permet une plus grande appréciation intellectuelle de la signification des idées et de la valeur des idéaux. Un être humain peut trouver la vérité dans son expérience intérieure, mais il a besoin de connaitre clairement les faits pour appliquer sa découverte personnelle de la vérité aux exigences brutalement pratiques de la vie quotidienne. 111:6.8 Il est tout naturel que l’homme mortel soit harcelé de sentiments d’insécurité quand il se voit inextricablement lié à la nature, alors qu’il possède des pouvoirs spirituels qui transcendent entièrement toutes les choses temporelles et finies. Seule la confiance religieuse – la foi vivante – peut soutenir l’homme au milieu de ces problèmes difficiles et troublants. 111:6.9 De tous les dangers qui assaillent la nature mortelle de l’homme et mettent en péril son intégrité spirituelle, l’orgueil est le plus grand. Le courage est valeureux, mais l’égotisme est vaniteux et suicidaire. Une confiance raisonnable en soi n’est pas à déplorer. L’aptitude de l’homme à se transcender est la seule chose qui le distingue du règne animal. 111:6.10 L’orgueil est trompeur, grisant, et engendre le péché, que ce soit chez un individu, un groupe, une race ou une nation. Il est littéralement vrai que « l’orgueil va au-devant de la ruine ». 7. Le problème de l’Ajusteur 111:7.1 L’incertitude dans la sécurité est l’essence de l’aventure du Paradis – incertitude dans le temps et le mental, incertitude sur les évènements du déroulement de l’ascension au Paradis ; sécurité en esprit et dans l’éternité, sécurité dans la confiance sans réserve du fils créé en la compassion divine et l’amour infini du Père Universel ; incertitude en tant que citoyen inexpérimenté de l’univers ; sécurité en tant que fils ascendant dans les demeures universelles d’un Père infiniment puissant, sage et aimant. 111:7.2 Puis-je vous exhorter à prêter attention à l’écho lointain du fidèle appel que l’Ajusteur adresse à votre âme ? L’Ajusteur intérieur ne peut ni arrêter ni même changer matériellement la lutte inhérente à votre carrière dans le temps ; l’Ajusteur ne peut réduire les tribulations de votre vie au cours de votre voyage en ce monde de dur labeur. L’habitant divin ne peut que s’abstenir patiemment pendant que vous menez le combat de la vie telle qu’elle est vécue sur votre planète. Par contre, au cours de vos travaux et de vos soucis, de vos luttes et de vos peines, vous pourriez, si seulement vous le vouliez, permettre au vaillant Ajusteur de combattre avec vous et pour vous. Vous pourriez être tellement encouragé et inspiré, tellement passionné et intrigué, si vous vouliez seulement permettre à l’Ajusteur de présenter constamment le tableau du vrai mobile, du but final et de l’éternel dessein de toute cette difficile lutte ascendante avec les problèmes ordinaires de votre présent monde matériel. 111:7.3 Pourquoi n’aidez-vous pas l’Ajusteur dans sa tâche qui consiste à vous montrer la contrepartie spirituelle de tous ces efforts matériels opiniâtres ? Pourquoi ne permettez-vous pas à l’Ajusteur de vous fortifier à l’aide des vérités spirituelles du pouvoir cosmique pendant que vous luttez contre les difficultés temporelles de l’existence des créatures ? Pourquoi n’encouragez-vous pas l’aide divin à vous réconforter en vous montrant clairement le panorama éternel de la vie universelle pendant que vous considérez avec perplexité les problèmes de l’heure qui passe ? Pourquoi refusez-vous d’être éclairé et inspiré par le point de vue de l’univers pendant que vous peinez au milieu des handicaps du temps et que vous vous débattez dans le dédale des incertitudes qui assaillent le voyage de votre vie de mortel ? Pourquoi ne pas permettre à l’Ajusteur de spiritualiser vos pensées, même si vos pieds doivent fouler les sentiers matériels des efforts terrestres ? 111:7.4 Les races humaines supérieures d’Urantia sont mêlées de façon complexe. Elles sont un mélange de nombreuses races et souches d’origines différentes. Cette nature composite rend extrêmement difficile aux Moniteurs de travailler efficacement durant la vie, et complique nettement les problèmes de l’Ajusteur et du gardien séraphique après la mort. Il n’y a pas très longtemps, je me trouvais sur Salvington et j’entendis un gardien de la destinée présenter un exposé en règle pour excuser les difficultés rencontrées dans son ministère auprès de son sujet humain. Ce séraphin disait : 111:7.5 « Une grande partie de ma difficulté provenait de l’interminable conflit entre les deux natures de mon sujet : la poussée de l’ambition contrariée par l’indolence animale ; les idéaux d’un peuple supérieur barrés par les instincts d’une race inférieure ; les desseins élevés d’un mental élevé rencontrant l’antagonisme des impulsions héréditaires primitives ; les vues à long terme d’un Moniteur prévoyant contrecarrées par l’étroitesse de vues d’une créature du temps ; les plans progressifs d’un être ascendant modifiés par les désirs et les envies d’une nature matérielle ; les éclairs d’intelligence universelle annulés par les impératifs énergétiques chimiques d’une race en évolution ; les émotions d’un animal s’opposant à la pression des anges ; l’entrainement d’un intellect annihilé par les tendances de l’instinct ; l’expérience de l’individu se heurtant aux penchants accumulés de la race ; les buts du meilleur dominés par l’impulsion du pire ; l’envol du génie neutralisé par le poids de la médiocrité ; le progrès du bon retardé par l’inertie du mauvais ; l’art du beau souillé par la présence du mal ; l’entrain de la santé neutralisé par l’asthénie due à la maladie ; la fontaine de foi polluée par les poisons de la peur ; la source de joie aigrie par les eaux de l’affliction ; l’allégresse de l’anticipation désillusionnée par l’amertume de la réalisation ; les joies de la vie toujours menacées par les tristesses de la mort. Quelle vie, et sur quelle planète ! Et pourtant, à cause de l’incitation et de l’appui toujours présents de l’Ajusteur de Pensée, cette âme a atteint un bon degré de bonheur et de succès, et s’est élevée dès maintenant aux salles de jugement de maisonnia. » 111:7.6 [Présenté par un Messager Solitaire d’Orvonton.] FASCICULE 112. La survie de la personnalité 112:0.1 Les planètes évolutionnaires sont les sphères d’origine des hommes, les mondes initiaux de la carrière humaine ascendante. Urantia est votre point de départ ; c’est là que vous êtes joint à votre divin Ajusteur de Pensée en une union temporaire. Vous avez été doté d’un guide parfait ; si donc vous voulez sincèrement courir la course du temps et atteindre le but final de la foi, la récompense des âges sera vôtre : vous serez éternellement uni à votre Ajusteur intérieur. C’est alors que commencera votre vie réelle, la vie ascendante dont votre présent état mortel n’est que le prélude. C’est alors que commencera votre mission sublime et progressive comme finalitaire dans l’éternité qui se déploie devant vous. Pendant tous ces âges et stades successifs de croissance évolutionnaire, une partie de vous reste toujours absolument inchangée ; c’est la personnalité – la permanence en présence du changement. 112:0.2 Il serait sans doute présomptueux de tenter de définir la personnalité, mais il pourrait être utile de remémorer certaines choses connues à son sujet : 112:0.3 1. La personnalité est cette qualité dans la réalité qui est conférée par le Père Universel lui-même, ou par l’Acteur Conjoint agissant pour le Père. 112:0.4 2. Elle peut être conférée à tout système énergétique vivant qui inclut le mental ou l’esprit. 112:0.5 3. Elle n’est pas entièrement soumise aux entraves des causes antécédentes. Elle est relativement créative ou cocréative. 112:0.6 4. Quand elle est conférée à des créatures matérielles évolutionnaires, elle fait que l’esprit s’efforce de maitriser l’énergie-matière par l’intermédiaire du mental. 112:0.7 5. Alors qu’elle est dépourvue d’identité, la personnalité peut unifier l’identité de tout système énergétique vivant. 112:0.8 6. Sa sensibilité au circuit de personnalité est seulement qualitative, contrairement à celle des trois énergies qui sont à la fois qualitativement et quantitativement sensibles à la gravité. 112:0.9 7. La personnalité est invariante en présence du changement. 112:0.10 8. Elle peut faire un don à Dieu – la consécration du libre arbitre à faire la volonté de Dieu. 112:0.11 9. Elle est caractérisée par la moralité – la conscience de la relativité des relations avec d’autres personnes. Elle discerne des niveaux de conduite et fait parmi eux un choix judicieux. 112:0.12 10. La personnalité est unique, absolument unique : elle est unique dans le temps et l’espace ; elle est unique dans l’éternité et au Paradis ; elle est unique lorsqu’elle est conférée – il n’en existe pas de copies ; elle est unique à tout moment de l’existence ; elle est unique par rapport à Dieu – qui ne fait pas acception de personnes, mais qui ne les additionne pas non plus, car elles ne sont pas additionnables – elles sont associables, mais non totalisables. 112:0.13 11. La personnalité réagit directement à la présence d’une autre personnalité. 112:0.14 12. Elle est un élément qui peut être ajouté à l’esprit, ce qui illustre la primauté du Père par rapport au Fils. (Le mental n’a pas besoin d’être ajouté à l’esprit). 112:0.15 13. La personnalité peut survivre au décès physique avec l’identité dans l’âme survivante. L’Ajusteur et la personnalité sont invariants ; la relation entre les deux (dans l’âme) n’est que changement, évolution continue ; et, si ce changement (la croissance) cessait, ce serait la fin de l’âme. 112:0.16 14. La personnalité a une conscience unique du temps, quelque chose d’autre que la perception du temps par le mental ou l’esprit. 1. Personnalité et réalité 112:1.1 La personnalité est conférée par le Père Universel à ses créatures en tant que don potentiellement éternel. Un tel don divin est destiné à fonctionner sur de nombreux niveaux et dans des situations d’univers successives allant de l’humble fini jusqu’au plus haut absonite, et même jusqu’aux frontières de l’absolu. La personnalité joue ainsi un rôle sur trois plans cosmiques ou dans trois phases de l’univers : 112:1.2 1. Statut de position. La personnalité fonctionne avec une égale efficacité dans l’univers local, dans le superunivers et dans l’univers central. 112:1.3 2. Statut de signification. La personnalité joue un rôle effectif sur les niveaux du fini, de l’absonite et même empiétant sur l’absolu. 112:1.4 3. Statut de valeur. La personnalité peut être réalisée expérientiellement dans les domaines progressifs du matériel, du morontiel et du spirituel. 112:1.5 La personnalité a un domaine perfectionné d’accomplissement de dimension cosmique. La personnalité finie a trois dimensions qui fonctionnent à peu près comme suit : 112:1.6 1. La longueur représente la direction et la nature de la progression – le mouvement à travers l’espace et conformément au temps – l’évolution. 112:1.7 2. La profondeur verticale embrasse les impulsions et attitudes des organismes, les niveaux variables de réalisation de soi et le phénomène général de réaction à l’environnement. 112:1.8 3. La largeur embrasse les domaines de coordination, d’association et d’organisation de l’individualité. 112:1.9 Le type de personnalité conféré aux mortels d’Urantia a un potentiel de sept dimensions d’expression du moi ou de réalisation de la personne. Ces phénomènes dimensionnels sont réalisables à raison de trois sur le niveau fini, trois sur le niveau absonite et un sur le niveau absolu. Sur les niveaux subabsolus, cette septième dimension, ou dimension de totalité, peut être expérimentée en tant que fait de la personnalité. Cette dimension suprême est un absolu associable et, bien que n’étant pas infinie, elle possède un potentiel dimensionnel permettant une pénétration subinfinie de l’absolu. 112:1.10 Les dimensions finies de la personnalité sont en rapport avec la longueur, la profondeur et la largeur cosmiques. La longueur dénote une signification ; la profondeur signifie une valeur ; et la largeur inclut la clairvoyance – la capacité d’éprouver une conscience indiscutable de la réalité cosmique. 112:1.11 Sur le niveau morontiel, toutes ces dimensions finies du niveau matériel sont grandement rehaussées, et certaines nouvelles valeurs dimensionnelles sont réalisables. Toutes ces expériences dimensionnelles amplifiées du niveau morontiel sont merveilleusement articulées avec la dimension suprême, celle de la personnalité, par l’influence de la mota, et aussi à cause de la contribution des mathématiques morontielles. 112:1.12 Beaucoup de difficultés éprouvées par les mortels dans leur étude de la personnalité humaine pourraient être évitées si la créature finie voulait se rappeler que les niveaux dimensionnels et les niveaux spirituels ne sont pas coordonnés dans la réalisation expérientielle de la personnalité. 112:1.13 La vie est en réalité un processus qui se produit entre l’organisme (l’individualité) et son environnement. La personnalité communique des valeurs d’identité et des significations de continuité à cette association d’un organisme et d’un environnement. On reconnaitra ainsi que le phénomène de stimulation-réaction n’est pas un simple processus machinal, puisque la personnalité fonctionne comme facteur dans la situation totale. Il reste toujours vrai que les mécanismes sont naturellement passifs et les organismes, naturellement actifs. 112:1.14 La vie physique est un processus qui se produit entre l’organisme et l’environnement, plutôt qu’à l’intérieur de l’organisme. Tout processus de cet ordre tend à créer et à établir des modèles organiques de réaction à cet environnement, et tous ces modèles directeurs exercent une grande influence sur le choix du but. 112:1.15 C’est par l’intermédiaire du mental que le moi et l’environnement établissent un contact significatif. L’aptitude et la bonne disposition de l’organisme à établir des contacts significatifs avec l’environnement (à réagir à des incitations) représentent l’attitude de la personnalité tout entière. 112:1.16 La personnalité agit difficilement dans l’isolement. L’homme est, par naissance, une créature sociable ; il est dominé par un désir ardent d’appartenance. Il est littéralement vrai « qu’aucun homme ne vit pour lui-même ». 112:1.17 Mais le concept de la personnalité, en tant que signifiant la totalité de la créature qui vit et fonctionne, représente beaucoup plus que l’intégration de relations ; ce concept signifie l’unification de tous les facteurs de la réalité en même temps que la coordination des relations. Entre deux objets, il existe des relations, mais trois objets ou davantage aboutissent à un système, et un système représente beaucoup plus que des relations élargies ou complexes. Cette distinction est capitale, car, dans un système cosmique, les membres individuels ne sont pas reliés les uns aux autres autrement que par rapport au tout, et grâce à l’individualité de ce tout. 112:1.18 Dans l’organisme humain, la somme des parties constitue l’individu – l’individualité – mais ce processus n’a rien de commun avec la personnalité, qui est l’unificateur de tous ces facteurs dans leurs rapports avec les réalités cosmiques. 112:1.19 Dans un agrégat, les parties sont additionnées. Dans un système, les parties sont agencées. Les systèmes sont significatifs par leur organisation – les valeurs de position. Dans un bon système, tous les facteurs sont en position cosmique. Dans un mauvais système, ou bien il manque quelque chose, ou bien quelque chose est déplacé, dérangé. Dans le système humain, c’est la personnalité qui unifie toutes les activités et qui, à son tour, communique les qualités d’identité et de créativité. 2. Le moi 112:2.1 Dans l’étude de l’individualité, il serait bon de se rappeler : 112:2.2 1. Que les systèmes physiques sont subordonnés. 112:2.3 2. Que les systèmes intellectuels sont coordonnés. 112:2.4 3. Que la personnalité est superordonnée. 112:2.5 4. Que la force spirituelle intérieure est potentiellement directrice. 112:2.6 Dans tout concept d’individualité, il faudrait reconnaitre que le fait de la vie vient d’abord, et son évaluation ou son interprétation ensuite. Un enfant commence par vivre, et ultérieurement il réfléchit sur sa vie. Dans l’économie cosmique, la perspicacité précède la prévision. 112:2.7 Le fait universel de Dieu se faisant homme a pour toujours changé toutes les significations et modifié toutes les valeurs de la personnalité humaine. Dans le vrai sens du mot, l’amour implique une estime mutuelle de personnalités entières, qu’elles soient humaines ou divines, ou humaines et divines. Des fractions du moi peuvent fonctionner de nombreuses façons – réfléchir, ressentir, souhaiter – mais seuls les attributs coordonnés de la personnalité entière sont focalisés dans une action intelligente. Tous ces pouvoirs sont associés à la dotation spirituelle du mental mortel quand un être humain aime sincèrement et de façon désintéressée un autre être, humain ou divin. 112:2.8 Tous les concepts humains de la réalité sont basés sur l’hypothèse que la personnalité humaine est actuelle. Tous les concepts des réalités suprahumaines sont basés sur l’expérience de la personnalité humaine avec les réalités cosmiques et dans ces réalités cosmiques de certaines entités spirituelles et personnalités divines associées. Dans l’expérience humaine, tout ce qui n’est pas spirituel, sauf la personnalité, est un moyen en vue d’une fin. Toute véritable relation entre un mortel et d’autres personnes – humaines ou divines – est une fin en soi. Et une telle association avec la personnalité de la Déité est le but éternel de l’ascension de l’univers. 112:2.9 La possession d’une personnalité identifie l’homme en tant qu’être spirituel, puisque l’unité de l’individualité et de la conscience de soi de la personnalité sont des dons du monde supramatériel. Le fait même qu’un mortel matérialiste puisse nier l’existence de réalités supramatérielles démontre, en lui-même et par lui-même, que la synthèse spirituelle et la conscience cosmique sont présentes dans son mental humain et y sont à l’œuvre. 112:2.10 Il existe un grand abime cosmique entre la matière et la pensée, et un gouffre encore incommensurablement plus grand entre le mental matériel et l’amour spirituel. La conscience, et encore bien moins la conscience de soi, ne peut être expliquée par aucune théorie d’association électronique mécanique, ni par aucun phénomène d’énergie matérialiste. 112:2.11 À mesure que le mental poursuit l’analyse ultime de la réalité, la matière échappe aux sens matériels, mais peut encore rester réelle pour le mental. Quand la clairvoyance spirituelle recherche la réalité qui subsiste après la disparition de la matière et la poursuit jusqu’à une analyse ultime, la matière disparait pour le mental, mais la clairvoyance de l’esprit peut encore percevoir les réalités cosmiques, et les valeurs suprêmes de nature spirituelle. En conséquence, la science cède la place à la philosophie, tandis que la philosophie doit se plier aux conclusions inhérentes à l’expérience spirituelle authentique. La pensée abdique devant la sagesse, et la sagesse se perd dans une adoration illuminée et réflexive. 112:2.12 Dans la science, le moi humain observe le monde matériel ; la philosophie est l’observation de cette observation du monde matériel ; la religion, la vraie expérience spirituelle, est la réalisation expérientielle de la réalité cosmique de l’observation de l’observation de toute cette synthèse relative des matériaux énergétiques du temps et de l’espace. Construire une philosophie de l’univers exclusivement sur le matérialisme, c’est ignorer le fait que toutes les choses matérielles sont initialement conçues comme réelles dans l’expérience de la conscience humaine. L’observateur ne peut pas être la chose observée ; l’évaluation exige que l’évaluateur transcende quelque peu la chose évaluée. 112:2.13 Dans le temps, la pensée conduit à la sagesse, et la sagesse mène à l’adoration. Dans l’éternité, l’adoration conduit à la sagesse et la sagesse aboutit à la finalité de la pensée. 112:2.14 La possibilité d’unifier le moi en évolution est inhérente aux qualités de ses facteurs constitutifs qui sont : les énergies de base, les tissus essentiels, le supercontrôle chimique fondamental, les idées suprêmes, les mobiles suprêmes, les buts suprêmes et le divin esprit d’effusion du Paradis – le secret de la conscience de soi de la nature spirituelle de l’homme. 112:2.15 Le dessein de l’évolution cosmique est d’atteindre l’unité de la personnalité par une maitrise croissante de l’esprit, par une réponse volitive aux enseignements et aux directives de l’Ajusteur de Pensée. La personnalité, tant humaine que suprahumaine, est caractérisée par une qualité cosmique inhérente que l’on pourrait appeler « l’évolution de la maitrise », l’expansion du contrôle à la fois de soi-même et de son environnement. 112:2.16 Une personnalité ascendante ayant été humaine passe par deux grandes phases de maitrise volitive croissante du moi et dans l’univers : 112:2.17 1. L’expérience préfinalitaire, ou de la recherche de Dieu, consiste à accroitre la réalisation de soi par une technique d’expansion et d’actualisation de l’identité en même temps que la solution des problèmes cosmiques et la maitrise de l’univers qui en résulte. 112:2.18 2. L’expérience postfinalitaire, ou révélant Dieu, dans laquelle la réalisation de soi subit une expansion créative par la révélation de l’Être expérientiel Suprême aux intelligences cherchant Dieu, mais n’ayant pas encore atteint les niveaux divins où elles sont semblables à Dieu. 112:2.19 Les personnalités descendantes passent par des expériences analogues au cours de leurs diverses aventures dans l’univers, pendant qu’elles recherchent l’accroissement de leur capacité de connaitre avec certitude et d’exécuter les volontés divines des Déités Suprême, Ultime et Absolue. 112:2.20 Durant la vie physique, le moi matériel, l’ego-entité de l’identité humaine, dépend du fonctionnement continu du véhicule vital matériel, du maintien continu de l’équilibre instable des énergies et de l’intellect, auquel on a donné le nom de vie sur Urantia. Mais l’individualité ayant valeur de survie, l’individualité qui peut transcender l’expérience de la mort, ne se constitue qu’en établissant un transfert potentiel du siège de l’identité de la personnalité évoluante, depuis le véhicule de la vie transitoire – le corps matériel – jusqu’à l’âme morontielle de nature plus durable et immortelle, et ensuite au-delà, sur les niveaux où l’âme s’imprègne de réalité spirituelle et atteint finalement le statut de réalité d’esprit. Ce transfert effectif d’une association matérielle à une identification morontielle s’effectue par la sincérité, la persistance et la fermeté des décisions de la créature humaine dans sa recherche de Dieu. 3. Le phénomène de la mort 112:3.1 Les Urantiens ne reconnaissent, en général, qu’une seule sorte de mort, la cessation physique des énergies vitales ; mais, en ce qui concerne la survie de la personnalité, il y a en réalité trois espèces de morts : 112:3.2 1. La mort spirituelle (de l’âme). Si un mortel rejette la survie et quand il l’a rejetée définitivement ; quand il a été déclaré spirituellement insolvable et morontiellement en faillite suivant l’opinion conjointe de l’Ajusteur et du séraphin survivant, quand un tel avis coordonné a été enregistré sur Uversa, et après que les Censeurs et leurs associés réflectifs ont vérifié ces conclusions, les dirigeants d’Orvonton ordonnent la libération immédiate du Moniteur intérieur. Cependant, cette libération de l’Ajusteur n’affecte en aucune manière les devoirs du séraphin personnel ou collectif qui s’occupe de cet individu abandonné par l’Ajusteur. Cette sorte de mort a une signification définitive, indépendante des énergies vivantes qui peuvent continuer temporairement à animer les mécanismes physiques et mentaux. Du point de vue cosmique, l’intéressé est déjà mort. La continuation de la vie dénote simplement la persistance de la force vive matérielle des énergies cosmiques. 112:3.3 2. La mort intellectuelle (du mental). Quand les circuits vitaux du ministère adjuvat supérieur sont rompus par les aberrations de l’intellect, ou par la destruction partielle du mécanisme cérébral, et si cet état de choses dépasse un certain point critique où il est devenu irréparable, l’Ajusteur intérieur est immédiatement libéré et part pour Divinington. Dans les annales de l’univers, on considère qu’une personnalité mortelle a rencontré la mort dès que les circuits mentaux essentiels de l’action volitive humaine ont été détruits. Et ceci est encore la mort, indépendamment du fait que le mécanisme vivant du corps physique continue à fonctionner. Privé du mental volitif, le corps a cessé d’être humain, mais l’âme d’un tel individu peut survivre ; cela dépend du choix antérieur de sa volonté humaine. 112:3.4 3. La mort physique (corps et mental). Quand la mort atteint un être humain, l’Ajusteur reste dans la citadelle du mental jusqu’à ce qu’il cesse de fonctionner comme un mécanisme intelligent, c’est-à-dire à peu près jusqu’au moment où les énergies cérébrales mesurables cessent leurs pulsations vitales rythmiques. À la suite de cette désintégration, l’Ajusteur prend congé du mental en voie de disparition, avec tout aussi peu de cérémonie qu’il y était entré un certain nombre d’années auparavant, et se rend à Divinington en passant par Uversa. 112:3.5 Après la mort, le corps matériel retourne au monde élémental d’où il provenait, mais deux facteurs immatériels de la personnalité survivante persistent : en premier lieu, l’Ajusteur de Pensée préexistant, avec la mémoire transcrite de la carrière mortelle, se rend sur Divinington ; en second lieu, l’âme morontielle immortelle du trépassé est confiée au gardien de la destinée. Ces phases et aspects de l’âme, ces formules d’identité jadis cinétiques et maintenant statiques, sont essentielles pour la repersonnalisation sur les mondes morontiels ; et c’est la réunion de l’Ajusteur et de l’âme qui reconstitue la personnalité survivante, qui vous rend de nouveau conscient au moment du réveil morontiel. 112:3.6 Pour ceux qui n’ont pas de gardiens séraphiques personnels, les conservateurs collectifs accomplissent fidèlement et efficacement le même service de sauvegarde de l’identité et de résurrection de la personnalité. Les séraphins sont indispensables pour reconstituer la personnalité. 112:3.7 Lors de la mort, l’Ajusteur de Pensée perd temporairement la personnalité, mais non l’identité, tandis que le sujet humain perd temporairement l’identité, mais non la personnalité ; sur les mondes des maisons, les deux se réunissent en une manifestation éternelle. Jamais un Ajusteur parti ne revient sur terre avec l’identité de l’être qu’il avait précédemment habité. Jamais la personnalité n’est manifestée sans la volonté humaine ; et jamais un être humain séparé de son Ajusteur après la mort ne manifeste une identité active ou n’établit une communication quelconque avec les êtres vivants sur terre. Ces âmes séparées de l’Ajusteur sont entièrement et absolument inconscientes pendant le court ou long sommeil de la mort. Il ne peut se produire aucune manifestation d’aucune sorte de la personnalité, ni exister aucune aptitude à engager des communications avec d’autres personnalités avant le parachèvement de la survie. Ceux qui vont sur les mondes des maisons n’ont pas l’autorisation d’envoyer des messages en retour à ceux qu’ils aimaient. Il est de règle, dans tous les univers, d’interdire ce genre de communications pendant la durée de la dispensation en cours. 4. Les Ajusteurs après la mort 112:4.1 Quand une mort de nature matérielle, intellectuelle ou spirituelle survient, l’Ajusteur fait ses adieux à son hôte mortel et part pour Divinington. Un contact réflectif est établi à partir de leur siège respectif entre les superviseurs du gouvernement de l’univers local et ceux du superunivers, après quoi la sortie du Moniteur est enregistrée sous le même numéro d’inscription que son entrée dans les domaines du temps. 112:4.2 D’une manière que nous ne comprenons pas entièrement, les Censeurs Universels sont capables d’entrer en possession d’un résumé de la vie humaine telle qu’elle est incorporée dans le duplicata de la transcription, faite par l’Ajusteur, des valeurs spirituelles et des significations morontielles du mental habité. Les Censeurs ont la faculté de s’approprier la version de l’Ajusteur sur le caractère de survie et les qualités spirituelles de l’humain décédé, et toutes ces données, ainsi que les archives séraphiques, sont disponibles pour être présentées au moment du jugement de l’individu concerné. Ces renseignements sont également utilisés pour confirmer les ordres superuniversels qui rendent possible à certains ascendeurs de commencer immédiatement leur carrière morontielle, c’est-à-dire de se rendre sur les mondes des maisons aussitôt après leur désintégration physique, en anticipant sur la terminaison officielle d’une dispensation planétaire. 112:4.3 Après la mort physique, et sauf pour les individus transférés de chez les vivants, l’Ajusteur libéré se rend immédiatement sur la sphère-foyer de Divinington. Les détails de ce qui se passe sur ce monde, en attendant la réapparition de fait du mortel survivant, dépendent principalement de la réponse à la question suivante : l’être humain s’élève-t-il aux mondes des maisons de son propre droit individuel, ou bien attend-il une convocation dispensationnelle des survivants endormis d’un âge planétaire ? 112:4.4 Si son associé mortel appartient à un groupe qui sera repersonnalisé à la fin d’une dispensation, l’Ajusteur ne retournera pas immédiatement au monde des maisons de l’ancien système où il servait, mais il optera pour l’une des affectations temporaires suivantes : 112:4.5 1. Enrôlement dans les rangs des Moniteurs disparus pour des services non révélés. 112:4.6 2. Affectation pour un temps à l’observation du régime du Paradis. 112:4.7 3. Enrôlement dans l’une des nombreuses écoles d’entrainement de Divinington. 112:4.8 4. Stationnement pour un temps comme observateur estudiantin sur l’une des six autres sphères sacrées constituant le circuit des mondes paradisiaques du Père. 112:4.9 5. Affectation au service des messagers des Ajusteurs Personnalisés. 112:4.10 6. Devenir instructeur adjoint dans les écoles de Divinington consacrées à l’éducation des Moniteurs appartenant au groupe vierge. 112:4.11 7. Affectation à sélectionner un groupe de mondes possibles pour servir au cas où il y aurait des motifs raisonnables de croire que le partenaire humain pourrait avoir rejeté la survie. 112:4.12 Si, au moment où la mort vous surprend, vous avez atteint le troisième cercle ou un royaume supérieur, et qu’en conséquence un gardien personnel de la destinée vous a été affecté, et si la transcription finale du résumé de votre caractère de survie soumise par l’Ajusteur est certifiée inconditionnellement par le gardien de la destinée – si le séraphin et l’Ajusteur sont essentiellement d’accord sur chaque rubrique de leurs exposés et recommandations concernant votre vie – si les Censeurs Universels et leurs associés réflectifs sur Uversa confirment ces données sans équivoque ni réserve, alors les Anciens des Jours lancent comme un éclair, sur les circuits de communications allant à Salvington, l’ordre de rehausser votre statut. Ainsi couverts, les tribunaux du Souverain de Nébadon décréteront le passage immédiat de l’âme survivante aux salles de résurrection des mondes des maisons. 112:4.13 D’après les informations que je reçois, si l’individu humain survit sans délai, l’Ajusteur se fait inscrire à Divinington, se rend au Paradis devant la personne du Père Universel, revient aussitôt pour être étreint par les Ajusteurs Personnalisés du superunivers et de l’univers local où il est affecté, reçoit la confirmation du chef Moniteur Personnalisé de Divinington, et passe ensuite immédiatement à la « réalisation de la transition d’identité ». De là, il est invité, à la troisième période et sur le monde des maisons, à habiter la forme même de personnalité préparée pour recevoir l’âme survivante du mortel terrestre, telle que cette forme a été projetée par le gardien de la destinée. 5. La survie du moi humain 112:5.1 L’individualité est une réalité cosmique, qu’elle soit matérielle, morontielle ou spirituelle. L’actualité de l’état personnel est le don du Père Universel agissant de lui-même et par lui-même ou par ses multiples agents universels. Dire qu’un être est personnel, c’est reconnaitre l’individuation relative d’un tel être, à l’intérieur de l’organisme cosmique. Le cosmos vivant est un agrégat presque infiniment intégré d’unités réelles dont chacune est relativement soumise à la destinée de l’ensemble. Mais les unités personnelles ont été dotées de la faculté effective de choisir entre l’acceptation et le rejet de leur destinée. 112:5.2 Ce qui vient du Père est éternel comme le Père, et ceci est tout aussi vrai pour la personnalité, que Dieu donne en vertu du choix de son libre arbitre, que pour le divin Ajusteur de Pensée, fragment actuel de Dieu. La personnalité de l’homme est éternelle, mais, quant à l’identité, c’est une réalité éternelle conditionnée. Du fait qu’elle est apparue en réponse à la volonté du Père, la personnalité atteindra une destinée de Déité, mais l’homme doit choisir s’il sera présent ou non à l’aboutissement de cette destinée. À défaut de choix positif, la personnalité atteint directement la Déité expérientielle en devenant une partie de l’Être Suprême. Le cycle est préordonné, mais la participation de l’homme à ce cycle est optionnelle, personnelle et expérientielle. 112:5.3 L’identité du mortel est une condition transitoire de la vie temporelle dans l’univers. Elle n’est réelle que dans la mesure où la personnalité choisit de devenir un phénomène continu de l’univers. Voici la différence essentielle entre l’homme et un système énergétique : le système énergétique doit continuer, il n’a pas le choix, mais l’homme a tout à voir dans la détermination de sa propre destinée. L’Ajusteur est vraiment le sentier vers le Paradis, mais il faut que l’homme suive lui-même ce sentier par sa propre décision, par le choix de son libre arbitre. 112:5.4 Les êtres humains ne possèdent d’identité que dans le sens matériel. De telles qualités du moi sont exprimées par le mental matériel tel qu’il fonctionne dans le système énergétique de l’intellect. Quand on dit que l’homme a une identité, on reconnait qu’il possède un circuit mental qui a été subordonné aux actes et aux choix de la volonté de la personnalité humaine. Mais cette manifestation est toutefois matérielle et purement temporaire, de même que l’embryon humain est un stade transitoire parasite de la vie humaine. Dans la perspective cosmique, les êtres humains naissent, vivent et meurent relativement en un instant ; ils ne sont pas durables. Mais, par son propre choix, la personnalité mortelle possède le pouvoir de transférer son siège d’identité du système éphémère intellect-matière au système supérieur âme-morontia, lequel, en association avec l’Ajusteur de Pensée, est créé comme nouveau véhicule pour la manifestation de la personnalité. 112:5.5 C’est ce pouvoir de choix lui-même, cette marque distinctive universelle des créatures douées de libre arbitre, qui constitue la plus grande chance de l’homme et sa suprême responsabilité cosmique. La destinée éternelle du futur finalitaire dépend de l’intégrité de la volition humaine. Pour acquérir la personnalité éternelle, le divin Ajusteur dépend de la sincérité du libre arbitre du mortel. Pour réaliser un nouveau fils ascendant, le Père Universel dépend de la fidélité du choix du mortel. Pour rendre actuelle l’évolution expérientielle, l’Être Suprême dépend de la fermeté et de la sagesse des décisions-actions humaines. 112:5.6 Les cercles cosmiques de croissance de la personnalité doivent finalement être atteints, mais il peut arriver que, sans qu’il y ait faute de votre part, les accidents du temps et les handicaps de l’existence matérielle vous empêchent de dominer ces niveaux sur votre planète natale. Si vos intentions et vos désirs ont une valeur de survie, des décrets seront émis pour prolonger votre période probatoire. On vous allouera du temps supplémentaire pour démontrer ce que vous valez. 112:5.7 Si jamais il y a un doute sur l’opportunité de faire avancer une identité humaine sur les mondes des maisons, les gouvernements de l’univers décident invariablement dans l’intérêt personnel de l’individu. Sans hésiter, ils élèvent cette âme au statut d’être transitionnel, tout en continuant leurs observations sur ses intentions morontielles et ses desseins spirituels émergents. Ainsi, la divine justice est certaine d’être accomplie et la divine miséricorde se voit accorder une nouvelle occasion d’étendre son ministère. 112:5.8 Les gouvernements d’Orvonton et de Nébadon ne prétendent pas atteindre une perfection absolue dans l’exécution détaillée du plan universel de repersonnalisation des mortels, mais ils prétendent manifester de la patience, de la tolérance, de la compréhension et une sympathie miséricordieuse, et ils le font réellement. Nous préférons assumer le risque d’une rébellion dans un système plutôt que de courir le risque de priver un seul individu, se débattant dans n’importe quel monde évolutionnaire, de la joie éternelle de poursuivre la carrière ascendante. 112:5.9 Cela ne signifie pas que les êtres humains doivent bénéficier d’une seconde chance après avoir rejeté la première ; il n’en est nullement ainsi. Mais cela signifie que toutes les créatures volitives doivent avoir une véritable occasion de faire un choix indubitable, pleinement conscient et définitif. Les Juges souverains des univers ne priveront jamais du statut de personnalité un être qui n’a pas définitivement et pleinement fait le choix éternel. L’âme humaine doit recevoir et recevra pleine et ample occasion de révéler sa véritable intention et son dessein réel. 112:5.10 Après leur mort, les humains les plus évolués spirituellement et cosmiquement se rendent immédiatement sur les mondes des maisons. En général, ce dispositif opère pour ceux qui ont un gardien séraphique affecté à leur personne. D’autres mortels peuvent être détenus jusqu’à ce que le jugement de leurs affaires ait été parachevé, après quoi ils peuvent aller aux mondes des maisons. Ils peuvent aussi être affectés aux rangs des survivants endormis qui seront repersonnalisés en masse à la fin de la dispensation planétaire en cours. 112:5.11 Deux difficultés entravent mes efforts pour expliquer exactement ce qui se passe pour vous dans la mort, le vous survivant, qui est distinct de l’Ajusteur qui vous quitte. L’une d’elles consiste dans l’impossibilité de transmettre, à votre niveau de compréhension, une description adéquate d’une opération se situant à la frontière des domaines physique et morontiel. L’autre difficulté provient des restrictions placées par les autorités célestes gouvernant Urantia sur ma mission en tant que révélateur de la vérité. Beaucoup de détails intéressants pourraient être présentés, mais je ne les révèle pas sur le conseil de vos superviseurs planétaires immédiats. Toutefois, je reste dans les limites de mes attributions en exposant ce qui suit : 112:5.12 Un élément réel, un produit de l’évolution humaine, quelque chose en sus du Moniteur de Mystère, survit à la mort. Cette entité nouvellement apparue est l’âme, et elle survit à la mort de votre corps physique aussi bien qu’à celle de votre mental matériel. Cette entité est l’enfant conjoint de la vie et des efforts conjugués du vous humain en liaison avec le vous divin, l’Ajusteur. Cet enfant d’ascendance humaine et divine constitue l’élément survivant d’origine terrestre ; c’est le moi morontiel, l’âme immortelle. 112:5.13 Cet enfant, dont la signification persiste et la valeur survit, est entièrement inconscient pendant la période allant de la mort à la repersonnalisation ; il est confié au gardien séraphique de la destinée pendant toute la période d’attente. Après la mort, vous n’agirez pas en tant qu’être conscient avant d’avoir atteint la nouvelle conscience morontielle sur les mondes des maisons de Satania. 112:5.14 Au moment de la mort, l’identité fonctionnelle associée à la personnalité humaine est interrompue par la cessation du mouvement vital. Bien que la personnalité humaine transcende ses fragments constituants, elle dépend d’eux pour cette identité fonctionnelle. L’arrêt de la vie détruit les modèles du cerveau physique nécessaires à la dotation mentale, et cette interruption du mental met fin à la conscience humaine. Après cela, la conscience de la créature ne peut plus réapparaitre avant qu’ait été arrangée une situation cosmique permettant à la même personnalité humaine de fonctionner de nouveau en relation avec l’énergie vivante. 112:5.15 Pendant le transit des mortels survivants entre leur monde d’origine et les mondes des maisons, que leur personnalité ait été reconstituée à la troisième période, ou qu’elle fasse son ascension à l’époque d’une résurrection collective, les données constitutives de leur personnalité sont fidèlement préservées par les archanges sur leurs mondes d’activités spéciales. Les archanges ne sont pas les conservateurs de la personnalité (comme les anges gardiens conservent l’âme) mais il n’en est pas moins vrai que tout facteur identifiable de personnalité est efficacement préservé sous la garde de ces fidèles dépositaires des éléments de la survie humaine. Quant à l’emplacement exact de la personnalité du mortel pendant la période intermédiaire entre la mort et la survie, nous ne le connaissons pas. 112:5.16 La situation qui rend la repersonnalisation possible est créée dans les salles de résurrection des planètes réceptrices morontielles de l’univers local. Là, dans les chambres d’assemblage de la vie, les autorités supervisantes fournissent cette combinaison d’énergie universelle – morontielle, mentale et spirituelle – qui permet de restituer la conscience au survivant endormi. Le réassemblage des parties constituantes d’une personnalité autrefois matérielle implique : 112:5.17 1. La construction d’une forme appropriée, un modèle morontiel d’énergie, dans laquelle le nouveau survivant peut établir le contact avec la réalité non spirituelle, et à l’intérieur de laquelle la variante morontielle du mental cosmique peut être mise en circuit. 112:5.18 2. Le retour de l’Ajusteur chez la créature morontielle en attente. L’Ajusteur est l’éternel conservateur de votre identité ascendante. Votre Moniteur représente l’assurance absolue que c’est vous-même et non un autre qui occuperez la forme morontielle créée pour le réveil de votre personnalité. Et l’Ajusteur sera présent à la reconstitution de votre personnalité pour reprendre le rôle de guide paradisiaque de votre moi survivant. 112:5.19 3. Quand ces conditions préalables à la repersonnalisation ont été réunies, le conservateur séraphique des potentialités de l’âme immortelle assoupie, avec l’assistance de nombreuses personnalités cosmiques, attribue cette entité morontielle sur et dans la forme corporelle et mentale morontielle préparée à cet effet ; en même temps, il engage cet enfant évolutionnaire du Suprême dans une association éternelle avec l’Ajusteur en attente. Cela parachève la repersonnalisation, la reconstitution de la mémoire, de la clairvoyance et de la conscience – l’identité. 112:5.20 Le fait de la repersonnalisation consiste dans la prise de possession, par le moi humain qui se réveille, de la phase morontielle encircuitée du mental cosmique nouvellement séparé. Le phénomène de la personnalité dépend de la persistance de l’identité de la réaction de l’individualité à l’environnement universel ; et celle-ci ne peut s’effectuer que par l’intermédiaire du mental. L’individualité persiste malgré un changement continu dans tous les facteurs composant le moi ; dans la vie physique, le changement est graduel ; lors de la mort et de la repersonnalisation, le changement est soudain. La véritable réalité de toute individualité (personnalité) est capable de réagir de manière adéquate aux situations de l’univers, grâce aux modifications incessantes de ses parties constituantes ; la stagnation se termine inévitablement par la mort. La vie humaine est un changement perpétuel des facteurs de la vie, unifiés par la stabilité de la personnalité invariante. 112:5.21 Quand vous vous réveillerez ainsi sur le monde des maisons de Jérusem, vous serez tellement changé, votre transformation spirituelle sera si grande que, sans l’aide de votre Ajusteur de Pensée et du gardien de la destinée qui rattacheront si pleinement votre nouvelle vie sur les nouveaux mondes à votre ancienne vie sur votre premier monde, il vous serait d’abord difficile de relier votre nouvelle conscience morontielle aux réminiscences de votre identité antérieure. Malgré la continuité de l’individualité personnelle, une grande partie de votre vie de mortel vous paraitrait d’abord un vague rêve embrumé. Toutefois, le temps clarifiera beaucoup de souvenirs associés à votre vie de mortel. 112:5.22 L’Ajusteur de Pensée ne vous rappellera et ne vous répètera que les souvenirs et les expériences formant une partie essentielle de votre carrière universelle. Si l’Ajusteur a été associé à l’évolution de quoi que ce soit dans le mental humain, alors ces expériences dignes d’intérêt survivront dans la conscience éternelle de l’Ajusteur. Toutefois, une grande partie de votre vie passée et de vos souvenirs n’ayant ni signification spirituelle ni valeur morontielle, périront avec le cerveau matériel. Bien des expériences matérielles disparaitront comme d’anciens échafaudages vous ayant servi de pont pour passer au niveau morontiel et n’ayant désormais plus d’utilité dans l’univers. Mais la personnalité et les relations entre personnalités ne sont jamais des échafaudages ; la mémoire humaine des relations de personnalités a une valeur cosmique et persistera. Sur les mondes des maisons, non seulement vous connaitrez et serez connus de ceux qui furent vos associés dans la courte mais mystérieuse vie physique sur Urantia, mais vous vous les rappellerez et ils se souviendront de vous. 6. Le moi morontiel 112:6.1 De même qu’un papillon émerge du stade de la chenille, de même la vraie personnalité des êtres humains émergera sur les mondes des maisons en se révélant, pour la première fois, séparée de son ancien linceul de chair matérielle. La carrière morontielle dans l’univers local concerne l’élévation continue du mécanisme de la personnalité, depuis le niveau morontiel initial d’existence de l’âme jusqu’au niveau morontiel final de spiritualité progressive. 112:6.2 Il est difficile de vous instruire au sujet de vos formes morontielles de personnalité pour la carrière de l’univers local. Vous serez dotés de modèles morontiels capables de manifester la personnalité, mais en dernière analyse ce sont des enveloppes qui dépassent votre compréhension. Bien qu’entièrement réelles, ces formes ne sont pas des modèles énergétiques de l’ordre matériel que vous comprenez maintenant. Toutefois, sur les mondes de l’univers local, elles jouent le même rôle que vos corps matériels sur les planètes où naissent les hommes. 112:6.3 Dans une certaine mesure, l’apparence de la forme corporelle matérielle est sensible au caractère de l’identité de la personnalité. À un degré limité, le corps physique reflète quelque chose de la nature innée de la personnalité. La forme morontielle la reflète encore davantage. Dans la vie physique, les mortels peuvent être très beaux extérieurement tout en étant laids intérieurement. Dans la vie morontielle, la forme visible de la personnalité varie directement d’après la nature de la personnalité intérieure, en s’y adaptant de plus en plus à mesure que les niveaux s’élèvent. Sur le niveau spirituel, la forme extérieure et la nature intérieure commencent à s’approcher d’une identification complète qui se perfectionne progressivement sur les niveaux d’esprit de plus en plus élevés. 112:6.4 Dans l’état morontiel, le mortel ascendant est doté de la variante nébadonienne du mental cosmique du Maitre Esprit d’Orvonton. L’intellect mortel en tant que tel a péri, a cessé d’exister comme une entité universelle focalisée, séparée des circuits mentaux indifférenciés de l’Esprit Créatif. Par contre, les valeurs et les significations du mental humain n’ont pas péri. Certaines phases mentales persistent dans l’âme survivante ; certaines valeurs expérientielles de l’ancien mental humain sont détenues par l’Ajusteur ; et l’histoire de la vie humaine, telle qu’elle a été vécue dans la chair, subsiste dans l’univers local, ainsi que certains enregistrements vivants chez les nombreux êtres s’occupant de l’évaluation finale du mortel ascendant ; ces êtres s’échelonnent depuis les séraphins jusqu’aux Censeurs Universels, et probablement au-delà jusqu’au Suprême. 112:6.5 La volition d’une créature ne peut exister sans le mental, mais elle persiste malgré la perte de l’intellect matériel. Pendant les premiers temps qui suivent la survie, la personnalité ascendante est guidée, dans une large mesure, par les modèles de caractère hérités de sa vie humaine et par l’action nouvellement apparue de la mota morontielle. Ces guides de la conduite sur les mondes des maisons opèrent d’une manière acceptable au cours des premiers stades de la vie morontielle et avant que la volonté morontielle n’émerge dans sa plénitude comme expression volitive de la personnalité ascendante. 112:6.6 Dans la carrière de l’univers local, il n’y a pas d’influences comparables aux sept esprits-mentaux adjuvats de l’existence humaine. Le mental morontiel doit évoluer par contact direct avec le mental cosmique, tel que ce mental cosmique a été modifié et traduit par la source créative de l’intellect de l’univers local – la Divine Ministre. 112:6.7 Avant la mort, le mental humain a conscience d’être indépendant de la présence de l’Ajusteur ; pour pouvoir fonctionner, le mental adjuvat n’a besoin que du modèle associant l’énergie et la matière. Mais l’âme morontielle, étant superadjuvate, ne retient pas la conscience d’elle-même sans l’Ajusteur quand elle est privée du mécanisme du mental matériel. Cette âme évoluante possède toutefois une continuité de caractère dérivée des décisions prises par son ancien mental adjuvat associé et ce caractère devient une mémoire active quand les modèles de cet ancien mental reçoivent l’énergie de l’Ajusteur revenu. 112:6.8 La persistance de la mémoire est la preuve que l’identité de l’individualité originelle est retenue ; elle est essentielle pour parachever l’autoconscience de la continuité et de l’expansion de la personnalité. Les mortels qui s’élèvent sans Ajusteur dépendent de l’instruction de leurs associés séraphiques pour reconstruire leur mémoire humaine ; à part cela, l’âme morontielle des mortels fusionnés avec l’Esprit n’est pas limitée. Le modèle de la mémoire persiste dans l’âme, mais ce modèle requiert la présence de l’ancien Ajusteur pour devenir immédiatement capable de se réaliser en tant que mémoire continue. Sans l’Ajusteur, il faut un temps considérable au survivant humain pour réexplorer et réapprendre, pour recapter la mémoire consciente des significations et valeurs de son existence antérieure. 112:6.9 L’âme ayant valeur de survie reflète fidèlement à la fois les actes et les mobiles qualitatifs et quantitatifs de l’intellect matériel, siège antérieur de l’identité de l’individualité. En choisissant la vérité, la beauté et la bonté, le mental mortel entre dans sa carrière universelle prémorontielle sous la tutelle des sept esprits-mentaux adjuvats unifiés sous la direction de l’esprit de sagesse. Par la suite, quand les sept cercles d’aboutissement prémorontiel ont été franchis, la dotation du mental morontiel se surimpose sur le mental adjuvat, ce qui inaugure la carrière préspirituelle ou morontielle de progression dans l’univers local. 112:6.10 Quand une créature quitte sa planète natale, elle laisse derrière elle le ministère des adjuvats et ne dépend plus que de l’intellect morontiel. Quand un ascendeur quitte l’univers local, il a atteint le niveau spirituel d’existence ayant dépassé le niveau morontiel. Cette entité spirituelle nouvellement apparue se met alors en harmonie avec le ministère direct du mental cosmique d’Orvonton. 7. Fusion avec l’Ajusteur 112:7.1 La fusion avec l’Ajusteur transmet à la personnalité des actualités éternelles qui n’étaient auparavant que potentielles. Parmi ces nouvelles dotations, on peut mentionner : la fixation de la qualité de divinité, la mémoire et l’expérience de l’éternité passée, l’immortalité et une phase d’absoluité potentielle qualifiée. 112:7.2 Quand votre course terrestre dans une forme temporaire a été courue, vous êtes destiné à vous réveiller sur les rives d’un monde meilleur, et finalement vous serez uni avec votre fidèle Ajusteur dans une éternelle étreinte. Et cette fusion constitue le mystère qui fait que Dieu et l’homme sont un, le mystère de l’évolution de la créature finie, mais cela est éternellement vrai. La fusion est le secret de la sphère sacrée d’Ascendington, et nulle créature, sauf celles qui ont expérimenté la fusion avec l’esprit de la Déité, ne peut comprendre la vraie signification des valeurs réelles qui se joignent quand l’identité d’une créature du temps s’unifie pour l’éternité avec l’esprit de la Déité du Paradis. 112:7.3 La fusion avec l’Ajusteur s’effectue habituellement pendant que l’ascendeur réside dans son système local. Elle peut se produire sur sa planète natale comme une transcendance de la mort naturelle ; elle peut avoir lieu sur n’importe quel monde des maisons ou au quartier général du système. La fusion peut même être retardée jusqu’au moment du séjour au siège de la constellation ; ou encore, dans certains cas spéciaux, elle peut ne pas être consommée avant que l’ascendeur ait atteint la capitale de l’univers local. 112:7.4 Quand la fusion avec l’Ajusteur a été effectuée, la carrière éternelle de la personnalité ne court plus aucun danger dans l’avenir. Les êtres célestes passent par une longue expérience pour être éprouvés ; mais les mortels passent par des épreuves relativement courtes et intensives sur les mondes évolutionnaires et morontiels. 112:7.5 La fusion avec l’Ajusteur ne se produit jamais avant que les décrets du superunivers aient confirmé que la nature humaine a porté son choix d’une manière définitive et irrévocable sur la carrière éternelle. Ceci est l’autorisation d’union qui, une fois proclamée, constitue pour la personnalité fusionnée le laissez-passer l’autorisant finalement à quitter les confins de l’univers local pour se rendre, en son temps, au quartier général du superunivers. De là, et dans un avenir lointain, un seconaphin enveloppera le pèlerin du temps pour le long vol qui le conduira dans l’univers central de Havona et vers l’aventure de la Déité. 112:7.6 Sur les mondes évolutionnaires, l’individualité est matérielle ; elle est une chose dans l’univers et se trouve soumise comme telle aux lois de l’existence matérielle. Elle est un fait dans le temps et elle est sensible aux vicissitudes du temps. C’est ici que les décisions de survie doivent être formulées. Dans l’état morontiel, le moi est devenu une réalité de l’univers nouvelle et plus durable ; sa croissance continue est fondée sur son harmonisation progressive avec les circuits mentaux et spirituels de l’univers. Maintenant, les décisions de survie se confirment. Quand le moi atteint le niveau spirituel, il est devenu une valeur sûre dans l’univers, et cette nouvelle valeur est fondée sur le fait que les décisions de survie ont été prises, ce dont témoigne la fusion éternelle avec l’Ajusteur de Pensée. Après avoir atteint le statut d’une vraie valeur de l’univers, la créature devient potentiellement libre de rechercher la plus haute valeur de l’univers – Dieu. 112:7.7 De tels êtres fusionnés sont doubles dans leurs réactions avec l’univers. D’une part ils sont des individus morontiels distincts ayant certaines analogies avec les séraphins, et d’autre part ils sont potentiellement des êtres de l’ordre des finalitaires du Paradis. 112:7.8 Mais, en réalité, l’individu fusionné avec son Ajusteur est vraiment une seule personnalité, un seul être, dont l’unité défie toute tentative d’analyse par quelque intelligence des univers que ce soit. Ainsi ayant passé devant les tribunaux de l’univers local, depuis les plus modestes jusqu’aux plus élevés, sans qu’aucun ait pu identifier séparément l’homme et l’Ajusteur, vous serez finalement conduit devant le Souverain de Nébadon, Père de votre univers local. Là, vous recevrez, de la main de l’être même dont la paternité créative dans cet univers temporel a rendu possible le fait de votre vie, les lettres de créance qui vous donneront le droit de poursuivre finalement votre carrière dans le superunivers, à la recherche du Père Universel. 112:7.9 L’Ajusteur triomphant a-t-il gagné la personnalité par son magnifique service à l’humanité, ou le vaillant humain a-t-il acquis l’immortalité par ses efforts sincères pour devenir semblable à l’Ajusteur ? Ce n’est ni l’un ni l’autre ; c’est ensemble qu’ils ont consommé l’évolution d’un membre d’un des ordres de nature unique de personnalités ascendantes du Suprême, d’un être que l’on trouvera toujours serviable, fidèle et efficace, un candidat à une croissance et à un développement nouveaux tendant toujours à s’élever, ne s’arrêtant jamais dans l’ascension céleste avant que les sept circuits de Havona aient été traversés et que l’âme, d’ancienne origine terrestre, se tienne en reconnaissance adoratrice de la personnalité même du Père du Paradis. 112:7.10 Pendant toute cette magnifique ascension, l’Ajusteur de Pensée est le gage divin de la stabilisation spirituelle future et entière du mortel ascendant. Entretemps, la présence du libre arbitre humain procure à l’Ajusteur un canal éternel pour libérer la nature divine et infinie. Maintenant, ces deux identités n’en font plus qu’une ; nul évènement du temps ou de l’éternité ne peut plus séparer l’homme et l’Ajusteur ; ils sont inséparables, ils ont fusionné pour l’éternité. 112:7.11 Sur les mondes à fusion avec l’Ajusteurs, la destinée du Moniteur de Mystère est identique à celle du mortel ascendant – le Corps Paradisiaque de la Finalité. Ni l’Ajusteur ni le mortel ne peuvent atteindre ce but unique sans la pleine coopération et la fidèle entraide de l’autre. Cette association extraordinaire est l’un des phénomènes cosmiques les plus passionnants et les plus stupéfiants du présent âge de l’univers. 112:7.12 À partir du moment de la fusion avec l’Ajusteur, le statut de l’ascendeur est celui de la créature évolutionnaire. Le partenaire humain fut le premier à jouir de la personnalité ; il est donc hiérarchiquement supérieur à l’Ajusteur dans toutes les questions concernant la récognition de la personnalité. Cet être fusionné a pour quartier général au Paradis Ascendington, et non Divinington ; ce composé unique de Dieu et d’homme a rang de mortel ascendant sur tout le chemin s’élevant jusqu’au Corps de la Finalité. 112:7.13 Quand un Ajusteur fusionne avec un mortel ascendant, le numéro de cet Ajusteur est rayé des archives du superunivers. Quant à ce qui se passe dans les archives de Divinington, je n’en sais rien, mais je suppose que l’on place le dossier de cet Ajusteur dans les cercles secrets des cours intérieures de Grandfanda, chef en exercice du Corps de la Finalité. 112:7.14 Avec la fusion de l’Ajusteur, le Père Universel a accompli sa promesse de se donner lui-même à ses créatures matérielles. Il a exécuté la promesse et le plan de l’effusion éternelle de divinité sur l’humanité. Maintenant, commence la tentative humaine pour réaliser et actualiser les possibilités illimitées inhérentes à l’association céleste avec Dieu, qui est ainsi devenue un fait. 112:7.15 La destinée actuellement connue des mortels survivants est le Corps Paradisiaque de la Finalité ; c’est aussi le but de la destinée pour tous les Ajusteurs de Pensée qui ont été joints dans une union éternelle à leur compagnon mortel. Les finalitaires du Paradis travaillent présentement à de nombreuses entreprises dans le grand univers, mais nous supposons tous qu’ils auront d’autres tâches peut-être encore plus célestes à accomplir dans le lointain futur, après que les sept superunivers auront été ancrés dans la lumière et la vie, et que le Dieu du fini aura finalement émergé du mystère qui entoure aujourd’hui cette Déité Suprême. 112:7.16 On vous a décrit, dans une certaine mesure, l’organisation et le personnel de l’univers central, des superunivers et des univers locaux. On vous a dit certaines choses sur le caractère et l’origine de diverses personnalités qui régissent présentement ces vastes créations. On vous a également informés que d’immenses galaxies d’univers sont en processus d’organisation bien au-delà de la périphérie du grand univers, dans le premier niveau d’espace extérieur. On vous a également notifié, au cours de ces exposés, que l’Être Suprême dévoilera sa fonction tertiaire non révélée dans ces régions actuellement inexplorées de l’espace extérieur ; et l’on vous a également dit que les finalitaires du corps paradisiaque sont les enfants expérientiels du Suprême. 112:7.17 Nous croyons que les mortels fusionnés avec leur Ajusteur, ainsi que leurs compagnons finalitaires, sont destinés à fonctionner, d’une façon ou d’une autre, dans l’administration des univers du premier niveau d’espace extérieur. Nous n’avons pas le moindre doute qu’en temps voulu, ces énormes galaxies deviendront des univers habités. Nous sommes également convaincus que, parmi leurs administrateurs, on trouvera les finalitaires paradisiaques dont la nature est la conséquence cosmique de l’interpénétration de la créature et du Créateur. 112:7.18 Quelle aventure ! Quelle histoire romanesque ! Une gigantesque création destinée à être administrée par les enfants du Suprême, ces Ajusteurs personnalisés et humanisés, ces mortels devenus éternels et semblables aux Ajusteurs, ces alliances mystérieuses et ces associations éternelles entre les plus hautes manifestations connues de l’essence de la Source-Centre Première et la forme la plus humble de vie intelligente capable de comprendre et d’atteindre le Père Universel. Nous imaginons que de tels êtres amalgamés, ces associations du Créateur et de la créature, deviendront des chefs splendides, des administrateurs incomparables et des directeurs compréhensifs et compatissants pour toutes les formes de vie intelligente susceptibles de prendre naissance dans ces futurs univers du premier niveau d’espace extérieur. 112:7.19 Certes, votre origine est terrestre, animale, et votre corps est en effet poussière. Mais, si vous le voulez vraiment, si vous le désirez réellement, à coup sûr, l’héritage des âges est à vous et, un jour, vous servirez dans les univers en votre vraie qualité – enfants du Dieu Suprême de l’expérience et fils divins du Père Paradisiaque de toutes les personnalités. 112:7.20 [Présenté par un Messager Solitaire d’Orvonton.] FASCICULE 113. Les gardiens séraphiques de la destinée 113:0.1 Après avoir présenté nos exposés sur les Esprits Tutélaires du Temps et l’Armée des Messagers de l’Espace, nous en venons à l’étude des anges gardiens, les séraphins consacrés au ministère auprès des mortels individuels pour l’élévation et la perfection desquels tout l’immense plan de survie et de progression spirituelle a été préparé. Sur Urantia, dans les âges passés, ces gardiens de la destinée étaient à peu près le seul groupe d’anges reconnu. Les séraphins planétaires sont, en effet, les esprits tutélaires envoyés pour rendre service à ceux qui survivront. Ces séraphins accompagnateurs ont fonctionné comme aides spirituels des hommes mortels dans tous les grands évènements du passé et du présent. Lors de bien des révélations, « la parole fut prononcée par des anges », et de nombreuses directives du ciel ont été « reçues par le ministère des anges ». 113:0.2 Les séraphins sont les traditionnels anges célestes, les esprits tutélaires qui vivent si près de vous et font tant pour vous. Ils ont servi sur Urantia depuis les tout premiers temps de l’intelligence humaine. 1. Les anges gardiens 113:1.1 L’enseignement au sujet des anges gardiens n’est pas un mythe ; certains groupes d’êtres humains ont effectivement des anges personnels. C’est en récognition de cela que Jésus a dit, en parlant des enfants du royaume des cieux : « Prenez garde de ne pas mépriser un de ces petits, car je vous dis que leurs anges voient continuellement la présence de l’esprit de mon Père. » 113:1.2 Originellement, les séraphins furent spécialement désignés pour chaque race distincte d’Urantia. Mais, depuis l’effusion de Micaël, ils sont affectés d’après l’intelligence, la spiritualité et la destinée humaines. Au point de vue intellectuel, l’humanité est divisée en trois classes : 113:1.3 1. Les hommes dotés d’un mental au-dessous de la normale – ceux qui n’exercent pas un pouvoir normal de volonté ; ceux qui ne prennent pas les décisions courantes. Cette classe inclut ceux qui ne peuvent pas comprendre Dieu ; ils manquent de capacité d’adorer intelligemment la Déité. Un corps de séraphins, une compagnie, avec un bataillon de chérubins, est affecté à la tutelle des Urantiens mentalement inférieurs à la normale, et veille à ce que la justice et la miséricorde leur soient témoignées dans la lutte pour la vie sur terre. 113:1.4 2. Le type moyen normal de mental humain. Du point de vue de la tutelle séraphique, la plupart des hommes et des femmes sont groupés en sept classes selon leur statut dans le franchissement des cercles du progrès humain et du développement spirituel. 113:1.5 3. Les hommes dotés d’un mental supérieur à la normale – ceux de grande décision doués d’un potentiel indubitable d’accomplissement spirituel ; les hommes et les femmes qui ont plus ou moins établi le contact avec leur Ajusteur intérieur ; les membres des divers corps de réserve de la destinée. Quel que soit le cercle où un humain se trouve, si l’intéressé est enrôlé dans l’un des divers corps de réserve de la destinée, un séraphin personnel lui est immédiatement affecté ; dorénavant, et jusqu’à la fin de sa carrière terrestre, ce mortel bénéficiera du ministère continu et de la vigilance incessante d’un ange gardien. De même, quand un être humain prend la décision suprême, quand il s’est réellement fiancé avec son Ajusteur, un gardien personnel est immédiatement affecté à son âme. 113:1.6 Dans le ministère auprès des êtres dits normaux, les affectations séraphiques sont faites d’après les cercles d’intellectualité et de spiritualité que les hommes ont atteints. Vous commencez revêtu de votre mental de mortel dans le septième cercle, et vous progressez vers l’intérieur en travaillant à vous comprendre vous-même, à triompher de vous-même, à vous maitriser vous-même ; et, si la mort naturelle ne termine pas votre carrière en transférant vos luttes aux mondes des maisons, vous avancez, cercle après cercle, jusqu’à ce que vous atteigniez le premier cercle, ou cercle intérieur de relatifs contacts et communion avec l’Ajusteur intérieur. 113:1.7 Les êtres humains dans le cercle initial, le septième, ont un ange gardien et une compagnie de chérubins assistants qui sont affectés à la garde vigilante de mille mortels. Dans le sixième cercle, un couple séraphique et une compagnie de chérubins sont affectés à guider les mortels ascendants par groupes de cinq-cents. Quand le cinquième cercle est atteint, les êtres humains sont groupés en compagnies d’environ cent, et un couple de gardiens séraphiques, avec un groupe de chérubins, les prend en charge. Après avoir atteint le quatrième cercle, les mortels sont groupés par dix, et là encore un couple de séraphins, assisté d’une compagnie de chérubins, est chargé de veiller sur eux. 113:1.8 Quand un mental humain transcende l’inertie de l’hérédité animale et atteint le troisième cercle d’intellectualité humaine et de spiritualité acquise, un ange personnel (en réalité deux) sera désormais entièrement et exclusivement consacré à ce mortel ascendant. Ainsi, en plus des Ajusteurs de Pensée intérieurs toujours présents et de plus en plus efficaces, ces âmes humaines reçoivent l’assistance indivise de ces gardiens personnels de la destinée, dans tous leurs efforts pour compléter l’expérience du troisième cercle, traverser le second et atteindre le premier. 2. Les gardiens de la destinée 113:2.1 Les séraphins ne sont pas appelés gardiens de la destinée avant le moment où ils ont été désignés pour s’associer à une âme humaine qui a réalisé un ou plusieurs des trois accomplissements suivants : elle a pris la décision suprême de devenir semblable à Dieu, ou elle est entrée dans le troisième cercle, ou elle a été enrôlée dans l’un des corps de réserve de la destinée. 113:2.2 Dans l’évolution des races, un gardien de la destinée est affecté au tout premier être qui atteint le cercle de conquête requis. Sur Urantia, le premier mortel qui obtint un gardien personnel fut Rantowoc, un sage de la race rouge il y a longtemps. 113:2.3 Tous les anges désignés sont choisis dans un groupe de séraphins volontaires, et les affectations sont toujours décidées selon les besoins humains et en tenant compte du statut du couple angélique – à la lumière de son expérience séraphique, de son habilité et de sa sagesse. Seuls les séraphins ayant longtemps servi, ceux des types les plus expérimentés et les mieux éprouvés, reçoivent une affectation de gardiens de la destinée. De nombreux gardiens ont gagné une précieuse expérience sur les mondes des séries sans fusion avec les Ajusteurs. À l’instar des Ajusteurs, les séraphins accompagnent ces êtres pendant la durée d’une seule vie ; ensuite, ils sont libérés en vue d’une nouvelle affectation. Beaucoup de gardiens d’Urantia ont bénéficié de cette expérience pratique préalable sur d’autres mondes. 113:2.4 Quand des êtres humains ne réussissent pas à survivre, leurs gardiens personnels ou collectifs peuvent servir, à maintes reprises, dans des rôles semblables sur la même planète. Les séraphins acquièrent une considération sentimentale pour des mondes particuliers et nourrissent une affection spéciale pour certaines races et certains types de créatures mortelles auxquels ils ont été étroitement et intimement associés. 113:2.5 Les anges développent une affection durable pour leurs associés humains, et une chaude amitié pour eux naitrait aussi en vous si seulement vous pouviez vous faire une image d’eux. Dépouillés de vos corps matériels et nantis de formes spirituelles, vous seriez très proches des anges par beaucoup d’attributs de la personnalité. Ils partagent la plupart de vos émotions et en éprouvent quelques-unes en supplément. La seule émotion qui vous fasse agir et qui leur soit quelque peu difficile à comprendre est l’héritage de peur animale qui occupe une place si importante dans la vie mentale de l’habitant moyen d’Urantia. Les anges trouvent réellement difficile de comprendre pourquoi vous permettez, avec tant de persistance, à vos pouvoirs intellectuels supérieurs, et même à votre foi religieuse, d’être pareillement dominés par la peur et d’être si complètement démoralisés par des paniques irréfléchies dues à la crainte et à l’anxiété. 113:2.6 Tous les séraphins ont des noms individuels, mais dans les listes d’affectation au service des mondes, on les désigne fréquemment par leur numéro planétaire. Au siège de l’univers, ils sont enregistrés avec leur nom et leur numéro. Le gardien de la destinée du sujet humain employé pour la présente communication par contact est le numéro 3 du groupe 17 de la compagnie 126 du bataillon 4 de l’unité 384 de la légion 6 du corps 37 de la 182 314e armée séraphique de Nébadon. C’est sous le numéro planétaire 3 641 852 que ce séraphin est actuellement affecté à ce sujet humain sur Urantia. 113:2.7 Dans le ministère de tutelle personnelle, dans l’affectation des anges comme gardiens de la destinée, les séraphins offrent toujours volontairement leurs services. Dans la ville de la présente visitation, un mortel fut récemment admis au corps de réserve de la destinée. Puisque des anges gardiens personnels servent les hommes se trouvant dans ce cas, plus de cent séraphins qualifiés se portèrent candidats. Le directeur planétaire en choisit douze parmi les plus expérimentés et désigna ensuite le séraphin qu’ils sélectionnèrent comme étant le plus indiqué pour guider cet être humain durant le voyage de sa vie. Pour préciser, ils sélectionnèrent un couple de séraphins également bien qualifiés, dont l’un des membres sera toujours à son poste. 113:2.8 Les séraphins peuvent avoir à assurer des services continus, mais l’un des membres du couple angélique peut toujours exercer toutes les responsabilité de service. À l’instar des chérubins, les séraphins servent généralement par couples, mais, contrairement à leurs associés moins avancés, les séraphins travaillent parfois isolément. Pratiquement, dans tous leurs contacts avec des êtres humains, ils peuvent opérer à titre individuel. C’est seulement pour communiquer et servir sur les circuits supérieurs des univers que la présence des deux anges est nécessaire. 113:2.9 Quand un couple séraphique accepte une affectation de gardien, il sert ainsi pour le reste de la vie de l’être humain intéressé. Le complément d’être (l’un des deux anges) devient l’historien de l’entreprise. Ces séraphins complémentaires sont les anges enregistreurs pour les mortels des mondes évolutionnaires. Les archives sont conservées par le couple de chérubins (un chérubin et un sanobin) qui est toujours associé aux gardiens séraphiques, mais ces archives sont toujours parrainées par l’un des séraphins. 113:2.10 En vue de se reposer et de se recharger en énergie vitale des circuits universels, le gardien est périodiquement relevé par son complément et, durant son absence, le chérubin associé opère comme archiviste ; il en va de même quand le séraphin complémentaire est à son tour absent. 3. Position par rapport à d’autres influences spirituelles 113:3.1 L’une des choses les plus importantes qu’un gardien de la destinée fasse pour son sujet mortel consiste à effectuer une coordination personnelle des nombreuses influences d’esprit impersonnelles qui habitent, entourent et affectent le mental et l’âme de la créature matérielle en évolution. L’être humain est une personnalité, et il est extrêmement difficile aux esprits non personnels et aux entités prépersonnelles d’établir un contact direct avec un mental aussi complètement matériel et personnellement distinct. Le ministère de l’ange gardien unifie plus ou moins toutes ces influences et leur permet d’être mieux appréciées par la nature morale en expansion de la personnalité humaine évoluante. 113:3.2 Ce gardien séraphique peut relier et relie plus spécialement entre eux les multiples agents et influences de l’Esprit Infini, depuis les domaines des contrôleurs physiques et des esprits-mentaux adjuvats jusqu’au Saint-Esprit de la Divine Ministre et à la présence de l’Esprit Omniprésent de la Troisième Source-Centre du Paradis. Après avoir ainsi unifié et rendu plus personnels ces vastes ministères de l’Esprit Infini, le séraphin entreprend de relier cette influence intégrée de l’Acteur Conjoint aux présences spirituelles du Père et du Fils. 113:3.3 L’Ajusteur est la présence du Père ; l’Esprit de Vérité est la présence des Fils. Ces dotations divines sont unifiées et coordonnées sur les niveaux inférieurs d’expérience spirituelle humaine par le ministère des gardiens séraphiques. Les serviteurs angéliques ont le don de conjuguer l’amour du Père et la miséricorde du Fils dans leur ministère auprès des hommes. 113:3.4 C’est là que se révèle la raison pour laquelle le gardien séraphique devient finalement le conservateur personnel des modèles mentaux, des formules de la mémoire et des réalités de l’âme du survivant humain pendant l’intervalle entre sa mort physique et sa résurrection morontielle. En dehors des enfants tutélaires de l’Esprit Infini, nul ne pourrait agir ainsi pour le compte des créatures humaines durant cette phase de transition d’un niveau de l’univers à un autre niveau plus élevé. Même quand vous entrez dans le sommeil de transition terminal, au moment où vous passez du temps à l’éternité, un haut supernaphin participe similairement à votre transit pour conserver votre identité de créature et assurer l’intégrité de votre personne. 113:3.5 Sur le niveau spirituel, les séraphins rendent personnels beaucoup de ministères universels qui, autrement, resteraient impersonnels et prépersonnels ; ils sont des coordonnateurs. Sur le niveau intellectuel, ils mettent en corrélation le mental et la morontia ; ils sont des interprètes. Sur le niveau physique, ils manipulent l’environnement terrestre par leur liaison avec les Maitres Contrôleurs Physiques et par le ministère coopératif des créatures médianes. 113:3.6 Ceci est un exposé des fonctions multiples et compliquées d’un séraphin en service ; mais comment une telle personnalité angélique subordonnée, créée sur un niveau qui, dans l’univers, est à peine supérieure à celui de l’humanité, peut-elle accomplir des choses aussi difficiles et complexes ? Nous ne le savons pas réellement, mais nous supposons que ce ministère extraordinaire est facilité de quelque manière mystérieuse par l’action non reconnue et non révélée de l’Être Suprême, la Déité en voie d’actualisation des univers évoluants du temps et de l’espace. Dans tout le royaume de la survie progressive, en l’Être Suprême et par l’Être Suprême, les séraphins sont une part essentielle de la continuité de la progression du mortel. 4. Domaines d’action séraphiques 113:4.1 Les gardiens séraphiques ne sont pas le mental, bien qu’ils proviennent de l’Esprit Créatif, la source qui donne également naissance au mental humain. Les séraphins sont des stimulateurs du mental ; ils cherchent continuellement à provoquer, dans le mental humain, des décisions propices à l’atteinte des cercles. Ils ne le font pas comme les Ajusteurs, qui opèrent de l’intérieur et par l’âme ; ils agissent plutôt de l’extérieur vers l’intérieur en travaillant par l’environnement social, éthique et moral des êtres humains. Les séraphins n’exercent pas l’attrait divin des Ajusteurs du Père Universel, mais ils opèrent comme agents personnels du ministère de l’Esprit Infini. 113:4.2 L’homme mortel soumis aux directives de l’Ajusteur est également réceptif à la gouverne séraphique. L’Ajusteur est l’essence de la nature éternelle de l’homme ; le séraphin est l’éducateur de la nature évoluante de l’homme, le mental mortel dans cette vie et l’âme morontielle dans la suivante. Sur les mondes des maisons, vous aurez conscience et connaissance des instructeurs séraphiques, mais, dans leur première vie, les hommes n’en sont généralement pas conscients. 113:4.3 Les séraphins opèrent comme éducateurs en guidant les pas de la personnalité humaine dans des sentiers d’expériences nouvelles et progressives. L’acceptation de la gouverne d’un séraphin conduit rarement à une vie de facilité. En suivant ces directives, vous êtes sûr de rencontrer et, si vous en avez le courage, de traverser les escarpements du choix moral et du progrès spirituel. 113:4.4 L’impulsion à l’adoration a largement son origine dans les suggestions spirituelles des adjuvats mentaux supérieurs, renforcées par les directives de l’Ajusteur. Mais le besoin de prier, que les mortels conscients de Dieu éprouvent si fréquemment, prend souvent naissance à la suite d’une influence séraphique. Le gardien séraphique manœuvre constamment l’environnement humain en vue d’augmenter la perspicacité cosmique de l’ascendeur humain afin qu’un tel candidat à la survie réalise, de meilleure façon, la présence de l’Ajusteur intérieur et apporte, ainsi, une coopération accrue à la mission spirituelle de la divine présence. 113:4.5 Bien qu’il n’existe apparemment aucune communication entre l’Ajusteur intérieur et le séraphin qui l’entoure, les deux semblent travailler toujours en parfaite harmonie et en charmant accord. Les gardiens s’activent le plus au moment où les Ajusteurs s’activent le moins, mais il existe une étrange corrélation entre leurs ministères. Il n’est guère possible que cette magnifique coopération soit accidentelle ou fortuite. 113:4.6 La personnalité tutélaire du gardien séraphique, la présence de Dieu par l’Ajusteur intérieur, l’action encircuitée du Saint-Esprit et la conscience du Fils par l’Esprit de Vérité sont toutes divinement reliées en une unité significative de ministère spirituel dans une personnalité de mortel et auprès d’elle. Bien que ces influences célestes proviennent de différentes sources et de différents niveaux, elles sont toutes intégrées dans la présence enveloppante et évoluante de l’Être Suprême. 5. Le ministère séraphique auprès des mortels 113:5.1 Les anges ne forcent pas le sanctuaire du mental humain. Ils ne manipulent pas la volonté des mortels et n’entrent pas non plus en contact direct avec les Ajusteurs intérieurs. Le gardien de la destinée vous influence de toutes les manières compatibles avec la dignité de votre personnalité. En aucun cas, ces anges n’interfèrent avec la libre action de la volonté humaine. Ni les anges ni aucun autre ordre de personnalité de l’univers n’ont pouvoir ou autorité pour réduire ou restreindre les prérogatives du choix humain. 113:5.2 Les anges sont si proches de vous et veillent sur vous d’une manière si touchante qu’au figuré « ils pleurent à cause de votre intolérance et de votre entêtement volontaires ». Les séraphins ne versent pas de pleurs physiques ; ils n’ont pas de corps physiques et ne possèdent pas non plus d’ailes. Par contre, ils ont des émotions spirituelles et ils éprouvent des sensations et des sentiments de nature spirituelle comparables, sous certains rapports, aux émotions humaines. 113:5.3 Les séraphins agissent pour votre compte tout à fait indépendamment de vos appels directs. Ils exécutent les ordres de leurs supérieurs et fonctionnent ainsi sans se soucier de vos caprices passagers ni de votre humeur changeante. Cela n’implique pas que vous ne puissiez rendre leurs tâches plus aisées ou plus difficiles, mais plutôt que les anges ne sont pas directement concernés par vos appels ou vos prières. 113:5.4 Pendant que les hommes mortels vivent dans la chair, l’intelligence des anges ne leur est pas directement accessible. Les séraphins ne sont ni des suzerains ni des directeurs, mais simplement des gardiens. Les séraphins vous gardent et ne cherchent pas à vous influencer directement. Il vous faut dresser la carte de votre propre parcours, mais ensuite les anges agissent pour faire le meilleur usage possible de la route que vous avez choisie. D’ordinaire, ils n’interviennent pas arbitrairement dans les affaires courantes de la vie humaine, mais, quand ils reçoivent de leurs supérieurs des instructions pour accomplir un exploit inhabituel, vous pouvez être sûrs qu’ils trouveront quelques moyens d’exécuter ces mandats. Les gardiens n’imposent donc pas leur présence dans les tableaux du drame humain, sauf en cas d’urgence, et alors c’est généralement sur l’ordre direct de leurs supérieurs. Ce sont ces êtres qui vont vous suivre pendant de nombreux âges, et ils reçoivent ainsi une préparation à leur travail futur et à leur association de personnalité. 113:5.5 Dans certaines circonstances, les séraphins peuvent agir comme ministres sous forme matérielle auprès des êtres humains, mais les cas où cela se produit sont fort rares. Avec l’assistance des créatures médianes et des contrôleurs physiques, les séraphins peuvent exercer une vaste gamme d’activités au profit des êtres humains, allant jusqu’au contact effectif avec l’humanité, mais de tels cas sont très inhabituels. Dans la plupart des cas, les évènements du royaume physique se poursuivent sans être modifiés par l’action séraphique. Toutefois, il s’est produit des circonstances où des chainons vitaux dans la chaine de l’évolution humaine étaient en danger et où les gardiens séraphiques ont alors agi, et, à juste titre, de leur propre chef. 6. Les anges gardiens après la mort 113:6.1 Après vous avoir donné un aperçu du ministère des séraphins pendant la vie terrestre, je vais essayer de vous renseigner sur la conduite des gardiens de la destinée au moment de la désintégration physique de leurs associés humains. Quand vous mourez, votre curriculum de vie, vos spécifications d’identité, et l’entité morontielle de l’âme humaine – produite conjointement par le mental humain et par l’Ajusteur divin – sont fidèlement conservés par le gardien de la destinée avec toutes les autres valeurs rattachées à votre existence future, tout ce qui constitue votre moi, votre vrai moi, sauf l’identité de l’existence continue représentée par l’Ajusteur qui s’en va et l’actualité de la personnalité. 113:6.2 Dès que, dans le mental humain, disparait la lumière-pilote, la luminosité spirituelle que les séraphins associent à la présence de l’Ajusteur, l’ange accompagnateur en rend compte personnellement et successivement aux anges commandant son groupe, sa compagnie, son bataillon, son unité, sa légion et son armée. Ensuite, après avoir été dument inscrit pour l’aventure finale du temps et de l’espace, cet ange reçoit du chef des séraphins planétaires un ordre de mission pour se présenter à l’Étoile du Soir (ou à un autre lieutenant de Gabriel) qui commande l’armée séraphique de ce candidat à l’ascension de l’univers. Après que le commandant de cette suprême unité organisée lui en a donné l’autorisation, le gardien de la destinée se rend sur le premier monde des maisons pour y attendre que soit rétablie la conscience de son ancien pupille dans la chair. 113:6.3 Au cas où l’âme humaine ne réussirait pas à survivre après avoir reçu l’affectation d’un ange personnel, le séraphin accompagnateur doit se rendre au siège de l’univers local pour apporter son témoignage au rapport complet de son complément, comme indiqué précédemment. Ensuite, il se présente devant les tribunaux des archanges pour être absous de tout blâme au sujet de l’échec de son sujet qui n’a pas survécu. Après cela, il retourne sur les mondes pour y être affecté à un nouveau mortel ayant le potentiel d’ascension, ou à quelque autre département du ministère séraphique. 113:6.4 Mais les anges servent les créatures évolutionnaires de bien d’autres manières que la tutelle individuelle ou collective. Les gardiens personnels dont les sujets ne vont pas immédiatement sur les mondes des maisons n’attendent pas là, dans l’oisiveté, l’appel nominal du jugement dispensationnel ; ils sont réaffectés à de nombreuses missions tutélaires dans tout l’univers. 113:6.5 Le séraphin gardien est le fidéicommissaire conservateur des valeurs de survie de l’âme endormie du mortel, tandis que l’Ajusteur absent est l’identité de cet être immortel de l’univers. Quand les deux collaborent dans les salles de résurrection de maisonnia en conjonction avec la forme morontielle nouvellement construite, le réassemblage des facteurs constituants de la personnalité de l’ascendeur mortel a lieu. 113:6.6 L’Ajusteur vous identifiera. L’ange gardien vous repersonnalisera et vous présentera de nouveau au fidèle Moniteur de vos jours terrestres. 113:6.7 Cependant, quand un âge planétaire se termine, quand on rassemble ceux qui se trouvent dans les cercles inférieurs d’accomplissement humain, c’est leurs gardiens collectifs qui les réassemblent dans les salles de résurrection des sphères des maisons, ainsi que le rapportent vos Écritures : « Et il enverra ses anges à voix puissante, et il rassemblera ses élus d’une extrémité à l’autre du royaume. » 113:6.8 La technique de la justice exige que les gardiens personnels ou collectifs répondent à l’appel nominal dispensationnel au nom de toutes les personnalités non survivantes. Les Ajusteurs de ces non-survivants ne reviennent pas ; quand l’appel a lieu, le séraphin répond, mais les Ajusteurs ne répondent pas. Cela constitue la « résurrection des injustes », en réalité la constatation officielle de leur cessation d’existence en tant que créatures. Cet appel nominal de la justice suit immédiatement l’appel nominal de la miséricorde, la résurrection des survivants endormis. Mais ce sont des affaires qui ne regardent personne d’autre que les Juges suprêmes et omniscients des valeurs de survie. Ces problèmes de jugement ne nous concernent réellement pas. 113:6.9 Les gardiens collectifs peuvent servir sur une planète d’âge en âge et devenir, finalement, les conservateurs des âmes endormies de milliers et de milliers de survivants endormis. Ils peuvent servir ainsi sur de nombreux mondes différents dans un système donné, puisque la réponse de résurrection a lieu sur les mondes des maisons. 113:6.10 Tous les gardiens personnels et collectifs du système de Satania qui s’égarèrent dans la rébellion de Lucifer doivent être détenus sur Jérusem jusqu’au jugement final de la rébellion, bien que nombre d’entre eux se soient sincèrement repentis de leur folie. Les Censeurs Universels ont déjà, de manière discrétionnaire, enlevé à ces gardiens désobéissants et infidèles tous les éléments des âmes qui leur avaient été confiées et commis la conservation de ces réalités morontielles à la garde de seconaphins volontaires. 7. Les séraphins et la carrière ascendante 113:7.1 Le premier éveil sur les rives du monde des maisons marque vraiment une date dans la carrière d’un mortel ascendant. C’est là que vous voyez effectivement, pour la première fois, les compagnons angéliques longtemps aimés et toujours présents de vos jours terrestres. C’est là aussi que vous devenez vraiment conscient de l’identité et de la présence du Moniteur divin qui a si longtemps habité votre mental sur terre. Une telle expérience constitue un glorieux réveil, une véritable résurrection. 113:7.2 Sur les sphères morontielles, les séraphins accompagnateurs (il y en a deux) sont ouvertement vos compagnons. Non seulement ces anges s’associent à vos progrès dans la carrière des mondes de transition en vous aidant de toutes les manières possibles à acquérir le statut morontiel et spirituel, mais ils saisissent aussi l’occasion d’avancer en étudiant eux-mêmes dans les écoles complémentaires pour séraphins évolutionnaires, entretenues sur les mondes des maisons. 113:7.3 La race humaine fut créée juste un peu inférieure aux types les plus simples des ordres angéliques. C’est pourquoi, la première affectation de votre vie morontielle sera d’assister les séraphins dans le travail immédiat qui vous attend au moment où vous atteignez la conscience de personnalité après avoir été dégagé des liens de la chair. 113:7.4 Avant de quitter les mondes des maisons, tous les ascendeurs mortels auront des associés ou gardiens séraphiques permanents. Au cours de votre ascension des sphères morontielles, ce sont finalement les gardiens séraphiques qui témoignent et certifient les décrets qui certifient votre union éternelle avec l’Ajusteur de Pensée. L’ange et l’Ajusteur ont établi ensemble l’identité de votre personnalité en tant qu’enfant de la chair venant des mondes du temps. Ensuite, quand vous atteignez la maturité de l’état morontiel, vos anges gardiens vous accompagnent à travers Jérusem et les mondes associés de progrès et de culture du système. Après cela, ils vont avec vous sur Édentia et ses soixante-dix sphères de vie sociale avancée. Ultérieurement, ils vous piloteront jusqu’aux Melchizédeks et vous suivront dans la magnifique carrière des mondes-sièges de l’univers. Et, quand vous aurez assimilé la sagesse et la culture des Melchizédeks, ils vous emmèneront sur Salvington où vous vous trouverez face à face avec le Souverain de tout Nébadon. Ces guides séraphiques vous suivront encore à travers les secteurs, mineurs et majeurs, du superunivers jusqu’aux mondes d’accueil d’Uversa, et resteront avec vous jusqu’au moment final où un seconaphin vous emportera dans le long voyage vers Havona. 113:7.5 Quelques gardiens de la destinée attachés aux pèlerins ascendants durant leur carrière terrestre les suivent dans leur parcours à travers Havona. Les autres font leurs adieux temporaires à leurs associés humains de longue date, et ensuite, pendant que ces ascendeurs traversent les cercles de l’univers central, ces gardiens de la destinée franchissent les cercles de Séraphington. Ils seront prêts sur les rives du Paradis quand leurs associés mortels s’éveilleront du dernier sommeil temporel de transit dans les nouvelles expériences de l’éternité. Ces séraphins ascendants entrent ultérieurement dans différents services du corps finalitaire et du Corps Séraphique du Parachèvement. 113:7.6 L’homme et l’ange peuvent être ou ne pas être réunis dans le service éternel, mais quel que soit l’endroit où les séraphins sont affectés, ils restent toujours en communication avec leurs anciens pupilles des mondes évolutionnaires, les mortels ascendants du temps. Les associations intimes et les liens affectueux des royaumes d’origine humaine ne sont jamais oubliés ni complètement rompus. Dans les âges éternels, les hommes et les anges coopéreront dans le service divin comme ils l’ont fait dans la carrière du temps. 113:7.7 Pour les séraphins, la manière la plus sûre d’arriver jusqu’aux Déités du Paradis consiste à guider avec succès une âme d’origine évolutionnaire jusqu’aux portes du Paradis. C’est pourquoi une affectation comme gardien de la destinée est le poste séraphique le plus hautement apprécié. 113:7.8 Seuls les gardiens de la destinée sont enrôlés dans le corps primaire ou Corps des Mortels de la Finalité ; et ces couples se sont lancés dans l’aventure suprême d’unité d’identité. Ces deux êtres ont déjà atteint leur biunification spirituelle sur Séraphington avant d’être admis dans le corps finalitaire. Dans cette expérience, les deux natures angéliques, si complémentaires dans toutes les fonctions de l’univers, deviennent vraiment deux en un, en esprit, au stade ultime ayant pour conséquence une nouvelle capacité de recevoir un fragment non Ajusteur du Père du Paradis et à fusionner avec lui. Ainsi, quelques-uns des séraphins qui vous aiment et qui vous étaient associés dans le temps deviennent aussi vos associés finalitaires dans l’éternité, enfants du Suprême et fils perfectionnés du Père du Paradis. 113:7.9 [Présenté par le chef des séraphins stationné sur Urantia.] Fascicule 114. Le gouvernement planétaire des séraphins 114:0.1 Les Très Hauts gouvernent dans les royaumes des hommes au moyen de beaucoup de forces et d’agents célestes, mais principalement par le ministère des séraphins. 114:0.2 Aujourd’hui à midi, la liste d’appel des anges planétaires, gardiens et autres, sur Urantia comportait 501 234 619 couples de séraphins. J’avais sous mes ordres deux-cents armées séraphiques – 597 196 800 couples de séraphins, soit 1 194 393 600 anges individuels. Toutefois, le registre n’en fait apparaitre que 1 002 469 238. Il s’ensuit donc que 191 924 362 anges étaient absents de ce monde pour des services concernant des transports, des messages ou la mort. (Sur Urantia, il y a à peu près autant de chérubins que de séraphins, et ils sont organisés d’une manière similaire.) 114:0.3 Les séraphins et leurs chérubins associés s’occupent activement des détails du gouvernement suprahumain d’une planète, spécialement sur les mondes isolés par suite de rébellion. Les anges, habilement aidés par les médians, fonctionnent sur Urantia comme de véritables ministres supramatériels exécutant les ordres du gouverneur général résident et de tous ses associés et subordonnés. En tant que classe, les séraphins occupent beaucoup d’autres postes que ceux de gardien individuel ou collectif. 114:0.4 Urantia n’est pas dépourvue d’une supervision appropriée et efficace par les dirigeants de son système, de sa constellation et de son univers local, mais son gouvernement planétaire ne ressemble à celui d’aucun autre monde dans le système de Satania, ni même dans tout Nébadon. Le caractère unique de votre plan de supervision est dû à nombre de circonstances inhabituelles : 114:0.5 1. Le statut de modification de la vie sur Urantia. 114:0.6 2. Les exigences dues à de la rébellion de Lucifer. 114:0.7 3. Les perturbations dues à la faute adamique. 114:0.8 4. Les irrégularités nées du fait qu’Urantia fut l’un des mondes d’effusion du Souverain de l’Univers. Micaël de Nébadon est le Prince Planétaire d’Urantia. 114:0.9 5. La fonction spéciale des vingt-quatre directeurs planétaires. 114:0.10 6. L’installation sur la planète d’un circuit d’archanges. 114:0.11 7. La désignation plus récente, comme Prince Planétaire vice-gérant, de Machiventa Melchizédek, jadis incarné sur Urantia. 1. La souveraineté d’Urantia 114:1.1 La souveraineté originelle d’Urantia était à la charge du souverain du système de Satania. Il la délégua d’abord à une commission mixte de Melchizédeks et de Porteurs de Vie, et ce groupe opéra sur Urantia jusqu’à l’arrivée d’un Prince Planétaire régulièrement nommé. Après la chute du Prince Caligastia, à l’époque de la rébellion de Lucifer, Urantia n’eut pas de relation sûre et bien établie avec l’univers local et ses divisions administratives jusqu’à ce que Micaël eût parachevé son effusion dans la chair et que l’Union des Jours l’eût proclamé Prince Planétaire d’Urantia. Cette proclamation fixa, en principe pour toujours, le statut de votre monde en sécurité, mais, en pratique, le Fils Créateur Souverain ne fit rien pour administrer personnellement la planète, sauf qu’il établit sur Jérusem la commission de vingt-quatre anciens mortels d’Urantia avec autorité pour le représenter dans le gouvernement d’Urantia et de toutes les autres planètes en quarantaine du système. Un membre de ce conseil réside maintenant en permanence sur Urantia comme gouverneur général résident. 114:1.2 L’autorité de vice-gérant pour agir à la place de Micaël comme Prince Planétaire a été récemment conférée à Machiventa Melchizédek, mais ce Fils de l’univers local n’a pas pris la moindre mesure pour modifier le régime planétaire actuel des administrations successives des gouverneurs généraux résidents. 114:1.3 Il est peu probable qu’un changement notable soit apporté au gouvernement d’Urantia durant la présente dispensation, à moins que le Prince Planétaire vice-gérant ne s’y rende pour assumer les responsabilités de son titre. Certains de nos associés estiment que, dans un proche avenir, le plan consistant à envoyer sur Urantia l’un des vingt-quatre conseillers pour agir comme gouverneur général sera remplacé par l’arrivée officielle de Machiventa Melchizédek avec le mandat de vice-gérant de la souveraineté d’Urantia. Comme Prince Planétaire en exercice, il continuerait indubitablement à administrer la planète jusqu’au jugement final de la rébellion de Lucifer, et probablement même jusqu’à l’époque lointaine de l’ancrage de la planète dans la lumière et la vie. 114:1.4 Certains croient que Machiventa ne viendra pas prendre personnellement en mains les affaires d’Urantia avant la fin de la présente dispensation. D’autres estiment que le Prince vice-gérant ne peut venir, comme tel, avant que Micaël ne revienne sur Urantia comme il l’a promis lorsqu’il était encore dans la chair. D’autres encore, y compris le narrateur, s’attendent que Melchizédek apparaisse à tout moment. 2. Le conseil des superviseurs planétaires 114:2.1 Depuis l’époque de l’effusion de Micaël sur votre monde, la direction générale d’Urantia a été confiée sur Jérusem à un groupe spécial composé de vingt-quatre anciens Urantiens. Les qualifications pour faire partie de cette commission nous sont inconnues, mais nous avons constaté que ceux qui en sont devenus membres ont tous contribué à étendre la souveraineté du Suprême dans le système de Satania. Par nature, ils étaient tous de vrais dirigeants quand ils opéraient sur Urantia. Sauf pour Machiventa Melchizédek, ces qualités de dirigeant ont encore été accrues par l’expérience du monde des maisons et complétées par l’entrainement de la citoyenneté de Jérusem. Les nominations des membres du conseil des vingt-quatre sont proposées par le cabinet de Lanaforge, appuyées par les Très Hauts d’Édentia, approuvées par la Sentinelle Affectée de Jérusem et décidées par Gabriel de Salvington conformément au mandat de Micaël. Les membres nommés temporairement ont exactement les mêmes prérogatives que les membres permanents de cette commission de superviseurs spéciaux. 114:2.2 Ce conseil d’administrateurs planétaires s’occupe spécialement de superviser les activités d’Urantia résultant du fait que Micaël y a effectué son effusion terminale. Ses membres sont maintenus en contact étroit et immédiat avec Micaël, grâce aux activités de liaison d’une certaine Brillante Étoile du Soir, le même être qui servit Jésus pendant toute son effusion de mortel. 114:2.3 Présentement, c’est Jean que vous appelez « le Baptiste » qui préside quand le conseil est en session sur Jérusem, mais celui qui est, de droit, chef du conseil est la Sentinelle Affectée de Satania, le représentant direct et personnel de l’Inspecteur Associé de Salvington et de l’Agent Exécutif Suprême d’Orvonton. 114:2.4 Les membres de cette même commission d’anciens Urantiens agissent aussi à titre consultatif comme superviseurs des trente-six autres mondes du système isolés par la rébellion. Ils rendent un très précieux service en maintenant Lanaforge, le Souverain Systémique, en contact étroit et compatissant avec les affaires de ces planètes, qui restent encore plus ou moins sous le supercontrôle des Pères de la Constellation de Norlatiadek. À titre individuel, ces vingt-quatre conseillers se rendent fréquemment sur chacune des planètes en quarantaine, et spécialement sur Urantia. 114:2.5 Chacun des autres mondes isolés possède une commission consultative similaire et plus ou moins nombreuse de membres qui les ont habités autrefois, mais ces autres commissions sont subordonnées au groupe des vingt-quatre anciens d’Urantia. Les membres de cette dernière commission s’intéressent donc activement à toutes les phases de progrès humain sur chacun des mondes en quarantaine de Satania, mais ils s’occupent spécialement et particulièrement du bien-être et de l’avancement des races humaines d’Urantia. En effet, ils ne supervisent directement les affaires d’aucune planète, sauf d’Urantia, et même là, leur autorité n’est pas complète, excepté dans certains domaines concernant la survie des mortels. 114:2.6 Nul ne sait combien de temps ces vingt-quatre conseillers d’Urantia continueront dans leur présent statut, détachés du programme régulier des activités universelles. Sans aucun doute, ils poursuivront leur présent service jusqu’à ce que se produise, dans le statut planétaire, un changement tel que la fin d’une dispensation, la pleine prise de pouvoir par Machiventa Melchizédek, le jugement final de la rébellion de Lucifer ou la réapparition de Micaël sur le monde de son effusion finale. Le présent gouverneur général résident d’Urantia incline à croire que tous, sauf Machiventa, pourraient être libérés pour l’ascension vers le Paradis dès que le système de Satania sera rétabli dans les circuits de la constellation. Toutefois, d’autres opinions ont également cours. 3. Le gouverneur général résident 114:3.1 Tous les cent ans du temps d’Urantia, le corps des vingt-quatre superviseurs planétaires de Jérusem désigne un de ses membres pour séjourner sur votre monde et y agir comme son délégué exécutif, comme gouverneur général résident. À l’époque où se préparaient ces exposés, cet agent exécutif fut changé, et le vingtième à assurer ce service remplaça le dix-neuvième. Le nom du présent superviseur planétaire ne vous est pas communiqué, uniquement à cause de la tendance excessive des mortels à vénérer, voire à déifier, leurs compatriotes extraordinaires et leurs supérieurs suprahumains. 114:3.2 Le gouverneur général résident n’a aucune autorité personnelle effective pour diriger les affaires du monde, sauf en tant que représentant des vingt-quatre conseillers de Jérusem. Il agit comme coordonnateur de l’administration suprahumaine ; il est le chef respecté et le dirigeant universellement reconnu des êtres célestes exerçant leur fonction sur Urantia. Tous les ordres d’armées angéliques le considèrent comme leur directeur coordonnateur, tandis que les Médians Unis (depuis que 1-2-3 le premier est parti pour devenir l’un des vingt-quatre conseillers) considèrent les gouverneurs généraux successifs comme leurs pères planétaires. 114:3.3 Bien que le gouverneur général ne possède pas d’autorité effective et personnelle sur la planète, il communique tous les jours des dizaines d’ordonnances et décisions qui sont acceptées comme finales par toutes les personnalités concernées. Il tient beaucoup plus d’un conseiller paternel que d’un dirigeant technique. Sous certains rapports, il opère comme le ferait un Prince Planétaire, mais son administration se rapproche davantage de celle des Fils Matériels. 114:3.4 Le gouvernement d’Urantia est représenté dans les conseils de Jérusem selon un arrangement d’après lequel le gouverneur général, revenant de servir, siège comme membre temporaire du cabinet des Princes Planétaires du Souverain Systémique. Quand Machiventa fut désigné comme Prince vice-gérant, on s’attendait qu’il prît immédiatement sa place dans le conseil des Princes Planétaires de Satania, mais jusqu’ici, il n’a fait aucun geste dans ce sens. 114:3.5 Le gouvernement supramatériel d’Urantia ne maintient pas de relations organiques très étroites avec les unités supérieures de l’univers local. En un sens, le gouverneur général résident représente Salvington aussi bien que Jérusem, puisqu’il agit au nom des vingt-quatre conseillers qui représentent directement Micaël et Gabriel. Et le gouverneur planétaire, étant un citoyen de Jérusem, peut opérer comme porte-parole du Souverain du Système. Les autorités de la constellation sont représentées directement par un Fils Vorondadek, l’observateur d’Édentia. 4. Le Très Haut observateur 114:4.1 La souveraineté d’Urantia est encore compliquée du fait que jadis, peu après la rébellion planétaire, le gouvernement de Norlatiadek a pris l’initiative discrétionnaire d’exercer l’autorité planétaire. Un Fils Vorondadek, observateur pour les Très Hauts d’Édentia, réside encore sur Urantia comme fidéicommissaire de la souveraineté planétaire, en l’absence d’action directe par Micaël. Le présent Très Haut observateur (et parfois régent) est le vingt-troisième à servir ainsi sur Urantia. 114:4.2 Certains groupes de problèmes planétaires restent encore sous le contrôle des Très Hauts d’Édentia, leur juridiction s’étant exercée au temps de la rébellion de Lucifer. C’est un fils Vorondadek, l’observateur de Norlatiadek, qui exerce l’autorité dans ces affaires et maintient des relations consultatives très étroites avec les superviseurs planétaires. Les commissaires raciaux sont très actifs sur Urantia, et les divers chefs de leurs groupes sont officieusement rattachés à l’observateur Vorondadek résident, qui joue, auprès d’eux, le rôle de directeur consultatif. 114:4.3 En cas de crise, ce serait ce fils Vorondadek d’Édentia, occupant actuellement un poste d’observation, qui serait le chef effectif et souverain du gouvernement, sauf pour certaines affaires purement spirituelles. (Dans ces problèmes exclusivement spirituels et dans certaines affaires purement personnelles, l’autorité suprême parait dévolue à l’archange commandant attaché au quartier général divisionnaire de l’ordre des archanges récemment établi sur Urantia.) 114:4.4 Un Très Haut observateur jouit du pouvoir discrétionnaire de prendre en mains le gouvernement de la planète en temps de crise planétaire grave, et les annales rapportent que ce fut trente-trois fois le cas dans l’histoire d’Urantia. À ces époques, le Très Haut observateur fait fonction de Très Haut régent. Il exerce alors une autorité indiscutée sur tous les ministres et administrateurs résidant sur la planète, à la seule exception de l’organisation divisionnaire des archanges. 114:4.5 Les régences des Vorondadeks ne sont pas spéciales aux planètes isolées après rébellion, car les Très Hauts peuvent intervenir à tout moment dans les affaires des mondes habités en interposant la sagesse supérieure des dirigeants de la constellation dans les affaires des royaumes des hommes. 5. Le gouvernement planétaire 114:5.1 L’administration actuelle d’Urantia est vraiment difficile à décrire. Il n’existe pas de gouvernement officiel défini selon les lignes de l’organisation de l’univers, avec des départements législatifs, exécutifs et judiciaires séparés. Les vingt-quatre conseillers forment le groupe qui se rapproche le plus de la branche législative du gouvernement planétaire. Le gouverneur général est un chef exécutif provisoire et consultatif, le Très Haut observateur ayant le droit de veto. Nul pouvoir judiciaire n’opère sur la planète avec une autorité absolue, il n’y a que des commissions de conciliation. 114:5.2 Par consentement mutuel, la majorité des problèmes impliquant des séraphins et des médians est tranchée par le gouverneur général. Toutefois, sauf quand le gouverneur général exprime les ordres des vingt-quatre conseillers, ses ordonnances sont toutes sujettes à appel auprès des commissions de conciliation, auprès des autorités locales constituées pour le fonctionnement planétaire ou même auprès du Souverain Systémique de Satania. 114:5.3 L’absence de l’état-major d’un Prince Planétaire et du régime matériel d’un Fils et d’une Fille Adamiques est partiellement compensée par le ministère spécial des séraphins et par les services exceptionnels des créatures médianes. L’absence du Prince Planétaire est efficacement compensée par la présence trine des archanges, du Très Haut observateur et du gouverneur général. 114:5.4 Ce gouvernement planétaire, organisé d’une manière plutôt vague et quelque peu personnelle, est plus efficace que prévu, à cause du gain de temps apporté par l’assistance des archanges et de leur circuit toujours disponible et si souvent utilisé en cas d’urgence planétaire ou de difficultés administratives. Techniquement, la planète est encore spirituellement isolée dans les circuits de Norlatiadek, mais, en cas d’urgence, on peut maintenant éviter ce handicap en employant le circuit des archanges. Bien entendu, l’isolement planétaire a peu d’importance pour les mortels individuels depuis que l’Esprit de Vérité a été répandu sur toute chair, il y a dix-neuf-cents ans. 114:5.5 Chaque journée administrative sur Urantia commence par une conférence consultative à laquelle assistent le gouverneur général, le chef planétaire des archanges, le Très Haut observateur, le supernaphin superviseur, le chef des Porteurs de Vie résidents et des hôtes invités parmi les Fils élevés de l’univers ou parmi certains visiteurs estudiantins séjournant à ce moment-là sur la planète. 114:5.6 Le cabinet administratif direct du gouverneur général se compose de douze séraphins, chefs en exercice des douze groupes d’anges spéciaux opérant comme directeurs suprahumains immédiats du progrès et de la stabilité planétaires. 6. Les maitres séraphins de la supervision planétaire 114:6.1 Quand le premier gouverneur général arriva sur Urantia, en même temps que l’effusion de l’Esprit de Vérité, il était accompagné de douze groupes de séraphins spéciaux, diplômés de Séraphington, qui furent immédiatement affectés à certains services planétaires particuliers. Ces anges de haut rang sont connus sous le nom de maitres séraphins de la supervision planétaire. À part le supercontrôle du Très Haut observateur, ils sont sous la direction immédiate du gouverneur général résident. 114:6.2 Tout en opérant sous la supervision générale du gouverneur général résident, ces douze groupes d’anges reçoivent directement leurs ordres du conseil séraphique des douze chefs en exercice de chaque groupe. Ce conseil sert aussi de cabinet volontaire pour le gouverneur général résident. 114:6.3 En tant que chef planétaire des séraphins, je préside ce conseil des chefs séraphiques. Je suis un supernaphin volontaire de l’ordre primaire, servant sur Urantia comme successeur de celui qui fut jadis chef des armées d’anges de la planète et qui fit défaut au moment de la sécession de Caligastia. 114:6.4 Les douze corps de maitres séraphins de la supervision planétaire opèrent sur Urantia comme suit : 114:6.5 1. Les anges de l’époque. Ils sont les anges de l’époque en cours, le groupe dispensationnel. Ces ministres célestes sont chargés de surveiller et de diriger les affaires de chaque génération afin qu’elles s’insèrent selon les prévisions dans la mosaïque de l’âge durant lequel elles apparaissent. Le présent corps des anges de l’époque servant sur Urantia est le troisième groupe affecté à la planète durant la présente dispensation. 114:6.6 2. Les anges du progrès. Ces séraphins ont la tâche d’inaugurer le progrès évolutionnaire des âges sociaux successifs. Ils encouragent le développement de la tendance au progrès, inhérente aux créatures évolutionnaires. Ils travaillent sans cesse à faire que les choses soient ce qu’elles devraient être. Le groupe présentement en fonction est le second de cet ordre affecté à la planète. 114:6.7 3. Les gardiens de la religion. Ils sont les « anges des églises » qui luttent ardemment pour ce qui est et pour ce qui a été. Ils s’efforcent de maintenir les idéaux de ce qui a survécu, afin d’assurer la sécurité du transit des valeurs morales entre deux époques. Ils forment la contrepartie des anges du progrès en cherchant constamment à transférer, d’une génération à la suivante, les valeurs impérissables des antiques structures démodées, dans des modèles nouveaux, donc moins stabilisées, de pensée et de conduite. Ces anges luttent vraiment pour des formes spirituelles, mais ne sont pas la source du sectarisme excessif et des absurdes controverses déchirantes entre religionistes déclarés. Le corps de ces gardiens fonctionnant présentement sur Urantia est le cinquième à servir ainsi. 114:6.8 4. Les anges de la vie nationale. Ils sont les « anges des trompettes », dirigeant les accomplissements politiques de la vie nationale sur Urantia. Le groupe qui assure présentement le supercontrôle des relations internationales est le quatrième du genre servant sur la planète. C’est particulièrement par le ministère de cette division séraphique que « les Très Hauts règnent dans les royaumes des hommes ». 114:6.9 5. Les anges des races. Ils travaillent à conserver les races évolutionnaires du temps, sans se soucier de leurs enchevêtrements politiques et de leurs groupements religieux. Sur Urantia, on trouve les restes de neuf races humaines qui se sont mêlées et combinées pour former les peuples des temps modernes. Ces séraphins attachés aux races sont étroitement associés au ministère des commissaires raciaux. Leur groupe résidant présentement sur Urantia est le corps originel affecté à la planète peu après le jour de la Pentecôte. 114:6.10 6. Les anges du futur. Ils sont les anges des projets, qui prévoient un âge futur et font des plans pour réaliser le meilleur d’une nouvelle dispensation en progrès. Ils sont les architectes des ères successives. Le groupe présentement sur la planète a fonctionné comme tel depuis le commencement de la présente dispensation. 114:6.11 7. Les anges de l’illumination. Urantia reçoit présentement l’aide de son troisième corps de séraphins consacrés à développer l’éducation planétaire. Ces anges s’occupent d’instruire mentalement et moralement les individus, familles, groupes, écoles, communautés, nations et les races entières. 114:6.12 8. Les anges de la santé. Ils sont les ministres séraphiques affectés à l’assistance des agents humains consacrés à promouvoir la santé et la prévention contre les maladies. Le présent corps est le sixième groupe à servir ainsi au cours de la présente dispensation. 114:6.13 9. Les séraphins du foyer. Urantia bénéficie en ce moment des services du cinquième groupe de cet ordre de ministres angéliques consacrés à préserver et à faire progresser la vie des foyers, institution fondamentale de la civilisation humaine. 114:6.14 10. Les anges de l’industrie. Ce groupe séraphique s’occupe de stimuler le développement industriel et d’améliorer les conditions économiques parmi les peuples d’Urantia. Il a été remplacé sept fois depuis l’effusion de Micaël. 114:6.15 11. Les anges du divertissement. Ils sont les séraphins qui stimulent les valeurs de jeu, d’humour et de repos. Ils cherchent toujours à élever le niveau des divertissements des hommes et à promouvoir ainsi l’emploi le plus profitable des loisirs humains. Le présent corps est le troisième de cet ordre apportant son ministère à Urantia. 114:6.16 12. Les anges du ministère suprahumain. Ils sont les anges des anges, les séraphins affectés au ministère de toutes les autres vies suprahumaines, temporaires ou permanentes sur la planète. Ce corps a servi depuis le commencement de la présente dispensation. 114:6.17 Quand ces groupes de maitres séraphins ont des opinions différentes en matière politique ou de procédure planétaire, leurs différends sont généralement arbitrés par le gouverneur général ; mais toutes les ordonnances de ce dernier sont sujettes à appel selon la nature et la gravité des affaires impliquées dans le désaccord. 114:6.18 Aucun de ces groupes angéliques n’exerce de contrôle direct ou arbitraire sur les domaines de leur affectation. Ils ne peuvent contrôler totalement les affaires de leurs champs d’action respectifs, mais ils peuvent, et ils le font, manipuler les conditions planétaires et associer des circonstances de manière à influencer favorablement les sphères d’activité humaine auxquelles ils sont attachés. 114:6.19 Les maitres séraphins de la supervision planétaire emploient de nombreux dispositifs pour exécuter leurs missions. Ils opèrent comme centres d’échange pour les idées, comme focalisateurs pour le mental et comme promoteurs de projets. Ils sont incapables d’introduire des concepts nouveaux et plus élevés dans le mental humain, mais agissent souvent pour intensifier un idéal supérieur déjà apparu dans l’intellect humain. 114:6.20 En dehors de ces nombreux moyens d’action positive, les maitres séraphins assurent le progrès planétaire contre les périls vitaux en mobilisant, en entrainant et en maintenant le corps de réserve de la destinée. La principale fonction de ces réservistes est de protéger le progrès évolutionnaire contre un effondrement. Ils représentent le dispositif mis en place par les forces célestes pour se prémunir contre les surprises ; ce corps est leur garant contre les désastres. 7. Le corps de réserve de la destinée 114:7.1 Le corps de réserve de la destinée se compose de vivants, hommes et femmes, qui ont été admis au service spécial de l’administration suprahumaine des affaires du monde. Ce corps comprend les hommes et les femmes de chaque génération choisis par les directeurs spirituels du royaume pour contribuer au ministère de miséricorde et de sagesse auprès des enfants du temps sur les mondes évolutionnaires. Dans l’exécution des plans concernant l’ascension, la règle générale est de commencer à utiliser cette liaison de créatures mortelles volitives dès qu’elles sont compétentes et dignes de confiance pour assumer ces responsabilités. En conséquence, dès que des hommes et des femmes apparaissent sur la scène de l’action temporelle avec une capacité mentale suffisante, un statut moral adéquat et la spiritualité requise, ils sont rapidement affectés au groupe céleste approprié de personnalités planétaires à titre d’agents humains de liaison, d’assistants mortels. 114:7.2 Quand des êtres humains sont choisis comme protecteurs de la destinée planétaire et deviennent des individus pivots dans les plans poursuivis par les administrateurs du monde, alors le chef planétaire des séraphins confirme leur attachement temporel au corps séraphique et désigne des gardiens personnels de la destinée pour servir auprès de ces mortels réservistes. Tous ces réservistes ont des Ajusteurs conscients d’eux-mêmes, et la plupart d’entre eux opèrent dans les cercles cosmiques supérieurs d’accomplissement intellectuel et d’aboutissement spirituel. 114:7.3 Les mortels du royaume sont choisis, pour servir dans le corps de réserve de la destinée sur les mondes habités, pour les raisons suivantes : 114:7.4 1. Capacité spéciale d’être secrètement entrainés pour de nombreuses missions d’urgence possibles dans la conduite de diverses activités des affaires du monde. 114:7.5 2. Consécration sincère à une cause spéciale sociale, économique, politique, spirituelle ou autre, doublée d’une bonne volonté pour servir sans récompenses ni marques de reconnaissance humaines. 114:7.6 3. Possession d’un Ajusteur de Pensée doué d’une extraordinaire variété de talents et ayant probablement eu, avant de venir sur Urantia, l’expérience d’avoir affronté des difficultés planétaires et lutté dans des situations critiques où un monde était menacé. 114:7.7 Chaque division de service céleste planétaire a droit à un corps de liaison composé de ces mortels ayant statut de réservistes de la destinée. Un monde habité moyen emploie soixante-dix corps de la destinée séparés qui sont en relation intime avec la conduite suprahumaine courante des affaires de ce monde. Sur Urantia, il y a douze corps de réserve de la destinée, un pour chacun des groupes planétaires de supervision séraphique. 114:7.8 Les douze groupes urantiens de réservistes de la destinée se composent d’habitants mortels de la sphère, qui ont été formés pour occuper de nombreuses positions clefs sur terre et sont maintenus prêts à agir en cas d’urgence planétaire. L’ensemble de ces corps comprend présentement 962 personnes. Le corps le plus restreint en compte 41 et le plus nombreux 172. À l’exception de moins d’une vingtaine de personnalités de contact, les membres de ce groupe unique n’ont aucunement conscience d’avoir été préparés pour agir éventuellement dans certaines crises planétaires. Ces réservistes mortels sont choisis par les corps auxquels ils sont respectivement attachés ; ils sont également entrainés et préparés dans leur mental profond par la technique conjuguée du ministère de l’Ajusteur de Pensée et du gardien séraphique. Bien souvent, de nombreuses autres personnalités célestes participent à cet entrainement inconscient ; et dans toute cette préparation spéciale, les médians rendent des services précieux et indispensables. 114:7.9 Sur beaucoup de mondes, les créatures médianes secondaires les mieux adaptées sont capables d’établir, à des degrés variables, le contact avec les Ajusteurs de Pensée de certains mortels favorablement constitués, en pénétrant habilement le mental où habite l’Ajusteur. (C’est précisément par une telle combinaison fortuite d’adaptations cosmiques que les présentes révélations ont été matérialisées en langue anglaise sur Urantia.). De tels mortels des mondes évolutionnaires offrant des possibilités de contact sont mobilisés dans les nombreux corps de réserve. Dans une certaine mesure, c’est grâce à ces petits groupes de personnalités ayant des vues d’avenir que la civilisation spirituelle progresse et que les Très Hauts peuvent régner dans les royaumes des hommes. Les hommes et les femmes de ces corps de réserve de la destinée ont ainsi divers degrés de contact avec leurs Ajusteurs par le ministère intermédiaire des créatures médianes ; mais ces mêmes mortels sont peu connus de leurs compagnons, sauf dans les rares crises sociales et situations spirituelles critiques où ces personnalités de réserve agissent pour empêcher l’effondrement de la culture évolutionnaire ou l’extinction de la lumière de la vérité vivante. Sur Urantia, ces réservistes de la destinée n’ont été que rarement mis en vedette dans les pages de l’histoire humaine. 114:7.10 Les réservistes opèrent inconsciemment comme conservateurs des connaissances planétaires essentielles. Bien des fois, à la mort d’un réserviste, certaines données vitales du mental sont transférées du réserviste mourant à un successeur plus jeune au moyen d’une liaison entre leurs deux Ajusteurs de Pensée. Il ne fait pas de doute que les Ajusteurs opèrent aussi, avec ce corps de réserve, de bien des manières qui nous sont inconnues. 114:7.11 Sur Urantia, le corps de réserve de la destinée n’a pas de chef permanent, mais il a ses propres conseils permanents qui constituent son organisation de direction. Ceux-ci comprennent le conseil judiciaire, le conseil d’authenticité historique, le conseil sur la souveraineté politique et beaucoup d’autres. De temps en temps, et conformément à l’organisation du corps de réserve, ces conseils permanents ont nommé des chefs (mortels) titulaires de l’ensemble du corps de réserve pour une fonction spécifique. Le mandat de tels chefs réservistes est généralement une affaire de quelques heures et se limite à l’exécution d’une tâche précise et immédiate. 114:7.12 C’est à l’époque des Adamites et des Andites que le corps de réserve d’Urantia atteignit son effectif maximum. Il diminua constamment, en même temps que le sang violet se diluait, et passa par un minimum aux environs du jour de la Pentecôte ; depuis lors, il a recommencé à croitre régulièrement. 114:7.13 (Le corps de réserve cosmique des citoyens d’Urantia ayant conscience de l’univers comprend présentement plus de mille mortels ayant, au sujet de la citoyenneté cosmique, une clairvoyance qui transcende de loin la sphère de leur demeure terrestre, mais il m’est interdit de révéler la vraie nature de la fonction de ce groupe exceptionnel d’êtres humains vivants.) 114:7.14 Les mortels urantiens, qui subissent un isolement spirituel relatif de leur monde par rapport à certains circuits de l’univers local, ne devraient pas se laisser aller à éprouver un sentiment d’abandon cosmique ou d’orphelinage planétaire. Il existe, sur la planète, une supervision suprahumaine très précise et efficace des affaires du monde et des destinées humaines. 114:7.15 Il est toutefois vrai qu’en mettant les choses au mieux, vous ne pouvez avoir qu’une faible idée d’un gouvernement planétaire idéal. Depuis les premiers temps du Prince Planétaire, Urantia a souffert de l’avortement du plan divin préparé pour sa croissance mondiale et son développement racial. Les mondes loyaux de Satania ne sont pas gouvernés comme Urantia. Néanmoins, par comparaison avec les autres mondes isolés, les gouvernements de votre planète ne font pas si mauvaise figure ; on peut dire seulement un ou deux mondes sont pires et que quelques-uns sont peut-être un peu meilleurs, mais la majorité se trouve sur un pied d’égalité avec vous. 114:7.16 Dans l’univers local, nul ne parait savoir quand prendra fin le statut instable de votre administration planétaire. Les Melchizédeks de Nébadon sont enclins à croire qu’il se produira peu de changements dans le gouvernement et l’administration de la planète jusqu’à la seconde venue personnelle de Micaël sur Urantia. Il est indubitable qu’à ce moment-là, sinon auparavant, des changements radicaux seront effectués dans la direction de la planète. Quant à la nature de ces modifications dans l’administration du monde, personne ne parait capable d’émettre même une hypothèse. Dans toute l’histoire des mondes habités de l’univers de Nébadon, il n’y a pas de précédent à un tel évènement. Parmi les nombreuses choses difficiles à comprendre concernant le futur gouvernement d’Urantia, l’une des plus importantes est l’installation sur la planète d’un circuit et d’un quartier général divisionnaire d’archanges. 114:7.17 Votre monde isolé n’est pas oublié dans les conseils de l’univers. Urantia n’est pas une orpheline cosmique stigmatisée par le péché et coupée, par la rébellion, de la vigilante protection divine. Depuis Uversa jusqu’à Salvington, et ainsi de suite en descendant jusqu’à Jérusem, et même sur Havona et au Paradis, tout le monde sait que nous sommes ici. Vous autres mortels habitant présentement Urantia, vous êtes tout aussi affectueusement chéris et fidèlement gardés, et même davantage, que si votre sphère n’avait jamais été trahie par un Prince Planétaire sans foi. Il reste éternellement vrai que « le Père lui-même vous aime. » 114:7.18 [Présenté par le Chef des Séraphins stationné sur Urantia.] FASCICULE 115. L’Être Suprême 115:0.1 AVEC Dieu le Père, la grande relation est la filiation. Avec Dieu le Suprême, l’accomplissement est la condition préalable au statut – il faut faire quelque chose aussi bien qu’être quelque chose. 1. Relativité des cadres conceptuels 115:1.1 Des intellects partiels, incomplets et évoluants seraient impuissants dans le maitre univers, incapables de former le moindre modèle rationnel de pensée, si tout mental, supérieur ou inférieur, n’avait pas l’aptitude innée à former un cadre universel dans lequel il peut penser. Si le mental ne peut aboutir aux véritables conclusions et pénétrer jusqu’aux véritables origines, il sera infailliblement amené à postuler des conclusions et à inventer des origines, afin d’avoir un moyen de penser logiquement dans le cadre de ces hypothèses mentalement créées. De tels cadres universels pour la pensée des créatures sont indispensables aux opérations intellectuelles rationnelles, mais, sans aucune exception, ils sont erronés à un plus ou moins haut degré. 115:1.2 Les cadres conceptuels de l’univers ne sont que relativement vrais. Ils sont d’utiles échafaudages qui doivent finalement céder la place devant l’expansion de la compréhension cosmique croissante. Les manières de comprendre la vérité, la beauté et la bonté, la moralité, l’éthique, le devoir, l’amour, la divinité, l’origine, l’existence, le dessein, la destinée, le temps, l’espace et même la Déité, ne sont que relativement vraies. Dieu est beaucoup, beaucoup plus qu’un Père, mais le Père est le plus haut concept humain de Dieu. Néanmoins, la description sous forme Père-Fils des relations entre le Créateur et la créature sera accrue par les conceptions suprahumaines de la Déité que l’on atteint dans Orvonton, dans Havona et au Paradis. L’homme est obligé de penser dans un cadre universel de mortel, mais cela ne signifie pas qu’il ne puisse imaginer d’autres cadres plus élevés, à l’intérieur desquels la pensée peut avoir lieu. 115:1.3 En vue de faciliter la compréhension des mortels de l’univers des univers, nous avons appelé finis, absonites et absolus les divers niveaux de la réalité cosmique. Parmi eux, seul l’absolu est éternel sans qualification, vraiment existentiel. Les absonites et les finis sont des dérivés, des modifications, des qualifications et des atténuations de la réalité absolue, originelle et primordiale de l’infinité. 115:1.4 Les domaines du fini existent en vertu du dessein éternel de Dieu. Les créatures finies, supérieures et inférieures, peuvent proposer des théories, et elles l’ont fait, sur la nécessité du fini dans l’économie cosmique, mais, en dernière analyse, le fini existe parce que Dieu l’a ainsi voulu. On ne peut expliquer l’univers, et une créature finie ne peut offrir un motif rationnel pour sa propre existence individuelle, sans faire appel aux actes antérieurs et à la volonté préexistante d’êtres ancestraux, Créateurs ou procréateurs. 2. La base absolue de la suprématie 115:2.1 Du point de vue existentiel, rien de nouveau ne peut arriver dans aucune des galaxies, car le parachèvement de l’infinité inhérent au JE SUIS est éternellement présent dans les sept Absolus, il est fonctionnellement associé dans les triunités et il est associé d’une manière transmissible dans les triodités. Mais le fait que l’infinité soit ainsi existentiellement présente dans ces associations absolues ne rend nullement impossible de réaliser de nouveaux expérientiels cosmiques. Du point de vue des créatures finies, l’infinité contient beaucoup de facteurs potentiels, d’éléments comportant une possibilité future plutôt qu’une actualité présente. 115:2.2 La valeur est un élément unique dans la réalité de l’univers. Nous ne comprenons pas comment la valeur d’une chose infinie et divine pourrait être accrue, mais nous découvrons que les significations peuvent être modifiées, sinon accrues, même dans les relations de la Déité infinie. Pour les univers expérientiels, même les valeurs divines sont accrues, en tant qu’actualités, par une compréhension élargie des significations de la réalité. 115:2.3 Tout le plan de la création et de l’évolution universelles sur tous les niveaux expérientiels est apparemment une affaire de conversion des potentialités en actualités ; et cette transmutation concerne également les domaines de la puissance d’espace, de la puissance du mental et de la puissance d’esprit. 115:2.4 La méthode apparente par laquelle les possibilités du cosmos sont amenées à l’existence actuelle varie de niveau en niveau. Dans le fini, c’est l’évolution expérientielle et, dans l’absonite, c’est l’extériorisation expérientielle. L’infinité existentielle inclut assurément tout sans réserve, et il faut bien que cette omni-inclusivité englobe même la possibilité de faire des expériences évolutionnaires finies. Et la possibilité d’une telle croissance expérientielle devient une actualité universelle par des relations de triodités empiétant sur le Suprême, et le pénétrant. 3. L’Originel, l’Actuel et le Potentiel 115:3.1 Le cosmos absolu est conceptuellement sans limites. Définir l’étendue et la nature de cette réalité primordiale équivaut à donner des qualifications à l’infinité et à affaiblir le pur concept d’éternité. L’idée de l’infini-éternel, de l’éternel-infini, est non qualifiée en étendue et absolue en fait. Nul langage d’Urantia, passé, présent ou futur, n’est adéquat pour exprimer la réalité de l’infinité ou l’infinité de la réalité. L’homme, créature finie dans un cosmos infini, doit se contenter d’images déformées et de conceptions étriquées de cette existence sans limites, sans bornes, sans commencement et sans fin, qui dépasse réellement ses facultés de compréhension. 115:3.2 Le mental ne peut jamais espérer saisir le concept d’un Absolu sans essayer d’abord de fractionner l’unité de cette réalité. Le mental unifie toutes les divergences, mais, en l’absence totale de telles divergences, le mental ne trouve aucune base pour tenter de formuler des concepts compréhensibles. 115:3.3 L’état statique primordial de l’infinité exige une segmentation avant toute tentative humaine pour le comprendre. L’infinité comporte une unité dont l’expression, dans ces fascicules, a été le JE SUIS – le premier postulat du mental des créatures. Mais une créature ne pourra jamais comprendre comment il se fait que cette unité devienne une dualité, une triunité et une diversité tout en restant une unité non qualifiée. L’homme rencontre un problème similaire quand il s’arrête pour contempler la Déité indivise de la Trinité à côté de la personnalisation multiple de Dieu. 115:3.4 L’homme est loin de l’infinité, et c’est uniquement cette distance qui fait exprimer ce concept en un seul mot. D’une part l’infinité est UNITÉ, et d’autre part elle est DIVERSITÉ sans fin ni limites. Observée par des intelligences finies, l’infinité est le plus grand paradoxe de la philosophie des créatures et de la métaphysique finie. Bien que, dans l’expérience de l’adoration, la nature spirituelle de l’homme s’étende jusqu’au Père qui est infini, son maximum de capacité intellectuelle à comprendre ne dépasse pas la conception de l’Être Suprême. Au-delà du Suprême, les concepts sont de plus en plus des noms et de moins en moins de véritables désignations de la réalité ; ils deviennent de plus en plus la projection vers le superfini de la compréhension finie de la créature. 115:3.5 Une conception fondamentale du niveau absolu implique un postulat de trois phases : 115:3.6 1. L’Originel. Le concept non qualifié de la Source-Centre Première, la manifestation initiale du JE SUIS dont toute réalité tire son origine. 115:3.7 2. L’Actuel. L’union des trois Absolus d’actualité, les Sources-Centres Deuxième, Troisième et du Paradis. Cette triodité du Fils Éternel, de l’Esprit Infini et de l’Ile du Paradis constitue la révélation actuelle de l’originalité de la Source-Centre Première. 115:3.8 3. Le Potentiel. L’union des trois Absolus de potentialité, l’Absolu de Déité, l’Absolu Non Qualifié et l’Absolu Universel. Cette triodité de potentialité existentielle constitue la révélation potentielle de l’originalité de la Source-Centre Première. 115:3.9 L’interassociation de l’Originel, de l’Actuel et du Potentiel produit les tensions intérieures de l’infinité, qui se traduisent par la possibilité de toutes les croissances dans l’univers ; et la croissance est la nature du Septuple, du Suprême et de l’Ultime. 115:3.10 Dans l’association de l’Absolu de Déité, de l’Absolu Universel et de l’Absolu Non Qualifié, la potentialité est absolue tandis que l’actualité est émergente. Dans l’association des Sources-Centres Deuxième, Troisième et du Paradis, l’actualité est absolue tandis que la potentialité est émergente. Dans l’originalité de la Source-Centre Première, nous ne pouvons dire de l’actualité ou de la potentialité ni qu’elles sont existantes ni qu’elles sont émergentes – le Père est. 115:3.11 Du point de vue du temps, l’Actuel représente ce qui fut et ce qui est ; le Potentiel est ce qui devient et qui sera ; l’Originel est ce qui est. Du point de vue de l’éternité, les différences entre l’Originel, l’Actuel et le Potentiel n’apparaissent pas de cette façon. Ces qualités trines ne se distinguent pas ainsi sur les niveaux d’éternité du Paradis. Dans l’éternité, tout est – seulement, tout n’a pas encore été révélé dans le temps et l’espace. 115:3.12 Du point de vue des créatures, l’actualité est substance, et la potentialité est capacité. L’actualité existe au centre, et de là elle se répand dans l’infinité périphérique ; la potentialité part de la périphérie de l’infinité vers l’intérieur et converge au centre de toutes choses. L’Originel est ce qui d’abord cause, et ensuite équilibre les doubles mouvements du cycle de la réalité, où les potentiels se métamorphosent en actuels et où les actuels existants prennent un caractère potentiel. 115:3.13 Les trois Absolus de potentialité opèrent sur le niveau purement éternel du cosmos ; ils ne fonctionnent donc jamais comme tels sur les niveaux subabsolus. Sur les niveaux descendants de la réalité, la triodité de potentialité se manifeste avec l’Ultime et sur le Suprême. Il est possible qu’une partie du potentiel ne réussisse pas à s’actualiser dans le temps et sur des niveaux subabsolus, mais jamais dans l’ensemble. La volonté de Dieu prévaut finalement, elle ne prévaut pas toujours au niveau individuel, mais elle prévaut invariablement en ce qui concerne l’ensemble. 115:3.14 C’est dans la triodité d’actualité que les existants du cosmos ont leur centre ; qu’il s’agisse d’esprit, de mental ou d’énergie, tous sont centrés dans cette association du Fils, de l’Esprit et du Paradis. La personnalité du Fils spirituel est le maitre archétype pour toutes les personnalités dans tous les univers. La substance de l’Ile du Paradis est le maitre archétype, dont Havona est une parfaite révélation et les superunivers une révélation en voie de perfectionnement. L’Acteur Conjoint est tout à la fois, l’activation mentale de l’énergie cosmique, le concept des desseins de l’esprit, et l’intégration des causes et effets mathématiques des niveaux matériels avec les desseins et mobiles volitifs du niveau spirituel. Dans un univers fini et pour un univers fini, le Fils, l’Esprit et le Paradis opèrent dans l’Ultime et sur l’Ultime tel qu’il est conditionné et qualifié dans le Suprême. 115:3.15 L’actualité (de la Déité) est ce que l’homme recherche dans son ascension vers le Paradis. La Potentialité (de la divinité humaine) est ce que l’homme fait apparaitre dans cette recherche. L’Originel est ce qui rend possible la coexistence et l’intégration de l’homme actuel, de l’homme potentiel et de l’homme éternel. 115:3.16 La dynamique finale du cosmos concerne le transfert continuel de la réalité de la potentialité à l’actualité. En théorie, il pourrait y avoir une fin à cette métamorphose, mais, en fait, la chose est impossible, étant donné que le Potentiel et l’Actuel sont tous deux encircuités dans l’Originel (le JE SUIS), et cette identification rend éternellement impossible de fixer une limite au développement progressif de l’univers. Tout ce qui est identifié avec le JE SUIS ne peut jamais cesser de progresser, car l’actualité des potentiels du JE SUIS est absolue, et la potentialité des actuels du JE SUIS l’est également. Les actuels ouvriront toujours de nouvelles voies pour que des potentiels, jusque-là impossibles, se réalisent – non seulement chaque décision humaine actualise une nouvelle réalité dans l’expérience humaine, mais elle ouvre aussi une nouvelle capacité de croissance humaine. Dans chaque enfant vit un homme, et dans l’homme mûr connaissant Dieu réside le progresseur morontiel. 115:3.17 Un état statique de la croissance ne peut jamais apparaitre dans le cosmos total puisque la base de la croissance – les actuels absolus – est non qualifiée et que les possibilités de croissance – les potentiels absolus – sont illimitées. D’un point de vue pratique, les philosophes de l’univers sont arrivés à la conclusion qu’il n’existe rien que l’on puisse considérer comme une fin. 115:3.18 D’un point de vue restreint, il existe en réalité beaucoup de fins, de terminaisons d’activité ; mais, d’un point de vue plus large sur un niveau supérieur de l’univers, il n’y a rien qui finisse ; il n’y a que des transitions d’une phase de développement à une autre. La chronicité majeure du maitre univers concerne les divers âges universels : les âges de Havona, des superunivers et des univers extérieurs. Toutefois, même ces divisions fondamentales de relations séquentielles ne peuvent être que des bornes relatives sur la grande route sans fin de l’éternité. 115:3.19 La pénétration finale de la vérité, de la beauté et de la bonté de l’Être Suprême ne pourrait qu’ouvrir, à la créature en progression, ces qualités absonites de divinité ultime qui dépasse les niveaux conceptuels de vérité, de beauté et de bonté. 4. Les sources de la réalité du Suprême 115:4.1 Toute considération des origines de Dieu le Suprême doit commencer par la Trinité du Paradis, car la Trinité est la Déité originelle, tandis que le Suprême est une Déité dérivée. Toute considération de la croissance du Suprême doit tenir compte des triodités existentielles, car elles englobent toute l’actualité absolue et toute la potentialité infinie (en conjonction avec la Source-Centre Première). Quant au Suprême évolutionnaire, il est le foyer culminant et personnellement volitif de la transmutation – la transformation – des potentiels en actuels dans et sur le niveau fini d’existence. Les deux triodités, l’actuelle et la potentielle, englobent la totalité des relations réciproques de croissance dans les univers. 115:4.2 La source du Suprême se trouve dans la Trinité du Paradis – Déité éternelle, actuelle et indivise. Le Suprême est avant tout une personne-esprit, et cette personne-esprit est une branche issue de la Trinité. Mais le Suprême est en second lieu une Déité de croissance – de croissance évolutionnaire – et cette croissance dérive des deux triodités, l’actuelle et la potentielle. 115:4.3 S’il est difficile de comprendre que les triodités infinies puissent fonctionner sur le niveau fini, remarquez que leur infinité même doit contenir en elle-même la potentialité du fini. L’infinité englobe toutes choses, depuis l’existence finie la plus humble et la plus qualifiée jusqu’aux réalités absolues non qualifiées les plus élevées. 115:4.4 Il est moins malaisé de comprendre que l’infini contient le fini que de saisir comment cet infini est effectivement manifesté à ce fini. Mais les Ajusteurs de Pensée qui habitent les hommes mortels sont l’une des preuves éternelles que même le Dieu absolu (en tant qu’absolu) peut établir un contact direct avec les plus humbles et les plus insignifiantes créatures volitives de l’univers, et l’établit effectivement. 115:4.5 Les triodités qui englobent collectivement l’actuel et le potentiel se manifestent sur le niveau fini en conjonction avec l’Être Suprême. La technique de ces manifestations est à la fois directe et indirecte : directe dans la mesure où les relations de triodité se répercutent directement dans le Suprême, et indirecte dans la mesure où elles dérivent du niveau extériorisé de l’absonite. 115:4.6 La réalité du Suprême, qui est le total de la réalité du fini, est en voie de croissance dynamique entre les potentiels non qualifiés de l’espace extérieur et les actuels non qualifiés au centre de toutes choses. Le domaine fini devient ainsi une factualité par la coopération des agents absonites du Paradis et des Personnalités Créatrices Suprêmes du temps. L’acte de faire murir les possibilités qualifiées des trois grands Absolus potentiels est la fonction absonite des Architectes du Maitre Univers et de leurs associés transcendantaux. Quand ces éventualités ont atteint un certain point de maturation, les Personnalités Créatrices Suprêmes émergent du Paradis pour aborder la tâche multimillénaire d’amener les univers en évolution à une existence de fait. 115:4.7 La croissance de la Suprématie dérive des triodités ; la personne-esprit du Suprême dérive de la Trinité ; mais les prérogatives de pouvoir du Tout-Puissant sont basées sur les succès de divinité de Dieu le Septuple, tandis que la jonction des prérogatives de pouvoir du Tout-Puissant Suprême avec la personne-esprit de Dieu le Suprême s’effectue grâce au ministère de l’Acteur Conjoint. C’est ce dernier qui a fait don du mental du Suprême comme facteur de conjonction dans cette Déité évolutionnaire. 5. Position du Suprême par rapport à la Trinité du Paradis 115:5.1 L’Être Suprême dépend absolument de l’existence et de l’action de la Trinité du Paradis pour la réalité de sa nature personnelle et spirituelle. Alors que la croissance du Suprême est une affaire de relations de triodités, la personnalité-esprit de Dieu le Suprême dépend et dérive de la Trinité du Paradis. Cette dernière subsiste toujours comme source-centre absolue de stabilité infinie et parfaite autour de laquelle la croissance évolutionnaire du Suprême se développe progressivement. 115:5.2 La fonction de la Trinité est reliée à celle du Suprême, car la Trinité fonctionne sur tous les niveaux, (sur la totalité de ceux-ci) y compris le niveau de la fonction de Suprématie. Mais, de même que l’âge de Havona cède la place à l’âge des superunivers, de même l’action discernable de la Trinité comme créatrice immédiate cède la place aux actes créateurs des enfants des Déités du Paradis. 6. Position du Suprême par rapport aux triodités 115:6.1 La triodité d’actualité continue à fonctionner directement aux époques postérieures à Havona ; la gravité du Paradis saisit les unités de base de l’existence matérielle ; la gravité spirituelle du Fils Éternel agit directement sur les valeurs fondamentales de l’existence spirituelle ; et la gravité mentale de l’Acteur Conjoint s’empare infailliblement de toutes les significations vitales de l’existence intellectuelle. 115:6.2 Mais, à mesure que chaque stade créatif étend son activité dans l’espace inexploré, ses fonctions et son existence se trouvent de plus en plus éloignées de l’action directe des forces créatrices et des personnalités divines siégeant à l’emplacement central – l’Ile absolue du Paradis et les Déités infinies qui y résident. Ces niveaux successifs d’existence cosmique deviennent donc de plus en plus dépendants des développements à l’intérieur des trois Absolus de potentialité de l’infinité. 115:6.3 L’Être Suprême englobe des possibilités de ministère cosmique non apparemment manifestées chez le Fils Éternel, chez l’Esprit Infini, ou dans les réalités non personnelles de l’Ile du Paradis. Cette affirmation est faite en tenant dument compte de l’absoluité de ces trois actualités fondamentales, mais la croissance du Suprême n’est pas seulement fondée sur ces actualités de Déité et du Paradis, mais elle participe également aux développements intérieurs de l’Absolu de Déité, de l’Absolu Universel et de l’Absolu Non Qualifié. 115:6.4 Non seulement le Suprême grandit à mesure que les Créateurs et les créatures des univers en évolution arrivent à ressembler à Dieu, mais cette Déité finie fait aussi l’expérience d’une croissance résultant de la maitrise des possibilités finies du grand univers par les créatures et les Créateurs. Le mouvement du Suprême est double : en intension vers le Paradis et la Déité, et en extension vers l’illimité des Absolus de potentiel. 115:6.5 Au cours du présent âge de l’univers, ce double mouvement se révèle dans les personnalités descendantes et ascendantes du grand univers. Les Personnalités Créatrices Suprêmes et tous leurs divins associés reflètent le mouvement centrifuge et divergent du Suprême, tandis que les pèlerins ascendants des sept superunivers indiquent la tendance centripète et convergente de la Suprématie. 115:6.6 La Déité finie cherche toujours une double corrélation, intérieure vers le Paradis et ses Déités et extérieure vers l’infinité et les Absolus qui s’y trouvent contenus. La puissante éruption de la divinité créative du Paradis qui se personnalise dans les Fils Créateurs et manifeste son pouvoir dans les contrôleurs de pouvoir, indique un vaste épanchement de Suprématie dans les domaines de la potentialité, tandis que l’interminable procession des créatures ascendantes du grand univers témoigne de la puissante poussée intérieure de la Suprématie vers l’unité avec la Déité du Paradis. 115:6.7 Les êtres humains ont appris que le mouvement de l’invisible peut parfois être discerné en observant son effet sur le visible. Quant à nous dans les univers, nous avons appris depuis longtemps à détecter les mouvements et tendances de la Suprématie en observant comment ces évolutions se répercutent chez les personnalités et sur les modèles du grand univers. 115:6.8 Sans en être certains, nous croyons que le Suprême, en tant que réflexion finie de la Déité du Paradis, a entamé une progression éternelle dans l’espace extérieur. Toutefois, en tant que qualification des trois Absolus potentiels de l’espace extérieur, cet Être Suprême cherche perpétuellement la cohérence paradisiaque. Et ce double mouvement parait rendre compte de la plupart des activités fondamentales dans les univers présentement organisés. 7. La nature du Suprême 115:7.1 Dans la Déité du Suprême, le Père-JE SUIS est parvenu à se libérer relativement complètement des limitations inhérentes à un statut d’infinité, à une existence d’éternité et à une absoluité de nature. Mais Dieu le Suprême n’a pu être dégagé de toutes les limitations existentielles qu’en devenant sujet aux qualifications expérientielles d’une fonction universelle. En atteignant la capacité d’expérience, le Dieu fini est également soumis à la nécessité de l’acquérir ; en réussissant à se libérer de l’éternité, le Tout-Puissant rencontre les barrières du temps ; et le Suprême n’a pu connaitre la croissance et le développement que comme conséquence d’une existence partielle et d’une nature non parachevée – celles d’un être non absolu. 115:7.2 Tout ceci doit être conforme au plan du Père, qui a basé le progrès fini sur l’effort, l’accomplissement de la créature sur la persévérance et le développement de la personnalité sur la foi. En ordonnant ainsi l’évolution-expérience du Suprême, le Père a rendu possible, aux créatures finies, d’exister dans les univers et d’atteindre un jour, par progression expérientielle, la divinité de la Suprématie. 115:7.3 Toute la réalité, y compris le Suprême et même l’Ultime, à l’exception des valeurs non qualifiées des sept Absolus, est relative. Le fait de la Suprématie est fondé sur le pouvoir du Paradis, la personnalité du Fils et l’action du Conjoint, mais la croissance du Suprême est liée à l’Absolu de Déité, l’Absolu Non Qualifié et l’Absolu Universel. Et cette Déité synthétisante et unifiante – Dieu le Suprême – est la personnification de l’ombre finie projetée à travers le grand univers par l’unité infinie de la nature insondable du Père du Paradis, la Source-Centre Première. 115:7.4 Dans la mesure où les triodités opèrent directement sur le niveau fini, elles empiètent sur le Suprême, qui est la focalisation de Déité et la totalisation cosmique des qualifications finies des natures de l’Absolu Actuel et de l’Absolu Potentiel. 115:7.5 On considère que la Trinité du Paradis est l’inévitabilité absolue. Les Sept Maitres Esprits sont apparemment les inévitabilités de la Trinité. L’actualisation du Suprême en pouvoir-mental-esprit-personnalité doit être l’inévitabilité de l’évolution. 115:7.6 Dieu le Suprême ne parait pas avoir été inévitable dans l’infinité non qualifiée, mais il paraît l’être sur tous les niveaux de relativité. Le Suprême est indispensable pour focaliser, résumer et englober l’expérience évolutionnaire, en unifiant effectivement, dans sa nature de Déité, les résultats de ce mode de perception de la réalité. Il semble accomplir tout cela en vue de contribuer à faire apparaitre l’extériorisation inévitable, la manifestation superexpérientielle et superfinie de Dieu l’Ultime. 115:7.7 On ne peut apprécier pleinement l’Être Suprême qu’en prenant en considération sa source, sa fonction et sa destinée : ses relations avec la Trinité qui lui donne origine, l’univers d’activité et l’Ultime Trinité de destinée immédiate. 115:7.8 En totalisant les facteurs de l’expérience évolutionnaire, le Suprême relie le fini à l’absonite, de même que le mental de l’Acteur Conjoint intègre la divine spiritualité du Fils personnel avec les énergies immuables de l’archétype du Paradis, et que la présence de l’Absolu Universel unifie la stimulation de la Déité avec la réactivité du Non Qualifié. Cette unité doit être une révélation du travail non décelé de l’unité originelle de la Première Cause-Père et du premier Archétype-Source de toutes les choses et de tous les êtres. 115:7.9 [Parrainé par un Puissant Messager en séjour temporaire sur Urantia.] FASCICULE 116. Le Tout-Puissant Suprême 116:0.1 Si l’homme reconnaissait que ses Créateurs – ses superviseurs immédiats – sont finis tout en étant divins, et que le Dieu du temps et de l’espace est une Déité évoluante et non absolue, les contradictions des inégalités temporelles cesseraient d’être de profonds paradoxes religieux. La foi religieuse ne serait plus prostituée à accroitre la suffisance des fortunés, tout en ne servant qu’à encourager une résignation stoïque chez les infortunées victimes des privations sociales. 116:0.2 Quand on examine l’exquise perfection des sphères de Havona, il est à la fois raisonnable et logique de croire qu’elles furent faites par un Créateur parfait, infini et absolu. Avec la même raison et la même logique, toute personne honnête observant le tumulte, les imperfections et les injustices d’Urantia serait forcée de conclure que votre monde a été fait et se trouve dirigé par des Créateurs subabsolus, préinfinis et autres-que-parfaits. 116:0.3 La croissance expérientielle implique un partenariat entre la créature et le Créateur – Dieu et l’homme en association. La croissance est la marque distinctive de la Déité expérientielle : il n’y a pas eu de croissance de Havona ; Havona est et a toujours été ; c’est un univers existentiel comme les Dieux éternels qui sont sa source. Par contre, la croissance caractérise le grand univers. 116:0.4 Le Tout-Puissant Suprême est une Déité vivante et évoluante de pouvoir et de personnalité. Son domaine présent, le grand univers, est aussi un royaume croissant de pouvoir et de personnalité. Sa destinée est la perfection, mais son expérience présente englobe les éléments de croissance et de statut incomplet. 116:0.5 L’Être Suprême exerce premièrement ses fonctions dans l’univers central en tant que personnalité spirituelle, et deuxièmement dans le grand univers en tant que Dieu le Tout-Puissant, une personnalité de pouvoir. La fonction tertiaire du Suprême, dans le maitre univers, est actuellement latente et n’existe que sous forme d’un potentiel mental inconnu. Nul ne sait exactement ce que révélera ce troisième développement de l’Être Suprême. Certains croient qu’au moment où les superunivers seront ancrés dans la lumière et la vie, le Suprême opérera à partir d’Uversa comme souverain tout-puissant et expérientiel du grand univers, tout en étendant son pouvoir en tant que super-tout-puissant des univers extérieurs. D’autres imaginent que le troisième stade de Suprématie impliquera le troisième niveau de manifestation de la Déité. En réalité, aucun de nous n’en sait rien. 1. Le Mental Suprême 116:1.1 L’expérience de la personnalité de toute créature évoluante est une phase de l’expérience du Tout-Puissant Suprême. L’asservissement intelligent de chaque segment physique du superunivers fait partie du contrôle croissant du Tout-Puissant Suprême. La synthèse créative du pouvoir et de la personnalité est une partie de l’impulsion créative du Mental Suprême ; elle est aussi l’essence même de la croissance évolutionnaire de l’unité chez l’Être Suprême. 116:1.2 Le Mental Suprême a pour fonction d’unir les attributs de pouvoir et de personnalité de la Suprématie. Le résultat de l’évolution parachevée du Tout-Puissant Suprême sera une Déité unifiée et personnelle – et non une association d’attributs divins vaguement coordonnés. Dans une perspective plus large, il n’y aura pas de Tout-Puissant en dehors du Suprême, ni de Suprême en dehors du Tout-Puissant. 116:1.3 Pendant toute la durée des âges évolutionnaires, le potentiel de pouvoir physique du Suprême est dévolu aux Sept Directeurs Suprêmes de Pouvoir, et son potentiel mental repose chez les Sept Maitres Esprits. Le Mental Infini est la fonction de l’Esprit Infini. Le mental cosmique est le ministère des Sept Maitres Esprits. Le Mental Suprême est en voie d’actualisation dans la coordination du grand univers et en association fonctionnelle avec la révélation et l’aboutissement de Dieu le Septuple. 116:1.4 Le mental dans l’espace-temps, le mental cosmique, fonctionne différemment dans les sept superunivers, mais il est coordonné chez l’Être Suprême par une technique inconnue d’association. Le supercontrôle Tout-Puissant du grand univers n’est pas exclusivement physique et spirituel. Dans les sept superunivers, il est primordialement matériel et spirituel, mais on y rencontre aussi des phénomènes du Suprême qui sont à la fois intellectuels et spirituels. 116:1.5 Nous en savons réellement moins sur le mental de la Suprématie que sur tout autre aspect de cette Déité évoluante. Son mental est incontestablement actif dans tout le grand univers, et l’on croit qu’il a une destinée potentielle comportant de vastes fonctions dans le maitre univers. Quoi qu’il en soit, nous savons ceci : alors que le physique peut atteindre une croissance complète et que l’esprit peut aboutir à la perfection de son développement, le mental ne cesse jamais de progresser – il est la technique expérientielle du progrès sans fin. Le Suprême est une Déité expérientielle et n’aboutit jamais à parachever son aboutissement mental. 2. Le Tout-Puissant et Dieu le Septuple 116:2.1 L’apparition de la présence du pouvoir d’univers du Tout-Puissant coïncide avec l’apparition des hauts créateurs et contrôleurs des superunivers évolutionnaires sur la scène de l’action cosmique. 116:2.2 Dieu le Suprême tient de la Trinité du Paradis ses attributs d’esprit et de personnalité, mais il actualise son pouvoir dans les agissements des Fils Créateurs, des Anciens des Jours et des Maitres Esprits, dont les actes collectifs sont la source de son pouvoir croissant en tant que souverain tout-puissant auprès des sept superunivers et dans les sept superunivers. 116:2.3 La Déité Non Qualifiée du Paradis est incompréhensible aux créatures évoluantes du temps et de l’espace. L’éternité et l’infinité impliquent un niveau de réalité de déité que les créatures spatiotemporelles ne peuvent comprendre. L’infinité de déité et l’absoluité de souveraineté sont inhérentes à la Trinité du Paradis, et la Trinité est une réalité située quelque peu au-delà de la compréhension des mortels. Il faut que les créatures de l’espace-temps aient des origines, des relativités et des destinées pour saisir les relations universelles et comprendre les valeurs significatives de la divinité. C’est pourquoi la Déité du Paradis atténue et qualifie encore autrement les personnalisations extraparadisiaques de la divinité, et amène ainsi à l’existence les Créateurs Suprêmes et leurs associés ; ceux-ci transportent la lumière de la vie de plus en plus loin de la source paradisiaque, jusqu’à ce qu’elle trouve sa plus lointaine et plus belle expression dans la vie terrestre des Fils d’effusion sur les mondes évolutionnaires. 116:2.4 Telle est l’origine de Dieu le Septuple, dont l’homme mortel rencontre les niveaux successifs dans l’ordre suivant : 116:2.5 1. Les Fils Créateurs (et les Esprits Créatifs). 116:2.6 2. Les Anciens des Jours. 116:2.7 3. Les Sept Maitres Esprits. 116:2.8 4. L’Être Suprême. 116:2.9 5. L’Acteur Conjoint. 116:2.10 6. Le Fils Éternel. 116:2.11 7. Le Père Universel. 116:2.12 Les trois premiers niveaux sont les Créateurs Suprêmes, les trois derniers sont les Déités du Paradis. Le Suprême intervient toujours comme une personnalisation spirituelle-expérientielle de la Trinité du Paradis et comme foyer expérientiel du pouvoir tout-puissant évolutionnaire des enfants créateurs des Déités du Paradis. L’Être Suprême est la révélation maximum de la Déité aux sept superunivers pour le présent âge de l’univers. 116:2.13 La technique de la logique des mortels pourrait amener à croire que la réunification expérientielle des actes collectifs des trois premiers niveaux de Dieu le Septuple équivaut au niveau de la Déité du Paradis, mais tel n’est pas le cas. La Déité du Paradis est la Déité existentielle. Les Créateurs Suprêmes, dans leur divine unité de pouvoir et de personnalité, constituent et expriment un nouveau potentiel de pouvoir de Déité expérientielle. Et ce potentiel de pouvoir d’origine expérientielle trouve inévitablement et inéluctablement son union avec la Déité expérientielle issue de la Trinité – l’Être Suprême. 116:2.14 Dieu le Suprême n’est pas la Trinité du Paradis ; il n’est pas non plus l’un ou l’ensemble des Créateurs des superunivers, dont les activités fonctionnelles synthétisent effectivement son pouvoir tout-puissant en évolution. Dieu le Suprême a bien son origine dans la Trinité, mais il ne devient manifeste aux créatures évolutionnaires, comme personnalité de pouvoir, que par les fonctions coordonnées des trois premiers niveaux de Dieu le Septuple. Le Tout-Puissant Suprême devient maintenant un fait dans le temps et l’espace, grâce aux activités des Personnalités Créatrices Suprêmes, de même que, dans l’éternité, l’Acteur Conjoint jaillit à l’existence par la volonté du Père Universel et du Fils Éternel. Ces êtres des trois premiers niveaux de Dieu le Septuple sont la nature et la source même du pouvoir du Tout-Puissant Suprême ; c’est pourquoi ils doivent toujours accompagner et soutenir ses actes administratifs. 3. Le Tout-Puissant et la Déité du Paradis 116:3.1 Les Déités du Paradis ne se bornent pas à agir directement dans tout le grand univers par leurs circuits de gravité ; elles opèrent également par leurs divers agents et autres manifestations tels que : 116:3.2 1. Les focalisations mentales de la Source-Centre Troisième. La cohésion des domaines finis de l’énergie et de l’esprit est littéralement assurée par les présences mentales de l’Acteur Conjoint. Ceci est vrai à partir de l’Esprit Créatif dans un univers local, puis pour les Esprits Réflectifs d’un superunivers et jusqu’aux Maitres Esprits dans le grand univers. Les circuits mentaux émanant de ces divers foyers d’intelligence représentent le cadre cosmique où les créatures peuvent exercer leur choix. Le mental est la réalité flexible que créatures et Créateurs peuvent manier si aisément ; c’est le chainon essentiel reliant la matière et l’esprit. L’effusion mentale de la Source-Centre Troisième unifie la personne spirituelle de Dieu le Suprême avec le pouvoir expérientiel du Tout-Puissant évolutionnaire. 116:3.3 2. Les révélations de personnalité de la Source-Centre Deuxième. Les présences mentales de l’Acteur Conjoint unifient l’esprit de divinité avec l’archétype d’énergie. Les incarnations d’effusion du Fils Éternel et de ses Fils Paradisiaques unifient, fusionnent en fait, la nature divine d’un Créateur avec la nature évoluante d’une créature. Le Suprême est à la fois créature et créateur, et la possibilité qu’il ait cette double qualité se révèle dans les actes d’effusion du Fils Éternel et de ses Fils coordonnés et subordonnés. Les membres des ordres de filiation qui s’effusent, les Micaëls et les Avonals, ajoutent effectivement, à leur nature divine, les natures de bonne foi des créatures qui sont devenues les leurs lorsqu’ils ont effectivement vécu la vie des créatures sur les mondes évolutionnaires. Quand la divinité devient semblable à l’humanité, cette relation comporte en elle-même la possibilité pour l’humanité de devenir divine. 116:3.4 3. Les présences intérieures de la Source-Centre Première. Le mental unifie les causalités d’esprit avec les réactions d’énergie ; le ministère d’effusion unifie les descentes de divinité avec les ascensions des créatures ; et les fragments intérieurs du Père Universel unifient effectivement les créatures en évolution avec Dieu au Paradis. Des personnalités appartenant à de nombreux ordres sont habitées par des présences analogues du Père. Chez les mortels, ces fragments divins de Dieu sont les Ajusteurs de Pensée. Les Moniteurs de Mystère sont, pour les êtres humains, ce qu’est la Trinité du Paradis pour l’Être Suprême. Les Ajusteurs sont des fondements absolus, et, sur des fondements absolus, le libre arbitre peut faire apparaitre, par évolution, la réalité divine d’une nature se prolongeant dans l’éternité, la nature de finalitaire dans le cas de l’homme, la nature de Déité chez Dieu le Suprême. 116:3.5 Quand les Fils divins des ordres paradisiaques s’effusent sous forme de créatures, cela leur permet d’enrichir leur personnalité en acquérant la nature effective des créatures de l’univers ; en même temps, ces effusions révèlent infailliblement aux créatures elles-mêmes le sentier du Paradis pour atteindre la divinité. Le don des Ajusteurs par le Père Universel lui permet d’attirer à lui la personnalité des créatures volitives. Et dans toutes ces relations dans les univers finis, l’Acteur Conjoint est la source toujours présente du ministère mental, grâce auquel ces activités se produisent. 116:3.6 C’est ainsi, et de bien d’autres manières, que les Déités du Paradis participent aux évolutions du temps à mesure qu’elles se déroulent sur les planètes tourbillonnantes de l’espace et qu’elles culminent dans l’émergence de la personnalité du Suprême, conséquence de toute l’évolution. 4. Le Tout-Puissant et les Créateurs Suprêmes 116:4.1 L’unité du Tout Suprême dépend de l’unification progressive des parties finies. L’actualisation du Suprême est, à la fois, le résultat et la cause de ces mêmes unifications des facteurs de suprématie – les créateurs, créatures, intelligences et énergies des univers. 116:4.2 Au cours des âges où la souveraineté de la Suprématie se développe dans le temps, le pouvoir tout-puissant du Suprême dépend des actes de divinité de Dieu le Septuple ; en même temps, il semble y avoir une relation particulièrement étroite entre l’Être Suprême et l’Acteur Conjoint, ainsi qu’avec ses personnalités primaires, les Sept Maitres Esprits. L’Esprit Infini opère en tant qu’Acteur Conjoint sous beaucoup de formes qui compensent l’inachèvement de la Déité évolutionnaire, et il entretient des relations très étroites avec le Suprême. L’intimité de ces relations est partagée, dans une certaine mesure, par les Sept Maitres Esprits, mais spécialement par le Maitre Esprit Numéro Sept qui parle pour le Suprême. Ce Maitre Esprit connait – est en contact personnel avec – le Suprême. 116:4.3 Très tôt dans le lancement du plan de création des superunivers, les Maitres Esprits se joignirent à la Trinité ancestrale pour créer conjointement les quarante-neuf Esprits Réflectifs. En même temps, l’Être Suprême opéra créativement pour porter à leur apogée les actes conjoints de la Trinité du Paradis et des enfants créatifs de la Déité du Paradis. Majeston apparut, et a toujours focalisé, depuis lors, la présence cosmique du Mental Suprême, tandis que les Maitres Esprits continuent d’être les sources-centres du vaste ministère du mental cosmique. 116:4.4 Mais les Maitres Esprits conservent la supervision des Esprits Réflectifs. Le septième Maitre Esprit (dans sa supervision générale du superunivers d’Orvonton depuis l’univers central) est en contact personnel avec les sept Esprits Réflectifs situés sur Uversa (et il en a le supercontrôle). Dans son administration et son contrôle des relations intérieures de son superunivers et des relations extérieures entre superunivers, il est en contact réflectif avec les Esprits Réflectifs de son propre type, situés sur chacune des capitales superuniverselles. 116:4.5 Non seulement les Maitres Esprits soutiennent et accroissent la souveraineté de la Suprématie, mais, à leur tour, ils sont affectés par les desseins créatifs du Suprême. En général, les créations collectives des Maitres Esprits sont d’ordre quasi matériel (directeurs de pouvoir, etc.), tandis que leurs créations individuelles sont d’ordre spirituel (supernaphins, etc.). Mais, quand les Maitres Esprits produisirent collectivement les Sept Esprits des Circuits en réponse à la volonté et au dessein de l’Être Suprême, il y a lieu de noter que les fruits de cet acte créatif sont spirituels, et non matériels ou quasi matériels. 116:4.6 Et comme il en est avec les Maitres Esprits des superunivers, il en est aussi avec les dirigeants trins de ces supercréations – les Anciens des Jours. Ces personnifications du jugement-en-justice de la Trinité dans le temps et l’espace sont, sur le terrain de l’action, les leviers destinés à mobiliser le pouvoir tout-puissant du Suprême ; ils servent de septuples points focaux pour l’évolution de la souveraineté trinitaire dans le domaine de l’espace et du temps. De leur position avantageuse, à mi-chemin entre le Paradis et les mondes en évolution, ces souverains d’origine Trinitaire voient, connaissent et coordonnent les deux chemins. 116:4.7 Ce sont toutefois les univers locaux qui représentent les vrais laboratoires dans lesquels se réalisent les expérimentations mentales, les aventures galactiques, les développements de la divinité et les progrès de la personnalité. Le total cosmique de ces éléments constitue la base effective sur laquelle le Suprême s’appuie pour achever, dans l’expérience et par l’expérience, l’évolution de la déité. 116:4.8 Dans les univers locaux, les Créateurs eux-mêmes évoluent ; la présence de l’Acteur Conjoint évolue depuis un vivant foyer de pouvoir jusqu’au statut de la divine personnalité d’un Esprit-Mère d’Univers ; le Fils Créateur évolue depuis la nature de divinité paradisiaque existentielle jusqu’à la nature expérientielle de souveraineté suprême. Les univers locaux sont les points de départ de la véritable évolution, les frayères de personnalités imparfaites de bonne foi qui bénéficient du libre choix de devenir les cocréatrices d’elles-mêmes telles qu’elles doivent être. 116:4.9 Dans leurs effusions sur les mondes évolutionnaires, les Fils Magistraux finissent par acquérir une nature qui exprime la divinité du Paradis unifiée par expérience avec les plus hautes valeurs spirituelles de la nature matérielle humaine. Par ces effusions et par d’autres, les Micaëls Créateurs acquièrent de même les points de vue cosmiques et les natures des enfants de leur propre univers local. Ces Maitres Fils Créateurs ont alors à peu près parachevé l’expérience subsuprême, et, quand leur souveraineté sur leur univers local s’étend au point d’englober les Esprits Créatifs associés, on peut dire qu’elle approche des confins de la suprématie dans les limites des présents potentiels du grand univers en évolution. 116:4.10 Quand les Fils d’effusion révèlent aux hommes de nouveaux chemins pour trouver Dieu, ils ne créent pas ces sentiers permettant d’atteindre la divinité ; ils éclairent plutôt ces éternelles grandes routes de la progression qui conduisent à la personne du Père du Paradis en passant par la présence du Suprême. 116:4.11 L’univers local est le point de départ pour les personnalités qui sont les plus éloignées de Dieu et qui peuvent donc faire l’expérience, au plus haut degré, de l’ascension spirituelle dans l’univers et atteindre une participation expérientielle maximale dans la cocréation d’eux-mêmes. Ces mêmes univers locaux procurent également les plus grandes profondeurs d’expérience aux personnalités descendantes qui atteignent ainsi quelque chose qui, pour elles, est aussi significatif qu’est l’ascension du Paradis pour une créature évoluante. 116:4.12 L’homme mortel parait nécessaire à la pleine fonction de Dieu le Septuple, dans la mesure où ce groupement de divinité culmine dans le Suprême en voie d’actualisation. Des personnalités de beaucoup d’autres ordres de l’univers sont tout aussi nécessaires à l’évolution du pouvoir tout-puissant du Suprême, mais notre description est présentée pour édifier des êtres humains ; elle est donc largement limitée aux facteurs agissant sur l’évolution de Dieu le Septuple et qui sont en rapport avec l’homme mortel. 5. Le Tout-Puissant et les contrôleurs septuples 116:5.1 Vous avez été instruits des relations de Dieu le Septuple avec l’Être Suprême, et vous devriez maintenant reconnaitre que le Septuple englobe les contrôleurs aussi bien que les créateurs du grand univers. Ces septuples contrôleurs du grand univers comprennent : 116:5.2 1. Les Maitres Contrôleurs Physiques. 116:5.3 2. Les Centres de Pouvoir Suprême. 116:5.4 3. Les Directeurs de Pouvoir Suprême. 116:5.5 4. Le Tout-Puissant Suprême. 116:5.6 5. Le Dieu d’Action – l’Esprit Infini. 116:5.7 6. L’Ile du Paradis. 116:5.8 7. La Source du Paradis – le Père Universel. 116:5.9 Ces sept groupes sont fonctionnellement inséparables de Dieu le Septuple et constituent le niveau du contrôle physique de cette association de Déité. 116:5.10 La bifurcation entre l’énergie et l’esprit (qui découle de la présence conjointe du Fils Éternel et de l’Ile du Paradis) fut symbolisée au sens superuniversel quand les Sept Maitres Esprits se lancèrent ensemble dans leur premier acte de création collective. Cet épisode se traduisit par l’apparition des Sept Directeurs de Pouvoir Suprême. En même temps, les circuits spirituels des Maitres Esprits se différencièrent, par contraste, d’avec les activités physiques de supervision des directeurs de pouvoir, et le mental cosmique apparut immédiatement comme un nouveau facteur coordonnant la matière et l’esprit. 116:5.11 Le Tout-Puissant Suprême évolue en tant que supercontrôleur du pouvoir physique du grand univers. Dans le présent âge de l’univers, ce potentiel de pouvoir physique parait centré chez les Sept Directeurs de Pouvoir Suprême qui opèrent par les emplacements fixes des centres de pouvoir et par les présences mobiles des contrôleurs physiques. 116:5.12 Les univers du temps ne sont pas parfaits ; c’est leur destinée. La lutte pour la perfection ne concerne pas seulement les niveaux intellectuel et spirituel, mais aussi le niveau physique d’énergie et de masse. L’ancrage des sept superunivers dans la lumière et la vie présuppose qu’ils aient atteint la stabilité physique. On conjecture que l’établissement final de l’équilibre matériel signifiera que l’évolution du contrôle physique du Tout-Puissant est parachevée. 116:5.13 Aux premiers temps de l’édification d’un univers, même les Créateurs du Paradis s’intéressent primordialement à l’équilibre matériel. Le modèle d’un univers local prend forme non seulement comme résultat des activités des centres de pouvoir, mais aussi à cause de la présence, dans l’espace, de l’Esprit Créatif. Tout au long de ces époques primitives de l’édification d’un univers local, le Fils Créateur fait montre d’un attribut peu compris de contrôle matériel, et il ne quitte pas sa planète-capitale avant que l’équilibre global de son univers local ait été établi dans ses grandes lignes. 116:5.14 En dernière analyse, toute énergie répond au mental, et les contrôleurs physiques sont les enfants du Dieu mental qui est l’animateur de l’archétype du Paradis. Les directeurs de pouvoir consacrent sans relâche leur intelligence à établir leur contrôle sur la matière. Leur lutte pour dominer physiquement les relations de l’énergie et les mouvements de la masse ne cesse jamais avant qu’ils n’aient obtenu une victoire finie sur les énergies et les masses qui constituent leur domaine perpétuel d’activité. 116:5.15 Les luttes spirituelles du temps et de l’espace concernent l’évolution de la maitrise de l’esprit sur la matière par la médiation du mental (personnel). L’évolution physique (non personnelle) des univers s’occupe d’amener l’énergie cosmique à s’harmoniser avec les concepts mentaux d’équilibre soumis au supercontrôle de l’esprit. L’évolution totale de l’ensemble du grand univers est une affaire d’unification, par la personnalité, du mental contrôlant l’énergie, avec l’intellect coordonné par l’esprit ; elle sera révélée dans la pleine apparition du pouvoir tout-puissant du Suprême. 116:5.16 La difficulté pour parvenir à un état d’équilibre dynamique est inhérente au fait de la croissance du cosmos. Les circuits établis de la création physique sont continuellement perturbés par l’apparition de nouvelles énergies et de nouvelles masses. Un univers croissant est un univers instable ; en conséquence, nulle partie de l’ensemble cosmique ne peut trouver de stabilité réelle avant que la plénitude des temps ne voie apparaitre le parachèvement matériel des sept superunivers. 116:5.17 Dans les univers ancrés dans la lumière et la vie, il n’y a pas d’évènements physiques inattendus présentant une importance majeure. Un contrôle relativement complet sur la création matérielle a été atteint. Cependant, les problèmes de relations entre les univers ancrés et les univers en évolution continuent à mettre au défi l’habileté des Directeurs de Pouvoir d’Univers. Mais ces problèmes disparaitront graduellement avec la diminution des nouvelles activités créatives à mesure que le grand univers approchera de l’apogée de son expression évolutionnaire. 6. La domination de l’esprit 116:6.1 Dans les superunivers évolutionnaires, l’énergie-matière est dominante sauf dans la personnalité, où l’esprit, par la médiation du mental, lutte pour la maitrise. Le but des univers évolutionnaires est l’assujettissement de l’énergie-matière par le mental, la coordination du mental avec l’esprit, et tout ceci, en vertu de la présence créative et unificatrice de la personnalité. Ainsi, par rapport à la personnalité, les systèmes physiques deviennent subordonnés, les systèmes mentaux deviennent coordonnés et les systèmes spirituels deviennent directifs. 116:6.2 Sur les niveaux de déité, cette union du pouvoir et de la personnalité s’exprime dans le Suprême et sous la forme du Suprême. Mais l’évolution effective de la domination de l’esprit est une croissance basée sur les actes du libre arbitre des Créateurs et des créatures du grand univers. 116:6.3 Sur les niveaux absolus, l’énergie et l’esprit ne font qu’un, mais, aussitôt que l’on s’écarte de ces niveaux absolus, des différences apparaissent, et, à mesure que l’énergie et l’esprit plongent dans l’espace en s’éloignant du Paradis, l’abime entre eux s’élargit, et, quand ils en arrivent aux univers locaux, ils sont devenus tout à fait divergents. Ils ont cessé d’être identiques, ils ne sont pas non plus semblables et le mental doit intervenir pour les relier. 116:6.4 Le fait que l’énergie puisse être dirigée par les personnalités des contrôleurs révèle qu’elle est sensible à l’action du mental. Le fait que la masse puisse être stabilisée par l’action de ces mêmes entités contrôlantes indique que la masse est sensible à la présence du mental génératrice d’ordre. Quant au fait que l’esprit lui-même, chez une personnalité volitive, puisse s’efforcer de dompter l’énergie-matière par l’intermédiaire du mental, il révèle l’unité potentielle de toute création finie. 116:6.5 À travers tout l’univers des univers, il existe une interdépendance de toutes les forces et personnalités. Les Fils Créateurs et les Esprits Créatifs dépendent de la fonction coopérative des centres de pouvoir et des contrôleurs physiques dans l’organisation des univers ; les Directeurs Suprêmes de Pouvoir sont incomplets sans le supercontrôle des Maitres Esprits. Chez un être humain, le mécanisme de la vie physique est en partie sensible aux commandements du mental (personnel). À son tour, ce mental lui-même peut être dominé par les directives d’un esprit motivé ; le résultat d’un tel développement évolutionnaire est l’apparition d’un nouvel enfant du Suprême, d’une nouvelle unification personnelle des diverses sortes de réalités cosmiques. 116:6.6 Et ce qui est vrai pour les parties est vrai également pour le tout ; la personnalité d’esprit de la Suprématie a besoin du pouvoir évolutionnaire du Tout-Puissant pour arriver à parachever sa Déité et pour atteindre sa destinée d’association Trinitaire. L’effort est fait par les personnalités du temps et de l’espace, mais il appartient au Tout-Puissant Suprême de porter à son apogée et de couronner cet effort. Et, puisque la croissance du tout est une somme de la croissance collective des parties, il s’ensuit également que l’évolution des parties est une réflexion segmentée de la croissance motivée du tout. 116:6.7 Au Paradis, la monota et l’esprit ne font qu’un – on ne peut les distinguer que par le nom. Dans Havona, la matière et l’esprit, tout en comportant des différences notables, sont en même temps en harmonie innée. Par contre, dans les sept superunivers, il y a une grande divergence, un grand abime entre l’énergie cosmique et l’esprit divin, et, en conséquence, un plus grand potentiel expérientiel pour l’action mentale qui s’efforce d’harmoniser et, finalement, d’unifier les modèles physiques avec les desseins spirituels. Dans les univers de l’espace qui évoluent dans le temps, la divinité s’estompe davantage, les problèmes difficiles à résoudre sont plus nombreux, et leur solution fournit de plus grandes occasions d’acquérir de l’expérience. L’ensemble de cette situation superuniverselle crée un plus vaste cadre d’existence évolutionnaire dans lequel la possibilité d’expériences cosmiques est offerte aussi bien à la créature qu’au Créateur – et même à la Déité Suprême. 116:6.8 La domination de l’esprit, qui est existentielle sur les niveaux absolus, devient une expérience évolutionnaire sur les niveaux finis et dans les sept superunivers, et cette expérience est partagée au même titre par tous, depuis l’homme mortel jusqu’à l’Être Suprême. Tous font leur possible, leur meilleur effort personnel pour aboutir. Tous, personnellement, participent à la destinée. 7. L’organisme vivant du grand univers 116:7.1 Le grand univers n’est pas seulement une création matérielle physiquement splendide, spirituellement sublime et intellectuellement grandiose, mais aussi un organisme vivant magnifique et sensible. Une vie réelle envoie ses pulsations dans tout le mécanisme de l’immense création du vibrant cosmos. La réalité physique des univers symbolise la réalité perceptible du Tout-Puissant Suprême. Cet organisme matériel et vivant est pénétré par des circuits de renseignements, de même que le corps humain est traversé par un réseau de conduits nerveux sensitifs. L’univers physique est traversé par des canaux d’énergie qui activent efficacement la création matérielle, de même que le corps humain est nourri et alimenté en énergie par le système circulatoire qui distribue les produits énergétiques assimilables de la nourriture. L’immense univers n’est pas dépourvu de centres coordonnateurs effectuant un magnifique supercontrôle comparable au délicat système de contrôle chimique du mécanisme humain. Si seulement vous saviez quelque chose de la constitution physique d’un centre de pouvoir, nous pourrions par analogie vous en dire beaucoup plus long sur l’univers physique. 116:7.2 De même que les mortels comptent sur l’énergie solaire pour maintenir la vie, de même le grand univers dépend des énergies inépuisables émanant du bas Paradis pour entretenir les activités matérielles et les mouvements cosmiques de l’espace. 116:7.3 Le mental a été donné aux mortels pour leur permettre de devenir conscients de leur propre identité et de leur personnalité ; et un mental – même un Mental Suprême – a été attribué à la totalité du fini pour que l’esprit de la personnalité émergente du cosmos s’efforce toujours de maitriser l’énergie-matière. 116:7.4 L’homme mortel est sensible à la gouverne de l’esprit, de même que le grand univers répond à la vaste emprise de la gravité d’esprit du Fils Éternel, à la cohésion supramatérielle universelle des valeurs spirituelles éternelles de toutes les créations contenues dans le cosmos fini du temps et de l’espace. 116:7.5 Les êtres humains sont capables de s’identifier pour toujours avec la réalité totale et indestructible de l’univers – par fusion avec l’Ajusteur de Pensée intérieur. De même, le Suprême dépend perpétuellement de la stabilité absolue de la Déité Originelle, la Trinité du Paradis. 116:7.6 L’aspiration à la perfection du Paradis que l’homme éprouve, son effort pour atteindre Dieu, crée dans le cosmos vivant une tension de divinité authentique qui ne peut se résoudre que par l’évolution d’une âme immortelle. C’est ce qui arrive dans l’expérience d’une créature humaine à titre individuel, mais, quand toutes les créatures et tous les Créateurs du grand univers s’efforcent d’atteindre Dieu et la perfection divine, il s’établit une profonde tension cosmique qui ne trouve sa résolution que dans la synthèse sublime du pouvoir tout-puissant avec la personne spirituelle du Dieu évoluant de toutes les créatures, l’Être Suprême. 116:7.7 [Parrainé par un Puissant Messager séjournant temporairement sur Urantia.] FASCICULE 117. Dieu le Suprême 117:0.1 Dans la mesure où nous faisons la volonté de Dieu, quel que soit le lieu de l’univers où nous ayons notre existence, le potentiel tout-puissant du Suprême devient d’autant plus actuel. La volonté de Dieu est le dessein de la Source-Centre Première tel qu’il est potentialisé dans les trois Absolus, personnalisé chez le Fils Éternel, conjoint pour une action universelle chez l’Esprit Infini et éternisé dans les archétypes perpétuels du Paradis. Et Dieu le Suprême devient la plus haute manifestation finie de la volonté totale de Dieu. 117:0.2 Si tous les habitants du grand univers réussissaient, dans la mesure du possible, à vivre pleinement la volonté de Dieu, les créations de l’espace-temps s’ancreraient alors dans la lumière et la vie, et le Tout-Puissant, le potentiel de déité de la Suprématie, deviendrait factuel par l’émergence de la personnalité divine de Dieu le Suprême. 117:0.3 Quand un mental en évolution s’accorde avec les circuits du mental cosmique, quand un univers en évolution se stabilise selon le modèle de l’univers central, quand un esprit en progression prend contact avec le ministère unifié des Maitres Esprits, quand la personnalité ascendante d’un mortel s’accorde finalement avec la divine gouverne de l’Ajusteur intérieur, alors l’actualité du Suprême est devenue plus réelle d’un degré dans les univers ; la divinité de la Suprématie s’est alors avancée d’un pas vers la réalisation cosmique. 117:0.4 Les parties et les individus du grand univers évoluent comme une réflexion de l’évolution totale du Suprême, tandis qu’à son tour, le Suprême est le total cumulatif synthétique de toute l’évolution du grand univers. Du point de vue humain, ils sont tous deux des réciprocités évolutionnaires et expérientielles. 1. Nature de l’Être Suprême 117:1.1 Le Suprême est la beauté de l’harmonie physique, la vérité de la signification intellectuelle et la bonté de la valeur spirituelle. Il est la douceur du véritable succès et la joie de l’accomplissement perpétuel. Il est la surâme du grand univers, la conscience du cosmos fini, le parachèvement de la réalité finie et la personnification de l’expérience Créateur-créature. Dans toute l’éternité future, Dieu le Suprême exprimera la réalité de l’expérience volitive dans les relations trinitaires de la Déité. 117:1.2 En les personnes des Créateurs Suprêmes, les Dieux sont descendus du Paradis dans les domaines du temps et de l’espace pour y créer et y faire évoluer des créatures douées de la capacité d’atteindre le Paradis et capables d’y monter en quête du Père. Cette procession universelle des Créateurs descendants qui révèlent Dieu, et des créatures ascendantes qui le recherchent, révèle l’évolution de Déité du Suprême en qui les descendeurs et les ascendeurs parviennent à se comprendre mutuellement, à découvrir la fraternité éternelle et universelle. L’Être Suprême devient ainsi la synthèse finie de l’expérience de la cause du Créateur parfait et de la réponse de la créature en voie de perfectionnement. 117:1.3 Le grand univers contient la possibilité d’une unification complète et il la recherche toujours. Cela provient du fait que cette existence cosmique est une conséquence des actes créateurs et des mandats de pouvoir attribués par la Trinité du Paradis, laquelle est une unité non qualifiée. C’est précisément cette unité trinitaire qui s’exprime dans le cosmos fini par le Suprême, et dont la réalité devient de plus en plus apparente à mesure que les univers atteignent le niveau maximum d’identification avec la Trinité. 117:1.4 La volonté du Créateur et la volonté de la créature sont qualitativement différentes, mais aussi expérientiellement apparentées, car le Créateur et la créature peuvent collaborer à l’aboutissement de la perfection universelle. L’homme peut travailler en liaison avec Dieu et ainsi cocréer un finalitaire éternel. Dieu peut même œuvrer humainement par les incarnations de ses Fils, qui aboutissent ainsi à la suprématie de l’expérience des créatures. 117:1.5 Chez l’Être Suprême, le Créateur et la créature sont unis en une seule Déité, dont la volonté est l’expression d’une seule personnalité divine. Et cette volonté du Suprême est quelque chose de plus que la volonté du Créateur ou de la créature, de même que la volonté souveraine du Maitre Fils de Nébadon est maintenant quelque chose de plus qu’une combinaison de volonté de divinité et de volonté d’humanité. L’union de la perfection du Paradis et de l’expérience dans l’espace-temps produit une nouvelle valeur significative sur les niveaux de déité de la réalité. 117:1.6 La divine nature évoluante du Suprême devient un fidèle portrait de l’incomparable expérience de toutes les créatures et de tous les Créateurs dans le grand univers. Chez le Suprême, la nature créative et l’état de créature ne font qu’un ; ils sont unis pour toujours par l’expérience née des vicissitudes impliquées dans la solution des multiples problèmes qui assaillent toute création finie le long du sentier éternel, où elle cherche à se perfectionner et à se libérer des entraves de l’inachèvement. 117:1.7 La vérité, la beauté et la bonté sont reliées dans le ministère de l’Esprit, la splendeur du Paradis, la miséricorde du Fils et l’expérience du Suprême. Dieu le Suprême est la vérité, la beauté et la bonté, car ces concepts de divinité représentent des maxima finis d’expérience d’idéation. Les sources éternelles de ces qualités trines de divinité se placent sur des niveaux superfinis, mais une créature ne peut concevoir ces sources que comme supervérité, superbeauté et superbonté. 117:1.8 Micaël, qui est un créateur, révéla l’amour divin du Père Créateur pour ses enfants terrestres. Et, ayant découvert et reçu cette divine affection, les hommes peuvent aspirer à révéler cet amour à leurs frères dans la chair. Une telle affection des créatures reflète véritablement l’amour du Suprême. 117:1.9 Le Suprême est symétriquement inclusif. La Source-Centre Première est potentielle dans les trois grands Absolus ; elle est actuelle dans le Paradis, dans le Fils et dans l’Esprit ; mais le Suprême est à la fois actuel et potentiel, un être de suprématie personnelle et de pouvoir tout-puissant, sensible à la fois à l’effort des créatures et au dessein du Créateur. Il agit par lui-même sur l’univers et réagit en lui-même à l’ensemble de l’univers ; il est simultanément le créateur suprême et la suprême créature. La Déité de Suprématie exprime ainsi la totalité du fini tout entier. 2. La source de la croissance évolutionnaire 117:2.1 Le Suprême est Dieu-dans-le-temps ; il est le secret de la croissance des créatures dans le temps ; il est aussi la conquête du présent incomplet et la consommation du futur en voie de perfectionnement. Et le fruit final de toute la croissance finie est : le pouvoir contrôlé par l’esprit au moyen du mental et en vertu de la présence unifiante et créative de la personnalité. La conséquence culminante de toute cette croissance est l’Être Suprême. 117:2.2 Pour les mortels, exister équivaut à croitre. Il semblerait bien qu’il en soit ainsi même au sens plus large de l’univers, car l’existence dirigée par l’esprit parait aboutir à une croissance expérientielle – à une élévation de statut. Cependant, nous avons soutenu depuis longtemps que la croissance présente, caractéristique de l’existence des créatures dans le présent âge de l’univers, est une fonction du Suprême. Nous soutenons également que ce type de croissance est particulier à l’âge de la croissance du Suprême et qu’il prendra fin avec le parachèvement de la croissance du Suprême. 117:2.3 Considérez le statut des fils trinitisés par des créatures. Ils sont nés et vivent dans le présent âge de l’univers. Ils ont une personnalité ainsi que des dotations mentales et spirituelles. Ils ont des expériences et s’en souviennent, mais ils ne croissent pas comme les ascendeurs. Nous croyons et nous comprenons que ces fils trinitisés par des créatures, tout en se trouvant dans le présent âge de l’univers, appartiennent en réalité au prochain âge de l’univers – l’âge qui suivra le parachèvement de la croissance du Suprême. Ils ne sont donc pas dans le Suprême, dont le présent statut est inachevé et par conséquent va s’élargissant. Ils ne participent donc pas à la croissance expérientielle du présent âge de l’univers, mais sont tenus en réserve pour l’âge universel suivant. 117:2.4 Les Puissants Messagers de mon ordre ont été étreints par la Trinité et ne participent pas au développement du présent âge de l’univers. En un sens, notre statut est celui du précédent âge de l’univers, comme l’est en fait celui des Fils Stationnaires de la Trinité. Une chose est certaine : notre statut est fixé par l’embrassement de la Trinité, et notre expérience a cessé de se traduire par une croissance. 117:2.5 Ceci n’est vrai ni des finalitaires ni d’aucun des ordres évolutionnaires et expérientiels qui participent au processus de croissance du Suprême. Vous autres mortels, qui vivez aujourd’hui sur Urantia et qui pouvez aspirer à atteindre le Paradis et le statut de finalitaires, vous devriez comprendre que cette destinée est réalisable uniquement parce que vous êtes dans le Suprême, que vous en faites partie et qu’en conséquence, vous participez au cycle de croissance du Suprême. 117:2.6 Il viendra un jour où cette croissance du Suprême prendra fin ; son statut aboutira à un parachèvement (au sens énergie-esprit). Cette terminaison de l’évolution du Suprême verra aussi la fin de l’évolution des créatures en tant que partie de la Suprématie. Par quelle sorte de croissance peuvent être caractérisés les univers de l’espace extérieur ? Nous n’en savons rien, mais nous sommes tout à fait certains que ce sera quelque chose de très différent de tout ce que l’on aura vu au cours du présent âge de l’évolution des sept superunivers. Les citoyens évolutionnaires du grand univers auront certainement pour fonction de compenser, pour les habitants de l’espace extérieur, l’absence du facteur de croissance que représentait la Suprématie. 117:2.7 L’Être Suprême, tel qu’il existera lors de la consommation du présent âge de l’univers, fonctionnera comme un souverain expérientiel dans le grand univers. Les citoyens de l’espace extérieur – ceux du prochain âge universel – auront un potentiel de croissance postsuperuniversel, une capacité d’accomplissement évolutionnaire présupposant la souveraineté du Tout-Puissant Suprême, et excluant, par conséquent, la participation des créatures à la synthèse de pouvoir-personnalité du présent âge de l’univers. 117:2.8 On peut donc considérer le caractère incomplet du Suprême comme une vertu, puisqu’il rend possible la croissance évolutionnaire de la création et des créatures des univers du présent âge. Le vide a sa vertu, car il peut être rempli par l’expérience. 117:2.9 L’une des questions de la philosophie finie qui excite le plus la curiosité est la suivante : l’Être Suprême s’actualise-t-il en réponse à l’évolution du grand univers, ou bien ce cosmos fini évolue-t-il progressivement en réponse à l’actualisation graduelle du Suprême ? Ou bien est-il possible qu’ils soient mutuellement interdépendants pour leur développement, qu’ils soient des réciproques évolutionnaires, chacun déclenchant la croissance de l’autre ? Nous sommes simplement certains de ceci : les créatures et les univers, infimes ou élevés, sont en évolution dans le Suprême et, à mesure qu’ils évoluent, on voit apparaitre la somme unifiée de toute l’activité finie du présent âge de l’univers. Et ceci est l’apparition de l’Être Suprême qui, pour toutes les personnalités, est l’évolution du pouvoir tout-puissant de Dieu le Suprême. 3. Signification du Suprême pour les créatures de l’univers 117:3.1 La réalité cosmique, que l’on désigne diversement sous les noms d’Être Suprême, de Dieu le Suprême et du Tout-Puissant Suprême, est la synthèse complexe et universelle des phases émergentes de toutes les réalités finies. La vaste diversification de l’énergie éternelle, de l’esprit divin et du mental universel atteint son apogée finie dans l’évolution du Suprême, qui est la totalité de toutes les croissances finies qui se réalisent elles-mêmes sur les niveaux de déité de parachèvement fini maximum. 117:3.2 Le Suprême est le canal divin à travers lequel coule l’infinité créative des triodités qui se cristallise dans le panorama galactique de l’espace où a lieu la magnifique épopée des personnalités du temps : la conquête par l’esprit sur l’énergie-matière par l’intermédiaire du mental. 117:3.3 Jésus a dit : « Je suis le chemin vivant », et il est en effet le chemin vivant conduisant du niveau matériel de conscience de soi au niveau spirituel de la conscience de Dieu. De même qu’il est le chemin vivant d’ascension menant du moi à Dieu, de même le Suprême est le chemin vivant allant de la conscience finie à la transcendance de conscience, et même jusqu’à la clairvoyance de l’absonité. 117:3.4 Votre Fils Créateur peut effectivement être ce canal vivant entre l’humanité et la divinité, car il a expérimenté personnellement dans sa totalité le parcours de ce sentier universel de progression, depuis la véritable humanité de Joshua ben Joseph, le Fils de l’Homme, jusqu’à la divinité paradisiaque de Micaël de Nébadon, le Fils du Dieu infini. D’une manière semblable, l’Être Suprême peut fonctionner comme voie d’approche universelle pour transcender les limitations du fini, car il est l’incorporation effective et le résumé personnel de toute l’évolution, la progression et la spiritualisation des créatures. Même les expériences dans le grand univers des personnalités descendantes du Paradis forment la fraction expérientielle du Suprême complémentaire de sa totalisation des expériences ascendantes des pèlerins du temps. 117:3.5 C’est plus que figurativement que l’homme mortel est créé à l’image de Dieu. Du point de vue physique, cette affirmation n’est guère vraie, mais, en se référant à certains potentiels universels, elle est un fait réel. Dans la race humaine, se déroule un drame d’accomplissement évolutionnaire quelque peu homologue à celui qui a lieu, sur une échelle infiniment plus vaste, dans l’univers des univers. L’homme, personnalité volitive, devient créatif en liaison avec un Ajusteur, entité impersonnelle, en présence des potentialités finies du Suprême, et il en résulte l’épanouissement d’une âme immortelle. Dans les univers, les personnalités Créatrices du temps et de l’espace fonctionnent en liaison avec l’esprit impersonnel de la Trinité du Paradis, et deviennent ainsi créatrices d’un nouveau potentiel de pouvoir de réalité de Déité. 117:3.6 Étant une créature, l’homme mortel n’est pas exactement semblable à l’Être Suprême, qui est déité, mais l’évolution de l’homme ressemble sous certains rapports à la croissance du Suprême. L’homme grandit consciemment du matériel vers le spirituel par la force, le pouvoir et la persistance de ses propres décisions ; il grandit aussi à mesure que son Ajusteur de Pensée développe de nouvelles techniques pour descendre des niveaux spirituels vers les niveaux morontiels de l’âme ; et, dès que l’âme vient à l’existence, elle commence à croitre en elle-même et par elle-même. 117:3.7 Cela ressemble quelque peu au mode d’expansion de l’Être Suprême. Sa souveraineté croît dans et par les actes et les accomplissements des Personnalités Créatrices Suprêmes ; c’est l’évolution de la majesté de son pouvoir en tant que dirigeant du grand univers. Sa nature de Déité dépend également de l’unité préexistante de la Trinité du Paradis. Mais l’évolution de Dieu le Suprême présente encore un autre aspect : non seulement il évolue par les Créateurs et dérive de la Trinité, mais il évolue aussi par lui-même et dérive de lui-même. Dieu le Suprême est lui-même un participant volitif et créateur de l’actualisation de sa propre déité. D’une manière homologue, l’âme morontielle humaine est un partenaire volitif, cocréateur de sa propre immortalisation. 117:3.8 Le Père collabore avec l’Acteur Conjoint pour manipuler les énergies du Paradis et les rendre sensibles au Suprême. Le Père collabore avec le Fils Éternel pour engendrer les personnalités Créatrices, dont les actes culmineront un jour dans la souveraineté du Suprême. Le Père collabore à la fois avec le Fils et l’Esprit dans la création des personnalités trinitaires destinées à fonctionner comme dirigeants du grand univers jusqu’au moment où le parachèvement de son évolution aura qualifié le Suprême pour assumer cette souveraineté. Le Père coopère ainsi, et de bien d’autres manières encore, avec ses coordonnés, qu’ils soient Déités ou non Déités, pour faire progresser l’évolution de la Suprématie, mais il fonctionne également seul en ces matières. C’est probablement dans le ministère des Ajusteurs de Pensée et de leurs entités associées que sa fonction solitaire se révèle le mieux. 117:3.9 La Déité est unité ; elle est existentielle dans la Trinité, expérientielle dans le Suprême et réalisée chez les créatures mortelles par la fusion avec l’Ajusteur. La présence des Ajusteurs de Pensée chez les hommes mortels révèle l’unité essentielle de l’univers puisque l’homme, le type de personnalité le plus humble de l’univers, contient en lui-même un fragment effectif de la plus haute réalité éternelle, le Père originel lui-même, Père de toutes les personnalités. 117:3.10 L’Être Suprême évolue en vertu de sa liaison avec la Trinité du Paradis et par suite des succès de divinité des enfants créateurs et administrateurs issus de cette Trinité. L’âme immortelle de l’homme fait évoluer sa propre destinée éternelle en s’associant à la divine présence du Père du Paradis, et selon les décisions de personnalité du mental humain. Ce que la Trinité est pour Dieu le Suprême, l’Ajusteur de Pensée l’est pour l’homme en évolution. 117:3.11 Au cours du présent âge de l’univers, l’Être Suprême parait incapable de fonctionner directement comme créateur, sauf dans les cas où les possibilités finies d’action ont été épuisées par les agents créatifs du temps et de l’espace. Jusqu’ici, cela n’est arrivé qu’une fois dans l’histoire de l’univers : quand les possibilités d’action finie en matière de réflectivité universelle furent épuisées, alors le Suprême fonctionna comme culminateur créatif de toutes les actions créatrices antérieures. Nous croyons qu’il opérera de nouveau comme culminateur dans les âges futurs dès que les éléments créateurs antérieurs auront parachevé un cycle approprié d’activité créatrice. 117:3.12 L’homme n’a pas été créé par l’Être Suprême, mais, littéralement, à partir de la potentialité du Suprême et sa vie même dérive de cette potentialité. Le Suprême ne fait pas non plus évoluer l’homme, et cependant le Suprême est l’essence même de l’évolution. Du point de vue fini, nous vivons, nous nous mouvons et nous avons effectivement notre existence dans l’immanence du Suprême. 117:3.13 Le Suprême ne peut apparemment pas déclencher une cause originelle, mais il parait être le catalyseur de toute croissance de l’univers, et il semble appelé à faire culminer, dans sa totalité, la destinée de tous les êtres expérientiels évolutionnaires. Le Père donne naissance au concept d’un cosmos fini ; les Fils Créateurs rendent factuelle cette idée dans le temps et dans l’espace avec le consentement et la coopération des Esprits Créatifs ; le Suprême fait culminer ce total fini et établit les relations de cet ensemble avec la destinée de l’absonite. 4. Le Dieu fini 117:4.1 En observant les luttes incessantes des créatures de la création pour atteindre la perfection dans leur statut et la divinité de leur être, nous ne pouvons éviter de croire que ces efforts interminables dénotent la lutte constante du Suprême pour atteindre sa propre réalisation divine. Dieu le Suprême est la Déité finie, et il doit affronter les problèmes du fini dans le sens total de ce mot. Nos luttes avec les vicissitudes du temps, dans les évolutions de l’espace, reflètent ses efforts pour aboutir à sa propre réalité et à la plénitude de souveraineté, à l’intérieur de la sphère d’action que sa nature évoluante amplifie aux extrêmes limites du possible. 117:4.2 Dans tout le grand univers, le Suprême lutte pour s’exprimer. La mesure de son évolution divine est fondée, en partie, sur l’action de sagesse de chacune des personnalités existantes. Quand un être humain choisit la survie éternelle, il cocrée la destinée ; et, dans la vie de ce mortel ascendant, le Dieu fini trouve une mesure accrue de réalisation de soi au niveau de la personnalité et un agrandissement de sa souveraineté expérientielle. Par contre, si une créature rejette la carrière éternelle, la fraction du Suprême qui dépendait du choix de cette créature subit un retard inévitable, une carence qui doit être compensée par une expérience substitutive ou collatérale. Quant à la personnalité du non-survivant, elle est absorbée dans la surâme de la création et devient une partie de la Déité du Suprême. 117:4.3 Dieu est si confiant, si aimant, qu’il remet une fraction de sa divine nature aux mains des êtres humains eux-mêmes pour qu’ils la gardent en sûreté et réalisent leur moi. La nature du Père, la présence de l’Ajusteur, est indestructible, quel que soit le choix de l’être mortel. L’enfant du Suprême, le moi en évolution, peut être détruit, nonobstant le fait que la personnalité potentiellement unifiante de ce moi égaré persistera en tant que facteur de la Déité de Suprématie. 117:4.4 La personnalité humaine peut véritablement détruire l’individualité du statut de créature. Tout ce qui était valable dans la vie de cette suicidée cosmique persistera, mais ces qualités ne persisteront pas en tant que créature individuelle. Le Suprême trouvera de nouvelles expressions dans les créatures des univers, mais plus jamais sous la forme de cette personne particulière ; la personnalité unique d’un non-ascendeur retourne au Suprême comme une goutte d’eau retourne à la mer. 117:4.5 Toute action isolée des fractions personnelles du fini a relativement peu d’importance pour l’apparition finale du Tout-Suprême, mais le tout ne dépend pas moins de la totalité des actes de ses multiples parties. La personnalité du mortel individuel est insignifiante en face du total de la Suprématie, mais la personnalité de chaque être humain représente une valeur significative irremplaçable dans le fini. Une fois que la personnalité a été exprimée, elle ne trouve plus jamais à s’exprimer identiquement, sauf dans la continuité d’existence de cette même personnalité vivante. 117:4.6 Ainsi, tandis que nous cherchons à exprimer notre moi, le Suprême s’efforce en nous et avec nous d’exprimer la déité. De même que nous trouvons le Père, de même le Suprême a retrouvé le Créateur Paradisiaque de toutes choses. De même que nous maitrisons les problèmes de la réalisation de soi, de même le Dieu d’expérience atteint la suprématie toute-puissante dans les univers du temps et de l’espace. 117:4.7 L’humanité ne procède pas sans efforts à son ascension dans l’univers, et le Suprême n’évolue pas non plus sans agir avec dessein et intelligence. Les créatures n’atteignent pas la perfection par simple passivité, et l’esprit de Suprématie ne peut pas non plus rendre factuel le pouvoir du Tout-Puissant sans un ministère incessant de service auprès de la création finie. 117:4.8 La relation temporelle de l’homme avec le Suprême est le fondement de la moralité cosmique, la sensibilité universelle au devoir, et son acceptation. C’est une moralité qui transcende le sens temporel du bien et du mal relatifs ; elle est directement basée sur l’appréciation consciente, par la créature, d’une obligation expérientielle envers la Déité expérientielle. L’homme mortel et toutes les autres créatures finies sont créés à partir du potentiel vivant d’énergie, de mental et d’esprit qui existe dans le Suprême. C’est dans les ressources du Suprême que l’ascendeur, composé d’un mortel et d’un Ajusteur, puise pour créer le caractère immortel et divin d’un finalitaire. C’est en utilisant la réalité même du Suprême que l’Ajusteur, avec le consentement de la volonté humaine, tisse les modèles de la nature éternelle d’un fils ascendant de Dieu. 117:4.9 Quand un Ajusteur évolue en rendant spirituelle et éternelle une personnalité humaine, ses progrès provoquent directement une extension de la souveraineté du Suprême. Ces accomplissements, dans l’évolution humaine, sont en même temps des accomplissements dans l’actualisation évolutionnaire du Suprême. Il est vrai que les créatures ne pourraient pas évoluer sans le Suprême, mais il est peut-être également vrai que l’évolution du Suprême ne pourra jamais atteindre sa plénitude sans que toutes les créatures ne parachèvent leur propre évolution. La grande responsabilité cosmique des personnalités conscientes d’elles-mêmes réside dans le fait que la Déité Suprême dépend, dans un certain sens, du choix de la volonté des mortels. Et la progression mutuelle de l’évolution des créatures et de l’évolution du Suprême est fidèlement et complètement indiquée aux Anciens des Jours par les mécanismes inscrutables de la réflectivité universelle. 117:4.10 Le grand défi présenté à l’homme mortel est le suivant : Déciderez-vous de personnaliser, dans votre propre individualité évoluante, les significations du cosmos ayant une valeur expérimentale ? Ou bien, en rejetant la survie, permettrez-vous à ces secrets de la Suprématie de reposer endormis en attendant qu’une autre créature, à un autre moment, essaye à sa manière d’apporter une contribution de créature à l’évolution du Dieu fini ? En ce cas, ce sera sa contribution au Suprême, et non la vôtre. 117:4.11 La grande lutte du présent âge de l’univers se déroule entre le potentiel et l’actuel – tout ce qui est encore inexprimé cherchant à s’actualiser. Si un mortel poursuit l’aventure du Paradis, il suit les mouvements du temps qui s’écoulent comme des courants dans le fleuve de l’éternité. Si un mortel rejette la carrière éternelle, il va à contrecourant des évènements dans les univers finis. La création mécanique se meut inexorablement selon le développement du dessein du Père du Paradis, mais la création volitive a le choix d’accepter ou de rejeter le rôle de la participation de la personnalité dans l’aventure de l’éternité. Un mortel ne peut détruire les valeurs suprêmes de l’existence humaine, mais il peut très nettement empêcher l’évolution de ces valeurs dans sa propre expérience personnelle. Dans la mesure où le moi humain refuse ainsi de prendre part à l’ascension du Paradis, le Suprême est retardé exactement d’autant pour atteindre l’expression de sa divinité dans le grand univers. 117:4.12 L’homme a reçu en garde non seulement la présence de l’Ajusteur du Père du Paradis, mais aussi le contrôle sur la destinée d’une fraction infinitésimale de l’avenir du Suprême. Car, de même que l’homme atteint sa destinée humaine, de même le Suprême accomplit sa destinée sur les niveaux de déité. 117:4.13 Chacun de vous doit donc se décider comme nous avons dû le faire jadis : Ferez-vous défaut au Dieu du temps, qui dépend tellement des décisions du mental fini ? Ferez-vous défaut à la personnalité Suprême des univers en vous adonnant paresseusement à une régression animale ? Ferez-vous défaut au grand frère de toutes les créatures, qui dépend tellement de chaque créature ? Pouvez-vous vous permettre de passer dans le royaume de l’irréalisé, alors que s’étend devant vous la vue enchanteresse de la carrière universelle – la divine découverte du Père du Paradis et la divine participation à la recherche et à l’évolution du Dieu de Suprématie ? 117:4.14 Les dons de Dieu – ses effusions de réalité – ne lui enlèvent rien ; il n’aliène pas sa création, mais il a établi des tensions dans les créations circulant autour du Paradis. Dieu commence par aimer l’homme et lui confère le potentiel d’immortalité – la réalité éternelle. Et, dans la mesure où il aime Dieu, l’homme devient éternel en actualité. Et voici un mystère : Plus un homme approche Dieu de près par l’amour, plus la réalité – l’actualité – de cet homme est grande. Plus un homme se retire de Dieu, plus il approche de près la non-réalité – la cessation d’existence. Quand un homme consacre sa volonté à faire la volonté du Père, quand un homme donne à Dieu tout ce qu’il a, alors Dieu fait de cet homme plus qu’il n’est. 5. La surâme de la création 117:5.1 Le grand Suprême est la surâme cosmique du grand univers. En lui, les qualités et quantités du cosmos trouvent vraiment leur réflexion de déité. Sa nature de déité est la mosaïque composée du total immense de la nature de tous les Créateurs et de toutes les créatures dans l’ensemble des univers en évolution. Et le Suprême est également une Déité en voie d’actualisation incorporant une volonté créative qui embrasse un dessein universel en évolution. 117:5.2 Les « moi » intellectuels, potentiellement personnels, du domaine fini émergent de la Source-Centre Troisième et accomplissent, dans le Suprême, la synthèse de Déité de l’espace-temps fini. Quand la créature se soumet à la volonté du Créateur, elle ne submerge ni n’abandonne sa personnalité. Les individus qui participent, en tant que personnalités, à l’actualisation du Dieu fini ne perdent pas leur individualité volitive en fonctionnant ainsi. De telles personnalités croissent au contraire progressivement en prenant part à cette grande aventure de la Déité. En s’unissant ainsi à la divinité, l’homme exalte, enrichit, spiritualise et unifie son moi en évolution et atteint le seuil même de la suprématie. 117:5.3 L’immortelle âme évoluante de l’homme, création conjointe du mental matériel et de l’Ajusteur, monte en tant qu’âme au Paradis, et ensuite, quand elle est enrôlée dans le Corps de la Finalité, elle s’allie de quelque manière nouvelle au circuit de gravité spirituelle du Fils Éternel par une technique d’expérience appelée transcendance finalitaire. De tels finalitaires deviennent alors des candidats acceptables pour être reconnus expérientiellement comme personnalités de Dieu le Suprême. Et, quand ces intellects mortels atteindront le septième stade d’existence spirituelle dans les futures affectations non révélées du Corps de la Finalité, ce mental binaire deviendra trin. Le mental humain et le mental divin accordés, seront glorifiés en union avec le mental expérientiel de l’Être Suprême désormais actualisé. 117:5.4 Dans l’éternel futur, Dieu le Suprême sera actualisé – créativement exprimé et spirituellement dépeint – dans le mental spiritualisé, l’âme immortelle, de l’homme ascendant, de la même manière que le Père Universel fut ainsi révélé dans la vie terrestre de Jésus. 117:5.5 L’homme ne s’unit pas avec le Suprême et ne fond pas en lui son identité personnelle, mais les répercussions universelles de l’expérience de tous les hommes forment bel et bien une partie de l’expérimentation divine du Suprême. « L’acte est à nous, les conséquences sont à Dieu. » 117:5.6 La personnalité en progrès laisse une trainée de réalité actualisée lors de son passage par les niveaux ascendants de l’univers. Qu’elles soient mentales, spirituelles ou énergétiques, les créations croissantes du temps et de l’espace sont modifiées par la progression des personnalités à travers leurs domaines. Quand l’homme agit, le Suprême réagit, et cette opération constitue le fait de la progression. 117:5.7 Les grands circuits d’énergie, de mental et d’esprit ne sont jamais la propriété permanente de la personnalité ascendante. Ces ministères restent pour toujours une partie de la Suprématie. Dans l’expérience du mortel, l’intellect humain réside dans les pulsations rythmiques des esprits-mentaux adjuvats ; il met en actes ses décisions dans le cadre produit par sa mise en circuit dans ce ministère. Lors de la mort, le moi humain est séparé pour l’éternité du circuit adjuvat. Bien que ces adjuvats ne semblent jamais transmettre l’expérience d’une personnalité à une autre, ils peuvent transmettre à Dieu le Suprême, par Dieu le Septuple, les répercussions impersonnelles des décisions-actions, et ils le font. (C’est du moins vrai pour les adjuvats d’adoration et de sagesse.) 117:5.8 Il en est de même pour les circuits spirituels : l’homme les utilise dans son ascension à travers les univers, mais ne les possède jamais comme partie de sa personnalité éternelle. Mais qu’il s’agisse de l’Esprit de Vérité, du Saint-Esprit ou des présences spirituelles superuniverselles, ces circuits de ministère spirituel sont réceptifs et réactifs aux valeurs émergentes chez une personnalité ascendante, et ces valeurs sont fidèlement transmises au Suprême par le Septuple. 117:5.9 Bien que des influences spirituelles, telles que le Saint-Esprit et l’Esprit de Vérité, soient des ministères de l’univers local, leur gouverne n’est pas entièrement confinée dans les limites géographiques d’une création locale donnée. Quand l’ascendeur passe au-delà des frontières de son univers local d’origine, il n’est pas entièrement privé du ministère de l’Esprit de Vérité, qui l’a si constamment enseigné et guidé à travers les dédales philosophiques des mondes matériels et morontiels, et qui, lors de chaque crise de l’ascension, dirigeait infailliblement le pèlerin du Paradis en lui disant toujours : « Voilà le chemin. » Quand vous quitterez les domaines de l’univers local, l’esprit directeur réconfortant des Fils de Dieu qui s’effusent du Paradis vous guidera encore par l’intermédiaire du ministère de l’esprit de l’Être Suprême émergent et des dispositifs de la réflectivité superuniverselle. 117:5.10 Comment ces multiples circuits de ministère cosmique enregistrent-ils, dans le Suprême, les significations, les valeurs et les faits de l’expérience évolutionnaire ? Sans en être tout à fait certains, nous croyons que cet enregistrement a lieu grâce aux personnes des Créateurs Suprêmes originaires du Paradis, qui sont les pourvoyeurs directs des circuits du temps et de l’espace. L’expérience mentale accumulée des sept esprits-mentaux adjuvats au cours de leur ministère sur le niveau physique de l’intellect est une partie de l’expérience de la Divine Ministre dans son univers local, et, par cet Esprit Créatif, l’expérience trouve vraisemblablement le moyen de s’enregistrer dans le mental de la Suprématie. De même, les expériences humaines avec l’Esprit de Vérité et le Saint-Esprit sont probablement enregistrées par des techniques similaires dans la personne de la Suprématie. 117:5.11 Même l’expérience de l’homme et de l’Ajusteur doit trouver un écho dans la divinité de Dieu le Suprême. En effet, quand les Ajusteurs font leur expérience, ils sont semblables au Suprême, et l’âme évoluante des mortels est créée grâce à la possibilité préexistante de cette expérience à l’intérieur du Suprême. 117:5.12 De cette manière, les multiples expériences de toute la création deviennent une partie de l’évolution de la Suprématie. Les créatures utilisent simplement les qualités et quantités du domaine fini dans leur ascension vers le Père ; les conséquences impersonnelles de cette utilisation restent pour toujours une partie du cosmos vivant, la personne Suprême. 117:5.13 Ce que l’homme lui-même emporte avec lui comme possession de personnalité, ce sont les conséquences sur son caractère de l’expérience acquise en employant les circuits mentaux et spirituels du grand univers au cours de son ascension au Paradis. Quand un homme décide et quand il consomme sa décision dans une action, il fait une expérience ; les significations et valeurs de cette expérience font pour toujours partie de son caractère éternel sur tous les niveaux, depuis le fini jusqu’au final. Un caractère cosmiquement moral et divinement spirituel représente le capital accumulé des décisions personnelles de la créature qui furent éclairées par une adoration sincère, glorifiées par un amour intelligent et consommées dans un service fraternel. 117:5.14 Le Suprême en évolution compensera, en fin de compte, les créatures finies pour leur inaptitude à établir autre chose qu’un contact expérientiel limité avec l’univers des univers. Les créatures peuvent atteindre le Père du Paradis, mais leur mental évolutionnaire est fini, donc incapable de réellement comprendre le Père infini et absolu. Mais, puisque tout ce qu’expérimente la créature s’enregistre dans le Suprême et en fait partie, quand toutes les créatures auront atteint le niveau final de l’existence finie et que le développement total de l’univers leur aura permis d’atteindre Dieu le Suprême en tant que présence actuelle de divinité, alors, du fait même de ce contact, elles auront contact avec la totalité de l’expérience. Le domaine fini du temps contient en lui-même les germes de l’éternité. On nous enseigne qu’à l’époque où la plénitude de l’évolution verra l’épuisement de la capacité cosmique de croissance, l’ensemble du domaine fini entrera dans les phases absonites de la carrière éternelle en recherchant le Père en tant qu’Ultime. 6. À la recherche du Suprême 117:6.1 Nous cherchons le Suprême dans les univers, mais nous ne le trouvons pas. « Il est le dedans et le dehors de toutes les choses et de tous les êtres, en mouvement et au repos. Méconnaissable dans son mystère, il est proche quoique lointain. » Le Tout-Puissant Suprême est « la forme de ce qui est encore informe, le modèle de ce qui est encore incréé ». Le Suprême est votre demeure dans l’univers ; quand vous le trouverez, cela ressemblera à un retour au foyer. Il est l’auteur expérientiel de vos jours et, d’une manière homologue à celle des parents humains, il a grandi dans l’expérience de la parenté divine. Il vous connait parce qu’il ressemble à une créature aussi bien qu’à un créateur. 117:6.2 Si vous désirez vraiment trouver Dieu, vous ne pouvez éviter de voir naitre dans votre mental la conscience du Suprême. De même que Dieu est votre Père divin, de même le Suprême est votre Mère divine, en qui vous êtes nourri pendant toute votre vie de créature de l’univers. « Combien le Suprême est universel – on le trouve de tous côtés ! Les choses innombrables de la création dépendent de sa présence pour vivre, et nul ne se la voit refuser. » 117:6.3 Ce que Micaël est pour Nébadon, le Suprême l’est pour le cosmos fini. Sa Déité est le large canal par lequel l’amour du Père s’écoule extérieurement vers toute la création, et il est la grande voie par laquelle les créatures finies passent vers l’intérieur à la recherche du Père, qui est amour. Même les Ajusteurs de Pensée sont reliés au Suprême ; en nature et en divinité originelles, ils sont semblables au Père, mais, quand ils font l’expérience des opérations du temps dans les univers de l’espace, ils deviennent semblables au Suprême. 117:6.4 L’acte d’une créature choisissant de faire la volonté du Créateur est une valeur cosmique et possède une signification universelle à laquelle réagit immédiatement une force de coordination non révélée, mais omniprésente, probablement le fonctionnement de l’action toujours plus étendue de l’Être Suprême. 117:6.5 L’âme morontielle d’un mortel évoluant est réellement la fille de l’action du Père Universel par l’Ajusteur et l’enfant de la réaction de l’Être Suprême, la Mère Universelle. L’influence maternelle domine la personnalité humaine pendant toute l’enfance de l’âme en croissance dans l’univers local. L’influence des parents divins devient plus égale après la fusion avec l’Ajusteur et durant la carrière superuniverselle, mais, quand les créatures du temps commencent la traversée de l’univers central d’éternité, la nature paternelle devient de plus en plus manifeste, atteignant son apogée de manifestation finie lors de la récognition du Père Universel et de l’admission au Corps de la Finalité. 117:6.6 Dans et par l’expérience d’accession au statut finalitaire, les qualités expérientielles maternelles du moi ascendant sont prodigieusement influencées par le contact et l’imprégnation de la présence spirituelle du Fils Éternel et de la présence mentale de l’Esprit Infini. Ensuite, dans tous les domaines d’activités finalitaires du grand univers, apparait un nouvel éveil du potentiel maternel latent du Suprême, une nouvelle réalisation des significations expérientielles, et une nouvelle synthèse des valeurs expérientielles de toute la carrière d’ascension. Il semble que cette réalisation du moi doive se poursuivre dans la carrière universelle des finalitaires du sixième stade jusqu’à ce que l’hérédité maternelle du Suprême parvienne à un synchronisme fini avec l’hérédité paternelle de l’Ajusteur. Cette mystérieuse période de fonctionnement dans le grand univers représente la suite de la carrière adulte de l’ascendeur mortel parvenu à la perfection. 117:6.7 Le parachèvement du sixième stade d’existence et l’entrée dans le stade septième et final de statut spirituel préluderont probablement aux âges progressifs d’expérience enrichissante, de sagesse murissante et de réalisation de la divinité. Dans la nature du finalitaire, cela équivaudra vraisemblablement à l’aboutissement complet de la lutte mentale pour la réalisation de soi en tant qu’esprit, au parachèvement de la coordination de la nature humaine ascendante avec la divine nature d’Ajusteur dans les limites des possibilités du fini. Un magnifique moi universel de cette espèce devient ainsi le fils finalitaire éternel du Père du Paradis aussi bien que l’enfant universel éternel de la Mère Suprême, un moi universel qualifié pour représenter à la fois le Père et la Mère des univers et des personnalités dans toute activité ou entreprise concernant l’administration finie des choses et des êtres créés, créateurs ou évoluants. 117:6.8 Tous les humains dont l’âme évolue sont littéralement les fils évolutionnaires de Dieu le Père et de Dieu la Mère, l’Être Suprême. Mais, jusqu’au moment où l’homme mortel devient conscient dans son âme de son héritage divin, cette assurance d’apparentement à la Déité doit être réalisée par la foi. L’expérience de la vie humaine est le cocon cosmique dans lequel les dons universels de l’Être Suprême et la présence dans l’univers du Père Universel (ces dons et cette présence n’étant pas des personnalités) font évoluer, l’âme morontielle temporelle et le caractère finalitaire humain-divin de destinée universelle et de service éternel. 117:6.9 Les hommes oublient bien trop souvent que Dieu est la plus grande expérience dans l’existence humaine. Les autres expériences sont limitées dans leur nature et leur contenu, mais l’expérience de Dieu n’a pas d’autres limites que la capacité des créatures à comprendre, et cette expérience par elle-même accroit cette capacité. Quand les hommes sont à la recherche de Dieu, ils recherchent tout. Quand ils trouvent Dieu, ils ont tout trouvé. La recherche de Dieu est une effusion illimitée d’amour accompagnée de la découverte surprenante d’un nouvel amour plus grand à effuser. 117:6.10 Tout véritable amour vient de Dieu, et l’homme reçoit l’affection divine dans la mesure où lui-même effuse cet amour sur ses compagnons. L’amour est dynamique. On ne peut jamais le capturer ; il est vivant, libre, passionnant et toujours en mouvement. L’homme ne peut jamais saisir l’amour du Père pour l’emprisonner dans son cœur. L’amour du Père ne peut devenir réel pour l’homme mortel qu’en passant par sa personnalité, alors qu’à son tour lui-même effuse cet amour sur ses compagnons. Le grand circuit d’amour part du Père, se diffuse par les fils vers les frères et, de là, se dirige vers le Suprême. L’amour du Père apparait dans la personnalité du mortel par le ministère de l’Ajusteur intérieur. Ce fils qui connait Dieu révèle cet amour à ses frères de l’univers, et cette affection fraternelle est l’essence de l’amour du Suprême. 117:6.11 On ne peut s’approcher du Suprême que par l’expérience ; et, dans les époques en cours de création, il n’y a que trois voies accessibles aux créatures pour atteindre la Suprématie : 117:6.12 1. Les Citoyens du Paradis descendent de l’Ile éternelle en passant par Havona, où ils acquièrent la capacité de comprendre la Suprématie en observant les différences de réalité entre le Paradis et Havona et en découvrant, par exploration, les multiples activités des Personnalités Créatrices Suprêmes, allant depuis les Maitres Esprits jusqu’aux Fils Créateurs. 117:6.13 2. Les ascendeurs de l’espace-temps, montant des univers évolutionnaires des Créateurs Suprêmes, approchent de près le Suprême quand ils traversent Havona comme préliminaire à une appréciation croissante de l’unité de la Trinité du Paradis. 117:6.14 3. Les natifs de Havona acquièrent une compréhension du Suprême par des contacts avec les pèlerins descendants du Paradis et avec les pèlerins ascendants des sept superunivers. Les natifs de Havona sont par inhérence en position d’harmoniser les points de vue essentiellement différents des citoyens de l’Ile éternelle et des citoyens des univers évolutionnaires. 117:6.15 Pour les créatures évolutionnaires, il y a sept grandes voies pour s’approcher du Père Universel, et chacune de ces voies d’ascension au Paradis passe par la divinité d’un des Sept Maitres Esprits, et chacune de ces approches est rendue possible par un accroissement de la réceptivité expérientielle faisant suite au fait que la créature a servi dans le superunivers qui reflète la nature de ce Maitre Esprit. La somme de ces sept expériences constitue la limite actuellement connue de la conscience qu’une créature peut avoir de la réalité et de l’actualité de Dieu le Suprême. 117:6.16 Ce ne sont pas seulement les limitations propres à l’homme qui l’empêchent de trouver le Dieu fini ; c’est aussi l’état d’incomplétude de l’univers. Même l’état d’incomplétude de toutes les créatures – passées, présentes et futures – rend le Suprême inaccessible. Tout individu qui a atteint le niveau divin de ressemblance à Dieu peut trouver Dieu le Père, mais jamais une créature individuelle ne pourra trouver personnellement Dieu le Suprême avant l’époque, très lointaine, où toutes les créatures le trouveront simultanément parce que la perfection aura été universellement atteinte. 117:6.17 Bien qu’au cours du présent âge de l’univers, vous ne puissiez trouver personnellement le Suprême comme vous pouvez trouver et trouverez effectivement le Père, le Fils et l’Esprit, néanmoins, l’ascension vers le Paradis et la carrière universelle subséquente créeront graduellement, dans votre conscience, la récognition de la présence universelle et de l’action cosmique du Dieu de toute expérience. Les fruits de l’esprit sont la substance du Suprême tel qu’il est réalisable dans l’expérience humaine. 117:6.18 Le fait que l’homme atteindra un jour le Suprême est une conséquence de sa fusion avec l’esprit de la Déité du Paradis. Chez les Urantiens, cet esprit est la présence de l’Ajusteur du Père Universel, mais, bien que le Moniteur de Mystère provienne du Père et soit semblable au Père, nous doutons que même ce don divin puisse accomplir la tâche impossible de révéler à une créature finie la nature du Dieu infini. Nous soupçonnons que ce que les Ajusteurs révéleront aux futurs finalitaires du septième stade sera la divinité et la nature de Dieu le Suprême. Et cette révélation représentera, pour une créature finie, ce que serait la révélation de l’Infini pour un être absolu. 117:6.19 Le Suprême n’est pas infini, mais il englobe probablement toute la fraction d’infinité qu’une créature finie pourra jamais réellement saisir. Comprendre plus que le Suprême, c’est être plus que fini ! 117:6.20 Toutes les créations expérientielles sont interdépendantes dans leur réalisation de la destinée. Seule la réalité existentielle est contenue et existante en soi. Havona et les sept superunivers ont besoin les uns des autres pour atteindre le maximum d’accomplissement fini. De même, ils dépendront un jour des univers futurs de l’espace extérieur pour atteindre la transcendance finie. 117:6.21 Un ascendeur humain peut trouver le Père ; Dieu est existentiel, donc réel, indépendamment du statut d’expérience dans l’univers total. Mais nul ascendeur isolé ne trouvera jamais le Suprême avant que tous les ascendeurs aient atteint la maturité universelle maximum qui les qualifiera pour participer simultanément à cette découverte. 117:6.22 Le Père ne fait pas acception de personnes ; il traite chacun de ses fils ascendants comme des individus cosmiques. De même, le Suprême ne fait pas acception de personnes ; il traite ses enfants expérientiels comme un seul total cosmique. 117:6.23 L’homme peut découvrir le Père dans son cœur, mais il lui faudra rechercher le Suprême dans le cœur de tous les autres hommes ; et quand toutes les créatures révéleront parfaitement l’amour du Suprême, il deviendra alors pour elles une actualité de l’univers. Et ceci est simplement une autre manière de dire que les univers seront ancrés dans la lumière et la vie. 117:6.24 L’aboutissement, pour toutes les personnalités, à la réalisation de soi devenue parfaite, plus l’aboutissement, dans tous les univers, à un équilibre devenu parfait, équivaut à atteindre le Suprême et témoigne que toute la réalité finie est libérée des limitations de l’existence incomplète. Cet épuisement de tous les potentiels finis conduit à l’aboutissement parachevé du Suprême, qui peut aussi être défini comme l’actualisation évolutionnaire accomplie de l’Être Suprême lui-même. 117:6.25 Les hommes ne trouvent pas le Suprême d’une façon soudaine et spectaculaire, comme un tremblement de terre ouvre des abimes dans les roches ; mais ils le trouvent lentement et patiemment, comme une rivière qui érode doucement le sol où elle coule. 117:6.26 Quand vous trouverez le Père, vous découvrirez la grande cause de votre ascension spirituelle dans les univers. Quand vous trouverez le Suprême, vous découvrirez le grand résultat de votre carrière de progression vers le Paradis. 117:6.27 Mais nul mortel connaissant Dieu ne peut jamais être solitaire dans son voyage à travers le cosmos, car il sait que le Père fait, à ses côtés, chaque pas du chemin, tandis que la route même qu’il poursuit est la présence du Suprême. 7. L’avenir du Suprême 117:7.1 La réalisation accomplie de tous les potentiels finis équivaut au parachèvement de la réalisation de toute l’expérience évolutionnaire. Cela suggère l’émergence finale du Suprême en tant que présence d’une Déité toute-puissante dans les univers. Nous croyons qu’au stade de développement en question, le Suprême sera personnalisé d’une manière aussi distincte que le Fils Éternel, aussi concrètement investi de pouvoirs que l’Ile du Paradis, aussi complètement unifié que l’Acteur Conjoint, tout cela dans les limites des possibilités finies de la Suprématie lors de l’apogée du présent âge de l’univers. 117:7.2 Bien que ceci soit un concept de l’avenir du Suprême parfaitement approprié, nous voudrions attirer l’attention sur certains problèmes inhérents à ce concept : 117:7.3 1. Les Superviseurs Non Qualifiés du Suprême ne pouvaient guère être déitisés à un stade quelconque antérieur à son évolution parachevée, et cependant ces mêmes superviseurs exercent, dès maintenant, de manière limitée, la souveraineté de suprématie en ce qui concerne les univers ancrés dans la lumière et la vie. 117:7.4 2. Le Suprême ne pourrait guère fonctionner dans l’Ultime de la Trinité avant d’avoir atteint sa complète actualité de statut universel, et cependant l’Ultime de la Trinité est dès maintenant une réalité qualifiée, et vous avez été mis au courant de l’existence des Vice-Gérants Qualifiés de l’Ultime. 117:7.5 3. Le Suprême n’est pas complètement réel pour les créatures de l’univers, mais de nombreuses raisons permettent d’inférer qu’il est tout à fait réel pour la Déité Septuple s’étendant depuis le Père Universel au Paradis jusqu’aux Fils Créateurs et aux Esprits Créatifs des univers locaux. 117:7.6 Il se peut qu’aux limites supérieures du fini, où le temps rejoint le temps transcendé, il y ait une sorte d’estompage et de mélange des séquences. Il se peut que le Suprême soit capable de prévoir sa présence universelle sur ces niveaux supratemporels, et ensuite d’anticiper sur son évolution future dans une mesure limitée en réfléchissant cette prévision de l’avenir sur les niveaux finis sous l’aspect de l’Immanence de l’Incomplet Projeté. On peut observer de tels phénomènes chaque fois que le fini entre en contact avec le superfini, comme dans les expériences des êtres humains habités par des Ajusteurs de Pensée, qui représentent de véritables prédictions des futurs accomplissements universels de l’homme dans toute l’éternité. 117:7.7 Quand les ascendeurs mortels sont admis au corps finalitaire du Paradis, ils prêtent serment à la Trinité du Paradis et, en prêtant ce serment d’allégeance, ils promettent, par là, une fidélité éternelle à Dieu le Suprême, qui est la Trinité telle que la comprennent toutes les personnalités de créatures finies. Par la suite, quand les compagnies de finalitaires fonctionnent dans les univers en évolution, elles ne sont soumises qu’aux ordres émanant du Paradis jusqu’à l’époque mémorable de l’ancrage des univers locaux dans la lumière et la vie. À mesure que les nouvelles organisations gouvernementales de ces créations parvenues à la perfection commencent à refléter la souveraineté émergente du Suprême, nous remarquons que les compagnies finalitaires isolées reconnaissent alors l’autorité juridictionnelle de ces nouveaux gouvernements. Il apparait que Dieu le Suprême évolue comme unificateur du Corps évolutionnaire de la Finalité, mais il est hautement probable que la destinée éternelle de ces sept corps de la Finalité sera dirigée par le Suprême en tant que membre de la Trinité Ultime. 117:7.8 L’Être Suprême contient trois possibilités superfinies de manifestation universelle : 117:7.9 1. La collaboration absonite dans la première Trinité expérientielle. 117:7.10 2. Les relations coabsolues dans la seconde Trinité expérientielle. 117:7.11 3. La participation co-infinie dans la Trinité des Trinités, mais nous ne concevons pas d’une manière satisfaisante ce que cela signifie en réalité. 117:7.12 C’est là une des hypothèses généralement acceptées sur l’avenir du Suprême, mais il existe aussi nombre de spéculations concernant ses relations avec le présent grand univers après que ce dernier aura atteint son statut de lumière et de vie. 117:7.13 Le présent but des superunivers, tels qu’ils sont et dans la limite de leurs potentiels, est de devenir parfaits à l’instar de Havona. Cette perfection concerne l’accomplissement physique et spirituel, allant jusqu’au développement de l’administration, du gouvernement et de la fraternité. Nous croyons que, dans les âges à venir, les possibilités de disharmonie, de mauvaise adaptation et de dérèglement finiront par s’épuiser dans les superunivers. Les circuits d’énergie seront en parfait équilibre et complètement soumis au mental, tandis que l’esprit, en présence de la personnalité, aura réussi à dominer le mental. 117:7.14 On conjecture qu’à cette époque extrêmement lointaine, la personne spirituelle du Suprême et le pouvoir acquis du Tout-Puissant auront atteint un développement coordonné, et que tous deux, unifiés dans et par le Mental Suprême, deviendront factuels sous l’aspect de l’Être Suprême, une actualité parachevée dans les univers. Cette actualité sera alors observable par toutes les intelligences des créatures, sujette aux réactions de toutes les énergies créées, coordonnée chez toutes les entités spirituelles et expérimentée par toutes les personnalités de l’univers. 117:7.15 Ce concept implique la souveraineté effective du Suprême dans le grand univers. Il est tout à fait probable que ceux qui sont présentement les administrateurs de la Trinité poursuivront leurs fonctions en tant que vice-gérants du Suprême, mais nous croyons que les présentes démarcations entre les sept superunivers disparaitront graduellement et que la totalité du grand univers fonctionnera comme un tout rendu parfait. 117:7.16 Il est possible que le Suprême réside alors personnellement sur Uversa, le quartier général d’Orvonton, d’où il dirigerait l’administration des créations du temps, mais, en réalité, ce n’est qu’une hypothèse. Il reste cependant certain que l’on pourra nettement prendre contact avec la personnalité de l’Être Suprême en un lieu spécifique, bien que l’ubiquité de sa présence de Déité doive probablement continuer à imprégner l’univers des univers. Nous ne savons pas ce que sera la relation des citoyens superuniversels de cet âge avec le Suprême, mais elle pourrait ressembler aux présentes relations entre les natifs de Havona et la Trinité du Paradis. 117:7.17 Le grand univers rendu parfait de ces temps futurs sera immensément différent de ce qu’il est à présent. Adieu les aventures passionnantes de l’organisation des galaxies de l’espace, l’implantation de la vie sur les mondes incertains du temps et l’harmonie émergeant du chaos par évolution, la beauté émergeant des potentiels, la vérité émergeant des significations et la bonté émergeant des valeurs. Les univers du temps auront achevé l’accomplissement de leur destinée finie ! Peut-être y aura-t-il un intervalle de repos, de détente, à la fin de la lutte multimillénaire pour la perfection évolutionnaire, mais pas pour longtemps ! Certainement, sûrement et inexorablement, l’énigme de la Déité émergente de Dieu l’Ultime mettra au défi les citoyens devenus parfaits des univers établis, exactement comme leurs ancêtres évolutionnaires, qui se débattaient, furent jadis mis au défi par la recherche de Dieu le Suprême. Le rideau de la destinée cosmique s’écartera pour dévoiler la grandeur transcendante de l’attirante recherche absonite du Père Universel sur les niveaux supérieurs et nouveaux, révélés dans l’aspect ultime de l’expérience des créatures. 117:7.18 [Parrainé par un Puissant Messager séjournant temporairement sur Urantia.] FASCICULE 118. Le Suprême et l’Ultime – temps et espace 118:0.1 Au sujet des diverses natures de la Déité, on peut dire que : 118:0.2 1. Le Père est le moi existant en soi. 118:0.3 2. Le Fils est le moi coexistant. 118:0.4 3. L’Esprit est le moi existant conjointement. 118:0.5 4. Le Suprême est le moi expérientiel-évolutionnaire. 118:0.6 5. Le Septuple est la divinité distributive d’elle-même. 118:0.7 6. L’Ultime est le moi expérientiel-transcendantal. 118:0.8 7. L’Absolu est le moi expérientiel-existentiel. 118:0.9 Dieu le Septuple est indispensable à l’aboutissement évolutionnaire du Suprême, mais le Suprême est également indispensable à l’émergence finale de l’Ultime. La double présence du Suprême et de l’Ultime constitue l’association fondamentale de la Déité subabsolue et dérivée, car tous deux sont interdépendants et complémentaires pour accomplir la destinée. Ensemble, ils forment le pont expérientiel qui relie les commencements et les parachèvements de toute croissance créative dans le maitre univers. 118:0.10 La croissance créative est sans fin, mais toujours satisfaisante ; elle est sans fin en étendue, mais toujours ponctuée par les moments satisfaisants pour la personnalité, où le but provisoire est atteint, et qui servent si efficacement de préludes à la mobilisation pour de nouvelles aventures de croissance cosmique, d’exploration de l’univers et d’aboutissement à la Déité. 118:0.11 Bien que le domaine des mathématiques soit cerné de limitations qualitatives, il procure cependant au mental fini une base conceptuelle pour contempler l’infinité. Les nombres n’ont pas de limitation quantitative, même dans la compréhension d’un mental fini. Si grand que soit le nombre conçu, vous pouvez toujours envisager d’y ajouter une unité. Vous pouvez également comprendre que vous restez en deçà de l’infini, car quel que soit le nombre de fois que vous répétez cette addition, vous pouvez toujours la répéter une fois de plus. 118:0.12 En même temps, les séries infinies peuvent être totalisées à un point donné quelconque, et ce total (ou plus exactement ce total partiel) procure à une personne donnée, ayant à un moment donné un statut donné, la plénitude de la douceur d’avoir atteint un but. Mais, tôt ou tard, la même personne recommence à languir après des buts nouveaux et supérieurs ; et ces aventures de croissances se renouvelleront éternellement dans la plénitude des temps et dans les cycles de l’éternité. 118:0.13 Chaque âge successif de l’univers est le prélude de l’ère suivante de croissance cosmique, et chaque époque de l’univers fournit une destinée immédiate à tous les stades précédents. En soi et par soi, Havona est une création parfaite, mais limitée dans sa perfection. La perfection de Havona, se répandant dans les superunivers évolutionnaires, y trouve non seulement une destinée cosmique, mais aussi la libération des limitations de l’existence préévolutionnaire. 1. Le temps et l’éternité 118:1.1 Il est utile à l’homme, pour son orientation cosmique, d’arriver à comprendre, aussi bien que possible, les rapports de la Déité avec le cosmos. La Déité absolue est éternelle par nature, mais les Dieux sont reliés au temps, en tant qu’expérience dans l’éternité. Dans les univers évolutionnaires, l’éternité est la perpétuité temporelle – l’éternel maintenant. 118:1.2 La personnalité de la créature mortelle peut devenir éternelle en s’identifiant avec l’esprit intérieur par la technique consistant à choisir de faire la volonté du Père. Cette consécration de la volonté équivaut à la réalisation d’un dessein de réalité éternelle. Cela signifie que le dessein de la créature est devenu invariant par rapport à la succession des instants ; ou, en d’autres termes, que les moments qui se succèdent ne verront aucun changement dans le dessein de la créature. Un million ou un milliard de moments n’y changeront rien. Les nombres ont cessé d’avoir une signification concernant le dessein de la créature. C’est ainsi que le choix de la créature s’ajoutant au choix de Dieu se traduit par les réalités éternelles de l’union sans fin entre l’esprit de Dieu et la nature de l’homme, au service perpétuel des enfants de Dieu et de leur Père du Paradis. 118:1.3 Il existe, dans tout intellect donné, une relation directe entre la maturité et la conscience d’une unité de temps. Cette unité de temps peut être un jour, une année ou une période plus longue, mais elle est inévitablement le critère par lequel le moi conscient évalue les circonstances de la vie et par lequel l’intellect qui conçoit, mesure et évalue les faits de l’existence temporelle. 118:1.4 L’expérience, la sagesse et le jugement coïncident avec l’allongement de l’unité de temps dans l’expérience des mortels. Quand le mental humain remonte dans le passé, il évalue l’expérience antérieure avec le dessein d’influencer une situation présente. Quand le mental s’étend dans l’avenir, il essaye d’évaluer la signification future d’une action possible. Ayant ainsi tenu compte à la fois de l’expérience et de la sagesse, la volonté humaine prend une décision-jugement dans le présent, et le plan d’action ainsi né du passé et du futur vient à l’existence. 118:1.5 Dans la maturité du moi qui se développe, le passé et l’avenir sont réunis pour éclairer la vraie signification du présent. À mesure que le moi murit, il recourt pour son expérience à un passé de plus en plus lointain, tandis que ses prévisions de sagesse cherchent à pénétrer de plus en plus profondément dans l’avenir inconnu. Et, à mesure que le moi qui conçoit étend davantage sa portée dans le passé et le futur, son jugement dépend de moins en moins du présent momentané. La décision-action commence ainsi à échapper aux liens du présent en mouvement, tandis qu’elle revêt progressivement les aspects de la signification passé-futur. 118:1.6 La patience est pratiquée par les mortels dont les unités de temps sont courtes. La vraie maturité transcende la patience par une longanimité née d’une réelle compréhension. 118:1.7 Murir, c’est vivre plus intensément dans le présent et en même temps échapper aux limitations du présent. Les plans de maturité, fondés sur l’expérience passée, se réalisent dans le présent de manière à rehausser les valeurs de l’avenir. 118:1.8 L’unité de temps chez les personnes non mures concentre les significations-valeurs dans le moment présent de telle manière que le présent est dissocié de sa vraie relation avec le non-présent – le passé-futur. L’unité de temps de la maturité a des proportions qui révèlent les relations coordonnées du passé-présent-futur de telle manière que le moi commence à pénétrer le sens de l’ensemble des évènements, il commence à apercevoir le paysage du temps sous la perspective panoramique d’horizons élargis, et peut-être à soupçonner le continuum éternel, sans commencement ni fin, dont les fragments s’appellent le temps. 118:1.9 Sur les niveaux de l’infini et de l’absolu, le moment présent contient tout le passé aussi bien que tout le futur. JE SUIS signifie également J’AI ÉTÉ et JE SERAI, et ceci représente notre meilleur concept de l’éternité et de l’éternel. 118:1.10 Sur le niveau absolu et éternel, la réalité potentielle a tout autant de signification que la réalité actuelle. C’est seulement sur le niveau fini et pour les créatures liées par le temps que la différence parait si vaste. Pour Dieu en tant qu’absolu, un mortel ascendant qui a pris la décision éternelle est déjà un finalitaire du Paradis. Mais, grâce aux Ajusteurs de Pensée intérieurs, le Père Universel n’est pas limité ainsi dans sa perception, mais il peut aussi être au fait de – et participer à – toutes les luttes temporelles concernant les problèmes de l’ascension des créatures, depuis les niveaux d’existence où celles-ci ressemblent à des animaux jusqu’à ceux où elles ressemblent à Dieu. 2. Omniprésence et ubiquité 118:2.1 Il ne faut pas confondre l’ubiquité de la Déité avec l’ultimité de la divine omniprésence. Le Père Universel veut que le Suprême, l’Ultime et l’Absolu compensent, coordonnent et unifient son ubiquité dans l’espace-temps et son omniprésence dans l’espace-temps-transcendé avec sa présence absolue et universelle pour laquelle l’espace et le temps n’existent pas. Et vous devriez vous rappeler que, si l’ubiquité de la Déité peut être bien souvent associée à l’espace, elle n’est pas nécessairement conditionnée par le temps. 118:2.2 En tant qu’ascendeurs mortels et morontiels, vous discernez progressivement Dieu par le ministère de Dieu le Septuple. Par Havona, vous découvrez Dieu le Suprême. Au Paradis, vous le trouvez comme une personne, et ensuite, en tant que finalitaires, vous essayerez bientôt de le connaitre comme Ultime. Étant finalitaires, il semble qu’après avoir atteint l’Ultime, il n’y ait qu’une voie à suivre, celle de commencer la recherche de l’Absolu. Nul finalitaire ne sera troublé par les incertitudes de l’atteinte de l’Absolu de Déité, puisqu’à la fin des ascensions suprême et ultime, il aura rencontré Dieu le Père. Ces finalitaires croiront certainement que, même s’ils réussissent à trouver Dieu l’Absolu, ils ne feront que découvrir le même Dieu, le Père du Paradis se manifestant sur des niveaux plus proches de l’infini et de l’universel. Il est hors de doute que l’aboutissement à Dieu dans l’absolu révélerait l’Ancêtre Primordial des univers aussi bien que le Père Final des personnalités. 118:2.3 Dieu le Suprême peut ne pas être une démonstration de l’omniprésence de la Déité dans l’espace-temps, mais il est littéralement une manifestation de l’ubiquité divine. Entre la présence spirituelle du Créateur et les manifestations matérielles de la création, se trouve le vaste domaine du devenir ubiquitaire – l’émergence dans l’univers de la Déité évolutionnaire. 118:2.4 Si Dieu le Suprême assume jamais le contrôle direct des univers du temps et de l’espace, nous sommes convaincus que cette administration de Déité fonctionnera sous le supercontrôle de l’Ultime. Dans ce cas, Dieu l’Ultime commencerait à devenir manifeste aux univers du temps en tant que Tout-Puissant transcendantal (l’Omnipotent) exerçant le supercontrôle du supertemps et de l’espace transcendé relatifs aux fonctions administratives du Tout-Puissant Suprême. 118:2.5 Le mental humain peut, comme nous-mêmes, se poser la question suivante : Si l’évolution de Dieu le Suprême, atteignant l’autorité administrative dans le grand univers, est accompagnée par des manifestations accrues de Dieu l’Ultime, une émergence homologue de Dieu l’Ultime dans les univers prévus de l’espace extérieur sera-t-elle accompagnée de révélations similaires et rehaussées de Dieu l’Absolu ? En réalité, nous n’en savons rien. 3. Relations entre le temps et l’espace 118:3.1 C’est seulement par l’ubiquité que la Déité a pu unifier les manifestations de l’espace-temps pour les conceptions finies, car le temps est une succession d’instants, tandis que l’espace est un système de points associés. Après tout, vous percevez le temps par analyse et l’espace par synthèse. Vous coordonnez et vous associez ces deux conceptions dissemblables par la perspicacité intégratrice de la personnalité. Dans le monde animal, l’homme est seul à posséder cette faculté de percevoir l’espace-temps. Pour un animal, le mouvement a une signification, mais il ne prend une valeur que pour une créature ayant statut de personnalité. 118:3.2 Les choses sont conditionnées par le temps, mais la vérité est hors du temps. Plus vous connaissez la vérité, plus vous êtes la vérité, mieux vous pouvez comprendre le passé et saisir l’avenir. 118:3.3 La vérité est inébranlable – éternellement exempte de toutes les vicissitudes transitoires, bien que jamais morte et conventionnelle, mais toujours vibrante et adaptable – rayonnant la vie. Mais, quand la vérité devient liée aux faits, alors l’espace et le temps conditionnent tous deux ses significations et mettent en corrélation ses valeurs. Ces réalités de la vérité couplée au fait deviennent des concepts et sont, en conséquence, reléguées au domaine des réalités cosmiques relatives. 118:3.4 La liaison de la vérité absolue et éternelle du Créateur avec l’expérience factuelle des créatures finies et temporelles fait apparaitre une nouvelle valeur émergente du Suprême. Le concept du Suprême est essentiel pour coordonner le monde supérieur invariant et divin avec le monde inférieur fini et toujours changeant. 118:3.5 Parmi toutes les choses non absolues, c’est l’espace qui est le plus proche d’être absolu. En apparence, l’espace est absolument ultime. La réelle difficulté que nous avons à comprendre l’espace sur le niveau matériel provient du fait que les corps matériels existent dans l’espace, mais que l’espace existe aussi dans ces mêmes corps matériels. Nombre de facteurs concernant l’espace sont absolus, mais cela ne signifie pas que l’espace soit absolu. 118:3.6 Pour comprendre les relations de l’espace, il peut être utile de supposer, relativement parlant, que l’espace est, après tout, une propriété de tous les corps matériels. Donc, quand un corps se meut dans l’espace, il emporte aussi avec lui toutes ses propriétés, même l’espace qui est dans ce corps en mouvement et en fait partie. 118:3.7 Tous les modèles de la réalité occupent de l’espace sur les niveaux matériels, mais les modèles spirituels n’existent qu’en relation avec l’espace ; ils n’occupent ni ne déplacent d’espace, et n’en contiennent pas non plus. Pour nous, l’énigme maitresse de l’espace concerne le modèle d’une idée. Quand nous abordons le domaine mental, nous rencontrons bien des problèmes embarrassants. Le modèle d’une idée – sa réalité – occupe-t-il de l’espace ? En vérité nous n’en savons rien, bien que nous soyons certains qu’un modèle d’idée ne contient pas d’espace ; mais il ne serait guère prudent d’admettre que l’immatériel est toujours non spatial. 4. Causalité primaire et secondaire 118:4.1 Bien des difficultés théologiques et des dilemmes métaphysiques de l’homme mortel sont dus à ce qu’il ne situe pas bien la personnalité de la Déité et attribue, en conséquence, des aspects infinis et absolus à la Divinité subordonnée et à la Déité évolutionnaire. Il existe certainement une vraie Cause Première, mais il ne faut pas oublier qu’il existe aussi une foule de causes coordonnées et subordonnées, à la fois causes associées et causes secondaires. 118:4.2 La différence essentielle entre causes premières et causes secondes réside en ce que les causes premières produisent des effets originels dépourvus de facteurs héréditaires dérivés d’une causalité antécédente quelconque. Les causes secondaires produisent des effets comportant invariablement une hérédité provenant d’autres causes antérieures. 118:4.3 Les potentiels purement statiques inhérents à l’Absolu Non Qualifié réagissent aux causes engendrées par l’Absolu de Déité qui sont produites par l’action de la Trinité du Paradis. En présence de l’Absolu Universel, ces potentiels statiques imprégnés de causalité deviennent aussitôt actifs et réactifs à l’influence de certains agents transcendantaux, dont l’action aboutit à la transmutation de ces potentiels activés en leur conférant le statut de véritables possibilités universelles de développement, de capacités actualisées pour la croissance. C’est sur ces potentiels ainsi développés que les créateurs et contrôleurs du grand univers jouent l’épopée sans fin de l’évolution cosmique. 118:4.4 Si l’on ne tient pas compte des existentiels, la causalité a une constitution fondamentale triple. Telle qu’elle opère dans le présent âge de l’univers et concernant le niveau fini des sept superunivers, on peut la concevoir comme suit : 118:4.5 1. L’activation des potentiels statiques. C’est l’établissement de la destinée dans l’Absolu Universel par les actions de l’Absolu de Déité, opérant dans et sur l’Absolu Non Qualifié, et par suite des commandements volitifs de la Trinité du Paradis. 118:4.6 2. L’extériorisation de capacités d’univers. Ceci implique la transformation de potentiels indifférenciés en des plans séparés et définis. C’est l’acte de l’Ultimité de la Déité et des multiples agents du niveau transcendantal. Ces actes anticipent parfaitement sur les futurs besoins de l’ensemble du maitre univers. C’est en liaison avec la ségrégation de potentiels que les Architectes du Maitre Univers existent en tant que véritables personnifications du concept de Déité des univers. Leurs plans paraissent ultimement limités en étendue dans l’espace par le concept de la périphérie du maitre univers, mais, en tant que plans, ils ne sont pas autrement conditionnés par le temps ou l’espace. 118:4.7 3. La création et l’évolution des actuels d’univers. C’est sur un cosmos imprégné de la présence de l’Ultimité de la Déité productrice de capacités que les Créateurs Suprêmes opèrent pour effectuer, dans le temps, les transmutations de potentiels muris en actuels expérientiels. À l’intérieur du maitre univers, toute actualisation de la réalité potentielle est limitée par la capacité ultime de développement, et conditionnée par l’espace-temps aux stades finals de son émergence. Les Fils Créateurs sortant du Paradis sont, en actualité, des créateurs transformateurs au sens cosmique. Cela n’invalide, en aucune manière, le concept de créateurs que les hommes s’en font ; du point de vue fini, il est certain qu’ils peuvent créer et qu’ils le font. 5. Omnipotence et compossibilité. 118:5.1 L’omnipotence de la Déité n’implique pas le pouvoir de faire ce qui est infaisable. Dans le cadre espace-temps, et en se plaçant au point de vue intellectuel de la compréhension mortelle, même le Dieu infini ne peut créer des cercles carrés ni produire du mal qui soit naturellement bon. Dieu ne peut faire des choses non divines. Cette contradiction de termes philosophiques équivaut au non-être et implique que rien n’a été ainsi créé. Un trait de caractère d’une personnalité ne peut être à la fois divin et non divin. La compossibilité est innée dans le pouvoir divin. Tout ceci dérive du fait que l’omnipotence ne se borne pas à créer des choses ayant une nature, mais qu’elle donne aussi naissance à la nature de toutes les choses et de tous les êtres. 118:5.2 Au commencement, le Père fait tout ; mais, à mesure que le panorama de l’éternité se déroule en réponse à la volonté et aux commandements de l’Infini, il ressort de plus en plus que les créatures, même les hommes, doivent devenir des partenaires de Dieu pour réaliser la finalité de la destinée. Et ceci est vrai même dans la vie dans la chair ; quand l’homme et Dieu entrent en association, on ne peut assigner aucune limite aux possibilités futures de cette association. Quand l’homme se rend compte que le Père Universel est son partenaire dans la progression éternelle, quand il fusionne avec la présence intérieure du Père, il a rompu, en esprit, les entraves du temps et il est déjà entré dans les progressions de l’éternité, à la recherche du Père Universel. 118:5.3 La conscience du mortel passe des faits aux significations, et ensuite aux valeurs. La conscience du Créateur part de la valeur de la pensée, passe par la signification des mots et arrive au fait de l’action. Pour sortir de l’impasse de l’unité non qualifiée inhérente à l’infinité existentielle, il faut toujours que Dieu agisse. La Déité doit toujours fournir l’univers archétypal, les personnalités parfaites, la vérité, la beauté et la bonté originelles que toutes les créations subdivines s’efforcent d’atteindre. Il faut toujours que Dieu trouve d’abord l’homme pour que l’homme puisse ensuite trouver Dieu. Un Père Universel est toujours nécessaire avant que puissent exister une filiation universelle et la fraternité universelle qui s’ensuit. 6. Omnipotence et omnificience 118:6.1 Dieu est vraiment omnipotent, mais non omnificient – il ne fait pas personnellement tout ce qui se fait. L’omnipotence englobe le potentiel de pouvoir du Tout-Puissant Suprême et de l’Être Suprême, mais les actes volitifs de Dieu le Suprême ne sont pas des agissements personnels de Dieu l’Infini. 118:6.2 Soutenir l’omnificience de la Déité primordiale équivaudrait à priver de leurs droits près d’un million de Fils Paradisiaques Créateurs, sans mentionner les innombrables multitudes des divers autres ordres d’aides qui apportent leur concours créatif. Dans tout l’univers, il n’y a qu’une seule Cause sans cause. Toutes les autres causes sont dérivées de cette unique Grande Source-Centre Première, et rien, dans cette philosophie, ne fait violence au libre arbitre des myriades d’enfants de la Déité disséminées dans un immense univers. 118:6.3 Dans un cadre local, la volition peut paraitre fonctionner comme une cause sans cause, mais elle présente infailliblement des facteurs héréditaires qui établissent des relations avec la Première Cause unique, originelle et absolue. 118:6.4 Toute volition est relative. Au sens initial, seul le Père-JE SUIS possède la finalité de volition. Au sens absolu, seuls le Père, le Fils et l’Esprit exercent les prérogatives d’une volonté non conditionnée par le temps et non limitée par l’espace. L’homme mortel est doté du libre arbitre, du pouvoir de choisir ; bien que ce choix ne soit pas absolu, il est néanmoins relativement final sur le niveau fini et en ce qui concerne la destinée de la personnalité qui choisit. 118:6.5 Sur un niveau quelconque n’atteignant pas l’absolu, la volition rencontre des limitations inhérentes à la personnalité même qui exerce le pouvoir de choix. L’homme ne peut choisir au-delà du domaine de ce qui est choisissable. Par exemple, il ne peut choisir d’être autre chose qu’un humain, sauf qu’il peut décider de devenir plus qu’un homme. Il peut choisir d’entreprendre l’ascension de l’univers, mais cela tient, en l’espèce, à une coïncidence spéciale entre le choix humain et la volonté divine. Ce qu’un fils désire et que le Père veut arrivera en toute certitude. 118:6.6 Dans la vie de mortel, des lignes de conduite optionnelles s’ouvrent et se ferment continuellement. Durant les périodes où le choix est possible, la personnalité humaine décide constamment entre de nombreuses lignes d’action. La volition temporelle est reliée au temps et doit attendre l’écoulement du temps pour trouver l’occasion de s’exprimer. La volition spirituelle a commencé à gouter la libération des entraves du temps, car elle a réussi à échapper partiellement à la séquence du temps ; cela est parce que la volition spirituelle s’identifie avec la volonté de Dieu. 118:6.7 La volition, l’acte de choisir, doit fonctionner dans le cadre universel qui s’est actualisé en réponse à des choix supérieurs et antérieurs. Tout le champ de la volonté humaine est strictement limité au fini, sauf sur un point particulier : quand l’homme choisit de trouver Dieu et d’être semblable à lui, ce choix est superfini ; l’éternité seule peut révéler s’il est également superabsonite. 118:6.8 Reconnaitre l’omnipotence de la Déité, c’est jouir de la sécurité dans votre expérience de citoyenneté cosmique, c’est posséder l’assurance de la sûreté dans le long voyage au Paradis. Par contre, accepter le sophisme de l’omnificience, c’est embrasser la colossale erreur du panthéisme. 7. Omniscience et prédestination 118:7.1 Dans le grand univers, la fonction de la volonté du Créateur et la fonction de la volonté de la créature s’exercent dans les limites et selon les possibilités établies par les Maitres Architectes. Toutefois, la prédétermination de ces limites maxima n’abroge pas, le moins du monde, la souveraineté de la volonté de la créature à l’intérieur de ces frontières. La préconnaissance ultime – la pleine tolérance de tous les choix finis – ne constitue pas non plus une abrogation de la volition finie. Un être humain mûr et perspicace peut parfois prévoir fort exactement la décision d’un associé plus jeune, mais cette préconnaissance n’enlève rien à la liberté ni à l’authenticité de la décision même. Les Dieux ont sagement limité le champ d’action de la volonté immature, mais, à l’intérieur de ces limites définies, elle n’en reste pas moins une véritable volonté. 118:7.2 Même la corrélation suprême de tous les choix passés, présents et futurs n’invalide pas l’authenticité de ces choix. Elle dénote plutôt la tendance préordonnée du cosmos et suggère la préconnaissance de ces êtres volitifs qui peuvent choisir ou refuser de devenir des parties contributives de l’actualisation expérientielle de toute la réalité. 118:7.3 L’erreur dans le choix fini est liée au temps et limitée par lui. Elle ne peut exister que dans le temps et à l’intérieur de la présence évoluante de l’Être Suprême. Ce choix erroné est possible dans le temps et dénote (en dehors de l’inachèvement du Suprême) un certain domaine de choix dont les créatures immatures doivent être dotées pour bénéficier de la progression dans l’univers en établissant, par leur libre arbitre, le contact avec la réalité. 118:7.4 Le péché, dans l’espace conditionné par le temps, prouve clairement la liberté temporelle – et même la licence – de la volonté finie. Le péché dépeint l’immaturité, d’une part éblouie par la liberté volitive relativement souveraine de la personnalité, et d’autre part manquant de percevoir les obligations et devoirs suprêmes de la citoyenneté cosmique. 118:7.5 L’iniquité, dans les domaines finis, révèle la réalité transitoire de toute individualité non identifiée à Dieu. Une créature ne devient véritablement réelle dans les univers que si elle s’identifie à Dieu. La personnalité finie ne se crée pas elle-même, mais, dans le cadre superuniversel du choix, elle détermine elle-même sa destinée. 118:7.6 Le don de la vie rend les systèmes d’énergie-matière capables de se perpétuer, de se propager et de s’adapter eux-mêmes. Le don de la personnalité communique, aux organismes vivants, les prérogatives additionnelles de disposer d’eux-mêmes, d’évoluer eux-mêmes et de s’identifier eux-mêmes avec un esprit de fusion de la Déité. 118:7.7 Les organismes vivants subpersonnels dénotent un mental animant l’énergie-matière, d’abord sous l’aspect de contrôleurs physiques et ensuite sous l’aspect d’esprits-mentaux adjuvats. Le don de la personnalité vient du Père et communique, au système vivant, d’uniques prérogatives de choix. Or, si la personnalité a la prérogative d’exercer le choix volitif de s’identifier à la réalité, et si ce choix est sincère et libre, alors il faut que la personnalité évoluante ait aussi le choix possible de se désorienter, de se disloquer et de se détruire elle-même. La possibilité de l’autodestruction cosmique ne peut être évitée si l’on veut que la personnalité évoluante soit vraiment libre dans l’exercice de sa volonté finie. 118:7.8 C’est pourquoi la sécurité est accrue si l’on rétrécit les limites du choix personnel sur tous les niveaux inférieurs d’existence. Le choix devient de plus en plus libre à mesure que l’on s’élève dans les univers. À la fin, il devient très proche de la liberté divine quand la personnalité ascendante atteint la divinité de statut, la suprématie de consécration aux desseins universels, le parachèvement de la sagesse cosmique et la finalité de l’identification de la créature avec la volonté et les voies de Dieu. 8. Contrôle et supercontrôle 118:8.1 Dans les créations de l’espace-temps, le libre arbitre est enserré dans des restrictions et des limitations. L’évolution de la vie matérielle est d’abord machinale, puis activée par le mental ; enfin, (après avoir reçu le don de la personnalité), elle peut se laisser gouverner par l’esprit. L’évolution organique sur les mondes habités est physiquement limitée par les potentiels des implantations originelles de vie physique faites par les Porteurs de Vie. 118:8.2 L’homme mortel est une machine, un mécanisme vivant ; ses racines se trouvent vraiment dans le monde physique d’énergie. Bien des réactions humaines sont de nature machinale ; une grande partie de la vie ressemble à une mécanique. Mais l’homme, qui est un mécanisme, est beaucoup plus qu’une machine ; il est doté d’un mental et habité par l’esprit ; et, bien qu’au cours de sa vie matérielle, il ne puisse jamais échapper au mécanisme électrochimique de son existence, il peut apprendre à subordonner de plus en plus ce mécanisme de vie physique à la sagesse directrice de l’expérience par le processus consistant à consacrer le mental humain à exécuter les incitations spirituelles de l’Ajusteur de Pensée intérieur. 118:8.3 L’esprit libère le fonctionnement de la volonté ; le mécanisme le limite. Le choix imparfait, non contrôlé par le mécanisme et non identifié à l’esprit, est dangereux et instable. La domination mécanique assure la stabilité aux dépens du progrès. L’alliance avec l’esprit dégage le choix du niveau physique et, en même temps, assure la stabilité divine résultant d’une clairvoyance universelle accrue et d’une compréhension cosmique plus vaste. 118:8.4 Le grand danger qui menace la créature quand elle parvient à se libérer des entraves du mécanisme vital est qu’elle ne réussisse pas à compenser cette perte de stabilité en effectuant une liaison fonctionnelle harmonieuse avec l’esprit. Le choix de la créature, quand il est relativement dégagé de la stabilité mécanique, pourrait tendre à se libérer davantage, indépendamment d’une plus grande identification avec l’esprit. 118:8.5 Tout le principe de l’évolution biologique rend impossible l’apparition, sur les mondes habités, d’hommes primitifs doués d’une grande maitrise d’eux-mêmes. C’est pourquoi le même plan créatif, qui traduit le dessein de l’évolution, fournit également les restrictions extérieures de temps et d’espace, de faim et de peur, qui circonscrivent efficacement le champ des choix subspirituels de ces créatures non cultivées. À mesure que le mental de l’homme réussit à traverser des barrières de plus en plus difficiles à franchir, le même plan créatif contient aussi des dispositions pour que l’héritage racial de sagesse expérientielle, péniblement acquis, s’accumule lentement – en d’autres termes, ce plan prévoit un équilibre entre les contraintes extérieures en régression et les contraintes intérieures croissantes. 118:8.6 La lenteur de l’évolution, du progrès culturel humain, témoigne de l’efficacité de ce frein – l’inertie matérielle – qui agit si puissamment pour ralentir les vitesses dangereuses du progrès. C’est ainsi que le temps lui-même amortit et répartit les conséquences (qui autrement seraient mortelles) du fait d’échapper prématurément aux barrières successives qui limitent l’activité humaine. Car, lorsque la culture progresse trop rapidement, lorsque les accomplissements matériels dépassent l’évolution de la sagesse-adoration alors, la civilisation contient en elle-même des germes de récession. À moins que cette civilisation ne soit étayée par un accroissement rapide de sagesse expérientielle, de telles sociétés humaines redescendront des niveaux élevés, mais prématurés, qu’elles ont atteints, et les « âges de ténèbres » de l’interrègne de la sagesse témoigneront, alors, de la résurgence inexorable du déséquilibre entre la liberté du moi et le contrôle du moi. 118:8.7 L’iniquité de Caligastia consista à court-circuiter le régulateur du temps de la libération humaine progressive. Il détruisit arbitrairement les barrières restrictives dont le mental des mortels de cette époque n’avait pas encore triomphé par expérience. 118:8.8 Le mental qui peut abréger partiellement le temps et l’espace prouve, par cet acte même, qu’il possède en lui-même les germes de sagesse qui peuvent efficacement remplacer le mur de contrainte qu’il a transcendé. 118:8.9 Lucifer chercha similairement à empêcher le fonctionnement régulateur du temps, qui freinait l’aboutissement prématuré à certaines libertés dans le système local. Un système local ancré dans la lumière et la vie a acquis expérientiellement les points de vue et la clairvoyance qui rendent praticable la mise en œuvre de nombreuses techniques qui ne feraient que bouleverser et détruire le même royaume pendant les âges antérieurs à cet ancrage. 118:8.10 À mesure que l’homme s’affranchit des entraves de la peur, qu’il relie les continents et les océans avec ses machines, et les générations et les siècles avec sa documentation, il doit substituer à chaque contrainte transcendée une contrainte nouvelle et volontaire assumée en accord avec les impératifs moraux de la sagesse humaine en expansion. Ces restrictions que l’on s’impose volontairement sont à la fois les plus puissants et les plus subtils de tous les facteurs de la civilisation humaine : les concepts de justice et les idéaux de fraternité. L’homme se qualifie même pour supporter les restrictions des effets de la miséricorde quand il ose aimer ses semblables, quand il réussit à débuter dans la fraternité spirituelle, quand il décide de traiter ses compagnons de la manière dont il voudrait être traité, et même de leur accorder le traitement qu’il suppose que Dieu leur accorderait. 118:8.11 Une réaction automatique de l’univers est stable et se poursuit sous une certaine forme dans le cosmos. Une personnalité qui connait Dieu et désire faire sa volonté, qui a de la clairvoyance spirituelle, est divinement stable et éternellement existante. La grande aventure de l’homme dans l’univers consiste dans le transit de son mental mortel de la stabilité de la statique mécanique à la divinité de la dynamique spirituelle, et il réalise cette transformation par la force et la persévérance de ses propres décisions de personnalité, dans chaque situation de la vie, en déclarant : « C’est ma volonté que ta volonté soit faite. » 9. Les mécanismes de l’univers 118:9.1 Le temps et l’espace sont un mécanisme conjoint du maitre univers. Ils sont les dispositifs permettant aux créatures finies de coexister avec l’Infini dans le cosmos. Les créatures finies sont efficacement isolées des niveaux absolus par le temps et l’espace. Mais ces moyens d’isolement, sans lesquels nul mortel ne pourrait exister, fonctionnent directement pour limiter le champ de l’action finie. Sans eux, nulle créature ne pourrait agir, mais, par eux, les actes de chaque créature sont nettement limités. 118:9.2 Les mécanismes créés par des êtres au mental supérieur fonctionnent pour libérer leurs sources créatives, mais, dans une certaine mesure, ils limitent invariablement l’action de toutes les intelligences subordonnées. Pour les créatures des univers, cette limitation devient apparente en tant que mécanisme des univers. L’homme ne dispose pas d’un libre arbitre sans frein, il y a des limites à l’étendue de son choix, mais, à l’intérieur de ce champ libre, sa volonté est relativement souveraine. 118:9.3 Le mécanisme vital de la personnalité mortelle, le corps humain, est le produit d’un projet créatif supramortel ; il ne peut donc jamais être parfaitement contrôlé par l’homme lui-même. C’est seulement quand l’homme ascendant, en liaison avec l’Ajusteur fusionné, créera par lui-même le mécanisme destiné à exprimer sa personnalité, qu’il parviendra à le contrôler à la perfection. 118:9.4 Le grand univers est un mécanisme aussi bien qu’un organisme. Il est mécanique et vivant. C’est un mécanisme vivant animé par un Mental Suprême, se coordonnant avec un Esprit Suprême, et trouvant son expression sur les niveaux maxima d’unification de pouvoir et de personnalité en tant qu’Être Suprême. Mais nier le mécanisme de la création finie, c’est nier le fait et méconnaitre la réalité. 118:9.5 Les mécanismes sont le produit du mental, du mental créateur agissant sur les potentiels cosmiques et en eux. Les mécanismes sont des cristallisations fixes de la pensée du Créateur, et ils fonctionnent toujours en fidèle conformité avec le concept volitif qui leur a donné naissance. Mais la raison d’être d’un mécanisme quelconque se trouve dans son origine, et non dans sa fonction. 118:9.6 Il ne faudrait pas penser que ces mécanismes limitent l’action de la Déité. La vérité est bien plutôt que, par ces mécanismes eux-mêmes, la Déité est parvenue à une phase d’expression éternelle. Les mécanismes fondamentaux de l’univers sont venus à l’existence en réponse à la volonté absolue de la Source-Centre Première ; ils fonctionneront donc éternellement en parfaite harmonie avec le plan de l’Infini ; ils sont en vérité les archétypes non volitifs de ce plan lui-même. 118:9.7 Nous comprenons quelque peu comment le mécanisme du Paradis est en corrélation avec la personnalité du Fils Éternel ; c’est la fonction de l’Acteur Conjoint. Et nous avons des théories sur les opérations de l’Absolu Universel concernant les mécanismes théoriques du Non qualifié et la personne potentielle de l’Absolu de Déité. Quant aux Déités évoluantes du Suprême et de l’Ultime, nous constatons que certaines de leurs phases impersonnelles s’unissent actuellement avec leurs contreparties volitives, et qu’en conséquence, une nouvelle relation se développe entre l’archétype et la personne. 118:9.8 Dans l’éternité du passé, le Père et le Fils trouvèrent l’union dans l’unité d’expression de l’Esprit Infini. Si, dans l’éternité du futur, les Fils Créateurs et les Esprits Créatifs des univers locaux du temps et de l’espace devaient parvenir à une union créative dans les royaumes de l’espace extérieur, on peut se demander ce que créerait leur unité comme expression conjuguée de leurs divines natures ? Il se pourrait bien que nous assistions à une manifestation non encore révélée de la Déité Ultime, à l’apparition d’un nouveau type de superadministrateurs. Ces êtres engloberaient des prérogatives de personnalité uniques, puisqu’ils seraient l’union du Créateur personnel, de l’Esprit Créatif impersonnel, de l’expérience des créatures mortelles et de la personnalisation progressive de la Divine Ministre. Ces êtres pourraient être ultimes, en ce sens qu’ils engloberaient la réalité personnelle et impersonnelle tout en conjuguant les expériences du Créateur et des créatures. Quels que soient les attributs de ces tierces personnes, de ces trinités fonctionnelles hypothétiques des créations de l’espace extérieur, elles entretiendraient, avec leurs Pères Créateurs et leurs Mères Créatives, certaines relations analogues à celles que l’Esprit Infini entretient avec le Père Universel et le Fils Éternel. 118:9.9 Dieu le Suprême est la personnalisation de toute l’expérience de l’univers, la focalisation de toute l’évolution finie, la réalité de toutes les créatures portée au maximum, la consommation de la sagesse cosmique, l’incorporation des harmonieuses beautés des galaxies du temps, la vérité des significations du mental cosmique et la bonté des valeurs spirituelles suprêmes. Dans l’éternel futur, Dieu le Suprême synthétisera ces multiples diversités finies en un ensemble expérientiel significatif, de même qu’elles sont déjà unies existentiellement sur les niveaux absolus de la Trinité du Paradis. 10. Les fonctions de la providence 118:10.1 La providence ne signifie pas que Dieu ait décidé toutes choses pour nous et d’avance. Dieu nous aime trop pour faire cela, car ce ne serait rien de moins qu’une tyrannie cosmique. L’homme a, en vérité, des pouvoirs relatifs de choix. L’amour divin n’est pas non plus cette sorte d’affection à courte vue qui dorloterait et gâterait les enfants des hommes. 118:10.2 Le Père, le Fils et l’Esprit – en tant que Trinité – ne sont pas le Tout-Puissant Suprême, mais la suprématie du Tout-Puissant ne peut jamais se manifester sans eux. La croissance du Tout-Puissant est centrée sur les Absolus d’actualité et fondée sur les Absolus de potentialité, mais les fonctions du Tout-Puissant Suprême sont reliées aux fonctions de la Trinité du Paradis. 118:10.3 Il semblerait que, chez l’Être Suprême, toutes les phases d’activité de l’univers soient partiellement réunies par la personnalité de cette Déité expérientielle. En conséquence, si nous désirons envisager la Trinité comme un seul Dieu, et si nous limitons ce concept au présent grand univers connu et organisé, nous découvrons que l’Être Suprême en évolution est la réplique partielle de la Trinité du Paradis. Et nous voyons ensuite que cette Déité Suprême évolue en tant que synthèse de personnalité de la matière, du mental et de l’esprit finis dans le grand univers. 118:10.4 Les Dieux ont des attributs, mais la Trinité a des fonctions et, à l’instar de la Trinité, la providence est une fonction, le composé du supercontrôle autre-que-personnel de l’univers des univers. Elle s’étend depuis les niveaux évolutionnaires du Septuple, qui se synthétisent dans le pouvoir du Tout-Puissant, et s’élève au-delà, à travers les royaumes transcendantaux de l’Ultimité de la Déité. 118:10.5 Dieu aime chaque créature comme un enfant, et son amour couvre de son ombre chaque créature dans le temps et dans l’éternité. La providence fonctionne en considération du total et s’occupe de la fonction de chaque créature dans la mesure où cette fonction est reliée au total. Quand la providence intervient auprès d’un être, cela dénote l’importance de la fonction de cet être en ce qui concerne la croissance évolutionnaire d’un ensemble donné. Cet ensemble peut être la race totale, la nation totale, la planète totale ou même un total plus élevé. C’est l’importance de la fonction de la créature qui occasionne une intervention providentielle, et non l’importance de la créature en tant que personne. 118:10.6 Néanmoins, le Père, en tant que personne, peut à tout moment interposer une main paternelle dans le courant des évènements cosmiques qui se déroulent selon la volonté de Dieu, en harmonie avec la sagesse de Dieu, et qui sont motivés par l’amour de Dieu. 118:10.7 Toutefois ce que l’homme appelle la providence est trop souvent le produit de sa propre imagination, la juxtaposition fortuite de circonstances dues au hasard. Il existe néanmoins, dans le domaine fini de l’existence universelle, une providence réelle et émergente, une véritable corrélation, en cours d’actualisation, des énergies de l’espace, des mouvements du temps, des pensées de l’intellect, des idéaux du caractère, des désirs des natures spirituelles et des actes volitifs intentionnels des personnalités évoluantes. Les circonstances des royaumes matériels trouvent une intégration finie définitive dans les présences imbriquées du Suprême et de l’Ultime. 118:10.8 Il est de plus en plus possible de discerner la providence à mesure que les mécanismes du grand univers se perfectionnent jusqu’à un point de précision finale par le supercontrôle du mental, à mesure que le mental des créatures s’élève à la perfection de l’aboutissement à la divinité par une intégration devenue parfaite avec l’esprit, et en conséquence à mesure que le Suprême émerge comme un unificateur actuel de tous ces phénomènes de l’univers. 118:10.9 Certaines des conditions étonnamment fortuites, prévalant occasionnellement sur les mondes évolutionnaires, peuvent être dues à la présence, graduellement émergente, du Suprême, l’avant-gout de ses futures activités dans l’univers. La plupart des évènements que les mortels appellent providentiels ne le sont pas ; le jugement humain en ces matières est fortement handicapé par un manque de vision pénétrant les vraies significations des circonstances de la vie. Bien des circonstances qu’un homme appellerait bonnes chances pourraient en réalité être des malchances. Le sourire de la fortune, qui donne des loisirs non gagnés et des richesses imméritées, peut se révéler la plus grande des afflictions humaines. La cruauté apparente d’un destin pervers, qui accumule les tribulations sur quelque mortel souffrant, peut en réalité être le feu qui, lors de la trempe, transmue le fer doux de la personnalité immature en l’acier trempé d’un vrai caractère. 118:10.10 Il existe une providence dans les univers en évolution, et les créatures peuvent la découvrir exactement dans la mesure où elles ont atteint la capacité de percevoir le dessein de ces univers en évolution. La capacité complète de discerner les desseins de l’univers équivaut au parachèvement évolutionnaire de la créature ; en d’autres termes, on peut dire qu’elle a atteint le Suprême dans les limites du présent état des univers incomplets. 118:10.11 L’amour du Père agit directement dans le cœur de l’individu, indépendamment des actions et réactions de tous les autres individus. La relation est personnelle – homme et Dieu. La présence impersonnelle de la Déité (Tout-Puissant Suprême et Trinité du Paradis) manifeste de la considération pour le tout, mais non pour la partie. La providence du supercontrôle de la Suprématie devient de plus en plus apparente à mesure que les fragments successifs de l’univers progressent dans la réalisation de leurs destinées finies. À mesure que les systèmes, constellations, univers et superunivers s’ancrent dans la lumière et la vie, le Suprême émerge de plus en plus comme corrélateur significatif de tout ce qui se passe, tandis que l’Ultime émerge graduellement comme unificateur transcendantal de toutes choses. 118:10.12 Au commencement, sur un monde évolutionnaire, les évènements naturels d’ordre matériel et les désirs personnels des êtres humains paraissent souvent antagonistes. Bien des faits qui se passent sur un monde en évolution sont plutôt difficiles à comprendre pour les mortels – la loi de la nature parait si souvent cruelle, impitoyable et indifférente à tout ce qui est vrai, beau et bon pour la compréhension humaine. Mais, à mesure que l’humanité poursuit son développement planétaire, nous constatons que ce point de vue est modifié par les facteurs suivants : 118:10.13 1. L’élargissement de la vision de l’homme – sa meilleure compréhension du monde dans lequel il vit, sa capacité accrue à comprendre les faits matériels du temps, les idées significatives de la pensée et les idéaux valables de la clairvoyance spirituelle. Tant que les hommes ne prennent, pour étalon de mesure, que des choses de nature physique, ils n’ont aucune chance de trouver l’unité dans le temps et l’espace. 118:10.14 2. L’accroissement de la maitrise de l’homme – l’accumulation graduelle de la connaissance des lois du monde matériel, des buts de l’existence spirituelle et des possibilités de coordonner ces deux réalités par la philosophie. L’homme sauvage était impuissant devant les massacres causés par les forces naturelles, servile devant la domination cruelle de ses propres peurs intérieures. L’homme à demi civilisé commence à ouvrir les réserves de secrets des royaumes naturels, et sa science détruit, lentement mais sûrement, ses superstitions, tout en lui procurant une nouvelle base factuelle élargie pour comprendre les significations de la philosophie et les valeurs de la véritable expérience spirituelle. L’homme civilisé atteindra, un jour, la maitrise relative des forces physiques de sa planète ; l’amour de Dieu qu’il porte dans son cœur se répandra effectivement comme amour du prochain, tandis que les valeurs de l’existence humaine s’approcheront de la limite des capacités des mortels. 118:10.15 3. L’intégration de l’homme dans l’univers – l’accroissement de la perspicacité de l’homme et de ses accomplissements expérientiels l’amène à une harmonie plus étroite avec les présences unifiantes de la Suprématie – la Trinité du Paradis et l’Être Suprême. Et c’est cela qui établit la souveraineté du Suprême sur les mondes ancrés depuis longtemps dans la lumière et la vie. Ces planètes évoluées sont, en vérité, des poèmes d’harmonie, des images de beauté et de bonté accomplie atteinte par la poursuite de la vérité cosmique. Et, si ces choses peuvent arriver à une planète, alors de plus grandes peuvent advenir à un système et aux plus vastes unités du grand univers à mesure qu’elles aussi parviennent à une stabilité dénotant que leur potentiel de croissance finie est épuisé. 118:10.16 Sur une planète de cet ordre avancé, la providence est devenue une actualité. Les circonstances de la vie y sont harmonisées, non seulement parce que l’homme a réussi à dominer les problèmes matériels de son monde, mais aussi parce qu’il a commencé à vivre conformément à la tendance des univers. Il suit le sentier de Suprématie qui aboutit au Père Universel. 118:10.17 Le royaume de Dieu est dans le cœur des hommes et, quand ce royaume devient actuel dans le cœur de chaque individu d’un monde, alors la loi de Dieu est devenue actuelle sur cette planète ; et ceci est l’accès de l’Être Suprême à la souveraineté. 118:10.18 Pour réaliser l’action de la providence dans le temps, il faut que l’homme accomplisse sa tâche, qui est d’atteindre la perfection. Mais l’homme peut déjà avoir l’avant-gout de cette providence dans ses significations éternelles en méditant sur le fait universel que toutes choses, bonnes ou mauvaises, concourent à faire progresser les humains connaissant Dieu dans leur recherche du Père de tous. 118:10.19 La providence se discerne de mieux en mieux à mesure que les hommes s’élèvent du matériel au spirituel. L’acquisition d’une clairvoyance spirituelle parachevée permet à la personnalité ascendante de détecter l’harmonie dans ce qui était auparavant un chaos. Même la mota morontielle représente un réel progrès dans cette direction. 118:10.20 La providence est en partie le supercontrôle du Suprême inachevé, manifesté dans les univers inachevés. Elle restera donc toujours : 118:10.21 1. partielle, parce que l’actualisation de l’Être Suprême est incomplète, et 118:10.22 2. imprévisible, à cause des fluctuations dans l’attitude des créatures, qui varie constamment de niveau en niveau causant ainsi une réaction réciproque apparemment variable chez le Suprême. 118:10.23 Quand les hommes prient pour que la providence intervienne dans les circonstances de leur vie, la réponse à leurs prières est bien souvent leur propre changement d’attitude envers la vie. Mais la providence n’est pas capricieuse ; elle n’est pas non plus fantastique ni magique. Elle représente l’émergence lente et sûre du puissant souverain des univers finis, dont les créatures évoluantes détectent occasionnellement la majestueuse présence au cours de leurs progrès dans l’univers. La providence est la marche sûre et certaine des galaxies de l’espace et des personnalités du temps vers les buts de l’éternité, d’abord dans le Suprême, ensuite dans l’Ultime et peut-être dans l’Absolu. Nous croyons que la même providence existe dans l’infinité et qu’elle est la volonté, les actions et le dessein de la Trinité du Paradis, qui motive ainsi l’apparition de myriades d’univers dans le panorama cosmique. 118:10.24 [Parrainé par un Puissant Messager en séjour temporaire sur Urantia.] FASCICULE 119. Les effusions de Christ Micaël 119:0.1 Chef des Étoiles du Soir de Nébadon, je suis affecté à Urantia par Gabriel avec la mission de révéler l’histoire des sept effusions de Micaël de Nébadon, Souverain de cet univers ; mon nom est Gavalia. Au cours de cette présentation, je m’en tiendrai strictement aux limitations imposées par mon mandat. 119:0.2 L’attribut d’effusion est inhérent aux Fils Paradisiaques du Père Universel. Dans leur désir d’approcher de près les expériences de la vie des créatures qui leur sont subordonnées, les Fils Paradisiaques des divers ordres reflètent la nature divine de leurs parents du Paradis. Le Fils Éternel de la Trinité du Paradis a montré la voie dans cette pratique en s’effusant sept fois, sur les sept circuits de Havona, à l’époque de l’ascension de Grandfanda et des premiers pèlerins du temps et de l’espace. Et le Fils Éternel continue à s’effuser sur les univers locaux de l’espace en la personne de ses représentants, les Fils Micaëls et les Fils Avonals. 119:0.3 Quand le Fils Éternel effuse un Fils Créateur sur un univers local projeté, ce Fils Créateur assume la pleine responsabilité de parachever, de contrôler et de maitriser ce nouvel univers ; il fait également, à la Trinité éternelle, le serment solennel de ne pas assumer la pleine souveraineté de la nouvelle création avant que ses sept effusions sous forme de créatures n’aient été achevées avec succès et confirmées par les Anciens des Jours ayant juridiction sur le superunivers intéressé. Cette obligation est assumée par chaque Fils Micaël qui se porte volontaire pour sortir du Paradis et entreprendre la création et l’organisation d’un univers. 119:0.4 Le but de ces incarnations sous forme de créatures est de permettre à ces Créateurs de devenir des souverains sages, compatissants, justes et compréhensifs. Ces Fils divins sont naturellement justes, mais ils deviennent d’une bienveillance miséricordieuse à la suite de ces expériences successives d’effusion. Ils sont naturellement miséricordieux, mais ces expériences les font devenir encore plus miséricordieux et d’une nouvelle manière. Ces effusions sont les dernières étapes de leur éducation et de leur formation pour la tâche sublime de gouverner les univers locaux dans la divine droiture et par un juste jugement. 119:0.5 Bien que ces effusions apportent de nombreux avantages accessoires aux divers mondes, systèmes et constellations, ainsi qu’aux différents ordres d’intelligences universelles qu’elles touchent et qu’elles améliorent, leur destination primordiale reste néanmoins de parachever la formation personnelle et l’éducation universelle d’un Fils Créateur lui-même. Ces effusions ne sont pas indispensables pour diriger un univers local d’une manière sage, juste et efficace, mais elles sont absolument nécessaires pour savoir administrer d’une manière équitable, miséricordieuse et compréhensive cette création qui fourmille de formes de vie variées et de myriades de créatures intelligentes, mais imparfaites. 119:0.6 Les Fils Micaël commencent leur œuvre d’organisation d’un univers avec une juste et complète sympathie pour les divers ordres d’êtres qu’ils ont créés. Ils ont de vastes réserves de miséricorde pour toutes ces créatures différentes, et même de la pitié pour celles qui s’égarent et s’enlisent dans le bourbier d’égoïsme qu’elles ont elles-mêmes produit. Mais les Anciens des Jours estiment que ces dotations de justice et de droiture ne suffisent pas. Ces dirigeants trins des superunivers ne confirmeront jamais un Fils Créateur comme Souverain d’un univers avant qu’il n’ait réellement acquis le point de vue de ses propres créatures par une expérience effective dans l’environnement où elles ont leur existence et de la même façon que ces créatures elles-mêmes. De cette manière, ces Fils deviennent des dirigeants avisés et compréhensifs ; ils parviennent à connaitre les divers groupes sur lesquels ils règnent et exercent une autorité universelle. Par une expérience vivante, ils acquièrent une miséricorde pratique, un jugement équitable et la patience née de l’existence d’une créature expérientielle. 119:0.7 L’univers local de Nébadon est maintenant gouverné par un Fils Créateur qui a parachevé son service d’effusions. Il règne avec une juste et miséricordieuse suprématie sur tous les vastes royaumes de son univers en voie d’évolution et de perfectionnement. Micaël de Nébadon est la 611 121e effusion du Fils Éternel sur les univers du temps et de l’espace, et il a commencé l’organisation de votre univers local il y a environ quatre-cent-milliards d’années. Micaël s’est préparé à sa première aventure d’effusion à peu près à l’époque où Urantia prenait sa forme actuelle, il y a un milliard d’années. Ses effusions ont eu lieu à des intervalles d’environ cent-cinquante-millions d’années, la dernière ayant eu lieu sur Urantia il y a dix-neuf-cents ans. Je vais maintenant décrire la nature et le caractère de ces effusions aussi complètement que ma commission me le permet. 1. La première effusion 119:1.1 Ce fut un évènement solennel sur Salvington, il y a presque un milliard d’années, quand l’assemblée des directeurs et des chefs de l’univers de Nébadon entendit Micaël annoncer que son frère ainé Emmanuel assumerait bientôt l’autorité dans Nébadon, tandis que lui (Micaël) s’absenterait pour une mission inexpliquée. Nulle autre proclamation ne fut faite au sujet de cette opération, sauf dans le message d’adieu télédiffusé aux Pères des Constellations, qui disait entre autres instructions : « Pendant cette période, je vous place sous la garde et les soins d’Emmanuel, tandis que je vais exécuter le commandement de mon Père du Paradis. » 119:1.2 Après avoir ainsi transmis ses adieux, Micaël apparut sur l’aire de départ de Salvington, exactement comme en bien des occasions antérieures où il s’était préparé à partir pour Uversa ou pour le Paradis, mais cette fois il y vint seul. Il termina son allocution de départ par les paroles suivantes : « Je vous quitte seulement pour une courte période. Je sais que beaucoup d’entre vous souhaiteraient m’accompagner, mais vous ne pouvez venir là où je vais. Vous ne pouvez accomplir ce que je suis sur le point d’accomplir. Je pars faire la volonté des Déités du Paradis et, quand j’aurai terminé ma mission et acquis cette expérience, je reprendrai ma place parmi vous. » Ayant ainsi parlé, Micaël de Nébadon disparut de la vue de tous ceux qui étaient rassemblés et ne réapparut pas pendant vingt années du temps standard. Dans tout Salvington, seuls Emmanuel et la Divine Ministre savaient ce qui se passait, et l’Union des Jours ne partagea son secret qu’avec le chef exécutif de l’univers, Gabriel, la Radieuse Étoile du Matin. 119:1.3 Tous les habitants de Salvington et ceux qui demeuraient sur les mondes-sièges des constellations et des systèmes se réunirent autour de leurs stations réceptrices respectives de renseignements universels, espérant recevoir une indication sur la mission et le lieu de séjour du Fils Créateur. Ils ne reçurent pas de message significatif avant le troisième jour qui suivit le départ de Micaël. Ce jour-là, on enregistra sur Salvington, en provenance de la sphère Melchizédek, siège de cet ordre dans Nébadon, une communication décrivant simplement l’opération suivante, extraordinaire et sans précédent : « Aujourd’hui, à midi, est apparu, sur l’aire d’atterrissage de ce monde, un étrange Fils Melchizédek qui n’est pas de notre nombre, mais qui est entièrement semblable aux membres de notre ordre. Il était accompagné d’un omniaphin solitaire, titulaire d’une procuration régulière d’Uversa, qui présenta des instructions adressées à notre chef de la part des Anciens des Jours avec l’accord d’Emmanuel de Salvington. Elles ordonnaient que ce nouveau Fils Melchizédek fût reçu dans notre ordre et affecté au service de secours d’urgence des Melchizédeks de Nébadon. Les instructions ont été données en conséquence et la chose est faite. » 119:1.4 C’est à peu près tout ce qui se trouve dans les archives de Salvington au sujet de la première effusion de Micaël. Rien n’y apparait plus pendant un siècle du temps d’Urantia, après quoi est inscrit le fait du retour de Micaël reprenant, sans l’annoncer, la direction des affaires de l’univers. On peut toutefois trouver sur le monde Melchizédek une étrange inscription, un récit du service de cet exceptionnel Fils Melchizédek du corps de secours d’urgence de cet âge. Ce rapport est conservé dans un modeste temple situé présentement à l’avant de la façade de la demeure du Père Melchizédek. Elle comprend la narration des services de ce Fils Melchizédek transitoire durant son affectation à vingt-quatre missions d’urgence dans l’univers. Ce rapport, que j’ai relu tout récemment, se termine comme suit : 119:1.5 « Aujourd’hui, à midi, sans avertissement préalable et en présence seulement de trois de nos frères, ce Fils visiteur de notre ordre a disparu de notre monde comme il était venu, accompagné simplement d’un omniaphin solitaire. Ce rapport se termine maintenant par la confirmation que ce visiteur a vécu comme un Melchizédek, semblable à un Melchizédek, il a travaillé comme un Melchizédek et fidèlement accompli toutes ses missions en tant que Fils de notre ordre affecté aux secours d’urgence. Par consentement universel, il est devenu chef des Melchizédeks parce qu’il a gagné notre amour et notre adoration par sa sagesse incomparable, son amour suprême et sa splendide consécration à ses devoirs. Il nous a aimés, il nous a compris, il a servi avec nous et nous sommes pour toujours ses loyaux et dévoués compagnons Melchizédeks, car cet étranger sur notre monde est maintenant devenu, pour l’éternité, un ministre de l’univers de nature Melchizédek. » 119:1.6 C’est tout ce qu’il m’est permis de vous raconter sur la première effusion de Micaël. Bien entendu, nous comprenons pleinement que l’étrange Melchizédek qui, si mystérieusement, servit avec les Melchizédeks, il y a un milliard d’années, n’était autre que Micaël incarné pendant la mission de sa première effusion. Les archives ne spécifient pas que cet unique et efficace Melchizédek était Micaël, mais on croit universellement qu’il l’était. Il est peu probable que l’affirmation concrète de ce fait puisse se trouver en dehors des archives de Sonarington, et nous n’avons pas accès aux archives de ce monde secret. C’est seulement sur ce monde sacré des Fils divins que l’on connait entièrement les mystères de l’incarnation et de l’effusion. Nous connaissons tous les faits des effusions de Micaël, mais nous ne comprenons pas comment ils se sont produits. Nous ne savons pas comment le chef d’un univers, le créateur des Melchizédeks, peut si soudainement et si mystérieusement devenir l’un d’eux, vivre parmi eux comme l’un d’eux et travailler pendant cent ans comme un Fils Melchizédek. Cependant, c’est ce qui est arrivé. 2. La deuxième effusion 119:2.1 Durant près de cent-cinquante-millions d’années après l’effusion Melchizédek de Micaël, tout alla bien dans l’univers de Nébadon, lorsque des troubles commencèrent à poindre dans le système 11 de la constellation 37. Ces troubles étaient liés à un malentendu avec un Fils Lanonandek, un Souverain Systémique qui avait été jugé par les Pères de la Constellation avec approbation du Fidèle des Jours, conseiller du Paradis pour cette constellation. Le Souverain Systémique protestataire n’avait pas entièrement accepté le verdict. Après plus de cent ans de mécontentement, il entraina ses associés dans une rébellion contre la souveraineté du Fils Créateur. Cette rébellion compta parmi les plus étendues et les plus désastreuses qui aient jamais été suscitées dans l’univers de Nébadon ; elle est jugée et terminée depuis longtemps par l’action des Anciens des Jours d’Uversa. 119:2.2 Lutentia, ce Souverain Systémique rebelle, régna autocratiquement sur la planète de son quartier général pendant plus de vingt années du temps standard de Nébadon. Après cela, les Très Hauts, avec l’approbation d’Uversa, ordonnèrent sa mise à l’écart et prièrent les dirigeants de Salvington de désigner un nouveau Souverain Systémique pour prendre en charge ce système de mondes habités troublé et déchiré de conflits. 119:2.3 En même temps que cette requête était reçue sur Salvington, Micaël lança la deuxième de ces extraordinaires proclamations d’intention de s’absenter du siège de l’univers dans le but « d’exécuter le commandement de mon Père du Paradis ». Il promit de « revenir au moment approprié » et concentra toute l’autorité entre les mains de son frère du Paradis, Emmanuel, l’Union des Jours. 119:2.4 Ensuite, par la même technique observée au moment de son départ pour l’effusion Melchizédek, Micaël prit de nouveau congé de la sphère de son quartier général. Trois jours après ce congé inexpliqué, un nouveau membre inconnu apparut dans le corps de réserve des Fils Lanonandeks primaires de Nébadon. Ce nouveau Fils apparut à midi, sans avoir été annoncé, et accompagné d’un tertiaphin solitaire titulaire d’une procuration régulière des Anciens des Jours d’Uversa, confirmée par Emmanuel de Salvington, et ordonnant que ce nouveau Fils fût affecté au système 11 de la constellation 37 comme successeur de Lutentia détrôné, et avec pleine autorité en tant que Souverain Systémique en exercice, en attendant la nomination d’un nouveau souverain en titre. 119:2.5 Pendant plus de dix-sept ans du temps universel, ce dirigeant temporaire étrange et inconnu administra les affaires et jugea sagement les différends de ce système local troublé et démoralisé. Nul Souverain Systémique ne fut jamais plus ardemment aimé ni aussi généralement honoré et respecté. Le nouveau dirigeant mit de l’ordre avec justice et miséricorde dans ce système turbulent, tout en apportant assidument son ministère à tous ses sujets. Il offrit même à son prédécesseur rebelle le privilège de partager le trône d’autorité s’il voulait seulement faire des excuses à Emmanuel pour ses incartades, mais Lutentia dédaigna ces offres de miséricorde. Il savait bien que l’étrange et nouveau Souverain Systémique n’était autre que Micaël, précisément le chef de l’univers qu’il avait si récemment défié. Par contre, des millions de ses partisans égarés et trompés acceptèrent le pardon de ce nouveau chef, connu à cette époque sous le nom de Souverain Sauveur du système de Palonia. 119:2.6 Vint alors le jour mémorable où arriva le nouveau Souverain Systémique attitré, désigné par les autorités de l’univers comme successeur permanent de Lutentia détrôné. Tout Palonia pleura le départ du chef systémique le plus noble et le plus bienveillant que Nébadon eût jamais connu. Il était aimé dans tout le système et adoré par ses compagnons de tous les groupes de Fils Lanonandeks. Son départ n’eut pas lieu brusquement. Une grande cérémonie fut organisée lorsqu’il quitta le quartier général systémique. Même son prédécesseur égaré lui envoya le message suivant : « Tu es juste et droit dans toutes tes voies. Bien que je continue à rejeter la règle du Paradis, je suis forcé d’avouer que tu es un administrateur équitable et miséricordieux. » 119:2.7 Alors, ce chef temporaire du système rebelle prit congé de la planète de son bref séjour administratif. Trois jours après, Micaël réapparaissait sur Salvington et reprenait la direction de l’univers de Nébadon. La troisième proclamation d’Uversa ne tarda pas à suivre pour annoncer l’extension juridictionnelle de l’autorité et de la souveraineté de Micaël. La première proclamation avait été faite au moment de son arrivée dans Nébadon, la deuxième avait été publiée peu après le parachèvement de l’effusion Melchizédek et celle-ci suivait la fin de la deuxième effusion, ou mission Lanonandek. 3. La troisième effusion 119:3.1 Le Conseil suprême de Salvington venait d’achever l’étude d’un appel des Porteurs de Vie de la planète 217 dans le système 87 de la constellation 61, demandant que l’on envoie à leur aide un Fils Matériel. Or cette planète était située dans un système de mondes habités où un autre Souverain Systémique s’était égaré, la deuxième rébellion de cet ordre survenue jusque-là dans tout Nébadon. 119:3.2 À la demande de Micaël, on garda en suspens la requête des Porteurs de Vie de cette planète en attendant qu’Emmanuel puisse l’étudier et donner son avis. C’était une procédure irrégulière, et je me rappelle bien que nous escomptions quelque chose d’insolite. Nous n’eûmes pas longtemps à attendre. Micaël remit la direction de l’univers entre les mains d’Emmanuel, tandis qu’il confiait le commandement des forces célestes à Gabriel. Ayant ainsi disposé de ses responsabilités administratives, il prit congé de l’Esprit-Mère de l’Univers et disparut de l’aire de départ de Salvington exactement comme il l’avait fait en deux occasions antérieures. 119:3.3 Comme on pouvait s’y attendre, un étrange Fils Matériel apparut trois jours après, sans avoir été annoncé, sur le monde-siège du système 87 dans la constellation 61. Il était accompagné d’un seconaphin solitaire, accrédité par les Anciens des Jours d’Uversa et confirmé par Emmanuel de Salvington. Le Souverain Systémique en exercice nomma immédiatement ce nouveau et mystérieux Fils Matériel comme faisant fonction de Prince Planétaire du monde 217, et cette désignation fut aussitôt confirmée par les Très Hauts de la constellation 61. 119:3.4 C’est ainsi que ce Fils Matériel unique commença sa carrière difficile sur un monde en quarantaine, sur une planète en sécession et en rébellion située dans un système encerclé, sans aucune communication avec l’univers extérieur ; il travailla seul pendant une génération entière du temps planétaire. Ce Fils Matériel du service de secours amena au repentir et fit revenir dans la bonne voie le Prince Planétaire défaillant et tout son état-major, et fut témoin du retour de la planète au service loyal de la règle du Paradis telle qu’elle est établie dans les univers locaux. Au moment approprié, un Fils et une Fille Matériels arrivèrent sur ce monde rajeuni et racheté. Quand ils furent dument installés comme chefs planétaires visibles, le Prince Planétaire d’urgence ou de transition prit officiellement congé et disparut, un jour, à midi. Trois jours plus tard, Micaël réapparaissait à sa place accoutumée sur Salvington, et bientôt les télédiffusions du superunivers transmirent la quatrième proclamation des Anciens des Jours annonçant une nouvelle promotion de la souveraineté de Micaël dans Nébadon. 119:3.5 Je regrette de ne pas être autorisé à raconter la patience, la force d’âme et l’habileté avec lesquelles ce Fils Matériel fit face aux situations éprouvantes sur cette planète perturbée. La réhabilitation de ce monde isolé constitue l’un des chapitres les plus magnifiques et les plus touchants des annales du salut de tout Nébadon. Vers la fin de cette mission, tous les habitants de Nébadon avaient compris pourquoi leur souverain bien-aimé avait choisi de se lancer dans ces effusions répétées en prenant la similitude de quelque ordre subordonné d’êtres intelligents. 119:3.6 Les effusions de Micaël comme Fils Melchizédek, puis comme Fils Lanonandek et ensuite comme Fils Matériel sont toutes également mystérieuses et inexplicables. Dans chaque cas, il apparut soudainement comme un individu pleinement développé du groupe de l’effusion. Le mystère de ces incarnations ne sera jamais connu, sauf de ceux qui ont accès au cercle intérieur des archives sur la sphère sacrée de Sonarington. 119:3.7 Depuis cette merveilleuse effusion comme Prince Planétaire d’un monde isolé en rébellion, jamais aucun des Fils ou Filles Matériels de Nébadon n’a été tenté de se plaindre de son affectation ou de trouver à redire aux difficultés de sa mission planétaire. Les Fils Matériels savent une fois pour toutes qu’ils ont, dans le Fils Créateur de l’univers, un souverain compréhensif et un ami compatissant, qui a « été en tous points tenté et éprouvé » comme eux-mêmes doivent aussi être tentés et éprouvés. 119:3.8 Chacune de ces missions fut suivie d’un âge de service et de loyauté accrus parmi toutes les intelligences célestes originaires de l’univers ; chacun des âges successifs d’effusion fut caractérisé par un progrès et une amélioration dans toutes les méthodes d’administration de cet univers et dans toutes les techniques de gouvernement. Depuis cette effusion, aucun des Fils ou Filles Matériels n’a jamais participé en connaissance de cause à une rébellion contre Micaël ; ils l’aiment et l’honorent avec trop de dévotion pour jamais le rejeter consciemment. C’est seulement par des tromperies et des sophismes que des Adams des temps récents ont été égarés par des personnalités rebelles de type supérieur. 4. La quatrième effusion 119:4.1 Ce fut à la fin d’un des périodiques appels nominaux millénaires d’Uversa que Micaël s’occupa de remettre le gouvernement de Nébadon entre les mains d’Emmanuel et de Gabriel. Bien entendu, nous nous rappelions ce qui était arrivé dans le passé à la suite d’une telle initiative. Nous nous préparâmes tous à assister à la disparition de Micaël pour sa quatrième mission d’effusion, et il ne nous fit pas attendre longtemps, car il ne tarda pas à se rendre à l’aire de départ de Salvington où nous le perdîmes de vue. 119:4.2 Le troisième jour après cette disparition en vue d’une effusion, nous remarquâmes, dans les télédiffusions universelles destinées à Uversa, cette nouvelle significative émanant du quartier général séraphique de Nébadon : « Nous rendons compte de l’arrivée imprévue d’un séraphin inconnu accompagné d’un supernaphin solitaire et de Gabriel de Salvington. Ce séraphin non enregistré possède les qualificatifs de l’ordre de Nébadon et porte des lettres de créance des Anciens des Jours d’Uversa, confirmées par Emmanuel de Salvington. Il se révèle que ce séraphin appartient à l’ordre suprême des anges d’un univers local, et nous l’avons déjà affecté au corps des conseillers d’enseignement. » 119:4.3 Pour cette effusion séraphique, Micaël fut absent de Salvington pendant une période de plus de quarante années du temps standard de l’univers. Durant cet intervalle, il fut attaché comme conseiller d’enseignement séraphique, une sorte de poste de secrétaire particulier, à vingt-six maitres instructeurs successifs, et travailla sur vingt-deux mondes différents. Son affectation finale fut celle de conseiller et d’assistant attaché à la mission d’effusion d’un Fils Instructeur de la Trinité sur le monde 462 du système 84 de la constellation 3 dans l’univers de Nébadon. 119:4.4 Durant les sept années de cette affectation, ce Fils Instructeur de la Trinité ne fut jamais tout à fait persuadé de l’identité de son associé séraphique. Il est vrai que, durant cette période, tous les séraphins furent considérés avec un intérêt et un soin particuliers. Nous savions parfaitement que notre Souverain bien-aimé était au loin dans l’univers, sous la forme d’un séraphin, mais nous ne pûmes jamais être certains de son identité. Il ne fut jamais identifié positivement avant l’époque de son attachement à la mission d’effusion de ce Fils Instructeur de la Trinité. Au cours de cette période, les séraphins suprêmes furent toujours traités avec une sollicitude spéciale, de crainte que l’un de nous ne découvre qu’à son insu, il avait été l’hôte recevant le Souverain de l’univers en mission d’effusion sous forme d’une créature. En ce qui concerne les anges, il est donc devenu éternellement vrai que leur Créateur et Dirigeant a été « en tous points tenté et éprouvé dans la similitude d’une personnalité séraphique ». 119:4.5 À mesure que ces effusions successives participèrent davantage de la nature des formes inférieures de la vie universelle, Gabriel fut de plus en plus associé à ces aventures d’incarnation, opérant comme agent de liaison universel entre le Micaël en effusion et Emmanuel, le dirigeant intérimaire de l’univers. 119:4.6 Micaël a maintenant passé par l’expérience d’effusion de trois ordres des Fils de l’univers qu’il avait créés : les Melchizédeks, les Lanonandeks et les Fils Matériels. Ensuite, il condescend à se personnaliser dans la similitude de la vie angélique sous l’aspect d’un séraphin suprême, avant de tourner son attention vers les diverses phases des carrières ascendantes de ses créatures volitives de la forme la plus humble, les mortels évolutionnaires du temps et de l’espace. 5. La cinquième effusion 119:5.1 Il y a un peu plus de trois-cent-millions d’années à la manière dont on compte le temps sur Urantia, nous fûmes témoins d’un nouveau transfert d’autorité sur l’univers à Emmanuel, et nous observâmes les préparatifs de départ de Micaël. Cette occasion fut différente des précédentes, en ce sens que Micaël annonça que sa destination était Uversa, siège du superunivers d’Orvonton. Notre Souverain partit en temps voulu, mais les télédiffusions du superunivers ne mentionnèrent jamais son arrivée auprès de la cour des Anciens des Jours. Peu après son départ de Salvington, les télédiffusions d’Uversa firent paraitre ce compte rendu significatif : « Il est arrivé aujourd’hui, sans annonce préalable ni numéro d’identité, un pèlerin ascendant d’origine mortelle venant de l’univers de Nébadon, confirmé par Emmanuel de Salvington et accompagné de Gabriel de Nébadon. Cet être non identifié présente le statut d’un véritable esprit et il a été reçu dans notre communauté. » 119:5.2 Si vous visitiez Uversa aujourd’hui, vous y entendriez raconter l’histoire du temps où Éventod y séjourna, car c’est sous ce nom que fut connu, sur Uversa, ce pèlerin spécial et inconnu du temps et de l’espace. Cet ascendeur mortel, ou du moins une splendide personnalité exactement semblable au stade d’esprit des ascendeurs mortels, vécut et travailla sur Uversa pendant onze années du temps standard d’Orvonton. Cet être reçut les affectations et accomplit les tâches d’un être mortel spirituel, en commun avec ses semblables des divers univers locaux d’Orvonton. En « tous points il fut tenté et éprouvé, de même que ses compagnons », et, dans toutes les circonstances, il se montra digne de la confiance de ses supérieurs et immanquablement força le respect et l’admiration loyale de ses compagnons spirituels. 119:5.3 Sur Salvington, nous suivîmes la carrière de ce pèlerin spirituel avec un intérêt extrême, sachant parfaitement, par la présence de Gabriel, que cet esprit pèlerin modeste et sans numéro d’ordre n’était autre que le chef effusé de notre univers local. Cette première apparition de Micaël, incarné dans le rôle d’un stade d’évolution de mortel, fut un évènement qui passionna et captiva tout Nébadon. Nous avions entendu parler de ces choses, mais maintenant nous pouvions les observer. Micaël apparut sur Uversa comme un mortel spirituel pleinement développé et parfaitement entrainé ; il continua sa carrière comme tel jusqu’au moment où un groupe d’ascendeurs mortels progressa jusqu’à Havona. Il eut alors un entretien avec les Anciens des Jours et prit aussitôt congé d’Uversa, en compagnie de Gabriel, d’une manière soudaine et discrète. Peu après, il apparut à sa place accoutumée sur Salvington. 119:5.4 Ce ne fut pas avant le parachèvement de cette effusion que nous commençâmes à soupçonner que Micaël allait probablement s’incarner dans la similitude de ses divers ordres de personnalités de l’univers, allant des plus hauts Melchizédeks jusqu’au bas de l’échelle chez les mortels de chair et de sang des mondes évolutionnaires du temps et de l’espace. Vers cette époque, les collèges Melchizédeks commencèrent à enseigner la probabilité que Micaël s’incarnerait, un jour, comme un mortel dans la chair, et l’on se mit à spéculer beaucoup sur les techniques possibles d’une effusion aussi inexplicable. Le fait que Micaël en personne ait joué le rôle d’un mortel ascendant prêtait un intérêt nouveau et accru à tout le plan de progression des créatures sur la route qui monte à travers l’univers local et le superunivers. 119:5.5 Cependant, la technique de ces effusions successives resta un mystère. Gabriel lui-même avoue qu’il ne comprend pas la méthode par laquelle ce Fils du Paradis, Créateur d’un univers, pouvait, à volonté, assumer la personnalité et vivre la vie d’une de ses propres créatures subordonnées. 6. La sixième effusion 119:6.1 Maintenant que tout Salvington était habitué aux préliminaires d’une effusion imminente, Micaël convoqua les hôtes de sa planète-siège et, pour la première fois, exposa le reste du plan d’incarnation ; il annonça qu’il devrait bientôt quitter Salvington en vue d’assumer la carrière d’un mortel morontiel auprès de la cour des Très Hauts Pères sur la planète-siège de la cinquième constellation. Ensuite, nous entendîmes, pour la première fois, l’annonce que sa septième et dernière effusion aurait lieu dans la similitude de la chair mortelle sur un monde évolutionnaire. 119:6.2 Avant de quitter Salvington pour sa sixième effusion, Micaël adressa une allocution aux habitants rassemblés de la sphère, et partit sous le regard de tous les assistants, accompagné d’un séraphin solitaire et de la Radieuse Étoile du Matin de Nébadon. La direction de l’univers avait de nouveau été confiée à Emmanuel, mais les responsabilités administratives avaient été plus largement réparties. 119:6.3 Micaël apparut au siège de la cinquième constellation comme un mortel morontiel de statut ascendant dans la plénitude de ses moyens. Je regrette qu’il me soit interdit de révéler les détails de cette carrière d’un mortel morontiel non numéroté, car ce fut l’une des époques les plus extraordinaires et stupéfiantes dans l’expérience d’effusion de Micaël, sans même en excepter son séjour poignant et tragique sur Urantia. Parmi les nombreuses restrictions qui me furent imposées quand j’acceptai ma mission, l’une d’elles m’interdit de donner les détails de cette merveilleuse carrière de Micaël sous l’aspect du mortel morontiel d’Endantum. 119:6.4 Quand Micaël revint de cette effusion morontielle, il fut évident pour nous tous que notre Créateur était devenu l’un de nos semblables, que le Souverain de l’Univers était aussi l’ami et l’aide compatissant des formes d’intelligences créées, même les plus humbles, de ses royaumes. Nous avions déjà noté auparavant qu’il acquérait progressivement le point de vue des créatures dans l’administration de l’univers, car cette assimilation était apparue graduellement ; mais elle devint plus marquée après le parachèvement de son effusion comme mortel morontiel, et encore davantage après son retour de la carrière de fils du charpentier sur Urantia. 119:6.5 Gabriel nous informa d’avance du moment où Micaël serait libéré de son effusion morontielle, et, en conséquence, nous préparâmes une réception appropriée sur Salvington. Des millions et des millions d’êtres s’étaient rassemblés des mondes-sièges des constellations de Nébadon, et la majorité des hôtes des mondes adjacents à Salvington fut réunie pour lui souhaiter la bienvenue à la reprise de son règne sur son univers. En réponse à nos nombreux discours de bienvenue et marques d’appréciation pour un Souverain portant un intérêt aussi vital à ses créatures, Micaël se borna à répondre : « Je me suis simplement occupé des affaires de mon Père. Je fais simplement ce qui plait aux Fils du Paradis qui aiment leurs créatures et cherchent ardemment à les comprendre. » 119:6.6 Mais, à partir de ce jour-là et jusqu’à l’heure où Micaël se lança dans son aventure sur Urantia en tant que Fils de l’Homme, tout Nébadon poursuivit la discussion des nombreux exploits de son Dirigeant Souverain alors qu’il exerçait ses activités sur Endantum en tant qu’incarnation effusée d’un ascendeur mortel morontiel évolutionnaire ; il y fut en tous points éprouvé comme ses compagnons rassemblés des mondes matériels de toute la constellation où il séjournait. 7. La septième et dernière effusion 119:7.1 Pendant des dizaines de milliers d’années, nous attendîmes tous avec impatience la septième et dernière effusion de Micaël. Gabriel nous avait appris que cette mission terminale s’effectuerait dans la similitude de la chair mortelle, mais nous ignorions complètement le moment, le lieu et le processus de cette aventure culminante. 119:7.2 L’annonce publique que Micaël avait choisi Urantia pour théâtre de son effusion finale fut faite peu après la nouvelle de la défaillance d’Adam et d’Ève. Ainsi, pendant plus de trente-cinq-mille ans, votre monde a occupé une place marquante dans les conseils de l’univers local tout entier. À part le mystère de l’incarnation, nulle étape de l’effusion sur Urantia ne comporta de secrets. Du commencement à la fin, et jusqu’au retour triomphal de Micaël sur Salvington comme Souverain Suprême de son univers, tout ce qui se passa sur votre monde infime, mais hautement honoré, reçut la publicité universelle la plus complète. 119:7.3 Jusqu’au moment de l’évènement lui-même, nous n’avions jamais su que Micaël apparaitrait sur terre comme un bébé impuissant du royaume, mais nous avions pensé qu’il emploierait cette méthode. Auparavant, il était toujours apparu comme un individu pleinement développé du groupe de personnalités choisi pour l’effusion. Quand la télédiffusion de Salvington annonça que le petit enfant de Bethléem était né sur Urantia, cette nouvelle fit sensation. 119:7.4 Non seulement nous nous rendîmes alors compte que notre Créateur et ami franchissait l’étape la plus précaire de toute sa carrière en risquant apparemment sa position et son autorité dans cette effusion sous forme de bébé sans défense, mais nous comprîmes aussi que son expérience dans cette effusion finale sous la forme d’un être mortel l’installerait pour l’éternité sur son trône comme souverain indiscuté et suprême de l’univers de Nébadon. Pendant un tiers de siècle du temps de la Terre, tous les regards, dans toutes les parties de notre univers local, convergèrent sur Urantia. Toutes les intelligences se rendirent compte que la dernière effusion suivait son cours. Nous connaissions depuis longtemps la rébellion de Lucifer dans Satania et la désaffection de Caligastia sur Urantia ; nous comprenions donc fort bien l’intensité de la lutte qui aurait lieu quand notre chef condescendrait à s’incarner sur Urantia sous l’humble forme et la similitude de la chair mortelle. 119:7.5 Joshua ben Joseph, le bébé juif, fut conçu et naquit dans le monde exactement comme tous les autres enfants avant lui et après lui, sauf que cet enfant particulier était l’incarnation de Micaël de Nébadon, un divin Fils du Paradis et le créateur de tout cet univers local de choses et d’êtres. Ce mystère de l’incarnation de la Déité dans la forme humaine de Jésus, dont l’origine était par ailleurs naturelle sur Urantia, restera éternellement impénétré. Même dans l’éternité, vous ne connaitrez jamais la technique et la méthode de l’incarnation du Créateur dans la forme et la similitude de ses créatures. C’est le secret de Sonarington, et ces mystères sont la propriété exclusive des Fils divins qui ont passé par l’expérience de l’effusion. 119:7.6 Certains sages de la Terre connaissaient l’arrivée imminente de Micaël. Par les contacts entre mondes, ces sages doués de clairvoyance spirituelle apprirent l’effusion prochaine de Micaël sur Urantia, et les séraphins en firent l’annonce, par l’intermédiaire des médians, à un groupe de prêtres chaldéens dont le chef était Ardnon. Ces hommes de Dieu rendirent visite à l’enfant nouveau-né dans la crèche. Le seul évènement surnaturel associé à la naissance de Jésus fut cette annonciation à Ardnon et à ses compagnons par les séraphins qui avaient autrefois été attachés à Adam et Ève dans le premier jardin. 119:7.7 Les parents humains de Jésus étaient des gens moyens de leur époque et de leur génération, et ce Fils de Dieu incarné naquit donc d’une femme et fut élevé à la manière ordinaire des enfants de cette race et de cet âge. 119:7.8 L’histoire du séjour de Micaël sur Urantia, le récit de l’effusion de mortel du Fils Créateur sur votre monde, est une affaire qui dépasse la portée et le but du présent fascicule. 8. Le statut de Micaël après ses effusions 119:8.1 Après l’effusion finale et réussie de Micaël sur Urantia, non seulement il fut accepté par les Anciens des Jours comme dirigeant souverain de Nébadon, mais il fut aussi reconnu par le Père Universel comme directeur confirmé de l’univers local qu’il avait créé. Lors de son retour sur Salvington, ce Micaël, Fils de l’Homme et Fils de Dieu, fut proclamé dirigeant permanent de Nébadon. D’Uversa vint la huitième proclamation de la souveraineté de Micaël, tandis que du Paradis arriva une déclaration conjointe du Père Universel et du Fils Éternel qui instituait cet être, union de Dieu et de l’homme, comme seul chef de l’univers, et qui demandait à l’Union des Jours stationné sur Salvington de signifier son intention de se retirer au Paradis. Les Fidèles des Jours sur les mondes-sièges des constellations reçurent aussi des instructions pour démissionner des conseils des Très Hauts. Mais Micaël ne voulut pas consentir que fussent retirés les Fils Trinitaires de conseil et de coopération. Il les rassembla sur Salvington et les pria personnellement de rester perpétuellement à leur poste dans Nébadon. Ils signifièrent, à leurs directeurs du Paradis, leur désir d’accéder à cette requête, et peu après furent émis les ordres de séparation d’avec le Paradis qui attachaient pour toujours ces Fils de l’univers central à la cour de Micaël de Nébadon. 119:8.2 Il avait fallu presque un milliard d’années du temps d’Urantia pour parachever la carrière d’effusion de Micaël et pour procéder à l’établissement définitif de son autorité suprême dans l’univers de sa propre création. Micaël naquit créateur, il fut éduqué comme administrateur, formé comme directeur exécutif, mais il lui fallut gagner sa souveraineté par expérience. C’est ainsi que votre petit monde fut connu de tout Nébadon comme le cadre où Micaël paracheva l’expérience exigée de tout Fils Créateur du Paradis avant qu’il ne reçoive la direction et le contrôle illimités de l’univers créé par lui-même. À mesure que vous vous élèverez dans l’univers local, vous en apprendrez davantage sur les idéaux des personnalités impliquées dans les effusions antérieures de Micaël. 119:8.3 En parachevant ses effusions de créature, non seulement Micaël établissait sa propre souveraineté, mais il augmentait aussi la souveraineté évoluante de Dieu le Suprême. Au cours de ces effusions, non seulement le Fils Créateur se lança dans une exploration descendante des diverses natures de la personnalité des créatures, mais il parvint aussi à révéler les volontés diversifiées des Déités du Paradis dont l’unité synthétique, telle qu’elle est révélée par les Créateurs Suprêmes, dévoile la volonté de l’Être Suprême. 119:8.4 Ces divers aspects volitifs des Déités sont éternellement personnalisés dans les natures différentes des Sept Maitres Esprits, et chacune des effusions de Micaël était particulièrement révélatrice de l’une de ces manifestations de divinité. Dans son effusion Melchizédek, il manifesta la volonté unifiée du Père, du Fils et de l’Esprit. Dans son effusion Lanonandek, il manifesta la volonté du Père et du Fils. Dans l’effusion adamique, il révéla la volonté du Père et de l’Esprit, et, dans l’effusion séraphique, la volonté du Fils et de l’Esprit. Dans l’effusion en tant que mortel sur Uversa, il dépeignit la volonté de l’Acteur Conjoint et, dans l’effusion de mortel morontiel, la volonté du Fils Éternel. Enfin, dans l’effusion matérielle sur Urantia, il vécut la volonté du Père Universel, précisément comme un mortel de chair et de sang. 119:8.5 Du parachèvement de ces sept effusions résulta la libération de la souveraineté suprême de Micaël et également la création de la possibilité, pour le Suprême, d’atteindre la souveraineté dans Nébadon. Dans aucune de ses effusions, Micaël ne révéla Dieu le Suprême, mais la somme de ses sept effusions est une nouvelle révélation de l’Être Suprême dans Nébadon. 119:8.6 Dans l’expérience de la descente de Dieu vers l’homme, Micaël expérimentait en même temps une ascension partant des possibilités de manifestations partielles. Il s’élevait à la suprématie de l’action finie et à la finalité de la libération de son potentiel pour une fonction absonite. Micaël, Fils Créateur, est un créateur dans l’espace-temps, mais Micaël, Maitre Fils septuple, est membre de l’un des corps divins constituant l’Ultime de la Trinité. 119:8.7 En faisant l’expérience de révéler les volontés des Sept Maitres Esprits issus de la Trinité, le Fils Créateur a passé par l’expérience de dévoiler la volonté du Suprême. En opérant comme révélateur de la volonté de la Suprématie, Micaël, à l’instar de tous les autres Maitres Fils, s’est identifié lui-même avec le Suprême pour l’éternité. Au cours du présent âge de l’univers, il révèle le Suprême et participe à l’actualisation de la souveraineté de la Suprématie. Par contre, dans le prochain âge de l’univers, nous croyons que Micaël collaborera avec l’Être Suprême dans la première Trinité expérientielle dans les univers de l’espace extérieur et en faveur de ces univers. 119:8.8 Urantia est le sanctuaire sentimental de tout Nébadon ; la plus importante de dix-millions de planètes habitées, la demeure humaine de Christ Micaël, souverain de tout Nébadon, ministre Melchizédek auprès des royaumes, sauveur systémique, rédempteur adamique, compagnon séraphique, associé des esprits ascendants, progresseur morontiel, Fils de l’Homme dans la similitude de la chair mortelle et Prince Planétaire d’Urantia. Et vos Écritures disent la vérité en affirmant que ce même Jésus a promis de revenir, un jour, sur le monde de son effusion terminale, le Monde de la Croix. 119:8.9 ~ ~ ~ ~ 119:8.10 [Ce fascicule, décrivant les sept effusions de Christ Micaël, est le soixante-troisième d’une série de présentations parrainée par de nombreuses personnalités, retraçant l’histoire d’Urantia jusqu’à l’époque où Micaël apparut sur terre dans la similitude de la chair mortelle. Ces fascicules furent autorisés par une commission nébadonienne de douze membres agissant sous la direction de Mantutia Melchizédek. Nous avons rédigé ces exposés et nous les avons mis en langue anglaise par une technique permise par nos supérieurs, en l’an 1935 de l’ère chrétienne d’Urantia.] FASCICULE 120. L’effusion de Micaël sur Urantia 120:0.1 Chargé par Gabriel de superviser la reformulation du récit de la vie de Micaël sur Urantia dans la similitude de la chair mortelle, moi, le Melchizédek directeur de la commission de révélation à qui fut confiée cette tâche, je suis autorisé à présenter cette narration de certains évènements qui ont immédiatement précédé le moment où le Fils Créateur est arrivé sur Urantia pour aborder la phase terminale de son expérience d’effusion universelle. Vivre une vie identique à celle qu’il impose aux êtres intelligents de sa propre création, donc de s’effuser dans la similitude de ses divers ordres d’êtres créés, représente une partie du prix que chaque Fils Créateur doit payer pour gagner la souveraineté complète et suprême de l’univers de choses et d’êtres qu’il a lui-même édifié. 120:0.2 Avant les évènements que je vais retracer, Micaël de Nébadon s’était effusé six fois, dans la similitude de six ordres différents de sa création variée d’êtres intelligents. Ensuite, il se prépara à descendre sur Urantia dans la similitude des mortels incarnés, l’ordre le plus humble de ses créatures volitives intelligentes, et, en tant qu’humain du royaume matériel, à exécuter l’acte final de l’épopée lui permettant d’acquérir la souveraineté de son univers conformément aux directives des divins Dirigeants du Paradis de l’univers des univers. 120:0.3 Au cours de chacune des précédentes effusions, Micaël acquit non seulement l’expérience finie d’un groupe de ses êtres créés, mais aussi une expérience essentielle de coopération avec le Paradis qui devait, en elle-même et par elle-même, apporter une nouvelle contribution à son établissement comme souverain de l’univers qu’il avait lui-même édifié. À tout moment du passé du temps de l’univers local, Micaël aurait pu revendiquer la souveraineté personnelle en tant que Fils Créateur, et, en tant que Fils Créateur, il aurait pu gouverner son univers de la manière qu’il aurait choisie. Dans ce cas, Emmanuel et les Fils associés du Paradis auraient pris congé de cet univers. Mais Micaël ne désirait pas gouverner Nébadon uniquement selon son propre droit isolé de Fils Créateur. Il désirait, par une expérience effective de subordination coopérative à la Trinité du Paradis, s’élever à cette haute situation de statut universel où il deviendrait qualifié pour diriger son univers et en administrer les affaires avec cette perfection de discernement et cette sagesse d’exécution qui seront un jour caractéristiques du gouvernement exalté de l’Être Suprême. Il n’aspirait pas tant à la perfection de gouvernement d’un Fils Créateur qu’à la suprématie d’administration en tant que personnification de la sagesse universelle et de la divine expérience de l’Être Suprême. 120:0.4 Micaël avait donc un double dessein en accomplissant ses sept effusions sur les divers ordres de créatures de son univers. Premièrement, il complétait l’expérience nécessaire de compréhension des créatures exigée de tous les Fils Créateurs avant qu’ils n’assument une souveraineté complète. À tout moment, un Fils Créateur peut gouverner son univers de son propre droit, mais il ne peut gouverner comme représentant suprême de la Trinité du Paradis qu’après avoir passé par les sept effusions dans la similitude des créatures de son univers. Deuxièmement, il aspirait au privilège de représenter l’autorité maximum de la Trinité du Paradis susceptible d’être exercée dans l’administration directe et personnelle d’un univers local. En conséquence, pendant l’expérience de chacune de ses effusions, Micaël se subordonna volontairement, avec succès et d’une manière satisfaisante aux volontés diversement constituées des diverses associations de personnes de la Trinité du Paradis. Autrement dit, lors de la première effusion, il se soumit à la volonté conjuguée du Père, du Fils et de l’Esprit ; lors de la deuxième, à la volonté du Père et du Fils ; lors de la troisième, à la volonté du Père et de l’Esprit ; lors de la quatrième effusion, à la volonté du Fils et de l’Esprit ; lors de la cinquième, à la volonté de l’Esprit Infini ; lors de la sixième, à la volonté du Fils Éternel ; et, durant la septième et dernière effusion sur Urantia, à la volonté du Père Universel. 120:0.5 Dans sa souveraineté personnelle, Micaël conjugue donc la volonté divine des septuples phases des Créateurs universels avec l’expérience compréhensive des créatures de son univers local. Son administration est ainsi devenue représentative du maximum d’autorité et de pouvoir, tout en étant exempte de toute prétention arbitraire. Son pouvoir est illimité, puisqu’il dérive d’une association expérimentale avec les Déités du Paradis. Son autorité est indiscutée dans la mesure où elle a été acquise par une expérience effective dans la similitude des créatures de l’univers. Sa souveraineté est suprême, puisqu’elle incorpore simultanément le septuple point de vue de la Déité du Paradis et le point de vue des créatures du temps et de l’espace. 120:0.6 Après avoir déterminé le moment de son effusion finale et choisi la planète où cet évènement extraordinaire aurait lieu, Micaël tint avec Gabriel la conférence habituelle précédant une effusion et se présenta ensuite devant Emmanuel, son frère ainé et conseiller paradisiaque. Micaël confia alors, à la garde d’Emmanuel, tous les pouvoirs d’administration universelle qui n’avaient pas été antérieurement conférés à Gabriel. Juste avant que Micaël ne parte s’incarner sur Urantia, Emmanuel, en acceptant la garde de l’univers pendant le temps de l’effusion sur Urantia, entreprit de transmettre les recommandations d’usage en cas d’effusion, qui allaient servir de directives à Micaël pour son incarnation quand il grandirait bientôt sur Urantia en tant que mortel du royaume. 120:0.7 À ce propos, il faut se rappeler que Micaël avait choisi de procéder à cette effusion dans la similitude de la chair mortelle et soumis à la volonté du Père du Paradis. Le Fils Créateur n’avait besoin d’instructions de personne pour effectuer cette incarnation s’il avait eu pour but unique de parvenir à la souveraineté de son univers. Mais il s’était engagé dans un programme de révélation du Suprême qui impliquait un fonctionnement coopératif avec les diverses volontés des Déités du Paradis. De cette manière, sa souveraineté une fois définitivement et personnellement acquise inclurait effectivement en totalité la volonté septuple de la Déité telle qu’elle culmine dans le Suprême. Micaël avait donc déjà reçu, six fois dans le passé, des instructions des représentants personnels des diverses Déités du Paradis et de leurs associations. Maintenant, il recevait les directives de l’Union des Jours, ambassadeur de la Trinité du Paradis auprès de l’univers local de Nébadon et agissant au nom du Père Universel. 120:0.8 Du fait que ce puissant Fils Créateur acceptât volontairement de se soumettre une fois de plus à la volonté des Déités du Paradis, cette fois à celle du Père Universel, résultaient des avantages immédiats et d’immenses compensations. Par cette décision d’accomplir un tel acte de subordination associative, Micaël allait connaitre, par expérience dans cette incarnation, non seulement la nature de l’homme mortel, mais aussi la volonté du Père Paradisiaque de tous. En outre, il pouvait se lancer dans cette effusion unique avec l’assurance complète que non seulement Emmanuel exercerait la pleine autorité du Père du Paradis pour administrer son univers pendant son absence lors de l’effusion sur Urantia : mais aussi avec le réconfort de savoir que les Anciens des Jours du superunivers avaient décrété que son royaume serait en sécurité pendant toute la période de l’effusion. 120:0.9 Tel fut le cadre de cet évènement capital au cours duquel Emmanuel présenta la mission de la septième effusion. Et je suis autorisé à donner les extraits suivants des recommandations faites avant l’effusion par Emmanuel au chef de l’univers local, qui devint ensuite Jésus de Nazareth (le Christ Micaël) sur Urantia : 1. La mission de la septième effusion 120:1.1 « Mon frère Créateur, je suis sur le point d’assister à ta septième et dernière effusion universelle. C’est de la manière la plus fidèle et la plus parfaite que tu as exécuté les six missions précédentes, et je n’entretiens d’autre pensée que celle d’un même triomphe pour celle-ci, ton effusion finale pour la souveraineté. Jusqu’ici, tu es apparu sur tes sphères d’effusion comme un être pleinement développé de l’ordre que tu avais choisi. Maintenant, tu vas bientôt apparaitre sur Urantia, la planète désordonnée et perturbée de ton choix, non comme un mortel pleinement développé, mais comme un nouveau-né sans défense. Ceci, mon cher compagnon, va être pour toi une expérience nouvelle et non encore tentée. Tu vas bientôt payer le plein prix d’une effusion et expérimenter l’illumination complète d’un Créateur s’incarnant dans la similitude d’une créature. 120:1.2 « Tout au long de chacune de tes effusions précédentes, tu as volontairement choisi de te soumettre à la volonté des trois Déités du Paradis et de leurs interassociations divines. Tu as, lors de tes effusions précédentes, été soumis à toutes les sept phases de la volonté du Suprême, excepté à la volonté personnelle de ton Père au Paradis. Maintenant que tu as décidé de te soumettre à la volonté de ton Père durant ta septième effusion, moi, en tant que représentant personnel de notre Père, j’assume la juridiction inconditionnelle de ton univers pendant le temps de ton incarnation. 120:1.3 « En entreprenant l’effusion sur Urantia, tu t’es volontairement dépouillé de tout soutien extraplanétaire et de toute assistance spéciale qui auraient pu t’être offerts par des créatures de ta propre création. De même que tes fils créés de Nébadon dépendent entièrement de toi pour être guidés en sécurité au long de leur carrière universelle, de même il faut maintenant que tu te mettes, entièrement et sans réserve, sous la dépendance de ton Père du Paradis pour être guidé avec sécurité à travers les vicissitudes non révélées de ta prochaine carrière en tant que mortel. Et, quand tu auras achevé cette expérience d’effusion, tu connaitras, dans toute sa vérité, le plein sens et la riche signification de cette confiance dans la foi dont tu exiges si invariablement la maitrise par toutes tes créatures comme part de leurs relations intimes avec toi en tant que Créateur et Père de leur univers local. 120:1.4 « Tout au long de ton effusion sur Urantia, tu n’as besoin de te soucier que d’une chose, la communion ininterrompue entre toi et ton Père du Paradis. Et ce sera par la perfection d’une telle relation que le monde de ton effusion, et même tout l’univers de ta création, percevront une révélation nouvelle et plus compréhensible de ton Père et de mon Père, le Père Universel de tous. Tu n’as donc à te soucier que de ta vie personnelle sur Urantia. Je serai pleinement et efficacement responsable de l’administration ininterrompue et de la sécurité de ton univers à partir du moment où tu en auras volontairement abandonné l’autorité jusqu’à celui où tu nous reviendras comme Souverain d’Univers, confirmé par le Paradis, et où tu recevras de mes mains, non pas l’autorité de vice-gérant que tu m’abandonnes maintenant, mais bien le pouvoir suprême et la juridiction sur ton univers. 120:1.5 « Afin que tu puisses savoir avec certitude que j’ai le pouvoir de faire tout ce que je te promets en ce moment (sachant bien que je représente l’assurance de tout le Paradis pour l’accomplissement fidèle de ma parole), je t’annonce que l’on vient de me communiquer une décision des Anciens des Jours d’Uversa qui écartera tout péril spirituel dans Nébadon pendant toute la période de ton effusion volontaire. À partir du moment où tu abandonneras ta conscience, au commencement de ton incarnation mortelle, jusqu’à ton retour vers nous comme souverain suprême et inconditionnel de cet univers que tu as toi-même créé et organisé, rien de grave ne peut arriver dans tout Nébadon. Pendant l’intérim de ton incarnation, je détiens les instructions des Anciens des Jours qui ordonnent, sans ambages, l’anéantissement instantané et automatique de tout être coupable de rébellion ou cherchant à susciter, en ton absence, pendant la durée de ton effusion, une insurrection dans l’univers de Nébadon. Mon frère, vu l’autorité du Paradis inhérente à ma présence et accrue par le mandat juridique d’Uversa, ton univers et toutes ses créatures loyales seront en sécurité durant ton effusion. Tu peux partir pour ta mission avec une seule pensée – élargir la révélation de notre Père aux êtres intelligents de ton univers. 120:1.6 « Comme dans toutes tes effusions antérieures, je voudrais te rappeler que je suis dépositaire de la juridiction de ton univers à titre de frère mandataire. J’exerce toute autorité et fais usage de tout pouvoir en ton nom. J’opère comme le ferait notre Père du Paradis et conformément à ta requête explicite d’agir ainsi à ta place. Cela étant, toute cette autorité déléguée te reviendra pour l’exercer à tout moment que tu jugeras approprié pour demander sa restitution. Ton effusion est entièrement volontaire dans toutes ses phases. En tant que mortel incarné dans le royaume, tu seras dépourvu de dotations célestes, mais tu peux récupérer tout le pouvoir abandonné à tout moment que tu choisiras pour te réinvestir de ton autorité universelle. Si tu choisissais de reprendre ton statut de pouvoir et d’autorité, rappelle-toi que ce serait uniquement pour des raisons personnelles, puisque je suis le gage suprême et vivant dont la présence et la promesse garantissent l’administration de ton univers en toute sécurité, conformément à la volonté de ton Père. Une rébellion, comme il s’en est produit trois fois dans Nébadon, ne peut se produire pendant ton absence de Salvington pour cette effusion. Pour la durée de ton effusion sur Urantia, les Anciens des Jours ont décrété que toute rébellion dans Nébadon porterait en elle-même le germe automatique de sa propre annihilation. 120:1.7 « Tant que tu seras absent pour cette effusion finale et extraordinaire, je m’engage (avec la coopération de Gabriel) à administrer fidèlement ton univers. En te mandatant pour entreprendre ce ministère de révélation divine et subir cette expérience de compréhension humaine rendue parfaite, j’agis au nom de mon Père et ton Père, et je t’offre les conseils suivants qui devraient te guider pour vivre ta vie terrestre à mesure que tu prendras progressivement conscience de la mission divine attachée à ton séjour prolongé dans la chair. » 2. Les limitations de l’effusion 120:2.1 « 1. Selon les usages et conformément à la technique de Sonarington – conformément aux mandats du Fils Éternel du Paradis – j’ai pris toutes les dispositions nécessaires pour que tu puisses entreprendre immédiatement cette effusion de mortel en harmonie avec les plans que tu as établis et qui ont été confiés à ma garde par Gabriel. Tu grandiras sur Urantia comme un enfant du royaume, tu y compléteras ton éducation humaine – en restant constamment soumis à la volonté de ton Père du Paradis – tu vivras ta vie sur Urantia comme tu l’as déterminé, tu termineras ton séjour planétaire et tu prépareras ton ascension jusqu’auprès de ton Père pour recevoir de lui la souveraineté suprême de ton univers. 120:2.2 « 2. En dehors de ta mission terrestre et de ta révélation à l’univers, mais en rapport avec chacune de celles-ci, je te conseille, dès lors que tu auras de façon suffisante personnellement conscience de ton identité divine, de prendre sur toi la tâche additionnelle de mettre fin techniquement à la rébellion de Lucifer dans le système de Satania et de faire tout ceci en tant que Fils de l’Homme, donc, en tant que créature mortelle du royaume rendue puissante dans sa faiblesse parce qu’elle s’est soumise par la foi à la volonté de son Père, je suggère que tu aboutisses, par grâce, à tout ce que tu as maintes et maintes fois refusé d’accomplir arbitrairement par force et puissance quand tu disposais de ces pouvoirs, au temps où éclata cette rébellion coupable et injustifiée. Je considérerais comme l’apogée appropriée de ton effusion en tant que mortel, le fait que tu reviennes parmi nous comme Fils de l’Homme, Prince Planétaire d’Urantia, en même temps que Fils de Dieu, souverain suprême de ton univers. En tant qu’homme mortel, type le plus inférieur de créature intelligente dans Nébadon, affronte et juge les prétentions blasphématoires de Caligastia et de Lucifer ; et, dans l’humble état que tu auras assumé, mets fin pour toujours aux honteuses présentations erronées de ces enfants de lumière déchus. Tu as refusé avec persistance de discréditer ces rebelles par l’exercice de tes prérogatives de créateur, il convient maintenant que, dans la similitude des êtres les plus humbles de ta création, tu arraches la domination des mains de ces Fils déchus. Ainsi, ton univers local tout entier reconnaitra-t-il en toute équité, clairement et pour toujours, que tu as été juste en faisant, sous la forme de mortel incarné, les choses que la miséricorde t’exhortait à ne pas faire par la puissance d’une autorité arbitraire. Ayant ainsi, par ton effusion, établi la possibilité de la souveraineté du Suprême dans Nébadon, tu auras, en fait, mené à leur terme les affaires restées en suspens de toutes les insurrections antérieures, quel que soit le temps encore plus ou moins long nécessaire à leur conclusion effective. Par cet acte, les dissensions en cours dans ton univers seront réglées quant au fond. Par la suite, quand tu seras doté de la souveraineté suprême sur ton univers, de semblables défis à ton autorité ne pourront plus jamais se reproduire dans aucune partie de ta grande création personnelle. 120:2.3 « 3. Quand tu auras réussi à mettre fin à la sécession d’Urantia – et tu y parviendras indubitablement – je te conseille d’accepter que Gabriel te confère le titre de « Prince Planétaire d’Urantia » en tant que signe de la reconnaissance éternelle, par ton univers, de ton expérience finale d’effusion et ensuite de prendre toutes mesures compatibles avec le sens de ton effusion pour compenser l’affliction et la confusion amenées sur Urantia par la trahison de Caligastia et la faute adamique ultérieure. 120:2.4 « 4. Conformément à ta requête, Gabriel et tous les intéressés coopéreront avec toi dans le désir exprimé de terminer ton effusion sur Urantia par le prononcé d’un jugement dispensationnel du royaume, accompagné par la fin d’un âge, par la résurrection des survivants mortels endormis et par l’établissement de la dispensation de l’Esprit de Vérité effusé. 120:2.5 « 5. En ce qui concerne la planète de ton effusion et la génération immédiate des hommes qui y vivront à l’époque de ton séjour en tant que mortel, je te conseille d’assumer largement le rôle d’un éducateur. Accorde, en premier lieu, ton attention à la libération et à l’inspiration de la nature spirituelle de l’homme. Ensuite, éclaire l’intelligence humaine enténébrée, guéris l’âme des hommes et affranchis leur mental des terreurs séculaires. Et alors, selon ta sagesse de mortel, apporte tes soins au bien-être physique et au confort matériel de tes frères incarnés. Vis la vie religieuse idéale pour l’inspiration et l’édification de tout ton univers. 120:2.6 « 6. Sur la planète de ton effusion, rends la liberté spirituelle à l’homme isolé par la rébellion. Apporte sur Urantia une contribution supplémentaire à la souveraineté du Suprême, étendant ainsi l’établissement de cette souveraineté jusqu’aux confins du vaste domaine de ta création personnelle. C’est grâce à ton effusion matérielle dans la similitude de la chair que tu es sur le point d’expérimenter l’illumination finale d’un Créateur de l’espace-temps, la double expérience de travailler dans les limites de la nature humaine et avec la volonté de ton Père du Paradis. Dans ta vie temporelle, la volonté de la créature finie et la volonté du Créateur infini sont destinées à ne devenir qu’une, de même qu’elles sont aussi en voie d’union chez la Déité évoluante de l’Être Suprême. Répands sur la planète de ton effusion l’Esprit de Vérité, et rends ainsi tous les hommes normaux de cette sphère isolée immédiatement et pleinement accessibles au ministère de la présence fractionnée de notre Père du Paradis, les Ajusteurs de Pensée des royaumes. 120:2.7 « 7. Dans tous tes accomplissements sur le monde de ton effusion, garde constamment la pensée que tu es en train de vivre une vie destinée à instruire et à édifier tout ton univers. Tu effuses cette vie d’incarnation mortelle sur Urantia, mais tu dois vivre cette vie pour inspirer spirituellement toutes les intelligences humaines et suprahumaines qui ont vécu, existent actuellement ou pourront encore vivre sur chacun des mondes habités qui ont formé, forment maintenant ou peuvent encore former une partie de la vaste galaxie de ton domaine administratif. Ta vie terrestre dans la similitude de la chair mortelle ne devra pas être vécue de façon à constituer un exemple pour les mortels d’Urantia de l’époque de ton séjour terrestre, ni pour l’une quelconque des générations d’êtres humains qui vivront ultérieurement sur Urantia ou sur n’importe quel autre monde. Bien plutôt, ta vie dans la chair sur Urantia sera une inspiration pour toutes les vies, sur tous les mondes de Nébadon à travers toutes les générations des âges à venir. 120:2.8 « 8. La grande mission que tu dois réaliser et expérimenter dans l’incarnation mortelle est contenue dans ta décision de vivre une vie consacrée de tout cœur à faire la volonté de ton Père du Paradis, et ainsi de révéler Dieu, ton Père, dans la chair et spécialement aux créatures de chair. En même temps, et d’une manière nouvelle et supérieure, tu interprèteras notre Père pour les êtres supramortels de tout Nébadon. Parallèlement à ce ministère de nouvelle révélation et d’interprétation élargie du Père du Paradis auprès de chaque type de mental humain et suprahumain, tu opéreras aussi de manière à effectuer une nouvelle révélation de l’homme à Dieu. Pendant ton unique et courte vie dans la chair, fais ressortir, comme cela ne s’est encore jamais vu antérieurement dans tout Nébadon, les possibilités transcendantes accessibles à un humain qui connait Dieu, pendant la brève carrière d’une existence mortelle, et offre une nouvelle et illuminante interprétation de l’homme et des vicissitudes de sa vie planétaire à toutes les intelligences suprahumaines de tout Nébadon, et ce, pour tous les temps. Tu dois descendre sur Urantia dans la similitude de la chair mortelle et, en y vivant comme un homme de ton temps et de ta génération, tu agiras de manière à montrer, à tout ton univers, l’idéal d’une technique perfectionnée dans l’engagement suprême des affaires de ta vaste création : l’accomplissement de Dieu cherchant l’homme et le trouvant, et le phénomène de l’homme cherchant Dieu et le trouvant ; tu réaliseras tout cela à leur satisfaction mutuelle, et pendant une courte vie dans la chair. 120:2.9 « 9. Je te recommande de garder constamment présent à l’esprit que, si, en fait, tu es destiné à devenir un homme ordinaire du royaume, en potentiel, tu demeureras un Fils Créateur du Père du Paradis. Bien que tu ailles vivre et agir comme un Fils de l’Homme, pendant toute cette incarnation, les attributs créatifs de ta divinité personnelle te suivront de Salvington à Urantia. Ta volonté aura toujours le pouvoir de mettre fin à l’incarnation à tout moment postérieur à l’arrivée de ton Ajusteur de Pensée. Avant l’arrivée et la réception de l’Ajusteur, je garantirai l’intégrité de ta personnalité, mais, après son arrivée et en même temps que tu reconnaitras progressivement la nature et l’importance de ta mission d’effusion, tu devrais t’abstenir de toute formulation de volonté suprahumaine d’aboutissement, de réussite ou de pouvoir, en raison du fait que tes prérogatives de créateur resteront associées à ta personnalité de mortel, parce que ces attributs sont inséparables de ta présence personnelle. Mais, en dehors de la volonté du Père du Paradis, nulle répercussion suprahumaine n’accompagnera ta carrière terrestre à moins que, par un acte de volonté consciente et délibérée, tu ne prennes une décision indivise se terminant par un choix de ta personnalité tout entière. » 3. Conseils et avis supplémentaires 120:3.1 « Et maintenant, mon frère, en prenant congé de toi tandis que tu te prépares à partir pour Urantia et après t’avoir conseillé sur la conduite générale de ton effusion, permets-moi de te présenter certains avis résultant d’une consultation avec Gabriel et concernant des phases mineures de ta vie de mortel. Voici ce que nous suggérons en plus : 120:3.2 « 1. Que, dans la poursuite de l’idéal de ta vie de mortel sur terre, tu accordes quelque attention à la réalisation et à la valeur d’exemple de certaines choses pratiques immédiatement utiles à tes compagnons humains. 120:3.3 « 2 .Au sujet des relations de famille, donne préséance aux coutumes acceptées de la vie de famille telles que tu les trouveras établies au jour et dans la génération de ton effusion. Vis ta vie familiale et communautaire conformément aux habitudes des gens parmi lesquels tu as choisi d’apparaitre. 120:3.4 « 3. Dans tes relations avec l’ordre social, nous te conseillons de limiter essentiellement tes efforts à la régénération spirituelle et à l’émancipation intellectuelle. Évite d’être mêlé à la structure économique et aux engagements politiques de ton époque. Consacre-toi plus spécialement à vivre la vie religieuse idéale sur Urantia. 120:3.5 « 4. En aucune circonstance, et même dans le plus infime détail, tu ne dois t’immiscer dans l’évolution progressive normale et ordonnée des races d’Urantia. Mais cette interdiction ne doit pas être interprétée comme limitant tes efforts pour laisser derrière toi, sur Urantia, un système durable et amélioré d’éthique religieuse positive. En tant que Fils dispensationnel, certains privilèges te sont accordés relatifs à l’avancement du statut spirituel et religieux des peuples du monde. 120:3.6 « 5. Dans la mesure où tu le jugeras opportun, tu dois t’assimiler aux mouvements religieux et spirituels existant sur Urantia, mais cherche, de toutes les manières possibles, à éviter l’établissement officiel d’un culte organisé, d’une religion cristallisée ou d’un groupement éthique séparé d’êtres humains. Ta vie et tes enseignements doivent devenir l’héritage commun de toutes les religions et de tous les peuples. 120:3.7 « 6. Afin de t’éviter de contribuer sans nécessité à la création, sur Urantia, de systèmes stéréotypés ultérieurs de croyances religieuses ou d’autres types d’allégeances religieuses non progressives, nous te donnons encore un conseil complémentaire : ne laisse aucun écrit derrière toi sur la planète. Abstiens-toi de tout écrit sur matériaux durables ; ordonne à tes associés de ne pas faire d’images ou d’autres portraits de ton corps physique. Veille à ne rien laisser de potentiellement idolâtre sur la planète au moment où tu la quitteras. 120:3.8 « 7. Pendant que tu vivras la vie sociale habituelle et ordinaire de la planète et que tu seras un individu normal du sexe masculin, tu n’entreras probablement pas dans la relation du mariage qui serait parfaitement honorable et compatible avec ton effusion ; mais je dois te rappeler que l’une des règles d’incarnation de Sonarington interdit qu’un Fils d’effusion originaire du Paradis laisse derrière lui une descendance humaine sur une planète quelconque. 120:3.9 « 8. Pour tous les autres détails de ta prochaine effusion, nous voudrions te confier aux directives de l’Ajusteur intérieur, aux enseignements de l’esprit divin toujours présent pour servir de guide aux hommes, et au jugement raisonnable du mental humain expansif dont tu seras doté par hérédité. Une telle association d’attributs de créature et de Créateur te permettra de vivre pour nous la vie parfaite de l’homme sur les sphères planétaires. Cette vie ne sera pas nécessairement parfaite au regard d’un homme particulier, d’une génération particulière sur un monde particulier (encore bien moins sur Urantia), mais sa plénitude sera estimée entière et suprême par les mondes plus perfectionnés et en cours de perfectionnement de ton vaste univers. 120:3.10 « Et maintenant, puisse ton Père et mon Père, qui nous a toujours soutenus dans tous nos accomplissements passés, te guider, te soutenir et être présent près de toi à partir du moment où tu nous quitteras, et où tu achèveras d’abandonner ta conscience de personnalité. Qu’il en soit ainsi tout au long de ton retour progressif à la récognition de ton identité divine incarnée sous forme humaine, et ensuite au cours de toute ton expérience d’effusion sur Urantia jusqu’à ta délivrance de la chair et ton ascension à la droite de la souveraineté de notre Père. Quand je te reverrai sur Salvington, nous célèbrerons ton retour en tant que souverain suprême et inconditionnel de cet univers que tu as toi-même créé, servi et complètement compris. 120:3.11 « Je règne maintenant à ta place. J’assume la juridiction de tout Nébadon en tant que souverain en fonction pendant l’intérim de ta septième effusion, celle d’un mortel sur Urantia. Et à toi, Gabriel, je confie la sauvegarde de celui qui est sur le point de devenir le Fils de l’Homme, jusqu’à ce qu’il me revienne bientôt en pouvoir et en gloire comme Fils de l’Homme et Fils de Dieu. Et, Gabriel, je suis ton souverain jusqu’à ce que Micaël revienne ainsi. » 120:3.12 ~ ~ ~ ~ 120:3.13 Alors, en présence de tout Salvington assemblé, Micaël se retira aussitôt de parmi nous, et nous ne le vîmes plus à sa place accoutumée avant son retour comme dirigeant suprême et personnel de l’univers après l’achèvement de sa carrière d’effusion sur Urantia. 4. L’incarnation – fusion des deux en un 120:4.1 C’est ainsi que certains enfants indignes de Micaël, qui avaient accusé leur Créateur-père de rechercher égoïstement la souveraineté et qui se permettaient d’insinuer que le Fils Créateur se maintenait arbitrairement et autocratiquement au pouvoir en vertu de la loyauté irraisonnée des créatures serviles d’un univers abusé, allaient être réduits définitivement au silence et laissés confondus et désillusionnés par la vie d’abnégation que le Fils de Dieu commençait maintenant en tant que Fils de l’Homme – restant constamment soumis à « la volonté du Père du Paradis ». 120:4.2 Mais ne vous méprenez pas : le Christ Micaël, tout en étant véritablement un être d’origine duelle, n’était pas une double personnalité. Il n’était pas Dieu en association avec l’homme, mais plutôt Dieu incarné dans l’homme, et il fut toujours précisément cet être composé. Le seul facteur progressif dans cette relation incompréhensible fut la récognition et la réalisation conscientes et progressives (par son mental humain) du fait d’être Dieu et homme. 120:4.3 Le Christ Micaël n’est pas progressivement devenu Dieu. Dieu n’est pas devenu homme à un moment décisif de la vie terrestre de Jésus. Jésus fut Dieu et homme, toujours et pour l’éternité. Ce Dieu et cet homme ne faisaient et ne font maintenant qu’un, de même que la Trinité Paradisiaque de trois êtres est en réalité une Déité. 120:4.4 Ne perdez jamais de vue le fait que le but spirituel suprême de l’effusion de Micaël était de rehausser la révélation de Dieu. 120:4.5 Les mortels d’Urantia ont des concepts variables du miraculeux, mais pour nous, qui vivons comme citoyens de l’univers local, il y a peu de miracles, et, parmi eux, les effusions d’incarnation des Fils du Paradis sont de beaucoup les plus mystérieux. L’apparition d’un Fils divin dans et sur votre monde, par un processus apparemment naturel, nous la considérons comme un miracle – le fonctionnement de lois universelles qui dépassent notre entendement – Jésus de Nazareth était une personne miraculeuse. 120:4.6 À travers et au cours de toute cette expérience extraordinaire, Dieu le Père choisit de se manifester comme il le fait toujours – de la manière habituelle – de la manière normale, naturelle et digne de confiance de l’action divine. FASCICULE 121 L’époque de l’effusion de Micaël 121:0.1 Agissant sous la supervision d’une commission de douze membres de la Fraternité Unie des Médians d’Urantia, parrainée conjointement par le président en exercice de notre ordre et par le Melchizédek rapporteur, je suis le médian secondaire qui fut jadis attaché à l’apôtre André, et je suis autorisé à rédiger le récit des actes de la vie de Jésus de Nazareth tels qu’ils ont été observés par mon ordre de créatures terrestres et tels qu’ils furent ensuite partiellement rapportés par le sujet humain confié temporairement à ma garde. Sachant combien son maitre évitait scrupuleusement de laisser des traces écrites de son passage, André refusa fermement de multiplier les copies de sa narration écrite. Une attitude similaire chez les autres apôtres de Jésus retarda considérablement la rédaction des Évangiles. 1. L’Occident au premier siècle après le Christ 121:1.1 Ce n’est pas au cours d’un âge de décadence spirituelle que Jésus est venu dans ce monde. Au moment de sa naissance, Urantia passait par une renaissance de pensée spirituelle et de vie religieuse comme elle n’en avait pas connu dans toute son histoire antérieure depuis Adam, et comme il n’y en a eu à aucune époque depuis lors. Lorsque Micaël s’incarna sur Urantia, le monde offrait, pour l’effusion du Fils Créateur, les conditions les plus favorables qui aient jamais prévalu précédemment ou se soient présentées par la suite. Au cours des siècles immédiatement antérieurs à cette époque, la culture et la langue grecques s’étaient répandues dans l’Occident et le Proche-Orient. Les Juifs étaient une race levantine de nature partie occidentale et partie orientale ; ils se trouvaient donc éminemment qualifiés pour utiliser ce cadre culturel et linguistique en vue de répandre efficacement une nouvelle religion à la fois en Orient et en Occident. Ces circonstances très favorables étaient encore rehaussées par la tolérance politique du gouvernement du monde méditerranéen par les Romains. 121:1.2 Toute cette combinaison d’influences mondiales est bien illustrée par les activités de Paul, dont la culture religieuse était celle d’un Hébreu d’entre les Hébreux et qui proclama, en langue grecque, l’évangile d’un Messie juif, tandis que lui-même était un citoyen romain. 121:1.3 Rien de semblable à la civilisation du temps de Jésus n’a été vu en Occident avant ou depuis cette époque. La civilisation européenne fut unifiée et coordonnée sous une triple influence extraordinaire : 121:1.4 1. Les systèmes politiques et sociaux romains. 121:1.5 2. Le langage et la culture de la Grèce – et, dans une certaine mesure, sa philosophie. 121:1.6 3. L’influence en rapide expansion des enseignements moraux et religieux des Juifs. 121:1.7 À la naissance de Jésus, le monde méditerranéen en entier était un empire unifié. Pour la première fois dans l’histoire du monde, de bonnes routes reliaient de nombreux centres majeurs. Les mers étaient débarrassées des pirates, et une grande ère de commerce et de voyages s’ouvrait rapidement. L’Europe ne connut plus une telle période de commerce et de voyages jusqu’au dix-neuvième siècle après J.-C. 121:1.8 Nonobstant la paix intérieure et la prospérité superficielle du monde gréco-romain, la majorité des habitants de l’empire languissait dans une misère sordide. La classe supérieure peu nombreuse était riche ; une classe inférieure misérable et appauvrie englobait la masse de l’humanité. En ces jours-là, il n’y avait pas de classe moyenne heureuse et prospère ; cette classe venait juste de naitre dans la société romaine. 121:1.9 Les premières luttes entre les États en voie d’expansion des Romains et des Parthes avaient pris fin dans un passé alors encore récent, laissant la Syrie aux mains des Romains. À l’époque de Jésus, la Syrie et la Palestine jouissaient d’une période de prospérité, de paix relative et de rapports commerciaux très étendus avec les pays de l’Orient et de l’Occident. 2. Le peuple juif 121:2.1 Les Juifs faisaient partie de la race sémitique plus ancienne qui incluait aussi les Babyloniens, les Phéniciens et les plus récents ennemis de Rome, les Carthaginois. Au cours de la première partie du premier siècle de l’ère chrétienne, les Juifs étaient le groupe le plus influent des peuples sémitiques, et il se trouva qu’ils occupaient une position géographique et stratégique particulière dans le monde tel qu’il était alors gouverné et organisé pour le commerce. 121:2.2 Beaucoup de grandes routes reliant les nations de l’antiquité passaient par la Palestine qui devint ainsi le point de contact, la croisée des chemins, de trois continents. Les voyageurs, le commerce et les armées de Babylonie, d’Assyrie, d’Égypte, de Syrie, de Grèce, de Parthie et de Rome passèrent successivement par la Palestine. Depuis des temps immémoriaux, de nombreux itinéraires de caravanes d’Orient passèrent par telle ou telle partie de cette région en allant vers les rares bons ports de mer de l’extrémité orientale de la Méditerranée, d’où des bateaux transportaient leurs cargaisons à tout l’Occident maritime. Plus de la moitié du trafic de ces caravanes passait par la petite ville de Nazareth en Galilée, ou à proximité. 121:2.3 Bien que la Palestine fût le foyer de la culture religieuse juive et le berceau du christianisme, les Juifs étaient répandus dans le monde, implantés dans beaucoup de nations, et pratiquaient le commerce dans toutes les provinces des États romain et parthe. 121:2.4 La Grèce apportait un langage et une culture, Rome construisait les routes et unifiait un empire, mais la dispersion des Juifs, avec plus de deux-cents synagogues et leurs communautés religieuses bien organisées réparties çà et là dans tout le monde romain, fournissait les centres culturels où le nouvel évangile du royaume des cieux reçut son accueil initial et d’où il se répandit, par la suite, aux confins de la terre. 121:2.5 Chaque synagogue juive tolérait une frange de croyants venant de chez les Gentils, des hommes « dévots » ou « craignant Dieu », et c’est parmi cette frange de prosélytes que Paul opéra la majeure partie de ses premières conversions au christianisme. Même au temple de Jérusalem, il y avait, pour les Gentils, une cour richement décorée. La culture, le commerce et le culte de Jérusalem étaient très étroitement liés avec ceux d’Antioche. C’est à Antioche que les disciples de Paul furent appelés, pour la première fois, « les chrétiens ». 121:2.6 La centralisation, à Jérusalem, du culte juif du temple constituait à la fois le secret de la survivance du monothéisme juif et la promesse qu’il nourrirait et répandrait, dans le monde, un nouveau concept élargi de ce Dieu unique de toutes les nations et Père de tous les mortels. Le service du temple, à Jérusalem, représentait la survivance d’un concept culturel religieux en face de la chute d’une succession de suzerains nationaux gentils, persécuteurs raciaux. 121:2.7 Bien que le peuple juif de l’époque fût sous la suzeraineté romaine, il jouissait d’une très grande autonomie gouvernementale. Et se souvenant des héroïques exploits de délivrance alors récemment accomplis par Judas Macchabée et ses successeurs immédiats, il vibrait dans l’attente de l’apparition toute prochaine d’un libérateur encore plus grand, le Messie longtemps attendu. 121:2.8 Le secret de la survie de la Palestine, royaume des Juifs, en tant qu’état semi-indépendant, était intimement lié à la politique étrangère du gouvernement romain qui désirait conserver le contrôle de la grande route palestinienne de transit entre la Syrie et l’Égypte, ainsi que les terminus occidentaux des routes des caravanes entre l’Orient et l’Occident. Rome ne souhaitait pas qu’une puissance quelconque puisse s’élever dans le Levant avec la possibilité de brider son expansion future dans ces régions. La politique d’intrigues, qui avait pour objet d’opposer la Syrie séleucide et l’Égypte des Ptolémées, conduisait à conserver la Palestine comme un État séparé et indépendant. La politique romaine, la dégénérescence de l’Égypte et l’affaiblissement progressif des Séleucides devant le pouvoir croissant des Parthes expliquent pourquoi, pendant plusieurs générations, un faible petit groupe de Juifs parvint à maintenir son indépendance à la fois contre les Séleucides au nord et les Ptolémées au sud. Les Juifs attribuaient cette liberté fortuite et cette indépendance de la férule des peuples voisins plus puissants, au fait qu’ils étaient « le peuple élu », à l’intervention directe de Yahweh. Une telle attitude de supériorité raciale leur rendit d’autant plus dur de supporter la suzeraineté romaine lorsqu’elle s’abattit finalement sur leur pays. Même à ce triste moment, les Juifs refusèrent d’apprendre que leur mission mondiale était spirituelle et non politique. 121:2.9 Les Juifs étaient anormalement craintifs et soupçonneux à l’époque de Jésus, parce qu’ils étaient alors gouvernés par un étranger, Hérode l’Iduméen, qui s’était emparé de la suzeraineté sur la Judée en s’insinuant habilement dans les bonnes grâces des dirigeants romains. Bien qu’Hérode professât d’être loyal aux observances du cérémonial hébreu, il se mit à construire des temples pour nombre de dieux étrangers. 121:2.10 Les relations amicales d’Hérode avec les dirigeants romains permettaient aux Juifs de voyager en sécurité dans le monde. Elles frayaient donc le chemin à une pénétration accrue des Juifs, même dans les régions lointaines de l’empire romain et dans les nations étrangères avec lesquelles Rome avait des traités ; les Juifs pouvaient y apporter le nouvel évangile du royaume des cieux. Le règne d’Hérode contribua également beaucoup à l’accroissement ultérieur de la fusion des philosophies hébraïque et hellénique. 121:2.11 Hérode bâtit le port de Césarée, qui contribua encore à faire de la Palestine la croisée des chemins du monde civilisé. Il mourut en l’an 4 av. J.-C., et son fils Hérode Antipas gouverna la Galilée et la Pérée pendant la jeunesse et le ministère de Jésus, et jusqu’à l’an 39 ap. J.-C. Comme son père, Antipas était un grand bâtisseur. Il reconstruisit beaucoup de villes de Galilée, y compris l’important centre commercial de Sepphoris. 121:2.12 Les Galiléens ne jouissaient pas pleinement de la faveur des chefs religieux et des maitres rabbiniques de Jérusalem. À la naissance de Jésus, la Galilée était plus sous l’influence des Gentils que des Juifs. 3. Parmi les Gentils 121:3.1 Bien que les conditions économiques et sociales de l’État romain ne fussent pas de l’ordre le plus élevé, il y régnait une paix intérieure et une prospérité générale propices à l’effusion de Micaël. Au premier siècle ap. J.-C., la société du monde méditerranéen était formée de cinq couches bien définies : 121:3.2 1. L’aristocratie. Les classes supérieures possédant de la fortune et le pouvoir officiel – les groupes dirigeants et privilégiés. 121:3.3 2. Les groupes d’affaires. Les princes des marchands et les banquiers – les négociants – grands importateurs et exportateurs – les commerçants internationaux. 121:3.4 3. La classe moyenne peu nombreuse. Bien que ce groupe fût en effet restreint, il était très influent et fournit l’ossature morale de l’Église chrétienne primitive, qui encouragea ces groupes à continuer d’exercer leurs divers métiers et commerces. Parmi les Juifs, beaucoup de pharisiens appartenaient à cette classe de commerçants. 121:3.5 4. Le prolétariat libre. Les hommes appartenant à ce groupe avaient un statut social très médiocre ou insignifiant. Bien qu’ils fussent fiers de leur liberté, ils étaient très désavantagés parce qu’ils étaient forcés de concurrencer la main-d’œuvre esclave. Les classes supérieures les considéraient avec dédain, estimant qu’ils étaient inutiles, sauf pour « la reproduction ». 121:3.6 5. Les esclaves. La moitié des habitants de l’État romain se composait d’esclaves. Un assez grand nombre d’entre eux étaient des individus supérieurs qui faisaient rapidement leur chemin en s’élevant dans le prolétariat libre et même parmi les marchands, mais, en majorité, ils étaient médiocres ou très inférieurs. 121:3.7 La réduction à l’esclavage, même des peuples supérieurs, était l’un des traits de la conquête militaire romaine. Le pouvoir du maitre sur l’esclave était absolu. L’Église chrétienne primitive était composée, en grande partie, de ces esclaves et des classes inférieures de la population. 121:3.8 Les esclaves supérieurs recevaient souvent des salaires qu’ils pouvaient économiser pour acheter leur liberté. Beaucoup de ces esclaves émancipés s’élevaient à de hautes situations dans l’État, l’Église ou le monde des affaires. Ce sont précisément ces possibilités qui rendirent l’Église chrétienne primitive si tolérante envers cette forme modifiée d’esclavage. 121:3.9 Il n’y avait pas de problème social général dans l’Empire romain au premier siècle après J.-C. La majeure partie de la population se considérait comme appartenant au groupe où le hasard l’avait fait naitre. Il y avait toujours une porte ouverte par laquelle les individus doués et capables pouvaient s’élever des classes inférieures aux classes supérieures de la société romaine, mais les gens étaient généralement satisfaits de leur rang social. Ils n’avaient pas de conscience de classe et ne considéraient pas non plus ces distinctions de classes comme mauvaises ou injustes. Le christianisme n’était en aucun sens un mouvement économique ayant pour but de pallier la misère des classes défavorisées. 121:3.10 Les femmes avaient plus de liberté dans tout l’empire romain qu’en Palestine avec leur statut limité, mais la dévotion familiale et l’affection naturelle des Juifs surpassaient de loin celles du monde des Gentils. 4. La philosophie des Gentils 121:4.1 Au point de vue moral, les Gentils étaient quelque peu inférieurs aux Juifs, mais il existait, dans le cœur des Gentils les plus nobles, un vaste terrain de bonté naturelle et un potentiel d’affection humaine où la semence du christianisme pouvait germer et produire une abondante récolte de caractères moraux et de réussites spirituelles. Le monde des Gentils était alors dominé par quatre grandes philosophies, toutes plus ou moins dérivées du platonisme grec antérieur. Ces écoles de philosophie étaient les suivantes : 121:4.2 1. Les épicuriens. Cette école de pensée était consacrée à la poursuite du bonheur. Les meilleurs épicuriens ne s’adonnaient pas aux excès sensuels. Du moins cette doctrine contribua-t-elle à délivrer les Romains d’une forme de fatalisme encore plus néfaste ; elle enseignait que les hommes pouvaient faire quelque chose pour améliorer leur statut terrestre. Elle combattit efficacement les superstitions ignorantes. 121:4.3 2. Les stoïciens. Le stoïcisme était la philosophie supérieure des meilleures classes. Les stoïciens croyaient qu’un Destin-Raison directeur dominait toute la nature. Ils enseignaient que l’âme de l’homme était divine et emprisonnée dans un corps mauvais de nature physique. L’âme de l’homme atteignait la liberté en vivant en harmonie avec la nature, avec Dieu, et ainsi la vertu devenait sa propre récompense. Le stoïcisme s’éleva à une moralité sublime, à des idéaux qui ne furent jamais surpassés depuis lors par aucun système de philosophie purement humain. Alors que les stoïciens se déclaraient « descendants de Dieu », ils ne réussirent pas à le connaitre, et donc pas à le trouver. Le stoïcisme resta une philosophie et ne devint jamais une religion. Ses adeptes cherchaient à mettre leur mental à l’unisson de l’harmonie du Mental Universel, mais ne parvinrent pas à se considérer comme les enfants d’un Père aimant. Paul inclinait fortement vers le stoïcisme lorsqu’il écrivit : « Dans quelque état que je me trouve, j’ai appris à en être satisfait. » 121:4.4 3. Les cyniques. Bien que les cyniques fissent remonter leur philosophie à Diogène l’Athénien, ils tiraient une grande partie de leur doctrine des vestiges des enseignements de Machiventa Melchizédek. Autrefois, le cynisme avait plus tenu de la religion que de la philosophie. Du moins, les cyniques rendirent-ils démocratique leur philosophie religieuse. Dans les campagnes et sur les places des marchés, ils prêchaient continuellement leur doctrine que « l’homme pouvait se sauver s’il le voulait ». Ils prônaient la simplicité et la vertu, et pressaient les hommes d’affronter la mort sans crainte. Ces prédicateurs cyniques itinérants contribuèrent largement à préparer la populace spirituellement affamée à la venue des missionnaires chrétiens qui arrivèrent plus tard. Leurs sermons populaires ressemblaient beaucoup aux Épitres de Paul par leur plan et leur style. 121:4.5 4. Les sceptiques. Le scepticisme affirmait que la connaissance était trompeuse et que la conviction et l’assurance étaient impossibles. C’était une attitude purement négative qui ne se répandit jamais beaucoup. 121:4.6 Ces philosophies étaient semi-religieuses et souvent fortifiantes, éthiques et ennoblissantes, mais leur niveau était généralement trop élevé pour le commun des mortels. À l’exception peut-être du cynisme, c’étaient des philosophies pour les forts et les sages, et non des religions de salut destinées même aux pauvres et aux faibles. 5. Les religions des Gentils 121:5.1 Au cours des âges précédents, la religion avait principalement été une affaire de tribu ou de nation ; elle n’avait pas souvent été un sujet d’intérêt pour l’individu. Les dieux étaient tribaux ou nationaux, et non personnels. De tels systèmes religieux n’apportèrent guère de satisfaction aux aspirations spirituelles individuelles de la moyenne des gens ordinaires. 121:5.2 À l’époque de Jésus, les religions de l’Occident comprenaient : 121:5.3 1. Les cultes païens. C’étaient des combinaisons de mythologies, de patriotisme et de traditions helléniques et latines. 121:5.4 2. L’adoration de l’empereur. Cette déification de l’homme en tant que symbole de l’État froissait profondément les Juifs et les premiers chrétiens : elle conduisit directement aux cruelles persécutions des deux Églises par le gouvernement romain. 121:5.5 3. L’astrologie. Cette pseudo-science de Babylone se transforma en une religion dans tout l’empire gréco-romain. Même au vingtième siècle, les hommes ne sont pas entièrement libérés de cette croyance superstitieuse. 121:5.6 4. Les religions des mystères. Sur ce monde spirituellement affamé, s’était abattu un flot de cultes des mystères, d’étranges et nouvelles religions du Levant, qui avaient séduit les gens du commun et leur avaient promis le salut individuel. Ces religions devinrent rapidement la croyance acceptée par les classes inférieures du monde gréco-romain, et contribuèrent beaucoup à préparer le chemin à la diffusion rapide des enseignements chrétiens, considérablement supérieurs, qui présentaient, aux gens intelligents, un concept majestueux de la Déité associé à une théologie, propre à exciter la curiosité, et, à tous, une profonde offre de salut, y compris à l’homme moyen de cette époque, ignorant, mais spirituellement affamé. 121:5.7 Les religions des mystères sonnèrent le glas des croyances nationales et aboutirent à la naissance de nombreux cultes personnels. Les mystères étaient nombreux, mais présentaient tous les caractéristiques suivantes : 121:5.8 1. Un mythe légendaire, un mystère – d’où leur nom. En règle générale, ce mystère concernait l’histoire de quelque dieu, sa vie, sa mort et sa résurrection. On en trouve un exemple dans les enseignements du mithracisme, qui fut, pendant un certain temps, contemporain du culte croissant du christianisme selon Paul, et lui fit concurrence. 121:5.9 2. Les mystères étaient interraciaux et non nationaux, ils étaient personnels et fraternels, donnant le jour à des confréries religieuses et à de nombreuses sociétés sectaires. 121:5.10 3. Les services religieux des mystères se caractérisaient par des cérémonies d’initiation compliquées et par d’impressionnants sacrements de culte. Leurs rites et leurs rituels secrets étaient parfois macabres et révoltants. 121:5.11 4. Quels que fussent la nature de leurs cérémonies ou le degré de leur excès, ces mystères promettaient invariablement le salut à leurs zélateurs, « la délivrance du mal, la survie après la mort et une vie durable dans des royaumes de félicité au-delà de ce monde de tristesse et d’esclavage ». 121:5.12 Mais ne commettez pas l’erreur de confondre les enseignements de Jésus avec les mystères. La popularité des mystères révèle que les hommes cherchent à survivre, ce qui dépeint une faim et une soif réelles de religion personnelle et de droiture individuelle. Bien que les mystères n’aient pas satisfait ces aspirations d’une manière adéquate, ils préparèrent effectivement le chemin à l’apparition subséquente de Jésus, qui apporta vraiment à ce monde le pain de vie et l’eau vive. 121:5.13 Dans un effort pour utiliser l’acceptation généralisée des meilleurs types de religion des mystères, Paul fit subir certaines adaptations aux enseignements de Jésus, de manière à les rendre plus acceptables pour un grand nombre de personnes susceptibles d’être converties. Mais même le compromis de Paul sur les enseignements de Jésus (le christianisme) était supérieur au meilleur des mystères, en ce sens que : 121:5.14 1. Paul enseignait une rédemption morale, un salut éthique. Le christianisme orientait vers une nouvelle vie et proclamait un nouvel idéal. Paul renonça aux rites magiques et aux enchantements cérémoniels. 121:5.15 2. Le christianisme présentait une religion qui s’attaquait aux solutions définitives du problème humain, car non seulement il offrait de vous sauver de la douleur et même de la mort, mais il promettait aussi de vous délivrer du péché, après quoi vous seriez pourvu d’un caractère droit comportant des qualités de survie éternelle. 121:5.16 3. Les mystères étaient édifiés sur des mythes. Le christianisme, tel que Paul le prêchait, était basé sur un fait historique : l’effusion de Micaël, le Fils de Dieu, sur l’humanité. 121:5.17 La moralité, chez les Gentils, n’était pas nécessairement liée à la philosophie ou à la religion. Hors de Palestine, les gens n’avaient pas toujours l’idée qu’un prêtre était censé mener une vie morale. La religion juive, puis les enseignements de Jésus, et plus tard le christianisme évoluant de Paul, furent les premières religions européennes à saisir d’une part la morale et d’autre part l’éthique, en insistant pour que les religionistes prêtent quelque attention aux deux. 121:5.18 C’est dans une pareille génération d’hommes dominés par de tels systèmes philosophiques incomplets, et troublés par de tels cultes religieux complexes que Jésus naquit en Palestine. C’est à cette même génération qu’il donna ultérieurement son évangile de religion personnelle – la filiation avec Dieu. 6. La religion hébraïque 121:6.1 Vers la fin du premier siècle avant le Christ, la pensée religieuse de Jérusalem avait été profondément influencée et quelque peu modifiée par les enseignements culturels grecs, et même par la philosophie grecque. Dans le long différend entre les positions des écoles orientales et occidentales de pensée hébraïque, Jérusalem et le reste de l’Occident ainsi que le Levant adoptèrent, en général, le point de vue des Juifs occidentaux, le point de vue hellénique modifié. 121:6.2 Au temps de Jésus, trois langues dominaient en Palestine : la masse du peuple employait un dialecte araméen, les prêtres et les rabbins parlaient l’hébreu, les classes éduquées et les couches supérieures de la population juive parlaient, en général, le grec. Le fait que les Écritures hébraïques aient été traduites très tôt en grec, à Alexandrie, fut en grande partie responsable de la prédominance ultérieure de l’aile grecque de la culture et de la théologie juives. Les écrits des éducateurs chrétiens ne devaient pas tarder à apparaitre dans la même langue. La renaissance du judaïsme date de la traduction en grec des Écritures hébraïques. Cette influence fut décisive pour faire dériver ultérieurement le culte chrétien de Paul vers l’Occident et non vers l’Orient. 121:6.3 Bien que les croyances juives hellénisées fussent très peu influencées par les enseignements des épicuriens, elles furent influencées très substantiellement par la philosophie de Platon et les doctrines d’abnégation des stoïciens. Le grand envahissement du stoïcisme est illustré par le quatrième livre des Macchabées. La double pénétration de la philosophie platonicienne et des doctrines stoïciennes ressort dans la Sagesse de Salomon. Les Juifs hellénisés apportèrent aux Écritures des Hébreux une telle interprétation allégorique qu’ils ne trouvèrent aucune difficulté à conformer la théologie hébraïque à la philosophie aristotélicienne, qu’ils révéraient. Mais tout cela conduisit à une confusion désastreuse, jusqu’à ce que ces problèmes fussent pris en main par Philon d’Alexandrie qui entreprit d’harmoniser et d’organiser la philosophie grecque et la théologie hébraïque en un système compact et relativement cohérent de croyances et de pratiques religieuses. C’est cet enseignement ultérieur de philosophie grecque et de théologie hébraïque conjuguées qui prévalait en Palestine au moment où Jésus y vécut et y enseigna, et que Paul utilisa comme fondation pour construire son culte chrétien plus élevé et plus lumineux que les autres. 121:6.4 Philon était un grand maitre. Depuis Moïse, on n’avait pas vu d’homme exerçant une influence aussi profonde sur la pensée éthique et religieuse du monde occidental. Quant à la combinaison des meilleurs éléments issus des systèmes contemporains d’enseignement éthique et religieux, il y eut sept éducateurs humains exceptionnels : Séthard, Moïse, Zoroastre, Lao-Tsé, Bouddha, Philon et Paul. 121:6.5 Philon avait commis des inconséquences dans son effort pour combiner la philosophie mystique grecque et les doctrines romaines des stoïciens avec la théologie légaliste des Hébreux. Paul reconnut beaucoup de ces inconséquences, mais pas toutes, et les élimina sagement de sa théologie fondamentale préchrétienne. Philon fraya la voie à Paul pour rétablir plus complètement le concept de la Trinité du Paradis, qui avait été longtemps en veilleuse dans la théologie juive. Sur un seul sujet, Paul ne réussit ni à se maintenir à la hauteur de Philon ni à surpasser les enseignements de ce Juif d’Alexandrie riche et instruit ; il s’agissait de la doctrine du rachat. Philon enseignait qu’il fallait se libérer de la doctrine selon laquelle le pardon ne s’obtenait qu’en versant le sang. Il est possible également que, mieux que Paul, il entrevit la réalité et la présence de l’Ajusteur de Pensée. Mais la théorie de Paul sur le péché originel, les doctrines de la culpabilité héréditaire, du mal inné et de sa rédemption étaient partiellement d’origine mithriaque et avaient peu de points communs avec la théologie hébraïque, ou avec la philosophie de Philon, ou avec les enseignements de Jésus. Certains aspects de l’enseignement de Paul, concernant le péché originel et le rachat, provenaient de Paul lui-même. 121:6.6 L’Évangile de Jean, le dernier des récits de la vie terrestre de Jésus, s’adressait aux peuples occidentaux et présente son histoire en s’inspirant largement du point de vue des chrétiens d’Alexandrie de la seconde heure, qui étaient aussi des disciples des enseignements de Philon. 121:6.7 À peu près à l’époque du Christ, un étrange revirement de sentiment envers les Juifs se produisit à Alexandrie et, de cet ancien bastion juif, partit une virulente vague de persécutions s’étendant jusqu’à Rome même, d’où des milliers d’entre eux furent bannis. Mais une telle campagne dénaturant les faits fut de courte durée ; le gouvernement impérial rétablit dans leur intégralité, très tôt, et sur toute l’étendue de l’empire, les libertés des Juifs qui avaient été restreintes. 121:6.8 Quel que fût l’endroit du vaste monde où les Juifs se trouvaient dispersés par le commerce ou l’oppression, ils gardaient tous d’un commun accord leur cœur centré sur le temple sacré de Jérusalem. La théologie juive survécut effectivement telle qu’elle était interprétée et pratiquée à Jérusalem, bien qu’à plusieurs reprises, elle ait été sauvée de l’oubli par l’intervention opportune de certains éducateurs babyloniens. 121:6.9 Jusqu’à deux-millions et demi de ces Juifs dispersés avaient coutume de venir à Jérusalem pour la célébration de leurs fêtes religieuses nationales. Quelles que fussent les différences théologiques ou philosophiques entre les Juifs de l’Est (babyloniens) et ceux de l’Ouest (helléniques), ils étaient tous d’accord pour garder Jérusalem comme centre de leur culte et d’attendre toujours avec espoir la venue du Messie. 7. Juifs et Gentils 121:7.1 À l’époque de Jésus, les Juifs étaient parvenus à un concept stable de leur origine, de leur histoire et de leur destinée. Ils avaient construit un mur de séparation rigide entre eux et le monde des Gentils, et considéraient toutes les habitudes des Gentils avec un suprême dédain. Leur culte suivait la lettre de la loi et ils se complaisaient dans une forme de satisfaction de soi basée sur le faux orgueil de leur généalogie. Ils s’étaient forgé des notions préconçues au sujet du Messie promis, et la plupart de ces espérances envisageaient un Messie qui viendrait comme un élément de leur histoire nationale et raciale. Pour les Hébreux de ce temps-là, la théologie juive était irrévocablement établie et fixée pour toujours. 121:7.2 Les enseignements et les pratiques de Jésus concernant la tolérance et la bonté allaient à l’encontre de la très ancienne attitude des Juifs envers les autres peuples, qu’ils considéraient comme païens. Pendant des générations, les Juifs avaient entretenu à l’égard du monde extérieur une attitude qui leur rendait impossible d’accepter les enseignements du Maitre sur la fraternité spirituelle des hommes. Ils ne voulaient pas partager Yahweh à égalité avec les Gentils, et ne voulaient pas davantage accepter, comme Fils de Dieu, quelqu’un qui enseignait des doctrines aussi nouvelles et étranges. 121:7.3 Les scribes, les pharisiens et la prêtrise maintenaient les Juifs dans un terrible esclavage de ritualisme et de légalisme, un esclavage bien plus réel que celui de l’autorité politique romaine. Les Juifs de l’époque de Jésus n’étaient pas seulement asservis à la loi, mais aussi liés par les exigences serviles des traditions qui impliquaient et envahissaient tous les domaines de la vie personnelle et sociale. Ces règles de conduite minutieuses poursuivaient et dominaient tous les Juifs loyaux. Et il n’est rien de surprenant à ce qu’ils se soient empressés de rejeter l’un des leurs qui prétendait ne pas tenir compte de leurs traditions sacrées et qui osait faire fi de leurs règles de conduite sociale, honorées depuis si longtemps. Ils ne pouvaient guère considérer avec faveur les enseignements de quelqu’un qui n’hésitait pas à entrer en conflit avec des dogmes qu’ils considéraient comme établis par leur Père Abraham en personne. Moïse leur avait donné leur loi, et ils ne voulaient pas faire de compromis. 121:7.4 Au premier siècle ap. J.-C., l’interprétation orale de la loi par les éducateurs reconnus, les scribes, avait acquis une autorité plus haute que la loi écrite elle-même. Tout cela rendait plus facile à certains chefs religieux des Juifs de dresser le peuple contre l’acceptation d’un nouvel évangile. 121:7.5 Ces circonstances rendaient impossible aux Juifs d’accomplir leur destinée divine comme messagers du nouvel évangile d’indépendance religieuse et de liberté spirituelle ; ils n’arrivaient pas à briser les liens de la tradition. Jérémie avait annoncé la « loi qui devait être écrite dans le cœur des hommes ». Ézéchiel avait parlé d’un « nouvel esprit qui devait vivre dans l’âme de l’homme », et le psalmiste avait prié pour que Dieu « crée un cœur intérieur pur et renouvelle un esprit droit ». Mais, quand la religion juive de bonnes œuvres et d’esclavage de la loi succomba à la stagnation de l’inertie traditionaliste, le mouvement d’évolution religieuse se déplaça vers l’ouest chez les peuples européens. 121:7.6 Et c’est ainsi qu’un autre peuple fut appelé à apporter au monde une théologie en progrès, un système d’enseignement, qui incorporait la philosophie des Grecs, la loi des Romains, la moralité des Hébreux et l’évangile proclamant le caractère sacré de la personnalité et de la liberté spirituelle, formulé par Paul et basé sur les enseignements de Jésus. 121:7.7 Le culte chrétien de Paul faisait ressortir sa moralité comme un signe de naissance juive. Les Juifs considéraient l’histoire comme la providence de Dieu – Yahweh au travail. Les Grecs apportèrent, au nouvel enseignement, des concepts plus clairs de la vie éternelle. Les doctrines de Paul furent influencées dans leur contenu théologique et philosophique non seulement par les enseignements de Jésus, mais aussi par Platon et Philon. Son éthique fut inspirée non seulement par le Christ, mais aussi par les stoïciens. 121:7.8 L’évangile de Jésus, tel que Paul l’avait incorporé dans le culte du christianisme d’Antioche, se mélangea avec les enseignements suivants : 121:7.9 1. Les raisonnements philosophiques des prosélytes grecs du judaïsme, y compris certains de leurs concepts de la vie éternelle. 121:7.10 2. Les enseignements attrayants des cultes prédominants des mystères, et spécialement les doctrines mithriaques de rédemption, de rachat et de salut par le sacrifice fait par quelque dieu. 121:7.11 3. La robuste moralité de la religion juive établie. 121:7.12 À l’époque de Jésus, l’empire romain de la Méditerranée, le royaume des Parthes et les peuples adjacents avaient tous des idées sommaires et primitives au sujet de la géographie du monde, de l’astronomie, de la santé et de la maladie ; et, naturellement, ils furent stupéfaits par les déclarations nouvelles et surprenantes du charpentier de Nazareth. Les idées de possession par de bons ou de mauvais esprits ne s’appliquaient pas uniquement aux êtres humains ; beaucoup de gens considéraient que chaque arbre et chaque roche étaient possédés par un esprit. C’était là un âge d’enchantements, et chacun considérait les miracles comme des incidents ordinaires. 8. Écrits antérieurs 121:8.1 Autant qu’il était possible, et compatible avec notre mandat, nous nous sommes efforcés d’utiliser et, dans une certaine mesure, de coordonner les archives existantes ayant rapport à la vie de Jésus sur Urantia. Bien que nous ayons pu profiter de l’accès aux écrits perdus de l’apôtre André et que nous ayons bénéficié de la collaboration d’une vaste foule d’êtres célestes qui se trouvaient sur terre au temps de l’effusion de Micaël (particulièrement son Ajusteur maintenant personnalisé), notre intention a été de nous servir également des Évangiles dits de Matthieu, de Marc, de Luc et de Jean. 121:8.2 Ces écrits du Nouveau Testament ont eu leur origine dans les circonstances suivantes : 121:8.3 1. L’Évangile de Marc. À l’exception des notes d’André, c’est Jean Marc qui écrivit la première, la plus courte et la plus simple histoire de la vie de Jésus. Il présenta le Maitre comme un ministre, un homme parmi les hommes. Bien que Marc fût un jeune garçon évoluant dans les abords immédiats des scènes qu’il dépeint, son récit est, en réalité, l’Évangile selon Simon Pierre. Marc s’associa de bonne heure avec Pierre, et plus tard avec Paul. Il écrivit son histoire à l’instigation de Pierre et à la demande instante de l’Église de Rome. Sachant avec quelle persistance le Maitre avait refusé d’écrire ses enseignements pendant son incarnation sur terre, Marc, comme les apôtres et d’autres disciples éminents, hésitait à les mettre par écrit. Mais Pierre avait le sentiment qu’à Rome, l’Église avait besoin de s’appuyer sur un récit écrit, et Marc consentit à entreprendre sa préparation. Il rédigea beaucoup de notes avant le décès de Pierre en l’an 67. Conformément au cadre approuvé par Pierre, il commença la narration pour l’Église de Rome peu de temps après la mort de Pierre. L’Évangile fut achevé vers la fin de l’an 68. Marc l’écrivit entièrement de mémoire et d’après les souvenirs de Pierre. Ce document a été considérablement modifié depuis lors. De nombreux passages en ont été supprimés, et des additions ultérieures y ont été faites pour remplacer le dernier cinquième de l’Évangile original, qui fut détaché du premier manuscrit et perdu avant même d’avoir été copié. Le document de Marc, en conjonction avec les notes d’André et de Matthieu, fut la base écrite de tous les récits évangéliques ultérieurs qui cherchèrent à peindre la vie et les enseignements de Jésus. 121:8.4 2. L’Évangile de Matthieu. L’Évangile dit selon Matthieu est le récit de la vie du Maitre écrit pour l’édification des Juifs chrétiens. L’auteur de ce document cherche constamment à montrer que, dans la vie de Jésus, beaucoup de choses furent faites « afin que s’accomplisse la parole du prophète ». L’Évangile de Matthieu présente Jésus comme un fils de David et le dépeint comme montrant un grand respect pour la loi et les prophètes. 121:8.5 Ce n’est pas l’apôtre Matthieu qui écrivit cet évangile, mais Isador, un de ses disciples qui, pour faciliter son travail, disposait non seulement des souvenirs personnels de ces évènements chez Matthieu, mais aussi d’un certain mémento sur les leçons de Jésus, que Matthieu avait rédigé aussitôt après la crucifixion. Ces notes de Matthieu étaient écrites en araméen. Isador écrivit en grec. Il n’y avait pas d’intention de tromperie en attribuant l’œuvre à Matthieu. En ces jours-là, les élèves avaient l’habitude d’honorer ainsi leurs maitres. 121:8.6 Le récit original de Matthieu fut remanié et reçut ses additions en l’an 40, juste avant que Matthieu ne quittât Jérusalem pour se lancer dans la prédication évangélique. C’était un document privé dont la dernière copie fut détruite dans l’incendie d’un monastère syrien en l’an 416. 121:8.7 Isador s’échappa de Jérusalem en l’an 70 après J.-C. après que la ville eut été investie par les armées de Titus. Il emporta avec lui à Pella une copie des notes de Matthieu et, en l’an 71, pendant qu’il habitait Pella, il écrivit l’Évangile selon Matthieu. Isador possédait aussi les quatre premiers cinquièmes de la narration de Marc. 121:8.8 3. L’Évangile de Luc. Luc, le médecin d’Antioche en Pisidie, était un Gentil converti par Paul. Il écrivit une tout autre histoire de la vie du Maitre. C’est en l’an 47 qu’il commença à suivre Paul et à s’instruire sur la vie et les enseignements de Jésus. Luc conserva dans son récit beaucoup de la « grâce du Seigneur Jésus-Christ », car il rassembla ces faits d’après Paul et d’autres personnes. Luc présente le Maitre comme « l’ami des publicains et des pécheurs ». Ce fut seulement après la mort de Paul qu’il réunit ses nombreuses notes en un Évangile. Il l’écrivit en l’an 82, en Achaïe. Il projetait trois livres traitant de l’histoire du Christ et du christianisme, mais il mourut en l’an 90 ap. J.-C., juste avant d’achever le second de ces ouvrages, les « Actes des Apôtres ». 121:8.9 Comme matériaux de compilation pour son Évangile, Luc eut d’abord recours à l’histoire de la vie de Jésus telle que Paul la lui avait racontée. L’Évangile de Luc est donc, sous certains rapports, l’Évangile selon Paul. Mais Luc avait d’autres sources d’informations. Non seulement il interrogea des dizaines de témoins oculaires des nombreux épisodes de la vie de Jésus qu’il relate, mais il possédait une copie de l’Évangile de Marc, c’est-à-dire les quatre premiers cinquièmes de ce livre, le récit d’Isador et un bref récit fait à Antioche en l’an 78 ap. J.-C. par un croyant nommé Cédès. Luc avait aussi une copie mutilée et considérablement remaniée de quelques notes supposées prises par l’apôtre André. 121:8.10 4. L’Évangile de Jean. L’Évangile selon Jean relate beaucoup d’œuvres accomplies par Jésus en Judée et aux environs de Jérusalem, et dont la description ne figure pas dans les autres récits. C’est l’Évangile dit selon Jean fils de Zebédée ; bien que Jean ne l’ait pas écrit, il l’a inspiré. Depuis le manuscrit original, cet Évangile a été remanié à plusieurs reprises en vue de le faire apparaitre comme ayant été écrit par Jean lui-même. Au moment de composer son récit, Jean avait les autres Évangiles et vit que beaucoup de choses y avaient été omises. En conséquence, en l’an 101, il encouragea son associé Nathan, un Juif grec de Césarée, à commencer une narration écrite dont lui, Jean, fournirait les matériaux de mémoire et en se référant aux trois écrits alors existants. Il n’avait pas de documents écrits personnels. L’Épitre connue sous le titre de « Première de Jean » fut écrite par Jean lui-même comme lettre de présentation du travail que Nathan exécutait sous ses directives. 121:8.11 Tous ces écrivains présentèrent d’honnêtes descriptions de Jésus tel qu’ils l’avaient vu, tel qu’ils se le rappelaient ou d’après ce qu’ils avaient appris de lui, et selon leurs concepts de ces évènements lointains, influencés par leur ralliement ultérieur à la théologie chrétienne de Paul. Si imparfaits que soient ces documents, ils ont suffi pour changer le cours de l’histoire d’Urantia pendant près de deux-mille ans. 121:8.12 [Remerciements : En exécutant ma mission de réexposer les enseignements de Jésus de Nazareth et de raconter à nouveau ses œuvres, j’ai puisé largement à toutes les sources d’archives et de renseignements planétaires. Ma règle de conduite a été de préparer un document qui non seulement éclairera la génération des hommes actuellement vivants, mais qui sera également une aide pour toutes les générations futures. Dans la vaste réserve de renseignements mise à ma disposition, j’ai choisi ceux qui conviendraient le mieux à l’accomplissement de ce dessein. Autant que possible, j’ai tiré mes informations de sources purement humaines. C’est seulement quand ces sources ont fait défaut que j’ai eu recours à des archives suprahumaines. Lorsque des idées et des concepts de la vie et des enseignements de Jésus ont été exprimés acceptablement par un mental humain, j’ai invariablement donné la préférence à de tels modèles de pensée apparemment humains. Bien que je me sois efforcé d’adapter la terminologie pour la conformer de mon mieux à la manière dont nous concevons le sens réel et la véritable importance de la vie et des enseignements du Maitre, autant que possible j’ai adhéré, dans tous mes exposés, aux véritables concepts et modèles de pensée des hommes. Je sais très bien que ces concepts qui ont trouvé leur origine dans le mental humain se révéleront plus acceptables et plus utiles au mental de tous les autres hommes. Quand j’ai été incapable de trouver les concepts nécessaires dans les annales ou les expressions humaines, j’ai eu recours, en second lieu, à la mémoire de mon propre ordre de créatures terrestres, les médians. Enfin, quand cette source secondaire d’information s’est révélée inadéquate, j’ai recouru sans hésitation aux sources d’information supraplanétaires. 121:8.13 Les mémorandums que j’ai réunis et à partir desquels j’ai préparé ce récit de la vie et des enseignements de Jésus – outre le souvenir de ce que l’apôtre André avait enregistré – contiennent des joyaux de pensée et des concepts supérieurs des enseignements de Jésus provenant de plus de deux-mille êtres humains qui ont vécu sur terre depuis l’époque de Jésus jusqu’au jour où furent rédigées les présentes révélations, ou plus exactement ces réexposés. La permission de révéler n’a été utilisée que si les annales et les concepts des hommes ne parvenaient pas à nous fournir un modèle de pensée adéquat. Ma mission de révélation m’interdisait de recourir à des sources extrahumaines, aussi bien de renseignements que d’expressions, avant que je puisse témoigner que j’avais échoué dans mes efforts pour trouver, dans des sources purement humaines, l’expression conceptuelle nécessaire. 121:8.14 Quoique j’aie décrit moi-même, avec la collaboration de mes onze collègues médians et sous la supervision du Melchizédek rapporteur, les évènements de ce récit en accord avec ma conception de son déroulement réel et répondant à mon choix spontané d’expression, néanmoins, la majorité des idées, et jusqu’aux expressions propres que j’ai utilisées ainsi, eurent leur origine dans le mental d’hommes issus de nombreuses races ayant vécu sur terre pendant les générations écoulées jusque et y compris ceux encore en vie au temps de ce présent travail. Sous beaucoup de rapports, j’ai davantage servi de collecteur et d’éditeur que de narrateur original. Je me suis approprié sans hésitation les idées et les concepts, de préférence humains, qui devaient me permettre de créer le tableau le plus efficace de la vie de Jésus et qui me qualifieraient pour réexposer ses enseignements incomparables avec la phraséologie la plus utilement frappante et la plus universellement inspiratrice. Au nom de la Fraternité des Médians Unis d’Urantia, je reconnais, avec la plus grande gratitude, notre dette envers toutes les sources d’archives et de concepts qui ont été utilisées ci-après pour élaborer notre nouvel exposé de la vie de Jésus sur terre.] FASCICULE 122. Naissance et petite enfance de Jésus 122:0.1 Il ne sera guère possible d’expliquer à fond les nombreuses raisons qui ont conduit à choisir la Palestine comme pays d’effusion pour Micaël, et spécialement pourquoi exactement la famille de Joseph et de Marie devait être désignée comme cadre immédiat de l’apparition de ce Fils de Dieu sur Urantia. 122:0.2 Après étude du rapport spécial sur le statut des mondes isolés, préparé par les Melchizédeks, en consultation avec Gabriel, Micaël choisit finalement Urantia comme planète pour y accomplir son effusion finale. À la suite de cette décision, Gabriel fit une visite personnelle à Urantia et, en conclusion de son étude de groupes humains et de son examen des traits caractéristiques spirituels, intellectuels, raciaux et géographiques du monde et de ses peuples, il décida que les Hébreux possédaient ces avantages relatifs qui justifiaient leur sélection comme race au sein de laquelle s’effectuerait l’effusion. Micaël ayant approuvé cette décision, Gabriel nomma et dépêcha sur Urantia la Commission Familiale des Douze – choisie parmi les personnalités des ordres supérieurs de l’univers – à qui fut confiée la tâche de faire une enquête sur la vie familiale juive. Quand le travail de cette commission prit fin, Gabriel était présent sur Urantia et reçut le rapport désignant trois unions en perspective comme étant, d’après l’opinion de la commission, également favorables, en tant que famille d’effusion, pour l’incarnation projetée de Micaël. 122:0.3 Parmi les trois couples désignés, Gabriel choisit personnellement Joseph et Marie ; ensuite, il apparut en personne à Marie et lui apporta, en même temps, l’heureuse nouvelle qu’elle avait été choisie pour devenir la mère terrestre de l’enfant d’effusion. 1. Joseph et Marie 122:1.1 Joseph, le père humain de Jésus (Joshua ben Joseph), était un Hébreu d’entre les Hébreux : il avait néanmoins beaucoup de qualités héréditaires raciales non juives qui s’étaient greffées, en diverses occasions, sur son arbre généalogique par la lignée féminine de ses aïeux. Les ancêtres du père de Jésus remontaient au temps d’Abraham et, par ce vénérable patriarche, aux anciennes lignées conduisant aux Sumériens et aux Nodites et, par les tribus méridionales des anciens hommes bleus, jusqu’à Andon et Fonta. David et Salomon n’étaient pas des ancêtres en ligne directe de Joseph, dont le lignage ne remontait pas non plus directement à Adam. Les proches ascendants de Joseph étaient des artisans – entrepreneurs, charpentiers, maçons et forgerons. Joseph était lui-même charpentier et devint plus tard entrepreneur. Sa famille appartenait à une longue et illustre lignée de notables du peuple, rehaussée de temps à autre par l’apparition d’individus exceptionnels qui s’étaient fait remarquer dans le domaine de l’évolution de la religion sur Urantia. 122:1.2 Marie, la mère terrestre de Jésus, descendait en ligne directe d’une longue lignée d’aïeux exceptionnels comprenant beaucoup de femmes parmi les plus remarquables de l’histoire raciale d’Urantia. Quoique Marie fût une femme ordinaire de son temps et de sa génération, d’un tempérament assez normal, elle comptait, parmi ses ancêtres, des femmes aussi illustres que Annon, Tamar, Ruth, Bethsabée, Ansie, Cloa, Ève, Enta et Ratta. Nulle femme juive de l’époque ne possédait un lignage ayant en commun des ancêtres plus illustres ou remontant à des origines plus prometteuses. Les ancêtres de Marie, comme ceux de Joseph, étaient caractérisés par la prédominance d’individus vigoureux, mais de niveau moyen, sporadiquement rehaussés par de nombreuses personnalités hors ligne, s’affirmant dans la marche de la civilisation et de l’évolution progressive de la religion. Du point de vue racial, il est difficile de considérer Marie comme une Juive au sens propre du mot. Par sa culture et ses croyances, elle était Juive, mais par ses dons héréditaires elle était plus un composé de souches syrienne, hittite, phénicienne, grecque et égyptienne ; son hérédité raciale avait des bases plus larges que celle de Joseph. 122:1.3 De tous les couples vivant en Palestine au moment où Micaël prépara son effusion, Joseph et Marie formaient la combinaison idéale de vastes parentés raciales et de dons de personnalité supérieurs à la moyenne. Le plan de Micaël était d’apparaitre sur terre comme un homme moyen, afin que le commun des mortels puisse le comprendre et l’accueillir. C’est pourquoi Gabriel fit précisément le choix de personnes comme Joseph et Marie pour devenir les parents d’effusion. 2. Gabriel apparait à Élisabeth 122:2.1 L’œuvre réalisée par Jésus au cours de sa vie sur Urantia fut, en fait, commencée par Jean le Baptiste. Le père de Jean, Zacharie, appartenait à la prêtrise juive, tandis que sa mère, Élisabeth, était membre de la branche plus prospère du grand groupe familial auquel appartenait aussi Marie, mère de Jésus. Zacharie et Élisabeth, bien qu’ils fussent mariés depuis de nombreuses années, étaient sans enfant. 122:2.2 Ce fut dans les derniers jours du mois de juin de l’an 8 av. J.-C., environ trois mois après le mariage de Joseph et de Marie, que Gabriel apparut à Élisabeth, un jour à midi, exactement comme, plus tard, il fit connaitre sa présence à Marie. Gabriel dit : 122:2.3 « Tandis qu’à Jérusalem, ton mari Zacharie officie devant l’autel et tandis que le peuple assemblé prie pour la venue d’un libérateur, moi, Gabriel, je viens t’annoncer que bientôt tu enfanteras un fils qui sera le précurseur de ce divin éducateur, tu appelleras ton fils Jean. Il grandira consacré au Seigneur ton Dieu et, quand il sera dans la force de l’âge, il réjouira ton cœur parce qu’il tournera de nombreuses âmes vers Dieu et annoncera aussi la venue du guérisseur de l’âme de ton peuple et du libérateur spirituel de toute l’humanité. Ta parente Marie sera la mère de cet enfant de la promesse, et je lui apparaitrai à elle aussi. » 122:2.4 Cette vision effraya beaucoup Élisabeth. Après le départ de Gabriel, elle réfléchit beaucoup à cette expérience en méditant longuement les dires du majestueux visiteur, mais elle ne parla de cette révélation à nul autre qu’à son époux jusqu’à sa rencontre ultérieure avec Marie, l’année suivante au début de février. 122:2.5 Cependant, durant cinq mois, Élisabeth garda son secret même vis-à-vis de son mari. Quand elle lui révéla la visitation de Gabriel, Zacharie accueillit son récit avec scepticisme et, pendant des semaines, il douta de la réalité de toute l’expérience, ne consentant à croire qu’à demi à la visite rendue par Gabriel à sa femme, jusqu’au moment où il ne put plus mettre en doute qu’elle attendait un enfant. Zacharie était fort perplexe au sujet de la prochaine maternité d’Élisabeth, mais il ne mit pas en doute l’intégrité de sa femme, nonobstant son propre âge avancé. Ce ne fut pas avant environ la sixième semaine précédant la naissance de Jean que Zacharie, à la suite d’un rêve impressionnant, acquit l’entière conviction qu’Élisabeth allait devenir la mère d’un fils de la destinée, d’un homme chargé de préparer le chemin pour la venue du Messie. 122:2.6 Ce fut vers la mi-novembre de l'an huit av. J.-C. que Gabriel apparut à Marie tandis qu’elle travaillait dans sa maison de Nazareth. Plus tard, quand Marie ne douta plus qu’elle allait devenir mère, elle persuada Joseph de la laisser aller à la ville de Juda, dans les collines à sept kilomètres à l’ouest de Jérusalem, pour rendre visite à Élisabeth. Gabriel avait informé chacune des deux futures mères de son apparition à l’autre. Elles étaient donc naturellement impatientes de se rencontrer, de comparer leurs expériences et de s’entretenir de l’avenir probable de leurs fils. Marie resta trois semaines chez sa cousine lointaine. Élisabeth contribua beaucoup à consolider la confiance de Marie dans la vision de Gabriel, de sorte que Marie retourna chez elle plus amplement vouée à la vocation d’être la mère de l’enfant de la destinée, qu’elle devait si prochainement présenter au monde comme un bébé sans défense, un enfant normal et moyen du royaume. 122:2.7 Jean naquit dans la ville de Juda, le 25 mars de l’an 7 av. J.-C. Zacharie et Élisabeth se réjouissaient grandement de ce qu’un fils leur soit venu comme Gabriel l’avait promis. Le huitième jour, quand ils présentèrent l’enfant à la circoncision, ils le prénommèrent officiellement Jean comme il leur avait été prescrit auparavant. Déjà, un neveu de Zacharie était parti pour Nazareth, porteur du message d’Élisabeth à Marie annonçant que son fils était né et qu’il s’appellerait Jean. 122:2.8 Depuis la plus tendre enfance de Jean, ses parents lui inculquèrent judicieusement l’idée qu’en grandissant il était destiné à devenir un chef spirituel et un éducateur religieux, et le cœur de Jean était toujours un terrain favorable pour les suggestions qui y étaient ainsi semées. Même dans son enfance, on le trouvait fréquemment au temple pendant les périodes de service de son père et il était extrêmement impressionné par la signification de tout ce qu’il voyait. 3. L’annonciation faite à Marie par Gabriel 122:3.1 Un soir, vers le coucher du soleil, avant que Joseph ne fût rentré à la maison, Gabriel apparut à Marie à côté d’une table basse en pierre ; après qu’elle se fut remise de son étonnement, il lui dit : « Je viens sur l’ordre de celui qui est mon Maitre et que tu devras aimer et nourrir. À toi, Marie, j’apporte de bonnes nouvelles, car je t’annonce que ta conception est ordonnée par le ciel et qu’en temps voulu, tu deviendras mère d’un fils ; tu l’appelleras Joshua ; il inaugurera le royaume des cieux sur la terre et parmi les hommes. Ne parle pas de tout ceci, sauf à Joseph et à Élisabeth, ta parente à laquelle je suis également apparu et qui, elle aussi, va bientôt donner naissance à un fils dont le nom sera Jean. Celui-là préparera la voie pour le message de délivrance que ton fils proclamera aux hommes avec une grande puissance et une profonde conviction. Ne doute pas de ma parole, Marie, car ce foyer a été choisi comme habitat terrestre de l’enfant de la destinée. Ma bénédiction est sur toi, le pouvoir des Très Hauts te donnera de la force et le Seigneur de toute la terre te couvrira de son ombre. » 122:3.2 Pendant plusieurs semaines, Marie médita secrètement dans son cœur cette visitation. Quand elle fut certaine qu’elle attendait un enfant, elle osa enfin révéler à son mari ces évènements sortant de l’ordinaire. Lorsque Joseph apprit tout cela, et bien qu’il eût grande confiance en Marie, il fut très troublé et ne put dormir pendant bien des nuits. D’abord Joseph eut des doutes sur la visitation de Gabriel. Ensuite, quand il fut à peu près persuadé que Marie avait réellement entendu la voix et vu la forme du divin messager, il se tortura l’esprit, se demandant comment de telles choses pouvaient arriver. Comment un descendant d’êtres humains pouvait-il être un enfant à destinée divine ? Joseph ne put résoudre ce conflit d’idées ; jusqu’à ce qu’après y avoir pensé pendant plusieurs semaines, Joseph et Marie soient arrivés à la conclusion qu’ils avaient été choisis pour devenir les parents du Messie, bien que les Juifs n’aient guère eu le concept que le libérateur attendu dût être de nature divine. Étant arrivée à cette conclusion capitale, Marie se hâta de partir pour rendre visite à Élisabeth. 122:3.3 À son retour, Marie alla voir ses parents Joachim et Anna. Ses deux frères, ses deux sœurs aussi bien que ses parents furent toujours très sceptiques sur la mission divine de Jésus, bien qu’à cette époque, ils n’aient naturellement rien su de la visitation de Gabriel. Mais Marie confia bien à sa sœur Salomé qu’elle pensait que son fils était destiné à devenir un grand éducateur. 122:3.4 L’annonce de Gabriel à Marie fut faite le jour qui suivit la conception de Jésus, et ce fut le seul évènement surnaturel lié à l’entière expérience de Marie consistant à porter et à mettre au monde l’enfant de la promesse. 4. Le rêve de Joseph 122:4.1 Joseph n’accepta l’idée que Marie allait devenir la mère d’un enfant extraordinaire qu’après avoir fait l’expérience d’un rêve très impressionnant. Dans ce rêve, un brillant messager céleste lui apparut et lui dit entre autres choses : « Joseph, je t’apparais sur l’ordre de Celui qui règne maintenant dans les cieux ; j’ai reçu mandat de t’informer en ce qui concerne le fils que Marie va enfanter et qui deviendra une grande lumière dans ce monde. En lui sera la vie, et sa vie deviendra la lumière de l’humanité. Il viendra d’abord aux gens de son propre peuple, mais à peine le recevront-ils ; mais, à tous ceux qui le recevront, il révélera qu’ils sont les enfants de Dieu. » Après cette expérience, Joseph ne douta plus jamais totalement de l’histoire de Marie concernant la visitation de Gabriel et la promesse que l’enfant à naitre serait un messager divin pour le monde. 122:4.2 Dans toutes ces visitations, rien n’avait été dit concernant la maison de David. Rien n’avait été notifié laissant entendre que Jésus deviendrait un « libérateur des Juifs », pas même qu’il devait être le Messie attendu depuis si longtemps. Jésus n’était pas un Messie tel que les Juifs l’avaient escompté, mais il était le libérateur du monde. Sa mission concernait toutes les races et tous les peuples, et non pas un groupe particulier. 122:4.3 Joseph n’était pas de la lignée du roi David. Marie avait plus d’ancêtres que Joseph dans la branche de David. Il est bien vrai que Joseph est allé à Bethléem, la cité de David, afin de se faire inscrire pour le recensement romain, mais c’était parce que, six générations auparavant, son aïeul paternel orphelin avait été adopté par un certain Zadoc, qui descendait directement de David ; c’est pourquoi Joseph comptait aussi comme appartenant à la « maison de David ». 122:4.4 La plupart des prétendues prophéties messianiques de l’Ancien Testament furent appliquées à Jésus longtemps longtemps après sa vie terrestre. Pendant des siècles, les prophètes hébreux avaient proclamé la venue d’un libérateur, et ces promesses avaient été interprétées par des générations successives comme se rapportant à un nouveau dirigeant juif qui siégerait sur le trône de David : on escomptait que, par les méthodes réputées miraculeuses de Moïse, il entreprendrait d’établir les Juifs en Palestine en tant que nation puissante, libre de toute domination étrangère. De plus, de nombreux passages figuratifs, apparaissant tout au cours des Écritures hébraïques, furent, par la suite, appliqués à tort à la mission de Jésus. Beaucoup de textes de l’Ancien Testament furent déformés de manière à paraitre cadrer avec certains épisodes de la vie terrestre du Maitre. Jésus lui-même dénia, une fois publiquement, tout lien avec la maison royale de David. Même le passage « une jeune fille mettra au monde un fils » fut changé en « une vierge mettra au monde un fils ». L’équivoque porte également sur les nombreuses généalogies de Joseph et Marie, qui furent établies après la carrière de Micaël sur terre. Bon nombre de ces lignages comprenaient beaucoup d’ancêtres du Maitre, mais, dans l’ensemble, ils ne sont pas authentiques et l’on ne peut se fier à leur exactitude. Trop souvent, les premiers disciples de Jésus succombèrent à la tentation de présenter les anciennes expressions prophétiques comme trouvant leur accomplissement dans la vie de leur Seigneur et Maitre. 5. Les parents terrestres de Jésus 122:5.1 Joseph était un homme aux manières douces, extrêmement consciencieux et, en toute chose, fidèle aux conventions et pratiques religieuses de son peuple. Il parlait peu, mais pensait beaucoup. La pénible condition du peuple juif lui causait beaucoup de chagrin. Dans sa jeunesse, parmi ses huit frères et sœurs, il avait été plus gai, mais, au cours des premières années de son mariage (pendant l’enfance de Jésus), il fut sujet à des périodes de léger découragement spirituel. Ces manifestations d’humeur s’atténuèrent grandement juste avant sa mort prématurée et après que la situation matérielle de sa famille eut été améliorée par son élévation, du rang de charpentier, au rôle d’un entrepreneur prospère. 122:5.2 Le caractère de Marie était tout l’opposé de celui de son mari. Généralement gaie, elle était très rarement abattue et possédait un naturel toujours rayonnant. Marie se laissait aller à l’expression libre et fréquente de ses sentiments émotionnels ; on ne la vit jamais affligée avant la mort soudaine de Joseph. À peine remise de ce choc, elle fut plongée dans l’inquiétude et la perplexité éveillées en elle par l’extraordinaire carrière de son fils ainé, qui se déroulait si rapidement sous son regard étonné. Mais, au cours de toute cette expérience insolite, Marie resta calme, courageuse et assez avisée dans ses rapports avec son étrange et peu compréhensible fils ainé, et avec ses frères et sœurs survivants. 122:5.3 Jésus tenait de son père beaucoup de sa douceur exceptionnelle et de sa merveilleuse compréhension sympathisante de la nature humaine ; il avait hérité de sa mère son don de grand éducateur et son immense capacité de juste indignation. Dans ses réactions émotionnelles envers son entourage pendant sa vie adulte, Jésus était parfois, comme son père, méditatif et pieux, parfois caractérisé par une tristesse apparente, mais, le plus souvent, il allait de l’avant de la manière optimiste et déterminée correspondant au naturel de sa mère. Dans l’ensemble, le caractère de Marie tendait à dominer la carrière du divin Fils au fur et à mesure qu’il grandissait et avançait à grands pas dans sa vie d’adulte. Par certains côtés, Jésus était un mélange des traits de caractère de ses parents ; sous d’autres aspects, il présentait les traits de l’un en contraste avec ceux de l’autre. 122:5.4 De Joseph, Jésus tenait sa stricte éducation dans les usages des cérémonies juives et sa connaissance exceptionnelle des Écritures hébraïques ; de Marie, il tenait un point de vue plus large sur la vie religieuse et une conception plus libérale de la liberté spirituelle personnelle. 122:5.5 Les deux familles de Joseph et Marie étaient très instruites pour leur temps. L’éducation de Joseph et de Marie dépassait de beaucoup la moyenne pour leur époque et leur situation sociale. Lui était un penseur, elle était une femme prévoyante, douée d’une grande faculté d’adaptation et d’un sens pratique dans l’exécution des tâches immédiates. Joseph était un brun aux yeux noirs ; Marie était d’un type presque blond aux yeux bruns. 122:5.6 Si Joseph avait vécu, il serait indubitablement devenu un ferme croyant à la divine mission de son fils ainé. Marie oscillait entre la croyance et le doute, grandement influencée par la position prise par ses autres enfants et par ses amis et parents, mais finalement elle fut toujours fortifiée dans son attitude par le souvenir de l’apparition de Gabriel aussitôt après la conception de l’enfant. 122:5.7 Marie était une tisseuse experte, d’une habileté au-dessus de la moyenne dans la plupart des arts ménagers de l’époque ; elle était une bonne maitresse de maison et supérieurement capable de créer un foyer. Joseph et Marie étaient tous deux de bons éducateurs et veillèrent à ce que leurs enfants fussent bien versés dans les connaissances de leur temps. 122:5.8 À l’époque où il était jeune homme, Joseph fut engagé par le père de Marie pour construire une annexe à sa maison, et ce fut au moment où Marie apporta à Joseph une coupe d’eau au cours d’un repas de midi que, pour la première fois, les deux jeunes gens qui étaient destinés à devenir parents de Jésus commencèrent vraiment à se faire la cour. 122:5.9 Joseph et Marie se marièrent, selon la coutume juive, au domicile de Marie, aux environs de Nazareth, lorsque Joseph eut vingt-et-un ans. Ce mariage fut conclu après des fiançailles normales d’environ deux ans. Peu après, ils s’installèrent dans leur nouvelle maison de Nazareth qui avait été construite par Joseph avec l’aide de deux de ses frères. Cette maison était située au pied des hauteurs qui dominaient si agréablement la contrée environnante. Dans cette maison spécialement préparée, les jeunes époux en attente d’un enfant pensaient accueillir l’enfant de la promesse, sans imaginer que cet important évènement de l’univers allait survenir à Bethléem en Judée, pendant qu’ils seraient absents de leur domicile. 122:5.10 La plus grande partie de la famille de Joseph se rallia aux enseignements de Jésus, mais très peu de membres de la famille de Marie crurent en lui avant son départ de ce monde. Joseph inclinait plus vers le concept spirituel du Messie attendu, mais Marie et sa famille, et surtout son père, tenaient à l’idée du Messie en tant que libérateur temporel et dirigeant politique. Les ancêtres de Marie s’étaient identifiés ouvertement à la cause des Macchabées en des temps alors encore récents. 122:5.11 Joseph soutenait vigoureusement le point de vue oriental ou babylonien de la religion juive. Marie penchait fortement pour l’interprétation occidentale ou hellénique de la loi et des prophètes, qui était plus large et plus libérale. 6. Le foyer de Nazareth 122:6.1 La maison de Jésus n’était pas loin de la haute colline dans la partie nord de Nazareth, à une certaine distance de la source du village, qui était située dans la section est de la ville. La famille de Jésus résidait à la périphérie de la cité, ce qui rendit plus aisé au jeune garçon de jouir de fréquentes promenades dans la campagne et de grimper jusqu’au sommet de cette colline voisine, la plus haute de toutes les collines du sud de la Galilée, à l’exception de la chaine du mont Tabor à l’est et de la colline de Naïn, qui avait à peu près la même hauteur. Leur maison était située un peu au sud, et à l’est du promontoire sud de cette colline, et à peu près à mi-chemin entre la base de cette élévation et la route conduisant de Nazareth à Cana. Mise à part l’ascension de la colline, la promenade favorite de Jésus consistait à suivre un étroit sentier serpentant le long de la base de la colline dans la direction nord-est, jusqu’à un point où il rejoignait la route de Sepphoris. 122:6.2 La demeure de Joseph et de Marie était construite en pierre et se composait d’une pièce avec un toit plat, plus un bâtiment annexe pour loger les animaux. Le mobilier consistait en une table basse en pierre, des pots et des plats en terre cuite et en pierre, un métier à tisser, une lampe, plusieurs petits tabourets et des nattes pour dormir sur le sol de pierre. Dans la cour, près de l’annexe des animaux, se trouvait l’abri qui couvrait le four et le moulin à grains. Il fallait deux personnes pour faire marcher ce type de moulin, une pour moudre et une autre pour l’alimenter en grain. Quand Jésus était petit, il alimentait souvent le moulin en grain pendant que sa mère tournait la meule. 122:6.3 Plus tard, quand la famille s’accrut, ils s’accroupissaient tous pour prendre leur repas autour de la table de pierre agrandie, et puisant la nourriture à même le plat ou le pot commun. En hiver, pendant le repas du soir, la table était éclairée par une petite lampe plate de terre cuite que l’on remplissait d’huile d’olive. Après la naissance de Marthe, Joseph ajouta à la maison une grande pièce, qui fut utilisée comme atelier de charpentier pendant le jour et comme chambre à coucher pendant la nuit. 7. Le voyage à Bethléem 122:7.1 Au mois de mars de l’an 8 av. J.-C. (le mois où Joseph et Marie se marièrent), César Auguste décréta que tous les habitants de l’empire romain devaient être dénombrés et qu’il fallait faire un recensement dont on pourrait se servir pour améliorer le prélèvement des impôts. Et cela, conjointement aux sérieuses difficultés intérieures d’Hérode, roi de Judée, et au fait que les Juifs avaient toujours été très hostiles à toute tentative de « dénombrement de la population », avait contribué à retarder d’un an ce recensement dans le royaume juif. Dans tout l’empire romain, ce recensement fut effectué en l’an 8 av. J.-C., excepté dans le royaume d’Hérode en Palestine où il eut lieu un an plus tard, en l’an 7 av. J.-C. 122:7.2 Il n’était pas nécessaire que Marie aille à Bethléem pour l’enregistrement – Joseph étant autorisé à inscrire sa famille – mais Marie, qui était une personne d’humeur aventureuse et dynamique, insista pour l’accompagner. Elle avait peur de rester seule, de crainte que l’enfant ne naisse pendant l’absence de Joseph ; de plus, Bethléem n’était pas loin de la ville de Juda et Marie prévoyait la possibilité d’un agréable entretien avec sa parente Élisabeth. 122:7.3 En fait, Joseph défendit à Marie de l’accompagner, mais cela fut inutile ; au moment d’empaqueter la nourriture pour le voyage de trois ou quatre jours, elle prépara des rations pour deux personnes et se tint prête à partir. Mais, avant de se mettre effectivement en route, Joseph avait consenti au départ de Marie, et ils quittèrent gaiement Nazareth au point du jour. 122:7.4 Joseph et Marie étaient pauvres et, comme ils n’avaient qu’une seule bête de somme, Marie, étant enceinte, monta sur l’animal portant les provisions, tandis que Joseph allait à pied, conduisant la bête. La construction et l’aménagement d’une maison avaient représenté un sérieux prélèvement sur les ressources de Joseph, étant donné qu’il devait également contribuer à l’entretien de ses parents, son père étant devenu invalide depuis peu. Et c’est ainsi que ce couple juif quitta son humble logis dans cette matinée du 18 aout de l’an 7 av. J.-C. en route pour Bethléem. 122:7.5 Leur premier jour de voyage les amena à contourner les contreforts du mont Gilboa, où ils campèrent pour la nuit au bord du Jourdain. Ils firent maintes suppositions sur la nature du fils qui allait leur naitre, Joseph adhérant au concept d’un éducateur spirituel et Marie tenant à l’idée d’un Messie juif, un libérateur de la nation hébraïque. 122:7.6 De bonne heure le matin du 19 aout, Joseph et Marie se mirent de nouveau en route. Ils prirent leur repas de midi au pied du mont Sartaba, qui domine la vallée du Jourdain, et continuèrent leur voyage, gagnant Jéricho où ils s’arrêtèrent pour la nuit dans une auberge sur la grand-route, dans les faubourgs de la ville. Après le repas du soir et maintes discussions sur l’oppression par le gouvernement romain, sur Hérode, sur le recensement et sur l’influence comparée de Jérusalem et d’Alexandrie comme centres d’études et de culture juives, les voyageurs de Nazareth se retirèrent pour le repos nocturne. Tôt dans la matinée du 20 aout, ils reprirent leur voyage et atteignirent Jérusalem avant midi. Ils visitèrent le temple et poursuivirent leur chemin pour arriver à Bethléem au milieu de l’après-midi. 122:7.7 L’auberge était bondée ; en conséquence, Joseph chercha un logement chez des parents éloignés, mais toutes les chambres de Bethléem regorgeaient de monde. Quand il revint dans la cour de l’auberge, on l’informa que les étables pour caravanes, taillées dans le flanc du rocher et situées juste au-dessous de l’auberge, avaient été vidées de leurs animaux et nettoyées pour recevoir des clients. Laissant l’âne dans la cour, Joseph chargea sur ses épaules les sacs de vêtements et de provisions, et descendit avec Marie les marches de pierre conduisant à leur logement. Ils se trouvèrent installés dans ce qui avait été une grange à grain, devant les stalles et les mangeoires. Des toiles de tente avaient été appendues et ils s’estimèrent très heureux d’avoir trouvé un logement aussi confortable. 122:7.8 Joseph pensait aller s’inscrire tout de suite, mais Marie était lasse ; elle souffrait beaucoup et le supplia de rester auprès d’elle, ce qu’il fit. 8. La naissance de Jésus 122:8.1 Toute la nuit, Marie fut agitée, de sorte que le couple ne dormit pas beaucoup. Au lever du jour, les douleurs de l’enfantement commencèrent nettement, et, à midi le 21 aout de l’an 7 av. J.-C., avec l’aide et la généreuse assistance de compagnes de voyage, Marie accoucha d’un enfant mâle. Jésus de Nazareth était né dans le monde ; il fut enveloppé dans les vêtements que Marie avait apportés en prévision d’un tel évènement, et couché dans une crèche voisine. 122:8.2 L’enfant de la promesse était venu au monde exactement de la même manière que tous les bébés avant et depuis ce jour. Le huitième jour, selon la pratique juive, il fut circoncis et appelé officiellement Joshua (Jésus). 122:8.3 Le lendemain de la naissance de Jésus, Joseph se fit recenser. Un homme, avec qui Joseph avait lié conversation l’avant-veille à Jéricho, l’emmena chez un ami fortuné qui occupait une chambre à l’auberge, et qui se déclara heureux d’échanger son logement avec celui du couple de Nazareth. L’après-midi, ils emménagèrent à l’auberge où ils vécurent près de trois semaines, jusqu’à ce qu’ils eussent trouvé à se loger chez un parent éloigné de Joseph. 122:8.4 Le deuxième jour après la naissance de Jésus, Marie fit dire à Élisabeth que son fils était né et celle-ci lui répondit en invitant Joseph à monter à Jérusalem pour s’entretenir avec Zacharie de toutes leurs affaires. La semaine suivante, Joseph alla à Jérusalem pour conférer avec Zacharie. Zacharie et Élisabeth avaient tous deux acquis la conviction sincère que Jésus devait réellement devenir le libérateur des Juifs, le Messie, et que leur fils Jean deviendrait le chef de ses assistants, le bras droit de sa destinée. Puisque Marie partageait les mêmes idées, il ne fut pas difficile de persuader Joseph de rester à Bethléem, la cité de David, afin qu’en grandissant, Jésus puisse devenir le successeur de David sur le trône de tout Israël. En conséquence, ils restèrent plus d’un an à Bethléem, Joseph faisant pendant ce temps quelques travaux de charpentier. 122:8.5 À midi, au moment de la naissance de Jésus, les séraphins d’Urantia, assemblés sous les ordres de leurs directeurs, chantèrent effectivement des hymnes de gloire au-dessus de la crèche de Bethléem, mais ces expressions de louanges ne furent pas entendues par des oreilles humaines. Aucun berger ni aucune créature mortelle ne vint rendre hommage à l’enfant de Bethléem avant le jour où certains prêtres arrivant d’Ur furent envoyés de Jérusalem par Zacharie. 122:8.6 Ces prêtres de Mésopotamie avaient été informés, quelque temps auparavant, par un étrange éducateur religieux de leur pays, qu’il avait eu un songe dans lequel il avait été avisé de l’apparition prochaine de la « lumière de vie » sur la terre, sous la forme d’un nouveau-né, et parmi les Juifs. C’est là que se rendirent ces trois éducateurs cherchant cette « lumière de vie ». Après plusieurs semaines de vaines recherches à Jérusalem, ils allaient repartir pour Ur quand Zacharie les rencontra et leur révéla sa croyance que Jésus était l’objet de leur quête ; il les envoya à Bethléem où ils trouvèrent le bébé et laissèrent leurs présents à Marie, sa mère terrestre. L’enfant avait près de trois semaines au moment de leur visite. 122:8.7 Ces hommes sages ne virent pas d’étoile pour les guider vers Bethléem. La belle légende de l’étoile de Bethléem a pris naissance comme suit : Jésus était né le 21 aout à midi de l’an 7 av. J.-C. Or, le 29 mai du même an 7, il y avait eu une extraordinaire conjonction de Jupiter et de Saturne dans la constellation des Poissons. C’est un fait astronomique remarquable que des conjonctions similaires se soient produites le 29 septembre et le 5 décembre de la même année. Sur la base de ces évènements exceptionnels, mais absolument naturels, les zélateurs bien intentionnés des générations suivantes construisirent l’attrayante légende de l’étoile de Bethléem conduisant les Mages près de la crèche où ils virent et adorèrent l’enfant nouveau-né. Les cerveaux de l’Orient et du Moyen-Orient se délectent de contes de fées et tissent continuellement de tels mythes admirables autour de la vie de leurs chefs religieux et de leurs héros politiques. En l’absence d’imprimeries, quand la plupart des connaissances humaines se transmettaient de bouche à oreille d’une génération à la suivante, il était très facile aux mythes de devenir traditions, et aux traditions d’être finalement acceptées comme des faits. 9. La présentation au temple 122:9.1 Moïse avait enseigné aux Juifs que chaque fils premier-né appartenait au Seigneur, mais que ces enfants-là, au lieu d’être sacrifiés comme c’était la coutume parmi les nations païennes, pouvaient avoir la vie sauve si leurs parents voulaient les racheter en payant cinq sicles à n’importe quel prêtre autorisé. Il existait aussi une ordonnance mosaïque qui décrétait qu’après un certain laps de temps, une mère devait se présenter au temple pour la purification (ou bien faire faire par quelqu’un d’autre le sacrifice approprié). Il était d’usage d’accomplir ces deux cérémonies en même temps. En conséquence, Joseph et Marie se rendirent en personne au temple, à Jérusalem, pour présenter Jésus aux prêtres, effectuer son rachat et aussi pour faire le sacrifice approprié pour assurer à Marie la purification cérémonielle de la prétendue souillure de la parturition. 122:9.2 Deux personnages de caractère remarquable se promenaient constamment dans les cours du temple, Siméon, un chanteur, et Anne, une poétesse. Siméon était un Judéen, mais Anne était une Galiléenne. Les deux se tenaient fréquemment compagnie et étaient des intimes du prêtre Zacharie, qui leur avait confié le secret de Jean et de Jésus. Siméon et Anne désiraient tous deux ardemment la venue du Messie, et leur confiance en Zacharie les conduisit à croire que Jésus était le libérateur attendu par le peuple juif. 122:9.3 Zacharie savait quel jour Joseph et Marie devaient venir au temple avec Jésus, et il avait convenu d’avance avec Siméon et Anne qu’il lèverait la main en salut, au passage de la procession des premiers-nés, pour leur indiquer lequel était Jésus. 122:9.4 Pour cette occasion, Anne avait écrit un poème que Siméon se mit à chanter, au plus grand étonnement de Joseph, de Marie et de tous ceux qui étaient assemblés dans les cours du temple. Voici leur hymne célébrant le rachat du fils premier-né : 122:9.5 Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël, 122:9.6 Car il nous a visités, et il a racheté son peuple ; 122:9.7 Il a élevé une corne de salut pour chacun de nous 122:9.8 Dans la maison de son serviteur David. 122:9.9 Selon ce qu’il a dit par la bouche de ses saints prophètes – 122:9.10 Il nous délivre de nos ennemis et de la main de tous ceux qui nous haïssent ; 122:9.11 Il fait miséricorde à nos pères et se remémore sa sainte alliance – 122:9.12 Le serment par lequel il jura à Abraham notre père 122:9.13 Qu’il nous permettrait, après délivrance de la main de nos ennemis, de le servir sans frayeur, 122:9.14 En sainteté et droiture devant lui tous les jours de notre vie. 122:9.15 Oui, et toi, enfant de la promesse, tu seras appelé le prophète du Très Haut ; 122:9.16 Car tu iras devant la face du Seigneur pour établir son royaume, 122:9.17 Pour donner connaissance du salut à son peuple 122:9.18 Dans la rémission de ses péchés. 122:9.19 Réjouissez-vous dans la tendre miséricorde de notre Dieu, 122:9.20 Parce que la source de lumière d’en haut nous a maintenant visités 122:9.21 Pour éclairer ceux qui se tiennent dans les ténèbres et l’ombre de la mort, 122:9.22 Pour guider nos pas dans les chemins de la paix. 122:9.23 Et maintenant laisse ton serviteur partir en paix, Ô Seigneur, selon ta parole, 122:9.24 Car mes yeux ont vu ton salut 122:9.25 Que tu as préparé devant la face de tous les peuples, 122:9.26 Une lumière pour éclairer même les Gentils 122:9.27 Et la gloire de ton peuple Israël. 122:9.28 Sur le chemin du retour à Bethléem, Joseph et Marie furent silencieux – troublés et submergés d’une crainte respectueuse. Marie était très troublée par le salut d’adieu d’Anne, la vieille poétesse, et Joseph n’était pas d’accord sur l’effort prématuré pour faire déjà de Jésus le Messie attendu du peuple juif. 10. Hérode agit 122:10.1 Les informateurs d’Hérode n’étaient pas inactifs. Quand ils lui rendirent compte de la visite des prêtres d’Ur à Bethléem, Hérode convoqua ces Chaldéens devant lui. Il s’informa soigneusement auprès de ces sages sur le nouveau « roi des Juifs », mais ils ne lui donnèrent guère satisfaction, expliquant que le bébé était né d’une femme qui était venue avec son mari à Bethléem pour le recensement. Hérode n’était pas satisfait de cette réponse, il les renvoya avec une bourse et leur ordonna de trouver l’enfant, afin que lui aussi aille l’adorer puisqu’ils avaient déclaré que son royaume devait être spirituel et non temporel. Les sages ne revenant pas, Hérode devint méfiant. Tandis qu’il retournait ces choses dans sa tête, ses informateurs revinrent et lui firent un rapport complet sur les récents incidents survenus au temple : ils lui apportèrent une copie de certaines parties du cantique de Siméon qui avait été chanté à la cérémonie du rachat de Jésus. Mais ils avaient omis de suivre Joseph et Marie. Hérode se mit fort en colère contre ses agents incapables de lui dire où le couple avait emmené l’enfant. Il envoya alors des enquêteurs chargés de dépister Joseph et Marie. Sachant qu’Hérode poursuivait la famille nazaréenne, Zacharie et Élisabeth restèrent éloignés de Bethléem. Le petit garçon fut caché chez des parents de Joseph. 122:10.2 Joseph craignait de chercher du travail, et ses maigres économies fondaient rapidement. Même au moment de la cérémonie de purification au temple, Joseph se jugea assez pauvre pour limiter à deux jeunes pigeons l’offrande de Marie, comme Moïse l’avait ordonné pour la purification des mères indigentes. 122:10.3 Lorsqu’après plus d’un an de recherches, les espions d’Hérode n’eurent pas retrouvé Jésus et comme on soupçonnait que le bébé était encore caché à Bethléem, Hérode prépara un décret ordonnant la fouille systématique de toutes les maisons de Bethléem et la mise à mort de tous les enfants mâles âgés de moins de deux ans. De cette manière Hérode espérait s’assurer que l’enfant destiné à devenir « le roi des Juifs » serait exterminé. C’est ainsi que seize bébés mâles périrent en un jour à Bethléem de Judée. Mais l’intrigue et le meurtre, même dans sa famille proche, étaient monnaie courante à la cour d’Hérode. 122:10.4 Le massacre de ces enfants eut lieu vers le milieu d’octobre de l’an 6 av. J.-C., alors que Jésus était âgé d’un peu plus d’un an. Mais, même parmi les attachés à la cour d’Hérode, il y avait des gens qui croyaient à la venue du Messie, et l’un de ceux-ci, apprenant l’ordre de massacrer les enfants mâles de Bethléem, se mit en rapport avec Zacharie, qui, à son tour, envoya un messager à Joseph et, la nuit avant le massacre, Joseph et Marie quittèrent Bethléem avec l’enfant pour se rendre à Alexandrie en Égypte. Pour éviter d’attirer l’attention, ils voyagèrent seuls avec Jésus jusqu’en Égypte. Ils allèrent à Alexandrie avec les fonds procurés par Zacharie et, là, Joseph reprit son métier, tandis que Marie et Jésus logeaient chez des parents aisés de la famille de Joseph. Ils séjournèrent à Alexandrie pendant deux années entières et ne retournèrent à Bethléem qu’après la mort d’Hérode. FASCICULE 123. La prime enfance de Jésus 123:0.1 Par suite des incertitudes et des anxiétés de leur séjour à Bethléem, Marie ne sevra pas le bébé avant qu’ils ne soient arrivés sains et saufs à Alexandrie, où la famille put reprendre une vie normale. Ils vécurent chez des parents, et Joseph, ayant trouvé du travail peu après leur arrivée, put facilement entretenir les siens. Il fut employé comme charpentier pendant plusieurs mois et ensuite élevé à la situation de contremaitre d’un groupe important d’ouvriers employés à la construction d’un édifice public, alors en chantier. Cette nouvelle expérience lui donna l’idée de s’établir entrepreneur et constructeur après son retour à Nazareth. 123:0.2 Tout au long de ces premières années de la prime enfance où Jésus était sans défense, Marie veilla sans relâche pour que rien n’arrivât à son enfant qui pût menacer son bien-être ou qui pût déranger, d’une manière quelconque, sa future mission sur terre ; nulle mère ne fut jamais plus dévouée à son enfant. Au foyer où se trouvait Jésus, il y avait deux enfants à peu près de son âge et, parmi les proches voisins, six autres étaient d’âge suffisamment rapproché pour en faire des compagnons de jeu acceptables. Tout d’abord, Marie fut tentée de garder Jésus à ses côtés. Elle craignait que quelque chose lui arrivât si l’on permettait à Jésus de jouer dans le jardin avec les autres enfants, mais Joseph, avec l’appui de sa parenté, parvint à la convaincre que cette ligne de conduite priverait Jésus de la précieuse expérience d’apprendre à s’adapter aux enfants de son âge. Comprenant qu’un tel programme de protection exagérée et inhabituelle risquait de rendre Jésus emprunté et quelque peu égocentrique, Marie donna finalement son assentiment au plan qui permettait à l’enfant de la promesse de grandir exactement comme tous les autres enfants. Tout en restant soumise à la décision prise, elle fit son affaire d’être toujours sur ses gardes pendant que le petit monde jouait autour de la maison ou dans le jardin. Seule une mère aimante peut savoir le poids que Marie eut à porter dans son cœur pour la sécurité de son fils durant ces années de sa petite enfance et de sa prime enfance. 123:0.3 Durant les deux années de leur séjour à Alexandrie, Jésus jouit d’une bonne santé et continua à grandir normalement. À part un petit nombre d’amis et de parents, personne ne fut informé que Jésus était un « enfant de la promesse ». L’un des parents de Joseph le révéla à quelques amis de Memphis, descendants du lointain Ikhnaton. Avec un petit groupe de croyants d’Alexandrie, ils s’assemblèrent dans la somptueuse demeure du parent-bienfaiteur de Joseph, peu de temps avant le retour en Palestine, pour présenter leurs vœux à la famille de Nazareth et leurs respects à l’enfant. À cette occasion, les amis assemblés firent don à Jésus d’un exemplaire complet de la traduction en grec des Écritures hébraïques ; mais cet exemplaire des textes sacrés juifs ne fut pas remis entre les mains de Joseph avant que lui et Marie eussent tous deux décliné l’invitation de leurs amis de Memphis et d’Alexandrie à rester en Égypte. Ces amis croyants affirmaient que l’enfant de la promesse pourrait exercer une bien plus grande influence mondiale en habitant Alexandrie plutôt que n’importe quelle ville de Palestine. Ces arguments retardèrent quelque temps le départ de Joseph pour la Palestine après qu’il eut reçu la nouvelle de la mort d’Hérode. 123:0.4 Finalement, Joseph et Marie quittèrent Alexandrie sur un bateau, en partance pour Joppé, appartenant à leur ami Ezraéon, et arrivèrent à ce port à la fin d’aout de l’an 4 av. J.-C. Ils se rendirent directement à Bethléem, où ils passèrent tout le mois de septembre, tenant conseil avec leurs amis et parents pour savoir s’ils devaient rester là ou retourner à Nazareth. 123:0.5 Marie n’avait jamais complètement abandonné l’idée que Jésus devait grandir à Bethléem, la cité de David. Joseph ne croyait pas réellement que leur fils était destiné à devenir un roi libérateur d’Israël. En outre, il savait que lui-même n’était pas un vrai descendant de David ; le fait d’être compté parmi la postérité de David était dû à l’adoption d’un de ses ancêtres dans la lignée des descendants de David. Marie pensait naturellement que la cité de David était l’endroit le mieux approprié pour élever le nouveau candidat au trône de David, mais Joseph préférait tenter sa chance avec Hérode Antipas plutôt qu’avec son frère Archelaüs. Il concevait de grandes craintes pour la sécurité de l’enfant à Bethléem ou dans toute autre cité de Judée ; il pensait qu’Archelaüs suivrait plus volontiers la politique menaçante de son père Hérode, que ne le ferait Hérode Antipas en Galilée. En dehors de toutes ces raisons, Joseph exprima ouvertement sa préférence pour la Galilée, estimant que c’était un meilleur endroit pour élever et instruire l’enfant, mais il lui fallut trois semaines pour surmonter les objections de Marie. 123:0.6 Au premier octobre, Joseph avait convaincu Marie et tous leurs amis qu’il était préférable pour eux de retourner à Nazareth. En conséquence, au début d’octobre de l’an 4 av. J.-C., ils quittèrent Bethléem pour Nazareth par la route de Lydda et de Scythopolis. Ils partirent de bonne heure un dimanche matin ; Marie et l’enfant étaient montés sur une bête de somme nouvellement acquise, tandis que Joseph et cinq parents les accompagnaient à pied ; les parents de Joseph ne leur avaient pas permis de faire seuls le voyage de Nazareth. Ils craignaient d’aller en Galilée par Jérusalem et la vallée du Jourdain ; et les routes de l’ouest n’étaient pas tout à fait sûres pour deux voyageurs isolés avec un enfant en bas âge. 1. De retour à Nazareth 123:1.1 Au quatrième jour du voyage, le groupe atteignit sans encombre sa destination. Joseph et Marie arrivèrent sans préavis dans leur maison de Nazareth occupée, depuis plus de trois ans, par l’un des frères mariés de Joseph, qui en vérité fut surpris de les voir ; ils avaient arrangé leur affaire si discrètement que ni la famille de Joseph ni celle de Marie ne savaient même qu’ils avaient quitté Alexandrie. Le lendemain, le frère de Joseph déménagea sa famille, sur quoi Marie, pour la première fois depuis la naissance de Jésus, s’installa vraiment pour jouir de la vie dans son propre logis avec sa petite famille. En moins d’une semaine, Joseph trouva du travail comme charpentier, et ils furent extrêmement heureux. 123:1.2 Jésus avait environ trois ans et deux mois au moment de leur retour à Nazareth. Il avait très bien supporté tous ces voyages et se trouvait en excellente santé. Il éprouvait une joie enfantine et exubérante à profiter d’un logis à lui, où il pouvait s’ébattre librement ; mais la compagnie de ses camarades de jeux d’Alexandrie lui manquait beaucoup. 123:1.3 Sur le chemin de Nazareth, Joseph avait persuadé Marie qu’il serait inopportun de répandre, parmi leurs parents et amis galiléens, la nouvelle que Jésus était un enfant de la promesse. Ils furent d’accord pour ne faire aucune allusion à personne sur ce sujet et tous deux tinrent fidèlement parole. 123:1.4 Toute la quatrième année de Jésus fut pour lui une période de développement physique normal et d’activité mentale peu commune. Pendant ce temps, il s’était pris d’une grande amitié pour un jeune voisin, un garçon à peu près de son âge nommé Jacob. Jésus et Jacob étaient toujours heureux de jouer ensemble et devinrent avec le temps grands amis et de loyaux compagnons. 123:1.5 L’évènement suivant le plus important de la famille de Nazareth fut la naissance d’un deuxième enfant, Jacques, au petit matin du 2 avril de l’an 3 av. J.-C. Très ému à la pensée d’avoir un petit frère, Jésus se tenait près de lui pendant des heures, simplement pour observer les premiers gestes du bébé. 123:1.6 Ce fut vers le milieu de l’été de cette même année que Joseph bâtit un petit atelier près de la fontaine du village et du caravansérail. Après cela, il fit très peu de travaux de charpentier à la journée. Il avait comme associés deux de ses frères et plusieurs autres ouvriers qu’il envoyait travailler au dehors, tandis que lui-même restait à l’atelier à fabriquer des charrues, des jougs et d’autres objets en bois. Il travaillait aussi le cuir, la corde et la toile à voile. Jésus grandissait ; quand il n’était pas à l’école, il occupait son temps de façon à peu près égale à aider sa mère dans les menus travaux du ménage et à observer le travail de son père à l’atelier, tout en écoutant les conversations et les nouvelles échangées par les conducteurs de caravanes et des voyageurs venus des quatre coins du monde. 123:1.7 En juillet de cette année, un mois avant les quatre ans de Jésus, une épidémie maligne de troubles intestinaux, apportée par les voyageurs des caravanes, se déclara et se répandit dans Nazareth. Marie fut si alarmée par le danger auquel Jésus était exposé par cette épidémie qu’elle plia bagage avec ses deux enfants et s’enfuit à la ferme de son frère, à plusieurs kilomètres au sud de Nazareth, sur la route de Méguiddo, près de Sarid. Ils ne rentrèrent à Nazareth que plus de deux mois plus tard ; Jésus prit grand plaisir à sa première expérience dans une ferme. 2. La cinquième année (an 2 av. J.-C.) 123:2.1 Un peu plus d’un an après le retour à Nazareth, l’enfant Jésus arriva à l’âge de sa première décision morale personnelle et sincère, sur quoi un Ajusteur de Pensée vint habiter en lui. Ce don du Père Paradisiaque avait autrefois servi avec Machiventa Melchizédek et acquis ainsi l’expérience des opérations relatives à l’incarnation d’un être supramortel vivant dans la similitude de la chair mortelle. Cet évènement survint le 11 février de l’an 2 av. J.-C. Jésus ne fut pas plus conscient de la venue du divin Moniteur que ne le sont les millions et les millions d’autres enfants qui, avant et depuis ce jour, ont pareillement reçu des Ajusteurs de Pensée pour habiter leur mental, travailler à l’ultime spiritualisation de ce mental et préparer l’éternelle survie de leur âme immortelle évoluante. 123:2.2 En ce jour de février, prit fin la supervision directe et personnelle des Dirigeants de l’Univers en ce qui concernait l’intégrité de Micaël incarné comme enfant. À partir de ce moment-là et pendant tout le développement humain de son incarnation, la sauvegarde de Jésus devait relever de cet Ajusteur intérieur et des gardiens séraphiques associés, secondés de temps à autre par le ministère de créatures médianes désignées pour l’exécution de certaines tâches précises qui leur étaient confiées selon les instructions de leurs supérieurs planétaires. 123:2.3 Jésus eut cinq ans en aout de cette année ; c’est pourquoi nous en parlerons comme étant la cinquième de sa vie. En l’an 2 av. J.-C., un peu plus d’un mois avant son cinquième anniversaire, Jésus fut très heureux de la venue au monde de sa sœur Miriam, née dans la nuit du 11 juillet. Durant la soirée du lendemain, Jésus eut une longue conversation avec son père au sujet de la façon dont les divers groupes d’êtres vivants viennent au monde en tant qu’individus distincts. La part la plus précieuse de la première éducation de Jésus provint de ses parents, en réponse à ses questions réfléchies et profondes. Joseph ne manqua jamais de faire tout son devoir en prenant la peine et le temps de répondre aux nombreuses questions du garçon. Depuis l’âge de cinq ans jusqu’à l’âge de dix ans, Jésus fut un point d’interrogation continuel. Joseph et Marie ne pouvaient pas toujours répondre à ses questions, mais ils ne manquaient jamais de les discuter à fond et, dans toute la mesure du possible, ils l’assistaient dans ses efforts pour trouver une solution satisfaisante aux problèmes que son mental alerte lui avait suggérés. 123:2.4 Depuis leur retour à Nazareth, ils avaient eu une vie familiale très intense, et Joseph avait été exceptionnellement occupé par la construction de son nouvel atelier et la reprise de ses affaires. Il avait eu tellement de travail qu’il n’avait pas trouvé le temps de fabriquer un berceau pour Jacques, mais il avait remédié à cela bien avant la naissance de Miriam, de sorte qu’elle avait un berceau très confortable dans lequel elle se nichait tandis que la famille l’admirait. C’est de tout cœur que l’enfant Jésus participait à toutes ces expériences naturelles et normales du foyer. Il appréciait beaucoup son petit frère et sa petite sœur, et apporta une aide précieuse à Marie en prenant soin d’eux. 123:2.5 En ce temps-là, dans le monde des Gentils, il y avait peu de foyers capables de donner à un enfant une formation intellectuelle, morale et religieuse meilleure que celle des foyers juifs de Galilée. Ces Juifs avaient un programme systématique pour l’éducation et l’instruction de leurs enfants. Ils divisaient la vie des enfants en sept stades : 123:2.6 1. Le nouveau-né jusqu’à son huitième jour. 123:2.7 2. Le nourrisson allaité. 123:2.8 3. L’enfant sevré. 123:2.9 4. La période où il dépend de la mère, allant jusqu’à la fin de la cinquième année. 123:2.10 5. Le commencement de l’indépendance de l’enfant et, en ce qui concerne les fils, la prise de responsabilité du père pour assumer leur éducation. 123:2.11 6. Les garçons et filles adolescents. 123:2.12 7. Les jeunes hommes et les jeunes femmes. 123:2.13 Chez les Juifs de Galilée, la coutume voulait que les mères portent la responsabilité de l’éducation des enfants jusqu’à leur cinquième anniversaire et, si l’enfant était un garçon, qu’elles passent alors cette responsabilité au père. Cette année-là, Jésus entra donc dans le cinquième stade de la carrière d’un enfant juif galiléen ; c’est pourquoi, le 21 aout de l’an 2 av. J.-C. et selon la coutume, Marie le confia officiellement à Joseph pour la suite de son éducation. 123:2.14 Quoique Joseph dût maintenant assumer directement la responsabilité de l’éducation intellectuelle et religieuse de Jésus, sa mère s’intéressait encore à son éducation familiale. Elle lui apprit à connaitre et à soigner les vignes et les fleurs poussant contre les murs qui entouraient complètement le jardin de leur domicile. C’est elle aussi qui garnit la terrasse de la maison (la chambre à coucher d’été) de caisses de sable peu profondes dans lesquelles Jésus dessina des cartes et s’exerça de bonne heure à écrire en araméen, en grec et plus tard en hébreu, car il apprit en son temps à lire, à écrire et à parler couramment les trois langues. 123:2.15 Jésus se révélait être physiquement un enfant presque parfait, et il continuait à se développer d’une façon normale, mentalement et émotionnellement. À la fin de sa cinquième année, il souffrit d’un léger trouble digestif, sa première maladie bénigne. 123:2.16 Bien que Joseph et Marie parlassent souvent de l’avenir de leur fils ainé, si vous aviez été là, vous auriez seulement observé le développement, de son époque et de son milieu, d’un enfant normal, en bonne santé, sans soucis, mais extrêmement avide d’apprendre. 3. Les évènements de la sixième année (l’an 1 av. J.-C.) 123:3.1 Déjà, avec l’aide de sa mère, Jésus parlait couramment le dialecte galiléen de la langue araméenne, et maintenant son père commença à lui enseigner le grec. Marie le parlait peu, mais Joseph parlait couramment le grec et l’araméen. Le manuel pour l’étude de la langue grecque était l’exemplaire des Écritures hébraïques – une version complète de la Loi et des Prophètes, y compris les Psaumes – qui leur avait été offert à leur départ d’Égypte. Dans tout Nazareth, il y avait seulement deux exemplaires complets des Écritures en grec, et la possession de l’un d’eux par la famille du charpentier faisait de la maison de Joseph un lieu très recherché ; cela permit à Jésus, au cours de sa croissance, de rencontrer une procession presque ininterrompue de personnes faisant des études sérieuses ou cherchant sincèrement la vérité. Avant la fin de l’année, Jésus avait assumé la garde de cet inestimable manuscrit, ayant appris, le jour de ses six ans, que le livre sacré lui avait été offert par des amis et parents d’Alexandrie. Très peu de temps après, il pouvait le lire couramment. 123:3.2 Le premier grand choc dans la jeune vie de Jésus survint un peu avant qu’il eût six ans. Il avait semblé au garçon que son père – ou tout au moins son père et sa mère réunis – savaient tout. C’est pourquoi vous pouvez imaginer la surprise de cet enfant questionneur lorsqu’il demanda à son père la cause d’un léger tremblement de terre qui venait de se produire, et qu’il s’entendit répondre par Joseph : « Mon fils, réellement je ne sais pas. » Ainsi commença la longue et déconcertante suite de désillusions au cours de laquelle Jésus s’aperçut que ses parents terrestres ne possédaient ni la sagesse infinie ni la science infuse. 123:3.3 La première pensée de Joseph fut de dire que le tremblement de terre avait été causé par Dieu, mais un moment de réflexion l’avertit qu’une telle réponse provoquerait immédiatement des questions ultérieures encore plus embarrassantes. Même dans la prime enfance de Jésus, il était très difficile de répondre à ses questions concernant les phénomènes physiques ou sociaux en lui disant inconsidérément que Dieu, ou bien le diable, en était responsable. Conformément à la croyance prédominante du peuple juif, Jésus était depuis longtemps disposé à accepter la doctrine des bons esprits et des mauvais esprits comme une explication possible des phénomènes mentaux et spirituels ; mais, de très bonne heure, il se mit à douter que ces influences invisibles fussent responsables des évènements physiques du monde naturel. 123:3.4 Avant que Jésus eût six ans, au début de l’été de l’an 1 av. J.-C., Zacharie, Élisabeth et leur fils Jean vinrent rendre visite à la famille de Nazareth. Jésus et Jean eurent du bon temps pendant cette visite, la première dans leurs souvenirs. Bien que les visiteurs n’aient pu rester que quelques jours, les parents abordèrent de nombreux sujets, y compris les projets d’avenir pour leurs fils. Tandis qu’ils étaient ainsi occupés, les garçons jouaient avec des blocs dans le sable sur la terrasse de la maison et s’amusaient ensemble de maintes autres manières à la vraie façon des garçons. 123:3.5 Ayant rencontré Jean, qui venait des environs de Jérusalem, Jésus commença à témoigner un intérêt extraordinaire pour l’histoire d’Israël et à s’informer avec force détails de la signification des rites du sabbat, des sermons de la synagogue et des fêtes commémoratives périodiques. Son père lui expliqua le sens de tous ces anniversaires. La première fête qui se célébrait au milieu de l’hiver était celle de l’illumination ; elle durait huit jours ; la première nuit, on allumait une chandelle et, chaque nuit successive, on en allumait une nouvelle. Ceci commémorait la consécration du temple après la restauration du cérémonial de Moïse par Judas Macchabée. Ensuite venait, au début du printemps, la célébration de Pourim, la fête d’Esther et de la délivrance d’Israël par elle. Puis venait la Pâque solennelle que les adultes célébraient à Jérusalem toutes les fois que cela était possible, tandis qu’à la maison les enfants devaient se rappeler que, durant toute la semaine, il ne fallait pas manger de pain au levain. Plus tard venait la fête des premiers fruits, la rentrée de la moisson et enfin, la plus solennelle de toutes, la fête du nouvel an, le jour des propitiations. Quelques-unes de ces célébrations et observances étaient difficiles à comprendre pour le jeune mental de Jésus, mais il y réfléchissait sérieusement. Il prit alors joyeusement part à la fête des Tabernacles, la saison des vacances annuelles de tous les Juifs, le moment où ils campaient sous des tentes de branchages et s’adonnaient à la gaieté et aux plaisirs. 123:3.6 Durant cette année, Joseph et Marie eurent des difficultés avec Jésus au sujet de ses prières. Il insistait pour parler à son Père céleste comme il aurait parlé à Joseph, son père terrestre. Cette infraction aux moyens plus solennels et plus révérencieux de communication avec la Déité était un peu déconcertante pour ses parents, spécialement pour sa mère, mais on ne pouvait le persuader de changer ; il disait ses prières exactement comme on les lui avait apprises, après quoi il insistait pour avoir « juste un petit entretien avec mon Père dans les cieux ». 123:3.7 En juin de cette année, Joseph céda l’atelier de Nazareth à ses frères et commença officiellement son métier d’entrepreneur. Avant la fin de l’année, le revenu de la famille avait plus que triplé. Jamais plus, jusqu’après la mort de Joseph, la famille de Nazareth ne connut les affres de la pauvreté. La famille s’agrandit de plus en plus ; on y dépensa beaucoup d’argent en études et voyages complémentaires, mais le revenu croissant de Joseph restait toujours à la hauteur de l’augmentation des dépenses. 123:3.8 Pendant les quelques années qui suivirent, Joseph fit des travaux considérables à Cana, Bethléem (de Galilée), Magdala, Naïn, Sepphoris, Capharnaüm et Endor, et entreprit beaucoup de constructions à Nazareth même et dans les environs. Comme Jacques devenait assez grand pour aider sa mère dans les soins du ménage et s’occuper des enfants plus jeunes, Jésus fit de fréquents déplacements avec son père dans les villes et villages voisins. Jésus était un observateur pénétrant et acquit beaucoup de connaissances pratiques au cours de ces randonnées hors de chez lui ; il emmagasinait assidument les connaissances concernant l’homme et son mode de vie sur terre. 123:3.9 Cette année-là, Jésus fit de grands progrès pour adapter ses sentiments énergiques et ses impulsions vigoureuses aux exigences de coopération familiale et de discipline du foyer. Marie était une mère aimante, mais assez stricte sur la discipline ; toutefois, sous bien des rapports, c’était Joseph qui exerçait le plus grand contrôle sur Jésus, car il avait l’habitude de s’assoir auprès du garçon et de lui expliquer complètement les raisons réelles et sous-jacentes de la nécessité de discipliner les désirs personnels par respect pour le bonheur et la tranquillité de toute la famille. Quand la situation avait été expliquée à Jésus, il coopérait toujours intelligemment et de bon gré aux souhaits des parents et aux règles familiales. 123:3.10 Quand sa mère n’avait pas besoin de son aide à la maison, Jésus occupait une grande partie de ses loisirs à l’étude des plantes et des fleurs, durant le jour, et à celle des étoiles, le soir. Il montrait une tendance fâcheuse à rester couché sur le dos et à contempler avec émerveillement le ciel étoilé, longtemps après l’heure habituelle du coucher dans la maisonnée si bien ordonnée de Nazareth. 4. La septième année (l’an 1 de l’ère chrétienne) 123:4.1 Ce fut en vérité une année mouvementée dans la vie de Jésus. Au début de janvier, une grande tempête de neige s’abattit sur la Galilée. La neige tomba sur soixante centimètres d’épaisseur ; ce fut la plus forte chute de neige que Jésus vit durant sa vie, et l’une des plus importantes à Nazareth depuis cent ans. 123:4.2 Les distractions des enfants juifs au temps de Jésus étaient plutôt limitées ; trop souvent les enfants imitaient dans leurs jeux les occupations plus sérieuses de leurs ainés. Ils jouaient beaucoup au mariage et à l’enterrement, cérémonies qu’ils voyaient si fréquemment et qui étaient si spectaculaires. Ils dansaient et chantaient, mais avaient peu de jeux organisés comme ceux qui plaisent tant aux enfants modernes. 123:4.3 En compagnie d’un garçon du voisinage, et plus tard de son frère Jacques, Jésus prenait grand plaisir à jouer dans le coin le plus éloigné de l’atelier familial du charpentier, où ils s’amusaient beaucoup avec des copeaux et des blocs de bois. Il était toujours difficile à Jésus de comprendre le mal qu’il y avait à jouer à certains jeux défendus le jour du sabbat, mais il ne manqua jamais de se conformer aux désirs de ses parents. Il avait une aptitude à l’humour et au jeu qui avait peu d’occasions de s’exprimer dans l’environnement de son temps et de sa génération ; mais, jusqu’à l’âge de quatorze ans, la plupart du temps, il était gai et avait le cœur léger. 123:4.4 Marie entretenait un pigeonnier sur le toit de l’étable attenante à la maison. La famille consacrait le produit de la vente des pigeons à un fonds spécial de charité que Jésus administrait, après en avoir déduit la dime qu’il versait au préposé de la synagogue. 123:4.5 Le seul véritable accident de Jésus, jusque-là, fut une chute qu’il fit dans l’escalier de pierre de l’arrière-cour conduisant à la chambre à coucher de la terrasse à couverture de toile. Cela advint en juillet pendant une tempête de sable inattendue venant de l’est. Les vents chauds soulevant des rafales de sable fin soufflaient généralement pendant la saison des pluies, spécialement en mars et avril. Il était extraordinaire de voir une telle tempête en juillet. Lorsqu’elle survint, Jésus jouait comme d’habitude sur la terrasse de la maison, car, durant une grande partie de la saison sèche, c’était sa salle de jeux habituelle. En descendant l’escalier, il fut aveuglé par le sable et tomba. Après cet accident, Joseph construisit une rampe des deux côtés de l’escalier. 123:4.6 Il n’y avait aucun moyen de prévenir cet accident. Ce ne fut pas une négligence imputable aux gardiens temporels médians, car un médian primaire et un secondaire avaient été affectés à la surveillance du garçon ; le gardien séraphique non plus n’était pas fautif. Simplement, cela ne pouvait être évité. Mais ce léger accident, survenant pendant que Joseph était à Endor, fit naitre une si grande anxiété dans le mental de Marie qu’elle essaya déraisonnablement de garder Jésus tout près d’elle pendant quelques mois. 123:4.7 Les personnalités célestes n’interviennent pas arbitrairement dans les accidents, qui sont des évènements courants de nature physique. Dans les circonstances ordinaires, seuls les créatures médianes peuvent agir sur les conditions matérielles pour sauvegarder les personnes, hommes ou femmes, ayant une destinée spéciale, et, même dans des situations spéciales, ils ne peuvent opérer dans ce sens qu’en se conformant aux ordres spécifiques de leurs supérieurs. 123:4.8 Ceci ne fut qu’un des assez nombreux accidents mineurs qui arrivèrent ultérieurement à ce jeune homme curieux et aventureux. Si vous considérez l’enfance et la jeunesse ordinaire d’un garçon dynamique, vous aurez une assez bonne idée des débuts de la jeunesse de Jésus et vous pourrez à peu près imaginer l’anxiété qu’il causa à ses parents, particulièrement à sa mère. 123:4.9 Joseph, le quatrième enfant de la famille de Nazareth, naquit le mercredi matin 16 mars de l’an 1. 5. Les années d’école à Nazareth 123:5.1 Jésus avait maintenant sept ans, l’âge auquel les enfants juifs sont censés commencer officiellement leur éducation dans les écoles de la synagogue. En conséquence, il débuta en aout de cette année-là dans sa vie mouvementée d’écolier à Nazareth. Déjà, le garçon lisait, écrivait et parlait couramment deux langues, l’araméen et le grec. Il lui fallait maintenant se familiariser avec la tâche d’apprendre à lire, écrire et parler la langue hébraïque. Il envisageait réellement avec grand intérêt la nouvelle vie scolaire qui s’ouvrait devant lui. 123:5.2 Pendant trois ans – jusqu’à ce qu’il eût dix ans – il fréquenta l’école primaire de la synagogue de Nazareth. Durant ces trois années, il étudia les rudiments du Livre de la Loi tel qu’il était rédigé en langue hébraïque. Durant les trois années suivantes, il étudia à l’école supérieure et mémorisa, par la méthode de répétition à haute voix, les enseignements les plus profonds de la loi sacrée. Il reçut son diplôme de l’école de la synagogue au cours de sa treizième année et fut rendu à ses parents par les chefs de la synagogue comme « fils du commandement » éduqué – désormais citoyen responsable de la communauté d’Israël, ce qui lui imposait d’assister à la Pâque à Jérusalem ; en conséquence, il participa, cette année-là, à sa première Pâque en compagnie de son père et de sa mère. 123:5.3 À Nazareth, les élèves s’asseyaient en demi-cercle sur le sol tandis que leur professeur, le chazan, un préposé de la synagogue, était assis leur faisant face. Commençant par le Livre du Lévitique, ils passaient à l’étude des autres livres de la Loi, suivie par celle des Prophètes et des Psaumes. La synagogue de Nazareth possédait un exemplaire complet des Écritures en hébreu. Avant l’âge de douze ans, on n’étudiait rien d’autre que les Écritures. Pendant les mois d’été, les heures de classe étaient très écourtées. 123:5.4 Jésus devint de bonne heure un maitre en hébreu. En tant que jeune homme, quand aucun visiteur de marque ne séjournait à Nazareth, on lui demandait souvent de lire les Écritures hébraïques aux fidèles assemblés à la synagogue pour les services religieux réguliers du sabbat. 123:5.5 Bien entendu, les écoles de la synagogue n’avaient pas de manuels. Pour enseigner, le chazan énonçait un passage que les élèves répétaient à l’unisson après lui. Quand ils avaient accès aux livres écrits de la Loi, les étudiants apprenaient leurs leçons en lisant à haute voix et en répétant constamment. 123:5.6 En plus de son éducation plus spécifiquement officielle, Jésus commença à prendre contact avec la nature humaine des quatre parties du monde, du fait que des hommes de nombreux pays allaient et venaient dans l’atelier de réparation de son père. En grandissant, il se mêla librement aux caravanes qui faisaient halte près de la fontaine pour se reposer et se restaurer. Parlant couramment le grec, il n’avait guère de difficulté à converser avec la majorité des voyageurs et conducteurs de caravanes. 123:5.7 Nazareth était une étape sur le chemin des caravanes et un carrefour de voyages. La ville était largement peuplée de Gentils et en même temps bien connue comme centre où l’on interprétait libéralement la loi juive traditionnelle. En Galilée, les Juifs se mêlaient aux Gentils plus franchement qu’il n’était d’usage en Judée. Parmi toutes les villes de Galilée, c’est à Nazareth que les Juifs étaient les plus libéraux dans leur interprétation des restrictions sociales basées sur les craintes de contagion résultant du contact avec les Gentils. Ces conditions avaient donné naissance à une maxime courante à Jérusalem : « Quelque chose de bon peut-il sortir de Nazareth ? » 123:5.8 Jésus reçut sa formation morale et sa culture spirituelle principalement à son propre foyer. Il acquit du chazan beaucoup de son éducation intellectuelle et théologique. Quant à son éducation réelle – l’équipement du mental et du cœur pour l’épreuve effective de s’attaquer aux difficiles problèmes de la vie – il l’obtint en se mêlant à ses semblables. Ce fut cette étroite association avec ses compagnons jeunes et vieux, Juifs et Gentils, qui lui fournit l’occasion de connaitre la race humaine. Jésus était hautement éduqué, en ce sens qu’il comprenait complètement les hommes et les aimait avec dévotion. 123:5.9 Durant toutes ses années à la synagogue, il fut un étudiant brillant, possédant un grand avantage du fait qu’il connaissait bien trois langues. À l’occasion de la fin des cours de Jésus à l’école, le chazan de Nazareth fit remarquer à Joseph qu’il craignait « d’avoir appris plus de choses par les questions pénétrantes de Jésus que lui n’avait été capable d’en enseigner au jeune garçon ». 123:5.10 Pendant tout le cours de ses études, Jésus apprit beaucoup et tira une grande inspiration des sermons réguliers du sabbat à la synagogue. Il était d’usage de demander aux visiteurs de marque, s’arrêtant à Nazareth durant le sabbat, de prendre la parole à la synagogue. En grandissant, Jésus entendit beaucoup de grands penseurs du monde juif tout entier exposer leurs points de vue, et aussi beaucoup de Juifs peu orthodoxes, car la synagogue de Nazareth était un centre avancé et libéral de la pensée et de la culture hébraïques. 123:5.11 En entrant à l’école à sept ans (à cette époque, les Juifs venaient juste de mettre en vigueur une loi sur l’instruction obligatoire), il était d’usage pour les élèves de choisir leur « texte d’anniversaire », une sorte de règle d’or pour les guider pendant toutes leurs études, et sur lequel ils avaient souvent à disserter lors de leur examen à l’âge de treize ans. Le texte que Jésus avait choisi était tiré du prophète Isaïe : « L’esprit du Seigneur Dieu est sur moi, parce que le Seigneur m’a oint ; il m’a envoyé pour porter la bonne nouvelle aux débonnaires, pour consoler les affligés, pour proclamer la liberté aux captifs et pour libérer les prisonniers spirituels. » 123:5.12 Nazareth était l’un des vingt-quatre centres de prêtrise de la nation hébraïque. Le clergé de Galilée était plus libéral que les scribes et les rabbins de Judée dans l’interprétation des lois traditionnelles. Et, à Nazareth, on était également plus libéral en ce qui concernait l’observance du sabbat ; c’est pourquoi Joseph avait coutume d’emmener Jésus en promenade les après-midis de sabbat. Une de leurs excursions favorites consistait à grimper sur la haute colline voisine de leur maison, d’où ils avaient une vue panoramique sur toute la Galilée. Au nord-ouest, par temps clair, on voyait la longue crête du mont Carmel descendant vers la mer. Jésus entendit maintes fois son père raconter l’histoire d’Élie, l’un des premiers de la longue lignée des prophètes hébreux, qui blâma Achab et démasqua les prêtres de Baal. Au nord, le mont Hermon élevait son pic neigeux dans une splendeur majestueuse et monopolisait la ligne d’horizon ; sur presque mille mètres, ses pentes supérieures étincelaient de la blancheur des neiges éternelles. Au loin, à l’orient, on discernait la vallée du Jourdain et, beaucoup plus loin, les collines rocheuses de Moab. Également au sud et à l’est, quand le soleil en éclairait les murs de marbre, on apercevait les villes gréco-romaines de la Décapole avec leurs amphithéâtres et leurs temples prétentieux. Et, quand ils s’attardaient au coucher du soleil, ils pouvaient distinguer, à l’ouest, les bateaux à voiles au loin sur la Méditerranée. 123:5.13 Jésus pouvait observer les convois de caravanes qui poursuivaient leur route dans quatre directions, entrant et sortant de Nazareth ; au sud, il pouvait voir le large et fertile pays de plaine d’Esdraélon s’étendant vers le mont Gilboa et la Samarie. 123:5.14 Quand ils n’escaladaient pas les hauteurs pour regarder le paysage lointain, ils se promenaient à travers la campagne et étudiaient la nature sous ses divers aspects selon les saisons. La plus précoce éducation de Jésus, à part celle du foyer familial, avait consisté à prendre, avec la nature, un contact respectueux et sympathique. 123:5.15 Avant qu’il eût huit ans, il était connu de toutes les mères de famille et jeunes femmes de Nazareth ; elles l’avaient rencontré et avaient causé avec lui à la fontaine proche de chez lui, qui était l’un des centres sociaux de rencontre et de commérage de la ville entière. Cette année-là, Jésus apprit à traire la vache de la famille et à prendre soin des autres animaux. Pendant cette année et l’année suivante, il apprit aussi à faire du fromage et à tisser. Quand il eut dix ans, il était un habile tisserand. C’est vers cette époque que Jésus et son petit voisin Jacob devinrent de grands amis du potier Nathan, qui travaillait près de la source jaillissante ; tandis qu’ils observaient ses doigts agiles moulant l’argile sur le tour, tous deux songèrent bien des fois à devenir potiers quand ils seraient grands. Nathan avait beaucoup d’affection pour les deux garçons et leur donnait souvent de la terre glaise pour jouer ; il s’efforçait de stimuler leur imagination créatrice en leur suggérant de rivaliser dans le modelage d’objets et d’animaux divers. 6. Sa huitième année (an 2) 123:6.1 Ce fut une intéressante année d’école. Bien que Jésus ne fût pas un étudiant exceptionnel, il était un élève appliqué et se classait dans le premier tiers de sa classe ; il faisait si bien son travail qu’il était dispensé de présence une semaine par mois. Il passait généralement cette semaine soit avec son oncle pêcheur sur les bords de la mer de Galilée, près de Magdala, soit à la ferme d’un autre de ses oncles (le frère de sa mère) à huit kilomètres au sud de Nazareth. 123:6.2 Bien que sa mère soit devenue exagérément soucieuse de sa santé et de sa sécurité, elle s’habituait peu à peu à ces séjours hors de la maison. Les oncles et les tantes de Jésus l’aimaient beaucoup ; il s’ensuivit parmi eux, au cours de cette année et des quelques années suivantes, une vive compétition pour s’assurer sa compagnie durant les visites mensuelles. La première fois (depuis sa petite enfance) qu’il séjourna une semaine dans la ferme de son oncle fut en janvier de cette année-là ; sa première semaine d’expérience de pêche sur la mer de Galilée eut lieu au mois de mai. 123:6.3 À cette époque, Jésus rencontra un professeur de mathématiques de Damas et, après avoir appris quelques nouvelles techniques arithmétiques, il consacra beaucoup de temps aux mathématiques pendant plusieurs années. Il acquit un sens aigu des nombres, des distances et des proportions. 123:6.4 Jésus commença à beaucoup apprécier son frère Jacques. À la fin de l’année, il avait commencé à lui apprendre l’alphabet. 123:6.5 Cette année-là, Jésus fit des arrangements pour échanger des produits laitiers contre des leçons de harpe. Il avait un gout exceptionnel pour tout ce qui était musical. Plus tard, il contribua beaucoup à encourager la musique vocale parmi ses jeunes camarades. Quand il eut onze ans, il était un harpiste habile et prenait grand plaisir à faire entendre à sa famille et à ses amis ses extraordinaires interprétations et ses belles improvisations. 123:6.6 Tandis que Jésus faisait des progrès remarquables à l’école, tout n’allait pas sans encombre pour ses parents et pour ses maitres. Il persistait à poser quantité de questions embarrassantes concernant à la fois la science et la religion, particulièrement en géographie et en astronomie. Il insistait spécialement pour savoir pourquoi il y avait une saison sèche et une saison des pluies en Palestine. Maintes et maintes fois, il chercha l’explication de la grande différence entre les températures de Nazareth et celles de la vallée du Jourdain. Il ne cessait pour ainsi dire jamais de poser des questions de ce genre, intelligentes, mais embarrassantes. 123:6.7 Son troisième frère Simon naquit le vendredi soir 14 avril de cette année, l’an 2. 123:6.8 En février, Nahor, professeur dans une académie rabbinique de Jérusalem, vint à Nazareth pour observer Jésus après avoir accompli une mission similaire chez Zacharie près de Jérusalem. Il vint à Nazareth à l’instigation du père de Jean. Au premier abord, il fut quelque peu choqué par la franchise de Jésus et sa manière peu classique de s’associer aux choses religieuses. Il l’attribua au fait que la Galilée était éloignée des centres hébraïques d’instruction et de culture, et conseilla à Joseph et à Marie de lui permettre d’emmener Jésus à Jérusalem où il pourrait bénéficier des avantages de l’éducation et de l’instruction au centre de la culture juive. Marie était à moitié prête à consentir ; elle était convaincue que son fils ainé allait devenir le Messie, le libérateur des Juifs. Joseph hésitait ; il était également persuadé qu’en grandissant Jésus deviendrait un homme de la destinée, mais il était profondément incertain de ce que serait cette destinée. Il ne douta cependant jamais réellement que son fils dût remplir quelque grande mission sur terre. Plus il pensait à l’avis de Nahor, plus il doutait de la sagesse de cette proposition de séjour à Jérusalem. 123:6.9 À cause de cette divergence d’opinion entre Joseph et Marie, Nahor demanda la permission de soumettre toute l’affaire à Jésus. Jésus l’écouta attentivement et en parla à Joseph, à Marie et à un voisin, Jacob le maçon, dont le fils était son camarade de jeu favori. Deux jours plus tard, Jésus exposa qu’il existait une grande divergence d’opinions entre ses parents et ses conseillers, et qu’il ne s’estimait pas qualifié pour prendre la responsabilité d’une telle décision, car il ne se sentait fortement poussé ni dans un sens ni dans l’autre. Dans ces conditions, il avait finalement décidé de « parler à mon Père qui est aux cieux ». Bien qu’il ne fût pas parfaitement sûr de la réponse, il sentait qu’il devait plutôt rester à la maison « avec mon père et ma mère ». Il ajouta : « Eux qui m’aiment tellement doivent être capables de faire plus pour moi et de me guider plus sûrement que des étrangers qui peuvent seulement voir mon corps et observer mes pensées, mais ne peuvent guère me connaitre vraiment. » Ils furent tous émerveillés, et Nahor s’en retourna à Jérusalem. Et il se passa bien des années avant que fût prise en considération l’idée que Jésus pourrait quitter son foyer. FASCICULE 124. La dernière partie de l’enfance de Jésus 124:0.1 Bien que Jésus eût pu bénéficier de conditions plus favorables à son instruction à Alexandrie qu’en Galilée, il n’y eût pas trouvé la même magnifique ambiance pour résoudre les problèmes de sa propre vie avec un minimum de contrainte éducative, tout en jouissant en même temps du grand avantage du contact constant avec un grand nombre d’hommes et de femmes de toutes classes arrivant de toutes les parties du monde civilisé. S’il était resté à Alexandrie, son éducation aurait été dirigée par des Juifs et suivant une ligne exclusivement juive. À Nazareth, il put recevoir une éducation et reçut une formation qui le préparèrent beaucoup mieux à comprendre les Gentils, et qui lui donnèrent une idée meilleure et mieux équilibrée des mérites respectifs des points de vue de la théologie hébraïque orientale (babylonienne) et occidentale (hellénique). 1. La neuvième année de Jésus (an 3) 124:1.1 On ne saurait dire que Jésus ait jamais été sérieusement malade, mais il contracta, cette année-là, de petites maladies d’enfance en même temps que ses frères et sa petite sœur. 124:1.2 Les classes continuaient ; Jésus était toujours un élève estimé, ayant chaque mois une semaine de liberté, et il continuait à diviser ce temps à peu près également entre les excursions avec son père dans les villes avoisinantes, les séjours à la ferme de son oncle au sud de Nazareth et les parties de pêche au large de Magdala. 124:1.3 Le plus grave incident survenu jusque-là, à l’école, se produisit tard dans l’hiver lorsque Jésus osa défier le chazan, qui enseignait que les images, peintures et dessins étaient tous de nature idolâtre. Jésus avait autant de plaisir à dessiner les paysages qu’à modeler une grande variété d’objets en argile de potier. Tout ce genre de choses était strictement interdit par la loi juive, mais, jusque-là, Jésus était parvenu à surmonter les objections de ses parents, à tel point qu’ils lui avaient permis de poursuivre ces activités. 124:1.4 Il se produisit de nouveaux remous à l’école quand l’un des élèves les plus arriérés découvrit Jésus en train de dessiner, au fusain, un portrait du professeur sur le plancher de la classe. Le portrait était là, clair comme le jour, et plusieurs parmi les anciens l’avaient aperçu avant que le comité n’allât trouver Joseph afin d’exiger une intervention pour ramener son fils ainé dans le respect de la loi. Bien que ce ne fût pas la première plainte parvenue à Joseph et à Marie concernant les agissements de leur dynamique enfant aux talents variés, c’était la plus sérieuse de toutes les accusations portées, jusque-là, contre lui. Assis sur une grosse pierre, juste à l’extérieur de la porte de derrière, Jésus écouta pendant un moment la condamnation de ses efforts artistiques. Il s’irrita de voir blâmer son père pour ses prétendus méfaits ; il s’avança donc intrépidement jusqu’à ses accusateurs. Les anciens furent plongés dans l’embarras. Quelques-uns furent enclins à prendre l’affaire avec humour, tandis qu’un ou deux autres semblaient penser que le garçon était sacrilège, voire blasphémateur. Joseph était désemparé et Marie indignée, mais Jésus insista pour être entendu. Il eut le droit de parler ; il défendit courageusement son point de vue et, avec une maitrise de soi consommée, il annonça qu’il se conformerait à la décision de son père, en cela comme dans tous les autres cas prêtant à discussion. Sur quoi le comité des anciens partit en silence. 124:1.5 Marie fit pression sur Joseph pour permettre à Jésus de modeler de l’argile à la maison, pourvu qu’il promette de ne poursuivre, à l’école, aucune de ces activités contestables, mais Joseph était porté à poser en règle que l’interprétation rabbinique du deuxième commandement devait prévaloir. En conséquence, Jésus ne dessina ni ne modela plus jamais une forme quelconque tant qu’il vécut chez son père. Pourtant, il ne fut pas convaincu d’avoir mal agi ; mais l’abandon de son passe-temps favori fut l’une des grandes épreuves de sa jeunesse. 124:1.6 À la fin de juin, Jésus en compagnie de son père grimpa, pour la première fois, au sommet du mont Tabor. Le temps était clair et la vue superbe. Ce jeune garçon de neuf ans eut l’impression d’avoir réellement contemplé le monde entier, excepté l’Inde, l’Afrique et Rome. 124:1.7 Marthe, la deuxième sœur de Jésus, naquit la nuit du jeudi 13 septembre. Trois semaines après la naissance de Marthe, Joseph, qui était au foyer pour quelque temps, commença la construction d’un agrandissement de leur maison, un combiné d’atelier et de chambre à coucher. Un petit établi fut construit pour Jésus qui, pour la première fois, posséda des outils en propre. Pendant plusieurs années, il travailla à cet établi à ses moments perdus et devint très habile dans la fabrication des jougs. 124:1.8 Cet hiver-là et le suivant furent les plus froids à Nazareth depuis plusieurs décennies. Jésus avait vu de la neige sur les montagnes ; la neige était tombée plusieurs fois à Nazareth sans rester longtemps sur le sol, mais jamais avant cet hiver Jésus n’avait vu de glace. Le fait que l’eau pouvait être un solide, un liquide ou une vapeur – il avait longuement médité sur la vapeur s’échappant des pots d’eau bouillante – donna beaucoup à réfléchir au garçon sur le monde physique et sa constitution, et pourtant, pendant tout ce temps, la personnalité incarnée dans cet enfant en pleine croissance était le véritable créateur et organisateur de toutes ces choses à travers tout un vaste univers. 124:1.9 Le climat de Nazareth n’était pas rude. Janvier était le mois le plus froid, avec une température moyenne d’environ 10°C. En juillet et en aout, les mois les plus chauds, la température variait entre 24 et 32 degrés. Depuis les montagnes jusqu’au Jourdain et à la vallée de la mer Morte, le climat de la Palestine s’échelonnait du très froid au torride. En un sens, les Juifs étaient donc préparés à vivre à peu près dans n’importe lequel des climats variés du monde. 124:1.10 Même durant les mois d’été les plus chauds, une fraiche brise de mer soufflait habituellement de l’ouest de dix heures du matin à dix heures du soir. Mais, de temps en temps, de terribles vents chauds venant du désert oriental soufflaient sur toute la Palestine. Ces rafales brulantes survenaient généralement en février et mars, vers la fin de la saison des pluies. À cette époque, la pluie tombait de novembre à avril en averses rafraichissantes, mais il ne pleuvait pas d’une façon continue. Il n’y avait que deux saisons en Palestine, l’été et l’hiver, la saison sèche et la saison pluvieuse. En janvier, les fleurs commençaient à s’épanouir et, à la fin d’avril, tout le pays était un vaste jardin fleuri. 124:1.11 En mai de cette année, dans la ferme de son oncle, Jésus aida, pour la première fois, à la moisson des céréales. Avant d’avoir treize ans, il avait réussi à découvrir quelque chose sur pratiquement tous les métiers que les hommes et les femmes pratiquaient autour de Nazareth, à l’exception du travail des métaux, et, plus tard, après la mort de son père, il passa plusieurs mois dans l’atelier d’un forgeron. 124:1.12 Quand le travail et le passage des caravanes se ralentissaient, Jésus faisait avec son père beaucoup de voyages d’agrément ou d’affaires aux villes voisines de Cana, Endor et Naïn. Même étant jeune garçon, il avait fréquemment visité Sepphoris, située seulement à cinq kilomètres au nord-ouest de Nazareth ; depuis l'an quatre av. J.-C. jusqu’à l’an 25 environ, cette ville fut la capitale de la Galilée et l’une des résidences d’Hérode Antipas. 124:1.13 Jésus poursuivait son développement physique, intellectuel, social et spirituel. Ses déplacements hors de la maison contribuèrent beaucoup à lui donner une compréhension meilleure et plus généreuse de sa propre famille ; à cette époque, ses parents eux-mêmes commencèrent à apprendre de lui en même temps qu’ils l’éduquaient. Même dans sa jeunesse, Jésus était un penseur original et un pédagogue habile. Il était en conflit constant avec la prétendue « loi orale », mais cherchait toujours à s’adapter aux pratiques de sa famille. Il s’entendait assez bien avec les enfants de son âge, mais était souvent découragé par leur lenteur de pensée. Avant d’avoir dix ans, il était devenu le chef d’un groupe de sept garçons qui s’étaient réunis en une société pour acquérir les talents de l’âge mûr – physiques, intellectuels et religieux. Jésus réussit à introduire, parmi ces garçons, beaucoup de nouveaux jeux et diverses méthodes améliorées de récréation physique. 2. La dixième année (an 4) 124:2.1 Ce fut le 5 juillet, premier sabbat du mois, tandis que Jésus se promenait dans la campagne avec son père, qu’il exprima des sentiments et des idées dénotant qu’il commençait à prendre conscience de la nature extraordinaire de la mission de sa vie. Joseph écouta attentivement les importantes paroles de son fils, mais fit peu de commentaires et ne donna spontanément aucun renseignement. Le lendemain, Jésus eut avec sa mère un entretien semblable, mais plus long. Marie écouta également les déclarations du garçon, mais elle non plus ne voulut donner aucun renseignement. Il se passa presque deux ans avant que Jésus ne parlât à ses parents de la révélation croissante, dans sa conscience, au sujet de la nature de sa personnalité et du caractère de sa mission terrestre. 124:2.2 Il entra, en aout, à l’école supérieure de la synagogue. À l’école, il provoquait constamment des troubles par les questions qu’il persistait à poser. Il maintenait de plus en plus tout Nazareth dans un état de relative effervescence. Ses parents répugnèrent à lui interdire de poser ces questions troublantes ; son professeur principal était très intrigué par la curiosité du garçon, sa perspicacité et sa soif de connaissance. 124:2.3 Les compagnons de jeu de Jésus ne voyaient rien de surnaturel dans sa conduite ; sous la plupart des rapports, il leur ressemblait entièrement. Son intérêt pour l’étude était quelque peu supérieur à la moyenne, mais pas tout à fait exceptionnel. Il est bien vrai qu’à l’école, il posait plus de questions que ses camarades de classe. 124:2.4 Peut-être son trait le plus original et le plus remarquable était sa répugnance à combattre pour défendre ses droits. Puisqu’il était un garçon bien développé pour son âge, ses camarades de jeu trouvaient étrange qu’il fût peu enclin à se défendre, même quand il était en butte à l’injustice ou personnellement maltraité. Quoi qu’il en fût, il ne souffrit pas beaucoup de cette tendance à cause de l’amitié de Jacob, son petit voisin qui était son ainé d’un an. Jacob était le fils du maçon associé aux affaires de Joseph. Il était un grand admirateur de Jésus et faisait son affaire de veiller à ce que personne ne pût en imposer à Jésus en profitant de son aversion pour les bagarres physiques. Plusieurs fois, des jeunes gens plus âgés et brutaux attaquèrent Jésus, tablant sur sa docilité réputée, mais il reçurent toujours un sûr et rapide châtiment des mains de son champion et défenseur volontaire toujours prêt, Jacob le fils du maçon. 124:2.5 Jésus était communément accepté comme chef des garçons de Nazareth qui représentaient l’idéal le plus élevé de leur temps et de leur génération. Ses jeunes associés l’aimaient réellement, non seulement parce qu’il était équitable, mais aussi parce qu’il faisait montre d’une sympathie rare et compréhensive qui révélait l’amour et touchait à la compassion discrète. 124:2.6 Cette année-là, il commença à montrer une préférence marquée pour la compagnie de personnes plus mures. Il était heureux d’avoir des entretiens sur des sujets culturels, éducatifs, sociaux, économiques, politiques et religieux avec des penseurs plus âgés ; la profondeur de ses raisonnements et la finesse de ses observations charmaient tellement ses associés adultes qu’ils étaient toujours empressés à le fréquenter. Avant qu’il ne devienne soutien de famille, ses parents le poussaient constamment à se lier avec des enfants de son âge, ou plus proches de son âge, plutôt qu’avec des personnes plus âgées et plus instruites pour lesquelles il témoignait une telle préférence. 124:2.7 À la fin de cette année-là, il fit, avec son oncle, une expérience de deux mois de pêche sur la mer de Galilée, et réussit très bien. Avant d’atteindre l’âge d’homme, il était devenu un pêcheur très expérimenté. 124:2.8 Son développement physique se poursuivait ; à l’école, il était un élève avancé et privilégié ; à la maison, il s’entendait assez bien avec ses plus jeunes frères et sœurs, ayant l’avantage d’être de trois ans et demi l’ainé du plus âgé d’entre eux. Il était bien considéré à Nazareth, sauf par les parents de quelques-uns des enfants plus lents d’esprit, qui parlaient souvent de Jésus comme étant trop effronté, manquant de l’humilité et de la réserve convenant à la jeunesse. Il manifestait une tendance croissante à orienter les jeux de ses jeunes camarades dans des directions plus sérieuses et plus réfléchies. Il était un éducateur né et ne pouvait absolument pas s’empêcher d’exercer cette fonction, même quand il était censé jouer. 124:2.9 Joseph commença de bonne heure à enseigner à Jésus les divers moyens de gagner sa vie, lui expliquant les avantages de l’agriculture sur l’industrie et le commerce. La Galilée était un district plus beau et prospère que la Judée, et la vie ne coutait guère que le quart de ce qu’elle coutait à Jérusalem et en Judée. C’était une province de villages agricoles et de cités industrielles prospères, contenant plus de deux-cents villes de plus de cinq-mille habitants et trente de plus de quinze-mille. 124:2.10 Pendant son premier voyage avec son père pour observer l’industrie de la pêche sur le lac de Galilée, Jésus avait presque décidé de devenir pêcheur ; mais son intime association avec le métier de son père l’incita plus tard à devenir charpentier, tandis que, plus tard encore, une combinaison d’influences le conduisit à choisir définitivement la carrière d’éducateur religieux d’un ordre nouveau. 3. La onzième année (an 5) 124:3.1 Durant toute cette année, le garçon continua à faire avec son père des randonnées hors de la maison, mais il rendait également de fréquentes visites à la ferme de son oncle et, à l’occasion, allait à Magdala pour pêcher avec l’oncle qui s’était installé près de cette ville. 124:3.2 Joseph et Marie furent souvent tentés de témoigner à Jésus des faveurs spéciales ou de trahir d’une autre manière leur connaissance du fait que Jésus était un enfant de la promesse, un fils de la destinée. Mais ses parents étaient tous deux extraordinairement sages et sagaces en toutes ces matières. Les rares fois où ils firent effectivement montre d’une préférence quelconque pour lui, même au moindre degré, le garçon ne fut pas long à refuser toute considération spéciale. 124:3.3 Jésus passait un temps considérable au magasin d’approvisionnement des caravanes ; en conversant avec les voyageurs venus de toutes les parties du monde, il accumula, sur les affaires internationales, une masse de renseignements stupéfiante pour son âge. Cette année fut la dernière pendant laquelle il put s’adonner beaucoup aux jeux et aux joies de la jeunesse ; ensuite les difficultés et responsabilités se multiplièrent rapidement dans la vie de ce jeune homme. 124:3.4 Jude naquit le mercredi soir 24 juin de l’an 5, et la naissance de ce septième enfant s’accompagna de complications. Marie fut si malade pendant plusieurs semaines que Joseph resta à la maison. Jésus était fort occupé à faire des commissions pour son père et à remplir toutes sortes de devoirs occasionnés par la sérieuse maladie de sa mère. Plus jamais il ne fut possible à ce jeune homme de revenir à l'attitude enfantine de ses jeunes années. À partir de la maladie de sa mère – juste avant ses onze ans – il fut contraint d’assumer les responsabilités de fils ainé, et de le faire un an ou deux avant le moment où cette charge aurait normalement dû retomber sur ses épaules. 124:3.5 Le chazan passait une soirée par semaine avec Jésus pour l’aider à approfondir l’étude des Écritures hébraïques. Il s’intéressait beaucoup aux progrès de son élève prometteur, et c’est pourquoi il était disposé à l’aider de bien des manières. Ce pédagogue juif exerça une grande influence sur ce mental en développement, mais ne réussit jamais à comprendre pourquoi Jésus était si indifférent à toutes ses suggestions concernant la perspective d’aller à Jérusalem pour continuer son éducation sous l’égide des doctes rabbins. 124:3.6 Vers le milieu de mai, le garçon accompagna son père en voyage d’affaires à Scythopolis, la principale ville grecque de la Décapole, l’ancienne cité hébraïque de Beth-Shéan. Sur la route, Joseph lui parla longuement de l’ancienne histoire du roi Saül, des Philistins et des évènements postérieurs de la turbulente histoire d’Israël. Jésus fut prodigieusement impressionné par l’aspect propre et la belle ordonnance de cette ville dite païenne. Il s’émerveilla du théâtre en plein air et admira le magnifique temple de marbre consacré au culte des dieux « païens ». Joseph fut très troublé par l’enthousiasme du garçon et chercha à contrecarrer ces impressions favorables en vantant la beauté et la grandeur du temple juif de Jérusalem. Jésus avait souvent contemplé avec curiosité cette magnifique cité grecque depuis la colline de Nazareth et s’était maintes fois enquis sur ses vastes travaux publics et ses édifices décorés, mais son père avait toujours cherché à éluder ces questions. Maintenant, ils étaient face à face avec les beautés de cette ville des Gentils, et Joseph était malvenu à feindre d’ignorer les demandes de renseignements de Jésus. 124:3.7 Il advint que, juste à ce moment, les compétitions annuelles de jeux et les démonstrations publiques de prouesses physiques entre les villes grecques de la Décapole avaient lieu à l’amphithéâtre de Scythopolis. Jésus insista pour que son père l’emmenât voir les jeux et fut si pressant que Joseph n’osa pas le lui refuser. Le garçon fut très excité par les jeux et entra de tout cœur dans l’esprit de ces démonstrations de développement physique et d’adresse athlétique. Joseph fut inexprimablement choqué en constatant l’enthousiasme de son fils à la vue de ces exhibitions de vanité « païenne ». Quand les jeux furent terminés, Joseph eut la plus grande surprise de sa vie en entendant Jésus exprimer son approbation pour ces jeux et suggérer qu’il serait bon pour les jeunes gens de Nazareth de pouvoir bénéficier ainsi de saines activités physiques au grand air. Joseph parla sérieusement et longuement à Jésus de la mauvaise nature de ces exercices, mais il vit bien que le garçon n’était pas convaincu. 124:3.8 La seule fois où Jésus vit son père fâché contre lui fut cette nuit-là dans leur chambre à l’auberge quand, au cours de leur discussion, le garçon oublia les préceptes juifs au point de suggérer de rentrer chez eux et de travailler à construire un amphithéâtre à Nazareth. Lorsque Joseph entendit son fils ainé exprimer des sentiments si peu juifs, il perdit son calme habituel, saisissant Jésus par les épaules, il s’écria avec colère : « Mon fils, ne me laisse jamais plus t’entendre exprimer une aussi mauvaise pensée tant que tu vivras. » Jésus fut stupéfait de la manifestation d’émotion de son père. Jamais auparavant il ne lui avait été donné de ressentir personnellement l’impact d’indignation de Joseph ; il en fut étonné et choqué au-delà de toute expression. Il répondit simplement : « Très bien mon père, il en sera fait ainsi. » Jamais plus, tant que son père vécut, le garçon ne fit même la plus petite allusion aux jeux et autres activités athlétiques des Grecs. 124:3.9 Plus tard, Jésus vit l’amphithéâtre grec à Jérusalem et apprit combien ces choses étaient haïssables du point de vue juif. Il s’efforça néanmoins, pendant toute sa vie, d’introduire l’idée de saine récréation dans ses plans personnels, et aussi dans le programme ultérieur des activités régulières de ses douze apôtres, dans toute la mesure où les habitudes juives le permettaient. 124:3.10 À la fin de cette onzième année, Jésus était un jeune garçon vigoureux, bien développé, modérément enjoué et assez gai, mais, à partir de là, il tendit de plus en plus à passer par des périodes de profondes méditations et de sérieuses contemplations. Il était beaucoup porté à réfléchir pour savoir comment il devait remplir ses obligations familiales et en même temps obéir à l’appel de sa mission envers le monde. Il avait déjà compris que son ministère ne devait pas se limiter à l’amélioration du peuple juif. 4. La douzième année (an 6) 124:4.1 Ce fut une année mouvementée dans la vie de Jésus. Il continuait à faire des progrès à l’école et ne se fatiguait jamais d’étudier la nature, tout en s’adonnant de plus en plus à l’étude des méthodes par lesquelles les hommes gagnent leur vie. Il commença à travailler régulièrement dans l’atelier familial de menuiserie et fut autorisé à gérer son propre salaire, arrangement très exceptionnel dans une famille juive. La même année, il apprit aussi qu’il était sage de garder le secret sur ces sujets dans la famille. Il prenait conscience de la façon dont il avait troublé le village et devint désormais de plus en plus discret en dissimulant tout ce qui pouvait le faire considérer comme différent de ses camarades. 124:4.2 Durant toute cette année, il passa par de nombreuses périodes d’incertitude, sinon de véritable doute, concernant la nature de sa mission. Son mental humain se développait naturellement, mais n’avait pas encore saisi pleinement la réalité de sa double nature. Le fait qu’il avait une seule personnalité rendait difficile à sa conscience de reconnaitre la double origine des facteurs constitutifs de la nature associée à cette même personnalité. 124:4.3 À partir de ce moment, il réussit mieux à s’entendre avec ses frères et sœurs. Il était de plus en plus plein de tact, toujours compatissant et attentif à leur bien-être et à leur bonheur, et il entretint de bons rapports avec eux jusqu’au début de son ministère public. Pour être plus explicite, il s’entendit le mieux du monde avec Jacques et Miriam et les deux plus jeunes enfants (pas encore nés en cet an 6) Amos et Ruth, et toujours assez bien avec Marthe. Les difficultés qu’il rencontra à la maison provinrent de points de friction avec Joseph et Jude, particulièrement avec ce dernier. 124:4.4 Ce fut une expérience éprouvante pour Joseph et Marie que d’élever un enfant présentant cette combinaison sans précédent de divinité et d’humanité. Il faut leur reconnaitre de grands mérites pour s’être acquittés avec tant de fidélité et de succès de leurs responsabilités parentales. De plus en plus, les parents de Jésus comprenaient qu’il y avait, dans leur fils ainé, quelque chose de suprahumain, mais ils ne songèrent jamais, même l’ombre d’un instant, que ce fils de la promesse était en vérité le créateur effectif de l’univers local de choses et d’êtres. Joseph et Marie vécurent et moururent sans avoir jamais appris que leur fils était réellement le Créateur de l’Univers incarné dans la chair mortelle. 124:4.5 Cette année-là, Jésus continua à donner des leçons, à la maison, à ses frères et sœurs et s’intéressa plus que jamais à la musique. C’est à cette époque que le garçon prit une conscience aigüe de la différence de points de vue entre Joseph et Marie concernant la nature de sa mission. Il médita beaucoup sur la divergence d’opinion de ses parents et entendit souvent leurs discussions quand ils le croyaient profondément endormi. Il penchait de plus en plus pour le point de vue de son père, si bien que sa mère fut souvent froissée en comprenant que son fils rejetait peu à peu ses directives dans les questions ayant trait à l’orientation de sa vie. À mesure que les années passaient, cette brèche en compréhension alla s’élargissant. Marie comprenait de moins en moins le sens de la mission de Jésus, et cette tendre mère fut de plus en plus blessée par le fait que son fils préféré ne réalisait pas ses plus chères espérances. 124:4.6 Joseph croyait de plus en plus à la nature spirituelle de la mission de Jésus ; et, s’il n’avait existé d’autre raison plus fondamentale, il parait en effet malheureux que Joseph n’ait pas vécu assez longtemps pour voir s’accomplir son concept de l’effusion de Jésus sur terre. 124:4.7 Pendant sa dernière année d’école, alors qu’il avait douze ans, Jésus contesta, auprès de son père, la coutume juive de toucher le morceau de parchemin cloué sur le montant de la porte, chaque fois que l’on entrait ou sortait de la maison, et d’embrasser ensuite le doigt qui avait touché le parchemin. Comme partie de ce rite, il était habituel de dire : « Le Seigneur préservera notre sortie et notre entrée désormais et pour toujours. » Joseph et Marie avaient maintes fois instruit Jésus des raisons pour lesquelles il ne fallait pas faire de portraits ni dessiner de tableaux, expliquant que ces créations pourraient être utilisées à des fins idolâtres. Bien que Jésus ne parvenait pas à comprendre tout à fait leur interdiction de faire des portraits et des images, il possédait une logique supérieure ; c’est pourquoi il fit remarquer à son père la nature essentiellement idolâtre de cette habitude de saluer humblement le parchemin du seuil. Après que Jésus lui eut fait cette remarque, Joseph retira le parchemin. 124:4.8 Avec le temps, Jésus contribua grandement à modifier leurs pratiques religieuses telles que prières familiales et autres coutumes. Il était possible de faire beaucoup de ces choses à Nazareth, parce que la synagogue était sous l’influence d’une école libérale de rabbins dont le chef de file, José, était un maitre renommé de Nazareth. 124:4.9 Durant cette année et les deux suivantes, Jésus souffrit d’une grande détresse mentale résultant de ses constants efforts pour adapter ses vues personnelles sur les pratiques religieuses et les conventions sociales aux croyances enracinées de ses parents. Il était tourmenté par le conflit entre le besoin d’être fidèle à ses propres convictions et l’exhortation de sa conscience à remplir son devoir de soumission à ses parents. Son suprême conflit était entre deux commandements qui dominaient dans son jeune mental. Le premier était : « Sois fidèle aux préceptes de tes plus hautes convictions de vérité et de droiture. » L’autre était : « Honore ton père et ta mère, car ils t’ont donné la vie et l’éducation de la vie. » Quoi qu’il en fût, il n’éluda jamais la responsabilité de faire chaque jour les ajustements nécessaires entre ces domaines de fidélité à ses convictions personnelles et de devoirs envers sa propre famille. Il eut ainsi la satisfaction de fondre de plus en plus harmonieusement ses convictions personnelles et ses obligations familiales en un magistral concept de solidarité collective basé sur la loyauté, l’équité, la tolérance et l’amour. 5. Sa treizième année (an 7) 124:5.1 En cette année, le garçon de Nazareth passa de l’enfance à l’adolescence. Sa voix commença à muer et d’autres traits de son mental et de son corps témoignèrent d’une transformation annonciatrice de la virilité. 124:5.2 Son petit frère Amos naquit dans la nuit du dimanche 9 janvier an 7. Jude n’avait pas encore deux ans, et sa petite sœur Ruth n’était pas encore née. On voit donc que Jésus avait une assez nombreuse famille de jeunes enfants laissée à sa surveillance lorsque son père rencontra la mort un an plus tard dans un accident. 124:5.3 C’est vers le milieu de février que Jésus acquit humainement la certitude qu’il était destiné à remplir sur terre une mission pour éclairer l’humanité et lui révéler Dieu. Des décisions capitales doublées de plans d’une grande portée prenaient forme dans le mental de ce jeune homme, tandis que son apparence extérieure était celle d’un jeune juif moyen de Nazareth. Les êtres intelligents de tout Nébadon observaient, avec fascination et stupéfaction, les débuts de ce développement dans la pensée et les actes du fils désormais adolescent du charpentier. 124:5.4 Le premier jour de la semaine du 20 mars an 7, Jésus fut reçu à ses examens dans l’école locale rattachée à la synagogue de Nazareth. C’était un grand jour dans la vie de toute famille juive ambitieuse, le jour où le fils ainé était proclamé « fils du commandement » et « fils ainé racheté du Seigneur Dieu d’Israël », un « enfant du Très Haut » et le serviteur du Seigneur de toute la terre. 124:5.5 Le vendredi de la semaine précédente, pour être présent en cette heureuse occasion, Joseph était revenu de Sepphoris où il avait entrepris la construction d’un nouvel édifice public. Le professeur de Jésus croyait fermement que son élève alerte et assidu était destiné à quelque carrière éminente, à quelque haute mission. Malgré tous leurs ennuis avec les tendances non conformistes de Jésus, les anciens de Nazareth étaient très fiers du garçon et avaient commencé à tirer des plans qui lui permettraient d’aller à Jérusalem pour continuer son éducation dans les académies hébraïques renommées. 124:5.6 À mesure que Jésus entendait discuter ces plans de temps en temps, il devenait de plus en plus certain qu’il n’irait jamais à Jérusalem étudier avec les rabbins. Pourtant, il n’imaginait guère la tragédie si proche qui allait l’obliger à abandonner tous ces projets pour assumer la responsabilité d’entretenir et de diriger une famille nombreuse qui allait bientôt être composée de cinq frères et trois sœurs, outre sa mère et lui-même. En élevant cette famille, Jésus passa par une expérience plus étendue et plus prolongée que celle qui fut accordée à Joseph son père. Il se montra à la hauteur du modèle qu’il établit plus tard pour lui-même : devenir un sage, patient, compréhensif et efficace éducateur et frère ainé d’une famille – sa famille – si soudainement éprouvée par la douleur de cette perte inattendue. 6. Le voyage à Jérusalem 124:6.1 Ayant maintenant atteint le seuil de la jeune virilité et reçu officiellement ses diplômes des écoles de la synagogue, Jésus était qualifié pour se rendre à Jérusalem avec ses parents et participer avec eux à la célébration de sa première Pâque. Cette année-là, la fête de la Pâque tombait le samedi 9 avril de l’an 7. Un groupe considérable (103 personnes) se prépara à quitter Nazareth pour Jérusalem, de bonne heure le lundi matin 4 avril. Il voyagea vers le sud en direction de la Samarie, mais, après Jizréel, il bifurqua à l’est, contournant le mont Gilboa par la vallée du Jourdain afin d’éviter de passer par la Samarie. Joseph et sa famille auraient aimé traverser la Samarie par la route du puits de Jacob et de Béthel, mais, puisque les Juifs n’aimaient pas fréquenter les Samaritains, ils décidèrent d’accompagner leurs voisins par la vallée du Jourdain. 124:6.2 Le très redouté Archelaüs avait été déposé et il n’y avait guère de danger à emmener Jésus à Jérusalem. Douze ans avaient passé depuis que le premier Hérode avait cherché à tuer le bébé de Bethléem, et personne ne songerait plus maintenant à associer cette affaire à l’obscur garçon de Nazareth. 124:6.3 Avant d’atteindre la bifurcation de Jizréel et comme ils poursuivaient leur voyage, ils passèrent bientôt à droite de l’ancien village de Shunem ; Jésus entendit de nouveau parler de la plus belle jeune fille d’Israël qui vécut là jadis, et aussi des œuvres merveilleuses accomplies en ce lieu par Élisée. En passant près de Jizréel, les parents de Jésus lui racontèrent les faits et gestes d’Achab et de Jézabel, et les exploits de Jéhu. En contournant le mont Gilboa, ils parlèrent beaucoup de Saül qui se suicida sur les flancs de cette montagne, du roi David et des souvenirs se rapportant à ce lieu historique. 124:6.4 En contournant le pied du mont Gilboa, les pèlerins pouvaient voir, sur la droite, la ville grecque de Scythopolis. Ils admirèrent de loin ses édifices de marbre, mais n’approchèrent pas de cette ville des Gentils de crainte de se souiller et de ne pouvoir ensuite prendre part aux cérémonies solennelles et sacrées de la Pâque à Jérusalem. Marie ne comprenait pas pourquoi ni Joseph ni Jésus ne voulaient parler de Scythopolis. Elle n’était pas au courant de leur controverse de l’année précédente, car ils ne lui avaient jamais raconté l’incident. 124:6.5 Maintenant la route descendait rapidement dans la vallée tropicale du Jourdain et bientôt, à son étonnement admiratif, Jésus vit le sinueux et tortueux Jourdain avec ses eaux étincelantes et ondulantes coulant vers la mer Morte. Ils ôtèrent leurs manteaux pour voyager vers le sud dans cette vallée tropicale ; ils admirèrent les somptueux champs de céréales et les beaux lauriers-roses en fleurs, tandis qu’au nord le massif du mont Hermon avec sa calotte de neige se profilait loin vers le nord, dominant majestueusement cette vallée historique. Un peu plus de trois heures après avoir passé Scythopolis, ils arrivèrent à une source murmurante et campèrent là pour la nuit sous le ciel étoilé. 124:6.6 Le deuxième jour de leur voyage, ils passèrent près de l’endroit où le Jaboc venant de l’est se jette dans le Jourdain. Laissant leurs regards remonter cette vallée à l’est, ils se rappelèrent l’époque de Gédéon quand les Madianites se répandirent dans cette région pour envahir le pays. Vers la fin du deuxième jour du voyage, ils campèrent au pied de la plus haute montagne dominant la vallée du Jourdain, le mont Sartaba, dont le sommet était occupé par la forteresse Alexandrine où Hérode avait emprisonné une de ses femmes et enterré ses deux fils étranglés. 124:6.7 Le troisième jour, ils passèrent près de deux villages récemment bâtis par Hérode ; ils remarquèrent leur belle architecture et leurs superbes palmeraies. À la nuit tombante, ils atteignirent Jéricho où ils restèrent jusqu’au lendemain. Ce soir-là, Joseph, Marie et Jésus marchèrent trois kilomètres pour atteindre l’emplacement de l’ancienne Jéricho où, selon la tradition juive, Josué, d’après qui Jésus avait été prénommé, avait accompli ses célèbres exploits. 124:6.8 Pendant le quatrième et dernier jour du voyage, la route ne fut qu’une procession ininterrompue de pèlerins. Ils commencèrent alors à escalader la colline conduisant à Jérusalem. En approchant du sommet, ils purent voir les montagnes de l’autre côté du Jourdain, et vers le sud les eaux paresseuses de la mer Morte. Environ à mi-distance de Jérusalem, Jésus vit, pour la première fois, le mont des Oliviers (la région qui devait jouer un si grand rôle dans sa vie future). Joseph lui fit remarquer que la Ville Sainte était située juste derrière cette crête, et le cœur du garçon battit vite dans la joyeuse attente de voir bientôt la ville et la maison de son Père céleste. 124:6.9 Sur les pentes orientales d’Olivet, ils s’arrêtèrent pour se reposer en bordure d’un petit village appelé Béthanie. Les villageois hospitaliers se portèrent au-devant des pèlerins pour offrir leurs services, et il advint que Joseph et sa famille s’étaient arrêtés près de la maison d’un certain Simon qui avait trois enfants à peu près du même âge que Jésus – Marie, Marthe et Lazare. Ceux-ci invitèrent la famille de Nazareth à se reposer chez eux, et une amitié pour toute la vie naquit entre les deux familles. Plus tard, au cours de sa vie mouvementée, Jésus s’arrêta bien souvent chez eux. 124:6.10 Les pèlerins de Nazareth se remirent rapidement en route et arrivèrent bientôt près d’Olivet. Jésus vit, pour la première fois (dans sa mémoire), la Ville Sainte, les palais prétentieux et le temple inspirant de son Père. Jamais plus dans sa vie, Jésus n’éprouva une émotion purement humaine comparable à celle qui le captiva si complètement en cet après-midi d’avril alors qu’il se tenait là sur le mont des Oliviers, pour la première fois et buvait Jérusalem du regard. Quelques années plus tard, il se tint au même endroit et pleura sur la ville qui allait encore une fois rejeter un prophète, le dernier et le plus grand de ses éducateurs célestes. 124:6.11 Ils se hâtèrent vers Jérusalem. On était maintenant au jeudi après-midi. En atteignant la ville, ils passèrent devant le temple, et jamais Jésus n’avait vu une telle foule d’êtres humains. Il médita profondément sur la raison pour laquelle ces Juifs s’étaient rassemblés là, venant des plus lointaines parties du monde connu. 124:6.12 Ils atteignirent bientôt l’emplacement préparé pour leur logement durant la semaine pascale, la grande maison d’un riche parent de Marie, qui avait eu connaissance, par Zacharie, des évènements antérieurs concernant Jean et Jésus. Le lendemain, jour de la préparation, ils se disposèrent à célébrer convenablement le sabbat de la Pâque. 124:6.13 Tandis que tout Jérusalem s’affairait à préparer la Pâque, Joseph trouva le temps d’emmener son fils visiter l’académie où il avait été convenu qu’il continuerait son éducation deux ans plus tard, dès qu’il aurait atteint l’âge requis de quinze ans. Joseph était vraiment perplexe en observant le peu d’intérêt que Jésus témoignait à ces plans si soigneusement élaborés. 124:6.14 Jésus fut profondément impressionné par le temple et les services et autres activités associées. Pour la première fois depuis l’âge de quatre ans, il était trop préoccupé par ses propres méditations pour poser beaucoup de questions. Il posa cependant à son père plusieurs questions embarrassantes (comme il l’avait fait en d’autres occasions) sur les raisons pour lesquelles le Père céleste exigeait le massacre de tant d’animaux innocents et sans défense. D’après l’expression du visage du garçon, son père sentait bien que ses réponses et ses tentatives d’explications n’étaient pas satisfaisantes pour la profondeur de pensée et l’acuité de raisonnement de son fils. 124:6.15 La veille du sabbat de la Pâque, un torrent d’illumination spirituelle traversa le mental mortel de Jésus et fit déborder son cœur de pitié affectueuse pour ces foules spirituellement aveugles et moralement ignorantes assemblées en vue de commémorer l’ancienne Pâque. Ce fut l’un des jours les plus extraordinaires de l’incarnation du Fils de Dieu. Durant cette nuit, pour la première fois dans sa carrière terrestre, un messager spécial de Salvington commissionné par Emmanuel, lui apparut et dit : « L’heure est venue. Il est temps que tu commences à t’occuper des affaires de ton Père. » 124:6.16 Et ainsi, avant même que les lourdes responsabilités de la famille de Nazareth ne fussent retombées sur les jeunes épaules de Jésus, le messager céleste arrivait pour rappeler à ce garçon de moins de treize ans que l’heure avait sonné de commencer à reprendre la responsabilité d’un univers. Ce fut le premier acte d’une longue suite d’évènements qui, en fin de compte, culminèrent dans le parachèvement de l’effusion du Fils sur Urantia, à la suite de quoi « le gouvernement d’un univers fut replacé sur ses épaules à la fois humaines et divines ». 124:6.17 À mesure que le temps passait, le mystère de l’incarnation devenait de plus en plus insondable pour chacun de nous. Nous pouvions difficilement comprendre que ce garçon de Nazareth était le créateur de tout Nébadon. Nous ne comprenons pas davantage maintenant comment l’esprit de ce Fils Créateur et l’esprit de son Père du Paradis sont associés aux âmes de l’humanité. Avec le recul du temps, nous pouvions voir son mental humain discerner de mieux en mieux que la responsabilité d’un univers reposait en esprit sur ses épaules, en même temps qu’il vivait sa vie incarnée. 124:6.18 Ainsi prend fin la carrière du garçon de Nazareth et commence celle de l’adolescent. L’homme divin de plus en plus conscient de soi – qui commence maintenant à envisager sa carrière dans le monde, tout en s’efforçant de concilier ses desseins de vie toujours plus vastes avec les désirs de ses parents et ses obligations envers sa famille et envers la société de son temps. FASCICULE 125. Jésus à Jérusalem 125:0.1 Dans toute la carrière terrestre mouvementée de Jésus, aucun évènement ne fut plus attrayant, plus humainement passionnant, que cette visite à Jérusalem, la première dont il eut le souvenir. Jésus fut spécialement stimulé par l’expérience d’assister seul aux discussions du temple ; cela resta longtemps dans sa mémoire comme le grand évènement de la fin de son enfance et du commencement de son adolescence. Ce fut sa première occasion de profiter de quelques jours de vie indépendante, la joie d’aller et de venir sans contrainte ni restriction. Cette brève époque sans astreinte, pendant la semaine suivant la Pâque, était la première complètement libre d’obligations dont il eût jamais profité. Il lui fallut bien des années pour retrouver, même pour peu de temps, une période pareillement dégagée de tout sentiment de responsabilité. 125:0.2 Les femmes assistaient rarement à la fête de la Pâque à Jérusalem ; leur présence n’était pas requise. Toutefois, Jésus refusa pratiquement de partir à moins que sa mère ne l’accompagnât. Quand elle se décida, cela incita beaucoup de femmes de Nazareth à faire le voyage, si bien que le groupe pascal contenait, par rapport aux hommes, la plus grande proportion de femmes qui fût jamais partie de Nazareth pour la Pâque. Sur le chemin de Jérusalem, les pèlerins chantèrent de temps en temps le Psaume 130. 125:0.3 À partir du moment où ils quittèrent Nazareth jusqu’à celui où ils atteignirent le sommet du mont des Oliviers, Jésus resta constamment tendu dans l’expectative. Pendant toute sa joyeuse enfance, il avait entendu parler avec respect de Jérusalem et de son temple ; maintenant, il allait bientôt les contempler réellement. Vu du mont des Oliviers, puis de l’extérieur en l’examinant de plus près, le temple avait plus que comblé les espérances de Jésus, mais, quand le garçon eut franchi les portes sacrées, la grande désillusion commença. 125:0.4 En compagnie de ses parents, Jésus traversa les enceintes du temple pour aller rejoindre le groupe des nouveaux fils de la loi qui étaient sur le point d’être consacrés citoyens d’Israël. Il fut un peu déçu par la tenue générale de la foule dans le temple, mais le premier grand choc du jour survint quand sa mère les quitta pour se rendre dans la galerie des femmes. Il n’était jamais venu à l’idée de Jésus que sa mère ne l’accompagnerait pas aux cérémonies de consécration, et il était tout à fait indigné qu’elle eût à supporter une aussi injuste discrimination. Il en fut profondément froissé, mais, à part quelques protestations auprès de son père, il ne dit rien. Par contre, il réfléchit, et réfléchit profondément, comme ses questions aux scribes et aux docteurs de la loi le prouvèrent une semaine plus tard. 125:0.5 Jésus participa aux rites de la consécration, mais fut déçu par leur caractère superficiel et routinier. Il n’y trouva pas l’intérêt personnel qui caractérisait les cérémonies de la synagogue à Nazareth. Il retourna ensuite saluer sa mère et se prépara à accompagner son père pour sa première tournée dans le temple et les cours, galeries et corridors divers. Les enceintes du temple pouvaient contenir plus de deux-cent-mille fidèles à la fois ; l’immensité de ces bâtiments – en comparaison de ce qu’il avait déjà vu – fit une grande impression sur lui, mais il s’intéressa davantage à méditer sur la signification spirituelle des cérémonies du temple et du culte qui y était associé. 125:0.6 Beaucoup de rites du temple avaient frappé d’une manière touchante son sens de la beauté et du symbole, mais il était toujours déçu par les explications du sens réel des cérémonies que ses parents lui offraient en réponse à ses multiples et pénétrantes questions. Jésus refusait absolument d’accepter les éclaircissements sur le culte de la dévotion religieuse quand ils impliquaient une croyance au courroux de Dieu ou à la colère du Tout-Puissant. Dans une nouvelle discussion de ces questions, après la fin de la visite au temple, alors que son père insistait avec douceur pour qu’il acceptât les croyances orthodoxes des Juifs, Jésus se retourna soudainement vers ses parents, regarda son père dans les yeux, d’une manière suppliante, et dit : « Mon père, cela ne peut pas être vrai – le Père qui est aux cieux ne peut pas regarder ainsi ses enfants égarés sur terre – le Père Céleste ne peut aimer ses enfants moins que tu ne m’aimes. Si malavisés que soient mes actes, je sais bien que jamais tu ne pourrais déverser sur moi ta colère ni donner libre cours à ton courroux. Si toi, mon père terrestre, tu reflètes le Divin si humainement, combien plus le Père céleste doit-il être rempli de bonté et déborder de miséricorde. Je refuse de croire que mon Père céleste m’aime moins que mon père terrestre. » 125:0.7 Quand Joseph et Marie entendirent ces mots de leur fils ainé, ils se tinrent cois. Jamais plus ils n’essayèrent de changer sa conception de l’amour de Dieu et de la miséricorde du Père qui est dans les cieux. 1. Jésus visite le temple 125:1.1 Sur tous les parvis du temple que Jésus parcourut, il fut choqué et écœuré par l’esprit d’irrévérence qu’il y remarqua. Il estimait que la conduite des foules au temple était incompatible avec leur présence dans « la maison de son Père ». Mais il reçut le plus grand choc de sa jeune vie quand son père l’accompagna dans la cour des Gentils où le bruyant jargon, les éclats de voix et les jurons se mêlaient confusément aux bêlements de moutons et aux babillages bruyants trahissant la présence des changeurs, des marchands d’animaux propitiatoires et des vendeurs de diverses autres marchandises. 125:1.2 Par-dessus tout, son sentiment des convenances fut outragé par la vue des frivoles courtisanes paradant dans cette enceinte du temple, exactement comme les femmes fardées qu’il avait vues si récemment lors d’une visite à Sepphoris. Cette profanation du temple mit le comble à son indignation juvénile et il n’hésita pas à l’exprimer franchement à Joseph. 125:1.3 Jésus admira l’atmosphère et le service du temple, mais fut choqué par la laideur spirituelle qui transparaissait sur les visages de tant d’adorateurs insouciants. 125:1.4 Ils descendirent ensuite dans la cour des prêtres sous le rebord de pierre devant le temple, à l’emplacement de l’autel, pour observer la mise à mort des troupeaux d’animaux et les ablutions à la fontaine de bronze pour laver le sang des mains des prêtres sacrificateurs. Les taches de sang sur le dallage, les mains ensanglantées des prêtres et les cris des animaux mourants dépassèrent ce que pouvait supporter ce garçon de Nazareth amoureux de la nature. Ce terrible spectacle l’écœura. Il s’accrocha aux bras de son père et le supplia de l’emmener ailleurs. Ils retraversèrent les cours des Gentils ; même les rires grossiers et les plaisanteries profanes qu’il y entendit furent un soulagement pour Jésus après ce qu’il venait de contempler. 125:1.5 Joseph vit combien son fils avait été écœuré par les rites du temple ; il l’emmena sagement voir la « Belle Porte », la porte artistique faite de bronze corinthien. Mais Jésus en avait eu assez pour sa première visite au temple. Ils retournèrent chercher Marie dans la cour supérieure et marchèrent pendant une heure, au grand air, hors de la foule en regardant le palais d’Asmonée, la maison imposante d’Hérode et la tour des gardes romains. Pendant cette promenade, Joseph expliqua à Jésus que seuls les habitants de Jérusalem avaient la permission d’assister aux sacrifices quotidiens dans le temple, et que les habitants de Galilée n’y venaient que trois fois par an pour participer au culte : à la Pâque, à la fête de la Pentecôte (sept semaines après la Pâque) et à la fête des Tabernacles en octobre. Ces fêtes avaient été instaurées par Moïse. Ils discutèrent ensuite sur les deux dernières fêtes établies, celle de la consécration et celle de Pourim, après quoi ils regagnèrent leur logement et se préparèrent à célébrer la Pâque. 2. Jésus et la Pâque 125:2.1 Cinq familles de Nazareth furent invitées par la famille de Simon de Béthanie pour la célébration de la Pâque ou s’y associèrent, Simon ayant acheté l’agneau pascal pour toute la compagnie. C’était le massacre en si grand nombre de ces agneaux qui avait tellement affecté Jésus pendant sa visite au temple. Le projet avait été de manger la Pâque avec la famille de Marie, mais Jésus persuada ses parents d’accepter l’invitation à se rendre à Béthanie. 125:2.2 Cette nuit-là, ils se réunirent pour les rites de la Pâque, mangeant la viande rôtie avec du pain sans levain et des herbes amères. Jésus étant un nouveau fils de l’alliance, on lui demanda de raconter les origines de la Pâque, ce qu’il fit très bien, mais il déconcerta quelque peu ses parents en y incluant de nombreuses remarques reflétant avec modération les impressions qu’avaient faites sur son mental jeune, mais réfléchi, les choses qu’il avait si récemment vues et entendues. Ce fut le commencement des sept jours de cérémonies de la fête pascale. 125:2.3 Même si jeune et bien qu’il n’eût rien dit à ses parents à ce sujet, Jésus avait commencé à se demander s’il était juste de célébrer la Pâque sans sacrifier d’agneau. Il fut mentalement certain que le spectacle de l’offrande des sacrifices ne plaisait pas au Père céleste et, au cours des années suivantes, il affermit de plus en plus sa résolution d’établir un jour la célébration d’une Pâque sans effusion de sang. 125:2.4 Cette nuit-là, Jésus dormit fort peu. Son sommeil fut grandement troublé par des cauchemars de massacre et de souffrance. Son mental était profondément troublé et son cœur déchiré par les inconséquences et les absurdités théologiques de tout le système cérémoniel juif. Ses parents aussi dormirent peu. Ils étaient considérablement déconcertés par les évènements de la journée qui venait de prendre fin, et leur cœur était complètement bouleversé par l’attitude du garçon qui leur paraissait étrange et résolue. Marie fut nerveusement agitée pendant la première partie de la nuit, mais Joseph resta calme, bien que lui aussi fût perplexe. Tous deux craignaient de parler franchement de ces problèmes avec le garçon, tandis que Jésus aurait volontiers discuté avec ses parents s’ils avaient osé l’encourager. 125:2.5 Le lendemain, les offices au temple furent plus acceptables pour Jésus et contribuèrent beaucoup à effacer les fâcheuses impressions de la veille. Le surlendemain matin, le jeune Lazare prit Jésus en charge, et ils commencèrent à explorer systématiquement Jérusalem et ses environs. Avant la fin de la journée, Jésus découvrit les divers endroits autour du temple où des conférenciers enseignaient et répondaient aux questions. À part quelques visites au Saint des Saints où il se demandait avec émerveillement ce qu’il y avait réellement derrière le voile de séparation, il passa la majeure partie de son temps autour du temple aux conférences d’enseignement. 125:2.6 Pendant toute la semaine de la Pâque, Jésus garda sa place parmi les nouveaux fils du commandement. Cela signifiait qu’il devait s’assoir hors des grilles qui séparaient toutes les personnes n’ayant pas la pleine citoyenneté d’Israël. Rendu ainsi conscient de sa jeunesse, il se retint de poser toutes les questions qui se pressaient dans sa tête ; tout au moins il s’en abstint jusqu’à ce que la célébration de la Pâque eût prit fin et que les restrictions imposées aux jeunes gens nouvellement consacrés fussent levées. 125:2.7 Le mercredi de la semaine de la Pâque, Jésus fut autorisé à aller chez Lazare pour passer la nuit à Béthanie. Ce soir-là, Lazare, Marthe et Marie écoutèrent Jésus discuter des choses temporelles et éternelles, humaines et divines, et, depuis cette soirée, tous les trois l’aimèrent comme s’il eût été leur propre frère. 125:2.8 À la fin de la semaine, Jésus vit moins souvent Lazare, car ce dernier n’avait pas droit d’accès même au cercle extérieur des discussions du temple, mais il assista cependant à quelques discours publics prononcés dans les cours extérieures. Lazare était du même âge que Jésus, mais, à Jérusalem, les jeunes étaient rarement admis à la consécration des fils de la loi avant d’avoir atteint leurs treize ans révolus. 125:2.9 Pendant la semaine pascale, les parents de Jésus trouvèrent maintes et maintes fois leur fils assis à l’écart et réfléchissant profondément, la tête dans les mains. Ils ne l’avaient jamais vu se comporter de cette façon et ils étaient douloureusement perplexes, ne sachant pas jusqu’à quel point la confusion régnait dans son mental et le trouble dans son esprit à la suite des expériences par lesquelles il passait ; ils ne savaient que faire. Ils se réjouissaient d’entrevoir la fin de la semaine de la Pâque et désiraient ardemment voir leur fils, aux agissements étranges, de retour en sécurité à Nazareth. 125:2.10 Jour après jour, Jésus faisait le tour de ses problèmes ; à la fin de la semaine, il avait opéré beaucoup de mises au point. Quand vint le moment de retourner à Nazareth, son jeune mental fourmillait encore d’incertitudes et était assailli par une foule de questions sans réponse et de problèmes non résolus. 125:2.11 Avant de repartir, en compagnie du maitre qui instruisait Jésus à Nazareth, Joseph et Marie prirent des dispositions précises pour le retour de Jésus à Jérusalem au moment où il aurait ses quinze ans. Il commencerait alors un long cycle d’études dans une des académies de rabbins les plus renommées. Jésus accompagna ses parents et son professeur dans leur visite à l’école, mais tous trois furent désolés de constater combien il semblait indifférent à tout ce qu’ils disaient et faisaient. Marie était profondément peinée de ses réactions à la visite de Jérusalem, et Joseph fort perplexe devant les étranges remarques et la conduite insolite du garçon. 125:2.12 Somme toute, la semaine de la Pâque avait été un grand évènement dans la vie de Jésus. Il avait tiré profit de sa rencontre avec des dizaines de garçons de son âge, candidats comme lui à la consécration, et avait utilisé ces contacts comme moyen d’apprendre comment les gens vivaient en Mésopotamie, au Turkestan, dans l’empire des Parthes ainsi que dans les provinces romaines de l’Extrême-Occident. Il était déjà assez au courant de la façon dont se développait la jeunesse d’Égypte et d’autres régions voisines de la Palestine. Il y avait, à ce moment-là, des milliers de jeunes gens à Jérusalem, et le garçon de Nazareth rencontra personnellement et interrogea de façon plus ou moins approfondie plus de cent-cinquante d’entre eux. Il était particulièrement intéressé par ceux qui venaient de l’Extrême-Orient et des pays lointains de l’Occident. Comme suite à ces contacts, le garçon commença à éprouver le désir de voyager de par le monde en vue d’apprendre comment les différents groupes de ses contemporains travaillaient pour gagner leur vie. 3. Le départ de Joseph et de Marie 125:3.1 Le groupe de Nazareth avait convenu de se rassembler près du temple au milieu de la matinée du premier jour de la semaine après la fin de la fête pascale. C’est ce qu’ils firent, et ils partirent pour rentrer à Nazareth. Jésus s’était rendu au temple pour écouter les discussions, tandis que ses parents attendaient le rassemblement de leurs compagnons de voyage. Bientôt, la compagnie se prépara à partir, les hommes formant un groupe, et les femmes un autre, comme ils en avaient l’habitude pour aller aux fêtes de Jérusalem et en revenir. Jésus était allé à Jérusalem en compagnie de sa mère et des femmes. Maintenant, en tant que jeune homme consacré, il était censé faire le voyage de retour avec son père et les hommes. Tandis que le groupe de Nazareth partait pour Béthanie, Jésus était resté dans le temple, complètement absorbé par une discussion sur les anges et totalement inconscient d’avoir manqué le moment du départ de ses parents. Jusqu’à midi, heure de la suspension des conférences du temple, il ne se rendit pas compte qu’il avait été laissé en arrière. 125:3.2 Les voyageurs de Nazareth ne remarquèrent pas l’absence de Jésus, parce que Marie supposait qu’il voyageait avec les hommes, tandis que Joseph pensait qu’il voyageait avec les femmes, étant donné qu’il était monté à Jérusalem avec les femmes, et qu’il conduisait l’âne de Marie. Ils ne découvrirent son absence qu’en arrivant à Jéricho et en se préparant à camper pour la nuit. Après être allés aux informations auprès des retardataires du groupe arrivant à Jéricho, et avoir appris qu’aucun d’eux n’avait vu leur fils, ils passèrent une nuit blanche. Ils retournaient dans leur tête ce qui avait bien pu lui arriver, se remémorant plusieurs de ses réactions insolites aux évènements de la semaine pascale et se reprochant doucement l’un à l’autre de n’avoir pas veillé à ce qu’il fût dans l’un des groupes avant de quitter Jérusalem. 4. Premier et deuxième jours dans le temple 125:4.1 Pendant ce temps, Jésus était resté dans le temple tout l’après-midi, écoutant les discussions et appréciant l’ambiance plus calme et plus décente depuis que les grandes foules de la semaine pascale s’étaient à peu près dispersées. À la fin des discussions de l’après-midi, auxquelles Jésus ne participa point, il se rendit à Béthanie où il arriva juste au moment où la famille de Simon se préparait à prendre son repas du soir. Les trois jeunes gens débordaient de joie d’accueillir Jésus, qui demeura pour la nuit dans la maison de Simon. Il les vit très peu pendant la soirée, passant la plus grande partie de son temps en méditations solitaires dans le jardin. 125:4.2 Le lendemain, Jésus se leva de bonne heure pour se rendre au temple. Sur le versant d’Olivet, il s’arrêta et pleura sur le spectacle que ses yeux contemplaient – un peuple appauvri spirituellement, prisonnier de ses traditions et vivant sous la surveillance des légions romaines. Tôt dans la matinée, il était dans le temple avec l’idée bien arrêtée de prendre part aux discussions. Pendant ce temps, Joseph et Marie s’étaient, eux aussi, levés à l’aube avec l’intention de revenir sur leurs pas à Jérusalem. D’abord ils se rendirent en hâte à la maison de leurs parents, chez lesquels ils avaient logé en famille pendant la semaine de la Pâque, mais l’enquête révéla que personne n’avait vu Jésus. Après l’avoir cherché toute la journée sans trouver sa trace, ils retournèrent pour la nuit chez leurs parents. 125:4.3 À la deuxième conférence, Jésus s’était enhardi à poser des questions et participa aux discussions du temple d’une manière stupéfiante, mais toujours compatible avec sa jeunesse. Parfois ses questions incisives embarrassaient quelque peu les docteurs érudits de la loi juive, mais il témoignait d’un tel esprit de candide honnêteté, doublé d’une soif si évidente d’apprendre que la majorité des docteurs du temple était disposée à le traiter avec considération. Mais, quand il se permit de mettre en doute qu’il fût juste de mettre à mort un Gentil ivre, égaré hors de la cour des Gentils et entré inconsciemment dans les enceintes interdites et réputées sacrées du temple, un des docteurs les plus intolérants s’impatienta de ses critiques implicites, le toisa du regard et lui demanda son âge. Jésus répondit : « Il me manque un peu plus de quatre mois pour avoir treize ans. » « Alors », répliqua le docteur maintenant courroucé, « pourquoi es-tu ici puisque tu n’es pas en âge d’être un fils de la loi ? » Quand Jésus eut expliqué qu’il avait été consacré pendant la Pâque et qu’il était un étudiant de Nazareth ayant terminé ses classes, les docteurs répondirent unanimement d’un air moqueur : « Nous aurions dû le savoir ; il est de Nazareth. » Mais le docteur qui présidait affirma que Jésus n’était pas à blâmer si les dirigeants de la synagogue de Nazareth l’avaient techniquement reçu à douze ans au lieu de treize ; bien que plusieurs de ses détracteurs s’en fussent allés, on décida que le garçon pouvait tranquillement prendre part comme élève aux discussions du temple. 125:4.4 Lorsque cette deuxième journée au temple fut terminée, Jésus retourna encore une fois à Béthanie pour la nuit. De nouveau, il sortit dans le jardin pour méditer et prier. Il était évident que son mental était absorbé à considérer de graves problèmes. 5. Le troisième jour dans le temple 125:5.1 Au cours du troisième jour de Jésus au temple avec les scribes et les docteurs, de nombreux spectateurs, ayant entendu parler de ce jeune homme de Galilée, affluèrent pour jouir du spectacle d’un jeune garçon confondant les sages docteurs de la loi. Simon aussi vint de Béthanie pour se rendre compte de ce que le garçon allait faire. Pendant toute cette journée, Joseph et Marie continuèrent à chercher anxieusement Jésus ; ils étaient même allés plusieurs fois au temple, mais n’avaient jamais pensé à scruter les divers groupes engagés dans des discussions. Ils passèrent pourtant une fois presque à portée de la voix fascinante de leur fils. 125:5.2 Avant la fin du jour, toute l’attention du principal groupe des débats du temple s’était concentrée sur les interrogations de Jésus. Voici quelques-unes de ses nombreuses questions : 125:5.3 1. Qu’y a-t-il réellement dans le Saint des Saints derrière le voile ? 125:5.4 2. Pourquoi, en Israël, les mères doivent-elles être séparées des fidèles masculins au temple ? 125:5.5 3. Si Dieu est un père qui aime ses enfants, pourquoi tous ces massacres d’animaux pour gagner la faveur divine – l’enseignement de Moïse a-t-il été mal compris ? 125:5.6 4. Puisque le temple est consacré à l’adoration du Père céleste, est-il logique d’y tolérer la présence de ceux qui exercent un métier profane de troc ou de commerce ? 125:5.7 5. Le Messie attendu sera-t-il un prince temporel siégeant sur le trône de David, ou agira-t-il comme la lumière de vie dans l’établissement d’un royaume spirituel ? 125:5.8 Tout le long du jour, les auditeurs s’émerveillèrent de ces questions, et nul ne fut plus étonné que Simon. Pendant plus de quatre heures, l’adolescent de Nazareth assaillit les docteurs juifs de questions qui donnaient à réfléchir et sondaient les cœurs. Il fit peu de commentaires sur les remarques de ses ainés. Il transmettait son enseignement par les questions qu’il posait. Par leur tournure adroite et subtile, il arrivait simultanément à défier leur enseignement et à suggérer le sien propre. Dans sa manière de poser une question, il conjuguait la sagacité et l’humour avec un charme qui le faisait aimer même par ceux qui s’offusquaient plus ou moins de son âge. Il était toujours éminemment loyal et plein d’égards en posant ses questions pénétrantes. Au cours de cet après-midi mouvementé au temple, il manifesta sa répugnance caractéristique, confirmée par tout son ministère public ultérieur, à tirer d’un adversaire un avantage déloyal. Comme adolescent, et plus tard comme homme, il paraissait complètement délivré de tout désir égoïste de gagner une discussion simplement pour le plaisir de triompher de ses compagnons par la logique. Une seule chose l’intéressait suprêmement : proclamer la vérité éternelle et effectuer ainsi une révélation plus complète du Dieu éternel. 125:5.9 La journée finie, Simon et Jésus retournèrent à Béthanie. Durant la plus grande partie du trajet, l’homme et l’enfant gardèrent le silence. De nouveau, Jésus s’arrêta sur le versant d’Olivet, mais, en regardant la ville et son temple, il ne pleura pas ; il inclina seulement la tête en dévotion silencieuse. 125:5.10 Après le repas du soir à Béthanie, il refusa encore une fois de se joindre à la joyeuse compagnie ; au lieu de cela, il alla au jardin où il s’attarda jusqu’à une heure avancée de la nuit. Il tenta vainement d’élaborer un plan précis pour aborder le problème de l’œuvre de sa vie, et pour choisir la meilleure manière de révéler, à ses compatriotes spirituellement aveugles, un plus beau concept du Père céleste, les libérant ainsi de leur terrible esclavage à la loi, au rituel, au cérémonial et à la tradition surannée. Mais la claire lumière n’apparut pas à ce garçon en quête de vérité. 6. Le quatrième jour dans le temple 125:6.1 Jésus était étrangement oublieux de ses parents terrestres ; même au petit déjeuner, quand la mère de Lazare fit remarquer que ses parents devaient être maintenant près de chez eux, Jésus ne sembla pas se rendre compte qu’ils devaient quelque peu s’inquiéter de ce qu’il fût resté à la traine. 125:6.2 De nouveau, il se rendit au temple, mais ne s’arrêta pas sur le versant d’Olivet pour méditer. Au cours des discussions du matin, une grande partie du temps fut consacrée à la loi et aux prophètes, et les docteurs furent étonnés de constater que Jésus connaissait si bien les Écritures, tant en hébreu qu’en grec. Mais sa jeunesse les étonnait plus que sa connaissance de la vérité. 125:6.3 À la conférence de l’après-midi, ils avaient à peine commencé à répondre à ses questions concernant le but de la prière, quand le président pria le garçon de s’avancer, de s’assoir près de lui et de faire connaitre son propre point de vue concernant la prière et l’adoration. 125:6.4 La veille au soir, les parents de Jésus avaient entendu parler de l’étrange adolescent qui argumentait si habilement avec les commentateurs de la loi, mais il ne leur était pas venu à l’idée que ce garçon pouvait être leur fils. Ils avaient à peu près décidé de repartir pour aller chez Zacharie en supposant que Jésus pouvait y être allé pour voir Élisabeth et Jean. Pensant que Zacharie était peut-être au temple, ils s’arrêtèrent là sur le chemin de la Ville de Juda. Comme ils erraient à travers les cours du temple, imaginez leur surprise et leur stupéfaction quand ils reconnurent la voix du garçon disparu et l’aperçurent assis parmi les docteurs du temple. 125:6.5 Joseph était sans voix, mais Marie donna libre cours à sa peur et à son anxiété longtemps refoulées ; elle s’élança vers le garçon, qui s’était levé pour saluer ses parents, et dit : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu traités comme cela ? Il y a maintenant plus de trois jours que ton père et moi t’avons cherché désespérément. Qu’est-ce qui t’a pris de nous abandonner ? » Ce fut un moment angoissant. Tous les yeux étaient tournés vers Jésus pour voir ce qu’il allait répondre. Son père le regarda d’un air réprobateur, mais ne dit rien. 125:6.6 N’oubliez pas que Jésus était censé être un jeune homme. Il avait terminé sa scolarité régulière d’enfant, avait été reconnu comme fils de la loi et avait reçu la consécration comme citoyen d’Israël. Cependant, sa mère le reprenait vertement devant la foule assemblée, juste au moment de l’effort le plus sérieux et le plus sublime de sa jeune vie. Elle mettait ainsi peu glorieusement fin à l’une des plus grandes occasions qui lui fût jamais donnée d’enseigner la vérité, de prêcher la droiture et de révéler le caractère aimant de son Père céleste. 125:6.7 Le garçon se montra à la hauteur des circonstances. Si l’on prend équitablement en considération tous les facteurs qui se conjuguèrent pour provoquer cette situation, on pourra mieux sonder la sagesse de la réponse qu’il fit à la réprimande involontaire de sa mère. Après un moment de réflexion, Jésus lui dit : « Pourquoi m’avez-vous cherché si longtemps ? Ne vous attendiez-vous pas à me trouver dans la maison de mon Père, puisque l’heure est venue pour moi de m’occuper des affaires de mon Père ? » 125:6.8 Tous les assistants furent étonnés de la façon de parler du garçon. Ils se retirèrent silencieusement et le laissèrent seul avec ses parents. Tout de suite, le jeune homme soulagea leur embarras à tous trois en disant tranquillement : « Venez mes parents, chacun n’a rien fait d’autre que ce qu’il croyait être le mieux. Notre Père céleste a ordonné ces choses, rentrons à la maison. » 125:6.9 Ils partirent en silence et arrivèrent à Jéricho pour la nuit. Ils s’arrêtèrent une fois seulement, sur le versant d’Olivet, quand le garçon leva son bâton en l’air et, frémissant des pieds à la tête sous le choc d’une émotion intense, dit : « Ô Jérusalem, Jérusalem et ses habitants, quels esclaves vous êtes – subordonnés au joug des Romains et victimes de vos propres traditions – mais je reviendrai purifier le temple et délivrer mon peuple de cette servitude ! » 125:6.10 Pendant les trois journées de voyage vers Nazareth, Jésus ne dit presque rien ; ses parents non plus ne parlèrent pas beaucoup en sa présence. Ils étaient vraiment désorientés par la conduite de leur fils premier-né, mais ils conservaient précieusement ses paroles dans leur cœur, même sans pouvoir pleinement en comprendre la signification. 125:6.11 En arrivant à la maison, Jésus fit une brève déclaration à ses parents, les assurant de son affection et leur laissant entendre qu’ils n’auraient plus jamais à craindre que sa conduite ne leur donnât des occasions d’anxiété. Il conclut cette déclaration capitale en disant : « Bien que je doive faire la volonté de mon Père céleste, j’obéirai aussi à mon père terrestre. J’attendrai mon heure. » 125:6.12 Mentalement, Jésus refusait souvent d’admettre les efforts bien intentionnés, mais malencontreux, de ses parents pour lui dicter le cours de ses réflexions ou pour établir le plan de son travail sur terre. Toutefois et de toutes les manières compatibles avec sa consécration à la volonté de son Père du Paradis, il se conformait de la meilleure grâce aux désirs de son père terrestre et aux habitudes de sa famille charnelle. Même quand il ne pouvait les admettre, il faisait tout son possible pour s’y conformer. C’était un artiste dans la façon de concilier sa consécration au devoir avec ses obligations de loyauté envers sa famille et son service social. 125:6.13 Joseph était perplexe, mais Marie, en réfléchissant à ces expériences, reprit courage en finissant par considérer les propos de Jésus à Olivet comme prophétiques de la mission messianique de son fils en tant que libérateur d’Israël. Elle se mit à l’œuvre avec une énergie nouvelle pour orienter les pensées de Jésus dans des moules patriotiques et nationalistes, et recourut à l’aide de son frère, l’oncle préféré de Jésus. De toutes les manières possibles, la mère de Jésus s’adonna à la tâche de préparer son fils ainé à assumer le commandement de ceux qui voulaient restaurer le trône de David et rejeter définitivement l’esclavage politique du joug des Gentils. FASCICULE 126. Les deux années cruciales 126:0.1 De toutes les expériences de la vie terrestre de Jésus, sa quatorzième et sa quinzième année furent les plus cruciales. Les deux années comprises entre le moment où il commença à prendre conscience de sa divinité et de son destin, et celui où il réussit à communiquer, dans une large mesure, avec son Ajusteur intérieur furent les plus éprouvantes de sa vie mouvementée sur Urantia. C’est cette période de deux ans que l’on devrait appeler la grande épreuve, la vraie tentation. Aucun jeune humain, passant par les premiers désordres et la mise au point des problèmes de l’adolescence, ne fut jamais soumis à une épreuve plus cruciale que celle traversée par Jésus durant son passage de l’enfance à la vie de jeune adulte. 126:0.2 Cette importante période de développement dans la jeunesse de Jésus commença avec la fin de la visite à Jérusalem et le retour à Nazareth. Marie fut d’abord heureuse à la pensée qu’elle avait retrouvé son garçon, que Jésus était rentré au foyer pour être un fils obéissant – bien qu’il n’eût jamais été autre chose – et qu’il serait désormais plus docile aux plans qu’elle formait pour son avenir. Mais elle n’allait pas se chauffer longtemps au soleil des illusions maternelles et de l’inconscient orgueil de famille ; elle allait très bientôt perdre plus complètement ses illusions. De plus en plus, le garçon vivait en compagnie de son père ; il consultait de moins en moins sa mère sur ses problèmes. En même temps, l’incompréhension de ses parents concernant ses fréquentes alternances entre les affaires de ce monde et les méditations sur ses propres rapports avec les affaires de son Père allait croissant. Franchement, ils ne le comprenaient pas, mais ils l’aimaient sincèrement. 126:0.3 À mesure que Jésus grandissait, sa pitié et son amour pour le peuple juif s’approfondirent, mais, les années passant, un juste ressentiment se développa dans son mental contre la présence, dans le temple de son Père, de prêtres choisis pour des raisons politiques. Jésus avait un grand respect pour les pharisiens sincères et les scribes honnêtes, mais il tenait en piètre estime les pharisiens hypocrites et les théologiens déloyaux ; il considérait avec dédain tous les chefs religieux peu sincères. Quand il examinait minutieusement la conduite des dirigeants d’Israël, il était parfois tenté de regarder d’un œil favorable la possibilité de devenir le Messie attendu par les Juifs, mais il ne céda jamais à cette tentation. 126:0.4 Le récit de ses exploits parmi les sages du temple de Jérusalem était flatteur pour tout Nazareth et spécialement pour ses anciens maitres de l’école de la synagogue. Pendant quelque temps, l’éloge de Jésus fut sur toutes les lèvres. Tout le village racontait la sagesse de son enfance et sa conduite méritoire, et prédisait qu’il était destiné à devenir un grand chef dans Israël. Enfin, un vraiment grand éducateur allait sortir de Nazareth en Galilée. Tous se réjouissaient à l’avance du moment où il aurait atteint ses quinze ans, afin qu’il lui fût dument permis de lire les Écritures à la synagogue le jour du sabbat. 1. Sa quatorzième année (an 8) 126:1.1 L’an 8 est l’année calendaire de son quatorzième anniversaire. Jésus avait appris à fabriquer de bons jougs et travaillait bien la toile et le cuir. Il devenait rapidement aussi un charpentier et un ébéniste habile. Cet été-là, il monta fréquemment au sommet de la colline située au nord-ouest de Nazareth, pour prier et pour méditer. Il devenait graduellement plus conscient de la nature de son effusion sur terre. 126:1.2 Un peu plus de cent ans auparavant, cette colline avait été le « haut lieu de Baal » et maintenant c’était l’emplacement du tombeau de Siméon, un saint homme réputé en Israël. Du faite de la colline de Siméon, Jésus pouvait d’un coup d’œil embrasser Nazareth et le pays environnant. En regardant Méguiddo, il se remémorait l’histoire de l’armée égyptienne remportant sa première grande victoire en Asie, et comment plus tard une armée semblable avait vaincu Josias, roi de Judée. Non loin de là, il pouvait voir Taanak, où Déborah et Barac battirent Sisara. À l’horizon, il pouvait apercevoir les collines de Dothan où, lui avait-on appris, Joseph avait été vendu par ses frères comme esclave, en Égypte. Tournant ensuite ses regards vers Ébal et Garizim, il se rappelait les traditions d’Abraham, de Jacob et d’Abimélech. Ainsi il se remémorait et retournait dans son mental les évènements historiques et traditionnels du peuple de son père Joseph. 126:1.3 Il poursuivit ses cours supérieurs de lecture avec ceux qui enseignaient à la synagogue et continua aussi l’éducation familiale de ses frères et sœurs à mesure qu’ils atteignaient l’âge approprié. 126:1.4 Au début de cette année-là, Joseph s’arrangea pour mettre de côté le revenu de ses propriétés de Nazareth et de Capharnaüm, afin de payer le long cycle d’études de son fils à Jérusalem ; on prévoyait que Jésus devait aller à Jérusalem en aout de l’année qui suivait, quand il atteindrait ses quinze ans. 126:1.5 Au commencement de l’année, Joseph et Marie eurent fréquemment des doutes sur la destinée de leur fils ainé. En effet, il était un enfant brillant et aimable, mais bien difficile à comprendre et à sonder ; d’autre part, rien d’extraordinaire ou de miraculeux n’était jamais arrivé. Sa fière maman était restée des dizaines de fois dans une expectative haletante en s’attendant à voir son fils accomplir quelque exploit surhumain ou miraculeux, mais ses espoirs se brisaient toujours dans une cruelle déception. Tout ceci était décourageant et même démoralisant. Les personnes pieuses de ce temps-là croyaient vraiment que les prophètes et les hommes de la promesse démontraient toujours leur vocation et établissaient leur autorité divine en accomplissant des miracles et en faisant des prodiges. Mais Jésus ne faisait rien de tout cela ; c’est pourquoi le trouble de ses parents augmentait sans cesse quand ils envisageaient son avenir. 126:1.6 L’amélioration de la situation économique de la famille de Nazareth se faisait sentir à la maison de bien des manières, spécialement par le nombre croissant de tablettes blanches polies qui étaient employées comme ardoises pour écrire ; on écrivait alors avec du fusain. Jésus fut également autorisé à reprendre des leçons de musique ; il aimait beaucoup jouer de la harpe. 126:1.7 Durant toute cette année, on peut vraiment dire que Jésus « grandit dans la faveur des hommes et de Dieu ». Les perspectives de la famille semblaient bonnes et l’avenir se présentait brillamment. 2. La mort de Joseph 126:2.1 Tout alla bien jusqu’au jour fatal du mardi 25 septembre, où un messager de Sepphoris apporta, au foyer de Nazareth, la tragique nouvelle que Joseph avait été grièvement blessé par la chute d’un mât de charge pendant qu’il travaillait à la résidence du gouverneur. Le messager de Sepphoris s’était arrêté à l’atelier avant d’aller au domicile de Joseph. Il informa Jésus de l’accident survenu à son père, et les deux se rendirent ensemble à la maison pour faire part à Marie de la triste nouvelle. Jésus désirait aller immédiatement rejoindre son père, mais Marie ne voulait rien entendre d’autre que de se rendre en hâte auprès de son époux. Elle décida que Jacques, alors âgé de dix ans, l’accompagnerait à Sepphoris, tandis que Jésus resterait à la maison avec les plus jeunes enfants jusqu’à son retour, car elle ne connaissait pas la gravité de la blessure de Joseph. Mais Joseph était mort de ses blessures avant l’arrivée de Marie. On le ramena à Nazareth, et le lendemain il fut couché au tombeau pour reposer avec ses ancêtres. 126:2.2 Juste au moment où les perspectives étaient bonnes et où l’avenir paraissait prometteur, une main apparemment cruelle abattit le chef de famille de Nazareth. Les affaires de la maison furent interrompues et tous les plans pour la future éducation de Jésus furent démolis. Le jeune charpentier, qui venait tout juste d’avoir quatorze ans, prit conscience qu’il avait non seulement à révéler la nature divine, sur terre et dans la chair selon la mission reçue de son Père céleste, mais encore il fallait que sa jeune nature humaine endossât la responsabilité de prendre soin de sa mère veuve et de ses sept frères et sœurs – sans compter un autre enfant attendu. Ce garçon de Nazareth devenait maintenant le seul soutien et réconfort de cette famille si subitement affligée. Ainsi fut permise sur Urantia la succession naturelle d’évènements qui forcèrent ce jeune homme de la destinée à assumer de si bonne heure des responsabilités fort lourdes, mais hautement pédagogiques et disciplinaires. Il devenait chef d’une famille humaine ; il devenait le père de ses propres frères et sœurs ; il aurait à soutenir et à protéger sa mère comme gardien du foyer paternel, le seul qu’il dût connaitre pendant son séjour sur ce monde. 126:2.3 Jésus accepta de bon cœur les responsabilités qui s’abattaient si soudainement sur lui, et les assuma fidèlement jusqu’au bout. Tout au moins, un grand problème et une difficulté escomptée dans sa vie avaient été tragiquement résolus – on ne s’attendait plus à ce qu’il aille à Jérusalem étudier avec les rabbins. Il resta perpétuellement vrai que Jésus « n’était le disciple de personne ». Il était toujours prêt à apprendre, même du plus humble petit enfant, mais jamais il ne puisa dans des sources humaines son autorité pour enseigner la vérité. 126:2.4 Cependant, il ne savait rien encore de l’apparition de Gabriel à sa mère avant sa naissance ; il l’apprit seulement par Jean le jour de son baptême, au commencement de son ministère public. 126:2.5 Avec le temps, le jeune charpentier de Nazareth mesura de mieux en mieux chaque institution de la société et chaque coutume de la religion par un critère invariable. Que fait-elle pour l’âme humaine ? Rapproche-t-elle Dieu de l’homme ? Mène-t-elle l’homme à Dieu ? Tout en ne négligeant pas complètement les aspects récréatifs et sociaux de la vie, ce jeune homme consacra de plus en plus son temps et ses forces à deux buts seulement : prendre soin de sa famille et se préparer à accomplir sur terre la volonté de son Père céleste. 126:2.6 Cette année-là, les voisins prirent l’habitude d’entrer à l’improviste durant les soirées d’hiver pour entendre Jésus jouer de la harpe, écouter ses histoires (car le garçon était un excellent conteur) et l’entendre lire des citations des Écritures grecques. 126:2.7 La famille pouvait assez bien soutenir son train de maison parce qu’elle disposait d’une bonne somme d’argent liquide au moment de la mort de Joseph. Jésus ne tarda pas à montrer qu’il avait, dans les affaires, un jugement pénétrant et de la sagacité financière. Il avait l’esprit large, mais des gouts simples ; il était économe, mais généreux. Il se révéla un administrateur sage et efficace des biens de son père. 126:2.8 Malgré tout ce que Jésus et les voisins de Nazareth pouvaient faire pour apporter de la bonne humeur au foyer, Marie et même les enfants restaient pleins de tristesse. Joseph était parti. Il avait été un mari et un père exceptionnels et il manquait à tous. Et il leur semblait d’autant plus tragique de penser qu’il était mort avant qu’ils aient pu lui parler ou recevoir sa bénédiction. 3. La quinzième année (an 9) 126:3.1 Au milieu de sa quinzième année – et nous comptons le temps d’après le calendrier du vingtième siècle, et non d’après l’année juive – Jésus avait fermement pris en main la gestion de sa famille. Avant la fin de cette année, leurs économies avaient à peu près fondu, et ils se trouvèrent dans l’obligation de vendre l’une des maisons de Nazareth que Joseph possédait en commun avec Jacob son voisin. 126:3.2 Ruth, la dernière née de la famille, vint au monde le mercredi soir 17 avril de l’an 9. Dans la mesure de ses moyens, Jésus essaya de prendre la place de son père en réconfortant et en soignant sa mère durant cette épreuve difficile et particulièrement triste. Pendant près de vingt ans (jusqu’au commencement de sa vie publique), aucun père n’aurait pu aimer et élever sa fille avec plus d’affection et de fidélité que Jésus s’occupant de la petite Ruth. Il fut un tout aussi bon père pour les autres membres de la famille. 126:3.3 Durant cette année, Jésus formula, pour la première fois, la prière qu’il enseigna par la suite à ses apôtres et qui s’est répandue sous le nom du « Notre Père ». En un sens, ce fut une évolution du culte au foyer ; dans la famille, ils avaient de nombreuses formules d’actions de grâces et plusieurs prières classiques. Après la mort de son père, Jésus essaya d’enseigner aux ainés des enfants à s’exprimer individuellement dans des prières – comme lui-même se plaisait tant à le faire – mais ils ne pouvaient saisir sa pensée et revenaient invariablement à leurs formes de prières apprises par cœur. Ce fut dans cette tentative pour inciter les ainés de ses frères et sœurs à dire des prières individuelles que Jésus s’efforça de les guider par des phrases suggestives ; bientôt, sans intention de sa part, ils employèrent tous une forme de prière largement basée sur les idées directrices que Jésus leur avait enseignées. 126:3.4 À la fin, Jésus abandonna l’idée que chaque membre de la famille formulât des prières spontanées. Un soir d’octobre, il s’assit près de la petite lampe trapue, devant la table basse en pierre ; puis, sur une planchette de cèdre poli d’environ quarante-cinq centimètres de côté, il écrivit, avec un morceau de fusain, la prière qui devint dorénavant la supplique modèle de la famille. 126:3.5 Cette année-là, Jésus fut très troublé par des réflexions confuses. Ses responsabilités familiales avaient fort efficacement écarté toute idée de mettre immédiatement à exécution un plan conforme à la visitation de Jérusalem qui l’invitait à « s’occuper des affaires de son Père ». Jésus conclut, à juste titre, que le soin de veiller sur la famille de son père terrestre devait prendre le pas sur tout autre devoir, et que le soutien de sa famille devait être sa première obligation. 126:3.6 Au cours de cette année, Jésus trouva, dans le livre dit d’Énoch, un passage qui l’incita plus tard à adopter l’expression « Fils de l’Homme » pour se désigner durant sa mission d’effusion sur Urantia. Il avait soigneusement étudié l’idée du Messie juif et acquis la ferme conviction qu’il n’était pas destiné à être ce Messie. Il désirait ardemment aider le peuple de son père, mais il ne compta jamais se mettre à la tête des armées juives pour libérer la Palestine de la domination étrangère. Il savait qu’il ne siégerait jamais sur le trône de David à Jérusalem. Il ne croyait pas non plus que son rôle dût être celui d’un libérateur spirituel ou d’un éducateur moral uniquement auprès du peuple juif. En aucun cas la mission de sa vie ne pouvait donc être l’accomplissement des désirs ardents et des prophéties supposées messianiques des Écritures hébraïques, au moins pas à la manière dont les Juifs comprenaient ces prédictions des prophètes. De même, Jésus était certain de ne jamais devoir apparaitre comme le Fils de l’Homme décrit par le prophète Daniel. 126:3.7 Mais, quand le temps viendrait d’aller de l’avant en tant qu’éducateur du monde, quel nom prendrait-il ? Comment justifierait-il sa mission ? De quel nom serait-il appelé par les gens qui se mettraient à croire à son enseignement ? 126:3.8 Tandis qu’il retournait tous ces problèmes dans sa tête, il trouva dans la bibliothèque de la synagogue de Nazareth, parmi les livres apocalyptiques qu’il avait étudiés, le manuscrit appelé « Le Livre d’Énoch ». Malgré sa conviction qu’il n’avait pas été écrit par l’Énoch de jadis, le livre l’intrigua beaucoup ; il le lut et le relut plusieurs fois. Un passage l’impressionna particulièrement, celui où apparaissait l’expression « Fils de l’Homme ». L’auteur de ce prétendu Livre d’Énoch continuait à parler du Fils de l’Homme, décrivant les travaux qu’il devait accomplir sur terre. Il expliquait qu’avant de venir sur ce monde pour apporter le salut à l’humanité, ce Fils de l’Homme avait traversé les parvis de gloire céleste avec son Père, le Père de tous ; qu’il avait renoncé à toute sa gloire et à toute sa majesté pour descendre sur terre et y proclamer le salut aux pauvres mortels. À mesure que Jésus lisait ces passages (en comprenant bien qu’une grande partie du mysticisme oriental mêlé par la suite à ces enseignements était faux), il ressentait dans son cœur et reconnaissait dans son mental que, parmi toutes les prédictions messianiques des Écritures hébraïques et toutes les théories concernant le libérateur des Juifs, aucune n’était aussi proche de la vérité que cette histoire, bien que le livre d’Énoch, où elle était reléguée, ne fût que partiellement orthodoxe. Séance tenante, il décida d’adopter pour titre inaugural « Le Fils de l’Homme ». C’est ce qu’il fit par la suite quand il commença son oeuvre publique. Jésus avait une aptitude infaillible à reconnaitre la vérité et n’hésitait jamais à l’admettre, quelle que fût la source dont elle paraissait émaner. 126:3.9 À cette époque, il avait complètement réglé beaucoup de choses concernant son futur travail pour le monde, mais il n’entretenait jamais sa mère de ces questions, elle qui s’accrochait toujours résolument à son idée qu’il était le Messie juif. 126:3.10 Jésus passa alors par la grande confusion de pensée de l’époque de sa jeunesse. Après avoir fixé quelque peu la nature de sa mission sur terre consistant à « s’occuper des affaires de son Père » – à démontrer la nature aimante de son Père envers toute l’humanité – il recommença à réfléchir aux nombreuses citations des Écritures se référant à la venue d’un libérateur national, d’un éducateur ou d’un roi juif. À quel évènement ces prophéties se rapportaient-elles ? Était-il un Juif ou non ? Appartenait-il ou non à la maison de David ? Sa mère affirmait que oui ; son père avait jugé qu’il n’en était pas. Il décida qu’il n’en était pas. Mais les prophètes n’avaient-ils pas embrouillé la nature et la mission du Messie ? 126:3.11 Après tout, était-il possible que sa mère eût raison ? Dans la plupart des cas, quand des différences d’opinion avaient surgi dans le passé, c’était elle qui avait eu raison. S’il était un nouvel éducateur et non le Messie, comment pourrait-il reconnaitre le Messie juif si celui-ci apparaissait à Jérusalem durant le temps de sa mission terrestre, et quelles devraient alors être ses relations avec le Messie juif ? Après qu’il se serait engagé dans la mission de sa vie, quels seraient ses rapports avec sa famille, avec la religion et l’État juifs, avec l’Empire romain, avec les Gentils et leurs religions ? Le jeune Galiléen retournait dans son mental chacun de ces grands problèmes et y réfléchissait sérieusement tout en continuant à travailler à l’établi du charpentier, gagnant laborieusement sa propre vie, celle de sa mère et celle de huit autres bouches affamées. 126:3.12 Avant la fin de l’année, Marie vit que les fonds de la famille diminuaient. Elle confia la vente des pigeons à Jacques. Bientôt ils achetèrent une seconde vache et, avec l’aide de Miriam, commencèrent à vendre du lait à leurs voisins de Nazareth. 126:3.13 Les profondes périodes de méditations de Jésus, ses fréquents déplacements pour prier au sommet de la colline et toutes les idées étranges qu’il énonçait de temps en temps alarmaient profondément sa mère. Elle pensait parfois que le garçon n’avait plus tout son bon sens ; puis elle dominait sa frayeur en se rappelant qu’il était après tout un enfant de la promesse, quelque peu différent des autres jeunes gens. 126:3.14 Mais Jésus apprenait à ne pas exprimer toutes ses pensées, à ne pas exposer au monde toutes ses idées, même pas à sa propre mère. À partir de cette année, Jésus restreignit constamment les divulgations de ce qui se passait dans son mental, c’est-à-dire qu’il parla moins des choses qu’un auditeur moyen ne pouvait saisir, et qui risquaient de le faire considérer comme bizarre ou différent des gens du commun. Selon toutes les apparences, il devint banal et conventionnel, bien qu’il languît après quelqu’un qui pourrait comprendre ses préoccupations. Il désirait ardemment avoir un ami fidèle et digne de confiance, mais ses problèmes étaient trop complexes pour être compris par ses compagnons humains. La singularité de cette situation exceptionnelle le forçait à porter seul son fardeau. 4. Premier sermon dans la synagogue 126:4.1 À partir de son quinzième anniversaire, Jésus pouvait officiellement occuper la chaire de la synagogue le jour du sabbat. Maintes fois auparavant, en l’absence d’orateurs, on avait demandé à Jésus de lire les Écritures, mais maintenant le jour était venu où la loi lui permettait de conduire le service. C’est pourquoi, au premier sabbat après l’anniversaire de ses quinze ans, le chazan s’arrangea pour que Jésus dirigeât le service matinal de la synagogue. Lorsque tous les fidèles de Nazareth furent assemblés, le jeune homme, ayant choisi ses textes dans les Écritures, se leva et commença à lire : 126:4.2 « L’esprit du Seigneur Dieu est sur moi, car le Seigneur m’a oint, il m’a envoyé pour porter de bonnes nouvelles aux débonnaires ; pour panser ceux qui ont le cœur brisé, pour annoncer aux captifs la délivrance et affranchir les prisonniers spirituels ; pour proclamer l’année de grâce et le jour de jugement de notre Dieu, pour consoler tous les affligés et leur donner la beauté au lieu de la cendre, l’huile de joie au lieu du deuil et un chant de louanges au lieu d’un esprit abattu, afin qu’on les appelle arbres de droiture, plantés par le Seigneur et destinés à le glorifier. 126:4.3 « Recherchez le bien et non le mal, afin que vous viviez et qu’ainsi le Seigneur, le Dieu des Armées, soit avec vous. Haïssez le mal et aimez le bien ; établissez le jugement à la porte. Peut-être le Seigneur Dieu usera-t-il de grâce envers les restes de Joseph. 126:4.4 « Lavez-vous, purifiez-vous ; ôtez la méchanceté de vos actions de devant mes yeux, cessez de faire le mal et apprenez à faire le bien ; recherchez la justice, soulagez l’opprimé ; défendez celui qui n’a plus de père et plaidez la cause de la veuve. 126:4.5 « Avec quoi me présenterai-je devant le Seigneur pour m’incliner devant le Dieu de toute la terre ? Devrai-je venir devant lui avec des holocaustes, avec des veaux d’un an ? Le Seigneur prendra-t-il plaisir à des milliers de béliers, à des dizaines de milliers de moutons ou à des fleuves d’huile ? Donnerai-je mon premier-né pour ma transgression, le fruit de mon corps pour le péché de mon âme ? Non, car le Seigneur nous a montré, ô hommes, ce qui est bon. Qu’est-ce que le Seigneur vous réclame sinon d’être justes, d’aimer la miséricorde et de marcher humblement avec votre Dieu ? 126:4.6 « À qui donc alors comparerez-vous Dieu qui est assis au-dessus du cercle de la terre ? Levez les yeux et voyez qui a créé tous ces mondes, qui fait sortir par nombre leur armée et les appelle tous par leur nom. Il fait toutes ces choses grâce à la grandeur de sa puissance ; à cause de la force de son pouvoir, nul ne fait défaut. Il donne de la vigueur aux faibles et accroit la force de ceux qui sont fatigués. N’ayez pas peur, car je suis avec vous ; ne craignez rien, car je suis votre Dieu. Je vous fortifierai et je vous aiderai ; oui, je vous soutiendrai avec la main droite de ma justice, car je suis le Seigneur votre Dieu. Et je tiendrai votre main droite en vous disant : ne craignez rien, car je vous aiderai. 126:4.7 « Tu es mon témoin, dit le Seigneur, et mon serviteur que j’ai choisi afin que tous puissent me connaitre et me croire et comprendre que je suis l’Éternel. Moi, oui moi, je suis le Seigneur, et hors de moi il n’y a point de sauveur. » 126:4.8 Lorsqu’il eut terminé cette lecture, il s’assit, et les fidèles rentrèrent chez eux, méditant les paroles qu’il leur avait lues avec tant de grâce. Jamais ses concitoyens ne l’avaient vu si magnifiquement solennel ; jamais ils ne l’avaient entendu parler d’une voix aussi sérieuse et sincère ; jamais ils ne l’avaient vu si viril, si décidé et si plein d’autorité. 126:4.9 Cet après-midi de sabbat, Jésus gravit avec Jacques la colline de Nazareth et, quand ils furent de retour à la maison, il écrivit les dix commandements en grec, au fusain, sur deux panneaux de bois poli. Plus tard, Marthe coloria et décora ces tableaux, et pendant longtemps ils furent suspendus au mur au-dessus du petit établi de Jacques. 5. La lutte financière 126:5.1 Peu à peu, Jésus et sa famille retournèrent à la vie rustique de leurs premières années. Leurs vêtements et même leur nourriture se simplifièrent. Ils avaient en abondance du lait, du beurre et du fromage. Suivant la saison, ils profitaient des produits de leur jardin, mais chaque mois qui s’écoulait les obligeait à pratiquer une plus grande frugalité. Leur déjeuner était très simple ; leur meilleure nourriture était réservée pour le repas du soir. Toutefois, parmi ces Juifs, le manque de fortune n’impliquait pas une infériorité sociale. 126:5.2 Déjà le jeune homme avait à peu près cerné les modes de vie des hommes de son temps. Ses enseignements ultérieurs montrent à quel point il comprenait bien la vie au foyer, aux champs et à l’atelier ; ils révèlent pleinement ses contacts intimes avec toutes les phases de l’expérience humaine. 126:5.3 Le chazan de Nazareth continuait à s’attacher à la croyance que Jésus était destiné à devenir un grand éducateur, probablement le successeur du célèbre Gamaliel à Jérusalem. 126:5.4 Tous les plans de Jésus pour sa carrière furent apparemment contrecarrés. À la façon dont les évènements se présentaient, l’avenir ne paraissait pas brillant. Pourtant Jésus ne vacilla pas et ne se découragea pas. Il continua à vivre au jour le jour, remplissant bien son devoir quotidien et s’acquittant fidèlement des responsabilités immédiates de sa position dans la société. La vie de Jésus est la consolation éternelle de tous les idéalistes déçus. 126:5.5 Le salaire d’un charpentier ordinaire travaillant à la journée diminuait lentement. À la fin de cette année, en travaillant tôt le matin et tard le soir, Jésus ne pouvait gagner que l’équivalent d’un quart de dollar par jour. L’année suivante, ils trouvèrent difficile de payer les impôts civils, sans parler des cotisations à la synagogue et de la taxe d’un demi sicle pour le temple. Au cours de cette année, le percepteur essaya d’extorquer à Jésus un revenu supplémentaire et menaça même de saisir sa harpe. 126:5.6 Craignant que l’exemplaire des Écritures grecques ne fût découvert et confisqué par les collecteurs d’impôts, Jésus le donna, le jour de son quinzième anniversaire, à la bibliothèque de la synagogue, comme offrande au Seigneur à l’occasion de sa maturité. 126:5.7 Le grand choc de sa quinzième année eut lieu quand Jésus alla à Sepphoris pour apprendre la décision d’Hérode au sujet de l’appel interjeté auprès du tétrarque dans la contestation sur le montant de la somme due à Joseph au moment de sa mort accidentelle. Jésus et Marie avaient espéré recevoir une grosse somme, mais le trésorier de Sepphoris leur avait offert un montant dérisoire. Les frères de Joseph avaient fait appel à Hérode lui-même, et maintenant Jésus était au palais et entendit Hérode décréter que l’on ne devait rien à son père au moment de sa mort. À cause de cette décision si injuste, Jésus n’eut jamais plus confiance en Hérode Antipas. Il n’est pas surprenant qu’il ait fait une fois allusion à Hérode en le surnommant « ce renard ». 126:5.8 Cette année-là et les années suivantes, le travail assidu à l’établi du charpentier priva Jésus des occasions de se mêler aux voyageurs des caravanes. Le magasin d’approvisionnement de la famille avait déjà été repris par son oncle, et Jésus travaillait tout le temps dans l’atelier de la maison où il était à proximité pour aider Marie dans la vie familiale. C’est à cette époque qu’il commença à envoyer Jacques au caravansérail pour recueillir des renseignements sur les évènements mondiaux ; il cherchait ainsi à se tenir au courant des nouvelles du jour. 126:5.9 Au cours de sa croissance vers l’âge adulte, il passa par les mêmes conflits et incertitudes que les jeunes gens moyens de tous les temps précédents et subséquents. La rigoureuse expérience d’avoir à entretenir sa famille était une sûre sauvegarde contre la possibilité de disposer de trop de temps libre à consacrer à des méditations oisives ou pour s’adonner à des tendances mystiques. 126:5.10 Ce fut l’année où Jésus loua, juste au nord de leur maison, une grande pièce de terre et la divisa en potagers familiaux. Chacun des ainés avait un jardin individuel, et ils se firent une vive concurrence dans leurs efforts agricoles. Durant la saison de culture des légumes, leur frère ainé passa chaque jour quelque temps avec eux dans le jardin. Pendant que Jésus travaillait au jardin avec ses jeunes frères et sœurs, il caressa plusieurs fois l’idée qu’ils pourraient tous habiter une ferme à la campagne, où ils gouteraient l’indépendance d’une vie libre ; mais il se trouva qu’ils ne grandirent pas à la campagne, et Jésus, qui était un jeune homme tout à fait pratique aussi bien qu’un idéaliste, attaqua intelligemment et énergiquement son problème tel qu’il se présentait. Il fit tout ce qui était en son pouvoir pour s’adapter, avec sa famille, aux réalités de la situation, et pour ajuster leur condition à la plus grande satisfaction possible de leurs désirs individuels et collectifs. 126:5.11 À un moment donné, Jésus avait faiblement espéré, à condition de toucher la somme considérable due à son père pour les travaux exécutés au palais d’Hérode, qu’il serait capable de réunir les ressources suffisantes pour justifier la tentative d’achat d’une petite ferme. Il avait très sérieusement envisagé le plan d’installer sa famille à la campagne, mais, quand Hérode refusa de leur payer quoi que ce soit sur les sommes dues à Joseph, ils abandonnèrent l’espoir de posséder un foyer à la campagne. En fait, ils trouvèrent le moyen de bénéficier d’une bonne part de l’expérience de la vie à la ferme, ayant maintenant trois vaches, quatre moutons, une foule de poussins, un âne et un chien, sans compter les pigeons. Même les bambins avaient leurs tâches régulières à accomplir dans le plan d’organisation bien réglé qui caractérisait la vie familiale de ce foyer de Nazareth. 126:5.12 À la fin de sa quinzième année, Jésus acheva de traverser une dangereuse et difficile période de l’existence humaine, cette époque de transition entre les années du contentement relatif de l’enfance et la conscience de la vie d’adulte approchante avec ses responsabilités croissantes et ses occasions d’acquérir une plus grande expérience dans le développement d’un noble caractère. La période de croissance mentale et physique avait pris fin, et maintenant commençait la vraie carrière de ce jeune homme de Nazareth. FASCICULE 127. Les années d’adolescence 127:0.1 Au seuil de son adolescence, Jésus se trouva être le chef et l’unique soutien d’une nombreuse famille. Peu d’années après la mort de son père, toutes leurs propriétés avaient été vendues. À mesure que le temps passait, il prit de plus en plus conscience de sa préexistence ; en même temps, il commença à comprendre plus pleinement qu’il s’était incarné sur terre expressément dans le but de révéler son Père du Paradis aux enfants des hommes. 127:0.2 Nul adolescent, qui a vécu ou qui vivra sur ce monde ou sur n’importe quel autre monde, n’a eu ou n’aura jamais à résoudre des problèmes plus graves ou à démêler des difficultés plus complexes. Nul jeune d’Urantia ne sera jamais appelé à traverser plus de conflits éprouvants ou de situations pénibles que Jésus durant la période ardue allant de sa quinzième à sa vingtième année. 127:0.3 Ayant ainsi connu l’expérience effective de vivre ces années d’adolescence sur un monde assailli par le mal et tourmenté par le péché, le Fils de l’Homme acquit la connaissance expérientielle complète de la vie de la jeunesse dans tous les royaumes de Nébadon. Il devint ainsi, pour toujours, le refuge compréhensif des adolescents angoissés et perplexes de tous les âges et sur tous les mondes de l’univers local. 127:0.4 Lentement mais sûrement, et par expérience effective, le Fils divin gagne le droit de devenir le souverain de son univers, le chef suprême et incontesté de toutes les intelligences créées sur tous les mondes de l’univers local, le refuge compréhensif des êtres de tous âges, quels que soient leurs dons et le degré de leur expérience personnelle. 1. La seizième année (an 10) 127:1.1 Le Fils incarné passa par le stade de bébé et eut une enfance sans histoire. Il sortit ensuite de l’éprouvante et pénible période de transition entre l’enfance et la vie de jeune adulte – il devint le Jésus adolescent. 127:1.2 Il atteignit sa pleine stature physique cette année-là. Il était un jeune homme viril et avenant. Il devint de plus en plus posé et sérieux, mais restait aimable et compatissant. Ses yeux étaient bienveillants, mais scrutateurs ; son sourire était toujours engageant et rassurant. Sa voix était musicale, mais pleine d’autorité ; son accueil cordial, mais sans affectation. En toute occasion, même lors de contacts les plus ordinaires, il semblait que se manifestait de façon sensible une double nature : la nature humaine et la nature divine. Il montra toujours cette conjugaison de l’ami compatissant et du maitre ayant autorité. Ces traits de sa personnalité commencèrent à se manifester de bonne heure, même dans ces années d’adolescence. 127:1.3 Ce jeune homme physiquement fort et robuste acquit également la pleine mesure de son intellect humain, non la pleine expérience de la pensée humaine, mais la pleine aptitude à un tel développement intellectuel. Il avait un corps sain et bien proportionné, un mental vif et analytique, un naturel bienveillant et compatissant, un tempérament quelque peu fluctuant, mais dynamique. Cet ensemble commençait à composer une personnalité forte, frappante et attirante. 127:1.4 Avec le temps, il devint de plus en plus difficile à sa mère et à ses frères et sœurs de le comprendre ; ses paroles étaient pour eux des pierres d’achoppement, et ils interprétaient mal ses agissements. Ils étaient tous inaptes à comprendre la vie de leur frère ainé, parce que leur mère leur avait donné à entendre qu’il était destiné à devenir le libérateur du peuple juif. Après avoir reçu ces indications de Marie comme des secrets de famille, imaginez leur désarroi quand Jésus démentait franchement toutes ces idées et ces intentions. 127:1.5 Simon entra à l’école cette année-là, et la famille fut obligée de vendre une autre maison. Jacques se chargea alors d’instruire ses trois sœurs, dont deux étaient assez âgées pour commencer à étudier sérieusement. Aussitôt que Ruth eut grandi, elle fut prise en main par Miriam et Marthe. Ordinairement les filles des familles juives recevaient peu d’instruction, mais Jésus maintenait (et sa mère était d’accord avec lui) que les filles devaient aller en classe comme les garçons ; puisque l’école de la synagogue ne voulait pas les prendre, il n’y avait pas d’autre solution que de faire, spécialement pour elles, des cours à la maison. 127:1.6 Durant toute cette année, Jésus ne quitta guère son établi. Heureusement, il avait beaucoup de travail et l’exécutait d’une manière tellement supérieure qu’il ne chômait jamais, même quand il y avait peu d’ouvrage dans le pays. À certains moments, Jésus avait tant à faire que Jacques l’aidait. 127:1.7 À la fin de cette année, il avait à peu près décidé qu’après avoir élevé les siens et les avoir vus mariés, il entreprendrait son ministère public en tant qu’instructeur de la vérité et révélateur du Père céleste au monde. Il savait qu’il ne deviendrait pas le Messie juif attendu et en conclut qu’il était presque inutile de discuter ces sujets avec sa mère. Il se résigna à lui permettre de chérir toutes les idées qui lui plairaient, puisque tout ce qu’il avait dit dans le passé ne l’avait que peu ou pas touchée ; il se souvenait que son père n’avait jamais pu dire quelque chose qui la fît changer d’idée. À partir de cette année, il parla de moins en moins de ces problèmes à sa mère ou à d’autres personnes. Sa mission était si spéciale que personne au monde ne pouvait lui donner de conseils pour l’accomplir. 127:1.8 Bien que jeune, il était un vrai père pour sa famille. Il passait chacune de ses heures libres avec ses jeunes frères et sœurs, et ceux-ci l’aimaient sincèrement. Sa mère se désolait de le voir tant peiner, jour après jour, à l’établi de charpentier pour gagner la vie de la famille, au lieu d’être à Jérusalem, en train d’étudier avec les rabbins, selon les plans que ses parents avaient échafaudés avec tant d’amour. Marie ne pouvait comprendre bien des choses concernant son fils, mais elle l’aimait beaucoup, et ce qu’elle appréciait le plus, c’était la bonne volonté avec laquelle il endossait la responsabilité du foyer. 2. La dix-septième année (an 11) 127:2.1 C’est à peu près à cette époque qu’il y eut une agitation considérable, spécialement à Jérusalem et en Judée, en faveur d’une rébellion contre le paiement des impôts à Rome. Il se créa un fort parti nationaliste, dont les membres furent appelés les zélotes. Contrairement aux pharisiens, les zélotes ne voulaient pas attendre la venue du Messie. Ils proposaient de précipiter la crise par une révolte politique. 127:2.2 Un groupe d’organisateurs de Jérusalem arriva en Galilée et obtint de bons succès jusqu’au moment où il atteignit Nazareth. Quand ils vinrent voir Jésus, celui-ci les écouta attentivement ; il posa un grand nombre de questions, mais refusa de se joindre au parti. Il ne voulut pas dévoiler toutes les raisons qui l’empêchaient d’adhérer, et son refus eut pour effet d’écarter des zélotes beaucoup de ses jeunes compagnons de Nazareth. 127:2.3 Marie fit de son mieux pour l’inciter à s’enrôler, mais elle ne put le faire céder le moins du monde. Elle alla jusqu’à lui signifier que son refus d’épouser la cause nationaliste, comme elle le lui ordonnait, était de l’insubordination, une violation de sa promesse faite à leur retour de Jérusalem d’être soumis à ses parents. En réponse à cette insinuation, Jésus posa seulement sur son épaule une main bienveillante, la regarda en face et lui dit : « Ma mère, comment peux-tu ? » Et Marie se rétracta. 127:2.4 Un des oncles de Jésus (Simon, frère de Marie) s’était déjà joint au groupe et devint par la suite un cadre de la section galiléenne. Pendant plusieurs années, il y eut un peu de brouille entre Jésus et son oncle. 127:2.5 Le désordre se mit à couver à Nazareth. L’attitude de Jésus dans cette affaire avait eu pour résultat de créer une scission dans la jeunesse juive de la ville. Environ la moitié s’était jointe à l’organisation nationaliste ; l’autre moitié commença à former un groupe opposé de patriotes modérés, escomptant que Jésus en assumerait la direction. Ils furent stupéfaits quand il refusa l’honneur qu’on lui offrait, alléguant comme excuse ses lourdes responsabilités familiales qu’ils admettaient tous. La situation se compliqua encore davantage quand, peu après, se présenta Isaac, un riche Juif prêteur sur gages aux Gentils, qui proposa d’entretenir la famille de Jésus si celui-ci voulait déposer ses outils et se mettre à la tête de ces patriotes de Nazareth. 127:2.6 Jésus, alors à peine âgé de dix-sept ans, se trouva en présence de l’une des situations les plus délicates et les plus embarrassantes du début de sa vie. Il est toujours difficile aux chefs spirituels de prendre position sur une question patriotique, surtout quand des oppresseurs étrangers percevant les impôts viennent les compliquer. C’était doublement vrai dans ce cas, puisque la religion juive était impliquée dans toute cette agitation contre Rome. 127:2.7 La position de Jésus était rendue encore plus délicate du fait que sa mère, son oncle et même son jeune frère Jacques, l’exhortaient tous à se joindre à la cause nationaliste. Tous les meilleurs Juifs de Nazareth s’étaient enrôlés, et les jeunes gens qui ne s’étaient pas joints au mouvement étaient tous prêts à s’engager dès que Jésus se raviserait. Dans tout Nazareth, il n’avait qu’un seul conseiller sage, son vieux maitre le chazan, qui le conseilla sur la réplique à donner au comité des citoyens de Nazareth lorsque ceux-ci viendraient demander sa réponse à l’appel public qui avait été fait. Au cours de sa jeunesse, ce fut vraiment la première fois que Jésus eut sciemment recours à une manœuvre stratégique. Jusque-là, il avait toujours compté sur un sincère exposé de la vérité pour éclaircir la situation, mais maintenant il ne pouvait pas proclamer l’entière vérité. Il ne pouvait donner à entendre qu’il était plus qu’un homme ; il ne pouvait révéler son idée de la mission qui l’attendait quand il serait un peu plus mûr. Malgré ces restrictions, sa fidélité religieuse et sa loyauté nationale étaient directement mises au défi. Sa famille était dans l’agitation, ses jeunes amis divisés, et tout le contingent juif de la ville en effervescence. Et dire qu’il était responsable de tout cela ! Combien peu il avait désiré causer un trouble quelconque et encore moins une perturbation de cette sorte. 127:2.8 Il fallait faire quelque chose. Jésus devait faire connaitre sa position. Il le fit courageusement et diplomatiquement à la satisfaction de beaucoup, mais pas de tous. Il s’en tint à son plaidoyer originel, soutenant que son premier devoir était envers sa famille, qu’une mère veuve et huit frères et sœurs avaient besoin de quelque chose de plus que ce qui peut simplement s’acheter avec de l’argent – le nécessaire pour la vie matérielle – qu’ils avaient droit à la surveillance et à la direction d’un père, et qu’en toute conscience, il ne pouvait pas se décharger de l’obligation qu’un cruel accident avait fait retomber sur lui. Il félicita sa mère et l’ainé de ses frères de vouloir bien le libérer, mais répéta que la fidélité à la mémoire de son père lui interdisait de quitter sa famille, quelles que soient les sommes reçues pour sa vie matérielle. À cette occasion, il exprima son inoubliable axiome que « l’argent ne peut aimer. » Au cours de cette allocution, Jésus fit plusieurs allusions voilées à la « mission de sa vie ». Il expliqua que, indépendamment du fait qu’elle fût compatible ou non avec le militarisme, il y avait renoncé ainsi qu’à tout le reste pour pouvoir remplir fidèlement son devoir envers les siens. Chacun à Nazareth savait qu’il était un bon père de famille, et c’était une chose qui touchait de si près le cœur de tout Juif bien né que le plaidoyer de Jésus trouva une réponse favorable dans le cœur de beaucoup de ses auditeurs. Certains autres, qui n’étaient pas dans les mêmes dispositions, furent désarmés par une harangue prononcée par Jacques à ce moment-là, bien qu’elle ne figurât pas dans le programme. Le jour même, le chazan avait fait répéter à Jacques son allocution, mais ça, c’était leur secret. 127:2.9 Jacques se déclara certain que Jésus aiderait à libérer son peuple dès que lui, Jacques, serait en âge d’assumer la responsabilité de la famille. Si l’on voulait permettre à Jésus de « rester avec nous pour être notre père et notre éducateur, la famille de Joseph ne fournirait pas seulement un chef, mais bientôt cinq loyaux nationalistes, car ne sommes-nous pas cinq garçons qui grandissent et vont sortir de la tutelle de notre frère-père pour servir notre nation ? » Le garçon mit ainsi assez heureusement fin à une situation très tendue et menaçante. 127:2.10 La crise était terminée pour le moment, mais jamais cet incident ne fut oublié à Nazareth. L’agitation persista ; jamais plus Jésus ne bénéficia d’une faveur unanime. Les divergences d’opinion ne furent jamais complètement aplanies. Compliquée par d’autres évènements postérieurs, cette situation fut l’une des principales raisons pour lesquelles Jésus s’installa quelques années plus tard à Capharnaüm. Une scission au sujet du Fils de l’Homme subsista désormais dans Nazareth. 127:2.11 Cette année-là, Jacques reçut ses diplômes et se mit à travailler à temps complet à la maison, dans l’atelier de charpentier. Il était devenu un ouvrier habile à manier les outils et entreprit à son tour de fabriquer des jougs et des charrues, tandis que Jésus commençait à faire plus de travaux de finition d’intérieurs ainsi que des travaux délicats d’ébénisterie. 127:2.12 Durant cette année-là, Jésus progressa grandement dans l’organisation de son mental. Peu à peu, il avait concilié sa nature divine avec sa nature humaine. Il réalisa toute cette organisation intellectuelle par la force de ses propres décisions et avec la seule aide de son Moniteur intérieur, un Moniteur semblable à ceux qui habitent le mental de tous les mortels normaux sur tous les mondes après l’effusion d’un Fils. Jusqu’ici, rien de surnaturel ne s’était passé dans la carrière de ce jeune homme, sauf la visite d’un messager envoyé par son frère ainé Emmanuel, qui lui apparut une fois, pendant la nuit, à Jérusalem. 3. La dix-huitième année (an 12) 127:3.1 Au cours de cette année, tous les immeubles de la famille, excepté la maison où ils habitaient et le jardin, furent liquidés. Leur dernière parcelle de propriété à Capharnaüm (hormis une part dans une autre propriété) fut vendue ; elle était déjà hypothéquée. Le prix servit à payer les impôts, à acheter quelques nouveaux outils pour Jacques et à payer une partie de l’ancien magasin familial de fournitures et de réparations proche du caravansérail. Jésus désirait maintenant racheter ce magasin, car Jacques était d’âge à travailler à l’atelier de la maison et à aider Marie au foyer. Libéré pour le moment des embarras financiers, Jésus décida d’emmener Jacques à la Pâque. Ils partirent pour Jérusalem un jour d’avance pour être seuls et passèrent par la route de Samarie. Tout en cheminant, Jésus fit à Jacques l’historique des lieux traversés, comme son père le lui avait enseigné, cinq ans auparavant, au cours d’un voyage semblable. 127:3.2 En traversant la Samarie, ils virent nombre de spectacles étranges. Pendant ce voyage, ils discutèrent beaucoup de leurs problèmes personnels, familiaux et nationaux. Jacques était un garçon d’un type très religieux et, bien qu’il ne fût pas complètement d’accord avec sa mère sur le peu qu’il connaissait des plans concernant l’œuvre de la vie de Jésus, il attendait vraiment le moment où il serait capable d’assumer la responsabilité de la famille pour permettre à Jésus de commencer sa mission. Il appréciait beaucoup que Jésus l’ait emmené à la Pâque, et ils discutèrent de l’avenir plus à fond qu’ils ne l’avaient jamais fait jusqu’alors. 127:3.3 Pendant la traversée de la Samarie, Jésus réfléchit longuement, particulièrement à Béthel et au Puits de Jacob, où ils s’arrêtèrent pour boire. Il discuta avec son frère les traditions d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Il contribua beaucoup à préparer Jacques à ce dont il allait être témoin à Jérusalem, cherchant ainsi à atténuer un choc semblable à celui qu’il avait lui-même éprouvé lors de sa première visite au temple. Mais Jacques n’était pas aussi sensible à certains de ces spectacles. Il critiqua la manière superficielle et dure dont quelques prêtres accomplissaient leurs devoirs, mais dans l’ensemble il fut très heureux de son séjour à Jérusalem. 127:3.4 Jésus emmena Jacques à Béthanie pour le souper de la Pâque. Simon avait été enseveli avec ses ancêtres, et Jésus présida la tablée comme chef de famille pour la Pâque, car il avait rapporté du temple l’agneau pascal. 127:3.5 Après le souper de la Pâque, Marie s’assit pour causer avec Jacques, tandis que Marthe, Lazare et Jésus s’entretinrent ensemble fort avant dans la nuit. Le lendemain, ils assistèrent aux offices du temple, et Jacques fut reçu dans la communauté d’Israël. Ce matin-là, comme ils s’arrêtaient sur le versant d’Olivet pour regarder le temple, Jacques exprima son admiration tandis que Jésus contemplait Jérusalem en silence. Jacques ne pouvait comprendre le comportement de son frère. Ce soir-là, ils retournèrent à Béthanie, et auraient pris le lendemain le chemin du retour, mais Jacques insista pour retourner visiter le temple, expliquant qu’il voulait écouter les docteurs. Bien que le motif avoué fût vrai, dans le secret de son cœur, Jacques souhaitait entendre Jésus participer aux débats, comme sa mère le lui avait raconté. Ils allèrent donc au temple, et écoutèrent les discussions, mais Jésus ne posa pas de questions. Tout cela semblait si puéril et si insignifiant à son mental d’homme et de Dieu qui s’éveillait – il ne pouvait qu’en avoir pitié. Jacques fut déçu que Jésus ne dise rien. À ses demandes, Jésus répondit seulement : « Mon heure n’est pas encore venue. » 127:3.6 Le lendemain, ils firent le voyage de retour par Jéricho et la vallée du Jourdain. En chemin, Jésus raconta beaucoup de choses, notamment son premier voyage par cette route quand il avait treize ans. 127:3.7 À son retour à Nazareth, Jésus commença à travailler dans le vieil atelier de réparations appartenant à la famille et fut très heureux de pouvoir rencontrer quotidiennement tant de personnes de tous les coins du pays et des districts avoisinants. Jésus aimait véritablement les gens – les gens du peuple tels qu’ils sont. Chaque mois, il payait la mensualité du rachat de l’atelier et, avec l’aide de Jacques, il continuait à entretenir la famille. 127:3.8 Plusieurs fois par an, quand il n’y avait pas de visiteurs pour le faire, Jésus continuait à lire les Écritures du sabbat à la synagogue et expliquait souvent la leçon ; mais il choisissait d’habitude des passages de telle manière que les commentaires soient inutiles. Il était habile dans l’ordonnance des lectures de sorte que les différents passages s’éclairaient l’un l’autre. Chaque fois que le temps le permettait, il ne manquait jamais d’emmener ses frères et sœurs en promenade dans la nature les après-midis de sabbat. 127:3.9 À cette époque, le chazan inaugura un cercle de discussions philosophiques pour jeunes gens ; ceux-ci se réunissaient au domicile des divers membres et souvent chez le chazan lui-même. Jésus devint un membre éminent de ce groupe. Par ce moyen, il put regagner un peu du prestige local qu’il avait perdu au moment des récentes controverses nationalistes. 127:3.10 Sa vie sociale, quoique restreinte, n’était pas totalement négligée. Il avait beaucoup de très bons amis et d’admirateurs fervents parmi les jeunes hommes et les jeunes femmes de Nazareth. 127:3.11 En septembre, Élisabeth et Jean vinrent rendre visite à la famille de Nazareth. Jean, ayant perdu son père, avait l’intention de retourner dans les collines de Judée pour s’occuper d’agriculture et d’élevage de moutons, à moins que Jésus ne lui conseillât de rester à Nazareth pour devenir charpentier ou faire quelque travail d’un autre ordre. Jean et sa mère ignoraient que la famille de Nazareth était pratiquement sans argent. Plus Marie et Élisabeth parlaient de leurs fils, plus elles étaient convaincues qu’il serait bon pour les deux jeunes gens de travailler ensemble et de se voir davantage. 127:3.12 Jésus et Jean eurent de longs entretiens et discutèrent de quelques questions très intimes et personnelles. À l’issue de cette visite, ils décidèrent tous deux de ne pas se revoir jusqu’à ce qu’ils puissent se rencontrer dans leur ministère public, après que « le Père céleste les aurait appelés » à l’œuvre. Jean fut prodigieusement impressionné par ce qu’il vit à Nazareth et comprit qu’il devrait retourner à la maison et travailler pour entretenir sa mère. Il fut convaincu qu’il participerait à la mission de la vie de Jésus, mais comprit que Jésus allait devoir s’occuper pendant bien des années de soutenir sa propre famille. Il accepta d’autant plus volontiers de retourner chez lui, de prendre soin de leur petite ferme et de pourvoir aux besoins de sa mère. Jamais plus Jean et Jésus ne se revirent jusqu’au jour où, au bord du Jourdain, le Fils de l’Homme se présenta pour être baptisé. 127:3.13 Le samedi après-midi 3 décembre de cette année, la mort frappa, pour la seconde fois, la famille de Nazareth. Amos, leur petit frère, mourut d’une fièvre maligne après une semaine de maladie. Ayant traversé cette période douloureuse avec son fils premier-né comme seul soutien, Marie reconnut finalement et pleinement que Jésus était le véritable chef de la famille ; et il était vraiment un chef de valeur. 127:3.14 Pendant quatre ans, leur niveau de vie avait constamment décliné. D’année en année, ils se sentaient plus tenaillés par la pauvreté. Vers la fin de cette année, ils eurent à affronter une des épreuves les plus pénibles de leurs luttes ardues. Jacques n’avait pas encore commencé à bien gagner, et la dépense d’un enterrement s’ajoutant au reste les consterna. Mais Jésus se borna à dire à sa mère anxieuse et affligée : « Mère Marie, le chagrin ne nous aidera pas ; nous faisons tous de notre mieux, et le sourire de maman pourrait même nous inciter à faire encore mieux. Jour après jour, nous sommes fortifiés dans ces tâches par notre espoir d’avoir devant nous des jours meilleurs. » Son solide et pratique optimisme était vraiment contagieux ; tous les enfants vivaient dans une ambiance où l’on escomptait des choses et des temps meilleurs. Et ce courage plein d’espoir contribua puissamment à développer chez eux de nobles et puissants caractères, malgré leur pauvreté déprimante. 127:3.15 Jésus possédait la faculté de mobiliser efficacement tous ses pouvoirs mentaux, psychiques et corporels pour la tâche à accomplir immédiatement. Il pouvait concentrer d’une manière profonde son mental sur le seul problème qu’il désirait résoudre. Jointe à sa patience inlassable, cette faculté le rendait capable de supporter sereinement les épreuves d’une existence mortelle difficile – de vivre comme s’il « voyait Celui qui est invisible ». 4. La dix-neuvième année (an 13) 127:4.1 Dès cette époque, Jésus et Marie s’entendirent beaucoup mieux. Elle le considérait moins comme un fils ; il était plutôt devenu pour elle un père pour ses enfants. La vie quotidienne fourmillait de difficultés pratiques et immédiates. Ils parlaient moins fréquemment de l’œuvre de sa vie, car, avec le temps, toutes leurs pensées étaient mutuellement consacrées à l’entretien et à l’éducation de leur famille de quatre garçons et trois filles. 127:4.2 Dès le début de cette année, Jésus avait complètement gagné sa mère à ses méthodes d’éducation pour les enfants – l’injonction positive de bien faire au lieu de l’ancienne méthode juive interdisant de mal faire. Chez lui et durant sa carrière d’enseignement public, Jésus se servit invariablement de la forme positive d’exhortation. Toujours et partout, il disait : « Vous ferez ceci, vous devriez faire cela. » Jamais il n’employait le mode négatif d’enseignement dérivé des anciens tabous. Il s’abstenait de donner de l’importance au mal en l’interdisant, tandis qu’il prônait le bien en ordonnant de l’accomplir. Dans ce foyer, le moment de la prière était l’occasion de discuter de tout ce qui concernait le bien-être de la famille. 127:4.3 Jésus commença à discipliner sagement ses frères et sœurs à un âge si tendre qu’il n’eut jamais besoin de les punir beaucoup pour assurer leur prompte et sincère obéissance. La seule exception était Jude envers qui, en différentes circonstances, Jésus jugea nécessaire de prendre des sanctions pour ses infractions aux règles de la maison. En trois occasions où il estima opportun de punir Jude pour avoir délibérément violé les règles de conduite de la famille et l’avoir avoué, son châtiment fut fixé par une décision unanime des enfants les plus âgés, et approuvé par Jude lui-même avant de lui être infligé. 127:4.4 Alors que Jésus était très méthodique et systématique en tout ce qu’il faisait, il y avait aussi, dans toutes ses décisions administratives, une reposante souplesse d’interprétation et une adaptation individuelle qui impressionnait grandement tous les enfants par l’esprit de justice qui animait leur frère-père. Il ne châtiait jamais arbitrairement ses frères et sœurs. Son impartialité constante et sa considération personnelle rendirent Jésus très cher à toute sa famille. 127:4.5 Jacques et Simon grandirent, essayant d’imiter Jésus en calmant, par la persuasion et la non-résistance, leurs camarades belliqueux et parfois coléreux. Ils y parvinrent assez bien, mais, alors que Joseph et Jude acceptaient de tels enseignements à la maison, ils se hâtaient de se défendre quand ils étaient attaqués par leurs camarades ; Jude en particulier violait l’esprit de ces enseignements. Mais la non-résistance n’était pas une règle de la famille. La violation des enseignements personnels ne comportait aucune sanction. 127:4.6 En général, tous les enfants, et surtout les filles, consultaient Jésus à propos de leurs chagrins d’enfants et se confiaient à lui comme à un tendre père. 127:4.7 En grandissant, Jacques devenait un jeune homme bien équilibré et d’humeur égale, mais il n’avait pas autant de tendances spirituelles que Jésus. Il était un bien meilleur étudiant que Joseph. Celui-ci, bien que travailleur consciencieux, était encore moins enclin à la spiritualité ; Joseph était un bucheur, mais n’atteignait pas le niveau intellectuel des autres enfants. Simon était bien intentionné, mais trop rêveur. Il fut lent à s’établir dans la vie et causa beaucoup de soucis à Jésus et à Marie, mais il fut toujours un bon garçon plein de bonnes intentions. Jude était un brandon de discorde. Il avait les idéaux les plus élevés, mais possédait un tempérament instable. Il était tout aussi décidé et dynamique que sa mère, mais celle-ci avait un sens de la mesure et de la discrétion qui manquait beaucoup à Jude. 127:4.8 Miriam était une fille bien équilibrée et pondérée, avec une appréciation aigüe des choses nobles et spirituelles. Marthe pensait et agissait lentement, mais elle était une enfant très capable et digne de confiance. La petite Ruth était le rayon de soleil du foyer ; elle parlait un peu inconsidérément, mais avait un cœur des plus sincères. Elle adorait littéralement son grand frère et père, mais on ne la gâtait pas. C’était une très belle enfant, mais pas tout à fait aussi avenante que Miriam, qui était la beauté de la famille, sinon de la ville. 127:4.9 Avec le temps, Jésus contribua beaucoup à libéraliser et modifier les enseignements et les pratiques de la famille relatifs à l’observance du sabbat et de beaucoup d’autres phases de la religion. Marie donnait une chaleureuse approbation à tous ces changements. Jésus était alors devenu le chef incontesté de la maison. 127:4.10 Cette année-là, Jude commença à aller à l’école, et Jésus fut obligé de vendre sa harpe pour subvenir à la dépense. Ainsi disparut le dernier de ses plaisirs récréatifs. Il aimait beaucoup jouer de la harpe quand il avait le cerveau fatigué et le corps las, mais il se consola à la pensée qu’au moins la harpe ne serait pas saisie par le collecteur d’impôts. 5. Rébecca, la fille d’Ezra 127:5.1 Bien que Jésus fût pauvre, sa situation sociale à Nazareth n’était aucunement compromise. Il était un des plus éminents jeunes hommes de la ville et très considéré par la plupart des jeunes femmes. Puisque Jésus était un si merveilleux exemple de vigueur physique et intellectuelle masculine, et vu sa réputation comme guide spirituel, il n’était pas étrange que Rébecca, la fille ainée d’Ezra, un riche marchand et négociant de Nazareth, découvrît qu’elle devenait lentement amoureuse de ce fils de Joseph. Elle confia d’abord son attachement à Miriam, la sœur de Jésus, et Miriam à son tour en discuta avec sa mère. Marie fut bouleversée. Était-elle sur le point de perdre son fils, devenu à présent le chef indispensable de la famille ? Les difficultés ne cesseraient-elles jamais ? Que pourrait-il arriver ensuite ? Alors, elle s’arrêta pour méditer sur l’effet qu’aurait le mariage sur la carrière future de Jésus. À de rares intervalles, elle se souvenait que Jésus était un « enfant de la promesse ». Après avoir discuté de cette question, Miriam et Marie décidèrent de faire un effort pour mettre fin à la chose avant que Jésus ne l’apprît, en allant directement trouver Rébecca pour lui expliquer toute l’histoire et l’informer honnêtement de leur croyance que Jésus était un fils de la destinée et qu’il allait devenir un grand guide religieux, peut-être le Messie. 127:5.2 Rébecca écouta attentivement ; elle fut fascinée par le récit et décidée plus que jamais à épouser le sort de l’homme de son choix et à partager sa carrière de chef. Elle plaida (en son for intérieur) qu’un tel homme aurait d’autant plus besoin d’une femme fidèle et capable. Elle interpréta les efforts de Marie pour la dissuader comme une réaction naturelle à sa crainte de perdre le chef et seul soutien de sa famille ; mais, sachant que son père approuvait son attirance pour le fils du charpentier, elle escomptait à juste titre qu’il serait heureux de donner à la famille un revenu suffisant pour compenser amplement la perte du salaire de Jésus. Quand son père eut accepté ce plan, Rébecca eut d’autres entretiens avec Marie et Miriam. N’ayant pas réussi à obtenir leur concours, elle s’enhardit à aller directement trouver Jésus. Elle le fit avec l’aide de son père, qui invita Jésus chez eux pour le dix-septième anniversaire de Rébecca. 127:5.3 Jésus écouta attentivement et avec sympathie tout ce récit, d’abord par le père de Rébecca, puis par Rébecca elle-même. Il répondit avec bonté qu’aucune somme d’argent ne pouvait remplacer son obligation personnelle d’élever la famille de son père, de « remplir le plus sacré de tous les devoirs humains – la fidélité à sa propre chair et à son propre sang ». Le père de Rébecca fut profondément touché par les paroles de dévotion familiale de Jésus et se retira de l’entretien. Son unique remarque à sa femme Marie fut : « Nous ne pouvons l’avoir pour fils ; il est trop noble pour nous. » 127:5.4 Alors commença l’entretien mémorable avec Rébecca. Jusque-là, Jésus avait fait peu de distinction dans ses relations avec garçons et filles, avec jeunes hommes et jeunes femmes. Son mental avait été trop entièrement absorbé par les problèmes pressants des affaires pratiques de ce monde et trop intrigué par la considération de sa carrière éventuelle « concernant les affaires de son Père » pour avoir jamais envisagé sérieusement la consommation de l’amour personnel dans le mariage humain. Mais, à présent, il se trouvait en face d’un autre problème que chaque mortel ordinaire doit affronter et résoudre. Vraiment il fut « éprouvé de toutes les manières comme vous l’êtes vous-mêmes ». 127:5.5 Après avoir écouté attentivement, il remercia sincèrement Rébecca pour l’admiration qu’elle lui exprimait et ajouta : « Cela m’encouragera et me réconfortera tous les jours de ma vie. » Il expliqua qu’il n’était pas libre d’avoir, avec une femme, d’autres relations que celle de simple considération fraternelle et de pure amitié. Il précisa que son premier et plus important devoir était d’élever la famille de son père, qu’il ne pouvait envisager de mariage avant que cela fût accompli ; et alors il ajouta : « Si je suis un fils de la destinée, je ne dois pas assumer d’obligations pour la durée de la vie avant que ma destinée soit rendue manifeste. » 127:5.6 Rébecca eut le cœur brisé. Elle refusa d’être consolée et harcela son père pour quitter Nazareth jusqu’à ce qu’il consentît finalement à s’installer à Sepphoris. Au cours des années suivantes, Rébecca répondit toujours, aux nombreux hommes qui la demandèrent en mariage, qu’elle vivait dans un seul but – attendre l’heure où celui qui était pour elle le plus grand homme qui ait jamais vécu, commencerait sa carrière d’instructeur de la vérité vivante. Elle le suivit avec dévotion à travers les années mouvementées de son ministère public. Elle était présente (inaperçue de Jésus) le jour où il entra triomphalement à Jérusalem, et elle était debout « parmi les autres femmes » à côté de Marie, ce tragique et fatal après-midi où le Fils de l’Homme fut suspendu à la croix. Pour elle aussi bien que pour d’innombrables mondes d’en haut, il était « le seul entièrement digne d’être aimé et le plus grand parmi dix-mille ». 6. Sa vingtième année (an 14) 127:6.1 L’histoire de l’amour de Rébecca pour Jésus se répandit à Nazareth et plus tard à Capharnaüm. De la sorte, et bien qu’au cours des années qui suivirent, beaucoup de femmes se fussent mises à aimer Jésus tout comme les hommes l’aimaient, il n’eut jamais plus à refuser l’offre personnelle de la dévotion d’une autre femme de bien. À partir de ce moment, l’affection humaine pour Jésus participa davantage de la nature d’une considération respectueuse et adoratrice. Hommes et femmes l’aimaient avec dévotion pour ce qu’il était, sans la moindre teinte de satisfaction égoïste et sans désir de possession affective. Mais, pendant de nombreuses années, chaque fois que l’on racontait l’histoire de la personnalité humaine de Jésus, on mentionnait la dévotion de Rébecca. 127:6.2 Miriam, qui connaissait bien la passion de Rébecca et savait comment son frère avait renoncé même à l’amour d’une belle jeune fille (sans réaliser le rôle que jouait dans cette décision, sa carrière prédestinée), en vint à idéaliser Jésus et à l’aimer d’une touchante et profonde affection, filiale autant que fraternelle. 127:6.3 Bien qu’ils n’en eussent guère les moyens, Jésus avait un étrange désir d’aller à Jérusalem pour la Pâque. Connaissant sa récente expérience avec Rébecca, sa mère l’encouragea sagement à faire le voyage. Sans en être tout à fait conscient, Jésus désirait surtout avoir une occasion de parler à Lazare et de rencontrer Marthe et Marie. Après sa propre famille, c’était eux trois qu’il préférait. 127:6.4 En faisant ce voyage à Jérusalem, il alla par la route de Méguiddo, Antipatris et Lydda, parcourant, en partie, la route suivie lorsqu’il avait été ramené à Nazareth, à son retour d’Égypte. Il mit quatre jours pour aller à la Pâque et réfléchit beaucoup aux évènements passés qui avaient eu lieu à Méguiddo et aux alentours, champ de bataille international de la Palestine. 127:6.5 Jésus traversa Jérusalem, ne s’arrêtant que pour regarder le temple et la cohue des visiteurs. Il avait une étrange et croissante aversion pour ce temple construit par Hérode et sa prêtrise choisie pour des raisons politiques. Par-dessus tout, il désirait voir Lazare, Marthe et Marie. Lazare avait le même âge que Jésus et il était à présent chef de famille ; au moment de cette visite, la mère de Lazare avait également été inhumée. Marthe était d’un peu plus d’un an l’ainée de Jésus, tandis que Marie était de deux ans plus jeune. Jésus était l’idéal que tous trois idolâtraient. 127:6.6 Au cours de cette visite, eut lieu l’une des manifestations périodiques de révolte de Jésus contre la tradition – l’expression d’un ressentiment contre les pratiques cérémonielles qu’il considérait comme donnant une fausse idée de son Père céleste. Ignorant que Jésus allait venir, Lazare s’était arrangé pour célébrer la Pâque avec des amis dans un village voisin, plus bas sur la route de Jéricho. Voici que maintenant Jésus proposait de célébrer la fête là où ils étaient, dans la maison de Lazare. « Mais, dit Lazare, nous n’avons pas d’agneau pascal ». C’est alors que Jésus entama une dissertation prolongée et convaincante pour montrer que le Père céleste ne s’intéressait pas véritablement à ces rituels enfantins et vides de sens. Après une prière fervente et solennelle, ils se levèrent et Jésus dit : « Laissez les gens de mon peuple au mental puéril et ignorant servir leur Dieu conformément aux ordres de Moïse ; il vaut mieux qu’ils le fassent, mais nous, qui avons vu la lumière de la vie, cessons d’approcher notre Père par les ténèbres de la mort. Soyons libres, instruits de la vérité de l’amour éternel de notre Père. » 127:6.7 Ce soir-là, au crépuscule, tous quatre s’assirent et participèrent à la première fête de la Pâque qui eût jamais été célébrée sans agneau pascal par des Juifs pieux. Le pain sans levain et le vin avaient été préparés pour cette Pâque, et Jésus servit à ses compagnons ces mets symboliques qu’il appelait « le pain de vie » et « l’eau vivante ». Ils mangèrent en se conformant solennellement aux enseignements qui venaient d’être donnés. Jésus prit l’habitude de pratiquer ce rite sacramentel lors de chacune de ses visites ultérieures à Béthanie. Quand il revint chez lui, il raconta tout cela à sa mère. Au premier abord, elle fut choquée, mais peu à peu elle en vint à partager son point de vue ; néanmoins, elle fut très soulagée quand Jésus l’assura qu’il n’avait pas l’intention d’introduire dans leur famille cette nouvelle conception de la Pâque. À la maison, avec les enfants, il continua, d’année en année, à manger la Pâque « selon la loi de Moïse ». 127:6.8 Ce fut durant cette année que Marie eut une longue conversation avec Jésus au sujet du mariage. Elle lui demanda franchement s’il se marierait au cas où il serait dégagé de ses responsabilités familiales. Jésus lui expliqua que le devoir immédiat lui interdisait le mariage, et qu’il y avait donc peu pensé. Il s’exprima comme s’il doutait qu’il dût jamais entrer dans les liens du mariage ; il dit que toutes ces choses devaient attendre « mon heure », le moment où « le travail de mon Père devra commencer ». Ayant déjà mentalement décidé qu’il ne devait pas engendrer d’enfants charnels, il se préoccupait très peu de la question du mariage humain. 127:6.9 Cette année-là, il reprit la tâche de fusionner davantage sa nature mortelle et sa nature divine en une simple et efficace individualité humaine. Son statut moral et sa compréhension spirituelle continuèrent à croitre. 127:6.10 Bien que tous leurs immeubles de Nazareth (excepté leur maison) fussent liquidés, ils reçurent, cette année-là, une petite aide financière par la vente d’une participation dans une propriété à Capharnaüm. C’était le dernier de tous les biens immobiliers de Joseph. Cette affaire immobilière fut conclue avec un constructeur de bateaux nommé Zébédée. 127:6.11 Joseph fut reçu, cette année-là, aux examens de l’école de la synagogue et se prépara à travailler au petit établi de l’atelier de charpentier de leur domicile. Quoique l’héritage de leur père fût épuisé, il y avait des chances pour qu’ils triomphent de la pauvreté puisque trois d’entre eux fournissaient maintenant un travail régulier. 127:6.12 Jésus devient rapidement un homme, non pas simplement un jeune homme, mais un adulte. Il a bien appris à assumer des responsabilités. Il sait persévérer en présence des déceptions. Il fait bravement front quand ses plans sont contrecarrés et ses projets temporairement déjoués. Il a appris à être équitable et juste même en face de l’injustice. Il est en voie d’apprendre à ajuster ses idéaux de vie spirituelle aux exigences pratiques de l’existence terrestre, d’apprendre à faire des plans pour atteindre un but idéaliste supérieur et lointain, tout en peinant durement dans le but de satisfaire les nécessités plus proches et plus immédiates. Il acquiert progressivement l’art d’adapter ses aspirations aux exigences banales de la vie des humains. Il a presque maitrisé la technique d’utiliser l’énergie de l’impulsion spirituelle pour faire fonctionner le mécanisme des réalisations matérielles. Il apprend lentement à vivre la vie céleste tout en poursuivant son existence terrestre. De plus en plus, il dépend des directives ultimes de son Père céleste, tout en assumant le rôle paternel de guider et d’orienter les enfants de sa famille terrestre. Il devient expert en l’art d’arracher la victoire à l’emprise même de la défaite. Il apprend à transformer les difficultés du temps en triomphes de l’éternité. 127:6.13 Ainsi, avec l’écoulement des années, ce jeune homme de Nazareth continue à faire l’expérience de la vie telle qu’elle est vécue dans la chair mortelle sur les mondes du temps et de l’espace. Il vit sur Urantia une vie complète, représentative et bien remplie. Il quitta ce monde avec une mure expérience des épreuves que ses créatures traversent pendant les rudes et courtes années de leur première vie, la vie incarnée. Et toute cette expérience humaine est la possession éternelle du Souverain de l’Univers. Il est notre frère compréhensif, notre ami compatissant, notre souverain expérimenté et notre père miséricordieux. 127:6.14 Comme enfant, il accumula un vaste ensemble de connaissances. Comme jeune homme, il tria, classifia et coordonna ces informations. Maintenant comme homme du royaume, il commence à organiser ces acquisitions mentales préalablement à leur emploi dans son enseignement futur, dans son ministère et dans son service pour ses compagnons humains sur cette planète et sur toutes les autres sphères habitées dans tout l’univers de Nébadon. 127:6.15 Venu au monde comme n’importe quel nouveau-né du royaume, il a vécu sa vie d’enfant et traversé les étapes successives de la jeunesse et de l’adolescence. Il se trouve maintenant au seuil de sa pleine maturité, riche de l’expérience de la vie humaine, ayant parachevé la compréhension de la nature humaine et restant plein de compassion pour les faiblesses de cette nature humaine. Il est en voie de devenir expert dans l’art divin de révéler son Père du Paradis aux créatures mortelles de tous âges et de tous niveaux d’évolution. 127:6.16 Désormais, en tant qu’homme fait, en tant qu’adulte du royaume, il se prépare à poursuivre sa mission suprême de révéler Dieu aux hommes et de conduire les hommes à Dieu. FASCICULE 128. La vie de jeune homme de Jésus 128:0.1 Lorsque Jésus de Nazareth entra dans les premières années de sa vie d’adulte, il avait vécu et continuait à vivre une vie humaine normale et ordinaire sur terre. Jésus vint en ce monde exactement comme les autres enfants, il ne contribua en rien à sélectionner ses parents. Il avait bien choisi Urantia comme planète pour effectuer sa septième et dernière effusion, son incarnation dans la similitude de la chair mortelle, mais, cela mis à part, il vint au monde d’une façon naturelle, grandissant comme un enfant du royaume et luttant contre les vicissitudes de son environnement tout comme le font les autres mortels sur ce monde et les mondes similaires. 128:0.2 Il y a lieu de garder toujours présent en mémoire que l’effusion de Micaël sur Urantia avait un double but : 128:0.3 1. Maitriser l’expérience de vivre la vie complète d’une créature humaine dans la chair mortelle, et parachever sa souveraineté dans Nébadon. 128:0.4 2. Révéler le Père Universel aux habitants mortels des mondes du temps et de l’espace, et amener plus efficacement ces mêmes mortels à mieux comprendre le Père Universel. 128:0.5 Tous les autres bienfaits envers les créatures, et les avantages universels de son effusion mortelle, étaient fortuits et secondaires par rapport à ces buts majeurs. 1. La vingt-et-unième année (an 15) 128:1.1 En atteignant l’âge adulte, Jésus entreprit sérieusement et en pleine conscience de soi de parachever expérientiellement sa connaissance de la vie des formes les plus humbles de ses créatures intelligentes ; il acquerrait ainsi définitivement et pleinement le droit de gouverner sans réserve l’univers qu’il avait lui-même créé. Il aborda cette tâche prodigieuse en pleine connaissance de sa double nature, mais il avait déjà efficacement conjugué ces deux natures en une seule – Jésus de Nazareth. 128:1.2 Joshua ben Joseph savait très bien qu’il était un homme, un homme mortel né d’une femme. Cela ressort du choix de sa première appellation, le Fils de l’Homme. Il partageait vraiment votre nature de chair et de sang. Et même maintenant qu’il préside avec une autorité souveraine aux destinées d’un univers, il porte encore, parmi ses nombreux titres bien gagnés, celui de Fils de l’Homme. Il est littéralement vrai que le Verbe créateur – le Fils Créateur – du Père Universel fut « fait chair et habita Urantia comme un homme du royaume ». Il travaillait, se fatiguait, se reposait et dormait. Il eut faim et satisfit son appétit avec des aliments ; il eut soif et étancha sa soif avec de l’eau. Il expérimenta toute la gamme des sentiments et des émotions humaines ; il fut « éprouvé en toutes choses comme vous l’êtes vous-mêmes » ; il souffrit et mourut. 128:1.3 Il obtint des connaissances, acquit de l’expérience et les conjugua en sagesse, tout comme le font d’autres mortels du royaume. Jusqu’après son baptême, il n’usa d’aucun pouvoir surnaturel. Il n’employa aucune faculté autre que celles dont il était doué en tant que fils de Joseph et de Marie. 128:1.4 Quant aux attributs de son existence préhumaine, il s’en dépouilla. Avant le début de son oeuvre publique, sa connaissance des hommes et des évènements était entièrement autolimitée. Il était véritablement un homme parmi les hommes. 128:1.5 Les paroles suivantes sont à jamais et glorieusement vraies : « Nous avons un grand dirigeant qui peut être touché par le sentiment de nos faiblesses. Nous avons un Souverain qui fut, à tous égards, éprouvé et tenté comme nous le sommes, sans toutefois pécher. » Puisqu’il a lui-même souffert, ayant été éprouvé et tenté, il est éminemment apte à comprendre et à aider les égarés et les affligés. 128:1.6 Le charpentier de Nazareth comprenait maintenant pleinement le travail qui l’attendait, mais il choisit de laisser sa vie humaine suivre son cours naturel. En certaines de ces matières, il est vraiment un exemple pour ses créatures humaines. Comme les Écritures le rappellent : « Ayez en vous le mental qui était dans le Christ Jésus lequel, étant de la nature de Dieu, ne trouvait pas étrange d’être égal à Dieu. Cependant, il se donna peu d’importance et, revêtant la forme d’une créature, il naquit dans la similitude des hommes. Ayant été ainsi façonné comme un homme, il s’humilia et devint obéissant jusqu’à la mort, même à la mort sur la croix. » 128:1.7 Il vécut sa vie de mortel exactement comme tous les membres de la famille humaine peuvent vivre la leur, « lui qui, dans les jours de son incarnation, adressa si souvent des prières et des supplications, avec une grande émotion et des larmes, à Celui qui est capable de sauver de tout mal ; et ses prières furent efficaces, parce qu’il croyait ». C’est pourquoi il lui fallait à tous égards être rendu semblable à ses frères, de sorte qu’il devienne pour eux un souverain miséricordieux et compréhensif. 128:1.8 Il ne douta jamais de sa nature humaine ; c’était l’évidence même, et il en avait toujours conscience. Quant à sa nature divine, il y avait toujours place pour le doute et les hypothèses ; tout au moins cela resta vrai jusqu’à l’évènement survenu lors de son baptême. L’autoconscience de sa divinité fut une lente révélation et, du point de vue humain, une révélation évoluant naturellement. Cette révélation et cette autoconscience de sa divinité commencèrent à Jérusalem, alors que Jésus n’avait pas tout à fait treize ans, avec le premier évènement surnaturel de son existence humaine. L’expérience de la réalisation de cette autoconscience de sa nature divine se paracheva à l’époque de sa seconde expérience surnaturelle pendant son incarnation. Cet évènement qui accompagna son baptême par Jean dans le Jourdain, évènement qui marqua le commencement de sa carrière publique de ministère et d’enseignement. 128:1.9 Entre les deux visitations célestes, l’une à sa treizième année et l’autre à son baptême, il ne se passa rien de surnaturel ni de suprahumain dans la vie de ce Fils Créateur incarné. Malgré cela, l’enfant de Bethléem, le jeune garçon, le jeune homme et l’homme de Nazareth étaient en réalité le Créateur incarné d’un univers ; mais pas une fois, au cours de sa vie humaine avant le jour où Jean le baptisa, il n’usa, si peu que ce soit, de ce pouvoir ni ne suivit les directives de personnalités célestes, sauf celles de son gardien séraphique. Nous, qui en témoignons, nous savons de quoi nous parlons. 128:1.10 Cependant, durant toutes ces années de vie incarnée, il était vraiment divin. Il était effectivement un Fils Créateur du Père du Paradis. Une fois qu’il eut embrassé sa carrière publique, après avoir techniquement parachevé l’expérience purement mortelle lui permettant d’acquérir sa souveraineté, il n’hésita pas à admettre publiquement qu’il était le Fils de Dieu. Il proclama sans hésitation : « Je suis l’Alpha et l’Omega, le commencement et la fin, le premier et le dernier. » Dans les années qui suivirent, il ne protesta pas quand on l’appelait Seigneur de Gloire, Souverain d’un Univers, le Seigneur Dieu de toute la création, le Saint d’Israël, le Seigneur de tout et de tous, notre Seigneur et notre Dieu, Dieu avec nous, Celui qui a un nom au-dessus de tous les noms et sur tous les mondes, l’Omnipotence d’un univers, le Mental Universel de cette création, l’Unique en qui sont cachés tous les trésors de sagesse et de connaissance, la plénitude de Celui qui remplit toutes choses, l’éternel Verbe du Dieu éternel, Celui qui était avant toutes choses et en qui toutes choses subsistent, le Créateur des cieux et de la terre, le Soutien d’un univers, le Juge de toute la terre, le Donateur de la vie éternelle, le Vrai Berger, le Libérateur des mondes et Celui qui nous conduit à notre salut. 128:1.11 Il ne fit d’objection à aucun de ces titres quand ils lui furent appliqués après qu’il eut émergé de sa vie purement humaine pour entrer dans les années d’adulte, où il avait conscience de son ministère de divinité dans l’humanité, pour l’humanité et par rapport à l’humanité, dans ce monde et pour tous les autres mondes. Jésus ne protesta que contre une seule appellation : quand, une fois, on le dénomma Emmanuel, il répondit simplement : « Je ne suis pas Emmanuel, il est mon frère ainé. » 128:1.12 Toujours, et même après que les horizons de sa vie terrestre se furent élargis, Jésus resta humblement soumis à la volonté du Père qui est aux cieux. 128:1.13 Après son baptême, il ne vit aucun inconvénient à permettre à ceux qui croyaient sincèrement en lui et à ceux qui le suivaient avec gratitude, de l’adorer. Même quand il luttait contre la pauvreté et travaillait de ses mains pour subvenir aux besoins vitaux de sa famille, il prenait de plus en plus conscience d’être un Fils de Dieu ; il savait qu’il était le créateur des cieux et de cette terre même sur laquelle il vivait maintenant son existence humaine. Dans tout le vaste univers qui l’observait, les légions d’êtres célestes savaient également que cet homme de Nazareth était leur Souverain bien-aimé et Créateur-père. Durant toutes ces années, l’univers de Nébadon vécut dans une profonde expectative. Tous les regards célestes convergeaient continuellement sur Urantia – sur la Palestine. 128:1.14 Cette année-là, Jésus se rendit à Jérusalem avec Joseph pour célébrer la Pâque. Ayant déjà emmené Jacques au temple pour la consécration, il estimait de son devoir d’y conduire aussi Joseph. Jésus ne témoignait jamais d’aucune partialité dans ses rapports avec sa famille. Il alla avec Joseph à Jérusalem par la route habituelle de la vallée du Jourdain, mais revint à Nazareth par la route qui traverse Amathus à l’est du Jourdain. En descendant le Jourdain, Jésus raconta à Joseph l’histoire des Juifs ; pendant le voyage de retour il lui parla des aventures des légendaires tribus de Ruben, Gad et Giléad qui, suivant la tradition, habitaient ces régions à l’est du fleuve. 128:1.15 Joseph posa à Jésus de multiples questions tendancieuses concernant la mission de sa vie, mais, à la plupart d’entre elles, Jésus se borna à répondre : « Mon heure n’est pas encore venue ». Au cours de ces entretiens intimes, Jésus laissa cependant échapper beaucoup de paroles dont Joseph se souvint pendant les évènements émouvants des années suivantes. Accompagné de Joseph, Jésus passa la Pâque avec ses trois amis de Béthanie, selon son habitude quand il était à Jérusalem pour assister à ces fêtes commémoratives. 2. La vingt-deuxième année (an 16) 128:2.1 Ce fut une des années durant lesquelles les frères et sœurs de Jésus affrontèrent les épreuves et tribulations propres aux problèmes et aux réadaptations de l’adolescence. Jésus avait maintenant des frères et sœurs d’âge échelonné entre sept et dix-huit ans, et avait fort à faire pour les aider à s’adapter aux nouveaux éveils de leur vie intellectuelle et émotionnelle. Il dut ainsi s’attaquer aux problèmes de l’adolescence à mesure qu’ils se présentaient dans la vie de ses jeunes frères et sœurs. 128:2.2 Cette année-là, Simon sortit diplômé de l’école et commença à travailler avec le tailleur de pierre Jacob, l’ancien compagnon de jeux et fidèle défenseur de Jésus. À la suite de plusieurs entretiens familiaux, on estima inopportun que tous les garçons deviennent charpentiers. On pensait que, s’ils adoptaient des métiers différents, ils seraient en mesure d’accepter des contrats pour construire entièrement des édifices. De plus, ils avaient subi des périodes de chômage depuis que trois d’entre eux travaillaient à temps complet comme charpentiers. 128:2.3 Durant cette année, Jésus continua à faire des travaux de finition de maisons et d’ébénisterie, mais il passa la majeure partie de son temps à l’atelier de réparation du caravansérail. Jacques commençait à alterner avec lui au service de l’atelier. À la fin de l’année, quand le travail de charpentier vint à manquer à Nazareth, Jésus laissa en charge à Jacques l’atelier de réparations et à Joseph l’établi familial, tandis que lui-même allait à Sepphoris chez un forgeron. Il travailla les métaux pendant six mois et acquit à l’enclume une habileté considérable. 128:2.4 Avant de prendre son nouvel emploi à Sepphoris, Jésus tint une de ses conférences familiales périodiques et installa solennellement Jacques, qui venait d’avoir dix-huit ans, comme chef de famille suppléant. Il promit à son frère un appui chaleureux et une entière coopération ; il exigea de la part de chaque membre de la famille la promesse formelle d’obéir à Jacques. À partir de ce jour, Jacques assuma l’entière responsabilité financière du foyer, où Jésus apportait à son frère sa contribution hebdomadaire. Jamais plus Jésus ne reprit les rênes des mains de Jacques. Pendant qu’il travaillait à Sepphoris, il aurait pu, en cas de besoin, rentrer chaque soir à la maison, mais il resta éloigné à dessein, alléguant le temps et d’autres raisons, mais son vrai motif était d’habituer Jacques et Joseph à porter la responsabilité du foyer. Il avait commencé le lent processus de détacher de lui sa famille. Jésus revenait à Nazareth à chaque sabbat, et quelquefois aussi pendant la semaine quand l’occasion l’exigeait, pour observer le fonctionnement du nouveau plan, donner des conseils et apporter d’utiles suggestions. 128:2.5 Le fait de vivre la plupart du temps à Sepphoris pendant six mois offrit à Jésus une nouvelle occasion de mieux connaitre le point de vue des Gentils sur la vie. Il travailla avec eux, vécut avec eux et, de toutes les manières possibles, étudia de près et soigneusement leurs habitudes de vie et leur mentalité. 128:2.6 Le niveau moral de cette ville où résidait Hérode Antipas était tellement inférieur, même à celui de Nazareth, carrefour des caravanes, qu’après six mois de séjour à Sepphoris, Jésus ne répugna plus à trouver un prétexte pour revenir à Nazareth. Le groupe pour lequel il travaillait allait s’engager dans des travaux publics à la fois à Sepphoris et dans la nouvelle ville de Tibériade, et Jésus était peu disposé à assumer un emploi quelconque sous la supervision d’Hérode Antipas. D’autres raisons militaient encore, dans l’opinion de Jésus, en faveur de son retour à Nazareth. Quand il revint à l’atelier de réparations, il ne reprit pas personnellement la direction des affaires familiales. Il travailla à l’atelier en association avec Jacques et, dans la plus large mesure possible, lui permit de continuer à superviser le foyer. Jacques put ainsi continuer tranquillement la gestion des affaires familiales et l’administration du budget de la maison. 128:2.7 Ce fut par de tels plans sages et réfléchis que Jésus prépara son retrait ultérieur de toute participation active aux affaires familiales. Quand Jacques eut deux années d’expériences comme chef de famille, et deux années complètes avant qu’il (Jacques) se marie, Joseph fut chargé de gérer les fonds de la maisonnée, et la direction générale du foyer lui fut confiée. 3. La vingt-troisième année (an 17) 128:3.1 Cette année-là, les embarras financiers de la famille furent un peu moindres, du fait que les ainés étaient quatre à travailler. Miriam faisait de bons profits sur la vente du lait et du beurre ; Marthe était devenue une habile tisseuse. Plus du tiers du prix d’achat de l’atelier de réparations avait été payé. La situation était telle que Jésus s’arrêta de travailler pendant trois semaines afin d’emmener Simon à Jérusalem pour la Pâque. Jamais encore, depuis la mort de son père, il n’avait pu quitter aussi longtemps son labeur quotidien. 128:3.2 Ils se rendirent à Jérusalem par la Décapole et traversèrent Pella, Gérasa, Philadelphie, Hesbon et Jéricho. Ils revinrent à Nazareth par la route côtière ; ils passèrent par Lydda, Joppé, Césarée, contournèrent le mont Carmel et allèrent de là à Nazareth par Ptolémaïs. Ce voyage permit à Jésus de connaitre assez bien la Palestine au nord du district de Jérusalem. 128:3.3 À Philadelphie, Jésus et Simon firent la connaissance d’un marchand de Damas qui se prit d’une telle amitié pour les deux frères de Nazareth qu’il les pressa de s’arrêter chez lui au siège de son entreprise à Jérusalem. Pendant que Simon participait au service au temple, Jésus passa beaucoup de temps à causer avec cet homme d’affaires internationales bien éduqué et grand voyageur. Le marchand possédait plus de quatre-mille chameaux de caravanes ; il avait des intérêts dans tout le monde romain, et maintenant il était en route pour Rome. Il proposa à Jésus de venir à Damas pour entrer dans son affaire d’importations d’Orient, mais Jésus expliqua qu’il ne se sentait pas en droit de s’éloigner autant de sa famille pour le moment. Mais sur le chemin du retour, il pensa beaucoup à ces villes éloignées et aux pays encore plus lointains d’Extrême-Occident et d’Extrême-Orient, pays dont il avait si souvent entendu parler par les voyageurs et conducteurs de caravanes. 128:3.4 Simon fut très heureux de sa visite à Jérusalem. Il fut dument admis à la communauté d’Israël lors de la consécration pascale des nouveaux fils du commandement. Tandis que Simon assistait aux cérémonies de la Pâque, Jésus se mêla à la foule des visiteurs et engagea beaucoup d’entretiens personnels et intéressants avec de nombreux Gentils prosélytes. 128:3.5 Le plus remarquable de ces contacts fut peut-être avec un jeune Grec nommé Étienne. Ce jeune homme venait, pour la première fois, à Jérusalem et rencontra par hasard Jésus le jeudi après-midi de la semaine de la Pâque. Tandis que tous deux se promenaient en visitant le palais d’Asmonée, Jésus entama fortuitement une conversation qui eut pour effet de les attirer l’un vers l’autre et aboutit à quatre heures de discussions sur la manière de vivre et sur le vrai Dieu et son culte. Étienne fut prodigieusement intéressé par ce que Jésus lui dit et n’oublia jamais ses paroles. 128:3.6 Ce fut ce même Étienne qui devint par la suite un croyant aux enseignements de Jésus et dont la témérité, en prêchant cet évangile des premiers temps, eut pour résultat de le faire lapider à mort par des Juifs courroucés. Une partie de l’extraordinaire audace d’Étienne en proclamant son opinion sur le nouvel évangile provenait directement de ce premier entretien avec Jésus. Mais Étienne n’eut jamais le moindre soupçon que le Galiléen auquel il avait parlé, une quinzaine d’années auparavant, était précisément le même homme que, plus tard, il proclama Sauveur du monde et pour lequel il devait si tôt mourir, devenant ainsi le premier martyr de la nouvelle foi chrétienne naissante. Quand Étienne donna sa vie comme prix de son attaque contre le temple juif et contre ses pratiques traditionnelles, un nommé Saül, citoyen de Tarse, se trouvait là. Quand Saül vit comment le Grec pouvait mourir pour sa foi, cela suscita dans son cœur des sentiments qui l’amenèrent finalement à épouser la cause pour laquelle Étienne était mort. Plus tard, Saül devint le dynamique et indomptable Paul, le philosophe, sinon le seul fondateur, de la religion chrétienne. 128:3.7 Le dimanche après la semaine de la Pâque, Simon et Jésus repartirent pour Nazareth. Simon n’oublia jamais ce que Jésus lui apprit au cours de ce voyage. Il avait toujours aimé Jésus, mais maintenant il sentait qu’il commençait à connaitre son frère-père. Ils eurent beaucoup de conversations à cœur ouvert pendant qu’ils traversaient le pays et préparaient leurs repas au bord de la route. Ils arrivèrent à la maison le jeudi à midi, et Simon tint sa famille éveillée tard ce soir-là en racontant ses expériences. 128:3.8 Marie fut bouleversée quand Simon lui rapporta que Jésus avait passé la majeure partie de son temps à Jérusalem « à converser avec les étrangers, spécialement avec ceux des pays lointains ». La famille de Jésus ne put jamais comprendre le grand intérêt qu’il portait aux gens, son besoin de s’entretenir avec eux, de connaitre leur mode de vie et de découvrir ce qu’ils pensaient. 128:3.9 La famille de Nazareth était de plus en plus absorbée par ses problèmes immédiats et humains. On ne faisait pas fréquemment allusion à la future mission de Jésus, et lui-même parlait très rarement de son avenir. Sa mère ne se remémorait pas souvent qu’il était un enfant de la promesse. Elle abandonnait lentement l’idée que Jésus devait remplir sur terre une mission divine. Mais sa foi était ravivée par moments quand elle se rappelait la visitation de Gabriel avant la naissance de l’enfant. 4. L’épisode de Damas 128:4.1 Jésus passa les quatre derniers mois de cette année à Damas, comme hôte du marchand qu’il avait rencontré, pour la première fois, à Philadelphie en allant à Jérusalem. Un délégué de ce marchand avait cherché et trouvé Jésus en passant par Nazareth, et l’avait accompagné jusqu’à Damas. Ce marchand, qui avait du sang juif, offrit de consacrer une énorme somme d’argent à établir une école de philosophie religieuse à Damas. Il projetait de créer un centre d’études qui surpasserait Alexandrie. Il proposa à Jésus de commencer immédiatement une grande tournée des centres pédagogiques mondiaux pour se préparer à prendre la direction de ce nouveau projet. Ce fut l’une des plus grandes tentations auxquelles Jésus dut jamais faire face au cours de sa carrière purement humaine. 128:4.2 Bientôt, le marchand amena devant Jésus un groupe de douze marchands et banquiers qui acceptaient de financer cette école récemment projetée. Jésus manifesta un profond intérêt pour l’école proposée et les aida à faire les plans de son organisation, mais exprima toujours la crainte que ses autres obligations antérieures (qu’il passa sous silence) ne lui permettent pas d’accepter la direction d’une entreprise aussi ambitieuse. Celui qui aurait voulu être son bienfaiteur insista et employa profitablement Jésus, chez lui, à faire quelques traductions, tandis que lui, sa femme, ses fils et ses filles essayaient d’amener Jésus à accepter l’honneur qu’on lui offrait. Mais il ne voulut pas y consentir. Il savait très bien que sa mission sur terre ne devait pas être soutenue par des établissements d’enseignement ; il savait qu’il ne devait pas s’astreindre, le moins du monde, à être dirigé par des « conseils d’hommes », si bien intentionnés qu’ils fussent. 128:4.3 Lui, qui fut rejeté par les chefs religieux de Jérusalem, même après avoir démontré son autorité, fut reconnu et salué comme un maitre instructeur par les hommes d’affaires et les banquiers de Damas, et tout cela alors qu’il était un charpentier de Nazareth obscur et inconnu. 128:4.4 Il ne parla jamais de cette offre à sa famille, et la fin de l’année le retrouva à Nazareth, vaquant à ses devoirs quotidiens tout comme s’il n’avait jamais été tenté par les propositions flatteuses de ses amis de Damas. Ceux-ci non plus ne firent jamais le rapprochement entre le futur citoyen de Capharnaüm qui mit sens dessus dessous toute la société juive, et l’ancien charpentier de Nazareth qui avait osé refuser l’honneur que leurs richesses conjuguées auraient pu lui procurer. 128:4.5 Jésus s’arrangea très habilement et intentionnellement pour isoler divers épisodes de sa vie, afin qu’aux yeux du monde, ils ne soient pas associés et pris pour les actes d’un seul et même individu. Au cours des années qui suivirent, il entendit maintes fois raconter l’histoire du singulier Galiléen qui déclina l’offre de fonder à Damas une école concurrente d’Alexandrie. 128:4.6 Un des buts que Jésus considérait en cherchant à isoler certaines particularités de son expérience terrestre était d’éviter que ne s’échafaude l’histoire d’une vie si variée et spectaculaire que les futures générations seraient amenées à vénérer le maitre au lieu de se plier à la vérité qu’il avait vécue et enseignée. Jésus ne désirait pas détourner l’attention de son enseignement par le curriculum de sa vie humaine. Il reconnut très tôt que ses disciples seraient tentés de fonder une religion à son sujet, laquelle risquerait de concurrencer l’évangile du royaume qu’il avait l’intention de proclamer au monde. En conséquence et pendant toute sa carrière mouvementée, il chercha avec persistance à supprimer tout ce qui, à son avis, était susceptible de renforcer la tendance humaine naturelle à exalter le maitre au lieu de proclamer ses enseignements. 128:4.7 Le même motif explique aussi pourquoi il permit qu’on l’appelât de divers noms à différentes époques de sa vie terrestre si variée. En outre, il ne voulait influencer ni sa famille ni d’autres personnes par une pression indue qui pourrait les inciter à croire en lui à l’encontre de leurs convictions intimes. Il refusa toujours de tirer abusivement ou injustement avantage du mental humain. Il ne voulait pas que les hommes croient en lui, à moins que leur cœur ne soit sensible aux réalités spirituelles révélées dans ses enseignements. 128:4.8 À la fin de cette année, le foyer de Nazareth fonctionnait sans trop de heurts. Les enfants grandissaient et Marie s’habituait à l’absence de Jésus du foyer. Il continuait à envoyer son salaire à Jacques pour soutenir la famille et n’en conservait qu’une petite partie pour ses dépenses personnelles immédiates. 128:4.9 À mesure que les années s’écoulaient, il devenait plus difficile de comprendre que cet homme était un Fils de Dieu sur terre. Il semblait devenir tout à fait semblable à un habitant ordinaire du royaume, simplement un autre homme parmi les hommes. Et c’est précisément de cette façon que le Père qui est aux cieux avait ordonné que l’effusion se déroulât. 5. La vingt-quatrième année (an 18) 128:5.1 Ce fut la première année où Jésus fut relativement libéré de ses responsabilités familiales. Jacques réussissait très bien à gérer la maison, aidé par les conseils et l’argent de Jésus. 128:5.2 La semaine après la Pâque de cette année, un jeune homme vint d’Alexandrie à Nazareth pour organiser, dans le courant de l’année, une rencontre entre Jésus et un groupe de Juifs d’Alexandrie en un point de la côte de Palestine. Le milieu de juin fut choisi pour date de cette conférence, et Jésus se rendit à Césarée pour y rencontrer cinq Juifs éminents d’Alexandrie qui le supplièrent de s’établir dans leur ville comme éducateur religieux. Pour l’inciter à accepter, ils lui offrirent, pour commencer, le poste d’assistant du chazan dans leur principale synagogue. 128:5.3 Les porte-paroles de ce comité expliquèrent à Jésus qu’Alexandrie était destinée à devenir le centre principal de la culture juive pour le monde entier, et que la tendance hellénistique des affaires juives avait en fait dépassé l’école de pensée babylonienne. Ils rappelèrent à Jésus les inquiétants grondements de rébellion à Jérusalem et dans toute la Palestine, et l’assurèrent que tout soulèvement des Juifs palestiniens équivaudrait à un suicide national, que la main de fer de Rome écraserait la rébellion en trois mois, que Jérusalem serait détruite et le temple démoli au point qu’il n’en resterait pas pierre sur pierre. 128:5.4 Jésus écouta tout ce qu’ils avaient à dire et les remercia de leur confiance, et, en déclinant leur offre d’aller à Alexandrie, il leur dit en substance : « Mon heure n’est pas encore venue. » Ils furent confondus par son apparente indifférence à l’honneur qu’ils avaient pensé lui conférer. Avant de prendre congé de Jésus, ils lui offrirent une bourse comme marque d’estime de ses amis d’Alexandrie et comme compensation pour le temps et les dépenses de sa venue à Césarée pour conférer avec eux. Mais il refusa également l’argent en disant : « La maison de Joseph n’a jamais reçu l’aumône, et nous ne pouvons manger le pain d’autrui tant que j’ai de bons bras et que mes frères peuvent travailler. » 128:5.5 Ses amis d’Égypte firent voile pour rentrer chez eux. Quelques années plus tard, quand ils entendirent parler du constructeur de bateaux de Capharnaüm qui créait un tel ébranlement en Palestine, peu d’entre eux soupçonnèrent qu’il était le bébé de Bethléem devenu adulte, et le même Galiléen au comportement étrange qui avait décliné d’une manière si désinvolte leur invitation à devenir un grand éducateur à Alexandrie. 128:5.6 Jésus retourna à Nazareth. Le reste de l’année fut le semestre le moins mouvementé de toute sa carrière. Il fut heureux de ce répit temporaire dans le programme habituel des problèmes à résoudre et des difficultés à vaincre. Il communia beaucoup avec son Père qui est aux cieux et fit d’immenses progrès dans la maitrise de son mental humain. 128:5.7 Mais les affaires des hommes dans les mondes du temps et de l’espace ne se passent pas longtemps sans heurts. En décembre, Jacques eut une conversation privée avec Jésus, expliquant qu’il était fort épris d’Esta, une jeune fille de Nazareth, et que tous deux souhaitaient se marier bientôt si cela pouvait s’arranger. Il attira l’attention sur le fait que Joseph allait prochainement avoir dix-huit ans et que cela serait pour lui une bonne expérience d’avoir l’occasion de servir comme remplaçant du chef de famille. Jésus consentit que Jacques se marie deux ans plus tard, pourvu qu’entretemps il ait convenablement entrainé Joseph à assurer la direction du foyer. 128:5.8 Ensuite les évènements se précipitèrent – le mariage était dans l’air. Le succès de Jacques obtenant le consentement de Jésus à son mariage enhardit Miriam à entretenir son frère-père de ses projets. Jacob, le jeune maçon qui s’était jadis fait le champion de Jésus et qui était maintenant associé aux affaires de Jacques et de Joseph, avait depuis longtemps cherché à obtenir la main de Miriam. Après qu’elle eut exposé ses plans, Jésus demanda que Jacob vienne le voir et lui demande officiellement la main de Miriam. Il promit sa bénédiction à leur mariage aussitôt que Miriam jugerait Marthe capable d’assumer les devoirs d’une sœur ainée. 128:5.9 Quand Jésus était à la maison, il continuait à faire le cours du soir à l’école trois fois par semaine, lisait souvent les Écritures à la synagogue le jour du sabbat, s’entretenait avec sa mère, enseignait les enfants et, en général, se conduisait comme un digne et respecté citoyen de Nazareth dans la communauté d’Israël. 6. La vingt-cinquième année (an 19) 128:6.1 Cette année commença avec toute la famille de Nazareth en bonne santé et vit la fin des scolarités régulières de tous les enfants, à l’exception de certains travaux que Marthe devait faire pour Ruth. 128:6.2 Jésus était l’un des spécimens humains les plus robustes et les plus raffinés qui fussent apparus sur terre depuis l’époque d’Adam. Son développement physique était superbe, son mental était actif, aigu, pénétrant – comparé à la mentalité moyenne de ses contemporains, il avait atteint des proportions gigantesques – et son esprit était en vérité humainement divin. 128:6.3 L’état des finances de la famille était le meilleur qu’ils eussent connu depuis la liquidation des propriétés de Joseph. Les dernières annuités avaient été payées pour l’atelier de réparations du caravansérail ; ils n’avaient plus aucune dette et, pour la première fois depuis des années, ils avaient quelque argent devant eux. Dans ces conditions, et puisqu’il avait emmené ses autres frères à Jérusalem pour célébrer leur première Pâque, Jésus décida d’accompagner Jude (qui venait de terminer ses études à l’école de la synagogue) pour sa première visite au temple. 128:6.4 Ils se rendirent à Jérusalem par la vallée du Jourdain et revinrent par la même route, parce que Jésus redoutait quelque ennui s’il faisait traverser la Samarie à son jeune frère. Déjà, à Nazareth, Jude s’était plusieurs fois trouvé quelque peu en difficulté à cause de son naturel irréfléchi joint à ses violents sentiments patriotiques. 128:6.5 Ils arrivèrent à Jérusalem en temps utile et se trouvaient en chemin pour leur première visite au temple, dont la seule vue avait remué et passionné Jude jusqu’au plus profond de son âme, quand ils rencontrèrent, par hasard, Lazare de Béthanie. Tandis que Jésus causait avec Lazare et cherchait à arranger une célébration de la Pâque en commun, Jude fit naitre un incident très sérieux pour eux tous. À proximité d’eux se tenait un garde romain qui tint quelques propos incorrects sur une jeune fille juive qui passait. Jude éclata d’une fougueuse indignation et ne fut pas long à exprimer, directement et à portée d’oreille du soldat, son ressentiment pour une telle inconvenance. Or, les légionnaires romains étaient très sensibles à tout ce qui frisait l’irrévérence chez les Juifs. Le garde mit donc immédiatement Jude en état d’arrestation. C’en était trop pour le jeune patriote et, avant que Jésus ait pu le mettre en garde par un coup d’œil avertisseur, il s’était soulagé par une volubile énonciation de ses sentiments antiromains refoulés, ce qui fit simplement tout aller de mal en pis. Jude, avec Jésus à ses côtés, fut aussitôt conduit à la prison militaire. 128:6.6 Jésus essaya d’obtenir soit un interrogatoire immédiat pour Jude, soit sa libération en temps voulu pour célébrer la Pâque ce soir-là, mais il échoua dans ces tentatives. Puisque le lendemain était un jour de « sainte assemblée » à Jérusalem, même les Romains ne se risquaient pas à écouter des accusations contre un Juif. En conséquence, Jude resta incarcéré jusqu’au surlendemain matin de son arrestation et Jésus resta à la prison avec lui. Ils ne furent pas présents dans le temple à la cérémonie où l’on recevait les fils de la loi dans la pleine citoyenneté d’Israël. Jude ne passa par cette cérémonie officielle que plusieurs années après, lors de son séjour suivant à Jérusalem pendant une Pâque et en liaison avec son travail de propagande pour le compte des Zélotes, l’organisation patriotique à laquelle il appartenait et dans laquelle il était très actif. 128:6.7 Le matin qui suivit leur second jour en prison, Jésus se présenta devant le magistrat militaire pour le compte de Jude. En offrant des excuses pour la jeunesse de son frère et en donnant des éclaircissements complémentaires, mais judicieux, se rapportant à la nature provocatrice de l’incident qui avait motivé l’arrestation de son frère, Jésus mena l’affaire de telle sorte que le magistrat exprima l’opinion que le jeune Juif pouvait avoir quelque excuse valable pour son violent éclat. Après avoir averti Jude de ne plus oser se rendre coupable d’une pareille témérité, le magistrat dit à Jésus en les congédiant : « Tu ferais bien d’avoir l’œil sur le garçon, il est capable d’attirer beaucoup d’ennuis sur vous tous ». Le juge romain disait vrai. Jude causa beaucoup d’ennuis à Jésus, et les ennuis étaient toujours de même nature – échauffourées avec les autorités civiles à cause de ses éclats patriotiques inconsidérés et maladroits. 128:6.8 Jésus et Jude rentrèrent à Béthanie pour la nuit, expliquèrent pourquoi ils avaient manqué leur rendez-vous pour le souper de la Pâque et repartirent le lendemain pour Nazareth. Jésus ne parla pas à la famille de l’arrestation de son jeune frère à Jérusalem, mais, trois semaines après leur retour, il eut un long entretien avec Jude au sujet de cet incident. Après cette conversation avec Jésus, Jude raconta lui-même l’histoire à la famille. Il n’oublia jamais la patience et la longanimité dont son frère-père avait témoigné durant toute cette rude épreuve. 128:6.9 Ce fut la dernière Pâque à laquelle Jésus se rendit avec un membre de sa propre famille. De plus en plus, le Fils de l’Homme allait relâcher les liens étroits qui l’unissaient à ceux de sa chair et de son sang. 128:6.10 Cette année-là, ses périodes de profonde méditation furent souvent interrompues par l’intrusion de Ruth et ses camarades de jeux. Jésus était toujours prêt à remettre à plus tard ses réflexions sur son futur travail pour le monde et l’univers afin de partager la joie enfantine et l’allégresse de ces jeunes, qui ne se lassaient pas de l’entendre raconter les aventures de ses divers voyages à Jérusalem. Ils aimaient aussi beaucoup ses histoires sur les animaux et la nature. 128:6.11 Les enfants étaient toujours bienvenus à l’atelier de réparations. Jésus mettait du sable, des blocs de bois et des cailloux à côté de l’atelier, et des bandes de gosses accouraient là pour s’amuser. Quand ils étaient fatigués de leurs jeux, les plus intrépides venaient jeter un coup d’œil dans l’atelier et, si le propriétaire n’était pas trop occupé, ils s’enhardissaient à entrer en disant : « Oncle Joshua, sors et raconte-nous une grande histoire. » Alors ils le faisaient sortir en le tiraillant par la main jusqu’à ce qu’il soit assis sur sa pierre favorite près de l’angle de l’atelier, avec les enfants assis par terre en demi-cercle autour de lui. Combien ce petit monde s’amusait avec l’oncle Joshua ! Ils apprenaient à rire, et à rire de bon cœur. Un ou deux des plus petits avaient l’habitude de grimper sur les genoux de Jésus et de s’y assoir en suivant d’un regard admiratif les expressions de son visage pendant qu’il racontait ses histoires. Les enfants aimaient Jésus, et Jésus aimait les enfants. 128:6.12 Il était difficile à ses amis de comprendre l’étendue de ses activités intellectuelles et la manière dont il pouvait si soudainement et si complètement passer des profondes discussions sur la politique, la philosophie et la religion à l’enjouement et à la joyeuse gaieté de ces bambins de cinq à dix ans. Au fur et à mesure que ses propres frères et sœurs grandissaient, il avait plus de loisirs et, avant la venue au monde de la troisième génération, il prêtait une grande attention à ces tout-petits. Mais il ne vécut pas assez longtemps sur terre pour profiter beaucoup de ses neveux-petits-enfants. 7. La vingt-sixième année (an 20) 128:7.1 Au commencement de cette année, Jésus de Nazareth devint profondément conscient de posséder un pouvoir potentiel très étendu. Il était également tout à fait persuadé que ce pouvoir ne devait pas être employé par sa personnalité en tant que Fils de l’Homme, tout au moins avant que son heure ne fût venue. 128:7.2 À cette époque, il réfléchissait beaucoup sur ses relations avec son Père qui est aux cieux, mais en parlait peu. La conclusion de toutes ces réflexions fut exprimée une fois dans sa prière sur la montagne quand il dit : « Indépendamment de qui je suis, ou du pouvoir que je puis ou non exercer, j’ai toujours été et serai toujours soumis à la volonté de mon Père du Paradis. » Et cependant, tandis que cet homme circulait dans Nazareth pour aller à son travail et en revenir, il était littéralement vrai – en ce qui concernait un vaste univers – que « en lui étaient cachés tous les trésors de sagesse et de connaissance ». 128:7.3 Durant toute l’année, les affaires de la famille allèrent bien, sauf pour Jude. Pendant des années, Jacques eut des ennuis avec son plus jeune frère qui n’était pas enclin à se mettre à travailler et sur qui l’on ne pouvait pas compter pour participer aux dépenses de la maison. Il vivait au foyer, mais il mettait peu de conscience à gagner sa part de salaire pour le budget familial. 128:7.4 Jésus était un homme de paix et, de temps en temps, il était très embarrassé par les exploits belliqueux et les nombreux éclats patriotiques de Jude. Jacques et Joseph étaient d’avis de le mettre à la porte, mais Jésus ne voulut pas y consentir. Quand leur patience avait été rudement mise à l’épreuve, Jésus se bornait à conseiller : « Soyez patients, soyez sages dans vos conseils et éloquents dans votre vie, pour que votre jeune frère puisse d’abord connaitre le meilleur chemin et ensuite être contraint de vous y suivre. » Le conseil sage et affectueux de Jésus évita une rupture familiale. Ils restèrent unis, mais Jude ne fut ramené à la raison qu’après son mariage. 128:7.5 Marie parlait rarement de la future mission de Jésus. Chaque fois que l’on faisait allusion à ce sujet, Jésus répondait seulement : « Mon heure n’est pas encore venue. » Jésus avait presque achevé la tâche difficile de sevrer sa famille pour qu’elle ne dépende plus de la présence immédiate de sa personnalité. Il se préparait rapidement au jour où il pourrait logiquement quitter la maison de Nazareth et commencer le prélude plus actif de son véritable ministère auprès des hommes. 128:7.6 Ne perdez jamais de vue le fait que la première mission essentielle de Jésus dans sa septième effusion était d’acquérir l’expérience de la créature, aboutissant à la souveraineté sur Nébadon. En recueillant les éléments de cette même expérience, il faisait, à Urantia et à tout l’univers local, la révélation suprême du Père du Paradis. Accessoirement à ces desseins, il entreprit aussi de démêler les affaires compliquées d’Urantia dans leurs rapports avec la rébellion de Lucifer. 128:7.7 Cette année-là, Jésus eut plus de loisirs que d’ordinaire ; il consacra beaucoup de temps à apprendre à Jacques à gérer l’atelier de réparations et à Joseph à diriger les affaires de la maison. Marie pressentait qu’il se préparait à les quitter. Les quitter pour aller où ? Pour faire quoi ? Elle avait à peu près abandonné l’idée que Jésus était le Messie. Elle ne pouvait pas le comprendre, elle ne pouvait tout simplement pas sonder le mystère de son fils ainé. 128:7.8 Jésus passa, cette année, une grande partie de son temps, individuellement, avec les divers membres de sa famille. Il les emmenait pour de longues et fréquentes promenades dans les collines ou à travers la campagne. Avant la moisson, il emmena Jude au sud de Nazareth chez son oncle fermier, mais Jude n’y resta pas longtemps après la récolte. Il s’enfuit, et Simon le retrouva plus tard au bord du lac avec les pêcheurs. Quand Simon le ramena à la maison, Jésus fit un tour d’horizon avec le fugueur et, puisqu’il voulait être pêcheur, il alla avec lui à Magdala et le confia à un parent, pêcheur de profession. Jude travailla assez bien et régulièrement avec lui depuis ce moment-là, et continua le métier de pêcheur après son mariage. 128:7.9 Enfin, le jour était arrivé où tous les frères de Jésus avaient choisi leur carrière et s’y étaient établis. Tout se mettait en place pour le départ de Jésus de la maison. 128:7.10 En novembre eut lieu un double mariage. Jacques épousa Esta et Miriam épousa Jacob. Ce fut vraiment une joyeuse occasion. Marie elle-même était de nouveau heureuse, sauf de temps en temps quand elle se rendait compte que Jésus se préparait à partir. Elle souffrait sous le poids d’une grande incertitude. Si seulement Jésus voulait s’assoir et parler franchement de tout cela avec elle comme au temps où il était un jeune garçon ! Mais il demeurait toujours peu communicatif et gardait un profond silence sur l’avenir. 128:7.11 Jacques et Esta son épouse s’installèrent dans une coquette petite maison de la partie ouest de la ville, cadeau du père de la jeune femme. Jacques continua à soutenir le foyer de sa mère, mais sa quote-part fut réduite de moitié à cause de son mariage. Joseph fut officiellement installé par Jésus comme chef de famille, Jude envoyait maintenant très fidèlement sa contribution mensuelle à la maison. Les mariages de Jacques et de Miriam eurent sur Jude une influence très heureuse ; quand il repartit pour la pêcherie, le lendemain du double mariage, il assura à Joseph qu’il pouvait compter sur lui « pour faire tout mon devoir et davantage si besoin était ». Et il tint sa promesse. 128:7.12 Miriam vivait dans la maison de Jacob, contigüe à celle de Marie, car Jacob père avait été enseveli avec ses ancêtres. À la maison, Marthe prit la place de Miriam, et la nouvelle organisation fonctionna sans heurts dès avant la fin de l’année. 128:7.13 Le lendemain de ce double mariage, Jésus eut un entretien important avec Jacques. Il lui raconta en confidence qu’il se préparait à quitter la maison. Il fit don à Jacques de la pleine propriété de l’atelier de réparations. Il abdiqua officiellement et solennellement sa position de chef de la famille de Joseph, et il établit, de la manière la plus touchante, son frère Jacques comme « chef et protecteur de la maison de mon père ». Il rédigea un accord secret avec Jacques, qu’ils signèrent tous les deux et dans lequel il était stipulé qu’en compensation du don de l’atelier de réparations, Jacques assumerait désormais l’entière responsabilité financière de la famille et déchargerait ainsi Jésus de toute obligation ultérieure en ces matières. Après avoir signé le contrat et arrangé le budget de telle sorte que la famille puisse réellement faire face à ses dépenses sans aucune contribution de Jésus, ce dernier dit à Jacques : « Mon fils, je continuerai cependant à t’envoyer quelque chose chaque mois jusqu’à ce que mon heure soit venue, mais tu emploieras ce que je t’enverrai selon les nécessités du moment. Dépense mes fonds pour les besoins ou les plaisirs de la famille comme tu le jugeras bon. Utilise-les en cas de maladie ou pour faire face aux incidents imprévus qui pourraient survenir à un membre quelconque de la famille. » 128:7.14 C’est ainsi que Jésus se prépara à aborder la deuxième phase de sa vie d’adulte où, détaché des siens, il n’a pas encore commencé à s’occuper publiquement des affaires de son Père. FASCICULE 129 Suite de la vie d’adulte de Jésus 129:0.1 Jésus avait complètement et définitivement pris ses distances vis-à-vis de la gestion des affaires domestiques de la famille de Nazareth et de la direction immédiate de ses membres. Il persista, jusqu’à son baptême, à contribuer aux finances familiales et à prendre un vif intérêt personnel au bien-être spirituel de chacun de ses frères et sœurs. Il était toujours prêt à faire tout ce qui était humainement possible pour le confort et le bonheur de sa mère devenue veuve. 129:0.2 Le Fils de l’Homme avait maintenant tout préparé pour se détacher d’une façon définitive du foyer de Nazareth, et ceci ne lui était pas chose facile. Jésus aimait naturellement son entourage, il aimait sa famille, et cette affection naturelle avait été immensément accrue par son extraordinaire dévouement envers elle. Plus nous nous donnons à nos compagnons, plus nous en venons à les aimer ; et, puisque Jésus s’était si complètement donné aux siens, il les aimait d’une grande et fervente affection. 129:0.3 Toute la famille avait peu à peu pressenti que Jésus prenait des dispositions pour la quitter. La tristesse de la séparation envisagée n’était atténuée que par cette manière graduelle de les préparer à l’annonce de son intention de partir. Pendant plus de quatre ans, ils perçurent qu’il projetait cette séparation finale. 1. La vingt-septième année (an 21) 129:1.1 Au mois de janvier de cette année-là, de l’an 21, par une pluvieuse matinée de dimanche, Jésus prit discrètement congé des membres de sa famille, expliquant seulement qu’il allait à Tibériade et, de là, visiter d’autres villes proches de la mer de Galilée. C’est ainsi qu’il les quitta, et jamais plus il ne fut un membre régulier de ce foyer. 129:1.2 Il passa une semaine à Tibériade, la nouvelle ville qui devait bientôt succéder à Sepphoris comme capitale de la Galilée. Trouvant peu de choses qui puissent l’intéresser, il passa successivement par Magdala et Bethsaïde pour aller à Capharnaüm, où il s’arrêta pour rendre visite à Zébédée, l’ami de son père. Les fils de Zébédée étaient pêcheurs ; il était lui-même constructeur de bateaux. Jésus de Nazareth était un expert aussi bien dans la création de modèles que dans leur construction ; il était passé maitre dans le travail du bois, et Zébédée connaissait de longue date l’habileté de l’artisan de Nazareth. Depuis longtemps, Zébédée avait envisagé de faire de meilleurs bateaux ; il exposa ses projets à Jésus et invita le charpentier visiteur à se joindre à lui dans l’entreprise. Jésus y consentit volontiers. 129:1.3 Jésus ne travailla avec Zébédée qu’un peu plus d’un an, mais pendant ce temps-là il créa un nouveau type de bateau et mit sur pied des méthodes entièrement nouvelles pour en construire. Par une technique supérieure et une grande amélioration dans les procédés pour étuver les planches, Jésus et Zébédée commencèrent à construire des bateaux d’un type très supérieur, qui offraient beaucoup plus de sécurité que les anciens pour la navigation à voile sur le lac. Pendant plusieurs années, Zébédée eut plus de travail à produire ces bateaux d’un nouveau type que sa petite entreprise n’en pouvait fournir. En moins de cinq ans, pratiquement tous les bateaux naviguant sur le lac avaient été construits dans l’atelier de Zébédée à Capharnaüm. Jésus fut bientôt connu du peuple des pêcheurs galiléens comme l’inventeur de ces nouveaux bateaux. 129:1.4 Zébédée était moyennement fortuné. Ses chantiers se trouvaient au bord du lac au sud de Capharnaüm, et sa maison était située sur la rive du lac près du centre de pêche de Bethsaïde. Jésus vécut dans la maison de Zébédée pendant son séjour de plus d’un an à Capharnaüm. Il avait longtemps travaillé seul dans le monde, c’est-à-dire sans père, et il apprécia beaucoup cette période de travail avec un partenaire paternel. 129:1.5 La femme de Zébédée, Salomé, était parente d’Annas, qui avait été grand-prêtre à Jérusalem et qui restait le membre le plus influent du groupe des sadducéens, car il avait été mis à la retraite depuis huit ans seulement. Salomé devint une grande admiratrice de Jésus. Elle l’aimait autant que ses propres fils Jacques, Jean et David, tandis que ses quatre filles le considéraient comme leur frère ainé. Jésus allait souvent pêcher avec Jacques, Jean et David qui constatèrent que Jésus était aussi expérimenté comme pêcheur qu’habile comme constructeur de bateaux. 129:1.6 Pendant toute cette année, Jésus envoya chaque mois de l’argent à son frère Jacques. Il revint à Nazareth en octobre pour assister au mariage de Marthe. Ensuite, il ne retourna plus à Nazareth pendant deux ans, jusqu’au double mariage de Simon et de Jude. 129:1.7 Durant toute cette année, Jésus construisit des bateaux et continua d’observer comment les hommes vivaient sur terre. Il allait fréquemment rendre visite au caravansérail, car la route directe de Damas vers le sud passait par Capharnaüm. La ville était un important poste militaire romain, et l’officier qui commandait la garnison était un Gentil croyant à Yahweh, « un homme dévot » comme les Juifs avaient coutume de désigner ces prosélytes. Cet officier appartenait à une riche famille romaine, et il prit sur lui de bâtir une belle synagogue à Capharnaüm ; il l’avait offerte aux Juifs peu de temps avant que Jésus ne vint vivre chez Zébédée. Jésus dirigea les offices dans la nouvelle synagogue pendant plus de la moitié de cette année ; quelques caravaniers qui y assistèrent par hasard se rappelèrent qu’il était le charpentier de Nazareth. 129:1.8 Quand il s’agit de payer les impôts, Jésus s’inscrivit comme « artisan qualifié de Capharnaüm ». Depuis ce jour-là et jusqu’à la fin de sa vie terrestre, il fut connu comme un habitant de Capharnaüm. Il ne se prévalut jamais d’aucune autre résidence légale, bien que, pour diverses raisons, il ait permis à d’autres de le domicilier à Damas, à Béthanie, à Nazareth ou même à Alexandrie. 129:1.9 À la synagogue de Capharnaüm, il trouva beaucoup de nouveaux livres dans les coffres de la bibliothèque et passa au moins cinq soirées par semaine à des études intensives. Il consacrait une soirée à la vie sociale avec les adultes, et en passait une autre avec la jeunesse. Il y avait, dans la personnalité de Jésus, quelque chose d’affable et d’inspirant qui attirait invariablement les jeunes. Toujours, il les faisait se sentir à l’aise en sa présence. Son grand secret pour s’entendre avec eux tenait peut-être au double fait qu’il s’intéressait toujours à leurs occupations, tout en donnant rarement des conseils sans qu’on les lui ait demandés. 129:1.10 La famille de Zébédée avait presque de l’adoration pour Jésus ; elle ne manquait jamais d’écouter les causeries avec questions et réponses qu’il dirigeait chaque soir après le souper, avant de partir étudier à la synagogue. La jeunesse du voisinage venait fréquemment aussi assister à ces réunions d’après-souper. À ces petits groupes, Jésus donnait un enseignement varié et avancé, juste aussi avancé que le permettait leur compréhension. Il parlait tout à fait franchement avec eux, exposait ses idées et ses idéaux sur la politique, la sociologie, la science et la philosophie, mais jamais il ne prétendait parler avec une autorité finale, sauf quand il discutait de la religion – les rapports de l’homme avec Dieu. 129:1.11 Une fois par semaine, Jésus tenait une réunion avec toute la maisonnée, le personnel de l’atelier et celui des chantiers, car Zébédée avait beaucoup d’ouvriers, et ce fut parmi ces travailleurs que, pour la première fois, Jésus fut appelé « le Maitre ». Tout le monde l’aimait. Son travail à Capharnaüm avec Zébédée lui plaisait, mais la présence des enfants jouant à côté de l’atelier du charpentier de Nazareth lui manquait. 129:1.12 De tous les fils de Zébédée, c’était Jacques qui s’intéressait le plus à Jésus en tant qu’éducateur et philosophe. Jean préférait son enseignement et ses opinions sur la religion. David le respectait comme artisan, mais faisait peu de cas de ses vues religieuses et de ses enseignements philosophiques. 129:1.13 Jude venait fréquemment le jour du sabbat pour entendre Jésus parler à la synagogue et restait pour discuter avec lui. Plus Jude voyait son frère ainé, plus il se persuadait que Jésus était vraiment un grand homme. 129:1.14 Cette année-là, Jésus fit de grands progrès dans la maitrise ascendante de son mental humain et atteignit des niveaux élevés et nouveaux de contact conscient avec son Ajusteur de Pensée intérieur. 129:1.15 Ce fut sa dernière année de vie stable. Jamais plus Jésus ne resta une année entière au même endroit ou dans la même entreprise. Le moment de ses pèlerinages terrestres approchait rapidement. Des périodes d’activité intense n’étaient pas éloignées dans l’avenir, mais, entre sa vie simple et en même temps intensément active du passé et son ministère public encore plus actif et ardu, quelques années allaient maintenant s’intercaler où il voyagerait beaucoup et où son activité personnelle serait hautement diversifiée. Il lui fallait compléter sa formation en tant qu’homme du royaume avant de pouvoir aborder sa carrière d’enseignement et de prédication en tant qu’homme-Dieu accompli des phases divines et posthumaines de son effusion sur Urantia. 2. La vingt-huitième année (an 22) 129:2.1 En mars de l’an 22, Jésus prit congé de Zébédée et de Capharnaüm. Il demanda une petite somme d’argent pour couvrir ses frais de voyage jusqu’à Jérusalem. Pendant qu’il travaillait chez Zébédée, il n’avait prélevé sur son crédit que les faibles montants envoyés mensuellement à sa famille de Nazareth. Un mois, Joseph venait à Capharnaüm chercher l’argent, et le mois suivant, Jude passait par Capharnaüm pour prendre l’argent de Jésus et l’emporter à Nazareth. Le centre de pêche où Jude travaillait n’était qu’à quelques kilomètres au sud de Capharnaüm. 129:2.2 Quand Jésus quitta la famille de Zébédée, il fut d’accord pour rester à Jérusalem jusqu’à la Pâque, et eux promirent d’être tous présents à cet évènement. Ils convinrent même de célébrer ensemble le souper de la Pâque. Ils furent tous très attristés par le départ de Jésus, spécialement les filles de Zébédée. 129:2.3 Avant de quitter Capharnaüm, Jésus eut une longue conversation avec son nouvel ami et compagnon intime, Jean Zébédée. Il dit à Jean qu’il envisageait de beaucoup voyager jusqu’à ce que « mon heure soit venue », et il demanda à Jean d’agir à sa place pour envoyer, chaque mois, un peu d’argent à la famille de Nazareth jusqu’à épuisement des fonds dont on lui restait redevable. Jean lui fit cette promesse : « Mon Maitre, vaque à tes affaires et fais ton travail dans ce monde. J’agirai pour toi en ceci comme en toute autre matière ; je veillerai sur ta famille comme si je devais entretenir ma propre mère et m’occuper de mes propres frères et sœurs. Je disposerai de ta créance sur mon père comme tu me l’as indiqué et selon les nécessités. Quand ton argent aura été dépensé, si je n’en reçois pas de toi et si ta mère est dans le besoin, alors je partagerai mes propres gains avec elle. Va ton chemin en paix. J’agirai à ta place en toutes ces affaires. » 129:2.4 Après le départ de Jésus pour Jérusalem, Jean consulta donc son père Zébédée au sujet de l’argent dû à Jésus et fut surpris que le montant en fût si élevé. Comme Jésus avait laissé l’affaire entièrement entre leurs mains, ils convinrent que le meilleur plan était d’investir ces fonds en immeubles et d’en employer le revenu à aider la famille de Nazareth. Zébédée connaissait une petite maison de Capharnaüm qui était hypothéquée et à vendre ; il recommanda à Jean de l’acheter avec l’argent de Jésus et de garder en dépôt le titre de propriété pour son ami. Jean fit ce que son père lui avait conseillé. Pendant deux ans, le revenu de la maison fut affecté à rembourser l’hypothèque. En y ajoutant une importante somme que Jésus envoya bientôt à Jean pour être employée aux besoins de la famille, ce fut presque suffisant pour couvrir le montant de l’achat. Zébédée fournit la différence, de sorte que Jean paya le restant de l’hypothèque à l’échéance, acquérant ainsi la pleine propriété de cette petite maison de deux pièces. De cette manière, Jésus devint propriétaire d’une maison à Capharnaüm, mais on ne le lui avait pas dit. 129:2.5 Quand la famille, à Nazareth, apprit que Jésus avait quitté Capharnaüm, et faute de connaitre l’arrangement financier pris avec Jean, elle crut que le moment était venu pour elle de se tirer d’affaire sans plus compter sur l’aide de Jésus. Jacques se rappela son accord avec Jésus et, avec l’aide de ses frères, il assuma aussitôt la pleine responsabilité des charges de la famille. 129:2.6 Mais revenons maintenant en arrière pour observer Jésus à Jérusalem. Pendant près de deux mois, il passa la plus grande partie de son temps à écouter les discussions au temple et à faire des visites occasionnelles aux différentes écoles de rabbins. Il passa, à Béthanie, la plupart des jours de sabbat. 129:2.7 Jésus avait emporté avec lui, à Jérusalem, une lettre de la femme de Zébédée pour l’ancien grand-prêtre Annas, dans laquelle Salomé le présentait exactement comme « l’un de mes propres fils ». Annas lui consacra beaucoup de temps et l’emmena personnellement visiter les nombreuses académies des éducateurs religieux de Jérusalem. Alors que Jésus inspectait à fond ces écoles et observait soigneusement leurs méthodes d’enseignement, il ne posa pas la moindre question en public. Bien qu’Annas considérât Jésus comme un grand homme, il était perplexe pour le conseiller. Il reconnaissait qu’il serait stupide de lui suggérer d’entrer comme étudiant dans l’une des écoles de Jérusalem, et cependant il savait bien que l’on n’accorderait jamais à Jésus le statut officiel d’enseignant, faute d’avoir été formé dans ces écoles. 129:2.8 Le moment de la Pâque approchait et, parmi la foule venant de partout, Zébédée et toute sa famille arrivèrent de Capharnaüm à Jérusalem. Ils descendirent tous dans la spacieuse maison d’Annas où ils célébrèrent la Pâque comme une famille heureuse et unie. 129:2.9 Avant la fin de la semaine de la Pâque, et apparemment par hasard, Jésus rencontra un riche voyageur et son fils, un jeune homme d’environ dix-sept ans. Ces voyageurs venaient des Indes et, comme ils allaient visiter Rome et divers autres points de la Méditerranée, ils avaient combiné d’arriver à Jérusalem pendant la Pâque, espérant trouver quelqu’un qu’ils pourraient engager à la fois comme interprète pour eux deux et comme précepteur pour le fils. Le père insista pour que Jésus consentît à voyager avec eux. Jésus lui parla de sa famille et lui dit qu’il était bien délicat de partir au loin pour presque deux années pendant lesquelles les siens pourraient se trouver dans le besoin. Sur ce, le voyageur venu de l’Orient proposa d’avancer à Jésus le salaire d’une année afin qu’il puisse confier ces fonds à ses amis pour préserver sa famille de la gêne, et Jésus accepta de faire le voyage. 129:2.10 Jésus remit cette importante somme à Jean, le fils de Zébédée. Vous savez comment Jean employa cet argent pour liquider l’hypothèque sur la propriété de Capharnaüm. Jésus mit Zébédée entièrement dans la confidence de ce voyage méditerranéen, mais lui enjoignit de n’en parler à personne, pas même à ceux de sa chair et de son sang. Zébédée ne révéla jamais qu’il connaissait les lieux de séjour de Jésus durant cette longue période de presque deux ans. Avant que Jésus ne rentrât de ce voyage, la famille de Nazareth était sur le point de le considérer comme décédé. Seules les assurances de Zébédée, qui vint à Nazareth à plusieurs occasions avec son fils Jean, laissèrent vivre l’espoir dans le cœur de Marie. 129:2.11 Pendant ce temps, la famille de Nazareth se tirait très bien d’affaire. Jude avait considérablement augmenté sa quotepart et maintint, jusqu’à son mariage, cette contribution supplémentaire. Nonobstant le peu d’assistance dont ils avaient besoin, Jean Zébédée continua d’apporter, chaque mois, des cadeaux à Marie et à Ruth, selon les instructions de Jésus. 3. La vingt-neuvième année (an 23) 129:3.1 Toute la vingt-neuvième année de Jésus fut employée à compléter le tour du monde méditerranéen. Les principaux évènements de ce voyage, dans les limites où il nous est permis de révéler ces expériences, constituent le sujet des récits qui suivent immédiatement ceux du présent fascicule. 129:3.2 Pour diverses raisons, Jésus fut surnommé le scribe de Damas pendant tout ce périple dans le monde romain. Toutefois, à Corinthe et à d’autres escales du chemin de retour, on l’appela le précepteur juif. 129:3.3 Ce fut une période mouvementée dans la vie de Jésus. Durant le voyage, il prit de nombreux contacts avec ses semblables humains, mais cette expérience fut une phase de sa vie qu’il ne révéla jamais à aucun membre de sa famille, ni à aucun des apôtres. Jésus vécut jusqu’à la fin de son incarnation et quitta ce monde sans que personne (sauf Zébédée de Bethsaïde) ait jamais su qu’il avait fait ce grand périple. Quelques-uns de ses amis crurent qu’il était retourné à Damas ; d’autres pensèrent qu’il était parti pour les Indes. Les membres de sa famille inclinaient à croire qu’il était à Alexandrie parce qu’ils savaient qu’on l’avait une fois invité à s’y rendre pour devenir assistant du chazan. 129:3.4 Quand Jésus revint en Palestine, il ne fit rien pour changer l’opinion de sa famille ; celle-ci croyait qu’il avait quitté Jérusalem pour Alexandrie. Il les laissa continuer à croire qu’il avait passé dans cette ville d’éducation et de culture tout le temps où il avait été absent de Palestine. Seul Zébédée, le constructeur de bateaux de Bethsaïde, connaissait la vérité sur ces sujets, et Zébédée n’en parla à personne. 129:3.5 Dans tous vos efforts pour déchiffrer la signification de la vie de Jésus sur Urantia, il faut vous souvenir des motifs de l’effusion de Micaël. Si vous voulez comprendre le sens de beaucoup de ses agissements apparemment étranges, il faut discerner le but de son séjour sur votre monde. Jésus évita constamment et soigneusement d’échafauder une carrière personnelle fascinante et trop séduisante. Il ne voulait faire aucun appel insolite ou irrésistible à ses compagnons. Il était voué au travail de révéler le Père céleste à ses contemporains mortels, et se consacrait en même temps à la tâche sublime de vivre sa propre vie terrestre mortelle en restant constamment soumis à la volonté de ce même Père du Paradis. 129:3.6 Pour comprendre la vie de Jésus sur terre, il sera toujours utile, à tous les mortels qui étudient cette effusion divine, de se rappeler que, tout en vivant son incarnation sur Urantia, il la vivait pour son univers tout entier. Sa vie dans une chair de nature mortelle apporta individuellement quelque chose de spécial et d’inspirant à chacune des sphères habitées de tout l’univers de Nébadon. Cela est aussi vrai pour tous ces mondes qui sont devenus habitables depuis les temps mouvementés de son séjour sur Urantia. Et cette même chose sera également vraie pour tous les mondes qui seront habités par des créatures volitives dans toute l’histoire future de cet univers local. 129:3.7 Pendant la durée et grâce aux expériences de son voyage autour du monde romain, le Fils de l’Homme paracheva pratiquement son apprentissage éducatif par contact avec les peuples si divers du monde contemporain de son temps et de sa génération. À l’époque de son retour à Nazareth, au moyen de cette éducation par le voyage, il avait pratiquement appris comment l’homme vivait et construisait son existence sur Urantia. 129:3.8 Le but réel de son périple autour du bassin de la Méditerranée était de connaitre les hommes. Durant ce voyage, il fut en contact très étroit avec des centaines d’êtres humains. Il rencontra et aima toutes sortes d’hommes, riches et pauvres, puissants et misérables, noirs et blancs, instruits et illettrés, cultivés et ignorants, brutes et spiritualistes, religieux et irréligieux, moraux et immoraux. 129:3.9 Au cours de ce voyage méditerranéen, Jésus franchit de grandes étapes dans sa tâche humaine de dominer le mental matériel et mortel, et son Ajusteur intérieur progressa dans l’ascension et la conquête spirituelle de ce même intellect humain. À la fin de ce circuit, Jésus savait pratiquement – en toute certitude humaine – qu’il était un Fils de Dieu, un Fils Créateur du Père Universel. De plus en plus, son Ajusteur était capable de faire surgir dans le mental du Fils de l’Homme des souvenirs brumeux de son expérience paradisiaque quand il était en association avec son Père divin, bien avant même de partir organiser et administrer cet univers local de Nébadon. Ainsi, petit à petit, l’Ajusteur apporta dans la conscience humaine de Jésus les souvenirs nécessaires de son existence divine antérieure aux diverses époques d’un passé presque éternel. Le dernier épisode de son expérience préhumaine, mis en lumière par l’Ajusteur, fut son entretien d’adieu avec Emmanuel de Salvington, juste avant que Jésus ait fait l’abandon de sa personnalité consciente pour entreprendre son incarnation sur Urantia. L’image de ce dernier souvenir de son existence préhumaine apparut, dans toute sa clarté, dans la conscience de Jésus le jour même de son baptême par Jean dans le Jourdain. 4. Le Jésus humain 129:4.1 Pour les intelligences célestes de l’univers local qui l’observaient, ce voyage méditerranéen fut la plus captivante de toutes les expériences terrestres de Jésus, ou du moins de toute sa carrière jusqu’au moment de sa crucifixion et la fin de sa vie mortelle. Ce fut la période fascinante de son ministère personnel, en contraste avec la période de son ministère public qui suivit bientôt. Cet épisode unique fut d’autant plus passionnant que Jésus était encore, à ce moment-là, le charpentier de Nazareth, le constructeur de bateaux de Capharnaüm, le scribe de Damas ; il était encore le Fils de l’Homme. Il n’avait pas encore conquis la maitrise complète de son mental humain ; l’Ajusteur n’avait pas pleinement maitrisé et formé la contrepartie de l’identité mortelle. Jésus était encore un homme parmi les hommes. 129:4.2 L’expérience religieuse purement humaine – la croissance spirituelle personnelle – du Fils de l’Homme atteignit presque l’apogée de l’accessible pendant cette année-là, l’année de ses vingt-neuf ans. Cette expérience de développement spirituel fut une progression régulièrement croissante, depuis le moment de l’arrivée de son Ajusteur de Pensée jusqu’au jour du parachèvement et de la confirmation des relations humaines naturelles et normales entre le mental matériel de l’homme et la dotation mentale de l’esprit – le phénomène de la fusion de ce double mental en un seul, l’expérience que le Fils de l’Homme atteignit complètement et définitivement, en tant que mortel incarné du royaume, le jour de son baptême dans le Jourdain. 129:4.3 Durant toutes ces années, et sans paraitre s’adonner à de nombreuses périodes de communion formelle avec son Père céleste, Jésus mit au point des méthodes de plus en plus efficaces pour communiquer personnellement avec la présence de l’esprit intérieur du Père du Paradis. Il vécut une vie réelle, une vie pleine et une véritable vie incarnée, normale, naturelle et ordinaire. Il sait par expérience personnelle l’équivalence de l’actualité contenue dans la somme et la substance de la vie menée par les êtres humains sur les mondes matériels du temps et de l’espace. 129:4.4 Le Fils de l’Homme expérimenta la vaste gamme des émotions humaines qui s’étendent de la joie magnifique à la douleur profonde. Il était un enfant gai et un être d’une rare bonne humeur ; il était aussi « un homme de douleurs connaissant la souffrance ». Dans un sens spirituel, il traversa la vie terrestre du point le plus bas jusqu’au plus haut, du commencement jusqu’à la fin. D’un point de vue matériel, on pourrait croire qu’il évita de vivre les deux extrêmes sociaux de l’existence humaine, mais, au point de vue intellectuel, il se familiarisa pleinement avec l’expérience entière et complète de l’humanité. 129:4.5 Jésus connait les pensées et les sentiments, les besoins et impulsions des mortels évolutionnaires et ascendants des royaumes, depuis leur naissance jusqu’à leur mort. Il a vécu la vie humaine depuis les débuts de la prise de conscience de soi sur les niveaux physiques, intellectuels et spirituels, en passant par la petite enfance, l’enfance, la jeunesse, la maturité et même jusqu’à l’expérience humaine de la mort. Non seulement il passa par ces périodes humaines habituelles et bien connues d’avancement intellectuel et spirituel, mais aussi il expérimenta pleinement ces phases supérieures et plus évoluées d’accord entre l’homme et son Ajusteur, auxquelles si peu de mortels d’Urantia parviennent jamais. Ainsi fit-il, dans sa plénitude, l’expérience de la vie des mortels, non seulement comme on la vit sur votre monde, mais aussi comme elle est vécue sur tous les autres mondes évolutionnaires du temps et de l’espace, même sur les plus élevés et les plus avancés des mondes ancrés dans la lumière et la vie. 129:4.6 Bien que la vie parfaite qu’il vécut dans la similitude d’une chair mortelle n’ait peut-être pas reçu l’approbation universelle et sans réserve de ses compagnons mortels, c’est-à-dire de ceux que le hasard a fait ses contemporains sur terre ; néanmoins, la vie incarnée de Jésus sur Urantia a été acceptée, pleinement et sans réserve par le Père Universel comme constituant, en un seul et même temps et dans une seule et même vie de personnalité, la plénitude de la révélation du Dieu éternel à l’homme mortel et la présentation d’une personnalité humaine rendue parfaite satisfaisant complètement le Créateur Infini. 129:4.7 C’était là son but véritable et suprême. Jésus n’est pas descendu pour vivre sur Urantia comme un exemple, parfait dans tous ses détails, pour n’importe quel enfant ou adulte, n’importe quel homme ou femme de cette époque ou de toute autre. En vérité, il est certain que, dans sa vie pleine, riche, belle et noble, nous pouvons tous trouver beaucoup d’éléments qui, pour nous, servent d’exemples exquis ou d’inspiration divine, mais cela tient à ce qu’il vécut une vie véritablement et authentiquement humaine. Jésus n’a pas vécu sa vie sur terre pour donner un exemple à copier par tous les autres êtres humains. Il vécut cette vie dans la chair par le même ministère de miséricorde que vous pouvez tous utiliser pour vivre votre vie sur terre. En vivant sa vie humaine à son époque et tel qu’il était, il nous a donné à tous l’exemple nous permettant de vivre la nôtre à notre époque et tels que nous sommes. Vous ne pouvez pas aspirer à vivre sa vie, mais vous pouvez décider de vivre votre vie comme il a vécu la sienne et par les mêmes moyens. Jésus ne constitue peut-être pas l’exemple, par la séquence des évènements et les détails objectifs de sa vie, pour tous les humains de tous les âges sur tous les royaumes de cet univers local, mais il est, pour toujours, l’inspiration et le guide de tous les pèlerins, pour le Paradis, venant des mondes initiaux d’ascension, et qui s’élèvent par l’univers des univers et par Havona jusqu’au Paradis. Jésus est le chemin nouveau et vivant allant de l’homme à Dieu, de l’inachevé au parfait, du terrestre au céleste, du temps à l’éternité. 129:4.8 À la fin de sa vingt-neuvième année, Jésus de Nazareth avait pratiquement fini de vivre la vie que l’on exige des mortels quand ils sont dans la chair. Il était venu sur terre étant la plénitude de Dieu telle qu’elle doit se manifester à l’homme. Il était presque devenu maintenant la perfection de l’homme attendant l’occasion de se manifester à Dieu, et il fit tout ceci avant ses trente ans. FASCICULE 130. Sur le chemin de Rome 130:0.1 Le voyage autour du monde romain absorba la plus grande partie de la vingt-huitième année et toute la vingt-neuvième année de la vie terrestre de Jésus. Avec les deux natifs des Indes – Gonod et son fils Ganid – Jésus quitta Jérusalem le dimanche matin 26 avril de l’an 22. Ils accomplirent leur voyage selon le programme prévu, et Jésus fit ses adieux au père et au fils dans la ville de Charax, sur le golfe Persique, le 10 décembre de l’année suivante, l’an 23. 130:0.2 De Jérusalem, ils se rendirent à Césarée par Joppé. À Césarée, ils prirent un bateau pour Alexandrie. D’Alexandrie, ils s’embarquèrent pour Lasaïa en Crète. De Crète, ils firent voile pour Carthage avec escale à Cyrène. À Carthage, ils prirent un bateau pour Naples, s’arrêtant à Malte, Syracuse et Messine. De Naples, ils allèrent à Capoue, d’où ils voyagèrent par la Voie Appienne jusqu’à Rome. 130:0.3 Après leur séjour à Rome, ils se rendirent par voie de terre à Tarente, d’où ils prirent la mer pour Athènes, s’arrêtant à Nicopolis et Corinthe. D’Athènes, ils allèrent à Éphèse par la route de Troas. D’Éphèse, ils firent voile vers Chypre en faisant escale à Rhodes. Ils passèrent longtemps à visiter Chypre et à s’y reposer, puis s’embarquèrent pour Antioche en Syrie. D’Antioche, ils allèrent au sud vers Sidon et passèrent ensuite à Damas. De là, ils voyagèrent en caravane jusqu’en Mésopotamie, traversant Thapsacus et Larissa. Ils séjournèrent quelque temps à Babylone, visitèrent Ur et d’autres lieux, et allèrent ensuite à Suse. De Suse, ils se rendirent à Charax, d’où Gonod et Ganid s’embarquèrent pour les Indes. 130:0.4 Ce fut au cours de ses quatre mois de travail à Damas que Jésus avait appris les rudiments de la langue parlée par Gonod et Ganid. Durant ce séjour, il avait passé beaucoup de temps sur des traductions de textes grecs dans l’une des langues de l’Inde, avec le concours d’un natif de la région où Gonod habitait. 130:0.5 Durant son périple autour de la Méditerranée, Jésus consacra environ la moitié de ses journées à instruire Ganid et à servir d’interprète à Gonod dans ses conférences d’affaires et ses relations sociales. Ensuite, il était libre et consacrait le reste de la journée à établir ces étroits contacts personnels avec ses semblables, ces fréquentations intimes avec les mortels du royaume, qui furent très caractéristiques de ses activités au cours de ces années précédant immédiatement son ministère public. 130:0.6 Grâce à ces observations de première main et à ces contacts effectifs, Jésus fit connaissance avec la civilisation matérielle et intellectuelle supérieure de l’Occident et du Levant. De Gonod et de son brillant fils, il apprit beaucoup sur la civilisation et la culture de l’Inde et de la Chine, car Gonod, lui-même citoyen des Indes, avait fait trois grandes expéditions dans l’empire de la race jaune. 130:0.7 Ganid, le jeune homme, apprit beaucoup de Jésus au cours de cette longue et intime association. Ils se prirent d’une grande affection l’un pour l’autre, et le père du garçon essaya plusieurs fois de persuader Jésus de les accompagner aux Indes, mais Jésus refusa toujours, en alléguant la nécessité de retourner dans sa famille en Palestine. 1. À Joppé – discours sur Jonas 130:1.1 Pendant leur séjour à Joppé, Jésus rencontra Gadiah, un interprète philistin qui travaillait pour un tanneur nommé Simon. Les agents de Gonod en Mésopotamie avaient traité beaucoup d’affaires avec ce Simon ; aussi, Gonod et son fils désiraient-ils lui rendre visite sur le chemin de Césarée. Tandis qu’ils s’attardaient à Joppé, entre Jésus et Gadiah naquit une chaude amitié. Ce jeune Philistin était un chercheur de vérité. Jésus était un apporteur de vérité ; il était la vérité pour cette génération sur Urantia. Quand un grand chercheur de vérité et un grand apporteur de vérité se rencontrent, il en résulte une grande illumination libératrice née de l’expérience de la vérité nouvelle. 130:1.2 Un jour qu’après le repas du soir, Jésus et le jeune Philistin se promenaient au bord de la mer, Gadiah, ne sachant pas que « le scribe de Damas » était si bien versé dans les traditions hébraïques, montra à Jésus l’endroit d’où Jonas était censé s’être embarqué pour son fatal voyage à Tarsis. Quand il eut achevé ses observations, il posa à Jésus la question suivante : « Crois-tu que le grand poisson ait vraiment avalé Jonas ? » Jésus se rendit compte que la vie du jeune homme avait été prodigieusement influencée par cette tradition et que ses méditations à ce sujet lui avaient inculqué la folie d’essayer de fuir son devoir. En conséquence, Jésus ne dit rien qui pût détruire brusquement les mobiles fondamentaux qui guidaient Gadiah dans sa vie pratique. En réponse à la question, Jésus dit : « Mon ami, nous sommes tous des Jonas avec une vie à vivre en accord avec la volonté de Dieu. Chaque fois que nous cherchons à esquiver le devoir présent de la vie pour courir vers des appâts lointains, nous nous mettons par là même sous la domination immédiate d’influences non dirigées par les pouvoirs de vérité et les forces de droiture. Fuir son devoir, c’est sacrifier la vérité. S’évader du service de la lumière et de la vie ne peut qu’aboutir à ces conflits angoissants avec les redoutables baleines, les monstres de l’égoïsme, qui conduisent finalement aux ténèbres et à la mort, à moins que ces Jonas ayant abandonné Dieu ne veuillent, même au fond de leur désespoir, tourner leur cœur vers la recherche de Dieu et de sa bonté. Quand ces âmes désespérées cherchent sincèrement Dieu – ayant faim de vérité et soif de droiture – rien ne peut les emprisonner plus longtemps. Si profonds que soient les abimes où ils ont pu choir, quand ils cherchent la lumière de tout leur cœur, l’esprit du Seigneur Dieu des cieux les délivre de la captivité ; les tribulations de la vie les rejettent sur la terre ferme des occasions nouvelles pour un service renouvelé et une vie plus sage. » 130:1.3 Gadiah fut très ému par l’enseignement de Jésus. Ils conversèrent tard dans la nuit au bord de la mer et, avant de rentrer au logis, ils prièrent ensemble et l’un pour l’autre. Ce même Gadiah écouta les prédications ultérieures de Pierre, devint un croyant fervent en Jésus de Nazareth, et eut un soir une discussion mémorable avec Pierre chez Dorcas. Et Gadiah contribua beaucoup à finalement décider Simon, le riche marchand de cuir, à embrasser le christianisme. 130:1.4 (Dans ce récit du travail personnel de Jésus avec ses contemporains mortels pendant son tour de la Méditerranée, et conformément à l’autorisation que nous avons reçue à cet effet, nous traduirons librement ses paroles dans la phraséologie moderne couramment employée sur Urantia au moment de cette présentation.) 130:1.5 Le dernier entretien de Jésus avec Gadiah porta sur le bien et le mal. Ce jeune Philistin était très troublé par un sentiment d’injustice provenant de la présence du mal dans le monde à côté du bien. Il dit : « Si Dieu est infiniment bon, comment peut-il permettre que nous souffrions des douleurs du mal ? Après tout, qui crée le mal ? » À cette époque, beaucoup de gens croyaient encore que Dieu créait à la fois le bien et le mal, mais Jésus n’enseigna jamais une telle erreur. En répondant à cette question, Jésus dit : « Mon frère, Dieu est amour, il doit donc être bon, et sa bonté est si grande et si réelle qu’elle ne peut contenir les choses mesquines et irréelles du mal. Dieu est si positivement bon qu’il n’y a absolument pas place en lui pour le mal négatif. Le mal est le choix immature et le faux-pas irréfléchi de ceux qui résistent à la bonté, qui rejettent la beauté et qui trahissent la vérité. Le mal est seulement la mauvaise adaptation de l’immaturité ou l’influence désintégrante et déformante de l’ignorance. Le mal est l’inévitable obscurité qui suit de près le rejet malavisé de la lumière. Le mal est ce qui est ténébreux et faux ; quand il est sciemment adopté et volontairement approuvé, il devient le péché. 130:1.6 « En te dotant du pouvoir de choisir entre la vérité et l’erreur, ton Père céleste a créé le potentiel négatif opposé à la voie positive de lumière et de vie ; mais ces erreurs du mal n’ont pas d’existence réelle tant qu’aucune créature intelligente ne les appelle volontairement à l’existence par un mauvais choix de son mode de vie. De tels maux sont élevés ensuite au rang de péchés par le choix conscient et délibéré d’une telle créature volontaire et rebelle. C’est pourquoi notre Père qui est aux cieux permet au bien et au mal de suivre ensemble leur chemin jusqu’à la fin de la vie, de même que la nature permet au blé et à l’ivraie de pousser côte à côte jusqu’à la moisson. » Gadiah fut pleinement satisfait de la réponse de Jésus à sa question après que leur discussion consécutive eut rendu claire, à son mental, la vraie signification de ces importants exposés. 2. À Césarée 130:2.1 Jésus et ses amis s’attardèrent à Césarée au-delà du temps prévu, parce qu’on découvrit qu’une des énormes rames-gouvernails du bâtiment sur lequel ils se proposaient d’embarquer menaçait de se fendre. Le capitaine décida de rester au port pendant que l’on en taillerait une nouvelle. Il y avait pénurie de charpentiers qualifiés pour ce travail ; c’est pourquoi Jésus offrit spontanément son aide. Pendant les soirées, Jésus et ses amis se promenaient le long des magnifiques remparts qui servaient de promenade autour du port. Ganid s’intéressa beaucoup aux explications de Jésus sur les canalisations d’eau de la ville, et à la technique par laquelle les marées étaient utilisées pour nettoyer à grande eau les rues et les égouts de la cité. Le jeune Hindou fut très impressionné par le temple d’Auguste situé sur une hauteur et surmonté d’une colossale statue de l’empereur romain. Le deuxième après-midi de leur séjour, ils assistèrent tous trois à un spectacle dans l’énorme amphithéâtre, qui pouvait contenir vingt-mille personnes assises, et, le même soir, ils se rendirent au théâtre pour voir jouer une pièce grecque. C’étaient les premiers spectacles de cette nature auxquels Ganid eût jamais assisté. Il posa à Jésus de nombreuses questions à leur sujet. Au matin du troisième jour, ils firent une visite officielle au palais du gouverneur, car Césarée était la capitale de la Palestine et la résidence du procurateur romain. 130:2.2 À leur auberge, logeait aussi un négociant de Mongolie. Cet Oriental parlant assez bien le grec, Jésus eut plusieurs longues conversations avec lui. Cet homme fut très impressionné par la philosophie de vie de Jésus, et n’oublia jamais ses paroles de sagesse concernant « la façon de vivre la vie céleste sur terre en se soumettant quotidiennement à la volonté du Père céleste ». Ce négociant était taoïste et, de ce fait, était devenu fermement croyant en la doctrine d’une Déité universelle. De retour en Mongolie, il commença à enseigner ces vérités avancées à ses voisins et à ses associés dans les affaires, et ces activités eurent directement pour effet de décider son fils ainé à devenir prêtre taoïste. Durant toute sa vie, ce jeune homme exerça une grande influence en faveur de la vérité supérieure ; il fut suivi dans cette voie par un fils et un petit-fils qui, eux aussi, furent fidèles et dévoués à la doctrine du Dieu unique – le Souverain Suprême du Ciel. 130:2.3 Alors que la branche orientale de l’Église chrétienne primitive, qui avait son centre à Philadelphie, resta plus fidèle aux enseignements de Jésus que la confrérie de Jérusalem, il est regrettable qu’il n’y ait eu personne comme Pierre pour aller en Chine, ou comme Paul pour pénétrer aux Indes, où le terrain spirituel était alors si favorable pour implanter la semence du nouvel évangile du royaume. Ces mêmes enseignements de Jésus, tels qu’ils étaient détenus par les Philadelphiens, auraient exercé un attrait tout aussi immédiat et effectif sur le mental spirituellement affamé des peuples asiatiques que les prédications de Pierre et de Paul en Occident. 130:2.4 Un jour, l’un des jeunes gens qui taillaient avec Jésus la rame-gouvernail fut captivé par les paroles que ce dernier laissait tomber de temps à autre pendant qu’ils travaillaient sur le chantier. Quand Jésus suggéra que le Père qui est aux cieux s’intéressait au bien-être de ses enfants sur terre, ce jeune Grec nommé Anaxande dit : « Si les Dieux s’intéressent à moi, alors pourquoi n’enlèvent-ils pas le cruel et injuste contremaitre de ce chantier ? » Il fut stupéfait d’entendre Jésus lui répondre : « Puisque tu connais les voies de la bonté et que tu apprécies la justice, peut-être les Dieux ont-ils rapproché de toi cet homme égaré pour que tu puisses le guider dans cette voie meilleure. Peut-être es-tu le sel qui doit rendre ce frère plus agréable à tous les autres hommes, du moins si tu n’as pas perdu ta saveur. En ce moment, cet homme est ton maitre du fait que ses mauvais procédés t’influencent défavorablement. Pourquoi ne pas affirmer ta maitrise sur le mal par la puissance de la bonté et devenir ainsi le maitre de toutes les relations entre vous deux ? Je prédis que le bien qui est en toi pourrait vaincre le mal qui est en lui, si tu lui donnais une honnête chance de se réaliser. Au cours de notre existence terrestre, nulle aventure n’est plus passionnante que la joie exaltante de devenir, dans la vie matérielle, le partenaire vivant de l’énergie spirituelle et de la vérité divine dans l’une de leurs luttes triomphales contre l’erreur et le mal. C’est une expérience merveilleuse et transformatrice que de devenir le chenal vivant de lumière spirituelle pour les mortels perdus dans les ténèbres spirituelles. Si tu es plus favorisé que cet homme par la vérité, le besoin où il se trouve devrait te mettre au défi. Tu n’es sûrement pas un lâche capable d’attendre au bord de la mer en regardant périr un compagnon qui ne sait pas nager. Combien l’âme de cet homme se débattant dans l’obscurité a plus de valeur que son corps se noyant dans la mer ! » 130:2.5 Anaxande fut profondément ému par les paroles de Jésus. Il ne tarda pas à rapporter à son supérieur ce que Jésus avait dit, et, dès la soirée suivante, tous deux demandèrent conseil à Jésus sur le salut de leur âme. Plus tard, après que le message chrétien eut été proclamé à Césarée, ces deux hommes, l’un Grec et l’autre Romain, crurent à la prédication de Philippe et devinrent membres influents de l’Église qu’il fonda. Ultérieurement, ce jeune Grec fut nommé intendant d’un centurion romain nommé Cornélius, qui devint croyant par l’effet du ministère de Pierre. Anaxande continua d’apporter la lumière à ceux qui étaient dans les ténèbres jusqu’à l’époque où Paul fut emprisonné à Césarée. Anaxande mourut alors accidentellement en soignant les blessés et les mourants au cours du grand massacre où périrent vingt-mille Juifs. 130:2.6 À ce moment-là, Ganid commençait à apprendre comment son précepteur occupait ses loisirs à ce ministère personnel inhabituel auprès de ses semblables, et le jeune Indien entreprit de découvrir le mobile de ces activités incessantes. Il demanda : « Pourquoi t’occupes-tu si constamment à rencontrer des étrangers ? » Jésus répondit : « Ganid, nul homme n’est un étranger pour qui connait Dieu. Dans l’expérience de trouver le Père qui est aux cieux, on découvre que tous les hommes sont nos frères, et n’est-il pas naturel que l’on éprouve de la joie à rencontrer un frère récemment découvert ? Lier connaissance avec ses frères et sœurs, connaitre leurs problèmes et apprendre à les aimer, c’est l’expérience suprême de la vie. » 130:2.7 Ce fut un entretien qui dura bien avant dans la nuit et au cours duquel le jeune homme demanda à Jésus de lui expliquer la différence entre la volonté de Dieu et l’acte mental humain de faire un choix, que l’on appelle aussi volonté. En substance, Jésus dit : « La volonté de Dieu est la voie de Dieu, et cette voie est une association avec le choix de Dieu devant chaque alternative potentielle. Par conséquent, faire la volonté de Dieu est l’expérience progressive qui consiste à devenir de plus en plus semblable à Dieu, Dieu étant la source et la destinée de tout ce qui est bon, beau et vrai. La volonté de l’homme est la voie de l’homme, la somme et la substance de ce que le mortel choisit d’être et de faire. La volonté est le choix délibéré d’un être conscient qui mène à la conduite décidée et basée sur la réflexion intelligente. » 130:2.8 Cet après-midi-là, Jésus et Ganid avaient pris tous deux plaisir à jouer avec un chien de berger très intelligent, et Ganid voulut savoir si le chien avait une âme, s’il avait une volonté. En réponse à ses questions, Jésus dit : « Le chien a un mental qui peut connaitre l’homme matériel, son maitre, mais ne peut connaitre Dieu qui est esprit. Le chien ne possède donc pas une nature spirituelle et ne peut gouter une expérience spirituelle. Le chien peut avoir une volonté dérivée de la nature et accrue par l’entrainement, mais ce pouvoir du mental n’est pas une force spirituelle ; il n’est pas non plus comparable à la volonté humaine, attendu qu’il n’est pas réflexif – il ne résulte pas de ce que le chien a discerné des significations supérieures et morales ou choisi des valeurs spirituelles et éternelles. C’est la possession de tels pouvoirs de discrimination spirituelle et de choix de la vérité qui fait de l’homme mortel un être moral, une créature dotée des attributs de la responsabilité spirituelle et du potentiel de survie éternelle. » Jésus continua en expliquant que c’est l’absence de ces pouvoirs mentaux chez les animaux qui rend impossible pour toujours au monde animal de développer un langage avec le temps, ou d’expérimenter quoi que ce soit d’équivalent à la survie de la personnalité dans l’éternité. À la suite de l’enseignement de cette journée, Ganid ne crut plus jamais à la transmigration des âmes humaines dans les corps d’animaux. 130:2.9 Le lendemain, Ganid discuta de tout cela avec son père et, en réponse à une question de Gonod, Jésus expliqua que « les volontés humaines qui s’occupent uniquement de prendre des décisions temporelles se rapportant seulement aux problèmes matériels de l’existence animale sont condamnées à périr en leur temps. Ceux qui prennent des décisions morales sincères et font des choix spirituels inconditionnels s’identifient ainsi progressivement avec l’esprit intérieur et divin, et se transforment de plus en plus en valeurs de survie éternelle – une progression sans fin de services divins ». 130:2.10 Ce fut ce même jour que nous entendîmes, pour la première fois, cette vérité capitale qui, énoncée en langage moderne, signifierait : « La volonté est la manifestation du mental humain qui permet à la conscience subjective de s’exprimer objectivement et de faire l’expérience du phénomène d’aspirer à être semblable à Dieu. » C’est dans ce même sens que tout être humain réfléchi et orienté vers l’esprit peut devenir créatif. 3. À Alexandrie 130:3.1 Le séjour à Césarée avait été fertile en évènements ; quand le bateau fut prêt, Jésus et ses deux amis partirent un beau jour, à midi, pour Alexandrie en Égypte. 130:3.2 Tous trois prirent plaisir à cette très agréable traversée jusqu’à Alexandrie. Ganid était ravi du voyage et accablait Jésus de questions. À l’approche du port de la ville, le jeune homme fut très excité par le grand phare de Pharos situé sur l’ile qu’Alexandre avait réunie à la terre ferme par une jetée, créant ainsi deux magnifiques rades qui firent d’Alexandrie le carrefour commercial maritime de l’Afrique, de l’Asie et de l’Europe. Ce grand phare était l’une des sept merveilles du monde et le précurseur de tous les phares ultérieurs. Les voyageurs se levèrent de bon matin pour regarder ce splendide dispositif de sauvegarde des hommes. Au milieu des exclamations de Ganid, Jésus dit : « Et toi, mon fils, tu ressembleras à ce phare quand tu retourneras aux Indes, alors même que ton père reposera dans la tombe. Tu deviendras comme la lumière de la vie pour ceux qui vivent autour de toi dans les ténèbres, montrant à tous ceux qui le désirent le chemin pour atteindre en sécurité le havre du salut. » Ganid serra la main de Jésus et lui dit : « Je le ferai. » 130:3.3 De nouveau, nous remarquons que les premiers enseignants de la religion chrétienne commirent une grave erreur en dirigeant exclusivement leur attention vers la civilisation occidentale du monde romain. Les enseignements de Jésus, tels qu’ils étaient conservés par les croyants mésopotamiens du premier siècle, auraient été volontiers reçus par les divers groupes religieux d’Asie. 130:3.4 Quatre heures après avoir débarqué à Alexandrie, le trio était installé à l’extrémité est de la grande avenue, large de trente mètres et longue de huit kilomètres, qui allait jusqu’à la limite ouest de cette ville d’un million d’habitants. Après un premier aperçu sur les principales attractions de la ville – l’université (musée), la bibliothèque, le mausolée royal d’Alexandre, le palais, le temple de Neptune, le théâtre et le gymnase – Gonod se consacra aux affaires tandis que Jésus et Ganid se rendaient à la bibliothèque, la plus importante du monde. Près d’un million de manuscrits étaient rassemblés là en provenance de tous les pays civilisés : la Grèce, Rome, la Palestine, la Parthie, l’Inde, la Chine et même le Japon. Dans cette bibliothèque, Ganid vit la plus grande collection de littérature indienne du monde entier ; ils y passèrent un peu de temps chaque jour durant leur séjour à Alexandrie. Jésus parla à Ganid de la traduction en grec des Écritures hébraïques, qui avait été faite en ce lieu ; et ils discutèrent maintes et maintes fois de toutes les religions du monde, Jésus s’efforçant de faire ressortir, à ce jeune penseur, la vérité contenue dans chacune d’elles et ajoutant toujours : « Mais Yahweh est le Dieu conçu d’après les révélations de Melchizédek et l’alliance d’Abraham. Les Juifs étaient les descendants d’Abraham et occupèrent ultérieurement le pays dans lequel Melchizédek avait vécu et enseigné, et d’où il envoya des éducateurs au monde entier. En fin de compte, leur religion dépeignit le Seigneur Dieu d’Israël en le reconnaissant comme Père céleste Universel plus clairement que toute autre religion du monde. » 130:3.5 Sous la direction de Jésus, Ganid établit un recueil des enseignements de toutes les religions du monde qui reconnaissaient une Déité Universelle, même si elles admettaient plus ou moins des divinités subordonnées. Après beaucoup de discussions, Jésus et Ganid décidèrent que la religion des Romains ne comportait pas de vrai Dieu et ne représentait guère plus qu’un culte de l’empereur. Les Grecs, conclurent-ils, avaient une philosophie, mais à peine une religion comportant un Dieu personnel. Ils rejetèrent les cultes des mystères à cause du désordre découlant de leur multiplicité, et parce que leurs concepts variés de la Déité paraissaient dériver de religions différentes et plus anciennes. 130:3.6 Bien que ces traductions eussent été faites à Alexandrie, Ganid ne mit ces extraits définitivement en ordre et n’y ajouta ses conclusions personnelles que vers la fin de leur séjour à Rome. Il fut très surpris de découvrir que les meilleurs auteurs de la littérature sacrée du monde reconnaissaient tous plus ou moins nettement l’existence d’un Dieu éternel, et se trouvaient d’accord sur sa nature et ses rapports avec l’homme mortel. 130:3.7 Jésus et Ganid passèrent beaucoup de temps au musée durant leur séjour à Alexandrie. Ce musée n’était pas un assemblage d’objets rares, mais plutôt une université de beaux-arts, de sciences et de littérature. De doctes professeurs y donnaient journellement des conférences, et, à cette époque, le musée représentait le centre intellectuel du monde occidental. Jour après jour, Jésus expliquait les conférences à Ganid. Un jour, pendant la deuxième semaine, le jeune homme s’écria : « Maitre Joshua, tu en sais plus que ces professeurs ; tu devrais te lever et leur dire les grandes choses que tu m’as racontées. Ils réfléchissent trop et cela embrume leur pensée. Je parlerai à mon père et il arrangera cela. » Jésus sourit et dit : « Tu es un élève admiratif, mais ces professeurs n’accepteraient pas que toi et moi nous les instruisions. L’orgueil de l’érudition non spirituelle est un traquenard dans l’expérience humaine. Le vrai maitre maintient son intégrité intellectuelle en restant toujours un élève. » 130:3.8 Alexandrie était la ville où se mêlaient les cultures occidentales et, après Rome, la ville la plus étendue et la plus magnifique de la terre. C’est là que se trouvait la plus grande synagogue du monde, avec le siège administratif du sanhédrin d’Alexandrie, le conseil directeur de soixante-dix anciens. 130:3.9 Parmi les nombreux hommes avec qui Gonod traitait des affaires, se trouvait un banquier juif nommé Alexandre dont le frère, Philon, était un célèbre philosophe religieux de l’époque. Philon avait entrepris la tâche louable, mais extrêmement difficile, d’harmoniser la philosophie grecque et la théologie hébraïque. Ganid et Jésus s’entretinrent beaucoup des enseignements de Philon et espéraient assister à quelques-unes de ses conférences, mais, durant tout leur séjour à Alexandrie, ce Juif helléniste réputé fut malade et resta alité. 130:3.10 Sous beaucoup de rapports, Jésus fit à Ganid l’éloge de la philosophie grecque et des doctrines stoïciennes. Mais il lui fit bien comprendre qu’en vérité ces systèmes de croyances, comme d’ailleurs les enseignements imprécis de certains compatriotes de Ganid, n’étaient des religions que dans la mesure où ils conduisaient les hommes à trouver Dieu et à profiter d’une expérience vivante en connaissant l’Éternel. 4. Discours sur la réalité 130:4.1 La nuit qui précéda leur départ d’Alexandrie, Ganid et Jésus eurent un long entretien avec un des professeurs appointés par le gouvernement à l’université, qui faisait un cours sur les enseignements de Platon. Jésus servit d’interprète au savant pédagogue grec, mais n’y inséra aucun enseignement de son crû réfutant la philosophie grecque. Ce soir-là, Gonod était parti à ses affaires ; alors, après le départ du professeur, le maitre et son élève eurent une longue conversation cœur à cœur sur les doctrines de Platon. Jésus donna une approbation modérée à certains enseignements grecs ayant trait à la théorie que les choses matérielles du monde étaient de vagues reflets de réalités spirituelles invisibles, mais plus substantielles ; toutefois, il chercha à établir des bases plus dignes de confiance pour les réflexions du jeune homme. Jésus commença donc une longue dissertation concernant la nature de la réalité dans l’univers. Voici, en substance et en langage moderne, ce que Jésus dit à Ganid : 130:4.2 La source de la réalité de l’univers est l’Infini. Les choses matérielles de la création finie sont les répercussions dans l’espace-temps de l’Archétype Paradisiaque et du Mental Universel du Dieu éternel. Quand la causalité dans le domaine physique, la conscience de soi dans le domaine intellectuel et l’individualité en progrès dans le domaine de l’esprit sont projetées à l’échelle universelle, conjuguées en relations éternelles et expérimentées avec des qualités parfaites et des valeurs divines, elles constituent la réalité du Suprême. Mais, dans l’univers toujours changeant, la Personnalité Originelle de la causalité, de l’intelligence et de l’expérience spirituelle, reste immuable, absolue. Même dans un univers éternel de valeurs illimitées et de qualités divines, toutes choses peuvent changer et changent en effet fréquemment, sauf les Absolus et les éléments qui ont atteint le niveau absolu de statut physique, ou d’embrassement intellectuel ou d’identité spirituelle. 130:4.3 Le plus haut niveau que des créatures finies puissent atteindre est la récognition du Père Universel et la connaissance du Suprême. Même alors, ces êtres destinés à la finalité continuent à expérimenter des changements dans les mouvements du monde physique et dans ses phénomènes matériels. Ils restent également conscients de la progression de leur individualité dans leur ascension continue de l’univers spirituel et de leur conscience croissante dans leur profonde appréciation et leur réaction au cosmos intellectuel. C’est seulement dans la perfection, l’harmonie et l’unanimité de la volonté que les créatures peuvent s’unifier avec le Créateur ; et cet état de divinité n’est atteint et maintenu que si la créature continue à vivre dans le temps et l’éternité en conformant avec persistance son vouloir personnel fini à la volonté divine du Créateur. Le désir de faire la volonté du Père doit toujours être suprême dans l’âme et dominer le mental d’un fils ascendant de Dieu. 130:4.4 Un borgne ne peut jamais espérer percevoir le relief d’une perspective. De même, ces borgnes, qu’ils soient scientifiques matérialistes ou mystiques et allégoristes spirituels, ne peuvent-ils avoir une vision correcte ni comprendre de façon adéquate les profondeurs véritables de la réalité universelle. Toutes les vraies valeurs de l’expérience des créatures sont cachées dans la profondeur de la récognition. 130:4.5 Une cause dépourvue de mental ne peut transmuer ce qui est rudimentaire et simple en éléments raffinés et complexes, l’expérience sans l’esprit ne peut davantage faire naitre, du mental matériel des mortels du temps, les caractères divins de survie éternelle. L’unique attribut universel qui caractérise si exclusivement la Déité infinie est le perpétuel don créatif de la personnalité capable de survivre dans l’aboutissement progressif à la Déité. 130:4.6 La personnalité est cette dotation cosmique, cette phase de réalité universelle, qui peut coexister en présence des changements illimités et, en même temps, conserver son identité en présence même de tous ces changements, et indéfiniment par après. 130:4.7 La vie est une adaptation de la causalité cosmique originelle aux exigences et aux possibilités des situations de l’univers ; elle vient à l’existence par l’action du Mental Universel et la stimulation de l’étincelle d’esprit de ce Dieu qui est esprit. La signification de la vie est son adaptabilité ; la valeur de la vie est son aptitude au progrès – même jusqu’aux hauteurs de la conscience de Dieu. 130:4.8 Le défaut d’adaptation de la vie consciente à l’univers se traduit par la disharmonie cosmique. Si la volonté de personnalité diverge définitivement de la tendance des univers, cela se termine par l’isolement intellectuel, la ségrégation de la personnalité. La perte du pilote spirituel intérieur survient avec la cessation spirituelle de l’existence. En et par elle-même, la vie intelligente et progressive devient alors une preuve irréfutable de l’existence d’un univers intentionnel exprimant la volonté d’un Créateur divin ; et cette vie, dans son ensemble, lutte pour des valeurs supérieures en ayant pour but final le Père Universel. 130:4.9 À part les services supérieurs et quasi spirituels de l’intellect, le mental de l’homme ne dépasse le niveau animal que par son degré. C’est pourquoi les animaux (ne connaissant ni adoration ni sagesse) ne peuvent éprouver la superconscience, la conscience de la conscience. Le mental animal n’est conscient que de l’univers objectif. 130:4.10 La connaissance est la sphère du mental matériel, celui qui discerne les faits. La vérité est le domaine de l’intellect spirituellement doté qui est conscient de connaitre Dieu. La connaissance est démontrable ; la vérité est expérimentée. La connaissance est un acquis du mental ; la vérité est une expérience de l’âme, du moi qui progresse. La connaissance est une fonction du niveau non spirituel ; la vérité est une phase du niveau mental-spirituel des univers. La vue du mental matériel perçoit un monde de faits connaissables ; la vue de l’intellect spiritualisé discerne un monde de vraies valeurs. Synchronisés et harmonisés, ces deux points de vue révèlent le monde de la réalité, dans lequel la sagesse interprète les phénomènes de l’univers en termes d’expérience personnelle progressive. 130:4.11 L’erreur (le mal) est la sanction de l’imperfection. Les attributs de l’imperfection ou les faits dénotant une mauvaise adaptation se révèlent sur le niveau matériel par l’observation critique et l’analyse scientifique ; ils se révèlent sur le niveau moral par l’expérience humaine. La présence du mal constitue la preuve des inexactitudes du mental et de l’immaturité du moi en évolution. Le mal est donc également une mesure de la manière imparfaite dont on interprète l’univers. La possibilité de commettre des erreurs est inhérente à l’acquisition de la sagesse, c’est l’ordre prévu selon lequel on progresse du partiel et temporel vers le parachevé et éternel, du relatif et imparfait vers le définitif et le rendu parfait. L’erreur est l’ombre de l’inachèvement relatif qui doit nécessairement se projeter en travers de la route universelle ascendante des hommes vers la perfection du Paradis. L’erreur (le mal) n’est pas une qualité actuelle de l’univers ; c’est simplement l’observation d’une relativité dans les rapports du fini incomplet avec les niveaux ascendants du Suprême et de l’Ultime. 130:4.12 Bien que Jésus eût exposé tout cela au jeune homme dans le langage le plus approprié à sa compréhension, Ganid avait les paupières lourdes à la fin de la discussion et sombra bientôt dans le sommeil. Le lendemain matin, ils se levèrent de bonne heure pour monter à bord du bateau partant pour Lasaïa, dans l’ile de Crète, mais, avant de s’embarquer, le garçon avait encore à poser, sur le mal, de nouvelles questions auxquelles Jésus répondit : 130:4.13 Le mal est un concept de relativité. Il nait de l’observation des imperfections qui apparaissent dans l’ombre projetée par un univers fini de choses et d’êtres quand ce cosmos obscurcit la lumière vivante de l’expression universelle des réalités éternelles de l’Un Infini. 130:4.14 Le mal potentiel est inhérent au caractère nécessairement incomplet de la révélation de Dieu en tant qu’expression, limitée par l’espace-temps, de l’infinité et de l’éternité. Le fait du partiel en présence du total parachevé constitue la relativité de la réalité. Il crée la nécessité de choisir intellectuellement et établit une hiérarchie de niveaux de valeurs dans nos capacités de reconnaitre l’esprit et d’y répondre. Le concept fini et incomplet de l’Infini conçu par le mental temporel et limité des créatures constitue, en lui-même et par lui-même, le mal potentiel. Mais l’erreur aggravante, consistant à s’abstenir, sans justification, d’une rectification spirituelle accessible à la raison de ces discordances intellectuelles originelles et de ces insuffisances spirituelles, équivaut à commettre le mal actuel. 130:4.15 Tous les concepts statiques et morts sont potentiellement mauvais. L’ombre finie de la vérité relative et vivante se déplace continuellement. Les concepts statiques retardent invariablement la science, la politique, la société et la religion. Ils peuvent représenter une certaine connaissance, mais ils sont déficients en sagesse et dépourvus de vérité. Ne permettez pas au concept de relativité de vous égarer au point de vous empêcher de reconnaitre la coordination de l’univers sous la gouverne du mental cosmique, et son contrôle stabilisé par l’énergie et l’esprit du Suprême. 5. Dans l’ile de Crète 130:5.1 En se rendant en Crète, les voyageurs n’avaient d’autre but que de se distraire, de se promener dans l’ile et d’escalader les montagnes. Les Crétois de ce temps-là ne jouissaient pas d’une réputation enviable parmi les peuples voisins. Jésus et Ganid amenèrent néanmoins beaucoup d’âmes à rehausser leur niveau de pensée et de vie, et jetèrent ainsi les bases d’un prompt accueil ultérieur des enseignements de l’évangile au moment où les premiers prédicateurs arrivèrent de Jérusalem. Jésus aimait ces Crétois, malgré les rudes paroles que Paul prononça plus tard à leur sujet quand il envoya Tite dans l’ile pour réorganiser leurs Églises. 130:5.2 Sur le versant d’une montagne de Crète, Jésus eut son premier long entretien avec Gonod au sujet de la religion. Le père fut très impressionné et dit : « Rien d’étonnant à ce que le garçon croie tout ce que tu lui dis, mais je ne savais pas qu’il y eût une telle religion même à Jérusalem, et encore moins à Damas. » Ce fut pendant ce séjour en Crète que Gonod proposa pour la première fois à Jésus de retourner avec eux aux Indes, et Ganid fut ravi à l’idée que Jésus pourrait consentir à un tel arrangement. 130:5.3 Ganid demanda un jour à Jésus pourquoi il ne s’était pas consacré à la tâche d’éducateur public, et Jésus dit : « Mon fils, chaque chose doit venir en son temps. Tu es né dans le monde, mais nulle somme d’anxiété et nulle manifestation d’impatience ne t’aideront à grandir. En tout cela, tu dois laisser faire le temps. Le temps seul fait murir le fruit vert sur l’arbre. Les saisons ne succèdent aux saisons et le coucher du soleil ne succède à son lever qu’avec l’écoulement du temps. Je suis maintenant sur le chemin de Rome avec toi et ton père, et cela suffit pour aujourd’hui. Mon lendemain est entièrement entre les mains de mon Père céleste. » Puis il raconta à Ganid l’histoire de Moïse et de ses quarante années d’attente vigilante et de préparation continue. 130:5.4 Pendant la visite à Beaux-Ports, il se produisit un incident que Ganid n’oublia jamais. Le souvenir de cet épisode éveilla toujours en lui le désir de faire quelque chose pour changer le système des castes de son Inde natale. Un ivrogne dégénéré attaquait une jeune esclave sur la voie publique. Quand Jésus vit la triste situation de la fillette, il s’élança et l’éloigna de cet agresseur insensé. Tandis que l’enfant effrayée s’accrochait à lui, et par la seule puissance de son bras droit tendu, il tint le furieux à distance respectueuse jusqu’à ce que le misérable se fût épuisé en donnant tous ses coups dans le vide. Ganid se sentit fortement poussé à aider Jésus dans le règlement de cette affaire, mais son père le lui interdit. Bien qu’ils ne parlassent pas le langage de la fillette, celle-ci pouvait comprendre leur acte de pitié et leur témoigna sa profonde reconnaissance pendant que tous trois la raccompagnaient chez elle. Durant toute sa vie incarnée, Jésus ne fut probablement jamais aussi près de lutter corps à corps avec l’un de ses contemporains. Ce soir-là, il eut une tâche difficile quand il essaya d’expliquer à Ganid pourquoi il n’avait pas frappé l’ivrogne. Ganid estimait que cet homme aurait dû recevoir au moins autant de coups qu’il en avait donnés à la fillette. 6. Le jeune homme qui avait peur 130:6.1 Pendant qu’ils étaient dans les montagnes, Jésus eut un long entretien avec un jeune homme qui était craintif et abattu. Faute de trouver réconfort et courage dans la fréquentation de ses camarades, ce jeune homme avait recherché la solitude des collines ; il avait grandi avec un sentiment d’impuissance et d’infériorité. Ces tendances naturelles avaient été accrues par nombre d’épreuves que le jeune garçon avait subies au cours de sa croissance, notamment la perte de son père quand il avait douze ans. Lorsqu’ils se rencontrèrent, Jésus dit : « Salut, mon ami, pourquoi es-tu si abattu en un si beau jour ? S’il est arrivé quelque chose qui te désole, peut-être puis-je t’aider de quelque manière. En tout cas, j’éprouve un réel plaisir à t’offrir mes services. » 130:6.2 Le jeune homme était peu disposé à parler. Jésus tenta une seconde approche de son âme en disant : « Je comprends que tu montes dans ces collines pour fuir les gens ; il est donc naturel que tu ne désires pas t’entretenir avec moi, mais j’aimerais savoir si tu es un familier de ces collines. Connais-tu la direction de ces pistes ? Et pourrais-tu par hasard m’indiquer le meilleur chemin pour se rendre à Phénix ? » Or, le jeune homme connaissait très bien ces montagnes ; il s’intéressa tellement à indiquer à Jésus le chemin de Phénix qu’il dessina toutes les pistes sur le sol en donnant force détails. Mais il fut très surpris et intrigué quand Jésus, après lui avoir dit au revoir et fait semblant de prendre congé, se tourna subitement vers lui en disant : « Je sais très bien que tu désires être laissé seul avec ta tristesse ; mais il ne serait ni aimable ni juste de ma part de recevoir de toi une aide si généreuse pour trouver le meilleur chemin vers Phénix, et ensuite de te quitter avec insouciance sans avoir fait le moindre effort pour répondre à ton appel à l’aide. Tu as besoin d’aide et de directives au sujet de la meilleure route vers le but de ta destinée que tu recherches dans ton cœur, tandis que tu t’attardes ici, sur le flanc de la montagne. De même que tu connais bien les sentiers conduisant à Phénix pour les avoir parcourus maintes fois, de même moi, je connais bien le chemin de la cité de tes espoirs déçus et de tes ambitions contrariées. Et, puisque tu m’as appelé à l’aide, je ne te décevrai pas. » Le jeune homme, presque rendu muet de surprise, réussit cependant à balbutier : « Mais – je ne t’ai rien demandé. » Alors Jésus, posant sur son épaule une main légère, répondit : « Non, mon fils, pas avec des mots, mais tu as fait appel à mon cœur avec des regards exprimant un désir ardent. Mon enfant, pour celui qui aime ses semblables, il y a un éloquent appel à l’aide dans ton expression de découragement et de désespoir. Assieds-toi près de moi pendant que je te parlerai des sentiers du service et des grandes routes du bonheur qui mènent des chagrins du moi aux joies des activités aimantes dans la fraternité des hommes et dans le service du Dieu du ciel. » 130:6.3 Alors le jeune homme désira vivement causer avec Jésus ; il tomba à ses pieds, le suppliant de l’aider, de lui montrer le chemin pour échapper à son monde de chagrins et d’échecs personnels. Jésus dit : « Mon ami, lève-toi ! Tiens-toi debout comme un homme. Tu peux être entouré d’ennemis mesquins et être retardé par un grand nombre d’obstacles, mais les choses importantes et réelles de ce monde et de l’univers sont de ton côté. Le soleil se lève chaque matin pour te saluer, exactement comme il le fait pour l’homme le plus puissant et le plus prospère de la terre. Regarde – tu as un corps robuste et des muscles vigoureux – tes facultés physiques sont supérieures à la moyenne. Naturellement tout cela est à peu près inutile tant que tu restes assis ici, sur le flanc de la montagne, et que tu te lamentes sur tes malheurs, vrais et imaginaires. Mais tu pourrais faire de grandes choses avec ton corps si tu voulais te hâter vers les endroits où de grandes choses attendent d’être faites. Tu essaies de fuir ton moi malheureux, mais cela ne peut se faire. Toi et tes problèmes de vie sont réels ; tu ne peux leur échapper tant que tu vis. Mais regarde encore, ton mental est clair et capable. Ton corps robuste a un mental intelligent pour le diriger. Mets ton mental à l’œuvre pour résoudre ses problèmes, apprends à ton intellect à travailler pour toi. Refuse d’être dominé plus longtemps par la peur comme un animal sans discernement. Ton mental devrait être ton allié courageux pour résoudre les problèmes de ta vie ; cesse plutôt d’être, comme tu l’as été, son pitoyable esclave apeuré et le valet du découragement et de la défaite. Mais plus précieux que tout, ton potentiel d’accomplissement effectif est l’esprit qui vit en toi ; il stimulera et inspirera ton mental pour qu’il se contrôle lui-même et anime ton corps si tu veux le libérer des entraves de la peur ; tu rendras ainsi ta nature spirituelle capable de te délivrer peu à peu des maux de l’oisiveté grâce à la présence-pouvoir de la foi vivante. Alors, cette foi vaincra aussitôt ta peur des hommes par l’irrésistible présence de ce nouvel et omnipotent amour de tes semblables, qui remplira bien vite ton âme à déborder parce que tu auras pris conscience, dans ton cœur, que tu es un enfant de Dieu. 130:6.4 « Aujourd’hui, mon fils, tu dois naitre à nouveau, rétabli en tant qu’homme de foi, de courage et de service dévoué aux hommes pour l’amour de Dieu. Quand tu seras ainsi réadapté en toi-même à la vie, tu seras également réadapté à l’univers ; tu seras né à nouveau – né de l’esprit – et désormais toute ta vie ne sera plus qu’un accomplissement victorieux. Les malheurs te fortifieront, les déceptions t’éperonneront, les difficultés te poseront des défis et les obstacles te stimuleront. Lève-toi, jeune homme ! Dis adieu à la vie de peur servile et de fuite lâche. Retourne vite à ton devoir et vis ta vie charnelle comme un fils de Dieu, un mortel dévoué au service ennoblissant de l’homme sur la terre et destiné au magnifique et perpétuel service de Dieu dans l’éternité. » 130:6.5 Ce jeune homme, nommé Fortuné, devint plus tard le chef des chrétiens en Crète et le compagnon intime de Tite dans ses efforts pour élever les croyants crétois. 130:6.6 Les voyageurs étaient vraiment frais et dispos quand, un beau jour à midi, ils se préparèrent à faire voile pour Carthage, en Afrique du Nord, en s’arrêtant deux jours à Cyrène. C’est là que Jésus et Ganid donnèrent les premiers soins à un garçon nommé Rufus, qui avait été blessé par l’écroulement d’un char à bœufs lourdement chargé. Ils ramenèrent le garçon à la maison de sa mère ; quant à son père, Simon, il ne se douta guère que l’homme dont il porta plus tard la croix, sur ordre d’un soldat romain, était l’étranger qui avait jadis secouru son fils. 7. À Carthage – discours sur le temps et l’espace 130:7.1 Durant la traversée vers Carthage, Jésus passa la majeure partie de son temps à s’entretenir, avec ses compagnons de voyage, de questions sociales, politiques et commerciales, mais le sujet de la religion fut à peine abordé. Pour la première fois, Gonod et Ganid découvrirent que Jésus était un bon narrateur d’histoires et s’employèrent à lui faire raconter des récits concernant le début de sa vie en Galilée. Ils apprirent aussi qu’il avait été élevé en Galilée, et non à Jérusalem ni à Damas. 130:7.2 Ayant remarqué que la majorité des personnes qu’ils avaient rencontrées était attirée par Jésus, Ganid s’enquit de savoir comment on pouvait se faire des amis, et son maitre lui dit : « Intéresse-toi à tes semblables ; apprends à les aimer et guette l’occasion de faire pour eux une chose dont tu es sûr qu’ils la désirent. » Puis il cita l’ancien proverbe juif : « Un homme qui souhaite avoir des amis doit lui-même se montrer amical. » 130:7.3 À Carthage, Jésus eut un long et mémorable entretien avec un prêtre mithriaque sur l’immortalité, le temps et l’éternité. Ce Persan avait été éduqué à Alexandrie et désirait réellement que Jésus l’enseignât. Traduite en langage moderne, la réponse de Jésus à ses nombreuses questions fut en substance la suivante : 130:7.4 Le temps est le courant du flot des évènements temporels perçu consciemment par les créatures. Le temps est un nom donné à l’arrangement en succession des évènements, qui permet de les reconnaitre et de les séparer. L’univers de l’espace est un phénomène relié au temps quand on l’observe d’une position intérieure quelconque en dehors de la demeure fixe du Paradis. Le mouvement du temps ne se révèle que par rapport à une chose qui ne se déplace pas dans l’espace comme un phénomène dépendant du temps. Dans l’univers des univers, le Paradis et ses Déités transcendent à la fois le temps et l’espace. Sur les mondes habités, la personnalité humaine (habitée et orientée par l’esprit du Père du Paradis) est la seule réalité reliée au domaine physique qui puisse transcender la séquence matérielle des évènements temporels. 130:7.5 Les animaux n’ont pas le sens du temps comme les hommes et, même pour l’homme, à cause de son point de vue fragmentaire et circonscrit, le temps apparait comme une succession d’évènements. Mais, à mesure que l’homme s’élève, qu’il progresse intérieurement, le panorama de cette procession d’évènements s’agrandit de sorte qu’il en discerne de mieux en mieux l’ensemble. Ce qui apparaissait précédemment comme une succession d’évènements sera considéré alors comme un cycle complet et parfaitement cohérent. De cette manière, l’ancienne conscience de la séquence linéaire des évènements sera de plus en plus remplacée par la simultanéité circulaire. 130:7.6 Il y a sept conceptions différentes de l’espace tel qu’il est conditionné par le temps. L’espace se mesure par le temps et non le temps par l’espace. Les savants s’embrouillent faute de reconnaitre la réalité de l’espace. L’espace n’est pas seulement un concept intellectuel de la variation dans la connexité des objets de l’univers. Il n’est pas vide, mais le mental est la seule chose connue des hommes qui puisse, même partiellement, transcender l’espace. Le mental peut fonctionner indépendamment du concept de la connexité spatiale des objets matériels. L’espace est relativement et comparativement fini pour tous les êtres ayant statut de créatures. Plus la conscience s’approche de la notion des sept dimensions cosmiques, plus le concept d’espace potentiel s’approche de l’ultimité ; mais le potentiel d’espace n’est vraiment ultime que sur le niveau absolu. 130:7.7 Il doit apparaitre clairement que la réalité universelle a une signification en expansion et toujours relative sur les niveaux cosmiques en ascension et en perfectionnement. En fin de compte, les mortels survivants parviennent à l’identité dans un univers à sept dimensions. 130:7.8 Le concept espace-temps d’un mental d’origine matérielle est destiné à subir des expansions successives à mesure que la personnalité consciente qui le conçoit s’élève sur les niveaux successifs des univers. Quand l’homme atteint le mental intermédiaire entre le plan matériel et le plan spirituel d’existence, ses idées sur l’espace-temps sont considérablement agrandies quant à leur qualité de perception et à leur quantité d’expérience. L’accroissement des conceptions cosmiques d’une personnalité spirituelle qui progresse est dû à la fois à l’approfondissement de la clairvoyance et à l’élargissement du champ de conscience. À mesure que la personnalité poursuit son chemin vers une conscience plus élevée et plus intérieure jusqu’aux niveaux transcendantaux de ressemblance avec la Déité, le concept d’espace-temps se rapprochera toujours davantage des concepts dépourvus de temps et d’espace des Absolus. Relativement, et selon leurs accomplissements transcendantaux, les enfants de la destinée ultime devront percevoir ces concepts du niveau absolu. 8. Sur le chemin de Naples et de Rome 130:8.1 Le premier arrêt sur le chemin de l’Italie était à l’ile de Malte. Jésus y eut une longue conversation avec un jeune homme déprimé et découragé nommé Claudus. Ce garçon avait envisagé de se tuer, mais, quand il eut fini de s’entretenir avec le scribe de Damas, il dit : « J’affronterai la vie comme un homme ; j’en ai fini de faire le lâche, je vais retourner vers les miens et tout recommencer. » Peu après, il devint un prédicateur enthousiaste des cyniques et, plus tard encore, il se joignit à Pierre pour proclamer le christianisme à Rome et à Naples. Après la mort de Pierre, il alla en Espagne prêchant l’évangile, mais il ne sut jamais que l’homme qui l’avait inspiré à Malte était le même Jésus que, par la suite, il proclama Libérateur du monde. 130:8.2 À Syracuse, ils passèrent une semaine entière. Là, l’évènement marquant de leur séjour fut la réhabilitation d’Ezra, le Juif relaps qui tenait la taverne où Jésus et ses compagnons s’étaient arrêtés. Ezra fut charmé par la façon de voir de Jésus et lui demanda de l’aider à revenir à la foi d’Israël. Il exprima son désespoir en disant : « Je veux être un vrai fils d’Abraham, mais je ne peux trouver Dieu. » Jésus dit : « Si tu veux vraiment trouver Dieu, ce désir est en lui-même la preuve que tu l’as déjà trouvé. Ton problème n’est pas ton incapacité de trouver Dieu, car le Père t’a déjà trouvé ; il provient simplement de ce que tu ne connais pas Dieu. N’as-tu pas lu dans le prophète Jérémie : ‘Tu me chercheras et tu me trouveras quand tu me chercheras de tout ton cœur’ ? Et, encore, le même prophète ne dit-il pas : ‘Je te donnerai un cœur pour me connaitre, car je suis le Seigneur, et tu appartiendras à mon peuple, et je serai ton Dieu’ ? Et n’as-tu pas aussi lu le passage des Écritures où il est dit : ‘Il abaisse son regard sur les hommes, et, si quelqu’un d’entre eux venait à dire : J’ai péché et perverti ce qui était bon, et cela ne m’a pas profité, alors Dieu délivrera des ténèbres l’âme de cet homme, et il verra la lumière’ ? » Alors, Ezra trouva Dieu, et son âme fut satisfaite. Plus tard, en association avec un riche prosélyte grec, ce Juif bâtit la première église chrétienne à Syracuse. 130:8.3 Ils ne s’arrêtèrent qu’un jour à Messine, mais ce fut assez pour changer la vie d’un jeune garçon, un vendeur de fruits ; Jésus lui acheta des fruits et, en retour, le nourrit avec le pain de vie. Le garçon n’oublia jamais les paroles et la bonté du regard qui les accompagnait quand Jésus posa sa main sur son épaule et dit : « Adieu, mon garçon, aie bon courage pendant que tu grandis jusqu’à l’âge d’homme ; après avoir nourri le corps, apprends également à nourrir l’âme. Mon Père céleste sera avec toi et marchera devant toi. » Le garçon devint un adepte de la religion mithriaque et, plus tard, se convertit à la foi chrétienne. 130:8.4 Enfin, ils atteignirent Naples et eurent le sentiment qu’ils n’étaient pas loin de leur destination, Rome. Gonod avait beaucoup d’affaires à traiter à Naples ; en dehors des moments où Jésus était requis comme interprète, Ganid et lui-même employèrent leurs loisirs à visiter et à explorer la ville. Ganid devenait expert à déceler ceux qui paraissaient avoir besoin d’aide. Ils trouvèrent beaucoup de misère dans cette ville et distribuèrent de nombreuses aumônes, mais Ganid ne comprit jamais le sens des paroles de Jésus lorsqu’il le vit donner, dans la rue, une pièce de monnaie à un mendiant et refuser de s’arrêter et de réconforter l’homme. Jésus dit : « Pourquoi parler en pure perte à un individu incapable de percevoir la signification de ce que tu dis ? L’esprit du Père ne peut instruire et sauver quelqu’un d’inapte à la filiation. » Jésus voulait dire que l’homme n’avait pas un mental normal, qu’il lui manquait l’aptitude à répondre aux directives de l’esprit. 130:8.5 À Naples, il n’y eut pas d’expérience marquante ; Jésus et le jeune homme parcoururent la ville en tous sens et distribuèrent des encouragements par beaucoup de sourires à des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants. 130:8.6 De là, ils prirent la route de Rome par Capoue, où ils s’arrêtèrent trois jours. Par la Voie Appienne, ils marchèrent vers Rome à côté de leurs bêtes de somme, tous trois avides de voir cette maitresse d’empire, la plus grande ville du monde entier. FASCICULE 131. Les religions du monde 131:0.1 Pendant le séjour de Jésus, de Gonod et de Ganid à Alexandrie, le jeune homme avait consacré beaucoup de temps, et des sommes importantes, données par son père, à faire un recueil de ce que les religions du monde enseignaient sur Dieu et ses relations avec l’homme mortel. Ganid employa plus de soixante traducteurs érudits pour rédiger ce résumé des doctrines religieuses du monde concernant les Déités. Il doit ressortir clairement, du présent fascicule, que tous ces enseignements décrivant le monothéisme étaient largement dérivés, directement ou indirectement, des prédications des missionnaires de Machiventa Melchizédek, qui étaient partis de leur quartier général de Salem pour répandre, jusqu’aux confins de la terre, la doctrine d’un Dieu unique – le Très Haut. 131:0.2 Nous présentons ci-après un résumé du manuscrit que Ganid prépara à Alexandrie et à Rome, et qui fut conservé aux Indes pendant des centaines d’années après sa mort. Ganid en rassembla les éléments sous les dix titres que l’on va voir. 1. Le cynisme 131:1.1 C’est dans la doctrine des cyniques que les enseignements résiduels des disciples de Melchizédek furent le mieux conservés, à l’exception de ceux qui subsistèrent dans la religion juive. La sélection de Ganid comprenait les extraits suivants : 131:1.2 « Dieu est suprême, il est le Très Haut du ciel et de la terre. Dieu est le cercle de l’éternité rendu parfait, et il gouverne l’univers des univers. Il est le seul créateur des cieux et de la terre. Quand il décrète une chose, cette chose est. Notre Dieu est unique et il est compatissant et miséricordieux. Tout ce qui est élevé, saint, vrai et beau ressemble à notre Dieu. Le Très Haut est la lumière du ciel et de la terre, le Dieu de l’est, de l’ouest, du nord et du sud. 131:1.3 « Même si la terre devait disparaitre, la face resplendissante du Suprême demeurerait en majesté et en gloire. Le Très Haut est le premier et le dernier, le commencement et la fin de toute chose. Il n’y a que ce seul Dieu, et son nom est Vérité. Dieu existe par lui-même, et il est dépourvu de toute colère et inimitié ; il est immortel et infini. Notre Dieu est omnipotent et généreux. Nombreuses sont ses manifestations, mais nous n’adorons que Dieu lui-même. Dieu sait tout – nos secrets et nos proclamations ; il sait aussi ce que chacun de nous mérite. Sa puissance est égale sur toutes choses. 131:1.4 « Dieu est un donneur de paix et un protecteur fidèle de tous ceux qui le craignent et qui ont confiance en lui. Il apporte le salut à tous ceux qui le servent. Toute la création existe dans le pouvoir du Très Haut. Son amour divin jaillit de la sainteté de son pouvoir, et son affection nait de la puissance de sa grandeur. Le Très Haut a ordonné l’union du corps et de l’âme, et doté l’homme de son propre esprit. Ce que l’homme fait doit avoir une fin, mais ce que le Créateur fait dure perpétuellement. L’expérience humaine nous apporte des connaissances, mais la contemplation du Très Haut nous donne la sagesse. 131:1.5 « Dieu verse la pluie sur la terre, il fait briller le soleil sur le grain qui germe, il nous donne la moisson abondante des bonnes choses de cette vie et le salut éternel dans le monde à venir. Notre Dieu jouit d’une grande autorité ; son nom est Excellent et sa nature est insondable. Quand vous êtes malades, c’est le Très Haut qui vous guérit. Dieu est plein de bonté envers tous les hommes ; nous n’avons pas d’ami semblable au Très Haut. Sa miséricorde remplit tous les lieux et sa bonté embrasse toutes les âmes. Le Très Haut est invariant et nous aide chaque fois que nous sommes dans le besoin. Où que vous vous tourniez pour prier, là est la face du Très Haut et l’oreille ouverte de notre Dieu. Vous pouvez vous dissimuler aux hommes, mais non à Dieu. Dieu n’est pas loin de nous, il est omniprésent. Dieu emplit tous les lieux et vit dans le cœur de l’homme qui craint son saint nom. La création est dans le Créateur, et le Créateur est dans sa création. Nous cherchons le Très Haut, et nous le trouvons alors dans notre cœur. Vous partez en quête d’un ami très cher, et ensuite vous le découvrez dans votre âme. 131:1.6 « L’homme qui connait Dieu considère tous les hommes comme égaux ; ils sont ses frères. Les égoïstes, ceux qui se désintéressent de leurs frères dans la chair, ne reçoivent que l’ennui comme récompense. Ceux qui aiment leurs compagnons et ont un cœur pur verront Dieu. Dieu n’oublie jamais la sincérité. Il guidera dans la vérité les cœurs honnêtes, car Dieu est la vérité. 131:1.7 « Dans votre vie, rejetez l’erreur et triomphez du mal par l’amour de la vérité vivante. Dans tous vos rapports avec les hommes, rendez le bien pour le mal. Le Seigneur Dieu est miséricordieux et aimant ; il pardonne. Aimons Dieu, car il nous a aimés le premier. Par l’amour de Dieu, et grâce à sa miséricorde, nous serons sauvés. Les pauvres et les riches sont frères. Dieu est leur Père. Le mal que vous ne voudriez pas que l’on vous fasse, ne le faites pas à autrui. 131:1.8 « Faites appel à son nom en tous temps et, dans la mesure où vous croyez en son nom, votre prière sera entendue. Quel grand honneur d’adorer le Très Haut ! Tous les mondes et les univers l’adorent. Dans toutes vos prières, rendez grâce – élevez-vous à l’adoration. La prière d’adoration évite le mal et interdit le péché. Louons à tout moment le nom du Très Haut. L’homme qui prend abri dans le Très Haut cache ses défauts à l’univers. Quand vous vous tenez devant Dieu avec un cœur pur, vous n’avez plus peur de rien dans toute la création. Le Très Haut ressemble à un père et à une mère aimants, il nous aime réellement, nous, ses enfants sur terre. Notre Dieu nous pardonnera et guidera nos pas dans la voie du salut. Il nous prendra par la main et nous conduira jusqu’à lui. Dieu sauve ceux qui ont confiance en lui ; il n’oblige pas l’homme à servir son nom. 131:1.9 « Si la foi dans le Très Haut a pénétré votre cœur, alors vous demeurerez libre de crainte durant tous les jours de votre vie. Ne vous irritez pas de la prospérité des impies ; ne craignez pas ceux qui complotent le mal ; laissez votre âme s’écarter du péché et mettez toute votre confiance dans le Dieu de salut. L’âme fatiguée du mortel errant trouve un repos éternel dans les bras du Très Haut. Le sage a soif de l’étreinte divine. L’enfant terrestre désire ardemment la sécurité des bras du Père Universel. L’homme noble recherche cet état supérieur où l’âme du mortel se mêle à l’esprit du Suprême. Dieu est juste : le fruit que nous ne recevons pas de nos plantations dans ce monde, nous le recevrons dans le prochain monde. » 2. Le judaïsme 131:2.1 Les Kénites de Palestine assurèrent la sauvegarde de bien des enseignements de Melchizédek. Jésus et Ganid choisirent dans ces archives telles qu’elles étaient, conservées et modifiées par les Juifs, les passages suivants : 131:2.2 « Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre, et tout ce qu’ils contiennent. Et voici, tout ce qu’il avait créé était très bon. Le Seigneur, c’est lui qui est Dieu ; il n’y en a pas d’autre que lui, en haut dans le ciel, ni en bas sur la terre. C’est pourquoi tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. De même que les eaux couvrent le fond des mers, toute la terre sera pleine de la connaissance du Seigneur. Les cieux proclament la gloire de Dieu, et le firmament expose son œuvre. Les jours font des discours les uns après les autres et les nuits montrent de la connaissance les unes après les autres. Il n’y a ni parole ni langage où leur voix ne soit entendue. L’œuvre du Seigneur est grandiose, il a fait toutes ces choses avec sagesse. La grandeur du Seigneur est insondable. Il connait le nombre des étoiles et les appelle toutes par leur nom. 131:2.3 « Le pouvoir du Seigneur est grand et sa compréhension infinie. Le Seigneur dit : ‘De même que les cieux sont plus élevés que la terre, de même mes voies sont plus élevées que vos voies et mes pensées plus élevées que vos pensées.’ Dieu révèle les choses profondes et secrètes parce que la lumière habite en lui. Le Seigneur est miséricordieux et gracieux ; il endure longtemps et abonde en vérité et en bonté. Le Seigneur est bon et droit ; il guidera les débonnaires dans le jugement. Goutez et constatez que le Seigneur est bon ! Béni soit l’homme qui a confiance en Dieu. Dieu est notre refuge et notre force, une aide bien présente dans les difficultés. 131:2.4 « La miséricorde du Seigneur repose d’éternité en éternité sur tous ceux qui le craignent, et sa droiture s’étend aux enfants de nos enfants. Le Seigneur est gracieux et plein de compassion. Il est bon pour tous, et ses tendres grâces sont répandues sur toute sa création ; il guérit les cœurs brisés et panse leurs blessures. Où irais-je loin de l’esprit de Dieu ? Où fuirais-je hors de la divine présence ? Ainsi dit le Haut et Sublime qui habite l’éternité et s’appelle le Saint : ‘J’habite dans le lieu élevé et saint, et aussi chez celui qui a le cœur contrit et l’esprit humble !’ Nul ne peut se cacher de notre Dieu, car il remplit le ciel et la terre. Que les cieux soient heureux et que la terre se réjouisse. Que toutes les nations disent : Le Seigneur règne ! Rendez grâces à Dieu, car sa miséricorde dure à jamais. 131:2.5 « Les cieux proclament la droiture de Dieu, et tout le monde a vu sa gloire. C’est Dieu qui nous a faits, et non nous-mêmes ; nous sommes son peuple, les brebis de son pâturage. Sa miséricorde est perpétuelle et sa vérité subsiste pour toutes les générations. Notre Dieu gouverne parmi les nations. Que la terre soit remplie de sa gloire ! Ô puissent les hommes louer le Seigneur pour sa bonté et pour ses dons merveilleux aux enfants des hommes ! 131:2.6 « Dieu a créé l’homme un peu moins que divin et l’a couronné d’amour et de miséricorde. Le Seigneur connait la voie des justes, mais la voie des impies périra. La crainte du Seigneur est le commencement de la sagesse ; la connaissance du Suprême est l’intelligence. Le Dieu Tout-Puissant dit : ‘Marche devant moi et sois parfait.’ N’oubliez pas que l’orgueil va au-devant de la destruction et un esprit hautain au-devant de la chute. Celui qui gouverne son propre esprit est plus puissant que celui qui s’empare d’une ville. Le Seigneur Dieu, le Saint dit : ‘En revenant à ton repos spirituel, tu seras sauvé ; dans le calme et la confiance, tu trouveras ta force.’ Ceux qui servent le Seigneur renouvèleront leur vigueur ; ils s’élèveront avec des ailes, tels des aigles. Ils courront et ne seront pas fatigués ; ils marcheront et ne faibliront pas. Le Seigneur apaisera vos frayeurs. Le Seigneur dit : ‘Ne craignez pas, car je suis avec vous. N’ayez point de crainte, car je suis votre Dieu et je vous affermirai ; je vous aiderai, oui, je vous soutiendrai avec la main droite de ma justice.’ 131:2.7 « Dieu est notre Père ; le Seigneur est notre rédempteur. Dieu a créé les armées de l’univers et il les préserve toutes. Sa droiture ressemble aux montagnes et son jugement au grand abime. Il nous fait boire à la rivière de ses plaisirs, et dans sa lumière nous verrons la lumière. Il est bon de rendre grâces au Seigneur et de chanter les louanges du Très Haut, de montrer le matin une bienveillance affectueuse et chaque soir une fidélité divine. Le royaume de Dieu est un royaume perpétuel et sa domination perdure de génération en génération. Le Seigneur est mon berger ; je ne manquerai de rien. Grâce à lui, je me délasse dans de verts pâturages, il me conduit auprès des eaux tranquilles. Il réconforte mon âme ; il me guide dans les sentiers de la droiture. Oui, quand même je marcherais dans la vallée de l’ombre de la mort, je ne craindrais aucun mal, car Dieu est avec moi. La bonté et la miséricorde m’accompagneront certainement tous les jours de ma vie, et j’habiterai éternellement dans la maison du Seigneur. 131:2.8 « Yahweh est le Dieu de mon salut ; je mettrai donc ma confiance dans le nom divin. Je me confierai au Seigneur de tout mon cœur ; je ne m’appuierai pas sur ma propre intelligence. Dans toutes mes voies je le reconnaitrai, et il dirigera ma route. Le Seigneur est fidèle ; il tient ses promesses à ceux qui le servent ; le juste vivra par sa foi. Si vous ne faites pas bien, c’est à cause du péché qui se tient à la porte. Les hommes récoltent le mal qu’ils labourent et le péché qu’ils sèment. Ne vous rongez pas de soucis à propos des méchants. Si, dans votre cœur vous envisagez l’iniquité, le Seigneur ne vous entendra pas ; si vous péchez contre Dieu, vous faites aussi du mal à votre propre âme. Dieu amènera au jugement l’œuvre de chaque homme avec tous ses secrets, bons ou mauvais. Selon ce qu’un homme pense dans son cœur, tel il est. 131:2.9 « Le Seigneur est proche de tous ceux qui font appel à lui en sincérité et en vérité. On peut pleurer toute une nuit, mais la joie vient avec le matin. Un cœur joyeux fait du bien comme un médicament. Dieu ne refusera aucune bonne chose à ceux qui marchent droit. Craignez Dieu et gardez ses commandements, car c’est là tout le devoir de l’homme. Ainsi parle le Seigneur qui créa les cieux et forma la terre : ‘Il n’y a pas d’autre Dieu que moi, un Dieu juste et un sauveur. Confiez-vous à moi de tous les confins de la terre et soyez sauvés. Si vous me cherchez, vous me trouverez, pourvu que vous me recherchiez de tout votre cœur.’ Les débonnaires hériteront de la terre et se réjouiront dans l’abondance de la paix. Quiconque sème l’iniquité récoltera la calamité ; ceux qui sèment le vent récolteront la tempête. 131:2.10 « ‘Venez maintenant et raisonnons ensemble, dit le Seigneur, Même si vos péchés sont comme l’écarlate ; ils seront blancs comme neige. S’ils sont rouges comme le cramoisi, ils deviendront comme de la laine’. Mais il n’y a pas de paix pour les méchants. Ce sont vos propres péchés qui ont éloigné les bonnes choses de vous. Dieu est la santé de mon visage et la joie de mon âme. Le Dieu éternel est ma force. Il est notre demeure, et ses bras éternels me soutiennent. Le Seigneur est proche de ceux qui ont le cœur brisé. Il sauve tous ceux dont l’esprit ressemble à celui d’un enfant. Les afflictions du juste sont nombreuses, mais le Seigneur le délivre de toutes. Remettez vos voies au Seigneur – ayez confiance en lui – et il les fera réussir. Celui qui habite dans le lieu secret du Très Haut demeurera à l’ombre du Tout-Puissant. 131:2.11 « Aimez votre prochain comme vous-même ; ne gardez rancune à aucun homme. Ne faites à personne ce que vous détestez. Aimez votre frère, car le Seigneur a dit : ‘J’aimerai mes enfants en toute liberté.’ Le sentier du juste est comme une lumière qui brille de plus en plus jusqu’au jour parfait. Les sages auront l’éclat du firmament, et ceux qui orientent beaucoup d’hommes vers la droiture brilleront éternellement comme les étoiles. Que le pervers abandonne sa mauvaise voie et l’impie ses pensées rebelles. ‘Qu’ils reviennent à moi, dit le Seigneur, et j’aurai pitié d’eux ; je pardonnerai abondamment.’ 131:2.12 « Paroles de Dieu, créateur du ciel et de la terre : ‘Ceux qui aiment ma loi jouissent d’une grande paix. Voici mes commandements : Tu m’aimeras de tout ton cœur, tu n’auras point d’autres dieux devant ma face ; tu ne prononceras pas mon nom en vain ; rappelle-toi le jour du sabbat pour le sanctifier ; honore ton père et ta mère ; tu ne tueras point ; tu ne commettras point l’adultère ; tu ne déroberas pas ; tu ne porteras pas de faux témoignage ; tu ne convoiteras point’. 131:2.13 « Et à tous ceux qui aiment suprêmement le Seigneur et aiment leur prochain comme eux-mêmes, le Dieu du ciel dit : ‘Je paierai ta rançon pour te libérer du tombeau, je te rachèterai de la mort. Je serai miséricordieux et juste pour tes enfants. N’ai-je pas dit de mes créatures sur la terre : Vous êtes les fils du Dieu vivant ? Ne vous ai-je pas aimés d’un amour perpétuel ? Ne vous ai-je pas invités à devenir semblable à moi et à habiter éternellement avec moi au Paradis ?’ » 3. Le bouddhisme 131:3.1 Ganid fut choqué de découvrir combien le bouddhisme était proche d’être une grande et belle religion sans Dieu, sans une Déité personnelle et universelle. Toutefois, il trouva quand même trace de certaines croyances antérieures reflétant un peu l’influence des enseignements des missionnaires de Melchizédek, qui continuèrent à travailler aux Indes même jusqu’à l’époque de Bouddha. Jésus et Ganid recueillirent les citations suivantes de la littérature bouddhique : 131:3.2 « L’allégresse jaillira d’un cœur pur vers l’Infini. Tout mon être sera en paix dans cette joie supra-mortelle. Mon âme est remplie de contentement et mon cœur déborde de la félicité d’une confiance paisible. Je ne crains rien, je suis libre d’anxiété. Je demeure en sécurité, et mes ennemis ne peuvent m’inquiéter. Je suis satisfait des fruits de ma confiance. J’ai trouvé qu’il était facile d’accéder à l’Immortel. Je prie que la foi me soutienne au cours du long voyage. Je sais que la foi de l’au-delà ne me fera pas défaut. Je sais que mes frères prospéreront s’ils sont imbus de la foi de l’Immortel, la foi même qui crée la modestie, la droiture, la sagesse, le courage, la connaissance et la persévérance. Abandonnons la tristesse et rejetons la peur. Par la foi, emparons-nous de la vraie droiture et d’une authentique virilité. Apprenons à méditer sur la justice et la miséricorde. La foi est la vraie richesse de l’homme ; elle est le don de vertu et de gloire. 131:3.3 « L’injustice est indigne et le péché est méprisable. Le mal est dégradant aussi bien en pensée que s’il est mis à exécution. La douleur et le chagrin suivent le sentier du mal comme la poussière suit le vent. Le bonheur et la paix mentale suivent la pensée pure et la vie vertueuse comme l’ombre suit la substance des choses matérielles. Le mal est le fruit d’une pensée mal dirigée. Il est mauvais de voir un péché là où il n’y en a pas, et de ne pas voir de péché là où il y en a. Le mal est le sentier des fausses doctrines. Ceux qui évitent le mal en voyant les choses telles qu’elles sont deviennent joyeux en embrassant ainsi la vérité. Mettez fin à votre détresse par le dégout du péché. En élevant vos regards vers le Noble, détournez-vous du péché de tout votre cœur. Ne justifiez pas le mal ; ne cherchez pas d’excuse au péché. Par vos efforts pour corriger vos anciens péchés, vous acquérez la force de résister à la tendance à y retomber. La résistance au mal nait du repentir. Ne passez sur aucune faute sans la confesser au Noble. 131:3.4 « L’allégresse et la joie sont les récompenses des bonnes actions accomplies à la gloire de l’Immortel. Nul ne peut vous dérober la liberté de votre propre mental. Quand la foi de votre religion a émancipé votre cœur, quand votre mental, telle une montagne, est établi et immuable, alors la paix de l’âme coule comme les eaux d’un fleuve tranquille. Ceux qui sont certains du salut sont libérés pour toujours de la convoitise, de l’envie, de la haine et de l’illusion des richesses. Bien que la foi soit l’énergie d’une vie meilleure, il vous faut néanmoins travailler avec persévérance à votre propre salut. Si vous voulez être certain de votre salut final, alors assurez-vous que vous cherchez sincèrement à accomplir tout ce qui est droit. Cultivez l’assurance du cœur qui vient de l’intérieur, et venez ainsi jouir de l’extase du salut éternel. 131:3.5 « Nul religioniste ne peut espérer atteindre l’illumination de la sagesse immortelle s’il persiste à être paresseux, indolent, faible, oisif, impudent et égoïste. Mais quiconque est prévenant, prudent, réfléchi, fervent et sérieux – même s’il vit encore sur terre – peut parvenir à l’illumination suprême de la paix et de la liberté de la sagesse divine. Rappelez-vous que tout acte recevra sa récompense. Le mal aboutit au chagrin et le péché finit en douleur. La joie et le bonheur sont la conséquence d’une vie bien vécue. Même celui qui fait le mal bénéficie d’une période de grâce avant le temps de la complète maturité de ses mauvaises actions, mais la pleine moisson de la malfaisance arrive inévitablement. Que nul ne pense au péché avec légèreté en se disant dans son cœur : ‘La punition des mauvaises actions ne m’approchera pas.’ Ce que vous faites à autrui, on vous le fera, dans le jugement de la sagesse. L’injustice commise envers vos semblables se retournera contre vous. La créature ne saurait échapper à la destinée de ses actes. 131:3.6 « L’insensé a dit dans son cœur : ‘Le mal ne me rattrapera pas’ ; mais on ne trouve de sécurité que si l’âme réclame des reproches et si le mental recherche la sagesse. Le sage est une âme noble qui reste amicale au milieu de ses ennemis, tranquille parmi les turbulents et généreuse parmi les cupides. L’amour de soi ressemble à de mauvaises herbes dans un champ bien planté. L’égoïsme conduit au chagrin ; l’inquiétude perpétuelle tue. Le mental dompté produit le bonheur. Le plus valeureux guerrier est celui qui triomphe de lui-même et se domine. La retenue en toutes choses est bonne. Seul celui qui estime la vertu et fait son devoir est une personne supérieure. Que la colère et la haine ne soient pas vos maitres. Ne parlez durement de personne. Le contentement est la plus grande richesse. Ce qui est donné sagement est bien épargné. Ne faites pas à autrui ce que vous ne voudriez pas que l’on vous fasse. Rendez le bien pour le mal ; triomphez du mal par le bien. 131:3.7 « Une âme droite est plus souhaitable que la souveraineté sur toute la terre. L’immortalité est le but de la sincérité ; la mort est la fin de la vie irréfléchie. Les sérieux ne meurent pas, les étourdis sont déjà morts. Bénis sont ceux dont la clairvoyance perçoit l’état immortel. Ceux qui torturent les vivants ne trouveront guère de bonheur après la mort. Les désintéressés vont au ciel, où ils jouissent de la félicité d’une libéralité infinie et où leur noble générosité continue à croitre. Tout mortel qui pense avec droiture, qui parle noblement et qui agit généreusement non seulement aura plaisir à la vertu durant sa brève existence ici-bas, mais continuera aussi, après la dissolution du corps, à jouir des délices du ciel. » 4. L’hindouisme 131:4.1 Les missionnaires de Melchizédek transmirent l’enseignement du Dieu unique dans tous leurs déplacements. Une grande partie de cette doctrine monothéiste, ainsi que d’autres concepts antérieurs, furent incorporés dans les enseignements ultérieurs de l’hindouisme. Jésus et Ganid en firent les extraits suivants : 131:4.2 « Il est le grand Dieu, en toutes manières suprême. Il est le Seigneur qui englobe toutes choses. Il est le créateur et le contrôleur de l’univers des univers. Dieu est un Dieu unique, il existe seul et par lui-même ; il est l’unique. Ce Dieu unique est notre Créateur et la destinée finale de l’âme. Le Suprême brille d’un éclat qui défie toute description ; il est la Lumière des Lumières, cette lumière divine qui illumine chaque cœur et chaque monde. Dieu est notre protecteur – il se tient aux côtés de ses créatures – et ceux qui apprennent à le connaitre deviennent immortels. Dieu est la grande source d’énergie, il est la Grande Âme. Il exerce une souveraineté universelle sur tout. Ce Dieu unique est aimant, glorieux et adorable. Notre Dieu jouit d’un pouvoir suprême et habite la demeure suprême. Cette véritable Personne est éternelle et divine. Dieu est le Seigneur primordial du ciel. Tous les prophètes l’ont salué, et il s’est révélé à nous. Nous l’adorons. Ô Personne Suprême, source des êtres, Seigneur de la création et souverain de l’univers, révèle à tes créatures le pouvoir par lequel tu demeures immanent ! Dieu a créé le soleil et les étoiles ; il est lumineux, pur, il existe par lui-même. Sa connaissance éternelle est divinement sage. L’Éternel est inaccessible au mal. Puisque l’univers est issu de lui, Dieu le gouverne comme il sied. Il est la cause de la création, donc toutes choses sont établies en 131:4.3 « Dieu est le refuge sûr de tout homme de bien dans le besoin. L’Immortel prend soin de toute l’humanité. Le salut de Dieu est fort et sa bonté est gracieuse. Il est un protecteur aimant et un défenseur béni. Le Seigneur dit : ‘J’habite dans leur propre âme comme une lampe de sagesse. Je suis la splendeur du splendide et la bonté du bon. Quand deux ou trois se réunissent, je suis là aussi.’ La créature ne saurait échapper à la présence du Créateur. Le Seigneur compte même les clignements incessants de tout œil mortel et nous adorons cet Être divin comme notre compagnon inséparable. Il est prédominant, munificent, omniprésent et infiniment bon. Le Seigneur est notre souverain, notre refuge et notre contrôleur suprême, et son esprit primordial habite l’âme mortelle. Le Témoin Éternel du vice et de la vertu demeure dans le cœur de l’homme. Méditons longuement sur l’adorable et divin Vivificateur ; que son esprit dirige entièrement nos pensées. Conduis-nous de ce monde irréel au monde réel, des ténèbres à la lumière, et de la mort guide-nous à l’immortalité! 131:4.4 « Avec notre cœur débarrassé de toute haine, adorons l’Éternel. Notre Dieu est le Seigneur de la prière ; il entend le cri de ses enfants. Que tous les hommes soumettent leur volonté à lui, le Résolu. Jouissons de la libéralité du Seigneur des prières. Faites de votre prière votre amie intime, et de l’adoration le soutien de votre âme. ‘Si vous vouliez seulement m’adorer par amour, dit l’Éternel, je vous donnerais la sagesse pour m’atteindre, car l’amour de moi est la vertu commune à toutes les créatures.’ Dieu est l’illumination de ceux qui sont assombris par la tristesse et le pouvoir de ceux qui défaillent. Puisque Dieu est notre puissant ami, nous ne craignons plus rien. Nous louons le nom du Conquérant jamais conquis. Nous l’adorons parce qu’il est l’aide fidèle et éternelle des hommes. Dieu est notre chef sûr et notre guide infaillible. Il est le grand aïeul du ciel et de la terre, il possède une énergie illimitée et une sagesse infinie. Sa splendeur est sublime et sa beauté divine. Il est le refuge suprême des univers et le gardien immuable de la loi perpétuelle. Notre Dieu est le Seigneur de la vie et le Consolateur de tous les hommes. Il aime l’humanité et aide les malheureux. C’est lui qui nous donne la vie, il est le Bon Berger des troupeaux humains. Dieu est notre père, notre frère et notre ami. Nous désirons ardemment connaitre ce Dieu au plus profond de notre être. 131:4.5 « Nous avons appris à gagner la foi par le désir de notre cœur. Nous avons atteint la sagesse en maitrisant nos sens ; et, par la sagesse, nous avons éprouvé la paix dans le Suprême. Celui qui est plein de foi adore vraiment quand son moi intérieur est résolument à Dieu. Notre Dieu porte les cieux comme un manteau ; il habite aussi les six autres univers déployés dans leur immensité. Il est suprême sur tout et en tout. Nous souhaitons ardemment le pardon du Seigneur pour toutes nos offenses envers notre prochain, et nous voulons dégager notre ami du tort qu’il nous a fait. Notre esprit répugne à tout mal ; donc, Seigneur, libère-nous de toute souillure du péché. Nous prions Dieu en tant que consolateur, protecteur et sauveur – comme une personne qui nous aime. 131:4.6 « L’esprit du Conservateur de l’Univers pénètre l’âme des créatures simples. L’homme est sage s’il adore le Dieu Unique. Ceux qui s’efforcent d’être parfaits doivent certainement connaitre le Seigneur Suprême. Quiconque connait la félicité de la sécurité du Suprême n’a jamais peur, car le Suprême dit à ceux qui le servent : ‘Ne craignez pas, car je suis avec vous.’ Le Dieu de la providence est notre père. Dieu est vérité, et il désire que ses créatures le comprennent – qu’elles arrivent à pleinement connaitre la vérité. La vérité est éternelle ; elle soutient l’univers. Notre désir suprême sera de nous unir au Suprême. Le Grand Contrôleur engendre toutes choses – tout évolue en partant de lui. Et voici tout notre devoir : que nul ne fasse à autrui ce qu’il répugne qu’on lui fasse ; ne chérissez aucune perversité, ne frappez pas celui qui vous frappe, domptez la colère par la miséricorde et triomphez de la haine par la bienveillance. Nous devrions faire tout cela parce que Dieu est un bon ami et un père plein de grâce qui nous pardonne toutes nos offenses terrestres. 131:4.7 « Dieu est notre Père, la terre est notre mère, et l’univers est le lieu de notre naissance. Sans Dieu, l’âme est prisonnière ; la connaissance de Dieu la libère. La méditation sur Dieu et l’union avec lui apportent la délivrance des illusions du mal et l’ultime libération de toutes les entraves matérielles. Quand l’homme enroulera l’espace comme un morceau de cuir, alors viendra la fin du mal parce que l’homme aura trouvé Dieu. Ô Dieu, sauve-nous de la triple ruine de l’enfer – la convoitise, la colère et l’avarice ! Ô mon âme, ceins-toi pour la lutte spirituelle de l’immortalité ! Quand vient la fin de la vie mortelle, n’hésite pas à abandonner ce corps pour une forme plus belle et plus appropriée, et à te réveiller dans les royaumes du Suprême et de l’Immortel où ne règnent ni peur, ni chagrin, ni faim, ni soif, ni mort. Connaitre Dieu, c’est couper les cordes de la mort. L’âme qui connait Dieu s’élève dans l’univers comme la crème apparait à la surface du lait. Nous adorons Dieu, l’artisan de tout, la Grande Âme, qui siège toujours dans le cœur de ses créatures. Ceux qui savent que Dieu trône dans le cœur humain sont destinés à lui devenir semblables – à devenir immortels. Le mal doit être laissé en arrière dans ce monde, mais la vertu accompagne l’âme au ciel. 131:4.8 « Seuls les pervers disent : ‘L’univers n’a ni vérité ni dirigeant ; il n’est destiné qu’à satisfaire nos convoitises.’ Mais de telles âmes sont trompées par la mesquinerie de leur intellect. Ils s’abandonnent ainsi à la satisfaction de leurs convoitises et privent leur âme des joies de la vertu et des plaisirs de la droiture. Quelle expérience est plus grande que celle d’être sauvé du péché ? L’homme qui a vu le Suprême est immortel. Les amis charnels de l’homme ne peuvent survivre à la mort ; seule la vertu marche aux côtés de l’homme tandis qu’il voyage en avançant toujours vers les champs heureux et ensoleillés du Paradis. » 5. Le zoroastrisme 131:5.1 Zoroastre fut lui-même en contact direct avec les descendants des premiers missionnaires de Melchizédek, et leur doctrine du Dieu unique devint un enseignement central dans la religion qu’il fonda en Perse. À part le judaïsme, nulle religion de cette époque ne contenait une plus grande quantité d’enseignements de Salem. Ganid fit les extraits suivants des archives de cette religion : 131:5.2 « Toutes choses viennent du Dieu Unique et lui appartiennent. Il est notre Dieu infiniment sage, bon, droit, saint, resplendissant et glorieux. Lui, notre Dieu, est la source de toute luminosité. Il est le Créateur, le Dieu de tous les bons desseins, et le protecteur de la justice de l’univers. La ligne de conduite sage dans la vie consiste à agir en harmonie avec l’esprit de vérité. Dieu voit tout, et il aperçoit aussi bien les mauvaises actions des pervers que les bonnes œuvres des justes ; notre Dieu observe toutes choses d’un œil étincelant. Son toucher est le toucher de guérison. Le Seigneur est un bienfaiteur tout-puissant. Dieu tend sa main bénéfique aux justes comme aux pervers. Dieu a établi le monde et ordonné la rétribution pour le bien et pour le mal. Le Dieu infiniment sage a promis l’immortalité aux âmes pieuses qui pensent avec pureté et agissent avec droiture. Vous deviendrez ce que vous désirez suprêmement. La lumière du soleil est semblable à la sagesse pour ceux qui discernent Dieu dans l’univers. 131:5.3 « Louez Dieu en recherchant ce qui plait au Grand Sage. Adorez le Dieu de lumière en marchant joyeusement dans les voies ordonnées par sa religion révélée. Il n’y a qu’un Dieu Suprême, le Seigneur des Lumières. Nous adorons celui qui a créé les eaux, les plantes, les animaux, la terre et les cieux. Notre Dieu est Seigneur, c’est le plus bienveillant. Nous adorons le plus beau, le généreux Immortel doué de la lumière éternelle. Dieu est le plus éloigné de nous et en même temps le plus proche, du fait qu’il habite nos âmes. Notre Dieu est le divin et le plus saint Esprit du Paradis, et cependant il est plus amical pour l’homme que la plus amicale de toutes les créatures. Dieu est d’un grand secours pour nous dans la principale de toutes nos entreprises, celle de le connaitre lui-même. Dieu est notre ami le plus adorable et le plus droit ; il est notre sagesse, notre vie et la vigueur de notre âme et de notre corps. Par nos bonnes pensées, le sage Créateur nous permettra de faire sa volonté et de parvenir ainsi à la réalisation de tout ce qui est divinement parfait. 131:5.4 « Seigneur, enseigne-nous à vivre cette vie dans la chair tout en nous préparant à la prochaine vie de l’esprit. Parle-nous, Seigneur, et nous ferons ce que tu demanderas. Enseigne-nous les bonnes voies, et nous marcherons droit. Accorde-nous d’atteindre l’union avec toi. Nous savons que la religion est bonne si elle conduit à l’union avec la droiture. Dieu est notre sage nature, notre meilleure pensée, et notre acte juste. Puisse Dieu nous conférer l’unité avec l’esprit divin et l’immortalité en lui-même ! 131:5.5 « Cette religion du Grand Sage purifie le croyant de toute mauvaise pensée et de toute action pécheresse. Je m’incline devant le Dieu du ciel en me repentant si j’ai commis une offense en pensée, en paroles ou en action – intentionnellement ou non – et j’offre des prières pour la miséricorde et des louanges pour le pardon. Quand je me confesse, si je n’ai pas l’intention de renouveler la faute, je sais que le péché sera ôté de mon âme. Je sais que le pardon enlève les liens du péché. Ceux qui font le mal seront punis, mais ceux qui suivent la vérité jouiront de la félicité d’un salut éternel. Prends possession de nous par la grâce et dispense à notre âme le pouvoir sauveur. Nous implorons miséricorde parce que nous aspirons à la perfection ; nous voudrions être semblables à Dieu. » 6. Le soudouanisme (le jaïnisme) 131:6.1 Le troisième groupe de croyants religieux qui préserva, aux Indes, la doctrine du Dieu unique – la survivance des enseignements de Melchizédek – était connu à l’époque sous le nom de soudouaniste. Plus récemment, on appela ces croyants les fidèles du jaïnisme. Voici quelques-unes des pensées qu’ils enseignaient : 131:6.2 « Le Seigneur du Ciel est suprême. Ceux qui commettent le péché ne s’élèveront pas dans les hauteurs, mais ceux qui suivent les voies de la droiture trouveront une place au ciel. Nous sommes assurés de la vie dans l’au-delà si nous connaissons la vérité. L’âme de l’homme peut monter au ciel le plus haut pour y développer sa vraie nature spirituelle, pour atteindre la perfection. L’état céleste délivre l’homme de la servitude du péché et l’introduit auprès des béatitudes finales. Le juste a déjà l’expérience d’en avoir fini avec le péché et avec toutes les misères qui l’accompagnent. L’ego est l’ennemi invincible de l’homme et se manifeste sous l’aspect des quatre plus grandes passions humaines : la colère, l’orgueil, la tromperie et la cupidité. La plus grande victoire de l’homme est son triomphe sur lui-même. Quand l’homme se tourne vers Dieu pour être pardonné et qu’il a l’audace de prendre cette liberté, il est délivré de la peur. L’homme devrait traverser la vie en traitant ses semblables comme il aimerait être traité. » 7. Le shintoïsme 131:7.1 Les manuscrits de cette religion d’Extrême-Orient n’avaient été classés que récemment dans la bibliothèque d’Alexandrie. Il s’agissait de l’unique religion du monde dont Ganid n’avait jamais entendu parler. Cette croyance contenait également des rappels des premiers enseignements de Melchizédek, comme le montrent les extraits suivants : 131:7.2 « Ainsi dit le Seigneur : ‘Vous êtes tous des récepteurs de mon divin pouvoir ; tous les hommes bénéficient de mon ministère de miséricorde. Je prends grand plaisir à la multiplication des justes dans tout le pays. Dans les beautés de la nature comme dans les vertus des hommes, le Prince du Ciel cherche à se révéler et à proclamer la droiture de sa nature. Puisque les peuples de l’antiquité ne connaissaient pas mon nom, je me suis manifesté en naissant dans le monde comme un être visible, et j’ai subi un tel abaissement afin que même les hommes n’oublient pas mon nom. C’est moi qui ai créé le ciel et la terre. Le soleil, la lune et toutes les étoiles obéissent à ma volonté. Je suis le chef de toutes les créatures sur la terre et dans les quatre mers. Bien que je sois grand et suprême, j’ai égard à la prière du plus humble des hommes. Si une créature veut m’adorer, j’écouterai sa prière et j’exaucerai le désir de son cœur.’ 131:7.3 « ‘Chaque fois que l’homme cède à l’anxiété, il s’écarte d’un pas de la gouverne de l’esprit de son cœur.’ L’orgueil cache Dieu. Si vous voulez obtenir l’aide du ciel, mettez de côté votre orgueil ; tel un gros nuage, toute trace d’orgueil intercepte la lumière qui sauve. Si vous n’êtes pas droit à l’intérieur de vous-même, il est inutile de prier pour les choses extérieures. ‘Si j’entends vos prières, c’est parce que vous vous présentez devant moi avec un cœur pur, dégagé de fausseté et d’hypocrisie, avec une âme qui reflète la vérité comme un miroir. Si vous voulez gagner l’immortalité, abandonnez le monde et venez à moi.’ » 8. Le taoïsme 131:8.1 Les messagers de Melchizédek pénétrèrent profondément en Chine, et la doctrine du Dieu unique fit partie des premiers enseignements de plusieurs religions chinoises. Celle qui persista le plus longtemps et contint le plus de vérité monothéiste fut le taoïsme. Ganid rassembla les enseignements suivants de son fondateur : 131:8.2 « Combien le Suprême est pur et tranquille, et pourtant combien il est fort et puissant, profond et insondable ! Ce Dieu du ciel est l’ancêtre honoré de toutes choses. Si vous connaissez l’Éternel, vous êtes éclairé et sage. Si vous ne connaissez pas l’Éternel, alors l’ignorance se manifeste en tant que mal, et les passions du péché surgissent. Cet Être prodigieux existait avant les cieux et la terre. Il est vraiment spirituel ; il est unique et ne change pas. En vérité il est la mère du monde, et toute la création tourne autour de lui. Ce Grand Être se communique aux hommes et leur permet ainsi d’exceller et de survivre. Même si l’on a peu de connaissance, on peut marcher dans les voies du Suprême ; on peut se conformer à la volonté du ciel. 131:8.3 « Toutes les bonnes œuvres de vrai service proviennent du Suprême. Toutes choses dépendent de la Grande Source pour leur vie. Le Grand Suprême ne recherche aucun honneur pour ses dons. Bien que suprême en pouvoir, il reste caché à nos regards. Il transmue sans cesse ses attributs tout en perfectionnant ses créatures. La Raison céleste est lente et patiente dans ses projets, mais sûre de ses accomplissements. Le Suprême recouvre l’univers et le soutient tout entier. Combien sont grands et puissants son influence débordante et son pouvoir d’attraction ! La vraie bonté ressemble à l’eau, en ce sens qu’elle bénit tout et ne nuit à rien. Telle l’eau, la vraie bonté recherche les places inférieures, même les niveaux que les autres évitent, et cela parce qu’elle est apparentée au Suprême. Le Suprême crée toutes choses, il les nourrit dans la nature et les perfectionne en esprit. La manière dont le Suprême entretient, protège et perfectionne les créatures sans les contraindre est un mystère. Il guide et dirige, mais sans s’imposer. Il veille au progrès, mais sans domination. 131:8.4 « Le sage rend son cœur universel. Un peu de connaissance est chose dangereuse. Quiconque aspire à la grandeur doit apprendre à s’humilier. Dans la création, le Suprême est devenu la mère du monde. Connaitre sa mère, c’est reconnaitre sa filiation. Celui-là est sage qui considère toutes les parties du point de vue de l’ensemble. Reliez-vous à chaque homme comme si vous étiez à sa place. Répondez au préjudice par la bonté. Si vous aimez les gens, ils se rapprocheront de vous – vous n’aurez aucune difficulté à les gagner. 131:8.5 « Le Grand Suprême pénètre tout ; il est à droite et à gauche, il soutient toute la création et habite tous les êtres sincères. Vous ne pouvez ni trouver le Suprême ni aller en un lieu où il ne se trouve pas. Si un homme reconnait le mal de ses actions et se repent de tout son cœur de ses péchés, alors il peut rechercher le pardon, échapper au châtiment et transformer la calamité en bénédiction. Le Suprême est le refuge sûr pour toute création ; il est le gardien et le sauveur de l’humanité. Si vous le cherchez quotidiennement, vous le trouverez. Puisqu’il peut pardonner les péchés, il est vraiment précieux à tous les hommes. Souvenez-vous toujours que Dieu récompense les hommes pour ce qu’ils sont, et non pas pour ce qu’ils font ; donc, apportez votre aide à vos compagnons sans l’idée de récompense. Faites du bien sans penser à un profit égoïste. 131:8.6 « Ceux qui connaissent les lois de l’Éternel sont sages. L’ignorance des lois divines est une calamité et un désastre. Ceux qui connaissent les lois de Dieu ont une mentalité libérale. Si vous connaissez l’Éternel, votre âme survivra au service de l’esprit, même si votre corps périt. Vous êtes vraiment sage quand vous reconnaissez votre insignifiance. Si vous demeurez dans la lumière de l’Éternel, vous jouirez de l’illumination du Suprême. Ceux qui consacrent leur personne au service du Suprême sont joyeux dans cette recherche de l’Éternel. Quand l’homme meurt, l’esprit prend son envol pour entreprendre son long voyage de retour au foyer. » 9. Le confucianisme 131:9.1 Parmi les grandes religions du monde, celle même qui reconnaissait le moins Dieu accepta le monothéisme des missionnaires de Melchizédek et de leurs persévérants successeurs. Voici comment Ganid résuma le confucianisme : 131:9.2 « Ce que le Ciel institue est infaillible. La vérité est réelle et divine. Tout a son origine dans le Ciel, et le Grand Ciel ne commet pas de faute. Le Ciel a désigné de nombreux subordonnés pour aider à instruire et à élever les créatures inférieures. Le Dieu unique qui d’en haut régit les hommes est grand, très grand. Dieu est majestueux en pouvoir et terrible en jugement. Ce Grand Dieu a conféré un sens moral même à de nombreux individus inférieurs. La libéralité du Ciel ne s’interrompt jamais. La bienveillance est le don le plus précieux du Ciel aux hommes. Le Ciel a conféré sa noblesse à l’âme des hommes ; les vertus de l’homme sont le fruit de ce don de la noblesse du Ciel. Le Grand Ciel discerne tout et accompagne les hommes dans toutes leurs œuvres. Nous avons raison d’appeler le Grand Ciel notre Père et notre Mère. Si nous sommes ainsi les serviteurs de nos ancêtres divins, alors nous pouvons adresser avec confiance nos prières au Ciel. À tout moment et en toutes choses, ayons la crainte respectueuse de la majesté du Ciel. Ô Dieu Très Haut et souverain Potentat, nous reconnaissons que le jugement t’appartient et que toute miséricorde provient du cœur divin. 131:9.3 « Dieu est avec nous ; nous n’éprouvons donc aucune crainte dans notre cœur. Si quelque vertu se trouve en moi, elle est la manifestation du Ciel qui demeure en moi ; mais ce Ciel en moi formule souvent des exigences sévères pour ma foi. Si Dieu est avec moi, j’ai décidé de n’avoir aucun doute dans mon cœur. La foi doit être très proche de la vérité des choses, et je ne vois pas comment un homme peut vivre sans cette foi bienfaisante. Le bien et le mal n’arrivent pas sans cause aux hommes. Le ciel traite l’âme d’un homme selon le dessein de cette âme. Quand vous vous découvrez en tort, n’hésitez pas à confesser votre erreur et hâtez-vous de la réparer. 131:9.4 « Le sage s’occupe de rechercher la vérité, et non simplement de gagner sa vie. Le but de l’homme est d’atteindre la perfection du Ciel. L’homme supérieur cherche à s’adapter, et il est libre d’anxiété et de crainte. Dieu est avec vous, n’en doutez pas dans votre cœur. Toute bonne action a sa récompense. L’homme supérieur ne murmure pas contre le Ciel et ne garde pas rancune aux hommes. Ne faites pas à autrui ce que vous n’aimez pas que l’on vous fasse. Que la compassion fasse partie de toute punition ; efforcez-vous de toute façon de transformer les sanctions en bénédictions. C’est la manière de faire du Grand Ciel. Alors que toutes les créatures doivent mourir et retourner à la terre, l’esprit de l’homme noble s’avance pour être exposé aux niveaux supérieurs et pour s’élever à la lumière glorieuse de l’apothéose finale. » 10. « Notre religion » 131:10.1 Après le travail ardu fourni pour effectuer cette compilation des enseignements des religions du monde au sujet du Père du Paradis, Ganid s’occupa de formuler ce qu’il estimait être un résumé des croyances auxquelles il était parvenu à la suite de l’enseignement de Jésus. Le jeune homme avait pris l’habitude d’appeler ces croyances « notre religion », et voici son exposé : 131:10.2 « Le Seigneur notre Dieu est un Seigneur unique, et vous devriez l’aimer de tout votre mental et de tout votre cœur en faisant de votre mieux pour aimer tous ses enfants comme vous vous aimez vous-mêmes. Ce Dieu unique est notre Père céleste en qui toutes choses subsistent et qui habite, par son esprit, dans toute âme humaine sincère. Nous, qui sommes les enfants de Dieu, nous devrions apprendre à lui confier la garde de notre âme comme à un Créateur fidèle. Avec notre Père céleste, toutes choses sont possibles. Il en est nécessairement ainsi, puisqu’il a créé toutes les choses et tous les êtres. Bien que nous ne puissions voir Dieu, nous pouvons le connaitre. En vivant quotidiennement la volonté du Père qui est aux cieux, nous pouvons le révéler à nos semblables. 131:10.3 « Les divines richesses du caractère de Dieu doivent être infiniment profondes et éternellement sages. Nous ne pouvons découvrir Dieu par la connaissance, mais nous pouvons le connaitre dans notre cœur par expérience personnelle. Bien que sa justice puisse être impénétrable, sa miséricorde peut être reçue par les êtres les plus humbles de la terre. Alors que le Père remplit l’univers, il vit aussi dans notre cœur. Le mental de l’homme est humain, mortel, mais son esprit est divin, immortel. Dieu n’est pas seulement infiniment puissant, mais aussi infiniment sage. Si nos parents terrestres, dont les tendances naturelles sont mauvaises, savent aimer leurs enfants et leur donner de bonnes choses, combien plus le bienfaisant Père céleste doit-il savoir aimer sagement ses enfants terrestres et leur octroyer les bénédictions qui leur conviennent. 131:10.4 « Le Père céleste ne laissera pas périr un seul enfant de la terre si cet enfant a le désir de le trouver et cherche ardemment à être semblable à lui. Notre Père aime même les méchants et il est toujours bon pour les ingrats. Si seulement les êtres humains étaient plus nombreux à connaitre la bonté de Dieu, ils seraient certainement conduits à se repentir de leur mauvaise ligne de conduite et à renoncer à tous les péchés connus. Toutes les bonnes choses proviennent du Père de lumière, en qui ne se trouvent ni mutabilité ni ombre de changement. L’esprit du vrai Dieu est dans le cœur de l’homme. Dieu cherche que tous les hommes soient frères. Quand les hommes commencent à chercher Dieu, c’est la preuve que Dieu les a trouvés et qu’ils sont à la recherche de connaissances à son sujet. Nous vivons en Dieu et Dieu habite en nous. 131:10.5 « Je ne me satisferai plus de croire que Dieu est le Père de tout mon peuple ; dorénavant, je croirai qu’il est aussi mon Père. J’essaierai toujours d’adorer Dieu grâce à l’Esprit de Vérité qui est mon aide quand je suis réellement parvenu à connaitre Dieu. Mais avant tout je pratiquerai l’adoration de Dieu en apprenant à faire sa volonté sur terre, c’est-à-dire que je ferai de mon mieux pour traiter chacun de mes compagnons mortels exactement comme je pense que Dieu aimerait le voir traité. Quand nous vivons ainsi dans la chair, nous pouvons demander bien des choses à Dieu ; il satisfera le désir de notre cœur afin que nous soyons d’autant mieux préparés à servir nos compagnons. Tout ce service affectueux des enfants de Dieu accroit nos aptitudes à recevoir et à éprouver les joies du ciel, les plaisirs supérieurs du ministère de l’esprit du ciel. 131:10.6 « Je remercierai Dieu tous les jours pour ses dons inexprimables ; je louerai ses œuvres merveilleuses pour les enfants des hommes. Pour moi, il est le Tout-Puissant, le Créateur, le Pouvoir et la Miséricorde, mais, mieux que tout, il est mon Père spirituel, et, en tant que son enfant terrestre, je m’avancerai un jour pour le voir. Mon précepteur m’a dit qu’en le cherchant je lui ressemblerai. Par la foi en Dieu, j’ai atteint la paix avec lui. Notre religion nouvelle est pleine de joie et engendre un bonheur durable. J’ai confiance que je lui serai fidèle même jusqu’à la mort, et que je recevrai certainement la couronne de la vie éternelle. 131:10.7 « J’apprends à tout mettre à l’épreuve et à m’en tenir à ce qui est bon. Je ferai à mes semblables tout ce que je voudrais que l’on me fasse. Je sais, par cette nouvelle foi, que l’homme peut devenir fils de Dieu, mais je suis parfois terrifié en pensant que tous les hommes sont mes frères, et pourtant cela doit être vrai. Je ne vois pas la possibilité de me réjouir de la paternité de Dieu si je refuse d’accepter la fraternité des hommes. Quiconque fait appel au nom du Seigneur sera sauvé. Si cela est vrai, alors tous les hommes doivent être mes frères. 131:10.8 « Désormais, je ferai mes bonnes actions en secret ; je prierai aussi le plus souvent en étant seul. Je ne jugerai pas, pour éviter d’être injuste envers mes semblables. J’apprendrai à aimer mes ennemis ; je n’ai pas encore vraiment dominé cette manière de ressembler à Dieu. Bien que je voie Dieu dans les autres religions, je trouve que dans ‘notre religion’ il est plus beau, plus aimant, plus miséricordieux, plus personnel et plus positif. Par-dessus tout, ce grand Être glorieux est mon Père spirituel ; je suis son enfant. C’est par le seul moyen de mon sincère désir de lui ressembler que je finirai par le trouver et que je le servirai éternellement. Enfin, j’ai une religion avec un Dieu, un Dieu merveilleux qui est un Dieu de salut éternel. » FASCICULE 132. Le séjour à Rome 132:0.1 Gonod apportait les salutations des princes de l’Inde à Tibère. Les deux Hindous et Jésus se présentèrent donc devant le souverain romain le troisième jour après leur arrivée à Rome. Le morose empereur était d’humeur exceptionnellement gaie ce jour-là et bavarda longuement avec le trio. Après que les visiteurs l’eurent quitté, l’empereur, faisant allusion à Jésus, fit observer à l’aide de camp qui se tenait à sa droite : « Si j’avais la prestance royale et les manières gracieuses de ce garçon, je serais un véritable empereur, n’est-ce pas ? » 132:0.2 Pendant son séjour à Rome, Ganid eut des heures régulières pour ses études et pour la visite des endroits intéressants de la ville. Son père avait beaucoup d’affaires à traiter. Désireux qu’en grandissant, son fils devienne son digne successeur à la direction de ses vastes entreprises commerciales, il estima le moment venu de l’introduire dans le monde des affaires. De nombreux citoyens de l’Inde vivaient à Rome, et il arriva souvent que Gonod se fit accompagner par l’un de ses propres employés comme interprète, de sorte que Jésus eut des journées entières à sa disposition ; cela lui donna le temps de se familiariser complètement avec cette ville de deux-millions d’habitants. On voyait fréquemment Jésus au forum, centre des affaires et de la vie politique et juridique. Souvent aussi il montait au Capitole et, tout en contemplant ce temple magnifique dédié à Jupiter, Junon et Minerve, il méditait sur l’ignorance servile dans laquelle étaient maintenus les Romains. Il passait également beaucoup de temps sur le mont Palatin, où se trouvaient la résidence de l’empereur, le temple d’Apollon et les bibliothèques latine et grecque. 132:0.3 À cette époque, l’empire romain s’étendait sur toute l’Europe méridionale, l’Asie Mineure, la Syrie, l’Égypte et le Nord-Ouest de l’Afrique, et ses habitants comprenaient des citoyens de tous les pays de l’hémisphère oriental. La principale raison pour laquelle Jésus avait consenti à faire ce voyage était son désir d’étudier cet agrégat cosmopolite de mortels d’Urantia et de s’y mêler. 132:0.4 Durant son séjour à Rome, Jésus acquit une grande connaissance des hommes, mais la plus précieuse de toutes les expériences multiples de ces six mois de séjour dans cette cité fut son contact avec les chefs religieux de la capitale de l’empire et l’influence qu’il exerça sur eux. Avant la fin de sa première semaine à Rome, Jésus était allé voir les dirigeants qualifiés des cyniques, des stoïciens et des cultes des mystères, en particulier du groupe mithriaque, et avait pris contact avec eux. Peut-être Jésus pressentait-il que les Juifs allaient rejeter sa mission, mais il prévoyait déjà très certainement que ses messagers viendraient bientôt à Rome pour y proclamer le royaume des cieux. Il se mit donc, de la manière la plus étonnante, à préparer les voies pour que leur message fût mieux et plus sûrement reçu. Il choisit cinq dirigeants parmi les stoïciens, onze parmi les cyniques et seize parmi les maitres du culte des mystères. Durant six mois, il passa une grande partie de ses loisirs en association étroite avec ces chefs religieux, et voici comment il les instruisit. Il ne s’attaqua pas une seule fois à leurs erreurs et ne mentionna même jamais les défauts de leurs enseignements. Dans chaque cas, il choisissait la part de vérité dans leurs leçons, et ensuite il entreprenait d’embellir et d’éclairer cette vérité dans leur mental de telle sorte qu’en très peu de temps, ce rehaussement de la vérité chassait efficacement l’erreur antérieure. C’est ainsi que ces hommes et ces femmes enseignés par Jésus furent préparés à reconnaitre ultérieurement des vérités additionnelles et similaires dans les enseignements des premiers missionnaires chrétiens. Cette prompte acceptation des enseignements des prédicateurs de l’évangile fut l’élément qui donna une si puissante impulsion à la diffusion rapide du christianisme à Rome et, de là, dans tout l’empire. 132:0.5 On comprend mieux la signification de cet accomplissement remarquable en notant que, dans ce groupe de trente-deux chefs religieux de Rome instruits par Jésus, deux seulement furent stériles. Les trente autres jouèrent un rôle capital dans l’établissement du christianisme à Rome, et certains d’entre eux aidèrent aussi à faire du principal temple mithriaque la première église chrétienne de cette ville. Nous, qui contemplons les activités humaines depuis la coulisse et la lumière de dix-neuf siècles écoulés, nous reconnaissons seulement trois facteurs comme ayant apporté une contribution majeure à préparer très tôt le terrain pour la diffusion rapide du christianisme en Europe : 132:0.6 1. Le choix et le maintien de Simon Pierre comme apôtre. 132:0.7 2. L’entretien à Jérusalem avec Étienne, dont la mort conduisit à gagner Saül de Tarse. 132:0.8 3. La préparation préliminaire des trente Romains dont nous venons de parler, pour en faire ultérieurement les chefs de la nouvelle religion à Rome et dans tout l’empire. 132:0.9 Au cours de toutes leurs expériences, ni Étienne, ni les trente sélectionnés ne comprirent jamais qu’ils avaient parlé à l’homme dont le nom était devenu le sujet de leur enseignement religieux. L’œuvre de Jésus au profit des trente-deux qu’il avait choisis à l’origine fut entièrement personnelle. Dans ses travaux pour ces individus, le scribe de Damas n’en rencontrait jamais plus de trois à la fois, et rarement plus de deux ; la plupart du temps, il les enseignait individuellement. Il réussit à accomplir cette grande œuvre d’éducation religieuse parce que ces hommes et ces femmes n’étaient pas prisonniers de traditions ; ils n’étaient pas victimes d’idées fixes préconçues sur tous les développements religieux de l’avenir. 132:0.10 Au cours des années qui suivirent bientôt, Pierre, Paul et les autres chrétiens qui enseignèrent à Rome entendirent maintes et maintes fois parler du scribe de Damas qui les avait précédés et qui avait si évidemment préparé (inconsciemment à leur avis) le chemin pour leur arrivée avec le nouvel évangile. Paul ne devina jamais réellement l’identité de ce scribe de Damas, mais, peu de temps avant sa mort, à cause de la similitude des descriptions de la personne, il parvint à la conclusion que « le fabricant de tentes d’Antioche » était aussi « le scribe de Damas ». En une occasion au cours de ses prédications à Rome, Simon Pierre soupçonna, en écoutant une description du scribe de Damas, que cette personne aurait pu être Jésus, mais il rejeta promptement cette idée, sachant très bien (du moins le pensait-il) que le Maitre n’avait jamais été à Rome. 1. Les vraies valeurs 132:1.1 Ce fut avec Angamon, chef des stoïciens, que Jésus eut un entretien durant toute une nuit au début de son séjour à Rome. Cet homme devint plus tard un grand ami de Paul et se révéla un des puissants soutiens de l’Église chrétienne à Rome. Voici en substance, et transcrit en langage moderne, ce que Jésus enseigna à Angamon : 132:1.2 Le critère des vraies valeurs doit être recherché dans le monde spirituel et sur les niveaux divins de réalité éternelle. Pour un mortel ascendant, tous les critères matériels et de bas niveaux doivent être considérés comme transitoires, partiels et inférieurs. Le scientifique, en tant que tel, est limité à la découverte du rapport des faits matériels entre eux. Techniquement, il n’a pas le droit d’affirmer qu’il est matérialiste, ou idéaliste, car en le faisant il abandonnerait le comportement du vrai scientifique ; en effet, toutes ces prises de position sont l’essence même de la philosophie. 132:1.3 À moins que le discernement moral et le niveau spirituel de l’humanité ne soient accrus en proportion, le progrès illimité d’une culture purement matérialiste peut finir par devenir une menace pour la civilisation. Une science purement matérialiste recèle en elle-même le germe potentiel de destruction de tout effort scientifique, car un pareil comportement laisse présager l’effondrement ultime d’une civilisation qui a abandonné son sens des valeurs morales et répudié son but spirituel de réalisation. 132:1.4 Les scientifiques matérialistes et les idéalistes extrémistes sont destinés à être toujours en conflit, mais ce n’est pas le cas pour les scientifiques et les idéalistes qui utilisent les mêmes normes d’appréciation en ce qui concerne les hautes valeurs morales et les niveaux d’épreuve spirituelle. À toutes les époques, les scientifiques et les religionistes doivent reconnaitre qu’ils passent en jugement devant le tribunal des besoins de l’humanité. Ils doivent s’abstenir de guerroyer entre eux, tout en s’efforçant vaillamment de justifier leur survivance par une dévotion accrue au service du progrès humain. Si la prétendue science ou la prétendue religion d’un âge sont fausses, il faut qu’elles purifient leurs activités ou alors qu’elles disparaissent devant l’émergence d’une science matérielle ou d’une religion spirituelle d’un ordre plus véridique et plus méritoire. 2. Le bien et le mal 132:2.1 Mardus était le chef reconnu des cyniques de Rome ; il devint un grand ami du scribe de Damas. Jour après jour, il conversait avec Jésus et, soir après soir, il écoutait son enseignement divin. Parmi les plus importantes discussions avec Mardus, se trouve celle destinée à répondre à la question de ce cynique sincère sur le bien et le mal. Voici en substance, et transposée en langage du vingtième siècle, la réponse de Jésus : 132:2.2 Mon frère, le bien et le mal sont simplement des mots qui symbolisent les niveaux relatifs où l’homme comprend l’univers observable. Si l’on est éthiquement paresseux et socialement indifférent, on peut prendre pour critère du bien les usages sociaux courants. Si l’on est spirituellement indolent et moralement stagnant, on peut prendre pour critère du bien les pratiques et traditions religieuses des contemporains. Mais l’âme qui survit au temps et émerge dans l’éternité, doit faire un choix vivant et personnel entre le bien et le mal, tels qu’ils sont déterminés par les vraies valeurs des critères spirituels établis par l’esprit divin que le Père qui est aux cieux a envoyé habiter le cœur de l’homme. Cet esprit intérieur est le critère de la survie de la personnalité. 132:2.3 La bonté, de même que la vérité, est toujours relative et contraste infailliblement avec le mal. C’est la perception de ces qualités de bonté et de vérité qui permet aux âmes évoluantes des hommes de prendre ces décisions personnelles de choix essentielles à la survie éternelle. 132:2.4 La personne spirituellement aveugle qui suit logiquement les prescriptions scientifiques, les usages sociaux et les dogmes religieux se trouve en grand danger de sacrifier son indépendance morale et de perdre sa liberté spirituelle. Une telle âme est destinée à devenir un perroquet intellectuel, un automate social et l’esclave de l’autorité religieuse. 132:2.5 La bonté grandit toujours vers des niveaux supérieurs où se trouve accrue la liberté de s’épanouir moralement et d’atteindre la personnalité spirituelle – la découverte de l’Ajusteur intérieur et l’identification avec lui. Une expérience est bonne quand elle élève l’appréciation de la beauté, accroit la volonté morale, rehausse le discernement de la vérité, développe l’aptitude à aimer et à servir ses semblables, exalte les idéaux spirituels et unifie les suprêmes mobiles humains du temps avec les plans éternels de l’Ajusteur intérieur. Tout cela conduit directement au désir accru de faire la volonté du Père, ce qui entretient la passion divine de trouver Dieu et de devenir davantage semblable à lui. 132:2.6 À mesure que vous vous élèverez sur l’échelle universelle de développement des créatures, vous trouverez un accroissement de la bonté et une diminution du mal en parfaite conformité avec votre capacité de faire l’expérience de la bonté et de discerner la vérité. L’aptitude à entretenir l’erreur ou à faire l’expérience du mal ne se perdra pas entièrement avant que l’âme humaine ascendante atteigne les niveaux spirituels finals. 132:2.7 La bonté est vivante, relative, toujours en progrès ; elle est invariablement une expérience personnelle et perpétuellement liée au discernement de la vérité et de la beauté. La bonté se trouve dans la récognition des valeurs positives de vérité du niveau spirituel qui doit, dans l’expérience humaine, faire contraste avec sa contrepartie négative – les ombres du mal potentiel. 132:2.8 Jusqu’à ce que vous atteigniez les niveaux du Paradis, la bonté sera toujours davantage une recherche qu’une possession, plus un but qu’une expérience d’aboutissement. Mais, alors même que vous avez faim et soif de droiture, vous retirez une satisfaction croissante de l’accès partiel à la bonté. La présence du bien et du mal dans le monde est par elle-même une preuve positive de l’existence et de la réalité de la volonté morale de l’homme, la personnalité, qui identifie ainsi ces valeurs et se trouve également capable de choisir entre elles. 132:2.9 À l’époque où un ascendeur mortel atteint le Paradis, son aptitude à identifier le moi avec les vraies valeurs d’esprit s’est amplifiée au point qu’il a atteint la possession parfaite de la lumière de la vie. Une telle personnalité spirituelle, parvenue à la perfection, devient si complètement, divinement et spirituellement unifiée aux qualités positives et suprêmes de bonté, de beauté et de vérité qu’il ne reste aucune possibilité, à un esprit aussi droit, de projeter une ombre négative quelconque de mal potentiel lorsqu’il est exposé à l’éclat pénétrant de la lumière divine des Souverains infinis du Paradis. Chez toutes ces personnalités spirituelles, la bonté a cessé d’être partielle, opposée à un contraire et relative ; elle est devenue divinement complète et spirituellement parachevée ; elle s’approche de la pureté et de la perfection du Suprême. 132:2.10 La possibilité du mal est nécessaire au choix moral, mais l’actualisation du mal ne l’est pas. Une ombre n’a qu’une réalité relative. Le mal actuel n’est pas nécessaire en tant qu’expérience personnelle. Le mal potentiel agit tout aussi bien comme stimulant de la décision dans les domaines du progrès moral sur les niveaux inférieurs du développement spirituel. Le mal ne devient une réalité d’expérience personnelle que lorsqu’un mental doué de sens moral en fait le choix. 3. La vérité et la foi 132:3.1 Nabon était un Juif grec tenant le premier rang parmi les chefs du principal culte des mystères à Rome, le culte mithriaque. Ce grand-prêtre eut de nombreux entretiens avec le scribe de Damas, mais ce fut la discussion qu’ils eurent, un soir, sur la vérité et la foi qui exerça sur lui l’influence la plus durable. Nabon avait songé à convertir Jésus et lui avait même suggéré de retourner en Palestine comme éducateur mithriaque. Il ne se doutait guère que Jésus le préparait à devenir l’un des premiers convertis à l’évangile du royaume. Voici, transcrite en terminologie moderne, la substance de l’enseignement de Jésus : 132:3.2 La vérité ne peut se définir par des mots, mais seulement en la vivant. La vérité est toujours plus que la connaissance. La connaissance concerne les choses observées, mais la vérité transcende ces niveaux purement matériels, en ce sens qu’elle s’allie à la sagesse et englobe des impondérables tels que l’expérience humaine, et même les réalités spirituelles et vivantes. La connaissance prend origine dans la science ; la sagesse, dans la vraie philosophie ; la vérité, dans l’expérience religieuse de la vie spirituelle. La connaissance traite des faits ; la sagesse traite des relations ; la vérité traite des valeurs de la réalité. 132:3.3 L’homme tend à cristalliser la science, à formuler la philosophie et à dogmatiser la vérité, parce qu’il fait montre de paresse mentale dans l’adaptation aux luttes progressives pour la vie, et qu’il a aussi terriblement peur de l’inconnu. L’homme est naturellement lent à inaugurer des changements dans ses habitudes de pensée et dans ses techniques de vie. 132:3.4 La vérité révélée, la vérité découverte personnellement, est la suprême volupté de l’âme humaine. Elle est la création conjointe du mental matériel et de l’esprit intérieur. Le salut éternel d’une âme qui discerne la vérité et aime la beauté est assuré par cette faim et cette soif de bonté qui conduisent ce mortel à se proposer un but unique, celui de faire la volonté du Père, de trouver Dieu et de devenir semblable à lui. Il n’y a jamais de conflit entre la véritable connaissance et la vérité. Il peut y avoir conflit entre la connaissance et les croyances humaines, les croyances teintées de préjugés, déformées par la peur et dominées par la crainte d’affronter de nouveaux faits dans les découvertes matérielles ou les progrès spirituels. 132:3.5 Cependant, jamais l’homme ne peut posséder la vérité sans exercer sa foi. Ceci est vrai parce que les pensées, la sagesse, l’éthique et les idéaux d’un homme ne peuvent jamais s’élever plus haut que sa foi, son espoir sublime. Et toute véritable foi de cette sorte est basée sur une réflexion profonde, sur une autocritique sincère et sur une conscience morale intransigeante. La foi est l’inspiration de l’imagination créatrice imprégnée de l’esprit. 132:3.6 La foi agit pour libérer les activités suprahumaines de l’étincelle divine, le germe immortel qui vit dans le mental humain et qui est le potentiel de survie éternelle. Les plantes et les animaux survivent dans le temps par la technique consistant à transmettre, d’une génération à la suivante, des particules identiques d’eux-mêmes. L’âme humaine (la personnalité) survit à la mort du corps par association d’identité avec cette immortelle étincelle intérieure de divinité, qui agit pour perpétuer la personnalité humaine sur un niveau supérieur de continuité d’existence universelle et progressive. Le germe caché de l’âme humaine est un esprit immortel. La seconde génération de l’âme est la première des manifestations successives de la personnalité dans des existences spirituelles et progressives qui ne prennent fin qu’au moment où l’entité divine atteint la source de son existence, la source personnelle de toute existence, Dieu, le Père Universel. 132:3.7 La vie humaine continue – survit – parce qu’elle a une fonction dans l’univers, la tâche de trouver Dieu. Animée par la foi, l’âme de l’homme ne peut s’arrêter avant d’avoir atteint ce but de la destinée et, quand elle a atteint ce but divin, elle ne peut plus prendre fin, car elle est devenue semblable à Dieu – éternelle. 132:3.8 L’évolution spirituelle est une expérience du choix croissant et volontaire de la bonté, accompagnée d’une diminution égale et progressive de la possibilité du mal. Quand on a atteint la finalité du choix de la bonté et la pleine capacité d’apprécier la vérité, il nait une perfection de beauté et de sainteté dont la droiture inhibe éternellement même la possibilité de l’émergence du concept du mal potentiel. L’âme qui connait ainsi Dieu ne projette aucune ombre de mal qui sème le doute quand elle opère sur un niveau d’esprit aussi élevé de divine bonté. 132:3.9 La présence de l’esprit du Paradis dans le mental de l’homme constitue la promesse de révélation et l’engagement de foi d’une existence éternelle de progression divine pour toute âme cherchant à atteindre l’identité avec ce fragment d’esprit, immortel et intérieur du Père Universel. 132:3.10 La caractéristique du progrès dans l’univers est une liberté croissante de la personnalité, parce que cette liberté est associée au franchissement progressif de niveaux de plus en plus élevés de compréhension de soi, et de maitrise de soi volontaire qui en est la conséquence. L’atteinte de la perfection dans la maitrise spirituelle de soi équivaut au parachèvement de la liberté dans l’univers et de la liberté personnelle. La foi nourrit et maintient l’âme de l’homme au milieu de la confusion de son orientation initiale dans un univers aussi vaste. Quant à la prière, elle devient la grande unificatrice des diverses inspirations provenant de l’imagination créatrice et des impulsions de foi d’une âme essayant de s’identifier avec les idéaux spirituels de la divine présence intérieure et associée. 132:3.11 Nabon fut grandement impressionné par ces paroles, comme il l’était d’ailleurs par chacun de ses entretiens avec Jésus. Ces vérités continuèrent à bruler dans son cœur, et Nabon fut d’un grand secours pour ceux qui vinrent plus tard prêcher l’évangile de Jésus. 4. Ministère personnel 132:4.1 Pendant son séjour à Rome, Jésus ne consacra pas tous ses loisirs au travail de préparation des hommes et des femmes à devenir de futurs disciples dans le royaume à venir. Il passa beaucoup de temps à acquérir une connaissance intime d’hommes de toutes races et de toutes classes qui vivaient dans cette ville, la plus grande et la plus cosmopolite du monde. Dans chacun de ces nombreux contacts humains, Jésus avait un double dessein : il désirait connaitre la réaction de ses interlocuteurs à leur vie dans la chair, et il était également enclin à dire ou à faire quelque chose qui rende cette vie plus riche et plus digne d’être vécue. Au cours de ces semaines, ses enseignements religieux ne différèrent pas de ceux qui caractérisèrent sa vie ultérieure en tant qu’éducateur des douze apôtres et prédicateur auprès des foules. 132:4.2 La substance de son message était toujours le fait de l’amour du Père céleste et la vérité de sa miséricorde, joint à la bonne nouvelle que l’homme est fils par la foi de ce même Dieu d’amour. La technique habituelle des contacts sociaux de Jésus consistait à poser des questions pour faire sortir les gens de leur réserve et les amener à converser avec lui. Au début de l’entretien, c’était généralement lui qui posait des questions et, à la fin, c’étaient eux qui l’interrogeaient. Il était aussi expert à enseigner en posant des questions qu’en y répondant. En règle générale, c’est à ceux qu’il enseignait le plus qu’il en disait le moins. Ceux qui tirèrent le plus grand profit de son ministère personnel étaient des gens surmenés, anxieux et déprimés, à qui l’occasion d’épancher leur âme à un auditeur sympathique et compréhensif apportait un grand soulagement ; Jésus était cet auditeur, et plus encore. Quand ces êtres humains mal adaptés lui avaient parlé de leurs ennuis, il était toujours en mesure de leur offrir des suggestions pratiques et immédiatement utiles visant à aplanir leurs véritables difficultés, sans négliger de prononcer des paroles de réconfort pour le présent et de consolation immédiate. À ces affligés mortels, il parlait invariablement de l’amour de Dieu et, par des méthodes diverses et variées, il les informait qu’ils étaient les enfants de ce Père céleste qui les aimait. 132:4.3 De cette manière, durant son séjour à Rome, Jésus prit un contact amical et édifiant avec plus de cinq-cents mortels du royaume. Il parvint ainsi à une connaissance des diverses races de l’humanité, qu’il n’aurait jamais pu acquérir à Jérusalem ni même à Alexandrie. Il considéra toujours ces six mois à Rome comme l’une des périodes les plus enrichissantes et les plus instructives de sa vie terrestre. 132:4.4 Comme on peut s’y attendre, un homme aussi dynamique et doué de talents aussi variés ne pouvait vivre six mois ainsi dans la métropole du monde sans être abordé par un grand nombre de personnes désireuses de s’assurer ses services pour certaines affaires ou, plus souvent, pour des projets d’enseignement, de réformes sociales ou de mouvements religieux. Il reçut plus d’une douzaine de propositions de cet ordre et tira profit de chacune d’elles comme une occasion pour transmettre quelques pensées spirituellement ennoblissantes, soit par des mots bien choisis, soit par un service obligeant. Jésus aimait beaucoup faire quelque chose – même de peu d’importance – pour toutes sortes de gens. 132:4.5 Il s’entretint de politique et de gouvernement avec un sénateur romain, et cet unique contact avec Jésus fit une telle impression sur ce législateur que celui-ci passa le reste de sa vie à essayer vainement d’inciter ses collègues à changer le cours de la politique en vigueur en substituant l’idée d’un peuple entretenant le gouvernement à celle d’un gouvernement entretenant et nourrissant le peuple. Jésus passa une soirée avec un riche propriétaire d’esclaves et lui parla de l’homme en tant que fils de Dieu ; le lendemain, cet homme nommé Claudius affranchit cent-dix-sept esclaves. Jésus alla diner chez un médecin grec et lui exposa que ses patients avaient non seulement un corps, mais aussi un mental et une âme ; il amena ainsi cet habile praticien à donner à ses semblables des soins plus approfondis. Jésus s’entretint avec toutes sortes de gens de tous les milieux sociaux. Les bains publics furent le seul endroit de Rome qu’il ne visita pas. Il refusa d’y accompagner ses amis à cause de la promiscuité sexuelle qui y régnait. 132:4.6 Marchant le long du Tibre avec un soldat romain, il dit : « Que ton cœur soit aussi courageux que ton bras. Ose faire justice et sois de taille à te montrer miséricordieux. Oblige ta nature inférieure à obéir à ta nature supérieure, comme toi tu obéis à tes supérieurs. Révère la bonté et exalte la vérité. Choisis le beau à la place du laid. Aime ton prochain et recherche Dieu de tout ton cœur, car Dieu est ton Père dans les cieux. » 132:4.7 À l’orateur du forum, Jésus dit : « Ton éloquence est plaisante, ta logique est admirable, ta voix est agréable, mais ton enseignement n’est guère conforme à la vérité. Si seulement tu pouvais jouir de la satisfaction inspirante de connaitre Dieu comme ton Père spirituel, alors tu pourrais employer ta puissance d’élocution à libérer tes semblables de la servitude des ténèbres et de l’esclavage de l’ignorance. » Cet homme appelé Marcus fut celui qui entendit plus tard Pierre prêcher à Rome et devint son successeur. Lors de la crucifixion de Simon Pierre, ce fut lui qui défia les persécuteurs romains et continua audacieusement à prêcher le nouvel évangile. 132:4.8 Rencontrant un pauvre homme qui avait été accusé à tort, Jésus l’accompagna devant le magistrat et reçut l’autorisation spéciale de comparaitre en son lieu et place. Il fit alors le superbe discours dans lequel il dit : « La justice assure la grandeur d’une nation, et plus une nation est grande, plus elle doit être soucieuse que l’injustice n’atteigne pas même son plus humble citoyen. Malheur à une nation où seuls ceux qui possèdent de l’argent et de l’influence peuvent obtenir promptement justice devant les tribunaux ! Un magistrat a le devoir sacré d’acquitter l’innocent aussi bien que de punir le coupable. La survie d’une nation dépend de l’impartialité, de l’équité et de l’intégrité de ses tribunaux. Le gouvernement civil est fondé sur la justice, de même que la vraie religion est basée sur la miséricorde. » Le juge reconsidéra le cas et, après passage au crible des témoignages, il libéra le prévenu. Parmi toutes les activités de Jésus au cours de cette époque de ministère personnel, cet incident fut celui où il fut le plus près d’intervenir publiquement. 5. Conseils à l’homme riche 132:5.1 Un homme riche, citoyen romain et stoïcien, vint à beaucoup s’intéresser aux enseignements de Jésus, à qui il avait été présenté par Angamon. Après plusieurs entretiens particuliers, ce riche citoyen demanda à Jésus ce qu’il ferait d’une fortune s’il la possédait, et Jésus lui répondit : « Je consacrerais la richesse matérielle à élever le niveau de la vie matérielle, de même que j’offrirais ma connaissance, ma sagesse et mes services spirituels pour enrichir la vie intellectuelle, ennoblir la vie sociale et faire progresser la vie spirituelle. J’administrerais les biens matériels comme un sage et efficace dépositaire des ressources d’une génération pour le profit et l’ennoblissement des générations suivantes. » 132:5.2 Cependant l’homme riche ne fut pas entièrement satisfait de la réponse de Jésus et s’enhardit à demander de nouveau : « Mais que crois-tu qu’un homme dans ma position devrait faire de sa fortune ? Dois-je la garder ou la distribuer ? » Et, lorsque Jésus se rendit compte que cet homme désirait réellement mieux connaitre la vérité au sujet de sa fidélité envers Dieu et de ses devoirs envers les hommes, il développa sa réponse en lui disant : « Mon bon ami, je discerne que tu cherches sincèrement la sagesse et que tu aimes honnêtement la vérité ; je suis donc disposé à t’exposer mon point de vue sur la solution de tes problèmes concernant les responsabilités de la fortune. Je le fais parce que tu m’as demandé conseil et, en te donnant cet avis, je ne m’occupe de la fortune d’aucun autre homme riche. Je ne donne ces conseils qu’à toi, et pour ta gouverne personnelle. Si tu désires honnêtement considérer ta fortune comme un dépôt, si tu souhaites réellement devenir un gérant sage et efficace de tes capitaux accumulés, alors je te conseille de faire l’analyse suivante des sources de tes richesses. Demande-toi, en faisant de ton mieux pour trouver la réponse honnête, d’où elles viennent ? Pour t’aider à analyser l’origine de ta grande fortune, je suggérerais que tu gardes présentes à la mémoire les dix méthodes différentes suivantes pour amasser des biens matériels : 132:5.3 « 1. La fortune héritée – les richesses provenant des parents et autres ancêtres. 132:5.4 « 2. La fortune découverte – les richesses tirées des ressources inexploitées de la terre nourricière. 132:5.5 « 3. La fortune commerciale – les richesses obtenues comme bénéfice équitable dans l’échange et le troc des biens matériels. 132:5.6 « 4. La fortune injuste – les richesses tirées de l’exploitation inéquitable de ses semblables ou de leur réduction à l’esclavage. 132:5.7 « 5. La fortune des intérêts – le revenu tiré des possibilités de rendement juste et équitable des capitaux investis. 132:5.8 « 6. La fortune due au génie – les richesses récompensant les dons créatifs et inventifs du mental humain. 132:5.9 « 7. La fortune fortuite – les richesses tirées de la générosité de ses semblables ou prenant origine dans les circonstances de la vie. 132:5.10 « 8. La fortune volée – les richesses obtenues par injustice, malhonnêteté, vol ou fraude. 132:5.11 « 9. Les fonds en dépôt – la fortune placée entre tes mains par tes semblables pour un usage spécifique présent ou futur. 132:5.12 « 10. La fortune gagnée – les richesses tirées directement de ton propre travail personnel, la juste et équitable rémunération de tes propres efforts quotidiens, mentaux et physiques. 132:5.13 « Donc, mon ami, si tu veux être, devant Dieu et au service des hommes, un fidèle et juste gérant de ta grande fortune, il faut la diviser approximativement entre ces dix grandes catégories, et administrer ensuite chaque portion conformément à l’interprétation sage et honnête des lois de la justice, de l’équité, de la loyauté et de la véritable efficacité. Cependant, le Dieu du ciel ne te condamnerait pas si, dans des situations douteuses, tu te trompais parfois par considération miséricordieuse et désintéressée pour la détresse des victimes souffrant des circonstances malheureuses de la vie mortelle. Lorsque tu éprouves honnêtement des doutes sur l’équité et la justice de certaines situations matérielles, que tes décisions favorisent ceux qui sont dans le besoin. Efforce-toi d’aider les personnes qui, par malheur, souffrent de privations imméritées. » 132:5.14 Après avoir discuté ces sujets pendant plusieurs heures, l’homme riche demanda des instructions plus complètes et plus détaillées, et Jésus développa ses conseils en disant en substance : « En t’offrant de nouvelles suggestions concernant ton attitude envers ta fortune, je te recommande de recevoir mes avis comme donnés exclusivement pour toi et pour ta gouverne personnelle. Je ne parle que pour mon compte et à toi comme à un ami interrogateur. Je te conjure de ne pas dicter à d’autres hommes riches la manière dont ils doivent considérer leur fortune. Je te donne les conseils suivants : 132:5.15 « 1. Comme gérant d’une fortune héritée, il faut considérer son origine. Tu es moralement obligé de représenter la génération passée dans la transmission honnête de la fortune légitime aux générations suivantes après en avoir déduit un péage équitable au profit de la génération présente. Mais tu n’es pas obligé de perpétuer une malhonnêteté ou une injustice impliquée dans l’accumulation non équitable d’une fortune par tes ancêtres. Si une partie de ta fortune héritée se révèle provenir de fraudes ou d’injustices, tu peux la débourser conformément à tes convictions sur la justice, la générosité et la restitution. Quant au reste de ta fortune légitimement héritée, tu peux en disposer équitablement et la transmettre sans crainte en tant que dépositaire d’une génération pour le compte de la suivante. Une sage discrimination et un jugement sain devraient dicter tes dispositions testamentaires. 132:5.16 « 2. Toute personne qui jouit d’une fortune provenant de découvertes devrait se rappeler que chaque individu ne vit sur terre que pendant un court laps de temps ; en conséquence, il devrait prendre des dispositions adéquates pour partager le bénéfice de ses découvertes d’une manière utile avec le plus grand nombre possible de ses semblables. Le prospecteur ne doit pas se voir refuser toute récompense pour ses efforts de découverte, mais il ne doit pas non plus prétendre égoïstement s’arroger tous les avantages et bienfaits provenant de la mise au jour des ressources accumulées par la nature. 132:5.17 « 3. Tant que les hommes choisissent de mener les affaires du monde par le commerce et le troc, ils ont le droit d’en tirer un bénéfice équitable et légitime. Tout commerçant mérite une rémunération pour ses services ; tout marchand a droit à son salaire. L’équité commerciale et le traitement honnête accordés aux membres des affaires organisées du monde créent toutes sortes de fortunes par bénéfices ; ces sources de richesse doivent être jugées d’après les principes supérieurs de justice, d’honnêteté et d’équité. Un commerçant honnête ne doit pas hésiter à prendre pour une opération donnée le bénéfice qu’il accorderait volontiers à un collègue dans une affaire analogue. Bien que cette sorte de profits, quand les affaires se traitent sur une grande échelle, ne soit pas identique aux revenus gagnés individuellement, une fortune ainsi accumulée honnêtement confère à son possesseur un droit considérable à faire entendre sa voix quand il s’agit de la répartir. 132:5.18 « 4. Nul mortel connaissant Dieu et cherchant à faire la volonté divine ne peut s’abaisser à exercer des contraintes au moyen de sa fortune. Nul homme noble ne s’efforcera d’accumuler des richesses et d’amasser une puissance financière par l’esclavage ou l’exploitation injuste de ses frères dans la chair. Quand la richesse est tirée du labeur d’humains opprimés, elle est un fléau moral et un stigmate spirituel. Toute fortune de cet ordre devrait être restituée à ceux qui ont été ainsi dépossédés, ou à leurs enfants et à leurs petits-enfants. On ne peut bâtir une civilisation durable sur la pratique consistant à frustrer les travailleurs de leur salaire. 132:5.19 « 5. Le capital honnête a droit à des intérêts. Tant que les hommes empruntent et prêtent, ils peuvent percevoir un intérêt équitable, pourvu que la somme prêtée ait été acquise légitimement. Apure d’abord ton capital avant de prétendre à des intérêts. Ne deviens pas mesquin et cupide au point de t’abaisser à pratiquer l’usure. Ne te permets jamais d’être assez égoïste pour employer le pouvoir de l’argent à gagner un avantage injuste sur tes semblables qui se débattent. Ne cède pas à la tentation d’exiger des intérêts usuraires de ton frère s’il a des embarras financiers. 132:5.20 « 6. Si par hasard tu gagnes une fortune par des traits de génie, si tes richesses représentent la rémunération de tes dons inventifs, ne réclame pas une portion injuste de cette rémunération. Un génie est redevable de quelque chose aussi bien à ses ancêtres qu’à sa progéniture ; de même il encourt des obligations envers la race, la nation et l’entourage de ses découvertes originales ; il ne doit pas oublier que c’est en tant qu’homme parmi les hommes qu’il a travaillé à ses inventions et les a mises au point. Par contre, il serait injuste de priver un génie de toutes les plus-values de sa fortune. D’ailleurs il sera toujours impossible aux hommes d’établir des lois et des règlements uniformément applicables à tous les problèmes de distribution équitable des richesses. Il faut d’abord reconnaitre les hommes comme tes frères. Si tu désires honnêtement les traiter comme tu souhaiterais toi-même être traité, les impératifs ordinaires d’honnêteté et d’équité te guideront dans le règlement juste et impartial de tous les problèmes périodiques concernant les rémunérations économiques et la justice sociale. 132:5.21 « 7. Sauf pour les honoraires justes et légitimes gagnés dans l’administration de ses biens, nul homme ne devrait émettre de prétentions personnelles sur la fortune que le temps et la chance peuvent avoir placée entre ses mains. Il faut un peu considérer les richesses accidentelles comme un dépôt de confiance à dépenser au profit de votre groupe économique ou social. Les possesseurs de cette fortune devraient avoir une voix majoritaire pour déterminer la distribution sage et efficace de ces biens non gagnés. Les hommes civilisés cesseront un jour de considérer tout ce qu’ils contrôlent comme leur propriété personnelle et privée. 132:5.22 « 8. Si une portion quelconque de ta fortune provient sciemment de fraudes, si une fraction de tes biens a été amassée par des pratiques malhonnêtes ou par des méthodes inéquitables, si tes richesses sont le produit d’affaires traitées injustement avec tes semblables, hâte-toi de restituer tous ces gains mal acquis à leurs légitimes propriétaires. Répare entièrement les torts et épure ainsi ta fortune de tous ses éléments malhonnêtes. 132:5.23 « 9. La gestion des biens par une personne pour le compte de certaines autres est une responsabilité solennelle et sacrée. Ne hasarde pas ce dépôt, ne le mets pas en péril. N’en prélève pour toi-même que la fraction reconnue équitable par tous les honnêtes gens. 132:5.24 « 10. La partie de ta fortune qui représente les gains dus à tes propres efforts physiques et mentaux – si tu as travaillé loyalement et équitablement – est véritablement à toi. Nul ne peut contester ton droit de détenir et d’utiliser cette fortune à ta convenance, pourvu que l’exercice de ce droit ne nuise pas à tes semblables. » 132:5.25 Quand Jésus eut fini de lui donner ces avis, le riche Romain se leva de son divan et, en souhaitant le bonsoir à Jésus, il lui fit la promesse suivante : « Mon cher ami, je perçois que tu es un homme de grande sagesse et de grande bonté ; dès demain, je commencerai à administrer toute ma fortune conformément à tes conseils. » 6. Ministère social 132:6.1 C’est également à Rome que se passa l’incident touchant où le Créateur d’un univers passa plusieurs heures à rendre un enfant perdu à sa mère angoissée. Ce petit garçon s’était égaré en s’éloignant de sa maison, et Jésus le trouva pleurant de désespoir. Jésus et Ganid avaient prévu de se rendre à la bibliothèque, mais ils se dévouèrent pour ramener l’enfant chez lui. Ganid n’oublia jamais le commentaire de Jésus : « Tu sais Ganid, la plupart des êtres humains ressemblent à cet enfant égaré. Ils perdent beaucoup de temps à pleurer dans la crainte et à souffrir dans le chagrin, alors qu’en vérité ils se trouvent tout près du salut et de la sécurité, de même que cet enfant n’était pas loin de sa maison. Tous ceux qui connaissent le chemin de la vérité et jouissent de l’assurance de connaitre Dieu devraient considérer comme un privilège, et non comme un devoir, d’offrir leurs conseils à leurs semblables pour les seconder dans leurs efforts pour trouver les satisfactions de la vie. N’avons-nous pas ressenti une joie suprême à rendre cet enfant à sa mère ? De même, ceux qui conduisent les hommes à Dieu éprouvent la satisfaction suprême du service humain. » À partir de ce jour-là et durant le reste de sa vie sur terre, Ganid fut toujours à l’affut d’enfants perdus qu’il pourrait ramener à leur foyer. 132:6.2 Il y avait une veuve avec cinq enfants dont le mari avait été tué dans un accident. Jésus raconta à Ganid comment il avait lui-même perdu son père dans un accident. Ils allèrent maintes fois réconforter cette mère et ses enfants, et Ganid demanda de l’argent à son père pour leur fournir des vivres et des vêtements. Ils ne cessèrent pas leurs efforts avant d’avoir trouvé un emploi pour le fils ainé, de manière qu’il puisse contribuer à l’entretien de la famille. 132:6.3 Ce soir-là, tandis que Gonod écoutait le récit de ces expériences, il dit avec bonhomie à Jésus : « Je me propose de faire de mon fils un érudit ou un homme d’affaires, et maintenant tu commences à en faire un philosophe ou un philanthrope. » Jésus répondit en souriant : « Peut-être ferons-nous de lui tous les quatre. Il pourra alors jouir d’une quadruple satisfaction dans la vie, car son oreille subtile destinée à reconnaitre la mélodie humaine pourra discerner quatre toniques au lieu d’une seule. » Alors Gonod dit : « Je perçois que tu es réellement un philosophe. Il faut que tu écrives un livre pour les générations futures. » Et Jésus répondit : « Pas un livre – ma mission est de vivre une vie dans cette génération et pour toutes les générations. Je... » Mais il s’arrêta et dit à Ganid : « Mon fils, il est l’heure d’aller se coucher. » 7. Voyages autour de Rome 132:7.1 Jésus, Gonod et Ganid firent cinq voyages en partant de Rome vers des points intéressants du territoire environnant. Au cours de leur visite de la région des lacs italiens du Nord, Jésus eut un long entretien avec Ganid sur l’impossibilité de donner à un homme des enseignements sur Dieu si cet homme ne désire pas connaitre Dieu. Au cours de leur trajet vers les lacs, ils avaient rencontré par hasard un païen borné, et Ganid fut surpris de voir que Jésus, contrairement à sa manière de faire habituelle, n’entrainait pas cet homme dans une conversation qui aurait naturellement conduit à discuter des questions spirituelles. Lorsque Ganid demanda à son Maitre pourquoi il portait si peu d’intérêt à ce païen, Jésus répondit : 132:7.2 « Ganid, cet homme n’avait pas soif de vérité. Il n’était pas mécontent de lui-même. Il n’était pas prêt à appeler à l’aide, et les yeux de son mental n’étaient pas ouverts pour recevoir la lumière destinée à l’âme. Cet homme n’était pas mûr pour la moisson du salut. Il faut lui accorder un délai pour que les épreuves et les difficultés de la vie le préparent à recevoir la sagesse et la connaissance supérieure. Ou bien encore, s’il pouvait venir vivre avec nous, nous pourrions par notre vie lui montrer le Père qui est aux cieux ; nos vies, en tant que fils de Dieu, pourraient l’attirer au point de l’obliger à s’enquérir de notre Père. On ne peut révéler Dieu à ceux qui ne le cherchent pas, ni conduire des âmes réticentes aux joies du salut. Il faut que les expériences de la vie aient donné à l’homme la soif de la vérité ou bien qu’il désire connaitre Dieu par suite du contact avec la vie de ceux qui connaissent le divin Père avant qu’un autre être humain puisse agir comme intermédiaire pour conduire un tel compagnon mortel à croire au Père qui est aux cieux. Si nous connaissons Dieu, notre véritable travail sur terre consiste à vivre de manière à permettre au Père de se révéler à travers notre vie. Ainsi, toutes les personnes qui recherchent Dieu verront le Père et recourront à notre aide pour mieux connaitre le Dieu qui réussit à s’exprimer de cette manière dans notre vie. » 132:7.3 Ce fut dans la montagne, au cours de leur voyage en Suisse, que Jésus eut, avec le père et le fils, un entretien de toute une journée sur le bouddhisme. Ganid avait bien des fois posé à Jésus des questions directes sur Bouddha, mais avait toujours reçu des réponses plus ou moins évasives. Ce jour-là, en présence de son fils, le père posa à Jésus une question directe concernant Bouddha et reçut une réponse directe. Gonod dit : « Je voudrais réellement savoir ce que tu penses de Bouddha. » Et Jésus répondit : 132:7.4 « Votre Bouddha fut très supérieur à votre bouddhisme. Bouddha fut un grand homme, et même un prophète pour son peuple, mais un prophète orphelin. Je veux dire par là que, de bonne heure, il perdit de vue son Père spirituel, le Père qui est aux cieux. Son expérience fut tragique. Il essaya de vivre et d’enseigner en tant que messager de Dieu, mais sans Dieu. Bouddha dirigea son navire du salut droit vers le port de sécurité, jusqu’à l’entrée du havre de salut des mortels, et, là, à cause de plans de navigation erronés, le bon navire s’échoua à la côte. Il y est resté pendant de nombreuses générations, immobile et presque irrémédiablement bloqué. Beaucoup de vos compatriotes sont restés sur ce bateau pendant toutes ces années. Ils vivent à portée de voix des eaux tranquilles du repos, mais refusent d’y entrer parce que la noble embarcation du bon Bouddha a eu la malchance d’échouer juste à côté du port. Les peuples bouddhistes n’entreront jamais dans cette rade à moins d’abandonner le navire philosophique de leur prophète et de saisir son noble esprit. Si votre peuple était resté fidèle à l’esprit de Bouddha, il y a longtemps que vous seriez entrés dans votre havre de tranquillité d’esprit, de repos d’âme et d’assurance de salut. 132:7.5 « Tu vois, Gonod, Bouddha connaissait Dieu en esprit, mais ne réussit pas à le découvrir clairement mentalement ; les Juifs découvrirent Dieu mentalement, mais manquèrent dans une large mesure de le connaitre en esprit. Aujourd’hui, les Bouddhistes pataugent dans une philosophie sans Dieu, tandis que mon peuple est pitoyablement enchainé à la crainte d’un Dieu et dépourvu d’une philosophie salvatrice de vie et de liberté. Vous avez une philosophie sans Dieu ; les Juifs ont un Dieu, mais sont largement dépourvus d’une philosophie de vie qui y soit reliée. Faute d’avoir la vision de Dieu en tant qu’esprit et Père, Bouddha n’a pas réussi à apporter dans son enseignement l’énergie morale et la force motrice spirituelle qu’une religion doit posséder pour changer une race et élever une nation. » 132:7.6 Alors Ganid s’écria : « Maitre, instituons, toi et moi, une nouvelle religion qui soit assez bonne pour l’Inde et assez grande pour Rome ; peut-être pourrons-nous l’apporter aux Juifs en échange de Yahweh ». Jésus répondit : « Ganid, les religions des hommes ne s’instituent pas. Elles se développent au cours de longues périodes de temps, tandis que les révélations de Dieu illuminent comme des éclairs sur terre dans la vie des hommes qui révèlent Dieu à leurs semblables ». Mais ni Gonod ni Ganid ne comprirent la signification de ces paroles prophétiques. 132:7.7 Cette nuit-là, après s’être couché, Ganid ne put dormir. Il parla longuement à son père et finit par dire : « Tu sais, père, je crois parfois que Joshua est un prophète. » Et son père répondit seulement d’un ton somnolent : « Mon fils, il y en a d’autres… » 132:7.8 À partir de ce jour-là et pendant le reste de sa vie terrestre, Ganid continua à élaborer une religion à lui. Il était mentalement très impressionné par la largeur d’esprit, l’équité et la tolérance de Jésus. Dans toutes leurs discussions philosophiques et religieuses, jamais le jeune homme n’éprouva de ressentiments, ni de réactions d’antagonismes. 132:7.9 Quelle scène à contempler pour les intelligences célestes que ce spectacle d’un adolescent hindou proposant au Créateur d’un univers d’instituer avec lui une nouvelle religion ! Or, bien que le jeune homme ne le sût pas, ils étaient bel et bien en train d’établir une religion nouvelle et éternelle – une nouvelle voie de salut, la révélation de Dieu aux hommes par Jésus et en Jésus. Ce que le jeune homme souhaitait faire le plus au monde, il était inconsciemment occupé à le faire. Il en fut et il en est toujours ainsi. Quand l’imagination humaine éclairée et réfléchie, spirituellement instruite et guidée, cherche, de tout cœur et avec désintéressement, à faire ou à être quelque chose, elle devient créative dans une mesure appréciable selon le degré de consécration du mortel à faire divinement la volonté du Père. Quand l’homme s’associe à Dieu, de grands évènements peuvent se produire et se produisent effectivement. FASCICULE 133. Le retour de Rome 133:0.1 En se préparant à quitter Rome, Jésus ne fit d’adieux à aucun de ses amis. Le scribe de Damas était apparu à Rome sans être annoncé et en disparut de la même manière. Il fallut une année entière avant que ceux qui le connaissaient et l’aimaient renoncent à l’espoir de le revoir. Avant la fin de la deuxième année, de petits groupes de ceux qui l’avaient connu se trouvèrent réunis en raison de leur intérêt commun pour ses enseignements et de leur souvenir mutuel des bons moments passés avec lui. Ces petits groupes de stoïciens, de cyniques et d’adeptes des cultes des mystères continuèrent à tenir ces réunions sporadiques et officieuses jusqu’à l’époque même où apparurent, à Rome, les premiers prédicateurs de la religion chrétienne. 133:0.2 Gonod et Ganid avaient fait tant d’achats à Alexandrie et à Rome qu’ils envoyèrent tous leurs bagages d’avance à Tarente par un convoi de bêtes de somme, tandis que les trois voyageurs traversaient paisiblement l’Italie à pied par la grande Voie Appienne. Au cours de ce voyage, ils rencontrèrent toutes sortes d’êtres humains. Beaucoup de nobles citoyens romains et de colons grecs vivaient le long de cette route, mais déjà la progéniture d’un grand nombre d’esclaves de souche inférieure commençait à faire son apparition. 133:0.3 Un jour où ils s’arrêtèrent pour déjeuner, à peu près à moitié chemin de Tarente, Ganid posa à Jésus une question directe sur ce qu’il pensait du système des castes aux Indes. Jésus répondit : « Bien que les êtres humains diffèrent les uns des autres sous beaucoup de rapports, tous les mortels se trouvent sur un pied d’égalité devant Dieu et le monde spirituel. Aux yeux de Dieu, il n’y a que deux groupes de mortels, ceux qui désirent faire sa volonté et ceux qui ne le désirent pas. Quand l’univers contemple un monde habité, il discerne également deux grandes classes d’hommes, ceux qui connaissent Dieu et ceux qui ne le connaissent pas. Ceux qui ne peuvent pas connaitre Dieu sont comptés parmi les animaux dudit royaume. On peut, à juste titre, diviser les hommes en de nombreuses classes selon leurs différentes qualifications, car on peut les considérer du point de vue physique, mental, social, professionnel ou moral ; mais, devant la barre du tribunal de Dieu, ces différentes classes de mortels apparaissent sur un pied d’égalité. En vérité, Dieu ne fait pas acception de personnes. Bien que l’on ne puisse éviter de reconnaitre, chez les hommes, des aptitudes et des dons diversifiés en matière intellectuelle, sociale et morale, il ne faudrait faire aucune distinction de cet ordre dans la fraternité spirituelle des hommes quand ils sont réunis pour adorer en présence de Dieu. » 1. Miséricorde et justice 133:1.1 Un incident très intéressant se produisit un après-midi au bord de la route alors qu’ils approchaient de Tarente. Ils virent un jeune garçon grossier et brutal attaquer un garçon plus petit. Jésus se hâta d’aider la jeune victime et, quand il l’eut tiré de ce mauvais pas, il maintint étroitement l’agresseur jusqu’à ce que le petit garçon se fût échappé. Dès que Jésus eut lâché le jeune brutal, Ganid fonça sur lui et se mit à lui infliger une bonne correction. Au grand étonnement de Ganid, Jésus intervint promptement. Il refréna Ganid et permit au garçon effrayé de s’enfuir. Aussitôt qu’il eut repris son souffle, Ganid s’écria avec agitation : « Maitre, je n’arrive pas à te comprendre. Si la miséricorde demande que tu sauves le petit garçon, la justice n’exige-t-elle pas que l’agresseur plus fort soit puni ? » Au cours de sa réponse, Jésus dit : 133:1.2 « Ganid, il est bien vrai que tu ne comprends pas. Le ministère de la miséricorde est toujours une affaire individuelle, tandis que la justice et ses châtiments sont la fonction de groupes administratifs de la société, du gouvernement ou de l’univers. En tant qu’individu, je suis tenu de montrer de la miséricorde ; il fallait que j’aille au secours du garçon attaqué, et, en toute logique, j’ai le droit d’employer la force suffisante pour paralyser l’agresseur. C’est précisément ce que j’ai fait. J’ai délivré le garçon attaqué, et là se terminait le ministère de miséricorde. Ensuite, j’ai maintenu, par la force, l’agresseur assez longtemps pour permettre à sa victime plus faible de s’enfuir, après quoi je me suis retiré de l’affaire. Je ne me suis pas mis à juger l’attaquant en évaluant ses mobiles – à apprécier tous les éléments que comportait son attaque – puis à infliger la punition que mon mental aurait pu dicter pour la juste rétribution de son méfait. Ganid, la miséricorde peut être prodigue, mais la justice est précise. Rends-toi compte qu’il y a peu de chances de voir deux personnes se mettre d’accord sur la sanction susceptible de satisfaire les exigences de la justice. L’une voudra imposer quarante coups de fouet, une autre vingt, tandis qu’une troisième recommandera la réclusion comme juste punition. Ne peux-tu voir que, sur cette terre, il vaut mieux que de telles responsabilités retombent sur la collectivité ou qu’elles soient administrées par des représentants choisis de cette collectivité ? Dans l’univers, le droit de juger appartient à ceux qui connaissent pleinement les antécédents de tous les méfaits aussi bien que leurs motifs. Dans une société civilisée et dans un univers organisé, l’administration de la justice présuppose le prononcé d’une juste sentence après un jugement équitable, et ces prérogatives sont dévolues aux corps judiciaires des mondes et aux administrateurs omniscients des univers supérieurs de toute la création. » 133:1.3 Durant des jours, ils s’entretinrent du problème consistant à manifester la miséricorde et à administrer la justice. Ganid comprit, au moins dans une certaine mesure, pourquoi Jésus ne voulait pas se battre personnellement, mais il posa une dernière question à laquelle il ne reçut jamais de réponse entièrement satisfaisante. Il demanda : « Maitre, si une créature plus forte que toi et méchante t’attaquait et menaçait de te détruire, comment agirais-tu ? Ne ferais-tu aucun effort pour te défendre ? » Jésus ne pouvait répondre d’une manière complète et satisfaisante à la question du jeune homme, car il ne voulait pas lui révéler que lui (Jésus) vivait sur terre pour donner à un univers qui le contemplait l’exemple de l’amour du Père du Paradis. Il répondit néanmoins ceci : 133:1.4 « Ganid, je comprends bien à quel point certains de ces problèmes te rendent perplexe, et je vais m’efforcer de répondre à ta question. D’abord, dans toute attaque éventuelle dirigée contre ma personne, je déterminerais si l’agresseur est ou non un fils de Dieu – mon frère dans la chair. Si j’estimais que cette créature est dépourvue de jugement moral et de raison spirituelle, je me défendrais sans hésitation jusqu’à la limite de ma force de résistance, sans me préoccuper des conséquences pour l’attaquant. Mais, si ce compagnon avait statut de fils, je ne me battrais pas ainsi contre lui, même en cas de légitime défense. Autrement dit, je ne le punirais pas d’avance et sans jugement pour m’avoir attaqué. Par tous les artifices possibles, je chercherais à l’empêcher et à le dissuader de lancer son attaque, et à la modérer au cas où je ne réussirais pas à la faire avorter. Ganid, j’ai une confiance absolue dans la surveillance supérieure exercée par mon Père qui est aux cieux. Je suis consacré à faire la volonté de mon Père qui est dans les cieux. Je ne crois pas que l’on puisse réellement me nuire, ni que l’œuvre de ma vie puisse vraiment être mise en péril par un effort quelconque de mes ennemis contre moi, et par ailleurs nous n’avons certainement à craindre aucune violence de la part de nos amis. Je suis absolument convaincu que l’univers entier est amical à mon égard – et je persiste à croire à cette toute-puissante vérité avec une confiance totale, malgré toutes les apparences contraires. » 133:1.5 Mais Ganid n’était pas entièrement satisfait. Il revint maintes fois sur le sujet. Jésus lui raconta certaines de ses expériences d’enfant et lui parla également de Jacob, le fils du maçon. En apprenant comment Jacob s’était érigé lui-même en défenseur de Jésus, Ganid dit : « Oh, je commence à comprendre ! Tout d’abord, il est très peu probable qu’un être humain normal veuille attaquer une personne aussi bonne que toi. Même si quelqu’un était assez fou pour le faire, il est à peu près sûr qu’il y aurait à proximité quelque autre mortel pour voler à ton secours, comme tu le fais toujours toi-même pour toute personne que tu vois dans la détresse. Maitre, je suis d’accord avec toi dans mon cœur, mais, dans ma tête, je pense encore que, si j’avais été Jacob, j’aurais pris plaisir à punir ces grossiers personnages qui prétendaient t’attaquer simplement parce qu’ils croyaient que tu ne te défendrais pas. Je suppose que tu voyages assez en sécurité à travers la vie, car tu passes beaucoup de temps à aider autrui et à secourir tes semblables en détresse – eh bien, il est fort probable qu’il y aura toujours quelqu’un à portée de la main pour te défendre. » Et Jésus répondit : « Cette épreuve n’est pas encore arrivée, Ganid, et, quand elle viendra, il faudra nous conformer à la volonté du Père. » Ce fut à peu près tout ce que le jeune homme réussit à tirer de son maitre sur le sujet difficile de l’autodéfense et de la non-résistance. En une autre occasion, Ganid obtint de Jésus l’opinion que la société organisée avait parfaitement le droit d’employer la force pour faire exécuter ses justes ordonnances. 2. L’embarquement à Tarente 133:2.1 Tandis qu’ils s’attardaient au point d’accostage du bateau en attendant le déchargement d’une partie de sa cargaison, les voyageurs remarquèrent un homme qui maltraitait sa femme. Selon son habitude, Jésus intervint en faveur de la personne attaquée. Il s’avança derrière le mari furieux, lui tapa gentiment sur l’épaule et lui dit : « Mon ami, puis-je te parler en tête-à-tête pendant quelques instants ? » L’homme en colère fut interloqué par cette approche et, après un moment d’hésitation embarrassée, il balbutia : « Euh – pourquoi – oui, que me veux-tu ? » Jésus le conduisit à l’écart et lui dit : « Mon ami, j’imagine qu’il a dû t’arriver quelque chose de terrible. Je désire vivement t’entendre raconter ce qui a pu advenir à un homme fort comme toi pour l’amener à se livrer à des voies de fait sur sa femme, la mère de ses enfants, et cela aux yeux de tous. Je suis certain que tu as le sentiment d’avoir une bonne raison pour justifier cette attaque. Qu’est-ce que ta femme a fait pour mériter pareil traitement de la part de son mari ? En te regardant, je crois discerner sur ton visage l’amour de la justice, sinon le désir de montrer de la miséricorde. Je m’aventure à dire que, si tu me trouvais sur le côté de la route, attaqué par des voleurs, tu te précipiterais sans hésitation à mon secours. J’ose affirmer que tu as accompli bien des actes de bravoure de cet ordre au cours de ta vie. Maintenant, mon ami, dis-moi de quoi il s’agit. Ta femme a-t-elle fait quelque chose de mal, ou bien as-tu sottement perdu la tête et l’as-tu frappée d’une manière irréfléchie ? » Le cœur de l’homme fut touché, moins par les paroles de Jésus que par le regard affectueux et le sourire compatissant accompagnant la conclusion de ses remarques. L’homme dit : « Je perçois que tu es un prêtre des cyniques et je te suis reconnaissant de m’avoir réfréné. Ma femme n’a pas fait grand-chose de mal, elle est une brave femme, mais elle m’irrite par la manière dont elle me cherche noise en public, et je perds alors mon sang-froid. Je suis désolé de mon manque de contrôle sur moi-même, et je promets d’essayer de remplir l’engagement que j’avais pris envers l’un de tes frères qui m’avait enseigné la meilleure voie, il y a bien des années. Je te le promets. » 133:2.2 Alors, en lui disant adieu, Jésus ajouta : « Mon frère, n’oublie jamais que l’homme n’a pas d’autorité sur la femme à moins que la femme ne lui ait spontanément et volontairement donné cette autorité. Ton épouse s’est engagée à traverser la vie avec toi, à t’aider dans les luttes que cette vie comporte et à assumer la majeure partie du fardeau consistant à mettre au monde et à élever tes enfants. En retour de cette prestation spéciale, il est simplement équitable qu’elle reçoive de toi cette protection spéciale que l’homme peut donner à la femme en tant que partenaire obligée de porter, de mettre au monde et de nourrir les enfants. La considération et les soins affectueux qu’un homme est disposé à accorder à sa femme et à ses enfants indiquent la mesure dans laquelle cet homme a atteint les niveaux supérieurs de conscience de soi, créative et spirituelle. Ne sais-tu pas que les hommes et les femmes sont partenaires de Dieu, en ce sens qu’ils coopèrent pour créer des êtres qui grandissent jusqu’à posséder le potentiel d’âmes immortelles ? Le Père qui est aux cieux traite comme un égal l’Esprit-Mère des enfants de l’univers. C’est ressembler à Dieu que de partager ta vie et tout ce qui s’y rapporte sur un pied d’égalité avec la mère et compagne qui partage pleinement avec toi cette expérience divine de vous reproduire dans la vie de vos enfants. Si seulement tu peux aimer tes enfants comme Dieu t’aime, tu aimeras et tu chériras ta femme comme le Père qui est aux cieux honore et exalte l’Esprit Infini, mère de tous les enfants de l’esprit d’un vaste univers. » 133:2.3 En montant à bord du voilier, ils se retournèrent pour contempler la scène du couple qui, les larmes aux yeux, se tenait silencieusement enlacé. Ayant entendu la dernière partie du message de Jésus à cet homme, Gonod passa toute la journée à méditer sur le sujet et résolut de réorganiser son foyer dès son retour aux Indes. 133:2.4 Le voyage jusqu’à Nicopolis fut agréable mais lent, car le vent n’était pas favorable. Les trois compagnons passèrent de nombreuses heures à raconter leurs expériences à Rome et à se remémorer tout ce qui leur était arrivé depuis leur première rencontre à Jérusalem. Ganid se pénétrait de l’esprit de ministère personnel. Il commença à l’exercer sur le cambusier, mais, le deuxième jour, quand il s’engagea dans les eaux profondes de la religion, il appela Joshua à la rescousse pour s’en tirer. 133:2.5 Ils passèrent plusieurs jours à Nicopolis, la ville fondée par Auguste une cinquantaine d’années auparavant comme « cité de victoire » pour commémorer la bataille d’Actium ; c’était le lieu où Auguste avait campé avec son armée avant la bataille. Ils logèrent dans la maison d’un certain Jéramy, un prosélyte grec de la foi juive qu’ils avaient rencontré à bord. Plus tard, l’apôtre Paul passa tout l’hiver avec le fils de Jéramy, dans cette même maison, au cours de son troisième voyage missionnaire. De Nicopolis, Jésus, Gonod et Ganid firent voile sur le même bateau pour Corinthe, capitale de la province romaine d’Achaïe. 3. À Corinthe 133:3.1 Dès avant leur arrivée à Corinthe, Ganid commençait à s’intéresser beaucoup à la religion juive. Il n’y eut donc rien d’anormal à ce qu’un jour, en passant devant la synagogue et en voyant les gens y entrer, il demandât à Jésus de l’emmener à l’office. Ce jour-là, ils entendirent un savant rabbi discourir sur la « Destinée d’Israël ». Après le service, ils rencontrèrent un certain Crispus, principal chef de cette synagogue. Ils retournèrent maintes fois aux offices de la synagogue, mais surtout pour rencontrer Crispus. Ganid se prit d’une grande affection pour lui, sa femme et leur famille de cinq enfants. Il prit grand plaisir à observer comment un Juif menait sa vie de famille. 133:3.2 Tandis que Ganid étudiait la vie de famille, Jésus enseignait à Crispus les meilleures voies de la vie religieuse. Jésus eut plus de vingt entretiens avec ce Juif progressiste. Des années plus tard, Paul prêcha dans cette même synagogue, et les juifs rejetèrent son message et interdirent par un vote la poursuite de ses prédications à la synagogue. Il se rendit alors auprès des Gentils, et il n’y a rien de surprenant à ce que Crispus et toute sa famille aient embrassé la nouvelle religion. Crispus devint l’un des principaux soutiens de l’Église chrétienne que Paul organisa ensuite à Corinthe. 133:3.3 Au cours des dix-huit mois où Paul prêcha à Corinthe et où il fut rejoint plus tard par Silas et Timothée, il rencontra beaucoup d’autres personnes qui avaient été instruites par le « précepteur juif du fils d’un marchand hindou ». 133:3.4 À Corinthe, Jésus, Gonod et Ganid rencontrèrent des gens de toutes les races venant de trois continents. Après Alexandrie et Rome, Corinthe était la ville la plus cosmopolite de l’empire méditerranéen. Bien des spectacles y attiraient l’attention, et Ganid ne se lassa jamais de visiter la citadelle qui se dressait à près de six-cents mètres au-dessus de la mer. Il passa aussi une grande partie de ses loisirs dans la synagogue et au foyer de Crispus. Ganid fut d’abord choqué, puis séduit par le statut de la femme dans les foyers juifs ; ce fut une révélation pour ce jeune Hindou. 133:3.5 Jésus et Ganid furent souvent les hôtes d’un autre foyer juif, celui de Justus, un pieux marchand, qui vivait dans une maison contigüe à la synagogue. L’apôtre Paul séjourna plus tard dans cette maison et entendit maintes fois raconter ces rencontres avec le jeune Hindou et son précepteur juif. Paul et Justus se demandaient ce qu’il avait bien pu advenir de ce sage et brillant éducateur hébreu. 133:3.6 Au cours de leur séjour à Rome, Ganid avait remarqué que Jésus refusait de les accompagner aux bains publics. Le jeune homme essaya plusieurs fois ensuite d’inciter Jésus à donner son opinion sur les relations entre sexes. Jésus répondait aux questions du garçon, mais ne paraissait jamais enclin à s’étendre sur ce sujet. Un soir, tandis qu’ils se promenaient à Corinthe, près de l’endroit où le mur de la citadelle descendait jusqu’à la mer, ils furent accostés par deux filles publiques. Ganid était à juste titre imbu de l’idée que Jésus était un homme de haut idéal abhorrant tout ce qui touchait à l’impureté ou avait un relent de mal ; en conséquence, il parla sèchement à ces femmes en les invitant grossièrement à s’en aller. Voyant cela, Jésus dit à Ganid : « Tu as de bonnes intentions, mais tu ne devrais pas te permettre de parler ainsi aux enfants de Dieu, même s’ils se trouvent être ses enfants dévoyés. Qui sommes-nous pour juger ces femmes ? Connais-tu toutes les circonstances qui les ont amenées à recourir à de pareilles méthodes pour se procurer leur subsistance ? Reste ici avec moi ; et discutons de ces choses. » Les prostituées furent encore plus étonnées que Ganid par ses paroles. 133:3.7 Le groupe se tenait debout, éclairé par la lune, et Jésus poursuivit : « Dans chaque mental humain vit un esprit divin, don du Père qui est aux cieux. Ce bon esprit s’efforce toujours de nous conduire à Dieu, de nous aider à trouver Dieu et à connaitre Dieu. Mais les mortels sont également soumis à bien des tendances physiques naturelles que le Créateur a placées en eux pour servir le bien-être individuel et racial. Or, les hommes et les femmes s’embrouillent bien souvent dans leurs efforts pour se comprendre et attaquer les multiples difficultés rencontrées pour gagner leur vie dans un monde si largement dominé par l’égoïsme et le péché. Ganid, je perçois que ni l’une ni l’autre de ces femmes n’est volontairement dépravée. Je peux dire, d’après leur visage, qu’elles ont subi de grands chagrins ; elles ont beaucoup souffert sous les coups d’un destin apparemment cruel ; elles n’ont pas choisi intentionnellement cette sorte de vie. Dans un découragement frisant le désespoir, elles ont succombé à la pression du moment et accepté ce procédé déplaisant pour gagner de quoi vivre, comme meilleur moyen de se tirer d’une situation qui leur paraissait désespérée. Ganid, certaines personnes sont réellement perverses dans leur cœur et choisissent délibérément de faire des choses méprisables. Mais, dis-moi, en regardant ces visages maintenant inondés de larmes, y vois-tu quelque chose de mauvais ou de méchant ? » Tandis que Jésus attendait sa réponse, la voix de Ganid s’étouffait dans un balbutiement. « Non, Maitre, je ne vois rien de tel et je m’excuse de ma grossièreté – je les supplie de me pardonner. » Alors, Jésus dit : « Je t’annonce, de leur part, qu’elles t’ont pardonné, de même que je dis, de la part de mon Père qui est aux cieux, que lui leur a pardonné. Maintenant, accompagnez-moi tous les trois vers la maison d’un ami où nous chercherons de quoi nous sustenter et ferons des plans pour la vie nouvelle et meilleure qui est devant nous. » Jusque-là, les femmes stupéfaites n’avaient pas dit un mot ; elles se regardèrent et suivirent silencieusement les hommes qui montraient le chemin. 133:3.8 Imaginez la surprise de la femme de Justus quand, à cette heure tardive, Jésus apparut avec Ganid et les deux étrangères en disant : « Nous nous excusons d’arriver à cette heure, mais Ganid et moi, nous aimerions manger un morceau et le partager avec ces nouvelles amies qui ont également besoin de nourriture. En outre, nous venons vers toi avec l’idée que cela t’intéressera de tenir conseil avec nous sur la meilleure manière d’aider ces deux femmes à prendre un nouveau départ dans la vie. Elles peuvent te raconter leur histoire, mais je suppose qu’elles ont eu bien des difficultés ; leur présence même dans la maison témoigne combien sérieusement elles désirent connaitre des gens de bien, et combien volontiers elles saisiront l’occasion de montrer au monde entier – et même aux anges du ciel – qu’elles peuvent devenir de braves et nobles femmes. » 133:3.9 Lorsque Marthe, la femme de Justus, eut disposé la nourriture sur la table, Jésus prit congé d’une manière inattendue en disant : « Il est tard, et le père du jeune homme va nous attendre ; veuillez bien nous excuser de vous laisser ensemble – trois femmes – les filles bien-aimées du Très Haut. Je prierai pour votre gouverne spirituelle pendant que vous allez faire des plans pour leur vie nouvelle et meilleure sur terre et pour leur vie éternelle dans le grand au-delà. » 133:3.10 Jésus et Ganid prirent donc congé des femmes. Jusque-là, les deux courtisanes n’avaient rien dit, et Ganid était également incapable de parler. Pendant quelques instants, il en fut de même pour Marthe, mais elle s’éleva bientôt à la hauteur des circonstances et fit, pour ces étrangères, tout ce que Jésus avait espéré. La plus âgée des deux mourut, peu de temps après, avec de brillantes espérances de survie éternelle ; la plus jeune travailla avec Justus au siège de ses affaires et devint plus tard, pour toute sa vie, membre de la première Église chrétienne à Corinthe. 133:3.11 Dans la maison de Crispus, Jésus et Ganid rencontrèrent plusieurs fois un certain Gaïus, qui devint plus tard un fidèle soutien de Paul. Durant ces deux mois à Corinthe, ils eurent des conversations familières avec des dizaines de personnes dignes d’intérêt. À la suite de ces contacts, apparemment dus au hasard, plus de la moitié des intéressés devinrent ultérieurement membres de la communauté chrétienne. 133:3.12 Lors de son premier passage à Corinthe, Paul n’avait pas eu l’intention d’y rester longtemps, mais il ne savait pas à quel point le précepteur juif avait bien préparé la voie pour ses travaux. Il découvrit en outre qu’Aquilas et Priscilla avaient déjà suscité un grand intérêt pour sa doctrine. Aquilas était l’un des cyniques avec qui Jésus était entré en contact à Rome ; lui et sa femme étaient des réfugiés juifs de Rome, et ils se rallièrent rapidement aux enseignements de Paul, qui vécut et travailla avec eux, car ils étaient aussi des fabricants de tentes. Ce fut en raison de ces circonstances que Paul prolongea son séjour à Corinthe. 4. Travail personnel à Corinthe 133:4.1 Jésus et Ganid firent de nombreuses autres expériences intéressantes à Corinthe. Ils eurent des discussions intimes avec un grand nombre de personnes qui profitèrent grandement des exposés de Jésus. 133:4.2 À un meunier, Jésus apprit à moudre les grains de vérité dans le moulin de l’expérience vivante, de manière à rendre les choses difficiles de la vie divine aisément acceptables, même par des compagnons mortels faibles et débiles. Jésus dit : « Donne le lait de la vérité à ceux qui sont dans l’enfance de la perception spirituelle. Dans ta vie et dans ton affectueux ministère, sers la nourriture spirituelle sous forme attrayante et adaptée à la capacité de réception de chacun de ceux qui t’interrogent. » 133:4.3 Au centurion romain, Jésus dit : « Rends à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. Il n’y a pas de conflit entre le sincère service de Dieu et le loyal service de César, à moins que César n’ait la prétention de s’arroger l’hommage auquel seule la Déité peut prétendre. La loyauté envers Dieu, si tu parviens à le connaitre, te rendra d’autant plus loyal et fidèle dans ta dévotion à un empereur digne de ce nom. » 133:4.4 Au chef sincère du culte mithriaque, Jésus dit : « Tu fais bien de rechercher une religion de salut éternel, mais tu te trompes en espérant trouver cette glorieuse vérité dans les mystères établis par les hommes et dans les philosophies humaines. Ne sais-tu pas que le mystère du salut éternel réside dans ta propre âme ? Ne sais-tu pas que le Dieu du ciel a envoyé son esprit vivre en toi, et que tous les hommes qui aiment la vérité et servent Dieu seront conduits par cet esprit hors de cette vie, par les portes de la mort, jusqu’aux hauteurs éternelles de lumière, où Dieu attend de recevoir ses enfants ? Et n’oublie jamais que vous, qui connaissez Dieu, êtes les fils de Dieu si vous aspirez véritablement à être semblables à lui. » 133:4.5 Au maitre épicurien, il dit : « Tu fais bien de choisir le meilleur et d’apprécier ce qui est bon, mais es-tu sage quand tu omets de discerner les grands facteurs de la vie mortelle incorporés dans les royaumes spirituels issus de la conscience de la présence de Dieu dans le cœur humain ? Dans toute expérience humaine, le facteur important est la conscience de connaitre le Dieu dont l’esprit vit en toi et cherche à te faire avancer dans le long et presque interminable voyage pour atteindre la présence personnelle de notre Père commun, le Dieu de toute la création, le Seigneur des univers. » 133:4.6 À l’entrepreneur et constructeur grec, il dit : « Mon ami, en même temps que tu construis les édifices matériels des hommes, développe un caractère spirituel ressemblant à l’esprit divin intérieur de ton âme. Ne laisse pas ta réussite comme constructeur temporel l’emporter sur tes accomplissements comme fils spirituel du royaume des cieux. Pendant que tu bâtis les maisons du temps pour autrui, ne néglige pas de t’assurer ton propre droit de séjour dans les maisons de l’éternité. Souviens-toi toujours qu’il existe une cité dont les fondements sont la droiture et la vérité, et dont le constructeur et créateur est Dieu. » 133:4.7 Au juge romain, Jésus dit : « Pendant que tu juges les hommes, rappelle-toi que tu comparaitras aussi, un jour, devant le tribunal des Souverains d’un univers. Juge avec justice, et même avec miséricorde, car de même, un jour, tu souhaiteras ardemment la considération miséricordieuse de la part de l’Arbitre Suprême. Juge comme tu voudrais être jugé dans des circonstances semblables, et tu seras ainsi guidé par l’esprit de la loi aussi bien que par sa lettre. De même que tu accordes une justice dominée par l’équité, et à la lumière des besoins de ceux qui sont amenés devant toi, de même tu auras le droit de t’attendre à une justice tempérée par la miséricorde quand tu te trouveras, un jour, devant le Juge de toute la terre. » 133:4.8 À la tenancière de l’auberge grecque, il dit : « Offre ton hospitalité comme une personne qui reçoit les enfants du Très Haut. Élève la corvée de ton travail quotidien au niveau élevé d’un art par la conscience croissante que tu sers Dieu en servant les personnes que Dieu habite par son esprit venu vivre dans le cœur des hommes. Cherche ainsi à transformer leur mental et à conduire leur âme à la connaissance du Père Paradisiaque qui a octroyé tous ces dons d’esprit divin. » 133:4.9 Jésus eut de nombreuses rencontres avec un marchand chinois. En prenant congé de lui, il lui fit les recommandations suivantes : « N’adore que Dieu, qui est ton véritable ancêtre spirituel. Souviens-toi que l’esprit du Père vit toujours en toi et oriente toujours ton âme vers le ciel. Si tu suis les directives inconscientes de cet esprit immortel, tu es certain de gravir le chemin élevé qui conduit à trouver Dieu. Quand tu réussiras à atteindre le Père qui est aux cieux, ce sera parce qu’en le cherchant tu t’es mis à lui ressembler de plus en plus. Donc, adieu Chang, mais seulement pour un temps, car nous nous rencontrerons de nouveau dans les mondes de lumière, où le Père des âmes spirituelles a ménagé de nombreux points d’arrêt charmants pour ceux qui se dirigent vers le Paradis. » 133:4.10 Au voyageur venant de Grande-Bretagne, il dit : « Mon frère, je perçois que tu es à la recherche de la vérité. Je suggère la possibilité que l’esprit du Père de toute vérité demeure en toi. As-tu jamais sincèrement essayé de parler à l’esprit de ta propre âme ? Assurément la chose est difficile, et il est rare qu’elle procure la conscience d’une réussite ; mais toute tentative honnête du mental matériel pour communiquer avec son esprit intérieur aboutit à un succès certain, bien que la majorité de ces magnifiques expériences humaines doive rester longtemps des enregistrements superconscients dans les âmes de ces mortels connaissant Dieu. » 133:4.11 Au garçon fugueur, Jésus dit : « Rappelle-toi qu’il y a deux êtres auxquels tu ne peux échapper – Dieu et toi-même. Où que tu ailles, tu t’emmènes toi-même et tu emmènes l’esprit du Père céleste qui vit dans ton cœur. Mon fils, n’essaye plus de te tromper toi-même ; attelle-toi à la pratique courageuse de faire face aux évènements de la vie ; appuie-toi fermement sur l’assurance de ta filiation avec Dieu et sur la certitude de la vie éternelle, comme je te l’ai indiqué. Aie dorénavant pour objectif d’être réellement un homme, un homme décidé à affronter bravement et intelligemment la vie. » 133:4.12 Au criminel condamné, il dit à la dernière heure : « Mon frère, tu as passé par de mauvais moments. Tu t’es égaré, tu t’es empêtré dans le filet du crime. D’après ce que tu m’as dit, je sais que tu n’avais pas projeté de faire la chose qui est sur le point de te couter la vie temporelle. Mais tu as commis cette mauvaise action, et tes concitoyens t’ont jugé coupable ; ils ont décidé que tu devais mourir. Ni toi ni moi, nous ne pouvons contester à l’État le droit de se défendre de la manière qu’il choisit. Il ne parait pas y avoir d’échappatoire humaine au châtiment de tes méfaits. Tes semblables sont obligés de te juger d’après ce que tu as fait, mais il existe un Juge auprès de qui tu peux faire appel pour être pardonné, et qui te jugera d’après tes vrais mobiles et tes meilleures intentions. Tu ne dois pas craindre le jugement de Dieu si ton repentir est authentique et ta foi sincère. Le fait que ton erreur entraine la peine de mort imposée par les hommes ne préjuge pas des chances que conserve ton âme d’obtenir justice et miséricorde devant les tribunaux célestes. » 133:4.13 Jésus prit plaisir à de multiples entretiens familiers avec un grand nombre d’âmes assoiffées, trop nombreuses pour être mentionnées dans cet exposé. Les trois voyageurs apprécièrent beaucoup leur séjour à Corinthe. À l’exception d’Athènes, qui était plus renommée comme centre d’éducation, Corinthe était la plus importante ville de Grèce à cette époque de l’empire romain. Leur séjour de deux mois dans ce centre commercial florissant leur procura à tous trois l’occasion de gagner une très précieuse expérience. Leur séjour dans cette ville fut l’un des arrêts les plus intéressants sur la route de retour de Rome. 133:4.14 Gonod avait de multiples intérêts commerciaux à Corinthe, mais, enfin, il termina ses affaires, et ils se préparèrent à faire voile pour Athènes. Ils voyagèrent sur un petit bateau que l’on pouvait transporter par voie terrestre de l’un des ports de Corinthe à l’autre, sur une distance de seize kilomètres. 5. À Athènes – discours sur la science 133:5.1 Ils arrivèrent peu après à l’antique centre de l’éducation et de la science grecques. Le cœur de Ganid battait à l’idée de se trouver à Athènes, d’être en Grèce, au centre culturel de l’ancien empire d’Alexandre qui avait étendu ses frontières jusqu’à son propre pays des Indes. Il y avait peu d’affaires à traiter, de sorte que Gonod passa la majeure partie de son temps avec Jésus et Ganid, visitant les nombreux endroits intéressants et écoutant les discussions passionnantes entre le garçon et son maitre aux talents variés. 133:5.2 Une grande université florissait encore à Athènes, et le trio fit de fréquentes visites à ses salles d’enseignement. Jésus et Ganid avaient déjà discuté à fond les enseignements de Platon quand ils avaient assisté à des conférences au musée d’Alexandrie. Les trois hommes apprécièrent grandement les arts grecs, dont on pouvait encore trouver des traces éparses dans la ville. 133:5.3 Le père et le fils, tous les deux, goutèrent beaucoup la discussion sur la science qui eut lieu, un soir, à leur auberge entre Jésus et un philosophe grec. Après que ce pédant eut parlé durant près de trois heures et qu’il eut terminé son discours, Jésus dit – en termes conformes à la pensée moderne : 133:5.4 Peut-être les savants mesureront-ils un jour l’énergie ou les manifestations de force de la gravitation, de la lumière ou de l’électricité, mais ces mêmes savants ne pourront jamais dire, scientifiquement parlant, ce que sont ces phénomènes universels. La science traite des activités physicoénergétiques, la religion traite des valeurs éternelles. La vraie philosophie est issue de la sagesse, qui fait de son mieux pour mettre en corrélation ces observations quantitatives et qualitatives. Il existe toujours un danger, c’est que le savant, traitant de choses purement physiques, puisse être affligé d’orgueil mathématique et d’égotisme statistique, sans mentionner l’aveuglement spirituel. 133:5.5 La logique est valable dans le monde matériel, et l’on peut se fier aux mathématiques quand leur application se limite aux choses physiques, mais aucune des deux ne doit être considérée comme entièrement digne de confiance ou infaillible quand on les applique aux problèmes de la vie. La vie englobe des phénomènes qui ne sont pas entièrement matériels. L’arithmétique dit que, si un homme peut tondre un mouton en dix minutes, dix hommes peuvent le faire en une minute. C’est un calcul exact, mais ce n’est pas vrai, car les dix hommes n’y parviendraient pas ; ils se gêneraient tellement les uns les autres que le travail serait considérablement ralenti. 133:5.6 Les mathématiques affirment que, si une personne représente une certaine unité de valeur intellectuelle et morale, dix personnes semblables représenteront dix fois cette valeur. Mais, en traitant de la personnalité humaine, il serait plus exact de dire que la valeur d’une telle association de personnalité est égale au carré du nombre de personnalités figurant dans l’équation plutôt qu’à leur simple somme arithmétique. Un groupe social d’êtres humains opérant dans une harmonie coordonnée représente une force beaucoup plus grande que la simple somme de ses éléments. 133:5.7 On peut identifier la quantité comme un fait ; elle devient alors un facteur scientifique uniforme. La qualité, étant une affaire d’interprétation mentale, représente une estimation de valeurs ; et doit donc demeurer une expérience de l’individu. Quand la science et la religion deviendront toutes deux moins dogmatiques et toléreront mieux la critique, la philosophie commencera alors à s’unifier dans la compréhension intelligente de l’univers. 133:5.8 Il y a unité dans l’univers cosmique, si vous parveniez seulement à discerner ses manifestations dans les faits. L’univers réel est amical pour chaque enfant du Dieu éternel. Le vrai problème est le suivant : comment le mental fini de l’homme peut-il aboutir à une unité de pensée logique, véritable et harmonieuse ? Cet état mental de connaissance de l’univers ne peut être acquis qu’en concevant les faits quantitatifs et les valeurs qualitatives comme ayant une cause commune – le Père du Paradis. Une telle conception de la réalité donne des vues plus larges sur l’unité intentionnelle des phénomènes de l’univers ; elle révèle même un but spirituel d’accomplissement de personnalité progressif ; et c’est là un concept d’unité qui peut percevoir l’arrière-plan invariant d’un univers vivant où les relations impersonnelles changent sans cesse et où les relations personnelles évoluent continuellement. 133:5.9 La matière, l’esprit et l’état intermédiaire entre eux sont trois niveaux reliés et associés de l’unité véritable de l’univers réel. Si divergents que puissent apparaitre les phénomènes universels des faits et des valeurs, ils sont en fin de compte unifiés dans le Suprême. 133:5.10 La réalité de l’existence matérielle s’attache aux énergies non reconnues aussi bien qu’à la matière visible. Quand les énergies de l’univers sont freinées au point d’atteindre le ralentissement nécessaire, alors, dans des conditions favorables, ces mêmes énergies deviennent des masses. N’oubliez pas que le mental, seul capable de percevoir la présence des réalités apparentes, est lui-même réel. La cause fondamentale de cet univers d’énergie-masse, de mental et d’esprit est éternelle – elle existe et consiste dans la nature et les réactions du Père Universel et de ses coordonnés absolus. 133:5.11 Les auditeurs furent plus que stupéfaits en entendant les paroles de Jésus. Quand le philosophe grec prit congé d’eux, il dit : « Enfin, mes yeux ont vu un Juif qui pense à autre chose qu’à la supériorité raciale et parle d’autre chose que de la religion. » Et ils se retirèrent pour la nuit. 133:5.12 Le séjour à Athènes fut plaisant et profitable, mais pas particulièrement fécond pour les contacts humains. Trop d’Athéniens de ce temps-là étaient soit intellectuellement orgueilleux de leur réputation d’antan, soit mentalement stupides et ignorants, parce qu’ils étaient les descendants des esclaves inférieurs amenés au cours des époques antérieures, où il y avait de la gloire en Grèce et de la sagesse dans le mental de ses habitants. Néanmoins, on rencontrait encore bien des intelligences pénétrantes parmi les citoyens d’Athènes. 6. À Éphèse – discours sur l’âme 133:6.1 En quittant Athènes, les voyageurs passèrent par Troas pour se rendre à Éphèse, capitale de la province romaine d’Asie. Ils allèrent souvent jusqu’au fameux temple d’Artémis des Éphésiens, à environ trois kilomètres de la ville. Artémis était la plus célèbre déesse de toute l’Asie Mineure et la perpétuation de la déesse mère encore plus ancienne de l’antique époque anatolienne. La grossière idole exposée dans l’immense temple consacré à son adoration était censée être tombée du ciel. On avait enseigné à Ganid, dans sa jeunesse, à respecter des statues comme symboles de la divinité, et les vestiges de cette éducation n’avaient pas été entièrement extirpés ; il crut bien faire en achetant un petit reliquaire d’argent en l’honneur de cette déesse de la fécondité d’Asie Mineure. Ce soir-là, les voyageurs s’entretinrent longuement de l’adoration des objets faits de main d’homme. 133:6.2 Le troisième jour de leur séjour, ils descendirent à pied, le long de la rivière, pour observer le dragage du port à son embouchure. À midi, ils parlèrent à un jeune Phénicien fort découragé qui avait le mal du pays, mais qui était surtout envieux d’un jeune homme promu au-dessus de lui. Jésus lui adressa des paroles d’encouragement et cita l’ancien proverbe hébreu : « Ce sont les qualités d’un homme qui lui valent une situation et l’amènent au contact des grands hommes. » 133:6.3 Parmi toutes les villes importantes qu’ils visitèrent dans leur tour de la Méditerranée, c’est ici que leur passage fut le moins profitable pour le travail ultérieur des missionnaires chrétiens. C’est largement grâce aux efforts de Paul que le christianisme prit son essor à Éphèse. Paul y résida plus de deux ans, fabriquant des tentes pour gagner sa vie et donnant chaque soir, des conférences sur la religion et la philosophie dans la principale salle d’audience de l’école de Tyrannus. 133:6.4 Un penseur progressif avait des liens avec cette école locale de philosophie. Jésus eut avec lui plusieurs entretiens profitables au cours desquels il employa, à maintes reprises, le mot « âme ». Ce Grec érudit finit par lui demander ce qu’il entendait par « âme », et Jésus répondit : 133:6.5 « L’âme est la fraction de l’homme qui reflète son moi, qui discerne la vérité et qui perçoit l’esprit ; elle élève à jamais l’être humain au-dessus du niveau du monde animal. La conscience de soi, en elle-même et par elle-même, n’est pas l’âme. La conscience du moi moral est la réalisation du vrai moi humain et constitue le fondement de l’âme humaine. L’âme est la partie de l’homme qui représente la valeur de survie potentielle de l’expérience humaine. Le choix moral et l’accomplissement spirituel, l’aptitude à connaitre Dieu et l’impulsion à être semblable à lui, sont les caractéristiques de l’âme. L’âme de l’homme ne peut exister sans pensée morale et sans activité spirituelle. Une âme stagnante est une âme mourante. Mais l’âme de l’homme est distincte de l’esprit divin qui habite son mental. L’esprit divin arrive au moment même où le mental de l’homme manifeste sa première activité morale, et c’est l’occasion de la naissance de l’âme. 133:6.6 « Le salut ou la perte d’une âme dépendent du fait que la conscience morale a atteint, ou non, le statut de survie par alliance éternelle avec l’esprit immortel associé qui lui a été donné. Le salut est la spiritualisation de sa propre réalisation de la conscience morale, qui acquiert ainsi une valeur de survie. Toutes les formes de conflits de l’âme consistent en un manque d’harmonie entre la conscience de soi, morale ou spirituelle, et la conscience de soi purement intellectuelle. 133:6.7 « Quand l’âme humaine est murie, ennoblie et spiritualisée, elle approche du statut céleste, en ce sens qu’elle est proche d’être une entité intermédiaire entre le matériel et le spirituel, entre le moi matériel et l’esprit divin. L’âme évoluante d’un être humain est difficile à décrire, et son existence est encore plus difficile à démontrer, car on ne peut la découvrir ni par les méthodes d’investigation physiques ni par celles de la preuve spirituelle. La science matérielle ne peut prouver l’existence d’une âme, et les épreuves purement spirituelles non plus. Malgré l’impuissance de la science matérielle et des critères spirituels à découvrir l’existence de l’âme humaine, tout individu moralement conscient connait l’existence de son âme en tant qu’expérience personnelle réelle et effective. » 7. Le séjour à Chypre – discours sur le mental 133:7.1 Peu après, les voyageurs firent voile pour Chypre, avec un arrêt à Rhodes. Ils prirent plaisir à ce long voyage maritime et arrivèrent à destination le corps bien reposé et l’esprit détendu. 133:7.2 Ils avaient formé le projet de jouir d’une période de vrai repos et de récréation au cours de cette visite à Chypre, alors que leur tour de Méditerranée tirait à sa fin. Ils débarquèrent à Paphos et commencèrent aussitôt à rassembler des provisions pour un séjour de plusieurs semaines dans les montagnes voisines. Le troisième jour après leur arrivée, ils partirent pour les hauteurs avec leurs bêtes de somme bien chargées. 133:7.3 Durant une quinzaine de jours, le trio s’en donna à cœur joie, puis, à l’improviste, le jeune Ganid tomba gravement malade. Il souffrit pendant deux semaines d’une forte fièvre, allant souvent jusqu’au délire. Jésus et Gonod eurent fort à faire pour s’occuper de lui. Jésus soigna habilement et tendrement le garçon, et Gonod fut stupéfait de la gentillesse et de la science que Jésus manifestait dans tous ses soins au jeune malade. Ils étaient loin de toute habitation, et le jeune homme était intransportable ; ils prirent donc leurs dispositions au mieux pour le soigner jusqu’à ce qu’il guérisse sur place dans la montagne. 133:7.4 Durant les trois semaines de convalescence de Ganid, Jésus lui raconta nombre d’histoires intéressantes sur la nature et ses diverses fantaisies. Ils se divertirent grandement en faisant des excursions dans les montagnes ; Ganid posant des questions, Jésus y répondant et Gonod s’émerveillant de tout ce qu’il entendait. 133:7.5 Au cours de la dernière semaine de leur séjour à la montagne, Jésus eut avec Ganid une longue conversation sur les fonctions du mental humain. Après plusieurs heures de discussion, le garçon posa la question suivante : « Maitre, que signifie ton affirmation quand tu dis que l’homme éprouve une forme de conscience de soi plus élevée que celle des animaux supérieurs ? » Jésus lui fit la réponse suivante que nous transposons en langage moderne : 133:7.6 Mon fils, je t’ai déjà beaucoup parlé du mental de l’homme et de l’esprit divin qui y habite, mais, maintenant, j’insiste sur le fait que la conscience de soi est une réalité. Quand un animal prend conscience de lui-même, il devient un homme primitif. Cet aboutissement résulte d’une coordination fonctionnelle entre l’énergie impersonnelle et le mental qui conçoit l’esprit ; c’est ce phénomène qui justifie, pour une personnalité humaine, le don d’un point focal absolu, l’esprit du Père qui est aux cieux. 133:7.7 Les idées ne sont pas simplement un enregistrement de sensations, les idées sont des sensations conjuguées avec des interprétations réfléchies du moi personnel ; et le moi est plus que la somme de ses sensations. Une individualité qui évolue commence à manifester des symptômes approchant de l’unité, et cette unité est dérivée de la présence intérieure d’un fragment d’unité absolue qui anime spirituellement un tel mental conscient de soi d’origine animale. 133:7.8 Un simple animal ne peut avoir conscience de soi dans le temps. Les animaux possèdent une coordination physiologique de sensations et de récognitions associées, et la mémoire correspondante ; mais aucun d’eux ne reconnait de sensation ayant pour lui une signification ; aucun d’eux ne fait montre d’une association intentionnelle de ces expériences physiques conjuguées, telle qu’on en voit manifester dans les conclusions des interprétations humaines intelligentes et réfléchies. Le fait de son existence autoconsciente, associé à la réalité de son expérience spirituelle subséquente, fait de l’homme un fils potentiel de l’univers et laisse prévoir qu’il atteindra finalement l’Unité Suprême de l’univers. 133:7.9 Le moi humain n’est pas non plus simplement la somme de ses états de conscience successifs. Sans le fonctionnement efficace d’un facteur qui trie et associe les états de conscience, il n’existerait pas une unité suffisante pour justifier la dénomination d’individualité. Un mental non unifié de cet ordre ne pourrait guère atteindre les niveaux conscients de statut humain. Si les associations de conscience étaient simplement un accident, on constaterait, dans le mental de tous les hommes, la présence d’associations incontrôlées faites au hasard, comme on en observe dans certaines phases d’aliénation mentale. 133:7.10 Un mental humain basé exclusivement sur la conscience de sensations physiques ne saurait jamais atteindre les niveaux spirituels. Cette sorte de mental matériel manquerait totalement du sens des valeurs morales et serait dépourvue du sens directeur de domination spirituelle, qui est si essentiel pour unifier harmonieusement la personnalité dans le temps, et qui est inséparable de la survie de la personnalité dans l’éternité. 133:7.11 Le mental humain commence précocement à manifester des qualités supramatérielles. L’intellect humain vraiment réfléchi n’est pas entièrement lié par les limites du temps. Le fait que les individus diffèrent tellement dans les actes de leur vie n’indique pas seulement les dotations héréditaires variées et les influences différentes de l’environnement ; il dénote aussi le degré d’unification avec l’esprit intérieur du Père atteint par le moi ; la mesure de l’identification de l’un avec l’autre. 133:7.12 Le mental humain ne supporte pas bien le conflit de double allégeance. Quand une âme subit l’expérience d’un effort pour servir à la fois le bien et le mal, elle éprouve une tension extrême. Le mental suprêmement heureux et efficacement unifié est entièrement consacré à faire la volonté du Père qui est aux cieux. Les conflits non résolus détruisent l’unité et peuvent aboutir au dérangement mental. Toutefois, le caractère de survie d’une âme n’est pas favorisé par la tendance à s’assurer la paix mentale à tout prix, par l’abandon des nobles aspirations et par des compromis avec les idéaux spirituels. On atteint plutôt cette paix en affirmant résolument le triomphe de ce qui est vrai, et l’on obtient cette victoire en triomphant du mal par la puissante force du bien. 133:7.13 Les trois voyageurs partirent le lendemain pour Salamine, d’où ils s’embarquèrent pour Antioche sur la côte syrienne. 8. À Antioche 133:8.1 Antioche était la capitale de la province romaine de Syrie, et le gouverneur impérial y avait sa résidence. Antioche avait un demi-million d’habitants ; c’était la troisième ville de l’empire en importance et la première par la dépravation et la flagrante immoralité. Gonod avait des affaires considérables à traiter, de sorte que Jésus et Ganid furent souvent laissés à eux-mêmes. Ils visitèrent tout dans cette ville polyglotte, sauf le bocage de Daphné. Gonod et Ganid se rendirent seuls à ce haut lieu d’infamie, car Jésus refusa de les y accompagner. Les scènes n’étaient pas trop choquantes pour des Hindous, mais elles étaient répugnantes pour un Hébreu idéaliste. 133:8.2 Jésus devenait plus grave et pensif à mesure qu’il se rapprochait de la Palestine et de la fin de leur voyage. Il s’entretint avec peu de gens à Antioche et se promena rarement dans la ville. Après beaucoup de questions sur les raisons pour lesquelles son maitre manifestait si peu d’intérêt pour Antioche, Ganid finit par amener Jésus à dire : « Cette ville n’est pas loin de la Palestine ; peut-être y reviendrai-je un jour. » 133:8.3 Ganid fit une expérience très intéressante à Antioche. Le jeune homme s’était montré un élève capable et avait commencé déjà à appliquer pratiquement certains enseignements de Jésus. Un certain Hindou engagé dans les affaires de son père à Antioche était devenu si désagréable et maussade que son renvoi avait été envisagé. Lorsque Ganid en eut vent, il se rendit au siège des affaires de son père et eut une longue conversation avec son compatriote. Cet homme avait le sentiment d’avoir été placé à un poste qui ne lui convenait pas. Ganid lui parla du Père qui est aux cieux et amplifia sous bien des rapports ses vues sur la religion. Mais, dans tout ce que Ganid put dire, ce fut un proverbe hébreu qui fit le plus de bien à son interlocuteur, et voici cette parole de sagesse : « Quoi que ta main trouve à faire, fais-le avec toute ta puissance. » 133:8.4 Après avoir préparé leurs bagages pour la caravane de chameaux, les trois compagnons continuèrent leur route en descendant jusqu’à Sidon puis, de là, à Damas, et, trois jours plus tard, ils se préparèrent à faire la longue randonnée à travers les sables du désert. 9. En Mésopotamie 133:9.1 Le passage de la caravane à travers le désert n’était pas une expérience nouvelle pour ces grands voyageurs. Après avoir observé son maitre aidant à charger leurs vingt chameaux et remarqué qu’il se portait volontaire pour conduire leur propre animal, Ganid s’écria : « Maitre, y a-t-il une chose que tu ne puisses faire ? » Jésus se borna à sourire et dit : « Un élève assidu rend sûrement hommage à son maitre. » Et ils partirent ainsi pour l’ancienne ville d’Ur. 133:9.2 Jésus fut très intéressé par l’histoire primitive d’Ur, lieu de naissance d’Abraham, et fut également fasciné par les ruines et les traditions de Suse, au point que Gonod et Ganid prolongèrent de trois semaines leur séjour dans ces régions afin de donner plus de temps à Jésus pour poursuivre ses investigations ; ils cherchaient aussi à trouver la meilleure occasion de le persuader de rentrer aux Indes avec eux. 133:9.3 Ce fut à Ur que Ganid eut un long entretien avec Jésus au sujet de la différence entre la connaissance, la sagesse et la vérité. Il fut très séduit par les paroles du sage Hébreu : « La sagesse est la chose principale ; donc, acquiers la sagesse. Avec toute ta recherche de la connaissance, acquiers la compréhension. Exalte la sagesse, et elle te fera avancer. Elle te conduira aux honneurs pourvu que tu la pratiques. » 133:9.4 Enfin arriva le jour de la séparation. Ils furent tous courageux, spécialement le garçon, mais ce fut une rude épreuve. Ils avaient les larmes aux yeux, mais du courage dans le cœur. En prenant congé de son maitre, Ganid dit : « Adieu, Maitre, mais pas pour toujours. Quand je reviendrai à Damas, je te chercherai. Je t’aime, car je crois que le Père qui est aux cieux doit un peu te ressembler ; au moins, je sais que tu ressembles beaucoup à ce que tu m’as raconté de lui. Je me rappellerai ton enseignement, mais c’est toi surtout que je n’oublierai jamais. » Quant à Gonod, il dit : « Adieu à un grand éducateur, à un Maitre qui nous a rendus meilleurs et nous a aidés à connaitre Dieu. » Et Jésus répondit : « Que la paix soit sur vous, et puisse la bénédiction du Père qui est aux cieux demeurer toujours avec vous. » Jésus se tint debout sur le rivage et regarda la petite barque les emmener vers le bateau à l’ancre. Le Maitre quitta ainsi ses amis hindous à Charax, pour ne plus jamais les revoir en ce monde. Eux non plus, ici-bas, ne surent jamais que l’homme apparu plus tard comme Jésus de Nazareth était l’ami même qu’ils venaient de quitter – Joshua leur instructeur. 133:9.5 Aux Indes, Ganid grandit et devint un homme influent, digne successeur de son éminent père ; il répandit de tous côtés bien des nobles vérités qu’il avait apprises de Jésus, son maitre bien-aimé. Plus tard dans la vie, lorsque Ganid entendit parler de l’étrange éducateur de Palestine qui termina sa vie sur une croix, il reconnut bien la similitude entre l’évangile de ce Fils de l’Homme et les enseignements de son précepteur juif, mais il n’eut jamais l’idée que les deux étaient une seule et même personne. 133:9.6 Ainsi prit fin le chapitre de la vie du Fils de l’Homme que l’on pourrait intituler : La mission de Joshua l’éducateur. FASCICULE 134. Les années de transition 134:0.1 Durant son voyage méditerranéen, Jésus avait soigneusement étudié les personnes rencontrées et les pays traversés, et c’est à peu près à cette époque qu’il parvint à sa décision finale concernant le reste de sa vie sur terre. Il avait pleinement considéré et désormais définitivement approuvé le plan prévoyant qu’il naitrait de parents juifs en Palestine. Il revint donc délibérément en Galilée pour attendre le commencement de son œuvre d’instructeur public de la vérité. Il se mit à faire des projets en vue d’une carrière publique dans le pays du peuple de son père Joseph, et agit en l’espèce selon son propre libre arbitre. 134:0.2 Par expérience personnelle et humaine, Jésus était arrivé à la conclusion que, dans tout le monde romain, la Palestine était le meilleur endroit pour développer les derniers chapitres de sa vie terrestre et en jouer les scènes finales. Pour la première fois, il fut pleinement satisfait du programme consistant à manifester ouvertement sa vraie nature et à révéler son identité divine parmi les Juifs et les Gentils de sa Palestine natale. Il décida définitivement de terminer sa vie terrestre et de parachever sa carrière d’existence mortelle dans le pays même où il avait commencé son expérience humaine en tant que bébé sans défense. Sa carrière sur Urantia avait débuté parmi les Juifs de Palestine ; il choisit de terminer également sa vie en Palestine et parmi les Juifs. 1. La trentième année (an 24) 134:1.1 Après avoir pris congé de Gonod et de Ganid à Charax (en décembre de l’an 23), Jésus revint par Ur à Babylone, où il se joignit à une caravane du désert qui faisait route vers Damas. De Damas, il alla à Nazareth s’arrêtant à Capharnaüm quelques heures seulement pour rendre visite à la famille de Zébédée. Il y rencontra son frère Jacques, venu quelque temps auparavant travailler à sa place au chantier naval de Zébédée. Après s’être entretenu avec Jacques et Jude (qui se trouvait aussi par hasard à Capharnaüm) et après avoir remis à son frère Jacques la petite maison que Jean Zébédée avait réussi à acheter, Jésus continua son chemin vers Nazareth. 134:1.2 À la fin de son voyage méditerranéen, Jésus avait reçu assez d’argent pour faire face à son entretien presque jusqu’au commencement de son ministère public. Mais, en dehors de Zébédée à Capharnaüm et des gens que Jésus rencontra au cours de cette tournée extraordinaire, le monde ne sut jamais qu’il avait fait ce voyage. Sa famille crut toujours qu’il avait passé son temps à étudier à Alexandrie. Jésus ne confirma jamais cette croyance et ne réfuta pas non plus ouvertement ce malentendu. 134:1.3 Durant son séjour de quelques semaines à Nazareth, Jésus s’entretint avec sa famille et ses amis, passa quelque temps à l’atelier de réparations avec son frère Joseph, mais se consacra, en majeure partie, à Marie et à Ruth. Ruth approchait de ses quinze ans, et c’était la première occasion pour Jésus de causer longuement avec elle depuis qu’elle était devenue jeune femme. 134:1.4 Depuis quelque temps, Simon et Jude désiraient tous deux se marier, mais il leur avait déplu de le faire sans le consentement de Jésus. Ils avaient donc retardé l’évènement, espérant le prochain retour de leur frère ainé. Bien que tous aient considéré Jacques comme le chef de la famille dans la plupart des affaires, quand il s’était agi de se marier, ils voulaient la bénédiction de Jésus. Le double mariage de Simon et de Jude fut donc célébré, en une seule cérémonie, au début de mars de l’an 24. Tous les ainés étaient maintenant mariés ; seule Ruth la cadette restait à la maison avec Marie. 134:1.5 Jésus s’entretint tout naturellement et normalement avec les divers membres de sa famille, mais, quand ils étaient tous réunis, il avait si peu de choses à dire qu’ils en firent la remarque entre eux. Marie surtout était déconcertée par la conduite particulièrement étrange de son fils ainé. 134:1.6 Au moment où Jésus se préparait à quitter Nazareth, le conducteur d’une importante caravane qui passait par la ville tomba gravement malade, et Jésus, connaissant les langues étrangères, s’offrit pour le remplacer. Ce voyage nécessitait son absence pendant une année ; puisque tous ses frères étaient mariés et que sa mère vivait seule au foyer avec Ruth, Jésus réunit un conseil de famille auquel il proposa que sa mère et Ruth aillent vivre à Capharnaüm dans la maison qu’il avait tout récemment donnée à Jacques. En conséquence, quelques jours après que Jésus fut parti avec la caravane, Marie et Ruth allèrent s’installer à Capharnaüm, où elles vécurent durant le reste de la vie de Marie dans la maison fournie par Jésus. Joseph et sa famille emménagèrent dans la vieille maison familiale de Nazareth. 134:1.7 Cette année fut l’une des plus exceptionnelles dans l’expérience intérieure du Fils de l’Homme ; il fit de grands progrès dans la réalisation d’une harmonie fonctionnelle entre son mental humain et son Ajusteur intérieur. L’Ajusteur avait été activement occupé à réorganiser les pensées de Jésus et à apprêter son mental en vue des grands évènements qui se situaient alors dans le proche avenir. La personnalité de Jésus se préparait à son grand changement d’attitude envers le monde. C’était la période intermédiaire, le stade de transition entre l’être ayant commencé sa vie en tant que Dieu apparaissant comme un homme, et qui s’apprêtait maintenant à parachever sa carrière terrestre en tant qu’homme apparaissant comme Dieu. 2. Le voyage par caravane à la mer Caspienne 134:2.1 Ce fut au premier avril de l’an 24 que Jésus quitta Nazareth pour le voyage en caravane qui devait le mener jusqu’à la région de la mer Caspienne. La caravane à laquelle Jésus s’était joint comme conducteur partait de Jérusalem pour la région située au sud-est de la mer Caspienne en passant par Damas et le lac Urmia, et en traversant l’Assyrie, la Médie et la Parthie. Il s’écoula une année entière avant qu’il ne revînt de cette expédition. 134:2.2 Pour Jésus, ce voyage en caravane était une nouvelle aventure d’exploration et de ministère personnel. Il eut une expérience intéressante avec la famille formée par les membres de sa caravane – passagers, gardes et conducteurs de chameaux. Des dizaines d’hommes, de femmes et d’enfants habitant aux abords de la route suivie par la caravane vécurent une vie plus riche par suite de leur contact avec Jésus, pour eux, le chef extraordinaire d’une caravane ordinaire. Ceux qui bénéficièrent de son ministère personnel en ces occasions n’en tirèrent pas tous profit, mais, en grande majorité, ceux qui le rencontrèrent et lui parlèrent furent améliorés pour le restant de leur vie terrestre. 134:2.3 Parmi tous ses voyages dans le monde, cette expédition vers la mer Caspienne fut celle qui amena Jésus le plus près de l’Orient et lui permit d’acquérir une meilleure compréhension des peuples d’Extrême-Orient. Il prit des contacts intimes et personnels avec des membres de chacune des races survivantes sur Urantia, sauf la rouge. Son ministère personnel lui procura le même plaisir auprès de chacune de ces races variées et de ces peuplades mélangées, et toutes furent réceptives à la vérité vivante qu’il leur apportait. Les Européens d’Extrême-Occident aussi bien que les Asiatiques d’Extrême-Orient prêtèrent attention à ses paroles d’espoir et de vie éternelle ; ils furent tous également influencés par la vie de service aimant et de ministère spirituel qu’il vivait parmi eux avec tant de bienveillance. 134:2.4 Le voyage de la caravane fut réussi à tous points de vue. Ce fut un épisode des plus intéressants dans la vie humaine de Jésus, car, durant cette année, il joua un rôle exécutif en étant responsable des biens matériels confiés à sa charge et de la sauvegarde des voyageurs de la caravane. Il accomplit ses multiples devoirs avec une fidélité, une efficacité et une sagesse extrêmes. 134:2.5 À son retour de la région Caspienne, Jésus abandonna la direction de la caravane après être arrivé au lac Urmia, où il s’arrêta un peu plus de deux semaines. Il revint à Damas comme voyageur avec une autre caravane dont les propriétaires des chameaux lui demandèrent de rester à leur service. Déclinant cette offre, il continua son voyage avec le train de la caravane jusqu’à Capharnaüm, où il arriva le 1er avril de l’an 25. Il ne considérait plus Nazareth comme son foyer. Capharnaüm était devenu le foyer de Jésus, Jacques, Marie et Ruth, mais Jésus ne vécut plus jamais avec sa famille. Quand il se trouvait à Capharnaüm, il habitait chez les Zébédée. 3. Les conférences d’Urmia 134:3.1 En route vers la mer Caspienne, Jésus s’était arrêté à la vieille ville persane d’Urmia, sur la rive ouest du lac du même nom, pour laisser à sa caravane quelques jours de repos et de récupération. Sur la plus grande ile d’un petit archipel proche de la côte au voisinage d’Urmia, se trouvait un vaste bâtiment – un amphithéâtre de conférences – consacré à « l’esprit de la religion ». Cet édifice était en réalité un temple de la philosophie des religions. 134:3.2 Ce temple de la religion avait été bâti par un riche négociant d’Urmia et ses trois fils. Cet homme, du nom de Cymboyton, comptait, parmi ses ancêtres, des gens de souches très variées. 134:3.3 Dans cette école de religion, les conférences et les discussions commençaient tous les jours de la semaine à 10 heures du matin. Les sessions de l’après-midi débutaient à 3 heures, et les débats du soir s’ouvraient à 8 heures. Cymboyton, ou l’un de ses trois fils, présidait toujours ces réunions d’enseignement, de discussions et de débats. Le fondateur de cette extraordinaire école religieuse vécut et mourut sans jamais avoir révélé ses croyances religieuses personnelles. 134:3.4 À plusieurs reprises, Jésus participa aux discussions et, avant son départ d’Urmia, Cymboyton convint avec Jésus qu’à son voyage de retour, il séjournerait deux semaines à Urmia et ferait vingt-quatre conférences sur « La Fraternité des Hommes ». Jésus devait aussi diriger douze sessions du soir comportant des questions, des discussions et des débats sur ses conférences en particulier, et sur la fraternité des hommes en général. 134:3.5 Conformément à cet arrangement, Jésus s’arrêta à son voyage de retour et donna ces conférences. De tous les enseignements du Maitre sur Urantia, ceux-ci furent les plus systématiques et les plus formels. Jamais auparavant, ni plus tard, il ne développa un sujet aussi longuement qu’au cours de ces conférences et discussions sur la fraternité des hommes. En réalité, ces conférences concernaient le « Royaume de Dieu » et les « Royaumes des Hommes. » 134:3.6 Plus de trente religions et cultes religieux étaient représentés à la faculté de ce temple de philosophie religieuse. Les éducateurs étaient choisis, entretenus et pleinement accrédités par leurs groupes religieux respectifs. À ce moment-là, il y avait environ soixante-quinze maitres à la faculté, et ils vivaient dans des chalets abritant chacun une douzaine de personnes. À chaque nouvelle lune, on changeait les groupes par tirage au sort. L’intolérance, l’esprit de chicane ou toute autre tendance à contrecarrer la bonne marche de la communauté provoquaient le congédiement prompt et sommaire de l’enseignant fautif. On le renvoyait sans cérémonie et l’on installait immédiatement le suivant à sa place. 134:3.7 Ces instructeurs des diverses religions faisaient un grand effort pour montrer la similitude de leurs religions en ce qui concernait les éléments fondamentaux de la vie présente et de la vie future. Pour obtenir un siège à cette faculté, il suffisait d’accepter une seule doctrine – chaque maitre devait représenter une religion qui reconnaissait Dieu – une sorte de Déité suprême. Il y avait cinq maitres indépendants qui ne représentaient aucune religion organisée, et c’est à ce titre que Jésus apparut devant la faculté. 134:3.8 [Lorsque nous, les médians, eûmes préparé le résumé des enseignements de Jésus à Urmia, il s’éleva un désaccord entre les séraphins des églises et les séraphins du progrès sur l’opportunité d’inclure ces enseignements dans la Révélation d’Urantia. Les conditions qui prévalent au vingtième siècle, tant dans les religions que dans les gouvernements humains, sont si différentes de celles de l’époque de Jésus qu’il était, en vérité, difficile d’adapter les enseignements du Maitre à Urmia aux problèmes du royaume de Dieu et des royaumes des hommes tels que ces fonctions mondiales existent au vingtième siècle. Nous ne fûmes jamais capables de formuler les enseignements du Maitre d’une manière acceptable simultanément par ces deux groupes de séraphins du gouvernement planétaire. Finalement, le Melchizédek président de la commission de révélation nomma un comité de trois médians de notre ordre pour présenter notre point de vue sur les enseignements du Maitre à Urmia adaptés aux conditions religieuses et politiques du vingtième siècle sur Urantia. En conséquence, les trois médians secondaires, que nous sommes, parachevèrent cette adaptation des enseignements de Jésus en reformulant ses déclarations de la manière dont nous les appliquerions aux conditions du monde d’aujourd’hui. Nous donnons maintenant ces exposés tels qu’ils se présentent après avoir été revus par le Melchizédek président de la commission de révélation.] 4. La souveraineté – divine et humaine 134:4.1 La fraternité des hommes est fondée sur la paternité de Dieu. La famille de Dieu tire son origine de l’amour de Dieu – Dieu est amour. Dieu le Père aime divinement ses enfants, sans en excepter aucun. 134:4.2 Le royaume des cieux, le gouvernement divin, est fondé sur le fait de la souveraineté divine – Dieu est esprit. Puisque Dieu est esprit, ce royaume est spirituel. Le royaume des cieux n’est ni matériel ni purement intellectuel ; il est une relation spirituelle entre Dieu et l’homme. 134:4.3 Si des religions différentes reconnaissent la souveraineté spirituelle de Dieu le Père, alors toutes ces religions demeureront en paix. C’est seulement quand une religion prétend avoir une certaine supériorité sur toutes les autres et posséder une autorité exclusive sur elles qu’elle se permet de ne pas tolérer les autres religions ou qu’elle ose persécuter leurs fidèles. 134:4.4 La paix religieuse – la fraternité – ne peut jamais exister sans que toutes les religions soient disposées à se dépouiller de toute autorité ecclésiastique et à abandonner entièrement tout concept de souveraineté spirituelle. Dieu seul est esprit souverain. 134:4.5 Pour qu’il y ait égalité entre les religions (liberté religieuse) sans guerres de religion, il faut que toutes les religions consentent à transférer toute la souveraineté religieuse à un niveau suprahumain, à Dieu lui-même. 134:4.6 Le royaume des cieux dans le cœur des hommes créera l’unité religieuse (mais pas nécessairement l’uniformité) parce que chaque collectivité religieuse composée de tels fidèles sera dégagée de toute notion d’autorité ecclésiastique – de souveraineté religieuse. 134:4.7 Dieu est esprit, et Dieu donne un fragment de son moi spirituel pour habiter le cœur de l’homme. Spirituellement, tous les hommes sont égaux. Le royaume des cieux est dépourvu de castes, de classes, de niveaux sociaux et de groupes économiques. Vous êtes tous frères. 134:4.8 Mais, dès le moment où vous perdrez de vue la souveraineté spirituelle de Dieu le Père, une religion donnée commencera à affirmer sa supériorité sur toutes les autres. Alors, au lieu de paix sur terre et de bonne volonté parmi les hommes, commenceront les dissensions, les récriminations et même les guerres de religion, ou du moins les guerres entre religionistes. 134:4.9 À moins qu’ils ne se reconnaissent mutuellement comme soumis à une certaine supersouveraineté, à une certaine autorité qui les dépasse, des êtres doués de libre arbitre et se considérant comme des égaux sont, tôt ou tard, tentés de mettre à l’essai leur aptitude à gagner pouvoir et autorité sur d’autres personnes et d’autres groupes. Le concept d’égalité n’apporte jamais la paix, sauf dans la récognition mutuelle d’une supersouveraineté dont l’influence est dominante. 134:4.10 Les religionistes d’Urmia vivaient ensemble dans une paix et une tranquillité relatives parce qu’ils avaient totalement renoncé à toutes leurs notions de souveraineté religieuse. Spirituellement, ils croyaient tous en un Dieu souverain ; socialement, ils se soumettaient à l’autorité entière et incontestable de leur président Cymboyton. Ils savaient bien ce qui arriverait à tout enseignant qui chercherait à en imposer à ses collègues. Aucune paix religieuse durable ne peut s’établir sur Urantia avant que toutes les collectivités religieuses ne renoncent librement à leurs notions de faveur divine, de peuple élu et de souveraineté religieuse. C’est seulement quand Dieu le Père deviendra suprême que les hommes deviendront des frères en religion et vivront ensemble sur terre dans la paix religieuse. 5. La souveraineté politique 134:5.1 [Alors que l’enseignement du Maitre concernant la souveraineté de Dieu est une vérité – mais compliquée par l’apparition subséquente d’une religion à propos de lui parmi les religions du monde – par contre, ses exposés concernant la souveraineté politique sont immensément compliqués par l’évolution de la politique de la vie des nations durant les dix-neuf derniers siècles. À l’époque de Jésus, il n’y avait que deux grandes puissances mondiales – l’Empire Romain en Occident et l’Empire de Han en Orient – et elles étaient largement séparées par le royaume des Parthes et par d’autres contrées interposées des régions de la Caspienne et du Turkestan. Dans l’exposé qui suit, nous nous sommes donc écartés davantage de la substance des enseignements du Maitre à Urmia concernant la souveraineté politique ; en même temps, nous nous sommes efforcés de décrire l’importance de ces enseignements tels qu’ils sont applicables au stade particulièrement critique de l’évolution de la souveraineté politique au vingtième siècle après le Christ.] 134:5.2 La guerre sur Urantia ne prendra jamais fin tant que les nations s’attacheront à la notion illusoire de souveraineté nationale illimitée. Il n’existe que deux niveaux de souveraineté relative sur un monde habité : le libre arbitre spirituel de chaque individu mortel et la souveraineté collective de l’ensemble de l’humanité. Entre le niveau de l’être humain individuel et celui de l’humanité en bloc, tous les groupements et associations sont relatifs, transitoires et n’ont de valeur que dans la mesure où ils accroissent le bonheur, le bien-être et le progrès des individus et du grand ensemble planétaire – de l’homme et de l’humanité. 134:5.3 Les éducateurs religieux ne doivent jamais oublier que la souveraineté spirituelle de Dieu l’emporte sur tous les loyalismes spirituels intermédiaires et interposés. Les dirigeants civils apprendront, un jour, que les Très Hauts règnent dans les royaumes des hommes. 134:5.4 Ce règne des Très Hauts dans les royaumes des hommes n’est pas établi au bénéfice spécial d’un groupe de mortels particulièrement favorisés. Il n’y a nulle part de « peuple élu ». Le règne des Très Hauts, des supercontrôleurs de l’évolution politique, est destiné à promouvoir, parmi tous les hommes, le plus grand bien pour le plus grand nombre et pour une durée aussi longue que possible. 134:5.5 La souveraineté est le pouvoir ; elle grandit par organisation. La croissance de l’organisation du pouvoir politique est bonne et souhaitable, car elle tend à englober des secteurs toujours plus vastes de l’ensemble de l’humanité. Mais cette même croissance des organisations politiques crée un problème à chaque stade intermédiaire entre l’organisation initiale et naturelle du pouvoir politique – la famille – et le couronnement final de la croissance politique – le gouvernement de toute l’humanité par toute l’humanité et pour toute l’humanité. 134:5.6 Partant du pouvoir parental dans le groupe familial, la souveraineté politique évolue par organisation à mesure que les familles s’imbriquent en clans consanguins qui s’unissent, pour diverses raisons, en unités tribales – en groupements politiques superconsanguins. Ensuite, par le négoce, le commerce et la conquête, les tribus s’unifient en une nation, tandis que les nations elles-mêmes sont parfois unifiées en un empire. 134:5.7 À mesure que la souveraineté passe des petits groupes à des collectivités plus vastes, les guerres se font plus rares. Nous voulons dire que les guerres mineures entre petites nations diminuent, mais le potentiel des grandes guerres s’accroit à mesure que les nations exerçant la souveraineté deviennent de plus en plus grandes. Bientôt, quand le monde entier aura été exploré et occupé, quand les nations seront peu nombreuses, fortes et puissantes, quand ces grandes nations se prétendant souveraines en viendront à posséder des frontières communes, quand elles ne seront séparées que par les océans, alors la scène sera prête pour des guerres majeures, des conflits mondiaux. Les nations dites souveraines ne peuvent se coudoyer sans engendrer des conflits et provoquer des guerres. 134:5.8 La difficulté pour faire évoluer la souveraineté politique depuis la famille jusqu’à l’humanité entière réside dans l’inertie-résistance rencontrée à tous les niveaux intermédiaires. À l’occasion, des familles ont défié leur clan et, de leur côté, des clans et des tribus ont souvent refusé de se soumettre à la souveraineté de l’État territorial. Chaque nouveau progrès évolutif de la souveraineté politique est (et a toujours été) embarrassé et gêné par les « stades d’échafaudage » des développements antérieurs de l’organisation politique. Cela est vrai parce que les loyalismes humains, une fois mobilisés, sont difficiles à modifier. Le même loyalisme qui rend possible l’évolution de la tribu rend difficile l’évolution de la « supertribu » – l’État territorial. Et le même loyalisme (le patriotisme) qui rend possible l’évolution de l’État territorial complique immensément le développement évolutionnaire du gouvernement de l’ensemble de l’humanité. 134:5.9 La souveraineté politique est créée grâce à l’abandon de l’autodétermination, d’abord par l’individu à l’intérieur de la famille, et ensuite par les familles et clans par rapport à la tribu et aux collectivités plus étendues. Ce transfert progressif de l’autodétermination à des organisations politiques toujours plus vastes s’est généralement poursuivi sans répit en Orient depuis l’établissement des dynasties Ming et Mogol. En Occident, il a prévalu, pendant plus de mille ans, jusqu’à la fin de la guerre mondiale ; un malencontreux mouvement rétrograde inversa ensuite temporairement cette tendance normale en rétablissant la souveraineté politique effondrée de nombreuses petites collectivités européennes. 134:5.10 Urantia ne jouira pas d’une paix durable avant que les nations dites souveraines ne remettent intelligemment et pleinement leurs pouvoirs souverains à la fraternité des hommes – au gouvernement de l’humanité. L’internationalisme – les ligues des nations – est impuissant à amener une paix permanente parmi les hommes. Les confédérations mondiales de nations empêcheront efficacement les guerres mineures et contrôleront acceptablement les petites nations, mais elles ne réussiront ni à empêcher les guerres mondiales, ni à contrôler les trois, quatre ou cinq gouvernements les plus puissants. En face de conflits réels, l’une de ces puissances mondiales se retirera de la Ligue et déclarera la guerre. On ne peut empêcher les nations de se lancer dans la guerre tant qu’elles restent contaminées par le virus illusoire de la souveraineté nationale. L’internationalisme est un pas dans la bonne direction. Une force de police internationale empêchera bien des guerres mineures, mais elle sera inefficace pour empêcher les guerres majeures, les conflits entre les grands gouvernements militaires de la terre. 134:5.11 À mesure que décroit le nombre des nations vraiment souveraines (des grandes puissances), l’opportunité et le besoin d’un gouvernement de l’humanité s’accroissent. Quand il n’y aura plus que quelques puissances réellement souveraines (grandes), il faudra soit qu’elles s’embarquent dans une lutte à mort pour la suprématie nationale (impériale), soit qu’en abandonnant volontairement certaines prérogatives de souveraineté, elles créent le noyau essentiel d’un pouvoir supranational qui servira de commencement à la souveraineté réelle de toute l’humanité. 134:5.12 La paix ne viendra pas sur Urantia avant que chaque nation dite souveraine n’abandonne son pouvoir de faire la guerre entre les mains d’un gouvernement représentatif de toute l’humanité. La souveraineté politique est innée chez les peuples du monde. Quand tous les peuples d’Urantia créeront un gouvernement mondial, ils auront le droit et le pouvoir de le rendre SOUVERAIN. Et, quand une telle puissance mondiale représentative ou démocratique contrôlera les forces terrestres, aériennes et navales du monde, la paix sur terre et la bonne volonté parmi les hommes pourront prévaloir – mais pas avant cela. 134:5.13 Citons un exemple marquant du dix-neuvième et du vingtième siècle. Les quarante-huit États de l’Union fédérale américaine jouissent de la paix depuis longtemps. Ils n’ont plus de guerres entre eux. Ils ont abandonné leur souveraineté au gouvernement fédéral et, par la force des armes, ils ont renoncé à toute prétention aux illusions de l’autodétermination. Chaque État règle ses affaires intérieures, mais ne s’occupe pas des affaires étrangères, des tarifs de douane, de l’immigration, des questions militaires, ni du commerce entre États. Les États individuels ne s’occupent pas non plus des questions de citoyenneté. Les quarante-huit États ne souffrent des ravages de la guerre que si la souveraineté du gouvernement fédéral est soumise à quelque danger. 134:5.14 Ayant abandonné les sophismes jumeaux de la souveraineté et de l’autodétermination, ces quarante-huit États jouissent entre eux de la paix et de la tranquillité. De même, les nations d’Urantia commenceront à jouir de la paix quand elles abandonneront librement leurs souverainetés respectives entre les mains d’un gouvernement global – la souveraineté de la fraternité des hommes. Dans ces conditions mondiales, les petites nations seront aussi puissantes que les grandes, de même que le petit État de Rhode Island a ses deux sénateurs au congrès américain exactement comme l’État populeux de New York ou le vaste État du Texas. 134:5.15 La souveraineté (d’État) limitée de ces quarante-huit États fut créée par les hommes et pour les hommes. La souveraineté superétatique (nationale) de l’Union fédérale américaine fut créée par les treize premiers de ces États dans leur propre intérêt et dans l’intérêt des hommes. Un jour, la souveraineté supranationale du gouvernement planétaire de l’humanité sera créée d’une manière similaire par des nations dans leur propre intérêt et dans l’intérêt de tous les hommes. 134:5.16 Les citoyens ne naissent pas dans l’intérêt des gouvernements ; ce sont les gouvernements qui sont créés et établis dans l’intérêt des hommes. L’évolution de la souveraineté politique ne saurait avoir fin avant l’apparition du gouvernement de la souveraineté de tous les hommes. Toutes les autres souverainetés ont des valeurs relatives, des significations intermédiaires et un statut subordonné. 134:5.17 Avec le progrès scientifique, les guerres vont devenir de plus en plus dévastatrices jusqu’à équivaloir presque à un suicide racial. Combien faudra-t-il faire de guerres mondiales, et combien faudra-t-il voir échouer de ligues des nations avant que les hommes soient disposés à établir le gouvernement de l’humanité, à commencer à jouir des bénédictions d’une paix permanente et à prospérer grâce à la tranquillité due à la bonne volonté – la bonne volonté mondiale – parmi les hommes ? 6. La loi, la liberté et la souveraineté 134:6.1 Si un homme désire ardemment son indépendance – la liberté – il doit se rappeler que tous les autres hommes souhaitent vivement la même indépendance. Des groupes de mortels aimant ainsi la liberté ne peuvent vivre ensemble en paix qu’en se soumettant aux lois, règles et règlements qui assureront à chacun le même degré d’indépendance, tout en sauvegardant ce même degré d’indépendance pour tous leurs semblables mortels. Si un homme devait être absolument libre, alors il faudrait qu’un autre devienne absolument esclave. La nature relative de la liberté est vraie dans les domaines sociaux, économiques et politiques. La liberté est le don de la civilisation rendu possible par l’application de la LOI. 134:6.2 La religion rend spirituellement possible de réaliser la fraternité des hommes, mais il faudra un gouvernement de l’humanité pour régler les problèmes sociaux, économiques et politiques associés à ce but d’efficacité et de bonheur humains. 134:6.3 Il y aura des guerres et des rumeurs de guerres – une nation s’élèvera contre une nation – tant que la souveraineté politique du monde sera divisée et injustement détenue par un groupe d’États-nations. L’Angleterre, l’Écosse et le Pays de Galles furent constamment en guerre les uns contre les autres jusqu’au jour où ils abandonnèrent leurs souverainetés respectives en les confiant au Royaume-Uni. 134:6.4 Une nouvelle guerre mondiale va enseigner aux nations soi-disant souveraines à former une sorte de fédération, ce qui créera un mécanisme permettant d’éviter les petites guerres, les guerres entre nations secondaires ; mais les guerres générales se poursuivront jusqu’à la création du gouvernement de l’humanité. La souveraineté globale empêchera les guerres globales – rien d’autre ne peut le faire. 134:6.5 Les quarante-huit États américains libres vivent ensemble en paix, et cependant ils abritent des citoyens de toutes les races et nationalités alors que, chez les nations européennes, celles-ci sont perpétuellement en guerre. Ces Américains représentent à peu près toutes les religions, toutes les sectes religieuses et tous les cultes de l’ensemble du vaste monde, et cependant ils vivent ensemble en paix, ici, en Amérique du Nord. Tout ceci est rendu possible parce que ces quarante-huit États ont renoncé à leur souveraineté et abandonné toute notion de prétendus droits à l’autodétermination. 134:6.6 Ce n’est pas une question d’armement ou de désarmement. La question de conscription ou de service militaire volontaire n’entre pas non plus en ligne de compte dans ces problèmes pour maintenir la paix mondiale. Si l’on enlevait aux grandes nations toutes les formes d’armement mécanique moderne et tous les types d’explosifs, elles se battraient à coups de poing, avec des pierres et avec des bâtons tant qu’elles resteraient accrochées à leurs illusions sur le droit divin à la souveraineté nationale. 134:6.7 La guerre n’est pas la grande et terrible maladie de l’homme ; elle est un symptôme, un résultat. La vraie maladie est le virus de la souveraineté nationale. 134:6.8 Les nations d’Urantia n’ont pas possédé de souveraineté réelle ; elles n’ont jamais disposé d’une souveraineté capable de les protéger des ravages et dévastations des guerres mondiales. En formant le gouvernement global de l’humanité, il ne s’agit pas, pour les nations, d’abandonner leur souveraineté, mais plutôt de créer effectivement une souveraineté mondiale, réelle, durable et de bonne foi, qui sera désormais pleinement capable de les protéger de toutes les guerres. Les affaires locales seront traitées par les gouvernements locaux, et les affaires nationales par les gouvernements nationaux ; les affaires internationales seront administrées par le gouvernement planétaire. 134:6.9 La paix mondiale ne saurait être maintenue par des traités, par la diplomatie, par des politiques étrangères, par des alliances ou des équilibres de puissances ni par tout autre type d’expédient jonglant avec la souveraineté du nationalisme. Il faut faire éclore la loi mondiale et la faire appliquer par un gouvernement mondial – par la souveraineté de toute l’humanité. 134:6.10 Sous un gouvernement mondial, les individus jouiront d’une liberté beaucoup plus étendue. Aujourd’hui, les citoyens des grandes puissances sont taxés, réglementés et contrôlés d’une manière presque oppressive. Une grande partie des immixtions actuelles dans les libertés individuelles disparaitra quand les gouvernements nationaux seront disposés, en matière d’affaires internationales, à confier leur souveraineté à un gouvernement général de la planète. 134:6.11 Sous un gouvernement planétaire, les collectivités nationales auront réellement l’occasion de réaliser les libertés personnelles d’une démocratie authentique et d’en jouir. Ce sera la fin du leurre de l’autodétermination. Avec une règlementation globale des monnaies et du commerce, viendra l’ère nouvelle d’une paix à l’échelle mondiale. Un langage commun en sortirait peut-être bientôt, et au moins on aura l’espoir d’avoir, un jour, une religion mondiale, ou des religions ayant un point de vue planétaire. 134:6.12 La sécurité collective n’assurera jamais la paix avant que la collectivité n’englobe toute l’humanité. 134:6.13 La souveraineté politique du gouvernement représentatif de l’humanité amènera une paix durable sur terre, et la fraternité spirituelle de l’homme assurera définitivement la bonne volonté parmi tous les hommes. Il n’existe aucun autre moyen d’obtenir la paix sur terre et la bonne volonté parmi les hommes. * * * * 134:6.14 Après la mort de Cymboyton, ses fils rencontrèrent de grandes difficultés pour maintenir la paix dans leur université. Les répercussions des enseignements de Jésus auraient été beaucoup plus grandes si les éducateurs chrétiens ultérieurs qui professèrent à la faculté d’Urmia avaient fait preuve de plus de sagesse et exercé plus de tolérance. 134:6.15 Le fils ainé de Cymboyton avait appelé à l’aide Abner, de Philadelphie, mais le choix des éducateurs par Abner fut très malheureux, en ce sens qu’ils se montrèrent inflexibles et intransigeants. Ces enseignants cherchèrent à faire dominer leur religion sur les autres croyances. Ils ne soupçonnèrent jamais que les conférences du conducteur de caravane auxquelles on se référait si souvent avaient été faites par Jésus lui-même. 134:6.16 Comme la confusion s’accrut au sein de la faculté, les trois frères retirèrent leur appui financier, et, au bout de cinq ans, l’école ferma. Elle rouvrit plus tard en tant que temple mithriaque et fut finalement incendiée à l’occasion d’une de leurs célébrations orgiaques. 7. La trente-et-unième année (an 25) 134:7.1 Quand Jésus revint de son voyage à la mer Caspienne, il savait que ses déplacements à travers le monde étaient à peu près terminés. Il ne fit plus qu’un voyage hors de Palestine, et ce fut en Syrie. Après un bref séjour à Capharnaüm, il se rendit à Nazareth, où il resta quelques jours pour faire des visites. Au milieu d’avril, il quitta Nazareth pour Tyr. De là, il se dirigea vers le nord en s’arrêtant quelques jours à Sidon, mais sa destination était Antioche. 134:7.2 Ce fut l’année des promenades solitaires de Jésus à travers la Palestine et la Syrie. Au cours de ces pérégrinations, il fut connu sous divers noms dans différentes parties du pays : le charpentier de Nazareth, le constructeur de bateaux de Capharnaüm, le scribe de Damas et l’éducateur d’Alexandrie. 134:7.3 Le Fils de l’Homme vécut plus de deux mois à Antioche, travaillant, observant, étudiant, causant, rendant des services et, pendant tout ce temps, apprenant comment vivent les hommes, comment ils pensent, sentent et réagissent à l’environnement de l’existence humaine. Durant trois semaines de cette période, il travailla comme fabricant de tentes. Au cours de son périple, il resta à Antioche plus longtemps que dans toute autre ville. Dix ans plus tard, quand l’apôtre Paul prêcha à Antioche et entendit ses disciples parler des doctrines du scribe de Damas, il ne soupçonna pas que ses élèves avaient entendu la voix et écouté les enseignements du Maitre lui-même. 134:7.4 Quittant Antioche, Jésus descendit le long de la côte vers le sud jusqu’à Césarée, où il s’arrêta quelques semaines, puis il continua le long de la côte jusqu’à Joppé. De Joppé, il se dirigea vers l’intérieur, passant à Jamnia, Ashdod et Gaza. De Gaza, il prit la piste intérieure vers Béershéba, où il resta une semaine. 134:7.5 Jésus entama ensuite son dernier périple, en tant que personne privée à travers la Palestine, allant de Béershéba dans le sud jusqu’à Dan dans le nord. Au cours de ce voyage vers le nord, il s’arrêta à Hébron, Bethléem (où il vit son lieu de naissance), Jérusalem (il ne visita pas Béthanie), Béeroth, Lébona, Sychar, Shéchem, Samarie, Géba, En-Gannim, Endor et Madon. Traversant Magdala et Capharnaüm, il continua vers le nord, passa à l’est des Eaux de Mérom et se rendit, par Karahta, à Dan ou Césarée de Philippe. 134:7.6 L’Ajusteur de Pensée intérieur conduisit alors Jésus à abandonner les lieux d’habitation des hommes et à se rendre sur le mont Hermon pour y achever de maitriser son mental humain et pour parachever sa consécration totale au reste de l’œuvre de sa vie sur terre. 134:7.7 Ce fut l’une des époques inhabituelles et extraordinaires de la vie du Maitre sur Urantia. Une autre expérience très similaire fut celle par laquelle il passa, seul dans les collines voisines de Pella, tout de suite après son baptême. Cette période d’isolement sur le mont Hermon marqua la fin de sa carrière purement humaine, c’est-à-dire la terminaison technique de son effusion mortelle, tandis que l’isolement ultérieur marqua le commencement de la phase plus divine de son effusion. Jésus vécut seul avec Dieu durant six semaines sur les pentes du mont Hermon. 8. Le séjour sur le mont Hermon 134:8.1 Après avoir passé quelque temps à proximité de Césarée de Philippe, Jésus prépara ses provisions, se procura une bête de somme et embaucha un garçon nommé Tiglath, puis il suivit la route de Damas jusqu’à un village autrefois connu sous le nom de Beth-Jenn, sur les premières hauteurs du mont Hermon. C’est là qu’un peu avant le milieu d’août de l’an 25, il établit son quartier général et, laissant ses provisions à la garde de Tiglath, il fit l’ascension des pentes peu fréquentées de la montagne. Au cours de ce premier jour, Tiglath accompagna Jésus dans sa montée jusqu’à un point déterminé situé à environ 2 000 mètres au-dessus du niveau de la mer où ils construisirent une niche de pierre dans laquelle Tiglath devait déposer de la nourriture deux fois par semaine. 134:8.2 Le premier jour, après qu’il ait quitté Tiglath, Jésus n’avait effectué qu’un court trajet vers le sommet lorsqu’il s’arrêta pour prier. Entre autres choses, il demanda à son Père d’envoyer son gardien séraphique « accompagner Tiglath ». Il sollicita la permission de monter seul vers sa dernière lutte avec les réalités de l’existence mortelle, et sa requête fut exaucée. Il entra dans la grande épreuve, accompagné uniquement de son Ajusteur intérieur pour le guider et le soutenir. 134:8.3 Jésus mangea frugalement durant son séjour sur la montagne ; il ne s’abstint de toute nourriture qu’un jour ou deux de suite. Les êtres suprahumains qui lui firent front sur cette montagne, avec lesquels il lutta en esprit et qu’il vainquit en puissance, étaient réels ; c’étaient ses ennemis implacables du système de Satania ; ils n’étaient nullement des fantasmes de l’imagination issus des divagations intellectuelles d’un mortel affaibli et mourant de faim, incapable de distinguer la réalité d’avec les visions d’un mental dérangé. 134:8.4 Jésus passa les trois dernières semaines d’aout et les trois premières de septembre sur le mont Hermon. Durant ces semaines, il acheva la tâche de mortel d’atteindre les cercles de compréhension mentale et de contrôle de la personnalité. Pendant toute cette période de communion avec son Père céleste, l’Ajusteur intérieur paracheva également les services qui lui avaient été assignés. Le but humain de cette créature terrestre fut alors atteint. Il ne restait qu’à consommer la phase finale d’harmonisation de son mental avec l’Ajusteur. 134:8.5 Après plus de cinq semaines de communion ininterrompue avec son Père du Paradis, Jésus fut absolument assuré de sa nature et convaincu de son triomphe sur les niveaux matériels de manifestation de la personnalité dans l’espace-temps. Il crut pleinement à l’ascendant de sa nature divine sur sa nature humaine et n’hésita pas à l’affirmer. 134:8.6 Vers la fin de son séjour sur la montagne, Jésus demanda à son Père l’autorisation de tenir une conférence avec ses ennemis de Satania en tant que Fils de l’Homme, en tant que Joshua ben Joseph. Cette permission fut accordée. Durant la dernière semaine sur le mont Hermon, la grande tentation, l’épreuve de l’univers, eut lieu. Satan (représentant Lucifer) et Caligastia, le Prince Planétaire rebelle, étaient présents auprès de Jésus et lui furent rendus pleinement visibles. Cette « tentation », cette épreuve finale de loyalisme humain en face des exposés fallacieux de personnalités rebelles, ne concernait ni la nourriture, ni des pinacles de temples ni des actes présomptueux ; elle ne concernait pas les royaumes de ce monde, mais la souveraineté d’un puissant et glorieux univers. Le symbolisme de vos écrits était destiné aux âges arriérés de la pensée infantile du monde. Les générations suivantes devraient comprendre la grande lutte que le Fils de l’Homme livra durant cette journée mouvementée sur le mont Hermon. 134:8.7 Aux nombreuses propositions et contre-propositions des émissaires de Lucifer, Jésus ne fit qu’une seule réponse : « Puisse la volonté de mon Père du Paradis prévaloir et, quant à toi, mon fils rebelle, que les Anciens des Jours te jugent divinement. Je suis ton Créateur-père ; je ne puis guère te juger justement, et tu as déjà méprisé ma miséricorde. Je te remets au jugement des Juges d’un plus grand univers. » 134:8.8 À tous les expédients et compromis suggérés par Lucifer, à toutes les propositions spécieuses au sujet de l’effusion en incarnation, Jésus se borna à répondre : « Que la volonté de mon Père du Paradis soit faite ». Et, lorsque la sévère épreuve fut terminée, le séraphin gardien détaché revint auprès de Jésus et lui apporta son ministère. 134:8.9 Un après-midi de fin d’été, au milieu des arbres et du silence de la nature, Micaël de Nébadon gagna la souveraineté indiscutée de son univers. Ce jour-là, il paracheva la tâche imposée aux Fils Créateurs de vivre pleinement une vie incarnée dans la similitude de la chair mortelle sur les mondes évolutionnaires du temps et de l’espace. Cet accomplissement capital ne fut pas annoncé à l’univers avant son baptême, quelques mois plus tard, mais eut réellement lieu ce jour-là sur la montagne. Quand Jésus descendit de son séjour sur le mont Hermon, la rébellion de Lucifer dans Satania et la sécession de Caligastia sur Urantia étaient pratiquement réglées. Jésus avait payé le prix ultime exigé de lui pour obtenir la souveraineté de son univers. Ce qui, en soi, règle le statut de tous les rebelles et détermine que tout soulèvement futur de cet ordre (s’il s’en produit jamais) pourra être traité sommairement et efficacement. En conséquence, on peut voir que ce qu’on a coutume de nommer la « grande tentation » de Jésus eut lieu quelque temps avant son baptême et non immédiatement après. 134:8.10 À la fin de son séjour sur la montagne, tandis que Jésus en redescendait, il rencontra Tiglath montant au rendez-vous avec la nourriture. Lui faisant faire demi-tour, il dit : « Ma période de repos est terminée ; il faut que je retourne aux affaires de mon Père. » Il était un homme silencieux bien changé en faisant le trajet de retour vers Dan, où il prit congé du garçon en lui faisant cadeau de l’âne. Il se dirigea ensuite vers le sud par le chemin qu’il avait pris pour venir, et se rendit à Capharnaüm. 9. Le temps d’attente 134:9.1 On était maintenant presque à la fin de l’été, à peu près l’époque du jour des propitiations et de la fête des tabernacles. Jésus eut une réunion de famille à Capharnaüm pendant le sabbat. Le lendemain, il partit pour Jérusalem avec Jean, fils de Zébédée, en passant par l’est du lac et Gérasa, et en descendant la vallée du Jourdain. Tandis qu’en cours de route, il s’entretenait un peu avec son compagnon, Jean remarqua qu’un grand changement s’était opéré en Jésus. 134:9.2 Jésus et Jean s’arrêtèrent pour la nuit à Béthanie, chez Lazare et ses sœurs, et partirent de bonne heure, le lendemain matin, pour Jérusalem. Les deux compagnons, ou tout au moins Jean, passèrent presque trois semaines à Jérusalem et aux environs de la ville. En effet, Jean alla souvent seul à Jérusalem, pendant que Jésus parcourait les collines avoisinantes et s’engageait dans de nombreuses périodes de communion spirituelle avec son Père qui est aux cieux. 134:9.3 Tous deux assistèrent au service solennel du jour des propitiations. Jean fut très impressionné par les cérémonies de cette journée majeure dans le rituel religieux juif, mais Jésus demeura un spectateur pensif et silencieux. Pour le Fils de l’Homme, ce spectacle était pitoyable et pathétique. Il le voyait comme une fausse représentation du caractère et des attributs de son Père céleste. Il considérait les évènements de cette journée comme une parodie des faits de la justice divine et des vérités de la miséricorde infinie. Il brulait du désir de proclamer la vérité au sujet du caractère aimant et du comportement miséricordieux de son Père dans l’univers, mais son fidèle Moniteur le prévint que son heure n’était pas encore venue. Cependant, ce soir-là, à Béthanie, Jésus glissa de nombreuses remarques qui troublèrent beaucoup Jean, lequel ne comprit jamais complètement la véritable signification de ce que Jésus avait dit au cours de leur entretien de cette soirée. 134:9.4 Jésus projeta de rester avec Jean pendant toute la semaine de la fête des tabernacles. Cette fête était le congé annuel de toute la Palestine, l’époque des vacances juives. Jésus ne participa point aux réjouissances de circonstance, mais il était évident qu’il éprouvait du plaisir et de la satisfaction à voir l’allégresse et la joie des jeunes et des vieux se donner libre cours. 134:9.5 Au milieu de la semaine de célébration et avant la fin des festivités, Jésus prit congé de Jean en disant qu’il désirait se retirer dans les collines, où il pourrait mieux communier avec son Père du Paradis. Jean l’aurait volontiers accompagné, mais Jésus insista pour qu’il demeure jusqu’à la fin des festivités en disant : « Il ne t’est pas demandé de porter le fardeau du Fils de l’Homme ; seul le gardien doit veiller pendant que la ville dort en paix. » Jésus ne revint pas à Jérusalem. Après une semaine presque entière de solitude dans les collines proches de Béthanie, il partit pour Capharnaüm. Sur le chemin de retour, il passa un jour et une nuit, seul, sur les pentes du mont Gilboa, près de l’endroit où le roi Saül s’était suicidé ; quand il arriva à Capharnaüm, il paraissait plus serein qu’en quittant Jean à Jérusalem. 134:9.6 Le lendemain matin, Jésus alla au coffre contenant ses effets personnels, qui étaient restés à l’intérieur de l’atelier de Zébédée, il mit son tablier et se présenta au travail en disant : « Il m’incombe de rester actif en attendant que vienne mon heure. » Et il travailla plusieurs mois au chantier naval, jusqu’en janvier de l’année suivante, aux côtés de son frère Jacques. Après cette période de travail avec Jésus, Jacques n’abandonna plus jamais réellement et entièrement sa foi dans la mission de Jésus, quels que fussent les doutes venus obscurcir sa compréhension de l’œuvre de la vie du Fils de l’Homme. 134:9.7 Durant cette période finale de travail au chantier naval, Jésus passa la majeure partie de son temps à la finition intérieure de quelques grands bateaux. Il mettait tous ses soins à son travail manuel et paraissait éprouver la satisfaction des accomplissements humains quand il avait terminé une belle pièce. Il ne perdait pas de temps à des détails, mais, quand il s’agissait de l’essentiel dans une entreprise donnée, il était un ouvrier méticuleux. 134:9.8 Le temps passant, des rumeurs parvinrent à Capharnaüm au sujet d’un certain Jean qui prêchait en baptisant des pénitents dans le Jourdain. Jean disait : « Le royaume des cieux est à portée de la main ; repentez-vous et soyez baptisés. » Jésus prêta l’oreille à ces comptes rendus, tandis que Jean remontait lentement la vallée du Jourdain depuis le gué de la rivière la plus proche de Jérusalem. Mais Jésus continua à travailler à la construction des bateaux, jusqu’au moment où Jean eut remonté la rivière jusqu’à un endroit proche de Pella, au mois de janvier de l’an 26. Alors, Jésus déposa ses outils en déclarant « Mon heure est venue », et il se présenta bientôt à Jean pour être baptisé. 134:9.9 Un grand changement s’était opéré en Jésus. Rares furent les gens qui, ayant bénéficié de ses visites et de son aide pendant qu’il parcourait le pays de long en large, reconnurent ultérieurement, dans l’éducateur public, la même personne qu’ils avaient connue et aimée comme personne privée au cours des années précédentes. Il y avait une raison pour empêcher ses premiers obligés de le reconnaitre dans son rôle subséquent d’éducateur public ayant autorité : pendant de longues années la transformation de son mental et de son esprit s’était poursuivie et elle s’était achevée durant le séjour mouvementé sur le mont Hermon. FASCICULE 135. Jean le Baptiste 135:0.1 Jean le Baptiste naquit le 25 mars de l’an 7 avant J.-C., conformément à la promesse que Gabriel avait faite à Élisabeth en juin de l’année précédente. Durant cinq mois, Élisabeth garda le secret sur la visitation de Gabriel et, lorsqu’elle en parla à son mari Zacharie, il fut très troublé ; il ne crut pleinement à son récit qu’après avoir eu un rêve insolite environ six semaines avant la naissance de Jean. En dehors de la visite de Gabriel à Élisabeth et du rêve de Zacharie, il n’y eut rien d’anormal ni de surnaturel en liaison avec la naissance de Jean le Baptiste. 135:0.2 Au huitième jour, Jean fut circoncis conformément à la coutume juive. Il grandit comme un enfant ordinaire, jour après jour et année après année, dans le petit village connu à cette époque sous le nom de cité de Juda, à sept kilomètres environ à l’ouest de Jérusalem. 135:0.3 L’évènement le plus mémorable de la prime enfance de Jean fut la visite qu’il fit avec ses parents à Jésus et à la famille de Nazareth. Cette visite eut lieu au mois de juin de l’an 1 av. J.-C., alors que Jean avait un peu plus de six ans. 135:0.4 Après leur retour de Nazareth, les parents de Jean commencèrent l’éducation systématique du jeune garçon. Il n’y avait pas d’école de synagogue dans ce petit village, mais Zacharie était prêtre, donc assez instruit, et Élisabeth était beaucoup plus cultivée que la moyenne des femmes de Judée. Elle aussi appartenait au monde de la prêtrise, car elle était une descendante des « filles d’Aaron ». Jean étant enfant unique, ses parents consacrèrent beaucoup de temps à son éducation mentale et spirituelle. Zacharie n’avait que de courtes périodes de service au temple de Jérusalem de sorte qu’il passait une grande partie de son temps à instruire son fils. 135:0.5 Zacharie et Élisabeth possédaient une petite ferme où ils élevaient des moutons. Ce domaine n’assurait pas entièrement leur subsistance, mais Zacharie recevait des appointements réguliers prélevés sur les fonds du temple destinés à la prêtrise. 1. Jean devient un naziréen 135:1.1 Il n’y avait pas, sur place, d’école d’où Jean pût sortir, à l’âge de quatorze ans, avec un diplôme, mais ses parents avaient choisi cette année comme appropriée pour qu’il prononce les vœux officiels du naziréat. En conséquence, Zacharie et Élisabeth emmenèrent leur fils à Engaddi près de la mer Morte. C’était le quartier général de la confrérie naziréenne dans le sud, et c’est là que le garçon fut dument et solennellement admis dans cet ordre comme membre à vie. Après ces cérémonies et après avoir fait vœu de s’abstenir de toute boisson enivrante, de laisser pousser ses cheveux et de ne pas toucher les morts, la famille se rendit à Jérusalem où, devant le temple, Jean acheva de faire les offrandes exigées de ceux qui prononçaient les vœux du naziréat. 135:1.2 Jean prononça les mêmes vœux perpétuels que ses illustres prédécesseurs, Samson et le prophète Samuel. Un naziréen pour la vie était considéré comme une personnalité sacrosainte. Les Juifs lui accordaient à peu près le même respect et la même vénération qu’au grand-prêtre, et cela n’avait rien d’étonnant, car les naziréens consacrés pour la vie étaient, avec les grands-prêtres, les seules personnes ayant le droit d’entrer dans le saint des saints du temple. 135:1.3 Jean revint de Jérusalem chez lui pour garder les moutons de son père. Il grandit et devint un homme vigoureux doué d’un noble caractère. 135:1.4 À seize ans, à la suite de lectures au sujet d’Élie, Jean fut très impressionné par le prophète du mont Carmel et décida d’adopter sa façon de s’habiller. À partir de ce jour-là, Jean porta toujours un vêtement de poil et une ceinture de cuir. À cet âge, Jean avait une taille de plus d’un mètre quatre-vingt et avait presque atteint son plein développement. Avec ses cheveux flottants et le style particulier de son vêtement, c’était vraiment un jeune homme pittoresque. Ses parents plaçaient de grands espoirs en leur fils unique, un enfant de la promesse et un naziréen pour la vie. 2. La mort de Zacharie 135:2.1 Après une maladie de plusieurs mois, Zacharie mourut en juillet de l’an 12, alors que Jean venait d’avoir dix-huit ans. Jean fut très embarrassé, car le vœu du naziréat interdisait le contact avec les morts, même de sa propre famille. Bien que Jean se fût efforcé de se conformer aux astreintes de son vœu concernant la contamination par les morts, il doutait d’avoir pleinement obéi aux exigences de l’ordre naziréen. Après l’enterrement de son père, il se rendit donc à Jérusalem où, dans le coin naziréen de la cour des femmes, il offrit les sacrifices requis pour sa purification. 135:2.2 En septembre de cette année-là, Élisabeth et Jean firent un voyage à Nazareth pour rendre visite à Marie et à Jésus. Jean s’était à peu près décidé à entreprendre l’œuvre de sa vie, mais il fut rappelé, non seulement par les paroles de Jésus mais par son exemple, au devoir de rentrer au foyer, de prendre soin de sa mère et d’attendre la « venue de l’heure du Père ». Après avoir dit au revoir à Jésus et à Marie à la fin de cette agréable visite, Jean ne revit plus Jésus avant le jour de son baptême dans le Jourdain. 135:2.3 Jean et Élisabeth retournèrent chez eux et commencèrent à faire des projets d’avenir. Du fait que Jean refusait l’allocation des prêtres qui lui était due sur les fonds du temple, au bout de deux ans, ils n’eurent plus de quoi conserver leur foyer ; ils décidèrent donc de se diriger vers le sud avec leur troupeau de moutons. En conséquence, durant l’été où Jean eut vingt ans, ils déménagèrent pour aller à Hébron. Au lieu dénommé « désert de Judée », Jean garda ses moutons près d’un ruisseau tributaire d’un cours d’eau plus important qui se jetait dans la mer Morte à Engaddi. La colonie d’Engaddi comprenait non seulement des naziréens consacrés pour la vie ou pour une durée déterminée, mais de nombreux autres bergers ascétiques, qui se rassemblaient dans cette région avec leurs troupeaux et fraternisaient avec la confrérie des naziréens. Ils vivaient de l’élevage de leurs moutons et des dons que des Juifs fortunés faisaient à l’ordre. 135:2.4 Avec le temps, Jean retourna moins souvent à Hébron et fit des visites plus fréquentes à Engaddi. Il était si complètement différent de la majorité des naziréens qu’il trouvait très difficile de fraterniser pleinement avec leur confrérie. Mais il aimait beaucoup Abner, chef et dirigeant reconnu de la colonie d’Engaddi. 3. La vie d’un berger 135:3.1 Le long de la vallée du petit ruisseau, Jean ne bâtit pas moins d’une douzaine d’abris et de parcs pour la nuit, consistant en empilages de pierres d’où il pouvait surveiller et protéger ses troupeaux de moutons et de chèvres. La vie de berger de Jean lui laissait de grands loisirs pour penser. Il avait de longues conversations avec un orphelin de Beth-sour nommé Ezda, qu’il avait en quelque sorte adopté. Ezda gardait les troupeaux quand Jean allait à Hébron pour voir sa mère et vendre des moutons, et aussi quand il se rendait à Engaddi pour les services de sabbat. Jean et ce jeune garçon vivaient très simplement, se nourrissant de viande de mouton, de lait de chèvre, de miel sauvage et de sauterelles comestibles de cette région. Ce menu régulier était complété par des provisions apportées de temps en temps d’Hébron et d’Engaddi. 135:3.2 Élisabeth tenait Jean au courant des affaires de la Palestine et du monde et sa conviction croissait de plus en plus profondément que le moment approchait rapidement où l’ancien ordre de choses prendrait fin ; qu’il allait devenir l’annonciateur de l’arrivée d’un nouvel âge, « le royaume du Ciel ». Ce rude berger avait une préférence marquée pour les écrits du prophète Daniel. Il avait lu mille fois la description de la grande fresque dont Zacharie lui avait dit qu’elle représentait l’histoire des grands royaumes du monde, commençant par Babylone, puis la Perse, la Grèce et finalement Rome. Jean percevait que le monde romain était déjà composé de peuples et de races tellement polyglottes qu’il ne pourrait jamais devenir un empire fortement cimenté et fermement consolidé. Il considérait que Rome était même alors divisée en Syrie, Égypte, Palestine et autres provinces ; et à ce moment-là il lut de plus qu’« au temps de ces rois, le Dieu du Ciel établira un royaume qui ne sera jamais détruit. Et ce royaume ne sera pas laissé à d’autres peuples, mais il mettra en pièces, puis il consumera tous ces royaumes, et il subsistera pour toujours ». « Et là lui furent donnés la domination, la gloire et un royaume afin que tous les peuples, nations et langues le servent. Sa domination est une domination perpétuelle qui ne disparaîtra jamais, et son royaume ne sera jamais détruit. » « Et le règne, et la domination, et la grandeur du royaume sous le Ciel entier seront donnés au peuple des saints du Très Haut, dont le royaume est un royaume sans fin, et toutes les dominations le serviront et lui obéiront. » 135:3.3 Jean ne fut jamais tout à fait capable de s’élever au-dessus de la confusion produite par les dires de ses parents sur Jésus et par les passages cités qu’il trouvait dans les Écritures. Dans Daniel, il lisait : « J’ai eu des visions nocturnes, et voici, quelqu’un de semblable au Fils de l’Homme venait sur les nuées du ciel, et on lui donnait la domination, la gloire et un royaume. » Mais ces paroles du prophète ne cadraient pas avec ce que ses parents lui avaient enseigné. Ses conversations avec Jésus, quand il lui avait rendu visite à l’âge de dix-huit ans, ne correspondaient pas non plus à ces affirmations des Écritures. Nonobstant cette confusion, sa mère lui affirma, durant toute la période où il était dans la perplexité, que son lointain cousin Jésus de Nazareth était le véritable Messie, qu’il était venu pour siéger sur le trône de David et que lui (Jean) deviendrait son héraut précurseur et son principal soutien. 135:3.4 À la suite de tout ce qu’il avait entendu dire du vice et de la perversité de Rome, des mœurs dissolues et de la stérilité morale de l’empire, et aussi par suite de ce qu’il savait des mauvaises actions d’Hérode Antipas et des gouverneurs de la Judée, Jean avait tendance à croire que la fin de l’âge était imminente. Il semblait à ce rude et noble enfant de la nature que le monde était mûr pour la fin de l’âge de l’homme et l’aurore de l’âge nouveau et divin – le royaume des cieux. Jean eut, dans son cœur, le sentiment croissant qu’il serait le dernier des anciens prophètes et le premier des nouveaux. Il se sentait vibrer sous l’impulsion grandissante de se montrer et de proclamer à tous les hommes : « Repentez-vous ! Mettez-vous en règle avec Dieu ! Soyez prêts pour la fin ; préparez-vous à l’apparition de l’ordre nouveau et éternel des affaires terrestres, le royaume des cieux. » 4. La mort d’Élisabeth 135:4.1 Le 17 aout de l’an 22, alors que Jean était âgé de vingt-huit ans, sa mère mourut subitement. Connaissant les interdictions naziréennes au sujet du contact avec les morts, même dans sa propre famille, les amis d’Élisabeth prirent toutes les dispositions pour l’enterrement avant d’envoyer chercher Jean. Lorsqu’il reçut la nouvelle de la mort de sa mère, il ordonna à Ezda de conduire ses troupeaux à Engaddi et partit pour Hébron. 135:4.2 À son retour à Engaddi après les funérailles de sa mère, il fit don de ses troupeaux à la confrérie et se détacha du monde extérieur pour une période de jeûne et de prière. Jean ne connaissait que les anciennes méthodes pour approcher la divinité ; il ne connaissait que l’histoire de personnalités telles qu’Élie, Samuel et Daniel. Élie était son idéal comme prophète. Élie avait été le premier éducateur d’Israël considéré comme un prophète et Jean croyait sincèrement que lui-même devait être le dernier de cette longue et illustre série de messagers du ciel. 135:4.3 Durant deux ans et demi, Jean vécut à Engaddi ; il persuada la majeure partie de la confrérie que « la fin de l’âge était toute proche » et que « le royaume des cieux était sur le point d’apparaitre ». Tout son enseignement primitif était basé sur l’idée et le concept juifs courants du Messie promis à la nation juive pour la libérer de la domination de ses chefs Gentils. 135:4.4 Durant toute cette période, Jean lut assidument les écrits sacrés qu’il trouva au foyer naziréen d’Engaddi. Il fut spécialement impressionné par Isaïe, et aussi par Malachie, le dernier en date des prophètes à cette époque. Il lut et relut les cinq derniers chapitres d’Isaïe et crut à leurs prophéties. Après quoi, il allait lire dans Malachie : « Voici, je vous enverrai Élie, le prophète, avant le grand et terrible jour du Seigneur. Il tournera le cœur des pères vers les enfants et le cœur des enfants vers leurs pères, de crainte que je ne vienne frapper la terre d’une malédiction. » Ce fut uniquement cette promesse du retour d’Élie faite par Malachie qui retint Jean d’aller prêcher en public au sujet du royaume imminent, et d’exhorter ses compatriotes juifs à fuir le courroux à venir. Jean était mûr pour proclamer le message du royaume à venir, mais cette attente de la venue d’Élie le retint pendant plus de deux ans. Il savait qu’il n’était pas Élie. Que voulait dire Malachie ? Sa prophétie était-elle littérale ou symbolique ? Comment pouvait-il connaitre la vérité ? Finalement, il osa penser que, du moment que le premier prophète s’était appelé Élie, le dernier devait finalement être connu sous le même nom. Il avait néanmoins des doutes, et ces doutes étaient suffisants pour l’empêcher de s’appeler lui-même Élie. 135:4.5 Ce fut l’influence d’Élie qui fit adopter à Jean ses méthodes d’attaque directe et brusquée contre les péchés et les vices de ses contemporains. Il essaya de se vêtir comme Élie et s’efforça de parler comme Élie. Sous tous ses aspects extérieurs, il ressemblait au prophète de jadis. Il n’était qu’un enfant de la nature tout aussi résolu et pittoresque, un prédicateur de la droiture tout aussi intrépide et audacieux. Jean n’était pas illettré ; il connaissait bien les écrits sacrés juifs, mais il était peu cultivé. Il avait des idées claires, il était un puissant orateur et un accusateur enflammé. Il n’était guère un exemple pour son époque, mais un reproche éloquent. 135:4.6 À la fin, il élabora une méthode pour proclamer le nouvel âge, le royaume de Dieu. Il décida qu’il allait devenir le précurseur du Messie. Il balaya tous ses doutes et partit d’Engaddi, un jour de mars de l’an 25, pour débuter dans sa courte mais brillante carrière de prédicateur public. 5. Le royaume de Dieu 135:5.1 Pour comprendre le message de Jean, il faut tenir compte du statut du peuple juif au moment où Jean apparut sur la scène de l’action. Pendant près de cent ans, tout Israël avait été dans une impasse. Les Juifs étaient embarrassés pour expliquer leur continuelle soumission à des suzerains Gentils. Moïse n’avait-il pas enseigné que la droiture était toujours récompensée par la prospérité et le pouvoir ? N’étaient-ils pas le peuple élu de Dieu ? Pourquoi le trône de David était-il abandonné et vacant ? À la lumière des doctrines mosaïques et des préceptes des prophètes, les Juifs trouvaient difficile d’expliquer la longue continuité de leurs malheurs nationaux. 135:5.2 Environ cent ans avant l’époque de Jésus et de Jean, une nouvelle école d’éducateurs religieux apparut en Palestine, celle des apocalyptistes. Ces nouveaux éducateurs élaborèrent un système de croyance qui expliquait les souffrances et les humiliations des Juifs par le motif qu’ils payaient les conséquences des péchés de la nation. Ils retombaient sur les raisons bien connues destinées à expliquer leur captivité antérieure à Babylone et ailleurs. Mais, enseignaient les apocalyptistes, Israël devait reprendre courage ; les temps de son affliction étaient à peu près passés ; le châtiment disciplinaire du peuple élu de Dieu touchait à sa fin ; la patience de Dieu envers les étrangers Gentils était presque à bout. La fin de la souveraineté romaine était synonyme de la fin de l’âge et, dans un certain sens, de la fin du monde. Ces nouveaux éducateurs s’appuyaient fortement sur les prédictions de Daniel et enseignaient avec persistance que la création était sur le point d’arriver à son stade final ; les royaumes de ce monde étaient sur le point de devenir le royaume de Dieu. Tel était, pour les penseurs juifs de cette époque, le sens de l’expression « le royaume des cieux » constamment employé dans les enseignements de Jean et de Jésus. Pour les Juifs de Palestine, les mots « royaume des cieux » n’avaient qu’une seule signification : un État absolument juste dans lequel Dieu (le Messie) gouvernerait les nations de la terre avec la même perfection de pouvoir qu’il gouvernait dans le ciel – « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. » 135:5.3 À l’époque de Jean, tous les Juifs se demandaient avec anxiété : « Quand donc le royaume viendra-t-il enfin ? » Ils avaient le sentiment général que la fin du gouvernement par les Gentils était proche. Le monde juif tout entier entretenait le vivant espoir et l’ardente aspiration de voir la réalisation du désir des âges se produire durant la vie de cette génération. 135:5.4 Alors que les Juifs différaient grandement dans leurs appréciations de la nature du royaume à venir, ils partageaient la croyance commune que l’évènement était imminent, à portée de la main et même en cours. Nombre de ceux qui lisaient l’Ancien Testament espéraient littéralement voir un nouveau roi en Palestine régnant sur une nation juive régénérée, délivrée de ses ennemis et présidée par le successeur du roi David, le Messie, qui serait rapidement reconnu comme le juste et légitime dirigeant du monde entier. Un autre groupe de Juifs pieux, moins nombreux, avait un point de vue immensément différent sur ce royaume de Dieu. Il enseignait que le royaume à venir n’était pas de ce monde, que le monde approchait de sa fin certaine et que « de nouveaux cieux et une nouvelle terre » devaient annoncer l’établissement du royaume de Dieu ; que ce royaume serait une domination perpétuelle, que l’état du péché devait prendre fin et que les citoyens du nouveau royaume deviendraient immortels dans la jouissance de cette félicité qui n’aurait pas de fin. 135:5.5 Ils étaient tous d’accord sur le point qu’une purge radicale ou une discipline purifiante devaient nécessairement précéder l’établissement du nouveau royaume sur terre. Ceux qui s’attachaient à la lettre enseignaient qu’une guerre mondiale s’ensuivrait et que tous les incroyants seraient anéantis, tandis que les fidèles remporteraient une victoire universelle et éternelle. Les spiritualistes enseignaient que le royaume serait inauguré par le grand jugement de Dieu qui relèguerait les impies à leur châtiment bien mérité et à leur destruction finale, et qui élèverait en même temps les saints croyants du peuple élu à de hautes places d’honneur et d’autorité auprès du Fils de l’Homme, lequel régnerait au nom de Dieu sur les nations rachetées. Ce dernier groupe croyait même que beaucoup de pieux Gentils pourraient être admis dans la communauté du nouveau royaume. 135:5.6 Quelques Juifs s’en tenaient à l’opinion que Dieu pourrait peut-être établir ce nouveau royaume par intervention divine et directe, mais la grande majorité croyait que Dieu interposerait un truchement représentatif, le Messie. C’était la seule signification possible que le mot Messie pouvait avoir dans le mental des Juifs de la génération de Jésus et de Jean. Messie ne pouvait absolument pas désigner un homme qui se bornerait à enseigner la volonté de Dieu ou à proclamer la nécessité d’une vie de droiture. À tous les saints personnages de cette sorte, les Juifs donnaient le nom de prophètes. Le Messie devait être plus qu’un prophète ; le Messie devait amener l’établissement du nouveau royaume, le royaume de Dieu. Nulle personnalité échouant dans cette entreprise ne pouvait être le Messie au sens juif traditionnel. 135:5.7 Qui serait ce Messie ? De nouveau, les éducateurs juifs différaient d’opinion. Les anciens s’accrochaient à la doctrine du Fils de David. Les nouveaux enseignaient que le prochain souverain pourrait aussi être une personnalité divine ayant longtemps siégé au ciel à la droite de Dieu, puisque le royaume à venir était un royaume céleste. Si étrange que cela paraisse, ceux qui concevaient ainsi le souverain du nouveau royaume ne l’imaginaient pas comme un Messie humain, comme simplement un homme, mais comme « le Fils de l’Homme » – un Fils de Dieu – un Prince céleste longtemps maintenu en attente pour assumer ainsi la souveraineté sur la terre rendue nouvelle. Tel était l’arrière-plan religieux du monde juif au moment où Jean entra en scène en proclamant : « Repentez-vous, car le royaume des cieux est à portée de la main ! » 135:5.8 Il devient donc clair que l’annonce par Jean du royaume à venir n’avait pas moins d’une demi-douzaine de significations différentes dans le mental des auditeurs de ses sermons passionnés. Mais, quel que fût le sens qu’ils attachaient aux expressions employées par Jean, chacun des divers groupes qui attendait le royaume des Juifs était intrigué par les proclamations de ce prédicateur de droiture et de repentir, sincère, enthousiaste et expéditif, qui exhortait si solennellement son auditoire à « fuir le courroux à venir ». 6. Jean commence à prêcher 135:6.1 Aux premiers jours du mois de mars de l’an 25, Jean fit le tour de la côte occidentale de la mer Morte et remonta le cours du Jourdain jusqu’en face de Jéricho, à l’ancien gué par lequel Josué et les enfants d’Israël avaient passé lorsqu’ils entrèrent, pour la première fois, dans la terre promise. Jean alla sur l’autre rive, s’installa près de l’accès du gué, et commença à prêcher aux passants qui traversaient le fleuve dans un sens ou dans l’autre. C’était le gué le plus fréquenté du Jourdain. 135:6.2 Tous ceux qui écoutaient Jean se rendaient compte qu’il était plus qu’un prédicateur. La grande majorité des auditeurs de cet homme étrange, surgi du désert de Judée, repartait en croyant avoir entendu la voix d’un prophète. Il n’y avait rien d’étonnant à ce que les âmes de ces Juifs lassés, mais pleins d’espoir, fussent profondément remuées par un tel phénomène. Dans toute l’histoire juive, jamais les pieux enfants d’Abraham n’avaient autant désiré la « consolation d’Israël », ni plus ardemment anticipé la « restauration du royaume ». À aucune époque de l’histoire juive, le message de Jean – le royaume des cieux est à portée de main – n’aurait pu exercer un attrait aussi profond et aussi universel qu’au moment même où Jean apparut si mystérieusement sur la rive de ce gué méridional du Jourdain. 135:6.3 Il était pâtre, comme Amos. Il était vêtu, comme jadis Élie ; il fulminait ses recommandations et lançait ses avertissements avec « l’esprit et le pouvoir d’Élie ». Il n’est pas surprenant que cet étrange prédicateur ait créé de puissants remous dans toute la Palestine à mesure que les voyageurs apportaient au loin la nouvelle de sa prédication au bord du Jourdain. 135:6.4 Le travail de ce naziréen comportait encore une autre caractéristique nouvelle : il baptisait chacun de ses fidèles dans le Jourdain « pour la rémission des péchés ». Bien que le baptême ne fût pas une cérémonie nouvelle chez les Juifs, ils ne l’avaient jamais vu pratiquer à la manière de Jean. Depuis longtemps, il était courant de baptiser ainsi les prosélytes Gentils pour les admettre dans la communauté de la cour extérieure du temple, mais jamais on n’avait demandé aux Juifs eux-mêmes de se soumettre au baptême de repentance. Quinze mois seulement s’écoulèrent entre le moment où Jean commença à prêcher et à baptiser, et l’époque de son arrestation et de son emprisonnement à l’instigation d’Hérode Antipas, mais, durant ce court laps de temps, il baptisa bien plus de cent-mille pénitents. 135:6.5 Jean prêcha quatre mois au gué de Béthanie avant de partir vers le nord en remontant le Jourdain. Des dizaines de milliers d’auditeurs, dont quelques curieux, mais la plupart sincères et sérieux, venaient l’écouter de toutes les parties de la Judée, de Pérée et de la Samarie. Quelques-uns vinrent même de Galilée. 135:6.6 En mai de cette année, tandis que Jean s’attardait encore au gué de Béthanie, les prêtres et les lévites envoyèrent une délégation pour lui demander s’il prétendait être le Messie et en vertu de quelle autorité il prêchait. Jean répondit à ces enquêteurs en disant : « Allez dire à vos maitres que vous avez entendu ‘la voix de quelqu’un qui crie dans le désert’, comme le prophète l’a annoncé en disant : ‘Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez une route pour notre Dieu. Toute vallée sera comblée, toute montagne et toute colline seront abaissées ; les terrains accidentés seront changés en plaines et les passages rocailleux en vallons unis, et toute chair verra le salut de Dieu.’ » 135:6.7 Jean était un prédicateur héroïque, mais manquant de doigté. Un jour qu’il prêchait et baptisait sur la rive occidentale du Jourdain, un groupe de pharisiens et un certain nombre de sadducéens s’avancèrent et se présentèrent au baptême. Avant de les faire descendre dans l’eau, Jean s’adressa collectivement à eux en ces termes : « Qui vous a avertis de fuir la colère à venir, telles des vipères devant le feu ? Je vous baptiserai, mais je vous préviens qu’il vous faudra produire les fruits dignes d’un repentir sincère si vous voulez recevoir la rémission de vos péchés. Ne venez pas me dire qu’Abraham est votre père. Je vous déclare que, des douze pierres qui sont devant vous, Dieu peut faire surgir de dignes enfants d’Abraham. Déjà la cognée est mise à la racine même des arbres. Tout arbre qui ne porte pas de bons fruits est destiné à être coupé et jeté au feu. » (Les douze pierres auxquelles il faisait allusion étaient les célèbres pierres commémoratives dressées par Josué en souvenir du passage des « douze tribus » à ce même endroit où elles entrèrent, pour la première fois, dans la terre promise.) 135:6.8 Jean donnait, pour ses disciples, des cours dans lesquels il leur enseignait les détails de leur nouvelle vie et s’efforçait de répondre à leurs nombreuses questions. Il conseillait aux éducateurs d’enseigner l’esprit aussi bien que la lettre de la loi. Il chargeait les riches de nourrir les pauvres. Aux collecteurs d’impôts, il disait : « N’extorquez pas plus que les sommes qui vous sont assignées. » Aux soldats, il disait : « N’exercez pas de violence et n’exigez rien indument – contentez-vous de votre solde. » Et, à tout le monde, il conseillait : « Préparez-vous pour la fin de l’âge – le royaume des cieux est à portée de la main. » 7. Jean voyage vers le nord 135:7.1 Jean avait encore des idées confuses sur le royaume à venir et sur son roi. Plus il prêchait et plus il s’embrouillait ; mais jamais son incertitude intellectuelle au sujet de la nature du royaume attendu ne diminua, le moins du monde, sa conviction que l’avènement du royaume dans l’immédiat était certain. Jean pouvait être confus en mental, mais jamais en esprit. Il ne doutait nullement de la venue du royaume, mais il était loin d’être certain que Jésus devait être ou non le souverain de ce royaume. Tant que Jean s’attachait à l’idée de la restauration du trône de David, ce que ses parents lui avaient enseigné, à savoir que Jésus, né dans la cité de David, devait être le libérateur longtemps attendu, lui paraissait logique. Mais, dans les moments où il penchait davantage vers la doctrine d’un royaume spirituel et de la fin de l’âge temporel sur terre, il était cruellement dans le doute au sujet du rôle que Jésus jouerait dans ces évènements. Parfois, il remettait tout en question, mais pas pour longtemps. Il désirait réellement faire le tour du problème avec son cousin, mais cela était contraire à l’accord établi entre eux. 135:7.2 Tandis que Jean voyageait vers le nord, il pensait beaucoup à Jésus. Il s’arrêta dans plus d’une douzaine d’endroits en remontant le Jourdain. Ce fut au village d’Adam qu’il fit, pour la première fois, référence à un « autre qui doit venir après moi » en réponse à la question directe que lui posaient ses disciples : « Es-tu le Messie ? » Il poursuivit en disant : « Il en viendra un autre après moi qui est plus grand que moi, et devant qui je ne suis pas digne de me baisser pour délacer ses sandales. Je vous baptise d’eau, mais lui vous baptisera du Saint-Esprit. Il a sa pelle à la main pour nettoyer complètement son aire de battage. Il engrangera le blé, mais il brulera la paille au feu du jugement ». 135:7.3 En réponse aux questions de ses disciples, Jean continua à amplifier ses enseignements, ajoutant de jour en jour plus d’indications utiles et encourageantes par comparaison avec son énigmatique message initial : « Repentez-vous et soyez baptisés. » À cette époque, des foules arrivaient de Galilée et de la Décapole. Des dizaines de disciples sincères s’attardaient, jour après jour, auprès de leur maitre adoré. 8. La rencontre de Jésus et de Jean 135:8.1 Au mois de décembre de l’an 25, lorsque Jean atteignit le voisinage de Pella dans sa remontée du Jourdain, sa réputation s’était répandue dans toute la Palestine et son œuvre était devenue le principal sujet de conversation dans toutes les villes voisines du lac de Galilée. Jésus avait parlé favorablement du message de Jean, ce qui avait amené nombre d’habitants de Capharnaüm à se joindre au culte de repentance et de baptême de Jean. Jacques et Jean, les pêcheurs fils de Zébédée, étaient descendus au gué en décembre, peu après que Jean se fut installé pour prêcher à proximité de Pella, et s’étaient offerts au baptême. Ils allaient voir Jean une fois par semaine et rapportaient à Jésus des comptes rendus directs et récents sur l’œuvre de l’évangéliste. 135:8.2 Jacques et Jude, les frères de Jésus, avaient parlé d’aller trouver Jean pour être baptisés. Maintenant que Jude était venu à Capharnaüm pour les offices du sabbat, et après que tous deux eurent écouté le discours de Jésus dans la synagogue, il décida avec Jacques de demander conseil à Jésus au sujet de leurs plans. Ceci se passait le samedi soir 12 janvier de l’an 26. Jésus les pria de retarder la discussion jusqu’au lendemain, où il leur donnerait sa réponse. Il dormit très peu cette nuit-là, étant en communion étroite avec le Père qui est aux cieux. Il avait pris des dispositions pour déjeuner à midi avec ses frères et leur donner son avis sur le baptême par Jean. Ce dimanche matin, Jésus travaillait comme d’habitude au chantier naval. Jacques et Jude avaient apporté le déjeuner et l’attendaient dans le hangar à bois, car l’heure de la pause de midi n’avait pas encore sonné, et ils savaient que Jésus était fort ponctuel en ces matières. 135:8.3 Juste avant le repos de midi, Jésus déposa ses outils, enleva son tablier de travail et annonça simplement aux trois ouvriers travaillant dans la même pièce que lui : « Mon heure est venue. » Il alla trouver ses frères Jacques et Jude en répétant : « Mon heure est venue – allons voir Jean. » Ils partirent immédiatement pour Pella en mangeant leur repas en cours de route. C’était le dimanche 13 janvier. Ils s’arrêtèrent pour la nuit dans la vallée du Jourdain et arrivèrent le lendemain vers midi sur les lieux où Jean donnait le baptême. 135:8.4 Jean venait de commencer à baptiser les candidats du jour. Des dizaines de repentants faisaient la queue en attendant leur tour lorsque Jésus et ses deux frères prirent position dans cette file d’hommes et de femmes sincères qui s’étaient mis à croire aux prédications de Jean sur le royaume à venir. Jean s’était enquis de Jésus auprès des fils de Zébédée. Il avait appris les commentaires de Jésus au sujet de ses sermons. Jour après jour, il s’attendait à le voir arriver sur les lieux ; mais il ne pensait pas l’accueillir dans la file des candidats au baptême. 135:8.5 Absorbé par les détails du baptême rapide d’un aussi grand nombre de convertis, Jean ne leva pas les yeux pour voir Jésus avant que le Fils de l’Homme ne fût en face de lui. Lorsque Jean reconnut Jésus, il interrompit les cérémonies pendant un moment tandis qu’il saluait son cousin dans la chair et lui demandait : « Mais pourquoi descends-tu dans l’eau pour me saluer ? » Jésus répondit : « Pour me soumettre à ton baptême. » Jean répliqua : « Mais c’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi. Pourquoi viens-tu à moi ? » Jésus lui murmura : « Supporte de me baptiser maintenant, car il convient que nous donnions cet exemple à mes frères qui se tiennent ici avec moi, et aussi pour que les gens puissent savoir que mon heure est venue. » 135:8.6 Jésus avait parlé péremptoirement et avec autorité. Jean tremblait d’émotion en se préparant à baptiser Jésus de Nazareth dans le Jourdain, à midi, ce 14 janvier de l’an 26. C’est ainsi que Jean baptisa Jésus et ses deux frères Jacques et Jude ; et, quand Jean les eut baptisés tous les trois, il renvoya les autres postulants en annonçant qu’il reprendrait les baptêmes le lendemain, à midi. Tandis que les gens s’en allaient, les quatre hommes encore debout dans l’eau entendirent un son étrange. Bientôt une apparition se montra quelques instants, immédiatement au-dessus de la tête de Jésus, et ils entendirent une voix qui disait : « Celui-ci est mon fils bien-aimé en qui j’ai trouvé mon plaisir. » Un grand changement se produisit dans l’expression du visage de Jésus. Sortant de l’eau en silence, il prit congé d’eux et se dirigea vers les collines de l’est. Nul ne le revit pendant quarante jours. 135:8.7 Jean suivit Jésus sur une distance suffisante pour lui raconter l’histoire de la visitation de Gabriel à sa mère avant leur naissance à tous deux, telle qu’il l’avait entendue si souvent de la bouche de sa mère. Il laissa Jésus poursuivre sa route après lui avoir dit : « Maintenant, je sais avec certitude que tu es le Libérateur. » Mais Jésus ne répondit pas. 9. Quarante jours de prédication 135:9.1 Lorsque Jean revint vers ses disciples (il en avait maintenant vingt-cinq ou trente qui demeuraient constamment avec lui), il les trouva en sérieuse conférence, en train de discuter ce qui venait d’arriver en liaison avec le baptême de Jésus. Ils furent encore plus étonnés lorsque Jean leur apprit la visitation de Gabriel à Marie avant la naissance de Jésus, et le fait que Jésus ne lui avait pas répondu un mot quand il lui en avait parlé. Il ne pleuvait pas ce soir-là, et le groupe d’au moins trente personnes s’entretint longtemps dans la nuit étoilée. Les membres de ce groupe se demandaient où Jésus était allé et quand ils le reverraient. 135:9.2 Après l’expérience de ce jour, la prédication de Jean prit un nouveau ton de certitude dans ses proclamations concernant le royaume à venir et le Messie attendu. Ces quarante jours passés dans l’attente de Jésus furent une période de tension, mais Jean continuait à prêcher avec une grande puissance. À cette époque, ses disciples commencèrent aussi à prêcher aux foules débordantes qui se pressaient autour de Jean sur la rive du Jourdain. 135:9.3 Au cours de ces quarante jours d’attente, de nombreuses rumeurs se répandirent dans le pays, et même jusqu’à Tibériade et Jérusalem. Des milliers de personnes venaient au camp de Jean pour voir la nouvelle attraction, le prétendu Messie, mais Jésus n’était pas visible. Quand les disciples de Jean affirmaient que l’étrange homme de Dieu s’en était allé dans les montagnes, beaucoup de visiteurs mettaient toute l’histoire en doute. 135:9.4 Environ trois semaines après que Jésus les eut quittés, une nouvelle députation de prêtres et de pharisiens de Jérusalem arriva sur les lieux à Pella. Ils demandèrent directement à Jean s’il était Élie ou le prophète promis par Moïse, et, lorsque Jean leur dit « Je ne le suis pas », ils s’enhardirent jusqu’à lui demander : « Es-tu le Messie ? » Et Jean répondit : « Je ne le suis pas. » Alors, ces hommes de Jérusalem lui dirent : « Si tu n’es ni Élie, ni le prophète, ni le Messie, alors, pourquoi baptises-tu les gens et crées-tu toute cette agitation ? » Et Jean répliqua : « Il appartient à ceux qui m’ont entendu et ont reçu mon baptême de dire qui je suis, mais je vous déclare que, si je baptise d’eau, il y a eu quelqu’un parmi nous qui reviendra vous baptiser du Saint-Esprit. » 135:9.5 Ces quarante jours furent une période difficile pour Jean et ses disciples. Quels devaient être les rapports entre Jean et Jésus ? Cent questions surgirent à la discussion. La politique et les ambitions égoïstes commencèrent à faire leur apparition. Des discussions acharnées s’élevèrent autour des diverses idées et conceptions du Messie. Deviendrait-il un chef militaire et un roi comme David ? Frapperait-il les armées romaines comme Josué avait frappé les Cananéens ? Ou bien viendrait-il établir un royaume spirituel ? Jean se ralliait plutôt à l’avis de la minorité, que Jésus était venu établir le royaume des cieux, bien qu’il n’eût pas de notions tout à fait claires sur ce que devait comporter la mission d’établir le royaume des cieux. 135:9.6 Ce furent des journées ardues dans l’expérience de Jean, et il pria pour le retour de Jésus. Certains disciples de Jean organisèrent des groupes d’éclaireurs pour partir à la recherche de Jésus, mais Jean le leur interdit en disant : « Notre époque est entre les mains du Dieu du ciel ; il dirigera son Fils élu. » 135:9.7 Ce fut de bonne heure, le matin du sabbat du 23 février, que les disciples de Jean, qui prenaient leur repas du matin, en regardant vers le nord, virent Jésus venant vers eux. Pendant qu’il s’approchait, Jean monta sur un grand rocher, éleva sa voix sonore et dit : « Voici le Fils de Dieu, le libérateur du monde ! C’est de lui que j’ai dit : ‘Après moi, il en viendra un qui me sera préféré, car il existait avant moi.’ C’est pour cela que je suis sorti du désert afin de prêcher la repentance et baptiser d’eau en proclamant que le royaume des cieux est à portée de la main. Maintenant vient celui qui va vous baptiser du Saint-Esprit. J’ai vu l’esprit divin descendre sur cet homme et j’ai entendu la voix de Dieu déclarer : ‘Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j’ai trouvé mon plaisir.’ » 135:9.8 Jésus les pria de continuer leur repas et s’assit pour manger avec Jean, car ses frères Jacques et Jude étaient retournés à Capharnaüm. 135:9.9 Le lendemain matin de bonne heure, il prit congé de Jean et de ses disciples, et repartit pour la Galilée. Il ne leur donna aucune indication sur le moment où ils le reverraient. Aux demandes de Jean sur sa propre prédication et sa propre mission, il se borna à répondre : « Mon Père te guidera maintenant et dans l’avenir comme il l’a fait dans le passé. » Et ces deux grands hommes se séparèrent ce matin-là sur la rive du Jourdain pour ne jamais plus se revoir dans la chair. 10. Jean voyage vers le sud 135:10.1 Puisque Jésus était allé vers le nord en Galilée, Jean se sentit conduit à retourner sur ses pas vers le sud. En conséquence, le dimanche matin 3 mars, Jean et le reste de ses disciples se mirent en route vers le sud. Entretemps, environ un quart des fidèles les plus proches de Jean étaient partis pour la Galilée à la recherche de Jésus. Une atmosphère de tristesse confuse entourait Jean. Jamais plus il ne prêcha comme avant de baptiser Jésus. Il sentait qu’en un certain sens, la responsabilité du royaume à venir avait cessé de reposer sur ses épaules. Il avait le sentiment que son œuvre était à peu près achevée. Il était triste et solitaire, mais il prêchait, baptisait et continuait sa marche vers le sud. 135:10.2 Jean s’arrêta plusieurs semaines près du village d’Adam, et c’est de là qu’il lança son attaque mémorable contre Hérode Antipas pour avoir pris illégalement la femme d’un autre homme. Vers le mois de juin de cette année (l’an 26), Jean était de retour au gué de Béthanie sur le Jourdain, où il avait commencé plus d’un an auparavant à prêcher sur le royaume à venir. Au cours des semaines qui suivirent le baptême de Jésus, le caractère de la prédication de Jean avait graduellement changé ; il proclamait maintenant la miséricorde pour les gens du commun, tandis qu’il dénonçait, avec un renouveau de véhémence, la corruption des dirigeants politiques et religieux. 135:10.3 Hérode Antipas, sur le territoire de qui Jean avait prêché, s’alarma à l’idée de voir Jean et ses disciples provoquer une rébellion. Hérode tenait également rigueur à Jean de ses critiques publiques sur ses affaires de famille. Tout ceci considéré, il décida de mettre Jean en prison. En conséquence, très tôt dans la matinée du 12 juin, avant l’arrivée des multitudes venues pour écouter la prédication et assister aux baptêmes, les agents d’Hérode placèrent Jean sous mandat d’arrêt. Tandis que les semaines passaient et qu’on ne le relâchait pas, ses disciples s’éparpillèrent dans toute la Palestine ; beaucoup d’entre eux allèrent en Galilée pour se joindre aux partisans de Jésus. 11. Jean en prison 135:11.1 Jean eut une expérience solitaire et quelque peu amère en prison. Peu de ses disciples étaient autorisés à lui rendre visite. Il désirait ardemment voir Jésus, mais dut se contenter d’entendre parler de son travail par ceux de ses propres disciples qui étaient devenus des croyants au Fils de l’Homme. Il était souvent tenté de douter de Jésus et de sa mission divine. Si Jésus était le Messie, pourquoi ne faisait-il rien pour le délivrer de cet intolérable emprisonnement ? Durant plus d’un an et demi, cet homme rude aimant l’air libre de Dieu languit dans une horrible geôle. Cette expérience fut une grande épreuve pour sa foi en Jésus et sa fidélité envers lui. En vérité, l’ensemble de cette aventure fut même une grande épreuve pour la foi de Jean en Dieu. Maintes fois, il fut tenté de douter de l’authenticité même de sa propre mission et de son expérience. 135:11.2 Après qu’il eut passé plusieurs mois en prison, un groupe de ses disciples vint le voir et, après lui avoir fait rapport sur les activités publiques de Jésus, lui dit : « Ainsi, Maitre, tu vois que celui qui était près de toi en amont du Jourdain prospère et reçoit tous ceux qui viennent vers lui. Il festoie même avec des publicains et des pécheurs. Tu as courageusement témoigné pour lui, et pourtant il ne fait rien pour obtenir ta délivrance. » Mais Jean répondit à ses amis : « Cet homme ne peut rien faire sans que cela lui ait été donné par son Père qui est aux cieux. Vous vous rappelez bien ce que j’ai dit : ‘Je ne suis pas le Messie, mais j’ai été envoyé avant lui pour lui préparer le chemin.’ C’est bien cela que j’ai fait. La fiancée appartient au fiancé, mais l’ami du fiancé qui se tient dans le voisinage se réjouit grandement d’entendre la voix du fiancé. C’est ainsi, ma joie est donc parfaite. Il faut que lui grandisse et que moi, je diminue. J’appartiens à cette terre et j’ai proclamé mon message. Jésus de Nazareth est venu du ciel sur la terre et il est au-dessus de nous tous. Le Fils de l’Homme est descendu d’auprès de Dieu, et ce sont les paroles de Dieu qu’il vous annoncera, car le Père qui est aux cieux ne mesure pas l’esprit qu’il donne à son propre Fils. Le Père aime le Fils et remettra bientôt toutes choses entre ses mains. Quiconque croit au Fils a la vie éternelle. Et les paroles que je prononce sont véritables et immuables. » 135:11.3 Ces disciples furent stupéfaits à un tel point de la déclaration de Jean qu’ils partirent en silence. De son côté, Jean était fort agité, car il percevait qu’il venait d’émettre une prophétie. Jamais plus il ne douta complètement de la mission et de la divinité de Jésus, mais il était affreusement déçu que Jésus ne lui fasse rien dire, ne vienne pas le voir et n’exerce aucun de ses grands pouvoirs pour le délivrer de la prison. Or, Jésus était au courant de tout ceci. Il avait beaucoup d’amour pour Jean, mais il se rendait maintenant compte de sa nature divine, et connaissait pleinement les grands évènements qui se préparaient pour Jean quand il quitterait ce monde. Sachant également que l’œuvre terrestre de Jean était achevée, il se contraignit à ne pas intervenir dans l’aboutissement naturel de la carrière de ce grand prédicateur-prophète. 135:11.4 Cette longue incertitude en prison était humainement intolérable. À peine quelques jours avant sa mort, Jean envoya de nouveau à Jésus des messagers de confiance pour lui demander : « Mon travail est-il fait ? Pourquoi dois-je languir en prison ? Es-tu vraiment le Messie ou devons-nous en chercher un autre ? » Lorsque les deux disciples eurent remis le message à Jésus, le Fils de l’Homme répondit : « Retournez vers Jean et dites-lui que je n’ai pas oublié, mais qu’il supporte encore cela, car il convient que nous accomplissions tout ce qu’impose la droiture. Dites à Jean ce que vous avez vu et entendu – que la bonne nouvelle est prêchée aux pauvres – et, finalement, dites au bien-aimé précurseur de ma mission terrestre qu’il sera abondamment béni dans l’âge à venir s’il ne lui arrive pas de douter ou de trébucher à propos de moi. » Ce fut la dernière communication que Jean reçut de Jésus. Ce message le réconforta grandement et contribua beaucoup à stabiliser sa foi et à le préparer à la fin tragique de sa vie dans la chair, fin qui devait suivre de si près ce jour mémorable. 12. La mort de Jean le Baptiste 135:12.1 Du fait que Jean œuvrait en Pérée méridionale lors de son arrestation, il fut immédiatement emmené dans la prison de la forteresse de Macharée, où il resta incarcéré jusqu’à son exécution. Hérode gouvernait la Pérée et la Galilée, et entretenait, à cette époque, des résidences en Pérée, à la fois à Juliade et à Macharée. En Galilée, sa résidence officielle avait été déplacée de Sepphoris à Tibériade, la nouvelle capitale. 135:12.2 Hérode avait peur de relâcher Jean de crainte qu’il ne provoque une rébellion. Il redoutait de le mettre à mort par crainte d’émeutes populaires dans la capitale, car des milliers de Péréens croyaient que Jean était un saint, un prophète. Hérode gardait donc le prophète naziréen en prison, ne sachant que faire de lui. Jean avait plusieurs fois comparu devant Hérode, mais n’avait jamais voulu accepter de quitter la zone de juridiction d’Hérode ni de s’abstenir de toute activité publique s’il était libéré. En même temps, cette nouvelle agitation, constamment croissante au sujet de Jésus de Nazareth, avertissait Hérode que le moment était mal choisi pour relâcher Jean. En outre, Jean était victime de la haine implacable et acharnée d’Hérodiade, la femme illégitime d’Hérode. 135:12.3 En de nombreuses occasions, Hérode s’entretint avec Jean du royaume des cieux. Il était parfois sérieusement impressionné par le message, mais craignait de faire sortir Jean de prison. 135:12.4 Hérode passait une grande partie de son temps dans ses résidences de Pérée, parce que l’on construisait encore beaucoup à Tibériade et qu’il avait une prédilection pour la place-forte de Macharée. Il s’écoula encore plusieurs années avant que la construction de tous les bâtiments publics et de la résidence officielle de Tibériade ait été achevée. 135:12.5 Pour célébrer son anniversaire, Hérode donna une grande fête au palais de Macharée pour ses principaux officiers et pour d’autres personnalités haut placées dans les conseils des gouvernements de Galilée et de Pérée. N’ayant pas réussi à obtenir l’exécution de Jean par appel direct à Hérode, Hérodiade s’attela maintenant à la tâche d’obtenir, par ruse, sa mise à mort. 135:12.6 Au cours des festivités et distractions du soir, Hérodiade présenta sa fille en la faisant danser devant les convives. Hérode fut charmé par la chorégraphie de la demoiselle et l’appela devant lui en disant : « Tu es charmante et je suis très satisfait de toi. C’est mon anniversaire. Quelle que soit la chose que tu désires, demande-la-moi et je te la donnerai, fût-ce la moitié de mon royaume. » En faisant cette proposition, Hérode était fortement sous l’influence de ses nombreuses libations. La jeune fille se retira pour s’enquérir auprès de sa mère de ce qu’elle devait demander à Hérode. Hérodiade lui dit : « Va vers Hérode et demande-lui la tête de Jean le Baptiste. » La jeune fille retourna à la table du banquet et dit à Hérode : « Je te demande de me donner immédiatement la tête de Jean le Baptiste sur un plateau. » 135:12.7 Hérode fut rempli de crainte et de tristesse, mais, à cause de son serment et de tous les témoins qui banquetaient avec lui, il ne voulut pas refuser la requête. Et Hérode Antipas envoya alors un soldat avec l’ordre de lui apporter la tête de Jean. C’est ainsi que Jean fut décapité dans sa prison cette nuit-là. Le soldat apporta la tête du prophète sur un plateau et la donna à la jeune fille dans le fond de la salle du banquet. Et la jeune fille donna le plateau à sa mère. Quand les disciples de Jean eurent vent de l’histoire, ils se rendirent à la prison demander le corps de Jean. Après l’avoir couché dans un tombeau, ils allèrent en rendre compte à Jésus. FASCICULE 136. Le baptême et les quarante jours 136:0.1 Jésus commença son œuvre publique au moment où l’intérêt populaire pour la prédication de Jean était à son apogée et où les Juifs de Palestine espéraient ardemment la venue du Messie. Il y avait un grand contraste entre Jean et Jésus. Jean était un ouvrier ardent et sérieux, tandis que Jésus était un travailleur calme et heureux ; au cours de toute sa vie, il ne manifesta de la hâte qu’en de rares occasions. Jésus était un consolateur encourageant pour le monde et en quelque sorte un exemple. On ne pouvait dire de Jean qu’il fut un réconfort ou un exemple ; il prêchait le royaume des cieux, mais ne participait guère au bonheur de ce royaume. Bien que Jésus ait parlé de Jean comme du plus grand prophète de l’âge écoulé, il disait aussi que le moindre de ceux qui voyaient la grande lumière du nouveau chemin et entraient par là dans le royaume des cieux était en vérité plus grand que Jean. 136:0.2 Lorsque Jean prêchait le royaume à venir, l’essentiel de son message était : « Repentez-vous ! Fuyez la colère imminente. » Lorsque Jésus commença à prêcher, il conserva l’exhortation à la repentance, mais ce message était toujours suivi de l’évangile, la bonne nouvelle de la joie et de la liberté du nouveau royaume. 1. Concepts du Messie attendu 136:1.1 Les Juifs nourrissaient de nombreuses idées sur le libérateur attendu, et chacune des diverses écoles d’enseignement messianique pouvait citer des passages des Écritures hébraïques à l’appui de ses affirmations. D’une manière générale, les Juifs considéraient que leur histoire nationale commençait avec Abraham et atteindrait son point culminant avec le Messie et le nouvel âge du royaume de Dieu. Ils avaient jadis envisagé ce libérateur comme « le serviteur du Seigneur », puis comme « le Fils de l’Homme », tandis que, plus tard, certains étaient allés jusqu’à qualifier le Messie de « Fils de Dieu ». Mais qu’ils l’appelassent « la semence d’Abraham », ou « le fils de David », tous convenaient que le libérateur devait être le Messie, « l’oint du Seigneur ». L’évolution du concept alla donc de « serviteur du Seigneur » à « fils de David », puis à « Fils de l’Homme » et à « Fils de Dieu ». 136:1.2 À l’époque de Jean et de Jésus, les Juifs les plus instruits s’étaient fait une idée du Messie à venir sous forme d’un Israélite accompli et représentatif, combinant en lui-même en tant que « serviteur du Seigneur », le triple rôle de prophète, de prêtre et de roi. 136:1.3 Les Juifs croyaient pieusement qu’à l’instar de Moïse, qui avait délivré leurs pères de la servitude égyptienne par des prodiges miraculeux, le Messie attendu délivrerait le peuple juif de la domination romaine par des miracles de pouvoir encore plus grands et par des merveilles de triomphe racial. Les rabbins avaient réuni plus de cinq-cents passages des Écritures dont, malgré les contradictions apparentes, ils affirmaient qu’ils prophétisaient la venue du Messie. Au milieu de tous ces détails de temps, de techniques et de fonctions, ils perdaient à peu près complètement de vue la personnalité du Messie promis. Ils espéraient une restauration de la gloire nationale juive – l’exaltation temporelle d’Israël – plutôt que le salut du monde. Il devient donc évident que Jésus de Nazareth ne pouvait jamais répondre à ce concept messianique matérialiste du mental juif. Si les Juifs avaient seulement vu ces sentences prophétiques sous un jour différent, beaucoup de leurs prétendues prédictions messianiques auraient tout naturellement préparé leur mental à reconnaitre en Jésus celui qui mettrait fin à un âge et inaugurerait une nouvelle et meilleure dispensation de miséricorde et de salut pour toutes les nations. 136:1.4 Les Juifs avaient été élevés dans la croyance à la doctrine de la Shékinah, mais ce symbole légendaire de la Présence Divine n’était pas visible dans le temple. Ils croyaient que la venue du Messie en effectuerait le rétablissement. Ils avaient des idées confuses sur le péché racial et la nature supposée mauvaise de l’homme. Certains enseignaient que le péché d’Adam avait fait maudire la race humaine, et que le Messie ôterait cette malédiction et remettrait les hommes en faveur auprès de Dieu. D’autres enseignaient qu’en créant l’homme, Dieu avait introduit dans l’homme à la fois une bonne et une mauvaise nature, et qu’ensuite, en observant le fonctionnement de cette combinaison, il avait été fort déçu et « s’était repenti d’avoir ainsi créé l’homme ». Ceux qui enseignaient cela croyaient que le Messie devait venir pour racheter l’homme de cette mauvaise nature innée. 136:1.5 En majorité, les Juifs croyaient qu’ils continueraient à languir sous la suzeraineté romaine à cause de leurs péchés nationaux et de la tiédeur des prosélytes Gentils. La nation juive ne s’était pas sincèrement repentie ; c’est pourquoi le Messie tardait à venir. On parlait beaucoup de repentance, d’où l’attrait puissant et immédiat de la prédication de Jean : « Repentez-vous et soyez baptisés, car le royaume des cieux est à portée de la main. » Et, pour un Juif pieux, le royaume des cieux ne pouvait avoir qu’une signification : la venue du Messie. 136:1.6 L’effusion de Micaël comportait une caractéristique totalement étrangère à la conception juive du Messie ; cette caractéristique était l’union des deux natures, l’humaine et la divine. Les Juifs avaient diversement conçu le Messie comme humain accompli, comme suprahumain et même comme divin, mais jamais ils n’avaient pris en considération le concept de l’union de l’humain et du divin. Ce fut la grande pierre d’achoppement des premiers disciples de Jésus. Ils saisissaient le concept humain du Messie en tant que fils de David, tel qu’il avait été présenté par les premiers prophètes ; ils comprenaient aussi le Messie en tant que Fils de l’Homme, l’idée suprahumaine de Daniel et de quelques-uns des derniers prophètes et même en tant que Fils de Dieu, comme l’auteur du Livre d’Énoch et certains de ses contemporains l’ont décrit ; mais, pas un seul instant, ils n’avaient pris en considération le vrai concept de l’union en une seule personnalité terrestre des deux natures, l’humaine et la divine. L’incarnation du Créateur sous forme de créature n’avait pas été révélée d’avance. Elle ne fut révélée qu’en Jésus ; le monde ne connaissait rien de ces choses avant que le Fils Créateur ne se soit fait chair et n’ait habité parmi les mortels du royaume. 2. Le baptême de Jésus 136:2.1 Jésus fut baptisé à l’apogée de la prédication de Jean, alors que la Palestine était enflammée d’espoir par le message – « le royaume de Dieu est à portée de la main » – et alors que le monde juif était engagé dans un sérieux et solennel examen de conscience. Le sens juif de solidarité raciale était très profond. Non seulement les Juifs croyaient que le péché d’un père pouvait affecter ses enfants, mais aussi ils croyaient fermement que le péché d’un individu pouvait faire maudire sa nation. En conséquence, ceux qui se soumettaient au baptême de Jean ne se considéraient pas tous comme coupables des péchés spécifiques dénoncés par Jean. Nombre d’âmes pieuses furent baptisées par Jean pour le bien d’Israël ; elles craignaient qu’un péché d’ignorance de leur part ne retardât la venue du Messie. Elles se sentaient appartenir à une nation coupable et maudite par le péché, et se présentaient au baptême afin de manifester, par cet acte, les fruits d’une pénitence raciale. Il est donc évident que Jésus ne reçut le baptême de Jean en aucune manière comme un rite de repentance ou pour la rémission des péchés. En acceptant le baptême des mains de Jean, Jésus ne faisait que suivre l’exemple de nombreux Israélites pieux. 136:2.2 Lorsque Jésus de Nazareth descendit dans le Jourdain pour être baptisé, il était un mortel du royaume ayant atteint le pinacle de l’ascension évolutionnaire humaine pour tout ce qui concernait la conquête du mental et l’identification de soi avec l’esprit. Il se tenait, ce jour-là, dans le Jourdain comme un homme accompli des mondes évolutionnaires du temps et de l’espace. Un parfait synchronisme et une pleine communication s’étaient établis entre le mental humain de Jésus et son Ajusteur esprit intérieur, le don divin de son Père du Paradis. Depuis l’ascension de Micaël à la souveraineté de son univers, un Ajusteur exactement du même ordre habite tous les êtres normaux vivant sur Urantia, sauf que, dans le cas de Jésus, son Ajusteur avait été préparé auparavant à cette mission spéciale en habitant similairement Machiventa Melchizédek, un autre suprahumain incarné dans la similitude de la chair mortelle. 136:2.3 Ordinairement, quand la personnalité d’un mortel du royaume atteint d’aussi hauts niveaux de perfection, on voit se produire les phénomènes préliminaires d’élévation spirituelle qui se terminent, en fin de compte, par la fusion définitive de l’âme murie du mortel avec son divin Ajusteur associé. Un tel changement aurait apparemment dû se produire dans l’expérience de la personnalité de Jésus de Nazareth le jour même où il descendit dans le Jourdain avec ses deux frères pour être baptisé par Jean. Cette cérémonie était l’acte final de sa vie purement humaine sur Urantia, et beaucoup d’observateurs suprahumains s’attendaient à être témoins de la fusion de l’Ajusteur avec le mental qu’il habitait, mais ils allaient tous être déçus. Quelque chose de nouveau et d’encore plus grandiose se produisit. Tandis que Jean imposait les mains sur Jésus pour le baptiser, l’Ajusteur intérieur prit définitivement congé de l’âme humaine devenue parfaite de Joshua ben Joseph. Quelques instants plus tard, cette entité divine revint de Divinington en tant qu’Ajusteur Personnalisé et chef de ses semblables dans tout l’univers local de Nébadon. Jésus put ainsi observer son propre esprit divin antérieur redescendant vers lui sous forme personnalisée, et il entendit alors ce même esprit originaire du Paradis prendre la parole et dire : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j’ai trouvé mon plaisir. » Jean, ainsi que les deux frères de Jésus, entendirent également ces paroles. Les disciples de Jean, se tenant au bord de l’eau, n’entendirent pas ces mots et ne virent pas non plus l’apparition de l’Ajusteur Personnalisé. Seuls les yeux de Jésus l’aperçurent. 136:2.4 Quand l’Ajusteur Personnalisé, revenu et désormais exalté, eut ainsi parlé, tout fut silence. Et, tandis que les quatre intéressés s’attardaient dans l’eau, Jésus leva les yeux vers l’Ajusteur tout proche et pria : « Mon Père qui règnes dans le ciel, que ton nom soit sanctifié. Que ton règne arrive ! Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. » Lorsqu’il eut prié, les « cieux furent ouverts » et le Fils de l’Homme vit, présentée par l’Ajusteur désormais personnalisé, l’image de lui-même en tant que Fils de Dieu, tel qu’il était avant de venir sur terre dans la similitude de la chair mortelle, et tel qu’il serait quand sa vie d’incarnation aurait pris fin. Jésus fut seul à apercevoir cette vision céleste. 136:2.5 Ce fut la voix de l’Ajusteur Personnalisé, parlant au nom du Père Universel, que Jean et Jésus entendirent, car l’Ajusteur provient du Père du Paradis et lui est semblable. Pendant tout le reste de la vie terrestre de Jésus, cet Ajusteur Personnalisé fut associé à tous ses travaux ; Jésus resta en communion constante avec cet Ajusteur exalté. 136:2.6 Lors de son baptême, Jésus ne se repentit d’aucune mauvaise action et ne fit nulle confession de péché. Il s’agissait d’un baptême de consécration à l’accomplissement de la volonté du Père céleste. À son baptême, il entendit l’appel indubitable de son Père, l’invitation finale à s’occuper des affaires de son Père, et il partit s’isoler durant quarante jours pour méditer sur ces multiples problèmes. En se retirant ainsi pendant un certain temps de tout contact personnel actif avec ses compagnons terrestres, Jésus, tel qu’il était et vivait sur Urantia, suivait précisément le même processus qui prévaut, sur les mondes morontiels, chaque fois qu’un mortel ascendant fusionne avec la présence intérieure du Père Universel. 136:2.7 Ce jour de baptême marqua la fin de la vie purement humaine de Jésus. Le Fils divin a trouvé son Père, le Père Universel a trouvé son Fils incarné, et ils s’entretiennent l’un avec l’autre. 136:2.8 (Jésus avait près de trente-et-un ans et demi quand il fut baptisé. Bien que Luc dise qu’il fut baptisé dans la quinzième année du règne de Tibère César, ce qui représenterait l’an 29. puisqu’Auguste mourut en l’an 14, il faut se rappeler que Tibère fut coempereur avec Auguste durant deux ans et demi avant la mort de ce dernier. Des monnaies furent frappées en son honneur en octobre de l’an 11. La quinzième année du règne effectif de Tibère fut donc cette année 26, celle du baptême de Jésus. Ce fut également en l’an 26 que Ponce Pilate commença à régner en tant que gouverneur de la Judée.) 3. Les quarante jours 136:3.1 C’est avant son baptême, durant les six semaines où il avait été mouillé par les rosées du mont Hermon, que Jésus avait subi la grande tentation de son effusion en tant que mortel. Sur cette montagne, en tant que mortel du royaume et sans aide, il avait rencontré et vaincu Caligastia, le prince de ce monde prétendant à la souveraineté sur Urantia. Lors de ce jour mémorable, les annales de l’univers avaient enregistré que Jésus de Nazareth était devenu Prince Planétaire d’Urantia. Et ce Prince d’Urantia, qui devait si prochainement être proclamé Souverain suprême de Nébadon, se retirait maintenant dans une solitude de quarante jours pour élaborer les plans et déterminer la technique de proclamation du royaume nouveau de Dieu dans le cœur des hommes. 136:3.2 Après son baptême, il consacra ces quarante jours à son adaptation aux changements de relation avec le monde et l’univers occasionnés par la personnalisation de son Ajusteur. Durant son isolement dans les collines de Pérée, il fixa la ligne de conduite à suivre et les méthodes à employer dans la nouvelle phase modifiée de vie terrestre qu’il était sur le point d’inaugurer. 136:3.3 Jésus ne fit pas cette retraite pour jeuner et affliger son âme. Il n’était pas un ascète ; il venait pour détruire définitivement toutes les notions d’ascétisme concernant l’approche de Dieu. Ses raisons pour rechercher la solitude étaient entièrement différentes de celles qui avaient fait agir Moïse, Élie et même Jean le Baptiste. Jésus était alors pleinement conscient de lui-même concernant ses relations avec l’univers qu’il avait créé, et aussi avec l’univers des univers supervisé par le Père du Paradis, son Père céleste. Il se rappelait maintenant entièrement sa mission d’effusion et les instructions données par son frère ainé Emmanuel avant le début de son incarnation sur Urantia. Il comprenait désormais clairement et totalement toutes ces vastes relations et désirait rester à l’écart pour une période de méditation paisible. Il pourrait ainsi élaborer les plans et décider de la procédure à suivre dans le déroulement de son œuvre publique en faveur de ce monde et de tous les autres mondes de son univers local. 136:3.4 Tandis qu’il errait à l’aventure, dans les montagnes, à la recherche d’un abri favorable, Jésus rencontra le chef administratif de son univers, Gabriel, la Radieuse Étoile du Matin de Nébadon. Gabriel rétablit alors ses communications personnelles avec le Fils Créateur de l’univers ; c’était leur premier contact direct depuis que Micaël avait pris congé de ses associés sur Salvington en partant pour Édentia en vue de se préparer à l’effusion sur Urantia. Par ordre d’Emmanuel et sous l’autorité des Anciens des Jours d’Uversa, Gabriel donna maintenant à Jésus des renseignements indiquant que son expérience d’effusion sur Urantia était pratiquement achevée, dans la mesure où elle concernait l’acquisition de la parfaite souveraineté de son univers et la fin de la rébellion de Lucifer. La souveraineté avait été atteinte le jour de son baptême quand la personnalisation de son Ajusteur démontra la perfection et le parachèvement de son effusion dans la similitude de la chair mortelle. La fin de la rébellion était devenue un fait historique le jour où Jésus était descendu du mont Hermon à la rencontre de Tiglath, le jeune garçon qui l’attendait. Sur la foi des plus hautes autorités de l’univers local et du superunivers, Jésus fut ensuite informé que son travail d’effusion était achevé, dans la mesure où il affectait son statut personnel par rapport à la souveraineté et à la rébellion. Il avait déjà reçu cette assurance, directement du Paradis, par sa vision baptismale et par le phénomène de la personnalisation de son Ajusteur de Pensée intérieur. 136:3.5 Tandis que Jésus s’attardait sur la montagne en causant avec Gabriel, le Père de la Constellation, venant d’Édentia, apparut en personne à Jésus et à Gabriel et dit : « Les formalités sont remplies. La souveraineté du Micaël numéro 611 121 sur son univers de Nébadon repose parachevée à la droite du Père Universel. Je te libère de ton effusion de la part d’Emmanuel, ton frère, garant de l’incarnation sur Urantia. Tu es libre de terminer ton effusion d’incarnation, maintenant ou à tout autre moment, et de la manière que tu auras toi-même choisie, puis de monter à la droite de ton Père, de recevoir ta souveraineté et d’assumer le gouvernement inconditionnel bien mérité de tout Nébadon. Avec l’autorisation des Anciens des Jours, je témoigne également que les formalités superuniverselles sont parachevées en ce qui concerne la cessation de tout péché de rébellion dans ton univers ; tu reçois une autorité entière et illimitée pour prendre des mesures envers tout soulèvement éventuel de cet ordre dans l’avenir. Techniquement, ton œuvre sur Urantia et dans la chair d’une créature mortelle, est achevée. Ta ligne de conduite dépend désormais de ton propre choix. » 136:3.6 Quand le Très-Haut Père d’Édentia eut pris congé, Jésus s’entretint longuement, avec Gabriel, du bien-être de l’univers et envoya ses salutations à Emmanuel. Il lui donna en même temps l’assurance que, dans le travail qu’il était sur le point d’entreprendre sur Urantia, il se rappellerait toujours les conseils reçus en relation avec les recommandations qui lui avaient été faites sur Salvington préalablement à son effusion. 136:3.7 Pendant ces quarante jours d’isolement, Jacques et Jean, les fils de Zébédée, s’étaient lancés à la recherche de Jésus. Maintes fois, ils furent tout proches de son lieu de retraite, mais ils ne le découvrirent jamais. 4. Plans pour l’œuvre publique 136:4.1 Jour après jour, dans les collines, Jésus élabora les plans pour le reste de son effusion sur Urantia. Il décida d’abord de ne pas enseigner en même temps que Jean. Il projeta de rester dans une retraite relative jusqu’à ce que l’œuvre de Jean ait atteint son but, ou jusqu’à ce qu’elle soit soudainement interrompue par l’incarcération de Jean. Jésus savait bien que la prédication de Jean, intrépide et dépourvue de tact, susciterait bientôt les craintes et l’inimitié des dirigeants civils. Compte tenu de la situation précaire de Jean, Jésus commença nettement à préparer son programme d’oeuvre publique en faveur de son peuple et du monde, en faveur de chaque monde habité dans tout son vaste univers. L’effusion mortelle de Micaël eut lieu sur Urantia, mais pour tous les mondes de Nébadon. 136:4.2 Après avoir conçu le plan général de coordination de son programme avec le mouvement de Jean, la première chose que fit Jésus fut de repasser, dans son mental, les instructions d’Emmanuel. Il réfléchit soigneusement aux conseils qui lui avaient été donnés concernant ses méthodes de travail et le fait qu’il ne devait laisser aucun document écrit permanent sur la planète. Jésus n’écrivit jamais plus, sauf sur le sable. Lors de sa visite suivante à Nazareth, et au grand chagrin de son frère Joseph, Jésus détruisit tout ce qu’il avait écrit et qui était conservé sur des tablettes dans l’atelier de charpentier ou apposé sur les murs de son ancienne maison. Jésus réfléchit beaucoup aussi aux conseils d’Emmanuel concernant son comportement en matière économique, sociale et politique envers le monde tel qu’il le trouverait. 136:4.3 Jésus ne jeuna pas durant ces quarante jours d’isolement. Ses deux premiers jours dans les collines furent la plus longue période pendant laquelle il s’abstint de toute nourriture, car il s’absorba tellement dans ses réflexions qu’il oublia complètement de se restaurer ; mais, le troisième jour, il se mit en quête d’aliments. Il ne fut pas non plus tenté, durant cette période, par de mauvais esprits, ni par des personnalités rebelles stationnées sur ce monde ou provenant d’autres mondes. 136:4.4 Ces quarante jours furent l’occasion d’une conférence finale entre son mental humain et son mental divin, ou plutôt le premier mouvement de fonctionnement simultané de ces deux facultés mentales désormais réunies en une seule. Les résultats de cette importante période de méditation démontrent péremptoirement que son mental divin avait triomphalement et spirituellement dominé son intellect humain. Le mental de l’homme est dorénavant devenu le mental de Dieu et, bien que l’individualité du mental humain soit toujours présente, ce mental humain spiritualisé dit toujours : « Que ta volonté soit faite et non la mienne. » 136:4.5 Les évènements de cette période mémorable ne furent pas les visions fantastiques d’un mental famélique et affaibli, ni les symbolismes confus et puérils qui gagnèrent ultérieurement droit de cité en tant que « tentations de Jésus dans le désert ». Ce fut plutôt une période de tour d’horizon complet sur la carrière mouvementée et variée de l’effusion sur Urantia, et sur l’établissement minutieux de plans pour le ministère futur qui serait le plus utile pour ce monde, tout en contribuant aussi quelque peu à améliorer toutes les autres sphères isolées pour cause de rébellion. Jésus récapitula toute l’histoire de la vie humaine sur Urantia, depuis les jours d’Andon et de Fonta, en passant par la faute d’Adam et jusqu’au ministère du Melchizédek de Salem. 136:4.6 Gabriel avait rappelé à Jésus qu’il pouvait se manifester au monde de deux manières différentes, au cas où il choisirait de rester encore quelque temps sur Urantia. Il fut clairement indiqué à Jésus que son choix en cette matière n’influencerait en rien sa souveraineté sur son univers, ni la fin de la rébellion de Lucifer. Les deux manières de servir le monde étaient les suivantes : 136:4.7 1. Sa propre voie – la voie qui pourrait lui sembler la plus agréable et la plus utile du point de vue des besoins immédiats de ce monde et de l’édification présente de son propre univers. 136:4.8 2. La voie du Père – la démonstration, par l’exemple, d’un idéal, à longue échéance, de la vie des créatures tel qu’il est vu par les hautes personnalités du Paradis administrant l’univers des univers. 136:4.9 Il fut ainsi clairement indiqué à Jésus qu’il avait deux manières d’ordonner le reste de sa vie terrestre. À la lumière de la situation immédiate, il y avait des arguments en faveur de chacune d’elles. Le Fils de l’Homme voyait clairement que son choix entre ces deux modes de conduite n’aurait aucune répercussion sur l’attribution de sa souveraineté sur son univers ; l’affaire était déjà réglée et scellée dans les archives de l’univers des univers et n’attendait plus que sa demande personnelle. Mais il fut indiqué à Jésus que son frère paradisiaque, Emmanuel, éprouverait une grande satisfaction si Jésus estimait opportun de terminer sa carrière terrestre d’incarnation comme il l’avait si noblement commencée, en restant toujours soumis à la volonté du Père. Le troisième jour de son isolement, Jésus se promit qu’il retournerait dans le monde pour achever sa carrière terrestre et que, dans toute situation impliquant une alternative, il choisirait toujours la volonté du Père. Et il vécut le reste de sa vie terrestre en restant constamment fidèle à cette résolution. Même jusqu’à la dernière extrémité, il subordonna invariablement sa volonté souveraine à celle de son Père céleste. 136:4.10 Les quarante jours dans la solitude de la montagne ne furent pas une période de grandes tentations, mais plutôt la période des grandes décisions du Maitre. Durant ces jours de communion solitaire avec lui-même et avec la présence immédiate de son Père – l’Ajusteur Personnalisé (Jésus n’avait plus de gardien séraphique personnel) –, il parvint, une à une, aux grandes décisions qui devaient gouverner sa politique et sa conduite durant le reste de sa carrière terrestre. La tradition d’une grande tentation fut liée ultérieurement à cette période d’isolement, par confusion avec les récits fragmentaires des luttes sur le mont Hermon et, en outre, parce que la coutume voulait que tous les grands prophètes et dirigeants humains commencent leur carrière publique en subissant des périodes analogues de jeûne et de prière. Quand Jésus était confronté à une décision nouvelle ou grave, il avait l’habitude de se retirer pour communier avec son propre esprit et chercher ainsi à connaitre la volonté de Dieu. 136:4.11 Dans tous ces projets pour le reste de sa vie, Jésus était toujours déchiré, dans son cœur humain, entre deux lignes de conduite opposées : 136:4.12 1. Il éprouvait un fort désir d’amener son peuple – et la terre entière – à croire en lui et à accepter son nouveau royaume spirituel. Et il connaissait bien les idées de ses compatriotes sur le Messie à venir. 136:4.13 2. Vivre et agir d’une manière qu’il savait approuvée par son Père, conduire son travail en faveur des autres mondes dans le besoin, et continuer, dans l’établissement du royaume, à révéler le Père et à manifester son divin caractère d’amour. 136:4.14 Durant ces journées mémorables, Jésus vécut dans une ancienne caverne rocheuse, un abri au flanc d’une montagne, proche d’un village autrefois appelé Beit Adis. Il buvait l’eau de la petite source qui jaillissait à flanc du coteau près de cet abri rocheux. 5. La première grande décision 136:5.1 Le troisième jour après le commencement de cette conférence entre lui-même et son Ajusteur Personnalisé, Jésus fut gratifié de la vision des armées célestes de Nébadon rassemblées et envoyées par leurs commandants pour se tenir à la disposition de leur Souverain bien-aimé. Cette puissante armée comportait douze légions de séraphins et des quantités proportionnelles de tous les ordres d’intelligences de l’univers. La première grande décision de Jésus dans son isolement concernait le point de savoir s’il utiliserait ou non ces puissantes personnalités dans le programme ultérieur de son ministère public sur Urantia. 136:5.2 Jésus décida qu’il n’utiliserait pas une seule personnalité de cette vaste assemblée, à moins qu’il ne devienne évident que ce soit la volonté de son Père. Nonobstant cette décision d’ordre général, cette nombreuse armée l’accompagna durant le reste de sa vie terrestre, toujours prête à obéir à la moindre expression de la volonté de son Souverain. Jésus n’apercevait pas constamment, avec ses yeux humains, ces personnalités accompagnatrices, mais son Ajusteur Personnalisé associé les voyait tout le temps et pouvait communiquer avec chacune d’elles. 136:5.3 Avant de descendre de sa retraite de quarante jours dans les collines, Jésus confia le commandement immédiat de cette armée accompagnatrice de personnalités de l’univers à son Ajusteur récemment personnalisé. Durant plus de quatre ans du temps d’Urantia, ces personnalités sélectionnées de chaque division des intelligences universelles opérèrent avec obéissance et respect sous la sage gouverne de ce Moniteur de Mystère Personnalisé. Cet Ajusteur expérimenté et supérieur avait jadis fait partie intégrante du Père et en possédait la nature. En prenant le commandement de la puissante assemblée, il donna à Jésus l’assurance qu’en aucun cas, il ne permettrait à ces agents suprahumains de servir ou de se manifester en liaison avec sa carrière terrestre ou en sa faveur, à moins qu’il ne soit manifeste que le Père souhaitait cette intervention. Ainsi, par une seule grande décision, Jésus se priva volontairement de toute coopération suprahumaine dans les affaires concernant le reste de sa carrière mortelle, à moins que le Père ne choisisse de son propre chef de participer à tel ou tel acte ou épisode des travaux terrestres du Fils. 136:5.4 En acceptant le commandement des armées de l’univers au service de Christ Micaël, l’Ajusteur Personnalisé prit grand soin de faire remarquer à Jésus que, par l’autorité déléguée du Créateur de ces personnalités de l’univers, il pouvait limiter les activités de leur assemblée dans l’espace, mais que ces restrictions seraient sans effet quant aux fonctions de ces créatures dans le temps. Cette restriction provenait du fait que les Ajusteurs sont des êtres indépendants du temps une fois qu’ils sont personnalisés. En conséquence, Jésus fut averti que le contrôle de toutes les intelligences vivantes placées sous le commandement de l’Ajusteur serait complet et parfait en tout ce qui concernait l’espace, mais qu’il n’était pas possible d’imposer des limitations aussi parfaites quant au temps. L’Ajusteur lui dit : « Comme tu me l’as commandé, j’interdirai, à cette armée d’intelligences universelles qui t’escorte, d’intervenir en quoi que ce soit dans ta carrière terrestre, sauf dans les cas où le Père du Paradis m’ordonnera de laisser opérer ces agents pour permettre d’accomplir sa volonté divine telle que tu l’auras choisie. La même exception s’appliquera dans les circonstances où ta volonté divine-humaine se sera engagée dans un choix ou dans un acte impliquant des dérogations à l’ordre terrestre naturel uniquement quant au temps. Dans tous les évènements dépendant du temps, je suis impuissant, et les créatures assemblées ici en perfection et en unité de pouvoir sont également impuissantes. Si tes deux natures unies éprouvent un jour de tels désirs, les manifestations de ton choix seront exécutées aussitôt. Ton souhait en toutes ces matières constituera l’abrègement du temps et la chose projetée est. Sous mon commandement, cela constitue la plus grande limitation qui puisse être imposée à ta souveraineté potentielle. Dans ma propre conscience, le temps n’existe pas, et c’est pourquoi je ne peux limiter tes créatures en rien qui s’y rapporte. » 136:5.5 Jésus fut ainsi informé des conséquences de sa résolution de continuer à vivre comme un homme parmi les hommes. Par une seule décision, il avait exclu, de toute participation à son ministère public ultérieur, toutes les armées des intelligences universelles qui l’escortaient, sauf dans les affaires concernant uniquement le temps. Il devient donc évident que toute manifestation qui pouvait accessoirement accompagner le ministère de Jésus de façon surnaturelle ou supposée suprahumaine, ne concernait que l’élimination du temps, à moins que le Père céleste n’en ait spécifiquement ordonné autrement. Nul miracle, nul ministère de miséricorde, nul autre évènement possible, survenant en liaison avec le reste de l’œuvre terrestre de Jésus, ne pouvait avoir la nature ou le caractère d’un acte qui transcende les lois naturelles régissant normalement les affaires des hommes tels qu’ils vivent sur Urantia, excepté dans cette question expressément citée du temps. Bien entendu, aucune limite ne pouvait être imposée aux manifestations de « la volonté du Père ». L’élimination du temps, en liaison avec le désir exprimé de ce Souverain potentiel d’un univers, ne pouvait être évitée que par l’action directe et explicite de la volonté de cet homme-Dieu décidant que le temps lié à l’acte ou à l’évènement en question ne devait pas être abrégé ou éliminé. En vue d’empêcher la survenance de ce qui apparaitrait comme des miracles liés au temps, Jésus devait rester constamment conscient du temps. Toute interruption de sa part dans sa conscience du temps, en liaison avec l’entretien d’un désir précis, équivalait à l’exécution de la chose conçue dans le mental de ce Fils Créateur, et cela sans intervention du temps. 136:5.6 Grâce au contrôle de supervision de son Ajusteur Personnalisé et associé, Micaël pouvait parfaitement limiter ses activités terrestres personnelles par rapport à l’espace, mais il n’était pas possible au Fils de l’Homme de limiter de la même manière par rapport au temps, son nouveau statut terrestre de Souverain potentiel de Nébadon. Tel était, en effet, le statut actuel de Jésus de Nazareth lorsqu’il inaugura son ministère public sur Urantia. 6. La deuxième décision 136:6.1 Ayant fixé sa politique au sujet de toutes les personnalités de toutes les classes de ses intelligences créées, dans la mesure où il pouvait la déterminer compte tenu du potentiel inhérent à son nouveau statut de divinité, Jésus orienta ensuite ses pensées sur lui-même. Maintenant qu’il était tout à fait autoconscient d’être le créateur de toutes les choses et créatures existant dans cet univers, qu’allait-il faire de ces prérogatives de créateur dans les situations de vie récurrentes qu’il allait rencontrer immédiatement quand il retournerait en Galilée pour reprendre son travail parmi les hommes ? En fait, et précisément là où il était, dans ces collines solitaires, ce problème s’était déjà imposé par la nécessité de se procurer de la nourriture. Le troisième jour de ses méditations solitaires, son corps humain eut faim. Jésus devait-il se mettre en quête d’aliments comme un homme ordinaire l’aurait fait, ou devait-il simplement exercer ses pouvoirs créatifs normaux et produire une nourriture corporelle convenable et toute préparée à portée de la main ? Cette grande décision du Maitre vous a été décrite comme une tentation – comme un défi lancé par des ennemis imaginaires pour qu’il « commande à ces pierres de se changer en pains ». 136:6.2 Jésus se fixa donc une nouvelle politique cohérente pour le reste de son œuvre terrestre. Dans la mesure où cela concernait ses besoins personnels, et même en général dans ses relations avec d’autres personnalités, il choisit délibérément de poursuivre désormais le sentier de l’existence terrestre normale ; il prit nettement position contre une ligne de conduite qui transcenderait, outragerait ou violerait les lois naturelles établies par lui-même. Toutefois, comme il en avait déjà été averti par son Ajusteur Personnalisé, il ne pouvait s’engager à ce qu’en certaines circonstances concevables, ces lois naturelles ne soient susceptibles d’être grandement accélérées. Jésus décida qu’en principe, l’œuvre de sa vie serait organisée et poursuivie conformément aux lois de la nature et en harmonie avec l’organisation sociale existante. Le Maitre choisit ainsi un programme de vie équivalant à une décision de s’opposer à avoir recours aux miracles et aux prodiges. De nouveau, il décida en faveur de « la volonté du Père » ; de nouveau, il remit toutes choses entre les mains de son Père du Paradis. 136:6.3 La nature humaine de Jésus lui dictait que son premier devoir était de préserver sa vie ; c’est l’attitude normale de l’homme naturel sur les mondes de l’espace et du temps, donc une réaction légitime chez un mortel d’Urantia. Mais Jésus ne se préoccupait pas seulement de ce monde et de ses créatures. Il vivait une vie destinée à instruire et à inspirer les multiples créatures d’un vaste univers. 136:6.4 Avant l’illumination de son baptême, il avait vécu parfaitement soumis à la volonté et à la gouverne de son Père céleste. Il prit la décision énergique de continuer à vivre humainement dans la même dépendance implicite de la volonté du Père. Il décida de suivre une ligne de conduite antinaturelle en ne cherchant pas à préserver sa vie. Il choisit de continuer la politique consistant à refuser de se défendre. Il formula ses conclusions par les paroles des Écritures familières à son mental humain : « L’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. » En arrivant à cette conclusion sur l’appétit de la nature physique se traduisant par la faim, le Fils de l’Homme fit son ultime déclaration au sujet de tous les autres besoins de la chair et des impulsions naturelles de la nature humaine. 136:6.5 Il pourrait peut-être utiliser son pouvoir suprahumain en faveur d’autrui, mais jamais pour lui-même. Il poursuivit cette politique avec persistance jusqu’à la dernière extrémité, lorsqu’un témoin de la crucifixion dit de lui d’un air moqueur : « Il a sauvé les autres, mais ne peut se sauver lui-même » – parce qu’il ne le voulait pas. 136:6.6 Les Juifs s’attendaient à un Messie qui accomplirait des prodiges encore plus grands que Moïse, qui était censé avoir fait jaillir de l’eau d’un rocher dans un lieu aride et avoir nourri leurs ancêtres dans le désert avec la manne. Jésus connaissait le genre de Messie que ses compatriotes espéraient, et il disposait de tous les pouvoirs et prérogatives pour être à la hauteur de leurs espérances les plus folles, mais il prit position contre ce magnifique programme de puissance et de gloire. Jésus considérait le programme attendu, celui de faire des miracles, comme un retour aux temps anciens de la magie ignorante et des pratiques barbares des sorciers-guérisseurs sauvages. Peut-être, pour le salut de ses créatures, pourrait-il accélérer le jeu des lois naturelles, mais il ne voulait, en aucun cas, transcender ses propres lois, soit à son propre profit, soit pour inspirer un excès de crainte respectueuse à ses semblables. Et cette décision du Maitre fut définitive. 136:6.7 Jésus s’attrista pour ses compatriotes ; il comprenait pleinement comment ils avaient été conduits à espérer la venue du Messie, à escompter l’époque où « la terre produira ses fruits par myriades, où il y aura mille sarments sur une vigne, où chaque sarment produira mille grappes, où chaque grappe produira mille raisins et où chaque raisin produira une outre de vin ». Les Juifs croyaient que le Messie inaugurerait une ère d’abondance miraculeuse. Les Hébreux avaient été longtemps élevés dans des traditions de miracles et des légendes de prodiges. 136:6.8 Mais Jésus n’était pas un Messie venant multiplier le pain et le vin. Il ne venait pas pourvoir uniquement aux besoins temporels. Il venait révéler son Père céleste à ses enfants terrestres, tout en cherchant à amener ses enfants terrestres à se joindre à lui dans un effort sincère pour vivre selon la volonté du Père qui est aux cieux. 136:6.9 Par cette décision, Jésus de Nazareth dépeignit aux spectateurs d’un univers la folie et le péché de prostituer des talents divins et des aptitudes données par Dieu à des ambitions personnelles ou à des profits et glorifications purement égoïstes. C’était là le péché de Lucifer et de Caligastia. 136:6.10 Cette grande décision de Jésus décrit, de façon saisissante, la vérité que, seuls et par eux-mêmes, les plaisirs sensuels et les satisfactions égoïstes sont incapables d’apporter le bonheur aux êtres humains évoluants. Dans l’existence mortelle, il existe des valeurs supérieures – maitrise intellectuelle et accomplissements spirituels – qui transcendent de loin la satisfaction nécessaire des appétits et besoins purement physiques de l’homme. Les dons humains naturels de talents et d’aptitudes devraient être principalement consacrés à développer et à ennoblir les pouvoirs supérieurs du mental et de l’esprit. 136:6.11 Jésus révéla ainsi, aux créatures de son univers, la technique de la voie nouvelle et meilleure, les valeurs morales supérieures de la vie, et les satisfactions spirituelles plus profondes de l’existence évolutionnaire humaine sur les mondes de l’espace. 7. La troisième décision 136:7.1 Après que Jésus eut pris ses décisions sur la manière de se nourrir, de pourvoir aux besoins de son corps physique et de veiller à sa santé et à celle de ses associés, il restait encore d’autres problèmes à résoudre. Comment se comporterait-il en face d’un danger personnel ? Il décida d’exercer une surveillance normale sur sa sécurité physique et de prendre des précautions raisonnables pour éviter la fin prématurée de sa carrière dans la chair, mais de s’abstenir de toute intervention suprahumaine au moment où la crise de sa vie incarnée se produirait. Tandis qu’il prenait cette décision, Jésus était assis à l’ombre d’un arbre sur un rebord rocheux surplombant un précipice droit devant lui. Il se rendit parfaitement compte que de cette corniche, il pouvait se jeter dans le vide sans qu’il lui arrive aucun mal, à condition de revenir sur sa première grande décision de ne pas invoquer l’intervention de ses intelligences célestes pour accomplir l’œuvre de sa vie sur Urantia et à condition d’abroger sa deuxième décision concernant son comportement au sujet de la préservation de sa vie. 136:7.2 Jésus savait que ses compatriotes attendaient un Messie qui transcenderait les lois naturelles. On lui avait bien enseigné le passage des Écritures disant : « Il ne t’adviendra aucun mal et nulle plaie n’approchera de ta demeure, car il te confiera aux soins de ses anges pour qu’ils te gardent dans toutes tes voies. Ils te porteront dans leurs mains de crainte que tu ne heurtes ton pied contre une pierre. » Cette sorte de présomption, ce défi à la loi de gravitation de son Père, seraient-ils justifiés en vue de se protéger d’un mal possible, ou peut-être de gagner la confiance de son peuple mal instruit et égaré ? Si satisfaisante qu’elle pût être pour les Juifs recherchant des signes, cette ligne de conduite ne constituerait pas une révélation de son Père, mais une douteuse manipulation des lois établies de l’univers des univers. 136:7.3 Comprenant tout cela, et sachant que le Maitre refusait d’œuvrer au mépris des lois de la nature qu’il avait établies, dans la mesure où il s’agissait de sa conduite personnelle, vous savez avec certitude qu’il ne marcha jamais sur les eaux et ne fit jamais rien qui ait violé l’ordre matériel de l’administration du monde. Bien entendu, il faut toujours garder présent à la pensée le fait qu’aucun procédé n’avait encore été découvert pour le délivrer entièrement du manque de contrôle sur l’élément temps en liaison avec les affaires confiées à la juridiction de l’Ajusteur Personnalisé. 136:7.4 Durant toute sa vie terrestre, Jésus resta constamment fidèle à cette décision. Ainsi, quand les pharisiens lui reprochèrent avec mépris de ne pas donner un signe, ou que ceux qui l’observaient au Calvaire le mirent au défi de descendre de la croix, il maintint fermement la décision prise à cette heure sur le flanc de la montagne. 8. La quatrième décision 136:8.1 Le grand problème suivant dont eut à débattre cet homme-Dieu, et qu’il résolut bientôt conformément à la volonté du Père céleste, concernait la question de savoir s’il devait ou non employer ses pouvoirs suprahumains pour attirer l’attention et gagner l’adhésion de ses contemporains. Devait-il, dans une mesure quelconque, laisser ses pouvoirs universels satisfaire la nostalgie des Juifs pour le spectaculaire et le merveilleux ? Il décida qu’il ne ferait rien de tel. Pour porter sa mission à la connaissance des hommes, il fixa son choix sur une ligne de conduite éliminant toutes ces pratiques, et il vécut de façon constante suivant cette grande décision. Même dans les nombreux cas où il autorisa des manifestations de miséricorde comportant un raccourcissement du temps, il recommanda presque invariablement aux bénéficiaires de son ministère curatif de ne raconter à personne le profit qu’ils en avaient tiré. Il refusa toujours le défi sarcastique de ses ennemis lui disant « montre-nous un signe » comme preuve et démonstration de sa divinité. 136:8.2 Jésus prévoyait fort sagement que l’accomplissement de miracles et l’exécution de prodiges ne susciteraient qu’une allégeance extérieure en provoquant un excès de crainte dans le mental matériel ; de telles performances ne révéleraient pas Dieu et ne sauveraient pas les hommes. Il refusa de devenir un simple faiseur de prodiges. Il résolut de se limiter à une tâche unique – l’établissement du royaume des cieux. 136:8.3 Durant tout cet important dialogue de Jésus communiant avec lui-même, l’élément humain d’interrogation frisant le doute faisait sentir sa présence, car Jésus était un homme aussi bien qu’un Dieu. Il était évident que les Juifs ne l’accepteraient jamais comme Messie s’il ne faisait pas de prodiges. En outre, s’il voulait consentir à faire seulement une chose surnaturelle, le mental humain saurait avec certitude que c’était par subordination à un mental vraiment divin. Pour le mental divin, serait-ce compatible avec « la volonté du Père » de faire cette concession à la nature dubitative du mental humain ? Jésus décida que ce serait incompatible et cita la présence de l’Ajusteur Personnalisé comme preuve suffisante de divinité associée à l’humanité. 136:8.4 Jésus avait beaucoup voyagé. Il se rappelait Rome, Alexandrie et Damas. Il connaissait les méthodes du monde – la manière dont les gens parviennent à leurs fins, en politique et dans les affaires, par compromis et diplomatie. Utiliserait-il cette connaissance pour l’avancement de sa mission sur la terre ? Non ! Il prit également parti contre tout compromis avec la sagesse du monde et avec l’influence des richesses pour l’établissement du royaume. De nouveau, il choisit de dépendre exclusivement de la volonté du Père. 136:8.5 Jésus se rendait pleinement compte qu’il pouvait exercer l’un de ses pouvoirs par une voie directe plus courte. Il connaissait nombre de procédés permettant de focaliser immédiatement sur lui l’attention de la nation et du monde entier. La Pâque allait bientôt être célébrée à Jérusalem ; la ville serait bondée de visiteurs. Jésus pouvait monter sur le pinacle du temple et, devant la multitude ahurie, marcher dans les airs. C’était le genre de Messie que les Juifs recherchaient, mais ultérieurement il les décevrait, car il n’était pas venu pour rétablir le trône de David. Et il connaissait la futilité de la méthode de Caligastia consistant à essayer d’anticiper sur la manière naturelle, lente et sure, d’accomplir le dessein divin. De nouveau, le Fils de l’Homme s’inclina avec obéissance devant la voie du Père, la volonté du Père. 136:8.6 Jésus choisit d’établir le royaume des cieux dans le cœur des hommes par des méthodes naturelles, ordinaires, difficiles et éprouvantes, simplement par les procédés que ses enfants terrestres devront suivre ultérieurement dans leurs travaux pour élargir et étendre ce royaume des cieux. Le Fils de l’Homme savait parfaitement que ce serait « par bien des tribulations que de nombreux enfants de tous les temps entreraient dans le royaume ». Jésus passait maintenant par la grande épreuve des hommes civilisés, consistant à détenir le pouvoir et à refuser fermement de s’en servir pour des desseins purement égoïstes ou personnels. 136:8.7 En étudiant la vie et l’expérience du Fils de l’Homme, il faut toujours se souvenir que le Fils de Dieu était incarné dans le mental d’un être humain du premier siècle, et non dans le mental d’un mortel du vingtième siècle ou d’un autre siècle. En cela, nous cherchons à communiquer l’idée que les dons humains de Jésus avaient été acquis par la voie naturelle. Jésus était le produit des facteurs héréditaires et ambiants de son temps, accrus de l’influence de son éducation et de son instruction. Son humanité était authentique et naturelle ; elle dérivait entièrement des antécédents du statut intellectuel d’alors et des conditions sociales et économiques de cette époque et de cette génération, et elle était entretenue par eux. Dans l’expérience de cet homme-Dieu, il subsistait toujours la possibilité que le mental divin transcenderait l’intellect humain ; néanmoins, dans les circonstances où ce mental humain fonctionnait, c’était comme le ferait un véritable mental mortel dans les conditions de l’entourage humain de l’époque. 136:8.8 Jésus dépeignit à tous les mondes de son vaste univers, la folie de créer des situations artificielles dans le dessein de faire montre d’une autorité arbitraire, ou encore de se laisser aller à se servir d’un pouvoir exceptionnel en vue de rehausser des valeurs morales ou d’accélérer des progrès spirituels. Jésus décida qu’au cours de sa mission terrestre, il ne se prêterait pas à répéter la déception du règne des Macchabées. Il refusa de prostituer ses attributs divins à l’acquisition d’une popularité imméritée ou à un gain de prestige politique. Il ne voulut pas sanctionner la transmutation d’énergie divine et créative en puissance nationale ou en prestige international. Jésus de Nazareth refusa tout compromis avec le mal, et encore plus toute association avec le péché. Le Maitre plaça triomphalement la fidélité à la volonté de son Père au-dessus de toute autre considération terrestre et temporelle. 9. La cinquième décision 136:9.1 Ayant réglé les questions de politique concernant ses relations personnelles avec les lois de la nature et le pouvoir spirituel, il tourna son attention sur le choix des méthodes à employer pour proclamer et établir le royaume de Dieu. Jean avait déjà commencé cette œuvre ; comment Jésus pouvait-il continuer le message ? Comment devait-il prendre la suite de la mission de Jean ? Comment fallait-il organiser son groupe de fidèles en vue d’un effort efficace et d’une coopération intelligente ? Jésus en arrivait maintenant à la décision finale qui lui interdirait de se considérer désormais comme le Messie des Juifs, tout au moins selon la conception populaire du Messie à cette époque. 136:9.2 Les Juifs envisageaient un libérateur qui viendrait, avec un pouvoir miraculeux, abattre les ennemis d’Israël et établir les Juifs, libérés de la misère et de l’oppression, comme dirigeants du monde. Jésus savait que cet espoir ne se réaliserait jamais. Il savait que le royaume des cieux concerne la victoire sur le mal dans le cœur des hommes, et qu’il est purement une affaire d’ordre spirituel. Il médita sur l’opportunité d’inaugurer le royaume spirituel par une brillante et éblouissante démonstration de pouvoir – cette ligne de conduite aurait été admissible et entièrement conforme à la juridiction de Micaël – mais il prit complètement position contre ce plan. Il ne voulait pas de compromis avec les techniques révolutionnaires de Caligastia. Jésus avait potentiellement gagné le monde en se soumettant à la volonté du Père ; il se proposa d’achever son œuvre comme il l’avait commencée, et en tant que Fils de l’Homme. 136:9.3 On ne peut guère s’imaginer ce qui se serait passé sur Urantia si cet homme-Dieu, désormais potentiellement investi de tout pouvoir dans le ciel et sur terre, s’était décidé à déployer une fois l’étendard de la souveraineté, à disposer en ordre de bataille ces légions opérant des prodiges ! Mais il refusa le compromis. Il ne voulait pas servir le mal en laissant supposer que l’adoration de Dieu puisse en résulter. Il resterait fidèle à la volonté du Père. Il proclamerait à un univers qui l’observait : « Vous adorerez le Seigneur votre Dieu, et vous ne servirez que lui seul. » 136:9.4 À mesure que les jours passaient, Jésus percevait de plus en plus clairement quelle sorte de révélateur de vérité il allait devenir. Il discerna que les voies de Dieu n’allaient pas être le chemin facile. Il commença à se rendre compte que le reste de son expérience humaine pourrait être une coupe amère, mais il décida de la boire. 136:9.5 Même son mental humain dit adieu au trône de David. Pas à pas, ce mental humain suit le sentier du mental divin. Le mental humain pose encore des questions, mais accepte invariablement les réponses divines comme règle finale dans cette double existence où il vit comme un homme dans le monde, tout en se soumettant constamment, sans réserve, à l’accomplissement de l’éternelle et divine volonté du Père. 136:9.6 Rome était maitresse du monde occidental. Le Fils de l’Homme, maintenant dans son isolement, prenant ces mémorables décisions, avec les armées du ciel à ses ordres, représentait, pour les Juifs, la dernière chance de parvenir à dominer le monde ; mais ce Juif de naissance, qui possédait une sagesse et un pouvoir aussi prodigieux, ne voulut employer ses dotations universelles ni pour s’élever personnellement ni pour mettre son peuple sur le trône. Il voyait pour ainsi dire « les royaumes du monde » et avait le pouvoir de s’en emparer. Les Très Hauts d’Édentia avaient remis tous ces pouvoirs entre ses mains, mais il n’en voulut pas. Les royaumes terrestres étaient trop futiles pour intéresser le Créateur et Souverain d’un univers. Il n’avait qu’un seul objectif, poursuivre la révélation de Dieu aux hommes et l’établissement du royaume des cieux, le règne du Père céleste, dans le cœur des hommes. 136:9.7 Les idées de batailles, de luttes, de massacres répugnaient à Jésus. Il ne voulait rien de tout cela. Il voulait se montrer sur terre en tant que Prince de la Paix pour révéler un Dieu d’amour. Avant son baptême, il avait refusé une seconde fois l’offre de diriger les zélotes dans leur rébellion contre les oppresseurs romains. Maintenant, Jésus prit sa décision finale se rapportant à certains passages des Écritures que sa mère lui avait enseignés, tels que : « Le Seigneur m’a dit : ‘tu es mon fils, je t’ai engendré aujourd’hui. Demande-moi et je te donnerai les païens pour héritage et les confins de la terre pour possession. Tu les briseras avec un sceptre de fer ; tu les mettras en pièces comme un vase de potier.’ » 136:9.8 Jésus de Nazareth parvint à la conclusion que ces citations ne le concernaient pas. Enfin, et une fois pour toutes, le mental humain du Fils de l’Homme balaya complètement toutes ces difficultés et contradictions messianiques – Écritures hébraïques, éducation parentale, instruction des chazans, espoirs des Juifs et ambitieux désirs humains. Une fois pour toutes, il décida de sa ligne de conduite : il retournerait en Galilée et y commencerait tranquillement la proclamation du royaume ; il ferait confiance à son Père (l’Ajusteur Personnalisé) pour élaborer les détails quotidiens d’exécution. 136:9.9 Par ces décisions, Jésus donna un noble exemple, pour toutes les personnes de tous les mondes d’un vaste univers, en refusant de faire usage d’épreuves matérielles comme preuves dans des problèmes spirituels, en refusant de défier présomptueusement les lois naturelles. Et, quand il refusa de s’emparer du pouvoir temporel comme prélude à la gloire spirituelle, il donna un exemple inspirant de loyalisme universel et de noblesse morale. 136:9.10 Si le Fils de l’Homme avait eu des doutes sur sa mission et la nature de celle-ci quand il alla dans les collines après son baptême, il n’en avait plus aucun lorsqu’il revint vers ses compagnons après les quarante jours d’isolement et de décisions. 136:9.11 Jésus avait formulé un programme pour établir le royaume du Père ; il n’allait pas pourvoir aux satisfactions physiques du peuple. Il ne distribuerait pas de pain aux foules comme il l’avait vu faire si récemment à Rome. Il n’attirerait pas l’attention sur lui en faisant des prodiges, même si c’était précisément cela que les Juifs attendaient d’un libérateur. Il ne chercherait pas non plus à faire accepter son message spirituel par un étalage d’autorité politique ou de pouvoir temporel. 136:9.12 En rejetant ces méthodes susceptibles de rehausser le royaume à venir aux yeux des Juifs qui l’attendaient, Jésus était sûr que ces mêmes Juifs rejetteraient certainement et définitivement toutes ses prétentions à l’autorité et à la divinité. Sachant tout cela, Jésus chercha longtemps à empêcher ses premiers disciples de parler de lui comme du Messie. 136:9.13 Durant tout son ministère public, il fut obligé de faire face à trois situations constamment récurrentes : la clameur pour être nourri, l’insistance pour voir des miracles et la requête finale de ses partisans demandant la permission de le faire roi. Mais Jésus ne s’écarta jamais des décisions qu’il avait prises durant ces jours d’isolement dans les montagnes de Pérée. 10. La sixième décision 136:10.1 Le dernier jour de cet isolement mémorable, avant de descendre de la montagne pour rejoindre Jean et ses disciples, le Fils de l’Homme prit son ultime décision. Il la communiqua à son Ajusteur Personnalisé en ces termes : « Pour toutes les autres questions, comme pour celles dont la décision est maintenant enregistrée, je m’engage envers toi à me soumettre à la volonté de mon Père. » Après avoir ainsi parlé, il redescendit de la montagne avec un visage rayonnant de la gloire de la victoire spirituelle et de l’accomplissements moral. FASCICULE 137. Séjour d’attente en Galilée 137:0.1 De bonne heure le samedi matin 23 février de l’an 26, Jésus descendit des collines pour rejoindre les compagnons de Jean qui campaient à Pella. Toute la journée, Jésus se mêla à la foule. Il soigna un garçon qui s’était blessé en faisant une chute, puis il se rendit à Pella, le village voisin, pour remettre l’enfant en toute sécurité aux mains de ses parents. 1. Le choix des quatre premiers apôtres 137:1.1 Durant ce sabbat, deux des principaux disciples de Jean passèrent beaucoup de temps avec Jésus. De tous les partisans de Jean, un dénommé André fut le plus profondément impressionné par Jésus ; il l’accompagna à Pella avec le garçon blessé. Sur le chemin de retour vers le lieu où Jean baptisait, il posa de nombreuses questions à Jésus. Juste avant d’arriver à destination, ils s’arrêtèrent tous deux pour un bref entretien durant lequel André dit : « Je t’ai constamment observé depuis que tu es venu à Capharnaüm, et je crois que tu es le nouvel Instructeur. Bien que je ne comprenne pas tout ton enseignement, je suis pleinement décidé à te suivre. Je voudrais m’assoir à tes pieds et apprendre toute la vérité au sujet du nouveau royaume. » Avec une chaleureuse confiance, Jésus accueillit André comme premier apôtre de ce groupe des douze qui devaient travailler avec lui à établir le nouveau royaume de Dieu dans le cœur des hommes. 137:1.2 André avait silencieusement observé le travail de Jean le Baptiste et croyait sincèrement en lui. Il avait un frère très capable et enthousiaste, nommé Simon, qui était au premier rang des disciples de Jean ; on peut même dire que Simon était l’un des principaux soutiens de Jean. 137:1.3 Peu après le retour de Jésus et d’André au camp, André chercha son frère Simon et le prit à part ; il l’informa qu’il était personnellement convaincu que Jésus était le grand Instructeur, et qu’il s’était engagé à être son disciple. Il poursuivit en disant que Jésus avait accepté son offre de service et suggéra que lui (Simon) aille également trouver Jésus et se propose comme compagnon au service du nouveau royaume. Simon répondit : « Depuis le moment où cet homme est venu travailler à l’atelier de Zébédée, j’ai pensé qu’il était envoyé par Dieu, mais que faire vis-à-vis de Jean ? Devons-nous l’abandonner ? Est-ce vraiment juste ? » Ils décidèrent alors, sur-le-champ, d’aller consulter Jean. Jean fut attristé à la pensée de perdre deux de ses conseillers les plus capables et de ses disciples les plus prometteurs, mais il répondit courageusement à leur demande en disant : « Nous n’en sommes qu’au commencement. Mon travail va bientôt prendre fin, et nous deviendrons tous ses disciples. » Alors, André fit signe à Jésus de venir et lui annonça en aparté que son frère désirait entrer au service du nouveau royaume. En accueillant Simon comme son second apôtre, Jésus dit : « Simon, ton enthousiasme est louable, mais dangereux pour le travail du royaume. Je te préviens qu’il faut être plus réfléchi dans tes paroles. Je vais changer ton nom en celui de Pierre. » 137:1.4 Les parents du garçonnet blessé, qui vivaient à Pella, avaient demandé à Jésus de passer la nuit chez eux et de s’y considérer comme chez lui, et Jésus avait promis de venir. Avant de quitter André et son frère, il leur dit : « Tôt demain matin, nous irons en Galilée. » 137:1.5 Après que Jésus fut retourné à Pella pour la nuit, et tandis qu’André et Simon discutaient encore la nature de leur service dans l’établissement du prochain royaume, Jacques et Jean, les fils de Zébédée arrivèrent sur les lieux. Ils venaient de rentrer de leur longue et vaine recherche de Jésus dans les collines. Lorsqu’ils entendirent Simon Pierre leur raconter comment lui et son frère André étaient devenus les premiers conseillers agréés du nouveau royaume et qu’ils devaient partir, le lendemain matin, avec leur nouveau Maitre pour la Galilée, Jacques et Jean furent tous deux attristés. Ils connaissaient Jésus depuis assez longtemps et l’aimaient. Ils l’avaient cherché plusieurs jours dans les collines et, maintenant, ils revenaient pour apprendre que d’autres avaient été choisis avant eux. Ils demandèrent où était allé Jésus et se hâtèrent de le rejoindre. 137:1.6 Jésus dormait lorsqu’ils atteignirent sa demeure, mais ils le réveillèrent en disant : « Pendant que nous, qui avons si longtemps vécu avec toi, nous explorions les collines à ta recherche, comment se fait-il que tu aies donné la préférence à d’autres et choisi André et Simon comme les premiers associés pour le nouveau royaume ? » Jésus répondit : « Ayez le cœur calme et demandez-vous ’qui vous a ordonné de rechercher le Fils de l’Homme pendant qu’il vaquait aux affaires de son Père ?’ » Après qu’ils lui eurent raconté les détails de leur longue recherche dans les collines, Jésus poursuivit ses instructions : « Vous devriez apprendre à chercher dans votre cœur, et non dans les collines, le secret du nouveau royaume. Ce que vous cherchiez était déjà présent dans votre âme. Vous êtes en vérité mes frères – vous n’aviez pas besoin que je vous agrée – vous apparteniez déjà au royaume. Ayez bon courage et préparez-vous aussi à nous accompagner demain matin en Galilée. » Jean s’enhardit alors à demander : « Mais, Maitre, Jacques et moi serons-nous tes associés dans le nouveau royaume au même titre qu’André et Simon ? » Jésus posa une main sur l’épaule de chacun d’eux et dit : « Mes frères, vous étiez déjà avec moi dans l’esprit du royaume, même avant que les deux autres aient demandé à y être admis. Vous, mes frères, vous n’avez pas besoin de présenter une requête pour entrer dans le royaume ; vous y avez été avec moi depuis le commencement. Devant les hommes, d’autres peuvent avoir priorité sur vous, mais, dans mon cœur, je vous admettais aussi dans les conseils du royaume avant même que vous ayez songé à me le demander. Vous auriez même pu être les premiers devant les hommes si vous ne vous étiez pas absentés pour la tâche bien intentionnée, mais fixée par vous-mêmes, de rechercher quelqu’un qui n’était nullement perdu. Dans le royaume à venir, ne vous occupez pas des choses qui entretiennent votre anxiété, mais plutôt occupez-vous en tout temps de faire la volonté du Père qui est aux cieux. » 137:1.7 Jacques et Jean acceptèrent de bonne grâce la réprimande et ne furent plus jamais envieux d’André et de Simon. Ils se préparèrent à partir le lendemain matin pour la Galilée avec les deux autres apôtres. À partir de ce jour-là, le mot apôtre fut employé pour distinguer la famille élue des conseillers de Jésus d’avec la vaste multitude des disciples croyants qui le suivirent ultérieurement. 137:1.8 Tard dans la soirée, Jacques, Jean, André et Simon eurent un entretien avec Jean le Baptiste. Avec des larmes aux yeux mais une voix ferme, le vaillant prophète judéen abandonna deux de ses principaux disciples pour leur permettre de devenir les apôtres du Prince galiléen du royaume à venir. 2. Le choix de Philippe et de Nathanael 137:2.1 Le dimanche matin 24 février de l’an 26, Jésus prit congé de Jean le Baptiste au bord du fleuve près de Pella, et ne le revit plus jamais dans la chair. 137:2.2 Ce jour-là, tandis que Jésus et ses quatre disciples-apôtres partaient pour la Galilée, un grand tumulte s’éleva dans le camp des fidèles de Jean. La première grande division allait avoir lieu. La veille, Jean avait positivement annoncé à André et à Ezra que Jésus était le Libérateur. André décida de suivre Jésus, mais Ezra récusa le charpentier de Nazareth aux manières affables en disant à ses compagnons : « Le prophète Daniel déclare que le Fils de l’Homme viendra sur les nuées du ciel, en puissance et en grande gloire. Ce charpentier de Galilée, ce constructeur de bateaux de Capharnaüm, ne saurait être le Libérateur. Un tel don de Dieu peut-il sortir de Nazareth ? Ce Jésus est un cousin de Jean, et notre maitre a été trompé par excès de sentimentalité. Restons à l’écart de ce faux Messie. » Lorsque Jean le réprimanda pour ces propos, Ezra se retira avec de nombreux disciples et partit hâtivement vers le sud. Ce groupe continua à baptiser au nom de Jean et fonda finalement une secte dont les membres avaient foi en Jean, mais refusaient d’accepter Jésus. Un reste de ce groupe persiste encore aujourd’hui en Mésopotamie. 137:2.3 Tandis que ces troubles couvaient parmi les partisans de Jean, Jésus et ses quatre disciples-apôtres avançaient rapidement vers la Galilée. Avant de traverser le Jourdain pour aller à Nazareth par Naïn, Jésus regarda devant lui la route montante et vit venir vers lui un certain Philippe de Bethsaïde, accompagné d’un ami. Jésus avait connu Philippe autrefois, et les quatre nouveaux apôtres le connaissaient également. Philippe faisait route avec son ami Nathanael pour voir Jean à Pella et pour mieux s’informer de l’avènement annoncé du royaume de Dieu ; il fut enchanté de saluer Jésus, qu’il avait toujours admiré depuis la première visite de celui-ci à Capharnaüm. Par contre, Nathanael, qui vivait à Cana en Galilée, ne connaissait pas Jésus. Philippe s’avança pour saluer ses amis, tandis que Nathanael se reposait à l’ombre d’un arbre sur le bord de la route. 137:2.4 Pierre prit Philippe à part et entreprit de lui expliquer que lui-même, André, Jacques et Jean étaient tous devenus des associés de Jésus dans le nouveau royaume ; il incita vivement Philippe à s’enrôler au service de la cause. Philippe se trouva dans une impasse. Que devait-il faire ? Ici, sans le moindre préavis – sur le bord de la route voisine du Jourdain – se posait la plus importante question de la vie d’un homme, et il fallait prendre une décision immédiate. Tandis que Philippe se trouvait engagé dans une sérieuse conversation avec Pierre, André et Jean, Jésus esquissait à Jacques la route à suivre à travers la Galilée jusqu’à Capharnaüm. Finalement, André suggéra à Philippe : « Pourquoi ne pas demander au Maitre ? » 137:2.5 Philippe se rendit subitement compte que Jésus était réellement un grand homme, peut-être le Messie, et il décida de se conformer à la décision de Jésus en la matière. Il alla droit à lui et lui demanda : « Maitre, dois-je aller vers Jean ou me joindre à mes amis qui te suivent ? » Et Jésus répondit : « Suis-moi. » Philippe fut galvanisé par la certitude qu’il avait découvert le Libérateur. 137:2.6 Philippe fit alors signe au groupe de rester sur place, tandis qu’il courait annoncer sa décision à son ami Nathanael, resté en arrière sous le mûrier et réfléchissant à tout ce qu’il avait entendu au sujet de Jean le Baptiste, du royaume à venir et du Messie attendu. Philippe fit irruption dans cette méditation en s’écriant : « J’ai trouvé le Libérateur, celui dont Moïse et les prophètes ont parlé et que Jean a proclamé. » Nathanael leva les yeux et s’enquit : « D’où vient ce maitre ? » Et Philippe répliqua : « C’est Jésus de Nazareth, le fils de Joseph, le charpentier, venu plus récemment demeurer à Capharnaüm. » Alors Nathanael, quelque peu choqué, demanda : « Une chose aussi bonne peut-elle sortir de Nazareth ? » Philippe, le prenant par le bras, dit : « Viens et vois. » 137:2.7 Philippe conduisit Nathanael à Jésus, qui regarda en face avec bienveillance cet homme sincère qui doutait et dit : « Voici un véritable Israélite en qui il n’y a pas de fausseté. Suis-moi. » Nathanael se tourna vers Philippe et dit : « Tu as raison. Il est en vérité un conducteur d’hommes. Je le suivrai aussi si j’en suis digne. » Jésus fit un signe de tête affirmatif à Nathanael et répéta : « Suis-moi. » 137:2.8 Jésus avait maintenant rassemblé la moitié de son futur corps d’associés intimes, cinq qui le connaissaient depuis un certain temps et un étranger, Nathanael. Sans plus attendre, ils traversèrent le Jourdain, passèrent par le village de Naïn et arrivèrent tard, dans la soirée, à Nazareth. 137:2.9 Ils passèrent tous la nuit chez Joseph dans la maison d’enfance de Jésus. Les compagnons de Jésus ne comprirent pas très bien pourquoi leur maitre récemment découvert était si préoccupé de détruire complètement tous les vestiges de son écriture qui subsistaient dans la maison sous la forme des dix commandements et d’autres devises et préceptes. Mais cette façon d’agir, ajoutée au fait qu’ils ne le virent plus jamais écrire – sauf dans la poussière ou sur le sable – fit une profonde impression sur leur mental. 3. La visite à Capharnaüm 137:3.1 Le lendemain, Jésus envoya ses apôtres à Cana, car ils étaient tous invités au mariage d’une jeune fille très en vue de cette ville, tandis que lui-même se préparait à rendre une visite hâtive à sa mère à Capharnaüm, en s’arrêtant à Magdala pour voir son frère Jude. 137:3.2 Avant de quitter Nazareth, les nouveaux associés de Jésus racontèrent, à Joseph et à d’autres membres de la famille de Jésus, les merveilleux évènements de ce récent passé et exprimèrent franchement leur croyance que Jésus était le libérateur longtemps attendu. Ces membres de la famille de Jésus débattirent la question, et Joseph dit : « Après tout, il se peut que Mère ait eu raison – que notre étrange frère soit le roi à venir. » 137:3.3 Jude avait assisté au baptême de Jésus et, avec son frère Jacques, il s’était mis à croire fermement à la mission terrestre de Jésus. Jacques et Jude étaient tous deux très perplexes au sujet de la nature de la mission de leur frère ; par contre, l’ancienne espérance que Jésus était le Messie, le fils de David, renaissait chez sa mère, et elle encourageait ses fils à avoir foi en leur frère en tant que libérateur d’Israël. 137:3.4 Jésus arriva le lundi soir à Capharnaüm, mais ne se rendit pas à son propre foyer, où vivaient Jacques et sa mère ; il alla directement chez Zébédée. Tous ses amis de Capharnaüm virent un grand et agréable changement en lui. Une fois de plus, il paraissait relativement gai et plus semblable à ce qu’il avait été durant ses premières années à Nazareth. Pendant des années avant son baptême et pendant les périodes d’isolement qui l’avaient immédiatement précédé et suivi, Jésus était devenu de plus en plus grave et réservé. Maintenant, pour eux tous, il semblait être redevenu comme autrefois. Il y avait en lui quelque chose de majestueux, d’imposant et d’un aspect supérieur, mais il était de nouveau allègre et joyeux. 137:3.5 Marie frémissait d’espérance. Elle croyait que la promesse de Gabriel était près de se réaliser. Elle s’attendait à voir bientôt toute la Palestine saisie et frappée de stupeur par la révélation miraculeuse de son fils en tant que roi surnaturel des Juifs. Mais, aux nombreuses questions que lui posèrent sa mère, Jacques, Jude et Zébédée, Jésus se borna à répondre en souriant : « Il est préférable que je reste ici pendant un temps ; il faut que je fasse la volonté de mon Père qui est aux cieux. » 137:3.6 Le lendemain mardi, ils allèrent tous à Cana pour le mariage de Naomie, qui devait avoir lieu le jour suivant. Malgré les avertissements réitérés de Jésus de ne parler de lui à personne « jusqu’à ce que l’heure du Père soit venue », ils persistèrent à répandre discrètement la nouvelle qu’ils avaient trouvé le Libérateur. Chacun d’eux s’attendait avec confiance à ce que Jésus assume pour la première fois son autorité messianique lors du prochain mariage à Cana, et à ce qu’il le fasse avec une grande puissance et une sublime grandeur. Ils se rappelaient ce qu’on leur avait dit des phénomènes qui avaient accompagné son baptême, et ils croyaient que sa future carrière sur terre serait marquée par des manifestations croissantes de merveilles surnaturelles et de démonstrations miraculeuses. En conséquence, tout le pays se prépara à se réunir à Cana pour les noces de Naomi et de Johab, fils de Nathan. 137:3.7 Marie n’avait pas été aussi joyeuse depuis des années. Elle se rendit à Cana dans l’état d’esprit d’une reine-mère allant assister au couronnement de son fils. Depuis que Jésus avait eu treize ans, jamais sa famille et ses amis ne l’avaient vu aussi insouciant et heureux, aussi prévenant et compréhensif des vœux et désirs de ses compagnons, aussi touchant de sympathie. Ils chuchotaient donc par petits groupes, se demandant ce qui allait arriver. Quel serait le prochain acte de cet étrange personnage ? Comment inaugurerait-il la gloire du royaume à venir ? Et ils étaient tous surexcités à l’idée qu’ils allaient être présents pour assister à la révélation de la puissance et du pouvoir du Dieu d’Israël. 4. Les noces de Cana 137:4.1 Le mercredi vers midi, près d’un millier de convives étaient arrivés à Cana, plus de quatre fois le nombre des invités aux noces. Les Juifs avaient coutume de célébrer les mariages le mercredi, et les invitations avaient été envoyées un mois d’avance. Dans la matinée et au début de l’après-midi, la fête ressembla plus à une réception publique pour Jésus qu’à des noces. Chacun voulait saluer ce Galiléen presque célèbre, qui les accueillait tous si cordialement, jeunes et vieux, Juifs et Gentils. Tout le monde se réjouit lorsque Jésus accepta de conduire la procession précédant le mariage. 137:4.2 Jésus était désormais tout à fait conscient de soi au sujet de son existence humaine, de sa préexistence divine, et du statut de ses natures humaine et divine conjuguées ou fusionnées. Avec un parfait équilibre, il pouvait, à tout moment, jouer le rôle humain ou reprendre immédiatement les prérogatives personnelles de la nature divine. 137:4.3 Tandis que la journée s’avançait, Jésus se rendit de plus en plus compte que les convives s’attendaient à le voir accomplir quelque prodige ; il comprit plus spécialement que sa famille et ses six disciples-apôtres comptaient sur lui pour annoncer son prochain royaume d’une manière appropriée par une manifestation saisissante et surnaturelle. 137:4.4 Tôt dans l’après-midi, Marie appela Jacques, et ensemble ils s’enhardirent à interroger Jésus pour lui demander s’il voulait les mettre dans sa confidence et les renseigner sur le lieu et le moment de la cérémonie du mariage où il avait projeté de se manifester en tant que « l’être surnaturel ». Aussitôt qu’ils eurent abordé cette question avec Jésus, ils virent qu’ils avaient suscité son indignation caractéristique. Il répondit simplement : « Si vous m’aimez, ayez la patience de demeurer avec moi tandis que je suis au service de la volonté de mon Père qui est aux cieux. » Mais l’éloquence de son reproche résidait dans l’expression de son visage. 137:4.5 Jésus fut humainement très déçu par cette initiative de sa mère, et il fut dégrisé par sa propre réaction à la suggestion de se prêter au caprice de quelque manifestation extérieure de sa divinité. C’était précisément l’une des choses qu’au cours de son récent isolement dans les collines, il avait décidé de ne pas faire. Durant plusieurs heures, Marie fut très déprimée. Elle dit à Jacques : « Je ne puis le comprendre. Que signifie tout cela ? N’y aura-t-il pas de fin à son étrange conduite ? » Jacques et Jude tentèrent de consoler leur mère, tandis que Jésus se retirait pour une heure de solitude. Mais il revint à la réunion, de nouveau allègre et joyeux. 137:4.6 Le mariage eut lieu dans une atmosphère d’attente silencieuse, mais, à la fin de la cérémonie, l’hôte d’honneur n’avait ni fait un geste ni dit un mot. Alors, on chuchota que le charpentier et constructeur de bateaux, proclamé par Jean comme « le Libérateur », abattrait son jeu durant les fêtes du soir, peut-être au souper de noces. Mais Jésus ôta toute espérance d’une démonstration de cet ordre du mental de ses six disciples-apôtres en les réunissant juste avant le souper pour leur dire très sérieusement : « Ne croyez pas que je sois venu en ce lieu pour accomplir quelque prodige, pour satisfaire les curieux, ou convaincre ceux qui doutent. Nous sommes plutôt ici au service de la volonté de notre Père qui est aux cieux. » Lorsque Marie et les autres le virent en consultation avec ses associés, ils furent au contraire persuadés qu’un évènement extraordinaire était imminent. Ils s’assirent tous à la table du souper pour jouir en bonne compagnie du repas et de la soirée de fête. 137:4.7 Le père du marié avait fourni du vin en abondance pour tous les hôtes invités aux noces, mais comment aurait-il pu savoir que le mariage de son fils allait devenir un évènement aussi étroitement lié à la manifestation attendue de Jésus en tant que libérateur messianique ? Il était enchanté d’avoir l’honneur de compter le célèbre Galiléen parmi ses hôtes, mais, avant la fin du souper, les serviteurs lui apportèrent la nouvelle déconcertante que l’on se trouvait à court de vin. Lorsque le souper officiel fut terminé et que les invités commençaient à se répandre dans le jardin, la mère du marié fit à Marie la confidence que la provision de vin était épuisée. Marie lui répondit avec confiance : « Ne vous faites pas de souci – je vais parler à mon fils. Il nous aidera. » Et elle osa le faire, malgré le blâme reçu quelques heures auparavant. 137:4.8 Pendant bien des années, Marie s’était toujours tournée vers Jésus pour être aidée dans chacune des crises de leur vie de famille à Nazareth, de sorte qu’elle avait tout naturellement pensé à lui dans les circonstances présentes. Mais cette mère ambitieuse avait encore d’autres raisons pour faire appel à son fils ainé en cette occasion. Jésus se tenait seul dans un coin du jardin. Sa mère s’approcha de lui et dit : « Mon fils, ils n’ont plus de vin. » Et Jésus répondit : « Ma bonne mère, en quoi cela me concerne-t-il ? » Marie dit : « Mais je crois que ton heure est venue. Ne peux-tu nous aider ? » Jésus répliqua : « De nouveau, je déclare que je ne suis pas venu pour agir de cette manière. Pourquoi me déranges-tu encore avec de pareilles affaires ? » Alors, fondant en larmes, Marie le supplia : « Mais, mon fils, je leur ai promis que tu nous aiderais. Ne veux-tu, s’il te plait, faire quelque chose pour moi ? » Et Jésus dit alors : « Femme, pourquoi te permets-tu de faire de telles promesses ? Veille à ne pas recommencer. En toutes choses, il faut que nous servions la volonté du Père qui est aux cieux. » 137:4.9 Marie, la mère de Jésus, fut accablée ; elle était abasourdie ! Tandis qu’elle se tenait immobile devant lui et qu’un flot de larmes coulait sur son visage, le cœur humain de Jésus fut ému d’une profonde compassion pour la femme qui l’avait porté dans son sein. Il se pencha vers elle, posa tendrement sa main sur sa tête et lui dit : « Allons, allons, Maman Marie, ne te chagrine pas de mes paroles apparemment dures. Ne t’ai-je pas dit maintes fois que je suis venu uniquement pour faire la volonté de mon Père céleste ? Je ferais avec joie ce que tu me demandes si cela faisait partie de la volonté du Père… » Et Jésus s’arrêta court. Il hésitait. Marie parut avoir le sentiment qu’il se produisait quelque chose. Se relevant d’un bond, elle jeta ses bras autour du cou de Jésus, l’embrassa et se précipita dans la salle des serviteurs en leur disant : « Quoi que mon fils vous dise, faites-le. » Mais Jésus ne dit rien. Il se rendait maintenant compte qu’il en avait déjà trop dit – ou plutôt qu’il avait trop désiré en pensée. 137:4.10 Marie dansait de joie. Elle ne savait pas comment le vin serait produit, mais elle croyait fermement avoir finalement persuadé son fils premier-né d’affirmer son autorité, d’oser se mettre en avant pour réclamer la place qui lui revenait et faire montre de son pouvoir messianique. À cause de la présence et de l’association de certaines puissances et personnalités de l’univers, totalement ignorées de tous les convives, elle ne devait pas être déçue. Le vin que Marie désirait et que Jésus, l’homme-Dieu, souhaitait humainement par sympathie, était en route. 137:4.11 Il y avait, à proximité, six jarres de pierre remplies d’eau et contenant une centaine de litres chacune. Cette eau était destinée à servir dans les cérémonies finales de purification de la célébration du mariage. L’agitation des serviteurs autour de ces énormes récipients de pierre, sous la direction active de sa mère, attira l’attention de Jésus. Il s’approcha et vit qu’ils en tiraient du vin à pleins brocs. 137:4.12 Jésus se rendait graduellement compte de ce qui était arrivé. De toutes les personnes présentes aux noces de Cana, c’est lui qui fut le plus surpris. Les autres s’attendaient tous à le voir accomplir un prodige, mais c’était précisément ce qu’il avait l’intention de ne pas faire. Alors, le Fils de l’Homme se souvint de l’avertissement de son Ajusteur de Pensée Personnalisé, dans les collines. Il se rappela comment l’Ajusteur l’avait prévenu que nulle puissance ou personnalité ne pouvait le priver de sa prérogative de créateur qui le rendait indépendant du temps. En cette occasion, des transformateurs de pouvoir, des médians et toutes les autres personnalités utiles étaient assemblés près de l’eau et des autres matériaux nécessaires ; en face du souhait exprimé par le Souverain Créateur de l’Univers, l’apparition immédiate de vin était inéluctable. La certitude de cet évènement était doublée par le fait que l’Ajusteur Personnalisé avait signifié que l’exécution du désir du Fils ne contrevenait en aucune manière à la volonté du Père. 137:4.13 Mais ce ne fut en aucun sens un miracle. Nulle loi de la nature ne fut modifiée, abrogée, ou même transcendée. Rien d’autre ne se produisit que l’abrogation du temps en liaison avec l’assemblage céleste des éléments chimiques indispensables pour élaborer du vin. À Cana, en cette occasion, les agents du Créateur firent du vin exactement comme ils le font par le processus naturel ordinaire, sauf qu’ils le firent indépendamment du temps et avec l’intervention d’agents suprahumains pour réunir dans l’espace les ingrédients chimiques nécessaires. 137:4.14 De plus, il était évident que l’accomplissement de ce prétendu miracle n’était pas contraire à la volonté du Père du Paradis ; autrement il ne se serait pas produit, puisque Jésus s’était déjà soumis en toutes choses à la volonté du Père. 137:4.15 Lorsque les serviteurs tirèrent ce nouveau vin et l’apportèrent au garçon d’honneur « ordonnateur du festin », il le gouta puis appela l’époux en lui disant : « La coutume est de servir d’abord le bon vin et ensuite, quand les convives ont bien bu, on apporte le fruit inférieur de la vigne ; mais toi, tu as gardé le meilleur vin jusqu’à la fin des réjouissances. » 137:4.16 Marie et les disciples de Jésus se réjouirent grandement du miracle supposé, qu’ils croyaient avoir été accompli intentionnellement, mais Jésus se retira dans un coin abrité du jardin et s’engagea dans une brève et sérieuse méditation. Il conclut finalement que l’incident dépassait, en la circonstance, son contrôle personnel et qu’il était inévitable puisqu’il n’était pas contraire à la volonté de son Père. Lorsqu’il retourna vers les convives, ils le regardèrent avec une crainte respectueuse ; ils le prenaient tous pour le Messie. Mais Jésus était cruellement embarrassé. Il savait qu’ils croyaient en lui uniquement à cause de l’évènement insolite dont le hasard les avait rendus témoins. De nouveau, Jésus se retira pendant un bon moment sur la terrasse de la maison pour méditer sur tout cela. 137:4.17 Jésus comprit alors pleinement qu’il devait se tenir constamment sur ses gardes, de crainte qu’en se laissant trop aller à la compassion et à la pitié, il ne devienne responsable d’autres incidents de cet ordre. Néanmoins, bien des évènements similaires se produisirent avant que le Fils de l’Homme eût quitté définitivement sa vie mortelle dans la chair. 5. Retour à Capharnaüm 137:5.1 Alors que de nombreux invités restèrent à Cana durant toute la semaine des festivités du mariage, Jésus, avec ses disciples-apôtres nouvellement choisis – Jacques, Jean, André, Pierre, Philippe et Nathanael – partit de très bonne heure, le lendemain matin, pour Capharnaüm sans prendre congé de personne. La famille de Jésus et tous ses amis de Cana furent désolés de la soudaineté de son départ, et Jude, le plus jeune frère de Jésus, partit à sa recherche. Jésus et ses apôtres allèrent directement à la maison de Zébédée à Bethsaïde. Au cours du trajet, Jésus discuta, avec ses associés récemment choisis, de nombreuses questions importantes pour le royaume à venir ; il leur recommanda spécialement de ne pas faire mention de la transformation de l’eau en vin. Il leur conseilla aussi d’éviter, dans leurs futures activités, les villes de Sepphoris et de Tibériade. 137:5.2 Ce soir-là, après le souper, au foyer de Zébédée et de Salomé, Jésus tint l’une des plus importantes conférences de toute sa carrière terrestre. Seuls les six apôtres assistaient à cette réunion ; Jude arriva au moment où ils allaient se séparer. Ces six hommes sélectionnés avaient voyagé avec Jésus, de Cana à Bethsaïde, en marchant pour ainsi dire sans fouler le sol. Ils vivaient dans l’attente et se passionnaient à l’idée d’avoir été choisis comme associés immédiats du Fils de l’Homme. Mais, lorsque Jésus se mit à leur expliquer clairement qui il était, ce que devait être sa mission sur la terre et comment elle risquait de se terminer, ils furent abasourdis. Ils ne pouvaient saisir ce qu’il leur racontait. Ils en restaient muets ; Pierre lui-même était écrasé au-delà de toute expression. Seul André, le profond penseur, osa répondre quelque chose aux recommandations de Jésus. Quand Jésus perçut qu’ils ne comprenaient pas son message, quand il vit que leurs idées sur le Messie juif étaient si complètement cristallisées, il les envoya se reposer tandis que lui-même allait se promener et s’entretenir avec son frère Jude. Avant de prendre congé de Jésus, Jude lui dit avec beaucoup d’émotion : « Mon frère-père, je ne t’ai jamais compris. Je ne sais pas avec certitude si tu es ce que ma mère nous a enseigné. Je ne comprends pas pleinement le royaume à venir, mais ce que je sais, c’est que tu es un puissant homme de Dieu. J’ai entendu la voix au Jourdain, et je crois en toi, qui que tu sois. » Après avoir ainsi parlé, Jude partit pour se rendre à Magdala dans son propre foyer. 137:5.3 Cette nuit-là, Jésus ne dormit pas. S’enveloppant dans ses couvertures, il alla s’assoir au bord du lac en réfléchissant, et il réfléchit jusqu’à l’aube du lendemain. Au cours des longues heures de cette nuit de méditation, Jésus en vint à comprendre clairement qu’il ne pourrait jamais amener ses disciples à le voir sous un autre jour que celui du Messie longtemps attendu. Enfin, il reconnut qu’il n’y avait pas moyen de lancer son message au sujet du royaume autrement qu’en accomplissant la prédiction de Jean et en tant que celui que les Juifs cherchaient. Après tout, bien qu’il ne fût pas le Messie du type davidique, il représentait vraiment l’accomplissement des prophéties des clairvoyants les plus spirituellement orientés de jadis. Jamais plus il ne nia formellement qu’il était le Messie. Il décida de laisser à la volonté du Père le soin de débrouiller, en fin de compte, cette situation compliquée. 137:5.4 Le lendemain matin, Jésus rejoignit ses amis au déjeuner, mais ils formaient un groupe sans entrain. Il s’entretint avec eux et, à la fin du repas, il les groupa autour de lui en disant : « C’est la volonté de mon Père que nous restions dans le voisinage durant un certain temps. Vous avez entendu Jean dire qu’il était venu préparer le chemin du royaume. Il convient donc que nous attendions l’achèvement des prédications de Jean. Quand le précurseur du Fils de l’Homme aura achevé son œuvre, nous commencerons à proclamer la bonne nouvelle du royaume. » Il ordonna à ses apôtres de retourner à leurs filets, tandis que lui-même se préparait à accompagner Zébédée au chantier naval. Il leur promit de les revoir à la synagogue où il devait parler le lendemain, jour de sabbat, et leur fixa un rendez-vous pour une conférence l’après-midi de ce même sabbat. 6. Les évènements d’un jour de sabbat 137:6.1 La première apparition en public de Jésus, après son baptême eut lieu dans la synagogue de Capharnaüm, le 2 mars de l’an 26, un jour de sabbat. La synagogue était bondée. À l’histoire du baptême dans le Jourdain s’ajoutaient maintenant les récentes nouvelles de Cana au sujet de l’eau et du vin. Jésus donna des sièges d’honneur à ses six apôtres et fit assoir avec eux ses frères de sang Jacques et Jude. Sa mère était revenue à Capharnaüm avec Jacques la veille au soir et se trouvait également là, assise dans la section de la synagogue réservée aux femmes. Une grande tension régnait dans l’auditoire ; ils s’attendaient à voir quelque manifestation extraordinaire de pouvoir surnaturel, un témoignage approprié de la nature et de l’autorité de celui qui allait leur parler ce jour-là ; mais ils allaient au-devant d’une déception. 137:6.2 Lorsque Jésus se leva, le chef de la synagogue lui tendit le rouleau des Écritures et il lut dans le livre du prophète Isaïe : « Ainsi dit le Seigneur : ‘Le ciel est mon trône et la terre mon marchepied. Où est la maison que vous avez bâtie pour moi ? Et où est le lieu de ma demeure ? Toutes ces choses, mes mains les ont faites,’ dit le Seigneur. ‘Je porterai mes regards sur celui qui est humble et repentant en esprit et qui tremble à ma voix.’ Entendez la parole du Seigneur, vous qui tremblez de frayeur : ‘Vos frères vous ont haïs et rejetés à cause de mon nom.’ Mais que le Seigneur soit glorifié. Il vous apparaitra dans la joie, et tous les autres seront confondus. Une voix de la ville, une voix du temple, une voix du Seigneur dit : ‘Avant d’éprouver les douleurs, elle a enfanté ; avant la venue des souffrances, elle a donné le jour à un enfant mâle.’ Qui a jamais entendu pareille chose ? Fera-t-on produire ses fruits à la terre en un seul jour ? Une nation peut-elle naitre en un instant ? Car ainsi parle le Seigneur : ‘Voici, je déploierai la paix comme un fleuve, et la gloire des Gentils eux-mêmes ressemblera à un torrent. Tel un homme que sa mère console, je vous consolerai. Vous serez consolés même dans Jérusalem ; et, quand vous verrez ces choses, votre cœur se réjouira.’ » 137:6.3 Après avoir terminé cette lecture, Jésus rendit le rouleau au conservateur. Avant de se rassoir, il dit simplement : « Soyez patients, et vous verrez la gloire de Dieu. Il en sera ainsi pour tous ceux qui demeureront avec moi et qui apprendront de la sorte à faire la volonté de mon Père qui est aux cieux. » Et les gens retournèrent chez eux se demandant ce que signifiait tout cela. 137:6.4 Le même après-midi, Jésus et ses apôtres montèrent dans un bateau avec Jacques et Jude. Ils longèrent le rivage sur une certaine distance et jetèrent l’ancre pendant que Jésus leur parlait du royaume à venir. Ils le comprirent mieux que durant la soirée du jeudi précédent. 137:6.5 Jésus leur donna pour directive de reprendre leur travail régulier jusqu’à ce que « l’heure du royaume soit arrivée ». Pour les encourager, il leur donna l’exemple en retournant régulièrement travailler au chantier naval. Il leur expliqua qu’ils devaient consacrer, tous les soirs, trois heures à étudier et à préparer leur futur travail, et ajouta : « Nous resterons tous dans le voisinage jusqu’à ce que mon Père me demande de vous appeler. Il faut que chacun de vous retourne maintenant à son travail accoutumé, exactement comme si rien ne s’était passé. Ne racontez rien sur moi à personne, et rappelez-vous que mon royaume ne doit pas arriver avec fracas et prestige, mais plutôt grâce au grand changement que mon Père aura opéré dans votre cœur et dans le cœur de ceux qui seront appelés à se joindre à vous dans les conseils du royaume. Vous êtes désormais mes amis ; j’ai confiance en vous et je vous aime ; vous deviendrez bientôt mes associés personnels. Soyez patients, soyez doux. Obéissez toujours à la volonté du Père. Préparez-vous à l’appel du royaume. Vous éprouverez de grandes joies au service de mon Père, mais il faut également que vous soyez prêts à affronter des difficultés, car je vous préviens que beaucoup n’entreront dans le royaume qu’en passant par de grandes tribulations. Pour ceux qui auront trouvé le royaume, leur joie sera parfaite ; on les appellera les bienheureux de la terre. Mais ne nourrissez pas de faux espoirs, le monde va trébucher sur mes paroles. Même vous, mes amis, vous ne percevez pas pleinement ce que j’expose à votre mental confus. Ne vous y trompez pas, nous allons œuvrer pour une génération qui recherche des signes. Elle exigera l’accomplissement de prodiges comme preuve que je suis envoyé par mon Père, et elle sera lente à reconnaitre, dans la révélation de l’amour de mon Père, la justification de ma mission. » 137:6.6 Ce soir-là, quand ils eurent débarqué et avant de se séparer, Jésus se tint au bord de l’eau et pria : « Mon Père, je te remercie pour ces petits qui croient déjà, malgré leurs doutes. Par égard pour eux, je me suis mis à part pour faire ta volonté. Puissent-ils maintenant apprendre à ne faire qu’un, comme nous ne faisons qu’un. » 7. Quatre mois de formation 137:7.1 Durant quatre longs mois – mars, avril, mai et juin – ce temps d’attente se prolongea. Jésus tint plus de cent réunions longues et sérieuses, mais gaies et joyeuses, avec ces six associés et son propre frère Jacques. Par suite de maladies dans sa famille, Jude fut rarement en mesure d’assister à ces séances. Jacques ne perdit pas confiance en son frère Jésus, mais, durant ces mois de retard et d’inaction, Marie désespéra presque de son fils. Sa foi, qui s’était élevée à de telles hauteurs à Cana, sombra maintenant dans une nouvelle dépression. Elle en revenait toujours à son exclamation maintes fois répétée : « Je ne parviens pas à le comprendre. Je ne parviens pas à m’expliquer ce que tout cela signifie. » Mais la femme de Jacques contribua grandement à soutenir le courage de Marie. 137:7.2 Durant ces quatre mois, ces sept croyants, dont l’un était son frère de sang, firent plus ample connaissance avec Jésus ; ils s’habituèrent à l’idée de vivre avec cet homme-Dieu. Ils l’appelaient Rabbi, mais ils apprenaient à ne pas le craindre. Jésus possédait ce charme incomparable de personnalité qui lui permettait de vivre parmi eux sans qu’ils fussent désemparés par sa divinité. Ils trouvaient vraiment facile d’être « amis avec Dieu », avec Dieu incarné dans la similitude de la chair mortelle. Ce temps d’attente mit tout le groupe de croyants à rude épreuve. Rien, absolument rien de miraculeux ne se produisait. Jour après jour, ils vaquaient à leurs travaux coutumiers et, nuit après nuit, ils s’asseyaient aux pieds de Jésus. Le groupe était cimenté par l’incomparable personnalité du Maitre et par les paroles de grâce qu’il leur adressait soir après soir. 137:7.3 Cette période d’attente et d’enseignement fut spécialement dure pour Simon Pierre. Il chercha maintes fois à persuader Jésus de se lancer dans la prédication du royaume en Galilée pendant que Jean continuait à prêcher en Judée. Mais Jésus répondait toujours à Pierre : « Simon, sois patient. Fais des progrès. Nous ne serons pas trop prêts quand le Père appellera. » Et André calmait Pierre de temps en temps par des conseils modérés et philosophiques. L’absence d’affectation de Jésus impressionnait prodigieusement André. Il ne se lassait jamais de contempler comment une personne qui pouvait vivre si près de Dieu pouvait aussi avoir tant d’amitié et de considération pour des hommes. 137:7.4 Au cours de toute cette période, Jésus ne prit que deux fois la parole dans la synagogue. Vers la fin de ces nombreuses semaines d’attente, les commentaires sur son baptême et sur le vin de Cana avaient commencé à s’apaiser. Jésus veilla à ce qu’il ne se produisit plus de pseudo-miracles durant cette période. Cependant, malgré leur vie si tranquille à Bethsaïde, les étranges actions de Jésus avaient été rapportées à Hérode Antipas, qui, à son tour, envoya des espions pour savoir de quoi il s’agissait. Mais Hérode était plus préoccupé par les prédications de Jean. Il décida de ne pas molester Jésus, dont l’œuvre se poursuivait si paisiblement à Capharnaüm. 137:7.5 Jésus employa ce temps d’attente à enseigner, à ses associés, l’attitude qu’ils devaient adopter vis-à-vis des divers groupes religieux et partis politiques de Palestine. Jésus disait toujours : « Nous cherchons à les gagner tous, mais nous n’appartenons à aucun. » 137:7.6 On appelait pharisiens les scribes et les rabbis pris dans leur ensemble. Eux-mêmes se dénommaient « les associés ». Sous beaucoup de rapports, ils représentaient le groupe progressiste parmi les Juifs. En effet, ils avaient adopté de nombreux enseignements ne figurant pas clairement dans les Écritures hébraïques, tels que la croyance à la résurrection des morts, doctrine qui avait simplement été mentionnée par Daniel, l’un des derniers prophètes. 137:7.7 Le groupe des sadducéens se composait de la prêtrise et de certains Juifs fortunés. Ils n’étaient pas aussi rigoristes sur les détails d’application de la loi. En réalité, les pharisiens et les sadducéens étaient des partis religieux plutôt que des sectes. 137:7.8 Les esséniens formaient une véritable secte religieuse ayant pris naissance durant la révolte des Macchabées. Sous certains aspects, leurs exigences étaient plus astreignantes que celles des pharisiens. Ils avaient adopté de nombreuses croyances et pratiques persanes ; ils vivaient en confrérie dans des monastères, pratiquaient le célibat et possédaient tout en commun. Ils se spécialisaient dans l’enseignement concernant les anges. 137:7.9 Les zélotes étaient un groupe de Juifs ardemment patriotes. Ils soutenaient que n’importe quelle méthode était justifiée dans la lutte pour échapper à la servitude du joug romain. 137:7.10 Les hérodiens étaient un parti purement politique qui préconisait de s’émanciper du gouvernement direct des Romains par une restauration de la dynastie d’Hérode. 137:7.11 Au milieu même de la Palestine vivaient les Samaritains, avec qui « les Juifs n’avaient pas d’affaires », bien qu’ils eussent de nombreux points de vue semblables à ceux des enseignements des Juifs. 137:7.12 Tous ces partis et sectes, y compris la petite confrérie naziréenne, croyaient à la venue un jour ou l’autre du Messie. Ils cherchaient tous un libérateur national. Mais Jésus proclamait sans équivoque que lui et ses disciples ne s’allieraient à aucune de ces écoles de pensée ou d’application. Le Fils de l’Homme ne devait être ni un naziréen ni un essénien. 137:7.13 Bien que Jésus eût plus tard invité les apôtres à partir, comme l’avait fait Jean, pour prêcher l’évangile et instruire les croyants, il mettait l’accent sur la proclamation « de la bonne nouvelle du royaume des cieux ». Il répétait inlassablement à ses associés qu’ils devaient « manifester amour, compassion et sympathie ». Il enseigna de bonne heure à ses partisans que le royaume des cieux était une expérience spirituelle concernant l’intronisation de Dieu dans le cœur des hommes. 137:7.14 Tandis que Jésus et ses sept compagnons s’attardaient ainsi avant de s’engager dans leur prédication publique active, ils passaient deux soirées par semaine à la synagogue à étudier les Écritures hébraïques. Quelques années plus tard, après des périodes de travail intensif en public, les apôtres regardèrent rétrospectivement ces quatre mois comme les plus précieux et les plus profitables dans toute leur association avec le Maitre. Jésus enseigna à ces hommes tout ce qu’ils pouvaient assimiler. Il ne commit pas la faute de les instruire à l’excès. Il ne provoqua pas la confusion en présentant des vérités dépassant par trop leur capacité de compréhension. 8. Sermon sur le royaume 137:8.1 Le 22 juin, jour de sabbat, peu avant le départ de son groupe pour sa première tournée de prédication, et une dizaine de jours après l’emprisonnement de Jean, Jésus occupa la chaire de la synagogue pour la deuxième fois depuis qu’il avait amené ses apôtres à Capharnaüm. 137:8.2 Quelques jours avant le prêche de ce sermon sur « le Royaume », tandis que Jésus travaillait au chantier naval, Pierre lui apporta la nouvelle de l’arrestation de Jean. Jésus déposa une fois de plus ses outils, enleva son tablier et dit à Pierre : « L’heure du Père a sonné. Préparons-nous à proclamer l’évangile du royaume. » 137:8.3 Ce mardi 18 juin de l’an 26 fut le dernier jour où Jésus travailla à un établi de charpentier. Pierre se précipita hors de l’atelier et, dès le milieu de l’après-midi, il avait réuni tous ses compagnons. Il les laissa dans un bosquet près du rivage et partit à la recherche de Jésus, mais ne put le trouver, car le Maitre était allé dans un autre bosquet pour prier. Ils ne le virent qu’à une heure avancée de la soirée, lorsqu’il revint à la maison de Zébédée et demanda de la nourriture. Le lendemain, Jésus envoya son frère Jacques demander le privilège de prendre la parole dans la synagogue lors du prochain sabbat. Le chef de la synagogue fut très heureux que Jésus veuille bien de nouveau diriger le service. 137:8.4 Avant que Jésus ne prêchât son mémorable sermon sur le royaume de Dieu, premier effort ostensible de sa carrière publique, il lut, dans les Écritures, les passages suivants : « Vous serez pour moi un royaume de prêtres, un peuple saint, Yahweh est notre juge, Yahweh est notre législateur, Yahweh est notre roi ; il nous sauvera. Yahweh est mon roi et mon Dieu. Il est un grand roi qui règne sur toute la terre. L’amour et la bonté sont le lot d’Israël dans ce royaume. Bénie soit la gloire du Seigneur, car il est notre Roi. » 137:8.5 Quand Jésus eut fini de lire, il dit : 137:8.6 « Je suis venu proclamer l’établissement du royaume du Père. Et ce royaume inclura les âmes adoratrices des Juifs et des Gentils, des riches et des pauvres, des hommes libres et des esclaves, car mon Père ne fait pas acception de personne ; son amour et sa miséricorde s’étendent sur tous. 137:8.7 « Le Père qui est aux cieux envoie son esprit habiter le mental des hommes. De même, quand j’aurai achevé mon œuvre terrestre, l’Esprit de Vérité sera répandu sur toute chair. L’esprit de mon Père et l’Esprit de Vérité vous établiront dans le royaume à venir de compréhension spirituelle et de droiture divine. Mon royaume n’est pas de ce monde. Le Fils de l’Homme ne conduira pas des armées à la bataille pour établir un trône de pouvoir ou un royaume de gloire temporelle. À l’avènement de mon royaume, vous connaitrez le Fils de l’Homme comme Prince de la Paix, comme révélation du Père éternel. Les enfants de ce monde luttent pour établir et agrandir les royaumes de ce monde, mais mes disciples entreront dans le royaume des cieux grâce à leurs décisions morales et à leurs victoires en esprit ; et, quand ils y pénètreront, ils y trouveront la joie, la droiture et la vie éternelle. 137:8.8 « Quiconque cherche d’abord à entrer dans le royaume, et s’efforce ainsi d’acquérir une noblesse de caractère semblable à celle de mon Père, possédera bientôt tout ce qui est nécessaire. Mais je vous le dis en toute franchise : à moins de chercher à entrer dans le royaume avec la foi et la confiance d’un petit enfant, vous n’y serez admis d’aucune façon. 137:8.9 « Ne vous laissez pas tromper par ceux qui viennent vous dire : le royaume est ici ou le royaume est là, car le royaume de mon Père ne concerne pas les choses visibles et matérielles. Ce royaume est déjà maintenant parmi vous, car là où l’esprit de Dieu enseigne, là où il guide l’âme de l’homme, là est en réalité le royaume des cieux. Et ce royaume de Dieu est droiture, paix et joie dans le Saint-Esprit. 137:8.10 « Jean vous a en vérité baptisés en signe de repentance et pour la rémission de vos péchés, mais, quand vous entrerez dans le royaume céleste, vous recevrez le baptême du Saint-Esprit. 137:8.11 « Dans le royaume de mon Père, il n’y aura ni Juifs ni Gentils, mais seulement ceux qui cherchent la perfection par le service, car je déclare que quiconque veut être grand dans le royaume de mon Père doit d’abord devenir le serviteur de tous. Si vous acceptez de servir vos semblables, vous siégerez avec moi dans mon royaume, de même que je siégerai bientôt auprès de mon Père dans son royaume pour avoir servi dans la similitude de la créature. 137:8.12 « Ce nouveau royaume ressemble à une graine qui pousse dans la bonne terre d’un champ. Il n’atteint pas rapidement sa pleine maturité. Il y a un intervalle de temps entre l’établissement du royaume dans l’âme d’un homme et l’heure où le royaume murit dans sa plénitude pour devenir le fruit épanoui de droiture perpétuelle et de salut éternel. 137:8.13 « Et ce royaume que je proclame n’est pas un règne de puissance et d’abondance. Le royaume des cieux ne consiste ni en aliments ni en boissons, mais plutôt en une vie de droiture progressive et de joie croissante dans l’accomplissement du service en perfectionnement de mon Père qui est aux cieux. Car le Père n’a-t-il pas dit de ses enfants du monde : ‘Ma volonté est qu’ils finissent par devenir parfaits, comme moi-même je suis parfait.’ 137:8.14 « Je suis venu prêcher la bonne nouvelle du royaume. Je ne suis pas venu accroitre les lourds fardeaux de ceux qui voudraient entrer dans ce royaume. Je proclame le chemin nouveau et meilleur, et ceux qui sont capables d’entrer dans le royaume à venir jouiront du repos divin. Quoi qu’il vous en coute en biens matériels, quel que soit le prix que vous aurez payé pour entrer dans le royaume des cieux, vous recevrez en ce monde beaucoup plus que l’équivalent en joie et en avancement spirituel, et la vie éternelle dans l’âge à venir. 137:8.15 « L’entrée dans le royaume du Père ne dépend ni d’armées en marche, ni du renversement de royaumes de ce monde, ni du fait de briser le joug de captifs. Le royaume du ciel est à portée de la main ; tous ceux qui y entrent y trouveront une abondante liberté et un joyeux salut. 137:8.16 « Ce royaume est un empire perpétuel. Ceux qui entrent dans le royaume monteront jusqu’à mon Père ; ils atteindront certainement sa droite en gloire au Paradis. Tous ceux qui entrent dans le royaume des cieux deviendront fils de Dieu, et, dans les temps à venir aussi, ils s’élèveront jusqu’au Père. Je ne suis pas venu appeler les prétendus justes, mais les pécheurs et tous ceux qui ont faim et soif de la droiture de la perfection divine. 137:8.17 « Jean est venu, prêchant la repentance pour vous préparer au royaume ; maintenant, je viens, proclamant que la foi, le don de Dieu, est le prix à payer pour entrer dans le royaume des cieux. Il vous suffit de croire que mon Père vous aime d’un amour infini, et dès lors vous vous trouvez dans le royaume de Dieu. » 137:8.18 Après avoir ainsi parlé, Jésus s’assit. Tous ceux qui l’entendirent furent étonnés de ses paroles. Ses disciples s’émerveillaient. Mais le peuple n’était pas prêt à recevoir la bonne nouvelle de la bouche de cet homme-Dieu. Environ un tiers de ses auditeurs crut au message, même sans l’avoir tout à fait compris ; un autre tiers se prépara dans son cœur à rejeter un tel concept purement spirituel du royaume attendu, tandis que le tiers restant était incapable de saisir cet enseignement, beaucoup, parmi ce dernier tiers, croyant sincèrement qu’il « n’avait plus son bon sens. » FASCICULE 138. La formation des messagers du royaume 138:0.1 Après avoir prêché le sermon sur « le Royaume », Jésus réunit ses six apôtres le même après-midi et commença à leur exposer ses plans pour visiter les villes situées autour et aux environs de la mer de Galilée. Ses frères Jacques et Jude furent très froissés de n’avoir pas été convoqués à cette conférence. Jusque-là, ils s’étaient considérés comme faisant partie du cercle intérieur des associés de Jésus. Mais Jésus entendait n’introduire aucun de ses proches parents dans ce corps de directeurs apostoliques du royaume. Le fait de ne pas inclure Jacques et Jude parmi les quelques élus, ainsi que son apparente indifférence pour sa mère depuis l’épisode de Cana, fut le point de départ d’un abime toujours plus profond entre Jésus et sa famille. Cette situation continua durant tout son ministère public – ils furent tout près de le rejeter – et ces différends ne furent complètement aplanis qu’après sa mort et sa résurrection. Sa mère oscillait constamment entre des attitudes fluctuantes de foi et d’espérance, et des réactions émotives croissantes de déception, d’humiliation et de désespoir. Seule Ruth, la plus jeune, demeurait indéfectiblement fidèle à son frère-père. 138:0.2 Jusqu’après la résurrection, la famille entière de Jésus participa très peu à son ministère. Un prophète reçoit des honneurs, mais ailleurs que dans son pays ; il est compris et apprécié, mais autre part que dans sa propre famille. 1. Instructions finales 138:1.1 Le lendemain, dimanche 23 juin de l’an 26, Jésus communiqua aux six ses instructions finales. Il leur ordonna de partir deux par deux pour répandre la bonne nouvelle du royaume. Il leur défendit de baptiser. Il leur déconseilla de prêcher en public, mais leur expliqua que, plus tard, il leur permettrait de prêcher en public. Pour l’instant et pour bien des raisons, il désirait les voir acquérir une expérience pratique dans leurs rapports personnels avec leurs semblables. Jésus se proposait de consacrer leur première tournée entièrement à un travail personnel. Bien que cette décision apportât une certaine déception aux apôtres, ils percevaient, au moins en partie, les raisons qui poussaient Jésus à commencer ainsi la proclamation du royaume ; ils partirent avec courage et un enthousiasme confiant. Jésus les envoya deux par deux, Jacques et Jean allant à Khérésa, André et Pierre à Capharnaüm tandis que Philippe et Nathanael partaient pour Tarichée. 138:1.2 Avant le début de ces deux premières semaines de service, Jésus leur annonça qu’il désirait ordonner douze apôtres pour continuer le travail du royaume après son départ, et il autorisa chacun d’eux à choisir, parmi ses premiers convertis, un homme destiné à faire partie du corps apostolique qu’il voulait constituer. Jean prit la parole pour demander : « Mais, Maitre, ces six hommes viendront-ils au milieu de nous, et partageront-ils toutes choses sur un pied d’égalité avec nous, qui t’avons accompagné depuis le Jourdain et avons entendu tout ton enseignement préparatoire à notre premier travail pour le royaume ? » Et Jésus répliqua : « Oui, Jean, les hommes que vous choisirez ne feront qu’un avec nous, et vous leur enseignerez tout ce qui concerne le royaume, comme moi-même je vous l’ai enseigné. » Après avoir ainsi parlé, Jésus les quitta. 138:1.3 Les six ne se séparèrent pas pour commencer leur œuvre sans avoir longuement discuté l’ordre, donné à chacun par Jésus, de choisir un nouvel apôtre. L’avis d’André finit par prévaloir, et ils se rendirent à leurs travaux. André avait dit en substance : « Le Maitre a raison ; nous sommes trop peu nombreux pour faire tout ce travail. Il y a besoin de plus d’éducateurs, et le Maitre nous a témoigné une grande confiance en nous chargeant de choisir les six nouveaux apôtres. » Ce matin-là, alors qu’ils se séparaient pour aller à leur travail, il y avait un peu de dépression secrète dans le cœur de chacun. Ils savaient que Jésus allait leur manquer et, outre leur crainte et leur timidité, ce n’était pas la manière dont ils avaient imaginé l’inauguration du royaume des cieux. 138:1.4 Il avait été convenu que les six devraient travailler deux semaines, après quoi ils devraient revenir pour une conférence à la maison de Zébédée. Entretemps, Jésus alla à Nazareth pour s’entretenir avec Joseph, Simon et d’autres membres de sa famille vivant dans ces parages. Pour conserver la confiance et l’affection de sa famille, Jésus fit tout ce qui était humainement possible, et compatible avec sa consécration à faire la volonté de son Père. En l’espèce, il fit tout son devoir, et même davantage. 138:1.5 Pendant que les apôtres étaient en mission, Jésus pensa beaucoup à Jean, qui était alors en prison. Il fut très tenté d’utiliser ses pouvoirs potentiels pour le libérer, mais il se résigna une fois de plus à « attendre la volonté du Père ». 2. Le choix des six 138:2.1 Cette première tournée missionnaire des six fut éminemment réussie. Ils découvrirent tous la grande valeur du contact direct et personnel avec les hommes. Ils revinrent vers Jésus bien plus conscients du fait qu’après tout, la religion est purement et totalement une affaire d’expérience personnelle. Ils commencèrent à sentir combien les gens du peuple avaient soif d’entendre des paroles de consolation religieuse et d’encouragement spirituel. Lorsqu’ils se rassemblèrent autour de Jésus, ils voulurent tous parler à la fois, mais André prit le commandement et les appela l’un après l’autre pour faire leur rapport officiel au Maitre et proposer les six nouveaux apôtres de leur choix. 138:2.2 Après que chacun eut présenté son candidat au nouveau titre d’apôtre, Jésus demanda à tous les autres d’entériner les nominations par un vote ; ainsi, les six nouveaux apôtres furent officiellement acceptés à l’unanimité par les six anciens. Ensuite, Jésus annonça qu’ils iraient tous rendre visite aux postulants afin de leur confirmer l’appel au service. 138:2.3 Les six apôtres nouvellement choisis étaient : 138:2.4 1. Matthieu Lévi, receveur des douanes de Capharnaüm, qui avait son bureau juste à l’est de la ville, en bordure de Batanée. Il avait été choisi par André. 138:2.5 2. Thomas Didyme, un pêcheur de Tarichée, jadis charpentier et maçon à Gadara. Il avait été choisi par Philippe. 138:2.6 3. Jacques Alphée, pêcheur et fermier à Khérésa, avait été choisi par Jacques Zébédée. 138:2.7 4. Judas Alphée, frère jumeau de Jacques Alphée, et également pêcheur, avait été choisi par Jean Zébédée. 138:2.8 5. Simon Zélotès occupait un poste élevé dans l’organisation patriotique des zélotes, poste qu’il abandonna pour se joindre aux apôtres de Jésus. Avant de faire partie des zélotes, Simon était commerçant. Il fut choisi par Pierre. 138:2.9 6. Judas Iscariot était le fils unique de parents juifs fortunés vivant à Jéricho. Il s’était attaché à Jean le Baptiste, et ses parents sadducéens l’avaient désavoué. Il cherchait un emploi dans ces parages quand les apôtres de Jésus le rencontrèrent. Nathanael l’invita à se joindre à eux principalement à cause de son expérience financière. Judas Iscariot était le seul Judéen parmi les douze apôtres. 138:2.10 Jésus passa une journée entière avec les six, répondant à leurs questions et écoutant les détails de leurs comptes rendus, car ils avaient de nombreuses expériences intéressantes et profitables à raconter. Ils percevaient maintenant la sagesse du plan du Maitre les envoyant évangéliser d’une manière discrète et personnelle avant de se lancer dans des efforts publics plus ambitieux. 3. L’appel de Matthieu et de Simon 138:3.1 Le lendemain, Jésus et les six rendirent visite à Matthieu, le receveur des douanes. Matthieu les attendait ; il avait réglé ses comptes et s’était préparé à passer les affaires de son bureau à son frère. Près de la maison des péages, André s’avança avec Jésus, qui regarda Matthieu en face et lui dit : « Suis-moi. » Matthieu se leva et conduisit Jésus et les apôtres chez lui. 138:3.2 Matthieu parla à Jésus du banquet qu’il avait organisé pour le soir, disant qu’il désirait au moins offrir ce souper à sa famille et à ses amis, si Jésus était d’accord et acceptait d’être l’invité d’honneur. Jésus approuva d’un signe de tête. Pierre prit alors Matthieu à part ; il lui expliqua qu’il avait offert à un certain Simon de se joindre aux apôtres et s’assura que Matthieu consentait que Simon fût lui aussi invité à la fête. 138:3.3 Après un déjeuner chez Matthieu, ils allèrent tous avec Pierre pour rencontrer Simon le Zélote. Ils le trouvèrent au siège de ses anciennes affaires, maintenant dirigées par son neveu. Lorsque Pierre eut conduit Jésus à Simon, le Maitre salua le fougueux patriote et dit simplement : « Suis-moi. » 138:3.4 Ils retournèrent tous chez Matthieu, où ils parlèrent beaucoup de politique et de religion jusqu’à l’heure du repas du soir. La famille de Lévi était depuis longtemps dans les affaires et s’occupait de la collecte des impôts ; par conséquent, nombre des convives invités par Matthieu à ce banquet auraient été qualifiés de « publicains et de pécheurs » par les pharisiens. 138:3.5 À cette époque, quand un souper d’apparat de cet ordre était offert à une personnalité en vue, toutes les personnes qui s’y intéressaient avaient coutume de flâner autour de la salle du banquet pour regarder manger les convives et pour écouter la conversation et les allocutions des invités d’honneur. En conséquence, la plupart des pharisiens de Capharnaüm étaient présents à cette occasion pour observer la conduite de Jésus à cette réunion sociale inhabituelle. 138:3.6 Au cours du souper, la joie des convives s’éleva à un haut diapason d’allégresse ; tout le monde s’en donnait tellement à cœur joie que les observateurs pharisiens commencèrent à critiquer Jésus dans leur cœur pour sa participation à une distraction aussi frivole. Plus tard dans la soirée, au moment des discours, l’un des pharisiens parmi les plus malveillants alla jusqu’à faire des critiques à Pierre sur la conduite de Jésus en disant : « Comment oses-tu enseigner que cet homme est juste, puisqu’il mange avec des publicains et des pécheurs, et prête ainsi sa présence à de pareilles scènes d’insouciance dans les plaisirs. » Pierre répéta cette critique à voix basse à Jésus avant qu’il ne prononçât la bénédiction de départ sur les hôtes assemblés. Lorsque Jésus commença à parler, il dit : « En venant ici ce soir pour accueillir Matthieu et Simon dans notre communauté, je suis heureux de constater votre allégresse et vos bonnes dispositions sociales, mais vous devriez vous réjouir encore plus de ce que beaucoup d’entre vous entreront dans le royaume de l’esprit qui vient et où vous jouirez plus abondamment des bonnes choses du royaume des cieux. Quant à ceux qui se tiennent autour de nous en me critiquant dans leur cœur parce que je suis ici pour me divertir avec ces amis, laissez-moi dire que je suis venu proclamer la joie aux opprimés de la société et la liberté spirituelle aux captifs moraux. Est-il nécessaire de vous rappeler que les bien-portants n’ont pas besoin d’un médecin, mais plutôt les malades ? Je suis venu non pour appeler les justes, mais les pécheurs. » 138:3.7 C’était réellement un spectacle étrange pour toute la société juive que de voir un homme de caractère droit et de sentiments nobles se mêler librement et joyeusement aux gens du peuple, et même à une foule irréligieuse de pécheurs avérés et de publicains à la recherche du plaisir. Simon Zélotès désirait faire un discours à cette réunion chez Matthieu, mais André, sachant que Jésus ne voulait pas que le royaume à venir fût confondu avec le mouvement des zélotes, obtint de Simon qu’il s’abstînt de faire des commentaires en public. 138:3.8 Jésus et les apôtres passèrent la nuit chez Matthieu. En rentrant chez eux, les gens n’avaient qu’un seul sujet de conversation : la bonté et l’amabilité de Jésus. 4. L’appel des jumeaux 138:4.1 Le lendemain matin, ils allèrent tous les neuf, par bateau, à Khérésa pour procéder à l’appel officiel des deux apôtres suivants, Jacques et Judas, les fils jumeaux d’Alphée, candidats choisis par Jacques et Jean Zébédée. Les jumeaux pêcheurs comptaient sur la venue de Jésus et de ses apôtres, et les attendaient donc sur le rivage. Jacques Zébédée présenta le Maitre aux pêcheurs de Khérésa, et Jésus, les enveloppant du regard, approuva de la tête et dit : « Suivez-moi. » 138:4.2 Ils passèrent l’après-midi tous ensemble, et Jésus les instruisit pleinement au sujet de leur participation à des festivités. Il conclut ses remarques en disant : « Tous les hommes sont mes frères. Mon Père céleste ne méprise aucun être créé par nous. Le royaume des cieux est ouvert à tous les hommes et à toutes les femmes. Nul ne peut fermer la porte de la miséricorde au visage d’une âme assoiffée cherchant à y entrer. Nous nous assiérons à table avec tous ceux qui désirent entendre parler du royaume. Lorsque d’en haut mon Père céleste regarde les hommes, ils sont tous semblables. Ne refusez donc pas de rompre le pain avec un pharisien ou un pécheur, un sadducéen ou un publicain, un Romain ou un Juif, un riche ou un pauvre, un homme libre ou un esclave. La porte du royaume est grande ouverte à tous ceux qui désirent connaitre la vérité et trouver Dieu. » 138:4.3 Ce soir-là, à un simple souper chez Alphée, les frères jumeaux furent reçus dans la famille apostolique. Plus tard dans la soirée, Jésus fit à ses apôtres sa première leçon sur l’origine, la nature et la destinée des esprits impurs, mais ils ne purent comprendre le sens de ce qu’il leur disait. Ils trouvaient très facile d’aimer et d’admirer Jésus, mais très difficile de comprendre beaucoup de ses enseignements. 138:4.4 Après une nuit de repos, tout le groupe, maintenant composé de onze membres, se rendit, par bateau, à Tarichée. 5. L’appel de Thomas et de Judas 138:5.1 Thomas le pêcheur et Judas l’errant rencontrèrent Jésus et les apôtres à l’appontement des bateaux de pêche à Tarichée, et Thomas conduisit le groupe à son domicile voisin. Philippe présenta alors Thomas comme son candidat à l’apostolat, et Nathanael présenta Judas Iscariot, le Judéen, pour un honneur similaire. Jésus regarda Thomas et lui dit : « Thomas, tu manques de foi ; néanmoins je te reçois. Suis-moi. » Et, à Judas Iscariot, le Maitre dit : « Judas, nous sommes tous d’une même chair et, en te recevant au milieu de nous, je prie pour que tu sois toujours loyal envers tes frères galiléens. Suis-moi. » 138:5.2 Quand ils se furent restaurés, Jésus emmena, pendant un certain temps, les douze dans un lieu écarté pour prier avec eux et les instruire sur la nature et le travail du Saint-Esprit, mais, de nouveau, ils ne réussirent à comprendre qu’une minime partie de la signification des merveilleuses vérités que le Maitre s’efforçait de leur inculquer. L’un saisissait un point, son voisin en comprenait un autre, mais aucun ne pouvait saisir l’ensemble de son enseignement. Ils commettaient toujours l’erreur de vouloir faire cadrer le nouvel évangile de Jésus avec leurs anciennes formes de croyance religieuse. Ils ne pouvaient pas saisir l’idée que Jésus était venu proclamer un nouvel évangile de salut et établir une nouvelle manière de trouver Dieu ; ils ne percevaient pas qu’il était une nouvelle révélation du Père qui est aux cieux. 138:5.3 Le lendemain, Jésus laissa ses douze apôtres seuls. Il voulait qu’ils fassent plus ample connaissance entre eux et désirait qu’ils discutent, sans lui, ce qu’il leur avait enseigné. Le Maitre revint pour le repas du soir et, pendant les heures qui suivirent le souper, il leur parla du ministère des séraphins ; quelques-uns des apôtres comprirent son enseignement. Ils se reposèrent une nuit et repartirent le lendemain, par bateau, pour Capharnaüm. 138:5.4 Zébédée et Salomé étaient allés vivre avec leur fils David, de sorte que leur grande maison pouvait être mise à la disposition de Jésus et de ses douze apôtres. Jésus y passa un sabbat paisible avec ses messagers choisis. Il leur exposa soigneusement ses plans pour proclamer le royaume et leur expliqua pleinement l’importance qu’il y avait à éviter tout conflit avec les autorités civiles, disant : « Si les chefs civils doivent être blâmés, laissez-moi le soin de le faire. Veillez à ne pas porter d’accusations contre César ou ses serviteurs. » Ce fut ce même soir que Judas Iscariot prit Jésus à part pour lui demander pourquoi l’on ne faisait rien pour tirer Jean de prison. Et Judas ne fut pas entièrement satisfait de l’attitude de Jésus. 6. La semaine de formation intensive 138:6.1 La semaine suivante fut consacrée à un programme de formation intensive. Chaque jour, les six nouveaux apôtres furent confiés aux soins de ceux qui les avaient respectivement recrutés, pour récapituler tout ce qu’ils avaient appris et expérimenté, afin de les préparer à œuvrer pour le royaume. Les six premiers apôtres passaient soigneusement en revue, au profit des six nouveaux, les enseignements antérieurement donnés par Jésus. Le soir, ils se rassemblaient tous dans le jardin de Zébédée pour être instruits par Jésus. 138:6.2 Ce fut alors que Jésus institua le jour de congé du milieu de la semaine pour le repos et la récréation. Ils poursuivirent ce plan de détente, un jour par semaine, durant le reste de la vie matérielle de Jésus. En règle générale, ils ne vaquaient pas à leurs occupations régulières le mercredi. Durant ce jour de congé hebdomadaire, Jésus avait l’habitude de se retirer en les laissant seuls et en disant : « Mes enfants, allez vous distraire durant une journée. Reposez-vous des travaux ardus du royaume et jouissez du délassement que procure le retour à vos anciennes vocations ou la découverte de nouvelles sortes d’activités récréatives. » Durant cette période de sa vie terrestre, Jésus n’avait pas réellement besoin de ce jour de repos, mais il se conformait à ce plan parce qu’il le savait meilleur pour ses associés humains. Jésus était l’éducateur – le Maitre. Ses compagnons étaient ses élèves – des disciples. 138:6.3 Jésus s’efforça d’établir clairement, pour ses apôtres, la différence entre ses enseignements et sa vie parmi eux d’une part, et les enseignements qui pourraient ultérieurement surgir à son propos d’autre part. Jésus leur dit : « Mon royaume et l’évangile qui s’y rapporte seront l’essentiel de votre message. Ne vous laissez pas entrainer à prêcher à propos de moi ou à propos de mes enseignements. Proclamez l’évangile du royaume et décrivez ma révélation du Père qui est aux cieux, mais ne déviez pas dans des voies détournées en créant des légendes ou en bâtissant un culte consacré à des croyances et à des enseignements à propos de mes croyances et enseignements. » Mais, de nouveau, les disciples ne comprirent pas ses raisons de parler ainsi, et nul n’osa lui demander pourquoi il les instruisait de la sorte. 138:6.4 Dans ces premiers enseignements, Jésus cherchait à éviter autant que possible les controverses avec ses apôtres, sauf celles qui impliquaient de fausses conceptions de son Père qui est aux cieux. En toutes ces matières, il n’hésitait jamais à corriger des croyances erronées. Il n’y avait qu’une seule motivation dans la vie de Jésus sur Urantia après son baptême, c’était d’apporter une révélation meilleure et plus véridique de son Père du Paradis ; il était le pionnier du nouveau et meilleur chemin vers Dieu, la voie de la foi et de l’amour. Son exhortation à ses apôtres était toujours : « Recherchez les pécheurs, trouvez les découragés et réconfortez les inquiets. » 138:6.5 Jésus saisissait parfaitement la situation. Il possédait un pouvoir illimité qu’il aurait pu utiliser pour accomplir sa mission, mais il se contentait entièrement de moyens et de personnalités que la plupart des gens auraient considérés comme inadéquats et estimés insignifiants. Il était engagé dans une mission comportant d’immenses possibilités spectaculaires, mais il persista à s’occuper des affaires de son Père de la manière la plus simple et la moins théâtrale, en évitant soigneusement tout étalage de pouvoir. Il se proposa maintenant de travailler tranquillement avec ses douze apôtres, au moins pendant plusieurs mois, au voisinage de la mer de Galilée. 7. Une nouvelle déception 138:7.1 Jésus avait projeté une paisible campagne missionnaire de cinq mois de travail personnel. Il ne dit pas à ses apôtres combien de temps elle devait durer ; ils travaillaient de semaine en semaine. De bonne heure le premier jour de la semaine, alors qu’il était sur le point de s’en ouvrir à ses douze apôtres, Simon Pierre, Jacques Zébédée et Judas Iscariot vinrent lui parler en privé. Prenant Jésus à part, Pierre s’enhardit jusqu’à lui dire : « Maitre, nous venons, à la demande de nos compagnons, nous enquérir si le moment n’est pas maintenant venu d’entrer dans le royaume. Vas-tu proclamer le royaume à Capharnaüm, ou bien irons-nous jusqu’à Jérusalem ? Et quand saurons-nous chacun les postes que nous devrons occuper auprès de toi dans l’établissement du royaume… » Et Pierre aurait continué à poser d’autres questions, mais Jésus leva une main réprobatrice et l’arrêta ; et, faisant signe d’approcher aux autres apôtres qui attendaient dans le voisinage, il leur dit : « Mes petits enfants, combien de temps vous supporterai-je ? Ne vous ai-je pas expliqué que mon royaume n’est pas de ce monde ? Je vous ai maintes fois dit que je ne suis pas venu siéger sur le trône de David ; alors, comment se fait-il que vous me demandiez la place que chacun de vous occupera dans le royaume du Père ? Ne pouvez-vous percevoir que je vous ai appelés comme ambassadeurs d’un royaume spirituel ? Ne comprenez-vous pas que bientôt, très bientôt, vous aurez à me représenter dans le monde et à proclamer le royaume, de même que je représente maintenant mon Père qui est aux cieux ? Est-il possible que je vous aie choisis et instruits comme messagers du royaume, et que pourtant vous ne compreniez ni la nature ni la signification de ce royaume à venir, où Dieu prédominera dans le cœur des hommes ? Mes amis, écoutez-moi encore une fois. Bannissez de votre mental l’idée que mon royaume est une souveraineté de puissance ou un règne de gloire. En vérité, tous pouvoirs dans le ciel et sur terre seront bientôt remis entre mes mains, mais la volonté du Père n’est pas que nous utilisions ce don divin pour nous glorifier durant cet âge. Dans un autre âge, vous siégerez en effet avec moi en puissance et en gloire, mais, présentement, il convient de nous soumettre à la volonté du Père et d’obéir humblement en allant exécuter ses commandements sur terre. » 138:7.2 Une fois de plus, ses compagnons furent choqués et abasourdis. Jésus les renvoya deux par deux pour prier, leur demandant de venir le retrouver à midi. En ce matin décisif, chacun d’eux chercha à trouver Dieu, et chacun s’efforça d’encourager et d’affermir son compagnon, puis ils revinrent vers Jésus comme celui-ci le leur avait recommandé. 138:7.3 Jésus leur raconta alors la venue de Jean, le baptême dans le Jourdain, les noces de Cana, le récent choix des six et la mise à l’écart de ses propres frères dans la chair. Il les prévint que l’ennemi du royaume chercherait aussi à les écarter. Après ce bref mais sérieux entretien, tous les apôtres se levèrent, sous la conduite de Pierre, pour proclamer leur dévotion impérissable à leur Maitre et promettre leur fidélité indéfectible au royaume – selon l’expression de Thomas, « à ce royaume à venir, quel qu’il soit, même si je ne le comprends pas pleinement ». Tous, ils croyaient en Jésus sincèrement, bien qu’ils ne comprissent pas entièrement son enseignement. 138:7.4 Jésus leur demanda alors combien à eux tous ils avaient d’argent ; il s’enquit aussi des dispositions qu’ils avaient prises pour leurs familles. Lorsqu’il fut clair qu’ils avaient à peine assez de fonds pour s’entretenir pendant deux semaines, Jésus dit : « Ce n’est pas la volonté de mon Père que nous commencions à travailler dans ces conditions. Nous allons rester ici quinze jours près de la mer et pêcher ou faire les travaux manuels que nous trouverons. Entretemps, sous la direction d’André, premier apôtre choisi, vous vous organiserez de manière à vous procurer tout ce dont vous aurez besoin dans votre futur ministère, aussi bien dans votre présent travail personnel que dans la période ultérieure, où je vous conférerai l’ordination pour prêcher l’évangile et instruire les croyants. » Ils furent tous grandement ragaillardis par ces paroles ; c’était la première fois que Jésus leur indiquait, d’une manière claire et positive, son intention d’entreprendre plus tard des efforts publics plus dynamiques et plus spectaculaires. 138:7.5 Les apôtres passèrent le reste de la journée à mettre au point leur organisation et à se procurer bateaux et filets pour aller pêcher le lendemain matin, car ils avaient tous décidé de se consacrer à la pêche ; la plupart d’entre eux avaient été des pêcheurs, et Jésus lui-même était un marin et un pêcheur expérimenté. Nombre de bateaux qu’ils utilisèrent au cours des années suivantes avaient été construits des propres mains de Jésus, et c’étaient de bons bateaux dignes de confiance. 138:7.6 Jésus enjoignit aux apôtres de se consacrer à la pêche durant deux semaines et ajouta : « Ensuite, vous partirez pour devenir pêcheurs d’hommes. » Ils se séparèrent en trois groupes, Jésus accompagnant, chaque nuit, un groupe différent. Ils éprouvaient tous un immense plaisir à sa compagnie. Il était bon pêcheur, joyeux compagnon et un ami inspirant. Plus les apôtres travaillaient avec lui, plus ils l’aimaient. Matthieu dit un jour : « Plus vous comprenez certaines personnes, moins vous les admirez, mais avec cet homme, moins je le comprends plus je l’aime. » 138:7.7 Ce plan, consistant à pêcher deux semaines et à sortir ensuite deux semaines pour faire du travail personnel en faveur du royaume, fut suivi pendant plus de cinq mois jusqu’à la fin de cette année 26, et même après la cessation des persécutions spécialement dirigées contre les disciples de Jean à la suite de son emprisonnement. 8. Premiers travaux des douze 138:8.1 Quand il eut vendu les prises de poisson de deux semaines, Judas Iscariot, choisi pour trésorier des douze, divisa les fonds apostoliques en six parts égales après avoir prélevé, au préalable, les sommes nécessaires aux familles qui étaient à la charge des apôtres. Puis, vers le milieu d’aout de l’an 26, ils partirent deux par deux dans les régions de travail assignées par André. Durant la première quinzaine, Jésus accompagna André et Pierre, durant la seconde, Jacques et Jean, et ainsi de suite pour les autres paires, dans l’ordre où ils avaient été choisis. De la sorte, il put sortir au moins une fois avec chaque paire avant de les réunir pour inaugurer leur ministère public. 138:8.2 Jésus leur apprit à prêcher le pardon des péchés par la foi en Dieu sans pénitence ni sacrifice, et de déclarer que le Père qui est aux cieux aime tous ses enfants du même amour éternel. Il enjoignit à ses apôtres de s’abstenir de toute discussion sur : 138:8.3 1. Le travail et l’emprisonnement de Jean le Baptiste. 138:8.4 2. La voix venant du ciel à son baptême. Jésus dit : « Seuls ceux qui ont entendu la voix ont le droit d’y faire allusion. Proclamez seulement ce que vous m’avez entendu dire ; ne parlez pas par ouï-dire. » 138:8.5 3.Le changement de l’eau en vin à Cana. Jésus les invita formellement à « ne raconter à personne l’histoire de l’eau et du vin ». 138:8.6 Les apôtres eurent des moments merveilleux pendant ces cinq ou six mois, durant lesquels ils travaillèrent, une quinzaine sur deux, comme pêcheurs, gagnant ainsi assez d’argent pour subvenir à leurs besoins sur le terrain et pouvoir consacrer la quinzaine suivante au travail missionnaire du royaume. 138:8.7 Les gens du peuple s’émerveillaient des enseignements et du ministère de Jésus et de ses apôtres. Les rabbins avaient depuis longtemps enseigné aux Juifs que les ignorants ne pouvaient être ni pieux ni justes. Or, les apôtres de Jésus étaient à la fois pieux et justes, et pourtant ils ignoraient allègrement une bonne partie de la science des rabbins et de la sagesse du monde. 138:8.8 Jésus expliqua clairement à ses apôtres la différence entre la repentance par les soi-disant bonnes œuvres, comme l’enseignaient les Juifs, et le changement du mental par la foi – la nouvelle naissance – qu’il exigeait comme prix d’admission au royaume. Il enseigna à ses apôtres que la foi est la seule condition nécessaire pour entrer dans le royaume du Père. Jean leur avait enseigné « la repentance – à fuir la colère à venir ». Jésus enseignait que « la foi est la porte ouverte pour entrer dans l’amour de Dieu présent, parfait et éternel ». Jésus ne parlait pas comme un prophète venu proclamer la parole de Dieu. Il semblait parler de lui-même comme quelqu’un ayant autorité. Jésus cherchait à détourner leur mental de la recherche des miracles vers la découverte d’une expérience réelle et personnelle dans la satisfaction et l’assurance de la présence intérieure de l’esprit d’amour de Dieu et de sa grâce salvatrice. 138:8.9 Les disciples apprirent de bonne heure que le Maitre avait un profond respect et une estime compatissante pour chaque être humain qu’il rencontrait. Ils étaient prodigieusement impressionnés par la considération uniforme et invariable qu’il accordait si constamment à toutes sortes d’hommes, de femmes et d’enfants. Il s’arrêtait au milieu d’un profond exposé pour sortir sur la route et dire quelques mots d’encouragement à une passante chargée du fardeau de son corps et de son âme. Il s’interrompait au milieu d’une importante conférence avec ses apôtres pour fraterniser avec un enfant importun. Rien ne semblait jamais aussi important à Jésus que l’humain individuel qui pouvait se trouver en sa présence immédiate. Il était maitre et éducateur, mais plus encore – il était aussi un ami et un proche, un camarade compréhensif. 138:8.10 Bien que l’enseignement public de Jésus consistât principalement en paraboles et en brefs discours, il instruisait invariablement ses apôtres par questions et réponses. Durant ses conférences publiques ultérieures, il s’interrompait toujours pour répondre aux questions sincères. 138:8.11 Les apôtres furent d’abord choqués par la manière dont il traitait les femmes, mais ils s’y accoutumèrent très tôt. Il leur expliqua clairement que, dans le royaume, il fallait accorder aux femmes des droits égaux à ceux des hommes. 9. Cinq mois d’essai 138:9.1 Cette période quelque peu monotone de pêche alternant avec du travail personnel se révéla une expérience épuisante pour les douze apôtres, mais ils supportèrent l’épreuve. Malgré tous leurs murmures, leurs doutes et leurs mécontentements passagers, ils restèrent fidèles à leur vœu de dévotion et d’attachement au Maitre. Leur association personnelle avec Jésus durant ces mois d’essai le leur rendit si cher que tous (sauf Judas Iscariot) lui restèrent loyaux et fidèles, même durant les heures sombres du jugement et de la crucifixion. De vrais hommes ne pouvaient pas purement et simplement abandonner réellement un éducateur révéré, qui avait vécu aussi près d’eux et leur avait été aussi dévoué que Jésus. Durant les heures sombres de la mort du Maitre, tout raisonnement, tout jugement et toute logique s’effacèrent du cœur des apôtres devant une seule émotion humaine extraordinaire – le sentiment suprême d’amitié et de fidélité. Ces cinq mois de travail avec Jésus conduisirent ces apôtres, tous autant qu’ils étaient, à le considérer comme le meilleur ami qu’ils eussent au monde. Ce fut ce sentiment humain, et non ses enseignements magnifiques ou ses actes merveilleux, qui les maintint unis jusqu’après la résurrection et le renouvellement de la proclamation de l’évangile du royaume. 138:9.2 Non seulement ces mois de travail paisible furent pour les apôtres une grande épreuve à laquelle ils survécurent, mais cette période d’inactivité publique fut aussi une grande épreuve pour la famille de Jésus. Au moment où Jésus fut prêt à commencer son œuvre publique, tous les membres de sa famille (à l’exception de Ruth) l’avaient pratiquement abandonné. Ils n’essayèrent d’établir un contact avec lui qu’en de rares occasions ultérieures, et, alors, ce fut pour le persuader de revenir au foyer avec eux, car ils n’étaient pas loin de le considérer comme n’ayant plus tout son bon sens. Ils étaient simplement incapables de sonder sa philosophie ou de saisir son enseignement ; c’en était trop pour ceux de sa chair et de son sang. 138:9.3 Les apôtres poursuivirent leur travail personnel à Capharnaüm, Bethsaïde-Julias, Chorazin, Gérasa, Hippos, Magdala, Cana, Bethléem de Galilée, Jotapata, Rama, Safed, Gischala, Gadara et Abila. Outre ces villes, ils exercèrent leur apostolat dans de nombreux villages et aussi dans la campagne. Vers la fin de cette période, les douze avaient élaboré des plans assez satisfaisants pour l’entretien de leurs familles respectives. La plupart des apôtres étaient mariés, certains avaient plusieurs enfants, mais, pour le soutien de leur foyer, ils avaient pris des dispositions telles qu’avec une légère assistance des fonds apostoliques, ils pouvaient consacrer toute leur énergie à l’œuvre du Maitre sans avoir à se soucier du bien-être financier de leur famille. 10. L’organisation des douze 138:10.1 Les apôtres s’organisèrent de bonne heure de la manière suivante : 138:10.2 1. André, le premier choisi, fut nommé président et directeur général des douze. 138:10.3 2. Pierre, Jacques et Jean furent désignés comme compagnons personnels de Jésus. Ils devaient s’occuper de lui jour et nuit, pourvoir à ses besoins matériels et divers, et l’accompagner les nuits où il veillait et priait dans une mystérieuse communion avec le Père céleste. 138:10.4 3. Philippe devint l’intendant du groupe. Il avait la charge d’assurer le ravitaillement et de veiller à ce que les visiteurs, ou parfois même les foules d’auditeurs, eussent quelque chose à manger. 138:10.5 4. Nathanael veillait aux besoins des familles des douze. Il recevait des comptes rendus réguliers sur les besoins de la famille de chaque apôtre, et envoyait, chaque semaine, des fonds à ceux qui en avaient besoin, après les avoir requis de Judas le trésorier. 138:10.6 5. Matthieu était l’agent comptable du corps apostolique. Il devait veiller à l’équilibre du budget et à l’alimentation de la trésorerie. Si les fonds de soutien mutuel ne rentraient pas, si l’on ne recevait pas de dons suffisants pour entretenir le groupe, Matthieu avait pouvoir d’ordonner aux douze de retourner à leurs filets pour un certain temps. Toutefois, ce ne fut jamais nécessaire après le commencement de leur campagne publique ; il y eut alors assez de fonds entre les mains du trésorier pour financer leurs activités. 138:10.7 6. Thomas était l’organisateur de l’itinéraire. Il lui était dévolu de prévoir le logement et, d’une manière générale, de choisir les lieux de prêche et d’enseignement de manière à assurer un programme des déplacements sans heurts ni contretemps. 138:10.8 7. Jacques et Judas, les fils jumeaux d’Alphée, furent affectés au contrôle des multitudes. Ils avaient pour tâche de déléguer des pouvoirs à des surveillants auxiliaires en nombre suffisant pour leur permettre de maintenir l’ordre parmi les foules pendant la prédication. 138:10.9 8. Simon Zélotès reçut la responsabilité des récréations et des divertissements. Il arrangeait les programmes du mercredi et cherchait aussi à procurer, chaque jour, quelques heures de détente et de diversion. 138:10.10 9. Judas Iscariot fut nommé trésorier. Il portait la bourse, payait toutes les dépenses et tenait les comptes. Il établissait un projet de budget chaque semaine pour Matthieu, et faisait aussi des rapports hebdomadaires à André. Judas versait les fonds sur autorisation d’André. 138:10.11 L’organisation primitive des douze fonctionna de cette manière jusqu’au moment où une réorganisation fut rendue nécessaire par la désertion de Judas, le traitre. Le Maitre et ses apôtres-disciples continuèrent de cette simple façon jusqu’au dimanche 12 janvier de l’an 27, où il les réunit et leur conféra formellement l’ordination comme ambassadeurs du royaume et prédicateurs de sa bonne nouvelle. Bientôt après, ils se préparèrent à partir pour Jérusalem et la Judée pour leur première tournée de prédication publique. FASCICULE 139. Les douze apôtres 139:0.1 Le charme et la droiture de la vie terrestre de Jésus comportent un éloquent témoignage : bien qu’il n’eût cessé de briser les espoirs de ses apôtres et de mettre en pièces chacune de leurs ambitions d’élévation personnelle, il ne fut abandonné que par un seul d’entre eux. 139:0.2 Les apôtres apprirent de Jésus sur le royaume du ciel, et Jésus apprit beaucoup d’eux sur le royaume des hommes, sur la nature humaine telle qu’elle existe sur Urantia et sur les autres mondes évolutionnaires du temps et de l’espace. Ces douze hommes représentaient de nombreux types différents de tempéraments humains, et l’instruction ne les avait pas rendus semblables. Beaucoup de ces pêcheurs galiléens avaient une forte ascendance de sang gentil, par suite de la conversion forcée des Gentils de Galilée un siècle auparavant. 139:0.3 Ne commettez pas l’erreur de considérer les apôtres comme complètement ignorants et dépourvus d’instruction. Tous, sauf les jumeaux Alphée, étaient diplômés des écoles des synagogues, ayant reçu une formation complète dans les Écritures hébraïques et la plupart des connaissances courantes de l’époque. Sept d’entre eux étaient diplômés des écoles de la synagogue de Capharnaüm, et il n’existait pas de meilleure école juive dans toute la Galilée. 139:0.4 Quand vos archives qualifient ces messagers du royaume « d’ignorants et d’illettrés », l’intention de leurs auteurs était de transmettre l’idée qu’il s’agissait de laïcs, non instruits dans la science des rabbins et non éduqués dans les méthodes d’interprétation rabbinique des Écritures. Ils manquaient de ce qu’on a coutume d’appeler l’instruction supérieure. Dans les temps modernes, on les considérerait certainement comme dépourvus d’instruction et même, dans certains cercles sociaux, comme dépourvus de culture. Une chose est certaine : ils n’avaient pas tous passé par le même programme d’études rigide et stéréotypé. Depuis leur adolescence, chacun d’eux était passé par des expériences différentes d’apprentissage de la vie. 1. André, le premier choisi 139:1.1 André, président du corps apostolique du royaume, naquit à Capharnaüm. Il était l’ainé d’une famille de cinq – lui-même, son frère Simon et trois sœurs. Son défunt père avait été un associé de Zébédée dans une affaire de séchage de poisson à Bethsaïde, le port de pêche de Capharnaüm. Lorsqu’André devint apôtre, il n’était pas marié, mais il vivait chez son frère marié Simon Pierre. Ils étaient tous deux pêcheurs et associés de Jacques et Jean, fils de Zébédée. 139:1.2 En 26, où il fut choisi comme apôtre, André avait 33 ans, un an de plus que Jésus et il était le plus âgé des apôtres. Issu d’une excellente lignée d’ancêtres, il était le plus capable des douze. Sauf pour le don de la parole, il était l’égal de ses compagnons dans presque toutes les aptitudes imaginables. Jamais Jésus ne donna à André de surnom, de désignation familière. De même que les apôtres ne tardèrent pas à appeler Jésus Maitre, ils désignèrent également André par un nom équivalent à Chef. 139:1.3 André était un bon organisateur, mais encore meilleur administrateur. Il faisait partie du cercle intérieur de quatre apôtres, mais sa nomination, par Jésus, comme chef du groupe apostolique rendait sa présence nécessaire auprès de ses frères pendant que les trois autres bénéficiaient d’une communion très étroite avec le Maitre. Jusqu’au bout, André resta le doyen du corps apostolique. 139:1.4 Bien qu’il ne fût pas bon prédicateur, André faisait un travail personnel efficace. Il était le missionnaire pionnier du royaume, en ce sens qu’ayant été le premier apôtre choisi, il amena immédiatement à Jésus son frère Simon, qui devint ultérieurement l’un des plus grands prédicateurs du royaume. André fut le principal soutien de la politique de Jésus, utilisant le programme de travail personnel comme moyen d’éduquer les douze en tant que messagers du royaume. 139:1.5 Soit que Jésus enseignât les apôtres en privé, soit qu’il prêchât aux foules, André était généralement au courant de ce qui se passait. Il était un exécutant intelligent et un administrateur efficace. Il prenait de promptes décisions sur toutes les affaires portées à son attention, sauf quand il estimait que le problème dépassait le domaine de son autorité, auquel cas il le soumettait directement à Jésus. 139:1.6 André et Pierre étaient fort dissemblables de caractère et de tempérament, mais il faut inscrire éternellement à leur crédit qu’ils s’entendaient magnifiquement. André ne fut jamais jaloux des dons oratoires de Pierre. Il est rare de voir un homme plus âgé du type d’André exercer une influence aussi profonde sur un frère plus jeune et bien doué. André et Pierre ne semblaient jamais, le moins du monde, jaloux des talents ou des accomplissements l’un de l’autre. Tard dans la soirée du jour de la Pentecôte, lorsque deux-mille âmes furent ajoutées au royaume principalement à cause du sermon énergique et inspirant de Pierre, André dit à son frère : « J’aurais été incapable de cela, mais je suis heureux d’avoir un frère capable de l’avoir fait. » À quoi Pierre répondit : « Si tu ne m’avais pas amené au Maitre, et sans ta persévérance à me maintenir auprès de lui, je n’aurais pas été ici pour faire cela. » André et Pierre étaient les exceptions à la règle. Ils démontraient que même des frères peuvent vivre paisiblement et travailler efficacement ensemble. 139:1.7 Après la Pentecôte, Pierre fut célèbre, mais son ainé André ne s’irrita jamais de passer le reste de sa vie à être présenté comme « le frère de Simon Pierre ». 139:1.8 De tous les apôtres, c’était André qui jugeait le mieux les hommes. Il savait que des conflits germaient dans le cœur de Judas Iscariot, même avant qu’aucun des autres ne soupçonnât que quelque chose n’allait pas chez leur trésorier ; mais il ne parla à personne de ses craintes. Le grand service rendu par André au royaume fut de conseiller Pierre, Jacques et Jean sur le choix des premiers missionnaires envoyés pour proclamer l’évangile, et aussi de donner, à ces premiers dirigeants, des avis sur l’organisation des affaires administratives du royaume. André avait un grand don pour découvrir les ressources cachées et les qualités latentes des jeunes. 139:1.9 Très tôt après l’ascension céleste de Jésus, André commença à écrire un récit personnel des dires et des actes de son Maitre disparu. Après la mort d’André, on fit d’autres copies de ce récit privé, qui circulèrent largement parmi les premiers éducateurs de l’Église chrétienne. Les notes officieuses d’André furent ultérieurement corrigées, amendées, adultérées et complétées, jusqu’à faire un récit assez continu de la vie terrestre du Maitre. La dernière de ces quelques copies adultérées et amendées fut détruite par le feu à Alexandrie, une centaine d’années après la rédaction de l’original par le premier choisi des douze apôtres. 139:1.10 André était un homme de vision claire, de pensée logique et de décision ferme. La grande force de son caractère résidait dans sa superbe stabilité. Le handicap de son tempérament était son manque d’enthousiasme ; il omit maintes fois d’encourager ses compagnons par des éloges judicieux. Cette réticence à louer les accomplissements méritoires de ses amis venait de son horreur de la flatterie et de l’hypocrisie. André était un homme complet, de modeste envergure, d’humeur égale et parvenant au succès par ses propres efforts. 139:1.11 Chacun des apôtres aimait Jésus, mais il reste vrai que chacun d’eux était attiré vers lui par un trait caractéristique différent de la personnalité du Maitre, trait qui exerçait individuellement sur cet apôtre un attrait spécial. André admirait Jésus à cause de sa constante sincérité, de sa dignité sans affectation. Les hommes qui avaient une fois rencontré Jésus éprouvaient le besoin de le faire connaitre aussi à leurs amis ; ils souhaitaient réellement que le monde entier le connaisse. 139:1.12 Quand les persécutions ultérieures dispersèrent les apôtres hors de Jérusalem, André voyagea en Arménie, en Asie Mineure et en Macédoine. Et, après avoir amené au Royaume des milliers de gens, il fut finalement arrêté et crucifié à Patras, en Achaïe. Cet homme robuste mit deux jours entiers à mourir sur la croix et, durant ces heures tragiques, il continua efficacement à proclamer la bonne nouvelle du salut du royaume des cieux. 2. Simon Pierre 139:2.1 Lorsque Simon se joignit aux apôtres, il avait trente ans. Il était marié, avait trois enfants et vivait à Bethsaïde près de Capharnaüm. Son frère André et la mère de sa femme vivaient avec lui. Pierre et André étaient tous deux associés pour la pêche aux fils de Zébédée. 139:2.2 Le Maitre connaissait Simon depuis quelque temps avant qu’André le lui présentât comme deuxième apôtre. Lorsque Jésus donna à Simon le nom de Pierre, il le fit avec un sourire ; cela devait être une sorte de surnom. Simon était bien connu de tous ses amis comme un compagnon fantasque et impulsif. Il est vrai que, plus tard, Jésus attacha une importance nouvelle et significative à ce surnom donné à la légère. 139:2.3 Simon Pierre était un impulsif, un optimiste. Il avait grandi en se permettant de manifester librement de vigoureux sentiments. Il se mettait constamment en difficulté parce qu’il persistait à parler sans réfléchir. Cette sorte d’étourderie amenait aussi des ennuis incessants à tous ses amis et associés, et fut la cause de nombreuses réprimandes amicales qu’il reçut de son Maitre. La seule raison pour laquelle ses paroles irréfléchies ne le plongèrent pas dans des difficultés pires fut qu’il apprit de bonne heure à discuter beaucoup de ses plans et projets avec son frère André avant de s’aventurer à faire des propositions publiques. 139:2.4 Pierre était un orateur disert, éloquent et théâtral. Par nature, il était aussi un entraineur d’hommes doué d’inspiration, un penseur rapide, mais sans raisonnements profonds. Il posait beaucoup de questions, plus que tous les apôtres réunis et, bien que ces questions fussent en majorité bonnes et pertinentes, beaucoup étaient sottes et inconsidérées. Pierre n’était pas un penseur profond, mais il connaissait assez bien son mental. Il était donc un homme de décision rapide et d’action brusquée. Tandis que les autres discutaient avec étonnement en voyant Jésus sur le rivage, Pierre sauta à l’eau et nagea à la rencontre du Maitre. 139:2.5 Le trait que Pierre admirait le plus dans le caractère de Jésus était sa divine tendresse. Pierre ne se lassa jamais d’observer la longanimité de Jésus. Il n’oublia jamais la leçon consistant à pardonner aux méchants non seulement sept fois, mais soixante-dix-sept fois. Il médita longuement ces impressions sur le caractère indulgent du Maitre durant les jours sombres et mornes qui suivirent son reniement irréfléchi et involontaire dans la cour du grand-prêtre. 139:2.6 Simon Pierre vacillait d’une manière affligeante ; il passait soudainement d’un extrême à l’autre. D’abord il refusa de laisser Jésus lui laver les pieds et ensuite, en entendant la réplique du Maitre, il le pria de lui laver le corps tout entier. Après tout, Jésus savait que les fautes de Pierre venaient de la tête et non du cœur. Pierre représentait l’une des combinaisons les plus inexplicables de courage et de lâcheté que l’on ait jamais vues sur terre. La plus grande force de son caractère était la loyauté, l’amitié. Pierre aimait réellement et sincèrement Jésus et cependant, malgré cette sublime force de dévotion, il était si instable et inconstant qu’il laissa une servante le taquiner jusqu’à lui faire renier son Seigneur et Maitre. Pierre pouvait supporter la persécution et toute autre forme d’attaque directe, mais il était désemparé et s’effondrait devant le ridicule. Il était un vaillant soldat quand on l’attaquait de front, mais un lâche, courbant l’échine de frayeur, quand il était surpris par derrière. 139:2.7 Pierre fut le premier apôtre de Jésus à se mettre en avant pour défendre l’œuvre de Philippe chez les Samaritains et celle de Paul chez les Gentils. Cependant, plus tard à Antioche, il se rétracta lorsqu’il fut confronté avec des judaïsants qui le ridiculisaient ; il se retira temporairement de chez les Gentils, sans autre résultat que d’attirer sur sa tête le désaveu intrépide de Paul. 139:2.8 Il fut le premier apôtre à reconnaitre tout entier la combinaison d’humanité et de divinité de Jésus, et le premier – après Judas – à le renier. Pierre n’était pas spécialement un rêveur, mais il n’aimait pas descendre des nuées de l’extase et de l’enthousiasme de ses rêveries théâtrales pour se retrouver dans le simple monde des réalités terrestres. 139:2.9 En suivant Jésus, au propre et au figuré, ou bien il était en tête de la procession, ou bien il trainait à la queue – « suivant loin en arrière ». Mais il était le plus remarquable prédicateur des douze. Il contribua plus que n’importe qui, sauf Paul, à établir le royaume et, en l’espace d’une génération, à envoyer ses messagers aux quatre coins de la terre. 139:2.10 Après avoir étourdiment renié le Maitre, il se ressaisit et, sous la direction sympathique et compréhensive d’André, il fut le premier à retourner à ses filets de pêche, tandis que les apôtres s’attardaient pour voir ce qui allait arriver après la crucifixion. Quand il fut pleinement assuré que Jésus lui avait pardonné et qu’il se sut réintégré dans le giron du Maitre, les feux du royaume brulèrent si vivement dans son âme qu’il devint une grande lumière de salut pour des multitudes errant dans les ténèbres. 139:2.11 Après avoir quitté Jérusalem, et avant que Paul ne devînt l’esprit dirigeant dans les Églises chrétiennes des Gentils, Pierre voyagea énormément, visitant toutes les Églises depuis Babylone jusqu’à Corinthe. Il rendit visite et apporta même son ministère à beaucoup d’Églises fondées par Paul. Bien que Pierre et Paul fussent très différents de tempérament et d’éducation, et même du point de vue théologique, ils travaillèrent harmonieusement ensemble, durant leurs dernières années, à constituer les Églises. 139:2.12 Le style et l’enseignement de Pierre ressortent quelque peu dans les sermons partiellement transcrits par Luc, et dans l’évangile de Marc. Son style vigoureux apparait mieux dans sa lettre connue sous le titre de Première Épitre de Pierre ; c’était du moins vrai avant qu’elle ne fût altérée plus tard par un disciple de Paul. 139:2.13 Mais Pierre persista dans son erreur de vouloir convaincre les Juifs qu’après tout, Jésus était réellement et véritablement le Messie Juif. Jusqu’au jour même de sa mort, Simon Pierre continua à confondre dans son mental les trois concepts de Jésus en tant que Messie des Juifs, que Christ rédempteur du monde, et que Fils de l’Homme révélant Dieu, le Père aimant de toute l’humanité. 139:2.14 L’épouse de Pierre était une femme très capable. Pendant des années, elle travailla utilement en tant que membre du corps évangélique féminin et, lorsque Pierre fut chassé de Jérusalem, elle l’accompagna dans toutes ses visites aux Églises et dans tous ses voyages missionnaires. Le jour où son illustre mari perdit la vie, elle fut jetée en pâture aux bêtes féroces dans l’arène de Rome. 139:2.15 C’est ainsi que cet homme, Pierre, un intime de Jésus, un membre du cercle intérieur, partit de Jérusalem en proclamant avec puissance et gloire la bonne nouvelle du royaume, jusqu’à ce que la plénitude de son ministère eût été accomplie. Il considéra qu’on lui faisait un grand honneur lorsque ceux qui s’étaient emparés de lui l’informèrent qu’il devait mourir comme son Maitre était mort – sur la croix. C’est ainsi que Simon Pierre fut crucifié à Rome. 3. Jacques Zébédée 139:3.1 Jacques, l’ainé des deux apôtres fils de Zébédée que Jésus surnommait « les fils du tonnerre », avait trente ans quand il devint apôtre. Il était marié, avait quatre enfants et vivait près de ses parents à Behtsaïde, faubourg de Capharnaüm. Il était pêcheur et exerçait son métier en compagnie de son jeune frère Jean, et en association avec André et Simon. Jacques et son frère Jean avaient, sur tous les autres apôtres, l’avantage de connaitre Jésus depuis plus longtemps qu’eux. 139:3.2 Cet apôtre compétent avait un tempérament contradictoire ; il semblait réellement posséder deux natures, toutes deux mues par de forts sentiments. Il était particulièrement véhément quand son indignation était à son comble. Il manifestait une humeur fougueuse quand il était sérieusement provoqué. Quand l’orage était passé, il avait toujours l’habitude de justifier et d’excuser son comportement en alléguant que c’était entièrement une manifestation de juste indignation. Sauf pour ces accès périodiques de colère, la personnalité de Jacques ressemblait beaucoup à celle d’André. Il n’avait ni la discrétion, ni la perspicacité d’André pour scruter la nature humaine, mais il parlait beaucoup mieux que lui en public. Après Pierre, et peut-être Matthieu, Jacques était le meilleur tribun parmi les douze. 139:3.3 Bien que Jacques ne fût aucunement maussade, il pouvait être tranquille et taciturne un jour, puis le lendemain un très bon causeur et conteur d’histoires. Il parlait habituellement sans contrainte avec Jésus, mais, parmi les douze, il était l’homme silencieux, parfois durant plusieurs jours consécutifs. Ses périodes de silence inexplicable constituaient sa grande faiblesse. 139:3.4 Le trait le plus remarquable de la personnalité de Jacques était son aptitude à voir tous les aspects d’un problème. Il était celui des douze qui fut le plus près de saisir l’importance et la signification réelles de l’enseignement de Jésus. Lui aussi fut d’abord lent à comprendre ce que voulait dire le Maitre, mais, avant la fin de leur formation, il avait acquis un concept supérieur du message de Jésus. Jacques était capable de comprendre un vaste domaine de la nature humaine. Il s’entendait bien avec le souple André, avec l’impétueux Pierre et avec son peu communicatif frère Jean. 139:3.5 Bien que Jacques et Jean eussent leurs difficultés en essayant de travailler ensemble, il était réconfortant d’observer leur bon accord. Ils ne réussirent pas tout à fait aussi bien qu’André et Pierre, mais ils firent un travail bien meilleur que l’on ne peut ordinairement l’espérer de deux frères, et surtout de deux frères entêtés et résolus. Si étrange que cela paraisse, les deux fils de Zébédée se supportaient bien mieux qu’ils ne supportaient les étrangers ; ils avaient une grande affection l’un pour l’autre ; ils avaient toujours été d’heureux compagnons de jeu. Ce furent ces « fils du tonnerre » qui voulurent faire descendre le feu du ciel afin d’anéantir les Samaritains assez présomptueux pour manquer de respect à leur Maitre. La mort prématurée de Jacques modifia considérablement le caractère véhément de son jeune frère Jean. 139:3.6 Le trait de caractère de Jésus que Jacques admirait le plus était l’affection compatissante du Maitre. L’intérêt compréhensif de Jésus pour les petits et les grands, les riches et les pauvres, exerçait sur lui un grand attrait. 139:3.7 Jacques Zébédée était un penseur et un organisateur bien équilibré. Avec André, il était l’un des membres les plus pondérés du groupe apostolique. Il était énergique, mais jamais pressé. Il formait un excellent contrepoids pour Pierre. 139:3.8 Il était modeste et peu emphatique, un serviteur quotidien, un travailleur sans prétention, ne recherchant aucune récompense spéciale lorsqu’il eut quelque peu saisi la signification réelle du royaume. Même dans l’histoire de la mère de Jacques et de Jean demandant que des places fussent accordées à ses fils à droite et à gauche de Jésus, il ne faut pas oublier que ce fut leur mère qui présenta cette requête. En déclarant qu’ils étaient prêts à accepter ces responsabilités, il faut reconnaitre qu’ils étaient au courant des dangers inhérents à la prétendue révolte du Maitre contre le pouvoir romain et qu’ils acceptaient aussi d’en payer le prix. Lorsque Jésus leur demanda s’ils étaient prêts à boire la coupe, ils répondirent affirmativement. En ce qui concerne Jacques, ce fut littéralement vrai – il but la coupe avec le Maitre, vu qu’il fut le premier apôtre à subir le martyre, car Hérode Agrippa le fit bientôt périr par l’épée. Jacques fut donc le premier des douze à sacrifier sa vie sur le nouveau front de bataille du royaume. Hérode Agrippa redoutait Jacques plus que tous les autres apôtres. En vérité, Jacques était souvent tranquille et silencieux, mais il était courageux et résolu quand ses convictions étaient stimulées et mises au défi. 139:3.9 Jacques vécut sa vie avec plénitude et, lorsque la fin arriva, il se comporta avec tant de grâce et de force morale que même son accusateur et dénonciateur, témoin de son jugement et de son exécution, fut touché au point que, fuyant précipitamment le spectacle de la mort de Jacques, il alla se joindre aux disciples de Jésus. 4. Jean Zébédée 139:4.1 Lorsque Jean devint apôtre, il avait vingt-quatre ans et il était le plus jeune des douze. Il était célibataire et vivait avec ses parents à Bethsaïde. Il était pêcheur et travaillait avec son frère Jacques en association avec André et Pierre. Avant et après son ordination comme apôtre, Jean opéra comme agent personnel de Jésus pour s’occuper de la famille du Maitre, et il assuma cette responsabilité aussi longtemps que vécut Marie, mère de Jésus. 139:4.2 Du fait que Jean était le plus jeune des douze et en contact aussi étroit avec Jésus pour les affaires de famille de ce dernier, il était très cher au Maitre, mais on ne saurait dire en vérité qu’il était « le disciple que Jésus aimait ». On ne peut guère suspecter une personnalité aussi magnanime que Jésus d’être coupable d’avoir fait montre de favoritisme et d’avoir aimé un de ses apôtres plus que les autres. Le fait que Jean était l’un des trois auxiliaires personnels de Jésus donna plus de vraisemblance à cette idée fausse, sans compter que Jean, ainsi que son frère Jacques, avaient connu Jésus depuis plus longtemps que les autres apôtres. 139:4.3 Pierre, Jacques et Jean furent affectés comme auxiliaires personnels de Jésus peu après être devenus ses apôtres. Peu après que les douze eurent été choisis, et au moment où Jésus nomma André directeur du groupe, il lui dit : « Maintenant, je désire que tu désignes deux ou trois de tes compagnons pour être avec moi et rester à mes côtés, me réconforter et veiller à mes besoins quotidiens. » André estima que, pour cette mission spéciale, le mieux était de choisir trois apôtres dans l’ordre où ils avaient été admis au groupe. Lui-même aurait aimé se porter volontaire pour ce service béni, mais le Maitre lui avait déjà donné sa mission. André ordonna donc immédiatement que Pierre, Jacques et Jean s’attachent à la personne de Jésus. 139:4.4 Jean Zébédée avait de nombreux traits de caractère charmants, mais un trait beaucoup moins gracieux était sa vanité démesurée, généralement bien dissimulée. Sa longue association avec Jésus provoqua de nombreux et importants changements dans son caractère. Sa vanité diminua considérablement, mais, quand il eut vieilli et fut un peu retombé en enfance, cet amour-propre réapparut dans une certaine mesure. Ainsi, tandis qu’il guidait Nathan dans la rédaction de l’Évangile qui porte maintenant son nom, le vieil apôtre n’hésita pas à se désigner lui-même, maintes fois, comme « le disciple que Jésus aimait ». Jean fut plus près que tout autre mortel d’être le copain de Jésus ; du fait qu’il était son représentant personnel pour tant de questions, il n’est pas étonnant qu’il en soit venu à se considérer comme « le disciple que Jésus aimait », car il savait parfaitement qu’il était le disciple à qui Jésus faisait si souvent confiance. 139:4.5 Le trait le plus notable du caractère de Jean était le fait qu’on pouvait lui faire confiance. Il était prompt et courageux, fidèle et dévoué. Son plus grand défaut était sa vanité caractéristique. Dans la famille de son père et dans le groupe apostolique, il était le plus jeune. Peut-être avait-il été un peu gâté, ou un peu trop ménagé. Mais le Jean de la maturité était un personnage fort différent du jeune homme autoritaire et satisfait de lui-même qui entra dans les rangs des apôtres de Jésus à l’âge de vingt-quatre ans. 139:4.6 Les traits de caractère de Jésus que Jean appréciait le plus étaient son amour et son désintéressement. Ces traits firent une telle impression sur lui que toute sa vie ultérieure fut dominée par un sentiment d’amour et de dévotion fraternelle. Il parla d’amour et écrivit sur l’amour. Ce « fils du tonnerre » devint « l’apôtre de l’amour ». À Éphèse, quand le vieil évêque qu’il était devenu ne pouvait plus se tenir debout en chaire et prêcher, il devait être porté à l’église sur une chaise et, quand, à la fin du service, on lui demandait de dire quelques mots pour les croyants, pendant des années il se borna à répéter : « Mes petits enfants, aimez-vous les uns les autres. » 139:4.7 Jean était peu loquace, sauf quand il perdait son sang-froid. Il pensait beaucoup, mais parlait peu. Avec l’âge, son humeur devint plus contrôlée et il se domina mieux, mais il ne surmonta jamais sa répugnance à parler ; il ne vainquit jamais complètement cette réticence. Par contre, il était doué d’une remarquable imagination créatrice. 139:4.8 Jean avait un autre trait de caractère que l’on ne se serait pas attendu à trouver chez ce type d’homme tranquille et introspectif. Il était quelque peu sectaire et extrêmement intolérant. Sous ce rapport, il ressemblait beaucoup à Jacques – tous deux voulaient faire descendre le feu du ciel sur la tête des Samaritains irrévérencieux. Lorsque Jean rencontrait des étrangers enseignant au nom de Jésus, il le leur interdisait aussitôt. Mais il n’était pas le seul des douze à être imbu de cette sorte de suffisance et de cette conscience de supériorité. 139:4.9 La vie de Jean fut prodigieusement influencée quand il vit Jésus aller son chemin sans avoir de foyer, car il savait combien fidèlement Jésus avait pris des dispositions pour assurer le bien-être de sa mère et de sa famille. Jean sympathisait profondément aussi avec Jésus parce que le Maitre était incompris par sa famille. Jean se rendait compte que la famille de Jésus s’éloignait graduellement de lui. L’ensemble de cette situation, de même que le fait de voir Jésus soumettre ses moindres désirs à la volonté de son Père céleste et d’observer sa vie journalière de confiance implicite, produisirent sur Jean une impression si profonde qu’elle provoqua des changements marqués et permanents dans son caractère ; ces changements se manifestèrent durant toute sa vie ultérieure. 139:4.10 Jean avait un courage froid et audacieux que peu d’autres apôtres possédaient. Il fut le seul apôtre qui suivit constamment Jésus durant la nuit de son arrestation et qui osa accompagner son Maitre jusque dans les bras de la mort. Il fut présent et à portée de la main jusqu’à la dernière heure, exécutant fidèlement sa mission concernant la mère de Jésus et prêt à recevoir les ultimes instructions qui pourraient lui être données durant les derniers moments de l’existence mortelle du Maitre. Une chose reste certaine : Jean était entièrement digne de confiance. Il était généralement assis à la droite de Jésus quand les douze étaient à table. Il fut le premier des douze à croire réellement et pleinement à la résurrection, et le premier à reconnaitre le Maitre venant vers eux sur le rivage de la mer après sa résurrection. 139:4.11 Ce fils de Zébédée fut très étroitement associé à Pierre dans les premières activités du mouvement chrétien et devint l’un des principaux soutiens de l’Église de Jérusalem. Il fut le principal auxiliaire de Pierre le jour de la Pentecôte. 139:4.12 Plusieurs années après le martyre de Jacques, Jean épousa la veuve de son frère. L’une de ses petites-filles affectueuses s’occupa de lui durant les vingt dernières années de sa vie. 139:4.13 Jean fut emprisonné plusieurs fois et banni pour quatre ans dans l’Ile de Patmos, jusqu’à ce qu’un nouvel empereur prit le pouvoir à Rome. Si Jean n’avait pas été plein de tact et de sagacité, il aurait indubitablement été tué comme le fut son frère Jacques, qui s’exprimait plus carrément. Les années passant, Jean ainsi que Jacques, le frère du Seigneur, apprirent à pratiquer une sage conciliation quand ils comparaissaient devant les magistrats civils. Ils découvrirent « qu’une réponse douce détourne la fureur ». Ils apprirent également à présenter l’Église comme une « fraternité spirituelle consacrée au service social de l’humanité », plutôt que comme « le royaume des cieux ». Ils enseignèrent le service par amour plutôt que le pouvoir souverain – avec royaume et roi. 139:4.14 Durant son exil temporaire à Patmos, Jean écrivit l’Apocalypse, que vous possédez actuellement sous une forme abrégée et déformée. Ce livre de la révélation contient les vestiges d’une grande révélation dont de nombreuses parties furent perdues et d’autres supprimées après leur rédaction par Jean. Elle n’est conservée que sous forme fragmentaire et adultérée. 139:4.15 Jean voyagea beaucoup, travailla sans cesse et s’installa à Éphèse après être devenu évêque des Églises d’Asie. Alors qu’il était à Éphèse, âgé de 99 ans, il guida son collaborateur Nathan dans la rédaction de ce que l’on appelle « l’Évangile selon Jean ». Il devint finalement le plus remarquable théologien de tous les apôtres. Jean Zébédée mourut de mort naturelle à Éphèse en 103, âgé de cent-un ans. 5. Philippe le curieux 139:5.1 Philippe fut le cinquième apôtre choisi, et fut appelé pendant que Jésus et les quatre premiers apôtres faisaient route entre le lieu de rendez-vous où Jean baptisait sur le Jourdain, et Cana en Galilée. Vivant à Bethsaïde, Philippe avait entendu parler de Jésus depuis quelque temps, mais il ne lui était pas venu à l’idée que Jésus était réellement un grand homme avant le jour où, dans la vallée du Jourdain, il lui dit : « Suis-moi. » Philippe était aussi quelque peu influencé par le fait qu’André, Pierre, Jacques et Jean avaient accepté Jésus en tant que Libérateur. 139:5.2 Philippe avait 27 ans quand il se joignit aux apôtres ; il s’était marié récemment, mais n’avait pas encore d’enfants. Le surnom que les apôtres lui donnèrent signifiait « curiosité ». Philippe voulait toujours qu’on lui montre. Il ne semblait jamais voir bien loin dans une proposition quelconque. Il n’était pas nécessairement obtus, mais il manquait d’imagination. Ce défaut d’imagination était la grande faiblesse de son caractère. Il était quelqu’un d’ordinaire et de terre à terre. 139:5.3 Quand les apôtres furent organisés pour leur mission, Philippe fut nommé intendant ; il avait pour charge de veiller à ce qu’il y ait, à tout moment, des provisions de bouche. Il fut un bon intendant. Sa plus forte caractéristique était son esprit consciencieux et méthodique ; il était à la fois mathématique et systématique. 139:5.4 Philippe était le deuxième d’une famille de sept enfants, trois garçons et quatre filles. Après la résurrection, il fit entrer tous les membres de sa famille dans le royaume en les baptisant. Les membres de la famille de Philippe étaient des pêcheurs. Son père était un homme très capable, un profond penseur, mais sa mère venait d’une famille très médiocre. Philippe n’était pas un homme capable d’accomplir de grandes choses, mais il pouvait faire de petites choses avec grandeur, les faire bien et d’une manière agréable. Sauf en de rares occasions au cours des quatre années vécues avec Jésus, il eut toujours sous la main assez de vivres pour faire face aux besoins de tous. Il fut même rarement pris au dépourvu par les nombreuses demandes d’urgence résultant de la vie qu’ils menaient. Le service de l’intendance de la famille apostolique fut géré avec intelligence et efficacité. 139:5.5 Le point fort de Philippe était son caractère méthodique digne de confiance. Le point faible de sa formation était son manque total d’imagination, l’absence d’aptitude à réunir deux et deux pour faire quatre. Il était calculateur dans l’abstrait, mais pas constructif dans son imagination. Il manquait à peu près totalement de certains types d’imagination. Il était l’homme moyen typique et ordinaire. Les foules qui venaient écouter Jésus prêcher et enseigner comportaient un grand nombre d’hommes et de femmes de cet ordre, qui éprouvaient un grand réconfort à voir un de leurs pareils élevé à un poste d’honneur dans les conseils du Maitre ; ils étaient encouragés par le fait qu’un des leurs occupait déjà une situation importante dans les affaires du royaume. Quant à Jésus, en écoutant patiemment les sottes questions de Philippe et en accédant si souvent aux requêtes de son intendant demandant « qu’on lui montre », il apprit beaucoup sur le fonctionnement d’un certain type de mental humain. 139:5.6 La principale qualité de Jésus que Philippe admirait constamment était l’inlassable générosité du Maitre. Jamais Philippe ne put trouver en Jésus quelque chose de petit, de parcimonieux ou de mesquin, et il adorait cette libéralité intarissable et toujours active. 139:5.7 La personnalité de Philippe faisait peu d’impression. On l’appelait souvent « Philippe de Bethsaïde, la ville où vivent André et Pierre. » Il était pratiquement dénué de discernement dans sa vision des choses ; il était incapable de saisir les possibilités spectaculaires d’une situation donnée. Il n’était pas pessimiste, mais simplement prosaïque. Il manquait également beaucoup de clairvoyance spirituelle. Il n’hésitait pas à interrompre Jésus au milieu de l’un de ses plus profonds discours pour poser une question apparemment stupide. Mais Jésus ne le réprimandait jamais pour de telles étourderies ; il était patient avec lui et prenait en considération son inaptitude à saisir les sens profonds de l’enseignement. Jésus savait bien que, s’il reprochait une seule fois à Philippe de poser ces questions ennuyeuses, non seulement il blesserait cette âme honnête, mais que sa réprimande froisserait Philippe au point qu’il ne se sentirait plus jamais libre de poser des questions. Jésus savait que, sur les mondes de l’espace de son univers, il y avait des myriades de mortels de cet ordre ayant de la lenteur de pensée ; il voulait les encourager tous à se tourner vers lui et à toujours se sentir libres de lui soumettre leurs questions et leurs problèmes. Après tout, les sottes questions de Philippe intéressaient davantage Jésus que le sermon qu’il pouvait prêcher. Jésus s’intéressait suprêmement aux hommes, à toutes les sortes d’hommes. 139:5.8 L’intendant apostolique ne parlait pas bien en public, mais, en tête à tête, il était très persuasif et obtenait de très bons résultats. Il ne se décourageait pas facilement. Il travaillait avec persévérance et grande ténacité dans tout ce qu’il entreprenait. Il possédait le grand don exceptionnel de savoir dire : « Venez ». Lorsque Nathanael, son premier converti, voulut discuter des mérites et démérites de Jésus et de Nazareth, la réponse efficace de Philippe fut : « Viens et vois. » Il n’était pas un prêcheur dogmatique exhortant ses auditeurs à « allez » – faites ceci et faites cela. Il faisait face à toutes les situations à mesure qu’elles se présentaient dans son travail en disant : « Venez – venez avec moi, je vous montrerai le chemin. » C’est toujours la technique la plus efficace dans toutes les formes et phases de l’enseignement. Même des parents peuvent apprendre de Philippe la meilleure manière de ne pas dire à leurs enfants : « allez faire ceci et allez faire cela », mais plutôt : « Venez avec nous, nous allons vous montrer la meilleure route à suivre et y cheminer avec vous. » 139:5.9 L’inaptitude de Philippe à s’adapter à une nouvelle situation ressort bien dans l’anecdote des Grecs qui vinrent vers lui, à Jérusalem, en lui disant : « Monsieur, nous désirons voir Jésus. » À tout Juif lui posant cette question, Philippe aurait répondu : « Venez ». Mais ces hommes étaient des étrangers, et Philippe n’avait souvenir d’aucune instruction de ses supérieurs en pareille matière ; la seule chose qui lui vint à la pensée fut de consulter le chef André et, ensuite, tous deux accompagnèrent les Grecs investigateurs auprès de Jésus. De même, quand il alla en Samarie prêcher et baptiser des croyants comme son Maitre l’en avait chargé, il s’abstint d’imposer les mains sur ses convertis pour signifier qu’ils avaient reçu l’Esprit de Vérité. Ce geste fut exécuté par Pierre et Jean, qui vinrent bientôt de Jérusalem pour observer son activité au nom de l’Église mère. 139:5.10 Philippe continua son travail durant les heures éprouvantes de la mort du Maitre, participa à la réorganisation des douze et fut le premier à partir pour gagner des âmes au royaume en dehors de la communauté juive immédiate. Il réussit fort bien dans son œuvre auprès des Samaritains et dans tous ses travaux ultérieurs en faveur de l’évangile. 139:5.11 La femme de Philippe, qui était un membre efficace du corps évangélique féminin, s’associa activement à son mari dans son œuvre après qu’ils eurent fui les persécutions de Jérusalem. Elle était intrépide. Elle se tint au pied de la croix de Philippe et l’encouragea à proclamer la bonne nouvelle même à ses meurtriers. Quand les forces de Philippe faiblirent, elle commença à raconter l’histoire du salut par la foi en Jésus, et ne fut réduite au silence qu’au moment où les Juifs furieux se ruèrent sur elle et la lapidèrent à mort. Leur fille ainée Léa poursuivit leur œuvre et devint, plus tard, la célèbre prophétesse d’Hiérapolis. 139:5.12 Philippe, jadis intendant des douze, était un homme puissant dans le royaume, gagnant des âmes partout où il passait. Il fut finalement crucifié pour sa foi et enterré à Hiérapolis. 6. L’honnête Nathanael 139:6.1 Nathanael, le sixième et dernier apôtre choisi personnellement par le Maitre, fut amené à Jésus par son ami Philippe. Il avait été l’associé de Philippe dans plusieurs entreprises commerciales, et il l’accompagnait pour aller voir Jean le Baptiste quand ils rencontrèrent Jésus. 139:6.2 Lorsque Nathanael se joignit aux apôtres, il avait vingt-cinq ans et était le plus jeune du groupe après Jean. Nathanael était le dernier d’une famille de sept enfants ; il était célibataire et le seul soutien de parents âgés et infirmes, avec lesquels il vivait à Cana. Ses frères et sœurs étaient tous mariés ou décédés, et aucun d’eux ne vivait là. Nathanael et Judas Iscariot étaient les deux hommes les plus instruits parmi les douze. Nathanael avait songé à s’établir commerçant. 139:6.3 Jésus ne donna pas lui-même un surnom à Nathanael, mais les douze ne tardèrent pas à parler de lui en termes qui signifiaient honnêteté, sincérité. Il était « sans artifice » et c’était sa principale vertu ; il était à la fois honnête et sincère ; le point faible de son caractère était son orgueil ; il était très fier de sa famille, de sa ville, de sa réputation et de sa nation, ce qui est louable quand ce n’est pas poussé à l’excès. Mais, avec ses propres préjugés, Nathanael avait un penchant à aller aux extrêmes. Il avait tendance à préjuger des individus selon ses opinions personnelles. Même avant de rencontrer Jésus, il n’avait pas été long à poser la question ; « Quelque chose de bon peut-il sortir de Nazareth ? » Mais Nathanael, tout en ayant de l’amour-propre, n’était pas entêté. Dès qu’il eut regardé le visage de Jésus, il changea d’avis. 139:6.4 Sous bien des rapports, Nathanael était le génie original des douze. Il était le philosophe et le rêveur apostolique, mais un rêveur d’une espèce très pratique. Il alternait entre des moments de profonde philosophie et des périodes d’humour rare et drolatique. Quand son humeur s’y prêtait, il était probablement le meilleur conteur d’histoires parmi les douze. Jésus aimait beaucoup entendre Nathanael discourir sur des choses graves et sur des choses frivoles. Nathanael considéra peu à peu Jésus et le royaume avec plus de sérieux, mais ne se prit jamais lui-même au sérieux. 139:6.5 Tous les apôtres aimaient et respectaient Nathanael, et il s’entendait magnifiquement avec tous, sauf avec Judas Iscariot. Judas estimait que Nathanael ne prenait pas son apostolat suffisamment au sérieux ; il eut, une fois, la témérité d’aller trouver Jésus secrètement et de porter plainte contre lui. Jésus lui dit : « Judas, prends bien garde à ce que tu fais ; ne surestime pas ta charge. Qui de nous est qualifié pour juger son frère ? La volonté du Père n’est pas que ses enfants partagent seulement les choses sérieuses de la vie. Permets-moi de répéter que je suis venu pour que mes frères dans la chair puissent avoir, en plus grande abondance, de la joie, du bonheur et une vie plus épanouie. Allons, va Judas, et fais bien ce qui t’a été confié, mais laisse ton frère Nathanael rendre compte de lui-même à Dieu. » Le souvenir de cette expérience, ainsi que bien d’autres de ce genre, vécurent longtemps dans le cœur de Judas Iscariot, artisan de ses propres désillusions. 139:6.6 Bien souvent, pendant que Jésus était parti dans la montagne avec Pierre, Jacques et Jean, que la situation devenait tendue et embrouillée entre les apôtres, et qu’André lui-même doutait de ce qu’il fallait dire à ses frères désolés, Nathanael détendait l’atmosphère par un peu de philosophie ou un trait d’humour ; c’était aussi un humour de qualité. 139:6.7 Nathanael avait la charge de veiller sur les familles des douze. Il était souvent absent des conseils apostoliques, car, lorsqu’il apprenait que la maladie ou un évènement sortant de l’ordinaire était survenu à l’une des personnes à sa charge, il ne perdait pas de temps pour se rendre au foyer en question. Les douze vivaient en sécurité, sachant que le bien-être des leurs était en bonnes mains, grâce à Nathanael. 139:6.8 Nathanael révérait surtout Jésus pour sa tolérance. Il ne se lassa jamais d’observer la largeur d’esprit et la généreuse compassion du Fils de l’Homme. 139:6.9 Le père de Nathanael (Bartholomé) mourut peu après la Pentecôte. Ensuite, l’apôtre se rendit en Mésopotamie et aux Indes pour proclamer la bonne nouvelle du royaume et baptiser les croyants. Ses frères ne surent jamais ce qu’était devenu leur philosophe, poète et humoriste de jadis. Lui aussi fut un grand homme dans le royaume et contribua largement à répandre l’enseignement de son Maitre, bien qu’il n’ait pas participé à l’organisation ultérieure de l’Église chrétienne. Nathanael mourut aux Indes. 7. Matthieu Lévi 139:7.1 Matthieu, le septième apôtre, fut choisi par André. Matthieu appartenait à une famille de collecteurs d’impôts, ou publicains ; il était lui-même receveur des douanes à Capharnaüm, où il habitait. Il avait trente-et-un ans, était marié et avait quatre enfants. Il possédait une petite fortune et se trouvait le seul membre du corps apostolique disposant de quelques ressources. Il était un homme d’affaires capable, s’adaptant bien à tous les milieux sociaux, il était doué de l’aptitude à se faire des amis et à bien s’entendre avec toutes sortes de personnes. 139:7.2 André nomma Matthieu agent financier des apôtres. Il était en quelque sorte le gérant et le publiciste de l’organisation apostolique. Il était un bon juge de la nature humaine et un propagandiste très efficace. Il est difficile de se faire une idée de sa personnalité, mais il était un disciple très sincère. Il crut de plus en plus à la mission de Jésus et à la certitude du royaume. Jésus ne donna jamais de surnom à Lévi, mais les apôtres l’appelaient communément « le collecteur d’argent ». 139:7.3 Le point fort de Lévi était sa dévotion de tout cœur à la cause. Le fait que lui, un publicain, ait été enrôlé par Jésus et ses apôtres suscita une reconnaissance débordante chez l’ancien collecteur de taxes. Il fallut toutefois un peu de temps au reste des apôtres, surtout à Simon Zélotès et à Judas Iscariot, pour admettre la présence du publicain parmi eux. La faiblesse de Matthieu était sa conception matérialiste et à courte vue de la vie, mais, à mesure que les mois s’écoulaient, il fit de grands progrès dans ce domaine. Bien entendu, il était obligé de manquer un grand nombre des séances d’instruction les plus précieuses puisqu’il avait la charge d’alimenter la trésorerie. 139:7.4 C’était la disposition au pardon que Matthieu appréciait le plus chez le Maitre. Matthieu ne cessait de répéter que la foi seule est nécessaire dans l’affaire de trouver Dieu. Il aimait toujours à parler du royaume comme de « cette affaire de trouver Dieu ». 139:7.5 Bien que Matthieu fût un homme ayant un passé de publicain, il s’acquitta admirablement de sa tâche et, le temps s’écoulant, ses compagnons s’enorgueillirent des accomplissements du publicain. Il fut l’un des apôtres qui prirent d’amples notes sur l’enseignement de Jésus. Ces notes servirent plus tard de base à la rédaction par Isadore des paroles et actes de Jésus, ultérieurement connue sous le nom d’Évangile selon Matthieu. 139:7.6 La grande et utile vie de Matthieu, l’homme d’affaires et le receveur des douanes de Capharnaüm, a servi à amener des milliers et des milliers d’autres hommes d’affaires, de fonctionnaires et de politiciens, durant les âges subséquents, à entendre aussi la voix engageante du Maitre disant : « Suis-moi. » Matthieu était réellement un habile politicien, mais il était intensément fidèle à Jésus et suprêmement dévoué à la tâche de veiller à ce que les messagers du royaume à venir disposent des ressources financières appropriées. 139:7.7 La présence de Matthieu parmi les douze fut le moyen de garder les portes du royaume grandes ouvertes pour une foule d’âmes découragées et déshéritées qui s’étaient considérées depuis longtemps comme exclues de la consolation religieuse. Des hommes et des femmes rejetés et désespérés s’attroupaient pour entendre Jésus, qui n’en repoussa jamais aucun. 139:7.8 Matthieu recevait des dons librement offerts par des disciples croyants et des auditeurs directs de l’enseignement du Maitre, mais il ne sollicita jamais ouvertement la contribution des foules. Il accomplit tout son travail financier d’une manière tranquille et personnelle, et se procura la majeure partie de l’argent parmi la classe relativement aisée des croyants engagés. Il consacra pratiquement la totalité de sa modeste fortune au travail du Maitre et de ses apôtres, mais ils ne connurent jamais sa générosité, sauf Jésus qui était au courant de tout. Matthieu hésitait à contribuer ouvertement aux fonds apostoliques, de crainte que Jésus et ses collaborateurs ne risquent de considérer son argent comme souillé ; en conséquence, il fit beaucoup de dons au nom d’autres croyants. Durant les premiers mois, alors que Matthieu se rendait compte que sa présence parmi les apôtres était plus ou moins une épreuve, il fut fortement tenté de leur faire savoir que leur pain quotidien était bien souvent acheté de ses propres deniers. Mais il ne céda pas à cette tentation. Quand la preuve du dédain pour le publicain devenait manifeste, Lévi brulait de leur révéler sa générosité, mais il parvint toujours à garder le silence. 139:7.9 Quand les fonds pour la semaine étaient insuffisants pour le budget prévu, Lévi avait souvent recours à ses ressources personnelles pour des montants importants. Parfois aussi, lorsqu’il prenait un grand intérêt aux enseignements de Jésus, il préférait rester là et écouter ses leçons, même en sachant qu’il lui faudrait compenser personnellement les fonds nécessaires qu’il n’était pas allé solliciter. Mais Lévi souhaitait tellement que Jésus sache qu’une bonne part de l’argent sortait de sa propre poche ! Il ne réalisait guère que le Maitre était au courant de tout. Les apôtres moururent tous sans savoir que Matthieu avait été leur bienfaiteur dans une mesure telle qu’au moment où il partit proclamer l’évangile du royaume après le commencement des persécutions, il était pratiquement sans ressources. 139:7.10 Quand les persécutions amenèrent les croyants à quitter Jérusalem, Matthieu se dirigea vers le nord, prêchant l’évangile du royaume et baptisant les croyants. Ses anciens associés apostoliques perdirent le contact avec lui, mais il continua à prêcher et à baptiser en Syrie, en Cappadoce, en Galatie, en Bithynie et en Thrace. Ce fut en Thrace, à Lysimachie, que certains Juifs incroyants conspirèrent avec les soldats romains pour consommer sa mort. Ce publicain régénéré mourut triomphant dans la foi d’un salut qu’il avait acquis avec tant de certitude des enseignements du Maitre durant son récent séjour sur terre. 8. Thomas Didyme 139:8.1 Thomas était le huitième apôtre et fut choisi par Philippe. Plus tard, on l’appela « Thomas l’incrédule », mais ses compagnons apôtres ne le considéraient guère comme un incrédule invétéré. Il est vrai que son type de mental était logique et sceptique, mais il avait une forme de loyauté courageuse qui interdisait à ceux qui le connaissaient intimement de le regarder comme un sceptique sans intérêt. 139:8.2 Lorsque Thomas se joignit aux apôtres, il avait 29 ans, était marié et avait quatre enfants. Il avait jadis été charpentier et maçon, mais plus récemment il était devenu pêcheur. Il résidait à Tarichée, localité située sur la rive occidentale du Jourdain à sa sortie de la mer de Galilée, et il était considéré comme le premier citoyen de ce petit village. Il avait peu d’instruction, mais il possédait un mental pénétrant et qui raisonnait bien. Il était le fils d’excellents parents qui vivaient à Tibériade. Parmi les douze, Thomas était le seul à posséder un mental vraiment analytique ; il était l’homme réellement scientifique du groupe apostolique. 139:8.3 La vie de famille de Thomas avait débuté d’une façon malheureuse ; ses parents n’étaient pas entièrement heureux dans leur vie conjugale, et cela se répercuta dans la vie d’adulte de Thomas. Il grandit avec un caractère désagréable et querelleur. Même sa femme fut heureuse de le voir se joindre aux apôtres ; elle fut soulagée à l’idée que son pessimiste mari serait, la plupart du temps, loin de son foyer. Thomas avait aussi une tendance à la suspicion qui rendait très difficile de s’entendre paisiblement avec lui. Pierre fut d’abord très démonté par Thomas et se plaignit à son frère André de ce que Thomas était « mesquin, disgracieux et toujours soupçonneux ». Mais plus ses compagnons connurent Thomas, plus ils l’aimèrent. Ils découvrirent qu’il était magnifiquement honnête et indéfectiblement loyal. Il était parfaitement sincère et indubitablement véridique, mais il avait une tendance innée à découvrir des défauts. Il avait grandi en devenant réellement pessimiste. Son mental analytique était affligé de suspicion. Il était en train de perdre rapidement foi en ses semblables quand il s’associa aux douze et entra ainsi en contact avec le noble caractère de Jésus. Cette association avec le Maitre commença immédiatement à transformer tout le caractère de Thomas et à effectuer de grands changements dans ses réactions mentales envers ses semblables. 139:8.4 La grande force de Thomas était son superbe mental analytique associé à un indomptable courage – une fois qu’il avait pris ses décisions. Sa grande faiblesse était son doute soupçonneux, dont il ne triompha jamais complètement durant toute sa vie dans la chair. 139:8.5 Dans l’organisation des douze, Thomas avait la charge d’établir et d’ordonner l’itinéraire, et il dirigeait fort bien le travail et les déplacements du corps apostolique. Il était un bon exécutant, un excellent homme d’affaires, mais il était handicapé par ses sautes d’humeur ; il n’était pas le même homme d’un jour à l’autre. Il avait un penchant pour de sombres et mélancoliques méditations quand il se joignit aux apôtres, mais son contact avec eux et avec Jésus le guérit, dans une large mesure, de cette introspection morbide. 139:8.6 Jésus prenait beaucoup de plaisir à la compagnie de Thomas et eut de nombreuses et longues conversations personnelles avec lui. La présence de Thomas, parmi les apôtres, était un grand réconfort pour tous les sceptiques honnêtes ; elle encouragea nombre de personnes au mental tourmenté à entrer dans le royaume, même si elles ne pouvaient comprendre entièrement tous les aspects spirituels et philosophiques des enseignements de Jésus. L’admission de Thomas parmi les douze était une proclamation permanente que Jésus aimait même ceux qui doutaient honnêtement. 139:8.7 Les autres apôtres révéraient Jésus à cause de quelque trait spécial et remarquable de sa personnalité si riche, mais Thomas révérait son Maitre pour son caractère superbement équilibré. Thomas admirait et honorait de plus en plus un être qui était miséricordieux avec tant d’amour, et cependant juste et équitable avec tant d’inflexibilité ; qui était si ferme, mais jamais obstiné ; si calme, mais jamais indifférent ; si secourable et si compatissant, sans jamais se mêler de tout et faire le dictateur ; si fort, mais en même temps si doux ; si positif, mais jamais brutal ni impoli ; si tendre sans jamais chanceler ; si pur et innocent, mais en même temps si viril, dynamique et énergique ; si véritablement courageux, mais jamais téméraire ni imprudent ; si amoureux de la nature, mais si dégagé de toute tendance à la révérer ; si plein d’humour et enjoué, mais si dépourvu de légèreté et de frivolité. C’était cette incomparable harmonie de personnalité qui charmait particulièrement Thomas. Parmi les douze, c’était probablement lui qui, intellectuellement, comprenait le mieux Jésus et appréciait le mieux sa personnalité. 139:8.8 Dans les conseils des douze, Thomas était toujours prudent et recommandait la politique de « sécurité d’abord ». Mais, si l’on avait voté contre son conservatisme ou passé outre, il était toujours le premier à se lancer avec intrépidité dans l’exécution du programme décidé. Maintes et maintes fois, il s’opposa à certains projets qu’il considérait comme téméraires ou présomptueux, et les discuta avec acharnement jusqu’au bout. Mais, quand André mettait la proposition aux voix et quand les douze choisissaient d’adopter le projet auquel il s’était si vigoureusement opposé, Thomas était le premier à dire : « Allons-y ! » Il était beau joueur. Il ne tenait pas rancune et n’était pas susceptible. Maintes et maintes fois, il s’opposa à laisser Jésus s’exposer à un danger, mais, quand le Maitre décidait de prendre le risque, c’était toujours Thomas qui ralliait les apôtres avec ses paroles courageuses : « Venez, camarades, allons mourir avec lui. » 139:8.9 Sous certains rapports, Thomas ressemblait à Philippe ; il voulait aussi « qu’on lui montre », mais ses expressions extérieures de doute étaient fondées sur un mécanisme intellectuel entièrement différent. Thomas était analytique et pas seulement sceptique. Quant au courage physique personnel, il était l’un des plus braves parmi les douze. 139:8.10 Thomas passa par de très mauvais moments ; il était parfois sombre et abattu. La perte de sa sœur jumelle, lorsqu’il avait neuf ans, lui avait causé un grand chagrin de jeunesse et avait compliqué les problèmes de caractère de toute sa vie ultérieure. Quand Thomas devenait morose, c’était tantôt Nathanael qui l’aidait à se remettre d’aplomb, tantôt Pierre, et même assez souvent l’un des jumeaux Alphée. Malheureusement, il essayait toujours d’éviter le contact avec Jésus durant les périodes où il était le plus déprimé ; mais le Maitre était au courant de tout cela et, durant les moments de dépression de son apôtre harassé de doutes, il avait pour lui une sympathie compréhensive. 139:8.11 Thomas obtenait parfois d’André la permission de s’absenter seul, pour un jour ou deux, mais il apprit bientôt que cette manière de faire était peu sage, et qu’il était préférable, quand il était abattu, de s’attacher étroitement à son travail et de rester près de ses compagnons. Mais, quels que fussent les évènements de sa vie émotionnelle, il restait fermement un apôtre. Quand le moment arrivait d’aller de l’avant, c’était toujours Thomas qui disait : « Allons-y ! » 139:8.12 Thomas est le grand exemple d’un être humain qui a des doutes, qui y fait face et qui en triomphe. Il était un grand penseur et non un critique malveillant. Il avait une pensée logique et il était la pierre de touche de Jésus et de ses compagnons. Si Jésus et son œuvre n’avaient pas été authentiques, jamais le groupe n’aurait pu retenir, depuis le commencement jusqu’à la fin, un homme comme Thomas. Il avait un sens aigu et sûr des faits. À la première trace de fraude ou de tromperie, Thomas les aurait tous abandonnés. Les savants peuvent ne pas comprendre pleinement tout ce qui concerne Jésus et son œuvre terrestre, mais là vivait et travaillait, avec le Maitre et ses associés humains, un homme dont le mental était celui d’un véritable homme de science – Thomas Didyme – et il croyait en Jésus de Nazareth. 139:8.13 Thomas eut de durs moments à passer durant les journées du procès et de la crucifixion. Pendant quelque temps, il fut plongé dans un abime de désespoir, mais il reprit courage, resta solidaire des apôtres, et fut parmi eux pour accueillir Jésus au bord de la mer de Galilée. Pendant un moment, il succomba à la dépression due à ses doutes, mais retrouva finalement sa foi et son courage. Il donna de sages conseils aux apôtres après la Pentecôte et, quand les persécutions dispersèrent les croyants, il alla à Chypre, en Crète, sur la côte de l’Afrique du Nord et en Sicile, prêchant la bonne nouvelle du royaume et baptisant les croyants. Thomas continua à prêcher et à baptiser jusqu’au moment où il fut appréhendé par les agents du gouvernement romain et mis à mort à Malte. Quelques semaines seulement avant sa mort, il avait commencé à écrire la vie et les enseignements de Jésus. 9 et 10. Jacques et Judas Alphée 139:9.1 Jacques et Judas les fils d’Alphée, les pêcheurs jumeaux habitant près de Khérésa, furent les neuvième et dixième apôtres, et furent choisis par Jacques et Jean Zébédée. Ils avaient 26 ans et étaient mariés ; Jacques avait trois enfants et Judas en avait deux. 139:9.2 Il n’y a pas grand-chose à dire sur ces deux pêcheurs ordinaires. Ils aimaient leur Maitre et Jésus les aimait, mais ils n’interrompaient jamais ses discours par des questions. Ils comprenaient très peu les discussions philosophiques ou les débats théologiques de leurs compagnons apôtres, mais se réjouissaient de se trouver incorporés dans un tel groupe d’hommes puissants. Quant à leur apparence personnelle, à leurs caractéristiques mentales et à l’étendue de leur perception spirituelle, ces deux hommes étaient à peu près identiques. Ce que l’on peut dire de l’un, on peut le dire de l’autre. 139:9.3 André les chargea du maintien de l’ordre parmi les foules. Ils étaient les principaux huissiers durant les heures de sermon et, en fait, les serviteurs généraux du groupe, dont ils faisaient les commissions. Ils aidaient Philippe au ravitaillement et Nathanael en portant de l’argent aux familles, et ils se tenaient toujours disposés à prêter une main secourable à n’importe quel apôtre. 139:9.4 Les multitudes de gens du peuple étaient très encouragées de voir deux de leurs semblables honorés d’une place parmi les apôtres. Par leur seule admission comme apôtres, ces médiocres jumeaux furent le truchement permettant de faire entrer dans le royaume une quantité de croyants craintifs. En outre, les gens du peuple acceptaient plus volontiers l’idée d’être conduits et dirigés par des surveillants officiels très semblables à eux-mêmes. 139:9.5 Jacques et Judas, que l’on appelait aussi Thaddée et Lébbée, n’avaient ni points forts ni points faibles. Les surnoms que leur donnèrent les disciples étaient de bienveillantes appellations de médiocrité. Ils étaient « les moindres de tous les apôtres » ; ils le savaient, et cela les mettait de bonne humeur. 139:9.6 Jacques Alphée aimait particulièrement Jésus à cause de la simplicité du Maitre. Ces jumeaux ne pouvaient comprendre le mental de Jésus, mais ils saisissaient le lien de sympathie entre eux et le cœur de leur Maitre. Leur mental n’était pas d’un ordre élevé et, révérence parler, on pourrait même les qualifier de stupides, mais ils firent, dans leur nature spirituelle, une réelle expérience. Ils croyaient en Jésus ; ils étaient des fils de Dieu et des citoyens du royaume. 139:9.7 Judas Alphée était attiré par Jésus à cause de l’humilité sans ostentation du Maitre. Une pareille humilité jointe à une pareille dignité personnelle exerçait un grand attrait sur Judas. Le fait que Jésus recommandait toujours le silence sur ses actes extraordinaires faisait grande impression sur ce simple enfant de la nature. 139:9.8 Les jumeaux étaient des assistants au caractère heureux et à l’esprit simple, et tout le monde les aimait. Jésus confia à ces jeunes gens, qui n’avaient qu’un seul talent, des postes d’honneur dans son état-major personnel du royaume parce qu’il existe des myriades d’autres âmes semblables, simples et craintives, sur les mondes de l’espace ; le Maitre désire également accueillir ces âmes dans une communion active et croyante avec lui-même et avec l’Esprit de Vérité qu’il a répandu. Jésus ne dédaigne pas la petitesse, mais seulement le mal et le péché. Jacques et Judas étaient humbles, mais ils étaient également fidèles. Ils étaient simples et ignorants, mais avaient aussi un grand cœur, de la bonté et de la générosité. 139:9.9 On peut imaginer la fierté reconnaissante de ces humbles, le jour où le Maitre refusa d’accepter un certain riche comme évangéliste, à moins qu’il ne consente à vendre ses biens et à venir en aide aux pauvres. Quand le public entendit cela et vit les jumeaux parmi ses conseillers, on sut avec certitude que Jésus ne faisait pas acception de personnes. Mais seule une institution divine – le royaume des cieux – pouvait vraiment s’ériger sur des fondements humains aussi médiocres ! 139:9.10 Au cours de toute leur association avec Jésus, les jumeaux ne se hasardèrent qu’une fois ou deux à poser des questions en public. Judas fut, une fois, intrigué au point de poser une question à Jésus après que le Maitre eut parlé de se révéler ouvertement au monde. Il se sentait un peu déçu à l’idée que les douze ne détiendraient plus de secrets et s’enhardit à demander : « Mais alors, Maitre, quand tu te proclameras ainsi au monde, comment nous favoriseras-tu par des manifestations spéciales de ta bonté ? » 139:9.11 Les jumeaux servirent fidèlement jusqu’au bout, jusqu’aux jours sombres du jugement, de la crucifixion et du désespoir. Ils ne perdirent jamais la foi de leur cœur en Jésus et (exception faite de Jean Zébédée) ils furent les premiers à croire à sa résurrection ; mais ils ne purent comprendre l’établissement du royaume. Peu après la crucifixion de leur Maitre, ils retournèrent à leur famille et à leurs filets ; leur tâche était achevée. Ils n’étaient pas aptes à s’engager dans les batailles plus complexes du royaume, mais ils vécurent et moururent conscients d’avoir été honorés et bénis par quatre années d’association étroite et personnelle avec un Fils de Dieu, créateur souverain d’un univers. 11. Simon le Zélote 139:11.1 Simon Zélotès le onzième apôtre, fut choisi par Simon Pierre. C’était un homme capable, de bonne souche, qui vivait avec sa famille à Capharnaüm. Il avait 28 ans lorsqu’il fut adjoint aux apôtres. Il était un fougueux agitateur et aussi un homme qui parlait beaucoup sans réfléchir. Il avait été commerçant à Capharnaüm avant de porter toute son attention sur l’organisation patriotique des zélotes. 139:11.2 Simon Zélotès fut chargé des divertissements et de la détente du groupe apostolique. Il organisa très efficacement les distractions et les activités récréatives des douze. 139:11.3 La force de Simon était sa fidélité entrainante. Quand les apôtres rencontraient un homme ou une femme se débattant dans l’indécision au sujet de leur entrée dans le royaume, ils envoyaient chercher Simon. En général, cet avocat enthousiaste du salut par la foi en Dieu n’avait guère besoin de plus d’un quart d’heure pour calmer tous les doutes et ôter toute indécision, pour voir une nouvelle âme naitre dans « la liberté de la foi et la joie du salut ». 139:11.4 La grande faiblesse de Simon était sa mentalité matérialiste. Ce Juif nationaliste ne put se transformer rapidement en un internationaliste à mentalité spirituelle. Un délai de quatre ans était insuffisant pour effectuer une telle transformation intellectuelle et émotionnelle, mais Jésus fut toujours patient avec lui. 139:11.5 La qualité de Jésus que Simon admirait plus particulièrement était le calme du Maitre, son assurance, son équilibre et son inexplicable sérénité. 139:11.6 Bien que Simon fût un révolutionnaire enragé, un intrépide brandon d’agitation, il vainquit graduellement sa fougueuse nature jusqu’à devenir un puissant et efficace prédicateur « de paix sur terre et de bonne volonté parmi les hommes ». Simon brillait dans les débats ; il aimait discuter. Quand on avait à faire face à la mentalité procédurière des Juifs instruits ou aux arguties intellectuelles des Grecs, la tâche était toujours attribuée à Simon. 139:11.7 Il était un rebelle par nature et un iconoclaste par entrainement, mais Jésus le gagna aux concepts supérieurs du royaume des cieux. Simon s’était toujours identifié au parti protestataire, mais maintenant il adhérait au parti progressiste, celui de la progression illimitée et éternelle de l’esprit et de la vérité. Simon était un homme de fidélité ardente, de chaud dévouement personnel, et il aimait profondément Jésus. 139:11.8 Jésus ne craignait pas de s’identifier à des hommes d’affaires, des ouvriers, des optimistes, des pessimistes, des philosophes, des sceptiques, des publicains, des politiciens et des patriotes. 139:11.9 Le Maitre eut de nombreux entretiens avec Simon, mais ne réussit jamais pleinement à transformer cet ardent nationaliste juif en un internationaliste. Jésus répéta souvent à Simon qu’il était légitime de souhaiter l’amélioration du système social, économique et politique, mais il ajoutait toujours : « Ce n’est pas l’affaire du royaume des cieux. Il faut que nous soyons consacrés à faire la volonté du Père. Notre affaire consiste à être les ambassadeurs d’un gouvernement spirituel d’en haut, et nous ne devons pas nous occuper immédiatement d’autre chose que de représenter la volonté et le caractère du Père divin qui se trouve à la tête du gouvernement dont nous portons les lettres de créance. » Tout cela était difficile à comprendre pour Simon, mais il parvint graduellement à saisir quelque peu la signification de l’enseignement du Maitre. 139:11.10 Après la dispersion causée par les persécutions de Jérusalem, Simon prit une retraite temporaire, il était littéralement accablé. En tant que patriote nationaliste, il avait abandonné sa position par déférence pour les enseignements de Jésus ; maintenant, tout était perdu. Il était dans le désespoir, mais, au bout de quelques années, il reprit espoir et partit proclamer l’évangile du royaume. 139:11.11 Il se rendit à Alexandrie et, après avoir œuvré en remontant le Nil, il pénétra au cœur de l’Afrique, prêchant partout l’évangile de Jésus et baptisant les croyants. Il travailla ainsi jusqu’à ce qu’il fût devenu vieux et faible. Il mourut et fut enterré au cœur de l’Afrique. 12. Judas Iscariot 139:12.1 Judas Iscariot, le douzième apôtre, fut choisi par Nathanael. Il était né à Kérioth, petite ville de la Judée méridionale. Quand il était un petit garçon, ses parents s’étaient installés à Jéricho, où il vécut et fut employé dans les diverses affaires commerciales de son père jusqu’au moment où il s’intéressa aux sermons et à l’œuvre de Jean le Baptiste. Ses parents étaient des sadducéens et, lorsque Judas se joignit aux disciples de Jean, ils le renièrent. 139:12.2 Quand Nathanael le rencontra à Tarichée, Judas cherchait un emploi dans une sècherie de poisson à l’extrémité aval de la mer de Galilée. Il avait 30 ans quand il se joignit aux apôtres, et il était célibataire. Il était le seul Judéen dans la famille apostolique du Maitre, et probablement le plus instruit des douze. Judas n’avait aucun trait saillant de force personnelle, bien qu’il eût apparemment de nombreux traits extérieurs de culture et de bonne éducation. Il était un bon penseur, mais pas toujours un penseur vraiment honnête. Judas ne se comprenait réellement pas lui-même ; il n’était pas franchement sincère envers lui-même. 139:12.3 André nomma Judas trésorier des douze, poste qu’il était éminemment qualifié pour occuper. Jusqu’au moment où il trahit son Maitre, il assuma honnêtement, fidèlement et très efficacement les responsabilités de sa charge. 139:12.4 Judas n’admirait aucun trait spécial chez Jésus, si ce n’était la personnalité généralement attirante et délicatement charmante du Maitre. Judas ne fut jamais capable de s’élever au-dessus de ses préjugés de Judéen contre ses compagnons galiléens. Il allait même jusqu’à critiquer, dans sa pensée, bien des manières de faire de Jésus. Ce Judéen prétentieux osait souvent critiquer, dans son cœur, le Maitre que les onze autres considéraient comme l’homme parfait, « le seul digne d’être aimé et le plus éminent parmi dix-mille ». Judas entretenait réellement la notion que Jésus était timide et quelque peu effrayé d’affirmer son pouvoir et son autorité. 139:12.5 Judas était un homme d’affaires valable. Il fallait du tact, de l’habileté et de la patience, aussi bien qu’un dévouement assidu, pour diriger les affaires financières d’un idéaliste tel que Jésus, sans parler de la lutte contre les méthodes désordonnées de certains apôtres dans la conduite des affaires. Judas était réellement un grand agent exécutif, un financier prévoyant et capable, et un rigoriste pour l’organisation. Nul apôtre ne critiqua jamais Judas. Autant qu’ils pouvaient voir, Judas Iscariot était un trésorier incomparable, un homme instruit, un apôtre loyal (bien que parfois critique) et, dans tous les sens du mot, un grand succès. Les apôtres aimaient Judas : il était réellement l’un d’eux. Il doit avoir cru en Jésus, mais nous doutons qu’il ait réellement aimé le Maitre de tout son cœur. Le cas de Judas illustre la vérité du proverbe : « Il existe une voie qui parait juste à un homme, mais la fin en est la mort. » Il est tout à fait possible de tomber dans le piège insidieux de l’agréable adaptation aux voies du péché et de la mort. Soyez assuré que Judas fut toujours financièrement loyal envers son Maitre et ses collègues apôtres. Jamais l’argent n’aurait pu être un motif l’incitant à trahir le Maitre. 139:12.6 Judas était le fils unique de parents peu sages, qui le choyèrent et le dorlotèrent durant son enfance. Il était un enfant gâté. En grandissant, il se fit une idée exagérée de son importance personnelle. Il n’était pas beau joueur. Il avait des idées vagues et déformées sur l’équité, et il était enclin à la haine et à la suspicion. Il était habile à interpréter de travers les paroles et les actes de ses amis. Durant toute sa vie, Judas avait cultivé l’habitude de rendre la pareille à ceux qu’il imaginait l’avoir maltraité. Son sens des valeurs et du loyalisme était défectueux. 139:12.7 Pour Jésus, Judas était une aventure de la foi. Dès le commencement, le Maitre avait parfaitement compris la faiblesse de cet apôtre et connaissait bien les dangers de l’admettre dans la communauté. Mais il est dans la nature des Fils de Dieu de donner à tout être créé une chance entière et égale de salut et de survie. Jésus voulait que non seulement les mortels de ce monde, mais aussi les observateurs sur d’innombrables autres mondes, sachent que, s’il existe des doutes sur la sincérité et la franchise de la dévotion d’une créature au royaume, la pratique invariable des Juges des hommes consiste à recevoir pleinement le candidat douteux. La porte de la vie éternelle est grande ouverte à tous ; « quiconque le veut peut entrer » ; il n’y a ni restriction ni qualification, sauf la foi de celui qui vient. 139:12.8 C’est précisément la raison pour laquelle Jésus permit à Judas de continuer jusqu’au bout, en faisant toujours tout son possible pour transformer et sauver cet apôtre faible et tourmenté. Mais, si la lumière n’est pas reçue de bonne foi et si l’on ne s’y conforme pas dans la vie, elle tend à devenir ténèbres à l’intérieur de l’âme. En ce qui concerne les enseignements de Jésus sur le royaume, Judas grandit intellectuellement, mais ne progressa pas comme les autres apôtres dans l’acquisition d’un caractère spirituel. Il ne réussit pas à faire des progrès personnels satisfaisants en expérience spirituelle. 139:12.9 Judas s’adonna de plus en plus à de sombres méditations sur ses déceptions personnelles et devint finalement victime de sa propre rancune. Ses sentiments avaient été maintes fois blessés ; il devint anormalement soupçonneux de ses meilleurs amis, et même du Maitre. Il fut bientôt obsédé par l’idée de leur rendre la pareille, de faire n’importe quoi pour se venger, oui, même de trahir ses compagnons et son Maitre. 139:12.10 Mais ces idées perverses et dangereuses ne prirent pas aisément corps avant le jour où une femme reconnaissante brisa un couteux vase d’encens aux pieds de Jésus. Cela parut un gaspillage à Judas et, lorsque sa protestation publique fut aussitôt désavouée par Jésus au vu et au su de tout le monde, c’en fut trop pour lui. Cet évènement déclencha la mobilisation de tout ce qu’il avait accumulé de haine, de froissements, de méchanceté, de préjugés, de jalousie et de désirs de revanche durant toute sa vie, et il résolut de rendre la pareille à il ne savait trop qui. Mais il cristallisa tout le mal de sa nature sur l’unique personne innocente dans tout le drame sordide de sa vie malheureuse, simplement parce que Jésus s’était trouvé l’acteur principal dans l’épisode qui marqua son passage du royaume progressif de lumière au domaine de ténèbres, qu’il avait lui-même choisi. 139:12.11 En public et en privé, le Maitre avait, maintes fois, prévenu Judas qu’il déviait, mais les avertissements divins sont généralement inutiles quand ils s’adressent à une nature humaine aigrie. Jésus fit tout ce qui était possible et compatible avec le libre arbitre moral des hommes pour empêcher Judas de choisir la mauvaise voie. La grande épreuve finit par arriver. Le fils de la rancune échoua. Il céda aux directives acariâtres et sordides d’un mental orgueilleux et vengeur résultant de l’importance exagérée qu’il attribuait à sa personne, et plongea rapidement dans le désordre, le désespoir et la dépravation. 139:12.12 Judas entra alors dans la vile et honteuse intrigue destinée à trahir son Seigneur et Maitre, et mit rapidement en œuvre son projet néfaste. Durant l’exécution de ses plans de trahison conçus dans la colère, il éprouva des moments de regret et de honte. Au cours de ces intervalles de lucidité, il conçut timidement, comme justification dans son propre mental, l’idée que Jésus pourrait peut-être exercer son pouvoir et se délivrer au dernier moment. 139:12.13 Quand cette affaire immonde et impie fut terminée, ce mortel renégat, qui avait attaché peu d’importance à vendre son ami pour trente pièces d’argent afin de satisfaire le désir de revanche qu’il nourrissait depuis longtemps, se sauva précipitamment et commit l’acte final du drame consistant à fuir les réalités de l’existence terrestre – il se suicida. 139:12.14 Les onze apôtres furent horrifiés et abasourdis. Jésus se borna à regarder le traitre avec pitié. Les mondes ont trouvé difficile d’absoudre Judas, et l’on s’abstient de prononcer son nom dans tout un vaste univers. FASCICULE 140. L’ordination des douze 140:0.1 Un peu avant midi, le dimanche 12 janvier de l’an 27, Jésus réunit les apôtres pour leur ordination comme prédicateurs publics de l’évangile du royaume. Les douze s’attendaient à être appelés d’un jour à l’autre ; ce matin-là, ils ne s’éloignèrent donc pas beaucoup du rivage pour pêcher. Plusieurs d’entre eux étaient restés au bord de l’eau, réparant leurs filets et bricolant avec leur attirail de pêche. 140:0.2 Lorsque Jésus descendit au rivage pour réunir les apôtres, il appela d’abord André et Pierre, qui pêchaient assez près du bord. Il fit signe ensuite à Jacques et Jean, qui s’entretenaient avec leur père Zébédée sur un bateau peu éloigné et raccommodaient leurs filets. Il rassembla deux par deux les autres apôtres et, lorsqu’il eut réuni tous les douze, il partit avec eux pour les hautes terres au nord de Capharnaüm et se mit à les instruire pour les préparer à leur ordination officielle. 140:0.3 Pour une fois, les douze apôtres étaient silencieux ; même Pierre était d’humeur à réfléchir. Enfin, l’heure si longtemps attendue était arrivée ! Ils partaient seuls avec le Maitre pour participer à une sorte de cérémonie solennelle de consécration personnelle et d’engagement collectif à l’œuvre sacrée de représenter leur Maitre dans la proclamation de la venue du royaume de son Père. 1. Instruction préliminaire 140:1.1 Avant le service officiel d’ordination, Jésus parla aux douze assis autour de lui. Il leur dit : « Mes frères, l’heure du royaume est arrivée. Je vous ai amenés ici, seuls avec moi, pour vous présenter au Père comme ambassadeurs du royaume. Certains d’entre vous m’ont entendu parler de ce royaume dans la synagogue au moment où vous fûtes appelés pour la première fois. Chacun de vous en a appris davantage sur le royaume du Père depuis que vous m’avez accompagné en travaillant dans les villes qui entourent la mer de Galilée. Mais, à présent, j’ai quelque chose de plus à vous dire en ce qui concerne ce royaume. 140:1.2 « Le nouveau royaume que mon Père est sur le point d’établir dans le cœur de ses enfants terrestres est destiné à être un empire éternel. Il n’y aura point de fin à ce règne de mon Père dans le cœur de ceux qui désirent faire sa volonté divine. Je vous déclare que mon Père n’est pas le Dieu des Juifs ou des Gentils. Beaucoup viendront de l’Orient et de l’Occident siéger avec nous dans le royaume du Père, tandis que bien des enfants d’Abraham refuseront d’entrer dans cette nouvelle fraternité où l’esprit du Père règne dans le cœur des enfants des hommes. 140:1.3 « La puissance de ce royaume ne consistera ni dans la force des armées, ni dans le pouvoir des richesses, mais plutôt dans la gloire de l’esprit divin qui viendra enseigner le mental et diriger le cœur des citoyens, nés à nouveau, de ce royaume céleste – les fils de Dieu. C’est la fraternité de l’amour où règne la droiture, et dont le cri de ralliement sera : Paix sur terre et bonne volonté à tous les hommes. Ce royaume, que vous allez si prochainement proclamer, est le désir des hommes de bien de tous les âges, l’espoir de toute la terre et l’accomplissement des sages promesses de tous les prophètes. 140:1.4 « Mais, pour vous, mes enfants, et pour tous ceux qui voudront vous suivre dans ce royaume, une sévère épreuve est instaurée : la foi seule vous permettra de franchir ses portes mais il vous faudra produire les fruits de l’esprit de mon Père si vous souhaitez poursuivre l’ascension dans la vie progressive de la communauté divine. En vérité, en vérité, je vous le dis, ceux qui disent ‘Seigneur, Seigneur’ n’entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais plutôt ceux qui font la volonté de mon Père qui est aux cieux. 140:1.5 « Votre message au monde sera : Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa droiture et, quand vous les aurez trouvés, tous les autres éléments essentiels à la survie éternelle vous seront assurés en même temps. Maintenant, je voudrais vous faire comprendre clairement que ce royaume de mon Père ne viendra ni avec un étalage extérieur de pouvoir, ni avec des démonstrations malséantes. Il ne faut pas partir d’ici et proclamer le royaume en disant : ‘il est ici’ ou ‘il est là’, car le royaume que vous prêchez est Dieu en vous. 140:1.6 « Quiconque veut être grand dans le royaume de mon Père doit devenir un ministre pour tous ; et, si quelqu’un veut être le premier parmi vous, qu’il devienne le serviteur de ses frères. Une fois que vous êtes reçus comme citoyens du royaume céleste, vous n’êtes plus des serviteurs, mais des fils, des fils du Dieu vivant. C’est ainsi que ce royaume progressera dans le monde jusqu’à ce qu’il rompe toutes les barrières et amène tous les hommes à connaitre mon Père et à croire à la vérité salvatrice que je suis venu proclamer. Dès maintenant, le royaume est à portée de la main, et plusieurs d’entre vous ne mourront pas sans avoir vu le règne de Dieu advenir en grande puissance. 140:1.7 « Ce que vos yeux aperçoivent maintenant, ce petit début de douze hommes ordinaires, se multipliera et croitra jusqu’à ce que, finalement, toute la terre soit remplie des louanges de mon Père. C’est moins par les paroles que vous prononcerez, mais plutôt par la vie que vous vivrez, que les hommes sauront que vous avez été avec moi et que vous avez appris les réalités du royaume. Je ne voudrais imposer à votre mental aucun fardeau trop lourd, mais je vais charger vos âmes de la responsabilité solennelle de me représenter dans le monde quand je vous quitterai bientôt, de même que je représente mon Père dans ma présente vie incarnée. » Et, lorsque Jésus eut fini de parler, il se leva. 2. L’ordination 140:2.1 Jésus demanda ensuite aux douze mortels, qui venaient d’écouter sa déclaration au sujet du royaume, de s’agenouiller en cercle autour de lui. Le Maitre posa alors ses mains sur la tête de chaque apôtre en commençant par Judas Iscariot et en finissant par André. Après les avoir bénis, il étendit les mains et pria : 140:2.2 « Mon Père, je t’amène maintenant ces hommes, mes messagers. Parmi nos enfants sur terre, j’ai choisi ces douze pour aller me représenter comme je suis venu te représenter. Aime-les et accompagne-les comme tu m’as aimé et accompagné. Et maintenant, mon Père, donne-leur la sagesse tandis que je place toutes les affaires du royaume à venir entre leurs mains. Si telle est ta volonté, je voudrais rester quelque temps sur terre pour les aider dans leurs travaux pour le royaume. De nouveau, mon Père, je te remercie pour ces hommes et je les confie à ta garde, tandis que je vais achever l’œuvre que tu m’as donnée à accomplir. » 140:2.3 Lorsque Jésus eut fini de prier, les apôtres restèrent chacun incliné à sa place. Il s’écoula plusieurs minutes avant que même Pierre osât lever les yeux pour regarder le Maitre. Un à un, ils embrassèrent Jésus, mais aucun d’eux ne dit mot. Un grand silence envahit la place, tandis qu’une foule d’êtres célestes contemplait d’en haut cette scène solennelle et sacrée – le Créateur d’un univers plaçant les affaires de la fraternité divine des hommes sous la direction de penseurs humains. 3. Le sermon d’ordination 140:3.1 Jésus reprit alors la parole et dit : « Maintenant que vous êtes ambassadeurs du royaume de mon Père, vous êtes devenus une classe d’hommes séparés et distincts de tous les autres habitants de la terre. Vous n’existez plus maintenant en tant qu’hommes parmi les hommes, mais en tant que citoyens éclairés d’un autre pays céleste parmi les créatures ignorantes de ce monde enténébré. Il ne suffit plus que vous viviez comme avant cette heure ; il vous faut, désormais, vivre comme ceux qui ont gouté les gloires d’une vie meilleure et ont été renvoyés sur terre comme ambassadeurs du Souverain de ce monde nouveau et meilleur. On attend davantage du professeur que de l’élève ; on exige plus du maitre que du serviteur. On demande plus aux citoyens du royaume céleste qu’à ceux du règne terrestre. Certaines choses que je vais vous dire pourront vous sembler dures, mais vous avez choisi de me représenter dans le monde comme moi-même je représente actuellement le Père. Étant mes agents sur terre, vous serez obligés de vous conformer aux enseignements et aux pratiques qui reflètent mes idéaux de vie mortelle sur les mondes de l’espace, et dont je donne l’exemple dans ma vie terrestre révélant le Père qui est aux cieux. 140:3.2 « Je vous envoie dans le monde pour annoncer la liberté aux captifs spirituels et la joie aux prisonniers de la crainte, et pour guérir les malades en conformité avec la volonté de mon Père céleste. Quand vous trouverez mes enfants dans la détresse, parlez-leur d’une manière encourageante en disant : 140:3.3 « Heureux les pauvres en esprit, les humbles, car les trésors du royaume des cieux sont à eux. 140:3.4 « Heureux ceux qui ont faim et soif de droiture, car ils seront rassasiés. 140:3.5 « Heureux les débonnaires, car ils hériteront de la terre. 140:3.6 « Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu. 140:3.7 « Et dites encore à mes enfants ces paroles supplémentaires de consolation spirituelle et de promesse : 140:3.8 « Heureux les affligés, car ils seront consolés. Heureux ceux qui pleurent, car ils recevront l’esprit d’allégresse. 140:3.9 « Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. 140:3.10 « Heureux les pacificateurs, car on les appellera les fils de Dieu. 140:3.11 « Heureux les persécutés à cause de leur droiture, car le royaume des cieux leur appartient. Soyez heureux quand les hommes vous insulteront et vous persécuteront et diront faussement toutes sortes de méchancetés contre vous. Réjouissez-vous et soyez dans un bonheur extrême, car votre récompense sera grande dans les cieux. 140:3.12 « Mes frères, tandis que je vous envoie au-dehors, vous êtes le sel de la terre, un sel ayant un gout de salut. Mais, si ce sel a perdu sa saveur, avec quoi l’assaisonnera-t-on ? Il n’est désormais plus bon à rien d’autre qu’à être jeté et foulé aux pieds par les hommes. 140:3.13 « Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée. Les hommes n’allument pas non plus une chandelle pour la mettre sous un boisseau, mais sur un chandelier ; et elle donne de la lumière à tous ceux qui sont dans la maison. Que votre lumière brille devant les hommes de telle sorte qu’ils puissent voir vos bonnes œuvres et être amenés à glorifier votre Père qui est aux cieux. 140:3.14 « Je vous envoie dans le monde pour me représenter et agir comme ambassadeurs du royaume de mon Père. En allant proclamer la bonne nouvelle, mettez votre confiance dans le Père dont vous êtes les messagers. Ne résistez pas à l’injustice par la force ; ne mettez pas votre confiance dans votre vigueur corporelle. Si votre prochain vous frappe sur la joue droite, tendez-lui aussi la gauche. Acceptez l’injustice plutôt que de recourir à la loi entre vous. Occupez-vous avec tendresse et miséricorde de tous ceux qui sont dans le malheur et le besoin. 140:3.15 « Je vous le dis : aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent, et priez pour ceux qui se servent de vous avec dédain. Faites aux hommes tout ce que vous croyez que je leur aurais fait. 140:3.16 « Votre Père qui est aux cieux fait briller le soleil sur les méchants aussi bien que sur les bons ; de même, il envoie la pluie sur les justes et les injustes. Vous êtes les fils de Dieu et plus encore, vous êtes maintenant les ambassadeurs du royaume de mon Père. Soyez miséricordieux comme Dieu est miséricordieux et, dans l’éternel futur du royaume, vous serez parfaits, de même que votre Père qui est aux cieux est parfait. 140:3.17 « Vous êtes chargés de sauver les hommes, non de les juger. À la fin de votre vie terrestre, vous espérerez tous être traités avec miséricorde. Je vous demande donc, durant votre vie mortelle, de témoigner de la miséricorde à tous vos frères dans la chair. Ne commettez pas la faute d’essayer d’ôter une paille de l’œil de votre frère alors qu’il y a une poutre dans le vôtre. Après avoir rejeté la poutre de votre propre œil, vous verrez d’autant plus clair pour ôter la paille de l’œil de votre frère. 140:3.18 « Discernez clairement la vérité ; vivez avec intrépidité la vie de droiture ; c’est ainsi que vous serez mes apôtres et les ambassadeurs de mon Père. Vous avez entendu dire ’si l’aveugle conduit l’aveugle, ils tomberont tous deux dans la fosse’. Si vous voulez guider d’autres hommes vers le royaume, il faut vous-mêmes marcher dans la claire lumière de la vérité vivante. Dans toutes les affaires du royaume, je vous exhorte à montrer un juste jugement et une sagesse pénétrante. N’offrez pas les choses saintes aux chiens et ne jetez pas vos perles aux pourceaux, de crainte qu’ils ne piétinent vos joyaux et ne se retournent pour vous déchirer. 140:3.19 « Je vous mets en garde contre les faux prophètes qui viendront vers vous habillés en moutons, alors qu’à l’intérieur ils ressemblent à des loups dévorants. Vous les connaitrez à leurs fruits. Les hommes cueillent-ils des raisins sur des épines ou des figues sur des chardons ? Ainsi, tout bon arbre produit de bons fruits, mais l’arbre mauvais porte de mauvais fruits. Un bon arbre ne peut produire de mauvais fruits ni un arbre mauvais produire de bons fruits. Tout arbre qui ne produit pas de bons fruits est bientôt abattu et jeté au feu. Pour mériter l’accès du royaume des cieux, c’est le mobile qui compte. Mon Père regarde dans le cœur des hommes et juge selon leurs désirs intérieurs et leurs intentions sincères. 140:3.20 « Au grand jour du jugement du royaume, beaucoup me diront : ‘N’avons-nous pas prophétisé en ton nom et accompli, par ton nom, bien des œuvres merveilleuses ?’ Mais je serai obligé de leur dire : ‘Je ne vous ai jamais connus ; éloignez-vous de moi, vous, qui êtes de faux éducateurs.’ Mais quiconque entend ces instructions et exécute sincèrement sa mission de me représenter devant les hommes comme j’ai représenté mon Père devant vous, trouvera une large entrée à mon service et dans le royaume du Père qui est aux cieux. » 140:3.21 Jamais auparavant les apôtres n’avaient entendu Jésus s’expliquer de cette manière, car il leur avait parlé comme quelqu’un disposant de l’autorité suprême. Ils descendirent de la montagne au coucher du soleil, mais aucun d’eux ne posa de question à Jésus. 4. Vous êtes le sel de la terre 140:4.1 Ce que l’on appelle le « Sermon sur la Montagne » n’est pas l’évangile de Jésus. Ce sermon contient nombre d’instructions utiles, mais c’étaient les instructions d’ordination de Jésus aux douze apôtres. C’était la délégation personnelle du Maitre à ceux qui devaient continuer à prêcher l’évangile et qui aspiraient à représenter Jésus dans le monde des hommes, comme lui-même représentait son Père avec tant d’éloquence et de perfection. 140:4.2 « Vous êtes le sel de la terre, un sel ayant un gout de salut. Mais, si ce sel a perdu sa saveur, avec quoi l’assaisonnera-t-on ? Il n’est désormais plus bon à rien d’autre qu’à être jeté et foulé aux pieds par les hommes. » 140:4.3 Au temps de Jésus, le sel était précieux. On l’utilisait même comme monnaie. Le mot moderne « salaire » dérive étymologiquement de sel. Non seulement le sel donne du gout à la nourriture, mais encore il la conserve. Il donne plus de saveur à d’autres aliments et ainsi il sert en étant dépensé. 140:4.4 « Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur la montagne ne peut être cachée. Les hommes n’allument pas non plus une chandelle pour la mettre sous un boisseau, mais sur un chandelier ; alors elle donne de la lumière à tous ceux qui sont dans la maison. Que votre lumière brille ainsi devant les hommes afin qu’ils voient vos bonnes œuvres et soient amenés à glorifier votre Père qui est aux cieux. » 140:4.5 Bien que la lumière dissipe les ténèbres, elle peut aussi devenir « aveuglante » au point de troubler et de décevoir. Nous sommes exhortés à laisser notre lumière briller ainsi afin que nos semblables soient guidés dans de nouveaux sentiers divins de vie rehaussée. Notre lumière ne doit pas briller de manière à attirer l’attention sur nous-mêmes. Vous pouvez aussi utiliser votre activité comme « réflecteur » efficace pour diffuser cette lumière de vie. 140:4.6 Les caractères forts ne se forment pas en ne faisant pas le mal, mais plutôt en faisant réellement le bien. Le désintéressement est l’insigne de la grandeur humaine. Les plus hauts niveaux de réalisation de soi sont atteints par l’adoration et le service. La personne heureuse et efficace est motivée par l’amour de bien faire et non par la peur de mal faire. 140:4.7 « Vous les connaitrez à leurs fruits. » La personnalité est fondamentalement invariante. Ce qui change – ce qui grandit – c’est le caractère moral. L’erreur majeure des religions modernes est le négativisme. L’arbre qui ne porte pas de fruits est « abattu et jeté au feu ». La valeur morale ne peut provenir d’une simple répression, de l’obéissance à l’injonction « Tu ne feras pas ». La peur et la honte sont des mobiles sans valeur pour la vie religieuse. La religion n’est valable que si elle révèle la paternité de Dieu et rehausse la fraternité des hommes. 140:4.8 Une personne se forme une philosophie efficace de la vie en conjuguant la clairvoyance cosmique avec la somme de ses propres réactions émotionnelles envers son entourage social et économique. Rappelez-vous ceci : les tendances héréditaires ne peuvent pas être fondamentalement modifiées, mais les réactions émotives à ces tendances peuvent être changées. Il est donc possible de modifier la nature morale, d’améliorer le caractère. Dans un caractère fort, les réactions émotives sont intégrées et coordonnées, ce qui produit une personnalité unifiée. Le manque d’unification affaiblit la nature morale et engendre le malheur. 140:4.9 À défaut de but méritoire, la vie devient sans intérêt et sans profit, et il en résulte beaucoup de malheurs. Le discours de Jésus à l’ordination des douze constitue une philosophie magistrale de la vie. Jésus exhorta ses disciples à exercer une foi expérientielle. Il les avertit qu’il ne fallait pas se borner à dépendre d’un assentiment intellectuel, de la crédulité ou de l’autorité établie. 140:4.10 L’éducation devrait être une technique pour apprendre (découvrir) les meilleures méthodes de satisfaire nos impulsions naturelles et héréditaires. Le bonheur est la résultante finale de ces techniques améliorées de satisfaction émotive. Le bonheur dépend peu du milieu, bien qu’une ambiance agréable puisse beaucoup y contribuer. 140:4.11 Tout mortel désire ardemment devenir une personne complète, être parfait comme le Père qui est aux cieux est parfait, et une telle réalisation est possible parce qu’en dernière analyse, « l’univers est vraiment paternel ». 5. Amour paternel et amour fraternel 140:5.1 Depuis le Sermon sur la Montagne jusqu’au Discours du Dernier Souper, Jésus apprit à ses disciples à manifester un amour paternel plutôt qu’un amour fraternel. L’amour fraternel consiste à aimer votre prochain comme vous-même, ce qui serait une application adéquate de la « règle d’or » ; mais l’affection paternelle exige que vous aimiez vos compagnons mortels comme Jésus vous aime. 140:5.2 Jésus aime l’humanité d’une double affection. Il a vécu sur terre sous une personnalité duelle – humaine et divine. En tant que Fils de Dieu, il aime les hommes d’un amour paternel – il est leur Créateur, leur Père dans l’univers. En tant que Fils de l’Homme, Jésus aime les mortels comme un frère – il était vraiment un homme parmi les hommes. 140:5.3 Jésus n’escomptait pas que ses disciples parviennent à une manifestation impossible d’amour fraternel, mais il comptait qu’ils s’efforceraient d’être semblables à Dieu – d’être parfaits comme le Père qui est aux cieux est parfait. Ils pourraient ainsi commencer à regarder les hommes comme Dieu regarde ses créatures – donc commencer à les aimer comme Dieu les aime – à manifester les débuts d’une affection paternelle. Au cours de ces exhortations aux douze apôtres, Jésus chercha à révéler ce nouveau concept d’amour paternel tel qu’il se rapporte à certaines attitudes émotives impliquées dans l’établissement de nombreux ajustements sociaux au milieu ambiant. 140:5.4 Le Maitre commença ce très important discours en attirant l’attention sur quatre attitudes de foi, comme prélude à la description subséquente des quatre réactions transcendantes et suprêmes d’amour paternel, en contraste avec les limitations du simple amour fraternel. 140:5.5 Il parla d’abord de ceux qui étaient pauvres en esprit, qui avaient soif de droiture, qui persistaient dans la mansuétude et qui avaient le cœur pur. On pouvait espérer que ces mortels discernant l’esprit atteindraient des niveaux suffisants d’altruisme divin pour être capables de tenter le prestigieux exercice de l’affection paternelle ; que, même dans les afflictions, ils auraient le pouvoir de témoigner de la miséricorde, de promouvoir la paix, de supporter des persécutions ; au cours de toutes ces situations éprouvantes, on pouvait escompter qu’ils aimeraient d’un amour paternel une humanité même peu digne d’être aimée. L’affection d’un père peut atteindre des niveaux de dévouement qui transcendent immensément l’affection d’un frère. 140:5.6 La foi et l’amour ressortant de ces béatitudes renforcent le caractère moral et créent le bonheur. La peur et la colère affaiblissent le caractère et détruisent le bonheur. Cet important sermon débuta sur une note de bonheur. 140:5.7 1. « Heureux les pauvres en esprit, les humbles. » Pour un enfant, le bonheur est la satisfaction d’un désir de plaisir immédiat. L’adulte est disposé à semer des graines de renoncement pour récolter des moissons ultérieures de bonheur accru. À l’époque de Jésus et depuis lors, le bonheur a été bien trop souvent associé à l’idée de posséder de la fortune. Dans l’histoire du pharisien et du publicain qui priaient dans le temple, l’un se sentait riche en esprit – égotiste, l’autre se sentait « pauvre en esprit » – humble. L’un se suffisait à lui-même, l’autre était enseignable et cherchait la vérité. Les pauvres en esprit recherchent des buts de richesse spirituelle – recherchent Dieu. De tels chercheurs de vérité n’ont pas besoin d’attendre leurs récompenses dans un lointain futur ; ils sont récompensés dès maintenant. Ils trouvent le royaume des cieux dans leur propre cœur et font l’expérience de ce bonheur dès maintenant. 140:5.8 2. « Heureux ceux qui ont faim et soif de droiture, car ils seront rassasiés. » Seuls ceux qui se sentent pauvres en esprit auront soif de droiture. Seuls les humbles recherchent la force divine et désirent ardemment le pouvoir spirituel. Il est fort dangereux, cependant, de pratiquer sciemment le jeûne spirituel en vue d’accroitre votre faim de dons spirituels. Le jeûne physique devient dangereux après quatre ou cinq jours, car on risque de perdre tout désir de nourriture. Le jeûne prolongé, soit physique soit spirituel, tend à détruire la faim. 140:5.9 L’expérience de la droiture est un plaisir, et non un devoir. La droiture de Jésus est un amour dynamique, une affection paternelle-fraternelle. Ce n’est pas une droiture négative du type « tu ne feras pas ». Comment pourrait-on avoir soif de quelque chose de négatif – de quelque chose « à ne pas faire » ? 140:5.10 Il n’est pas si facile d’enseigner ces deux premières béatitudes à un mental d’enfant, mais un mental adulte devrait en saisir la signification. 140:5.11 3. « Heureux les débonnaires, car ils hériteront de la terre. » La mansuétude authentique n’a aucun rapport avec la peur. Elle est plutôt une attitude de l’homme coopérant avec Dieu – « Que ta volonté soit faite. » Elle englobe la patience et la longanimité, et elle est motivée par une foi inébranlable en un univers amical obéissant à des lois. Elle domine toute tentation de se rebeller contre la gouverne divine. Jésus était le débonnaire idéal d’Urantia, et il hérita d’un vaste univers. 140:5.12 4. « Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu. » La pureté spirituelle n’est pas une qualité négative, sauf par défaut d’esprit de suspicion et de revanche. En discutant de la pureté, Jésus n’avait pas l’intention de traiter exclusivement des attitudes humaines à l’égard du sexe. Il se référait davantage à la foi que les hommes devraient avoir en leurs semblables, cette foi que les parents ont en leurs enfants et qui leur permet d’aimer leurs semblables comme un père les aimerait. Un amour de père n’a pas besoin de cajoleries et ne cherche pas d’excuses au mal, mais il est toujours opposé au cynisme. L’amour paternel a une intention unique et recherche toujours ce qu’il y a de meilleur dans l’homme ; c’est l’attitude des véritables parents. 140:5.13 Voir Dieu – par la foi – signifie acquérir la vraie clairvoyance spirituelle. La clairvoyance spirituelle intensifie la gouverne de l’Ajusteur, et les deux réunies vous rendent, en fin de compte, plus conscient de Dieu. Quand vous connaissez le Père, vous êtes confirmé dans l’assurance de votre filiation divine ; vous pouvez alors aimer de plus en plus vos frères incarnés, non seulement comme un frère – d’un amour fraternel – mais aussi comme un père – d’une affection paternelle. 140:5.14 Il est facile d’enseigner cette exhortation même à un enfant. Les enfants sont naturellement confiants, et les parents devraient veiller à ce qu’ils ne perdent pas cette simple foi. Dans les rapports avec les enfants, évitez toute tromperie et abstenez-vous de suggérer la suspicion. Aidez-les sagement à choisir leurs héros et à sélectionner le travail de leur vie. 140:5.15 Jésus continua ensuite à instruire ses disciples sur le principal but de toutes les luttes humaines – la perfection – jusqu’à l’aboutissement divin. Il leur disait toujours : « Soyez parfaits comme votre Père qui est aux cieux est parfait. » Il n’exhortait pas les douze à aimer leur prochain comme ils s’aimaient eux-mêmes. Cela eût été un accomplissement méritoire qui aurait dénoté la réalisation de l’amour fraternel. Jésus recommandait plutôt à ses apôtres d’aimer les hommes comme lui-même les avait aimés – d’une affection paternelle aussi bien que fraternelle. Il illustra sa thèse en citant quatre réactions suprêmes d’amour paternel : 140:5.16 1. « Heureux les affligés, car ils seront consolés. » Ce que l’on appelle le bon sens ou la meilleure logique ne suggérerait jamais que le bonheur puisse dériver de l’affliction. Mais Jésus ne se référait pas aux signes extérieurs ou ostentatoires d’affliction. Il faisait allusion à une attitude émotive de tendresse de cœur. C’est une grande erreur que d’enseigner aux garçons et aux jeunes hommes qu’il n’est pas viril de montrer de la tendresse ou de laisser voir qu’on éprouve des émotions ou des souffrances physiques. La compassion est un attribut méritoire aussi bien masculin que féminin. Il n’est pas nécessaire d’être insensible pour être viril ; c’est la mauvaise manière de créer des hommes courageux. Les grands hommes de ce monde n’ont pas eu peur de s’attrister. Moïse, l’affligé, était un plus grand homme que Samson ou Goliath. Moïse était un chef magnifique, mais il était aussi plein de mansuétude. Le fait d’être attentif et sensible aux besoins humains crée un bonheur authentique et durable ; en même temps, cette attitude bienveillante protège l’âme des influences destructives de la colère, de la haine et de la suspicion. 140:5.17 2. « Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. » La miséricorde dénote ici la hauteur, la profondeur et la largeur de l’amitié la plus sincère – la bienveillance affectueuse. La miséricorde est parfois passive, mais ici elle est active et dynamique – la suprême qualité d’un père. Des parents aimants éprouvent peu de difficulté à absoudre leurs enfants, même à maintes reprises. Chez un enfant non gâté, le besoin de soulager la souffrance est naturel. Les enfants sont normalement bons et compatissants quand ils sont assez âgés pour apprécier les situations réelles. 140:5.18 3. « Heureux les pacificateurs, car ils seront appelés fils de Dieu. » Les auditeurs de Jésus souhaitaient ardemment un libérateur militaire, et non des pacificateurs. Mais la paix de Jésus n’est pas une sorte de pacifisme négatif. Confronté aux épreuves et aux persécutions, il disait : « Je vous laisse ma paix. » « Que votre cœur ne se trouble pas, et n’ayez point de crainte. » Voilà la paix qui empêche les conflits ruineux. La paix personnelle intègre la personnalité. La paix sociale empêche la peur, la convoitise et la colère. La paix politique empêche les antagonismes de race, les suspicions nationales et la guerre. La pacification est la cure de la méfiance et de la suspicion. 140:5.19 Il est facile d’apprendre aux enfants à agir comme pacificateurs. Ils aiment les activités d’équipe, ils ont plaisir à jouer ensemble. À un autre moment, le Maitre a dit : « Quiconque cherche à sauver sa vie la perdra, mais quiconque accepte de perdre sa vie la trouvera. » 140:5.20 4. « Heureux ceux qui sont persécutés à cause de leur droiture, car le royaume des cieux leur appartient. Soyez heureux quand les hommes vous insulteront et vous persécuteront et diront faussement toutes sortes de méchancetés contre vous. Réjouissez-vous et ressentez un bonheur extrême, car votre récompense est grande dans les cieux. » 140:5.21 Bien souvent, la persécution suit la paix. Mais les jeunes gens et les adultes courageux ne fuient jamais les difficultés et les dangers. « Il n’est pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. » Un amour paternel peut librement faire toutes ces choses – qui ne font guère partie de l’amour fraternel. Le progrès a toujours été le résultat final de la persécution. 140:5.22 Les enfants répondent toujours au défi du courage. La jeunesse est toujours prête à « relever un défi ». Et chaque enfant devrait apprendre de bonne heure à se sacrifier. 140:5.23 Il est donc révélé que les béatitudes du Sermon sur la Montagne sont fondées sur la foi et l’amour, et non sur la loi — l’éthique et le devoir. 140:5.24 L’amour paternel se complait à rendre le bien pour le mal – à faire du bien en réponse à l’injustice. 6. Le soir de l’ordination 140:6.1 Le dimanche soir, en arrivant des hautes terres du nord de Capharnaüm chez Zébédée, Jésus et les douze prirent un repas frugal. Ensuite, tandis que Jésus allait se promener le long du rivage, les douze parlèrent entre eux. Après une brève conférence, et tandis que les jumeaux allumaient un petit feu pour les réchauffer et les éclairer, André sortit à la recherche de Jésus. Après l’avoir rejoint, il dit : « Maitre, mes frères sont incapables de comprendre ce que tu as dit sur le royaume. Nous ne nous sentons pas en mesure d’entreprendre le travail avant que tu nous aies donné des instructions supplémentaires. Je suis venu te demander de nous rejoindre dans le jardin et de nous aider à comprendre le sens de tes paroles. » Et Jésus accompagna André pour rejoindre les apôtres. 140:6.2 Lorsqu’il fut entré dans le jardin, il les rassembla autour de lui et poursuivit leur instruction en disant : « Vous trouvez difficile de recevoir mon message parce que vous voudriez bâtir le nouvel enseignement directement sur l’ancien, mais je déclare qu’il vous faut renaitre. Il vous faut recommencer depuis le début comme de petits enfants, être disposés à faire confiance à mon enseignement et croire en Dieu. Le nouvel évangile du royaume ne peut être rendu conforme à ce qui existe. Vous avez des idées fausses sur le Fils de l’Homme et sa mission sur terre. Ne commettez pas l’erreur de croire que je sois venu pour rejeter la loi et les prophètes. Je ne suis pas venu pour détruire, mais pour accomplir, élargir et illuminer. Je ne suis pas venu pour transgresser la loi, mais plutôt pour écrire ces nouveaux commandements sur les tablettes de votre cœur. 140:6.3 « J’exige de vous une droiture qui surpassera la droiture de ceux qui cherchent à obtenir la faveur du Père en donnant des aumônes, en priant et en jeunant. Si vous voulez entrer dans le royaume, il vous faut avoir une droiture qui consiste en amour, en miséricorde et en vérité – le désir sincère de faire la volonté de mon Père qui est aux cieux. » 140:6.4 Alors, Simon Pierre dit : « Maitre, si tu as un nouveau commandement, nous voudrions l’entendre. Révèle-nous la nouvelle voie. » Jésus répondit à Pierre : « Vous avez entendu dire par ceux qui enseignent la loi : ‘Tu ne tueras point, et quiconque tuera sera traduit en jugement’. Mais je regarde au-delà de l’acte pour découvrir le mobile. Je vous déclare que quiconque se met en colère contre son frère est en danger d’être condamné. Celui qui nourrit de la haine dans son cœur et des plans de vengeance dans son mental est en danger d’être jugé. Vous devez juger vos compagnons à leurs actes ; le Père qui est aux cieux juge d’après les intentions. 140:6.5 « Vous avez entendu les Maitres de la loi dire : ‘Tu ne commettras pas d’adultère.’ Mais je vous dis que quiconque regarde une femme avec concupiscence a déjà commis dans son cœur un adultère avec elle. Vous ne pouvez juger les hommes qu’à leurs actes, mais mon Père regarde dans le cœur de ses enfants et les juge en miséricorde selon leurs intentions et leurs désirs réels. » 140:6.6 Jésus avait l’intention d’analyser les autres commandements lorsque Jacques Zébédée l’interrompit en demandant : « Maitre, qu’allons-nous enseigner au peuple sur le divorce ? Permettrons-nous à un homme de divorcer de sa femme comme Moïse l’a ordonné ? » Quand Jésus entendit cette question, il dit : « Je ne suis pas venu pour légiférer, mais pour éclairer. Je ne suis pas venu pour réformer les royaumes de ce monde, mais plutôt pour établir le royaume des cieux. Ce n’est pas la volonté du Père que je cède à la tentation de vous enseigner des règles de gouvernement, de commerce ou de conduite sociale ; elles pourraient être bonnes pour aujourd’hui, mais loin de convenir à la société d’une autre époque. Je suis sur terre uniquement pour réconforter le mental, libérer l’esprit et sauver l’âme des hommes. Je vous dirai, cependant, au sujet de cette question du divorce, que, si Moïse regardait avec faveur ces procédés, il n’en était pas ainsi du temps d’Adam et dans le jardin d’Éden. » 140:6.7 Après que les apôtres eurent échangé leurs vues entre eux durant un bref moment, Jésus poursuivit : « Il vous faut toujours reconnaitre les deux points de vue de toute conduite des mortels – l’humain et le divin, les voies de la chair et la voie de l’esprit, l’estimation du temps et le point de vue de l’éternité. » Bien que les douze n’aient pu comprendre tout ce que le Maitre leur enseignait, ils furent vraiment aidés par cette instruction. 140:6.8 Ensuite, Jésus dit : « Vous trébucherez sur mon enseignement parce que vous avez coutume d’interpréter mon message à la lettre ; vous êtes lents à discerner l’esprit de mon enseignement. Il faut aussi vous rappeler que vous êtes mes messagers. Vous êtes tenus de vivre votre vie comme j’ai vécu la mienne en esprit. Vous êtes mes représentants personnels, mais ne vous trompez pas en espérant que tous les hommes vivront en tous points comme vous. N’oubliez jamais que j’ai des brebis qui ne font pas partie de ce troupeau, et que je suis également tenu de leur fournir le modèle pour la manière de faire la volonté de Dieu tout en vivant la vie de la nature mortelle. » 140:6.9 Alors, Nathanael demanda : « Maitre, ne donnerons-nous aucune place à la justice ? La loi de Moïse dit : ‘œil pour œil et dent pour dent.’ Que dirons-nous ? » Jésus répondit : « Vous rendrez le bien pour le mal. Mes messagers ne doivent pas lutter avec les hommes, mais être doux envers tous. Votre règle ne sera pas mesure pour mesure. Les dirigeants des hommes peuvent avoir de telles lois, mais il n’en est pas ainsi dans le royaume ; la miséricorde déterminera toujours votre jugement, et l’amour votre conduite. Si ces préceptes sont sévères, vous pouvez encore rebrousser chemin. Si vous trouvez que les exigences de l’apostolat sont trop dures, vous pouvez reprendre le sentier moins rigoureux des disciples. » 140:6.10 Ayant entendu ces paroles saisissantes, les apôtres se réunirent entre eux durant un moment, mais ne tardèrent pas à revenir, et Pierre dit : « Maitre, nous voulons continuer avec toi ; aucun de nous ne voudrait revenir en arrière. Nous sommes tout prêts à payer le prix supplémentaire ; nous boirons la coupe. Nous voulons être des apôtres et pas seulement des disciples. » 140:6.11 Quand Jésus entendit ceci, il dit : « Alors, soyez décidés à prendre vos responsabilités et à me suivre. Accomplissez vos bonnes actions en secret ; quand vous donnerez une aumône, que la main gauche ne sache pas ce qu’a fait la main droite. Quand vous prierez, allez seuls à l’écart et n’employez ni vaines répétitions ni phrases dépourvues de sens. Rappelez-vous toujours que le Père sait ce dont vous avez besoin avant même que vous le lui demandiez. Ne vous adonnez pas au jeûne avec une triste figure à montrer aux hommes. En tant que mes apôtres choisis et mis à part maintenant pour le service du royaume, n’amassez pas pour vous-mêmes des trésors sur terre, mais, par votre service désintéressé, accumulez des trésors au ciel, car là où sont vos trésors, là sera aussi votre cœur. 140:6.12 « La lampe du corps est l’œil ; si donc votre œil est généreux, tout votre corps sera rempli de lumière, mais, si votre œil est égoïste, tout votre corps sera plein de ténèbres. Si la lumière même qui est en vous est changée en ténèbres, combien profondes seront ces ténèbres ! » 140:6.13 Alors, Thomas demanda à Jésus si les apôtres devaient « continuer d’avoir tout en commun ». Le Maitre répondit : « Oui, mes frères, je voudrais que nous vivions ensemble comme une famille qui se comprend. Une grande œuvre vous est confiée, et je désire ardemment votre service indivis. Vous savez qu’il a été dit à juste titre : ‘nul ne peut servir deux maitres à la fois’. Vous ne pouvez sincèrement adorer Dieu et en même temps servir mammon de tout votre cœur. Maintenant que vous vous êtes engagés sans réserve au service du royaume, ne craignez pas pour votre vie, et souciez-vous encore bien moins de ce que vous mangerez et boirez, non plus de votre corps ou des vêtements que vous porterez. Déjà, vous avez appris qu’avec de bons bras et un cœur fidèle, on ne souffre pas de la faim. Maintenant que vous vous préparez à consacrer toutes vos énergies au travail du royaume, soyez assurés que le Père ne sera pas oublieux de vos besoins. Cherchez d’abord le royaume de Dieu et, quand vous en aurez trouvé l’entrée, toutes les choses nécessaires vous seront données par surcroit. Donc, ne vous souciez pas indument du lendemain. À chaque jour suffit sa peine. » 140:6.14 Voyant qu’ils étaient disposés à veiller toute la nuit pour poser des questions, Jésus leur dit : « Mes frères, vous êtes soumis aux lois terrestres ; il vaut mieux que vous alliez vous reposer afin d’être dispos pour le travail de demain. » Mais le sommeil avait fui leurs paupières. Pierre s’aventura à demander à son Maitre « juste un petit entretien privé avec toi, non que j’aie des secrets pour mes frères, mais je suis troublé et, si par hasard je dois recevoir une réprimande de mon Maitre, je la supporterai mieux en tête-à-tête. » Jésus dit : « Viens avec moi, Pierre », et il le précéda dans la maison. Lorsque Pierre revint de l’entretien avec son Maitre, tout réconforté et très encouragé, Jacques décida à son tour d’aller parler à Jésus. Et ainsi de suite, jusqu’aux premières heures du matin, les autres apôtres allèrent un à un s’entretenir avec le Maitre. Quand ils eurent tous conversé personnellement avec lui, sauf les jumeaux qui s’étaient endormis, André retourna vers Jésus et dit : « Maitre, les jumeaux se sont endormis près du feu dans le jardin. Dois-je les réveiller pour leur demander s’ils veulent aussi te parler ? » Jésus répondit en souriant à André : « Ils font bien – ne les dérange pas. » Et voici que La nuit s’achevait et l’aurore d’un nouveau jour apparaissait. 7.La semaine après l’ordination 140:7.1 Après quelques heures de sommeil, alors que les douze étaient réunis pour un petit déjeuner tardif, Jésus leur dit : « Il faut maintenant que vous commenciez à prêcher la bonne nouvelle et à instruire les croyants. Préparez-vous à aller à Jérusalem. » Après que Jésus eut parlé, Thomas rassembla son courage pour dire : « Je sais, Maitre, que nous devrions être prêts à entreprendre le travail, mais je crains que nous ne soyons pas encore capables d’accomplir cette grande œuvre. Voudrais-tu consentir que nous restions quelques jours de plus dans les parages avant d’aborder les tâches du royaume ? » Voyant que tous ses apôtres étaient saisis de la même crainte, Jésus leur dit : « Il sera fait comme vous l’avez demandé ; nous resterons ici jusqu’au lendemain du sabbat. » 140:7.2 Pendant des semaines et des semaines, de petits groupes de fervents chercheurs de la vérité, ainsi que des spectateurs curieux, étaient venus à Bethsaïde pour voir Jésus. Déjà, sa réputation s’était répandue dans le pays ; des groupes d’enquêteurs étaient venus de villes aussi éloignées que Tyr, Sidon, Damas, Césarée et Jérusalem. Jusque-là, Jésus avait accueilli ces visiteurs et les avait instruits au sujet du royaume, mais le Maitre confia désormais ce travail aux douze. André choisissait l’un des apôtres et l’affectait à un groupe de visiteurs ; les douze étaient parfois tous engagés à la fois. 140:7.3 Durant deux jours, ils travaillèrent, enseignant dans la journée et tenant des conférences privées jusque tard dans la nuit. Le troisième jour, Jésus s’entretint avec Zébédée et Salomé, tandis qu’il renvoyait ses apôtres en disant : « Allez à la pêche, cherchez à vous distraire sans souci, ou peut-être allez voir vos familles. » Le jeudi, ils revinrent pour trois journées d’enseignement complémentaire. 140:7.4 Durant cette semaine de préparation, Jésus répéta maintes fois à ses apôtres les deux grands mobiles de sa mission sur terre après son baptême : 140:7.5 1. Révéler le Père aux hommes. 140:7.6 2 .Amener les hommes à être conscients de leur filiation – réaliser par la foi qu’ils sont les enfants du Très Haut. 140:7.7 Une semaine de ces expériences variées fit faire beaucoup de progrès aux douze ; certains acquirent même trop de confiance en eux-mêmes. À la dernière conférence, durant la soirée consécutive au sabbat, Pierre et Jacques s’approchèrent de Jésus en lui disant : « Nous sommes prêts ; allons maintenant nous emparer du royaume. » À quoi Jésus répondit : « Puisse votre sagesse égaler votre zèle, et votre courage compenser votre ignorance. » 140:7.8 Bien que les apôtres ne comprissent pas grand-chose à l’enseignement du Maitre, ils saisissaient parfaitement la signification de la vie de charme et de beauté qu’il vivait avec eux. 8. Le jeudi après-midi, sur le lac 140:8.1 Jésus savait bien que ses apôtres n’assimilaient pas entièrement ses enseignements. Il décida de donner une instruction spéciale à Pierre, Jacques et Jean, espérant qu’ils seraient ensuite capables de clarifier les idées de leurs compagnons. Il voyait que les douze comprenaient certaines caractéristiques de l’idée d’un royaume spirituel, mais persistaient obstinément à rattacher directement ces nouveaux enseignements spirituels à leurs vieilles conceptions littérales et enracinées du royaume céleste en tant que restauration du trône de David et rétablissement d’Israël comme puissance temporelle sur terre. En conséquence, Jésus s’éloigna du rivage ce jeudi après-midi en emmenant Pierre, Jacques et Jean sur un bateau pour leur parler des affaires du royaume. Ce fut une conférence éducative de quatre heures, embrassant des dizaines de questions et de réponses, qui peut, de manière très profitable, être insérée dans cet exposé en recomposant le résumé de cet important après-midi, tel que Simon Pierre le raconta le lendemain matin à son frère André. 140:8.2 1. Faire la volonté du Père. L’enseignement de Jésus de se confier aux soins supérieurs du Père qui est aux cieux n’était pas un fatalisme aveugle et passif. Jésus cita, ce jour-là, en l’approuvant, un vieux dicton hébreu disant : « Celui qui ne veut pas travailler ne mangera pas. » Il fit remarquer que sa propre expérience était un commentaire suffisant de ses enseignements. Ses préceptes sur la confiance à témoigner au Père ne doivent pas être jugés d’après les conditions sociales ou économiques des temps modernes ni de toute autre époque. Cet enseignement embrasse les principes idéaux d’une vie proche de Dieu dans tous les âges et sur tous les mondes. 140:8.3 Jésus fit bien comprendre, à ses trois apôtres, les différences d’exigences entre les fonctions d’apôtre et celles de disciple. Même alors, il n’interdit pas aux douze l’exercice de la prudence et de la prévoyance. Il ne prêchait pas contre la prévoyance, mais contre l’anxiété et les soucis. Il enseignait la soumission alerte et active à la volonté de Dieu. En réponse aux nombreuses questions des trois apôtres sur la frugalité et l’épargne, il attira simplement leur attention sur sa vie de charpentier, de constructeur de bateaux et de pêcheur, et sur sa minutieuse organisation des douze. Il chercha à leur expliquer que le monde ne doit pas être considéré comme un ennemi, et que les circonstances de la vie constituent une dispensation divine travaillant de concert avec les enfants de Dieu. 140:8.4 Jésus éprouva de grandes difficultés à leur faire comprendre sa pratique personnelle de non-résistance. Il refusait absolument de se défendre, et il semblait aux apôtres que Jésus les verrait avec plaisir suivre la même politique. Il leur apprenait à ne pas résister au mal, à ne pas combattre les injustices et les blessures, mais non à tolérer passivement la malfaisance. Il rendit clair, cet après-midi-là, qu’il approuvait le châtiment social des malfaiteurs et des criminels, et que le gouvernement civil devait parfois employer la force pour maintenir l’ordre social et exécuter les décisions de la justice. 140:8.5 Il ne cessa jamais de mettre ses disciples en garde contre la fâcheuse pratique des représailles ; il ne tolérait pas l’idée de revanche, de régler ses comptes. Il déplorait que l’on gardât rancune, il rejetait l’idée d’œil pour œil, dent pour dent. Il désapprouvait tout le concept de revanche privée et personnelle ; il laissait ces questions au gouvernement civil d’une part, et au jugement de Dieu d’autre part. Il fit bien comprendre aux trois apôtres que ses enseignements s’appliquaient aux individus et non à l’État. Il résuma les instructions qu’il avait données jusque-là sur ces questions de la manière suivante : 140:8.6 Aimez vos ennemis – rappelez-vous les prétentions morales de la fraternité humaine. 140:8.7 La futilité du mal : un tort ne se redresse pas par une vengeance. Ne commettez pas la faute de combattre le mal avec ses propres armes. 140:8.8 Ayez la foi – ayez confiance dans le triomphe final de la justice divine et de la bonté éternelle. 140:8.9 2. Attitude politique. Jésus recommanda à ses apôtres d’être prudents dans leurs remarques concernant les relations, alors tendues, entre le peuple juif et le gouvernement romain ; il leur défendit de se laisser impliquer en aucune manière dans ces difficultés. Il prenait toujours soin d’éviter les pièges politiques de ses ennemis, répondant toujours : « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. » Il refusait de laisser détourner son attention de sa mission, qui était d’établir une nouvelle voie de salut ; il ne se permettait pas de se soucier d’autre chose. Dans sa vie personnelle, il observait toujours dument toutes les lois et règles civiles ; dans ses enseignements publics, il laissait de côté les questions civiques, économiques et sociales. Il dit aux trois apôtres qu’il se souciait uniquement des principes de la vie spirituelle intérieure et personnelle des hommes. 140:8.10 Jésus n’était donc pas un réformateur politique. Il ne venait pas pour réorganiser le monde ; même s’il l’avait fait, cela n’eût été applicable qu’à cette époque et à cette génération. Néanmoins, il montra bien aux hommes la meilleure manière de vivre, et nulle génération n’est dispensée de la tâche de découvrir la meilleure façon d’adapter l’exemple de la vie de Jésus à ses propres problèmes. Mais ne commettez jamais l’erreur d’identifier les enseignements de Jésus à une théorie politique ou économique, ni à un système social ou industriel quelconque. 140:8.11 3. Attitude sociale. Les rabbins juifs avaient longtemps débattu la question : Qui est mon prochain ? Jésus vint en présentant l’idée d’une bonté active et spontanée, un amour si sincère du prochain qu’il amplifiait la notion de voisinage jusqu’à y inclure le monde entier, ce qui fait de chaque homme votre prochain. Ceci dit, Jésus s’intéressait uniquement aux individus, et non à la masse. Il n’était pas un sociologue, mais il travailla à briser toutes les formes d’isolement égoïste. Il enseignait la pure sympathie, la compassion. Micaël de Nébadon est un Fils dominé par la miséricorde. La compassion est l’essence même de sa nature. 140:8.12 Le Maitre n’a pas dit que les hommes ne devaient jamais recevoir leurs amis à des repas, mais il a dit que ses disciples devraient organiser des festins pour les pauvres et les malheureux. Jésus avait un solide sens de la justice, mais toujours tempéré de miséricorde. Il n’enseigna pas à ses apôtres qu’ils devaient se laisser abuser par des parasites sociaux ou des mendiants professionnels. Le moment où il fut le plus près de faire des proclamations sociologiques fut celui où il dit : « Ne jugez pas, pour n’être pas jugés ». 140:8.13 Il fit bien comprendre qu’une bienveillance sans discernement pouvait être la cause de nombreux maux de la société. Le lendemain, Jésus interdit franchement à Judas de prélever aucune aumône sur les fonds apostoliques, sauf à sa requête ou à la demande conjointe de deux apôtres. En toutes ces matières, Jésus avait coutume de dire : « Soyez prudents comme des serpents, mais aussi inoffensifs que des colombes. » Il semblait que, dans toutes les situations sociales, il avait pour dessein d’enseigner la patience, la tolérance et le pardon. 140:8.14 Pour Jésus, la philosophie de la vie – sur terre et dans l’au-delà – était centrée sur la famille. Il fonda sur la famille ses enseignements au sujet de Dieu, tout en cherchant à corriger la tendance des Juifs à rendre des honneurs excessifs à leurs ancêtres. Il loua la vie de famille comme le plus haut devoir humain, mais fit comprendre que les relations de famille ne doivent pas interférer avec les obligations religieuses. Il attira l’attention sur le fait que la famille est une institution temporelle et ne survit pas à la mort. Jésus n’hésita pas à abandonner sa famille lorsqu’elle alla à l’encontre de la volonté du Père. Il enseigna la nouvelle et plus large fraternité des hommes – des fils de Dieu. À l’époque de Jésus, les pratiques concernant le divorce étaient très relâchées en Palestine et dans tout l’empire romain. Jésus refusa, à maintes reprises, de formuler des lois sur le mariage et le divorce, mais nombre des premiers partisans de Jésus avaient des opinions très arrêtées sur le divorce et n’hésitèrent pas à les lui attribuer. Tous les écrivains du Nouveau Testament, sauf Jean Marc, partageaient ces opinions plus strictes et évoluées sur le divorce. 140:8.15 4. Attitude économique. Jésus travailla, vécut et commerça dans le monde tel qu’il le trouva. Il n’était pas un réformateur économique, bien qu’il ait fréquemment attiré l’attention sur l’injustice de la distribution inégale des richesses, mais il n’offrit aucune suggestion comme remède. Il expliqua aux trois que, si ses apôtres ne devaient pas détenir de biens, il ne prêchait pas contre la fortune et la propriété, mais seulement contre leur distribution inégale et inéquitable. Il reconnaissait le besoin de justice sociale et d’équité industrielle, mais ne proposa aucune règle pour y parvenir. 140:8.16 Il n’enseigna jamais à ses disciples le renoncement aux possessions terrestres, mais seulement à ses douze apôtres. Luc, le médecin, croyait fermement à l’égalité sociale et contribua beaucoup à interpréter les dires de Jésus conformément à ses croyances personnelles. Jésus n’ordonna jamais à ses partisans d’adopter un mode de vie communautaire ; il ne fit aucune proclamation d’aucune sorte concernant ces questions. 140:8.17 Jésus mit fréquemment ses auditeurs en garde contre la cupidité en déclarant que « le bonheur d’un homme ne consiste pas dans l’abondance de ses possessions matérielles ». Il réitérait constamment sa formule : « À quoi sert-il à un homme de gagner le monde entier et de perdre sa propre âme ? » Il ne lança pas d’attaques directes contre la possession des biens, mais il insista sur le fait qu’il est éternellement essentiel de donner priorité aux valeurs spirituelles. Dans ses enseignements ultérieurs, il chercha à corriger beaucoup de points de vue urantiens erronés sur la vie, en racontant de nombreuses paraboles qu’il présenta au cours de son ministère public. Jésus n’eut jamais l’intention de formuler des théories économiques ; il savait bien que chaque époque doit élaborer ses propres remèdes aux difficultés existantes. Si Jésus était sur terre aujourd’hui, vivant sa vie incarnée, il décevrait grandement la majorité des hommes et des femmes de bien, pour la simple raison qu’il refuserait de prendre parti dans les débats politiques, sociaux et économiques du jour. Il resterait majestueusement sur la réserve, tout en vous enseignant à perfectionner votre vie spirituelle intérieure de manière à vous rendre infiniment plus compétents pour attaquer la solution de vos problèmes purement humains. 140:8.18 Jésus voulait rendre tous les hommes semblables à Dieu, et ensuite veiller avec sympathie pendant que ces fils de Dieu résoudraient leurs propres problèmes politiques, sociaux et économiques. Ce n’était pas la fortune qu’il condamnait, mais ce que fait la fortune à la majorité de ses adeptes. Ce jeudi après-midi, Jésus dit, pour la première fois, à ses disciples « qu’il y a plus de bénédiction à donner qu’à recevoir ». 140:8.19 5. Religion personnelle. Pour vous comme pour les apôtres, la meilleure manière de comprendre les enseignements de Jésus est d’observer sa vie. Il vécut une vie parfaite sur Urantia, et l’on ne peut comprendre ses enseignements exceptionnels qu’en se représentant sa vie dans son arrière-plan immédiat. C’est sa vie, et non ses leçons aux douze ou ses sermons aux foules, qui aidera le plus à révéler le caractère divin et la personnalité aimante du Père. 140:8.20 Jésus n’attaqua pas les enseignements des prophètes hébreux ou des moralistes grecs. Le Maitre reconnaissait les nombreux éléments valables que ces grands éducateurs représentaient, mais il était descendu sur terre pour enseigner quelque chose de supplémentaire, « la conformité volontaire de la volonté de l’homme à la volonté de Dieu ». Jésus ne cherchait pas simplement à créer des hommes religieux, des mortels entièrement occupés de sentiments religieux et uniquement mus par des impulsions spirituelles. Si vous aviez pu jeter seulement un regard sur lui, vous auriez su qu’il était véritablement un homme de grande expérience dans les choses de ce monde. Les enseignements de Jésus sous ce rapport ont été grossièrement dénaturés et très souvent faussement présentés tout au long des siècles de l’ère chrétienne. Vous vous êtes aussi attachés à des idées déformées sur la mansuétude et l’humilité du Maitre. Le but qu’il recherchait dans sa vie parait avoir été un magnifique respect de soi. Il recommandait aux hommes de s’humilier uniquement pour leur permettre d’être vraiment grands ; le but qu’il visait réellement était une vraie humilité envers Dieu. Il attribuait une grande valeur à la sincérité – au cœur pur. La fidélité était une vertu cardinale dans son évaluation d’un caractère, alors que le courage était l’essence même de ses enseignements. « N’ayez aucune crainte » était son mot de passe, et la patiente endurance était son idéal de la force de caractère. Les enseignements de Jésus constituent une religion de vaillance, de courage et d’héroïsme. C’est précisément pourquoi il choisit, comme représentants personnels, douze hommes du commun, qui étaient en majorité de rudes et virils pêcheurs. 140:8.21 Jésus parla peu des vices sociaux de son époque ; il fit rarement allusion à la délinquance morale. Il enseigna la vraie vertu d’une manière positive. Il évita soigneusement la méthode négative de donner des instructions ; il refusa toute publicité pour le mal. Il n’était même pas un réformateur moral. Il savait bien et enseignait à ses apôtres que les besoins sensuels de l’humanité ne sont supprimés ni par des reproches religieux ni par des prohibitions légales. Ses rares condamnations étaient surtout dirigées contre l’orgueil, la cruauté, l’oppression et l’hypocrisie. 140:8.22 Jésus ne critiqua même pas les pharisiens avec véhémence comme le fit Jean le Baptiste. Il savait que bien des scribes et des pharisiens avaient un cœur honnête ; il comprenait l’emprise qui les rendait esclaves des traditions religieuses. Jésus insistait beaucoup sur la nécessité de « commencer par assainir l’arbre ». Il fit bien comprendre au trio qu’il attachait de la valeur à la vie entière, et pas seulement à quelques vertus particulières. 140:8.23 La seule leçon que Jean Zébédée tira de l’enseignement de cette journée fut que le fond de la religion de Jésus consistait à acquérir un caractère compatissant doublé d’une personnalité mue par le désir de faire la volonté du Père qui est aux cieux. 140:8.24 Pierre saisit l’idée que l’évangile, qu’ils étaient sur le point de proclamer, était réellement une nouvelle base de départ pour la race humaine tout entière. Il transmit plus tard cette impression à Paul, qui s’en servit pour formuler sa doctrine du Christ en tant que « le second Adam ». 140:8.25 Quant à Jacques, il comprit la passionnante vérité que Jésus voulait voir vivre ses enfants sur terre comme s’ils étaient déjà des citoyens du royaume céleste parachevé. 140:8.26 Jésus savait que tous les hommes étaient différents, et il l’enseigna à ses apôtres. Il les exhortait constamment à s’abstenir de toute tentative pour former les disciples et les croyants selon un modèle préétabli. Il cherchait à permettre à chaque âme de se développer à sa propre manière, à titre individuel, en se perfectionnant au regard de Dieu. En réponse à l’une des nombreuses questions de Pierre, le Maitre dit : « Je veux libérer les hommes de manière qu’ils puissent repartir comme de petits enfants dans une vie nouvelle et meilleure. » Jésus insistait toujours sur le fait que la vraie bonté doit être inconsciente, et qu’en faisant la charité, on ne doit pas permettre à la main gauche de savoir ce que fait la droite. 140:8.27 Cet après-midi, les trois apôtres furent choqués de constater que la religion de leur Maitre ne prévoyait pas d’introspection spirituelle. Toutes les religions qui ont précédé et suivi l’époque de Jésus, même le christianisme, prévoient soigneusement une introspection consciencieuse. Mais ce n’est pas le cas pour la religion de Jésus de Nazareth ; sa philosophie de la vie est dépourvue d’introspection religieuse. Le fils du charpentier n’enseigna jamais la formation des caractères, mais leur croissance, déclarant que le royaume des cieux ressemble à un grain de sénevé. Mais Jésus ne dit rien qui puisse proscrire l’analyse de soi comme moyen de prévention contre un égotisme prétentieux. 140:8.28 Le droit d’entrer dans le royaume est conditionné par la foi, la croyance personnelle. Ce qu’il en coute pour se maintenir dans l’ascension progressive du royaume est la perle de grand prix ; pour la posséder, un homme vend tout ce qu’il a. 140:8.29 L’enseignement de Jésus est une religion pour tous et pas seulement pour les faibles et les esclaves. Sa religion ne se cristallisa jamais (durant son incarnation) en crédos et en lois théologiques ; il ne laissa pas une ligne d’écriture derrière lui. Sa vie et ses enseignements furent légués à l’univers comme un héritage d’inspiration et d’idéal convenant à la gouverne spirituelle et à l’instruction morale de tous les âges sur tous les mondes. Même aujourd’hui, les enseignements de Jésus se tiennent en dehors de toutes les religions, bien qu’ils constituent l’espoir vivant de chacune d’elles. 140:8.30 Jésus n’enseigna pas à ses apôtres que la religion est la seule occupation terrestre digne des hommes, ce qui était la conception des Juifs sur le service de Dieu ; mais il affirma avec insistance que les douze devaient s’occuper exclusivement de religion. Jésus n’enseigna rien pour détourner ses fidèles de la poursuite d’une véritable culture ; il rabaissa seulement le mérite des écoles religieuses de Jérusalem prisonnières de la tradition. Il était libéral, généreux, instruit et tolérant. La piété consciente de soi n’avait nulle place dans sa philosophie pour mener une vie de droiture. 140:8.31 Le Maitre n’offrit pas de solutions pour les problèmes non religieux de son temps ou de tout autre âge ultérieur. Jésus souhaitait développer la clairvoyance spirituelle dans les réalités éternelles et stimuler l’initiative dans l’originalité de la vie. Il s’occupa exclusivement des besoins spirituels sous-jacents et permanents de la race humaine. Il révéla une bonté égale à celle de Dieu. Il exalta l’amour – la vérité, la beauté et la bonté – comme idéal divin et réalité éternelle. 140:8.32 Le Maitre vint pour créer chez l’homme un nouvel esprit, une nouvelle volonté – pour lui communiquer une nouvelle capacité de connaitre la vérité, d’éprouver de la compassion et de choisir la bonté – la volonté d’être en harmonie avec la volonté de Dieu, doublée de l’impulsion éternelle de devenir parfait comme le Père qui est aux cieux est parfait. 9. Le jour de la consécration 140:9.1 Jésus consacra la journée du sabbat suivant à ses apôtres, retournant dans les hautes terres où il leur avait conféré l’ordination. Là, après un long message personnel d’encouragement magnifiquement touchant, il entreprit la consécration solennelle des douze. Au cours de cet après-midi de sabbat, Jésus réunit les apôtres autour de lui, à flanc de coteau, et les remit aux mains de son Père qui est aux cieux en vue du jour où il serait obligé de les laisser seuls dans le monde. Il n’y eut pas de nouvel enseignement à cette occasion, mais simplement des entretiens et une communion. 140:9.2 Jésus passa en revue de nombreux points du sermon d’ordination qu’il avait fait au même endroit, puis il appela les apôtres devant lui, un par un, et les chargea d’aller dans le monde comme ses représentants. La mission de consécration donnée par le Maitre fut la suivante : « Allez dans le monde entier et prêchez la bonne nouvelle du royaume. Libérez les prisonniers spirituels, consolez les opprimés et donnez vos soins aux affligés. Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement. » 140:9.3 Jésus leur recommanda de n’emporter ni argent ni vêtements de rechange, disant : « le bon ouvrier mérite son salaire. » Et finalement il dit : « Voici, je vous envoie comme des brebis au milieu des loups ; soyez donc aussi prudents que des serpents et aussi inoffensifs que des colombes. Mais prenez garde, car vos ennemis vous amèneront devant leurs conseils et vous critiqueront sévèrement dans leurs synagogues. Vous serez trainés devant des gouverneurs et des dirigeants parce que vous croyez à cet évangile, et votre témoignage même témoignera pour moi auprès d’eux. Quand ils vous feront passer en jugement, ne vous inquiétez pas de ce que vous direz, car l’esprit de mon Père vous habite et parlera pour vous à ces moments-là. Quelques-uns d’entre vous seront mis à mort et, avant que vous établissiez le royaume sur terre, vous serez haïs par bien des peuples à cause de cet évangile ; mais n’ayez aucune crainte ; je serai auprès de vous et mon esprit vous précèdera dans le monde entier. La présence de mon Père demeurera avec vous pendant que vous irez d’abord vers les Juifs et ensuite vers les Gentils. » 140:9.4 Après être descendus de la montagne, ils retournèrent à leur foyer dans la maison de Zébédée. 10. Le soir après la consécration 140:10.1 Ce soir-là, Jésus enseigna dans la maison parce que la pluie commençait à tomber ; il parla très longuement aux douze pour essayer de leur montrer ce qu’ils devaient être, et non ce qu’ils devaient faire. Les apôtres connaissaient seulement une religion qui imposait de faire certaines choses comme moyen d’atteindre la droiture – le salut. Mais Jésus répétait : « Dans le royaume, il faut être droit pour faire le travail. » Bien des fois, il réitéra : « Soyez donc parfaits comme votre Père qui est aux cieux est parfait. » Le Maitre expliquait tout le temps à ses apôtres désorientés que le salut qu’il était venu apporter au monde ne pouvait s’obtenir qu’en croyant, par une foi simple et sincère. Jésus dit : « Jean a prêché un baptême de repentance, une affliction pour l’ancienne manière de vivre. Vous allez proclamer le baptême de communion avec Dieu. Prêchez la repentance à ceux qui ont besoin de cet enseignement, mais, à ceux qui cherchent déjà sincèrement l’entrée du royaume, ouvrez largement les portes et dites-leur d’entrer dans la joyeuse communauté des fils de Dieu. » Mais c’était une tâche difficile de persuader ces pêcheurs de Galilée que, dans le royaume, il faut d’abord être droit, par la foi, avant d’agir avec droiture dans la vie quotidienne des mortels de la terre. 140:10.2 Un autre grand handicap dans cette œuvre d’enseignement des douze était leur tendance à s’emparer de principes hautement idéalistes et spirituels de la vérité religieuse, et à les transformer en règles concrètes de conduite personnelle. Jésus leur présentait le magnifique esprit de l’attitude de l’âme, mais les apôtres insistaient pour traduire cet enseignement en préceptes de comportement personnel. Bien des fois, quand ils étaient sûrs de bien se rappeler ce que le Maitre avait dit, ils étaient presque assurés d’oublier ce que le Maitre n’avait pas dit. Mais ils assimilaient lentement son enseignement, parce que Jésus était tout ce qu’il enseignait. Ce qu’ils ne purent gagner par ses instructions verbales, ils l’acquirent progressivement en vivant avec lui. 140:10.3 Les apôtres ne percevaient pas que leur Maitre s’occupait de vivre une vie d’inspiration spirituelle pour toutes les personnes de toutes les époques sur tous les mondes d’un vaste univers. Malgré ce que Jésus leur disait de temps en temps, les apôtres ne saisissaient pas l’idée qu’il accomplissait une œuvre sur ce monde, mais pour tous les autres mondes de son immense création. Jésus vécut sa vie terrestre sur Urantia, non pour établir un exemple personnel de vie de mortel pour les hommes et les femmes de ce monde, mais plutôt pour créer un idéal hautement spirituel et une source d’inspiration pour tous les êtres mortels sur tous les mondes. 140:10.4 Le même soir, Thomas demanda à Jésus : « Maitre, tu dis qu’il nous faut devenir comme des petits enfants avant de pouvoir gagner l’entrée dans le royaume du Père, et cependant tu nous as prévenus de ne pas nous laisser tromper par de faux prophètes et de ne pas nous rendre coupables de jeter nos perles aux pourceaux. Franchement, je suis déconcerté. Je n’arrive pas à comprendre ton enseignement. » Jésus répondit à Thomas : « Combien de temps vous supporterai-je ! Vous insistez toujours pour prendre à la lettre tout ce que j’enseigne. Quand je vous ai demandé de devenir semblables à de petits enfants comme prix de votre entrée dans le royaume, je ne parlais ni de la facilité à se laisser tromper, ni de la simple bonne volonté de croire ni de la rapidité à faire confiance à d’agréables étrangers. Ce que je désirais que vous retiriez de cet exemple, c’était la relation entre enfant et père. Tu es l’enfant, et c’est dans le royaume de ton Père que tu cherches à entrer. Il existe, entre tout enfant normal et son père, une affection naturelle qui assure des relations compréhensives et affectueuses, et qui exclut perpétuellement toute tendance à négocier pour obtenir l’amour et la miséricorde du Père. L’évangile que vous allez prêcher concerne un salut provenant de la réalisation, par la foi, de cette même et éternelle relation d’enfant à père. » 140:10.5 La caractéristique majeure de l’enseignement de Jésus était que la moralité de sa philosophie dérivait des relations personnelles entre l’individu et Dieu – précisément cette relation d’enfant à père. Jésus mettait l’accent sur l’individu, et non sur la race ou sur la nation. C’est au cours du souper que Jésus eut avec Matthieu l’entretien où il lui expliqua que la moralité d’un acte quelconque est déterminée par le mobile de son auteur. La moralité de Jésus était toujours positive. La règle d’or reformulée par Jésus exige des contacts sociaux actifs ; l’ancienne règle négative pouvait être suivie dans l’isolement. Jésus dépouilla la moralité de toutes les règles et cérémonies, et l’éleva aux hauteurs majestueuses de la pensée spirituelle et de la vie véritablement droite. 140:10.6 La nouvelle religion de Jésus n’était pas dépourvue de portée pratique ; mais tout ce qui peut se trouver dans son enseignement, ayant valeur pratique à un point de vue politique, social ou économique, découle naturellement de cette expérience intérieure de l’âme manifestant les fruits de l’esprit dans le ministère quotidien spontané d’une expérience religieuse personnelle authentique. 140:10.7 Après que Jésus et Matthieu eurent achevé de parler, Simon Zélotès demanda : « Maitre, les hommes sont-ils tous fils de Dieu ? » Jésus répondit : « Oui, Simon, tous les hommes sont fils de Dieu, et c’est la bonne nouvelle que vous allez proclamer. » Mais les apôtres ne parvenaient pas à comprendre une telle doctrine qui était pour eux une annonce nouvelle, étrange et stupéfiante. Et c’était à cause de son désir d’inculquer cette vérité à ses disciples que Jésus leur apprenait à traiter tous les hommes comme leurs frères. 140:10.8 En réponse à une question posée par André, le Maitre expliqua que la moralité de son enseignement était inséparable de sa manière religieuse de vivre. Il enseignait la moralité non en partant de la nature de l’homme, mais en partant de la relation de l’homme avec Dieu. 140:10.9 Jean demanda à Jésus : « Maitre, qu’est-ce que le royaume des cieux ? » Et Jésus répondit : « Le royaume des cieux se compose de trois éléments essentiels : premièrement la reconnaissance du fait de la souveraineté de Dieu ; deuxièmement la croyance à la vérité de la filiation avec Dieu ; et troisièmement la foi dans l’efficacité du suprême désir humain de faire la volonté de Dieu – d’être semblable à Dieu. Et voici la bonne nouvelle de l’évangile : par la foi, chaque mortel peut posséder tous ces éléments essentiels du salut. » 140:10.10 Maintenant que la semaine d’attente était écoulée, ils se préparèrent à partir le lendemain pour Jérusalem. FASCICULE 141. Le commencement de l’œuvre publique 141:0.1 Le 19 janvier de l’an 27, premier jour de la semaine, Jésus et les douze apôtres se préparèrent à quitter leur quartier général de Bethsaïde. Les douze ne savaient rien des plans de leur Maitre, sinon qu’ils monteraient à Jérusalem pour assister à la fête de la Pâque en avril, et que l’itinéraire projeté passait par la vallée du Jourdain. Ils ne partirent guère avant midi de la maison de Zébédée, parce que les familles des apôtres et d’autres disciples étaient venues leur dire adieu et leur souhaiter bonne chance dans la nouvelle tâche qu’ils étaient sur le point d’entreprendre. 141:0.2 Au moment du départ, les apôtres ne virent pas le Maitre, et André partit à sa recherche. Il ne tarda pas à le trouver assis dans un bateau sur la plage, et Jésus pleurait. Les douze avaient souvent vu leur Maitre à des moments où il semblait triste et ils avaient été témoins de ses brèves périodes de graves préoccupations mentales, mais aucun ne l’avait jamais vu verser des larmes. André fut quelque peu surpris de voir le Maitre ainsi affecté au moment de leur départ pour Jérusalem, et il osa s’approcher de Jésus et lui demanda : « En ce grand jour, Maitre, au moment où nous allons nous rendre à Jérusalem pour proclamer le royaume du Père, pourquoi pleures-tu ? Qui de nous t’a offensé ? » Et Jésus, revenant avec André vers les douze, lui répondit : « Aucun de vous ne m’a causé de chagrin. Je suis attristé seulement parce qu’aucun membre de la famille de mon père Joseph n’a songé à venir nous souhaiter bon voyage. » À ce moment-là, Ruth était en visite chez son frère Joseph à Nazareth ; les autres membres de la famille s’étaient tenus à l’écart par orgueil, déception, incompréhension et mesquine rancune à laquelle ils se laissaient aller parce que leurs sentiments avaient été froissés. 1. Départ de Galilée 141:1.1 Capharnaüm n’était pas loin de Tibériade ; la renommée de Jésus avait commencé à se répandre largement à travers toute la Galilée, et même au-delà. Jésus savait qu’Hérode ne tarderait pas à prêter attention à son œuvre ; il estima donc qu’il valait mieux se diriger vers le sud et entrer en Judée avec ses apôtres. Une compagnie de plus de cent croyants désirait faire route avec eux, mais Jésus leur parla et les pria de ne pas accompagner le groupe apostolique sur le chemin descendant le Jourdain. Ils consentirent à rester en arrière, mais nombre d’entre eux suivirent le Maitre quelques jours après. 141:1.2 Le premier jour, Jésus et les apôtres n’allèrent pas plus loin que Tarichée, où ils se reposèrent pour la nuit. Le lendemain, ils voyagèrent jusqu’à un point du Jourdain proche de Pella, où Jean avait prêché environ un an auparavant et où Jésus avait reçu le baptême. Ils s’arrêtèrent là, durant plus de deux semaines, enseignant et prêchant. À la fin de la première semaine, plusieurs centaines de personnes s’étaient rassemblées dans un camp proche de l’endroit où demeuraient Jésus et les douze ; cette foule était venue de Galilée, de Phénicie, de Syrie, de la Décapole, de Pérée et de Judée. 141:1.3 Jésus ne prêcha pas en public. André divisait la foule et désignait les prédicateurs pour les réunions du matin et de l’après-midi. Après le repas du soir, Jésus s’entretenait avec les douze. Il ne leur enseignait rien de nouveau, mais passait en revue son enseignement antérieur et répondait à leurs nombreuses questions. Au cours de l’une de ces soirées, il donna aux douze quelques indications sur les quarante jours qu’il avait passés dans les collines à proximité de ce lieu. 141:1.4 Bien des auditeurs venus de Pérée et de Judée avaient été baptisés par Jean et voulaient en apprendre davantage sur les enseignements de Jésus. Les apôtres firent beaucoup de progrès en instruisant les disciples de Jean, en ce sens qu’ils ne déprécièrent en aucune manière les prédications de Jean et qu’à cette époque, ils ne baptisaient même pas leurs nouveaux disciples. Mais ce fut toujours une pierre d’achoppement pour les partisans de Jean de voir que Jésus, s’il était vraiment tout ce que Jean avait annoncé, ne faisait rien pour le tirer de prison. Les disciples de Jean ne purent jamais comprendre pourquoi Jésus n’empêcha pas la mort cruelle de leur chef bien-aimé. 141:1.5 Soirée après soirée, André enseignait avec soin à ses compagnons apôtres la tâche délicate et difficile de bien s’entendre avec les disciples de Jean le Baptiste. Durant cette première année du ministère public de Jésus, plus des trois quarts de ses disciples avaient antérieurement suivi Jean et reçu son baptême. Toute cette année 27 se passa à prendre tranquillement la suite de l’œuvre de Jean en Pérée et en Judée. 2. La loi de Dieu et la volonté du Père 141:2.1 Le soir avant leur départ de Pella, Jésus donna aux apôtres quelques enseignements supplémentaires sur le nouveau royaume. Le Maitre dit : « On vous a appris à attendre la venue du royaume de Dieu, et maintenant je viens vous annoncer que ce royaume longtemps attendu est à portée de la main, qu’il est même déjà ici, au milieu de nous. Dans tout royaume, il faut un roi siégeant sur son trône et décrétant les lois du royaume. Vous avez donc conçu le royaume des cieux comme une souveraineté glorifiée du peuple juif sur tous les peuples de la terre, avec le Messie siégeant sur le trône de David et, de ce lieu de pouvoir miraculeux, promulguant les lois du monde entier. Mais, mes enfants, vous ne voyez pas avec l’œil de la foi et vous n’entendez pas avec l’intelligence de l’esprit. Je déclare que le royaume des cieux est la réalisation et la récognition de la loi de Dieu dans le cœur des hommes. Il est vrai qu’il y a un Roi dans ce royaume ; ce Roi est mon Père et votre Père. Nous sommes en vérité ses sujets loyaux mais ce fait est de loin transcendé par la vérité transformatrice que nous sommes ses fils. Dans ma vie, cette vérité doit devenir manifeste pour tous. Notre Père siège aussi sur un trône, mais sur un trône que nulle main n’a façonné. Le trône de l’Infini est la résidence éternelle du Père dans le ciel des cieux ; il remplit toutes les choses et proclame ses lois à tous les univers. Et le Père règne aussi dans le cœur de ses enfants terrestres par l’esprit qu’il a envoyé vivre dans l’âme des mortels. 141:2.2 « Quand vous êtes les sujets de ce royaume, il vous faut en vérité entendre la loi du Souverain de l’Univers. Mais, quand, à cause de l’évangile du royaume que je suis venu proclamer, vous découvrez par la foi que vous êtes des fils, vous ne vous considérez plus comme des créatures soumises à la loi d’un roi tout-puissant, mais comme des fils privilégiés d’un Père aimant et divin. En vérité, en vérité, je vous le dis, quand la volonté du Père est votre loi, vous n’êtes guère dans le royaume. Mais, quand la volonté du Père devient vraiment votre volonté, alors vous êtes en toute vérité dans le royaume, parce que le royaume est devenu de ce fait une expérience établie en vous. Quand la volonté de Dieu est votre loi, vous êtes de nobles sujets esclaves ; mais, quand vous croyez à ce nouvel évangile de filiation divine, la volonté de mon Père devient votre volonté, et vous êtes élevés à la haute position de libres enfants de Dieu, de fils affranchis du royaume. » 141:2.3 Certains apôtres saisirent quelque peu cet enseignement, mais aucun d’eux ne comprit la pleine signification de cette prodigieuse déclaration, sauf peut-être Jacques Zébédée. Toutefois, ces paroles pénétrèrent leur cœur et en rejaillirent pour réjouir leur ministère pendant leurs années ultérieures de service. 3. Le séjour à Amathus 141:3.1 Le Maitre et ses apôtres restèrent aux environs d’Amathus pendant près de trois semaines. Les apôtres continuèrent à prêcher deux fois par jour devant la foule, et Jésus prêcha tous les après-midis de sabbat. Il devint impossible de poursuivre les récréations du mercredi ; alors, André décida que deux apôtres se reposeraient chacun des six jours de la semaine, par roulement, et que tous seraient de service durant les cérémonies du sabbat. 141:3.2 Pierre, Jacques et Jean firent la plupart des sermons publics. Philippe, Nathanael, Thomas et Simon firent une grande partie du travail personnel et dirigèrent des classes pour des groupes spéciaux d’investigateurs. Les jumeaux continuèrent leur supervision générale de la police, tandis qu’André, Matthieu et Judas s’organisèrent en un comité d’administration générale de trois membres, mais chacun des trois effectuait aussi un travail religieux considérable. 141:3.3 André était fort occupé à régler les malentendus et les désaccords constamment renouvelés entre les disciples de Jean et les plus récents disciples de Jésus. Des crises sérieuses éclataient presque chaque jour, mais André, avec l’aide de ses collègues apostoliques, s’arrangeait pour amener les parties en conflit à conclure un accord quelconque, au moins temporairement. Jésus refusa de participer à aucune de ces conférences ; il ne voulut pas non plus donner le moindre conseil pour le règlement approprié des différends. Pas une seule fois il n’offrit de suggestion sur la manière dont les apôtres devaient résoudre ces difficultés de façon appropriée. Quand André abordait ces questions, Jésus disait toujours : « Il est malavisé pour l’hôte de participer aux querelles de famille de ses invités ; un parent sage ne prend jamais parti dans les mesquines querelles de ses propres enfants. » 141:3.4 Le Maitre déployait une grande sagesse et manifestait une parfaite équité dans tous ses rapports avec ses apôtres, ainsi qu’avec tous ses disciples. Jésus était vraiment un meneur d’hommes. Il exerçait une grande influence sur ses semblables à cause de la combinaison de charme et de force de sa personnalité. De sa rude vie de nomade sans foyer, il se dégageait une subtile influence de commandement. Il y avait une attirance intellectuelle et un pouvoir d’attraction spirituelle dans sa manière d’enseigner pleine d’autorité, dans sa logique lucide, dans sa force de raisonnement, dans sa clairvoyance sagace, dans la vivacité de son mental, dans son équilibre incomparable et dans sa sublime tolérance. Jésus était simple, viril, honnête et sans peur. Accompagnant toute l’influence physique et intellectuelle manifestée dans la présence du Maitre, il y avait aussi tous les charmes spirituels de l’être désormais attachés à sa personnalité – la patience, la tendresse, la mansuétude, la douceur et l’humilité. 141:3.5 Jésus de Nazareth était vraiment une personnalité vigoureuse et énergique ; il était une puissance intellectuelle et une forteresse spirituelle. Non seulement sa personnalité attirait, parmi ses disciples, des femmes enclines à la spiritualité, mais aussi Nicodème, homme instruit et intellectuel, et le hardi soldat romain, le capitaine de garde auprès de la croix, qui, après avoir assisté aux derniers moments du Maitre, dit : « En vérité, c’était un Fils de Dieu. » Et les robustes et rudes pêcheurs Galiléens l’appelaient Maitre. 141:3.6 Les portraits de Jésus ont été fort malencontreux. Ces tableaux peints du Christ ont exercé une influence nuisible sur la jeunesse. Les marchands du temple n’auraient guère fui devant Jésus s’il avait été un homme tel que vos artistes le dépeignent généralement. Il avait une nature humaine pleine de dignité ; il était bon, mais naturel. Jésus ne posait pas comme un mystique doux, agréable, gentil et aimable. Son enseignement avait un dynamisme galvanisant. Non seulement la bonté animait ses intentions, mais il parcourait le pays en faisant réellement le bien. 141:3.7 Le Maitre n’a jamais dit : « Venez à moi, vous tous qui êtes indolents et rêveurs. » Mais il a dit à maintes reprises : « Venez à moi, vous tous qui peinez et je vous donnerai du repos, de la force spirituelle. » En vérité, le joug du Maitre est léger, mais, même ainsi, il ne l’impose jamais ; chaque individu doit prendre ce joug de son propre gré. 141:3.8 Jésus décrivit la conquête par sacrifice, le sacrifice de l’orgueil et de l’égoïsme. En montrant de la miséricorde, il voulait dépeindre la manière spirituelle de se libérer de toutes les rancunes, des griefs, de la colère et de la soif de vengeance et de pouvoir personnel. Lorsqu’il dit : « Ne résistez pas au mal », il expliqua, plus tard, qu’il n’entendait pas trouver des excuses pour le péché ni conseiller de fraterniser avec l’iniquité. Il avait davantage l’intention d’enseigner à pardonner, à « ne pas résister aux mauvais traitements infligés à votre personnalité, aux mauvaises blessures infligées à vos sentiments de dignité personnelle. » 4. Enseignement au sujet du Père 141:4.1 Durant son séjour à Amathus, Jésus passa beaucoup de temps à enseigner aux apôtres le nouveau concept de Dieu. Maintes et maintes fois, il leur inculqua que Dieu est un Père, et non un grand et suprême comptable, principalement occupé à inscrire, au compte débiteur de ses enfants terrestres égarés, des enregistrements de leurs péchés et de leurs mauvaises actions pour les utiliser ultérieurement contre eux quand il les jugera en tant que juste Juge de toute la création. Les Juifs avaient, depuis longtemps, conçu Dieu comme un souverain universel, et même comme un Père de la nation, mais jamais auparavant un nombre important d’hommes mortels n’avait conçu Dieu en tant que Père aimant de chaque individu. 141:4.2 En réponse à la question de Thomas : « Qui est ce Dieu du royaume ? » Jésus répliqua : « Dieu est ton Père, et la religion – mon évangile – n’est rien de plus ou de moins que de reconnaitre, en y croyant, la vérité que tu es son fils. Je suis incarné ici, parmi vous, pour clarifier ces deux idées par ma vie et mes enseignements. » 141:4.3 Jésus chercha aussi à libérer le mental de ses apôtres de l’idée que les sacrifices d’animaux étaient un devoir religieux. Mais ces hommes élevés dans la religion du sacrifice quotidien étaient lents à comprendre ce qu’il voulait dire. Néanmoins le Maitre ne se lassa pas d’enseigner. Quand il ne réussissait pas à atteindre le mental de tous les apôtres par un seul exemple, il reformulait son message en employant un autre type de parabole pour les éclairer. 141:4.4 En même temps, Jésus commença à instruire plus complètement les douze sur leur mission « de consoler les affligés et de soigner les malades ». Le Maitre leur parla longuement de l’homme total – de l’union du corps, du mental et de l’esprit pour former l’individu, homme ou femme. Jésus exposa, à ses associés, les trois formes d’affliction qu’ils allaient rencontrer, et poursuivit en leur expliquant comment ils devraient apporter leur ministère à tous ceux qui endurent les douleurs des maladies humaines. Il leur apprit à reconnaitre : 141:4.5 1. Les maux de la chair – les afflictions communément considérées comme les maladies physiques. 141:4.6 2. Les troubles du mental – les afflictions non physiques, ultérieurement considérées comme des difficultés et des dérangements émotionnels et mentaux. 141:4.7 3. La possession par de mauvais esprits. 141:4.8 En plusieurs occasions, Jésus expliqua à ses apôtres la nature de ces mauvais esprits et leur donna quelques indications sur leur origine ; à cette époque, on les appelait souvent esprits impurs. Le Maitre connaissait bien la différence entre la possession par de mauvais esprits et la démence, mais les apôtres l’ignoraient. Vu leur connaissance limitée de l’histoire primitive d’Urantia, Jésus ne pouvait pas non plus entreprendre de leur rendre cette question pleinement compréhensible. Mais il leur dit, à maintes reprises, en faisant allusion à ces mauvais esprits : « Ils ne molesteront plus les hommes quand je serai monté au ciel auprès de mon Père et que j’aurai répandu mon esprit sur toute chair, à l’époque où le royaume viendra en grande puissance et en gloire spirituelle. » 141:4.9 De semaine en semaine et de mois en mois, durant toute cette année, les apôtres tournèrent de plus en plus leur attention à secourir les malades. 5. Unité spirituelle 141:5.1 L’une des conférences du soir les plus mouvementées d’Amathus fut la session où l’on discuta de l’unité spirituelle. Jacques Zébédée avait demandé : « Maitre, comment apprendrons-nous à avoir le même point de vue et à jouir ainsi d’une plus grande harmonie entre nous ? » Lorsque Jésus entendit cette question, son esprit fut tellement ému qu’il répliqua : « Jacques, Jacques, quand t’ai-je enseigné que vous deviez tous avoir le même point de vue ? Je suis venu dans le monde pour proclamer la liberté spirituelle afin que les mortels aient le pouvoir de vivre des vies individuelles originales et libres devant Dieu. Je ne désire pas que l’harmonie sociale et la paix fraternelle soient achetées par le sacrifice de la libre personnalité et de l’originalité spirituelle. Ce que je vous demande, mes apôtres, c’est l’unité spirituelle – dont vous pouvez faire l’expérience dans la joie de l’union de votre consécration à faire, de tout cœur, la volonté de mon Père qui est aux cieux. Vous n’avez pas besoin d’avoir le même point de vue, les mêmes sentiments, ni même des pensées semblables, pour être spirituellement semblables. L’unité spirituelle dérive de la conscience que chacun de vous est habité, et de plus en plus dominé, par le don d’esprit du Père céleste. Votre harmonie apostolique doit naitre du fait que l’espoir spirituel de chacun de vous est identique par son origine, sa nature et sa destinée. 141:5.2 « De cette manière, vous pouvez faire l’expérience d’une unité parfaite d’intention d’esprit et de compréhension d’esprit provenant de la conscience mutuelle de l’identité de chacun des esprits du Paradis qui vous habitent ; et vous pouvez jouir de la totalité de cette profonde unité spirituelle même devant la plus extrême diversité de vos attitudes individuelles dans les domaines de la réflexion intellectuelle, des sentiments innés et de la conduite sociale. Vos personnalités peuvent avoir une plaisante diversité et des différences marquées, en même temps que vos natures spirituelles et les fruits spirituels de votre adoration divine et de votre amour fraternel peuvent être si bien unifiés que tous ceux qui observent votre vie prendront certainement acte de cette identité d’esprit et de cette unité d’âme. Ils reconnaitront que vous avez vécu auprès de moi et que vous avez ainsi appris à faire d’une manière acceptable la volonté du Père qui est aux cieux. Vous pouvez atteindre l’unité dans le service de Dieu, même pendant que vous accomplissez ce service selon la technique de vos propres dons originaux de mental, de corps et d’âme. 141:5.3 « Votre unité spirituelle implique deux facteurs qui s’harmonisent toujours dans la vie individuelle des croyants : premièrement, vous possédez un motif commun pour une vie de service ; chacun de vous désire par-dessus tout faire la volonté du Père qui est aux cieux. Et, deuxièmement, vous avez tous un but commun d’existence ; vous avez tous le dessein de trouver le Père qui est aux cieux, et de prouver, par là, à l’univers que vous êtes devenus semblables à lui. » 141:5.4 Jésus revint bien des fois sur ce thème durant l’éducation des douze. À maintes reprises, il leur répéta qu’il ne désirait pas voir ceux qui croyaient en lui devenir dogmatiques et uniformisés conformément aux interprétations religieuses, même des gens de bien. Il ne cessa de mettre ses apôtres en garde contre l’élaboration de crédos et l’établissement de traditions comme moyen de guider et de contrôler les croyants dans l’évangile du royaume. 6. La dernière semaine à Amathus 141:6.1 Vers la fin de la dernière semaine à Amathus, Simon Zélotès amena à Jésus un certain Téherma, un Persan qui faisait des affaires à Damas. Ayant entendu parler de Jésus, Téherma était venu à Capharnaüm pour le voir. Apprenant que Jésus était parti avec les apôtres pour Jérusalem en descendant le Jourdain, il partit à sa recherche. André avait présenté Téherma à Simon afin qu’il l’instruise. Simon considérait le Persan comme un « adorateur du feu », bien que Téherma ait pris grand soin de lui expliquer que le feu n’était que le symbole visible de l’Être Pur et Saint. Après un entretien avec Jésus, le Persan signifia son intention de rester plusieurs jours pour écouter l’enseignement et les prédications. 141:6.2 Quand Simon Zélotès et Jésus furent seuls, Simon demanda au Maitre : « Comment se fait-il que je n’aie pas réussi à le persuader ? Pourquoi m’a-t-il tant résisté et t’écoute-t-il si volontiers ? » Jésus répondit : « Simon, Simon, combien de fois t’ai-je recommandé de t’abstenir de tout effort pour retirer quelque chose du cœur de ceux qui cherchent le salut ? Combien de fois je t’ai dit de ne travailler que pour faire pénétrer quelque chose dans ces âmes assoiffées. Conduis les hommes dans le royaume, et ensuite les grandes vérités vivantes du royaume ne tarderont pas à éliminer toute erreur sérieuse. Une fois que tu as annoncé à un mortel la bonne nouvelle que Dieu est son Père, tu peux d’autant plus facilement le persuader qu’il est en réalité un fils de Dieu. Ayant fait cela, tu as apporté la lumière du salut à un être plongé dans les ténèbres. Simon, la première fois que le Fils de l’Homme est venu vers toi, a-t-il condamné Moïse et les prophètes pour proclamer une nouvelle et meilleure manière de vivre ? Non. Je ne suis pas venu pour enlever ce que vous tenez de vos ancêtres, mais pour vous montrer la vision plus complète de ce que vos pères n’ont vu qu’en partie. Donc, Simon, va enseigner et prêcher le royaume, et, quand tu y auras conduit un homme sain et sauf, alors il sera temps, s’il vient vers toi avec des questions, de lui communiquer un enseignement relatif à l’avancement progressif de l’âme à l’intérieur du royaume divin. » 141:6.3 Simon fut étonné par ces paroles, mais fit ce que Jésus lui avait recommandé, et Téherma le Persan compta au nombre de ceux qui entrèrent dans le royaume. 141:6.4 Ce soir-là, Jésus fit aux apôtres un discours sur la nouvelle vie dans le royaume. Il dit notamment : « Lorsque vous entrez dans le royaume, vous êtes nés à nouveau. Vous ne pouvez enseigner les choses profondes de l’esprit à ceux qui sont seulement nés de la chair. Veillez d’abord à ce que les hommes soient nés de l’esprit avant de chercher à les instruire dans les voies avancées de l’esprit. N’entreprenez pas de leur montrer les beautés du temple avant de les avoir d’abord fait entrer dans le temple. Amenez les hommes à Dieu, et ce, en tant que fils de Dieu, avant de discourir sur les doctrines de la paternité de Dieu et de la filiation des hommes. Ne luttez pas avec les hommes – soyez toujours patients. Il ne s’agit pas de votre royaume, vous n’en êtes que des ambassadeurs. Contentez-vous d’aller proclamer : Voici le royaume des cieux – Dieu est votre Père et vous êtes ses fils, et, si vous croyez de tout cœur à cette bonne nouvelle, elle est votre salut éternel. » 141:6.5 Les apôtres firent de grands progrès durant leur séjour à Amathus, mais ils furent très déçus que Jésus n’ait voulu leur faire aucune suggestion au sujet des rapports avec les disciples de Jean. Même sur l’importante question du baptême, Jésus se borna à dire : « En vérité, Jean a baptisé d’eau, mais, quand vous entrerez dans le royaume des cieux, vous serez baptisés d’esprit. » 7. À Béthanie au-delà du Jourdain 141:7.1 Le 26 février, Jésus, ses apôtres et un groupe nombreux de disciples suivirent le Jourdain en descendant jusqu’au gué proche de Béthanie en Pérée, à l’endroit où Jean avait fait sa première proclamation du royaume à venir. Jésus resta là à enseigner et à prêcher pendant quatre semaines avec ses apôtres avant de repartir pour monter à Jérusalem. 141:7.2 Durant la deuxième semaine du séjour à Béthanie au-delà du Jourdain, Jésus emmena Pierre, Jacques et Jean se reposer trois jours dans les collines situées de l’autre côté du fleuve, au sud de Jéricho. Le Maitre enseigna à ces trois hommes de nombreuses vérités nouvelles et d’un niveau plus élevé sur le royaume des cieux. Nous les avons remises en ordre et classées de la manière suivante pour la clarté de notre exposé : 141:7.3 Jésus s’efforça d’expliquer qu’il désirait que ses disciples, ayant gouté des bonnes réalités d’esprit du royaume, vivent dans le monde de telle sorte que les hommes, en voyant leur vie, deviennent conscients du royaume et soient ainsi amenés à s’enquérir auprès des croyants sur les voies du royaume. De tels sincères chercheurs de vérité sont toujours heureux d’entendre les bonnes nouvelles annonçant le don de foi, qui assure l’admission dans le royaume avec ses réalités spirituelles éternelles et divines. 141:7.4 Le Maitre cherchait à inculquer à tous ceux qui enseignaient l’évangile du royaume que leur seule affaire consistait à révéler individuellement à l’homme que Dieu est son Père – à amener cet homme à devenir personnellement conscient de sa filiation ; ensuite de présenter cet homme à Dieu comme son fils par la foi. Ces deux révélations essentielles étaient accomplies en Jésus. Il devint réellement « le chemin, la vérité et la vie ». La religion de Jésus était entièrement fondée sur la manière de vivre sa vie d’effusion sur terre. Lorsque Jésus quitta ce monde, il ne laissa derrière lui ni livres, ni lois, ni autres formes d’organisation humaine affectant la vie religieuse des individus. 141:7.5 Jésus expliqua clairement qu’il était venu pour établir avec les hommes des relations personnelles et éternelles qui auraient définitivement préséance sur toutes les autres relations humaines. Il fit ressortir que cette communion spirituelle intime devait être étendue à tous les hommes de tous les âges et de toutes les conditions sociales chez tous les peuples. La seule récompense qu’il faisait miroiter à ses enfants était : dans ce monde, la joie spirituelle et la communion divine – et, dans l’autre monde, la vie éternelle avec l’assimilation progressive des réalités d’esprit divines du Père du Paradis. 141:7.6 Jésus insista beaucoup sur ce qu’il appelait les deux vérités de première importance dans les enseignements du royaume, à savoir : l’obtention du salut par la foi et la foi seule, associée à l’enseignement révolutionnaire de l’obtention de la liberté humaine par la récognition de la vérité. « Vous connaitrez la vérité, et la vérité vous affranchira. » Jésus était la vérité manifestée dans la chair, et il promit d’envoyer son Esprit de Vérité dans le cœur de tous ses enfants après son retour auprès du Père qui est aux cieux. 141:7.7 Le Maitre enseignait aux apôtres les éléments essentiels de la vérité pour tout un âge terrestre. Souvent, ils écoutaient ses enseignements alors qu’en réalité ce qu’il disait était destiné à inspirer et à édifier d’autres mondes. Il donna l’exemple d’un plan de vie nouveau et original. Du point de vue humain, il était véritablement un Juif, mais il vécut sa vie comme un mortel du royaume pour l’édification du monde entier. 141:7.8 Pour être sûr que son Père serait reconnu au cours du développement du plan du royaume, Jésus expliqua qu’il avait volontairement ignoré « les grands de la terre ». Il commença son travail avec les pauvres, la classe même qui avait été si négligée par la plupart des religions évolutionnaires des époques précédentes. Il ne méprisait personne ; son plan était à l’échelle du monde entier, et même de l’univers. Jésus montrait tant d’audace et d’énergie dans ces déclarations que même Pierre, Jacques et Jean furent tentés de croire qu’il n’avait plus tout son bon sens. 141:7.9 Il chercha doucement à faire comprendre à ces apôtres qu’il accomplissait cette mission d’effusion non pour donner un exemple à quelques créatures de la terre, mais pour établir et démontrer un critère de vie humaine pouvant servir à tous les peuples de tous les mondes de tout son univers. Ce modèle de vie approchait de la plus haute perfection, et même de la bonté suprême du Père Universel, mais les apôtres ne pouvaient saisir la signification de ses paroles. 141:7.10 Il annonça qu’il était venu opérer comme instructeur, un instructeur envoyé du ciel pour présenter la vérité spirituelle au mental matériel. Et, c’est exactement ce qu’il fit ; il était un instructeur et non un prédicateur. Du point de vue humain, Pierre était un prédicateur beaucoup plus efficace que Jésus. Si la prédication de Jésus était si efficace, c’est qu’elle était due à sa personnalité extraordinaire bien plus qu’à un irrésistible attrait oratoire ou émotionnel. Jésus parlait directement à l’âme des hommes. Il instruisait l’esprit des hommes par l’intermédiaire du mental. Il vivait avec les hommes. 141:7.11 Ce fut à cette occasion que Jésus signifia à Pierre, Jacques et Jean que son œuvre sur terre devait, sous certains rapports, être limitée conformément au mandat reçu de son « associé céleste ». Il faisait allusion aux instructions données avant son effusion par son frère paradisiaque Emmanuel. Il leur dit qu’il était venu faire la volonté de son Père et uniquement la volonté de son Père. En raison de ce dessein unique qui était son mobile sincère, il ne se tourmentait pas outre mesure de l’emprise du mal dans le monde. 141:7.12 Les apôtres commençaient à reconnaitre l’amitié spontanée de Jésus. Bien que le Maitre fut d’un abord facile, il vivait toujours indépendamment de tous les êtres humains et au-dessus d’eux. Jamais il ne fut dominé, même un instant, par une influence purement terrestre, ni sujet à la fragilité du jugement humain. Il ne prêtait aucune attention à l’opinion publique et il ne se laissait pas influencer par les louanges. Il s’interrompait rarement pour corriger des malentendus ou pour s’offenser d’une présentation erronée des faits. Il ne demanda jamais conseil à personne ; il ne réclama jamais de prières. 141:7.13 Jacques s’étonnait de la manière dont Jésus semblait voir la fin dès le commencement. Le Maitre paraissait rarement surpris. Il n’était jamais agité, vexé ou déconcerté. Il ne présenta jamais d’excuses à personne. Il était parfois attristé, mais jamais découragé. 141:7.14 Jean comprit plus clairement que, malgré tous ses dons divins, Jésus était après tout un homme. Il vivait en homme parmi les hommes, il les comprenait, les aimait et savait les diriger. Dans sa vie personnelle, il était si humain et pourtant si irréprochable. Et il était toujours désintéressé. 141:7.15 Bien que Pierre, Jacques et Jean n’aient pu comprendre grand-chose à ce que Jésus leur dit en cette occasion, ses paroles bienveillantes se gravèrent dans leur cœur. Et, après la crucifixion et la résurrection, elles resurgirent pour enrichir et réjouir considérablement leur ministère ultérieur. Il n’y a rien d’étonnant à ce que ces apôtres n’aient pas pleinement compris les explications du Maitre, car il projetait devant eux le plan d’un nouvel âge. 8. Travail à Jéricho 141:8.1 Durant leurs quatre semaines de séjour à Béthanie au-delà du Jourdain, André envoya, plusieurs fois par semaine, deux apôtres ensemble à Jéricho pour un jour ou deux. Jean le Baptiste avait de nombreux fidèles à Jéricho, et la majorité d’entre eux accueillait volontiers les enseignements supérieurs de Jésus et de ses apôtres. Lors de ces visites à Jéricho, les apôtres commencèrent à exécuter plus strictement les instructions de Jésus concernant les soins aux malades ; ils entrèrent dans chacune des maisons de la ville et cherchèrent à consoler tous les affligés. 141:8.2 Les apôtres exercèrent quelque peu leur apostolat en public à Jéricho, mais ils opérèrent surtout en privé d’une manière plus discrète. Ils firent alors la découverte que l’évangile du royaume apportait beaucoup de réconfort aux malades et que leur message amenait la guérison des affligés. Ce fut à Jéricho que les douze mirent pleinement en pratique, pour la première fois, la recommandation de Jésus de prêcher la bonne nouvelle du royaume et de soigner les affligés. 141:8.3 Ils s’arrêtèrent à Jéricho sur le chemin allant à Jérusalem et y furent rattrapés par une délégation de Mésopotamiens, qui étaient venus conférer avec Jésus. Les apôtres avaient projeté de passer seulement un jour à Jéricho, mais, lorsque ces Orientaux à la recherche de la vérité arrivèrent, Jésus passa trois jours avec eux. Ils retournèrent à leurs diverses demeures de la vallée de l’Euphrate, heureux de connaitre les nouvelles vérités du royaume des cieux. 9. Départ pour Jérusalem 141:9.1 Le dernier jour de mars, un lundi, Jésus et les douze entreprirent de gravir les collines pour se rendre à Jérusalem. Lazare de Béthanie était descendu deux fois au Jourdain pour voir Jésus, et toutes les dispositions avaient été prises pour que le Maitre et ses apôtres installent leur quartier général à Béthanie, chez Lazare et ses sœurs, aussi longtemps qu’ils désireraient séjourner à Jérusalem. 141:9.2 Les disciples de Jean restèrent à Béthanie au-delà du Jourdain, enseignant et baptisant les foules, de sorte que Jésus était accompagné seulement par les douze lorsqu’il arriva chez Lazare. Jésus et les apôtres s’attardèrent là, durant cinq jours, à se reposer et à se délasser avant d’aller à Jérusalem pour la Pâque. Ce fut un grand évènement dans la vie de Marthe et de Marie que de recevoir le Maitre et ses apôtres dans la maison de leur frère, où elles étaient en mesure de pourvoir à leurs besoins. 141:9.3 Le dimanche matin 6 avril, Jésus et les apôtres descendirent à Jérusalem. C’était la première fois que le Maitre et les douze s’y trouvaient tous ensemble. FASCICULE 142. La Pâque à Jérusalem 142:0.1 Durant le mois d’avril, Jésus et les apôtres travaillèrent à Jérusalem, sortant de la ville tous les soirs pour passer la nuit à Béthanie. Quant à Jésus, il passait une ou deux nuits par semaine à Jérusalem, chez Flavius, un Juif grec, chez qui beaucoup de Juifs éminents venaient le consulter en secret. 142:0.2 Au cours de sa première journée à Jérusalem, Jésus rendit visite à l’ancien grand-prêtre Annas, son ami d’autrefois, un parent de Salomé, femme de Zébédée. Annas avait entendu parler de Jésus et de ses enseignements, et, lorsque Jésus se présenta chez le grand-prêtre, il fut reçu avec beaucoup de réserve. Quand Jésus perçut la froideur d’Annas, il prit immédiatement congé et lui dit en partant : « C’est principalement la peur qui rend l’homme esclave et l’orgueil qui est sa grande faiblesse. Te trahiras-tu toi-même pour être l’esclave de ces deux destructeurs de la joie et de la liberté ? » Mais Annas ne répondit rien, et le Maitre ne le revit plus jusqu’au moment où Annas siégea avec son gendre pour juger le Fils de l’Homme. 1. Enseignement dans le temple 142:1.1 Durant tout ce mois, Jésus ou l’un de ses apôtres enseignèrent quotidiennement dans le temple. Quand les foules de la Pâque étaient trop nombreuses pour avoir accès à l’enseignement du temple, les apôtres organisaient de nombreux groupes éducatifs en dehors de l’enceinte sacrée. Voici l’essentiel de leur message : 142:1.2 1. Le royaume des cieux est à portée de la main. 142:1.3 2. En ayant foi dans la paternité de Dieu, vous pouvez entrer dans le royaume des cieux et devenir ainsi les fils de Dieu. 142:1.4 3. L’amour est la règle de vie dans le royaume – être suprêmement dévoué à Dieu, tout en aimant son prochain comme soi-même. 142:1.5 4. L’obéissance à la volonté du Père produisant les fruits de l’esprit dans votre vie personnelle ; voilà la loi du royaume. 142:1.6 Les multitudes qui venaient célébrer la Pâque entendaient cet enseignement de Jésus, et des centaines d’auditeurs se réjouissaient de la bonne nouvelle. Les chefs civils et religieux des Juifs commencèrent à se préoccuper sérieusement de l’activité de Jésus et de ses apôtres ; ils examinèrent entre eux la conduite à tenir à leur égard. 142:1.7 En plus de leur enseignement dans le temple et au-dehors, les apôtres et autres croyants faisaient beaucoup de travail personnel parmi les foules de la Pâque. Ces hommes et ces femmes, touchés par le message de Jésus, répandirent la nouvelle de son message à l’occasion de cette célébration pascale, jusqu’aux frontières les plus lointaines de l’empire romain, et aussi en Orient. Ce fut le commencement de la diffusion de l’évangile du royaume dans le monde extérieur. L’œuvre de Jésus n’allait plus être limitée à la Palestine. 2. La colère de Dieu 142:2.1 Il y avait à Jérusalem, assistant aux festivités de la Pâque, un riche négociant juif de Crète, nommé Jacob, qui aborda André et lui demanda de voir Jésus en privé. André arrangea cette rencontre secrète chez Flavius pour le lendemain soir. Ce Jacob ne pouvait comprendre les enseignements du Maitre et venait par désir de se renseigner plus complètement sur le royaume de Dieu. Il dit à Jésus : « Mais Rabbi, Moïse et les anciens prophètes nous disent que Yahweh est un Dieu jaloux, un Dieu aux grandes colères et aux emportements impétueux. Les prophètes disent qu’il hait ceux qui font le mal et se venge de ceux qui n’obéissent pas à sa loi. Toi et tes disciples, vous nous enseignez, au contraire, que Dieu est un Père compatissant et bon, qui aime tellement les hommes qu’il voudrait les accueillir tous dans ce nouveau royaume des cieux, que tu proclames si proche. » 142:2.2 Lorsque Jacob eut fini de parler, Jésus répondit : « Jacob, tu as bien exposé les enseignements des prophètes de jadis, qui instruisirent les enfants de leur génération conformément aux lumières de leur temps. Notre Père au Paradis est invariant, mais le concept de sa nature s’est élargi et accru depuis l’époque de Moïse jusqu’à l’époque d’Amos, et même jusqu’à la génération du prophète Isaïe. Maintenant, je me suis incarné pour révéler le Père dans une nouvelle gloire et manifester son amour et sa miséricorde à tous les hommes sur tous les mondes. À mesure que l’évangile de ce royaume se répandra sur le monde avec son message de courage et de bonne volonté à tous les hommes, il s’établira des relations meilleures chez les familles de toutes les nations. Le temps passant, les pères et les enfants s’aimeront davantage les uns les autres, ce qui amènera une meilleure compréhension de l’amour du Père qui est aux cieux pour ses enfants terrestres. Rappelle-toi, Jacob, qu’un père sincère et bon non seulement aime sa famille collectivement – en tant que famille – mais aussi qu’il en aime vraiment individuellement chaque membre et prend de lui un soin affectueux. » 142:2.3 Après une discussion prolongée sur le caractère du Père qui est aux cieux, Jésus s’arrêta pour dire : « Toi, Jacob, qui es père d’une famille nombreuse, tu connais bien la vérité de mes paroles. » Et Jacob dit : « Mais, Maitre, qui t’a dit que j’étais le père de six enfants ? Comment as-tu su cela à mon sujet ? » Et le Maitre répliqua : « Il suffit de dire que le Père et le Fils connaissent toutes choses, car en vérité ils voient tout. Aimant les enfants comme un père terrestre, il faut maintenant que tu acceptes comme une réalité l’amour du Père céleste pour toi – non pas simplement pour tous les enfants d’Abraham, mais pour toi, pour ton âme individuelle. 142:2.4 Jésus poursuivit : « Quand tes enfants sont très jeunes, qu’ils manquent de maturité et que tu dois les punir, ils peuvent penser que leur père est courroucé, plein de colère rancunière. Leur immaturité ne leur permet pas de pénétrer au-delà de la punition pour discerner l’affection prévoyante et corrective du père. Mais, quand ces mêmes enfants deviennent des hommes et des femmes adultes, ne serait-il pas insensé de leur part de s’attacher à ces anciennes et fausses conceptions au sujet de leur père ? En tant qu’hommes et femmes, ils devraient maintenant discerner l’amour de leur père dans toutes ces mesures disciplinaires de leur enfance. À mesure que les siècles s’écoulent, l’humanité ne devrait-elle pas arriver à mieux comprendre la vraie nature et le caractère aimant du Père qui est aux cieux ? Quel profit tires-tu de l’illumination spirituelle des générations successives si tu persistes à envisager Dieu comme Moïse et les prophètes ? Je te dis, Jacob, qu’à la brillante lumière de cette heure, tu devrais voir le Père comme aucun de tes prédécesseurs ne l’a jamais perçu. En le voyant ainsi, tu devrais te réjouir d’entrer dans le royaume où règne un Père aussi miséricordieux, et tu devrais veiller à ce que sa volonté d’amour domine désormais ta vie. » 142:2.5 Et Jacob répondit : « Rabbi, je crois ; je désire que tu me conduises dans le royaume du Père. » 3. Le concept de Dieu 142:3.1 Ce soir-là, les douze apôtres, dont la plupart avaient écouté cette analyse du caractère de Dieu, posèrent à Jésus de nombreuses questions sur le Père qui est aux cieux. La meilleure manière de présenter les réponses du Maitre à ces questions consiste à les résumer en terminologie moderne. 142:3.2 Jésus réprimanda doucement les douze en leur disant en substance : « Ne connaissez-vous pas les traditions d’Israël se rapportant à la croissance de l’idée de Yahweh, et ignorez-vous l’enseignement des Écritures concernant la doctrine de Dieu ? » Puis le Maitre se mit à instruire les apôtres sur l’évolution du concept de la Déité tout au long du développement du peuple juif. Il attira leur attention sur les phases suivantes de la croissance de l’idée de Dieu. 142:3.3 1. Yahweh – le dieu des clans du Sinaï. C’était le concept primitif de la Déité que Moïse éleva au niveau supérieur de Seigneur Dieu d’Israël. Le Père qui est aux cieux ne manque jamais d’accepter l’adoration sincère de ses enfants terrestres, si rudimentaire que soit leur concept de la Déité ou le nom par lequel ils symbolisent sa divine nature. 142:3.4 2. Le Très Haut. Ce concept du Père qui est aux cieux fut proclamé à Salem par Melchizédek à Abraham, et transmis au loin par ceux qui crurent ultérieurement à cette idée agrandie et élargie de la Déité. Abraham et son frère avaient quitté Ur parce que l’adoration du soleil y avait été instaurée. Ils crurent à El Elyon – le Dieu Très Haut – enseigné par Melchizédek. Ils avaient une conception mixte de Dieu, consistant en un mélange de leurs anciennes idées mésopotamiennes et de la doctrine du Très Haut. 142:3.5 3. El Shaddaï. À cette époque reculée, beaucoup d’Hébreux adoraient El Shaddaï, le concept égyptien du Dieu du ciel, concept qu’ils avaient appris à connaitre durant leur captivité dans le territoire du Nil. Longtemps après l’époque de Melchizédek, ces trois conceptions de Dieu se fondirent en une seule et formèrent la doctrine de la Déité créatrice, le Seigneur Dieu d’Israël. 142:3.6 4. Élohim. Depuis l’époque d’Adam, l’enseignement de la Trinité du Paradis a subsisté. Rappelez-vous que les Écritures commencent par affirmer qu’« Au commencement, les Dieux créèrent les cieux et la terre. » Cela dénote qu’au moment où ce passage fut rédigé, le concept trinitaire de trois Dieux en un avait trouvé place dans la religion de nos ancêtres. 142:3.7 5. Le Suprême Yahweh. À l’époque d’Isaïe, ces croyances au sujet de Dieu s’étaient élargies en un concept du Créateur Universel à la fois tout-puissant et infiniment miséricordieux. Ce concept évoluant et grandissant de Dieu supplanta pratiquement toutes les idées antérieures sur la Déité dans la religion de nos pères. 142:3.8 6. Le Père qui est aux cieux. Maintenant, nous connaissons Dieu comme notre Père qui est aux cieux. Notre enseignement fournit une religion où le croyant est un fils de Dieu. Telle est la bonne nouvelle de l’évangile du royaume des cieux. Le Fils et l’Esprit coexistent avec le Père, et la révélation de la nature et du ministère de ces Déités du Paradis continuera à s’élargir et à s’éclaircir au cours des âges sans fin de la progression spirituelle éternelle des fils ascendants de Dieu. En tous temps et au long des âges, l’adoration sincère de tout être humain – quant au progrès spirituel individuel – est reconnue par l’esprit intérieur comme un hommage rendu au Père qui est aux cieux. 142:3.9 Jamais auparavant les apôtres n’avaient été aussi choqués qu’en entendant raconter cette croissance du concept de Dieu dans la pensée juive des générations antérieures ; ils étaient trop désemparés pour poser des questions. Tandis qu’ils restaient assis en silence devant Jésus, le Maitre poursuivit : « Vous auriez connu ces vérités si vous aviez lu les Écritures. N’avez-vous pas lu le passage de Samuel disant : ‘Et la colère du Seigneur s’embrasa contre les Israélites, au point qu’il excita David contre eux en disant : Va dénombrer Israël et Juda ?’ Ce n’était pas étonnant, car, à l’époque de Samuel, les enfants d’Abraham croyaient réellement que Yahweh créait à la fois le bien et le mal. Mais, lorsqu’un écrivain ultérieur narra ces évènements après l’agrandissement du concept juif de la nature de Dieu, il n’osa pas attribuer le mal à Yahweh, et c’est pourquoi il dit : ‘Et Satan s’éleva contre Israël et incita David à dénombrer les Israélites.’ Ne pouvez-vous discerner que ces passages des Écritures montrent clairement comment le concept de la nature de Dieu continua à grandir de génération en génération ? 142:3.10 « Vous devriez aussi avoir discerné la croissance de la compréhension de la loi divine en parfaite harmonie avec ces conceptions grandissantes de la divinité. Quand les enfants d’Israël sortirent d’Égypte, à une date antérieure à la révélation élargie de Yahweh, ils avaient reçu dix commandements qui leur servirent de loi jusqu’à l’époque où ils campèrent devant le Sinaï, et voici ces dix commandements : 142:3.11 « 1. Vous n’adorerez aucun autre dieu, car le Seigneur est un Dieu jaloux. 142:3.12 « 2. Vous ne fondrez pas de statues des dieux. 142:3.13 « 3. Vous ne négligerez pas d’observer la fête des pains sans levain. 142:3.14 « 4. Tous les mâles premiers-nés des hommes et du bétail sont à moi, dit le Seigneur. 142:3.15 « 5. Vous pouvez travailler six jours, mais, le septième jour, vous vous reposerez. 142:3.16 « 6. Vous ne manquerez pas d’observer la fête des premiers fruits et la fête des moissons à la fin de l’année. 142:3.17 « 7. Vous n’offrirez le sang d’aucun sacrifice avec du pain levé. 142:3.18 « 8. Le sacrifice de la fête de la Pâque ne sera pas laissé sur place jusqu’au matin. 142:3.19 « 9. Vous apporterez, à la maison du Seigneur votre Dieu, les premiers des premiers fruits de la terre. 142:3.20 « 10. Vous ne ferez pas bouillir un chevreau dans le lait de sa mère. 142:3.21 « Ensuite, au milieu des tonnerres et des éclairs du Sinaï, Moïse leur donna les dix nouveaux commandements, et vous serez tous d’accord qu’ils sont des expressions plus dignes d’accompagner l’élargissement des concepts de la Déité de Yahweh. N’avez-vous jamais remarqué le double enregistrement de ces commandements dans les Écritures ? La première fois, la délivrance du joug égyptien est donnée comme raison pour observer le sabbat, mais, dans une rédaction ultérieure, les croyances religieuses évoluantes de nos ancêtres exigèrent que ce texte soit changé pour reconnaitre le fait de la création comme motif d’observer le sabbat. 142:3.22 « Ensuite, vous vous souviendrez qu’une fois de plus, aux temps d’Isaïe – temps de plus grande illumination spirituelle – ces dix commandements négatifs furent changés en la grande loi positive d’amour, l’injonction d’aimer Dieu suprêmement et d’aimer votre prochain comme vous-même. Moi aussi, je proclame que c’est cette loi suprême d’amour pour Dieu et pour les hommes qui constitue tout le devoir des hommes. » 142:3.23 Quand le Maitre eut fini de parler, aucun des apôtres ne lui posa de questions. Ils allèrent chacun se reposer pour la nuit. 4. Flavius et la culture grecque 142:4.1 Flavius, le Juif grec, était un prosélyte de la porte, car il n’avait été ni circoncis ni baptisé. Comme il appréciait beaucoup la beauté dans l’art et la sculpture, la maison qu’il occupait durant ses séjours à Jérusalem était un bâtiment magnifique. Elle était délicieusement ornée de trésors sans prix qu’il avait acquis çà et là, au cours de ses voyages dans le monde. Quand il eut, pour la première fois, l’idée d’inviter Jésus, il craignit que le Maitre ne s’offensât de voir ces « images ». Mais, lorsque Jésus entra chez lui, Flavius fut également surpris de voir qu’au lieu de le réprimander pour avoir ces objets prétendument idolâtres un peu partout dans la maison, le Maitre manifestait un grand intérêt pour toute la collection. Jésus montra son appréciation en posant maintes questions sur chaque objet, tandis que Flavius l’accompagnait de pièce en pièce en lui montrant toutes ses statues favorites. 142:4.2 Le Maitre vit que son hôte était désorienté par son attitude favorable à l’égard des arts ; en conséquence, quand ils eurent fini d’inspecter toute la collection, Jésus lui dit : « Parce que tu apprécies la beauté des choses créées par mon Père et façonnées par des mains d’artistes humains, pourquoi t’attendrais-tu à recevoir des reproches ? Parce que Moïse a jadis cherché à combattre l’idolâtrie et l’adoration des faux dieux, pourquoi tous les hommes devraient-ils réprouver la reproduction de la grâce et de la beauté ? Je te dis, Flavius, que les enfants de Moïse l’ont mal compris, et maintenant ils transforment en faux dieux sa prohibition même des statues et des images des choses célestes et terrestres. Mais, même si Moïse a enseigné ces restrictions au mental enténébré de jadis, en quoi cela concerne-t-il notre temps où le Père qui est aux cieux est révélé en tant que Souverain Spirituel universel au-dessus de tout ? Flavius, je te déclare que, dans le royaume à venir, on n’enseignera plus ‘n’adorez pas ceci et n’adorez pas cela’ ; on ne s’occupera plus de commandements pour s’abstenir de ceci et pour prendre garde d’éviter cela, mais tout le monde s’occupera plutôt d’un seul devoir suprême. Ce devoir des hommes s’exprime en deux grands privilèges ; l’adoration sincère du Créateur infini, le Père du Paradis, et le service aimant rendu à nos semblables. Si tu aimes ton prochain comme toi-même, tu sais réellement que tu es un fils de Dieu. 142:4.3 « À une époque où mon Père n’était pas bien compris, Moïse avait raison d’essayer de résister à l’idolâtrie, mais, dans l’âge à venir, le Père aura été révélé dans la vie du Fils, et cette nouvelle révélation de Dieu rendra définitivement vain de confondre le Père Créateur avec des idoles de pierre ou des statues d’or et d’argent. Désormais, les hommes intelligents peuvent jouir des trésors de l’art sans confondre cette appréciation matérielle de la beauté avec l’adoration et le service du Père du Paradis, le Dieu de toutes les choses et de tous les êtres. » 142:4.4 Flavius crut tout ce que Jésus lui enseigna. Le lendemain, il alla à Béthanie au-delà du Jourdain se faire baptiser par les disciples de Jean. Il le fit parce que les apôtres de Jésus ne baptisaient pas encore les croyants. Lors de son retour à Jérusalem, Flavius donna un grand festin pour Jésus et invita soixante de ses amis. Et, parmi ces invités, beaucoup se mirent aussi à croire au message du royaume à venir. 5. Le discours sur l’assurance 142:5.1 L’un des grands sermons que Jésus prêcha dans le temple, durant cette semaine de la Pâque, fut une réponse à une question posée par un de ses auditeurs, un habitant de Damas. Cet homme demanda à Jésus : « Rabbi, comment saurons-nous avec certitude que tu es envoyé par Dieu et que nous pouvons vraiment entrer dans ce royaume dont toi et tes disciples proclamez qu’il est à portée de la main ? » Et Jésus répondit : 142:5.2 « Quant à mon message et à l’enseignement de mes disciples, vous devriez les juger à leurs fruits. Si nous vous proclamons les vérités de l’esprit, l’esprit témoignera dans votre cœur que notre message est authentique. Quant au royaume et à votre assurance d’être acceptés par le Père qui est aux cieux, je vous demande s’il y aurait parmi vous un père, digne de ce nom et ayant du cœur, qui laisserait son fils dans l’anxiété ou dans le doute au sujet de son statut dans sa famille ou de sa sécurité dans l’affection de son père ? Vous autres pères terrestres, prenez-vous plaisir à torturer vos enfants en les laissant dans le doute sur la permanence de l’amour que vous leur portez dans votre cœur humain ? Votre Père qui est aux cieux ne laisse pas non plus ses enfants, nés d’esprit par la foi, dans l’incertitude sur leur position dans le royaume. Si vous recevez Dieu en tant que Père, alors, en vérité, vous êtes vraiment les fils de Dieu. Et, si vous êtes ses fils, alors vous êtes en sécurité dans la position et la situation de tout ce qui concerne la filiation divine et éternelle. Si vous croyez à mes paroles, vous croyez par là même à Celui qui m’a envoyé et, en croyant ainsi au Père, vous avez rendu certain votre statut dans la citoyenneté céleste. Si vous faites la volonté du Père qui est aux cieux, vous ne manquerez jamais de parvenir à la vie éternelle de progrès dans le royaume divin. 142:5.3 « L’Esprit Suprême témoignera avec votre esprit que vous êtes vraiment les enfants de Dieu. Si vous êtes les fils de Dieu, alors vous êtes nés de l’esprit de Dieu, et quiconque est né de l’esprit a en lui-même le pouvoir de vaincre tous les doutes ; c’est cela la victoire qui triomphe de toute incertitude, c’est votre foi elle-même. 142:5.4 « Le prophète Isaïe a dit, en parlant de cette époque : ‘Quand l’esprit sera répandu d’en haut sur nous, alors l’œuvre de droiture deviendra la paix, la tranquillité et l’assurance pour toujours.’ Pour tous ceux qui croient sincèrement à cet évangile, je deviendrai une garantie de leur admission dans la miséricorde éternelle et la vie perpétuelle du royaume de mon Père. Vous donc, qui entendez ce message et croyez à cet évangile du royaume, vous êtes les fils de Dieu et vous avez la vie éternelle. La preuve pour le monde entier que vous êtes nés d’esprit est que vous vous aimez sincèrement les uns les autres. » 142:5.5 La foule des auditeurs resta de longues heures avec Jésus, lui posant des questions et écoutant attentivement ses réponses encourageantes. L’enseignement de Jésus enhardit même les apôtres à prêcher l’évangile du royaume avec plus de force et d’assurance. Cette expérience à Jérusalem fut une grande inspiration pour les douze. C’était leur premier contact avec des foules aussi nombreuses, et ils apprirent bien des leçons profitables qui leur furent fort utiles pour leur travail ultérieur. 6. L’entretien avec Nicodème 142:6.1 Un soir, chez Flavius, un certain Nicodème vint voir Jésus ; il était un membre riche et assez âgé du sanhédrin juif. Il avait beaucoup entendu parler des enseignements du Galiléen, si bien qu’il alla, un jour, l’écouter pendant qu’il enseignait dans les cours du temple. Il aurait voulu aller souvent écouter les leçons de Jésus, mais il craignait d’être vu parmi les auditeurs assistant à son enseignement. En effet, les dirigeants des Juifs étaient déjà tellement en désaccord avec Jésus que nul membre du sanhédrin n’aurait accepté d’être identifié ouvertement d’une manière quelconque avec lui. En conséquence, Nicodème avait pris des dispositions avec André pour voir Jésus en privé et, précisément ce soir-là, après la tombée de la nuit. Pierre, Jacques et Jean se trouvaient dans le jardin de Flavius lorsque l’entretien commença, mais plus tard ils entrèrent tous dans la maison, où le discours se poursuivit. 142:6.2 En recevant Nicodème, Jésus ne fit pas montre d’une déférence spéciale. En parlant avec lui, il ne fit ni compromis ni tentative indue de persuasion. Le Maitre n’essaya pas de repousser son interlocuteur recherchant le secret, et ne fut pas sarcastique. Dans tous ses rapports avec le distingué visiteur, Jésus fut calme, grave et digne. Nicodème n’était pas délégué officiellement par le sanhédrin ; il venait voir Jésus essentiellement à cause du sincère intérêt qu’il portait personnellement à l’enseignement du Maitre. 142:6.3 Après avoir été présenté par Flavius, Nicodème dit : « Rabbi, nous savons que tu es un instructeur envoyé par Dieu, car nul homme ne pourrait enseigner de la sorte si Dieu n’était pas avec lui. Je désirerais en savoir plus long sur tes enseignements au sujet du royaume à venir. » 142:6.4 Jésus répondit à Nicodème : « En vérité, en vérité, je te dis, Nicodème, qu’à moins d’être né d’en haut, un homme ne peut voir le royaume de Dieu. » Alors Nicodème répondit : « Mais comment un homme peut-il naitre de nouveau quand il est vieux ? Il ne peut entrer une seconde fois dans le sein de sa mère pour renaitre. » 142:6.5 Jésus dit : « Néanmoins, je te déclare qu’à moins de naitre de l’esprit, un homme ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’esprit est esprit. Ne t’étonne pas que j’aie dit qu’il fallait naitre d’en haut. Quand le vent souffle, tu entends le bruissement des feuilles, mais tu ne vois pas le vent – ni d’où il vient ni où il va – et il en est ainsi pour quiconque est né de l’esprit. Avec les yeux de la chair, on peut apercevoir les manifestations de l’esprit, mais on ne peut effectivement discerner l’esprit. » 142:6.6 Nicodème répondit : « Mais je ne comprends pas – comment cela peut-il être ? » Jésus dit : « Est-il possible que tu sois un éducateur d’Israël et que tu ignores tout cela ? Ceux qui connaissent les réalités de l’esprit ont donc le devoir de révéler ces choses à ceux qui discernent seulement les manifestations du monde matériel. Mais nous croiras-tu si nous te parlons des vérités célestes ? As-tu le courage, Nicodème, de croire en quelqu’un qui est descendu du ciel, au Fils de l’Homme lui-même ? » 142:6.7 Nicodème dit alors : « Mais comment puis-je commencer à saisir cet esprit qui doit me recréer en me préparant à entrer dans le royaume ? » Jésus répondit : « L’esprit du Père qui est aux cieux demeure déjà en toi. Si tu veux te laisser conduire par cet esprit d’en haut, tu commenceras très bientôt à voir avec les yeux de l’esprit ; ensuite, si tu choisis de tout cœur la gouverne de l’esprit, tu naitras d’esprit, car le dessein unique de ta vie sera de faire la volonté de ton Père qui est aux cieux. En te trouvant ainsi né de l’esprit et heureux dans le royaume de Dieu, tu commenceras à produire, dans la vie quotidienne, les abondants fruits de l’esprit. » 142:6.8 Nicodème était entièrement sincère. Il fut profondément impressionné, mais repartit désorienté. Il était un homme accompli quant au développement de soi, à la maitrise de soi, et même quant aux hautes qualités morales. Il était raffiné, égocentrique et altruiste, mais il ne savait pas comment soumettre sa volonté à celle du divin Père, comme un petit enfant accepte de se soumettre aux directives d’un père terrestre sage et aimant, et devenir ainsi en réalité un fils de Dieu, un héritier progressif du royaume éternel. 142:6.9 Mais Nicodème rassembla assez de foi pour prendre possession du royaume. Il protesta timidement lorsque ses collègues du sanhédrin cherchèrent à condamner Jésus sans l’entendre. Plus tard, avec Joseph d’Arimathie, il reconnut audacieusement sa foi et réclama le corps de Jésus, même au moment où la plupart des disciples avaient fui, terrorisés, la scène des souffrances et de la mort finale de leur Maitre. 7. La leçon sur la famille 142:7.1 Après la période active d’enseignement et de travail personnel de la semaine de la Pâque à Jérusalem, Jésus passa le mercredi suivant à se reposer à Béthanie avec ses apôtres. Cet après-midi-là, Thomas posa une question qui provoqua une longue et instructive réponse. Thomas dit : « Maitre, le jour où nous avons été mis à part comme ambassadeurs du royaume, tu nous as dit beaucoup de choses et tu nous as donné des instructions sur notre mode personnel de vie, mais qu’allons-nous enseigner aux foules ? Comment ces gens devront-ils vivre après que le royaume se sera davantage manifesté ? Tes disciples posséderont-ils des esclaves ? Tes fidèles rechercheront-ils la pauvreté et fuiront-ils la richesse ? La miséricorde sera-t-elle seule à prévaloir, de sorte que nous n’aurons plus de lois ni de tribunaux ? » Jésus et les douze passèrent tout l’après-midi et toute la soirée après le souper à discuter les questions de Thomas. Pour la clarté de notre exposé, nous présentons le résumé suivant des instructions du Maitre : 142:7.2 Jésus chercha d’abord à faire comprendre à ses apôtres que lui-même vivait sur terre une vie unique d’incarnation, et qu’eux, les douze, avaient été appelés à participer à cette expérience d’effusion du Fils de l’Homme. En tant que collaborateurs, eux aussi devaient participer à bien des restrictions et obligations spéciales de l’entière expérience d’effusion. Il y eut une indication voilée que le Fils de l’Homme était la seule personne ayant jamais vécu sur terre qui pouvait simultanément voir dans le cœur même de Dieu et jusque dans les profondeurs de l’âme humaine. 142:7.3 Jésus expliqua très clairement que le royaume des cieux était une expérience évolutionnaire, commençant ici sur terre et progressant par étapes successives de vie jusqu’au Paradis. Au cours de la soirée, il affirma nettement qu’à un certain stade futur de développement du royaume, il reviendrait visiter ce monde avec puissance spirituelle et gloire divine. 142:7.4 Il expliqua ensuite que « l’idée du royaume » n’était pas la meilleure manière d’illustrer les relations de l’homme avec Dieu, mais qu’il employait cette métaphore parce que le peuple juif était dans l’attente du royaume et que Jean avait prêché en parlant du royaume à venir. Jésus dit : « Les gens d’une autre époque comprendront mieux l’évangile du royaume s’il est présenté en termes exprimant les relations de famille – quand l’homme comprendra la religion comme l’enseignement de la paternité de Dieu et de la fraternité humaine, la filiation avec Dieu. » Ensuite, le Maitre discourut assez longuement sur la famille terrestre comme une illustration de la famille céleste et reformula les deux lois fondamentales de la vie : le premier commandement d’amour pour le père, chef de famille, et le second commandement d’amour mutuel entre les enfants, tu aimeras ton frère comme toi-même. Il expliqua ensuite que cette qualité d’affection fraternelle se manifesterait invariablement par un service social désintéressé et plein d’amour. 142:7.5 Vint ensuite la discussion mémorable des caractéristiques fondamentales de la vie de famille et de leur application aux relations existant entre Dieu et l’homme. Jésus exposa qu’une vraie famille se fonde sur les sept faits suivants : 142:7.6 1. Le fait de l’existence. Les rapports naturels et les phénomènes de ressemblance physique se combinent dans la famille : les enfants héritent certains traits de leurs parents. Les enfants tirent leur origine de leurs parents ; l’existence de leur personnalité dépend de l’acte des parents. La relation de père à enfant est inhérente à toute la nature et imprègne toutes les existences vivantes. 142:7.7 2. Sécurité et plaisir. Les pères dignes de ce nom prennent grand plaisir à pourvoir aux besoins de leurs enfants. Beaucoup de pères ne se contentent pas de leur fournir simplement le nécessaire, mais aiment aussi à veiller à leurs plaisirs. 142:7.8 3. Instruction et éducation. Les pères avisés font soigneusement des plans pour instruire et éduquer convenablement leurs fils et leurs filles. Ils les préparent dès leur jeunesse aux responsabilités plus grandes de leur vie d’adulte. 142:7.9 4. Discipline et contrainte. Les pères prévoyants prennent aussi des dispositions pour la discipline, la gouverne, la correction et parfois la contrainte nécessaires à leurs jeunes enfants dépourvus de maturité. 142:7.10 5. Camaraderie et loyauté. Un père affectueux entretient des rapports intimes et aimants avec ses enfants. Il prête toujours une oreille attentive à leurs demandes ; il est toujours prêt à partager leurs épreuves et à les aider dans leurs difficultés. Le père porte un intérêt suprême au bien-être progressif de sa progéniture. 142:7.11 6. Amour et miséricorde. Un père compatissant pardonne généreusement. Les pères ne nourrissent pas d’idées de vengeance contre leurs enfants. Ils ne ressemblent ni à des juges, ni à des ennemis, ni à des créanciers. Les vraies familles sont fondées sur la tolérance, la patience et le pardon. 142:7.12 7. Dispositions pour l’avenir. Les pères temporels aiment laisser un héritage à leurs fils. La famille continue d’une génération à la suivante. La mort ne met fin à une génération que pour marquer le début d’une autre. La mort termine une vie individuelle, mais non nécessairement la vie d’une famille. 142:7.13 Pendant des heures, le Maitre discuta de l’application de ces caractéristiques de la vie de famille aux relations de l’homme, l’enfant terrestre, avec Dieu, le Père au Paradis. Et voici sa conclusion : « Je connais à la perfection la totalité des relations d’un fils avec le Père, car j’ai déjà atteint maintenant, dans le domaine de la filiation, tout ce que vous devrez atteindre dans l’éternel futur. Le Fils de l’Homme est prêt pour son ascension à la droite du Père, de sorte qu’en moi le chemin est encore plus largement ouvert à chacun de vous pour voir Dieu et, avant que vous ayez achevé la glorieuse progression, pour devenir parfaits comme votre Père qui est aux cieux est parfait. » 142:7.14 Lorsque les apôtres entendirent ces paroles saisissantes, ils se rappelèrent les déclarations que Jean avait faites à l’époque du baptême de Jésus ; ils gardèrent aussi un souvenir très vif de cette expérience en liaison avec leurs prédications et leurs enseignements après la mort et la résurrection du Maitre. 142:7.15 Jésus est un fils divin à qui le Père Universel fait pleine confiance. Il avait été avec le Père et le comprenait totalement. Il avait maintenant vécu sa vie terrestre à la pleine satisfaction du Père, et cette incarnation dans la chair lui avait permis de comprendre pleinement les hommes. Jésus était la perfection de l’homme ; il avait atteint précisément la même perfection que tous les croyants sincères sont destinés à atteindre en lui et par lui. Jésus révéla aux hommes un Dieu de perfection et se présenta lui-même à Dieu comme fils accompli des mondes. 142:7.16 Bien que Jésus eût discouru durant des heures, Thomas n’était pas encore satisfait, car il dit : « Mais, Maitre, nous ne trouvons pas que le Père qui est aux cieux nous traite toujours avec bonté et miséricorde. Bien des fois, nous souffrons amèrement sur terre, et nos prières ne sont pas toujours exaucées. Sur quels points manquons-nous de saisir le sens de ton enseignement ? » 142:7.17 Jésus répondit : « Thomas, Thomas, combien de temps faudra-t-il pour que tu acquières l’aptitude à écouter avec l’oreille de l’esprit ? Combien de temps faudra-t-il avant que tu discernes que ce royaume est un royaume spirituel et que mon Père est aussi un être spirituel ? Ne comprends-tu pas que je vous enseigne en tant qu’enfants de l’esprit dans la famille spirituelle des cieux, dont le chef paternel est un esprit infini et éternel ? Ne me laisseras-tu pas utiliser la famille terrestre pour illustrer les relations divines, sans appliquer aussi littéralement mon enseignement aux affaires matérielles ? Ne peux-tu séparer mentalement les réalités spirituelles du royaume d’avec les problèmes matériels, sociaux, économiques et politiques de ce temps ? Quand je parle le langage de l’esprit, pourquoi persistes-tu à traduire ma pensée dans le langage de la chair, simplement parce que je me permets d’employer des comparaisons avec le monde physique de la vie courante pour illustrer mes propos ? Mes enfants, je vous supplie de cesser d’appliquer l’enseignement du royaume de l’esprit aux sordides affaires d’esclavage, de misère, de maisons et de terres, et aux problèmes matériels d’équité et de justice humaines. Ces questions temporelles concernent les hommes de ce monde et, bien que d’une certaine manière elles affectent tous les hommes, vous avez été appelés à me représenter dans le monde comme je représente mon Père. Vous êtes les ambassadeurs spirituels d’un royaume spirituel, les représentants spéciaux du Père spirituel. Il devrait déjà m’être possible de vous instruire comme des adultes du royaume de l’esprit. Faudra-t-il toujours que je vous parle comme à des enfants ? Ne croitrez-vous jamais en perception spirituelle ? Néanmoins, je vous aime et vous supporterai jusqu’au bout de notre association dans la chair. Et, même après cela, mon esprit vous précèdera dans le monde entier. » 8. En Judée méridionale 142:8.1 Vers la fin d’avril, l’opposition à Jésus était devenue si prononcée chez les pharisiens et les sadducéens que le Maitre et ses apôtres décidèrent de quitter Jérusalem pour un temps et d’aller vers le sud œuvrer à Bethléem et à Hébron. Tout le mois de mai fut employé à l’action personnelle dans ces villes et chez les habitants des villages environnants. Au cours de ce déplacement, ils ne firent aucune prédication en public, mais seulement des visites de maison en maison. Pendant que les apôtres enseignaient l’évangile et soignaient les malades, Jésus et Abner passèrent une partie du temps à Engaddi à visiter la colonie naziréenne. Jean le Baptiste était parti de là et Abner avait été chef de ce groupe. Beaucoup de membres de la confrérie naziréenne se mirent à croire en Jésus, mais la majorité de ces hommes ascétiques et originaux refusa de l’accepter comme un instructeur envoyé du ciel, parce qu’il n’enseignait ni le jeûne ni d’autres formes de renoncement. 142:8.2 Les habitants de cette région ne savaient pas que Jésus était né à Bethléem. Comme la majorité des disciples, ils supposaient toujours que le Maitre était venu au monde à Nazareth, mais les douze apôtres connaissaient les faits. 142:8.3 Ce séjour en Judée méridionale fut une période de travail fructueuse et reposante ; le royaume s’accrut de nombreuses âmes. Au début de juin, l’agitation contre Jésus s’était si bien calmée à Jérusalem que le Maitre et les apôtres y retournèrent pour instruire et encourager les croyants. 142:8.4 Bien que Jésus et les apôtres eussent passé tout le mois de juin à Jérusalem ou aux environs, ils ne prêchèrent pas publiquement durant cette période. Ils vécurent, la plupart du temps, sous des tentes qu’ils plantaient dans un parc ou jardin ombragé, connu à cette époque sous le nom de Gethsémani, situé sur la pente ouest du mont des Oliviers, non loin du ruisseau Cédron. Ils passaient généralement les fins de semaine, le jour du sabbat, chez Lazare et ses sœurs à Béthanie. Jésus ne pénétra que quelques fois à l’intérieur des murs de Jérusalem, mais un grand nombre d’investigateurs intéressés allèrent jusqu’à Gethsémani pour s’entretenir avec lui. Un vendredi soir, Nicodème et un certain Joseph d’Arimathie s’aventurèrent à rendre visite à Jésus, mais, alors qu’ils se trouvaient déjà devant l’entrée de la tente du Maitre, ils rebroussèrent chemin par peur. Bien entendu, ils ne se rendaient pas compte que Jésus avait connaissance de tous leurs agissements. 142:8.5 Quand les dirigeants des juifs apprirent que Jésus était revenu à Jérusalem, ils se préparèrent à l’arrêter ; mais, remarquant qu’il ne faisait pas de sermons publics, ils conclurent qu’il était devenu craintif du fait de leur campagne antérieure et décidèrent de le laisser poursuivre son enseignement de cette manière privée, sans le molester davantage. Les affaires suivirent donc tranquillement leur cours jusqu’aux derniers jours de juin, lorsqu’un certain Simon, membre du sanhédrin, se rallia publiquement aux enseignements de Jésus, après l’avoir annoncé au préalable aux dirigeants des Juifs. Immédiatement, une nouvelle campagne s’organisa pour appréhender Jésus, et elle devint si forte que le Maitre décida de se retirer dans les villes de la Samarie et de la Décapole. FASCICULE 143. Traversée de la Samarie 143:0.1 À la fin de juin de l’an 27, à cause de l’opposition croissante des dirigeants religieux juifs, Jésus et les douze quittèrent Jérusalem après avoir envoyé leurs tentes et leurs maigres effets personnels à la garde de Lazare, à Béthanie. Allant vers le nord en Samarie, ils s’arrêtèrent à Béthel pour le sabbat. Ils prêchèrent là durant plusieurs jours aux gens qui venaient de Gophna et d’Éphraïm. Un groupe de citoyens d’Arimathie et de Thamna vint inviter Jésus à visiter leurs villages. Le Maitre et ses apôtres passèrent plus de quinze jours à enseigner les Juifs et les Samaritains de cette région, dont beaucoup venaient d’aussi loin qu’Antipatris pour entendre la bonne nouvelle du royaume. 143:0.2 Les populations du Sud de la Samarie écoutèrent Jésus avec joie et, à l’exception de Judas Iscariot, les apôtres réussirent à vaincre une grande partie de leurs préjugés contre les Samaritains. Il était très difficile à Judas d’aimer ces Samaritains. La dernière semaine de juillet, Jésus et ses associés se préparèrent à partir pour les nouvelles villes grecques de Phasaélis et d’Archélaïs, proches du Jourdain. 1. Prédication à Archélaïs 143:1.1 Durant la première quinzaine d’aout, le groupe apostolique établit son quartier général dans les villes grecques d’Archélaïs et Phasaélis ; il y fit sa première expérience de prédication à des rassemblements composés presque exclusivement de Gentils – Grecs, Romains et Syriens – car il y avait peu d’habitants juifs dans ces deux villes grecques. Au contact de ces citoyens romains, les apôtres rencontrèrent de nouvelles difficultés à proclamer le message du royaume à venir, et de nouvelles objections aux enseignements de Jésus. À l’une des nombreuses conférences du soir avec ses apôtres, Jésus écouta attentivement ces objections à l’évangile du royaume alors que les douze rapportaient leurs expériences avec les gens touchés par leur travail personnel. 143:1.2 Une question posée par Philippe décrivait typiquement leurs difficultés. Philippe dit : « Maitre, ces Grecs et ces Romains prennent notre message à la légère et disent que ces enseignements ne conviennent qu’à des chétifs et à des esclaves. Ils affirment que la religion des païens est supérieure à notre enseignement parce qu’elle incite à acquérir un caractère fort, robuste et dynamique. Ils disent que nous cherchons à convertir tous les hommes en spécimens débiles de non-résistants passifs, qui périraient rapidement et disparaitraient de la face de la terre. Ils t’aiment, Maitre, et ils admettent largement que ton enseignement est céleste et idéal, mais ils refusent de nous prendre au sérieux. Ils affirment que ta religion n’est pas pour ce monde, que les hommes ne peuvent pas vivre selon ton enseignement. Maintenant, Maitre, qu’allons-nous dire à ces Gentils ? » 143:1.3 Après avoir entendu des objections similaires contre l’évangile du royaume présentées par Thomas, Nathanael, Simon Zélotès et Matthieu, Jésus dit aux douze : 143:1.4 « Je suis venu dans ce monde pour faire la volonté de mon Père et pour révéler, à toute l’humanité, son caractère aimant. Cela, mes frères, c’est ma mission, et cette chose-là, je la ferai sans me soucier que mes enseignements risquent d’être mal compris par les Juifs et les Gentils de notre époque ou d’une autre génération. Il ne devrait pas vous échapper que même l’amour divin a ses disciplines sévères. L’amour d’un père pour son fils oblige souvent le père à mettre un frein aux activités malencontreuses de son rejeton étourdi. L’enfant ne comprend pas toujours les motifs sages et affectueux de la discipline restrictive du père. Mais je vous déclare que mon Père au Paradis gouverne effectivement un univers d’univers par le pouvoir contraignant de son amour. L’amour est la plus grande de toutes les réalités spirituelles. La vérité est une révélation libératrice, mais l’amour est la relation suprême. Quelles que soient les bévues de vos contemporains dans l’administration actuelle de leur monde, l’évangile que je vous proclame gouvernera ce même monde dans un âge à venir. Le but ultime du progrès humain consiste à reconnaitre respectueusement la paternité de Dieu et à matérialiser avec amour la fraternité des hommes. 143:1.5 « Qui vous a dit que mon évangile était destiné seulement à des esclaves et à des débiles ? Vous, mes apôtres choisis, ressemblez-vous à des débiles ? Jean avait-il une apparence chétive ? Remarquez-vous que je sois esclave de la peur ? Il est vrai que l’évangile est prêché aux pauvres et aux opprimés de cette génération. Les religions de ce monde les ont négligés, mais mon Père ne fait pas acception de personnes. En outre, les pauvres d’aujourd’hui sont les premiers à prêter attention à l’appel à la repentance et à accepter la filiation. L’évangile du royaume doit être prêché à tous les hommes – Juifs et Gentils, Grecs et Romains, riches et pauvres, libres et esclaves – et également aux jeunes et aux vieux, aux hommes et aux femmes. 143:1.6 « Parce que mon Père est un Dieu d’amour et se réjouit de pratiquer la miséricorde, ne vous imprégnez pas de l’idée que le service du royaume doit être d’une facilité monotone. L’ascension au Paradis est la suprême aventure de tous les temps, le rude accomplissement de l’éternité. Le service du royaume sur terre fera appel à toute la courageuse virilité que vous et vos collaborateurs pourrez rassembler. Beaucoup d’entre vous seront mis à mort à cause de votre fidélité à l’évangile de ce royaume. Il est facile de mourir au champ de bataille, dans une guerre matérielle, quand votre courage est renforcé par la présence de vos camarades de combat, mais il faut une forme supérieure et plus profonde de courage humain et de dévouement pour sacrifier sa vie, calmement et tout seul, pour l’amour d’une vérité enchâssée dans votre cœur de mortel. 143:1.7 « Aujourd’hui, les incroyants peuvent vous reprocher avec mépris de prêcher un évangile de non-résistance et de vivre une vie de non-violence, mais vous êtes les premiers volontaires d’une longue lignée de croyants sincères à l’évangile de ce royaume, qui étonneront toute l’humanité par leur consécration héroïque à ces enseignements. Aucune armée au monde n’a jamais déployé plus de courage et de bravoure que vous et vos loyaux successeurs n’en montreront en allant proclamer au monde entier la bonne nouvelle – la paternité de Dieu et la fraternité des hommes. Le courage de la chair est la forme inférieure de bravoure. La bravoure mentale est un type plus élevé de courage humain, mais la bravoure supérieure et suprême est une fidélité intransigeante aux convictions éclairées concernant les réalités spirituelles profondes. Un tel courage constitue l’héroïsme des hommes qui connaissent Dieu. Or, vous êtes tous des hommes qui connaissez Dieu ; vous êtes même, en toute vérité, les associés personnels du Fils de l’Homme. » 143:1.8 Ceci n’est pas la totalité de ce que Jésus dit en cette occasion, mais c’est l’introduction de son discours. Il s’étendit ensuite longuement sur cette déclaration pour l’amplifier et l’illustrer. Ce fut l’une des allocutions les plus passionnées que Jésus ait jamais adressées aux douze. Le Maitre parlait rarement à ses apôtres en laissant apparaitre de la véhémence dans ses sentiments, mais ce fut une des rares occasions où il parla avec une gravité manifeste accompagnée d’une émotion marquée. 143:1.9 Le résultat sur la prédication publique et le ministère personnel des apôtres fut immédiat ; à partir de ce jour-là, leur message prit un nouveau ton de maitrise courageuse. Les douze continuèrent à acquérir l’esprit positivement dynamique du nouvel évangile du royaume. Désormais, ils ne s’occupèrent plus autant de prêcher les vertus négatives et les injonctions passives de l’enseignement aux multiples facettes donné par leur Maitre. 2. Leçon sur la maitrise de soi 143:2.1 Le Maitre était un exemple, devenu parfait, d’un homme maitre de soi. Quand il fut injurié, il n’injuria pas ; quand il souffrit, il ne proféra aucune menace contre ses tortionnaires ; quand il fut accusé par ses ennemis, il s’en remit simplement au juste jugement du Père qui est aux cieux. 143:2.2 À l’une des conférences du soir, André demanda à Jésus : « Maitre, devons-nous pratiquer le renoncement à soi comme Jean nous l’a enseigné, ou devons-nous rechercher la maitrise de soi comme tu l’enseignes ? En quoi ton enseignement diffère-t-il de celui de Jean ? » Jésus répondit : « En vérité, Jean vous a enseigné la voie de la droiture conforme à la lumière et aux lois de ses ancêtres ; c’était la religion de l’examen de conscience et du renoncement à soi. Mais je viens avec un nouveau message d’oubli de soi et de maitrise de soi. Je vous montre le chemin de la vie tel que mon Père qui est aux cieux me l’a révélé. 143:2.3 « En vérité, en vérité, je vous le dis, quiconque commande son propre moi est plus grand que celui qui s’empare d’une ville. La maitrise de soi est la mesure de la nature morale d’un homme et l’indice de son développement spirituel. Dans l’ancien ordre, vous pratiquiez le jeûne et la prière. En tant que nouvelle créature de la renaissance de l’esprit, vous apprenez à croire et à vous réjouir. Dans le royaume du Père, vous deviendrez de nouvelles créatures ; les anciennes choses doivent disparaitre ; voici, je vous montre comment toutes choses doivent devenir nouvelles. Par votre amour réciproque, vous allez convaincre le monde que vous êtes passés de l’esclavage à la liberté, de la mort à la vie éternelle. 143:2.4 « Par l’ancienne voie, vous cherchez à supprimer, à obéir et à vous conformer à des règles de vie ; par la nouvelle voie, vous êtes d’abord transformés par l’Esprit de Vérité et, par là même, fortifiés dans la profondeur de votre âme par le constant renouvellement spirituel de votre mental ; vous êtes, alors, dotés du pouvoir d’accomplir avec certitude et joie la gracieuse, acceptable et parfaite volonté de Dieu. Ne l’oubliez pas – c’est votre foi personnelle dans les promesses extrêmement grandes et précieuses de Dieu qui vous garantit de recevoir en partage la nature divine. Ainsi, par votre foi et la transformation de l’esprit, vous devenez en réalité les temples de Dieu, et son esprit habite réellement en vous. Si donc l’esprit demeure en vous, vous n’êtes plus des esclaves liés à la chair, mais des fils de l’esprit, libres et affranchis. La nouvelle loi de l’esprit vous dote de la liberté due à la maitrise de soi, qui remplace l’ancienne loi de la peur d’être esclave de soi et de l’esclavage du renoncement à soi. 143:2.5 « Maintes fois, quand vous avez mal agi, vous avez pensé à attribuer la responsabilité de vos actes à l’influence du malin, alors qu’en réalité vous vous êtes simplement laissés égarer par vos propres tendances naturelles. Le prophète Jérémie ne vous a-t-il pas dit jadis que le cœur humain est plus trompeur que tout, et même parfois désespérément pervers ? Combien il est facile de vous tromper vous-mêmes et de vous adonner ainsi à des craintes stupides, des convoitises de toutes sortes, à des plaisirs assujettissants, à la méchanceté, à l’envie et même à une haine vengeresse ! 143:2.6 « Le salut vient par la régénération de l’esprit et non par les actes pharisaïques de la chair. Vous êtes justifiés par la foi et admis à la communion par la grâce, et non par la peur et le renoncement à la chair, bien que les enfants du Père qui sont nés d’esprit soient constamment et toujours maitres de leur moi et de tout ce qui concerne les désirs de la chair. Quand vous savez que vous êtes sauvés par la foi, vous possédez réellement la paix en Dieu. Tous ceux qui suivent la voie de cette paix céleste sont destinés à être sanctifiés dans le service éternel des fils toujours progressants du Dieu éternel. Dorénavant, ce n’est pas un devoir, mais plutôt votre privilège exalté, que de vous purifier de tous les maux du mental et du corps tandis que vous cherchez la perfection dans l’amour de Dieu. 143:2.7 « Votre filiation a son fondement dans la foi, et vous devez rester insensibles à la peur. Votre joie est née de la confiance dans la parole divine ; vous ne serez donc pas amenés à douter de la réalité de l’amour et de la miséricorde du Père. C’est la bonté même de Dieu qui conduit les hommes à un repentir sincère et authentique. Pour vous, le secret de la maitrise de soi est lié à votre foi en l’esprit qui vous habite et qui opère toujours par amour. Et même cette foi qui sauve, vous ne l’avez pas par vous-mêmes ; elle aussi est un don de Dieu. Si vous êtes les enfants de cette foi vivante, vous n’êtes plus les esclaves du moi, mais plutôt les maitres triomphants de vous-mêmes, les fils de Dieu affranchis. 143:2.8 « Si donc, mes enfants, vous êtes nés de l’esprit, vous êtes délivrés pour toujours de l’esclavage conscient d’une vie de renoncement et de surveillance attentive des désirs de la chair ; vous êtes transférés dans le joyeux royaume de l’esprit, d’où vous produisez spontanément les fruits de l’esprit dans votre vie quotidienne ; or, les fruits de l’esprit sont l’essence du type supérieur de contrôle de soi agréable et ennoblissant, allant jusqu’aux sommets de l’aboutissement des mortels terrestres – la véritable maitrise de soi. » 3. Diversion et détente 143:3.1 Vers cette époque, un état de grande tension émotive et nerveuse se développa parmi les apôtres et parmi leurs disciples immédiatement associés. Ils ne s’étaient guère habitués à vivre et à travailler ensemble. Ils éprouvaient des difficultés croissantes à maintenir des relations harmonieuses avec les disciples de Jean. Le contact avec les Gentils et les Samaritains était une grande épreuve pour ces Juifs. En outre, les récents propos de Jésus avaient accru l’état de confusion de leur mental. André en perdait presque son bon sens ; ne sachant plus que faire, il alla trouver le Maitre avec ses problèmes et ses perplexités. Lorsque Jésus eut entendu le chef apostolique lui raconter ses difficultés, il dit : « André, tu ne peux tirer les hommes de leur confusion par des explications quand ils se trouvent engagés à un tel point et que tant de personnes, éprouvant des sentiments violents, sont impliquées. Je ne puis faire ce que tu me demandes – je ne me mêlerai pas de ces difficultés sociales personnelles – mais je me joindrai à vous pour jouir d’une période de trois jours de repos et de détente. Va vers tes frères, et annonce-leur que vous allez tous monter avec moi sur le mont Sartaba, où je désire me reposer un jour ou deux. 143:3.2 « Maintenant, tu devrais aller trouver individuellement tes onze frères et dire à chacun : ‘Le Maitre désire que nous prenions, seuls avec lui, une période de repos et de détente. Puisque nous avons tous éprouvé récemment beaucoup de contrariété d’esprit et de tension mentale, je suggère que, pendant ces vacances, nous ne fassions aucune mention de nos épreuves et de nos difficultés. Puis-je compter sur toi pour coopérer avec moi dans cette affaire ?’ Prends ainsi contact avec chacun de tes frères personnellement et en privé. » Et André fit ce que le Maitre lui avait recommandé. 143:3.3 Ce fut un évènement merveilleux dans l’expérience de chacun d’eux ; ils n’oublièrent jamais cette journée d’ascension de la montagne. Durant tout le trajet, ils ne dirent presque rien de leurs difficultés. En arrivant au sommet de la montagne, Jésus les fit assoir autour de lui et leur dit : « Mes frères, il faut que vous appreniez tous la valeur du repos et l’efficacité de la détente. Comprenez bien que la meilleure méthode pour résoudre certains problèmes embrouillés consiste à les laisser de côté pendant quelque temps. Ensuite, quand vous revenez rafraichis par le repos ou l’adoration, vous êtes en mesure d’attaquer vos difficultés avec une tête plus claire et une main plus ferme, sans mentionner un cœur plus résolu. Par ailleurs, vous trouverez bien souvent que l’importance et les proportions de votre problème se sont amenuisées pendant que vous reposiez votre mental et votre corps. » 143:3.4 Le lendemain, Jésus assigna, à chacun des douze, un thème de discussion. La journée entière fut consacrée à des souvenirs et à des conversations sur des sujets étrangers à leurs activités religieuses. Ils furent momentanément choqués lorsque Jésus négligea même – verbalement – de dire ses grâces en rompant le pain pour leur repas de midi. C’était la première fois qu’ils le voyaient omettre cette formalité. 143:3.5 Au cours de leur ascension de la montagne, la tête d’André était farcie de problèmes. Jean était démesurément perplexe dans son cœur. Jacques était gravement troublé dans son âme. Matthieu était très à court d’argent, d’autant que le groupe avait séjourné parmi les Gentils. Pierre était surmené et avait été récemment plus fantasque que d’habitude. Judas souffrait d’une attaque périodique de susceptibilité et d’égoïsme. Simon était anormalement bouleversé par ses efforts pour concilier son patriotisme avec l’amour de la fraternité humaine. Philippe était de plus en plus interloqué par la manière dont les évènements se déroulaient. Nathanael avait moins d’humour depuis son contact avec la population des Gentils, et Thomas traversait une période de profonde dépression. Seuls les jumeaux étaient dans un état normal et ne s’inquiétaient de rien. Tous étaient extrêmement perplexes sur la manière de s’entendre paisiblement avec les disciples de Jean. 143:3.6 Le troisième jour, lorsqu’ils se remirent en route pour descendre la montagne et revenir à leur camp, un grand changement s’était produit en eux. Ils avaient fait l’importante découverte que bien des perplexités humaines n’ont pas d’existence réelle, que beaucoup de difficultés pressantes sont les créations d’une peur exagérée et le résultat d’une appréhension accrue. Ils avaient appris que la meilleure manière de traiter tous les ennuis de ce genre consistait à les négliger. En s’en allant, ils avaient laissé ces problèmes se résoudre d’eux-mêmes. 143:3.7 Leur retour de ces vacances marqua le commencement d’une période de relations considérablement améliorées avec les partisans de Jean. Une grande partie des douze céda réellement à l’hilarité lorsqu’ils notèrent le changement mental de chacun et observèrent l’absence d’irritation nerveuse dont ils bénéficiaient par suite de leurs trois jours de vacances, loin de la routine des devoirs quotidiens de la vie. La monotonie des contacts humains risque toujours de multiplier sérieusement les perplexités et d’accroitre les difficultés. 143:3.8 Dans les deux villes grecques d’Archélaïs et de Phasaélis, le nombre des Gentils qui crurent en l’évangile fut restreint, mais les douze apôtres gagnèrent une précieuse expérience dans ce qui était leur premier travail important auprès de populations composées exclusivement de Gentils. Un lundi matin vers le milieu du mois, Jésus dit à André : « Nous allons en Samarie. » Et les douze partirent, immédiatement, pour la ville de Sychar, près du puits de Jacob. 4. Les Juifs et les Samaritains 143:4.1 Depuis plus de six cents ans, les Juifs de Judée, et plus tard ceux de Galilée, avaient été en mauvais termes avec les Samaritains. Voici à peu près comment était née la discorde entre Juifs et Samaritains. Environ 700 ans avant J.-C., Sargon, roi d’Assyrie, réprima une révolte en Palestine centrale et emmena en captivité plus de vingt-cinq-mille Juifs du Nord du royaume d’Israël. Il installa à leur place un nombre à peu près égal de descendants des Cuthites, des Sépharvites et des Hamathites. Plus tard, Assurbanipal envoya encore d’autres colonies habiter la Samarie. 143:4.2 L’inimitié religieuse entre Juifs et Samaritains datait du retour des Juifs de leur captivité à Babylone, quand les Samaritains essayèrent d’empêcher la reconstruction de Jérusalem. Plus tard, ils offensèrent les Juifs en prêtant assistance aux armées d’Alexandre. En remerciement de leur amitié, Alexandre octroya aux Samaritains la permission de bâtir un temple sur le mont Garizim ; ils y adorèrent Yahweh et leurs dieux tribaux, et offrirent des sacrifices très semblables à ceux des services du temple à Jérusalem. Du moins continuèrent-ils ce culte jusqu’à l’époque des Macchabées, où Jean Hyrkan détruisit leur temple du mont Garizim. Au cours de ses travaux en faveur des Samaritains après la mort de Jésus, l’apôtre Philippe tint de nombreuses réunions sur le lieu de cet ancien temple samaritain. 143:4.3 Les antagonismes entre Juifs et Samaritains étaient devenus historiques et consacrés par l’usage. Depuis l’époque d’Alexandre, les deux groupes avaient de moins en moins de rapports. Les douze apôtres ne répugnaient pas à prêcher dans les villes grecques et autres cités des Gentils de la Décapole et de la Syrie, mais ce fut pour eux une rude épreuve de fidélité envers leur Maitre quand celui-ci leur dit : « Allons en Samarie. » Toutefois, au cours du temps, plus d’une année, qu’ils avaient passé avec Jésus, ils avaient acquis une forme de loyauté personnelle qui transcendait même leur foi dans ses enseignements et leurs préjugés contre les Samaritains. 5. La femme de Sychar 143:5.1 Lorsque le Maitre et les douze arrivèrent au puits de Jacob, Jésus était fatigué du voyage et s’arrêta près du puits, tandis que Philippe emmenait les apôtres à Sychar pour l’aider à rapporter des vivres et des tentes, car ils se proposaient de demeurer quelque temps dans le voisinage. Pierre et les fils de Zébédée auraient bien voulu rester avec Jésus, mais il les pria d’accompagner leurs frères en disant : « Ne craignez rien pour moi. Les Samaritains seront amicaux. Ce sont seulement nos frères, les Juifs, qui cherchent à nous faire du mal. » Il était à peu près six heures, en cette soirée d’été, quand Jésus s’assit près du puits pour attendre le retour des apôtres. 143:5.2 L’eau du puits de Jacob était moins saline que celle des puits de Sychar ; elle était donc très appréciée comme boisson. Jésus avait soif, mais ne disposait d’aucun moyen pour tirer de l’eau du puits. Aussi, lorsqu’une femme de Sychar arriva avec sa cruche et se prépara à puiser, Jésus lui dit : « Donne-moi à boire. » Cette femme de Samarie savait que Jésus était un Juif à cause de son apparence et de ses vêtements, et elle supposa qu’il était un Juif de Galilée à cause de son accent. Elle s’appelait Nalda, et elle était une créature avenante. Elle fut très surprise de voir un homme juif lui parler ainsi près du puits et lui demander à boire, car, en ces temps-là, on n’estimait pas convenable, pour un homme qui se respectait, de parler en public à une femme, et encore bien moins pour un Juif d’adresser la parole à une Samaritaine. Nalda demanda donc à Jésus : « Comment se fait-il que toi, un Juif, tu me demandes à boire à moi, une Samaritaine ? » Jésus répondit : « En vérité, je t’ai demandé à boire, mais, si seulement tu pouvais comprendre, tu me demanderais une gorgée d’eau vivante. » Alors, Nalda dit : « Mais, Seigneur, tu n’as rien pour puiser, et le puits est profond. D’où tirerais-tu donc cette eau vivante ? Es-tu plus grand que notre père Jacob, qui nous donna ce puits, qui y but lui-même et qui y fit aussi boire ses fils et son bétail ? » 143:5.3 Jésus répliqua : « Quiconque boit de cette eau aura de nouveau soif, mais quiconque boit de l’eau de l’esprit vivant n’aura jamais soif. Cette eau vivante deviendra en lui une source de rafraichissement qui jaillira jusque dans la vie éternelle. » Nalda dit alors : « Donne-moi de cette eau pour que je n’aie pas soif et que je n’aie plus besoin de faire tout ce chemin pour puiser. En outre, tout ce qu’une Samaritaine pourrait recevoir d’un Juif aussi digne d’éloges que toi sera un plaisir. » 143:5.4 Nalda ne savait comment interpréter la bonne disposition de Jésus à lui parler. Elle voyait sur le visage du Maitre l’expression d’un homme intègre et saint, mais elle prit sa bienveillance pour une familiarité ordinaire et interpréta faussement son symbolisme comme une manière de lui faire des avances. Étant une femme de moralité peu sévère, elle se disposait à devenir ouvertement coquette lorsque Jésus, la regardant droit dans les yeux, lui dit d’une voix impérative : « Femme, va chercher ton mari et amène-le ici. » Ce commandement ramena Nalda au sens des réalités. Elle vit qu’elle avait mal jugé la bonté du Maitre et perçut qu’elle avait mal interprété le sens de ses paroles. Elle eut peur ; elle commença à comprendre qu’elle se trouvait en face d’une personne exceptionnelle et chercha, à l’aveuglette dans son mental, une réponse appropriée. En grande confusion, elle dit : « Mais, Seigneur, je ne puis appeler mon mari, car je n’ai pas de mari. » Alors, Jésus reprit : « Tu as dit la vérité, car tu as peut-être eu jadis un mari, mais l’homme avec qui tu vis maintenant n’est pas ton mari. Il vaudrait mieux que tu cesses de prendre mes paroles à la légère et que tu cherches l’eau vivante que je t’ai offerte aujourd’hui. » 143:5.5 Nalda était maintenant dégrisée, et son moi supérieur était éveillé. Ce n’était pas entièrement de son gré qu’elle était une femme immorale. Elle avait été brutalement et injustement rejetée par son mari et, dans cette situation désespérée, elle avait alors consenti à vivre avec un Grec, comme sa femme, mais sans mariage régulier. Nalda se sentait maintenant très honteuse d’avoir si étourdiment parlé à Jésus. Fort contrite, elle dit alors au Maitre : « Mon Seigneur, je me repens de la manière dont je t’ai parlé, car je perçois que tu es un saint homme ou peut-être un prophète. » Elle était sur le point de demander une aide directe et personnelle au Maitre lorsqu’elle fit ce que tant de personnes ont fait avant et après elle – elle éluda la question du salut personnel en s’orientant vers une discussion de théologie et de philosophie. Elle détourna rapidement la conversation ayant trait à ses propres besoins vers une controverse théologique. Montrant du doigt le mont Garizim, elle continua en disant : « Nos pères adoraient sur cette montagne et, cependant, toi, tu dis que le lieu où les hommes devraient adorer se trouve à Jérusalem ; où donc est le bon endroit pour adorer Dieu ? » 143:5.6 Jésus perçut la tentative de l’âme de la femme pour éviter un contact direct et scrutateur avec son Créateur, mais il vit aussi la présence, dans son âme, d’un désir de connaitre la meilleure manière de vivre. Après tout, il y avait, dans le cœur de Nalda, une véritable soif d’eau vive. Il la traita donc avec patience en disant : « Femme, laisse-moi te dire que le jour vient bientôt où tu n’adoreras le Père ni sur cette montagne ni à Jérusalem. Tu adores actuellement quelque chose que tu ne connais pas, un mélange de la religion de nombreux dieux païens et des philosophies des Gentils. Les Juifs, au moins, savent qui ils adorent ; ils ont dissipé toute confusion en concentrant leur adoration sur un seul Dieu, Yahweh. Tu devrais me croire quand je dis que l’heure viendra bientôt – elle est même déjà venue – où tous les adorateurs sincères adoreront le Père en esprit et en vérité, car ce sont précisément de tels adorateurs que le Père recherche. Dieu est esprit, et ceux qui l’adorent doivent l’adorer en esprit et en vérité. Tu n’obtiendras pas le salut en connaissant simplement un lieu de culte ou la manière dont les autres devraient adorer. Ton salut viendra quand tu recevras, dans ton propre cœur, cette eau vivante que je t’offre à l’instant même. » 143:5.7 Mais Nalda devait tenter encore un effort pour éluder la discussion du problème embarrassant de sa propre vie sur terre et du statut de son âme devant Dieu. Une fois de plus, elle recourut à des questions générales sur la religion en disant : « Oui, je sais, Seigneur, que Jean a prêché au sujet de la venue du Convertisseur, celui que l’on appellera le Libérateur, et que, lors de sa venue, il nous annoncera toutes choses » – interrompant Nalda, Jésus lui dit avec une assurance impressionnante : « Moi, qui te parle, je suis celui-là. » 143:5.8 Ceci était la première proclamation directe, positive et franche de sa nature et filiation divine que Jésus ait faite sur terre. Et elle fut faite à une femme, à une Samaritaine, et à une femme dont la réputation était jusqu’alors douteuse aux yeux des hommes. Mais l’œil divin voyait plus, en cette femme, une victime du péché des autres qu’une pécheresse volontaire ; elle était maintenant une âme humaine qui désirait le salut ; elle le souhaitait sincèrement et de tout cœur, et cela suffisait. 143:5.9 Nalda était sur le point d’exprimer son ardent désir personnel pour des choses meilleures et un mode de vie plus noble, mais, juste au moment où elle allait exposer le véritable désir de son cœur, les douze apôtres revinrent de Sychar. Arrivant sur la scène où Jésus parlait si intimement avec cette femme – une Samaritaine et seul à seule – ils furent plus qu’étonnés. Ils déposèrent rapidement leurs approvisionnements et s’écartèrent, nul n’osant lui faire d’observations, alors que Jésus disait à Nalda : « Femme, va ton chemin, Dieu t’a pardonné. Tu vivras désormais une nouvelle vie. Tu as reçu l’eau vivante ; une joie nouvelle jaillira dans ton âme et tu deviendras une fille du Très-Haut. » Percevant la désapprobation des apôtres, la femme abandonna sa cruche et s’enfuit vers la ville. 143:5.10 En y entrant, elle déclara à tous ceux qu’elle rencontra : « Sortez vers le puits de Jacob et allez-y vite, car vous y rencontrerez un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait dans ma vie. Pourrait-il être le Convertisseur ? » Avant le coucher du soleil, une foule de gens s’était rassemblée au puits de Jacob pour entendre Jésus. Et le Maitre leur développa le sujet de l’eau vivante, le don de l’esprit intérieur. 143:5.11 Les apôtres ne cessèrent jamais d’être choqués par la bonne disposition de Jésus à parler aux femmes, à des femmes de réputation douteuse, ou même immorales. Il fut très difficile à Jésus d’enseigner à ses apôtres que les femmes, même qualifiées d’immorales, ont une âme qui peut choisir Dieu pour Père, et qu’elles peuvent devenir ainsi les filles de Dieu candidates à la vie éternelle. Même dix-neuf siècles plus tard, bien des gens montrent la même répugnance à saisir les enseignements du Maitre. La religion chrétienne elle-même a été bâtie avec persistance autour du fait de la mort du Christ au lieu de l’être autour de la vérité de sa vie. Le monde devrait s’occuper davantage de sa vie heureuse, révélatrice de Dieu, que de sa mort tragique et désolante. 143:5.12 Le lendemain, Nalda raconta toute l’histoire à l’apôtre Jean, mais il ne la révéla jamais entièrement aux autres apôtres, et Jésus n’en parla pas en détail aux douze. 143:5.13 Nalda informa Jean que Jésus lui avait dit « tout ce qu’elle avait fait dans sa vie ». Jean eut souvent envie d’interroger Jésus sur son entretien avec Nalda, mais ne le fit jamais. Jésus n’avait dit à la Samaritaine qu’une seule chose sur elle-même, mais son regard planté dans ses yeux et la manière dont il l’avait traitée avaient fait repasser, en un instant dans son mental, une revue panoramique de sa vie accidentée, si bien qu’elle associa toute cette autorévélation de sa vie passée avec le regard et les paroles du Maitre. Jésus ne lui avait jamais dit qu’elle avait eu cinq maris. Elle avait vécu avec quatre hommes différents depuis que son mari l’avait répudiée. Au moment où elle comprit clairement que Jésus était un homme de Dieu, ce fait et tout son passé lui revinrent à la mémoire avec tant de vivacité qu’elle répéta ultérieurement à Jean que Jésus lui avait réellement tout raconté sur elle-même. 6. Le renouveau religieux en Samarie 143:6.1 À la fin du jour où Nalda attira la foule hors de Sychar pour voir Jésus, les douze venaient d’arriver de Sychar avec le ravitaillement. Ils supplièrent Jésus de manger avec eux au lieu de parler à la population, car ils n’avaient rien pris de toute la journée et ils avaient faim. Mais Jésus savait que l’obscurité allait bientôt les envelopper, de sorte qu’il persista dans sa détermination de parler aux gens rassemblés avant de les renvoyer. Lorsqu’André essaya de le persuader de manger un morceau avant de parler à la foule, Jésus dit : « J’ai un aliment à manger que vous ne connaissez pas. » Quand les apôtres entendirent cela, ils se dirent entre eux : « Quelqu’un lui a-t-il apporté quelque chose à manger ? Se peut-il que la femme lui ait donné de la nourriture en même temps que de l’eau ? » Lorsque Jésus les entendit parler entre eux, il alla vers les douze, avant de haranguer la multitude, et leur dit : « Mon aliment est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé et d’accomplir son travail. Vous devriez cesser de dire qu’il y a encore tant et tant de temps avant la moisson. Voyez ces gens qui sortent d’une ville de Samarie pour nous entendre ; je vous dis que les champs ont déjà blanchi pour la moisson. Celui qui récolte reçoit des gages et rassemble ce fruit pour la vie éternelle ; en conséquence, les semeurs et les moissonneurs se réjouissent ensemble, car c’est en ceci que réside la vérité du dicton : ‘l’un sème et l’autre récolte.’ Je vous envoie maintenant pour faire une récolte à laquelle vous n’avez pas travaillé ; d’autres ont travaillé et vous allez entrer dans leur travail. » Il disait cela en se référant aux prédications de Jean le Baptiste. 143:6.2 Jésus et les apôtres allèrent à Sychar et prêchèrent deux jours avant d’établir leur camp sur le mont Garizim. Beaucoup d’habitants de Sychar crurent à l’évangile et demandèrent à être baptisés, mais les apôtres de Jésus ne baptisaient pas encore. 143:6.3 Lors de la première nuit de campement sur le mont Garizim, les apôtres s’attendaient à des reproches de Jésus en raison de leur attitude envers la femme au puits de Jacob, mais il ne fit aucune allusion à la question. Au lieu de cela, il leur fit la mémorable causerie sur « les réalités qui sont centrales dans le royaume de Dieu ». Dans chaque religion, il est très facile de laisser des valeurs devenir disproportionnées et de permettre à des faits d’occuper, dans sa théologie, la place de la vérité. Le fait de la croix est devenu le centre même du christianisme ultérieur, mais ce n’est pas la vérité centrale de la religion que l’on peut tirer de la vie et des enseignements de Jésus de Nazareth. 143:6.4 Le thème de l’enseignement de Jésus sur le mont Garizim fut le suivant : il désirait que tous les hommes voient Dieu comme un Père-ami, de même que lui (Jésus) est un frère-ami. Maintes et maintes fois, il leur inculqua que l’amour est la relation majeure dans le monde – dans l’univers – de même que la vérité est la plus grande proclamation de l’observance de ces relations divines. 143:6.5 Jésus se révéla si pleinement aux Samaritains parce qu’il pouvait le faire en sécurité, et parce qu’il savait qu’il ne reviendrait plus jamais au cœur de la Samarie prêcher l’évangile du royaume. 143:6.6 Jésus et les douze campèrent sur le mont Garizim jusqu’à la fin d’aout. Durant la journée, ils prêchaient la bonne nouvelle du royaume – la paternité de Dieu – aux Samaritains, dans les villes, et ils passaient la nuit au camp. Le travail que Jésus et les douze firent dans ces villes de Samarie amena quantité d’âmes au royaume et contribua grandement à préparer la voie à l’œuvre merveilleuse de Philippe dans ces régions, après la mort et la résurrection de Jésus, et après la dispersion des apôtres aux confins de la terre par suite de la cruauté avec laquelle les croyants furent persécutés à Jérusalem. 7. Enseignements sur la prière et l’adoration 143:7.1 Aux conférences du soir sur le mont Garizim, Jésus enseigna nombre de grandes vérités ; il insista en particulier sur les suivantes : 143:7.2 La vraie religion est l’acte d’une âme individuelle dans ses relations autoconscientes avec le Créateur. La religion organisée est la tentative des hommes pour socialiser l’adoration des religionistes individuels. 143:7.3 L’adoration – la contemplation du spirituel – doit alterner avec le service, le contact avec la réalité matérielle. Le travail devrait alterner avec les divertissements ; la religion devrait avoir l’humour pour contrepoids. La philosophie profonde devrait être allégée par la poésie rythmique. Le surmenage de la vie – la tension de la personnalité dans le temps – devrait être allégé par le repos que procure l’adoration. Le sentiment d’insécurité né de la peur de l’isolement de la personnalité dans l’univers devrait avoir pour antidote la contemplation du Père par la foi et la tentative de réalisation du Suprême. 143:7.4 La prière est destinée à faire penser moins les hommes et à leur faire réaliser plus. Elle n’est pas destinée à provoquer l’accroissement des connaissances, mais plutôt l’expansion de la clairvoyance. 143:7.5 L’adoration a pour but d’anticiper sur la vie meilleure qui nous attend, et d’en refléter ensuite les nouvelles significations spirituelles sur la vie actuelle. La prière est un soutien spirituel, mais l’adoration est divinement créative. 143:7.6 L’adoration est la technique consistant à se tourner vers l’Un pour recevoir l’inspiration permettant de servir la multitude. L’adoration est l’étalon qui mesure le degré auquel l’âme s’est détachée de l’univers matériel et s’est attachée simultanément en sécurité aux réalités spirituelles de toute la création. 143:7.7 La prière est un rappel du moi – une pensée sublime. L’adoration est l’oubli du moi – une superpensée. L’adoration est l’attention sans effort, le vrai repos idéal de l’âme, une forme d’exercice spirituel reposant. 143:7.8 L’adoration est l’acte d’une fraction qui s’identifie avec le Tout ; le fini avec l’Infini ; le fils avec le Père ; le temps, dans l’action consistant à emboiter le pas à l’éternité. L’adoration est l’acte de communion personnelle du fils avec le Père divin, l’adoption, par l’âme-esprit de l’homme, de comportements reposants, créatifs, fraternels et romanesques. 143:7.9 Quoique les apôtres n’aient compris qu’une faible partie des enseignements du Maitre au camp, d’autres mondes les comprirent, et d’autres générations sur terre les comprendront. FASCICULE 144. À Gilboa et dans la Décapole 144:0.1 Pendant les mois de septembre et d’octobre, ils se retirèrent dans un camp isolé sur les pentes du mont Gilboa. Jésus y passa le mois de septembre seul avec ses apôtres, les enseignant et les instruisant dans les vérités du royaume. 144:0.2 Il y avait bien des raisons pour que Jésus et ses apôtres se retirent, à ce moment-là, sur la frontière de la Samarie et de la Décapole. Les dirigeants religieux de Jérusalem étaient très hostiles. Hérode Antipas détenait toujours Jean en prison, craignant autant de le libérer que de l’exécuter, et il continuait à suspecter Jean et Jésus d’être d’une manière ou d’une autre de connivence. Ces conditions rendaient contrindiqué le projet d’une campagne active soit en Judée, soit en Galilée. Il y avait encore une troisième raison : la tension lentement croissante entre les chefs des disciples de Jean et les apôtres de Jésus, tension qui s’aggravait avec l’augmentation du nombre des croyants. 144:0.3 Jésus savait que les temps du travail préliminaire d’enseignement et de prédication étaient à peu près passés, et que ses prochains actes impliqueraient le commencement du plein effort final de sa vie terrestre ; il ne voulait pas que le déclenchement de cette entreprise fût en aucune manière éprouvant ou embarrassant pour Jean le Baptiste. C’est pourquoi Jésus avait décidé de passer quelque temps dans une retraite, à revoir son enseignement avec ses apôtres, et ensuite de travailler paisiblement dans les villes de la Décapole jusqu’à ce que Jean fût ou bien exécuté, ou bien libéré pour se joindre à eux dans un effort unifié. 1. Le campement de Gilboa 144:1.1 À mesure que le temps passait, les douze étaient de plus en plus dévoués à Jésus et s’engageaient plus à fond dans le travail du royaume. Leur dévotion était surtout une affaire de loyauté personnelle. Ils ne saisissaient pas son enseignement complexe ; ils ne comprenaient pleinement ni la nature de Jésus ni la signification de son effusion sur terre. 144:1.2 Jésus expliqua clairement à ses apôtres qu’ils se retiraient pour trois raisons : 144:1.3 1. Pour consolider leur compréhension de l’évangile du royaume et affermir leur foi envers cet évangile. 144:1.4 2. Pour permettre à l’opposition à leur œuvre de se calmer, tant en Judée qu’en Galilée. 144:1.5 3. Pour attendre la décision sur le sort de Jean le Baptiste. 144:1.6 Durant leur séjour sur le mont Gilboa, Jésus donna aux douze beaucoup de détails sur sa jeunesse et sur ses expériences sur le mont Hermon. Il leur révéla également une partie de ce qui s’était passé dans les collines, durant les quarante jours qui suivirent immédiatement son baptême, et il les adjura instamment de ne parler à personne de ces expériences avant qu’il ne soit retourné vers le Père. 144:1.7 Au cours de ces semaines de septembre, les apôtres se reposèrent, eurent des entretiens, racontèrent leurs expériences depuis le moment où Jésus les avait appelés au service et s’engagèrent dans un sérieux effort pour coordonner ce que le Maitre leur avait enseigné jusqu’alors. Dans une certaine mesure, ils avaient tous le sentiment que ce serait leur dernière occasion de prendre un repos prolongé. Ils comprirent clairement que leur prochain effort public, soit en Judée, soit en Galilée, marquerait le commencement de la proclamation définitive du royaume à venir, mais ils n’avaient pas d’idées bien établies sur ce que serait ce royaume lors de sa venue. Jean et André pensaient que le royaume était déjà venu ; Pierre et Jacques croyaient qu’il était encore à venir ; Nathanael et Thomas confessaient franchement qu’ils étaient perplexes ; Matthieu, Philippe et Simon Zélotès étaient incertains et troublés ; les deux jumeaux étaient béatement ignorants de la controverse ; et Judas Iscariot était silencieux et très réservé. 144:1.8 Jésus passa une grande partie de ce temps seul dans la montagne près du camp. À l’occasion, il emmenait Pierre, Jacques ou Jean, mais, le plus souvent, il s’éloignait pour prier ou communier dans la solitude. Après le baptême de Jésus et ses quarante jours dans les collines de Pérée, il n’est guère exact de qualifier de prière ces périodes de communion avec son Père, et il n’est pas non plus logique de dire que Jésus était en adoration. Par contre, il est entièrement correct d’appeler ces périodes des moments de communion personnelle avec son Père. 144:1.9 Le thème central des discussions, durant tout le mois de septembre, fut la prière et l’adoration. Après avoir discuté de l’adoration pendant quelques jours, Jésus finit par prononcer son mémorable discours sur la prière, en réponse à la requête de Thomas : « Maitre, apprends-nous à prier. » 144:1.10 Jean avait enseigné une prière à ses disciples, une prière pour le salut dans le royaume à venir. Bien que Jésus n’eût jamais interdit à ses disciples d’employer la forme de prière de Jean, les apôtres perçurent très tôt que leur Maitre n’approuvait pas entièrement la pratique de prononcer des prières immuables et officielles. Néanmoins, les croyants demandaient constamment qu’on leur apprenne à prier. Les douze désiraient ardemment connaitre la forme de supplique que Jésus approuverait. Ce fut principalement à cause de ce besoin d’une supplique simple pour le commun du peuple que Jésus consentit alors, en réponse à la requête de Thomas, à leur enseigner une forme suggestive de prière. Jésus donna cette leçon un après-midi de la troisième semaine de leur séjour sur le mont Gilboa. 2. Le discours sur la prière 144:2.1 « Jean vous a, en vérité, appris une simple forme de prière : ‘Ô Père, purifie-nous du péché, montre-nous ta gloire, révèle ton amour et laisse ton esprit sanctifier notre cœur à toujours. Amen !’ Il a enseigné cette prière pour que vous ayez quelque chose à enseigner à la multitude. Il n’avait pas l’intention de vous voir utiliser cette supplique immuable et officielle comme expression de votre propre âme en prière. 144:2.2 « La prière est entièrement une expression personnelle et spontanée de l’attitude de l’âme envers l’esprit ; la prière devrait être la communion de filiation et l’expression de la fraternité. Quand elle est dictée par l’esprit, la prière mène au progrès spirituel coopératif. La prière idéale est une forme de communion spirituelle qui conduit à l’adoration intelligente. La vraie prière est l’attitude sincère d’un élan vers le ciel pour atteindre vos idéaux. 144:2.3 « La prière est le souffle de l’âme et devrait vous inciter à persévérer dans vos tentatives pour mieux connaitre la volonté du Père. Si l’un de vous a un voisin et va le trouver à minuit en disant : ‘Ami, prête-moi trois miches, car un de mes amis en voyage est venu me voir et je n’ai rien à lui offrir’, et si votre voisin répond : ‘Ne me dérange pas, car la porte est maintenant fermée et les enfants et moi sommes au lit ; je ne peux donc me lever pour te donner du pain’, vous insisterez en expliquant que votre ami a faim et que vous n’avez pas de nourriture à lui offrir. Votre voisin ne se lèvera pas pour vous donner du pain par amitié pour vous, mais je vous dis qu’à cause de votre importunité, il se lèvera et vous donnera autant de miches qu’il vous en faut. Si donc la persistance gagne les faveurs même des hommes mortels, combien plus votre persistance dans l’esprit obtiendra-t-elle pour vous le pain de vie des mains bienveillantes du Père qui est aux cieux. Je vous le dis de nouveau : Demandez et l’on vous donnera, cherchez et vous trouverez, frappez et l’on vous ouvrira. Car quiconque demande reçoit ; celui qui cherche trouve ; et la porte du salut sera ouverte à celui qui frappe. 144:2.4 « Quel père d’entre vous, si son fils fait une demande inconsidérée, hésitera à donner selon la sagesse parentale plutôt que selon les termes de la demande malavisée de son fils ? Si l’enfant a besoin d’une miche, lui donnerez-vous une pierre simplement parce qu’il vous l’a étourdiment demandée ? Si votre fils a besoin d’un poisson, lui donnerez-vous un serpent d’eau simplement parce que vous en avez attrapé un dans vos filets avec les poissons, et que l’enfant vous demande sottement le serpent ? Si donc, étant mortels et finis, vous savez répondre aux prières et faire à vos enfants des présents bénéfiques, combien plus votre Père céleste donnera-t-il l’esprit et nombre de bénédictions supplémentaires à ceux qui les lui demanderont ? Les hommes devraient toujours prier et ne pas se laisser décourager. 144:2.5 « Laissez-moi vous raconter l’histoire d’un certain juge qui vivait dans une ville perverse. Ce juge ne craignait pas Dieu et n’avait pas de respect pour les hommes. Or il y avait dans cette ville une veuve nécessiteuse qui allait constamment chez ce juge injuste en lui disant : ‘Protège-moi de mon adversaire.’ Pendant quelque temps, il ne voulut pas lui prêter attention, mais bientôt il se dit en lui-même : ‘Je ne crains pas Dieu et n’ai pas de considération pour les hommes, mais, parce que cette veuve ne cesse de me déranger, je ferai droit à sa revendication de peur qu’elle ne m’épuise par ses visites continuelles.’ Je vous raconte ces histoires pour vous encourager à persévérer dans la prière, et non pour vous laisser croire que vos suppliques modifieront la justice et la droiture du Père céleste. Cependant, votre persistance n’est pas destinée à gagner la faveur de Dieu, mais à changer votre attitude terrestre et à accroitre la capacité de votre âme à recevoir l’esprit. 144:2.6 « Mais, lorsque vous priez, votre foi est bien faible. Une foi authentique déplacera les montagnes de difficultés matérielles qui peuvent se trouver sur le sentier de l’expansion de l’âme et du progrès spirituel. » 3. La prière du croyant 144:3.1 Mais les apôtres n’étaient pas encore satisfaits ; ils désiraient que Jésus leur donne une prière modèle qu’ils puissent enseigner aux nouveaux disciples. Après avoir écouté ce discours sur la prière, Jacques Zébédée dit : « Très bien, Maitre, mais c’est moins pour nous que nous désirons une forme de prière que pour les nouveaux croyants qui nous demandent si souvent : ‘Apprenez-nous à adresser des prières acceptables au Père qui est aux cieux.’ » 144:3.2 Lorsque Jacques eut fini de parler, Jésus dit : « Si donc vous désirez encore une telle prière, je vous offrirai celle que j’ai apprise à mes frères et sœurs à Nazareth » : 144:3.3 Notre Père, qui es aux cieux, 144:3.4 Que ton nom soit sanctifié. 144:3.5 Que ton règne vienne ; que ta volonté soit faite 144:3.6 Sur terre comme elle l’est au ciel. 144:3.7 Donne-nous aujourd’hui notre pain pour demain ; 144:3.8 Rafraichis nos âmes avec l’eau de la vie. 144:3.9 Et pardonne à chacun de nous ses offenses 144:3.10 Comme nous avons aussi pardonné à ceux qui nous ont offensés. 144:3.11 Sauve-nous dans la tentation, délivre-nous du mal, 144:3.12 Et rends-nous de plus en plus parfaits comme toi-même. 144:3.13 Il n’est pas étonnant que les apôtres aient désiré que Jésus leur apprenne une prière modèle pour les croyants. Jean le Baptiste avait enseigné plusieurs prières à ses disciples ; tous les grands instructeurs avaient formulé des prières pour leurs élèves. Les éducateurs religieux des Juifs avaient vingt-cinq ou trente prières immuables qu’ils récitaient dans les synagogues et même aux coins des rues. Jésus était particulièrement opposé à la prière en public. Jusqu’alors, les douze ne l’avaient entendu prier qu’en de rares occasions. Ils le voyaient passer des nuits entières en prière ou en adoration, et ils étaient très curieux de connaitre la nature ou la forme de ses suppliques. Ils étaient poussés dans leurs derniers retranchements pour répondre aux multitudes demandant qu’on leur apprenne à prier comme Jean l’avait appris à ses disciples. 144:3.14 Jésus enseigna aux douze à toujours prier en secret, à partir seuls dans les tranquilles paysages de la nature ou à aller dans leur chambre et à fermer les portes quand ils s’adonnaient à la prière. 144:3.15 Après la mort de Jésus et son ascension auprès du Père, la pratique s’établit chez beaucoup de croyants de finir cette prière appelée prière du Seigneur en y ajoutant : « Au nom du Seigneur Jésus-Christ. » Plus tard encore, deux lignes furent perdues dans les copies et l’on y ajouta la déclaration supplémentaire : « Car à toi appartiennent le royaume, le pouvoir et la gloire, pour l’éternité. » 144:3.16 Jésus donna aux apôtres sous forme collective la prière telle que sa famille la formulait au foyer de Nazareth. Il n’enseigna jamais de prière personnelle officielle, mais seulement des suppliques collectives, familiales ou sociales. Et il ne le fit jamais spontanément. 144:3.17 Jésus enseigna que la prière efficace doit être : 144:3.18 1. Désintéressée – pas seulement pour soi-même. 144:3.19 2. Croyante – conforme à la foi. 144:3.20 3. Sincère – honnête de cœur. 144:3.21 4. Intelligente – conforme à la lumière. 144:3.22 5. Confiante – en soumission à la volonté infiniment sage du Père. 144:3.23 Quand Jésus passait des nuits entières sur la montagne à prier, c’était surtout pour ses disciples, et en particulier pour les douze. Le Maitre priait très peu pour lui-même, mais il pratiquait beaucoup l’adoration, une adoration dont la nature était une communion compréhensive avec son Père du Paradis. 4. Compléments sur la prière 144:4.1 Pendant les jours qui suivirent le discours sur la prière, les apôtres continuèrent à poser au Maitre des questions concernant cette pratique cultuelle d’une importance capitale. On peut résumer et reformuler comme suit, en langage moderne, les instructions sur la prière et l’adoration que Jésus donna aux apôtres durant ces journées. 144:4.2 La répétition sérieuse et fervente d’une supplique quelconque, quand cette prière est l’expression sincère d’un enfant de Dieu et qu’elle est formulée avec foi, si peu susceptible qu’elle soit de recevoir une réponse directe et si malavisée qu’elle puisse être, ne manque jamais d’accroitre la capacité de l’âme pour la réceptivité spirituelle. 144:4.3 Dans toutes vos prières, souvenez-vous toujours que la filiation est un don. Nul enfant ne doit s’occuper de gagner le statut de fils ou de fille. L’enfant terrestre vient à l’existence par la volonté de ses parents. De même, l’enfant de Dieu parvient à la grâce et acquiert la nouvelle vie de l’esprit par la volonté du Père qui est aux cieux. Il faut donc que le royaume des cieux – la filiation divine – soit reçu comme par un petit enfant. On gagne la droiture – le développement progressif du caractère – mais on reçoit la filiation par grâce et au moyen de la foi. 144:4.4 La prière éleva Jésus à la supercommunion de son âme avec les Dirigeants Suprêmes de l’univers des univers. La prière élèvera les mortels de la terre à la communion de la véritable adoration. La capacité de réception spirituelle de l’âme détermine la quantité de bénédictions célestes que l’on peut s’approprier personnellement et comprendre consciemment comme une réponse à la prière. 144:4.5 La prière, et l’adoration qui lui est associée, est une technique pour se détacher de la routine de la vie courante, des travaux monotones de l’existence matérielle. C’est une méthode pour s’épanouir spirituellement et acquérir l’individualité intellectuelle et religieuse. 144:4.6 La prière est un antidote contre l’introspection nuisible ; au moins, la prière, telle que le Maitre l’a enseignée, apporte ce bienfait à l’âme. Jésus employa avec persistance l’influence bénéfique de la prière pour autrui. Le Maitre priait en général au pluriel et non pas au singulier. C’est seulement dans les grandes crises de sa vie terrestre qu’il pria pour lui-même. 144:4.7 La prière est le souffle de la vie de l’esprit au milieu de la civilisation matérielle des races de l’humanité. L’adoration constitue le salut pour les générations de mortels qui recherchent le plaisir. 144:4.8 De même que l’on peut assimiler la prière à la recharge des batteries spirituelles de l’âme, de même on peut comparer l’adoration au fait d’accorder l’écoute de l’âme sur la fréquence des communications universelles de l’esprit infini du Père Universel. 144:4.9 La prière est le regard sincère et plein de désir jeté par l’enfant sur son Père spirituel ; c’est un processus psychologique consistant à échanger la volonté humaine contre la volonté divine. La prière fait partie du plan divin pour remodeler ce qui existe en ce qui devrait exister. 144:4.10 L’une des raisons pour lesquelles Pierre, Jacques et Jean, qui accompagnaient si souvent le Maitre dans ses longues veilles nocturnes, n’entendirent jamais Jésus prier, vient de ce que leur Maitre exprimait fort rarement ses prières en langage parlé. Pratiquement, toutes les prières de Jésus étaient faites dans son esprit et dans son cœur – en silence. 144:4.11 Parmi tous les apôtres, ce furent Pierre et Jacques qui furent le plus près de comprendre l’enseignement du Maitre sur la prière et l’adoration. 5. Autres formes de prière 144:5.1 Durant le reste de son séjour sur terre, Jésus attira de temps en temps l’attention des apôtres sur plusieurs autres formes de prière, mais il ne le fit que pour illustrer d’autres questions et enjoignit aux douze de ne pas enseigner aux foules ces « prières en paraboles ». Beaucoup d’entre elles venaient d’autres planètes habitées, mais Jésus ne révéla pas ce fait aux douze. Parmi elles se trouvaient les suivantes : 144:5.2 Notre Père en qui subsistent les royaumes de l’univers, 144:5.3 Que ton nom soit exalté et ton caractère glorifié. 144:5.4 Ta présence nous englobe et ta gloire est manifestée 144:5.5 Imparfaitement à travers nous, comme elle se montre en perfection au ciel. 144:5.6 Donne-nous aujourd’hui les forces vivifiantes de lumière, 144:5.7 Et ne nous laisse pas errer dans les mauvaises voies détournées de notre imagination. 144:5.8 Car à toi appartiennent la glorieuse présence intérieure, le pouvoir éternel. 144:5.9 Et à nous le don éternel de l’amour infini de ton Fils. 144:5.10 Ainsi soit-il, en vérité éternelle. 144:5.11 * * * 144:5.12 Notre Parent créateur, qui es au centre de l’univers, 144:5.13 Effuse sur nous ta nature et donne-nous ton caractère. 144:5.14 Fais de nous, par ta grâce, tes fils et tes filles 144:5.15 Et glorifie ton nom par notre accomplissement éternel. 144:5.16 Donne-nous ton esprit qui ajuste et contrôle nos pensées ; qu’il vive et demeure en nous 144:5.17 Pour nous permettre de faire ta volonté sur cette sphère comme les anges exécutent tes ordres dans la lumière. 144:5.18 Soutiens-nous aujourd’hui dans notre progression le long du sentier de la vérité. 144:5.19 Délivre-nous de l’inertie, du mal et de toute transgression impie. 144:5.20 Sois patient avec nous, de même que nous témoignons une bienveillance affectueuse à notre prochain. 144:5.21 Répands l’esprit de ta miséricorde dans notre cœur de créatures. 144:5.22 Conduis-nous de ta propre main, pas à pas, dans le dédale incertain de la vie, 144:5.23 Et, quand viendra notre fin, reçois dans ton sein nos esprits fidèles. 144:5.24 Ainsi soit-il, que ta volonté soit faite, et non nos désirs. 144:5.25 * * * 144:5.26 Notre Père céleste parfait et juste, 144:5.27 Guide et dirige aujourd’hui notre voyage. 144:5.28 Sanctifie nos pas et coordonne nos pensées. 144:5.29 Conduis-nous toujours dans les voies du progrès éternel. 144:5.30 Remplis-nous de sagesse jusqu’à la plénitude du pouvoir 144:5.31 Et vivifie-nous de ton énergie infinie. 144:5.32 Inspire-nous par la conscience divine 144:5.33 De la présence et de la gouverne des armées séraphiques. 144:5.34 Guide-nous toujours plus haut dans le sentier de lumière ; 144:5.35 Justifie-nous pleinement au jour du grand jugement. 144:5.36 Rends-nous semblables à toi en gloire éternelle 144:5.37 Et reçois-nous à perpétuité dans ton service exalté. 144:5.38 * * * 144:5.39 Notre Père, qui es dans le mystère, 144:5.40 Révèle-nous ton saint caractère. 144:5.41 Donne aujourd’hui à tes enfants terrestres 144:5.42 De voir le chemin, la lumière et la vérité. 144:5.43 Montre-nous le sentier du progrès éternel 144:5.44 Et donne-nous la volonté d’y marcher. 144:5.45 Établis en nous ta divine souveraineté 144:5.46 Et effuse ainsi sur nous la pleine maitrise du moi. 144:5.47 Ne nous laisse pas nous égarer dans des sentiers de ténèbres et de mort ; 144:5.48 Conduis-nous perpétuellement auprès des eaux vivantes. 144:5.49 Par égard pour toi-même, écoute les prières que nous faisons ; 144:5.50 Sois heureux de nous rendre de plus en plus semblables à toi. 144:5.51 À la fin, pour l’amour du divin Fils, 144:5.52 Reçois-nous dans les bras éternels. 144:5.53 Ainsi soit-il, que ta volonté soit faite, et non la nôtre. 144:5.54 * * * 144:5.55 Glorieux Père et Mère, unifiés en un seul parent, 144:5.56 Nous voudrions être fidèles à ta nature divine. 144:5.57 Que ta propre personne revive en nous et à travers nous 144:5.58 Par le don et l’effusion de ton esprit divin ; 144:5.59 Nous te copierons ainsi imparfaitement dans cette sphère 144:5.60 Tel que tu te montres en perfection et en majesté au ciel. 144:5.61 Donne-nous, jour après jour, ton doux ministère de fraternité 144:5.62 Et conduis-nous, d’instant en instant, dans la voie du service aimant. 144:5.63 Sois toujours et infailliblement patient avec nous 144:5.64 Comme nous témoignons ta patience à nos enfants. 144:5.65 Donne-nous la divine sagesse qui accomplit bien toutes choses 144:5.66 Et l’amour infini qui est bienveillant envers toute créature. 144:5.67 Effuse sur nous ta patience et ta bienveillance affectueuse 144:5.68 Afin que notre charité enveloppe les faibles du royaume. 144:5.69 Et, quand notre carrière sera achevée, fais d’elle un honneur pour ton nom, 144:5.70 Un plaisir pour ton esprit de bonté et une satisfaction pour ceux qui soutiennent notre âme. 144:5.71 Que le bien éternel de tes enfants mortels ne soit pas celui que nous souhaitons, Ô notre Père aimant, mais celui que tu désires. 144:5.72 Ainsi soit-il. 144:5.73 * * * 144:5.74 Notre toute fidèle Source et notre Centre tout-puissant, 144:5.75 Que le nom de ton Fils plein de grâce soit saint et révéré. 144:5.76 Tes bontés et tes bénédictions sont descendues sur nous, 144:5.77 Nous donnant le pouvoir d’accomplir ta volonté et d’exécuter tes commandements. 144:5.78 Donne-nous, d’instant en instant, le soutien de l’arbre de vie ; 144:5.79 Rafraichis-nous, jour après jour, avec les eaux vives de ce fleuve. 144:5.80 Conduis-nous, pas à pas, hors des ténèbres et dans la lumière divine. 144:5.81 Renouvelle notre mental par les transformations de l’esprit intérieur, 144:5.82 Et, quand la fin mortelle finira par nous atteindre, 144:5.83 Reçois-nous près de toi et envoie-nous dans l’éternité. 144:5.84 Couronne-nous des diadèmes célestes du service fructueux, 144:5.85 Et nous glorifierons le Père, le Fils et la Sainte Influence. 144:5.86 Ainsi soit-il, dans tout un univers sans fin. 144:5.87 * * * 144:5.88 Notre Père, qui habites dans les lieux secrets de l’univers, 144:5.89 Que ton nom soit honoré, ta miséricorde révérée et ton jugement respecté. 144:5.90 Que le soleil de la droiture brille sur nous au milieu du jour, 144:5.91 Tandis que nous te supplions de guider nos pas indociles à l’approche de la nuit. 144:5.92 Conduis-nous par la main dans les voies que tu auras choisies, 144:5.93 Et ne nous abandonne pas quand la route est dure et les heures sombres. 144:5.94 Ne nous oublie pas comme nous t’oublions et te négligeons si souvent, 144:5.95 Mais sois miséricordieux et aime-nous comme nous souhaitons t’aimer. 144:5.96 Regarde-nous d’en haut avec bonté et pardonne-nous avec miséricorde 144:5.97 Comme nous pardonnons en justice à ceux qui nous chagrinent et nous blessent. 144:5.98 Puissent l’amour, le dévouement et l’effusion du Fils majestueux 144:5.99 Nous procurer la vie éternelle avec ta miséricorde et ton amour sans fin. 144:5.100 Puisse le Dieu des univers effuser sur nous la pleine mesure de son esprit ; 144:5.101 Donne-nous la grâce de nous plier aux directives de cet esprit. 144:5.102 Par le ministère aimant d’armées séraphiques dévouées, 144:5.103 Puisse le Fils nous guider et nous mener jusqu’à la fin de l’âge. 144:5.104 Rends-nous toujours de plus en plus semblables à toi-même, 144:5.105 Et, lors de notre fin, reçois-nous dans l’embrassement éternel du Paradis. 144:5.106 Ainsi soit-il, au nom du Fils d’effusion 144:5.107 Et pour l’honneur et la gloire du Père Suprême. 144:5.108 Bien que les apôtres ne fussent pas libres de présenter ces leçons sur la prière dans leurs enseignements publics, ils profitèrent beaucoup de toutes ces révélations dans leur expérience religieuse personnelle. Jésus utilisa ces modèles de prière et d’autres encore comme exemples liés à l’instruction intime des douze. La permission de reproduire ces sept spécimens de prière dans le présent exposé a été spécifiquement accordée. 6. Conférence avec les apôtres de Jean 144:6.1 Vers le 1er octobre, Philippe et plusieurs autres apôtres se trouvaient dans un village voisin, achetant des vivres, lorsqu’ils rencontrèrent quelques-uns des apôtres de Jean le Baptiste. Cette rencontre fortuite sur la place du marché eut pour résultat une conférence de trois semaines, au camp de Gilboa, entre les apôtres de Jésus et les apôtres de Jean, car Jean, imitant le précédent de Jésus, avait récemment nommé apôtres douze de ses principaux disciples. Il l’avait fait en réponse à la demande pressante d’Abner, chef de ses loyaux partisans. Jésus resta présent au camp de Gilboa durant toute la première semaine de cette conférence commune, mais s’absenta durant les deux dernières semaines. 144:6.2 Vers le début de la deuxième semaine de ce mois, Abner avait rassemblé tous ses associés au camp de Gilboa et se trouvait prêt à conférer avec les apôtres de Jésus. Durant trois semaines, ces vingt-quatre hommes tinrent session trois fois par jour et six jours par semaine. La première semaine, Jésus se mêla à eux entre leurs sessions du matin, de l’après-midi et du soir. Ils voulaient que le Maitre se joigne à eux et préside leurs délibérations conjointes, mais il refusa fermement de participer à leurs discussions. Il consentit cependant à leur parler en trois occasions, et ces allocutions de Jésus aux vingt-quatre portèrent sur les sujets de la compassion, de la coopération et de la tolérance. 144:6.3 André et Abner prirent alternativement la présidence de ces réunions communes des deux groupes apostoliques. Ces hommes avaient bien des difficultés à débattre et de nombreux problèmes à résoudre. Maintes et maintes fois, ils voulurent soumettre leurs ennuis à Jésus, sans autre résultat que de l’entendre dire : « Je ne m’occupe que de vos problèmes personnels et purement religieux. Je suis le représentant du Père auprès des individus et non auprès des groupes. Si vous êtes personnellement en difficulté dans vos relations avec Dieu, venez à moi ; je vous écouterai et vous conseillerai dans la solution de votre problème. Mais, si vous entreprenez de coordonner des interprétations humaines divergentes relatives à des questions religieuses et à la socialisation de la religion, il vous faut résoudre tous ces problèmes en prenant vos propres décisions. Toutefois, je vous accompagnerai toujours de ma sympathie et de mon intérêt. Quand vous arriverez à des conclusions sur ces affaires dépourvues d’importance spirituelle, et pourvu que vous soyez tous d’accord, je vous garantis d’avance ma pleine approbation et ma sincère coopération. Maintenant, pour ne pas vous gêner dans vos délibérations, je vous quitte pour quinze jours. Ne vous inquiétez pas de moi, je reviendrai à vous. Je m’occuperai des affaires de mon Père, car nous avons d’autres royaumes en dehors de celui-ci. » 144:6.4 Après avoir ainsi parlé, Jésus descendit de la pente de la montagne, et ils ne le virent plus pendant deux semaines entières. Ils ne surent jamais où il était allé ni ce qu’il avait fait durant ces jours-là. Il fallut quelque temps aux vingt-quatre pour s’atteler sérieusement à l’étude de leurs problèmes, tant ils étaient déconcertés par l’absence du Maitre. Toutefois, au bout d’une semaine, ils se retrouvèrent au cœur de leurs discussions, sans pouvoir faire appel à l’aide de Jésus. 144:6.5 La première question sur laquelle le groupe se mit d’accord fut l’adoption de la prière que Jésus leur avait si récemment apprise. Ils votèrent à l’unanimité d’accepter cette prière comme celle qui devait être enseignée aux croyants par les deux groupes d’apôtres. 144:6.6 Ils décidèrent ensuite qu’aussi longtemps que Jean vivrait, soit en prison, soit en liberté, les deux groupes de douze apôtres poursuivraient leur propre travail et tiendraient, tous les trois mois, des réunions communes d’une semaine en des lieux à convenir de temps en temps. 144:6.7 De tous leurs problèmes, le plus sérieux était cependant la question du baptême. Leurs difficultés étaient d’autant plus graves que Jésus avait refusé de faire une déclaration quelconque sur le sujet. Ils parvinrent finalement à l’accord suivant : Tant que Jean vivrait, ou tant qu’ils n’auraient pas éventuellement modifié cette décision d’un commun accord, seuls les apôtres de Jean baptiseraient les croyants et seuls les apôtres de Jésus compléteraient l’instruction des nouveaux disciples. En conséquence, depuis ce moment-là et jusqu’après la mort de Jean, deux apôtres de Jean accompagnèrent Jésus et ses apôtres pour baptiser les croyants, car le conseil conjoint avait voté unanimement que le baptême deviendrait l’étape initiale comme signe extérieur de l’alliance avec les affaires du royaume. 144:6.8 Il fut ensuite convenu que, si Jean mourait, les apôtres de Jean se présenteraient à Jésus et se soumettraient à ses directives ; ils cesseraient alors de baptiser, à moins d’y être autorisés par Jésus ou ses apôtres. 144:6.9 Ils votèrent ensuite qu’au cas où Jean mourrait, les apôtres de Jésus commenceraient à baptiser avec de l’eau en symbole du baptême de l’Esprit divin. La repentance devait-elle ou non être attachée à la prédication du baptême ? La question fut laissée au choix de chacun, et aucune décision obligatoire pour le groupe ne fut prise. Les apôtres de Jean prêchaient : « Repentez-vous et soyez baptisés » et les apôtres de Jésus proclamaient : « Croyez et soyez baptisés. » 144:6.10 Telle est l’histoire de la première tentative des disciples de Jésus pour coordonner des efforts divergents, régler des différences d’opinion, organiser des entreprises collectives, légiférer sur des observances extérieures et socialiser les pratiques religieuses personnelles. 144:6.11 Ils étudièrent bien d’autres questions mineures et se mirent unanimement d’accord sur les solutions. Ces vingt-quatre hommes eurent une expérience vraiment remarquable pendant les deux semaines où ils furent obligés d’affronter les problèmes et de régler les difficultés sans Jésus. Ils apprirent à différer d’opinion, à discuter, à lutter, à prier et à transiger, tout en respectant le point de vue de l’interlocuteur et en maintenant au moins un certain degré de tolérance pour ses opinions sincères. 144:6.12 L’après-midi de leur discussion finale sur les questions financières, Jésus revint, entendit le récit de leurs délibérations, écouta leurs décisions et dit : « Telles sont donc vos conclusions ; j’aiderai chacun de vous à mettre en pratique l’esprit de vos décisions communes. » 144:6.13 Deux mois et demi plus tard, Jean fut exécuté. Durant tout ce temps, les apôtres de Jean restèrent avec Jésus et les douze. Ils travaillèrent tous ensemble et baptisèrent des croyants au cours de cette période d’apostolat dans les villes de la Décapole. Le camp de Gilboa fut levé le 2 novembre de l’an 27. 7. Dans les villes de la Décapole 144:7.1 Durant les mois de novembre et de décembre, Jésus et les vingt-quatre travaillèrent tranquillement dans les villes grecques de la Décapole, principalement à Scythopolis, Gérasa, Abila et Gadara. Ce fut réellement la fin de la période préliminaire de prise en mains de l’œuvre et de l’organisation de Jean. L’organisation sociale de la religion d’une nouvelle révélation doit toujours payer le prix du compromis avec les formes et usages établis de la religion précédente qu’elle cherche à sauver. Les disciples de Jésus durent accepter le principe du baptême pour entrainer avec eux, en tant que groupe religieux social, les disciples de Jean le Baptiste. Quant aux disciples de Jean, en se joignant à ceux de Jésus, ils renoncèrent à presque tout, sauf au baptême avec de l’eau. 144:7.2 Jésus enseigna peu en public au cours de cette mission dans les villes de la Décapole. Il passa beaucoup de temps à instruire les vingt-quatre et tint de nombreuses sessions spéciales avec les douze apôtres de Jean. Avec le temps, ils comprirent mieux pourquoi Jésus n’allait pas visiter Jean en prison et ne faisait aucun effort pour assurer sa libération. Mais ils ne purent jamais comprendre pourquoi Jésus n’accomplissait pas d’œuvres miraculeuses, pourquoi il refusait de manifester des signes extérieurs de son autorité divine. Avant de venir au camp de Gilboa, ils avaient surtout cru en Jésus à cause du témoignage de Jean, mais bientôt ils commencèrent à croire par suite de leur propre contact avec le Maitre et ses enseignements. 144:7.3 Durant ces deux mois, les membres du groupe travaillèrent, la plupart du temps, deux par deux, un apôtre de Jésus avec un apôtre de Jean. L’apôtre de Jean baptisait, l’apôtre de Jésus instruisait et tous deux prêchaient l’évangile du royaume tel qu’ils le comprenaient. Et ils gagnèrent beaucoup d’âmes parmi ces Juifs apostats et ces Gentils. 144:7.4 Abner, chef des apôtres de Jean, devint un dévoué croyant en Jésus et il fut nommé plus tard chef d’un groupe de soixante-dix éducateurs chargés par le Maitre de prêcher l’évangile. 8. Au camp près de Pella 144:8.1 À la fin de décembre, ils allèrent tous près du Jourdain, à proximité de Pella, où ils recommencèrent à enseigner et à prêcher. Aussi bien les Juifs que les Gentils venaient à ce camp pour entendre l’évangile. Un après-midi, pendant que Jésus enseignait la foule, certains amis intimes de Jean apportèrent au Maitre le dernier message qu’il devait recevoir du Baptiste. 144:8.2 Jean était maintenant en prison depuis un an et demi et, durant presque tout ce temps-là, Jésus avait travaillé très discrètement ; il n’était donc pas étonnant que Jean fût amené à s’inquiéter du royaume. Les amis de Jean interrompirent la leçon de Jésus en lui disant : « Jean le Baptiste nous a envoyés te demander si tu es vraiment le Libérateur ou si nous devons en chercher un autre. » 144:8.3 Jésus s’arrêta pour dire aux amis de Jean : « Retournez dire à Jean qu’il n’est pas oublié. Dites-lui ce que vous avez vu et entendu, que la bonne nouvelle est prêchée aux pauvres. » Après avoir dit encore quelques mots aux messagers de Jean, Jésus se tourna de nouveau vers la foule et dit : « Ne croyez pas que Jean mette en doute l’évangile du royaume. Il s’enquiert seulement pour rassurer ses disciples qui sont aussi mes disciples. Jean n’est pas faible. À vous qui avez entendu Jean prêcher avant qu’Hérode ne le mette en prison, laissez-moi vous demander ce que vous avez vu en lui. Un roseau secoué par le vent ? Un homme d’humeur changeante et habillé de vêtements douillets ? En règle générale, ceux qui sont vêtus somptueusement et vivent en sybarites se rencontrent dans les cours des rois et les demeures des riches. Mais qu’avez-vous aperçu en voyant Jean ? Un prophète ? Oui, je vous le dis, et bien plus qu’un prophète. Il a été écrit de Jean : ‘Voici, j’envoie mon messager devant ta face ; il préparera le chemin devant toi.’ 144:8.4 « En vérité, en vérité, je vous le dis, parmi ceux qui sont nés de femmes, il ne s’en est pas élevé de plus grand que Jean le Baptiste ; pourtant, même le plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que lui, parce qu’il est né d’esprit et sait qu’il est devenu un fils de Dieu. » 144:8.5 Beaucoup de ceux qui entendirent Jésus ce jour-là se soumirent au baptême de Jean, proclamant ainsi publiquement leur entrée dans le royaume. Et, depuis lors, les apôtres de Jean restèrent étroitement liés à Jésus. Cette circonstance marqua l’union réelle des disciples de Jean et de ceux de Jésus. 144:8.6 Après que les messagers se furent entretenus avec Abner, ils partirent pour Macharée raconter tout cela à Jean, qui fut très réconforté et fortifié dans sa foi par les paroles de Jésus et le message d’Abner. 144:8.7 Ce même après-midi, Jésus continua à enseigner, disant : « À quoi comparerai-je cette génération ? Beaucoup d’entre vous ne recevront ni le message de Jean ni mon enseignement. Vous ressemblez à des enfants jouant sur la place du marché, qui appellent leurs camarades et disent : ‘Nous avons joué de la flute pour vous et vous n’avez pas dansé ; nous avons gémi et vous ne vous êtes pas affligés.’ Il en est de même pour certains d’entre vous. Jean est venu ne mangeant pas et ne buvant pas, et ils ont dit qu’il était possédé par un démon. Le Fils de l’Homme vient, mangeant et buvant, et les mêmes personnes disent : ‘Voyez, il est un gourmand et un buveur de vin, un ami des publicains et des pécheurs !’ En vérité, la sagesse est justifiée par ses enfants. 144:8.8 « Il semble que le Père céleste ait caché quelques-unes de ces vérités aux sages et aux arrogants, tandis qu’il les a dévoilées à de petits enfants. Mais le Père fait bien toutes choses ; il se révèle à l’univers par les méthodes de son propre choix. Venez donc, vous tous qui peinez et portez de lourds fardeaux, et vous trouverez du repos pour votre âme. Prenez sur vous le joug divin, et vous éprouverez la paix de Dieu, qui dépasse tout entendement. » 9. La mort de Jean le Baptiste 144:9.1 Jean le Baptiste fut exécuté, par ordre d’Hérode Antipas, le soir du 10 janvier de l’an 28. Le lendemain, quelques disciples de Jean, qui étaient allés à Macharée, entendirent parler de son exécution. Ils allèrent trouver Hérode et réclamèrent le corps, qu’ils placèrent dans une sépulture. Plus tard, ils l’inhumèrent à Sébaste, le village où habitait Abner. Le lendemain 12 janvier, ils partirent vers le nord, en direction du camp des apôtres de Jean et de Jésus près de Pella, et racontèrent à Jésus la mort de Jean. Quand Jésus eut entendu leur rapport, il congédia la multitude, appela les vingt-quatre autour de lui et leur dit : « Jean est mort. Hérode l’a fait décapiter. Tenez ensemble, ce soir, une séance de conseil et arrangez vos affaires en conséquence. Il n’y aura plus de délai. L’heure est venue de proclamer le royaume ouvertement et avec puissance. Demain, nous irons en Galilée. » 144:9.2 En conséquence, de bonne heure le matin du 13 janvier de l’an 28, Jésus et les apôtres, accompagnés de quelque vingt-cinq disciples, se rendirent à Capharnaüm et logèrent pour la nuit dans la maison de Zébédée. FASCICULE 145. Quatre journées mémorables à Capharnaüm 145:0.1 Jésus et les apôtres arrivèrent à Capharnaüm le soir du mardi 13 janvier. Comme à l’habitude, ils installèrent leur quartier général dans la maison de Zébédée à Bethsaïde. Maintenant que Jean le Baptiste avait été mis à mort, Jésus se prépara à se lancer ouvertement dans sa première tournée de prédication publique en Galilée. La nouvelle du retour de Jésus se répandit rapidement dans la ville et, le lendemain matin de bonne heure, Marie, mère de Jésus, se hâta de partir pour rendre visite à son fils Joseph à Nazareth. 145:0.2 Jésus passa le mercredi, le jeudi et le vendredi chez Zébédée, instruisant ses apôtres et les préparant à leur première grande tournée de prédication publique. Il reçut et instruisit aussi, soit isolément, soit en groupes, un grand nombre d’investigateurs sérieux. Par l’intermédiaire d’André, il s’arrangea pour parler dans la synagogue le jour du sabbat suivant. 145:0.3 Tard dans la soirée de vendredi, Ruth, la plus jeune sœur de Jésus, lui rendit secrètement visite. Ils passèrent presque une heure ensemble dans un bateau ancré à courte distance du rivage. Nul être humain, sauf Jean Zébédée, ne connut jamais cette visite, et le Maitre lui recommanda de n’en parler à personne. Ruth était le seul membre de la famille de Jésus qui ait cru, avec constance et sans défaillance, à la divinité de la mission terrestre de son frère, dès sa première prise de conscience spirituelle et tout au long du ministère mouvementé de Jésus, de sa mort, de sa résurrection et de son ascension. Finalement, elle passa dans les mondes de l’au-delà sans avoir jamais douté du caractère surnaturel de la mission incarnée de son frère-père. En ce qui concerne sa famille terrestre, la petite Ruth fut la principale consolation de Jésus durant les cruelles épreuves de son jugement, de son rejet et de sa crucifixion. 1. Le fructueux coup de filet 145:1.1 Le vendredi matin de la même semaine, tandis que Jésus enseignait sur le rivage, son auditoire le serra de tellement près au bord de l’eau qu’il fit signe à des pêcheurs, occupant un bateau voisin, de venir à son secours. Il monta dans le bateau et continua, pendant plus de deux heures, à enseigner la foule assemblée. Cet esquif s’appelait « Simon » ; c’était l’ancien bateau de pêche de Simon Pierre, et il avait été construit des propres mains de Jésus. Ce matin-là, il était utilisé par David Zébédée et deux de ses associés, qui venaient de retourner vers la côte après une nuit de pêche infructueuse sur le lac. Ils nettoyaient et réparaient leurs filets au moment où Jésus fit appel à leur assistance. 145:1.2 Après que Jésus eut fini d’enseigner la foule, il dit à David : « Tu as perdu du temps en venant à mon aide, alors permets-moi de travailler avec toi. Allons pêcher. Dirige-toi vers les fonds qui sont là-bas, et jette tes filets pour une prise. » Mais Simon, l’un des aides de David, répondit : « Maitre, c’est inutile. Nous avons peiné toute la nuit et nous n’avons rien pris ; toutefois, puisque tu le demandes, nous allons sortir et lancer les filets. » Simon consentit à suivre les directives de Jésus parce que son patron, David, lui avait fait signe d’un geste. Quand ils furent arrivés à l’endroit désigné par Jésus, ils immergèrent leurs filets et prirent une telle quantité de poissons qu’ils craignirent de voir leurs filets se déchirer ; à tel point qu’ils firent signe à leurs associés, restés au bord du rivage, de venir à la rescousse. Lorsqu’ils eurent rempli les trois bateaux de poissons presque au point de les faire couler, Simon tomba aux genoux de Jésus en disant : « Écarte-toi de moi, Maitre, car je suis chargé de péchés. » Simon et tous les participants furent stupéfaits de ce fructueux coup de filet. À partir de ce jour, David Zébédée, son aide, Simon, et leurs associés abandonnèrent leurs filets et suivirent Jésus. 145:1.3 Mais ce ne fut en aucun sens une pêche miraculeuse. Jésus avait étudié de près la nature ; il était un pêcheur expérimenté et connaissait les habitudes des poissons dans la mer de Galilée. En cette occasion, il avait simplement dirigé les pêcheurs vers l’endroit où les poissons se trouvaient généralement à cette heure-là de la journée. Mais les disciples de Jésus considérèrent toujours cet évènement comme un miracle. 2. L’après-midi à la synagogue 145:2.1 Lors du sabbat suivant, au service de l’après-midi dans la synagogue, Jésus prêcha son sermon sur « La Volonté du Père qui est aux Cieux ». Le matin, Pierre avait prêché sur « Le Royaume ». À la réunion du jeudi soir à la synagogue, André avait enseigné en prenant pour sujet : « La Nouvelle Voie ». À cette date, le nombre de personnes qui croyaient en Jésus était plus élevé à Capharnaüm que dans toute autre ville de la terre. 145:2.2 Cet après-midi de sabbat, tandis que Jésus enseignait dans la synagogue et prenait, conformément à la coutume, son premier texte dans la Loi, il lut dans le Livre de l’Exode : « Tu serviras le Seigneur, ton Dieu, et il bénira ton pain et ton eau, et toute maladie sera ôtée de toi. » Il choisit son second texte dans les Prophètes et lut dans Isaïe : « Lève-toi et resplendis, car ta lumière est venue et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi. L’obscurité peut couvrir la terre, et de profondes ténèbres recouvrir le peuple, mais l’esprit du Seigneur se lèvera sur toi, et l’on verra la gloire divine t’accompagner. Même les Gentils viendront vers cette lumière, et beaucoup de grands penseurs s’abandonneront à son éclat. » 145:2.3 Ce sermon fut un effort de la part de Jésus pour exposer clairement le fait que la religion est une expérience personnelle. Entre autres choses, le Maitre dit : 145:2.4 « Vous savez bien que, si un père au cœur tendre aime sa famille comme un tout, il la considère comme un groupe à cause de sa solide affection pour chaque membre de cette famille. Il faut cesser d’approcher le Père en tant qu’enfant d’Israël, mais le faire comme enfant de Dieu. En tant que groupe, vous êtes en vérité les enfants d’Israël, mais, à titre individuel, chacun de vous est un enfant de Dieu. Je ne suis pas venu révéler le Père aux enfants d’Israël, mais plutôt apporter individuellement aux croyants la connaissance de Dieu et la révélation de son amour et de sa miséricorde, en tant qu’expérience personnelle authentique. Les prophètes vous ont tous enseigné que Yahweh prend soin de son peuple, que Dieu aime Israël. Moi, je suis venu parmi vous proclamer une vérité plus grande, une vérité que beaucoup des derniers prophètes avaient déjà saisie, la vérité que Dieu vous aime – chacun de vous – en tant qu’individus. Pendant toutes ces générations, vous avez eu une religion raciale ou nationale ; maintenant, je suis venu vous donner une religion personnelle. 145:2.5 « Mais, même ceci n’est pas une idée nouvelle. Parmi vous, bien des personnes spirituellement douées ont connu cette vérité, car certains prophètes vous l’ont enseignée. N’avez-vous pas lu dans les Écritures le passage où le Prophète Jérémie dit : ‘En ces jours, on ne dira plus : les pères ont mangé des raisins verts et les dents des enfants ont été agacées. Chaque homme mourra pour sa propre iniquité ; tout homme qui mangera des raisins verts aura ses propres dents agacées. Voici, les jours viennent où je ferai une nouvelle alliance avec mon peuple, non selon l’alliance que j’ai conclue avec leurs pères quand je les ai fait sortir de la terre d’Égypte, mais selon la nouvelle voie. J’écrirai même ma loi dans leur cœur. Je serai leur Dieu et ils seront mon peuple. Ce jour-là, un homme ne dira plus à son voisin : Connais-tu le Seigneur ? Non ! Car ils me connaitront tous personnellement depuis le plus humble jusqu’au plus grand.’ 145:2.6 « N’avez-vous pas lu ces promesses ? Ne croyez-vous pas les Écritures ? Ne comprenez-vous pas que les paroles du prophète sont accomplies par ce que vous voyez aujourd’hui même ? Jérémie ne vous a-t-il pas exhortés à faire de la religion une affaire du cœur, à vous relier à Dieu en tant qu’individus ? Le prophète ne vous a-t-il pas dit que le Dieu du ciel sonderait le cœur de chacun ? Et n’avez-vous pas été avertis que, par nature, le cœur humain est plus trompeur que tout, et souvent désespérément méchant ? 145:2.7 « N’avez-vous pas lu aussi le passage où Ézéchiel a enseigné à vos pères que la religion doit devenir une réalité dans votre expérience individuelle ? Vous cesserez d’employer le proverbe qui dit : ‘Les pères ont mangé des raisins verts, et les dents des enfants ont été agacées.’ ‘Aussi sûrement que je suis vivant’ dit le Seigneur Dieu, ’voici, toutes les âmes sont à moi, l’âme du père comme celle du fils. Seule mourra l’âme pécheresse.’ Ensuite, Ézéchiel prévit même le présent jour lorsqu’il annonça de la part de Dieu : ‘Je vous donnerai aussi un nouveau cœur et je mettrai en vous un nouvel esprit.’ 145:2.8 « Vous devriez cesser de craindre que Dieu punisse une nation pour le péché d’un individu. Le Père qui est aux cieux ne punira pas non plus un de ses enfants croyants pour les péchés d’une nation, bien qu’un membre individuel d’une famille doive souvent supporter les conséquences matérielles des fautes familiales et des transgressions collectives. Ne saisissez-vous pas que l’espoir d’une nation meilleure – ou d’un monde meilleur – est lié au progrès et à l’éclairement de l’individu ? » 145:2.9 Ensuite, le Maitre expliqua que le Père qui est aux cieux (après que les hommes auront discerné cette liberté spirituelle) veut que ses enfants terrestres commencent l’ascension éternelle de la carrière du Paradis. Celle-ci consiste en une réponse consciente de la créature à l’incitation divine de l’esprit intérieur qui la pousse à trouver le Créateur, à connaitre Dieu et à chercher à devenir semblable à lui. 145:2.10 Les apôtres furent grandement aidés par ce sermon. Ils comprirent tous plus pleinement que l’évangile du royaume est un message destiné à l’individu, et non à la nation. 145:2.11 Bien que les habitants de Capharnaüm fussent habitués à l’enseignement de Jésus, ils furent étonnés par son sermon de ce jour de sabbat. En vérité, il enseigna comme quelqu’un ayant autorité, et non comme les scribes. 145:2.12 Juste au moment où Jésus finissait de parler, un jeune homme de la congrégation, qui avait été très agité par ses paroles, fut saisi d’une violente attaque d’épilepsie et poussa de grands cris. À la fin de la crise, lorsqu’il reprit conscience, il parla dans un état de rêve et dit : « Qu’avons-nous à faire avec toi, Jésus de Nazareth ? Tu es le saint de Dieu ; es-tu venu pour nous détruire ? » Jésus pria l’assistance de rester tranquille, prit le jeune homme par la main, et dit : « Sors de cet état » – et le garçon fut immédiatement réveillé. 145:2.13 Ce jeune homme n’était pas possédé par un esprit impur, un démon ; il était victime d’une épilepsie ordinaire. Mais on lui avait fait croire que son infirmité provenait du fait qu’il était possédé par un démon. Il y croyait, et se comportait en conséquence dans tout ce qu’il pensait ou disait au sujet de sa maladie. Toute la population croyait que ces phénomènes étaient directement causés par la présence d’esprits impurs. Elle crut donc que Jésus avait chassé un démon de cet homme – mais ce n’est pas à ce moment-là que Jésus guérit cet épileptique. Ce n’est que plus tard, dans la même journée, après le coucher du soleil, que ce jeune homme fut réellement guéri. Longtemps après la Pentecôte, l’apôtre Jean, qui fut le dernier à relater par écrit les actes de Jésus, évita toute allusion à ces prétendues « expulsions de démons », en raison du fait qu’après la Pentecôte, il ne se produisit plus jamais de cas de possession par des démons. 145:2.14 À la suite de cet incident banal, l’histoire se répandit rapidement dans Capharnaüm que Jésus avait chassé un démon d’un homme et qu’il l’avait miraculeusement guéri dans la synagogue, à la fin de son sermon de l’après-midi. Le sabbat était le moment propice pour la diffusion rapide et efficace de cette rumeur sensationnelle. L’histoire fut également rapportée aux hameaux des environs de Capharnaüm, et une grande partie de la population y crut. 145:2.15 Dans la grande maison de Zébédée, où Jésus et les douze avaient établi leur quartier général, la majeure partie de la cuisine et du ménage était faite par la femme de Simon Pierre et la mère de celle-ci. La maison de Pierre était proche de celle de Zébédée. Jésus et ses amis s’y arrêtèrent en revenant de la synagogue, parce que la belle-mère de Pierre souffrait, depuis plusieurs jours, de refroidissement et de fièvre. Il se trouva, par hasard, que la fièvre la quitta au moment où Jésus était debout auprès d’elle, tenant sa main, lui caressant le front et lui prodiguant des paroles de consolation et d’encouragement. Jésus n’avait pas encore eu le temps d’expliquer à ses apôtres qu’il ne s’était produit aucun miracle à la synagogue. Ayant cet incident tout frais et vivace dans leur mémoire, et se rappelant l’eau et le vin de Cana, ils prirent cette coïncidence pour un nouveau miracle, et plusieurs d’entre eux sortirent précipitamment pour en répandre la nouvelle dans la ville. 145:2.16 Amatha, la belle-mère de Pierre, souffrait de malaria. Elle ne fut pas miraculeusement guérie par Jésus à ce moment-là. C’est seulement plusieurs heures plus tard, après le coucher du soleil, que sa guérison survint en relation avec l’évènement extraordinaire qui se produisit, dans la cour, devant la maison de Zébédée. 145:2.17 Ces cas sont typiques de la manière dont une génération, cherchant des prodiges, et un peuple, imaginant des miracles, saisirent infailliblement toutes ces coïncidences comme prétexte pour proclamer qu’un nouveau miracle avait été accompli par Jésus. 3. La guérison au coucher du soleil 145:3.1 Au moment où Jésus et ses apôtres s’apprêtaient à prendre leur repas du soir, à la fin de ce mémorable jour de sabbat, tout Capharnaüm et ses environs étaient en émoi au sujet de ces prétendues guérisons miraculeuses. Tous les gens malades ou souffrants se préparèrent à aller trouver Jésus ou à se faire transporter près de lui, par leurs amis, dès que le soleil se serait couché. D’après les enseignements juifs, il était même interdit de rechercher la santé durant les heures sacrées du sabbat. 145:3.2 Donc, aussitôt que le soleil eut disparu à l’horizon, des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants souffrants commencèrent à se diriger vers la maison de Zébédée à Bethsaïde. Un homme partit avec sa fille paralysée dès que le soleil eut disparu derrière la maison de son voisin. 145:3.3 Les évènements de la journée avaient préparé le cadre de cette scène extraordinaire au coucher du soleil. Même le texte que Jésus avait employé pour son sermon de l’après-midi laissait entendre que la maladie devait être bannie. Et il avait parlé avec une puissance et une autorité sans précédent ! Son message était si irrésistible ! Sans avoir fait appel à l’autorité humaine, il avait parlé directement à la conscience et à l’âme des hommes. Il n’avait eu recours ni à la logique, ni à des arguties de la loi, ni à des explications ingénieuses, mais il avait fait un puissant appel, direct, clair et personnel, au cœur de chacun de ses auditeurs. 145:3.4 Ce sabbat fut un grand jour dans la vie terrestre de Jésus, et même dans la vie d’un univers. À tous égards, en ce qui concernait l’univers local, la petite ville juive de Capharnaüm fut alors la véritable capitale de Nébadon. La poignée de Juifs dans la synagogue de Capharnaüm ne représentait nullement les seuls êtres qui entendirent cette proclamation capitale clôturant le sermon de Jésus : « La haine est l’ombre de la peur ; la vengeance est le masque de la lâcheté. » Les auditeurs ne purent jamais oublier non plus ses paroles bénies proclamant que « l’homme est le fils de Dieu, et non un enfant du diable ». 145:3.5 Peu après le coucher du soleil, alors que Jésus et les apôtres s’attardaient encore autour de la table du souper, la femme de Pierre entendit des voix dans la cour de devant et alla regarder à la porte. Elle vit qu’un grand nombre de malades se rassemblait et que la route, venant de Capharnaüm, était encombrée d’arrivants qui venaient chercher la guérison des mains de Jésus. À ce spectacle, elle repartit immédiatement informer son mari, qui prévint Jésus. 145:3.6 Lorsque le Maitre arriva sur le perron de la maison de Zébédée, son regard rencontra des rangs serrés d’infirmes et d’affligés. Il aperçut près de mille êtres humains malades et souffrants ; c’était du moins le nombre de personnes assemblées devant lui, mais toutes n’étaient pas en mauvaise santé. Quelques-unes étaient venues assister celles qu’elles aimaient dans leur effort pour obtenir la guérison. 145:3.7 La vue de ces mortels accablés, hommes, femmes et enfants, souffrant, en grande partie, par suite des fautes et des transgressions commises par ses propres Fils auxquels il avait confié l’administration de l’univers, toucha particulièrement le cœur humain de Jésus et mit au défi la divine miséricorde de ce bienveillant Fils Créateur. Mais Jésus savait bien qu’il ne pourrait jamais créer un mouvement spirituel durable en s’appuyant sur des prodiges purement matériels. Il avait poursuivi avec persévérance la ligne de conduite consistant à ne pas faire valoir ses prérogatives de créateur. Depuis Cana, rien de surnaturel ni de miraculeux n’avait accompagné son enseignement. Néanmoins, cette multitude affligée de maux toucha son cœur compatissant et fit un puissant appel à sa tendresse compréhensive. 145:3.8 De la cour de devant partit une voix criant : « Maitre, prononce la parole, rétablis notre santé, guéris nos maladies et sauve nos âmes. » À peine ces mots eurent-ils été prononcés qu’une immense escorte de séraphins, de contrôleurs physiques, de Porteurs de Vie et de médians, ceux qui accompagnaient toujours ce Créateur incarné d’un univers, s’apprêtèrent à mettre en œuvre leur pouvoir créatif si leur Souverain leur en donnait le signal. Ce fut l’un des moments de la carrière terrestre de Jésus où la sagesse divine et la compassion humaine se trouvèrent tellement enchevêtrées dans le jugement du Fils de l’Homme qu’il chercha refuge en faisant appel à la volonté de son Père. 145:3.9 Lorsque Pierre implora le Maitre de prêter l’oreille à ces cris de détresse, Jésus abaissa son regard sur la foule des malades et dit : « Je suis venu dans le monde pour révéler le Père et pour établir son royaume. J’ai vécu jusqu’à ce jour ma vie dans ce dessein. Si donc c’était la volonté de Celui qui m’a envoyé, et si ce n’était pas incompatible avec ma consécration à proclamer l’évangile du royaume des cieux, je désirerais voir mes enfants guéris – et... » le reste de ses paroles se perdit dans le tumulte. 145:3.10 Jésus avait transféré à son Père la responsabilité de la décision de guérir. De toute évidence, la volonté du Père n’opposa aucune objection, car à peine les paroles du Maitre eurent-elles été prononcées que l’ensemble des personnalités célestes, servant sous le commandement de l’Ajusteur de Pensée Personnalisé de Jésus, fut puissamment mobilisé. La vaste escorte descendit au milieu de cette foule bigarrée de mortels souffrants et, en quelques instants, 683 hommes, femmes et enfants furent guéris, parfaitement guéris de toutes leurs maladies physiques et de leurs autres désordres organiques. Jamais on n’avait vu pareille scène sur terre avant ce jour, et jamais on n’en a revu depuis lors. Pour ceux d’entre nous qui étaient présents et virent ce flot d’énergie curative, ce fut vraiment un spectacle passionnant. 145:3.11 Parmi tous les êtres stupéfaits par cette explosion soudaine et inattendue de guérison surnaturelle, Jésus fut le plus surpris. À un moment où sa sympathie et son intérêt humains étaient centrés sur la scène de souffrance et d’affliction étalée devant lui, il avait négligé de garder présents, en son mental humain, les avertissements de son Ajusteur Personnalisé au sujet du temps. L’Ajusteur l’avait averti que, sous certaines conditions et dans certaines circonstances, il était impossible de limiter l’élément temps dans les prérogatives créatrices d’un Fils Créateur. Jésus désirait voir ces malades rendus bien portants si cela n’était pas contraire à la volonté de son Père. L’Ajusteur Personnalisé de Jésus décida instantanément qu’un tel acte d’énergie créative accompli à ce moment-là ne transgresserait pas la volonté du Père du Paradis. Par cette décision – compte tenu de l’expression préalable du désir de guérison de Jésus – l’acte créatif fut. Ce qu’un Fils Créateur désire et que son Père veut, EST. Dans toute la vie ultérieure de Jésus sur terre, jamais plus une telle guérison physique massive de mortels n’eut lieu. 145:3.12 Comme on pouvait s’y attendre, la renommée de cette guérison au coucher du soleil à Bethsaïde, le port de Capharnaüm, se répandit dans toute la Galilée et la Judée, ainsi que dans des régions plus lointaines. Une fois de plus, les craintes d’Hérode furent éveillées ; il envoya des observateurs pour lui rendre compte de l’œuvre et des enseignements de Jésus, et aussi pour savoir s’il était l’ancien charpentier de Nazareth, ou bien Jean le Baptiste ressuscité d’entre les morts. 145:3.13 Durant le reste de sa carrière terrestre, et principalement à cause de cette démonstration involontaire de guérison physique, Jésus devint, à dater de ce jour, autant un médecin qu’un prédicateur. Il est vrai qu’il continua son enseignement, mais son travail personnel consistait surtout à secourir les malades et les affligés, tandis que ses apôtres s’occupaient de prêcher en public et de baptiser les croyants. 145:3.14 La majorité de ceux qui profitèrent de la guérison physique surnaturelle, ou créative, lors de cette démonstration d’énergie divine au coucher du soleil, ne tirèrent pas un bénéfice spirituel permanent de cette extraordinaire manifestation de miséricorde. Un petit nombre d’entre eux furent vraiment édifiés par ce ministère physique, mais cette stupéfiante manifestation curative indépendante du temps ne fit aucunement progresser le royaume spirituel dans le cœur des hommes. 145:3.15 Les guérisons miraculeuses, qui accompagnèrent de temps à autre la mission de Jésus sur terre, ne faisaient pas partie de son plan pour proclamer le royaume. Elles furent incidentes et inhérentes à la présence, sur terre, d’un être divin jouissant de prérogatives créatrices pratiquement illimitées, en association avec une combinaison sans précédent de miséricorde divine et de compassion humaine. Toutefois, ces prétendus miracles valurent beaucoup de désagréments à Jésus, en ce sens qu’ils lui procurèrent une publicité soulevant des préventions et lui apportèrent une notoriété qu’il ne désirait pas. 4. La soirée qui suivit 145:4.1 Durant toute la soirée qui suivit ce grand déchainement de guérisons, la foule heureuse et réjouie envahit la maison de Zébédée, et l’enthousiasme émotif des apôtres de Jésus s’éleva à son plus haut diapason. Du point de vue humain, ce fut probablement le plus grand jour de tous les grands jours de leur association avec Jésus. Jamais avant ni après, leurs espoirs ne s’élevèrent à de telles hauteurs d’expectative confiante. Quelques jours seulement auparavant, alors qu’ils étaient encore à l’intérieur des frontières de la Samarie, Jésus leur avait dit que l’heure était venue où le royaume devait être proclamé en puissance, et, maintenant, ils avaient vu de leurs propres yeux ce qu’ils supposaient être l’accomplissement de cette promesse. Ils étaient passionnés par la vision de ce qui allait arriver si cette stupéfiante manifestation de pouvoir curatif n’était qu’un commencement. Les doutes qui flottaient encore chez eux sur la divinité de Jésus furent bannis. Ils étaient stupéfaits et littéralement enivrés par l’extase de leur enchantement. 145:4.2 Mais, quand ils cherchèrent Jésus, ils ne purent le trouver. Le Maitre était fort troublé de ce qui s’était produit. Les hommes, femmes et enfants qui avaient été guéris de diverses maladies s’attardèrent longtemps dans la soirée, espérant que Jésus reviendrait et qu’ils pourraient le remercier. Voyant les heures passer et le Maitre rester dans l’isolement, les apôtres ne parvenaient pas à comprendre sa conduite ; sans la persistance de son absence, leur joie aurait été complète et parfaite. Lorsque Jésus revint enfin parmi eux, il était tard, et pratiquement tous les bénéficiaires de la guérison étaient rentrés chez eux. Jésus refusa les félicitations et l’adoration des douze et de ceux qui étaient restés pour le saluer ; il se borna à dire : « Ne vous réjouissez pas de ce que mon Père ait le pouvoir de guérir le corps, mais plutôt de ce qu’il ait la puissance de sauver l’âme. Allons nous reposer, car, demain, il faudra nous occuper des affaires du Père. » 145:4.3 De nouveau déçus, perplexes et le cœur attristé, les douze hommes allèrent se coucher, mais, sauf les jumeaux, peu d’entre eux dormirent beaucoup cette nuit-là. À peine le Maitre faisait-il quelque chose pour encourager l’âme et réjouir le cœur de ses apôtres, qu’il semblait immédiatement mettre en pièces leurs espoirs et démolir complètement les fondements de leur courage et leur enthousiasme. Tandis que ces pêcheurs désorientés se regardaient les uns les autres dans les yeux, ils n’avaient qu’une pensée : « Nous ne pouvons le comprendre. Que signifie tout cela ? » 5. De bonne heure le dimanche matin 145:5.1 Jésus ne dormit pas non plus beaucoup cette nuit de samedi. Il se rendit compte que le monde était plein de détresse et de difficultés matérielles. Il prévit le grand danger qu’il y aurait à être obligé de consacrer, aux soins des malades et des affligés, une partie de son temps si importante que cela interférerait avec sa mission d’établir le royaume spirituel dans le cœur des hommes, ou tout au moins que cela subordonnerait sa mission au ministère de choses physiques. À cause de ces idées, et d’autres idées similaires, qui occupèrent le mental matériel de Jésus durant la nuit, il se leva, ce dimanche matin, bien avant l’aurore et se rendit seul dans un des sites retirés qu’il préférait pour communier avec le Père. En cette heure matinale, Jésus prit pour thème de prière la sagesse et le jugement ; il voulait empêcher sa compassion humaine, jointe à sa miséricorde divine, de l’influencer en présence des souffrances des mortels au point que tout son temps serait occupé à des secours physiques au détriment du ministère spirituel. Il ne souhaitait pas éviter complètement de soigner les malades, mais il savait qu’il lui faudrait également accomplir son œuvre plus importante d’enseignement spirituel et d’éducation religieuse. 145:5.2 Jésus s’en allait si souvent prier dans les collines parce qu’il n’y avait pas de local isolé convenant à ses dévotions personnelles. 145:5.3 Pierre ne put dormir cette nuit-là ; peu après que Jésus fut sorti pour prier, il réveilla de très bonne heure Jacques et Jean, et tous trois allèrent trouver leur Maitre. Après plus d’une heure de recherches, ils découvrirent Jésus et le supplièrent de leur donner les raisons de son étrange conduite. Ils désiraient savoir pourquoi il était apparemment troublé par la puissante effusion de l’esprit de guérison, alors que tous les gens débordaient de joie et que ses apôtres se réjouissaient tellement. 145:5.4 Durant plus de quatre heures, Jésus s’efforça d’expliquer à ces trois apôtres ce qui était arrivé. Il leur apprit ce qui s’était passé et leur exposa les dangers de ce genre de manifestations. Jésus leur confia le motif pour lequel il était allé prier à l’écart. Il chercha à faire comprendre, à ses associés personnels, les vraies raisons pour lesquelles on ne pouvait bâtir le royaume du Père ni sur l’accomplissement de prodiges, ni sur les guérisons physiques. Mais ils ne parvenaient pas à comprendre son enseignement. 145:5.5 Entretemps, tôt dans la matinée du dimanche, beaucoup d’autres âmes en peine ainsi que de nombreux curieux commencèrent à se réunir autour de la maison de Zébédée. Ils réclamaient Jésus à grands cris. Les apôtres étaient tellement désorientés qu’André et plusieurs de ses compagnons partirent à la recherche de Jésus en laissant Simon le Zélote parler à l’assemblée. Lorsqu’André eut trouvé Jésus en compagnie des trois, il dit : « Maitre, pourquoi nous laisses-tu seuls avec la foule ? Regarde, tout le monde te cherche ; jamais auparavant tant de personnes n’ont recherché ton enseignement. À cette heure même, la maison est entourée de gens venus de près et de loin à cause de tes œuvres puissantes. Ne veux-tu pas revenir avec nous leur apporter ton ministère ? » 145:5.6 Quand Jésus entendit cela, il répondit : « André, ne t’ai-je pas appris, ainsi qu’aux autres, que ma mission sur terre consiste à révéler le Père, et mon message à proclamer le royaume des cieux ? Comment donc se fait-il que tu souhaites me détourner de mon travail pour contenter des curieux et satisfaire ceux qui cherchent des signes et des prodiges ? N’avons-nous pas été parmi eux durant tous ces mois ? Se sont-ils attroupés en foule pour entendre la bonne nouvelle du royaume ? Pourquoi viennent-ils maintenant nous assiéger ? N’est-ce pas plutôt pour la guérison de leur corps physique que parce qu’ils ont reçu la vérité spirituelle pour le salut de leur âme ? Quand les hommes sont attirés vers nous par des manifestations extraordinaires, la plupart ne viennent pas chercher la vérité et le salut, mais plutôt la guérison de leurs maladies physiques et la délivrance de leurs difficultés matérielles. 145:5.7 « Tous ces temps-ci, j’ai été à Capharnaüm. Aussi bien dans la synagogue qu’au bord de la mer, j’ai proclamé la bonne nouvelle du royaume à ceux qui avaient des oreilles pour entendre et un cœur pour recevoir la vérité. La volonté de mon Père n’est pas que je revienne avec vous pour satisfaire ces curieux et m’occuper du ministère des choses physiques, à l’exclusion des affaires spirituelles. Je vous ai ordonnés pour prêcher l’évangile et soigner les malades, mais il ne faut pas que je me laisse absorber par les guérisons en laissant de côté mon enseignement. Non, André, je ne retournerai pas avec vous. Allez dire aux gens de croire à ce que nous leur avons enseigné et de se réjouir dans la liberté des fils de Dieu. Et apprêtez-vous à partir avec moi pour les autres villes de Galilée où le chemin a déjà été préparé pour la prédication de la bonne nouvelle du royaume. C’est dans ce but que je suis venu de chez le Père. Donc, allez et préparez notre départ immédiat pendant que j’attends ici votre retour. » 145:5.8 Après que Jésus eut ainsi parlé, André et les autres apôtres repartirent tristement vers la maison de Zébédée, renvoyèrent la foule assemblée et s’apprêtèrent rapidement pour le voyage comme Jésus l’avait ordonné. Ainsi, ce dimanche après-midi 18 janvier de l’an 28, Jésus et ses apôtres partirent pour leur première tournée, réellement ouverte au public, de prédication dans les villes de Galilée. Au cours de ce premier périple, ils prêchèrent l’évangile du royaume dans bien des villes, mais n’allèrent pas à Nazareth. 145:5.9 Ce dimanche après-midi, peu après que Jésus et ses apôtres furent partis pour Rimmon, ses frères Jacques et Jude arrivèrent à la maison de Zébédée pour le voir. Vers midi, Jude avait cherché son frère Jacques et insisté auprès de lui pour qu’ils rendent visite à Jésus, mais, lorsque Jacques consentit à accompagner Jude, Jésus était déjà parti. 145:5.10 Les apôtres répugnaient à quitter Capharnaüm où tant d’intérêt avait été suscité. Pierre calcula que mille croyants au moins auraient pu être baptisés dans le royaume. Jésus les écouta patiemment, mais refusa de s’en retourner. Le silence régna pendant un certain temps, puis Thomas dit en s’adressant à ses compagnons : « Allons-y ! Le Maitre a parlé. Peu importe que nous ne puissions comprendre pleinement les mystères du royaume des cieux. Nous sommes certains d’une chose, c’est que nous suivons un instructeur qui ne cherche pas de gloire pour lui-même. » Et, à contrecœur, ils s’en allèrent prêcher la bonne nouvelle dans les villes de Galilée. FASCICULE 146. La première tournée de prédication en Galilée 146:0.1 La première tournée de prédication publique en Galilée commença le dimanche 18 janvier de l’an 28 ; elle dura environ deux mois et se termina par un retour à Capharnaüm le 17 mars. Au cours de cette tournée, Jésus et les douze apôtres, assistés des anciens apôtres de Jean, prêchèrent l’évangile et baptisèrent des croyants à Rimmon, Jotapata, Rama, Zabulon, Iron, Gischala, Chorazin, Madon, Cana, Naïn et Endor. Ils demeurèrent dans ces villes pour y enseigner, tandis que, dans beaucoup de villes moins importantes, ils proclamaient l’évangile du royaume à leur passage. 146:0.2 C’était la première fois que Jésus permettait à ses associés de prêcher sans restriction. Au cours de cette tournée, il ne les mit en garde qu’en trois occasions ; il leur recommanda de ne pas aller à Nazareth et d’être discrets lors de leur passage à Capharnaüm et à Tibériade. Ce fut une source de grande satisfaction pour les apôtres de sentir qu’ils étaient enfin libres de prêcher et d’enseigner sans restriction. Ils se lancèrent avec beaucoup de sérieux et une grande joie dans la prédication de l’évangile, les soins aux malades et le baptême des croyants. 1. Prédication à Rimmon 146:1.1 La petite ville de Rimmon avait jadis été vouée à l’adoration de Ramman, un dieu babylonien de l’air. Beaucoup d’enseignements babyloniens primitifs et d’enseignements ultérieurs de Zoroastre étaient encore inclus dans les croyances des Rimmonites ; c’est pourquoi Jésus et les vingt-quatre consacrèrent beaucoup de temps à bien leur expliquer la différence entre ces anciennes croyances et le nouvel évangile du royaume. Pierre y prêcha sur « Aaron et le Veau d’Or », l’un des grands sermons du début de sa carrière. 146:1.2 Beaucoup de citoyens de Rimmon se mirent à croire aux enseignements de Jésus, mais ils causèrent de grandes difficultés à leurs coreligionnaires quelques années plus tard. Dans le court espace d’une seule vie, il est malaisé de convertir des adorateurs de la nature à la pleine communion de l’adoration d’un idéal spirituel. 146:1.3 Un grand nombre des meilleures conceptions babyloniennes et persanes sur la lumière et les ténèbres, le bien et le mal, le temps et l’éternité, furent incorporées, plus tard, dans les doctrines de ce que vous appelez le christianisme ; leur inclusion rendit les enseignements chrétiens plus immédiatement acceptables aux peuples du Proche-Orient. De la même manière, l’inclusion de nombreuses théories de Platon sur l’esprit idéal ou les archétypes invisibles de toutes les choses visibles et matérielles, telles que plus tard Philon les adapta à la théologie hébraïque, rendit les enseignements chrétiens de Paul plus faciles à accepter par les Grecs occidentaux. 146:1.4 Ce fut à Rimmon que Todan entendit, pour la première fois, l’évangile du royaume, et il porta, plus tard, ce message en Mésopotamie et plus loin encore. Il fut parmi les premiers à prêcher la bonne nouvelle aux habitants d’au-delà de l’Euphrate. 2. À Jotapata 146:2.1 Bien que les gens du peuple de Jotapata aient écouté Jésus et ses apôtres avec bonheur et que beaucoup d’entre eux aient accepté l’évangile du royaume, ce fut le discours de Jésus aux vingt-quatre, le deuxième soir de leur séjour dans cette petite ville, qui fut l’évènement marquant de la mission à Jotapata. Nathanael avait des idées confuses sur les enseignements du Maitre concernant la prière, les actions de grâces et l’adoration. En réponse à ses questions, Jésus parla très longuement pour mieux expliquer son enseignement. Résumé en langage moderne, ce discours peut être présenté comme mettant l’accent sur les points suivants : 146:2.2 1. Quand un homme éprouve, dans son cœur, une considération consciente et persistante pour l’iniquité, il détruit graduellement la liaison établie par l’âme humaine en prière avec les circuits spirituels de communication entre l’homme et son Créateur. Naturellement, Dieu entend la supplique de son enfant, mais, si le cœur humain héberge, délibérément et avec persistance, des concepts d’iniquité, il s’ensuit que la communion personnelle, entre l’enfant terrestre et son Père céleste, se perd progressivement. 146:2.3 2. Les prières incompatibles avec les lois de Dieu connues et établies sont en abomination aux Déités du Paradis. Si les hommes ne veulent pas écouter les Dieux parlant à leur création par les lois de l’esprit, du mental et de la matière, un pareil acte de dédain conscient et délibéré des créatures détourne les personnalités spirituelles de prêter l’oreille aux requêtes personnelles de ces mortels anarchiques et désobéissants. Jésus cita, à ses apôtres, le passage suivant du prophète Zacharie : « Mais ils refusèrent d’écouter et opposèrent une épaule revêche, et se bouchèrent les oreilles pour ne pas entendre. Oui, ils rendirent leur cœur dur comme de la pierre, de crainte d’entendre ma loi et les paroles que mon esprit leur a envoyées par les prophètes ; c’est pourquoi, les résultats de leurs mauvaises pensées retombent comme un grand courroux sur leurs têtes coupables. Et il arriva qu’ils crièrent pour recevoir miséricorde, mais nulle oreille n’était ouverte pour les écouter. » Puis Jésus cita le proverbe du sage qui disait : « Si quelqu’un détourne son oreille d’écouter la loi divine, même sa prière sera une abomination. » 146:2.4 3. En ouvrant l’extrémité humaine du canal reliant Dieu à l’homme, les mortels rendent immédiatement disponible le flot constant du ministère divin auprès des créatures des mondes. Quand l’homme entend l’esprit de Dieu parler dans son cœur, une telle expérience implique que, simultanément, Dieu entend la prière de cet homme. Le pardon du péché opère lui aussi de la même façon infaillible. Le Père qui est aux cieux vous a pardonné avant même que vous ayez pensé à le lui demander, mais ce pardon n’est pas disponible dans votre expérience religieuse personnelle avant le moment où vous pardonnez à votre prochain. En fait, le pardon de Dieu n’est pas conditionné par votre pardon à vos semblables, mais, en expérience, il est précisément soumis à cette condition. Et ce fait de la synchronicité entre le pardon divin et le pardon humain était reconnu et inclus dans la prière enseignée par Jésus à ses apôtres. 146:2.5 4. Il existe, dans l’univers, une loi fondamentale de justice, que la miséricorde est impuissante à tourner. Les gloires désintéressées du Paradis ne peuvent être reçues par une créature complètement égoïste des royaumes du temps et de l’espace. Même l’amour infini de Dieu ne peut imposer le salut de la survie éternelle à une créature mortelle qui ne choisit pas de survivre. La miséricorde dispose d’une grande latitude d’effusion, mais, après tout, il y a des mandats de justice que l’amour, même conjugué à la miséricorde, ne peut efficacement abroger. Jésus cita de nouveau les Écritures hébraïques : « J’ai appelé, et vous avez refusé d’entendre ; j’ai tendu la main, mais nul n’y a pris garde. Vous avez réduit à néant tous mes conseils et refusé mes reproches. À cause de ce comportement rebelle, il devient inévitable que vous fassiez appel à moi et ne receviez pas de réponse. Ayant rejeté le chemin de la vie, vous pourrez me rechercher avec diligence à l’époque de vos souffrances, mais vous ne me trouverez point. » 146:2.6 5. Quiconque veut recevoir miséricorde doit montrer de la miséricorde ; ne jugez point afin de n’être pas jugés. C’est avec l’esprit dont vous jugez autrui que vous serez également jugés. La miséricorde n’abroge pas entièrement l’équité universelle. À la fin, il s’avérera que « quiconque ferme son oreille au cri du pauvre criera à l’aide un jour à son tour, et nul ne l’entendra. » La sincérité d’une prière, quelle qu’elle soit, est l’assurance qu’elle sera entendue. La sagesse spirituelle et la compatibilité universelle d’une demande déterminent le moment, le mode et le degré de la réponse. Un père avisé ne répond pas à la lettre aux sottes prières de ses enfants ignorants et inexpérimentés, bien qu’en formulant des demandes absurdes, ces enfants puissent éprouver beaucoup de plaisir et réellement satisfaire leur âme. 146:2.7 6. Quand vous serez entièrement consacrés à faire la volonté du Père qui est aux cieux, toutes vos demandes seront exaucées, parce que vos prières seront pleinement conformes à la volonté du Père, et la volonté du Père est constamment manifeste dans tout son immense univers. Ce que le vrai fils désire et que le Père Infini veut, EST. Une telle prière ne peut rester sans réponse, et nulle autre sorte de requête ne peut être pleinement exaucée. 146:2.8 7. Le cri du juste est l’acte de foi de l’enfant de Dieu qui ouvre la porte de la maison du Père où sont tenues en réserve la bonté, la vérité et la miséricorde ; tous ces beaux présents attendent depuis longtemps que les fils s’approchent et se les approprient. La prière ne change pas l’attitude divine envers l’homme, mais elle change l’attitude de l’homme envers le Père invariant. C’est le mobile d’une prière qui lui donne le droit d’accès à l’oreille divine, et non le statut social, économique ou religieux extérieur de celui qui prie. 146:2.9 8. On ne doit employer la prière ni pour éluder les délais du temps, ni pour transcender les handicaps de l’espace. La prière n’est pas conçue comme une technique destinée à accroitre son importance personnelle ou à obtenir des avantages injustes sur ses semblables. Une âme entièrement égoïste est incapable de prier au sens véritable du mot. Jésus dit : « Que votre délice suprême soit selon le caractère de Dieu, et il exaucera certainement les désirs sincères de votre cœur. » « Remettez vos voies au Seigneur, ayez confiance en lui, et il agira. » « Car le Seigneur entend le cri de l’indigent et il aura égard à la prière du miséreux. » 146:2.10 9. « Je suis issu du Père. Si donc vous avez jamais un doute sur ce qu’il faut demander au Père, demandez-le en mon nom ; je présenterai votre supplique en accord avec vos besoins et désirs réels, et en accord avec la volonté de mon Père. » Gardez-vous contre le grand danger de devenir égocentriques dans vos prières. Évitez de prier beaucoup pour vous-mêmes ; priez davantage pour le progrès spirituel de vos frères. Évitez les prières matérialistes ; priez en esprit et pour l’abondance des dons de l’esprit. 146:2.11 10. Quand vous priez pour les malades et les affligés, ne vous attendez pas que vos suppliques remplacent les soins affectueux et intelligents nécessaires à ces affligés. Priez pour le bien-être de votre famille, de vos amis, de vos semblables, mais priez spécialement pour ceux qui vous maudissent, et faites des suppliques pleines d’amour pour ceux qui vous persécutent. « Quant au moment où il faut prier, je ne vous l’indiquerai pas. Seul l’esprit, qui demeure en vous, peut vous inciter à formuler les requêtes exprimant vos relations intérieures avec le Père des esprits. » 146:2.12 11. Nombre de personnes n’ont recours à la prière qu’au moment où elles se trouvent en difficulté. Une telle pratique est sotte et fallacieuse. Il est vrai que vous faites bien de prier quand vous êtes tourmentés, mais vous devriez également songer à parler à votre Père en tant que fils, même quand tout va bien pour votre âme. Que vos suppliques réelles soient toujours faites en secret. Ne laissez pas les hommes entendre vos prières personnelles. Les prières d’actions de grâces conviennent à des groupes d’adorateurs, mais la prière de l’âme est une affaire personnelle. Il n’existe qu’une seule forme de prière qui convienne à tous les enfants de Dieu, et c’est : « Néanmoins, que ta volonté soit faite. » 146:2.13 12. Tous les croyants à cet évangile devraient prier sincèrement pour l’expansion du royaume des cieux. Parmi toutes les prières des Écritures hébraïques, c’est sur la supplique suivante du psalmiste que Jésus fit les commentaires les plus approbateurs : « Crée en moi un cœur pur, ô Dieu, et renouvèle en moi un esprit droit. Débarrasse-moi de mes péchés secrets et préserve ton serviteur de toute transgression présomptueuse. » Jésus fit de longs commentaires sur les relations entre la prière et les paroles étourdies et offensantes. Il cita le passage : « Mets une garde à ma bouche, ô Seigneur, et veille sur la porte de mes lèvres. » Jésus dit : « La langue humaine est un organe que peu d’hommes savent dompter, mais l’esprit intérieur peut transformer ce membre indiscipliné en une aimable voix de tolérance et un inspirant ministère de miséricorde. » 146:2.14 13. Jésus enseigna que, dans l’ordre d’importance, la prière pour connaitre la volonté du Père occupe la première place. La prière pour recevoir les directives divines sur le sentier de la vie terrestre vient immédiatement après. En réalité, cela signifie que l’on prie pour obtenir la sagesse divine. Jésus n’enseigna jamais que l’on pouvait gagner des connaissances humaines et une habileté spéciale par la prière, mais il enseigna que la prière est un facteur dans l’expansion de notre capacité de recevoir la présence de l’esprit divin. Quand Jésus apprenait à ses associés à prier en esprit et en vérité, il expliquait qu’il s’agissait de prier sincèrement et conformément aux lumières que l’on possède, de prier de tout cœur avec intelligence, sérieux et persévérance. 146:2.15 14. Jésus mit ses disciples en garde contre l’idée que leurs prières seraient rendues plus efficaces par des répétitions imagées, par une phraséologie éloquente, ou par des jeûnes, des pénitences et des sacrifices. Mais il exhorta ses partisans à employer la prière pour s’élever à la véritable adoration au moyen des actions de grâce. Jésus déplorait de trouver si peu d’esprit d’actions de grâce dans les prières et le culte de ses disciples. À cette occasion, il fit la citation suivante des Écritures : « C’est une bonne chose que de rendre grâce au Seigneur et de louer par des cantiques le nom du Très Haut, de reconnaitre tous les matins sa bienveillance affectueuse et tous les soirs sa fidélité, car Dieu m’a rendu heureux par ses œuvres. En toutes choses, je rendrai grâce conformément à la volonté de Dieu. » 146:2.16 15. Jésus dit ensuite : « Ne vous préoccupez pas constamment de vos besoins ordinaires. N’ayez pas d’appréhension au sujet du problème de votre existence terrestre. En toutes ces matières, par des prières et des suppliques, et dans un sincère esprit d’actions de grâces, exposez vos besoins au Père qui est aux cieux. » Puis il cita encore les Écritures : « Je louerai le nom du Seigneur par un cantique et je le magnifierai par mes actions de grâces. Cela plaira plus au Seigneur que le sacrifice d’un bœuf ou d’un taureau avec cornes et sabots. » 146:2.17 16. Jésus enseigna à ses disciples qu’après avoir fait leur prière au Père, ils devaient rester quelque temps dans un état de réceptivité silencieuse pour donner à l’esprit intérieur les meilleures chances de parler à l’âme attentive. C’est au moment où le mental humain est dans une attitude de sincère adoration que l’esprit du Père parle le mieux aux hommes. Nous adorons Dieu grâce à l’aide de l’esprit intérieur du Père et à l’illumination du mental humain par le ministère de la vérité. Jésus enseigna que l’adoration rend l’adorateur de plus en plus semblable à l’être qu’il adore. L’adoration est une expérience transformatrice par laquelle le fini s’approche graduellement de l’Infini et, en dernier lieu, atteint sa présence. 146:2.18 Jésus exposa à ses apôtres encore beaucoup d’autres vérités sur la communion de l’homme avec Dieu, mais peu d’entre eux purent assimiler complètement son enseignement. 3. L’arrêt à Rama 146:3.1 C’est à Rama que Jésus eut la mémorable discussion avec le vieux philosophe grec qui enseignait que la science et la philosophie sont suffisantes pour satisfaire les besoins de l’expérience humaine. Jésus écouta avec patience et sympathie cet éducateur grec et reconnut la vérité de bon nombre de ses affirmations. Mais, lorsqu’il eut achevé son exposé, Jésus lui fit la remarque que, dans son analyse de l’existence humaine, il avait omis d’expliquer « d’où, pourquoi et vers quoi ». Jésus ajouta : « C’est à l’endroit où tu finis que nous commençons. La religion est une révélation à l’âme humaine traitant de réalités spirituelles que le mental seul ne pourrait jamais découvrir ni sonder complètement. Les efforts intellectuels peuvent révéler les faits de la vie, mais l’évangile du royaume dévoile les vérités de l’existence. Tu as discuté des ombres matérielles de la vérité ; veux-tu maintenant m’écouter pendant que je te parlerai des réalités éternelles et spirituelles qui projettent en ombres temporelles transitoires les faits matériels de l’existence de mortel ? » Durant plus d’une heure, Jésus enseigna à ce Grec les vérités salvatrices de l’évangile du royaume. Le vieux philosophe fut sensible au mode d’approche du Maitre et, étant sincèrement honnête de cœur, il crut très vite à cet évangile de salut. 146:3.2 Les apôtres étaient un peu déconcertés par la manière franche dont Jésus avait donné son assentiment à de nombreuses propositions du Grec, mais, un peu plus tard, Jésus leur dit en privé : « Mes enfants, ne vous étonnez pas de ma tolérance pour la philosophie du Grec. Une certitude intérieure véritable et authentique ne craint nullement une analyse extérieure, pas plus que la vérité n’est froissée par une critique honnête. N’oubliez jamais que l’intolérance est le masque couvrant des doutes entretenus dans le secret sur la véracité de ce que l’on croit. Nul n’est jamais dérangé par l’attitude de ses voisins s’il a parfaitement confiance dans la vérité de ce qu’il croit de tout cœur. Le courage est la confiance des gens d’une honnêteté à toute épreuve au sujet des choses qu’ils professent de croire. Les hommes sincères ne craignent pas l’examen critique de leurs convictions profondes et de leurs nobles idéaux. » 146:3.3 Le second soir à Rama, Thomas posa à Jésus la question suivante : « Maitre, comment un néophyte de ton enseignement peut-il vraiment savoir, être réellement certain de la vérité de cet évangile du royaume ? » 146:3.4 Jésus répondit à Thomas : « L’assurance que tu es entré dans la famille du royaume du Père, et que tu survivras éternellement avec les enfants du royaume, est entièrement une affaire d’expérience personnelle – de foi dans la parole de vérité. L’assurance spirituelle est l’équivalent de ton expérience religieuse personnelle dans les réalités éternelles de la vérité divine ; en d’autres termes, elle est égale à ta compréhension intelligente des réalités de la vérité, augmentée de ta foi spirituelle et diminuée de tes doutes honnêtes. 146:3.5 « Le Fils est doté par nature de la vie du Père. Vous avez été dotés de l’esprit vivant du Père ; vous êtes donc fils de Dieu. Vous survivrez à la vie incarnée du monde matériel parce que vous êtes identifiés à l’esprit vivant du Père, le don de la vie éternelle. En vérité, nombreux sont ceux qui avaient cette vie avant que je ne vienne ici de chez le Père, et de nombreux autres ont reçu cet esprit parce qu’ils ont cru à ma parole. Toutefois, je vous déclare qu’au moment où je retournerai auprès du Père, il enverra son esprit dans le cœur de tous les hommes. 146:3.6 « Vous ne pouvez observer l’esprit divin à l’œuvre dans votre mental, mais il existe une méthode pratique pour découvrir le degré auquel vous avez abandonné le contrôle des pouvoirs de votre âme à l’enseignement et aux directives de l’esprit intérieur du Père qui est aux cieux : c’est le degré de votre amour pour vos semblables. Cet esprit du Père participe de l’amour du Père ; quand il domine l’homme, il le conduit infailliblement dans la direction de l’adoration divine et de la considération affectueuse pour son prochain. Au début, vous croyez que vous êtes fils de Dieu parce que mon enseignement vous a rendus plus conscients des directives intérieures de la présence de notre Père en vous ; mais l’Esprit de Vérité sera bientôt répandu sur toute chair : il vivra parmi les hommes et les enseignera tous, comme moi-même je vis maintenant parmi vous et vous adresse les paroles de vérité. Cet Esprit de Vérité, parlant pour les dotations spirituelles de votre âme, vous aidera à savoir que vous êtes les fils de Dieu. Il témoignera infailliblement avec la présence intérieure du Père, votre esprit, qui habitera alors tous les hommes, comme il en habite maintenant quelques-uns, et vous dira que vous êtes en réalité les fils de Dieu. 146:3.7 « Tout enfant terrestre qui suit les directives de cet esprit finira par connaitre la volonté de Dieu, et quiconque s’abandonne à la volonté de mon Père vivra éternellement. Le chemin allant de la vie terrestre à l’état éternel ne vous a pas été décrit clairement. Il y a cependant un chemin, un chemin qui a toujours existé, et je suis venu le rendre nouveau et vivant. Quiconque entre dans le royaume a déjà la vie éternelle – il ne périra jamais. Vous comprendrez mieux une grande partie de cela quand je serai retourné vers mon Père et que vous serez capables d’examiner rétrospectivement les expériences que vous vivez présentement. » 146:3.8 Tous ceux qui entendirent ces paroles bénies furent grandement encouragés. Les enseignements juifs au sujet de la survie des justes étaient confus et incertains. Il était donc agréable et vivifiant, pour les disciples de Jésus, d’entendre ces paroles très précises et positives promettant la survie éternelle à tous les croyants sincères. 146:3.9 Les apôtres continuèrent à prêcher et à baptiser les croyants, tout en conservant l’habitude d’aller, de porte en porte, réconforter les déprimés et apporter leur ministère aux malades et aux affligés. L’organisation apostolique fut agrandie, en ce sens que chaque apôtre de Jésus avait désormais pour associé un apôtre de Jean. Abner était l’associé d’André. Ce plan prévalut jusqu’au moment où ils descendirent à Jérusalem pour la Pâque suivante. 146:3.10 Durant leur séjour à Zabulon, l’instruction spéciale donnée par Jésus consista principalement en de nouvelles discussions sur les obligations réciproques dans le royaume. Elles comprenaient un enseignement destiné à clarifier les différences entre l’expérience religieuse personnelle et les bons rapports résultant des obligations religieuses sociales. Ce fut l’une des rares occasions où le Maitre ait jamais discuté des aspects sociaux de la religion. Durant toute son existence terrestre, Jésus donna très peu d’instructions à ses disciples au sujet de la socialisation de la religion. 146:3.11 À Zabulon, la population était de race mixte ; les habitants n’étaient ni des Juifs ni des Gentils, et peu d’entre eux crurent réellement en Jésus, bien qu’ils eussent entendu parler de la guérison des malades à Capharnaüm. 4. L’évangile à Iron 146:4.1 À Iron, comme dans bien des villes de Galilée et de Judée, même les plus petites, il y avait une synagogue et, au début de son ministère, Jésus avait l’habitude de prendre la parole dans ces synagogues le jour du sabbat. Parfois, il prêchait à l’office du matin, et alors, Pierre, ou l’un des autres apôtres, faisait un sermon l’après-midi. Bien souvent, Jésus et les apôtres prêchaient et enseignaient également en semaine aux assemblées du soir à la synagogue. Bien que les chefs religieux eussent pris de plus en plus violemment parti contre Jésus à Jérusalem, ils n’exerçaient aucun contrôle direct sur les synagogues en dehors de cette ville. C’est seulement à une époque plus tardive du ministère public de Jésus qu’ils réussirent à faire naître contre lui une opposition suffisamment générale pour provoquer la fermeture à peu près complète des synagogues à son enseignement. Pour le moment, toutes les synagogues de Galilée et de Judée lui étaient ouvertes. 146:4.2 Il y avait, à Iron, des mines très importantes pour l’époque, et Jésus n’avait jamais partagé la vie des mineurs. Durant son séjour à Iron, il passa donc la majeure partie de son temps dans les mines. Il y travailla avec les mineurs du fond, pendant que les apôtres visitaient les foyers et prêchaient sur les places publiques. La réputation de Jésus comme guérisseur s’était répandue même jusqu’à ce village lointain, et de nombreux malades et affligés cherchèrent secours auprès de lui. Beaucoup d’entre eux tirèrent grand profit de son ministère de guérison, mais, dans aucun de ces cas, sauf dans celui du lépreux, le Maitre n’accomplit de guérison dite miraculeuse. 146:4.3 Tard dans l’après-midi du troisième jour à Iron, Jésus, revenant des mines et se dirigeant vers son logement, passa par hasard dans une ruelle latérale où se trouvait la misérable masure d’un certain lépreux. Alors qu’il en approchait, le malade, qui avait entendu parler de la réputation de Jésus comme guérisseur, osa l’accoster au passage devant sa porte et s’agenouilla devant lui en disant : « Seigneur, si seulement tu le voulais, tu pourrais me purifier. J’ai entendu le message de tes instructeurs et j’entrerais dans le royaume si je pouvais être purifié. » Le lépreux disait cela parce que, chez les Juifs, on interdisait aux lépreux d’assister aux offices de la synagogue ou de pratiquer tout autre culte public. Cet homme croyait réellement qu’il ne pouvait être reçu dans le royaume à venir avant d’avoir obtenu la guérison de sa lèpre. Lorsque Jésus le vit dans cette affliction et entendit ses paroles de foi opiniâtre, son cœur humain fut touché et son mental divin ému de compassion. Tandis que Jésus le regardait, l’homme tomba face contre terre en adoration. Alors, le Maitre étendit sa main, le toucha et dit : « Je le veux – sois pur. » Et l’homme fut immédiatement guéri ; la lèpre avait cessé de l’affliger. 146:4.4 Jésus releva l’homme et lui ordonna : « Prends garde de ne parler à personne de ta guérison, mais vaque plutôt en paix à tes affaires ; montre-toi au prêtre et offre les sacrifices commandés par Moïse en témoignage de ta purification. » Mais cet homme ne fit pas ce que Jésus lui avait ordonné ; il répandit, dans la localité, la nouvelle que Jésus avait guéri sa lèpre, et, comme il était connu dans tout le village, les gens pouvaient constater de visu qu’il avait été guéri de sa maladie. Il n’alla pas trouver les prêtres comme Jésus le lui avait prescrit. À la suite de la diffusion de la nouvelle que Jésus l’avait guéri, le Maitre fut assailli par des malades au point qu’il fut obligé de se lever de bonne heure le lendemain et de quitter le village. Il n’y revint pas, mais resta deux jours dans les faubourgs, près des mines, en continuant à enseigner les mineurs croyants au sujet de l’évangile du royaume. 146:4.5 Cette guérison du lépreux fut le premier prétendu miracle que Jésus ait accompli intentionnellement et délibérément jusqu’alors. Et il s’agissait d’un cas de lèpre réelle. 146:4.6 D’Iron, le groupe partit pour Gischala, où il passa deux jours à proclamer l’évangile, puis il se rendit à Chorazin, où il consacra près d’une semaine à prêcher la bonne nouvelle sans pouvoir y gagner beaucoup de croyants au royaume. En aucun endroit où Jésus avait enseigné, il n’avait rencontré un refus aussi général de son message. Le séjour à Chorazin fut très déprimant pour la plupart des apôtres ; André et Abner eurent beaucoup de peine à soutenir le courage de leurs associés. Puis ils traversèrent tranquillement Capharnaüm pour aller au village de Madon, où ils réussirent un peu mieux. Dans le mental de la plupart des apôtres, prévalait l’idée que leur manque de réussite dans les villes si récemment visitées provenait de l’insistance de Jésus pour que, ni dans leur enseignement ni dans leurs sermons, ils ne fassent allusion à lui en tant que guérisseur. Combien ils auraient désiré qu’il guérisse encore un lépreux ou manifeste son pouvoir d’une autre manière pour attirer l’attention de la population ! Mais le Maitre resta insensible à leurs instantes sollicitations. 5. De retour à Cana 146:5.1 Le groupe apostolique fut grandement encouragé lorsque Jésus annonça : « Demain, nous irons à Cana. » Les apôtres savaient qu’ils y seraient écoutés avec sympathie, car Jésus y était bien connu. À Cana, ils réussissaient bien dans leurs efforts pour faire entrer des croyants dans le royaume lorsque Titus, un éminent citoyen de Capharnaüm, arriva le troisième jour. Il ne croyait que partiellement, et son fils était très gravement malade. Ayant appris que Jésus était à Cana, il se hâta d’aller l’y trouver. Les croyants de Capharnaüm estimaient que Jésus pouvait guérir n’importe quelle maladie. 146:5.2 Lorsque ce noble eut rejoint Jésus à Cana, il le supplia de venir en hâte à Capharnaüm et de guérir son fils malade. Tandis que les apôtres attendaient la réponse en retenant leur respiration, Jésus regarda le père de l’enfant malade et dit : « Combien de temps vous supporterai-je ? Le pouvoir de Dieu est au milieu de vous, mais, à moins de voir des signes et de contempler des prodiges, vous refusez de croire. » Mais le noble implora Jésus et dit : « Mon Seigneur, je crois, mais viens avant que mon enfant ne périsse, car, au moment où je l’ai quitté, il était déjà à l’article de la mort. » Jésus baissa la tête, en une méditation silencieuse, puis parla soudain : « Retourne chez toi, ton fils vivra. » Titus crut à la parole de Jésus et se hâta de retourner à Capharnaüm. Tandis qu’il était sur le chemin du retour, ses serviteurs sortirent à sa rencontre en lui disant : « Réjouis-toi, car l’état de ton fils s’est amélioré – il est vivant. » Alors, Titus leur demanda à quelle heure la convalescence avait commencé, et les serviteurs lui répondirent : « Hier, vers la septième heure, la fièvre l’a quitté. » Et le père se rappela que c’était à peu près l’heure où Jésus avait dit : « Ton fils vivra. » Titus crut désormais de tout cœur, et sa famille crut aussi. Son fils devint un puissant ministre du royaume et sacrifia plus tard sa vie avec ceux qui souffrirent à Rome. Toute la maisonnée de Titus, leurs amis et même les apôtres considérèrent cet épisode comme un miracle, mais ce n’en était pas un. Du moins, ce ne fut pas un miracle de guérison d’une maladie physique. C’était simplement un cas de préconnaissance concernant le jeu d’une loi naturelle, le genre de connaissance auquel Jésus eut fréquemment recours après son baptême. 146:5.3 De nouveau, Jésus fut obligé de quitter hâtivement Cana à cause de l’intérêt excessif soulevé par le second épisode de cette sorte accompagnant son ministère dans ce village. Les habitants se souvenaient de l’eau et du vin, et, maintenant que Jésus était supposé avoir guéri le fils du noble à une si grande distance, non seulement ils lui amenaient les malades et les affligés, mais ils lui envoyaient aussi des messagers lui demandant de guérir des malades à distance. Voyant que tout le pays était en effervescence, Jésus dit : « Allons à Naïn. » 6. Naïn et le fils de la veuve 146:6.1 Ces gens croyaient aux signes ; c’était une génération cherchant des prodiges. À ce moment-là, les habitants de la Galilée centrale et méridionale s’étaient mis à penser à Jésus et à son ministère personnel en termes de miracles. Des dizaines, puis des centaines de personnes honnêtes, souffrant de désordres purement nerveux et affligés de troubles émotionnels, se présentaient devant Jésus puis retournaient chez elles en annonçant à leurs amis que Jésus les avaient guéries. Ces gens ignorants et simples d’esprit considéraient ces cas de guérison mentale comme des guérisons physiques, des cures miraculeuses. 146:6.2 Lorsque Jésus chercha à quitter Cana pour aller à Naïn, une grande multitude de croyants et une foule de curieux le suivirent. Ils voulaient absolument voir des miracles et des prodiges, et n’allaient pas être déçus. Tandis que Jésus et ses apôtres approchaient de la porte de la ville, ils rencontrèrent une procession funéraire se rendant au cimetière voisin pour y porter le fils unique d’une veuve de Naïn. Cette femme était très respectée, et la moitié du village suivait les porteurs de la civière du garçon supposé mort. Lorsque le cortège arriva à la hauteur de Jésus et de sa suite, la veuve et ses amis reconnurent le Maitre et le supplièrent de ramener le fils à la vie. Leur attente d’un miracle était portée à un tel degré qu’ils croyaient Jésus capable de guérir n’importe quelle maladie humaine ; pourquoi ce guérisseur ne pourrait-il pas aussi ressusciter les morts ? Importuné de la sorte, Jésus s’avança, souleva le drap qui couvrait la civière et examina le garçon. Il découvrit que le jeune homme n’était pas réellement mort et perçut la tragédie que sa présence pouvait éviter. Il se tourna donc vers la mère et dit : « Ne pleure pas. Ton fils n’est pas mort ; il dort. Il te sera rendu. » Puis il prit le jeune homme par la main et dit : « Réveille-toi et lève-toi. » Et le garçon censément mort ne tarda pas à s’assoir et à parler, et Jésus renvoya chacun chez soi. 146:6.3 Jésus s’efforça de calmer la multitude et tenta vainement d’expliquer que le garçon n’était pas réellement mort, qu’il ne l’avait pas ramené de la tombe, mais tout fut inutile. La foule qui le suivait et tout le village de Naïn furent pris au plus haut degré, de frénésie émotive. Beaucoup furent saisis de peur, d’autres de panique, tandis que d’autres se mettaient à prier et à se lamenter sur leurs péchés. On ne put disperser que longtemps après la tombée de la nuit la foule qui poussait des clameurs. Bien entendu, malgré l’affirmation de Jésus que le garçon n’était pas mort, tout le monde répéta avec insistance qu’un miracle avait eu lieu et que le mort avait été ressuscité. Jésus eut beau leur dire que le garçon était simplement dans un état de profond sommeil, ils expliquèrent que c’était sa manière de parler et attirèrent l’attention sur le fait que sa grande modestie l’incitait toujours à dissimuler ses miracles. 146:6.4 La nouvelle que Jésus avait ressuscité d’entre les morts le fils de la veuve se répandit donc dans toute la Galilée et en Judée, et un grand nombre de ceux qui l’apprirent y crurent. Jamais Jésus ne réussit à faire entièrement comprendre, même à tous ses apôtres, que le fils de la veuve n’était pas réellement mort au moment où il l’invita à se réveiller et à se lever. Toutefois, Jésus les convainquit suffisamment pour que l’épisode ne figure pas dans tous les écrits ultérieurs, sauf dans l’évangile de Luc qui le raconta tel qu’on le lui avait rapporté. De nouveau, Jésus fut tellement assiégé en tant que guérisseur qu’il partit de bonne heure le lendemain matin pour Endor. 7. À Endor 146:7.1 À Endor, Jésus échappa, pour quelques jours, aux clameurs des foules réclamant la guérison physique. Durant le séjour en ce lieu, le Maitre raconta, pour l’instruction des apôtres, l’histoire du roi Saül et de la sorcière d’Endor. Jésus exposa clairement à ses apôtres que les médians égarés et rebelles qui avaient si souvent personnifié les supposés esprits des morts, seraient bientôt maitrisés, de sorte qu’ils ne pourraient plus accomplir ces actes étranges. Il dit à ses disciples qu’après son retour auprès du Père, et après que le Père et lui auraient répandu leur esprit sur toute chair, ces êtres semi-spirituels – appelés esprits impurs – ne pourraient plus posséder les mortels ayant l’intelligence débile et tournée vers le mal. 146:7.2 Jésus expliqua en outre à ses apôtres que les esprits des humains trépassés ne reviennent pas sur le monde de leur origine pour communiquer avec les vivants. C’est seulement après l’écoulement d’un âge dispensationnel qu’il serait possible à l’esprit en évolution progressive de l’homme mortel de revenir sur terre, et, même alors, ce ne serait que dans des cas exceptionnels et en tant qu’agent de l’administration spirituelle de la planète. 146:7.3 Après deux jours de repos, Jésus dit à ses apôtres : « Retournons demain matin à Capharnaüm pour y demeurer et y enseigner pendant que les environs se calment. Entretemps, chez nous, ils se seront déjà partiellement remis de cette sorte d’excitation. » FASCICULE 147. L’intermède de la visite à Jérusalem 147:0.1 Jésus et les apôtres arrivèrent à Capharnaüm le mercredi 17 mars et passèrent deux semaines à leur quartier général de Bethsaïde avant de partir pour Jérusalem. Pendant ces deux semaines, les apôtres enseignèrent le peuple au bord de la mer, tandis que Jésus passait beaucoup de temps seul, dans les collines, à s’occuper des affaires de son Père. Au cours de cette période, Jésus, accompagné de Jacques et de Jean Zébédée, fit deux voyages secrets à Tibériade où ils rencontrèrent les croyants et les instruisirent dans l’évangile du royaume. 147:0.2 De nombreux membres de la maison d’Hérode croyaient en Jésus et assistèrent à ces réunions. Ce fut l’influence de ces croyants parmi la famille officielle d’Hérode qui avait contribué à diminuer l’inimitié de ce dirigeant envers Jésus. Ces croyants de Tibériade avaient clairement expliqué à Hérode que le « royaume » proclamé par Jésus était de nature spirituelle, et non une aventure politique. Hérode avait tendance à croire ces membres de sa propre maison ; il ne se laissa donc pas indument alarmer par la large diffusion des rapports concernant les enseignements et les guérisons de Jésus. Il n’avait pas d’objections aux activités de Jésus en tant que guérisseur ou instructeur religieux. Nonobstant l’attitude favorable de bien des conseillers d’Hérode, et même d’Hérode en personne, un certain nombre de ses subordonnés étaient tellement influencés par les chefs religieux de Jérusalem qu’ils restaient des ennemis acharnés et menaçants de Jésus et des apôtres ; plus tard, ce groupe contribua beaucoup à gêner leurs activités publiques. C’étaient les chefs religieux de Jérusalem, et non Hérode, qui constituaient le plus grand danger pour Jésus. Et ce fut précisément pour cette raison que Jésus et les apôtres passèrent tant de temps en Galilée et y firent la plus grande partie de leur enseignement public, plutôt qu’à Jérusalem et en Judée. 1. Le serviteur du centurion 147:1.1 La veille du jour où ils se préparaient à partir pour la fête de la Pâque à Jérusalem, Mangus, un centurion ou capitaine de la garde romaine stationnée à Capharnaüm, vint trouver les dirigeants de la synagogue en disant : « Mon fidèle ordonnance est malade et à l’article de la mort. Voudriez-vous aller voir Jésus de ma part et le supplier de guérir mon serviteur ? » Le capitaine romain agissait ainsi parce qu’il croyait que les chefs juifs auraient plus d’influence sur Jésus. Les anciens allèrent donc trouver Jésus, et leur porte-parole lui dit : « Maitre, nous te demandons instamment de te rendre à Capharnaüm et de sauver le serviteur favori du centurion romain. Ce capitaine est digne de ton attention, car il aime notre nation, et c’est même lui qui a fait bâtir la synagogue où tu as si souvent pris la parole. » 147:1.2 Après les avoir entendus, Jésus leur dit : « Je vais vous accompagner. » Alors qu’il se rendait à la maison du centurion et avant qu’ils ne soient entrés dans sa cour, le soldat romain envoya ses amis pour accueillir Jésus avec instruction de lui dire : « Seigneur, ne prends pas la peine d’entrer dans ma maison, car je ne suis pas digne que tu viennes sous mon toit. Je ne me suis pas non plus estimé digne de venir moi-même à toi, et c’est pourquoi je t’ai envoyé les anciens de ton propre peuple. Mais je sais que tu peux prononcer la parole à l’endroit où tu te trouves et que mon serviteur sera guéri. Car je suis moi-même sous les ordres d’autrui, et j’ai des soldats sous mes ordres, et je dis à l’un d’aller et il va ; à un autre de venir, et il vient ; et à mes serviteurs de faire ceci ou cela, et ils le font. » 147:1.3 Lorsque Jésus entendit ces paroles, il se tourna vers ses apôtres et vers ceux qui les accompagnaient, et leur dit : « Je suis émerveillé de la croyance de ce Gentil. En vérité, en vérité, je vous le dis, je n’ai trouvé nulle part une si grande foi, non, pas en Israël. » Jésus tourna ensuite le dos à la maison et dit : « Allons-nous-en. » Les amis du centurion entrèrent dans la maison et répétèrent à Mangus ce que Jésus avait dit. À partir de cet instant, le serviteur commença à se rétablir et retrouva finalement sa santé normale et ses capacités. 147:1.4 Nous n’avons jamais su exactement ce qui s’était passé en cette occasion. Nous relatons simplement l’histoire. Quant à savoir si des êtres invisibles apportèrent, ou non, la guérison au serviteur du centurion, cela ne fut pas révélé aux accompagnateurs de Jésus. Nous connaissons seulement le fait que le serviteur fut complètement rétabli. 2. Le voyage à Jérusalem 147:2.1 De bonne heure dans la matinée du mardi 30 mars, Jésus et le groupe apostolique partirent pour assister à la Pâque à Jérusalem en prenant l’itinéraire de la vallée du Jourdain. Ils arrivèrent dans l’après-midi du vendredi 2 avril et établirent, comme d’habitude, leur quartier général à Béthanie. En passant à Jéricho, ils firent une pause pendant que Judas déposait une partie de leurs fonds communs à la banque d’un ami de sa famille. C’était la première fois que Judas transportait un excédent d’argent. Le dépôt resta intact jusqu’au moment où le groupe repassa par Jéricho, au cours de son dernier et mémorable voyage à Jérusalem, juste avant le jugement et la mort de Jésus. 147:2.2 Le trajet jusqu’à Jérusalem se passa sans incident, mais à peine le groupe s’était-il installé à Béthanie que, de loin et de près, commencèrent à s’assembler des gens qui cherchaient la guérison pour leur corps, la consolation pour leur mental troublé et le salut pour leur âme. Leur nombre était tel que Jésus n’avait guère le temps de se reposer. Son groupe alla donc planter ses tentes à Gethsémani, et le Maitre fit la navette entre Béthanie et Gethsémani pour éviter les foules qui le pressaient constamment. Ils passèrent près de trois semaines à Jérusalem, mais Jésus enjoignit ses apôtres de ne pas prêcher en public et de se limiter à l’enseignement privé et au travail personnel. 147:2.3 Ils célébrèrent paisiblement la Pâque à Béthanie, et ce fut la première fois que Jésus et les douze au complet mangèrent la Pâque sans effusion de sang. Les apôtres de Jean ne mangèrent pas la Pâque avec Jésus et ses apôtres ; ils célébrèrent la fête avec Abner et un grand nombre des premiers croyants aux prédications de Jean. C’était la seconde Pâque que Jésus observait avec ses apôtres à Jérusalem. 147:2.4 Quand Jésus et les douze repartirent pour Capharnaüm, les apôtres de Jean ne revinrent pas avec eux. Ils restèrent à Jérusalem et aux environs sous la direction d’Abner, travaillant tranquillement à l’expansion du royaume, tandis que Jésus et les douze retournaient œuvrer en Galilée. Jamais plus les vingt-quatre ne furent tous réunis jusqu’au moment précédant de peu celui où les soixante-dix évangélistes reçurent leur mission et leur ordre de départ. Mais les deux groupes s’entraidaient et restaient dans les meilleurs termes malgré leurs divergences d’opinion. 3. À la piscine de Béthesda 147:3.1 L’après-midi de leur deuxième sabbat à Jérusalem, tandis que le Maitre et les apôtres allaient participer aux offices du temple, Jean dit à Jésus : « Viens avec moi, je voudrais te montrer quelque chose. » Jean fit sortir Jésus par l’une des portes de Jérusalem et le conduisit à une piscine appelée Béthesda. Sur ses bords, on avait édifié cinq porches, sous lesquels un grand nombre de malades trainaient en quête de guérison. Cette piscine était une source chaude dont les eaux rougeâtres bouillonnaient à des intervalles irréguliers par suite d’accumulations de gaz dans les cavernes rocheuses sous-jacentes. La perturbation périodique des eaux chaudes était considérée par beaucoup comme due à des influences surnaturelles, et la croyance populaire affirmait que la première personne entrant dans l’eau après une perturbation serait guérie de ses infirmités quelles qu’elles soient. 147:3.2 Sous l’effet des restrictions imposées par Jésus, les apôtres étaient quelque peu agités, et cette contrainte rendait Jean, le plus jeune des douze, particulièrement nerveux. Il avait amené Jésus à la piscine en pensant que la vue des malades assemblés ferait un tel appel à la compassion du Maitre qu’il serait poussé à accomplir une guérison miraculeuse, et qu’ainsi tout Jérusalem serait stupéfait et amené à croire à l’évangile du royaume. Jean dit à Jésus : « Maitre, regarde tous ces gens qui souffrent ; n’y a-t-il rien que nous puissions faire pour eux ? » Jésus répondit : « Jean, pourquoi me soumets-tu à la tentation de m’écarter du chemin que j’ai choisi ? Pourquoi persistes-tu dans ton désir de substituer l’accomplissement de prodiges et la guérison des malades à la proclamation de l’évangile de la vérité éternelle ? Mon fils, il ne m’est pas permis de faire ce que tu désires, mais rassemble ces malades et ces affligés pour que je leur adresse des paroles d’encouragement et de consolation éternelle. » 147:3.3 S’adressant à ceux qui s’étaient rassemblés, Jésus dit : « Beaucoup d’entre vous sont ici, malades et affligés, parce que vous avez vécu de longues années dans de mauvaises voies. Les uns souffrent des accidents du temps, d’autres par suite des fautes de leurs ancêtres, alors que certains d’entre vous luttent sous les handicaps des conditions imparfaites de votre existence temporelle. Mais mon Père travaille, et je voudrais travailler aussi à améliorer votre condition terrestre, et plus spécialement à assurer votre statut éternel. Aucun de nous ne peut largement contribuer à aplanir les difficultés de la vie, à moins de découvrir que le Père qui est aux cieux le veut ainsi. Après tout, nous sommes tous tenus de faire la volonté de l’Éternel. Si vous pouviez tous être guéris de vos afflictions physiques, vous vous émerveilleriez certainement, mais il est encore plus important que vous soyez purifiés de toute maladie spirituelle et que vous vous trouviez guéris de toutes les infirmités morales. Vous êtes tous les enfants de Dieu ; vous êtes les fils du Père céleste. Les liens du temps peuvent paraitre vous affliger, mais le Dieu de l’éternité vous aime. Quand viendra le moment du jugement, ne craignez pas ; vous trouverez tous, non seulement la justice, mais une abondante miséricorde. En vérité, en vérité, je vous le dis : Quiconque entend l’évangile du royaume, et croit à cet enseignement de la filiation avec Dieu, possède la vie éternelle. Déjà ces croyants passent du jugement et de la mort à la lumière et à la vie. Et l’heure arrive où même ceux qui sont dans les tombes entendront la voix de la résurrection. » 147:3.4 Beaucoup de ceux qui l’entendirent crurent à l’évangile du royaume. Certains affligés furent tellement inspirés et spirituellement revivifiés qu’ils allèrent de ci-de-là en proclamant qu’ils avaient également été guéris de leurs maux physiques. 147:3.5 Un homme qui avait été déprimé durant de longues années et gravement atteint de troubles mentaux se réjouit aux paroles de Jésus. Il ramassa son lit et rentra chez lui, bien que ce fût un jour de sabbat. Durant des années, cet homme avait attendu que quelqu’un l’aide. Il était tellement victime du sentiment de sa propre impuissance qu’il n’avait pas eu une seule fois l’idée de s’aider lui-même ; or, c’était la seule chose qu’il avait à faire pour se remettre – ramasser son lit et marcher. 147:3.6 Jésus dit alors à Jean : « Partons d’ici avant que les chefs des prêtres et les scribes ne nous surprennent et ne s’offensent de ce que nous avons adressé des paroles de vie à ces affligés. » Ils retournèrent au temple rejoindre leurs compagnons, et bientôt ils partirent tous passer la nuit à Béthanie. Mais Jean ne raconta jamais aux autres apôtres la visite qu’il avait faite avec Jésus, ce samedi après-midi, à la piscine de Béthesda. 4. La règle de vie 147:4.1 Le soir de ce même jour de sabbat, à Béthanie, tandis que Jésus, les douze et un groupe de croyants étaient réunis autour du feu dans le jardin de Lazare, Nathanael posa à Jésus la question suivante : « Maitre, bien que tu nous aies appris la version positive de l’ancienne règle de vie nous commandant de faire aux autres ce que nous voudrions qu’ils nous fassent, je ne vois pas très bien comment nous pouvons toujours obéir à une telle injonction. Permets-moi d’illustrer ma question en citant l’exemple d’un homme sensuel qui regarde, avec lubricité, la partenaire qu’il a l’intention d’associer à son péché. Comment pouvons-nous enseigner que cet homme mal intentionné devrait faire aux autres ce qu’il voudrait qu’on lui fasse ? » 147:4.2 Lorsque Jésus entendit la question de Nathanael, il se leva immédiatement, montra l’apôtre du doigt et dit : « Nathanael, Nathanael ! Quelles tournures de pensées entretiens-tu dans ton cœur ? Ne reçois-tu pas mes enseignements comme un homme né de l’esprit ? N’entendez-vous pas la vérité comme des hommes sages et spirituellement intelligents ? Quand je vous ai recommandé de faire à autrui ce que vous voudriez que l’on vous fasse, je parlais à des hommes ayant un idéal élevé, et non à ceux qui seraient tentés de déformer mon enseignement et de le transformer en licence pour encourager les mauvaises actions. » 147:4.3 Quand le Maitre eut ainsi parlé, Nathanael se leva et dit : « Maitre, il ne faut pas croire que j’approuve une telle interprétation de ton enseignement. J’ai posé cette question parce que j’ai supposé que beaucoup d’hommes de ce genre pourraient méjuger ainsi tes recommandations, et j’espérais que tu compléterais tes instructions sur ce point. » Après que Nathanael se fut rassis, Jésus poursuivit : « Je sais bien, Nathanael, que ton mental n’approuve aucune mauvaise idée de cette sorte, mais je suis déçu de voir que trop souvent vous n’arrivez pas à donner une interprétation purement spirituelle à mes enseignements courants, instructions que je dois vous donner en langage humain et à la façon dont les hommes doivent parler. Laissez-moi maintenant vous apprendre les divers niveaux de signification attachés à l’interprétation de cette règle de vie, à cette recommandation de ‘faire aux autres ce que vous voudriez qu’ils vous fassent’ : 147:4.4 « 1. Le niveau charnel. Cette interprétation purement égoïste et lascive trouve un bon exemple dans l’hypothèse de ta question. 147:4.5 « 2. Le niveau sentimental. Ce plan se situe immédiatement au-dessus de celui de la chair ; il implique que la sympathie et la pitié rehaussent votre interprétation de cette règle de vie. 147:4.6 « 3. Le niveau mental. La raison du mental et l’intelligence de l’expérience entrent maintenant en jeu. Un bon jugement dicte qu’une telle règle de vie devrait être interprétée en harmonie avec l’idéalisme le plus élevé concrétisé dans la noblesse d’un profond respect de soi. 147:4.7 « 4. Le niveau de l’amour fraternel. En s’élevant encore, on découvre le niveau de dévouement désintéressé au bien-être de ses semblables. Ce plan supérieur de service social sincère est issu de la conscience de la paternité de Dieu et de la récognition corollaire de la fraternité des hommes. On y découvre une interprétation nouvelle et beaucoup plus belle de cette règle de vie fondamentale. 147:4.8 « 5. Le niveau moral. Ensuite, quand vous atteindrez de véritables niveaux philosophiques d’interprétation, quand vous apercevrez réellement et clairement ce qui est bien et mal dans les évènements, quand vous percevrez l’éternel à-propos des relations humaines, vous commencerez à considérer un tel problème d’interprétation comme vous imagineriez qu’une tierce personne de haut niveau mental, idéaliste, sage et impartiale considérerait et interprèterait une telle injonction appliquée à vos problèmes personnels d’ajustement aux circonstances de la vie. 147:4.9 « 6. Le niveau spirituel. En dernier lieu, nous atteignons le niveau de clairvoyance d’esprit et d’interprétation spirituelle, le plus élevé de tous. Il nous pousse à reconnaitre, dans cette règle de vie, le divin commandement de traiter tous les hommes comme nous concevrions que Dieu les traiterait. Tel est l’idéal universel des relations humaines, et telle est aussi votre attitude envers tous ces problèmes quand votre suprême désir est de toujours faire la volonté du Père. Je voudrais donc que vous fassiez à tous les hommes ce que vous savez que je ferais pour eux dans des circonstances semblables. » 147:4.10 Rien de ce que Jésus avait dit jusqu’à ce jour aux apôtres ne les avait jamais étonnés davantage. Ils continuèrent à discuter les paroles du Maitre bien après qu’il se fut retiré. Nathanael mit du temps à se remettre de l’hypothèse que Jésus avait mal interprété l’esprit de sa question ; mais les autres furent plus que reconnaissants à leur collègue philosophe d’avoir eu le courage de poser une question incitant pareillement à réfléchir. 5. La visite à Simon le pharisien 147:5.1 Bien que Simon ne fût pas membre du sanhédrin juif, il était un pharisien influent de Jérusalem. Il croyait avec tiédeur à l’évangile. Au risque d’en être sévèrement critiqué, il osa inviter chez lui Jésus et ses associés personnels, Pierre, Jacques et Jean, pour un banquet. Simon avait observé le Maitre depuis longtemps ; il était très impressionné par ses enseignements, et encore plus par sa personnalité. 147:5.2 Les riches pharisiens pratiquaient l’aumône et ne fuyaient pas la publicité au sujet de leur philanthropie. Ils annonçaient même parfois, à son de trompette, la charité qu’ils se proposaient de faire à un mendiant. Quand ces pharisiens offraient un banquet à des hôtes distingués, ils avaient l’habitude de laisser ouvertes les portes de leur maison, de sorte que même les mendiants des rues pouvaient entrer ; ces mendiants se tenaient debout le long des murs de la salle, derrière les divans des dineurs, de manière à être en bonne place pour attraper les morceaux de nourriture que les participants au banquet pourraient leur lancer. 147:5.3 En cette occasion particulière, dans la maison de Simon, et parmi les gens qui venaient de la rue, il se trouva une femme de réputation douteuse qui s’était récemment mise à croire à la bonne nouvelle de l’évangile du royaume. Elle était bien connue dans tout Jérusalem comme l’ancienne tenancière d’une maison de prostitution, dite de grande classe, attenante à la cour des Gentils du temple. En acceptant l’enseignement de Jésus, elle avait fermé la maison où elle exerçait son vil métier et incité la majorité de ses pensionnaires à accepter l’évangile et à changer leur mode de vie. Malgré cela, elle était fort méprisée des pharisiens et obligée de porter ses cheveux flottants – le signe distinctif de la prostitution. Cette femme non dénommée avait apporté avec elle un grand flacon de lotion parfumée. Elle se tint derrière Jésus, allongé pour son repas, et commença à oindre ses pieds en les mouillant aussi de ses larmes de reconnaissance et en les essuyant avec ses cheveux. Lorsqu’elle eut terminé l’onction, elle continua à pleurer et à lui embrasser les pieds. 147:5.4 Voyant tout cela, Simon se dit en lui-même : « Si cet homme était un prophète, il saurait qui le touche ainsi et de quel genre de femme il s’agit, une pécheresse notoire. » Sachant ce qui se passait dans le mental de Simon, Jésus prit la parole et dit : « Simon, il y a quelque chose que j’aimerais te dire. » Simon répondit : « Maitre, dis-le. » Alors, Jésus répondit : « Un riche prêteur d’argent avait deux débiteurs. L’un lui devait cinq-cents deniers, l’autre cinquante. Aucun des deux n’ayant de quoi le payer, il remit leur dette à tous deux. À ton avis, Simon, lequel des deux l’aimera le plus ? » Simon répondit : « Je suppose que c’est celui à qui il a remis le plus. » Et Jésus dit : « Tu as bien jugé. » Puis, montrant du doigt la femme, il poursuivit : « Simon, regarde bien cette femme. Je suis entré dans ta maison comme invité, et, cependant, tu ne m’as pas donné d’eau pour mes pieds. Cette femme reconnaissante m’a lavé les pieds avec des larmes et les a essuyés avec ses cheveux. Tu ne m’as pas donné de baiser d’accueil amical, mais cette femme, depuis qu’elle est entrée, n’a pas cessé de m’embrasser les pieds. Tu as négligé d’oindre d’huile ma tête, mais elle a oint mes pieds avec des lotions précieuses. Que signifie tout ceci ? Simplement que ses nombreux péchés lui ont été pardonnés, ce qui l’a conduite à beaucoup aimer. Ceux qui n’ont reçu qu’un peu de pardon n’aiment parfois qu’un peu. » Puis Jésus se retourna vers la femme, la prit par la main, la fit lever et dit : « En vérité, tu t’es repentie de tes péchés, et ils sont pardonnés. Ne te laisse pas décourager par l’attitude irréfléchie et inamicale de tes semblables ; va ton chemin dans la joie et la liberté du royaume des cieux. » 147:5.5 À l’audition de ces paroles, Simon et ses convives furent encore plus étonnés et commencèrent à chuchoter entre eux : « Qui est cet homme qui ose même pardonner les péchés ? » En les entendant murmurer ainsi, Jésus se retourna pour congédier la femme en disant : « Femme, va en paix, ta foi t’a sauvée. » 147:5.6 Lorsque Jésus se leva avec ses amis pour prendre congé, il se tourna vers Simon et dit : « Je connais ton cœur, Simon. Je sais combien tu es déchiré entre la foi et le doute, combien tu es bouleversé par la peur et troublé par l’orgueil, mais je prie pour toi, pour que tu t’abandonnes à la lumière et que, dans ta situation, tu subisses de puissantes transformations de mental et d’esprit, comparables aux prodigieux changements que l’évangile du royaume a déjà opérés dans le cœur de la convive qui n’était ni invitée ni bienvenue. Je vous déclare à tous que le Père a ouvert les portes du royaume céleste à tous ceux qui ont assez de foi pour y entrer. Nul homme et nulle association d’hommes ne peuvent fermer ces portes, même à l’âme la plus humble ou au pécheur supposé le plus flagrant de la terre, s’ils désirent sincèrement y entrer. » Puis Jésus, Pierre, Jacques et Jean prirent congé de leur hôte et allèrent rejoindre les autres apôtres au camp, dans le jardin de Gethsémani. 147:5.7 Le même soir, Jésus fit, aux apôtres, le mémorable discours sur la valeur relative du statut auprès de Dieu et du progrès dans l’ascension éternelle du Paradis. Jésus dit : « Mes enfants, s’il existe un véritable lien vivant entre l’enfant et le Père, l’enfant est certain de progresser continuellement vers les idéaux du Père. Il est vrai que les progrès de l’enfant peuvent d’abord être lents, mais ils n’en sont pas moins surs. La chose importante n’est pas tant la rapidité de vos progrès que leur certitude. Vos accomplissements actuels sont moins importants que le fait que la direction de vos progrès soit orientée vers Dieu. Ce que vous devenez, jour après jour, a infiniment plus d’importance que ce que vous êtes aujourd’hui. 147:5.8 « Cette femme convertie, que certains d’entre vous ont vue aujourd’hui chez Simon, vit actuellement sur un niveau très inférieur à celui de Simon et de ses associés bien intentionnés. Mais ces pharisiens sont occupés par le faux progrès de l’illusion de franchir des cercles trompeurs par la pratique de services cérémoniaux dépourvus de signification, tandis que cette femme est partie résolument sur la route longue et mouvementée de la recherche de Dieu ; son sentier vers le ciel n’est bloqué ni par l’orgueil spirituel ni par l’autosatisfaction morale. Humainement parlant, cette femme est beaucoup plus éloignée de Dieu que Simon, mais son âme suit un mouvement progressif ; elle est en route vers un but éternel. Cette femme porte en elle de prodigieuses possibilités spirituelles pour l’avenir. Certains d’entre vous peuvent ne pas se trouver à des niveaux réellement élevés d’âme et d’esprit, mais vous faites des progrès quotidiens vers Dieu sur le chemin vivant que votre foi a ouvert. Il y a, en chacun de vous, de prodigieuses possibilités pour l’avenir. Mieux vaut avoir une foi restreinte, mais vivante et croissante, que de posséder un puissant intellect avec ses réserves mortes de sagesse temporelle et d’incrédulité spirituelle. » 147:5.9 Jésus mit ses apôtres sérieusement en garde contre la folie de l’enfant de Dieu qui abuse de l’amour du Père. Il déclara que le Père céleste n’est pas un père négligent, relâché ou sottement indulgent, toujours prêt à excuser le péché et à pardonner l’insouciance. Il recommanda à ses auditeurs de ne pas appliquer, de façon erronée, son illustration du père et du fils de façon qu’elle fasse apparaitre Dieu comme semblable à certains parents trop indulgents et dépourvus de sagesse qui conspirent, avec la folie de la terre, pour consommer la ruine morale de leur progéniture écervelée, et qui contribuent ainsi, certainement et directement, à démoraliser de bonne heure leurs propres enfants et à en faire des délinquants. Jésus dit : « Mon Père n’excuse pas avec indulgence les pratiques de ses enfants quand elles mènent à la destruction automatique de toute croissance morale et à la ruine de tout progrès spirituel. Ces pratiques coupables sont une abomination aux yeux de Dieu. » 147:5.10 Jésus assista à bien d’autres réunions et banquets semi-privés avec les grands et les humbles, avec les riches et les pauvres de Jérusalem, avant de partir finalement avec ses apôtres pour Capharnaüm. Beaucoup, en vérité, se mirent à croire à l’évangile du royaume et furent ensuite baptisés par Abner et ses associés restés en arrière pour soutenir les intérêts du royaume à Jérusalem et aux environs. 6. Le retour à Capharnaüm 147:6.1 Au cours de la dernière semaine d’avril, Jésus et les douze quittèrent leur quartier général de Béthanie près de Jérusalem et commencèrent leur voyage de retour à Capharnaüm par la route de Jéricho et du Jourdain. 147:6.2 Les principaux prêtres et les dirigeants religieux des Juifs tinrent de nombreuses réunions secrètes pour décider du sort de Jésus. Ils étaient tous d’accord sur le point qu’il fallait faire quelque chose pour mettre fin à son enseignement, mais ils ne pouvaient s’entendre sur la méthode à employer. Ils avaient espéré que les autorités civiles disposeraient de Jésus de la manière dont Hérode avait mis fin à la carrière de Jean, mais ils découvrirent que Jésus dirigeait ses activités de telle sorte que les fonctionnaires romains n’étaient pas très alarmés par ses prédications. En conséquence, à une réunion tenue la veille du départ de Jésus pour Capharnaüm, ils décidèrent qu’il fallait l’appréhender sous l’inculpation d’une infraction religieuse et le faire juger par le sanhédrin. Une commission de six espions secrets fut donc nommée pour suivre Jésus et observer ses paroles et ses actes. Quand cette commission aurait accumulé suffisamment de preuves de blasphèmes et de violations de la loi, elle devait revenir à Jérusalem avec son rapport. Ces six Juifs rattrapèrent, à Jéricho, le groupe apostolique, qui comptait une trentaine de membres. Sous prétexte qu’ils désiraient devenir des disciples, ils s’attachèrent à la famille des fidèles de Jésus et restèrent avec le groupe jusqu’au commencement de la seconde tournée de prédication en Galilée. Ensuite, trois d’entre eux retournèrent à Jérusalem pour soumettre leur rapport aux chefs des prêtres et au sanhédrin. 147:6.3 Pierre prêcha à la multitude assemblée au gué du Jourdain, et, le lendemain matin, le groupe remonta le fleuve vers Amathus. Les apôtres voulaient se rendre directement à Capharnaüm, mais une foule si nombreuse se rassembla autour du gué qu’ils y restèrent trois jours à prêcher, à enseigner et à baptiser. Ils ne repartirent vers leur foyer que le premier mai de bonne heure le matin du sabbat. Les espions de Jérusalem étaient maintenant certains de pouvoir formuler leur première accusation contre Jésus – celle d’avoir violé le sabbat – car il avait la présomption de commencer son voyage le jour du sabbat. Mais ils allaient être déçus, car, juste avant le départ, Jésus appela André et lui donna, devant toute la compagnie, des instructions pour limiter le trajet à mille mètres, ce qui représentait la distance légale maximum pour un déplacement le jour du sabbat. 147:6.4 Toutefois, les espions n’eurent pas longtemps à attendre pour trouver l’occasion d’accuser Jésus et ses compagnons de violer le sabbat. Tandis que le groupe cheminait le long de la route étroite, il y avait des deux côtés, à portée de la main, du blé ondulant qui murissait, et certains apôtres, qui avaient faim, cueillirent des grains murs et les mangèrent. C’était la coutume pour les voyageurs de grappiller du blé en passant le long de la route, de sorte qu’aucune idée de mauvaise action ne s’attachait à cette manière de faire. Mais les espions saisirent cela comme prétexte pour attaquer Jésus. Quand ils virent André triturer les grains dans sa main, ils allèrent à lui en disant : « Ne sais-tu pas qu’il est illicite de cueillir et de triturer du blé le jour du sabbat ? » André répondit : « Mais nous avons faim et nous n’en triturons que juste assez pour nos besoins. Depuis quand est-ce un péché de manger du blé le jour du sabbat ? » Mais les pharisiens rétorquèrent : « Il n’y a rien de mal à en manger, mais tu violes la loi en cueillant le blé et en triturant les grains entre tes mains ; ton Maitre n’approuverait certainement pas ces agissements. » Alors, André dit : « S’il n’est pas contraire à la loi de manger les grains, leur trituration entre les mains ne représente guère plus de travail que leur mastication, qui est permise. Alors, pourquoi ergotez-vous sur de pareilles vétilles ? » Lorsqu’André les traita d’ergoteurs, ils furent indignés et se précipitèrent vers Jésus, qui marchait à l’arrière en causant avec Matthieu ; ils protestèrent en disant : « Regarde, Maitre, tes apôtres font ce qui est illégal le jour du sabbat ; ils cueillent, triturent et mangent du blé. Nous sommes sûrs que tu vas leur ordonner de cesser. » Jésus répondit aux accusateurs : « Vous avez, en vérité, beaucoup de zèle pour la loi, et vous faites bien de vous rappeler le jour du sabbat pour le garder sanctifié. Mais n’avez-vous jamais lu dans les Écritures qu’un jour où David avait faim, il entra dans la maison de Dieu avec ses compagnons et mangea des pains de proposition que nul n’avait le droit de manger, sauf les prêtres ? Et David donna aussi de ce pain à ceux qui étaient avec lui. Et n’avez-vous pas lu dans notre loi qu’on a le droit de faire beaucoup de choses nécessaires le jour du sabbat ? Et ne vais-je pas vous voir, avant la fin de la journée, manger ce que vous avez emporté pour les besoins d’aujourd’hui ? Mes bons amis, vous avez raison d’être des zélateurs du sabbat, mais vous feriez mieux de veiller à la santé et au bien-être de vos semblables. Je déclare que le sabbat a été fait pour l’homme, et non l’homme pour le sabbat. Si vous êtes ici avec nous pour surveiller mes paroles, alors je proclamerai ouvertement que le Fils de l’Homme est maitre même du sabbat. » 147:6.5 Les pharisiens furent étonnés et confondus par ses paroles de discernement et de sagesse. Pendant le reste de la journée, ils se tinrent cois et n’osèrent plus poser de questions. 147:6.6 L’antagonisme de Jésus envers les traditions juives et les rites serviles était toujours positif ; il se traduisait par des actes et des affirmations. Le Maitre passait peu de temps à des critiques négatives. Il enseignait que ceux qui connaissent Dieu peuvent jouir de la liberté de vivre sans se tromper eux-mêmes par les licences du péché. Jésus dit aux apôtres : « Mes amis, si vous êtes éclairés par la vérité et si vous savez réellement ce que vous faites, vous êtes bénis ; mais, si vous ne connaissez pas la voie divine, alors, vous êtes malheureux et vous violez déjà la loi. » 7. De retour à Capharnaüm 147:7.1 C’est vers midi, le lundi 3 mai, que Jésus et les douze arrivèrent, par bateau, à Bethsaïde, venant de Tarichée. Ils avaient voyagé par bateau pour échapper à ceux qui les accompagnaient ; mais, dès le lendemain, ceux-ci, y compris les espions officiels de Jérusalem, avaient rejoint Jésus. 147:7.2 Le mardi soir, alors que Jésus dirigeait l’une de ses conférences coutumières faites de questions et de réponses, le chef des six espions lui dit : « Je parlais aujourd’hui à l’un des disciples de Jean, ici présent, pour assister à ton enseignement, et nous n’arrivions pas à comprendre pourquoi tu ne commandes jamais à tes disciples de jeuner et de prier comme nous autres pharisiens nous jeunons, et comme Jean l’a recommandé à ses disciples. » Jésus se référa à une affirmation de Jean et répondit à l’interrogateur : « Les garçons d’honneur jeunent-ils pendant que le marié est avec eux ? Tant que l’époux est avec eux, ils ne peuvent guère jeuner. Mais le temps arrive où l’époux sera enlevé, et alors les garçons d’honneur jeuneront et prieront indubitablement. La prière est naturelle aux enfants de lumière, mais le jeûne ne fait pas partie de l’évangile du royaume des cieux. Je vous rappelle qu’un bon tailleur ne coud pas un morceau de drap neuf et non décati sur un vieil habit, de crainte qu’au moment où le morceau sera mouillé, il ne rétrécisse et ne produise une déchirure pire. Les hommes ne mettent pas non plus le vin nouveau dans de vieilles outres, de crainte que le vin nouveau ne fasse éclater les outres et que le vin et les outres ne soient perdus. Le sage met le vin nouveau dans des outres neuves. Mes disciples font donc preuve de sagesse en n’incorporant pas trop d’anciennes traditions dans le nouvel enseignement de l’évangile du royaume. Vous, qui avez perdu votre instructeur, vous pouvez à juste titre jeuner un certain temps. Le jeûne fait peut-être correctement partie de la loi de Moïse, mais, dans le royaume à venir, les fils de Dieu feront l’expérience d’être délivrés de la peur et de connaitre la joie dans l’esprit divin. » En entendant ces paroles, les disciples de Jean furent réconfortés tandis que les pharisiens, eux, furent encore plus déconcertés. 147:7.3 Le Maitre mit ensuite ses auditeurs en garde contre la notion que tous les anciens enseignements devaient être entièrement remplacés par de nouvelles doctrines. Jésus dit : « Ce qui est ancien, mais vrai, doit demeurer. De même, ce qui est nouveau, mais faux, doit être rejeté. Ayez la foi et le courage d’accepter ce qui est nouveau et vrai. Rappelez-vous qu’il est écrit : ‘N’abandonne pas un vieil ami, car le nouveau ne lui est pas comparable. Un nouvel ami est comme un vin nouveau ; s’il devient vieux, tu le boiras avec bonheur.’ » 8. La fête de la bonté spirituelle 147:8.1 Cette nuit-là, longtemps après que les auditeurs habituels se furent retirés, Jésus continua à enseigner ses apôtres. Il commença cette instruction spéciale en citant le prophète Isaïe : 147:8.2 « ‘Pourquoi avez-vous jeuné ? Pour quelle raison affligez-vous votre âme, alors que vous persistez à trouver plaisir dans l’oppression de vos semblables et à vous délecter dans l’injustice ? Voici, vous jeunez pour pouvoir contester et discuter, et pour frapper du poing avec méchanceté. Mais ce n’est pas en jeunant de cette manière que vous ferez entendre votre voix au ciel. 147:8.3 « ‘Est-ce là le jeûne que j’ai choisi – un jour pour que l’homme afflige son âme ? Faut-il qu’il baisse la tête comme un roseau, qu’il se traine avec le sac et la cendre ? Oserez-vous appeler cela un jour de jeûne acceptable aux yeux du Seigneur ? Le jeûne que je choisirai n’est-il pas : rompre les chaines de l’iniquité, délier les nœuds des lourds fardeaux, renvoyer libres les opprimés et briser tous les jougs ? Ne consiste-t-il pas à partager mon pain avec l’affamé et à mener dans ma maison les pauvres qui errent sans asile ? Et, quand je verrai des gens nus, je les vêtirai. 147:8.4 « ‘Alors, ta lumière jaillira comme l’aurore et ta santé s’épanouira promptement. Ta droiture te précèdera et la gloire du Seigneur sera ton arrière-garde. Alors, tu feras appel au Seigneur, et il te répondra. Tu crieras, et il dira : Me voici. Il fera tout cela si tu t’abstiens d’opprimer, de condamner et de montrer de la vanité. Le Père désire plutôt que tu prodigues ton cœur aux affamés et tes soins aux âmes affligées ; alors, ta lumière brillera dans les ténèbres, et ton obscurité ressemblera au soleil de midi. Alors, le Seigneur te guidera continuellement, satisfaisant ton âme et renouvelant ta vigueur. Tu deviendras semblable à un jardin arrosé, à une source dont les eaux ne tarissent pas. Ceux qui font ces choses rétabliront les gloires ruinées ; ils relèveront les souches de nombreuses générations ; on les appellera les reconstructeurs des murs ébréchés, les rénovateurs des chemins sûrs que l’on peut fréquenter.’ » 147:8.5 Ensuite, jusque tard dans la nuit, Jésus exposa à ses apôtres que c’était leur foi qui leur assurait la sécurité dans le royaume du présent et de l’avenir, et non l’affliction de leur âme ou le jeûne du corps. Il exhorta les apôtres à vivre au moins à la hauteur des idées du prophète de jadis ; il exprima l’espoir qu’ils progresseraient très loin, même au-delà des idéaux d’Isaïe et des anciens prophètes. Ses dernières paroles, cette nuit-là, furent les suivantes : « Grandissez en grâce par la foi vivante qui saisit le fait que vous êtes les fils de Dieu et qui reconnait, en même temps, chaque homme comme un frère. » 147:8.6 Il était plus de deux heures du matin lorsque Jésus cessa de parler et que les auditeurs se séparèrent pour aller dormir. FASCICULE 148. La formation d’évangélistes à Bethsaïde 148:0.1 Du 3 mai au 3 octobre de l’an 28, Jésus et le groupe apostolique résidèrent chez Zébédée à Bethsaïde. Durant ces cinq mois de la saison sèche, un vaste camp fut entretenu au bord de la mer de Galilée, près de la maison de Zébédée, laquelle avait été considérablement agrandie pour loger la famille croissante de Jésus. Ce camp du bord de la mer fut occupé par une population constamment renouvelée de chercheurs de vérité, de candidats à la guérison et de fervents curieux, comptant de cinq-cents à quinze-cents personnes. David Zébédée, assisté des jumeaux Alphée, assurait la supervision générale de cette ville de toile. Ce campement était un modèle d’ordre, d’hygiène et de bonne administration générale. Les malades de différentes catégories étaient séparés, et surveillés par un médecin croyant, un Syrien nommé Elman. 148:0.2 Durant toute cette période, les apôtres allèrent à la pêche au moins un jour par semaine ; ils vendaient leur poisson à David pour la consommation du camp du bord de mer. Les fonds ainsi récoltés étaient remis au trésorier du groupe. Les douze avaient la permission de passer une semaine par mois dans leur famille ou chez leurs amis. 148:0.3 André continuait à assumer la responsabilité générale des activités apostoliques, tandis que Pierre avait la charge complète de l’école des évangélistes. Le matin, les apôtres s’occupaient tous d’éduquer des groupes d’évangélistes. L’après-midi, maitres et élèves enseignaient le peuple. Après le repas du soir, et cinq jours par semaine, les apôtres dirigeaient des classes réservées aux questions, à l’intention des évangélistes. Une fois par semaine, Jésus présidait ces séances d’interrogations et répondait aux questions restées en suspens lors des sessions précédentes. 148:0.4 En cinq mois, plusieurs milliers de personnes passèrent par ce camp. On y voyait souvent des intéressés venant de toutes les parties de l’empire romain et des pays à l’est de l’Euphrate. Ce fut la plus longue période stable et bien organisée de l’enseignement du Maitre. La proche famille de Jésus passa la majeure partie de ce temps soit à Nazareth, soit à Cana. 148:0.5 Le camp n’était pas dirigé comme une communauté d’intérêts, à l’instar de la famille apostolique. David Zébédée géra cette grande ville de tentes de manière à en faire une entreprise autonome, bien que l’accès n’en ait jamais été refusé à personne. Ce camp constamment renouvelé était un facteur indispensable de l’école de Pierre pour la formation des évangélistes. 1. Une nouvelle école des prophètes 148:1.1 Pierre, Jacques et André formaient le comité désigné par Jésus pour admettre les candidats à l’école des évangélistes. Toutes les races et nationalités du monde romain, ainsi que celles de l’Orient jusqu’aux Indes, étaient représentées parmi les étudiants de cette nouvelle école des prophètes. Le programme consistait à apprendre et à exécuter. Ce que les étudiants apprenaient le matin, ils l’enseignaient à l’assemblée de l’après-midi au bord de la mer. Après le souper, ils discutaient librement des leçons du matin et des enseignements de l’après-midi. 148:1.2 Chaque instructeur apostolique enseignait son propre point de vue sur l’évangile du royaume. Ils ne s’efforçaient pas d’enseigner tous exactement de la même manière. Il n’y avait ni uniformisation ni formulation dogmatique des doctrines théologiques. Ils enseignaient tous la même vérité, mais chaque apôtre présentait sa propre interprétation personnelle de l’enseignement du Maitre. Et Jésus approuvait cette présentation des expériences personnelles diverses dans les choses du royaume. Lors de la séance hebdomadaire de questions, il harmonisait et coordonnait infailliblement les nombreux points de vue divergents sur l’évangile. Malgré ce grand degré de liberté personnelle en matière d’enseignement, Simon Pierre tendait à dominer la théologie de l’école des évangélistes. Après Pierre, c’était Jacques Zébédée qui exerçait la plus grande influence personnelle. 148:1.3 Les cent et quelques évangélistes instruits durant ces cinq mois au bord du lac représentaient la réserve d’où furent tirés plus tard (en dehors d’Abner et des apôtres de Jean) les soixante-dix éducateurs et prédicateurs de l’évangile. Les évangélistes de l’école ne mettaient pas tout en commun au même degré que les douze apôtres. 148:1.4 Ces évangélistes enseignèrent et prêchèrent l’évangile, mais ne baptisèrent pas les croyants avant la date, plus tardive, où Jésus leur conféra l’ordination et la mission d’être les soixante-dix messagers du royaume. Parmi le grand nombre de personnes qui avaient été guéries en cet endroit, lors de la scène au coucher du soleil, sept seulement devinrent des étudiants évangélistes. Le fils du noble de Capharnaüm comptait parmi ceux qui furent formés comme évangélistes à l’école de Pierre. 2. L’hôpital de Bethsaïde 148:2.1 En liaison avec le camp du bord de la mer, Elman, le médecin syrien, aidé de vingt-cinq jeunes femmes et de douze hommes, organisa et dirigea, durant quatre mois, ce que l’on peut considérer comme le premier hôpital du royaume. Dans cette infirmerie, située un peu au sud à quelque distance de la principale ville de tentes, ils traitèrent les malades selon toutes les méthodes matérielles connues, utilisant en même temps les pratiques spirituelles de la prière et l’encouragement par la foi. Jésus visitait, au moins trois fois par semaine, les malades de ce campement et prenait un contact personnel avec chacun d’eux. Autant que nous le sachions, nul prétendu miracle de guérison surnaturelle ne se produisit parmi les mille personnes affligées et souffrantes qui sortirent améliorées ou guéries de cette infirmerie. Toutefois, la grande majorité de ceux qui bénéficièrent de ce ministère ne cessèrent de proclamer que Jésus les avait guéris. 148:2.2 En vérité, un grand nombre de cures effectuées par Jésus, en liaison avec son ministère auprès des patients d’Elman, ressemblaient à des miracles. Mais nous avons été informés qu’elles étaient simplement des transformations de mental et d’esprit, comme il peut s’en produire, dans l’expérience de personnes expectantes et dominées par la foi, quand elles se trouvent sous l’influence immédiate et inspirante d’une forte personnalité, positive et bienveillante, dont le ministère bannit la peur et supprime l’anxiété. 148:2.3 Elman et ses associés s’efforcèrent d’enseigner à ces malades la vérité au sujet de la « possession par de mauvais esprits », mais sans grand succès. La croyance que les maladies physiques et les dérangements mentaux pouvaient être causés par la présence d’esprits, dits impurs, dans le mental ou le corps de la personne atteinte, était à peu près universelle. 148:2.4 Dans tous ses contacts avec les malades et les affligés, quand on en venait à la technique du traitement ou à la révélation des causes inconnues de la maladie, Jésus tenait compte des instructions que son frère paradisiaque Emmanuel lui avait données avant qu’il ne s’engageât dans l’aventure de son incarnation sur Urantia. Malgré cela, ceux qui soignèrent les patients apprirent bien des leçons utiles en observant la manière dont Jésus inspirait la foi et la confiance aux malades et aux souffrants. 148:2.5 Le camp se dépeupla un peu avant l’approche de la saison des refroidissements et des fièvres. 3. Les affaires du Père 148:3.1 Durant toute cette période, Jésus dirigea moins d’une douzaine de cérémonies publiques au campement ; il ne prit la parole qu’une seule fois dans la synagogue de Capharnaüm, le jour du second sabbat avant son départ avec les évangélistes nouvellement formés pour la deuxième tournée de prédication publique en Galilée. 148:3.2 Jamais, depuis son baptême, le Maitre n’avait passé, dans la solitude, autant de temps que durant cette période de formation des évangélistes au camp de Bethsaïde. Toutes les fois qu’un apôtre s’aventurait à demander à Jésus pourquoi il les quittait si souvent, Jésus répondait invariablement qu’il s’occupait des « affaires du Père ». 148:3.3 Durant ses absences, Jésus n’était accompagné que par deux apôtres. Il avait libéré temporairement Pierre, Jacques et Jean de leur affectation comme compagnons personnels pour leur permettre de participer à la formation des nouveaux candidats évangélistes, dont le nombre dépassait la centaine. Quand le Maitre désirait aller dans les collines pour s’occuper des affaires du Père, il se faisait accompagner par deux quelconques des apôtres se trouvant libres. De la sorte, chacun des douze eut des occasions d’association étroite et de contact intime avec Jésus. 148:3.4 Bien que cela ne nous ait pas été révélé en vue du présent exposé, nous avons été amenés à conclure que, durant beaucoup de ces périodes de solitude dans les collines, le Maitre était en liaison directe et exécutive avec un grand nombre des principaux administrateurs des affaires de son univers. Depuis l’époque de son baptême, ce Souverain incarné de notre univers avait pris consciemment une part de plus en plus active à la direction de certaines phases de l’administration universelle. Nous avons toujours estimé que, durant ces semaines de moindre participation aux affaires terrestres, et d’une manière non révélée à ses compagnons immédiats, il s’occupait de diriger les hautes intelligences spirituelles chargées d’assumer la bonne marche d’un vaste univers, et que le Jésus humain avait choisi d’appeler ces activités « s’occuper des affaires de son Père ». 148:3.5 Durant ses longues heures de solitude, il arriva, maintes fois, que deux de ses apôtres se trouvèrent assez près de lui pour observer de rapides et multiples changements sur les traits de son visage, mais sans l’entendre prononcer aucune parole. De même, ils ne remarquèrent nulle manifestation visible d’êtres célestes susceptibles de communiquer avec leur Maitre, comme certains apôtres eurent l’occasion d’en voir plus tard. 4. Le mal, le péché et l’iniquité 148:4.1 Dans un coin isolé et abrité du jardin de Zébédée, Jésus avait l’habitude de réserver deux soirées par semaine à des entretiens privés avec des personnes désireuses de lui parler. Au cours d’une de ces conversations du soir, Thomas posa au Maitre la question suivante : « Pourquoi est-il nécessaire que les hommes soient nés de l’esprit pour entrer dans le royaume ? La re-naissance est-elle indispensable pour échapper au contrôle du malin ? Maitre, qu’est-ce que le mal ? » Après avoir entendu ces questions, Jésus dit à Thomas : 148:4.2 « Ne commets pas l’erreur de confondre le mal et le malin, qu’il serait plus exact d’appeler l’inique. Celui que tu appelles le malin est le fils de l’amour de soi, le haut administrateur qui se rebella délibérément contre l’autorité de mon Père et de ses Fils loyaux. Mais j’ai déjà vaincu ces rebelles coupables. Clarifie dans ton mental les diverses attitudes envers le Père et son univers, et n’oublie jamais les lois suivantes réglant les rapports avec la volonté du Père : 148:4.3 « Le mal est la transgression inconsciente ou involontaire de la loi divine, de la volonté du Père. Le mal est également la mesure de l’imperfection avec laquelle on obéit à la volonté du Père. 148:4.4 « Le péché est la transgression consciente, connue et délibérée, de la loi divine, de la volonté du Père. Le péché mesure la mauvaise volonté à se laisser conduire divinement et diriger spirituellement. 148:4.5 « L’iniquité est la transgression volontaire, déterminée et persistante de la loi divine, de la volonté du Père. L’iniquité mesure le rejet continu de l’affectueux plan du Père pour la survie des personnalités, et du miséricordieux ministère de salut du Fils. 148:4.6 « Avant la renaissance de l’esprit, l’homme mortel est sujet aux mauvaises tendances inhérentes à sa nature, mais ces imperfections naturelles de conduite ne sont ni le péché ni l’iniquité. Les mortels ne font que commencer leur longue ascension vers la perfection du Père au Paradis. Ce n’est pas un péché que d’être imparfait ou de n’avoir que des dons naturels partiels. Il est vrai que l’homme est soumis au mal, mais il n’est, en aucun sens, le fils du malin, à moins d’avoir sciemment et délibérément choisi les sentiers du péché et la vie d’iniquité. Le mal est inhérent à l’ordre naturel de ce monde, mais le péché est une attitude de rébellion consciente qui fut introduite dans le monde par ceux qui déchurent de la lumière spirituelle pour tomber dans de grossières ténèbres. 148:4.7 « Thomas, tu es troublé par les doctrines des Grecs et les erreurs des Persans. Tu ne comprends pas les relations entre le mal et le péché parce que tu considères l’humanité comme ayant commencé sur terre avec un Adam parfait, puis dégénéré rapidement, par le péché, jusqu’au déplorable état actuel des hommes. Mais pourquoi refuses-tu de comprendre la signification de l’histoire qui révèle comment Caïn, le fils d’Adam, alla dans le pays de Nod et s’y choisit une femme ? Et pourquoi refuses-tu d’interpréter la signification de l’histoire qui décrit les fils de Dieu prenant des femmes parmi les filles des hommes ? 148:4.8 « Il est exact que le mal est dans la nature des hommes, mais ils ne sont pas nécessairement pécheurs. La nouvelle naissance – le baptême de l’esprit – est essentielle pour être délivré du mal et nécessaire pour entrer dans le royaume des cieux, mais rien de cela n’infirme le fait que l’homme est fils de Dieu. La présence inhérente du mal potentiel ne signifie pas non plus que, d’une manière mystérieuse, l’homme soit séparé du Père qui est aux cieux, de sorte qu’il doive, en tant qu’étranger ou enfant d’un autre mariage, chercher de quelque manière à se faire adopter légalement par le Père. Toutes ces notions sont nées, en premier lieu, de votre mauvaise compréhension du Père et, en second lieu, de votre ignorance sur l’origine, la nature et la destinée des hommes. 148:4.9 « Les Grecs et d’autres vous ont enseigné que l’homme descend continuellement de la perfection divine vers l’oubli ou la destruction. Je suis venu pour montrer que l’homme, en entrant dans le royaume, s’élève d’une façon sûre et certaine vers Dieu et la perfection divine. Tout être qui, d’une manière quelconque, ne satisfait pas aux idéaux divins et spirituels de la volonté du Père, est potentiellement mauvais, mais en aucun sens pécheur, et encore bien moins inique. 148:4.10 « Thomas, n’as-tu pas lu, à ce sujet, les passages des Écritures où il est dit : ‘Vous êtes les enfants du Seigneur votre Dieu.’ ‘Je serai son Père et il sera mon fils.’ ‘Je l’ai choisi pour être mon fils – je serai son Père.’ ‘Amène mes fils de loin et mes filles des confins de la terre, et aussi tous ceux qui s’appellent de mon nom, car je les ai créés pour ma gloire.’ ‘Vous êtes les fils du Dieu vivant.’ ‘Ceux qui ont l’esprit de Dieu sont en vérité les fils de Dieu.’ Alors que l’enfant terrestre contient une fraction matérielle de son père humain, il existe une fraction spirituelle du Père céleste dans chaque fils du royaume par la foi. » 148:4.11 Jésus exposa à Thomas toutes ces choses et encore bien d’autres, et l’apôtre en comprit une grande partie. Toutefois, Jésus lui recommanda « de ne pas parler aux autres de ces sujets avant que je ne sois retourné auprès du Père ». Et Thomas ne fit jamais mention de cet entretien avant que le Maitre n’eût quitté ce monde. 5. Le but de l’affliction 148:5.1 Au cours d’un autre entretien privé dans le jardin, Nathanael demanda à Jésus : « Maitre, bien que je commence à saisir pourquoi tu refuses de guérir sans discrimination, j’ai encore de la peine à comprendre pourquoi le Père qui est aux cieux, qui nous aime, permet qu’un si grand nombre de ses enfants terrestres souffrent de tant d’afflictions. » Le Maitre répondit à Nathanael en disant : 148:5.2 « Nathanael, toi et beaucoup d’autres, êtes ainsi perplexes parce que vous ne comprenez pas que l’ordre naturel de ce monde a été si souvent désorganisé par les aventures pécheresses de certains traitres rebelles à la volonté du Père. Je suis venu pour commencer à mettre ces choses en ordre, mais il faudra bien des âges pour réorienter cette partie de l’univers dans les anciennes voies et libérer ainsi les enfants des hommes des fardeaux supplémentaires du péché et de la rébellion. À elle seule, la confrontation avec le mal est une épreuve suffisante pour l’ascension de l’homme – le péché n’est pas essentiel à la survie. 148:5.3 « Mais, mon fils, tu devrais savoir que le Père n’afflige pas délibérément ses enfants. L’homme attire inutilement sur lui-même des afflictions par suite de son refus persistant de marcher dans les voies meilleures de la volonté divine. Les afflictions sont potentiellement contenues dans le mal, mais une grande partie d’entre elles résultent du péché et de l’iniquité. Bien des évènements anormaux se sont produits sur ce monde, et il n’est pas étonnant que tous les hommes qui réfléchissent soient perplexes devant les scènes de souffrance et d’affliction dont ils sont témoins. Vous pouvez toutefois être certains d’une chose, c’est que le Père n’envoie pas d’affliction à titre de châtiment arbitraire pour de mauvaises actions. Les imperfections et les handicaps du mal sont inhérents au mal lui-même ; la punition des péchés est inévitable ; les conséquences destructrices de l’iniquité sont inexorables. Les hommes ne doivent pas blâmer Dieu pour des maux résultant naturellement de la vie qu’ils ont choisi de vivre ; ils ne devraient pas non plus se plaindre des expériences qui font partie de la vie telle qu’elle est vécue sur ce monde. Le Père veut que les mortels travaillent avec persévérance et logique au perfectionnement de leur état sur terre. Une application intelligente devrait permettre aux hommes de triompher d’une grande partie de leurs misères sur terre. 148:5.4 « Nathanael, notre mission consiste à aider les hommes à résoudre leurs problèmes spirituels et à vivifier ainsi leur mental pour qu’ils soient mieux préparés et incités à s’occuper de résoudre leurs multiples problèmes matériels. Je sais que vous êtes embarrassés après avoir lu les Écritures. La tendance a trop souvent prévalu d’attribuer à Dieu la responsabilité de tout ce que les ignorants n’ont pas réussi à comprendre. Le Père n’est pas personnellement responsable de tout ce que vous ne comprenez pas. Ne doutez pas de l’amour du Père simplement parce qu’il se trouve qu’une loi juste et sage de ses ordonnances vous afflige pour avoir involontairement ou délibérément transgressé une ordonnance divine. 148:5.5 « Toutefois, Nathanael, bien des passages des Écritures t’auraient instruit si seulement tu les avais lus avec discernement. Ne te souviens-tu pas qu’il est écrit : ‘Mon fils, ne méprise pas le châtiment du Seigneur et ne te lasse pas de sa réprimande, car le Seigneur corrige celui qu’il aime comme un père corrige le fils en qui il se réjouit.’ ‘Le Seigneur n’afflige pas volontiers.’ ‘Avant d’être affligé, je m’étais égaré, mais maintenant j’observe la loi. L’affliction a été bonne pour moi, car elle m’a permis d’apprendre les statuts divins.’ ‘Je connais vos chagrins. Le Dieu éternel est votre refuge et vous soutient de ses bras éternels.’ ‘Le Seigneur est aussi un refuge pour les opprimés, un havre de repos dans les temps troublés.’ ‘Le Seigneur fortifiera celui qui git sur le lit de l’affliction. Le Seigneur n’oubliera pas les malades.’ ‘De même qu’un père montre de la compassion à ses enfants, de même le Seigneur est compatissant pour ceux qui le craignent. Il connait votre corps ; il se souvient que vous êtes poussière.’ ‘Il guérit les cœurs brisés et panse leurs blessures.’ ‘Il est l’espoir du pauvre, la force de l’indigent dans sa détresse, un refuge contre la tempête, une ombre qui protège de la chaleur suffocante.’ ‘Il donne du pouvoir aux faibles et accroit la force de ceux qui ne disposent d’aucune puissance.’ ‘Il ne brisera pas le roseau froissé et n’éteindra pas la mèche qui fume encore.’ ‘Quand vous traverserez les eaux de l’affliction, je serai avec vous et, quand les fleuves de l’adversité vous submergeront, je ne vous abandonnerai pas.’ ‘Il m’a envoyé pour panser les cœurs brisés, pour proclamer la liberté aux captifs et pour consoler tous les endeuillés.’ ‘La souffrance contient en soi un redressement ; l’affliction ne nait pas de la poussière.’ » 6. Le malentendu sur la souffrance – discours sur Job 148:6.1 Le même soir, à Bethsaïde, Jean demanda également à Jésus pourquoi un si grand nombre de personnes apparemment innocentes souffraient de tant de maladies et subissaient tant d’afflictions. En répondant aux questions de Jean, le Maitre donna, entre autres, les indications suivantes : 148:6.2 « Mon fils, tu ne comprends ni le sens de l’adversité ni la mission de la souffrance. N’as-tu pas lu ce chef-d’œuvre de la littérature sémitique – l’histoire racontée dans les Écritures des afflictions de Job ? Ne te souviens-tu pas que cette merveilleuse parabole commence par le récit de la prospérité matérielle du serviteur du Seigneur ? Tu te rappelles bien que Job jouissait de la bénédiction d’avoir des enfants, de la fortune, de la dignité, une situation, une bonne santé et tout le reste des choses auxquelles les hommes attachent de la valeur dans leur vie temporelle. Selon les enseignements traditionnellement respectés des enfants d’Abraham, cette prospérité matérielle était une preuve indiscutable de la faveur divine. Or, les possessions matérielles et la prospérité temporelle ne dénotent pas la faveur de Dieu. Mon Père qui est aux cieux aime les pauvres tout autant que les riches ; il ne fait pas acception de personnes. 148:6.3 « Bien que la transgression de la loi divine soit suivie tôt ou tard par la moisson du châtiment, et alors que les hommes doivent certainement récolter en fin de compte ce qu’ils ont semé, tu devrais savoir que les souffrances humaines ne représentent pas toujours une punition pour des péchés antérieurs. Ni Job ni ses amis ne trouvèrent la vraie réponse à leurs perplexités. Avec les lumières que tu as l’avantage de posséder maintenant, tu n’aurais guère l’idée d’attribuer à Dieu ou à Satan les rôles qu’ils jouent dans cette parabole extraordinaire. Job ne trouva pas, par la souffrance, la solution de ses soucis intellectuels ou de ses difficultés philosophiques, mais il gagna de grandes victoires. Même devant l’effondrement de ses défenses théologiques, il s’éleva aux hauteurs spirituelles où il put dire sincèrement : « Je m’abhorre moi-même. » Alors lui fut accordé le salut d’une vision de Dieu. Donc, même par des souffrances incomprises, Job s’éleva au niveau surhumain de compréhension morale et de clairvoyance spirituelle. Quand le serviteur souffrant obtient une vision de Dieu, il s’ensuit une paix qui surpasse toute compréhension humaine. 148:6.4 « Le premier ami de Job, Éliphaz, exhorta le malheureux à montrer, dans ses afflictions, la même force d’âme qu’il recommandait autour de lui à l’époque de sa prospérité. Ce faux consolateur dit : ‘Aie confiance en ta religion, Job. Souviens-toi que ce sont les méchants et non les justes qui souffrent. Tu dois mériter cette punition, car autrement tu ne serais pas affligé. Tu sais bien que nul homme ne peut être juste aux yeux de Dieu. Tu sais que les méchants ne prospèrent jamais réellement. Quoi qu’il en soit, l’homme parait prédestiné à avoir des misères, et peut-être que le Seigneur te châtie seulement pour ton propre bien.’ Il n’est pas étonnant que le pauvre Job ne fût guère consolé par cette interprétation du problème de la souffrance humaine. 148:6.5 « Les conseils de son deuxième ami, Bildad, furent encore plus déprimants, malgré leur justesse au point de vue de la théologie alors acceptée. Bildad dit : ‘Dieu ne peut être injuste. Tes enfants doivent avoir été des pécheurs, puisqu’ils ont péri. Tu dois être dans l’erreur, car autrement tu ne serais pas affligé ainsi. Si tu es réellement juste, Dieu te délivrera certainement de tes afflictions. L’histoire des rapports de Dieu avec les hommes devrait t’apprendre que le Tout-Puissant ne détruit que les méchants.’ 148:6.6 « Ensuite, tu te rappelles comment Job répondit à ses amis en disant : ‘Je sais bien que Dieu n’entend pas mon appel au secours. Comment Dieu peut-il être juste et en même temps méconnaitre si complètement mon innocence ? J’apprends que je ne peux tirer aucune satisfaction d’un appel au Tout-Puissant. Ne pouvez-vous discerner que Dieu tolère la persécution des bons par les méchants ? Et, puisque l’homme est si faible, quelle chance a-t-il de trouver de la considération auprès d’un Dieu omnipotent ? Dieu m’a fait tel que je suis et, quand il se retourne ainsi contre moi, je suis sans défense. Pourquoi Dieu m’a-t-il créé simplement pour souffrir de cette misérable façon ?’ 148:6.7 « Qui peut critiquer le comportement de Job, vu les conseils de ses amis et les idées erronées sur Dieu qui occupaient son propre mental ? Ne vois-tu pas que Job désirait ardemment un Dieu humain ? Il avait soif de communier avec un Être divin qui connaisse l’état mortel des hommes et comprenne que les justes doivent souvent souffrir dans l’innocence ; cette souffrance fait partie de leur première vie au cours de la longue ascension du Paradis. C’est pourquoi le Fils de l’Homme est venu de chez le Père pour vivre une vie incarnée et pouvoir réconforter et secourir tous ceux qui vont désormais être appelés à endurer les afflictions de Job. 148:6.8 « Le troisième ami de Job, Zophar, lui adressa des paroles encore moins consolantes lorsqu’il lui dit : ‘Tu es stupide de prétendre que tu es juste, puisque tu es ainsi affligé. Mais j’admets que les voies de Dieu sont incompréhensibles. Peut-être y a-t-il un dessein caché dans toutes tes misères.’ Après avoir écouté ses trois amis, Job appela directement Dieu au secours, plaidant le fait que ‘l’homme, né de femme, a peu de jours à vivre et qu’il est rassasié de misères.’ 148:6.9 « Puis commença la seconde séance avec ses amis. Éliphaz devint plus sévère, accusateur et sarcastique. Bildad s’indigna du mépris de Job pour ses amis. Zophar réitéra ses conseils mélancoliques. Alors, Job fut dégouté de ses amis et fit à nouveau appel à Dieu ; cette fois, il fit appel à un Dieu juste, contre le Dieu d’injustice incorporé dans la philosophie de ses amis et inclus dans l’attitude religieuse de Job lui-même. Ensuite, Job se réfugia dans la consolation d’une vie future dans laquelle les injustices de l’existence terrestre pourraient être plus équitablement rectifiées. Faute de recevoir de l’aide des hommes, Job est poussé vers Dieu. La grande lutte entre la foi et le doute s’ensuit dans son cœur. Finalement, l’affligé humain commence à apercevoir la lumière de la vie ; son âme torturée s’élève à de nouvelles hauteurs d’espérance et de courage ; il peut continuer à souffrir et même mourir, mais son âme illuminée pousse maintenant le cri de triomphe : ‘Mon Justificateur est vivant !’ 148:6.10 « Job avait entièrement raison lorsqu’il mit en doute la doctrine selon laquelle Dieu afflige les enfants pour punir leurs parents. Job était toujours prêt à admettre que Dieu est juste, mais il désirait ardemment une révélation du caractère personnel de l’Éternel qui satisfasse l’âme. Or, telle est notre mission sur terre. Les mortels souffrants ne se verront plus refuser la consolation de connaitre l’amour de Dieu et de comprendre la miséricorde du Père céleste. Le discours de Dieu ‘dans le tourbillon’ était une conception majestueuse pour l’époque où il fut proféré, mais tu as déjà appris que ce n’est pas la manière dont le Père se révèle ; il parle plutôt dans le cœur humain comme une petite voix tranquille disant : ‘Voilà le chemin ; suis-le.’ Ne comprends-tu pas que Dieu habite en toi, qu’il est devenu ce que tu es pour pouvoir faire de toi ce qu’il est ! » 148:6.11 Jésus fit ensuite l’exposé final suivant : « Le Père qui est aux cieux n’afflige pas volontairement les enfants des hommes. Les hommes souffrent, en premier lieu, des accidents du temps et des imperfections du mal attachés à une existence physique encore dépourvue de maturité. En second lieu, ils souffrent des conséquences inexorables du péché – de la transgression des lois de la lumière et de la vie. Finalement, les hommes récoltent la moisson de leur propre persistance inique dans la rébellion contre la juste souveraineté du ciel sur la terre, mais leurs misères ne sont pas infligées personnellement par le jugement divin. Les hommes peuvent faire et feront beaucoup pour diminuer leurs souffrances temporelles. Sois délivré une fois pour toutes de la superstition que Dieu afflige les hommes sur ordre du malin. Étudie le Livre de Job simplement pour découvrir le nombre d’idées fausses sur Dieu que même des hommes de bien peuvent concevoir sincèrement ; ensuite, remarque comment Job, même douloureusement éprouvé, trouva le Dieu de consolation et de salut malgré ces enseignements erronés. À la fin, sa foi perça les nuages de la souffrance pour discerner la lumière de la vie répandue par le Père en tant que miséricorde curative et droiture éternelle. » 148:6.12 Jean médita ces explications dans son cœur pendant de longs jours. Cette conversation dans le jardin avec le Maitre provoqua un changement notable dans toute sa vie ultérieure. Plus tard, Jean contribua beaucoup à faire changer le point de vue des autres apôtres au sujet de la source, de la nature et du but des afflictions humaines ordinaires. Mais Jean ne parla jamais de cet entretien avant que le Maitre les eût quittés. 7. L’homme à la main desséchée 148:7.1 Lors de l’avant-dernier sabbat avant le départ des apôtres et du nouveau corps d’évangélistes pour leur deuxième tournée de prédication en Galilée, Jésus prit la parole à la synagogue de Capharnaüm sur les « Joies de la vie de droiture ». Lorsqu’il eut fini de parler, un groupe nombreux d’estropiés, de boiteux, de malades et d’affligés afflua autour de lui pour chercher la guérison. Mêlés à ce groupe, se trouvaient aussi les apôtres, un bon nombre des nouveaux évangélistes et les espions pharisiens de Jérusalem. Où que Jésus allât (sauf dans les collines pour s’occuper des affaires de son Père) on était sûr de voir les six espions de Jérusalem le suivre. 148:7.2 Tandis que le Maitre parlait au peuple, le chef des espions pharisiens incita un homme ayant une main desséchée à s’approcher de Jésus pour lui demander s’il était licite d’être guéri le jour du sabbat, ou s’il devait attendre un autre jour pour chercher secours. Quand Jésus vit l’homme, entendit ses paroles et perçut qu’il avait été envoyé par les pharisiens, il dit : « Avance-toi pour que je te pose une question. Si tu avais une brebis et qu’elle tombe dans une fosse le jour du sabbat, étendrais-tu la main pour la saisir et la retirer de la fosse ? Est-il licite de faire de telles choses le jour du sabbat ? » Et l’homme répondit : « Oui, Maitre, il serait licite de faire cette bonne action le jour du sabbat. » Alors Jésus s’adressa à tout l’auditoire en disant : « Je sais pourquoi vous avez envoyé cet homme en ma présence. Vous voudriez trouver un motif pour m’inculper en me tentant de faire preuve de miséricorde le jour du sabbat. Par votre consentement tacite, vous avez tous estimé qu’il était licite de retirer de la fosse la malheureuse brebis, même le jour du sabbat. Je vous prends tous à témoins qu’il est licite de montrer une affectueuse bonté le jour du sabbat, non seulement envers les animaux, mais envers les hommes. Combien un homme a plus de valeur qu’une brebis ! Je proclame qu’il est légal de faire du bien aux hommes le jour du sabbat. » Puis, tandis que l’assemblée se tenait devant lui en silence, Jésus se tourna vers l’homme à la main desséchée et lui dit : « Tiens-toi debout à côté de moi pour que tout le monde puisse te voir. Et, maintenant, afin que tu saches que c’est la volonté de mon Père que l’on fasse du bien le jour du sabbat, et si tu as la foi pour être guéri, je te demande d’étendre ta main. » 148:7.3 Pendant que l’homme étendait sa main desséchée, elle fut rendue saine. Les spectateurs eurent envie de se retourner contre les pharisiens, mais Jésus les pria de rester calmes et dit : « Je viens de vous dire qu’il est permis de faire du bien le jour du sabbat, de sauver une vie, mais je ne vous ai pas commandé de faire du mal et de céder au désir de tuer. » Les pharisiens s’en allèrent irrités et, bien que ce fût le jour du sabbat, ils se rendirent en hâte à Tibériade pour prendre conseil d’Hérode. Ils firent tout ce qui était en leur pouvoir pour éveiller ses préventions afin de s’assurer l’alliance des Hérodiens contre Jésus, mais Hérode refusa de prendre des mesures contre Jésus et leur conseilla de porter leurs doléances à Jérusalem. 148:7.4 Cette guérison fut le premier miracle accompli par Jésus en réponse au défi de ses ennemis. Le Maitre accomplit ce que l’on appelle miracle non pour démontrer son pouvoir de guérison, mais pour protester efficacement contre la loi transformant le repos religieux du sabbat en un véritable esclavage de restrictions vides de sens pour toute l’humanité. L’homme guéri reprit son travail de maçon et se révéla comme l’un de ceux dont la guérison fut suivie d’une vie d’actions de grâces et de droiture. 8. La dernière semaine à Bethsaïde 148:8.1 Durant la dernière semaine du séjour à Bethsaïde, les espions de Jérusalem furent très partagés sur l’attitude à prendre envers Jésus et ses enseignements. Trois de ces pharisiens étaient prodigieusement impressionnés par ce qu’ils avaient vu et entendu. Entretemps, à Jérusalem, un jeune membre influent du sanhédrin, nommé Abraham, adopta publiquement les enseignements de Jésus et fut baptisé dans la piscine de Siloé par Abner. Tout Jérusalem fut en émoi à propos de cet évènement et des messagers furent immédiatement envoyés à Bethsaïde pour rappeler les six espions pharisiens. 148:8.2 Le philosophe grec qui avait été gagné au royaume lors de la précédente tournée en Galilée revint avec certains riches Juifs d’Alexandrie, qui invitèrent une fois de plus Jésus à se rendre dans leur ville pour y établir une école mixte de philosophie et de religion, ainsi qu’une infirmerie pour les malades ; mais Jésus déclina courtoisement leur invitation. 148:8.3 Vers ce moment, arriva au campement de Bethsaïde un prophète extatique nommé Kirmeth, venant de Bagdad. Ce prétendu prophète avait des visions spéciales quand il était en transe, et faisait des rêves fantastiques quand il était troublé dans son sommeil. Il créa une perturbation considérable au camp. Simon Zélotès était d’avis de traiter plutôt rudement le simulateur, qui se trompait lui-même, mais Jésus intervint pour lui laisser toute liberté d’action pendant quelques jours. Tous ceux qui l’entendirent prêcher reconnurent bientôt que, jugé selon les critères de l’évangile du royaume, son enseignement n’était pas valide. Kirmeth ne tarda pas à repartir pour Bagdad en n’emmenant avec lui qu’une demi-douzaine d’âmes instables et erratiques. Toutefois, avant que Jésus n’eût intercédé en faveur du prophète de Bagdad, David Zébédée, assisté d’un comité qui s’était formé spontanément, avait emmené Kirmeth sur le lac ; après l’avoir plongé, à plusieurs reprises dans l’eau, on lui avait conseillé de s’en aller au plus vite – d’organiser et de construire son propre camp. 148:8.4 Le même jour, une Phénicienne nommée Beth-Marion devint si fanatique qu’elle perdit la tête et fut renvoyée par ses amis après avoir manqué de se noyer en essayant de marcher sur l’eau. 148:8.5 Abraham le pharisien, le nouveau converti de Jérusalem, donna tous ses biens terrestres au trésor apostolique. Cet apport contribua beaucoup à rendre possible l’envoi immédiat en mission des cent évangélistes nouvellement instruits. André avait déjà annoncé la fermeture du camp, et chacun se prépara soit à rentrer dans ses foyers, soit à suivre les évangélistes en Galilée. 9. La guérison du paralytique 148:9.1 Le vendredi après-midi 1er octobre, Jésus tenait sa dernière réunion avec les apôtres, les évangélistes et les autres chefs du campement en cours de démantèlement. Les six pharisiens de Jérusalem étaient assis au premier rang de cette assemblée dans la spacieuse salle agrandie, sur la façade de la maison de Zébédée. Un des plus étranges et des plus extraordinaires épisodes de la vie terrestre de Jésus eut alors lieu. Le Maitre, à ce moment là, était en train de parler debout dans la vaste pièce qui avait été construite pour abriter ces réunions durant la saison des pluies. La maison était entièrement entourée par une grande affluence de gens qui tendaient l’oreille pour saisir quelques bribes du discours de Jésus. 148:9.2 Tandis que la maison était ainsi bondée et entourée d’auditeurs ardents, un homme, depuis longtemps atteint de paralysie, fut amené de Capharnaüm, sur un petit lit, par ses amis. Ce paralytique avait entendu dire que Jésus était sur le point de quitter Bethsaïde. Après en avoir parlé avec Aaron, le maçon tout récemment guéri, il résolut de se faire porter devant Jésus pour y chercher la guérison. Ses amis essayèrent de pénétrer dans la maison de Zébédée par la porte de devant et par la porte de derrière, mais la foule était trop compacte. Le paralytique refusa néanmoins d’accepter la défaite ; il demanda à ses amis de se procurer des échelles grâce auxquelles ils montèrent sur le toit de la salle où Jésus parlait. Après avoir détaché des tuiles, ils firent audacieusement descendre le paralytique par des cordes, jusqu’à ce que son lit reposât sur le sol immédiatement devant le Maitre. Lorsque Jésus vit ce qu’ils avaient fait, il s’arrêta de parler, tandis que l’assistance s’émerveillait de la persévérance du malade et de ses amis. Le paralytique dit : « Maitre, je ne voudrais pas troubler ta leçon, mais je suis résolu à devenir bien portant. Je ne ressemble pas à ceux qui reçurent la guérison et oublièrent aussitôt ton enseignement. Je voudrais être guéri pour servir dans le royaume des cieux. » Bien que l’infirmité de cet homme ait été causée par les dérèglements de sa propre vie, Jésus, voyant sa foi, dit au paralytique : « Fils, ne crains point ; tes péchés sont pardonnés ; ta foi te sauvera. » 148:9.3 Quand les pharisiens de Jérusalem, ainsi que d’autres scribes et légistes assis avec eux, entendirent cette déclaration de Jésus, ils commencèrent à se dire : « Comment cet homme ose-t-il parler ainsi ? Ne comprend-il pas qu’il blasphème ? Qui peut pardonner les péchés, sinon Dieu ? » Percevant dans son esprit qu’ils raisonnaient ainsi dans leur propre mental et entre eux, Jésus s’adressa à eux en disant : « Pourquoi raisonnez-vous ainsi dans votre cœur ? Qui êtes-vous pour me juger ? Quelle différence y a-t-il si je dis à ce paralytique : tes péchés sont pardonnés, ou si je lui dis : lève-toi, prends ton lit et marche ? Mais, afin que vous, qui assistez à tout ceci, sachiez définitivement que le Fils de l’Homme a autorité et pouvoir sur terre pour pardonner les péchés, je dis à cet infirme : lève-toi, prends ton lit et rentre chez toi. » Lorsque Jésus eut ainsi parlé, le paralytique se leva, l’assistance lui fit un passage et il sortit devant tout le monde. Ceux qui virent ces choses furent stupéfaits. Pierre congédia l’assemblée, tandis que nombre de spectateurs priaient et glorifiaient Dieu en confessant que jamais auparavant ils n’avaient vu des évènements aussi étonnants. 148:9.4 C’est à peu près à ce moment que les messagers du sanhédrin arrivèrent pour demander aux six espions de rentrer à Jérusalem. Lorsqu’ils reçurent ce message, ils eurent une sérieuse discussion entre eux. Après en avoir terminé, le chef et deux de ses associés retournèrent avec les messagers à Jérusalem, tandis que les trois autres espions pharisiens confessèrent leur foi en Jésus, allèrent immédiatement au lac, furent baptisés par Pierre et furent admis par les apôtres dans la communauté en tant qu’enfants du royaume. FASCICULE 149. La deuxième tournée de prédication 149:0.1 La deuxième tournée de prédication publique en Galilée commença le dimanche 3 octobre de l’an 28 et continua pendant près de trois mois pour prendre fin le 30 décembre. Participèrent à cet effort Jésus et ses douze apôtres, assistés du corps nouvellement recruté de 117 évangélistes et de nombreuses autres personnes intéressées. Au cours de cette tournée, ils visitèrent Gadara, Ptolémaïs, Japhia, Dabaritta, Méguiddo, Jizréel, Scythopolis, Tarichée, Hippos, Gamala, Bethsaïde-Julias et un grand nombre d’autres villes et villages. 149:0.2 Avant de partir ce dimanche matin, André et Pierre demandèrent à Jésus de fixer définitivement les attributions des nouveaux évangélistes, mais le Maitre refusa en disant qu’il n’entrait pas dans son domaine de faire des choses que d’autres pouvaient accomplir d’une façon acceptable. Après en avoir dument délibéré, les apôtres décidèrent que Jacques Zébédée fixerait les attributions. À la fin des commentaires de Jacques, Jésus dit aux évangélistes : « Allez maintenant faire le travail dont vous avez été chargés et, plus tard, quand vous vous serez montrés compétents et fidèles, je vous conférerai l’ordination pour prêcher l’évangile du royaume. » 149:0.3 Au cours de cette tournée, seuls Jacques et Jean voyagèrent avec Jésus. Pierre et les autres apôtres emmenèrent chacun une douzaine d’évangélistes, et gardèrent avec ceux-ci un contact étroit pendant qu’ils poursuivaient leur œuvre de prédication et d’enseignement. Aussitôt que des croyants étaient prêts à entrer dans le royaume, les apôtres leur administraient le baptême. Jésus et ses deux compagnons voyagèrent beaucoup au cours de ces trois mois, visitant souvent deux villes le même jour afin d’observer l’activité des évangélistes et de les encourager dans leurs efforts pour établir le royaume. Toute cette deuxième tournée de prédication fut surtout un effort pour faire acquérir une expérience pratique au corps des 117 évangélistes récemment formés. 149:0.4 Durant cette période, et ultérieurement jusqu’à l’époque où Jésus et les douze partirent finalement pour Jérusalem, David Zébédée entretint, pour l’œuvre du royaume, un quartier général dans la maison de son père à Bethsaïde. Ce fut le siège central des opérations de Jésus sur terre, et une station de relais pour le service de messagers que David assurait entre ceux qui oeuvraient dans diverses parties de la Palestine et des régions adjacentes. Il accomplit tout cela de sa propre initiative, mais avec l’approbation d’André. David employait quarante à cinquante messagers à ce service de renseignements pour l’œuvre du royaume, qui grandissait et s’étendait rapidement. Tout en assurant ce service, il gagnait partiellement sa vie en consacrant une partie de son temps à son ancien métier de pêcheur. 1. La grande renommée de Jésus 149:1.1 À partir du moment où le camp de Bethsaïde fut levé, la renommée de Jésus, spécialement en tant que guérisseur, s’était répandue dans toutes les régions de la Palestine, dans toute la Syrie et dans les pays avoisinants. Pendant des semaines après le départ de Bethsaïde, les malades continuèrent d’arriver et, quand ils ne trouvaient pas le Maitre, après avoir été informés par David où il se trouvait, ils partaient à sa recherche. Au cours de cette tournée, Jésus n’accomplit délibérément aucun acte de guérison prétendument miraculeuse. Néanmoins, des vingtaines de personnes souffrantes virent leur santé et leur bonheur rétablis grâce au pouvoir reconstituant de la foi intense qui les poussait à rechercher la guérison. 149:1.2 À l’époque de cette mission, une série spéciale et inexpliquée de phénomènes de guérison commença à se produire et continua jusqu’à la fin de la vie terrestre de Jésus. Au cours de cette tournée de trois mois, plus de cent hommes, femmes et enfants de Judée, d’Idumée, de Galilée, de Syrie, de Tyr et de Sidon, et d’au-delà du Jourdain, bénéficièrent de cette guérison inconsciente par Jésus et, lorsqu’ils rentrèrent chez eux, ils contribuèrent à augmenter encore sa renommée. Ils le firent, bien que Jésus, chaque fois qu’il observait un de ces cas de guérison spontanée, eût directement recommandé au bénéficiaire de « n’en parler à personne ». 149:1.3 On ne nous a jamais révélé exactement ce qui s’était passé dans ces cas de guérison spontanée ou inconsciente. Le Maitre n’expliqua jamais à ses apôtres comment elles s’effectuaient. En plusieurs occasions, il se borna à dire : « Je perçois qu’un pouvoir est sorti de moi. » En une occasion, après avoir été touché par un enfant malade, il remarqua : « Je perçois que de la vie est sortie de moi. » 149:1.4 En l’absence d’indications directes du Maitre sur la nature de ces cas de guérisons spontanées, il serait présomptueux de notre part de tenter d’expliquer comment elles furent accomplies, mais il nous est permis de donner notre opinion sur ces phénomènes de guérison. Nous croyons qu’un grand nombre des guérisons apparemment miraculeuses qui se produisirent au cours du ministère terrestre de Jésus résultèrent de la conjugaison des trois puissantes influences suivantes : 149:1.5 1. La présence d’une foi solide, dominante et vivante dans le cœur de l’être humain qui cherchait avec persistance à être guéri, accompagnée du fait que cette guérison était désirée pour ses bienfaits spirituels plutôt que pour un rétablissement purement physique. 149:1.6 2.L’existence, concomitante avec cette foi humai ne, de la grande sympathie et de la grande compassion du Fils Créateur incarné et dominé par la miséricorde ; ce Fils de Dieu possédait effectivement, dans sa personne, des pouvoirs et des prérogatives de guérison créatifs à peu près illimités et indépendants du temps. 149:1.7 3. En même temps que la foi de la créature et la vie du Créateur, il faut également noter que cet homme-Dieu était l’expression personnifiée de la volonté du Père. Lors du contact entre le besoin humain et le pouvoir divin capable de le satisfaire, si le Père n’exprimait pas de volonté différente, les deux ne faisaient plus qu’un ; la guérison se produisait alors sans que le Jésus humain en eût conscience, mais elle était immédiatement reconnue par sa nature divine. Donc, il faut expliquer bon nombre de ces cas de guérison par l’opération d’une grande loi que nous connaissons depuis longtemps, à savoir : ce que le Fils Créateur désire et que le Père éternel veut EST. 149:1.8 Nous sommes donc d’avis qu’en la présence personnelle de Jésus, certaines formes de foi humaine profonde contraignaient littéralement et véritablement la manifestation de guérison par certaines forces et personnalités créatives de l’univers, alors intimement associées au Fils de l’Homme. Il devient, dès lors, notoire que Jésus permit fréquemment que des hommes se guérissent eux-mêmes, en sa présence, par la puissance de leur foi personnelle. 149:1.9 Beaucoup d’autres recherchèrent la guérison pour des buts purement égoïstes. Une riche veuve de Tyr, accompagnée de sa suite, vint pour être guérie de ses infirmités qui étaient nombreuses. En suivant Jésus à travers la Galilée, elle continua à lui offrir de plus en plus d’argent, comme si le pouvoir de Dieu pouvait être acheté aux enchères. Elle ne s’intéressa jamais à l’évangile du royaume ; elle ne recherchait que la guérison de ses maladies physiques. 2. L’attitude du peuple 149:2.1 Jésus comprenait le mental des hommes ; il connaissait le fond de leur cœur. Si ses enseignements avaient été transmis tels qu’il les présenta, avec pour seul commentaire l’interprétation inspirée de sa vie terrestre, toutes les nations et toutes les religions du monde auraient rapidement embrassé l’évangile du royaume. Les efforts bien intentionnés des premiers disciples de Jésus pour reformuler ses enseignements, afin de les rendre plus acceptables pour certaines nations, races et religions, eurent simplement pour effet de rendre ces enseignements moins acceptables pour toutes les autres nations, races et religions. 149:2.2 Dans ses efforts pour attirer l’attention favorable de certains groupes de son époque sur les enseignements de Jésus, l’apôtre Paul écrivit de nombreuses lettres d’instructions et de recommandations. D’autres éducateurs de l’évangile de Jésus en firent autant, mais aucun d’eux n’imagina que ces écrits seraient ultérieurement réunis par ceux qui voudraient les présenter comme constituant les enseignements de Jésus. En conséquence, bien que ce qu’on appelle le christianisme contienne plus d’éléments de l’évangile du Maitre que toute autre religion, il contient aussi beaucoup de données que Jésus n’enseigna pas. Outre l’incorporation, dans le christianisme primitif, de nombreux enseignements des mystères persans et de beaucoup d’éléments de la philosophie grecque, deux grandes fautes furent commises : 149:2.3 1. L’effort pour relier directement l’enseignement de l’évangile à la théologie juive, tel qu’illustré par les doctrines chrétiennes de l’expiation, enseignant que Jésus était le Fils dont le sacrifice satisferait la sévère justice du Père et apaiserait le courroux divin. Ces enseignements naquirent de tentatives louables pour rendre l’évangile du royaume plus acceptable aux Juifs incrédules. Si ces efforts manquèrent leur but en ce qui concerne le ralliement des Juifs, ils ne manquèrent pas d’embrouiller et d’aliéner de nombreuses âmes sincères de toutes les générations ultérieures. 149:2.4 2. La seconde grande bévue des premiers disciples du Maitre, une erreur que toutes les générations ultérieures ont persisté à perpétuer, fut d’organiser la doctrine chrétienne aussi complètement autour de la personne de Jésus. Cet accent excessif mis sur la personnalité de Jésus, dans la théologie du christianisme, a contribué à obscurcir ses enseignements. Tout cela a rendu de plus en plus difficile aux Juifs, aux Mahométans, aux Hindous et aux autres religionistes orientaux d’accepter les enseignements de Jésus. Nous ne voudrions pas minimiser la place de sa personne dans une religion qui pourrait porter son nom, mais nous ne voudrions pas non plus permettre à cette considération d’éclipser sa vie inspirante ou de supplanter son message de salut : la paternité de Dieu et la fraternité des hommes. 149:2.5 Ceux qui enseignent la religion de Jésus devraient approcher les autres religions en reconnaissant les vérités qu’elles détiennent en commun (et dont beaucoup proviennent directement ou indirectement du message de Jésus) tout en s’abstenant d’insister pareillement sur les différences. 149:2.6 À ce moment-là, la renommée de Jésus reposait principalement sur sa réputation de guérisseur, mais il ne s’ensuit pas qu’il dût toujours en être ainsi. À mesure que le temps passait, on le rechercha de plus en plus pour son aide spirituelle. Toutefois, c’étaient les guérisons physiques qui exerçaient sur le peuple l’attrait le plus direct et le plus immédiat. L’aide de Jésus était de plus en plus demandée par les victimes de l’esclavage moral et des obsessions mentales ; il leur enseignait invariablement le chemin de la délivrance. Des pères recherchaient ses conseils pour diriger leurs fils, et des mères lui demandaient secours pour orienter leurs filles. Ceux qui siégeaient dans les ténèbres venaient vers lui, et il leur révélait la lumière de vie. Il prêtait toujours l’oreille aux infortunes de l’humanité et il aidait toujours quiconque recherchait son ministère. 149:2.7 Pendant que le Créateur lui-même était sur terre, incarné dans la similitude de la chair mortelle, il était inévitable que des choses extraordinaires se produisent. Cependant, on ne devrait jamais approcher Jésus au travers de ces évènements dits miraculeux. Apprenez à approcher les miracles par Jésus, mais ne commettez pas la faute d’approcher Jésus par les miracles. Cette recommandation est légitime, bien que Jésus de Nazareth soit l’unique fondateur de religion qui ait accompli sur terre des actes supramatériels. 149:2.8 Le trait le plus étonnant et le plus révolutionnaire de la mission terrestre de Micaël fut son attitude envers les femmes. À une époque et dans une génération où il était malséant pour un homme de saluer en public même sa propre femme, Jésus osa emmener des femmes pour enseigner l’évangile en liaison avec sa troisième tournée de prédication en Galilée. Et il eut le courage suprême de le faire en dépit de l’enseignement rabbinique qui proclamait : « Mieux vaut bruler les paroles de la loi que de les remettre à des femmes. » 149:2.9 En une seule génération, Jésus fit sortir les femmes d’un oubli irrespectueux et les libéra des corvées serviles des âges primitifs. C’est à la honte de la religion qui osa se qualifier du nom de Jésus, de n’avoir pas eu le courage moral de suivre ce noble exemple dans son attitude ultérieure envers les femmes. 149:2.10 Les gens auxquels Jésus se mêlait le trouvaient entièrement dégagé des superstitions de l’époque. Il était libre de préjugés religieux et n’était jamais intolérant. Rien dans son cœur ne ressemblait à un antagonisme social. Il se conformait à ce qui était bon dans la religion de ses ancêtres, mais n’hésitait pas à négliger les traditions humaines de superstition et de servitude. Il osa enseigner que les catastrophes de la nature, les accidents du temps et d’autres évènements calamiteux ne sont ni des châtiments du jugement divin ni des décrets mystérieux de la Providence. Il condamna la dévotion servile à des cérémonies dépourvues de sens, et dénonça le sophisme du culte matérialiste. Il proclama hardiment la liberté spirituelle des hommes et osa enseigner que les mortels incarnés sont, en fait et en vérité, des fils du Dieu vivant. 149:2.11 Jésus transcenda tous les enseignements de ses ancêtres lorsqu’il substitua audacieusement des cœurs sans souillure à des mains sans souillure, comme signes de la vraie religion. Il remplaça la tradition par la réalité et balaya toutes les prétentions de la vanité et de l’hypocrisie. Et, cependant, cet intrépide homme de Dieu ne donna pas libre cours à des critiques destructives, et ne manifesta pas un complet dédain pour les usages religieux, sociaux, économiques et politiques de son temps. Il n’était pas un révolutionnaire militant ; il était un évolutionniste progressiste. Il ne se lança dans la destruction de ce qui était qu’en offrant simultanément à ses compagnons la chose supérieure qui devrait être. 149:2.12 Jésus obtint l’obéissance de ses disciples sans l’exiger. Parmi tous les hommes qui reçurent son appel personnel, trois seulement refusèrent cette invitation à devenir ses disciples. Il exerçait un pouvoir d’attraction particulier sur les hommes, mais n’était pas dictatorial. Il inspirait la confiance, et jamais personne ne fut froissé de recevoir un ordre de lui. Il assumait une autorité absolue sur ses disciples, mais nul n’y fit jamais d’objection. Il permettait à ses disciples de l’appeler Maitre. 149:2.13 Le Maitre était admiré par tous ceux qu’il rencontrait, sauf par ceux qui entretenaient des préjugés religieux bien enracinés et par ceux qui croyaient discerner un danger politique dans ses enseignements. Les hommes étaient étonnés de l’originalité et de l’autorité de son enseignement. Ils s’émerveillaient de sa patience envers les arriérés et les importuns qui l’interrogeaient. Il inspirait de l’espoir et de la confiance au cœur de tous ceux qui bénéficiaient de son ministère. Seuls le craignaient ceux qui ne l’avaient jamais rencontré, et seuls le haïssaient ceux qui le considéraient comme le champion d’une vérité destinée à détruire le mal et l’erreur qu’ils avaient décidé de maintenir à tout prix dans leur cœur. 149:2.14 Sur ses amis comme sur ses ennemis, il exerçait une forte et particulière influence de fascination. Des multitudes le suivaient pendant des semaines, rien que pour entendre ses paroles bienveillantes et observer la simplicité de sa vie. Des hommes et des femmes dévoués aimaient Jésus d’une affection presque surhumaine, et mieux ils le connaissaient, plus ils l’aimaient, et tout ceci est resté vrai. Même aujourd’hui et dans tous les âges futurs, mieux un homme connaitra cet homme-Dieu, plus il l’aimera et voudra le suivre. 3. L’hostilité des chefs religieux 149:3.1 Malgré l’accueil favorable de Jésus et de ses enseignements par le commun du peuple, les chefs religieux de Jérusalem étaient de plus en plus alarmés et hostiles. Les pharisiens avaient élaboré une théologie systématique et dogmatique. Jésus enseignait selon les besoins du moment ; il n’était pas un éducateur systématique ; il enseignait par parabole, moins à partir de la loi que de la vie. (Quand il employait une parabole pour illustrer son message, il projetait de n’utiliser qu’un seul trait de l’histoire à cet effet. Beaucoup d’idées fausses sur l’enseignement de Jésus peuvent résulter de tentatives pour transformer ses paraboles en allégories.) 149:3.2 Les chefs religieux de Jérusalem devenaient presque fous de rage à la suite de la récente conversion du jeune Abraham et de la désertion des trois espions, qui avaient été baptisés par Pierre et accompagnaient maintenant les évangélistes dans la deuxième tournée de prédication en Galilée. Les dirigeants juifs étaient de plus en plus aveuglés par la peur et les préjugés, en même temps que leur cœur se durcissait par le rejet continuel des attrayantes vérités de l’évangile du royaume. Quand les hommes se refusent à faire appel à l’esprit qui habite en eux, on ne peut presque rien faire pour modifier leur attitude. 149:3.3 Lors de sa première rencontre avec les évangélistes au camp de Bethsaïde, Jésus leur avait dit en terminant son allocution : « N’oubliez pas que, corporellement et mentalement – c’est-à-dire émotionnellement – la réaction des hommes est individuelle. Leur seule uniformité est d’être habités par un esprit intérieur. Bien que ces esprits divins puissent varier quelque peu par la nature et l’étendue de leur expérience, ils réagissent uniformément à tous les appels spirituels. L’humanité ne pourra jamais parvenir à l’unité et à la fraternité autrement que par cet esprit et en faisant appel à lui. » Mais beaucoup de dirigeants juifs avaient fermé les portes de leur cœur à l’appel spirituel de l’évangile. À partir de ce jour, ils ne cessèrent plus de faire des plans et de comploter pour détruire le Maitre. Ils étaient convaincus qu’il fallait arrêter, condamner et exécuter Jésus en tant que criminel religieux, violateur des enseignements capitaux de la loi sacrée juive. 4. Déroulement de la tournée de prédication 149:4.1 Jésus œuvra très peu en public durant cette tournée de prédication, mais il dirigea de nombreuses classes du soir pour les croyants dans la plupart des villes et villages où il eut l’occasion de séjourner avec Jacques et Jean. À l’une de ces sessions du soir, un des jeunes évangélistes posa à Jésus une question sur la colère, et, dans sa réponse, le Maitre lui donna, entre autres, les indications suivantes : 149:4.2 « La colère est une manifestation matérielle qui représente, d’une manière générale, la mesure dans laquelle la nature spirituelle n’a pas réussi à dominer les natures intellectuelle et physique conjuguées. La colère indique votre manque d’amour fraternel tolérant, plus votre manque de respect de soi et de maitrise de soi. La colère épuise la santé, avilit le mental et handicape l’instructeur spirituel de l’âme de l’homme. N’avez-vous pas lu dans les Écritures que ‘le courroux tue l’homme stupide’ et que l’homme ‘se déchire lui-même dans sa colère’ ? Et que ‘celui qui est lent à la colère possède une grande compréhension’, tandis que ‘quiconque s’irrite rapidement exalte la folie’ ? Vous savez tous ‘qu’une réponse douce détourne le courroux’ et que ‘des paroles dures excitent la colère’. ‘La retenue ajourne la colère’, et ‘celui qui ne se contrôle pas lui-même ressemble à une ville sans défense et sans remparts’. ‘Le courroux est cruel et la colère est outrageante.’ ‘Les hommes irrités fomentent la dispute, tandis que les furieux multiplient leurs transgressions.’ ‘Ne soyez pas hâtifs en esprit, car la colère repose dans le sein des fous.’ » Avant de terminer, Jésus dit encore : « Que votre cœur soit dominé par l’amour, afin que votre guide spirituel n’ait pas trop de peine à vous délivrer de la tendance à laisser éclater des accès de colère animale incompatibles avec le statut de filiation divine. » 149:4.3 À cette même occasion, le Maitre exposa au groupe l’avantage de posséder un caractère bien équilibré. Il reconnut la nécessité, pour la plupart des hommes, de se consacrer à la maitrise d’une profession quelconque, mais il déplora toutes les tendances à la spécialisation excessive conduisant à l’étroitesse d’esprit et à la limitation des activités de la vie. Il attira l’attention sur le fait que toute vertu, si elle est portée à l’extrême, peut devenir un vice. Jésus prêcha toujours la modération et enseigna le bon sens – donner aux problèmes de la vie leur juste proportion. Il fit remarquer qu’un excès de compassion et de pitié peut dégénérer en une grave instabilité émotive, et que l’enthousiasme peut aboutir au fanatisme. Il parla d’un de leurs anciens associés que son imagination avait entrainé dans des entreprises visionnaires et irréalisables. En même temps, il les mit en garde contre les dangers de la monotonie d’une médiocrité trop conservatrice. 149:4.4 Puis Jésus discourut sur les dangers du courage et de la foi, et la manière dont ces qualités conduisent parfois des âmes irréfléchies à la témérité et à la présomption. Il montra également comment la prudence et la discrétion, quand elles sont poussées trop loin, conduisent à la lâcheté et à l’insuccès. Il exhorta ses auditeurs à s’efforcer d’être originaux, tout en évitant la tendance à l’excentricité. Il plaida en faveur de la sympathie dépourvue de sentimentalité et de la piété sans bigoterie. Il enseigna un respect dégagé de la peur et de la superstition. 149:4.5 Ce ne fut pas tant l’enseignement de Jésus sur l’équilibre du caractère qui impressionna ses associés mais plutôt le fait que sa propre vie était une expression si éloquente de son enseignement. Il vécut au milieu de la tension et de l’orage, mais ne chancela jamais. Ses ennemis lui tendirent continuellement des pièges, mais ne réussirent jamais à l’y prendre. Les sages et les érudits s’efforcèrent de le trouver en défaut, mais il ne trébucha pas. Ils cherchèrent à l’embrouiller dans des discussions, mais ses réponses étaient toujours illuminantes, pleines de dignité et définitives. Quand il était interrompu dans ses discours par de multiples questions, ses réponses étaient toujours significatives et concluantes. Jamais il n’eut recours à de viles tactiques pour faire face à la pression continuelle de ses ennemis qui n’hésitaient pas à recourir à toutes sortes de mensonges, d’injustices et d’iniquités dans leurs attaques contre lui. 149:4.6 Il est exact que beaucoup d’hommes et de femmes doivent pratiquer assidument un métier bien défini pour gagner leur subsistance ; il est néanmoins entièrement désirable que les êtres humains cultivent un vaste champ de connaissances culturelles sur la vie, telle qu’elle est vécue sur terre. Les personnes réellement éduquées ne se satisfont pas de rester dans l’ignorance sur la vie et les agissements de leurs semblables. 5. Leçon sur le contentement 149:5.1 Un jour où Jésus visitait le groupe d’évangélistes travaillant sous la direction de Simon Zélotès, celui-ci demanda au Maitre, au cours de la conférence du soir : « Pourquoi certaines personnes sont-elles tellement plus heureuses et contentes que d’autres ? Le contentement est-il une affaire d’expérience religieuse ? » Jésus répondit à la question de Simon en donnant, entre autres, les indications suivantes : 149:5.2 « Simon, certaines personnes sont par nature plus heureuses que d’autres. Cela dépend beaucoup, vraiment beaucoup, de la bonne volonté de l’homme à se laisser conduire et diriger par l’esprit du Père qui vit en lui. N’as-tu pas lu dans les Écritures ces paroles du sage : ‘L’esprit de l’homme est la lampe du Seigneur scrutant tout son domaine intérieur’ ? Et aussi que ces mortels ainsi guidés par l’esprit disent : ‘Les cordeaux sont tombés sur moi en des lieux agréables ; oui, un bon héritage m’est échu.’ ‘Le peu que possède un juste vaut mieux que les richesses de beaucoup de méchants’, car ‘un homme de bien tirera sa satisfaction de lui-même’. ‘Un cœur joyeux rend le visage serein ; il est une fête continuelle. Mieux vaut un peu de biens avec le respect du Seigneur qu’un grand trésor accompagné d’ennuis. Mieux vaut un repas de légumes avec de l’amour qu’un bœuf gras accompagné de haine. Mieux valent de petites ressources avec droiture que de grands revenus sans rectitude.’ ‘Un cœur joyeux fait du bien comme un médicament.’ ‘Mieux vaut posséder une poignée de grains avec quiétude qu’une surabondance de biens avec des chagrins et des vexations d’esprit.’ 149:5.3 « Les chagrins des hommes proviennent, en grande partie, de leurs ambitions déçues et des blessures infligées à leur orgueil. Les hommes se doivent à eux-mêmes de mener aussi bien que possible leur vie sur terre, mais, lorsqu’ils ont fait de sincères efforts dans ce sens, ils devraient accepter gaiement leur sort et faire montre d’ingéniosité pour tirer le meilleur parti de ce qui leur est échu. Une trop grande partie des difficultés des hommes tire son origine de la profonde peur instinctive de leur cœur. ‘Le méchant s’enfuit alors que nul ne le poursuit.’ ‘Les méchants ressemblent à une mer agitée, car elle ne peut se reposer, mais ses eaux rejettent de la boue et de la vase ; il n’y a pas de paix, dit Dieu, pour les méchants.’ 149:5.4 « Ne recherchez donc pas une paix trompeuse et une joie temporaire, mais plutôt l’assurance de la foi et la sécurité de la filiation divine, qui donnent la quiétude, le contentement et la joie suprême dans l’esprit. » 149:5.5 Jésus ne considérait guère ce monde comme une « vallée de larmes », mais plutôt comme la « vallée de création des âmes », la sphère natale des esprits éternels et immortels destinés à monter au Paradis. 6. La « crainte du Seigneur » 149:6.1 Ce fut à Gamala, durant la conférence du soir, que Philippe dit à Jésus : « Maitre, pourquoi les Écritures nous ordonnent-elles de ‘craindre le Seigneur’, alors que tu voudrais que nous nous tournions sans crainte vers le Père qui est aux cieux ? Comment pouvons-nous concilier ces enseignements ? » Jésus répondit à Philippe en disant : 149:6.2 « Mes enfants, je ne suis pas surpris que vous posiez de telles questions. Au commencement, c’est seulement par la peur que l’homme pouvait apprendre le respect ; mais je suis venu révéler l’amour du Père afin que vous soyez incités à adorer l’Éternel par l’attrait de la reconnaissance affectueuse d’un fils et la réciprocité de l’amour parfait et profond du Père. Je voudrais vous délivrer de l’esclavage consistant à vous soumettre, par peur servile, au service fastidieux d’un Dieu-Roi jaloux et courroucé. Je voudrais vous apprendre les relations de Père à fils entre Dieu et les hommes, de manière à vous conduire joyeusement à la libre adoration sublime et céleste d’un Dieu-Père affectueux, juste et miséricordieux. 149:6.3 « La ‘crainte du Seigneur’ a eu différentes significations dans les âges successifs ; elle a commencé par la peur, continué par l’angoisse et la frayeur, et fini par la crainte et le respect. Partant du respect, je voudrais maintenant vous élever à l’amour en vous le faisant reconnaitre, réaliser et apprécier. Quand l’homme ne reconnait que les œuvres de Dieu, il est conduit à avoir peur du Suprême ; quand il commence à comprendre et à connaitre par expérience la personnalité et le caractère du Dieu vivant, il est conduit à aimer de plus en plus ce bon et parfait Père universel et éternel. C’est précisément ce changement de relation entre l’homme et Dieu qui constitue la mission du Fils de l’Homme sur terre. 149:6.4 « Des enfants intelligents ne cherchent pas à obtenir de larges dons de leur père par des manifestations de crainte. L’affection du père pour ses fils et ses filles lui a déjà dicté de leur donner une abondance de bonnes choses. Les ayant reçues d’avance, ces enfants bien-aimés sont conduits à aimer leur père en faisant montre de gratitude et d’appréciation pour cette générosité bienfaisante. La bonté de Dieu conduit à la repentance ; la bienfaisance de Dieu conduit au service ; la miséricorde de Dieu conduit au salut ; alors que l’amour de Dieu conduit à l’adorer intelligemment de tout cœur. 149:6.5 « Vos ancêtres craignaient Dieu parce qu’il était puissant et mystérieux. Vous l’adorerez parce qu’il est magnifique en amour, généreux en miséricorde et glorieux en vérité. La puissance de Dieu fait naitre la peur dans le cœur humain, mais la noblesse et la droiture de sa personnalité engendrent le respect, l’amour et l’adoration spontanée. Un fils affectueux et déférent ne craint ni ne redoute un père, même puissant et noble. Je suis venu dans le monde pour remplacer la peur par l’amour, le chagrin par la joie, la crainte par la confiance, l’esclavage servile et les cérémonies dépourvues de sens par le service expression de l’amour et l’adoration appréciative. Il reste cependant vrai, pour ceux qui siègent dans les ténèbres, que ‘la crainte du Seigneur est le commencement de la sagesse.’ Quand la lumière brillera plus pleinement, les fils de Dieu seront amenés à louer l’Infini pour ce qu’il est, plutôt qu’à le craindre pour ce qu’il fait. 149:6.6 « Quand les enfants sont jeunes et étourdis, il faut bien qu’ils soient réprimandés pour respecter leurs parents ; mais, quand ils grandissent et commencent à mieux apprécier les bienfaits du ministère et de la protection de leurs parents, un respect compréhensif et une affection croissante les élèvent à un niveau d’expérience où ils aiment effectivement leurs parents pour ce qu’ils sont, plus que pour ce qu’ils ont fait. Le père aime naturellement son enfant, mais l’enfant doit développer son amour pour son père en commençant par la peur de ce que le père peut faire, puis en continuant par la crainte, la frayeur, la dépendance et le respect, jusqu’à la considération et l’appréciation affectueuse de l’amour. 149:6.7 « On vous a enseigné qu’il faut ‘craindre Dieu et observer ses commandements, car c’est là tout le devoir de l’homme’. Or, je suis venu vous donner un commandement nouveau et supérieur. Je voudrais vous enseigner à ‘aimer Dieu et à apprendre à faire sa volonté, car c’est le plus grand privilège des fils de Dieu libérés’. On a appris à vos pères à ‘craindre Dieu – le Roi Tout-Puissant’. Moi, je vous enseigne : ‘Aimez Dieu – le Père infiniment miséricordieux.’ 149:6.8 « Dans le royaume des cieux, que je suis venu proclamer, il n’y a pas de roi élevé et puissant ; ce royaume est une famille divine. Le centre et le chef, universellement reconnu et adoré sans réserve, de cette vaste fraternité d’êtres intelligents est mon Père et votre Père. Je suis son Fils, et vous êtes également ses fils. Il est donc éternellement vrai que vous et moi, nous sommes frères dans l’état céleste, et cela d’autant plus que nous sommes devenus frères incarnés dans la vie terrestre. Cessez donc de craindre Dieu comme un roi ou de le servir comme un maitre ; apprenez à le respecter comme le Créateur ; honorez-le comme Père de votre jeunesse spirituelle ; aimez-le comme un défenseur miséricordieux ; et, finalement, adorez-le comme le Père aimant et infiniment sage de votre épanouissement dans la maturité et l’appréciation spirituelles. 149:6.9 « Vos fausses conceptions du Père céleste donnent naissance à vos idées erronées sur l’humilité et à une grande partie de votre hypocrisie. L’homme est peut-être un ver de terre par sa nature et son origine, mais, lorsqu’il est habité par l’esprit de mon Père, cet homme devient divin par sa destinée. L’esprit effusé par mon Père retournera sûrement à sa source divine et au niveau universel de son origine. Et l’âme humaine de l’homme mortel qui sera devenue l’enfant né à nouveau de cet esprit intérieur s’élèvera certainement avec l’esprit divin jusqu’à la présence même du Père éternel. 149:6.10 « Certes, l’humilité sied aux mortels qui reçoivent tous ces dons du Père qui est aux cieux, bien qu’une dignité divine soit attachée à tous les candidats par la foi à l’ascension éternelle du royaume des cieux. Les pratiques serviles et dépourvues de sens d’une fausse humilité ostentatoire sont incompatibles avec l’appréciation de la source de votre salut et la récognition de la destinée de vos âmes nées d’esprit. Il sied parfaitement d’être humble devant Dieu dans le fond de votre cœur ; la modestie devant les hommes est louable ; mais l’hypocrisie d’une humilité consciente de soi et cherchant à attirer l’attention est infantile et indigne des fils éclairés du royaume. 149:6.11 « Vous faites bien d’être modestes devant Dieu et de vous contrôler devant les hommes, mais il faut que votre modestie ait une origine spirituelle et ne soit pas l’étalage illusoire d’un sens autoconscient de supériorité satisfaite d’elle-même. Le prophète a sagement parlé en disant : ‘Marchez humblement avec Dieu’, car, bien que le Père céleste soit l’Infini et l’Éternel, il habite aussi ‘chez celui qui a un mental repentant et un esprit humble’. Mon Père dédaigne l’orgueil, exècre l’hypocrisie et abhorre l’iniquité. C’est pour faire ressortir la valeur de la sincérité et de la parfaite confiance dans le soutien affectueux et les fidèles directives du Père céleste que j’ai si souvent fait allusion aux petits enfants, pour illustrer l’attitude mentale et la réaction spirituelle qui sont si essentielles pour permettre aux mortels d’entrer dans les réalités spirituelles du royaume des cieux. 149:6.12 « Le prophète Jérémie a bien décrit beaucoup de mortels en disant : ‘Vous êtes proches de Dieu par la bouche, mais loin de lui dans votre cœur.’ N’avez-vous pas également lu le lugubre avertissement du prophète qui a dit : ‘Les prêtres de ce genre enseignent pour un salaire, et les prophètes prédisent pour de l’argent. En même temps, ils font profession de piété et proclament que le Seigneur est avec eux’ ? N’avez-vous pas été bien mis en garde contre ceux ‘qui parlent de paix à leurs voisins quand la malice est dans leur cœur’, contre ceux ‘qui flattent des lèvres alors que leur cœur joue double jeu’ ? Parmi tous les chagrins pour un homme confiant, il n’y en a pas de plus terrible que d’être ‘blessé dans la maison d’un ami en qui il avait confiance.’ » 7. Retour à Bethsaïde 149:7.1 Après avoir consulté Simon Pierre et reçu l’approbation de Jésus, André avait chargé David, à Bethsaïde, d’envoyer des messagers aux divers groupes de prédicateurs, avec instruction de terminer leur tournée et de revenir à Bethsaïde dans la journée du jeudi 30 décembre. À l’heure du souper en ce jour pluvieux, tout le groupe apostolique et les éducateurs évangélistes étaient arrivés chez Zébédée. 149:7.2 Le groupe passa ensemble le jour du sabbat et logea dans des foyers de Bethsaïde et de Capharnaüm, la ville voisine. Ensuite, le groupe entier fut gratifié de quinze jours de vacances pour que ses membres puissent se rendre dans leur famille, visiter leurs amis ou aller à la pêche. Les deux ou trois jours où le groupe resta réuni à Bethsaïde furent vraiment tonifiants et inspirants ; même les anciens éducateurs furent édifiés en entendant les jeunes prédicateurs raconter leurs expériences. 149:7.3 Parmi les 117 évangélistes, qui participèrent à cette deuxième tournée de prédication en Galilée, environ 75 seulement réussirent à passer l’épreuve de l’expérience effective et se trouvèrent disponibles pour recevoir une affectation à l’expiration des deux semaines de congé. Jésus resta chez Zébédée avec André, Pierre, Jacques et Jean, et passa beaucoup de temps en conférence avec eux au sujet de la prospérité et de l’expansion du royaume. FASCICULE 150. La troisième tournée de prédication 150:0.1 Le dimanche soir 16 janvier de l’an 29, Abner arriva à Bethsaïde avec les apôtres de Jean et, le lendemain, il tint une conférence commune avec André et les apôtres de Jésus. Abner et ses associés établirent leur quartier général à Hébron et prirent l’habitude de venir périodiquement à Bethsaïde pour des conférences de ce genre. 150:0.2 Parmi les nombreuses questions étudiées à cette conférence commune, figura la pratique d’oindre les malades avec certaines sortes d’huiles, en liaison avec des prières pour la guérison. De nouveau, Jésus refusa de participer à la discussion ou de donner son avis sur les conclusions. Les apôtres de Jean avaient toujours utilisé l’huile d’onction dans leur ministère auprès des malades et des affligés. Ils cherchaient à faire adopter cette pratique comme ligne de conduite uniforme pour les deux groupes, mais les apôtres de Jésus refusèrent de se laisser lier par une telle règle. 150:0.3 Le mardi 18 janvier, ceux des évangélistes qui avaient passé l’épreuve, au nombre d’environ soixante-quinze, se joignirent aux vingt-quatre chez Zébédée, à Bethsaïde, pour se préparer à la troisième tournée de prédication en Galilée ; cette troisième mission dura sept semaines. 150:0.4 Les évangélistes furent envoyés en mission par groupes de cinq, tandis que Jésus et les douze se déplacèrent ensemble la plupart du temps. Les apôtres allaient deux par deux baptiser les croyants selon les nécessités du moment. Pendant près de trois semaines, Abner et ses associés travaillèrent aussi avec les groupes d’évangélistes, leur donnant des conseils et baptisant des croyants. Ils visitèrent Magdala, Tibériade, Nazareth et toutes les principales villes et villages du centre et du sud de la Galilée, tous les endroits précédemment visités et beaucoup d’autres encore. Ce fut leur dernier message à la Galilée, sauf pour le nord du pays. 1. Le groupe des femmes évangélistes 150:1.1 Parmi tous les actes audacieux accomplis par Jésus en liaison avec sa carrière terrestre, le plus stupéfiant fut son annonce soudaine, dans la soirée du 16 janvier : « Demain matin, nous sélectionnerons dix femmes pour travailler au ministère du royaume. » Au commencement de la quinzaine où les apôtres et les évangélistes devaient s’absenter de Bethsaïde pour leurs vacances, Jésus pria David de faire revenir ses parents à la maison et d’envoyer des messagers convoquant, à Bethsaïde, dix femmes dévouées qui avaient précédemment servi dans l’administration du camp et à l’infirmerie dans les tentes. Ces femmes avaient toutes écouté les leçons données aux jeunes évangélistes, mais jamais ni elles ni leurs instructeurs n’avaient imaginé que Jésus oserait charger des femmes d’enseigner l’évangile du royaume et de soigner les malades. Voici les noms de ces dix femmes choisies et mandatées par Jésus : Suzanne, la fille de l’ancien chazan de la synagogue de Nazareth ; Jeanne, la femme de Chuza l’intendant d’Hérode Antipas ; Élisabeth, la fille d’un riche juif de Tibériade et de Sepphoris ; Marthe, la sœur ainée d’André et de Pierre ; Rachel, la belle-sœur de Jude, frère de sang de Jésus ; Nasanta, la fille d’Elman, le médecin syrien ; Milcha, une cousine de l’apôtre Thomas ; Ruth, la fille ainée de Matthieu Lévi ; Celta, la fille d’un centurion romain ; et Agaman, une veuve de Damas. Ultérieurement, Jésus ajouta deux autres femmes à ce groupe – Marie-Madeleine et Rébecca, la fille de Joseph d’Arimathie. 150:1.2 Jésus autorisa ces femmes à établir leur propre organisation et chargea Judas de leur procurer des fonds pour s’équiper et acheter des bêtes de somme. Les dix élurent Suzanne comme chef et Jeanne comme trésorière. À partir de ce moment-là, elles pourvurent à leurs propres besoins et n’eurent plus jamais recours à l’aide de Judas. 150:1.3 À cette époque, il n’était même pas permis aux femmes de se tenir dans l’enceinte principale de la synagogue ; elles étaient confinées dans la galerie des femmes. Ce fut un évènement des plus étonnants de les voir admises comme éducatrices autorisées du nouvel évangile du royaume. La mission que Jésus confia à ces dix femmes, en les sélectionnant pour l’enseignement et pour le ministère de l’évangile, fut la proclamation d’émancipation qui libérait toutes les femmes pour toujours ; les hommes devaient cesser de considérer les femmes comme spirituellement inférieures à eux. Ce fut nettement un choc, même pour les douze apôtres. Ils avaient maintes fois entendu le Maitre dire que « dans le royaume des cieux, il n’y a ni riche ni pauvre, ni homme libre ni esclave, ni homme ni femme, mais tous sont également les fils et les filles de Dieu ». Malgré cela, les apôtres furent littéralement frappés de stupeur lorsque Jésus proposa officiellement de nommer ces dix femmes comme éducatrices religieuses, et même de leur permettre de voyager avec eux. Tout le pays fut mis en émoi par cette façon d’agir, et les ennemis de Jésus tirèrent grand parti de cette décision. Mais, partout, les femmes qui croyaient à la bonne nouvelle soutinrent résolument leurs sœurs choisies et approuvèrent partout, sans hésitation, cette reconnaissance tardive de la place des femmes dans l’œuvre religieuse. Immédiatement après le départ du Maitre, les apôtres mirent en pratique cette libération des femmes en leur accordant la place qui convenait, mais les générations suivantes retournèrent aux anciennes coutumes. Durant toute l’époque primitive de l’Église chrétienne, les femmes éducatrices et ministres furent appelées diaconesses, et on leur accorda une récognition générale. Quant à Paul, il accepta bien la chose en théorie, mais ne l’incorpora jamais réellement dans son attitude et trouva personnellement difficile de la mettre en pratique. 2. L’arrêt à Magdala 150:2.1 Quand le groupe apostolique partit de Bethsaïde, les femmes voyagèrent à l’arrière-garde. Durant les conférences, elles s’asseyaient toujours en groupe, en avant et à droite de l’orateur. Des femmes en nombre croissant s’étaient mises à croire à l’évangile du royaume. Quand elles voulaient avoir un entretien personnel avec Jésus ou l’un des apôtres, c’était une source de grandes difficultés et d’embarras sans fin. Maintenant, tout était changé. Quand l’une des croyantes voulait voir le Maitre ou conférer avec les apôtres, elle allait trouver Suzanne, qui la faisait accompagner par l’une des douze femmes évangélistes, toutes deux se rendaient aussitôt auprès du Maitre ou l’un de ses apôtres. 150:2.2 Ce fut à Magdala que les femmes démontrèrent, pour la première fois, leur utilité et justifièrent la sagesse qui les avait fait choisir. André avait imposé à ses associés des règles plutôt strictes pour la coopération personnelle avec des femmes, surtout avec celles de réputation douteuse. Lorsque la compagnie arriva à Magdala, les dix femmes évangélistes furent libres d’entrer dans les mauvais lieux et de prêcher directement la bonne nouvelle à toutes les pensionnaires. Et, quand elles visitèrent les malades, il leur était possible, dans leur ministère, d’entrer dans l’intimité de leurs sœurs éprouvées. À la suite du ministère de ces dix femmes (ultérieurement connues comme les douze femmes) dans cette ville, Marie la Magdaléenne fut gagnée au royaume. Par une succession de malheurs, et comme conséquence de l’attitude de la bonne société envers les femmes qui commettent de semblables erreurs de jugement, cette femme avait échoué dans l’un des mauvais lieux de Magdala. Ce furent Marthe et Rachel qui lui expliquèrent que les portes du royaume étaient ouvertes même à ses pareilles. Marie crut la bonne nouvelle et fut baptisée le lendemain par Pierre. 150:2.3 Marie-Madeleine devint l’éducatrice la plus efficace de l’évangile parmi le groupe de ces douze femmes évangélistes. Elle fut choisie pour ce service à Jotapata, avec Rébecca, environ quatre semaines après sa conversion. Durant tout le reste de la vie terrestre de Jésus, Marie, Rébecca et leurs compagnes continuèrent à travailler fidèlement et efficacement pour éclairer et relever leurs sœurs opprimées. Quand la dernière et tragique scène du drame de la vie de Jésus se jouait, et bien que tous les apôtres, sauf un, se fussent enfuis, ces femmes restèrent toutes à leur poste et aucune d’entre elles ne le renia ni ne le trahit. 3. Un sabbat à Tibériade 150:3.1 Les offices du sabbat du groupe apostolique avaient été confiés aux soins des femmes par André, sur instructions de Jésus. Bien entendu, cela signifiait qu’ils ne pouvaient être célébrés dans la nouvelle synagogue. Les femmes désignèrent Jeanne pour prendre les choses en mains à cette occasion, et la réunion se tint dans la salle des banquets du nouveau palais d’Hérode, qui était absent pour un séjour à Juliade en Pérée. Jeanne lut des passages des Écritures concernant l’œuvre des femmes dans la vie religieuse d’Israël, en se référant à Miriam, Déborah, Esther et plusieurs autres. 150:3.2 Tard dans la soirée, Jésus fit au groupe réuni une mémorable allocution sur « La Magie et la Superstition ». À cette époque, l’apparition d’une étoile brillante et supposée nouvelle était considérée comme le signe qu’un grand homme était né sur terre. On avait observé récemment l’une de ces étoiles, et André demanda à Jésus si ces croyances étaient bien fondées. Dans sa longue réponse à la question d’André, le Maitre se lança dans une analyse approfondie de tout le sujet de la superstition humaine. On peut résumer comme suit, en langage moderne, l’exposé de Jésus en cette occasion : 150:3.3 1. Les orbites des étoiles dans le ciel n’ont absolument aucun rapport avec les évènements de la vie humaine sur terre. L’astronomie est étudiée à juste titre par la science, mais l’astrologie est une masse d’erreurs superstitieuses qui n’a pas sa place dans l’évangile du royaume. 150:3.4 2. L’examen des entrailles d’un animal récemment tué ne peut rien révéler sur le temps, ni sur les évènements futurs, ni sur le résultat des affaires humaines. 150:3.5 3. L’esprit d’un mort ne revient pas communiquer avec sa famille ou avec ses anciens amis encore en vie. 150:3.6 4. Les amulettes et les reliques sont impuissantes à guérir les maladies, à empêcher les désastres ou à influencer les mauvais esprits. La croyance à ces moyens matériels pour agir sur le monde spirituel n’est rien d’autre qu’une grossière superstition. 150:3.7 5. Le tirage au sort est peut-être une bonne méthode pour régler de nombreuses difficultés mineures, mais ce n’est pas une méthode destinée à dévoiler la volonté divine. Ces résultats sont purement une affaire de hasard matériel. Le seul moyen de communier avec le monde spirituel est inclus dans la dotation d’esprit de l’humanité ; c’est l’esprit intérieur du Père, accompagné de l’esprit répandu du Fils et de l’influence omniprésente de l’Esprit Infini. 150:3.8 6. La divination, la sorcellerie et les envoutements sont des superstitions d’un mental ignorant, comme le sont aussi les illusions de magie. La croyance aux nombres magiques, présages de bonne chance et annonciateurs de malchance, est une pure superstition dépourvue de fondement. 150:3.9 7. L’interprétation des rêves est largement un système sans base et superstitieux de spéculations ignorantes et fantastiques. L’évangile du royaume ne doit rien avoir de commun avec les prêtres-devins de la religion primitive. 150:3.10 8. Les esprits du bien et du mal ne peuvent habiter dans des symboles matériels d’argile, de bois ou de métal. Les idoles ne sont rien de plus que la matière dont elles sont faites. 150:3.11 9. Les pratiques des enchanteurs, des devins, des magiciens et des sorciers furent tirées des superstitions des Égyptiens, des Assyriens, des Babyloniens et des anciens Cananéens. Les amulettes et toutes les sortes d’incantations ne servent à rien, ni pour gagner la protection des bons esprits, ni pour conjurer des esprits supposés mauvais. 150:3.12 10. Jésus exposa et condamna la croyance de ses auditeurs aux envoutements, aux ordalies, aux ensorcellements, aux malédictions, aux signes, aux mandragores, aux cordes à nœuds et à toutes les autres formes de superstition assujettissantes et dues à l’ignorance. 4. L’envoi des apôtres deux par deux 150:4.1 Le lendemain soir, après avoir réuni ses douze apôtres, ceux de Jean et le groupe des femmes récemment chargé de mission, Jésus leur dit : « Vous voyez par vous-mêmes que la moisson est abondante, mais que les ouvriers sont peu nombreux. Donc, prions tous le Seigneur de la moisson d’envoyer encore plus d’ouvriers dans ses champs. Pendant que je resterai ici pour encourager et instruire les jeunes éducateurs, je voudrais envoyer les anciens deux par deux passer rapidement dans toute la Galilée en prêchant l’évangile du royaume pendant qu’ils peuvent encore le faire commodément et paisiblement. » Puis il désigna, comme suit, les paires d’apôtres qu’il désirait envoyer en mission : André et Pierre, Jacques et Jean Zébédée, Philippe et Nathanael, Thomas et Matthieu, Jacques et Judas Alphée, Simon Zélotès et Judas Iscariot. 150:4.2 Jésus fixa la date où il retrouverait les douze à Nazareth, et dit au moment de la séparation : « Au cours de cette mission, n’allez dans aucune ville des Gentils, ni en Samarie ; allez plutôt rechercher les brebis perdues de la maison d’Israël. Prêchez l’évangile du royaume et proclamez la vérité salvatrice que l’homme est un fils de Dieu. Souvenez-vous que le disciple ne peut guère s’élever au-dessus de son maitre et qu’un serviteur n’est pas plus grand que son seigneur. Il suffit au disciple d’égaler son maitre et au serviteur de devenir semblable à son seigneur. Si certains ont osé qualifier le maitre de la maison d’associé de Belzébuth, à combien plus forte raison considéreront-ils ainsi les gens de sa maison ! Mais vous n’avez pas à craindre ces ennemis incroyants. Je vous déclare qu’il n’y a rien de secret qui ne doive être révélé, ni rien de caché qui ne doive être connu. Ce que je vous ai enseigné en privé, prêchez-le avec sagesse en public. Ce que je vous ai révélé à l’intérieur de la maison, vous le crierez en son temps sur les toits. Et je vous dis, mes amis et mes disciples, ne craignez pas ceux qui peuvent tuer le corps, mais ne peuvent détruire l’âme ; mettez plutôt votre confiance dans Celui qui est capable de soutenir le corps et de sauver l’âme. 150:4.3 « Ne vend-on pas deux passereaux pour un denier ? Pourtant, je vous déclare qu’aucun d’eux n’est oublié de Dieu. Ne savez-vous pas que même les cheveux de votre tête sont tous comptés ? Ne craignez donc pas ; vous valez plus qu’un grand nombre de passereaux. N’ayez pas honte de mon enseignement ; allez proclamer la paix et la bonne volonté, mais ne vous y trompez pas – la paix n’accompagnera pas toujours votre prédication. Je suis venu apporter la paix sur terre, mais, quand les hommes rejettent mon présent, la division et le désordre s’ensuivent. Si tous les membres d’une famille reçoivent l’évangile du royaume, la paix demeure véritablement dans cette maison. Mais, si certains membres de la famille entrent dans le royaume et si d’autres rejettent l’évangile, une telle division ne peut produire que chagrin et tristesse. Travaillez sérieusement à sauver la famille tout entière, de crainte que les hommes n’aient aussi pour ennemis les membres de leur propre maison. Mais, quand vous aurez fait tout votre possible pour tous les membres de chaque famille, je vous déclare que quiconque aime son père ou sa mère plus que cet évangile n’est pas digne du royaume. » 150:4.4 Après avoir entendu ces paroles, les douze se préparèrent à partir. Ils ne se revirent plus jusqu’au jour où ils se rassemblèrent à Nazareth pour retrouver Jésus et les autres disciples, comme le Maitre en avait convenu. 5. Que dois-je faire pour être sauvé ? 150:5.1 Un soir, à Sunem, après que les apôtres de Jean furent retournés à Hébron et que ceux de Jésus eurent été envoyés en mission deux par deux, le Maitre s’occupait d’enseigner un groupe de douze jeunes évangélistes, travaillant sous la direction de Jacob et le groupe des douze femmes, lorsque Rachel lui posa la question suivante : « Maitre, que devons-nous répondre lorsqu’une femme nous demande : Que dois-je faire pour être sauvée ? » Quand Jésus entendit cette question, il répondit : 150:5.2 « Quand des hommes et des femmes vous demanderont ce qu’il faut faire pour être sauvés, vous répondrez : Croyez à cet évangile du royaume, acceptez le pardon divin. Reconnaissez, par la foi, l’esprit intérieur de Dieu dont l’acceptation vous rend fils de Dieu. N’avez-vous pas lu dans les Écritures les passages disant : ‘Ma droiture et ma force résident dans le Seigneur.’ Et aussi ceux où le Père dit : ‘Ma justice est proche, mon salut est manifesté et mes bras entoureront mon peuple.’ ‘Mon âme se réjouira de l’amour de mon Dieu, car il m’a revêtu des vêtements du salut et m’a couvert de la tunique de sa droiture.’ N’avez-vous pas également lu que l’on appellera le Père ‘le Seigneur de notre droiture.’ ‘Enlevez les haillons du pharisaïsme et revêtez mon fils de la robe de la justice divine et du salut éternel.’ Il est perpétuellement vrai que ‘le juste vivra par sa foi.’ L’entrée dans le royaume du Père est entièrement libre, mais le progrès – la croissance en grâce – est indispensable pour y rester. 150:5.3 « Le salut est le don du Père, et il est révélé par ses Fils. Son acceptation de votre part, par la foi, fait de vous un participant de la nature divine, un fils ou une fille de Dieu. Par la foi, vous êtes justifiés ; par la foi, vous êtes sauvés ; et, par cette même foi, vous avancez éternellement dans le chemin de la perfection progressive et divine. Abraham fut justifié par la foi et rendu conscient du salut par les enseignements de Melchizédek. Tout au long des âges, cette même foi a sauvé les fils des hommes, mais, aujourd’hui, un Fils est venu du Père pour rendre le salut plus réel et plus acceptable. » 150:5.4 Quand Jésus s’arrêta, ceux qui avaient entendu ces paroles pleines de grâce furent remplis d’une grande joie et, au cours des journées suivantes, ils proclamèrent l’évangile du royaume avec une nouvelle puissance et une énergie et un enthousiasme renouvelés. Les femmes se réjouirent d’autant plus de savoir qu’elles étaient incluses dans ces plans pour établir le royaume sur terre. 150:5.5 Jésus se résuma en disant : « On ne peut ni acheter le salut ni gagner la droiture. Le salut est le don de Dieu et la droiture est le fruit naturel de la vie née d’esprit, vie de filiation dans le royaume. Vous ne serez pas sauvés pour avoir vécu une vie de droiture ; si vous la vivez, c’est plutôt parce que vous avez déjà été sauvés, parce que vous avez reconnu la filiation comme le don de Dieu, et le service dans le royaume comme le délice suprême de la vie terrestre. Quand les hommes croient à cet évangile, qui est une révélation de la bonté de Dieu, ils sont amenés à se repentir volontairement de tous les péchés connus. La réalisation de la filiation est incompatible avec le désir de pécher. Ceux qui croient au royaume ont faim de droiture et soif de perfection divine. » 6. Les leçons du soir 150:6.1 Au cours des discussions du soir, Jésus aborda de nombreux sujets. Durant le reste de cette tournée – avant la réunion générale à Nazareth – il traita « L’amour de Dieu », « Rêves et Visions », « Malveillance », « Humilité et Modestie », « Courage et Loyauté », « Musique et Culte », « Service et Obéissance », « Orgueil et Présomption », « Rapports entre le Pardon et le Repentir », « Paix et Perfection », « Médisance et Envie », « Mal, Péché et Tentation », « Doutes et Incroyance », « Sagesse et Adoration ». Les anciens apôtres étant absents, les groupes plus récents d’hommes et de femmes participaient plus librement à ces discussions avec le Maitre. 150:6.2 Après avoir passé deux ou trois jours avec un groupe de douze évangélistes, Jésus allait rejoindre un autre groupe. Les messagers de David l’informaient des lieux de séjour et des mouvements de tous ces travailleurs. Une bonne partie du temps, les femmes accompagnaient Jésus, car c’était leur première tournée. Par le service des messagers, chacun des groupes restait pleinement au courant des progrès généraux de la tournée. La réception des nouvelles des autres groupes était toujours une source d’encouragement pour ceux qui étaient dispersés et travaillaient séparément. 150:6.3 Avant leur séparation, il avait été convenu que les douze apôtres, les évangélistes et le groupe féminin se rassembleraient à Nazareth, le vendredi 4 mars, pour y retrouver le Maitre. En conséquence, vers ce temps-là, de toutes les parties de la Galilée centrale et méridionale, ces divers groupes d’apôtres et d’évangélistes commencèrent à se diriger vers Nazareth. Au milieu de l’après-midi, les derniers arrivants, André et Pierre, avaient rejoint le camp préparé par les premiers arrivés et situé sur les hauteurs au nord de la ville. C’était la première fois que Jésus visitait Nazareth depuis le commencement de son ministère public. 7. Le séjour à Nazareth 150:7.1 Ce vendredi après-midi, Jésus se promena dans Nazareth sans attirer aucunement l’attention ni être reconnu. Il passa devant la maison de son enfance et l’atelier de charpentier, et resta une demi-heure sur la colline où il aimait tellement aller durant sa prime jeunesse. Depuis le jour de son baptême par Jean dans le Jourdain, jamais le Fils de l’Homme n’avait senti un tel flot d’émotions humaines remuer son âme. En descendant de la colline, il entendit le son familier des coups de trompette annonçant le coucher du soleil, comme il les avait tant et tant de fois entendus pendant qu’enfant il grandissait à Nazareth. Avant de retourner au camp, il passa par la synagogue où il avait été à l’école et se plongea dans de nombreuses réminiscences du temps de son enfance. Au début de la journée, Jésus avait envoyé Thomas s’entendre avec le chef de la synagogue pour qu’il puisse prêcher à l’office matinal du sabbat. 150:7.2 La population de Nazareth n’avait jamais été réputée pour la piété et la droiture de sa vie. Au cours des années, ce village fut de plus en plus contaminé par la basse moralité de Sepphoris, la ville voisine. Durant toute la jeunesse et l’adolescence de Jésus, l’opinion publique de Nazareth avait été divisée à son sujet ; elle avait été très froissée de son déménagement à Capharnaüm. Les habitants de Nazareth avaient beaucoup entendu parler des activités de leur ancien charpentier, mais ils étaient vexés qu’il n’ait jamais inclus son village natal dans aucune de ses premières tournées de prédication. En vérité, ils connaissaient la renommée de Jésus, mais la majorité des citoyens était irritée de ce qu’il n’ait accompli aucune de ses grandes œuvres dans la ville de sa jeunesse. Pendant des mois, les gens de Nazareth avaient beaucoup discuté de Jésus et, dans l’ensemble, leur opinion à son égard était défavorable. 150:7.3 Le Maitre se trouva donc dans une atmosphère nettement hostile et hypercritique, et non dans un bienveillant climat de retour au foyer. Mais ce n’était pas tout. Sachant qu’il allait passer ce jour de sabbat à Nazareth et supposant qu’il prêcherait dans la synagogue, ses ennemis avaient stipendié un grand nombre d’hommes rudes et grossiers pour le harceler et provoquer des troubles de toutes les manières possibles. 150:7.4 La plupart de ses amis plus âgés, y compris le chazan un peu sénile qui avait été son professeur, étaient morts ou avaient quitté Nazareth, et la jeune génération avait tendance à être fortement jalouse de la célébrité de Jésus. Ils oubliaient le dévouement qu’il avait manifesté antérieurement envers la famille de son père et critiquaient amèrement sa négligence à rendre visite à son frère et à ses sœurs mariés vivant à Nazareth. L’attitude de la famille de Jésus envers lui avait également contribué à accroitre ce sentiment malveillant des habitants. Les Juifs orthodoxes osèrent même critiquer Jésus pour avoir marché trop vite en allant à la synagogue ce matin de sabbat. 8. L’office du sabbat 150:8.1 Le temps était magnifique en ce jour de sabbat, et tout Nazareth, amis et ennemis, sortit pour écouter cet ancien citoyen de leur ville discourir dans la synagogue. Une grande partie de la suite apostolique dut rester dehors, car il n’y avait pas assez de place pour tous ceux qui étaient venus l’entendre. Alors qu’il était jeune homme, Jésus avait souvent pris la parole dans ce lieu de culte. Ce matin-là, tandis que le chef de la synagogue lui tendait le rouleau des écrits sacrés d’où il allait lire la leçon des Écritures, aucun des auditeurs ne parut se rappeler que c’était précisément le manuscrit que Jésus avait jadis offert à cette synagogue. 150:8.2 Les offices de ce jour étaient dirigés exactement de la même manière qu’au temps où Jésus y avait assisté comme enfant. Il monta sur l’estrade des orateurs avec le chef de la synagogue, et l’office débuta par la récitation de deux prières : « Béni est le Seigneur, Roi du monde, qui forme la lumière et crée les ténèbres, qui fait la paix et crée toutes choses ; qui, dans sa miséricorde, donne la lumière à la terre et à ceux qui y séjournent, et qui, dans sa bonté, jour après jour et chaque jour, renouvelle l’œuvre de la création. Béni est le Seigneur notre Dieu pour la gloire de l’œuvre de ses mains et pour les lumières illuminantes qu’il a créées pour sa louange. Sélah. Béni est le Seigneur notre Dieu qui a créé les lumières. » 150:8.3 Après une pause, l’assistance se remit à prier : « Le Seigneur notre Dieu nous a aimés d’un grand amour, et il s’est penché sur nous avec une pitié débordante, lui notre Père et notre Roi, par égard pour nos pères qui ont eu confiance en lui. Tu leur as enseigné les règles de la vie ; aie pitié de nous et enseigne-nous. Éclaire nos yeux sur la loi ; fais que notre cœur adhère à tes commandements ; unis nos cœurs pour aimer et craindre ton nom, et nous ne serons pas couverts d’opprobre dans tous les siècles des siècles. Car tu es un Dieu qui prépare le salut ; tu nous as choisis parmi toutes les langues et les nations, et, en vérité, tu nous as approchés de ton grand nom – sélah – afin que nous puissions louer ton unité avec amour. Béni soit le Seigneur qui, dans son amour, a élu son peuple Israël. » 150:8.4 La congrégation récita ensuite le Shéma, le credo de la foi juive. Ce rituel consistait à répéter de nombreux passages de la loi ; il montrait que les fidèles prenaient sur eux le joug du royaume des cieux, et aussi le joug des commandements à mettre en pratique de jour et de nuit. 150:8.5 Vint ensuite la troisième prière : « Il est vrai que tu es Yahweh, notre Dieu et le Dieu de nos pères, notre Roi et le Roi de nos pères ; notre Sauveur et le Sauveur de nos pères, notre Créateur et notre rocher de salut, notre aide et notre libérateur. Ton nom existe de toute éternité, et il n’y a pas de Dieu en dehors de toi. Ceux qui furent libérés chantèrent un nouveau cantique à ton nom au bord de la mer ; tous ensemble ils te louèrent et te reconnurent comme Roi en disant : Yahweh régnera dans tous les siècles des siècles. Béni est le Seigneur qui sauve Israël. » 150:8.6 Le chef de la synagogue prit alors sa place devant l’arche, ou coffre contenant les écrits sacrés, et commença à réciter les dix-neuf eulogies, ou bénédictions. Mais, en cette occasion, il était désirable d’abréger l’office pour laisser plus de temps à l’hôte d’honneur pour son discours ; en conséquence, on ne récita que la première et la dernière bénédiction. Voici la première : « Béni soit le Seigneur notre Dieu et le Dieu de nos pères, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob ; le grand, le puissant et le terrible Dieu qui montre de la miséricorde et de la bonté, qui crée toutes choses, qui se souvient de ses bienveillantes promesses à nos pères et, par égard pour son propre nom, envoie avec amour un sauveur aux enfants de leurs enfants. Ô Roi, notre aide, notre sauveur et notre bouclier ! Tu es béni, Ô Yahweh, bouclier d’Abraham. » 150:8.7 Puis vint la dernière bénédiction : « Ô effuse sur Israël, ton peuple, une grande paix perpétuelle, car tu es Roi et le Seigneur de toute paix. Il est bon à tes yeux de donner en tous temps et à toute heure la bénédiction de ta paix à Israël. Béni sois-tu Yahweh, pour la bénédiction de paix que tu dispenses à ton peuple Israël. » L’assemblée ne regardait pas le chef pendant qu’il récitait ces bénédictions. Il fit ensuite une prière non rituelle, appropriée aux circonstances ; à la fin de cette prière, toute l’assistance se joignit à lui pour dire amen. 150:8.8 Après cela, le chazan alla vers l’arche et en sortit un rouleau qu’il donna à Jésus pour qu’il puisse lire la leçon des Écritures. La coutume voulait que l’on appelât sept personnes pour lire chacune au moins trois versets de la loi, mais, en l’occasion, on renonça à cette pratique pour permettre au visiteur de lire une leçon de son propre choix. Jésus prit le rouleau, se leva et commença à lire dans le Deutéronome : « Car le commandement que je te donne aujourd’hui n’est pas un mystère pour toi, et il n’est pas éloigné. Il n’est pas dans les cieux pour que tu dises : qui montera pour nous dans les cieux et nous le rapportera pour que nous puissions l’entendre et le mettre en pratique ? Il n’est pas non plus au-delà de la mer pour que tu dises : qui traversera la mer pour nous rapporter le commandement afin que nous puissions l’entendre et le mettre en pratique ? Non. La parole de vie est très proche de toi, et même dans ta présence et dans ton cœur, afin que tu puisses la connaitre et lui obéir. » 150:8.9 Quand Jésus eut fini dans le Livre de la Loi, il commença à lire dans le Livre d’Isaïe : « L’esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a oint pour prêcher de bonnes nouvelles aux pauvres. Il m’a envoyé proclamer la libération aux captifs et le recouvrement de la vue aux aveugles, pour mettre en liberté ceux qui sont meurtris et proclamer l’année de la faveur du Seigneur. » 150:8.10 Jésus ferma le livre, le rendit au chef de la synagogue, se rassit et commença à parler au peuple en disant d’abord : « Aujourd’hui, ces Écritures sont accomplies. » Puis il parla pendant près d’un quart d’heure sur « Les Fils et les Filles de Dieu ». Son discours plut à beaucoup d’auditeurs qui s’émerveillèrent de sa grâce et de sa sagesse. 150:8.11 La coutume voulait qu’à la fin de la cérémonie officielle, l’orateur restât dans la synagogue, de sorte que les personnes intéressées puissent lui poser des questions. En conséquence, ce samedi matin, Jésus descendit se mêler à la foule qui se pressait pour l’interroger. Dans ce groupe, se trouvaient beaucoup d’agitateurs cherchant à semer la zizanie, et autour du groupe circulaient les hommes de bas aloi qui avaient été stipendiés pour causer des ennuis à Jésus. Beaucoup de disciples et d’évangélistes qui étaient restés dehors se pressèrent maintenant pour entrer dans la synagogue et ne furent pas longs à s’apercevoir que des troubles menaçaient. Ils cherchèrent à emmener le Maitre, mais celui-ci ne voulut pas les suivre. 9. Le rejet par Nazareth 150:9.1 Jésus se trouva entouré dans la synagogue par une multitude d’ennemis, avec, çà et là, quelques-uns de ses disciples. En réponse aux questions grossières et aux sinistres railleries, il répondit avec une pointe d’humour : « Oui, je suis le fils de Joseph ; je suis le charpentier, et je ne suis pas surpris que vous me rappeliez le proverbe : ‘Médecin, guéris-toi toi-même’, ni que vous me mettiez au défi de faire à Nazareth ce que vous avez entendu dire que j’ai accompli à Capharnaüm. Mais je vous prends à témoins que les Écritures elles-mêmes déclarent ‘qu’un prophète est honoré, sauf dans sa patrie et parmi les siens.’ » 150:9.2 Mais ils le bousculèrent, tendirent vers lui un doigt accusateur et dirent : « Tu te crois meilleur que les gens de Nazareth ; tu nous as quittés, mais ton frère est un ouvrier ordinaire et tes sœurs vivent encore parmi nous. Nous connaissons Marie, ta mère. Où sont-ils tous aujourd’hui ? Nous entendons de grandes choses à ton sujet, mais nous remarquons qu’à ton retour tu n’accomplis pas de prodiges. » Jésus répondit : « J’aime les habitants de la ville où j’ai grandi, et je me réjouirais de vous voir tous entrer dans le royaume des cieux, mais il ne m’appartient pas de décider l’accomplissement des œuvres de Dieu. Les transformations de la grâce s’opèrent en réponse à la foi vivante de ceux qui en bénéficient. » 150:9.3 Jésus aurait manié la foule avec bonhomie et désarmé effectivement ses ennemis même les plus violents, si l’un de ses apôtres, Simon Zélotès, n’avait pas commis une bévue tactique. Avec l’aide de Nahor, l’un des jeunes évangélistes, Simon avait réuni, entretemps, un groupe d’amis de Jésus parmi la foule, pris une attitude belliqueuse et signifié aux ennemis du Maitre l’ordre de s’en aller. Jésus avait depuis longtemps appris aux apôtres qu’une réponse douce détourne la fureur, mais ses disciples n’étaient pas habitués à voir leur instructeur bien-aimé, qu’ils appelaient si volontiers Maitre, traité avec tant d’impolitesse et de dédain. C’en était trop pour eux, et ils donnèrent libre cours à leur ressentiment passionné et véhément, ce qui ne fit qu’exciter l’esprit d’émeute dans cette assemblée impie et grossière. Alors, sous la direction de mercenaires, les ruffians se saisirent de Jésus et l’entrainèrent hors de la synagogue, vers le bord d’un précipice, sur une colline voisine, avec l’intention de le pousser dans le vide pour provoquer une chute mortelle sur les rochers en contrebas. Mais, juste au moment où ils allaient passer à l’acte, Jésus fit soudain volte-face et se tourna vers ses ravisseurs en croisant paisiblement les bras. Il ne dit rien, mais ses amis furent plus qu’étonnés de le voir avancer, tandis que la foule s’écartait et le laissait passer sans le molester. 150:9.4 Suivi de ses disciples, Jésus se rendit à leur camp où tout l’épisode fut raconté. Le soir même, ils se préparèrent à repartir le lendemain matin de bonne heure pour Capharnaüm, comme Jésus le leur avait ordonné. Cette fin tumultueuse de la troisième tournée de prédication eut un effet dégrisant sur tous les disciples de Jésus. Ils commencèrent à comprendre la signification de certains enseignements du Maitre. Ils s’éveillèrent à la notion que le royaume ne s’établirait qu’à travers beaucoup de chagrins et d’amères déceptions. 150:9.5 Ils quittèrent Nazareth le dimanche matin, passèrent par des itinéraires différents et se rejoignirent finalement à Bethsaïde, vers le milieu du jour, le jeudi 10 mars. Ils se réunirent comme un groupe assagi, sérieux et désabusé de prédicateurs de l’évangile de vérité, et non comme une troupe enthousiaste de croisés triomphants prêts à tout conquérir. FASCICULE 151. Séjour et enseignement au bord de la mer 151:0.1 Le 10 mars, tous les groupes de prédicateurs et d’instructeurs s’étaient rassemblés à Bethsaïde. Le jeudi soir et le vendredi, beaucoup d’entre eux allèrent à la pêche ; le jour du sabbat, ils se rendirent à la synagogue pour écouter un vieux juif de Damas discourir sur la gloire de l’ancêtre Abraham. Jésus passa la majeure partie de ce jour de sabbat, seul, dans les collines. Ce samedi soir, le Maitre parla pendant plus d’une heure, aux groupes assemblés, « du rôle de l’adversité et de la valeur spirituelle des déceptions ». Ce fut une occasion mémorable, et les auditeurs n’oublièrent jamais cette leçon. 151:0.2 Jésus ne s’était pas encore complètement remis du chagrin d’avoir été récemment rejeté à Nazareth ; les apôtres remarquèrent qu’une tristesse particulière se mêlait à son enjouement habituel. Jacques et Jean restèrent avec lui une grande partie du temps, car Pierre était surchargé par les nombreuses responsabilités concernant le bien-être et la direction du nouveau corps d’évangélistes. Ce temps d’attente, avant de partir fêter la Pâque à Jérusalem, les femmes l’employèrent à aller de maison en maison, enseignant l’évangile et soignant les malades à Capharnaüm et dans les villes et villages environnants. 1. La parabole du semeur 151:1.1 Vers cette époque, Jésus se mit à utiliser, pour la première fois, la méthode des paraboles pour enseigner les multitudes qui se rassemblaient si souvent autour de lui. Le samedi, il s’était entretenu tard dans la nuit avec les apôtres et avec d’autres personnes, de sorte que, le dimanche matin, très peu d’entre eux étaient levés pour le petit déjeuner ; il alla donc au bord de la mer et s’assit seul dans l’ancien bateau de pêche d’André et de Pierre, qui était toujours laissé à sa disposition ; et il médita sur les prochaines dispositions à prendre pour développer le royaume. Mais le Maitre n’allait pas rester longtemps seul. Des habitants de Capharnaüm et des villages voisins ne tardèrent pas à arriver et, vers dix heures du matin, près d’un millier d’entre eux étaient rassemblés sur le rivage près du bateau de Jésus, réclamant à grands cris son attention. Pierre était maintenant levé ; il se fraya un chemin jusqu’au bateau et dit à Jésus : « Maitre, vais-je leur parler ? » Mais Jésus répondit : « Non, Pierre, je vais leur conter une histoire. » Et il commença le récit de la parabole du semeur, l’une des premières d’une longue série de paraboles analogues qu’il enseigna aux foules qui le suivaient. Le bateau avait un siège surélevé sur lequel Jésus s’assit pour parler à la foule assemblée sur la rive, car la coutume voulait que l’on soit assis pour enseigner. Pierre prononça quelques paroles, puis Jésus dit : 151:1.2 « Un semeur sortit pour semer et, tandis qu’il semait, quelques grains tombèrent le long du chemin, où ils furent foulés aux pieds et dévorés par les oiseaux du ciel. D’autres tombèrent sur des endroits rocailleux où il y avait peu de terre et levèrent immédiatement, parce que la terre n’avait pas de profondeur ; mais, aussitôt que le soleil brilla, ils séchèrent parce qu’ils n’avaient pas de racines pour recueillir l’humidité. D’autres grains tombèrent parmi les ronces et, quand les ronces poussèrent, ils furent étouffés et ne donnèrent rien. D’autres grains encore tombèrent dans de la bonne terre, se développèrent et produisirent les uns trente, d’autres soixante et d’autres cent grains. » Après avoir conté cette parabole, Jésus dit à la foule : « Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende. » 151:1.3 Quand ils entendirent Jésus enseigner le peuple de cette manière, les apôtres et leurs compagnons furent très perplexes et en parlèrent longuement entre eux. Le soir, dans le jardin de Zébédée, Matthieu dit à Jésus : « Maitre, que signifient les paroles obscures que tu offres à la foule ? Pourquoi parles-tu en paraboles à ceux qui recherchent la vérité ? » Et Jésus répondit : 151:1.4 « Je vous ai enseignés tout ce temps avec patience. À vous, il est donné de connaitre les mystères du royaume des cieux, mais, aux multitudes sans discernement et à ceux qui cherchent à nous détruire, les mystères du royaume seront désormais présentés en paraboles. Nous agirons ainsi afin que ceux qui désirent réellement entrer dans le royaume puissent discerner la signification de l’enseignement et trouver ainsi le salut, tandis que ceux qui nous écoutent uniquement pour nous prendre au piège soient d’autant plus confondus, en ce sens qu’ils verront sans voir et entendront sans entendre. Mes enfants, ne percevez-vous pas la loi de l’esprit ordonnant que l’on donnera à quiconque possède, afin qu’il possède en abondance ; mais, à celui qui n’a rien, on enlèvera même ce qu’il a ? C’est pourquoi, je parlerai désormais beaucoup au peuple en paraboles, afin que nos amis et ceux qui désirent connaitre la vérité puissent trouver ce qu’ils recherchent, tandis que nos ennemis et ceux qui n’aiment pas la vérité entendront sans comprendre. Nombre de ces gens ne suivent pas le chemin de la vérité. En vérité, le prophète a bien décrit ces âmes sans discernement lorsqu’il a dit : ‘Car le cœur de ces gens est devenu grossier, et ils ont l’oreille dure et ils ont fermé les yeux de crainte de discerner la vérité et la de comprendre dans leur cœur.’ » 151:1.5 Les apôtres ne saisirent pas complètement la signification des paroles du Maitre. André et Thomas parlèrent plus longuement avec Jésus, tandis que Pierre et les autres apôtres se retirèrent ailleurs dans le jardin et se lancèrent dans une discussion longue et sérieuse. 2. Interprétation de la parabole 151:2.1 Pierre et le groupe qui l’entourait parvinrent à la conclusion que la parabole du semeur était une allégorie, et que chacun de ses éléments avait un sens caché. Ils décidèrent donc de retourner vers Jésus pour lui demander des explications. Par conséquent, Pierre aborda le Maitre en disant : « Nous sommes incapables de pénétrer la signification de cette parabole ; nous voudrions que tu nous l’expliques, puisque tu dis qu’il nous est donné de connaitre les mystères du royaume. » En entendant cela, Jésus dit à Pierre : « Mon fils, je ne veux rien te cacher, mais j’aimerais que tu me racontes d’abord ce dont vous avez parlé ; quelle est ton interprétation de la parabole ? » 151:2.2 Après un moment de silence, Pierre dit : « Maitre, nous avons beaucoup discuté au sujet de la parabole, et voici l’interprétation à laquelle je me suis arrêté : Le semeur est le prédicateur de l’évangile ; la semence est la parole de Dieu. Les grains qui sont tombés le long du chemin représentent ceux qui ne comprennent pas l’enseignement de l’évangile. Les oiseaux qui s’emparent des grains tombés sur le sol durci représentent Satan, ou le malin, qui dérobe ce qui a été semé dans le cœur de ces ignorants. Les grains tombés dans les endroits rocailleux et qui levèrent si rapidement représentent les personnes superficielles et irréfléchies qui, en entendant la bonne nouvelle, reçoivent le message avec joie ; mais, la vérité n’ayant pas réellement de racines profondes dans leur compréhension, leur dévotion ne résiste ni aux tribulations ni aux persécutions. Quand les difficultés surviennent, ces croyants trébuchent ; ils succombent à la tentation. Les grains tombés parmi les ronces représentent ceux qui entendent volontiers la parole, mais qui permettent aux soucis du monde et à la nature trompeuse des richesses d’étouffer la parole de vérité et de la rendre stérile. Maintenant, les grains qui sont tombés dans la bonne terre et ont levé pour donner du fruit, les uns trente, les autres soixante et d’autres cent fois, représentent les gens qui ont entendu la vérité, l’ont reçue avec divers degrés d’appréciation – par suite de la différence de leurs dons intellectuels – et ils manifestent donc ces divers degrés d’expérience religieuse. » 151:2.3 Après avoir écouté comment Pierre interprétait la parabole, Jésus demanda aux autres apôtres s’ils n’avaient pas aussi des suggestions à offrir. Seul Nathanael répondit à cette invite en disant : « Maitre, je reconnais qu’il y a de bonnes choses dans l’interprétation de la parabole par Pierre, mais je ne suis pas entièrement d’accord avec lui. Mon idée serait la suivante : Le grain représente l’évangile du royaume et le semeur, les messagers du royaume. Les grains qui sont tombés le long du chemin sur le sol durci représentent ceux qui ont entendu peu de choses du royaume, ceux qui sont indifférents au message et ceux qui ont endurci leur cœur. Les oiseaux du ciel qui s’emparent des grains tombées le long du chemin représentent les habitudes de vie, la tentation du mal et les désirs de la chair. Les grains tombés parmi les rochers représentent les âmes émotives, aussi rapides à recevoir le nouvel enseignement qu’à renoncer à la vérité quand elles sont confrontées aux difficultés et aux réalités d’une vie conforme à cette vérité ; elles manquent de perception spirituelle. Les grains qui sont tombés dans les ronces représentent ceux qui sont attirés vers les vérités de l’évangile et sont désireux de suivre son enseignement, mais en sont empêchés par l’orgueil, l’envie et les anxiétés de l’existence humaine. Les grains tombés dans la bonne terre et qui ont germé pour porter du fruit, les uns trente, les autres soixante et d’autres cent fois, représentent les degrés naturels et variés d’aptitude à comprendre la vérité et à répondre à ses enseignements spirituels chez les hommes et les femmes qui possèdent des dons divers d’illumination spirituelle. » 151:2.4 Lorsque Nathanael eut fini de parler, les apôtres et leurs compagnons s’engagèrent dans des débats sérieux et des discussions approfondies, les uns soutenant que l’interprétation de Pierre était correcte, tandis que les autres, en nombre à peu près égal, cherchaient à défendre l’explication de la parabole par Nathanael. Entretemps, Pierre et Nathanael s’étaient retirés dans la maison et faisaient résolument de grands efforts pour se convaincre mutuellement et changer réciproquement leur manière de penser. 151:2.5 Le Maitre permit à cette confusion d’atteindre un maximum d’intensité d’expression, après quoi il frappa dans ses mains pour réunir tout le groupe autour de lui. Lorsqu’ils se furent tous une fois de plus assemblés autour de lui, il dit : « Avant que je ne vous parle de cette parabole, l’un de vous a-t-il quelque chose à dire ? » Après un moment de silence, Thomas prit la parole : « Oui, Maitre, je voudrais dire quelques mots. Je me rappelle que tu nous as jadis dit de prendre garde à cette chose même. Tu nous as recommandé, lorsque nous citons des exemples dans nos sermons, d’employer des histoires vraies et non des fables. Nous devons choisir l’histoire qui illustre le mieux la seule vérité centrale et essentielle que nous voulons enseigner au peuple ; ensuite, après avoir ainsi utilisé cette histoire, nous ne devons pas essayer de faire une application spirituelle de tous les détails mineurs qu’elle comporte. J’estime que Pierre et Nathanael ont tous deux tort de s’efforcer d’interpréter cette parabole. J’admire leur habileté à le faire, mais je suis également certain que toutes ces tentatives, pour tirer d’une parabole naturelle des analogies spirituelles dans chacun de ses traits, ne peuvent aboutir qu’à la confusion et à de sérieuses méprises sur le vrai but de la parabole. La preuve que j’ai raison résulte pleinement du fait que nous étions tous en communion de pensée il y a une heure, et que, maintenant, nous sommes séparés en deux groupes qui soutiennent des opinions différentes. Et ils s’accrochent tellement à leurs opinions qu’à mon avis, ils réduisent notre aptitude à saisir pleinement la grande vérité que tu avais dans ta pensée, lorsque tu as présenté cette parabole à la foule et que tu nous as ensuite demandé de la commenter. » 151:2.6 Les paroles de Thomas eurent un effet calmant sur tous les auditeurs et leur remirent en mémoire ce que Jésus leur avait enseigné en de précédentes occasions. Avant que Jésus ne reprit la parole, André se leva et dit : « Je suis persuadé que Thomas a raison et je voudrais qu’il nous dise la signification qu’il attache à la parabole du semeur. » Jésus donna donc la parole à Thomas, qui dit : « Mes frères, je ne désirais pas prolonger cette discussion, mais, puisque vous le souhaitez, je dirai que je crois que la parabole a été racontée pour nous enseigner une seule grande vérité, qui est la suivante : Si fidèlement et si efficacement que nous exécutions nos missions divines, la réussite de notre enseignement de l’évangile du royaume ne sera pas uniforme, et toutes ces différences de résultats proviendront directement des conditions inhérentes aux circonstances de notre ministère, conditions sur lesquelles nous n’avons que peu ou pas de contrôle. » 151:2.7 Après l’exposé de Thomas, la majorité de ses compagnons prédicateurs était prête à l’approuver, et même Pierre et Nathanael se préparaient à lui parler, lorsque Jésus se leva et dit : « Bravo Thomas, tu as discerné la vraie signification des paraboles ; mais Pierre et Nathanael vous ont fait autant de bien, en ce sens qu’ils ont pleinement montré le danger de transformer mes paraboles en allégories. Dans votre propre cœur, il est souvent profitable que vous ayez de telles envolées d’imagination spéculative, mais vous faites une erreur quand vous cherchez à incorporer de telles conclusions dans votre enseignement public. » 151:2.8 Maintenant que l’atmosphère était détendue, Pierre et Nathanael se félicitèrent mutuellement de leurs interprétations et, à l’exception des jumeaux Alphée, chacun des apôtres s’aventura à interpréter la parabole du semeur avant que tous n’aillent se reposer pour la nuit. Même Judas Iscariot offrit une explication fort plausible. Les douze essayèrent souvent entre eux de déchiffrer les paraboles du Maitre comme ils l’auraient fait d’une allégorie, mais jamais plus ils ne prirent ces spéculations au sérieux. Ce fut une session très profitable pour les apôtres et leurs associés, d’autant plus qu’à partir de ce moment-là, Jésus introduisit de plus en plus de paraboles dans son enseignement public. 3. Compléments sur les paraboles 151:3.1 La tournure de pensée des apôtres était orientée vers les paraboles au point qu’ils consacrèrent toute la soirée du lendemain à discuter encore de paraboles. Jésus ouvrit la conférence du soir en disant : « Mes bien-aimés, il faut toujours différencier votre enseignement de manière à adapter votre présentation de la vérité au mental et au cœur de ceux qui vous écoutent. Quand vous vous trouvez devant une multitude d’intelligences et de tempéraments variés, vous ne pouvez prononcer des paroles différentes pour chaque classe d’auditeurs, mais vous pouvez conter une histoire pour transmettre votre enseignement. Chaque groupe, et même chaque individu, pourra ainsi interpréter votre parabole à sa manière, selon ses propres dons intellectuels et spirituels. Laissez briller votre lumière, mais faites-le avec sagesse et discrétion. Personne n’allume une lampe pour la couvrir d’un boisseau ou la mettre sous son lit : on met sa lampe sur un piédestal où tous peuvent voir la lumière. Permettez-moi de vous dire que, dans le royaume des cieux, il n’y a rien de caché qui ne doive être manifesté, point de secrets qui ne doivent finalement être connus. Toutes choses finiront par être éclairées. Ne pensez pas seulement aux foules et à la manière dont elles entendent la vérité ; prêtez attention à la manière dont vous-mêmes vous entendez. Rappelez-vous ce que je vous ai dit bien souvent : À celui qui possède, on donnera davantage, tandis qu’à celui qui n’a rien, on enlèvera même ce qu’il croit avoir. » 151:3.2 La suite des discussions sur les paraboles et des instructions sur leur interprétation peuvent être résumées et exprimées comme suit en langage moderne : 151:3.3 1. Jésus déconseilla l’emploi aussi bien de fables que d’allégories dans l’enseignement des vérités de l’évangile. Mais il recommanda bel et bien d’user librement de paraboles, particulièrement de paraboles se référant à la nature. Il insista sur la valeur de l’utilisation des analogies existant entre les mondes naturels et spirituels comme moyen d’enseigner la vérité. Il fit fréquemment allusion à la nature en tant « qu’ombre irréelle et fugace de réalités spirituelles ». 151:3.4 2. Jésus cita trois ou quatre paraboles tirées des Écritures hébraïques et attira l’attention sur le fait que cette méthode d’enseignement n’était pas entièrement neuve. Toutefois, elle devint presque une nouvelle méthode d’enseignement à la manière dont il l’employa désormais. 151:3.5 3. En enseignant aux apôtres la valeur des paraboles, Jésus attira leur attention sur les points suivants : 151:3.6 La parabole fait simultanément appel à des niveaux extrêmement différents du mental et de l’esprit. Elle stimule l’imagination, met au défi la discrimination et provoque la pensée critique ; elle encourage la sympathie sans soulever d’antagonisme. 151:3.7 La parabole part des choses connues pour aboutir au discernement de l’inconnu. Elle utilise le domaine matériel et naturel comme moyen de présenter le spirituel et le supramatériel. 151:3.8 Les paraboles favorisent la prise de décisions morales impartiales ; elles évitent de nombreux préjugés et introduisent avec charme de nouvelles vérités dans le mental, en soulevant un minimum de réactions défensives de ressentiment personnel. 151:3.9 Pour rejeter la vérité contenue dans les analogies d’une parabole, il faut un acte intellectuel conscient accompli directement au mépris de votre jugement droit et de votre décision équitable. La parabole permet de contraindre la pensée en mettant en jeu le sens de l’ouïe. 151:3.10 L’enseignement sous forme de paraboles permet à l’instructeur de présenter des vérités nouvelles, et même sensationnelles, tout en évitant la plupart des controverses et des conflits extérieurs avec la tradition et l’autorité établie. 151:3.11 La parabole possède également l’avantage de stimuler la mémoire des vérités enseignées quand on rencontre ultérieurement les mêmes scènes familières. 151:3.12 Jésus chercha de cette manière à mettre ses disciples au courant de diverses raisons motivant sa pratique d’employer de plus en plus de paraboles dans son enseignement public. 151:3.13 Vers la fin de la leçon du soir, Jésus fit son premier commentaire sur la parabole du semeur. Il dit que la parabole se référait à deux choses. Premièrement, c’était une récapitulation de son propre ministère jusqu’à ce jour et une prévision de ce qui l’attendait durant le reste de sa vie sur terre. Deuxièmement, c’était également une allusion à ce que les apôtres et autres messagers du royaume pouvaient attendre de leur ministère, de génération en génération, avec l’écoulement du temps. 151:3.14 Jésus recourut également à l’emploi des paraboles pour réfuter le mieux possible l’effort concerté des chefs religieux de Jérusalem, qui enseignaient que toute son œuvre était accomplie grâce à l’assistance de démons et du prince des diables. L’appel à la nature contredisait cet enseignement, car les gens de cette époque considéraient tous les phénomènes naturels comme directement produits par des être spirituels et des forces surnaturelles. Jésus décida aussi d’adopter l’enseignement par paraboles parce que cela lui permettait de proclamer des vérités essentielles à ceux qui désiraient connaitre le meilleur chemin, tout en fournissant à ses ennemis moins d’occasions de se sentir offensés et de l’accuser. 151:3.15 Avant de congédier le groupe pour la nuit, Jésus dit : « Maintenant, je vais vous raconter la fin de la parabole du semeur. Je veux vous éprouver pour savoir comment vous accepterez ceci : le royaume des cieux ressemble aussi à un homme qui a semé du bon grain sur la terre ; pendant qu’il dormait la nuit et vaquait à ses affaires le jour, le grain germa et grandit, et, sans qu’il sache comment, la plante arriva à maturité. Elle fut d’abord en herbe, puis il y eut l’épi, puis la plénitude du grain dans l’épi. Et, quand le grain fut mûr, l’homme prit sa faucille et ce fut la fin de la moisson. Que celui qui a une oreille pour entendre entende. » 151:3.16 Les apôtres retournèrent maintes fois ces paroles dans leur mental, mais le Maitre ne mentionna plus jamais cette addition à la parabole du semeur. 4. Nouvelles paraboles au bord de la mer 151:4.1 Le lendemain, de son bateau, Jésus enseigna de nouveau le peuple en disant : « Le royaume des cieux ressemble à un homme qui a semé du bon grain dans son champ, mais, pendant qu’il dormait, son ennemi vint semer de l’ivraie au milieu du blé et s’enfuit en hâte. Quand les jeunes tiges sortirent de terre et, plus tard, quand les épis se formèrent, l’ivraie apparut aussi. Alors, les serviteurs de cet homme vinrent lui dire : ‘Maitre, n’as-tu pas semé du bon grain dans ton champ ? D’où vient donc cette ivraie ?’ Le propriétaire répondit à ses serviteurs : ‘C’est un ennemi qui l’a fait.’ Alors, les serviteurs demandèrent à leur maitre : ‘Voudrais-tu que nous allions arracher cette ivraie ?’ Mais il leur répondit : ‘Non, de crainte qu’en l’arrachant vous ne déraciniez aussi le blé. Laissez plutôt les deux pousser ensemble jusqu’au temps de la moisson et je dirai aux moissonneurs : Rassemblez d’abord l’ivraie et mettez-la en bottes pour la bruler, puis recueillez le blé pour l’amasser dans mon grenier.’ » 151:4.2 Après quelques questions des auditeurs, Jésus conta à la foule une autre parabole : « Le royaume des cieux ressemble à un grain de sénevé qu’un homme sema dans son champ. Or, un grain de sénevé est la plus petite des semences ; mais, quand elle s’est entièrement développée, elle devient la plus grande des plantes et ressemble à un arbre, de sorte que les oiseaux du ciel peuvent venir se reposer dans ses branches. » 151:4.3 « Le royaume des cieux ressemble aussi à du levain qu’une femme prit pour le cacher dans trois mesures de farine, et il arriva ainsi que toute la pâte leva. » 151:4.4 « Le royaume des cieux ressemble aussi à un trésor caché dans un champ et qu’un homme a découvert. Dans sa joie, il est allé vendre tout ce qu’il possédait afin d’avoir assez d’argent pour acheter le champ. » 151:4.5 « Le royaume des cieux ressemble aussi à un marchand qui recherche de belles perles. Ayant trouvé une perle de grand prix, il alla vendre tout ce qu’il possédait pour pouvoir acheter la perle extraordinaire. » 151:4.6 « Et le royaume des cieux ressemble encore à une senne que l’on aurait lancée dans la mer et qui aurait ramené toutes sortes de poissons. Quand le filet fut rempli, les pêcheurs le halèrent sur la plage et s’assirent pour trier les poissons ; ils recueillirent les bons dans des paniers et jetèrent les mauvais. » 151:4.7 Jésus conta à la foule un grand nombre d’autres paraboles. En fait, à partir de cette époque, il employa rarement d’autres méthodes pour enseigner les masses. Après avoir parlé en paraboles à un auditoire public, il profitait des classes du soir pour exposer ses enseignements plus complètement et plus explicitement aux apôtres et aux évangélistes. 5. La visite à Khérésa 151:5.1 La foule continua à augmenter pendant toute la semaine. Le jour du sabbat, Jésus se hâta de se retirer dans les collines, mais, dès le dimanche matin, les foules revinrent. Jésus leur parla au début de l’après-midi après un sermon de Pierre et, lorsqu’il eut terminé, il dit à ses apôtres : « Je suis fatigué de cette multitude ; traversons le lac pour nous reposer une journée de l’autre côté. » 151:5.2 Durant la traversée du lac, ils furent assaillis par une de ces violentes et soudaines tempêtes caractéristiques de la mer de Galilée, surtout à cette époque de l’année. Cette nappe d’eau se trouve à plus de deux-cents mètres au-dessous du niveau de la mer, et elle est entourée de hautes rives, surtout à l’ouest. Des gorges escarpées vont du lac vers les collines. Une poche d’air chaud s’élève au-dessus du lac durant la journée et après le coucher du soleil, l’air frais des gorges a tendance à se précipiter vers le lac. Ces coups de vent arrivent rapidement et s’apaisent parfois tout aussi soudainement. 151:5.3 Ce fut précisément l’un de ces gros grains du soir qui surprit, ce dimanche, le bateau emmenant Jésus vers l’autre rive. Trois autres bateaux transportant quelques jeunes évangélistes le suivaient. La tempête fut très violente, bien que limitée à cette région du lac ; il n’y avait nulle apparence de tempête sur la rive occidentale. Le vent était tellement fort que les vagues commencèrent à déferler sur le bateau. La voile avait été arrachée avant que les apôtres aient pu la replier, et ils dépendaient maintenant entièrement de leurs rames qu’ils maniaient vigoureusement pour atteindre le rivage distant de trois kilomètres. 151:5.4 Pendant ce temps, Jésus dormait à l’arrière du bateau, sous un petit abri. Au moment du départ de Bethsaïde, le Maitre était fatigué, et c’était pour s’assurer du repos qu’il avait demandé aux apôtres de lui faire traverser le lac à la voile. Ces anciens pêcheurs étaient des rameurs vigoureux et expérimentés, mais cette tempête était l’une des plus violentes qu’ils eussent jamais rencontrées. Bien que le vent et les vagues fissent danser le bateau comme un jouet, Jésus continuait à dormir imperturbablement. Pierre maniait la rame de droite près de la poupe. Quand le bateau commença à se remplir d’eau, il lâcha sa rame et se précipita vers Jésus en le secouant vigoureusement pour le réveiller. Quand Jésus fut éveillé, Pierre lui dit : « Maitre, ne sais-tu pas que nous sommes pris dans une violente tempête ? Si tu ne nous sauves pas, nous allons tous périr. » 151:5.5 Sortant de son abri, sous la pluie, Jésus commença par regarder Pierre, puis scruta l’obscurité pour voir les rameurs qui luttaient. Ensuite, il tourna de nouveau son regard vers Simon Pierre, qui, dans son agitation, n’avait pas repris sa rame, et lui dit : « Pourquoi êtes-vous si effrayés ? Où est votre foi ? Paix, restez tranquilles. » À peine Jésus avait-il adressé cette réprimande à Pierre et aux autres apôtres, et invité Pierre à rechercher la paix pour calmer son âme troublée, que l’atmosphère perturbée rétablit son équilibre et s’apaisa dans un grand calme. Les vagues irritées s’assagirent presque immédiatement, tandis que les nuages noirs qui s’étaient condensés en une courte averse disparurent et que les étoiles se mirent à briller au ciel. Autant que nous puissions en juger, il s’agissait d’une pure coïncidence, mais les apôtres, et spécialement Simon Pierre, ne cessèrent jamais de considérer l’épisode comme un miracle de la nature. Il était particulièrement facile aux hommes de l’époque de croire à des miracles de la nature, car ils étaient persuadés que toute la nature était un phénomène directement contrôlé par des forces spirituelles et des êtres surnaturels. 151:5.6 Jésus expliqua clairement aux douze qu’il avait parlé à leurs esprits troublés et s’était adressé à leur mental devenu le jouet de la peur, et qu’il n’avait pas commandé aux éléments, mais cela ne servit à rien. Les disciples du Maitre persistèrent toujours à interpréter, à leur manière, toutes les coïncidences analogues. À partir de ce jour-là, ils persistèrent à considérer le Maitre comme disposant d’un pouvoir absolu sur les éléments naturels. Pierre ne se lassa jamais de raconter que « même les vents et les vagues lui obéissent ». 151:5.7 Il était tard dans la soirée lorsque Jésus et ses associés atteignirent le rivage. La nuit était calme et magnifique. Ils se reposèrent donc tous dans les bateaux et ne débarquèrent que le lendemain matin, peu après le lever du soleil. Lorsqu’ils furent réunis, au nombre d’une quarantaine, Jésus dit : « Allons là-bas dans les collines et restons-y quelques jours à méditer sur les problèmes du royaume du Père. » 6. L’aliéné de Khérésa 151:6.1 La majeure partie de la rive orientale du lac remontait en pente douce vers les hautes terres, mais, en ce lieu particulier, il y avait une colline abrupte qui, par endroits, tombait à pic dans le lac. Montrant du doigt le flanc de la colline voisine, Jésus dit : « Montons sur ce côté de la colline pour notre petit déjeuner et reposons-nous en causant dans l’un des abris. » 151:6.2 Tout ce flanc de colline était criblé de cavernes creusées dans le rocher. Beaucoup de ces niches étaient d’anciens sépulcres. À mi-hauteur, sur un petit épaulement relativement plat, se trouvait le cimetière du petit village de Khérésa. Tandis que Jésus et ses associés passaient près des tombeaux, un aliéné, qui vivait dans ces cavernes du flanc de la colline, se précipita vers eux. Ce dément était très connu dans la région ; il avait jadis été attaché avec des liens et des chaines, et confiné dans l’une des grottes. Il avait, depuis longtemps, rompu ses entraves et errait, maintenant, en liberté parmi les tombeaux et les sépulcres abandonnés. 151:6.3 Cet homme nommé Amos était affligé d’une forme récurrente de folie. Il avait de longues périodes de répit où il s’habillait et se conduisait assez convenablement avec ses compagnons. Durant l’un de ces intervalles de lucidité, il était allé à Bethsaïde où il avait entendu prêcher Jésus et ses apôtres, et, à l’époque, il s’était mis à croire à moitié à l’évangile du royaume. Mais bientôt une phase orageuse de sa maladie réapparut, et il s’enfuit vers les tombes où il gémissait, hurlait et se conduisait de telle sorte qu’il terrorisait tous les gens qui le rencontraient. 151:6.4 Quand Amos reconnut Jésus, il tomba à ses pieds en s’écriant : « Je te connais, Jésus, mais je suis possédé par de nombreux démons et je te supplie de ne pas me tourmenter. » Cet homme croyait sincèrement que son affliction mentale périodique était due au fait qu’au moment des crises, des esprits mauvais ou impurs entraient en lui et dominaient son mental et son corps. Ses troubles étaient principalement émotifs – son cerveau n’était pas gravement malade. 151:6.5 Abaissant son regard sur l’homme accroupi comme un animal à ses pieds, Jésus se baissa, le prit par la main, le releva et lui dit : « Amos, tu n’es pas possédé par un démon ; tu as déjà entendu la bonne nouvelle que tu es un fils de Dieu. Je te commande de sortir de cette transe. » Quand Amos entendit Jésus prononcer ces paroles, il se produisit une telle transformation dans son intellect que la justesse de son mental et le contrôle normal de ses émotions furent immédiatement rétablis. À ce moment-là, une foule considérable venant du village voisin s’était rassemblée, et s’accrut des bergers qui gardaient des troupeaux de porcs sur les hautes terres. Tous ces gens furent étonnés de voir l’aliéné assis avec Jésus et ses disciples, en plein équilibre mental, et s’entretenant librement avec eux. 151:6.6 Tandis que les porchers se précipitaient dans le village pour répandre la nouvelle que l’aliéné avait été dompté, les chiens chargèrent un troupeau non surveillé d’une trentaine de porcs et en firent tomber la majeure partie dans la mer par-dessus un à-pic. Cet incident, lié à la présence de Jésus et à la guérison supposée miraculeuse de l’aliéné, donna naissance à la légende que Jésus avait guéri Amos en chassant une légion de démons hors de lui et que ces démons étaient entrés dans les porcs du troupeau, ce qui les avait fait courir tête baissée à leur anéantissement dans la mer. Avant la fin de la journée, l’épisode avait été diffusé par les porchers, et tout le village y avait cru. Amos crut certainement la même histoire ; il avait vu les pourceaux dégringoler par-dessus le rebord de la falaise peu après le retour au calme de son mental troublé, et il crut toujours que ces animaux avaient emporté avec eux les mauvais esprits qui l’avaient si longtemps tourmenté et affligé. Cela contribua beaucoup à la permanence de sa guérison. Il est également vrai que tous les apôtres de Jésus (sauf Thomas) crurent que l’épisode des pourceaux était directement lié à la guérison d’Amos. 151:6.7 Jésus n’obtint pas le repos qu’il était venu chercher. Il fut assailli presque toute la journée par les gens venus à la nouvelle qu’Amos avait été guéri, et attirés par l’histoire des démons impurs sortis de l’aliéné pour entrer dans le troupeau de porcs. Et c’est ainsi que le mardi matin de bonne heure, après une seule nuit de repos, Jésus et ses amis furent réveillés par une délégation de ces païens éleveurs de porcs, venue le presser de partir de chez eux. Leur porte-parole dit à Pierre et à André : « Pêcheurs de Galilée, partez de chez nous et emmenez votre prophète avec vous. Nous savons qu’il est un saint homme, mais les dieux de notre pays ne le connaissent pas, et nous risquons de perdre un grand nombre de porcs. Nous avons peur de vous, et c’est pourquoi nous vous prions de vous en aller. » Les ayant entendus, Jésus dit à André : « Retournons chez nous. » 151:6.8 Au moment où ils allaient partir, Amos supplia Jésus de lui permettre de les accompagner, mais le Maitre ne voulut pas y consentir. Jésus dit à Amos : « N’oublie pas que tu es un fils de Dieu. Retourne chez les tiens et montre-leur les grandes choses que Dieu a faites pour toi. » Et Amos alla partout publier que Jésus avait chassé une légion de démons de son âme troublée, et que ces mauvais esprits étaient entrés dans un troupeau de pourceaux, qui les avait menés à un anéantissement rapide. Il ne s’arrêta pas avant d’avoir visité toutes les villes de la Décapole en proclamant les grandes choses que Jésus avait faites pour lui. FASCICULE 152. Les prodromes de la crise de Capharnaüm 152:0.1 L’histoire de la guérison d’Amos, l’aliéné de Khérésa, s’était déjà répandue à Bethsaïde et à Capharnaüm, de sorte qu’une grande affluence attendait Jésus lorsque son bateau accosta ce mardi matin. Dans cette foule, se trouvaient les nouveaux observateurs envoyés à Capharnaüm par le sanhédrin de Jérusalem pour trouver un motif d’arrêter et d’inculper le Maitre. Tandis que Jésus parlait avec les gens qui s’étaient rassemblés pour l’accueillir, Jaïre, l’un des chefs de la synagogue, se fraya un passage dans la foule, tomba à ses pieds, le prit par la main et lui demanda de l’accompagner en toute hâte en lui disant : « Maitre, ma petite fille, une enfant unique, est couchée chez moi à l’article de la mort. Je te supplie de venir la guérir. » Quand Jésus entendit la requête de ce père, il lui dit : « Je vais t’accompagner. » 152:0.2 Tandis qu’il s’en allait avec Jaïre, la multitude, qui avait entendu la supplique du père, les suivit pour voir ce qui allait se passer. Un peu avant leur arrivée à la maison du dirigeant, et alors qu’ils passaient rapidement dans une rue étroite où la foule les bousculait, Jésus s’arrêta soudain en s’écriant : « Quelqu’un m’a touché. » Et, quand les personnes proches de lui nièrent de l’avoir touché, Pierre dit : « Maitre, tu peux voir que cette foule te presse ; elle risque de nous écraser, et cependant tu dis que quelqu’un t’a touché. Que veux-tu dire ? » Alors Jésus dit : « J’ai demandé qui m’a touché, car j’ai perçu qu’une énergie vivante était sortie de moi. » Il regarda autour de lui, et ses yeux tombèrent sur une femme, près de lui, qui s’avança, s’agenouilla à ses pieds et dit : « Durant des années, j’ai été affligée d’une hémorragie épuisante. De nombreux médecins m’ont fait beaucoup souffrir ; j’ai dépensé tout ce que je possédais, mais aucun n’a pu me guérir. Puis j’ai entendu parler de toi et j’ai pensé que, si je pouvais seulement toucher le bord de ton vêtement, je serais guérie. Alors, j’ai progressé dans la foule pendant qu’elle avançait jusqu’à ce que j’aie pu approcher de toi, Maitre, et j’ai touché le bord de ton vêtement ; cela m’a rendue bien portante ; je sais que j’ai été guérie de mon affliction. » 152:0.3 En entendant cela, Jésus prit la femme par la main, la releva et dit : « Ma fille, ta foi t’a guérie ; va en paix. » C’était sa foi et non le contact qui l’avait guérie. Ce cas est un bon exemple des guérisons apparemment miraculeuses qui émaillèrent la carrière terrestre de Jésus, mais qui, en aucun sens, ne résultèrent d’un acte conscient de sa volonté. La suite des temps prouva que cette femme était réellement guérie de sa maladie. Sa foi était d’une nature qui lui permettait de saisir directement le pouvoir créateur résidant dans la personne du Maitre. Avec la foi qu’elle avait, il lui était seulement nécessaire de s’approcher de la personne du Maitre. Il n’était nullement nécessaire qu’elle touchât son vêtement ; ce contact représentait simplement la partie superstitieuse de sa croyance. Jésus fit venir devant lui cette femme de Césarée de Philippe, appelée Véronique, pour corriger deux erreurs susceptibles de demeurer dans son mental ou de subsister dans celui des témoins de cette guérison. Il ne voulait pas que Véronique s’en allât en pensant que sa peur, en tentant de dérober sa guérison, avait porté des fruits, ou que cette guérison était due au fait d’avoir superstitieusement touché son vêtement. Jésus désirait faire savoir à tout le monde que c’était la foi pure et vivante de Véronique qui avait opéré la guérison. 1. Dans la maison de Jaïre 152:1.1 Bien entendu, ce retard pour se rendre chez lui avait terriblement impatienté Jaïre, de sorte que le groupe se remit en marche à une allure accélérée. Avant même qu’ils ne fussent entrés dans la cour de la maison de ce dirigeant, l’un de ses serviteurs sortit en disant : « Ne dérange pas le Maitre ; ta fille est morte. » Mais Jésus ne parut pas prêter attention aux paroles du serviteur ; emmenant Pierre, Jacques et Jean, il se tourna vers le père désolé et lui dit : « N’aie aucune crainte, crois seulement. » En entrant dans la maison, il vit que les joueurs de flute étaient déjà là avec les pleureurs et faisaient un tapage indécent ; déjà la famille s’était mise à pleurer et à se lamenter. Quand il eut fait sortir de la pièce tous les pleureurs, il y entra avec le père, la mère et ses trois apôtres. Il avait dit aux pleureurs que la jeune fille n’était pas morte, mais ils s’étaient moqués de lui. Jésus s’adressa alors à la mère en lui disant : « Ta fille n’est pas morte ; elle dort seulement. » Quand l’agitation dans la maison fut calmée, Jésus s’approcha de l’enfant étendue, la prit par la main et lui dit : « Ma fille, je te le dis, réveille-toi et lève-toi. » Et, lorsque la jeune fille entendit ces paroles, elle se leva immédiatement et traversa la chambre. Puis, après qu’elle se fut remise de son étourdissement, Jésus demanda qu’on lui donne à manger, car elle était restée longtemps sans prendre de nourriture. 152:1.2 Il y avait beaucoup d’agitation à Capharnaüm contre Jésus. Il réunit donc la famille et expliqua que la fillette était tombée dans le coma à la suite d’une longue fièvre, qu’il s’était borné à la réveiller et qu’il ne l’avait pas ressuscitée d’entre les morts. Il expliqua la même chose à ses apôtres, mais ce fut en vain. Ils crurent tous qu’il avait ressuscité la fillette d’entre les morts. Tout ce que Jésus pouvait dire dans ces cas de miracles apparents avait peu d’effet sur ses disciples. Ils espéraient des miracles et ne manquaient aucune occasion d’attribuer un nouveau prodige à l’action de Jésus. Le Maitre et les apôtres retournèrent à Bethsaïde après que Jésus leur eut spécifiquement recommandé de ne raconter cet épisode à personne. 152:1.3 Lorsqu’il sortit de la maison de Jaïre, deux aveugles, conduits par un garçon muet, le suivirent en réclamant à grands cris d’être guéris. À ce moment, la renommée de Jésus en tant que guérisseur était à son apogée. Partout où il allait, les malades et les affligés l’attendaient. Le Maitre paraissait maintenant très fatigué, et tous ses amis se faisaient du souci, de crainte qu’en continuant à enseigner et à guérir, il n’aille au bout de ses forces et ne s’effondre. 152:1.4 Les apôtres de Jésus, sans parler des gens du peuple, ne pouvaient comprendre la nature et les attributs de cet homme-Dieu. Nulle génération ultérieure n’a d’ailleurs été capable d’évaluer ce qui se passa sur terre dans la personne de Jésus de Nazareth. Jamais la science ni la religion n’auront l’occasion de contrôler ces évènements remarquables, pour la simple raison que cette situation extraordinaire ne pourra plus jamais se reproduire sur cette planète ni sur aucune autre de Nébadon. Jamais plus, sur aucun monde de tout cet univers, un être n’apparaitra dans la similitude de la chair mortelle, en incorporant en même temps tous les attributs de l’énergie créatrice conjugués avec les dons spirituels qui transcendent le temps et la plupart des autres limitations matérielles. 152:1.5 Jamais avant que Jésus n’ait séjourné sur terre, et jamais depuis lors, il n’a été possible d’obtenir d’une manière aussi directe et évidente les résultats accompagnant la foi solide et vivante des mortels des deux sexes. Pour répéter ces phénomènes, il nous faudrait retourner en présence immédiate de Micaël, le Créateur, et le trouver tel qu’il était à cette époque – le Fils de l’Homme. De même, aujourd’hui, alors que son absence empêche de telles manifestations matérielles, il faut s’abstenir de limiter en quoi que ce soit la démonstration possible de son pouvoir spirituel. Bien que le Maitre soit absent en tant qu’être matériel, il est présent dans le cœur des hommes en tant qu’influence spirituelle. En quittant ce monde, Jésus a permis à son esprit de vivre aux côtés de celui de son Père, qui habite le mental de tout homme. 2. Le ravitaillement des cinq-mille 152:2.1 Jésus continua à enseigner le peuple durant la journée et à instruire les apôtres et les évangélistes dans la soirée. Le vendredi, il annonça une semaine de congé pour permettre à tous ses disciples d’aller passer quelques jours chez eux ou chez leurs amis avant de se préparer à monter à Jérusalem pour la Pâque. Mais plus de la moitié de ses disciples refusèrent de le quitter, et la foule s’accrut chaque jour au point que David Zébédée voulut établir un nouveau campement, mais Jésus refusa d’y consentir. Le Maitre avait eu si peu de repos durant le sabbat que, le dimanche matin 27 mars, il chercha à s’éloigner de la foule. Quelques évangélistes furent laissés en arrière pour parler à la multitude, tandis que Jésus et les douze projetaient de s’échapper sans être aperçus et d’aller sur la rive opposée du lac, où ils pensaient trouver, dans un magnifique parc au sud de Bethsaïde-Julias, le répit dont ils avaient tant besoin. La région était un lieu de promenade favori pour les habitants de Capharnaüm, qui connaissaient bien ces parcs de la rive orientale. 152:2.2 Mais la foule ne l’entendit pas ainsi. Les intéressés virent la direction que prenait le bateau de Jésus, louèrent toutes les barques disponibles et se lancèrent à sa poursuite. Ceux qui ne purent trouver de bateau partirent à pied en contournant l’extrémité nord du lac. 152:2.3 Tard dans l’après-midi, plus de mille personnes avaient repéré le Maitre dans l’un des parcs. Il leur parla brièvement et Pierre le relaya. Beaucoup de ces gens avaient apporté de la nourriture. Ils prirent leur repas du soir, puis s’assemblèrent par petits groupes tandis que les apôtres et les disciples de Jésus les enseignaient. 152:2.4 Le lundi après-midi, la multitude s’était accrue. Elle comptait maintenant plus de trois-mille personnes et pourtant – tard dans la soirée – il continuait d’en arriver qui amenaient avec elles toutes sortes de malades. Des centaines de personnes intéressées avaient établi leurs plans pour s’arrêter à Capharnaüm afin de voir et d’entendre Jésus en cours de route en se rendant à la Pâque. Et ils ne voulaient à aucun prix être déçus. Le mercredi à midi, près de cinq-mille hommes, femmes et enfants s’étaient rassemblés là dans ce parc au sud de Bethsaïde-Julias. Le temps était agréable, car la fin de la saison des pluies approchait dans cette région. 152:2.5 Philippe s’était procuré des provisions pour nourrir Jésus et les douze pendant trois jours ; il en avait confié la garde au jeune Marc, leur factotum. Cet après-midi était la troisième journée de présence pour la moitié de la foule, et les provisions de bouche que les gens avaient apportées étaient presque épuisées. David Zébédée n’avait pas ici de ville de toile pour loger et nourrir les foules. Philippe n’avait pas non plus fait de provisions pour une si grande multitude. Mais, bien que les gens eussent faim, ils ne voulaient pas s’en aller. On chuchotait que Jésus, désireux d’éviter les difficultés à la fois avec Hérode et avec les dirigeants de Jérusalem, avait choisi ce lieu hors de la juridiction de ses ennemis comme endroit convenable pour être couronné roi. L’enthousiasme de la foule croissait d’heure en heure. On ne disait rien à Jésus, mais, bien entendu, il savait tout ce qui se passait. Même les douze apôtres, et spécialement les jeunes évangélistes, avaient les idées faussées par de telles notions. Les apôtres qui favorisaient cette tentative pour proclamer Jésus roi étaient Pierre, Jean, Simon Zélotès et Judas Iscariot. Ceux qui s’opposaient au plan étaient André, Jacques, Nathanael et Thomas. Matthieu, Philippe et les jumeaux Alphée étaient neutres. Le meneur du complot pour couronner Jésus était Joab, l’un des jeunes évangélistes. 152:2.6 Telle était la situation, le mercredi après-midi vers cinq heures, lorsque Jésus demanda à Jacques Alphée de convoquer André et Philippe. Jésus leur dit : « Qu’allons-nous faire de la multitude ? Ces gens sont avec nous depuis trois jours, et beaucoup d’entre eux ont faim. Ils n’ont pas de vivres. » Philippe et André échangèrent un coup d’œil, puis Philippe répondit : « Maitre, tu devrais les renvoyer pour qu’ils aillent dans les villages des environs s’acheter de la nourriture. » André craignant que le complot pour instituer un roi ne prenne corps ; appuya donc rapidement Philippe en disant : « Oui, Maitre, je crois qu’il vaut mieux que tu renvoies la foule afin qu’elle aille son chemin et achète des vivres pendant que tu prendras un peu de repos. » Pendant ce temps, d’autres apôtres parmi les douze s’étaient joints à l’entretien. Jésus dit alors : « Mais je ne désire pas les renvoyer affamés ; ne pouvez-vous les nourrir ? » C’en fut trop pour Philippe qui s’écria : « Maitre, ce lieu en pleine campagne est-il un endroit où nous pouvons acheter du pain pour cette foule ? Avec deux-cents deniers nous n’en aurions pas assez pour un repas. » 152:2.7 Avant que les autres apôtres n’aient eu la possibilité de s’exprimer, Jésus se tourna vers André et Philippe en disant : « Je ne veux pas renvoyer ces gens. Ils sont là telles des brebis sans berger, et je voudrais les nourrir. De quoi disposons-nous comme nourriture ? » Tandis que Philippe s’entretenait avec Matthieu et Judas, André chercha le jeune Marc pour vérifier ce qui restait de leurs provisions. Il revint vers Jésus en disant : « Il ne reste au garçon que cinq pains d’orge et deux poissons séchés » – et Pierre ajouta promptement : « Et il faut encore que nous mangions ce soir. » 152:2.8 Pendant un moment, Jésus resta silencieux. Il y avait dans ses yeux un regard lointain. Les apôtres ne disaient rien. Jésus se tourna soudain vers André et dit : « Apporte-moi les pains et les poissons. » Lorsqu’André lui eut apporté le panier, le Maitre dit : « Ordonne aux gens de s’assoir sur l’herbe par compagnies de cent, et de désigner un chef par groupe pendant que tu amènes tous les évangélistes auprès de nous. » 152:2.9 Jésus prit les pains dans ses mains et rendit grâces. Après quoi, il rompit le pain et en donna à ses apôtres, qui le passèrent aux évangélistes, lesquels à leur tour le portèrent à la multitude. Jésus rompit et distribua les poissons de la même manière. La multitude mangea et fut rassasiée et, lorsqu’elle eut fini de manger, Jésus dit aux disciples : « Ramassez les morceaux afin que rien ne se perde. » Quand ils eurent achevé de rassembler les morceaux, ils en avaient rempli douze paniers. Environ cinq-mille hommes, femmes et enfants participèrent à ce repas extraordinaire. 152:2.10 Ce fut le premier et unique miracle de la nature que Jésus accomplit après l’avoir sciemment projeté. Il est vrai que ses disciples avaient tendance à qualifier de miracles des phénomènes qui n’en étaient pas, mais, en l’espèce, il s’agissait bien d’un authentique ministère surnaturel. D’après ce qui nous a été dit, Micaël multiplia les éléments nutritifs comme il le fait toujours, sauf qu’en l’occurrence, il élimina le facteur temps et le processus vital physiquement observable. 3. L’épisode de couronnement 152:3.1 Le ravitaillement des cinq-mille au moyen de l’énergie surnaturelle fut un autre de ces cas où l’évènement représentait la pitié humaine alliée au pouvoir créateur. Maintenant que la foule avait été rassasiée, et du fait que la renommée de Jésus avait été accrue séance tenante par ce prodigieux miracle, le projet de s’emparer du Maitre et de le proclamer roi n’avait plus besoin des directives de personne. L’idée parut se répandre dans la foule comme une contagion. La réaction de la foule à cette satisfaction soudaine et spectaculaire de ses besoins physiques fut profonde et irrésistible. Depuis longtemps, on avait enseigné aux Juifs qu’à son avènement, le Messie, le fils de David, ferait de nouveau couler le lait et le miel dans le pays, et que le pain de vie leur serait offert, comme la manne du ciel était jadis censément tombée sur leurs ancêtres dans le désert. Cette espérance ne venait-elle pas de se réaliser sous leurs yeux ? Quand cette foule affamée et sous-alimentée eut fini de se gorger de la nourriture miraculeuse, sa réaction fut unanime : « Voilà notre roi. » Le libérateur d’Israël, auteur de prodiges, était venu. Aux yeux de ces gens simples, le pouvoir de nourrir entrainait le droit de régner. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que la multitude rassasiée se soit levée comme un seul homme et ait crié : « Faites-le roi ! » 152:3.2 Cette puissante clameur enthousiasma Pierre et ceux des apôtres qui conservaient encore l’espérance de voir Jésus affirmer son droit de régner. Leurs faux espoirs n’allaient pas subsister longtemps. À peine l’écho de la puissante clameur de la multitude avait-il fini de se répercuter sur les rochers voisins, que Jésus monta sur une énorme pierre, leva la main droite pour attirer l’attention et dit : « Mes enfants, vos intentions sont bonnes, mais vous avez la vue courte et votre pensée est matérielle. » Il y eut une brève interruption ; ce vaillant Galiléen se tenait là, dans une pose majestueuse, dans la lumière enchanteresse de ce crépuscule oriental. Jusqu’au bout des ongles, il avait une allure de roi, tandis qu’il continuait à parler à la foule qui retenait son souffle : « Vous voudriez m’établir roi, non parce que vos âmes ont été éclairées par une grande vérité, mais parce que vos estomacs ont été remplis de pain. Combien de fois vous ai-je dit que mon royaume n’est pas de ce monde ? Le royaume des cieux que nous proclamons est une fraternité spirituelle, et nul homme ne peut le diriger d’un trône matériel. Mon Père qui est aux cieux est le Souverain infiniment sage et tout-puissant de cette fraternité spirituelle des fils de Dieu sur terre. Ai-je échoué dans ma révélation du Père des esprits au point que vous vouliez faire un roi de son Fils incarné ? Partez maintenant et rentrez chez vous. S’il vous faut un roi, que le Père des lumières siège sur un trône dans le cœur de chacun de vous en tant que Souverain spirituel de toutes choses. » 152:3.3 Ces paroles de Jésus renvoyèrent la foule abasourdie et découragée. Beaucoup de ceux qui avaient cru en lui firent volte-face et cessèrent dorénavant de le suivre. Les apôtres se tenaient cois, réunis silencieusement autour des douze paniers remplis des restes de nourriture ; seul le jeune Marc, leur garçon à toutes mains, ouvrit la bouche pour dire : « Et il a refusé d’être notre roi. » Avant de partir pour être seul dans les collines, Jésus se tourna vers André et dit : « Remmène tes frères à la maison de Zébédée et prie avec eux, spécialement pour ton frère Simon Pierre. » 4. La vision nocturne de Simon Pierre 152:4.1 Les apôtres sans leur Maitre – livrés à eux-mêmes – montèrent dans leur bateau et commencèrent à ramer silencieusement vers Bethsaïde, sur la rive occidentale du lac. Aucun des douze n’était aussi écrasé et abattu que Simon Pierre. Ils prononcèrent à peine quelques paroles ; ils pensaient tous au Maitre seul dans les collines. Les avait-il abandonnés ? Jamais auparavant il ne les avait tous renvoyés en refusant de les accompagner. Que pouvait signifier tout cela ? 152:4.2 L’obscurité les enveloppa bientôt, car un fort vent contraire s’était levé et il leur était presque impossible d’avancer. Tandis que les heures de nuit s’écoulaient à ramer péniblement, Pierre, épuisé, tomba dans un profond sommeil. André et Jacques l’étendirent sur le siège capitonné à l’arrière du bateau. Pendant que les autres apôtres peinaient contre le vent et les vagues, Pierre eut un rêve ; il vit une apparition de Jésus s’approchant d’eux en marchant sur la mer. Quand le Maitre parut passer près du bateau, Pierre cria : « Sauve-nous, Maitre, sauve-nous. » Et ceux qui se trouvaient à l’arrière du bateau entendirent certaines de ces paroles. Tandis que cette apparition nocturne continuait dans le mental de Pierre, il rêva que Jésus disait : « Ayez bon courage ; c’est moi ; ne craignez point. » Cela fit l’effet d’un baume de Galaad sur l’âme agitée de Pierre ; cela calma son esprit troublé, de sorte que (dans son rêve) il cria au Maitre : « Seigneur, si c’est bien toi, ordonne-moi de venir et de marcher avec toi sur les eaux. » Et, quand Pierre se mit à marcher sur l’eau, les vagues tumultueuses l’effrayèrent, et il allait sombrer lorsqu’il cria : « Seigneur, sauve-moi! » La plupart des douze l’entendirent pousser ce cri. Pierre rêva ensuite que Jésus venait à son secours, le prenait par la main et le soulevait en disant : « Ô homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » 152:4.3 En liaison avec la dernière partie de son rêve, Pierre se leva véritablement du banc où il dormait, passa par-dessus bord et tomba réellement à l’eau. Il se réveilla de son rêve tandis qu’André, Jacques et Jean se penchaient sur le bastingage et le retiraient de la mer. 152:4.4 Pierre considéra toujours cet épisode comme réel. Il crut sincèrement que Jésus était venu vers eux cette nuit-là. Il ne réussit que partiellement à convaincre Jean Marc, ce qui explique pourquoi celui-ci élimina de son récit une partie de l’histoire. Quant à Luc, le médecin, il fit des recherches approfondies sur le sujet et conclut que l’épisode était une simple vision de Pierre ; en conséquence, il refusa d’incorporer cette histoire lorsqu’il prépara son récit. 5. De retour à Bethsaïde 152:5.1 Le jeudi avant le lever du jour, ils ancrèrent leur bateau près de la maison de Zébédée, puis dormirent jusque vers midi. André fut le premier à se lever. Il se promena sur le rivage et trouva Jésus, en compagnie de leur factotum, assis sur une pierre au bord de l’eau. Beaucoup de gens et de jeunes évangélistes avaient passé toute la nuit et une grande partie du lendemain à chercher Jésus dans les collines de la rive orientale. Mais Jésus, accompagné du jeune Marc, était parti à pied peu après minuit pour contourner le lac, traverser le fleuve et revenir à Bethsaïde. 152:5.2 Parmi les cinq-mille qui avaient été miraculeusement nourris et qui, l’estomac plein et le cœur vide, voulaient faire de Jésus un roi, cinq-cents seulement persistèrent à le suivre. Avant que ces derniers n’eussent été informés de son retour à Bethsaïde, Jésus pria André de réunir les douze apôtres et leurs associés, y compris les femmes, en lui disant : « Je voudrais leur parler. » Et, quand ils furent tous prêts, Jésus dit : 152:5.3 « Combien de temps vous supporterai-je ? Êtes-vous tous lents à comprendre par l’esprit et manquez-vous de foi vivante ? Durant tous ces mois, je vous ai enseigné les vérités du royaume, et malgré cela vous restez dominés par des mobiles matériels au lieu de l’être par des considérations spirituelles. N’avez-vous même pas lu dans les Écritures le passage où Moïse exhorte les enfants incroyants d’Israël en leur disant : ‘Ne craignez pas, restez tranquilles et contemplez le salut du Seigneur.’ Le psalmiste a dit : ‘Mettez votre foi dans le Seigneur.’ ‘Soyez patients, attendez le Seigneur et ayez bon courage. Il fortifiera votre cœur.’ ‘Remettez votre fardeau au Seigneur et il vous soutiendra. Ayez toujours confiance en lui et épanchez votre cœur en lui, car Dieu est votre refuge.’ ‘Celui qui habite dans le lieu secret du Très-Haut demeurera à l’ombre du Tout-Puissant.’ ‘Mieux vaut avoir foi dans le Seigneur que de donner sa confiance à des princes humains.’ 152:5.4 « Avez vous compris maintenant que l’accomplissement de miracles et de prodiges matériels ne gagnera pas d’âmes au royaume spirituel ? Nous avons nourri une foule de gens, mais, après cela, ils n’ont eu ni faim du pain de vie ni soif de l’eau de la droiture spirituelle. Quand leur faim a été assouvie, ils n’ont pas cherché à entrer dans le royaume des cieux, mais plutôt à proclamer la royauté du Fils de l’Homme à la manière des rois de ce monde, uniquement pour pouvoir continuer à manger du pain sans avoir à travailler pour le gagner. Et tout ceci, à quoi beaucoup de vous ont plus ou moins participé, ne contribue en rien à révéler le Père céleste ni à faire progresser son royaume sur terre. N’avons-nous donc pas assez d’ennemis parmi les chefs religieux du pays sans faire ce qui est propre à nous aliéner également les chefs civils ? Je prie le Père d’oindre vos yeux pour que vous puissiez voir, et d’ouvrir vos oreilles pour que vous puissiez entendre, afin que vous ayez pleinement foi dans l’évangile que je vous ai enseigné. » 152:5.5 Jésus annonça ensuite qu’il voulait se retirer quelques jours et prendre du repos avec ses apôtres avant de monter à Jérusalem pour la Pâque, et il défendit à tous ses disciples et à la foule de le suivre. Jésus et les douze se rendirent donc par bateau dans la région de Gennésareth pour deux ou trois jours de repos et de sommeil. Jésus se préparait à une grande crise de sa vie terrestre et passa donc beaucoup de temps en communion avec son Père qui est aux cieux. 152:5.6 La nouvelle du ravitaillement des cinq-mille et de la tentative pour faire de Jésus un roi excita une vaste curiosité et aiguillonna les craintes des chefs civils et religieux dans toute la Galilée et la Judée. Ce grand miracle ne fit aucunement progresser l’évangile du royaume dans l’âme des croyants peu enthousiastes et orientés matériellement, mais il provoqua une crise dans la famille des apôtres et des proches disciples de Jésus, qui avaient tendance à rechercher des miracles et à désirer ardemment un roi. Cet épisode spectaculaire mit fin à la première période d’enseignement, d’éducation et de guérison, préparant ainsi la voie pour l’inauguration de la dernière année consacrée à proclamer les phases supérieures et plus spirituelles du nouvel évangile du royaume – la filiation divine, la liberté spirituelle et le salut éternel. 6. À Gennésareth 152:6.1 Pendant qu’il se reposait chez un riche croyant de la région de Gennésareth, Jésus tint, chaque après-midi, des réunions informelles avec les douze apôtres. Ces ambassadeurs du royaume formaient un groupe sérieux, calme et assagi d’hommes désillusionnés. Même après tout ce qui était arrivé, les évènements ultérieurs révélèrent que ces douze hommes n’étaient pas encore complètement délivrés de leurs notions anciennes et longtemps chéries sur la venue du Messie juif. Les évènements des quelques semaines précédentes s’étaient déroulés trop rapidement pour que ces pêcheurs étonnés aient pu en saisir pleinement la signification. Il faut du temps aux hommes et aux femmes pour effectuer des changements importants et radicaux dans leurs conceptions fondamentales sur la conduite sociale, sur les attitudes philosophiques et sur les convictions religieuses. 152:6.2 Tandis que Jésus et les douze se reposaient à Gennésareth, la multitude se dispersa, les uns rentrant chez eux, les autres se rendant à Jérusalem pour la Pâque. En moins d’un mois, les disciples enthousiastes de Jésus, qui le suivaient ouvertement au nombre de plus de cinquante-mille dans la seule Galilée, se réduisirent à moins de cinq-cents. Jésus désirait faire subir à ses apôtres l’expérience de l’inconstance des acclamations populaires, afin qu’ils ne soient pas tentés de s’appuyer sur de telles manifestations temporaires d’hystérie religieuse après qu’il les aurait laissés œuvrer seuls pour le royaume ; mais il ne réussit que partiellement dans son effort. 152:6.3 Le deuxième soir de leur séjour à Gennésareth, le Maitre répéta aux apôtres la parabole du semeur et y ajouta ces paroles : « Vous voyez, mes enfants, que l’appel aux sentiments humains est transitoire et totalement décevant ; de même, l’appel exclusif à l’intellect est vide de sens et stérile ; c’est seulement en adressant votre appel à l’esprit qui vit dans le mental humain que vous pouvez espérer obtenir un succès durable et accomplir les merveilleuses transformations de caractère qui se traduiront bientôt par une abondante récolte des véritables fruits de l’esprit dans la vie quotidienne de tous ceux qui sont ainsi délivrés des ténèbres du doute par la naissance de l’esprit dans la lumière de la foi – dans le royaume des cieux. » 152:6.4 Jésus enseigna l’appel aux émotions en tant que technique pour arrêter et focaliser l’attention intellectuelle. Il qualifia le mental ainsi éveillé et vivifié de porte d’entrée vers l’âme où réside cette nature spirituelle de l’homme qui doit reconnaitre la vérité et répondre à l’appel spirituel de l’évangile, pour procurer les résultats permanents des vraies transformations de caractère. 152:6.5 Jésus s’efforça ainsi de préparer les apôtres au choc imminent – la crise de l’attitude du public envers lui, qui allait éclater quelques jours plus tard. Il expliqua aux douze que les chefs religieux de Jérusalem conspireraient avec Hérode Antipas pour les détruire. Les douze commencèrent à comprendre plus pleinement (mais non définitivement) que Jésus ne siégerait pas sur le trône de David. Ils saisirent plus complètement que les prodiges matériels ne feraient pas progresser la vérité spirituelle. Ils commencèrent à réaliser que la nourriture miraculeuse des cinq-mille et le mouvement populaire pour faire de Jésus un roi marquaient l’apogée des espérances du peuple recherchant des miracles et attendant des prodiges, ainsi que le point culminant des acclamations de Jésus par la populace. Ils discernèrent vaguement et prévirent obscurément l’approche du passage au crible spirituel et de la cruelle adversité. L’intelligence de ces douze hommes s’éveillait lentement à la compréhension de la nature réelle de leur tâche d’ambassadeurs du royaume, et ils commencèrent à se cuirasser pour les rudes et sévères épreuves de la dernière année du ministère du Maitre sur terre. 152:6.6 Avant leur départ de Gennésareth, Jésus s’expliqua au sujet de la nourriture miraculeuse des cinq-mille. Il raconta exactement aux douze pourquoi il s’était engagé dans cette manifestation extraordinaire de pouvoir créateur. Il leur assura qu’il n’avait pas cédé à un mouvement de compassion envers la foule avant de s’être assuré que c’était « conforme à la volonté du Père. » 7. À Jérusalem 152:7.1 Le dimanche 3 avril, Jésus, accompagné seulement des douze apôtres, partit de Bethsaïde pour Jérusalem. Afin d’éviter les foules et d’attirer un minimum d’attention, ils passèrent par Gérasa et Philadelphie. Jésus défendit aux apôtres d’enseigner publiquement durant ce voyage ; il ne leur permit pas non plus d’enseigner ni de prêcher pendant leur séjour à Jérusalem. Ils arrivèrent à Béthanie près de Jérusalem tard dans la soirée du mercredi 6 avril. Ils s’arrêtèrent pour une nuit seulement chez Lazare, Marthe et Marie, mais, dès le lendemain, ils se séparèrent. Jésus resta avec Jean chez un croyant nommé Simon, voisin de Lazare à Béthanie. Judas Iscariot et Simon Zélotès s’arrêtèrent chez des amis à Jérusalem, tandis que les autres apôtres séjournaient deux par deux dans différents foyers. 152:7.2 Durant cette Pâque, Jésus ne pénétra qu’une seule fois dans Jérusalem, et ce fut lors du grand jour de la fête. Nombre de croyants de Jérusalem sortirent de la ville sous la conduite d’Abner pour rencontrer Jésus à Béthanie. Durant ce séjour à Jérusalem, les douze apprirent combien les sentiments d’amertume croissaient envers leur Maitre. Ils quittèrent la ville convaincus qu’une crise était imminente. 152:7.3 Le dimanche 24 avril, Jésus et les apôtres partirent de Jérusalem pour Bethsaïde en passant par les villes côtières de Joppé, Césarée et Ptolémaïs. De là, par voie de terre, ils allèrent par Rama et Chorazin à Bethsaïde où ils arrivèrent le vendredi 29 avril. Aussitôt rentré, Jésus envoya André demander au chef de la synagogue l’autorisation de prendre la parole le lendemain, jour de sabbat, à l’office de l’après-midi. Jésus savait bien que c’était la dernière fois qu’on lui permettrait de parler dans la synagogue de Capharnaüm. FASCICULE 153. La crise à Capharnaüm 153:0.1 Le vendredi soir, jour de leur arrivée à Bethsaïde, et le matin du sabbat, les apôtres remarquèrent que Jésus était sérieusement absorbé par quelque grave problème ; ils se rendaient compte que le Maitre réfléchissait d’une manière inhabituelle à une importante affaire. Il ne mangea rien le matin et très peu à midi. Pendant toute la matinée du sabbat et la soirée de la veille, les douze et leurs compagnons s’étaient réunis par petits groupes dans la maison, dans le jardin et le long du rivage. On sentait régner sur eux tous la tension de l’incertitude et l’inquiétude de l’attente. Jésus ne leur avait presque rien dit depuis leur départ de Jérusalem. 153:0.2 Depuis des mois, ils n’avaient pas vu le Maitre aussi préoccupé et taciturne. Même Simon Pierre était déprimé, sinon abattu. André ne savait que faire pour ses associés découragés. Nathanael disait que l’on était au milieu de « l’accalmie avant la tempête ». Thomas exprima l’opinion « qu’un évènement sortant de l’ordinaire allait se produire ». Philippe recommanda à David Zébédée « de ne plus rien prévoir pour loger et nourrir la multitude avant que nous ne sachions à quoi le Maitre pense ». Matthieu renouvelait ses efforts pour renflouer la trésorerie. Jacques et Jean parlaient du prochain sermon dans la synagogue et faisaient des hypothèses sur sa nature et sa portée probables. Simon Zélotès exprimait la croyance, en réalité l’espoir, que « le Père qui est aux cieux pouvait être sur le point d’intervenir d’une manière inattendue pour justifier et soutenir son Fils ». Quant à Judas Iscariot, il osait se complaire dans la pensée que Jésus était peut-être accablé de regrets « pour n’avoir pas eu le courage et l’audace de permettre aux cinq-mille de le proclamer roi des Juifs ». 153:0.3 Sortant de ce groupe de disciples déprimés et désolés, Jésus partit, ce magnifique après-midi de sabbat, pour prêcher son sermon historique dans la synagogue de Capharnaüm. Les seules paroles d’encouragement ou souhait de bonne chance qu’il reçut de ses disciples immédiats lui furent adressés par l’un des candides jumeaux Alphée. Celui-ci salua gaiement Jésus au moment où il quittait la maison pour se rendre à la synagogue, en disant : « Nous prions pour que le Père t’aide et pour que viennent à nous des multitudes plus nombreuses que jamais. » 1. La mise en scène 153:1.1 Une assistance distinguée accueillit Jésus à trois heures de l’après-midi de cette exquise journée dans la nouvelle synagogue de Capharnaüm. Jaïre présidait et passa les Écritures à Jésus pour la lecture. La veille, cinquante-trois pharisiens et sadducéens étaient arrivés de Jérusalem. Plus de trente chefs et dirigeants des synagogues voisines étaient également présents. Ces chefs religieux juifs agissaient selon les ordres reçus directement du sanhédrin de Jérusalem ; ils constituaient l’avant-garde orthodoxe venue pour déclarer une guerre ouverte à Jésus et à ses disciples. Assis auprès d’eux sur les sièges d’honneur de la synagogue, se trouvaient les observateurs officiels d’Hérode Antipas ; ils avaient reçu pour instructions de vérifier l’exactitude des rapports troublants annonçant que la populace avait fait une tentative pour proclamer Jésus roi des Juifs, là-bas dans les domaines de Philippe, frère d’Hérode. 153:1.2 Jésus comprit que ses ennemis, dont le nombre croissait, allaient immédiatement lui déclarer une guerre avouée et ouverte, et il choisit audacieusement de prendre l’offensive. Quand il avait nourri les cinq-mille, il avait contesté leurs idées sur le Messie matériel ; maintenant, il décida de nouveau d’attaquer leur concept du libérateur des Juifs. Cette crise, qui débuta avec le ravitaillement des cinq-mille et se termina par le sermon de cet après-midi de sabbat, marqua le commencement du reflux de la marée de la renommée et des acclamations populaires. Désormais, l’œuvre du royaume devait consister de plus en plus en la tâche majeure de gagner durablement des convertis spirituels à la fraternité vraiment religieuse de l’humanité. Ce sermon marqua la crise de transition entre la période de discussion, de controverse et de décision, et celle de la guerre ouverte conduisant à une acceptation finale ou à un rejet définitif. 153:1.3 Le Maitre savait bien que dans leur mental, un grand nombre de ceux qui le suivaient se préparaient, lentement mais sûrement, à le désavouer définitivement. Il savait également qu’un bon nombre de ses disciples acquéraient, lentement mais sûrement, cette éducation du mental et cette discipline de l’âme qui leur permettraient de triompher des doutes et d’affirmer courageusement leur foi totale dans l’évangile du royaume. Jésus comprenait pleinement comment les hommes se préparent aux décisions d’une crise et à l’accomplissement soudain d’actes impliquant un choix courageux, par le lent processus du choix réitéré entre le bien et le mal dans des situations récurrentes. Il soumit ses messagers élus à des déceptions répétées et leur fournit des occasions fréquentes d’épreuves où ils devaient choisir entre la bonne et la mauvaise manière de faire face aux difficultés spirituelles. Il savait qu’il pouvait compter sur ses disciples, qu’au moment de l’épreuve finale, ils prendraient leurs décisions essentielles conformément aux attitudes mentales et aux réactions spirituelles dont ils auraient pris l’habitude antérieurement. 153:1.4 Cette crise dans la vie de Jésus commença par le ravitaillement des cinq-mille et se termina par ce sermon dans la synagogue. La crise dans la vie des apôtres commença avec ce sermon dans la synagogue et continua pendant toute une année, pour ne prendre fin qu’au moment du jugement et de la crucifixion du Maitre. 153:1.5 Avant que Jésus n’ait commencé à parler cet après-midi-là, tout l’auditoire, assis dans la synagogue, ne pensait qu’à un seul grand mystère, ne se posait qu’une question suprême. Ses amis aussi bien que ses ennemis ne songeaient qu’à ceci : « Pourquoi avait-il lui-même si délibérément et si efficacement renversé le sens du courant de l’enthousiasme populaire ? » Ce fut immédiatement avant et après ce sermon que les doutes et les déceptions de ses adhérents mécontents se changèrent en une opposition inconsciente et finirent par se transformer en véritable haine. Ce fut après ce sermon dans la synagogue que, pour la première fois, Judas Iscariot songea consciemment à déserter ; mais, pour l’instant, il domina efficacement toutes les tendances de cet ordre. 153:1.6 Chacun était perplexe. Jésus avait laissé tout le monde abasourdi et confondu. Il s’était récemment engagé dans la plus grande démonstration de pouvoir surnaturel de toute sa carrière. Le ravitaillement des cinq-mille fut l’évènement de sa vie terrestre qui fit le maximum d’appel au concept juif du Messie attendu. Mais cet avantage extraordinaire fut immédiatement contrebalancé d’une manière inexplicable par son prompt et net refus d’être proclamé roi. 153:1.7 Le vendredi soir, puis de nouveau le matin du sabbat, les dirigeants venus de Jérusalem avaient fait de longs et persévérants efforts auprès de Jaïre pour qu’il empêche Jésus de parler dans la synagogue, mais ce fut en vain. À toute leur argumentation, Jaïre ne faisait qu’une réponse : « J’ai accordé la permission demandée et je ne manquerai pas à ma parole. » 2. Le sermon historique 153:2.1 Jésus préluda à ce sermon en lisant dans la Loi les passages suivants du Deutéronome : « Mais il arrivera que, si ce peuple n’écoute pas la voix de Dieu, il sera certainement maudit pour ses transgressions. Le Seigneur te fera frapper par tes ennemis ; tu seras emmené dans tous les royaumes de la terre. Le Seigneur te livrera, avec le roi que tu auras mis sur ton trône, à une nation étrangère. Tu deviendras un sujet d’étonnement, de proverbe et un symbole parmi toutes les nations. Tes fils et tes filles iront en captivité. Les étrangers en Israël acquerront une haute autorité et tu seras abaissé jusqu’à terre. Et toutes ces choses t’arriveront perpétuellement, à toi et à ta semence, parce que tu n’as pas voulu écouter la parole du Seigneur. C’est pour cela que tu serviras tes ennemis venus t’assaillir. Tu endureras la faim et la soif, et tu subiras le joug de fer de l’étranger. Le Seigneur élèvera contre toi une nation venant de loin, des confins de la terre, une nation dont tu ne comprendras pas la langue, une nation au visage dur qui aura peu de considération pour toi. Et ils t’assiégeront dans toutes tes villes jusqu’à ce que tous les hauts remparts dans lesquels tu as mis ta confiance soient abattus ; et tout le pays tombera entre leurs mains. Et il arrivera que tu seras forcé de manger le fruit de ton propre corps, la chair de tes fils et de tes filles, durant ce temps de siège, à cause de la pénurie dans laquelle tes ennemis t’enserreront. » 153:2.2 Lorsque Jésus eut terminé cette lecture, il passa aux Prophètes et lut dans Jérémie : « ‘Si vous ne voulez pas écouter les paroles de mes serviteurs, les prophètes que je vous ai envoyés, alors je rendrai cette maison semblable à Silo et je ferai de cette ville une malédiction pour toutes les nations de la terre.’ Les prêtres et les éducateurs entendirent Jérémie prononcer ces paroles dans la maison du Seigneur. Et il arriva que, lorsque Jérémie eut fini de dire tout ce que le Seigneur lui avait commandé d’annoncer à tout le peuple, les prêtres et les éducateurs s’emparèrent de lui en disant : ‘Tu vas certainement mourir.’ Et tout le peuple afflua autour de Jérémie dans la maison du Seigneur. Quand les princes de Juda entendirent ces choses, ils jugèrent Jérémie. Et les prêtres et les éducateurs parlèrent aux princes et à tout le peuple en disant : ‘Cet homme a mérité la mort, car il a prophétisé contre notre ville, et vous l’avez entendu de vos propres oreilles.’ Alors Jérémie dit à tous les princes et à tout le peuple : ‘Le Seigneur m’a envoyé prophétiser contre cette maison et contre cette ville toutes les paroles que vous avez entendues. Réformez donc votre conduite et amendez vos actions et obéissez à la voix du Seigneur, votre Dieu, afin d’échapper au mal qui a été prononcé contre vous. Quant à moi, me voici entre vos mains. Traitez-moi comme il vous semblera bon et juste, mais sachez bien que, si vous me faites mourir, vous mettrez du sang innocent sur vous et sur ce peuple, car, en vérité, le Seigneur m’a envoyé pour faire retentir toutes ces paroles à vos oreilles.’ 153:2.3 « Les prêtres et les éducateurs de l’époque cherchèrent à tuer Jérémie, mais les juges ne voulurent pas y consentir. Toutefois, à cause de ses paroles d’avertissement, ils le firent descendre par des cordes dans un cachot fangeux où il s’enfonça dans la boue jusqu’aux aisselles. Voilà ce que ce peuple fit au prophète Jérémie lorsqu’il obéit au commandement du Seigneur de prévenir ses frères de leur chute politique imminente. Aujourd’hui, je voudrais vous demander : Comment les principaux prêtres et chefs religieux de ce peuple traiteront-ils un homme qui ose les avertir du jour de leur condamnation spirituelle ? Allez-vous également chercher à mettre à mort l’instructeur qui a l’audace de proclamer la parole du Seigneur, et qui ne craint pas de signaler comment vous refusez de marcher dans le chemin de lumière qui conduit à l’entrée du royaume des cieux ? 153:2.4 « Que cherchez-vous comme preuve de ma mission sur terre ? Nous vous avons laissés tranquilles dans vos positions d’influence et de pouvoir pendant que nous prêchions de bonnes nouvelles aux pauvres et aux opprimés. Nous n’avons pas lancé d’attaque hostile contre ce que vous respectez ; nous avons plutôt proclamé une nouvelle liberté pour l’âme des hommes tourmentés par la peur. Je suis venu dans le monde pour révéler mon Père et pour établir sur terre la fraternité spirituelle des fils de Dieu, le royaume des cieux. Bien que je vous aie maintes fois rappelé que mon royaume n’est pas de ce monde, mon Père vous a néanmoins accordé de nombreuses manifestations de prodiges matériels s’ajoutant à des transformations et régénérations spirituelles plus probantes. 153:2.5 « Quel nouveau signe attendez-vous de moi ? Je déclare que vous avez déjà suffisamment de preuves pour pouvoir prendre vos décisions. En vérité, en vérité, je le dis à beaucoup de mes auditeurs d’aujourd’hui, vous êtes obligés de choisir le chemin que vous allez prendre. Comme Josué l’a dit à vos ancêtres, je vous dis de choisir aujourd’hui qui vous voulez servir. Beaucoup d’entre vous se trouvent aujourd’hui à la croisée des chemins. 153:2.6 « Quand vous n’avez pas pu me trouver après que la multitude eut été rassasiée de l’autre côté du lac, certains d’entre vous avez loué les bateaux de pêche de Tibériade qui s’étaient abrités dans le voisinage pendant la tempête de la semaine dernière, et vous vous êtes lancés à ma poursuite, mais pourquoi ? Non pour rechercher la vérité et la droiture, ni pour apprendre à mieux servir ou soigner vos semblables, non, mais plutôt pour avoir plus de pain sans travailler ! Ce n’était pas pour remplir votre âme de la parole de vie, mais pour remplir votre ventre du pain de la facilité. Depuis longtemps, on vous a enseigné que, lors de sa venue, le Messie accomplirait des prodiges qui rendraient la vie facile et agréable à tout le peuple élu. Il n’est donc pas étonnant, alors, que, vous qui avez été ainsi éduqués, vous désiriez ardemment du pain et des poissons. Mais je vous déclare que telle n’est pas la mission du Fils de l’Homme. Je suis venu proclamer la liberté spirituelle, enseigner la vérité éternelle et nourrir la foi vivante. 153:2.7 « Mes frères, ne convoitez pas les denrées périssables, mais recherchez plutôt les aliments spirituels qui nourrissent jusque dans la vie éternelle. C’est le pain de vie que le Fils donne à tous ceux qui veulent le prendre et le manger, car le Père a donné sans mesure cette vie au Fils. Lorsque vous m’avez demandé : ‘Que devons-nous faire pour accomplir les œuvres de Dieu ?’ Je vous ai clairement dit : ‘L’œuvre de Dieu consiste à croire en celui qu’il a envoyé.’ » 153:2.8 Puis Jésus montra du doigt le dessin d’un vase de manne orné de grappes de raisin et décorant le linteau de la nouvelle synagogue, et dit : « Vous avez cru que, dans le désert, vos pères avaient mangé la manne – le pain du ciel – mais je vous dis que c’était le pain de la terre. Alors que Moïse n’a pas donné à vos ancêtres de pain venant du ciel, mon Père est maintenant prêt à vous donner le véritable pain de vie. Le pain du ciel est ce qui vient de Dieu et donne la vie éternelle aux hommes de ce monde. Si vous me dites : Donne-nous de ce pain vivant, je répondrai : Je suis ce pain de vie. Quiconque vient vers moi n’aura pas faim, et quiconque me croit n’aura jamais soif. Vous m’avez vu, vous avez vécu avec moi, vous avez contemplé mes œuvres et pourtant vous ne croyez pas que je sois venu du Père. Mais, que tous ceux qui croient vraiment ne craignent pas. Tous ceux qui sont conduits par le Père viendront vers moi, et quiconque vient vers moi ne sera aucunement rejeté. 153:2.9 « Maintenant, laissez-moi vous déclarer, une fois pour toutes, que je suis descendu sur terre non pour faire ma propre volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé. Et la volonté finale de Celui qui m’a envoyé est que je ne perde pas un seul de ceux qu’il m’a donnés. Voici la volonté du Père : Que quiconque voit le Fils et le croit ait la vie éternelle. Hier encore, je vous ai nourris de pain destiné à votre corps ; aujourd’hui, j’offre le pain de vie à votre âme affamée. Voulez-vous maintenant absorber le pain de l’esprit comme vous avez si volontiers mangé le pain de ce monde ? » 153:2.10 Tandis que Jésus s’arrêtait un instant pour regarder l’assistance, l’un des éducateurs de Jérusalem (membre du sanhédrin) se leva et demanda : « Dois-je comprendre que tu affirmes être le pain descendu du ciel, et que la manne donnée par Moïse à nos pères dans le désert ne l’était pas ? » Et Jésus répondit : « Tu as bien compris. » Alors, le pharisien dit : « Mais n’es-tu pas Jésus de Nazareth, le fils de Joseph le charpentier ? Ton père et ta mère ainsi que tes frères et tes sœurs ne sont-ils pas connus de beaucoup d’entre nous ? Comment se fait-il donc que tu apparaisses ici dans la maison de Dieu et que tu déclares être descendu du ciel ? » 153:2.11 Entretemps, de nombreux murmures s’étaient élevés dans la synagogue et il y avait une telle menace de tumulte que Jésus se leva et dit : « Soyons patients ; la vérité n’a rien à craindre d’un examen honnête. Je suis tout ce que vous dites, mais plus encore. Le Père et moi, nous sommes un. Le Fils fait seulement ce que le Père lui enseigne. Quant à tous ceux qui sont donnés au Fils par le Père, le Fils les recevra en lui-même. Vous avez lu les passages suivants des Prophètes : ‘Vous serez tous enseignés par Dieu’ et ‘Ceux que le Père enseigne écouteront aussi son Fils.’ Quiconque suit les directives de l’esprit intérieur du Père finira par venir à moi. Nul homme n’a vu le Père, mais l’esprit du Père vit dans l’homme. Quant au Fils descendu du ciel, il a certainement vu le Père, et ceux qui croient sincèrement ce Fils ont déjà la vie éternelle. 153:2.12 « Je suis le pain de vie. Vos pères ont mangé la manne dans le désert et sont morts. Quant au pain qui vient de Dieu, si un homme en mange, il ne mourra jamais en esprit. Je répète que je suis ce pain vivant, et que toute âme réalisant l’unité des natures divine et humaine vivra éternellement. Ce pain de vie que je donne à quiconque veut le recevoir est ma propre nature vivante et conjuguée. Le Père dans le Fils et le Fils ne faisant qu’un avec le Père – c’est cela ma révélation qui apporte la vie au monde, et mon don de salut à toutes les nations. » 153:2.13 Lorsque Jésus eut fini de parler, le chef de la synagogue congédia la foule, mais elle ne voulut pas s’en aller. Elle se pressa autour de Jésus pour poser d’autres questions, tandis que certains auditeurs murmuraient et discutaient entre eux. Cette situation dura plus de trois heures, et ce fut seulement bien après sept heures du soir que l’auditoire finit par se disperser. 3. Après la réunion 153:3.1 Bien des questions furent posées à Jésus après la réunion, quelques-unes par ses disciples perplexes, mais la majorité par des incroyants chicaneurs qui cherchaient seulement à l’embarrasser et à le prendre au piège. 153:3.2 L’un des visiteurs pharisiens monta sur un socle de lampadaire et cria cette question : « Tu nous dis que tu es le pain de vie. Comment peux-tu nous donner ta chair à manger ou ton sang à boire ? À quoi sert ton enseignement si l’on ne peut le mettre en pratique ? » Jésus répondit à cette question en disant : « Je ne vous ai pas enseigné que ma chair soit le pain de vie, ni mon sang l’eau vivante, mais je vous ai dit que ma vie incarnée est une effusion de pain céleste. Le fait de la Parole de Dieu effusée dans la chair et le phénomène du Fils de l’Homme soumis à la volonté de Dieu constituent une réalité d’expérience qui équivaut à la nourriture divine. Vous ne pouvez ni manger ma chair ni boire mon sang, mais, en esprit, vous pouvez devenir un avec moi comme je ne fais qu’un en esprit avec le Père. Vous pouvez être nourris par la parole éternelle de Dieu, qui est en vérité le pain de vie, et qui a été effusée dans la similitude de la chair mortelle ; et votre âme peut être désaltérée par l’esprit divin qui est véritablement l’eau de la vie. Le Père m’a envoyé dans le monde pour montrer comment il désire habiter et diriger tous les hommes ; et j’ai vécu cette vie incarnée de manière à inspirer aussi tous les hommes pour qu’ils cherchent toujours à connaitre et à faire la volonté du Père céleste qui demeure en eux. » 153:3.3 Alors, l’un des espions de Jérusalem qui avait observé Jésus et ses apôtres dit : « Nous remarquons que ni toi ni les apôtres ne vous lavez convenablement les mains avant de manger du pain. Vous devez bien savoir que la pratique de manger avec des mains souillées et non lavées est une transgression de la loi des anciens. Vous ne lavez pas non plus correctement vos coupes de boisson ni votre vaisselle. Pourquoi montrez-vous si peu de respect pour les traditions de vos pères et les lois de nos anciens ? » Après l’avoir écouté, Jésus répondit : « Pourquoi transgressez-vous les commandements de Dieu par les lois de votre tradition ? Le commandement dit : ‘Honore ton père et ta mère’ et il ordonne que vous partagiez avec eux vos ressources si c’est nécessaire ; mais vous promulguez une loi de tradition qui permet aux enfants manquant à leurs devoirs de dire que l’argent qui aurait pu aider les parents a été ‘donné à Dieu’. La loi des anciens dégage ainsi de leur responsabilité ces enfants sournois, même s’ils emploient ultérieurement tout cet argent pour leur propre bien-être. Comment se fait-il que vous annuliez ainsi le commandement par votre propre tradition ? Hypocrites, Isaïe a bien prophétisé de vous lorsqu’il a dit : ‘Ce peuple m’honore de ses lèvres, mais son cœur est éloigné de moi. C’est en vain qu’ils me rendent un culte, car ils enseignent comme doctrines des préceptes humains.’ 153:3.4 « Voyez comment vous abandonnez le commandement pour vous accrocher à des traditions humaines. Vous êtes tout disposés à désavouer la parole de Dieu pour maintenir vos propres traditions. Et, de bien d’autres manières, vous osez établir votre propre enseignement au-dessus de la Loi et des Prophètes. » 153:3.5 Puis Jésus adressa ses observations à tout l’auditoire. Il dit : « Écoutez-moi tous. L’homme n’est pas spirituellement souillé par ce qui entre dans sa bouche, mais plutôt par ce qui sort de sa bouche et vient de son cœur. » Les apôtres eux-mêmes ne réussirent pas à saisir complètement le sens de ses paroles, car Simon Pierre lui demanda aussi : « De crainte que certains auditeurs ne soient inutilement froissés, voudrais-tu nous expliquer le sens de ces paroles ? » Alors, Jésus dit à Pierre : « As-tu aussi la tête dure ? Ne sais-tu pas que toute plante non plantée par mon Père céleste sera arrachée ? Tourne maintenant ton attention vers ceux qui voudraient connaitre la vérité. On ne peut forcer les hommes à aimer la vérité. Beaucoup de ces éducateurs sont des guides aveugles, et tu sais que, si l’aveugle conduit l’aveugle, tous deux tombent dans le puits. Prête l’oreille pendant que je te dis la vérité au sujet des choses qui souillent moralement et contaminent spirituellement les hommes. Je proclame que ce n’est pas ce qui entre dans le corps par la bouche ou pénètre dans le mental par les yeux et les oreilles qui souille les hommes. Un homme n’est souillé que par le mal qui prend naissance dans son cœur et trouve à s’exprimer dans les paroles et les actes de cet impie. Ne sais-tu pas que c’est du cœur que viennent les mauvaises pensées, les méchants projets de meurtre, de vol et d’adultère, ainsi que la jalousie, l’orgueil, la colère, la vengeance, les injures et les faux témoignages ? Voilà ce qui souille les hommes, et non le fait de manger du pain avec des mains non lavées cérémoniellement. » 153:3.6 Les commissaires pharisaïques du sanhédrin de Jérusalem étaient maintenant à peu près convaincus qu’il fallait arrêter Jésus sous inculpation de blasphème ou sous celle d’avoir fait fi de la loi sacrée des Juifs, d’où leurs efforts pour l’impliquer dans une discussion sur certaines traditions des anciens, et, si possible, dans une attaque contre ce que l’on appelait les lois orales de la nation. Si rare que fût l’eau, ces Juifs esclaves de la tradition ne manquaient jamais d’accomplir la cérémonie exigée de se laver les mains avant chaque repas. Ils avaient pour croyance « qu’il vaut mieux mourir que de transgresser les commandements des anciens ». Les espions avaient posé la question sur la purification des mains parce que le bruit courait que Jésus avait dit : « Le salut est une affaire de cœur pur plutôt que de mains pures. » Il est difficile de renoncer à de telles croyances une fois qu’elles font partie de votre religion. Bien des années plus tard, l’apôtre Pierre était encore asservi, par la peur, à beaucoup de ces traditions concernant les choses pures et impures ; il n’en fut délivré qu’après avoir eu un rêve frappant et extraordinaire. On peut mieux comprendre tout cela en se rappelant que les Juifs mettaient sur le même pied le fait de manger avec des mains non lavées et celui d’avoir commerce avec une prostituée ; les deux étaient également passibles d’excommunication. 153:3.7 C’est ainsi que le Maitre décida d’analyser et d’exposer la folie de tout le système rabbinique de lois et de règlements représenté par la loi orale – les traditions des anciens, qui étaient toutes considérées comme plus sacrées et plus obligatoires pour les Juifs que les enseignements des Écritures elles-mêmes. Jésus s’exprima avec moins de réserve parce qu’il savait que l’heure était venue où il ne pouvait rien faire de plus pour empêcher une rupture ouverte des relations avec ces chefs religieux. 4. Dernières paroles dans la synagogue 153:4.1 Au milieu des discussions qui suivirent la réunion, l’un des pharisiens de Jérusalem amena à Jésus un jeune dément qui était possédé par un esprit indiscipliné et rebelle. En le présentant à Jésus, il demanda : « Que peux-tu faire dans le cas d’une affliction comme celle-ci ? Peux-tu chasser les démons ? » Et, quand le Maitre regarda le garçon, il fut ému de compassion ; et, lui faisant signe d’approcher, il le prit par la main et dit : « Tu sais qui je suis ; sors de lui ; je charge l’un de tes compagnons loyaux de veiller à ce que tu ne reviennes pas. » Et aussitôt le jeune homme redevint normal et reprit son bon sens. Ce fut le premier cas où Jésus chassa réellement un « mauvais esprit » d’un être humain. Dans tous les cas antérieurs, il s’agissait seulement de prétendues possessions par des démons ; mais, en l’espèce, c’était un cas authentique de possession démoniaque, comme il s’en produisait parfois à cette époque. À partir de la Pentecôte, l’esprit du Maitre répandu sur toute chair rendit définitivement impossible à ces quelques rebelles célestes de dominer ainsi certains types instables d’êtres humains. 153:4.2 Quand la population s’émerveilla, l’un des pharisiens se leva et accusa Jésus de pouvoir faire ces choses grâce à son alliance avec les démons. Il fit remarquer que le langage employé par Jésus pour chasser ce démon impliquait qu’ils se connaissaient mutuellement. Il continua en affirmant que les éducateurs religieux et les dirigeants de Jérusalem avaient conclu que Jésus accomplissait tous ces prétendus miracles par le pouvoir de Belzébuth, prince des démons. Le pharisien ajouta : « N’ayez rien de commun avec cet homme ; il est un partenaire de Satan. » 153:4.3 Alors Jésus dit : « Comment Satan peut-il chasser Satan ? Un royaume divisé contre lui-même ne peut subsister. Si une maison est divisée contre elle-même, elle est bientôt vouée à la ruine. Une ville peut-elle soutenir un siège si elle est désunie ? Si Satan chasse Satan, il est divisé contre lui-même, et alors comment son royaume subsistera-t-il ? Vous devriez savoir que nul ne peut entrer dans la maison d’un homme fort et le dépouiller de ses biens, à moins de l’avoir d’abord dominé et enchainé. Si c’est par le pouvoir de Belzébuth que je chasse les démons, par qui vos fils les chassent-ils ? C’est pourquoi ils seront vos juges. Mais, si c’est par l’esprit de Dieu que je chasse les démons, alors le royaume de Dieu est vraiment venu à vous. Si vous n’étiez pas aveuglés par les préjugés et égarés par la peur et l’orgueil, vous percevriez facilement qu’un être plus grand que les démons se trouve parmi vous. Vous m’obligez à proclamer que quiconque n’est pas avec moi est contre moi, et que quiconque n’assemble pas avec moi disperse. Laissez-moi vous donner un avertissement solennel, à vous qui, avec les yeux ouverts et une perversité préméditée, osez attribuer sciemment les œuvres de Dieu aux actes des démons ! En vérité, en vérité, je vous le dis, tous vos péchés seront pardonnés, et même tous vos blasphèmes, mais quiconque blasphèmera contre Dieu avec une intention méchante et délibérée n’obtiendra jamais le pardon. Puisque ces incorrigibles fauteurs d’iniquité ne chercheront ni ne recevront jamais le pardon, ils sont coupables du péché de rejeter éternellement le pardon divin. 153:4.4 « Beaucoup d’entre vous sont arrivés, aujourd’hui, à la croisée des chemins ; vous commencez à faire le choix inévitable entre la volonté du Père et la route des ténèbres que vous avez vous-même choisie, et vous finirez par être ce que vous choisissez maintenant. Ou bien il faut assainir l’arbre et son fruit, ou bien l’arbre et son fruit se corrompront. Je déclare que, dans le royaume éternel de mon Père, l’arbre est connu par ses fruits. Mais certains d’entre vous ressemblent à des vipères ; ayant déjà choisi le mal, comment pourraient-ils produire de bons fruits ? Après tout, c’est en puisant dans l’abondance du mal contenu dans votre cœur que votre bouche parle. » 153:4.5 Alors, un autre pharisien se leva pour dire : « Maitre, nous voudrions que tu nous donnes un signe prédéterminé que nous accepterions comme établissant ton autorité et ton droit d’enseigner. Serais-tu d’accord pour cet arrangement ? » Après avoir entendu ces paroles, Jésus dit : « Cette génération sans foi cherche des signes, mais il ne vous sera donné d’autre signe que celui que vous avez déjà et celui que vous verrez quand le Fils de l’Homme vous quittera. » 153:4.6 Lorsque Jésus eut fini de parler, les apôtres l’entourèrent et l’emmenèrent hors de la synagogue. Ils l’accompagnèrent en silence jusqu’au foyer de Bethsaïde. Ils étaient tous stupéfaits et quelque peu effrayés par le changement soudain dans la tactique d’enseignement du Maitre. Ils n’avaient aucunement l’habitude de le voir se conduire d’une manière aussi militante. 5. Le samedi soir 153:5.1 Maintes et maintes fois, Jésus avait mis en pièces les espoirs de ses apôtres et, de façon répétée, il avait réduit à néant leurs plus chères espérances, mais jamais ils n’avaient subi de moments de déception ni de périodes de tristesse équivalents à ceux qui les frappaient maintenant. En outre, une crainte réelle pour leur sécurité se mêlait aujourd’hui à leur dépression. Ils étaient tous surpris et épouvantés par la soudaineté et l’ampleur de la désertion de la multitude. Ils étaient aussi un peu effrayés et déconcertés par l’audace inattendue et la résolution affirmée dont faisaient preuve les pharisiens venus de Jérusalem. Mais, par-dessus tout, ils étaient désorientés par le soudain changement de tactique de Jésus. En temps ordinaire, ils auraient bien accueilli l’apparition de cette attitude plus militante, mais, en l’espèce, elle accompagnait tant d’évènements inattendus qu’elle les effraya. 153:5.2 Et, maintenant, par-dessus tous ces ennuis, lorsqu’ils arrivèrent chez eux, Jésus refusa de manger. Il s’isola durant des heures dans l’une des chambres du haut. Il était près de minuit quand Joab, le chef des évangélistes, revint avec la nouvelle qu’un tiers de ses associés avaient abandonné la cause. Durant toute la soirée, des disciples fidèles avaient fait la navette pour rendre compte que le revirement des sentiments envers le Maitre était général à Capharnaüm. Les dirigeants de Jérusalem s’empressèrent d’attiser ce sentiment de désaffection et de chercher par tous les moyens à développer le mouvement écartant la population de Jésus et de ses enseignements. Durant ces heures éprouvantes, les douze femmes tenaient une réunion dans la maison de Pierre. Elles étaient profondément bouleversées, mais aucune ne déserta. 153:5.3 Un peu après minuit, Jésus descendit de la chambre du haut et revint parmi les douze et leurs compagnons, une trentaine d’hommes en tout. Il dit : « Je reconnais que ce passage au crible du royaume vous cause de l’angoisse, mais il est inévitable. Néanmoins, après tout l’entrainement que vous avez subi, aviez-vous une raison valable de trébucher sur mes paroles ? Pourquoi êtes-vous remplis de crainte et de consternation en voyant le royaume débarrassé de ces multitudes tièdes et de ces disciples hésitants ? Pourquoi vous chagrinez-vous à l’aurore du nouveau jour où les enseignements spirituels du royaume des cieux vont briller d’une nouvelle gloire ? Si déjà vous trouvez difficile de supporter cette épreuve, que direz-vous le jour où il faudra que le Fils de l’Homme retourne vers le Père ? Quand et comment vous préparerez-vous pour le moment où je remonterai à la place d’où je suis venu dans ce monde ? 153:5.4 « Mes bien-aimés, il faut vous rappeler que c’est l’esprit qui vivifie ; la chair, et tout ce qui s’y rapporte, est de peu de profit. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie. Ayez bon courage ! Je ne vous ai pas abandonnés. Bien des gens s’offusqueront de mon franc-parler durant ces journées. Vous avez déjà entendu que bon nombre de mes disciples ont fait volte-face et ne me suivent plus. Depuis le commencement, je savais que ces croyants sans enthousiasme quitteraient nos rangs le long du chemin. Ne vous ai-je pas choisis tous les douze et mis à part comme ambassadeurs du royaume ? Et maintenant, en un moment comme celui-ci, déserteriez-vous aussi ? Que chacun de vous considère sa propre foi, car l’un de vous est menacé d’un grave danger. » Lorsque Jésus eut fini de parler, Simon Pierre dit : « Oui, Seigneur, nous sommes tristes et perplexes, mais nous ne t’abandonnerons jamais. Tu nous as enseigné les paroles de la vie éternelle. Nous avons cru en toi et nous t’avons toujours suivi. Nous ne reviendrons pas en arrière parce que nous savons que tu es envoyé par Dieu. » Lorsque Pierre eut fini de parler, les autres apôtres firent unanimement un signe de tête pour approuver sa promesse de fidélité. 153:5.5 Alors Jésus dit : « Allez vous reposer, car nous allons avoir fort à faire. Les prochaines journées vont être très actives. » FASCICULE 154. Derniers jours à Capharnaüm 154:0.1 Lors de cette mémorable soirée du samedi 30 avril, tandis que Jésus adressait des paroles de réconfort et de courage à ses disciples abattus et perplexes, Hérode Antipas tenait conseil à Tibériade avec un groupe de commissaires spéciaux représentant le sanhédrin de Jérusalem. Ces scribes et pharisiens pressèrent Hérode d’arrêter Jésus ; ils firent de leur mieux pour le convaincre que Jésus poussait le peuple à la dissension et même à la révolte. Mais Hérode refusa d’entreprendre une action contre lui en tant que délinquant politique. Ses conseillers lui avaient fait un rapport correct sur l’épisode intervenu de l’autre côté du lac où la foule avait voulu proclamer Jésus roi, et sur la manière dont il avait rejeté la proposition. 154:0.2 Un membre de la famille officielle d’Hérode, Chuza, dont la femme appartenait au groupe de service féminin, l’avait informé que Jésus ne se proposait pas de se mêler des affaires de la souveraineté terrestre et qu’il s’occupait uniquement d’établir la fraternité spirituelle de ses fidèles, fraternité qu’il appelait le royaume des cieux. Hérode avait confiance dans les rapports de Chuza, si bien qu’il refusa de s’immiscer dans les activités de Jésus. À cette époque, le comportement d’Hérode envers Jésus était également influencé par sa crainte superstitieuse de Jean le Baptiste. Hérode était l’un de ces Juifs apostats qui, tout en ne croyant à rien, craignait tout. Il avait mauvaise conscience d’avoir exécuté Jean et ne voulait pas se laisser impliquer dans ces intrigues contre Jésus. Il connaissait de nombreux cas de maladies apparemment guéries par Jésus, et il le considérait comme un prophète ou comme un fanatique religieux relativement inoffensif. 154:0.3 Quand les Juifs le menacèrent de rendre compte à César qu’il protégeait un sujet traitre, Hérode les expulsa de la chambre du conseil. Les choses en restèrent là pendant une semaine, durant laquelle Jésus prépara ses disciples à la dispersion imminente. 1. Une semaine de conseils 154:1.1 Du 1er au 7 mai, Jésus tint des conseils privés avec ses partisans dans la maison de Zébédée. Seuls les disciples éprouvés et en qui il avait confiance furent admis à ces conférences. À l’époque, il n’y avait qu’une centaine de disciples ayant le courage moral de braver l’opposition des pharisiens et de déclarer ouvertement leur attachement à Jésus. Il eut des réunions avec eux le matin, l’après-midi et le soir. De petits groupes d’investigateurs se rassemblaient tous les après-midis au bord de la mer, où certains évangélistes ou apôtres les haranguaient. Ces groupes comptaient rarement plus de cinquante personnes. 154:1.2 Le vendredi de cette semaine, les dirigeants de la synagogue de Capharnaüm prirent des mesures officielles pour fermer la maison de Dieu à Jésus et à tous ses partisans. Cette action fut entreprise à l’instigation des pharisiens de Jérusalem. Jaïre donna sa démission de dirigeant principal et prit ouvertement parti pour Jésus. 154:1.3 La dernière réunion au bord de la mer eut lieu l’après-midi du sabbat du 7 mai. Jésus s’adressa à moins de cent-cinquante personnes rassemblées à ce moment-là. La soirée de ce samedi marqua le point le plus bas de la grande vague de popularité pour Jésus et ses enseignements. Ensuite, les sentiments favorables à son égard s’accrurent d’une manière lente et continue, mais plus saine et digne de confiance. Il se développa un nouveau groupe de partisans mieux fondé sur la foi spirituelle et la véritable expérience religieuse. Le stade de transition, plus ou moins composite et basé sur des compromis, entre les concepts matérialistes du royaume entretenus par les disciples du Maitre et les conceptions plus idéalistes et spirituelles que Jésus enseignait, avait définitivement pris fin. Désormais l’évangile du royaume fut proclamé plus ouvertement dans son aspect le plus large et avec ses vastes implications spirituelles. 2. Une semaine de repos 154:2.1 À Jérusalem, le dimanche 8 mai de l’an 29, le sanhédrin adopta un décret fermant toutes les synagogues de Palestine à Jésus et à ses partisans. Ce fut une usurpation d’autorité nouvelle et sans précédent par le sanhédrin de Jérusalem. Jusque-là, chaque synagogue avait existé et fonctionné comme étant une congrégation de fidèles indépendante, et chacune était commandée et dirigée par son propre comité de gouverneurs. Seules les synagogues de Jérusalem étaient soumises à l’autorité du sanhédrin. Cinq membres du sanhédrin démissionnèrent à la suite de cette procédure sommaire. Cent messagers furent immédiatement envoyés pour transmettre et imposer le décret. En moins de deux semaines, toutes les synagogues de Palestine s’étaient inclinées devant ce manifeste du sanhédrin, sauf celle d’Hébron. Les dirigeants de la synagogue d’Hébron refusèrent de reconnaitre au sanhédrin le droit d’exercer cette juridiction sur leur assemblée. Ce refus d’accepter le décret de Jérusalem était basé sur l’affirmation de l’autonomie de leur congrégation plutôt que sur leur sympathie pour la cause de Jésus. Peu après, la synagogue d’Hébron fut détruite par un incendie. 154:2.2 Le même dimanche matin, Jésus décréta une semaine de vacances ; il incita tous ses disciples à retourner chez eux ou chez leurs amis pour reposer leur âme troublée et adresser des paroles d’encouragement à leurs êtres chers. Il dit : « Allez chacun de votre côté vous distraire ou pêcher, tout en priant pour l’expansion du royaume. » 154:2.3 Cette semaine de repos permit à Jésus de rendre visite à de nombreux groupes et familles aux environs des bords de la mer. En plusieurs occasions, il alla également pêcher avec David Zébédée. Cependant, il se promena seul la plupart du temps, mais deux ou trois des plus sûrs messagers de David avaient reçu des ordres précis pour veiller à sa sécurité et le suivaient toujours en se dissimulant. Il n’y eut aucune sorte d’enseignement public durant cette semaine de repos. 154:2.4 Au cours de la même semaine, Nathanael et Jacques Zébédée furent assez sérieusement malades. Durant trois jours et trois nuits, ils souffrirent de troubles intestinaux graves et douloureux. La troisième nuit, Jésus envoya Salomé, mère de Jacques, se reposer pendant qu’il soignait ses apôtres souffrants. Bien entendu, Jésus aurait pu guérir instantanément les deux hommes, mais ce n’est ni la méthode du Père ni celle du Fils pour traiter ces troubles et afflictions ordinaires des enfants des hommes sur les mondes évolutionnaires du temps et de l’espace. Pas une seule fois durant sa vie mouvementée en incarnation, Jésus n’appliqua de soins surnaturels quelconques à aucun membre de sa famille terrestre ni à aucun de ses disciples immédiats. 154:2.5 Il faut faire face aux difficultés de l’univers et aux obstacles rencontrés sur la planète, en les considérant comme une partie de l’éducation expérimentale fournie pour la croissance et le développement (la perfection progressive) des âmes évoluantes des créatures mortelles. La spiritualisation de l’âme humaine exige une expérience intime avec l’acte éducatif de trouver des solutions à un large éventail de problèmes universels réels. La nature animale et les formes inférieures de créatures volitives ne progressent pas bien dans une ambiance trop facile. Les situations problématiques, associées aux impulsions à l’action, font naitre les activités mentales, psychiques et spirituelles qui contribuent puissamment à l’accomplissement des buts valables de la progression humaine et à l’aboutissement à des niveaux supérieurs de destinée spirituelle. 3. La seconde conférence à Tibériade 154:3.1 La seconde conférence entre les autorités de Jérusalem et Hérode Antipas fut convoquée à Tibériade le 16 mai. Les chefs religieux et les chefs politiques de Jérusalem y étaient présents. Les dirigeants juifs purent rendre compte à Hérode que pratiquement toutes les synagogues de Galilée et de Judée étaient fermées aux enseignements de Jésus. Ils entreprirent un nouvel effort pour obtenir l’arrestation de Jésus, mais Hérode refusa d’accéder à leur demande. Toutefois, le 18 mai, Hérode accepta le plan consistant à permettre aux autorités du sanhédrin d’arrêter Jésus et de l’emmener à Jérusalem pour le faire juger sur des inculpations religieuses, pourvu que le gouverneur romain de la Judée entérine cet arrangement. Entretemps, les ennemis de Jésus répandaient activement, dans toute la Galilée, la rumeur qu’Hérode était devenu hostile à Jésus et avait l’intention d’exterminer tous ceux qui croyaient à ses enseignements. 154:3.2 Le samedi soir 21 mai, parvint à Tibériade la nouvelle que les autorités civiles de Jérusalem n’avaient pas d’objections contre l’accord conclu entre Hérode et les pharisiens, accord stipulant que Jésus serait arrêté et emmené à Jérusalem pour être jugé devant le sanhédrin sous l’inculpation d’avoir nargué les lois sacrées de la nation juive. En conséquence, un peu avant minuit du même jour, Hérode signa le décret autorisant les officiers du sanhédrin à s’emparer de Jésus à l’intérieur du domaine de la juridiction d’Hérode, et à l’emmener de force à Jérusalem pour y être jugé. De fortes pressions de diverses sources furent exercées sur Hérode avant qu’il ne consentît à accorder cette permission ; il savait bien que Jésus ne pouvait espérer que ses ennemis acharnés de Jérusalem le jugeraient équitablement. 4. Le samedi soir à Capharnaüm 154:4.1 Le même samedi soir, un groupe de cinquante personnalités de Capharnaüm se réunit à la synagogue pour examiner l’importante question : « Qu’allons-nous faire de Jésus ? » Ils s’entretinrent et discutèrent jusqu’après minuit sans pouvoir trouver de terrain d’entente. À part quelques personnes ayant tendance à croire que Jésus pouvait être le Messie, ou au moins un saint homme ou peut-être un prophète, l’assemblée était divisée en quatre groupes à peu près égaux, qui soutenaient respectivement les points de vue suivants : 154:4.2 1. Que Jésus était un fanatique religieux abusé et inoffensif. 154:4.3 2. Qu’il était un agitateur dangereux et un organisateur susceptible de soulever une rébellion. 154:4.4 3. Qu’il était allié aux démons, et qu’il pouvait même être un prince des démons. 154:4.5 4. Qu’il n’était pas dans son bon sens, qu’il était un fou, un déséquilibré mental. 154:4.6 On discuta beaucoup des doctrines prêchées par Jésus et qui bouleversaient les gens du peuple. Ses ennemis soutinrent que ses enseignements étaient impraticables, que tout se disloquerait si tout le monde faisait un effort honnête pour vivre conformément aux idées de Jésus. Bien des personnes des générations subséquentes ont dit la même chose. Même à l’époque plus éclairée des présentes révélations, beaucoup d’hommes intelligents et bien intentionnés soutiennent que la civilisation moderne n’aurait pas pu être bâtie sur les enseignements de Jésus – et ils ont partiellement raison. Mais, en exprimant ces doutes, ils oublient que l’on aurait pu bâtir une civilisation bien meilleure sur ces mêmes enseignements, et qu’un jour elle sera bâtie. Ce monde n’a jamais essayé de mettre sérieusement en pratique, sur une grande échelle, les leçons de Jésus, bien que des tentatives timides aient souvent été faites pour suivre les doctrines de ce qu’on appelle le christianisme. 5. Le dimanche matin mouvementé 154:5.1 Le 22 mai fut un jour mouvementé dans la vie de Jésus. Ce dimanche matin, avant le lever du jour, l’un des messagers de David arriva en grande hâte de Tibériade en apportant la nouvelle qu’Hérode avait autorisé, ou allait autoriser l’arrestation de Jésus par les officiers du sanhédrin. Au reçu de cette nouvelle de danger imminent, David Zébédée réveilla ses messagers et les envoya à tous les groupes locaux de disciples pour les convoquer à une réunion d’urgence, le même matin à sept heures. Lorsque la belle-sœur de Jude (frère de Jésus) entendit ce rapport alarmant, elle prévint en hâte toute la famille de Jésus, qui habitait dans le voisinage, en la priant de se réunir immédiatement chez Zébédée. Marie, Jacques, Joseph, Jude et Ruth ne tardèrent pas à répondre à cet appel précipité. 154:5.2 À cette réunion fort matinale, Jésus donna ses ultimes instructions aux disciples rassemblés ; il leur fit momentanément ses adieux, sachant qu’ils seraient bientôt chassés de Capharnaüm. Il leur recommanda à tous de rechercher les directives de Dieu et de poursuivre l’œuvre du royaume sans se soucier des conséquences. Les évangélistes devaient travailler de leur mieux jusqu’au moment où ils recevraient un appel. Il choisit douze évangélistes pour l’accompagner. Il ordonna aux douze apôtres de rester avec lui, quoi qu’il arrive. Il donna pour instructions aux douze femmes de rester dans les maisons de Zébédée et de Pierre jusqu’à ce qu’il les envoie chercher. 154:5.3 Jésus consentit que David Zébédée continuât son service de messagers dans tout le pays. Peu après, David lui fit ses adieux en disant : « Poursuis ton œuvre, Maitre. Ne laisse pas les sectaires s’emparer de toi, et ne mets jamais en doute que mes messagers te suivront. Mes hommes ne perdront jamais le contact avec toi. Par eux, tu auras des nouvelles du royaume dans les autres parties du pays et, par eux, nous aurons tous de tes nouvelles. Rien de ce qui peut m’arriver n’interrompra ce service, car j’ai nommé un premier remplaçant, et un deuxième, et même un troisième. Je ne suis ni un instructeur ni un prédicateur, mais j’ai à cœur de faire cela, et rien ne peut m’arrêter. » 154:5.4 Vers sept heures et demie, Jésus commença son allocution de départ à une centaine de croyants qui se pressait à l’intérieur de la maison pour l’entendre. Ce fut un évènement solennel pour tout l’auditoire, mais Jésus faisait montre d’une gaité inhabituelle ; il se trouvait de nouveau dans son état normal. Son air grave des semaines passées avait disparu et ses paroles de foi, d’espérance et de courage furent vivifiantes pour tout son auditoire. 6. La famille de Jésus arrive 154:6.1 Il était à peu près huit heures du matin, ce dimanche-là, lorsque cinq membres de la famille terrestre de Jésus arrivèrent sur les lieux en réponse à la convocation urgente de la belle-sœur de Jude. Seule de sa famille terrestre, Ruth avait continuellement cru de tout cœur à la divinité de la mission de Jésus. Jude, Jacques et même Joseph, conservaient en grande partie leur foi en Jésus, mais ils avaient laissé l’orgueil fausser le meilleur de leur jugement et leurs vraies tendances spirituelles. Marie également était déchirée entre l’amour et la crainte, entre l’amour maternel et l’orgueil familial. Bien qu’elle fût assaillie de doutes, elle ne put jamais oublier complètement la visite de Gabriel avant la naissance de Jésus. Les pharisiens s’étaient efforcés de persuader Marie que Jésus ne jouissait pas de son bon sens, qu’il était fou. Ils la pressaient d’aller auprès de lui avec ses fils pour chercher à le dissuader de poursuivre ses efforts d’enseignement public. Ils affirmaient à Marie que la santé de Jésus ne résisterait pas et que, si on lui permettait de continuer, il n’en résulterait que déshonneur et opprobre pour toute la famille. Aussi, lorsque les cinq membres de la famille reçurent l’avertissement de la belle-sœur de Jude, ils partirent immédiatement pour la maison de Zébédée, car ils se trouvaient tous chez Marie, où ils avaient reçu les pharisiens la veille au soir. Ils s’étaient entretenus jusqu’à une heure tardive de la nuit avec les dirigeants de Jérusalem, et ils étaient tous plus ou moins convaincus que Jésus agissait d’une manière étrange, qu’il se conduisait bizarrement depuis quelque temps. Ruth ne pouvait expliquer tous les motifs de sa conduite, mais elle insista sur le fait que Jésus avait toujours équitablement traité sa famille, et elle refusa son adhésion au programme destiné à le dissuader de poursuivre son œuvre. 154:6.2 Sur le chemin de la maison de Zébédée, ils reparlèrent encore de ces questions et se mirent tous d’accord pour essayer de faire revenir Jésus à leur foyer, car, disait Marie, « je sais que je pourrais influencer mon fils si seulement il voulait venir à la maison et m’écouter ». Jacques et Jude avaient entendu des rumeurs au sujet des plans pour arrêter Jésus et l’emmener à Jérusalem pour être jugé. Ils craignaient aussi pour leur propre sécurité. Tant que Jésus avait été une figure populaire aux yeux du public, les membres de sa famille avaient laissé aller les choses, mais, maintenant que la population de Capharnaüm et les chefs de Jérusalem s’étaient soudain retournés contre lui, ils commençaient à ressentir douloureusement la prétendue disgrâce de leur situation embarrassante. 154:6.3 Ils comptaient voir Jésus, le prendre à part et le presser de rentrer au foyer avec eux. Ils se proposaient de l’assurer qu’ils oublieraient que Jésus les avait négligés – qu’ils pardonneraient et oublieraient – si seulement il voulait renoncer à la folie de prêcher une nouvelle religion ne pouvant aboutir qu’à le mettre en difficulté et à couvrir d’opprobre sa famille. Devant tous ces raisonnements, Ruth se bornait à dire : « Je dirai à mon frère que je crois qu’il est un homme de Dieu et que j’espère qu’il aimerait mieux mourir que de laisser ces méchants pharisiens mettre fin à ses prédications. » Joseph promit de faire tenir Ruth tranquille pendant que les autres essayeraient de convaincre Jésus. 154:6.4 Quand les cinq arrivèrent à la maison de Zébédée, Jésus était en plein milieu de son allocution de départ aux disciples. Ils cherchèrent à entrer dans la maison, mais elle était bondée à déborder. Ils finirent par s’installer sous le porche de derrière et firent passer à Jésus, de bouche en bouche, la nouvelle de leur arrivée. Finalement, Simon Pierre l’annonça à voix basse à Jésus en interrompant le discours pour dire : « Voici, ta mère et tes frères sont dehors et très désireux de te parler. » Or, Marie ne se rendait pas compte de l’importance du message de séparation aux disciples ; elle ne savait pas non plus que cette allocution avait des chances de prendre fin à tout moment par l’arrivée des hommes venant arrêter Jésus. Après une si longue séparation apparente, et vu la grâce que sa mère et ses frères lui faisaient en venant effectivement jusqu’à lui, Marie croyait réellement que Jésus s’arrêterait de parler et viendrait les saluer dès qu’il serait averti de leur présence. 154:6.5 Or, ce fut simplement un nouveau cas où sa famille terrestre ne pouvait comprendre que Jésus devait s’occuper des affaires de son Père. Marie et ses frères furent donc profondément froissés lorsqu’ils virent que, malgré l’interruption de son discours pour recevoir le message, Jésus ne se précipitait pas à leur rencontre. Au lieu de cela, ils entendirent sa voix musicale élever le ton et dire : « Dites à ma mère et à mes frères qu’ils ne craignent rien pour moi. Le Père qui m’a envoyé dans le monde ne m’abandonnera pas, et ma famille ne subira aucun dommage. Priez-la d’avoir bon courage et de se confier au Père du royaume. Mais, après tout, qui est ma mère et qui sont mes frères ? » Puis il étendit les mains vers tous les disciples assemblés dans la salle et dit : « Je n’ai pas de mère, je n’ai pas de frères. Voilà ma mère et voilà mes frères ! Car quiconque fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est ma mère, mon frère et ma sœur. » 154:6.6 Lorsque Marie entendit ces paroles, elle s’évanouit dans les bras de Jude. On la transporta dans le jardin pour la ranimer, tandis que Jésus achevait son message d’adieu. Il serait alors sorti pour conférer avec sa mère et ses frères, si un messager, arrivant en hâte de Tibériade, n’était venu annoncer que les officiers du sanhédrin étaient en route avec mandat d’arrêter Jésus et de l’emmener à Jérusalem. Le message fut reçu par André, qui interrompit Jésus pour le lui communiquer. 154:6.7 André ne se rappelait pas que David avait posté deux douzaines de sentinelles autour de la maison de Zébédée, de sorte que personne ne pouvait entrer par surprise. Il demanda donc à Jésus ce qu’il fallait faire. Le Maitre se tenait là en silence pendant que, dans le jardin, sa mère se remettait du choc de l’avoir entendu dire : « Je n’ai pas de mère. » À ce moment précis, une femme se leva dans la salle et s’écria : « Béni soit le ventre qui t’a porté et bénis soient les seins qui t’ont allaité. » Jésus se détourna un instant de sa conversation avec André pour répondre à cette femme : « Non, béni soit plutôt celui qui entend la parole de Dieu et ose lui obéir. » 154:6.8 Marie et les frères de Jésus croyaient que Jésus ne les comprenait pas et qu’il s’était désintéressé d’eux ; ils ne se rendaient pas compte que c’étaient eux qui ne réussissaient pas à le comprendre. Jésus comprenait parfaitement combien il est difficile aux hommes de rompre avec leur passé. Il savait combien les êtres humains se laissent emporter par l’éloquence des prédicateurs et que leur conscience répond à l’appel émotionnel comme le mental répond à la logique et à la raison, mais il savait aussi combien il est beaucoup plus difficile de persuader les hommes de désavouer le passé. 154:6.9 Il est éternellement vrai que quiconque se croit incompris ou mal apprécié possède en Jésus un ami compatissant et un conseiller compréhensif. Il avait averti ses apôtres qu’un homme pouvait avoir pour ennemis les gens de sa propre maison, mais n’avait guère imaginé que cette prédiction s’appliquerait d’aussi près à sa propre expérience. Ce ne fut pas Jésus qui abandonna les membres de sa famille terrestre pour accomplir l’œuvre de son Père – ce furent eux qui l’abandonnèrent. Plus tard, après la mort et la résurrection du Maitre, quand son frère Jacques s’attacha au mouvement chrétien primitif, il souffrit immensément de n’avoir pas profité de son association initiale avec Jésus et ses disciples. 154:6.10 Au cours de ces évènements, Jésus décida de se laisser guider par les connaissances limitées de son mental humain. Il désirait subir l’expérience avec ses associés en tant que simple humain. Son idée humaine était de voir sa famille avant de partir. Il ne voulut pas s’arrêter au milieu de son discours et transformer ainsi en affaire publique cette première réunion après une si longue séparation. Il avait eu l’intention de terminer son allocution, puis de s’entretenir avec sa famille avant son départ, mais ce plan fut contrecarré par le concours de circonstances qui suivit immédiatement. 154:6.11 La hâte de leur fuite fut accrue par l’arrivée d’un groupe de messagers de David à la porte de derrière de la maison de Zébédée. L’agitation produite par leur arrivée fit craindre aux apôtres que ces nouveaux arrivants ne soient ceux qui venaient les appréhender. De peur d’être immédiatement arrêtés, ils sortirent hâtivement par la porte de devant vers le bateau qui les attendait. Cela explique pourquoi Jésus ne vit pas sa famille qui attendait sous le porche de derrière. 154:6.12 Toutefois, en montant dans le bateau au cours de cette fuite précipitée, il dit à David Zébédée : « Dis à ma mère et à mes frères que j’apprécie leur venue et que j’avais l’intention de les voir. Recommande-leur de ne pas se froisser de ma conduite, mais plutôt de chercher à connaitre la volonté de Dieu et d’avoir la grâce et le courage de faire cette volonté. » 7. La fuite précipitée 154:7.1 Ce dimanche matin 22 mai, Jésus, avec ses douze apôtres et les douze évangélistes, s’enfuit donc précipitamment devant les officiers du sanhédrin qui étaient en route pour Bethsaïde avec mandat d’Hérode Antipas d’arrêter Jésus et de l’emmener à Jérusalem pour y être jugé sous l’inculpation de blasphème et autres violations de la loi sacrée des Juifs. La matinée était magnifique, et il était presque huit heures et demie lorsque ce groupe de vingt-cinq personnes se mit à ramer vers la rive orientale de la Mer de Galilée. 154:7.2 Un bateau plus petit suivait celui du Maitre. Il transportait six messagers de David qui avaient des ordres pour garder le contact avec Jésus et ses associés, et veiller à ce que des renseignements sur leurs déplacements et leur sécurité fussent régulièrement transmis à Bethsaïde, à la maison de Zébédée, qui avait servi depuis quelque temps déjà de quartier général pour l’œuvre du royaume. Mais Jésus ne devait plus jamais faire son foyer de la maison de Zébédée. Désormais, et durant tout le reste de sa vie sur terre, le Maitre n’eut vraiment « nulle part où reposer sa tête ». Jamais plus il n’eut même un semblant de domicile fixe. 154:7.3 Les rameurs accostèrent près du village de Khérésa, confièrent leur bateau à des amis et commencèrent les pérégrinations de cette dernière année mouvementée de la vie du Maitre sur terre. Ils restèrent quelque temps dans les domaines de Philippe, allant de Khérésa à Césarée de Philippe, puis ils traversèrent le pays jusqu’à la côte de Phénicie. 154:7.4 La foule s’attarda autour de la maison de Zébédée, regardant les deux bateaux qui faisaient route vers la rive orientale du lac. Ils étaient déjà loin lorsque les officiers de Jérusalem arrivèrent en hâte et commencèrent à rechercher Jésus. Ils refusèrent de croire que Jésus leur avait échappé. Pendant que Jésus et son groupe se dirigeaient vers le nord par la Batanée, les pharisiens et leurs auxiliaires passèrent presque une semaine entière à le rechercher en vain aux environs de Capharnaüm. 154:7.5 Les membres de la famille de Jésus retournèrent chez eux à Capharnaüm et passèrent également presque une semaine à s’entretenir, discuter et prier. Ils étaient pleins de confusion et consternés. Ils ne furent rassurés que le jeudi après-midi, lorsque Ruth revint d’une visite à la maison de Zébédée, où David lui avait appris que son frère-père était sauf et en bonne santé et qu’il se dirigeait vers la côte de Phénicie. FASCICULE 155. En fuite à travers la Galilée du Nord 155:0.1 Peu après avoir accosté près de Khérésa, lors de ce dimanche mouvementé, Jésus et les vingt-quatre remontèrent un peu vers le nord où ils passèrent la nuit dans un parc magnifique au sud de Bethsaïde-Julias. Ils connaissaient bien ce campement pour s’y être arrêtés dans le passé. Avant de se retirer pour la nuit, le Maitre appela ses disciples autour de lui et discuta, avec eux, des plans de leur voyage projeté vers la côte de la Phénicie en passant par la Batanée et le nord de la Galilée. 1. Pourquoi les païens sont-ils furieux ? 155:1.1 Jésus dit : « Vous devriez tous vous rappeler comment le psalmiste a parlé de notre époque en disant : ‘Pourquoi les païens sont-ils furieux et les peuples complotent-ils en vain ? Les rois de la terre s’établissent eux-mêmes et les chefs du peuple prennent conseil entre eux, contre le Seigneur et contre son Oint, en disant : Brisons les liens de la miséricorde et rejetons les chaines de l’amour.’ 155:1.2 « Vous voyez cela s’accomplir, aujourd’hui, sous vos yeux, mais vous ne verrez pas se réaliser le reste de la prophétie du psalmiste, car il avait des idées fausses sur le Fils de l’Homme et sa mission sur terre. Mon royaume est fondé sur l’amour, proclamé en miséricorde et établi par le service désintéressé. Mon Père ne siège pas au ciel en tournant les païens en dérision. Dans son grand déplaisir, il n’est pas courroucé. Elle est vraie la promesse que le Fils aura pour héritage ces soi-disant païens – en réalité ces frères ignorants et dépourvus d’instruction. Et je recevrai ces Gentils, les bras ouverts, avec miséricorde et affection. Je témoignerai cette bienveillance affectueuse aux soi-disant païens, malgré la malencontreuse proclamation de ce document affirmant que le Fils triomphant ‘les brisera avec une verge de fer et les mettra en pièces comme un vase de potier.’ Le psalmiste vous a exhortés à ‘servir le Seigneur avec crainte’, – mais moi, je vous invite à jouir des privilèges supérieurs de la filiation divine par la foi. Il vous commande de vous réjouir en tremblant ; moi, je vous demande de vous réjouir avec assurance. Il dit : ‘Embrassez le Fils, de crainte qu’il ne s’irrite et que vous périssiez quand sa colère sera allumée.’ Mais vous, qui avez vécu avec moi, vous savez bien que ni la colère ni le courroux ne contribuent à établir le royaume des cieux dans le cœur des hommes. Par contre, le psalmiste eut un aperçu de la vraie lumière lorsqu’il dit, à la fin de son exhortation : ‘Bénis soient ceux qui mettent leur confiance dans ce Fils.’ » 155:1.3 Jésus continua à enseigner les vingt-quatre en disant : « Les païens ne sont pas sans excuses quand ils sont furieux contre nous. Du fait que leur point de vue est limité et étroit, ils peuvent concentrer leurs énergies avec enthousiasme. Leur but est proche et plus ou moins visible ; c’est pourquoi, ils font de vaillants efforts et sont efficaces dans l’exécution. Vous, qui avez proclamé votre entrée dans le royaume des cieux, êtes absolument trop vacillants et imprécis dans la conduite de votre enseignement. Les païens portent des coups directs pour atteindre leurs objectifs. Vous êtes coupables d’avoir trop de désirs latents. Si vous voulez entrer dans le royaume, pourquoi ne pas vous en emparer par un assaut spirituel, comme les païens s’emparent d’une ville qu’ils assiègent ? Vous n’êtes guère dignes du royaume quand votre service consiste si largement à regretter le passé, à gémir sur le présent et à formuler de vains espoirs pour l’avenir. Pourquoi les païens sont-ils furieux ? Parce qu’ils ne connaissent pas la vérité. Pourquoi languissez-vous dans des désirs futiles ? Parce que vous n’obéissez pas à la vérité. Mettez fin à vos désirs inutiles, et allez courageusement faire ce qui concerne l’établissement du royaume. 155:1.4 « Dans tout ce que vous ferez, ne devenez pas partiaux et ne vous spécialisez pas à l’excès. Les pharisiens qui cherchent à nous détruire croient véritablement servir Dieu. La tradition les a tellement étriqués qu’ils sont aveuglés par les préjugés et endurcis par la peur. Considérez les Grecs, qui ont une science dépourvue de religion, alors que les Juifs ont une religion dépourvue de science. Quand les hommes s’égarent ainsi au point d’accepter une désintégration étroite et confuse de la vérité, leur seul espoir de salut consiste à se coordonner avec la vérité – à se convertir. 155:1.5 « Laissez-moi proclamer solennellement cette vérité éternelle : Si, en vous harmonisant avec la vérité, vous apprenez à donner, dans votre vie, l’exemple de cette magnifique intégralité de la droiture, vos semblables vous rechercheront pour obtenir ce que vous aurez ainsi acquis. La mesure dans laquelle les chercheurs de vérité seront attirés vers vous représente la mesure de votre dotation de vérité, de votre droiture. La mesure dans laquelle il faut que vous portiez votre message aux gens représente, en un certain sens, la mesure de votre inaptitude à vivre la vie saine et droite, la vie harmonisée avec la vérité. » 155:1.6 Le Maitre enseigna encore bien des choses à ses apôtres et aux évangélistes avant qu’ils ne lui souhaitent le bonsoir et n’aillent se reposer pour la nuit. 2. Les évangélistes à Chorazin 155:2.1 Le lundi matin 23 mai, Jésus ordonna à Pierre d’aller à Chorazin avec les douze évangélistes. De son côté, avec les onze autres apôtres, il partit pour Césarée de Philippe en remontant le Jourdain jusqu’à la route de Damas à Capharnaüm, puis en allant vers le nord-est rejoindre la route conduisant à Césarée de Philippe. Ils arrivèrent dans cette ville au cours de l’après-midi du mardi 24 mai ; ils y demeurèrent et y enseignèrent pendant quinze jours. 155:2.2 Pierre et les évangélistes restèrent deux semaines à Chorazin, prêchant l’évangile du royaume à un groupe de croyants peu nombreux, mais sérieux. Cependant, ils ne purent convertir beaucoup de monde. Aucune ville de Galilée ne fournit moins d’âmes au royaume que Chorazin. Conformément aux instructions de Pierre, les douze évangélistes parlèrent moins de guérisons – de choses physiques – mais prêchèrent et enseignèrent, avec une vigueur accrue, les vérités spirituelles du royaume des cieux. Ces deux semaines à Chorazin constituèrent un véritable baptême d’adversité pour les douze évangélistes, en ce sens que ce fut la période la plus difficile et la plus improductive de leur carrière qu’ils eussent vécue jusque-là. Ainsi privés de la satisfaction de gagner des âmes au royaume, chacun d’eux scruta plus sérieusement et honnêtement sa propre âme et ses progrès dans les voies spirituelles de la vie nouvelle. 155:2.3 Le mardi 7 juin, il devint clair qu’il n’y aurait plus à Chorazin de nouveaux candidats cherchant à entrer dans le royaume. Pierre rassembla donc ses associés et partit rejoindre Jésus et les apôtres à Césarée de Philippe. Ils y arrivèrent le mercredi, vers midi, et passèrent toute la soirée à raconter leurs expériences auprès des incroyants de Chorazin. Durant les discussions de cette soirée, Jésus reparla de la parabole du semeur et leur apprit beaucoup de choses sur la signification des échecs apparents dans les entreprises de la vie. 3. À Césarée de Philippe 155:3.1 Jésus n’enseigna pas en public durant ce séjour de deux semaines près de Césarée de Philippe, mais les apôtres tinrent, dans la ville, des réunions nombreuses et tranquilles ; beaucoup de croyants vinrent jusqu’au camp pour converser avec le Maitre, mais très peu d’entre eux s’intégrèrent au groupe de croyants à la suite de leur visite. Jésus s’entretint quotidiennement avec les apôtres ; ils discernèrent plus clairement qu’une nouvelle phase de la prédication du royaume débutait maintenant. Ils commençaient à comprendre que « le royaume des cieux n’est pas nourriture et boisson, mais la réalisation de la joie spirituelle d’accepter la filiation divine ». 155:3.2 Le séjour à Césarée de Philippe fut une réelle épreuve pour les onze apôtres ; ce fut pour eux une quinzaine difficile à passer. Ils étaient presque déprimés, et il leur manquait le stimulant périodique de la personnalité enthousiaste de Pierre. À cette époque, le fait de croire en Jésus et de partir pour le suivre était vraiment une grande aventure et une épreuve. Ils firent peu de conversions durant cette quinzaine, mais ils apprirent beaucoup de choses, qui leur furent très profitables, au cours des conférences quotidiennes avec le Maitre. 155:3.3 Les apôtres apprirent que les Juifs étaient spirituellement stagnants et mourants parce qu’ils avaient cristallisé la vérité en un crédo. Si l’on formule la vérité sous l’aspect d’une ligne frontière d’exclusivisme pharisaïque, au lieu de servir de poteaux indicateurs de directives et de progrès spirituels, les enseignements correspondants perdent leur pouvoir créatif et vivifiant, et finissent par devenir simplement conservateurs et fossilisants. 155:3.4 De plus en plus, ils apprirent de Jésus à regarder les personnalités humaines sous l’aspect de leurs possibilités dans le temps et l’éternité. Ils apprirent que la meilleure manière d’amener bien des âmes à aimer le Dieu invisible consiste à leur enseigner d’abord à aimer leurs frères qu’ils peuvent voir. Et ce fut en relation avec ces leçons qu’une nouvelle signification fut attachée à la proclamation du Maitre concernant le service désintéressé d’autrui : « Dans la mesure où vous l’avez fait au plus humble de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » 155:3.5 L’une des grandes leçons de ce séjour à Césarée porta sur l’origine des traditions religieuses et le grave danger de laisser s’attacher un caractère sacré à des choses non sacrées, à des idées ordinaires ou à des évènements quotidiens. Au sortir de l’une de ces conférences, leur apparut l’enseignement que la véritable religion d’un homme est la fidélité qu’il ressent dans son cœur envers ses convictions les plus élevées et les plus sincères. 155:3.6 Jésus prévint ceux qui croyaient en lui que, si leurs aspirations religieuses étaient uniquement matérielles, leur connaissance croissante de la nature remplacerait progressivement leurs hypothèses sur l’origine surnaturelle des choses et finirait par leur ôter leur foi en Dieu. Par contre, si leur religion était spirituelle, jamais les progrès des sciences physiques ne pourraient troubler leur foi dans les réalités éternelles et les valeurs divines. 155:3.7 Ils apprirent que, si la religion a des mobiles entièrement spirituels, elle rend la vie plus digne d’être vécue ; elle la meuble de buts élevés, lui confère la dignité par des valeurs transcendantales, lui apporte l’inspiration de motifs magnifiques et réconforte constamment l’âme humaine par une espérance sublime et fortifiante. La vraie religion est destinée à diminuer les tensions de l’existence ; elle inspire de la foi et du courage pour la vie quotidienne et le service désintéressé. La foi favorise la vitalité spirituelle et la fécondité de la droiture. 155:3.8 Jésus enseigna maintes fois à ses apôtres que nulle civilisation ne peut survivre longtemps à la perte de ce qu’il y a de meilleur dans sa religion. Il ne se lassa jamais de signaler aux douze le grave danger de substituer des cérémonies et des symboles religieux à l’expérience religieuse. Toute sa vie terrestre fut consacrée à dégeler les formes cristallisées de la religion pour leur donner la libre fluidité d’une filiation éclairée. 4. Sur la route de Phénicie 155:4.1 Le jeudi matin 9 juin, après que les messagers de David eurent apporté de Bethsaïde les nouvelles sur les progrès du royaume, le groupe des vingt-cinq instructeurs de la vérité quitta Césarée de Philippe pour entreprendre leur voyage vers la côte de Phénicie. Ils contournèrent la contrée marécageuse par Luz, rejoignirent la piste allant de Magdala au mont Liban et la suivirent jusqu’au croisement avec la route conduisant à Sidon, où ils arrivèrent le vendredi après-midi. 155:4.2 Au cours d’une pause pour le déjeuner, à l’ombre d’une corniche rocheuse surplombante près de Luz, Jésus fit aux apôtres l’un des discours les plus remarquables qu’ils eussent entendus durant toutes leurs années d’association avec lui. À peine s’étaient-ils assis pour rompre le pain que Simon Pierre demanda à Jésus : « Maitre, puisque le Père qui est aux cieux connait toutes choses et puisque son esprit est notre soutien pour établir sur terre le royaume des cieux, comment se fait-il que nous fuyons devant les menaces de nos ennemis ? Pourquoi refusons-nous de faire face aux ennemis de la vérité ? » Mais, avant que Jésus ait pu répondre, Thomas intervint en demandant : « Maitre, je voudrais réellement savoir ce qu’il y a de faux dans la religion de nos ennemis à Jérusalem. Quelle est la différence réelle entre leur religion et la nôtre ? Pourquoi y a-t-il entre nous de telles divergences de croyances alors que nous professons tous de servir le même Dieu ? » Après l’interruption de Thomas, Jésus dit : « Je ne me désintéresse pas de la question de Pierre, car je sais parfaitement combien il est facile de mal interpréter mes raisons d’éviter en ce moment un conflit ouvert avec les chefs des Juifs ; mais il se révélera plus profitable pour vous tous que je choisisse plutôt de répondre à la question de Thomas. Je ne manquerai pas de le faire dès que vous aurez fini de déjeuner. » 5. Le discours sur la vraie religion 155:5.1 Ce mémorable discours sur la religion, résumé et retranscrit en langage moderne, exprima les vérités suivantes : 155:5.2 Alors que les religions du monde ont une origine double – l’une naturelle, l’autre révélée – on retrouve à tout moment, chez n’importe quel peuple, trois formes distinctes de dévotion religieuse, et voici les trois manifestations de ce besoin de religion : 155:5.3 1. La religion primitive. Le besoin semi-naturel et instinctif de craindre des énergies mystérieuses et d’adorer des forces supérieures ; c’est principalement une religion de la nature physique, la religion de la peur. 155:5.4 2. La religion de la civilisation. Ce sont les conceptions et les pratiques religieuses évoluantes des races qui se civilisent – la religion du mental – la théologie intellectuelle appuyée sur l’autorité de la tradition religieuse établie. 155:5.5 3. La vraie religion, celle de la révélation. C’est la révélation des valeurs surnaturelles, une pénétration partielle des réalités éternelles, un aperçu de la bonté et de la beauté du caractère infini du Père qui est aux cieux – la religion de l’esprit telle qu’elle est démontrée dans l’expérience humaine. 155:5.6 Le Maitre refusa de minimiser l’importance de la religion des sens physiques et des craintes superstitieuses de l’homme dans l’état de nature, mais il déplora le fait que cette forme primitive d’adoration subsistât encore, à un pareil degré, dans les pratiques religieuses des races les plus intelligentes de l’humanité. Jésus exposa clairement la grande différence entre la religion du mental et la religion de l’esprit ; alors que la première est soutenue par l’autorité ecclésiastique, la seconde est entièrement fondée sur l’expérience humaine. 155:5.7 Puis, pendant son heure d’enseignement, le Maitre poursuivit en dégageant les vérités suivantes : 155:5.8 Jusqu’à ce que les races deviennent très intelligentes et plus complètement civilisées, on verra subsister beaucoup de ces cérémonies enfantines et superstitieuses, si caractéristiques des pratiques religieuses évolutionnaires des peuples primitifs et arriérés. Jusqu’à ce que la race humaine atteigne le niveau d’une reconnaissance plus élevée et plus générale des réalités de l’expérience spirituelle, un grand nombre d’hommes et de femmes continueront à faire montre d’une préférence personnelle pour les religions d’autorité n’exigeant qu’un assentiment intellectuel, plutôt que pour la religion de l’esprit, qui implique une participation active du mental et de l’âme à l’aventure de la foi consistant à être aux prises avec les rigoureuses réalités de l’expérience humaine progressive. 155:5.9 L’acceptation des religions traditionnelles d’autorité offre un exutoire facile au besoin qu’ont les hommes de satisfaire les ardents désirs de leur nature spirituelle. Les religions d’autorité, bien assises, cristallisées et établies, fournissent un refuge tout prêt où l’âme humaine angoissée et bouleversée peut se réfugier quand elle est assaillie de craintes et tourmentée d’incertitudes. Comme prix à payer pour les satisfactions et les assurances qu’elle donne, une telle religion n’exige de ses dévots qu’un assentiment passif et purement intellectuel. 155:5.10 On verra encore longtemps vivre sur terre ces individus timides, craintifs et hésitants qui préféreront obtenir ainsi leurs consolations religieuses, même si, en liant leur sort à celui des religions d’autorité, ils compromettent la souveraineté de la personnalité, avilissent la dignité du respect de soi et renoncent complètement au droit de participer à la plus passionnante et inspirante de toutes les expériences humaines possibles : la recherche personnelle de la vérité, la joie grisante d’affronter les périls de la découverte intellectuelle, la résolution d’explorer les réalités de l’expérience religieuse personnelle, la satisfaction suprême de faire l’expérience du triomphe personnel dans la réalisation effective de la victoire de la foi spirituelle sur les doutes intellectuels. Une telle victoire est loyalement remportée dans l’aventure suprême de toute existence humaine : l’homme cherchant Dieu pour lui-même et en tant que lui-même, et qui le trouve. 155:5.11 La religion de l’esprit signifie effort, lutte, conflit, foi, détermination, amour, loyauté et progrès. La religion du mental – la théologie d’autorité – n’exige de ses croyants officiels que peu ou aucun de ces efforts. La tradition est un refuge sûr et un sentier facile pour les âmes craintives et sans enthousiasme qui évitent instinctivement les luttes spirituelles et les incertitudes mentales accompagnant les aventures audacieuses. Les hommes de foi voyagent en haute mer, sur les océans des vérités inexplorées, à la recherche des rivages lointains des réalités spirituelles susceptibles d’être découvertes par le mental humain progressif et expérimentées par l’âme humaine en évolution. 155:5.12 Puis Jésus continua en disant : « À Jérusalem, les chefs religieux ont mis en formules les diverses doctrines de leurs maitres traditionnels et des prophètes d’autrefois en un système établi de crédos intellectuels, en une religion d’autorité. L’attrait de ces religions s’exerce surtout sur le mental. Nous sommes maintenant sur le point d’entrer dans un conflit implacable avec cette religion, car nous allons bientôt commencer à proclamer audacieusement une nouvelle religion – une religion qui n’en est pas une au sens actuellement attribué à ce mot – une religion qui fait principalement appel à l’esprit divin de mon Père habitant le mental de l’homme ; une religion qui tirera son autorité des fruits de son acceptation, et ces fruits apparaitront avec certitude dans l’expérience personnelle de tous ceux qui croiront réellement et sincèrement aux vérités de cette communion spirituelle supérieure. » 155:5.13 Montrant successivement du doigt les vingt-quatre, et les appelant chacun par leur nom, Jésus dit : « Et maintenant, qui d’entre vous préférerait prendre ce chemin facile du conformisme à une religion établie et fossilisée, comme celle que défendent les pharisiens de Jérusalem, plutôt que de subir les difficultés et les persécutions accompagnant la mission consistant à proclamer une meilleure voie de salut pour les hommes, tout en ayant la satisfaction de découvrir, pour vous-mêmes, les beautés des réalités d’une expérience vivante et personnelle des vérités éternelles et des grandeurs suprêmes du royaume des cieux ? Êtes-vous craintifs, mous et douillets ? Avez-vous peur de confier votre avenir aux mains du Dieu de vérité dont vous êtes les fils ? Vous méfiez-vous du Père, dont vous êtes les enfants ? Allez-vous reprendre le sentier facile de la certitude et de la fixité intellectuelle de la religion d’autorité traditionnelle, ou allez-vous vous cuirasser pour avancer avec moi dans l’avenir incertain et trouble où nous proclamerons les vérités nouvelles de la religion de l’esprit, le royaume des cieux dans le cœur des hommes ? » 155:5.14 Les vingt-quatre auditeurs se levèrent tous avec l’intention de notifier leur réponse loyale et unanime à cet appel émotif, l’un des rares que Jésus leur adressa jamais, mais il leva la main, les arrêta et dit : « Séparez-vous maintenant ; que chacun aille seul avec le Père et, là, trouve la réponse non sentimentale à ma question. Quand vous aurez découvert la véritable et sincère attitude de votre âme, donnez franchement et audacieusement votre réponse à mon Père, qui est aussi le vôtre, et dont la vie infinie d’amour est l’esprit même de la religion que nous proclamons. » 155:5.15 Les évangélistes et les apôtres allèrent chacun de leur côté pendant un bref moment. Leur esprit était soulevé, leur mental était inspiré et leurs émotions puissamment remuées par les paroles de Jésus. Toutefois, lorsqu’André les rassembla, le Maitre se borna à dire : « Reprenons notre route. Nous partons pour la Phénicie, où nous resterons un certain temps ; et chacun de vous devrait prier le Père de transformer ses émotions mentales et corporelles en loyautés mentales supérieures et en expériences spirituelles plus satisfaisantes. » 155:5.16 Le long de la route, les vingt-quatre furent d’abord silencieux, mais ils ne tardèrent pas à échanger leurs vues entre eux et, à trois heures de l’après-midi, ils n’y tinrent plus. Ils s’arrêtèrent, et Pierre alla trouver Jésus en lui disant : « Maitre, tu nous as adressé des paroles de vie et de vérité. Nous voudrions en entendre davantage ; nous te supplions de nous parler encore de ces questions. » 6. Le second discours sur la religion 155:6.1 Ils s’arrêtèrent alors sur un flanc de coteau ombragé, et Jésus continua à leur enseigner la religion de l’esprit en leur disant en substance : 155:6.2 « Vous avez émergé parmi vos compagnons qui ont choisi de se satisfaire d’une religion du mental, qui désirent ardemment la sécurité et préfèrent le conformisme. Vous avez choisi d’échanger vos sentiments de certitude basée sur l’autorité contre les assurances de l’esprit de la foi aventureuse et progressive. Vous avez osé protester contre l’épuisante servitude d’une religion institutionnalisée et rejeter l’autorité des traditions écrites actuellement considérées comme la parole de Dieu. Il est exact que notre Père a parlé par la bouche de Moïse, d’Élie, d’Isaïe, d’Amos et d’Osée, mais il n’a pas cessé d’apporter des paroles de vérité au monde après que ces prophètes de jadis eurent terminé leurs proclamations. Mon Père ne fait pas acception de races ni de générations en octroyant la parole de vérité à une époque et en la refusant à la suivante. Ne commettez pas la folie d’appeler divin ce qui est purement humain, et ne manquez pas de discerner les paroles de vérité, même si elles ne proviennent pas des oracles traditionnels d’une prétendue inspiration. 155:6.3 « « Je vous ai appelés à naitre à nouveau, à naitre de l’esprit. Je vous ai fait sortir des ténèbres de l’autorité et de la léthargie de la tradition pour vous faire entrer dans la lumière transcendante où vous réaliserez la possibilité de faire par vous-mêmes la plus grande découverte possible pour l’âme humaine – l’expérience divine de trouver Dieu pour vous-mêmes, en vous-mêmes et par vous-mêmes, et d’accomplir tout cela comme un fait de votre expérience personnelle. Et, ainsi, puissiez-vous passer de la mort à la vie, de l’autorité de la tradition à l’expérience de connaitre Dieu. Vous passerez, ainsi, des ténèbres à la lumière, d’une foi raciale héritée à une foi personnelle acquise par une expérience effective. Cela vous fera progresser d’une théologie du mental transmise par vos ancêtres à une véritable religion de l’esprit édifiée dans votre âme comme un don éternel. 155:6.4 « Votre religion était une simple croyance intellectuelle à une autorité traditionnelle ; elle deviendra l’expérience effective de cette foi vivante capable de saisir la réalité de Dieu et de tout ce qui se rapporte à l’esprit divin du Père. La religion du mental vous attache irrémédiablement au passé. La religion de l’esprit consiste en une révélation progressive et vous appelle en permanence à des accomplissements plus élevés et plus saints dans les idéaux spirituels et les réalités éternelles. 155:6.5 « La religion d’autorité peut communiquer, dans l’immédiat, le sentiment d’une sécurité assurée, mais le prix que vous payez, pour cette satisfaction temporaire, est la perte de votre liberté spirituelle et religieuse. Comme prix d’entrée dans le royaume des cieux, mon Père ne vous demande pas de vous forcer à croire à des choses spirituellement répugnantes, impies et mensongères. On n’exige pas que vous outragiez vos propres sentiments de miséricorde, de justice et de vérité en vous soumettant à un système désuet de formalités et de cérémonies religieuses. La religion de l’esprit vous laisse perpétuellement libres de suivre la vérité, où que vous emmènent les directives de l’esprit. Et qui peut juger – cet esprit pourrait peut-être communiquer à cette génération quelque chose que les précédentes ont refusé d’entendre ? 155:6.6 « Honte à ces faux éducateurs religieux qui voudraient ramener les âmes assoiffées dans l’obscur et lointain passé pour les y abandonner ! Ces personnes infortunées sont alors condamnées à s’effrayer de toute nouvelle découverte et à être décontenancées par chaque nouvelle révélation de la vérité. Le prophète qui a dit : « Celui dont le mental est fixé sur Dieu sera gardé dans une paix parfaite » n’était pas un simple croyant intellectuel à une théologie d’autorité. Cet humain connaissant la vérité avait découvert Dieu ; il ne se bornait pas à parler de Dieu. 155:6.7 « Je vous recommande de perdre l’habitude de toujours citer les prophètes de jadis et de louer les héros d’Israël. Au lieu de cela, aspirez à devenir des prophètes vivants du Très-Haut et des héros spirituels du royaume qui vient. Il est peut-être bon d’honorer les chefs du passé qui connaissaient Dieu, mais pourquoi, en faisant cela, sacrifieriez-vous l’expérience suprême de l’existence humaine : trouver Dieu pour vous-mêmes et le connaitre dans votre propre âme ? 155:6.8 « Chaque race de l’humanité a son point de vue mental particulier sur l’existence humaine ; la religion du mental doit donc toujours s’harmoniser avec ces divers points de vue raciaux. Les religions d’autorité ne parviendront jamais à s’unifier. C’est seulement par et à travers la dotation supérieure de la religion de l’esprit que l’unité des hommes et la fraternité des mortels peuvent être réalisées. Le mental peut différer d’une race à l’autre, mais toute l’humanité est habitée par le même esprit éternel et divin. L’espoir d’une fraternité des hommes ne peut se réaliser que si, et dans la mesure où, les religions d’autorité mentales divergentes se laissent imprégner et dominer par la religion unifiante et ennoblissante de l’esprit – la religion de l’expérience spirituelle personnelle. 155:6.9 « Les religions d’autorité ne peuvent que diviser les hommes et dresser les consciences les unes contre les autres. La religion de l’esprit attirera progressivement les hommes les uns vers les autres et provoquera une sympathie compréhensive entre eux. Les religions d’autorité exigent des hommes une croyance uniforme, chose impossible à réaliser dans le présent état du monde. La religion de l’esprit n’exige qu’une unité d’expérience – une destinée uniforme – tenant entièrement compte de la diversité des croyances. La religion de l’esprit ne demande que l’uniformité de clairvoyance, et non l’uniformité de point de vue et de conception. La religion de l’esprit ne requiert pas l’uniformité des vues intellectuelles, mais seulement l’unité de sentiment spirituel. Les religions d’autorité se cristallisent en crédos inertes. La religion de l’esprit devient la joie et la liberté croissantes dues à l’ennoblissement par des actes de service plein d’amour et des soins miséricordieux. 155:6.10 « Mais veillez à ce qu’aucun de vous ne considère avec dédain les enfants d’Abraham parce qu’ils ont été amenés à vivre ces mauvais jours de tradition stérile. Nos ancêtres s’étaient adonnés à la recherche opiniâtre et passionnée de Dieu ; ils le trouvèrent et le connurent mieux qu’aucune autre race entière ne le fit depuis l’époque d’Adam, qui connaissait beaucoup de ces choses, car il était lui-même un Fils de Dieu. Mon Père n’a pas manqué de remarquer la longue et infatigable lutte d’Israël, depuis l’époque de Moïse, pour trouver Dieu et le connaitre. Des générations de Juifs se sont épuisées sans cesser de peiner, de suer, d’ahaner, de gémir, d’œuvrer et de supporter les souffrances, et d’éprouver les chagrins d’un peuple méconnu et méprisé, tout cela afin de pouvoir s’approcher un peu plus de la découverte de la vérité au sujet de Dieu. Depuis l’époque de Moïse jusqu’à celle d’Amos et d’Osée, et malgré tous les échecs et les défaillances d’Israël, nos pères ont progressivement révélé au monde entier une image toujours plus claire et plus véridique du Dieu éternel. Le chemin fut ainsi préparé pour la révélation encore plus grande du Père, révélation à laquelle vous avez été appelés à participer. 155:6.11 « N’oubliez jamais que la seule aventure plus satisfaisante et plus passionnante que la tentative de découvrir la volonté du Dieu vivant, c’est l’expérience suprême de tâcher honnêtement de faire cette volonté divine. Rappelez-vous toujours que, dans toute occupation terrestre, on peut faire la volonté de Dieu. Il n’y a pas des métiers saints et des métiers profanes. Toutes choses sont sacrées dans la vie de ceux qui sont guidés par l’esprit, c’est-à-dire subordonnés à la vérité, ennoblis par l’amour, dominés par la miséricorde et tempérés par l’équité – par la justice. L’esprit, que mon Père et moi nous enverrons dans le monde, n’est pas seulement l’Esprit de Vérité, mais aussi l’esprit de beauté idéaliste. 155:6.12 « Il faut cesser de rechercher la parole de Dieu uniquement dans les pages des vieux récits de théologie faisant autorité. Quiconque est né de l’esprit de Dieu discernera désormais la parole de Dieu, indépendamment de son origine apparente. Il ne faut pas minimiser la vérité divine parce qu’elle vous est parvenue par un canal apparemment humain. Beaucoup de vos frères acceptent mentalement la théorie de Dieu tout en ne parvenant pas spirituellement à réaliser sa présence. C’est précisément pourquoi je vous ai si souvent enseigné que la meilleure manière de réaliser le royaume des cieux consiste à acquérir l’attitude spirituelle d’un enfant sincère. Ce n’est pas le manque de maturité mentale d’un enfant que je vous recommande, mais bien la simplicité spirituelle d’un petit qui croit facilement et qui a pleine confiance. Il est moins important pour vous de connaitre le fait de l’existence de Dieu que d’acquérir une aptitude croissante à sentir la présence de Dieu. 155:6.13 « Une fois que vous aurez commencé à découvrir Dieu dans votre âme, vous ne tarderez pas à le découvrir dans l’âme des autres hommes, et finalement dans toutes les créatures et créations d’un puissant univers. Mais quelle chance a le Père d’apparaitre, en tant que Dieu des loyautés suprêmes et des idéaux divins, dans les âmes d’hommes qui ne consacrent que peu ou pas de temps à la contemplation réfléchie de ces réalités éternelles ? Bien que le mental ne soit pas le siège de la nature spirituelle, il est, en vérité, la porte qui y conduit. 155:6.14 « Mais ne commettez pas l’erreur d’essayer de prouver à autrui que vous avez trouvé Dieu ; vous ne pouvez en apporter consciemment la preuve valable. Toutefois, il existe deux démonstrations puissantes et positives du fait que vous connaissez Dieu : 1. L’apparition des fruits de l’esprit de Dieu dans votre vie quotidienne ordinaire. 155:6.16 2. Le fait que tout votre plan de vie apporte la preuve positive que vous avez risqué sans réserve tout ce que vous êtes et tout ce que vous possédez dans l’aventure de la survie après la mort, en poursuivant l’espoir de trouver le Dieu de l’éternité après avoir eu un avant-gout de sa présence dans le temps. 155:6.17 « Maintenant, ne vous y trompez pas, mon Père répondra toujours à la plus faible lueur de foi. Il prend note des émotions physiques et superstitieuses de l’homme primitif. Et, avec ces âmes honnêtes mais craintives, dont la foi est si faible qu’elle ne représente guère plus qu’un conformisme intellectuel à une attitude passive d’assentiment aux religions d’autorité, le Père est toujours vigilant pour honorer et soutenir même toutes ces faibles tentatives pour l’atteindre. Mais pour vous, qui avez été tirés des ténèbres et appelés dans la lumière, on s’attend que vous croyiez de tout cœur ; votre foi dominera les attitudes conjuguées du corps, du mental et de l’esprit. 155:6.18 « Vous êtes mes apôtres, et pour vous la religion ne deviendra pas un abri théologique où vous pourriez fuir dans la peur d’affronter les rudes réalités du progrès spirituel et de l’aventure idéaliste ; mais votre religion deviendra plutôt le fait de l’expérience réelle témoignant que Dieu vous a trouvés, idéalisés, ennoblis et spiritualisés, et que vous vous êtes enrôlés dans l’aventure éternelle de trouver le Dieu qui vous a lui-même ainsi trouvés et pris pour fils. 155:6.19 Après avoir fini de parler, Jésus fit signe à André, montra du doigt l’occident en direction de la Phénicie et dit : « Mettons-nous en route. » FASCICULE 156. Le séjour à Tyr et à Sidon 156:0.1 Le vendredi après-midi 10 juin, Jésus et ses associés arrivèrent au voisinage de Sidon et s’arrêtèrent chez une femme riche qui avait été soignée à l’hôpital de Bethsaïde, à l’époque où Jésus était à l’apogée de la faveur populaire. Les apôtres et les évangélistes logèrent à proximité immédiate chez des amis à elle et se reposèrent jusqu’au lendemain du sabbat dans cette ambiance rafraichissante. Ils passèrent près de deux semaines et demie à Sidon et aux environs avant de se préparer à visiter les villes côtières situées plus au nord. 156:0.2 Ce sabbat de juin était un jour de grand calme. Les évangélistes et les apôtres étaient complètement absorbés dans leurs méditations au sujet des discours du Maitre sur la religion, discours qu’ils avaient écoutés sur la route de Sidon. Ils étaient tous capables de tirer quelque chose de ce que Jésus leur avait dit, mais aucun d’eux ne saisissait pleinement l’importance de son enseignement. 1. La femme syrienne 156:1.1 Près de la maison de Karuska, où le Maitre était logé, vivait une Syrienne qui avait beaucoup entendu parler de Jésus en tant que grand guérisseur et instructeur. Elle vint vers lui cet après-midi de sabbat, en amenant sa fille âgée d’une douzaine d’années. L’enfant était atteinte de graves troubles nerveux caractérisés par des convulsions et d’autres manifestations alarmantes. 156:1.2 Jésus avait ordonné à ses associés de ne parler à personne de sa présence chez Karuska, expliquant qu’il souhaitait prendre du repos. Ils avaient bien observé la consigne, mais la servante de Karuska était allée voir la Syrienne, nommée Norana, pour l’informer que Jésus logeait chez sa maitresse et elle avait incité la mère angoissée à y amener sa fille souffrante pour obtenir sa guérison. Bien entendu, la mère croyait que son enfant était possédée par un démon, un esprit impur. 156:1.3 Lorsque Norana arriva avec sa fille, les jumeaux Alphée lui expliquèrent, par le truchement d’un interprète, que le Maitre se reposait et que l’on ne pouvait le déranger, à quoi Norana répondit qu’elle resterait sur place avec son enfant jusqu’à ce que le Maitre ait fini de se reposer. Pierre essaya également de la raisonner et de la persuader de rentrer chez elle. Il lui exposa que Jésus était las d’avoir tant enseigné et guéri, et qu’il était venu en Phénicie pour une période de tranquillité et de repos. Mais ce fut en vain ; Norana ne voulut pas s’en aller. Aux adjurations de Pierre, elle se borna à répondre : « Je ne partirai pas avant d’avoir vu ton Maitre. Je sais qu’il peut chasser le démon de mon enfant et je ne m’en irai pas sans que le guérisseur ait jeté un regard sur ma fille. » 156:1.4 Ensuite, Thomas chercha à renvoyer Norana, mais n’y parvint pas non plus. Elle lui dit : « J’ai foi en la capacité de ton Maitre de chasser le démon qui tourmente mon enfant. J’ai entendu parler de ses œuvres puissantes en Galilée et je crois en lui. Que vous est-il arrivé, à vous ses disciples, pour que vous cherchiez à renvoyer ceux qui viennent demander l’aide de votre Maitre ? » Lorsqu’elle eut ainsi parlé, Thomas se retira. 156:1.5 Simon le Zélote s’avança alors pour faire des remontrances à Norana et lui dit : « Femme, tu es une Gentile parlant grec, il n’est pas juste de t’attendre à voir le Maitre prendre le pain destiné aux enfants de la maison favorisée et le jeter aux chiens. » Mais Norana refusa de s’offenser de l’attaque de Simon. Elle se borna à répondre : « Oui, Maitre, je comprends ce que tu dis. Je ne suis qu’un chien aux yeux des Juifs, mais, en ce qui concerne ton Maitre, je suis un chien croyant. Je suis décidée à ce qu’il voie ma fille, car je suis persuadée que, si seulement il la regarde, il la guérira. Et même toi, brave homme, tu n’oserais pas priver les chiens du privilège d’obtenir les miettes qui peuvent tomber de la table des enfants. » 156:1.6 À ce moment précis, la fillette fut saisie d’une violente convulsion sous les yeux de tous et la mère cria : « Voilà, vous pouvez voir que ma fille est possédée par un esprit impur. Si notre malheur ne vous impressionne pas, il touchera votre Maitre, dont on m’a dit qu’il aimait tous les hommes et osait même guérir les Gentils s’ils avaient la foi. Vous n’êtes pas dignes d’être ses disciples. Je ne m’en irai pas avant que ma fille ait été guérie. » 156:1.7 Jésus, qui avait entendu toute cette conversation par une fenêtre ouverte, sortit alors, à leur grande surprise, et dit : « Ô femme, ta foi est grande, si grande que je ne puis refuser ce que tu désires. Va ton chemin en paix. Ta fille est déjà guérie. » Et la fillette fut bien portante à partir de cet instant. Tandis que Norana et l’enfant prenaient congé, Jésus les supplia de ne raconter cet épisode à personne. Ses compagnons observèrent la consigne, mais la mère et l’enfant ne cessèrent de proclamer dans tout le pays, et même à Sidon, que la fillette avait été guérie, si bien qu’au bout de quelques jours, Jésus estima opportun de changer de demeure. 156:1.8 Le lendemain, tandis que Jésus enseignait ses apôtres en commentant la guérison de la fille de la Syrienne, il dit : « Il en a constamment été ainsi. Vous voyez par vous-mêmes que les Gentils sont capables de faire montre d’une foi salvatrice dans les enseignements de l’évangile du royaume des cieux. En vérité, en vérité, je vous le dis, le royaume du Père sera pris par les Gentils si les enfants d’Abraham ne sont pas disposés à manifester une foi suffisante pour y entrer. » 2. Enseignement à Sidon 156:2.1 En entrant dans Sidon, Jésus et ses associés passèrent sur un pont, le premier pont que beaucoup d’entre eux eussent jamais vu. Pendant qu’ils le traversaient, Jésus fit, entre autres, le commentaire suivant : « Ce monde n’est qu’un pont. On peut le traverser, mais il ne faudrait pas songer à bâtir une demeure dessus. » 156:2.2 Pendant que les vingt-quatre commençaient leurs travaux à Sidon, Jésus alla habiter une maison située juste au nord de la ville, la demeure de Justa et de sa mère Bernice. Tous les matins, Jésus enseignait les vingt-quatre chez Justa. L’après-midi et le soir, ils se dispersaient dans Sidon pour enseigner et prêcher. 156:2.3 Les apôtres et les évangélistes furent grandement encouragés par la manière dont les Gentils de Sidon reçurent leur message. Durant leur bref séjour, beaucoup furent acquis au royaume. Cette période d’environ six semaines en Phénicie fut très fertile pour gagner des âmes, mais les écrivains juifs, qui rédigèrent plus tard les évangiles, prirent l’habitude de glisser sur l’histoire de cette chaleureuse réception des enseignements de Jésus par les Gentils au moment même où un si grand nombre de ses compatriotes se mobilisaient contre lui. 156:2.4 Sous bien des rapports, ces croyants Gentils apprécièrent plus complètement que les Juifs les enseignements de Jésus. Beaucoup de ces Syro-Phéniciens parlant le grec parvinrent à reconnaitre que non seulement Jésus ressemblait à Dieu, mais aussi que Dieu ressemblait à Jésus. Ces soi-disant païens arrivèrent à bien comprendre les enseignements du Maitre sur l’uniformité des lois de notre monde et de l’univers entier. Ils comprirent la leçon que Dieu ne fait acception ni de personnes, ni de races, ni de nations – qu’il n’y a pas de favoritisme chez le Père Universel – que l’univers obéit toujours et entièrement à des lois et que l’on peut infailliblement s’y fier. Ces Gentils n’avaient pas peur de Jésus ; ils osaient accepter son message. Au long des siècles ultérieurs, on ne peut dire que les hommes aient été incapables de comprendre Jésus, mais ils en ont eu peur. 156:2.5 Jésus expliqua clairement aux vingt-quatre que sa fuite de Galilée n’était pas due à un manque de courage devant ses ennemis. Ils comprirent que Jésus n’était pas encore prêt à un conflit ouvert avec la religion établie et qu’il ne cherchait pas à devenir un martyr. Ce fut durant l’une des conférences chez Justa que le Maitre dit pour la première fois à ses disciples : « Même si le ciel et la terre disparaissaient, mes paroles de vérité ne disparaitraient pas. » 156:2.6 Durant son séjour à Sidon, Jésus prit pour thème de ses instructions le progrès spirituel. Il dit à ses disciples qu’ils ne pouvaient s’arrêter en route, qu’il leur fallait avancer vers la droiture ou rétrograder dans le mal et le péché. Il leur recommanda « d’oublier les choses du passé pendant qu’ils allaient de l’avant pour embrasser les plus grandes réalités du royaume ». Il les supplia de ne pas se contenter de leur enfance dans l’évangile, mais de s’efforcer d’atteindre la pleine envergure de la filiation divine dans la communion de l’esprit et la communauté des croyants. 156:2.7 Jésus dit : « Mes disciples doivent non seulement cesser de faire le mal, mais apprendre à faire le bien. Il faut non seulement se purifier de tout péché conscient, mais refuser d’abriter même des sentiments de culpabilité. Si vous confessez vos péchés, ils sont pardonnés ; il faut donc maintenir une conscience exempte de toute faute. » 156:2.8 Jésus prenait grand plaisir au sens aigu de l’humour dont faisaient montre ces Gentils. Ce furent autant le sens de l’humour déployé par Norana, la Syrienne, que sa grande persévérance dans la foi qui touchèrent tellement le cœur du Maitre et firent appel à sa miséricorde. Jésus regrettait beaucoup que ses compatriotes – les Juifs – manquassent pareillement d’humour. Il dit une fois à Thomas : « Mes compatriotes se prennent trop au sérieux. Ils ne savent guère apprécier l’humour. La religion ennuyeuse des pharisiens n’aurait jamais pu prendre naissance chez un peuple ayant le sens de l’humour. Les Juifs manquent également de logique ; ils filtrent des moucherons et avalent des chameaux. » 3. Le voyage en remontant la côte 156:3.1 Le mardi 28 juin, le Maitre et ses associés quittèrent Sidon et remontèrent la côte jusqu’à Porphyréon et Heldoue. Ils furent bien reçus par les Gentils et en firent entrer un grand nombre dans le royaume durant cette semaine d’enseignement et de prédication. Les apôtres prêchèrent à Porphyréon et les évangélistes enseignèrent à Heldoue. Tandis que les vingt-quatre étaient ainsi occupés à leur travail, Jésus les quitta durant trois ou quatre jours pour se rendre à la ville côtière de Beyrouth. Il s’y entretint avec un Syrien nommé Malach, qui était croyant et avait été à Bethsaïde l’année précédente. 156:3.2 Le mercredi 6 juillet, ils retournèrent tous à Sidon et demeurèrent chez Justa jusqu’au dimanche matin. Ils partirent alors pour Tyr en descendant la côte vers le sud par Sarepta et arrivèrent à Tyr le lundi 11 juillet. À cette époque, les apôtres et les évangélistes commençaient à s’habituer au travail parmi ces soi-disant Gentils, qui, en réalité, descendaient principalement des vieilles tribus cananéennes d’origine sémitique encore plus ancienne. Toutes ces populations parlaient le grec. Les apôtres et les évangélistes furent très surpris d’observer l’ardeur de ces Gentils à écouter l’évangile et de voir l’empressement avec lequel beaucoup d’entre eux se mettaient à croire. 4. À Tyr 156:4.1 Du 11 au 24 juillet, ils enseignèrent à Tyr. Chacun des apôtres prit avec lui un évangéliste et ils allèrent ainsi deux par deux enseigner et prêcher dans tous les quartiers de Tyr et aux environs. La population polyglotte de ce port animé les écoutait avec joie et beaucoup de croyants entrèrent par le baptême dans la communauté extérieure du royaume. Jésus installa son quartier général chez un Juif nommé Joseph, un croyant qui vivait à cinq ou six kilomètres au sud de Tyr, non loin du tombeau d’Hiram, qui avait été roi de la cité-État de Tyr, à l’époque de David et de Salomon. 156:4.2 Durant cette quinzaine, les apôtres et les évangélistes allèrent tous les jours à Tyr, en y entrant par la jetée d’Alexandre, pour y tenir de petites réunions ; chaque soir, la plupart d’entre eux revenaient au campement de la maison de Joseph au sud de la cité. Des croyants se rendaient quotidiennement de la ville au lieu de repos de Jésus pour s’entretenir avec lui. Le Maitre ne parla qu’une seule fois à Tyr ; ce fut l’après-midi du 20 juillet, où il enseigna les croyants au sujet de l’amour du Père pour toute l’humanité et de la mission du Fils de révéler le Père à toutes les races humaines. Les Gentils montrèrent un tel intérêt pour l’évangile du royaume qu’en cette occasion, ils ouvrirent à Jésus les portes du temple de Melkarth. Il est intéressant de noter qu’une église chrétienne fut bâtie ultérieurement sur l’emplacement même de cet ancien temple. 156:4.3 On fabriquait, dans la région, la pourpre tyrienne, qui assura la renommée de Tyr et de Sidon dans le monde entier, et contribua si largement à leur commerce international et à la richesse qui en résulta. Beaucoup de dirigeants de cette industrie crurent au royaume. Peu de temps après, les réserves de mollusques, d’où l’on tirait le colorant, commencèrent à diminuer et les fabricants de pourpre partirent à la recherche de nouveaux bancs de ces coquillages. Ils émigrèrent ainsi jusqu’au bout du monde, apportant avec eux le message de la paternité de Dieu et de la fraternité des hommes – l’évangile du royaume. 5. L’enseignement de Jésus à Tyr 156:5.1 Au cours de son allocution du mercredi après-midi, Jésus commença par raconter à ses disciples l’histoire du lis blanc qui dresse sa tête pure et blanche comme neige dans la lumière du soleil, tandis que ses racines plongent dans le limon et la boue du sol enténébré. « De même, » dit-il, « l’homme mortel, qui a les racines de son origine et de son être dans le sol animal de la nature humaine, peut élever, par la foi, sa nature spirituelle dans la lumière solaire de la vérité céleste et produire effectivement les nobles fruits de l’esprit. » 156:5.2 Ce fut durant le même sermon que Jésus employa sa première et unique parabole se rapportant à son propre métier – la charpenterie. Au cours de sa recommandation de « bien construire les fondements pour la croissance d’un noble caractère imprégné de dotations spirituelles », il dit : « Pour produire les fruits de l’esprit, il faut que vous soyez nés de l’esprit. C’est l’esprit qui doit vous enseigner et vous diriger si vous voulez vivre une vie de plénitude spirituelle parmi vos compagnons. Mais ne commettez pas l’erreur du stupide charpentier qui gaspille un temps précieux à équarrir, mesurer et raboter une pièce de bois rongée par les vers et intérieurement pourrie ; ensuite, quand il a consacré tout son travail à cette poutre pourrie, il faut qu’il la rejette comme inutilisable pour les fondations du bâtiment qu’il voulait construire et qui doit résister aux assauts du temps et des orages. Chaque homme doit s’assurer que les fondements intellectuels et moraux de son caractère sont assez solides pour soutenir la superstructure de sa nature spirituelle qui grandit et s’ennoblit, et qui est appelée à transformer le mental humain, puis, en association avec ce mental recréé, devra procéder à l’évolution de l’âme, dont la destinée est immortelle. Votre nature spirituelle – l’âme de création conjointe – est un germe vivant, mais le mental et la morale de l’individu sont le sol d’où doivent surgir ces manifestations supérieures du développement humain et de la destinée divine. Le sol de l’âme évoluante est humain et matériel, mais la destinée de cette créature mixte de mental et d’esprit est spirituelle et divine. » 156:5.3 Le soir de ce même jour, Nathanael demanda à Jésus : « Maitre, pourquoi prions-nous Dieu de ne pas nous induire en tentation, alors que nous savons bien, par la révélation que tu as faite du Père, que celui-ci ne fait jamais de telles choses ? » Jésus répondit à Nathanael : 156:5.4 « Il n’est pas étonnant que tu poses cette question, puisque tu commences à connaitre le Père comme je le connais et non comme l’entrevoyaient si vaguement les anciens prophètes hébreux. Tu sais bien que nos ancêtres avaient tendance à voir Dieu dans pratiquement tous les évènements. Ils cherchaient la main de Dieu dans tous les phénomènes naturels et dans chaque épisode insolite de l’expérience humaine. Ils reliaient Dieu à la fois au bien et au mal. Ils pensaient que Dieu avait adouci le cœur de Moïse et endurci celui du pharaon. Quand les hommes éprouvaient l’impérieux besoin de commettre une bonne ou une mauvaise action, ils avaient l’habitude de justifier ces émotions inhabituelles en déclarant : ‘Le Seigneur m’a parlé en me disant : fais ceci ou fais cela, va par ici ou va par là.’ En conséquence, puisque les hommes se heurtaient si souvent et si violemment aux tentations, nos ancêtres prirent l’habitude de croire que Dieu les y induisait pour les éprouver, les châtier ou les fortifier. Mais toi, tu sais mieux de quoi il s’agit. Tu n’ignores pas que les hommes sont bien trop souvent induits en tentation par la pression de leur propre égoïsme et les impulsions de leur nature animale. Si tu es tenté de cette manière, je te recommande, tout en reconnaissant honnêtement et sincèrement la tentation pour ce qu’elle est, de réorienter intelligemment, dans des canaux supérieurs et vers des buts plus idéalistes, les énergies spirituelles, mentales et corporelles qui cherchent à s’exprimer. De cette façon, tu pourras transformer tes tentations en services vivifiants du type le plus élevé, tout en évitant à peu près complètement les conflits déprimants et inutiles entre la nature animale et la nature spirituelle. 156:5.5 « Mais je te mets en garde contre la folie de vouloir surmonter la tentation en ayant recours à la simple volonté humaine pour remplacer un désir par un autre désir considéré comme supérieur. Si tu veux véritablement triompher des tentations de la nature inférieure et de moindre qualité, il faut atteindre une position de supériorité spirituelle, caractérisée par le développement réel et sincère d’un intérêt effectif et d’un amour pour les lignes de conduite supérieures et plus idéalistes que ton mental désire substituer aux habitudes inférieures et moins idéalistes reconnues comme des tentations. De cette façon, tu seras délivré par transformation spirituelle, au lieu d’être de plus en plus surchargé par le refoulement illusoire des désirs mortels. Dans l’amour de ce qui est nouveau et supérieur, tu oublieras l’ancien et l’inférieur. La beauté triomphe toujours de la laideur dans le cœur des hommes éclairés par l’amour de la vérité. Il est un puissant pouvoir d’élimination dans une affection spirituelle nouvelle et sincère. Je te le répète, ne te laisse pas vaincre par le mal, mais triomphe plutôt du mal par le bien. » 156:5.6 Jusqu’à une heure tardive de la nuit, les apôtres et les évangélistes continuèrent à poser des questions à Jésus. De ses nombreuses réponses, nous voudrions extraire les pensées suivantes, que nous présentons en langage moderne : 156:5.7 Une ambition énergique, un jugement intelligent et une sagesse murie sont les facteurs essentiels du succès matériel. Les qualités de chef dépendent de l’aptitude naturelle, de la discrétion, de la puissance volitive et de la détermination. La destinée spirituelle dépend de la foi, de l’amour et de la dévotion à la vérité – faim et soif de droiture – le désir profond de trouver Dieu et d’être semblable à lui. 156:5.8 Ne vous laissez pas décourager par la découverte que vous êtes humains. La nature humaine peut tendre vers le mal, mais n’est pas naturellement pécheresse. Ne soyez pas abattus si vous n’arrivez pas à oublier complètement certaines de vos expériences regrettables. Les fautes que vous ne parvenez pas à oublier dans le temps seront oubliées dans l’éternité. Allégez les fardeaux de votre âme en vous faisant rapidement une conception de votre destinée à longue échéance, de l’expansion de votre carrière dans l’univers. 156:5.9 Ne commettez pas la faute d’estimer la valeur d’une âme d’après les imperfections du mental ou les appétits du corps. Ne jugez pas une âme et n’évaluez pas sa destinée sur la base d’un seul épisode humain malheureux. Votre destinée spirituelle n’est conditionnée que par vos aspirations et vos desseins spirituels. 156:5.10 La religion est l’expérience exclusivement spirituelle de l’immortelle âme évoluante de l’homme qui connait Dieu ; mais le pouvoir moral et l’énergie spirituelle sont des forces puissantes que l’on peut utiliser pour traiter des questions sociales difficiles et pour résoudre des problèmes économiques complexes. Ces dotations morales et spirituelles donnent plus de richesse et de sens à tous les niveaux de la vie humaine. 156:5.11 Si vous apprenez à n’aimer que ceux qui vous aiment, vous êtes destinés à vivre une vie étroite et médiocre. Effectivement, il est possible que l’amour humain soit réciproque, mais l’amour divin se répand vers l’extérieur dans toutes ses recherches de satisfaction. Moins il y a d’amour dans la nature d’une créature, plus cette créature a besoin d’être aimée et plus l’amour divin cherche à satisfaire ce besoin. L’amour n’est jamais égoïste et l’on ne peut l’effuser sur soi-même. L’amour divin ne peut être contenu en lui-même ; il lui faut s’effuser généreusement. 156:5.12 Les croyants au royaume doivent posséder une foi implicite, croire de toute leur âme au triomphe certain de la droiture. Les bâtisseurs du royaume doivent être convaincus que l’évangile du salut éternel est vrai. Les croyants doivent apprendre à se mettre de plus en plus à l’écart de la vie fiévreuse – à échapper aux harcèlements de l’existence matérielle – tout en rafraîchissant l’âme, en inspirant le mental et en renouvelant l’esprit par la communion dans l’adoration. 156:5.13 Les individus qui connaissent Dieu ne se laissent ni décourager par les malheurs ni abattre par les déceptions. Les croyants sont immunisés contre la dépression qui suit les bouleversements purement matériels ; quiconque mène une vie spirituelle n’est pas troublé par les épisodes du monde matériel. Les candidats à la vie éternelle pratiquent une technique vivifiante et constructive pour faire face à toutes les vicissitudes et tracas de la vie physique. Jour après jour, le croyant sincère éprouve plus de facilité à faire la chose juste. 156:5.14 La vie spirituelle accroit puissamment le véritable respect de soi, mais il ne faut pas confondre respect de soi et admiration de soi. Le respect de soi se coordonne toujours avec l’amour et le service d’autrui. Le respect de soi ne peut dépasser l’amour que l’on éprouve pour son prochain ; l’un est la mesure de la capacité de l’autre. 156:5.15 À mesure que les jours passent, tout vrai croyant devient plus habile à entrainer ses compagnons dans l’amour de la vérité éternelle. Avez-vous aujourd’hui plus de ressources qu’hier pour révéler la bonté à l’humanité ? Pouvez-vous mieux recommander la droiture cette année que l’année dernière ? Votre technique pour conduire les âmes affamées dans le royaume spirituel, devient-elle, de plus en plus, un art ? 156:5.16 Vos idéaux sont-ils suffisamment élevés pour garantir votre salut éternel et, en même temps, vos idées sont-elles assez pratiques pour faire de vous un citoyen utile dans sa fonction terrestre en association avec ses compagnons mortels ? En esprit, votre citoyenneté est dans le ciel ; dans la chair, vous êtes encore citoyens des royaumes de la terre. Rendez à César les choses qui sont matérielles et à Dieu celles qui sont spirituelles. 156:5.17 La mesure de la capacité spirituelle de l’âme en évolution est votre foi dans la vérité et votre amour pour les hommes ; mais la mesure de votre force de caractère humaine est votre aptitude à résister à l’emprise des rancunes et à ne pas broyer du noir à l’occasion d’un profond chagrin. La défaite est le véritable miroir dans lequel vous pouvez examiner sincèrement votre moi réel. 156:5.18 À mesure que croissent les années et que vous devenez plus expérimentés dans les affaires du royaume, acquérez-vous plus de tact dans vos rapports avec des mortels importuns et plus de tolérance dans votre vie avec des collaborateurs entêtés ? Le tact est le point d’appui des leviers sociaux et la tolérance est la marque d’une grande âme. Si vous possédez ces dons rares et attachants, vous deviendrez progressivement plus alertes et habiles dans vos efforts méritoires pour éviter tous les malentendus sociaux inutiles. De telles âmes sages sont capables d’échapper à bon nombre de difficultés qui seront inévitablement le lot de tous ceux qui souffrent d’un manque d’adaptation émotionnelle, ceux qui refusent de grandir et ceux qui n’acceptent pas de vieillir avec élégance. 156:5.19 Évitez la malhonnêteté et l’injustice dans vos efforts pour prêcher la vérité et proclamer l’évangile. Ne recherchez pas une reconnaissance injustifiée et ne sollicitez pas une sympathie imméritée. Aimez, recevez libéralement les bienfaits de source humaine et divine indépendamment de vos mérites, et aimez libéralement en retour. Mais, dans toutes les autres choses qui concernent les honneurs et l’adulation, recherchez seulement ce qui vous appartient en toute honnêteté. 156:5.20 Le mortel conscient de Dieu est certain d’être sauvé ; il ne craint pas la vie ; il est loyal et conséquent. Il sait comment supporter courageusement les souffrances inévitables et ne se plaint pas quand il doit affronter des épreuves inéluctables. 156:5.21 Le vrai croyant ne se lasse pas de bien faire, simplement parce qu’il est contrecarré. Les difficultés fouettent l’ardeur des amants de la vérité et les obstacles ne font que mettre au défi les efforts des intrépides bâtisseurs du royaume. 156:5.22 Et Jésus leur enseigna encore bien d’autres choses avant de quitter Tyr. 156:5.23 La veille du départ de Tyr pour retourner vers la région de la mer de Galilée, Jésus rassembla ses associés et ordonna aux douze évangélistes de rentrer par un itinéraire différent de celui qui était prévu pour lui et les douze apôtres. Après que les évangélistes se furent séparés de Jésus à Tyr, ils ne furent plus jamais aussi intimement associés avec lui. 6. Le retour de Phénicie 156:6.1 Le dimanche 24 juillet, vers midi, Jésus et les douze apôtres quittèrent la maison de Joseph au sud de Tyr. Ils suivirent la côte jusqu’à Ptolémaïs, où ils s’arrêtèrent une journée et adressèrent des paroles d’encouragement au groupe de croyants qui y résidait. Pierre leur fit un sermon le soir du 25 juillet. 156:6.2 Le mardi, ils quittèrent Ptolémaïs en allant vers l’intérieur des terres, à l’est, par la route de Tibériade, jusqu’au voisinage de Jotapata. Le mercredi, ils s’arrêtèrent à Jotapata et donnèrent de nouvelles instructions aux croyants sur les choses du royaume. Le jeudi, ils quittèrent Jotapata en prenant vers le nord la piste allant de Nazareth et du mont Liban au village de Zabulon, en passant par Rama. Ils tinrent des réunions à Rama le vendredi et y restèrent jusqu’au lendemain du sabbat. Ils arrivèrent à Zabulon le dimanche 31 juillet, y tinrent une réunion le soir et repartirent le lendemain matin. 156:6.3 Au départ de Zabulon, ils allèrent jusqu’au croisement de la route de Magdala à Sidon, près de Gischala et, de là, ils se rendirent à Gennésareth, sur la rive occidentale du lac de Galilée au sud de Capharnaüm. Ils y avaient convenu d’un rendez-vous avec David Zébédée et ils avaient l’intention d’y tenir conseil sur les prochaines dispositions à prendre pour continuer à prêcher l’évangile du royaume. 156:6.4 Au cours d’un bref entretien avec David, ils apprirent que nombre de notables se trouvaient actuellement réunis sur la rive opposée du lac, près de Khérésa et, en conséquence, ils traversèrent le lac, le même soir, par bateau. Ils se reposèrent tranquillement une journée dans les collines et, le lendemain, ils se rendirent dans le parc voisin, où le Maitre avait précédemment nourri les cinq-mille. Ils s’y reposèrent trois jours en tenant des conférences quotidiennes auxquelles assistaient une cinquantaine d’hommes et de femmes, le reste de la compagnie, jadis nombreuse, des croyants résidant à Capharnaüm et aux environs. 156:6.5 Pendant la période du séjour en Phénicie, où Jésus se trouvait loin de Capharnaüm et de la Galilée, ses ennemis calculèrent que tout son mouvement avait été brisé ; ils conclurent que la hâte de Jésus à se retirer dénotait qu’il avait eu tellement peur qu’il ne reviendrait probablement jamais plus les ennuyer. Toute opposition active à ses enseignements s’était à peu près calmée. Les croyants recommençaient à tenir des réunions publiques ; les disciples éprouvés et fidèles, qui avaient survécu au grand criblage récemment subi par les croyants à l’évangile, s’affermissaient graduellement mais efficacement dans leur foi. 156:6.6 Philippe, frère d’Hérode, s’était mis à croire tièdement en Jésus et avait fait savoir que le Maitre était libre de vivre et d’agir dans les territoires soumis à sa juridiction. 156:6.7 L’ordre de fermer toutes les synagogues du monde juif aux enseignements de Jésus et de ses disciples avait provoqué un choc en retour contre les scribes et les pharisiens. Immédiatement après que Jésus se fut retiré en tant que sujet de controverse, il se produisit une réaction dans toute la population juive ; il naquit un ressentiment général contre les pharisiens et les dirigeants du sanhédrin de Jérusalem. Beaucoup de chefs religieux commencèrent à ouvrir subrepticement leurs synagogues à Abner et à ses associés, en déclarant que ces éducateurs étaient des disciples de Jean et non de Jésus. 156:6.8 Même Hérode Antipas éprouva un changement de sentiments. Lorsqu’il apprit que Jésus séjournait de l’autre côté du lac dans le territoire de son frère Philippe, il lui fit savoir que, malgré la signature des mandats d’arrêt contre lui en Galilée, il n’avait pas de ce fait autorisé son arrestation en Pérée ; Hérode indiquait, ainsi, que Jésus ne serait pas molesté s’il restait hors de Galilée, et il communiqua la même ordonnance aux Juifs de Jérusalem. 156:6.9 Telle était la situation le 1er aout de l’an 29, au moment où le Maitre revint de sa tournée en Phénicie et commença à réorganiser ses forces dispersées, éprouvées et réduites, en vue de cette dernière et mémorable année de sa mission sur terre. 156:6.10 L’issue de la bataille est maintenant claire, alors que le Maitre et ses associés se préparent à commencer la proclamation d’une nouvelle religion, la religion de l’esprit du Dieu vivant qui habite dans le mental des hommes. FASCICULE 157. À Césarée de Philippe 157:0.1 Avant d’emmener les douze faire un court séjour au voisinage de Césarée de Philippe, Jésus avait convenu, par l’intermédiaire des messagers de David, qu’il traverserait le lac pour rencontrer sa famille, à Capharnaüm, le dimanche 7 aout. La visite devait avoir lieu au chantier naval de Zébédée, et David Zébédée avait pris des dispositions avec Jude, le frère de Jésus, pour que la famille de Nazareth soit présente au complet – Marie et tous les frères et sœurs de Jésus. Accompagné d’André et de Pierre, Jésus alla au rendez-vous. Marie et ses enfants avaient certainement l’intention de s’y rendre également, mais il advint qu’un groupe de pharisiens, sachant que Jésus était de l’autre côté du lac, dans les domaines de Philippe, décida de rendre visite à Marie pour apprendre autant que possible dans quels parages il se trouvait. L’arrivée de ces émissaires de Jérusalem troubla beaucoup Marie. Ils remarquèrent la tension et la nervosité de toute la famille, et en conclurent qu’elle devait s’attendre à une visite de Jésus. En conséquence, ils s’installèrent chez Marie, convoquèrent des renforts et attendirent patiemment l’arrivée de Jésus. Bien entendu, cela empêcha efficacement tous les membres de la famille de tenter d’aller au rendez-vous. Durant la journée, Jude et Ruth essayèrent plusieurs fois de déjouer la vigilance des pharisiens pour prévenir Jésus, mais ce fut en vain. 157:0.2 De bonne heure dans l’après-midi, les messagers de David firent savoir à Jésus que les pharisiens campaient sur le perron de la maison de sa mère ; il ne fit donc aucune tentative pour rendre visite à sa famille. De nouveau, et sans qu’il y ait eu faute de part ou d’autre, Jésus et sa famille terrestre ne réussirent pas à reprendre contact. 1. Le percepteur de l’impôt du temple 157:1.1 Tandis que Jésus s’attardait avec André et Pierre au bord du lac, près du chantier naval, un percepteur de l’impôt du temple s’approcha d’eux, reconnut Jésus et prit Pierre à part pour lui dire : « Ton Maitre ne paye-t-il pas l’impôt du temple ? » Pierre eut tendance à s’indigner à l’idée que Jésus devait contribuer à soutenir les activités religieuses de ses ennemis jurés, mais il remarqua une expression particulière sur le visage du percepteur. Il conjectura, à juste titre, que le percepteur cherchait à le prendre en flagrant délit de refus de payer le demi-sicle habituel pour l’entretien des services du temple à Jérusalem. En conséquence, Pierre répondit : « Bien entendu, le Maitre paye l’impôt du temple. Attends à la porte, et je reviens avec le montant de la taxe. » 157:1.2 Pierre avait parlé sans réfléchir, car Judas, qui transportait leurs fonds, était de l’autre côté du lac. Ni Pierre, ni son frère, ni Jésus n’avaient emporté d’argent. Sachant que les pharisiens les recherchaient, il leur était difficile d’aller à Bethsaïde pour obtenir des fonds. Lorsque Pierre parla à Jésus du percepteur et dit qu’il lui avait promis l’argent, Jésus lui dit : « Si tu as promis, il faut que tu payes, mais avec quoi tiendras-tu ta promesse ? Redeviendras-tu pêcheur pour pouvoir faire honneur à ta parole ? Néanmoins, Pierre, dans ces circonstances, il est bon que nous payions la taxe. Ne fournissons à ces hommes aucune occasion de s’offenser de notre attitude. Nous attendrons ici pendant que tu vas prendre le bateau et attraper des poissons au filet. Quand tu les auras vendus au marché là-bas, paye le percepteur pour nous trois. » 157:1.3 Toute cette conversation avait été entendue par le messager secret de David, qui se tenait à proximité et qui fit signe à un associé, pêchant près du rivage, d’accoster promptement. Lorsque Pierre se prépara à monter dans le bateau pour pêcher, le messager et son ami pêcheur lui offrirent plusieurs grands paniers de poissons et l’aidèrent à les porter au marchand de poisson voisin. Celui-ci acheta la prise et la paya à un prix qui, avec un complément fourni par le messager de David, suffisait à payer la taxe du temple pour les trois hommes. Le percepteur accepta le versement et fit remise de l’amende pour retard de paiement, parce que les intéressés avaient été absents de Galilée pendant un certain temps. 157:1.4 Il n’est pas étonnant que vos écrits contiennent un récit de Pierre attrapant un poisson dont la gueule contenait un sicle. À cette époque, circulaient de nombreuses histoires sur la découverte de trésors dans la gueule de poissons, et ces histoires, quasi miraculeuses, étaient fort répandues. Lorsque Pierre s’en alla pour se diriger vers le bateau, Jésus observa avec une pointe d’humour : « Il est étrange que les fils du roi doivent payer le tribut ; ce sont généralement les étrangers qui sont taxés pour entretenir la cour ; mais il convient que nous ne fournissions pas une pierre d’achoppement aux autorités. Vas-y ! Peut-être attraperas-tu le poisson dont la gueule contient le sicle. » Après ces paroles de Jésus et la réapparition si rapide de Pierre avec le montant de l’impôt du temple, il est assez naturel que l’épisode ait été ultérieurement grossi pour devenir le miracle raconté par l’auteur de l’évangile selon Matthieu. 157:1.5 Jésus attendit au bord du lac avec André et Pierre jusqu’au coucher du soleil. Des messagers lui firent savoir que la maison de Marie était toujours surveillée ; en conséquence, à la tombée de la nuit, les trois hommes remontèrent dans leur bateau et ramèrent lentement vers la côte orientale de la Mer de Galilée. 2. À Bethsaïde-Julias 157:2.1 Le lundi 8 aout, tandis que Jésus et les douze apôtres campaient dans le parc de Magadan proche de Bethsaïde-Julias, plus de cent croyants, les évangélistes, le groupe des femmes et d’autres personnes s’intéressant à l’établissement du royaume vinrent de Capharnaüm pour une conférence. Apprenant que Jésus était là, beaucoup de pharisiens vinrent aussi. Entretemps, un certain nombre de sadducéens s’étaient joints aux efforts des pharisiens pour prendre Jésus au piège. Avant la conférence privée avec les croyants, Jésus tint une réunion publique à laquelle assistèrent les pharisiens. Ils harcelèrent le Maitre de questions et cherchèrent encore autrement à troubler la réunion. Le chef des perturbateurs dit : « Maitre, nous voudrions que tu nous donnes un signe de l’autorité qui te permet d’enseigner, et alors, quand ce signe se produira, tous les hommes sauront que tu as été envoyé par Dieu. » Et Jésus leur répondit : « Le soir, vous dites qu’il fera beau temps parce que le ciel est rouge. Le matin, vous dites qu’il fera mauvais temps parce que le ciel est rouge et que les nuages s’abaissent. Quand vous voyez un nuage se lever à l’ouest, vous dites qu’il va tomber des averses. Quand le vent souffle du sud, vous annoncez une chaleur torride. Comment se fait-il que, sachant si bien discerner l’aspect du ciel, vous soyez si complètement incapables de discerner les signes des temps ? À ceux qui voudraient connaitre la vérité, un signe a déjà été donné ; mais, à une génération hypocrite et mal intentionnée, aucun signe ne sera donné. » 157:2.2 Après avoir ainsi parlé, Jésus se retira et se prépara à la conférence du soir avec ses disciples. Il fut décidé à cette conférence que l’on entreprendrait en commun une tournée dans toutes les villes et tous les villages de la Décapole, dès que Jésus et les douze seraient revenus de leur visite projetée à Césarée de Philippe. Le Maitre participa à l’élaboration des plans de la mission en Décapole, puis renvoya l’assistance en disant : « Je vous mets en garde contre le levain des pharisiens et des sadducéens. Ne vous laissez pas tromper dans leur démonstration de grande érudition et leur profond attachement aux formes de la religion. Ne vous préoccupez que de l’esprit de la vérité vivante et du pouvoir de la vraie religion. Ce n’est pas la crainte d’une religion morte qui vous sauvera, mais plutôt votre foi en une expérience vivante des réalités spirituelles du royaume. Ne vous laissez ni aveugler par les préjugés, ni paralyser par la crainte. Ne permettez pas non plus au respect des traditions de déformer votre intelligence au point que vos yeux ne voient plus et que vos oreilles n’entendent plus. La vraie religion n’a pas simplement pour but d’amener la paix, mais plutôt d’assurer le progrès. Il ne peut y avoir ni paix dans le cœur, ni progrès dans le mental si vous ne tombez pas de tout cœur amoureux de la vérité, des idéaux des réalités éternelles. L’alternative de la vie et de la mort est placée devant vous – d’un côté les plaisirs coupables du temps, et de l’autre les justes réalités de l’éternité. Dès maintenant, vous devriez commencer à vous délivrer de l’esclavage de la peur et du doute en entrant dans la nouvelle vie de foi et d’espérance. Quand des sentiments de service envers votre prochain naissent dans votre âme, ne les étouffez pas ; quand des émotions d’amour envers le prochain jaillissent dans votre cœur, manifestez cette tendance affective par un ministère intelligent satisfaisant les besoins réels de votre prochain. » 3. La confession de Pierre 157:3.1 Le mardi matin de bonne heure, Jésus et les douze apôtres partirent du parc de Magadan pour Césarée de Philippe, capitale du domaine du tétrarque Philippe. Cette ville était située dans une région merveilleusement belle. Elle nichait dans une vallée pittoresque entre des collines où le Jourdain sortait d’une grotte souterraine. Au nord, on voyait bien les hauteurs du mont Hermon, tandis qu’en montant sur les collines du sud, on avait une vue magnifique sur l’amont du Jourdain et la mer de Galilée. 157:3.2 Au cours de ses premières expériences dans les affaires du royaume, Jésus était allé au mont Hermon ; maintenant qu’il entrait dans la dernière phase de son œuvre, il désirait retourner sur ce haut-lieu d’épreuve et de triomphe. Il espérait que les apôtres pourraient y gagner une nouvelle vision de leurs responsabilités et pourraient acquérir de nouvelles forces pour l’imminente période d’épreuves. Sur la route, à peu près au moment où ils passaient au sud des eaux de Mérom, les apôtres en vinrent à parler entre eux de leurs récentes expériences en Phénicie et ailleurs, ils racontèrent comment leur message avait été reçu et parlèrent de la manière dont les différentes populations considéraient leur Maitre. 157:3.3 À la halte du déjeuner, Jésus aborda soudainement, avec les douze, la première question qu’il leur eût jamais posée sur lui-même. Il leur posa cette question surprenante : « Qui dit-on que je suis ? » 157:3.4 Jésus avait passé de longs mois à instruire les apôtres sur la nature et le caractère du royaume des cieux ; il savait bien que le moment était venu de leur en apprendre davantage sur sa propre nature et sur ses relations personnelles avec le royaume. Alors, tandis qu’ils étaient assis sous des muriers, le Maitre se prépara à l’une des plus importantes discussions de sa longue association avec les apôtres choisis. 157:3.5 Plus de la moitié d’entre eux participèrent aux réponses à la question posée. Ils dirent à Jésus que tous ceux qui le connaissaient le considéraient comme un prophète ou un homme extraordinaire ; que même ses ennemis le craignaient beaucoup et expliquaient ses pouvoirs en l’accusant d’être ligué avec le prince des démons. Les apôtres lui dirent que certains habitants de la Judée et de la Samarie, qui ne l’avaient pas rencontré personnellement, le prenaient pour Jean le Baptiste ressuscité d’entre les morts. Pierre exposa qu’en plusieurs occasions, diverses personnes avaient comparé Jésus à Moïse, Élie, Isaïe et Jérémie. Après avoir entendu ces commentaires, Jésus se dressa, regarda les douze assis en demi-cercle autour de lui et, d’une manière intense et saisissante, il les montra successivement du doigt en un geste circulaire, et leur demanda : « Mais vous, qui dites-vous que je suis ? » Il y eut un moment de silence tendu où les douze ne quittèrent pas leur Maitre des yeux. Puis Simon Pierre, se levant brusquement, s’écria : « Tu es le Libérateur, le Fils du Dieu vivant. » Et les onze apôtres se levèrent d’un commun accord montrant, ainsi, que Pierre avait parlé pour eux tous. 157:3.6 Jésus les pria de se rassoir et, se tenant encore debout devant eux, il leur dit : « Cela vous a été révélé par mon Père. L’heure est venue où il faut que vous connaissiez la vérité sur moi. Mais, pour l’instant, je vous donne comme instruction de ne la dire à personne. Partons d’ici. » 157:3.7 Ils reprirent donc leur voyage vers Césarée de Philippe, où ils arrivèrent tard dans la soirée et s’arrêtèrent chez Celsus, qui les attendait. Les apôtres dormirent peu cette nuit-là ; ils avaient le sentiment qu’un grand évènement venait de se produire dans leur vie et dans l’œuvre du royaume. 4. Propos au sujet du royaume 157:4.1 Depuis les épisodes de son baptême par Jean et du changement de l’eau en vin à Cana, les apôtres avaient, à des dates diverses, pratiquement accepté Jésus en tant que Messie. Pendant de brèves périodes, certains d’entre eux avaient vraiment cru qu’il était le Libérateur attendu. Mais à peine ces espoirs étaient-ils nés dans leur cœur, que le Maitre les anéantissait par quelques paroles écrasantes ou par un acte qui les décevait. Les apôtres avaient longtemps été fort agités par le conflit entre les concepts du Messie attendu, celui de leur mental, et l’expérience de leur association extraordinaire avec cet homme extraordinaire, qui était celui de leur cœur. 157:4.2 Tard dans la matinée de ce mercredi, les apôtres se rassemblèrent dans le jardin de Celsus pour leur repas de midi. Durant presque toute la nuit et depuis leur lever ce matin-là, Simon Pierre et Simon Zélotès avaient travaillé assidument pour amener leurs frères au point où ils accepteraient de tout cœur le Maitre, non seulement en tant que Messie, mais également en tant que Fils divin du Dieu vivant. Les deux Simon étaient à peu près d’accord sur leur appréciation de Jésus, et ils travaillaient assidument à faire accepter pleinement leur point de vue par les autres. Bien qu’André restât directeur général du corps apostolique, son frère, Simon Pierre, par un commun accord, devenait de plus en plus le porte-parole des douze. 157:4.3 Ils étaient tous assis dans le jardin, vers midi, lorsque le Maitre apparut. Ils avaient des expressions dignes et solennelles, et se levèrent tous à son approche. Jésus détendit la situation par l’amical et fraternel sourire si caractéristique qu’il arborait quand ses disciples prenaient trop au sérieux leur propre personne ou quelque évènement se rapportant à eux. Avec un geste de commandement, il leur fit signe de s’assoir. Jamais plus les douze n’accueillirent leur Maitre en se levant à son arrivée, car ils avaient perçu sa désapprobation pour cette marque extérieure de respect. 157:4.4 Après qu’ils eurent pris leur repas et se furent lancés dans la discussion de plans pour leur prochaine tournée en Décapole, Jésus les regarda soudain en face et dit : « Maintenant qu’une journée entière s’est écoulée depuis que vous avez approuvé la déclaration de Pierre sur l’identité du Fils de l’Homme, je voudrais vous demander si vous maintenez toujours votre conclusion. » En entendant cela, les douze se dressèrent sur leurs pieds, et Simon Pierre s’avança de quelques pas vers Jésus en disant : « Oui, Maitre, nous la maintenons. Nous croyons que tu es le Fils du Dieu vivant. » Et Pierre se rassit ensuite avec ses frères. 157:4.5 Jésus, resté debout, dit alors aux douze : « Vous êtes mes ambassadeurs choisis, mais je sais qu’en pareilles circonstances, cette croyance ne saurait être le résultat d’une simple connaissance humaine. Cette croyance est une révélation de l’esprit de mon Père au plus profond de vos âmes. Si donc vous faites cette confession par la clairvoyance de l’esprit de mon Père qui habite en vous, je suis amené à proclamer que, sur ce fondement, j’édifierai la fraternité du royaume des cieux. Sur ce roc de réalité spirituelle, je bâtirai le temple vivant de communauté spirituelle dans les réalités éternelles du royaume de mon Père. Toutes les forces du mal et les armées du péché ne prévaudront pas contre cette fraternité humaine de l’esprit divin. Alors que l’esprit de mon Père sera toujours le guide et le mentor divin de tous ceux qui s’engagent dans les liens de cette communauté de l’esprit, à vous et à vos successeurs, je remets maintenant les clefs du royaume extérieur – l’autorité sur les choses temporelles – les facteurs sociaux et économiques de cette association d’hommes et de femmes en tant que membres du royaume. » De nouveau, il leur recommanda de ne dire à personne, pour l’instant, qu’il était le Fils de Dieu. 157:4.6 Jésus commençait à avoir foi dans la loyauté et l’intégrité de ses apôtres. Le Maitre pensa que, si la foi de ses représentants choisis était capable de résister aux tribulations qu’ils avaient récemment subies, elle pourrait indubitablement supporter les rudes épreuves qui les attendaient et sortirait intacte du naufrage apparent de toutes leurs espérances. Ils se trouveraient alors dans la nouvelle lumière d’une nouvelle dispensation et capables de faire campagne pour éclairer un monde plongé dans les ténèbres. Ce jour-là, le Maitre commença à croire à la foi de tous ses apôtres, à l’exception d’un seul. 157:4.7 Et, depuis ce jour, ce même Jésus a toujours continué à bâtir ce temple vivant sur le même fondement éternel de sa filiation divine. Les hommes qui deviennent ainsi consciemment fils de Dieu sont les pierres humaines constituant ce temple vivant de filiation qui s’élève à la gloire et à l’honneur de la sagesse et de l’amour du Père éternel des esprits. 157:4.8 Après avoir ainsi parlé, Jésus demanda aux douze d’aller isolément dans les collines pour y rechercher la sagesse, la force et les directives spirituelles, jusqu’à l’heure du repas du soir. Et ils firent ce que le Maitre les avait exhortés à faire. 5. Le nouveau concept 157:5.1 Le trait nouveau et essentiel de la confession de Pierre fut la reconnaissance bien nette que Jésus était le Fils de Dieu, qu’il était indiscutablement divin. Depuis son baptême et les noces de Cana, les apôtres l’avaient diversement considéré comme le Messie, mais que le Messie dût être divin ne faisait pas partie du concept juif du libérateur national. Les Juifs n’avaient pas enseigné que le Messie aurait une origine divine ; il devait être « l’oint », mais ils n’avaient guère envisagé qu’il soit « le Fils de Dieu ». Dans la seconde confession, l’accent fut placé davantage sur la nature conjuguée de Jésus, sur le fait céleste qu’il était le Fils de l’Homme et le Fils de Dieu. C’est sur cette grande vérité de l’union de la nature humaine avec la nature divine que Jésus déclara qu’il bâtirait le royaume des cieux. 157:5.2 Jésus avait cherché à vivre sa vie terrestre et à parachever sa mission d’effusion en tant que Fils de l’Homme. Ses disciples étaient disposés à le considérer comme le Messie attendu. Sachant qu’il ne pourrait jamais réaliser leurs espérances messianiques, il s’efforça de modifier leur concept du Messie de manière à pouvoir répondre partiellement à leur attente. Mais il reconnut maintenant que ce plan n’avait guère de chances d’être mené à bien. Il décida donc audacieusement de révéler son troisième plan – d’annoncer ouvertement sa divinité, de reconnaitre la véracité de la confession de Pierre et de déclarer directement aux douze qu’il était un Fils de Dieu. 157:5.3 Durant trois années, Jésus avait proclamé qu’il était le « Fils de l’Homme, » et, pendant les trois mêmes années, les apôtres avaient insisté de plus en plus sur le fait qu’il était le Messie juif attendu. Il révéla maintenant qu’il était le Fils de Dieu et choisit de bâtir le royaume des cieux sur le concept de sa nature conjuguée de Fils de l’homme et de Fils de Dieu. Il avait décidé de ne plus faire d’efforts pour convaincre les apôtres qu’il n’était pas le Messie. Il se proposa désormais de leur révéler audacieusement ce qu’il est, et de ne plus tenir compte de leur persistance à le considérer comme le Messie. 6. L’après-midi suivant 157:6.1 Jésus et les apôtres restèrent encore un jour chez Celsus, attendant que des messagers de David Zébédée arrivent avec de l’argent. À la suite de l’effondrement de la popularité de Jésus auprès des masses, les revenus des apôtres avaient considérablement diminué. À leur arrivée à Césarée de Philippe, leur caisse était vide. Matthieu était peu enclin à quitter Jésus et ses compagnons, en un moment pareil, et il n’avait pas de fonds disponibles, lui appartenant en propre, à remettre à Judas comme il l’avait si souvent fait dans le passé. Toutefois, David Zébédée avait prévu cette diminution probable de revenus et avait donné des instructions en conséquence à ses messagers. En traversant la Judée, la Samarie et la Galilée, ils devaient servir de collecteurs de fonds destinés aux apôtres exilés et à leur Maitre. C’est ainsi que, dans la soirée du même jour, les messagers arrivèrent de Bethsaïde en apportant une somme suffisante pour entretenir les apôtres jusqu’au moment où ils reviendraient pour entreprendre la tournée de la Décapole. Matthieu espérait qu’à leur retour, il aurait encaissé le prix de vente de sa dernière propriété de Capharnaüm, et il s’était arrangé pour que ces fonds soient remis à Judas sous forme anonyme. 157:6.2 Ni Pierre ni les autres apôtres n’avaient une conception très juste de la divinité de Jésus. Ils ne se rendaient pas compte qu’une nouvelle époque commençait dans la carrière terrestre de leur Maitre, l’époque où l’éducateur-guérisseur devenait le Messie selon la conception nouvelle – le Fils de Dieu. À partir de ce moment-là, un nouveau ton apparut dans le message du Maitre. Son unique idéal de vie fut désormais la révélation du Père, et l’idée unique de son enseignement fut de présenter, à son univers, la personnification de cette sagesse suprême compréhensible uniquement en la vivant. Il était venu pour que nous puissions tous avoir la vie, et l’avoir plus abondamment. 157:6.3 Jésus entrait maintenant dans le quatrième et dernier stade de sa vie humaine dans la chair. Le premier fut celui de son enfance, des années où il n’avait que faiblement conscience de son origine, de sa nature et de sa destinée en tant qu’être humain. Le deuxième stade fut celui de l’autoconscience croissante des années de son adolescence et de sa jeunesse, durant lesquelles il comprit plus clairement sa nature divine et sa mission humaine ; ce deuxième stade prit fin avec les expériences et révélations associées à son baptême. Le troisième stade de l’expérience terrestre du Maitre s’étendit depuis son baptême, suivi des années de son ministère d’éducateur et de guérisseur, jusqu’à l’heure mémorable de la confession de Pierre à Césarée de Philippe ; ce troisième stade engloba la période où ses apôtres et ses disciples immédiats le connurent en tant que Fils de l’Homme et le considérèrent comme le Messie. La quatrième et dernière période de sa carrière terrestre commença ici, à Césarée de Philippe, et dura jusqu’à la crucifixion. Ce stade de son ministère fut caractérisé par l’aveu de sa divinité et inclut les œuvres de sa dernière année d’incarnation. La majorité des disciples de Jésus le considérait encore comme le Messie, mais, durant la quatrième période, les apôtres le connurent en tant que Fils de Dieu. La confession de Pierre marqua le commencement de la nouvelle période de réalisation plus complète de la vérité de son ministère suprême en tant que Fils d’effusion sur Urantia et pour un univers entier, ainsi que la récognition de ce fait, au moins vaguement, par ses ambassadeurs choisis. 157:6.4 Jésus donna ainsi, dans sa vie, l’exemple de ce qu’il enseignait dans sa religion : la croissance de la nature spirituelle par la technique du progrès vivant. Contrairement à ceux qui le suivirent, il ne mit pas l’accent sur la lutte incessante entre l’âme et le corps. Il enseigna plutôt que l’esprit triomphe aisément des deux et apporte efficacement et profitablement une réconciliation dans un grand nombre de ces conflits intellectuels et instinctifs. 157:6.5 Une nouvelle signification s’attache désormais à tous les enseignements de Jésus. Avant Césarée de Philippe, il se présentait comme le maitre-instructeur de l’évangile du royaume. Après Césarée de Philippe, il apparut non seulement simplement comme instructeur, mais aussi en tant que le représentant divin du Père éternel, qui est le centre et la circonférence de ce royaume spirituel. Et il fallait que Jésus fit tout cela en tant qu’être humain, en tant que Fils de l’Homme. 157:6.6 Jésus s’était sincèrement efforcé, d’abord en tant qu’instructeur puis en tant qu’éducateur-guérisseur, de faire entrer ses disciples dans le royaume spirituel, mais ils n’acceptèrent pas. Jésus savait bien que sa mission terrestre ne pouvait réaliser les espoirs messianiques du peuple juif ; les prophètes de jadis avaient décrit un Messie irrémédiablement différent de lui. Jésus cherchait, en tant que Fils de l’Homme, à établir le royaume du Père, mais ses disciples ne voulurent pas se lancer dans cette aventure. Voyant cela, Jésus choisit alors de faire la moitié du chemin à la rencontre de ceux qui croyaient en lui ; ce faisant, il se prépara ouvertement à assumer le rôle du Fils d’effusion de Dieu. 157:6.7 En conséquence, les apôtres apprirent bien des choses nouvelles en écoutant Jésus, ce jour-là, dans le jardin. Même pour eux, certaines de ces affirmations parurent étranges, et voici quelques-unes des saisissantes déclarations qu’ils entendirent : 157:6.8 « Désormais, si un homme veut avoir sa place dans notre communauté, qu’il assume les obligations de la filiation, et qu’il me suive. Quand je ne serai plus avec vous, ne vous imaginez pas que le monde vous traitera mieux qu’il n’aura traité votre Maitre. Si vous m’aimez, préparez-vous à prouver cette affection en acceptant de faire le sacrifice suprême ». 157:6.9 « Retenez bien mes paroles : Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs. Le Fils de l’Homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et pour offrir sa vie comme un don pour tous. Je vous déclare que je suis venu chercher et sauver les égarés. » 157:6.10 « Nul homme dans ce monde ne voit présentement le Père, sauf le Fils qui est venu du Père ; mais, si le Fils est élevé, il attirera tous les hommes à lui. Quiconque croit en cette vérité de la nature conjuguée du Fils recevra le don d’une vie plus durable que celle de l’âge présent. » 157:6.11 « Nous ne pouvons pas encore proclamer ouvertement que le Fils de l’Homme est le Fils de Dieu, mais cela vous a été révélé ; c’est pourquoi je vous parle audacieusement de ces mystères. Bien que je me présente à vous sous cette forme corporelle, je suis venu de Dieu le Père. Avant qu’Abraham fût, je suis. Je suis vraiment venu du Père dans ce monde tel que vous m’avez connu, et je vous déclare qu’il me faudra bientôt quitter ce monde et reprendre le travail de mon Père. » 157:6.12 « Et, maintenant, votre foi peut-elle comprendre la vérité de ces déclarations, après mon avertissement que le Fils de l’Homme ne répondra pas à l’attente de vos pères selon la manière dont ils concevaient le Messie ? Mon royaume n’est pas de ce monde. Pouvez-vous croire la vérité à mon sujet sachant que les renards ont des tanières et les oiseaux du ciel des nids, mais, moi, je n’ai pas d’endroit où reposer ma tête ? » 157:6.13 « Néanmoins, je vous dis que le Père et moi, nous sommes un. Quiconque m’a vu a vu le Père. Mon Père agit avec moi en toutes ces choses et ne me laissera jamais seul dans ma mission, de même que je ne vous abandonnerai jamais quand vous irez bientôt proclamer cet évangile dans le monde. » 157:6.14 « Et, maintenant, je vous ai emmené à l’écart pour une courte période, seuls avec moi, afin que vous puissiez comprendre la gloire et saisir la grandeur de la vie à laquelle je vous ai appelés : l’aventure d’établir, par la foi, le royaume de mon Père dans le cœur des hommes, de bâtir ma communauté d’association vivante avec les âmes de tous ceux qui croient à cet évangile. » 157:6.15 Les apôtres écoutèrent en silence ces affirmations audacieuses et étonnantes ; ils étaient abasourdis. Puis ils se dispersèrent en petits groupes pour discuter et méditer les paroles du Maitre. Ils avaient confessé que Jésus était le Fils de Dieu, mais ils ne pouvaient saisir la pleine signification de ce qu’ils avaient été amenés à faire. 7. La consultation d’André 157:7.1 Ce soir-là, André prit sur lui d’avoir une consultation personnelle et approfondie avec chacun de ses frères. Ces entretiens furent profitables et encourageants avec tous ses associés, sauf avec Judas Iscariot. André n’avait jamais eu avec Judas un contact personnel aussi étroit qu’avec les autres apôtres ; c’est pourquoi il n’avait pas, jusqu’alors, attaché d’importance au fait que Judas n’ait jamais établi de relations franches et confidentielles avec le chef du corps apostolique. Mais, cette fois-ci, l’attitude de Judas lui causa un tel souci que, plus tard dans la soirée, après que tous les apôtres furent profondément endormis, il alla trouver Jésus et lui exposa la cause de son anxiété. Le Maitre lui dit : « Tu n’as pas tort, André, de venir me consulter sur ce sujet, mais nous ne pouvons rien faire de plus ; continue seulement à accorder la pleine confiance à cet apôtre et ne parle pas à ses frères de ton entretien avec moi. » 157:7.2 André ne put rien tirer de plus de Jésus. Il y avait toujours eu un sentiment d’incompréhension entre ce Judéen et ses frères Galiléens. Judas avait été choqué par la mort de Jean le Baptiste, profondément froissé par les remontrances du Maitre en diverses occasions, déçu quand Jésus refusa d’être proclamé roi, humilié par sa fuite devant les pharisiens, chagriné quand Jésus rejeta le défi des pharisiens de leur donner un signe, déconcerté par le refus de son Maitre de recourir à des manifestations de pouvoir et, plus récemment, déprimé et parfois abattu par le vide de la trésorerie. En outre, il manquait à Judas le stimulant des foules. 157:7.3 Dans une certaine mesure et à des degrés divers, chacun des autres apôtres était également affecté par ces mêmes épreuves et tribulations, mais ils aimaient Jésus. En tout cas, ils ont dû l’aimer plus que ne le faisait Judas, car ils l’accompagnèrent jusqu’au bout. 157:7.4 Originaire de Judée, Judas prit pour une offense personnelle le récent avertissement de Jésus aux apôtres « de se méfier du levain des pharisiens » ; il avait tendance à considérer cette déclaration comme une allusion voilée à lui-même. Mais la grande erreur de Judas était la suivante : maintes et maintes fois, quand Jésus envoyait ses apôtres prier isolément, Judas s’adonnait à des pensées de crainte humaine au lieu d’entrer en communion sincère avec les forces spirituelles de l’univers ; en même temps, il persistait à nourrir des doutes subtils sur la mission de Jésus et s’adonnait à sa tendance malheureuse à entretenir des sentiments de revanche. 157:7.5 Jésus voulait maintenant emmener ses apôtres avec lui au mont Hermon, où il avait décidé d’inaugurer, en tant que Fils de Dieu, la quatrième phase de son ministère terrestre. Quelques-uns de ses apôtres avaient assisté à son baptême dans le Jourdain et au début de sa carrière en tant que Fils de l’Homme, et il désirait que certains d’entre eux fussent également présents pour entendre de quelle autorité il assumerait publiquement le rôle nouveau de Fils de Dieu. En conséquence, le matin du vendredi 12 aout, Jésus dit aux douze : « Faites des provisions et préparez-vous à partir pour la montagne que vous voyez là-bas ; l’esprit me demande d’y aller pour recevoir les dons me permettant d’achever mon œuvre sur terre. Je voudrais y emmener mes frères pour qu’ils puissent également être fortifiés en vue des temps difficiles qui les attendent quand ils passeront avec moi par cette expérience. » FASCICULE 158. Le mont de la transfiguration 158:0.1 Le vendredi après-midi 12 aout de l’an 29, le soleil allait se coucher lorsque Jésus et ses associés arrivèrent au pied du mont Hermon, près de l’endroit même où le jeune Tiglath avait jadis attendu pendant que le Maitre montait seul dans la montagne pour fixer le destin spirituel d’Urantia et mettre techniquement fin à la rébellion de Lucifer. Ils séjournèrent là pendant deux jours à se préparer spirituellement aux évènements qui allaient suivre sous peu. 158:0.2 Dans les grandes lignes, Jésus savait d’avance ce qui allait se passer sur la montagne et désirait vivement que tous ses apôtres puissent partager cette expérience. C’était pour les mettre en condition de recevoir cette révélation de lui-même qu’il s’arrêta avec eux au pied de la montagne. Mais les apôtres ne purent atteindre les niveaux spirituels qui auraient justifié de les mettre pleinement en présence des êtres célestes dont l’apparition sur terre était imminente. Faute de pouvoir emmener tous ses associés, il décida de prendre avec lui seulement les trois qui avaient l’habitude de l’accompagner dans ces veilles spéciales. En conséquence, Pierre, Jacques et Jean furent les seuls à partager, même partiellement, cette expérience unique avec le Maitre. 1. La transfiguration 158:1.1 De bonne heure, le matin du lundi 15 aout, six jours après la mémorable confession de Pierre, faite à midi au bord de la route sous les mûriers, Jésus et les trois apôtres commencèrent l’ascension du mont Hermon. 158:1.2 Jésus avait été prié de monter seul dans la montagne pour régler certaines affaires importantes concernant le déroulement de son effusion incarnée, étant donné que cette expérience se rapportait à l’univers qu’il avait lui-même créé. Il est significatif que l’heure de cet évènement extraordinaire ait été fixée de manière à se produire pendant que Jésus et les apôtres se trouvaient chez les Gentils, et que cet évènement eut lieu effectivement sur une montagne du pays des Gentils. 158:1.3 Ils atteignirent leur destination, à mi-chemin du sommet, un peu avant midi. Pendant leur déjeuner, Jésus raconta, aux trois apôtres, une partie de ce qui lui était arrivé, peu après son baptême, dans les collines à l’est du Jourdain. Il leur donna également des détails sur son expérience sur le mont Hermon, lors de son précédent séjour dans cette retraite solitaire. 158:1.4 Quand il était jeune garçon, Jésus avait l’habitude de gravir la colline voisine de son domicile et d’y rêver des batailles livrées par des armées impériales dans la plaine d’Esdraélon. Maintenant, il montait sur le mont Hermon pour y recevoir les qualifications qui allaient le préparer à descendre dans les plaines du Jourdain pour y jouer les dernières scènes du drame de son effusion sur Urantia. Ce jour-là, sur le mont Hermon, le Maitre aurait pu abandonner la lutte et reprendre le gouvernement des divers domaines de son univers. Or, non seulement il décida de satisfaire aux exigences de son ordre de filiation divine, incluses dans le mandat du Fils Éternel du Paradis, mais encore il choisit de satisfaire, dans sa totalité et jusqu’au bout, la volonté présente de son Père du Paradis. Au cours de cette journée d’aout, trois de ses apôtres le virent refuser l’investiture de la pleine autorité sur son univers. Ils assistèrent avec stupeur au départ des messagers célestes, le laissant seul pour parachever sa vie terrestre en tant que Fils de l’Homme et Fils de Dieu. 158:1.5 La foi des apôtres avait atteint un point culminant au moment où Jésus nourrit les cinq-mille, puis elle tomba rapidement presque à zéro. Maintenant, du fait que le Maitre avait confessé sa divinité, la foi chancelante des douze remonta à son apogée dans les semaines qui suivirent, mais subit ensuite un déclin progressif. Leur troisième renouveau de foi n’eut lieu qu’après la résurrection du Maitre. 158:1.6 Vers trois heures de l’après-midi de cette magnifique journée, Jésus quitta les trois apôtres en disant : « Je m’en vais seul pendant un moment pour communier avec le Père et ses messagers. Je vous demande de rester ici. En attendant mon retour, priez pour que la volonté du Père soit faite dans tout ce qui vous arrivera en liaison avec la suite de la mission d’effusion du Fils de l’Homme. » Après leur avoir dit cela, Jésus se retira pour une longue conférence avec Gabriel et le Père Melchizédek. Il ne revint que vers six heures. Voyant l’anxiété des apôtres au sujet de son absence prolongée, il leur dit : « Pourquoi aviez-vous peur ? Vous savez bien que je dois m’occuper des affaires de mon Père ; alors pourquoi doutez-vous quand je ne suis pas auprès de vous ? Je vous déclare maintenant que le Fils de l’Homme a décidé de passer le reste de sa vie terrestre au milieu de vous et comme un homme semblable à vous. Ayez bon courage. Je ne vous abandonnerai pas avant d’avoir achevé ma tâche. » 158:1.7 Pendant leur frugal repas du soir, Pierre demanda au Maitre : « Combien de temps allons-nous rester sur cette montagne, loin de nos frères ? » Jésus répondit : « Jusqu’à ce que vous ayez vu la gloire du Fils de l’Homme et que vous sachiez que tout ce que je vous ai déclaré est vrai. » Ils parlèrent ensuite de la rébellion de Lucifer, assis auprès des braises rougeoyantes de leur feu jusqu’à la tombée de la nuit ; puis le sommeil les gagna, car ils étaient partis de très bonne heure ce matin-là. 158:1.8 Après que les trois apôtres eurent dormi profondément pendant une demi-heure environ, ils furent soudain réveillés par un crépitement dans le voisinage et regardèrent autour d’eux. À leur grande surprise et à leur consternation, ils virent Jésus conversant familièrement avec deux êtres brillants vêtus des vêtements de lumière du monde céleste. Le visage et le corps de Jésus brillaient également d’une luminosité céleste. Ils parlaient tous trois une langue étrange, mais à partir de certaines choses dites, Pierre supposa à tort que les deux personnages inconnus étaient Moïse et Élie ; en réalité, c’étaient Gabriel et le Père Melchizédek. À la demande de Jésus, les contrôleurs physiques avaient pris des dispositions pour que les apôtres puissent être témoins de cette scène. 158:1.9 Les trois apôtres eurent tellement peur qu’ils mirent un certain temps à reprendre leurs esprits. Tandis que l’éblouissante vision s’estompait devant leurs yeux et qu’ils observaient Jésus restant seul debout, Pierre, qui avait été le premier à se remettre, dit à Jésus : « Jésus, Maitre, il est bon d’avoir été ici. Nous nous réjouissons de voir cette gloire. Nous répugnons à redescendre dans le monde peu glorieux. Si tu veux bien, demeurons ici, et nous dresserons trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie. » Pierre prononça ces paroles parce qu’il était dans la confusion et qu’aucune autre pensée ne lui était venue. 158:1.10 Tandis que Pierre parlait encore, un nuage argenté s’approcha des quatre hommes et les surplomba. Les apôtres furent extrêmement effrayés et tombèrent en adoration, face contre terre. Ils entendirent alors une voix, la même qu’au baptême de Jésus, disant : « Celui-là est mon fils bien-aimé ; écoutez-le. » Quand le nuage disparut, Jésus fut de nouveau seul avec les trois. Il allongea les mains et les toucha en disant : « Levez-vous et n’ayez aucune crainte ; vous verrez des choses plus grandes que cela. » Mais les apôtres étaient vraiment effrayés. Ce furent trois hommes silencieux et pensifs qui se préparèrent à redescendre de la montagne un peu avant minuit. 2. En descendant de la montagne 158:2.1 Durant la première moitié de la descente, aucun mot ne fut prononcé. Jésus ouvrit alors la conversation en disant : « Veillez bien à ne raconter à personne, pas même à vos frères, ce que vous avez vu et entendu sur cette montagne, avant que le Fils de l’Homme ne soit ressuscité d’entre les morts. » Les trois apôtres furent choqués et désemparés par les mots du Maitre « jusqu’à ce que le Fils de l’Homme ne soit ressuscité d’entre les morts ». Ils avaient si récemment réaffirmé leur foi en Jésus en tant que le Libérateur, le Fils de Dieu, et ils venaient de le voir transfiguré en gloire sous leurs yeux ; et maintenant il commençait à parler de « résurrection d’entre les morts » ! 158:2.2 Pierre frémit à la pensée que son Maitre mourrait – l’idée était trop pénible à supporter. Craignant que Jacques ou Jean ne posent quelque question à ce sujet, il crut préférable de détourner la conversation. Ne sachant de quoi parler, il exprima la première pensée qui lui passa par la tête en disant : « Maitre, pourquoi les scribes disent-ils qu’Élie doit d’abord venir avant que le Messie n’apparaisse ? » Sachant que Pierre cherchait à éviter le sujet de sa mort et de sa résurrection, Jésus répondit : « Il est vrai qu’Élie vient d’abord pour préparer le chemin du Fils de l’Homme qui doit souffrir maints tourments et finalement être rejeté. Mais je vous dis qu’Élie est déjà venu, et qu’ils ne l’ont pas reçu, mais lui ont fait tout ce qui leur a plu. » Alors, les trois apôtres comprirent qu’il parlait de Jean le Baptiste comme d’Élie. Jésus savait que, si les apôtres persistaient à le considérer comme le Messie, il fallait alors que Jean fût l’Élie de la prophétie. 158:2.3 Jésus enjoignit le silence sur le spectacle de l’avant-gout de la gloire qui l’attendait après sa résurrection, parce qu’il était présentement accueilli comme le Messie et ne voulait pas entretenir, à un degré quelconque, leurs conceptions erronées d’un libérateur opérant des prodiges. Pierre, Jacques et Jean méditèrent longuement sur cet épisode, mais n’en parlèrent à personne avant la résurrection du Maitre. 158:2.4 Tandis qu’ils continuaient à descendre de la montagne, Jésus leur dit : « Vous n’avez pas voulu me recevoir en tant que Fils de l’Homme. J’ai donc consenti à être reçu selon votre détermination bien arrêtée ; mais ne vous y trompez pas, il faudra que la volonté de mon Père l’emporte. Si vous décidez de suivre ainsi la tendance de votre propre volonté, il faut vous préparer à souffrir beaucoup de déceptions et à subir bien des épreuves ; mais l’entrainement que je vous ai donné devrait vous permettre de triompher de ces chagrins que vous aurez vous-mêmes choisis. » 158:2.5 Si Jésus emmena Pierre, Jacques et Jean sur la montagne de la transfiguration, la raison n’en était pas qu’ils fussent, en aucun sens, mieux préparés que les autres apôtres à assister à cette scène, ni plus qualifiés spirituellement pour bénéficier d’un aussi rare privilège. Nullement. Le Maitre savait bien qu’aucun des douze n’était spirituellement qualifié pour cette expérience, et c’est pourquoi il emmena seulement les trois apôtres qui avaient mission de l’accompagner dans les moments où il désirait s’isoler pour jouir d’une communion solitaire. 3. Le sens de la transfiguration 158:3.1 La scène dont Pierre, Jacques et Jean furent les témoins, sur la montagne de la transfiguration, était une vision fugitive du grand spectacle céleste qui se déroula, ce jour mémorable, sur le mont Hermon. La transfiguration fut l’occasion de : 158:3.2 1. L’acceptation de la plénitude de l’effusion de la vie incarnée de Micaël sur Urantia par le Fils-Mère Éternel du Paradis. Jésus avait désormais l’assurance que les exigences du Fils Éternel étaient satisfaites en ce qui le concernait. Ce fut Gabriel qui lui apporta cette assurance. 158:3.3 2. Le témoignage de la satisfaction de l’Esprit Infini quant à la plénitude de l’effusion sur Urantia dans la similitude de la chair mortelle. La représentante de l’Esprit Infini dans l’univers de Nébadon, associée immédiate et collaboratrice toujours présente de Micaël sur Salvington, parla en la circonstance par le truchement du Père Melchizédek. 158:3.4 Jésus reçut avec plaisir les deux témoignages concernant le succès de sa mission terrestre apportés par les messagers du Fils Éternel et de l’Esprit Infini, mais il remarqua que son Père n’indiquait pas que l’effusion sur Urantia était terminée. La présence invisible du Père ne porta témoignage que par la voix de l’Ajusteur Personnalisé de Jésus disant : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; écoutez-le. » Et ceci fut exprimé en mots destinés à être entendus également par les trois apôtres. 158:3.5 Après cette visitation céleste, Jésus chercha à connaitre la volonté de son Père et décida de poursuivre son effusion de mortel jusqu’à sa fin naturelle. Tel fut pour Jésus le sens de la transfiguration. Pour les trois apôtres, ce fut un évènement marquant l’entrée du Maitre dans la phase finale de sa carrière terrestre en tant que Fils de Dieu et Fils de l’Homme. 158:3.6 Après la visitation officielle de Gabriel et du Père Melchizédek, Jésus eut des entretiens familiers avec ces deux Fils de son ministère et conversa intimement avec eux au sujet des affaires de son univers. 4. Le garçon épileptique 158:4.1 Jésus et ses compagnons arrivèrent au camp apostolique ce mardi matin, un peu avant l’heure du repas matinal. En approchant, ils discernèrent une foule considérable assemblée autour des apôtres et ne tardèrent pas à entendre les bruyantes discussions et controverses de ce groupe d’une cinquantaine de personnes, comprenant les neuf apôtres. Le reste du groupe se divisait également entre des scribes de Jérusalem et autant de disciples croyants, qui avaient cherché à suivre Jésus et ses associés depuis leur départ de Magadan. 158:4.2 Bien que l’attroupement eût de nombreux sujets de discussion, la principale controverse concernait un citoyen de Tibériade, arrivé la veille, à la recherche de Jésus. Cet homme, Jacques de Safed, avait un fils unique âgé d’environ quatorze ans, qui était affligé de graves crises d’épilepsie. En plus de cette maladie nerveuse, le garçon était devenu la proie de l’un de ces médians errants, malveillants et rebelles qui circulaient alors sur terre sans contrôle, si bien que l’enfant était à la fois épileptique et possédé par un démon. 158:4.3 Pendant près de quinze jours, son père anxieux, officier subalterne d’Hérode Antipas, avait parcouru la frontière occidentale des domaines de Philippe en cherchant Jésus pour le supplier de guérir son fils malade. Il ne joignit le groupe apostolique qu’à midi, le jour où Jésus se trouvait dans la montagne avec les trois apôtres. 158:4.4 Les neuf apôtres furent très surpris et fort troublés lorsque cet homme, accompagné d’une quarantaine de personnes recherchant également Jésus, arriva sur eux à l’improviste. Au moment de l’arrivée de ce groupe, les neuf apôtres, ou du moins la majorité d’entre eux, avaient succombé à leur vieille tentation – celle de discuter qui serait le plus grand dans le royaume à venir ; ils argumentaient sur les postes probables qui leur seraient attribués individuellement. Ils n’arrivaient pas à se libérer entièrement de l’idée longtemps chérie de la mission matérielle du Messie. Maintenant que Jésus lui-même avait accepté leur confession qu’il était vraiment le Libérateur – ayant au moins admis le fait de sa divinité – n’était-il pas naturel pour les apôtres, durant la période de séparation d’avec leur Maitre, d’en venir à parler des espoirs et des ambitions qui occupaient dans leur cœur une place prépondérante. Ils étaient lancés dans ces discussions lorsque Jacques de Safed et ses compagnons recherchant Jésus les surprirent. 158:4.5 André se leva pour accueillir ce père et son fils, et dit : « Qui cherchez-vous ? » Jacques de Safed répondit : « Mon brave homme, je suis à la recherche de ton Maitre et je demande la guérison de mon fils malade. Je voudrais que Jésus chasse le démon qui possède mon enfant. » Et le père se mit à raconter aux apôtres que son fils était malade au point d’avoir maintes fois risqué de perdre la vie à cause de ces crises malignes. 158:4.6 Tandis que les apôtres écoutaient, Simon Zélotès et Judas Iscariot s’avancèrent devant le père en disant : « Nous pouvons le guérir ; tu n’as pas besoin d’attendre le retour du Maitre. Nous sommes ambassadeurs du royaume et nous avons cessé de garder ces choses secrètes. Jésus est le Libérateur, et les clefs du royaume nous ont été remises. » À ce moment, André et Thomas se consultaient à l’écart, tandis que Nathanael et les autres observaient la scène avec stupéfaction ; ils restèrent bouche bée devant la soudaine audace, sinon la présomption de Simon et de Judas. Le père dit alors : « S’il vous a été donné de faire ces œuvres, veuillez bien prononcer les paroles qui délivreront mon enfant de cet esclavage. » Simon s’avança, posa sa main sur la tête de l’enfant, le regarda droit dans les yeux et dit : « Esprit impur, sors de lui ; au nom de Jésus, obéis-moi. » Mais le garçon eut simplement une crise plus violente, tandis que les scribes tournaient les apôtres en dérision et que les croyants déçus subissaient les sarcasmes de ces critiques malveillants. 158:4.7 André fut profondément chagriné par cette tentative malencontreuse et son lamentable échec. Il réunit les apôtres à l’écart pour conférer et prier. Après cette période de méditation, piqué au vif par leur défaite et ressentant l’humiliation qui retombait sur eux tous, André fit une seconde tentative pour chasser le démon, mais, une fois de plus, l’insuccès couronna ses efforts. André confessa franchement sa défaite et pria le père de rester avec eux pour la nuit ou d’attendre le retour de Jésus en disant : « Peut-être les démons de cette sorte ne s’en vont-ils que sur l’ordre personnel du Maitre. » 158:4.8 Ainsi, tandis que Jésus redescendait de la montagne avec Pierre, Jacques et Jean, exubérants et ravis, leurs neuf frères ne dormaient pas non plus ; ils étaient confondus, abattus et humiliés, et le sommeil les avait fuis. Ils formaient un groupe morne et désillusionné, mais Jacques de Safed ne voulut pas renoncer à sa tentative. Bien que les apôtres ne pussent lui donner la moindre idée de la date du retour de Jésus, il décida de rester jusqu’à ce que le Maitre revienne. 5. Jésus guérit le garçon 158:5.1 À l’approche de Jésus, les neuf apôtres furent plus que soulagés de l’accueillir et grandement encouragés d’observer la bonne humeur et l’enthousiasme insolite que reflétaient l’attitude de Pierre, Jacques et Jean. Ils se précipitèrent tous pour accueillir Jésus et leurs trois frères. Tandis qu’ils échangeaient des salutations, la foule arriva, et Jésus demanda : « Que discutiez-vous au moment de notre arrivée ? » Avant que les apôtres déconcertés et humiliés aient eu le temps de répondre au Maitre, le père anxieux du jeune malade s’avança, s’agenouilla aux pieds de Jésus et dit : « Maitre, j’ai un fils, un fils unique, possédé par un esprit mauvais. Quand il est saisi, non seulement il pousse des cris de terreur, bave et tombe comme mort, mais le mauvais esprit qui le possède provoque, à certains moments, des convulsions déchirantes et parfois le jette dans l’eau et même dans le feu. Mon enfant dépérit, avec des grincements de dents, à la suite de ses nombreuses meurtrissures. Sa vie est pire que la mort. Sa mère et moi avons le cœur triste et l’esprit abattu. Hier, vers midi, en te cherchant, j’ai rejoint tes disciples. En t’attendant, tes apôtres ont essayé de chasser ce démon, mais sans y parvenir. Et, maintenant, Maitre, veux-tu faire cela pour nous, veux-tu guérir mon fils ? » 158:5.2 Après l’audition de ce récit, Jésus toucha le père agenouillé, le pria de se lever, jeta un regard scrutateur sur les apôtres et dit à tous ceux qui se tenaient devant lui : « Ô génération perverse et sans foi, jusqu’à quand vous supporterai-je ? Combien de temps serai-je parmi vous ? Combien de temps vous faudra-t-il pour apprendre que les œuvres de la foi ne se manifestent pas à la demande de l’incroyance sceptique ? » Puis, montrant du doigt le père déconcerté, Jésus dit : « Amène ici ton fils. » Et, lorsque Jacques de Safed eut amené le jeune homme, Jésus lui demanda : « Depuis combien de temps le garçon est-il affligé de cette manière ? » Le père répondit : « Depuis qu’il est tout petit. » Au cours de cet entretien, le garçon fut saisi d’une violente attaque et tomba au milieu d’eux, grinçant des dents et écumant de la bouche. Après une succession de violentes convulsions, il resta étendu comme mort devant eux. Le père s’agenouilla de nouveau aux pieds de Jésus, et implora le Maitre en disant : « Si tu peux le guérir, je te supplie d’avoir compassion de nous et de nous délivrer de cette affliction. » À l’audition de ces paroles, Jésus abaissa son regard pour scruter le visage anxieux du père et dit : « Ne mets pas en doute le pouvoir d’amour de mon Père, mais seulement la sincérité et la portée de ta foi. Toutes choses sont possibles pour celui qui croit réellement. » Alors, Jacques de Safed prononça ces paroles mêlées de foi et de doute, dont on se souviendra longtemps : « Seigneur, je crois, je te prie de venir au secours de mon incrédulité. » 158:5.3 Quand Jésus entendit ces mots, il s’avança, prit le garçon par la main et dit : « Je vais faire cela selon la volonté de mon Père et en l’honneur de la foi vivante. Mon fils, lève-toi ! Esprit désobéissant, sors de lui et n’y reviens pas. » Puis Jésus plaça la main du fils dans celle du père et dit : « Va ton chemin. Le Père a exaucé le désir de ton âme. » Et tous les assistants, même les ennemis de Jésus, furent étonnés de ce qu’ils avaient vu. 158:5.4 Quant aux trois apôtres qui avaient joui si récemment de l’extase spirituelle des scènes et expériences de la transfiguration, ce fut en vérité une désillusion pour eux que de revenir si tôt sur la scène de la défaite et de la déconfiture de leurs compagnons apôtres. Mais il en fut toujours ainsi avec ces douze ambassadeurs du royaume. Ils alternaient constamment entre l’exaltation et l’humiliation dans les expériences de leur vie. 158:5.5 En l’espèce, il s’agissait de la vraie guérison d’une double affliction, un mal physique et une maladie d’esprit. La guérison du garçon fut permanente à dater de cette heure. Quand Jacques de Safed fut parti avec son fils en bonne santé, Jésus dit : « Nous allons maintenant à Césarée de Philippe ; préparez-vous immédiatement. » Et ce fut un groupe silencieux qui entreprit le voyage vers le sud, tandis que la foule suivait de loin. 6. Dans le jardin de Celsus 158:6.1 Les douze passèrent encore la nuit chez Celsus. Ce soir-là, dans le jardin, après qu’ils eurent mangé et pris un peu de repos, ils se réunirent autour de Jésus, et Thomas dit : « Maitre, ceux d’entre nous qui sont restés en arrière ignorent encore ce qui s’est passé sur la montagne et qui a si grandement encouragé nos frères qui t’accompagnaient. Mais nous désirons ardemment que tu nous parles de notre défaite et que tu nous instruises en ces matières, car nous voyons que les évènements survenus dans la montagne ne peuvent nous être révélés en ce moment. » 158:6.2 Jésus répondit à Thomas en disant : « Tout ce que vos frères ont entendu sur la montagne vous sera révélé en temps voulu. Mais je vais maintenant vous montrer la cause de votre échec dans votre tentative si mal avisée. Hier, pendant que votre Maitre et ses compagnons, vos frères, montaient là-haut sur la montagne pour rechercher une connaissance plus étendue de la volonté du Père et pour demander à être plus richement dotés de sagesse afin d’exécuter efficacement cette volonté divine, vous restiez ici à veiller. Vous aviez reçu instruction de vous efforcer d’acquérir un mental spirituellement clairvoyant, et prier avec nous pour une révélation plus complète de la volonté du Père. Or, vous n’avez pas mis en œuvre la foi qui était à vos ordres ; au lieu de cela, vous avez cédé à la tentation ; vous êtes retombés dans vos anciennes et pernicieuses tendances à rechercher pour vous-mêmes des postes de choix dans le royaume des cieux – que vous persistez à imaginer sous un aspect matériel et temporel. Vous vous attachez à ces conceptions erronées malgré mes déclarations réitérées que mon royaume n’est pas de ce monde. 158:6.3 « À peine saisissez-vous, par la foi, l’identité du Fils de l’Homme, que votre désir égoïste d’une promotion terrestre s’insinue de nouveau en vous, et vous recommencez à discuter entre vous pour savoir qui sera le plus grand dans le royaume des cieux. Or, ce royaume n’existe pas et n’existera jamais sous la forme où vous le concevez. Ne vous ai-je pas dit que celui qui voudrait être le plus grand dans le royaume de la fraternité spirituelle de mon Père doit se faire petit à ses propres yeux et devenir ainsi le serviteur de ses frères ? La grandeur spirituelle consiste en un amour compréhensif semblable à celui de Dieu, et non à jouir de l’exercice du pouvoir matériel pour l’exaltation du moi. Dans la tentative où vous avez subi un échec si total, votre dessein n’était pas pur. Votre mobile n’était pas divin. Votre idéal n’était pas spirituel. Votre ambition n’était pas altruiste. Votre manière de faire n’était pas fondée sur l’amour, et le but que vous vouliez atteindre n’était pas la volonté du Père qui est aux cieux. 158:6.4 « Combien de temps vous faudra-t-il pour apprendre que l’on ne peut raccourcir le cours des phénomènes naturels établis, sauf quand de telles choses sont conformes à la volonté du Père ? On ne peut pas non plus accomplir une œuvre spirituelle en l’absence de pouvoir spirituel. Même si ces possibilités sont potentiellement présentes, on ne peut les réaliser sans l’existence d’un troisième facteur humain essentiel, l’expérience personnelle de posséder une foi vivante. Faudra-t-il toujours que vous assistiez à des manifestations matérielles pour vous attirer vers les réalités spirituelles du royaume ? Ne pouvez-vous saisir la signification spirituelle de ma mission sans la démonstration visible d’œuvres inhabituelles ? Quand pourra-t-on compter sur vous pour adhérer aux réalités spirituelles supérieures du royaume indépendamment de l’aspect extérieur de toute manifestation matérielle ? » 158:6.5 Après avoir ainsi parlé aux douze, Jésus ajouta : « Maintenant, allez vous reposer, car, demain matin, nous retournerons à Magadan et nous y tiendrons conseil au sujet de notre mission dans les villes et villages de la Décapole. En conclusion de l’expérience de cette journée, laissez-moi répéter à chacun de vous ce que j’ai dit à vos frères sur la montagne, et gravez profondément ces paroles dans votre cœur : le Fils de l’Homme entre maintenant dans la dernière phase de son effusion. Nous allons entreprendre les travaux qui conduiront bientôt à la grande épreuve finale de votre foi et de votre dévotion, quand je serai livré aux mains des hommes qui cherchent à me détruire. Rappelez-vous ce que je vous dis : « Le Fils de l’Homme sera mis à mort, mais il ressuscitera. » 158:6.6 Ils se retirèrent pour la nuit, pleins de tristesse. Ils étaient désemparés et ne pouvaient saisir le sens de ces paroles. Ils avaient peur de poser une question sur ce que Jésus avait dit, mais ils se souvinrent de tout après la résurrection. 7. La protestation de Pierre 158:7.1 De bonne heure ce mercredi matin, Jésus et les douze quittèrent Césarée de Philippe pour se rendre au parc de Magadan, près de Bethsaïde-Julias. Les apôtres avaient très peu dormi cette nuit-là ; ils se levèrent donc tôt et furent prêts à partir de bonne heure. Même les flegmatiques jumeaux Alphée avaient été choqués par cette conversation concernant la mort de Jésus. En allant vers le sud, ils croisèrent la route de Damas, un peu au-delà des eaux de Mérom. Désireux d’éviter les scribes et autres personnes qui n’allaient pas tarder à les rejoindre, Jésus leur prescrivit d’aller à Capharnaüm par la route de Damas qui traverse la Galilée. Il fit cela parce qu’il savait que ceux qui le suivaient prendraient la route à l’est du Jourdain, en comptant que Jésus et les apôtres craindraient de passer par le territoire d’Hérode Antipas. Jésus cherchait à échapper à ses censeurs et à la foule qui le suivait, pour être seul avec ses apôtres ce jour-là. 158:7.2 Ils marchèrent donc à travers la Galilée jusqu’à ce que l’heure habituelle de leur déjeuner fût passée depuis longtemps, puis ils s’arrêtèrent à l’ombre pour une pause. Après qu’ils eurent mangé, André dit à Jésus : « Maitre, mes frères ne comprennent pas tes profonds aphorismes. Nous sommes parvenus à croire pleinement que tu es le Fils de Dieu, et maintenant tu nous parles étrangement de nous quitter et de mourir. Nous ne comprenons pas ton enseignement. Nous parles-tu en paraboles ? Nous te prions de t’exprimer franchement sous une forme non voilée. » 158:7.3 En réponse à la demande d’André, Jésus dit : « Mes frères, en raison de votre confession que vous me croyez le Fils de Dieu, je suis obligé de commencer à vous dévoiler la vérité sur la fin de l’effusion terrestre du Fils de l’Homme. Vous persistez à croire que je suis le Messie, et vous ne voulez pas abandonner l’idée que le Messie doit siéger sur un trône à Jérusalem. C’est pourquoi je vous répète avec insistance que le Fils de l’Homme devra bientôt aller à Jérusalem, beaucoup souffrir, être rejeté par les scribes, les anciens et les chefs des prêtres, et, après tout cela, être tué et ressusciter d’entre les morts. Je ne vous raconte pas une parabole, je vous dis la vérité afin que vous soyez préparés à ces évènements quand ils surviendront brusquement. » Il parlait encore lorsque Simon Pierre se précipita vers lui avec impétuosité, posa sa main sur l’épaule du Maitre et dit : « Maitre, nous sommes loin de vouloir te contredire, mais je déclare que ces choses ne t’arriveront jamais. » 158:7.4 Pierre parla ainsi parce qu’il aimait Jésus, mais la nature humaine du Maitre discerna, dans ces paroles d’affection bien intentionnée, la suggestion subtile d’une tentation, celle de changer sa politique consistant à poursuivre jusqu’au bout son effusion terrestre conformément à la volonté de son Père du Paradis. C’est parce qu’il décelait le danger de permettre à des suggestions, même à celles de ses amis affectueux et loyaux, de le dissuader, que Jésus se tourna vers Pierre et les autres apôtres en s’écriant : « Passe derrière moi. Tu tiens de l’esprit de l’adversaire, le tentateur. Quand vous parlez de cette manière, vous n’êtes pas de mon côté, mais plutôt du côté de notre ennemi. Vous faites ainsi de votre amour pour moi une pierre d’achoppement sur le chemin de l’accomplissement de la volonté du Père. Ne vous occupez pas des voies humaines, mais plutôt de la volonté de Dieu. » 158:7.5 Quand ils furent remis du premier choc de la cinglante réprimande de Jésus et avant qu’ils ne reprennent leur route, le Maitre ajouta : « Si quelqu’un veut me suivre, qu’il fasse abstraction de lui-même, qu’il prenne quotidiennement ses responsabilités et qu’il me suive. Car quiconque voudra sauver égoïstement sa vie la perdra, mais quiconque perdra sa vie, à cause de moi et pour l’évangile, la sauvera. Quel profit y a-t-il pour un homme à gagner le monde entier et à perdre sa propre âme ? Que peut donner un homme en échange de la vie éternelle ? N’ayez pas honte de moi et de mes paroles dans cette génération pécheresse et hypocrite, de même que je n’aurai pas honte de vous reconnaitre quand j’apparaitrai en gloire devant mon Père en présence de toutes les armées célestes. Néanmoins, parmi ceux qui se trouvent ici devant moi, beaucoup ne gouteront pas la mort avant d’avoir vu ce royaume de Dieu arriver avec puissance. » 158:7.6 Jésus montra, ainsi, clairement aux douze, le sentier douloureux et conflictuel qu’ils devaient fouler s’ils voulaient le suivre. Quel choc ce fut pour ces pêcheurs galiléens qui persistaient à rêver d’un royaume terrestre avec des postes d’honneur pour eux-mêmes ! Mais leurs cœurs loyaux furent émus par ce courageux appel, et aucun d’eux n’eut l’idée d’abandonner Jésus ; il ne les envoyait pas seuls à la bataille, il les conduisait. Il leur demandait seulement de suivre bravement. 158:7.7 Les douze saisissaient lentement l’idée que Jésus leur exposait quelque chose sur l’éventualité de sa mort. Ils comprenaient vaguement ce qu’il disait concernant sa mort, mais sa déclaration concernant la résurrection d’entre les morts échappait complètement à leur mental. À mesure que les jours s’écoulaient, Pierre, Jacques et Jean arrivèrent à mieux comprendre certaines de ces questions en se remémorant leur expérience sur la montagne de la transfiguration. 158:7.8 Au long de leur association avec le Maitre, les douze n’eurent que de rares occasions de voir le regard étincelant de Jésus et d’entendre des mots de reproche aussi vifs que ceux adressés à Pierre et aux autres apôtres à cette occasion. Jésus avait toujours été patient devant leurs imperfections humaines, mais il n’en fut pas de même devant la menace imminente contre son programme impliquant d’exécuter la volonté de son Père au sujet du reste de sa carrière terrestre. Les apôtres furent littéralement abasourdis ; ils étaient stupéfaits et horrifiés. Ils ne trouvaient pas de mots pour exprimer leur chagrin. Lentement, ils commencèrent à comprendre ce que le Maitre devrait endurer et la nécessité pour eux de traverser ces épreuves avec lui ; mais ils ne s’éveillèrent à la réalité de ces évènements futurs que longtemps après ces premières allusions à la tragédie menaçante des derniers jours de sa vie. 158:7.9 Jésus et les douze partirent ensuite silencieusement pour leur camp du parc de Magadan, en passant par Capharnaüm. Au cours de l’après-midi, ils ne conversèrent pas avec Jésus, mais parlèrent beaucoup entre eux, tandis qu’André s’entretenait avec le Maitre. 8. Chez Pierre 158:8.1 Arrivés à Capharnaüm au crépuscule, ils allèrent directement prendre leur repas du soir chez Simon Pierre, en passant par des rues peu fréquentées. Tandis que David Zébédée se préparait à les emmener de l’autre côté du lac, ils s’attardèrent chez Simon. Dévisageant Pierre et les apôtres, Jésus leur demanda : « Pendant que vous marchiez ensemble cet après-midi, de quoi discutiez-vous si gravement entre vous ? » Les apôtres se tinrent cois, car beaucoup d’entre eux avaient poursuivi la discussion commencée près du mont Hermon, sur les positions qu’ils occuperaient dans le royaume à venir, sur qui serait le plus grand et ainsi de suite. Sachant ce qui avait occupé leurs pensées ce jour-là, Jésus fit signe à l’un des tout jeunes enfants de Pierre, l’installa parmi eux et dit : « En vérité, en vérité, je vous le dis, à moins de faire volte-face et de ressembler davantage à cet enfant, vous ferez peu de progrès dans le royaume des cieux. Quiconque s’humiliera et ressemblera à ce petit deviendra le plus grand dans le royaume des cieux. Quiconque reçoit un petit enfant me reçoit. Et quiconque me reçoit, reçoit aussi Celui qui m’a envoyé. Si vous voulez être les premiers dans le royaume, cherchez à apporter ces bonnes vérités à vos frères incarnés. Mais, si quelqu’un fait trébucher l’un de ces petits enfants, il vaudrait mieux pour lui qu’on lui attache une meule au cou et qu’on le jette dans la mer. Si les choses que vous faites avec vos mains ou celles que vous voyez de vos yeux font scandale dans le progrès du royaume des cieux, sacrifiez ces idoles chéries ; car il vaut mieux entrer dans le royaume en étant dépourvu de nombre des choses que l’on aime dans la vie, que de s’attacher à ces idoles et de se trouver exclu du royaume. Par-dessus tout, veillez à ne mépriser aucun de ces petits, car leurs anges contemplent constamment les visages des armées célestes. » 158:8.2 Lorsque Jésus eut fini de parler, ils montèrent tous dans le bateau et firent voile jusqu’à Magadan, de l’autre côté du lac. FASCICULE 159. La tournée en Décapole 159:0.1 Lorsque Jésus et les douze arrivèrent au parc de Magadan, ils y trouvèrent, les attendant, un groupe de presque une centaine d’évangélistes et de disciples, incluant le corps évangélique féminin. Ils étaient prêts à partir immédiatement pour la tournée d’enseignement et de prédication en Décapole. 159:0.2 Ce jeudi matin 18 aout, le Maitre réunit ses disciples et demanda que chacun de ses apôtres s’associe avec l’un des douze évangélistes, que d’autres évangélistes se joignent à eux et que les douze groupes ainsi constitués partent œuvrer dans les villes et villages de la Décapole. Quant au corps évangélique féminin et aux autres disciples, il leur demanda de rester auprès de lui. Jésus accorda à ses disciples quatre semaines pour faire cette tournée et leur demanda de revenir à Magadan au plus tard le vendredi 16 septembre. Il promit de leur rendre fréquemment visite entretemps. Au cours de ce mois, les douze groupes opérèrent à Gérasa, Gamala, Hippos, Zaphon, Gadara, Abila, Édréi, Philadelphie, Hesbon, Dium, Scythopolis et dans bien d’autres villes. Durant cette tournée, aucune guérison miraculeuse n’eut lieu et aucun évènement extraordinaire ne se produisit. 1. Le sermon sur le pardon 159:1.1 Un soir à Hippos, en réponse à la question d’un disciple, Jésus enseigna la leçon sur le pardon. Le Maitre dit : 159:1.2 « Si un homme de cœur a cent brebis, et si l’une d’entre elles s’égare, n’abandonnera-t-il pas aussitôt les quatre-vingt-dix-neuf pour partir à la recherche de celle qui s’est égarée ? S’il est un bon berger, ne poursuivra-t-il pas ses recherches jusqu’à ce qu’il l’ait trouvée ? Alors, quand le berger a retrouvé sa brebis perdue, il la charge sur son épaule, rentre chez lui en se réjouissant et crie, au passage, à ses amis et voisins : ‘Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé ma brebis perdue.’ Je proclame qu’il y a plus de joie au ciel pour un pécheur qui se repent que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de se repentir. Cependant, il n’est pas conforme à la volonté de mon Père qui est aux cieux que l’un de ces petits s’égare, et encore bien moins qu’il périsse. Dans votre religion, Dieu peut recevoir des pécheurs repentants ; dans l’évangile du royaume, le Père va à leur recherche avant même qu’ils aient sérieusement pensé à se repentir. 159:1.3 « Le Père qui est aux cieux aime ses enfants, et c’est pourquoi vous devriez apprendre à vous aimer les uns les autres. Le Père qui est aux cieux vous pardonne vos péchés ; vous devriez donc apprendre à vous pardonner les uns les autres. Si ton frère pèche contre toi, va vers lui et montre-lui sa faute avec tact et patience. Fais tout cela en tête-à-tête. S’il veut t’écouter, alors, tu as gagné ton frère. Mais, si ton frère refuse de t’entendre, s’il persiste dans son erreur, retourne encore une fois vers lui en emmenant un ou deux amis communs, afin d’avoir deux ou même trois témoins pour confirmer ton témoignage et établir le fait que tu as traité avec justice et miséricorde le frère qui t’a fait du tort. Ensuite, s’il refuse d’écouter tes amis, tu peux raconter toute l’histoire à la congrégation, et s’il refuse de l’écouter, laisse la fraternité prendre la mesure qu’elle juge sage ; laisse ce membre indiscipliné devenir un proscrit du royaume. Alors que vous ne pouvez pas prétendre juger l’âme de vos compagnons, alors qu’il ne vous est pas permis de pardonner les péchés ni d’oser usurper d’une autre manière les prérogatives des superviseurs des armées célestes, par contre, le maintien de l’ordre temporel dans le royaume sur terre vous a été confié. Alors que vous n’êtes pas autorisés à vous immiscer dans les décrets divins concernant la vie éternelle, vous règlerez les problèmes de conduite dans la mesure où ils concernent le bien-être temporel de la fraternité sur terre. Ainsi, pour toutes ces questions liées à la discipline de la fraternité, tout ce que vous décrèterez sur terre sera reconnu au ciel. Bien que vous ne puissiez déterminer la destinée éternelle de l’individu, vous êtes autorisés à légiférer en ce qui concerne la conduite du groupe, car, là où deux ou trois d’entre vous sont d’accord au sujet de n’importe laquelle de ces choses et font appel à moi, vous serez exaucés si cette pétition n’est pas incompatible avec la volonté de mon Père qui est dans les cieux. Et tout ceci est toujours vrai, car, là où deux ou trois croyants sont réunis, je suis là au milieu d’eux. » 159:1.4 À Hippos, Simon Pierre était l’apôtre responsable des évangélistes. Lorsqu’il entendit Jésus parler ainsi, il demanda : « Seigneur, combien de fois devrais-je pardonner à un frère qui pèche contre moi ? Faut-il aller jusqu’à sept fois ? » Jésus répondit à Pierre : « Non seulement sept fois, mais soixante-dix-sept fois. C’est pourquoi l’on peut comparer le royaume des cieux à un certain roi qui ordonna la vérification des comptes de ses intendants. Quand l’examen fut commencé, on amena devant lui l’un de ses principaux économes qui reconnut devoir dix-mille talents au roi. Ce fonctionnaire de la cour plaida qu’il avait eu des malheurs et qu’il n’avait pas de quoi remplir ses obligations. Alors, le roi ordonna de confisquer ses biens et de vendre ses enfants comme esclaves pour payer sa dette. Lorsque le grand économe entendit ce jugement sévère, il tomba face contre terre devant le roi et l’implora d’être miséricordieux et de lui donner un délai en disant : ‘Seigneur, aie un peu plus de patience avec moi, et je rembourserai tout.’ Le roi regarda ce serviteur négligent et sa famille, et fut ému de compassion. Il ordonna de le relâcher et de le tenir entièrement quitte de sa dette. 159:1.5 « Ayant ainsi reçu miséricorde et pardon du roi, le chef économe retourna à ses affaires et, trouvant l’un de ses subordonnés qui lui devait la modeste somme d’une centaine de deniers, il s’empara de lui, le saisit à la gorge et lui dit : ‘Paye-moi tout ce que tu me dois.’ Alors, le sous-intendant tomba face contre terre devant le chef économe et le supplia en disant : ‘Sois simplement patient avec moi, et je pourrai bientôt te payer.’ Mais le chef économe ne voulut pas faire montre de miséricorde envers son collègue et le fit mettre en prison jusqu’au remboursement de la dette. Voyant ce qui s’était passé, les collègues du prisonnier furent tellement outrés qu’ils allèrent rapporter l’épisode au roi, leur seigneur et maitre. Quand le roi apprit l’action de son chef économe, il fit comparaître devant lui cet homme ingrat et implacable, et lui dit : ‘Tu es un intendant méchant et indigne. Quand tu as cherché compassion, je t’ai librement fait remise de toute ta dette. Pourquoi n’as-tu pas été miséricordieux envers ton collègue comme je l’ai été envers toi ?’ Et le roi entra dans une telle colère qu’il livra son ingrat chef économe aux geôliers pour qu’ils le détiennent jusqu’à paiement complet de toute sa dette. De même, mon Père céleste montrera une plus large miséricorde à ceux qui sont spontanément miséricordieux envers leurs prochains. Comment pouvez-vous vous approcher de Dieu en lui demandant d’excuser vos imperfections si vous avez l’habitude de châtier ces mêmes faiblesses humaines chez vos frères qui en sont coupables ? Je vous le dis à tous : Vous avez reçu libéralement les bonnes choses du royaume ; donnez donc libéralement à vos compagnons terrestres. » 159:1.6 C’est ainsi que Jésus enseigna les dangers et illustra l’injustice du jugement personnel porté sur votre prochain. Il faut que la discipline soit maintenue et que la justice soit administrée, mais, en toutes matières, la sagesse de la fraternité devrait prévaloir. Jésus conféra l’autorité législative et judiciaire au groupe et non à des individus. Et même cette autorité attribuée au groupe ne doit pas être exercée sous forme personnelle. On risque toujours de voir le verdict d’un individu faussé par des préjugés ou déformé par la passion. Le jugement collectif a plus de chances d’écarter les dangers et d’éliminer l’injustice des préventions personnelles. Jésus chercha toujours à minimiser les facteurs d’injustice, de représailles et de vengeance. 159:1.7 [L’emploi du nombre 77, pour illustrer la miséricorde et la tolérance, fut tiré du passage des Écritures concernant l’exultation de Lémec devant les armes métalliques de son fils Tubal-Caïn. Comparant ces instruments supérieurs à ceux de ses ennemis, il s’écria : « Si Caïn, sans armes à la main, a été sept fois vengé, je serai maintenant vengé soixante-dix-sept fois. »] 2. Le prédicateur étranger 159:2.1 Jésus se rendit à Gamala pour visiter Jean et tous ceux qui y travaillaient avec lui. Ce soir-là, après la séance des questions et réponses, Jean dit à Jésus : « Maitre, je suis allé hier à Ashtarot voir un homme qui enseignait en ton nom et qui prétendait même être capable de chasser des démons. Or, cet homme n’a jamais été avec nous et ne nous suit pas ; je lui ai donc défendu d’agir ainsi. » Jésus dit alors : « Ne le lui interdis pas. Ne perçois-tu pas que l’évangile du royaume sera bientôt proclamé dans le monde entier ? Comment peux-tu espérer que tous ceux qui croient à l’évangile seront soumis à tes directives ? Réjouis-toi de ce que notre enseignement ait déjà commencé à se répandre hors des limites de notre influence personnelle. Ne vois-tu pas, Jean, que ceux qui prétendent faire de grandes œuvres en mon nom finiront par soutenir notre cause ? Ils n’auront certainement pas tendance à médire de moi. Mon fils, en pareille matière, tu ferais mieux d’estimer que quiconque n’est pas contre nous est avec nous. Dans les générations à venir, beaucoup d’hommes non entièrement dignes feront des choses étranges en mon nom, mais je ne le leur interdirai pas. Je te dis que, même si l’on donne une simple coupe d’eau froide à une âme assoiffée, les messagers du Père enregistreront toujours ce service rendu par amour. » 159:2.2 Cette instruction plongea Jean dans la perplexité. N’avait-il pas entendu le Maitre dire : « Quiconque n’est pas avec moi est contre moi » ? Il ne perçut pas que Jésus avait, alors, fait allusion aux relations personnelles de l’homme avec les enseignements spirituels du royaume, tandis que, dans le cas présent, il parlait des vastes relations extérieures entre croyants ; ces rapports sociaux concernaient les questions du contrôle administratif et du pouvoir juridique d’un groupe de croyants sur le travail d’un autre groupe, facteurs qui devaient finir par constituer la fraternité mondiale à venir. 159:2.3 Jean décrivit souvent cette expérience en liaison avec ses travaux ultérieurs pour le royaume. Néanmoins, les apôtres se formalisèrent maintes fois de voir des étrangers qui avaient l’audace d’enseigner au nom du Maitre. Il leur parut toujours incorrect que des hommes qui ne s’étaient jamais assis aux pieds de Jésus osent enseigner en son nom. 159:2.4 L’homme à qui Jean avait interdit d’enseigner et d’œuvrer au nom de Jésus ne tint aucun compte de l’injonction de l’apôtre. Il poursuivit carrément ses efforts et forma un groupe considérable de croyants à Kanata avant de partir pour la Mésopotamie. Cet homme, nommé Aden, avait été amené à croire en Jésus par le témoignage du dément que Jésus avait guéri près de Khérésa, et qui avait cru avec tant de confiance que les prétendus mauvais esprits chassés hors de lui par le Maitre étaient entrés dans le troupeau de porcs et l’avaient précipité par-dessus le bord de la falaise dans l’anéantissement. 3. Instructions pour les éducateurs et les croyants 159:3.1 À Édréi, où travaillaient Thomas et ses associés, Jésus passa une journée et une nuit. Au cours de la discussion du soir, il exprima les principes qui devraient guider ceux qui prêchent la vérité et animer tous ceux qui enseignent l’évangile du royaume. Voici, résumée en langage moderne, la leçon que Jésus enseigna : 159:3.2 Respectez toujours la personnalité de l’homme. Une cause juste ne doit jamais être promue par la force ; les victoires spirituelles se gagnent uniquement par le pouvoir spirituel. Cette injonction contre l’emploi d’influences matérielles s’applique aussi bien à la force psychique qu’à la force physique. On ne doit employer ni des arguments accablants ni la supériorité mentale pour contraindre des hommes et des femmes à entrer dans le royaume. Le mental humain ne doit ni être écrasé par le seul poids de la logique ni intimidé par une éloquence astucieuse. Bien que l’émotion, en tant que facteur dans les décisions humaines, ne puisse être entièrement éliminée, quiconque veut faire progresser la cause du royaume ne devrait pas y faire directement appel. Ayez directement recours à l’esprit divin qui habite le mental des hommes, et non à la peur, à la pitié ou au simple sentiment. En faisant appel aux hommes, soyez équitables ; contrôlez-vous et restez dument sur la réserve ; respectez comme il convient la personnalité de vos élèves. Rappelez-vous que j’ai dit : « Voici, je me tiens à la porte et je frappe, et j’entrerai chez quiconque veut ouvrir. » 159:3.3 En initiant les hommes au royaume, ne diminuez ou ne détruisez pas leur respect d’eux-mêmes. Le respect de soi poussé à l’excès peut détruire l’humilité appropriée et se transformer en orgueil, en vanité et en arrogance ; mais la perte du respect de soi aboutit souvent à la paralysie de la volonté. Cet évangile a pour but de rétablir le respect de soi chez ceux qui l’ont perdu et de le réfréner chez ceux qui l’ont. Ne commettez pas l’erreur de simplement condamner ce qu’il y a de mauvais dans la vie de vos élèves ; n’omettez pas de reconnaitre libéralement, dans leur vie, les choses les plus dignes de louanges. N’oubliez pas que rien ne m’arrêtera pour rétablir le respect de soi chez ceux qui l’ont perdu et qui désirent réellement le regagner. 159:3.4 Prenez garde de ne pas blesser le respect de soi des âmes timides et craintives. Ne vous permettez pas d’être sarcastiques aux dépens de mes frères candides, ni cyniques avec mes enfants apeurés. L’oisiveté détruit le respect de soi ; donc, recommandez à vos frères de s’occuper toujours activement des tâches qu’ils ont choisies et ne négligez aucun effort pour procurer du travail à ceux qui se trouvent sans emploi. 159:3.5 Ne vous rendez jamais coupables de tactiques indignes comme celle d’effrayer des hommes et des femmes pour essayer de les faire entrer dans le royaume. Un père aimant n’effraie pas ses enfants pour les faire obtempérer à ses justes exigences. 159:3.6 Les enfants du royaume finiront par comprendre clairement que les fortes sensations émotives ne sont pas l’équivalent de directives de l’esprit divin. Quand une forte et étrange impression vous pousse à faire une chose ou à vous rendre en un certain lieu, cela ne signifie pas nécessairement que de telles impulsions soient des directives de l’esprit intérieur. 159:3.7 Avertissez tous les croyants en ce qui concerne cette zone de conflit qu’il faut traverser pour passer de la vie telle qu’elle est vécue dans la chair à la vie supérieure telle qu’elle est vécue dans l’esprit. Pour ceux qui vivent pleinement dans l’un ou l’autre de ces deux royaumes, il y a peu de conflits ou de confusion, mais tous sont condamnés à éprouver un plus ou moins grand degré d’incertitude pendant la période de transition entre les deux niveaux d’existence. En entrant dans le royaume, vous ne pouvez ni échapper à ses responsabilités, ni éluder ses obligations ; mais n’oubliez pas que le joug de l’évangile est facile à porter et que le fardeau de la vérité est léger. 159:3.8 Le monde est rempli d’âmes affamées qui vivent dans la famine en présence même du pain de vie ; les hommes meurent en cherchant le Dieu qui habite pourtant en eux. Ils recherchent les trésors du royaume avec un cœur plein de désirs et une démarche fatiguée, alors qu’ils sont tous à portée immédiate de la foi vivante. La foi est à la religion ce que les voiles sont au bateau ; elle est un supplément de puissance et non un fardeau additionnel de la vie. L’unique lutte de ceux qui entrent dans le royaume est de mener le bon combat de la foi. Le croyant n’a qu’une bataille à livrer, et c’est contre le doute – contre l’incrédulité. 159:3.9 En prêchant l’évangile du royaume, vous enseignez simplement l’amitié avec Dieu, et cette communion présentera un attrait égal pour les hommes et pour les femmes ; tous deux y trouveront ce qui satisfait le plus véritablement leurs désirs et leurs idéaux caractéristiques. Dites à mes enfants que je suis non seulement sensible à leurs sentiments et patient avec leurs faiblesses, mais que je suis aussi sans pitié pour le péché et que je ne tolère pas l’iniquité. En vérité, je suis débonnaire et humble en présence de mon Père, mais je suis également implacable et inexorable quand il y a malfaisance délibérée et rébellion impie contre la volonté de mon Père qui est aux cieux. 159:3.10 Vous ne dépeindrez pas votre Maitre comme un homme de chagrins. Les générations futures connaitront aussi le rayonnement de notre joie, l’entrain de notre bonne volonté et l’inspiration de notre bonne humeur. Nous proclamons un message de bonnes nouvelles dont le pouvoir transformateur est contagieux. Notre religion palpite d’une nouvelle vie et de nouvelles significations. Ceux qui acceptent cet enseignement sont remplis de joie, et leur cœur les oblige à se réjouir perpétuellement. Ceux qui ont une certitude au sujet de Dieu font toujours l’expérience d’un bonheur croissant. 159:3.11 Apprenez à tous les croyants à éviter de s’appuyer sur le support incertain de la fausse compassion. On ne peut bâtir un caractère fort en s’apitoyant sur soi-même. Efforcez-vous honnêtement d’éviter l’influence trompeuse de la simple communion dans la misère. Étendez votre sympathie aux braves et aux courageux, sans accorder un excès de pitié aux âmes lâches qui abordent sans enthousiasme les épreuves de la vie. N’offrez pas de consolations à ceux qui se couchent par terre devant les obstacles sans lutter. Ne sympathisez pas avec vos compagnons dans le seul but de recevoir leur sympathie en retour. 159:3.12 Quand l’assurance de la présence divine deviendra consciente chez mes enfants, leur foi élargira leur mental, ennoblira leur âme, fortifiera leur personnalité, accroitra leur bonheur, approfondira leur perception spirituelle et rehaussera leur pouvoir d’aimer et d’être aimés. 159:3.13 Enseignez à tous les croyants que le fait d’entrer dans le royaume ne les immunise pas contre les accidents du temps ni contre les catastrophes ordinaires de la nature. La croyance à l’évangile n’empêchera pas d’avoir des ennuis, mais elle assurera que vous n’aurez pas peur quand les difficultés vous assailliront. Si vous osez croire en moi et si vous vous mettez à me suivre de tout cœur, vous vous engagerez en toute certitude sur le chemin qui mène aux difficultés. Je ne vous promets pas de vous délivrer des eaux de l’adversité, mais ce que je vous promets, c’est de les traverser toutes avec vous. 159:3.14 Jésus enseigna encore bien des choses à ce groupe de croyants avant qu’ils ne se préparent au repos de la nuit. Tous ceux qui entendirent ces paroles les gardèrent précieusement dans leur cœur et les répétèrent souvent pour édifier les apôtres et les disciples qui n’étaient pas présents quand elles furent prononcées. 4. L’entretien avec Nathanael 159:4.1 Jésus se rendit ensuite à Abila, où travaillaient Nathanael et ses associés. Nathanael était très ennuyé par certaines déclarations de Jésus qui paraissaient porter atteinte à l’autorité des Écritures hébraïques reconnues. En conséquence, ce soir-là, après la séance habituelle de questions et de réponses, Nathanael emmena Jésus à l’écart et lui demanda : « Maitre, as-tu suffisamment confiance en moi pour me faire connaitre la vérité sur les Écritures ? J’observe que tu nous enseignes seulement une partie des écrits sacrés – la meilleure d’après moi – et j’en infère que tu rejettes la doctrine des rabbins enseignant que les paroles de la loi sont les paroles mêmes de Dieu, et qu’elles étaient avec Dieu au ciel, même avant l’époque d’Abraham et de Moïse. Quelle est la vérité au sujet des Écritures ? » Lorsque Jésus entendit cette question de son apôtre déconcerté, il répondit : 159:4.2 « Nathanael, tu as bien jugé ; je ne vois pas les Écritures sous le même jour que les rabbins. Je vais te parler de cette question à condition que tu ne divulgues pas ces choses à tes frères, car ils ne sont pas tous préparés à recevoir cet enseignement. Les paroles de la loi de Moïse et les leçons des Écritures n’existaient pas avant Abraham. C’est tout récemment que les Écritures ont été rassemblées sous la forme où nous les possédons aujourd’hui. Elles contiennent ce qu’il y a de meilleur dans les idées les plus élevées et les désirs ardents du peuple juif, mais aussi nombre d’éléments qui sont loin de représenter le caractère et les enseignements du Père qui est aux cieux ; c’est pourquoi il me faut choisir, parmi les meilleurs enseignements, les vérités destinées à être glanées pour l’évangile du royaume. 159:4.3 « Ces écrits sont des œuvres d’hommes, dont certains étaient saints, et d’autres moins saints. Les enseignements de ces livres représentent les vues et le degré d’illumination de l’époque d’où ils tirent leur origine. En tant que révélation de la vérité, on peut davantage se fier aux derniers livres qu’aux premiers. Les Écritures sont erronées, et leur origine est entièrement humaine, mais, ne vous y trompez pas, elles constituent le meilleur recueil de sagesse religieuse et de vérités spirituelles que l’on puisse trouver présentement dans le monde entier. 159:4.4 « Beaucoup de ces livres n’ont pas été écrits par les personnes dont ils portent le nom, mais cela n’infirme aucunement la valeur des vérités qu’ils contiennent. Si l’histoire de Jonas n’était pas réelle, et même si Jonas n’avait jamais vécu, les profondes vérités de ce récit – l’amour de Dieu pour Ninive et pour les soi-disant païens – n’en seraient pas moins précieuses aux yeux de tous ceux qui aiment leurs semblables. Les Écritures sont sacrées parce qu’elles relatent les pensées et les actes d’hommes qui recherchaient Dieu et qui ont laissé dans ces écrits leurs conceptions les plus élevées de la droiture, de la vérité et de la sainteté. Les Écritures contiennent un grand, un très grand nombre de choses vraies, mais, à la lumière de votre présent enseignement, vous savez également que trop souvent elles présentent sous un faux jour le Père qui est aux cieux, le Dieu aimant que je suis venu révéler à tous les mondes. 159:4.5 « Nathanael, ne te laisse jamais aller, même un instant, à croire les récits des Écritures qui te disent que le Dieu d’amour a ordonné à tes ancêtres de livrer bataille pour massacrer tous leurs ennemis – hommes, femmes et enfants. De tels récits sont des paroles d’hommes, d’hommes dont la sainteté est douteuse ; ils ne sont pas la parole de Dieu. Les Écritures ont toujours reflété et refléteront toujours le statut intellectuel, moral et spirituel de leurs auteurs. N’as-tu pas remarqué que les concepts de Yahweh croissent en beauté et en gloire dans le cours des écrits prophétiques de Samuel à Isaïe ? N’oublie pas que les Écritures sont destinées à l’instruction religieuse et à la gouverne spirituelle. Elles ne sont pas l’œuvre d’historiens ni de philosophes. 159:4.6 « La chose la plus déplorable n’est pas simplement cette idée erronée que les récits des Écritures sont absolument parfaits et leur enseignement infaillible, mais plutôt la confusion due à leur mauvaise interprétation par les scribes et les pharisiens de Jérusalem, esclaves de la tradition. Dans leur effort résolu pour résister aux nouveaux enseignements de l’évangile du royaume, ceux-ci vont maintenant prôner simultanément la doctrine que les Écritures sont inspirées, et la fausse interprétation qu’ils en donnent. Nathanael, n’oublie jamais que la révélation de la vérité par le Père ne se limite ni à une génération ni à un peuple. Nombre de personnes qui recherchent sincèrement la vérité ont été troublées et découragées, et continueront de l’être, par ces doctrines de la perfection des Écritures. 159:4.7 « L’autorité de la vérité réside dans l’esprit même qui imprègne ses manifestations vivantes, et non dans les paroles mortes des hommes d’une autre génération, moins éclairés et soi-disant inspirés. Même si les saints de jadis ont vécu des vies inspirées et spirituellement remplies, cela ne signifie pas que leurs paroles aient également été inspirées par l’esprit. Aujourd’hui, nous ne consignons rien par écrit des enseignements de l’évangile du royaume, de crainte qu’après mon départ, vous ne vous divisiez rapidement en groupes contestant la vérité à cause de la diversité de vos interprétations de mon enseignement. Pour cette génération, il vaut mieux que nous vivions ces vérités en évitant de les enregistrer par écrit. 159:4.8 « Prends bien note de mes paroles, Nathanael ; rien de ce que la nature humaine a touché ne peut être considéré comme infaillible. Certes, la vérité divine peut briller à travers le mental humain, mais toujours avec une pureté relative et une divinité partielle. La créature peut ardemment désirer l’infaillibilité, mais seuls les Créateurs la possèdent. 159:4.9 « Mais la plus grande erreur de l’enseignement concernant les Écritures est la doctrine les présentant comme des livres occultes de mystère et de sagesse, que seuls osent interpréter les sages de la nation. Les révélations de la vérité divine ne sont pas scellées, si ce n’est par l’ignorance humaine, la bigoterie et l’intolérance sectaire. La lumière des Écritures n’est affaiblie que par les préjugés et assombrie que par les superstitions. Une fausse peur du sacré a empêché le bon sens de sauvegarder la religion. La peur de l’autorité des écrits sacrés du passé empêche efficacement les âmes honnêtes d’aujourd’hui d’accepter la nouvelle lumière de l’évangile – la lumière que, dans une génération précédente, ces mêmes hommes connaissant Dieu désiraient si intensément voir briller. 159:4.10 « Mais le plus triste de tout cela est le fait que certains éducateurs enseignent le caractère sacré de ce traditionalisme tout en connaissant la vérité à son sujet. Ils comprennent plus ou moins complètement les limitations des Écritures, mais sont moralement lâches et intellectuellement malhonnêtes. Ils connaissent la vérité au sujet des écrits sacrés, mais préfèrent laisser le peuple dans l’ignorance de ces faits troublants. Ils pervertissent et déforment ainsi les Écritures ; ils en font un guide pour les détails serviles de la vie quotidienne et une autorité sur les questions non spirituelles, au lieu de faire appel aux écrits sacrés en tant que dépositaire de la sagesse morale, de l’inspiration religieuse et de l’enseignement spirituel des hommes qui connaissaient Dieu au cours d’autres générations . » 159:4.11 Nathanael fut éclairé, et choqué, par les déclarations du Maitre. Dans les profondeurs de son âme, il médita longuement sur cet entretien, mais n’en parla à personne avant l’ascension de Jésus. Même après, il craignit encore de communiquer, dans leur plénitude, les enseignements du Maitre à ce sujet. 5. Le caractère positif de la religion de Jésus 159:5.1 À Philadelphie, où Jacques évangélisait, Jésus donna aux disciples une leçon sur le caractère positif de l’évangile du royaume. Au cours de ses remarques, il indiqua que certaines parties des Écritures étaient plus véridiques que d’autres, et il recommanda à ses auditeurs de nourrir leur âme des meilleurs aliments spirituels. Jacques interrompit le Maitre pour lui demander : « Maitre, aurais-tu la bonté de nous suggérer la manière de choisir les meilleurs passages des Écritures pour notre édification personnelle ? » Et Jésus répondit : « Oui, Jacques ; en lisant les Écritures, recherche les enseignements éternellement vrais et divinement beaux tels que : 159:5.2 « Crée en moi un cœur pur, Ô Seigneur. 159:5.3 « Le Seigneur est mon berger ; je ne manquerai de rien. 159:5.4 « Tu devrais aimer ton prochain comme toi-même. 159:5.5 « Car moi, le Seigneur ton Dieu, je tiendrai ta main droite en disant : n’aie aucune crainte ; je t’aiderai. 159:5.6 « Et les nations n’apprendront plus la guerre. » 159:5.7 Ceci illustre la manière dont, jour après jour, Jésus faisait sien le meilleur des Écritures hébraïques pour instruire ses disciples et pour l’inclure dans l’enseignement du nouvel évangile du royaume. D’autres religions avaient laissé entendre que Dieu était proche des hommes, mais Jésus assimila le ministère de Dieu auprès des hommes à la sollicitude d’un père affectueux pour le bien-être de ses enfants, qui dépendent de lui ; ensuite il fit de cet enseignement la pierre angulaire de sa religion. C’est ainsi que la doctrine de la paternité de Dieu rendit impérative la pratique de la fraternité des hommes. L’adoration de Dieu et le service de l’homme devinrent la somme et la substance de sa religion. Jésus prit ce qu’il y avait de meilleur dans la religion juive et le transféra dans le digne cadre des nouveaux enseignements de l’évangile du royaume. 159:5.8 Jésus introduisit l’esprit d’action positive dans les doctrines passives de la religion juive. Au lieu d’une soumission négative à des exigences cérémonielles, Jésus prescrivit l’accomplissement positif de ce que sa nouvelle religion exigeait de ceux qui l’acceptaient. La religion de Jésus ne consistait pas simplement à croire, mais à faire réellement ce que l’évangile demandait. Il n’enseignait pas que le service social constituait l’essence de sa religion, mais bien plutôt que le service social était un des effets certains de la possession de l’esprit de vraie religion. 159:5.9 Jésus n’hésitait pas à adopter la meilleure moitié d’un passage des Écritures tout en rejetant la partie inférieure. Sa grande exhortation : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même », il la prit dans le passage suivant : « Tu n’exerceras pas de vengeance contre les enfants de ton peuple, mais tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Jésus s’appropria la partie positive de ce verset et en rejeta la partie négative. Il s’opposa même à la non-résistance négative ou purement passive. Il dit : « Si un ennemi te frappe sur une joue, ne reste pas là muet et passif, mais prends une attitude positive et tends-lui l’autre ; autrement dit, fais activement de ton mieux pour détourner des mauvais sentiers ton frère égaré et pour le ramener dans la bonne voie d’une vie droite. » Jésus demandait à ses disciples de réagir positivement et dynamiquement dans toutes les circonstances de la vie. Le fait de tendre l’autre joue, ou tout autre acte typiquement semblable, exige de l’initiative et nécessite une expression vigoureuse, active et courageuse de la personnalité du croyant. 159:5.10 Jésus ne préconisait pas la pratique de se soumettre négativement aux mauvais traitements de ceux qui cherchent volontairement à abuser des adeptes de la non-résistance au mal, mais plutôt que ses disciples soient sages et vigilants dans leurs réactions rapides et positives du bien contre le mal, afin qu’ils puissent effectivement triompher du mal par le bien. N’oubliez pas que le véritable bien est invariablement plus puissant que le mal le plus pernicieux. Le Maitre enseigna un critère positif de droiture : « Si quelqu’un désire être mon disciple, qu’il ne tienne pas compte de lui-même, et qu’il assume quotidiennement la pleine mesure de ses responsabilités pour me suivre. » Il en donna lui-même l’exemple : il « allait son chemin en faisant du bien. » Cet aspect de l’évangile fut illustré par de nombreuses paraboles que Jésus conta plus tard à ses disciples. Jamais il ne les exhorta à supporter patiemment leurs obligations, mais plutôt à vivre avec énergie et enthousiasme à la hauteur de la pleine mesure de leurs responsabilités humaines et de leurs privilèges divins dans le royaume de Dieu. 159:5.11 Jésus recommanda à ses apôtres d’offrir aussi leur tunique si on leur enlevait injustement leur manteau. Cela ne signifiait pas littéralement qu’il fallait donner un second vêtement ; il s’agissait plutôt de l’idée de faire quelque chose de positif pour sauver l’offenseur, au lieu de suivre l’ancien conseil d’user de représailles – « œil pour œil » et ainsi de suite. Jésus abhorrait l’idée des représailles, et celle d’accepter passivement d’être simplement victime des injustices. À cette occasion, il enseigna à ses apôtres trois manières de lutter contre le mal et de lui résister : 159:5.12 1. Rendre le mal pour le mal – la méthode positive mais injuste. 159:5.13 2. Supporter le mal sans se plaindre ni résister – la méthode purement négative. 159:5.14 3. Rendre le bien pour le mal, affirmer sa volonté de manière à dominer la situation et à triompher du mal par le bien – la méthode positive et juste. 159:5.15 L’un des apôtres demanda une fois : « Maitre, que devrais-je faire si un étranger me force à porter son paquetage pendant une lieue ? » Jésus répondit : « Il ne faut pas t’assoir en poussant un soupir de soulagement tout en maugréant contre l’étranger. La droiture ne ressort pas de ces attitudes passives. Si rien de plus positif ne te vient à l’idée, tu peux au moins porter le paquetage sur une seconde lieue. Cela mettra certainement au défi l’étranger injuste et impie. » 159:5.16 Les Juifs avaient entendu parler d’un Dieu prêt à pardonner aux pécheurs repentants et à essayer d’oublier leurs méfaits ; mais jamais, avant la venue de Jésus, les hommes n’avaient entendu parler d’un Dieu qui allait à la recherche des brebis égarées, qui prenait l’initiative de rechercher les pécheurs, et qui se réjouissait quand il les trouvait disposés à rentrer à la maison du Père. Cette note positive de la religion, Jésus l’étendit même à ses prières. Il transforma la règle d’or négative en une exhortation positive en faveur de l’équité humaine. 159:5.17 Dans tout son enseignement, Jésus éliminait infailliblement les détails susceptibles de détourner l’attention. Il évitait le langage fleuri et les simples images poétiques d’un jeu de mots. Il introduisait généralement de grandes significations dans de petites expressions. Pour illustrer sa pensée, Jésus renversa la signification courante attribuée à bien des mots tels que sel, levain, pêche et petits enfants. Il employait fort efficacement l’antithèse en comparant le minuscule à l’infini, et ainsi de suite. Ses expressions telles que « les aveugles conduisant les aveugles » étaient frappantes. Mais la plus grande force de son enseignement imagé était son naturel. Jésus fit descendre du ciel sur terre la philosophie de la religion. Il décrivait les besoins élémentaires de l’âme avec une nouvelle perspicacité et une nouvelle effusion d’amour. 6. Le retour à Magadan 159:6.1 La mission de quatre semaines en Décapole eut un succès modéré. Des centaines d’âmes furent reçues dans le royaume. Les apôtres et les évangélistes gagnèrent une précieuse expérience en poursuivant leur œuvre sans l’inspiration de la présence personnelle immédiate de Jésus. 159:6.2 Le vendredi 16 septembre, tout le corps évangélique se rassembla au parc de Magadan, comme convenu antérieurement. Le jour du sabbat, plus de cent croyants tinrent un conseil où les plans d’avenir pour développer l’œuvre du royaume furent étudiés à fond. Les messagers de David étaient présents et firent des rapports sur la situation des croyants en Judée, en Samarie, en Galilée et dans les districts limitrophes. 159:6.3 Rares étaient, à cette époque, les disciples de Jésus qui appréciaient pleinement la grande valeur des services rendus par le corps des messagers. Non seulement les messagers maintenaient, dans toute la Palestine, le contact des disciples entre eux et avec Jésus et les apôtres, mais aussi, durant ces jours sombres, ils servaient de collecteurs de fonds ; non seulement cet argent contribuait à aider Jésus et ses associés, mais aussi à soutenir les familles des douze apôtres et des douze évangélistes. 159:6.4 Vers cette époque, Abner déplaça sa base d’opérations d’Hébron à Bethléem ; cette dernière ville était aussi le quartier général, pour la Judée, des messagers de David. David entretenait, toute la nuit, un service de relais de messagers entre Jérusalem et Bethsaïde. Les coureurs partaient de Jérusalem tous les soirs, se relayaient à Sychar et à Scythopolis, et arrivaient à Bethsaïde le lendemain matin à l’heure du petit déjeuner. 159:6.5 Jésus et ses associés se préparèrent maintenant à prendre une semaine de repos avant d’aborder la phase ultime de leur œuvre en faveur du royaume. Ce fut leur dernière période de repos, car la mission en Pérée devint une campagne de prédication et d’enseignement qui dura jusqu’à l’époque de leur arrivée à Jérusalem et du déroulement des épisodes finals de la carrière terrestre de Jésus. FASCICULE 160. Rodan d’Alexandrie 160:0.1 Le dimanche matin 18 septembre, André annonça qu’aucun travail ne serait prévu pour la semaine suivante. Tous les apôtres, sauf Nathanael et Thomas, se rendirent dans leur famille ou séjournèrent chez des amis. Jésus bénéficia, cette semaine-là, d’une période de repos à peu près complet, mais Nathanael et Thomas furent très occupés par leurs discussions avec un philosophe grec d’Alexandrie nommé Rodan. Ce Grec était récemment devenu disciple de Jésus grâce à l’enseignement d’un associé d’Abner, qui avait dirigé une mission à Alexandrie. Rodan s’efforçait sérieusement maintenant d’harmoniser sa philosophie de vie avec les nouveaux enseignements religieux de Jésus, et il était venu à Magadan dans l’espoir que le Maitre accepterait d’examiner ces problèmes avec lui. Il désirait aussi obtenir de première main une version de l’évangile qui fasse autorité, donnée soit par Jésus, soit par l’un de ses apôtres. Bien que le Maitre se soit refusé à entamer une pareille discussion avec Rodan, il le reçut très aimablement et demanda immédiatement à Thomas et à Nathanael d’écouter tout ce que Rodan avait à dire et, en retour, de lui parler de l’évangile. 1. La philosophie grecque de Rodan 160:1.1 Le lundi matin de bonne heure, Rodan commença une série de dix exposés pour Nathanael, Thomas et quelque deux douzaines de croyants qui se trouvaient à Magadan. Condensées, conjuguées et retranscrites en langage moderne, ces causeries offrent à notre considération les pensées suivantes : 160:1.2 La vie humaine consiste en trois grandes stimulations : les impulsions, les désirs et les attraits. Un caractère fort et une personnalité faisant autorité ne s’acquièrent qu’en convertissant l’impulsion naturelle de la vie en l’art de vivre en société, et en transformant les désirs immédiats en aspirations supérieures donnant lieu à des réalisations durables ; ce qui fait que l’attrait ordinaire de l’existence doit être transféré des idées conventionnelles et établies, que nous nous en faisons, sur des niveaux plus élevés d’idées non explorées et d’idéaux à découvrir. 160:1.3 Plus la civilisation deviendra complexe, plus l’art de vivre deviendra difficile. Plus les usages sociaux changeront rapidement, et plus la tâche de développer le caractère deviendra compliquée. Pour que le progrès se poursuive, il faut que l’humanité réapprenne, toutes les dix générations, l’art de vivre. Et, si, par leur ingéniosité, les hommes compliquent encore plus rapidement la vie sociale, il faudra réapprendre à maitriser l’art de vivre à des intervalles plus rapprochés, peut-être à chaque génération. Si l’évolution de l’art de vivre ne progresse pas parallèlement à la technique de l’existence, l’humanité en reviendra rapidement au simple instinct de conservation – à la satisfaction des désirs immédiats. Ainsi, l’humanité restera immature, et la société ne réussira pas à atteindre sa pleine maturité. 160:1.4 La maturité sociale s’évalue par la mesure dans laquelle l’homme accepte de renoncer à satisfaire ses désirs simplement transitoires et momentanés, pour entretenir les aspirations supérieures pour lesquelles la lutte procure les satisfactions plus abondantes d’avancement progressif vers des buts permanents. Mais le vrai signe distinctif de la maturité sociale est la volonté d’un peuple à renoncer au droit de vivre satisfait, et en paix, selon les normes de facilité appartenant à l’attrait des croyances établies et des idées conventionnelles, en faveur d’un autre attrait qui, lui, est inquiétant et nécessite de l’énergie, c’est l’attrait de la poursuite des possibilités inexplorées d’atteindre des objectifs non encore découverts de réalités spirituelles idéales. 160:1.5 Les animaux réagissent noblement aux impulsions de la vie, mais l’homme est seul à pouvoir atteindre l’art de vivre, bien que la majeure partie de l’humanité n’éprouve que l’impulsion animale de vivre. Les animaux ne connaissent que cette impulsion aveugle et instinctive ; l’homme est capable de transcender l’impulsion des fonctions naturelles. L’homme peut décider de vivre sur le plan élevé de l’art intelligent, et même sur celui de la joie céleste et de l’extase spirituelle. Les animaux ne s’informent jamais des buts de la vie ; c’est pourquoi ils ne se font jamais de soucis et ne se suicident pas. Chez les hommes, le suicide témoigne qu’ils ont émergé du stade d’existence purement animal et, en outre, que les efforts exploratoires de tels êtres humains n’ont pas réussi à atteindre les niveaux où l’expérience humaine devient un art. Les animaux ne connaissent pas la signification de la vie. Non seulement l’homme possède la faculté de reconnaitre les valeurs et de comprendre les significations, mais il a aussi conscience de la signification des significations – il est conscient de sa propre perspicacité. 160:1.6 Quand les hommes osent abandonner une vie d’intenses désirs naturels pour un art de vivre aventureux et de logique incertaine, ils doivent prendre les risques correspondants d’accidents émotionnels – conflits, chagrins et incertitudes – au moins jusqu’à ce qu’ils atteignent un certain degré de maturité intellectuelle et émotionnelle. Le découragement, les soucis et l’indolence sont des preuves positives de l’immaturité morale. La société humaine est confrontée à deux problèmes : l’aboutissement à la maturité pour l’individu, et l’aboutissement à la maturité pour la race. L’être humain mature se met bientôt à regarder tous les autres mortels avec des sentiments de tendresse et des émotions pleines de tolérance. Les hommes matures considèrent ceux qui ne le sont pas avec l’amour et la considération que des parents témoignent à leurs enfants. 160:1.7 La réussite de la vie n’est rien de plus et rien de moins que l’art de maitriser des techniques sûres pour résoudre des problèmes ordinaires. Le premier pas dans la solution d’un problème quelconque consiste à situer la difficulté, à isoler le problème et à reconnaitre franchement sa nature et sa gravité. Lorsque les problèmes de la vie réveillent nos peurs profondes, notre grande erreur est de refuser de les reconnaitre. De même, quand la reconnaissance de nos difficultés implique une atteinte à notre vanité longtemps chérie, ou l’aveu que l’on est envieux, ou l’abandon de préjugés profondément enracinés, la moyenne des gens préfère rester attachée aux vieilles illusions de sûreté et aux fausses impressions de sécurité longtemps cultivées. Seule une personne courageuse est prête à reconnaitre honnêtement ce que découvre un mental sincère et logique, et à y faire face avec intrépidité. 160:1.8 La solution sage et efficace d’un problème quelconque exige un mental libre de préventions, de passions et de tous autres préjugés personnels susceptibles de vicier l’analyse impartiale des facteurs qui constituent effectivement les éléments du problème à résoudre. La solution des problèmes de la vie exige du courage et de la sincérité. Seuls les honnêtes et les braves sont capables de poursuivre vaillamment leur chemin à travers le labyrinthe confus et déroutant de la vie où peut conduire la logique d’un mental intrépide. Et jamais l’âme et le mental ne peuvent s’émanciper ainsi sans le moteur d’un enthousiasme intelligent frisant le zèle religieux. Il faut l’attrait d’un grand idéal pour entrainer les hommes dans la poursuite d’un but hérissé de problèmes matériels délicats et de risques intellectuels multiples. 160:1.9 Même si l’on est bien armé pour affronter les situations difficiles de la vie, on ne peut guère espérer le succès si l’on n’est pas doté de cette sagesse du mental et de ce charme de personnalité qui vous permettent d’obtenir la coopération et le soutien cordiaux de votre entourage. Ni dans l’œuvre religieuse ni dans le travail laïque, vous ne pouvez espérer un franc succès à moins d’avoir appris à persuader vos compagnons, à convaincre les hommes. Il vous faut simplement avoir du tact et de la tolérance. 160:1.10 Mais la meilleure de toutes les méthodes pour résoudre les problèmes, je l’ai apprise de Jésus, votre Maitre. Il s’agit de ce qu’il pratique avec tant de persévérance et qu’il vous a si fidèlement enseigné : la méditation adoratrice solitaire. C’est dans cette habitude, qu’a Jésus d’aller si fréquemment seul pour communier avec le Père qui est aux cieux, que réside la technique non seulement pour prendre des forces et acquérir de la sagesse en vue des conflits ordinaires de la vie, mais aussi pour s’approprier l’énergie nécessaire en vue de résoudre les problèmes supérieurs de nature morale et spirituelle. Toutefois, mêmes les méthodes correctes pour résoudre les problèmes ne compensent pas les défauts inhérents à la personnalité et ne compensent pas l’absence de faim et de soif pour la vraie droiture. 160:1.11 Je suis profondément impressionné par l’habitude qu’a Jésus de s’en aller seul à l’écart pour une période d’examen solitaire des problèmes de la vie ; pour rechercher de nouvelles réserves de sagesse et d’énergie pour faire face aux multiples exigences du service social ; pour vivifier et rendre plus profond le but suprême de la vie en soumettant effectivement sa personnalité totale à la conscience du contact avec la divinité ; pour saisir et posséder des méthodes nouvelles et meilleures pour s’adapter aux situations toujours changeantes de l’existence vécue ; pour effectuer les reconstructions et réadaptations vitales de ses attitudes personnelles qui sont si essentielles pour apercevoir, avec une perspicacité accrue, tout ce qui est réel et valable ; et pour faire tout cela en ne visant que la gloire de Dieu – exprimer sincèrement la prière favorite de votre Maitre : « Que ta volonté soit faite, et non la mienne. » 160:1.12 Cette pratique d’adoration de votre Maitre apporte cette détente qui renouvelle le mental, cette illumination qui inspire l’âme, ce courage qui permet de faire bravement face à ses problèmes, cette compréhension de soi qui supprime la peur débilitante, et cette conscience de l’union avec la divinité, qui procure à l’homme l’assurance lui permettant d’oser être semblable à Dieu. La détente due à l’adoration ou la communion spirituelle telle que la pratique le Maitre, soulage les tensions, élimine les conflits et accroit puissamment la somme des ressources de la personnalité. Et toute cette philosophie, ajoutée à l’évangile du royaume, constitue la nouvelle religion telle que je la comprends. 160:1.13 Les préjugés aveuglent l’âme et l’empêchent de reconnaitre la vérité. Seule peut les écarter une dévotion sincère de l’âme à l’adoration d’une cause embrassant tout et incluant tous nos semblables humains. Les préjugés sont inséparablement liés à l’égoïsme. On ne peut les éliminer qu’en abandonnant l’égocentrisme et en y substituant la recherche de la satisfaction de servir une cause non seulement plus grande que soi, mais plus vaste que toute l’humanité – la recherche de Dieu, l’aboutissement à la divinité. La preuve de la maturité de la personnalité réside dans la transformation des désirs humains en une recherche constante de la réalisation des valeurs les plus élevées et les plus divinement réelles. 160:1.14 Dans un monde en changement continuel, au milieu d’un ordre social évoluant, il est impossible de maintenir des buts de destinée fixés une fois pour toutes. Seuls peuvent acquérir une personnalité stable ceux qui ont découvert et embrassé le Dieu vivant et l’ont pris pour but d’accomplissement infini. Pour transférer ainsi son but temporel dans l’éternité, de la terre au Paradis, de l’humain au divin, il faut que l’homme soit régénéré, converti, né à nouveau, qu’il devienne l’enfant recréé de l’esprit divin, qu’il gagne son entrée dans la fraternité du royaume des cieux. Toutes les philosophies et religions ayant des idéaux inférieurs à ceux-là sont immatures. La philosophie que j’enseigne, liée à l’évangile que vous prêchez, représente la nouvelle religion de la maturité, l’idéal de toutes les générations futures. Et cela est vrai parce que notre idéal est définitif, infaillible, éternel, universel, absolu et infini. 160:1.15 Ma philosophie m’a poussé à rechercher les réalités de l’accomplissement véritable, le but de la maturité. Mais mon impulsion était impuissante, ma recherche manquait de force motrice, ma quête souffrait par défaut de certitude quant à son orientation. Ces manques ont été abondamment comblés par le nouvel évangile de Jésus, avec son rehaussement de clairvoyance, l’élévation de ses idéaux et la stabilité de ses buts. Sans plus de doute ni d’hésitation, je peux maintenant m’engager de tout cœur dans l’aventure éternelle. 2. L’art de vivre 160:2.1 Les mortels n’ont que deux manières de vivre ensemble : la manière matérielle ou animale et la manière spirituelle ou humaine. Par l’emploi de signaux et de sons, les animaux peuvent communiquer entre eux dans une mesure limitée, mais ces formes de communication ne transmettent ni les significations, ni les valeurs, ni les idées. L’homme ne se différencie de l’animal que parce qu’il peut communiquer avec ses compagnons au moyen de symboles qui désignent et identifient avec certitude les significations, les valeurs et les idées, ou mêmes les idéaux. 160:2.2 Faute de pouvoir se communiquer des idées, les animaux ne peuvent développer une personnalité. L’homme développe sa personnalité parce qu’il peut communiquer avec ses semblables au sujet de ses idées et de ses idéaux. 160:2.3 C’est cette aptitude à transmettre et à partager des significations qui constitue la culture humaine et permet aux hommes, grâce à des associations sociales, de bâtir des civilisations. La connaissance et la sagesse deviennent cumulatives à cause de l’aptitude des hommes à communiquer leurs acquêts aux générations suivantes, et cela fait naitre les activités culturelles de la race : arts, sciences, religions et philosophies. 160:2.4 Les communications par symboles entre les êtres humains provoquent l’apparition de groupes sociaux. Le groupe social le plus efficace de tous est la famille, et plus particulièrement les deux parents. L’affection personnelle est le lien spirituel qui maintient unies ces associations matérielles. Des relations aussi efficaces peuvent également exister entre deux personnes du même sexe, comme on en a vu tant d’exemples entre amis véritablement dévoués. 160:2.5 Ces associations basées sur l’amitié et l’affection mutuelle sont socialisantes et ennoblissantes, parce qu’elles encouragent et facilitent les facteurs suivants qui sont essentiels aux niveaux supérieurs de l’art de vivre : 160:2.6 1. S’exprimer et se comprendre mutuellement. Beaucoup de nobles impulsions humaines meurent parce qu’il n’y a personne pour assister à leur expression. En vérité, il n’est pas bon que l’homme soit seul. Un certain degré de reconnaissance et un certain niveau d’appréciation sont essentiels au développement du caractère humain. Sans l’amour sincère d’un foyer, nul enfant ne peut atteindre le plein développement d’un caractère normal. Le caractère est quelque chose de plus que simplement le mental et la moralité. De toutes les relations sociales instaurées pour développer le caractère, la plus efficace et la plus idéale est l’amitié affectueuse et compréhensive d’un homme et d’une femme réunis par un lien conjugal intelligent. Le mariage, avec ses multiples relations, est le mieux conçu pour faire naitre les précieuses impulsions et les motifs supérieurs indispensables au développement d’un caractère fort. Je n’hésite pas à glorifier ainsi la vie de famille, car votre Maitre a sagement choisi la relation de père à enfant comme pierre angulaire du nouvel évangile du royaume. Cette communauté incomparable de relations entre un homme et une femme, dans l’embrassement affectueux des idéaux supérieurs du temps, est une expérience si précieuse et satisfaisante qu’elle vaut n’importe quel prix, n’importe quel sacrifice exigé pour sa possession. 160:2.7 2. L’union des âmes – la mobilisation de la sagesse. Tout être humain acquiert, tôt ou tard, une certaine conception de ce monde et une certaine vision du suivant. Or, il est possible, par une association de personnalités, d’unir ces points de vue sur l’existence temporelle et ces perspectives éternelles. Alors, le mental de l’un accroit ses valeurs spirituelles en assimilant une grande partie des aperçus de l’autre. De cette manière, les hommes enrichissent l’âme en mettant en commun leurs possessions spirituelles respectives. De cette manière également, l’homme peut éviter la tendance permanente à être victime de sa vision déformante, de ses points de vue préjudiciels et de son étroitesse de jugement. On ne peut écarter la peur, l’envie et la vanité que par contact intime avec d’autres façons de penser. J’attire votre attention sur le fait que le Maitre ne vous envoie jamais seuls pour travailler à l’expansion du royaume ; il vous envoie toujours deux par deux. Puisque la sagesse est une superconnaissance, il s’ensuit qu’en unissant leur sagesse, les membres d’un groupe social, petit ou grand, partagent mutuellement toutes connaissances. 160:2.8 3. L’enthousiasme de vivre. L’isolement tend à épuiser la charge d’énergie de l’âme. L’association avec des compagnons est essentielle pour renouveler l’entrain de la vie, et indispensable pour conserver le courage de mener les batailles qui suivent l’ascension à des niveaux supérieurs de vie humaine. L’amitié rehausse les joies et glorifie les triomphes de la vie. Les associations humaines amicales et intimes tendent à enlever à la souffrance sa tristesse, et à l’épreuve beaucoup de son amertume. La présence d’un ami rehausse toute beauté et exalte toute bonté. Par des symboles intelligents, l’homme peut vivifier et élargir la capacité d’appréciation de ses amis. Ce pouvoir et cette possibilité d’une stimulation mutuelle de l’imagination sont une des gloires suprêmes de l’amitié humaine. Un grand pouvoir spirituel est inhérent à la conscience d’être consacré de tout cœur à une cause commune, d’être mutuellement fidèle à une Déité cosmique. 160:2.9 4. La défense accrue contre tout mal. Les associations de personnalités et l’affection mutuelle sont une assurance efficace contre le mal. Les difficultés, les tristesses, les déceptions et les défaites sont plus douloureuses et décourageantes quand il faut les supporter seul. L’association ne transforme pas le mal en droiture, mais elle aide considérablement à en diminuer les tourments. Votre Maitre a dit : « Heureux les endeuillés » – si un ami est là pour les consoler. Il y a une force positive dans la connaissance que vous vivez pour le bienêtre d’autrui, et que les autres vivent de même pour votre bienêtre et votre évolution. L’homme languit dans l’isolement. Les êtres humains se découragent infailliblement si leur point de vue se limite aux accomplissements fugitifs du temps. Quand le présent est séparé du passé et de l’avenir, il devient d’une banalité exaspérante. Seul un aperçu du cercle de l’éternité peut donner à l’homme l’inspiration de faire de son mieux et de lancer à ce qu’il y a de mieux en lui le défi de faire plus encore. Quand l’homme est ainsi au mieux de lui-même, il vit très généreusement pour le bien de ses semblables séjournant avec lui dans le temps et dans l’éternité. 160:2.10 Je répète que cette association inspirante et ennoblissante trouve ses possibilités idéales dans les relations du mariage humain. Il est vrai que beaucoup de résultats sont obtenus hors du mariage, et qu’un grand, un très grand nombre de mariages ne réussissent aucunement à produire ces fruits moraux et spirituels. On voit trop souvent se marier des couples qui recherchent des valeurs inférieures à ces corollaires supérieurs de la maturité humaine. Le mariage idéal doit être fondé sur quelque chose de plus stable que les fluctuations du sentiment et l’inconstance de la simple attraction sexuelle ; il doit être basé sur un dévouement personnel sincère et mutuel. Alors, si l’on peut bâtir ces petites unités fidèles et efficaces d’associations humaines, quand celles-ci seront assemblées dans l’organisation collective, le monde contemplera une grande structure sociale glorifiée, la civilisation de la maturité des mortels. Une telle race pourrait commencer à réaliser quelque peu l’idéal de votre Maitre : « Paix sur terre et bonne volonté parmi les hommes. » Alors qu’une telle société ne serait ni parfaite ni entièrement dégagée du mal, au moins elle s’approcherait de la stabilisation de la maturité. 3. Les attraits de la maturité 160:3.1 L’effort pour atteindre la maturité nécessite du travail, et le travail exige de l’énergie. D’où vient le pouvoir permettant d’accomplir tout ceci ? On peut considérer les facteurs physiques comme acquis, mais le Maitre a bien dit que « l’homme ne peut vivre uniquement de pain ». Quand on possède un corps normal et une santé raisonnablement bonne, il faut rechercher ensuite les attraits qui agiront comme stimulants pour faire surgir les forces spirituelles en sommeil chez les hommes. Jésus nous a enseigné que Dieu vit dans l’homme ; alors, comment pouvons-nous amener l’homme à libérer les pouvoirs divins et infinis liés à son âme ? Comment pouvons-nous inciter les hommes à donner le champ libre à Dieu pour qu’il jaillisse de nous en rafraichissant notre âme au passage, et contribue ensuite à éclairer, élever et bénir d’innombrables autres âmes ? Quelle est la meilleure manière pour moi d’éveiller les pouvoirs bénéfiques latents qui dorment dans votre âme ? Il y a une chose dont je suis certain, c’est que l’excitation émotive n’est pas le stimulant spirituel idéal ; elle n’accroit pas l’énergie ; elle épuise plutôt les forces du mental et du corps. D’où vient, alors, l’énergie permettant d’accomplir ces grandes choses ? Observez votre Maitre. À cette heure même, il est dans les collines, récupérant de la puissance pendant qu’ici nous dépensons de l’énergie. Le secret de tout ce problème git dans la communion spirituelle, dans l’adoration. Du point de vue humain, il s’agit de conjuguer la méditation et la détente. La méditation établit le contact du mental avec l’esprit ; la détente détermine la capacité de la réceptivité spirituelle. Cette substitution de la force à la faiblesse, du courage à la peur, de la volonté de Dieu au mental du moi, constitue l’adoration. Du moins, telle est la façon dont le philosophe la considère. 160:3.2 Quand ces expériences sont fréquemment répétées, elles se cristallisent en habitudes, des habitudes d’adoration qui donnent de la force ; ces habitudes se traduisent, en fin de compte, par la formation d’un caractère spirituel, et, finalement, ce caractère est reconnu par vos semblables comme une personnalité mure. Au début, ces pratiques sont difficiles et prennent beaucoup de temps, mais, quand elles deviennent habituelles, elles procurent immédiatement du repos et une économie de temps. Plus la société deviendra complexe et plus les attraits de la civilisation se multiplieront, plus la nécessité deviendra urgente pour les personnes connaissant Dieu de contracter ces habitudes protectrices destinées à conserver et à accroitre leurs énergies spirituelles. 160:3.3 Un autre facteur nécessaire pour atteindre la maturité est l’adaptation coopérative des groupes sociaux à un entourage toujours changeant. L’individu immature excite l’antagonisme de ses compagnons ; l’homme mature gagne la coopération cordiale de ses associés, ce qui multiplie considérablement les fruits des efforts de sa vie. 160:3.4 Ma philosophie me dit qu’il y a des moments où je dois combattre, s’il en est besoin, pour défendre ma conception de la droiture ; mais je suis certain que le Maitre, d’un type de personnalité plus mature, gagnerait facilement et élégamment une victoire équivalente par sa technique supérieure et séduisante de tact et de tolérance. Bien trop souvent, quand nous luttons pour la bonne cause, cela se termine par une défaite à la fois pour le vainqueur et pour le vaincu. Hier encore, j’ai entendu le Maitre dire que « si un sage désire entrer par une porte verrouillée, il ne la fracture pas, mais cherche plutôt la clef pour la déverrouiller. » Nous engageons trop souvent une bataille simplement pour nous convaincre que nous n’avons pas peur. 160:3.5 Ce nouvel évangile du royaume rend un grand service à l’art de vivre, en ce sens qu’il fournit un mobile nouveau et plus riche pour une vie supérieure. Il présente un but de destinée nouveau et élevé, un dessein suprême pour la vie. Et ces nouvelles conceptions du but éternel et divin de l’existence sont en elles-mêmes des stimulus transcendants, suscitant la réaction de ce qu’il y a de meilleur dans la nature supérieure de l’homme. Sur tout sommet de la pensée intellectuelle, on trouve une détente pour le mental, de la force pour l’âme et une communion pour l’esprit. De cette position de vie supérieure, l’homme peut transcender les irritations matérielles des niveaux inférieurs de pensée – soucis, jalousie, envie, désir de revanche et l’orgueil d’une personnalité immature. Les âmes qui gravissent ces hauteurs se délivrent d’une multitude de conflits enchevêtrés concernant les vétilles de l’existence, et deviennent ainsi libres pour prendre conscience des courants supérieurs de concepts spirituels et de communications célestes. Mais le but de la vie doit être jalousement préservé de la tentation de rechercher des réalisations faciles et transitoires ; il faut également lui donner les soins qui l’immuniseront contre les désastreuses menaces du fanatisme. 4. L’équilibre de la maturité 160:4.1 Tout en ayant pour but unique d’atteindre les réalités éternelles, il faut aussi pourvoir aux nécessités de la vie temporelle. Bien que l’esprit soit notre but, la chair est un fait. Il arrive que les ressources nécessaires à la vie nous échoient par accident, mais, en général, il faut travailler intelligemment pour se les procurer. Les deux problèmes majeurs de la vie sont les suivants : gagner sa vie matérielle et atteindre la survie éternelle. Même celui de gagner sa vie requiert la religion pour être résolu idéalement. Les deux problèmes sont hautement personnels. En fait, la vraie religion ne fonctionne pas en dehors de l’individu. 160:4.2 Voici les facteurs essentiels de la vie temporelle, tels que je les vois : 160:4.3 1. Une bonne santé physique. 160:4.4 2. Une pensée claire et pure. 160:4.5 3. Des aptitudes et de l’habileté. 160:4.6 4. De la richesse – les biens de la vie. 160:4.7 5. L’aptitude à résister à la défaite. 160:4.8 6. De la culture – instruction et sagesse. 160:4.9 Même quand il s’agit de problèmes concernant la santé et l’efficacité physiques, la meilleure façon de les résoudre consiste à les aborder sous l’angle religieux de l’enseignement de notre Maitre, en sachant que le corps et le mental de l’homme sont la demeure du don des Dieux, l’esprit de Dieu devenant l’esprit de l’homme. Le mental de l’homme devient alors le médiateur entre les choses matérielles et les réalités spirituelles. 160:4.10 Il faut de l’intelligence pour s’assurer sa part des choses désirables de la vie. Il est entièrement erroné de supposer que la loyauté dans le travail quotidien assurera la fortune comme récompense. À part les acquisitions occasionnelles et accidentelles de richesses, on constate que les récompenses matérielles de la vie temporelle coulent dans certains chenaux bien organisés ; seuls ceux qui ont accès à ces chenaux peuvent s’attendre à être bien rémunérés pour leurs efforts temporels. La pauvreté sera toujours le lot de ceux qui recherchent la richesse dans des chenaux individuels et isolés. La prospérité dans le monde dépend donc essentiellement d’une sage planification. Le succès exige non seulement que vous soyez dévoués à votre travail, mais aussi que vous opériez comme un rouage de l’un des chenaux de la richesse matérielle. Si vous manquez de sagesse, vous pouvez consacrer votre vie à votre génération sans en recevoir de récompense matérielle. Par contre, si c’est grâce au hasard que vous bénéficiez du flot des richesses, vous pouvez vous prélasser dans le luxe sans avoir rien fait d’utile pour vos contemporains. 160:4.11 Les aptitudes s’héritent, mais l’habileté s’acquiert. La vie est irréelle pour qui ne sait rien faire expertement. L’habileté est l’une des réelles sources de satisfaction dans la vie. Les aptitudes impliquent le don de perspicacité, de prévoyance à longue échéance. Ne vous laissez pas tromper par les bénéfices tentants des actes malhonnêtes ; acceptez de travailler pour les revenus ultérieurs inhérents à un effort honnête. Le sage sait distinguer entre les moyens et les fins ; faute de cela, un excès de plans d’avenir peut parfois contrecarrer des desseins élevés. Quant aux plaisirs, vous devriez toujours chercher à en produire autant qu’à en consommer. 160:4.12 Exercez votre mémoire à garder comme un dépôt sacré les épisodes de votre vie qui en valent la peine et donnent de la vigueur, afin de vous en souvenir à volonté pour votre plaisir et votre édification. Construisez ainsi, pour vous-même et en vous-même, des musées de beauté, de bonté et de grandeur artistique. Les souvenirs les plus nobles sont les rappels chéris des grands moments d’une belle amitié. Tous ces trésors de la mémoire irradient leur influence la plus précieuse et exaltante au contact libérateur de l’adoration spirituelle. 160:4.13 Mais la vie deviendra un fardeau si vous n’apprenez pas à échouer élégamment. Il y a, dans la défaite, un art que les âmes nobles acquièrent toujours ; il faut savoir perdre gaiement et ne pas craindre les déceptions. N’hésitez jamais à admettre un échec. Ne cherchez pas à le cacher sous des sourires trompeurs et un optimisme radieux. Il est de bon ton de toujours prétendre avoir réussi, mais cela se termine par des résultats déplorables. Cette technique aboutit directement à la création d’un monde irréel et à l’effondrement inévitable dans une ultime désillusion. 160:4.14 Le succès peut engendrer le courage et promouvoir la confiance, mais la sagesse ne provient que des expériences par lesquelles un homme s’adapte aux résultats de ses échecs. Les hommes qui préfèrent les illusions optimistes à la réalité ne peuvent jamais devenir sages. Seuls ceux qui affrontent les faits et les adaptent à des idéaux peuvent atteindre la sagesse. La sagesse englobe les faits et les idéaux, et c’est pourquoi elle sauve ses adeptes des deux extrêmes stériles de la philosophie – l’homme dont l’idéalisme exclut les faits, et le matérialiste dépourvu de vision spirituelle. Les âmes timides qui ne peuvent soutenir la lutte de la vie qu’avec l’aide continue de fausses illusions de succès sont condamnées à subir des échecs et des défaites quand elles se réveilleront finalement du monde des rêves de leur propre imagination. 160:4.15 C’est dans les circonstances où il faut faire face à l’échec et s’adapter à la défaite que la vision de grande envergure de la religion exerce son influence suprême. L’échec est simplement un épisode éducatif – une expérience culturelle pour acquérir de la sagesse – dans la vie de l’homme à la recherche de Dieu, qui s’est lancé dans l’aventure éternelle d’explorer un univers. Pour cet homme, la défaite n’est qu’un nouvel instrument pour atteindre des niveaux supérieurs de réalité d’univers. 160:4.16 La carrière d’un homme recherchant Dieu peut se révéler comme une grande réussite à la lumière de l’éternité, même si tout le cours de sa vie temporelle apparait comme un échec retentissant, pourvu que chaque insuccès ait suscité la culture de la sagesse et l’accomplissement spirituel. Ne commettez pas l’erreur de confondre la connaissance, la culture et la sagesse. Elles sont liées dans la vie, mais représentent des valeurs spirituelles extrêmement différentes. La sagesse domine toujours la connaissance et glorifie toujours la culture. 5. La religion de l’idéal 160:5.1 Vous m’avez dit que, d’après votre Maitre, la religion humaine authentique est l’expérience individuelle des réalités spirituelles. J’ai considéré la religion comme l’expérience de l’homme réagissant à un facteur qu’il considère comme digne de l’hommage et de la dévotion de toute l’humanité. Dans ce sens, la religion symbolise notre dévouement suprême à ce qui représente notre concept le plus élevé de nos idéaux et la limite extrême que peut atteindre notre mental recherchant les possibilités éternelles d’épanouissement spirituel. 160:5.2 Quand les hommes réagissent à la religion dans un sens tribal, national ou racial, c’est qu’ils considèrent les étrangers à leur groupe comme n’étant pas vraiment humains. Nous considérons toujours l’objet de notre loyalisme religieux comme digne du respect de tous les hommes. Jamais la religion ne peut être une simple affaire de croyance intellectuelle ou de raisonnement philosophique. La religion est toujours et perpétuellement un mode de réaction envers les situations de la vie ; elle est une manière de se comporter. La religion englobe des pensées, des sentiments et des actes respectueux envers une réalité que nous estimons digne de l’adoration universelle. 160:5.3 Si quelque chose est devenu une religion dans votre expérience, il est évident que vous êtes déjà un évangéliste actif de cette religion, puisque vous estimez le concept suprême de votre religion comme digne du culte de toute l’humanité, de toutes les intelligences de l’univers. Si vous n’êtes pas un évangéliste positif et missionnaire de votre religion, vous vous trompez vous-même en ce sens que ce que vous appelez religion est seulement une croyance traditionnelle ou un simple système de philosophie intellectuelle. Si votre religion est une expérience spirituelle, l’objet de votre adoration doit être la réalité spirituelle universelle et l’idéal de tous vos concepts spiritualisés. J’appelle religions intellectuelles celles qui sont basées sur la peur, l’émotion, la tradition et la philosophie. J’appelle vraies religions celles qui sont fondées sur la véritable expérience spirituelle. L’objet de la dévotion religieuse peut être matériel ou spirituel, vrai ou faux, réel ou irréel, humain ou divin. Les religions peuvent donc être bonnes ou mauvaises. 160:5.4 La moralité et la religion ne sont pas nécessairement la même chose. En s’emparant d’un objet d’adoration, un système moral peut devenir une religion. En perdant son appel universel à la fidélité et à la dévotion suprême, une religion peut se transformer en un système philosophique ou en un code de morale. La chose, l’être, l’état, ou l’ordre d’existence, ou la possibilité d’accomplissement qui constitue l’idéal suprême du loyalisme religieux, et qui est le réceptacle de la dévotion religieuse de ses adorateurs, c’est Dieu. Indépendamment du nom attribué à cet idéal de réalité spirituelle, c’est Dieu. 160:5.5 La caractéristique sociale d’une vraie religion consiste dans le fait qu’elle cherche invariablement à convertir les individus et à transformer le monde. La religion implique l’existence d’idéaux non encore découverts qui transcendent de loin les critères connus d’éthique et de morale incorporés dans les usages sociaux, même les plus élevés, des institutions les plus mures de la civilisation. La religion cherche à atteindre des idéaux non découverts, des réalités inexplorées, des valeurs suprahumaines, une sagesse divine et un véritable aboutissement spirituel. La vraie religion accomplit tout cela ; toutes les autres croyances ne sont pas dignes de ce nom. Vous ne pouvez avoir de religion spirituelle authentique sans l’idéal suprême et céleste d’un Dieu éternel. Une religion sans ce Dieu est une invention des hommes, une institution humaine de croyances intellectuelles sans vie et de cérémonies propres à émouvoir et dénuées de sens. Une religion peut prétendre avoir un grand idéal pour objet de sa dévotion, mais de tels idéaux irréels sont inaccessibles et une telle conception est illusoire. Les seuls idéaux accessibles aux hommes sont les réalités divines des valeurs infinies contenues dans le fait spirituel du Dieu éternel. 160:5.6 Le mot Dieu, l’idée de Dieu par contraste avec l’idéal de Dieu, peut faire partie de toute religion, si puérile ou fausse qu’elle puisse être. Et ceux qui entretiennent cette idée de Dieu peuvent en faire tout ce qu’ils veulent. Les religions inférieures modèlent leurs idées de Dieu pour les adapter à l’état naturel du cœur humain. Les religions supérieures demandent que le cœur humain soit changé pour satisfaire les exigences des idéaux de la vraie religion. 160:5.7 La religion de Jésus transcende toutes nos conceptions antérieures de l’idée d’adoration, en ce sens que non seulement il décrit son Père comme l’idéal de la réalité infinie, mais aussi qu’il déclare positivement que cette source divine de valeurs et le centre éternel de l’univers sont vraiment et personnellement accessibles à chaque créature mortelle qui choisit d’entrer dans le royaume des cieux sur terre et reconnait, ainsi, qu’elle accepte la filiation avec Dieu et la fraternité avec l’homme. À mon avis, c’est là, je crois, la plus haute conception de la religion que le monde ait jamais connue, et je proclame qu’il ne peut y en avoir de plus élevée, car cet évangile englobe l’infinité des réalités, la divinité des valeurs et l’éternité des aboutissements universels. Cette conception constitue l’accomplissement de l’expérience de l’idéalisme du suprême et de l’ultime. 160:5.8 Je ne suis pas seulement intrigué par les idéaux parfaits de la religion de votre Maitre, mais je me sens puissamment poussé à confesser ma croyance dans ses déclarations que ces idéaux de réalités d’esprit sont accessibles ; que vous et moi, nous pouvons entreprendre cette longue et éternelle aventure avec l’assurance de sa part qu’en fin de compte, nous arriverons certainement aux portes du Paradis. Mes frères, je suis un croyant, je me suis lancé, je suis en route avec vous dans cette aventure éternelle. Le Maitre dit qu’il est venu du Père et nous montrera le chemin. Je suis entièrement persuadé qu’il dit la vérité, et définitivement convaincu qu’en dehors du Père Universel, il n’y a ni idéaux de réalités ni valeurs de perfection qui soient accessibles. 160:5.9 Je viens alors adorer non simplement le Dieu des existences, mais le Dieu de la possibilité de toutes les existences futures. Il faut donc que votre dévotion à un idéal suprême, si cet idéal est réel, soit une dévotion à ce Dieu des univers passés, présents et futurs des choses et des êtres. Et il n’y a pas d’autre Dieu, car il n’est pas possible qu’il y ait un autre Dieu. Tous les autres dieux sont des fictions de l’imagination, des illusions du mental mortel, des déformations d’une fausse logique et des idoles qui trompent ceux qui les créent. Oui, on peut avoir une religion sans ce Dieu, mais elle ne signifie rien. Et, si l’on cherche à substituer le mot Dieu à la réalité de cet idéal du Dieu vivant, on ne fait que se leurrer en mettant une idée à la place d’un idéal, d’une réalité divine. Ces croyances sont simplement des religions de chimères. 160:5.10 Dans les enseignements de Jésus, je vois la religion à son mieux. Cet évangile nous met en mesure de chercher le vrai Dieu et de le trouver. Mais acceptons-nous de payer le prix de cette entrée dans le royaume des cieux ? Sommes-nous désireux de naitre à nouveau, d’être rénovés ? Acceptons-nous de nous soumettre à ce terrible et éprouvant processus de destruction du moi et de reconstruction de l’âme ? Le Maitre n’a-t-il pas dit : « Quiconque veut sauver sa vie doit la perdre. Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix, mais plutôt une lutte de l’âme. » ? Il est vrai qu’après avoir payé le prix de la consécration à la volonté du Père, nous éprouvons effectivement une grande paix, pourvu que nous continuions à marcher dans les sentiers spirituels de la vie consacrée. 160:5.11 Maintenant, nous abandonnons vraiment les attraits de l’ordre d’existence connu, tandis que nous nous consacrons sans réserve à la recherche des attraits de l’ordre d’existence inconnu et inexploré d’une vie future d’aventures dans les mondes spirituels d’idéalisme supérieur et de réalité divine. Et nous recherchons les symboles significatifs qui nous permettent de transmettre à nos semblables les conceptions réelles de l’idéalisme de la religion de Jésus. Nous ne cesserons pas de prier pour le jour où toute l’humanité vibrera dans la vision commune de cette vérité suprême. À présent, notre concept du Père tel que nous l’avons mis au point est que, dans notre cœur, Dieu est esprit ; quand nous le transmettons à nos semblables, Dieu est amour. 160:5.12 La religion de Jésus exige une expérience vivante et spirituelle. D’autres religions peuvent consister en croyances traditionnelles, en sentiments émotifs, en conscience philosophique et tout cela ensemble, mais l’enseignement du Maitre implique qu’il faut effectivement atteindre les niveaux de progression spirituelle réelle. 160:5.13 La conscience d’être poussé à ressembler à Dieu n’est pas la vraie religion. Les sentiments émotifs poussant à adorer Dieu ne sont pas la vraie religion. La conviction consciente qu’il faut renoncer à soi et servir Dieu n’est pas la vraie religion. La sagesse du raisonnement concluant que la religion de Jésus est la meilleure de toutes n’est pas la religion en tant qu’expérience personnelle et spirituelle. La vraie religion se réfère à la destinée et à la réalité d’aboutissement aussi bien qu’à la réalité et à l’idéalisme de ce qui est accepté de tout cœur par la foi. Et il faut que tout cela nous devienne personnel par la révélation de l’Esprit de Vérité. 160:5.14 Ainsi se terminèrent les dissertations du philosophe grec, l’un des plus grands de sa race, qui s’était mis à croire à l’évangile de Jésus. FASCICULE 161. Suite des discussions avec Rodan 161:0.1 Le dimanche 25 septembre de l’an 29, les apôtres et les évangélistes se rassemblèrent à Magadan. Ce soir-là, après une longue conférence avec ses associés, Jésus les surprit tous en annonçant que, le lendemain matin, il partirait de bonne heure pour Jérusalem avec les douze apôtres pour assister à la fête des Tabernacles. Il ordonna aux évangélistes de visiter les croyants en Galilée, et au groupe féminin de retourner pour un certain temps à Bethsaïde. 161:0.2 Quand arriva l’heure du départ pour Jérusalem, Nathanael et Thomas étaient encore au milieu de leurs discussions avec Rodan d’Alexandrie ; ils obtinrent du Maitre la permission de rester quelques jours de plus à Magadan. Ainsi, pendant que Jésus et les dix faisaient route vers Jérusalem, Nathanael et Thomas étaient engagés dans de sérieuses discussions avec Rodan. La semaine précédente au cours de laquelle Rodan avait exposé sa philosophie, Thomas et Nathanael avaient, tour à tour, présenté l’évangile du royaume au philosophe grec. Rodan constata que les enseignements de Jésus lui avaient été bien exposés par son professeur d’Alexandrie, l’un des anciens apôtres de Jean le Baptiste. 1. La personnalité de Dieu 161:1.1 Il y avait une question sur laquelle Rodan et les deux apôtres divergeaient, et c’était la personnalité de Dieu. Rodan acceptait volontiers tout ce qu’on lui présentait au sujet des attributs de Dieu, mais il soutenait que le Père qui est aux cieux n’est pas et ne peut pas être une personne au sens où les hommes conçoivent la personnalité. Quand les apôtres essayèrent de lui prouver que Dieu est une personne, ils se trouvèrent en difficulté ; mais Rodan trouva encore plus difficile de prouver que Dieu n’est pas une personne. 161:1.2 Rodan soutint que le fait de la personnalité consiste dans le fait simultané que des êtres capables de se comprendre sympathiquement communiquent pleinement et mutuellement sur un pied d’égalité. Rodan dit : « Pour que Dieu soit une personne, il faudrait qu’il ait des symboles de communication spirituelle lui permettant d’être pleinement compris par ceux qui entrent en contact avec lui. Or, puisque Dieu est infini et éternel, et qu’il est le Créateur de tous les autres êtres, il s’ensuit qu’en ce qui concerne des êtres égaux, Dieu est seul dans l’univers. Nul ne lui est égal ; il ne peut communiquer avec personne comme un égal. Dieu est peut-être la source de toute personnalité, mais à ce titre il transcende la personnalité, de même que le Créateur se situe au-dessus et au-delà de la créature. » 161:1.3 Ce démêlé avait beaucoup troublé Thomas et Nathanael, et ils avaient demandé à Jésus de venir à leur aide, mais le Maitre refusa d’entrer dans la discussion. Toutefois, il dit à Thomas : « Peu importe l’idée que tu peux te faire du Père, pourvu que tu connaisses spirituellement l’idéal de sa nature infinie et éternelle. » 161:1.4 Thomas soutint que Dieu communique bien avec les hommes et qu’en conséquence, le Père est une personne, même selon la définition de Rodan. Le philosophe grec le contesta en arguant que Dieu ne se révèle pas personnellement et qu’il reste un mystère. Alors, Nathanael fit appel à sa propre expérience personnelle avec Dieu, et cela Rodan l’admit, en affirmant qu’il avait eu récemment des expériences semblables, mais il soutint que ces expériences prouvaient seulement la réalité de Dieu et non sa personnalité. 161:1.5 Le lundi soir, Thomas renonça à le convaincre, mais, le mardi soir, Nathanael avait amené Rodan à croire à la personnalité du Père. Il obtint ce changement dans les opinions du Grec par les étapes de raisonnement suivantes admettant que : 161:1.6 1. Le Père du Paradis jouit d’une égalité de communication avec au moins deux autres êtres qui lui sont pleinement égaux et semblables – le Fils Éternel et l’Esprit Infini. Compte tenu de la doctrine de la Trinité, le Grec fut obligé de concéder que le Père Universel pouvait avoir une personnalité. (Ce fut l’étude ultérieure de ces discussions qui conduisit à la conception élargie de la Trinité dans le mental des douze apôtres. Bien entendu, la croyance générale identifiait Jésus avec le Fils Éternel.) 161:1.7 2. Puisque Jésus était égal au Père, et puisque ce Fils était parvenu à manifester la personnalité à ses enfants terrestres, un tel phénomène constituait la preuve du fait, et la démonstration de la possibilité, que les trois Divinités possédaient une personnalité. En même temps, il réglait définitivement la question concernant l’aptitude de Dieu à communiquer avec les hommes et la possibilité pour les hommes de communiquer avec Dieu. 161:1.8 3. Jésus était en termes d’association mutuelle et de parfaite communication avec l’homme ; Jésus était le Fils de Dieu. La relation entre le Père et le Fils présuppose une égalité de communication et une compréhension sympathique mutuelle ; Jésus et le Père ne faisaient qu’un. Jésus maintenait simultanément des communications compréhensives à la fois avec Dieu et avec l’homme. Puisque Dieu et l’homme saisissaient tous deux le sens des symboles des communications de Jésus, Dieu et l’homme possédaient tous deux les attributs de la personnalité en ce qui concernait l’aptitude à intercommuniquer. La personnalité de Jésus démontrait la personnalité de Dieu tout en apportant la preuve décisive de la présence de Dieu en l’homme. Deux choses reliées à une même troisième sont reliées entre elles. 161:1.9 4. La personnalité représente pour l’homme le concept le plus élevé de la réalité humaine et des valeurs divines ; Dieu représente également pour l’homme le concept le plus élevé de la réalité divine et des valeurs infinies ; Dieu doit donc être une personnalité divine et infinie, mais bien réelle, quoique transcendant infiniment la conception et la définition humaines de la personnalité ; il reste néanmoins toujours et universellement une personnalité. 161:1.10 5. Dieu doit être une personnalité puisqu’il est le Créateur de toute personnalité et la destinée de toute personnalité. L’enseignement de Jésus : « Soyez donc parfaits, comme votre Père qui est aux cieux est parfait » avait prodigieusement influencé Rodan. 161:1.11 Après avoir entendu ces arguments, Rodan dit : « Je suis convaincu. Je professerai que Dieu est une personne si, en professant cette croyance, vous me permettez de nuancer ma profession d’une telle croyance en attachant au sens de personnalité un ensemble de valeurs plus larges, telles que suprahumaine, transcendante, suprême, infinie, éternelle, finale et universelle. Je suis désormais convaincu que Dieu doit être infiniment plus qu’une personnalité, mais qu’il ne peut rien être de moins. Je suis d’accord pour mettre fin à la discussion et pour accepter Jésus en tant que révélation personnelle du Père ; et en tant que celui qui comble toutes les lacunes de la logique, de la raison et de la philosophie. » 2. La nature divine de Jésus 161:2.1 Nathanael et Thomas ayant pleinement approuvé les points de vue de Rodan sur l’évangile du royaume, il ne restait plus qu’un seul point à examiner, celui de l’enseignement concernant la nature divine de Jésus ; cette doctrine venait seulement d’être divulguée publiquement. Nathanael et Thomas présentèrent conjointement leurs points de vue sur la nature divine du Maitre, et l’exposé ci-dessous est une présentation résumée, réarrangée et reformulée de leur enseignement : 161:2.2 1. Jésus a reconnu sa divinité, et nous le croyons. Beaucoup d’évènements remarquables survenus en liaison avec son ministère ne sont compréhensibles que si l’on croit qu’il est le Fils de Dieu aussi bien que le Fils de l’Homme. 161:2.3 2. Son association quotidienne avec nous donne l’exemple d’une amitié humaine idéale ; seul un être divin peut être un pareil ami humain. Il est la personne la plus sincèrement désintéressée que nous ayons jamais connue. Il est même l’ami des pécheurs, et il ose aimer ses ennemis. Il est très loyal envers nous. Alors qu’il n’hésite pas à nous faire des reproches, il est évident pour nous tous qu’il nous aime vraiment. Mieux on le connait, plus on l’aime. On est charmé par son inébranlable dévouement. Durant toutes ces années où nous n’avons pas réussi à comprendre sa mission, il est resté un ami fidèle. Il n’emploie pas la flatterie ; il traite chacun de nous avec la même gentillesse ; il est invariablement tendre et compatissant. Il a partagé avec nous sa vie et toutes choses. Nous formons une communauté heureuse ; nous mettons tout en commun. Nous ne croyons pas qu’un simple humain puisse vivre une vie aussi exemplaire dans des circonstances aussi éprouvantes. 161:2.4 3. Nous pensons que Jésus est divin parce qu’il ne fait jamais de mal ; il ne commet pas d’erreurs. Sa sagesse est extraordinaire et sa piété magnifique. Il vit chaque jour en parfait accord avec la volonté du Père. Il ne se repent jamais d’avoir mal fait, parce qu’il ne transgresse aucune des lois du Père. Il prie pour nous et avec nous, mais jamais il ne nous demande de prier pour lui. Nous croyons qu’il est constamment exempt de péché. Nous ne croyons pas qu’une personne uniquement humaine ait jamais déclaré mener une vie semblable. Il prétend vivre une vie parfaite, et nous reconnaissons qu’il le fait. Notre piété provient de la repentance, mais la sienne provient de la droiture. Il déclare même pardonner les péchés, et il guérit bel et bien les maladies. Nul homme sain d’esprit ne déclarerait qu’il pardonne les péchés, car c’est une prérogative divine. Dès notre premier contact avec lui, il nous a paru parfait dans sa droiture. Nous croissons en grâce et en connaissance de la vérité, mais notre Maitre manifeste la maturité de la droiture depuis le commencement. Tous les hommes, bons ou mauvais, reconnaissent ces éléments de bonté chez Jésus. Cependant sa piété n’est jamais importune ni ostentatoire. Il est à la fois débonnaire et intrépide. Il parait approuver notre croyance en sa divinité. Ou bien il est ce qu’il prétend être, ou bien il est le plus grand hypocrite et mystificateur que le monde ait jamais connu. Nous sommes persuadés qu’il est exactement ce qu’il prétend être. 161:2.5 4. Son caractère exceptionnel et la perfection de son contrôle émotif nous convainquent qu’il est une combinaison d’humanité et de divinité. Il réagit infailliblement au spectacle de la misère humaine. Les souffrances ne manquent jamais de l’émouvoir. Sa compassion est soulevée aussi bien par les souffrances physiques que par l’anxiété mentale ou les chagrins spirituels. Il reconnait vite et généreusement la présence de la foi ou de toute autre grâce chez ses contemporains. Il est tellement juste et équitable en même temps que miséricordieux et prévenant. Il s’attriste de voir l’obstination spirituelle des gens, et se réjouit quand ils consentent à ouvrir les yeux à la lumière de la vérité. 161:2.6 5. Il parait connaitre les pensées du mental des hommes et comprendre les désirs de leur cœur. Il est toujours compatissant envers nos esprits troublés. Il parait être pourvu de toutes nos émotions humaines, mais magnifiquement glorifiées. Il aime ardemment la bonté et déteste tout aussi énergiquement le péché. Il possède une conscience suprahumaine de la présence de la Déité. Il prie comme un homme, mais agit comme un Dieu. Il parait connaitre les choses d’avance ; dès maintenant, il ose même parler de sa mort avec une référence mystique à sa future glorification. Il est aimable, mais il est également brave et courageux. Il ne chancèle jamais en faisant son devoir. 161:2.7 6. Nous sommes constamment impressionnés par le phénomène de sa connaissance suprahumaine. Il ne s’écoule guère de journée sans qu’un incident vienne révéler que le Maitre sait ce qui se passe hors de sa présence immédiate. Il parait également savoir ce que pensent ses associés. Il est indubitablement en communion avec des personnalités célestes. Il vit incontestablement sur un plan spirituel qui transcende de loin le nôtre. Tout parait accessible à son entendement exceptionnel. Il nous pose des questions pour nous forcer à nous exprimer, et non pour se renseigner. 161:2.8 7. Depuis peu, le Maitre n’hésite pas à affirmer sa nature suprahumaine. Depuis le jour de notre ordination comme apôtres jusqu’à une époque toute récente, il n’a jamais nié qu’il venait du Père céleste. Il parle avec l’autorité d’un instructeur divin. Le Maitre n’hésite pas à réfuter les enseignements religieux du temps présent et à proclamer le nouvel évangile avec une autorité positive. Il est affirmatif, positif et plein d’autorité. Même Jean le Baptiste déclara que Jésus était le Fils de Dieu quand il l’eut entendu parler. Le Maitre parait se suffire à lui-même. Il ne recherche pas l’appui de la foule ; il est indifférent à l’opinion des hommes. Il est courageux et cependant totalement dépourvu d’orgueil. 161:2.9 8. Il parle constamment de Dieu comme d’un associé toujours présent dans tout ce qu’il fait. Il circule en faisant du bien, car Dieu parait être en lui. Il émet les affirmations les plus étonnantes sur lui-même et sa mission sur terre ; elles seraient absurdes s’il n’était pas divin. Il a une fois déclaré : « Avant qu’Abraham fût, Je suis. » Il a nettement prétendu à la divinité, il déclare être associé à Dieu. Il épuise presque entièrement les ressources du langage dans la réitération de ses droits d’association intime avec le Père céleste. Il ose même affirmer que lui et le Père ne font qu’un. Il dit que quiconque l’a vu a vu le Père. Et il dit et fait toutes ces choses extraordinaires avec le naturel d’un enfant. Il fait allusion à son association avec le Père de la même manière qu’il parle de son association avec nous. Il parait tellement sûr de Dieu et il parle de ces rapports d’une façon toute naturelle. 161:2.10 9. Dans sa vie de prière, Jésus parait communiquer directement avec le Père. Nous l’avons rarement entendu prier, mais le peu que nous avons entendu laisse croire qu’il parle à Dieu pour ainsi dire face à face. Il semble connaitre l’avenir aussi bien que le passé. Il ne pourrait être tout cela ni faire toutes ces choses extraordinaires à moins qu’il ne fût quelque chose de plus qu’humain. Nous savons qu’il est humain, nous en sommes surs, mais nous sommes presque aussi certains qu’il est également divin. Nous croyons qu’il est divin. Nous sommes convaincus qu’il est le Fils de l’Homme et le Fils de Dieu. 161:2.11 Quand Nathanael et Thomas eurent terminé leurs entretiens avec Rodan, ils partirent en hâte rejoindre leurs compagnons à Jérusalem, où ils arrivèrent le vendredi de la même semaine. L’épisode avait été une grande expérience dans la vie de ces trois croyants ; il fut très instructif pour les autres apôtres lorsque Nathanael et Thomas leur relatèrent ces expériences. 161:2.12 Rodan retourna à Alexandrie, où il enseigna longtemps sa philosophie à l’école de Méganta. Il devint ultérieurement un homme puissant dans les affaires du royaume des cieux. Jusqu’à la fin de sa carrière terrestre, il fut un fidèle croyant. Il rendit l’âme en Grèce avec d’autres croyants, au plus fort des persécutions. 3. Le mental humain et le mental divin de Jésus 161:3.1 La conscience de sa divinité se développa graduellement dans le mental de Jésus jusqu’à l’épisode de son baptême. Après avoir pleinement pris conscience de sa nature divine, de son existence préhumaine et de ses prérogatives universelles, il parut posséder le pouvoir de délimiter diversement sa conscience humaine de sa divinité. Pour nous, les médians, il semble qu’entre son baptême et sa crucifixion, Jésus eut entièrement le choix de dépendre uniquement de son mental humain ou d’utiliser la connaissance à la fois du mental humain et du mental divin. Parfois, il paraissait se servir uniquement des informations contenues dans l’intellect humain. En d’autres occasions, il paraissait agir avec une plénitude de connaissance et de sagesse que seule l’utilisation du contenu suprahumain de sa conscience divine pouvait lui procurer. 161:3.2 Nous ne pouvons comprendre ses exploits exceptionnels qu’en acceptant la théorie qu’il pouvait, à volonté, limiter lui-même sa conscience divine. Nous savons parfaitement qu’il cachait souvent à ses associés sa prescience des évènements, et qu’il était au courant de la nature de leurs pensées et de leurs projets. Nous comprenons qu’il ne voulait pas que ses disciples connaissent trop bien son aptitude à discerner leurs pensées et à pénétrer leurs plans. Il ne désirait pas transcender trop les conceptions humaines telles qu’elles étaient conçues dans le mental de ses apôtres et de ses disciples. 161:3.3 Nous sommes tout à fait incapables d’établir la différence entre la pratique de Jésus limitant lui-même sa conscience divine, et sa technique pour dissimuler à ses associés humains sa prescience des faits et sa perception des pensées. Nous sommes convaincus qu’il utilisait les deux techniques, mais nous ne sommes toujours pas capables de spécifier, dans un cas particulier, la méthode qu’il a pu employer. Nous l’avons fréquemment vu agir uniquement avec le contenu humain de sa conscience ; à d’autres moments, nous l’avons vu en conférence avec les directeurs des armées célestes de l’univers, et nous avons discerné le fonctionnement indubitable de son mental divin. Enfin, en d’innombrables occasions, nous avons vu opérer sa personnalité conjuguée d’homme et de Dieu, animée par l’union apparemment parfaite de son mental humain et de son mental divin. Notre connaissance de ce phénomène se limite là ; en réalité, nous ne savons pas toute la vérité sur ce mystère. FASCICULE 162. À la fête des Tabernacles 162:0.1 Pour aller à Jérusalem avec les dix apôtres, Jésus décida de passer par la Samarie parce que c’était le chemin le plus court. En conséquence, ils suivirent la côte orientale du lac et entrèrent en Samarie par Scythopolis. À la tombée de la nuit, Jésus envoya Philippe et Matthieu à un village situé sur les contreforts orientaux du Mont Gilboa, pour assurer le logement du groupe. Il arriva que ces villageois avaient, contre les Juifs, de forts préjugés, plus forts même que la généralité des Samaritains, et ces sentiments se trouvaient exacerbés à ce moment-là, où tant de personnes se rendaient à la fête des Tabernacles. Ces gens savaient très peu de choses concernant Jésus ; ils refusèrent de le loger, parce que lui et ses associés étaient des Juifs. Lorsque Matthieu et Philippe manifestèrent leur indignation et informèrent ces Samaritains qu’ils refusaient l’hospitalité au Saint d’Israël, les villageois furieux les chassèrent de leur agglomération à coups de pierres et de bâtons. 162:0.2 Philippe et Matthieu revinrent auprès de leurs compagnons et racontèrent comment ils avaient été chassés du village. Alors, Jacques et Jean s’avancèrent vers Jésus et lui dirent : « Maitre, nous te prions de nous permettre d’appeler le feu du ciel pour qu’il descende dévorer ces Samaritains insolents et impénitents. » Lorsque Jésus entendit ces paroles de vengeance, il se tourna vivement vers les fils de Zébédée et les réprimanda sévèrement : « Vous n’êtes pas conscients du genre d’attitude que vous manifestez. La vengeance n’a rien de commun avec le royaume des cieux. Plutôt que de contester, allons jusqu’au petit village proche du gué du Jourdain. » Ainsi, à cause de leurs préjugés sectaires, ces Samaritains se privèrent de l’honneur d’héberger le Fils Créateur d’un univers. 162:0.3 Jésus et les dix s’arrêtèrent pour la nuit au village proche du gué du Jourdain. Le lendemain matin de bonne heure, ils traversèrent la rivière et poursuivirent leur chemin vers Jérusalem par la grande route de la rive gauche du Jourdain ; ils arrivèrent à Béthanie tard dans la soirée du mercredi. Thomas et Nathanael, retardés par leurs entretiens avec Rodan, les rejoignirent le vendredi. 162:0.4 Jésus et les douze restèrent aux environs de Jérusalem jusqu’à la fin du mois suivant, le mois d’octobre, environ quatre semaines et demie. Jésus lui-même n’entra que rarement dans la ville, et ces brèves visites eurent lieu durant la fête des Tabernacles. Il passa une grande partie du mois d’octobre à Bethléem, avec Abner et ses associés. 1. Les dangers de la visite à Jérusalem 162:1.1 Longtemps avant leur fuite de Galilée, les disciples de Jésus l’avaient supplié d’aller proclamer l’évangile du royaume à Jérusalem, afin de conférer à son message le prestige d’avoir été prêché au centre de la culture et de l’érudition juives, mais, maintenant qu’il était effectivement venu pour enseigner à Jérusalem, ils craignaient pour sa vie. Sachant que le sanhédrin avait cherché à emmener Jésus à Jérusalem pour le juger, et se rappelant les déclarations récemment réitérées du Maitre qu’il serait mis à mort, les apôtres avaient été littéralement frappés de stupeur par sa soudaine décision d’assister à la fête des Tabernacles. À toutes leurs supplications antérieures d’aller à Jérusalem, Jésus avait répondu : « L’heure n’est pas encore venue. » Maintenant, devant leurs protestations craintives, il se bornait à répondre : « Mais l’heure est venue. » 162:1.2 Durant la fête des Tabernacles, Jésus se rendit audacieusement à Jérusalem en plusieurs occasions et enseigna publiquement dans le temple. Il fit cela malgré les efforts de ses apôtres pour l’en dissuader. Après l’avoir longtemps pressé de proclamer son message à Jérusalem, ils craignaient maintenant de le voir pénétrer dans la ville en ce moment, sachant bien que les scribes et les pharisiens cherchaient à le faire périr. 162:1.3 L’audacieuse apparition de Jésus à Jérusalem confondit plus que jamais ses disciples. Beaucoup d’entre eux, et même l’apôtre, Judas Iscariot, avaient osé penser que Jésus s’était précipitamment enfui en Phénicie par peur des dirigeants juifs et d’Hérode Antipas. Ils ne comprenaient pas la signification des déplacements du Maitre. Sa présence à Jérusalem à la fête des Tabernacles, contre l’avis même de ses disciples, suffit à mettre définitivement fin à toutes les rumeurs de peur et de lâcheté. 162:1.4 Durant la fête des Tabernacles, des milliers de croyants, venus de toutes les parties de l’empire romain, virent Jésus et l’entendirent prêcher ; beaucoup d’entre eux allèrent même jusqu’à Béthanie pour s’entretenir avec lui des progrès du royaume dans les districts où ils habitaient. 162:1.5 Il y avait bien des raisons pour que Jésus ait pu prêcher publiquement dans les cours du temple durant toutes les journées de la fête ; la principale était la peur qui avait gagné les dirigeants du sanhédrin, par suite d’une secrète division de sentiments dans leurs propres rangs. De fait, beaucoup d’entre eux croyaient secrètement en Jésus, ou étaient fermement opposés à son arrestation durant la fête, pendant que Jérusalem hébergeait un si grand nombre de visiteurs, dont beaucoup croyaient en lui, ou tout au moins sympathisaient avec le mouvement spirituel qu’il parrainait. 162:1.6 Les efforts d’Abner et de ses associés dans toute la Judée avaient également beaucoup contribué à consolider un sentiment favorable au royaume, au point que les ennemis de Jésus n’osaient pas manifester trop ouvertement leur opposition. Ce fut l’une des raisons pour lesquelles Jésus put se montrer publiquement à Jérusalem et en sortir vivant. Un ou deux mois plus tôt, il aurait certainement été mis à mort. 162:1.7 L’intrépidité de Jésus, se montrant publiquement à Jérusalem, intimida ses ennemis ; ils n’étaient pas préparés à un défi aussi audacieux. Plusieurs fois durant ce mois, le sanhédrin fit de faibles tentatives pour le faire arrêter, mais ces efforts n’aboutirent à rien. Les ennemis de Jésus furent tellement déconcertés par son apparition inattendue en public, à Jérusalem, qu’ils supposèrent que les autorités romaines lui avaient promis leur protection. Sachant que Philippe (le frère d’Hérode Antipas) était presque un disciple de Jésus, les membres du sanhédrin spéculèrent que Philippe avait obtenu pour Jésus des promesses de protection contre ses ennemis. Avant qu’ils se fussent rendu compte de l’erreur qu’ils commettaient en croyant que sa soudaine et audacieuse apparition à Jérusalem résultait d’une entente secrète avec les fonctionnaires romains, Jésus était déjà sorti du domaine de leur juridiction. 162:1.8 Seuls les douze apôtres avaient su que Jésus se proposait d’assister à la fête des Tabernacles en partant de Magadan. Les autres disciples du Maitre furent très étonnés de le voir apparaitre dans les cours du temple et commencer à y enseigner publiquement. Quant aux autorités juives, elles furent surprises au-delà de toute expression lorsqu’elles apprirent qu’il enseignait dans le temple. 162:1.9 Bien que les disciples de Jésus ne se soient pas attendus à le voir assister à la fête, la grande majorité des pèlerins venant de loin, et qui avait entendu parler de lui, entretenait l’espoir de le voir à Jérusalem. Ils ne furent pas déçus, car en plusieurs occasions il enseigna sous le porche de Salomon et ailleurs dans les cours du temple. En réalité, ces enseignements furent la proclamation officielle et formelle de la divinité de Jésus au peuple juif et au monde entier. 162:1.10 L’opinion était divisée chez les multitudes qui écoutaient les enseignements du Maitre. Certains disaient qu’il était un homme de bien ; certains le prenaient pour un prophète ; certains affirmaient qu’il était vraiment le Messie ; d’autres le qualifiaient d’intrigant malfaisant en disant qu’il égarait le peuple avec ses doctrines étranges. Ses ennemis hésitaient à l’accuser ouvertement, par crainte de ses partisans, tandis que ses amis hésitaient à le reconnaitre ouvertement, par crainte des dirigeants juifs, et sachant que le sanhédrin était résolu à le mettre à mort. Mais ses ennemis eux-mêmes s’émerveillaient de son enseignement, sachant qu’il n’avait pas été instruit dans les écoles des rabbins. 162:1.11 Chaque fois que Jésus allait à Jérusalem, ses apôtres étaient remplis de terreur. De jour en jour, ils étaient plus effrayés en observant l’audace croissante de ses déclarations sur la nature de sa mission sur terre. Ils n’étaient pas habitués à entendre Jésus émettre des prétentions aussi péremptoires et des affirmations aussi surprenantes, même quand il prêchait parmi ses amis. 2. La première discussion au temple 162:2.1 Le premier après-midi où Jésus enseigna dans le temple, une foule considérable était assise et écoutait ses paroles dépeignant la liberté du nouvel évangile et la joie de ceux qui croient à sa bonne nouvelle, quand un auditeur curieux l’interrompit pour demander : « Maitre, comment se fait-il que tu puisses si facilement citer les Écritures et enseigner le peuple alors qu’on me dit que tu n’as pas été instruit dans la science des rabbins ? » Jésus répondit : « Nul homme ne m’a enseigné les vérités que je vous proclame. Cet enseignement ne vient pas de moi, mais de Celui qui m’a envoyé. Si un homme désire réellement faire la volonté de mon Père, il saura certainement si mon enseignement vient de Dieu ou si je parle de moi-même. Quiconque parle de lui-même cherche sa propre gloire, mais, quand je proclame les paroles du Père, je recherche la gloire de celui qui m’a envoyé. Avant d’essayer d’entrer dans la nouvelle lumière, ne devriez-vous pas plutôt suivre la lumière dont vous disposez déjà ? Moïse vous a donné la loi et, cependant, combien d’entre vous cherchent honnêtement à satisfaire ses exigences ? Dans cette loi, Moïse vous enjoint : ‘Tu ne tueras pas’ ; or, malgré ce commandement, certains d’entre vous cherchent à tuer le Fils de l’Homme. » 162:2.2 En entendant ces paroles, les auditeurs commencèrent à se disputer entre eux. Certains disaient que Jésus était fou, et certains qu’il était possédé par un démon. D’autres disaient qu’il était en vérité le prophète de Galilée que les scribes et les pharisiens cherchaient depuis longtemps à tuer. Certains disaient que les autorités religieuses avaient peur de le molester ; d’autres pensaient que les chefs ne s’étaient pas emparés de lui parce qu’ils s’étaient mis à croire en lui. Après une discussion prolongée, un membre de la foule s’avança et demanda à Jésus : « Pourquoi les chefs cherchent-ils à te tuer ? » Et Jésus répondit : « Les dirigeants cherchent à me tuer parce qu’ils s’irritent de mon enseignement sur la bonne nouvelle du royaume, un évangile qui libère les hommes des pesantes traditions de la religion de cérémonies conventionnelles que ces éducateurs sont décidés à maintenir à tout prix. Ils pratiquent la circoncision conformément à la loi, le jour du sabbat, mais ils voudraient me tuer parce qu’une fois, le jour du sabbat, j’ai libéré un homme qui était esclave d’une affliction. Ils me suivent le jour du sabbat pour m’espionner, mais ils voudraient me tuer parce qu’en une autre occasion, j’ai décidé de guérir complètement, un jour de sabbat, un homme atteint d’une grave infirmité. Ils cherchent à me tuer parce qu’ils savent bien que, si vous croyez honnêtement à mon enseignement et si vous osez l’accepter, leur système de religion traditionnelle sera renversé et détruit pour toujours. Ainsi, seront-ils privés d’autorité sur l’objet auquel ils ont consacré leur vie dès lors qu’ils refusent fermement d’accepter ce nouvel et plus glorieux évangile du royaume de Dieu. Et, maintenant, je fais appel à chacun de vous : Ne jugez pas d’après les apparences extérieures, mais plutôt selon le véritable esprit de ces enseignements ; jugez avec droiture. » 162:2.3 Ensuite un autre investigateur dit : « Oui, Maitre, nous recherchons le Messie, mais, quand il viendra, nous savons qu’il apparaitra dans le mystère. Or, nous savons d’où tu viens. Tu as été parmi tes frères depuis le commencement. Le libérateur viendra en puissance pour rétablir le trône du royaume de David. Prétends-tu réellement être le Messie ? » Jésus répondit : « Tu prétends me connaitre et savoir d’où je viens. Je souhaiterais que tes prétentions soient exactes, car alors tu trouverais dans cette connaissance une vie abondante. Mais je déclare que je ne suis pas venu vers vous pour moi-même. J’ai été envoyé par le Père, et celui qui m’a envoyé est vrai et fidèle. En refusant de m’entendre, vous refusez de recevoir Celui qui m’envoie. Et vous, si vous voulez accepter ce message, vous apprendrez à connaitre Celui qui m’a envoyé. Je connais le Père, car je suis venu du Père pour vous le proclamer et vous le révéler. » 162:2.4 Les agents des scribes voulaient mettre la main sur lui, mais ils craignaient la foule, car beaucoup croyaient en lui. L’œuvre de Jésus depuis son baptême était désormais bien connue de toute la société juive. En parlant de ce sujet, bien des Juifs se disaient entre eux : « Même si cet instructeur vient de Galilée, et même s’il ne répond pas à toute notre attente du Messie, nous nous demandons si, lors de sa venue, le libérateur fera réellement quelque chose de plus merveilleux que l’œuvre déjà accomplie par ce Jésus de Nazareth. » 162:2.5 Quand les pharisiens et leurs agents entendirent la foule parler de la sorte, ils consultèrent leurs dirigeants et décidèrent qu’il fallait immédiatement faire quelque chose pour mettre fin aux interventions publiques de Jésus dans les cours du temple. En général, les dirigeants des Juifs étaient disposés à éviter un conflit ouvert avec Jésus, car ils croyaient que les autorités romaines lui avaient promis l’immunité. Ils ne trouvaient pas d’autre explication à son audace de venir à cette époque à Jérusalem, mais les dirigeants du sanhédrin ne croyaient pas entièrement à cette rumeur. En raisonnant, ils estimaient que les chefs romains n’auraient pas fait une pareille chose en secret et à l’insu des plus hautes autorités de la nation juive. 162:2.6 En conséquence, Éber, l’agent qualifié du sanhédrin, fut dépêché avec deux assistants pour arrêter Jésus. Tandis qu’Éber se frayait un chemin jusqu’à Jésus, le Maitre dit : « Ne crains pas de m’approcher. Viens écouter de plus près mon enseignement. Je sais que tu as été envoyé pour m’appréhender, mais tu devrais comprendre que rien de fâcheux n’arrivera au Fils de l’Homme avant que son heure ne soit venue. Tu n’es pas dressé contre moi ; tu viens seulement exécuter l’ordre de tes maitres, et même ces chefs des Juifs croient véritablement servir Dieu lorsqu’ils cherchent en secret à me détruire. 162:2.7 « Je n’ai de rancune contre aucun de vous. Le Père vous aime, et c’est pourquoi j’aspire à votre délivrance de l’esclavage des préjugés et des ténèbres de la tradition. Je vous offre la liberté de la vie et la joie du salut. Je proclame le nouveau chemin vivant, la délivrance du mal et la rupture de la servitude du péché. Je suis venu pour que vous puissiez avoir la vie, et l’avoir éternellement. Vous cherchez à vous débarrasser de moi et de mes enseignements qui vous inquiètent. Puissiez-vous comprendre que je ne resterai pas longtemps avec vous ! D’ici peu, je retournerai vers Celui qui m’a envoyé dans ce monde. Alors, beaucoup d’entre vous me chercheront assidument, mais vous ne découvrirez pas ma présence, car vous ne pouvez venir là où je vais bientôt aller. Cependant, tous ceux qui me chercheront sincèrement atteindront un jour la vie qui conduit à la présence de mon Père. » 162:2.8 Quelques railleurs se dirent entre eux : « Où donc ira cet homme pour que nous ne puissions le trouver ? Ira-t-il vivre parmi les Grecs ? Se suicidera-t-il ? Que peut-il vouloir dire en déclarant qu’il nous quittera bientôt et que nous ne pourrons aller là où il ira ? » 162:2.9 Éber et ses assistants refusèrent d’arrêter Jésus et retournèrent au rendez-vous sans lui. Lorsque les chefs religieux et les pharisiens leur reprochèrent de n’avoir pas ramené Jésus, Éber se borna donc à répondre : « Nous avons craint de l’arrêter au milieu de la foule où beaucoup d’auditeurs croient en lui. En outre, nous n’avons jamais entendu personne parler comme lui. Il y a quelque chose qui sort de l’ordinaire chez cet instructeur. Vous feriez tous bien d’aller l’écouter. » Lorsque les principaux dirigeants entendirent cette réponse, ils furent étonnés et parlèrent sarcastiquement à Éber. « Es-tu égaré toi aussi ? Vas-tu croire à ce fourbe ? As-tu entendu dire qu’aucun de nos érudits ou de nos dirigeants ait cru en lui ? Y a-t-il eu des scribes ou des pharisiens trompés par son habile enseignement ? Comment se fait-il que tu sois influencé par le comportement de cette foule ignorante qui ne connait ni la Loi ni les Prophètes ? Ne sais-tu pas que ces illettrés sont maudits ? » Alors, Éber répondit : « C’est entendu, mes maitres, mais cet homme adresse à la multitude des paroles de miséricorde et d’espérance. Il remonte le moral des découragés, et ses paroles ont même réconforté nos âmes. Que peut-il y avoir de mauvais dans ces enseignements, même s’il n’est pas le Messie des Écritures ? Et même alors, notre loi n’exige-t-elle pas l’équité ? Condamnons-nous un homme avant de l’avoir entendu ? » Le chef du sanhédrin se mit en colère contre Éber et se tourna vivement vers lui en disant : « Es-tu devenu fou ? Serais-tu aussi par hasard originaire de Galilée ? Sonde les Écritures ; tu verras que de Galilée il ne peut surgir aucun prophète, et encore bien moins le Messie. » 162:2.10 Le sanhédrin se sépara dans la confusion et Jésus se retira à Béthanie pour la nuit. 3. La femme surprise en adultère 162:3.1 Ce fut durant cette visite à Jérusalem que Jésus s’occupa du cas d’une femme de mauvaise réputation, amenée en sa présence par les accusateurs de cette femme et par des ennemis du Maitre. Le récit déformé que vous possédez de cet épisode laisse entendre que cette femme avait été amenée devant Jésus par les scribes et les pharisiens, et que Jésus les traita comme s’il voulait faire ressortir que ces chefs religieux des Juifs auraient pu eux-mêmes avoir été coupables d’immoralité. Or, Jésus savait bien que ces scribes et ces pharisiens étaient bien spirituellement aveugles et intellectuellement remplis de préjugés par leur fidélité à la tradition, mais qu’ils devaient être comptés parmi les hommes les plus complètement moraux de cette époque et de cette génération. 162:3.2 Voici, en réalité, comment les choses se sont passées. De bonne heure le troisième matin de la fête, tandis que Jésus approchait du temple, vint à sa rencontre un groupe de mercenaires du sanhédrin qui trainaient avec eux une femme. Lorsqu’ils croisèrent Jésus, le porte-parole du groupe dit : « Maitre, cette femme a été surprise en adultère – en flagrant délit. Or, la loi de Moïse ordonne qu’une telle femme soit lapidée. D’après toi, que devons-nous faire d’elle ? » 162:3.3 Le plan des ennemis de Jésus était le suivant : S’il entérinait la loi de Moïse ordonnant que la pécheresse se reconnaissant coupable soit lapidée, ils impliqueraient le Maitre dans des difficultés avec les dirigeants romains, qui avaient refusé aux Juifs le droit d’infliger la peine de mort sans l’approbation d’un tribunal romain. Si Jésus interdisait de lapider la femme, ils l’accuseraient devant le sanhédrin de se placer au-dessus de Moïse et de la loi juive. S’il gardait le silence, ils l’accuseraient de lâcheté. Mais le Maitre prit la situation en mains de telle manière que le complot s’écroula sous le propre poids de sa vilenie. 162:3.4 Cette femme, jadis avenante, était la femme d’un habitant de bas étage de Nazareth, qui avait causé des difficultés à Jésus durant toute sa jeunesse. Après avoir épousé cette femme, il la força honteusement à gagner la vie du ménage en faisant commerce de son corps. Il était venu à la fête des Tabernacles à Jérusalem pour que sa femme puisse y prostituer ses charmes physiques afin d’en tirer un profit financier. Il avait conclu un accord avec les mercenaires des dirigeants juifs pour trahir ainsi sa propre femme dans le commerce de son vice. Ces mercenaires venaient donc avec la femme et son complice dans l’adultère, afin de prendre Jésus au piège en lui faisant émettre une opinion qu’ils pourraient ensuite utiliser contre lui s’il était arrêté. 162:3.5 Promenant son regard au-dessus de l’attroupement, Jésus vit le mari debout derrière les autres. Il savait de quel genre d’homme il s’agissait et perçut qu’il était intéressé dans cette méprisable opération. Jésus commença par contourner l’attroupement pour s’approcher de ce mari dégénéré, puis il écrivit sur le sable quelques mots qui le firent partir précipitamment. Il revint ensuite devant la femme et écrivit de nouveau sur le sol un message destiné à ses prétendus accusateurs. Quand ils eurent lu les mots du Maitre, eux aussi s’en allèrent un par un. Quand le Maitre eut écrit une troisième fois sur le sable, le complice de la femme partit à son tour, de sorte qu’au moment où le Maitre se releva en ayant fini d’écrire, il ne vit plus que la femme debout et seule devant lui. Il lui dit : « Femme, où sont tes accusateurs ? N’est-il resté personne pour te lapider ? » La femme leva les yeux et répondit : « Personne, mon Seigneur. » Alors Jésus dit : « Je connais ton cas, et je ne te condamne pas non plus. Va ton chemin en paix. » Et cette femme, nommée Hildana, abandonna son mari pervers pour se joindre aux disciples du royaume. 4. La fête des tabernacles 162:4.1 La présence de gens venant de toutes les parties du monde alors connu, depuis l’Espagne jusqu’à l’Inde, faisait de la fête des Tabernacles une occasion idéale pour Jésus de proclamer publiquement, et pour la première fois à Jérusalem, la totalité de son évangile. Les participants à cette fête vivaient beaucoup au grand air, dans des cabanes de feuillages. C’était la fête de la rentrée des récoltes. Du fait qu’elle tombait pendant la fraicheur des mois d’automne, les Juifs du monde entier assistaient en plus grand nombre à cette fête qu’à la Pâque après la fin de l’hiver, ou à la Pentecôte au commencement de l’été. Les apôtres voyaient, enfin, leur Maitre proclamer audacieusement sa mission terrestre, pour ainsi dire devant le monde entier. 162:4.2 C’était la fête des fêtes, car tout sacrifice omis à d’autres festivités pouvait être offert au moment de la fête des Tabernacles. Elle était l’occasion où l’on recevait les offrandes au temple ; elle combinait les plaisirs des vacances avec les rites solennels du culte religieux. C’était une période de réjouissances raciales, mêlées de sacrifices, de chants lévitiques, où les prêtres sonnaient solennellement de leurs trompettes argentines. Le soir, le spectacle impressionnant du temple et des foules de pèlerins était brillamment éclairé par les grands candélabres qui illuminaient la cour des femmes, ainsi que par le rayonnement de dizaines de torches réparties dans les diverses cours du temple. Toute la ville était gaiement décorée, sauf la forteresse romaine d’Antonia qui, avec un contraste sinistre, dominait les scènes de festivité et de culte. Combien les Juifs haïssaient cette réminiscence toujours présente du joug romain ! 162:4.3 On sacrifiait soixante-dix bœufs durant la fête, en symbole des soixante-dix nations du monde païen. La cérémonie du versement de l’eau symbolisait l’effusion de l’esprit divin. La cérémonie de l’eau était précédée par la procession des prêtres et des lévites au lever du soleil. Les fidèles descendaient les marches conduisant de la cour d’Israël à la cour des femmes, au son de coups scandés des trompettes argentines. Ensuite, les fidèles marchaient vers la magnifique porte qui s’ouvrait sur la cour des Gentils. Là, ils faisaient demi-tour pour faire face à l’ouest, répéter leurs cantiques et continuer leur marche vers l’eau symbolique. 162:4.4 Le dernier jour de la fête, environ quatre-cent-cinquante prêtres, et un nombre correspondant de lévites, officiaient. Au lever du jour, les pèlerins affluaient de tous les quartiers de la ville. Chacun tenait, dans la main droite, une gerbe de myrte, de branches de saule et de feuilles de palmier, et, dans la main gauche, une branche de pomme du paradis, le cédrat ou « fruit défendu ». Ces pèlerins se divisaient en trois groupes pour cette cérémonie matinale. Un groupe restait au temple pour assister aux sacrifices du matin. Un autre groupe descendait de Jérusalem dans la proche vallée de Maza pour couper les branches de saule destinées à orner l’autel des sacrifices. Le troisième groupe formait une procession qui marchait derrière le prêtre préposé à l’eau, portant le vase d’or destiné à contenir l’eau symbolique. Au son des trompettes argentines, ce prêtre allait du temple, par Ophel, jusqu’à Siloé où se trouvait la porte de la source. Après remplissage du vase d’or dans la piscine de Siloé, la procession retournait au temple où elle entrait par la porte de l’eau et allait directement dans la cour des prêtres. Là, le prêtre portant le vase d’eau était rejoint par le prêtre portant le vin destiné à l’offrande de la boisson. Tous deux se rendaient ensuite aux entonnoirs d’argent se vidant au pied de l’autel, et y versaient le contenu des vases. L’exécution de ce rite de transvasement de l’eau et du vin était le signal attendu par les pèlerins assemblés pour chanter les Psaumes 113 à 118 inclus, en alternant avec les lévites. En répétant ces textes, les pèlerins faisaient onduler leurs gerbes vers l’autel. Ensuite avaient lieu les sacrifices du jour associés à la répétition du Psaume du jour. Le dernier jour de la fête, on chantait le Psaume 82 à partir du cinquième verset. 5. Le sermon sur la lumière du monde 162:5.1 Le soir de l’avant-dernier jour de la fête, tandis que la scène était brillamment éclairée par les lumières des candélabres et des torches, Jésus se leva au milieu de la foule assemblée et dit : 162:5.2 « Je suis la lumière du monde. Quiconque me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais aura la lumière de la vie. Prétendant me faire comparaitre en jugement et assumer le rôle de juges, vous déclarez que, si je témoigne pour moi-même, mon témoignage n’est pas valable. Mais la créature ne peut jamais juger le Créateur. Même si je témoigne pour moi-même, mon témoignage est éternellement vrai, car je sais d’où je suis venu, qui je suis et où je vais. Vous, qui voudriez tuer le Fils de l’Homme, vous ne savez ni d’où je suis venu, ni qui je suis, ni où je vais. Vous ne jugez que d’après les apparences de la chair ; vous ne percevez pas les réalités de l’esprit. Je ne juge personne, pas même mon ennemi implacable. Mais, si je décidais de juger, mon jugement serait juste et droit, car je ne jugerais pas seul, mais en association avec mon Père, qui m’a envoyé dans le monde et qui est la source de tout véritable jugement. Vous acceptez pour valable le témoignage de deux personnes dignes de confiance – eh bien, alors, je témoigne de ces vérités, et mon Père qui est aux cieux en témoigne également. Quand je vous ai dit cela hier, vous m’avez demandé, dans votre ignorance : ‘Où est ton Père ?’ En vérité, vous ne connaissez ni moi ni mon Père, car, si vous m’aviez connu, vous auriez aussi connu le Père. 162:5.3 « Je vous ai déjà dit que je m’en vais, et que vous me chercherez sans pouvoir me trouver, car vous ne pouvez aller là où je vais. Vous, qui voudriez rejeter cette lumière, vous êtes d’en bas ; moi, je suis d’en haut. Vous, qui préférez rester dans les ténèbres, vous êtes de ce monde ; moi, je ne suis pas de ce monde, et je vis dans la lumière éternelle du Père des lumières. Vous avez tous eu d’abondantes occasions d’apprendre qui je suis, mais vous aurez encore d’autres preuves confirmant l’identité du Fils de l’Homme. Je suis la lumière de la vie ; quiconque rejette délibérément et sciemment cette lumière de salut mourra dans ses péchés. J’ai bien des choses à vous dire, mais vous êtes incapables de recevoir mes paroles. Toutefois, celui qui m’a envoyé est vrai et fidèle ; mon Père aime même ses enfants égarés. Et tout ce que mon Père a dit, moi aussi, je le proclame au monde. 162:5.4 « Quand le Fils de l’Homme sera élevé, alors vous saurez que c’est moi, et que je n’ai rien fait de moi-même, mais seulement comme le Père me l’a enseigné. Je m’adresse à vous et à vos enfants. Celui qui m’a envoyé est actuellement auprès de moi ; il ne m’a pas laissé seul, car je fais toujours ce qui plait à ses yeux. » 162:5.5 Tandis que Jésus enseignait ainsi les pèlerins dans les cours du temple, beaucoup le crurent. Et nul n’osa porter la main sur lui. 6. Le discours sur l’eau de la vie 162:6.1 Le dernier jour, le grand jour de la fête, tandis que la procession de la piscine de Siloé passait par les cours du temple, et aussitôt après que les prêtres eurent versé sur l’autel l’eau et le vin, Jésus se dressa parmi les pèlerins et dit : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et boive. J’apporte au monde cette eau de la vie venant du Père céleste. Quiconque me croit sera rempli de l’esprit que cette eau représente, car les Écritures elles-mêmes ont dit : ‘Hors de lui couleront des fleuves d’eau vivante’. Quand le Fils de l’Homme aura achevé son œuvre sur terre, l’Esprit de Vérité vivant sera répandu sur toute chair. Ceux qui recevront cet esprit ne connaitront jamais la soif spirituelle. » 162:6.2 Jésus n’interrompit pas le service pour prononcer ces paroles. Il les adressa aux fidèles aussitôt après le chant du Hallel, le répons des Psaumes accompagné de l’ondulation des branches devant l’autel. Ce chant était suivi d’une pause durant laquelle on préparait les sacrifices, et ce fut à cet instant que les pèlerins entendirent la voix fascinante du Maitre proclamer qu’il était le donneur d’eau vivante à toute âme assoiffée d’esprit. 162:6.3 À la fin de cet office matinal, Jésus continua à enseigner la multitude en disant : « N’avez-vous pas lu dans les Écritures : ‘Voici, de même que les eaux sont déversées sur la terre asséchée et répandues sur le sol assoiffé, de même je vous donnerai l’esprit de sainteté pour en asperger et en bénir vos enfants, et même les enfants de vos enfants.’ Pourquoi auriez-vous soif du ministère de l’esprit alors que vous cherchez à abreuver vos âmes des traditions humaines coulant des vases brisés des offices cérémoniels ? Le spectacle auquel vous assistez dans ce temple est la manière dont vos pères cherchèrent à symboliser l’effusion de l’esprit divin sur les enfants de la foi, et vous avez bien fait de perpétuer ces symboles jusqu’à ce jour. Mais, maintenant, cette génération a reçu la révélation du Père des esprits par l’effusion de son Fils, et l’effusion de l’esprit du Père et du Fils sur les enfants des hommes ne manquera pas de suivre. Pour quiconque a la foi, cet esprit deviendra le véritable instructeur du chemin qui conduit à la vie éternelle, aux vraies eaux de la vie du royaume des cieux sur terre et au Paradis du Père dans l’au-delà. » 162:6.4 Et Jésus continua à répondre aux questions de la foule et des pharisiens. Certains pensaient qu’il était un prophète ; certains croyaient qu’il était le Messie ; d’autres disaient qu’il ne pouvait être le Christ, puisqu’il venait de Galilée, et que le Messie devait rétablir le trône de David. On n’osait cependant pas l’arrêter. 7. Le discours sur la liberté spirituelle 162:7.1 L’après-midi du dernier jour de la fête, après que les apôtres eurent échoué dans leurs efforts pour le persuader de fuir Jérusalem, Jésus retourna au temple pour y enseigner. Trouvant un nombreux groupe de croyants assemblés au Porche de Salomon, il leur fit le discours suivant : 162:7.2 « Si mes paroles demeurent en vous, et si vous êtes disposés à faire la volonté de mon Père, alors vous êtes vraiment mes disciples. Vous connaitrez la vérité, et la vérité vous affranchira. Je sais que vous allez me répondre : Nous sommes les enfants d’Abraham et nous ne sommes esclaves de personne ; comment donc serions-nous affranchis ? Mais je ne vous parle pas de soumission extérieure à la loi de quelqu’un d’autre ; je fais allusion aux libertés de l’âme. En vérité, en vérité, je vous le dis, quiconque commet le péché est esclave du péché. Or, vous savez que l’esclave n’est pas destiné à rester éternellement dans la maison du maitre. Vous savez également que le fils demeure dans la maison de son père. Si donc le Fils vous affranchit et fait de vous des fils, vous serez vraiment libres. 162:7.3 « Je sais que vous êtes la semence d’Abraham, et cependant vos chefs cherchent à me tuer parce qu’ils n’ont pas permis à ma parole d’exercer son influence transformatrice dans leur cœur. Leurs âmes sont scellées par les préjugés et aveuglées par l’orgueil vengeur. Je vous déclare la vérité que le Père éternel me montre, tandis que ces éducateurs illusionnés cherchent uniquement à faire ce qu’ils ont appris de leurs parents terrestres. Si vous répondez qu’Abraham est votre père, alors je vous dis que, si vous étiez les enfants d’Abraham, vous accompliriez les œuvres d’Abraham. Certains d’entre vous croient à mon enseignement, mais d’autres cherchent à me détruire parce que je vous ai dit la vérité que j’ai reçue de Dieu. Mais Abraham n’a pas traité ainsi la vérité de Dieu. Je perçois que, parmi vous, certains sont décidés à accomplir les œuvres du malin. Si Dieu était votre Père, vous me connaitriez et vous aimeriez la vérité que je révèle. Ne voulez-vous pas voir que je viens du Père, que je suis envoyé par Dieu, que je n’accomplis pas cette œuvre de moi-même ? Pourquoi ne comprenez-vous pas mes paroles ? Est-ce parce que vous avez choisi de devenir les enfants du mal ? Si vous êtes enfants des ténèbres, vous ne saurez guère marcher dans la lumière de la vérité que je révèle. Les enfants du malin ne suivent que les voies de leur père, qui était un fourbe et ne défendait pas la vérité, parce qu’il arriva qu’il n’y eût plus de vérité en lui. Mais, maintenant, vient le Fils de l’Homme, parlant et vivant la vérité, et vous êtes nombreux à refuser de croire. 162:7.4 « Qui d’entre vous me convainc de péché ? Si donc je proclame et je vis la vérité que me montre le Père, pourquoi ne croyez-vous pas ? Quiconque appartient à Dieu entend avec joie les paroles de Dieu ; c’est pourquoi beaucoup d’entre vous n’entendent pas les miennes, parce que vous n’appartenez pas à Dieu. Vos maitres ont même prétendu que j’accomplis mes œuvres par la puissance du prince des démons. Un proche auditeur vient de dire que je suis possédé par un démon, que je suis un enfant du diable. Mais tous ceux d’entre vous qui traitent honnêtement avec leur âme savent fort bien que je ne suis pas un diable. Vous savez que j’honore mon Père, alors même que vous voudriez me déshonorer. Je ne cherche pas ma propre gloire, mais seulement celle de mon Père du Paradis. Et je ne vous juge pas, car il y a quelqu’un qui juge pour moi. 162:7.5 « En vérité, en vérité, je le dis à vous, qui croyez à l’évangile, si un homme garde vivante dans son cœur cette parole de vérité, il ne connaitra jamais la mort. Maintenant, juste à côté de moi, un scribe dit que cette affirmation prouve que je suis possédé par un démon, vu qu’Abraham est mort et les prophètes également. Il demande : ‘Es-tu tellement plus grand qu’Abraham et les prophètes pour oser venir ici et dire que quiconque garde ta parole ne connaitra jamais la mort ? Qui prétends-tu être pour oser proférer de tels blasphèmes ?’ Je dis à ce scribe et à tous ses pareils que, si je me glorifie moi-même, ma gloire ne vaut rien. Mais c’est le Père qui me glorifiera, le même Père que vous appelez Dieu. Mais vous n’êtes pas parvenus à connaitre ce Dieu, votre Dieu, mon Père, et je suis venu pour vous réunir, pour vous montrer comment devenir véritablement les fils de Dieu. Bien que vous ne connaissiez pas le Père, moi, je le connais véritablement. Abraham lui-même s’est réjoui de voir mon jour ; il le vit par la foi et fut heureux. » 162:7.6 Lorsque les Juifs incroyants et les agents du sanhédrin qui s’étaient rassemblés pendant ce temps entendirent ces paroles, ils déchainèrent un tumulte en criant : « Tu n’as pas cinquante ans et tu parles d’avoir vu Abraham ; tu es un enfant du diable. » Jésus ne put continuer son discours. Il dit simplement en partant : « En vérité, en vérité, je vous le dis : Avant qu’Abraham fût, je suis. » Beaucoup d’incroyants se précipitèrent à la recherche de pierres pour le lapider, et les agents du sanhédrin cherchèrent à l’arrêter, mais le Maitre se fraya rapidement un chemin par les corridors du temple et s’échappa vers un lieu de rendez-vous secret, près de Béthanie, où Marthe, Marie et Lazare l’attendaient. 8. L’entretien avec Marthe et Marie 162:8.1 Il avait été convenu que Jésus ainsi que Lazare et ses sœurs logeraient dans la maison d’un ami, tandis que les apôtres se disperseraient çà et là par petits groupes. Ces précautions avaient été prises parce que les autorités juives s’enhardissaient de nouveau et projetaient de l’arrêter. 162:8.2 Depuis des années, à chaque occasion où Jésus rendait visite à Lazare, Marthe et Marie, tous trois avaient l’habitude d’abandonner toutes leurs occupations pour écouter l’enseignement de Jésus. À la mort de ses parents, Marthe avait assumé les responsabilités du foyer, de sorte qu’en cette occasion, tandis que Lazare et Marie étaient assis aux pieds de Jésus et buvaient ses enseignements rafraichissants, Marthe préparait le repas du soir. Il faut expliquer que Marthe se laissait inutilement distraire par de nombreuses tâches futiles et qu’elle s’encombrait de beaucoup de vétilles ; son caractère était ainsi fait. 162:8.3 Tandis que Marthe s’affairait à tous ses soi-disant devoirs, elle fut troublée parce que Marie ne faisait rien pour l’aider. Elle alla donc vers Jésus et lui dit : « Maitre, cela t’est-il égal que ma sœur m’ait laissé faire seule tout le service ? Ne voudrais-tu pas lui demander de venir m’aider ? » Jésus répondit : « Marthe, Marthe, pourquoi t’agites-tu à propos de tant de choses et te laisses-tu troubler par tant de détails ? Une seule chose mérite réellement l’attention ; du moment que Marie a choisi cette part bonne et nécessaire, je ne vais pas la lui enlever. Mais quand apprendrez-vous toutes les deux à vivre comme je vous l’ai enseigné ? Servez en coopération et rafraichissez vos âmes à l’unisson. Ne pouvez-vous apprendre qu’il y a un temps pour chaque chose – que les questions secondaires de la vie doivent s’effacer devant les questions primordiales du royaume céleste ? » 9. À Bethléem avec Abner 162:9.1 Durant toute la semaine qui suivit la fête des Tabernacles, des dizaines de croyants se rassemblèrent à Béthanie et furent instruits par les douze apôtres. Le sanhédrin ne fit rien pour troubler ces réunions, parce que Jésus n’y participait pas ; durant tout ce temps, il travaillait à Bethléem avec Abner et ses associés. Le lendemain de la clôture de la fête, Jésus était reparti pour Béthanie et n’enseigna plus au temple durant cette visite à Jérusalem. 162:9.2 À cette époque, Abner avait établi son quartier général à Bethléem, d’où beaucoup de disciples avaient été envoyés dans les villes de la Judée et de la Samarie méridionale, et même à Alexandrie. Dans les quelques jours qui suivirent son arrivée, Jésus paracheva avec Abner les projets destinés à consolider l’œuvre des deux groupes d’apôtres. 162:9.3 Durant sa visite à la fête des Tabernacles, Jésus avait divisé à peu près également son temps entre Béthanie et Bethléem. À Béthanie, il passa beaucoup de temps avec ses apôtres ; à Bethléem, il instruisit longuement Abner et les autres anciens apôtres de Jean le Baptiste. Ce fut ce contact étroit qui les amena finalement à croire en lui. Ces anciens apôtres de Jean furent influencés par le courage montré par Jésus enseignant publiquement à Jérusalem et par la compréhension sympathique qu’il leur témoigna dans son enseignement privé à Bethléem. Sous ces influences, chacun des associés d’Abner fut amené à accepter de tout cœur, pleinement et définitivement, le royaume et tout ce que cette décision impliquait. 162:9.4 Avant de quitter Bethléem pour la dernière fois, le Maitre prit des dispositions pour que tous se joignent à lui, unis dans l’effort qui devait précéder la fin de sa carrière dans la chair. Il fut convenu qu’Abner et ses associés rejoindraient bientôt Jésus et les douze au parc de Magadan. 162:9.5 Au début de novembre, et conformément à cet accord, Abner et ses onze compagnons épousèrent la cause de Jésus et des douze ; ils travaillèrent ensemble en une seule organisation jusqu’au jour de la crucifixion. 162:9.6 À la fin d’octobre, Jésus et les douze s’éloignèrent du voisinage immédiat de Jérusalem. Le dimanche 30 octobre, Jésus et ses associés quittèrent la ville d’Éphraïm, où ils s’étaient reposés dans l’isolement durant quelques jours ; passant par la grande route de la rive droite du Jourdain, ils allèrent directement au parc de Magadan, où ils arrivèrent à la fin de l’après-midi du mercredi 2 novembre. 162:9.7 Les apôtres furent grandement soulagés de voir le Maitre revenu dans une contrée amicale. Ils cessèrent de le presser d’aller à Jérusalem pour proclamer l’évangile du royaume. FASCICULE 163. L’ordination des soixante-dix à Magadan 163:0.1 Quelques jours après que Jésus et les douze furent revenus de Jérusalem à Magadan, Abner et un groupe d’une cinquantaine de disciples arrivèrent de Bethléem. À ce moment, se trouvaient également réunis au Camp de Magadan le corps des évangélistes, le corps évangélique féminin et environ cent-cinquante autres disciples sincères et éprouvés de toutes les régions de la Palestine. Après avoir consacré quelques jours à des contacts personnels et à la réorganisation du camp, Jésus et les douze inaugurèrent une session de formation intensive pour ce groupe spécial de croyants. C’est dans cette masse de disciples bien formés et expérimentés que le Maitre choisit finalement soixante-dix éducateurs et les envoya proclamer l’évangile du royaume. Leur instruction régulière commença le vendredi 4 novembre et se poursuivit jusqu’au sabbat du 19 novembre. 163:0.2 Jésus faisait, tous les matins, une allocution à cette compagnie. Pierre enseignait les méthodes de prédication en public. Nathanael les instruisait dans l’art d’enseigner. Thomas expliquait la manière de répondre aux questions, et Matthieu dirigeait l’organisation de leurs finances collectives. Les autres apôtres participèrent aussi à cette formation selon leur expérience spéciale et leurs talents naturels. 1. L’ordination des soixante-dix 163:1.1 Les soixante-dix furent ordonnés par Jésus au camp de Magadan l’après-midi du sabbat, le 19 novembre. Abner fut placé à la tête de ces éducateurs et prédicateurs de l’évangile. Ce corps des soixante-dix était constitué par Abner avec dix anciens apôtres de Jean, cinquante-et-un des premiers évangélistes et huit autres disciples qui s’étaient distingués au service du royaume. 163:1.2 Vers deux heures de cet après-midi de sabbat, entre des averses, un groupe de croyants, accru par l’arrivée de David et de la majorité de ses messagers, en tout plus de quatre-cents, se rassemblèrent sur la rive du lac de Galilée pour assister à l’ordination des soixante-dix. 163:1.3 Avant d’imposer les mains sur les têtes des soixante-dix pour les mettre à part comme messagers du royaume, Jésus leur adressa le discours suivant : « En vérité, la moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux ; je vous exhorte donc tous à prier pour que le Seigneur de la moisson envoie encore d’autres ouvriers pour moissonner. Je vais vous mettre à part comme messagers du royaume et vous envoyer aux Juifs et aux Gentils comme des agneaux parmi les loups. En allant deux par deux sur votre route, je vous enjoins de n’emporter ni bourse ni vêtements de rechange, car cette première mission sera de courte durée. En chemin, ne saluez personne ; ne vous occupez que de votre travail. Si vous vous arrêtez dans un foyer, commencez par dire : Que la paix soit sur cette maisonnée. Si les habitants de cette maison aiment la paix, vous y demeurerez ; sinon vous en partirez. Quand vous aurez choisi un foyer, restez-y pendant tout votre séjour dans cette ville, mangeant et buvant ce que l’on vous offrira. Vous ferez cela parce que l’ouvrier mérite sa subsistance. Ne vous déplacez pas de maison en maison pour accepter un meilleur logement. Souvenez-vous qu’en allant proclamer la paix sur terre et la bonne volonté parmi les hommes, il vous faudra lutter contre des ennemis acharnés qui se trompent eux-mêmes. Soyez donc prudents comme des serpents tout en restant inoffensifs comme des colombes. 163:1.4 « Partout où vous irez, prêchez en disant : ‘Le royaume des cieux est à portée de la main’, et soignez tous ceux qui souffrent dans leur mental ou dans leur corps. Vous avez reçu libéralement les bonnes choses du royaume ; donnez libéralement. Si les habitants d’une ville vous accueillent, ils trouveront une large entrée dans le royaume du Père. Mais, si les gens d’une ville refusent de recevoir cet évangile, vous proclamerez néanmoins votre message en quittant cette communauté incroyante ; à ceux qui repousseront votre enseignement, vous direz en partant : ‘Bien que vous repoussiez la vérité, il n’en reste pas moins que le royaume de Dieu s’est approché de vous.’ Quiconque vous entend m’entend aussi, et quiconque m’entend entend Celui qui m’a envoyé. Quiconque rejette votre message évangélique me rejette, et quiconque me rejette rejette aussi Celui qui m’a envoyé. » 163:1.5 Après que Jésus leur eut ainsi parlé, les soixante-dix s’agenouillèrent en cercle autour de lui, et il imposa les mains sur la tête de chacun d’eux en commençant par Abner. 163:1.6 Le lendemain matin de bonne heure, Abner envoya les soixante-dix évangélistes, deux par deux, vers toutes les villes de Galilée, de Samarie et de Judée. Les trente-cinq groupes allèrent prêcher et enseigner pendant six semaines ; ils revinrent tous le vendredi 30 décembre au nouveau camp près de Pella, en Pérée. 2. Le jeune homme riche et divers autres cas 163:2.1 Plus de cinquante disciples qui désiraient l’ordination et l’admission parmi les soixante-dix furent éliminés par le comité que Jésus avait nommé pour sélectionner les candidats. Ce comité était composé d’André, d’Abner et du chef en fonction du corps évangélique. Dans tous les cas où le comité des trois n’était pas unanime, le candidat était amené devant Jésus. Le Maitre ne rejeta aucun homme profondément désireux de recevoir l’ordination de messager évangélique, mais après s’être entretenus avec Jésus, plus d’une douzaine de postulants ne désirèrent plus devenir messagers évangéliques. 163:2.2 Un disciple sincère vint trouver Jésus en disant : « Maitre, je voudrais être l’un des nouveaux apôtres, mais mon père est très âgé et sa fin est proche ; me permettrais-tu de rentrer chez moi pour l’enterrer ? » Jésus répondit à cet homme : « Mon fils, les renards ont des tanières et les oiseaux du ciel ont des nids, mais le Fils de l’Homme n’a nulle part où reposer sa tête. Tu es un disciple fidèle, et tu peux le rester tout en retournant chez toi soigner ceux que tu aimes, mais il n’en est pas de même pour les messagers de mon évangile. Ils ont tout abandonné pour me suivre et proclamer le royaume. Si tu veux être ordonné instructeur, il faut que tu laisses les autres enterrer les morts pendant que tu vas publier la bonne nouvelle. » Et cet homme s’en alla fort déçu. 163:2.3 Un autre disciple vint vers le Maitre et dit : « Je désire être ordonné messager, mais je voudrais passer un peu de temps chez moi pour réconforter ma famille. » Jésus lui répondit : « Si tu désires l’ordination, il faut que tu acceptes de tout abandonner. Les messagers de l’évangile ne peuvent diviser leur affection. Nul homme ayant mis la main à la charrue n’est digne de devenir un messager du royaume s’il revient en arrière. » 163:2.4 André amena ensuite à Jésus un jeune homme riche, qui était un croyant dévot et désirait recevoir l’ordination. Ce jeune homme, nommé Matadormus, était membre du sanhédrin de Jérusalem. Il avait entendu Jésus enseigner, puis avait été instruit dans l’évangile du royaume par Pierre et les autres apôtres. Jésus s’entretint avec Matadormus des exigences de l’ordination et lui demanda de différer sa décision jusqu’à plus ample réflexion sur la question. Le lendemain matin de bonne heure, tandis que Jésus partait faire un tour, le jeune homme l’aborda en disant : « Maitre, je voudrais connaitre de toi les assurances de la vie éternelle. Vu que j’ai observé tous les commandements depuis ma jeunesse, je voudrais savoir ce qu’il faut faire de plus pour avoir la vie éternelle. » En réponse à cette question, Jésus dit : « Si tu gardes tous les commandements – tu ne commettras pas d’adultère, tu ne tueras point, tu ne déroberas pas, tu ne porteras pas de faux témoignage, tu ne feras point de tort, tu honoreras tes parents – tu agis bien, mais le salut récompense la foi, et non simplement les œuvres. Crois-tu à cet évangile du royaume ? » Matadormus répondit : « Oui Maitre, je crois tout ce que toi et tes apôtres, vous m’avez enseigné. » Jésus dit : « Alors, tu es en vérité mon disciple et un enfant du royaume. » 163:2.5 Ensuite le jeune homme dit : « Maitre, il ne me suffit pas d’être ton disciple ; je voudrais être un de tes nouveaux messagers. » Lorsque Jésus entendit cela, il le regarda avec un grand amour et dit : « Je t’accepterai comme l’un de mes messagers si tu veux payer le prix et fournir la seule chose qui te manque. » Matadormus répondit : « Maitre, je ferai n’importe quoi pour avoir la permission de te suivre. » Jésus embrassa sur le front le jeune homme agenouillé et lui dit : « Si tu veux être mon messager, va vendre tout ce que tu possèdes ; lorsque tu en auras donné le montant aux pauvres ou à tes frères, reviens et suis-moi, et tu auras un trésor dans le royaume des cieux. » 163:2.6 À l’audition de ces paroles, Matadormus perdit contenance. Il se leva et s’en alla tristement, car il possédait de grands biens. Ce jeune pharisien riche avait été élevé dans la croyance que la fortune était le signe de la faveur de Dieu. Jésus savait que Matadormus n’était pas libéré de l’amour de lui-même et de ses richesses. Le Maitre voulait le délivrer de l’amour de la richesse, pas nécessairement de la richesse. Les disciples de Jésus ne se dépouillaient pas de tous leurs biens terrestres, mais les apôtres et les soixante-dix le faisaient. Matadormus désirait être l’un des soixante-dix nouveaux messagers, et c’est pourquoi Jésus lui demanda de renoncer à toutes ses possessions matérielles. 163:2.7 Presque tout être humain a une chose à laquelle il s’attache comme à un mal familier, et à laquelle il lui faut renoncer comme partie du prix d’admission au royaume des cieux. Si Matadormus s’était séparé de sa fortune, elle lui aurait probablement été aussitôt restituée pour qu’il la gère comme trésorier des soixante-dix. Ultérieurement en effet, lors de l’établissement de l’Église à Jérusalem, Matadormus obéit à l’injonction du Maitre, bien qu’il fût alors trop tard pour bénéficier de l’admission parmi les soixante-dix. Il devint trésorier de l’Église de Jérusalem, dont le chef était Jacques, frère de Jésus par le sang. 163:2.8 Il en a toujours été ainsi et il en sera toujours ainsi : il faut que les hommes prennent leurs propres décisions. Les mortels peuvent exercer librement leur choix dans un domaine d’une certaine étendue. Les forces du monde spirituel ne cherchent pas à contraindre l’homme ; elles lui permettent de suivre la voie qu’il a lui-même choisie. 163:2.9 Jésus prévoyait que Matadormus, avec sa fortune, ne pourrait être ordonné comme associé d’hommes qui avaient renoncé à tout pour l’évangile. En même temps, il voyait que, si Matadormus se dépouillait de sa fortune, il deviendrait le dirigeant suprême d’eux tous. Mais, de même que les propres frères de Jésus, Matadormus ne devint jamais grand dans le royaume parce qu’il s’était privé lui-même de cette association intime et personnelle avec le Maitre, dont il aurait pu faire l’expérience, s’il avait voulu exécuter sur-le-champ l’acte que Jésus lui demandait, acte qu’il accomplit d’ailleurs quelques années plus tard. 163:2.10 Les richesses n’ont pas de rapports directs avec l’entrée dans le royaume des cieux, mais l’amour des richesses en a. La loyauté spirituelle envers le royaume est incompatible avec la servilité envers le mammon matérialiste. Les hommes ne peuvent partager avec une dévotion matérielle leur fidélité suprême à un idéal spirituel. 163:2.11 Jésus n’enseigna jamais qu’il fût mauvais d’avoir de la fortune. Il demanda seulement aux douze et aux soixante-dix de consacrer toutes leurs possessions terrestres à la cause commune. Même alors, il veilla à ce que leurs biens fussent liquidés avantageusement, comme ce fut le cas pour l’apôtre Matthieu. Jésus donna maintes fois des conseils à ses disciples fortunés comme il en avait donné au riche citoyen de Rome. Le Maitre considérait le sage investissement des excédents de revenus comme une forme légitime d’assurance contre l’inévitable adversité future. Quand la trésorerie apostolique dépassait les besoins, Judas mettait des fonds en dépôt pour les employer ultérieurement dans le cas où les apôtres seraient amenés à souffrir beaucoup d’une diminution de revenus. Judas opérait ainsi après consultation avec André. Jamais Jésus ne s’occupait des finances apostoliques, sauf pour le déboursement des aumônes. Toutefois, il y avait un abus économique qu’il condamna à maintes reprises : c’était l’exploitation injuste des faibles, des ignorants et des moins fortunés par leurs semblables forts, âpres au gain et plus intelligents. Jésus déclara que ce traitement inhumain des hommes, des femmes et des enfants était incompatible avec les idéaux de la fraternité du royaume des cieux. 3. La discussion sur la richesse 163:3.1 Pendant que Jésus terminait son entretien avec Matadormus, Pierre et quelques apôtres s’étaient réunis autour de lui. Tandis que le jeune homme riche s’en allait, Jésus se tourna vers les apôtres et leur dit : « Vous voyez combien il est difficile pour les riches d’entrer totalement dans le royaume de Dieu ! On ne peut partager l’adoration spirituelle avec les dévotions matérielles. Nul ne peut servir deux maitres. Selon l’un de vos dictons, ‘il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille que pour les païens d’hériter de la vie éternelle’. Je déclare qu’il est tout aussi facile à ce chameau de passer par le trou de l’aiguille qu’à ces riches, satisfaits d’eux-mêmes, d’entrer dans le royaume des cieux. » 163:3.2 Lorsque Pierre et les apôtres entendirent ces paroles, ils furent extrêmement étonnés, au point que Pierre dit : « Alors, Seigneur, qui peut être sauvé ? Tous ceux qui ont des richesses seront-ils tenus à l’écart du royaume ? » Jésus répondit : « Non, Pierre, mais tous ceux qui mettent leur confiance dans les richesses ont peu de chances d’entrer dans la vie spirituelle conduisant au progrès éternel. Mais, même dans ce cas, beaucoup de choses impossibles aux hommes ne sont pas hors de la portée du Père qui est aux cieux ; nous devrions plutôt reconnaitre qu’avec Dieu toutes les choses sont possibles. » 163:3.3 Tandis qu’ils s’en allaient, Jésus fut attristé de ce que Matadormus ne soit pas resté avec eux, car il l’aimait beaucoup. Quand ils furent descendus auprès du lac, ils s’assirent au bord de l’eau, et Pierre, parlant au nom des douze (alors tous réunis) dit : « Nous sommes troublés par ton discours au jeune homme riche. Exigerons-nous de tous ceux qui voudraient te suivre de renoncer à tous leurs biens terrestres ? » Jésus dit : « Non, Pierre, mais seulement de ceux qui voudraient devenir apôtres et vivre avec moi comme vous, en formant une seule famille. Mais le Père exige que l’affection de ses enfants soit pure et indivise. Toute chose ou personne qui s’interpose entre vous et l’amour des vérités du royaume doit être abandonnée. Si la fortune des gens n’envahit pas le domaine de leur âme, elle est sans conséquences dans la vie spirituelle de ceux qui voudraient entrer dans le royaume. » 163:3.4 Pierre dit ensuite : « Mais, Maitre, nous avons tout quitté pour te suivre ; alors que posséderons-nous ? » Jésus s’adressa à l’ensemble des douze et dit : « En vérité, en vérité, je vous le dis, quiconque aura renoncé à sa fortune, à son foyer, à sa femme, à ses frères, à ses parents ou à ses enfants, par amour pour moi et pour le royaume des cieux, recevra maintes fois davantage dans ce monde, peut-être accompagné de quelques persécutions ; et, dans le monde à venir, il recevra la vie éternelle. Beaucoup de ceux qui sont les premiers seront les derniers, tandis que les derniers seront souvent les premiers. Le Père traite ses créatures selon leurs besoins et conformément à ses justes lois de considération aimante et miséricordieuse pour le bien-être d’un univers. 163:3.5 « Le royaume des cieux ressemble à un propriétaire, employant beaucoup de main-d’œuvre, qui alla le matin de bonne heure embaucher des ouvriers pour travailler dans son vignoble. Quand il eut convenu avec eux de les payer un denier par jour, il les envoya dans sa vigne. Puis, il sortit vers neuf heures et, voyant d’autres désœuvrés sur la place du marché, il leur dit : ‘Allez aussi travailler dans mon vignoble ; je vous payerai ce qui est juste.’ Et ils allèrent aussitôt travailler. Le propriétaire sortit de nouveau vers midi, puis vers trois heures, et agit encore de même. Retournant une nouvelle fois vers cinq heures de l’après-midi sur la place du marché, il trouva encore d’autres oisifs et leur demanda : ‘Pourquoi restez-vous ici toute la journée à ne rien faire ?’ Les hommes répondirent : ‘Parce que personne ne nous a embauchés.’ Le propriétaire leur dit : ‘Allez aussi travailler dans mon vignoble, je vous payerai ce qui est juste.’ 163:3.6 « À la tombée de la nuit, le propriétaire du vignoble dit à son intendant : ‘Appelle les ouvriers et paye-leur les gages, en commençant par les derniers embauchés et en finissant par les premiers.’ Quand arrivèrent ceux qui avaient été embauchés à cinq heures de l’après-midi, ils reçurent chacun un denier, et tous les autres reçurent le même salaire. Quand les hommes embauchés en début de journée virent le prix payé aux derniers venus, ils s’attendirent à recevoir plus que le salaire convenu. Mais chacun ne reçut qu’un denier comme les autres. Après avoir tous été payés, ils se plaignirent au propriétaire en disant : ‘Les hommes embauchés les derniers n’ont travaillé qu’une heure, et, cependant, tu leur as donné le même salaire qu’à nous, qui avons peiné toute la journée sous le soleil brulant.’ 163:3.7 « Le propriétaire répondit alors : ‘Mes amis, je ne vous porte pas préjudice. Chacun de vous n’a-t-il pas accepté de travailler pour un denier par jour ? Prenez maintenant ce qui vous revient et allez votre chemin, car c’est mon désir de donner aux derniers venus la même somme qu’à vous. N’ai-je pas le droit de disposer comme il me plait de ce qui m’appartient ? Ou bien me reprochez-vous ma générosité parce que je cherche à faire montre de bonté et de miséricorde ?’ » 4. Les adieux aux soixante-dix 163:4.1 Le jour où les soixante-dix partirent pour leur première mission fut un moment émouvant au camp de Magadan. Le matin de bonne heure, dans son dernier entretien avec les soixante-dix, le Maitre insista sur les points suivants : 163:4.2 1. L’évangile du royaume doit être proclamé dans le monde entier, aux Gentils comme aux Juifs. 163:4.3 2. En soignant les malades, abstenez-vous de leur enseigner à espérer des miracles. 163:4.4 3. Proclamez une fraternité spirituelle des fils de Dieu, et non un royaume extérieur de puissance dans ce monde et de gloire matérielle. 163:4.5 4. Évitez de perdre du temps par un excès de visites de politesse et d’autres banalités ; elles pourraient vous empêcher de vous consacrer de tout cœur à la prédication de l’évangile. 163:4.6 5. Si la première maison que vous aurez choisie comme quartier général dans une ville se révèle un foyer méritant, demeurez-y durant tout votre séjour dans cette ville. 163:4.7 6. Expliquez à tous les croyants fidèles que l’heure est maintenant venue de rompre ouvertement avec les chefs religieux des Juifs à Jérusalem. 163:4.8 7. Enseignez que la totalité du devoir des hommes est résumée dans cet unique commandement : Aime le Seigneur ton Dieu de tout ton mental et de toute ton âme, et aime ton prochain comme toi-même. (Ils devaient enseigner cela comme représentant la totalité du devoir des hommes en remplacement des 613 règles de vie préconisées par les pharisiens.) 163:4.9 Après que Jésus eut ainsi parlé aux soixante-dix en présence de tous les apôtres et disciples, Simon Pierre les prit à part et leur prêcha leur sermon d’ordination. Ce fut un développement des recommandations faites par le Maitre au moment où il leur avait imposé les mains et les avait sélectionnés comme messagers du royaume. Pierre exhorta les soixante-dix à chérir, dans leur expérience, les vertus suivantes : 163:4.10 1. La dévotion consacrée. Prier toujours pour qu’un plus grand nombre d’ouvriers soient envoyés à la moisson évangélique. Il expliqua qu’en priant ainsi, chacun tendrait davantage à dire : « Me voici, envoie-moi. » Il leur recommanda de ne pas négliger leur adoration quotidienne. 163:4.11 2. Le vrai courage. Pierre les prévint qu’ils rencontreraient de l’hostilité et qu’ils pouvaient être certains d’être confrontés à la persécution. Il leur dit que leur mission n’était pas une entreprise de lâches, et recommanda à ceux qui avaient peur, de renoncer à partir. Mais aucun des soixante-dix ne se retira. 163:4.12 3. La foi et la confiance. Ils devaient partir pour cette courte mission les mains complètement vides. Ils devaient faire confiance au Père pour leur nourriture, leur logement et tous leurs autres besoins. 163:4.13 4. Le zèle et l’initiative. Ils devaient être remplis de zèle et d’un enthousiasme intelligent ; ils devaient s’occuper strictement des affaires de leur Maitre. La cérémonie des salutations orientales était longue et minutieuse ; c’est pourquoi Jésus leur avait recommandé de « ne saluer personne en chemin ». C’était une expression courante pour exhorter quelqu’un à vaquer à ses affaires sans perdre de temps. Elle n’avait rien à voir avec la question des salutations amicales. 163:4.14 5. L’amabilité et la courtoisie. Le Maitre leur avait ordonné d’éviter d’inutiles pertes de temps en cérémonies sociales, mais recommandé la courtoisie envers toutes les personnes avec lesquelles ils entreraient en contact. Ils devaient être extrêmement aimables envers les hôtes qui les entretiendraient à leur foyer. Ils furent strictement mis en garde contre le fait de quitter un foyer modeste pour être entretenus dans un foyer plus confortable ou plus influent. 163:4.15 6. Les soins aux malades. Pierre donna pour instruction aux soixante-dix de rechercher ceux qui souffraient dans leur mental et dans leur corps, et de faire tout ce qui était en leur pouvoir pour alléger ou guérir leurs maux. 163:4.16 Après avoir ainsi reçu leurs ordres et leurs instructions, ils partirent deux par deux pour leur mission en Galilée, en Samarie et en Judée. 163:4.17 Les Juifs avaient une estime particulière pour le nombre 70 et considéraient parfois les nations du monde païen comme étant au nombre de 70. Bien que les 70 messagers eussent mission de porter l’évangile à tous les peuples, ce fut, autant que nous puissions nous en rendre compte, une simple coïncidence que leur groupe comportât exactement 70 membres. Jésus en aurait certainement accepté une demi-douzaine de plus, mais ils n’étaient pas prêts à payer le prix en abandonnant leur fortune et leur famille. 5. Le transfert du camp à Pella 163:5.1 Jésus et les douze se préparèrent maintenant à établir leur dernier quartier général en Pérée, près de Pella, où le Maitre avait été baptisé dans le Jourdain. Les dix derniers jours de novembre se passèrent en conseils à Magadan. Le mardi 6 décembre, toute la compagnie, comprenant près de trois-cents personnes, partit au lever du jour avec tous ses bagages pour loger, la nuit suivante, près de Pella, au bord du fleuve. Elle s’installa près de la source, à l’endroit même que Jean le Baptiste avait occupé avec son camp plusieurs années auparavant. 163:5.2 Après la levée du camp de Magadan, David Zébédée revint à Bethsaïde et commença aussitôt à réduire le service des messagers. Le royaume entrait dans une nouvelle phase. Des pèlerins arrivaient quotidiennement de toutes les parties de la Palestine et même des régions lointaines de l’empire romain. Des croyants venaient parfois de Mésopotamie et des pays situés à l’est du Tigre. En conséquence, le dimanche 18 décembre, David, avec l’aide de son corps de messagers, chargea, sur des bêtes de somme, le matériel de camp alors emmagasiné dans la maison de son père, matériel avec lequel il avait précédemment organisé le camp de Bethsaïde près du lac et fit pour un temps ses adieux à Bethsaïde. Il descendit le long de la rive du lac et du Jourdain jusqu’à un point situé à environ un kilomètre au nord du camp apostolique. En moins d’une semaine, il fut prêt à offrir l’hospitalité à près de quinze-cents pèlerins visiteurs. Le camp apostolique pouvait recevoir environ cinq-cents personnes. C’était la saison des pluies en Palestine, et ce dispositif était nécessaire pour héberger le nombre toujours croissant de gens, la plupart sérieux, qui cherchaient des informations et qui venaient en Pérée pour voir Jésus et entendre son enseignement. 163:5.3 David fit tout cela de sa propre initiative, bien qu’il eût pris conseil de Philippe et de Matthieu à Magadan. Il employa la majeure partie de son ancien corps de messagers pour l’aider à diriger ce camp. Le service proprement dit des messagers fut réduit à moins de vingt hommes. Vers la fin de décembre et avant le retour des soixante-dix, près de huit-cents visiteurs étaient rassemblés autour du Maitre et ils trouvaient à se loger au camp de David. 6. Le retour des soixante-dix 163:6.1 Le vendredi 30 décembre, tandis que Jésus s’était éloigné dans les collines voisines avec Pierre, Jacques et Jean, les soixante-dix messagers arrivaient, deux par deux, au quartier général de Pella, accompagnés par de nombreux croyants. Vers cinq heures de l’après-midi, lorsque Jésus revint au camp, tous les soixante-dix étaient réunis à l’endroit où il enseignait. Le repas du soir fut retardé de plus d’une heure, pendant laquelle ces enthousiastes de l’évangile du royaume racontèrent leurs expériences. Les messagers de David avaient rapporté beaucoup de ces nouvelles aux apôtres durant les semaines précédentes, mais il fut vraiment inspirant d’entendre ces éducateurs de l’évangile, dont l’ordination était récente, raconter personnellement comment leur message avait été reçu par les Juifs et les Gentils assoiffés de vérité. Enfin, Jésus pouvait voir des hommes allant répandre la bonne nouvelle en dehors de sa présence personnelle. Le Maitre savait désormais qu’il pouvait quitter ce monde sans porter un trop grave préjudice aux progrès du royaume. 163:6.2 Quand les soixante-dix racontèrent que « même les démons leur étaient soumis », ils faisaient allusion aux cures merveilleuses qu’ils avaient opérées sur les victimes de désordres nerveux. Néanmoins, ces ministres avaient traité avec succès quelques cas de possession réelle par des esprits. Parlant de ces cas, Jésus dit : « Il n’est pas étonnant que ces esprits mineurs désobéissants vous soient assujettis, car j’ai vu Satan tomber du ciel comme un éclair. Mais ne vous réjouissez pas tant de cela, car je vous déclare que, dès mon retour auprès de mon Père, nous enverrons notre esprit conjoint dans le mental même des hommes, de sorte que ces quelques rares esprits égarés ne pourront plus pénétrer dans le mental des mortels infortunés. Je me réjouis avec vous de ce que vous ayez de l’influence sur des hommes, mais ne tirez pas vanité de cette expérience. Réjouissez-vous plutôt d’avoir vos noms inscrits dans les archives du ciel et d’être ainsi certains de progresser dans une carrière sans fin de conquêtes spirituelles. » 163:6.3 Ce fut à ce moment, juste avant de participer au repas du soir, que Jésus éprouva l’un des rares moments d’extase émotionnelle dont ses disciples aient eu l’occasion d’être témoins. Il dit : « Je te remercie, mon Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que l’esprit ait révélé ces gloires spirituelles à ces enfants du royaume, alors que ce merveilleux évangile a été caché aux sages et aux bien-pensants. Oui, mon Père, tu as dû avoir plaisir à faire cela, et je me réjouis de savoir que la bonne nouvelle se répandra dans le monde entier, même après mon retour auprès de toi, quand je me serai remis à l’œuvre que tu m’as donnée à accomplir. Je suis fortement ému quand je réalise que tu es sur le point de remettre toute autorité entre mes mains, que toi seul, tu sais réellement qui je suis et que, moi seul, je te connais réellement ainsi que ceux à qui je t’ai révélé. Quand j’aurai achevé cette révélation à mes frères dans la chair, je la poursuivrai auprès de tes créatures célestes. » 163:6.4 Après avoir ainsi parlé au Père, Jésus se tourna vers ses apôtres et ses ministres pour s’adresser à eux : « Bénis soient les yeux qui voient et les oreilles qui entendent ces choses. Laissez-moi vous dire que bien des prophètes et bien des grands hommes des âges écoulés ont désiré contempler les choses que vous apercevez maintenant, mais cela ne leur fut pas accordé. Bien des générations futures d’enfants de lumière, quand elles en entendront parler, vous envieront, vous, qui les avez vues et entendues. » 163:6.5 S’adressant ensuite à tous les disciples, Jésus dit : « Vous avez entendu combien de villes et de villages ont reçu la bonne nouvelle du royaume, et comment mes ministres et éducateurs ont été accueillis par les Juifs comme par les Gentils. Bénies sont en vérité ces communautés qui ont choisi de croire à l’évangile du royaume. Mais malheur aux habitants de Chorazin, de Bethsaïde-Julias et de Capharnaüm, qui rejettent la lumière, ces cités qui n’ont pas bien accueilli ces messagers. Je proclame que, si les puissantes œuvres accomplies en ces lieux l’avaient été à Tyr et à Sidon, les habitants de ces villes dites païennes auraient depuis longtemps fait pénitence sous le sac et la cendre. En vérité, au jour du jugement, le sort de Tyr et de Sidon sera plus supportable que le leur. » 163:6.6 Le lendemain étant un jour de sabbat, Jésus réunit les soixante-dix à part et leur dit : « En vérité, je me suis réjoui avec vous quand vous êtes revenus avec la bonne nouvelle que l’évangile du royaume avait été accueilli par tant de gens dispersés en Galilée, en Samarie et en Judée. Mais pourquoi votre exultation était-elle empreinte de surprise ? N’espériez-vous pas que la délivrance de votre message se manifesterait avec puissance ? Étiez-vous partis avec si peu de foi dans cet évangile pour que vous reveniez surpris de son efficacité ? Maintenant, sans vouloir refroidir votre enthousiasme, je tiens à vous mettre sévèrement en garde contre les subtilités de l’orgueil, de l’orgueil spirituel. Si vous pouviez comprendre la chute de Lucifer, l’inique, vous renonceriez solennellement à toutes les formes d’orgueil spirituel. 163:6.7 « Vous avez entrepris la grande œuvre d’enseigner à l’homme mortel qu’il est un fils de Dieu. Je vous ai montré le chemin ; partez accomplir votre devoir et ne vous lassez pas de bien faire. À vous et à tous ceux qui suivront vos traces au long des âges, laissez-moi dire que je me tiens toujours auprès de vous. Mon appel et invitation est, et sera toujours, venez à moi vous tous qui peinez et qui êtes lourdement chargés, venez à moi et je vous donnerai le repos. Acceptez mon joug et écoutez-moi, car je suis vrai et loyal, et vous trouverez auprès de moi le repos spirituel pour vos âmes. » 163:6.8 Quand ils eurent l’occasion de mettre à l’épreuve les promesses du Maitre, ils constatèrent qu’elles étaient vraies. Et, depuis ce jour, un nombre incalculable de personnes ont aussi mis à l’épreuve et prouvé la fiabilité de ces mêmes promesses. 7. Préparatifs pour la dernière mission 163:7.1 Les quelques jours qui suivirent furent très animés au camp de Pella ; on y acheva les préparatifs pour la mission en Pérée. Jésus et ses associés allaient entreprendre leur dernière mission, la tournée de trois mois dans toute la Pérée, qui ne se termina qu’au moment de l’entrée du Maitre à Jérusalem pour le parachèvement de son œuvre terrestre. Durant toute cette période, le quartier général de Jésus et des douze apôtres fut maintenu au camp de Pella. 163:7.2 Jésus n’avait plus besoin d’aller au loin pour enseigner les gens. Ils venaient maintenant vers lui chaque semaine en nombre croissant, non seulement de toutes les parties de la Palestine, mais aussi de tout l’empire romain et du Proche-Orient. Le Maitre participa avec les soixante-dix à la mission en Pérée, mais il passa une bonne partie de son temps au camp de Pella, enseignant la foule et instruisant les douze apôtres. Durant tout ce trimestre, dix apôtres au moins restèrent auprès de Jésus. 163:7.3 Les femmes du corps évangélique se préparèrent également à partir deux par deux en même temps que les soixante-dix pour évangéliser dans les principales villes de Pérée. Le groupe originel de douze femmes avait récemment entrainé un groupe plus nombreux de cinquante autres femmes en leur apprenant la manière de visiter les foyers et l’art de soigner les malades et les affligés. Perpétua, l’épouse de Simon Pierre, devint membre de cette nouvelle division du groupe féminin et se vit confier la direction du travail amplifié des femmes, sous les ordres d’Abner. Après la Pentecôte, elle resta avec son illustre mari et l’accompagna dans toutes ses tournées missionnaires. Le jour où Pierre fut crucifié à Rome, elle fut donnée en pâture aux bêtes féroces dans l’arène. Faisaient également partie de ce nouveau corps évangélique féminin les femmes de Philippe et de Matthieu, et la mère de Jacques et de Jean. 163:7.4 L’œuvre du royaume, sous la direction personnelle de Jésus, se préparait maintenant à entrer dans sa phase terminale. C’était une phase de profondeur spirituelle contrastant avec celle où les multitudes, rêvant de miracles et recherchant des prodiges, suivaient le Maitre à l’époque de sa popularité en Galilée. Toutefois, un certain nombre de ses disciples conservaient leur mentalité matérielle et ne réussissaient pas à comprendre cette vérité que le royaume des cieux est la fraternité spirituelle des hommes fondée sur le fait éternel de la paternité universelle de Dieu. FASCICULE 164. La fête de la Dédicace 164:0.1 Pendant que l’on installait le camp de Pella, Jésus, se faisant accompagner de Nathanael et Thomas, se rendit secrètement à Jérusalem pour assister à la fête de la Dédicace. Les deux apôtres ne se rendirent compte que leur Maitre allait à Jérusalem qu’après avoir traversé le Jourdain au gué de Béthanie. Dès qu’ils perçurent son intention réelle d’assister à la fête de la Dédicace, ils lui firent les reproches les plus sérieux et s’efforcèrent de l’en dissuader en employant tous les arguments possibles, mais leurs efforts furent vains. Jésus était décidé à se rendre à Jérusalem. À toutes leurs supplications et à tous leurs avertissements insistant sur la folie et le danger de se mettre à la merci du sanhédrin, il se bornait à répondre : « Je voudrais donner, à ces éducateurs d’Israël, une nouvelle chance de voir la lumière avant que mon heure ne soit venue. » 164:0.2 Ils poursuivirent leur route vers Jérusalem, les deux apôtres continuant à exprimer leurs sentiments de crainte et à formuler leurs doutes sur la sagesse de cette entreprise apparemment présomptueuse. Ils atteignirent Jéricho vers quatre heures et demie et se préparèrent à y loger pour la nuit. 1. L’histoire du bon samaritain 164:1.1 Ce soir-là, une nombreuse compagnie se réunit autour de Jésus et des deux apôtres pour poser des questions. Les apôtres répondirent à beaucoup d’entre elles, tandis que d’autres furent traitées par le Maitre. Au cours de la soirée, un légiste chercha à empêtrer Jésus dans une discussion compromettante en disant : « Maitre, je voudrais te demander exactement ce que je dois faire pour hériter de la vie éternelle ? » Jésus répondit : « Qu’est-il écrit dans la Loi et dans les Prophètes ; comment lis-tu les Écritures ? » Connaissant à la fois les enseignements de Jésus et ceux des pharisiens, le légiste répondit : « D’aimer le Seigneur Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de tout son mental et de toute sa force, et son prochain comme soi-même. » Jésus dit : « Tu as bien répondu ; si tu le fais réellement, cela te conduira à la vie éternelle. » 164:1.2 Mais le légiste n’était pas entièrement sincère en posant cette question. Désireux de se justifier, et espérant aussi embarrasser Jésus, il se rapprocha un peu plus du Maitre et s’aventura à poser une nouvelle question : « Maitre, je voudrais que tu me dises qui précisément est mon prochain ? ». Le légiste posait cette question dans l’espoir de prendre Jésus au piège afin qu’il fasse une déclaration contrevenant à la loi juive qui définissait le prochain comme « enfant de votre propre peuple ». Les Juifs considéraient tous les autres comme des « chiens païens ». Connaissant quelque peu les enseignements de Jésus, le légiste savait bien que le Maitre pensait différemment ; il espérait donc l’inciter à dire quelque chose qui pourrait être interprété comme une attaque contre la loi sacrée. 164:1.3 Mais Jésus discernait les mobiles du légiste ; au lieu de tomber dans le piège, il raconta, à ses auditeurs, une histoire susceptible d’être pleinement appréciée par n’importe quel auditoire de Jéricho. Jésus dit : « Un homme descendant de Jérusalem à Jéricho tomba aux mains d’une bande de cruels brigands qui le volèrent, le dépouillèrent, le rouèrent de coups et le laissèrent à moitié mort en partant. Par hasard, un prêtre suivait la même route et arriva, peu après, à l’endroit où gisait le blessé ; voyant son état lamentable, il passa de l’autre côté de la route sans s’arrêter. Un lévite qui suivait aussi ce chemin passa également de l’autre côté de la route après avoir vu l’homme. À ce moment, un Samaritain descendant à Jéricho croisa le blessé et vit qu’il avait été dévalisé et malmené. Ému de compassion, il s’approcha de lui, pansa ses blessures en y versant de l’huile et du vin, installa l’homme sur sa propre monture, l’amena ici, à l’auberge, et prit soin de lui. Le lendemain matin, tirant quelque argent, il le donna à l’aubergiste en disant : ‘Soigne bien mon ami et, si les frais sont plus élevés, je te les rembourserai à mon retour.’ Maintenant, permets-moi de te demander lequel des trois passants était le prochain de l’homme tombé aux mains des voleurs ? » Quand le légiste perçut qu’il était tombé dans son propre piège, il répondit : « C’est celui qui lui a témoigné de la miséricorde. » Et Jésus dit : « Va et fais de même. » 164:1.4 Lorsque le légiste répondit : « C’est celui qui lui a témoigné de la miséricorde », c’était pour éviter même de prononcer le nom abhorré de Samaritain. À la question : « Qui est mon prochain ? », le légiste fut contraint de donner la réponse que Jésus souhaitait, alors que, si Jésus l’avait donnée lui-même, cela l’aurait impliqué directement dans une inculpation d’hérésie. Non seulement Jésus confondit le légiste malhonnête, mais encore il raconta à ses auditeurs une histoire qui était à la fois une magnifique recommandation à tous ses disciples et un accablant reproche à tous les Juifs sur leur attitude envers les Samaritains. Et cette histoire a continué d’encourager l’amour fraternel parmi tous les croyants ultérieurs à l’évangile de Jésus. 2. À Jérusalem 164:2.1 Jésus avait assisté à la fête des Tabernacles pour pouvoir proclamer l’évangile aux pèlerins de toutes les parties de l’empire. Maintenant, il allait à la fête de la Dédicace uniquement dans le but de donner, au sanhédrin et aux dirigeants juifs, une nouvelle chance de voir la lumière. Le principal évènement de ces quelques jours à Jérusalem eut lieu le vendredi soir chez Nicodème, où s’étaient rassemblés environ vingt-cinq dirigeants juifs qui croyaient à l’enseignement de Jésus. Dans ce groupe se trouvaient quatorze hommes qui étaient alors, ou avaient récemment été, membres du sanhédrin. Éber, Matadormus et Joseph d’Arimathie assistaient à la réunion. 164:2.2 En cette circonstance, les auditeurs de Jésus étaient tous des hommes instruits. Ils furent tous stupéfaits ainsi que les deux apôtres, par la portée et la profondeur des remarques que le Maitre fit à ce groupe distingué. Depuis l’époque où il avait enseigné à Alexandrie, à Rome et dans les iles de la Méditerranée, jamais Jésus n’avait fait montre de tant d’érudition, ni d’une pareille compréhension des affaires humaines, aussi bien religieuses que laïques. 164:2.3 À la fin de cette petite réunion, tous les auditeurs se séparèrent, intrigués par la personnalité du Maitre, charmés par la grâce de ses manières et remplis d’amour pour lui. Ils avaient cherché à donner des conseils à Jésus à propos de son désir de gagner à sa cause les autres membres du sanhédrin. Le Maitre avait écouté attentivement, mais en silence, toutes leurs propositions. Il savait bien qu’aucun de leurs plans n’aboutirait. Il sentait que la majorité des dirigeants juifs n’accepterait jamais l’évangile du royaume ; il leur donna néanmoins à tous cette nouvelle chance de faire leur choix. Mais, en repartant ce soir-là avec Nathanael et Thomas pour leur campement sur le mont des Oliviers, le Maitre n’avait pas encore décidé la méthode qu’il adopterait pour attirer, une fois de plus, sur son œuvre, l’attention du sanhédrin. 164:2.4 Nathanael et Thomas dormirent peu cette nuit-là ; ils étaient trop stupéfaits par ce qu’ils avaient entendu chez Nicodème. Ils méditèrent longtemps sur la remarque finale de Jésus concernant une offre des anciens membres et des membres actuels du sanhédrin de l’accompagner devant les soixante-dix. Le Maitre dit : « Non, mes frères, cela ne servirait à rien. Vous multiplieriez la colère, qui retomberait sur vos têtes, sans apaiser le moins du monde la haine qu’ils me portent. Allez chacun vous occuper des affaires du Père selon les directives que l’esprit vous donnera, tandis que j’attirerai, une fois de plus, leur attention sur le royaume suivant les directives que mon Père me donnera. » 3. La guérison du mendiant aveugle 164:3.1 Le lendemain matin, Jésus et les deux apôtres allèrent chez Marthe à Béthanie pour prendre leur déjeuner, puis se rendirent immédiatement à Jérusalem. Ce matin de sabbat, tandis que les trois hommes approchaient du temple, ils rencontrèrent un mendiant bien connu, né aveugle, qui était assis à sa place habituelle. Les mendiants ne sollicitaient ni ne recevaient d’aumônes le jour du sabbat, mais ils avaient la permission de s’assoir à leur place habituelle. Jésus s’arrêta et, tandis qu’il regardait ce mendiant aveugle-né, une idée lui vint à l’esprit sur la manière d’attirer de nouveau, sur sa mission terrestre, l’attention du sanhédrin, des autres dirigeants juifs et des éducateurs religieux. 164:3.2 Tandis que le Maitre se tenait devant l’aveugle, absorbé dans de profondes pensées, Nathanael réfléchit à la cause possible de la cécité de l’homme et demanda : « Maitre pour que cet homme soit né aveugle, qui donc a péché, l’homme lui-même ou ses parents ? » 164:3.3 Les rabbins enseignaient que tous les cas de cécité de naissance étaient causés par le péché. D’après eux, non seulement les enfants étaient conçus et nés dans le péché, mais un enfant pouvait naitre aveugle comme punition pour un péché spécifique commis par son père. Ils allaient jusqu’à enseigner qu’un enfant pouvait pécher avant de naitre dans le monde. Ils enseignaient également que des infirmités analogues pouvaient provenir d’un péché ou d’une faiblesse de la mère pendant sa grossesse. 164:3.4 Dans toutes ces régions, il y avait une vague croyance à la réincarnation. Les anciens éducateurs juifs, ainsi que Platon, Philon et de nombreux esséniens, toléraient la théorie que les hommes peuvent récolter, dans une incarnation, ce qu’ils ont semé dans une existence précédente ; on croyait qu’ils expiaient, dans une vie, les péchés commis au cours de vies antérieures. Le Maitre trouva difficile de faire croire aux hommes que leur âme n’avait pas eu d’existences antérieures. 164:3.5 Toutefois, si illogique que cela paraisse, alors que la cécité était considérée comme résultant d’un péché, les Juifs estimaient hautement méritoire de donner des aumônes à ces mendiants aveugles. Ceux-ci avaient l’habitude de psalmodier constamment aux passants : « Ô cœurs sensibles, gagnez des mérites en aidant les aveugles. » 164:3.6 Jésus aborda la discussion de ce cas avec Nathanael et Thomas, non seulement parce qu’il avait déjà décidé d’utiliser cet aveugle comme moyen pour, ce jour-là, attirer de nouveau, sur sa mission, d’une manière marquante, l’attention des dirigeants juifs, mais aussi parce qu’il encourageait toujours ses apôtres à rechercher les vraies causes de tous les phénomènes naturels ou spirituels. Il les avait souvent mis en garde contre la tendance commune à attribuer des causes spirituelles à des évènements physiques ordinaires. 164:3.7 Jésus décida d’employer ce mendiant dans ses plans pour l’œuvre de la journée, mais, avant de faire quelque chose pour l’aveugle, dont le nom était Josias, il commença par répondre à la question de Nathanael. Le Maitre dit : « Ni cet homme ni ses parents n’ont eu besoin de pécher pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui. La cécité lui est venue au cours naturel des évènements. Pendant qu’il fait jour, il nous faut maintenant faire les œuvres de Celui qui m’a envoyé, car la nuit va certainement venir, et il sera alors impossible de réaliser l’oeuvre que nous allons accomplir. Pendant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde, mais, dans peu de temps, je ne serai plus avec vous. » 164:3.8 Quand Jésus eut parlé, il s’adressa à Nathanael et à Thomas, et dit : « Créons la vue de cet aveugle en ce jour de sabbat, afin que les scribes et les pharisiens trouvent pleinement l’occasion qu’ils cherchent d’accuser le Fils de l’Homme. » Jésus avait constamment parlé de manière que le mendiant puisse l’entendre. Il se pencha ensuite pour cracher sur le sol et mélangea de l’argile au crachat, puis il alla vers Josias et mit l’argile sur ses yeux aveugles en disant : « Mon fils, va laver cet argile dans la piscine de Siloé, et tu recevras immédiatement ta vue. » Et, lorsque Josias se fut ainsi lavé dans la piscine de Siloé, il retourna vers ses amis et sa famille en voyant. 164:3.9 Ayant toujours mendié, il ne savait rien faire d’autre ; donc, lorsque la première excitation due à la création de sa vue fut calmée, il revint à la place habituelle où il sollicitait les aumônes. Quand ses amis, ses voisins et tous ceux qui l’avaient connu précédemment remarquèrent qu’il pouvait voir, ils dirent tous : « Celui-ci n’est-il pas Josias, le mendiant aveugle ? » Certains penchaient pour l’affirmative, tandis que d’autres disaient : « Non, c’est quelqu’un qui lui ressemble, mais cet homme peut voir. » Lorsqu’ils interrogèrent Josias lui-même, il répondit : « C’est moi. » 164:3.10 Quand ils commencèrent à lui demander comment il était devenu capable de voir, il répondit : « Un homme nommé Jésus a passé par ici et, tout en parlant de moi avec ses amis, il a mélangé de l’argile avec un crachat, oint mes yeux et m’a prescrit d’aller me laver dans la piscine de Siloé. J’ai fait ce que cet homme m’a dit, et aussitôt j’ai reçu ma vue. Cela s’est passé il y a quelques heures seulement, et je ne connais pas encore la signification de beaucoup de choses que je vois. » Et, lorsque les gens qui s’étaient attroupés autour de lui demandèrent où l’on pouvait trouver l’homme étrange qui l’avait guéri, Josias put seulement répondre qu’il n’en savait rien. 164:3.11 Il s’agit là d’un des plus étranges de tous les miracles du Maitre. Cet homme n’avait pas demandé à être guéri. Il ignorait que le Jésus, qui lui avait ordonné de se laver à Siloé et promis sa vision, était le prophète de Galilée qui avait prêché à Jérusalem durant la fête des Tabernacles. Cet homme ne croyait guère qu’il allait être doté de sa vue, mais les gens de l’époque avaient grande foi dans l’efficacité du crachat d’un grand homme ou d’un saint. Or, d’après la conversation de Jésus avec Nathanael et Thomas, Josias avait conclu que son bienfaiteur en intention était un grand homme, un instructeur érudit ou un saint prophète ; c’est pourquoi il fit ce que Jésus lui avait prescrit. 164:3.12 Jésus avait trois raisons pour employer le crachat et l’argile, et ordonner à l’aveugle d’aller se laver dans la piscine de Siloé, qui avait valeur de symbole : 164:3.13 1. Ce miracle n’était pas une réponse à la foi personnelle. C’était un prodige que Jésus avait décidé d’accomplir en vue d’un but choisi par lui-même, mais il l’arrangea de manière que le bénéficiaire puisse en tirer un profit durable. 164:3.14 2. Puisque l’aveugle n’avait pas sollicité la guérison et que sa foi était faible, ces actes matériels avaient été suggérés dans le but de l’encourager. Josias croyait superstitieusement à l’efficacité du crachat et savait que la piscine de Siloé était un endroit presque sacré. Il n’y serait probablement pas allé s’il n’avait pas fallu y laver l’argile de son onction. L’opération comportait juste assez de cérémonial pour l’inciter à agir. 164:3.15 3. Jésus avait une troisième raison pour recourir à des moyens matériels dans cette affaire exceptionnelle. C’était un miracle opéré purement en conformité avec sa propre décision, et il désirait l’utiliser pour apprendre, à ses disciples de l’époque et de tous les siècles ultérieurs, à ne pas mépriser ou négliger les moyens matériels pour guérir les malades. Il voulait leur enseigner qu’ils devaient cesser de considérer les miracles comme la seule méthode de cure pour les maladies humaines. 164:3.16 En donnant la vue à cet homme par une opération miraculeuse, ce matin de sabbat et à Jérusalem près du temple, Jésus avait pour but essentiel de lancer ouvertement un défi au sanhédrin et à tous les éducateurs, et chefs religieux juifs. Ce fut sa manière de proclamer une franche rupture avec les pharisiens. Il était toujours positif dans tout ce qu’il faisait. C’était en vue d’amener ces problèmes devant le sanhédrin que Jésus vint vers cet homme avec ses deux apôtres au début de l’après-midi de ce jour de sabbat, et provoqua délibérément les discussions qui obligèrent les pharisiens à prêter attention au miracle. 4. Josias devant le Sanhédrin 164:4.1 Au milieu de l’après-midi, la guérison de Josias avait soulevé de telles controverses autour du temple que les chefs du sanhédrin décidèrent de convoquer le conseil à son lieu habituel de réunion dans le temple. Ils le firent en violant une règle établie qui interdisait les réunions du sanhédrin les jours de sabbat. Jésus savait que la violation du sabbat serait l’une des principales accusations portées contre lui au moment de l’épreuve finale. Il désirait comparaitre devant le sanhédrin sous l’inculpation d’avoir guéri un aveugle le jour du sabbat au moment même où la haute cour juive, violant directement elle-même les règles qu’elle s’était imposées, siégerait pour juger cet acte de miséricorde en délibérant sur la question le jour du sabbat. 164:4.2 Mais, sous l’empire de la peur, les sanhédristes ne firent pas comparaitre Jésus. Au lieu de cela, ils firent aussitôt chercher Josias. Après un interrogatoire préliminaire, le porte-parole du sanhédrin (dont une cinquantaine de membres étaient présents) ordonna à Josias de raconter ce qui lui était arrivé. Depuis sa guérison dans la matinée, Josias avait appris par Thomas, Nathanael et d’autres personnes que les pharisiens étaient irrités de sa guérison le jour du sabbat et qu’ils allaient probablement susciter des difficultés à tous les intéressés. Mais Josias ne percevait pas encore que Jésus était celui que l’on appelait le Libérateur. En conséquence, il répondit aux questions des pharisiens en disant : « Cet homme est venu par là, il a mis de l’argile sur mes yeux et m’a dit d’aller me laver à Siloé, et maintenant je vois. » 164:4.3 Après avoir fait un long discours, l’un des pharisiens âgés dit : « Cet homme ne peut venir de Dieu. Vous voyez bien qu’il n’observe pas le sabbat. Il viole la loi, d’abord en façonnant l’argile, et ensuite en envoyant ce mendiant se laver à Siloé le jour du sabbat. Un tel homme ne peut être un maitre envoyé par Dieu. » 164:4.4 Alors, l’un des pharisiens plus jeunes, qui croyait secrètement en Jésus dit : « Si cet homme n’est pas envoyé par Dieu, comment peut-il faire ces choses ? Nous savons qu’un pécheur ordinaire ne peut opérer de tels miracles. Nous connaissons tous ce mendiant et nous savons qu’il est né aveugle ; or, maintenant il voit. Allez-vous encore dire que ce prophète accomplit tous ces prodiges par le pouvoir du prince des démons ? » Et chaque fois qu’un pharisien se levait pour accuser et dénoncer Jésus, il s’en levait un autre pour l’empêtrer dans des questions embarrassantes, de sorte qu’une sérieuse scission s’éleva entre eux. Le président vit où le débat allait les entrainer. Pour apaiser la discussion, il se prépara à poser de nouvelles questions à l’intéressé. Se tournant vers Josias, il dit : « Qu’as-tu à dire de cet homme, de ce Jésus, dont tu prétends qu’il t’a ouvert les yeux ? » Josias répondit : « Je crois qu’il est un prophète. » 164:4.5 Les dirigeants furent très troublés et, faute de savoir que faire, ils envoyèrent chercher les parents de Josias pour apprendre d’eux si leur fils était réellement né aveugle. Ils répugnaient à croire que le mendiant avait été guéri. 164:4.6 On savait bien, à Jérusalem, que non seulement l’entrée de toutes les synagogues était interdite à Jésus, mais aussi que tous ceux qui croyaient à son enseignement étaient rejetés de la synagogue, excommuniés de la congrégation d’Israël. Cela signifiait qu’ils étaient privés de tous leurs droits et privilèges dans tout le monde juif, sauf du droit d’acheter le nécessaire pour vivre. 164:4.7 Les parents de Josias étaient de pauvres âmes apeurées. Lors de leur comparution devant l’auguste sanhédrin, ils craignirent donc de parler librement. Le porte-parole de la cour leur dit : « Celui-ci est-il votre fils ? Avons-nous raison de comprendre qu’il est né aveugle ? Si c’est vrai, comment se fait-il qu’il puisse maintenant voir ? » Alors le père de Josias, appuyé par la mère, répondit : « Nous savons qu’il est notre fils et qu’il est né aveugle. Quant à la manière dont il s’est mis à voir et à la personne qui lui a ouvert les yeux, nous ne savons rien. Demandez-le-lui ; il est majeur. Qu’il parle pour lui-même. » 164:4.8 Les sanhédristes firent alors comparaitre Josias, une seconde fois, devant eux. Ils ne se tiraient pas bien d’affaire avec leur projet de faire un procès dans les formes, et certains d’entre eux commençaient à se sentir mal à l’aise en agissant ainsi un jour de sabbat. En conséquence, lorsqu’ils eurent rappelé Josias, ils essayèrent de le prendre au piège par une autre méthode d’attaque. Le délégué de la cour demanda à l’ex-aveugle : « Pourquoi ne rends-tu pas gloire à Dieu pour cela ? Pourquoi ne nous dis-tu pas toute la vérité sur ce qui est arrivé ? Nous savons tous que cet homme est un pécheur. Pourquoi refuses-tu de discerner la vérité ? Tu sais que, toi et cet homme, vous êtes tous deux inculpés d’avoir violé le sabbat. Ne veux-tu pas expier ton péché en reconnaissant que c’est Dieu qui t’a guéri, si tu prétends toujours que tes yeux ont été ouverts aujourd’hui ? » 164:4.9 Mais Josias n’était ni sot ni dépourvu d’humour ; il répondit donc au délégué de la cour : « Je ne sais pas si cet homme est un pécheur ; mais il y a une chose que je sais – c’est que j’étais aveugle et que maintenant je vois. » Faute de pouvoir prendre Josias au piège, ils continuèrent à l’interroger et lui demandèrent : « De quelle manière exacte t’a-t-il ouvert les yeux ? Que t’a-t-il réellement fait ? Que t’a-t-il dit ? T’a-t-il demandé de croire en lui ? » 164:4.10 Josias répliqua avec un peu d’impatience : « Je vous ai dit exactement comment tout s’est passé. Si vous n’avez pas cru mon témoignage, pourquoi voulez-vous l’entendre de nouveau ? Voudriez-vous aussi par hasard devenir ses disciples ? » Lorsque Josias eut ainsi parlé, la réunion du sanhédrin prit fin dans le désordre et presque dans la violence, car les chefs se précipitèrent sur Josias en s’écriant avec colère : « Tu peux parler d’être disciple de cet homme, mais nous, nous sommes disciples de Moïse, et nous enseignons les lois de Dieu. Nous savons que Dieu a parlé par Moïse, mais, quant à ce Jésus, nous ne savons d’où il vient. » 164:4.11 Alors Josias monta sur un siège et cria à tue-tête à tous ceux qui pouvaient l’entendre : « Écoutez, vous, qui vous prétendez les éducateurs de tout Israël ; je vous déclare qu’il y a dans tout ceci une grande merveille, puisque vous confessez ne pas savoir d’où vient cet homme, et que cependant vous savez avec certitude, par les témoignages entendus, qu’il m’a ouvert les yeux. Nous savons tous que Dieu n’accomplit pas de telles œuvres pour les impies. Dieu ne fait une chose pareille qu’à la demande d’un sincère adorateur – pour un saint et pour un juste. Vous savez que depuis le commencement du monde, on n’a jamais entendu parler d’ouvrir les yeux d’un aveugle-né. Donc, regardez-moi tous et rendez-vous compte de ce qui a été fait aujourd’hui à Jérusalem ! Je vous le dis, si cet homme ne venait pas de Dieu, il ne pourrait faire cela. » Les sanhédristes partirent en colère et dans la confusion en lui criant : « Tu es entièrement né dans le péché et tu prétends maintenant nous enseigner ? Peut-être n’es-tu pas réellement né aveugle et, même si tes yeux ont été ouverts le jour du sabbat, ce fut grâce au pouvoir du prince des démons. » Et ils allèrent aussitôt à la synagogue pour en exclure Josias. 164:4.12 Josias aborda cette épreuve avec de faibles notions sur Jésus et la nature de sa guérison. La majeure partie du témoignage qu’il donna avec tant d’intelligence et de courage devant ce tribunal suprême de tout Israël, se développa dans son mental à mesure que le procès se poursuivait de cette manière injuste et dépourvue d’équité. 5. Les enseignements sous le porche de Salomon 164:5.1 Durant tout le temps où, en violation du sabbat, cette session du sanhédrin se déroulait dans l’une des salles du temple, Jésus se promenait à proximité et enseignait le peuple sous le porche de Salomon. Il espérait qu’il serait convoqué devant le sanhédrin et pourrait lui annoncer la bonne nouvelle de la liberté et de la joie de la filiation divine dans le royaume de Dieu. Mais les sanhédristes avaient peur de l’envoyer chercher. Ils étaient toujours déconcertés par les soudaines apparitions en public de Jésus à Jérusalem. Jésus leur donnait maintenant l’occasion qu’ils avaient si ardemment recherchée, mais ils craignaient de le faire comparaitre devant le sanhédrin, même comme témoin, et ils craignaient encore plus de l’arrêter. 164:5.2 On était au milieu de l’hiver à Jérusalem, et les gens cherchaient à s’abriter partiellement sous le Porche de Salomon. Tandis que Jésus s’y attardait, les foules lui posèrent un grand nombre de questions, et il les enseigna pendant plus de deux heures. Quelques éducateurs juifs cherchèrent à le prendre au piège en lui demandant publiquement : « Combien de temps nous tiendras-tu en suspens ? Si tu es le Messie, pourquoi ne nous le dis-tu pas franchement ? » Jésus dit : « Je vous ai maintes fois parlé de moi-même et de mon Père, mais vous n’avez pas voulu me croire. Ne voyez-vous pas que les œuvres que j’accomplis au nom de mon Père témoignent pour moi ? Mais beaucoup d’entre vous ne croient pas, parce que vous n’appartenez pas à mon troupeau. Seuls sont attirés par l’instructeur de la vérité ceux qui ont faim de vérité et soif de droiture. Mes brebis écoutent ma voix, je les connais et elles me suivent. Et, à tous ceux qui suivent mon enseignement, je donne la vie éternelle ; ils ne périront jamais et nul ne les arrachera de mes mains. Mon Père, qui m’a donné ces enfants, est plus grand que tous, de sorte que nul ne peut les arracher des mains de mon Père. Le Père et moi, nous sommes un. » Quelques Juifs incroyants se précipitèrent vers un endroit où l’on bâtissait une aile du temple pour ramasser des pierres et lapider Jésus, mais les croyants les en empêchèrent. 164:5.3 Jésus poursuivit son enseignement : « Je vous ai montré beaucoup d’œuvres du Père accomplies par amour et, maintenant je vous demande pour laquelle de ces bonnes œuvres vous songez à me lapider ? » L’un des pharisiens répondit : « Nous ne voulons te lapider pour aucune de tes bonnes œuvres, mais à cause de tes blasphèmes, car, étant un homme, tu oses t’égaler à Dieu. » Et Jésus répondit : « Vous accusez le Fils de l’Homme de blasphème parce que vous avez refusé de me croire quand je vous ai déclaré que j’ai été envoyé par Dieu. Si je n’accomplis pas les œuvres de Dieu, ne me croyez pas, mais si j’accomplis les œuvres de Dieu, même si vous ne croyez pas en moi, je pensais que vous croiriez aux œuvres. Afin que vous soyez certains de ce que je proclame, j’affirme de nouveau que le Père est en moi et que je suis dans le Père ; de même que le Père habite en moi, j’habiterai en chacun de ceux qui croient à cet évangile. » En entendant ces paroles, beaucoup d’auditeurs allèrent en hâte chercher des pierres pour le lapider, mais il sortit de l’enceinte du temple. Il retrouva Nathanael et Thomas qui avaient assisté à la session du sanhédrin, et attendit avec eux, près du temple, que Josias sortît de la salle du conseil. 164:5.4 Jésus et les deux apôtres n’allèrent chercher Josias chez lui qu’après avoir appris son exclusion de la synagogue. En arrivant à la maison de Josias, Thomas l’appela dans la cour et Jésus lui dit : « Josias, crois-tu au Fils de Dieu ? » Et Josias répondit : « Dis-moi qui il est pour que je puisse croire en lui. » Jésus dit : « Tu l’as vu et entendu, c’est celui qui te parle actuellement. » Et Josias dit : « Seigneur, je crois. » Puis, tombant à genoux, il l’adora. 164:5.5 Quand Josias apprit qu’il avait été exclu de la synagogue, il fut d’abord très déprimé, mais ensuite très encouragé lorsque Jésus lui prescrivit de se préparer immédiatement à l’accompagner au camp de Pella. Ce candide habitant de Jérusalem avait en vérité été exclu d’une synagogue juive, mais voici que le Créateur d’un univers l’emmenait pour l’associer à la noblesse spirituelle de ce temps et de cette génération. 164:5.6 Jésus sortit alors de Jérusalem pour ne plus y revenir avant l’approche du jour où il se prépara à quitter ce monde. Le Maitre retourna à Pella avec Josias et les deux apôtres. Et il s’avéra que Josias fut l’un de ceux qui portèrent des fruits parmi les bénéficiaires du ministère miraculeux du Maitre, car il devint, pour le reste de la vie, un prédicateur de l’évangile du royaume. FASCICULE 165. La mission en Pérée commence 165:0.1 Abner, ancien chef des douze apôtres de Jean le Baptiste, naziréen et jadis chef de l’école naziréenne d’Engaddi, était maintenant le chef des soixante-dix messagers du royaume. Le mardi 3 janvier de l’an 30, il convoqua ses associés et leur donna les instructions finales avant de les envoyer en mission dans toutes les villes et tous les villages de Pérée. Cette mission en Pérée se poursuivit durant presque trois mois et fut le dernier ministère du Maitre. Après cette mission, Jésus alla directement à Jérusalem pour traverser les ultimes expériences de son incarnation. Secondés par l’appui périodique de Jésus et des douze apôtres, les soixante-dix évangélistes opérèrent dans les villes et cités suivantes, et dans une cinquantaine d’autres villages : Zaphon, Gadara, Macad, Arbéla, Ramat, Édrei, Bosora, Caspin, Mispeh, Gérasa, Ragaba, Succoth, Amathus, Adam, Pénuel, Capitolias, Dion, Hatita, Gadda, Philadelphie, Jogbéhah, Giléad, Beth-Nimrah, Tyrus, Éléala, Livias, Hesbon, Callirrhoé, Beth-Péor, Shittim, Sibmah, Médéba, Beth-Méon, Aréopolis et Arœr. 165:0.2 Durant toute cette tournée de Pérée, le corps évangélique féminin, qui comptait maintenant soixante-deux membres, prit en charge la majeure partie des soins aux malades. Ce fut la période finale de développement des aspects spirituels supérieurs de l’évangile du royaume, et, en conséquence, aucun miracle ne fut accompli. Dans nulle autre région de Palestine les apôtres et les disciples de Jésus ne firent un travail aussi approfondi et, nulle part ailleurs, l’enseignement du Maitre ne fut accepté aussi généralement par les classes supérieures de citoyens. 165:0.3 À cette époque, la Pérée était peuplée à peu près également de Gentils et de Juifs. Dans l’ensemble, les Juifs avaient été évincés de ces régions à l’époque de Judas Macchabée. La Pérée était la province la plus belle et la plus pittoresque de toute la Palestine. Les Juifs l’appelaient généralement « le pays au-delà du Jourdain ». 165:0.4 Durant cette période, Jésus partagea son temps entre le camp de Pella et des déplacements avec les douze pour assister les soixante-dix dans les diverses villes où ils enseignaient et prêchaient. Selon les instructions d’Abner, les soixante-dix baptisèrent tous les croyants, bien que Jésus ne les eût pas chargés de le faire. 1. Au camp de Pella 165:1.1 Au milieu de janvier, plus de douze-cents personnes étaient rassemblées à Pella. Quand Jésus résidait au camp, il enseignait cette foule au moins une fois par jour ; il parlait généralement à neuf heures du matin lorsqu’il n’en était pas empêché par la pluie. Pierre et les autres apôtres enseignaient tous les après-midis. Jésus réservait la soirée pour les sessions habituelles de questions et de réponses avec les douze et d’autres disciples avancés. Les groupes du soir comptaient en moyenne une cinquantaine de personnes. 165:1.2 Au milieu de mars, au moment où Jésus commença son voyage vers Jérusalem, plus de quatre-mille personnes composaient le vaste auditoire qui écoutait Jésus ou Pierre prêcher tous les matins. Le Maitre décida de terminer son œuvre terrestre à un moment où le public y portait un grand intérêt, à l’apogée de la seconde phase de progrès du royaume, phase dépourvue de miracle. Les chercheurs de vérité constituaient les trois quarts de la foule, mais l’auditoire comprenait également un bon nombre de pharisiens de Jérusalem et d’ailleurs, ainsi que de nombreux incrédules et chicaneurs. 165:1.3 Jésus et les douze apôtres consacrèrent beaucoup de temps à la multitude assemblée au camp de Pella. Les douze ne s’occupèrent que peu ou pas du tout du travail extérieur au camp ; ils se bornèrent à s’absenter de temps en temps avec Jésus pour rendre visite aux associés d’Abner. Abner connaissait fort bien le district de Pérée, car c’était le domaine où son ancien maitre Jean le Baptiste avait accompli la plus grande partie de son œuvre. Après avoir entamé la mission en Pérée, Abner et les soixante-dix ne revinrent plus jamais au camp de Pella. 2. Le sermon sur le bon berger 165:2.1 Une compagnie de plus de trois-cents habitants de Jérusalem, pharisiens et autres, suivit Jésus au nord de Pella lorsqu’il se hâta de quitter le domaine de juridiction des dirigeants juifs à la fin de la fête de la Dédicace. Ce fut en présence de ces éducateurs et dirigeants juifs, ainsi que des douze apôtres, que Jésus prêcha son sermon sur le « bon berger ». Après avoir discuté familièrement pendant une demi-heure, Jésus, s’adressant à un groupe d’environ cent personnes, dit : 165:2.2 « J’ai bien des choses à vous dire ce soir. Vu que beaucoup d’entre vous sont mes disciples, et quelques autres mes ennemis acharnés, je présenterai mon enseignement sous la forme d’une parabole. Ainsi, chacun de vous pourra prendre pour lui ce que son cœur accueillera. 165:2.3 « Ce soir, il y a devant moi des hommes disposés à mourir pour moi et pour l’évangile du royaume ; plusieurs d’entre eux se sacrifieront ainsi dans les années à venir. Par ailleurs, il y en a d’autres, parmi vous, qui sont esclaves de la tradition ; ils m’ont suivi depuis Jérusalem et, sous l’égide de leurs chefs, qui vivent dans les ténèbres et les illusions, ils cherchent à faire mourir le Fils de l’Homme. La vie incarnée que je vis actuellement jugera les deux catégories, les vrais bergers et les faux bergers. Si les faux bergers étaient aveugles, ils ne seraient pas coupables de péché, mais vous prétendez voir ; vous vous présentez comme des éducateurs en Israël ; c’est pourquoi votre péché reste attaché à vous. 165:2.4 « À l’époque du danger, le vrai berger rassemble son troupeau au bercail pour la nuit. Au lever du jour, il entre au bercail par la porte et, quand il appelle, les brebis connaissent sa voix. Tout berger qui pénètre dans le bercail autrement que par la porte est un voleur et un brigand. Le vrai berger entre au bercail après que le gardien lui a ouvert la porte, et ses brebis, connaissant sa voix, sortent à son appel ; une fois que les brebis qui lui appartiennent sont rassemblées à la sortie, le bon berger les précède ; il montre le chemin, et les brebis le suivent. Elles le suivent parce qu’elles connaissent sa voix ; elles refuseront de suivre un étranger. Elles fuiront l’étranger parce qu’elles ne connaissent pas sa voix. La foule assemblée ici autour de nous ressemble à des brebis sans berger, mais, quand nous lui parlons, elle connait la voix du berger et nous suit ; tout au moins ceux qui ont faim de vérité et soif de droiture nous suivent. Quelques-uns d’entre vous n’appartiennent pas à mon bercail ; vous ne connaissez pas ma voix et vous ne me suivez pas. Parce que vous êtes de faux bergers, les brebis ne connaissent pas votre voix et ne veulent pas vous suivre. » 165:2.5 Lorsque Jésus eut conté cette parabole, nul ne lui posa de questions. Après un moment, il reprit la parole et poursuivit en analysant la parabole : 165:2.6 « Vous, qui voudriez être les bergers auxiliaires des troupeaux de mon Père, il vous faut non seulement être des chefs de valeur, mais aussi alimenter le troupeau avec de la bonne nourriture. Vous n’êtes de bons bergers qu’à condition de conduire vos troupeaux dans de verts pâturages et auprès d’eaux tranquilles. 165:2.7 « Et maintenant, de crainte que certains d’entre vous ne comprennent trop facilement cette parabole, je déclare que je suis la porte du bercail du Père, et en même temps le vrai berger des troupeaux de mon Père. Tout berger qui cherche à entrer sans moi au bercail n’y parviendra pas, et les brebis n’écouteront pas sa voix. Avec mes compagnons de service, je suis la porte. Toute âme qui aborde la voie éternelle par les moyens que j’ai créés et ordonnés sera sauvée et pourra poursuivre sa route jusqu’aux éternels pâturages du Paradis. 165:2.8 « Mais je suis aussi le bon berger qui va jusqu’à offrir sa vie pour ses brebis. Un voleur ne pénètre par effraction dans le bercail que pour voler, tuer et détruire, mais, moi, je suis venu pour que vous puissiez tous avoir la vie, et l’avoir plus abondamment. Quand le danger surgit, le mercenaire s’enfuit et laisse les brebis être dispersées et détruites ; mais le vrai berger ne fuit pas à l’arrivée du loup ; il protège son troupeau et, si nécessaire, il donne sa vie pour ses brebis. En vérité, en vérité, je vous le dis à tous, amis et ennemis, je suis le vrai berger. Je connais les miens et les miens me connaissent. Je ne fuirai pas en face du danger. Je terminerai mon service en parachevant la volonté de mon Père, et je n’abandonnerai pas le troupeau que le Père a confié à ma garde. 165:2.9 « Toutefois, j’ai bien d’autres brebis qui n’appartiennent pas à ce bercail, et mes paroles ne s’appliquent pas uniquement à ce monde. Ces autres brebis entendent et connaissent également ma voix, et j’ai promis à mon Père qu’elles seraient toutes réunies en un seul bercail, en une seule fraternité des fils de Dieu. Alors, vous connaitrez tous la voix du seul et vrai berger, et vous reconnaitrez tous la paternité de Dieu. 165:2.10 « Vous connaitrez ainsi pourquoi le Père m’aime et a remis tous les troupeaux de ce domaine entre mes mains pour que je les garde ; c’est parce que le Père sait que je ne chancellerai pas dans la protection du bercail, que je ne déserterai pas mes brebis et que, si c’était nécessaire, je n’hésiterais pas à donner ma vie au service de ses multiples troupeaux. Mais, prenez garde, si j’abandonne ma vie, je la reprendrai. Nul homme et nulle autre créature ne peuvent m’enlever la vie. J’ai le droit et le pouvoir de la donner, et j’ai le même pouvoir et le même droit de la reprendre. Vous ne pouvez comprendre cela, mais j’ai reçu cette autorité de mon Père avant même que ce monde ne fût. » 165:2.11 Lorsqu’ils entendirent ces paroles, ses apôtres furent confondus et ses disciples stupéfaits, tandis que les pharisiens de Jérusalem et des environs partirent dans la nuit en disant : « Ou bien il est fou, ou bien il est possédé par un démon. » Toutefois, même certains éducateurs de Jérusalem disaient : « Il parle comme quelqu’un ayant autorité. D’ailleurs, qui a jamais vu un possédé ouvrir les yeux d’un aveugle-né et accomplir toutes les choses merveilleuses que cet homme a accomplies ? » 165:2.12 Le lendemain matin, la moitié environ de ces éducateurs juifs confessaient leur croyance en Jésus, tandis que les autres retournaient consternés chez eux, à Jérusalem. 3. Le sermon de sabbat à Pella 165:3.1 À la fin de janvier, l’auditoire de l’après-midi du sabbat comptait presque trois-mille personnes. Le samedi 28 janvier, Jésus prêcha le mémorable sermon sur « La confiance et l’état de préparation spirituelle ». Après des remarques préliminaires de Simon Pierre, le Maitre dit : 165:3.2 « Ce que j’ai maintes fois dit à mes apôtres et à mes disciples, je le proclame maintenant à cette foule : Méfiez-vous du levain des pharisiens, qui est l’hypocrisie, née des préjugés et nourrie des servitudes de la tradition. Cependant, beaucoup de pharisiens sont honnêtes dans leur cœur, et certains, ici présents, comptent parmi mes disciples. Bientôt, vous comprendrez tous mon enseignement, car il n’y a rien de secret qui ne doive être révélé. Ce qui vous est maintenant caché sera entièrement dévoilé quand le Fils de l’Homme aura parachevé sur terre sa mission en incarnation. 165:3.3 « Bientôt, très bientôt, les choses que nos ennemis projettent maintenant dans le secret et dans l’obscurité seront amenées à la lumière et proclamées sur tous les toits. Mais je vous le dis, mes amis, n’ayez pas peur d’eux quand ils chercheront à détruire le Fils de l’Homme. Ne craignez pas ceux qui sont peut-être capables de tuer le corps, mais ensuite n’ont plus aucun pouvoir sur vous. Je vous adjure de ne craindre personne, ni dans le ciel ni sur terre, mais de vous réjouir dans la connaissance de Celui qui a pouvoir de vous libérer de toute injustice et de vous présenter irréprochables devant le tribunal d’un univers. 165:3.4 « Ne vend-on pas cinq passereaux pour deux deniers ? Et cependant, quand ces oiseaux volettent à la recherche de leur subsistance, aucun d’eux n’existe à l’insu du Père, source de toute vie. Pour les gardiens séraphiques, les cheveux même de votre tête sont comptés. Si tout cela est vrai, pourquoi devriez-vous vivre dans la crainte de nombreuses vétilles qui émaillent votre vie quotidienne ? Je vous le dis : ne craignez pas, vous valez bien plus que beaucoup de passereaux. 165:3.5 « Tous ceux d’entre vous qui ont eu le courage de confesser, devant les hommes, leur foi en mon évangile, je les reconnaitrai bientôt devant les anges des cieux. Mais quiconque aura sciemment nié, devant les hommes, la vérité de mes enseignements sera renié par le gardien de sa destinée jusque devant les anges des cieux. 165:3.6 « Dites ce que vous voulez sur le Fils de l’Homme ; cela vous sera pardonné. Mais quiconque a la présomption de blasphémer contre Dieu ne trouvera guère de pardon. Quand les hommes s’égarent au point d’attribuer sciemment les actes de Dieu aux forces du mal, ces rebelles délibérés n’ont guère l’intention de rechercher le pardon de leurs péchés. 165:3.7 « Si nos ennemis vous font comparaitre devant les chefs des synagogues et devant d’autres hautes autorités, ne vous préoccupez pas de ce qu’il faudrait dire et ne vous inquiétez pas de la manière de répondre à leurs questions, car l’esprit qui habite en vous vous enseignera certainement sur l’heure ce qu’il faut dire en honneur de l’évangile du royaume. 165:3.8 « Combien de temps vous attarderez-vous dans la vallée de la décision ? Pourquoi vous arrêtez-vous entre deux opinions ? Pourquoi un Juif ou un Gentil hésiterait-il à accepter la bonne nouvelle qu’il est un fils du Dieu éternel ? Combien de temps nous faudra-t-il pour vous persuader d’entrer joyeusement dans votre héritage spirituel ? Je suis venu dans ce monde pour vous révéler le Père et vous conduire au Père. J’ai exécuté la première partie de ce programme, mais je n’ai pas le droit d’accomplir la seconde sans votre consentement ; le Père n’oblige jamais personne à entrer dans le royaume. L’invitation a toujours été et restera toujours la même : si quelqu’un veut entrer, qu’il vienne et partage librement l’eau de la vie. » 165:3.9 Quand Jésus eut fini de parler, un grand nombre d’auditeurs allèrent se faire baptiser dans le Jourdain par les apôtres, tandis que Jésus écoutait les questions de ceux qui étaient restés. 4. Le partage de l’héritage 165:4.1 Tandis que les apôtres baptisaient les croyants, le Maitre parla à ceux qui étaient demeurés près de lui ; et un certain jeune homme lui dit : « Maitre, mon père est mort en laissant de grands biens à mon frère et à moi, mais mon frère refuse de me donner ma part. Voudrais-tu lui demander de partager l’héritage avec moi ? » Jésus fut quelque peu indigné de voir ce jeune matérialiste amener la discussion sur une pareille question d’affaires, mais il saisit l’occasion pour communiquer de nouvelles instructions. Jésus dit : « Homme, qui m’a chargé de faire vos partages ? D’où as-tu tiré l’idée que je m’occupe des affaires matérielles de ce monde ? » Puis, se tournant vers tous ceux qui l’entouraient, il dit : « Faites attention, et gardez-vous de la convoitise ; la vie d’un homme ne consiste pas dans l’abondance des biens qu’il possède. Le pouvoir de la fortune n’apporte pas le bonheur, et la joie ne provient pas des richesses. La fortune, par elle-même, n’est pas une malédiction, mais l’amour des richesses conduit bien souvent à se consacrer tellement aux choses de ce monde que l’âme devient aveugle aux attraits magnifiques des réalités spirituelles du royaume de Dieu sur terre, et aux joies de la vie éternelle dans les cieux. 165:4.2 « Laissez-moi vous raconter l’histoire d’un homme riche dont les terres produisaient des récoltes abondantes. Quand il fut devenu très riche, il se mit à raisonner en lui-même en se disant : ‘Que vais-je faire de tous mes biens ? J’en ai maintenant tellement que je n’ai plus de place pour emmagasiner mes richesses.’ Après avoir médité sur son problème, il dit : ‘Voici ce que je vais faire. Je vais démolir mes granges et en bâtir de plus grandes, de sorte que j’aurai beaucoup de place pour conserver mes récoltes et mes biens. Alors, je pourrai dire à mon âme : tu as une grande fortune en réserve pour bien des années ; prends-en maintenant à ton aise ; mange, bois et sois joyeuse, car tu es riche et tes biens sont encore plus abondants.’ 165:4.3 « Mais ce riche était également insensé. En pourvoyant aux nécessités matérielles de son mental et de son corps, il avait négligé d’accumuler des trésors dans les cieux pour la satisfaction de son esprit et le salut de son âme. Même ainsi, il ne devait pas jouir du plaisir de consommer ses biens thésaurisés, car, le soir même, son âme lui fut redemandée. Cette nuit-là, des brigands entrèrent par effraction dans sa maison pour le tuer et, après avoir pillé ses granges, ils mirent le feu à ce qui restait. Quant à la propriété, que les voleurs ne pouvaient emporter, les héritiers de l’homme riche se battirent entre eux à son sujet. Cet homme avait amassé des trésors pour lui-même sur terre, mais il n’était pas riche au regard de Dieu. » 165:4.4 Jésus traita ainsi le jeune homme et son héritage, parce qu’il savait que ses difficultés provenaient de sa convoitise. Même si cela n’avait pas été le cas, le Maitre ne serait pas intervenu, car il ne se mêlait jamais des affaires temporelles, même de celles de ses apôtres, et encore moins de celles de ses disciples. 165:4.5 Lorsque Jésus eut terminé son histoire, un autre homme se leva et lui demanda : « Maitre, je sais que tes apôtres ont vendu leurs possessions terrestres pour te suivre, et qu’ils ont tout en commun, comme le pratiquent les esséniens. Mais tiens-tu à ce que nous tous, qui sommes tes disciples, nous fassions de même ? Est-ce un péché que de posséder une fortune honnête ? » À cette question, Jésus répondit : « Mon ami, ce n’est pas un péché d’avoir une fortune honnête ; mais c’est un péché de convertir une fortune de biens matériels en trésors susceptibles d’absorber votre intérêt et de détourner votre affection de la dévotion aux buts spirituels du royaume. Il n’y a pas de péché à détenir des possessions honnêtes sur terre, pourvu que votre trésor soit au ciel, car là où est votre trésor, là sera aussi votre cœur. Il existe aussi une grande différence entre la fortune conduisant à la convoitise et à l’égoïsme, et la fortune détenue et dépensée dans un esprit de gérance par ceux qui disposent en abondance des biens de ce monde et contribuent si libéralement à soutenir ceux qui consacrent toutes leurs énergies à l’œuvre du royaume. Beaucoup d’entre vous, ici présents et dépourvus d’argent, sont nourris et logés dans le village de tentes voisin parce que des hommes et des femmes riches et généreux ont remis, à cet effet, des fonds à votre hôte David Zébédée. 165:4.6 « Mais n’oubliez pas qu’en fin de compte, la fortune n’est pas durable. L’amour des richesses obscurcit trop souvent la vision spirituelle, et même la détruit. Ne manquez pas de reconnaitre le danger de voir l’argent devenir votre maitre et non votre serviteur. » 165:4.7 Jésus n’enseigna et n’approuva jamais l’imprévoyance, l’oisiveté, l’indifférence à fournir à sa famille le nécessaire sur le plan matériel, ou le fait de dépendre d’aumônes. Par contre, il enseigna que les affaires matérielles et temporelles doivent être subordonnées au bien-être de l’âme et au progrès de la nature spirituelle dans le royaume des cieux. 165:4.8 Ensuite, tandis que la foule descendait vers le fleuve pour assister aux baptêmes, le premier interlocuteur revint s’entretenir en privé avec Jésus, de son héritage, car il estimait que Jésus l’avait traité durement. Après l’avoir écouté de nouveau, le Maitre dit : « Mon fils, pourquoi laisses-tu échapper l’occasion de te nourrir du pain de vie en un jour comme celui-ci, et t’abandonnes-tu à ta tendance à la convoitise ? Ne sais-tu pas que les lois successorales juives seront appliquées avec justice si tu vas porter ta plainte au tribunal de la synagogue ? Ne vois-tu pas que mon œuvre consiste à m’assurer que tu connaisses ce qui concerne ton héritage céleste ? N’as-tu pas lu dans les Écritures : ‘Celui qui devient riche par excès de précaution et de parcimonie reçoit la récompense que voici : Il dit : J’ai trouvé le repos, et maintenant je pourrai manger continuellement mes biens, mais il ne sait pas ce que le temps lui apportera, ni qu’il devra laisser toutes ces choses à d’autres quand il mourra.’ Et n’as-tu pas lu le commandement : ‘Tu ne convoiteras pas.’ Et aussi : ‘Ils ont mangé et se sont rassasiés, et ils sont devenus gras, et ensuite ils se sont tournés vers d’autres dieux.’ As-tu lu dans les Psaumes que ‘le Seigneur abhorre les cupides’, et que ‘le peu que possède un homme juste vaut mieux que les richesses de beaucoup de méchants.’ ‘Si ta fortune s’accroit, n’y attache pas ton cœur.’ As-tu lu le passage où Jérémie dit : ‘Que le riche ne se glorifie pas dans ses richesses.’ Ézéchiel a exprimé la vérité en disant : ‘Avec leur bouche, ils font montre d’amour, mais leur cœur est attaché à leurs gains égoïstes.’ » 165:4.9 Jésus congédia le jeune homme en lui disant : « Mon fils, quel profit auras-tu à gagner le monde entier si tu perds ton âme ? » 165:4.10 Un autre auditeur voisin demanda comment les riches seraient traités au jour du jugement, et Jésus répondit : « Je ne suis venu juger ni les riches ni les pauvres ; c’est la manière de vivre des hommes qui les jugera tous. Quant au reste de ce qui concerne le jugement des riches, toute personne ayant acquis une grande fortune devra répondre au moins aux trois questions suivantes : 165:4.11 « 1. Quelle fortune as-tu accumulée ? 165:4.12 « 2. Comment l’as-tu acquise ? 165:4.13 « 3. Quel emploi en as-tu fait ? » 165:4.14 Ensuite, Jésus se retira dans sa tente pour s’y reposer un moment avant le repas du soir. Quand les apôtres eurent fini de baptiser, ils vinrent aussi et auraient voulu s’entretenir avec lui des richesses sur terre et du trésor au ciel, mais le Maitre dormait. 5. Conférences aux apôtres sur la richesse 165:5.1 Ce soir-là après le souper, lorsque Jésus et les douze apôtres se réunirent pour leur conférence quotidienne, André demanda : « Maitre, pendant que nous baptisions les croyants, tu as longtemps parlé à la foule attardée, et nous n’avons pas entendu ce que tu as dit. Voudrais-tu le répéter à notre intention ? » En réponse à la requête d’André, Jésus dit : 165:5.2 « Oui André, je vais vous parler de ces questions de fortune et de moyens d’existence, mais ce que je vous dirai, à vous mes apôtres, devra différer quelque peu des paroles adressées aux disciples et à la multitude ; en effet, vous avez tout quitté, non seulement pour me suivre, mais pour recevoir l’ordination d’ambassadeurs du royaume. Vous avez déjà plusieurs années d’expérience et vous savez que le Père, dont vous proclamez le royaume, ne vous abandonnera pas. Vous avez consacré votre vie au ministère du royaume ; donc, n’ayez ni inquiétude ni soucis à propos des choses de la vie temporelle, pour ce que vous mangerez, ni même pour votre corps et pour les vêtements que vous porterez. Le bien-être de l’âme vaut plus que la nourriture et la boisson ; le progrès en esprit transcende de loin le besoin de vêtements. Si vous êtes tentés de mettre en doute la sécurité de votre pain quotidien, considérez les corbeaux ; ils ne sèment ni ne récoltent ; ils n’ont ni entrepôts, ni greniers, et cependant le Père procure de la nourriture à tous ceux d’entre eux qui la cherchent. Combien vous valez plus que beaucoup d’oiseaux ! En outre, toute votre anxiété ou les doutes qui vous rongent ne peuvent rien faire pour satisfaire vos besoins matériels. Qui d’entre vous, par son inquiétude, peut ajouter une largeur de main à sa stature ou un jour à sa vie ? Puisque ces questions ne dépendent pas de vous, pourquoi réfléchissez-vous avec anxiété à ces problèmes ? 165:5.3 « Considérez les lis et comment ils croissent ; ils ne travaillent ni ne filent, et cependant je vous dis que, dans toute sa gloire, Salomon lui-même n’a pas été vêtu comme l’un d’eux. Si Dieu revêt ainsi l’herbe des champs, qui aujourd’hui est vivante et demain sera coupée et jetée au feu, combien mieux vous vêtira-t-il, vous, les ambassadeurs du royaume céleste. Hommes de peu de foi ! Quand vous vous consacrez de tout cœur à proclamer l’évangile du royaume, vous ne devriez pas avoir de pensées de doute sur la subsistance de vos personnes ou des familles que vous avez abandonnées. Si vous donnez vraiment votre vie à l’évangile, vous vivrez par l’évangile. Si vous êtes simplement des disciples croyants, il vous faut gagner votre propre pain et contribuer à l’entretien de tous ceux qui enseignent, prêchent et guérissent. Si vous êtes inquiets de votre nourriture et de votre boisson, en quoi êtes-vous différents des nations du monde qui recherchent ces nécessités avec tant de diligence ? Consacrez-vous à votre travail avec la conviction que mon Père et moi, nous savons tous deux que vous avez besoin de toutes ces choses. Laissez-moi vous assurer, une fois pour toutes que, si vous dédiez votre vie à l’œuvre du royaume, tous vos besoins réels seront satisfaits. Cherchez la grande chose, et vous trouverez que les moindres y sont contenues ; demandez les choses célestes, et les choses terrestres y seront incluses. L’ombre est certaine de suivre la substance. 165:5.4 « Vous n’êtes qu’un petit groupe, mais, si vous avez la foi, si la peur ne vous fait pas trébucher, je déclare que le bon plaisir de mon Père est de vous donner ce royaume. Vous avez amassé vos trésors à l’endroit où les bourses ne vieillissent pas, où nul voleur ne peut vous dépouiller, où nulle mite ne peut détruire. Comme je l’ai dit au peuple, là où est votre trésor, là sera aussi votre cœur. 165:5.5 « Mais dans l’œuvre qui nous attend immédiatement, et dans celle qui vous restera à accomplir après mon retour auprès du Père, vous serez sévèrement mis à l’épreuve. Il faut que vous soyez tous sur vos gardes contre la peur et les doutes. Que chacun de vous se ceigne les reins mentalement et garde sa lampe allumée. Conduisez-vous comme des hommes qui veillent en attendant que leur maitre revienne de la fête de mariage, de sorte qu’au moment où il viendra et frappera, vous pourrez rapidement lui ouvrir. Le maitre bénira ces serviteurs vigilants qu’il trouvera fidèles en cette grande occasion. Le maitre les fera alors assoir, tandis que lui-même les servira. En vérité, en vérité, je vous le dis, une crise est imminente, dans votre vie ; il vous incombe de veiller et d’être prêts. 165:5.6 « Vous comprenez bien que nul homme ne laisserait un voleur pénétrer par effraction dans sa maison s’il connaissait l’heure où le voleur doit venir. Veillez donc aussi sur vous-mêmes, car, à l’heure que vous soupçonnerez le moins, et d’une manière que vous n’imaginez pas, le Fils de l’Homme s’en ira. » 165:5.7 Les douze restèrent assis quelques minutes en silence. Ils avaient déjà entendu précédemment certains de ces avertissements, mais jamais dans le cadre où Jésus venait de les leur donner. 6. Réponse à la question de Pierre 165:6.1 Tandis qu’ils étaient pensivement assis, Simon Pierre demanda : « Racontes-tu cette parabole pour nous, tes apôtres, ou est-elle destinée à tous les disciples ? » Jésus répondit : 165:6.2 « À l’heure de l’épreuve, l’âme de l’homme est révélée ; l’épreuve dévoile ce qu’il y a réellement dans le cœur. Quand un serviteur est éprouvé et qualifié, alors le maitre de la maison peut l’établir sur sa maisonnée et s’en remettre en sécurité à ce fidèle intendant du soin de veiller à la nourriture et aux besoins de ses enfants. De même, je saurai bientôt à qui je peux confier le bien-être de mes enfants après mon retour auprès du Père. Tout comme le maitre de maison confiera, au serviteur fidèle et éprouvé, les affaires de sa famille, moi aussi j’élèverai, dans les affaires de mon royaume, ceux qui supporteront les épreuves de cette heure. 165:6.3 « Mais, si le serviteur est indolent et commence à dire dans son cœur ‘mon maitre retarde son retour’, s’il commence à maltraiter les autres serviteurs, et à manger et à boire avec les ivrognes, alors, le maitre arrivera à un moment où le serviteur ne s’y attendra pas et, le trouvant infidèle, il le chassera dans la disgrâce. Vous ferez donc bien de vous préparer pour le jour où vous serez visités à l’improviste et d’une manière inattendue. Souvenez-vous qu’il vous a été beaucoup donné. Il vous sera donc beaucoup demandé. De terribles épreuves sont imminentes pour vous. Il faut que je subisse un baptême, et je reste sur mes gardes jusqu’à ce qu’il soit accompli. Vous prêchez la paix sur terre, mais ma mission n’apportera pas la paix dans les affaires matérielles des hommes – du moins pas avant un certain temps. Si deux membres d’une famille croient en moi et si trois autres rejettent l’évangile, il n’en peut résulter qu’une division. Amis, parents et personnes chéries sont destinés à se dresser les uns contre les autres à cause de l’évangile que vous prêchez. Il est vrai que chaque croyant jouira dans son cœur d’une grande paix durable, mais la paix sur terre ne viendra pas avant que tous les hommes ne soient prêts à croire et à entrer dans leur glorieux héritage de filiation avec Dieu. Malgré cela, allez, dans le monde entier, proclamer cet évangile à toutes les nations, à chaque homme, à chaque femme et à chaque enfant. » 165:6.4 Ainsi se termina une journée de sabbat active et bien remplie. Le lendemain matin, Jésus et les douze s’en allèrent dans les cités du nord de la Pérée pour s’entretenir avec les soixante-dix qui travaillaient dans ces régions sous la supervision d’Abner. FASCICULE 166. Dernière tournée en Pérée du Nord 166:0.1 Du 11 au 20 février, Jésus et les douze firent une tournée, en Pérée du Nord, dans toutes les villes et tous les villages où opéraient les associés d’Abner et les femmes membres du corps évangélique. Ils trouvèrent que ces messagers de l’évangile réussissaient bien, et Jésus attira, maintes fois, l’attention de ses apôtres sur le fait que l’on pouvait répandre l’évangile du royaume sans accompagnement de miracles ou de prodiges. 166:0.2 Toute cette mission de trois mois en Pérée fut exécutée avec succès et avec peu d’aide de la part des douze apôtres. Depuis ce moment-là, l’évangile refléta davantage les enseignements de Jésus que sa personnalité. Mais ses disciples ne suivirent pas longtemps ses instructions ; en effet, peu après la mort et la résurrection de Jésus, ils s’écartèrent de ses enseignements et commencèrent à construire l’Église primitive autour des concepts miraculeux et des souvenirs glorifiés de sa personnalité à la fois divine et humaine. 1. Les pharisiens à Ragaba 166:1.1 Le 18 février, jour de sabbat, Jésus se trouvait à Ragaba, où vivait un riche pharisien nommé Nathanael. Un bon nombre d’autres pharisiens suivaient Jésus et les douze dans la tournée du pays. Nathanael prépara donc, pour cette matinée de sabbat, un déjeuner pour eux tous, vingt personnes environ, et invita Jésus comme hôte d’honneur. 166:1.2 Au moment où Jésus arriva à ce déjeuner, la plupart des pharisiens, ainsi que deux ou trois légistes, étaient déjà là, assis à table. Le Maitre prit immédiatement place à gauche de Nathanael sans se laver les mains dans les vasques. Beaucoup de pharisiens, et spécialement ceux qui étaient favorables aux enseignements de Jésus, savaient qu’il se lavait les mains uniquement par souci de propreté et qu’il abhorrait ces rites purement cérémoniels ; ils ne furent donc pas surpris de le voir s’assoir directement à la table sans s’être deux fois lavé les mains. Mais Nathanael fut choqué de ce que le Maitre ne se soit pas conformé aux strictes exigences des pratiques pharisiennes. Jésus ne se lavait d’ailleurs pas non plus les mains, comme le faisaient les pharisiens, à la fin de chaque service d’un nouveau plat, ni à la fin du repas. 166:1.3 Après que Nathanael eut longuement chuchoté avec un pharisien inamical assis à sa droite, et que les invités assis en face du Maitre eurent, maintes fois, levé les sourcils en réprobation et fait sarcastiquement la moue, Jésus finit par dire : « Je croyais que vous m’aviez invité dans cette maison pour rompre le pain avec vous, et peut-être pour me poser des questions concernant la proclamation du nouvel évangile du royaume de Dieu. Mais je vois que vous m’avez amené ici pour assister à une exhibition de dévotion cérémonielle à votre pharisaïsme. Maintenant que vous l’avez fait, qu’allez-vous offrir à votre invité d’honneur en cette occasion ? » 166:1.4 Après que le Maitre eut ainsi parlé, ils baissèrent les yeux en regardant la table et ne dirent rien. Personne ne prenant la parole, Jésus poursuivit : « Parmi les pharisiens ici présents, beaucoup sont ici en amis, et certains sont même mes disciples, mais la majorité des pharisiens persiste à refuser de voir la lumière et de reconnaitre la vérité, même quand l’œuvre de l’évangile leur est présentée avec grande puissance. Avec quel soin vous nettoyez l’extérieur des coupes et des écuelles, alors que les récipients de nourriture spirituelle sont malpropres et pollués ! Vous veillez à offrir une apparence pieuse et sainte au peuple, mais l’intérieur de votre âme est rempli de pharisaïsme, de convoitise, d’exactions et de toutes sortes de perversités spirituelles. Vos dirigeants osent même comploter et faire des plans pour assassiner le Fils de l’Homme. Insensés, ne comprenez-vous pas que le Dieu du ciel regarde les mobiles intérieurs de votre âme aussi bien que vos simulacres extérieurs et vos pieuses professions de foi ? Ne croyez pas qu’en donnant des aumônes et en payant des dimes, vous serez purifiés de votre injustice et capables de vous présenter purs devant le Juge de tous les hommes. Malheur à vous, pharisiens, qui avez persisté à rejeter la lumière de la vie ! Vous payez méticuleusement la dime et vous faites l’aumône avec ostentation, mais vous méprisez sciemment la visitation de Dieu et vous rejetez la révélation de son amour. Vous avez raison de prêter attention à vos devoirs mineurs, mais vous ne devriez pas avoir négligé ces exigences majeures. Malheur à tous ceux qui fuient la justice, dédaignent la miséricorde et rejettent la vérité ! Malheur à tous ceux qui méprisent la révélation du Père, alors qu’ils recherchent des sièges d’honneur dans la synagogue et désirent ardemment des salutations flatteuses sur la place du marché ! » 166:1.5 Alors que Jésus était sur le point de se lever pour partir, un des légistes assis à la table lui demanda : « Maitre, dans certains de tes propos, tu nous fais également des reproches. N’y a-t-il rien de bon chez les scribes, les pharisiens et les docteurs de la loi ? » Jésus se leva et répondit au légiste : « Comme les pharisiens, vous prenez plaisir à occuper les premières places aux fêtes et à porter de longues robes, tandis que vous mettez sur les épaules des hommes de lourds fardeaux, pénibles à porter. Et, quand les âmes des hommes chancellent sous ces lourds fardeaux, vous ne levez même pas le petit doigt pour les soulager. Malheur à vous, qui trouvez vos plus grands délices à bâtir des tombeaux pour les prophètes que vos pères ont tués ! Votre consentement aux actes de vos pères est rendu manifeste, en ce sens que vous projetez maintenant de tuer ceux qui viennent, aujourd’hui, faire les mêmes choses que les prophètes en leur temps, proclamer la justice de Dieu et révéler la miséricorde du Père céleste. Mais, de toutes les générations passées, c’est à cette génération perverse et pharisaïque que sera redemandé le sang des prophètes et des apôtres. Malheur à vous tous, légistes qui avez enlevé la clef de la connaissance au commun du peuple ! Vous-mêmes, vous refusez d’entrer dans la voie de la vérité et, en même temps, vous voudriez faire obstacle à tous ceux qui cherchent à y entrer. Mais vous ne pouvez fermer ainsi les portes du royaume des cieux ; nous les avons ouvertes à tous ceux qui ont assez de foi pour entrer. Ces portes de miséricorde ne seront pas closes par les préjugés et l’arrogance de faux éducateurs et de bergers déloyaux qui ressemblent à des sépulcres blanchis ; à l’extérieur, ils apparaissent magnifiques, mais, à l’intérieur, ils sont pleins d’ossements et de toutes sortes d’impuretés spirituelles. » 166:1.6 Lorsque Jésus eut fini de parler à la table de Nathanael, il sortit de la maison sans avoir pris de nourriture. Parmi les pharisiens qui avaient entendu ces paroles, certains crurent à son enseignement et entrèrent dans le royaume, mais la majorité persista dans la voie des ténèbres. Ils furent d’autant plus résolus à le guetter pour surprendre certaines de ses paroles susceptibles de servir à le faire arrêter et juger par le sanhédrin de Jérusalem. 166:1.7 Il n’y avait que trois choses auxquelles les pharisiens prêtaient une attention particulière : 166:1.8 1. Pratiquer strictement la dime. 166:1.9 2. Observer scrupuleusement les règles de purification. 166:1.10 3. Éviter de s’associer avec tous ceux qui n’étaient pas pharisiens. 166:1.11 À ce moment, Jésus cherchait à mettre à nu la stérilité spirituelle des deux premières pratiques. Quant à ses remarques destinées à reprocher aux pharisiens leur refus d’entretenir des relations sociales avec des non-pharisiens, il les réservait pour une occasion ultérieure où il dinerait de nouveau avec nombre de ces mêmes convives. 2. Les dix lépreux 166:2.1 Le lendemain, Jésus se rendit avec les douze à Amathus, près de la frontière de Samarie. En approchant de la ville, ils rencontrèrent un groupe de dix lépreux qui séjournaient dans le voisinage, et dont l’un était Samaritain et les neuf autres, Juifs. Ordinairement, ces Juifs se seraient abstenus de toute association ou de tout contact avec ce Samaritain, mais leur affliction commune était plus que suffisante pour triompher de tous les préjugés religieux. Ils avaient beaucoup entendu parler de Jésus et de ses premières guérisons miraculeuses ; en outre, les soixante-dix avaient pris l’habitude d’annoncer le moment probable de l’arrivée de Jésus quand le Maitre faisait une tournée avec les douze apôtres. Les dix lépreux avaient donc été informés que l’on s’attendait à voir apparaitre le Maitre dans le voisinage vers cette heure ; en conséquence, ils s’étaient postés là, aux abords de la ville, avec l’espoir d’attirer son attention et de demander à être guéris. Quand les lépreux virent Jésus arriver, ils n’osèrent pas l’approcher et se tinrent à distance en lui criant : « Maitre, aie pitié de nous. Purifie-nous de notre mal. Guéris-nous comme tu en as guéri d’autres. » 166:2.2 Jésus venait d’expliquer aux douze pourquoi les Gentils de Pérée et les Juifs les moins orthodoxes étaient plus disposés que les Juifs de Judée (plus orthodoxes et liés par la tradition) à croire à l’évangile prêché par les soixante-dix. Il avait attiré leur attention sur le fait que leur message avait également été reçu plus aisément par les Galiléens, et même par les Samaritains. Mais les douze apôtres n’étaient pas encore prêts à entretenir des sentiments amicaux envers les Samaritains, méprisés depuis si longtemps. 166:2.3 En conséquence, lorsque Simon Zélotès remarqua le Samaritain parmi les lépreux, il incita le Maitre à poursuivre carrément son chemin vers la ville sans perdre un moment pour échanger des salutations avec eux. Jésus dit à Simon : « Suppose que le Samaritain aime Dieu autant que les Juifs ? Allons-nous juger nos semblables ? Qui peut le dire ? Si nous guérissons ces dix hommes, peut-être bien que le Samaritain se montrera même plus reconnaissant que les Juifs ? Te sens-tu bien certain de ton opinion, Simon ? » Et Simon s’empressa de répondre : « Si tu les purifies, tu ne tarderas pas à le savoir. » Jésus répliqua : « Ainsi soit-il, Simon ; et tu connaitras bientôt la vérité sur la gratitude des hommes et l’amour miséricordieux de Dieu. » 166:2.4 Jésus s’approcha des lépreux et dit : « Si vous voulez être guéris, allez immédiatement vous montrer aux prêtres comme le prescrit la loi de Moïse. » Et, pendant qu’ils y allaient, ils furent guéris. Voyant qu’on l’avait guéri, le Samaritain revint sur ses pas à la recherche de Jésus et commença à glorifier Dieu à haute voix. Quand il eut trouvé le Maitre, il tomba à genoux à ses pieds et rendit grâces pour sa purification. Les neuf autres, les Juifs, s’étaient également rendu compte de leur guérison et furent également reconnaissants pour leur purification, mais ils continuèrent leur chemin pour se montrer aux prêtres. 166:2.5 Tandis que le Samaritain restait agenouillé aux pieds de Jésus, le Maitre promena son regard sur les douze, spécialement sur Simon Zélotès, et dit : « Les dix n’ont-ils pas été purifiés ? Où sont alors les neuf autres, les Juifs ? L’un d’eux seulement, cet étranger, est revenu rendre gloire à Dieu. » Puis il dit au Samaritain : « Lève-toi et va ton chemin ; ta foi t’a guéri. » 166:2.6 Jésus regarda de nouveau ses apôtres tandis que l’étranger s’éloignait. Et tous les apôtres regardèrent Jésus, sauf Simon Zélotès, qui garda les yeux baissés. Les douze ne dirent pas un mot ; et Jésus ne parla pas non plus, car c’était superflu. 166:2.7 Les dix hommes croyaient sincèrement qu’ils avaient la lèpre, mais quatre seulement en étaient atteints. Les six autres furent guéris d’une maladie de peau qu’ils avaient confondue avec la lèpre. Mais le Samaritain était réellement lépreux. 166:2.8 Jésus enjoignit aux douze de ne rien dire sur la purification des lépreux. En entrant à Amathus, il fit remarquer : « Vous voyez comment les enfants de la maison, même quand ils sont insubordonnés à la volonté de leur Père, considèrent leurs bénédictions comme un droit. Ils considèrent de peu d’importance le fait de négliger de rendre grâces quand le Père leur confère la guérison, mais, quand les étrangers reçoivent des dons du maitre de maison, ils sont émerveillés et contraints de rendre grâces en reconnaissance des bonnes choses qui leur ont été données. » Et les apôtres continuèrent à ne rien répondre aux paroles du Maitre. 3. Le sermon à Gérasa 166:3.1 Pendant que Jésus et les douze s’entretenaient avec les messagers du royaume à Gérasa, l’un des pharisiens qui croyaient en lui posa la question suivante : « Seigneur, les personnes réellement sauvées seront-elles rares ou nombreuses ? » Et Jésus répondit : 166:3.2 « On vous a enseigné que seuls les enfants d’Abraham seront sauvés, que seuls les Gentils d’adoption peuvent espérer le salut. Les écritures relatent que, parmi toutes les foules de l’exode d’Égypte, seuls Caleb et Josué vécurent pour entrer dans la terre promise. Certains d’entre vous en ont conclu qu’un nombre relativement faible de ceux qui cherchent le royaume des cieux parviendront à y pénétrer. 166:3.3 « Vous avez aussi un autre dicton qui contient beaucoup de vérité : le chemin qui mène à la vie éternelle est droit et étroit, et la porte qui y conduit est également étroite, de sorte que, parmi ceux qui cherchent le salut, rares sont ceux qui parviennent à entrer par cette porte. Vous avez également un enseignement disant que le chemin qui mène à la destruction est large, que son entrée l’est aussi et que beaucoup choisissent de suivre cette route. Ce proverbe n’est pas dépourvu de signification, mais je déclare que le salut est d’abord une affaire de choix personnel. Même si la porte du chemin de la vie est étroite, elle est assez large pour admettre tous ceux qui cherchent sincèrement à entrer, car je suis cette porte. Le Fils ne refusera l’entrée à aucun enfant de l’univers cherchant par la foi à trouver le Père par la voie du Fils. 166:3.4 « Mais voici le danger pour tous ceux qui voudraient retarder leur entrée dans le royaume pour continuer à rechercher les plaisirs de l’immaturité et à s’adonner aux satisfactions de l’égoïsme. Ayant refusé d’entrer dans le royaume à titre d’expérience spirituelle, ils chercheront peut-être à y pénétrer quand la gloire du meilleur chemin sera révélée dans l’âge à venir. En conséquence, ceux qui ont repoussé le royaume quand je suis venu dans la similitude de l’humanité chercheront à y entrer quand il sera révélé dans la similitude de la divinité. Mais, alors, je dirai à tous ces égoïstes : Je ne sais d’où vous venez. L’occasion vous a été offerte de vous préparer à cette citoyenneté céleste, mais vous avez refusé toutes les offres de miséricorde ; vous avez rejeté toutes les invitations à venir pendant que la porte était ouverte. Maintenant, à vous, qui avez refusé le salut, la porte est fermée. Elle n’est pas ouverte à ceux qui voudraient entrer dans le royaume pour se glorifier égoïstement. Le salut n’est pas pour ceux qui ne veulent pas payer le prix d’une consécration sincère à faire la volonté de mon Père. Si, dans votre esprit et dans votre âme, vous avez tourné le dos au royaume de mon Père, il est inutile de vous tenir mentalement et corporellement devant la porte et de frapper en disant : ‘Seigneur, ouvre-nous ; nous voudrions aussi être grands dans le royaume.’ Alors je déclarerai que vous n’appartenez pas à mon bercail. Je ne vous recevrai pas parmi ceux qui ont mené le bon combat de la foi et gagné la récompense du service désintéressé du royaume sur terre. Quand vous direz : ‘N’avons-nous pas mangé et bu avec toi, et n’as-tu pas enseigné dans nos rues ?’ Alors, je déclarerai de nouveau que vous êtes des étrangers spirituels, que nous n’avons pas servi ensemble sur terre dans le ministère de miséricorde du Père et que je ne vous connais pas. Alors le Juge de toute la terre dira : ‘Allez-vous-en, vous tous qui avez pris plaisir aux œuvres d’iniquité.’ 166:3.5 « Toutefois, ne craignez point ; quiconque désire sincèrement trouver la vie éternelle en entrant dans le royaume de Dieu obtiendra certainement le salut éternel. Mais vous, qui refusez ce salut, vous verrez un jour les prophètes de la semence d’Abraham siéger dans le royaume glorifié avec les croyants des nations païennes pour partager le pain de vie et se rafraichir avec l’eau de la vie. Ceux qui s’empareront ainsi du royaume avec puissance spirituelle et par les assauts persévérants de la foi vivante viendront du nord et du midi, de l’orient et de l’occident. Et voici, beaucoup de ceux qui étaient les premiers seront les derniers, et ceux qui étaient les derniers seront bien souvent les premiers. » 166:3.6 Ce sermon fut, en vérité, une version nouvelle et insolite du vieux proverbe bien connu au sujet du chemin droit et étroit. 166:3.7 Les apôtres et nombre de disciples apprenaient lentement la signification de la déclaration antérieure de Jésus : « Si vous n’êtes pas nés à nouveau, nés de l’esprit, vous ne pouvez pas entrer dans le royaume de Dieu. » Néanmoins, pour tous ceux qui ont un cœur honnête et une foi sincère, la citation suivante reste éternellement vraie : « Voici, je me tiens à la porte du cœur des hommes et je frappe ; si quelqu’un veut m’ouvrir, j’entrerai, je souperai avec lui et je le nourrirai du pain de vie ; nous ne ferons qu’un en esprit et n’aurons qu’un dessein ; ainsi nous serons toujours frères dans la longue et féconde tâche de rechercher le Père du Paradis. » Donc, le petit ou le grand nombre de ceux qui doivent être sauvés dépend entièrement du petit ou grand nombre de ceux qui tiendront compte de l’invitation : « Je suis la porte, je suis le chemin nouveau et vivant ; quiconque le veut peut entrer et se lancer dans la recherche sans fin de la vérité pour la vie éternelle. » 166:3.8 Même les apôtres furent incapables de comprendre pleinement l’enseignement du Maitre sur la nécessité d’utiliser la force spirituelle pour se frayer un passage à travers toutes les résistances matérielles, et pour surmonter tous les obstacles terrestres qui pourraient bloquer le chemin de la compréhension des valeurs spirituelles, si essentielles, de la nouvelle vie vécue dans l’esprit en tant que fils affranchis de Dieu. 4. Une leçon sur les accidents 166:4.1 Alors que la plupart des Palestiniens ne prenaient que deux repas par jour, Jésus et les apôtres avaient l’habitude, quand ils étaient en déplacement, de s’arrêter à midi pour se reposer et se restaurer. Ce fut à l’une de ces pauses de midi, sur la route de Philadelphie, que Thomas demanda à Jésus : « Maitre, après avoir entendu tes remarques au cours du trajet de ce matin, je voudrais savoir si les êtres spirituels participent à la production d’évènements étranges et extraordinaires dans le monde matériel ; en outre, je voudrais demander si les anges ou d’autres êtres spirituels sont capables d’empêcher les accidents. » 166:4.2 En réponse à la question de Thomas, Jésus dit : « N’ai-je pas été assez longtemps avec vous pour que vous cessiez de me poser de telles questions ? N’avez-vous pas observé que le Fils de l’Homme vit en unité avec vous et refuse avec persistance d’employer les forces célestes pour son soutien personnel ? Ne vivons-nous pas tous par les mêmes moyens qui permettent à tous les hommes d’exister ? Voyez-vous le pouvoir du monde spirituel se manifester dans la vie matérielle de ce monde en dehors de la révélation du Père et de la guérison occasionnelle de ses enfants malades ? 166:4.3 « Vos ancêtres ont bien trop longtemps cru que la prospérité était le signe de l’approbation divine, et l’adversité la preuve du déplaisir de Dieu. Je proclame que de telles croyances sont des superstitions. Ne remarquez-vous pas que les pauvres, en bien plus grand nombre que les riches, reçoivent joyeusement l’évangile et entrent immédiatement dans le royaume ? Si les richesses prouvent la faveur divine, pourquoi les riches refusent-ils si souvent de croire à cette bonne nouvelle venant du ciel ? 166:4.4 « Le Père fait tomber sa pluie sur les justes et sur les injustes ; le soleil éclaire pareillement ceux qui pratiquent la droiture et ceux qui ne la pratiquent pas. Vous avez entendu parler de ces Galiléens dont Pilate a mêlé le sang à celui des sacrifices ; je vous dis que ces Galiléens n’étaient pas de plus grands pécheurs que leurs compatriotes simplement parce que c’est à eux que cela est arrivé. Vous connaissez aussi l’histoire des dix-huit hommes tués par la chute de la tour de Siloé. Ne croyez pas que les hommes ainsi anéantis étaient plus coupables que tous leurs frères de Jérusalem. Ils furent simplement d’innocentes victimes d’un accident du temps. 166:4.5 « Trois sortes d’évènements peuvent se produire dans votre vie : 166:4.6 « 1. Vous pouvez participer aux évènements normaux qui font partie de l’existence que vous et vos compagnons vivez sur terre. 166:4.7 « 2. Vous pouvez par hasard être victime d’un accident de la nature, de l’une des malchances humaines, en sachant parfaitement que ces évènements ne sont aucunement concertés d’avance ni produits autrement par les forces spirituelles du royaume. 166:4.8 « 3. Vous pouvez récolter la moisson de vos efforts directs pour vous conformer aux lois naturelles qui gouvernent le monde. 166:4.9 « Un jour, un homme planta un figuier dans sa cour. Après y avoir maintes fois cherché du fruit sans en trouver, il appela les vignerons et leur dit : ‘Je suis venu ici au cours des trois dernières saisons pour chercher des fruits sur ce figuier, et je n’en ai trouvé aucun. Coupez cet arbre stérile ; pourquoi encombrerait-il le sol ?’ Mais le chef jardinier répondit à son maitre : ‘Laissez-le encore une année pour que je puisse creuser autour de lui et y mettre de l’engrais. S’il ne porte pas de fruits l’année prochaine, alors on le coupera.’ Et lorsqu’ils se furent ainsi conformés aux lois de la fertilité, ils furent récompensés par une abondante récolte, car l’arbre était vivant et bon. 166:4.10 « En matière de maladie et de santé, vous devriez savoir que ces états physiques résultent de causes matérielles. La santé n’est pas un sourire du ciel, ni la maladie un froncement de sourcils de Dieu. 166:4.11 « Les enfants humains du Père sont égaux quant à leur capacité de recevoir des bénédictions matérielles ; c’est pourquoi il donne des choses physiques à tous les enfants des hommes sans discrimination. Quand on en vient à l’attribution des dons spirituels, le Père est limité par la capacité de l’homme de recevoir ces dons divins. Bien que le Père ne fasse pas acception de personnes, il est limité, dans l’effusion des dons spirituels, par la foi de l’homme et son désir de se conformer toujours à la volonté du Père. » 166:4.12 Tandis que les apôtres poursuivaient leur route vers Philadelphie, Jésus continua à les enseigner et à répondre à leurs questions concernant les accidents, les maladies et les miracles, mais ils ne furent pas capables de comprendre pleinement cette leçon. Une heure d’enseignement ne suffit pas pour changer de fond en comble les croyances de toute une vie. Jésus trouva donc nécessaire de réitérer son message, de répéter à maintes reprises ce qu’il voulait leur faire comprendre. Même ainsi, ils ne saisirent la signification de sa mission terrestre qu’après sa mort et sa résurrection. 5. L’assemblée de Philadelphie 166:5.1 Jésus et les douze allaient rendre visite à Abner et à ses associés, qui prêchaient et enseignaient à Philadelphie. Parmi toutes les villes de Pérée, c’est à Philadelphie que le groupe le plus nombreux de Juifs et de Gentils, riches et pauvres, instruits et ignorants, adopta les enseignements des soixante-dix et entra ainsi dans le royaume des cieux. La synagogue de Philadelphie n’avait jamais été soumise à la juridiction du sanhédrin de Jérusalem ; elle n’avait donc jamais été fermée aux enseignements de Jésus et de ses associés. À ce moment même, Abner enseignait trois fois par jour dans la synagogue de Philadelphie. 166:5.2 C’est cette même synagogue qui devint, plus tard, une église chrétienne et fut le quartier général des missionnaires qui promulguèrent l’évangile dans les régions situées à l’est. Elle fut longtemps une forteresse des enseignements du Maitre ; durant des siècles, elle se dressa seule dans cette région en tant que centre d’éducation chrétienne. 166:5.3 Les Juifs de Jérusalem avaient toujours eu des problèmes avec les Juifs de Philadelphie. Après la mort et la résurrection de Jésus, l’Église de Jérusalem, dont Jacques, frère du Seigneur, était le chef, commença à avoir de graves difficultés avec l’assemblée des croyants de Philadelphie. Abner devint le chef de l’Église de Philadelphie et le resta jusqu’à sa mort. Cette séparation d’avec Jérusalem explique pourquoi les récits évangéliques du Nouveau Testament ne mentionnent jamais Abner et son œuvre. Cette querelle entre Jérusalem et Philadelphie dura pendant toute la vie de Jacques et d’Abner, et continua encore quelque temps après la destruction de Jérusalem. Philadelphie fut réellement le quartier général de l’Église primitive dans le sud et l’est, comme Antioche le fut dans le nord et l’ouest. 166:5.4 Selon toute apparence, le malheur d’Abner fut d’être en désaccord avec tous les chefs de l’Église chrétienne primitive. Il se brouilla avec Pierre et Jacques (frère de Jésus) à propos de questions concernant l’administration et la juridiction de l’Église de Jérusalem. Il se sépara de Paul à propos de divergences philosophiques et théologiques. Abner avait une philosophie plus babylonienne qu’hellénique ; il résista obstinément à toutes les tentatives que fit Paul pour remanier les enseignements de Jésus de manière qu’ils soulèvent moins d’objections d’abord chez les Juifs, et ensuite chez les Gréco-Romains croyant aux mystères. 166:5.5 Abner fut ainsi contraint de vivre une vie d’isolement. Il était le chef d’une Église qui ne jouissait d’aucune considération à Jérusalem. Il avait osé défier Jacques, frère du Seigneur, qui fut ultérieurement soutenu par Pierre. Cette conduite le sépara effectivement de tous ses anciens associés. Ensuite, il eut l’audace de résister à Paul. Bien qu’il sympathisât entièrement avec Paul dans sa mission auprès des Gentils et bien qu’il le soutînt dans ses disputes avec l’Église de Jérusalem, il s’opposa avec acharnement à la version des enseignements de Jésus que Paul avait choisi de prêcher. Vers la fin de sa vie, Abner dénonça Paul comme étant « l’habile corrupteur des enseignements de la vie de Jésus de Nazareth, Fils du Dieu vivant. » 166:5.6 Durant les dernières années de la vie d’Abner et pendant quelque temps après sa mort, les croyants de Philadelphie observèrent, plus strictement que toute autre collectivité de la terre, la religion telle que Jésus l’avait vécue et enseignée. 166:5.7 Abner vécut jusqu’à 89 ans et mourut à Philadelphie, le 21 novembre de l’an 74. Jusqu’à sa mort, il crut en l’évangile du royaume céleste et l’enseigna fidèlement. FASCICULE 167. La visite à Philadelphie 167:0.1 Au cours de toute cette période de ministère en Pérée, quand il est fait mention de Jésus et des apôtres visitant les diverses localités où les soixante-dix étaient à l’œuvre, il faut se rappeler qu’en règle générale, durant cette période, Jésus n’était accompagné que de dix apôtres, car d’habitude il en laissait au moins deux à Pella pour instruire la multitude. Pendant que Jésus se préparait à aller à Philadelphie, Simon Pierre et son frère André retournèrent au camp de Pella pour enseigner les foules qui y étaient assemblées. Quand le Maitre quittait le camp de Pella pour ses visites en Pérée, il n’était pas rare que trois-cents à cinq-cents de ceux qui résidaient au camp le suivent. Lorsqu’il arriva à Philadelphie, il était accompagné de plus de six-cents personnes. 167:0.2 Il n’y avait pas eu de miracles au cours de la récente tournée de prédication à travers la Décapole. À part la purification des dix lépreux, il n’y en avait pas eu non plus, jusqu’ici, dans cette mission en Pérée. Ce fut une période où l’évangile fut proclamé avec puissance, sans miracles et, la plupart du temps, hors de la présence personnelle de Jésus ou même de ses apôtres. 167:0.3 Jésus et les dix apôtres arrivèrent à Philadelphie le mercredi 22 février et passèrent le jeudi et le vendredi à se reposer de leurs récents voyages et travaux. Dans la soirée du vendredi, Jacques parla dans la synagogue, et un conseil général fut convoqué pour le lendemain soir. Le groupe se réjouit beaucoup des progrès de l’évangile à Philadelphie et dans les villages environnants. Les messagers de David apportèrent aussi des nouvelles de l’expansion du royaume dans toute la Palestine, ainsi que de bonnes nouvelles d’Alexandrie et de Damas. 1. Le déjeuner avec les pharisiens 167:1.1 Il y avait, à Philadelphie, un pharisien très riche et influent qui avait accepté les enseignements d’Abner et qui invita Jésus à déjeuner dans sa maison le matin du sabbat. On savait que Jésus était attendu à Philadelphie, de sorte qu’un grand nombre de visiteurs, dont beaucoup de pharisiens, étaient venus de Jérusalem et d’ailleurs. En conséquence, une quarantaine de ces dirigeants et quelques légistes furent invités à ce déjeuner, qui avait été arrangé en l’honneur du Maitre. 167:1.2 Tandis que Jésus s’attardait près de la porte en causant avec Abner et après que l’hôte se fut assis, un des principaux pharisiens de Jérusalem, membre du sanhédrin, entra dans la salle ; selon son habitude, il alla directement à la place d’honneur, à la gauche du maitre de maison. Mais cette place avait été réservée à Jésus et celle de droite à Abner ; l’hôte fit signe au pharisien de Jérusalem de s’assoir quatre sièges plus loin à gauche, et ce dignitaire fut très offensé de ne pas recevoir la place d’honneur. 167:1.3 Bientôt, tous les invités furent assis et prirent plaisir à converser entre eux, car ils étaient en majorité des disciples de Jésus ou sympathisaient avec l’évangile. Seuls ses ennemis notèrent le fait que le Maitre n’avait pas observé le rite du lavage cérémoniel des mains avant de s’assoir pour manger. Abner se lava les mains au commencement du repas, mais non durant le service. 167:1.4 Vers la fin du repas, un homme venant de la rue entra dans la salle ; il avait longtemps souffert d’une maladie chronique et, maintenant, il était hydropique. Cet homme était un croyant et avait récemment été baptisé par les compagnons d’Abner. Il ne demanda pas à Jésus d’être guéri, mais le Maitre savait bien que ce malade était venu au moment du déjeuner, espérant ainsi éviter la foule qui se pressait le reste du temps autour de Jésus et avoir ainsi plus de chances d’attirer son attention. Cet homme savait que les miracles étaient alors rares, mais il avait supputé intérieurement que son triste état attirerait peut-être la compassion du Maitre. Il ne s’était pas trompé, car, dès son entrée dans la salle, le Maitre et le prétentieux pharisien de Jérusalem le remarquèrent. Le pharisien ne tarda pas à exprimer son ressentiment de voir un hôte pareil autorisé à entrer dans la salle. Mais Jésus regarda le malade et lui sourit avec tant de bienveillance que l’arrivant s’approcha et s’assit sur le sol. À la fin du repas, Jésus promena son regard sur les convives puis, après avoir jeté un regard significatif à l’homme atteint d’hydropisie, il dit : « Mes amis, éducateurs en Israël et savants légistes, je voudrais vous poser une question : Est-il licite ou non de guérir les malades et les affligés le jour du sabbat ? » Mais les assistants connaissaient trop bien Jésus ; ils se tinrent cois et ne répondirent pas à sa question. 167:1.5 Alors, Jésus se dirigea vers l’endroit où le malade était assis, le prit par la main et dit : « Lève-toi et va ton chemin. Tu n’as pas demandé à être guéri, mais je connais le désir de ton cœur et la foi de ton âme. » Avant que l’homme n’eût quitté la salle, Jésus revint à sa place et s’adressa aux convives attablés en disant : « Mon Père accomplit de telles œuvres, non pour vous inciter à entrer dans le royaume, mais pour se révéler à ceux qui s’y trouvent déjà. Vous pouvez percevoir que faire de telles choses, c’est agir à la façon du Père, car lequel d’entre vous, si son animal favori tombait dans le puits le jour du sabbat, ne sortirait pas immédiatement pour l’en tirer ? » Puisque personne ne voulait lui répondre et que son hôte approuvait évidemment la tournure que prenaient les évènements, Jésus se leva et dit à tous les assistants : « Mes frères, quand vous êtes invités à un festin de mariage, ne vous asseyez pas à la place d’honneur, de crainte qu’un homme plus honoré que vous ait été invité, et que l’hôte ne soit obligé de venir vous prier de céder votre place à cet autre invité d’honneur. Dans ce cas, vous serez prié, à votre honte, de prendre une place inférieure à la table. Quand vous êtes invités à une fête, il est sage, en arrivant à la table du festin, de chercher la place la plus humble et de vous y assoir. Alors, en parcourant des yeux l’assemblée des convives, le maitre de maison pourra vous dire : ‘Mon ami, pourquoi t’es-tu assis à une place si humble ? Monte plus haut.’ Alors, ce modeste sera glorifié en présence des autres convives. N’oubliez pas ceci : quiconque s’élève sera abaissé, mais quiconque s’humilie sincèrement sera élevé. Donc, si vous recevez à diner ou si vous offrez un souper, n’invitez pas toujours vos amis, vos frères, votre famille ou vos riches voisins, afin qu’à leur tour, ils vous invitent à leurs festins à titre de récompense. Si vous offrez un banquet, invitez parfois les pauvres, les infirmes et les aveugles. De cette manière, vous serez bénis dans votre cœur, car vous savez bien que les boiteux et les estropiés ne peuvent vous rembourser vos soins affectueux. » 2. La parabole du grand souper 167:2.1 Après que Jésus eut fini de parler à la table du pharisien, l’un des légistes présents voulut rompre le silence et dit étourdiment : « Béni soit celui qui mangera du pain dans le royaume de Dieu » – ce qui était une expression courante à l’époque. Alors, Jésus conta une parabole dont même son hôte bienveillant fut obligé de faire son profit. Il dit : 167:2.2 « Un certain dirigeant offrit un grand souper auquel il invita de nombreux convives. À l’heure du souper, il dépêcha ses serviteurs pour dire aux invités : ‘Venez, car tout est maintenant prêt.’ Mais les invités commencèrent unanimement à s’excuser. Le premier dit : ‘Je viens d’acheter une ferme, et il faut absolument que j’aille l’inspecter ; je te prie de m’excuser.’ Un autre dit : ‘J’ai acheté cinq couples de bœufs, et il faut que j’aille les recevoir ; je te prie de m’excuser.’ Un autre encore dit : ‘Je viens de prendre femme, et à cause de cela je ne puis venir.’ Les serviteurs revinrent donc rapporter cela à leur maitre. Alors, le maitre de la maison fut très irrité ; il se tourna vers ses serviteurs et dit : ‘J’ai préparé ce festin de mariage ; les jeunes bêtes grasses sont tuées et tout est prêt pour mes hôtes, mais ils ont dédaigné mon invitation. Chacun est allé vers ses terres et ses marchandises, et ils ont même manqué de respect envers mes serviteurs qui leur demandaient de venir à mon festin. Allez donc promptement dans les rues et les ruelles de la ville, sur les grandes routes et les chemins, et amenez ici les pauvres et les déshérités, les aveugles et les boiteux, pour qu’il y ait des convives au festin de mariage.’ Les serviteurs firent ce que leur maitre ordonnait, et, même alors, il y restait de la place pour d’autres invités. Alors, ce Seigneur dit à ses serviteurs : ‘Allez maintenant sur les routes et dans la campagne, et amenez de force ceux qui s’y trouvent, pour que ma maison soit remplie. Je déclare qu’aucun des premiers invités ne goutera à mon souper.’ Et les serviteurs firent ce que leur maitre leur ordonnait, et la maison fut remplie. » 167:2.3 Lorsque les convives du pharisien entendirent ces paroles, ils partirent et rentrèrent chacun chez eux. Parmi les pharisiens sarcastiques présents ce matin-là, il y en eut au moins un qui comprit la signification de cette parabole, car il fut baptisé le jour même et confessa publiquement sa foi dans l’évangile du royaume. Ce soir-là, Abner fit un sermon sur cette parabole au conseil général des croyants. 167:2.4 Le lendemain, tous les apôtres entreprirent l’exercice philosophique consistant à essayer d’interpréter la signification de cette parabole du grand souper. Jésus écouta avec intérêt leurs diverses interprétations, mais refusa fermement de les aider à comprendre la parabole. Il se borna à dire : « Que chacun en trouve la signification pour lui-même et dans son âme. » 3. La femme qui avait un esprit d’infirmité 167:3.1 Abner s’était arrangé pour que le Maitre enseignât dans la synagogue ce jour de sabbat. C’était la première fois que Jésus apparaissait dans une synagogue depuis qu’elles avaient toutes été fermées à son enseignement par ordre du sanhédrin. À la fin du service, Jésus abaissa le regard sur une femme assez âgée, fort abattue et dont le corps était plié en deux. Cette femme était, depuis longtemps, tyrannisée par la peur, et sa vie avait perdu toute joie. Jésus descendit de l’estrade, s’approcha d’elle, toucha à l’épaule son corps courbé et lui dit : « Femme, si seulement tu voulais croire, tu pourrais être entièrement libérée de ton esprit d’infirmité. » Et cette femme, qui avait été courbée et liée depuis plus de dix-huit ans par les dépressions de la peur, crut aux paroles du Maitre ; elle se redressa immédiatement en vertu de sa foi. Voyant qu’il lui avait été donné de pouvoir se tenir droite, elle éleva la voix et glorifia Dieu. 167:3.2 L’infirmité de cette femme était entièrement mentale ; la courbure de son corps provenait de son mental déprimé. Malgré cela, le public crut que Jésus avait guéri une véritable infirmité physique. L’assemblée de Philadelphie accueillait favorablement les enseignements de Jésus, mais le chef de la synagogue était un pharisien hostile. Il partagea l’opinion de l’assemblée que Jésus avait guéri une maladie physique et s’indigna de ce que Jésus ait osé le faire un jour de sabbat. Il se dressa donc devant l’assemblée et dit : « Les hommes n’ont-ils pas six jours pour effectuer tout leur travail ? Venez donc vous faire guérir pendant les jours ouvrables, mais non le jour du sabbat. » 167:3.3 Après ces paroles du chef hostile, Jésus remonta sur l’estrade des orateurs et dit : « Pourquoi jouer un rôle d’hypocrite ? Chacun de vous, le jour du sabbat, ne détache-t-il pas son bœuf de l’étable pour le conduire à l’abreuvoir ? Si cette bonne action est licite le jour du sabbat, cette femme, une fille d’Abraham que le mal a courbée pendant dix-huit ans, ne devrait-elle pas être délivrée de cette servitude et conduite à s’abreuver aux eaux de la liberté et de la vie, même en ce jour du sabbat ? » Tandis que la femme continuait à glorifier Dieu, l’assemblée se réjouit avec elle de sa guérison, et le critique fut couvert de honte. 167:3.4 Comme suite à sa critique publique de Jésus en ce jour de sabbat, le chef de la synagogue fut destitué et remplacé par un disciple de Jésus. 167:3.5 Jésus délivrait fréquemment, de leur esprit d’infirmité, de leur dépression mentale et de leur asservissement à la crainte, ces victimes de la peur. Mais la population croyait que toutes ces afflictions étaient soit des infirmités physiques, soit des possessions par de mauvais esprits. 167:3.6 Jésus enseigna de nouveau dans la synagogue le dimanche, et, ce jour-là à midi, de nombreux croyants furent baptisés par Abner dans la rivière qui coulait au sud de la ville. Le lendemain matin, Jésus et les dix apôtres seraient repartis pour Pella si l’un des messagers de David n’était arrivé, apportant à Jésus un message urgent de la part de ses amis de Béthanie près de Jérusalem. 4. Le message de Béthanie 167:4.1 Très tard dans la soirée du dimanche 26 février, un coureur arriva de Béthanie à Philadelphie, apportant un message de Marthe et Marie disant : « Seigneur, celui que tu aimes est très malade. » Ce message parvint à Jésus à la fin de la conférence du soir, juste au moment où il prenait congé des apôtres pour la nuit. Tout d’abord, Jésus ne répondit rien. Il se produisit un de ces étranges intermèdes, un temps où il paraissait être en communication avec quelque chose d’extérieur à lui, situé au-delà de lui. Puis il releva les yeux et s’adressa au messager de sorte que les apôtres purent l’entendre dire : « Cette maladie ne va pas réellement jusqu’à la mort. Ne doutez pas qu’elle puisse être utilisée pour glorifier Dieu et exalter le Fils. » 167:4.2 Jésus avait beaucoup d’amitié pour Marthe, Marie et leur frère Lazare. Il les aimait d’une affection fervente. Sa première pensée humaine fut d’aller immédiatement à leur secours, mais une autre idée apparut dans son mental conjugué. Il avait à peu près abandonné l’espoir de voir les dirigeants juifs de Jérusalem accepter un jour le royaume, mais il aimait toujours son peuple, et maintenant se présentait à lui un plan qui donnerait, aux scribes et aux pharisiens de Jérusalem, une chance de plus d’accepter ses enseignements. Il décida, si son Père le voulait, de faire, de cet ultime appel à Jérusalem, la manifestation extérieure la plus profonde et la plus stupéfiante de toute sa carrière terrestre. Les Juifs restaient attachés à l’idée d’un libérateur accomplissant des prodiges, et Jésus refusait de s’abaisser à des prodiges matériels ou de faire des démonstrations temporelles de pouvoir politique. En la circonstance, il demanda cependant le consentement du Père pour manifester son pouvoir non encore démontré sur la vie et la mort. 167:4.3 Les Juifs avaient l’habitude d’enterrer leurs morts le jour de leur décès, ce qui était une pratique nécessaire dans un climat aussi chaud. Il arrivait souvent qu’ils mettaient au tombeau un individu simplement plongé dans le coma, de sorte qu’au bout de deux jours, ou même de trois, ce pseudo-mort sortait de la tombe. D’après la croyance des Juifs, l’esprit ou l’âme pouvait s’attarder près du corps pendant deux ou trois jours, mais ne restait jamais après le troisième jour ; selon eux, la décomposition était bien avancée le quatrième jour, et personne ne revenait jamais de la tombe après ce laps de temps. C’est pourquoi Jésus demeura encore deux jours pleins à Philadelphie avant de se préparer à partir pour Béthanie. 167:4.4 En conséquence, le mercredi matin de bonne heure, il dit à ses apôtres : « Préparons-nous immédiatement à aller une fois de plus en Judée. » Après avoir entendu leur Maitre dire cela, les apôtres se retirèrent à l’écart pendant un temps pour se consulter entre eux. Jacques prit la direction des débats, et les apôtres furent unanimes à penser que c’était pure folie que de permettre à Jésus de retourner en Judée. Ils revinrent comme un seul homme pour faire part de leur opinion à Jésus. Jacques dit : « Maitre, tu as été à Jérusalem il y a quelques semaines, et les dirigeants ont cherché à te faire mourir, tandis que le peuple était prêt à te lapider. À ce moment-là, tu as donné à ces hommes leur chance de recevoir la vérité, et nous ne te permettrons pas de retourner en Judée. » 167:4.5 Alors Jésus dit : « Ne comprenez-vous pas que chaque journée a douze heures pendant lesquelles on peut faire son travail en sécurité ? Si un homme marche le jour, il ne trébuche pas, attendu qu’il a de la lumière. S’il marche la nuit, il risque de trébucher, car il est sans lumière. Tant que mon jour dure, je ne crains pas d’entrer en Judée. Je voudrais accomplir encore une puissante œuvre pour ces Juifs. Je voudrais leur donner une chance de plus de croire, même dans les conditions qui leur plaisent – gloire extérieure et manifestation visible du pouvoir du Père et de l’amour du Fils. En outre, n’avez-vous pas compris que notre ami Lazare s’est endormi et que je voudrais aller le réveiller de ce sommeil ? » 167:4.6 Alors, l’un des apôtres dit : « Maitre, si Lazare s’est endormi, il est d’autant plus sûr de se rétablir. » À cette époque, les Juifs avaient l’habitude de parler de la mort comme d’une forme de sommeil, mais les apôtres n’avaient pas compris que Jésus voulait dire que Lazare avait quitté ce monde. Le Maitre s’expliqua donc clairement : « Lazare est mort. Dans votre intérêt, et même si cela ne doit pas sauver les autres, je suis heureux de ne pas m’être trouvé là, afin que vous ayez maintenant une nouvelle raison de croire en moi. Vous allez être témoins d’un évènement qui devrait vous fortifier tous en préparation du jour où je prendrai congé de vous pour retourner vers le Père. » 167:4.7 Devant l’impossibilité de persuader Jésus de s’abstenir d’aller en Judée, et l’hésitation de certains apôtres à l’y accompagner, Thomas s’adressa à ses compagnons et dit : « Nous avons exprimé nos craintes au Maitre, mais il est décidé à aller à Béthanie. J’estime qu’il court à sa perte ; on va sûrement le tuer. Mais, si c’est le choix du Maitre, conduisons-nous comme des braves ; allons-y pour mourir avec lui. » Comme toujours, dans les affaires nécessitant un courage délibéré et soutenu, Thomas fut le point d’appui du groupe des douze apôtres. 5. Sur le chemin de Béthanie 167:5.1 Une compagnie de près de cinquante amis et ennemis suivit Jésus sur la route de Judée. Le mercredi, à l’heure du repas de midi, il fit, à ses apôtres et à ce groupe d’accompagnateurs, un exposé sur « Les Conditions du Salut », et, à la fin de cette leçon, il raconta la parabole du pharisien et du publicain (un collecteur de taxes). Jésus dit : « Vous voyez ainsi que le Père donne le salut aux enfants des hommes, et que ce salut est un don gratuit à tous ceux qui ont la foi d’accepter la filiation dans la famille divine. L’homme ne peut rien faire pour gagner ce salut. Les œuvres du pharisaïsme ne peuvent acheter la faveur de Dieu, et de longues prières en public ne compenseront pas le manque de foi vivante dans le cœur. Vous pouvez tromper les hommes par vos prestations extérieures, mais Dieu scrute votre âme. Ce que je vous dis est bien illustré par l’exemple de deux hommes, un pharisien et un publicain, qui allèrent au temple pour prier. Le pharisien se tint debout et pria en lui-même : ‘Ô Dieu, je te rends grâces de ne pas ressembler au reste des hommes, qui sont exacteurs, ignorants, injustes et adultères, ni même à ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine et je donne la dime de tout ce que j’acquiers.’ Par contre, le publicain se tenait à l’écart et n’osait même pas lever les yeux au ciel ; il se frappait la poitrine en disant : Ô Dieu, sois miséricordieux pour un pécheur comme moi.’ Je vous dis que c’est le publicain qui rentra chez lui avec l’approbation de Dieu, plutôt que le pharisien, car quiconque s’élève sera humilié et quiconque s’humilie sera élevé. » 167:5.2 Ce soir-là, à Jéricho, les pharisiens hostiles cherchèrent à prendre Jésus au piège en l’incitant à discuter du mariage et du divorce, comme leurs semblables l’avaient jadis fait en Galilée ; mais le Maitre évita adroitement de se laisser entrainer dans une opposition à leurs lois concernant le divorce. De même que le publicain et le pharisien illustraient la bonne et la mauvaise religion, leurs pratiques du divorce établissaient un contraste entre les meilleures lois matrimoniales du code juif et le honteux relâchement avec lequel les pharisiens interprétaient les règles du divorce formulées par Moïse. Le pharisien se jugeait lui-même d’après le critère le plus bas ; le publicain se mettait au diapason de l’idéal le plus élevé. Pour le pharisien, la dévotion était un moyen d’aboutir à l’inactivité justifiée et à l’assurance d’une fausse sécurité spirituelle. Pour le publicain, la dévotion était un moyen de vivifier son âme pour qu’elle comprenne la nécessité de se repentir, de se confesser et d’accepter par la foi un pardon miséricordieux. Le pharisien cherchait la justice, et le publicain, la miséricorde. La loi de l’univers est : Demandez, et vous recevrez ; cherchez, et vous trouverez. 167:5.3 Bien que Jésus eût refusé de se laisser entrainer dans une controverse avec les pharisiens au sujet du divorce, il proclama un enseignement positif des idéaux supérieurs concernant le mariage. Il exalta le mariage comme la relation humaine la plus idéale et la plus élevée. De même, il marqua sa forte désapprobation pour la pratique relâchée et injuste du divorce chez les Juifs de Jérusalem, qui, à cette époque, permettaient à un homme de divorcer pour les raisons les plus futiles. Il suffisait que l’intéressé accuse sa femme d’être une mauvaise cuisinière ou de mal tenir la maison, ou simplement qu’il se soit amouraché d’une femme plus jolie. 167:5.4 Les pharisiens étaient même allés jusqu’au point d’enseigner que ce genre de divorce facile était un privilège spécial accordé au peuple juif, et particulièrement aux pharisiens. Ainsi, tandis que Jésus refusait de faire des déclarations sur le mariage et le divorce, il condamna sévèrement ces honteuses caricatures des relations maritales et fit ressortir leur injustice vis-à-vis des femmes et des enfants. Jamais il ne sanctionna aucune pratique de divorce donnant à l’homme un avantage sur la femme ; le Maitre n’approuva que les enseignements accordant aux femmes l’égalité avec les hommes. 167:5.5 Bien que Jésus n’eût pas offert de nouvelles règles concernant le mariage et le divorce, il incita les Juifs à se conformer à leurs propres lois et à leurs enseignements les plus élevés. Il s’appuya constamment sur les Écritures dans son effort pour améliorer leurs pratiques selon cette tendance sociale. Tout en soutenant ainsi les concepts idéaux et supérieurs du mariage, Jésus évita habilement le conflit avec ses questionneurs concernant les pratiques sociales telles que représentées soit dans leurs lois écrites, soit par leurs privilèges de divorce auxquels ils tenaient beaucoup. 167:5.6 Il fut très difficile aux apôtres de comprendre le peu d’empressement du Maitre à faire des déclarations positives au sujet des problèmes scientifiques, sociaux, économiques et politiques. Ils ne réalisaient pas tout à fait que sa mission terrestre concernait exclusivement la révélation de vérités spirituelles et religieuses. 167:5.7 Tard dans la soirée, après que Jésus eut parlé du mariage et du divorce, ses apôtres lui posèrent, en privé, de nombreuses questions additionnelles. Ses réponses à leurs enquêtes délivrèrent leur mental de beaucoup de fausses conceptions. À la fin de cette conférence, Jésus dit : « Le mariage est honorable et doit être désiré par tous les hommes. Le fait que le Fils de l’Homme poursuit, seul, sa mission terrestre ne porte aucune atteinte au caractère désirable du mariage. C’est la volonté du Père que j’agisse ainsi, mais le même Père a ordonné la création des mâles et des femelles ; Dieu veut que les hommes et les femmes trouvent leur service le plus élevé et la joie correspondante en établissant des foyers pour accueillir et élever des enfants, pour la création desquels ces parents deviennent coassociés aux Créateurs du ciel et de la terre. C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, et les deux ne feront qu’un. » 167:5.8 De cette manière, Jésus soulagea le mental des apôtres d’un grand nombre de soucis concernant le mariage et clarifia de nombreux malentendus concernant le divorce. En même temps, il contribua largement à exalter leurs idéaux d’union sociale, et à accroitre leur respect pour les femmes, les enfants et le foyer. 6. La bénédiction des petits enfants 167:6.1 Le message vespéral de Jésus sur le mariage et sur le caractère sacré des enfants se répandit dans tout Jéricho, de sorte que, le lendemain matin, longtemps avant que Jésus et les apôtres ne soient prêts à partir, et même avant l’heure du petit déjeuner, un grand nombre de mères se rassemblèrent près du logement de Jésus, apportant leurs enfants dans leurs bras ou les conduisant par la main, et désirant qu’il bénisse les petits. Lorsque les apôtres sortirent et virent ce rassemblement de mères avec leurs enfants, ils tentèrent de les renvoyer, mais ces femmes refusèrent de partir avant que le Maitre ait imposé les mains sur leurs enfants et les ait bénis. Quand les apôtres réprimandèrent bruyamment ces mères, Jésus, entendant le tumulte, sortit et leur fit des reproches indignés en disant : « Laissez venir à moi les petits enfants ; ne le leur interdisez pas, car le royaume des cieux est composé de leurs pareils. En vérité, en vérité, je vous le dis, quiconque ne reçoit pas le royaume de Dieu comme un petit enfant ne pourra y entrer pour y atteindre la pleine stature de son humanité spirituelle. » 167:6.2 Après avoir ainsi parlé à ses apôtres, Jésus accueillit tous les enfants et leur imposa les mains en adressant des paroles d’encouragement et d’espoir à leurs mères. 167:6.3 Jésus parlait souvent à ses apôtres des maisons célestes et leur enseignait que les enfants évoluant de Dieu doivent y croitre spirituellement, comme les enfants grandissent physiquement sur ce monde. Les choses sacrées paraissent souvent banales ; ainsi, en ce jour, ces enfants et leurs mères ne se rendaient pas compte que les intelligences de Nébadon observaient les enfants de Jéricho jouant avec le Créateur d’un univers. 167:6.4 Le statut des femmes en Palestine fut grandement amélioré par l’enseignement de Jésus. Il en aurait été de même dans le monde entier si ses disciples ne s’étaient pas tellement écartés de ce que le Maitre avait pris tant de peine à leur enseigner. 167:6.5 Ce fut également à Jéricho, au cours d’une discussion sur la formation religieuse précoce des enfants à des habitudes d’adoration divine, que Jésus inculqua à ses apôtres la grande valeur de la beauté en tant qu’influence incitant à l’adoration, spécialement chez les enfants. Par ses préceptes et son exemple, le Maitre enseigna la valeur de l’adoration du Créateur au milieu des paysages naturels de la création. Il préférait communier avec le Père céleste parmi les arbres et les humbles créatures du monde naturel. Il prenait plaisir à contempler le Père à travers le spectacle inspirant des royaumes étoilés des Fils Créateurs. 167:6.6 Quand il n’est pas possible d’adorer Dieu dans les tabernacles de la nature, les hommes devraient faire de leur mieux pour se ménager des maisons de beauté, des sanctuaires d’une simplicité attrayante et artistement embellis, de manière à éveiller les sentiments humains les plus élevés associés à l’approche intellectuelle de la communion spirituelle avec Dieu. La vérité, la beauté et la sainteté apportent une aide puissante et efficace à la véritable adoration. La communion d’esprit n’est pas encouragée simplement par une ornementation massive et les excès de décoration d’un art humain compliqué et fastueux. La beauté est la plus religieuse quand elle est la plus simple et la plus proche de la nature. Il est bien malheureux que les petits enfants aient leur premier contact avec les concepts du culte public dans des salles froides et nues si dépourvues de l’attrait de la beauté et inspirant si peu l’allégresse et la sainteté ! Il faudrait que l’initiation de l’enfant à l’adoration ait lieu dans les paysages de la nature, et que, plus tard, il accompagne ses parents dans des édifices publics d’assemblées religieuses qui aient au moins autant d’attrait matériel et de beauté artistique que la maison où il a son domicile habituel. 7. L’entretien au sujet des anges 167:7.1 Tandis que le groupe apostolique remontait les collines allant de Jéricho à Béthanie, Nathanael marcha presque tout le temps aux côtés de Jésus ; leur discussion sur les rapports des enfants avec le royaume des cieux les conduisit indirectement à étudier le ministère des anges. Nathanael finit par poser au Maitre la question suivante : « Vu que le grand-prêtre est un sadducéen, et attendu que les sadducéens ne croient pas aux anges, qu’allons-nous enseigner au peuple au sujet des ministres célestes ? » Alors, Jésus donna, entre autres, les indications suivantes : 167:7.2 « Les armées angéliques forment un ordre séparé d’êtres créés. Ils sont entièrement différents de l’ordre matériel des créatures mortelles et opèrent comme un groupe distinct d’intelligences de l’univers. Les anges n’appartiennent pas au groupe de créatures dénommé ‘Fils de Dieu’ dans les Écritures. Ils ne sont pas non plus les esprits glorifiés des mortels qui ont poursuivi leurs progrès à travers les mondes élevés des maisons. Les anges sont une création directe, et ne se reproduisent pas. Les armées angéliques n’ont qu’une parenté spirituelle avec la race humaine. Tandis que l’homme progresse sur son chemin vers le Père du Paradis, il passe, à un moment donné, par un stade analogue à l’état des anges, mais l’homme mortel ne devient jamais un ange. 167:7.3 « Contrairement aux hommes, les anges ne meurent jamais. Ils sont immortels, à moins de se trouver impliqués dans le péché, comme certains le furent par les tromperies de Lucifer. Les anges sont les serviteurs spirituels du ciel et ne sont ni infiniment sages ni tout-puissants ; mais tous les anges loyaux sont vraiment purs et saints. 167:7.4 « Ne te rappelles-tu pas m’avoir déjà entendu vous dire que, si vos yeux spirituels étaient oints, vous verriez les cieux ouverts et vous apercevriez les anges de Dieu montant et descendant ? C’est par le ministère des anges qu’un monde peut être maintenu en contact avec les autres, car ne vous ai-je pas maintes fois dit que j’ai d’autres brebis n’appartenant pas à ce bercail ? Ces anges ne sont pas les espions du monde de l’esprit qui vous surveillent et vont ensuite raconter au Père les pensées de votre cœur, et lui faire un rapport sur les œuvres de la chair. Le Père n’a pas besoin de ce genre de services, puisque son propre esprit vit en vous. Mais ces esprits angéliques servent à tenir une partie de la création céleste au courant des actes accomplis dans d’autres parties lointaines de l’univers. Un grand nombre d’anges sont affectés au service des races humaines, tout en travaillant dans le gouvernement du Père et les univers des Fils. Quand je vous ai appris que beaucoup de ces séraphins étaient des esprits tutélaires, je ne parlais ni au figuré ni poétiquement. Tout ceci est vrai, indépendamment de votre difficulté à comprendre ces questions. 167:7.5 « Beaucoup de ces anges travaillent à sauver des hommes ; ne vous ai-je pas parlé de la joie séraphique lorsqu’une âme décide d’abandonner le péché et de commencer la recherche de Dieu ? Je vous ai même parlé de la joie en présence des anges du ciel à propos d’un seul pécheur qui se repent ; cela dénotait l’existence d’autres catégories supérieures d’êtres célestes qui s’occupent aussi du bien-être spirituel et du progrès divin de l’homme mortel. 167:7.6 « Ces anges s’occupent également beaucoup des moyens par lesquels l’esprit des hommes est libéré des tabernacles de la chair et leur âme escortée aux mondes célestes des maisons. Les anges sont les fidèles guides célestes de l’âme des hommes durant la période inexplorée et imprécise qui intervient entre la mort physique et la vie nouvelle dans les demeures de l’esprit. » 167:7.7 Jésus se serait entretenu plus longuement avec Nathanael du ministère des anges s’il n’avait été interrompu par l’approche de Marthe. Elle avait été informée, de l’arrivée du Maitre à Béthanie, par des amis qui l’avaient vu monter les collines à l’est, et maintenant elle se hâtait pour l’accueillir. FASCICULE 168. La résurrection de Lazare 168:0.1 Il était un peu plus de midi quand Marthe partit à la rencontre de Jésus, qui franchissait la crête de la colline près de Béthanie. Son frère Lazare était mort depuis quatre jours et, à la fin de l’après-midi du dimanche, il avait été couché dans leur caveau de famille situé à l’extrémité du jardin. La pierre fermant l’entrée du caveau avait été roulée en place le matin même de ce jour, ce jeudi. 168:0.2 Quand Marthe et Marie avaient envoyé à Jésus la nouvelle de la maladie de Lazare, elles étaient convaincues que le Maitre ferait quelque chose à ce sujet. Elles savaient que leur frère était très gravement malade, et n’osaient guère espérer que Jésus quitterait son travail d’instructeur et de prédicateur pour venir à leur secours. Mais elles avaient tellement confiance en son pouvoir de guérir les maladies qu’elles croyaient qu’il lui suffirait de prononcer les paroles curatives, et qu’aussitôt Lazare serait guéri. Lorsque Lazare mourut quelques heures après le départ du messager de Béthanie pour Philadelphie, elles conclurent que le Maitre n’avait pas appris la maladie de leur frère avant qu’il ne fût trop tard, avant que Lazare ne fût déjà décédé depuis plusieurs heures. 168:0.3 Toutefois elles furent très déconcertées, ainsi que tous leurs amis croyants, par le message rapporté, le mardi matin, par un coureur arrivant à Béthanie. Le messager insista sur le fait qu’il avait entendu Jésus dire : « … cette maladie ne va pas réellement jusqu’à la mort. » Marthe et Marie ne pouvaient pas non plus comprendre pourquoi Jésus ne leur avait pas envoyé un mot ou ne leur avait pas offert son aide de quelque autre manière. 168:0.4 Beaucoup d’amis des hameaux voisins, et d’autres de Jérusalem, vinrent apporter leurs consolations aux deux sœurs plongées dans le chagrin. Lazare et ses sœurs étaient les enfants d’un Juif honorable et fortuné qui avait été le principal notable du petit village de Béthanie. Bien que tous trois fussent depuis longtemps d’ardents disciples de Jésus, ils étaient hautement respectés par tous ceux qui les connaissaient. Ils avaient hérité d’importants vignobles et de grandes olivaies dans le voisinage. Le fait qu’ils pouvaient s’offrir un caveau funéraire privé dans leur propriété était une preuve supplémentaire de leur fortune. Leurs parents avaient déjà été couchés tous deux dans ce tombeau. 168:0.5 Marie avait renoncé à l’espoir de voir venir Jésus et s’était abandonnée à son chagrin, mais Marthe s’accrocha à cette espérance jusqu’au matin où la pierre fut roulée devant le caveau pour en sceller l’entrée. Même alors, elle demanda à un jeune garçon du voisinage de surveiller, du haut de la colline, à l’est de Béthanie, la route descendant à Jéricho. Ce fut ce garçon qui apporta à Marthe la nouvelle que Jésus et ses amis approchaient. 168:0.6 Quand Marthe rencontra Jésus, elle tomba à ses pieds en s’écriant : « Maitre, si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort ! » Beaucoup de craintes traversaient le mental de Marthe, mais elle n’exprima aucun doute et ne s’aventura pas à critiquer ou à mettre en question la conduite de Jésus relative à la mort de Lazare. Lorsqu’elle eut parlé, Jésus se baissa pour la relever et dit : « Aie simplement la foi, Marthe, et ton frère ressuscitera. » Marthe répondit : « Je sais qu’il ressuscitera lors de la résurrection du dernier jour ; et même maintenant je crois que notre Père te donnera tout ce que tu demanderas à Dieu. » 168:0.7 Alors, Jésus regarda Marthe droit dans les yeux et dit : « Je suis la résurrection et la vie ; quiconque croit en moi vivra, même s’il meurt. En vérité, quiconque vit en croyant en moi ne mourra jamais réellement. Marthe, crois-tu cela ? » Et Marthe répondit au Maitre : « Oui, je crois depuis longtemps que tu es le Libérateur, le Fils du Dieu vivant, celui-là même qui doit venir en ce monde. » 168:0.8 Jésus s’étant enquis de Marie, Marthe alla aussitôt à la maison et chuchota à sa sœur : « Le Maitre est ici et t’a demandée. » Lorsque Marie entendit cela, elle se leva rapidement et se hâta vers Jésus, qui était resté à une certaine distance de la maison, à l’endroit où Marthe l’avait d’abord rencontré. Quand les amis, qui étaient auprès de Marie pour la consoler, virent qu’elle se levait en hâte et sortait, ils la suivirent en supposant qu’elle allait au tombeau pour pleurer. 168:0.9 Parmi les personnes présentes, se trouvaient beaucoup d’ennemis implacables de Jésus. C’est pourquoi Marthe était allée seule à sa rencontre, et c’est aussi pourquoi elle avait si discrètement informé Marie que le Maitre l’avait demandée. Tout en désirant ardemment voir Jésus, Marthe souhaitait éviter tout incident déplaisant susceptible d’être causé par la soudaine arrivée du Maitre au milieu d’un groupe important de ses adversaires de Jérusalem. Marthe avait eu l’intention de rester à la maison avec leurs amis pendant que Marie allait saluer Jésus, mais elle n’y parvint pas, car tous suivirent Marie et se trouvèrent ainsi d’une façon inattendue en présence du Maitre. 168:0.10 Marthe la conduisit à Jésus et, lorsque Marie le vit, elle tomba à ses pieds en s’écriant : « Si seulement tu avais été là, mon frère ne serait pas mort. » Lorsque Jésus vit combien tout le monde s’attristait de la mort de Lazare, son âme fut émue de compassion. 168:0.11 Quand les amis en deuil virent que Marie était allée accueillir Jésus, ils se retirèrent un peu à l’écart pendant que Marthe et Marie s’entretenaient avec le Maitre, qui leur prodigua de nouveaux encouragements. Il les exhorta à conserver une foi vivace dans le Père et à se soumettre complètement à la volonté divine. 168:0.12 Le mental humain de Jésus fut puissamment remué par un conflit : d’une part il aimait Lazare et ses sœurs affligées, et d’autre part il dédaignait et méprisait les manifestations extérieures d’affection de certains Juifs incroyants aux intentions meurtrières. Jésus s’indigna de voir certains de ces prétendus amis afficher extérieurement leur deuil de la mort de Lazare, d’autant que ce faux chagrin était associé, dans leur cœur, à tant d’amère inimitié contre lui-même. Toutefois, certains de ces Juifs étaient sincères dans leur deuil, car ils étaient de vrais amis de la famille. 1. À la tombe de Lazare 168:1.1 Après que Jésus eut passé quelques moments à consoler Marthe et Marie à l’écart des amis en deuil, il leur demanda : « Où l’avez-vous couché ? » Marthe dit : « Viens et vois. » Tandis que le Maitre suivait en silence les deux sœurs affligées, il pleura. En voyant ses larmes, un des Juifs amicaux qui les suivaient dit : « Voyez comme il l’aimait. Celui qui a ouvert les yeux de l’aveugle n’aurait-il pu empêcher cet homme de mourir ? » Entretemps, ils étaient arrivés devant le caveau familial, une petite grotte naturelle, ou déclivité, dans l’épaulement rocheux d’une dizaine de mètres de hauteur qui s’élevait au bout du jardin. 168:1.2 Il est difficile de faire comprendre au mental humain pourquoi Jésus pleura. Bien que nous ayons accès à l’enregistrement des émotions humaines et des pensées divines conjuguées de Jésus, telles que le mental de son Ajusteur Personnalisé les a enregistrées, nous ne sommes pas absolument certains de la cause réelle de ces manifestations émotionnelles. Nous avons tendance à croire que Jésus pleurait à cause d’un certain nombre de pensées et sentiments qui traversaient son mental à ce moment-là, tels que : 168:1.3 1. Il éprouvait une compassion sincère et attristée pour Marthe et Marie. Il avait une réelle et profonde affection pour ces sœurs qui avaient perdu leur frère. 168:1.4 2. Son mental était troublé par la foule de ceux qui portaient le deuil, dont quelques-uns éprouvaient un chagrin sincère et d’autres le simulaient. Jésus était toujours froissé par ces exhibitions extérieures d’affliction. Il savait que les sœurs aimaient leur frère et avaient foi dans la survie des croyants. Ces émotions contradictoires expliquent peut-être pourquoi il exprimait sa douleur en approchant du caveau. 168:1.5 3. Il hésitait sincèrement à ramener Lazare à la vie mortelle. Ses sœurs avaient réellement besoin de lui, mais Jésus regrettait d’avoir à faire revenir son ami pour lui voir subir ensuite des persécutions acharnées. Il savait bien que Lazare aurait à les subir pour avoir été le sujet de la plus grande démonstration de pouvoir du Fils de l’Homme. 168:1.6 Maintenant, nous pouvons exposer un fait intéressant et instructif. Bien que la présente histoire se déroule comme un évènement apparemment normal et naturel dans les affaires humaines, elle comporte des aperçus indirects fort intéressants. D’une part un messager va trouver Jésus le dimanche pour l’informer de la maladie de Lazare, et Jésus prévient « qu’elle ne va pas jusqu’à la mort » et d’autre part Jésus va en personne à Béthanie et même demande aux sœurs : « Où l’avez-vous couché ? » Tout cela semble indiquer que Jésus procédait à la manière des mortels et selon les connaissances limitées du mental humain. Néanmoins, les archives de l’univers révèlent que l’Ajusteur Personnalisé de Jésus donna l’ordre de retenir l’Ajusteur de Pensée de Lazare sur Urantia, après la mort de Lazare, pour un temps indéterminé, et que cet ordre fut enregistré officiellement un quart d’heure avant le dernier soupir de Lazare. 168:1.7 Le mental divin de Jésus savait-il, dès avant la mort de Lazare, qu’il le ressusciterait d’entre les morts ? Nous l’ignorons. Nous savons seulement ce que nous exposons ici. 168:1.8 Beaucoup d’ennemis de Jésus eurent tendance à railler ses manifestations d’affection et se dirent entre eux : « S’il avait tant d’estime pour cet homme, pourquoi a-t-il attendu si longtemps pour venir à Béthanie ? S’il est ce qu’on prétend, pourquoi n’a-t-il pas sauvé son cher ami ? À quoi bon guérir des étrangers en Galilée s’il ne peut sauver ceux qu’il aime ? » Et, de bien d’autres manières, ils tournèrent en dérision les enseignements et les œuvres de Jésus, et les prirent à la légère. 168:1.9 Ainsi, ce jeudi après-midi vers deux heures et demie, dans le petit hameau de Béthanie, le cadre était tout préparé pour l’accomplissement de la plus grande de toutes les œuvres liées au ministère terrestre de Micaël de Nébadon, pour la plus puissante manifestation de pouvoir divin durant sa vie incarnée, car sa propre résurrection eut lieu seulement après qu’il eut été libéré des entraves de l’incarnation dans un corps mortel. 168:1.10 Le petit groupe réuni devant la tombe de Lazare n’imaginait pas qu’il y avait à proximité un vaste concours d’êtres célestes de tous ordres rassemblés sous la direction de Gabriel, maintenant en attente par ordre de l’Ajusteur Personnalisé de Jésus, vibrants d’expectative et prêts à exécuter les directives de leur Souverain bien-aimé. 168:1.11 Lorsque Jésus commanda : « Enlevez la pierre », les armées célestes réunies se préparèrent à jouer le drame consistant à ressusciter Lazare dans la similitude de sa chair mortelle. Cette forme de résurrection implique des difficultés d’exécution qui transcendent de loin la technique habituelle de résurrection des créatures mortelles sous forme morontielle ; elle exige le concours d’un bien plus grand nombre de personnalités célestes et un appel beaucoup plus étendu aux ressources de l’univers. 168:1.12 Lorsque Marthe et Marie entendirent le commandement de Jésus ordonnant de rouler la pierre qui fermait le caveau, elles furent remplies de sentiments contradictoires. Marie espérait que Lazare allait être ressuscité d’entre les morts, mais Marthe, alors qu’elle partageait dans une certaine mesure la foi de sa sœur, était davantage tracassée par la crainte que, par son aspect extérieur, Lazare ne soit pas présentable à Jésus, aux apôtres et à leurs amis. Marthe dit : « Devons-nous rouler la pierre de côté ? Mon frère est maintenant mort depuis quatre jours, de sorte qu’à l’heure qu’il est, la décomposition du corps a commencé. » Marthe dit cela également parce qu’elle ne comprenait pas avec certitude pourquoi le Maitre avait demandé que la pierre fût enlevée ; elle pensait que Jésus voulait peut-être se borner à jeter un dernier regard sur Lazare. L’attitude de Marthe n’était ni ferme ni décidée. Tandis que les deux sœurs hésitaient à faire rouler la pierre, Jésus dit : « Ne vous ai-je pas dit, dès le commencement, que cette maladie n’irait pas jusqu’à la mort ? Ne suis-je pas venu pour accomplir ma promesse ? Et, après être venu à vous, n’ai-je pas dit que, si seulement vous croyiez, vous verriez la gloire de Dieu ? Pourquoi doutez-vous ? Combien de temps vous faudra-t-il pour croire et obéir ? » 168:1.13 Après que Jésus eut fini de parler, ses apôtres, aidés par des voisins de bonne volonté, se saisirent de la pierre et la roulèrent à l’écart de l’entrée du caveau. 168:1.14 Les Juifs croyaient communément que la goutte de fiel à la pointe de l’épée de l’ange de la mort commençait à opérer à la fin du troisième jour, de sorte qu’elle donnait son plein effet le quatrième jour. Ils admettaient que l’âme humaine peut s’attarder auprès de la tombe jusqu’à la fin du troisième jour, cherchant à ranimer le cadavre ; mais ils croyaient fermement qu’avant l’aurore du quatrième jour, cette âme s’en était allée dans la demeure des esprits trépassés. 168:1.15 Ces croyances et opinions concernant les morts et le départ de leur esprit servirent à confirmer au mental de toutes les personnes présentes auprès du tombeau de Lazare, et ultérieurement de toutes celles qui apprendraient ce qui allait se passer, qu’il s’agissait vraiment d’un cas de résurrection d’un mort par l’œuvre personnelle de celui qui avait proclamé être « la résurrection et la vie ». 2. La résurrection de Lazare 168:2.1 Le groupe d’environ quarante-cinq personnes se tenant devant la tombe put vaguement apercevoir la forme de Lazare, enveloppée dans des bandelettes de lin et reposant dans la niche droite inférieure du caveau funéraire. Tandis que ces créatures terrestres se tenaient là, en silence, osant à peine respirer, une vaste armée d’êtres célestes avait pris place, prête à répondre au signal d’action lorsque Gabriel, son commandant, le donnerait. 168:2.2 Jésus leva les yeux et dit : « Père, je te remercie d’avoir entendu ma requête et d’y avoir fait droit. Je sais que tu m’écoutes toujours, mais, à cause de ceux qui se tiennent ici avec moi, je m’entretiens ainsi avec toi pour qu’ils croient que tu m’as envoyé dans le monde et sachent que tu opères avec moi dans l’acte que nous nous préparons à accomplir. » Et, après avoir prié, il cria d’une voix forte : « Lazare, viens dehors ! » 168:2.3 Les spectateurs humains de la scène restèrent immobiles, mais la vaste armée céleste était toute affairée dans son action unifiée pour obéir à la parole du Créateur. En douze secondes du temps terrestre, la forme jusque-là inanimée de Lazare commença à bouger et s’assit bientôt sur le bord de la tablette de pierre où elle avait reposé. Son corps était enveloppé de vêtements funéraires et son visage était couvert d’un linge. Et tandis qu’il se tenait là debout devant eux – vivant – Jésus dit : « Déliez-le et laissez-le aller. » 168:2.4 Tous les spectateurs, sauf les apôtres ainsi que Marthe et Marie, s’enfuirent vers la maison. Ils étaient pâles de terreur et remplis de stupéfaction. Quelques-uns restèrent là, mais beaucoup se hâtèrent de rentrer chez eux. 168:2.5 Lazare salua Jésus et les apôtres. Il demanda la signification des vêtements funéraires et pourquoi il s’était réveillé dans le jardin. Jésus et les apôtres s’écartèrent, tandis que Marthe racontait à Lazare sa mort, son enterrement et sa résurrection. Elle dut lui expliquer qu’il était mort le dimanche et avait été ramené à la vie ce jeudi, car Lazare n’avait pas eu conscience du temps depuis qu’il s’était endormi dans la mort. 168:2.6 Au moment où Lazare sortit de la tombe, l’Ajusteur Personnalisé de Jésus, maintenant chef de son ordre dans cet univers local, commanda à l’ancien Ajusteur de Lazare, alors en attente, de revenir demeurer dans le mental et l’âme du ressuscité. 168:2.7 Ensuite, Lazare s’approcha de Jésus et, avec ses sœurs, il s’agenouilla aux pieds du Maitre pour rendre grâce et louer Dieu. Jésus prit Lazare par la main et le releva en disant : « Mon fils, ce qui t’est arrivé sera également expérimenté par tous ceux qui croient à cet évangile, sauf qu’ils seront ressuscités sous une forme plus glorieuse. Tu seras un témoin vivant de la vérité que j’ai proclamée – je suis la résurrection et la vie. Allons tous maintenant à la maison prendre de la nourriture pour nos corps physiques. » 168:2.8 Tandis qu’ils marchaient vers la maison, Gabriel congédia les groupes supplémentaires des armées célestes assemblées et fit enregistrer le premier – et le dernier – cas, sur Urantia, de résurrection d’une créature mortelle dans la similitude de son corps physique mortel. 168:2.9 Lazare avait de la peine à comprendre ce qui était arrivé. Il savait qu’il avait été très malade, mais pouvait seulement se rappeler qu’il s’était endormi et avait été réveillé. Jamais il ne put dire quoi que ce soit sur ces quatre jours dans la tombe, parce qu’il y avait été entièrement inconscient. Le temps n’existe pas pour ceux qui dorment du sommeil de la mort. 168:2.10 Beaucoup crurent en Jésus à la suite de cette œuvre puissante, mais d’autres ne firent qu’endurcir leur cœur pour mieux le rejeter. Dès le lendemain midi, cette histoire s’était répandue dans tout Jérusalem. Des dizaines d’hommes et de femmes allèrent à Béthanie pour contempler Lazare et lui parler. Les pharisiens alarmés et déconcertés convoquèrent précipitamment une réunion du sanhédrin pour décider ce qu’il fallait faire concernant ces nouveaux développements de la situation. 3. La réunion du Sanhédrin 168:3.1 Le témoignage de cet homme ressuscité d’entre les morts contribua beaucoup à consolider la foi de la masse des croyants à l’évangile du royaume, mais n’eut pratiquement que peu ou pas d’influence sur l’attitude des dirigeants religieux et des chefs à Jérusalem, sinon de hâter leur décision de supprimer Jésus et de mettre fin à son œuvre. 168:3.2 Le lendemain, vendredi, à une heure de l’après-midi, le sanhédrin se réunit pour délibérer de nouveau sur la question : « Qu’allons-nous faire de Jésus de Nazareth ? » Après plus de deux heures de discussions et de débats acrimonieux, un pharisien proposa une résolution demandant la mort immédiate de Jésus, proclamant qu’il était une menace pour tout Israël, et engageant officiellement le sanhédrin, au mépris de tous les précédents, à prononcer une sentence de mort sans jugement. 168:3.3 Cet auguste corps de dirigeants juifs avait, maintes et maintes fois, décrété que Jésus devait être arrêté et jugé sous les inculpations de blasphème et de nombreuses autres accusations de mépris de la loi sacrée juive. Une fois déjà, le sanhédrin était allé jusqu’à déclarer que Jésus devait mourir, mais c’était la première fois que ce tribunal enregistrait le désir de décider sa mort préalablement à tout jugement. Toutefois, cette résolution ne fut pas mise aux voix, parce que quatorze membres du sanhédrin donnèrent leur démission en bloc lorsque cet acte inouï fut proposé. Ces démissions ne furent pas ratifiées avant un délai de deux semaines, mais le groupe de quatorze se retira du sanhédrin ce jour-là et ne siégea jamais plus au conseil. Plus tard, lors de l’enregistrement des démissions, cinq autres membres furent révoqués parce que leurs collègues estimaient qu’ils entretenaient des sentiments amicaux envers Jésus. Après l’éviction de ces dix-neuf hommes, le sanhédrin était en mesure de juger et de condamner Jésus avec une solidarité voisine de l’unanimité. 168:3.4 La semaine suivante, Lazare et ses sœurs furent convoqués devant le sanhédrin. Après leur témoignage, il ne pouvait subsister aucun doute que Lazare avait été ressuscité d’entre les morts. Bien que les séances du sanhédrin eussent pratiquement admis la résurrection de Lazare, les archives continrent une résolution attribuant ce miracle, et tous les autres prodiges accomplis par Jésus, au pouvoir du prince des démons dont Jésus était déclaré l’allié. 168:3.5 Quelle que fût la source de son pouvoir d’accomplir des prodiges, les dirigeants juifs étaient persuadés que, si l’on n’y mettait pas fin immédiatement, tout le peuple ne tarderait pas à croire en Jésus, et qu’en outre, il surgirait de graves complications avec les autorités romaines, car beaucoup de ses disciples le considéraient comme le Messie, le libérateur d’Israël. 168:3.6 Ce fut à cette même réunion du sanhédrin que le grand-prêtre Caïphe exprima, pour la première fois, le vieil adage juif qu’il répéta ensuite tant de fois : « Il vaut mieux qu’un seul homme meure plutôt que de voir périr la communauté. » 168:3.7 Bien que Jésus eût été informé des faits et gestes du sanhédrin en ce sombre vendredi après-midi, il n’en fut aucunement troublé et continua à se reposer jusqu’au lendemain du sabbat chez des amis habitant Bethphagé, un hameau voisin de Béthanie. Le dimanche matin de bonne heure, comme convenu, Jésus et les apôtres se rassemblèrent chez Lazare, prirent congé de la famille de Béthanie et repartirent pour le campement de Pella. 4. La réponse à la prière 168:4.1 Sur la route, de Béthanie à Pella, les apôtres posèrent à Jésus de nombreuses questions auxquelles il répondit franchement, sauf à celles qui concernaient les détails de la résurrection des morts. De tels problèmes dépassaient les capacités de compréhension des apôtres, et c’est pourquoi le Maitre refusa de discuter de ces questions avec eux. Personne ne les accompagnait, puisqu’ils étaient partis secrètement de Béthanie. Jésus saisit donc l’occasion de dire aux dix apôtres bien des choses qui, à son avis, les prépareraient aux jours éprouvants qui n’allaient pas tarder à venir. 168:4.2 Le mental des apôtres était très stimulé et ils passèrent un temps considérable à discuter de leurs récentes expériences concernant la prière et la réponse à la prière. Ils se rappelaient tous la déclaration faite, à Philadelphie, au messager arrivant de Béthanie quand Jésus avait dit clairement : « Cette maladie ne va pas réellement jusqu’à la mort. » Cependant, malgré cette promesse, Lazare était effectivement mort. Durant toute la journée, ils en revinrent constamment à discuter de ce problème de la réponse à la prière. 168:4.3 On peut résumer comme suit les réponses de Jésus à leurs nombreuses questions : 168:4.4 1. La prière est une expression du mental fini s’efforçant de s’approcher de l’Infini. La formulation d’une prière est donc nécessairement limitée par les connaissances, la sagesse et les attributs du fini. De même, la réponse doit être conditionnée par la vision, les buts, les idéaux et les prérogatives de l’Infini. Jamais on ne peut observer une continuité ininterrompue de phénomènes matériels entre la formulation d’une prière et la réception de la pleine réponse spirituelle qui y est faite. 168:4.5 2. Quand une prière reste apparemment sans réponse, le retard est souvent le présage d’une meilleure réponse, bien que, pour certaines bonnes raisons, cette réponse soit considérablement retardée. Quand Jésus a dit que la maladie de Lazare n’irait pas réellement jusqu’à la mort, Lazare était déjà mort depuis onze heures. Aucune prière sincère ne reste sans réponse, sauf quand le point de vue supérieur du monde spirituel a conçu une meilleure réponse, une réponse qui satisfait la requête de l’esprit de l’homme, par contraste avec la prière du simple mental de l’homme. 168:4.6 3. Quand les prières temporelles sont composées par l’esprit et exprimées avec foi, elles sont souvent si vastes et si inclusives qu’elles ne peuvent recevoir de réponse que dans l’éternité. Une supplique finie est parfois tellement imprégnée de l’emprise de l’Infini que la réponse doit être longtemps différée pour attendre la création de la capacité réceptrice adéquate. La prière de la foi peut englober tant d’éléments que la réponse ne peut être reçue qu’au Paradis. 168:4.7 4. Les réponses à la prière du mental humain sont souvent d’une nature telle que ce mental en prière ne peut les recevoir et les reconnaitre qu’après avoir lui-même atteint l’état d’immortalité. Bien souvent, il faut attendre que l’être matériel ait progressé au niveau d’esprit pour qu’il puisse recevoir une réponse à sa prière. 168:4.8 5. Il se peut que la prière d’une personne qui connait Dieu soit tellement déformée par l’ignorance et la superstition qu’il serait fort peu désirable d’y répondre. Alors, les êtres spirituels intermédiaires sont obligés de traduire cette prière d’une telle manière qu’au moment où la réponse arrive, le suppliant ne reconnait pas que cette réponse s’applique à sa prière. 168:4.9 6. Toutes les vraies prières sont adressées à des êtres spirituels, et il faut que la réponse à toutes ces suppliques soit formulée en termes spirituels ; les réponses doivent consister en réalités spirituelles. Les êtres spirituels ne peuvent offrir de réponses matérielles aux prières spirituelles, même si elles émanent d’êtres matériels. Ces derniers ne peuvent prier efficacement que s’ils « prient dans l’esprit ». 168:4.10 7. Nulle prière ne peut espérer une réponse à moins d’être née de l’esprit et nourrie par la foi. La sincérité de votre foi implique que vous avez pratiquement accordé d’avance, aux destinataires de votre prière, le plein droit de répondre à vos suppliques conformément à cette sagesse suprême et à cet amour divin qui, selon la description de votre foi, animent toujours ces êtres auxquels vous adressez vos prières. 168:4.11 8. L’enfant est toujours dans son droit quand il se risque à adresser une prière à ses parents. Et les parents restent toujours dans le domaine de leurs obligations parentales envers l’enfant dépourvu de maturité quand leur sagesse supérieure leur dicte qu’il faut retarder la réponse à la prière de l’enfant, la modifier, la passer au crible, la transcender, ou la reporter à un autre stade de l’ascension spirituelle. 168:4.12 9. N’hésitez pas à formuler les prières exprimant un désir spirituel ardent ; ne doutez pas qu’elles recevront une réponse. Ces réponses seront conservées en dépôt, en attendant que vous ayez effectivement atteint, sur ce monde-ci ou sur d’autres, les niveaux spirituels futurs d’épanouissement cosmique, où il vous deviendra possible de reconnaitre et d’assimiler les réponses longtemps attendues à vos suppliques antérieures mais prématurées. 168:4.13 10. Toutes les suppliques authentiquement nées d’esprit sont certaines de recevoir une réponse. Demandez, et vous recevrez, mais n’oubliez pas que vous êtes des créatures qui progressent dans le temps et l’espace. Il vous faut donc constamment tenir compte du facteur espace-temps pour recevoir personnellement des réponses complètes à vos multiples prières et suppliques. 5. Ce qu’il advint de Lazare 168:5.1 Lazare demeura dans sa maison de Béthanie où il fut un centre de grand intérêt pour de nombreux croyants sincères et beaucoup de curieux. Lazare y resta jusqu’à la semaine de la crucifixion de Jésus, où il fut averti que le sanhédrin avait décrété sa mort. Les dirigeants des Juifs étaient résolus à mettre fin à l’expansion des enseignements de Jésus. Ils estimaient fort justement qu’il serait inutile de mettre Jésus à mort s’ils permettaient à Lazare, représentant l’apogée de son œuvre miraculeuse, de vivre et de témoigner que Jésus l’avait ressuscité d’entre les morts. Lazare avait déjà subi de cruelles persécutions de leur part. 168:5.2 Lazare prit donc hâtivement congé de ses sœurs à Béthanie, s’enfuit par Jéricho, traversa le Jourdain et ne s’accorda jamais un long repos avant d’avoir atteint Philadelphie. Lazare connaissait bien Abner et, là, il se sentait en sécurité contre les intrigues meurtrières de l’inique sanhédrin. 168:5.3 Peu après, Marthe et Marie vendirent leurs terres de Béthanie et rejoignirent leur frère en Pérée. Entretemps, Lazare était devenu trésorier de l’Église de Philadelphie. Il soutint vigoureusement Abner dans sa controverse avec Paul et l’Église de Jérusalem. À l’âge de 67 ans, il mourut finalement de la même maladie qui l’avait emporté à Béthanie, quand il était plus jeune. FASCICULE 169. Derniers enseignements à Pella 169:0.1 Le lundi 6 mars, tard dans la soirée, Jésus et les dix apôtres arrivèrent au camp de Pella. Ce fut la dernière semaine que Jésus y passa, et il l’employa très activement à enseigner la multitude et à instruire les apôtres. Tous les après-midis, il prêchait aux foules et, tous les soirs, il répondait aux questions des apôtres et de certains disciples les plus évolués résidant au camp. 169:0.2 La nouvelle de la résurrection de Lazare était parvenue au camp deux jours avant l’arrivée du Maitre, et toute l’assemblée était en émoi. Depuis l’épisode où il avait nourri les cinq-mille, jamais rien ne s’était passé qui eût pareillement excité l’imagination des gens. Ce fut donc à l’apogée de la seconde phase de son ministère public que Jésus décida d’enseigner à Pella durant une seule courte semaine, puis de commencer la tournée de la Pérée méridionale, suivie directement par les expériences finales et tragiques de la dernière semaine à Jérusalem. 169:0.3 Les pharisiens et les chefs des prêtres avaient commencé à formuler leurs inculpations et à cristalliser leurs accusations. Ils s’opposaient aux enseignements du Maitre pour les motifs suivants : 169:0.4 1. Il est un ami des publicains et des pécheurs ; il reçoit les impies et mange même avec eux. 169:0.5 2. Il est un blasphémateur ; il parle de Dieu comme étant son Père et se croit l’égal de Dieu. 169:0.6 3. Il viole la loi. Il guérit les malades le jour du sabbat et tourne en dérision de bien d’autres manières la loi sacrée d’Israël. 169:0.7 4. Il est l’allié des démons. Il opère des prodiges et fait des miracles apparents par le pouvoir de Belzébuth, prince des démons. 1. La parabole du fils perdu 169:1.1 Le jeudi après-midi, Jésus parla à la multitude de la « Grâce du Salut ». Au cours de ce sermon, il raconta de nouveau l’histoire de la brebis perdue, et celle de la pièce d’argent perdue, puis il ajouta sa parabole favorite du fils prodigue. Jésus dit : 169:1.2 « De Samuel à Jean, les prophètes vous ont recommandé de chercher Dieu – de rechercher la vérité. Ils ont toujours dit : ‘Cherchez le Seigneur pendant qu’on peut le trouver.’ Tout cet enseignement devrait être pris à cœur, mais je suis venu vous montrer que, pendant que vous essayez de trouver Dieu, lui cherche également à vous trouver. Je vous ai raconté bien des fois l’histoire du bon berger qui abandonna les quatre-vingt-dix-neuf brebis au bercail pour aller à la recherche de celle qui était perdue ; et comment, lorsqu’il eut trouvé la brebis égarée, il la chargea sur son épaule et la rapporta tendrement au bercail. Quand la brebis égarée eut été ramenée au bercail, vous vous souvenez que le bon berger convoqua tous ses amis et les invita à se réjouir avec lui d’avoir trouvé la brebis perdue. De nouveau, je vous dis qu’il y a plus de joie au ciel pour un pécheur qui se repent que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de repentance. Le fait que des âmes soient perdues ne fait qu’accroitre l’intérêt que leur porte le Père céleste. Je suis venu dans ce monde pour accomplir les ordres de mon Père, et l’on a dit à juste titre du Fils de l’Homme qu’il est un ami des publicains et des pécheurs. 169:1.3 « On vous a enseigné que votre admission auprès de Dieu vient après votre repentir et comme conséquence de toutes vos œuvres de sacrifice et de pénitence, mais je vous assure que le Père vous accepte avant même que vous vous soyez repentis ; il envoie le Fils et ses associés pour vous trouver et vous ramener avec allégresse au bercail – le royaume de la filiation et du progrès spirituel. Vous ressemblez tous à des brebis égarées, et je suis venu chercher et sauver ceux qui sont perdus. 169:1.4 « Rappelez-vous aussi l’histoire de la femme qui avait fait monter en parure dix pièces d’argent enfilées en un collier, et qui avait perdu l’une des pièces ; elle alluma la lampe, balaya diligemment la maison et poursuivit sa recherche jusqu’à ce qu’elle eût retrouvé la pièce d’argent perdue. Dès qu’elle eut trouvé la pièce qu’elle avait perdue, elle convoqua ses amis et ses voisins en disant : ‘Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé la pièce qui était perdue.’ Je répète donc qu’il y a toujours de la joie chez les anges du ciel pour un pécheur qui se repent et revient au bercail du Père. Je vous raconte cette histoire pour bien vous faire comprendre que le Père et le Fils vont à la recherche de ceux qui sont perdus. Dans cette recherche, nous employons toutes les influences susceptibles d’aider nos efforts diligents pour trouver les égarés, ceux qui ont besoin d’être sauvés. Ainsi, le Fils de l’Homme s’en va dans les lieux désertiques pour chercher la brebis égarée, mais il cherche aussi la pièce d’argent perdue dans la maison. La brebis s’égare inconsciemment ; la pièce est couverte par la poussière du temps et dissimulée sous une accumulation de choses humaines. 169:1.5 « Maintenant, je voudrais vous raconter l’histoire du fils écervelé d’un riche fermier, qui quitta délibérément la maison de son père et s’en alla dans un pays étranger où il subit de nombreuses tribulations. Vous vous rappelez que la brebis s’égara par mégarde, mais ce jeune homme quitta son foyer avec préméditation. L’histoire se passa comme suit : 169:1.6 « Un homme avait deux fils. Le plus jeune était enjoué et insouciant, cherchant toujours à prendre du bon temps et à esquiver les responsabilités, tandis que son frère ainé était sérieux, posé, travailleur et prêt à assumer les responsabilités. Les deux frères ne s’entendaient pas bien ; ils se disputaient et se querellaient constamment. Le cadet était gai et vif, mais paresseux, et l’on ne pouvait se fier à lui ; l’ainé était assidu et industrieux, mais en même temps égocentrique, bourru et vaniteux. Le fils cadet appréciait le jeu, mais évitait le travail ; l’ainé se consacrait au travail, mais jouait rarement. Cette association devint si pénible que le cadet alla trouver son père et lui dit : ‘Père, donne-moi le tiers de ton avoir, ce qui me reviendrait en héritage, et permets-moi de partir dans le monde tenter ma propre chance.’ Le père savait combien le jeune homme était malheureux à la maison du fait de son frère ainé. Après avoir entendu cette requête, il divisa son bien et donna sa part au cadet. 169:1.7 « En quelques semaines, le jeune homme réunit tous ses fonds et partit en voyage pour un pays lointain. Ne trouvant rien à faire qui fût à la fois profitable et agréable, il dilapida bientôt tout son héritage en menant une vie dissolue. Lorsqu’il eut tout dépensé, une famine prolongée survint dans ce pays, et le jeune homme se trouva dans la misère. C’est ainsi qu’après avoir souffert de la faim et d’une grande détresse, il trouva un emploi chez un habitant de ce pays, qui l’envoya dans les champs nourrir des pourceaux. Le jeune homme se serait volontiers rassasié des gousses destinées aux pourceaux, mais personne ne voulait rien lui donner. 169:1.8 « Un jour qu’il avait très faim, il se ressaisit et dit : ‘Combien de serviteurs de mon père ont du pain en surabondance, tandis que je meurs de faim en nourrissant des pourceaux dans un pays étranger ! Je vais me lever, aller chez mon père et lui dire : Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. Accepte seulement de m’embaucher comme un de tes serviteurs à gages.’ Et, lorsque le jeune homme fut parvenu à cette décision, il se leva et partit pour la maison de son père. 169:1.9 « Or, le père avait été très peiné au sujet de son fils. Le jeune homme enjoué, mais écervelé, lui avait beaucoup manqué. Ce père aimait ce fils et guettait toujours son retour, de sorte que, le jour où le fils approcha de la maison, le père le vit, bien qu’il fût encore très loin. Ému de compassion et d’amour, il courut à sa rencontre, l’entoura affectueusement de ses bras et l’embrassa. Après ce premier contact, le fils regarda le visage ruisselant de larmes de son père et dit : ‘Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi. Je ne suis plus digne d’être appelé un fils’ – mais il n’eut pas la possibilité d’achever sa confession, car le père transporté de joie dit aux serviteurs accourus entretemps : ‘Apportez vite sa plus belle robe, celle que j’ai conservée, et mettez-la-lui et passez-lui au doigt l’anneau du fils et cherchez des sandales pour ses pieds.’ 169:1.10 « Ensuite, après que l’heureux père eut conduit à la maison le garçon fatigué aux pieds endoloris, il cria à ses serviteurs : ‘Amenez le veau gras et tuez-le ; mangeons et réjouissons-nous, car mon fils que voici était mort et vit de nouveau. Il était perdu et il est retrouvé.’ Et ils se réunirent tous autour du père pour se réjouir avec lui de ce que son fils lui était rendu. 169:1.11 « À ce moment, tandis qu’ils festoyaient, le fils ainé revint de son travail quotidien dans les champs ; en approchant de la maison, il entendit la musique et les danses. En arrivant à la porte de derrière, il appela l’un des serviteurs et lui demanda la signification de toutes ces festivités. Le serviteur répondit : ‘Ton frère perdu depuis longtemps est revenu au foyer, et ton père a tué le veau gras pour se réjouir de l’avoir vu rentrer sain et sauf. Entre pour saluer aussi ton frère et l’accueillir à son retour au foyer de ton père.’ 169:1.12 « Lorsque le frère ainé entendit cela, il fut tellement froissé et irrité qu’il ne voulut pas entrer dans la maison. Apprenant la rancune de l’ainé à propos de la bienvenue réservée au cadet, le père sortit pour supplier son fils ainé de venir. Mais l’ainé ne voulut pas céder à la persuasion et répondit à son père : ‘Durant toutes ces années, je t’ai servi ici sans jamais transgresser le moindre de tes commandements, et, cependant, tu ne m’as jamais donné même un chevreau pour que je puisse festoyer avec mes amis. Je suis resté constamment ici à prendre soin de toi, et tu n’as jamais donné de réjouissances à propos de mon fidèle service ; mais, quand ton cadet revient après avoir dissipé tout ton bien avec des prostituées, tu te hâtes de tuer le veau gras et de fêter son retour.’ 169:1.13 « Or, le père aimait sincèrement ses deux fils ; il essaya de raisonner l’ainé : ‘Mais, mon fils, tu as toujours été avec moi, et tout ce que j’ai est à toi. Tu aurais pu avoir un chevreau à tout moment si tu t’étais fait des amis pour partager ton allégresse. Il convient, aujourd’hui, que tu te joignes à moi pour être heureux et joyeux du retour de ton frère. Pense à cela, mon fils, ton frère était perdu et il est retrouvé ; il est revenu vivant auprès de nous !’ » 169:1.14 Ce fut l’une des paraboles les plus émouvantes et les plus efficaces que Jésus présenta pour bien faire comprendre à ses auditeurs la bonne volonté du Père à recevoir ceux qui cherchent à entrer dans le royaume des cieux. 169:1.15 Jésus avait une grande prédilection pour raconter ces trois histoires à la suite. Il présentait l’histoire de la brebis perdue pour montrer que, si les hommes s’écartent involontairement du sentier de la vie, le Père se soucie de ces enfants perdus et sort avec ses Fils, les vrais bergers du troupeau, pour rechercher la brebis égarée. Il racontait ensuite l’histoire de la pièce d’argent perdue dans la maison, pour illustrer la minutie de la recherche divine de tous ceux qui sont troublés, déconcertés, ou autrement aveuglés spirituellement par les soucis matériels et la masse des détails de la vie. Ensuite, Jésus se lançait dans la narration de la parabole du fils perdu, de l’accueil du prodigue à son retour, pour montrer combien est complète la réintégration du fils perdu dans la maison et le cœur de son Père. 169:1.16 Maintes et maintes fois durant les années de son enseignement, Jésus raconta et répéta l’histoire du fils prodigue. Cette parabole et l’histoire du bon Samaritain étaient son moyen favori pour enseigner l’amour du Père et les sentiments fraternels envers le prochain. 2. La parabole de l’intendant avisé 169:2.1 Un soir, en commentant l’un des points exposés par Jésus, Simon Zélotès dit : « Maitre, qu’as-tu voulu dire, aujourd’hui, lorsque tu as affirmé que beaucoup d’enfants du monde sont plus avisés parmi leurs contemporains que les enfants du royaume, car ils sont habiles à se faire des amis avec le mammon de l’injustice ? » Jésus répondit : 169:2.2 « Avant d’entrer dans le royaume, certains d’entre vous étaient très avisés dans leurs rapports d’affaires avec leurs associés. Si vous étiez injustes et souvent déloyaux, vous étiez néanmoins prudents et prévoyants, en ce sens que vous traitiez vos opérations avec le seul souci de votre profit immédiat et de votre sécurité future. De même vous devriez ordonner votre vie dans le royaume de manière qu’elle vous procure une joie immédiate et vous assure également la jouissance future de trésors accumulés au ciel. Puisque vous étiez si diligents à faire des profits personnels quand vous étiez au service du moi, pourquoi montreriez-vous moins d’empressement à gagner des âmes pour le royaume, puisque vous êtes maintenant les serviteurs de la fraternité des hommes et les intendants de Dieu ? 169:2.3 « Vous pouvez tous tirer une leçon de l’histoire d’un homme riche qui avait un intendant avisé, mais injuste. Non seulement cet intendant avait pressuré les clients de son maitre pour son profit personnel, mais il avait également gaspillé et dissipé sans vergogne les fonds de son maitre. Lorsque tout ceci finit par lui être rapporté, le maitre convoqua son intendant et lui demanda la signification de ces rumeurs ; il exigea que l’intendant lui rendit compte immédiatement de sa gérance et se prépara à passer à quelqu’un d’autre les affaires qu’il lui avait confiées. 169:2.4 « L’intendant infidèle commença à se dire en lui-même : ‘Que vais-je devenir, puisque je vais perdre cette gérance ? Je n’ai pas la force de bêcher la terre et j’ai honte de mendier. Je sais ce que je vais faire pour être certainement bien accueilli dans les maisons de tous ceux qui font des affaires avec mon maitre, quand je serai destitué de cette gérance.’ Alors, il convoqua tous les débiteurs de son maitre et dit au premier : ‘Combien dois-tu à mon maitre ?’ Le débiteur répondit : ‘Cent mesures d’huile.’ L’intendant dit : ‘Prends ta planchette de cire, assieds-toi vite et change ton reçu en cinquante.’ Ensuite, il dit à un autre débiteur : ‘Combien dois-tu ?’ Et celui-ci répondit : ‘Cent mesures de froment.’ Et l’économe dit : ‘Prends ton reçu et écris quatre-vingts.’ Et il fit de même pour de nombreux autres débiteurs. Cet intendant infidèle cherchait ainsi à se faire des amis après qu’il aurait été destitué de sa gérance. Quand son seigneur et maitre découvrit ultérieurement le procédé, il fut lui-même obligé d’admettre que son intendant infidèle avait au moins montré de la sagacité dans la manière dont il avait cherché à s’assurer des ressources pour ses futures années de misère et d’adversité. 169:2.5 « C’est de cette manière que les enfants de ce monde montrent parfois plus de sagesse que les enfants de lumière pour préparer leur avenir. À vous qui professez d’acquérir un trésor dans les cieux, je vous dis : Prenez des leçons de ceux qui se font des amis avec le mammon de l’injustice, et conduisez de même votre vie de manière à vous lier d’amitié éternelle avec les forces de droiture ; ainsi, quand toutes les ressources terrestres viendront à vous manquer, vous serez joyeusement reçus dans les demeures éternelles. 169:2.6 « J’affirme que quiconque est fidèle dans les petites choses sera également fidèle dans les grandes ; et celui qui est injuste dans les petites choses sera également injuste dans les grandes. Si vous n’avez pas montré de prévoyance et d’intégrité dans les affaires de ce monde, comment pouvez-vous espérer être fidèles et prudents quand on vous confiera l’administration des véritables richesses du royaume céleste ? Si vous n’êtes pas de bons intendants et de fidèles banquiers, si vous n’avez pas été loyaux pour ce qui appartient à autrui, qui sera assez fou pour vous donner en propre un grand trésor ? 169:2.7 « J’affirme de nouveau que nul ne peut servir deux maitres à la fois. Ou bien il haïra l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un en méprisant l’autre. On ne peut servir Dieu et mammon. » 169:2.8 Lorsque les pharisiens présents entendirent cela, ils commencèrent à se moquer de Jésus et à le railler, car ils étaient fort adonnés à l’acquisition des richesses. Ces auditeurs hostiles cherchèrent à engager Jésus dans des discussions stériles, mais il refusa d’argumenter avec ses ennemis. Quand les pharisiens en vinrent à se quereller entre eux, leurs éclats de voix attirèrent un grand nombre de campeurs des environs et, quand la dispute s’envenima, Jésus se retira dans sa tente pour la nuit. 3. L’homme riche et le mendiant 169:3.1 Quand la réunion devint trop bruyante, Simon Pierre se leva, prit le commandement et dit : « Mes frères, il est indécent de vous disputer ainsi. Le Maitre a parlé, et vous faites bien de méditer ses paroles. Il ne vous a pas proclamé une nouvelle doctrine. N’avez-vous pas également entendu l’allégorie des Naziréens sur l’homme riche et le mendiant ? Certains d’entre nous ont entendu Jean le Baptiste fulminer l’avertissement de cette parabole à ceux qui aiment les richesses et convoitent la fortune mal acquise. Cette ancienne parabole n’est pas conforme à l’évangile que nous prêchons, mais vous feriez tous bien de prêter attention à ses leçons jusqu’au moment où vous comprendrez la nouvelle lumière du royaume des cieux. L’histoire telle que la racontait Jean était celle-ci : 169:3.2 « Il y avait un homme riche nommé Divès qui, vêtu de pourpre et de lin fin, vivait tous les jours dans le luxe et les plaisirs. Il y avait un mendiant nommé Lazare, couché à sa porte, couvert d’ulcères et désireux de se nourrir des miettes qui tombaient de la table de l’homme riche ; oui, les chiens venaient même lécher ses plaies. Et il advint que le mendiant mourut et fut emporté par les anges pour reposer dans le sein d’Abraham. Bientôt après, l’homme riche mourut à son tour et fut enterré en grande pompe avec une splendeur royale. Après avoir quitté ce monde, il se réveilla dans le Hadès, où il se trouva dans les tourments. Levant les yeux, il vit au loin Abraham avec Lazare sur son sein. Alors, Divès cria à haute voix : ‘Père Abraham, aie pitié de moi et envoie-moi Lazare, pour qu’il trempe le bout de son doigt dans l’eau et me rafraichisse la langue, car je suis dans une grande détresse à cause de ma punition.’ Abraham répondit : ‘Mon fils, souviens-toi que tu as joui des bonnes choses durant ta vie, pendant que Lazare supportait les mauvaises. Maintenant, tout est changé, car Lazare est réconforté, tandis que tu es tourmenté. En outre, entre nous et toi, il y a un grand abime, de sorte que nous ne pouvons aller à toi et que tu ne peux venir à nous.’ Alors, Divès dit à Abraham : ‘Je te prie de renvoyer Lazare à la maison de mon père, car j’ai cinq frères, afin qu’il témoigne et qu’il empêche mes frères de venir en ce lieu de tourment.’ Mais Abraham dit : ‘Mon fils, ils ont Moïse et les prophètes ; qu’ils les écoutent.’ Et Divès répondit : ‘Non, non, Père Abraham, mais, si quelqu’un des morts vient à eux, ils se repentiront.’ Et Abraham dit : ‘S’ils n’écoutent ni Moïse ni les prophètes, ils ne seront pas non plus persuadés, même si quelqu’un devait ressusciter d’entre les morts.’ » 169:3.3 Après que Pierre eut raconté cette ancienne parabole de la confrérie naziréenne, et vu que la foule s’était calmée, André se leva et congédia l’assistance pour la nuit. Les apôtres et les disciples interrogèrent souvent Jésus sur la parabole de Divès et de Lazare, mais il ne consentit jamais à la commenter. 4. Le Père et son royaume 169:4.1 Jésus eut toujours beaucoup de peine à expliquer aux apôtres que, bien qu’ils aient proclamé l’établissement du royaume de Dieu, le Père qui est aux cieux n’était pas un roi. À l’époque où Jésus vivait et enseignait sur terre, les peuples d’Urantia connaissaient surtout l’existence de rois et d’empereurs dans le gouvernement des nations, et les Juifs avaient envisagé, depuis longtemps, la venue du royaume de Dieu. Pour ces raisons et pour d’autres encore, le Maitre pensa que le meilleur terme pour désigner la fraternité spirituelle des hommes était le royaume des cieux, et appela Père qui est aux cieux le chef spirituel de cette fraternité. Jamais Jésus ne qualifia son Père de roi. Dans ses entretiens privés avec ses apôtres, il se présentait toujours lui-même comme le Fils de l’Homme, comme leur frère ainé. Il donnait, à tous ses disciples, les qualificatifs de « serviteurs de l’humanité » et de « messagers de l’évangile du royaume ». 169:4.2 Jamais Jésus ne fit à ses apôtres une leçon systématique sur la personnalité et les attributs du Père qui est aux cieux. Jamais il ne demanda aux hommes de croire à son Père, car il considérait la chose comme acquise. Jésus ne s’abaissa jamais à offrir des arguments pour prouver la réalité du Père. Son enseignement concernant le Père était entièrement centré sur les déclarations suivantes : Lui et le Père ne font qu’un ; quiconque a vu le Fils a vu le Père ; le Père, comme le Fils, connait toutes choses ; seuls le Fils et ceux à qui le Fils le révèle connaissent réellement le Père ; quiconque connait le Fils connait aussi le Père ; le Père a envoyé le Fils dans le monde pour révéler leurs natures conjuguées et pour annoncer leur œuvre commune. Il ne fit jamais d’autres déclarations sur son Père, sauf à la Samaritaine au puits de Jacob lorsqu’il déclara : « Dieu est esprit. » 169:4.3 C’est en observant la divinité de la vie de Jésus, et non en se basant sur ses enseignements, que l’on apprend à connaitre Dieu par Jésus. À partir de la vie du Maitre, chacun peut assimiler un concept de Dieu représentant la mesure de sa capacité de percevoir les réalités spirituelles et divines, les vérités réelles et éternelles. Le fini ne peut jamais espérer comprendre l’Infini, sauf quand l’Infini a été focalisé dans la personnalité d’espace-temps de l’expérience finie de la vie humaine de Jésus de Nazareth. 169:4.4 Jésus savait bien que Dieu n’est connaissable que par les réalités de l’expérience ; on ne peut jamais le comprendre par le seul enseignement du mental. Jésus apprit à ses apôtres qu’ils ne pourraient jamais entièrement comprendre Dieu, mais qu’ils pourraient très certainement le connaitre, de même qu’ils avaient connu le Fils de l’Homme. On peut connaitre Dieu, non en comprenant ce que Jésus a dit, mais en sachant ce que Jésus était. Jésus était une révélation de Dieu. 169:4.5 Sauf quand il citait les Écritures hébraïques, Jésus ne se référait à la Déité que sous deux noms : Dieu et Père. Quand le Maitre se référait à son Père en tant que Dieu, il employait généralement le mot hébreu signifiant le Dieu plural (la Trinité), et non le mot Yahweh, qui représentait la conception évoluante du Dieu tribal des Juifs. 169:4.6 Jésus n’appela jamais le Père un roi et regrettait beaucoup que l’espoir juif d’un royaume rétabli, et la proclamation de Jean d’un royaume à venir, l’ait obligé d’appeler « royaume des cieux » la fraternité spirituelle qu’il se proposait d’établir. Sauf une seule exception – la déclaration que « Dieu est esprit » – Jésus ne fit aucune référence à la Déité autrement qu’en termes décrivant ses propres relations personnelles avec la Source-Centre Première du Paradis. 169:4.7 Jésus employait le mot Dieu pour désigner l’idée de la Déité, et le mot Père pour désigner l’expérience de connaitre Dieu. Quand le mot Père est employé pour désigner Dieu, il faut l’interpréter dans sa signification la plus large. Le mot Dieu ne peut être défini ; il représente donc le concept infini du Père, tandis que le mot Père, étant susceptible d’une définition partielle, peut être employé pour représenter le concept humain du Père divin tel qu’il est associé à l’homme au cours de l’existence mortelle. 169:4.8 Pour les Juifs, Élohim était le Dieu des dieux, tandis que Yahweh était le Dieu d’Israël. Jésus accepta le concept des Élohim et appela Dieu ce groupe d’êtres suprêmes. À la place du concept de Yahweh, déité raciale, il introduisit l’idée de la paternité de Dieu et de la fraternité mondiale des hommes. Il éleva le concept de Yahweh, Père racial déifié, jusqu’à l’idée d’un Père de tous les enfants des hommes, d’un Père divin des croyants individuels. En outre, il enseigna que ce Dieu des univers et ce Père de tous les hommes ne formaient qu’une seule et même Déité du Paradis. 169:4.9 Jésus ne prétendit jamais être la manifestation incarnée des Élohim (Dieu). Il ne proclama jamais qu’il était une révélation des Élohim (Dieu) pour les mondes. Il n’enseigna jamais que quiconque l’avait vu avait vu les Élohim (Dieu). Mais il proclama qu’il était la révélation incarnée du Père, et il affirma que quiconque l’avait vu avait vu le Père. En tant que Fils divin, il ne prétendait représenter que le Père. 169:4.10 En vérité, il était même le Fils du Dieu Élohim ; mais, durant son incarnation, et pour les fils mortels de Dieu, il décida de limiter la révélation de sa vie au portrait du caractère de son Père, dans la mesure où cette révélation pourrait être comprise par l’homme mortel. En ce qui concerne le caractère des autres personnes de la Trinité du Paradis, nous devrons nous contenter d’apprendre qu’elles ressemblent entièrement au Père, dont le portrait personnel a été révélé dans la vie de son Fils incarné, Jésus de Nazareth. 169:4.11 Bien que, dans sa vie terrestre, Jésus ait révélé la vraie nature du Père céleste, il enseigna peu de choses sur le Père. En fait, il en enseigna seulement deux : que Dieu en lui-même est esprit et que, dans tous les domaines concernant ses rapports avec ses créatures, il est un Père. Ce soir-là, Jésus fit la proclamation définitive de ses relations avec Dieu lorsqu’il déclara : « Je suis issu du Père et je suis venu dans le monde ; de nouveau, je quitterai le monde et j’irai au Père. » 169:4.12 Mais attention ! Jésus n’a jamais dit : « Quiconque m’a entendu a entendu Dieu. » Mais il a dit : « Celui qui m’a vu a vu le Père. » Écouter l’enseignement de Jésus n’équivaut pas à connaitre Dieu, mais voir Jésus est une expérience qui est en elle-même une révélation du Père à l’âme. Le Dieu des univers règne sur l’immense création, mais c’est le Père céleste qui envoie son esprit habiter votre mental. 169:4.13 Jésus sous forme humaine est dans le domaine spirituel l’équivalent de la lentille en optique, il rend visible à la créature matérielle Celui qui est invisible. Jésus est votre ainé qui, en incarnation, vous fait connaitre un Être aux attributs infinis, que les armées célestes elles-mêmes ne peuvent prétendre comprendre complètement. Tout ceci doit consister dans l’expérience personnelle des croyants individuels. C’est seulement en tant qu’expérience spirituelle que l’on peut connaitre Dieu, qui est esprit. C’est seulement en tant que Père que le divin Fils des royaumes spirituels peut révéler Dieu aux fils finis des mondes matériels. Vous pouvez connaitre l’Éternel en tant que Père, mais vous pouvez l’adorer en tant que Dieu des univers, Créateur infini de toutes les existences. FASCICULE 170. Le royaume des cieux 170:0.1 Le samedi après-midi 11 mars, Jésus prêcha son dernier sermon à Pella. Ce fut l’une des allocutions les plus remarquables de son ministère public, embrassant une discussion complète et détaillée du royaume des cieux. Il se rendait compte de la confusion qui régnait dans le mental de ses apôtres et de ses disciples au sujet du sens et de la signification des expressions « royaume des cieux » et « royaume de Dieu », qu’il employait indifféremment pour désigner sa mission d’effusion. Le terme même de royaume des cieux aurait dû suffire à séparer ce qu’il représentait de toute connexion avec les royaumes terrestres et les gouvernements temporels, mais il n’en était rien. L’idée d’un roi temporel était trop profondément enracinée dans le mental des Juifs pour être ainsi délogée en une seule génération. C’est pourquoi Jésus ne s’opposa pas ouvertement, de prime abord, à ce concept longtemps entretenu du royaume. 170:0.2 Au cours de cet après-midi de sabbat, le Maitre chercha à clarifier l’enseignement sur le royaume des cieux. Il traita le sujet sous tous les angles et s’efforça d’expliquer les nombreux sens différents dans lesquels le terme avait été employé. Dans cet exposé, nous ajouterons, à son discours, maintes déclarations faites par Jésus en des occasions antérieures, et nous y inclurons certaines remarques faites exclusivement aux apôtres au cours des discussions de la soirée du même jour. Nous ferons également certains commentaires sur le développement ultérieur de l’idée du royaume en relation avec l’Église chrétienne édifiée plus tard. 1. Concepts du royaume des cieux 170:1.1 En liaison avec le récit du sermon de Jésus, il faut noter que l’ensemble des Écritures hébraïques comporte un double concept du royaume des cieux. Les prophètes ont présenté le royaume de Dieu comme étant : 170:1.2 1. Une réalité présente ; et comme 170:1.3 2. Un espoir futur – quand le royaume serait réalisé dans sa plénitude au moment de l’apparition du Messie. C’est le concept du royaume enseigné par Jean le Baptiste. 170:1.4 Dès le début, Jésus et les apôtres enseignèrent chacun de ces deux concepts. Il faudrait garder présentes à la mémoire deux autres idées du royaume : 170:1.5 3. Le concept juif ultérieur d’un royaume mondial et transcendantal d’origine surnaturelle et d’inauguration miraculeuse. 170:1.6 4. Les enseignements persans décrivant l’établissement d’un royaume divin en tant qu’aboutissement du triomphe du bien sur le mal à la fin du monde. 170:1.7 Juste avant la venue de Jésus sur terre, les Juifs combinaient et confondaient toutes ces idées du royaume dans leur concept apocalyptique de la venue du Messie pour établir l’âge du triomphe juif, l’âge éternel de la souveraineté suprême de Dieu sur terre, le nouveau monde, l’ère où l’humanité adorerait Yahweh. En choisissant d’utiliser ce concept du royaume des cieux, Jésus décida de s’approprier l’héritage le plus élevé et le plus essentiel des deux religions juive et persane. 170:1.8 Le royaume des cieux, tel qu’il a été tantôt justement et tantôt faussement compris durant les siècles de l’ère chrétienne, embrassait quatre groupes distincts d’idées : 170:1.9 1. Le concept des Juifs. 170:1.10 2. Le concept des Persans. 170:1.11 3. Le concept d’expérience personnelle de Jésus, « le royaume des cieux en vous. » 170:1.12 4. Les concepts composites et confus que les fondateurs et promoteurs du christianisme ont cherché à inculquer au monde. 170:1.13 À différentes époques et dans des circonstances variées, il semble que Jésus ait présenté de nombreux concepts du « royaume » dans ses leçons publiques. Mais, à ses apôtres, il enseigna toujours le royaume comme embrassant l’expérience personnelle d’un homme par rapport à ses contemporains sur terre et au Père dans les cieux. Ses derniers mots, au sujet du royaume, étaient toujours : « Le royaume est en vous. » 170:1.14 Trois facteurs ont causé des siècles de confusion au sujet du sens de l’expression « le royaume des cieux » : 170:1.15 1. La confusion causée par l’idée du « royaume » au cours de son remaniement progressif par Jésus et ses apôtres, en passant par diverses phases. 170:1.16 2. La confusion qui accompagna inévitablement la transplantation du christianisme primitif d’un terrain juif sur un terrain païen. 170:1.17 3. La confusion inhérente au fait que le christianisme devint une religion organisée autour de l’idée centrale de la personne de Jésus. L’évangile du royaume devint de plus en plus une religion à propos de Jésus. 2. Le concept du royaume chez Jésus 170:2.1 Le Maitre fit apparaitre clairement que le royaume des cieux doit commencer par le double concept de la vérité de la paternité de Dieu et le fait corrélatif de la fraternité des hommes, et qu’il doit rester centré sur ce double concept. Jésus déclara que l’acceptation d’un tel enseignement libérerait les hommes de l’asservissement millénaire à la crainte animale, et en même temps enrichirait la vie humaine avec les dons suivants de la nouvelle vie de liberté spirituelle : 170:2.2 1. La possession d’un nouveau courage et d’un pouvoir spirituel accru. L’évangile du royaume devait libérer l’homme et lui donner l’inspiration propre à oser espérer la vie éternelle. 170:2.3 2. L’évangile apportait un message de nouvelle confiance et de vraie consolation à tous les hommes, même aux pauvres. 170:2.4 3. L’évangile était lui-même un nouvel étalon des valeurs morales, un nouveau critère éthique permettant de mesurer la conduite humaine. Il décrivait l’idéal d’un nouvel ordre social qui en serait la conséquence. 170:2.5 4. Il enseignait la primauté du spirituel comparé au matériel ; il glorifiait les réalités spirituelles et exaltait les idéaux suprahumains. 170:2.6 5. Ce nouvel évangile présentait l’aboutissement spirituel comme le vrai but de la vie. La vie humaine recevait une nouvelle dotation de valeur morale et de dignité divine. 170:2.7 6. Jésus enseigna que les réalités éternelles étaient le résultat (la récompense) de la droiture dans les efforts terrestres. Le séjour des mortels sur terre acquit de nouvelles significations comme conséquences de la reconnaissance d’une noble destinée. 170:2.8 7. Le nouvel évangile affirmait que le salut humain est la révélation d’un dessein divin de grande envergure devant être accompli et réalisé dans la destinée future du service sans fin des fils de Dieu qui seraient sauvés. 170:2.9 Ces enseignements couvrent l’idée amplifiée du royaume que Jésus enseignait. Ce grand concept n’était guère inclus dans les notions élémentaires et confuses que Jean le Baptiste enseignait sur le royaume. 170:2.10 Les apôtres étaient incapables de saisir la signification réelle des propos du Maitre concernant le royaume. La déformation ultérieure des enseignements de Jésus, tels qu’ils sont enregistrés dans le Nouveau Testament, provient de ce que le concept des auteurs évangéliques était empreint de la croyance que Jésus s’était seulement absenté de ce monde pour une brève période, et qu’il ne tarderait pas à revenir pour établir le royaume en puissance et en gloire – exactement l’idée à laquelle ils s’étaient attachés pendant que le Maitre était avec eux dans la chair. Mais Jésus n’avait pas lié l’établissement du royaume à l’idée de son retour dans ce monde. Que les siècles aient passé sans aucun signe de l’apparition du « Nouvel Âge » ne contredit en rien l’enseignement de Jésus. 170:2.11 Le grand effort incorporé dans ce sermon fut la tentative pour transférer le concept du royaume des cieux dans l’idéal de l’idée de faire la volonté de Dieu. Depuis longtemps, le Maitre avait appris à ses disciples à prier : « Que ton règne vienne, que ta volonté soit faite. » À cette époque, il chercha sérieusement à leur faire abandonner l’emploi de l’expression, royaume de Dieu, en faveur d’un équivalent plus pratique, la volonté de Dieu, mais il n’y parvint pas. 170:2.12 Jésus désirait substituer à l’idée de royaume, de roi et de sujets, le concept de la famille céleste, du Père céleste et des fils de Dieu libérés, engagés dans un service joyeux et volontaire en faveur de leurs semblables humains et dans l’adoration sublime et intelligente de Dieu le Père. 170:2.13 Jusque-là, les apôtres avaient acquis un double point de vue sur le royaume. Ils le considéraient comme : 170:2.14 1. Une affaire d’expérience personnelle alors présente dans le cœur des vrais croyants. 170:2.15 2. Une question de phénomène racial ou mondial ; le royaume était dans l’avenir, quelque chose qu’il fallait envisager avec plaisir. 170:2.16 Les apôtres considéraient la venue du royaume dans le cœur des hommes comme un développement graduel, semblable au levain dans la pâte ou à la croissance du grain de sénevé. Ils croyaient que la venue du royaume au sens racial ou mondial serait à la fois soudaine et spectaculaire. Jamais Jésus ne se lassa de leur dire que le royaume des cieux était leur expérience personnelle consistant à réaliser les qualités supérieures de la vie spirituelle, et que ces réalités de l’expérience spirituelle sont progressivement transférées vers des plans nouveaux et supérieurs de certitude divine et de grandeur éternelle. 170:2.17 Cet après-midi-là, le Maitre enseigna nettement un nouveau concept de la double nature du royaume, en ce sens qu’il en décrivit les deux phases suivantes : 170:2.18 « Premièrement, le royaume de Dieu dans ce monde, le suprême désir de faire la volonté de Dieu, l’amour désintéressé des hommes qui donne les bons fruits d’une conduite éthique et morale améliorée. 170:2.19 « Deuxièmement, le royaume de Dieu, dans les cieux, le but des croyants mortels, l’état où l’amour pour Dieu est parvenu à la perfection et où la volonté de Dieu est accomplie plus divinement. » 170:2.20 Jésus enseigna que, par la foi, le croyant entre dès maintenant dans le royaume. Dans ses divers discours, il enseigna que deux choses sont essentielles pour entrer par la foi dans le royaume : 170:2.21 1. La foi, la sincérité. Venir comme un petit enfant, recevoir le bénéfice de la filiation comme un don ; accepter de faire, sans mettre en doute, la volonté du Père, avec une confiance pleine et sincère dans la sagesse du Père ; entrer dans le royaume, libre de préjugés et d’idées préconçues ; avoir l’esprit ouvert et être enseignable comme un enfant non gâté. 170:2.22 2. La faim de la vérité. La soif de droiture, un changement de mental, l’acquisition de la motivation qui pousse à être semblable à Dieu et à trouver Dieu. 170:2.23 Jésus enseigna que le péché n’est pas la conséquence d’une nature défectueuse, mais plutôt le fruit d’un mental conscient dominé par une volonté rebelle. En ce qui concerne le péché, il enseigna que Dieu a pardonné, et c’est par l’acte de pardonner à notre prochain que nous rendons le pardon de Dieu disponible en notre faveur personnelle. Quand vous pardonnez à votre frère dans la chair, vous créez ainsi dans votre propre âme, la capacité de recevoir la réalité du pardon de Dieu pour vos propres méfaits. 170:2.24 À l’époque où l’apôtre Jean commença d’écrire l’histoire de la vie et des enseignements de Jésus, les premiers chrétiens avaient éprouvé tant d’ennuis liés à l’idée du royaume de Dieu comme génératrice de persécutions qu’ils avaient à peu près abandonné l’emploi de ce terme. Jean parle beaucoup de la « vie éternelle ». Jésus en parla souvent comme du « royaume de vie ». Souvent aussi, il faisait allusion au « royaume de Dieu en vous ». Il qualifia une fois cette expérience de « communauté familiale avec Dieu le Père ». Jésus chercha à substituer de nombreuses expressions au mot « royaume » mais toujours sans succès. Il employa entre autres : la famille de Dieu, la volonté du Père, les amis de Dieu, la communauté des croyants, la fraternité des hommes, le bercail du Père, les enfants de Dieu, la communauté des fidèles, le service du Père et les fils de Dieu affranchis. 170:2.25 Mais il ne put éviter d’utiliser l’idée de royaume. Ce fut seulement un demi-siècle plus tard, après la destruction de Jérusalem par les armées romaines, que ce concept du royaume commença à changer. Il se transforma en culte de la vie éternelle, tandis que ses aspects sociaux et institutionnels étaient pris en charge par l’Église chrétienne en voie de développement et de cristallisation rapides. 3. En rapport avec la droiture 170:3.1 Jésus s’efforça toujours d’inculquer à ses apôtres et disciples la nécessité d’acquérir, par la foi, une droiture qui dépasserait celle des œuvres serviles que certains scribes et pharisiens étalaient avec tant de vanité devant le monde. 170:3.2 Jésus enseigna que la foi, la simple croyance enfantine, est la clef de la porte du royaume, mais il enseigna également qu’après avoir passé la porte, il y a les degrés successifs de droiture que chaque enfant croyant doit gravir pour grandir jusqu’à la pleine stature des robustes fils de Dieu. 170:3.3 C’est par l’étude de la technique pour recevoir le pardon de Dieu que se révèle la manière d’atteindre la droiture du royaume. La foi est le prix que vous payez pour entrer dans la famille de Dieu ; mais le pardon est l’acte de Dieu acceptant votre foi comme prix d’admission. Et la réception du pardon de Dieu par un croyant au royaume implique une expérience précise et réelle comprenant les quatre étapes suivantes, les étapes du royaume de la droiture intérieure : 170:3.4 1. L’homme peut disposer effectivement du pardon de Dieu et en faire l’expérience personnelle dans la mesure exacte où il pardonne à ses semblables. 170:3.5 2. Un homme ne pardonne pas véritablement à ses semblables, à moins de les aimer comme lui-même. 170:3.6 3. Le fait d’aimer ainsi son prochain comme soi-même est l’éthique la plus élevée. 170:3.7 4. La conduite morale, la vraie droiture, est alors le résultat naturel de cet amour. 170:3.8 Il est donc évident que la vraie religion intérieure du royaume tend infailliblement, et de plus en plus, à se manifester dans les voies pratiques du service social. Jésus enseigna une religion vivante qui incitait ses fidèles à s’engager dans des actes de service expression de l’amour. Mais Jésus ne substitua pas l’éthique à la religion. Il enseigna la religion comme une cause, et l’éthique comme un résultat. 170:3.9 La droiture d’un acte doit se mesurer à son mobile : les formes les plus élevées du bien sont donc inconscientes. Jésus ne s’intéressa jamais à la morale ni à l’éthique en elles-mêmes. Il s’occupa exclusivement de la communion intérieure et spirituelle avec Dieu le Père, communion qui se manifeste si directement et si certainement sous forme de services extérieurs rendus aux hommes avec amour. Il enseigna que la religion du royaume est une expérience personnelle authentique que nul ne peut conserver pour lui-même. La conscience d’être un membre de la famille des croyants conduit inévitablement à pratiquer les préceptes de la bonne conduite familiale, le service des frères et sœurs dans l’effort pour rehausser et développer la fraternité. 170:3.10 La religion du royaume est personnelle, individuelle ; ses fruits, ses résultats, sont familiaux et sociaux. Jésus ne manquait jamais d’exalter le caractère sacré de l’individu par contraste avec la communauté. Mais il reconnaissait également que l’homme développe son caractère par le service désintéressé ; il déploie sa nature morale dans des rapports affectueux avec ses semblables. 170:3.11 En enseignant que le royaume est intérieur, en exaltant l’individu, Jésus donna le coup de grâce à l’ancien ordre social, en ce sens qu’il inaugura la nouvelle dispensation de la vraie droiture sociale. Le monde a peu connu ce nouvel ordre social, parce qu’il a refusé de pratiquer les principes de l’évangile du royaume des cieux. Quand ce royaume de prééminence spirituelle s’établira vraiment sur terre, il ne se manifestera pas simplement par une amélioration des conditions matérielles et sociales ; il se traduira plutôt par la gloire des valeurs spirituelles supérieures et enrichies, qui caractérisent l’approche de l’âge des relations humaines améliorées et des accomplissements spirituels en progression. 4. L’enseignement de Jésus sur le royaume 170:4.1 Jésus ne donna jamais une définition précise du royaume. Tantôt il discourait sur une phase du royaume, et tantôt il traitait un aspect différent de la fraternité du règne de Dieu dans le cœur des hommes. Au cours du sermon de cet après-midi de sabbat, Jésus fit allusion à au moins cinq phases, ou époques du royaume, qui sont les suivantes : 170:4.2 1. L’expérience personnelle et intérieure de la vie spirituelle du croyant communiant individuellement avec Dieu le Père. 170:4.3 2. La croissance de la fraternité des croyants à l’évangile, les aspects sociaux de la morale supérieure et de l’éthique vivifiée résultant du règne de l’esprit de Dieu dans le cœur des croyants individuels. 170:4.4 3. La fraternité supra-mortelle des êtres spirituels invisibles qui prévaut sur terre et dans le ciel, le royaume suprahumain de Dieu. 170:4.5 4. La perspective de l’accomplissement plus parfait de la volonté de Dieu, le progrès vers l’aurore d’un nouvel ordre social en liaison avec une vie spirituelle améliorée – le prochain âge de l’homme. 170:4.6 5. Le royaume dans sa plénitude, l’âge spirituel futur de lumière et de vie sur terre. 170:4.7 C’est pourquoi il faut toujours analyser l’enseignement du Maitre pour savoir à laquelle de ces cinq phases il veut se référer quand il emploie l’expression « royaume des cieux ». Par ce processus de changement graduel de la volonté de l’homme et de modification corrélative des décisions humaines, Micaël et ses associés changent de même progressivement, mais avec certitude, tout le cours de l’évolution humaine sociale et autre. 170:4.8 En cette occasion, le Maitre mit l’accent sur les cinq points suivants représentant les caractéristiques essentielles de l’évangile du royaume. 170:4.9 1. La prééminence de l’individu. 170:4.10 2. La volonté comme facteur déterminant dans l’expérience humaine. 170:4.11 3. La communion spirituelle avec Dieu le Père. 170:4.12 4. Les satisfactions suprêmes du service aimant de l’homme. 170:4.13 5. La transcendance du spirituel sur le matériel dans la personnalité humaine. 170:4.14 Ce monde n’a jamais sérieusement, sincèrement, ni honnêtement mis à l’épreuve ces idées dynamiques et ces idéaux divins de la doctrine du royaume des cieux exposée par Jésus. Mais il n’y a pas lieu de se laisser décourager par la lenteur apparente du progrès de l’idée du royaume sur Urantia. Rappelez-vous que l’ordre de l’évolution progressive est sujet à des changements périodiques soudains et inattendus, à la fois dans le monde matériel et dans le monde spirituel. L’effusion de Jésus en tant que Fils incarné fut précisément l’un de ces évènements étranges et inattendus dans la vie spirituelle du monde. En recherchant la manifestation du royaume dans l’âge contemporain, ne commettez pas non plus l’erreur fatale d’omettre de l’établir dans votre propre âme. 170:4.15 Jésus fit allusion à une phase du royaume comme située dans l’avenir, et suggéra, en de nombreuses occasions, qu’elle pourrait apparaitre comme élément d’une crise mondiale. Par ailleurs, en plusieurs circonstances, il promit nettement qu’il reviendrait certainement sur Urantia. Mais il faut noter qu’il n’a jamais établi un lien positif entre ces deux idées. Il promit une nouvelle révélation du royaume sur terre à un moment donné de l’avenir ; il promit également qu’il reviendrait un jour, en personne, sur ce monde ; mais il n’a jamais dit que ces deux évènements coïncideraient. D’après tout ce que nous savons, ces promesses peuvent se référer ou non au même évènement. 170:4.16 Ses apôtres et disciples établirent très certainement un lien entre ces deux enseignements. Quand le royaume ne se matérialisa pas comme ils l’avaient espéré, ils se rappelèrent l’enseignement du Maitre concernant un royaume futur et se souvinrent de sa promesse de revenir ; ils conclurent aussitôt que ces promesses se référaient au même évènement. C’est pourquoi ils vécurent dans l’espoir de son retour imminent pour établir le royaume dans sa plénitude, avec puissance et gloire. Depuis lors, des générations successives de croyants ont vécu sur terre en entretenant le même espoir inspirant et toujours déçu. 5. Idées ultérieures sur le royaume 170:5.1 Ayant résumé les enseignements de Jésus sur le royaume des cieux, nous sommes autorisés à décrire certaines idées ultérieures qui s’attachèrent au concept du royaume, et à nous engager dans une prévision prophétique du royaume tel qu’il pourrait évoluer dans l’âge à venir. 170:5.2 Durant les premiers siècles de la propagande chrétienne, l’idée du royaume des cieux fut prodigieusement influencée par les notions de l’idéalisme grec, qui se répandaient alors rapidement, l’idée du naturel en tant qu’ombre du spirituel – du temporel en tant qu’ombre de l’éternel dans le temps. 170:5.3 Toutefois, le grand pas qui marqua la transplantation des enseignements de Jésus d’un sol juif sur un sol païen fut franchi quand le Messie du royaume devint le Rédempteur de l’Église, une organisation religieuse et sociale issue des activités de Paul et de ses successeurs, et fondée sur les enseignements de Jésus auxquels on avait ajouté les idées de Philon et les doctrines persanes du bien et du mal. 170:5.4 Les idées et les idéaux de Jésus, incorporés dans l’enseignement de l’évangile du royaume, faillirent n’être pas réalisés quand ses disciples déformèrent progressivement ses déclarations. Le concept du royaume présenté par le Maitre fut notamment modifié par deux grandes tendances : 170:5.5 1. Les croyants juifs persistaient à considérer Jésus comme le Messie. Ils croyaient que le Maitre reviendrait dans un très proche avenir pour établir en fait un royaume mondial plus ou moins matériel. 170:5.6 2. Les Gentils chrétiens commencèrent de très bonne heure à accepter les doctrines de Paul, qui conduisirent de plus en plus à la croyance générale que Jésus était le Rédempteur des enfants de l’Église ; ce concept nouveau et institutionnel succéda au concept primitif de la fraternité purement spirituelle du royaume. 170:5.7 L’Église, en tant que conséquence sociale du royaume, aurait été entièrement naturelle et même désirable. Le mal de l’Église ne fut pas son existence, mais plutôt le fait qu’elle supplanta presque complètement le concept du royaume présenté par Jésus. L’Église de Paul, élevée au rang d’institution, se substitua pratiquement au royaume des cieux que Jésus avait proclamé. 170:5.8 Mais n’en doutez pas, ce même royaume des cieux, dont le Maitre enseigna l’existence dans le cœur des hommes, sera encore proclamé à cette Église chrétienne, ainsi qu’à toutes les autres religions, races et nations de la terre – et même à chaque individu. 170:5.9 Le royaume enseigné par Jésus, l’idéal spirituel de la droiture individuelle et le concept de la divine communion de l’homme avec Dieu, se fondit graduellement dans la conception mystique de la personne de Jésus en tant que Rédempteur-Créateur et chef spirituel d’une communauté religieuse socialisée. De cette manière, une Église officielle et institutionnelle devint le substitut de la fraternité du royaume conduite individuellement par l’esprit. 170:5.10 L’Église fut un résultat social, inévitable et utile de la vie et des enseignements de Jésus. La tragédie a consisté dans le fait que cette réaction sociale aux enseignements du royaume supplanta si complètement le concept spirituel du vrai royaume, tel que Jésus l’enseigna et le vécut. 170:5.11 Pour les Juifs, le royaume était la communauté israélite ; pour les Gentils, il devint l’Église chrétienne. Pour Jésus, il était l’ensemble des individus qui avaient confessé leur foi dans la paternité de Dieu, proclamant de la sorte leur consécration sincère à faire la volonté de Dieu, et devenant, ainsi, membres de la fraternité spirituelle des hommes. 170:5.12 Le Maitre comprenait parfaitement que certains résultats sociaux apparaitraient dans le monde comme conséquence de la diffusion de l’évangile du royaume. Mais son intention était que toutes ces manifestations sociales désirables surviennent comme des conséquences, inconscientes et inévitables, comme des fruits naturels de l’expérience personnelle intérieure des croyants individuels, de cette communauté et de cette communion purement spirituelles avec l’esprit divin qui habite et anime tous ces croyants. 170:5.13 Jésus prévoyait qu’une organisation sociale, ou Église, suivrait le progrès du véritable royaume spirituel, et c’est pourquoi il ne s’opposa jamais à ce que les apôtres pratiquent le rite du baptême de Jean. Il enseigna que l’âme qui aime la vérité – celle qui a faim et soif de droiture et de Dieu – est admise par la foi dans le royaume spirituel ; en même temps, les apôtres enseignaient que le même croyant est admis dans l’organisation sociale des disciples par le rite extérieur du baptême. 170:5.14 Quand les disciples immédiats de Jésus reconnurent leur échec partiel pour réaliser l’idéal consistant à établir le royaume dans le cœur des hommes par la domination et la gouverne de l’esprit chez les croyants individuels, ils cherchèrent à éviter que l’enseignement du Maitre ne fût entièrement perdu ; à cet effet, ils substituèrent à son idéal du royaume la création progressive d’une organisation sociale visible, l’Église chrétienne. Quand ils eurent accompli ce programme de substitution, ils se mirent à situer le royaume dans l’avenir, afin de maintenir la cohérence et d’assurer la récognition des enseignements du Maitre sur le fait du royaume. Dès que l’Église fut solidement établie, elle commença à enseigner qu’en réalité le royaume devait apparaitre à l’apogée de l’ère chrétienne, à la seconde venue du Christ. 170:5.15 De cette manière, le royaume devint le concept d’un âge, l’idée d’une visitation future, et l’idéal de la rédemption finale des saints du Très-Haut. Les premiers chrétiens (et beaucoup trop de chrétiens ultérieurs) perdirent généralement de vue l’idée de Père-et-fils incorporée dans l’enseignement de Jésus sur le royaume, tandis qu’ils y substituaient la communauté sociale bien organisée de l’Église. En somme, l’Église devint ainsi principalement une fraternité sociale qui se substitua effectivement au concept et à l’idéal de Jésus d’une fraternité spirituelle. 170:5.16 Le concept idéal de Jésus échoua en grande partie, mais, sur les fondements de la vie et des enseignements personnels du Maitre, complétés par les concepts grecs et persans de la vie éternelle, et accrus par la doctrine de Philon sur le contraste du temporel avec le spirituel, Paul se mit à bâtir l’une des sociétés humaines les plus progressives qui aient jamais existé sur Urantia. 170:5.17 Le concept de Jésus est encore vivant dans les religions évoluées du monde. L’Église chrétienne de Paul est l’ombre socialisée et humanisée du royaume des cieux projeté par Jésus – et tel que cependant il deviendra très certainement. Paul et ses successeurs transférèrent partiellement de l’individu à l’Église la responsabilité des problèmes concernant la vie éternelle. Le Christ devint ainsi le chef de l’Église plutôt que le frère ainé de chaque croyant de la famille du Père dans le royaume. Paul et ses contemporains appliquèrent à l’Église, en tant que groupe de croyants, toutes les implications spirituelles de Jésus concernant sa propre personne et les croyants individuels. Ce faisant, ils portèrent un coup mortel au concept de Jésus proclamant le royaume divin dans le cœur de chaque croyant. 170:5.18 Ainsi, durant des siècles, l’Église chrétienne a été fort gênée dans ses œuvres parce qu’elle a osé s’attribuer les mystérieux pouvoirs et privilèges du royaume ; or, ceux-ci ne peuvent être exercés et expérimentés qu’entre Jésus et ses frères spirituels croyants. Ainsi, il devient clair que l’appartenance à l’Église ne signifie pas nécessairement communauté dans le royaume ; la seconde est spirituelle, la première est principalement sociale. 170:5.19 Tôt ou tard, un Jean le Baptiste nouveau et plus grand se dressera en proclamant que « le royaume de Dieu est à portée de la main » – signifiant un retour au concept supérieur de Jésus qui proclamait que le royaume est la volonté de son Père céleste, dominante et transcendante, dans le cœur des croyants. Et il accomplira tout cela sans faire la moindre allusion à l’Église terrestre visible, ni à la seconde venue anticipée du Christ. Il faut qu’il se produise une renaissance des enseignements de Jésus tels qu’il les a donnés, que sa doctrine soit réexposée de manière à rectifier l’œuvre des disciples initiaux qui entreprirent de créer un système sociophilosophique de croyances concernant le fait du séjour de Micaël sur terre. En très peu de temps, l’enseignement de cette histoire à propos de Jésus supplanta presque entièrement l’enseignement de l’évangile de Jésus sur le royaume. De cette manière, une religion historique se substitua à l’enseignement dans lequel Jésus avait mêlé les idées morales et les idéaux spirituels les plus élevés des hommes avec leurs plus sublimes espérances pour l’avenir – la vie éternelle. Or, c’était là l’évangile du royaume. 170:5.20 C’est précisément parce que l’évangile de Jésus présentait tant d’aspects différents qu’en l’espace de quelques siècles, ceux qui étudièrent les récits de ses enseignements se divisèrent en tant de cultes et de sectes. Cette pitoyable subdivision des croyants chrétiens résulte de leur incapacité de discerner, dans les aspects multiples des enseignements du Maitre, la divine unité de sa vie incomparable. Mais il viendra un jour où les vrais croyants en Jésus ne seront pas spirituellement divisés de la sorte dans leur attitude devant les incroyants. Nous pouvons toujours avoir une diversité de compréhension et d’interprétation intellectuelles, et même divers degrés de socialisation, mais le défaut de fraternité spirituelle est à la fois inexcusable et répréhensible. 170:5.21 Ne vous y trompez pas ! Il y a, dans les enseignements de Jésus, une nature éternelle qui ne leur permettra pas de rester indéfiniment stériles dans le cœur des hommes réfléchis. Le royaume tel que Jésus le concevait a échoué dans une grande mesure sur terre ; pour l’instant, une Église extérieure a pris sa place ; mais vous devriez comprendre que cette Église est seulement l’état larvaire du royaume spirituel contrecarré ; elle fera traverser au royaume le présent âge matériel et le conduira jusqu’à une dispensation plus spirituelle où les enseignements du Maitre trouveront l’occasion de se développer plus pleinement. L’Église dite chrétienne devient de cette manière la chrysalide où sommeille maintenant le concept du royaume selon Jésus. Le royaume de la fraternité divine est toujours vivant ; il est sûr de sortir finalement et certainement de sa longue submersion, tout aussi sûrement que le papillon finit par émerger en tant que magnifique développement de sa chrysalide métamorphique moins attrayante. FASCICULE 171. Sur le chemin de Jérusalem 171:0.1 Le lendemain du mémorable sermon sur « Le Royaume des Cieux », Jésus annonça qu’il partirait le jour suivant, avec les apôtres, pour assister à la Pâque à Jérusalem, en visitant, sur le chemin, de nombreuses villes de la Pérée méridionale. 171:0.2 L’allocution sur le royaume et l’annonce qu’il assisterait à la Pâque incitèrent tous ses disciples à croire qu’il allait à Jérusalem pour inaugurer le royaume temporel de la suprématie juive. Quoi que Jésus ait pu dire concernant le caractère non matériel du royaume, il ne put ôter entièrement du mental de ses auditeurs juifs l’idée que le Messie devait établir une sorte de gouvernement nationaliste ayant son siège à Jérusalem. 171:0.3 Ce que dit Jésus dans son sermon de sabbat n’aboutit qu’à dérouter la majorité de ses disciples ; très peu d’entre eux furent éclairés par le discours du Maitre. Les principaux disciples comprenaient quelque peu ses enseignements concernant le royaume intérieur, « le royaume des cieux en vous », mais ils savaient aussi que Jésus avait parlé d’un autre royaume futur, et ils croyaient que c’était pour établir ce royaume que Jésus montait maintenant à Jérusalem. Quand ils furent déçus dans cette attente, quand le Maitre fut rejeté par les Juifs et quand, plus tard, Jérusalem fut effectivement détruite, ils s’attachèrent encore à cette espérance, croyant sincèrement que le Maitre reviendrait bientôt dans le monde avec un grand pouvoir et une gloire majestueuse pour établir le royaume promis. 171:0.4 Ce fut ce dimanche après-midi-là que Salomé, la mère de Jacques et de Jean Zébédée, vint vers Jésus avec ses deux fils apôtres, à la manière dont on s’approche d’un potentat oriental ; elle chercha à obtenir que Jésus lui promette d’avance de lui accorder ce qu’elle demanderait, quelle que soit sa requête. Mais le Maitre ne voulut rien promettre ; au lieu de cela, il lui demanda : « Que désires-tu que je fasse pour toi ? » et Salomé répondit : « Maitre, maintenant que tu montes à Jérusalem pour établir le royaume, je voudrais ta promesse que mes fils seront à l’honneur avec toi, l’un siégeant à ta droite et l’autre à ta gauche dans ton royaume. » 171:0.5 Lorsque Jésus entendit la requête de Salomé, il dit : « Femme, tu ne sais pas ce que tu demandes. » Puis, regardant droit dans les yeux les deux apôtres qui recherchaient des honneurs, il dit : « Parce que je vous connais et vous aime depuis longtemps, parce que j’ai même vécu dans la maison de votre mère, parce qu’André vous a désignés pour être constamment auprès de moi, vous permettez à votre mère de venir secrètement vers moi en formulant cette demande inconvenante. Laissez-moi vous demander ceci : Êtes-vous capables de boire la coupe que je suis sur le point de boire ? » Sans prendre un instant de réflexion, Jacques et Jean répondirent : « Oui, Maitre, nous en sommes capables. » Jésus dit alors : « Je suis attristé de savoir que vous ne savez pas pourquoi nous allons à Jérusalem ; je suis chagriné de constater que vous ne comprenez pas la nature de mon royaume. Je suis déçu que vous ameniez votre mère pour me présenter cette requête. Mais je sais que vous m’aimez dans votre cœur. Je vous déclare donc qu’en vérité, vous boirez ma coupe d’amertume et que vous partagerez mon humiliation, mais il ne m’appartient pas de vous conférer un siège à ma droite ou à ma gauche. Ces honneurs sont réservés à ceux qui ont été désignés par mon Père. » 171:0.6 Entretemps, quelqu’un avait rapporté cet entretien à Pierre et aux autres apôtres ; ceux-ci furent grandement indignés de ce que Jacques et Jean aient cherché à leur être préférés et soient allés secrètement avec leur mère formuler une telle demande. Lorsqu’ils en vinrent à discuter entre eux, Jésus les réunit tous et dit : « Vous comprenez bien comment les chefs des Gentils dominent leurs sujets, et comment les grands exercent l’autorité. Mais il n’en sera pas ainsi dans le royaume des cieux. Si quelqu’un veut être grand parmi vous, qu’il devienne d’abord votre serviteur. Si quelqu’un veut être le premier dans le royaume, qu’il vous serve. Je vous déclare que le Fils de l’Homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir. Je vais maintenant à Jérusalem pour donner ma vie en faisant la volonté de mon Père, et en étant au service de mes frères. » Lorsque les apôtres entendirent ces paroles, ils se retirèrent pour prier. Ce soir-là, en réponse aux efforts de Pierre, Jacques et Jean firent des excuses appropriées aux dix et rentrèrent en grâce auprès de leurs compagnons. 171:0.7 En demandant des places à la droite et à la gauche de Jésus à Jérusalem, les fils de Zébédée ne s’imaginaient guère qu’avant un mois, leur maitre bien-aimé serait pendu, sur une croix romaine, avec, à sa droite, un voleur mourant et, à sa gauche, un autre malfaiteur. Et leur mère, qui assista à la crucifixion, se rappela la sotte requête qu’elle avait présentée à Jésus à Pella au sujet des honneurs qu’elle avait si inconsidérément recherchés pour ses fils apôtres. 1. Le départ de Pella 171:1.1 Le lundi matin 13 mars, Jésus et ses douze apôtres prirent définitivement congé du camp de Pella et partirent vers le sud pour leur tournée dans les villes de la Pérée méridionale, où les associés d’Abner étaient à l’œuvre. Ils passèrent plus de quinze jours à s’entretenir avec les soixante-dix, puis se rendirent directement à Jérusalem pour la Pâque. 171:1.2 Quand le Maitre partit de Pella, les disciples, au nombre d’un millier environ, qui campaient avec les apôtres, le suivirent. Au gué du Jourdain sur la route de Jéricho, la moitié environ de ce groupe le quitta en apprenant qu’il allait à Hesbon, et après qu’il eut prêché son sermon sur « l’Évaluation du Prix ». Cette moitié poursuivit sa route et monta à Jérusalem, tandis que l’autre moitié du groupe suivit Jésus pendant deux semaines durant sa tournée dans les villes de la Pérée du sud. 171:1.3 D’une manière générale, la plupart des disciples immédiats de Jésus comprirent que le camp de Pella avait été abandonné, mais ils prenaient cela pour une indication que leur Maitre se proposait, enfin, d’aller à Jérusalem pour faire valoir ses prétentions au trône de David. La grande majorité de ses disciples ne fut jamais capable de saisir un autre concept du royaume des cieux. Quels que fussent les enseignements de Jésus, ils ne voulurent pas renoncer à cette conception juive du royaume. 171:1.4 Agissant sur instructions de l’apôtre André, David Zébédée ferma le camp des visiteurs à Pella le mercredi 15 mars. À ce moment, près de quatre-mille visiteurs s’y trouvaient en résidence, sans compter plus de mille personnes qui séjournaient avec les apôtres en un lieu connu sous le nom de « camp des instructeurs », et qui accompagnèrent Jésus et les douze vers le sud. Malgré sa répugnance à le faire, David vendit tout l’équipement du camp à de nombreux acheteurs et se rendit à Jérusalem avec les fonds ainsi recueillis, qu’il remit ultérieurement à Judas Iscariot. 171:1.5 David fut présent à Jérusalem durant la dernière et tragique semaine. Il ramena sa mère avec lui à Bethsaïde après la crucifixion. En attendant Jésus et les apôtres, David s’arrêta chez Lazare à Béthanie et fut profondément troublé par la manière dont les pharisiens avaient commencé à persécuter et à harceler Lazare depuis sa résurrection. André avait ordonné à David d’interrompre le service des messagers, ce qui fut interprété par tous comme une indication que le royaume allait bientôt être établi à Jérusalem. David se trouvait désœuvré et il avait à peu près décidé de devenir le défenseur volontaire de Lazare, lorsque l’objet de sa sollicitude indignée s’enfuit précipitamment à Philadelphie. En conséquence, quelque temps après la résurrection de Jésus et après la mort de sa mère, David se rendit à Philadelphie, non sans avoir d’abord aidé Marthe et Marie à vendre leurs propriétés. Il passa là le reste de sa vie en association avec Abner et Lazare, et devint le superviseur financier de toutes les grandes activités intéressant le royaume qui eurent leur centre à Philadelphie durant la vie d’Abner. 171:1.6 Peu de temps après la destruction de Jérusalem, Antioche devint le quartier général du christianisme paulinien, tandis que Philadelphie restait le centre du royaume des cieux abnérien. D’Antioche, la version paulinienne des enseignements de Jésus et à propos de Jésus se répandit dans tout le monde occidental. Partant de Philadelphie, les missionnaires de la version abnérienne du royaume des cieux se répandirent dans toute la Mésopotamie et l’Arabie, jusqu’à l’époque ultérieure où ces émissaires intransigeants des enseignements de Jésus furent débordés par le soudain développement de l’islam. 2. L’évaluation du prix 171:2.1 Quand Jésus et sa suite de près d’un millier de personnes arrivèrent au bord du Jourdain, au gué de Béthanie parfois dénommé Béthabara, ses disciples commencèrent à comprendre que le Maitre n’allait pas directement à Jérusalem. Tandis qu’ils hésitaient et discutaient entre eux, Jésus monta sur un gros rocher et prononça le discours que l’on a intitulé « l’Évaluation du prix ». Le Maitre dit : 171:2.2 « À partir de maintenant, ceux qui veulent me suivre doivent accepter de payer le prix d’une consécration totale à faire la volonté de mon Père. Si vous voulez être mes disciples, il faut que vous soyez disposés à abandonner père, mère, femme, enfants, frères et sœurs. Quiconque veut désormais être mon disciple doit accepter de renoncer même à sa vie, de même que le Fils de l’Homme est sur le point d’offrir sa vie pour parachever sa mission de faire la volonté du Père, sur terre et dans la chair. 171:2.3 « Si vous n’êtes pas disposés à payer entièrement le prix, vous ne pouvez guère être mon disciple. Avant de continuer, chacun de vous devrait s’assoir et calculer ce qu’il en coute d’être mon disciple. Qui d’entre vous entreprendrait de bâtir une tour de garde sur ses terres sans commencer par s’assoir pour en estimer le cout et voir s’il possède assez d’argent pour l’achever ? Si vous ne calculez d’abord le prix, vous découvrirez peut-être, après avoir posé les fondations, que vous êtes incapables de terminer ce que vous avez commencé. Alors, tous vos voisins se moqueront de vous en disant : ‘Voyez, cet homme a commencé à bâtir, mais il a été incapable de terminer son travail.’ Et encore, un roi, se préparant à faire la guerre à un autre roi, ne commence-t-il pas par s’assoir et prendre conseil pour savoir si, avec dix-mille hommes, il pourra faire face à celui qui vient contre lui avec vingt-mille ? Si ce roi ne peut affronter son ennemi faute de préparation, il envoie une ambassade à l’autre roi pendant que ce dernier est encore loin, et s’informe des conditions de paix. 171:2.4 « Il faut donc maintenant que chacun de vous s’assoie pour évaluer ce qu’il en coute d’être mon disciple. Désormais, vous ne pourrez plus nous suivre en écoutant l’enseignement et en observant les œuvres. Il vous faudra faire face à des persécutions acharnées et témoigner en faveur de cet évangile en face de déceptions écrasantes. Si vous n’acceptez pas de renoncer à tout ce que vous êtes et de consacrer à cette œuvre tout ce que vous possédez, alors vous n’êtes pas dignes d’être mon disciple. Si vous avez déjà triomphé de vous-mêmes dans votre cœur, vous n’avez rien à craindre de la victoire extérieure qu’il vous faudra bientôt gagner quand le Fils de l’Homme sera rejeté par les chefs des prêtres et les sadducéens, et remis entre les mains d’incroyants railleurs. 171:2.5 « C’est maintenant qu’il faut vous analyser et découvrir votre mobile pour être mon disciple. Si vous recherchez honneurs et gloire, si votre pensée incline vers le monde, vous ressemblez à du sel qui a perdu sa saveur. Et, lorsque ce qui est estimé pour son gout salé a perdu sa saveur, avec quoi l’assaisonnera-t-on ? Un tel condiment est alors inutile ; il n’est bon qu’à être jeté au rebut. Maintenant, je vous ai avertis de retourner paisiblement chez vous si vous n’êtes pas disposés à boire avec moi la coupe qui se prépare. Maintes et maintes fois, je vous ai dit que mon royaume n’est pas de ce monde, mais vous ne voulez pas me croire. Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende ce que je dis. » 171:2.6 Immédiatement après avoir prononcé ces paroles, Jésus, conduisant les douze, partit pour Hesbon, suivi d’environ cinq-cents personnes. Peu de temps après, l’autre moitié de la multitude poursuivit sa route et monta à Jérusalem. Les apôtres, ainsi que les principaux disciples, réfléchirent longuement sur ces paroles, mais ils restèrent toutefois attachés à la croyance qu’après cette brève période d’adversité et d’épreuves, le royaume serait certainement instauré quelque peu en conformité avec leurs espérances longtemps chéries. 3. La tournée en Pérée 171:3.1 Pendant plus de quinze jours, Jésus et les douze, suivis d’une foule de plusieurs centaines de disciples, circulèrent dans le sud de la Pérée et visitèrent toutes les villes où œuvraient les soixante-dix. Beaucoup de Gentils vivaient dans cette région et, puisque peu d’entre eux se rendaient à Jérusalem pour la Pâque, les messagers du royaume purent continuer sans interruption leur œuvre d’enseignement et de prédication. 171:3.2 Jésus rencontra Abner à Hesbon, et André ordonna que les travaux des soixante-dix ne fussent pas interrompus par la fête de la Pâque. Jésus recommanda aux messagers de poursuivre leur œuvre sans tenir aucun compte de ce qui allait se passer à Jérusalem. Il conseilla également à Abner de permettre aux femmes du corps évangélique, tout au moins à celles qui le désiraient, d’aller pour la Pâque à Jérusalem. Ce fut la dernière fois qu’Abner vit Jésus dans la chair. Le Maitre lui fit ses adieux en disant : « Mon fils, je sais que tu seras fidèle au royaume, et je prie le Père de t’accorder de la sagesse, afin que tu puisses aimer et comprendre tes frères. » 171:3.3 Au cours de leur voyage de ville en ville, un grand nombre de leurs accompagnateurs les quittèrent pour aller à Jérusalem, si bien qu’au moment où Jésus partit pour la Pâque, le nombre de ceux qui l’avaient suivi jour après jour s’était réduit à moins de deux-cents. 171:3.4 Les apôtres comprirent que le Maitre allait à Jérusalem pour la Pâque. Ils savaient que le sanhédrin avait diffusé, dans tout Israël, un message annonçant que Jésus avait été condamné à mort, et ordonnant que toute personne sachant où il se trouvait en informe le sanhédrin. Malgré cela, les apôtres n’étaient pas aussi alarmés qu’au moment où Jésus leur avait dit, à Philadelphie, qu’il se rendait à Béthanie pour voir Lazare. Ce changement d’attitude, passant d’une peur intense à un état de discrète expectative, était principalement dû à la résurrection de Lazare. Les apôtres étaient parvenus à la conclusion qu’en cas d’urgence, Jésus pourrait affirmer son pouvoir divin et confondre de honte ses ennemis. Cette confiance, doublée de leur foi plus profonde et plus mure dans la suprématie spirituelle de leur Maitre, explique le courage extérieur déployé par ses disciples immédiats ; ceux-ci se préparaient maintenant à le suivre à Jérusalem, en affrontant la proclamation publique du sanhédrin que Jésus devait mourir. 171:3.5 La majorité des apôtres et beaucoup de ses proches disciples ne croyaient pas que Jésus puisse mourir. Croyant qu’il était « la résurrection et la vie », ils le considéraient comme immortel et déjà triomphant de la mort. 4. Enseignement à Livias 171:4.1 Le mercredi soir 29 mars, Jésus et ses disciples campèrent à Livias, sur le chemin de Jérusalem, après avoir achevé leur tournée des villes de la Pérée méridionale. Ce fut durant cette nuit à Livias que Simon Zélotès et Simon Pierre, qui avaient comploté de se faire livrer, en cet endroit, plus de cent épées, reçurent et distribuèrent ces armes à tous ceux qui voulurent les accepter et les porter dissimulées sous leur manteau. Simon Pierre portait encore son épée la nuit où le Maitre fut trahi dans le jardin de Gethsémani. 171:4.2 Le jeudi matin de bonne heure, avant que les autres ne fussent réveillés, Jésus appela André et lui dit : « Réveille tes compagnons ! J’ai quelque chose à leur dire. » Jésus était au courant de la livraison des épées ; il savait quels apôtres en avaient reçu et en portaient, mais il ne leur révéla jamais qu’il connaissait cette affaire. Lorsqu’André eut réveillé ses compagnons et qu’ils se furent rassemblés, Jésus leur dit : « Mes enfants, vous avez vécu longtemps auprès de moi, et je vous ai enseigné bien des choses utiles pour notre époque ; je voudrais maintenant vous avertir de ne mettre votre confiance ni dans les incertitudes de la chair, ni dans les faiblesses de la défense humaine contre les épreuves qui nous attendent sous peu. Je vous ai pris ici à part pour vous dire, une fois encore, clairement, que nous montons à Jérusalem, où vous savez que le Fils de l’Homme a déjà été condamné à mort. Je vous répète que le Fils de l’Homme sera livré aux chefs des prêtres et dirigeants religieux ; ils le condamneront et le livreront aux mains des Gentils. Ils se moqueront du Fils de l’Homme ; ils iront même jusqu’à cracher sur lui et à le fouetter, et ils le livreront à la mort. Ne soyez pas consternés quand ils tueront le Fils de l’Homme, car je vous déclare qu’il ressuscitera au troisième jour. Prenez garde à vous-mêmes et souvenez-vous que je vous ai prévenus. » 171:4.3 De nouveau, les apôtres furent stupéfaits, abasourdis, mais ils ne purent arriver à prendre ses paroles à la lettre ; ils ne pouvaient comprendre que le Maitre avait parlé sans ambages. Ils étaient tellement aveuglés par leur croyance persistante à un royaume temporel sur terre, avec siège à Jérusalem, qu’ils ne pouvaient pas – ne voulaient pas – accepter comme littérales les paroles de Jésus. Ils méditèrent toute la journée sur ce que le Maitre avait voulu dire par des déclarations aussi étranges, mais nul n’osa lui poser de questions à leur sujet. C’est seulement après sa mort que les apôtres désorientés en vinrent à comprendre que le Maitre leur avait parlé franchement et directement en prévision de sa crucifixion. 171:4.4 Ce fut ici, à Livias, que certains pharisiens sympathisants vinrent trouver Jésus juste après le déjeuner et lui dirent : « Hâte-toi de fuir ces parages, car Hérode cherche maintenant à te tuer, exactement comme il l’a fait pour Jean. Il craint un soulèvement du peuple et a décidé ta mort. Nous t’apportons cet avertissement pour te permettre de t’échapper. » 171:4.5 Or, ceci était partiellement vrai. La résurrection de Lazare avait effrayé et alarmé Hérode. Sachant que le sanhédrin avait osé condamner Jésus avant même de le juger, Hérode avait résolu soit de tuer Jésus, soit de le chasser de ses domaines. Il désirait réellement la seconde solution, car il craignait tellement Jésus qu’il espérait ne pas être obligé de l’exécuter. 171:4.6 Après avoir écouté ce que les pharisiens avaient à dire, Jésus répondit : « Je connais bien Hérode et sa peur de cet évangile du royaume. Mais, ne vous y trompez pas, il préférerait de beaucoup voir le Fils de l’Homme monter à Jérusalem et que ce soient les chefs religieux qui le fassent souffrir et mourir. Ayant souillé ses mains du sang de Jean, il n’est pas désireux de porter la responsabilité de la mort du Fils de l’Homme. Allez dire à ce renard que le Fils de l’Homme prêche aujourd’hui en Pérée, qu’il ira demain en Judée et qu’au bout de quelques jours, il aura parachevé sa mission sur terre et sera prêt pour son ascension vers le Père. » 171:4.7 Puis Jésus se tourna vers ses apôtres et dit : « Depuis les temps anciens, les prophètes ont péri à Jérusalem, et il sied que le Fils de l’Homme aille dans la cité de la maison du Père pour être offert comme prix du sectarisme humain et comme conséquence des préjugés religieux et de l’aveuglement spirituel. Ô Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes et lapides les instructeurs de la vérité ! Que de fois j’aurais voulu rassembler tes enfants comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, mais vous n’avez pas voulu me laisser faire ! Voici, votre maison va vous être abandonnée dans la désolation. Vous désirerez maintes fois me voir, mais vous ne me verrez pas. Vous me chercherez alors, mais vous ne me trouverez pas. » Après avoir ainsi parlé, Jésus se tourna vers ceux qui l’entouraient et dit : « Quoi qu’il en soit, allons à Jérusalem pour assister à la Pâque et faire notre devoir en accomplissant la volonté du Père qui est aux cieux. » 171:4.8 Ce fut un groupe de croyants troublés et désorientés qui suivit Jésus ce jour-là à Jéricho. Dans les déclarations de Jésus sur le royaume, les apôtres ne pouvaient discerner que la certitude du triomphe final. Ils ne pouvaient pas se résigner à comprendre l’avertissement d’une imminente déconvenue. Quand Jésus parla de « ressusciter au troisième jour », ils interprétèrent cette affirmation comme signifiant un triomphe certain du royaume immédiatement consécutif à une désagréable escarmouche préliminaire avec les chefs religieux juifs. Le « troisième jour » était une expression courante de la langue juive signifiant « bientôt » ou « peu après ». Quand Jésus parla de « ressusciter », ils crurent qu’il faisait allusion à la « résurrection du royaume ». 171:4.9 Ces croyants avaient accepté Jésus en tant que Messie, et les Juifs ne savaient rien ou presque rien d’un Messie souffrant. Ils ne comprenaient pas que, par sa mort, Jésus allait accomplir bien des choses qu’il n’aurait pu faire aboutir par sa vie. La résurrection de Lazare avait donné aux apôtres le courage d’entrer à Jérusalem, mais ce fut le souvenir de la transfiguration qui soutint le Maitre durant cette éprouvante période de son effusion. 5. L’aveugle de Jéricho 171:5.1 Tard dans l’après-midi du jeudi 30 mars, Jésus et ses apôtres, suivis d’une compagnie d’environ deux-cents disciples, approchaient des remparts de Jéricho. En arrivant à proximité des portes de la cité, ils rencontrèrent une foule de mendiants, parmi lesquels se trouvait un certain Bartimée, un homme d’un certain âge qui était aveugle depuis sa jeunesse. Ce mendiant aveugle avait beaucoup entendu parler de Jésus, et il était au courant de la guérison de l’aveugle Josias à Jérusalem. Il n’avait pas été informé du dernier passage de Jésus à Jéricho avant que le Maitre ne fût reparti pour Béthanie. Bartimée avait résolu de ne plus jamais laisser Jésus visiter Jéricho sans faire appel à lui pour rétablir sa vue. 171:5.2 La nouvelle de l’approche de Jésus avait été annoncée dans tout Jéricho, et des centaines d’habitants s’étaient rassemblés pour aller à sa rencontre. Quand cette foule revint en escortant le Maitre à son entrée dans la ville, Bartimée entendit le grand bruit du piétinement de la multitude et sut qu’il se passait quelque chose d’inhabituel. Il demanda donc à ses voisins ce qui arrivait, et l’un des mendiants répondit : « Jésus de Nazareth est en train de passer. » Quand Bartimée entendit que Jésus était à proximité, il éleva la voix et commença à crier : « Jésus, Jésus, aie pitié de moi ! » Et, tandis qu’il criait de plus en plus fort, certains accompagnateurs de Jésus allèrent vers lui et le réprimandèrent en le priant de se tenir tranquille ; mais cela ne servit à rien ; Bartimée n’en cria que plus fort. 171:5.3 Quand Jésus entendit l’aveugle crier, il s’arrêta et, quand il le vit, il dit à ses amis : « Amenez-moi cet homme. » Sur quoi, ils allèrent trouver Bartimée en disant : « Aie bon courage et viens avec nous, car le Maitre t’appelle. » À l’audition de ces paroles, Bartimée rejeta son manteau et sauta au milieu de la route, tandis que les personnes les plus proches le guidaient vers Jésus. S’adressant à Bartimée, Jésus dit : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » Et l’aveugle répondit : « Je voudrais que ma vue soit rétablie. » À l’audition de cette demande et devant cette foi, Jésus dit : « Tu recouvreras la vue ; va ton chemin ; ta foi t’a guéri. » Et Bartimée recouvra immédiatement la vue ; il resta près de Jésus, glorifiant Dieu, jusqu’au départ de Jésus le lendemain matin pour Jérusalem ; et, alors, il précéda la multitude en proclamant à tout le monde comment sa vue lui avait été rendue à Jéricho. 6. La visite à Zachée 171:6.1 Quand le cortège du Maitre entra dans Jéricho, le soleil était sur le point de se coucher, et Jésus était disposé à demeurer dans la ville pour la nuit. Au moment où il passa devant le bureau de douane, Zachée, le chef publicain ou percepteur des taxes, se trouvait là ; or, il désirait grandement voir Jésus. Ce chef publicain était fort riche et avait beaucoup entendu parler de ce prophète de Galilée. Il avait résolu de voir quelle sorte d’homme était Jésus la prochaine fois qu’il viendrait à Jéricho. En conséquence, Zachée chercha à se frayer un chemin à travers la foule, mais elle était trop dense, et Zachée était de petite taille, de sorte qu’il ne pouvait voir par-dessus les têtes. Alors, le chef publicain suivit la foule jusqu’au centre de la ville, non loin de l’endroit où il habitait. Voyant qu’il ne parviendrait pas à fendre la foule et imaginant que Jésus allait peut-être traverser la ville sans s’y arrêter, il courut en avant et grimpa dans un sycomore dont les branches étendues surplombaient la route. Il savait que, de cette manière, il pourrait bien voir le Maitre lors de son passage. Et il ne fut pas déçu, car, en passant par là, Jésus s’arrêta, leva les yeux vers Zachée et dit : « Dépêche-toi de descendre, Zachée, car ce soir il faudra que je demeure dans ta maison. » Quand Zachée entendit ces paroles surprenantes, il tomba presque de l’arbre dans sa hâte d’en descendre. Allant vers Jésus, il exprima sa grande joie de ce que le Maitre veuille bien s’arrêter chez lui. 171:6.2 Ils se rendirent immédiatement à la maison de Zachée, et les habitants de Jéricho furent bien étonnés que Jésus consente à demeurer chez le chef des publicains. Tandis que le Maitre et ses apôtres s’attardaient avec Zachée devant la porte de sa maison, l’un des pharisiens de Jéricho qui se trouvait près de là dit : « Vous voyez que cet homme est allé loger chez un fils apostat d’Abraham, un pécheur qui est un exacteur et vole son propre peuple. » Quand Jésus entendit cela, il regarda Zachée et sourit. Alors, Zachée monta sur un tabouret et dit : « Hommes de Jéricho, écoutez-moi ! Je suis peut-être un publicain et un pécheur, mais le grand Instructeur est venu demeurer dans ma maison. Avant qu’il n’entre, je vous dis que je vais donner aux pauvres la moitié de tous mes biens ; et, dès demain, si j’ai exigé à tort quelque chose de quelqu’un, je le lui restituerai au quadruple. Je vais rechercher le salut de tout mon cœur et apprendre à agir avec droiture aux yeux de Dieu. » 171:6.3 Quand Zachée eut fini de parler, Jésus dit : « Aujourd’hui, le salut est venu dans cette maison, et tu es devenu, en vérité, un fils d’Abraham. » Puis, se tournant vers la foule assemblée autour d’eux, Jésus dit : « Ne vous étonnez pas de ce que je dis et ne vous offensez pas de ce que nous faisons, car j’ai constamment déclaré que le Fils de l’Homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. » 171:6.4 Jésus et ses apôtres logèrent chez Zachée pour la nuit et, le lendemain matin, ils partirent par la « route des voleurs », en direction de Béthanie, pour assister à la Pâque à Jérusalem. 7. « Tandis que Jésus passait » 171:7.1 Jésus répandait le réconfort partout où il passait. Il était plein de grâce et de vérité. Ses associés ne cessèrent de s’émerveiller des paroles aimables qui sortaient de sa bouche. On peut cultiver l’amabilité, mais la bienveillance est l’arôme de l’amitié qui émane d’une âme saturée d’amour. 171:7.2 La bonté force toujours le respect, mais, quand elle est dépourvue de grâce, elle repousse souvent l’affection. C’est seulement quand la bonté est gracieuse qu’elle exerce un attrait universel. La bonté n’est efficace que si elle est attirante. 171:7.3 Jésus comprenait réellement les hommes ; c’est pourquoi il pouvait manifester une véritable sympathie et montrer une sincère compassion. Mais il se laissait rarement aller à la pitié. Alors que sa compassion était illimitée, sa sympathie était pratique, personnelle et constructive. Jamais la fréquentation intime qu’il eut de la souffrance n’engendra l’indifférence, et il savait apporter son ministère aux âmes affligées sans accroitre leur apitoiement sur elles-mêmes. 171:7.4 Jésus pouvait être d’un tel secours aux hommes parce qu’il les aimait sincèrement. Il aimait véritablement chaque homme, chaque femme et chaque enfant. Il pouvait être un véritable ami à cause de sa remarquable perspicacité – il connaissait entièrement le contenu du cœur et du mental de l’homme. Il était un observateur plein d’intérêt et de finesse. Il était expert à comprendre les besoins des hommes et habile à détecter leurs désirs. 171:7.5 Jésus n’était jamais pressé. Il avait le temps de réconforter ses semblables « en passant ». Il s’arrangeait toujours pour que ses amis se sentent à l’aise. Il était un auditeur charmant. Il ne tentait jamais de sonder de manière indiscrète l’âme de ses associés. Quand il réconfortait un mental inassouvi et soignait une âme assoiffée, le bénéficiaire de sa miséricorde n’avait pas tellement le sentiment de se confesser à lui, mais plutôt de conférer avec lui. Ils avaient en lui une confiance illimitée parce qu’ils voyaient qu’il avait tellement foi en eux. 171:7.6 Jésus ne semblait jamais faire montre de curiosité envers les gens et ne manifestait jamais le désir de les commander, de les diriger, ou de garder contact par la suite. Il inspirait une profonde confiance en soi et un solide courage à tous ceux qui jouissaient de sa compagnie. Quand il souriait à une personne, celle-ci ressentait une capacité accrue de résoudre ses multiples problèmes. 171:7.7 Jésus aimait tellement les hommes, et si sagement, qu’il n’hésitait jamais à être sévère avec eux quand l’occasion exigeait cette discipline. Pour aider une personne, il commençait souvent par lui demander de l’aide. De cette manière, il suscitait de l’intérêt et faisait appel aux meilleurs éléments de la nature humaine. 171:7.8 Le Maitre put discerner la foi qui sauve dans la grossière superstition de la femme qui cherchait la guérison par contact avec le bord de son vêtement. Il était toujours prêt et disposé à interrompre un sermon ou à faire attendre une multitude pendant qu’il pourvoyait aux besoins d’une personne isolée, ou même d’un petit enfant. De grands évènements se produisaient non seulement parce que les gens avaient foi en Jésus, mais aussi parce que Jésus avait une si grande foi en eux. 171:7.9 La plupart des choses réellement importantes que Jésus dit ou fit semblèrent se produire par hasard, « tandis qu’il passait ». Le ministère terrestre du Maitre présenta fort peu d’aspects professionnels, bien prévus, ou prémédités. Il dispensa la santé et répandit le bonheur avec naturel et grâce au cours de son voyage à travers la vie. Il était littéralement vrai qu’il « circulait en faisant du bien ». 171:7.10 Dans tous les âges, il sied que les disciples du Maitre apprennent à exercer leur ministère « en passant » – à faire du bien avec désintéressement en vaquant à leurs devoirs quotidiens. 8. La parabole des Mines 171:8.1 Le groupe apostolique ne quitta Jéricho que peu avant midi, car il avait veillé tard durant la soirée précédente pendant que Jésus enseignait l’évangile du royaume à Zachée et à sa famille. À peu près à mi-chemin de la route montant à Béthanie, le groupe fit halte pour déjeuner, tandis que la multitude continuait à cheminer vers Jérusalem sans savoir que Jésus et les apôtres allaient s’installer, cette nuit-là, sur le mont des Oliviers. 171:8.2 Contrairement à la parabole des talents, qui était destinée à tous les disciples, la parabole des mines fut racontée plus exclusivement aux apôtres. Elle était largement fondée sur l’expérience d’Archelaüs et sur sa futile tentative pour gagner la souveraineté sur le royaume de Judée. C’est l’une des rares paraboles du Maitre basée sur un personnage historique réel. Il n’était pas étonnant que les apôtres aient pensé à Archélaüs, car la maison de Zachée à Jéricho était très proche du palais d’Archélaüs, richement décoré, et son aqueduc longeait la route par laquelle ils étaient partis de Jéricho. 171:8.3 Jésus dit : « Vous pensez que le Fils de l’Homme va à Jérusalem pour recevoir un royaume, mais je déclare que vous allez droit à la déception. Ne vous rappelez-vous pas l’histoire d’un prince qui alla dans un pays lointain pour recevoir un royaume ? Avant même qu’il ait pu revenir, les citoyens de sa province, qui l’avaient déjà rejeté de leur cœur, lui envoyèrent une ambassade en se disant : ‘Nous ne voulons pas que cet homme règne sur nous.’ De même que la souveraineté temporelle de ce roi fut repoussée, de même la souveraineté spirituelle du Fils de l’Homme va être rejetée. Je déclare de nouveau que mon royaume n’est pas de ce monde. Mais, si l’on avait accordé au Fils de l’Homme la souveraineté spirituelle sur son peuple, il aurait accepté ce royaume d’âmes humaines et aurait régné sur cet empire de cœurs humains. Bien qu’ils repoussent ma souveraineté spirituelle sur eux, je reviendrai pour recevoir, des mains d’autres personnes, le royaume spirituel qui m’est maintenant refusé. Vous allez voir le Fils de l’Homme rejeté aujourd’hui, mais, dans un autre âge, ce que les enfants d’Abraham rejettent à présent sera reçu et exalté. 171:8.4 « Maintenant, tel le prince rejeté de cette parabole, je voudrais convoquer devant moi mes douze serviteurs, mes intendants spéciaux et donner à chacun de vous la somme d’une mine. Je vous recommande de bien veiller à mes instructions de commercer diligemment avec l’argent qui vous est confié pendant mon absence, afin que vous ayez de quoi justifier votre gérance quand je reviendrai, quand il vous sera demandé de rendre des comptes. 171:8.5 « Même si le Fils rejeté ne devait pas revenir, un autre Fils sera envoyé pour recevoir ce royaume, et ce Fils vous enverra tous chercher pour recevoir votre rapport de gérance et se réjouir de vos gains. 171:8.6 « Quand ces intendants furent ultérieurement convoqués pour la reddition des comptes, le premier s’avança en disant : ‘Seigneur, avec ta mine j’en ai gagné dix de plus.’ Et son Maitre lui dit : ‘Bravo, tu es un bon serviteur et, puisque tu t’es montré fidèle en cette affaire, je te donnerai autorité sur dix villes.’ Puis le deuxième vint en disant : ‘La mine que tu m’as confiée, Seigneur, en a produit cinq.’ Et le Maitre dit : ‘En conséquence, je t’établirai chef de cinq villes.’ Et ainsi de suite pour tous les autres serviteurs, jusqu’à ce que le dernier fût appelé à rendre ses comptes et dît : ‘Seigneur, voici ta mine que j’ai gardée soigneusement enveloppée dans ce linge. J’ai fait cela parce que je te craignais. J’ai pensé que tu étais déraisonnable, vu que tu ramasses là où tu n’as rien déposé, et que tu cherches à récolter là où tu n’as pas semé.’ Alors, son maitre dit : ‘Serviteur négligent et infidèle, je vais te juger d’après tes propres paroles. Tu savais que je récolte là où je ne parais pas avoir semé ; tu savais donc que l’on exigerait de toi cette reddition de comptes. Sachant cela, tu aurais au moins dû remettre mon argent au banquier, afin qu’à mon retour, je le retrouve avec un intérêt convenable.’ 171:8.7 « Puis ce dirigeant dit à ceux qui se tenaient là : ‘Prenez l’argent de ce serviteur paresseux et donnez-le à celui qui a dix mines.’ Lorsqu’ils firent observer que le premier serviteur avait déjà dix mines, le maitre dit : ‘À quiconque possède, il sera donné davantage ; mais, à qui ne possède rien, on ôtera même ce qu’il détient.’ » 171:8.8 Les apôtres cherchèrent alors à connaitre la différence entre la signification de cette parabole et celle de l’ancienne parabole des talents, mais Jésus ne voulut répondre que ceci à leurs nombreuses questions : « Méditez bien ces paroles dans votre cœur pendant que chacun de vous en découvre le véritable sens. » 171:8.9 Nathanael, qui enseigna si bien la signification de ces deux paraboles au cours des années ultérieures, résuma ses enseignements dans les conclusions suivantes : 171:8.10 1. L’aptitude est la mesure pratique des occasions offertes par la vie. On ne vous tiendra jamais pour responsable de ne pas accomplir ce qui dépasse vos aptitudes. 171:8.11 2. La fidélité mesure infailliblement le degré auquel un homme est digne de confiance. Il est probable que celui qui est fidèle dans les petites choses fera également preuve de fidélité dans tout ce qui est compatible avec ses facultés. 171:8.12 3. Le Maitre accorde une récompense moindre pour une fidélité moindre quand les chances sont égales. 171:8.13 4. Il accorde une récompense égale pour une fidélité égale quand les chances sont moindres. 171:8.14 Quand ils eurent fini de déjeuner et que la multitude de ceux qui le suivaient eut continué sa route vers Jérusalem, Jésus se dressa devant les apôtres à l’ombre d’un rocher qui surplombait la route. Avec une dignité sereine et une majesté pleine de grâce, il montra l’occident du doigt et dit : « Venez, mes frères, entrons dans Jérusalem pour y recevoir ce qui nous attend. Nous accomplirons ainsi, en toutes choses, la volonté du Père céleste. » 171:8.15 Jésus et les apôtres se remirent donc en route. C’était le dernier voyage à Jérusalem du Maitre incarné dans la similitude de la chair de l’homme mortel. FASCICULE 172. L’entrée à Jérusalem 172:0.1 Jésus et les apôtres arrivèrent à Béthanie un peu après quatre heures de l’après-midi, le vendredi 31 mars de l’an 30. Lazare, ses sœurs et leurs amis les attendaient. Du fait que tant de gens venaient quotidiennement s’entretenir avec Lazare de sa résurrection, Jésus fut informé que des dispositions avaient été prises pour qu’il loge chez un croyant du voisinage, un certain Simon qui, depuis la mort du père de Lazare, était le principal notable du petit village. 172:0.2 Ce soir-là, Jésus reçut un grand nombre de visiteurs ; le petit peuple de Béthanie et de Bethphagé fit de son mieux pour lui faire sentir qu’il était bienvenu. Beaucoup de personnes croyaient que Jésus allait maintenant à Jérusalem, au mépris complet du décret de mort émanant du sanhédrin, pour se proclamer roi des Juifs. Mais la famille de Béthanie – Lazare, Marthe et Marie – comprenait plus clairement que Jésus n’était pas un roi de ce genre ; elle sentait obscurément que ce séjour à Jérusalem et à Béthanie pouvait être le dernier. 172:0.3 Les chefs des prêtres furent informés que Jésus logeait à Béthanie, mais ils crurent préférable de ne pas chercher à s’emparer de lui parmi ses amis ; ils décidèrent d’attendre qu’il entrât à Jérusalem. Jésus savait tout cela, mais conservait un calme majestueux. Jamais ses amis ne l’avaient vu plus paisible et plus aimable. Même les apôtres étaient stupéfaits de constater son absence de préoccupation, alors que les membres du sanhédrin avaient fait appel à toute la population juive pour le livrer entre leurs mains. Cette nuit-là, pendant que le Maitre dormait, les apôtres se relayèrent deux par deux pour monter la garde, et nombre d’entre eux avaient ceint leur épée. Le lendemain matin de bonne heure, ils furent réveillés par des centaines de pèlerins venant de Jérusalem, même en ce jour de sabbat, pour voir Jésus et Lazare, qu’il avait ressuscité d’entre les morts. 1. Le sabbat à Béthanie 172:1.1 Des pèlerins étrangers à la Judée, ainsi que les autorités juives, avaient tous demandé : « Qu’en pensez-vous ? Jésus va-t-il venir à la fête ? » Le peuple fut donc heureux d’apprendre que Jésus était à Béthanie, mais les chefs des prêtres et des pharisiens furent quelque peu désorientés. Ils étaient contents de l’avoir sous leur juridiction, mais ils étaient légèrement déconcertés par son audace. Ils se rappelaient que, lors de sa précédente visite à Béthanie, Lazare avait été ressuscité d’entre les morts, et Lazare devenait un grand problème pour les ennemis de Jésus. 172:1.2 Six jours avant la Pâque, le soir après le sabbat, tout Béthanie et tout Bethphagé se réunirent pour célébrer l’arrivée de Jésus par un banquet public chez Simon. Ce souper était en l’honneur de Jésus et de Lazare ; il fut offert en bravant le sanhédrin. Marthe dirigea le service du repas. Sa sœur Marie se trouvait parmi les spectatrices, car il était contraire à la coutume des Juifs qu’une femme prenne part à un banquet public. Les agents du sanhédrin étaient présents, mais craignaient d’appréhender Jésus au milieu de ses amis. 172:1.3 Jésus s’entretint avec Simon du Josué de jadis, dont le prénom était homonyme du sien, et raconta comment Josué et les Israélites étaient arrivés à Jérusalem par Jéricho. En commentant la légende de la chute des remparts de Jéricho, Jésus dit : « Je ne m’intéresse pas à ces murailles de brique et de pierre, mais je voudrais provoquer l’effondrement des remparts de préjugés, de pharisaïsme et de haine devant la proclamation de l’amour du Père pour tous les hommes. » 172:1.4 Le banquet continua très gaiement et normalement, sauf que tous les apôtres étaient empreints d’une gravité inhabituelle. Jésus était exceptionnellement gai et avait joué avec les enfants jusqu’au moment de se mettre à table. 172:1.5 Rien d’extraordinaire ne se produisit jusque vers la fin du festin, lorsque Marie, sœur de Lazare, sortit du groupe des spectatrices, s’avança jusqu’au divan où Jésus était étendu comme hôte d’honneur et se mit à déboucher un grand flacon d’albâtre contenant un onguent très rare et couteux. Après en avoir oint la tête du Maitre, elle commença à en verser sur ses pieds et défit ses cheveux pour les lui essuyer. Toute la maison fut remplie du parfum de l’onguent, et tous les assistants furent stupéfaits de ce que Marie avait fait. Lazare ne dit rien, mais, lorsque certains convives murmurèrent en s’indignant de cet emploi d’un onguent aussi couteux, Judas Iscariot s’approcha de l’endroit où André était allongé et dit : « Pourquoi n’a-t-on pas vendu cet onguent et donné l’argent pour nourrir les pauvres ? Tu devrais dire au Maitre de réprouver ce gaspillage. » 172:1.6 Sachant ce qu’ils pensaient et entendant ce qu’ils disaient, Jésus posa sa main sur la tête de Marie agenouillée à son côté et, avec une expression de bonté sur son visage, il dit : « Que chacun de vous la laisse tranquille. Pourquoi la troublez-vous à ce propos, vu qu’elle a accompli une bonne action dans son cœur ? À vous qui murmurez en disant que cet onguent aurait dû être vendu et l’argent donné aux pauvres, laissez-moi vous dire que vous avez toujours les pauvres avec vous, de sorte que vous pouvez vous occuper d’eux quand bon vous semble. Mais moi, je ne serai pas toujours avec vous ; j’irai bientôt auprès de mon Père. Cette femme a conservé depuis longtemps cet onguent pour mon corps lors de mon enterrement ; puisqu’elle a cru bon de procéder à cette onction en anticipant sur ma mort, cette satisfaction ne lui sera pas refusée. En faisant cela, Marie vous a tous blâmés, en ce sens que, par cet acte, elle manifeste sa foi en ce que j’ai dit sur ma mort et mon ascension auprès du Père qui est aux cieux. Cette femme ne sera pas réprimandée pour ce qu’elle a fait ce soir. Je vous dis au contraire que, dans les âges à venir, partout où cet évangile sera prêché dans le monde, ce qu’elle a fait sera raconté en mémoire d’elle. » 172:1.7 Ce fut à cause de ce blâme, pris pour un reproche personnel, que Judas Iscariot se décida finalement à chercher vengeance pour ses sentiments froissés. Il avait maintes fois entretenu ces idées dans son subconscient, mais maintenant il osa nourrir d’aussi mauvaises pensées dans son mental, ouvertement et consciemment. Beaucoup d’autres convives l’encouragèrent dans cette attitude, car le prix de l’onguent équivalait au salaire d’un homme pendant une année – assez pour fournir du pain à cinq-mille personnes. Mais Marie aimait Jésus ; elle s’était procuré le précieux onguent pour embaumer son corps après sa mort, car elle croyait à ses paroles quand il les avertissait qu’il devait mourir. L’application de l’onguent ne devait pas être refusée à Marie, même si elle changeait d’avis et décidait de faire cette offrande au Maitre pendant qu’il était encore vivant. 172:1.8 Lazare et Marthe savaient tous deux que Marie avait mis longtemps à épargner l’argent destiné à acheter ce flacon de nard ; ils approuvaient de tout cœur qu’elle ait agi en cette affaire selon le désir de son cœur, car ils étaient fortunés et pouvaient facilement s’offrir le luxe d’une telle offrande. 172:1.9 Quand les chefs des prêtres eurent vent de ce diner à Béthanie en l’honneur de Jésus et de Lazare, ils commencèrent à tenir conseil sur la ligne de conduite à suivre envers Lazare. Ils décidèrent bientôt que Lazare devait également mourir. Ils conclurent, à juste titre, qu’il serait inutile de mettre Jésus à mort s’ils laissaient vivre Lazare, que Jésus avait ressuscité d’entre les morts. 2. Le dimanche matin avec les apôtres 172:2.1 Ce dimanche matin, dans le magnifique jardin de Simon, le Maitre appela ses douze apôtres autour de lui et leur donna ses instructions finales préalablement à l’entrée à Jérusalem. Il leur dit qu’il prononcerait probablement beaucoup de discours et enseignerait de nombreuses leçons avant de retourner auprès du Père, mais il leur recommanda de s’abstenir de tout travail public durant ce séjour pour la Pâque à Jérusalem. Il leur prescrivit de rester près de lui et de « veiller et prier ». Jésus savait qu’un grand nombre de ses apôtres et disciples immédiats portaient déjà des épées dissimulées sur eux, mais ne fit aucune allusion à cet état de choses. 172:2.2 Les instructions de cette matinée comportaient un bref résumé du ministère des apôtres depuis le jour de leur ordination près de Capharnaüm jusqu’à ce jour même où ils se préparaient à entrer à Jérusalem. Les apôtres écoutèrent en silence et ne posèrent aucune question. 172:2.3 De bonne heure ce matin-là, David Zébédée avait remis à Judas les fonds provenant de la vente de l’équipement du camp de Pella. À son tour, Judas avait remis la majeure partie de cet argent à Simon, leur hôte, pour qu’il le conserve en anticipation des exigences de leur entrée à Jérusalem. 172:2.4 Après la conférence avec les apôtres, Jésus eut un entretien avec Lazare et lui recommanda d’éviter de sacrifier sa vie à l’esprit de vengeance du sanhédrin. Ce fut pour obtempérer à cette recommandation que Lazare s’enfuit quelques jours plus tard à Philadelphie, quand les fonctionnaires du sanhédrin envoyèrent des agents pour l’arrêter. 172:2.5 Dans un certain sens, tous les disciples de Jésus sentaient la crise imminente, mais furent empêchés d’en comprendre pleinement la gravité par la gaité inhabituelle et l’exceptionnelle bonne humeur du Maitre. 3. Le départ pour Jérusalem 172:3.1 Béthanie était à peu près à trois kilomètres du temple, et ce fut à une heure et demie, ce dimanche après-midi, que Jésus se prépara à partir pour Jérusalem. Il avait des sentiments de profonde affection pour Béthanie et les gens simples qui l’habitaient. Nazareth, Capharnaüm et Jérusalem l’avaient rejeté, mais Béthanie l’avait accepté et avait cru en lui. Ce fut dans ce petit village, où presque tous les hommes, femmes et enfants étaient des croyants, que Jésus choisit d’accomplir la plus puissante œuvre de son effusion terrestre, la résurrection de Lazare. S’il le ressuscita, ce ne fut pas pour amener les habitants à croire, mais plutôt parce qu’ils croyaient déjà. 172:3.2 Jésus avait réfléchi toute la matinée à son entrée dans Jérusalem. Jusque-là, il s’était toujours efforcé d’empêcher que le public ne l’acclame en tant que Messie, mais, ce jour-là, la situation était différente. Il approchait de la fin de son incarnation, sa mort avait été décrétée par le sanhédrin et il n’y avait pas d’inconvénient à permettre à ses disciples d’exprimer librement leurs sentiments, exactement comme cela se serait produit s’il avait choisi de faire une entrée officielle et publique dans la ville. 172:3.3 Ce ne fut ni comme un dernier appel à la faveur populaire, ni comme une ultime tentative pour s’emparer du pouvoir, que Jésus décida de faire publiquement son entrée à Jérusalem. Ce ne fut pas non plus uniquement pour satisfaire les désirs humains de ses disciples et apôtres. Jésus n’entretenait aucune des illusions fantasmagoriques d’un rêveur : il savait bien quel serait le dénouement de cette visite. 172:3.4 Après avoir décidé de faire une entrée publique dans Jérusalem, le Maitre fut confronté à la nécessité de choisir une méthode convenable pour exécuter sa résolution. Il passa en revue les nombreuses prophéties, plus ou moins contradictoires, dites messianiques, mais n’en trouva qu’une seule susceptible d’être décemment suivie. La plupart des affirmations prophétiques décrivaient un roi, fils et successeur de David, un homme audacieux et agressif, capable de délivrer temporellement tout Israël du joug de la domination étrangère. Mais il existait un passage des Écritures, parfois associé au Messie par ceux qui s’attachaient davantage au concept spirituel de sa mission. Jésus pensa que ce passage pouvait logiquement servir de guide pour son entrée à Jérusalem. Ce texte se trouvait dans Zacharie et disait : « Réjouis-toi grandement, ô fille de Sion ; pousse des cris de joie, ô fille de Jérusalem. Voici, ton roi vient à toi. Il est juste et apporte le salut. Il vient humblement monté sur un âne, sur un ânon, le petit d’une ânesse. » 172:3.5 Un roi belliqueux entrait toujours dans une ville monté sur un cheval ; un roi en mission pacifique et amicale entrait toujours monté sur un âne. Jésus ne voulait pas entrer à Jérusalem monté sur un cheval, mais il était disposé à y entrer pacifiquement et avec bénévolence, monté sur un âne, en tant que Fils de l’Homme. 172:3.6 Jésus avait essayé depuis longtemps d’inculquer, par enseignement direct, à ses apôtres et à ses disciples que son royaume n’était pas de ce monde, qu’il s’agissait d’une affaire purement spirituelle ; mais il n’y était pas parvenu. Maintenant, il voulait essayer d’accomplir, par un appel symbolique, ce qu’il n’avait pas réussi à faire par son enseignement clair et personnel. En conséquence, Jésus appela Pierre et Jean tout de suite après le repas de midi et leur demanda d’aller à Bethphagé, un village voisin situé un peu à l’écart de la grande route et à une courte distance au nord-ouest de Béthanie. Il leur dit : « Allez à Bethphagé et, lorsque vous arriverez au croisement des routes, vous trouverez le petit d’une ânesse attaché là. Détachez l’ânon et ramenez-le. Si quelqu’un vous demande pourquoi vous faites cela, dites simplement : Le Maitre en a besoin. » Lorsque les deux apôtres furent allés à Bethphagé conformément aux instructions reçues, ils trouvèrent l’ânon attaché dans la rue à côté de sa mère et près d’une maison d’angle. Tandis que Pierre détachait l’ânon, le propriétaire arriva et demanda pourquoi ils faisaient cela. Lorsque Pierre lui eut répondu conformément aux instructions du Maitre, l’homme dit : « Si votre Maitre est Jésus de Galilée, l’ânon est à sa disposition. » Et ils ramenèrent donc l’ânon. 172:3.7 Entretemps, plusieurs centaines de pèlerins s’étaient réunis autour de Jésus et de ses apôtres. Depuis le milieu de la matinée, les visiteurs de passage qui se rendaient à la Pâque s’étaient arrêtés là. Cependant, David Zébédée et quelques-uns de ses anciens messagers prirent sur eux d’aller en hâte à Jérusalem, où ils répandirent efficacement, parmi les foules de pèlerins visitant le temple, la nouvelle que Jésus de Nazareth faisait une entrée triomphale dans la ville. En conséquence, plusieurs milliers de ces pèlerins s’avancèrent en troupe pour saluer ce prophète, auteur de prodiges dont on avait tant parlé, et que certains prenaient pour le Messie. Cette multitude qui sortait de Jérusalem rencontra Jésus et la foule qui se dirigeaient vers Jérusalem, aussitôt après qu’ils eurent franchi la crête du Mont des Oliviers et commencé à descendre vers la ville. 172:3.8 Quand la procession partit de Béthanie, l’enthousiasme était grand parmi la foule joyeuse de disciples, de croyants et de pèlerins visiteurs, dont beaucoup venaient de Galilée et de Pérée. Au moment du départ, les douze femmes du corps évangélique initial, accompagnées de quelques associées arrivèrent sur la scène et se joignirent à cette procession extraordinaire qui se dirigeait gaiement vers la ville. 172:3.9 Avant le départ, les jumeaux Alphée posèrent leurs manteaux sur l’âne et maintinrent l’animal pendant que le Maitre l’enfourchait. Alors que la procession montait vers le sommet d’Olivet, la foule en fête jeta ses vêtements sur le sol et apporta des branches cueillies sur les arbres voisins pour faire un tapis d’honneur à l’âne portant le Fils royal, le Messie promis. Tout en se dirigeant vers Jérusalem, la foule joyeuse commença à chanter, ou plutôt à crier à l’unisson le psaume : « Hosanna au Fils de David ; béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. Hosanna au plus haut des cieux. Béni soit le royaume qui descend des cieux. » 172:3.10 Jésus fut gai et joyeux au cours du trajet, jusqu’au moment où il arriva sur la crête d’Olivet, d’où l’on avait une vue panoramique sur la ville et les tours du temple. Le Maitre arrêta la procession, et un grand silence s’abattit sur l’assistance qui le voyait pleurer. Abaissant son regard sur la vaste multitude sortant de la ville pour l’accueillir, le Maitre dit, avec beaucoup d’émotion et une voix mouillée de larmes : « Ô Jérusalem, si tu avais seulement connu, toi aussi, au moins en ce jour qui t’est donné, les choses qui appartiennent à ta paix et que tu aurais pu avoir si largement ! Mais, maintenant, ces gloires vont être cachées à tes yeux. Tu es sur le point de rejeter le Fils de la Paix et de tourner le dos à l’évangile du salut. Les jours viendront bientôt où tes ennemis creuseront une tranchée autour de toi et t’assiégeront de tous côtés ; ils te détruiront de fond en comble, et il ne restera pas pierre sur pierre de toi. Et tout cela t’arrivera parce que tu n’as pas connu le temps de ta divine visitation. Tu es sur le point de rejeter le don de Dieu, et tous les hommes te rejetteront. » 172:3.11 Lorsque Jésus eut fini de parler, ils commencèrent la descente d’Olivet et rencontrèrent bientôt la multitude des visiteurs qui venaient de Jérusalem en agitant des branches de palmier, en criant des hosannas et en exprimant, de diverses façons, leur allégresse et leur solidarité. Le Maitre n’avait rien fait pour que des foules sortent de Jérusalem à leur rencontre ; d’autres que lui s’en étaient chargés. Il ne prémédita jamais aucune scène théâtrale. 172:3.12 À la multitude qui affluait pour souhaiter la bienvenue au Maitre, s’étaient joints de nombreux pharisiens et autres ennemis de Jésus. Ils furent tellement déconcertés par cette explosion soudaine et inattendue d’acclamations populaires qu’ils eurent peur d’arrêter Jésus, de crainte que cet acte ne précipite ouvertement une révolte populaire. Ils craignaient grandement le comportement de la masse des visiteurs, qui avaient beaucoup entendu parler de Jésus, et dont un grand nombre croyaient en lui. 172:3.13 À l’approche de Jérusalem, la foule devint plus démonstrative, au point que certains pharisiens se frayèrent un chemin jusqu’à Jésus et dirent : « Maitre, tu devrais réprimander tes disciples et les exhorter à se conduire plus convenablement. » À quoi Jésus répondit : « Il convient que ces enfants souhaitent la bienvenue au Fils de la Paix, que les chefs des prêtres ont rejeté. Il serait inutile de les arrêter, de crainte qu’à leur place ces pierres du bord de la route ne se mettent à crier. » 172:3.14 Les pharisiens se hâtèrent de devancer la procession pour rejoindre le sanhédrin, qui siégeait alors au temple, et ils rendirent compte à leurs confrères : « Voyez, tout ce que nous faisons ne sert à rien ; nous sommes confondus par ce Galiléen. Le peuple est devenu fou de lui ; si nous n’arrêtons pas ces ignorants, le monde entier va le suivre. » 172:3.15 En réalité, il n’y avait pas lieu d’attacher une signification profonde à cette explosion superficielle et spontanée d’enthousiasme populaire. Bien que joyeux et sincère, cet accueil ne dénotait aucune conviction réelle ou profonde dans le cœur de cette multitude allègre. Les mêmes foules furent tout aussi promptes à rejeter Jésus, plus tard dans la même semaine, dès lors que le sanhédrin eut pris fermement et résolument position contre lui, quand elles perdirent leurs illusions – quand elles se rendirent compte que Jésus n’allait pas instaurer le royaume conformément à leurs espoirs longtemps nourris. 172:3.16 Mais toute la ville fut puissamment agitée, au point que tout le monde demandait : « Qui est cet homme ? » Et la multitude répondait : « C’est Jésus de Nazareth, le prophète de Galilée. » 4. La visite au temple 172:4.1 Pendant que les jumeaux Alphée allaient restituer l’âne à son propriétaire, Jésus et les dix apôtres se séparèrent de leurs associés les plus proches et déambulèrent dans le temple en observant les préparatifs de la Pâque. Aucune tentative ne fut faite pour molester Jésus, car le sanhédrin craignait beaucoup le peuple, et, après tout, cette crainte était l’une des raisons pour lesquelles Jésus avait permis à la multitude de l’acclamer ainsi. Les apôtres ne comprenaient guère que c’était l’unique procédé humain susceptible d’empêcher efficacement que Jésus ne soit immédiatement arrêté lors de son entrée dans la ville. Le Maitre désirait donner aux habitants de Jérusalem, humbles et notables, ainsi qu’aux dizaines de milliers d’assistants à la Pâque, cette dernière chance supplémentaire d’entendre l’évangile et de recevoir, s’ils le voulaient, le Fils de la Paix. 172:4.2 Maintenant, tandis que l’après-midi se terminait et que les foules allaient se restaurer, Jésus et ses disciples immédiats furent laissés seuls. Quelle étrange journée cela avait été ! Les apôtres étaient pensifs, mais muets. Jamais, au cours de leurs années d’association avec Jésus, ils n’avaient assisté à une journée semblable. Ils s’assirent pendant un moment près de l’emplacement du trésor du temple, observant les gens qui y versaient leur contribution : les riches mettaient de grosses sommes dans la caisse des offrandes, et chacun donnait quelque chose selon ses moyens. À la fin arriva une pauvre veuve, misérablement vêtue, et ils remarquèrent qu’elle mettait deux pites (petites pièces de cuivre) dans le tronc. Alors, Jésus attira l’attention des apôtres sur la veuve en disant : « Retenez bien ce que vous venez de voir. Cette pauvre veuve a donné plus que tous les autres, car les autres ont donné une petite fraction de leur superflu, tandis que, malgré sa misère, cette pauvre femme a donné tout ce qu’elle avait, même son nécessaire. » 172:4.3 Tandis que la soirée s’avançait, ils circulèrent en silence dans les cours du temple, et, après avoir observé une fois de plus ces scènes familières, Jésus se rappela les émotions liées à ses visites antérieures, sans oublier les premières, et il dit : « Montons à Béthanie pour nous reposer. » Jésus, avec Pierre et Jean, alla habiter chez Simon, tandis que les apôtres logèrent chez leurs amis à Béthanie et à Bethphagé. 5. L’attitude des apôtres 172:5.1 Ce dimanche soir, durant le retour à Béthanie, Jésus marcha devant les apôtres. Aucune parole ne fut prononcée jusqu’au moment où ils se séparèrent après être arrivés à la maison de Simon. Jamais douze humains n’éprouvèrent des sentiments aussi variés et inexplicables que ceux qui surgissaient maintenant dans le mental et l’âme de ces ambassadeurs du royaume. Ces robustes Galiléens étaient troublés et déconcertés ; ils ne savaient pas à quoi s’attendre ; ils étaient trop surpris pour être très effrayés. Ils ne savaient rien des plans du Maitre pour le lendemain, et ils ne posèrent pas de questions. Ils se rendirent à leurs logements, mais ne dormirent pas beaucoup, sauf les jumeaux. Toutefois, ils ne montèrent pas une garde armée autour de Jésus chez Simon. 172:5.2 André était complètement abasourdi et presque désorienté. Il fut le seul apôtre qui ne chercha pas sérieusement à évaluer l’explosion populaire des acclamations. Il était trop préoccupé par la pensée de sa responsabilité de chef du corps apostolique pour analyser sérieusement le sens ou la signification des bruyants hosannas de la multitude. André était fort affairé à veiller sur certains de ses associés, dont il craignait qu’ils ne se laissent emporter par leurs émotions durant l’excitation populaire, spécialement Pierre, Jacques, Jean et Simon Zélotès. Durant toute cette journée et celles qui suivirent immédiatement, André fut assailli de doutes graves, mais n’exprima jamais aucune de ces inquiétudes à ses associés apostoliques. Il était préoccupé de l’attitude de certains des douze, qu’il savait armés d’épée, mais il ignorait que son propre frère Pierre en portait une. La procession entrant à Jérusalem ne fit donc qu’une impression relativement superficielle sur André. Il était trop occupé par les responsabilités de sa charge pour être autrement touché. 172:5.3 Simon Pierre fut d’abord presque grisé par cette manifestation populaire d’enthousiasme ; mais il était fortement dégrisé au moment où ils rentrèrent à Béthanie ce soir-là. Pierre ne pouvait tout simplement pas imaginer où le Maitre voulait en venir. Il était terriblement déçu que Jésus n’ait pas profité de cette vague de faveur populaire pour faire une proclamation quelconque. Pierre n’arrivait pas à comprendre pourquoi Jésus n’avait pas parlé à la multitude en arrivant au temple, ou tout au moins permis à l’un des apôtres de haranguer la foule. Pierre était un grand prédicateur, et il lui déplaisait de voir se perdre un auditoire aussi vaste, aussi réceptif et aussi enthousiaste. Il aurait tant aimé prêcher l’évangile du royaume à cette foule, sur place dans le temple, mais le Maitre leur avait expressément interdit d’enseigner ou de prêcher à Jérusalem durant cette semaine de la Pâque. La réaction à la procession spectaculaire dans la ville fut désastreuse pour Simon Pierre. À la nuit, il était dégrisé et empreint d’une tristesse inexprimable. 172:5.4 Pour Jacques Zébédée, ce dimanche fut un jour de perplexité et de trouble profond ; il ne saisissait pas le but des évènements ; il ne pouvait comprendre le dessein du Maitre qui permettait ces folles acclamations, puis refusait de dire un mot à la foule en arrivant au temple. Pendant que la procession descendait d’Olivet vers Jérusalem, et plus spécialement au moment où elle rencontra les milliers de pèlerins qui affluaient pour accueillir le Maitre, Jacques fut cruellement déchiré par des émotions contradictoires : exaltation et satisfaction pour ce qu’il voyait, et profond sentiment de crainte de ce qui allait se passer à leur arrivée au temple. Ensuite, il fut découragé et accablé de déception lorsqu’il vit Jésus descendre de l’âne et se promener posément dans les cours du temple. Jacques ne pouvait comprendre pourquoi il gâchait cette magnifique occasion de proclamer le royaume. Le soir, son mental fut étreint par une angoissante et terrible incertitude. 172:5.5 Jean Zébédée arriva presque à comprendre pourquoi Jésus agissait ainsi ; tout au moins, il saisit partiellement la signification spirituelle de ce que l’on appelle l’entrée triomphale à Jérusalem. Pendant que la multitude se dirigeait vers le temple et qu’il voyait son Maitre à califourchon sur l’ânon, il se souvint d’avoir entendu Jésus citer le passage des Écritures où Zacharie décrivait le Messie comme un homme de paix entrant à Jérusalem sur un âne. En réfléchissant à cette citation des Écritures, Jean commença à comprendre le sens symbolique du spectacle de ce dimanche après-midi. Tout au moins, il comprit suffisamment la signification du passage des Écritures pour jouir quelque peu de l’épisode et ne pas se laisser déprimer à l’excès par la fin apparemment inutile de la procession triomphale. Jean avait un type de mental qui l’inclinait naturellement à penser et à sentir en symboles. 172:5.6 Philippe fut complètement désarçonné par la soudaineté et la spontanéité de l’explosion. En descendant d’Olivet, il ne put rassembler suffisamment ses idées pour arriver à une conclusion précise sur la signification de cette manifestation. Dans un sens, il jouissait du spectacle parce que son Maitre était à l’honneur. En arrivant au temple, il fut troublé par l’idée que Jésus pourrait lui demander de nourrir la multitude, ainsi donc, la conduite de Jésus s’éloignant paisiblement des foules, qui avait si cruellement déçu la majorité des apôtres, fut, pour Philippe, un grand soulagement. Les multitudes avaient parfois constitué une grande épreuve pour l’intendant des douze. Après avoir été libéré de ces craintes personnelles concernant les besoins matériels de la foule, Philippe se joignit à Pierre pour exprimer sa déception de ce que l’on ne fasse rien pour enseigner la multitude. Ce soir-là, Philippe repensa à ces expériences et fut tenté de mettre en doute toute l’idée du royaume. Il se demanda honnêtement et avec étonnement la signification possible de tous ces évènements, mais ne fit part de ses doutes à personne. Il aimait trop Jésus et avait une grande foi personnelle dans le Maitre. 172:5.7 Nathanael fut l’apôtre qui, en dehors des aspects symboliques et prophétiques des évènements, était le plus près de comprendre la raison du Maitre pour s’assurer le soutien populaire des pèlerins de la Pâque. Avant d’arriver au temple, il raisonna que, sans cette entrée spectaculaire à Jérusalem, Jésus aurait été arrêté par les agents du sanhédrin et jeté en prison dès l’instant où il aurait osé entrer dans la ville. Il ne fut donc aucunement surpris de voir que le Maitre ne se servait plus de la foule enthousiaste après avoir pénétré dans l’enceinte de la ville et fait une telle impression sur les dirigeants juifs qu’ils s’abstinrent de le mettre immédiatement en état d’arrestation. Comprenant la véritable raison du Maitre pour pénétrer dans la ville de cette manière, Nathanael resta naturellement mieux équilibré en suivant le groupe, et fut moins troublé et déçu que les autres apôtres par la conduite ultérieure de Jésus. Nathanael avait grande confiance dans l’aptitude de Jésus à comprendre les hommes, et aussi dans sa sagacité et son habileté à manier des situations difficiles. 172:5.8 Matthieu fut d’abord désemparé par le déroulement du spectacle. Il ne saisit la signification de ce que ses yeux voyaient qu’au moment où, à son tour, il se souvint de la citation de Zacharie dans laquelle le prophète faisait allusion à la joie de Jérusalem parce que son roi était venu, apportant le salut et monté sur le petit d’une ânesse. Pendant que le cortège se dirigeait vers la ville puis s’orientait vers le temple, Matthieu tomba en extase ; il avait la conviction que quelque chose d’extraordinaire se produirait au moment où le Maitre arriverait au temple à la tête de cette multitude poussant des clameurs. Lorsqu’un pharisien se moqua de Jésus en disant : « Regardez tous, voyez celui qui vient ici, le roi des Juifs monté sur un âne », Matthieu ne s’abstint de le frapper que grâce à un grand effort sur lui-même. Aucun des douze n’était plus déprimé que lui, ce soir-là, sur le chemin du retour à Béthanie. Après Simon Pierre et Simon Zélotès, ce fut lui qui éprouva la plus grande tension nerveuse et se trouva, le soir, dans un état de complet épuisement. Mais, le lendemain matin, Matthieu avait repris courage ; après tout, il était beau joueur. 172:5.9 Thomas fut le plus désorienté et le plus perplexe des douze. La plupart du temps, il se borna à suivre les autres, regardant le spectacle et se demandant honnêtement quel pouvait bien être le mobile du Maitre pour participer à une aussi étrange manifestation. Au plus profond de son cœur, il considérait toute la scène comme un peu enfantine, sinon tout à fait stupide. Il n’avait jamais vu Jésus faire quelque chose de semblable, et il était embarrassé pour expliquer l’étrange conduite du Maitre, ce dimanche après-midi. Au moment où ils arrivèrent au temple, Thomas avait conclu que cette manifestation populaire avait pour dessein d’effrayer le sanhédrin au point qu’il n’oserait pas faire arrêter immédiatement le Maitre. Sur le chemin de retour à Béthanie, Thomas réfléchit beaucoup, mais ne dit rien. Au moment de se coucher, l’habileté du Maitre à organiser la tumultueuse entrée à Jérusalem avait commencé à faire quelque peu appel à son sens de l’humour, et il fut très encouragé par cette réaction. 172:5.10 Ce dimanche avait débuté comme un grand jour pour Simon Zélotès. Il avait des visions d’actions merveilleuses accomplies à Jérusalem au cours des prochains jours, et en cela il avait raison, mais Simon rêvait de l’instauration de la nouvelle souveraineté nationale des Juifs, avec Jésus sur le trône de David. Simon imaginait les nationalistes passant à l’action dès la proclamation du royaume, avec lui-même au commandement suprême des forces militaires du nouveau royaume, en voie de rassemblement. Pendant la descente d’Olivet, il envisageait même que les membres du sanhédrin et tous leurs partisans seraient morts, ce jour-là avant le coucher du soleil. Il croyait réellement qu’un grand évènement allait se produire. Il était l’homme le plus bruyant de toute la foule. Mais, à cinq heures de l’après-midi, il n’était plus qu’un apôtre silencieux, abattu et désillusionné. Il ne se remit jamais complètement de la dépression qui l’affecta à la suite du choc de cette journée ; du moins, il ne s’en remit que longtemps après la résurrection du Maitre. 172:5.11 Pour les jumeaux Alphée, cette journée fut parfaite. Ils en jouirent réellement tout le temps. Par suite de leur absence pendant la paisible visite au temple, ils échappèrent en grande partie au contrecoup des acclamations populaires. Ils ne pouvaient absolument pas comprendre le comportement effondré des apôtres à leur retour à Béthanie, ce soir-là. Dans les souvenirs des jumeaux, cette journée fut toujours celle où ils se sentirent le plus près du ciel sur la terre ; elle fut l’apogée satisfaisant de toute leur carrière d’apôtres. Le souvenir de l’exaltation de ce dimanche après-midi les soutint durant toute la tragédie de cette mémorable semaine, jusqu’à l’heure de la crucifixion. C’était l’entrée royale la plus appropriée que les jumeaux pouvaient concevoir ; ils jouirent de chaque instant du spectacle. Ils approuvaient pleinement tout ce qu’ils virent, et en chérirent longtemps le souvenir. 172:5.12 Parmi tous les apôtres, c’est Judas Iscariot qui fut le plus défavorablement affecté par l’entrée processionnelle à Jérusalem. Son mental fermentait désagréablement parce que le Maitre l’avait réprimandé, la veille, au sujet de l’onction faite par Marie au festin donné chez Simon. Judas était dégouté de tout le spectacle, qui lui paraissait enfantin, sinon franchement ridicule. Tandis que cet apôtre enclin à la vengeance observait les évènements de ce dimanche après-midi, Jésus lui paraissait ressembler davantage à un clown qu’à un roi. Judas était profondément froissé de tout ce spectacle. Il partageait le point de vue des Grecs et des Romains qui méprisaient toute personne acceptant de monter sur un âne ou sur un ânon. Au moment où la procession triomphale entra dans la ville, Judas s’était à peu près décidé à abandonner toute idée d’un pareil royaume. Il était presque résolu à renoncer à toutes ces tentatives burlesques pour établir le royaume des cieux. Puis il pensa à la résurrection de Lazare, et à maintes autres choses, et décida de rester avec les douze, au moins un jour de plus. En outre, il portait leur bourse et ne voulait pas déserter en emportant les fonds apostoliques. Sur le chemin du retour à Béthanie, ce soir-là, sa conduite ne parut pas étrange, car tous les apôtres étaient également déprimés et silencieux. 172:5.13 Judas fut prodigieusement influencé par le fait que ses amis sadducéens le tournèrent en ridicule. Aucun autre facteur n’exerça, sur sa détermination finale d’abandonner Jésus et les autres apôtres, une aussi puissante influence qu’un épisode survenu au moment où Jésus arriva à la porte de la ville. Un éminent sadducéen, ami de la famille de Judas, se précipita vers lui avec l’intention de le ridiculiser gaiement, lui donna une tape dans le dos et dit : « Pourquoi fais-tu si piteuse mine, mon bon ami ? Réjouis-toi, et joins-toi à nous pour acclamer ce Jésus de Nazareth, le roi des Juifs, tandis qu’il franchit la porte de Jérusalem, monté sur un âne. » Judas n’avait jamais reculé devant les persécutions, mais il ne put supporter d’être ainsi tourné en dérision. S’ajoutant à son sentiment longtemps entretenu de revanche, se mélangeait maintenant cette fatale peur du ridicule, ce sentiment terrible et effrayant d’être honteux de son Maitre et de ses compagnons apôtres. Dans son cœur, cet ambassadeur ordonné du royaume était déjà un déserteur ; il ne lui restait plus qu’à trouver un prétexte plausible pour rompre ouvertement avec le Maitre. FASCICULE 173. Le lundi à Jérusalem 173:0.1 Comme il avait été convenu au préalable, Jésus et les apôtres se réunirent, ce lundi matin de bonne heure, chez Simon à Béthanie et, après une brève conférence, ils partirent pour Jérusalem. Les douze restèrent étrangement silencieux pendant le trajet pour aller au temple ; ils ne s’étaient pas remis des expériences de la veille. Ils étaient dans l’expectative, craintifs et profondément affectés par un certain sentiment de détachement résultant du soudain changement de tactique du Maitre auquel s’ajoutait l’instruction qui leur avait été donnée de ne s’engager dans aucun enseignement public durant toute cette semaine de la Pâque. 173:0.2 Le groupe descendit le mont Olivet, Jésus en tête, et les apôtres suivant de près dans un silence méditatif. Tous, sauf Judas Iscariot, ne pensaient qu’à une chose : Que va faire le Maitre aujourd’hui ? Quant à Judas, il était absorbé par cette seule pensée : Que vais-je faire ? Vais-je rester avec Jésus et mes associés ou me retirer ? Et, si je les quitte, comment romprai-je ? 173:0.3 La matinée était magnifique lorsque ces hommes arrivèrent au temple vers neuf heures. Ils se rendirent aussitôt dans la grande cour où Jésus enseignait si souvent et, après avoir salué les croyants qui l’attendaient, Jésus monta sur l’une des estrades réservées à l’enseignement et commença à parler à la foule qui s’assemblait. Les apôtres s’écartèrent un peu et attendirent les évènements. 1. Lépuration du temple 173:1.1 Un immense trafic commercial s’était développé en liaison avec les offices et les cérémonies du culte au temple. Il y avait le commerce consistant à fournir des animaux appropriés pour les divers sacrifices. Bien que les fidèles eussent la faculté d’apporter leurs propres offrandes, le fait subsistait que les animaux ne devaient présenter aucune « tare » au sens de la loi lévitique interprétée par les inspecteurs officiels du temple. Bien des fidèles avaient subi l’humiliation de voir leur animal, supposé parfait, rejeté par les examinateurs du temple. La pratique se généralisa donc d’acheter les animaux sacrificiels au temple même. Il y avait bien à proximité, sur le mont Olivet, divers fournisseurs chez qui l’on pouvait se les procurer, mais la coutume s’était établie de les acquérir directement dans les parcs à bestiaux situés dans le temple. L’habitude de vendre toutes sortes d’animaux sacrificiels dans les cours du temple s’était développée graduellement. Des affaires très actives et procurant d’énormes profits avaient ainsi vu le jour. Une part des bénéfices était réservée au trésor du temple, mais la majeure partie en revenait indirectement aux familles des grands prêtres au pouvoir. 173:1.2 La vente des animaux dans le temple prospérait, car, si un fidèle y achetait un animal, bien que le prix en fût assez élevé, il n’avait plus de taxes à payer et il était sûr que le sacrifice proposé ne serait pas rejeté, sous prétexte que l’animal était réellement ou théoriquement taré. De temps à autre, on augmentait, d’une manière exorbitante, les prix demandés aux gens du peuple, spécialement durant les grandes fêtes nationales. À un certain moment, les prêtres avides allèrent jusqu’à exiger l’équivalent d’une semaine de travail pour un couple de pigeons que l’on aurait normalement vendu aux pauvres pour quelques deniers. Les « fils d’Annas » avaient déjà commencé à installer leurs boutiques dans l’enceinte du temple, sur ces mêmes emplacements de marché qui subsistèrent jusqu’à leur démolition, par la populace, trois ans avant la destruction du temple lui-même. 173:1.3 Mais le trafic des animaux sacrificiels et de diverses marchandises n’était pas la seule manière dont les cours du temple étaient profanées. On avait développé, à l’époque, un vaste système de banque et de change, qui se pratiquait jusque dans l’enceinte du temple et s’était instauré de la manière suivante : durant la dynastie Asmonéenne, les Juifs avaient frappé leur propre monnaie d’argent, et la pratique s’était établie d’exiger que la taxe d’un demi-sicle et tous les autres droits du temple fussent payés avec cette monnaie juive. Cette règlementation rendait nécessaire l’octroi de licences à des changeurs de devises pour qu’ils fournissent des sicles orthodoxes de frappe juive en échange des nombreuses sortes de monnaie circulant en Palestine et dans d’autres provinces de l’empire romain. L’impôt du temple, payable par tout le monde, excepté les femmes, les esclaves et les mineurs, était d’un demi-sicle, une monnaie de la taille d’une pièce d’argent de dix cents, mais deux fois plus épaisse. À l’époque de Jésus, les prêtres avaient également été exemptés de l’impôt du temple. En conséquence, du 15 au 25 du mois précédant la Pâque, des changeurs accrédités dressaient leurs baraques dans les principales villes de Palestine en vue de fournir aux Juifs la monnaie appropriée pour payer les taxes du temple à leur arrivée à Jérusalem. Après cette période de dix jours, ces changeurs partaient pour Jérusalem et installaient leurs comptoirs dans les cours du temple. Ils étaient autorisés à prélever une commission de trois à quatre cents sur l’échange d’une pièce valant à peu près dix cents, et le double sur une pièce de valeur supérieure. Ces banquiers du temple tiraient également profit du change de tout l’argent destiné à l’achat des animaux à sacrifier, et au paiement des vœux et des offrandes. 173:1.4 Non seulement ces changeurs du temple faisaient des affaires régulières de banque pour tirer bénéfice du change d’au moins vingt sortes de monnaies apportées périodiquement par les pèlerins, lors de leur passage à Jérusalem, mais ils s’engageaient aussi dans toutes sortes d’opérations relevant du métier de banquier. Le trésor du temple et les chefs religieux tiraient d’immenses profits de ces activités commerciales. Il n’était pas rare que le trésor du temple contînt jusqu’à plus de dix-millions de dollars, tandis que le petit peuple languissait dans la misère et continuait à payer ces prélèvements injustes. 173:1.5 Ce lundi matin, Jésus tenta d’enseigner l’évangile du royaume céleste au milieu de cette bruyante multitude de changeurs, de vendeurs et de marchands de bestiaux. Il n’était pas seul à s’indigner de cette profanation du temple ; les gens du peuple, et spécialement les Juifs des provinces étrangères, étaient profondément froissés dans leur cœur de voir ainsi profaner leur temple national pour de l’argent. À cette époque, le sanhédrin lui-même tenait ses réunions régulières dans une salle autour de laquelle se poursuivaient le brouhaha de ces discussions et ce pêle-mêle de commerce et de troc. 173:1.6 Au moment où Jésus allait commencer son allocution, deux incidents se produisirent qui attirèrent son attention. Au comptoir d’un changeur voisin, une discussion violente et animée s’était élevée à propos d’une commission trop élevée demandée à un Juif d’Alexandrie, et, au même instant, l’air était déchiré par les beuglements d’une centaine de bœufs que l’on transférait d’une section du parc à bestiaux à une autre. Tandis que Jésus s’arrêtait en contemplant silencieusement, mais méditativement, cette scène de commerce et de confusion, il aperçut près de lui un candide Galiléen à qui il avait parlé à Iron, et que des Judéens, arrogants et se prétendant supérieurs, ridiculisaient et bousculaient. Tout ceci se conjugua dans l’âme de Jésus pour provoquer l’un de ces étranges accès d’indignation émotive qui le prenaient périodiquement. 173:1.7 À la stupéfaction de ses apôtres, qui se tenaient à proximité immédiate et s’abstinrent de participer à la scène qui suivit, Jésus descendit de l’estrade d’enseignement, se dirigea vers le garçon qui conduisait le bétail à travers la cour, lui prit son fouet de cordes et chassa rapidement les animaux du temple, mais ce ne fut pas tout. Sous les regards émerveillés des milliers de personnes assemblées dans la cour du temple, il marcha à grands pas majestueux vers la section la plus éloignée du parc à bestiaux et se mit à ouvrir les portes de chaque étable et à en chasser les animaux emprisonnés. Dès lors, les pèlerins assemblés furent galvanisés ; avec des clameurs tumultueuses, ils allèrent vers les bazars et commencèrent à renverser les tables des changeurs. En moins de cinq minutes, tout commerce avait été balayé du temple. Au moment où les gardes romains du voisinage apparurent sur la scène, tout était de nouveau paisible et la foule s’était disciplinée. Remontant sur l’estrade des orateurs, Jésus s’adressa à la multitude et dit : « Vous avez assisté, aujourd’hui, à ce qui est annoncé dans les Écritures : ‘Ma maison sera appelée une maison de prières pour toutes les nations, mais vous en avez fait un repaire de voleurs.’ » 173:1.8 Avant qu’il ait pu en dire davantage, des hosannas de louanges éclatèrent dans la grande assemblée et, bientôt, une bande de jeunes gens sortit de la foule pour chanter des hymnes de reconnaissance, parce que les marchands profanes et les spéculateurs avaient été chassés du temple sacré. Entretemps, certains prêtres étaient arrivés sur la scène et l’un d’eux dit à Jésus : « N’entends-tu pas ce que disent les enfants des lévites ? » Et le Maitre répondit : « N’as-tu jamais lu que ‘la louange est sortie parfaite de la bouche des enfants et des nourrissons’ ? ». Durant le reste de la journée, tandis que Jésus enseignait, des gardes établis par le peuple veillèrent à tous les porches et ne permirent à personne de transporter même un récipient vide à travers les cours du temple. 173:1.9 Quand les chefs religieux et les scribes eurent vent de ces évènements, ils furent abasourdis. Ils eurent d’autant plus peur du Maitre et furent d’autant plus résolus à l’exterminer. Mais ils étaient fort embarrassés, ils ne savaient comment le mettre à mort, car ils craignaient beaucoup les foules, qui approuvaient maintenant si ouvertement l’expulsion des spéculateurs profanes. Durant toute la journée, qui fut tranquille et paisible dans les cours du temple, la foule écouta les enseignements de Jésus et fut littéralement suspendue à ses paroles. 173:1.10 Cet acte surprenant de Jésus dépassait la compréhension de ses apôtres. Ils furent tellement déconcertés par cette action soudaine et inattendue de leur Maitre que, durant toute cette scène, ils restèrent en groupe compact près de l’estrade des orateurs ; ils ne firent pas le moindre geste pour participer à l’épuration du temple. Si cet évènement spectaculaire avait eu lieu la veille, au moment de l’arrivée triomphale de Jésus au temple, à l’issue de la procession tumultueuse à travers les portes de la ville, où il avait été sans cesse bruyamment acclamé par la multitude, ils auraient été prêts à agir ; mais, de la manière dont l’incident arriva, ils n’étaient aucunement préparés à y participer. 173:1.11 Cette épuration du temple révèle l’attitude du Maitre envers la commercialisation des pratiques religieuses ainsi que sa répulsion pour toutes les formes d’injustice et de spéculation aux dépens des pauvres et des ignorants. L’épisode montre également que Jésus n’approuvait pas le refus d’employer la force pour protéger la majorité d’un groupe humain contre les pratiques déloyales et asservissantes de minorités injustes capables de se retrancher derrière le pouvoir politique, financier ou ecclésiastique. On ne doit pas permettre à des hommes astucieux, pervers et intrigants de s’organiser pour exploiter et opprimer ceux qui, à cause de leur idéalisme, ne sont pas disposés à recourir à la violence pour se protéger ou pour mettre à exécution leurs projets dignes de louanges. 2. Contestation de l’autorité du Maitre 173:2.1 Le dimanche, la triomphale entrée de Jésus à Jérusalem inspira une telle crainte aux dirigeants juifs qu’ils s’abstinrent de le faire arrêter. Le lendemain, l’épuration spectaculaire du temple retarda de même effectivement l’arrestation du Maitre. Jour après jour, les chefs des Juifs étaient plus décidés à le détruire, mais ils en étaient détournés par deux craintes qui se conjuguaient pour retarder l’heure de frapper. Les chefs des prêtres et les scribes ne voulaient pas arrêter Jésus en public, car ils craignaient que la foule ne se retourne contre eux avec rancune et fureur. Ils craignaient également l’éventualité d’un appel aux gardes romains pour calmer une émeute populaire. 173:2.2 Au cours de sa session de midi, le sanhédrin décida à l’unanimité qu’il fallait en finir rapidement avec Jésus, car aucun des amis du Maitre n’assistait à cette réunion. Les membres du sanhédrin ne purent toutefois se mettre d’accord sur le moment et la manière de l’arrêter. Ils décidèrent finalement de désigner cinq groupes qui se mêleraient au public en vue d’embrouiller Jésus dans ses enseignements ou de le discréditer de quelque manière aux yeux de ceux qui écoutaient son instruction. En conséquence, vers deux heures, au moment où Jésus venait de commencer son discours sur « La Liberté de la Filiation », un groupe d’anciens d’Israël se fraya un chemin jusqu’auprès de lui, l’interrompit à leur manière habituelle et lui demanda : « Par quelle autorité fais-tu ces choses ? Qui t’a donné cette autorité ? » 173:2.3 Les dirigeants et les fonctionnaires du sanhédrin juif avaient parfaitement le droit de poser cette question à quiconque prétendait enseigner et agir de la manière extraordinaire qui avait caractérisé Jésus, spécialement dans sa récente conduite en éliminant du temple tous les commerces. Ces marchands et changeurs opéraient avec une licence directement octroyée par les dirigeants les plus élevés, et un pourcentage de leurs gains était supposé revenir directement au trésor du temple. N’oubliez pas que l’autorité était le mot de passe de toute la société juive. Les prophètes suscitaient toujours des troubles parce qu’ils avaient l’audace de prétendre enseigner sans autorité, sans avoir été dument instruits dans les académies rabbiniques ni avoir ensuite reçu l’ordination régulière du sanhédrin. L’absence de cette autorité pour enseigner ostensiblement en public était considérée comme dénotant soit une ignorance présomptueuse, soit une rébellion ouverte. À cette époque, seul le sanhédrin pouvait conférer l’ordination à un ancien ou à un éducateur, et cette cérémonie devait avoir lieu devant au moins trois personnes précédemment ordonnées de la même manière. Cette ordination conférait le titre de « rabbin » à l’éducateur et le qualifiait également pour agir en tant que juge « liant et déliant les questions soumises à sa décision ». 173:2.4 Les chefs du temple se présentèrent devant Jésus, à cette heure de l’après-midi, en contestant non seulement son enseignement, mais ses actes. Jésus savait bien que ces mêmes hommes avaient depuis longtemps affirmé en public que l’autorité de son enseignement était satanique et que toutes ses œuvres puissantes avaient été accomplies grâce au pouvoir du prince des démons. C’est pourquoi le Maitre commença sa réponse à leur question par une autre question. Jésus dit : « Je voudrais également vous poser une question. Si vous me répondez, je vous dirai aussi par quelle autorité j’accomplis mes œuvres. D’où venait le baptême de Jean ? Tirait-il son autorité du ciel ou des hommes ? ». 173:2.5 Quand ils entendirent cela, les interrogateurs de Jésus se retirèrent à l’écart pour se concerter sur la réponse qu’ils pouvaient donner. Ils avaient pensé embarrasser Jésus devant la foule, mais maintenant ils se trouvaient eux-mêmes fort confus devant les auditeurs alors assemblés dans la cour du temple. Et leur déconfiture fut encore plus évidente lorsqu’ils revinrent vers Jésus en disant : « Au sujet du baptême de Jean, nous ne pouvons répondre ; nous ne savons pas. » Ils répondirent ainsi au Maitre parce qu’ils avaient tenu entre eux le raisonnement suivant : Si nous disons que le baptême de Jean vient du ciel, Jésus dira : Pourquoi n’y avez-vous pas cru ? Et il risque d’ajouter qu’il tient son autorité de Jean. Et si nous disons que ce baptême vient des hommes, la foule pourrait se retourner contre nous, car la majorité estime que Jean était un prophète. Ils furent ainsi obligés de revenir devant Jésus et la foule en confessant qu’eux, les éducateurs religieux et les chefs d’Israël, ne pouvaient pas (ou ne voulaient pas) exprimer une opinion sur la mission de Jean. Lorsqu’ils eurent ainsi parlé, Jésus abaissa le regard sur eux et dit : « Moi non plus, je ne vous dirai pas par quelle autorité j’accomplis ces choses. » 173:2.6 Jésus n’avait jamais eu l’intention de se targuer de l’autorité de Jean, qui n’avait pas reçu l’ordination du sanhédrin. L’autorité de Jésus résidait en lui-même et dans la suprématie éternelle de son Père. 173:2.7 En employant cette méthode vis-à-vis de ses adversaires, Jésus ne cherchait pas à éluder la question. Au premier abord, il pouvait sembler coupable d’une magistrale évasion, mais ce n’était pas le cas. Jésus n’était jamais disposé à tirer injustement avantage de quiconque, même de ses ennemis. Dans cette apparente évasion, il fournit réellement, à tous ses auditeurs, la réponse à la question sur l’autorité conférée à sa mission. Les pharisiens avaient affirmé qu’il l’accomplissait par autorité du prince des démons. Or, Jésus avait maintes fois répété qu’il enseignait et œuvrait par le pouvoir et l’autorité de son Père céleste, chose que les dirigeants juifs refusaient d’accepter. Ils cherchaient donc à le discréditer en lui faisant admettre l’irrégularité de son enseignement, puisqu’il n’avait jamais été sanctionné par le sanhédrin. En répondant comme il fit, sans prétendre avoir reçu l’autorité de Jean, il satisfit l’auditoire avec l’inférence que l’effort de ses ennemis, pour le prendre au piège, se retournait efficacement contre eux et les discréditait beaucoup aux yeux de toutes les personnes présentes. 173:2.8 C’était ce génie du Maitre pour manier ses adversaires qui leur inspirait une si grande peur de lui. Ils n’essayèrent plus de le questionner ce jour-là et se retirèrent pour se consulter à nouveau entre eux. Mais le peuple ne fut pas long à discerner la malhonnêteté et le manque de sincérité dans les questions posées à Jésus par les dirigeants juifs. Même le petit peuple ne pouvait manquer de noter la différence entre la majesté morale du Maitre et l’hypocrisie calculée de ses ennemis. Mais l’épuration du temple avait rallié les sadducéens aux pharisiens pour parfaire les plans destinés à détruire Jésus. Et les sadducéens représentaient alors la majorité du sanhédrin. 3. La parabole des deux fils 173:3.1 Tandis que les pharisiens ergoteurs se tenaient là en silence, Jésus abaissa son regard sur eux et dit : « Puisque vous doutez de la mission de Jean et que vous êtes hostiles à l’enseignement et aux œuvres du Fils de l’Homme, écoutez la parabole que je vais vous conter : Un grand propriétaire respecté avait deux fils et désirait leur aide pour administrer ses vastes domaines. Il alla trouver l’un d’eux et lui dit : ‘Mon fils, va travailler aujourd’hui dans mon vignoble.’ Ce fils irréfléchi répondit à son père : ‘Je n’irai pas’, mais ensuite il se repentit et s’y rendit. Le propriétaire alla ensuite trouver son fils ainé et lui dit également : ‘Mon fils, va travailler dans mon vignoble.’ Et ce fils hypocrite et infidèle répondit : ‘Oui, mon père, j’irai.’ Mais, quand son père eut tourné le dos, il n’y alla pas. Je vous pose la question, lequel de ces fils a réellement fait la volonté de son père ? » 173:3.2 L’auditoire répondit unanimement : « C’est le premier fils. » Alors, Jésus dit : « C’est exact ; et, maintenant, je proclame que les publicains et les prostituées, même s’ils paraissent refuser l’appel à la repentance, verront l’erreur de leur voie et entreront dans le royaume de Dieu avant vous, qui prétendez avec ostentation servir le Père qui est aux cieux tout en refusant d’accomplir ses œuvres. Ce n’est pas vous, scribes et pharisiens, qui avez cru à Jean, mais plutôt les publicains et les pécheurs. Vous ne croyez pas non plus à mon enseignement, mais le peuple écoute mes paroles avec joie. » 173:3.3 Jésus ne méprisait pas personnellement les pharisiens et les sadducéens. C’était leur système d’enseignement et de pratique qu’il cherchait à discréditer. Il n’était hostile à personne, mais, ici, se produisait le conflit inévitable entre une religion de l’esprit nouvelle et vivante et l’ancienne religion de cérémonie, de tradition et d’autorité. 173:3.4 Durant tout ce temps, les douze apôtres se tenaient près du Maitre, mais sans participer en aucune façon à ces échanges. Chacun des douze réagissait à sa manière particulière aux évènements de ces journées clôturant le ministère de Jésus dans la chair, et chacun observait également la consigne du Maitre de s’abstenir d’enseigner ou de prêcher en public durant cette semaine de la Pâque. 4. La parabole du propriétaire absent 173:4.1 Lorsque les chefs des pharisiens et les scribes, qui avaient cherché à embrouiller Jésus avec leurs questions, eurent fini d’écouter la parabole des deux fils, ils se retirèrent pour se concerter à nouveau. Le Maitre, tournant son attention vers la foule attentive, conta une autre parabole : 173:4.2 « Un homme de bien, qui possédait une propriété, planta un vignoble. Il l’entoura d’une haie, creusa une fosse pour le pressoir et construisit une tour de guet pour les gardes. Puis il donna son vignoble en location et partit pour un long voyage dans un pays étranger. Quand la saison des vendanges approcha, il envoya des serviteurs aux locataires pour percevoir son fermage. Mais, après s’être concertés, les fermiers refusèrent de donner à ces serviteurs les revenus qu’ils devaient à leur maitre ; au lieu de cela, ils attaquèrent les serviteurs, frappèrent l’un, lapidèrent le deuxième et renvoyèrent les autres les mains vides. Lorsque le propriétaire eut vent de l’histoire, il envoya d’autres serviteurs plus sûrs pour régler la question avec ces méchants locataires ; mais ceux-ci blessèrent les nouveaux serviteurs et les traitèrent honteusement. Alors, le propriétaire envoya son serviteur favori, son intendant, et les locataires le tuèrent. Pourtant patient et longanime, le propriétaire envoya beaucoup d’autres serviteurs, mais les locataires ne voulurent en recevoir aucun ; ils frappèrent les uns et tuèrent les autres. Quand le propriétaire eut été ainsi traité, il décida d’envoyer son fils vers ces locataires ingrats en se disant : ‘Ils peuvent maltraiter mes serviteurs, mais ils montreront certainement du respect pour mon fils bien-aimé.’ Mais, en voyant venir le fils, les mauvais locataires impénitents tinrent entre eux le raisonnement suivant : ‘Celui-ci est l’héritier. Allons, tuons-le, et, alors, l’héritage nous appartiendra.’ Ainsi donc, ils s’emparèrent de lui, le jetèrent hors du vignoble et le tuèrent. Quand le maitre de ce vignoble apprendra qu’ils ont rejeté et tué son fils, que fera-t-il à ces locataires ingrats et méchants ? » 173:4.3 Lorsque les auditeurs eurent entendu cette parabole et la question de Jésus, ils répondirent : « Le propriétaire anéantira ces misérables et louera son vignoble à des fermiers honnêtes, qui lui rendront les fruits en leur saison. » Certains d’entre eux comprirent que la parabole faisait allusion à la nation juive, à la manière dont elle avait traité les prophètes, et au rejet imminent de Jésus et de l’enseignement du royaume. Ils dirent alors tristement : « Dieu veuille que nous ne continuions pas à faire de pareilles choses. » 173:4.4 Jésus vit qu’un groupe de pharisiens et de sadducéens se frayait un chemin vers lui à travers la foule. Il s’arrêta un moment, jusqu’à ce qu’ils se fussent approchés, et dit alors : « Vous savez comment vos pères ont rejeté les prophètes, et vous savez bien que, dans votre cœur, vous avez résolu de rejeter le Fils de l’Homme. » Puis, promenant un regard inquisiteur sur les prêtres et les anciens qui se tenaient près de lui, Jésus dit : « N’avez-vous jamais lu dans les Écritures l’histoire de la pierre que les bâtisseurs avaient rejetée et qui devint la pierre angulaire quand le peuple la découvrit ? Je vous avertis donc une fois de plus que, si vous continuez à rejeter cet évangile, le royaume de Dieu vous sera bientôt enlevé pour être donné à un peuple disposé à recevoir la bonne nouvelle et à produire les fruits de l’esprit. Cette pierre comporte un mystère, car quiconque tombe sur elle sera brisé en morceaux, mais sauvé ; mais celui sur qui elle tombera sera réduit en poussière, et ses cendres seront dispersées aux quatre vents. » 173:4.5 Quand les pharisiens entendirent ces paroles, ils comprirent que Jésus faisait allusion à eux et aux autres dirigeants juifs. Ils avaient grande envie de s’emparer de lui sur-le-champ, mais ils craignaient la multitude. Toutefois, ils furent tellement irrités par les paroles du Maitre qu’ils se retirèrent pour se consulter de nouveau sur la manière de le faire périr. Ce soir-là, les pharisiens et les sadducéens s’entendirent pour essayer de le prendre au piège le lendemain. 5. La parabole du festin de mariage 173:5.1 Après que les scribes et les dirigeants se furent retirés, Jésus s’adressa de nouveau à la foule assemblée et conta la parabole du festin de mariage. Il dit : 173:5.2 « On peut comparer le royaume des cieux à un roi qui donna un festin de mariage pour son fils et dépêcha des messagers pour appeler ceux qui avaient été préalablement invités à la fête, en disant : ‘Tout est prêt pour le diner de mariage au palais du roi.’ Or, beaucoup de ceux qui avaient autrefois promis d’y assister refusèrent maintenant de s’y rendre. Quand le roi apprit le rejet de ses invitations, il envoya d’autres serviteurs et messagers avec ces mots : ‘Dites à tous ceux qui étaient invités, de venir, car, voici, mon diner est préparé. Mes bœufs et mes bêtes grasses sont tués, et tout est prêt pour le mariage imminent de mon fils.’ Mais, de nouveau, les invités sans égards traitèrent à la légère l’appel de leur roi et allèrent leur chemin, l’un à sa ferme, l’autre à sa poterie et d’autres à leurs marchandises. D’autres encore ne se contentèrent pas de marquer ainsi du dédain pour la convocation du roi, mais se révoltèrent ouvertement, s’emparèrent des messagers du roi, les maltraitèrent honteusement et même en tuèrent quelques-uns. Quand le roi s’aperçut que ses invités choisis, même ceux qui avaient accepté son invitation préliminaire et promis d’assister à la fête de mariage, avaient finalement rejeté son appel, s’étaient révoltés, puis avaient attaqué et assassiné ses messagers spéciaux, il entra dans une violente colère. Alors, le roi insulté mobilisa ses armées et celles de ses alliés, puis leur ordonna d’anéantir ces meurtriers rebelles et d’incendier leur cité. 173:5.3 « Après avoir puni ceux qui avaient méprisé son invitation, il fixa un nouveau jour pour le festin de mariage et dit à ses messagers : ‘Les premiers invités au mariage n’étaient pas dignes de ma sollicitude. Allez maintenant aux croisées des chemins et sur les grandes routes, même au-delà des limites de la ville, et invitez tous ceux que vous rencontrerez, même les étrangers, à venir assister au festin de mariage.’ Les serviteurs allèrent donc sur les grandes routes et dans les lieux écartés ; ils rassemblèrent tous ceux qu’ils rencontrèrent, bons et mauvais, riches et pauvres, de sorte qu’enfin la salle du mariage fut remplie de convives de bonne volonté. Lorsque tout fut prêt, le roi entra pour examiner ses hôtes et, à sa grande surprise, il vit un homme sans habit de noces. Or, le roi avait généreusement fourni des habits de noces pour tous ses invités ; il s’adressa à l’homme en disant : ‘Ami, comment se fait-il que tu entres dans la salle des invités, en cette occasion, sans robe de noces ?’ Et cet homme non préparé ne sut que dire. Alors, le roi dit à ses serviteurs : ‘Chassez cet écervelé de ma maison et faites-lui partager le sort de tous ceux qui ont dédaigné mon hospitalité et rejeté mon appel. Je ne veux avoir personne ici en dehors de ceux qui se réjouissent d’accepter mon invitation, et qui me font l’honneur de porter les habits de noces que j’ai si libéralement mis à la disposition de tout le monde.’ » 173:5.4 Après avoir conté cette parabole, Jésus allait congédier la multitude lorsqu’un croyant sympathisant se fraya un chemin à travers la foule jusqu’à lui et demanda : « Mais, Maitre, comment serons-nous informés de ces choses ? Comment serons-nous prêts pour l’invitation du roi ? Quel signe nous donneras-tu pour que nous sachions que tu es le Fils de Dieu ? » Après avoir entendu ces questions, le Maitre dit : « Il ne vous sera donné qu’un seul signe. » Puis, montrant du doigt son propre corps, il poursuivit : « Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai. » Mais les auditeurs ne le comprirent pas et se dispersèrent en se disant entre eux : « Il y a près de cinquante ans que ce temple est en construction, et pourtant Jésus dit qu’il le détruira et le relèvera en trois jours. » Même ses propres apôtres ne saisirent pas la signification de cette phrase, mais ultérieurement, après la résurrection, ils se rappelèrent ce que le Maitre avait dit. 173:5.5 Vers quatre heures de l’après-midi, Jésus fit signe à ses apôtres et leur indiqua qu’il désirait quitter le temple et aller à Béthanie pour y prendre le repas du soir et une nuit de repos. Sur la montée d’Olivet, Jésus donna des instructions à André, Philippe et Thomas pour que, le lendemain, ils établissent un camp plus proche de la ville, un campement qu’ils pourraient occuper durant le reste de la semaine de la Pâque. Conformément à ces instructions, ils plantèrent leurs tentes, le lendemain matin, dans le ravin à flanc de coteau qui dominait le parc de campement public de Gethsémani, sur un petit terrain appartenant à Simon de Béthanie. 173:5.6 De nouveau, ce fut un groupe de Juifs silencieux qui gravit le versant occidental du mont Olivet, ce lundi soir. Comme jamais auparavant, ces douze hommes commençaient à pressentir qu’un évènement tragique était imminent. D’une part la spectaculaire épuration du temple aux premières heures de la matinée avait suscité leur espoir de voir le Maitre s’affirmer et manifester ses puissants pouvoirs ; d’autre part les évènements de l’après-midi avaient agi à rebours, en ce sens qu’ils laissaient prévoir avec certitude que les autorités juives rejetteraient les enseignements de Jésus. Les apôtres étaient dans une expectative inquiète et sous l’emprise d’une terrible incertitude. Ils réalisaient que seules quelques brèves journées pouvaient s’intercaler entre les évènements de la veille et le choc d’une ruine imminente. Ils sentaient tous qu’il allait se passer quelque chose de prodigieux, mais ne savaient à quoi s’attendre. Ils allèrent se reposer chacun dans son coin, mais dormirent très peu. Même les jumeaux Alphée avaient fini par s’éveiller à l’idée que les évènements de la vie du Maitre se déroulaient rapidement vers leur apogée final. FASCICULE 174. Le mardi matin au temple 174:0.1 Ce mardi matin vers sept heures, Jésus retrouva, chez Simon, les apôtres, le corps évangélique féminin et environ deux douzaines d’autres disciples influents. À cette réunion, il fit ses adieux à Lazare et lui donna des directives qui l’incitèrent à fuir très rapidement à Philadelphie, en Pérée, où il se lia plus tard avec le mouvement missionnaire qui avait son siège dans cette cité. Jésus prit également congé du vieux Simon et donna au groupe féminin ses ultimes conseils, car il ne lui adressa plus jamais d’allocution officielle. 174:0.2 Ce matin-là, il salua chacun des douze en lui adressant un mot personnel. À André, il dit : « Ne te laisse pas décourager par les évènements imminents. Garde une ferme emprise sur tes frères et veille à ce qu’ils ne te trouvent pas abattu. » À Pierre, il dit : « Ne mets ta confiance ni dans la vigueur de ton bras ni dans les armes d’acier. Établis-toi sur les fondements spirituels des rochers éternels. » À Jacques, il dit : « Ne faiblis pas devant les apparences extérieures. Reste ferme dans ta foi, et tu connaitras bientôt la réalité de ce que tu crois. » À Jean, il dit : « Sois doux ; aime même tes ennemis. Sois tolérant, et rappelle-toi que je t’ai confié bien des choses. » À Nathanael, il dit : « Ne juge pas sur les apparences ; reste ferme dans ta foi quand tout semblera s’effondrer ; sois fidèle à ton mandat d’ambassadeur du royaume. » À Philippe, il dit : « Ne te laisse pas ébranler par les évènements imminents. Reste impassible, même quand tu ne peux voir le chemin. Sois fidèle à ton serment de consécration. » À Matthieu, il dit : « N’oublie pas la miséricorde qui t’a fait recevoir dans le royaume. Ne laisse personne te dérober ta récompense éternelle. Puisque tu as résisté aux tendances de la nature humaine, décide d’être ferme. » À Thomas, il dit : « Si difficile que ce soit, il faut actuellement que tu marches par la foi et non par la vue. Ne doute pas que je sois capable d’achever l’œuvre que j’ai commencée, et que je reverrai finalement tous mes fidèles ambassadeurs dans le royaume de l’au-delà. » Aux jumeaux Alphée, il dit : « Ne vous laissez pas écraser par les choses que vous ne comprenez pas. Soyez fidèles aux affections de votre cœur, et ne mettez votre confiance ni dans les grands hommes, ni dans l’attitude changeante du peuple. Restez auprès de vos compagnons. » À Simon Zélotès, il dit : « Tu seras peut-être écrasé de déception, mais ton esprit s’élèvera au-dessus de tout ce qui pourra t’arriver. Ce que tu n’as pas réussi à apprendre de moi, mon esprit te l’enseignera. Recherche les vraies réalités de l’esprit et cesse d’être attiré par des ombres irréelles et matérielles. » Et à Judas Iscariot, il dit : « Judas, je t’ai aimé et j’ai prié pour que tu aimes tes frères. Ne te lasse pas de bien faire. Je t’avertis de te méfier de ceux qui font glisser les hommes sur les sentiers de la flatterie et qui les empoisonnent par les flèches du ridicule. » 174:0.3 Après avoir achevé ces salutations, Jésus partit pour Jérusalem avec André, Pierre, Jacques et Jean, tandis que les autres apôtres s’occupaient d’établir le camp de Gethsémani, où ils devaient se rendre ce soir-là et où ils installèrent leur quartier général pour le reste de la vie incarnée du Maitre. À mi-chemin de la descente du versant d’Olivet, Jésus s’arrêta et s’entretint durant plus d’une heure avec les quatre apôtres. 1. Le pardon divin 174:1.1 Depuis plusieurs jours, Pierre et Jacques avaient entrepris de discuter leurs divergences d’opinion sur l’enseignement du Maitre concernant le pardon des péchés. Ils avaient convenu de soumettre la question à Jésus, et Pierre saisit l’occasion comme fort opportune pour obtenir l’avis du Maitre. En conséquence, Simon Pierre interrompit la conversation sur les différences entre la louange et l’adoration en demandant : « Maitre, Jacques et moi, nous ne sommes pas d’accord sur tes enseignements au sujet du pardon des péchés. Jacques prétend que, d’après toi, le Père nous pardonne même avant que nous ne lui demandions, et, moi, je maintiens que le repentir et la confession doivent précéder le pardon. Qui de nous a raison ? Qu’en dis-tu ? » 174:1.2 Après un bref silence, Jésus jeta un coup d’œil significatif sur les quatre apôtres et répondit : « Mes frères, vous vous trompez dans vos opinions parce que vous ne comprenez pas la nature intime des relations entre la créature et le Créateur, entre l’homme et Dieu. Vous ne saisissez pas la sympathie compréhensive que de sages parents éprouvent pour leurs enfants dépourvus de maturité et parfois égarés. Il est en effet douteux que des parents intelligents et affectueux soient jamais appelés à pardonner à un enfant moyen et normal. Des rapports compréhensifs, associés à des attitudes pleines d’amour, empêchent efficacement toutes les désunions qui nécessitent ultérieurement un rajustement par le repentir chez l’enfant et le pardon des parents. 174:1.3 « Dans chaque enfant vit une fraction de son père. Le père bénéficie d’une priorité et d’une supériorité de compréhension dans toutes les questions liées aux rapports entre parents et enfants. Le père peut regarder l’immaturité de l’enfant à la lumière de la maturité parentale plus grande, de l’expérience plus mure du partenaire le plus âgé. Dans le cas de l’enfant terrestre et du Père céleste, le parent divin possède, dans une mesure infinie et divine, la compassion et l’aptitude à comprendre avec amour. Le pardon divin est inévitable ; il est inaliénable et inhérent à la compréhension infinie de Dieu, à sa parfaite connaissance de tout ce qui concerne le faux jugement et le choix erroné de l’enfant. La justice divine est si éternellement équitable qu’elle englobe infailliblement la miséricorde compréhensive. 174:1.4 « Quand un homme avisé comprend les impulsions intérieures de ses semblables, il les aime ; et, quand vous aimez votre frère, vous lui avez déjà pardonné. Cette aptitude à comprendre la nature de l’homme et à pardonner ses actions apparemment mauvaises est divine. Si vous êtes de sages parents, c’est ainsi que vous aimerez et comprendrez vos enfants, et même que vous leur pardonnerez quand des malentendus temporaires auront paru vous séparer. L’enfant est dépourvu de maturité et ne comprend pas la profondeur des relations entre enfant et père ; il éprouve donc souvent un sentiment de séparation coupable quand il ne reçoit pas la pleine approbation de son père ; mais un véritable père n’est jamais conscient d’une telle séparation. Le péché est une expérience de la conscience des créatures ; il ne fait pas partie de la conscience de Dieu. 174:1.5 « Votre inaptitude ou votre répugnance à pardonner à vos semblables donne la mesure de votre immaturité, et dénote que vous n’avez pas atteint le niveau adulte de sympathie, de compréhension et d’amour. Vos rancunes et vos idées de vengeance sont directement proportionnelles à votre ignorance de la nature intérieure et des véritables aspirations de vos enfants et de vos semblables. L’amour est la manifestation de l’impulsion vitale intérieure et divine. Il est fondé sur la compréhension, entretenu par le service désintéressé et accompli dans la sagesse. » 2. Questions des dirigeants juifs 174:2.1 Le lundi soir, s’était tenu un conseil entre le sanhédrin et une cinquantaine d’autres notables choisis parmi les scribes, les pharisiens et les sadducéens. Cette assemblée estima, d’un commun accord, qu’il serait dangereux d’arrêter Jésus en public, du fait de l’emprise qu’il avait sur les sentiments des gens du peuple. La majorité fut également d’avis qu’il fallait faire un effort résolu pour le discréditer aux yeux de la multitude avant de l’arrêter et de le traduire en jugement. En conséquence, divers groupes d’érudits furent désignés pour aller au temple le lendemain matin, afin d’essayer de prendre Jésus au piège avec des questions difficiles et de chercher, de quelque manière, à l’embarrasser devant le peuple. Les pharisiens, les sadducéens et même les hérodiens, étaient enfin tous unis dans cet effort pour discréditer Jésus aux yeux de la foule pascale. 174:2.2 Le mardi matin, lorsque Jésus arriva dans la cour du temple et commença à enseigner, il fut interrompu dès ses premiers mots par un groupe de jeunes étudiants des académies, qui avaient subi une préparation spéciale à cet effet. Ils s’avancèrent et s’adressèrent à Jésus par le truchement de leur porte-parole : « Maitre, nous savons que tu es un instructeur droit, que tu proclames les voies de la vérité et que tu es au service de Dieu seul, car tu ne crains aucun homme et tu ne fais pas acception de personnes. Nous ne sommes que des étudiants, et nous voudrions connaitre la vérité sur une question qui nous trouble. Voici la difficulté : Est-il licite pour nous de payer le tribut à César ? Le payerons-nous ou ne le payerons-nous pas ? » Percevant leur hypocrisie et leur sournoiserie, Jésus leur dit : « Pourquoi venez-vous me tenter ainsi ? Montrez-moi l’argent du tribut, et je vous répondrai. » Les étudiants lui donnèrent un denier qu’il examina, puis il dit : « De qui cette pièce porte-t-elle l’effigie et l’inscription ? » Ils répondirent : « De César ». Sur quoi, Jésus dit : « Rendez à César ce qui appartient à César, et rendez à Dieu ce qui appartient à Dieu. » 174:2.3 Après avoir reçu cette réponse, les jeunes scribes et leurs complices hérodiens se retirèrent hors de sa présence, et le peuple, y compris les sadducéens, se réjouit de leur déconfiture. Même les jeunes gens qui avaient essayé de prendre le Maitre au piège s’émerveillèrent grandement de la surprenante sagacité de sa réponse. 174:2.4 La veille, les dirigeants avaient cherché à prendre Jésus en défaut devant la foule sur des questions d’autorité ecclésiastique. N’y étant pas parvenus, ils cherchaient maintenant à l’impliquer dans une discussion préjudiciable sur l’autorité civile. Pilate et Hérode se trouvaient tous deux à Jérusalem à ce moment-là, et les ennemis de Jésus supputèrent que, s’il osait déconseiller le paiement du tribut à César, ils pourraient aller immédiatement trouver les autorités romaines et l’accuser de sédition. D’autre part, s’il recommandait explicitement le paiement du tribut, ses ennemis calculaient, à juste titre, qu’il infligerait une profonde blessure à l’orgueil national de ses auditeurs juifs, ce qui lui aliènerait la bienveillance et l’affection de la multitude. 174:2.5 En tout ceci, les ennemis de Jésus furent battus, car un décret bien connu du sanhédrin, fait pour la gouverne des Juifs dispersés parmi les nations des Gentils, précisait que « le droit de battre monnaie comportait le droit de percevoir des impôts. » Jésus évita ainsi leur piège. S’il avait répondu « Non » à leur question, cela aurait été l’équivalent d’une incitation à la rébellion. S’il avait répondu « Oui », cela aurait choqué les sentiments nationalistes profondément enracinés de l’époque. Le Maitre n’éluda pas la question ; il eut simplement la sagesse de faire une double réponse. Jésus n’était jamais évasif, mais toujours bien avisé dans ses rapports avec ceux qui cherchaient à le harceler et à le détruire. 3. Les sadducéens et la résurrection 174:3.1 Avant que Jésus ait pu commencer son enseignement, un autre groupe s’avança pour le questionner. Cette fois, il s’agissait d’un groupe de sadducéens érudits et rusés, dont le porte-parole s’approcha en disant : « Maitre, Moïse a dit que, si un homme marié meurt sans laisser d’enfants, son frère devra épouser sa veuve et engendrer une postérité à son frère décédé. Or, il s’est produit un cas où un homme qui avait six frères mourut sans enfants ; son frère cadet prit sa femme, mais mourut bientôt également sans laisser d’enfants. Le deuxième frère prit alors la femme, mais lui aussi mourut sans postérité. Et ainsi de suite jusqu’à ce que les six frères l’eussent épousée et fussent tous morts sans laisser d’enfants. Enfin, la femme elle-même mourut après eux tous. Ceci dit, nous voudrions te poser la question suivante : Lors de la résurrection, de qui sera-t-elle la femme, vu que les sept frères l’ont épousée ? » 174:3.2 Jésus, aussi bien que l’assistance, savait que ces sadducéens n’étaient pas sincères en posant leur question, car il était peu probable qu’un tel cas se produise réellement ; en outre, la coutume pour les frères d’un mort de chercher à lui engendrer une postérité était pratiquement devenue lettre morte parmi les Juifs à cette époque. Jésus condescendit néanmoins à répondre à leur question insidieuse. Il dit : « Vous vous trompez tous en posant de telles questions parce que vous ne connaissez ni les Écritures ni le pouvoir vivant de Dieu. Vous savez que les fils de ce monde peuvent se marier et sont donnés en mariage, mais vous ne semblez pas comprendre que ceux qui, par la résurrection des justes, sont estimés dignes d’atteindre les mondes à venir ne se marient pas et ne sont pas donnés en mariage. Ceux qui font l’expérience de la résurrection d’entre les morts ressemblent plus aux anges des cieux ; ils ne meurent jamais. Ces ressuscités sont éternellement les fils de Dieu. Ils sont les enfants de lumière ressuscités dans le progrès de la vie éternelle. Même votre Père Moïse le comprit, car, en liaison avec ses expériences auprès du buisson ardent, il entendit le Père dire : ‘Je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob.’ Ainsi, avec Moïse, je proclame que mon Père n’est pas le Dieu des morts, mais celui des vivants. En lui vous vivez tous, vous vous reproduisez et vous possédez votre existence de mortels. » 174:3.3 Lorsque Jésus eut fini de répondre à ces questions, les sadducéens se retirèrent, et certains pharisiens s’oublièrent au point de s’écrier : « C’est vrai, c’est vrai, Maitre, tu as bien répondu à ces sadducéens incroyants. » Les sadducéens n’osèrent plus poser d’autres questions à Jésus, et le peuple s’émerveilla de la sagesse de son enseignement. 174:3.4 Jésus ne fit appel qu’à Moïse dans son duel avec les sadducéens, car cette secte politico-religieuse ne reconnaissait comme valable que le prétendu Pentateuque de Moïse. Elle n’admettait pas que les enseignements des prophètes puissent servir de base à des dogmes doctrinaux. Dans sa réponse, le Maitre affirma positivement la survie des créatures mortelles par la technique de la résurrection, mais en aucun sens il ne mentionna avec approbation la croyance pharisienne à la résurrection du corps humain sous sa forme physique. Jésus voulait souligner que le Père avait dit : « Je suis le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob », et non « J’étais leur Dieu ». 174:3.5 Les sadducéens avaient cru soumettre Jésus à l’influence flétrissante du ridicule, sachant bien que toute persécution en public créerait certainement un renouveau de sympathie pour lui dans le mental de la multitude. 4. Le grand commandement 174:4.1 Un autre groupe de sadducéens avait reçu des instructions pour poser à Jésus des questions embarrassantes sur les anges, mais, après avoir vu le sort de leurs camarades qui avaient essayé de le prendre au piège avec des questions concernant la résurrection, ils décidèrent fort sagement de rester tranquilles ; ils se retirèrent sans poser une seule question. Les scribes, pharisiens, sadducéens et hérodiens coalisés avaient prémédité de remplir toute la journée de ces questions embarrassantes. Ils espéraient ainsi discréditer Jésus devant le peuple, et en même temps empêcher efficacement qu’il ait le temps de proclamer ses enseignements perturbateurs. 174:4.2 Un groupe de pharisiens s’avança ensuite pour le harceler de questions. Son porte-parole fit un signe à Jésus et dit : « Maitre, je suis juriste, et je voudrais te demander quel est, à ton avis, le plus grand commandement ? » Jésus répondit : « Il n’y a qu’un seul commandement, qui est le plus grand de tous et qui ordonne : ‘Écoute, Ô Israël, le Seigneur notre Dieu ; le Seigneur est un ; tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton mental et de toute ta force.’ Ceci est le premier et grand commandement. Et le second lui est semblable ; en vérité, il découle directement du premier et ordonne : ‘Tu aimeras ton prochain comme toi-même.’ Il n’y a en pas d’autres plus grands que ceux-là ; de ces deux commandements dépendent toute la loi et les prophètes. » 174:4.3 Percevant que non seulement la réponse de Jésus était conforme au concept le plus élevé de la religion juive, mais aussi qu’il avait répondu sagement au vu de la multitude assemblée, le juriste pensa qu’il valait mieux louanger ouvertement la réponse du Maitre. En conséquence, il dit : « En vérité, Maitre, tu as dit, à juste titre, que Dieu est un, qu’il n’y en a pas d’autre en dehors de lui ; et que le premier et grand commandement consiste à l’aimer de tout notre cœur, de toute notre intelligence et de toute notre force, et aussi qu’il faut aimer son prochain comme soi-même ; et nous sommes d’accord que ce commandement a beaucoup plus d’importance que toutes les offrandes brulées et tous les sacrifices. » Lorsque le juriste eut ainsi prudemment répondu, Jésus abaissa son regard sur lui et dit : « Mon ami, je perçois que tu n’es pas loin du royaume de Dieu. » 174:4.4 Jésus disait vrai lorsqu’il fit allusion à ce docteur de la loi comme n’étant « pas éloigné du royaume », car, le même soir, ce juriste se rendit au camp du Maitre près de Gethsémani, confessa sa foi dans l’évangile du royaume et fut baptisé par Josias, l’un des disciples d’Abner. 174:4.5 Deux ou trois autres groupes de scribes et de pharisiens étaient présents avec l’intention de poser des questions, mais ils furent soit désarmés par la réponse de Jésus au docteur de la loi, soit découragés par la déconfiture de tous ceux qui avaient entrepris de le prendre au piège. Après cela, personne n’osa plus lui poser de questions en public. 174:4.6 Voyant qu’aucune question n’était plus soulevée et que l’heure de midi approchait, Jésus ne reprit pas son enseignement, mais se borna à poser à son tour une question aux pharisiens et à leurs associés. Il dit : « Puisque vous ne soulevez plus de questions, je voudrais vous en poser une. Que pensez-vous du Libérateur ? C’est-à-dire de qui est-il le fils ? » Après une courte pause, l’un des scribes répondit : « Le Messie est fils de David. » Or, Jésus savait qu’il y avait eu de nombreuses discussions, même parmi ses disciples, sur le point de savoir s’il était ou non fils de David. Il posa donc une nouvelle question : « Si le Libérateur est vraiment le fils de David, comment se fait-il que, dans le psaume que vous lui attribuez, David, parlant selon l’esprit, ait dit : ‘Le Seigneur a dit à mon seigneur : Assieds-toi à ma droite jusqu’à ce que j’aie réduit tes ennemis à te servir de marchepied ?’ Si David l’appelle Seigneur, comment peut-il être son fils ? » Les dirigeants, les scribes et les chefs des prêtres ne firent aucune réponse à cette question, mais ils s’abstinrent également d’en poser de nouvelles pour essayer d’embarrasser Jésus. En fait, ils ne répondirent jamais à la question qu’il leur avait posée, mais, après la mort du Maitre, ils essayèrent d’éluder la difficulté en changeant l’interprétation de ce psaume de manière qu’il se réfère à Abraham au lieu du Messie. D’autres essayèrent d’échapper au dilemme en niant que David fût l’auteur de ce psaume dit messianique. 174:4.7 Quelques moments auparavant, les pharisiens s’étaient réjouis de la manière dont les sadducéens avaient été réduits au silence par le Maitre. C’étaient maintenant les sadducéens qui prenaient plaisir à l’échec des pharisiens, mais cette rivalité n’était que momentanée. Ils oublièrent rapidement les points de vue divergents, qu’ils soutenaient depuis longtemps, dans leur effort commun pour mettre fin aux enseignements et aux agissements de Jésus. Mais, au cours de toutes ces expériences, le petit peuple se réjouit de l’entendre. 5. Les Grecs investigateurs 174:5.1 Vers midi, tandis que Philippe achetait des vivres pour le nouveau camp que l’on établissait ce jour-là près de Gethsémani, il fut accosté par une délégation d’étrangers, un groupe de croyants grecs d’Alexandrie, d’Athènes et de Rome. Leur porte-parole dit à l’apôtre : « Tu nous as été signalé par des gens qui te connaissent ; alors, nous t’abordons en te demandant de voir Jésus, ton Maitre. » Philippe fut pris au dépourvu en rencontrant ainsi, sur la place du marché, ces éminents investigateurs Grecs et Gentils. Or, Jésus avait explicitement recommandé aux douze apôtres de ne pratiquer aucun enseignement en public durant la semaine pascale. Philippe fut donc un peu embarrassé sur la meilleure manière d’arranger cette affaire. Le fait que ces hommes étaient des Gentils étrangers l’avait également déconcerté. S’ils avaient été des Juifs, ou des Gentils habitant les environs, il n’aurait pas montré tant d’hésitation. Philippe s’arrêta à la solution consistant à demander aux Grecs de l’attendre sur place. Tandis qu’il s’éloignait en hâte, les Grecs supposèrent qu’il était allé chercher Jésus, mais en réalité Philippe se dépêchait d’aller chez Joseph, où il savait qu’André et les autres apôtres prenaient leur déjeuner. Il appela André, lui expliqua le motif de sa venue, puis retourna avec André auprès des Grecs qui l’attendaient. 174:5.2 Ayant à peu près fini d’acheter ses provisions, Philippe revint avec André et les Grecs chez Joseph, où Jésus les reçut. Ils s’assirent près de lui, tandis qu’il parlait à ses apôtres et à un certain nombre de disciples éminents réunis à ce déjeuner. Jésus dit : 174:5.3 « Mon Père m’a envoyé dans ce monde pour révéler sa bienveillance affectueuse aux enfants des hommes, mais les premiers vers qui je suis allé ont refusé de me recevoir. En vérité, beaucoup d’entre vous ont cru par eux-mêmes à mon évangile, mais les enfants d’Abraham et leurs dirigeants sont sur le point de me rejeter ; ce faisant, ils rejetteront Celui qui m’a envoyé. J’ai libéralement proclamé l’évangile du salut à ce peuple ; je lui ai parlé de la filiation accompagnée de joie, de liberté et de vie plus riche dans l’esprit. Mon Père a accompli nombre d’œuvres merveilleuses parmi ces fils des hommes paralysés par la peur. C’est à juste titre que le prophète Isaïe s’est référé à ce peuple en écrivant : ‘Seigneur, qui a cru à nos enseignements ? Et à qui le Seigneur a-t-il été révélé ?’ En vérité, les dirigeants de mon peuple se sont délibérément rendus aveugles pour ne pas voir et ont endurci leur cœur de peur de croire et d’être sauvés. Au long de toutes ces dernières années, j’ai cherché à les guérir de leur incrédulité, afin qu’ils reçoivent le salut éternel du Père. Je sais que tous ne m’ont pas fait défaut ; certains d’entre vous ont vraiment cru à mon message. Il y a, dans cette salle, plus de vingt hommes qui ont été membres du sanhédrin ou qui ont occupé de hauts postes dans les conseils de la nation, bien que certains d’entre vous n’osent encore confesser ouvertement la vérité, de crainte d’être expulsés de la synagogue. Quelques-uns parmi vous sont tentés de préférer la gloire des hommes à la gloire de Dieu. Mais je suis obligé de faire preuve de longanimité, car je crains pour la sécurité et la fidélité de certains, même parmi ceux qui m’ont accompagné depuis si longtemps et ont vécu si proches de moi. 174:5.4 « Je perçois que, dans cette salle de banquet, les Juifs et les Gentils se trouvent en nombre à peu près égal. Et je voudrais m’adresser à vous en tant que premier et dernier groupe de cette nature que je puisse instruire des affaires du royaume avant de retourner auprès de mon Père. » 174:5.5 Ces Grecs avaient fidèlement suivi les enseignements de Jésus au temple. Le lundi soir, ils avaient tenu, chez Nicodème, une conférence qui avait duré jusqu’à l’aube, et trente d’entre eux avaient décidé d’entrer dans le royaume. 174:5.6 Tandis que Jésus se tenait là devant eux en ce moment, il perçut qu’une dispensation prenait fin et qu’une autre commençait. Tournant son attention vers les Grecs, le Maitre dit : 174:5.7 « Quiconque croit en cet évangile croit non seulement en moi, mais en Celui qui m’a envoyé. Quand vous me regardez, vous ne voyez pas seulement le Fils de l’Homme, mais aussi Celui qui m’a envoyé. Je suis la lumière du monde, et quiconque croira en mon enseignement ne demeurera plus dans les ténèbres. Si vous autres, Gentils, vous voulez bien m’écouter, vous recevrez les paroles de vie et entrerez aussitôt dans la joyeuse liberté de la vérité de la filiation avec Dieu. Si mes compatriotes, les Juifs, décident de me rejeter et de refuser mes enseignements, je ne me poserai pas en juge contre eux, car je ne suis pas venu pour juger ce monde, mais pour lui offrir le salut. Néanmoins, ceux qui me rejettent et refusent de recevoir mon enseignement seront traduits en jugement, en temps utile, par mon Père et par ceux qu’il a désignés pour juger ceux qui rejettent le don de la miséricorde et les vérités du salut. Souvenez-vous tous que je ne parle pas de moi-même, mais que j’ai fidèlement proclamé ce que mon Père m’a commandé de révéler aux enfants des hommes. Et ces paroles que le Père m’a ordonné de proclamer au monde sont des paroles de vérité divine, de miséricorde perpétuelle et de vie éternelle. 174:5.8 « Mais je déclare aussi bien aux Juifs qu’aux Gentils, que l’heure est bientôt venue où le Fils de l’Homme va être glorifié. Vous savez bien qu’un grain de blé reste isolé, à moins qu’il ne tombe en terre et ne meure ; mais, s’il meurt dans une bonne terre, il surgit de nouveau à la vie et donne beaucoup de fruits. Quiconque tient égoïstement à sa vie est en danger de la perdre ; mais quiconque est disposé à sacrifier sa vie pour moi et pour l’évangile jouira d’une existence plus riche sur terre, et au ciel il jouira de la vie éternelle. Si vous voulez sincèrement me suivre, même après que je serai retourné auprès du Père, alors vous deviendrez mes disciples et les fidèles serviteurs de vos semblables mortels. 174:5.9 « Je sais que mon heure approche, et je suis troublé. Je perçois que mon peuple est décidé à repousser le royaume, mais je me réjouis de recevoir les Gentils ici présents, qui recherchent la vérité et s’enquièrent des voies de la lumière. J’ai toutefois le cœur serré en pensant à mon peuple, et mon âme est bouleversée par ce qui va m’arriver incessamment. Que dirai-je tandis que je contemple les jours qui viennent et que je discerne le sort qui m’attend ? Dirai-je : Père, épargne-moi cette heure terrifiante ? Non ! car c’est dans cette intention même que je suis venu dans ce monde et y suis resté jusqu’à cette heure. Je dirai plutôt, en priant pour que vous vous joigniez à moi : Père, glorifie ton nom, et que ta volonté soit faite. » 174:5.10 Lorsque Jésus eut ainsi parlé, l’Ajusteur Personnalisé, qui avait habité en lui avant son baptême, apparut devant lui, et Jésus fit une pause que l’assistance remarqua. L’Ajusteur, qui était maintenant un puissant esprit et qui représentait le Père, dit à Jésus de Nazareth : « J’ai déjà maintes fois glorifié mon nom dans tes effusions, et je le glorifierai encore une fois. » 174:5.11 Les Juifs et les Gentils de l’assistance n’entendirent aucune voix, mais ils ne purent éviter de remarquer que Jésus s’était interrompu dans son discours pendant qu’un message lui parvenait de quelque source suprahumaine. Chacun d’eux dit à son voisin : « Un ange lui a parlé. » 174:5.12 Puis Jésus reprit la parole et dit : « Tout ceci n’est pas arrivé par égard pour moi, mais par égard pour vous. Je sais avec certitude que le Père me recevra et acceptera ma mission en votre faveur, mais il est nécessaire que vous soyez encouragés et préparés à la rude épreuve qui est imminente. Laissez-moi vous assurer que la victoire finira par couronner nos efforts conjugués pour éclairer le monde et libérer l’humanité. L’ancien ordre de choses se présente lui-même au jugement. J’ai abattu le Prince de ce monde, et tous les hommes vont devenir libres par la lumière de l’esprit que je répandrai sur toute chair après mon ascension auprès du Père qui est aux cieux. 174:5.13 « Et maintenant, je vous déclare que, si je suis élevé sur terre et dans votre vie, j’attirerai tous les hommes à moi et dans la communauté de mon Père. Vous avez cru que le Libérateur demeurerait perpétuellement sur terre, mais je vous dis que le Fils de l’Homme va être rejeté par les hommes et qu’il retournera auprès du Père. Je ne demeurerai plus bien longtemps avec vous ; la lumière vivante ne restera plus qu’un peu de temps auprès de cette génération enténébrée. Marchez pendant que vous avez cette lumière, afin que les ténèbres et la confusion imminentes ne vous surprennent pas. Celui qui marche dans les ténèbres ne sait où il va ; mais, si vous choisissez de marcher dans la lumière, vous deviendrez tous, en vérité, des fils de Dieu affranchis. Et, maintenant, accompagnez-moi tous au temple où je vais retourner pour dire mes paroles d’adieu aux chefs des prêtres, aux scribes, aux pharisiens, aux sadducéens, aux hérodiens et aux dirigeants enténébrés d’Israël. » 174:5.14 Après avoir ainsi parlé, Jésus marcha en tête du groupe et reprit le chemin du temple par les rues étroites de Jérusalem. Ses auditeurs venaient d’entendre le Maitre dire que ce serait son discours d’adieu dans le temple, et ils le suivirent silencieusement en méditant profondément. FASCICULE 175. Le dernier discours au temple 175:0.1 Ce mardi après-midi, un peu après deux heures, Jésus arriva au temple en compagnie de onze apôtres, de Joseph d’Arimathie, des trente Grecs et de quelques autres disciples, et commença à prononcer son dernier discours dans les cours de l’édifice sacré. Ce discours constituait son ultime appel au peuple juif et l’accusation finale contre les véhéments ennemis qui cherchaient à l’anéantir – scribes, pharisiens, sadducéens et principaux dirigeants d’Israël. Durant la matinée, leurs divers groupes avaient eu l’occasion d’interroger Jésus ; durant cet après-midi, nul ne lui posa de question. 175:0.2 Quand le Maitre commença à parler, la cour du temple était paisible et ordonnée. Les changeurs et les marchands n’avaient pas osé revenir dans le temple depuis que Jésus et la foule excitée les en avaient chassés la veille. Avant de prendre la parole, Jésus regarda avec tendresse son auditoire qui allait bientôt entendre son allocution d’adieux publics exprimant sa miséricorde envers l’humanité, en même temps que sa dernière dénonciation des faux éducateurs et des dirigeants juifs sectaires. 1. Le discours 175:1.1 « J’ai été longtemps avec vous, parcourant le pays en long et en large, et proclamant l’amour du Père pour les enfants des hommes. Nombreux sont ceux qui ont vu la lumière et qui sont entrés, par la foi, dans le royaume des cieux. En liaison avec cet enseignement et ces sermons, le Père a accompli bien des œuvres merveilleuses, allant jusqu’à ressusciter des morts. Beaucoup de malades et d’affligés ont été guéris parce qu’ils croyaient. Mais toutes ces proclamations de la vérité et ces guérisons de maladies n’ont pas ouvert les yeux de ceux qui refusent de voir la lumière, de ceux qui ont résolu de rejeter cet évangile du royaume. 175:1.2 « De toutes les manières compatibles avec l’accomplissement de la volonté de mon Père, mes apôtres et moi, nous avons fait l’impossible pour vivre en paix avec nos frères, pour nous conformer aux exigences raisonnables des lois de Moïse et des traditions d’Israël. Nous avons constamment cherché la paix, mais les dirigeants d’Israël n’en veulent pas. En rejetant la vérité de Dieu et la lumière du ciel, ils se rangent du côté de l’erreur et des ténèbres. Il ne peut y avoir de paix entre la lumière et les ténèbres, entre la vie et la mort, entre la vérité et l’erreur. 175:1.3 « Nombre d’entre vous ont osé croire à mes enseignements et sont déjà entrés dans la joie et la liberté de la conscience de leur filiation avec Dieu. Vous m’êtes témoins que j’ai offert cette filiation avec Dieu à toute la nation juive, même à ceux qui cherchent maintenant à me détruire. Mon Père recevrait encore maintenant ces éducateurs aveuglés et ces chefs hypocrites, si seulement ils voulaient se tourner vers lui et accepter sa miséricorde. Encore maintenant, il n’est pas trop tard pour que ce peuple reçoive la parole du ciel et accueille favorablement le Fils de l’Homme. 175:1.4 « Mon Père a longtemps traité ce peuple avec miséricorde. Génération après génération, nous avons envoyé nos prophètes pour l’enseigner et l’avertir et, génération après génération, ils ont tué ces instructeurs venant du ciel. Et, maintenant, vos grands-prêtres obstinés et vos dirigeants entêtés continuent à faire exactement la même chose. De même qu’Hérode a provoqué la mort de Jean le Baptiste, vous vous préparez maintenant à tuer le Fils de l’Homme. 175:1.5 « Tant qu’il y a une chance pour que les Juifs se tournent vers mon Père et cherchent le salut, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob gardera sa main miséricordieuse tendue vers vous ; mais, une fois que vous aurez rempli votre coupe d’impénitence et une fois que vous aurez définitivement rejeté la miséricorde de mon Père, cette nation sera abandonnée à elle-même et vouée rapidement à une fin peu glorieuse. Ce peuple était appelé à devenir la lumière du monde, à proclamer la gloire spirituelle d’une race connaissant Dieu, mais vous vous êtes tellement écartés de l’accomplissement de vos divins privilèges que vos chefs vont commettre la suprême folie de tous les âges, en ce sens qu’ils sont sur le point de rejeter définitivement le don de Dieu à tous les hommes et pour tous les âges – la révélation de l’amour du Père qui est aux cieux pour toutes ses créatures terrestres. 175:1.6 « Et, une fois que vous aurez rejeté cette révélation de Dieu aux hommes, le royaume des cieux sera donné à d’autres peuples, à ceux qui le recevront avec joie et bonheur. Au nom du Père qui m’a envoyé, je vous avertis solennellement que vous êtes sur le point de perdre votre position dans le monde en tant que porte-drapeau de la vérité éternelle et gardiens de la loi divine. Je vous offre maintenant votre dernière chance de vous avancer et de vous repentir, pour signifier votre intention de rechercher Dieu de tout votre cœur et d’entrer, comme des petits enfants et par une foi sincère, dans la sécurité et le salut du royaume des cieux. 175:1.7 « Mon Père a longtemps œuvré pour votre salut, et je suis descendu pour vivre parmi vous pour vous montrer personnellement la voie. Beaucoup de Juifs, de Samaritains, et même de Gentils, ont cru à l’évangile du royaume ; mais ceux qui auraient dû être les premiers à s’avancer pour accepter la lumière du ciel ont obstinément refusé de croire à la révélation de la vérité de Dieu – Dieu révélé dans l’homme et l’homme élevé à Dieu. 175:1.8 « Cet après-midi, mes apôtres se tiennent devant vous en silence, mais vous entendrez bientôt leurs voix faire résonner l’appel au salut et l’exhortation à s’unir au royaume céleste en tant que fils du Dieu vivant. Et, maintenant, je prends à témoins mes disciples et les croyants à l’évangile du royaume, ainsi que les messagers invisibles à leurs côtés, que j’ai une fois de plus offert, à Israël et à ses chefs, l’affranchissement et le salut. Mais vous constatez tous à quel point la miséricorde du Père est dédaignée et les messagers de la vérité sont rejetés. Je vous rappelle néanmoins que les scribes et les pharisiens occupent encore le siège de Moïse ; en conséquence, et jusqu’à ce que les Très Hauts qui gouvernent dans les royaumes des hommes aient finalement renversé cette nation et détruit le lieu où sont ses dirigeants, je vous demande de coopérer avec ces anciens d’Israël. Il n’est pas nécessaire que vous participiez à leurs plans pour détruire le Fils de l’Homme, mais, en tout ce qui concerne la paix d’Israël, soumettez-vous à eux. Dans toutes ces questions, faites ce qu’ils vous demandent et observez l’essentiel de la loi, mais n’imitez pas leurs mauvaises actions. Souvenez-vous que le péché de ces dirigeants consiste à dire ce qui est bien et à ne pas le faire. Vous savez bien que ces dirigeants attachent sur vos épaules de lourds fardeaux, des fardeaux pénibles à porter, et qu’ils ne lèvent pas même le petit doigt pour vous aider à les porter. Ils vous ont opprimés par des cérémonies et rendus esclaves par des traditions. 175:1.9 « En outre, ces dirigeants égocentriques prennent plaisir à faire leurs bonnes œuvres de manière à être vus par les hommes. Ils agrandissent leurs phylactères et élargissent la bordure de leurs vêtements officiels. Ils recherchent les places d’honneur aux festins et exigent les sièges d’honneur dans les synagogues. Ils convoitent des salutations élogieuses sur les places de marché et désirent que tous les hommes les appellent rabbi. Et, pendant qu’ils cherchent à être ainsi honorés par les hommes, ils s’emparent à la dérobée des maisons des veuves et tirent profit des offices du temple sacré. Ces hypocrites font le simulacre de prier longtemps en public et de donner des aumônes pour attirer l’attention de leurs concitoyens. 175:1.10 « Il faut honorer vos chefs et révérer vos éducateurs, mais vous ne devriez donner à aucun homme le nom de Père au sens spirituel, car un seul est votre Père et c’est Dieu. Ne cherchez pas non plus à régenter vos frères dans le royaume. Souvenez-vous de ce que je vous ai enseigné : celui qui veut être le plus grand parmi vous doit se faire le serviteur de tous. Si vous prétendez vous élever devant Dieu, vous serez certainement abaissés, mais celui qui s’humilie sincèrement sera sûrement élevé. Dans votre vie quotidienne, ne cherchez pas votre propre glorification, mais la gloire de Dieu. Subordonnez intelligemment votre volonté à celle du Père qui est aux cieux. 175:1.11 « Ne vous méprenez pas sur mes paroles. Je n’ai pas de rancune contre les chefs des prêtres et les dirigeants qui, en ce moment même, cherchent à me détruire ; je n’en veux pas aux scribes et aux pharisiens qui rejettent mes enseignements. Je sais que beaucoup d’entre vous croient en secret, et confesseront ouvertement leur allégeance au royaume quand mon heure sera venue. Mais comment vos rabbins se justifieront-ils, puisqu’ils prétendent parler avec Dieu, et qu’ensuite ils osent rejeter et tuer celui qui vient révéler le Père aux mondes ? 175:1.12 « Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! Vous voudriez fermer les portes du royaume des cieux aux hommes sincères qui se trouvent dans l’ignorance au sens de votre enseignement. Vous refusez d’entrer dans le royaume et, en même temps, vous faites tout votre possible pour empêcher les autres d’y entrer. Vous vous tenez le dos tourné aux portes du salut, et luttez contre tous ceux qui voudraient les franchir. 175:1.13 « Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites que vous êtes ! Car, en vérité, vous parcourez la terre et la mer pour faire un prosélyte et, quand vous avez réussi, vous n’êtes pas satisfaits avant de l’avoir rendu deux fois pire qu’il n’était comme enfant de païens. 175:1.14 « Malheur à vous, chefs des prêtres et dirigeants, qui vous emparez des biens des pauvres et qui exigez de lourds impôts de ceux qui voudraient servir Dieu comme ils croient que Moïse l’a ordonné ! Vous, qui refusez de montrer de la miséricorde, comment pouvez-vous en espérer dans les mondes à venir ? 175:1.15 « Malheur à vous, faux éducateurs et guides aveugles ! Que peut-on attendre d’une nation quand l’aveugle conduit l’aveugle ? Ils tomberont tous deux dans le puits de la destruction. 175:1.16 « Malheur à vous, qui dissimulez quand vous prêtez serment ! Vous êtes des tricheurs, car vous enseignez qu’un homme peut jurer par le temple et violer son serment, mais que quiconque a juré par l’or du temple doit rester lié à son serment. Vous êtes tous stupides et aveugles ; vous n’êtes même pas logiques dans votre malhonnêteté, car lequel est le plus grand, l’or, ou le temple qui est censé avoir sanctifié l’or ? Vous enseignez aussi que, si un homme jure par l’autel, cela ne signifie rien, mais que, s’il jure par le don qui est sur l’autel, alors il sera tenu pour débiteur. Là encore, vous êtes aveugles à la vérité, car lequel est le plus grand, le don, ou l’autel qui a sanctifié le don ? Comment pouvez-vous justifier une telle hypocrisie et malhonnêteté devant le Dieu du ciel ? 175:1.17 « Malheur à vous, scribes, pharisiens et tous les autres hypocrites, qui veillez à la dime de la menthe, de l’anis et du cumin, et qui négligez en même temps les affaires plus importantes de la loi – la foi, la miséricorde et le jugement ! Vous avez raison de faire les premières choses, mais vous n’auriez pas dû laisser les secondes inaccomplies. Vous êtes vraiment des guides aveugles et des éducateurs stupides. Vous filtrez les moucherons et vous avalez les chameaux. 175:1.18 « Malheur à vous, scribes, pharisiens et hypocrites, car vous nettoyez scrupuleusement l’extérieur de la coupe et du plat, mais vous laissez à l’intérieur les immondices de l’extorsion, des excès et des tromperies. Vous êtes spirituellement aveugles. Ne reconnaissez-vous pas combien il serait meilleur de nettoyer d’abord l’intérieur de la coupe, et, alors, ce qui en déborde nettoierait automatiquement l’extérieur ? Méchants dépravés, vous accomplissez les actes extérieurs de votre religion pour vous conformer littéralement à votre interprétation de la loi de Moïse, tandis que vos âmes croupissent dans l’iniquité et sont pleines d’intentions meurtrières. 175:1.19 « Malheur à vous tous, qui rejetez la vérité et repoussez la miséricorde ! Beaucoup d’entre vous ressemblent à des sépulcres blanchis dont l’extérieur apparait magnifique, mais dont l’intérieur est plein d’ossements humains et de toutes sortes d’impuretés. C’est ainsi que vous, qui rejetez sciemment les conseils de Dieu, vous apparaissez extérieurement aux hommes comme saints et justes, mais, à l’intérieur, votre cœur est rempli d’iniquité et d’hypocrisie. 175:1.20 « Malheur à vous, faux guides d’une nation ! Vous avez érigé là-bas un monument aux prophètes martyrisés de jadis, tandis que vous complotez de détruire Celui dont ils parlaient. Vous ornez les tombeaux des justes, et vous vous flattez que, si vous aviez vécu au temps de vos pères, vous n’auriez pas tué les prophètes ; et ensuite, tout en professant cette idée pharisaïque, vous vous préparez à assassiner celui dont les prophètes ont parlé, le Fils de l’Homme. Dans la mesure où vous faites ces choses, vous témoignez contre vous-mêmes que vous êtes les fils pervers de ceux qui ont tué les prophètes. Continuez donc, et remplissez jusqu’au bord la coupe de votre condamnation. 175:1.21 « Malheur à vous, enfants du mal ! C’est à juste titre que Jean vous a appelés race de vipères, et je vous demande comment vous pourrez échapper au jugement que Jean a prononcé contre vous ? 175:1.22 « Mais, maintenant encore, au nom de mon Père, je vous offre miséricorde et pardon. Maintenant encore, je vous tends la main amicale de la fraternité éternelle. Mon Père vous a envoyé les sages et les prophètes ; vous avez persécuté les uns et tué les autres. Alors, Jean est apparu, proclamant la venue du Fils de l’Homme, et vous l’avez tué après qu’un grand nombre ont cru à son enseignement. Maintenant, vous vous préparez à verser encore du sang innocent. Ne comprenez-vous pas qu’un terrible jour de règlement de comptes viendra quand le Juge de toute la terre exigera de ce peuple des explications sur la manière dont ils ont rejeté, persécuté et tué ces messagers du ciel ? Ne comprenez-vous pas qu’il vous faudra rendre compte de tout ce sang des justes, depuis le premier prophète tué jusqu’à l’époque de Zacharie, qui fut assassiné entre le sanctuaire et l’autel ? Si vous persévérez dans vos mauvaises voies, cette reddition de comptes pourra même être exigée de la présente génération. 175:1.23 « Ô Jérusalem et enfants d’Abraham, vous qui avez lapidé les prophètes et tué les instructeurs qui vous furent envoyés, maintenant encore je voudrais rassembler vos enfants comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, mais vous ne le voulez pas ! 175:1.24 « Et, maintenant, je prends congé de vous. Vous avez entendu mon message et pris votre décision. Ceux qui ont cru à mon évangile sont déjà en sûreté dans le royaume de Dieu. À vous, qui avez choisi de rejeter le don de Dieu, je dis que vous ne me verrez plus enseigner dans le temple. Mon œuvre en votre faveur est achevée. Voici, je sors maintenant avec mes enfants, et votre maison vous est laissée dans la désolation. » 175:1.25 Et le Maitre fit alors signe à ses disciples de quitter le temple. 2. Le statut individuel des Juifs 175:2.1 Le fait que les dirigeants spirituels et les éducateurs religieux de la nation juive rejetèrent jadis les enseignements de Jésus, et conspirèrent pour provoquer sa mort cruelle, n’affecte en rien le statut individuel d’un Juif dans sa position vis-à-vis de Dieu. Ces évènements ne devraient pas inciter ceux qui se disent disciples du Christ à entretenir des préjugés contre les Juifs en tant que compagnons mortels. Les Juifs, en tant que nation et que groupe sociopolitique, ont payé à plein le prix terrible d’avoir rejeté le Prince de la Paix. Il y a longtemps qu’ils ont cessé d’être les porte-flambeaux spirituels de la vérité divine auprès des races de l’humanité. Mais cela ne constitue pas une raison valable pour faire subir, aux descendants individuels de ces Juifs de jadis, les persécutions que leur ont infligées certains prétendus disciples intolérants, indignes et sectaires de Jésus de Nazareth, qui était lui-même un Juif de naissance. 175:2.2 Cette haine et ces persécutions irréfléchies et contraires au modèle christique contre les Juifs contemporains se sont maintes fois terminées par les souffrances et la mort d’un Juif innocent et inoffensif dont les ancêtres, à l’époque de Jésus, avaient sincèrement accepté l’évangile puis moururent stoïquement pour la vérité à laquelle ils croyaient de tout leur cœur. Un frisson d’horreur passe sur les êtres célestes quand ils observent les prétendus disciples de Jésus prendre plaisir à persécuter, harceler et même assassiner les descendants actuels de Pierre, de Philippe, de Matthieu et d’autres Juifs palestiniens qui donnèrent si glorieusement leur vie en tant que premiers martyrs de l’évangile du royaume des cieux. 175:2.3 Combien il est cruel et stupide de faire souffrir des enfants innocents pour les péchés de leurs ancêtres, méfaits qu’ils ignorent entièrement et dont ils ne peuvent aucunement être responsables ! Et l’on accomplit ces mauvaises actions au nom de celui qui enseigna à ses disciples d’aimer même leurs ennemis ! Dans le présent récit de la vie de Jésus, il était nécessaire de décrire la manière dont certains de ses compatriotes juifs le rejetèrent et conspirèrent pour provoquer sa mort infamante. Mais nous avertissons tous les lecteurs de la présente narration que la présentation de ce récit historique ne justifie en aucune manière la haine injuste et l’attitude mentale inéquitable que tant de prétendus chrétiens ont maintenues au cours des siècles contre des individus Juifs. Il faut que les croyants au royaume, ceux qui suivent les enseignements de Jésus, cessent de maltraiter le Juif en tant qu’individu, en le considérant comme coupable du rejet et de la crucifixion de Jésus. Le Père et son Fils Créateur n’ont jamais cessé d’aimer les Juifs. Dieu ne fait pas acception de personnes, et le salut est destiné aux Juifs aussi bien qu’aux Gentils. 3. La réunion décisive du sanhédrin 175:3.1 La réunion décisive du sanhédrin fut convoquée pour ce mardi soir à huit heures. En maintes occasions antérieures, cette cour suprême de la nation juive avait officieusement condamné Jésus à mort. Ce corps auguste de gouvernants avait maintes fois résolu de mettre fin à l’œuvre du Maitre, mais jamais auparavant il n’avait décidé de l’arrêter et de le faire mourir à n’importe quel prix. C’est un peu avant minuit, ce mardi 4 avril de l’an 30, que le sanhédrin, tel qu’il était alors constitué, vota officiellement et à l’unanimité d’infliger la peine de mort aussi bien à Jésus qu’à Lazare. Telle fut la réponse à l’ultime appel du Maitre aux dirigeants juifs, appel qu’il avait lancé dans le temple seulement quelques heures auparavant. Cette réponse représentait leur réaction d’amère rancune envers Jésus pour sa dernière et vigoureuse accusation contre les chefs religieux et contre les pharisiens et sadducéens impénitents. La condamnation à mort du Fils de Dieu (même avant son jugement) fut la réplique du sanhédrin à l’ultime offre de miséricorde céleste, offre étendue à la nation juive en tant que telle. 175:3.2 À partir de ce moment-là, les Juifs furent laissés à eux-mêmes durant la courte période de vie nationale qui leur restait à vivre, et qu’ils terminèrent en conformité complète avec leur statut purement humain parmi les nations d’Urantia. Israël avait répudié le Fils du Dieu qui avait fait une alliance avec Abraham. Le plan destiné à faire des enfants d’Abraham les porte-flambeaux de la vérité dans le monde avait été ruiné. L’alliance divine avait été abrogée, et la fin de la nation hébraïque approchait rapidement. 175:3.3 Les agents du sanhédrin reçurent mandat d’arrêter Jésus le lendemain matin de bonne heure, mais avec ordre de ne pas s’emparer de lui en public. Ils devaient s’arranger pour l’arrêter en secret, de préférence à l’improviste et de nuit. Comprenant qu’il pouvait ne pas revenir enseigner au temple ce jour-là (mercredi), les dirigeants ordonnèrent aux agents du sanhédrin « d’amener Jésus devant la haute cour juive, jeudi, un peu avant minuit ». 4. La situation à Jérusalem 175:4.1 À la fin du dernier discours de Jésus, les apôtres furent laissés une fois de plus dans le désarroi et la consternation. Judas était revenu au temple avant que le Maitre ne commençât son terrible réquisitoire contre les dirigeants juifs, de sorte que les douze apôtres entendirent tous la seconde moitié du dernier discours de Jésus au temple. Il est malheureux que Judas Iscariot n’ait pu entendre la première partie empreinte de miséricorde de ce discours d’adieu. Il n’entendit pas cette dernière offre de miséricorde aux dirigeants juifs parce qu’il était encore en conférence avec un groupe de parents et d’amis sadducéens avec lequel il avait déjeuné et avec lequel il examinait la manière la plus convenable de se dissocier de Jésus et de ses collègues apôtres. Ce fut en écoutant l’accusation finale des chefs et des dirigeants juifs par le Maitre que Judas prit sa décision pleine et entière d’abandonner le mouvement évangélique et de se laver les mains de toute l’entreprise. Néanmoins, il quitta le temple en compagnie des douze et se rendit avec eux au mont Olivet, où, avec ses compagnons apôtres, il écouta le discours fatidique sur la destruction de Jérusalem et la fin de la nation juive. Durant la nuit du mardi, Judas resta avec eux au nouveau camp proche de Gethsémani. 175:4.2 La multitude qui entendit Jésus lancer son appel miséricordieux aux dirigeants juifs puis passer soudain à des reproches cinglants, frisant une accusation impitoyable, fut abasourdie et déconcertée. Ce soir-là, tandis que le sanhédrin prononçait la peine de mort contre Jésus et que le Maitre, assis avec ses apôtres et certains disciples sur le mont des Oliviers, prédisait la mort de la nation juive, tout Jérusalem s’était lancé dans la discussion sérieuse et discrète d’une seule et unique question : « Que vont-ils faire de Jésus ? » 175:4.3 Chez Nicodème, plus de trente notables juifs qui croyaient secrètement au royaume se réunirent et discutèrent de la ligne de conduite à suivre en cas de rupture ouverte avec le sanhédrin. Tous les assistants furent d’accord pour reconnaitre publiquement leur allégeance au Maitre dès qu’ils recevraient la nouvelle de son arrestation. Et ce fut exactement ce qu’ils firent. 175:4.4 Les sadducéens, qui contrôlaient et dominaient maintenant le sanhédrin, étaient désireux de se débarrasser de Jésus pour les raisons suivantes : 175:4.5 1. Ils craignaient que la faveur populaire croissante accordée par la multitude à Jésus ne mette en danger l’existence de la nation juive par un conflit possible avec les autorités romaines. 175:4.6 2. Le zèle de Jésus pour la réforme du temple réduisait directement leurs revenus ; l’épuration du temple affectait leur bourse. 175:4.7 3. Ils se sentaient responsables de la préservation de l’ordre et craignaient les conséquences d’une ultérieure expansion de la nouvelle et étrange doctrine de Jésus sur la fraternité des hommes. 175:4.8 Les pharisiens avaient des motifs différents pour désirer que Jésus soit mis à mort. Ils le craignaient pour les raisons suivantes : 175:4.9 1. Il s’était dressé dans une opposition efficace à leur emprise traditionnelle sur le peuple. Les pharisiens étaient ultraconservateurs, et ils éprouvaient un violent ressentiment contre ces attaques, supposées fondamentales, contre leur prestige d’éducateurs religieux acquis de longue date. 175:4.10 2. Ils soutenaient que Jésus violait la Loi, qu’il avait montré un mépris total pour le sabbat et pour de nombreuses autres exigences cérémonielles et légales. 175:4.11 3. Ils l’accusaient de blasphème parce qu’il faisait allusion à Dieu comme étant son Père. 175:4.12 4. Et, maintenant, ils étaient foncièrement irrités contre lui à cause de la dernière partie du sermon d’adieu qu’il avait prononcé ce jour même dans le temple, et où il les accusait violemment. 175:4.13 Le sanhédrin leva la séance ce mardi-là vers minuit, après avoir officiellement décrété la mort de Jésus, donné des ordres pour son arrestation, et convenu de se réunir le lendemain matin, à dix heures, chez le grand-prêtre Caïphe pour formuler les accusations qui permettraient d’inculper Jésus. 175:4.14 Un petit groupe de sadducéens avait été jusqu’à proposer de se débarrasser de Jésus en l’assassinant, mais les pharisiens désapprouvèrent formellement ce procédé. 175:4.15 Telle était la situation à Jérusalem et parmi les hommes lors de ce jour mouvementé, tandis que planait, au-dessus de cette mémorable scène terrestre, une vaste assemblée d’êtres célestes désireuse de faire quelque chose pour aider son souverain bien-aimé, mais impuissante à agir, parce qu’elle en était effectivement empêchée par les supérieurs qui la commandaient. FASCICULE 176. Le mardi soir sur le mont Olivet 176:0.1 Ce mardi après-midi, tandis que Jésus et les apôtres sortaient du temple pour aller au camp de Gethsémani, Matthieu attira l’attention sur la structure du temple en disant : « Maitre, observe la qualité de ces bâtiments. Regarde leurs pierres massives et leur magnifique ornementation. Est-il possible qu’un jour ces édifices soient détruits ? ». Alors qu’ils poursuivaient leur chemin vers Olivet, Jésus dit : « Vous voyez ces pierres et ce temple massif. En vérité, en vérité, je vous dis que les jours viennent bientôt où il n’en sera pas laissé pierre sur pierre. Elles seront toutes jetées bas. » Ces remarques décrivant la destruction du temple sacré éveillèrent la curiosité des apôtres qui marchaient derrière le Maitre. À part la fin du monde, ils ne pouvaient concevoir aucun évènement qui occasionnerait la destruction du temple. 176:0.2 Pour éviter les foules qui longeaient la vallée du Cédron vers Gethsémani, Jésus et ses associés avaient l’intention de remonter sur une petite distance le versant occidental d’Olivet, puis de suivre une piste conduisant à leur camp privé situé près de Gethsémani, un peu au-dessus des terrains publics de campement. En bifurquant pour quitter la route allant à Béthanie, ils contemplèrent le temple, glorifié par les rayons du soleil couchant. Au cours de leur halte sur le mont, ils virent s’allumer les lumières de la ville et contemplèrent la beauté du temple illuminé. Jésus et les douze s’assirent là, sous la douce lumière de la pleine lune. Le Maitre s’entretint avec eux, et Nathanael posa bientôt la question suivante : « Maitre, dis-nous comment nous saurons que ces évènements sont sur le point d’arriver ? » 1. La destruction de Jérusalem 176:1.1 En réponse à la question de Nathanael, Jésus dit : « Oui, je vais vous parler de l’époque où ce peuple aura rempli la coupe de son iniquité, et où la justice s’abattra rapidement sur cette ville de nos ancêtres. Je suis sur le point de vous quitter ; je vais auprès du Père. Après mon départ, prenez garde que personne ne vous trompe, car plusieurs se présenteront comme libérateurs et induiront beaucoup de gens en erreur. Quand vous entendrez parler de guerres et de bruits de guerres, ne soyez pas troublés, car toutes ces choses arriveront, mais la fin de Jérusalem ne sera pas encore imminente. Ne soyez pas angoissés par des famines ou des tremblements de terre, ni préoccupés quand vous serez livrés aux autorités civiles et persécutés à cause de l’évangile. Vous serez expulsés de la synagogue et mis en prison à cause de moi, et certains d’entre vous seront tués. Quand vous serez traduits devant des gouverneurs et des chefs, ce sera pour donner le témoignage de votre foi et pour montrer votre fermeté dans l’évangile du royaume. Quand vous comparaitrez devant des juges, ne vous inquiétez pas d’avance de ce qu’il faut dire, car l’esprit vous enseignera à l’instant même la réponse à faire à vos adversaires. En ces jours de douleur, les personnes de votre propre famille, sous le commandement de ceux qui ont rejeté le Fils de l’Homme, vous livreront à la prison et à la mort. Pendant un temps, il se peut que vous soyez haïs de toute l’humanité à cause de moi, mais, même au cours de ces persécutions, je ne vous abandonnerai pas ; mon esprit ne vous désertera pas. Soyez patients. Ne mettez pas en doute que l’évangile du royaume triomphera de tous ses ennemis et sera finalement proclamé à toutes les nations. » 176:1.2 Jésus s’interrompit et abaissa son regard sur la ville. Le Maitre se rendait compte que le rejet du concept spirituel du Messie, la résolution de s’attacher obstinément et aveuglément à la mission matérielle du libérateur attendu, amènerait bientôt un conflit direct entre les Juifs et les puissantes armées romaines, et que cette lutte se terminerait inévitablement par la défaite finale et complète de la nation juive. Quand le peuple de Jésus rejeta son effusion spirituelle et refusa de recevoir la lumière céleste, qui brillait si miséricordieusement sur lui, il scella sa ruine en tant que peuple indépendant chargé d’une mission spirituelle spéciale sur terre. Les dirigeants juifs eux-mêmes reconnurent ultérieurement que cette idée laïque du Messie était directement responsable de l’agitation qui provoqua finalement leur anéantissement. 176:1.3 Puisque Jérusalem devait être le berceau du mouvement évangélique primitif, Jésus ne voulait pas que ses instructeurs et prédicateurs périssent dans la terrible ruine du peuple juif liée à la destruction de Jérusalem, et c’est pourquoi il donna ces instructions à ses partisans. Jésus craignait beaucoup que certains de ses disciples ne soient impliqués dans les révoltes prochaines et ne périssent ainsi dans la chute de Jérusalem. 176:1.4 André demanda alors : « Mais, Maitre, si la ville sainte et le temple doivent être détruits, et si tu n’es pas là pour nous diriger, quand devrons-nous abandonner Jérusalem ? » Jésus dit : « Vous pouvez rester dans la ville après mon départ, et même durant ces temps de douleurs et d’amères persécutions, mais, quand vous verrez finalement Jérusalem encerclée par les armées romaines après la révolte des faux prophètes, vous saurez que sa désolation est proche ; alors, il vous faudra fuir dans les montagnes. Que nul habitant de la ville et des faubourgs ne s’attarde pour sauver quoi que ce soit. Ne laissez pas non plus ceux qui habitent à l’extérieur avoir l’audace de pénétrer dans la ville. Il y aura de grandes tribulations, car ce seront les jours de vengeance des Gentils. Après que vous aurez abandonné la ville, cette population désobéissante sera passée au fil de l’épée ou envoyée captive chez toutes les nations, et ainsi Jérusalem sera foulée aux pieds par les Gentils. Entretemps, je vous en avertis, ne vous laissez pas tromper. Si un homme vient vers vous en disant : ‘Regarde, le Libérateur, il est ici’, ou ‘Regarde, il est là’, ne le croyez pas, car de nombreux faux éducateurs surgiront et en égareront beaucoup. Mais vous ne devriez pas vous laisser tromper, car je vous ai annoncé tout cela d’avance. » 176:1.5 Les apôtres restèrent très longtemps assis en silence, sous la lumière de la lune, tandis que ces étonnantes prédictions du Maitre s’incrustaient dans leur mental désemparé. Ce fut en conformité avec ce même avertissement que la quasi-totalité du groupe des croyants et des disciples s’enfuit de Jérusalem dès la première apparition des troupes romaines et trouva un abri sûr à Pella en direction du nord. 176:1.6 Même après cet avertissement explicite, beaucoup de disciples de Jésus interprétèrent ces prédictions comme se rapportant aux changements qui se produiraient évidemment dans Jérusalem quand la réapparition du Messie aurait pour résultat d’instaurer la Nouvelle Jérusalem et d’agrandir la ville pour qu’elle devienne la capitale du monde. Dans leur mental, ces Juifs étaient déterminés à lier la destruction du temple avec la « fin du monde ». Ils croyaient que la Nouvelle Jérusalem remplirait toute la Palestine ; que la fin du monde serait immédiatement suivie de l’apparition « des nouveaux cieux et de la nouvelle terre ». Il n’est donc pas surprenant que Pierre ait dit : « Maitre, nous savons que toutes choses disparaitront lors de l’apparition des nouveaux cieux et de la nouvelle terre, mais comment connaitrons-nous le moment où tu reviendras pour accomplir tout cela ? » 176:1.7 Quand Jésus entendit cette question, il resta un moment pensif, puis il dit : « Vous vous trompez constamment parce que vous essayez toujours de rattacher le nouvel enseignement à l’ancien. Vous êtes décidés à comprendre de travers tout ce que je vous apprends. Vous persistez à interpréter l’évangile conformément à vos croyances établies. Néanmoins, je vais essayer de vous éclairer. » 2. La seconde venue du Maitre 176:2.1 En plusieurs occasions, Jésus avait formulé des affirmations qui amenèrent ses auditeurs à conclure qu’il avait l’intention de quitter prochainement ce monde, mais qu’il reviendrait très certainement pour parachever l’œuvre du royaume céleste. À mesure que ses disciples étaient plus convaincus que Jésus allait les quitter, et après son départ de ce monde, il était bien naturel que tous les croyants se cramponnent à ces promesses de retour. La doctrine de la seconde venue du Christ fut donc incorporée de bonne heure dans les enseignements chrétiens ; presque toutes les générations ultérieures de disciples ont pieusement cru à cette vérité et espéré avec confiance que Jésus reviendrait un jour. 176:2.2 Puisque ces premiers disciples et apôtres devaient être séparés de leur Maitre et Éducateur, ils s’attachèrent d’autant plus à cette promesse de retour et ne tardèrent pas à associer la destruction prédite de Jérusalem à cette seconde venue promise. Ils persistèrent à interpréter ainsi ses paroles, bien que le Maitre, durant toute cette soirée d’instruction sur le mont Olivet, se fût spécialement appliqué à prévenir précisément cette faute. 176:2.3 Continuant à répondre à la question de Pierre, Jésus dit : « Pourquoi supposez-vous encore que le Fils de l’Homme va siéger sur le trône de David, et espérez-vous que les rêves matériels des Juifs s’accompliront ? Ne vous ai-je pas dit, au cours de toutes ces années, que mon royaume n’est pas de ce monde ? L’état de choses que vous considérez maintenant avec mépris arrive à sa fin, mais cette fin constituera un nouveau commencement, à partir duquel l’évangile du royaume se répandra dans le monde entier et le salut sera étendu à tous les peuples. Quand le royaume sera parvenu à sa pleine maturité, soyez assurés que le Père qui est aux cieux ne manquera pas de vous apporter une révélation élargie de la vérité et une démonstration accrue de la droiture. Il a déjà effusé sur ce monde celui qui est devenu le prince des ténèbres, puis Adam, suivi de Melchizédek et, présentement, le Fils de l’Homme. C’est ainsi que mon Père continuera à manifester sa miséricorde et à exprimer son amour, même à ce monde obscur et mauvais. Après que le Père m’aura investi de tout pouvoir et de toute autorité, moi aussi, je continuerai à suivre votre sort et à vous guider dans les affaires du royaume par la présence de mon esprit qui sera bientôt répandu sur toute chair. Non seulement je serai ainsi présent auprès de vous en esprit, mais aussi je promets que je reviendrai un jour sur ce monde, où j’ai vécu ma vie dans la chair et accompli la double expérience simultanée de révéler Dieu aux hommes et de conduire les hommes à Dieu. Il faut que je vous quitte très prochainement et que je reprenne le travail que le Père m’a confié, mais ayez bon courage, car je reviendrai un jour. Entretemps, mon Esprit de la Vérité d’un univers vous consolera et vous guidera. 176:2.4 « Vous me voyez maintenant faible et dans la chair, mais, quand je reviendrai, ce sera avec puissance et en esprit. Les yeux de la chair voient le Fils de l’Homme dans la chair, mais seul l’œil de l’esprit verra le Fils de l’Homme glorifié par le Père et apparaissant sur terre en son propre nom. 176:2.5 « Toutefois, l’époque de la réapparition du Fils de l’Homme n’est connue que dans les conseils du Paradis. Les anges du ciel eux-mêmes ne savent pas quand elle aura lieu. Cependant, vous devriez comprendre ceci : quand l’évangile du royaume aura été proclamé dans le monde entier pour le salut de tous les peuples, et quand l’âge aura atteint sa plénitude, le Père vous enverra une autre effusion dispensationnelle, ou bien, alors, le Fils de l’Homme reviendra pour adjuger l’âge. 176:2.6 « En ce qui concerne le sort douloureux de Jérusalem, dont je vous ai parlé, cette génération ne passera pas sans que mes paroles n’aient été accomplies. Mais, en ce qui concerne l’époque du retour du Fils de l’homme, nul dans le ciel ou sur terre ne peut prétendre en parler. Par contre, vous devriez faire preuve de sagesse concernant la maturation d’un âge et discerner avec promptitude les signes des temps. Quand le figuier montre ses branches tendres et fait sortir ses feuilles, vous savez que l’été est proche. De même, quand le monde aura passé par le long hiver de la mentalité matérialiste et que vous discernerez la venue du printemps spirituel d’une nouvelle dispensation, vous devriez savoir que l’été d’une nouvelle visitation approche. 176:2.7 « Mais que signifie cet enseignement sur la venue des Fils de Dieu ? Chacun de vous sera appelé un jour à abandonner les luttes de la vie et à passer par les portes de la mort ; ne percevez-vous pas que vous vous trouverez, alors, en présence immédiate du jugement, face à face avec les faits d’une nouvelle dispensation de service dans le plan éternel du Père infini ? Ce à quoi le monde entier doit faire face, littéralement, comme un fait appartenant à la fin d’un âge, vous, en tant qu’individus, devrez très certainement y faire face aussi en tant qu’expérience personnelle quand vous arriverez à la fin de votre vie terrestre et que le passage dans l’au-delà vous confrontera aux conditions et aux exigences inhérentes à la révélation suivante de la progression éternelle du royaume du Père. » 176:2.8 De tous les discours que le Maitre adressa à ses apôtres, aucun n’engendra chez eux une confusion mentale plus grande que celui-là, prononcé ce mardi soir au mont des Oliviers, sur le double sujet de la destruction de Jérusalem et de la seconde venue de Jésus. En conséquence, les narrations écrites ultérieurement et basées sur le souvenir de ce que le Maitre avait dit en cette occasion extraordinaire ne concordèrent pas beaucoup, c’est pourquoi, quand les récits laissèrent en blanc une grande partie de ce qui fut dit ce mardi soir, cela fit naitre de nombreuses traditions. Tout au début du second siècle, une apocalypse juive au sujet du Messie fut écrite par un certain Selta, attaché à la cour de l’empereur Caligula. Elle fut intégralement insérée dans l’Évangile selon Matthieu et ultérieurement ajoutée (en partie) aux récits de Marc et de Luc. C’est dans ce qu’écrivit Selta qu’apparut la parabole des dix vierges. Aucune partie des écrits évangéliques ne souffrit d’une fausse interprétation plus trompeuse que l’enseignement donné ce soir-là. Mais l’apôtre Jean ne se laissa jamais embrouiller sur ce point. 176:2.9 En reprenant leur marche vers le camp, les treize hommes étaient muets et soumis à une grande tension émotionnelle. Judas s’était définitivement résolu à abandonner ses associés. Il était tard quand David Zébédée, Jean Marc et un certain nombre des principaux disciples accueillirent Jésus et les douze dans le nouveau camp, mais les apôtres n’avaient pas envie de dormir ; ils voulaient en savoir davantage sur la destruction de Jérusalem, le départ du Maitre et la fin du monde. 3. Suite de la discussion au camp 176:3.1 Tandis qu’ils se réunissaient au nombre d’une vingtaine autour du feu de camp, Thomas demanda : « Puisque tu dois revenir pour achever l’œuvre du royaume, quel devra être notre attitude pendant que tu seras absent pour t’occuper des affaires du Père ? » Jésus les regarda à la lumière du feu et répondit : 176:3.2 « Même toi, Thomas, tu ne réussis pas à comprendre ce que j’ai dit. Ne vous ai-je pas constamment enseigné que votre lien avec le royaume est spirituel et individuel, qu’il est entièrement une affaire d’expérience personnelle dans l’esprit, en réalisant, par la foi, que vous êtes fils de Dieu ? Que dirai-je de plus ? La chute des nations, l’effondrement des empires, la destruction des Juifs incroyants, la fin d’un âge, ou même la fin du monde, en quoi ces choses concernent-elles celui qui croit à l’évangile et qui a enfoui sa vie dans la sécurité du royaume éternel ? Vous, qui connaissez Dieu et qui croyez à l’évangile, vous avez déjà reçu les assurances de la vie éternelle. Puisque votre vie a été vécue dans l’esprit et pour le Père, rien ne peut vous inquiéter sérieusement. Les bâtisseurs du royaume, les citoyens accrédités des mondes célestes, ne doivent pas être dérangés par des bouleversements temporels ou perturbés par des cataclysmes terrestres. À vous, qui croyez à cet évangile du royaume, en quoi vous importe-t-il que des nations soient renversées, que l’âge prenne fin, ou que toutes les choses visibles s’effondrent, puisque vous savez que votre vie est le don du Fils, et qu’elle est éternellement en sécurité chez le Père ? Puisque vous avez vécu la vie temporelle par la foi et produit les fruits de l’esprit sous forme de droiture en servant vos semblables avec amour, vous pouvez, avec cette même foi en la survie qui vous a fait traverser sur terre votre première aventure de filiation avec Dieu, envisager avec plaisir et confiance le prochain pas dans la carrière éternelle. 176:3.3 « Chaque génération de croyants devrait poursuivre son travail en prenant en considération le retour possible du Fils de l’Homme, exactement comme chaque croyant poursuit individuellement le travail de sa vie en prenant en considération l’inévitable mort naturelle toujours imminente. Lorsque, par la foi, vous vous êtes établis comme fils de Dieu, rien d’autre n’a d’importance pour la sécurité de la survie. Mais ne vous y trompez pas ! Cette foi, en la survie est une foi vivante manifestant de plus en plus les fruits de cet esprit divin qui l’a inspirée tout d’abord au cœur humain. Le fait que vous ayez autrefois accepté la filiation dans le royaume céleste ne vous sauvera pas si vous rejetez sciemment et obstinément les vérités concernant la fécondité spirituelle progressive des fils de Dieu incarnés. Vous, qui m’avez accompagné dans les affaires terrestres du Père, vous pouvez encore maintenant déserter le royaume si vous constatez que vous n’aimez pas la voie du service du Père pour l’humanité. 176:3.4 « En tant qu’individus et que génération de croyants, laissez-moi vous conter une parabole : Avant de partir pour un long voyage dans un pays étranger, un homme important convoqua ses serviteurs de confiance et remit tous ses biens entre leurs mains. À l’un il donna cinq talents, à un autre deux, à un autre encore un seul talent et ainsi de suite pour tout le groupe de serviteurs estimés. Il confia ses biens aux intéressés selon leurs aptitudes variées, puis il partit pour son voyage. Quand ce seigneur s’en fut allé, ses serviteurs se mirent au travail pour tirer profit des richesses à eux confiées. Celui qui avait reçu cinq talents commença immédiatement à s’en servir pour commercer, et il eut bientôt fait un bénéfice de cinq autres talents. De même, celui qui avait reçu deux talents en eut bientôt gagné deux de plus. Et, ainsi, tous ces serviteurs firent des bénéfices pour leur Maitre, excepté celui qui n’avait reçu qu’un seul talent. Celui-là partit de son côté et creusa dans la terre un trou où il cacha l’argent de son seigneur. Bientôt, le seigneur de ces serviteurs revint à l’improviste et convoqua tous ses régisseurs pour régler les comptes, et, lorsqu’ils furent tous en sa présence, celui qui avait reçu les cinq talents s’avança avec l’argent qui lui avait été confié et apporta cinq talents supplémentaires en disant : ‘Seigneur, tu m’as donné cinq talents à investir, et je suis heureux de t’offrir cinq autres talents que j’ai gagnés.’ Alors, son Maitre lui dit : ‘Bravo, bon et fidèle serviteur, tu as été fidèle dans un domaine restreint, je vais maintenant t’établir régisseur sur beaucoup d’autres. Partage dorénavant la joie de ton Maitre.’ Ensuite, celui qui avait reçu les deux talents s’avança en disant : ‘Seigneur, tu as remis deux talents entre mes mains ; regarde, j’ai gagné ces deux autres talents.’ Et son Maitre lui dit alors : ‘Bravo, bon et fidèle régisseur ; toi aussi, tu as été fidèle dans un domaine restreint et je vais maintenant t’établir sur beaucoup d’autres ; partage la joie de ton Maitre.’ Ensuite, celui qui avait reçu un seul talent vint rendre ses comptes. Ce serviteur s’avança en disant : ‘Seigneur, je te connaissais et j’avais compris que tu es un homme astucieux, en ce sens que tu espérais des bénéfices là où tu n’avais pas personnellement travaillé ; j’ai donc eu peur de risquer quoi que ce soit de ce qui m’avait été confié. J’ai caché ton talent en sécurité dans la terre ; le voici ; tu as maintenant ce qui t’appartient.’ Mais son Maitre répondit : ‘Tu es un régisseur indolent et paresseux. De ta propre bouche, tu confesses avoir su que j’exigerais de toi un règlement avec des bénéfices raisonnables, comme ceux que tes diligents compagnons m’ont restitués aujourd’hui. Sachant cela, tu aurais au moins dû placer mon argent chez les banquiers, afin qu’à mon retour, je puisse recevoir ce qui m’appartient avec des intérêts.’ Puis ce seigneur dit au chef des régisseurs : ‘Enlève cet unique talent des mains de ce serviteur inutile, et donne-le à celui qui a les dix talents.’ 176:3.5 « À quiconque possède, il sera donné davantage, et il possédera abondamment ; mais, à qui n’a rien, on enlèvera même ce qu’il détient. On ne peut rester stagnant dans les affaires du royaume éternel. Mon Père demande à tous ses enfants de croitre en grâce et dans la connaissance de la vérité. Vous, qui connaissez ces vérités, devez produire l’accroissement des fruits de l’esprit et manifester un dévouement croissant au service désintéressé de vos compagnons qui servent avec vous. Souvenez-vous que, dans la mesure où vous servez le plus humble de mes frères, c’est à moi que vous rendez service. 176:3.6 « C’est ainsi que vous devriez vous occuper des affaires du Père, maintenant et désormais, et même éternellement. Persévérez jusqu’à mon retour. Exécutez fidèlement la tâche qui vous est confiée, et vous serez alors prêts pour le règlement de comptes qui accompagne l’appel de la mort. Ayant ainsi vécu pour la gloire du Père et la satisfaction du Fils, vous entrerez avec joie et un plaisir extrême au service éternel du royaume perpétuel. » 176:3.7 La vérité est vivante. L’Esprit de Vérité conduit toujours les enfants de lumière dans de nouveaux domaines de réalité spirituelle et de service divin. La vérité ne vous est pas donnée pour que vous la cristallisiez dans des formes établies, sûres et honorées. Elle se révèle à vous en passant par votre expérience personnelle. Il faut que ce passage la rehausse de manière à dévoiler une nouvelle beauté et de réels gains spirituels à tous ceux qui observent vos fruits spirituels, et que ces spectateurs soient ainsi amenés à glorifier le Père qui est aux cieux. Seuls ces fidèles serviteurs qui croissent dans la connaissance de la vérité, et qui développent ainsi leur capacité d’appréciation divine des réalités spirituelles, peuvent espérer jamais « entrer pleinement dans la joie de leur Seigneur ». Combien il est attristant de voir des générations successives de disciples avoués de Jésus dire au sujet de leur gestion de la vérité divine : « Maitre, voici la vérité que tu nous as confiée il y a cent ans ou mille ans. Nous n’en avons rien perdu ; nous avons fidèlement préservé tout ce que tu nous as donné. Nous n’avons admis aucun changement dans ce que tu nous as enseigné. Nous te restituons la vérité que tu nous as apportée. » Ce prétexte à indolence spirituelle ne justifiera pas aux yeux du Maitre le gestionnaire stérile de la vérité. Le Maitre de la vérité exigera une reddition de comptes conforme à la vérité confiée à vos soins. 176:3.8 Dans le monde suivant, il vous sera demandé de rendre compte de vos dons et de votre gestion dans ce monde-ci. Que vos talents innés soient rares ou nombreux, il faudra faire face à un règlement juste et miséricordieux. Si des serviteurs n’emploient leurs dons que pour des fins égoïstes et n’accordent aucune attention au devoir supérieur d’obtenir une récolte accrue des fruits de l’esprit – tels qu’ils se manifestent dans une expansion constante du service des hommes et de l’adoration de Dieu – ces gestionnaires égoïstes doivent accepter les conséquences de leur choix délibéré. 176:3.9 Combien le serviteur infidèle muni d’un seul talent ressemble à tous les mortels égoïstes quand il reproche directement sa propre paresse à son Maitre. Quand un homme est confronté aux échecs qui proviennent de lui-même, combien il a tendance à les imputer aux autres, et bien souvent à ceux qui en sont le moins responsables ! 176:3.10 Cette nuit-là, au moment où ses auditeurs allaient se reposer, Jésus leur dit : « Vous avez reçu libéralement la vérité du ciel ; vous devriez donc la donner libéralement et, par ce don, cette vérité se multipliera et annoncera la lumière croissante de la grâce qui sauve, dès le moment où vous la dispenserez. » 4. Le retour de Micaël 176:4.1 De tous les enseignements du Maitre, aucune phase n’a été aussi mal comprise que sa promesse de revenir un jour en personne dans ce monde. Il n’est pas surprenant que Micaël fût intéressé à revenir un jour ou l’autre sur la planète où, en tant que mortel du royaume, il a fait l’expérience de sa septième et dernière effusion. Il est tout naturel de croire que Jésus de Nazareth, maintenant chef souverain d’un vaste univers, s’intéresse à revenir non seulement une fois, mais bien des fois, sur le monde où il a vécu une vie si exceptionnelle et finalement gagné pour lui-même le pouvoir et l’autorité universels dont le Père lui a fait le don illimité. Urantia restera éternellement l’une des sept sphères natales de Micaël au cours de sa conquête de la souveraineté sur son univers. 176:4.2 Jésus a déclaré, en maintes occasions et à de nombreuses personnes, son intention de revenir sur ce monde. Tandis que ses disciples s’éveillaient au fait que leur Maitre n’allait pas agir comme libérateur temporel, et qu’ils écoutaient ses prédictions sur la destruction de Jérusalem et l’écroulement de la nation juive, ils commencèrent tout naturellement à établir un lien entre son retour promis et ces évènements catastrophiques. Mais, lorsque les armées romaines nivelèrent les murs de Jérusalem, détruisirent le temple et dispersèrent les Juifs de Judée, et que le Maitre continua à ne pas se révéler en pouvoir et en gloire, ses disciples commencèrent à élaborer la croyance qui finit par associer la seconde venue du Christ à la fin de l’âge, et même à la fin du monde. 176:4.3 Jésus a promis de faire deux choses après son ascension auprès du Père et après que tous pouvoirs au ciel et sur terre auraient été remis entre ses mains. Premièrement, il a promis d’envoyer à sa place dans le monde un nouvel instructeur, l’Esprit de Vérité, et il l’a fait le jour de la Pentecôte. Deuxièmement, il a très certainement promis à ses disciples qu’un jour, il reviendrait personnellement sur ce monde. Mais il n’a pas dit où, ni quand, ni comment il revisiterait cette planète sur laquelle il avait fait l’expérience de son effusion dans la chair. En une occasion, il laissa entendre qu’à l’époque où il vivait ici-bas dans la chair, les yeux charnels avaient pu le voir, mais qu’à son retour (ou tout au moins lors d’une de ses visites possibles) il ne pourrait être discerné que par l’œil de la foi spirituelle. 176:4.4 Beaucoup d’entre nous ont tendance à croire que Jésus reviendra maintes fois sur Urantia au cours des âges à venir. Nous n’avons pas sa promesse expresse qu’il fera ces multiples visites, mais, puisqu’il porte, parmi ses titres universels, celui de Prince Planétaire d’Urantia, il semble fort probable qu’il visitera de nombreuses fois la planète dont la conquête lui a valu ce titre aussi exceptionnel. 176:4.5 Nous croyons fermement que Micaël reviendra en personne sur Urantia, mais nous n’avons pas la moindre idée de la date ni de la manière qu’il choisira pour venir. Sa seconde venue sur terre sera-t-elle synchronisée de manière à se produire en liaison avec le jugement final du présent âge, avec ou sans l’apparition concomitante d’un Fils Magistral ? Viendra-t-il en liaison avec la fin d’un âge ultérieur sur Urantia ? Sa venue aura-t-elle lieu sans être annoncée et comme un évènement isolé ? Nous ne le savons pas. Nous n’avons de certitude que sur un point : quand il reviendra, le monde entier en sera vraisemblablement informé, car il faudra qu’il vienne en tant que chef suprême d’un univers, et non comme l’obscur nouveau-né de Bethléem. Mais, si tout œil doit le voir, et si seuls les yeux spirituels peuvent discerner sa présence, alors il faudra que sa venue soit longtemps différée. 176:4.6 Vous feriez donc bien de n’associer le retour personnel du Maitre sur terre à aucun évènement prévu et à aucune époque déterminée. Nous ne sommes certains que d’une chose : il a promis de revenir. Nous n’avons aucune idée de la date où il accomplira cette promesse ni des évènements qui y seront liés. Autant que nous le sachions, il peut apparaitre sur terre à tout moment, mais il peut aussi venir seulement après que des âges et des âges se seront écoulés et auront été dument jugés par ses associés, les Fils du corps paradisiaque. 176:4.7 La seconde venue de Micaël sur terre est un évènement dont la valeur sentimentale est prodigieuse aussi bien pour les médians que pour les humains, mais autrement elle n’a pas d’importance immédiate pour les médians, et pas plus d’importance pratique pour les êtres humains que l’évènement ordinaire de la mort naturelle. En effet, la mort précipite brusquement les hommes dans l’emprise immédiate de la succession des évènements universels qui les conduisent directement en présence de ce même Jésus, chef souverain de notre univers. Les enfants de lumière sont tous destinés à le voir. Que nous allions à lui ou qu’il vienne d’abord à nous, cela n’a pas une grande importance. Soyez donc toujours prêts à l’accueillir sur terre, de même qu’il se tient prêt à vous accueillir au ciel. Nous nous attendons avec confiance à sa glorieuse apparition, et même à des visites répétées, mais nous ignorons complètement quand, comment et en rapport avec quels évènements il doit apparaitre. FASCICULE 177. Le mercredi, jour de repos 177:0.1 Quand leur tâche d’éducateur du peuple leur laissait un peu de répit, Jésus et ses apôtres avaient coutume de se reposer de leurs travaux tous les mercredis. Ce mercredi-là, ils prirent leur déjeuner un peu plus tard que d’habitude ; le camp était imprégné d’un silence de mauvais augure, et peu de mots furent prononcés durant la première moitié de ce repas matinal. Enfin, Jésus dit : « Je désire que vous vous reposiez aujourd’hui. Prenez du temps pour réfléchir à tout ce qui s’est passé depuis notre arrivée à Jérusalem, et méditez sur ce qui nous attend prochainement et que je vous ai clairement exposé. Assurez-vous que la vérité demeure dans votre vie et que vous croissez journellement en grâce. » 177:0.2 Après le déjeuner, le Maitre informa André qu’il avait l’intention de s’absenter pour la journée. Il lui suggéra de donner aux apôtres la permission de passer le temps à leur gré, sous réserve qu’en aucune circonstance, ils ne pénètreraient à l’intérieur de Jérusalem. 177:0.3 Quand Jésus s’apprêta à partir seul dans la montagne, David Zébédée l’accosta en disant : « Maitre, tu sais bien que les pharisiens et les dirigeants cherchent à te détruire, et cependant tu t’apprêtes à partir seul dans les collines. C’est une folie. Je vais donc te faire accompagner par trois hommes bien préparés à veiller à ce qu’il ne t’arrive aucun mal. » Jésus regarda les trois Galiléens vigoureux et bien armés, et dit à David : « Ton intention est bonne, mais tu te trompes, en ce sens que tu ne comprends pas que le Fils de l’Homme n’a besoin de personne pour le défendre. Nul ne mettra la main sur moi avant l’heure où je serai prêt à abandonner ma vie conformément à la volonté de mon Père. Ces hommes ne peuvent pas m’accompagner. Je désire aller seul, pour pouvoir communier avec le Père. » 177:0.4 Après avoir entendu cette réponse, David et ses gardes armés se retirèrent ; mais, alors que Jésus partait seul, Jean Marc s’avança avec un petit panier contenant des vivres et de l’eau, et suggéra que, si Jésus avait l’intention d’être absent toute la journée, il pourrait avoir faim. Le Maitre sourit à Jean Marc et tendit la main pour prendre le panier. 1. Une journée seul avec Dieu 177:1.1 Tandis que Jésus allait prendre le panier du déjeuner des mains de Jean, le jeune homme s’aventura à dire : « Mais, Maitre, il pourrait arriver que tu poses le panier par terre pendant que tu t’en vas prier, et qu’ensuite tu l’oublies en poursuivant ton chemin. En outre, si je t’accompagne en portant le déjeuner, tu seras plus libre d’adorer Dieu, et je garderai sûrement le silence. Je ne poserai pas de questions, et je resterai près du panier quand tu iras seul à l’écart pour prier. » 177:1.2 En prononçant ces paroles, dont la témérité étonna certains auditeurs proches, Jean Marc eut l’audace de retenir le panier. Jean Marc et Jésus étaient là, tenant tous deux le panier. Après quelques secondes, le Maitre lâcha prise et, regardant le garçon, dit : « Puisque de tout ton cœur tu désires ardemment m’accompagner, cela ne te sera pas refusé. Nous partirons seuls ensemble et nous aurons de bons échanges. Tu pourras me poser toutes les questions qui surgiront dans ton cœur et nous nous réconforterons et nous nous consolerons mutuellement. Au commencement, tu porteras le déjeuner et, quand tu seras fatigué, je t’aiderai. Suis-moi. » 177:1.3 Ce soir-là, Jésus ne revint au camp qu’après le coucher du soleil. Le Maitre passa sa dernière journée tranquille sur terre à s’entretenir avec ce garçon assoiffé de vérité, et à parler avec son Père du Paradis. Dans les sphères supérieures, on a appelé cet évènement « la journée qu’un jeune homme a passée avec Dieu dans les collines ». Cette occasion donne, pour toujours, l’exemple de la bonne volonté mise par le Créateur à fraterniser avec les créatures. Même un adolescent, si le désir de son cœur est réellement suprême, peut attirer l’attention et jouir de la compagnie affectueuse du Dieu d’un univers ; il peut éprouver l’inoubliable extase d’être seul avec Dieu dans les collines, et ce, pendant toute une journée. Telle fut l’extraordinaire expérience de Jean Marc, ce mercredi-là, dans les collines de Judée. 177:1.4 Jésus s’entretint longuement avec Jean, et parla franchement des affaires de ce monde et du monde à venir. Jean dit à Jésus combien il regrettait de n’avoir pas été assez âgé pour être l’un des apôtres. Il exprima sa grande reconnaissance pour avoir eu la permission de suivre constamment le groupe apostolique depuis la première prédication au gué du Jourdain près de Jéricho, sauf pendant le voyage en Phénicie. Jésus avertit le garçon de ne pas se laisser décourager par les évènements imminents et l’assura qu’il deviendrait un puissant messager du royaume. 177:1.5 Jean Marc garda un souvenir ému de cette journée avec Jésus dans les collines, mais il n’oublia jamais la dernière recommandation du Maitre. Au moment de retourner au camp de Gethsémani, Jésus lui dit : « Eh bien, Jean, nous avons eu une bonne conversation, un vrai jour de repos, mais veille à ne dire à personne ce que je t’ai raconté. » Et Jean Marc ne révéla rien de ce qui s’était passé au cours de cette journée avec Jésus dans les collines. 177:1.6 Durant les quelques heures que Jésus avait encore à passer sur terre, Jean Marc ne laissa jamais le Maitre longtemps hors de portée de sa vue. Le garçon était toujours caché à proximité. Il ne dormait que lorsque Jésus dormait. 2. L’enfance au foyer 177:2.1 Au cours des entretiens de cette journée avec Jean Marc, Jésus passa un temps considérable à comparer les expériences de leur enfance et de leur adolescence. Les parents de Jean possédaient plus de biens terrestres que ceux de Jésus, mais il y avait eu, dans leur enfance, beaucoup d’expériences très similaires. Jésus dit de nombreuses choses qui aidèrent Jean à mieux comprendre ses parents et d’autres membres de sa famille. Lorsque le garçon demanda comment le Maitre pouvait savoir qu’il deviendrait un « puissant messager du royaume », Jésus dit : 177:2.2 « Je sais que tu te montreras fidèle à l’évangile du royaume, parce que je peux compter sur la foi et l’amour que tu as déjà, étant donné que ces qualités sont basées sur une formation aussi précoce que celle que tu as reçue chez toi. Tu es le fruit d’un foyer où les parents se portent mutuellement une sincère affection, de sorte que tu n’as pas été choyé à l’excès au point d’exalter pernicieusement ton concept de ta propre importance. Ta personnalité n’a pas non plus été déformée par des manœuvres où l’amour est absent, faites par des parents opposés l’un à l’autre, cherchant à gagner ta confiance et ta fidélité. Tu as joui d’un amour parental qui assure une louable confiance en soi et entretient un sentiment normal de sécurité. Mais tu as eu également la chance que tes parents soient doués de sagesse autant que d’amour. C’est la sagesse qui les a conduits à renoncer à la plupart des complaisances et des superfluités que la fortune peut procurer, tandis qu’ils t’envoyaient à l’école de la synagogue avec tes compagnons de jeux du voisinage, et ils t’ont aussi encouragé à apprendre comment vivre en ce monde en te permettant une expérience originale. Tu es venu avec ton jeune ami Amos au gué du Jourdain, où nous prêchions et où les disciples de Jean baptisaient. Vous désiriez tous deux nous accompagner. Quand tu revins à Jérusalem, tes parents y consentirent. Les parents d’Amos ne le permirent pas ; ils aimaient tant leur fils qu’ils lui refusèrent l’expérience bénie que tu as eue, celle-là même dont tu jouis aujourd’hui. En s’enfuyant de chez lui, Amos aurait pu se joindre à nous, mais en le faisant, il aurait blessé l’amour et sacrifié la fidélité. Même si cette ligne de conduite avait été sage, elle aurait représenté un prix terrible à payer pour l’expérience, l’indépendance et la liberté. Des parents avisés comme les tiens veillent à ce que leurs enfants n’aient pas à blesser l’amour ou à étouffer la fidélité pour développer l’indépendance et jouir d’une liberté fortifiante quand ils ont atteint ton âge. 177:2.3 « L’amour, Jean, est la réalité suprême de l’univers quand il est donné par des êtres infiniment sages, mais il présente un caractère dangereux et souvent semi-égoïste tel qu’il est manifesté dans l’expérience de parents mortels. Quand tu seras marié et que tu auras tes propres enfants à élever, assure-toi que ton amour est conseillé par la sagesse et guidé par l’intelligence. 177:2.4 « Ton jeune ami Amos croit tout autant que toi à cet évangile du royaume, mais je ne peux compter pleinement sur lui ; je ne suis pas certain de ce qu’il va faire dans les années à venir. Son enfance à son foyer n’a pas été de nature à produire un homme à qui l’on puisse se fier complètement. Amos ressemble trop à l’un de mes apôtres qui n’a pas bénéficié d’une éducation familiale normale, affectueuse et sage. Ta vie ultérieure sera plus heureuse et méritera plus de confiance, parce que tu as passé tes huit premières années dans un foyer normal et bien réglé. Tu possèdes un caractère fort et bien équilibré, parce que tu as grandi dans un foyer où prévalait l’amour et où régnait la sagesse. Une telle formation de l’enfance produit un type de fidélité m’assurant que tu poursuivras la voie dans laquelle tu t’es engagé. » 177:2.5 Pendant plus d’une heure, Jésus et Jean continuèrent cette discussion de la vie au foyer. Le Maitre poursuivit en expliquant à Jean qu’un enfant dépend complètement de ses parents et de l’atmosphère du foyer pour la formation de ses premiers concepts sur toute chose, intellectuelle, sociale, morale et même spirituelle, puisque la famille représente pour le jeune enfant tout ce qu’il peut savoir pour commencer des relations humaines ou divines. L’enfant doit tirer des soins de sa mère ses premières impressions sur l’univers ; il dépend entièrement de son père terrestre pour ses premières idées sur le Père céleste. La vie mentale et sentimentale du jeune âge, conditionnée par les relations sociales et spirituelles du foyer, détermine si la vie ultérieure de l’enfant sera heureuse ou malheureuse, facile ou difficile. Toute la vie ultérieure d’un être humain est immensément influencée par tout ce qui se passe pendant les premières années de l’existence. 177:2.6 Nous croyons sincèrement que l’enseignement de l’évangile de Jésus, fondé comme il l’est sur la relation entre enfant et père, ne pourra guère être accepté dans le monde entier avant l’époque où la vie familiale des peuples civilisés modernes comportera plus d’amour et plus de sagesse. Bien que les parents du vingtième siècle possèdent des connaissances très étendues et davantage de vérité pour améliorer leur foyer et ennoblir la vie familiale, il n’en reste pas moins vrai que, pour élever des garçons et des filles, très peu de foyers modernes peuvent rivaliser avec le foyer de Jésus en Galilée et celui de Jean Marc en Judée ; toutefois, l’acceptation de l’évangile de Jésus produira une amélioration immédiate de la vie familiale. Une vie d’amour dans un sage foyer et une dévotion fidèle à la vraie religion exercent l’une sur l’autre une profonde influence. Cette vie de foyer rehausse la religion, et la religion authentique glorifie toujours le foyer. 177:2.7 Il est vrai que bien des influences étiolantes fâcheuses et d’autres caractéristiques restrictives des anciens foyers juifs ont été pratiquement éliminées dans beaucoup de foyers modernes mieux organisés. En vérité, on y trouve plus d’indépendance spontanée et beaucoup plus de liberté personnelle, mais cette liberté n’est ni réfrénée par l’amour, ni motivée par la fidélité, ni dirigée par l’intelligente discipline de la sagesse. Tant que nous apprenons à l’enfant à prier « Notre Père qui es aux cieux », tous les pères terrestres porteront l’immense responsabilité de vivre et d’ordonner leur foyer de telle sorte que le mot père soit dignement enchâssé dans le mental et le cœur de tous les enfants qui grandissent. 3. La journée au camp 177:3.1 Les apôtres passèrent la plus grande partie de la journée à se promener sur le mont Olivet et à s’entretenir avec les disciples qui campaient avec eux, mais, tôt dans l’après-midi, ils éprouvèrent le vif désir de voir revenir Jésus. Tandis que les heures passaient, ils s’inquiétaient de plus en plus de sa sécurité ; ils se sentaient inexprimablement seuls sans lui. Ils discutèrent toute la journée sur la question de savoir s’il avait été raisonnable de laisser le Maitre partir seul dans les collines, accompagné seulement d’un garçon de courses. Quoique personne n’exprimât ainsi ouvertement cette pensée, il n’y en avait pas un parmi eux, sauf Judas Iscariot, qui n’eût souhaité être à la place de Jean Marc. 177:3.2 Ce fut vers le milieu de l’après-midi que Nathanael adressa, à une demi-douzaine d’apôtres et à autant de disciples, son discours sur le « Désir Suprême », qui se termina comme suit : « Ce qui ne va pas chez la plupart d’entre nous, c’est que nous manquons d’enthousiasme. Nous n’aimons pas le Maitre comme il nous aime. Si nous avions tous éprouvé aussi intensément que Jean Marc le désir de l’accompagner, il nous aurait sûrement tous emmenés. Nous sommes restés là à regarder le garçon s’approcher du Maitre et lui offrir le panier, mais, quand le Maitre l’a pris, le garçon n’a pas voulu le lâcher. Alors le Maitre nous a laissés ici, tandis qu’il partait dans les collines avec panier, garçon et tout. » 177:3.3 Vers les quatre heures, des coureurs arrivèrent auprès de David pour lui apporter de Bethsaïde des nouvelles de sa mère, et de la mère de Jésus. Plusieurs jours auparavant, David était arrivé à la conviction que les chefs des prêtres et les dirigeants allaient tuer Jésus. David savait qu’ils étaient résolus à supprimer le Maitre, et il était à peu près convaincu que Jésus n’exercerait pas son pouvoir divin pour son propre salut et ne permettrait pas non plus à ses partisans de recourir à la force pour le défendre. Étant parvenu à ces conclusions, il se hâta d’envoyer un messager à Salomé sa mère pour la presser de venir immédiatement à Jérusalem et d’amener Marie, mère de Jésus, et tous les membres de la famille du Maitre. 177:3.4 La mère de David fit ce que son fils lui demandait, et, maintenant, les coureurs revenaient auprès de David, apportant la nouvelle que Salomé et toute la famille de Jésus étaient en route pour Jérusalem, et qu’ils arriveraient tard le lendemain ou de très bonne heure le surlendemain matin. Ayant agi de sa propre initiative, David crut sage de garder pour lui cette information. En conséquence, il ne dit à personne que la famille de Jésus était en route pour Jérusalem. 177:3.5 Un peu après midi, plus de vingt des Grecs qui avaient rencontré Jésus et les douze chez Joseph d’Arimathie arrivèrent au camp, et Pierre et Jean passèrent plusieurs heures en conférence avec eux. Ces Grecs, ou tout au moins quelques-uns d’entre eux, avaient une très bonne connaissance du royaume, car ils en avaient été instruits par Rodan à Alexandrie. 177:3.6 Ce soir-là, après son retour au camp, Jésus s’entretint avec les vingt Grecs ; il leur aurait volontiers conféré l’ordination comme aux soixante-dix, s’il n’avait pas su qu’en agissant ainsi, il aurait profondément troublé ses apôtres et ses principaux disciples. 177:3.7 Pendant que tout cela se passait au camp, à Jérusalem les chefs des prêtres et les anciens étaient stupéfaits que Jésus ne revienne pas haranguer les multitudes. Il est vrai qu’en quittant le temple la veille, il avait dit : « Je vous laisse votre maison désolée. » Mais les dirigeants ne pouvaient comprendre pourquoi Jésus renonçait au grand avantage qu’il s’était assuré par l’attitude amicale des foules. Ils craignaient qu’il ne soulève un tumulte chez le peuple, bien que les dernières paroles du Maitre à la multitude aient été une exhortation à se conformer, de toutes les manières raisonnables, à l’autorité de ceux qui « trônent sur le siège de Moïse ». Toutefois, la journée fut très active dans la ville pour les dirigeants, car ils se préparaient pour la Pâque et mettaient en même temps au point leurs plans pour tuer Jésus. 177:3.8 Le camp ne reçut que peu de visiteurs, car son établissement était resté un secret bien gardé par tous ceux qui savaient que Jésus comptait y rester, au lieu de se rendre toutes les nuits à Béthanie. 4. Judas et les chefs des prêtres 177:4.1 Peu après que Jésus et Jean Marc eurent quitté le camp, Judas Iscariot disparut du groupe de ses frères et ne revint que tard dans l’après-midi. Malgré la recommandation expresse de son Maitre de ne pas entrer à Jérusalem, cet apôtre troublé et mécontent se rendit en hâte à son rendez-vous avec les ennemis de Jésus, chez le grand-prêtre Caïphe. Il s’agissait d’une réunion officieuse du sanhédrin, fixée pour un peu après dix heures ce matin-là, en vue de discuter la nature des accusations qu’il fallait porter contre Jésus et de décider la procédure à suivre pour le faire comparaitre devant les autorités romaines ; en effet, il était nécessaire d’obtenir la confirmation civile de la sentence de mort déjà prononcée par le sanhédrin contre Jésus. 177:4.2 La veille, Judas avait révélé à quelques membres de sa famille, et à certains sadducéens, amis de la famille de son père, qu’il était arrivé à la conclusion que Jésus était un rêveur et un idéaliste bien intentionné, mais non le libérateur attendu d’Israël. Judas exposa qu’il aimerait beaucoup trouver une manière élégante de se retirer de tout le mouvement. Ses amis l’assurèrent flatteusement que son retrait serait salué par les dirigeants juifs comme un grand évènement, et, ensuite, il pourrait prétendre à n’importe quoi. Ils l’amenèrent à croire qu’il recevrait aussitôt de grands honneurs du sanhédrin et qu’enfin, il serait en position d’effacer la flétrissure de son « association bien intentionnée, mais malencontreuse avec des Galiléens incultes ». 177:4.3 Judas ne pouvait pas entièrement croire que les grandes œuvres du Maitre avaient été accomplies par le pouvoir du prince des démons, mais il était désormais pleinement convaincu que Jésus n’exercerait pas son pouvoir pour s’assurer des avantages personnels. Il avait enfin acquis la certitude que Jésus se laisserait tuer par les dirigeants juifs, et Judas ne pouvait supporter la pensée humiliante d’être identifié avec un mouvement voué à l’échec. Il refusait de considérer l’idée d’un échec apparent. Il comprenait pleinement la fermeté de caractère de son Maitre et l’acuité de son mental majestueux et miséricordieux ; néanmoins, il prit plaisir à accepter, ne fût-ce que partiellement, la suggestion d’un membre de sa famille selon laquelle Jésus, bien qu’il fût un fanatique bien intentionné, n’était probablement pas vraiment sain d’esprit et avait toujours paru être une personne étrange et mal comprise. 177:4.4 Et, maintenant plus que jamais, Judas commença à éprouver un étrange ressentiment parce que Jésus ne lui avait jamais attribué un poste plus honorifique. Judas avait continuellement gouté l’honneur d’être le trésorier apostolique, mais, désormais, il commençait à sentir qu’il n’était pas apprécié, que ses aptitudes n’étaient pas reconnues. Il fut soudain submergé d’indignation du fait que Pierre, Jacques et Jean aient été honorés d’une association étroite avec Jésus, et, à ce moment-là, tandis qu’il se dirigeait vers la maison du grand-prêtre, il était beaucoup plus préoccupé de prendre sa revanche sur Pierre, Jacques et Jean que de songer à trahir Jésus. Mais surtout, à ce moment précis, une nouvelle idée dominante commença à occuper la première place dans son mental conscient ; il avait entrepris d’obtenir des honneurs pour lui-même, et, s’il pouvait se les assurer en même temps qu’il prendrait sa revanche sur ceux qui avaient contribué à la plus grande déception de sa vie, eh bien, tant mieux. Il était la proie d’un terrible complexe de honte, d’orgueil, de désespoir et de résolution. Il faut donc qu’il soit clair que ce n’était pas pour de l’argent que Judas se rendait chez Caïphe en vue de prendre des dispositions pour trahir Jésus. 177:4.5 Tandis que Judas approchait de la demeure de Caïphe, il prit définitivement la décision d’abandonner Jésus et ses compagnons apôtres. Ayant ainsi résolu de déserter la cause du royaume des cieux, il décida de s’assurer pour lui-même le maximum de cet honneur et de cette gloire dont il avait espéré être un jour gratifié, quand il s’identifia, pour la première fois, avec Jésus et le nouvel évangile du royaume. Tous les apôtres avaient jadis partagé cette ambition avec Judas, mais, au cours des années, ils avaient appris à admirer la vérité et à aimer Jésus, tout au moins mieux que ne le fit Judas. 177:4.6 Le traitre fut présenté à Caïphe et aux dirigeants juifs par son cousin. Celui-ci expliqua que Judas, ayant découvert l’erreur qu’il avait commise en se laissant égarer par le subtil enseignement de Jésus, était arrivé au point où il désirait renoncer publiquement et officiellement à son association avec le Galiléen, et, en même temps, demander à être rétabli dans la confiance et la communauté de ses frères judéens. Le porte-parole de Judas continua en exposant que, d’après Judas, il valait mieux, pour la paix en Israël, que Jésus fût mis en prison. Comme preuve de son regret d’avoir participé à ce mouvement d’erreur, et de la sincérité de son retour aux enseignements de Moïse, Judas était venu s’offrir lui-même au sanhédrin comme étant celui qui pouvait prendre, avec le capitaine détenteur du mandat d’arrêt, des dispositions pour que Jésus soit mis en prison sans esclandre, ce qui écarterait tout danger d’ameuter les multitudes, ou la nécessité de retarder son arrestation jusqu’après la Pâque. 177:4.7 Après avoir fini de parler, le cousin présenta Judas, qui s’approcha du grand-prêtre et dit : « Je ferai tout ce que mon cousin a promis, mais qu’êtes-vous disposés à me donner pour ce service ? » Judas ne sembla pas discerner l’expression de dédain, ou même de dégout, qui passa sur le visage du vaniteux Caïphe au cœur endurci ; le cœur de Judas était trop préoccupé de sa propre gloire et du désir de satisfaire l’exaltation de son moi. 177:4.8 Caïphe abaissa alors son regard sur le traitre et dit : « Judas, va trouver le capitaine de la garde et arrange-toi avec cet officier pour qu’il nous amène ton Maitre ce soir ou demain soir. Quand il aura été livré par toi entre nos mains, tu recevras ta récompense pour ce service. » Après avoir entendu ces paroles, Judas quitta les chefs des prêtres et les dirigeants pour conférer avec le capitaine des gardes du temple sur la manière d’appréhender Jésus. Judas savait que Jésus était alors absent du camp, et il n’avait aucune idée de l’heure de son retour ce soir-là. Ils convinrent donc d’arrêter Jésus le lendemain soir (jeudi) après que le peuple de Jérusalem et tous les pèlerins visiteurs se seraient retirés pour la nuit. 177:4.9 Judas retourna au camp auprès de ses associés, enivré de pensées de grandeur et de gloire comme il n’en avait pas eu depuis bien longtemps. Il s’était enrôlé auprès de Jésus avec l’espoir de devenir, un jour, un grand homme dans le nouveau royaume, et s’était enfin rendu compte qu’il n’y aurait pas de nouveau royaume conforme à ses espérances. Mais il se réjouissait d’être assez sagace pour troquer la déception de son échec, qui était de parvenir à la gloire dans le nouveau royaume espéré, contre l’obtention immédiate d’honneurs et de récompenses dans l’ancien ordre de choses. Il croyait maintenant que cet ancien ordre survivrait et détruirait certainement Jésus et tout ce qu’il représentait. Dans son ultime mobile d’intention consciente, la trahison de Jésus par Judas fut l’action lâche d’un déserteur égoïste ne pensant qu’à sa propre sécurité et à sa glorification, quels que dussent être les résultats de sa conduite pour son Maitre et pour ses anciens associés. 177:4.10 Mais il en avait toujours été ainsi. Depuis longtemps, et avec une conscience délibérée, obstinée, égoïste et vindicative, Judas avait progressivement accumulé, dans son mental, et entretenu, dans son cœur, ces désirs haineux et mauvais de revanche et d’infidélité. Jésus aimait Judas et lui faisait confiance autant qu’aux autres apôtres, mais Judas ne parvint pas à manifester en retour une confiance loyale ni à éprouver un amour sincère. Combien l’ambition peut devenir dangereuse quand elle se marie entièrement avec l’égoïsme et que sa motivation suprême est une sombre vengeance longtemps refoulée ! Quelle chose écrasante que la déception dans la vie de ces insensés qui fixent leur regard sur les attraits fugitifs et évanescents du temps, et deviennent ainsi aveugles aux accomplissements supérieurs et plus effectifs des aboutissements perpétuels des mondes éternels des valeurs divines et des vraies réalités spirituelles. Dans son mental, Judas désirait ardemment les honneurs terrestres, et en vint à aimer ce désir de tout son cœur. Dans leur mental, les autres apôtres désiraient également les honneurs de ce monde, mais, dans leur cœur, ils aimaient Jésus et faisaient de leur mieux pour apprendre à aimer les vérités qu’il leur enseignait. 177:4.11 À ce moment, Judas ne le réalisait pas, mais il avait toujours critiqué Jésus dans son subconscient depuis le jour où Jean le Baptiste avait été décapité par Hérode. Au plus profond de son cœur, Judas avait toujours été froissé que Jésus n’ait pas sauvé Jean. Il ne faut pas oublier que Judas avait été un disciple de Jean avant de se mettre à suivre Jésus. Et tout cet amoncellement de ressentiments humains et d’amères déceptions que Judas avait accumulé dans l’âme, sous couleur de haine, était maintenant bien organisé dans son mental subconscient, et prêt à surgir et à l’engloutir s’il osait se séparer du soutien influent de ses compagnons, et, en même temps, s’exposer aux habiles insinuations et aux subtiles moqueries des ennemis de Jésus. Chaque fois qu’il avait laissé ses espérances monter très haut et que Jésus avait dit ou fait quelque chose pour les anéantir, il subsistait toujours, dans le cœur de Judas, une cicatrice de ressentiment amer. Et, comme ces cicatrices se multipliaient, ce cœur si souvent blessé perdit, bientôt, toute affection réelle pour celui qui avait infligé cette expérience désagréable à une personnalité bien intentionnée, mais poltronne et égocentrique. Judas ne s’en rendait pas compte, mais il était un lâche. En conséquence, il avait toujours tendance à attribuer à la lâcheté les mobiles qui conduisirent si souvent Jésus à refuser de saisir le pouvoir et la gloire, alors qu’en apparence, ils étaient si facilement à sa portée. Et tout mortel sait bien que l’amour – même s’il a jadis été sincère – peut finalement se transformer en haine réelle sous l’influence des déceptions, de la jalousie et d’un ressentiment longtemps entretenu. 177:4.12 Les chefs des prêtres et les anciens purent enfin respirer tranquillement pendant quelques heures. Ils n’allaient pas être obligés d’arrêter Jésus en public. Les services de Judas, en tant qu’allié et traitre, leur assuraient que Jésus n’échapperait pas à leur juridiction comme il l’avait fait si souvent dans le passé. 5. La dernière heure d’intimité 177:5.1 Puisque ce jour était un mercredi, cette soirée au camp fut une heure d’intimité. Le Maitre essaya d’encourager ses apôtres abattus, mais c’était à peu près impossible. Ils commençaient tous à se rendre compte de l’imminence d’évènements déconcertants et accablants. Ils ne pouvaient être gais, même quand le Maitre leur rappelait leurs années d’association cordiale et mouvementée. Jésus s’enquit soigneusement des familles de tous les apôtres, puis se tourna vers David Zébédée et demanda si quelqu’un avait des nouvelles récentes de sa mère, de sa plus jeune sœur, ou d’autres membres de sa famille. David baissa les yeux et regarda ses pieds ; il avait peur de répondre. 177:5.2 Ce fut l’occasion où Jésus avertit ses disciples de se méfier du soutien de la multitude. Il rappela leurs expériences en Galilée où de grandes foules les avaient maintes fois suivis avec enthousiasme, et ensuite s’étaient tout aussi ardemment détournées d’eux pour revenir à leurs croyances et modes de vie antérieurs. Puis Jésus dit : « Il ne faut donc pas vous laisser tromper par les grandes foules qui nous ont entendus au temple et qui semblaient croire à nos enseignements. Ces multitudes écoutent la vérité et leur mental y croit superficiellement, mais peu d’entre eux laissent la parole de vérité s’incruster dans leur cœur avec des racines vivantes. Ceux qui ne connaissent l’évangile que dans leur mental et qui ne l’ont pas expérimenté dans leur cœur ne peuvent être fiables lorsque les troubles réels surviennent. Quand les dirigeants Juifs se seront mis d’accord pour tuer le Fils de l’Homme, et qu’ils le frapperont à l’unanimité, vous verrez la multitude fuir effarée, ou bien rester là, silencieuse et stupéfaite, pendant que ces dirigeants affolés et aveuglés conduiront à la mort les instructeurs de la vérité de l’évangile. Ensuite, quand l’adversité et les persécutions s’abattront sur vous, d’autres encore que vous croyez aimer la vérité seront dispersés, et d’autres encore renonceront à l’évangile et vous abandonneront. Certains parmi ceux qui ont été fort proches de nous ont déjà résolu de déserter. Vous avez pris aujourd’hui un repos préliminaire aux évènements imminents. Veillez donc, et priez pour que demain vous ayez une force accrue pour supporter les prochaines journées. » 177:5.3 L’atmosphère du camp était chargée d’une tension inexplicable. Des messagers silencieux allaient et venaient, communiquant seulement avec David Zébédée. Avant la fin de la soirée, certains savaient que Lazare s’était enfui précipitamment de Béthanie. Jean Marc observait un silence de mauvais augure après son retour au camp, bien qu’il eût passé toute la journée en compagnie du Maitre. Chaque effort pour l’inciter à parler aboutissait seulement à faire ressortir que Jésus lui avait enjoint de se taire. 177:5.4 Les apôtres furent même effrayés par la bonne humeur du Maitre et sa sociabilité exceptionnelle. Ils sentaient tous l’approche certaine du terrible isolement qui allait s’abattre sur eux avec une soudaineté écrasante et une terreur inéluctable. Ils pressentaient vaguement ce qui allait arriver, et aucun d’eux ne se sentait préparé à faire face à l’épreuve. Le Maitre avait été absent toute la journée et leur avait terriblement manqué. 177:5.5 Ce mercredi soir marqua le niveau le plus bas de leur statut spirituel jusqu’à l’heure effective de la mort du Maitre. Bien que le lendemain les ait encore rapprochés d’un jour du vendredi tragique, du moins était-il encore avec eux, et ils passèrent ces heures d’inquiétudes de meilleure grâce. 177:5.6 Jésus savait que ce serait la dernière nuit où il pourrait dormir tranquille auprès de la famille qu’il s’était choisie sur terre. Un peu avant minuit, il congédia les apôtres pour leur repos nocturne en disant : « Allez dormir, mes frères, et que la paix soit sur vous jusqu’à notre lever de demain, une journée de plus pour faire la volonté du Père et éprouver la joie de savoir que nous sommes ses fils. » FASCICULE 178. Le dernier jour au camp 178:0.1 Pour Jésus, ce jeudi était son dernier jour de liberté sur terre en tant que Fils divin incarné ; il projeta de le passer avec ses apôtres et quelques disciples fidèles et dévoués. Peu après l’heure du petit déjeuner, en cette matinée magnifique, le Maitre les conduisit en un lieu isolé situé à proximité, un peu au-dessus de leur camp, et là il leur enseigna nombre de vérités nouvelles. Jésus adressa encore d’autres harangues à ses apôtres au début de la soirée, mais cette causerie du jeudi matin fut son discours d’adieu au groupe du camp réunissant les apôtres et des disciples choisis, tant Juifs que Gentils. Les douze étaient tous présents, sauf Judas. Pierre et plusieurs apôtres firent des remarques sur son absence ; quelques-uns crurent qu’il avait été envoyé en ville par Jésus pour régler une question, probablement pour mettre au point les détails de leur prochaine célébration de la Pâque. Judas ne revint au camp qu’au milieu de l’après-midi, peu de temps avant que Jésus n’emmenât les douze à Jérusalem pour partager le Dernier Souper. 1. Discours sur la filiation et la citoyenneté 178:1.1 Jésus parla pendant près de deux heures à une cinquantaine de ses disciples de confiance et répondit à une vingtaine de questions relatives aux relations entre le royaume des cieux et les royaumes de ce monde, et concernant les rapports entre la filiation avec Dieu et la citoyenneté dans les gouvernements terrestres. On peut résumer comme suit, en langage moderne, ce discours ainsi que les réponses aux questions : 178:1.2 Étant matériels, les royaumes de ce monde peuvent souvent trouver nécessaire d’employer la force physique pour faire appliquer leurs lois et maintenir l’ordre. Dans le royaume des cieux, les vrais croyants n’ont pas recours à l’emploi de la force physique. Le royaume des cieux est une fraternité spirituelle de fils de Dieu nés d’esprit ; il ne peut donc être promulgué que par le pouvoir de l’esprit. Cette différence de processus se rapporte aux relations entre le royaume des croyants et les royaumes des gouvernements civils ; elle n’annule pas le droit que possèdent les groupes de croyants de maintenir l’ordre dans leurs rangs et de discipliner leurs membres rebelles et indignes de confiance. 178:1.3 Il n’y a rien d’incompatible entre la filiation dans le royaume spirituel et la citoyenneté dans un gouvernement laïque ou civil. Les croyants ont le devoir de rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. Il ne peut y avoir de désaccord entre ces deux exigences, l’une étant matérielle et l’autre spirituelle, à moins que quelque César ne prétende usurper les prérogatives de Dieu et n’exige qu’on lui rende l’hommage spirituel et le culte suprême. Dans ce cas, vous adorerez uniquement Dieu et vous chercherez, en même temps, à éclairer ces chefs terrestres égarés et à les conduire ainsi à reconnaitre également le Père qui est aux cieux. Vous ne rendrez pas de culte spirituel aux dirigeants terrestres. Vous n’emploierez pas non plus les forces physiques des gouvernements terrestres, dont les chefs peuvent, un jour, devenir des croyants, pour faire progresser la mission du royaume spirituel. 178:1.4 Du point de vue d’une civilisation en progrès, la filiation dans le royaume céleste devrait vous aider à devenir les citoyens idéaux des royaumes de ce monde, car la fraternité et le service sont les pierres angulaires de l’évangile du royaume. L’appel d’amour du royaume spirituel devrait se révéler comme étant le destructeur effectif de la pulsion de haine des citoyens incroyants et belliqueux des royaumes terrestres. Mais ces fils matérialistes, vivant dans les ténèbres, n’auront jamais connaissance de votre lumière spirituelle de vérité, à moins que vous ne les approchiez de très près, grâce au service social désintéressé qui résulte naturellement des fruits de l’esprit produits au cours de l’expérience de la vie de chaque croyant pris individuellement. 178:1.5 En tant qu’hommes mortels et matériels, vous êtes en vérité des citoyens des royaumes terrestres, et vous devriez être de bons citoyens, d’autant meilleurs que vous êtes devenus des fils du royaume céleste par votre nouvelle naissance d’esprit. En tant que fils du royaume des cieux éclairés par la foi et libérés par l’esprit, vous avez à faire face à une double responsabilité, le devoir envers l’homme et le devoir envers Dieu, et, en même temps, vous assumez volontairement une troisième obligation sacrée, celle de servir la fraternité des croyants qui connaissent Dieu. 178:1.6 Il ne vous est pas permis d’adorer vos chefs temporels, et vous ne devriez pas employer le pouvoir temporel pour faire progresser le royaume spirituel. Mais vous devriez rendre manifeste le service exprimant la droiture et l’amour, tant auprès des croyants que des incroyants. Le puissant Esprit de Vérité se trouve dans l’évangile du royaume, et je répandrai bientôt ce même esprit sur toute chair. Les fruits de l’esprit, votre service sincère et aimant, sont le puissant levier social capable d’élever les races enténébrées, et cet Esprit de Vérité deviendra le point d’appui qui multipliera votre pouvoir. 178:1.7 Faites montre de sagesse et manifestez de la sagacité dans vos rapports avec les chefs civils incroyants. Par votre discernement, montrez-vous habiles à aplanir des désaccords mineurs et à ajuster de petits malentendus. De toutes les manières possibles – sauf en sacrifiant votre allégeance aux chefs de l’univers – cherchez à vivre en paix avec tout le monde. Soyez toujours aussi prudents que les serpents, mais aussi inoffensifs que les colombes. 178:1.8 Vous devriez devenir de bien meilleurs citoyens d’une nation laïque en raison du fait que vous devenez des fils plus éclairés du royaume. De même, les chefs des gouvernements terrestres dirigeraient bien mieux les affaires civiles en raison du fait qu’ils croient à cet évangile du royaume des cieux. L’attitude consistant à servir l’homme avec désintéressement et à adorer Dieu intelligemment devrait faire de tous les croyants au royaume de meilleurs citoyens du monde, tandis que l’attitude consistant à être un citoyen honnête et à se dévouer sincèrement à son devoir terrestre devrait aider à rendre de tels citoyens d’autant plus accessibles à l’appel de l’esprit à la filiation dans le royaume céleste. 178:1.9 Tant que les chefs des gouvernements terrestres chercheront à exercer l’autorité de dictateurs religieux, vous, qui croyez à l’évangile, ne pouvez guère vous attendre qu’à des difficultés, à des persécutions et même à la mort. Mais la lumière même que vous apportez au monde et jusqu’à la manière dont vous souffrirez et mourrez pour cet évangile du royaume illumineront finalement, par elles-mêmes, le monde entier et aboutiront au divorce graduel de la politique et de la religion. La prédication persévérante de cet évangile du royaume apportera, un jour, à toutes les nations, une libération nouvelle et incroyable, la liberté intellectuelle et religieuse. 178:1.10 Sous l’aiguillon des persécutions imminentes de ceux qui haïssent cet évangile de joie et de liberté, vous vous développerez, et le royaume prospérera. Mais vous vous trouverez en grand danger, à une époque ultérieure, quand la plupart des hommes parleront favorablement des croyants au royaume, et quand nombre de personnes occupant des situations importantes accepteront nominalement l’évangile du royaume céleste. Apprenez à être fidèles au royaume même aux époques de paix et de prospérité. Ne provoquez pas chez les anges qui vous supervisent la tentation de vous discipliner avec amour en vous menant dans des tribulations destinées à sauver votre âme indolente. 178:1.11 Souvenez-vous que vous êtes mandatés pour prêcher cet évangile du royaume – le désir suprême de faire la volonté du Père, doublé de la joie suprême de réaliser, par la foi, la filiation avec Dieu. Rien ne doit détourner votre consécration à cet unique devoir. Que toute l’humanité bénéficie du débordement de votre affectueux ministère spirituel, de votre communion intellectuelle qui apporte la lumière et de votre service social exaltant. Mais il ne faut permettre à aucun de ces travaux humanitaires, ni à leur ensemble, de remplacer la proclamation de l’évangile. Ces puissants ministères sont les sous-produits sociaux des ministères et des transformations encore plus puissants et sublimes accomplis dans le cœur du croyant au royaume par le vivant Esprit de Vérité et par la réalisation personnelle du fait que la foi d’un homme né d’esprit lui confère l’assurance d’une communion vivante avec le Dieu éternel. 178:1.12 Il ne faut chercher ni à promulguer la vérité ni à établir la droiture par le pouvoir des gouvernements civils ou par l’application de lois laïques. Vous pouvez toujours vous efforcer de persuader le mental des hommes, mais n’ayez jamais l’audace de le contraindre. N’oubliez pas la grande loi de l’équité humaine que je vous ai apprise sous forme positive : tout ce que vous voudriez que les hommes vous fassent, faites-le-leur. 178:1.13 Quand un croyant du royaume est appelé à servir le gouvernement civil, qu’il exécute son service en tant que citoyen temporel de ce gouvernement ; toutefois, ce croyant devrait déployer, dans son service civil, toutes les qualités ordinaires d’un citoyen, rehaussées par l’éclairement spirituel résultant de l’association ennoblissante de son mental humain avec l’esprit intérieur du Dieu éternel. Si les incroyants peuvent se qualifier comme fonctionnaires supérieurs, vous devriez examiner sérieusement si les racines de la vérité dans votre cœur ne sont pas desséchées, faute de tremper dans les eaux vivantes de la communion spirituelle conjuguée avec le service de la société. La conscience de la filiation avec Dieu devrait animer toute la vie de service de chaque homme, de chaque femme et de chaque enfant devenu possesseur de ce puissant stimulant des pouvoirs inhérents à la personnalité humaine. 178:1.14 Ne soyez ni des mystiques passifs ni des ascètes insipides. Ne devenez pas des rêveurs et des indolents comptant nonchalamment sur une Providence fictive pour vous procurer jusqu’aux nécessités de la vie. En vérité, il faut que vous soyez doux dans vos relations avec les mortels égarés, patients dans vos rapports avec les ignorants et longanimes en cas de provocation ; mais il vous faut également être vaillants dans la défense de la droiture, puissants dans la promulgation de la vérité et dynamiques dans la prédication de cet évangile du royaume, même jusqu’aux confins de la terre. 178:1.15 Cet évangile du royaume est une vérité vivante. Je vous ai dit qu’il ressemble au levain dans la pâte et au grain de sénevé. Maintenant, je déclare qu’il ressemble au germe de l’être vivant, qui reste le même de génération en génération, mais se manifeste infailliblement en de nouvelles expressions ; et il croît d’une manière acceptable dans des voies de nouvelles adaptations aux besoins particuliers et aux conditions particulières de chaque génération successive. La révélation que je vous ai faite est une révélation vivante, et je désire qu’elle produise des fruits appropriés dans chaque individu et dans chaque génération, conformément aux lois de la croissance spirituelle, de l’accroissement, et du développement adaptatif. De génération en génération, il faut que cet évangile fasse preuve d’une vitalité croissante et montre une plus grande profondeur de pouvoir spirituel. Il ne faut pas le laisser devenir un simple souvenir sacré, une simple tradition à propos de moi et de l’époque où nous vivons présentement. 178:1.16 Et n’oubliez pas ceci : Nous n’avons directement attaqué ni les personnes ni l’autorité de ceux qui trônent sur le siège de Moïse ; nous leur avons simplement offert la lumière nouvelle qu’ils ont si énergiquement rejetée. Nous ne les avons attaqués qu’en dénonçant leur déloyauté spirituelle envers les vérités mêmes qu’ils prétendent enseigner et préserver. Nous sommes entrés en conflit avec ces dirigeants installés et ces chefs reconnus seulement quand ils se sont opposés directement à la prédication de l’évangile du royaume aux fils des hommes. Encore maintenant, ce n’est pas nous qui les attaquons, ce sont eux qui cherchent notre destruction. N’oubliez pas que vous êtes uniquement mandatés pour aller prêcher la bonne nouvelle. Il ne faut pas attaquer les anciens modes de vie ; il faut introduire habilement le levain de la nouvelle vérité au milieu des anciennes croyances. Laissez l’Esprit de Vérité accomplir son propre travail. N’ouvrez de controverse que si vous y êtes contraints par ceux qui méprisent la vérité. Mais, quand l’incroyant obstiné vous attaque, n’hésitez pas à défendre énergiquement la vérité qui vous a sauvés et sanctifiés. 178:1.17 À travers toutes les vicissitudes de la vie, souvenez-vous toujours de vous aimer les uns les autres. Ne luttez pas contre les hommes, même contre les incroyants. Montrez de la miséricorde même à ceux qui abusent outrageusement de vous. Soyez des citoyens loyaux, des artisans probes, des voisins dignes de louanges, des membres dévoués de votre famille, des parents compréhensifs et des croyants sincères à la fraternité du royaume du Père. Et mon esprit sera sur vous, maintenant et jusqu’à la fin du monde. 178:1.18 Quand Jésus eut terminé son enseignement, il était presque une heure de l’après-midi ; et ils rentrèrent immédiatement au camp, où David et ses associés avaient préparé le déjeuner. 2. Après le repas du midi 178:2.1 Très peu d’auditeurs du Maitre furent capables d’assimiler, même en partie, son allocution de la matinée. Parmi eux, ce furent les Grecs qui la comprirent le mieux. Même les onze apôtres furent déconcertés par ses allusions à des royaumes politiques futurs et à des générations successives de croyants au royaume. Les disciples de Jésus les plus dévoués ne pouvaient concilier la fin imminente de son ministère terrestre avec ces références à un long avenir d’activités évangéliques. Quelques-uns de ces Juifs croyants commençaient à pressentir que la plus grande tragédie du monde était sur le point d’avoir lieu ; mais ils ne pouvaient concilier ce désastre menaçant ni avec le comportement personnel de gaité indifférente du Maitre, ni avec son discours de la matinée, où il avait fait des allusions répétées aux futures opérations du royaume céleste s’étendant sur de vastes intervalles de temps et embrassant des relations avec de nombreux et successifs royaumes temporels terrestres. 178:2.2 Ce jour-là, à midi, tous les apôtres et disciples avaient appris que Lazare s’était enfui précipitamment de Béthanie. Ils commençaient à pressentir que les dirigeants juifs étaient farouchement résolus à se débarrasser de Jésus et de ses enseignements. 178:2.3 Par ses agents secrets à Jérusalem, David Zébédée était pleinement renseigné sur les progrès du plan pour arrêter et tuer Jésus. Il était parfaitement au courant du rôle de Judas dans le complot, mais il ne révéla jamais cette connaissance aux autres apôtres ni à aucun des disciples. Peu après le déjeuner, il prit Jésus à part et se permit de lui demander s’il savait... Mais il ne put jamais formuler entièrement sa question. Le Maitre leva la main pour l’interrompre et dit : « Oui, David, je suis au courant de tout, et je sais que tu es au courant, mais veille à n’en parler à personne. Seulement, ne doute pas, dans ton propre cœur, que la volonté de Dieu finira par prévaloir. » 178:2.4 La conversation avec David fut interrompue par l’arrivée d’un messager venant de Philadelphie ; il apportait la nouvelle qu’Abner avait eu vent du complot pour tuer Jésus et demandait s’il devait venir à Jérusalem. Ce coureur repartit en hâte pour Philadelphie avec le message suivant pour Abner : « Poursuis ton œuvre. Si je me sépare physiquement de vous, c’est seulement pour pouvoir revenir en esprit. Je ne vous abandonnerai pas. Je vous accompagnerai jusqu’à la fin. » 178:2.5 À ce moment, Philippe vint trouver le Maitre et lui demanda : « Maitre, vu que l’heure de la Pâque approche, où voudrais-tu que nous préparions ce qu’il faut pour la manger ? » Après avoir écouté la question de Philippe, Jésus répondit : « Va chercher Pierre et Jean, et je vous donnerai des instructions concernant le souper que nous partagerons ce soir. Quant à la Pâque, vous en parlerez après avoir d’abord fait cela. » 178:2.6 Quand Judas entendit le Maitre parler de ces questions avec Philippe, il s’approcha pour essayer de surprendre leur entretien. Mais David Zébédée, qui se tenait à proximité, s’avança et entraina Judas dans une conversation, tandis que Philippe, Pierre et Jean allaient à l’écart pour causer avec le Maitre. 178:2.7 Jésus dit aux trois : « Allez immédiatement à Jérusalem. En franchissant la porte, vous rencontrerez un homme portant une cruche d’eau. Il vous parlera, et ensuite vous le suivrez. Il vous conduira jusqu’à une maison où vous entrerez à sa suite et vous demanderez à l’honorable propriétaire : ‘Où est la salle des invités dans laquelle le Maitre doit prendre son souper avec ses apôtres ?’ Lorsque vous vous serez ainsi enquis, le maitre de la maison vous montrera au premier étage une grande salle toute meublée et prête pour nous. » 178:2.8 Quand les apôtres arrivèrent à la ville, ils rencontrèrent, près de la porte, l’homme avec la cruche d’eau et le suivirent jusqu’à la maison de Jean Marc, où le père du garçon les reçut et leur montra la salle d’en haut préparée pour le repas du soir. 178:2.9 Tout ceci arriva par suite d’une entente conclue entre le Maitre et Jean Marc durant l’après-midi de la veille, alors qu’ils étaient seuls ensemble dans les collines. Jésus voulait être certain de prendre ce dernier repas avec ses apôtres sans être dérangé. Il pensait que, si Judas connaissait d’avance le lieu de la réunion, celui-ci pourrait prendre des dispositions avec ses ennemis pour s’emparer de lui ; c’est pourquoi, il se mit secrètement d’accord avec Jean Marc. De cette manière, Judas ne connut le lieu de la réunion que plus tard, au moment où il y arriva en compagnie de Jésus et des autres apôtres. 178:2.10 David Zébédée avait beaucoup d’affaires à régler avec Judas, qui fut aisément empêché de suivre Pierre, Jean et Philippe comme il le désirait si vivement. Quand Judas donna à David une certaine somme d’argent pour les provisions, David lui dit : « Judas, étant donné les circonstances, ne serait-il pas opportun que tu me remettes un peu d’argent en anticipant sur mes besoins actuels ? » Judas réfléchit un moment puis répondit : « Oui, David, je crois que ce serait sage. En fait, vu les conditions troublées à Jérusalem, je crois que le mieux serait de te donner tout l’argent. On complote contre le Maitre, et, au cas où il m’arriverait quelque chose, tu ne serais pas gêné. » 178:2.11 David reçut donc tous les fonds apostoliques liquides et tous les reçus de l’argent en dépôt. Les apôtres n’apprirent cette opération que dans la soirée du lendemain. 178:2.12 Il était environ quatre heures et demie lorsque les trois apôtres revinrent et informèrent Jésus que tout était prêt pour le souper. Le Maitre se prépara immédiatement à conduire ses douze apôtres à Jérusalem par la piste qui rejoignait la route de Béthanie. Ce fut son dernier déplacement avec le groupe complet des douze. 3. En chemin vers le souper 178:3.1 Cherchant de nouveau à éviter les foules qui circulaient par la vallée du Cédron entre le Parc de Gethsémani et Jérusalem, Jésus et les douze passèrent par la crête occidentale du mont Olivet pour rejoindre la route descendant de Béthanie dans la ville. Lorsqu’ils approchèrent de l’endroit où Jésus s’était arrêté la veille au soir pour discourir sur la destruction de Jérusalem, ils firent inconsciemment une halte et se tinrent là en regardant silencieusement la ville. Ils étaient un peu en avance sur leur horaire et, puisque Jésus ne désirait pas traverser la ville avant le coucher du soleil, il dit à ses associés : 178:3.2 « Asseyez-vous et reposez-vous pendant que je vous parlerai de ce qui doit arriver incessamment. Au cours de toutes ces années, j’ai vécu en vous considérant comme mes frères ; je vous ai appris la vérité au sujet du royaume des cieux, et je vous en ai révélé les mystères. En vérité, mon Père a accompli de nombreux prodiges liés à ma mission terrestre. Vous avez été témoins de tout cela, et vous avez participé à l’expérience d’être des compagnons de travail de Dieu. Vous êtes témoins que, depuis quelque temps, je vous ai avertis qu’il me faudrait bientôt retourner à la tâche que le Père m’a assignée. Je vous ai nettement dit qu’il me fallait vous laisser dans le monde pour continuer l’œuvre du royaume. C’est pour cette raison que je vous ai pris à part, dans les collines de Capharnaüm. Il faut maintenant vous préparer à partager avec d’autres l’expérience que vous avez eue avec moi. De même que le Père m’a envoyé dans ce monde, de même je vais vous y envoyer pour me représenter et achever l’œuvre que j’ai commencée. 178:3.3 « Vous contemplez cette ville avec tristesse, car vous avez entendu mes paroles annonçant la fin de Jérusalem. Je vous en ai avertis longtemps d’avance, de crainte que vous ne périssiez dans sa destruction et que cela ne retarde la proclamation de l’évangile du royaume. De même, je vous préviens de prendre garde et de ne pas vous exposer inutilement au péril, au moment de l’arrestation du Fils de l’Homme. Il faut que je m’en aille, mais vous devez rester pour témoigner en faveur de cet évangile après mon départ ; de même, j’ai ordonné à Lazare de fuir la colère des hommes pour qu’il puisse vivre et faire connaitre la gloire de Dieu. Si c’est la volonté du Père que je parte, rien de ce que vous ferez ne pourra contrecarrer le plan divin. Prenez garde à vous, de crainte que l’on ne vous tue aussi. Que vos âmes défendent courageusement l’évangile par le pouvoir de l’esprit, mais ne vous laissez pas aller à de folles tentatives pour défendre le Fils de l’Homme. Je n’ai besoin d’aucune protection humaine ; les armées célestes sont maintenant même à proximité. Mais je suis décidé à faire la volonté de mon Père qui est aux cieux, et c’est pourquoi il faut nous soumettre à ce qui va si prochainement nous arriver. 178:3.4 « Quand vous verrez cette cité détruite, n’oubliez pas que vous serez déjà entrés dans la vie éternelle de service perpétuel dans le royaume, toujours progressant, des cieux, et même du ciel des cieux. Vous devriez savoir qu’il y a de nombreuses demeures dans l’univers de mon Père et dans le mien, et qu’une révélation attend les enfants de lumière, la révélation de villes bâties par Dieu et de mondes dont les habitudes de vie sont la droiture et la joie dans la vérité. Je vous ai apporté le royaume céleste ici sur terre, mais je déclare que tous ceux d’entre vous qui y entrent par la foi, et y demeurent par le service vivant de la vérité, s’élèveront sûrement dans les mondes supérieurs et siégeront avec moi dans le royaume spirituel de notre Père. Mais il faut d’abord vous cuirasser et parachever l’œuvre que vous avez entreprise avec moi. Il vous faut d’abord passer par bien des tribulations et souffrir beaucoup de chagrins – et ces épreuves sont maintenant imminentes. Quand vous aurez terminé votre œuvre terrestre, vous entrerez dans ma joie, de même que j’ai achevé sur terre l’œuvre de mon Père et que je vais retourner vers son embrassement. » 178:3.5 Après avoir ainsi parlé, le Maitre se leva, et tous le suivirent sur la descente d’Olivet et entrèrent avec lui dans la ville. En dehors de Philippe, Pierre et Jean, aucun des apôtres ne savait où ils allaient tandis qu’ils poursuivaient leur chemin dans les rues étroites de Jérusalem et que la nuit tombait. La foule les bousculait, mais nul ne les reconnut ni ne sut que le Fils de Dieu passait par là en allant à son dernier rendez-vous humain avec ses ambassadeurs choisis du royaume. Les apôtres ne savaient pas non plus que l’un d’entre eux faisait déjà partie d’une conspiration destinée à livrer traitreusement le Maitre aux mains de ses ennemis. 178:3.6 Jean Marc les avait suivis tout le long de la route jusqu’à leur entrée dans la ville. Lorsqu’ils en eurent franchi la porte, il courut chez lui par une autre rue, de sorte qu’il les attendait pour les accueillir à leur arrivée chez son père. FASCICULE 179. Le dernier souper 179:0.1 Durant l’après-midi de ce jeudi, lorsque Philippe rappela au Maitre que la Pâque approchait et s’enquit de ses plans pour la célébrer, il pensait au souper de la Pâque qui devait avoir lieu le lendemain soir, vendredi. La coutume voulait que l’on commençât les préparatifs de la célébration au plus tard à midi la veille de la Pâque. Or, les Juifs comptaient les journées à partir du coucher du soleil ; cela signifiait que le souper du samedi de la Pâque aurait lieu le vendredi soir avant minuit. 179:0.2 Les apôtres ne parvenaient donc absolument pas à comprendre l’annonce du Maitre qu’ils célébreraient la Pâque un jour plus tôt. Ils pensèrent, ou du moins certains pensèrent, que Jésus savait qu’il serait arrêté avant l’heure du souper de la Pâque le vendredi soir, et qu’en conséquence, il les réunissait pour un souper spécial ce jeudi soir. D’autres pensèrent qu’il s’agissait simplement d’une occasion particulière précédant la célébration régulière de la Pâque. 179:0.3 Les apôtres savaient que Jésus avait célébré d’autres Pâques sans agneau ; ils savaient qu’il ne participait personnellement à aucun office sacrificiel du système juif. Il avait maintes fois mangé de l’agneau pascal à titre d’invité, mais, quand il recevait, on ne servait jamais d’agneau. Les apôtres n’auraient pas été surpris de voir l’agneau supprimé, même le soir de la Pâque, et, puisque ce souper avait lieu un jour plus tôt, l’absence d’agneau passa inaperçue. 179:0.4 Après que le père et la mère de Jean Marc leur eurent souhaité la bienvenue, les apôtres montèrent immédiatement dans la salle du haut, tandis que Jésus s’attardait à causer avec la famille Marc. 179:0.5 Il avait été convenu d’avance que Jésus célèbrerait cette fête seul avec ses douze apôtres, et, en conséquence, on n’avait prévu aucun serviteur pour les servir. 1. Le désir d’être préféré 179:1.1 Quand les apôtres eurent été conduits au premier étage par Jean Marc, ils virent une salle vaste et commode, complètement apprêtée pour le souper. Ils remarquèrent que le pain, le vin, l’eau et les herbes étaient tout prêts à une extrémité de la table. Sauf à l’extrémité où se trouvaient le pain et le vin, la longue table était entourée de treize divans pour s’étendre, exactement comme elle aurait été préparée pour la célébration de la Pâque dans une famille juive aisée. 179:1.2 Tandis que les douze entraient dans cette pièce, ils remarquèrent, tout près de la porte, les cruches d’eau, les bassines et les serviettes destinées au lavage de leurs pieds poussiéreux. Aucun serviteur n’ayant été prévu pour leur rendre ce service, les apôtres commencèrent à se regarder les uns les autres dès que Jean Marc les eut quittés, et chacun se mit à penser en lui-même : Qui va nous laver les pieds ? Et chacun pensa également que ce ne serait pas lui qui assumerait ce rôle apparent de serviteur des autres. 179:1.3 Tandis qu’ils se tenaient là, agitant la question dans leur cœur, ils promenèrent leur regard sur l’arrangement des sièges autour de la table et remarquèrent le divan surélevé de l’hôte, avec un divan à sa droite et onze autres disposés autour de la table, le dernier faisant face au deuxième siège d’honneur placé à droite du divan de l’hôte. 179:1.4 Ils attendaient l’arrivée du Maitre à tout moment, mais ils étaient dans l’embarras, ne sachant s’ils devaient s’assoir ou attendre sa venue en comptant sur lui pour leur désigner leur place. Tandis qu’ils hésitaient, Judas s’avança vers le siège d’honneur à gauche de l’hôte, et signifia qu’il avait l’intention de s’y allonger à titre de convive préféré. Cet acte de Judas provoqua immédiatement une violente dispute parmi les autres apôtres. À peine Judas s’était-il emparé du siège d’honneur que Jean Zébédée prétendit occuper le second siège d’honneur, à droite de l’hôte. Simon Pierre fut tellement furieux de la prétention de Judas et de Jean à des positions de choix que, sous les regards irrités des autres apôtres, il tourna autour de la table et prit sa place sur le divan le plus bas, à la fin de la rangée, exactement à l’opposé de celui choisi par Jean Zébédée. D’autres apôtres ayant pris possession des sièges élevés, Pierre s’était décidé à choisir le plus bas non seulement pour protester contre l’orgueil indécent de ses frères, mais avec l’espoir qu’en entrant et en le voyant à la place la moins honorifique, Jésus le ferait monter à une place plus élevée, et déplacerait ainsi un apôtre ayant eu la présomption de s’honorer lui-même. 179:1.5 La position la plus élevée et la position la plus basse étant ainsi occupées, les autres apôtres choisirent leurs places, les uns près de Judas, et les autres près de Pierre, jusqu’à ce qu’ils fussent tous installés. Sur ces divans autour de la table en forme de U, ils étaient assis dans l’ordre suivant : à droite du Maitre, Jean ; à gauche du Maitre, Judas, Simon Zélotès, Matthieu, Jacques Zébédée, André, les jumeaux Alphée, Philippe, Nathanael, Thomas et Simon Pierre. 179:1.6 Ils sont réunis pour célébrer, au moins en esprit, une institution datant même d’avant Moïse et qui se référait à l’époque où leurs ancêtres étaient esclaves en Égypte. Ce souper est leur dernier rendez-vous avec Jésus, et, même dans ce cadre solennel, les apôtres, sous la conduite de Judas, sont amenés une fois de plus à céder à leur ancienne prédilection pour les honneurs, la préférence et l’élévation personnelle. 179:1.7 Ils étaient encore en train de récriminer avec irritation lorsque le Maitre apparut dans l’embrasure de la porte, où il hésita un instant, tandis qu’une expression de désappointement gagnait lentement son visage. Il prit sa place sans commentaire et ne changea rien aux dispositions que les apôtres avaient prises pour les leurs. 179:1.8 Ils étaient maintenant prêts pour le souper, sauf que leurs pieds n’étaient pas encore lavés et que leur humeur n’était rien moins que plaisante. À l’arrivée du Maitre, ils étaient encore en train de se faire des observations peu flatteuses les uns sur les autres, sans parler des pensées de certains d’entre eux, qui avaient suffisamment de contrôle émotif pour s’abstenir d’exprimer ouvertement leurs sentiments. 2. Le début du souper 179:2.1 Pendant quelques instants après que le Maitre eut pris sa place, aucune parole ne fut prononcée. Jésus promena son regard sur eux et détendit l’atmosphère avec un sourire en disant : « J’ai grandement désiré manger cette Pâque avec vous. Je voulais prendre une fois de plus un repas avec vous avant de souffrir. Sachant que mon heure est arrivée, j’ai pris des dispositions pour souper avec vous ce soir, car, en ce qui concerne demain, nous sommes tous entre les mains du Père, dont je suis venu exécuter la volonté. Je ne mangerai plus avec vous avant que vous ne siégiez avec moi dans le royaume que mon Père me donnera quand j’aurai achevé ce pourquoi il m’a envoyé dans ce monde. » 179:2.2 Après que le vin et l’eau furent mélangés, ils apportèrent la coupe à Jésus qui la reçut des mains de Thaddée et la tint en rendant grâces. Quand il eut fini de rendre grâces, il dit : « Prenez cette coupe et partagez-la entre vous, et, quand vous boirez, réalisez que je ne boirai plus du fruit de la vigne avec vous, car c’est notre dernier souper. Quand nous siégerons encore de cette manière, ce sera dans le royaume à venir. » 179:2.3 Jésus commença à parler ainsi à ses apôtres parce qu’il savait que son heure était venue. Il comprenait que le moment était arrivé où il devait retourner auprès du Père et où son œuvre terrestre était presque achevée. Le Maitre savait qu’il avait révélé, sur terre, l’amour du Père et proclamé sa miséricorde à l’humanité, et qu’il avait parachevé ce pourquoi il était venu dans le monde, jusqu’à recevoir tout pouvoir et toute autorité dans le ciel et sur terre. De même, il savait que Judas Iscariot avait pleinement résolu de le livrer ce soir-là à ses ennemis. Il réalisait parfaitement que cette perfide trahison était l’œuvre de Judas, mais aussi qu’elle plaisait à Lucifer, à Satan et à Caligastia, le prince des ténèbres. Mais il ne craignait aucun de ceux qui cherchaient son renversement spirituel, pas plus qu’il ne craignait ceux qui cherchaient à le faire mourir physiquement. Le Maitre n’avait qu’une inquiétude, et elle concernait la sécurité et le salut de ses disciples choisis. Ainsi donc, sachant pleinement que le Père avait placé toutes choses sous son autorité, le Maitre se prépara à mettre en pratique la parabole de l’amour fraternel. 3. Le lavement des pieds des apôtres 179:3.1 Après que l’hôte eut bu la première coupe de la Pâque, la coutume juive voulait qu’il se lève de table et se lave les mains. Au cours du repas, et après la seconde coupe, tous les invités se levaient également et se lavaient les mains. Les apôtres savaient que le Maitre n’observait jamais ces rites de lavage cérémoniel des mains ; ils étaient donc curieux de savoir ce qu’il avait l’intention de faire après qu’ils auraient partagé cette première coupe. Or, le Maitre se leva de table et se dirigea silencieusement vers la porte auprès de laquelle les cruches d’eau, les bassines et les serviettes avaient été placées. La curiosité des apôtres se changea en étonnement lorsqu’ils le virent ôter son vêtement, se ceindre d’une serviette et commencer à verser de l’eau dans l’un des pédiluves. Imaginez la stupéfaction de ces douze hommes, qui venaient de refuser de se laver mutuellement les pieds et de se disputer indécemment au sujet des places d’honneur à table, quand ils virent le Maitre contourner la table vers le siège le plus bas du festin, où Simon Pierre était allongé, et s’agenouiller dans l’attitude d’un serviteur se préparant à laver les pieds de Simon. Lorsque le Maitre s’agenouilla, les douze se levèrent comme un seul homme ; même le traitre Judas oublia pour un moment son infamie au point de se lever avec ses compagnons dans cette expression de surprise, de respect et de profonde stupéfaction. 179:3.2 Voilà donc Simon Pierre regardant le visage redressé de son Maitre. Jésus ne dit rien ; il était inutile qu’il parle. Son attitude révélait clairement qu’il se proposait de laver les pieds de Simon Pierre. Malgré ses faiblesses humaines, Pierre aimait le Maitre. Ce pêcheur galiléen fut le premier être humain à croire de tout cœur à la divinité de Jésus et à confesser pleinement et publiquement cette croyance. Et, depuis lors, Pierre n’avait plus jamais vraiment douté de la nature divine du Maitre. Puisque Pierre révérait et honorait pareillement Jésus dans son cœur, il n’était pas surprenant que son âme fut froissée à l’idée que Jésus était agenouillé là devant lui, tel un banal serviteur, et se proposait de lui laver les pieds comme l’aurait fait un esclave. Lorsque Pierre se ressaisit suffisamment pour parler au Maitre, il exprima les sentiments du cœur de tous ses compagnons apôtres. 179:3.3 Après ces quelques moments de grand embarras, Pierre dit : « Maitre, as-tu réellement l’intention de me laver les pieds ? » Relevant la tête pour regarder Pierre en face, Jésus dit : « Peut-être ne comprends-tu pas pleinement ce que je vais faire, mais, plus tard, tu connaitras la signification de toutes ces choses. » Alors, Simon Pierre prit une longue respiration et dit : « Maitre, jamais tu ne me laveras les pieds. » Et chacun des apôtres approuva d’un signe de tête la ferme déclaration de Pierre refusant de laisser Jésus s’humilier ainsi devant eux. 179:3.4 L’appel dramatique de cette scène inaccoutumée toucha, tout d’abord, même le cœur de Judas Iscariot ; mais, lorsque son vaniteux intellect jugea le spectacle, il conclut que ce geste d’humilité était simplement un épisode supplémentaire apportant la preuve concluante que Jésus ne serait jamais qualifié pour être le libérateur d’Israël, et que lui, Judas, ne s’était pas trompé en décidant d’abandonner la cause du Maitre. 179:3.5 Tandis que les apôtres stupéfaits retenaient leur souffle, Jésus dit : « Pierre, je déclare que, si je ne te lave pas les pieds, tu ne participeras pas à l’œuvre que je vais accomplir. » Lorsque Pierre entendit cette déclaration, doublée du fait que Jésus restait agenouillé à ses pieds, il prit une de ces décisions d’acquiescement aveugle consistant à accéder au désir de celui qu’il respectait et aimait. Comme Simon Pierre commençait à se rendre compte que cet acte de service projeté comportait une signification qui déterminerait les liens futurs de l’intéressé avec l’œuvre du Maitre, non seulement il admit l’idée que Jésus lui lave les pieds, mais encore, de sa manière caractéristique et impétueuse, il dit : « Alors, Maitre, ne me lave pas seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête. » 179:3.6 Tandis que le Maitre se préparait à laver les pieds de Pierre, il dit : « Celui qui est déjà pur n’a besoin que d’avoir ses pieds lavés. Vous, qui êtes assis avec moi aujourd’hui, vous êtes purs – mais pas tous. Toutefois, la poussière de vos pieds aurait dû être lavée avant que vous ne preniez place au repas avec moi. En outre, je voudrais accomplir ce service pour vous à titre de parabole pour illustrer la signification d’un nouveau commandement que je vais bientôt vous donner. » 179:3.7 De la même manière, le Maitre fit le tour de la table en silence et lava les pieds des douze apôtres sans même en excepter Judas. Lorsqu’il eut fini de laver les pieds des douze, il remit son vêtement, retourna à sa place d’hôte, puis, après avoir regardé ses apôtres déconcertés, il dit : 179:3.8 « Comprenez-vous réellement ce que je vous ai fait ? Vous m’appelez Maitre, et vous dites bien, car je le suis. Si donc le Maitre vous a lavé les pieds, pourquoi n’étiez-vous pas disposés à vous les laver mutuellement ? Quelle leçon devriez-vous apprendre de cette parabole où le Maitre rend si volontiers le service que ses frères ne voulaient pas se rendre l’un à l’autre ? En vérité, en vérité, je vous le dis, un serviteur n’est pas plus grand que son maitre, ni l’envoyé plus grand que celui qui l’envoie. Dans ma vie parmi vous, vous avez vu la manière de servir, et bénis sont ceux qui auront la grâce et le courage de servir ainsi. Mais pourquoi êtes-vous si lents à apprendre que le secret de la grandeur dans le royaume spirituel ne ressemble pas aux méthodes de pouvoir dans le monde matériel ? 179:3.9 « Quand je suis entré ce soir dans cette salle, vous ne vous contentiez pas de refuser orgueilleusement de vous laver réciproquement les pieds, mais il fallait aussi que vous vous disputiez entre vous pour savoir qui devrait avoir les places d’honneur à ma table. Ces honneurs-là sont recherchés par les pharisiens et les enfants de ce monde, mais il ne devrait pas en être ainsi parmi les ambassadeurs du royaume céleste. Ne savez-vous pas que ma table ne comporte aucune place de préférence ? Ne comprenez-vous pas que j’aime chacun de vous autant que les autres ? Ignorez-vous que la place à côté de moi, considérée comme honorifique par les hommes, peut ne rien signifier quant à votre position dans le royaume des cieux ? Vous savez que les rois des Gentils ont la souveraineté sur leurs sujets, et que l’on appelle parfois bienfaiteurs ceux qui exercent cette autorité. Mais il n’en sera pas ainsi dans le royaume des cieux. Que celui qui veut être grand devienne le cadet et que celui qui veut être chef devienne celui qui sert. Qui est le plus grand, celui qui siège au repas ou celui qui le sert ? Ne considère-t-on pas en général que celui qui est assis à table est le plus grand ? Mais vous observerez que je suis parmi vous comme celui qui sert. Si vous voulez bien être mes compagnons dans le service en accomplissant la volonté du Père, vous siégerez avec moi en puissance dans le royaume à venir, en continuant à faire la volonté du Père dans la gloire future. » 179:3.10 Quand Jésus eut fini de parler, les jumeaux Alphée apportèrent le pain et le vin, avec les herbes amères et la pâte de fruits secs, qui composaient le plat suivant du Dernier Souper. 4. Dernières paroles au traitre 179:4.1 Durant quelques minutes, les apôtres mangèrent en silence, mais, sous l’influence de l’attitude de bonne humeur du Maitre, ils furent bientôt entrainés dans des conversations, et le repas ne tarda pas à se poursuivre comme si rien d’anormal ne s’était passé pour troubler la bonne humeur et l’aménité sociale de cette réunion extraordinaire. Après un moment, vers le milieu de ce second service du repas, Jésus promena son regard sur les apôtres et dit : « Je vous ai dit combien je désirais prendre ce souper avec vous. Sachant de quelle façon les forces des ténèbres ont conspiré pour faire mourir le Fils de l’Homme, j’ai décidé de prendre ce souper avec vous dans cette salle secrète, un jour d’avance sur la Pâque, car demain soir, à cette heure, je ne serai plus avec vous. Je vous ai maintes fois répété que je dois retourner auprès du Père. Maintenant, mon heure est venue, mais il n’était pas nécessaire que l’un de vous me trahisse et me livre à mes ennemis. » 179:4.2 La parabole du lavement des pieds et le discours subséquent du Maitre avaient déjà fait perdre aux apôtres une bonne partie de leur outrecuidance et de leur présomption. Quand ils entendirent cela, ils commencèrent à se regarder les uns les autres et à demander avec hésitation d’un ton déconcerté : « Est-ce moi ? » Quand ils eurent tous posé la même question, Jésus dit : « Alors qu’il est nécessaire que je retourne auprès du Père pour accomplir sa volonté, il n’était pas requis que l’un de vous devienne un traitre. Ceci est la maturation du mal caché dans le cœur de l’un de vous, qui n’a pas réussi à aimer la vérité de toute son âme. Combien est trompeur l’orgueil intellectuel qui précède la chute spirituelle ! Mon ami de longue date, qui mange actuellement mon pain, est prêt à me trahir, même pendant qu’il trempe sa main avec moi dans le plat. » 179:4.3 Quand Jésus eut ainsi parlé, les douze recommencèrent tous à demander : « Est-ce moi ? » Quand Judas, assis à la gauche du Maitre, redemanda « Est-ce moi ? », Jésus trempa du pain dans le plat d’herbes et le tendit à Judas en disant : « Tu l’as dit. » Mais les autres n’entendirent pas Jésus parler à Judas. Jean, qui était allongé à la droite de Jésus, se pencha et demanda au Maitre : « Qui est-ce ? Nous devrions savoir qui est infidèle à sa mission. » Jésus répondit : « Je vous ai déjà dit que c’est celui à qui j’ai donné le pain trempé. » Mais il était si naturel qu’un hôte donne du pain trempé au convive assis à sa gauche qu’aucun des douze n’y prêta attention, bien que le Maitre se fût clairement exprimé. Mais Judas fut douloureusement conscient de la signification des paroles du Maitre associées à son acte, et il se mit à craindre que ses compagnons ne se rendent également compte, maintenant, que c’était lui, le traitre. 179:4.4 Pierre était fort excité par ce qui avait été dit. Il se pencha sur la table et interpella Jean : « Demande-lui qui c’est, ou s’il te l’a fait savoir, dis-moi qui est le traitre. » 179:4.5 Jésus mit fin à leurs chuchotements en disant : « Je suis attristé que ce mal soit arrivé et j’ai espéré jusqu’à la minute présente que le pouvoir de la vérité pourrait triompher des duperies du mal, mais on ne gagne pas de telles victoires sans la foi résultant d’un sincère amour de la vérité. Je n’aurais pas voulu vous dire ces choses à notre dernier souper, mais je désire vous avertir de ces chagrins et vous préparer ainsi à ce qui nous attend sous peu. Je vous ai dit cela parce que je souhaite qu’après mon départ, vous vous souveniez que je connaissais tous ces perfides complots, et que je vous ai avertis que j’allais être trahi. Je fais tout cela uniquement pour vous fortifier en vue des tentations et des épreuves imminentes. » 179:4.6 Après avoir ainsi parlé, Jésus se pencha vers Judas et dit : « Ce que tu as décidé de faire, fais-le promptement. » Lorsque Judas entendit ces paroles, il se leva de table et quitta hâtivement la salle, sortant dans la nuit pour faire ce qu’il avait décidé d’accomplir. Quand les autres apôtres virent Judas partir précipitamment après que le Maitre lui eut parlé, ils crurent qu’il était allé chercher un mets supplémentaire pour le repas ou faire quelque autre commission pour le Maitre, car ils supposaient que Judas portait encore la bourse. 179:4.7 Jésus savait que, désormais, il n’y avait plus rien à faire pour empêcher Judas de devenir un traitre. Il avait commencé avec douze apôtres – il n’en avait plus que onze. Il en avait choisi six. Bien que Judas fût parmi ceux qui avaient été nommés par ses premiers apôtres choisis, le Maitre l’avait accepté. Jusqu’à cette dernière minute, il avait fait l’impossible pour le sanctifier et le sauver, de même qu’il avait œuvré pour la paix et le salut des autres. 179:4.8 Avec ses épisodes d’affection nuancés d’attendrissement, ce souper fut le dernier appel de Jésus au déserteur Judas, mais cet appel eut lieu en vain. Une fois que l’amour est réellement mort, les avertissements, même quand ils vous sont donnés avec le maximum de tact, et transmis dans l’esprit le plus amical, n’aboutissent généralement qu’à intensifier la haine et à enflammer la mauvaise résolution d’exécuter entièrement vos propres projets égoïstes. 5. L’institution du souper du souvenir 179:5.1 Quand ils apportèrent à Jésus la troisième coupe de vin, la « coupe de la bénédiction », il se leva de son divan et prit la coupe dans ses mains, la bénit en disant : « Prenez cette coupe et buvez-en tous. Ce sera la coupe de mon souvenir. C’est la coupe de la bénédiction d’une nouvelle dispensation de grâce et de vérité. Ceci sera pour vous l’emblème de l’effusion et du ministère du divin Esprit de Vérité. Et je ne boirai plus cette coupe avec vous jusqu’à ce que je boive sous une nouvelle forme avec vous dans le royaume éternel du Père. » 179:5.2 Tandis qu’ils buvaient cette coupe de la bénédiction avec un profond respect et en parfait silence, tous les apôtres perçurent qu’il se passait quelque chose hors de l’ordinaire. L’ancienne Pâque commémorait l’émergence de leurs pères d’un état d’esclavage racial à leur accession à la liberté individuelle. Maintenant, le Maitre instituait un nouveau souper du souvenir, symbolisant la nouvelle dispensation où l’individu asservi émerge de l’esclavage du cérémonial et de l’égoïsme, et accède à la joie spirituelle de la fraternité et de la communauté des fils du Dieu vivant libérés par la foi. 179:5.3 Quand ils eurent fini de boire cette nouvelle coupe du souvenir, le Maitre prit le pain et, après avoir rendu grâce, le rompit en morceaux et leur demanda de le faire passer en disant : « Prenez ce pain du souvenir et mangez-le. Je vous ai dit que je suis le pain de vie. Et ce pain de vie est la vie unifiée du Père et du Fils en un seul don. La parole du Père, telle qu’elle est révélée dans le Fils, est en vérité le pain de vie. » Quand ils eurent partagé le pain du souvenir, symbole de la parole vivante de vérité incarnée dans la similitude de la chair mortelle, ils se rassirent tous. 179:5.4 En instituant ce souper du souvenir, le Maitre eut recours, comme il en avait toujours l’habitude, à des paraboles et à des symboles. Il employait des symboles parce qu’il voulait enseigner certaines grandes vérités spirituelles d’une manière qui rendrait malaisé à ses successeurs d’attacher à ses paroles des interprétations précises et des significations définies. Il cherchait ainsi à empêcher des générations successives de cristalliser son enseignement et d’immobiliser ses significations spirituelles par les chaines mortes des traditions et des dogmes. En établissant l’unique cérémonie, ou sacrement, associée à l’ensemble de la mission de sa vie, Jésus prit grand soin de suggérer ses significations plutôt que de s’en remettre à des définitions précises. Il ne souhaitait pas détruire, par l’établissement d’un cérémonial précis, le concept individuel de la communion divine, et ne voulait pas non plus limiter l’imagination spirituelle des croyants en la paralysant d’une manière formelle. Il cherchait plutôt à libérer l’âme humaine née à nouveau, afin qu’elle prenne son envol sur les ailes joyeuses d’une liberté spirituelle nouvelle et vivante. 179:5.5 Malgré l’effort du Maitre pour établir ainsi ce nouveau sacrement du souvenir, ses successeurs, au cours des siècles, se chargèrent de contrecarrer efficacement son désir formel de telle manière que le symbolisme spirituel simple de cette dernière soirée d’incarnation a été réduit à des interprétations strictes et enserré dans la précision presque mathématique d’une formule fixe. De tous les enseignements de Jésus, aucun n’a été plus uniformisé par la tradition. 179:5.6 Quand le souper du souvenir est partagé par ceux qui croient au Fils et qui connaissent Dieu, son symbolisme n’a besoin d’être associé à aucune des fausses interprétations humaines et puériles concernant la signification de la présence divine, car, en toutes ces occasions, le Maitre est réellement présent. Le souper du souvenir est le rendez-vous symbolique du croyant avec Micaël. Quand on devient ainsi conscient de l’esprit, le Fils est effectivement présent, et son esprit fraternise avec le fragment intérieur de son Père. 179:5.7 Après qu’ils eurent médité durant quelques moments, Jésus poursuivit : « Quand vous ferez ces choses, souvenez-vous de la vie que j’ai vécue sur terre parmi vous, et réjouissez-vous du fait que je vais continuer à vivre sur terre avec vous et servir par vous. En tant qu’individus, n’ayez pas entre vous de contestations sur qui sera le plus grand. Soyez tous comme des frères. Quand le royaume aura grandi au point d’englober d’importants groupes de croyants, vous devriez également éviter la lutte pour la notoriété ou la recherche d’une préférence entre ces groupes. » 179:5.8 Ce grandiose évènement eut lieu dans la salle d’en haut d’un ami. Ni le souper ni la maison ne comportaient une forme sacrée ou une consécration cérémonielle. Le souper du souvenir fut établi sans approbation ecclésiastique. 179:5.9 Après avoir instauré le souper du souvenir, Jésus dit aux onze : « Chaque fois que vous ferez cela, faites-le en souvenir de moi. Et, quand vous vous souviendrez de moi, faites d’abord un retour sur ma vie dans la chair, rappelez-vous que j’ai été jadis avec vous et, ensuite, discernez par la foi que vous souperez tous un jour avec moi dans le royaume éternel du Père. Ceci est la nouvelle Pâque que je vous laisse, le souvenir même de ma vie d’effusion, la parole de vérité éternelle et de mon amour pour vous, l’effusion de mon Esprit de Vérité sur toute chair. » 179:5.10 Puis ils terminèrent la célébration de l’ancienne Pâque, mais sans effusion de sang, en relation avec l’inauguration du nouveau souper du souvenir, en chantant tous ensemble le psaume cent-dix-huit. FASCICULE 180. Le discours d’adieu 180:0.1 Après avoir chanté le psaume à la fin du Dernier Souper, les apôtres pensèrent que Jésus avait l’intention de retourner immédiatement au camp, mais il leur fit signe de s’assoir. Le Maitre dit : 180:0.2 « Vous vous souvenez bien que je vous ai une fois envoyés en mission sans bourse ni sac, et même en vous recommandant de n’emporter aucun vêtement de rechange. Et vous vous rappelez tous que vous n’avez manqué de rien. Mais, aujourd’hui, vous entrez dans une époque de troubles, et vous ne pouvez plus compter sur la bonne volonté des foules. Désormais, que celui qui a une bourse la porte sur lui. Quand vous irez dans le monde pour proclamer l’évangile, prenez, pour votre entretien, les dispositions que vous croirez les meilleures. Je suis venu apporter la paix, mais elle n’apparaitra pas avant un certain temps. 180:0.3 « L’heure de la glorification du Fils de l’Homme est maintenant venue, et le Père sera glorifié en moi. Mes amis, je ne serai plus avec vous que pour peu de temps. Bientôt, vous me chercherez, mais vous ne me trouverez pas, car je vais en un lieu où, pour l’heure, vous n’avez pas accès. Mais, quand vous aurez achevé votre œuvre terrestre comme j’ai maintenant terminé la mienne, vous viendrez alors auprès de moi, de même que je me prépare maintenant à aller auprès de mon Père. Dans très peu de temps, je vais vous quitter, et vous ne me verrez plus sur terre, mais vous me verrez tous dans l’âge à venir quand vous vous élèverez dans le royaume que mon Père m’a donné. » 1. Le nouveau commandement 180:1.1 Après quelques moments de conversation amicale, Jésus se leva et dit : « Quand je vous ai présenté une parabole montrant comment vous devriez être disposés à vous servir les uns les autres, j’ai dit que je désirais vous donner un nouveau commandement ; je voudrais le faire maintenant puisque je suis sur le point de vous quitter. Vous connaissez bien le commandement qui vous ordonne de vous aimer les uns les autres ; que vous aimiez votre prochain comme vous-même. Mais même cette dévotion sincère de la part de mes enfants ne me satisfait pas entièrement. Je voudrais vous voir accomplir des actes d’amour encore plus grands dans le royaume de la fraternité des croyants. Je vous donne donc ce nouveau commandement : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Si vous faites cela, si vous vous aimez ainsi les uns les autres, tous les hommes sauront que vous êtes mes disciples. 180:1.2 « En vous donnant ce nouveau commandement, je ne charge vos âmes d’aucun fardeau supplémentaire ; je vous apporte plutôt une nouvelle joie et je vous donne la possibilité d’éprouver un nouveau plaisir en connaissant les délices d’effuser l’affection de votre cœur sur vos semblables. Même en supportant extérieurement des afflictions, je suis sur le point d’éprouver la joie suprême d’effuser mon amour sur vous et vos compagnons mortels. 180:1.3 « Quand je vous invite à vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés, je vous présente la mesure suprême de la véritable affection, car nul ne peut avoir de plus grand amour que d’être prêt à donner sa vie pour ses amis. Or, vous êtes mes amis, et vous continuerez à l’être, pourvu que vous vouliez bien faire ce que je vous ai enseigné. Vous m’avez appelé Maitre, mais je ne vous appelle pas serviteurs. Si seulement vous vous aimez les uns les autres comme je vous aime, vous serez mes amis et je vous dirai toujours ce que le Père me révèle. 180:1.4 « Vous ne m’avez pas simplement choisi, mais, moi aussi, je vous ai choisis, et je vous ai conféré l’ordination afin que vous alliez dans le monde porter le fruit du service aimant à vos semblables, de même que j’ai vécu parmi vous en vous révélant le Père. Le Père et moi, nous opérerons tous deux avec vous, et vous éprouverez la divine plénitude de la joie si seulement vous voulez obéir à mon commandement de vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés. » 180:1.5 Si vous voulez partager la joie du Maitre, vous devez partager son amour, et partager son amour signifie que vous avez partagé son service. Cette expérience d’amour ne vous délivre pas des difficultés de ce monde ; elle ne crée pas un nouveau monde, mais il est certain qu’elle rend l’ancien monde nouveau. 180:1.6 Souvenez-vous que c’est la fidélité, et non le sacrifice, que Jésus demande. La conscience de faire un sacrifice implique l’absence de cette affection sincère qui aurait transformé ce service aimant en une joie suprême. L’idée de devoir signifie que vous avez une mentalité de serviteur, et qu’en conséquence, vous n’éprouverez pas la joie suprême d’accomplir ce service en tant qu’ami et pour un ami. L’impulsion de l’amitié transcende toute conviction de devoir, et jamais l’on ne peut qualifier de sacrifice le service rendu à un ami par un ami. Le Maitre a enseigné aux apôtres qu’ils sont les fils de Dieu. Il les a appelés frères et, maintenant, avant de les quitter, il les appelle ses amis. 2. Le cep et les sarments 180:2.1 Ensuite, Jésus se leva de nouveau et continua à instruire ses apôtres : « Je suis le vrai cep, et mon Père est le cultivateur. Je suis le cep, et vous êtes les sarments. Le Père me demande seulement que vous portiez beaucoup de fruits. On n’élague le cep que pour augmenter la productivité de ses sarments. Tout sarment stérile issu de moi sera retranché par le Père. Tout sarment portant des fruits sera émondé par le Père afin qu’il donne encore plus de fruits. Vous êtes déjà purifiés par la parole que j’ai prononcée, mais vous devez continuer à être purs. Il faut que vous demeuriez en moi, et moi en vous ; le sarment meurt s’il est séparé du cep. De même que le sarment ne peut porter de fruits à moins qu’il ne demeure dans le cep, de même vous ne pouvez pas non plus produire les fruits du service aimant si vous ne demeurez pas en moi. Souvenez-vous : je suis le vrai cep et vous êtes les sarments vivants. Si quelqu’un vit en moi et moi en lui, il portera beaucoup de fruits de l’esprit et il éprouvera la joie suprême de produire cette moisson spirituelle. Si vous voulez maintenir ce lien spirituel vivant avec moi, vous porterez des fruits en abondance. Si vous demeurez en moi et si mes paroles demeurent en vous, vous pourrez communier librement avec moi ; alors, mon esprit vivant pourra vous imprégner de telle sorte que vous serez à même de demander tout ce que mon esprit veut, et de l’accomplir avec l’assurance que le Père fera droit à notre requête. Le Père est glorifié en ceci : que le cep ait beaucoup de sarments vivants, et que chaque sarment porte beaucoup de fruits. Et, quand le monde verra ces sarments fertiles – mes amis qui s’aiment les uns les autres comme je les ai aimés – tous les hommes sauront que vous êtes vraiment mes disciples. 180:2.2 « De même que le Père m’a aimé, je vous ai aimés. Vivez dans mon amour comme je vis dans l’amour du Père. Si vous faites ce que je vous ai enseigné, vous demeurerez dans mon amour, de même que j’ai gardé la parole du Père et que je demeure perpétuellement dans son amour. » 180:2.3 Les Juifs avaient enseigné depuis longtemps que le Messie serait « une tige issue du cep » des ancêtres de David. En commémoration de cet ancien enseignement, un grand emblème du raisin attaché au cep décorait l’entrée du temple d’Hérode. Tous les apôtres se souvinrent de ces choses alors que leur Maitre leur parlait, ce soir-là, dans la salle du haut. 180:2.4 Plus tard, les conclusions du Maitre sur la prière furent faussement interprétées, et il en résulta de grands chagrins. Ces enseignements n’auraient guère provoqué de difficultés si l’on s’était rappelé les paroles exactes du Maitre et si elles avaient ensuite été transcrites correctement. Mais, d’après la manière dont l’histoire fut écrite, les croyants finirent par considérer la prière au nom de Jésus comme une sorte de magie suprême, persuadés qu’ils recevraient du Père tout ce qu’ils demanderaient ainsi. Pendant des siècles, des âmes sincères ont continué à faire naufrager leur foi contre cette pierre d’achoppement. Combien de temps faudra-t-il au monde des croyants pour comprendre que la prière n’est pas un procédé pour obtenir ce que l’on désire, mais plutôt un processus pour suivre les voies de Dieu, une expérience pour apprendre à reconnaitre et à exécuter la volonté du Père ? Il est néanmoins parfaitement exact que, si votre volonté a été vraiment harmonisée avec la sienne, vous pouvez demander n’importe quelle chose conçue par cette union de volontés, et que cette chose vous sera accordée. C’est par Jésus que s’effectue cette union de volontés, de même que la vie du cep irrigue et traverse les sarments vivants. 180:2.5 Quand ce lien vivant existe entre la divinité et l’humanité, il se peut que l’humanité irréfléchie et ignorante prie pour ses commodités égoïstes et pour de vaniteux accomplissements ; dans ce cas, il ne peut y avoir qu’une seule réponse divine : que les tiges des sarments vivants portent une plus grande quantité de fruits de l’esprit. Quand le sarment de la vigne est vivant, toutes ses requêtes ne peuvent recevoir qu’une seule réponse : produisez davantage de raisins. En fait, le sarment n’existe que pour porter des fruits et ne peut rien faire d’autre que produire des raisins. De même, le vrai croyant n’existe que pour porter les fruits de l’esprit, qui consistent à aimer les hommes comme lui-même a été aimé par Dieu – à s’aimer les uns les autres comme Jésus nous a aimés. 180:2.6 Quand le Père étend sur le cep sa main disciplinaire, il le fait avec amour afin que les sarments portent beaucoup de fruits. Un sage cultivateur ne coupe que les branches mortes et stériles. 180:2.7 Jésus eut de grandes difficultés pour amener simplement ses apôtres à reconnaitre que la prière est une fonction des croyants nés d’esprit, dans le royaume dominé par l’esprit. 3. L’inimitié du monde 180:3.1 Les onze venaient à peine de cesser leurs commentaires sur le discours du cep et des sarments lorsque le Maitre leur fit signe qu’il désirait continuer à leur parler. Sachant qu’il lui restait très peu de temps à vivre, il dit : « Quand je vous aurai quittés, ne vous laissez pas décourager par l’inimitié du monde. Ne soyez pas abattus, même quand des croyants pusillanimes se retourneront contre vous et se joindront aux ennemis du royaume. Si le monde vous hait, n’oubliez pas qu’il m’a haï avant vous. Si vous étiez de ce monde, le monde aimerait ce qui serait sien, mais, parce que vous n’en êtes pas, le monde refuse de vous aimer. Vous êtes dans ce monde, mais vous ne devez pas vivre à sa manière. Je vous ai choisis et tirés du monde pour représenter l’esprit d’un autre monde auprès du monde même dans lequel vous avez été choisis. Mais souvenez-vous toujours de ce que je vous ai dit : le serviteur n’est pas plus grand que son Maitre. S’ils osent me persécuter, ils vous persécuteront aussi. Si mes paroles offensent les incroyants, les vôtres offenseront également les impies. Ils vous feront tout cela parce qu’ils ne croient ni en moi, ni en Celui qui m’a envoyé ; vous subirez donc beaucoup de souffrances à cause de mon évangile. Mais, au cours de ces tribulations, vous devriez vous souvenir que moi aussi, j’aurai souffert avant vous à cause de cet évangile du royaume céleste. 180:3.2 « Beaucoup de ceux qui vous attaqueront ignorent la lumière du ciel, mais ce n’est pas le cas pour certains de ceux qui nous persécutent maintenant. Si nous ne leur avions pas enseigné la vérité, ils pourraient faire bien des choses étranges sans encourir de condamnation, mais, du moment qu’ils ont connu la lumière et se sont permis de la rejeter, leur comportement n’a pas d’excuse. Quiconque me hait, hait aussi mon Père. Il ne peut en être autrement : la lumière qui vous sauverait si vous l’acceptiez ne peut que vous condamner si vous la rejetez sciemment. Et qu’ai-je fait à ces hommes pour qu’ils me haïssent d’une haine aussi terrible ? Rien, sinon de leur avoir offert la fraternité sur terre et le salut dans le ciel. Mais n’avez-vous pas lu dans les Écritures le verset : ‘Et ils m’ont haï sans cause’ ? 180:3.3 « Mais je ne vous laisserai pas seuls dans le monde. Très peu de temps après mon départ, je vous enverrai un auxiliaire spirituel. Vous aurez auprès de vous quelqu’un qui prendra ma place parmi vous, quelqu’un qui continuera à vous enseigner la voie de la vérité et qui vous consolera. 180:3.4 « Que votre cœur ne se trouble pas. Vous croyez en Dieu ; continuez à croire aussi en moi. Bien que je doive vous quitter, je ne serai pas loin de vous. Je vous ai déjà dit qu’il y a beaucoup de demeures où s’arrêter dans l’univers de mon Père. Si ce n’était pas vrai, je ne vous en aurais pas maintes fois parlé. Je vais retourner dans ces mondes de lumière, ces stations dans le ciel du Père, auxquelles vous accèderez un jour. Je suis venu de là dans ce monde et l’heure est maintenant venue où il faut que je retourne à l’œuvre de mon Père dans les sphères supérieures. 180:3.5 « Si je vous précède ainsi dans le royaume céleste du Père, je vous ferai aussi certainement chercher, afin que vous soyez auprès de moi dans les lieux préparés pour les fils mortels de Dieu avant même que ce monde ne fût. Il faut que je vous quitte, mais je serai présent auprès de vous en esprit, et finalement vous serez auprès de moi en personne quand vous vous serez élevés jusqu’à moi dans mon univers, de même que je suis sur le point de m’élever auprès de mon Père dans son plus grand univers. Ce que je vous ai dit est éternellement vrai, bien que vous ne puissiez pas le comprendre pleinement. Je vais auprès du Père, et vous ne pouvez pas m’accompagner maintenant, mais vous me suivrez certainement dans les âges à venir. » 180:3.6 Lorsque Jésus se rassit, Thomas se leva et dit : « Maitre, nous ne savons pas où tu vas, donc, comme de juste, nous ne connaissons pas le chemin ; mais nous te suivrons dès ce soir si tu veux nous le montrer. » 180:3.7 Quand Jésus entendit Thomas, il répondit : « Thomas, je suis le chemin, la vérité et la vie. Nul ne va au Père que par moi. Tous ceux qui trouvent le Père me trouvent, moi, d’abord. Si vous me connaissez, vous connaissez le chemin vers le Père. Or vous me connaissez, car vous avez vécu avec moi et vous me voyez maintenant. » 180:3.8 Mais cet enseignement était trop profond pour beaucoup d’apôtres, et spécialement pour Philippe qui, après avoir dit quelques mots à Nathanael, se leva et dit : « Maitre, montre-nous le Père, et tout ce que tu nous as dit deviendra clair. » 180:3.9 Lorsque Philippe eut ainsi parlé, Jésus dit : « Philippe, ai-je été si longtemps avec toi pour que même maintenant tu ne me connaisses pas ! Je déclare de nouveau que quiconque m’a vu a vu le Père. Comment peux-tu alors dire : montre-nous le Père ? Ne crois-tu pas que je sois dans le Père, et le Père en moi ? Ne vous ai-je pas enseigné que les paroles que je prononce ne sont pas mes paroles mais les paroles du Père ? Je parle pour le Père, et non de moi-même. Je suis dans ce monde pour faire la volonté du Père, et je l’ai faite. Mon Père demeure en moi et opère par moi. Croyez-moi quand je dis que le Père est en moi, et que je suis dans le Père, ou alors croyez-moi à cause de la vie même que j’ai vécue – à cause de l’œuvre. » 180:3.10 Pendant que le Maitre allait prendre un peu d’eau pour se rafraichir, les onze s’engagèrent dans une discussion animée sur ces enseignements. Pierre se préparait à s’engager dans un long discours lorsque Jésus revint et leur fit signe de s’assoir. 4. L’auxiliaire promis 180:4.1 Jésus continua à enseigner en disant : « Quand je serai allé auprès du Père et qu’il aura pleinement accepté l’œuvre que j’ai accomplie pour vous sur terre, et après que j’aurai reçu la souveraineté définitive sur mon propre domaine, je dirai à mon Père : J’ai laissé mes enfants seuls sur terre, et il est conforme à ma promesse de leur envoyer un autre instructeur. Et, quand le Père aura approuvé, je répandrai l’Esprit de Vérité sur toute chair. L’Esprit de mon Père se trouve déjà dans votre cœur. Quand viendra ce jour, vous m’aurez également en vous comme vous avez maintenant le Père. Ce nouveau don est l’esprit de la vérité vivante. Les incroyants commenceront par ne pas écouter son enseignement, mais les fils de lumière le recevront de tout cœur avec bonheur. Quand cet Esprit viendra, vous le connaitrez comme vous m’avez connu, vous recevrez ce don dans votre cœur et il demeurera avec vous. Vous percevez donc que je ne vais pas vous abandonner, sans assistance ni directives. Je ne vous laisserai pas dans la désolation. Aujourd’hui, je ne peux être auprès de vous qu’en personne. Dans les temps à venir, je serai auprès de vous et de tous les autres hommes qui désirent ma présence, où que vous soyez, et simultanément avec chacun de vous. Ne discernez-vous pas qu’il vaut mieux que je m’en aille, que je vous quitte dans la chair, de manière à pouvoir être d’autant mieux et d’autant plus complètement avec vous en esprit ? 180:4.2 « Dans quelques heures à peine, le monde ne me verra plus, mais vous continuerez à me connaitre dans votre cœur jusqu’à ce que je vous envoie ce nouvel instructeur, l’Esprit de Vérité. De même que j’ai vécu en personne auprès de vous, je vivrai alors en vous. Je serai uni à votre expérience personnelle dans le royaume de l’esprit et, quand ceci se sera réalisé, vous saurez certainement que je suis dans le Père, et aussi en vous, tandis que votre vie sera enfouie en moi auprès du Père. J’ai aimé le Père et j’ai gardé sa parole ; vous m’avez aimé et vous garderez ma parole. De même que mon Père m’a communiqué de son esprit, de même je vous communiquerai de mon esprit. Et cet Esprit de Vérité, que j’effuserai sur vous, vous guidera, vous consolera et, en fin de compte, vous conduira dans toute la vérité. 180:4.3 « Je vous raconte ces choses pendant que je suis encore avec vous, afin que vous soyez d’autant mieux préparés à supporter les épreuves maintenant imminentes. Quand ce nouveau jour viendra, vous serez habités à la fois par le Fils et le Père, et ces dons du ciel agiront toujours l’un avec l’autre, de même que le Père et moi, nous avons œuvré sur terre sous vos propres yeux comme une seule personne, le Fils de l’Homme. Et cet ami spirituel vous remettra en mémoire tout ce que je vous ai enseigné. » 180:4.4 Tandis que le Maitre faisait une courte pause, Judas Alphée s’enhardit à poser l’une des rares questions que lui ou son frère aient jamais adressées à Jésus en public. Judas dit : « Maitre, tu as toujours vécu parmi nous comme un ami. Comment te connaitrons-nous quand tu ne te manifesteras plus à nous que par cet esprit ? Si le monde ne te voit pas, comment aurons-nous une certitude à ton sujet ? Comment te manifesteras-tu à nous ? » 180:4.5 Jésus promena son regard sur tous les apôtres, sourit et dit : « Mes petits enfants, je m’en vais, je retourne auprès de mon Père. D’ici peu, vous ne me verrez plus comme ici en chair et en os. Je vous enverrai très prochainement mon esprit, qui est exactement semblable à moi, à l’exception de ce corps matériel. Ce nouvel instructeur est l’Esprit de Vérité qui vivra avec chacun de vous, dans votre cœur, et, ainsi, tous les enfants de lumière ne feront plus qu’un et seront attirés les uns vers les autres. C’est de cette manière que mon Père et moi, nous pourrons vivre dans l’âme de chacun de vous, et aussi dans le cœur de tous les autres hommes qui nous aiment et qui rendent cet amour réel dans leurs expériences en s’aimant les uns les autres comme je vous aime maintenant. » 180:4.6 Judas Alphée ne comprit pas entièrement ce que le Maitre dit, mais il saisit la promesse d’un nouvel instructeur ; et, d’après l’expression du visage d’André, il perçut que sa question avait reçu une réponse satisfaisante. 5. L’Esprit de Vérité 180:5.1 Le nouvel auxiliaire que Jésus avait promis d’envoyer dans le cœur des croyants, de répandre sur toute chair, est l’Esprit de Vérité. Ce don divin n’est pas la lettre ou loi de la vérité ; il n’est pas non plus destiné à opérer en tant que forme ou expression de la vérité. Le nouvel instructeur est la conviction de la vérité, la conscience et l’assurance des vraies significations sur les niveaux réellement spirituels. Il est l’esprit de la vérité vivante et croissante, de la vérité en voie d’expansion, de développement et d’adaptation. 180:5.2 La vérité divine est une réalité vivante discernée par l’esprit. La vérité n’existe que sur les niveaux spirituels supérieurs de la réalisation de la divinité et de la conscience de la communion avec Dieu. Vous pouvez connaitre la vérité et vous pouvez vivre la vérité ; vous pouvez expérimenter la croissance de la vérité dans l’âme, et jouir de la liberté que sa lumière apporte au mental ; mais vous ne pouvez pas emprisonner la vérité dans des formules, des codes, des crédos, ou dans des modèles intellectuels de conduite humaine. Si vous entreprenez de formuler humainement la vérité divine, elle ne tarde pas à mourir. Même en mettant les choses au mieux, le sauvetage posthume de la vérité emprisonnée ne peut aboutir qu’à réaliser une forme particulière de sagesse intellectuelle glorifiée. La vérité statique est une vérité morte, et seule la vérité morte peut être considérée comme une théorie. La vérité vivante est dynamique et ne peut jouir que d’une existence expérientielle dans le mental humain. 180:5.3 L’intelligence est issue d’une existence matérielle illuminée par la présence du mental cosmique. La sagesse comporte la conscience de la connaissance, élevée à des niveaux nouveaux de signification et animée par la présence du don universel de l’adjuvat de sagesse. La vérité est une valeur de réalité spirituelle dont seuls font l’expérience les êtres dotés d’esprit qui fonctionnent sur des niveaux supramatériels de conscience de l’univers, et qui, après avoir réalisé la vérité, permettent à son esprit animateur de vivre et de régner dans leur âme. 180:5.4 Le véritable enfant doué de clairvoyance universelle recherche le vivant Esprit de Vérité dans toute parole de sagesse. L’individu qui connait Dieu élève constamment la sagesse à des niveaux de vérité vivante d’aboutissement divin ; l’âme spirituellement routinière abaisse constamment la vérité vivante aux niveaux stagnants de la sagesse et dans le domaine d’une simple exaltation de la connaissance. 180:5.5 Quand la règle d’or est dépourvue de la clairvoyance suprahumaine de l’Esprit de Vérité, elle n’est rien de plus qu’une règle de conduite hautement éthique. Quand la règle d’or est interprétée à la lettre, elle peut devenir un instrument outrageant pour vos compagnons. Si vous ne discernez pas par l’esprit la règle d’or de la sagesse, vous pouvez tenir le raisonnement suivant : étant donné que vous désirez que tous les hommes vous disent pleinement et franchement le fond de leur pensée, vous devriez, en conséquence, leur dire pleinement et franchement le fond de la vôtre. Une interprétation aussi peu spirituelle de la règle d’or pourrait aboutir à des malheurs indicibles et à des chagrins sans fin. 180:5.6 Certaines personnes discernent et interprètent la règle d’or comme une affirmation purement intellectuelle de la fraternité humaine. D’autres éprouvent cette expression des relations humaines comme une satisfaction émotive des tendres sentiments de la personnalité humaine. D’autres mortels prennent la règle d’or comme étalon pour mesurer toutes les relations sociales, le critère de la conduite sociale. D’autres encore la considèrent comme l’injonction positive d’un grand instructeur moral qui a incorporé dans cette formule le plus haut concept d’obligation morale concernant toutes les relations fraternelles. Dans la vie de ces êtres moraux, la règle d’or devient le centre de leur sagesse et la circonférence de toute leur philosophie. 180:5.7 Au royaume de la fraternité croyante de ceux qui aiment la vérité et connaissent Dieu, la règle d’or revêt des qualités vivantes de réalisation spirituelle sur ces niveaux supérieurs d’interprétation qui amènent les fils mortels de Dieu à considérer cette injonction du Maitre comme requérant d’eux qu’ils se situent par rapport à leurs semblables de telle manière que ceux-ci recevront le plus grand bien possible de leur contact de croyants avec eux. Ceci est l’essence de la vraie religion : que vous aimiez votre prochain comme vous-même. 180:5.8 Mais la réalisation la plus élevée et l’interprétation la plus vraie de la règle d’or résident dans la conscience de l’esprit de la vérité de la réalité vivante et durable d’une telle déclaration divine. La vraie signification cosmique de cette règle de relations universelles ne se révèle que dans sa réalisation spirituelle, dans l’interprétation de la loi de conduite par l’esprit du Fils envers l’esprit du Père qui habite l’âme du mortel. Quand les mortels ainsi dirigés par l’esprit réalisent la véritable signification de cette règle d’or, ils débordent de l’assurance qu’ils sont citoyens d’un univers amical, et leurs idéaux de réalité d’esprit ne sont satisfaits que s’ils aiment leurs semblables comme Jésus nous a tous aimés. Telle est la réalité de la réalisation de l’amour de Dieu. 180:5.9 Cette même philosophie de flexibilité vivante et d’adaptabilité cosmique de la vérité divine aux besoins et à la capacité de chaque fils de Dieu doit être perçue avant que vous ne puissiez espérer comprendre convenablement l’enseignement et la pratique du Maitre concernant la non-résistance au mal. L’enseignement du Maitre est fondamentalement une proclamation spirituelle. Même les implications matérielles de sa philosophie ne sauraient être utilement prises en considération en dehors de leurs corollaires spirituels. L’esprit de l’injonction du Maitre consiste à ne pas opposer de résistance aux réactions égoïstes envers l’univers, et en même temps à atteindre dynamiquement et progressivement les niveaux de droiture où se situent les vraies valeurs d’esprit : la beauté divine, la bonté infinie et la vérité éternelle – connaitre Dieu et lui devenir semblable de plus en plus. 180:5.10 L’amour, le désintéressement, doit constamment subir une vivante réadaptation interprétative des relations conforme aux directives de l’Esprit de Vérité. Il faut que l’amour saisisse ainsi les concepts toujours changeants et plus étendus du bien cosmique le plus élevé pour la personne qui est aimée. Ensuite, l’amour continue en observant cette même attitude envers toutes les autres personnes susceptibles d’être influencées par les rapports vivants et croissants de l’amour d’un mortel dirigé par l’esprit pour d’autres citoyens de l’univers. Et toute cette adaptation vivante de l’amour doit être effectuée en tenant compte à la fois de la présence du mal ambiant, et du but éternel de perfection de la destinée divine. 180:5.11 Il nous faut donc clairement reconnaitre que ni la règle d’or ni l’enseignement de la non-résistance ne peuvent être correctement compris en tant que dogmes ou préceptes. Ils ne peuvent être compris qu’en les vivant, en réalisant leur signification dans l’interprétation vivante de l’Esprit de Vérité qui ordonne les contacts affectueux entre humains. 180:5.12 Et tout cela implique clairement la différence entre l’ancienne religion et la nouvelle. L’ancienne enseignait le sacrifice de soi ; la nouvelle enseigne seulement l’oubli de soi, la réalisation de soi mise en valeur dans un service social associé à la compréhension de l’univers. L’ancienne religion était motivée par la conscience de la peur. Le nouvel évangile du royaume est dominé par la conviction de la vérité, l’esprit de la vérité éternelle et universelle. Dans l’expérience de vie des croyants au royaume, aucune somme de piété ou de fidélité à un crédo ne peut compenser l’absence de la bienveillance spontanée, généreuse et sincère, qui caractérise les fils du Dieu vivant nés d’esprit. Ni la tradition, ni un système cérémoniel de culte officiel ne peuvent compenser le manque de compassion sincère pour vos semblables. 6. La nécessité du départ 180:6.1 Après que Pierre, Jacques, Jean et Matthieu eurent posé au Maitre de nombreuses questions, il continua son discours d’adieu en disant : « Je vous raconte tout cela avant de vous quitter, afin que vous soyez suffisamment préparés à ce qui va vous arriver pour ne pas commettre de graves erreurs. Les autorités ne se contenteront pas de vous expulser des synagogues. Je vous préviens que l’heure approche où ceux qui vous tueront croiront rendre service à Dieu. Ils vous traiteront ainsi, vous et tous ceux que vous conduisez dans le royaume des cieux, parce qu’ils ne connaissent pas le Père. Ils ont refusé de connaitre le Père en refusant de me recevoir, et ils refusent de me recevoir quand ils vous rejettent, à condition que vous ayez gardé mon nouveau commandement de vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés. Je vous annonce ces choses d’avance, afin qu’au moment où votre heure viendra, comme la mienne est maintenant venue, vous soyez fortifiés par la connaissance que je savais tout cela et que mon esprit vous accompagnera dans tout ce que vous souffrirez à cause de moi et de l’évangile. C’est pourquoi, je vous ai parlé si explicitement depuis le commencement. Je vous ai même avertis qu’un homme pourra avoir pour ennemis les membres de sa propre famille. Bien que cet évangile du royaume ne manque jamais d’apporter une grande paix dans l’âme des croyants individuels, il n’apportera pas la paix sur terre avant que les hommes ne soient disposés à croire de tout leur cœur à mes enseignements et à instaurer la pratique de faire la volonté du Père comme but principal de leur vie de mortels. 180:6.2 « Maintenant que je vous quitte, puisque l’heure est venue pour moi de retourner auprès du Père, je suis étonné qu’aucun de vous ne m’ait demandé pourquoi je vous quitte. Néanmoins, je sais que, dans votre cœur, vous vous posez cette question et je vous en parlerai clairement comme on se parle entre amis. Il est réellement profitable pour vous que je m’en aille. Si je ne m’en vais pas, le nouvel instructeur ne peut venir dans votre cœur. Il faut que je sois dépouillé de ce corps mortel et rétabli à ma place au ciel avant de pouvoir envoyer cet instructeur spirituel vivre dans votre âme et conduire votre esprit dans la vérité. Et quand mon esprit viendra demeurer en vous, il jettera de la lumière sur la différence entre le péché et la droiture, et vous rendra capable de juger sagement dans votre cœur à leur sujet. 180:6.3 « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez en supporter plus à présent. Toutefois, quand l’Esprit de Vérité viendra, il vous guidera, en fin de compte, dans toute la vérité, à mesure que vous passerez par les nombreuses demeures de l’univers de mon Père. 180:6.4 « Cet esprit ne parlera pas de lui-même, mais il vous déclarera ce que le Père aura révélé au Fils et vous fera même connaitre des évènements futurs ; il me glorifiera comme j’ai glorifié mon Père. Cet esprit est issu de moi et vous révélera ma vérité. Tout ce que le Père possède dans ce domaine est désormais mien ; c’est pourquoi je vous ai dit que le nouvel instructeur puiserait dans ce qui est mien et vous le révélerait. 180:6.5 « Très prochainement, je vous quitterai pour un peu de temps. Après cela, quand vous me reverrez, je serai déjà sur mon chemin vers le Père, de sorte que, même alors, vous ne me verrez pas longtemps. » 180:6.6 Pendant que Jésus faisait une courte pause, les apôtres se mirent à parler entre eux en disant : « Qu’est-ce qu’il nous raconte ? ‘Très prochainement je vais vous quitter, et, quand vous me reverrez, ce ne sera pas pour longtemps, car je serai sur mon chemin vers le Père.’ Que veut-il dire par ‘très prochainement’ et par ‘pas longtemps’ ? Nous ne pouvons comprendre ce qu’il nous dit. » 180:6.7 Sachant qu’ils se posaient ces questions, Jésus dit : « Cherchez-vous à comprendre entre vous ce que j’ai voulu dire quand j’ai annoncé que, très prochainement, je ne serai plus avec vous, et qu’au moment où vous me reverrez, je serai en chemin vers le Père ? Je vous ai clairement dit que le Fils de l’Homme doit mourir, mais qu’il ressuscitera. Ne pouvez-vous donc discerner la signification de mes paroles ? Vous aurez d’abord du chagrin, mais, plus tard, vous vous réjouirez avec nombre de personnes qui comprendront ces évènements après qu’ils se seront produits. En vérité, une femme est anxieuse à l’heure de son enfantement, mais, une fois qu’elle a été délivrée de son enfant, elle oublie immédiatement son angoisse dans la joie de savoir qu’un être humain est né dans le monde. De même, vous allez vous attrister de mon départ, mais je vous reverrai bientôt, et alors votre chagrin se transformera en joie, et vous recevrez une nouvelle révélation du salut de Dieu, une révélation que nul ne pourra jamais vous enlever. Et tous les mondes seront bénis dans cette révélation de la vie triomphant de la mort. Jusqu’ici, vous avez formulé toutes vos requêtes au nom du Père. Après que vous m’aurez revu, vous pourrez aussi demander en mon nom, et je vous entendrai. 180:6.8 « Ici-bas, je vous ai enseigné par proverbes et parlé en paraboles. Je l’ai fait parce que spirituellement vous n’étiez que des enfants ; mais l’heure vient où je vous parlerai sans ambages du Père et de son royaume. Je le ferai parce que le Père lui-même vous aime et désire vous être plus pleinement révélé. L’homme mortel ne peut voir le Père qui est esprit ; c’est pourquoi je suis venu dans ce monde pour montrer le Père à vos yeux de créatures. Mais, quand votre croissance spirituelle sera accomplie, vous verrez alors le Père lui-même. » 180:6.9 Après avoir entendu parler Jésus, les onze se dirent les uns aux autres : « Voici, il nous parle clairement. Le Maitre est sûrement venu de Dieu. Mais pourquoi dit-il qu’il doit retourner auprès du Père ? » Jésus vit que, même alors, ils ne le comprenaient pas. Ces onze hommes n’arrivaient pas à s’écarter des idées qu’ils avaient entretenues si longtemps sur le concept juif du Messie. Plus ils croyaient pleinement en Jésus en tant que Messie, plus leurs notions profondément enracinées, concernant le glorieux triomphe matériel sur terre du royaume, devenaient embarrassantes. FASCICULE 181 Ultimes exhortations et avertissements 181:0.1 Après la conclusion du discours d’adieu aux onze, Jésus s’entretint familièrement avec eux et rappela maintes expériences qui les concernaient individuellement et collectivement. Ces Galiléens commençaient enfin à entrevoir que leur ami et instructeur allait les quitter, et leur espoir s’accrochait à la promesse qu’après un court laps de temps, il serait de nouveau avec eux, mais ils avaient tendance à oublier que cette visite de retour ne durerait, elle aussi, que peu de temps. La plupart des apôtres et les principaux disciples croyaient réellement que cette promesse de revenir pour peu de temps (le bref intervalle entre la résurrection et l’ascension) indiquait que Jésus s’en allait simplement pour un bref entretien avec son Père, après quoi, il reviendrait pour établir le royaume. Cette interprétation de son enseignement cadrait à la fois avec leurs idées préconçues et avec leurs ardentes espérances. Dès lors que les croyances de toute leur vie et leurs espoirs de voir leurs souhaits réalisés concordaient, il n’était guère difficile aux apôtres de trouver une interprétation des paroles du Maitre qui justifierait leurs intenses désirs. 181:0.2 Après que les apôtres eurent analysé le discours d’adieu et commencé à l’assimiler mentalement, Jésus demanda de nouveau l’attention des apôtres et commença à leur communiquer ses ultimes exhortations et avertissements. 1. Dernières paroles de réconfort 181:1.1 Quand les onze eurent repris leur place, Jésus se leva et leur dit : « Tant que je suis avec vous dans la chair, je ne peux être qu’un individu parmi vous ou dans le monde entier. Mais, quand j’aurai été délivré de ce corps de nature mortelle, je serai en mesure de revenir en tant qu’esprit habitant chez chacun de vous et chez tous les autres croyants à l’évangile du royaume. De cette manière, le Fils de l’Homme deviendra une incarnation spirituelle dans l’âme de tous les vrais croyants. 181:1.2 « Quand je serai revenu vivre en vous et œuvrer à travers vous, je pourrai d’autant mieux continuer à vous conduire dans cette vie et vous guider dans la vie future à travers les nombreuses demeures dans le ciel des cieux. La vie dans la création éternelle du Père n’est pas un repos sans fin dans l’oisiveté et un confort égoïste, mais plutôt une incessante progression en grâce, en vérité et en gloire. Chacun des nombreux, des très nombreux postes dans la maison de mon Père est une halte, une vie destinée à vous préparer à la suivante. Les enfants de lumière iront ainsi de gloire en gloire, jusqu’à ce qu’ils atteignent l’état divin où ils seront spirituellement rendus parfaits comme le Père est parfait en toutes choses. 181:1.3 « Si vous voulez me suivre quand je vous quitterai, faites des efforts sérieux pour vivre conformément à l’esprit de mes enseignements et à l’idéal de ma vie – à l’accomplissement de la volonté de mon Père. Faites cela au lieu d’essayer d’imiter le cours naturel de ma vie d’incarnation telle que j’ai été tenu, par nécessité, de la vivre sur ce monde. 181:1.4 « Le Père m’a envoyé dans ce monde, mais seul un petit nombre d’entre vous a choisi de me recevoir pleinement. Je répandrai mon esprit sur toute chair, mais les hommes ne choisiront pas tous de recevoir ce nouvel instructeur comme guide et conseiller de leur âme. Mais tous ceux qui le recevront seront illuminés, purifiés et réconfortés. Et cet Esprit de Vérité deviendra en eux une source d’eau vive qui jaillira jusque dans la vie éternelle. 181:1.5 « Et, maintenant, au moment de vous quitter, je voudrais prononcer des paroles de réconfort. Je vous laisse ma paix, je vous donne ma paix. Je vous fais ces dons non à la manière du monde – parcimonieusement ; je donne à chacun de vous tout ce qu’il veut recevoir. Que votre cœur ne se trouble pas et ne craigne pas. J’ai vaincu le monde, et en moi vous triompherez tous par la foi. Je vous ai prévenus que le Fils de l’Homme va être tué, mais je vous assure que je reviendrai avant d’aller auprès du Père, bien que ce ne soit que pour peu de temps. Et, après mon ascension auprès du Père, je vous enverrai certainement le nouvel instructeur, afin qu’il vous accompagne et habite dans votre cœur. Quand vous verrez ces évènements se produire, n’ayez pas de crainte, mais croyez plutôt, d’autant plus que vous les aurez connus d’avance. Je vous ai aimés d’une grande affection, et je ne voudrais pas vous quitter, mais telle est la volonté de mon Père. Mon heure est venue. 181:1.6 « Ne doutez d’aucune de ces vérités, même quand vous serez dispersés par les persécutions et abattus par de nombreux chagrins. Quand vous vous sentirez seuls dans le monde, je connaitrai votre isolement, de même que vous connaitrez le mien quand vous serez dispersés chacun de votre côté, en laissant le Fils de l’Homme aux mains de ses ennemis. Mais je ne suis jamais seul ; le Père est toujours avec moi. Même à ce moment-là, je prierai pour vous. Je vous ai dit tout cela pour que vous puissiez avoir la paix et l’avoir plus abondamment. Vous aurez des tribulations ici-bas, mais ayez bon courage ; j’ai triomphé dans le monde et je vous ai montré le chemin de la joie éternelle et du service perpétuel. » 181:1.7 Jésus donne la paix à ceux qui accomplissent avec lui la volonté de Dieu, mais celle-ci n’est pas semblable aux joies et satisfactions matérielles. Les matérialistes et les fatalistes incroyants ne peuvent espérer que deux sortes de paix et de consolations de l’âme : ou bien ils doivent être stoïques, déterminés à faire face, avec une résolution inébranlable, à l’inévitable et à endurer le pire, ou bien ils doivent être optimistes et s’abandonner indéfiniment à l’espoir qui jaillit éternellement dans le sein des hommes aspirant en vain à une paix qui ne vient jamais réellement. 181:1.8 Une certaine somme de stoïcisme et d’optimisme sont utiles pour vivre une vie sur terre, mais aucun des deux ne peut se comparer à cette paix magnifique que le Fils de Dieu effuse sur ses frères dans la chair. La paix que Micaël donne à ses enfants terrestres est celle-là même qui a rempli sa propre âme quand il a vécu lui-même la vie mortelle dans la chair précisément sur ce monde. La paix de Jésus est la joie et la satisfaction d’une personne connaissant Dieu, et qui est parvenue au triomphe d’apprendre pleinement à faire la volonté de Dieu tout en vivant la vie d’un mortel incarné. La paix mentale de Jésus était fondée sur une foi humaine absolue en l’actualité de la diligence, pleine de sagesse et de compassion, du Père divin. Jésus rencontra des difficultés sur terre, et fut même appelé à tort « l’homme de douleurs », mais, dans toutes ces expériences et à travers elles, il bénéficia du réconfort de cette confiance qui lui permit toujours de poursuivre le but de sa vie avec la pleine assurance qu’il accomplissait la volonté du Père. 181:1.9 Jésus était résolu, persévérant et entièrement dévoué à l’exécution de sa mission, mais il n’était pas un stoïque insensible et endurci. Il recherchait toujours les aspects encourageants de ses expériences de vie, mais n’était pas un optimiste aveugle se leurrant lui-même. Le Maitre savait tout ce qui l’attendait et ne le redoutait pas. Après avoir effusé sa paix sur chacun de ses disciples, il pouvait à juste titre leur dire : « Que votre cœur ne se trouble pas et ne craigne pas. » 181:1.10 La paix de Jésus est donc la paix et l’assurance d’un fils qui croit fermement que sa carrière dans le temps et l’éternité est entièrement en sécurité sous la garde et la surveillance d’un Père esprit infiniment sage, aimant et tout-puissant. C’est en vérité une paix qui transcende toute compréhension d’un mental humain, mais qu’un cœur humain croyant peut savourer pleinement. 2. Exhortations individuelles d’adieu 181:2.1 Le Maitre avait fini de donner ses instructions d’adieu et de communiquer ses ultimes exhortations à ses apôtres en tant que groupe. Il leur dit alors au revoir individuellement, donnant à chacun quelques conseils personnels en même temps que sa bénédiction de départ. Les apôtres étaient encore assis autour de la table dans l’ordre où ils s’étaient installés au début pour partager le Dernier Souper. Le Maitre tourna autour de la table pour leur parler successivement, et chacun d’eux se leva quand Jésus s’adressa à lui. 181:2.2 À Jean, Jésus dit : « Toi, Jean, tu es le plus jeune de mes frères. Tu as été très proche de moi. Je vous aime tous de l’amour qu’un père effuse sur ses fils, mais tu as été désigné par André comme l’un des trois qui devaient constamment rester auprès de moi. En outre, tu as agi en mon nom en beaucoup d’affaires concernant ma famille terrestre, et il faut que tu continues à le faire. Jean, je vais auprès du Père en ayant pleine confiance que tu continueras à protéger ceux qui sont miens par les liens de la chair. Veille à ce que leur présent désarroi au sujet de ma mission ne t’empêche en rien de leur accorder toute la sympathie, les conseils et l’aide nécessaires, comme tu sais que je le ferais si je restais incarné. Et, quand ils parviendront tous à voir la lumière et à entrer pleinement dans le royaume, et que vous les recevrez tous joyeusement, je compte sur toi, Jean, pour leur souhaiter la bienvenue de ma part. 181:2.3 « Maintenant que j’en arrive aux heures finales de ma carrière terrestre, reste toujours à proximité de moi pour que je puisse te laisser quelque message concernant ma famille. Quant à l’œuvre que le Père m’a confiée, elle est maintenant achevée, sauf en ce qui concerne ma mort charnelle, et je suis prêt à boire cette dernière coupe. Quant aux responsabilités que m’a laissées mon père terrestre Joseph, je les ai assumées durant ma vie, mais il faut maintenant que je compte sur toi pour agir à ma place en toutes ces affaires. Je t’ai choisi pour le faire, Jean, parce que tu es le plus jeune, et qu’en conséquence il est très probable que tu vivras plus longtemps que les autres apôtres. 181:2.4 « Jadis, nous t’avons donné, à toi et à ton frère, le surnom de fils du tonnerre. En débutant avec nous, tu étais autoritaire et intolérant, mais tu as beaucoup changé depuis le jour où tu voulais que je fasse descendre le feu du ciel sur la tête d’incroyants écervelés et ignorants. Il faut que tu changes encore davantage. Tu devrais devenir l’apôtre du nouveau commandement que je vous ai donné ce soir. Consacre ta vie à apprendre à tes frères à s’aimer les uns les autres comme je vous ai aimés. » 181:2.5 Tandis que Jean Zébédée se tenait là, debout dans la salle du haut, avec des larmes coulant le long de ses joues, il regarda le Maitre en face et dit : « Je vais le faire, mon Maitre, mais comment puis-je apprendre à aimer davantage mes frères ? » Et Jésus répondit alors : « Tu apprendras à mieux aimer tes frères en apprenant d’abord à aimer davantage leur Père qui est aux cieux, et après t’être réellement plus intéressé à leur bien-être dans le temps et l’éternité. Et tout intérêt humain de ce genre est nourri par une sympathie compréhensive, un service désintéressé et un pardon sans bornes. Nul ne devrait te traiter avec dédain à cause de ta jeunesse, mais je t’exhorte à toujours considérer dument le fait que l’âge représente bien souvent l’expérience et que, dans les affaires humaines, rien ne peut remplacer l’expérience effective. Efforce-toi de vivre en paix avec tout le monde, et spécialement avec tes amis dans la fraternité du royaume céleste. Et puis, Jean, rappelle-toi toujours qu’il ne faut pas lutter avec les âmes que tu voudrais gagner au royaume. » 181:2.6 Ensuite, le Maitre contourna son propre siège et s’arrêta un instant à côté de la place vide de Judas Iscariot. Les apôtres étaient plutôt surpris de voir que Judas n’était pas encore rentré, et ils étaient fort curieux de connaitre la signification de l’expression de tristesse sur le visage de Jésus, debout à côté du siège vide du traitre. Mais nul d’entre eux, sauf peut-être André, ne soupçonnait le moins du monde que leur trésorier était sorti pour trahir son Maitre, comme Jésus le leur avait laissé entendre auparavant dans la soirée et pendant le souper. Il s’était passé tant de choses depuis lors que, pour l’instant, les apôtres avaient complètement oublié la déclaration de Jésus que l’un d’eux le trahirait. 181:2.7 Jésus s’approcha ensuite de Simon Zélotès, qui se leva pour écouter l’exhortation suivante : « Tu es un vrai fils d’Abraham, mais quelle peine j’ai eue à faire de toi un fils du royaume céleste. Je t’aime, et tous tes frères t’aiment également. Je sais que tu m’aimes, Simon, et que tu aimes aussi le royaume, mais tu as encore l’idée fixe de faire advenir ce royaume conformément à tes gouts. Je sais bien que tu finiras par saisir la nature et la signification spirituelles de mon évangile, et que tu travailleras courageusement à le proclamer, mais je suis désolé de ce qui pourrait t’arriver après mon départ. Je me réjouirais de savoir que tu ne chancelleras pas. Je serais heureux si je pouvais savoir qu’après mon retour auprès du Père tu ne cesseras pas d’être mon apôtre, et que tu te comporteras acceptablement comme un ambassadeur du royaume céleste. » 181:2.8 À peine Jésus avait-il fini de parler à Simon Zélotès que le fougueux patriote, essuyant les larmes de ses yeux, répondit : « Maitre, ne crains rien pour ma fidélité. J’ai tourné le dos à tout pour pouvoir consacrer ma vie à l’établissement de ton royaume sur terre, et je ne chancellerai pas. Jusqu’ici, j’ai survécu à toutes les déceptions et je ne t’abandonnerai pas. » 181:2.9 Alors, posant la main sur l’épaule de Simon, Jésus dit : « En vérité, il est réconfortant de t’entendre parler ainsi, spécialement à un moment comme celui-ci, mais, mon bon ami, tu ne sais pas encore de quoi tu parles. Je ne doute pas un instant de ta fidélité, de ta dévotion. Je sais que tu n’hésiterais pas à te lancer dans la bataille et à mourir pour moi, comme le feraient tous tes compagnons (et ils approuvèrent tous vigoureusement d’un signe de tête), mais cela ne te sera pas demandé. Je t’ai maintes fois répété que mon royaume n’est pas de ce monde et que mes disciples ne se battront pas pour l’établir. Je t’ai dit cela bien des fois, Simon, mais tu refuses de regarder la vérité en face. Je ne suis pas inquiet au sujet de ta fidélité envers moi et le royaume, mais que vas-tu faire quand je serai parti, et qu’enfin tu t’éveilleras en prenant conscience que tu n’avais pas saisi la signification de mon enseignement et qu’il te faut réadapter tes fausses interprétations à la réalité d’un ordre spirituel différent des affaires du royaume ? » 181:2.10 Simon voulut encore parler, mais Jésus leva la main pour l’arrêter et continua : « Aucun de mes apôtres n’a un cœur plus sincère et honnête que le tien, mais, après mon départ, aucun ne sera plus bouleversé et plus désespéré que toi. Dans tout ton découragement, mon esprit habitera en toi, et tes frères que voici ne t’abandonneront pas. N’oublie pas ce que je t’ai enseigné au sujet des rapports entre la citoyenneté sur terre et la filiation dans le royaume spirituel du Père. Réfléchis bien à tout ce que je t’ai dit sur la nécessité de rendre à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. Consacre ta vie, Simon, à montrer qu’un mortel peut convenablement accomplir mon injonction de reconnaitre simultanément le devoir temporel envers le pouvoir civil et le service spirituel dans la fraternité du royaume. Si tu acceptes d’être enseigné par l’Esprit de Vérité, il n’y aura jamais de conflit entre les exigences de la citoyenneté terrestre et celles de la filiation céleste, à moins que les chefs temporels ne prétendent exiger de toi l’hommage et l’adoration qui n’appartiennent qu’à Dieu. 181:2.11 « Et, maintenant, Simon, quand tu finiras par voir tout cela, que tu auras secoué ta dépression et que tu seras parti proclamer l’évangile avec grande autorité, n’oublie jamais que je t’aurai accompagné pendant toute ta période de découragement, et que je t’accompagnerai jusqu’au bout. Tu seras toujours mon apôtre. Après que tu auras accepté de voir par l’œil de l’esprit et d’abandonner plus complètement ta volonté à la volonté du Père qui est aux cieux, tu retourneras alors travailler en tant que mon ambassadeur, et nul ne prendra prétexte de ta lenteur à comprendre les vérités que je t’ai enseignées pour t’enlever l’autorité que je t’ai conférée. Donc, Simon, je t’avertis une fois de plus que ceux qui combattent par l’épée périssent par l’épée, tandis que ceux qui œuvrent dans l’esprit obtiennent la vie éternelle dans le royaume à venir, ainsi que la joie et la paix dans le royaume présent. Quand la mission qui t’est confiée sera achevée sur terre, toi, Simon, tu siégeras avec moi dans mon royaume de l’au-delà. Tu verras réellement le royaume que tu as ardemment désiré, mais pas au cours de cette vie. Continue à croire en moi et en ce que je t’ai révélé, et tu recevras le don de la vie éternelle. » 181:2.12 Quand Jésus eut fini de parler à Simon Zélotès, il alla vers Matthieu Lévi et dit : « Il ne t’incombera plus d’assurer la trésorerie du groupe apostolique. Bientôt, très bientôt, vous serez tous dispersés. Il ne vous sera même plus permis de jouir de l’association consolante et réconfortante d’un seul de vos frères apôtres. En poursuivant la prédication de l’évangile du royaume, il vous faudra trouver chacun de nouveaux associés. Je vous ai envoyés deux par deux pendant la durée de votre formation, mais, maintenant que je vous quitte, et après que vous serez remis du choc, vous irez seuls, jusqu’aux confins de la terre, proclamer cette bonne nouvelle que les mortels vivifiés par la foi sont les fils de Dieu. » 181:2.13 Alors, Matthieu dit : « Mais, Maitre, qui va nous envoyer et comment saurons-nous où aller ? André nous indiquera-t-il le chemin ? » Et Jésus répondit : « Non, Lévi, André ne vous donnera plus de directives pour proclamer l’évangile. Il continuera en réalité à être votre ami et votre conseiller jusqu’au jour où vous viendra le nouvel instructeur, et, alors, l’Esprit de Vérité vous conduira chacun au loin pour travailler à l’expansion du royaume. Tu as subi beaucoup de transformations depuis le jour où tu te trouvais au bureau de la douane et où tu pris la décision de me suivre ; mais il faut que tu en subisses encore beaucoup d’autres avant que tu puisses avoir la vision d’une fraternité où les Gentils siégeront avec les Juifs dans une association fraternelle. Continue à répondre au besoin que tu éprouves à gagner tes compatriotes juifs au royaume jusqu’à ce que tu sois pleinement satisfait, et, ensuite, tourne-toi avec autorité vers les Gentils. Lévi, tu peux être certain d’une chose, c’est que tu as gagné la confiance et l’affection de tes frères ; ils t’aiment tous. » (Et tous les dix firent signe qu’ils acquiesçaient aux paroles du Maitre.) 181:2.14 « Lévi, je suis au courant de bien des choses que tes frères ignorent concernant tes soucis, tes sacrifices et tes efforts pour assurer la trésorerie du groupe. Bien que celui qui portait la bourse soit absent, je me réjouis de ce que l’ambassadeur publicain soit ici, à ma réunion d’adieu, avec les messagers du royaume. Je prie pour que tu puisses discerner la signification de mon enseignement avec les yeux de l’esprit. Quand le nouvel instructeur viendra dans ton cœur, suis-le où il te conduira et fais voir à tes frères – et même au monde entier – ce que le Père peut faire pour un collecteur d’impôts détesté qui a osé suivre le Fils de l’Homme et croire à l’évangile du royaume. Dès le début, Lévi, je t’ai aimé comme j’ai aimé ces autres Galiléens. Puisque tu sais si bien que ni le Père ni le Fils ne font acception de personnes, veille à ne pas faire de distinction de cet ordre parmi ceux qui se mettront à croire à l’évangile grâce à ton ministère. Donc, Matthieu, consacre toute ta future vie de service à montrer aux hommes que Dieu ne fait pas acception de personnes et qu’aux yeux de Dieu et dans la communauté du royaume, tous les hommes sont égaux, tous les croyants sont les fils de Dieu. » 181:2.15 Ensuite, Jésus alla vers Jacques Zébédée, qui se tint debout en silence, tandis que le Maitre s’adressait à lui en disant : « Jacques, lorsque toi et ton jeune frère, vous êtes venus un jour vers moi en recherchant une préférence dans les honneurs du royaume, je vous ai dit qu’il appartenait au Père d’attribuer ces honneurs, et je vous ai demandé si vous étiez capables de boire ma coupe ; vous m’avez tous deux répondu que vous l’étiez. Même si vous ne l’étiez pas alors et si vous n’en êtes pas encore capables aujourd’hui, vous serez bientôt préparés à ce service grâce à l’expérience par laquelle vous allez prochainement passer. Tu as irrité tes frères, à l’époque, par une telle conduite. S’ils ne t’ont pas déjà entièrement pardonné, ils le feront quand ils te verront boire ma coupe. Que ton ministère soit long ou court, domine ton âme avec patience. Quand le nouvel instructeur viendra, laisse-le t’enseigner l’équilibre de la compassion et la tolérance sympathisante née d’une sublime confiance en moi et d’une parfaite soumission à la volonté du Père. Consacre ta vie à démontrer la conjugaison de l’affection humaine et de la dignité divine d’un disciple qui connait Dieu et croit au Fils. Tous ceux qui vivent ainsi révéleront l’évangile, même par leur manière de mourir. Toi et ton frère Jean, vous suivrez des chemins différents, et il se peut que l’un de vous siège avec moi bien avant l’autre dans le royaume éternel. Cela t’aiderait beaucoup si tu voulais apprendre que la vraie sagesse inclut le discernement aussi bien que le courage. Tu devrais apprendre la sagacité pour accompagner ton agressivité. Ils viendront ces moments suprêmes où mes disciples n’hésiteront pas à sacrifier leur vie pour l’évangile, mais, dans toutes les circonstances ordinaires, il vaudrait beaucoup mieux apaiser le courroux des incroyants, afin de pouvoir vivre et continuer à prêcher la bonne nouvelle. Dans la mesure où tu le peux, vis longtemps sur terre, afin qu’au cours de tes longues années, tu puisses gagner de nombreuses âmes au royaume céleste. » 181:2.16 Quand le Maitre eut fini de parler à Jacques Zébédée, il contourna la table jusqu’à l’extrémité où se trouvait André, regarda son fidèle assistant bien dans les yeux et lui dit : « André, tu m’as fidèlement représenté en tant que chef en fonction des ambassadeurs du royaume céleste. Bien que tu aies parfois douté et parfois manifesté une timidité dangereuse, tu as néanmoins toujours été sincèrement juste et éminemment équitable dans tes rapports avec tes associés. Depuis ton ordination et celle de tes frères comme messagers du royaume, vous avez agi de manière autonome dans toutes les affaires administratives du groupe, sauf que je t’ai désigné comme chef en fonction de ces hommes choisis. Dans aucun autre domaine temporel je n’ai agi pour te commander ou influencer tes décisions. Je m’en suis abstenu en vue de préparer quelqu’un à diriger vos délibérations collectives ultérieures. Dans mon univers, comme dans l’univers des univers de mon Père, nos fils-frères sont traités en tant qu’individus dans tous leurs rapports spirituels, mais, dans tous les rapports collectifs, nous établissons invariablement une fonction précise de commandement. Notre royaume est un domaine ordonné et, quand deux ou plusieurs créatures volitives agissent en coopération, l’autorité d’un chef est toujours prévue. 181:2.17 « Et, maintenant, André, puisque tu es le chef de tes frères, en vertu de l’autorité que je t’ai conférée, puisque tu m’as ainsi servi de représentant personnel et puisque je vais vous quitter pour aller auprès de mon Père, je te libère de toute responsabilité concernant ces affaires temporelles et administratives. Désormais, tu n’exerceras plus de juridiction sur tes frères en dehors de celle que tu as gagnée en tant que chef spirituel, et que tes frères reconnaissent donc librement. Dorénavant, tu n’as plus le droit d’exercer ton autorité sur tes frères, à moins qu’ils ne te la restituent par un acte législatif formel et précis après que je serai retourné auprès du Père. Toutefois, le fait d’être libéré de toute responsabilité, en tant que chef administratif de ce groupe, ne diminue en rien ta responsabilité morale de faire tout ce qui sera en ton pouvoir pour maintenir la cohésion de tes frères avec fermeté et amour durant les heures éprouvantes qui vont arriver incessamment ; il s’agit des journées qui doivent intervenir entre mon départ, en tant qu’être charnel, et l’envoi du nouvel instructeur qui vivra dans votre cœur et vous conduira finalement dans toute la vérité. Au moment où je me prépare à te quitter, je voudrais te libérer de toute responsabilité administrative tirant son origine et son autorité de ma présence parmi vous comme l’un de vous. Désormais, je n’exercerai plus, sur vous et parmi vous, que l’autorité spirituelle. 181:2.18 « Si tes frères désirent te conserver comme conseiller, je te demande de faire tout ce que tu peux, dans toutes les questions temporelles et spirituelles, pour promouvoir la paix et l’harmonie parmi les divers groupes de croyants sincères à l’évangile. Consacre le reste de ta vie à développer les aspects pratiques de l’amour fraternel parmi tes frères. Sois bon pour mes frères par le sang quand ils parviendront à croire pleinement à l’évangile ; manifeste un dévouement affectueux et impartial envers les Grecs à l’occident et envers Abner à l’orient. Bien que mes apôtres, ici devant moi, doivent prochainement être dispersés aux quatre coins de la terre pour proclamer la bonne nouvelle du salut par la filiation avec Dieu, il t’appartient de les maintenir réunis durant les heures d’épreuve imminentes, la période intensément éprouvante durant laquelle vous devrez apprendre à croire à l’évangile hors de ma présence personnelle, tout en attendant patiemment l’arrivée du nouvel instructeur, l’Esprit de Vérité. Donc, André, bien qu’il puisse ne pas t’échoir d’accomplir les grandes œuvres du point de vue humain, contente-toi d’être l’éducateur et le conseiller de ceux qui les accomplissent. Poursuis jusqu’à la fin ton travail sur terre et, ensuite, tu continueras ce ministère dans le royaume éternel, car ne t’ai-je pas maintes fois dit que j’ai d’autres brebis en dehors de ce troupeau ? » 181:2.19 Jésus alla ensuite vers les jumeaux Alphée, se mit entre eux deux et dit : « Mes petits enfants, vous êtes l’une des trois paires de frères qui ont choisi de me suivre. Tous les six vous avez bien fait de travailler en paix avec votre frère par le sang, mais aucun ne l’a fait mieux que vous. De durs moments nous attendent sous peu. Peut-être ne comprendrez-vous pas tout ce qui vous arrivera, à vous et à vos frères, mais ne doutez jamais que vous ayez été un jour appelés à l’œuvre du royaume. Pendant quelque temps, il n’y aura pas de foules à diriger, mais ne vous découragez pas. Quand le travail de votre vie sera achevé, je vous recevrai au ciel, où, en gloire, vous pourrez raconter votre salut aux armées séraphiques et aux multitudes de Fils élevés de Dieu. Consacrez votre vie à magnifier les travaux pénibles de la vie de tous les jours. Montrez à tous les habitants de la terre et aux anges du ciel comment un homme mortel peut retourner avec gaité et courage à son dur labeur de jadis, après avoir été appelé pendant un temps au service spécial de Dieu. Si, pour le moment, votre travail dans les affaires extérieures du royaume est achevé, vous devriez retourner à vos anciens travaux avec l’illumination nouvelle de l’expérience d’être fils de Dieu, et avec la compréhension élevée que, pour celui qui connait Dieu, il n’existe ni travail banal, ni labeur séculier. Pour vous, qui avez œuvré avec moi, toutes choses sont devenues sacrées, et tout labeur terrestre est devenu un service pour Dieu le Père lui-même. Quand vous entendrez raconter les actes de vos anciens associés apostoliques, réjouissez-vous avec eux et poursuivez votre besogne quotidienne comme ceux qui attendent Dieu et travaillent en l’attendant. Vous avez été mes apôtres et vous le serez toujours ; je me souviendrai de vous dans le royaume à venir. » 181:2.20 Ensuite, Jésus alla vers Philippe, qui se leva pour entendre le message suivant de son Maitre : « Philippe, tu m’as posé beaucoup de sottes questions, et j’ai fait mon possible pour répondre à chacune d’elles. Maintenant, je voudrais répondre à la dernière qui est venue à ton mental fort honnête, mais fort peu spirituel. Pendant tout le temps que je contournais la table vers toi, tu n’as cessé de te demander : ‘Que vais-je bien faire si le Maitre s’en va et nous laisse seuls dans le monde ?’ Ô Homme de peu de foi ! Et, pourtant, tu en as presque autant que nombre de tes frères. Tu as été un bon intendant, Philippe. Tes défaillances ont été rares, et nous avons utilisé l’une d’elles pour manifester la gloire du Père. Ton service d’intendance va prendre fin. Il faudra te consacrer bientôt plus complètement à l’œuvre pour laquelle tu as été appelé – la prédication de l’évangile du royaume. Philippe, tu as toujours voulu des démonstrations et tu vas bientôt voir de grandes choses. Il aurait bien mieux valu que tu aies perçu tout ceci par la foi, mais, puisque tu étais sincère même dans ta vision matérielle, tu vivras pour voir l’accomplissement de mes paroles. Ensuite, quand tu auras été béni par la vision spirituelle, fais ton travail en consacrant ta vie à guider l’humanité dans sa recherche de Dieu et des réalités éternelles avec l’œil de la foi spirituelle, et non avec les yeux du mental matériel. Souviens-toi, Philippe, que tu as une grande mission sur terre, car le monde est rempli de gens qui ont tendance à regarder la vie exactement comme toi. Tu as une tâche importante à accomplir et, quand elle sera achevée dans la foi, tu viendras à moi dans mon royaume, et je prendrai grand plaisir à te montrer ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu et ce que le mental humain n’a pas conçu. Entretemps, deviens comme un petit enfant dans le royaume de l’esprit et permets-moi, en tant qu’esprit du nouvel instructeur, de t’entrainer dans le royaume spirituel. De cette manière, je pourrai faire pour toi beaucoup de choses que je ne pouvais pas accomplir quand je séjournais avec toi comme mortel du royaume. Et souviens-toi toujours, Philippe, que quiconque m’a vu a vu le Père. » 181:2.21 Ensuite, le Maitre alla vers Nathanael, qui se leva ; mais Jésus le pria de se rassoir, s’assit à côté de lui et dit : « Nathanael, tu as appris à vivre au-dessus des préjugés et à pratiquer une tolérance accrue depuis que tu es devenu mon apôtre. Mais tu as encore beaucoup à apprendre. Tu as été une bénédiction pour tes collègues parce que ta persévérante sincérité les rappelait toujours à l’ordre. Après mon départ, il se peut que ta franchise t’empêche de rester en bons termes avec tes frères, tant anciens que nouveaux. Tu devrais apprendre que l’expression d’une pensée, même bonne, doit être modulée en harmonie avec le statut intellectuel et le développement spirituel de l’interlocuteur. La sincérité est fort utile dans l’œuvre du royaume quand elle est alliée au discernement. 181:2.22 « Si tu voulais apprendre à travailler avec tes frères, tu pourrais accomplir des œuvres plus durables ; par contre, si tu pars à la recherche de ceux qui pensent comme toi, consacre alors ta vie à prouver que le disciple connaissant Dieu peut devenir un bâtisseur du royaume, même s’il est seul dans le monde et complètement isolé de ses compagnons croyants. Je sais que tu seras fidèle jusqu’au bout, et je t’accueillerai, un jour, dans le service plus étendu de mon royaume du ciel. » 181:2.23 Alors, Nathanael prit la parole pour demander à Jésus : « J’ai écouté ton enseignement depuis le premier moment où tu m’as appelé au service du royaume, mais, en toute honnêteté, je n’arrive pas à comprendre la pleine signification de tout ce que tu nous dis. Je ne sais pas à quels évènements je dois m’attendre, et je crois que la plupart de mes compagnons sont également désorientés, mais qu’ils hésitent à avouer leur embarras. Peux-tu m’aider ? » Jésus posant la main sur l’épaule de Nathanael dit : « Mon ami, il n’est pas surprenant que tu sois embarrassé pour essayer de saisir la signification de mon enseignement spirituel, puisque tu es tellement handicapé par tes idées préconçues sur la tradition juive et embrouillé par ta tendance persistante à interpréter mon évangile conformément aux leçons des scribes et des pharisiens. 181:2.24 « Je vous ai beaucoup enseigné par la parole et j’ai vécu ma vie parmi vous. J’ai fait tout ce qui était possible pour illuminer votre mental et libérer votre âme. Ce que vous n’avez pas été capables de tirer de mes enseignements et de ma vie, il faut maintenant vous préparer à l’acquérir auprès du maitre de tous les instructeurs – l’expérience effective. Dans toutes ces expériences nouvelles qui vous attendent, je vous précèderai et l’Esprit de Vérité vous accompagnera. Ne craignez pas. Quand le nouvel instructeur sera venu, il vous révélera ce que vous ne réussissez pas à comprendre maintenant ; il le fera durant le reste de votre vie terrestre et poursuivra votre formation dans les âges éternels. » 181:2.25 Puis le Maitre se tournant vers tous les apôtres dit : « N’ayez pas de crainte si vous ne comprenez pas la pleine signification de l’évangile. Vous n’êtes que des êtres finis, des hommes mortels, et ce que je vous ai enseigné est infini, divin et éternel. Soyez patients et ayez bon courage, car vous avez les âges éternels devant vous pour continuer votre expérience progressive et devenir parfaits, comme votre Père au Paradis est parfait. » 181:2.26 Ensuite, Jésus alla vers Thomas, qui, debout, l’entendit dire : « Thomas, tu as souvent manqué de foi ; toutefois, après tes périodes de doute, tu n’as jamais manqué de courage. Je sais que les faux prophètes et les faux éducateurs ne te tromperont pas. Après mon départ, tes frères apprécieront d’autant plus ta manière critique de considérer les nouveaux enseignements. Quand vous serez tous dispersés aux confins du monde dans les temps à venir, souviens-toi que tu es encore mon ambassadeur. Consacre ta vie à la grande œuvre consistant à montrer que le mental matériel critique de l’homme peut triompher de l’inertie du doute intellectuel quand il se trouve en face de la manifestation démonstrative de la vérité vivante ; je parle de la vérité vivante telle qu’elle opère dans l’expérience des hommes et des femmes nés d’esprit, qui produisent dans leur vie les fruits de l’esprit, et qui s’aiment les uns les autres comme je vous ai aimés. Thomas, je suis heureux que tu te sois joint à nous, et je sais qu’après une courte période de perplexité, tu continueras à servir le royaume. Tes doutes ont embarrassé tes frères, mais ne m’ont jamais dérangé. J’ai confiance en toi et je te précèderai même jusqu’aux confins de la terre. » 181:2.27 Ensuite, le Maitre alla vers Simon Pierre, qui se leva, tandis que Jésus s’adressait à lui en ces termes : « Pierre, je sais que tu m’aimes, et que tu consacreras ta vie à prêcher publiquement l’évangile aux Juifs et aux Gentils, mais je suis désolé que tes années d’association étroite avec moi n’aient pas mieux réussi à t’aider à réfléchir avant de parler. Par quelle expérience faudra-t-il que tu passes pour apprendre à surveiller tes paroles ? Que de difficultés tu nous as causées par tes paroles irréfléchies, par ta présomptueuse confiance en toi ! Tu vas t’attirer encore bien plus de difficultés si tu ne maitrises pas ce défaut. Tu sais que tes frères t’aiment malgré cette faiblesse, et tu dois aussi comprendre que cette imperfection ne diminue en rien mon affection pour toi, mais elle réduit ton utilité et ne cesse jamais de te valoir des ennuis. Toutefois il est indubitable que l’expérience par laquelle tu vas passer cette nuit même sera pour toi d’un grand secours. Ce que je te dis maintenant, Simon Pierre, je le dis également à tous tes frères assemblés ici : Ce soir, vous serez tous en grand péril de trébucher à cause de moi. Vous savez qu’il est écrit : ‘Le berger sera frappé et les brebis seront dispersées.’ Quand je ne serai plus là, il y aura grand danger que certains d’entre vous succombent à des doutes et trébuchent à cause de ce qui me sera arrivé. Mais je vous promets maintenant que je reviendrai pour un peu de temps et que je vous précèderai alors en Galilée. » 181:2.28 Alors Pierre mit sa main sur l’épaule de Jésus et dit : « Peu importe si tous mes frères succombent à des doutes à ton sujet ; moi, je te promets que je ne trébucherai sur rien de ce que tu pourras faire. Je t’accompagnerai et, au besoin, je mourrai pour toi. » 181:2.29 Tandis que Pierre se tenait là devant son Maitre, tout tremblant d’une émotion intense et débordant d’amour sincère pour lui, Jésus le regarda droit dans ses yeux humides de larmes et dit : « Pierre, en vérité, en vérité, je te le dis, cette nuit, le coq ne chantera pas avant que tu ne m’aies renié trois ou quatre fois. Et ainsi, ce que tu n’as pas appris par ton association paisible avec moi, tu vas l’apprendre par beaucoup d’ennuis et de grands chagrins. Après que tu auras réellement appris cette indispensable leçon, tu devrais fortifier tes frères et poursuivre une vie consacrée à prêcher l’évangile, bien que tu puisses être mis en prison, et peut-être me suivre en payant le prix suprême du service expression de l’amour pour édifier le royaume du Père. 181:2.30 « Mais souviens-toi de ma promesse : Quand je serai ressuscité, je demeurerai quelque temps avec vous avant d’aller vers le Père. Ce soir même, je supplierai le Père de fortifier chacun de vous pour l’épreuve que vous allez si prochainement traverser. Je vous aime tous de l’amour dont le Père m’aime, et vous devriez donc vous aimer désormais les uns les autres comme je vous ai aimés. » 181:2.31 Ensuite, après avoir chanté une hymne, ils partirent pour le camp du mont des Oliviers. FASCICULE 182 À Gethsémani 182:0.1 Il était environ dix heures ce jeudi soir, lorsque Jésus emmena les onze apôtres de chez Élie et Marie Marc pour les reconduire au camp de Gethsémani. Depuis la journée passée avec le Maitre dans les collines, Jean Marc s’était toujours arrangé pour garder un œil vigilant sur Jésus. Ayant besoin de sommeil, Jean avait pris plusieurs heures de repos pendant que le Maitre avait été avec ses apôtres dans la salle du haut. Mais, lorsqu’il les entendit descendre, il se ceignit rapidement d’un manteau de lin et les suivit à travers la ville, puis au-delà du ruisseau Cédron jusqu’à leur campement privé adjacent au parc de Gethsémani. Durant toute cette nuit et le lendemain, Jean Marc resta si près du Maitre qu’il fut témoin de tout et entendit une grande partie des paroles que le Maitre prononça entre ce moment-là et l’heure de la crucifixion. 182:0.2 Tandis que Jésus et les onze retournaient au camp, les apôtres commencèrent à se demander ce que signifiait l’absence prolongée de Judas. Ils s’entretinrent de la prédiction du Maitre que l’un d’eux le trahirait et, pour la première fois, ils soupçonnèrent que tout n’allait pas bien du côté de Judas Iscariot. Toutefois, ils ne firent pas ouvertement de commentaires sur Judas avant d’atteindre le camp et de constater qu’il n’était pas là à les attendre. Quand ils assaillirent tous André de questions pour savoir ce que Judas était devenu, leur chef se borna à répondre : « Je ne sais pas où est Judas, mais je crains qu’il ne nous ait abandonnés. » 1. La dernière prière en commun 182:1.1 Quelques instants après leur arrivée au camp, Jésus leur dit : « Mes amis et mes frères, je n’ai plus que très peu de temps à passer avec vous, et je désirerais que nous nous isolions pendant que nous prierons notre Père qui est aux cieux de nous accorder la force pour nous soutenir en cette heure et ensuite dans toute l’œuvre que nous devons accomplir en son nom. » 182:1.2 Après avoir ainsi parlé, Jésus les conduisit un peu plus haut sur le mont Olivet, jusqu’à une vaste plateforme rocheuse d’où l’on voyait tout Jérusalem. Il pria les apôtres de s’agenouiller en cercle autour de lui sur le rocher, comme ils l’avaient fait le jour de leur ordination. Ensuite, debout au milieu d’eux et glorifié dans la douce lumière de la lune, il leva les yeux vers le ciel et pria : 182:1.3 « Père, mon heure est venue ; glorifie maintenant ton Fils afin que le Fils puisse te glorifier. Je sais que tu m’as donné pleine autorité sur toutes les créatures vivantes de mon royaume, et je donnerai la vie éternelle à tous ceux qui deviendront fils de Dieu par la foi. Et la vie éternelle, c’est que mes créatures te connaissent comme le seul vrai Dieu et Père de tous, et qu’elles croient en celui que tu as envoyé dans ce monde. Père, je t’ai exalté sur terre et j’ai accompli l’œuvre dont tu m’as chargé. J’ai presque achevé mon effusion sur les enfants de notre propre création ; il ne me reste plus qu’à abandonner ma vie charnelle. Maintenant, ô mon Père, glorifie-moi de la gloire que j’avais avec toi avant que ce monde n’existe, et reçois-moi une fois de plus à ta droite. 182:1.4 « Je t’ai manifesté aux hommes que tu as choisis dans le monde et que tu m’as donnés. Ils sont à toi – comme toute vie est entre tes mains – tu me les as donnés et j’ai vécu parmi eux en leur enseignant les voies de la vie, et ils ont cru. Ces hommes apprennent que tout ce que j’ai vient de toi et que ma vie dans la chair est destinée à faire connaitre mon Père aux mondes. La vérité que tu m’as donnée, je la leur ai révélée, et eux, mes amis et mes ambassadeurs, ont sincèrement voulu recevoir ta parole. Je leur ai dit que je suis issu de toi, que tu m’avais envoyé dans ce monde et que je suis sur le point de retourner vers toi. Père, en vérité, je prie pour ces hommes choisis. Et je prie pour eux non comme je prierais pour le monde, mais comme pour des hommes que j’ai choisis dans le monde pour me représenter auprès de ce monde après que je serai retourné à ton œuvre, de même que je t’ai représenté dans ce monde durant mon séjour dans la chair. Ces hommes sont miens ; tu me les as donnés, mais tout ce qui est à moi est toujours à toi, et tu as fait que tout ce qui était à toi soit à moi. Tu as été exalté en moi, et maintenant je prie pour être honoré en ces hommes. Je ne puis rester plus longtemps dans ce monde ; je vais bientôt retourner à la tâche que tu m’as assignée. Il faut que je laisse ces hommes derrière moi pour nous représenter et représenter notre royaume parmi les hommes. Père, préserve la fidélité de ces hommes pendant que je me prépare à abandonner ma vie dans la chair. Aide ces hommes, mes amis, à être un en esprit comme nous aussi, nous sommes un. Tant que je pouvais être auprès d’eux, je pouvais veiller sur eux et les guider, mais maintenant je vais partir. Sois près d’eux, Père, jusqu’à ce que nous puissions envoyer le nouvel instructeur pour les consoler et les fortifier. 182:1.5 « Tu m’as donné douze hommes, et je les ai tous gardés sauf un, le fils de la vengeance, qui n’a pas voulu maintenir la communion avec nous. Ces hommes sont faibles et frêles, mais je sais que nous pouvons leur faire confiance ; je les ai éprouvés ; ils m’aiment autant qu’ils te révèrent. Bien qu’ils doivent souffrir beaucoup à cause de moi, je désire qu’ils soient aussi remplis de joie à l’idée d’être assurés de leur filiation dans le royaume céleste. J’ai donné ta parole à ces hommes et je leur ai enseigné la vérité. Le monde peut les haïr comme il m’a haï, mais je ne demande pas que tu les retires du monde, seulement que tu les gardes du mal qui sévit dans le monde. Sanctifie-les dans la vérité ; ta parole est vérité. De même que tu m’as envoyé dans ce monde, je vais envoyer ces hommes de par le monde. Pour eux, j’ai vécu parmi les hommes et j’ai consacré ma vie à ton service, afin de les inspirer pour qu’ils se purifient par la vérité que je leur ai enseignée et par l’amour que je leur ai révélé. Je sais bien, mon Père, que je n’ai pas besoin de te prier de veiller sur ces frères après mon départ ; je sais que tu les aimes autant que moi. Mais je fais cela pour qu’ils puissent d’autant mieux réaliser que le Père aime les hommes mortels comme le Fils les aime. 182:1.6 « Et maintenant, mon Père, je voudrais prier non seulement pour ces onze hommes, mais aussi pour tous les autres qui croient maintenant à l’évangile du royaume ou qui pourront y croire plus tard grâce à la parole du futur ministère de mes apôtres. Je veux qu’ils soient tous un, comme toi et moi, nous ne faisons qu’un. Tu es en moi et je suis en toi, et je désire que ces croyants soient également en nous, que nos deux esprits les habitent. Si mes enfants ne font qu’un comme nous ne faisons qu’un, et qu’ils s’aiment les uns les autres comme je les ai aimés, alors tous les hommes croiront que je suis issu de toi et seront prêts à accepter la révélation de vérité et de gloire que j’ai apportée. J’ai révélé à ces croyants la gloire que tu m’as donnée. De même que tu as vécu avec moi en esprit, de même j’ai vécu avec eux dans la chair. De même que tu n’as fait qu’un avec moi, de même je n’ai fait qu’un avec eux, et de même le nouvel instructeur ne fera également à jamais qu’un avec eux et en eux. J’ai fait tout cela pour que mes frères dans la chair puissent savoir que le Père les aime comme le Fils les aime, et que tu les aimes comme tu m’aimes. Père, travaille avec moi à sauver ces croyants, afin qu’ils puissent bientôt demeurer avec moi en gloire et te rejoindre ensuite dans l’étreinte du Paradis. Ceux qui servent avec moi dans l’humiliation, je voudrais les avoir auprès de moi en gloire, afin qu’ils puissent voir tout ce que tu as remis entre mes mains comme moisson éternelle de la semence du temps dans la similitude de la chair mortelle. Je désire ardemment montrer à mes frères terrestres la gloire que j’avais avec toi avant la fondation de ce monde. Ce monde te connait si peu, ô juste Père, mais moi, je te connais, et je t’ai fait connaitre à ces croyants, et ils feront connaitre ton nom à d’autres générations. Et maintenant, je leur promets que tu seras auprès d’eux dans le monde comme tu as été auprès de moi – ainsi soit-il. » 182:1.7 Durant plusieurs minutes, les onze restèrent agenouillés en cercle autour de Jésus avant de se relever et de regagner silencieusement le camp voisin. 182:1.8 Jésus pria pour l’unité parmi ses disciples, mais il ne désirait pas l’uniformité. Le péché crée un niveau stérile d’inertie mauvaise, mais la droiture nourrit l’esprit créatif de l’expérience individuelle dans les réalités vivantes de la vérité éternelle et dans la communion progressive des divins esprits du Père et du Fils. Dans la communion spirituelle d’un fils croyant avec le divin Père, il ne peut jamais y avoir de finalité doctrinale ni de supériorité sectaire provenant d’une conscience de groupe. 182:1.9 Au cours de cette prière finale avec ses apôtres, le Maitre fit allusion au fait qu’il avait rendu manifeste le nom du Père au monde. C’est bien ce qu’il fit en révélant Dieu par sa vie incarnée, qui avait atteint la perfection. Le Père qui est aux cieux avait cherché à se révéler à Moïse, mais ne put aller plus loin que de faire dire : « JE SUIS ». Lorsqu’il fut pressé de se révéler davantage, il dévoila seulement : « JE SUIS ce que JE SUIS ». Mais, lorsque Jésus eut achevé sa vie terrestre, le nom du Père avait été révélé de telle sorte que le Maitre, qui était le Père incarné, pouvait dire à juste titre : 182:1.10 Je suis le pain de vie. 182:1.11 Je suis l’eau vivante. 182:1.12 Je suis la lumière du monde. 182:1.13 Je suis le désir de tous les âges. 182:1.14 Je suis la porte ouverte au salut éternel. 182:1.15 Je suis la réalité de la vie sans fin. 182:1.16 Je suis le bon berger. 182:1.17 Je suis le sentier de la perfection infinie. 182:1.18 Je suis la résurrection et la vie. 182:1.19 Je suis le secret de la survie éternelle. 182:1.20 Je suis le chemin, la vérité et la vie. 182:1.21 Je suis le Père infini de mes enfants finis. 182:1.22 Je suis le vrai cep ; vous êtes les sarments. 182:1.23 Je suis l’espoir de tous ceux qui connaissent la vérité vivante. 182:1.24 Je suis le pont vivant qui relie un monde à l’autre. 182:1.25 Je suis le lien vivant entre le temps et l’éternité. 182:1.26 C’est ainsi que Jésus élargit, pour toutes les générations, la révélation vivante du nom de Dieu. De même que l’amour divin révèle la nature de Dieu, de même la vérité éternelle dévoile son nom dans une mesure toujours croissante. 2. La dernière heure avant la trahison 182:2.1 À leur retour au camp, les apôtres furent extrêmement choqués de ne pas y trouver Judas. Tandis que les onze s’engageaient dans un débat animé au sujet de la traitrise de leur compagnon apôtre, David Zébédée et Jean Marc prirent Jésus à part et lui révélèrent qu’ils avaient surveillé, depuis plusieurs jours, les agissements de Judas et savaient que Judas avaient l’intention de le livrer traitreusement aux mains de ses ennemis. Jésus les écouta, mais se borna à répondre : « Mes amis, rien ne peut arriver au Fils de l’Homme à moins que le Père qui est aux cieux ne le veuille. Que votre cœur ne soit pas troublé ; toutes choses concourront à la gloire de Dieu et au salut des hommes. » 182:2.2 L’attitude sereine de Jésus s’altérait. Dans l’heure qui suivit, il devint de plus en plus grave et même triste. Les apôtres étaient très agités et répugnaient à rentrer dans leurs tentes, même quand le Maitre lui-même les en priait. Au retour de son entretien avec David et Jean Marc, il adressa ses dernières paroles au groupe des onze en disant : « Mes amis, allez vous reposer. Préparez-vous au travail de demain. Rappelez-vous que nous devrions tous nous soumettre à la volonté du Père qui est aux cieux. Je vous laisse ma paix. » Ayant ainsi parlé, il les invita à regagner leurs tentes. Alors qu’ils s’éloignaient, il appela Pierre, Jacques et Jean en leur disant : « Je désire que vous restiez un moment auprès de moi. » 182:2.3 Les apôtres s’endormirent uniquement parce qu’ils étaient littéralement épuisés ; depuis leur arrivée à Jérusalem, ils n’avaient jamais eu leur compte de sommeil. Avant de se séparer pour gagner leur quartier respectif pour la nuit, Simon Zélotès les emmena tous à sa tente, où étaient conservées les épées et autres armes, et remit à chacun son équipement de combat. Tous sauf Nathanael prirent les armes et s’en ceignirent. En refusant de s’armer, Nathanael dit : « Mes frères, le Maitre nous a dit à maintes reprises que son royaume n’est pas de ce monde et que ses disciples ne devraient pas combattre par l’épée pour l’établir. Je le crois, et je ne pense pas que le Maitre ait besoin que nous utilisions l’épée pour le défendre. Nous avons tous été témoins de sa puissance et nous savons qu’il pourrait se défendre contre ses ennemis s’il le désirait. S’il ne veut pas leur résister, c’est parce que cette ligne de conduite représente sa façon de chercher à accomplir la volonté de son Père. Je prierai, mais je ne tirerai pas l’épée. » Après avoir entendu la harangue de Nathanael, André rendit son épée à Simon Zélotès. Neuf d’entre eux restèrent donc armés quand ils se séparèrent pour la nuit. 182:2.4 Leur ressentiment contre le fait que Judas était un traitre éclipsait, pour le moment, toute autre préoccupation dans le mental des apôtres. Le commentaire du Maitre sur Judas au cours de la dernière prière avait ouvert leurs yeux sur le fait qu’il les avait abandonnés. 182:2.5 Lorsque les huit apôtres se furent finalement retirés dans leurs tentes, tandis que Pierre, Jacques et Jean se tenaient prêts à recevoir les ordres du Maitre, Jésus dit à David Zébédée : « Envoie-moi ton messager le plus rapide et le plus sûr. » David lui amena un certain Jacob, jadis coureur au service des messages de nuit entre Jérusalem et Bethsaïde. Jésus, s’adressant à lui, dit : « Rends-toi en toute hâte auprès d’Abner à Philadelphie et dis-lui : ‘le Maitre t’envoie ses souhaits de paix et dit que l’heure est venue où il va être livré aux mains de ses ennemis qui le mettront à mort ; mais il ressuscitera d’entre les morts et t’apparaitra bientôt avant d’aller auprès du Père ; il te donnera alors des directives jusqu’au moment où le nouvel instructeur viendra vivre dans votre cœur.’ » Lorsque Jacob eut répété le message à la satisfaction du Maitre, Jésus le dépêcha en disant : « Ne crains rien de ce que les hommes pourraient te faire, Jacob, car cette nuit un messager invisible courra à tes côtés. » 182:2.6 Jésus se tourna ensuite vers le chef des visiteurs grecs qui campaient avec eux et lui dit : « Mon frère, ne sois pas troublé par ce qui va arriver, car je t’en ai déjà averti. Le Fils de l’homme sera mis à mort à l’instigation de ses ennemis, les chefs des prêtres et les dirigeants des Juifs, mais je ressusciterai pour rester un peu de temps avec vous avant d’aller auprès du Père. Quand tu auras vu tout cela se passer, glorifie Dieu et fortifie tes frères. » 182:2.7 Dans des circonstances ordinaires, chacun des apôtres aurait souhaité personnellement bonne nuit au Maitre, mais, ce soir-là, ils étaient si préoccupés de la soudaine réalisation de la désertion de Judas et si émus par la nature insolite de la prière d’adieu du Maitre, qu’ils se bornèrent à écouter sa salutation d’adieu et partirent en silence. 182:2.8 Au moment où André le quitta cette nuit-là, Jésus lui fit la recommandation suivante : « André, fais ce que tu peux pour garder tes frères ensemble jusqu’à ce que je revienne vers vous après avoir bu cette coupe. Fortifie tes frères, puisque je t’ai déjà tout dit. Que la paix soit avec toi. » 182:2.9 Aucun des apôtres ne s’attendait à ce qu’il arrivât quelque chose d’extraordinaire cette nuit-là, car il était déjà très tard. Ils cherchaient à dormir afin de se lever de bonne heure le lendemain matin et d’être prêts pour le pire. Ils pensaient que les chefs des prêtres essayeraient d’appréhender leur Maitre le matin de bonne heure, car on ne faisait jamais de travail profane l’après-midi du jour de la préparation de la Pâque. Seuls David Zébédée et Jean Marc comprirent que les ennemis de Jésus allaient venir avec Judas cette nuit même. 182:2.10 David s’était arrangé pour prendre la garde de nuit sur la piste supérieure qui conduisait à la route de Béthanie à Jérusalem, tandis que Jean Marc devait veiller le long de la route montant du Cédron à Gethsémani. Avant de partir pour sa mission volontaire de sentinelle avancée, David prit congé de Jésus en disant : « Maitre, j’ai eu grande joie à servir auprès de toi. Mes frères sont tes apôtres, mais je me suis réjoui de faire les moindres choses comme elles devaient l’être, et je te regretterai de tout mon cœur quand tu seras parti. » Jésus lui répondit : « David, mon fils, les autres ont fait ce qui leur avait été ordonné, mais c’est de ton propre cœur que tu as rendu service, et j’ai bien remarqué ta dévotion. Toi aussi, tu serviras, un jour, auprès de moi dans le royaume éternel. » 182:2.11 Alors, tandis qu’il se préparait à aller prendre la garde sur la piste supérieure, David dit à Jésus : « Tu sais, Maitre, j’ai envoyé chercher les membres de ta famille et un messager m’a dit qu’ils étaient ce soir à Jéricho. Ils seront ici demain matin de bonne heure, car il serait risqué de monter de nuit par ce chemin dangereux. » Jésus abaissant le regard sur David dit simplement : « Qu’il en soit ainsi, David. » 182:2.12 Lorsque David fut monté à son poste sur le mont Olivet, Jean Marc prit sa garde près de la route qui descendait le long du ruisseau vers Jérusalem. Il serait resté à ce poste s’il n’avait été tenaillé par le désir d’être près de Jésus et de savoir ce qui se passait. Peu après que David l’eut quitté et qu’il eut observé Jésus se retirant avec Pierre, Jacques et Jean dans un proche ravin, Jean Marc fut tellement dominé par sa dévotion et sa curiosité conjuguées qu’il abandonna son poste de sentinelle et les suivit en se cachant dans des buissons. De là, il put voir et entendre tout ce qui se passa durant ces derniers moments dans le jardin et juste avant l’apparition de Judas et des gardes armés venus pour arrêter Jésus. 182:2.13 Pendant que tous ces évènements se déroulaient au camp du Maitre, Judas Iscariot conférait avec le capitaine des gardes du temple, qui avait rassemblé ses hommes avant de partir pour procéder à l’arrestation de Jésus sous la direction du traitre. 3. Seul à Gethsémani 182:3.1 Quand tout fut silencieux et tranquille dans le camp, Jésus emmena Pierre, Jacques et Jean, et leur fit remonter, sur une courte distance, un proche ravin où il était souvent allé auparavant prier et communier. Les trois apôtres ne purent s’empêcher de constater que Jésus était profondément accablé ; jamais auparavant ils n’avaient vu leur Maitre aussi triste et abattu. En arrivant à l’endroit de ses dévotions, il leur demanda de s’assoir et de veiller avec lui pendant qu’il s’éloignait à la distance d’un jet de pierre pour prier. Tombant face contre terre, il pria : « Mon Père, je suis venu dans ce monde pour faire ta volonté et je l’ai faite. Je sais que l’heure est venue d’abandonner ma vie dans la chair, et je ne m’y dérobe pas, mais je voudrais savoir si c’est bien ta volonté que je boive cette coupe. Envoie-moi l’assurance que je te satisferai dans ma mort comme je t’ai satisfait dans ma vie. » 182:3.2 Le Maitre resta quelques instants dans une attitude de prière, puis retourna vers les trois apôtres ; il les trouva profondément endormis, car leurs paupières étaient pesantes et ils ne pouvaient rester éveillés. Jésus les réveilla en disant : « Quoi ! Ne pouvez-vous veiller avec moi, même pendant une heure ? Ne pouvez-vous voir que mon âme éprouve une tristesse extrême, et même une tristesse mortelle, et que je désire ardemment votre compagnie ? » Après les avoir secoués de leur torpeur, le Maitre repartit seul et retomba de nouveau face contre terre en priant : « Père, je sais qu’il est possible d’éviter cette coupe – toutes choses sont possibles pour toi – mais je suis venu pour faire ta volonté et, bien que la coupe soit amère, je la boirai si telle est ta volonté. » Après qu’il eut ainsi prié, un ange puissant descendit auprès de lui, lui parla, le toucha et le fortifia. 182:3.3 Quand Jésus retourna s’entretenir avec les trois apôtres, il les trouva de nouveau profondément endormis. Il les réveilla en leur disant : « En cette heure, j’ai besoin que vous veilliez et que vous priiez avec moi – et vous avez bien besoin de prier pour ne pas succomber à la tentation – pourquoi donc vous endormez-vous quand je vous quitte ? » 182:3.4 Ensuite, le Maitre se retira une troisième fois à l’écart et pria : « Père, tu vois mes apôtres endormis ; étends ta miséricorde sur eux. En vérité, l’esprit est prompt, mais la chair est faible. Et maintenant, ô Père, si cette coupe ne peut s’éloigner, alors je la boirai. Que ta volonté soit faite et non la mienne. » Lorsqu’il eut fini de prier, il resta pendant un instant prostré sur le sol. Lorsqu’il se releva et qu’il retourna vers ses apôtres, une fois de plus il les trouva endormis. Il les observa, puis dit tendrement avec un geste de pitié : « Dormez maintenant et prenez votre repos ; le moment de la décision est passé. Voici venir l’heure où le Fils de l’Homme va être trahi et livré aux mains de ses ennemis. » Puis il se baissa pour les secouer et les réveilla en disant : « Debout, retournons au camp, car voici que celui qui me trahit est à portée de la main, et l’heure est venue où mon troupeau va être dispersé. Mais je vous ai déjà parlé de ces choses. » 182:3.5 Durant les années vécues par Jésus parmi ses disciples, ils eurent vraiment de nombreuses preuves de sa nature divine, mais, à ce moment-là, ils sont sur le point de recevoir de nouvelles preuves de son humanité. Juste avant la plus grande révélation de sa divinité, sa résurrection, il faut maintenant que surviennent les plus grandes preuves de sa nature humaine, son humiliation et sa crucifixion. 182:3.6 Chaque fois que Jésus avait prié dans le jardin, sa nature humaine avait, par la foi, saisi plus fermement sa divinité ; sa volonté humaine s’était plus complètement unifiée avec la volonté divine de son Père. Parmi d’autres paroles que lui avait dites le puissant ange, se trouvait le message que le Père désirait voir son Fils terminer son effusion terrestre en passant par l’expérience que la créature a de la mort, exactement comme toutes les créatures mortelles doivent faire l’expérience de la dissolution matérielle en passant de l’existence dans le temps à la progression dans l’éternité. 182:3.7 Plus tôt dans la soirée, il n’avait pas paru si difficile au Maitre de boire la coupe, mais, tandis que le Jésus humain disait adieu à ses apôtres et les envoyait se reposer, l’épreuve devenait plus terrible. Jésus éprouvait le flux et le reflux naturel des sentiments communs à toute expérience humaine, et, à ce moment-là, il était fatigué de son travail, épuisé par les longues heures d’efforts assidus et d’anxiété douloureuse au sujet de la sécurité de ses apôtres. Bien que nul mortel ne puisse prétendre saisir les pensées et les sentiments du Fils incarné de Dieu à un moment comme celui-là, nous savons qu’il éprouva une grande angoisse et souffrit d’une tristesse indicible, car la sueur coulait à grosses gouttes sur son visage. Il était enfin convaincu que le Père avait l’intention de laisser les évènements naturels suivre leur cours, et il était pleinement décidé à ne pas recourir, pour se sauver, à son pouvoir souverain de chef suprême d’un univers. 182:3.8 Les armées assemblées d’une immense création planaient maintenant au-dessus de cette scène sous le commandement temporaire conjoint de Gabriel et de l’Ajusteur Personnalisé de Jésus. Les chefs divisionnaires de ces armées célestes ont été avertis à maintes reprises de ne pas s’immiscer dans ces opérations terrestres, à moins que Jésus lui-même ne leur ordonne d’intervenir. 182:3.9 L’expérience de sa séparation d’avec les apôtres exerçait une grande tension sur le cœur humain de Jésus ; cette tristesse d’amour l’accablait et lui rendait plus difficile d’affronter en pleine connaissance de cause une mort semblable à celle qui l’attendait. Il se rendait compte de la faiblesse et de l’ignorance de ses apôtres, et craignait de les abandonner. Il savait bien que l’heure de son départ était arrivée, mais son cœur humain cherchait ardemment à découvrir s’il n’y avait pas d’issue possible pour échapper à cette terrible épreuve de souffrance et de chagrin. Après que son cœur eut ainsi cherché une échappatoire sans y parvenir, il accepta de boire la coupe. Le mental divin de Micaël savait qu’il avait fait de son mieux pour les douze apôtres, mais le cœur humain de Jésus eût souhaité que davantage eût été fait avant de les laisser seuls dans le monde. Le cœur de Jésus était broyé. Il aimait sincèrement ses frères ; il était séparé de sa famille charnelle ; l’un de ses associés choisis le trahissait ; le peuple de son père Joseph l’avait rejeté et avait scellé ainsi son propre destin en tant que peuple chargé d’une mission spéciale sur terre ; son âme était torturée par son amour déçu et sa miséricorde rejetée. Il s’agissait d’un de ces moments terribles dans la vie d’un homme, où tout semble l’accabler avec une cruauté écrasante et une angoisse affreuse. 182:3.10 La nature humaine de Jésus n’était pas insensible à cette situation de solitude personnelle, d’opprobre public et d’échec apparent de sa cause. Tous ces sentiments pesaient sur lui avec une lourdeur indescriptible. Dans cette grande tristesse, son mental revint à l’époque de son enfance à Nazareth et de ses premiers travaux en Galilée. Au moment de cette grande épreuve, de nombreuses scènes agréables de son ministère terrestre se présentèrent à son mental. Grâce à ces vieux souvenirs de Nazareth, de Capharnaüm, du mont Hermon et du lever et du coucher de soleil sur la scintillante mer de Galilée, il parvint à se calmer tout en fortifiant et en préparant son cœur humain à rencontrer le félon qui devait si prochainement le trahir. 182:3.11 Avant l’arrivée de Judas et des soldats, le Maitre avait pleinement repris son équilibre habituel. L’esprit avait triomphé de la chair ; la foi s’était affirmée supérieure à toutes les tendances humaines à craindre ou à entretenir des doutes. L’épreuve suprême de la pleine réalisation de la nature humaine avait été affrontée et passée d’une manière satisfaisante. Une fois de plus, le Fils de l’Homme était prêt à faire face à ses ennemis avec sérénité et avec la pleine assurance qu’il était invincible en tant que mortel voué sans réserve à faire la volonté de son Père. FASCICULE 183 Jésus trahi et arrêté 183:0.1 Après que Jésus eut finalement réveillé Pierre, Jacques et Jean, il leur suggéra de retourner dans leurs tentes et de chercher à dormir pour se préparer aux tâches du lendemain. Mais les apôtres étaient maintenant tout à fait réveillés ; leurs brefs moments de sommeil les avaient reposés. En outre, ils étaient stimulés et excités par l’arrivée sur la scène de deux messagers très agités qui s’enquirent de David Zébédée et partirent rapidement à sa recherche dès que Pierre leur eut indiqué où se trouvait son poste de garde. 183:0.2 Quoique huit des apôtres fussent profondément endormis, les Grecs qui campaient près d’eux craignaient davantage des troubles, au point qu’ils avaient posté une sentinelle pour donner l’alarme en cas de danger. Lorsque les deux messagers entrèrent précipitamment dans le camp, la sentinelle grecque se mit à réveiller tous ses compatriotes, qui sortirent de leurs tentes tout habillés et complètement armés. Tout le camp était maintenant en éveil, sauf les huit apôtres. Pierre voulait les appeler, mais Jésus le lui interdit formellement. Le Maitre recommanda doucement à tous de retourner dans leurs tentes, mais ils étaient peu disposés à suivre cette invite. 183:0.3 N’ayant pas réussi à disperser ses partisans, le Maitre les quitta et descendit vers le pressoir à olives proche de l’entrée du parc de Gethsémani. Les trois apôtres, les Grecs et les autres membres du camp hésitèrent à le suivre immédiatement, mais Jean Marc se hâta de contourner les oliviers et se cacha dans une petite baraque proche du pressoir à olives. Si Jésus s’éloignait du camp et de ses amis, c’était afin que les hommes venus pour s’emparer de lui puissent l’arrêter à leur arrivée sans déranger les apôtres. Le Maitre préférait que ses apôtres ne fussent pas réveillés et présents au moment de son arrestation ; il craignait que le spectacle de la trahison de Judas n’excite leur animosité au point de les faire résister aux soldats et emmener en prison avec lui. S’ils étaient arrêtés avec lui, il avait peur qu’ils ne périssent aussi avec lui. 183:0.4 Jésus savait que le plan pour le faire mourir avait son origine dans les conseils des dirigeants juifs, mais il était également conscient que tous ces projets néfastes avaient la pleine approbation de Lucifer, de Satan et de Caligastia. Il savait bien que ces rebelles des royaumes verraient aussi avec plaisir tous les apôtres exterminés avec lui. 183:0.5 Jésus s’assit, dans la solitude, sur le pressoir à olives où il attendit l’arrivée du traitre, et il n’était vu, à ce moment-là, que par Jean Marc et une multitude d’observateurs célestes. 1. La volonté du Père 183:1.1 Il y a de grands risques de malentendus sur la signification de nombreux évènements et récits associés à la fin de la carrière du Maitre dans la chair. Le traitement cruel envers Jésus par les serviteurs ignorants et les soldats sans cœur, la manière injuste dont il fut jugé et l’insensibilité des prétendus chefs religieux ne doivent pas être confondus avec le fait qu’en supportant patiemment toutes ces souffrances et humiliations, Jésus accomplissait vraiment la volonté du Père du Paradis. En fait et en vérité, la volonté du Père était bien que son Fils boive pleinement la coupe de l’expérience des mortels depuis la naissance jusqu’à la mort ; mais jamais le Père qui est aux cieux ne contribua en quoi que ce soit à provoquer la conduite barbare de ces êtres humains soi-disant civilisés qui torturèrent si brutalement le Maitre et accumulèrent successivement des indignités si horribles sur sa personne qui ne résistait pas. Ces épreuves inhumaines et choquantes que Jésus eut à subir dans les dernières heures de sa vie de mortel ne furent en aucun sens une partie de la volonté divine du Père, que la nature humaine de Jésus s’était si triomphalement engagée à exécuter au moment de la reddition finale de l’homme à Dieu, comme l’exprimait la triple prière qu’il formula dans le jardin de Gethsémani pendant que ses apôtres fatigués dormaient du sommeil de l’épuisement physique. 183:1.2 Le Père qui est aux cieux désirait que le Fils d’effusion terminât sa carrière terrestre d’une manière naturelle, exactement comme tous les mortels doivent terminer leur vie sur terre et dans la chair. Les hommes et les femmes ordinaires ne peuvent s’attendre à ce que leurs dernières heures sur terre et la survenance de l’épisode de la mort leur soient facilitées par une dispense spéciale. En conséquence, Jésus choisit d’abandonner sa vie charnelle d’une manière conforme au cours naturel des évènements. Il refusa fermement de se dégager des griffes cruelles d’une perfide conspiration d’évènements inhumains qui l’entrainait avec une horrible certitude vers son incroyable humiliation et sa mort ignominieuse. Chaque élément de cette stupéfiante manifestation de haine et de cette démonstration de cruauté sans précédent fut l’œuvre d’hommes mauvais et de mortels méchants. Elle ne fut ni voulue par Dieu dans les cieux, ni prescrite par les ennemis acharnés et supramatériels de Jésus, bien que ces derniers eussent largement contribué à faire rejeter ainsi le Fils d’effusion par des mortels irréfléchis et mauvais. Même le père du péché détourna sa face de l’atroce scène d’horreur de la crucifixion. 2. Judas dans la ville 183:2.1 Après que Judas eut si brusquement quitté la table au milieu du Dernier Souper, il se rendit tout droit chez son cousin, puis tous deux allèrent directement trouver le capitaine des gardes du temple. Judas demanda au capitaine de réunir les gardes et l’informa qu’il était prêt à les conduire vers Jésus. Judas était venu un peu plus tôt qu’on ne l’attendait, de sorte qu’il fallut un certain temps pour se mettre en route vers la maison de Marc, où Judas s’attendait à trouver Jésus s’entretenant encore avec les apôtres. Le Maitre et les onze apôtres quittèrent le domicile d’Élie Marc au moins un quart d’heure avant l’arrivée du traitre et des gardes. Au moment où ceux qui venaient l’arrêter arrivèrent chez Marc, Jésus et les onze étaient déjà sortis de l’enceinte de la ville et en route vers le camp d’Olivet. 183:2.2 Judas fut très inquiet de ne pas trouver Jésus à la résidence de Marc et en compagnie des onze hommes, dont deux seulement étaient armés pour résister. Il avait appris fortuitement que, l’après-midi où il avait quitté le camp, seuls Simon Pierre et Simon Zélotès s’étaient ceints d’une épée. Judas avait espéré s’emparer de Jésus pendant que la ville était tranquille et qu’il y avait peu de chances de résistance. Le traitre craignait d’avoir à faire face à plus de soixante disciples dévoués s’il attendait leur retour au camp, et il savait aussi que Simon Zélotès disposait d’une ample réserve d’armes. Judas devenait de plus en plus nerveux en songeant à quel point les onze apôtres loyaux le détesteraient, et il redoutait qu’ils ne cherchent tous à le tuer. Non seulement il était déloyal, mais aussi réellement lâche dans son cœur. 183:2.3 Faute de trouver Jésus dans la salle du haut, Judas demanda au capitaine des gardes de retourner au temple. À cette heure, les dirigeants avaient commencé à s’assembler chez le grand-prêtre pour se préparer à recevoir Jésus, vu que leur convention avec le traitre comportait l’arrestation de Jésus à minuit ce jour-là. Judas expliqua à ses associés qu’ils avaient manqué Jésus à la maison de Marc, et qu’il faudrait aller à Gethsémani pour l’arrêter. Le traitre poursuivit en précisant que plus de soixante disciples dévoués campaient avec lui et qu’ils étaient tous bien armés. Les chefs des Juifs rappelèrent à Judas que Jésus avait toujours prêché la non-résistance, mais il répliqua que l’on ne pouvait compter sur tous les disciples de Jésus pour obéir à cet enseignement. Judas avait réellement peur pour lui-même, et c’est pourquoi il osa demander une compagnie de quarante soldats en arme. N’ayant pas sous leur juridiction une force aussi importante, les autorités juives se rendirent aussitôt à la forteresse d’Antonia et requirent le commandant romain de leur fournir cette garde. Mais, en apprenant leur intention d’arrêter Jésus, le commandant refusa aussitôt d’accéder à leur demande et les adressa à son officier supérieur. De cette manière, ils perdirent plus d’une heure en allant d’une autorité à l’autre, jusqu’au moment où ils furent contraints d’aller jusqu’à Pilate en personne pour obtenir l’autorisation d’employer les gardes romains armés. Quand ils arrivèrent à la maison de Pilate, il était tard, et Pilate s’était retiré avec sa femme dans son appartement privé. Il hésita à s’immiscer en quoi que ce soit dans l’entreprise ; d’autant plus que sa femme lui avait demandé de ne pas faire droit à la requête. Mais, puisque le président du sanhédrin juif était présent et demandait personnellement cette assistance, le gouverneur crut sage de donner l’autorisation ; il s’estimait en mesure de rectifier ultérieurement n’importe quelle mauvaise action qu’ils auraient pu être amenés à commettre. 183:2.4 En conséquence, lorsque Judas Iscariot partit du temple vers onze heures et demie du soir, il était accompagné de plus de soixante personnes – gardes du temple, soldats romains et serviteurs curieux des dirigeants et chefs des prêtres. 3. L’arrestation du Maitre 183:3.1 Tandis que cette compagnie de soldats armés et de gardes, portant torches et lanternes, approchait du jardin, Judas prit une bonne avance sur la troupe pour être prêt à identifier rapidement Jésus afin de permettre aux hommes chargés de l’arrêter de mettre facilement la main sur lui avant que ses associés n’aient le temps de se rassembler pour le défendre. Il y avait encore une autre raison pour que Judas choisisse de précéder les ennemis du Maitre : il pensait qu’ainsi il semblerait être arrivé sur la scène avant les soldats, de sorte que les apôtres et les autres disciples réunis autour de Jésus n’établiraient peut-être pas de lien direct entre sa venue et les gardes armés qui le suivaient de si près. Judas avait même pensé prétendre s’être hâté pour les prévenir de l’approche de ceux qui venaient l’arrêter, mais ce plan fut contrecarré par la manière flétrissante dont Jésus salua le félon. Bien que le Maitre parlât aimablement à Judas, il l’accueillit comme un traitre. 183:3.2 Aussitôt que Pierre, Jacques, Jean et une trentaine de campeurs virent la troupe armée munie de torches contourner la crête de la colline, ils surent que ces soldats venaient arrêter Jésus, et tous descendirent précipitamment vers le pressoir à olives, où le Maitre était assis seul sous le clair de lune. Tandis que la compagnie de soldats s’approchait d’un côté, les trois apôtres et leurs associés s’approchaient de l’autre. Et, alors que Judas s’avançait à grandes enjambées pour accoster le Maitre, les deux groupes s’immobilisèrent avec le Maitre entre eux, Judas se préparant à déposer le baiser de trahison sur le front de Jésus. 183:3.3 Le traitre avait espéré qu’après avoir conduit les gardes à Gethsémani, il pourrait simplement désigner Jésus aux soldats ou tout au plus exécuter la promesse de le saluer par un baiser, puis quitter rapidement la scène. Judas craignait beaucoup que les apôtres ne soient tous présents et ne concentrent leur attaque sur lui pour le punir d’avoir osé trahir leur instructeur bien-aimé, mais, lorsque le Maitre l’accueillit comme un traitre, il fut tellement confus qu’il ne fit aucune tentative pour s’enfuir. 183:3.4 Jésus fit un dernier effort pour éviter à Judas d’accomplir effectivement son geste de trahison. Avant que le traitre ait pu le joindre, il fit quelques pas de côté et interpella le militaire de tête sur la gauche, le capitaine des Romains, en lui disant : « Qui cherches-tu ? » Le capitaine répondit : « Jésus de Nazareth. » Alors, Jésus se planta immédiatement devant l’officier et, avec la calme majesté du Dieu de toute notre création, il lui dit : « C’est moi. » Beaucoup de membres de la garde armée avaient entendu Jésus enseigner dans le temple, et d’autres avaient entendu parler de ses œuvres puissantes. Lorsqu’ils l’entendirent déclarer son identité si audacieusement, les soldats des premiers rangs reculèrent soudainement. Ils furent saisis de surprise devant la calme et majestueuse déclaration de son identité. Judas n’avait donc aucun besoin de poursuivre son plan de trahison. Le Maitre s’était audacieusement dévoilé à ses ennemis, qui auraient pu s’emparer de lui sans l’assistance de Judas. Mais il fallait que le traitre fit quelque chose pour justifier sa présence avec cette troupe armée ; en outre, il voulait donner le spectacle de jouer son rôle dans l’accord de trahison avec les dirigeants des Juifs, pour mériter la forte récompense et les grands honneurs qui, croyait-il, allaient s’amonceler sur lui en compensation de sa promesse de livrer Jésus entre leurs mains. 183:3.5 Tandis que les gardes se ressaisissaient après avoir d’abord vacillé à la vue de Jésus et au son de sa voix inhabituelle, et tandis que les apôtres et les disciples se rapprochaient, Judas s’avança vers Jésus, déposa un baiser sur son front et dit : « Salut, Maitre et Instructeur. » Au moment où Judas embrassa ainsi son Maitre, Jésus lui dit : « Ami, ne suffit-il pas de faire cela ! Veux-tu encore trahir le Fils de l’Homme par un baiser ? » 183:3.6 Les apôtres et les disciples furent littéralement abasourdis de ce qu’ils voyaient. Pendant un moment, nul ne fit un geste. Puis Jésus, se dégageant de la traitresse étreinte de Judas, s’avança vers les gardes et les soldats, et demanda de nouveau : « Qui cherchez-vous ? » Le capitaine répéta : « Jésus de Nazareth. » Et Jésus répondit encore une fois : « Je t’ai dit que c’est moi. Si donc c’est moi que tu cherches, laisse les autres aller leur chemin. Je suis prêt à te suivre. » 183:3.7 Jésus était prêt à retourner à Jérusalem avec les gardes, et le capitaine des soldats était entièrement disposé à permettre aux trois apôtres et à leurs associés d’aller leur chemin en paix. Mais, avant qu’ils n’aient pu repartir, et tandis que Jésus attendait les ordres du capitaine, un certain Malchus, un Syrien garde de corps du grand-prêtre, s’avança vers Jésus et se prépara à lui lier les mains derrière le dos, bien que le capitaine romain ne lui eût rien ordonné de tel. Lorsque Pierre et ses associés virent leur Maitre soumis à cette indignité, ils furent incapables de se contenir plus longtemps. Pierre tira son épée et se précipita avec les autres pour frapper Malchus. Mais, avant que les soldats n’aient pu accourir à la défense du serviteur du grand-prêtre, Jésus leva la main vers Pierre en un geste d’interdiction et lui parla sévèrement en disant : « Pierre, rengaine ton épée. Quiconque tire l’épée périra par l’épée. Ne comprends-tu pas que c’est la volonté du Père que je boive cette coupe ? Ne sais-tu pas non plus que, même maintenant, je pourrais commander plus de douze légions d’anges et leurs associés, qui me délivreraient des mains de ces quelques hommes ? » 183:3.8 Bien que Jésus eût ainsi mis fin à cette démonstration de résistance physique par ses disciples, c’en fut assez pour susciter la peur chez le capitaine des gardes qui, alors, avec l’aide de ses soldats, abattit ses lourdes mains sur Jésus et le lia rapidement. Tandis qu’ils lui attachaient les mains avec de fortes cordes, Jésus leur dit : « Pourquoi sortez-vous contre moi avec des épées et des bâtons comme pour saisir un voleur ? J’étais tous les jours dans le temple avec vous, enseignant publiquement le peuple, et vous n’avez fait aucun effort pour m’appréhender. » 183:3.9 Après avoir lié Jésus, le capitaine, craignant que les disciples du Maitre n’essayent de le délivrer, donna des ordres pour les saisir aussi ; mais les soldats ne furent pas assez rapides, car les disciples avaient entendu le capitaine donner des ordres pour les arrêter et s’étaient enfuis précipitamment dans le ravin. Pendant tout ce temps, Jean Marc était resté cloitré dans la baraque voisine. Quand les gardes repartirent pour Jérusalem avec Jésus, Jean Marc essaya de sortir subrepticement de la baraque pour rejoindre les apôtres et les disciples qui s’enfuyaient, mais, au moment précis où il sortait, un des derniers soldats qui revenaient de poursuivre les disciples en fuite passait à côté. Voyant ce jeune homme dans son manteau de lin, il lui donna la chasse et réussit presque à l’attraper. En fait, le soldat arriva assez près de Jean Marc pour saisir son manteau, mais le jeune homme se libéra du vêtement et s’échappa tout nu tandis que le soldat tenait le manteau vide. Jean Marc se rendit en toute hâte auprès de David Zébédée sur la piste supérieure. Après qu’il eut raconté à David tout ce qui était arrivé, ils allèrent tous deux bien vite aux tentes des apôtres endormis et mirent les huit au courant de ce que le Maitre avait été trahi et arrêté. 183:3.10 À peu près au moment où les huit apôtres furent ainsi réveillés, leurs compagnons qui avaient fui en remontant le ravin commençaient à revenir, et tous se réunirent au pressoir à olives pour discuter de ce qu’il fallait faire. Entretemps, Simon Pierre et Jean Zébédée, qui s’étaient cachés parmi les oliviers, étaient déjà partis suivre la troupe des soldats, gardes et serviteurs qui ramenaient maintenant Jésus à Jérusalem comme ils auraient conduit un criminel invétéré. Jean Zébédée suivait la troupe de très près, mais Pierre suivait à bonne distance. Jean Marc, après avoir échappé aux griffes du soldat, s’était couvert d’une cape qu’il avait trouvée dans la tente de Simon Pierre et de Jean Zébédée. Il soupçonnait que les gardes allaient emmener Jésus chez Annas, le grand-prêtre honoraire ; il fit donc un détour par les olivaies et arriva avant la troupe au palais du grand-prêtre, où il se cacha près de la principale porte d’entrée. 4. La discussion auprès du pressoir à olives 183:4.1 Jacques Zébédée se trouva séparé de Simon Pierre et de son frère Jean, de sorte qu’il rejoignit les autres apôtres et leurs compagnons campeurs au pressoir à olives pour délibérer sur ce qu’il y avait lieu de faire au sujet de l’arrestation du Maitre. 183:4.2 André avait été dégagé de toute responsabilité en tant que directeur du groupe apostolique ; en conséquence, dans ce qui était la plus grande crise de leur vie, il resta silencieux. Après une brève discussion, Simon Zélotès monta sur le mur de pierre du pressoir à olives et fit un plaidoyer passionné en faveur de la fidélité au Maitre et de la cause du royaume ; il exhorta ses compagnons apôtres et les autres disciples à courir après la troupe et à libérer Jésus. La majorité du groupe aurait été disposée à suivre sa conduite agressive sans le conseil de Nathanael qui, dès que Simon Zélotès eut fini de parler, se leva et attira l’attention de l’auditoire sur les enseignements maintes fois répétés de Jésus au sujet de la non-résistance. Il rappela en outre que, cette nuit même, Jésus leur avait ordonné de protéger leur vie en attendant le moment où ils se répandraient dans le monde pour proclamer la bonne nouvelle de l’évangile du royaume céleste. Jacques Zébédée encouragea Nathanael dans cette prise de position ; il raconta comment Pierre et d’autres avaient tiré l’épée pour empêcher l’arrestation du Maitre, et comment Jésus avait commandé à Pierre et à ceux de ses compagnons qui portaient une épée de rengainer leurs lames. Matthieu et Philippe firent aussi des discours, mais il ne sortit rien de précis de la discussion avant l’intervention de Thomas, qui attira leur attention sur le fait que Jésus avait recommandé à Lazare de ne pas s’exposer à la mort. Thomas fit remarquer que les apôtres ne pouvaient rien faire pour sauver leur Maitre, puisqu’il avait refusé de permettre à ses amis de le défendre et qu’il persistait à s’abstenir d’user de ses pouvoirs divins pour contrecarrer ses ennemis humains. Thomas les persuada de se disperser, chacun de son côté, en convenant que David Zébédée resterait au camp pour maintenir un centre de coordination et un quartier général de messagers pour le groupe. Vers deux heures et demie ce matin-là, le camp était abandonné ; seul David restait là avec trois ou quatre messagers, après avoir dépêché les autres pour se procurer des renseignements sur l’endroit où l’on avait emmené Jésus et sur ce qu’on allait faire de lui. 183:4.3 Cinq apôtres, Nathanael, Matthieu, Philippe et les jumeaux, allèrent se cacher à Béthanie et à Bethphagé. Thomas, André, Jacques et Simon Zélotès se dissimulèrent dans Jérusalem. Simon Pierre et Jean Zébédée suivirent la cohorte jusque chez Annas. 183:4.4 Peu après le lever du jour, Simon Pierre, morne image d’un profond désespoir, retourna errer dans le camp de Gethsémani. David le fit accompagner par un messager pour qu’il rejoigne son frère André chez Nicodème à Jérusalem. 183:4.5 Jusqu’à l’extrême fin de la crucifixion, Jean Zébédée resta toujours à portée de la main, comme Jésus le lui avait demandé, et ce fut lui qui, d’heure en heure, fournit aux messagers les renseignements qu’ils apportaient à David au camp du jardin et qui étaient ensuite retransmis aux apôtres terrés et à la famille de Jésus. 183:4.6 Certes, le berger est frappé et les brebis sont dispersées ! Les apôtres se rendent vaguement compte que Jésus les a avertis précisément de cette situation, mais ils sont trop violemment bouleversés par la disparition soudaine du Maitre pour pouvoir utiliser normalement leurs facultés mentales. 183:4.7 Ce fut un peu après le lever du jour, et après que Pierre eut été envoyé rejoindre André, que Jude, le frère charnel de Jésus, arriva au camp, presque hors d’haleine et en avance sur le reste de la famille de Jésus, pour apprendre seulement que le Maitre avait déjà été mis en état d’arrestation. Il se hâta de redescendre la route de Jéricho pour apporter ce renseignement à sa mère et à ses frères et sœurs. David Zébédée chargea Jude d’inviter la famille de Jésus à se rassembler chez Marthe et Marie à Béthanie et à y attendre les nouvelles que ses messagers leur apporteraient régulièrement. 183:4.8 Telle était, durant la seconde moitié de la nuit du jeudi et les premières heures de la matinée du vendredi, la situation concernant les apôtres, les principaux disciples et la famille terrestre de Jésus. Tous ces groupes et individus restaient en contact les uns avec les autres par le service des messagers que David Zébédée continuait à faire fonctionner depuis son quartier général du camp de Gethsémani. 5. Sur le chemin du palais du grand-prêtre 183:5.1 Avant de quitter le jardin avec Jésus, une dispute s’éleva entre le capitaine juif des gardes du temple et le capitaine romain de la compagnie de soldats au sujet de l’endroit où il fallait emmener Jésus. Le capitaine des gardes du temple donna des ordres pour qu’il fût emmené chez Caïphe, le grand-prêtre en exercice. Le capitaine des soldats romains ordonna que Jésus fût emmené au palais d’Annas, l’ancien grand-prêtre et beau-père de Caïphe. Il le fit parce que les Romains avaient l’habitude de traiter directement avec Annas toutes les questions concernant l’application des lois ecclésiastiques juives. Les ordres du capitaine romain furent exécutés, et Jésus fut conduit à la maison d’Annas pour son interrogatoire préliminaire. 183:5.2 Judas marchait près des capitaines, entendant tout ce qui se disait, mais sans prendre part à la dispute, car ni le capitaine juif ni l’officier romain ne voulaient s’abaisser à parler au traitre – tellement ils le méprisaient. 183:5.3 À ce moment-là, Jean Zébédée se rappela les instructions de son Maitre de rester toujours à proximité immédiate, et se hâta de rattraper Jésus qui marchait entre les deux capitaines. Voyant Jean s’avancer à sa hauteur, le commandant des gardes du temple dit à son assistant : « Prends cet homme et lie-le. Il est l’un des disciples de cet homme. » Mais, lorsque le capitaine romain entendit cela, il tourna la tête, vit Jean et donna des ordres pour que l’apôtre vienne auprès de lui et que personne ne le moleste. Le capitaine romain dit ensuite au capitaine juif : « Cet homme n’est ni un traitre ni un lâche. Je l’ai vu dans le jardin, où il n’a pas tiré l’épée pour nous résister. Il a le courage de s’avancer pour être auprès de son Maitre, et nul ne mettra la main sur lui. La loi romaine permet que tout prisonnier puisse avoir au moins un ami qui l’accompagne à la barre du tribunal ; on n’empêchera pas cet homme de rester aux côtés de son Maitre, le prisonnier. » Lorsque Judas entendit cela, il fut tellement honteux et humilié qu’il ralentit le pas derrière les marcheurs et arriva seul au palais d’Annas. 183:5.4 Cela explique pourquoi Jean Zébédée put rester auprès de Jésus tout au long des sévères épreuves que le Maitre eut à subir cette nuit-là et le lendemain. Les Juifs craignaient de faire une observation quelconque à Jean ou de le molester d’aucune manière, parce que son statut était quelque peu devenu celui d’un conseiller romain désigné pour agir comme observateur des opérations du tribunal ecclésiastique juif. La position privilégiée de Jean fut d’autant mieux assurée que le capitaine romain, en remettant Jésus au capitaine des gardes du temple devant la porte du palais d’Annas, dit à son assistant : « Accompagne le prisonnier, et veille à ce que ces Juifs ne le tuent pas sans le consentement de Pilate. Veille à ce qu’ils ne l’assassinent pas et assure-toi que son ami, le Galiléen, soit autorisé à rester auprès de lui et à observer tout ce qui se passera. » C’est ainsi que Jean put rester auprès de Jésus jusqu’au moment de sa mort sur la croix, tandis que les dix autres apôtres étaient obligés de rester cachés. Jean agissait sous la protection romaine, et les Juifs n’osèrent pas le molester avant la mort du Maitre. 183:5.5 Sur tout le trajet jusqu’au palais d’Annas, Jésus n’ouvrit pas la bouche. Depuis le moment de son arrestation jusqu’à sa comparution devant Annas, le Fils de l’Homme ne dit pas un mot. FASCICULE 184 Devant le tribunal du sanhédrin 184:0.1 Des représentants d’Annas avaient donné des ordres secrets au capitaine des soldats romains pour amener immédiatement Jésus au palais d’Annas après son arrestation. L’ancien grand-prêtre désirait maintenir son prestige comme principale autorité ecclésiastique des Juifs. Il avait aussi un autre dessein en retenant Jésus pendant plusieurs heures chez lui, celui de gagner du temps pour permettre de convoquer légalement le tribunal du sanhédrin. Il était illégal de le réunir avant l’heure de l’offrande du sacrifice matinal dans le temple, et ce sacrifice était offert vers trois heures du matin. 184:0.2 Annas savait qu’un tribunal de sanhédristes attendait au palais de son gendre, Caïphe. Une trentaine de membres du sanhédrin s’étaient réunis, vers minuit, au domicile du grand-prêtre, pour être prêts à juger Jésus quand on l’amènerait devant eux. Seuls étaient assemblés les membres fortement et ouvertement opposés à Jésus et à ses enseignements, et il n’en fallait que vingt-trois pour constituer une cour de jugement. 184:0.3 Jésus passa environ trois heures au palais d’Annas sur le mont Olivet, non loin du jardin de Gethsémani où il fut arrêté. Jean Zébédée était libre et en sécurité dans le palais d’Annas, non seulement à cause de la parole du capitaine romain, mais aussi parce que lui et son frère Jacques étaient bien connus des vieux serviteurs pour avoir été maintes fois invités au palais, car l’ancien grand-prêtre était un parent éloigné de leur mère Salomé. 1. L’interrogatoire par Annas 184:1.1 Enrichi par les revenus du temple, avec son gendre exerçant la fonction de grand-prêtre, et en raison de ses relations avec les autorités romaines, Annas était certainement l’individu le plus puissant du monde juif. Il était un politicien doucereux et habile dans ses plans et ses complots. Il désirait prendre la direction de l’affaire pour se débarrasser de Jésus, et craignait de confier entièrement cette importante entreprise à son gendre impulsif et agressif. Annas voulait s’assurer que le jugement du Maitre resterait entre les mains des sadducéens ; il craignait la sympathie possible de certains pharisiens, car pratiquement tous les membres du sanhédrin qui avaient épousé la cause de Jésus étaient des pharisiens. 184:1.2 Annas n’avait pas vu Jésus depuis plusieurs années, depuis l’époque où le Maitre s’était présenté chez lui et était immédiatement reparti en remarquant la froideur et la réserve de l’accueil qui lui était fait. Annas avait pensé faire état de ces anciens rapports pour essayer de persuader Jésus d’abandonner ses prétentions et de quitter la Palestine. Il répugnait à participer au meurtre d’un homme de bien et avait pensé que Jésus pourrait préférer quitter le pays plutôt que d’y subir la mort. Mais, quand Annas se trouva devant le Galiléen vaillant et résolu, il se rendit immédiatement compte que des propositions de ce genre seraient inutiles. Jésus était encore plus majestueux et pondéré qu’Annas ne se le rappelait. 184:1.3 Quand Jésus était jeune, Annas s’était beaucoup intéressé à lui, mais, maintenant, ses revenus étaient menacés par l’action récente de Jésus chassant du temple les changeurs et autres commerçants. Beaucoup plus que les enseignements de Jésus, cet acte avait suscité l’inimitié de l’ancien grand-prêtre. 184:1.4 Annas entra dans sa spacieuse salle d’audience, s’assit dans un grand fauteuil et ordonna que Jésus fût amené devant lui. Après avoir observé le Maitre en silence pendant quelques instants, il dit : « Tu comprends bien qu’il faut faire quelque chose au sujet de ton enseignement, puisque tu troubles la paix et l’ordre de notre pays. » Tandis qu’Annas jetait sur Jésus un regard inquisiteur, le Maitre le regarda droit dans les yeux, mais ne fit aucune réponse. Annas reprit la parole et dit : « Quels sont les noms de tes disciples, en dehors de Simon Zélotès, l’agitateur ? » De nouveau, Jésus le regarda, mais ne répondit rien. 184:1.5 Annas fut très troublé par le refus de Jésus de répondre à ses questions, au point qu’il lui dit : « Ne te soucies-tu pas que je sois bienveillant envers toi ou non ? N’as-tu pas de considération pour le pouvoir dont je dispose pour déterminer l’issue de ton prochain jugement ? » En entendant cela, Jésus dit : « Annas, tu sais que tu ne pourrais avoir aucun pouvoir sur moi sans la permission de mon Père. Certains voudraient tuer le Fils de l’Homme parce qu’ils sont ignorants et ne connaissent rien de mieux ; mais toi, ami, tu sais ce que tu fais. Alors, comment peux-tu rejeter la lumière de Dieu ? » 184:1.6 Annas fut presque abasourdi par la manière aimable dont Jésus lui parlait, mais il avait déjà décidé mentalement que Jésus devait soit quitter la Palestine, soit mourir. Il rassembla donc son courage et demanda : « Qu’essayes-tu exactement d’enseigner au peuple ? Que prétends-tu être ? » Jésus répondit : « Tu sais fort bien que j’ai parlé ouvertement au monde. J’ai enseigné dans les synagogues et bien des fois dans le temple, où tous les Juifs et beaucoup de Gentils m’ont entendu. Je n’ai rien dit en secret. Alors, pourquoi m’interroges-tu sur mon enseignement ? Pourquoi ne convoques-tu pas ceux qui m’ont entendu pour t’enquérir auprès d’eux ? Voici, tout Jérusalem a entendu ce que j’ai dit, même si toi-même tu n’as pas entendu ces enseignements. » Mais avant qu’Annas ait pu répondre, l’intendant du palais, qui se trouvait à proximité, souffleta Jésus en disant : « Comment oses-tu répondre de la sorte au grand-prêtre ? » Annas ne fit aucune réprimande à son intendant, mais Jésus se tourna vers lui et dit : « Mon ami, si j’ai mal parlé, témoigne contre le mal ; mais, si j’ai dit la vérité, pourquoi alors me frappes-tu ? » 184:1.7 Annas regrettait que son intendant eût souffleté Jésus, mais il était trop orgueilleux pour prêter attention à l’affaire. Dans sa confusion, il alla dans une autre pièce et laissa Jésus seul pendant près d’une heure avec les serviteurs de sa maison et les gardes du temple. 184:1.8 Quand il revint, il s’approcha du Maitre et dit : « Prétends-tu être le Messie, le libérateur d’Israël ? » Jésus dit : « Annas, tu me connais depuis le temps de ma jeunesse. Tu sais que je ne prétends être rien d’autre que ce que mon Père a prescrit, et que j’ai été envoyé vers tous les hommes, les Gentils aussi bien que les Juifs. » Alors, Annas dit : « J’ai entendu dire que tu as prétendu être le Messie ; est-ce vrai ? » Jésus regarda Annas et se borna à répondre : « Tu l’as dit. » 184:1.9 À ce moment, des messagers arrivèrent du palais de Caïphe pour s’enquérir de l’heure à laquelle Jésus serait amené devant le tribunal du sanhédrin. Or, le lever du jour approchait, et Annas pensa que le mieux était d’envoyer à Caïphe Jésus ligoté, sous la surveillance des gardes du temple. Lui-même ne tarda pas à les suivre. 2. Pierre dans la cour 184:2.1 Au moment où la troupe de gardes et de soldats s’approcha du palais d’Annas, Jean Zébédée marchait à côté du capitaine des soldats romains. Judas s’était laissé distancer quelque peu, et Simon Pierre suivait de très loin. Après que Jean fut entré dans la cour du palais avec Jésus et les gardes, Judas arriva à la grille, mais, apercevant Jésus et Jean, il se dirigea vers la maison de Caïphe, où il savait que le vrai jugement du Maitre aurait lieu plus tard. Peu après que Judas fut parti, Simon Pierre arriva. Tandis qu’il se tenait devant la grille, Jean le vit juste au moment où l’on allait faire entrer Jésus dans le palais. La gardienne chargée d’ouvrir la grille connaissait Jean et, lorsqu’il lui demanda de laisser entrer Pierre, elle y consentit avec plaisir. 184:2.2 En entrant dans la cour, Pierre se dirigea vers le feu de charbon de bois et chercha à se réchauffer, car la nuit était très fraiche. Il se sentait fort déplacé ici, parmi les ennemis de Jésus, et en vérité il n’était pas à sa place. Le Maitre ne lui avait pas demandé de rester à proximité comme il l’avait recommandé à Jean. Pierre faisait partie du groupe des apôtres qui avaient été expressément avertis de ne pas risquer leur vie pendant le jugement et la crucifixion de leur Maitre. 184:2.3 Pierre s’était débarrassé de son épée peu avant d’arriver à la grille du palais, de sorte qu’il entra sans armes dans la cour d’Annas. Son mental n’était qu’un tourbillon confus ; il avait peine à concevoir que Jésus avait été arrêté. Il n’arrivait pas à saisir la réalité de la situation – le fait qu’il était là, dans la cour d’Annas, en train de se réchauffer auprès des serviteurs du grand-prêtre. Il se demandait ce que faisaient les autres apôtres. En essayant de comprendre comment Jean avait pu être admis au palais, il arriva à la conclusion que les serviteurs le connaissaient, puisque Jean avait demandé à la gardienne de la grille de le laisser entrer. 184:2.4 Peu après que la gardienne eut laissé entrer Pierre, et tandis qu’il se chauffait auprès du feu, elle alla vers lui et lui demanda malicieusement : « N’es-tu pas aussi l’un des disciples de cet homme ? » Or, Pierre n’aurait pas dû être surpris d’être ainsi reconnu, car c’était Jean qui avait demandé à la femme de lui laisser franchir la grille du palais ; mais il était dans un tel état de tension nerveuse que son identification comme disciple rompit son équilibre. Avec une seule idée dominant son mental – celle d’échapper vivant – il répondit promptement à la question de la servante : « Je ne le suis pas. » 184:2.5 Bientôt une autre servante s’approcha de Pierre et lui demanda : « Ne t’ai-je pas vu dans le jardin au moment où l’on arrêtait cet homme ? N’es-tu pas aussi l’un de ses disciples ? » Pierre fut alors extrêmement effrayé ; il ne voyait pas le moyen d’échapper sain et sauf à ses accusateurs. Il nia donc avec véhémence tout lien avec Jésus en disant : « Je ne connais pas cet homme et je ne suis pas non plus l’un de ses disciples. » 184:2.6 Peu après, la gardienne de la grille tira Pierre de côté et dit : « Je suis sûre que tu es un disciple de ce Jésus, non seulement parce que l’un de ses partisans m’a demandé de te laisser entrer dans la cour, mais parce que ma sœur, qui est ici, t’a vu dans le temple avec cet homme. Pourquoi nies-tu cela ? » Lorsque Pierre entendit la servante l’accuser, il renia toutes accointances avec Jésus, avec beaucoup de d’imprécations et de jurons, en répétant : « Je ne suis pas un disciple de cet homme ; je ne le connais même pas ; je n’ai jamais entendu parler de lui auparavant. » 184:2.7 Pierre quitta le coin du feu pendant un moment pour marcher dans la cour. Il aurait aimé s’enfuir, mais craignait d’attirer l’attention sur lui. Ayant froid, il retourna auprès du feu, et l’un des hommes qui se trouvaient là lui dit : « Certainement tu es l’un des disciples de cet homme. Ce Jésus est un Galiléen, et ton langage te trahit, car tu parles aussi comme un Galiléen. » Et de nouveau Pierre dénia tout lien avec son Maitre. 184:2.8 Pierre était tellement troublé qu’il chercha à éviter le contact avec ses accusateurs en s’éloignant du feu et en restant seul sous le porche. Après plus d’une heure de cet isolement, la gardienne de la grille et sa sœur le rencontrèrent par hasard et toutes deux le taquinèrent encore en l’accusant d’être un disciple de Jésus. De nouveau, il nia l’accusation. Alors qu’il venait de renier une fois de plus tout lien avec Jésus, le coq chanta, et Pierre se rappela les paroles d’avertissement que le Maitre lui avait adressées plus tôt, cette même nuit. Tandis qu’il se tenait là, le cœur lourd et accablé du sentiment de sa culpabilité, les portes du palais s’ouvrirent pour laisser sortir les gardes conduisant Jésus chez Caïphe. En passant près de Pierre, le Maitre vit, à la lumière des torches, l’aspect désespéré du visage de son apôtre auparavant présomptueux et au courage superficiel. Il tourna la tête et regarda Pierre. Tant que Pierre vécut, il n’oublia jamais ce regard. C’était un regard de pitié et d’amour confondus comme aucun mortel n’en avait jamais vu sur le visage du Maitre. 184:2.9 Après que Jésus et les gardes eurent franchi la grille du palais, Pierre les suivit, mais seulement sur une courte distance. Il ne put aller plus loin. Il s’assit sur le côté de la route et pleura amèrement ; après avoir versé ces larmes d’angoisse, il reprit le chemin du camp, espérant y trouver son frère André. En arrivant au camp, il ne trouva que David Zébédée, qui le fit accompagner par un messager jusqu’à l’endroit où son frère s’était caché à Jérusalem. 184:2.10 Toute l’expérience de Pierre eut lieu dans la cour du Palais d’Annas sur le mont Olivet. Il ne suivit pas Jésus au palais du grand-prêtre Caïphe. Le fait que Pierre ait été amené, par le chant d’un coq, à se rendre compte qu’il avait plusieurs fois renié son Maitre indique que tout ceci se passait hors de Jérusalem, car la loi interdisait de garder des volailles à l’intérieur de la ville proprement dite. 184:2.11 Jusqu’à ce que le chant du coq eût ramené Pierre au bon sens, il ne pensait qu’à une chose, en faisant les cent pas sous le porche pour se réchauffer, c’était à l’habileté avec laquelle il avait éludé les accusations des servantes et à la manière dont il avait contrecarré leur dessein de l’identifier comme partisan de Jésus. Pour l’instant, il avait seulement considéré que ces servantes n’avaient ni moralement ni légalement le droit de le questionner ainsi, et il se félicitait réellement de la manière dont il croyait avoir évité d’être identifié, et peut-être arrêté et emprisonné. Ce fut seulement lorsque le coq chanta que Pierre se rendit compte qu’il avait renié son Maitre. Ce fut seulement lorsque Jésus le regarda qu’il réalisa n’être pas demeuré à la hauteur de ses privilèges en tant qu’ambassadeur du royaume. 184:2.12 Après avoir fait le premier pas dans le sentier du compromis et de la moindre résistance, Pierre ne voyait pas d’autre solution que de poursuivre la ligne de conduite qu’il avait adoptée. Il faut un grand et noble caractère pour revenir sur ses pas et prendre le bon chemin après s’être engagé dans le mauvais. Bien trop souvent, notre propre mental tend à justifier la poursuite du sentier de l’erreur une fois que nous nous y sommes engagés. 184:2.13 Jusqu’au moment où il rencontra son Maitre après la résurrection et vit qu’il était accueilli exactement comme avant les expériences de la tragique nuit des reniements, Pierre ne crut jamais totalement qu’il pût être pardonné. 3. Devant le tribunal des sanhédristes 184:3.1 Il était environ trois heures et demie, ce vendredi matin, lorsque le grand-prêtre Caïphe réunit officiellement le tribunal d’enquête sanhédriste et demanda que Jésus fût amené devant eux pour être jugé dans les formes. En trois occasions antérieures, et à une large majorité de votants, le sanhédrin avait décrété sa mort ; il avait décidé que Jésus méritait la mort d’après des témoignages officieux l’accusant d’avoir violé la loi, blasphémé et tourné en dérision les traditions des pères d’Israël. 184:3.2 Cette réunion du sanhédrin n’avait pas été convoquée régulièrement et n’eut pas lieu à l’endroit habituel, la salle en pierre de taille du temple. Il s’agissait d’un tribunal spécial composé d’une trentaine de sanhédristes, qui furent convoqués au palais du grand-prêtre. Jean Zébédée était présent avec Jésus durant tout ce prétendu jugement. 184:3.3 Combien ces chefs des prêtres, scribes et sadducéens, ainsi que certains pharisiens, se flattaient de tenir maintenant avec sécurité entre leurs mains ce Jésus qui troublait leur situation et défiait leur autorité ! Ils étaient décidés à ne pas le laisser échapper vivant de leurs griffes vindicatives. 184:3.4 Ordinairement, quand les Juifs jugeaient quelqu’un pour une offense capitale, ils procédaient avec une grande prudence et fournissaient toutes les garanties d’équité dans le choix des témoins et dans toute la conduite du jugement. Mais, en cette occasion, Caïphe était plus un procureur qu’un juge impartial. 184:3.5 Jésus apparut devant ce tribunal vêtu de ses vêtements habituels et les mains liées derrière le dos. Toute la cour fut impressionnée et quelque peu troublée par son apparence majestueuse. Jamais ils n’avaient considéré un tel prisonnier ni été témoins d’une pareille maitrise de soi chez un prévenu dont la vie était en jeu. 184:3.6 La loi juive exigeait que deux témoins au moins fussent d’accord sur un point quelconque avant qu’une accusation puisse être portée contre un prisonnier. Judas ne pouvait servir de témoin contre Jésus, parce que la loi juive interdisait expressément le témoignage d’un traitre. Plus d’une vingtaine de faux témoins étaient là, tout prêts à témoigner contre Jésus, mais leurs témoignages étaient si contradictoires et si évidemment inventés que les sanhédristes eux-mêmes éprouvaient grand-honte du spectacle. Jésus se tenait là, regardant ces parjures avec mansuétude ; la seule expression de son visage déconcertait les témoins menteurs. Durant tous ces faux témoignages, le Maitre ne prononça jamais une parole ; il ne répliqua rien à leurs nombreuses et fausses accusations. 184:3.7 La première fois que deux témoins approchèrent d’un semblant d’accord fut le moment où deux hommes témoignèrent qu’ils avaient entendu Jésus dire, dans un de ses discours au temple, qu’il « détruirait ce temple fait de main d’homme et qu’en trois jours, il en rebâtirait un autre non fait de main d’homme ». Ce n’était pas exactement ce que Jésus avait dit, indépendamment du fait qu’il avait désigné son propre corps en faisant la remarque citée. 184:3.8 Bien que le grand-prêtre eût crié à Jésus : « Ne réponds-tu rien à aucune de ces accusations ? », Jésus n’ouvrit pas la bouche. Il se tint là en silence pendant que tous ces faux témoins apportaient leur témoignage. La haine, le fanatisme et les exagérations sans scrupule caractérisaient tellement les paroles de ces parjures que leurs témoignages se prenaient dans leurs propres filets. La meilleure réfutation de leurs fausses accusations était le calme et majestueux silence du Maitre. 184:3.9 Peu après le commencement du témoignage des faux témoins, Annas arriva et prit un siège à côté de Caïphe. Annas se leva alors pour soutenir que la menace de Jésus de détruire le temple était suffisante pour justifier trois chefs d’accusation contre lui : 184:3.10 1. Qu’il fourvoyait dangereusement les gens du peuple. Qu’il leur enseignait des choses impossibles et qu’il les trompait encore autrement. 2. Qu’il était un révolutionnaire fanatique, en ce sens qu’il recommandait la violence contre le temple sacré, car comment pourrait-il le détruire autrement ? 184:3.12 3. Qu’il enseignait la magie, en ce sens qu’il promettait de construire un nouveau temple sans l’aide des mains. 184:3.13 Déjà, tous les sanhédristes étaient d’accord pour reconnaitre Jésus comme coupable d’infractions que la loi juive punissait de mort, mais ils se préoccupaient maintenant davantage d’établir, au sujet de sa conduite et de ses enseignements, des accusations qui permettraient à Pilate de prononcer à juste titre la sentence de mort contre leur prisonnier. Ils savaient qu’ils devaient obtenir le consentement du gouverneur romain avant de pouvoir mettre légalement Jésus à mort. Annas penchait pour la méthode consistant à faire apparaitre que Jésus était un éducateur trop dangereux pour être laissé en liberté parmi la population. 184:3.14 Mais Caïphe ne put supporter plus longtemps la vue du Maitre se tenant là avec un sang-froid parfait et dans un constant silence. Il pensa qu’il connaissait au moins une manière d’inciter le prisonnier à parler. En conséquence, il se précipita vers Jésus, agita devant le visage du Maitre un doigt accusateur et lui dit : « Au nom de Dieu vivant, je t’adjure de nous dire si tu es le Libérateur, le Fils de Dieu. » Jésus répondit à Caïphe : « Je le suis et je vais bientôt vers le Père ; bientôt le Fils de l’Homme sera revêtu de pouvoir et régnera de nouveau sur les armées célestes. » 184:3.15 Quand le grand-prêtre entendit Jésus prononcer ces mots, il entra dans une colère extrême, déchira ses vêtements et s’écria : « Qu’avons-nous besoin de nouveaux témoins ? Voici, vous avez maintenant tous entendu le blasphème de cet homme. Que pensez-vous qu’il faille faire de ce violateur de la loi et de ce blasphémateur ? » Et ils répondirent tous à l’unisson : « Il mérite la mort. Qu’il soit crucifié. » 184:3.16 Jésus n’avait manifesté aucun intérêt aux questions qui lui furent posées devant Annas et les sanhédristes, sauf à celle qui concernait sa mission d’effusion. Quand on lui demanda s’il était le Fils de Dieu, il répondit instantanément et sans équivoque par l’affirmative. 184:3.17 Annas aurait voulu que le procès soit poursuivi et que des accusations de nature définie concernant les rapports de Jésus avec la loi romaine et les institutions romaines soient formulées pour être présentées ensuite à Pilate. Les conseillers étaient désireux de terminer rapidement cette affaire, non seulement parce que c’était le jour de la préparation de la Pâque et que nul travail non religieux ne devait être exécuté passé midi, mais aussi parce qu’ils craignaient qu’à tout moment Pilate ne retourne à Césarée, capitale romaine de la Judée, car il était venu à Jérusalem seulement pour la célébration de la Pâque. 184:3.18 Mais Annas ne réussit pas à garder le contrôle de la cour. Après la réponse inattendue de Jésus, Caïphe le grand-prêtre s’avança et le souffleta. Annas fut vraiment choqué de voir les autres membres de la Cour cracher au visage de Jésus en sortant de la salle ; beaucoup d’entre eux le frappèrent de la paume de la main en se moquant de lui. C’est ainsi que la première session du jugement de Jésus par les sanhédristes prit fin, à quatre heures et demie du matin, dans le désordre et dans une confusion inouïe. 184:3.19 Trente faux juges remplis de préjugés, aveuglés par la tradition et accompagnés de leurs faux témoins ont la prétention de juger le juste Créateur d’un univers. Et ces accusateurs passionnés sont exaspérés par le silence majestueux et la prestance superbe de cet homme-Dieu. Son silence est terrible à supporter ; sa parole est un défi intrépide. Il reste impassible devant leurs menaces et n’est nullement intimidé par leurs attaques. L’homme juge Dieu, mais même alors Dieu les aime et les sauverait s’il le pouvait. 4. L’heure de l’humiliation 184:4.1 Quand il s’agissait de prononcer une condamnation à mort, la loi juive exigeait que la cour siégeât deux fois. La seconde session devait être tenue le lendemain de la première, et les membres du tribunal devaient passer l’intervalle dans le jeûne et le deuil. Mais ces hommes ne purent attendre le lendemain pour confirmer leur décision condamnant Jésus à mort. Ils n’attendirent qu’une heure. Entretemps, ils laissèrent Jésus dans la salle d’audience sous la surveillance des gardes du temple. Ceux-ci, avec les serviteurs du grand-prêtre, s’amusèrent à accumuler toutes sortes d’indignités sur le Fils de l’Homme. Ils se moquèrent de lui, crachèrent sur lui et le souffletèrent cruellement. Certains frappaient son visage d’une verge et disaient ensuite : « Prophétise, toi le Libérateur, et dis-nous qui t’a frappé. » Ils continuèrent ainsi pendant une heure entière, insultant et maltraitant cet homme de Galilée qui ne résistait pas. 184:4.2 Durant cette heure tragique de souffrances et de simulacre de procès devant les gardes et serviteurs ignorants et insensibles, Jean Zébédée terrifié attendait seul dans une salle adjacente. Lorsque ces sévices commencèrent, Jésus fit un signe de tête à Jean pour lui notifier qu’il devait se retirer. Le Maitre savait bien que, s’il permettait à son apôtre de rester dans la pièce pour assister à ces indignités, Jean en éprouverait un tel ressentiment qu’il se livrerait à un éclat de protestation indignée qui s’achèverait probablement par sa mort. 184:4.3 Durant cette heure affreuse, Jésus ne prononça pas un mot. Pour cette âme humaine douce et sensible, unie par relation de personnalité au Dieu de tout cet univers, il n’y eut pas de moment plus amer dans sa coupe d’humiliation que cette heure terrible où il resta à la merci de ces gardes et serviteurs ignorants et cruels qui avaient été incités à le maltraiter par l’exemple de ce prétendu tribunal du sanhédrin. 184:4.4 Il est impossible à un cœur humain de concevoir le frisson d’indignation qui parcourut tout un vaste univers, tandis que les intelligences célestes assistaient au spectacle de leur bien-aimé Souverain se soumettant à la volonté de ses propres créatures ignorantes et dévoyées sur l’infortunée sphère d’Urantia assombrie par le péché. 184:4.5 Quelle est donc cette caractéristique animale dans l’homme qui le conduit à vouloir insulter et attaquer physiquement ce qu’il ne peut ni atteindre spirituellement ni accomplir intellectuellement ? Chez l’homme à demi civilisé sommeille encore une brutalité méchante qui cherche à se donner libre cours sur ceux qui lui sont supérieurs en sagesse et en aboutissement spirituel. Voyez la grossièreté mauvaise et la brutale férocité de ces hommes prétendus civilisés tirant une certaine forme de plaisir animal à attaquer physiquement le Fils de l’Homme qui ne résistait pas. Tandis que les insultes, les sarcasmes et les coups pleuvaient sur Jésus, il ne se défendait pas, mais il n’était pas sans défense. Jésus n’était pas vaincu ; il se bornait à ne pas lutter au sens matériel. 184:4.6 Ce sont les moments des plus grandes victoires du Maitre dans sa longue carrière mouvementée de créateur, soutien et sauveur d’un vaste univers. Après avoir vécu dans sa plénitude une vie révélant Dieu aux hommes, Jésus est maintenant en train de révéler l’homme à Dieu d’une manière nouvelle et inouïe. Il révèle maintenant aux mondes la victoire finale sur toutes les craintes d’isolement de la personnalité ressenties par la créature. Le Fils de l’Homme est finalement parvenu à la réalisation de son identité en tant que Fils de Dieu. Jésus n’hésite pas à affirmer que lui et le Père ne font qu’un. Se basant sur le fait et la vérité de cette expérience suprême et céleste, il exhorte tout croyant au royaume de ne faire qu’un avec lui, de même que lui et son Père ne font qu’un. L’expérience vivante dans la religion de Jésus devient ainsi la technique sûre et certaine par laquelle les mortels terrestres, spirituellement isolés et cosmiquement solitaires, peuvent échapper à l’isolement de la personnalité avec toute sa séquelle de peurs et de sentiments d’impuissance associés. Dans les réalités fraternelles du royaume des cieux, les fils de Dieu par la foi trouvent définitivement la délivrance de l’isolement du moi, tant personnel que planétaire. Le croyant qui connait Dieu éprouve de plus en plus l’extase et la grandeur de la socialisation spirituelle à l’échelle de l’univers – la citoyenneté céleste associée à la réalisation éternelle de la destinée divine consistant à atteindre la perfection. 5. La seconde session du tribunal 184:5.1 À cinq heures et demie du matin, le tribunal se réunit de nouveau, et Jésus fut conduit dans la salle adjacente où Jean attendait. Là, le soldat romain et les gardes du temple surveillèrent Jésus pendant que le tribunal commençait à formuler les accusations qui devaient être présentées à Pilate. Annas fit comprendre clairement à ses associés que l’accusation de blasphème n’aurait aucun poids auprès de Pilate. Judas assista à cette seconde réunion du tribunal, mais ne donna pas de témoignage. 184:5.2 Cette session de la cour ne dura qu’une demi-heure ; lorsque les sanhédristes l’ajournèrent pour se présenter devant Pilate, ils avaient rédigé l’accusation de Jésus en estimant qu’il méritait la mort sous trois chefs d’accusation : 184:5.3 1. Il pervertissait la nation juive ; il trompait le peuple et l’incitait à la rébellion. 184:5.4 2. Il enseignait au peuple à refuser le paiement du tribut à César. 184:5.5 3. En prétendant qu’il était un roi et le fondateur d’une nouvelle sorte de royaume, il incitait à la trahison contre l’empereur. 184:5.6 Toute cette procédure était irrégulière et entièrement contraire aux lois juives. Il n’y avait pas eu deux témoins d’accord sur une question quelconque, sauf les deux qui avaient témoigné au sujet de l’affirmation de Jésus qu’il détruirait le temple et le rebâtirait en trois jours. Même sur ce point, aucun témoin n’avait été appelé en faveur de la défense, et l’on n’avait pas non plus demandé à Jésus d’expliquer ce qu’il avait voulu dire. 184:5.7 Le seul point sur lequel la cour aurait pu le juger logiquement était celui du blasphème, et le jugement aurait reposé sur le seul témoignage de l’accusé. Même au sujet du blasphème, les sanhédristes avaient omis de procéder au vote officiel sur la peine de mort. 184:5.8 Et maintenant, pour se présenter devant Pilate, ils prétendaient formuler trois accusations au sujet desquelles aucun témoin n’avait été entendu et sur lesquelles ils s’étaient mis d’accord en l’absence du détenu. Quand ce fut fait, trois des pharisiens se retirèrent ; ils voulaient bien voir tuer Jésus, mais ne voulaient pas formuler d’accusations contre lui sans témoins, ni en son absence. 184:5.9 Jésus ne comparut plus devant le tribunal des sanhédristes. Ceux-ci ne voulaient pas revoir son visage pendant qu’ils siégeaient pour condamner sa vie innocente. Jésus ne connut pas (en tant qu’homme) leurs accusations officielles avant le moment où il les entendit énoncer par Pilate. 184:5.10 Pendant que Jésus était dans la salle avec Jean et les gardes, et que le tribunal tenait sa seconde session, quelques femmes proches du palais du grand-prêtre vinrent avec leurs amies regarder l’étrange prisonnier, et l’une d’elles lui demanda : « Es-tu le Messie, le Fils de Dieu ? » Et Jésus répondit : « Si je te le dis, tu ne me croiras pas, et, si je te le demande, tu ne répondras pas. » 184:5.11 À six heures ce matin-là, on emmena Jésus de la maison de Caïphe pour le faire comparaitre devant Pilate et voir confirmer la condamnation à mort que le tribunal sanhédriste avait si injustement et si irrégulièrement prononcée. FASCICULE 185 Le jugement devant Pilate 185:0.1 Ce vendredi 7 avril de l’an 30, peu après six heures du matin, Jésus fut amené devant Pilate, le procurateur romain qui gouvernait la Judée, la Samarie et l’Idumée sous la supervision immédiate du légat de Syrie. Les gardes du temple amenèrent le Maitre ligoté en présence du gouverneur romain. Il était accompagné d’une cinquantaine de ses accusateurs, y compris les sanhédristes du tribunal (principalement des sadducéens), de Judas Iscariot, du grand-prêtre Caïphe et de l’apôtre Jean. Annas ne se présenta pas devant Pilate. 185:0.2 Pilate était levé et prêt à recevoir ce groupe de visiteurs très matinaux. Les hommes qui, la veille au soir, avaient obtenu son consentement pour employer les soldats romains à l’arrestation de Jésus, avaient prévenu Pilate que l’on amènerait Jésus de bonne heure devant lui. Des dispositions avaient été prises pour que la séance de jugement se passe devant la façade du prétoire, bâtiment ajouté à la forteresse d’Antonia où Pilate et sa femme établissaient leur quartier général quand ils s’arrêtaient à Jérusalem. 185:0.3 Pilate procéda à une grande partie de l’interrogatoire de Jésus à l’intérieur des salles du prétoire, mais le jugement public eut lieu au dehors, sur les marches de l’escalier montant vers l’entrée principale. C’était une concession faite aux Juifs, qui refusaient d’entrer dans la maison d’un Gentil où l’on avait peut-être employé du levain en ce jour de la préparation de la Pâque. S’ils y avaient pénétré, non seulement cela les aurait rendus cérémoniellement impurs, donc exclus de toute participation à la célébration d’actions de grâces de l’après-midi, mais aussi il aurait fallu qu’ils se soumettent aux cérémonies de purification après le coucher du soleil pour être admis à partager le souper de la Pâque. 185:0.4 Bien que ces Juifs n’aient nullement eu la conscience troublée alors qu’ils intriguaient pour assassiner Jésus légalement, ils n’en étaient pas moins scrupuleux en ce qui concernait toutes ces questions de pureté cérémonielle et de régularité traditionnelle. Et ces Juifs n’ont pas été les seuls à ne pas reconnaitre leurs hautes et saintes obligations de nature divine, tout en accordant une attention méticuleuse à des choses de peu d’importance pour le bien-être humain aussi bien dans le temps que dans l’éternité. 1. Ponce Pilate 185:1.1 Si Ponce Pilate n’avait pas été un gouverneur acceptable des provinces mineures, Tibère n’aurait guère supporté qu’il restât procurateur de Judée pendant dix ans. Bien que Pilate fût un assez bon administrateur, moralement c’était un lâche. Il n’avait pas l’envergure voulue pour comprendre la nature de sa tâche en tant que gouverneur des Juifs. Il ne comprit pas le fait que ces Hébreux avaient une religion réelle, une foi pour laquelle ils étaient prêts à mourir, et que des millions et des millions d’entre eux, éparpillés çà et là dans l’empire, considéraient Jérusalem comme le haut lieu de leur foi et respectaient le sanhédrin comme le plus haut tribunal de la terre. 185:1.2 Pilate n’aimait pas les Juifs, et sa haine profonde commença de bonne heure à se manifester. De toutes les provinces romaines, nulle n’était plus difficile à gouverner que la Judée. Pilate ne comprit jamais véritablement les problèmes soulevés par l’administration des Juifs ; c’est pourquoi, dès le début de son expérience de gouverneur, il fit une série de bévues presque fatales équivalant pratiquement à un suicide. Ce furent ces bévues qui donnèrent aux Juifs un si grand pouvoir sur lui. Quand ils voulaient influencer ses décisions, il leur suffisait de le menacer d’un soulèvement, et Pilate capitulait rapidement. Ce flottement apparent, ou manque de courage moral du procurateur, provenait principalement du souvenir d’un certain nombre de controverses avec les Juifs où, dans chaque cas, il avait eu le dessous. Les Juifs savaient que Pilate avait peur d’eux et craignait pour sa situation vis-à-vis de Tibère ; et ils employèrent cette connaissance au grand préjudice du gouverneur en de nombreuses occasions. 185:1.3 La défaveur de Pilate auprès des Juifs résultait de plusieurs circonstances malheureuses. D’abord, il n’avait pas pris au sérieux leur préjugé profondément enraciné contre toutes les images, considérées comme symbole d’idolâtrie. Il permit donc à ses soldats d’entrer dans Jérusalem sans enlever les effigies de César de leurs étendards, comme les soldats romains avaient l’habitude de le faire sous son prédécesseur. Une nombreuse députation de Juifs attendit Pilate pendant cinq jours, l’implorant de faire enlever ces effigies des bannières militaires. Il refusa net de faire droit à leur demande et les menaça de mort immédiate. Étant lui-même un sceptique, Pilate ne comprenait pas que des hommes ayant de puissants sentiments religieux n’hésitent pas à mourir pour leurs convictions religieuses. Il fut donc consterné quand ces Juifs se réunirent devant son palais en un geste de défi, inclinèrent leurs visages jusqu’à terre et lui notifièrent qu’ils étaient prêts à mourir. Pilate réalisa alors qu’il avait fait une menace qu’il n’avait pas la volonté de mettre à exécution. Il céda et ordonna que les effigies fussent enlevées des drapeaux de ses soldats à Jérusalem. Depuis ce jour-là, il fut dans une large mesure soumis aux caprices des dirigeants juifs, qui avaient ainsi découvert sa faiblesse consistant à faire des menaces qu’il n’osait mettre à exécution. 185:1.4 Pilate décida ultérieurement de regagner son prestige et, en conséquence, il fit apposer sur les murs du palais d’Hérode, à Jérusalem, les écussons de l’empereur tels qu’on les employait généralement pour adorer César. Lorsque les Juifs protestèrent, il fut intraitable. Lorsqu’il refusa de prêter attention à leurs protestations, les Juifs interjetèrent promptement appel à Rome, et l’empereur ordonna tout aussi promptement que les écussons offensants fussent enlevés. Ensuite, Pilate fut tenu en piètre estime encore plus que précédemment. 185:1.5 Une autre chose lui valut une grande défaveur auprès des Juifs : il osa prendre de l’argent dans le trésor du temple pour construire un aqueduc en vue de fournir plus d’eau aux millions de visiteurs de Jérusalem à l’époque des grandes fêtes religieuses. Les Juifs estimaient que seul le sanhédrin pouvait disposer des fonds du temple ; ils ne cessèrent jamais d’invectiver Pilate au sujet de cette ordonnance jugée abusive. Sa décision provoqua au moins une vingtaine d’émeutes et fit verser beaucoup de sang. Le dernier de ces graves soulèvements se rapportait au massacre jusqu’au pied de l’autel d’un nombreux groupe de Galiléens pendant l’exercice de leur culte. 185:1.6 Il est significatif de constater que d’une part ce chef romain hésitant sacrifia Jésus par peur des Juifs et pour sauvegarder sa situation personnelle, et que d’autre part il fut finalement révoqué pour avoir inutilement massacré des Samaritains à propos d’un faux Messie qui conduisit des troupes au mont Garizim, où il prétendait que les vases du temple avaient été enterrés ; de féroces émeutes éclatèrent quand celui-ci ne réussit pas à révéler la cachette des vases sacrés comme il l’avait promis. À la suite de cet épisode, le légat de Syrie ordonna à Pilate de se rendre à Rome. Tibère mourut pendant que Pilate était en route pour Rome, et le mandat de Pilate comme procurateur de la Judée ne fut pas renouvelé. Il ne se remit jamais complètement de la regrettable condamnation par laquelle il consentit à la crucifixion de Jésus. Ne trouvant pas faveur aux yeux du nouvel empereur, il se retira dans la province de Lausanne, où il finit par se suicider. 185:1.7 Claudia Procula, la femme de Pilate, avait beaucoup entendu parler de Jésus par sa camériste, qui était une Phénicienne croyant à l’évangile du royaume. Après la mort de Pilate, Claudia joua un rôle important dans la diffusion de la bonne nouvelle. 185:1.8 Et tout ceci explique une grande partie des évènements de ce tragique vendredi matin. Il est facile de comprendre pourquoi les Juifs se permirent d’imposer leur volonté à Pilate – le faisant lever à six heures du matin pour juger Jésus – et aussi pourquoi ils n’hésitèrent pas à le menacer de l’accuser de trahison devant l’empereur s’il avait l’audace de refuser leur demande de mettre Jésus à mort. 185:1.9 Un gouverneur romain digne de ce nom, et qui n’aurait pas été malencontreusement impliqué dans les affaires des dirigeants juifs, n’aurait jamais permis à ces fanatiques religieux assoiffés de sang de faire mourir un homme que lui-même avait déclaré sans faute et innocent des fausses accusations portées contre lui. Rome fit une grande bévue, une erreur aux conséquences profondes sur les affaires terrestres, lorsqu’elle envoya ce médiocre Pilate gouverner la Palestine. Tibère aurait été mieux avisé d’envoyer aux Juifs le meilleur administrateur provincial de l’empire. 2. Jésus comparait devant Pilate 185:2.1 Lorsque Jésus et ses accusateurs furent réunis devant la salle du tribunal de Pilate, le gouverneur romain sortit sur le perron et demanda en s’adressant à la compagnie assemblée : « Quelles accusations portez-vous contre cet homme ? » Les sadducéens et les conseillers qui avaient pris sur eux de se débarrasser de Jésus avaient décidé de se présenter devant Pilate pour demander confirmation de la sentence de mort prononcée contre Jésus, mais sans vouloir porter d’accusations précises. C’est pourquoi le porte-parole du tribunal du sanhédrin répondit à Pilate : « Si cet homme n’était pas un malfaiteur, nous ne te l’aurions pas livré. » 185:2.2 Lorsque Pilate remarqua qu’ils répugnaient à formuler leurs accusations contre Jésus, bien qu’il sût qu’ils avaient passé toute la nuit à délibérer sur sa culpabilité, il leur répondit : « Puisque vous n’êtes pas d’accord sur des accusations précises, pourquoi n’emmenez-vous pas cet homme pour le juger conformément à vos propres lois ? » 185:2.3 Alors, le greffier du tribunal du sanhédrin dit à Pilate : « Nous n’avons pas le droit de mettre un homme à mort, et ce perturbateur de notre nation mérite la mort pour tout ce qu’il a dit et fait. Nous sommes donc venus devant toi pour que tu confirmes cette décision. » 185:2.4 Cette tentative d’échappatoire devant le gouverneur romain révèle à la fois la malveillance et la fureur des sanhédristes envers Jésus, ainsi que leur manque de respect pour l’équité, l’honneur et la dignité de Pilate. Quelle effronterie pour ces citoyens assujettis à comparaitre devant le gouverneur de leur province en demandant un décret d’exécution contre un homme avant d’avoir assuré à cet homme un jugement équitable, et même sans porter contre lui des accusations précises de crime. 185:2.5 Pilate connaissait quelque peu l’œuvre de Jésus parmi les Juifs ; il conjectura que les accusations susceptibles d’être portées contre lui concernaient des infractions aux lois ecclésiastiques juives, et chercha en conséquence à renvoyer Jésus devant leur propre tribunal. En outre, Pilate prit plaisir à leur faire confesser publiquement qu’ils étaient impuissants à prononcer et à exécuter une sentence de mort, même contre un membre de leur propre race qu’ils en étaient venus à mépriser avec une haine pleine d’amertume et d’envie. 185:2.6 Quelques heures auparavant, peu avant minuit et après qu’il eut autorisé l’emploi des soldats romains pour arrêter secrètement Jésus, Pilate avait reçu des informations complémentaires sur Jésus et son enseignement, par le truchement de sa femme Claudia, qui était partiellement convertie au judaïsme et devint plus tard une croyante à part entière en l’évangile de Jésus. 185:2.7 Pilate aurait aimé reporter l’audience, mais il vit que les dirigeants juifs étaient décidés à poursuivre l’affaire. Il savait que non seulement cette matinée était celle de la préparation à la Pâque, mais que le vendredi était aussi le jour de préparation au sabbat juif de repos et de culte. 185:2.8 Pilate, étant extrêmement sensible à la manière désinvolte dont les Juifs l’avaient abordé, n’était pas enclin à faire droit à leurs exigences de condamner Jésus à mort sans jugement. Il attendit donc quelques moments pour leur laisser présenter leurs accusations contre le détenu, puis se tourna vers eux et dit : « Je ne condamnerai pas cet homme à mort sans jugement, et je ne consentirai pas non plus à l’interroger avant que vous ayez présenté par écrit vos accusations contre lui. » 185:2.9 Lorsque le grand-prêtre et les autres sanhédristes entendirent Pilate dire cela, ils firent signe au greffier de la cour, lequel remit à Pilate les accusations écrites suivantes contre Jésus, et ces accusations étaient : 185:2.10 « Le tribunal sanhédriste estime que cet homme est un malfaiteur et un perturbateur de notre nation en ce sens qu’il est coupable : 185:2.11 « 1. De pervertir notre nation et d’exciter le peuple à la rébellion. 185:2.12 « 2. D’interdire aux gens de payer le tribut à César. 185:2.13 « 3. De se qualifier de roi des Juifs et d’enseigner la fondation d’un nouveau royaume. » 185:2.14 Jésus n’avait été ni jugé de manière régulière ni légalement condamné sur aucune de ces accusations. Il ne les avait même pas entendues au moment où elles furent formulées pour la première fois, mais Pilate le fit amener du prétoire où il se trouvait sous la surveillance des gardes et insista pour que ces accusations fussent répétées devant Jésus. 185:2.15 Lorsque Jésus entendit ces accusations, il savait bien qu’il n’avait pas été interrogé sur ces sujets devant le tribunal juif. Jean Zébédée et les accusateurs le savaient tout aussi bien, mais Jésus ne répondit rien à ces fausses accusations. Même lorsque Pilate le pria de répondre à ses accusateurs, il n’ouvrit pas la bouche. Pilate fut si étonné de l’injustice de toute la procédure et si impressionné par le silence et la maitrise de Jésus qu’il décida d’emmener le prisonnier à l’intérieur de la salle et de l’interroger en privé. 185:2.16 Le mental de Pilate était dans la confusion. Tout en craignant les Juifs au fond de lui-même, il était fortement ému dans son esprit par le spectacle de Jésus se tenant majestueusement devant ses accusateurs assoiffés de sang et les considérant, non avec un mépris silencieux, mais avec une expression de pitié sincère et d’affection attristée. 3. L’interrogatoire en privé par Pilate 185:3.1 Pilate emmena Jésus et Jean Zébédée dans une chambre privée, laissa les gardes dehors dans la grande salle, pria le prisonnier de s’assoir, s’assit lui-même à côté de lui et lui posa plusieurs questions. Pilate commença son entretien avec Jésus en l’assurant qu’il ne croyait pas à la première accusation, à savoir que Jésus pervertissait la nation et incitait à la rébellion. Puis il demanda : « As-tu jamais enseigné qu’il fallait refuser le tribut à César ? » Jésus montra Jean du doigt et dit : « Demande-le à celui-là ou à toute autre personne qui a entendu mon enseignement. » Pilate questionna alors Jean sur cette affaire du tribut, et Jean témoigna au sujet de l’enseignement de son Maitre et expliqua que Jésus et ses apôtres payaient des impôts à la fois à César et au trésor du temple. Lorsque Pilate eut fini d’interroger Jean, il lui dit : « Veille à ne dire à personne que je t’ai parlé. » Et Jean ne révéla jamais cet épisode. 185:3.2 Pilate se retourna ensuite pour poser de nouvelles questions à Jésus en disant : « Maintenant, au sujet de la troisième accusation contre toi, es-tu le roi des Juifs ? » Du fait qu’il y avait dans la voix de Pilate un ton d’enquête peut-être sincère, Jésus sourit au procurateur et lui dit : « Pilate, poses-tu cette question de toi-même, ou l’as-tu prise chez mes accusateurs ? » Sur quoi, le gouverneur répondit d’un ton partiellement indigné : « Suis-je un Juif ? Ton propre peuple et les chefs des prêtres t’ont livré et m’ont demandé de te condamner à mort. Je mets en doute la validité de leurs accusations et j’essaye seulement de découvrir pour moi-même ce que tu as fait. Dis-moi, as-tu dit que tu es le roi des Juifs et as-tu cherché à fonder un nouveau royaume ? » 185:3.3 Jésus dit alors à Pilate : « Ne perçois-tu pas que mon royaume n’est pas de ce monde ? S’il était de ce monde, mes disciples se battraient sûrement pour que je ne sois pas livré aux mains des Juifs. Ma présence ici, devant toi et dans ces liens, suffit pour montrer à tous les hommes que mon royaume est une domination spirituelle, la fraternité même des hommes qui sont devenus fils de Dieu par la foi et par amour. Ce salut est offert aussi bien aux Gentils qu’aux Juifs. » 185:3.4 « Alors, après tout, tu es un roi ? » dit Pilate. Et Jésus répondit : « Oui, je suis un roi de ce genre, et mon royaume est la famille de ceux qui, par la foi, sont fils de mon Père qui est aux cieux. Je suis né à dessein dans ce monde pour révéler mon Père à tous les hommes et témoigner de la vérité de Dieu. Même maintenant, je te déclare que quiconque aime la vérité entend ma voix. » 185:3.5 Alors, Pilate dit à moitié ironiquement et à moitié sincèrement : « La vérité, qu’est-ce que la vérité ? – qui la connait ? » 185:3.6 Pilate n’était capable ni de sonder la profondeur des paroles de Jésus ni de comprendre la nature de son royaume spirituel, mais il était désormais certain que le prisonnier n’avait rien fait qui méritât la mort. Un seul regard jeté sur Jésus face à face suffisait pour convaincre même Pilate que cet homme débonnaire et fatigué, mais intègre et majestueux, n’était pas un sauvage et dangereux révolutionnaire aspirant à s’établir sur le trône temporel d’Israël. Pilate croyait comprendre quelque chose de ce que Jésus avait voulu dire en se qualifiant de roi, car il connaissait les enseignements des stoïciens qui proclamaient que « l’homme sage est un roi ». Pilate fut entièrement convaincu qu’au lieu d’être un dangereux fauteur de sédition, Jésus n’était ni plus ni moins qu’un visionnaire inoffensif, un fanatique innocent. 185:3.7 Après avoir interrogé le Maitre, Pilate retourna vers les chefs des prêtres et les accusateurs de Jésus et leur dit : « J’ai interrogé cet homme et je ne trouve aucune faute en lui. Je ne crois pas qu’il soit coupable des accusations que vous avez formulées contre lui. Je pense qu’il devrait être libéré. » Lorsque les Juifs entendirent cela, ils furent saisis d’une grande fureur, au point de crier sauvagement que Jésus devait mourir. L’un des sanhédristes monta audacieusement à côté de Pilate en disant : « Cet homme excite le peuple, en commençant par la Galilée et en continuant dans toute la Judée. Il est un fauteur de désordre et un malfaiteur. Si tu remets cet homme mauvais en liberté, tu le regretteras longtemps. » 185:3.8 Pilate était aux abois, il ne savait que faire de Jésus, aussi, lorsqu’il entendit les Juifs dire que Jésus avait commencé son travail en Galilée, il pensa éviter la responsabilité de trancher le cas, ou tout au moins gagner du temps pour réfléchir, en envoyant Jésus comparaitre devant Hérode, qui se trouvait alors à Jérusalem pour assister à la Pâque. Pilate crut aussi que ce geste servirait d’antidote à la rancœur qui avait existé depuis quelque temps entre lui et Hérode par suite de nombreux malentendus sur des questions de juridiction. 185:3.9 Pilate appela les gardes et leur dit : « Cet homme est un Galiléen. Conduisez-le immédiatement devant Hérode et, quand Hérode l’aura interrogé, venez me rapporter ses conclusions. » Et les gardes conduisirent Jésus devant Hérode. 4. Jésus devant Hérode 185:4.1 Quand Hérode Antipas s’arrêtait à Jérusalem, il habitait l’ancien palais macchabéen d’Hérode le Grand. C’est à cette résidence de l’ancien roi que Jésus fut donc amené par les gardes du temple, suivis de ses accusateurs et d’une foule toujours croissante. Hérode avait depuis longtemps entendu parler de Jésus et il était fort curieux de le connaitre. Lorsque le Fils de l’Homme se tint devant lui ce vendredi matin, le pervers Iduméen ne se souvint pas un instant du garçon d’autrefois qui était venu le voir à Sepphoris en demandant justice au sujet de l’argent dû à son père, qui avait été tué accidentellement pendant qu’il travaillait à l’un des édifices publics. Autant qu’Hérode pouvait se le rappeler, il n’avait jamais vu Jésus, bien qu’il se fût fait beaucoup de soucis à son sujet à l’époque où l’activité du Maitre était concentrée en Galilée. Maintenant que Jésus était détenu par Pilate et les Judéens, Hérode était désireux de le voir, car il se sentait garanti contre les nouveaux troubles que Jésus aurait pu fomenter à l’avenir. Hérode avait beaucoup entendu parler des miracles opérés par Jésus et il espérait réellement le voir accomplir quelque prodige. 185:4.2 Lorsque les gardes amenèrent Jésus devant Hérode, le tétrarque fut saisi par son aspect imposant et la sérénité de son expression. Durant un quart d’heure, Hérode posa des questions à Jésus, mais le Maitre ne voulut pas répondre. Hérode lui fit des reproches ironiques et le défia d’accomplir un miracle, mais Jésus ne voulut ni répondre à ses nombreuses questions ni réagir à ses sarcasmes. 185:4.3 Alors, Hérode se tourna vers les chefs des prêtres et les sadducéens, et prêta l’oreille à leurs accusations. Il entendit tout ce qui avait été dit à Pilate, et plus encore, au sujet des prétendus méfaits du Fils de l’Homme. Convaincu finalement que Jésus ne voudrait ni parler ni accomplir un prodige pour lui, Hérode, après l’avoir tourné en dérision pendant quelque temps, le revêtit d’une ancienne robe royale de pourpre et le renvoya à Pilate. Hérode savait que sa juridiction ne s’étendait pas sur Jésus en Judée. Bien qu’il fût heureux de penser qu’il serait finalement débarrassé de Jésus en Galilée, il était reconnaissant du fait que la responsabilité de le mettre à mort incombât à Pilate. Hérode ne s’était jamais complètement remis de la peur dont il souffrait comme une malédiction depuis qu’il avait fait exécuter Jean le Baptiste. À certains moments, Hérode avait même craint que Jésus ne soit Jean ressuscité d’entre les morts. Maintenant, il était dégagé de cette peur, car il observa que Jésus était une personne fort différente du fougueux prophète au franc parler qui avait osé dévoiler et condamner sa vie privée. 5. Jésus revient devant Pilate 185:5.1 Quand les gardes eurent ramené Jésus à Pilate, ce dernier sortit sur les marches du prétoire où son siège de justice avait été placé, il appela les chefs des prêtres et les sanhédristes, et leur dit : « Vous avez amené cet homme devant moi en l’accusant de pervertir le peuple, d’interdire le paiement des impôts et de se prétendre le roi des Juifs. Je l’ai interrogé et je ne l’ai pas trouvé coupable de ces griefs. En fait, je ne trouve aucune faute en lui. Ensuite, je l’ai envoyé à Hérode, et le tétrarque doit être arrivé aux mêmes conclusions, puisqu’il nous l’a renvoyé. Cet homme n’a certainement rien commis qui mérite la mort. Si vous pensez toujours qu’il a besoin d’être discipliné, je suis disposé à lui infliger une correction avant de le relâcher. » 185:5.2 Au moment précis où les Juifs allaient crier leurs protestations contre la mise en liberté de Jésus, une foule nombreuse arriva au prétoire pour demander à Pilate de libérer un prisonnier en l’honneur de la fête de la Pâque. Depuis quelque temps, les gouverneurs romains avaient eu coutume de permettre à la populace de choisir un prisonnier ou un condamné destiné à être amnistié à l’époque de la Pâque. Maintenant que cette foule arrivait devant lui pour demander la délivrance d’un prisonnier, Jésus ayant été si récemment en grande faveur auprès des multitudes, Pilate eut l’idée qu’il pourrait peut-être se tirer de cette mauvaise affaire en proposant au groupe de relâcher cet homme de Galilée comme gage de sa bonne volonté à l’occasion de la Pâque, puisqu’il était actuellement détenu devant son siège de justice. 185:5.3 Tandis que la foule s’amassait sur les marches du bâtiment, Pilate entendit des voix crier le nom d’un certain Barabbas. Barabbas était un agitateur politique notoire, voleur et assassin, fils d’un prêtre et avait été récemment arrêté en flagrant délit de rapine et de meurtre sur la route de Jéricho. Il avait été condamné à mort, et la sentence devait être exécutée aussitôt après les fêtes de la Pâque. 185:5.4 Pilate se leva et expliqua à la foule que Jésus lui avait été amené par les chefs des prêtres qui demandaient sa mise à mort en formulant certaines accusations, mais qu’il ne croyait pas que cet homme méritât la mort. Pilate dit : « Alors, qui préférez-vous que je vous relâche, ce Barabbas, l’assassin, ou ce Jésus de Galilée ? » Lorsque Pilate eut ainsi parlé, les chefs des prêtres et les conseillers du sanhédrin crièrent tous de leur voix la plus perçante : « Barabbas, Barabbas ! » Et, quand les gens assemblés virent que les chefs des prêtres voulaient que Jésus fût mis à mort, ils se joignirent rapidement aux clameurs réclamant son exécution tandis qu’ils vociféraient pour la libération de Barabbas. 185:5.5 Quelques jours auparavant, la même foule avait observé Jésus avec une crainte respectueuse, mais elle n’avait plus de considération pour un homme qui, après avoir prétendu être le Fils de Dieu, se trouvait maintenant prisonnier des principaux prêtres et dirigeants, et traduit en jugement devant Pilate avec le risque d’être condamné à mort. Jésus pouvait être un héros aux yeux de la populace quand il chassait du temple les changeurs et les marchands, mais non quand il était prisonnier sans résistance aux mains de ses ennemis, et quand sa vie était en jeu. 185:5.6 Pilate fut irrité de voir les chefs des prêtres pousser des clameurs en faveur d’un assassin notoire et hurler pour obtenir le sang de Jésus. Il vit leur méchanceté et leur haine, et perçut leurs préjugés et leur jalousie. En conséquence, il leur dit : « Comment pouvez-vous choisir la vie d’un assassin de préférence à celle de cet homme dont le pire crime consiste à se qualifier symboliquement de roi des Juifs ? » Ces paroles de Pilate manquaient de sagesse. Les Juifs étaient un peuple fier, alors soumis au joug politique romain, mais espérant la venue d’un Messie qui les délivrerait de la servitude des Gentils avec un grand déploiement de puissance et de gloire. À l’idée que cet instructeur aux manières douces, qui enseignait d’étranges doctrines et qui était maintenant arrêté et inculpé de crimes méritant la mort, pouvait être cité comme « le roi des Juifs », ils éprouvèrent un ressentiment plus grand que Pilate ne pouvait l’imaginer. Ils prirent cette remarque comme une insulte envers tout ce qu’ils considéraient comme sacré et honorable dans leur existence nationale, et c’est pourquoi ils se déchainèrent en clameurs pour la relaxe de Barabbas et la mort de Jésus. 185:5.7 Pilate savait que Jésus était innocent des accusations portées contre lui et, s’il avait été un juge intègre et courageux, il l’aurait acquitté et relaxé, mais il avait peur de défier ces Juifs irrités. Tandis qu’il hésitait à faire son devoir, un messager arriva et lui remit un message scellé de sa femme Claudia. 185:5.8 Pilate signifia à son auditoire son désir de lire la communication qu’il venait de recevoir, avant de poursuivre l’examen de l’affaire en cours. Il ouvrit la lettre de sa femme et y lut : « Je te supplie de ne participer en rien à la condamnation de l’homme intègre et innocent que l’on appelle Jésus. J’ai beaucoup souffert en rêve cette nuit à cause de lui. » Cette note venant de Claudia eut pour effet non seulement de bouleverser Pilate et de retarder ainsi le jugement de l’affaire, mais aussi, malheureusement, de laisser aux dirigeants juifs un temps considérable pour circuler librement dans la foule. Ils en profitèrent pour inciter la populace à demander la libération de Barabbas et à réclamer à grands cris la crucifixion de Jésus. 185:5.9 Finalement, Pilate s’attaqua une fois de plus à la solution du problème auquel il était confronté en demandant à l’assemblée mixte des dirigeants juifs et des gens demandant une amnistie : « Que ferai-je de celui que l’on appelle le roi des Juifs ? » Ils crièrent à l’unisson : « Crucifie-le ! Crucifie-le ! » L’unanimité de cette exigence de la part de cette foule bigarrée effraya et alarma Pilate, juge injuste et tenaillé par la peur. 185:5.10 Il demanda une fois de plus : « Pourquoi voulez-vous crucifier cet homme ? Quel mal a-t-il fait ? Qui veut s’avancer pour témoigner contre lui ? » Mais lorsqu’ils entendirent Pilate prendre la défense de Jésus, ils crièrent de plus belle : « Crucifie-le ! Crucifie-le ! » 185:5.11 Alors, Pilate fit de nouveau appel à eux au sujet de la relaxe du prisonnier de la Pâque en disant : « Je vous demande une fois de plus quel prisonnier je dois libérer à cette date où vous fêtez votre Pâque ? » Et de nouveau la foule hurla : « Donne-nous Barabbas ! » 185:5.12 Alors, Pilate dit : « Si je relâche Barabbas, l’assassin, que vais-je faire de Jésus ? » Et une fois de plus la foule hurla à l’unisson : « Crucifie-le ! Crucifie-le ! » 185:5.13 Pilate fut terrorisé par les clameurs insistantes de la populace agissant sous les directives immédiates des chefs des prêtres et des conseillers du sanhédrin ; il décida néanmoins de faire encore au moins une tentative pour apaiser la foule et sauver Jésus. 6. Le dernier appel de Pilate 185:6.1 Seuls les ennemis de Jésus participent à tout ce qui se passe ce vendredi matin devant Pilate. Ses nombreux amis ou bien ignorent encore son arrestation nocturne et son jugement aux premières heures du matin, ou bien se cachent de peur d’être également appréhendés et condamnés à mort parce qu’ils croient aux enseignements de Jésus. Dans la multitude qui pousse maintenant des clameurs pour la mort du Maitre, on ne trouve que ses ennemis jurés et la populace irréfléchie facile à manœuvrer. 185:6.2 Pilate voulut faire un dernier appel à leur pitié. Ayant peur de défier les clameurs de cette foule égarée qui criait pour obtenir le sang de Jésus, il ordonna aux gardes juifs et aux soldats romains de prendre Jésus et de le flageller. C’était en soi une procédure injuste et illégale, car la loi romaine réservait uniquement la flagellation aux condamnés à mort par crucifixion. Les gardes emmenèrent Jésus pour ce supplice dans la cour ouverte du prétoire. Ses ennemis n’assistèrent pas à la flagellation, mais Pilate y assista. Avant que les flagellateurs en eussent fini avec ce flagrant abus, il leur ordonna de s’arrêter et fit signe qu’on lui amenât Jésus. Avant d’attacher Jésus au poteau de flagellation et de le frapper de leurs fouets à nœuds, ses bourreaux l’avaient de nouveau vêtu de la robe pourpre et avaient tressé une couronne d’épines qu’ils posèrent sur son front. Après avoir placé un roseau dans sa main comme simulacre d’un sceptre, ils s’agenouillèrent devant lui et se moquèrent de lui en disant : « Salut, roi des Juifs ! » Puis ils crachèrent sur lui et le souffletèrent. Avant de le rendre à Pilate, l’un d’eux lui prit le roseau des mains et lui en frappa la tête. 185:6.3 Ensuite, Pilate conduisit le prisonnier saignant et lacéré devant la foule bigarrée et le présenta en disant : « Voici l’homme ! De nouveau, je vous déclare que je ne le trouve coupable d’aucun crime et, après l’avoir flagellé, je voudrais le relâcher. » 185:6.4 Jésus de Nazareth se tenait là, vêtu d’une vieille robe pourpre royale et ceint d’une couronne d’épines qui perçait son front bienveillant. Son visage était souillé de sang et son corps plié de souffrance et de chagrin. Mais rien ne peut émouvoir le cœur insensible de ceux qui sont victimes d’une intense haine émotionnelle et esclaves de préjugés religieux. Ce spectacle engendra un profond frisson dans les royaumes d’un vaste univers, mais ne toucha pas le cœur de ceux qui avaient mentalement décidé d’exterminer Jésus. 185:6.5 Quand ils se furent remis de leur premier choc à la vue du triste état du Maitre, ils ne firent que crier plus fort et plus longuement : « Crucifie-le ! Crucifie-le ! Crucifie-le ! » 185:6.6 Maintenant, Pilate comprenait la futilité de faire appel à leurs hypothétiques sentiments de pitié. Il s’avança et dit : « Je me rends compte que vous avez décidé la mort de cet homme, mais qu’a-t-il fait pour mériter la mort ? Qui veut faire connaitre son crime ? » 185:6.7 Alors le grand-prêtre lui-même s’avança, monta les marches vers Pilate et déclara avec irritation : « Nous avons une loi sacrée d’après laquelle cet homme doit mourir parce qu’il a lui-même proclamé qu’il était le Fils de Dieu. » Lorsque Pilate entendit cela, il fut d’autant plus effrayé, non seulement par les Juifs, mais en se souvenant du message de sa femme et de la mythologie grecque où les dieux descendent sur terre ; il tremblait maintenant à l’idée que Jésus pouvait être un personnage divin. Il adressa un salut de la main à la foule pour la faire tenir tranquille, tandis qu’il prenait Jésus par le bras et le reconduisait à l’intérieur de l’édifice pour l’interroger encore une fois. Pilate était maintenant tenaillé par la peur, déconcerté par la superstition et épuisé par l’entêtement de la populace. 7. Le dernier face à face avec Pilate 185:7.1 Tandis que Pilate, tremblant de peur et d’émotion, s’asseyait à côté de Jésus, il lui demanda : « D’où viens-tu ? Qui es-tu réellement ? Pourquoi disent-ils que tu es le Fils de Dieu ? » 185:7.2 Mais Jésus ne pouvait guère répondre à ces questions lorsqu’elles étaient posées par un juge hésitant, faible, craignant les hommes et qui avait été assez injuste pour le faire flageller même après avoir proclamé son entière innocence et avant d’avoir ratifié sa condamnation à mort. Jésus regarda Pilate droit dans les yeux, mais ne lui répondit pas. Alors, Pilate lui dit : « Refuses-tu de me parler ? Ne comprends-tu pas que j’ai encore le pouvoir de te rendre la liberté ou de te crucifier ? » Jésus lui répondit : « Tu n’aurais aucun pouvoir sur moi si ce n’était autorisé d’en haut. Tu ne pourrais exercer aucune autorité sur le Fils de l’Homme à moins que le Père qui est aux cieux ne le permette. Mais tu n’es pas tellement coupable, car tu ignores l’évangile. Celui qui m’a trahi et celui qui m’a livré à toi ont commis le plus grand péché. » 185:7.3 Ce dernier entretien avec Jésus terrifia Pilate. Cet homme moralement lâche, ce juge débile, peinait maintenant sous le double fardeau de la crainte superstitieuse de Jésus et de la peur mortelle que lui inspiraient les dirigeants juifs. 185:7.4 Pilate revint devant la foule en disant : « Je suis certain que cet homme n’a contrevenu qu’à la religion. Vous devriez le prendre et le juger d’après votre propre loi. Pourquoi espérez-vous que je consentirai à sa mort parce qu’il est entré en conflit avec vos traditions ? » 185:7.5 Pilate était sur le point de libérer Jésus lorsque Caïphe, le grand-prêtre, s’approcha du lâche juge romain, secoua un doigt vengeur devant son visage et prononça d’un ton irrité ces paroles que toute la populace put entendre : « Si tu relâches cet homme, tu n’es pas l’ami de César, et je veillerai à ce que l’empereur sache tout. » Cette menace publique dépassa ce que Pilate pouvait endurer. La crainte pour sa situation personnelle éclipsa toute autre considération, et le lâche gouverneur ordonna que Jésus fût amené devant le siège de justice. Lorsque le Maitre se tint là devant eux, Pilate le montra du doigt et dit sarcastiquement : « Voici votre roi. » Et les Juifs répondirent : « Finis-en avec lui. Crucifie-le ! » Alors, Pilate dit avec beaucoup d’ironie et de sarcasme : « Vais-je crucifier votre roi ? » Et les Juifs répondirent : « Crucifie-le ! Nous n’avons pas d’autre roi que César. » Alors, Pilate se rendit compte qu’il n’y avait plus d’espoir de sauver Jésus, puisque lui-même n’osait pas défier les Juifs. 8. Le tragique abandon par Pilate 185:8.1 Incarné en tant que Fils de l’Homme, le Fils de Dieu se tenait là. Il avait été arrêté sans inculpation, accusé sans preuves, jugé sans témoins, puni sans verdict et il allait bientôt être condamné à mort par un juge injuste qui confessait ne pouvoir trouver aucune faute en lui. Si Pilate avait cru pouvoir faire appel à leur patriotisme en appelant Jésus « le roi des Juifs », il avait complètement échoué. Les Juifs n’attendaient pas un roi de ce genre. Lorsque les chefs des prêtres et les sadducéens déclarèrent : « Nous n’avons pas d’autre roi que César », cela fut un choc même pour la foule ignorante, mais il était désormais trop tard pour sauver Jésus, même si la populace avait osé prendre parti pour le Maitre. 185:8.2 Pilate craignait un tumulte ou une émeute. Il n’osa pas risquer de troubles de cet ordre au moment de la Pâque à Jérusalem. Il avait récemment reçu une réprimande de César et ne voulait pas risquer d’en recevoir une autre. La populace applaudit lorsqu’il ordonna de relâcher Barabbas. Il fit ensuite apporter une bassine et un peu d’eau, puis se lava les mains devant la foule en disant : « Je suis innocent du sang de cet homme. Vous êtes décidés à ce qu’il meure, mais je n’ai trouvé aucune culpabilité en lui. Occupez-vous-en. Les soldats le conduiront. » Alors, la populace applaudit et répondit : « Que son sang soit sur nous et sur nos enfants. » FASCICULE 186. Peu avant la crucifixion 186:0.1 Au moment où Jésus et ses accusateurs partirent pour voir Hérode, le Maitre se tourna vers l’apôtre Jean et dit : « Jean, tu ne peux rien faire de plus pour moi. Va vers ma mère et ramène-la pour qu’elle me voie avant que je ne meure. » Lorsque Jean entendit la requête de son Maitre, et bien qu’il répugnât à le laisser seul parmi ses ennemis, il se hâta de partir pour Béthanie où toute la famille de Jésus était rassemblée dans l’expectative chez Marthe et Marie, les sœurs de Lazare que Jésus avait ressuscité d’entre les morts. 186:0.2 Plusieurs fois durant la matinée, des messagers avaient apporté à Marthe et à Marie des nouvelles des développements du procès de Jésus, mais la famille de Jésus n’arriva à Béthanie que quelques minutes avant Jean qui apportait le message de Jésus demandant à voir sa mère avant d’être mis à mort. Après que Jean Zébédée leur eut raconté tout ce qui s’était passé depuis l’arrestation de Jésus à minuit, Marie sa mère partit aussitôt en sa compagnie pour voir son fils ainé. Au moment où Marie et Jean parvinrent à Jérusalem, Jésus, accompagné des soldats romains qui devaient le crucifier, était déjà arrivé au Golgotha. 186:0.3 Quand Marie, mère de Jésus, partit de Béthanie avec Jean pour voir son fils, Ruth, la sœur du Maitre, refusa de rester en arrière avec le reste de la famille. Puisqu’elle était décidée à accompagner sa mère, son frère Jude partit avec elle. Les autres membres de la famille du Maitre restèrent à Béthanie sous la direction de Jacques. Presque une fois par heure, les messagers de David Zébédée leur apportaient des nouvelles concernant le déroulement de la terrible affaire, la mise à mort de leur frère ainé, Jésus de Nazareth. 1. La fin de Judas Iscariot 186:1.1 Il était à peu près huit heures et demie du matin, ce vendredi, lorsque l’audition de Jésus devant Pilate prit fin et que le Maitre fut remis à la garde des soldats romains chargés de le crucifier. Aussitôt que les Romains prirent possession de Jésus, le capitaine des gardes juifs retourna avec ses hommes à leur quartier général du temple. Le chef des prêtres et ses associés sanhédristes suivirent de près les gardes et allèrent directement à leur lieu de réunion habituel dans la salle en pierre de taille du temple. Ils y trouvèrent de nombreux autres membres du sanhédrin attendant de savoir ce que l’on avait fait de Jésus. Tandis que Caïphe faisait son rapport au sanhédrin sur le jugement et la condamnation de Jésus, Judas apparut devant eux en réclamant sa récompense pour le rôle qu’il avait joué dans l’arrestation et la condamnation à mort de son Maitre. 186:1.2 Tous ces Juifs abhorraient Judas ; ils n’éprouvaient pour le traitre que des sentiments de total mépris. Durant tout le jugement de Jésus devant Caïphe et sa comparution devant Pilate, Judas eut des troubles de conscience concernant sa félonie. Il commençait aussi à perdre quelque peu ses illusions sur la récompense qu’il devait recevoir en paiement de sa trahison envers Jésus. Il n’aimait pas la froideur et la réserve des autorités juives ; cependant, il comptait être largement récompensé pour sa lâche conduite. Il s’attendait à être convoqué devant les sanhédristes réunis au complet pour y entendre son propre panégyrique et se voir conférer des honneurs appropriés en récompense du grand service qu’il se flattait d’avoir rendu à sa nation. On peut donc imaginer la grande surprise de ce traitre égotiste lorsqu’un serviteur du grand-prêtre lui tapa sur l’épaule, le fit sortir de la salle et lui dit : « Judas, j’ai été chargé de te payer pour avoir trahi Jésus. Voici ta récompense. » Et, ce disant, le serviteur de Caïphe tendit une bourse contenant trente pièces d’argent – le prix courant d’un bon esclave valide. 186:1.3 Judas fut abasourdi, muet de stupeur. Il se précipita pour rentrer dans la salle, mais l’huissier lui barra le chemin. Il voulait faire appel au sanhédrin, mais on ne voulut pas le laisser entrer. Judas ne pouvait pas croire que les dirigeants des Juifs lui avaient permis de trahir ses amis et son Maitre pour lui offrir ensuite trente pièces d’argent en récompense. Il était humilié, désillusionné et complètement écrasé. Il s’éloigna du temple pour ainsi dire en transe. Comme un automate, il fit tomber la bourse dans sa grande poche, la même où il avait si longtemps transporté la bourse contenant les fonds apostoliques. Il erra dans la ville, et en sortit en suivant la foule qui allait assister aux crucifixions. 186:1.4 Judas aperçut de loin que l’on dressait la croix où Jésus était cloué. À cette vue, il retourna précipitamment au temple, écarta de force l’huissier et se trouva en présence du sanhédrin, qui était encore en session. Le traitre était à peu près hors d’haleine et profondément bouleversé, mais il réussit à balbutier les paroles suivantes : « J’ai péché en ce sens que j’ai trahi un sang innocent. Vous m’avez insulté. Vous m’avez offert de l’argent pour ce service – le prix d’un esclave. Je me repens d’avoir fait cela ; voilà votre argent. Je veux échapper à la culpabilité de cet acte. » 186:1.5 Quand les dirigeants des Juifs entendirent Judas, ils se gaussèrent de lui. L’un d’eux, qui était assis près de l’endroit où Judas était debout, l’invita à sortir de la salle et lui dit : « Ton Maitre a déjà été mis à mort par les Romains ; quant à ta culpabilité, en quoi nous concerne-t-elle ? Occupe-t’en – et va-t’en. » 186:1.6 En quittant la salle du sanhédrin, Judas sortit les trente pièces d’argent de la bourse et les lança à la volée sur le sol du temple. Lorsque le traitre sortit, il était presque hors de lui-même. Judas passait maintenant par l’expérience de la réalisation de la véritable nature du péché. Tout l’éclat, la fascination et l’ivresse des mauvaises actions avaient disparu. Maintenant, le malfaiteur se trouvait seul, face à face avec le verdict du jugement de son âme désillusionnée et déçue. Le péché était ensorcelant et aventureux pendant qu’il le commettait, mais maintenant Judas devait faire face à la moisson des faits mis à nu et dépourvus de romanesque. 186:1.7 Celui qui avait été jadis ambassadeur du royaume des cieux sur terre errait maintenant seul et abandonné dans les rues de Jérusalem. Son désespoir était affreux et presque absolu. Il poursuivit sa route dans la ville, puis hors des murs jusque dans la terrible solitude de la vallée du Hinnom, où il grimpa sur des rochers abrupts. Il prit la ceinture de son vêtement, en attacha une extrémité à un petit arbre, noua l’autre autour de son cou et se jeta dans le précipice. Avant qu’il fût mort, le nœud qu’il avait attaché de ses mains nerveuses s’était desserré, et le corps du traitre fut déchiqueté par les rochers pointus sur lesquels il tomba. 2. L’attitude du Maitre 186:2.1 Quand Jésus fut arrêté, il savait que son œuvre sur terre, dans la similitude de la chair mortelle, était achevée. Il comprenait pleinement le genre de mort qui allait lui être infligé, et ne s’intéressait guère aux détails de ses prétendus jugements. 186:2.2 Devant la cour du sanhédrin, Jésus refusa de répondre aux témoignages des témoins parjures. Une seule question attirait toujours une réponse, qu’elle fût posée par des amis ou des ennemis : c’était celle qui concernait la nature et la divinité de sa mission sur terre. Quand on lui demandait s’il était le Fils de Dieu, il donnait infailliblement une réponse. Il refusa fermement de parler durant sa comparution devant le curieux et inique Hérode. Devant Pilate, il parla seulement quand il crut que Pilate ou quelque autre homme sincère pouvait être aidé par ses paroles à mieux connaitre la vérité. Jésus avait enseigné à ses apôtres qu’il était inutile de jeter leurs perles aux pourceaux, et maintenant il osait pratiquer ce qu’il avait enseigné. Sa conduite, à ce moment-là, donna l’exemple de la patiente soumission de la nature humaine doublée du majestueux silence et de la solennelle dignité de la nature divine. Il était tout à fait prêt à discuter avec Pilate de toute question concernant les inculpations politiques portées contre lui – de toute question reconnue par lui comme relevant de la juridiction du gouverneur. 186:2.3 Jésus était convaincu que la volonté de son Père était qu’il se soumette au cours naturel et ordinaire des évènements humains, exactement comme toute autre créature mortelle doit le faire. C’est pourquoi il refusa d’employer même ses pouvoirs purement humains d’éloquence persuasive pour influencer l’issue des machinations de ses contemporains socialement myopes et spirituellement aveugles. Bien que Jésus ait vécu et soit mort sur Urantia, toute sa carrière humaine, depuis le commencement jusqu’à la fin, fut un spectacle destiné à influencer et à instruire tout l’univers local qu’il avait créé et qu’il soutenait sans cesse. 186:2.4 Les Juifs à courte vue poussaient des clameurs indécentes pour la mort du Maitre tandis qu’il se tenait là dans un silence terrible, contemplant la scène de mort d’une nation – du propre peuple de son père terrestre. 186:2.5 Jésus avait acquis le type de caractère humain qui peut conserver son sang-froid et affirmer sa dignité en face d’insultes constantes et gratuites. On ne pouvait l’intimider. Lors des premières voies de fait par le serviteur d’Annas, il se borna à suggérer qu’il vaudrait mieux appeler des témoins qui puissent dument témoigner contre lui. 186:2.6 Du commencement jusqu’à la fin de son prétendu jugement devant Pilate, les légions célestes en observation ne purent se retenir de télédiffuser à l’univers la description de la scène de « Pilate en jugement devant Jésus ». 186:2.7 Lors de sa comparution devant Caïphe, quand tous les témoignages parjures se furent effondrés, Jésus n’hésita pas à répondre à la question du chef des prêtres et à fournir ainsi, par son propre témoignage, la base sur laquelle le tribunal désirait s’appuyer pour le convaincre de blasphème. 186:2.8 Le Maitre ne manifesta jamais le moindre intérêt aux efforts bien intentionnés, mais tièdes, de Pilate pour arriver à le relaxer. Il avait réellement pitié de Pilate et s’efforça sincèrement d’éclairer son mental enténébré. Il resta entièrement passif devant tous les appels du gouverneur romain aux Juifs pour qu’ils retirent leurs inculpations criminelles contre lui. Durant toute la triste épreuve, il se comporta avec une dignité simple et une majesté sans ostentation. Il ne voulut même pas faire remarquer l’insincérité de ceux qui voulaient l’assassiner lorsqu’ils lui demandèrent s’il était « roi des Juifs ». Avec un minimum de rectifications, il accepta l’appellation, sachant qu’ils avaient choisi de le rejeter, mais que, même au sens spirituel, il serait le dernier à représenter réellement un chef pour leur nation. 186:2.9 Jésus parla peu durant ces procès, mais il en dit assez pour montrer, à tous les mortels, le genre de caractère que les humains peuvent perfectionner en association avec Dieu, et pour révéler, à tout l’univers, la manière dont Dieu peut se manifester dans la vie d’une créature quand celle-ci choisit véritablement de faire la volonté du Père et devient ainsi un fils actif du Dieu vivant. 186:2.10 Son amour pour des mortels ignorants est pleinement mis en lumière par sa patience et sa grande maitrise de soi en face des railleries, des coups et des soufflets des soldats grossiers et des serviteurs irréfléchis. Il ne s’irrita même pas quand ils lui bandèrent les yeux et le frappèrent ironiquement au visage en s’écriant : « Prophétise et dis-nous qui t’a frappé. » 186:2.11 Pilate était plus proche de la vérité qu’il ne le croyait quand, après avoir fait flageller Jésus, il le présenta à la foule en s’écriant : « Voici l’homme ! » En vérité le gouverneur romain, transi de peur, n’imaginait guère qu’au même instant l’univers se tenait au garde-à-vous, contemplant le spectacle unique de son Souverain bien-aimé ainsi humilié et subissant les sarcasmes et les coups de ses sujets mortels avilis et plongés dans l’ignorance. Pendant que Pilate parlait, la phrase « Voici Dieu et l’homme ! » retentissait dans tout Nébadon. Depuis lors, dans un univers entier, des myriades de créatures ont continué à contempler cet homme, tandis que le Dieu de Havona, chef suprême de l’univers des univers, accepte l’homme de Nazareth comme satisfaisant l’idéal des créatures mortelles de cet univers local du temps et de l’espace. Dans sa vie incomparable, Jésus ne manqua jamais de révéler Dieu à l’homme. Maintenant, au cours de ces derniers épisodes de sa carrière humaine et de sa mort subséquente, il faisait une nouvelle et émouvante révélation de l’homme à Dieu. 3. David Zébédée, celui sur qui on pouvait compter 186:3.1 Peu après que Jésus eut été remis aux soldats romains à la fin de l’audience devant Pilate, un détachement de gardes du temple fut envoyé d’urgence à Gethsémani pour disperser ou arrêter les disciples du Maitre. Mais, longtemps avant son arrivée, ceux-ci s’étaient égaillés. Les apôtres s’étaient retirés dans des cachettes convenues d’avance ; les Grecs s’étaient séparés et rendus dans diverses maisons de Jérusalem ; les autres disciples avaient également disparu. David Zébédée se doutait que les ennemis de Jésus allaient revenir, de sorte qu’il transporta sans tarder cinq ou six tentes plus haut dans le ravin, près de l’endroit où le Maitre s’était si souvent retiré pour prier et adorer. C’était là qu’il se proposait de se cacher tout en maintenant un centre, une station coordonnatrice, pour son service de messagers. À peine David avait-il quitté le camp que les gardes du temple arrivèrent. Ne trouvant plus personne sur place, ils se contentèrent d’incendier le camp et de retourner en hâte au temple. En entendant leur rapport, le sanhédrin fut assuré que les disciples de Jésus étaient si complètement effrayés et subjugués qu’il n’y avait plus de danger d’émeute ni d’une quelconque tentative pour sauver Jésus des mains de ses bourreaux. Enfin, les sanhédristes pouvaient respirer à l’aise ; ils levèrent donc la séance, chacun allant son chemin pour préparer la Pâque. 186:3.2 Aussitôt que Pilate eut remis Jésus aux soldats romains pour le crucifier, un messager partit en hâte pour Gethsémani afin d’informer David. En moins de cinq minutes, des coureurs étaient partis pour Bethsaïde, Pella, Philadelphie, Sidon, Shéchem, Hébron, Damas et Alexandrie, portant la nouvelle que Jésus était sur le point d’être crucifié par les Romains à la demande instante des chefs des Juifs. 186:3.3 Durant toute cette journée tragique, et jusqu’au dernier message informant que le Maitre avait été couché dans la tombe, David envoya, presque toutes les demi-heures, des messagers porteurs de rapports aux apôtres, aux Grecs et à la famille terrestre de Jésus rassemblée chez Lazare à Béthanie. Quand les messagers partirent avec la nouvelle que Jésus avait été enseveli, David donna congé à son groupe de coureurs locaux pour la célébration de la Pâque et le repos du sabbat du lendemain. Il leur ordonna de se présenter discrètement à lui, le dimanche matin, chez Nicodème, où il se proposait de se cacher quelques jours avec André et Simon Pierre. 186:3.4 Ce David Zébédée, dont le mental était si particulier, était le seul des principaux disciples de Jésus à être enclin à prendre au pied de la lettre et comme un fait positif l’affirmation que le Maitre allait mourir et « ressusciter le troisième jour ». David avait une fois entendu Jésus faire cette prédiction. Ayant une tournure de mental pratique, il se proposait maintenant de rassembler ses messagers de bonne heure, le dimanche matin, chez Nicodème afin de les avoir à sa disposition pour répandre la nouvelle, au cas où Jésus ressusciterait d’entre les morts. David ne tarda pas à découvrir qu’aucun des disciples de Jésus ne s’attendait à le voir revenir si tôt de la tombe. Il parla donc peu de sa conviction et ne dit pas qu’il avait mobilisé tout son corps de messagers de bonne heure le dimanche matin, sauf aux coureurs qui avaient été dépêchés le vendredi matin vers les villes lointaines et les centres de croyants. 186:3.5 Ainsi, les disciples de Jésus, dispersés dans Jérusalem et ses environs, mangèrent la Pâque cette nuit-là et restèrent cloitrés le lendemain. 4. Préparatifs pour la crucifixion 186:4.1 Après que Pilate se fut lavé les mains devant la foule, cherchant ainsi à échapper à la culpabilité d’avoir livré un innocent à la crucifixion simplement parce qu’il craignait de résister aux clameurs des dirigeants juifs, il ordonna que le Maitre fût remis aux soldats romains et donna pour instructions à leur capitaine de le crucifier immédiatement. En prenant charge de Jésus, les soldats le reconduisirent à la cour du prétoire, lui ôtèrent la robe qu’Hérode lui avait mise et l’habillèrent de ses propres vêtements. Ces soldats se moquèrent de lui et le tournèrent en dérision, mais ne lui infligèrent pas de nouveaux sévices physiques. Jésus se trouvait désormais seul avec ces soldats romains. Ses amis se cachaient, ses ennemis étaient allés leur chemin, et même Jean Zébédée n’était plus à ses côtés. 186:4.2 Il était un peu plus de huit heures du matin lorsque Pilate remit Jésus aux soldats, et un peu moins de neuf heures lorsqu’ils partirent pour la scène de la crucifixion. Durant cet intervalle de plus d’une demi-heure, Jésus ne prononça pas une parole. Les affaires exécutives d’un grand univers étaient pratiquement au point mort. Gabriel et les principaux dirigeants de Nébadon étaient soit assemblés ici sur Urantia, soit à l’affut des rapports spatiaux des archanges dans un effort pour suivre de près ce qui advenait au Fils de l’Homme sur Urantia. 186:4.3 Lorsque les soldats furent prêts à partir avec Jésus pour le Golgotha, ils avaient déjà commencé à être impressionnés par son sang-froid insolite et son extraordinaire dignité, ainsi que par son silence sans plaintes. 186:4.4 Une grande partie du retard à emmener Jésus au lieu de la crucifixion provint d’une décision du capitaine prise à la dernière minute. Il voulut emmener également deux voleurs qui avaient été condamnés à mort. Puisque Jésus devait être crucifié ce matin-là, le capitaine romain pensa que ces deux pouvaient tout aussi bien mourir avec lui que d’attendre la fin des festivités de la Pâque. 186:4.5 Aussitôt que les voleurs purent être mis à disposition, on les conduisit dans la cour où ils regardèrent Jésus. L’un d’eux le voyait pour la première fois, mais l’autre l’avait souvent entendu parler, d’une part dans le temple, et d’autre part bien des mois auparavant au camp de Pella. 5. Relation entre la mort de Jésus et la Pâque 186:5.1 Il n’y a pas de relation directe entre la mort de Jésus et la Pâque juive. Il est vrai que le Maitre abandonna sa vie charnelle ce jour-là, le jour de la préparation de la Pâque juive et à peu près à l’heure où l’on sacrifiait les agneaux pascals dans le temple. Mais la coïncidence de ces évènements n’indique, en aucune manière, que la mort du Fils de l’Homme sur terre ait un rapport quelconque avec le système sacrificiel juif. Jésus était un Juif, mais, en tant que Fils de l’Homme, il était un mortel des royaumes. Les évènements déjà racontés et aboutissant à cette heure où le Maitre allait être crucifié suffisent à démontrer que sa mort, à cette époque, fut une affaire purement naturelle et manigancée par les hommes. 186:5.2 Ce fut l’homme, et non Dieu, qui projeta et mit à exécution la mort de Jésus sur la croix. Il est vrai que le Père refusa de s’immiscer dans la marche des évènements humains sur Urantia, mais le Père du Paradis ne décréta, ne demanda, ni n’exigea la mort de son Fils telle qu’elle eut lieu sur terre. Il est de fait que tôt ou tard, et d’une certaine manière, Jésus aurait été obligé de se séparer de son corps mortel, de mettre fin à son incarnation, mais il aurait pu le faire par d’innombrables moyens sans mourir sur une croix entre deux larrons. Ces actes furent tous l’œuvre de l’homme, et non de Dieu. 186:5.3 À l’époque de son baptême, le Maitre avait déjà achevé la partie technique de l’expérience terrestre et charnelle nécessaire pour parachever sa septième et dernière effusion universelle. Dès ce moment-là, Jésus avait accompli son devoir sur terre. Toute la vie qu’il vécut ensuite, et même la manière dont il mourut, ne furent qu’un ministère personnel de sa part pour le bien-être et l’élévation de ses créatures mortelles sur ce monde et sur d’autres mondes. 186:5.4 L’évangile de la bonne nouvelle que l’homme mortel peut, par la foi, devenir conscient en esprit qu’il est fils de Dieu, ne dépend pas de la mort de Jésus. Il reste cependant vrai que tout cet évangile du royaume fut prodigieusement éclairé par la mort du Maitre, mais il le fut plus encore par sa vie. 186:5.5 Tout ce que le Fils de l’Homme dit ou fit sur terre embellit considérablement les doctrines de la filiation avec Dieu et de la fraternité des hommes, mais ces rapports essentiels entre Dieu et les hommes sont inhérents aux faits universels de l’amour de Dieu pour ses créatures et de la miséricorde innée des Fils divins. Ces relations touchantes et divinement belles entre l’homme et son Créateur, sur ce monde et sur tous les autres mondes de l’univers des univers, ont existé de toute éternité. Elles ne dépendent en aucun sens de la pratique des effusions périodiques des Fils Créateurs de Dieu, qui revêtent ainsi la nature et la similitude des intelligences créées par eux, en tant que partie du prix qu’ils doivent payer pour acquérir définitivement la souveraineté illimitée sur leurs univers locaux respectifs. 186:5.6 Le Père qui est aux cieux aimait tout autant l’homme mortel de la terre avant la vie et la mort de Jésus sur Urantia qu’il l’aime après cette manifestation transcendante de l’association de l’homme avec Dieu. Cette grandiose opération de l’incarnation du Dieu de Nébadon en tant qu’homme sur Urantia ne pouvait accroitre les attributs du Père éternel, infini et universel, mais elle enrichit et éclaira tous les autres administrateurs et les créatures de l’univers de Nébadon. Le Père qui est aux cieux ne nous aime pas davantage à cause de cette effusion de Micaël, mais toutes les autres intelligences célestes ont accru leur amour pour nous. Cela tient à ce que non seulement Jésus fit une révélation de Dieu aux hommes, mais aussi effectua une nouvelle révélation des hommes aux Dieux et aux intelligences célestes de l’univers des univers. 186:5.7 Jésus ne va pas mourir à titre de sacrifice pour le péché ; il ne va pas expier la culpabilité morale innée de la race humaine. L’humanité n’est pas racialement coupable de cette manière devant Dieu. La culpabilité est uniquement une affaire de péché personnel et de conscience personnelle, la rébellion consciente et délibérée contre la volonté du Père et l’administration de ses Fils. 186:5.8 Le péché et la rébellion n’ont rien à voir avec le plan fondamental d’effusion des Fils Paradisiaques de Dieu, bien qu’il nous semble que le plan de salut soit un moyen provisoire du plan d’effusion. 186:5.9 Dieu aurait sauvé les mortels d’Urantia d’une manière tout aussi efficace et absolument certaine si Jésus n’avait pas été mis à mort par la main cruelle de mortels ignorants. Si le Maitre avait été reçu favorablement par les mortels de la terre, et s’il était parti d’Urantia en abandonnant volontairement sa vie charnelle, le fait de l’amour de Dieu et de la miséricorde du Fils – le fait de la filiation avec Dieu – n’en aurait été affecté en rien. Vous autres mortels, vous êtes les fils de Dieu et, pour transformer cette vérité en un fait dans votre expérience personnelle, on ne vous demande qu’une seule chose : votre foi née d’esprit. FASCICULE 187. La crucifixion 187:0.1 Après que les deux brigands eurent été préparés, les soldats partirent, sous le commandement d’un centurion, pour le lieu de la crucifixion. Le centurion commandant ces douze soldats était le capitaine qui avait conduit les soldats romains la nuit précédente pour arrêter Jésus à Gethsémani. Les Romains avaient coutume d’assigner quatre soldats à toute personne qui devait être crucifiée. Les deux brigands furent dument flagellés avant d’être emmenés pour être crucifiés, mais Jésus ne subit pas de nouveaux sévices physiques. Sans aucun doute, le capitaine estimait qu’il avait déjà été suffisamment flagellé avant même sa condamnation. 187:0.2 Les deux larrons crucifiés avec Jésus étaient des associés de Barabbas et auraient été mis à mort plus tard avec leur chef si ce dernier n’avait pas été relaxé en vertu du pardon de Pilate pour la Pâque. Jésus fut donc crucifié à la place de Barabbas. 187:0.3 Ce que Jésus est sur le point de faire, se soumettre à la mort sur la croix, il le fait de son plein gré. En prédisant cette expérience, il avait dit : « Le Père m’aime et me soutient parce que je suis disposé à abandonner ma vie. Mais je la reprendrai. Nul ne peut m’ôter ma vie – je l’abandonne de moi-même. J’ai autorité pour l’abandonner, et j’ai autorité pour la reprendre. J’ai reçu de mon Père ce pouvoir. » 187:0.4 C’est juste avant neuf heures, ce matin-là, que les soldats amenèrent Jésus du prétoire vers le Golgotha. Ils étaient suivis par beaucoup de personnes qui sympathisaient secrètement avec Jésus, mais la plupart des quelque deux-cents membres, ou plus, du groupe étaient soit ses ennemis, soit des badauds qui désiraient simplement jouir du choc émotionnel du spectacle des crucifixions. Seuls quelques dirigeants juifs allèrent voir Jésus mourir sur la croix. Sachant qu’il avait été remis par Pilate aux soldats romains et qu’il était condamné à mourir, les autres s’occupèrent de leur réunion dans le temple, où ils discutèrent ce qu’il y avait lieu de faire de ses disciples. 1. Sur le chemin du Golgotha 187:1.1 Avant de quitter la cour du prétoire, les soldats placèrent la traverse de la croix sur les épaules de Jésus. La coutume voulait que le condamné porte la traverse de sa croix jusqu’au lieu de la crucifixion. Le condamné ne portait pas toute la croix, mais seulement la courte branche horizontale. Les poteaux de bois plus longs et verticaux des trois croix avaient déjà été transportés au Golgotha et, avant l’arrivée des soldats et de leurs prisonniers, ils avaient été solidement implantés dans le sol. 187:1.2 Conformément à la coutume, le capitaine conduisit la procession en portant de petits écriteaux blancs sur lesquels on avait inscrit au fusain les noms des criminels et la nature des crimes ayant motivé leur condamnation. Pour les deux voleurs, le centurion avait des notices donnant leur nom au-dessous duquel était écrit le seul mot « Brigand ». Après que la victime eut été clouée à la traverse et hissée en place sur le poteau vertical, la coutume voulait que son écriteau fût fixé au sommet de la croix, juste au-dessus de la tête du criminel, afin que tous les témoins puissent savoir pour quel crime le condamné était crucifié. L’écriteau que le centurion portait pour l’apposer sur la croix de Jésus avait été rédigé par Pilate lui-même en latin, en grec et en araméen, et l’on y lisait : « Jésus de Nazareth – le Roi des Juifs. » 187:1.3 Certains dignitaires juifs, encore présents quand Pilate écrivit cette légende, protestèrent vigoureusement contre le qualificatif de « Roi des Juifs » appliqué à Jésus. Mais Pilate leur rappela que cette accusation faisait partie de l’inculpation qui avait conduit à le faire condamner. Voyant qu’ils ne pourraient forcer Pilate à changer d’idée, les Juifs demandèrent que l’inscription fût au moins changée en « Il a dit : ‘Je suis le roi des Juifs’ ». Mais Pilate fut intraitable et ne voulut pas modifier l’écriteau. À toutes leurs nouvelles suppliques, il se borna à répondre : « Ce que j’ai écrit, je l’ai écrit. » 187:1.4 Ordinairement, les cortèges de cet ordre allaient au Golgotha par la route la plus longue, afin qu’un grand nombre de personnes puissent regarder le criminel condamné, mais ce jour-là on prit le chemin le plus court vers la porte de Damas, qui marquait la sortie de la ville vers le nord. Le cortège suivit cette route et arriva bientôt au Golgotha, lieu officiel des crucifixions à Jérusalem. Au-delà du Golgotha, se trouvaient les villas de citoyens riches, et de l’autre côté de la route on voyait les tombeaux de beaucoup de Juifs fortunés. 187:1.5 La crucifixion n’était pas un châtiment juif. Les Grecs et les Romains avaient appris des Phéniciens cette méthode d’exécution. Même Hérode, avec toute sa cruauté, n’avait pas recours à la crucifixion. Les Romains ne crucifiaient jamais un citoyen romain ; ils ne soumettaient à ce genre de mort déshonorante que des esclaves et des citoyens des peuples assujettis. Quarante ans exactement après la crucifixion de Jésus, durant le siège de Jérusalem, tout le Golgotha fut couvert de milliers et de milliers de croix sur lesquelles périssait, jour après jour, la fleur de la race juive. Ce fut, en vérité, une terrible moisson pour la graine semée ce jour-là. 187:1.6 Tandis que la procession funèbre passait dans les rues étroites de Jérusalem, un grand nombre de Juives au cœur tendre, qui avaient entendu les paroles d’encouragement et de compassion de Jésus, et connaissaient le ministère d’amour qu’était sa vie, ne purent s’empêcher de pleurer quand elles le virent conduit vers une mort aussi ignominieuse. À son passage, beaucoup de ces femmes pleuraient et se lamentaient. Quand quelques-unes osèrent même le suivre en marchant à ses côtés, le Maitre tourna la tête vers elles et leur dit : « Filles de Jérusalem, ne pleurez pas pour moi, mais pleurez plutôt pour vous-mêmes et vos enfants. Mon œuvre est à peu près achevée – je m’en vais bientôt auprès de mon Père – mais l’époque des malheurs terribles pour Jérusalem ne fait que commencer. Voici venir les jours où vous direz : Bénies les stériles et celles dont les seins n’ont jamais allaité leurs petits. En ces jours-là, vous prierez les rochers des montagnes de tomber sur vous pour vous délivrer de la terreur de vos tribulations. » 187:1.7 Ces femmes de Jérusalem étaient vraiment courageuses en manifestant de la sympathie pour Jésus, car la loi interdisait strictement de montrer des sentiments amicaux à un condamné que l’on conduisait à la crucifixion. La populace était autorisée à huer, à railler et à ridiculiser le condamné, mais il n’était pas permis d’exprimer une sympathie quelconque. Jésus apprécia cette manifestation de sympathie en cette heure sombre où ses amis se cachaient, mais il ne voulut pas que ces femmes de cœur encourent la réprobation des autorités pour avoir osé lui témoigner de la compassion. Même dans un moment pareil, Jésus ne pensait guère à lui-même, mais seulement aux affreux jours de tragédie qui attendaient Jérusalem et toute la nation juive. 187:1.8 Tandis que le Maitre cheminait péniblement vers la crucifixion, il éprouva une fatigue extrême ; il était presque épuisé. Il n’avait reçu ni nourriture ni boisson depuis le dernier souper chez Élie Marc. On ne lui avait pas non plus permis de jouir d’un instant de sommeil. En outre, les interrogatoires s’étaient succédé sans interruption jusqu’à l’heure de sa condamnation, sans compter la flagellation abusive avec les souffrances physiques et les pertes de sang consécutives. Se superposant à tout cela, il y avait son extrême angoisse mentale, sa tension spirituelle aigüe et un terrible sentiment de solitude humaine. 187:1.9 Peu après avoir passé la porte conduisant hors de la ville, tandis que Jésus chancelait en portant la traverse de sa croix, sa force physique fléchit momentanément, et il tomba sous le poids de son lourd fardeau. Les soldats l’invectivèrent et lui donnèrent des coups de pied, mais il ne put se relever. Le capitaine savait ce que Jésus avait déjà enduré ; voyant cela, il commanda aux soldats de se tenir tranquilles. Puis il ordonna à un passant, un certain Simon de Cyrène, d’enlever la traverse de croix des épaules de Jésus, et la lui fit porter tout le reste du chemin jusqu’au Golgotha. 187:1.10 Ce Simon avait parcouru toute la route depuis Cyrène, en Afrique du Nord, pour assister à la Pâque. Il logeait, avec d’autres Cyrénéens, juste en dehors des remparts de la ville et se rendait au temple pour assister aux services quand le capitaine romain lui ordonna de porter la traverse de croix de Jésus. Simon s’attarda auprès du Maitre durant les heures de sa mort sur la croix en conversant avec beaucoup d’amis de Jésus et avec ses ennemis. Après la résurrection et avant de quitter Jérusalem, il devint un courageux croyant à l’évangile du royaume et, lors de son retour chez lui, il fit entrer sa famille dans le royaume céleste. Ses deux fils, Alexandre et Rufus, enseignèrent très efficacement le nouvel évangile en Afrique. Mais Simon ne sut jamais que Jésus, dont il avait porté le fardeau, et le précepteur juif qui avait jadis porté secours à son fils blessé, étaient la même personne. 187:1.11 Il était un peu plus de neuf heures lorsque la procession funèbre arriva au Golgotha et que les soldats romains se mirent à l’œuvre pour clouer les deux brigands et le Fils de l’Homme sur leurs croix respectives. 2. La crucifixion 187:2.1 Les soldats commencèrent par attacher les bras du Maitre à la traverse avec des cordes, puis ils clouèrent ses mains au bois. Après avoir hissé la traverse sur le poteau et l’avoir solidement clouée sur le poteau vertical de la croix, ils lièrent les pieds de Jésus et les clouèrent au bois en se servant d’un seul grand clou pour percer les deux pieds. Le poteau vertical portait une grosse cheville insérée à la bonne hauteur pour soutenir le poids du corps comme une sorte de selle. La croix n’était pas haute ; les pieds du Maitre ne se trouvaient qu’à environ un mètre du sol. Il pouvait donc entendre tout ce que l’on disait de lui en dérision et bien distinguer l’expression du visage de tous ceux qui se moquaient si bêtement de lui. Les personnes présentes pouvaient de même entendre facilement toutes les paroles que Jésus prononça durant ces heures de torture prolongée et de mort lente. 187:2.2 La coutume voulait que l’on ôte tous leurs vêtements à ceux qui allaient être crucifiés, mais comme les Juifs faisaient de grandes objections à ce que l’on exposât publiquement la nudité d’une forme humaine, à Jérusalem, les Romains fournissaient donc toujours un pagne convenable à tous les condamnés à la crucifixion. En conséquence, après que l’on eut déshabillé Jésus, on le ceignit de la sorte avant de le mettre en croix. 187:2.3 On avait recours à la crucifixion pour infliger un châtiment cruel et prolongé, car la victime ne mourait parfois qu’après plusieurs jours. Il y avait à Jérusalem une forte opposition sentimentale à la crucifixion, et il y existait une association féminine juive qui envoyait toujours un représentant aux crucifixions en vue d’offrir à la victime un vin mêlé d’un stupéfiant pour diminuer ses souffrances. Mais lorsque Jésus eut gouté ce vin narcotisé, et bien qu’il fût assoiffé, il refusa de le boire. Le Maitre choisit de conserver sa conscience humaine jusqu’à la dernière extrémité. Il voulait rencontrer la mort, même sous cette forme cruelle et inhumaine, et en triompher par soumission volontaire à la pleine expérience humaine. 187:2.4 Avant que Jésus fût mis sur sa croix, les deux brigands avaient déjà été placés sur la leur, maudissant constamment leurs bourreaux et crachant sur eux. Les seules paroles de Jésus pendant qu’ils le clouaient sur la traverse furent : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. » Il n’aurait pu intercéder avec tant d’amour et de miséricorde en faveur de ses bourreaux si de telles pensées de dévotion affectueuse n’avaient été le principe même de toute sa vie de service désintéressé. Les idées, les mobiles et les désirs profonds de toute une vie se révèlent au grand jour dans une crise. 187:2.5 Après que le Maitre eut été hissé sur la croix, le capitaine cloua l’écriteau au-dessus de sa tête, et l’on y pouvait lire en trois langues : « Jésus de Nazareth – le Roi des Juifs. » S’estimant insultés, les Juifs furent exaspérés. Mais leurs manières irrespectueuses avaient agacé Pilate ; il sentait qu’il avait été intimidé et humilié, et adopta cette méthode pour obtenir une mesquine revanche. Il aurait pu écrire : « Jésus, un rebelle », mais il savait combien ces Juifs de Jérusalem détestaient le nom même de Nazareth, et il était résolu à les humilier ainsi. Pilate savait aussi qu’il les toucherait au vif en voyant appelé ce Galiléen exécuté « Le Roi des Juifs ». 187:2.6 En apprenant comment Pilate avait cherché à les tourner en dérision en plaçant cette inscription sur la croix de Jésus, beaucoup de dirigeants juifs se hâtèrent d’aller au Golgotha, mais ils n’osèrent pas enlever l’écriteau parce que les soldats romains montaient la garde. Dans leur impuissance, ces chefs se mêlèrent à la foule et firent tout leur possible pour inciter les spectateurs à railler et à ridiculiser le crucifié, de crainte que certains ne prennent l’inscription au sérieux. 187:2.7 L’apôtre Jean, accompagné de Marie mère de Jésus, de Ruth et de Jude, arriva sur la scène tout de suite après que Jésus eut été hissé en position sur la croix, et au moment où le capitaine clouait l’écriteau au-dessus de la tête du Maitre. Jean fut le seul des onze apôtres à assister à la crucifixion, et même lui n’y fut pas présent tout le temps, car il courut à Jérusalem pour amener sa mère et les amies de sa mère au Golgotha, peu après y avoir conduit la mère de Jésus. 187:2.8 Lorsque Jésus vit sa mère avec son frère, sa sœur et Jean, il sourit sans rien dire. Entretemps, les quatre soldats affectés à la crucifixion du Maitre avaient, selon la coutume, partagé ses vêtements entre eux. L’un avait pris les sandales, un autre le turban, un autre la ceinture et le quatrième le manteau. Restait la tunique, le vêtement sans couture descendant presque jusqu’aux genoux, à couper en quatre morceaux ; voyant combien cette pièce était inhabituelle, les soldats décidèrent de la tirer au sort. D’en haut, Jésus les regardait se partager ses vêtements, tandis que la foule irréfléchie se moquait de lui. 187:2.9 Il est heureux que les soldats romains se soient emparés des vêtements du Maitre. Autrement, si ses disciples en avaient pris possession, ils auraient été tentés d’en faire des reliques, des objets d’adoration superstitieuse. Le Maitre désirait que ses disciples n’aient rien de matériel à lier avec sa vie terrestre. Il voulait laisser à l’humanité uniquement le souvenir d’une vie humaine dédiée au haut idéal spirituel d’une consécration à faire la volonté du Père. 3. Ceux qui virent la crucifixion 187:3.1 Vers neuf heures et demie ce vendredi matin, Jésus fut suspendu à la croix. Avant onze heures, plus de mille personnes s’étaient rassemblées pour assister au spectacle de la crucifixion du Fils de l’Homme. Durant ces heures épouvantables, les armées invisibles d’un univers regardaient en silence cet extraordinaire phénomène du Créateur mourant de la mort de la créature, et même de la mort la plus infamante d’un criminel condamné. 187:3.2 Parmi les personnes qui se tinrent près de la croix à un moment ou à un autre durant la crucifixion, il y eut Marie, Ruth, Jude, Jean, Salomé (la mère de Jean) et un groupe de croyantes sincères et convaincues comprenant Marie (femme de Clopas et sœur de la mère de Jésus), Marie-Madeleine et Rébecca, qui avait autrefois habité à Sepphoris. Ceux-ci, et d’autres amis de Jésus, gardèrent le silence tandis qu’ils observaient sa grande patience et sa force d’âme, et le voyaient souffrir intensément. 187:3.3 Beaucoup de passants hochaient la tête et disaient en le raillant : « Toi, qui voulais détruire le temple et le rebâtir en trois jours, sauve-toi toi-même. Si tu es le Fils de Dieu, pourquoi ne descends-tu pas de ta croix ? » D’une manière analogue, certains dirigeants des Juifs se moquaient de lui en disant : « Il en a sauvé d’autres, mais il ne peut se sauver lui-même. » D’autres disaient : « Si tu es le roi des Juifs, descends de la croix, et nous croirons en toi. » Plus tard, ils se moquèrent encore plus de lui en disant : « Il s’est fié à Dieu pour le délivrer. Il a même prétendu être le Fils de Dieu – regardez-le maintenant – crucifié entre deux larrons. » Même les deux larrons le raillèrent et l’accablèrent de reproches. 187:3.4 Puisque Jésus ne voulait rien répondre à leurs sarcasmes, et que midi approchait en ce jour de préparation spéciale, la majeure partie de la foule gouailleuse et goguenarde s’était dispersée vers onze heures et demie ; moins de cinquante personnes étaient restées sur place. Les soldats se mirent alors à manger leur déjeuner et à boire leur vin aigre et bon marché, puis ils s’installèrent pour la longue veillée mortuaire. Tandis qu’ils buvaient leur vin, ils portèrent un toast à la santé de Jésus en disant : « Salut et bonne chance ! Au roi des Juifs. » Et ils furent étonnés de voir le Maitre tolérer avec mansuétude leurs dérisions et leurs moqueries. 187:3.5 En les voyant manger et boire, Jésus abaissa les yeux sur eux et dit : « J’ai soif. » Quand le capitaine de la garde entendit Jésus dire qu’il avait soif, il prit un peu de vin de sa bouteille, piqua le bouchon spongieux saturé au bout d’un javelot et l’éleva jusqu’à Jésus pour lui permettre d’humecter ses lèvres desséchées. 187:3.6 Jésus avait décidé de vivre sans avoir recours à son pouvoir surnaturel ; de même il choisit de mourir sur la croix comme un mortel ordinaire. Il avait vécu comme un homme et voulait mourir comme un homme – en faisant la volonté du Père. 4. Le larron sur la croix 187:4.1 L’un des brigands railla Jésus en disant : « Si tu es le Fils de Dieu, pourquoi n’assures-tu pas ton salut et le nôtre ? » Lorsqu’il eut ainsi fait des reproches à Jésus, l’autre voleur, qui avait souvent entendu le Maitre enseigner, dit au premier : « Ne crains-tu même pas Dieu ? Ne vois-tu pas que nous souffrons à juste titre pour nos agissements, mais que cet homme souffre injustement ? Nous ferions mieux de rechercher le pardon pour nos péchés et le salut pour notre âme. » Quand Jésus entendit le larron dire cela, il tourna son visage vers lui et sourit d’un air approbateur. En voyant le visage de Jésus tourné vers lui, le malfaiteur rassembla son courage, ralluma la flamme vacillante de sa foi et dit : « Seigneur, souviens-toi de moi quand tu entreras dans ton royaume. » Jésus dit alors : « En vérité, en vérité, je te le dis aujourd’hui, tu seras un jour avec moi au Paradis. » 187:4.2 Au milieu des douleurs du trépas physique, le Maitre avait le temps d’écouter la confession de foi du brigand croyant. Quand ce larron essaya d’obtenir le salut, il trouva la délivrance. Bien des fois auparavant, il avait été amené à croire en Jésus, mais ce fut seulement au cours de ces dernières heures de conscience qu’il se tourna de tout son cœur vers l’enseignement du Maitre. Quand il vit la manière dont Jésus affrontait la mort sur la croix, ce larron ne put résister plus longtemps à la conviction que ce Fils de l’Homme était en vérité le Fils de Dieu. 187:4.3 Durant cet épisode de la conversion du larron et de son admission au royaume par Jésus, l’apôtre Jean s’était absenté pour aller à la ville afin d’amener sa mère et les amies de celle-ci à la scène de la crucifixion. Luc apprit ultérieurement cette histoire de la bouche du capitaine romain converti. 187:4.4 L’apôtre Jean parla de la crucifixion en se souvenant de l’évènement deux tiers de siècle après le déroulement des faits. Les autres narrations furent basées sur le récit du centurion romain de la garde qui, en raison de ce qu’il avait vu et entendu, crut en Jésus et, par suite, entra pleinement dans la communauté du royaume des cieux sur terre. 187:4.5 Ce jeune homme, le brigand repentant, avait été conduit à une vie de violence et de méfaits par ceux qui prônaient une telle carrière de brigandage comme une protestation patriotique efficace contre l’oppression politique et l’injustice sociale. Cette sorte d’enseignement, accru du besoin d’aventure, conduisit beaucoup de jeunes gens, par ailleurs bien intentionnés, à s’enrôler dans d’audacieuses expéditions de brigandage. Ce jeune homme avait considéré Barabbas comme un héros. Maintenant, il voyait qu’il s’était trompé. Ici, sur la croix à côté de lui, il voyait un homme réellement grand, un vrai héros. Celui-ci était un héros qui enflammait son zèle, inspirait ses plus hautes idées de dignité morale et vivifiait tous ses idéaux de courage, de virilité et de bravoure. En observant Jésus, il sentait jaillir dans son cœur un sentiment irrésistible d’amour, de loyauté et d’authentique grandeur. 187:4.6 Si, parmi la foule sarcastique, une autre personne avait ressenti la naissance de la foi dans son âme et fait appel à la miséricorde de Jésus, elle aurait été reçue avec une affectueuse considération analogue à celle témoignée au brigand croyant. 187:4.7 Tout de suite après que le voleur repentant eut entendu la promesse du Maitre qu’ils se reverraient un jour au Paradis, Jean revint de la ville, amenant avec lui sa mère et un groupe de près d’une douzaine de femmes croyantes. Jean reprit sa place auprès de Marie, mère de Jésus, et la soutint. Son fils Jude se tenait de l’autre côté. Au moment où Jésus abaissa son regard sur cette scène, il était midi, et il dit à sa mère : « Femme, voilà ton fils ! » Ensuite, parlant à Jean, il dit : « Mon fils, voilà ta mère ! » Puis il s’adressa aux deux en disant : « Je désire que vous quittiez ce lieu. » Jean et Jude éloignèrent donc Marie du Golgotha. Jean emmena la mère de Jésus à l’endroit où il séjournait à Jérusalem, puis se hâta de revenir à la scène de la crucifixion. Après la Pâque, Marie retourna à Bethsaïde où elle vécut chez Jean durant le reste de sa vie terrestre. Elle survécut à peine une année à la mort de Jésus. 187:4.8 Après que Marie se fut éloignée, les autres femmes se retirèrent à une courte distance et restèrent à veiller sur Jésus jusqu’à ce qu’il eût expiré sur la croix. Elles étaient encore là quand le corps du Maitre fut descendu pour être inhumé. 5. La dernière heure sur la croix 187:5.1 Bien qu’il fût tôt dans la saison pour ce phénomène, le ciel s’assombrit peu après midi par suite de la présence de sable fin dans l’atmosphère. La population de Jérusalem savait que cela signifiait l’arrivée d’une tempête de sable par vent chaud venant du désert d’Arabie. Avant une heure de l’après-midi, le ciel était devenu tellement sombre que le soleil était voilé ; le reste de la foule se hâta de rentrer en ville. Quand le Maitre abandonna sa vie peu après ce moment-là, moins de trente personnes étaient présentes. Il n’y avait plus que les treize soldats romains et un groupe d’une quinzaine de croyants. C’étaient tous des femmes sauf deux, Jude, le frère de Jésus, et Jean Zébédée, qui était revenu sur les lieux juste avant le dernier soupir du Maitre. 187:5.2 Peu après une heure de l’après-midi, dans l’obscurité croissante de la violente tempête de sable, Jésus commença à perdre sa conscience humaine. Il avait prononcé ses dernières paroles de miséricorde, de pardon et d’exhortation. Son dernier souhait – concernant le soin de sa mère – avait été exprimé. Durant cette heure où la mort approchait, le mental humain de Jésus eut recours à la répétition de nombreux passages des Écritures hébraïques, particulièrement des Psaumes. La dernière pensée consciente du Jésus humain fut sa répétition mentale d’une partie du Livre des Psaumes maintenant appelée Psaumes XX, XXI et XXII. Ses lèvres remuaient souvent, mais il était trop faible pour prononcer, au moment où elles traversaient son mental, les paroles de ces passages qu’il connaissait par cœur. De rares fois seulement, ceux qui se trouvaient à proximité purent entendre des citations telles que : « Je sais que le Seigneur sauvera son oint », « Ta main découvrira tous mes ennemis » et « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Jésus n’eut jamais le moindre doute qu’il avait vécu conformément à la volonté du Père et qu’il abandonnait maintenant sa vie charnelle conformément à la volonté de son Père. Il n’avait pas le sentiment que le Père l’eût abandonné. Il se bornait à réciter dans sa conscience évanescente de nombreux passages des Écritures parmi lesquels le Psaume XXII qui commence par : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Il advint que ce fut l’une des trois citations qu’il prononça assez clairement pour que puissent l’entendre ceux qui se tenaient près de lui. 187:5.3 La dernière demande que Jésus, en tant que mortel, adressa à ses semblables fut formulée vers une heure et demie lorsqu’il dit une seconde fois « J’ai soif ». Le capitaine de la garde humecta de nouveau les lèvres du Maitre avec la même éponge trempée dans du vin aigre que l’on appelait alors communément vinaigre. 187:5.4 La violence de la tempête de sable allait croissant et le ciel s’obscurcissait de plus en plus. Pourtant les soldats et le petit groupe de croyants demeuraient là. Les soldats se blottissaient près de la croix, pelotonnés pour se protéger du sable cinglant. La mère de Jean et quelques autres personnes observaient à distance, d’un endroit où elles étaient un peu abritées par un rocher en surplomb. Quand le Maitre rendit finalement son dernier soupir, il y avait au pied de sa croix Jean Zébédée, Jude le frère de Jésus, Ruth sa sœur, Marie-Madeleine et Rébecca, jadis établie à Sepphoris. 187:5.5 Ce fut juste avant trois heures que Jésus, d’une voix forte, s’écria : « C’est fini ! Père, je remets mon esprit entre tes mains. » Après avoir ainsi parlé, il inclina la tête et abandonna la lutte pour la vie. Voyant comment Jésus était mort, le centurion romain se frappa la poitrine et dit : « C’était en vérité un homme juste ; il doit vraiment avoir été un Fils de Dieu. » Et, à partir de cette heure, il commença à croire en Jésus. 187:5.6 Jésus mourut royalement – comme il avait vécu. Il admit franchement sa royauté et resta maitre de la situation durant toute la journée tragique. Il alla volontairement à sa mort infamante après avoir veillé à la sauvegarde de ses apôtres choisis. Il empêcha sagement Pierre de causer des troubles par sa violence, et s’arrangea pour que Jean puisse rester auprès de lui jusqu’à la fin de son existence de mortel. Il révéla sa vraie nature au sanhédrin meurtrier et rappela à Pilate la source de son autorité souveraine en tant que Fils de Dieu. Il partit pour le Golgotha en portant sa propre traverse de croix, et termina son effusion d’amour en remettant au Père du Paradis l’esprit qu’il avait acquis en tant que mortel. Après une telle vie – et au moment d’une telle mort – le Maitre pouvait vraiment dire : « C’est fini. » 187:5.7 Parce que c’était le jour de préparation à la fois de la Pâque et du sabbat, les Juifs ne voulaient pas que les corps restent exposés sur le Golgotha. Ils se rendirent donc devant Pilate pour demander que les jambes des trois hommes fussent brisées et qu’on les achevât, de manière à pouvoir les descendre de leur croix et les jeter, avant le coucher du soleil, dans les fosses mortuaires des criminels. À la suite de cette requête, Pilate envoya aussitôt trois soldats pour briser les jambes et donner le coup de grâce à Jésus et aux deux brigands. 187:5.8 Quand ces soldats arrivèrent au Golgotha, ils exécutèrent leur consigne sur les deux voleurs, mais, à leur grande surprise, ils trouvèrent Jésus déjà mort. Toutefois, en vue de s’assurer de son décès, l’un des soldats lui perça le flanc gauche de sa lance. Il était commun, pour les victimes de la crucifixion, de trainer leur vie sur la croix pendant deux ou trois jours ; mais, dans le cas de Jésus, son agonie émotionnelle accablante et son angoisse spirituelle aiguë provoquèrent la fin de sa vie charnelle en un peu moins de cinq heures et demie. 6. Après la crucifixion 187:6.1 Au milieu de l’obscurité de la tempête de sable, vers trois heures et demie, David Zébédée envoya son dernier messager portant la nouvelle de la mort du Maitre. Il expédia le dernier de ses coureurs vers la maison de Marthe et Marie à Béthanie, où il supposait que la mère de Jésus demeurait avec le reste de sa famille. 187:6.2 Après la mort du Maitre, Jean envoya les femmes, sous la direction de Jude, chez Élie Marc, où elles demeurèrent jusqu’au lendemain du sabbat. Quant à Jean, désormais bien connu du centurion romain, il resta au Golgotha jusqu’à l’arrivée de Joseph d’Arimathie et de Nicodème munis d’un ordre de Pilate les autorisant à prendre possession du corps de Jésus. 187:6.3 Ainsi se termina une journée de tragédie et de douleur pour un vaste univers dont les myriades d’intelligences avaient frémi au spectacle choquant de la crucifixion de la forme humaine incarnée de leur bien-aimé Souverain ; elles étaient abasourdies par cette exhibition d’insensibilité de la part des mortels et de perversité humaine. FASCICULE 188. L’heure du tombeau 188:0.1 Le corps mortel de Jésus reposa durant un jour et demi dans le tombeau de Joseph. Cette période entre sa mort sur la croix et sa résurrection est un chapitre de la carrière terrestre de Micaël qui nous est peu connu. Nous pouvons raconter la mise au tombeau du Fils de l’Homme et insérer dans ce récit les évènements associés à sa résurrection, mais nous ne pouvons fournir beaucoup de renseignements authentiques sur ce qui se passa réellement durant l’intervalle d’environ trente-six heures compris entre le vendredi après-midi à trois heures et le dimanche matin à trois heures. Cette période de la carrière du Maitre commença peu avant que les soldats romains l’eussent descendu de la croix. Il resta suspendu à la croix environ une heure après sa mort. Il en aurait été descendu plus tôt s’il n’y avait pas eu de retard pour donner le coup de grâce aux deux brigands. 188:0.2 Les dirigeants des Juifs avaient projeté de faire jeter le corps de Jésus dans l’une des fosses communes ouvertes de la Géhenne, au sud de la ville ; la coutume voulait que l’on disposât ainsi des victimes de la crucifixion. Si ce plan avait été suivi, le corps du Maitre aurait risqué d’être à la merci des bêtes sauvages. 188:0.3 Entretemps, Joseph d’Arimathie, accompagné de Nicodème, était allé trouver Pilate pour lui demander que le corps de Jésus leur fût remis pour lui assurer une inhumation décente. Il n’était pas rare que les amis des personnes crucifiées offrent des pots-de-vin aux autorités romaines pour avoir le privilège d’entrer en possession des corps. Joseph se présenta devant Pilate avec une forte somme d’argent pour le cas où il aurait été nécessaire d’acheter l’autorisation de transporter le corps de Jésus dans un caveau funéraire privé. Mais Pilate ne voulut pas accepter d’argent pour cela. Après avoir entendu la requête, il signa rapidement l’ordre qui permettait à Joseph de se rendre au Golgotha et d’y prendre immédiatement pleine et entière possession du corps du Maitre. Entretemps, la tempête de sable s’était beaucoup calmée, et un groupe de Juifs représentant le sanhédrin était parti pour le Golgotha afin de s’assurer que le corps de Jésus était bien emporté avec celui des brigands pour être jeté dans la fosse commune publique et ouverte. 1. La mise au tombeau de Jésus 188:1.1 Lorsque Joseph et Nicodème arrivèrent au Golgotha, ils trouvèrent les soldats descendant Jésus de la croix, et les représentants du sanhédrin présents pour s’assurer qu’aucun de ses disciples n’empêcherait qu’on ne jette le corps de Jésus dans la fosse commune des criminels. Quand Joseph présenta au centurion l’ordre concernant le corps du Maitre, les Juifs soulevèrent un tumulte et poussèrent des clameurs pour avoir le droit d’en disposer. Dans leur frénésie, ils cherchèrent à s’emparer de force du corps. Voyant cela, le centurion appela auprès de lui quatre soldats qui se tinrent debout, avec leurs épées dégainées, enjambant le corps du Maitre étendu là sur le sol. Le centurion ordonna aux autres soldats de laisser là les deux brigands et de refouler la troupe irritée des Juifs exaspérés. Quand l’ordre fut rétabli, le centurion lut aux Juifs l’autorisation de Pilate, fit un pas de côté et dit à Joseph : « Ce corps t’appartient pour en faire ce que tu jugeras bon. Moi-même et mes soldats te soutiendrons pour être sûrs que nul ne te contrecarre. » 188:1.2 Un crucifié ne pouvait être enterré dans un cimetière juif ; une loi l’interdisait strictement. Joseph et Nicodème connaissaient cette loi et, en allant au Golgotha, ils avaient décidé d’ensevelir Jésus dans le nouveau caveau de famille de Joseph, creusé en plein roc et situé à proximité, au nord du Golgotha, de l’autre côté de la route conduisant à Samarie. Nul n’avait jamais été couché dans ce tombeau, et ils jugèrent opportun que le Maitre y reposât. Joseph croyait réellement que Jésus allait ressusciter d’entre les morts, mais Nicodème était fort sceptique. Ces anciens membres du sanhédrin avaient plus ou moins dissimulé leur foi en Jésus, bien que leurs collègues sanhédristes aient eu depuis longtemps des soupçons à leur égard, même avant leur démission du conseil. À dater de ce moment, ils furent ceux des disciples de Jésus qui s’exprimèrent le plus ouvertement à Jérusalem. 188:1.3 Vers quatre heures et demie, le cortège funéraire de Jésus de Nazareth partit du Golgotha pour le tombeau de Joseph, situé de l’autre côté de la route. Le corps était enveloppé dans un drap de lin et porté par les quatre hommes suivis des fidèles Galiléennes qui avaient participé à la veillée. Les mortels qui portèrent à la tombe le corps matériel de Jésus étaient : Joseph, Nicodème, Jean et le centurion romain. 188:1.4 Ils transportèrent le corps dans le tombeau, une chambre mortuaire de trois mètres carrés, et se préparèrent en hâte à l’ensevelir. En réalité, les Juifs n’enterraient pas leurs morts ; ils les embaumaient. Joseph et Nicodème avaient apporté de grandes quantités de myrrhe et d’aloès, et ils enveloppèrent alors le corps avec des bandelettes saturées de ces solutions. Quand l’embaumement fut achevé, ils attachèrent un linge autour du visage, enveloppèrent le corps dans un drap de lin et le placèrent respectueusement sur un rayon du caveau. 188:1.5 Après cette mise au tombeau, le centurion fit signe à ses soldats d’aider à rouler la pierre de fermeture devant l’entrée du tombeau. Les soldats partirent ensuite pour Géhenne avec les corps des deux larrons, tandis que les autres assistants retournaient tristement à Jérusalem pour observer la fête de la Pâque conformément aux lois de Moïse. 188:1.6 La mise au tombeau de Jésus eut lieu avec une hâte et une précipitation extrêmes parce que c’était le jour de la préparation et que le sabbat approchait rapidement. Les hommes se dépêchèrent de retourner à Jérusalem, mais les femmes s’attardèrent près du tombeau jusqu’à la tombée de la nuit. 188:1.7 Pendant le déroulement de toutes ces opérations, les femmes étaient dissimulées à proximité, de sorte qu’elles virent tout et observèrent l’endroit où le Maitre avait été couché. Elles s’étaient ainsi cachées parce qu’il n’était pas permis aux femmes de s’associer aux hommes en de pareils moments. Ces femmes jugèrent que le corps de Jésus n’avait pas été préparé convenablement pour être enseveli. Elles se mirent d’accord pour retourner chez Joseph, s’y reposer jusqu’au lendemain du sabbat, préparer des aromates et des onguents, et revenir, le dimanche matin, embaumer le corps du Maitre comme il convenait en vue du repos mortuaire. Voici les noms des femmes qui s’attardèrent ainsi près du tombeau ce vendredi soir : Marie-Madeleine, Marie la femme de Clopas, Marthe (une autre sœur de la mère de Jésus) et Rébecca de Sepphoris. 188:1.8 En dehors de David Zébédée et de Joseph d’Arimathie, très peu de disciples croyaient réellement ou comprenaient que Jésus devait ressusciter au troisième jour. 2. La protection du tombeau 188:2.1 Les disciples de Jésus ne pensaient plus à sa promesse de sortir du tombeau au troisième jour, mais ses ennemis ne l’oubliaient pas. Les chefs des prêtres, pharisiens et sadducéens se souvenaient d’avoir reçu des rapports selon lesquels il aurait dit qu’il ressusciterait d’entre les morts. 188:2.2 Ce vendredi soir vers minuit, après le souper de la Pâque, un groupe de dirigeants juifs se réunit chez Caïphe, où ils s’entretinrent de leurs craintes concernant les affirmations du Maitre qu’il ressusciterait d’entre les morts au troisième jour. La réunion se termina par la nomination d’un comité de sanhédristes chargé de rendre visite à Pilate le lendemain de bonne heure, en lui apportant la requête officielle du sanhédrin de faire stationner une garde romaine devant le tombeau de Jésus pour empêcher ses amis d’y toucher. Le porte-parole de ce comité dit à Pilate : « Gouverneur, nous nous souvenons que Jésus de Nazareth, ce trompeur, a dit pendant qu’il était encore vivant : ‘Après trois jours, je ressusciterai.’ En conséquence, nous sommes venus à toi pour te demander de donner les ordres nécessaires afin que le sépulcre soit protégé contre ses disciples, au moins jusqu’après le troisième jour. Nous craignons beaucoup que ses disciples ne viennent l’enlever de nuit pour proclamer ensuite au peuple qu’il est ressuscité d’entre les morts. Si nous laissions cela se produire, ce serait une faute bien pire que si nous lui avions permis de vivre. » 188:2.3 Après avoir entendu cette requête des sanhédristes, Pilate leur dit : « Je vais vous donner une garde de dix soldats. Allez-vous-en, et faites en sorte que la tombe soit en sûreté. » Ils retournèrent au temple, recrutèrent dix de leurs propres gardes, puis se dirigèrent vers la tombe de Joseph avec ces dix gardes juifs et les dix soldats romains, bien que ce fût un matin de sabbat, pour les installer comme veilleurs devant le tombeau. Ces hommes roulèrent encore une autre pierre devant la tombe et apposèrent le sceau de Pilate sur ces pierres et autour d’elles, de crainte qu’elles ne fussent déplacées à leur insu. Et ces vingt hommes restèrent à veiller jusqu’à l’heure de la résurrection, et les Juifs leur apportèrent à manger et à boire. 3. Durant le jour du sabbat 188:3.1 Durant toute cette journée de sabbat, les disciples et les apôtres restèrent cachés, tandis que tout Jérusalem parlait de la mort de Jésus sur la croix. À cette date, il y avait à Jérusalem presque un million et demi de Juifs venant de toutes les parties de l’empire romain et de la Mésopotamie. C’était le commencement de la semaine de la Pâque, et tous ces pèlerins allaient se trouver dans la ville pour apprendre la nouvelle de la résurrection de Jésus et la rapporter chez eux. 188:3.2 Tard le samedi soir, Jean Marc invita secrètement les onze apôtres à venir dans la maison de son père. Peu avant minuit, ils étaient tous réunis dans cette même salle du haut où, deux soirs auparavant, ils avaient partagé le Dernier Souper avec leur Maitre. 188:3.3 Juste avant le coucher du soleil, ce samedi soir, Marie mère de Jésus, accompagnée de Jude et de Ruth, revint à Béthanie pour y rejoindre sa famille. David Zébédée resta chez Nicodème ; il avait pris des dispositions pour que ses messagers s’y rassemblent le dimanche matin de bonne heure. Les femmes de Galilée, qui préparaient des aromates pour mieux embaumer le corps de Jésus, demeurèrent chez Joseph d’Arimathie. 188:3.4 Nous ne sommes pas capables d’expliquer pleinement ce qui advint de Jésus de Nazareth durant cette période d’un jour et demi durant laquelle il était censé reposer dans le nouveau tombeau de Joseph. Apparemment, il mourut sur la croix de la même mort naturelle dont serait mort tout autre mortel dans les mêmes circonstances. Nous l’avons entendu dire : « Père, je remets mon esprit entre tes mains. » Nous ne comprenons pas exactement la signification de ces paroles, puisque l’Ajusteur de Pensée de Jésus avait été personnalisé depuis longtemps et maintenait ainsi une existence séparée de l’être mortel de Jésus. En aucun sens l’Ajusteur Personnalisé du Maitre ne pouvait être affecté par sa mort physique sur la croix. Ce que Jésus remit aux mains du Père à ce moment doit avoir été la contrepartie spirituelle du travail initial de l’Ajusteur consistant à spiritualiser le mental humain de manière à ce que la transcription de son expérience soit transférée aux mondes des maisons. L’expérience de Jésus a dû comporter quelque réalité spirituelle analogue à la nature spirituelle, ou âme des mortels des mondes dont la foi grandit. Mais ceci est simplement notre opinion – nous ne savons pas réellement ce que Jésus confia à son Père. 188:3.5 Nous savons que la forme physique du Maitre reposa dans le tombeau de Joseph jusqu’au dimanche matin vers trois heures, mais nous sommes dans une complète incertitude au sujet du statut de la personnalité de Jésus durant cette période de trente-six heures. Nous nous sommes parfois enhardis à nous expliquer ces choses à peu près comme suit : 188:3.6 1. La conscience de Créateur de Micaël doit avoir été libre et entièrement dégagée du mental humain associé de son incarnation physique. 188:3.7 2. Nous savons que l’ancien Ajusteur de Pensée de Jésus était présent sur terre durant cette période et commandait personnellement les armées célestes rassemblées. 188:3.8 3. L’homme de Nazareth avait acquis une identité spirituelle, bâtie durant sa vie dans la chair, d’abord par les efforts directs de son Ajusteur de Pensée et, plus tard, par son propre équilibre parfait entre les nécessités physiques et les exigences spirituelles de l’existence idéale de mortel, équilibre qu’il atteignit en choisissant sans cesse de faire la volonté du Père. C’est cette identité spirituelle qui a dû être remise à la garde du Père du Paradis. Nous ne savons pas si oui ou non cette réalité spirituelle est revenue pour faire partie de la personnalité ressuscitée, mais nous penchons pour l’affirmative. D’autres intelligences de l’univers soutiennent que cette identité d’âme de Jésus repose maintenant dans le « sein du Père » et qu’elle sera ultérieurement libérée pour prendre la direction du Corps de la Finalité de Nébadon dans sa destinée mystérieuse en relation avec les univers incréés des domaines encore inorganisés de l’espace extérieur. 188:3.9 4. Nous pensons que la conscience humaine ou mortelle de Jésus dormit pendant ces trente-six heures. Nous avons des raisons de croire que le Jésus humain ne savait rien de ce qui se passait dans l’univers durant cette période. Sa conscience de mortel n’enregistra pas d’écoulement de temps. Pour elle, la résurrection à la vie suivit instantanément le sommeil de la mort. 188:3.10 C’est à peu près tout ce que nous pouvons insérer dans le présent récit au sujet du statut de Jésus durant cette période du tombeau. Il existe un certain nombre de faits corrélatifs auxquels nous pouvons faire allusion, bien que nous ne soyons guère compétents pour les interpréter. 188:3.11 Dans la vaste cour des salles de résurrection du premier monde des maisons de Satania, on peut maintenant observer un magnifique édifice morontiel-matériel connu sous le nom de « Monument commémoratif de Micaël » et portant actuellement le sceau de Gabriel. Ce mémorial fut créé peu après que Micaël eut quitté ce monde, et il porte l’inscription suivante : « En commémoration du transit mortel de Jésus de Nazareth sur Urantia. » 188:3.12 Il existe des documents montrant que, durant cette période, le conseil suprême de Salvington, comportant cent membres, tint sur Urantia une réunion délibérative sous la présidence de Gabriel. Il existe également des archives montrant que, durant cette période, les Anciens des Jours d’Uversa communiquèrent avec Micaël au sujet du statut de l’univers de Nébadon. 188:3.13 Nous savons qu’au moins un message fut échangé entre Micaël et Emmanuel sur Salvington pendant que le corps du Maitre était couché dans le tombeau. 188:3.14 Il y a de bonnes raisons de croire qu’une certaine personnalité occupa le siège de Caligastia au conseil systémique des Princes Planétaires qui se réunit sur Jérusem pendant que le corps de Jésus reposait dans le tombeau. 188:3.15 Les archives d’Édentia indiquent que le Père de la Constellation de Norlatiadek se trouvait sur Urantia et reçut des instructions de Micaël durant l’intervalle où ce dernier était dans le tombeau. 188:3.16 Et il existe bien d’autres preuves suggérant que la personnalité de Jésus n’était pas tout entière endormie et inconsciente durant cette période de mort physique apparente. 4. La signification de la mort sur la croix 188:4.1 Bien que Jésus n’ait pas enduré cette mort sur la croix pour expier la culpabilité raciale de l’homme mortel, ni pour procurer une sorte d’accès effectif auprès d’un Dieu par ailleurs offensé et implacable ; même si le Fils de l’Homme ne s’est pas offert en sacrifice pour apaiser le courroux de Dieu et ouvrir aux pécheurs la voie du salut ; et en dépit du fait que toutes ces idées d’expiation et de propitiation soient erronées, il ne faudrait néanmoins pas négliger certaines significations attachées à la mort de Jésus sur la croix. Il est de fait que, sur d’autres planètes habitées voisines, on appelle Urantia le « Monde de la Croix ». 188:4.2 Jésus désirait vivre dans sa totalité, dans la chair, une vie de mortel sur Urantia. La mort est généralement une partie de la vie. La mort est le dernier acte du drame des mortels. Dans vos efforts bien intentionnés pour éviter les erreurs superstitieuses provenant d’une fausse interprétation de ce que signifie la mort sur la croix, il vous faut être prudent afin d’éviter une autre grande faute, celle de ne pas percevoir la vraie signification et l’authentique importance de la mort du Maitre. 188:4.3 L’homme mortel n’a jamais été la propriété des maitres fourbes. Jésus n’a pas donné sa vie comme rançon pour dégager les hommes des griffes des chefs apostats et des princes déchus des sphères. Le Père qui est aux cieux n’a jamais conçu la grossière injustice de condamner une âme de mortel à cause des méfaits de ses ancêtres. La mort du Maitre sur la croix n’a pas non plus été un sacrifice pour rembourser à Dieu une dette que la race humaine aurait contractée envers lui. 188:4.4 Avant que Jésus n’ait vécu sur terre, vous auriez peut-être eu des raisons de croire en un tel Dieu, mais cela ne se justifie plus depuis que le Maitre vécut et mourut parmi des mortels, vos semblables. Moïse enseigna la dignité et la justice d’un Dieu Créateur, mais Jésus dépeignit l’amour et la miséricorde d’un Père céleste. 188:4.5 La nature animale – la tendance à la malfaisance – peut être héréditaire, mais le péché ne se transmet pas de parent à enfant. Le péché est un acte de rébellion consciente et délibérée contre la volonté du Père et les lois des Fils, commis par une créature volitive individuelle. 188:4.6 Jésus vécut et mourut pour un univers entier, et non simplement pour les races de ce seul monde. Les mortels des royaumes disposaient du salut avant même que Jésus ne vive et ne meure sur Urantia, mais le fait subsiste néanmoins que son effusion sur ce monde éclaira grandement la voie du salut ; sa mort contribua beaucoup à rendre évidente pour toujours la certitude de la survie des mortels après la mort dans la chair. 188:4.7 Il n’est guère approprié de parler de Jésus comme d’un sacrificateur, d’un payeur de rançon ou d’un rédempteur, mais il est entièrement correct de l’appeler un sauveur. Il a définitivement rendu plus claire et plus certaine la voie du salut (de la survie) ; il a effectivement mieux montré et avec plus de sûreté la voie du salut au bénéfice de tous les mortels de tous les mondes de l’univers de Nébadon. 188:4.8 L’idée de Dieu en tant que véritable Père aimant est le seul concept que Jésus ait jamais enseigné. Une fois que l’on a saisi cette idée, il faut, immédiatement et en toute logique, abandonner complètement toutes ces notions primitives de Dieu considéré comme un monarque offensé, un souverain sévère et tout-puissant dont le principal plaisir consiste à détecter ses sujets en train de mal agir et de veiller à ce qu’ils soient convenablement punis – à moins qu’un autre être à peu près égal à lui n’accepte volontairement, en tant que substitut, de souffrir pour eux et de mourir à leur place. Toute l’idée de rançon et d’expiation est incompatible avec le concept de Dieu tel qu’il fut enseigné et donné en exemple par Jésus de Nazareth. L’amour infini de Dieu tient la première place dans la nature divine. 188:4.9 Tout ce concept d’expiation et de salut sacrificiel est enraciné dans l’égoïsme et fondé sur lui. Jésus enseigna que le service envers son prochain est le concept le plus élevé de la fraternité des croyants en l’esprit. Le salut doit être considéré comme acquis par ceux qui croient à la paternité de Dieu. La principale préoccupation des croyants ne devrait pas être le désir égoïste de salut personnel, mais plutôt le besoin désintéressé d’aimer leurs semblables, donc de les servir, de même que Jésus a aimé et servi les mortels. 188:4.10 Les croyants authentiques ne se préoccupent guère non plus de la punition future du péché. Le vrai croyant n’est concerné que par la présente séparation d’avec Dieu. Il est vrai que des pères avisés peuvent châtier leurs fils, mais ils le font par amour et dans un but disciplinaire. Ils ne punissent pas avec colère et ne châtient pas en représailles. 188:4.11 Même si Dieu était le sévère et légal monarque d’un univers dans lequel règne par-dessus tout la justice, il ne serait certainement pas satisfait du plan enfantin consistant à substituer une victime innocente à un offenseur coupable. 188:4.12 En ce qui concerne l’enrichissement de l’expérience humaine et l’élargissement de la voie du salut, relativement à la mort de Jésus, la grande chose n’est pas le fait de sa mort, mais plutôt le comportement superbe et l’esprit incomparable avec lesquels il fit face à la mort. 188:4.13 Toute cette idée de rançon dans l’expiation place le salut sur un plan d’irréalité ; un tel concept est purement philosophique. Le salut humain est réel ; il est basé sur deux réalités que les créatures peuvent saisir par la foi et incorporer ainsi dans l’expérience humaine individuelle : le fait de la paternité de Dieu et, la vérité corollaire, la fraternité des hommes. Après tout, il est vrai que l’on vous « remettra vos dettes comme vous remettez les leurs à vos débiteurs ». 5. Les leçons de la croix 188:5.1 La croix de Jésus dépeint la pleine mesure du dévouement suprême du vrai berger aux membres, même indignes, de son troupeau. Elle place définitivement toutes les relations entre Dieu et l’homme sur la base de la famille. Dieu est le Père, l’homme est son fils. L’amour, l’amour d’un père pour son fils, devient la vérité centrale des relations entre Créateur et créature dans l’univers – et non la justice d’un roi qui cherche sa satisfaction dans les souffrances et la punition de ses sujets malfaisants. 188:5.2 La croix montre pour toujours que l’attitude de Jésus envers les pécheurs n’était ni une condamnation ni une indulgence, mais plutôt la recherche éternelle et aimante de leur salut. Jésus est vraiment un sauveur en ce sens que sa vie et sa mort gagnent bel et bien les hommes à la bonté et à une survie dans la droiture. Jésus aime tellement les hommes que son amour éveille une réponse d’amour dans le cœur humain. L’amour est vraiment contagieux et éternellement créatif. La mort de Jésus sur la croix donne l’exemple d’un amour suffisamment fort et divin pour pardonner les péchés et engloutir toute malfaisance. Jésus révéla à ce monde une qualité de droiture supérieure à la justice – simple technique du bien et du mal. L’amour divin ne se borne pas à pardonner les torts ; il les absorbe et les détruit réellement. Le pardon de l’amour transcende de loin le pardon de la miséricorde. La miséricorde met de côté la culpabilité du méfait, mais l’amour détruit définitivement le péché et toutes les faiblesses qui en résultent. Jésus apporta une nouvelle manière de vivre sur Urantia. Il ne nous enseigna pas à résister au mal, mais à trouver à travers lui, Jésus, une bonté qui détruit efficacement le mal. Le pardon de Jésus n’est pas une indulgence ; il sauve de la condamnation. Le salut ne minimise pas les torts, il les redresse. Le véritable amour ne comporte ni compromis avec la haine ni indulgence pour elle ; il la détruit. L’amour de Jésus ne se satisfait jamais du simple pardon. L’amour du Maitre implique la réhabilitation, la survie éternelle. Il est parfaitement correct de qualifier le salut de rédemption si l’on veut parler de cette réhabilitation éternelle. 188:5.3 Par le pouvoir de son amour personnel pour les hommes, Jésus pouvait briser l’emprise du péché et du mal. Il donnait ainsi la liberté de choisir de meilleurs modes de vie. Jésus présenta une délivrance du passé qui, en elle-même, promettait un triomphe pour l’avenir. Le pardon procurait donc le salut. Quand l’amour divin est pleinement admis dans le cœur humain, sa beauté détruit pour toujours l’envoutement du péché et le pouvoir du mal. 188:5.4 Les souffrances de Jésus ne furent pas limitées à la crucifixion. En réalité, Jésus de Nazareth passa plus de vingt-cinq ans sur la croix d’une existence de mortel réelle et intense. La vraie valeur de la croix consiste dans le fait qu’elle fut l’expression suprême et finale de l’amour de Jésus, le parachèvement de la révélation de sa miséricorde. 188:5.5 Sur des millions de mondes habités, des dizaines de billions de créatures évoluantes auraient pu être tentées de renoncer à la lutte morale et d’abandonner le bon combat de la foi. Elles ont jeté un nouveau regard sur Jésus crucifié, puis ont repris leur chemin en avant, inspirées par la vue de Dieu abandonnant sa vie incarnée par dévotion au service désintéressé des hommes. 188:5.6 Le triomphe de la mort sur la croix est résumé dans l’esprit de l’attitude de Jésus envers ses agresseurs. Il fit de la croix un symbole éternel du triomphe de l’amour sur la haine et de la victoire de la vérité sur le mal quand il pria : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. » Cet amour dévoué fut contagieux dans tout un vaste univers ; les disciples le prirent de leur Maitre. Le tout premier instructeur de son évangile appelé à abandonner sa vie dans ce service fut lapidé à mort pendant qu’il disait : « Ne fais pas retomber sur eux la responsabilité de ce péché. » 188:5.7 La croix fait un suprême appel à ce qu’il y a de meilleur chez l’homme, parce qu’elle dévoile un être disposé à donner sa vie au service de ses semblables. Nul ne peut avoir de plus grand amour que d’être disposé à donner sa vie pour ses amis – et Jésus avait un tel amour qu’il était prêt à donner sa vie pour ses ennemis, un amour plus grand que tout ce que l’on avait connu jusque-là sur terre. 188:5.8 Sur d’autres mondes aussi bien que sur Urantia, ce spectacle sublime de la mort du Jésus humain sur la croix du Golgotha a soulevé les émotions des mortels en même temps qu’il suscitait la plus haute dévotion des anges. 188:5.9 La croix est le grand symbole du service sacré, la consécration de votre vie au bien-être et au salut de vos semblables. La croix n’est pas le symbole du sacrifice de l’innocent Fils de Dieu se substituant aux pécheurs coupables en vue d’apaiser le courroux d’un Dieu offensé. Elle se dresse pour toujours, sur terre et dans tout un vaste univers, comme un symbole sacré des bons s’effusant sur les méchants, et les sauvant ainsi par la dévotion même de leur amour. La croix se dresse véritablement comme le signe de la plus haute forme de service désintéressé, du dévouement suprême consistant à effuser pleinement une vie de droiture au service d’un ministère accompli de tout cœur, même dans la mort, la mort sur la croix. La seule vue de ce grand symbole de la vie d’effusion de Jésus inspire véritablement à chacun de nous le désir d’en faire autant. 188:5.10 Quand les hommes et les femmes réfléchis considèrent Jésus offrant sa vie sur la croix, ils ne peuvent plus guère se permettre de se plaindre, même des plus rudes épreuves de la vie, et encore bien moins des petites vexations et des nombreux griefs purement fictifs qui en découlent. La vie du Maitre fut si glorieuse et sa mort si triomphale que nous sommes tous attirés et incités à partager les deux. Toute l’effusion de Micaël possède un véritable pouvoir d’attraction, depuis l’époque de sa jeunesse jusqu’au spectacle accablant de sa mort sur la croix. 188:5.11 Assurez-vous donc qu’en regardant la croix comme une révélation de Dieu, vous ne regardez ni avec les yeux des hommes primitifs, ni du point de vue des barbares qui les suivirent, car tous deux considéraient Dieu comme un Souverain implacable exerçant sévèrement la justice et appliquant rigidement la loi. Assurez-vous plutôt que vous voyez dans la croix la manifestation finale de l’amour et de la dévotion de Jésus à la mission d’effusion de sa vie sur les races de mortels de son vaste univers. Voyez dans la mort du Fils de l’Homme l’apogée de la manifestation de l’amour divin du Père pour ses fils des sphères habitées par des mortels. La croix dépeint ainsi le dévouement d’une affectueuse volonté et l’effusion du salut volontaire sur ceux qui sont disposés à recevoir de tels dons et un tel dévouement. Dans la croix, il n’y avait rien que le Père ait exigé – mais seulement ce que Jésus donna si volontiers et refusa d’éviter. 188:5.12 Si l’homme ne peut, d’une autre manière, apprécier Jésus et comprendre le sens de son effusion sur la terre, il peut au moins comprendre que Jésus a partagé avec lui ses souffrances de mortel. Nul ne peut plus jamais craindre que le Créateur ignore la nature ou l’étendue de ses afflictions temporelles. 188:5.13 Nous savons que la mort sur la croix n’était pas destinée à réconcilier l’homme avec Dieu, mais à stimuler l’homme dans sa réalisation de l’éternel amour du Père et de la miséricorde sans fin de son Fils, ainsi qu’à diffuser ces vérités universelles dans un univers entier. FASCICULE 189. La résurrection 189:0.1 Peu après que Jésus eut été enseveli le vendredi après-midi, le chef des archanges de Nébadon, alors présent sur Urantia, convoqua son conseil préposé à la résurrection des créatures volitives endormies et se mit à étudier une technique possible pour ressusciter Jésus. Ces fils assemblés de l’univers local, créatures de Micaël, agissaient sous leur propre responsabilité ; Gabriel ne les avait pas réunis. Vers minuit, ils étaient parvenus à la conclusion que la créature ne pouvait rien faire pour faciliter la résurrection du Créateur. Ils étaient disposés à accepter l’avis de Gabriel, qui leur fit comprendre que, puisque Jésus avait « abandonné sa vie de son plein gré, il avait aussi le pouvoir de la reprendre de sa propre décision. » Peu après l’ajournement de ce conseil des archanges, des Porteurs de Vie et de leurs divers associés dans l’œuvre de réhabilitation de la créature et de la création morontielle, l’Ajusteur Personnalisé de Jésus prit la parole. Il commandait personnellement les armées célestes alors assemblées sur Urantia et s’adressa dans les termes suivants à ces veilleurs qui attendaient anxieusement : 189:0.2 « Nul d’entre vous ne peut rien faire pour aider votre père-Créateur à revenir à la vie. En tant que mortel du royaume, il a passé par l’expérience de la mort charnelle ; en tant que Souverain d’un univers, il vit toujours. Ce que vous observez est le transit mortel de Jésus de Nazareth passant de la vie dans la chair à la vie dans la morontia. Le transit d’esprit de ce Jésus fut parachevé le jour où je me séparai de sa personnalité et devins votre directeur temporaire. Votre père-Créateur a choisi de faire l’expérience entière de ses créatures mortelles, depuis la naissance sur les mondes matériels jusqu’au statut de l’existence véritable en tant qu’esprit, en passant par la mort naturelle et la résurrection de la morontia. Vous allez observer une certaine phase de cette expérience, mais il ne vous est pas permis d’y participer. Vous ne pouvez faire pour le Créateur ce que vous faites ordinairement pour les créatures. Un Fils Créateur possède en lui-même le pouvoir de s’effuser dans la similitude de n’importe lequel de ses fils créés, il a en lui-même le pouvoir d’abandonner sa vie observable et de la reprendre de nouveau. Il dispose de ce pouvoir à cause du commandement direct du Père du Paradis, et je sais de quoi je parle. » 189:0.3 Après avoir entendu l’Ajusteur Personnalisé s’exprimer ainsi, ils prirent tous une attitude expectative anxieuse, depuis Gabriel jusqu’au plus humble chérubin. Ils voyaient le corps mortel de Jésus dans le tombeau ; ils décelaient des preuves de l’activité de leur bien-aimé Souverain dans l’univers et, faute de comprendre ces phénomènes, ils attendaient patiemment la suite des évènements. 1. Le transit morontiel 189:1.1 Le dimanche matin à deux heures quarante-cinq, la commission paradisiaque d’incarnation arriva sur les lieux ; elle se composait de sept personnalités du Paradis, non identifiées, qui se déployèrent immédiatement autour de la tombe. À trois heures moins dix, d’intenses vibrations d’activités mixtes matérielles et morontielles commencèrent à émaner du tombeau neuf de Joseph d’Arimathie et, à trois heures deux minutes, ce dimanche 9 avril de l’an 30, la forme et la personnalité morontielles ressuscitées de Jésus de Nazareth sortirent du tombeau. 189:1.2 Après que Jésus ressuscité eut émergé de son tombeau, le corps de chair, dans lequel il avait vécu et travaillé sur terre durant près de trente-six ans, gisait encore là dans la niche du sépulcre, intact et enveloppé dans le drap de lin, exactement tel qu’il y avait été couché le vendredi après-midi par Joseph et ses compagnons. La pierre fermant l’entrée du tombeau n’avait pas subi le moindre déplacement ; le sceau de Pilate était intact ; les soldats montaient toujours la garde. Les gardes du temple avaient veillé sans interruption ; la garde romaine avait été changée à minuit. Aucun de ces veilleurs ne soupçonnait que l’objet de leur vigile s’était élevé à une forme d’existence nouvelle et supérieure, ni que le corps qu’ils gardaient n’était plus qu’une enveloppe extérieure abandonnée, désormais sans connexion avec la personnalité morontielle délivrée et ressuscitée de Jésus. 189:1.3 L’humanité est lente à percevoir que, dans tout ce qui est personnel, la matière est seulement le squelette de la morontia, et que les deux sont l’ombre réfléchie de la réalité spirituelle durable. Combien de temps faudra-t-il pour que vous considériez le temps comme l’image mouvante de l’éternité, et l’espace comme l’ombre fugitive des réalités du Paradis ? 189:1.4 Autant que nous puissions en juger, nulle créature de cet univers ni aucune personnalité d’un autre univers ne joua le moindre rôle dans la résurrection morontielle de Jésus de Nazareth. Le vendredi, il abandonna sa vie en tant que mortel du royaume ; le dimanche matin, il la reprit en tant qu’être morontiel du système de Satania dans Norlatiadek. Il y a bien des choses que nous ne comprenons pas en ce qui concerne la résurrection de Jésus, mais nous savons qu’elle eut lieu comme nous l’avons dit et à peu près à l’heure indiquée. Nous pouvons aussi affirmer que tous les phénomènes connus associés à ce transit de mortel, ou résurrection morontielle, se produisirent là, dans le tombeau neuf de Joseph d’Arimathie, où la dépouille mortelle matérielle de Jésus gisait enveloppée dans les linges mortuaires. 189:1.5 Nous savons que nulle créature de l’univers local ne participa à ce réveil morontiel. Nous perçûmes les sept personnalités du Paradis qui entouraient la tombe, mais nous ne les vîmes pas faire quoi que ce soit en liaison avec le réveil du Maitre. Aussitôt que Jésus apparut à côté de Gabriel, juste au-dessus du tombeau, les sept personnalités du Paradis signifièrent leur intention de partir immédiatement pour Uversa. 189:1.6 Clarifions définitivement le concept de la résurrection de Jésus en faisant les déclarations suivantes : 189:1.7 1. Son corps matériel ou physique ne faisait pas partie de sa personnalité ressuscitée. Lorsque Jésus sortit du tombeau, son corps de chair resta intact dans le sépulcre. Le Maitre émergea du tombeau sans déplacer les pierres qui en bouchaient l’entrée et sans briser les sceaux de Pilate. 189:1.8 2. Il n’émergea du tombeau ni en tant qu’esprit, ni en tant que Micaël de Nébadon ; il n’apparut pas sous la forme du Souverain Créateur semblable à celle qu’il avait avant son incarnation dans la similitude de la chair mortelle sur Urantia. 189:1.9 3. Il sortit du tombeau de Joseph dans la similitude exacte des personnalités morontielles de ceux qui émergent, en tant qu’ascendeurs morontiels ressuscités, des salles de résurrection du premier monde des maisons du système local de Satania. La présence du monument commémoratif de Micaël au centre de la vaste cour des salles de résurrection de maisonnia numéro 1 nous conduit à supposer que la résurrection du Maitre sur Urantia fut agencée d’une certaine manière sur ce premier monde des maisons du système. 189:1.10 Le premier acte de Jésus en sortant du tombeau fut de saluer Gabriel et de l’inviter à continuer d’assumer la responsabilité administrative des affaires de son univers sous la supervision d’Emmanuel. Puis il pria le chef des Melchizédeks de transmettre ses salutations fraternelles à Emmanuel. Ensuite, il demanda au Très Haut d’Édentia la certification des Anciens des Jours concernant son transit de mortel. Puis il se tourna vers l’assemblée des groupes morontiels des sept mondes des maisons, réunis là pour saluer leur Créateur et lui souhaiter la bienvenue en tant que créature de leur ordre ; Jésus prononça les premières paroles de sa carrière postmortelle. Le Jésus morontiel leur dit : « Ayant terminé ma vie dans la chair, je voudrais m’arrêter ici un peu de temps dans ma forme de transition pour connaitre plus complètement la vie de mes créatures ascendantes et poursuivre mes révélations de la volonté de mon Père qui est au Paradis. » 189:1.11 Après avoir ainsi parlé, Jésus fit un signe à l’Ajusteur Personnalisé, et à toutes les intelligences de l’univers qui s’étaient réunies sur Urantia pour être témoins de la résurrection qu’ils étaient priés de rejoindre leurs postes respectifs dans l’univers. 189:1.12 Jésus commença ensuite à établir les contacts sur le niveau morontiel et prit connaissance, en tant que créature, des exigences de la vie qu’il avait choisi de vivre durant cette brève période sur Urantia. Cette initiation au monde morontiel demanda plus d’une heure du temps terrestre et fut deux fois interrompue par le désir de Jésus de communiquer avec ses anciens associés charnels venus de Jérusalem pour scruter avec étonnement le tombeau vide et y découvrir ce qu’ils considéraient comme une preuve de sa résurrection. 189:1.13 Le transit de Jésus en tant que mortel – la résurrection morontielle du Fils de l’Homme – est maintenant parachevée. L’expérience transitoire du Maitre en tant que personnalité médiane entre le niveau matériel et le niveau spirituel a commencé. Et il a accompli tout cela par un pouvoir inhérent à lui-même ; nulle personnalité ne lui apporta une aide quelconque. Il vit maintenant en tant que Jésus morontiel et, tandis qu’il commence cette vie morontielle, son corps matériel de chair gît intact dans le tombeau. Les soldats montent toujours la garde, et le sceau du gouverneur sur les pierres n’a pas encore été brisé. 2. Le corps matériel de Jésus 189:2.1 À trois heures dix, tandis que Jésus ressuscité fraternisait avec les personnalités morontielles rassemblées des sept mondes des maisons de Satania, le chef des archanges – les anges de la résurrection – aborda Gabriel et lui demanda le corps mortel de Jésus en disant : « Nous ne pouvons pas participer à la résurrection morontielle de notre souverain Micaël après son expérience d’effusion, mais nous voudrions que sa dépouille mortelle nous soit remise pour la dissoudre immédiatement. Nous ne nous proposons pas d’employer notre technique de dématérialisation ; nous désirons simplement faire appel au processus de l’accélération du temps. Nous avons vu notre Souverain vivre et mourir sur Urantia. Cela suffit. Nous épargnerions aux armées du ciel le souvenir d’avoir supporté le spectacle de la lente décomposition de la forme humaine du Créateur et Soutien d’un univers. Au nom des intelligences célestes de tout Nébadon, je demande un mandat me confiant la garde du corps mortel de Jésus de Nazareth et nous donnant pouvoir de procéder à sa dissolution immédiate. » 189:2.2 Après que Gabriel eut conféré avec le doyen des Très Hauts d’Édentia, l’archange porte-parole des armées célestes reçut l’autorisation de disposer à son gré de la dépouille physique de Jésus. 189:2.3 Quand sa demande eut été exaucée, le chef des archanges appela à son aide un grand nombre de ses semblables ainsi qu’une foule de représentants de tous les ordres de personnalités célestes ; puis, avec l’assistance des médians d’Urantia, il se mit à l’œuvre pour prendre possession du corps physique de Jésus. Ce corps de mort était une création purement matérielle, littéralement physique. On ne pouvait pas le retirer du tombeau à la manière dont la forme morontielle ressuscitée avait pu s’échapper du sépulcre scellé. Avec l’aide de certaines personnalités morontielles auxiliaires, on peut, à certains moments, rendre la forme morontielle semblable à celle de l’esprit ; elle devient alors indifférente à la matière ordinaire ; à d’autres moments, elle peut devenir discernable et touchable par des êtres matériels tels que les mortels du royaume. 189:2.4 Pendant que les archanges et leurs assistants se préparaient à retirer le corps de Jésus du tombeau avant d’en disposer d’une manière respectueuse et digne par le processus de la dissolution quasi instantanée, les médians secondaires d’Urantia furent chargés d’écarter les deux pierres qui bouchaient l’entrée du tombeau. La plus grosse était un énorme bloc circulaire très semblable à une meule ; elle se déplaçait dans une rainure taillée dans le roc, de sorte que l’on pouvait la rouler en avant ou en arrière pour ouvrir ou fermer le tombeau. Quand les gardes juifs et les soldats romains qui veillaient virent, à la faible lueur de l’aube, l’énorme pierre qui, apparemment de son propre chef, commençait à rouler pour dégager l’entrée du caveau – sans aucun moyen visible expliquant ce mouvement – ils furent saisis de peur panique et quittèrent précipitamment les lieux. Les Juifs s’enfuirent d’abord chez eux, se rendant plus tard au temple pour faire rapport de ces faits au capitaine. Les Romains s’enfuirent vers la forteresse d’Antonia et, dès que le centurion fut arrivé à son poste, ils lui rapportèrent ce qu’ils avaient vu. 189:2.5 En soudoyant le traitre Judas, les dirigeants juifs avaient commencé la sordide opération par laquelle ils croyaient se débarrasser de Jésus. Maintenant, en face de cette nouvelle situation embarrassante, au lieu de songer à punir les gardes qui avaient déserté leur poste, ils en vinrent à soudoyer ces gardes et les soldats romains. Ils donnèrent une somme d’argent à chacun des vingt hommes avec l’ordre de dire à tout le monde : « Tandis que nous dormions au cours de la nuit, les disciples de Jésus nous ont surpris et ont enlevé son corps. » Et les dirigeants juifs promirent solennellement aux soldats de les défendre devant Pilate si jamais le gouverneur apprenait qu’ils avaient été soudoyés. 189:2.6 La croyance chrétienne à la résurrection de Jésus a été basée sur le fait du « tombeau vide ». Assurément c’est un fait que le tombeau était vide, mais ce n’est pas la vérité de la résurrection. Le sépulcre était vraiment vide quand les premiers croyants arrivèrent, et ce fait, associé à celui de la résurrection indubitable du Maitre, les conduisit à formuler un crédo inexact : l’enseignement que le corps matériel de Jésus avait été ressuscité de la tombe. La vérité se rapportant aux réalités spirituelles et aux valeurs éternelles ne peut pas toujours être établie par une combinaison de faits apparents. Bien que des faits individuels puissent être matériellement exacts, il ne s’ensuit pas nécessairement que le groupement d’un certain nombre de faits conduise à des conclusions spirituelles véridiques. 189:2.7 Le tombeau de Joseph était vide, non parce que le corps de Jésus avait été ranimé ou ressuscité, mais parce que les armées célestes avaient reçu l’autorisation demandée de lui faire subir une dissolution spéciale et exceptionnelle, un retour « de la poussière à la poussière », sans l’intervention des délais du temps et sans la mise en œuvre des processus ordinaires et visibles de décomposition mortelle et de putréfaction matérielle. 189:2.8 La dépouille mortelle de Jésus a subi le processus naturel de désintégration élémentale qui caractérise tous les corps humains sur terre, sauf qu’au point de vue du facteur temps, ce mode de dissolution naturelle fut considérablement accéléré, et hâté au point de devenir presque instantané. 189:2.9 Les véritables preuves de la résurrection de Micaël sont de nature spirituelle, bien que cet enseignement soit corroboré par le témoignage de nombreux mortels du royaume qui rencontrèrent le Maitre morontiel ressuscité, le reconnurent et conversèrent avec lui. Jésus fit partie de l’expérience personnelle de presque mille êtres humains avant de prendre finalement congé d’Urantia. 3. La résurrection dispensationnelle 189:3.1 Un peu après quatre heures et demie ce même dimanche matin, Gabriel convoqua les archanges à ses côtés et se prépara à inaugurer la résurrection générale de la fin de la dispensation adamique sur Urantia. Quand la vaste armée de séraphins et de chérubins participant à ce grand évènement fut rangée en formation appropriée, Micaël dans sa forme morontielle apparut devant Gabriel en disant : « De même que mon Père a la vie en lui-même, de même a-t-il donné au Fils d’avoir la vie en lui-même. Bien que je n’aie pas encore entièrement repris l’exercice de la juridiction sur mon univers, la limitation que je m’impose ne restreint en rien l’effusion de la vie sur mes fils endormis. Que l’appel nominal de la résurrection planétaire commence. » 189:3.2 Le circuit des archanges opéra alors pour la première fois à partir d’Urantia. Gabriel et les armées d’archanges se rendirent au pôle spirituel de la planète et, lorsque Gabriel donna le signal, sa voix fut transmise comme un éclair sur le premier monde systémique des maisons. Elle disait : « Par ordre de Micaël, que les morts d’une dispensation d’Urantia ressuscitent ! » Alors, tous les survivants des races humaines d’Urantia qui s’étaient endormis depuis l’époque d’Adam, et qui n’avaient pas encore comparu en jugement, apparurent dans les salles de résurrection de maisonnia, prêts à l’investiture morontielle. Et, en une fraction de seconde, les séraphins et leurs associés se préparèrent à partir pour les mondes des maisons. Ordinairement, ces gardiens séraphiques jadis affectés à la garde collective de ces mortels survivants auraient été présents au moment de leur réveil dans les salles de résurrection de maisonnia, mais ils se trouvaient alors sur Urantia parce que la présence de Gabriel y était nécessaire en liaison avec la résurrection morontielle de Jésus. 189:3.3 D’innombrables individus ayant des gardiens séraphiques personnels, et d’autres ayant atteint le niveau nécessaire de progrès spirituel de la personnalité, étaient déjà parvenus à maisonnia durant les âges consécutifs à l’époque d’Adam et d’Ève ; et, bien qu’il y ait eu de nombreuses résurrections spéciales et millénaires pour les fils d’Urantia, le présent évènement était le troisième appel nominal planétaire, ou résurrection dispensationnelle complète. Le premier avait eu lieu à l’époque de l’arrivée du Prince Planétaire et le deuxième à l’époque d’Adam ; quant à celui-ci, le troisième, il marquait la résurrection morontielle, le transit mortel de Jésus de Nazareth. 189:3.4 Quand le chef des archanges eut reçu le signal de la résurrection planétaire, l’Ajusteur Personnalisé du Fils de l’Homme se dessaisit de son autorité sur les armées célestes assemblées sur Urantia et renvoya tous ces fils de l’univers local qui les composaient à la juridiction de leurs chefs respectifs. Sur quoi l’Ajusteur partit pour Salvington en vue de faire enregistrer par Emmanuel le parachèvement du transit de Micaël en tant que mortel, et fut immédiatement suivi par toutes les armées célestes dont les services n’étaient pas requis sur Urantia. Mais Gabriel resta sur Urantia avec Jésus morontiel. 189:3.5 Telle est l’histoire des évènements de la résurrection de Jésus, vue par ceux qui en furent témoins au moment où elle eut réellement lieu, et dégagée des limitations de la vision humaine partielle et restreinte. 4. La découverte du tombeau vide 189:4.1 Il faut se rappeler qu’à l’approche du moment de la résurrection de Jésus, ce dimanche matin de bonne heure, les dix apôtres séjournaient au domicile d’Élie et de Marie Marc, où ils dormaient dans la salle du haut, reposant sur les mêmes divans où ils s’étaient allongés durant le dernier souper avec leur Maitre. Ce dimanche matin, ils étaient tous réunis là, excepté Thomas. Ce dernier avait passé quelques minutes avec eux tard le samedi soir au moment où ils se réunissaient, mais la vue des apôtres, jointe à la pensée de ce qui était arrivé à Jésus, dépassa ce qu’il pouvait supporter. Il jeta un coup d’œil sur ses compagnons et quitta immédiatement la pièce pour se rendre chez Simon à Bethphagé, où il comptait, dans la solitude, s’abimer dans la douleur de sa peine. Les apôtres souffraient tous, non pas tant de doute et de désespoir que de crainte, de chagrin et de honte. 189:4.2 Chez Nicodème, se trouvaient rassemblés, avec David Zébédée et Joseph d’Arimathie, douze à quinze disciples de Jésus parmi les plus en vue à Jérusalem. Chez Joseph d’Arimathie, se trouvaient quinze à vingt des principales femmes croyantes. Seules ces femmes demeuraient dans la maison de Joseph et y étaient restées cloitrées durant les heures du sabbat et la soirée d’après le sabbat, de sorte qu’elles ignoraient qu’une garde militaire veillait sur le tombeau. Elles ne savaient pas non plus qu’une deuxième pierre avait été roulée devant l’entrée du tombeau et que l’on avait apposé le sceau de Pilate sur les deux pierres. 189:4.3 Un peu avant trois heures ce dimanche matin, quand les premiers signes de l’aube apparurent à l’orient, cinq des femmes partirent pour la tombe de Jésus. Elles avaient préparé en abondance des onguents spéciaux pour l’embaumement, et emportaient de nombreuses bandelettes de lin. Elles avaient l’intention de mieux embaumer le corps de Jésus et de l’envelopper plus soigneusement dans les nouvelles bandelettes. 189:4.4 Voici les noms des femmes qui partirent en mission pour oindre le corps de Jésus : Marie-Madeleine, Marie la mère des jumeaux Alphée, Salomé la mère des frères Zébédée, Jeanne la femme de Chuza et Suzanne la fille d’Ezra d’Alexandrie. 189:4.5 Il était à peu près trois heures et demie lorsque ces cinq femmes, chargées de leurs onguents, arrivèrent devant le tombeau vide. Au moment où elles sortirent de Jérusalem par la porte de Damas, elles croisèrent quelques soldats plus ou moins frappés de panique et fuyant vers l’intérieur de la ville. Cela les incita à s’arrêter quelques minutes, mais, en voyant qu’il ne se passait rien d’autre, elles se remirent en route. 189:4.6 Elles furent grandement surprises de voir la pierre roulée de côté pour dégager l’entrée du tombeau, d’autant qu’elles s’étaient demandé tout le long du chemin : « Qui va nous aider à rouler la pierre de côté ? » Elles déposèrent leurs fardeaux et commencèrent à se regarder mutuellement avec crainte et stupéfaction. Tandis qu’elles se tenaient là, tremblantes de peur, Marie-Madeleine s’aventura autour de la plus petite des deux pierres et osa entrer dans le sépulcre ouvert. Le tombeau était situé dans le jardin de Joseph, sur la pente du côté oriental de la route, et faisait également face à l’orient. Vers cette heure, l’aube du nouveau jour donnait juste suffisamment de clarté pour permettre à Marie de voir l’endroit où le corps du Maitre avait été étendu et pour constater qu’il n’y était plus. Dans le renfoncement de pierre où Jésus avait été couché, Marie ne vit que la serviette pliée sur laquelle sa tête avait reposé et les bandelettes avec lesquelles il avait été enveloppé, gisant intactes telles qu’elles avaient été posées sur la pierre avant que les armées célestes n’eussent enlevé le corps. Le linceul gisait au pied de la niche mortuaire. 189:4.7 Après que Marie se fut arrêtée quelques instants à l’entrée du tombeau (car au début elle ne distinguait pas assez nettement) elle vit que le corps de Jésus avait disparu et que seuls les linges mortuaires étaient restés en place. Elle poussa alors un cri d’alarme et d’angoisse. Toutes les femmes venues là souffraient d’une grande tension nerveuse ; elles avaient été constamment tendues depuis qu’elles avaient rencontré les soldats en panique à la porte de la ville. Lorsque Marie poussa ce cri d’angoisse, elles furent frappées de terreur et s’enfuirent précipitamment. Elles ne s’arrêtèrent pas avant d’avoir couru tout le long du chemin jusqu’à la porte de Damas. À ce moment, Jeanne prit conscience qu’elles avaient abandonné Marie. Elle rallia ses compagnes, et les quatre repartirent pour le tombeau. 189:4.8 Tandis qu’elles s’approchaient du sépulcre, Marie-Madeleine apeurée, qui avait été encore plus terrorisée en ne trouvant pas ses sœurs en train de l’attendre à sa sortie du tombeau, se précipita maintenant vers elles en s’écriant avec excitation : « Il n’est plus là – on l’a enlevé ! » Puis elle les ramena au tombeau, et elles y entrèrent toutes pour constater qu’il était vide. 189:4.9 Les cinq femmes s’assirent alors sur la pierre près de l’entrée et discutèrent la situation. Il ne leur était pas encore venu à l’idée que Jésus était ressuscité. Elles n’avaient vu personne durant le sabbat et supposaient que le corps avait été transporté dans un autre lieu de repos. Mais, en réfléchissant à cette solution de leur dilemme, elles furent embarrassées pour expliquer l’arrangement ordonné des linges mortuaires. Comment le corps aurait-il pu être enlevé, puisque les bandelettes mêmes dans lesquelles il était enveloppé avaient été laissées en place, apparemment intactes, sur le rayon mortuaire ? 189:4.10 Tandis que ces femmes étaient assises là, aux premières heures de l’aurore de ce nouveau jour, elles regardèrent de côté et virent un étranger silencieux et immobile. Pendant un moment, elles eurent de nouveau peur, mais Marie-Madeleine se précipita vers lui comme si elle le prenait pour le jardinier et lui dit : « Où avez-vous emmené le Maitre ? Où l’ont-ils couché ? Dis-le-nous pour que nous allions le prendre. » Voyant que l’étranger ne lui répondait pas, Marie se mit à pleurer. Alors, Jésus parla aux femmes et leur dit : « Qui cherchez-vous ? » Marie répondit : « Nous cherchons Jésus qui a été enseveli dans le tombeau de Joseph, mais il n’y est plus. Sais-tu où il a été emporté ? » Alors, Jésus dit : « Ce Jésus ne vous a-t-il pas dit, même en Galilée, qu’il mourrait, mais qu’il ressusciterait ? » Ces mots stupéfièrent les femmes, mais le Maitre était tellement changé qu’elles ne le reconnurent pas encore dans la faible lueur du contrejour. Tandis qu’elles méditaient ses paroles, il s’adressa à Madeleine d’une voix familière en disant « Marie. » En entendant ce mot de sympathie bien connue et de salutation affectueuse, elle sut que c’était la voix du Maitre et se précipita pour s’agenouiller à ses pieds en s’écriant : « Mon Seigneur et mon Maitre ! » Toutes les autres femmes reconnurent que c’était bien le Maitre qui se tenait devant elles dans une forme glorifiée, et elles s’agenouillèrent aussitôt devant lui. 189:4.11 Leurs yeux humains furent rendus capables de voir la forme morontielle de Jésus à cause du ministère spécial des transformateurs et des médians associés à certaines personnalités morontielles qui accompagnaient alors Jésus. 189:4.12 Tandis que Marie cherchait à embrasser ses pieds, Jésus dit : « Ne me touche pas, Marie, car je ne suis pas tel que tu m’as connu dans la chair. Sous cette forme, je resterai un temps avec vous avant de monter auprès du Père. Allez toutes maintenant, et dites à mes apôtres – et à Pierre – que je suis ressuscité et que vous m’avez parlé. 189:4.13 Quand ces femmes se furent remises du choc de leur stupéfaction, elles retournèrent en hâte à la ville et chez Élie Marc, où elles racontèrent aux dix apôtres tout ce qui leur était arrivé ; mais les apôtres n’étaient pas disposés à les croire. Ils pensèrent d’abord que les femmes avaient eu une vision, mais, lorsque Marie-Madeleine répéta les paroles que Jésus leur avait adressées et que Pierre entendit son nom, il sortit précipitamment de la salle du haut, suivi de près par Jean, pour arriver au tombeau aussi vite que possible et voir les choses par lui-même. 189:4.14 Les femmes répétèrent aux autres apôtres l’histoire de leur entretien avec Jésus, mais ils ne voulaient pas croire, et ils ne voulaient pas aller se rendre compte par eux-mêmes comme Pierre et Jean. 5. Pierre et Jean au tombeau 189:5.1 Tandis que les deux apôtres couraient vers le Golgotha et le tombeau de Joseph, les pensées de Pierre oscillaient entre la crainte et l’espérance ; il craignait de rencontrer le Maitre, mais son espoir était éveillé par l’histoire que Jésus lui avait envoyé un message spécial. Il était à demi persuadé que Jésus était réellement vivant ; il se rappelait sa promesse de ressusciter le troisième jour. Chose étrange, il n’avait plus pensé à cette promesse depuis la crucifixion jusqu’au moment actuel où il traversait Jérusalem en courant vers le nord. Quant à Jean, tandis qu’il sortait de la ville en toute hâte, une étrange extase faite de joie et d’espoir jaillissait dans son âme. Il était à demi convaincu que les femmes avaient réellement vu le Maitre ressuscité. 189:5.2 Étant plus jeune que Pierre, Jean courut plus vite que lui et arriva le premier au tombeau. Il s’attarda à la porte pour contempler le tombeau, qui se trouvait exactement dans l’état décrit par Marie. Simon Pierre arriva bientôt après en courant, entra dans le tombeau et vit ce même tombeau vide avec les linges funéraires disposés d’une façon si particulière. Lorsque Pierre fut ressorti, Jean entra à son tour, et vit tout cela par lui-même, puis ils s’assirent tous deux sur la pierre pour réfléchir à la signification de tout ce qu’ils avaient vu et entendu. Assis là, ils retournèrent dans leur mental tout ce qu’on leur avait dit de Jésus, mais ils ne pouvaient percevoir clairement ce qui s’était passé. 189:5.3 Pierre suggéra d’abord que le tombeau avait été violé, que des ennemis avaient volé le corps et peut-être soudoyé les gardes. Mais Jean conclut que le sépulcre n’aurait pas été laissé en aussi bon ordre si le corps avait été volé. Il souleva également la question de savoir comment les bandelettes avaient pu être laissées sur place et apparemment intactes. Ils retournèrent tous deux dans le caveau pour examiner de plus près les linges funéraires. En ressortant pour la seconde fois, ils trouvèrent Marie-Madeleine revenue et pleurant devant l’entrée. Marie était allée vers les apôtres avec la conviction que Jésus était ressuscité de la tombe, mais, devant leur refus unanime de croire à son récit, elle fut abattue et désespérée. Elle souhaita ardemment retourner près du tombeau, à l’endroit où elle pensait avoir entendu la voix familière de Jésus. 189:5.4 Tandis que Marie s’attardait après le départ de Pierre et de Jean, le Maitre lui apparut de nouveau en disant : « Ne reste pas dans le doute ; aie le courage de croire ce que tu as vu et entendu. Retourne auprès de mes apôtres et dis-leur de nouveau que je suis ressuscité, que je leur apparaitrai et que bientôt je les précèderai en Galilée comme je leur ai promis. » 189:5.5 Marie se hâta de revenir à la maison de Marc et raconta aux apôtres qu’elle s’était de nouveau entretenue avec Jésus, mais ils refusèrent de la croire. Toutefois, après le retour de Pierre et de Jean, ils cessèrent de se moquer et furent remplis de crainte et d’appréhension. FASCICULE 190. Les apparitions morontielles de Jésus 190:0.1 Jésus ressuscité se prépare maintenant à passer une courte période sur Urantia pour faire l’expérience de la carrière morontielle ascendante d’un mortel des royaumes. Bien que cette période de la vie morontielle doive s’écouler sur le monde de son incarnation en tant que mortel, elle sera, sous tous les rapports, la contrepartie de l’expérience des mortels de Satania qui passent par la vie morontielle progressive des sept mondes des maisons de Jérusem. 190:0.2 Tout ce pouvoir inhérent à Jésus – le don de vie – et qui lui a permis de ressusciter d’entre les morts, est le don même de la vie éternelle qu’il effuse sur les croyants au royaume et qui, aujourd’hui encore, rend certaine leur résurrection hors de l’emprise de la mort naturelle. 190:0.3 Les mortels des royaumes se lèveront, au matin de la résurrection, avec un corps morontiel, ou de transition, du même type que celui de Jésus quand il sortit du tombeau ce dimanche matin. Ces corps n’ont pas de circulation sanguine et ces êtres ne se servent pas de nourriture matérielle ordinaire, mais ces formes morontielles sont néanmoins réelles. Quand les divers croyants aperçurent Jésus après sa résurrection, ils le virent réellement ; ils n’étaient pas victimes de leurs propres visions ou hallucinations. 190:0.4 Une foi inébranlable en la résurrection de Jésus fut la caractéristique essentielle de la foi de toutes les branches de l’enseignement primitif de l’évangile. À Jérusalem, Alexandrie, Antioche et Philadelphie, tous les éducateurs évangélistes s’unirent dans cette foi implicite en la résurrection du Maitre. 190:0.5 En examinant le rôle éminent que joua Marie-Madeleine dans la proclamation de la résurrection du Maitre, il faut noter que Marie était le principal porte-parole du groupe féminin, comme Pierre l’était pour les apôtres. Marie n’était pas chargée de diriger les femmes qui travaillaient pour le royaume, mais elle était leur principale éducatrice et leur porte-parole public. Marie était devenue fort circonspecte, de sorte que son audace, en s’adressant à l’homme qu’elle prenait pour le jardinier de Joseph, dénote simplement à quel point elle fut horrifiée de trouver le tombeau vide. Ce sont la profondeur et l’angoisse de son amour, la plénitude de sa dévotion, qui lui firent oublier un instant la réserve conventionnelle imposée aux femmes juives abordant un étranger. 1. Les annonciateurs de la résurrection 190:1.1 Les apôtres ne voulaient pas que Jésus les quitte, et c’est pourquoi ils avaient minimisé toutes ses déclarations concernant sa mort, ainsi que ses promesses de résurrection. Ils ne s’attendaient pas à la résurrection de la manière dont elle survint, et refusèrent de croire avant d’y être contraints par des témoignages irréfutables et par la preuve absolue de leurs propres expériences. 190:1.2 Devant le refus des apôtres de croire au récit des cinq femmes qui affirmaient avoir vu Jésus et lui avoir parlé, Marie-Madeleine retourna au tombeau, et ses compagnes retournèrent chez Joseph, où elles relatèrent leurs expériences à sa fille et aux autres femmes. Et les femmes crurent à leur récit. Peu après six heures, la fille de Joseph d’Arimathie et les quatre femmes qui avaient vu Jésus se rendirent chez Nicodème, où elles racontèrent tous ces évènements à Joseph, Nicodème, David Zébédée et aux autres hommes réunis là. Nicodème et les autres doutèrent de l’histoire, doutèrent que Jésus fût ressuscité d’entre les morts ; ils supposèrent que les Juifs avaient enlevé le corps. Joseph et David étaient disposés à croire au rapport, de sorte qu’ils se hâtèrent d’aller inspecter le tombeau, et ils trouvèrent tout exactement dans l’état que les femmes avaient décrit. Ils furent les derniers à voir ainsi le sépulcre, car le grand-prêtre envoya le capitaine des gardes du temple au tombeau, à sept heures et demie, pour enlever les linges funéraires. Le capitaine les enveloppa dans le drap de lin et les jeta par-dessus le bord d’une falaise voisine. 190:1.3 Quittant le tombeau, David et Joseph allèrent immédiatement chez Élie Marc, où ils tinrent une conférence avec les dix apôtres dans la salle du haut. Seul Jean Zébédée était disposé à croire, même faiblement, que Jésus était ressuscité d’entre les morts. Pierre l’avait d’abord cru, mais, faute de trouver le Maitre, il tomba dans de sérieux doutes. Les apôtres étaient tous enclins à croire que les Juifs avaient enlevé le corps. David ne voulut pas discuter avec eux, mais, en s’en allant, il dit : « Vous êtes les apôtres et vous devriez comprendre ces choses. Je ne discuterai pas avec vous. Quoi qu’il en soit, je retourne chez Nicodème où j’ai donné rendez-vous ce matin à tous les messagers. Quand ils seront rassemblés, je les enverrai accomplir leur dernière mission, celle d’annoncer la résurrection du Maitre. J’ai entendu le Maitre dire qu’après sa mort, il ressusciterait le troisième jour, et je le crois. » Après avoir ainsi parlé aux ambassadeurs du royaume mornes et désespérés, celui qui avait pris sur lui d’être chef des communications et des renseignements prit congé des apôtres. En sortant de la pièce du haut, il déposa, sur les genoux de Matthieu Lévi, le sac de Judas contenant tous les fonds apostoliques. 190:1.4 Il était à peu près neuf heures et demie quand le dernier des vingt-six messagers de David arriva chez Nicodème. David les rassembla promptement dans la cour spacieuse et leur dit : 190:1.5 « Vous tous mes frères, vous m’avez servi tout ce temps conformément à votre serment envers moi et entre vous, et je vous prends à témoins que je n’ai encore jamais diffusé par votre entremise de fausses informations. Je vais vous confier votre dernière mission en tant que messagers volontaires du royaume. Ce faisant, je vous libère de vos serments et je licencie le corps des messagers. Amis, je vous déclare que nous avons terminé notre travail. Le Maitre n’a plus besoin de messagers mortels ; il est ressuscité d’entre les morts. Avant son arrestation, il nous a dit qu’il mourrait et ressusciterait le troisième jour. J’ai vu le tombeau – il est vide. J’ai parlé à Marie-Madeleine et à quatre autres femmes qui se sont entretenues avec Jésus. Je vous licencie maintenant, je vous dis adieu et je vous envoie à vos missions respectives avec le message suivant que vous porterez aux croyants : ‘Jésus est ressuscité d’entre les morts ; le tombeau est vide.’ » 190:1.6 La plupart des présents s’efforcèrent de dissuader David d’agir ainsi, mais ils ne réussirent pas à l’influencer. Ils cherchèrent alors à dissuader les messagers, mais ceux-ci ne voulurent pas prêter attention à leurs paroles de doute. Donc, peu avant dix heures ce dimanche matin, les vingt-six coureurs partirent comme premiers annonciateurs de ce fait grandiose et de cette puissante vérité de Jésus ressuscité. Ils partirent pour cette mission, comme auparavant pour tant d’autres, en tenant le serment qu’ils avaient fait à David Zébédée et qu’ils s’étaient fait entre eux. Ces hommes avaient grande confiance en David. Le prenant au mot, ils partirent pour remplir cette mission sans même prendre le temps d’interroger les femmes qui avaient vu Jésus. La majorité d’entre eux croyait ce que David leur avait dit, et même ceux qui en doutaient quelque peu portèrent le message tout aussi vite et tout aussi fidèlement que les autres. 190:1.7 Ce jour-là, les apôtres – le corps spirituel du royaume – sont réunis dans la salle du haut où ils manifestent de la crainte et expriment des doutes, tandis que ces messagers laïques, représentant la première tentative pour répandre dans la société l’évangile du Maitre de la fraternité des hommes, s’en vont sur l’ordre de David, leur chef intrépide et efficace, proclamer que le Sauveur d’un monde et d’un univers est ressuscité. Et ils s’engagent dans ce service mémorable avant que les représentants choisis du Maitre ne soient disposés à croire sa parole ou à accepter comme preuve les témoignages oculaires. 190:1.8 Les vingt-six coureurs furent envoyés à la maison de Lazare à Béthanie et vers tous les centres de croyants, depuis Béershéba dans le sud jusqu’à Damas et Sidon dans le nord, et depuis Philadelphie à l’est jusqu’à Alexandrie à l’ouest. 190:1.9 Après avoir pris congé de ses frères, David alla chez Joseph d’Arimathie chercher sa mère et partit avec elle pour Béthanie retrouver la famille de Jésus qui les y attendait. David demeura à Béthanie chez Marthe et Marie jusqu’à ce qu’elles eussent disposé de leurs biens terrestres ; ensuite, il les accompagna dans leur voyage pour rejoindre leur frère Lazare à Philadelphie. 190:1.10 Environ une semaine plus tard, Jean Zébédée emmena Marie, mère de Jésus, chez lui à Bethsaïde. Jacques, le frère cadet de Jésus, resta avec sa famille à Jérusalem. Ruth demeura à Béthanie chez les sœurs de Lazare. Le reste de la famille de Jésus retourna en Galilée. David Zébédée partit de Béthanie pour Philadelphie avec Marthe et Marie au début de juin, le lendemain de son mariage avec Ruth, la plus jeune sœur de Jésus. 2. L’apparition de Jésus à Béthanie 190:2.1 Depuis l’instant de sa résurrection morontielle jusqu’à son ascension en esprit dans les sphères élevées, Jésus apparut dix-neuf fois sous forme visible à ses fidèles sur terre. Il n’apparut pas à ses ennemis ni à ceux qui ne pouvaient faire un usage spirituel de sa manifestation sous forme visible. Sa première apparition fut aux cinq femmes près du tombeau, et la deuxième à Marie-Madeleine, également près du tombeau. 190:2.2 Sa troisième apparition eut lieu vers midi ce dimanche à Béthanie. Peu après midi, Jacques, le frère cadet de Jésus, se trouvait dans le jardin de Lazare devant le tombeau vide du frère ressuscité de Marthe et Marie, repassant mentalement les nouvelles que le messager de David leur avait apportées une heure auparavant. Jacques avait toujours eu tendance à croire à la mission sur terre de son frère ainé, mais il avait depuis longtemps perdu contact avec le travail de Jésus et s’était laissé aller à douter sérieusement de l’affirmation ultérieure des apôtres que Jésus était le Messie. Toute la famille fut stupéfaite et presque confondue par la nouvelle apportée par le messager. Jacques se tenait encore devant le tombeau vide de Lazare lorsque Madeleine arriva et, tout excitée, relata à la famille ses expériences des premières heures du matin auprès du tombeau de Joseph. Avant qu’elle eût fini, David Zébédée et sa mère arrivèrent. Bien entendu, Ruth crut au récit, et Jude fit de même après un entretien avec David et Salomé. 190:2.3 Entretemps, tandis qu’on cherchait Jacques et avant qu’on ne le trouve, alors qu’il se trouvait là debout dans le jardin près du tombeau, celui-ci eut conscience d’une présence à proximité, comme si quelqu’un lui avait touché l’épaule. Il se retourna pour regarder et vit une forme étrange apparaitre graduellement à côté de lui. Il était trop stupéfait pour parler et trop effrayé pour s’enfuir. Alors, la forme étrange parla et dit : « Jacques, je viens t’appeler au service du royaume. Joins-toi sérieusement à tes frères et suis-moi. » Lorsque Jacques entendit mentionner son nom, il sut que c’était son frère ainé Jésus qui lui avait adressé la parole. Ils avaient tous plus ou moins de difficulté à reconnaitre la forme morontielle du Maitre, mais peu d’entre eux avaient la moindre difficulté à reconnaitre sa voix ou à identifier autrement sa séduisante personnalité dès qu’il avait commencé à communiquer avec eux. 190:2.4 Percevant que Jésus s’adressait à lui, Jacques commença à tomber à ses genoux en s’écriant « Mon père et mon frère », mais Jésus le pria de rester debout tandis qu’il lui parlait. Ils marchèrent dans le jardin et causèrent environ trois minutes ; ils parlèrent des expériences d’autrefois et des prévisions pour le proche avenir. Tandis qu’ils approchaient de la maison, Jésus dit : « Au revoir, Jacques, jusqu’à ce que je vous salue tous ensemble. » 190:2.5 Jacques se précipita dans la maison, tandis qu’on le cherchait à Bethphagé, et s’écria : « Je viens de voir Jésus et de lui parler. Nous nous sommes entretenus. Il n’est pas mort, il est ressuscité ! Il a disparu devant moi en disant : ‘Au revoir, jusqu’à ce que je vous salue tous ensemble.’ » À peine avait-il fini de parler que Jude revint, et Jacques répéta pour Jude l’histoire de sa rencontre avec Jésus dans le jardin. Alors, ils commencèrent tous à croire à la résurrection de Jésus. Jacques annonça maintenant qu’il ne retournerait pas en Galilée, et David s’écria : « Il n’a pas été aperçu seulement par des femmes excitées ; même des hommes courageux ont commencé à le voir. Je m’attends à le voir moi-même. » 190:2.6 David n’eut pas longtemps à attendre, car la quatrième apparition de Jésus reconnue par des mortels eut lieu, un peu avant deux heures de l’après-midi, dans cette maison même de Marthe et de Marie. Le Maitre se rendit visible aux membres de sa famille terrestre et à leurs amis, vingt personnes en tout. Il apparut dans la porte de derrière, qui était ouverte, et dit : « Que la paix soit sur vous. Salutations à ceux qui furent proches de moi dans la chair, et communion pour mes frères et sœurs dans le royaume des cieux. Comment avez-vous pu douter ? Pourquoi avez-vous attendu si longtemps avant de choisir de suivre de tout cœur la lumière de la vérité ? Entrez donc tous dans la communion de l’Esprit de Vérité dans le royaume du Père. » Tandis qu’ils commençaient à se remettre du premier choc de leur stupéfaction et à s’approcher de lui comme pour l’embrasser, il disparut de leur vue. 190:2.7 Ils voulurent tous se précipiter vers la ville pour raconter aux apôtres incrédules ce qui était arrivé, mais Jacques les retint. Seule Marie-Madeleine reçut la permission de retourner à la maison de Joseph. Jacques leur interdit d’annoncer publiquement le fait de cette visite morontielle, à cause de certaines choses que Jésus lui avait dites au cours de leur conversation dans le jardin. Mais Jacques ne révéla jamais rien de plus au sujet de son entretien de ce jour-là, chez Lazare à Béthanie, avec le Maitre ressuscité. 3. Au foyer de Joseph 190:3.1 La cinquième manifestation morontielle de Jésus reconnue par des yeux mortels eut lieu en présence d’environ vingt-cinq croyantes réunies au foyer de Joseph d’Arimathie, vers quatre heures et quart ce même dimanche après-midi. Marie-Madeleine était revenue chez Joseph quelques minutes avant cette apparition. Jacques, le frère de Jésus, avait demandé que l’on ne dise rien aux apôtres au sujet de l’apparition du Maitre à Béthanie, mais n’avait pas demandé à Marie de s’abstenir de rapporter l’évènement à ses sœurs croyantes. En conséquence, après que Marie eut fait promettre le secret à toutes ses compagnes, elle se mit à leur raconter tout ce qui venait de se passer pendant son séjour à Béthanie avec la famille de Jésus. Elle en était au milieu de ce passionnant récit lorsqu’un silence soudain et solennel tomba sur ces femmes ; elles voyaient, au beau milieu de leur groupe, la forme entièrement visible de Jésus ressuscité. Il les salua en disant : « Que la paix soit sur vous. Dans la communion du royaume, il n’y aura ni Juif ni Gentil, ni riche ni pauvre, ni homme libre ni esclave, ni homme ni femme. Vous aussi, vous êtes appelées à publier la bonne nouvelle de la libération de l’humanité par l’évangile de la filiation avec Dieu dans le royaume des cieux. Allez dans le monde entier proclamer cet évangile et confirmer les croyants dans cette foi. En même temps que vous ferez cela, n’oubliez pas de soigner les malades et de fortifier les timides et les craintifs. Et je serai avec vous toujours, même aux confins de la terre. » Après avoir ainsi parlé, il disparut de leur vue, tandis que les femmes tombaient face contre terre et adoraient en silence. 190:3.2 Marie-Madeleine avait été témoin de quatre des cinq apparitions morontielles de Jésus survenues jusqu’à ce moment-là. 190:3.3 À la suite de l’envoi des messagers durant le milieu de la matinée, et par les fuites inconscientes d’indications concernant l’apparition de Jésus dans la maison de Joseph, les dirigeants des Juifs commencèrent à apprendre au début de la soirée que le bruit de la résurrection de Jésus se répandait dans la ville et que de nombreuses personnes prétendaient l’avoir vu. Les sanhédristes furent profondément troublés par ces rumeurs. Après avoir hâtivement consulté Annas, Caïphe convoqua une réunion du sanhédrin le même soir à huit heures. C’est à cette réunion que des dispositions furent prises pour chasser des synagogues toute personne qui mentionnerait la résurrection de Jésus. On suggéra même que quiconque prétendrait l’avoir vu serait mis à mort ; toutefois, cette proposition ne fut pas mise aux voix, car la réunion se dispersa dans une confusion voisine d’une réelle panique. Les sanhédristes avaient osé penser qu’ils en avaient fini avec Jésus. Ils allaient bientôt découvrir que leurs véritables difficultés avec l’homme de Nazareth ne faisaient que commencer. 4. L’apparition aux Grecs 190:4.1 Vers quatre heures et demie, au domicile d’un certain Flavius, le Maitre fit sa sixième apparition morontielle à une quarantaine de croyants grecs rassemblés là. Tandis qu’ils étaient occupés à discuter les rapports sur la résurrection du Maitre, celui-ci se manifesta au milieu d’eux, bien que les portes fussent solidement verrouillées. Il leur parla en ces termes : « Que la paix soit sur vous. Bien que le Fils de l’Homme soit apparu sur terre parmi les Juifs, il est venu apporter son ministère à tous les hommes. Dans le royaume de mon Père, il n’y aura ni Juifs ni Gentils ; vous serez tous des frères – les fils de Dieu. Allez donc dans le monde entier proclamer cet évangile de salut tel que vous l’avez reçu des ambassadeurs du royaume, et je vous recevrai dans la communion de la fraternité des fils du Père dans la foi et la vérité. » Après avoir donné cette mission aux Grecs, il prit congé d’eux, et ils ne le virent plus. Ils restèrent dans la maison toute la soirée, car ils étaient trop accablés de crainte respectueuse et transis de peur pour s’aventurer au dehors. Aucun de ces Grecs ne dormit cette nuit-là. Ils restèrent éveillés en discutant ces choses et en espérant que le Maitre leur ferait une nouvelle visite. Il y avait dans ce groupe beaucoup de Grecs qui étaient à Gethsémani quand les soldats arrêtèrent Jésus et que Judas le trahit par un baiser. 190:4.2 Des rumeurs de la résurrection de Jésus et des rapports concernant ses nombreuses apparitions à ses disciples se répandent rapidement et toute la ville est portée à un haut degré d’agitation. Déjà, le Maitre est apparu à sa famille, aux femmes et aux Grecs, et bientôt il va se manifester au milieu des apôtres. Le sanhédrin ne va pas tarder à commencer l’étude de ces nouveaux problèmes qui s’imposent si soudainement aux dirigeants des Juifs. Jésus pense beaucoup à ses apôtres, mais désire leur laisser encore quelques heures de réflexion solennelle et de considération réfléchie avant de leur rendre visite. 5. La promenade avec deux frères 190:5.1 À Emmaüs, à une douzaine de kilomètres à l’ouest de Jérusalem, vivaient deux frères, des bergers, qui avaient passé la semaine de la Pâque à Jérusalem, assistant aux sacrifices, aux cérémonies et aux fêtes. L’ainé, Cléopas, croyait plus ou moins en Jésus ; du moins, il avait été chassé de la synagogue. Son frère, Jacob, n’était pas croyant, bien qu’il fût fort intrigué par ce qu’il avait entendu au sujet des enseignements et des œuvres du Maitre. 190:5.2 Ce dimanche après-midi, à cinq kilomètres environ de Jérusalem et quelques minutes avant cinq heures, les deux frères cheminaient sur la route d’Emmaüs en parlant très sérieusement de Jésus, de son enseignement, de ses œuvres et plus spécialement des rumeurs rapportant que son tombeau était vide et que certaines des femmes lui avaient parlé. Cléopas était à moitié disposé à croire ces rapports, mais Jacob affirmait avec insistance que toute l’affaire était probablement une mystification. Tandis qu’ils raisonnaient et discutaient ainsi sur la route de retour à leur maison, la manifestation morontielle de Jésus, sa septième apparition, s’approcha des deux marcheurs. Cléopas avait souvent entendu Jésus enseigner et avait partagé des repas avec lui en plusieurs occasions chez des croyants de Jérusalem, mais il ne reconnut pas le Maitre, même quand ce dernier leur eut franchement parlé. 190:5.3 Après les avoir accompagnés un bout de chemin, Jésus dit : « Quelles étaient les paroles que vous échangiez si sérieusement lorsque je me suis approché de vous ? » Lorsqu’il eut dit cela, les deux frères s’arrêtèrent et le regardèrent avec une surprise attristée. Cléopas dit : « Est-il possible que tu séjournes à Jérusalem et que tu ne connaisses pas les évènements qui viennent de s’y dérouler ? » Le Maitre demanda : « Quels évènements ? » Cléopas répondit : « Si tu ne connais pas ces choses, tu es le seul à Jérusalem à ne pas avoir entendu les rumeurs concernant Jésus de Nazareth, qui était un prophète puissant en paroles et en actions devant Dieu et le peuple. Les chefs des prêtres et nos dirigeants l’ont livré aux Romains en exigeant qu’ils le crucifient. Or, beaucoup d’entre nous avaient espéré que ce serait lui qui délivrerait Israël du joug des Gentils. Mais ce n’est pas tout. Nous sommes maintenant au troisième jour après sa crucifixion, et certaines femmes nous ont stupéfiés aujourd’hui en déclarant qu’elles étaient allées au tombeau et qu’elles l’avaient trouvé vide. Ces mêmes femmes répètent avec insistance qu’elles se sont entretenues avec cet homme et soutiennent qu’il est ressuscité d’entre les morts. Et, quand elles sont allées raconter cela aux hommes, deux de ses apôtres ont couru voir au tombeau et l’ont également trouvé vide » – ici Jacob interrompit son frère pour dire « mais ils n’ont pas vu Jésus ». 190:5.4 Tandis qu’ils poursuivaient leur chemin, Jésus leur dit : « Que vous êtes lents à comprendre la vérité ! Si vous me dites que c’est au sujet des enseignements et des œuvres de cet homme que vous avez vos discussions, je peux vous éclairer, car je suis plus que familier de ces enseignements. Ne vous souvenez-vous pas que ce Jésus a toujours enseigné que son royaume n’était pas de ce monde et que tous les hommes, étant les fils de Dieu, devraient donc trouver la libération et la liberté dans la joie spirituelle de la communion fraternelle du service aimant dans ce nouveau royaume de la vérité de l’amour du Père céleste ? Ne vous rappelez-vous pas comment ce Fils de l’Homme proclama le salut de Dieu pour tous les hommes, soignant les malades et les affligés, et libérant ceux qui étaient liés par la peur et esclaves du mal ? Ne savez-vous pas que cet homme de Nazareth a dit à ses disciples qu’il lui faudrait aller à Jérusalem et être livré à ses ennemis qui le mettraient à mort, et qu’il ressusciterait le troisième jour ? Ne vous a-t-on pas dit tout cela ? Et n’avez-vous jamais lu les passages des Écritures concernant ce jour de salut pour les Juifs et les Gentils, où il est dit qu’en lui toutes les familles de la terre seront bénies ; qu’il entendra le cri des nécessiteux et sauvera les âmes des pauvres qui le recherchent ; que toutes les nations le qualifieront de béni ? Que ce Libérateur ressemblera à l’ombre d’un grand rocher dans un pays épuisé. Qu’il nourrira le troupeau comme un vrai berger, rassemblant les agneaux dans ses bras et les portant tendrement sur son sein. Qu’il ouvrira les yeux des aveugles spirituels et fera sortir les prisonniers du désespoir, en pleine liberté et dans la lumière. Que tous ceux qui siègent dans les ténèbres verront la grande lumière du salut éternel. Qu’il pansera les cœurs brisés, proclamera la liberté aux captifs du péché et ouvrira les portes de la prison aux esclaves de la peur et à ceux qui sont enchainés par le mal. Qu’il consolera les affligés et effusera sur eux la joie du salut à la place du chagrin et de l’oppression. Qu’il sera le désir de toutes les nations et la joie perpétuelle de ceux qui recherchent la droiture. Que ce Fils de la vérité et de la droiture se dressera sur le monde avec une lumière de guérison et un pouvoir de salut ; et même qu’il sauvera son peuple de ses péchés ; que réellement il cherchera et sauvera ceux qui sont perdus. Qu’il ne détruira pas les faibles, mais apportera le salut à tous ceux qui ont faim et soif de droiture. Que ceux qui croient en lui auront la vie éternelle. Qu’il répandra son esprit sur toute chair, et qu’en chaque croyant, cet Esprit de Vérité sera une source d’eau vive jaillissant jusque dans la vie éternelle. N’avez-vous pas compris la grandeur de l’évangile du royaume que cet homme vous a donné ? Ne percevez-vous pas combien est grand le salut dont vous bénéficiez ? » 190:5.5 Pendant ce temps, ils étaient arrivés près du village où habitaient ces deux frères. Ces deux hommes n’avaient pas dit un mot depuis que Jésus avait commencé à les enseigner le long de la route. Ils arrivèrent bientôt devant leur humble demeure, et Jésus allait prendre congé d’eux en continuant à descendre la route, mais ils le contraignirent à entrer et à rester avec eux. Ils insistèrent pour qu’il demeurât chez eux, car la nuit allait tomber, et Jésus finit par y consentir. Très peu de temps après être entrés dans la maison, ils s’assirent pour manger. Les frères lui donnèrent le pain à bénir et, tandis qu’il commençait à le rompre et à le leur passer, leurs yeux s’ouvrirent ; Cléopas reconnut que leur hôte était le Maitre lui-même. Dès que Cléopas eut dit : « C’est le Maitre... », le Jésus morontiel disparut de leur vue. 190:5.6 Alors, ils se dirent l’un à l’autre : « Il n’y a rien d’étonnant à ce que nos cœurs aient brulé en nous quand il nous parlait pendant que nous marchions le long de la route et pendant qu’il ouvrait nos intelligences aux enseignements des Écritures ! » 190:5.7 Ils ne voulurent pas s’attarder à manger. Ils avaient vu le Maitre morontiel. Ils sortirent précipitamment de la maison et se hâtèrent de retourner à Jérusalem pour répandre la bonne nouvelle du Sauveur ressuscité. 190:5.8 Vers les neuf heures ce soir-là, juste avant l’apparition du Maitre aux dix apôtres, ces deux frères surexcités firent irruption auprès des apôtres, dans la salle du haut, en déclarant qu’ils avaient vu Jésus et lui avaient parlé. Ils racontèrent tout ce que Jésus leur avait dit, et comment ils ne l’avaient identifié qu’au moment où il rompit le pain. FASCICULE 191. Apparitions aux apôtres et à d’autres disciples influents 191:0.1 Le dimanche de la résurrection fut un jour terrible dans la vie des apôtres. Dix d’entre eux passèrent la majeure partie de la journée dans la chambre du haut derrière des portes barricadées. Ils auraient pu s’enfuir de Jérusalem, mais ils avaient peur d’être arrêtés par les agents du sanhédrin si on les trouvait dehors. Thomas broyait du noir, tout seul à Bethphagé. Il aurait mieux fait de rester avec les autres apôtres ; il les aurait aidés à orienter leurs discussions dans un sens plus profitable. 191:0.2 Tout au long de la journée, Jean soutint l’idée que Jésus était ressuscité d’entre les morts. Il rappela au moins cinq occasions différentes où le Maitre avait affirmé qu’il ressusciterait, et au moins trois où il avait fait allusion au troisième jour. L’attitude de Jean eut une influence considérable sur les apôtres, spécialement sur son frère Jacques et sur Nathanael. Jean les aurait influencés encore davantage s’il n’avait été le benjamin du groupe. 191:0.3 Leurs difficultés tenaient pour beaucoup à leur isolement. Jean Marc les tenait au courant de ce qui se passait autour du temple et les informait des nombreuses rumeurs qui prenaient corps dans la ville, mais il ne lui vint pas à l’idée de recueillir des nouvelles auprès des divers groupes de croyants auxquels Jésus était déjà apparu. C’était le genre de service rendu jusqu’alors par les messagers de David, mais ceux-ci s’étaient tous absentés pour leur dernière mission d’annonciateurs de la résurrection aux groupes de croyants qui habitaient loin de Jérusalem. Pour la première fois au cours de toutes ces années, les apôtres réalisèrent combien ils avaient dépendu des messagers de David pour être renseignés quotidiennement sur les affaires du royaume. 191:0.4 De sa manière caractéristique, Pierre oscilla émotivement toute la journée entre la foi et le doute au sujet de la résurrection du Maitre. Pierre ne pouvait se détacher de la vision des linges funéraires disposés dans le tombeau comme si le corps de Jésus s’était évaporé de leur intérieur. « Mais, raisonnait Pierre, s’il est ressuscité et s’il peut se montrer aux femmes, pourquoi ne se montre-t-il pas à nous, ses apôtres ? » Pierre devenait triste à l’idée que peut-être Jésus ne venait pas vers eux à cause de sa propre présence parmi les apôtres, parce qu’il l’avait renié cette nuit-là dans la cour d’Annas. Ensuite, il tirait réconfort des paroles rapportées par les femmes, « Allez dire à mes apôtres et à Pierre. » Mais, pour tirer un encouragement de ce message, il lui fallait croire que les femmes avaient réellement vu et entendu le Maitre ressuscité. Ainsi, Pierre oscilla toute la journée entre la foi et le doute jusqu’à peu après huit heures du soir, où il s’aventura à sortir dans la cour. Pierre songeait à s’éloigner des apôtres pour ne pas empêcher Jésus de venir vers eux à cause de son reniement du Maitre. 191:0.5 Jacques Zébédée préconisa d’abord qu’ils devaient tous se rendre au tombeau ; il était fermement d’avis de faire quelque chose pour pénétrer le fond du mystère. Ce fut Nathanael qui les empêcha de se montrer en public en réponse à la demande pressante de Jacques. À cet effet, il leur rappela que Jésus leur avait recommandé de ne pas mettre indument leur vie en péril à ce moment-là. Vers midi, Jacques s’était calmé comme les autres pour rester dans une expectative vigilante. Il parla peu ; il était prodigieusement déçu de constater que Jésus ne leur apparaissait pas, et il ne connaissait pas les nombreuses apparitions du Maitre à d’autres groupes et à d’autres personnes. 191:0.6 André écouta beaucoup ce jour-là. Il était extrêmement perplexe au sujet de la situation et avait plus que sa part de doutes, mais, au moins dans un certain sens, il jouissait de ne plus avoir la responsabilité de guider les autres apôtres. Il était vraiment reconnaissant au Maitre de l’avoir libéré du fardeau du commandement avant qu’ils ne se trouvent confrontés aux évènements de ces heures affolantes. 191:0.7 Plus d’une fois durant les longues heures épuisantes de ce jour tragique, le seul soutien moral pour le groupe fut la fréquente contribution des conseils de Nathanael, avec sa philosophie caractéristique. Il fut réellement l’élément de contrôle parmi les dix durant toute la journée. Pas une seule fois, il ne dit qu’il croyait ou ne croyait pas à la résurrection du Maitre, mais, à mesure que la journée avançait, il eut de plus en plus tendance à croire que Jésus avait tenu sa promesse de ressusciter. 191:0.8 Simon Zélotès était trop atterré pour participer aux discussions. La plupart du temps, il resta allongé sur une couche dans un coin de la chambre, le visage tourné vers le mur ; il ne parla pas même une demi-douzaine de fois durant toute la journée. Son concept du royaume s’était effondré, et il ne parvenait pas à discerner que la résurrection du Maitre pouvait matériellement changer la situation. Sa déception était très personnelle et bien trop vive pour qu’il ait pu la surmonter à bref délai, même devant un fait aussi stupéfiant que la résurrection. 191:0.9 Chose étrange, Philippe, qui habituellement ne s’exprimait guère, prit souvent la parole au cours de l’après-midi de ce jour. Durant la matinée, il eut peu à dire, mais, tout au long de l’après-midi, il posa des questions aux autres apôtres. Pierre s’irritait souvent des questions de Philippe, mais les autres les prenaient de bonne grâce. Philippe était particulièrement désireux de savoir, au cas où Jésus serait réellement sorti de sa tombe, si son corps porterait les marques physiques de la crucifixion. 191:0.10 Matthieu était dans une grande confusion ; il écouta les discussions de ses compagnons, mais passa la majeure partie de son temps à retourner dans sa tête le problème de leurs futures finances. Indépendamment de la résurrection supposée de Jésus, Judas avait disparu, David avait, sans cérémonie, remis les fonds à Matthieu, et ils n’avaient plus de chef ayant autorité. Avant que Matthieu ne se soit décidé à considérer sérieusement leurs arguments sur la résurrection, il avait déjà revu le Maitre face à face. 191:0.11 Les jumeaux Alphée ne prirent guère part à ces débats sérieux ; ils étaient suffisamment occupés à leurs travaux habituels. Répondant à une question de Philippe, l’un d’eux exprima leur opinion commune en disant : « Nous ne comprenons pas l’histoire de la résurrection, mais notre mère dit qu’elle a parlé au Maitre, et nous la croyons. » 191:0.12 Thomas traversait une de ses périodes typiques de dépression désespérante. Il dormit une partie de la journée et se promena dans les collines le reste du temps. Il se sentait poussé à rejoindre ses compagnons, mais son désir de solitude fut plus fort. 191:0.13 Le Maitre retarda sa première apparition morontielle aux apôtres pour plusieurs raisons. D’abord, il voulait qu’après avoir entendu parler de la résurrection, ils aient le temps de bien réfléchir à ce qu’il leur avait dit sur sa mort et sa résurrection alors qu’il était encore avec eux dans la chair. Le Maitre voulait que Pierre ait triomphé dans sa lutte contre certaines de ses difficultés particulières avant de se manifester à eux tous. En second lieu, il désirait que Thomas fût avec eux lors de sa première apparition. De bonne heure ce dimanche matin, Jean Marc repéra Thomas chez Simon à Bethphagé et en informa les apôtres vers onze heures. À tout moment durant cette journée, Thomas serait retourné vers eux si Nathanael ou deux autres apôtres étaient venus le chercher. Il avait réellement le désir de revenir, mais, après la manière dont il les avait quittés la veille au soir, il était trop orgueilleux pour le faire si tôt de son propre chef. Le lendemain sa dépression était telle qu’il lui fallut presque une semaine pour se décider à revenir. Les apôtres l’attendaient, et lui attendait que ses compagnons viennent le chercher et lui demandent de revenir auprès d’eux. Thomas resta donc éloigné de ses associés jusqu’au soir du samedi suivant où, après la tombée de la nuit, Pierre et Jean allèrent à Bethphagé et le ramenèrent avec eux. C’est aussi la raison pour laquelle ils ne partirent pas immédiatement pour la Galilée après que Jésus leur fut apparu pour la première fois. Ils ne voulaient pas partir sans Thomas. 1. L’apparition à Pierre 191:1.1 Il était près de huit heures et demie, ce dimanche soir, lorsque Jésus apparut à Simon Pierre dans le jardin de la demeure de Marc. Ce fut sa huitième manifestation morontielle. Depuis son reniement du Maitre, Pierre avait constamment vécu avec un lourd fardeau de doute et de culpabilité. Toute la journée du samedi et ce dimanche, il avait lutté contre la peur de n’être peut-être plus un apôtre. Il avait frémi d’horreur devant le sort de Judas et même pensé avoir, lui aussi, trahi son Maitre. Tout au long de cet après-midi, il songea que c’était peut-être sa présence parmi les apôtres qui avait empêché Jésus de leur apparaitre, bien entendu à condition qu’il fût réellement ressuscité d’entre les morts. Et ce fut à Pierre, dans cette disposition mentale et dans cet état d’âme, que Jésus apparut pendant que l’apôtre déprimé déambulait parmi les fleurs et les arbustes. 191:1.2 Quand Pierre songea au regard affectueux du Maitre passant par le porche d’Annas, quand il retourna dans sa tête le merveilleux message « Allez dire à mes apôtres – et à Pierre... » que lui avaient apporté, tôt dans la matinée, les femmes revenant du tombeau vide, quand il contempla ces gages de miséricorde, sa foi commença à triompher de ses doutes ; il s’arrêta, serra les poings et dit à haute voix : « Je crois qu’il est ressuscité d’entre les morts ; je vais aller le dire à mes frères ». À ces mots, la forme d’un homme apparut soudainement devant lui, une forme qui lui parlait d’une voix familière en disant : « Pierre, l’ennemi désirait t’avoir, mais je n’ai pas voulu t’abandonner à lui. Je savais que ce n’était pas dans ton cœur que tu m’avais renié ; je t’avais donc pardonné avant même que tu ne le demandes. Maintenant, il faut cesser de penser à toi-même et aux difficultés du moment, mais te préparer à apporter la bonne nouvelle de l’évangile à ceux qui se trouvent dans les ténèbres. Il ne faut plus t’occuper de ce que tu peux obtenir du royaume, mais plutôt t’inquiéter de ce que tu peux donner à ceux qui vivent dans une affreuse misère spirituelle. Ceins-toi, Simon, pour la bataille d’un nouveau jour, pour la lutte contre les ténèbres spirituelles et la tendance au doute funeste du mental naturel de l’homme. » 191:1.3 Pierre et le Jésus morontiel marchèrent dans le jardin et parlèrent, pendant près de cinq minutes, du passé, du présent et de l’avenir. Puis le Maitre disparut de sa vue en disant : « Au revoir, Pierre, jusqu’à ce que je te voie avec tes frères. » 191:1.4 Pendant un instant, Pierre fut suffoqué par la réalisation du fait qu’il avait parlé avec le Maitre ressuscité et qu’il pouvait être certain d’être encore un ambassadeur du royaume. Il venait d’entendre le Maitre glorifié l’exhorter à poursuivre la prédication de l’évangile. Tout cela jaillissait dans son cœur ; il se précipita dans la salle du haut où se trouvaient ses compagnons et, haletant d’excitation, s’écria : « J’ai vu le Maitre ; il était dans le jardin. Je lui ai parlé, et il m’a pardonné. » 191:1.5 La déclaration de Pierre disant qu’il avait vu Jésus dans le jardin fit une profonde impression sur ses compagnons apôtres. Ils étaient presque prêts à abandonner leurs doutes quand André se leva et leur recommanda de ne pas trop se laisser influencer par le compte rendu de son frère. André leur laissa entendre que Pierre avait déjà vu des choses irréelles. Sans faire directement allusion à la vision de la nuit sur la mer de Galilée où Pierre avait prétendu voir le Maitre venant vers eux en marchant sur les eaux, André en dit assez pour laisser entendre à tous les apôtres qu’il gardait cet incident présent à la mémoire. Simon Pierre fut très froissé par les insinuations de son frère et tomba immédiatement dans un mutisme déconfit. Les jumeaux furent désolés pour Pierre et allèrent tous deux auprès de lui pour lui exprimer leur sympathie et pour lui dire qu’ils le croyaient, et pour réaffirmer que leur propre mère avait également vu le Maitre. 2. Première apparition aux apôtres 191:2.1 Peu après neuf heures ce soir-là, après le départ de Cléopas et Jacob, et tandis que les jumeaux Alphée consolaient Pierre, que Nathanael faisait des remontrances à André et que les dix apôtres étaient là, assemblés dans la chambre du haut en ayant verrouillé toutes les portes par crainte d’être arrêtés, le Maitre apparut soudainement au milieu d’eux sous sa forme morontielle en disant : « Que la paix soit sur vous. Pourquoi êtes-vous si effrayés quand j’apparais, comme si vous aviez vu un esprit ? Ne vous avais-je pas parlé de ces choses quand j’étais présent auprès de vous dans la chair ? Ne vous avais-je pas dit que les prêtres-chefs et les dirigeants me livreraient pour être tué, que l’un de vous me trahirait et que je ressusciterais le troisième jour ? Pourquoi donc tous vos doutes et toute cette discussion sur les comptes rendus des femmes, de Cléopas et de Jacob, et même de Pierre ? Combien de temps douterez-vous de mes paroles et refuserez-vous de croire à mes promesses ? Et, maintenant que vous me voyez vraiment, allez-vous croire ? Même maintenant l’un d’entre vous est absent. Quand vous serez réunis tous ensemble une fois de plus et après que vous saurez tous avec certitude que le Fils de l’Homme est ressuscité, partez d’ici pour la Galilée. Ayez foi en Dieu ; ayez foi les uns envers les autres ; et ainsi vous entrerez dans le nouveau service du royaume des cieux. Je resterai à Jérusalem avec vous jusqu’à ce que vous soyez prêts à aller en Galilée. Je vous laisse ma paix. » 191:2.2 Quand le Jésus morontiel leur eut ainsi parlé, il disparut de leur vue en un instant. Ils tombèrent tous face contre terre, louant Dieu et vénérant leur Maitre disparu. Ce fut la neuvième apparition morontielle du Maitre. 3. Avec les créatures morontielles 191:3.1 Le lendemain, lundi, Jésus le passa tout entier avec les créatures morontielles alors présentes sur Urantia. Plus d’un million de directeurs morontiels avec leurs associés, ainsi que des mortels de divers ordres en transition sur les sept mondes des maisons de Satania, étaient venus sur Urantia pour participer à l’expérience de transition morontielle du Maitre. Le Jésus morontiel séjourna durant quarante jours avec ces splendides intelligences. Il les instruisit, et apprit de leurs directeurs la vie de transition morontielle telle que les mortels des mondes habités de Satania la traversent en passant par le système des sphères morontielles. 191:3.2 Ce lundi vers minuit, la forme morontielle du Maitre fut ajustée pour la transition au deuxième stade de progression morontielle. Lors de son apparition suivante sur terre, à ses enfants mortels, il était un être morontiel du deuxième stade. À mesure que le Maitre progressait dans la carrière morontielle, les intelligences morontielles et leurs associés transformateurs éprouvaient des difficultés techniques croissantes à rendre le Maitre visible aux yeux matériels des mortels. 191:3.3 Jésus effectua le transit au troisième stade morontiel le vendredi 14 avril ; au quatrième stade le lundi 17 avril ; au cinquième stade le samedi 22 avril ; au sixième stade le jeudi 27 avril ; au septième stade le mardi 2 mai ; à la citoyenneté de Jérusem le dimanche 7 mai ; et il entra dans l’embrassement des Très Hauts d’Édentia le dimanche 14 mai. 191:3.4 Micaël de Nébadon paracheva ainsi son service d’expérience universelle, car déjà, en liaison avec ses effusions antérieures, il avait fait la pleine expérience de la vie des ascendeurs mortels du temps et de l’espace, depuis le séjour au siège de la constellation jusqu’au service du quartier général du superunivers y compris. Ce fut par ces expériences morontielles que le Fils Créateur de Nébadon acheva réellement et termina d’une manière agréable à Dieu sa septième et dernière effusion dans l’univers. 4. La dixième apparition (à Philadelphie) 191:4.1 La dixième manifestation morontielle de Jésus à la récognition des mortels se produisit, peu après huit heures le mardi 11 avril, à Philadelphie. Il se montra à Abner, à Lazare et à environ cent-cinquante de leurs associés, y compris plus de cinquante membres du corps évangélique des soixante-dix. Cette apparition eut lieu dans la synagogue, juste après l’ouverture d’une réunion spécialement convoquée par Abner pour discuter de la crucifixion de Jésus et le rapport plus récent sur sa résurrection apporté par le messager de David. Puisque Lazare ressuscité faisait maintenant partie de ce groupe de croyants, il ne leur était pas difficile de croire à la nouvelle que Jésus était ressuscité d’entre les morts. 191:4.2 La séance dans la synagogue venait d’être ouverte par Abner et Lazare qui se tenaient ensemble dans la chaire, lorsque tout l’auditoire de croyants vit la forme du Maitre apparaitre soudainement. Il s’avança de l’endroit où il était apparu entre Abner et Lazare, qui ne l’avaient remarqué ni l’un ni l’autre, salua l’assemblée et dit : 191:4.3 « Que la paix soit sur vous. Vous savez tous que nous avons un seul Père au ciel et qu’il n’existe qu’un seul évangile du royaume – la bonne nouvelle du don de la vie éternelle que les hommes reçoivent par la foi. En vous réjouissant dans votre fidélité à l’évangile, priez le Père de la vérité de répandre dans votre cœur un nouvel et plus grand amour pour vos frères. Il vous faut aimer tous les hommes comme je vous ai aimés : il vous faut servir tous les hommes comme je vous ai servis. Avec une sympathie compréhensive et une affection fraternelle, considérez comme vos compagnons tous vos frères consacrés à la proclamation de la bonne nouvelle, qu’ils soient Juifs ou Gentils, Grecs ou Romains, Perses ou Éthiopiens. Jean a prêché le royaume par anticipation ; vous avez prêché l’évangile en puissance ; les Grecs enseignent déjà la bonne nouvelle ; et moi, je vais bientôt envoyer l’Esprit de Vérité dans l’âme de tous ces hommes, mes frères qui ont si généreusement consacré leur vie à l’illumination de leurs compagnons plongés dans les ténèbres spirituelles. Vous êtes tous des enfants de lumière ; ne trébuchez donc pas dans l’enchevêtrement de la mésentente due à la méfiance et à l’intolérance humaines. Si, par la grâce de la foi, vous êtes ennoblis jusqu’à aimer les incroyants, ne devriez-vous pas aussi aimer également vos compagnons croyants de la grande famille de la foi ? Rappelez-vous que, dans la mesure où vous vous aimerez les uns les autres, tous les hommes sauront que vous êtes mes disciples. 191:4.4 « Allez donc dans le monde entier proclamer à toutes les nations et races cet évangile de la paternité de Dieu et de la fraternité des hommes, et soyez toujours sages dans le choix de vos méthodes pour présenter la bonne nouvelle aux différentes races et tribus de l’humanité. Vous avez reçu libéralement cet évangile du royaume ; vous apporterez libéralement la bonne nouvelle à toutes les nations. Ne craignez pas la résistance du mal, car je suis avec vous pour toujours, même jusqu’à la fin des âges. Et je vous laisse ma paix. » 191:4.5 Après avoir dit « Je vous laisse ma paix », il disparut de leur vue. À l’exception d’une de ses apparitions en Galilée, où plus de cinq-cents croyants le virent simultanément, ce groupe de Philadelphie comportait le plus grand nombre de mortels qui l’aient vu ensemble en une seule et même occasion. 191:4.6 Le lendemain matin de bonne heure, alors que les apôtres s’attardaient encore à Jérusalem en attendant que Thomas retrouve son équilibre émotionnel, ces croyants de Philadelphie s’en allèrent proclamer que Jésus de Nazareth était ressuscité d’entre les morts. 191:4.7 Jésus passa le lendemain, mercredi, sans interruption en compagnie de ses associés morontiels. Au milieu de l’après-midi, il reçut la visite de délégués morontiels venant des mondes des maisons de chacun des systèmes locaux de sphères habitées de toute la constellation de Norlatiadek, et tous se réjouirent de connaitre leur Créateur comme membre de leur propre ordre d’intelligences de l’univers. 5. Deuxième apparition aux apôtres 191:5.1 Thomas passa une semaine, seul avec lui-même, dans les collines entourant Olivet. Durant ce temps, il ne vit que Jean Marc et les habitants de la maison de Simon. Il était environ neuf heures du soir, le samedi 15 avril, lorsque les deux apôtres le trouvèrent et le ramenèrent à leur point de rassemblement chez les Marc. Le lendemain, Thomas les écouta raconter les histoires des différentes apparitions du Maitre, mais refusa obstinément de croire. Il soutint que Pierre, par son enthousiasme, leur avait fait croire qu’ils avaient vu le Maitre. Nathanael le raisonna, mais sans succès. Un entêtement émotif s’était associé à ses doutes habituels, et cet état mental, doublé du chagrin de les avoir fuis, contribuait à créer une situation d’isolement que Thomas lui-même ne comprenait pas pleinement. Il s’était écarté de ses compagnons, il avait suivi sa propre voie, et maintenant, même de retour parmi eux, il tendait inconsciemment à prendre une attitude de désaccord. Thomas fut lent à se rendre ; il n’aimait pas céder. Sans en avoir l’intention, il jouissait vraiment de l’intérêt qu’on lui portait ; il tirait inconsciemment satisfaction des efforts de tous ses compagnons pour le convaincre et le convertir. Ils lui avaient manqué pendant toute une semaine, et Thomas prenait grand plaisir à leurs persistantes attentions. 191:5.2 Ils prenaient leur repas du soir un peu après six heures, avec Thomas assis entre Pierre et Nathanael, lorsque l’apôtre incrédule dit : « Je ne croirai pas avant d’avoir vu le Maitre de mes propres yeux et mis mon doigt dans la marque des clous. » Tandis qu’ils étaient ainsi assis à souper et que les portes étaient soigneusement fermées et verrouillées, le Maitre sous sa forme morontielle apparut soudainement dans le fer à cheval de la table, se tenant directement en face de Thomas, et dit : 191:5.3 « Que la paix soit sur vous. Pendant toute une semaine, je me suis attardé pour pouvoir vous apparaitre de nouveau quand vous seriez tous réunis pour entendre une fois de plus le commandement d’aller dans le monde entier prêcher cet évangile du royaume. Je vous le répète : De même que le Père m’a envoyé dans le monde, je vous y envoie. De même que j’ai révélé le Père, de même vous révélerez l’amour divin, non simplement avec des paroles, mais dans votre vie quotidienne. Je vous envoie non pour aimer l’âme des hommes, mais plutôt pour aimer les hommes. Il ne suffit pas que vous proclamiez les joies du ciel ; il faut aussi que vous démontriez les réalités d’esprit de la vie divine dans votre expérience quotidienne, puisque vous avez déjà, par votre foi, la vie éternelle comme don de Dieu. Puisque vous avez la foi, quand le pouvoir d’en haut, l’Esprit de Vérité, sera venu sur vous, vous ne cacherez pas votre lumière ici derrière des portes fermées ; vous ferez connaitre à toute l’humanité l’amour et la miséricorde de Dieu. Par peur, vous fuyez maintenant devant les faits d’une expérience désagréable, mais, quand vous aurez été baptisés de l’Esprit de Vérité, vous irez bravement et joyeusement au-devant des nouvelles expériences où vous proclamerez la bonne nouvelle de la vie éternelle dans le royaume de Dieu. Vous pouvez rester ici et en Galilée durant une brève période, pour vous remettre du choc de transition entre la fausse sécurité de l’autorité du traditionalisme et le nouvel ordre de l’autorité des faits, de la vérité et de la foi dans les réalités suprêmes de l’expérience vivante. Votre mission dans le monde est basée sur le fait que j’ai vécu parmi vous une vie révélant Dieu, sur la vérité que vous êtes les fils de Dieu ainsi que tous les autres hommes. Cette mission se concrétisera dans la vie que vous vivrez parmi les hommes – l’expérience effective et vivante d’aimer les hommes et de les servir, comme je vous ai aimés et servis. Que la foi révèle votre lumière au monde ; que la révélation de la vérité ouvre les yeux aveuglés par la tradition ; que votre service aimant détruise efficacement les préjugés engendrés par l’ignorance. En vous rapprochant ainsi de vos contemporains par une sympathie compréhensive et par un dévouement désintéressé, vous les conduirez au salut par la connaissance de l’amour du Père. Les Juifs ont prôné la bonté, les Grecs ont exalté la beauté, les Hindous prêchent la dévotion ; les lointains ascètes enseignent le respect ; les Romains exigent la fidélité ; mais, moi, je demande que la vie de mes disciples soit même une vie de service aimant pour vos frères dans la chair. » 191:5.4 Après avoir ainsi parlé, le Maitre abaissa le regard sur le visage de Thomas et dit : « Et, toi, Thomas, qui as dit que tu ne croirais pas à moins de me voir et de mettre ton doigt dans les marques des clous sur mes mains, maintenant tu m’as vu et entendu mes paroles. Bien que tu ne voies aucune marque de clous sur mes mains, puisque je suis élevé sous une forme que tu revêtiras aussi quand tu quitteras ce monde, que vas-tu dire à tes frères ? Tu reconnaitras la vérité, car déjà dans ton cœur tu avais commencé à croire, même quand tu affirmais si résolument ton incroyance. Thomas, c’est juste au moment où tes doutes commencent à s’effriter qu’ils s’affirment avec le plus d’entêtement. Thomas, je te demande de ne pas manquer de foi, mais d’être croyant – et je sais que tu croiras, et même de tout ton cœur. » 191:5.5 Quand Thomas entendit ces paroles, il tomba à genoux devant le Maitre morontiel et s’écria : « Je crois ! Mon Seigneur et mon Maitre ! » Alors, Jésus dit à Thomas : « Tu as cru, Thomas, parce que tu m’as réellement vu et entendu. Bénis soient, dans les âges à venir, ceux qui croiront même sans avoir vu avec les yeux de la chair ni entendu avec les oreilles de mortels. » 191:5.6 Ensuite, tandis que sa forme s’approchait de l’extrémité de la table, le Maitre s’adressa au groupe en disant : « Maintenant, allez tous en Galilée où je vous apparaitrai bientôt. » Et, après avoir dit cela, il disparut de leur vue. 191:5.7 Les onze apôtres étaient maintenant pleinement convaincus que Jésus était ressuscité d’entre les morts et, de très bonne heure le lendemain matin, avant l’aube, ils partirent pour la Galilée. 6. L’apparition à Alexandrie 191:6.1 Pendant que les onze apôtres faisaient route vers la Galilée et approchaient du terme de leur voyage, le mardi 18 avril vers huit heures et demie du soir, Jésus apparut à Rodan et à environ quatre-vingts autres croyants, à Alexandrie. C’était la douzième apparition du Maitre sous forme morontielle. Jésus apparut devant ces Grecs et ces Juifs au moment où un messager de David terminait son compte rendu de la crucifixion. Ce messager était le cinquième coureur de relais sur la route venant de Jérusalem, et il était arrivé tard dans l’après-midi à Alexandrie. Après qu’il eut remis son message à Rodan, il fut décidé de convoquer les croyants pour qu’ils reçoivent la tragique nouvelle de la bouche du messager lui-même. Vers huit heures, Nathan de Busiris, le messager, se présenta aux croyants et leur raconta en détail tout ce que le précédent coureur lui avait dit. Nathan termina son touchant récit par ces paroles : « Mais David, qui nous envoie cette nouvelle, rapporte qu’en annonçant d’avance sa mort, le Maitre avait déclaré qu’il ressusciterait. » Tandis que Nathan parlait encore, le Maitre morontiel apparut là, aux regards de tous, et, lorsque Nathan s’assit, Jésus dit : 191:6.2 « Que la paix soit sur vous. Ce que mon Père m’a envoyé établir dans le monde n’appartient ni à une race, ni à une nation, ni à un groupe spécial d’éducateurs ou de prédicateurs. Cet évangile du royaume appartient aux Juifs et aux Gentils, aux riches et aux pauvres, aux hommes libres et aux esclaves, aux hommes et aux femmes, et même aux petits enfants. Il vous faut tous proclamer cet évangile d’amour et de vérité par la vie que vous vivez dans la chair. Vous vous aimerez les uns les autres d’un amour nouveau et remarquable, comme je vous ai aimés. Vous servirez l’humanité avec une dévotion nouvelle et étonnante, comme je vous ai servis. Quand les hommes verront que vous les aimez ainsi, et combien vous les servez avec ferveur, ils percevront que vous êtes entrés par la foi dans la communauté du royaume des cieux ; alors, ils suivront l’Esprit de Vérité, qu’ils apercevront dans votre vie, jusqu’à ce qu’ils trouvent le salut éternel. 191:6.3 « De même que le Père m’a envoyé dans ce monde, je vous y envoie aussi maintenant. Vous êtes tous appelés à porter la bonne nouvelle à ceux qui sont plongés dans les ténèbres. Cet évangile du royaume appartient à tous ceux qui y croient ; il ne sera pas remis à la garde des seuls prêtres. Bientôt l’Esprit de Vérité viendra sur vous et vous conduira dans toute la vérité. Donc, allez dans le monde entier prêcher cet évangile, et voyez, je suis avec vous toujours, même jusqu’à la fin des âges. » 191:6.4 Après avoir ainsi parlé, le Maitre disparut de leur vue. Ces croyants restèrent là ensemble toute la nuit, racontant leurs expériences de croyants au royaume et écoutant longuement Rodan et ses associés. Et ils crurent tous que Jésus était ressuscité d’entre les morts. Un messager de David arriva le surlendemain pour leur annoncer la résurrection. Imaginez sa surprise lorsqu’ils répondirent à son annonce en disant : « Oui, nous le savons, car nous avons vu le Maitre. Il est apparu devant nous avant-hier. » FASCICULE 192. Apparitions en Galilée 192:0.1 Au moment où les apôtres quittèrent Jérusalem pour la Galilée, les dirigeants juifs s’étaient considérablement calmés. Du fait que Jésus n’était apparu qu’à sa famille de croyants au royaume, et du fait que les apôtres se cachaient et ne prêchaient pas en public, les chefs des Juifs conclurent que, somme toute, le mouvement de l’évangile était bien écrasé. Bien entendu, ils étaient déconcertés par la rumeur croissante que Jésus était ressuscité d’entre les morts, mais ils comptaient sur les gardes soudoyés pour contrecarrer efficacement les effets de toutes ces histoires en répétant le récit qu’une troupe de disciples de Jésus avait enlevé son corps. 192:0.2 Depuis ce moment-là, et jusqu’à ce que les apôtres eussent été dispersés par la marée montante des persécutions, Pierre fut le chef généralement reconnu du corps apostolique. Jamais Jésus ne lui donna pareille autorité, et jamais ses compagnons apôtres ne l’élurent officiellement à un tel poste de responsabilité ; il l’assuma naturellement et le conserva par consentement général – et aussi parce qu’il était parmi eux le principal prédicateur. Les sermons publics devinrent désormais l’occupation majeure des apôtres. Après leur retour de Galilée, Matthias, qu’ils choisirent pour remplacer Judas, devint leur trésorier. 192:0.3 Durant la semaine où ils demeurèrent à Jérusalem, Marie, mère de Jésus, passa une grande partie de son temps avec les femmes croyantes qui logeaient chez Joseph d’Arimathie. 192:0.4 Le lundi matin où les apôtres partirent à l’aube pour la Galilée, Jean Marc partit aussi et les suivit hors de la ville, et, quand ils furent bien au-delà de Béthanie, il s’avança hardiment parmi eux, persuadé qu’ils ne le renverraient pas. 192:0.5 Les apôtres s’arrêtèrent plusieurs fois sur la route de Galilée pour raconter l’histoire de leur Maitre ressuscité ; ils n’arrivèrent donc à Bethsaïde que très tard le mercredi soir. Il fallut attendre le jeudi midi pour qu’ils fussent tous réveillés et prêts à prendre leur repas matinal. 1. Apparition près du lac 192:1.1 Le vendredi matin 21 avril vers six heures, le Maitre morontiel fit sa treizième apparition, la première en Galilée, aux dix apôtres pendant que leur bateau s’approchait du rivage près de l’embarcadère habituel de Bethsaïde. 192:1.2 Après que les apôtres eurent passé l’après-midi et le commencement de la soirée de jeudi dans l’expectative chez Zébédée, Simon Pierre leur suggéra d’aller pêcher. Lorsque Pierre proposa cette expédition de pêche, ils décidèrent tous de s’y joindre. Ils peinèrent toute la nuit avec leurs filets, mais n’attrapèrent pas de poissons. Il leur était un peu indifférent de ne pas faire de prise, car ils avaient beaucoup d’expériences intéressantes à se raconter sur les choses qui leur étaient si récemment arrivées à Jérusalem. Mais, au lever du jour, ils décidèrent de retourner à Bethsaïde. En approchant du rivage, ils virent quelqu’un sur la grève, près du débarcadère, debout à côté d’un feu. Ils crurent d’abord que c’était Jean Marc venu les accueillir, eux et leur pêche, à leur retour, mais, en s’approchant encore du rivage, ils virent qu’ils s’étaient trompés – l’homme était trop grand pour être Jean. Aucun d’eux n’avait eu l’idée que la personne qui se tenait sur la plage était le Maitre. Ils ne comprenaient pas bien pourquoi Jésus voulait les rencontrer en plein air, parmi les scènes de leur première vie en commun, et en contact avec la nature, loin de l’ambiance fermée de Jérusalem avec ses associations tragiques de peur, de trahison et de mort. Il leur avait dit que, s’ils allaient en Galilée, il les y rencontrerait, et il était sur le point de tenir sa promesse. 192:1.3 Tandis que les apôtres jetaient l’ancre et se préparaient à monter dans la petite barque pour accoster, l’homme sur la plage les interpella : « Avez-vous pris quelque chose, les gars ? » Quand ils eurent répondu « Non », l’homme leur dit encore : « Jetez le filet à droite du bateau, et vous trouverez du poisson. » Ils ne savaient pas encore que c’était Jésus qui leur donnait ce conseil, mais, d’un commun accord, ils jetèrent le filet comme on le leur avait dit, et il fut immédiatement rempli au point qu’ils pouvaient à peine le hisser. Or, Jean Zébédée avait l’esprit vif ; lorsqu’il vit le filet lourdement chargé, il perçut que c’était le Maitre qui leur avait parlé. Dès que cette pensée lui vint, il se pencha vers Pierre et lui dit à voix basse : « C’est le Maitre. » Pierre était toujours un homme d’actions impulsives et de dévotion impétueuse. Dès que Jean lui eut soufflé cela à l’oreille, il se dressa et se jeta à l’eau pour rejoindre le Maitre au plus vite. Ses frères le suivirent de près et accostèrent avec la petite barque en halant derrière eux le filet plein de poissons. 192:1.4 Entretemps, Jean Marc s’était levé ; voyant les apôtres accoster avec le filet lourdement chargé, il courut à la plage à leur rencontre. Apercevant onze hommes au lieu de dix, il conjectura que l’inconnu était Jésus ressuscité et, tandis que les dix hommes étonnés se tenaient là en silence, le jeune homme se précipita vers le Maitre, s’agenouilla à ses pieds et dit : « Mon Seigneur et mon Maitre. » Alors, Jésus parla non pas comme à Jérusalem où il les avait salué en disant « Que la paix soit sur vous », mais il s’adressa d’un ton ordinaire à Jean Marc en lui disant : « Eh bien, Jean, je suis heureux de te revoir dans cette Galilée insouciante où nous pourrons avoir un bon entretien. Reste avec nous, Jean, et viens déjeuner. » 192:1.5 Tandis que Jésus parlait au jeune homme, les dix étaient tellement étonnés et surpris qu’ils en oublièrent de haler sur la grève le filet aux poissons. Jésus dit alors : « Ramenez vos poissons et préparez-en quelques-uns pour le déjeuner. Nous avons déjà du feu et beaucoup de pain. » 192:1.6 Pendant que Jean Marc rendait hommage au Maitre, Pierre reçut un choc à la vue des braises qui rougeoyaient là sur la plage. La scène lui rappelait avec tellement de vivacité le feu de charbon de bois à minuit dans la cour d’Annas, où il avait renié le Maitre, mais il se ressaisit, s’agenouilla aux pieds de Jésus et s’écria : « Mon Seigneur et mon Maitre ! » 192:1.7 Ensuite, Pierre se joignit à ses camarades qui halaient le filet. Après avoir amené leur prise à terre, ils comptèrent les poissons et en trouvèrent 153 gros. Ils renouvelèrent l’erreur d’appeler cela une pêche miraculeuse. Il n’y eut aucun miracle lié à cet épisode. Le Maitre avait simplement exercé sa préconnaissance. Il savait que les poissons étaient là, et indiqua en conséquence aux apôtres où il fallait lancer leur filet. 192:1.8 Jésus leur dit : « Maintenant, venez tous déjeuner ; même les jumeaux devraient s’assoir pendant que je m’entretiens avec vous. Jean Marc préparera les poissons. » Jean Marc apporta sept poissons de bonne taille ; le Maitre les mit sur le feu et, quand ils furent cuits, le garçon les servit aux dix. Puis Jésus rompit le pain et le passa à Jean qui, à son tour, le servit aux apôtres affamés. Après que tous eurent été servis, Jésus pria Jean Marc de s’assoir tandis que lui-même servait le poisson et le pain au jeune garçon. Pendant qu’ils mangeaient, Jésus s’entretint avec eux et leur rappela leurs nombreuses expériences communes en Galilée et près de ce même lac. 192:1.9 C’était la troisième fois que Jésus s’était manifesté aux apôtres réunis en groupe. Au début, quand Jésus les interpela en leur demandant s’ils avaient du poisson, ils ne soupçonnèrent pas son identité ; en effet, c’était une expérience très courante pour ces pêcheurs de la mer de Galilée d’être accostés ainsi, en abordant au rivage, par les marchands de poisson de Tarichée ; ceux-ci étaient généralement là en vue d’acheter les prises fraiches pour les établissements de séchage. 192:1.10 Jésus s’entretint durant plus d’une heure avec les dix apôtres et Jean Marc. Ensuite, il marcha de long en large sur la grève et leur parla en les prenant deux par deux – mais les paires d’apôtres étaient différentes de celles qu’il avait tout d’abord envoyées répandre l’enseignement. Les onze apôtres étaient descendus tous ensemble de Jérusalem, mais, à mesure qu’ils s’approchaient de la Galilée, Simon Zélotès se découragea de plus en plus, si bien qu’au moment où ils arrivèrent à Bethsaïde, il abandonna ses frères et retourna chez lui. 192:1.11 Avant de prendre congé d’eux, ce matin-là, Jésus demanda que deux apôtres se portent volontaires pour aller chercher Simon Zélotès et le ramener le même jour. Et c’est ce que firent Pierre et André. 2. Entretiens avec les apôtres deux par deux 192:2.1 Quand ils eurent fini de déjeuner, et tandis que les autres restaient assis près du feu, Jésus fit signe à Pierre et à Jean de l’accompagner dans une promenade sur la grève. Au cours de leur marche, Jésus dit à Jean : « Jean, m’aimes-tu ? » Et, lorsque Jean eut répondu : « Oui, Maitre, de tout mon cœur », le Maitre dit : « Alors, Jean, renonce à ton intolérance et apprends à aimer les hommes comme je t’ai aimé. Consacre ta vie à prouver que l’amour est la plus grande chose du monde. C’est l’amour de Dieu qui pousse les hommes à chercher le salut. L’amour est l’ancêtre de toute bonté spirituelle, il est l’essence du vrai et du beau. » 192:2.2 Jésus se tourna ensuite vers Pierre et lui demanda : « Pierre, m’aimes-tu ? » Pierre répondit : « Seigneur, tu sais que je t’aime de toute mon âme. » Alors, Jésus dit : « Si tu m’aimes, Pierre, nourris mes agneaux. Ne néglige pas ton ministère auprès des faibles, des pauvres et des jeunes. Prêche l’évangile sans crainte ni préférence ; n’oublie jamais que Dieu ne fait pas acception de personnes. Sers tes semblables comme je t’ai servi, pardonne à tes compagnons mortels comme je t’ai pardonné. Laisse l’expérience t’enseigner la valeur de la méditation et le pouvoir de la réflexion intelligente. » 192:2.3 Après qu’ils eurent marché encore un peu plus loin, le Maitre se tourna vers Pierre et demanda : « Pierre, m’aimes-tu réellement ? » Et Simon dit alors : « Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime. » Et Jésus dit de nouveau : « Alors, prends bien soin de mes brebis. Sois un bon et fidèle berger pour le troupeau. Ne trahis pas sa confiance en toi. Ne te laisse pas surprendre par l’ennemi. Reste tout le temps sur tes gardes – veille et prie. » 192:2.4 Après qu’ils eurent encore fait quelques pas, Jésus se tourna vers Pierre et lui demanda pour la troisième fois : « Pierre, m’aimes-tu vraiment ? » Alors, Pierre, légèrement attristé du manque apparent de confiance du Maitre envers lui, dit avec une profonde émotion : « Seigneur, tu connais toutes choses ; tu sais donc que je t’aime réellement et vraiment. » Alors, Jésus lui dit : « Nourris mes brebis. N’abandonne pas le troupeau. Sers d’exemple et d’inspiration à tous tes compagnons bergers. Aime le troupeau comme je t’ai aimé, et consacre-toi à son bien-être comme j’ai consacré ma vie à ton bien-être. Et suis-moi même jusqu’à la fin. » 192:2.5 Pierre interpréta littéralement cette dernière recommandation – qu’il devait continuer à suivre Jésus. Se tournant vers lui, il montra Jean du doigt et demanda : « Si je te suis, que fera celui-là ? » Percevant que Pierre avait mal compris ses paroles, Jésus dit : « Pierre, ne t’occupe pas de ce que feront tes frères. Si je veux que Jean reste après que tu seras parti, et même jusqu’à ce que je revienne, en quoi cela te concerne-t-il ? Assure-toi seulement que tu me suis. » 192:2.6 Cette remarque se répandit parmi les frères et fut reçue comme une affirmation de Jésus que Jean ne mourrait pas avant que le Maitre ne revienne établir le royaume en puissance et en gloire, comme beaucoup le pensaient et l’espéraient. Et ce fut cette interprétation des paroles de Jésus qui joua un grand rôle pour ramener Simon Zélotès au service et pour le maintenir à l’œuvre. 192:2.7 Après être revenu vers les autres apôtres, Jésus repartit pour une promenade et une causerie avec André et Jacques. Lorsqu’ils eurent parcouru une petite distance, Jésus dit à André : « André, as-tu confiance en moi ? » Quand l’ancien chef des apôtres entendit Jésus lui poser une telle question, il s’arrêta et répondit : « Oui, Maitre, j’ai en toi une confiance totale, et tu le sais. » Alors, Jésus dit : « André, si tu as confiance en moi, aie plus de confiance en tes frères – même en Pierre. Je t’ai confié autrefois leur direction. Il faut maintenant que tu fasses confiance aux autres, tandis que je vous quitte pour aller auprès du Père. Quand tes frères commenceront à se disperser à cause de l’acharnement des persécutions, sois un conseiller sage et prévenant pour Jacques, mon frère par le sang, lorsqu’on le chargera de lourds fardeaux que son expérience ne lui permet pas de porter. Ensuite, continue à avoir confiance, car je ne te ferai pas défaut. Quand tu en auras fini sur terre, tu viendras auprès de moi. » 192:2.8 Puis Jésus se tourna vers Jacques en lui demandant : « Jacques, as-tu confiance en moi ? » Bien entendu, Jacques lui répondit : « Oui, Maitre, j’ai confiance en toi de tout mon cœur. » Alors, Jésus lui dit : « Jacques, si tu as plus confiance en moi, tu seras moins impatient avec tes frères. Si tu veux avoir confiance en moi, cela t’aidera à être bon pour la fraternité des croyants. Apprends à peser les conséquences de tes paroles et de tes actes. Rappelle-toi que la récolte est conforme à la semence. Prie pour la tranquillité d’esprit et cultive la patience. Avec la foi vivante, ces grâces te soutiendront quand viendra l’heure de boire la coupe du sacrifice. Mais n’aie jamais de crainte ; quand tu en auras fini sur terre, tu viendras aussi demeurer près de moi. » 192:2.9 Jésus parla ensuite à Thomas et à Nathanael. Il dit au premier : « Thomas, me sers-tu ? » Thomas répondit : « Oui, Seigneur, je te sers maintenant et toujours. » Alors, Jésus dit : « Si tu veux me servir, sers mes frères dans la chair comme je t’ai servi. Ne te lasse pas de ce bien-agir, mais persévère comme ayant reçu l’ordination de Dieu pour ce service d’amour. Quand tu auras achevé ton service avec moi sur terre, tu serviras avec moi en gloire. Thomas, il faut que tu cesses de douter, et que tu accroisses ta foi et ta connaissance de la vérité. Crois en Dieu comme un enfant, mais cesse d’agir d’une manière aussi infantile. Aie du courage ; sois fort dans la foi et puissant dans le royaume de Dieu. » 192:2.10 Ensuite le Maitre dit à Nathanael : « Nathanael, me sers-tu ? » Et l’apôtre répondit : « Oui, Maitre, et avec une affection sans partage. » Alors, Jésus dit : « Si donc tu me sers de tout ton cœur, assure-toi que tu te consacres au bien-être de mes frères terrestres avec une affection infatigable. Mêle l’amitié à tes conseils et ajoute l’amour à ta philosophie. Sers tes contemporains comme je vous ai servis, sois fidèle aux hommes, comme moi j’ai veillé sur vous. Sois moins critique ; espère moins de certains hommes et diminue ainsi l’étendue de tes déceptions. Quand tu auras fini l’œuvre ici-bas, tu serviras au ciel avec moi. » 192:2.11 Après cela, le Maitre s’entretint avec Philippe et Matthieu. Il dit au premier : « Philippe, m’obéis-tu ? » Philippe répondit : « Oui, Seigneur, je t’obéirai même au prix de ma vie. » Alors, Jésus lui dit : « Si tu veux m’obéir, va dans les pays des Gentils et proclame l’évangile. Les prophètes t’ont dit qu’il valait mieux obéir que sacrifier. Par la foi, tu es devenu un fils du royaume connaissant Dieu. Il n’y a qu’une seule loi à observer – c’est le commandement d’aller proclamer l’évangile du royaume. Cesse de craindre les hommes ; n’aie pas peur de prêcher la bonne nouvelle de la vie éternelle à tes semblables qui languissent dans les ténèbres et ont soif de la lumière de vérité. Philippe, tu ne t’occuperas plus d’argent et de marchandises. Tu es désormais, exactement comme tes frères, libre de prêcher la bonne nouvelle. Je te précèderai et je t’accompagnerai même jusqu’à la fin. » 192:2.12 Puis le Maitre s’adressa à Matthieu et lui demanda : « Matthieu, as-tu à cœur de m’obéir ? » Matthieu répondit : « Oui, Seigneur, je suis entièrement consacré à faire ta volonté. » Alors, le Maitre lui dit : « Matthieu, si tu veux m’obéir, va enseigner à tous les peuples l’évangile du royaume. Tu ne procureras plus à tes frères les choses matérielles de la vie ; désormais, tu iras aussi proclamer la bonne nouvelle du salut spirituel. À partir de maintenant, n’aie plus en vue que d’exécuter le commandement de prêcher cet évangile du royaume du Père. De même que j’ai fait sur terre la volonté du Père, de même tu accompliras la mission divine. Rappelle-toi que Juifs et Gentils sont tous deux tes frères. Ne crains aucun homme quand tu proclameras les vérités salvatrices de l’évangile du royaume des cieux. Et là où je vais, tu viendras bientôt. » 192:2.13 Enfin, il fit une promenade et eut un entretien avec Jacques et Judas, les jumeaux Alphée. Il s’adressa aux deux ensemble et leur demanda : « Jacques et Judas, croyez-vous en moi ? » Et, après qu’ils eurent tous deux répondu « Oui, Maitre, nous croyons », Jésus dit : « Je vais bientôt vous quitter. Vous voyez que je vous ai déjà quittés dans la chair. Je ne demeurerai que peu de temps dans ma forme actuelle avant d’aller auprès de mon Père. Vous croyez en moi – vous êtes mes apôtres, et vous le serez toujours. Continuez à croire quand je serai parti et à vous rappeler votre association avec moi après que vous serez peut-être retournés au travail dont vous aviez l’habitude avant de venir vivre avec moi. Ne laissez jamais un changement dans votre travail extérieur influer sur votre loyauté. Ayez foi en Dieu jusqu’à la fin de vos jours terrestres. N’oubliez jamais que, quand vous êtes des fils de Dieu par la foi, tout travail honnête du royaume est sacré. Rien de ce que fait un fils de Dieu ne peut être ordinaire. Donc, faites désormais votre travail comme s’il était pour Dieu. Quand vous en aurez fini sur ce monde, j’ai d’autres mondes meilleurs où vous travaillerez aussi pour moi. Dans toute cette œuvre, sur ce monde et sur d’autres, j’œuvrerai avec vous et mon esprit demeurera en vous. » 192:2.14 Il était près de dix heures quand Jésus revint de son entretien avec les jumeaux Alphée. En quittant les apôtres, il leur dit : « Au revoir, jusqu’à ce que je vous revoie tous demain, à midi, sur le mont de votre ordination. » Après avoir ainsi parlé, il disparut de leur vue. 3. Sur le mont de l’ordination 192:3.1 À midi, le samedi 22 avril, les onze apôtres se réunirent au rendez-vous sur la colline proche de Capharnaüm, et Jésus apparut parmi eux. Cette réunion eut lieu sur le mont même où le Maitre les avait mis à part comme ses apôtres et comme ambassadeurs sur terre du royaume du Père. Ce fut la quatorzième manifestation morontielle de Jésus. 192:3.2 Alors, les onze apôtres s’agenouillèrent en cercle autour du Maitre ; ils l’entendirent réitérer leurs missions et le virent reproduire la scène de l’ordination comme la première fois où ils avaient été mis à part pour le travail particulier du royaume. Tout cela, sauf la prière du Maitre, leur remémora leur consécration antérieure au service du Père. Lorsque le Maitre – le Jésus morontiel – pria ce jour-là, ce fut sur un ton de majesté et avec des paroles de pouvoir telles que les apôtres n’en avaient jamais entendu auparavant. Leur Maitre parlait maintenant aux dirigeants des univers comme quelqu’un qui, dans son propre univers, s’était vu remettre tout pouvoir et toute autorité. Et ces onze hommes n’oublièrent jamais cette expérience de reconsécration morontielle aux engagements antérieurs de leur rôle d’ambassadeurs. Le Maitre passa juste une heure sur ce mont avec ses ambassadeurs et, après leur avoir affectueusement dit au revoir, il disparut de leur vue. 192:3.3 Nul ne revit Jésus durant toute une semaine. Les apôtres n’avaient réellement aucune idée de ce qu’il fallait faire, car ils ne savaient pas si le Maitre était allé auprès du Père. Dans cet état d’incertitude, ils demeurèrent à Bethsaïde. Ils n’osaient pas aller à la pêche, de crainte de le manquer s’il venait les retrouver. Durant toute la semaine, Jésus fut occupé avec les créatures morontielles qui étaient sur terre et par les opérations de la transition morontielle dont il faisait l’expérience sur ce monde. 4. La réunion au bord du lac 192:4.1 La nouvelle des apparitions de Jésus se répandait dans toute la Galilée ; des croyants en nombre croissant arrivaient tous les jours à la maison de Zébédée pour s’informer de la résurrection du Maitre et découvrir la vérité sur ces prétendues apparitions. De bonne heure dans la semaine, Pierre fit savoir qu’une réunion publique aurait lieu au bord de la mer à trois heures de l’après-midi, le jour du prochain sabbat. 192:4.2 En conséquence, le samedi 29 avril à trois heures, plus de cinq cents croyants des environs de Capharnaüm se rassemblèrent à Bethsaïde pour entendre Pierre prêcher son premier sermon depuis la résurrection. L’apôtre était au mieux de sa forme et, après qu’il eut achevé son attrayant discours, peu de ses auditeurs doutaient que le Maitre était ressuscité d’entre les morts. 192:4.3 Pierre termina son sermon en disant : « Nous affirmons que Jésus de Nazareth n’est pas mort ; nous déclarons qu’il est sorti du tombeau ; nous proclamons que nous l’avons vu et que nous lui avons parlé. » À peine finissait-il de faire cette proclamation de foi que le Maitre apparut à côté de lui sous sa forme morontielle, en pleine vue de tout cet auditoire auquel il parla d’un ton familier en disant : « Que la paix soit sur vous, et je vous laisse ma paix. » Après qu’il leur fut ainsi apparu et leur eut ainsi parlé, il disparut de leur vue. Ce fut la quinzième manifestation morontielle de Jésus ressuscité. 192:4.4 À cause de certaines choses que le Maitre avait dites aux onze durant leur conférence sur le mont de l’ordination, les apôtres avaient eu l’impression que leur Maitre ferait bientôt une apparition publique devant un groupe de croyants galiléens, et qu’après cela ils devraient retourner à Jérusalem. En conséquence, le lendemain matin dimanche 30 avril, les onze quittèrent Bethsaïde de bonne heure pour aller à Jérusalem. Ils prêchèrent et enseignèrent abondamment sur la route descendant le Jourdain, de sorte qu’ils arrivèrent seulement très tard, le mercredi 3 mai, chez les Marc à Jérusalem. 192:4.5 Ce fut un triste retour au foyer pour Jean Marc. Juste quelques heures avant qu’il n’arrive chez lui, son père, Élie Marc, était mort soudain d’une hémorragie cérébrale. Leur certitude de la résurrection des morts contribua beaucoup à consoler les apôtres ; mais en même temps ils furent véritablement affligés par la perte de leur bon ami qui avait été leur ferme soutien, même dans des moments très difficiles et décevants. Jean Marc fit tout ce qu’il put pour consoler sa mère. Parlant pour elle, il invita les apôtres à continuer à conserver sa maison comme domicile ; et les onze firent de la salle du haut leur quartier général jusqu’au lendemain de la Pentecôte. 192:4.6 Les apôtres étaient volontairement rentrés à Jérusalem après la tombée de la nuit pour ne pas être aperçus par les autorités juives. Ils n’apparurent pas non plus en public à l’occasion des funérailles d’Élie Marc. Ils restèrent toute la journée du lendemain tranquillement isolés dans cette mémorable chambre du haut. 192:4.7 Le jeudi soir, les apôtres eurent une merveilleuse réunion dans cette chambre du haut et s’engagèrent tous, sauf Thomas, Simon Zélotès et les jumeaux Alphée, à paraitre en public pour prêcher le nouvel évangile du Seigneur ressuscité. Déjà se dessinaient les premières étapes de la transformation de l’évangile du royaume – la filiation avec Dieu et la fraternité avec les hommes – en la proclamation de la résurrection de Jésus. Nathanael s’opposa à ce changement dans la substance de leur message public, mais ne put ni résister à l’éloquence de Pierre, ni triompher de l’enthousiasme des disciples spécialement des femmes croyantes. 192:4.8 Ainsi, sous la vigoureuse direction de Pierre et dès avant l’ascension du Maitre auprès du Père, ses représentants bien intentionnés inaugurèrent le subtil processus de la transformation progressive et certaine de la religion de Jésus en une forme nouvelle et modifiée de religion à propos de Jésus. FASCICULE 193 Apparitions finales et ascension 193:0.1 La seizième manifestation morontielle de Jésus eut lieu le vendredi 5 mai, vers neuf heures du soir dans la cour de Nicodème. Ce soir-là, les croyants de Jérusalem avaient fait leur première tentative depuis la résurrection pour se réunir. À ce moment se trouvaient rassemblés les onze apôtres, le groupe des femmes disciples et de leurs associées, et une cinquantaine des autres éminents disciples du Maitre, comprenant un certain nombre de Grecs. Ces croyants avaient échangé des conversations amicales depuis plus d’une demi-heure lorsque le Maitre morontiel apparut soudainement, pleinement visible à tous, et commença immédiatement à les instruire. Jésus dit : 193:0.2 « Que la paix soit sur vous. Voici le groupe de croyants le plus représentatif – apôtres et disciples, hommes et femmes – auquel je sois apparu depuis le moment où j’ai été délivré de la chair. Je vous appelle maintenant à témoigner que je vous avais prévenus qu’il fallait que mon séjour parmi vous prenne fin ; je vous ai dit que je devais bientôt retourner auprès du Père. Ensuite, je vous avais clairement exposé comment les chefs des prêtres et les dirigeants des Juifs me livreraient pour être mis à mort, et que je ressusciterais. Alors, pourquoi vous êtes-vous tellement laissé déconcerter par toutes ces choses quand elles sont advenues ? Et pourquoi avez-vous été aussi surpris quand je suis ressuscité au troisième jour ? Vous n’avez pas réussi à me croire, parce que vous entendiez mes paroles sans comprendre leur signification. 193:0.3 « Et maintenant, vous devriez prêter l’oreille à ce que je dis, de crainte de renouveler la faute d’entendre mon enseignement avec votre mental sans en comprendre le sens dans votre cœur. Depuis le commencement de mon séjour parmi vous comme l’un de vos semblables, je vous ai enseigné que mon unique but était de révéler mon Père qui est aux cieux à ses enfants terrestres. J’ai vécu l’effusion révélatrice de Dieu afin que vous puissiez faire l’expérience de la carrière de la connaissance de Dieu. Je vous ai révélé Dieu comme votre Père qui est aux cieux, et je vous ai révélés comme les fils de Dieu sur terre. Dieu vous aime, vous ses fils ; c’est un fait. Par la foi en mes paroles, ce fait devient une vérité éternellement vivante dans votre cœur. Quand, par votre foi vivante, vous devenez divinement conscients de Dieu, alors vous êtes nés d’esprit en tant qu’enfants de lumière et de vie, de cette vie éternelle grâce à laquelle vous ferez l’ascension de l’univers des univers et l’expérience de trouver Dieu le Père au Paradis. 193:0.4 « Je vous exhorte à vous rappeler toujours que votre mission parmi les hommes consiste à proclamer l’évangile du royaume – la réalité que Dieu est le Père des hommes et la vérité qu’ils sont ses fils. Proclamez la vérité entière de la bonne nouvelle, et non pas seulement une partie de l’évangile sauveur. Votre message n’est pas modifié par l’expérience de ma résurrection. La filiation avec Dieu, par la foi, reste la vérité salvatrice de l’évangile du royaume. Vous irez prêcher l’amour de Dieu et le service des hommes. Ce que le monde a le plus besoin de savoir, c’est que les hommes sont les fils de Dieu et que, par la foi, ils peuvent effectivement réaliser cette vérité ennoblissante et en faire l’expérience quotidienne. Mon effusion devrait aider tous les hommes à savoir qu’ils sont les enfants de Dieu, mais cette connaissance sera insuffisante s’ils n’arrivent pas à saisir personnellement par la foi la vérité salvatrice qu’ils sont les vivants fils spirituels du Père éternel. L’évangile du royaume concerne l’amour du Père et le service de ses enfants sur terre. 193:0.5 « Ici, vous partagez ensemble la connaissance de ma résurrection d’entre les morts, mais elle n’a rien d’étrange. J’ai le pouvoir d’abandonner ma vie et de la reprendre ; le Père donne un tel pouvoir à ses Fils du Paradis. Vous devriez plutôt avoir le cœur ému de savoir que les morts d’un âge ont entrepris l’ascension éternelle peu après que j’eus quitté le tombeau neuf de Joseph d’Arimathie. J’ai vécu ma vie dans la chair pour vous montrer comment, par un service aimant, vous pouvez révéler Dieu à vos semblables, de même qu’en vous aimant et en vous servant, je suis devenu une révélation de Dieu pour vous. J’ai vécu parmi vous en tant que Fils de l’Homme pour que vous, et tous les autres hommes, puissiez savoir que vous êtes en vérité les fils de Dieu. Donc, allez maintenant dans le monde entier prêcher à tous les hommes cet évangile du royaume des cieux. Aimez tous les hommes comme je vous ai aimés ; servez vos compagnons mortels comme je vous ai servis. Vous avez reçu libéralement, donnez libéralement. Restez à Jérusalem seulement pendant que je vais auprès du Père et jusqu’à ce que je vous envoie l’Esprit de Vérité. Il vous conduira dans un plus vaste domaine de vérité, et je vous accompagnerai dans le monde entier. Je suis avec vous toujours, et je vous laisse ma paix. » 193:0.6 Après que le Maitre leur eut parlé, il disparut de leur vue. Les croyants restèrent ensemble toute la nuit, discutant sérieusement les avertissements du Maitre et méditant sur tout ce qui leur était arrivé ; ils ne se dispersèrent qu’à l’approche de l’aube. Jacques Zébédée et d’autres apôtres leur racontèrent aussi leurs expériences avec le Maitre morontiel en Galilée et leur exposèrent en détail comment il leur était apparu trois fois. 1. L’apparition à Sychar 193:1.1 L’après-midi du sabbat, le 13 mai vers quatre heures, le Maitre apparut à Nalda et à environ soixante-quinze croyants samaritains près du puits de Jacob à Sychar. Les croyants avaient l’habitude de se réunir à cet endroit près duquel Jésus avait parlé à Nalda de l’eau vivante. Ce jour-là, juste au moment où ils avaient fini de discuter les nouvelles de la résurrection, Jésus apparut soudain devant eux et dit : 193:1.2 « Que la paix soit sur vous. Vous vous réjouissez de savoir que je suis la résurrection et la vie, mais cela ne vous servira de rien si vous n’êtes pas d’abord nés de l’esprit éternel, ce qui vous amène à posséder, par la foi, le don de la vie éternelle. Si vous êtes les fils de mon Père par la foi, vous ne mourrez jamais ; vous ne périrez pas. L’évangile du royaume vous a appris que tous les hommes sont les fils de Dieu. Il faut que cette bonne nouvelle concernant l’amour du Père céleste pour ses enfants terrestres soit apportée au monde entier. L’heure est venue de ne plus adorer Dieu sur le mont Garizim ou à Jérusalem, mais en esprit et en vérité, là où vous êtes, tels que vous êtes. C’est votre foi qui sauve votre âme. Le salut est le don de Dieu à tous ceux qui croient être ses fils. Mais ne vous y trompez pas ; bien que le salut soit le don gratuit de Dieu et soit offert à tous ceux qui l’acceptent par la foi, il est suivi par l’expérience de porter les fruits de cette vie de l’esprit telle qu’elle est vécue dans la chair. L’acceptation de la doctrine de la paternité de Dieu implique que vous acceptiez aussi librement cette vérité corollaire de la fraternité des hommes. Or, si un homme est votre frère, il est plus encore que votre prochain, que le Père vous demande d’aimer comme vous-même. Puisque votre frère appartient à votre propre famille, non seulement vous l’aimerez d’une affection familiale, mais aussi vous le servirez comme vous vous serviriez vous-même. Et vous aimerez et servirez ainsi votre frère parce que, étant mes frères, vous avez été aimés et servis par moi de cette façon. Donc, allez dans le monde entier proclamer cette bonne nouvelle à toutes les créatures de chaque race, de chaque tribu et de chaque nation. Mon esprit vous précèdera, et je serai avec vous toujours. » 193:1.3 Ces Samaritains furent stupéfaits de cette apparition du Maitre et partirent en hâte vers les villes et villages voisins, où ils répandirent la nouvelle qu’ils avaient vu Jésus et que celui-ci leur avait parlé. Ce fut la dix-septième apparition morontielle du Maitre. 2. L’apparition en Phénicie 193:2.1 La dix-huitième apparition morontielle du Maitre eut lieu à Tyr, le mardi 16 mai, un peu avant neuf heures du soir et, de nouveau, à la clôture d’une réunion de croyants. Au moment où ils étaient sur le point de se séparer, Jésus dit : 193:2.2 « Que la paix soit sur vous. Vous vous réjouissez de savoir que le Fils de l’Homme est ressuscité d’entre les morts parce que vous savez par là même que vos frères et vous survivrez aussi au trépas humain. Mais, pour survivre, il faut que vous soyez préalablement nés de l’esprit qui recherche la vérité et trouve Dieu. Le pain de vie et l’eau vivante sont donnés seulement à ceux qui ont faim de vérité et soif de droiture – de Dieu. Le fait que les morts ressuscitent n’est pas l’évangile du royaume. Ces grandes vérités et ces faits universels sont tous reliés à l’évangile, parce qu’ils font partie du résultat obtenu par ceux qui croient la bonne nouvelle ; ils sont englobés dans l’expérience ultérieure de ceux qui, par la foi, deviennent, en fait et en vérité, les fils perpétuels du Dieu éternel. Mon Père m’a envoyé dans le monde pour proclamer à tous les hommes ce salut de la filiation. De même, je vous envoie au loin pour prêcher ce salut de la filiation. Le salut est un don gratuit de Dieu, mais ceux qui sont nés de l’esprit commencent immédiatement à montrer les fruits de l’esprit par leur service aimant auprès de leurs semblables. Et voici les fruits de l’esprit divin produits dans la vie des mortels nés d’esprit et connaissant Dieu : service aimant, dévouement désintéressé, fidélité courageuse, équité sincère, honnêteté éclairée, espoir vivace, confiance sans soupçons, ministère miséricordieux, bonté inaltérable, tolérance indulgente et paix durable. Si de prétendus croyants ne portent pas ces fruits de l’esprit divin dans leur vie, ils sont morts ; l’Esprit de Vérité n’est pas en eux ; ils sont des sarments inutiles de la vigne vivante et seront bientôt retranchés. Mon Père demande aux enfants de la foi de porter beaucoup de fruits de l’esprit. Si donc vous êtes stériles, il creusera autour de vos racines et coupera vos sarments improductifs. À mesure que vous progresserez vers le ciel dans le royaume de Dieu, il faudra de plus en plus que vous produisiez des fruits de l’esprit. Vous pouvez entrer dans le royaume de Dieu comme un enfant, mais le Père exige que vous grandissiez, par la grâce, jusqu’à la pleine stature d’un adulte spirituel. Quand vous irez au loin proclamer à toutes les nations la bonne nouvelle de cet évangile, je vous devancerai, et mon Esprit de Vérité demeurera dans votre cœur. Je vous laisse ma paix. » 193:2.3 Ensuite le Maitre disparut de leur vue. Le lendemain, partirent de Tyr des croyants qui témoignèrent de ces faits à Sidon et même à Antioche et à Damas. Jésus avait visité ces croyants durant sa vie dans la chair, et ils ne furent pas longs à le reconnaitre quand il commença à les enseigner. Bien que ses amis eussent de la peine à reconnaitre sa forme morontielle quand elle était rendue visible, ils ne tardaient jamais à identifier sa personnalité quand il leur parlait. 3. Dernière apparition à Jérusalem 193:3.1 De bonne heure le jeudi matin 18 mai, Jésus fit sa dernière apparition sur terre en tant que personnalité morontielle. Tandis que les onze apôtres allaient s’assoir pour leur repas matinal dans la salle du haut de la maison de Marie Marc, Jésus leur apparut et dit : 193:3.2 « Que la paix soit sur vous. Je vous ai demandé de rester ici, à Jérusalem, jusqu’à mon ascension auprès du Père, et même jusqu’à ce que je vous envoie l’Esprit de Vérité, qui sera bientôt répandu sur toute chair et vous conférera un pouvoir d’en haut. » Simon Zélotès interrompit Jésus en demandant : « Et alors, Maitre, rétabliras-tu le royaume et verrons-nous la gloire de Dieu manifestée sur terre ? » Après avoir écouté la question de Simon, Jésus répondit : « Simon, tu t’accroches encore à tes vieilles idées sur le Messie des Juifs et le royaume matériel, mais tu recevras un pouvoir spirituel quand l’esprit sera descendu sur toi, et tu iras bientôt dans le monde entier prêcher l’évangile du royaume. De même que le Père m’a envoyé dans le monde, de même je vous y envoie. Je souhaite que vous vous aimiez et que vous ayez confiance les uns dans les autres. Judas n’est plus avec vous parce que son amour s’était refroidi et parce qu’il vous refusait sa confiance, à vous ses frères loyaux. N’avez-vous pas lu le passage des Écritures où il est dit : ‘Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Nul ne vit pour lui-même’ ? Et aussi celui qui dit : ‘Quiconque veut avoir des amis doit se montrer amical’ ? Ne vous ai-je pas envoyés enseigner deux par deux afin que vous ne vous sentiez pas seuls, et que vous ne tombiez pas dans les ennuis et les malheurs de l’isolement ? Vous savez bien aussi que, lorsque j’étais dans la chair, je ne me suis jamais permis de rester longtemps seul. Dès le commencement de notre association, j’ai constamment eu deux ou trois d’entre vous auprès de moi ou tout à fait à proximité, même quand je communiais avec le Père. Donc, ayez confiance et confiez-vous les uns aux autres. C’est d’autant plus nécessaire qu’aujourd’hui je vais vous laisser seuls dans le monde. L’heure est venue, je suis sur le point d’aller auprès du Père. » 193:3.3 Après leur avoir ainsi parlé, il leur fit signe de l’accompagner et les conduisit sur le mont des Oliviers, où il leur fit ses adieux préparatoires à son départ d’Urantia. Le trajet jusqu’à Olivet fut solennel. Aucun d’eux ne prononça un mot depuis le départ de la salle du haut jusqu’au moment où Jésus s’arrêta avec eux au mont des Oliviers. 4. Les causes de la chute de Judas 193:4.1 Ce fut dans la première partie de son message d’adieu à ses apôtres, que le Maitre fit allusion à la perte de Judas et fit ressortir le sort tragique de leur traitre compagnon comme un avertissement solennel contre les dangers de l’isolement social et fraternel. Il est peut-être utile, pour les croyants du présent âge et des âges futurs, de passer brièvement en revue les causes de la chute de Judas à la lumière des remarques du Maitre et en tenant compte des éclaircissements accumulés des siècles ultérieurs. 193:4.2 En considérant rétrospectivement cette tragédie, nous concevons que, si Judas s’est fourvoyé, la cause première en était son caractère très marqué de personnalité solitaire, une personnalité fermée et coupée des contacts sociaux ordinaires. Il refusa avec persistance de se confier à ses compagnons apôtres ou de fraterniser franchement avec eux. Mais le fait qu’il était une personnalité du type solitaire n’aurait pas causé par lui-même un tel désastre pour Judas si, en même temps, un autre facteur n’était intervenu : Judas n’était pas parvenu à croitre en amour et en grâce spirituelle. Alors, comme pour aggraver encore une méchante affaire, il garda des rancunes persistantes et entretint des ennemis psychologiques, tels que la vengeance et le désir généralisé de « rendre la pareille » à quelqu’un pour toutes ses déceptions. 193:4.3 Cette combinaison malheureuse de particularités individuelles et de tendances mentales concourut à détruire un homme bien intentionné qui n’avait pas réussi à juguler ces maux par l’amour, la foi et la confiance. Le fait qu’il n’était pas nécessaire que Judas se fourvoie est bien démontré par les cas de Thomas et Nathanael, qui étaient tous deux affligés de la même sorte de suspicion et hyperdéveloppés dans leur tendance individualiste. André et Matthieu eux-mêmes avaient de nombreux penchants dans ce sens, mais tous ces hommes éprouvaient, pour leurs compagnons et pour Jésus, un amour qui, avec le temps, allait en croissant et non en diminuant. Ils grandirent en grâce et en connaissance de la vérité. Ils devinrent de plus en plus confiants envers leurs frères et développèrent lentement l’aptitude à se confier à leurs compagnons, alors que Judas refusa avec persistance de se confier à ses frères. Quand l’accumulation de ses conflits émotionnels l’obligeait à chercher un exutoire en s’exprimant, il allait invariablement demander l’avis – et recevoir les consolations malavisées – de ses proches parents non spiritualisés, ou bien encore il se confiait à des relations de hasard, qui étaient soit indifférentes, soit hostiles à l’intérêt et au progrès des réalités spirituelles du royaume céleste, dont il était sur terre l’un des douze ambassadeurs consacrés. 193:4.4 Judas rencontra la défaite dans sa lutte terrestre à cause des facteurs suivants concernant ses tendances personnelles et ses faiblesses de caractère : 193:4.5 1. Il était un être humain du type solitaire. Il était hautement individualiste et choisit en grandissant de devenir une personne fortement repliée sur elle-même et insociable. 193:4.6 2. En tant qu’enfant, la vie lui avait été rendue trop facile. Il éprouvait une rancune amère d’être contrarié. Il s’attendait toujours à gagner ; il était mauvais perdant. 193:4.7 3. Il n’acquit jamais une technique philosophique pour affronter les déceptions. Au lieu d’accepter les désappointements comme un évènement régulier et courant de l’existence humaine, il recourait infailliblement à la pratique de blâmer quelqu’un en particulier, ou ses associés collectivement, pour toutes ses difficultés ou ses désappointements personnels. 193:4.8 4. Il avait tendance à garder rancune, il nourrissait toujours l’idée de vengeance. 193:4.9 5. Il n’aimait pas faire franchement face aux faits ; il était malhonnête dans son attitude envers les situations de la vie. 193:4.10 6. Il détestait discuter ses problèmes personnels avec ses associés immédiats. Il refusait de parler de ses difficultés avec ses vrais amis et avec ceux qui l’aimaient réellement. Au cours de toutes ses années d’association avec le Maitre, il n’alla pas une seule fois lui soumettre un problème purement personnel. 193:4.11 7. Il n’apprit jamais qu’après tout, les récompenses réelles d’une noble vie sont des prix spirituels, qui ne sont pas toujours distribués pendant cette seule courte vie dans la chair. 193:4.12 À la suite de l’isolement persistant de sa personnalité, ses griefs se multiplièrent, ses chagrins s’accrurent, ses anxiétés augmentèrent et son désespoir atteignit une profondeur presque impossible à supporter. 193:4.13 Bien que cet apôtre égocentrique et ultraindividualiste eût de nombreux troubles psychiques, émotifs et spirituels, ses principales difficultés étaient les suivantes : en tant que personnalité, il était isolé. Mentalement, il était soupçonneux et rancunier. Par tempérament, il était revêche et vindicatif. Émotionnellement, il était dénué d’amour et incapable de pardonner. Socialement, il ne se confiait pas et restait presque entièrement renfermé sur lui-même. En esprit, il devint arrogant et égoïstement ambitieux. Dans la vie, il ignorait ceux qui l’aimaient et, dans la mort, il n’eut pas d’amis. 193:4.14 Tels sont donc les facteurs mentaux et les influences mauvaises qui, pris ensemble, expliquent la conduite d’un croyant en Jésus, qui fut jadis, par ailleurs, bien intentionné et sincère, mais qui, même après plusieurs années d’association intime avec cette personnalité transformatrice, abandonna ses compagnons, répudia une cause sacrée, renonça à sa sainte vocation et trahit son divin Maitre. 5. L’ascension du Maitre 193:5.1 Il était presque sept heures et demie du matin, le jeudi 18 mai, quand Jésus arriva sur le versant ouest du mont Olivet avec ses onze apôtres silencieux et quelque peu désorientés. De cet endroit situé aux deux tiers de la montée jusqu’au sommet, ils pouvaient voir le panorama de Jérusalem avec Gethsémani à leurs pieds. Jésus se prépara alors à leur faire ses derniers adieux avant de quitter Urantia. Tandis qu’il se tenait là, debout devant eux, ils s’agenouillèrent tous spontanément en cercle autour de lui, et le Maitre dit : 193:5.2 « Je vous ai demandé de rester à Jérusalem jusqu’à ce qu’un pouvoir d’en haut vous soit donné. Je suis maintenant sur le point de prendre congé de vous et de monter auprès de mon Père. Bientôt, très bientôt, nous enverrons l’Esprit de Vérité dans ce monde où j’ai séjourné ; quand il sera venu, vous commencerez la nouvelle proclamation de l’évangile du royaume, d’abord à Jérusalem, et ensuite jusqu’aux confins du monde. Aimez les hommes avec l’amour dont je vous ai aimés, et servez vos compagnons mortels comme je vous ai servis. Par les fruits spirituels de votre vie, amenez les âmes à croire la vérité que l’homme est un fils de Dieu et que tous les hommes sont frères. Souvenez-vous de tout ce que je vous ai enseigné et de la vie que j’ai vécue parmi vous. Mon amour vous couvre de son ombre, mon esprit habitera en vous et ma paix demeurera sur vous. Adieu. » 193:5.3 Après avoir ainsi parlé, le Maitre morontiel disparut de leur vue. Ce qu’on appelle l’ascension de Jésus ne différa en rien de ses autres disparitions de la vision humaine durant les quarante jours de sa carrière morontielle sur Urantia. 193:5.4 Le Maitre passa par Jérusem pour se rendre sur Édentia, où les Très Hauts, sous le regard du Fils du Paradis, dégagèrent Jésus de Nazareth de l’état morontiel. Ensuite, par les chenaux spirituels d’ascension, ils le rétablirent dans le statut de filiation paradisiaque et de souveraineté suprême sur Salvington. 193:5.5 Il était environ sept heures quarante-cinq le matin où Jésus, sous forme morontielle, disparut du champ d’observation de ses onze apôtres pour commencer son ascension vers la droite du Père et y recevoir la confirmation officielle du parachèvement de sa souveraineté sur l’univers de Nébadon. 6. Pierre convoque une réunion 193:6.1 Agissant selon les instructions de Pierre, Jean Marc et plusieurs autres personnes allèrent convoquer les disciples les plus éminents à une réunion chez Marie Marc. Vers dix heures et demie du matin, cent-vingt des principaux disciples de Jésus vivant à Jérusalem s’étaient rassemblés pour écouter le compte rendu du message d’adieu du Maitre et pour entendre la nouvelle de son ascension. Marie, mère de Jésus, se trouvait dans ce groupe. Elle était retournée à Jérusalem avec Jean Zébédée au moment où les apôtres revenaient de leur récent séjour en Galilée. Peu après la Pentecôte, elle retourna chez Salomé à Bethsaïde. Jacques, frère de Jésus, était également présent à cette réunion, la première conférence de disciples convoquée après la fin de la carrière planétaire du Maitre. 193:6.2 Simon Pierre prit sur lui de parler au nom de ses compagnons apôtres et fit un rapport passionnant sur la dernière réunion des onze avec leur Maitre. Il décrivit d’une manière vraiment touchante l’adieu final du Maitre et sa disparition pour l’ascension. Jamais auparavant dans ce monde il n’y avait eu de réunion semblable ; cette première partie de la réunion dura un peu moins d’une heure. Pierre expliqua ensuite que les apôtres avaient décidé de choisir un successeur à Judas Iscariot, et qu’il y aurait une pause pour permettre aux apôtres de décider entre Matthias et Justus, les deux hommes dont la candidature à cette fonction avait été proposée. 193:6.3 Les onze apôtres descendirent alors au rez-de-chaussée où ils se mirent d’accord pour tirer au sort en vue de déterminer lequel de ces hommes deviendrait apôtre et servirait à la place de Judas. Le sort tomba sur Matthias, qui fut proclamé nouvel apôtre. Il fut dument installé dans sa charge, puis nommé trésorier. Mais Matthias ne joua qu’un rôle effacé dans les activités ultérieures des apôtres. 193:6.4 Peu après la Pentecôte, les jumeaux retournèrent chez eux en Galilée. Simon Zélotès se retira pendant quelque temps avant de repartir prêcher l’évangile. Thomas se fit du souci un peu moins longtemps, puis reprit son enseignement. Nathanael différa de plus en plus d’opinion avec Pierre qui tendait à prêcher à propos de Jésus au lieu de proclamer comme auparavant l’évangile du royaume. Vers le milieu du mois suivant, leur désaccord devint si aigu que Nathanael se retira et se rendit à Philadelphie pour rendre visite à Abner et Lazare. Après y être resté plus d’un an, il alla dans les pays situés au-delà de la Mésopotamie afin de prêcher l’évangile tel qu’il le comprenait. 193:6.5 Cela ne laissa que six apôtres, sur les douze originels, pour opérer sur la scène de la proclamation initiale de l’évangile à Jérusalem : Pierre, André, Jacques, Jean, Philippe et Matthieu. 193:6.6 Il était près de midi quand les apôtres remontèrent auprès de leurs compagnons dans la salle du haut et annoncèrent que Matthias avait été choisi comme nouvel apôtre. Ensuite, Pierre invita tous les croyants à se mettre en prière, et à prier en vue d’être prêts à recevoir le don de l’esprit que le Maitre avait promis d’envoyer. Fascicule 194. L’effusion de l’Esprit de Vérité 194:0.1 Vers une heure de l’après-midi, tandis que les cent-vingt croyants étaient en prière, ils se rendirent tous compte d’une étrange présence dans la salle. En même temps, tous ces disciples devinrent conscients d’un sentiment nouveau et profond de joie, de sécurité et de confiance spirituelles. Cette nouvelle conscience de force spirituelle fut immédiatement suivie d’une puissante impulsion à sortir pour proclamer publiquement l’évangile du royaume et la bonne nouvelle que Jésus était ressuscité d’entre les morts. 194:0.2 Pierre se leva et déclara que ce devait être la venue de l’Esprit de Vérité que le Maitre leur avait promis. Il leur proposa d’aller au temple commencer à proclamer la bonne nouvelle confiée à leurs soins, et tous firent ce que Pierre avait suggéré. 194:0.3 L’éducation de ces hommes leur avait bien appris que l’évangile qu’ils devaient prêcher était la paternité de Dieu et la filiation des hommes, mais, à ce moment précis d’extase spirituelle et de triomphe personnel, la meilleure et la plus grande nouvelle à laquelle ils pouvaient penser était le fait que le Maitre était ressuscité. Dotés d’un pouvoir d’en haut, ils allèrent donc prêcher l’heureuse nouvelle au peuple – le salut par Jésus – mais ils tombèrent involontairement dans l’erreur de substituer au message même de l’évangile certains faits associés à l’évangile. Pierre prit inconsciemment l’initiative de cette erreur, et d’autres le suivirent, jusqu’à Paul, qui créa une nouvelle religion fondée sur cette nouvelle version de la bonne nouvelle. 194:0.4 L’évangile du royaume est : le fait de la paternité de Dieu associé à la vérité qui en découle de la fraternité des hommes basée sur cette filiation. Le christianisme, tel qu’il s’est développé depuis ce jour, est : le fait de Dieu en tant que Père du Seigneur Jésus-Christ, associé à l’expérience de communion du croyant avec le Christ ressuscité et glorifié. 194:0.5 Il n’est pas étonnant que ces hommes imprégnés d’esprit aient saisi cette occasion d’exprimer leur sentiment de triomphe sur les forces qui avaient cherché à détruire leur Maitre et à mettre fin à l’influence de son enseignement. En un pareil moment, il leur était plus facile de se rappeler leur association personnelle avec Jésus et d’être passionnés par l’assurance que le Maitre vivait encore, que leur amitié avec lui n’avait pas pris fin et que l’esprit était vraiment venu sur eux précisément comme il le leur avait promis. 194:0.6 Ces croyants se sentirent soudainement transportés dans un autre monde, dans une nouvelle existence de joie, de puissance et de gloire. Le Maitre leur avait dit que le royaume viendrait avec puissance, et certains d’entre eux crurent commencer à discerner ce qu’il avait voulu dire. 194:0.7 Quand tout ceci est pris en considération, il est facile de comprendre comment ces hommes en arrivèrent à prêcher un nouvel évangile à propos de Jésus à la place de leur message initial de la paternité de Dieu et de la fraternité des hommes. 1. Le sermon de la Pentecôte 194:1.1 Les apôtres s’étaient cachés pendant quarante jours. Ce jour se trouvait être la fête juive de la Pentecôte, et des milliers de visiteurs de toutes les parties du monde séjournaient à Jérusalem. Bon nombre d’entre eux étaient arrivés pour cette fête, mais la majorité était restée dans la ville depuis la Pâque. Maintenant, ces apôtres effrayés réapparaissaient après leurs semaines de réclusion pour se montrer audacieusement dans le temple et commencer à y prêcher le nouveau message d’un Messie ressuscité. Et tous les disciples étaient également conscients d’avoir reçu un nouveau don spirituel de clairvoyance et de pouvoir. 194:1.2 Il était environ deux heures de l’après-midi lorsque, à l’endroit même où son Maitre avait enseigné pour la dernière fois dans le temple, Pierre se leva et prononça l’appel passionné qui aboutit à gagner près de deux-mille âmes. Le Maitre était parti, mais les apôtres découvrirent subitement que ce récit le concernant avait un grand pouvoir sur le peuple. Il est bien naturel qu’ils aient continué à proclamer ce qui justifiait leur ancienne dévotion à Jésus et, en même temps, contraignait les hommes à croire en lui. Six apôtres participèrent à cette réunion : Pierre, André, Jacques, Jean, Philippe et Matthieu. Ils parlèrent pendant plus d’une heure et demie et exprimèrent leurs messages en grec, en hébreu et en araméen ; ils prononcèrent même quelques paroles en d’autres langues dont ils avaient quelque notion. 194:1.3 Les chefs des Juifs furent stupéfaits de l’audace des apôtres, mais craignirent de les molester à cause du grand nombre de gens qui croyaient à leur récit. 194:1.4 Vers quatre heures et demie, plus de deux-mille nouveaux croyants descendirent avec les apôtres à la piscine de Siloé où Pierre, André, Jacques et Jean les baptisèrent au nom du Maitre. Il faisait nuit quand ils eurent achevé de baptiser cette multitude. 194:1.5 La Pentecôte était la grande fête du baptême où l’on admettait à la communauté des prosélytes de la porte, les Gentils qui désiraient servir Yahweh. Il était donc d’autant plus facile à un grand nombre de Juifs et de Gentils croyants de se faire baptiser ce jour-là. Ce faisant, ils ne rompaient en aucune manière avec la foi juive. Les croyants en Jésus formèrent même, pendant quelque temps, une secte interne du judaïsme. Tous, y compris les apôtres, restaient fidèles aux exigences essentielles du système cérémoniel juif. 2. La signification de la Pentecôte 194:2.1 Jésus vécut et enseigna sur terre un évangile qui dégagea l’homme de la superstition qu’il était un enfant du diable et l’éleva à la dignité de fils de Dieu par la foi. Ce message de Jésus, tel qu’il le prêcha et le vécut en son temps, résolvait efficacement les difficultés spirituelles de l’homme à l’époque où il fut énoncé. Et maintenant que le Maitre a personnellement quitté ce monde, il envoie à sa place l’Esprit de Vérité destiné à vivre dans l’homme et à reformuler le message de Jésus pour chaque nouvelle génération. Ainsi, chaque nouveau groupe de mortels apparaissant à la surface de la terre aura une nouvelle version mise à jour de l’évangile ; une illumination personnelle et une gouverne collective telle qu’elle se révélera être pour l’homme une solution efficace de ses difficultés spirituelles toujours nouvelles et variées. 194:2.2 Bien entendu, la première mission de cet esprit consiste à entretenir et à personnaliser la vérité, car c’est la compréhension de la vérité qui constitue la forme la plus élevée de la liberté humaine. Ensuite, cet esprit a pour dessein de détruire chez le croyant le sentiment d’être orphelin. Jésus ayant vécu parmi les hommes, tous les croyants éprouveraient un sentiment de solitude si l’Esprit de Vérité n’était pas venu habiter dans les cœurs humains. 194:2.3 L’effusion de l’esprit du Fils prépara efficacement le mental de tous les hommes normaux à l’effusion universelle subséquente de l’esprit du Père (l’Ajusteur) sur toute l’humanité. Dans un certain sens, l’Esprit de Vérité est à la fois l’esprit du Père Universel et celui du Fils Créateur. 194:2.4 Ne commettez pas l’erreur de compter acquérir la ferme conscience intellectuelle de l’Esprit de Vérité désormais répandu. L’esprit ne crée jamais une conscience de lui-même, mais seulement une conscience de Micaël, le Fils. Dès le commencement, Jésus enseigna que l’esprit ne parlerait pas de lui-même. La preuve de votre communion avec l’Esprit de Vérité ne se trouve donc pas dans votre conscience de cet esprit, mais plutôt dans votre expérience d’une communion accrue avec Micaël. 194:2.5 L’esprit vint aussi pour aider les hommes à se rappeler et à comprendre les paroles du Maitre, ainsi qu’à éclairer et réinterpréter sa vie sur terre. 194:2.6 Ensuite, l’Esprit de Vérité vint aider les croyants à témoigner des réalités des enseignements et de la vie de Jésus telle qu’il la vécut dans la chair, et telle qu’il la vit maintenant de nouveau et à nouveau dans chaque croyant des générations successives de fils de Dieu imprégnés de l’esprit. 194:2.7 Il apparait ainsi que l’Esprit de Vérité vient réellement pour conduire tous les croyants dans toute la vérité, pour les faire accéder à la connaissance grandissante de l’expérience de la conscience spirituelle vivante et croissante de la réalité de la filiation éternelle et ascendante avec Dieu. 194:2.8 Jésus vécut une vie qui est une révélation de l’homme soumis à la volonté du Père, et non un exemple que chacun doit essayer de suivre à la lettre. Sa vie dans la chair ainsi que sa mort sur la croix et sa résurrection ultérieure devinrent bientôt un nouvel évangile de la rançon ainsi payée pour racheter l’homme de l’emprise du malin – de la condamnation d’un Dieu offensé. Malgré tout, bien que l’évangile ait été ainsi très déformé, le fait subsiste que ce nouveau message à propos de Jésus comportait bien des vérités et des enseignements fondamentaux de son évangile initial du royaume. Tôt ou tard, ces vérités passées sous silence de la paternité de Dieu et de la fraternité des hommes émergeront pour transformer efficacement la civilisation de toute l’humanité. 194:2.9 Mais ces erreurs intellectuelles n’interfèrent en aucune manière avec les grands progrès des croyants en croissance d’esprit. En moins d’un mois après l’effusion de l’Esprit de Vérité, les apôtres firent individuellement plus de progrès spirituels que durant leurs quatre années, ou presque, d’association personnelle et affectueuse avec le Maitre. Cette substitution du fait de la résurrection de Jésus à la vérité de l’évangile sauveur de la filiation avec Dieu n’empêcha pas non plus, en quoi que ce soit, la diffusion rapide de leurs enseignements ; au contraire, le fait que le message de Jésus ait été apporté sous l’égide des nouveaux enseignements sur sa personne et sa résurrection parut faciliter grandement la prédication de la bonne nouvelle. 194:2.10 L’expression « baptême de l’esprit », qui fut si généralement employée vers cette époque, signifiait simplement la réception consciente de ce don de l’Esprit de Vérité et la récognition personnelle de ce nouveau pouvoir spirituel comme un accroissement de toutes les influences spirituelles précédemment ressenties par les âmes connaissant Dieu. 194:2.11 Depuis l’effusion de l’Esprit de Vérité, l’homme est sujet à l’enseignement et à la gouverne d’une triple dotation spirituelle : l’Esprit du Père, l’Ajusteur de Pensée ; l’esprit du Fils, l’Esprit de Vérité ; et l’esprit de l’Esprit, le Saint-Esprit. 194:2.12 Dans un sens, l’humanité est sujette à la double influence du septuple appel des influences spirituelles universelles. Les races primitives évolutionnaires de mortels subissent le contact progressif des sept esprits-mentaux adjuvats de l’Esprit-Mère de l’univers local. Ensuite, à mesure que l’homme progresse en s’élevant sur l’échelle de l’intelligence et de la perception spirituelle, sept influences supérieures d’esprit viennent en fin de compte planer au-dessus de lui et habiter en lui. Voici ces sept esprits des mondes en progrès : 194:2.13 1. L’esprit effusé du Père Universel – l’Ajusteur de Pensée. 194:2.14 2. La présence en esprit du Fils Éternel – la gravité d’esprit de l’univers des univers et le chenal certain de toute communion spirituelle. 194:2.15 3. La présence en esprit de l’Esprit Infini – le mental-esprit universel de toute la création, la source spirituelle de la parenté intellectuelle de toutes les intelligences progressives. 194:2.16 4. L’esprit du Père Universel et du Fils Créateur – l’Esprit de Vérité, généralement considéré comme l’esprit du Fils de l’Univers. 194:2.17 5. L’esprit de l’Esprit Infini et de l’Esprit-Mère de l’Univers – le Saint-Esprit, généralement considéré comme l’esprit de l’Esprit de l’Univers. 194:2.18 6. L’esprit-mental de l’Esprit-Mère de l’Univers – les sept esprits-mentaux adjuvats de l’univers local. 194:2.19 7. L’esprit du Père, des Fils et des Esprits – l’esprit au nouveau nom des mortels ascendeurs des royaumes après la fusion de l’âme humaine née d’esprit avec l’Ajusteur de Pensée du Paradis, et après que ces ascendeurs auront atteint ultérieurement la divinité et la glorification du statut du Corps Paradisiaque de la Finalité. 194:2.20 C’est ainsi que l’effusion de l’Esprit de Vérité apporta au monde et à ses peuples la dernière dotation d’esprit destinée à les aider dans la recherche ascendante de Dieu. 3. Ce qui se passa à la Pentecôte 194:3.1 Beaucoup d’enseignements bizarres et étranges furent associés aux récits initiaux du jour de la Pentecôte. Dans les temps qui suivirent, les évènements de ce jour où l’Esprit de Vérité, le nouvel instructeur, vint habiter parmi les hommes, ont été confondus avec les stupides débordements d’un sentimentalisme exacerbé. La principale mission de cet esprit, répandu par le Père et le Fils, consiste à enseigner aux hommes les vérités sur l’amour du Père et la miséricorde du Fils. Ce sont là les vérités de divinité que les hommes peuvent comprendre plus complètement que tous les autres traits de caractère divin. L’Esprit de Vérité cherche en premier lieu à révéler la nature spirituelle du Père et le caractère moral du Fils. Le Fils Créateur, dans la chair, a révélé Dieu aux hommes ; l’Esprit de Vérité, dans le cœur, révèle le Fils Créateur aux hommes. Quand un homme produit dans sa vie les « fruits de l’esprit », il exprime simplement les traits de caractère que le Maitre a manifestés dans sa propre vie terrestre. Quand Jésus était sur terre, il a vécu sa vie comme une personnalité indivise – Jésus de Nazareth. En tant qu’esprit intérieur du « nouvel instructeur », depuis la Pentecôte, le Maitre a pu vivre sa vie à nouveau dans l’expérience de tout croyant instruit de la vérité. 194:3.2 Bien des évènements qui surviennent au cours d’une vie humaine sont difficiles à comprendre et à concilier avec l’idée que nous habitons un univers dans lequel la vérité prévaut et la droiture triomphe. Il apparait trop souvent que la calomnie, le mensonge, la malhonnêteté et l’injustice – le péché – ont le dessus. Après tout, la foi triomphe-t-elle du mal, du péché et de l’iniquité ? La réponse est affirmative ; la vie et la mort de Jésus sont la preuve éternelle que la vérité de la bonté et la foi des créatures dirigées par l’esprit seront toujours justifiées. Des spectateurs se gaussèrent de Jésus sur la croix en disant : « Voyons si Dieu va venir le délivrer. » Le jour de la crucifixion parut sombre, mais le matin de la résurrection fut glorieusement clair, et le jour de la Pentecôte fut encore plus brillant et joyeux. Les religions de désespoir pessimiste cherchent à se libérer des fardeaux de la vie ; elles souhaitent ardemment l’anéantissement dans un sommeil et un repos sans fin. Ce sont les religions de la peur et de la crainte primitives. La religion de Jésus est un nouvel évangile de foi à proclamer à l’humanité qui se débat. Cette religion nouvelle est fondée sur la foi, l’espérance et l’amour. 194:3.3 La vie de mortel avait porté à Jésus ses coups les plus durs, les plus cruels et les plus sévères ; et cet homme avait fait face à ces situations désespérantes avec foi et courage, et avec la détermination inébranlable de faire la volonté de son Père. Jésus affronta la vie dans toute sa terrible réalité, et la maitrisa – même jusque dans la mort. Il ne se servit pas de la religion pour se libérer de la vie. La religion de Jésus ne cherche pas à échapper à cette vie pour jouir d’une félicité qui vous attend dans une autre existence. La religion de Jésus procure la joie et la paix d’une nouvelle existence spirituelle qui rehausse et ennoblit la vie que les hommes vivent actuellement dans la chair. 194:3.4 Si une religion est un opium pour le peuple, elle n’est pas la religion de Jésus. Sur la croix, il refusa de boire le narcotique. Son esprit, répandu sur toute chair, est une puissante influence mondiale qui élève l’homme et le pousse à progresser. L’impulsion vers le progrès spirituel est la force motrice la plus puissante présente dans le monde. Les croyants qui apprennent la vérité sont les seules âmes progressives et dynamiques sur terre. 194:3.5 Le jour de la Pentecôte, la religion de Jésus rompit toutes les restrictions nationales et entraves raciales. Il est éternellement vrai que « là où se trouve l’esprit du Seigneur, là est la liberté ». Ce jour-là, l’Esprit de Vérité devint le don personnel du Maitre à chaque mortel. Cet esprit fut effusé afin de qualifier les croyants pour prêcher plus efficacement l’évangile du royaume, mais ils commirent l’erreur de prendre l’expérience de recevoir l’esprit ainsi répandu pour une partie du nouvel évangile qu’inconsciemment ils formulaient. 194:3.6 Tenez compte du fait que l’Esprit de Vérité fut effusé sur tous les croyants sincères, et que les apôtres ne furent pas les seuls bénéficiaires de ce don de l’esprit. Les cent-vingt hommes et femmes assemblés dans la salle du haut reçurent tous le nouvel instructeur, aussi bien que tous les cœurs honnêtes du monde entier. Ce nouvel instructeur fut effusé sur l’humanité, et chaque âme le reçut selon son propre amour de la vérité et sa propre aptitude à saisir et à comprendre les réalités spirituelles. Enfin, la vraie religion est libérée de l’emprise des prêtres et de toutes les classes sacrées, et trouve sa manifestation réelle dans l’âme individuelle des hommes. 194:3.7 La religion de Jésus encourage le type le plus élevé de civilisation humaine, en ce sens qu’elle crée le type le plus élevé de personnalité spirituelle et proclame le caractère sacré de cette personne. 194:3.8 La venue de l’Esprit de Vérité à la Pentecôte rendit possible une religion qui n’est ni radicale ni conservatrice ; elle n’est ni l’ancienne, ni la nouvelle ; elle ne doit être dominée ni par les vieux ni par les jeunes. Le fait de la vie terrestre de Jésus fournit un point d’appui pour l’ancre du temps, tandis que l’effusion de l’Esprit de Vérité assure l’expansion perpétuelle et la croissance indéfinie de la religion que Jésus a vécue et de l’évangile qu’il a proclamé. L’esprit guide dans toute la vérité. Il enseigne l’expansion et la croissance constantes d’une religion de progrès sans fin et de révélation divine. Ce nouvel instructeur dévoilera perpétuellement aux croyants cherchant la vérité ce qui était si divinement contenu dans la personne et la nature du Fils de l’Homme. 194:3.9 Les manifestations associées à l’effusion du « nouvel instructeur » et l’accueil fait aux sermons des apôtres par les hommes des diverses races et nations, réunis à Jérusalem, dénotent l’universalité de la religion de Jésus. L’évangile du royaume ne devait être identifié avec aucune race, culture ou langue particulière. Le jour de la Pentecôte marqua le grand effort de l’esprit pour libérer la religion de Jésus des entraves juives dont elle avait hérité. Même après cette démonstration où l’esprit fut répandu sur toute chair, les apôtres s’efforcèrent d’abord d’imposer à tous leurs convertis les exigences du judaïsme. Paul lui-même eut des difficultés avec ses frères de Jérusalem parce qu’il refusait de soumettre les Gentils à ces pratiques juives. Nulle religion révélée ne peut se répandre dans le monde entier si elle commet la grave erreur de se laisser imprégner par une culture nationale, ou associer à des pratiques raciales, économiques ou sociales déjà établies. 194:3.10 L’effusion de l’Esprit de Vérité fut indépendante de toute forme, cérémonie, lieu sacré et comportement spécial de ceux qui reçurent la plénitude de sa manifestation. Au moment où l’esprit vint sur les personnes assemblées dans la salle du haut, elles étaient simplement assises là et venaient de se plonger dans une prière silencieuse. L’esprit fut effusé à la campagne aussi bien qu’à la ville. Il n’était pas nécessaire pour les apôtres de se retirer dans la solitude pendant des années de méditation solitaire afin de recevoir l’esprit. La Pentecôte dissocie à jamais l’idée d’expérience spirituelle de la notion d’un environnement spécialement favorable. 194:3.11 La Pentecôte, avec sa dotation spirituelle, était destinée à détacher pour toujours la religion du Maitre de toute subordination à la force physique. Les éducateurs de cette nouvelle religion sont désormais munis d’armes spirituelles ; ils doivent partir à la conquête du monde avec une indulgence qui ne se dément jamais, une bonne volonté incomparable et un amour abondant. Ils sont équipés pour triompher du mal par le bien, pour vaincre la haine par l’amour, pour anéantir la peur avec une foi vivante et courageuse dans la vérité. Jésus avait déjà enseigné à ceux qui le suivaient que sa religion n’était jamais passive ; ses disciples devaient toujours être actifs et positifs dans leur ministère de miséricorde et dans leurs manifestations d’amour. Ces croyants ne regardaient plus Yahweh comme « le Seigneur des Armées ». Ils considéraient maintenant la Déité éternelle comme le « Dieu et Père du Seigneur Jésus-Christ ». Ils firent au moins ce progrès-là, même si, dans une certaine mesure, ils n’arrivèrent pas à comprendre totalement la vérité que Dieu est aussi le Père spirituel de chaque individu. 194:3.12 La Pentecôte dota l’homme mortel du pouvoir de pardonner les blessures personnelles, de supporter avec douceur les pires injustices, de rester impassible en face de dangers effrayants et de défier les maux de la haine et de la colère par des actes intrépides d’amour et de longanimité. Au cours de son histoire, Urantia a subi les ravages de grandes guerres dévastatrices. Tous les participants à ces conflits terribles ont rencontré la défaite. Il n’est resté qu’un seul vainqueur, un seul rescapé de ces luttes acharnées, ayant accru sa renommée – Jésus de Nazareth avec son évangile de triomphe sur le mal par le bien. Le secret d’une meilleure civilisation est inclus dans les enseignements du Maitre sur la fraternité des hommes, la bonne volonté de l’amour et de la confiance mutuelle. 194:3.13 Jusqu’à la Pentecôte, la religion n’avait révélé que l’homme à la recherche de Dieu ; depuis la Pentecôte, l’homme recherche encore Dieu, mais on voit aussi briller sur le monde le spectacle de Dieu recherchant l’homme et envoyant son esprit demeurer en lui quand il l’a trouvé. 194:3.14 Avant les enseignements de Jésus, qui atteignirent leur apogée à la Pentecôte, les femmes n’étaient que peu ou pas du tout considérées du point de vue spirituel dans les doctrines des anciennes religions. Après la Pentecôte et dans la fraternité du royaume, la femme se trouva devant Dieu sur un pied d’égalité avec l’homme. Parmi les cent-vingt personnes qui reçurent cette visitation spéciale de l’esprit, se trouvaient beaucoup de femmes disciples qui eurent, dans ces bénédictions, une part égale à celle des croyants masculins. Les hommes ne peuvent plus prétendre monopoliser le ministère du service religieux. Les pharisiens pouvaient continuer à remercier Dieu de n’être pas « nés femmes, lépreux ou Gentils », mais, parmi les fidèles de Jésus, les femmes ont été définitivement libérées de toute discrimination religieuse basée sur le sexe. La Pentecôte a effacé toute séparation religieuse fondée sur des distinctions raciales, des différences culturelles, des castes sociales ou des préjugés concernant le sexe. Il n’est pas surprenant que ces croyants à la nouvelle religion se soient écriés : « Là où se trouve l’esprit du Seigneur, là est la liberté. » 194:3.15 La mère et un frère de Jésus se trouvaient tous deux parmi les cent-vingt croyants. En tant que membres de ce groupe commun de disciples, ils reçurent également l’esprit répandu. Ils ne reçurent pas de ce don béni une plus grande part que leurs compagnons. Aucun don spécial ne fut conféré aux membres de la famille terrestre de Jésus. La Pentecôte marqua la fin des prêtrises spéciales et de toute croyance à des familles sacrées. 194:3.16 Avant la Pentecôte, les apôtres avaient renoncé à bien des choses pour Jésus. Ils avaient sacrifié leur foyer, leur famille, leurs amis, leurs biens terrestres et leur situation. Lors de la Pentecôte, ils se donnèrent à Dieu, et le Père et le Fils répondirent en se donnant eux-mêmes aux hommes – en envoyant leurs esprits vivre dans les hommes. Cette expérience consistant à perdre le moi et à trouver l’esprit ne fut pas une expérience émotionnelle ; elle fut un acte de reddition intelligente du moi et de consécration sans réserve. 194:3.17 La Pentecôte fut l’appel à l’unité spirituelle parmi les croyants à l’évangile. Quand l’esprit descendit sur les disciples à Jérusalem, la même chose se produisit à Philadelphie, à Alexandrie et en tous les autres lieux où demeuraient des croyants sincères. Il fut littéralement vrai « qu’il n’y avait qu’un seul cœur et une seule âme parmi la multitude des croyants ». La religion de Jésus est la plus puissante influence unificatrice que le monde ait jamais connue. 194:3.18 La Pentecôte était destinée à diminuer l’outrecuidance d’individus, de groupes, de nations et de races – cet esprit d’outrecuidance dont la tension croit au point qu’il se déchaine périodiquement en guerres dévastatrices. Seule une approche spirituelle peut unifier l’humanité, et l’Esprit de Vérité est une influence mondiale universelle. 194:3.19 La venue de l’Esprit de vérité purifie le cœur humain et conduit ses bénéficiaires à formuler un but de vie unifié avec la volonté de Dieu et le bien-être des hommes. L’esprit d’égoïsme matériel a été englouti dans ce nouveau don spirituel d’altruisme. La Pentecôte, à cette époque comme maintenant, signifie que le Jésus historique est devenu le Fils divin d’expérience vivante. Quand la joie de cet esprit répandu est éprouvée consciemment dans la vie humaine, elle est un tonique pour la santé, un stimulant pour le mental et une énergie inépuisable pour l’âme. 194:3.20 Ce n’est pas la prière qui fit descendre l’esprit le jour de la Pentecôte, mais elle contribua beaucoup à déterminer la capacité réceptive qui caractérisa les croyants individuels. La prière n’incite pas le cœur divin à s’effuser libéralement, mais bien souvent la prière creuse des chenaux plus larges et plus profonds par lesquels les dons divins peuvent affluer vers le cœur et l’âme de ceux qui se souviennent ainsi de maintenir, par la prière sincère et la véritable adoration, une communion ininterrompue avec leur Auteur. 4. Les débuts de l’Église chrétienne 194:4.1 Quand les ennemis de Jésus s’emparèrent aussi soudainement de lui et le crucifièrent si rapidement entre deux voleurs, ses apôtres et ses disciples furent complètement démoralisés. La pensée que le Maitre avait été arrêté, lié, flagellé et crucifié était plus que ne pouvaient supporter les apôtres eux-mêmes. Ils oublièrent ses enseignements et ses avertissements. Jésus pouvait bien avoir été « un prophète puissant en paroles et en œuvres devant Dieu et tout le peuple », mais il ne pouvait guère être le Messie dont ils avaient espéré qu’il restaurerait le royaume d’Israël. 194:4.2 Vient alors la résurrection qui délivre les apôtres du désespoir et rétablit leur foi dans la divinité du Maitre. À maintes reprises, ils le voient et lui parlent, et il les emmène sur le mont Olivet où il leur dit adieu et leur annonce qu’il retourne auprès du Père. Il leur a recommandé de demeurer à Jérusalem jusqu’à ce qu’ils soient dotés de pouvoir – jusqu’à ce que vienne l’Esprit de Vérité. Et, le jour de la Pentecôte, ce nouvel instructeur arrive, et les apôtres sortent immédiatement pour prêcher leur évangile avec une nouvelle puissance. Ils sont les disciples audacieux et courageux d’un Seigneur vivant, et non d’un chef défunt et vaincu. Le Maitre vit dans le cœur de ces évangélistes. Dieu n’est plus une doctrine dans leur mental ; il est devenu une présence vivante dans leur âme. 194:4.3 « Jour après jour, ils persévéraient d’un commun accord dans le temple et rompaient le pain à la maison. Ils prenaient leur nourriture avec joie et unité de cœur, louant Dieu et ayant la faveur de tout le peuple. Ils étaient tous remplis de l’esprit et proclamaient la parole de Dieu avec audace. Et la foule des croyants n’avait qu’un cœur et qu’une âme ; aucun d’eux ne disait que les biens qu’il possédait lui appartenaient en propre, et ils avaient toutes choses en commun. » 194:4.4 Qu’est-il arrivé à ces hommes que Jésus a ordonnés pour aller prêcher l’évangile du royaume, la paternité de Dieu et la fraternité des hommes ? Ils ont un nouvel évangile ; ils brulent d’une nouvelle expérience ; ils sont pleins d’une nouvelle énergie spirituelle. Leur message a soudain changé pour devenir la proclamation du Christ ressuscité : « Jésus de Nazareth, cet homme que Dieu approuva par des œuvres puissantes et des prodiges, qui a été livré conformément au conseil précis et selon la préconnaissance de Dieu, vous l’avez crucifié et fait périr. Il a ainsi accompli les choses que Dieu avait annoncées longtemps d’avance par la bouche de tous les prophètes. C’est ce Jésus que Dieu a ressuscité. Dieu l’a fait à la fois Seigneur et Christ. Ayant été élevé à la droite de Dieu, et ayant reçu du Père la promesse de l’esprit, il a répandu ce que vous voyez et entendez. Repentez-vous, pour que vos péchés puissent être effacés, pour que le Père puisse envoyer le Christ, qui a été désigné pour vous, Jésus lui-même, que les cieux doivent recevoir jusqu’au jour du rétablissement de toutes choses. » 194:4.5 L’évangile du royaume, le message de Jésus, venait d’être changé subitement en évangile du Seigneur Jésus-Christ. Les apôtres proclamaient maintenant les faits de sa vie, de sa mort et de sa résurrection, et prêchaient l’espoir qu’il reviendrait rapidement sur ce monde pour achever l’œuvre qu’il avait commencée. Le message des premiers croyants concernait donc la prédication au sujet des faits de sa première venue et l’enseignement de l’espérance de sa seconde venue, évènement qu’ils estimaient devoir survenir à très bref délai. 194:4.6 Le Christ allait devenir le crédo de l’Église qui se formait rapidement : Jésus est vivant ; il est mort pour les hommes ; il a donné l’esprit ; il revient. Jésus remplissait toutes les pensées des disciples et déterminait tous leurs nouveaux concepts sur Dieu et sur tout le reste. Ils étaient trop enthousiastes de la nouvelle doctrine où « Dieu est le Père du Seigneur Jésus » pour se soucier de l’ancien message où « Dieu est le Père aimant de tous les hommes », et même de chaque personne prise individuellement. Il est vrai qu’une merveilleuse manifestation d’amour fraternel et de bonne volonté sans pareille prit naissance dans ces communautés primitives de croyants, mais elles représentaient des communautés de croyants en Jésus, et non une communauté de frères dans le royaume familial du Père qui est aux cieux. Leur bonne volonté provenait de l’amour né du concept de l’effusion de Jésus, et non de la récognition de la fraternité des mortels. Néanmoins, leurs membres étaient remplis de joie et vivaient une vie si nouvelle et si exceptionnelle que tous les hommes étaient attirés par leurs enseignements au sujet de Jésus. Ils commirent la grande erreur d’utiliser le commentaire vivant et illustré de l’évangile du royaume au lieu de cet évangile lui-même, mais même cela représentait la plus grande religion que l’humanité ait connue jusqu’alors. 194:4.7 De toute évidence, une nouvelle communauté naissait dans le monde. « La multitude qui croyait persévérait dans la doctrine et la communion des apôtres, rompant le pain et priant. » Ils s’appelaient les uns les autres frère et sœur ; ils se saluaient d’un saint baiser ; ils soignaient les pauvres. C’était une communauté de vie aussi bien que d’adoration ; elle ne résultait pas d’un décret, mais du désir de partager leurs biens avec leurs compagnons croyants. Ils espéraient avec confiance que, durant leur génération, Jésus reviendrait parachever l’établissement du royaume du Père. Ce partage spontané des possessions terrestres n’était pas une caractéristique directe de l’enseignement de Jésus ; il résulta de la sincérité et de la confiance avec laquelle ces hommes et ces femmes croyaient que le Maitre allait revenir incessamment pour achever son œuvre et instaurer le royaume. Mais les résultats finals de cette expérience bien intentionnée d’amour fraternel inconsidéré furent désastreux et générateurs de chagrins. Des milliers de croyants sincères vendirent leurs propriétés et distribuèrent tous leurs capitaux et autres actifs rentables. Avec le temps, les ressources du « partage égal » chrétien s’amenuisèrent et finirent par s’épuiser – mais la vie continuait. Au bout de très peu de temps, les croyants d’Antioche firent des collectes pour empêcher leurs coreligionnaires de Jérusalem de mourir de faim. 194:4.8 À cette époque, les croyants célébraient le souper du Seigneur de la manière dont il avait été établi, c’est-à-dire qu’ils se rassemblaient pour un repas collectif de bonne communion et prenaient part au sacrement à la fin du repas. 194:4.9 Au début, ils baptisèrent au nom de Jésus ; c’est seulement au bout d’une vingtaine d’années qu’ils commencèrent à baptiser « au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ». On n’exigeait rien d’autre que le baptême pour l’admission à la communauté des croyants ; celle-ci n’avait pas encore d’organisation ; elle était simplement la fraternité de Jésus. 194:4.10 Cette secte de Jésus grandissait rapidement et, une fois de plus, les sadducéens leur prêtèrent attention. Les pharisiens s’inquiétaient peu de la situation, voyant qu’aucun des enseignements n’interférait en quoi que ce soit avec l’observance des lois juives. Mais les sadducéens commencèrent à mettre en prison les dirigeants de la secte de Jésus, jusqu’au moment où Gamaliel, l’un des principaux rabbis, les amena à accepter ses recommandations : « Abstenez-vous de toucher à ces hommes et laissez-les tranquilles, car, si ce dessein ou cette œuvre vient des hommes, il sera anéanti ; mais, s’il vient de Dieu, vous ne pourrez pas les détruire, et peut-être même vous trouverez-vous en conflit avec Dieu. » Les sadducéens décidèrent de suivre l’avis de Gamaliel, et il s’ensuivit une période de paix et de tranquillité à Jérusalem, durant laquelle le nouvel évangile à propos de Jésus se répandit rapidement. 194:4.11 Tout se passa donc bien à Jérusalem jusqu’au moment où des Grecs arrivèrent en grand nombre d’Alexandrie. Deux élèves de Rodan vinrent à Jérusalem et firent de nombreuses conversions chez les Hellénistes. Parmi les premiers se trouvaient Étienne et Barnabas. Ces Grecs compétents ne partageaient pas tellement le point de vue des Juifs, et ne se conformaient pas si bien au mode d’adoration des Juifs ni à certaines de leurs pratiques cérémonielles. Ce furent les agissements de ces croyants grecs qui mirent fin aux rapports pacifiques entre la fraternité de Jésus d’une part, et les pharisiens et sadducéens d’autre part. Étienne et son associé grec commencèrent à faire des sermons plus conformes à l’enseignement de Jésus, ce qui provoqua un conflit immédiat avec les dirigeants juifs. Au cours d’un sermon public, quand Étienne atteignit la partie de son discours jugée répréhensible, ils se dispensèrent de toute formalité juridique et le lapidèrent à mort sur place. 194:4.12 Étienne, chef de la colonie grecque des croyants en Jésus à Jérusalem, devint ainsi le premier martyr de la foi nouvelle et la cause spécifique de l’organisation officielle de l’Église chrétienne primitive. Les croyants firent face à cette nouvelle crise en constatant qu’ils ne pouvaient plus prolonger leur statut de secte intérieure de la foi juive. Ils convinrent tous qu’il fallait se séparer des incroyants. Un mois après la mort d’Étienne, l’Église de Jérusalem avait été organisée sous la direction de Pierre, et Jacques, le frère de Jésus, en avait été nommé chef titulaire. 194:4.13 Alors éclatèrent les nouvelles et implacables persécutions par les Juifs, de sorte que les éducateurs actifs de la nouvelle religion à propos de Jésus, religion que l’on appela ultérieurement christianisme à Antioche, se dispersèrent jusqu’aux confins de l’empire en proclamant Jésus. Avant l’époque de Paul, ce furent donc des Grecs qui dirigèrent la diffusion du message. Ces premiers missionnaires, ainsi d’ailleurs que les suivants, reprirent l’itinéraire autrefois suivi par Alexandre, allant à Antioche par Gaza et Tyr, et de là en Macédoine par l’Asie Mineure, puis à Rome et dans les parties les plus lointaines de l’empire. Fascicule 195. Après la Pentecôte 195:0.1 Les résultats de la prédication de Pierre, le jour de la Pentecôte, eurent une influence décisive sur la politique future et les plans de la majorité des apôtres dans leurs efforts pour proclamer l’évangile du royaume. Pierre fut le véritable fondateur de l’Église chrétienne ; Paul apporta le message chrétien aux Gentils et les croyants grecs le propagèrent dans tout l’empire romain. 195:0.2 Liés par la tradition et tyrannisés par les prêtres, les Hébreux, en tant que peuple, refusèrent d’accepter soit l’évangile de Jésus sur la paternité de Dieu et la fraternité des hommes, soit la proclamation de Pierre et de Paul sur la résurrection et l’ascension du Christ (le christianisme ultérieur) ; par contre, le reste de l’empire romain fut réceptif aux enseignements chrétiens en évolution. À cette époque, la civilisation occidentale était intellectuelle, fatiguée de la guerre et complètement sceptique sur toutes les religions existantes et les philosophies universelles. Les peuples du monde occidental, bénéficiaires de la culture grecque, avaient une tradition révérée d’un grand passé. Ils pouvaient contempler un héritage de grands accomplissements en philosophie, en art, en littérature et en progrès politiques. Mais, malgré tous ces accomplissements, ils n’avaient pas de religion satisfaisante pour l’âme. Leurs profonds désirs spirituels restaient insatisfaits. 195:0.3 C’est sur une telle scène de la société humaine que les enseignements de Jésus contenus dans le message chrétien furent soudainement projetés. Un nouvel ordre de vie fut ainsi présenté aux cœurs affamés de ces peuples occidentaux. Cette situation impliquait un conflit immédiat entre les anciennes pratiques religieuses et la nouvelle version christianisée du message de Jésus au monde. Ce conflit devait se terminer soit par une nette victoire des anciennes ou des nouvelles croyances, soit par une sorte de compromis. L’histoire montre que la lutte se termina par un compromis. Le christianisme eut l’ambition d’embrasser un programme trop étendu pour qu’un peuple quelconque puisse l’assimiler dans l’espace d’une ou deux générations. Ce programme n’était pas un simple appel spirituel tel que Jésus l’avait présenté à l’âme des hommes. De bonne heure, le christianisme prit nettement position sur les rituels religieux, l’éducation, la magie, la médecine, l’art, la littérature, la loi, le gouvernement, la morale, la règlementation sexuelle, la polygamie et même, dans une mesure limitée, sur l’esclavage. Le christianisme n’émergea pas simplement comme une nouvelle religion – chose que tout l’empire romain et tout l’Orient attendaient – mais comme un nouvel ordre de la société humaine. Alors, très vite cette prétention précipita le conflit sociomoral des âges. Les idéaux de Jésus, tels qu’ils furent réinterprétés par la philosophie grecque et socialisés dans le christianisme, défiaient maintenant audacieusement les traditions de la race humaine incorporés dans l’éthique, la moralité et les religions de la civilisation occidentale. 195:0.4 Au début, le christianisme ne fit de conversions que dans les couches inférieures des milieux sociaux et économiques. Mais, dès le commencement du deuxième siècle, l’élite de la culture gréco-romaine s’orienta de plus en plus vers ce nouvel ordre de croyance chrétienne, ce nouveau concept de la raison de vivre et du but de l’existence. 195:0.5 Comment ce nouveau message d’origine juive, qui avait presque échoué dans son pays natal, put-il capter si vite et si efficacement le mental des élites de l’Empire romain ? Le triomphe du christianisme sur les religions philosophiques et les cultes des mystères fut dû aux facteurs suivants : 195:0.6 1. L’organisation – Paul était un grand organisateur, et ses successeurs restèrent à sa hauteur. 195:0.7 2. Le christianisme était complètement hellénisé. Il englobait ce qu’il y avait de meilleur dans la philosophie grecque et dans la théologie hébraïque. 195:0.8 3. Mais, mieux que tout, il contenait un nouvel et grand idéal, l’écho de la vie d’effusion de Jésus et le reflet de son message de salut pour toute l’humanité. 195:0.9 4. Les dirigeants chrétiens étaient disposés à faire, avec le mithracisme, les compromis nécessaires pour que plus de la moitié de ses adhérents soient gagnés au culte d’Antioche. 195:0.10 5. De même, la génération suivante et les générations subséquentes de dirigeants chrétiens firent encore de tels compromis avec le paganisme que même l’empereur romain Constantin fut gagné à la nouvelle religion. 195:0.11 Toutefois, les chrétiens conclurent un marché judicieux avec les païens, en ce sens qu’ils adoptèrent l’apparat du rituel païen tout en obligeant les païens à accepter la version hellénisée du christianisme paulinien. Ils transigèrent plus heureusement avec le paganisme qu’avec le culte mithriaque, mais, même dans ce compromis initial, ils sortirent plus que vainqueurs, en ce sens qu’ils réussirent à éliminer les grossières immoralités ainsi que nombre d’autres pratiques répréhensibles des mystères persans. 195:0.12 À tort ou à raison, les premiers dirigeants du christianisme compromirent délibérément les idéaux de Jésus dans un effort pour sauver et propager beaucoup de ses idées. Et ils remportèrent de grands succès. Mais ne vous y trompez pas ! Les idéaux compromis du Maitre restent latents dans son évangile et finiront par affirmer leurs pleins pouvoirs sur le monde. 195:0.13 Par cette paganisation du christianisme, l’ancien ordre de choses gagna nombre de victoires mineures de nature ritualiste, mais les chrétiens prirent l’ascendant en ce sens que : 195:0.14 1. Ils firent résonner dans la morale humaine une nouvelle note d’un diapason infiniment plus élevé. 195:0.15 2. Ils donnèrent au monde un nouveau concept considérablement élargi de Dieu. 195:0.16 3. L’espoir de l’immortalité devint une partie de l’assurance d’une religion reconnue. 195:0.17 4. Jésus de Nazareth fut offert à l’âme affamée des hommes. 195:0.18 Des grandes vérités enseignées par Jésus, beaucoup furent presque perdues dans les premiers compromis, mais elles sommeillent encore dans cette religion de christianisme paganisé, qui était elle-même la version paulinienne de la vie et des enseignements du Fils de l’Homme. Même avant d’être paganisé, le christianisme fut d’abord complètement hellénisé. Le christianisme a une dette, une très grande dette envers les Grecs. Ce fut un Grec d’Égypte qui se dressa si courageusement à Nicée et mit l’assemblée au défi avec tant d’intrépidité que le concile n’osa pas obscurcir le concept de la nature de Jésus au point de risquer de faire perdre au monde la vérité concernant son effusion. Ce Grec s’appelait Athanase. Sans l’éloquence et la logique de ce croyant, les opinions persuasives d’Arius auraient triomphé. 1. Influence des Grecs 195:1.1 L’hellénisation du christianisme commença réellement le jour mémorable où l’apôtre Paul se présenta devant le conseil de l’aréopage d’Athènes et parla aux Athéniens du « Dieu inconnu ». Là, à l’ombre de l’Acropole, ce citoyen romain proclama aux Grecs sa version de la nouvelle religion qui avait pris naissance dans le pays juif de Galilée. La philosophie grecque et nombre d’enseignements de Jésus présentaient d’étranges similitudes. Ils avaient un but commun – tous deux visaient à l’émergence de l’individu ; les Grecs, à son émergence sociale et politique ; Jésus, à son émergence morale et spirituelle. Les Grecs enseignaient le libéralisme intellectuel conduisant à la liberté politique ; Jésus enseignait le libéralisme spirituel conduisant à la liberté religieuse. L’union de ces deux idées formait une nouvelle et puissante charte de la liberté humaine ; elle laissait présager la liberté sociale, politique et spirituelle de l’homme. 195:1.2 Le christianisme prit naissance et triompha de toutes les religions rivales pour deux raisons principales : 195:1.3 1. Le mental grec était disposé à emprunter de bonnes idées nouvelles, même aux Juifs. 195:1.4 2. Paul et ses successeurs étaient prêts à des compromis, mais à des compromis astucieux et sagaces ; ils étaient de fins négociateurs en matière de théologie. 195:1.5 Au moment où Paul se dressa à Athènes en prêchant « le Christ et le Christ crucifié », les Grecs étaient spirituellement affamés. Ils étaient investigateurs, intéressés et recherchaient effectivement la vérité spirituelle. N’oubliez jamais que les Romains commencèrent par combattre le christianisme, tandis que les Grecs l’embrassèrent, et ce furent les Grecs qui, ultérieurement, forcèrent littéralement les Romains à accepter cette nouvelle religion, sous sa forme modifiée, comme faisant partie de la culture grecque. 195:1.6 Les Grecs révéraient la beauté et les Juifs, la sainteté, mais les deux peuples aimaient la vérité. Durant des siècles, les Grecs avaient sérieusement médité et sincèrement discuté tous les problèmes humains – sociaux, économiques, politiques et philosophiques – sauf la religion. Rares étaient les Grecs qui avaient vraiment prêté attention à la religion ; ils ne prenaient même pas leur propre religion très au sérieux. Pendant des siècles, les Juifs avaient négligé les autres domaines de la pensée en consacrant leur attention à la religion. Ils prenaient leur religion très sérieusement, trop sérieusement même. Éclairé par le contenu du message de Jésus, le produit unifié des siècles de pensée de ces deux peuples devint alors le moteur d’un nouvel ordre social humain et, dans une certaine mesure, d’un nouvel ordre humain de croyances et de pratiques religieuses. 195:1.7 À l’époque où Alexandre répandit la philosophie hellénistique dans le Proche-Orient, l’influence de la culture grecque avait déjà pénétré les pays de la Méditerranée occidentale. Tant qu’ils habitèrent de petites cités-États, les Grecs eurent de bons résultats avec leur religion et leur politique, mais, quand le roi de Macédoine osa faire de la Grèce un empire s’étendant de l’Adriatique à l’Indus, les difficultés commencèrent. L’art et la philosophie de la Grèce étaient parfaitement à la hauteur de l’expansion impériale, mais on ne saurait en dire autant de son administration politique ni de sa religion. Après que les cités-États de Grèce se furent développées en un empire, leurs dieux plutôt paroissiaux semblèrent un peu bizarres. Les Grecs étaient vraiment à la recherche d’un Dieu unique, d’un Dieu plus grand et meilleur, lorsque la version christianisée de l’ancienne religion juive leur parvint. 195:1.8 En tant que tel, l’Empire hellénistique ne pouvait durer. Son emprise culturelle continua, mais ne subsista qu’après avoir acquis de l’Occident le génie politique romain pour l’administration d’un empire, et après avoir obtenu de l’Orient une religion dont le Dieu unique possédait une dignité impériale. 195:1.9 Au premier siècle après le Christ, la culture hellénistique avait déjà atteint son apogée ; sa régression avait commencé ; l’instruction augmentait, mais le génie déclinait. Ce fut à cette époque précise que les idées et idéaux de Jésus, partiellement incorporés dans le christianisme, devinrent une partie de la culture et de l’instruction grecques qui purent être sauvées. 195:1.10 Alexandre avait foncé sur l’Orient avec le don de la civilisation grecque ; Paul prit d’assaut l’Occident avec la version chrétienne de l’évangile de Jésus. Dans toutes les parties de l’Occident où la culture grecque prévalut, le christianisme hellénisé prit racine. 195:1.11 La version orientale du message de Jésus, bien qu’elle demeurât plus fidèle aux enseignements du Maitre, continua de suivre l’attitude intransigeante d’Abner. Elle ne progressa jamais comme la version hellénisée, et finit par se perdre dans le mouvement islamique. 2. L’influence romaine 195:2.1 Les Romains adoptèrent en bloc la culture grecque en substituant des gouvernements représentatifs aux gouvernements par tirage au sort. Ces changements ne tardèrent pas à favoriser le christianisme, en ce sens que Rome introduisit, dans tout le monde occidental, une tolérance nouvelle pour des langues, des populations et même des religions étrangères. 195:2.2 À Rome, une grande partie des premières persécutions contre les chrétiens fut motivée uniquement par l’emploi malencontreux du mot « royaume » dans leurs prédications. Les Romains toléraient toutes les religions et n’importe laquelle, mais ne supportaient rien de ce qui avait un air de rivalité politique. Aussi, quand ces premières persécutions religieuses – si largement dues à des malentendus – prirent fin, le champ de la propagande religieuse se trouva largement ouvert. Le Romain s’intéressait à l’administration politique ; il s’intéressait peu à l’art et à la religion, mais il était exceptionnellement tolérant pour les deux. 195:2.3 La loi orientale était sévère et arbitraire ; la loi grecque était fluide et artistique ; la loi romaine avait de la dignité et imposait le respect. L’éducation romaine engendrait une fidélité incomparable et impassible. Les premiers Romains étaient des individus politiquement dévoués et sublimement consacrés. Ils étaient honnêtes, zélés et dévoués à leurs idéaux, mais sans religion digne de ce nom. Il n’est guère étonnant que leurs éducateurs grecs aient pu les persuader d’accepter le christianisme de Paul. 195:2.4 Et ces Romains étaient un grand peuple. Ils purent gouverner l’Occident parce qu’ils se gouvernaient eux-mêmes. Une telle honnêteté sans précédent, une telle consécration et une telle maitrise résolue de soi formaient un terrain idéal pour la réception et la croissance du christianisme. 195:2.5 Il était facile à ces Gréco-Romains de devenir tout aussi dévoués spirituellement à une Église institutionnelle qu’ils l’étaient politiquement à l’État. Les Romains ne combattirent l’Église qu’au moment où ils craignirent qu’elle ne fît concurrence à l’État. Ayant peu de philosophie nationale ou de culture indigène, Rome reprit à son compte la culture grecque et adopta hardiment l’enseignement du Christ comme philosophie morale. Le christianisme devint la culture morale de Rome, mais ne devint guère sa religion dans le sens d’une expérience individuelle de croissance spirituelle pour ceux qui embrassèrent la nouvelle religion d’une manière aussi globale. Il est vrai, en effet, qu’un bon nombre d’individus pénétrèrent sous la superficialité de toute cette religion d’État, et trouvèrent, pour nourrir leur âme, les vraies valeurs des significations cachées contenues dans les vérités latentes du christianisme hellénisé et paganisé. 195:2.6 Le stoïcien, et son vigoureux appel « à la nature et à la conscience », n’avait que mieux préparé tout Rome à recevoir le Christ, au moins dans un sens intellectuel. Le Romain était un juriste par nature et par éducation ; il révérait même les lois de la nature. Et maintenant, dans le christianisme, il discernait les lois de Dieu dans les lois de la nature. Un peuple qui pouvait produire un Cicéron et un Virgile était mûr pour le christianisme hellénisé de Paul. 195:2.7 C’est ainsi que ces Grecs romanisés forcèrent à la fois les juifs et les chrétiens à rendre philosophique leur religion, à en coordonner les idées, à rendre systématiques ses idéaux et à adapter les pratiques religieuses au courant de vie existant. Tout ceci fut immensément aidé par la traduction en grec des Écritures hébraïques et par la rédaction ultérieure en langue grecque du Nouveau Testament. 195:2.8 Contrairement aux Juifs et à de nombreux autres peuples, les Grecs avaient depuis longtemps cru provisoirement à l’immortalité, à une sorte de survie après la mort. Or, c’était l’essence de l’enseignement de Jésus ; il était donc certain que le christianisme exercerait sur eux un puissant attrait. 195:2.9 Une succession de victoires de la culture grecque et de la politique romaine avait consolidé les pays méditerranéens eu un seul empire, avec une seule langue et une seule culture, de sorte que le monde occidental était prêt pour un seul Dieu. Le judaïsme fournissait ce Dieu, mais le judaïsme en tant que religion était inacceptable pour les Grecs romanisés. Philon en aida quelques-uns à mitiger leurs objections, mais le christianisme leur révéla un concept encore meilleur d’un Dieu unique, et ils l’adoptèrent volontiers. 3. Sous l’empire romain 195:3.1 Après la consolidation de la souveraineté politique romaine et la propagation du christianisme, les chrétiens se trouvèrent avec un seul Dieu, un grand concept religieux, mais sans empire. Les Gréco-Romains se trouvèrent avec un grand empire, mais sans un Dieu qui puisse de manière satisfaisante servir de concept religieux pour le culte d’un empire et pour son unification spirituelle. Les chrétiens acceptèrent l’empire, et l’empire adopta le christianisme. Les Romains fournirent une unité de gouvernement politique, les Grecs, une unité de culture et d’instruction, et le christianisme, une unité de pensée et de pratique religieuses. 195:3.2 Rome triompha de la tradition du nationalisme par un universalisme impérial. Pour la première fois dans l’histoire, elle rendit possible à différentes races et nations d’accepter, au moins nominalement, une même religion. 195:3.3 Le christianisme gagna la faveur de Rome à un moment de lutte ardente entre les vigoureux enseignements des stoïciens et les promesses de salut du culte des mystères. Le christianisme apporta une consolation reposante et un pouvoir libérateur à un peuple spirituellement affamé, dont le langage ne comportait pas de mot signifiant « désintéressement ». 195:3.4 Le christianisme tira son plus grand pouvoir de la manière dont ses croyants vécurent une vie de service, et même de la manière dont ils moururent pour leur foi durant les premiers temps de persécutions rigoureuses. 195:3.5 L’enseignement concernant l’amour du Christ pour les enfants mit bientôt fin à la pratique généralisée d’exposer à la mort les enfants qui n’étaient pas désirés, et particulièrement les filles. 195:3.6 Les premières formes de culte chrétien furent largement copiées sur celles des synagogues juives, modifiées par le rituel mithriaque. Plus tard, on y ajouta beaucoup d’apparat païen. Les Grecs christianisés, prosélytes du judaïsme, formaient l’ossature de l’Église chrétienne primitive. 195:3.7 Le deuxième siècle après le Christ fut le meilleur temps de toute l’histoire du monde pour qu’une bonne religion puisse progresser dans le monde occidental. Durant le premier siècle, le christianisme s’était préparé, par des luttes et des compromis, à prendre racine et à se répandre rapidement. Le christianisme adopta l’empereur, et plus tard l’empereur adopta le christianisme. C’était une grande époque pour la diffusion d’une nouvelle religion. On jouissait de la liberté religieuse, les voyages étaient universels et la pensée ne subissait pas d’entraves. 195:3.8 L’élan spirituel donné par l’acceptation nominale du christianisme hellénisé atteignit Rome trop tard pour empêcher son déclin moral bien amorcé ou pour compenser sa dégénérescence raciale déjà bien établie et croissante. Cette nouvelle religion était une nécessité culturelle pour la Rome impériale, et il est extrêmement malheureux qu’elle ne soit pas devenue un moyen de salut spirituel dans un sens plus large. 195:3.9 Même une bonne religion ne put sauver un grand empire des résultats certains du manque de participation des individus aux affaires du gouvernement, d’un excès de paternalisme, d’impôts exagérés comportant des abus grossiers dans leur recouvrement, d’un commerce déséquilibré avec le Levant qui drainait l’or, de la folie des plaisirs, de la standardisation romaine, de l’état dégradant où était tenue la femme, de la décadence raciale et de l’esclavage, des calamités physiques et d’une Église d’État qui devint à tel point une institution qu’elle frisa la stérilité spirituelle. 195:3.10 Les conditions n’étaient cependant pas aussi mauvaises à Alexandrie. Les premières écoles conservèrent beaucoup d’enseignements de Jésus, libres de compromis. Pantène enseigna Clément, puis suivit Nathanael aux Indes en proclamant le Christ. Bien que certains idéaux de Jésus aient été sacrifiés pour bâtir le christianisme, il faut constater en toute équité que, vers la fin du deuxième siècle, la quasi-totalité des grands penseurs du monde gréco-romain était devenue chrétienne. Le triomphe approchait de son parachèvement. 195:3.11 Et cet empire romain dura suffisamment longtemps pour assurer la survie du christianisme même après son propre effondrement. Nous avons souvent cherché à imaginer ce qui serait arrivé à Rome et dans le monde si l’évangile du royaume avait été adopté à la place du christianisme grec. 4. Les âges de ténèbres en Europe 195:4.1 Auxiliaire de la société et alliée de la politique, l’Église était condamnée à partager le déclin intellectuel et spirituel de ce qu’on appelle les « âges de ténèbres » européens. Durant cette époque, la religion prit un caractère de plus en plus monastique, ascétique et règlementaire. Au sens spirituel, le christianisme était en hibernation. À côté de cette religion sommeillante et sécularisée, il exista, durant toute cette période, un courant continu de mysticisme, une expérience spirituelle fantastique frisant l’irréel et philosophiquement parente du panthéisme. 195:4.2 Durant ces sombres siècles de désespoir, la religion redevint pratiquement de seconde main. Les individus étaient à peu près perdus devant l’autorité, la tradition et la mainmise de l’Église qui s’étendait sur tout. Une nouvelle menace spirituelle s’éleva par la création d’une galaxie de « saints » censés avoir une influence spéciale auprès des tribunaux divins ; en conséquence, si l’on savait faire efficacement appel à eux, ils devaient pouvoir intercéder en faveur des hommes auprès des Dieux. 195:4.3 Tout en restant impuissant à barrer la route aux âges des ténèbres qui arrivaient, le christianisme était suffisamment socialisé et paganisé pour survivre d’autant mieux à une période prolongée de ténèbres morales et de stagnation spirituelle. Et il subsista bel et bien durant la longue nuit de la civilisation occidentale et agissait encore en tant qu’influence morale dans le monde à l’aurore de la Renaissance. Après l’écoulement des âges de ténèbres, la réhabilitation du christianisme eut pour résultat de faire naitre de nombreuses sectes d’enseignements chrétiens dont les croyances étaient adaptées à des types spéciaux – intellectuels, émotionnels et spirituels – de personnalités humaines. Beaucoup de ces collectivités chrétiennes spéciales, ou familles religieuses, subsistent encore à l’époque où nous effectuons cette présentation. 195:4.4 L’histoire montre que le christianisme est né de la transformation involontaire de la religion de Jésus en une religion à propos de Jésus. Elle montre aussi que le christianisme a subi l’hellénisation, la paganisation, la sécularisation, l’institutionnalisme, la dépravation intellectuelle, la décadence spirituelle, l’hibernation morale, les menaces d’extinction, la régénérescence ultérieure, la fragmentation et, plus récemment, une réhabilitation relative. Ce curriculum dénote une vitalité qui lui est inhérente et la possession d’immenses facultés de récupération. Et ce même christianisme est actuellement présent dans le monde civilisé des peuples occidentaux, faisant face à une lutte pour la vie encore plus inquiétante que les mémorables crises caractéristiques de ses anciennes batailles pour la domination. 195:4.5 La religion est aujourd’hui confrontée au défi d’un nouvel âge de mentalité scientifique et de tendances matérialistes. Dans ce gigantesque conflit entre le temporel et le spirituel, la religion de Jésus finira par triompher. 5. Le problème moderne 195:5.1 Le vingtième siècle a apporté, au christianisme et à toutes les autres religions, de nouveaux problèmes à résoudre. Plus une civilisation s’élève, plus s’impose aux hommes le devoir impérieux de « chercher d’abord les réalités célestes » dans tous leurs efforts pour stabiliser la société et faciliter la solution de ses problèmes matériels. 195:5.2 Bien souvent la vérité devient confuse et même trompeuse quand elle est disséquée, fractionnée, isolée et trop analysée. La vérité vivante ne donne au chercheur un enseignement valable que si elle est embrassée dans sa totalité et en tant que réalité spirituelle vivante, et non pas comme un fait de la science matérielle ou une inspiration d’un art intermédiaire. 195:5.3 La religion est la révélation à l’homme de sa destinée divine et éternelle. La religion est une expérience purement personnelle et spirituelle ; elle doit perpétuellement être distinguée des autres formes supérieures de la pensée humaine telles que : 195:5.4 1. L’attitude logique de l’homme envers les choses de la réalité matérielle. 195:5.5 2. L’appréciation esthétique de la beauté par contraste avec la laideur. 195:5.6 3. La reconnaissance éthique par l’homme des obligations sociales et du devoir politique. 195:5.7 4. Même le sens de la moralité humaine n’est pas religieux en soi et par lui-même. 195:5.8 La religion est destinée à trouver dans l’univers les valeurs qui suscitent la foi, la confiance et l’assurance ; la religion culmine dans l’adoration. La religion découvre pour l’âme les valeurs suprêmes qui contrastent avec les valeurs relatives découvertes par le mental. On ne possède cette clairvoyance suprahumaine que par une expérience religieuse authentique. 195:5.9 Il n’est pas plus possible de maintenir un système social durable sans une moralité fondée sur des réalités spirituelles que de maintenir le système solaire sans la gravité. 195:5.10 N’essayez ni de satisfaire la curiosité ni de contenter tous les désirs latents d’aventure qui surgissent dans l’âme pendant la courte durée d’une vie dans la chair. Soyez patients ! Ne cédez pas à la tentation de vous plonger dans le dérèglement des aventures vulgaires et sordides. Domptez vos énergies et réfrénez vos passions. Soyez calmes en attendant le déroulement majestueux d’une carrière sans fin d’aventures progressives et de découvertes passionnantes. 195:5.11 Dans la confusion sur l’origine de l’homme, ne perdez pas de vue sa destinée éternelle. N’oubliez pas que Jésus aimait même les petits enfants, et qu’il montra, clairement et à tout jamais, la grande valeur de la personnalité humaine. 195:5.12 En observant le monde, rappelez-vous que les taches sombres du mal que vous voyez ressortent sur un arrière-plan clair de bien ultime. Vous ne voyez pas simplement le bien sous forme de taches blanches ressortant misérablement sur un noir arrière-plan de mal. 195:5.13 Quand il y a tant de vérités bonnes à publier et à proclamer, pourquoi les hommes devraient-ils prêter tant d’attention au mal dans le monde simplement parce que le mal apparait comme un fait ? Les belles valeurs spirituelles de la vérité sont plus agréables et exaltantes que le phénomène du mal. 195:5.14 En religion, Jésus recommanda et suivit la méthode de l’expérience, de même que la science moderne poursuit la technique expérimentale. Nous trouvons Dieu par les directives de la clairvoyance spirituelle, mais nous approchons cette clairvoyance de l’âme par l’amour du beau, la poursuite de la vérité, la fidélité au devoir et l’adoration de la divine bonté. Mais, parmi toutes ces valeurs, l’amour est le véritable guide vers la clairvoyance réelle. 6. Le matérialisme 195:6.1 Les scientifiques ont involontairement précipité l’humanité dans un affolement matérialiste. Ils ont déclenché une ruée irréfléchie sur la banque morale des âges, mais cette banque de l’expérience humaine dispose de vastes ressources spirituelles et peut faire face aux demandes qui lui sont présentées. Seuls les irréfléchis s’affolent au sujet des actifs spirituels de la race humaine. Quand l’affolement matérialiste-laïque aura passé, la religion de Jésus n’aura pas fait banqueroute. La banque spirituelle du royaume des cieux fera des paiements de foi, d’espérance et de sécurité morale à tous ceux qui auront recours à elle « en Son nom ». 195:6.2 Quel que puisse être le conflit apparent entre le matérialisme et les enseignements de Jésus, vous pouvez être assurés que les enseignements du Maitre triompheront pleinement au cours des âges à venir. En réalité, il ne peut se produire aucune controverse entre la vraie religion et la science, car la première ne s’occupe aucunement des choses matérielles. La religion observe simplement vis-à-vis de la science une neutralité bienveillante, tandis qu’elle s’intéresse suprêmement au savant. 195:6.3 La poursuite de la simple connaissance, quand elle n’est accompagnée ni de l’interprétation par la sagesse ni de la clairvoyance spirituelle due à l’expérience religieuse, conduit finalement au pessimisme et au désespoir humain. Une connaissance limitée est vraiment déconcertante. 195:6.4 À l’époque du présent écrit, les pires moments de l’âge matérialiste sont passés ; l’aube d’une meilleure compréhension commence déjà à poindre. Ceux qui, dans le monde scientifique, disposent d’un mental supérieur, ont cessé d’avoir une philosophie entièrement matérialiste, mais le commun du peuple incline toujours dans cette direction par suite des enseignements antérieurs. Toutefois, cet âge de réalisme physique n’est qu’un épisode transitoire dans la vie de l’homme sur terre. La science moderne a laissé intacte la vraie religion : les enseignements de Jésus traduits dans la vie de ceux qui croient en lui. Tout l’accomplissement de la science a consisté à détruire les illusions enfantines des fausses interprétations de la vie. 195:6.5 En ce qui concerne la vie de l’homme sur terre, la science est une expérience quantitative, et la religion une expérience qualitative. La science s’occupe des phénomènes ; la religion des origines, des valeurs et des buts. Mettre en avant des causes pour expliquer des phénomènes physiques, c’est confesser son ignorance des ultimes, et ne peut en fin de compte que ramener le savant à la grande cause première – le Père Universel du Paradis. 195:6.6 Le passage violent d’un âge de miracles à un âge de machines s’est révélé tout à fait déroutant pour l’homme. Le fait que les fausses philosophies mécanistes déploient de l’ingéniosité et de la dextérité dément leur prétention d’être exclusivement mécanistes. L’agilité fataliste du mental d’un matérialiste contredit perpétuellement ses affirmations que l’univers est un phénomène énergétique aveugle et sans but. 195:6.7 Le naturalisme mécaniste de certains hommes supposés instruits et la laïcité inconsidérée de l’homme de la rue s’occupent tous deux exclusivement de choses ; ils sont dénués de toute vraie valeur, sanction ou satisfaction de nature spirituelle, et sont également dépourvus de foi, d’espérance et d’assurances éternelles. L’une des grandes difficultés de la vie moderne est que l’homme se croit trop occupé pour trouver le temps nécessaire à la méditation spirituelle et à la dévotion religieuse. 195:6.8 Le matérialisme réduit l’homme à l’état d’automate sans âme, et fait simplement de lui un symbole arithmétique placé sans pouvoir dans la formule mathématique d’un univers mécaniste et dépourvu de romanesque. Mais d’où vient donc cet immense univers de mathématiques sans un Maitre Mathématicien ? La science peut disserter sur la conservation de la matière, mais la religion valide la conservation des âmes humaines – elle concerne leur expérience avec des réalités spirituelles et des valeurs éternelles. 195:6.9 Le sociologue matérialiste contemporain observe une communauté, fait un rapport à son sujet et laisse les gens tels qu’il les a trouvés. Il y a dix-neuf-cents ans, des Galiléens sans instruction observèrent Jésus donnant sa vie comme contribution spirituelle à l’expérience intérieure de l’homme et ensuite ils sortirent de Galilée et mirent sens dessus dessous tout l’empire romain. 195:6.10 Mais les dirigeants religieux commettent une grave erreur en essayant d’appeler l’homme moderne à la bataille spirituelle au son des trompettes du Moyen Âge. La religion doit se pourvoir elle-même de slogans nouveaux et modernes. Ni la démocratie ni aucune autre panacée politique ne remplaceront le progrès spirituel. Les fausses religions peuvent représenter une évasion hors de la réalité, mais, dans son évangile, Jésus a présenté à l’homme mortel la véritable entrée dans une réalité éternelle de progression spirituelle. 195:6.11 Dire que le mental « émergea » de la matière n’explique rien. Si l’univers était simplement un mécanisme et si le mental était solidaire de la matière, nous n’aurions jamais deux interprétations différentes d’un même phénomène observé. Les concepts de vérité, de beauté et de bonté ne sont inhérents ni à la physique ni à la chimie. Une machine ne peut pas connaitre, et encore bien moins connaitre la vérité, avoir soif de droiture et chérir la bonté. 195:6.12 La science peut être physique, mais le mental du savant discernant la vérité est instantanément supramatériel. La matière ne connait pas la vérité ; elle ne peut non plus aimer la miséricorde ni prendre plaisir aux réalités spirituelles. Les convictions morales basées sur l’illumination spirituelle et enracinées dans l’expérience humaine sont tout aussi réelles et certaines que les déductions mathématiques basées sur des observations physiques, mais elles se situent sur un niveau différent et plus élevé. 195:6.13 Si les hommes n’étaient que des machines, ils réagiraient plus ou moins uniformément à un univers matériel. L’individualité n’existerait pas, et la personnalité encore bien moins. 195:6.14 Le fait du mécanisme absolu du Paradis au centre de l’univers des univers en présence de la volition sans réserve de la Source-Centre Deuxième rend certain pour toujours que les causes déterminantes ne sont pas la loi exclusive du cosmos. Le matérialisme est là, mais il n’est pas exclusif. Le mécanisme est là, mais il n’est pas sans réserve. Le déterminisme est là, mais il n’est pas seul. 195:6.15 L’univers fini de la matière deviendrait finalement uniforme et déterministe s’il n’y avait pas la présence conjuguée du mental et de l’esprit. L’influence du mental cosmique injecte constamment de la spontanéité, même dans les mondes matériels. 195:6.16 Dans tout domaine d’existence, la liberté ou l’initiative est directement proportionnelle au degré d’influence spirituelle et de contrôle du mental cosmique, c’est-à-dire, dans l’expérience humaine, au degré auquel on se conforme effectivement à « la volonté du Père ». Donc, une fois que vous êtes parti à la recherche de Dieu, c’est la preuve concluante que Dieu vous a déjà trouvé. 195:6.17 La poursuite sincère de la bonté, de la beauté et de la vérité conduit à Dieu. Toute découverte scientifique démontre l’existence simultanée de la liberté et de l’uniformité dans l’univers. L’inventeur était libre de faire sa découverte. La chose découverte est réelle et apparemment uniforme, car autrement elle n’aurait pu être connue en tant que chose. 7. La vulnérabilité du matérialisme 195:7.1 Combien l’homme à mentalité matérielle est insensé de permettre à des théories aussi vulnérables que celles d’un univers mécaniste de le priver des immenses ressources spirituelles de l’expérience personnelle de la vraie religion. Les faits ne sont jamais en contradiction avec la véritable foi spirituelle ; les théories peuvent l’être. La science ferait mieux de se consacrer à détruire la superstition plutôt qu’à essayer de ruiner la foi religieuse : la croyance humaine aux réalités spirituelles et aux valeurs divines. 195:7.2 La science devrait faire matériellement pour l’homme ce que la religion fait spirituellement pour lui : étendre l’horizon de la vie et agrandir sa personnalité. La vraie science ne peut avoir de querelle durable avec la vraie religion. La « méthode scientifique » est simplement un étalon intellectuel pour mesurer les aventures matérielles et les accomplissements physiques. Mais, étant matérielle et entièrement intellectuelle, cette méthode ne sert absolument à rien pour évaluer les réalités spirituelles et les expériences religieuses. 195:7.3 L’illogisme du mécaniste moderne est le suivant : si notre univers était simplement matériel et l’homme seulement une machine, cet homme serait entièrement incapable de se reconnaitre en tant que machine ; de même un tel homme-machine serait entièrement inconscient du fait qu’un tel univers matériel existe. Dans sa consternation et son désespoir matérialiste, la science mécaniste n’a pas réussi à reconnaitre le fait que le mental du savant est habité par l’esprit, or, c’est la perspicacité supramatérielle de ce même savant qui formule ces concepts erronés et contradictoires en soi d’un univers matérialiste. 195:7.4 Les valeurs paradisiaques d’éternité et d’infinité, de vérité, de beauté et de bonté, sont dissimulées dans les faits des phénomènes des univers du temps et de l’espace. Mais il faut l’œil de la foi chez un mortel né d’esprit pour détecter et discerner ces valeurs spirituelles. 195:7.5 Les réalités et les valeurs du progrès spirituel ne sont pas une « projection psychologique » – un simple rêve éveillé et glorifié du mental matériel. Ces choses sont les prévisions spirituelles de l’Ajusteur intérieur, l’esprit de Dieu vivant dans le mental de l’homme. Ne laissez pas les quelques notions que vous avez au sujet des découvertes faiblement entrevues de la « relativité » troubler vos concepts de l’éternité et de l’infinité de Dieu. Et, chaque fois que vous êtes pressés par la nécessité d’exprimer votre moi, ne commettez pas la faute d’omettre l’expression de l’Ajusteur, la manifestation de votre réel et meilleur moi. 195:7.6 Si cet univers était uniquement matériel, l’homme matériel ne serait jamais capable de parvenir au concept du caractère mécaniste d’une telle existence exclusivement matérielle. Ce même concept mécaniste de l’univers est en lui-même un phénomène non matériel du mental, et tout mental est d’origine non matérielle, indépendamment du fait qu’il puisse apparaitre comme complètement conditionné matériellement et contrôlé mécaniquement. 195:7.7 Le mécanisme mental partiellement évolué de l’homme mortel n’est pas surdoué en sagesse et en logique. La vanité de l’homme dépasse souvent sa raison et échappe à sa logique. 195:7.8 C’est précisément le pessimisme du matérialiste le plus pessimiste qui est, en soi et par lui-même, une preuve suffisante que l’univers du pessimiste n’est pas entièrement matériel. L’optimisme et le pessimisme sont tous deux des réactions conceptuelles dans un mental conscient des valeurs aussi bien que des faits. Si l’univers était vraiment conforme à la conception des matérialistes, alors l’homme, en tant que machine humaine, serait privé de toute reconnaissance consciente de ce fait. Sans la conscience du concept de valeurs dans le mental né d’esprit, l’homme ne pourrait aucunement reconnaitre le fait du matérialisme universel ni les phénomènes machinaux du fonctionnement de l’univers. Une machine ne peut être consciente de la nature ni de la valeur d’une autre machine. 195:7.9 Une philosophie mécaniste de la vie et de l’univers ne saurait être scientifique, parce que la science ne reconnait et ne traite que des objets matériels et des faits. La philosophie est inévitablement suprascientifique. L’homme est un fait matériel de la nature, mais sa vie est un phénomène qui en transcende les niveaux matériels, en ce sens qu’elle déploie les attributs contrôlants du mental et les qualités créatives de l’esprit. 195:7.10 L’effort sincère de l’homme pour devenir mécaniste représente le phénomène tragique de sa futile tentative pour se suicider intellectuellement et moralement. Mais il ne peut y parvenir. 195:7.11 Si l’univers était uniquement matériel et l’homme uniquement une machine, il n’y aurait pas de science enhardissant les savants à postuler la mécanisation de l’univers. Les machines ne peuvent ni se mesurer, ni se classifier, ni s’évaluer elles-mêmes. Cette œuvre scientifique ne pourrait être exécutée que par une entité ayant statut supramachinal. 195:7.12 Si la réalité de l’univers n’est qu’une immense mécanique, alors il faut que l’homme soit extérieur à l’univers et séparé de lui pour reconnaitre ce fait et devenir conscient de la perspicacité de cette évaluation. 195:7.13 Si l’homme n’est qu’une machine, par quelle technique parvient-il à croire ou à prétendre savoir qu’il est seulement une machine ? L’expérience de s’évaluer consciemment soi-même n’est jamais l’attribut d’une simple machine. Un mécaniste avoué et conscient de soi constitue la meilleure réponse possible au mécanisme. Si le matérialisme était un fait, il ne pourrait exister de mécaniste conscient de soi. Il est également vrai qu’il faut d’abord être une personne morale avant de pouvoir accomplir des actes immoraux. 195:7.14 La seule prétention du matérialisme implique une conscience supramatérielle du mental qui se permet d’affirmer ce dogme. Un mécanisme peut se détériorer, mais ne peut jamais progresser. Les machines ne peuvent ni penser, ni créer, ni rêver, ni aspirer à quelque chose, ni idéaliser, ni avoir faim de vérité ou soif de droiture. Elles ne motivent pas leur vie par la passion de servir d’autres machines et de choisir, pour but de progression éternelle, la tâche sublime de trouver Dieu et de s’efforcer de lui ressembler. Les machines ne sont jamais intellectuelles, émotives, esthétiques, éthiques, morales, ni spirituelles. 195:7.15 L’art prouve que l’homme n’est pas une machine, mais ne prouve pas qu’il soit spirituellement immortel. L’art est la morontia du mortel, le domaine intermédiaire entre l’homme matériel et l’homme spirituel. La poésie est un effort pour échapper aux réalités matérielles et s’approcher des valeurs spirituelles. 195:7.16 Dans une haute civilisation, l’art humanise la science, et à son tour il est spiritualisé par la vraie religion – la clairvoyance des valeurs spirituelles et éternelles. L’art représente l’évaluation humaine de la réalité dans l’espace-temps. La religion est l’emprise divine des valeurs cosmiques et implique une progression éternelle dans l’ascension et l’expansion spirituelles. L’art temporel n’est dangereux que s’il devient aveugle aux étalons spirituels des archétypes divins que l’éternité reflète en tant qu’ombres de réalité du temps. L’art véritable est la manipulation efficace des choses matérielles de la vie ; la religion est la transformation ennoblissante des faits matériels de la vie et ne cesse jamais d’évaluer l’art du point de vue spirituel. 195:7.17 Combien il est stupide de supposer qu’un automate pourrait concevoir une philosophie de l’automatisme, et ridicule de penser qu’il pourrait prétendre se former un tel concept de ses compagnons automates ! 195:7.18 Toute interprétation scientifique de l’univers matériel est sans valeur, à moins qu’elle ne comporte la due récognition du savant. Nulle appréciation de l’art n’est authentique si elle ne reconnait pas l’artiste. Nulle évaluation de la morale n’est valable à moins d’inclure le moraliste. Nulle récognition de la philosophie n’est édifiante si elle ignore le philosophe. Quant à la religion, elle ne peut exister sans l’expérience réelle du religioniste qui, dans cette expérience même et à travers elle, cherche à trouver Dieu et à le connaitre. Similairement, l’univers des univers est dépourvu de signification en dehors du JE SUIS, le Dieu infini qui l’a créé et qui l’administre sans cesse. 195:7.19 Les mécanistes – les humanistes – tendent à dériver avec les courants matériels. Les idéalistes et les spiritualistes osent employer leurs forces avec intelligence et vigueur pour modifier le cours, en apparence purement matériel, des circuits d’énergie. 195:7.20 La science vit par les mathématiques du mental. La musique exprime la cadence des émotions. La religion est le rythme spirituel de l’âme en harmonie spatiale-temporelle avec la mélodie des mesures supérieures et éternelles de l’Infinité. L’expérience religieuse est quelque chose de vraiment supramathématique dans la vie humaine. 195:7.21 Dans le langage, l’alphabet représente le mécanisme du matérialisme, tandis que les mots qui expriment la signification de mille pensées, grandes idées et nobles idéaux – d’amour et de haine, de lâcheté et de courage – représentent les accomplissements du mental opérant dans les limites de la loi tant matérielle que spirituelle ; ces accomplissements du mental étant dirigés par l’affirmation de la volonté de la personnalité et limités par les dotations inhérentes à la situation. 195:7.22 L’univers ne ressemble pas aux lois, mécanismes et constantes que les savants découvrent et qu’ils finissent par considérer comme la science. Il ressemble plutôt au savant curieux, pensant, choisissant, créant, combinant et discriminant, qui observe ainsi les phénomènes de l’univers et classifie les faits mathématiques inhérents aux phases machinales de l’aspect matériel de la création. L’univers ne ressemble pas non plus à l’effet artistique, mais plutôt à l’artiste qui travaille, rêve, élève ses pensées, progresse et cherche à transcender le monde des choses matérielles par un effort pour atteindre un but spirituel. 195:7.23 C’est le savant, et non la science, qui perçoit la réalité d’un univers d’énergie et de matière en évolution et en progrès. C’est l’artiste, et non l’art, qui démontre l’existence du monde morontiel transitoire interposé entre l’existence matérielle et la liberté spirituelle. C’est le religioniste, et non la religion, qui prouve l’existence des réalités d’esprit et des valeurs divines que l’on sera amené à rencontrer au cours du progrès dans l’éternité. 8. Le totalitarisme laïque 195:8.1 Mais, même après que le matérialisme et le machinisme auront été plus ou moins vaincus, l’influence dévastatrice du laïcisme du vingtième siècle flétrira encore l’expérience spirituelle de millions d’âmes candides. 195:8.2 Le laïcisme moderne a été nourri par deux influences mondiales. Le père du laïcisme fut l’étroitesse de pensée et l’attitude impie de ce que l’on appelle la science du dix-neuvième et du vingtième siècles – la science athée. La mère du laïcisme moderne fut l’Église chrétienne totalitaire du Moyen Âge. Le laïcisme débuta comme une protestation contre la domination à peu près complète de la civilisation occidentale par l’Église chrétienne transformée en institution. 195:8.3 À l’époque de la présente révélation, le climat intellectuel et philosophique prévalant à la fois dans la vie européenne et la vie américaine est nettement laïque – humaniste. Au cours des trois derniers siècles, la pensée occidentale a été progressivement laïcisée. La religion est devenue de plus en plus une influence nominale, et largement un exercice rituel. En majorité, ceux qui s’avouent chrétiens dans la civilisation occidentale sont en fait, sans le savoir, des laïcs. 195:8.4 Il a fallu un grand pouvoir, une puissante influence, pour libérer la pensée et la vie des peuples occidentaux de l’emprise desséchante d’une domination ecclésiastique totalitaire. Le laïcisme a effectivement brisé les entraves du contrôle de l’Église, et il menace maintenant à son tour d’établir un nouveau type de domination athée sur le cœur et le mental de l’homme moderne. L’État politique tyrannique et dictatorial est le rejeton direct du matérialisme scientifique et du laïcisme philosophique. À peine la laïcité a-t-elle libéré l’homme de la domination de l’Église passée au rang d’institution, qu’elle le vend comme esclave servile à l’État totalitaire. Le laïcisme ne libère l’homme de la servitude ecclésiastique que pour le trahir en le livrant à la tyrannie de l’esclavage politique et économique. 195:8.5 Le matérialisme renie Dieu ; le laïcisme se borne à l’ignorer ; tout au moins ce fut son attitude primitive. Plus récemment, le laïcisme a pris une attitude plus militante, prétendant prendre la place de la religion de servitude totalitaire à laquelle il avait jadis résisté. Le laïcisme du vingtième siècle tend à affirmer que l’homme n’a pas besoin de Dieu. Mais attention ! Cette philosophie athée de la société humaine ne conduira qu’à des troubles, à l’animosité, au malheur, à la guerre et à des désastres à l’échelle mondiale. 195:8.6 Le laïcisme ne peut jamais apporter la paix à l’humanité. Rien ne peut remplacer Dieu dans la société humaine. Mais prenez bien garde ! Ne vous hâtez pas d’abandonner les bénéfices de la révolte laïque qui vous a dégagés du totalitarisme ecclésiastique. La civilisation occidentale jouit aujourd’hui de beaucoup de libertés et de satisfactions qui proviennent de la révolte laïque. La grande erreur du laïcisme fut la suivante : en se révoltant contre le contrôle à peu près total de la vie par l’autorité religieuse, et après s’être libérés de cette tyrannie ecclésiastique, les laïcistes ont poursuivi leur activité en instituant une révolte contre Dieu lui-même, parfois tacitement, parfois ouvertement. 195:8.7 C’est à la révolte laïque que vous devez la stupéfiante créativité de l’industrie américaine et le progrès matériel sans précédent de la civilisation occidentale. Et, parce que la révolte laïque est allée trop loin, et a perdu de vue Dieu et la vraie religion, il s’en est suivi une moisson inattendue de guerres mondiales et d’instabilité internationale. 195:8.8 Il n’est pas nécessaire de sacrifier la foi en Dieu pour jouir des bienfaits de la révolte laïque moderne : tolérance, service social, gouvernement démocratique et libertés civiles. Il n’était pas indispensable aux laïcs de s’opposer à la vraie religion pour promouvoir la science et faire progresser l’éducation. 195:8.9 Mais le laïcisme n’est pas le seul auteur de tous les gains récents dans l’épanouissement de la vie. Derrière les gains du vingtième siècle, il y a non seulement la science et le laïcisme, mais aussi l’action spirituelle de la vie et des enseignements de Jésus de Nazareth qui ne sont ni reconnus ni pris en considération. 195:8.10 Sans Dieu, sans religion, le laïcisme scientifique ne pourra jamais coordonner ses forces ni harmoniser ses divergences et rivalités d’intérêts, de races et de nationalismes. Malgré ses accomplissements matérialistes incomparables, cette société humaine laïcisée se désintègre lentement. La principale force de cohésion résistant à cette désintégration d’antagonismes est le nationalisme. Or, le nationalisme est le principal obstacle à la paix mondiale. 195:8.11 La faiblesse inhérente au laïcisme vient de ce qu’il rejette la morale et la religion en faveur de la politique et du pouvoir. Il est tout simplement impossible d’établir la fraternité des hommes en ignorant ou en reniant la paternité de Dieu. 195:8.12 L’optimisme laïque en matière sociale et politique est une illusion. Sans Dieu, ni la libération et la liberté, ni les biens et la richesse n’apporteront la paix. 195:8.13 La laïcisation complète de la science, de l’éducation, de l’industrie et de la société ne peut conduire qu’au désastre. Durant le premier tiers du vingtième siècle, les Urantiens ont tué plus d’hommes que durant les dix-neuf premiers siècles de la dispensation chrétienne. Et ce n’est que le commencement de l’affreuse moisson du matérialisme et du laïcisme ; des destructions plus terribles sont encore à venir. 9. Le problème du christianisme 195:9.1 Ne négligez pas la valeur de votre héritage spirituel, le fleuve de vérité coulant à travers les siècles, même jusqu’à l’époque stérile d’un âge matérialiste et laïc. Dans tous vos valeureux efforts pour vous débarrasser des crédos superstitieux des âges passés, assurez-vous que vous retenez fermement la vérité éternelle. Mais soyez patients ! Quand la présente révolte contre la superstition aura pris fin, les vérités de l’évangile de Jésus persisteront glorieusement pour illuminer une voie nouvelle et meilleure. 195:9.2 Mais le christianisme paganisé et socialisé a besoin d’un nouveau contact avec les enseignements sans compromis de Jésus ; il languit faute d’une vision neuve de la vie du Maitre sur terre. Une révélation nouvelle et plus complète de la religion de Jésus est destinée à triompher d’un empire de laïcisme matérialiste et à renverser un courant mondial de naturalisme mécaniste. Urantia frémit maintenant au bord même d’une de ses époques les plus stupéfiantes et passionnantes de rajustement social, de stimulation morale et d’illumination spirituelle. 195:9.3 Même grandement modifiés, les enseignements de Jésus ont survécu aux cultes des mystères de leur époque natale, à l’ignorance et à la superstition des âges de ténèbres ; et, en ce moment même, ils triomphent lentement du matérialisme, du machinisme et du laïcisme du vingtième siècle. Et de telles époques de grandes épreuves et de défaites menaçantes sont toujours des périodes de grande révélation. 195:9.4 La religion a besoin de nouveaux dirigeants, d’hommes et de femmes spirituels qui oseront dépendre uniquement de Jésus et de ses incomparables enseignements. Si le christianisme persiste à négliger sa mission spirituelle tout en continuant à s’occuper des problèmes sociaux et matériels, il faudra que la renaissance spirituelle attende la venue de ces nouveaux instructeurs de la religion de Jésus qui se consacreront exclusivement à la régénération spirituelle des hommes. Alors, ces âmes nées d’esprit fourniront rapidement les directives et l’inspiration nécessaires à la réorganisation sociale, morale, économique et politique du monde. 195:9.5 L’âge moderne refusera d’accepter une religion incompatible avec les faits et qui ne s’harmonise pas avec ses conceptions les plus élevées de la vérité, de la beauté et de la bonté. L’heure est venue de redécouvrir les vrais fondements originels du christianisme aujourd’hui déformé et plein de compromis – la vie et les enseignements réels de Jésus. 195:9.6 L’homme primitif vivait une vie d’asservissement superstitieux à la peur religieuse. L’homme civilisé moderne redoute de tomber sous la domination de fortes convictions religieuses. L’homme réfléchi a toujours craint d’être tenu par une religion. Quand une religion forte et active menace de le dominer, il tente invariablement de la rationaliser, d’en faire une tradition et de la transformer en une institution, dans l’espoir de pouvoir ainsi la contrôler. Par ce processus, même une religion révélée devient une croyance établie et dominée par des hommes. Les hommes et les femmes modernes et intelligents fuient la religion de Jésus par crainte de ce qu’elle leur fera – et de ce qu’elle fera d’eux. Et toutes ces craintes sont bien fondées. En vérité, la religion de Jésus domine et transforme ses fidèles ; elle exige que les hommes consacrent leur vie à rechercher la connaissance de la volonté du Père qui est aux cieux et demande que les énergies de la vie soient affectées au service désintéressé de la fraternité des hommes. 195:9.7 Tout simplement, les hommes et les femmes égoïstes ne veulent pas payer ce prix, même en échange du plus grand trésor spirituel qui ait jamais été offert à l’homme mortel. Il faut attendre que l’homme ait été suffisamment désillusionné par les tristes déceptions accompagnant la poursuite insensée et trompeuse de l’égoïsme, et qu’il ait découvert la stérilité de la religion formaliste. C’est alors seulement qu’il sera disposé à se tourner de tout cœur vers l’évangile du royaume, la religion de Jésus de Nazareth. 195:9.8 Le monde a besoin de religion de plus de première main. Même le christianisme – la meilleure religion du vingtième siècle – n’est pas seulement une religion à propos de Jésus, mais il est largement une religion que les hommes expérimentent de seconde main. Ils prennent leur religion intégralement telle qu’elle leur est transmise par leurs instructeurs religieux reconnus. De quel réveil le monde ferait l’expérience si seulement il pouvait voir Jésus tel qu’il a réellement vécu sur terre et connaitre de première main ses enseignements donnant la vie ! Des mots décrivant de belles choses ne peuvent passionner autant que la vue de ces choses ; les mots d’un crédo ne peuvent pas non plus inspirer les âmes humaines comme l’expérience de connaitre la présence de Dieu. Cependant, la foi attentive gardera toujours ouverte la porte d’espérance de l’âme humaine pour laisser entrer les éternelles réalités spirituelles des valeurs divines des mondes de l’au-delà. 195:9.9 Le christianisme a osé abaisser ses idéaux devant le défi lancé par l’avidité humaine, la folie guerrière et la convoitise du pouvoir. Mais la religion de Jésus subsiste comme la convocation spirituelle immaculée et transcendante ; elle appelle ce qu’il y a de meilleur dans l’homme à s’élever au-dessus de tous ces héritages de l’évolution animale, et à atteindre par la grâce les hauteurs morales de la véritable destinée humaine. 195:9.10 Le christianisme est menacé de mort lente par le formalisme, l’excès d’organisation, l’intellectualisme et d’autres tendances non spirituelles. L’Église chrétienne moderne n’est pas une fraternité de croyants dynamiques comme celle que Jésus avait chargée d’effectuer la transformation spirituelle continue des générations successives de l’humanité. 195:9.11 Ce qu’on appelle christianisme est devenu un mouvement social et culturel autant qu’une croyance et une pratique religieuse. Le courant du christianisme moderne draine un bon nombre d’anciens marécages païens et bien des marais du barbarisme. Beaucoup d’anciens bassins culturels s’écoulent dans le courant culturel d’aujourd’hui en même temps que les cours d’eau venant des hauts plateaux de Galilée, qui sont censés être sa source exclusive. 10. L’avenir 195:10.1 En vérité, le christianisme a rendu un grand service à ce monde, mais maintenant, ce dont le monde a le plus besoin, c’est de Jésus. Le monde a besoin de voir Jésus vivre de nouveau sur terre dans l’expérience des mortels nés d’esprit qui révèlent effectivement le Maitre à tous les hommes. Il est futile de parler d’une renaissance du christianisme primitif ; il faut avancer en partant du point où l’on se trouve. Il faut que la culture moderne soit spirituellement baptisée d’une nouvelle révélation de la vie de Jésus et illuminée par une nouvelle compréhension de son évangile de salut éternel. Et, quand Jésus sera ainsi élevé, il attirera tous les hommes à lui. Davantage encore que des conquérants, les disciples de Jésus devraient être pour l’humanité des sources débordantes d’inspiration et de vie rehaussée. La religion n’est qu’un humanisme exalté jusqu’à ce qu’elle soit rendue divine par la découverte de la réalité de la présence de Dieu dans l’expérience personnelle. 195:10.2 La beauté et la sublimité de la vie de Jésus sur terre, son humanité et sa divinité, sa simplicité et son caractère unique présentent une image si frappante et si attirante du salut des hommes et de la révélation de Dieu, que les théologiens et les philosophes de toutes les époques devraient être efficacement empêchés de formuler des crédos et créer des systèmes théologiques de servitude spirituelle en partant de cette effusion transcendantale de Dieu sous la forme de l’homme. En Jésus, l’univers a produit un homme mortel en qui l’esprit d’amour a vaincu les handicaps matériels du temps et triomphé du fait de son origine physique. 195:10.3 Souvenez-vous toujours que Dieu et l’homme ont besoin l’un de l’autre. Ils sont mutuellement nécessaires pour l’aboutissement final et complet de l’expérience de la personnalité éternelle dans la destinée divine de la finalité de l’univers. 195:10.4 « Le royaume de Dieu est en vous. » C’est probablement la plus grande proclamation que Jésus ait jamais faite, après la déclaration que son Père est un esprit vivant et aimant. 195:10.5 Pour gagner des âmes au Maitre, ce n’est pas la première lieue parcourue par obligation, devoir ou convention qui transformera l’homme et son monde, mais plutôt la seconde lieue de service libre et de dévotion aimant la liberté ; elle dénote que le jésusonien a tendu la main à la manière de Jésus pour saisir son frère avec amour et l’amener, sous gouverne spirituelle, vers le but supérieur et divin de l’existence de mortel. Même aujourd’hui, le christianisme parcourt volontiers la première lieue, mais l’humanité languit et marche en trébuchant dans les ténèbres morales parce qu’il y a trop peu de disciples authentiquement prêts à parcourir la seconde lieue – trop peu de partisans avoués de Jésus qui vivent et aiment réellement comme il enseigna à ses disciples à vivre, aimer et servir. 195:10.6 L’appel à l’aventure consistant à construire une société humaine nouvelle et transformée, par la renaissance spirituelle de la fraternité du royaume de Jésus, devrait passionner tous ceux qui croient en lui et leur inspirer des sentiments plus vifs que les hommes n’en ont jamais ressenti depuis l’époque où, sur terre, ils parcouraient le pays comme ses compagnons dans la chair. 195:10.7 Nul système social ou régime politique niant la réalité de Dieu ne peut contribuer d’une manière constructive et durable à l’avancement de la civilisation humaine. Mais le christianisme, tel qu’il est aujourd’hui subdivisé et laïcisé, présente le plus grand de tous les obstacles à la poursuite du progrès de l’humanité ; cela est spécialement vrai en ce qui concerne l’Orient. 195:10.8 La domination ecclésiastique est immédiatement et éternellement incompatible avec cette foi vivante, cet esprit croissant et cette expérience de première main des camarades de Jésus dans la foi en la fraternité des hommes dans l’association spirituelle du royaume des cieux. Le désir louable de préserver la tradition des accomplissements passés conduit souvent à défendre des systèmes d’adoration périmés. Le désir bien intentionné d’entretenir d’anciens systèmes de pensée empêche efficacement de parrainer des méthodes et moyens nouveaux et appropriés destinés à satisfaire les ardents désirs spirituels du mental en développement et en progrès de l’homme moderne. De même, les Églises chrétiennes du vingtième siècle se dressent comme des obstacles immenses, mais d’une manière totalement inconsciente, devant le progrès immédiat du véritable évangile – les enseignements de Jésus de Nazareth. 195:10.9 Bien des personnes sérieuses, qui seraient heureuses d’offrir leur fidélité au Christ de l’évangile, trouvent très difficile de soutenir avec enthousiasme une Église qui tient si peu compte de l’esprit de sa vie et de son enseignement, et dont il leur a été dit, à tort, qu’elle avait été fondée par lui. Jésus n’est pas le fondateur de ladite Église chrétienne, mais, de toutes les manières compatibles avec sa nature, il l’a entretenue comme le meilleur porte-parole existant de l’œuvre de sa vie sur terre. 195:10.10 Si l’Église chrétienne osait seulement adopter le programme du Maitre, des milliers de jeunes, apparemment indifférents, se précipiteraient pour s’enrôler dans une telle entreprise spirituelle et n’hésiteraient pas à aller jusqu’au bout dans cette grande aventure. 195:10.11 Le christianisme est sérieusement confronté à la condamnation incorporée dans un de ses propres slogans : « Une maison divisée contre elle-même ne peut subsister. » Le monde non chrétien n’acceptera pas de capituler devant une chrétienté divisée en sectes. Jésus vivant représente le seul espoir possible d’unifier le christianisme. La véritable Église – la fraternité de Jésus – est invisible, spirituelle et caractérisée par l’unité, mais non nécessairement par l’uniformité. L’uniformité est la marque distinctive du monde physique de nature mécaniste. L’unité spirituelle est le fruit de l’union par la foi avec Jésus vivant. L’Église visible devrait refuser de continuer à handicaper le progrès de la fraternité invisible et spirituelle du royaume de Dieu. Cette fraternité est destinée à devenir un organisme vivant, contrastant avec une organisation sociale passée au rang d’institution. Les organisations sociales peuvent bien être utilisées par la fraternité, mais il ne faut pas qu’elles la supplantent. 195:10.12 Toutefois, le christianisme, même celui du vingtième siècle, ne doit pas être méprisé. Il est le produit du génie moral conjugué des hommes connaissant Dieu, venant de multiples races et de nombreux âges ; il a vraiment été l’une des plus grandes puissances bénéfiques sur terre. C’est pourquoi, nul ne devrait le considérer à la légère, malgré ses défauts inhérents et acquis. Le christianisme trouve encore le moyen d’agir par de puissantes émotions morales sur le mental des hommes réfléchis. 195:10.13 Mais, quand l’Église se lance dans le commerce et la politique, elle n’a pas d’excuse ; ces alliances impies sont une flagrante trahison du Maitre. Et les amoureux sincères de la vérité mettront longtemps à oublier que cette puissante Église institutionnalisée a souvent eu l’audace d’étouffer une foi nouvellement née et de persécuter des porteurs de vérité à qui il arrivait de se présenter sous des vêtements non orthodoxes. 195:10.14 Il est malheureusement trop vrai que cette Église n’aurait pas survécu s’il n’y avait eu, dans le monde, des hommes pour préférer cette sorte d’adoration. Beaucoup d’âmes spirituellement indolentes désirent ardemment une religion ancienne de rites et de traditions sacrées qui fasse autorité. L’évolution humaine et le progrès spirituel ne sont guère suffisants pour permettre à tous les hommes de se dispenser d’une autorité religieuse. Et la fraternité invisible du royaume peut très bien inclure ces groupes familiaux de classes sociales et de caractères variés, pourvu que leurs membres soient disposés à devenir des fils de Dieu, vraiment conduits par l’esprit. Mais, dans cette fraternité de Jésus, il n’y a place ni pour des rivalités sectaires, ni pour l’acrimonie de groupe, ni pour des affirmations de supériorité morale et d’infaillibilité spirituelle. 195:10.15 Ces divers groupements de chrétiens peuvent servir à concilier de nombreux types différents d’hommes désireux de croire, parmi les divers peuples de la civilisation occidentale, mais une telle division de la chrétienté présente une sérieuse faiblesse quand elle essaye d’apporter l’évangile de Jésus aux peuples orientaux. Ces races ne comprennent pas encore qu’il existe une religion de Jésus séparée et quelque peu distincte du christianisme, lequel est de plus en plus devenu une religion à propos de Jésus. 195:10.16 Le grand espoir d’Urantia réside dans la possibilité d’une nouvelle révélation de Jésus, avec une présentation nouvelle et élargie de son message sauveur, qui unirait spirituellement, dans un service aimant, les nombreuses familles de ceux qui se prétendent aujourd’hui ses fidèles. 195:10.17 Même l’éducation laïque pourrait aider à cette grande renaissance spirituelle si elle voulait prêter plus d’attention à la tâche d’apprendre aux jeunes comment s’engager dans des projets de vie et de développement du caractère. Le but de toute éducation devrait consister à entretenir et à poursuivre le dessein suprême de la vie, le développement d’une personnalité pleine de majesté et bien équilibrée. Il y a grand besoin d’enseigner la discipline morale à la place de tant de satisfactions égoïstes. Sur une telle base, la religion peut apporter la contribution de son stimulant spirituel pour élargir et enrichir la vie des mortels, même jusqu’à la sécurité et à l’élévation de la vie éternelle. 195:10.18 Le christianisme est une religion improvisée ; il faut donc qu’il opère en petite vitesse. Les performances spirituelles à grande vitesse doivent attendre la nouvelle révélation et l’acceptation plus généralisée de la vraie religion de Jésus. Le christianisme est cependant une puissante religion, puisque les simples disciples d’un charpentier crucifié ont lancé les enseignements qui ont conquis le monde romain en trois siècles et ont poursuivi leur action en triomphant des barbares qui renversèrent Rome. Ce même christianisme a conquis – absorbé et exalté – tout le courant de la théologie hébraïque et de la philosophie grecque. Et ensuite, quand la religion chrétienne est entrée dans le coma de plus de mille ans par suite d’une dose excessive de mystères et de paganisme, elle s’est ressuscitée elle-même et a pratiquement reconquis tout le monde occidental. Le christianisme contient suffisamment d’enseignements de Jésus pour devenir immortel. 195:10.19 Si seulement le christianisme pouvait saisir une plus grande partie des enseignements de Jésus, il pourrait faire tellement plus pour aider l’homme moderne à résoudre ses problèmes nouveaux et de plus en plus complexes. 195:10.20 Le christianisme souffre d’un grand handicap parce que, dans le mental de tous les hommes du monde, il a été identifié à une partie du système social, de la vie industrielle et des critères moraux de la civilisation occidentale ; et c’est ainsi que le christianisme a involontairement paru parrainer une société qui chancèle sous la culpabilité de tolérer la science sans idéalisme, la politique sans principes, la fortune sans travail, le plaisir sans restriction, la connaissance sans caractère, le pouvoir sans conscience et l’industrie sans moralité. 195:10.21 L’espoir du christianisme moderne consiste à cesser de parrainer les systèmes sociaux et la politique industrielle de la civilisation occidentale, tout en s’inclinant humblement devant la croix qu’il exalte si vaillamment, et à y apprendre à nouveau de Jésus de Nazareth les plus grandes vérités que l’homme mortel puisse jamais entendre – l’évangile vivant de la paternité de Dieu et de la fraternité des hommes. Fascicule 196. La foi de Jésus 196:0.1 Jésus avait en Dieu une foi sublime et sincère. Il éprouva les hauts et les bas ordinaires de l’existence de mortel, mais il ne mit jamais religieusement en doute la certitude de la vigilance et des directives de Dieu. Sa foi était le fruit de la clairvoyance née de l’activité de la présence divine, son Ajusteur intérieur. Sa foi n’était ni traditionnelle, ni simplement intellectuelle ; elle était entièrement personnelle et purement spirituelle. 196:0.2 Le Jésus humain voyait Dieu comme étant saint, juste et grand, aussi bien que vrai, beau et bon. Il focalisa dans son mental tous ces attributs de divinité en tant que « volonté du Père qui est aux cieux ». Le Dieu de Jésus était simultanément « le Saint d’Israël » et « le Père qui est aux cieux vivant et aimant ». Le concept de Dieu en tant que Père n’était pas originel chez Jésus, mais il exalta et éleva l’idée au niveau d’une expérience sublime en accomplissant une nouvelle révélation de Dieu et en proclamant que toute créature mortelle est un enfant de ce Père de l’amour, un fils de Dieu. 196:0.3 Jésus ne s’accrocha pas à la foi en Dieu comme une âme se débattant dans une guerre contre l’univers et menant une lutte à mort contre un monde hostile et pécheur. Il n’eut pas recours à la foi uniquement pour se consoler au milieu des difficultés ou pour s’encourager devant la menace du désespoir. La foi n’était pas pour lui une simple compensation illusoire aux réalités déplaisantes et aux tristesses de la vie. En face de toutes les difficultés naturelles et des contradictions temporelles de l’existence d’un mortel, il éprouvait la tranquillité d’une confiance suprême et indiscutée en Dieu, et la fascination de vivre, par la foi, dans la présence même du Père céleste. Cette foi triomphante était une expérience vivante d’aboutissement d’esprit effectif. La grande contribution de Jésus aux valeurs de l’expérience humaine ne fut pas de révéler tant d’idées nouvelles au sujet du Père qui est aux cieux, mais plutôt de démontrer si magnifiquement et humainement un type nouveau et supérieur de foi vivante en Dieu. Jamais sur aucun monde de notre univers, ni dans la vie d’aucun mortel particulier, Dieu ne devint une telle réalité vivante que dans l’expérience humaine de Jésus de Nazareth. 196:0.4 Ce monde et tous les autres mondes de la création locale découvrent, dans la vie du Maitre sur Urantia, une religion d’un type nouveau et supérieur, une religion basée sur les relations spirituelles personnelles avec le Père Universel, et entièrement validée par l’autorité suprême d’une expérience personnelle authentique. Cette foi vivante de Jésus était plus qu’une réflexion intellectuelle et n’était pas une méditation mystique. 196:0.5 La théologie peut fixer, formuler, définir et dogmatiser la foi, mais, dans la vie humaine de Jésus, la foi était personnelle, vivante, originale, spontanée et purement spirituelle. Cette foi n’était ni un respect pour la tradition, ni une simple croyance intellectuelle tenue pour un crédo sacré, mais plutôt une expérience sublime et une profonde conviction qui le tenaient en sécurité. Sa foi était si réelle et si totalement inclusive qu’elle balaya absolument tous les doutes spirituels et détruisit efficacement tout désir conflictuel. Rien n’était capable d’arracher Jésus de l’ancrage spirituel dans cette foi fervente, sublime et intrépide. Même en face d’une défaite apparente, ou dans l’angoisse des déceptions et d’un désespoir menaçant, il se tenait calmement dans la présence divine, libéré de toute peur et pleinement conscient d’être spirituellement invincible. Jésus bénéficiait de l’assurance tonifiante de posséder une foi stoïque ; dans chaque situation éprouvante de la vie, il fit infailliblement preuve d’une fidélité totale à la volonté du Père. Et cette foi superbe ne fut pas ébranlée, même par la menace cruelle et écrasante d’une mort ignominieuse. 196:0.6 Chez un génie religieux, une puissante foi spirituelle conduit trop souvent directement à un fanatisme désastreux, à l’exagération de l’égo religieux, mais ce ne fut pas le cas pour Jésus. Sa vie pratique ne fut pas affectée défavorablement par sa foi extraordinaire et par son aboutissement d’esprit, parce que cette exaltation spirituelle était l’expression entièrement inconsciente et spontanée en son âme de son expérience personnelle avec Dieu. 196:0.7 La foi spirituelle de Jésus, ardente et indomptable, ne devint jamais fanatique, car elle n’essaya jamais de l’emporter sur ses jugements intellectuels bien équilibrés concernant les valeurs relatives des situations pratiques et ordinaires de la vie sociale, économique et morale. Le Fils de l’Homme était une personnalité humaine splendidement unifiée ; il était un être divin parfaitement doué ; il était magnifiquement coordonné en tant qu’être humain et divin combiné, opérant sur terre en une seule personnalité. Le Maitre coordonnait toujours la foi de l’âme avec les sages appréciations d’une expérience murie. La foi personnelle, l’espérance spirituelle et la dévotion morale étaient toujours liées dans une incomparable unité religieuse s’associant harmonieusement avec la pénétrante réalisation de la réalité et du caractère sacré de toutes les allégeances humaines – honneur personnel, amour familial, obligations religieuses, devoir social et nécessités économiques. 196:0.8 La foi de Jésus voyait toutes les valeurs d’esprit comme incluses dans le royaume de Dieu, et c’est pourquoi il disait : « Cherchez d’abord le royaume des cieux. » Jésus voyait, dans la communauté idéale et évoluée du royaume, l’aboutissement et l’accomplissement de « la volonté de Dieu ». L’essentiel de la prière qu’il enseigna à ses disciples était : « Que ton règne vienne, que ta volonté soit faite. » Ayant ainsi conçu le royaume comme incluant la volonté de Dieu, il se consacra à le manifester avec un étonnant oubli de soi et un enthousiasme illimité. Mais, dans toute l’intensité de sa mission et durant sa vie extraordinaire, il ne fit jamais apparaitre l’acharnement d’un fanatique ni la futilité superficielle du religieux égotiste. 196:0.9 Toute la vie du Maitre fut constamment conditionnée par cette foi vivante, cette sublime expérience religieuse. Cette attitude spirituelle dominait complètement sa manière de penser et de sentir, de croire et de prier, d’enseigner et de prêcher. Cette foi personnelle d’un fils en la certitude de la gouverne et la sécurité de la protection du Père céleste imprégna sa vie exceptionnelle d’un profond contenu de réalité spirituelle. Cependant, malgré cette intime conscience de ses relations étroites avec la divinité, ce Galiléen, le Galiléen de Dieu, lorsqu’on s’adressa à lui en l’appelant Bon Maitre, répliqua immédiatement : « Pourquoi m’appelles-tu bon ? » Quand nous nous trouvons en face d’un aussi splendide oubli de soi, nous commençons à comprendre comment le Père Universel trouva possible de se manifester si pleinement à Jésus et de se révéler à travers lui aux mortels des royaumes. 196:0.10 En tant qu’homme du royaume, Jésus apporta à Dieu la plus grande de toutes les offrandes : il consacra et dédia sa propre volonté au majestueux service de faire la volonté divine. Jésus interprétait toujours immanquablement la religion entièrement sous l’aspect de la volonté du Père. Quand vous étudiez la carrière du Maitre au point de vue de la prière ou de tout autre trait de la vie religieuse, recherchez moins ses enseignements que ses actes. Jamais Jésus ne fit une prière à titre de devoir religieux. Pour lui, la prière était une expression sincère d’attitude spirituelle, une déclaration de loyauté d’âme, un exposé de dévotion personnelle, une expression d’actions de grâces, une manière d’échapper à la tension émotive, une prévention de conflit, une exaltation de l’intellect, un anoblissement des désirs, une justification de décisions morales, un enrichissement de la pensée, un renforcement des tendances supérieures, une consécration d’impulsion, une clarification de point de vue, une déclaration de foi, une reddition transcendantale de la volonté, une sublime affirmation de confiance, une révélation de courage, la proclamation d’une découverte, une confession de dévotion suprême, la confirmation d’une consécration, une technique pour aplanir les difficultés et la puissante mobilisation des pouvoirs conjugués de l’âme pour résister à toutes les tendances humaines à l’égoïsme, au mal et au péché. Il vécut précisément cette vie de pieuse consécration à faire la volonté de son Père et la termina triomphalement par une prière de cet ordre. Le secret de son incomparable vie religieuse était cette conscience de la présence de Dieu ; il l’atteignit par des prières intelligentes et une adoration sincère – une communion ininterrompue avec Dieu – et non par des directives, des voix, des visions ou des pratiques religieuses extraordinaires. 196:0.11 Dans la vie terrestre de Jésus, la religion fut une expérience vivante, un mouvement direct et personnel depuis la vénération spirituelle jusqu’à la droiture pratique. La foi de Jésus porta les fruits transcendants de l’esprit divin. Sa foi n’était ni dépourvue de maturité ni crédule comme celle d’un enfant, mais, sous beaucoup de rapports, elle ressemblait à la confiance candide du mental de l’enfant. La confiance de Jésus en Dieu ressemblait beaucoup à celle d’un enfant en ses parents. Il avait une profonde confiance dans l’univers, précisément ce genre de confiance que l’enfant porte à son environnement parental. La foi sincère de Jésus dans la bonté fondamentale de l’univers ressemblait beaucoup à celle d’un enfant dans la sécurité de son entourage terrestre. Jésus dépendait du Père céleste comme un enfant s’appuie sur son père terrestre, et jamais sa foi ardente ne mit un instant en doute la certitude que le Père céleste veillait sur lui. Jésus ne fut pas sérieusement troublé par la peur, le doute ou le scepticisme. L’incroyance n’inhibait pas l’expression libre et originale de sa vie. Il conjuguait le courage solide et intelligent d’un adulte avec l’optimisme sincère et confiant d’un enfant croyant. Sa foi avait grandi jusqu’à un tel degré de confiance qu’elle était dépourvue de peur. 196:0.12 La foi de Jésus atteignait la pureté d’une confiance d’enfant. Elle était si absolue et dépourvue de doutes qu’elle réagissait au charme du contact avec des compagnons et aux merveilles de l’univers. Son sentiment de dépendance envers le divin était si complet et confiant qu’il lui procurait la joie et l’assurance d’une sécurité personnelle absolue. Il n’y avait pas de simulation hésitante dans l’expérience religieuse de Jésus. Dans cet intellect géant d’adulte, la foi de l’enfant régnait suprêmement en toutes les matières se rapportant à la conscience religieuse. Il n’est pas étonnant qu’il ait une fois dit : « À moins de devenir comme un petit enfant, vous n’entrerez pas dans le royaume. » Bien que la foi de Jésus fût enfantine, elle n’était en aucun cas infantile. 196:0.13 Jésus ne demande pas à ses disciples de croire en lui, mais plutôt de croire avec lui, de croire à la réalité de l’amour de Dieu et d’accepter en toute confiance l’assurance de leur filiation avec le Père céleste. Le Maitre désire que tous ses fidèles partagent pleinement sa foi transcendante. De la manière la plus touchante, Jésus mit ses partisans au défi non seulement de croire ce qu’il croyait, mais aussi de croire comme il croyait. Telle est la pleine signification de son unique exigence suprême : « Suis-moi. » 196:0.14 La vie terrestre de Jésus fut consacrée à un seul grand dessein – faire la volonté du Père, vivre la vie humaine religieusement et par la foi. La foi de Jésus était confiante comme celle d’un enfant, mais sans la moindre présomption. Il prit des décisions fermes et viriles, affronta courageusement de multiples déceptions, surmonta résolument d’extraordinaires difficultés et fit face sans défaillance aux rudes exigences du devoir. Il fallait une forte volonté et une confiance indéfectible pour croire ce que Jésus croyait et comme il le croyait. 1. Jésus – l’Homme 196:1.1 La dévotion de Jésus à la volonté du Père et au service de l’homme représentait plus qu’une décision de mortel et une détermination humaine ; c’était une consécration de tout son cœur à cette effusion d’amour sans restriction. Si grand que soit le fait de la souveraineté de Micaël, il ne faut pas enlever aux hommes le Jésus humain. Le Maitre est monté aux cieux aussi bien en tant qu’homme qu’en tant que Dieu ; il appartient aux hommes et les hommes lui appartiennent. Il est fort malheureux que l’interprétation de la religion elle-même soit défectueuse au point d’enlever le Jésus humain aux mortels qui se débattent. Il ne faudrait pas que les discussions sur l’humanité ou la divinité du Christ obscurcissent la vérité salutaire que Jésus de Nazareth était un homme religieux qui réussit, par la foi, à connaitre et à faire la volonté de Dieu ; il fut l’homme le plus véritablement religieux qui ait jamais vécu sur Urantia. 196:1.2 Les temps sont murs pour constater la résurrection symbolique du Jésus humain, sortant du tombeau des traditions théologiques et des dogmes religieux de dix-neuf siècles. Jésus de Nazareth ne doit plus être sacrifié, même au concept splendide du Christ glorifié. Quel service transcendant rendrait la présente révélation si, par elle, le Fils de l’Homme pouvait être retiré de la tombe de la théologie traditionnelle et présenté, en tant que Jésus vivant, à l’Église qui porte son nom et à toutes les autres religions ! La communauté chrétienne des croyants n’hésiterait certainement pas à réadapter sa foi et ses habitudes de vie, de manière à pouvoir « suivre » le Maitre dans la démonstration de sa vie réelle de dévotion religieuse à faire la volonté de son Père et de consécration désintéressée au service des hommes. Les prétendus chrétiens craignent-ils de dévoiler la suffisance et la non-consécration d’une communauté faite de respectabilité sociale et d’inadaptation économique égoïste ? Le christianisme institutionnel craint-il que l’autorité ecclésiastique traditionnelle ne soit mise en péril, et même peut-être renversée, si le Jésus de Galilée est rétabli dans le mental et l’âme des hommes mortels en tant qu’idéal de vie religieuse personnelle ? En vérité, les rajustements sociaux, les transformations économiques, les régénérescences morales et les révisions religieuses de la civilisation chrétienne seraient radicaux et révolutionnaires si la religion vivante de Jésus supplantait soudainement la religion théologique à propos de Jésus. 196:1.3 « Suivre Jésus » signifie partager personnellement sa foi religieuse et entrer dans l’esprit de la vie du Maitre consacrée au service désintéressé des hommes. L’une des choses les plus importantes de la vie humaine consiste à découvrir ce que Jésus croyait, à découvrir ses idéaux et à s’efforcer d’accomplir le dessein élevé de sa vie. De toutes les connaissances humaines, celle qui présente la plus grande valeur est de connaitre la vie religieuse de Jésus et la manière dont il la vécut. 196:1.4 Les gens du peuple étaient heureux d’entendre Jésus, et ils réagiront de nouveau à la présentation de sa vie humaine sincère de motivation religieuse consacrée, si ces vérités sont de nouveau proclamées dans le monde. Les gens l’écoutaient avec plaisir parce qu’il était l’un d’eux, un laïc sans prétention ; le plus grand instructeur religieux du monde était en vérité un laïc. 196:1.5 Les croyants au royaume ne devraient pas avoir pour but d’imiter à la lettre les aspects extérieurs de la vie de Jésus dans la chair, mais plutôt de partager sa foi, d’avoir confiance en Dieu comme il eut confiance en Dieu et de croire aux hommes comme il croyait aux hommes. Jésus ne discuta jamais la paternité de Dieu ni la fraternité des hommes ; il était une illustration vivante de la première et une profonde manifestation de la seconde. 196:1.6 De même que les hommes doivent progresser de la conscience de l’humain à la réalisation du divin, de même Jésus s’éleva de la nature de l’homme à la conscience de la nature de Dieu. Et le Maitre effectua cette grande ascension de l’humain au divin par l’accomplissement conjugué de la foi de son intellect de mortel et les actes de son Ajusteur intérieur. La réalisation de fait de l’aboutissement à la divinité totale (avec, à tout instant, la pleine conscience de la réalité de son humanité) passa par sept stades de conscience, par la foi, de sa divinisation progressive. Ces stades de réalisation progressive de soi furent marqués par les extraordinaires évènements suivants dans l’expérience d’effusion du Maitre : 1. L’arrivée de l’Ajusteur de Pensée. 196:1.8 2. La venue du messager d’Emmanuel qui apparut à Jésus, à Jérusalem, à l’époque où il avait à peu près douze ans. 196:1.9 3. Les manifestations qui accompagnèrent son baptême. 196:1.10 4. Les expériences sur le mont de la Transfiguration. 196:1.11 5. La résurrection morontielle. 196:1.12 6. L’ascension en esprit. 196:1.13 7. L’embrassement final du Père du Paradis lui conférant la souveraineté illimitée sur son univers. 2. La religion de Jésus 196:2.1 Un jour, une réforme dans l’Église chrétienne pourrait avoir un impact assez profond pour revenir aux purs enseignements religieux de Jésus, source et aboutissement de notre foi. On peut prêcher une religion à propos de Jésus, mais obligatoirement, on doit vivre la religion de Jésus. Dans l’enthousiasme de la Pentecôte, Pierre inaugura involontairement une nouvelle religion, la religion du Christ ressuscité et glorifié. L’apôtre Paul transforma plus tard ce nouvel évangile en christianisme, religion où il incorpora ses propres vues théologiques et décrivit sa propre expérience personnelle avec le Jésus de la route de Damas. L’évangile du royaume est fondé sur l’expérience religieuse personnelle de Jésus de Galilée ; le christianisme est fondé presque exclusivement sur l’expérience religieuse personnelle de l’apôtre Paul. Presque tout le Nouveau Testament est consacré non à décrire la vie religieuse significative et inspirante de Jésus, mais à analyser l’expérience religieuse de Paul et à décrire ses convictions religieuses personnelles. Les seules exceptions notables à cette affirmation, à part certains chapitres de Matthieu, de Marc et de Luc, sont le Livre des Hébreux et l’Épitre de Jacques. Même Pierre ne revint qu’une fois dans ses écrits sur la vie religieuse personnelle de son Maitre. Le Nouveau Testament est un superbe document chrétien, mais n’est que piètrement jésusonien. 196:2.2 La vie de Jésus dans la chair dépeint une croissance religieuse transcendante, commençant par les idées anciennes de crainte primitive et de vénération humaine, continuant par des années de communion spirituelle personnelle et parvenant finalement au statut supérieur et exalté de la conscience de son unité avec le Père. Ainsi, en une seule courte vie, Jésus franchit l’expérience de la progression spirituelle religieuse que les hommes commencent sur terre et n’achèvent généralement qu’à la fin de leur long séjour dans les écoles d’éducation spirituelle des niveaux successifs de la carrière préparadisiaque. Jésus progressa à partir d’une conscience purement humaine des certitudes de la foi, fruit de l’expérience religieuse personnelle, jusqu’aux hauteurs spirituelles sublimes de la réalisation positive de sa nature divine et jusqu’à la prise de conscience de son association étroite avec le Père Universel dans la gestion d’un univers. Il progressa depuis l’humble statut de dépendance de mortel, qui l’avait incité à répondre spontanément à l’interlocuteur qui l’appelait Bon Maitre : « Pourquoi m’appelles-tu bon ? Nul n’est bon sinon Dieu, » jusqu’à la conscience sublime de sa divinité parachevée, qui le conduisit à s’écrier : « Qui d’entre vous me convaincra de péché ? » Et cette ascension progressive de l’humain au divin fut purement l’accomplissement d’un mortel. Et, lorsque Jésus eut ainsi atteint la divinité, il était encore le même Jésus humain, le Fils de l’Homme aussi bien que le Fils de Dieu. 196:2.3 Marc, Matthieu et Luc gardent quelque chose du portrait du Jésus humain se lançant dans la magnifique lutte pour connaitre la volonté divine et pour exécuter cette volonté. Jean présente un portrait du triomphant Jésus marchant sur terre avec la pleine conscience de sa divinité. La grande erreur commise par ceux qui ont étudié la vie du Maitre est que certains ont conçu Jésus comme entièrement humain, tandis que d’autres l’ont imaginé comme uniquement divin. Durant toute son expérience, il fut véritablement à la fois humain et divin, comme il l’est encore maintenant. 196:2.4 Mais la plus grande erreur consista en ceci : alors que le Jésus humain était reconnu comme ayant une religion, le Jésus divin (le Christ) devint une religion presque du jour au lendemain. Le christianisme de Paul assura l’adoration du divin Christ, mais perdit à peu près complètement de vue le Jésus humain de Galilée luttant vaillamment et qui, par la valeur de sa foi religieuse personnelle et l’héroïsme de son Ajusteur intérieur, s’éleva des humbles niveaux de l’humanité pour devenir un avec la divinité, devenant ainsi le chemin nouveau et vivant par lequel tous les mortels peuvent effectuer la même ascension depuis l’humanité jusqu’à la divinité. Les mortels, à tous les stades de spiritualité et sur tous les mondes, peuvent trouver dans la vie personnelle de Jésus ce qui les fortifiera et les inspirera pendant qu’ils progressent des niveaux spirituels les plus bas aux valeurs divines les plus élevées, depuis le commencement jusqu’à la fin de toute expérience religieuse personnelle. 196:2.5 À l’époque où fut écrit le Nouveau Testament, les auteurs croyaient profondément non seulement à la divinité du Christ ressuscité, mais ils croyaient aussi pieusement et sincèrement à son retour immédiat sur terre pour parfaire le royaume des cieux. Cette foi solide dans le retour immédiat du Seigneur contribua beaucoup à faire omettre, dans le récit, les références qui dépeignaient les expériences et les attributs purement humains du Maitre. Tout le mouvement chrétien eut tendance à s’écarter du portrait humain de Jésus de Nazareth pour s’orienter vers l’exaltation du Christ ressuscité, le Seigneur Jésus-Christ glorifié qui devait bientôt revenir. 196:2.6 Jésus fonda la religion de l’expérience personnelle en faisant la volonté de Dieu et en servant la fraternité humaine. Paul fonda une religion où Jésus glorifié devenait l’objet d’adoration, et où la fraternité se composait de compagnons croyant au divin Christ. Ces deux concepts existaient potentiellement dans la vie divine-humaine de Jésus durant son effusion, et il est vraiment dommage que ses disciples n’aient pas réussi à créer une religion unifiée qui aurait dument reconnu à la fois la nature humaine et la nature divine du Maitre, telles qu’elles étaient inséparablement liées dans sa vie terrestre et si glorieusement exposées dans l’évangile originel du royaume. 196:2.7 Vous ne seriez ni choqué ni troublé par certaines vigoureuses proclamations de Jésus si vous vouliez seulement vous rappeler qu’il était le religioniste le plus sincère et le plus dévoué du monde. Il était un mortel entièrement consacré, voué sans réserve à faire la volonté de son Père. Beaucoup de ses sentences apparemment dures représentaient plutôt une profession personnelle de foi et un engagement de dévotion que des commandements à ses disciples. Et ce furent précisément cette unité de dessein et sa dévotion désintéressée qui lui permirent de faire, en une courte vie, des progrès aussi extraordinaires dans la conquête du mental humain. Beaucoup de ses déclarations devraient être considérées comme des confessions de ce qu’il exigeait de lui-même plutôt que comme des exigences imposées à tous ses disciples. Dans sa dévotion à la cause du royaume, Jésus brula tous les ponts derrière lui ; il sacrifia tout ce qui était un obstacle à l’exécution de la volonté de son Père. 196:2.8 Jésus bénissait les pauvres parce qu’ils étaient généralement sincères et pieux ; il condamnait les riches parce qu’ils étaient généralement libertins et impies. Mais il condamnait aussi les pauvres quand ils étaient impies, et louait les hommes fortunés quand ils étaient pieux et consacrés. 196:2.9 Jésus amenait les hommes à se sentir chez eux dans le monde ; il les délivrait de l’esclavage des tabous et leur enseignait que le monde n’est pas fondamentalement mauvais. Il n’aspirait pas à échapper à sa vie terrestre. Durant sa vie dans la chair, il maitrisa une technique pour faire la volonté de son Père d’une manière qui fut convenable. Il atteignit une vie religieuse idéaliste au milieu d’un monde réaliste. Jésus ne partageait pas le point de vue pessimiste de Paul sur l’humanité. Le Maitre considérait les hommes comme fils de Dieu et prévoyait un avenir éternel et magnifique pour tous ceux qui choisiraient de survivre. Il n’était pas un sceptique moral ; il regardait l’homme positivement et non négativement. Il considérait la plupart des hommes comme faibles plutôt que mauvais, désaxés plutôt que dépravés. Mais quel que fût leur statut, ils étaient tous les enfants de Dieu et ses frères. 196:2.10 Il enseigna aux hommes à s’attribuer une haute valeur dans le temps et dans l’éternité. À cause de cette haute estime que Jésus avait pour les hommes, il était prêt à se dépenser au service assidu de l’humanité. Et c’était cette valeur infinie qu’il attribuait au fini qui faisait de la règle d’or un facteur essentiel de sa religion. Quel mortel ne serait pas soulevé par la foi extraordinaire que Jésus a en lui ? 196:2.11 Jésus n’offrit pas de règles pour le progrès social. Sa mission était religieuse, et la religion est une expérience exclusivement individuelle. Le but ultime de la société dans son accomplissement le plus avancé ne peut jamais espérer transcender la fraternité des hommes fondée sur la reconnaissance de la paternité de Dieu enseignée par Jésus. L’idéal de tout aboutissement social ne peut être réalisé que par la venue de ce royaume divin. 3. La suprématie de la religion 196:3.1 L’expérience religieuse personnelle, spirituelle, résout efficacement la plupart des difficultés des mortels ; elle sélectionne, évalue et ajuste efficacement tous les problèmes humains. La religion n’écarte ni ne supprime les ennuis humains, mais elle les dissout, les absorbe, les illumine et les transcende. La véritable religion unifie la personnalité pour qu’elle s’ajuste efficacement à toutes les nécessités des mortels. La foi religieuse – la gouverne positive de la divine présence intérieure – permet infailliblement à l’homme qui connait Dieu de jeter un pont sur l’abime qui existe entre d’une part la logique intellectuelle qui reconnait la Première Cause Universelle comme étant Cela, et d’autre part les affirmations positives de l’âme qui déclarent que cette Première Cause est Lui, le Père céleste de l’évangile de Jésus, le Dieu personnel du salut humain. 196:3.2 Il n’y a que trois éléments dans la réalité universelle : le fait, l’idée et la relation. La conscience religieuse identifie ces réalités en tant que science, philosophie et vérité. La philosophie aurait tendance à considérer ces activités comme la raison, la sagesse et la foi – la réalité physique, la réalité intellectuelle et la réalité spirituelle. Nous avons l’habitude d’appeler ces réalités choses, significations et valeurs. 196:3.3 La compréhension progressive de la réalité équivaut à s’approcher de Dieu. La découverte de Dieu, la conscience d’être identique à la réalité, équivaut à éprouver le parachèvement de soi – le soi entier, la totalité de soi. L’expérience de la réalité totale est la pleine réalisation de Dieu, la finalité de l’expérience de la connaissance de Dieu. 196:3.4 Le résumé complet de la vie humaine consiste à savoir que l’homme est éduqué par le fait, ennobli par la sagesse et sauvé – justifié – par la foi religieuse. 196:3.5 La certitude physique consiste en la logique de la science ; la certitude morale, en la sagesse de la philosophie ; la certitude spirituelle, en la vérité de l’expérience religieuse authentique. 196:3.6 Le mental humain peut atteindre de hauts niveaux de clairvoyance spirituelle et les sphères correspondantes de divinité des valeurs, parce qu’il n’est pas entièrement matériel. Il existe un noyau d’esprit dans le mental de l’homme – l’Ajusteur de la présence divine. Il y a trois preuves distinctes que cet esprit habite le mental humain : 196:3.7 1. La communion humanitaire – l’amour. Le mental purement animal peut être grégaire pour se protéger, mais seul l’intellect habité par l’esprit est généreusement altruiste et inconditionnellement aimant. 196:3.8 2. L’interprétation de l’univers – la sagesse. Seul le mental habité par l’esprit peut comprendre que l’univers est amical pour l’individu. 196:3.9 3. L’évaluation spirituelle de la vie – l’adoration. Seul l’homme habité par l’esprit peut réaliser la divine présence et chercher à atteindre une expérience plus complète dans et avec cet avant-gout de divinité. 196:3.10 Le mental humain ne crée pas de valeurs réelles ; l’expérience humaine ne procure pas la clairvoyance de l’univers. En ce qui concerne la clairvoyance, la récognition des valeurs morales et le discernement des significations spirituelles, tout ce que le mental humain peut faire consiste à découvrir, reconnaitre, interpréter et choisir. 196:3.11 Les valeurs morales de l’univers deviennent des acquis intellectuels par l’exercice des trois jugements, ou choix fondamentaux, du mental des mortels : 196:3.12 1. Le jugement de soi – le choix moral. 196:3.13 2. Le jugement social – le choix éthique. 196:3.14 3. Le jugement de Dieu – le choix religieux. 196:3.15 Il en ressort que tout progrès humain est effectué par une technique conjointe d’évolution-révélation. 196:3.16 Si un amant divin ne vivait pas en lui, l’homme ne pourrait aimer généreusement et spirituellement. Si un interprète ne vivait pas dans son mental, l’homme ne pourrait pas vraiment se rendre compte de l’unité de l’univers. Si un estimateur ne demeurait pas en lui, l’homme serait dans l’impossibilité d’apprécier les valeurs morales et de reconnaitre les significations spirituelles. Or, cet amant divin vient de la source même de l’amour infini ; cet interprète est une fraction de l’Unité Universelle ; cet estimateur est l’enfant du Centre-Source de toutes les valeurs absolues de la réalité éternelle et divine. 196:3.17 L’évaluation morale avec une signification religieuse – la clairvoyance spirituelle – implique le choix individuel entre le bien et le mal, la vérité et l’erreur, le matériel et le spirituel, l’humain et le divin, le temps et l’éternité. La survie humaine dépend, dans une grande mesure, de la consécration de la volonté humaine à choisir les valeurs triées par le sélecteur des valeurs spirituelles – l’interprète et l’unificateur intérieur. L’expérience religieuse personnelle comporte deux phases : la découverte dans le mental humain, et la révélation par le divin esprit intérieur. Par un excès de raisonnements sophistiqués ou par suite de la conduite impie de prétendus religionistes, il se peut qu’un homme, ou même une génération d’hommes, suspende ses efforts pour découvrir le Dieu qui les habite ; ces hommes peuvent cesser de progresser et ne pas aboutir à la révélation divine. Mais de telles attitudes dépourvues de progrès spirituel ne peuvent durer longtemps à cause de la présence et de l’influence des Ajusteurs de Pensée intérieurs. 196:3.18 Cette profonde expérience de la réalité de la présence divine intérieure transcende pour toujours la grossière technique matérialiste des sciences physiques. On ne peut ni mettre la joie spirituelle sous un microscope, ni peser l’amour dans une balance, ni mesurer les valeurs morales ; et l’on ne peut pas non plus chiffrer la qualité de l’adoration spirituelle. 196:3.19 Les Hébreux avaient une religion de sublimité morale. Les Grecs élaborèrent une religion de beauté. Paul et ses confrères fondèrent une religion de foi, d’espérance et de charité. Jésus révéla une religion d’amour et en donna l’exemple : la sécurité dans l’amour du Père, avec la joie et la satisfaction résultant du partage de cet amour au service de la fraternité humaine. 196:3.20 Chaque fois qu’un homme fait un choix moral réfléchi, il fait immédiatement l’expérience d’une nouvelle invasion divine de son âme. Le choix moral constitue la religion en tant que mobile de réaction intérieure aux conditions extérieures. Mais cette religion réelle n’est pas une expérience purement subjective. Elle signifie que l’ensemble subjectif de l’individu est engagé dans une réaction significative et intelligente à l’objectivité totale – à l’univers et à son Auteur. 196:3.21 Ce n’est pas parce que l’expérience exquise et transcendantale d’aimer et d’être aimé est si purement subjective qu’elle n’est qu’une illusion psychique. La seule réalité vraiment divine et objective qui soit associée aux êtres mortels, l’Ajusteur de Pensée, fonctionne apparemment, pour l’observation humaine, comme un phénomène exclusivement subjectif. Le contact de l’homme avec Dieu, la réalité objective la plus haute, ne s’effectue que par l’expérience purement subjective de le connaitre, de l’adorer et de réaliser la filiation avec lui. 196:3.22 La véritable adoration religieuse n’est pas un futile monologue où l’on se trompe soi-même. L’adoration est une communion personnelle avec ce qui est divinement réel, avec ce qui est la source même de la réalité. Par l’adoration, l’homme aspire à devenir meilleur et, par elle, il finit par atteindre le meilleur. 196:3.23 L’idéalisation de la vérité, de la beauté et de la bonté, et la tentative de les servir ne sont pas un substitut à l’expérience religieuse authentique – la réalité spirituelle. La psychologie et l’idéalisme ne sont pas l’équivalent de la réalité religieuse. Les projections de l’intellect humain peuvent, il est vrai, donner naissance à de faux dieux – des dieux à l’image de l’homme – mais le fait d’avoir véritablement conscience de Dieu n’a pas cette origine ; la conscience de Dieu réside dans l’esprit intérieur. Beaucoup de systèmes religieux humains proviennent de formules issues de l’intellect humain, mais le fait d’avoir conscience de Dieu ne fait pas nécessairement partie de ces grotesques systèmes d’esclavage religieux. 196:3.24 Dieu n’est pas la simple invention de l’idéalisme humain ; il est la source même de tous les discernements et de toutes les valeurs superanimales de ce genre. Dieu n’est pas une hypothèse formulée pour unifier les concepts humains de vérité, de beauté et de bonté ; il est la personnalité d’amour de qui toutes ces manifestations de l’univers sont issues. La vérité, la beauté et la bonté du monde des hommes sont unifiées par la spiritualité croissante de l’expérience des mortels qui s’élèvent vers les réalités du Paradis. On ne peut réaliser l’unité de la vérité, de la beauté et de la bonté que dans l’expérience spirituelle de la personnalité connaissant Dieu. 196:3.25 La moralité est l’indispensable base préexistante de la conscience personnelle de Dieu, de la réalisation personnelle de la présence intérieure de l’Ajusteur, mais cette moralité n’est ni la source de l’expérience religieuse, ni la clairvoyance spirituelle qui en résulte. La nature morale est superanimale mais subspirituelle. La moralité équivaut à reconnaitre le devoir, à réaliser l’existence de ce qui est juste et de ce qui ne l’est pas. La zone morale s’interpose entre le type de mental animal et le type de mental humain, de même que la morontia fonctionne entre les sphères matérielles et spirituelles d’aboutissement de la personnalité. 196:3.26 Le mental évolutionnaire est capable de découvrir la loi, la morale et l’éthique, mais c’est l’Ajusteur intérieur, l’esprit effusé, qui révèle au mental humain évoluant le législateur, le Père-source de tout ce qui est vrai, beau et bon. Un homme ainsi éclairé possède une religion ; il est spirituellement équipé pour entreprendre la longue et aventureuse recherche de Dieu. 196:3.27 La moralité n’est pas nécessairement spirituelle ; elle peut être entièrement et purement humaine, bien que la véritable religion rehausse toutes les valeurs morales et les rende plus significatives. La moralité sans religion ne réussit ni à révéler la bonté ultime, ni à assurer la survie des valeurs morales, même des siennes propres. La religion permet de rehausser et de glorifier tout ce que la morale reconnait et approuve, et elle permet d’en assurer la survie. 196:3.28 La religion se tient au-dessus de la science, de l’art, de la philosophie, de l’éthique et de la morale, mais sans en être indépendante. Toutes sont indissolublement liées dans l’expérience humaine personnelle et sociale. La religion est l’expérience suprême de l’homme dans sa nature de mortel, mais le caractère fini du langage rend impossible à la théologie de jamais dépeindre d’une manière appropriée l’expérience religieuse réelle. 196:3.29 La clairvoyance religieuse possède le pouvoir de transformer une défaite en désirs supérieurs et en nouvelles déterminations. L’amour est la motivation la plus élevée que l’homme puisse utiliser dans son ascension de l’univers. Mais, quand l’amour est dépouillé de vérité, de beauté et de bonté, il n’est que sentiment, déformation philosophique, illusion psychique et tromperie spirituelle. L’amour doit toujours être défini à nouveau sur les niveaux successifs de la progression morontielle et spirituelle. 196:3.30 L’art est issu de la tentative de l’homme pour échapper au manque de beauté de son entourage matériel ; il est un geste vers le niveau morontiel. La science est l’effort de l’homme pour résoudre les énigmes apparentes de l’univers matériel. La philosophie est sa tentative pour unifier l’expérience humaine. La religion est le geste suprême de l’homme magnifiquement tendu vers la réalité finale, sa détermination de trouver Dieu et d’être semblable à lui. 196:3.31 Dans le domaine de l’expérience religieuse, les possibilités spirituelles sont des réalités potentielles. La poussée spirituelle humaine en avant n’est pas une illusion psychique. Toutes les fabulations des hommes au sujet de l’univers peuvent ne pas correspondre à des faits, mais elles contiennent une grande, une très grande partie de vérité. 196:3.32 La vie de certains hommes est trop grande et noble pour descendre au bas niveau d’une simple réussite. L’animal doit s’adapter à son environnement, mais l’homme religieux transcende son environnement ; il échappe ainsi aux limitations du présent monde matériel par la clairvoyance de l’amour divin. Ce concept de l’amour engendre dans l’âme de l’homme l’effort superanimal pour trouver la vérité, la beauté et la bonté ; et, quand il les trouve effectivement, il est glorifié dans leur étreinte ; il est consumé du désir de les vivre et d’agir selon la droiture. 196:3.33 Ne vous découragez pas ; l’évolution humaine est encore en cours de progrès, et la révélation de Dieu au monde, en Jésus et par Jésus, ne fera pas défaut. 196:3.34 Le grand défi lancé à l’homme moderne consiste à établir de meilleures communications avec le divin Moniteur qui habite le mental humain. La plus grande aventure de l’homme dans la chair est son effort sain et équilibré pour repousser les frontières de la conscience de soi à travers les domaines imprécis de la conscience embryonnaire de l’âme, dans un effort sincère pour atteindre la région frontière de la conscience de l’esprit – le contact avec la divine présence. Une telle expérience constitue la conscience de Dieu, c’est une expérience qui confirme puissamment la vérité préexistante de l’expérience religieuse consistant à connaitre Dieu. Cette conscience de l’esprit équivaut à connaitre effectivement la filiation avec Dieu. À défaut, l’assurance de cette filiation est l’expérience de la foi. 196:3.35 La conscience de Dieu est l’équivalent de l’intégration du moi à l’univers sur ses niveaux les plus élevés de réalité spirituelle. Seul le contenu spirituel d’une valeur quelconque est impérissable. Même ce qui est vrai, beau et bon ne saurait périr dans l’expérience humaine. Si l’homme ne choisit pas de survivre, alors l’Ajusteur survivant conserve ces réalités nées de l’amour et nourries dans le service. Et toutes ces choses font partie du Père Universel. Le Père est amour vivant, et cette vie du Père est dans ses Fils. Et l’esprit du Père est dans les fils de ses Fils – les hommes mortels. Quand tout est dit et fait, l’idée de Père reste encore le concept humain le plus élevé de Dieu.